Site Internet consacré à l’héritage du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie

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Les conflits

Au début des années 1990, la République socialiste fédérative de Yougoslavie était l’un des pays les plus grands, les plus développés économiquement et les plus divers des Balkans. C’était une fédération non alignée constituée de six républiques : la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie. Outre ces six républiques, deux régions, situées en Serbie, le Kosovo et la Voïvodine, avaient le statut de province autonome. La Yougoslavie comptait différents groupes ethniques et plusieurs religions, les principales étant le christianisme orthodoxe, le catholicisme et l’islam.

Avec la chute du communisme et les résurgences nationalistes en Europe de l’Est à la fin des années 1980 et 1990, la Yougoslavie connaît une période de profonde crise politique et économique. Le pouvoir central s’affaiblit tandis que le nationalisme militant progresse rapidement. De nombreux partis politiques voient le jour, les uns revendiquant l’indépendance des républiques, les autres exigeant plus de pouvoir pour certaines d’entre elles.

Les dirigeants politiques utilisent les discours nationalistes pour entamer l’identité commune yougoslave et instiller la peur et la méfiance au sein des différents groupes ethniques. Vers 1991, le pays menace de s’effondrer : la Slovénie et la Croatie reprochent à la Serbie d’avoir la main mise sur le gouvernement, l’armée et les finances de la Yougoslavie tandis que celle-ci les accuse de séparatisme.

La Slovénie – 1991

La Slovénie est la première des six républiques à quitter officiellement la fédération yougoslave. Son indépendance, proclamée le 25 juin 1991, entraîne l’intervention de l’Armée populaire yougoslave (JNA). Après un bref conflit armé, connu sous le nom de « guerre des dix jours », qui se solde par la victoire des forces slovènes, la JNA se retire.

La Croatie – 1991-1995

La Croatie proclame son indépendance le même jour que la Slovénie. Mais, si le retrait des Slovènes de la fédération yougoslave s’est fait presque sans effusion de sang, il n’en va pas de même en Croatie. L’importante minorité serbe refuse de reconnaître le nouvel État croate, invoquant son droit de demeurer au sein de la Yougoslavie. Avec l’aide de la JNA et de la Serbie, les Serbes de Croatie font sécession et annoncent la création d’un État serbe indépendant dans près d’un tiers du territoire croate qu’ils contrôlent. Les Croates et les autres non-Serbes sont chassés de cette région lors d’une violente campagne de nettoyage ethnique. Au cours des intenses combats qui se déroulent pendant la seconde moitié de l’année 1991, la vieille ville de Dubrovnik est bombardée et Vukovar,assiégée et détruite par les forces serbes.

Malgré un accord de cessez-le-feu, conclu sous l’égide de l’ONU et entré en vigueur au début de l’année 1992, le gouvernement croate est déterminé à reprendre le contrôle de son territoire et utilise toutes les ressources à sa disposition pour développer et équiper son armée. Durant l’été 1995, l’armée croate lance deux offensives majeures qui lui permettent de regagner la totalité de son territoire, à l’exception de la petite poche de « Slavonie orientale ». Lors d’un exode massif, des dizaines de milliers de Serbes fuient l’avancée des forces croates pour se réfugier en Bosnie-Herzégovine, dans les régions contrôlées par les Serbes, et en Serbie. La guerre en Croatie prend fin à l’automne 1995. La Croatie retrouvera le contrôle de l’ensemble de son territoire avec la réintégration pacifique de la Slavonie orientale en janvier 1998, après une période de transition assurée par l’administration des Nations Unies.

Bosnie-Herzégovine 1992-1995

Le conflit en Bosnie-Herzégovine sera le plus meurtrier de la période qui a suivi l’éclatement de la fédération yougoslave. La République de Bosnie-Herzégovine, située au centre de la Yougoslavie, a une présidence tripartite qui reflète la composition ethnique de sa population (43 % de Musulmans, 33 % de Serbes, 17 % de Croates et 7 % d’autres nationalités). En raison de sa situation stratégique, la république est convoitée par la Serbie et la Croatie qui tenteront de s’emparer de larges parties de son territoire. Les dirigeants de ces deux pays se sont déjà rencontrés secrètement en 1991 et se sont entendus pour un partage de la Bosnie-Herzégovine, ne laissant aux Musulmans qu’une petite enclave. 

En mars 1992, lors du plébiscite boycotté par les Serbes de Bosnie, plus de 60 % des habitants de Bosnie-Herzégovine votent en faveur de l’indépendance. Presque immédiatement après, en avril 1992, soutenus par la JNA et la Serbie, les Serbes de Bosnie font sécession et annoncent la création d’une « République serbe » dans les territoires qu’ils contrôlent en Bosnie-Herzégovine. En raison de leur supériorité militaire écrasante et suite à une campagne de persécutions systématiques des non-Serbes, ils prennent rapidement le contrôle de plus de 60 % du pays. Les Croates de Bosnie suivent peu après, refusant de reconnaître l’autorité du gouvernement bosniaque et proclamant la création de leur propre république avec le soutien de la Croatie. S’ensuit un conflit sanglant impliquant trois parties qui se battent pour le contrôle de territoires. Les civils, de toute appartenance ethnique, sont victimes de crimes atroces.

On estime à plus de 100 000 le nombre de tués. Deux millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, sont forcées de quitter leurs maisons à cause de la guerre qui fait rage entre avril 1992 et novembre 1995, période à laquelle les accords de paix de Dayton sont signés. Des milliers de femmes bosniaques sont violées. Des camps de détention, de triste mémoire, sont mis en place par toutes les parties belligérantes, notamment à Prijedor, Omarska, Konjic et Dretelj. Le comble de l’horreur est atteint pendant l’été 1995 lorsque la ville bosniaque de Srebrenica, déclarée « zone de sécurité » par l’ONU, est la cible d’une attaque menée par le commandant bosno-serbe, Ratko Mladić. En l’espace de quelques jours, au début du mois de juillet, plus de 8 000 hommes et garçons musulmans de Bosnie sont exécutés par les forces serbes qui commettent ainsi un génocide. Les femmes et les enfants sont forcés de quitter la ville.

Kosovo – 1998-1999

C’est dans la province serbe du Kosovo que se concentrent les conflits suivants. La communauté albanaise revendique l’indépendance de la province. En 1998, des violences éclatent lorsque l’Armée de libération du Kosovo (UÇK) se soulève ouvertement contre le pouvoir serbe, qui envoie des renforts de la police et de l’armée pour réprimer l’insurrection.

Pendant cette campagne, les forces serbes prennent massivement pour cible la population civile, bombardant les villages et forçant les Albanais du Kosovo à fuir. Après l’échec des négociations de paix de Rambouillet au début de l’année 1999, l’OTAN déclenche une série de frappes aériennes qui dureront 78 jours, contre des cibles situées au Kosovo et en Serbie. Les forces serbes répondent en intensifiant leurs persécutions contre les civils albanais du Kosovo. Le Président serbe, Slobodan Milošević, accepte finalement de retirer l’armée et la police de la province. Quelque 750 000 réfugiés albanais reviendront chez eux et près de 100 000 Serbes, soit environ la moitié de la population serbe de la province, fuiront par peur des représailles. En juin 1999, la Serbie accepte la mise en place d’une administration internationale au Kosovo, mais le statut final de la province reste à déterminer.

L’ex-République yougoslave de Macédoine - 2001

La Macédoine, république la plus au sud de la fédération yougoslave, a proclamé son indépendance en automne 1991. La séparation de la Yougoslavie s’est faite pacifiquement. La Macédoine a ensuite été admise à l’ONU sous le nom provisoire d’«ex-République yougoslave de Macédoine» (ARYM).

L’ex-République yougoslave de Macédoine, peuplée majoritairement d’habitants d’origine macédonienne et d’une importante minorité d’Albanais, est restée à l’abri des guerres yougoslaves au début des années 1990. Néanmoins, au début du mois de janvier 2001, l’Armée de libération nationale albanaise (ALN), composée de militants albanais, s’est opposée aux forces de sécurité de la république afin d’obtenir l’autonomie ou l’indépendance des régions peuplés d’Albanais. Des conflits sporadiques ont eu lieu pendant plusieurs mois en 2001 et se sont conclus par un accord de paix qui prévoyait le partage du pouvoir, le désarmement de la milice albanaise et le déploiement d’une force sous le contrôle de l’OTAN.