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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mercredi 26 novembre 1997
4 L'audience est ouverte à 10 heures 30.
5 M. le Président - Monsieur l’Huissier, faites entrer l'accusé.
6 (L'accusé est introduit dans la salle.)
7 M. le Président - Avant que nous débutions, mes collègues et
8 moi-même, nous vous prions de nous excuser. Nous avions à organiser une
9 réunion du Bureau du Tribunal nouvellement constitué, vous le savez. Cette
10 réunion a commencé à 9 heures du matin et n'a pu s'achever que maintenant.
11 Veuillez nous en excuser. La cabine d'interprétation est prête. Tout le
12 monde m'entend.
13 L’Interprète. - Bonjour, Monsieur le Président. Nous vous
14 entendons.
15 M. le Président. - Bien. Je passe tout de suite la parole à
16 Monsieur Harmon qui va nous présenter le témoin suivant, témoin protégé si
17 j'en juge par le dispositif prévu.
18 M. Harmon (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
19 Bonjour, aux conseils de la défense.
20 Tout à fait, Monsieur le Président, le témoin suivant est un
21 témoin protégé. Nous l'appellerons Témoin O. Les protections nécessaires
22 consistent dans une distorsion du visage et un pseudonyme.
23 Sa déposition sera brève. C'est une femme musulmane qui
24 témoignera des événements d'octobre 1992, en ce qui concerne un
25 rassemblement d'armes de Musulmans qui vivaient dans la région de Santici.
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1 Elle nous fera part de ses observations. Elle nous relatera ce
2 qui s'est passé avant l'attaque du 15 avril 1993. Elle parlera
3 du meurtre de son mari, sous ces yeux et sous les yeux de ces deux petits
4 enfants en avril 1993, ainsi que de l'attaque subie par sa maison
5 M. le Président. - Bien. Sur ces quatre points, le témoin
6 déposera devant le Tribunal.
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19 M. le Président. - Pouvez-vous, Monsieur l’Huissier, assurer
20 l'entrée du témoin, temporairement à huis clos partiel, donc avec les
21 rideaux baissés, l'audience restant publique.
22 Faites entrer le témoin pour qu'il commence sa déposition.
23 (Les rideaux sont baissés.)
24 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.)
25 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais
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1 passer, à la fin de son témoignage, en huis clos partiel afin qu'elle
2 puisse identifier des photographies, notamment celles de feu son époux. Je
3 lui ai parlé de la situation devant la Chambre de première instance,
4 concernant ces photographies. Je lui poserai également des questions sur
5 des événements qui pourraient conduire éventuellement à son
6 identification.
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15 M. le Président. - Madame, m'entendez-vous ?
16 Témoin O (interprétation). - Oui.
17 M. le Président. - Nous allons vous appeler Témoin O, vous
18 allez, d’abord, simplement lire votre identification sur le papier que
19 vous tend le Greffier pour s'assurer de votre identité. Vous ne prononcez
20 pas votre nom.
21 Témoin O (interprétation). - Oui.
22 M. le Président - Puis, maintenant, vous restez assise pour lire
23 la déclaration qui vous est tendue.
24 Témoin O (interprétation). - Je déclare solennellement que je
25 dirai, la vérité toute la vérité, rien que la vérité.
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1 M. le Président - Merci, Témoin O. Vous avez accepté de venir au
2 Tribunal pour témoigner, à la demande du Bureau du Procureur, dans le
3 cadre des accusations qui ont été portées par ce Bureau contre le
4 Général Blaskic, ici présent et accusé.
5 Témoin O (interprétation). - Oui.
6 M. le Président - Votre témoignage doit porter, en principe
7 selon ce qui nous a été dit, sur ce que vous avez constaté en octobre 92,
8 notamment concernant le rassemblement d’armes que vous avez observé, vos
9 observations avant avril 1993, le meurtre de votre mari et, de façon
10 générale, l'attaque du printemps 93.
11 Le Procureur va vous poser quelques très brèves questions
12 d'identification, qui ne vous mettront pas en danger. Vous êtes un témoin
13 protégé vous le savez, vous n'avez rien à craindre.
14 Ensuite, vous ferez votre déclaration sur les quatre points dont
15 le Procureur nous a parlés. Vous ferez cela sommairement, mais comme vous
16 avez envie de le faire et de le dire. Le
17 Procureur vous posera des questions. Après quoi, la défense et
18 les Juges vous poseront également des questions. Monsieur Harmon.
19 M. Harmon (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
20 Bonjour, Témoin O .
21 Témoin O (interprétation). - Bonjour.
22 M. Harmon (interprétation). - Quel âge avez-vous ?
23 Témoin O (interprétation). – Trente cinq ans.
24 M. Harmon (interprétation). – Etes-vous musulmane ?
25 Témoin O (interprétation). - Oui.
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1 M. Harmon (interprétation). - Le 16 avril 1993 viviez-vous à
2 Santici ?
3 Témoin O (interprétation). - Oui.
4 M. Harmon (interprétation). – Viviez-vous dans une maison, avec
5 votre mari et vos trois enfants en bas âge ?
6 Témoin O (interprétation). - Oui.
7 M. Harmon (interprétation). – Quels étaient les âges respectifs
8 de vos enfants en avril 1993 ?
9 Témoin O (interprétation). - Ma fille avait 10 ans, mes fils 8
10 et 7 ans.
11 M. Harmon (interprétation). - Je voudrais maintenant que vous
12 vous concentriez sur la collecte d'armes qui étaient en possession des
13 Musulmans et qui a eu lieu en octobre 1992. Pouvez-vous nous dire ce que
14 vous savez sur cet événement ?
15 Témoin O (interprétation). - En octobre 1992, il y a eu un
16 conflit entre les Croates et les Musulmans. Après la fin de ce conflit,
17 qui a duré peu de temps, mon mari a été chargé de collecter les armes des
18 Musulmans qui vivaient près de nous. Il devait collecter ces armes et les
19 rendre à Nenad Santic. Il lui a donné un papier sur lequel il était écrit
20 qu'il avait le droit de se déplacer et de collecter les armes des
21 personnes qui en avaient pour rapporter toutes ces armes chez lui.
22 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que Nenad Santic a menacé
23 les Musulmans qui ne rendaient pas leurs armes ? Pouvez-vous nous dire
24 quelle était cette menace ? Pouvez-vous la décrire aux Juges ?
25 Témoin O (interprétation). – Oui, il menaçait. Il disait que si
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1 quelqu'un ne rendait pas son arme, il était possible que sa maison soit
2 mise à feu et que ces personnes ne seraient plus en sécurité là où elles
3 vivaient.
4 M. Harmon (interprétation). – Au nom de qui cette menace a-t-
5 elle été proférée ?
6 Témoin O (interprétation). - Au nom du HVO.
7 M. Harmon (interprétation). - Votre mari a-t-il collecté des
8 armes et les a-t-il remises à Nenad Santic ?
9 Témoin O (interprétation). - Oui.
10 M. Harmon (interprétation). - Combien ?
11 Témoin O (interprétation). - Il y avait six ou sept fusils.
12 M. Harmon (interprétation). - Parmi ces fusils, y avait-il une
13 arme qui était en sa possession ?
14 Témoin O (interprétation). - Oui.
15 M. Harmon (interprétation). - Qui est Nenad Santic ?
16 Témoin O (interprétation). – Nenad Santic était le commandant du
17 conseil croate de défense dans la partie du village où nous avons vécu.
18 M. Harmon (interprétation). – Connaissez-vous le nom de son
19 commandant ?
20 Témoin O (interprétation). - C'était Mario Cerkez.
21 M. Harmon (interprétation). - Passons maintenant au 16 avril
22 1993. Le matin du 16 avril 1993, aviez-vous des armes chez vous ?
23 M. le Président. – Il vous en a déjà parlé. Je préférerais que
24 le témoin dépose. Vous êtes d'accord ?
25 M. Harmon (interprétation). - Elle devra ajouter une certaine
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1 partie à son témoignage. La question suivante allait lui permettre de se
2 lancer dans son explication.
3 M. le Président. - Vous avez défini les points sur lesquels il
4 était important que le témoin dépose. Vous compléterez au besoin. Allez-y,
5 posez votre question. Ensuite, le témoin s'exprimera sur les événements
6 dont il a été témoin.
7 M. Harmon (interprétation). - Je serai très direct, Monsieur le
8 Président.
9 Témoin O, y avait-il une arme, un pistolet, chez vous, le matin
10 du 16 avril 1993 ?
11 Témoin O (interprétation). – Oui, il y avait un petit pistolet
12 que mon mari avait acheté à son frère. Il avait le permis pour ce
13 revolver.
14 M. Harmon (interprétation). – Pouvez-vous dire maintenant aux
15 Juges ce qu'il est advenu de vous et de deux membres de votre famille le
16 matin du 16 avril 1993, en utilisant vos propres mots et à votre rythme ?
17 Témoin O (interprétation). - Le matin du 16 avril, j'ai été
18 réveillée par une forte détonation, une explosion. Je dormais avec ma
19 fille. Mon mari dormait avec les autres enfants dans une autre chambre.
20 Nous nous sommes tous levés quand nous avons entendu la détonation. Nous
21 dormions à l'étage et nous sommes descendus au rez-de-chaussée. Mon mari a
22 mis un survêtement bleu, un bleu de travail, et nous nous sommes tous mis
23 autour de la cuisinière. Nous entendions des coups de feu ; autour nous ne
24 savions pas ce qui se passait. Mon mari a appelé notre premier voisin. Il
25 lui a demandé s'il savait ce qui se passait, mais celui-ci n'en savait
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1 rien lui non plus. Il est venu avec des cigarettes, nous avons fumé une
2 cigarette.
3 Pendant que nous attendions, nous avons entendu, autour de la
4 clôture qui existait entre notre maison et celle de notre voisin,
5 quelqu'un passer au-dessus de cette clôture. Nous étions là, nous
6 attendions et quelqu'un a jeté une grenade à l'intérieur de la maison. Ils
7 ont tiré sur la porte, ils l'ont ouverte ainsi et nous avons entendu une
8 voix nous disant de sortir.
9 J'ai dit que je voulais mettre des chaussettes aux pieds de mes
10 enfants, on m'a dit
11 qu'ils n'en avaient pas besoin. Mon mari avait son petit
12 revolver, il l'a jeté sous l'escalier. Il était le premier à sortir, il
13 était sur le seuil, la porte était ouverte, il levait les mains en l'air.
14 La personne qui avait ouvert notre porte, je ne l'avais pas vue. Mon mari
15 sortait le dos tourné à cette personne qui attendait et qui nous donnait
16 des ordres. A ce moment là, celui-ci a tiré sur son mari, sur tout son
17 corps. Il est tombé. J'ai pris mes enfants, je suis rentrée, je me suis
18 assise, j'attendais.
19 L'autre soldat qui était de l'autre côté a cassé notre porte en
20 verre, il nous a dit de sortir. Une ou deux minutes plus tard, il est
21 entré avec ma belle-mère dans notre maison et il nous a dit de sortir. Mes
22 enfants pleuraient. Je les ai pris auprès de moi, nous sommes sortis, moi-
23 même, mes enfants et mes beaux-parents. C'est ainsi que nous sommes
24 sortis, que nous sommes partis de la maison.
25 M. Harmon (interprétation). - Laissez-moi vous poser quelques
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1 questions.
2 Témoin O, à quel moment, à peu près, avez-vous entendu cette
3 détonation qui a réveillée tout le monde chez vous, le savez vous ?
4 Témoin O (interprétation). - C'était tôt le matin, entre
5 5 heures et demie et 6 heures du matin.
6 M. Harmon (interprétation). - Votre mari a-t-il été exécuté sous
7 vos yeux et sous les yeux de vos enfants ?
8 Témoin O (interprétation). - Oui.
9 M. Harmon (interprétation). - Vous avez dit qu'un soldat est
10 rentré chez vous avec votre belle-mère. Pouvez-vous nous décrire les
11 vêtements que portait ce soldat ?
12 Témoin O (interprétation). - Oui. Il avait un uniforme de
13 camouflage.
14 M. Harmon (interprétation). - Son visage était-il dissimulé ou
15 non dissimulé ? Vous rappelez-vous ?
16 Témoin O (interprétation). - Son visage n'était pas dissimulé.
17 M. Harmon (interprétation). - Pouvez-vous décrire les insignes
18 que vous avez vus sur les vêtements de ce soldat ?
19 Témoin O (interprétation). - Je me rappelle qu'il avait un
20 insigne avec une toile de fond noire et un drapeau à damiers rouge et
21 blanc.
22 M. Harmon (interprétation). - A ce même moment-là, avez-vous vu
23 d'autres soldats qui se trouvaient près de la maison de votre belle-mère ?
24 Témoin O (interprétation). - Oui. Devant sa porte, il y avait
25 des soldats. Je les ai vus par la fenêtre.
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1 M. Harmon (interprétation). - Quels vêtements portaient-ils ?
2 Témoin O (interprétation). - Ils portaient tous des uniformes de
3 camouflage.
4 M. Harmon (interprétation). - Combien de soldats environ avez-
5 vous vus aux alentours de la maison de votre belle-mère ?
6 Témoin O (interprétation). - Trois ou quatre soldats.
7 M. Harmon (interprétation). - Lorsque vous avez quitté votre
8 maison, quels vêtements portiez-vous, vous et vos enfants ?
9 Témoin O (interprétation). - Nous étions tous en pyjama. Nous
10 avions dormi. C'est ainsi que nous sommes descendus. Nous ne savions pas
11 ce qui nous attendait. C'est ainsi que cela s'est passé. Nous ne savions
12 pas s'il fallait nous habiller ou bien si ce qui était arrivé aux autres,
13 ou sur le seuil de notre maison sous nos yeux, allait nous arriver à nous
14 aussi.
15 M. Harmon (interprétation). - Environ cinq minutes après que
16 vous ayez quitté votre maison, avez-vous regardé à nouveau en vous
17 retournant pour voir ce qui se passait derrière vous ? Avez-vous vu votre
18 maison et pouvez-vous dire aux Juges ce qui s'y passait ?
19 Témoin O (interprétation). - Oui, je me suis retournée, la
20 maison brûlait déjà. Quand nous sommes sortis de la maison, j'ai posé la
21 question de savoir dans quelle direction nous devions aller ; ils nous ont
22 indiqué la direction et nous sommes partis. A peine cinq minutes
23 plus tard, notre maison était incendiée.
24 Il était possible de voir cela en regardant vers la fenêtre où
25 nous avons vu le feu. Peut-être est-ce le rideau qui a pris feu tout de
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1 suite. Mais de toute façon, nous voyions le feu.
2 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, pourrions-
3 nous maintenant passer au huis clos partiel, s'il vous plaît.
4 M. le Président. - Tout à fait. Monsieur le Greffier, nous
5 passons au huis clos partiel.
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12 L’audience se poursuit en séance publique.
13 M. le Président - Nous sommes en séance publique.
14 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Maintenant, nous sommes
15 encore une fois en séance publique. Je vous appellerai Témoin O. Ne
16 mentionnez pas de nom, mais dites si votre mari était membre de la Défense
17 territoriale ?
18 Témoin O (interprétation). - Mon mari était considéré comme un
19 membre de la Défense territoriale. Il ne remplissait aucune fonction. Il
20 n'est jamais allé sur une quelconque ligne de front. Il était dans son
21 entreprise sur son lieu de travail, et lorsque ces événements se sont
22 produits il était en stand-by dans son entreprise.
23 M. Nobilo (interprétation). - Les voisins de votre mari, les
24 hommes qui faisaient partie de la Défense territoriale, les hommes de Zume
25 allaient-ils au front ou bien restaient-ils dans le village ?
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1 Témoin O (interprétation). - Personne n'est allé en ligne de
2 front ?
3 M. Nobilo (interprétation). - Dans les combats sur le front ?
4 Témoin O, je souhaite que ce soit clair pour le compte rendu.
5 Témoin O (interprétation). - Dans le cadre du conflit qui est
6 arrivé à la fin du mois d'avril, il a remis les armes et par la suite ils
7 pouvaient sortir devant leur maison pour monter la garde, mais ils
8 n'avaient pas d'armes. Les Croates qui étaient aux alentours de notre
9 maison ne cessaient pas de nous dire que nous n'avions pas de raison
10 d'avoir peur et que si des problèmes survenaient ils allaient nous
11 protéger.
12 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit peut-être d'une
13 confusion de votre part, vous avez dit « depuis le conflit en avril, il
14 n'avait plus d'armes », mais vous pensez plutôt au conflit d'octobre
15 n'est-ce pas ?
16 Témoin O (interprétation). - Oui.
17 M. Nobilo (interprétation). - J'ai simplement posé la question
18 concernant les tours de garde, pour savoir s’il en prenait.
19 Témoin O (interprétation). - Pour autant que je me rappelle,
20 non.
21 M. Nobilo (interprétation). - Son père, votre beau-père,
22 prenait-il des tours de garde ?
23 Témoin O (interprétation). - Peut-être, parce qu'il avait peur.
24 Il avait particulièrement peur que quelque chose arrive. Nous avions très
25 peur là-bas. Nous savions que nous étions dans une situation difficile.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Votre belle-mère (nous ne
2 mentionnerons pas son nom) a dit que son mari était responsable des gardes
3 dans cette partie du village.
4 Témoin O (interprétation). – Oui, j'ai dit qu'il était considéré
5 ainsi mais il n'affectait pas les hommes, il n'organisait pas les tours de
6 garde, et ces patrouilles ne s'effectuaient pas non plus comme elles
7 auraient dû s'effectuer. Oui, il existait un papier selon lequel il était
8 commandant des gardes sur cette partie du territoire.
9 M. Nobilo (interprétation). - Votre beau-père avait-il des
10 armes ?
11 Témoin O (interprétation). – Croyez-moi, je ne me rappelle pas.
12 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque votre mari a remis les six
13 fusils à Santic, ce dernier lui a-t-il demandé de rendre toutes les armes,
14 y compris les revolvers, aussi bien que les fusils, le savez-vous ?
15 Témoin O (interprétation). - Il a exigé que tous les hommes
16 remettent un fusil. Ce n'est pas moi qui ai parlé avec lui. Il est
17 simplement venu et il a dit qu'il exigeait que les armes lui soient
18 remises à lui.
19 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que Santic proférait
20 des menaces, quels mots utilisait-il ? Vous avez entendu Santic proférer
21 des menaces ou bien est-ce votre mari qui vous l’a raconté ?
22 Témoin O (interprétation). - Mon mari a décidé tout de suite
23 qu'il allait restituer ce fusil, parce que les enfants étaient là. Il
24 avait peur peut-être que quelqu'un refuse de remettre son fusil, que cela
25 pose des problèmes et qu'on mette feu à sa maison.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Il avait peur que quelqu'un mette
2 le feu à la maison ou bien vous a-t-il dit que Santic lui avait dit que
3 quelqu'un allait incendier sa maison ?
4 Témoin O (interprétation). - Il est arrivé que des maisons
5 musulmanes se fassent incendier dans la nuit.
6 M. Nobilo (interprétation). – C’est parce que les maisons
7 musulmanes étaient incendiées de temps en temps que votre mari avait peur
8 que votre maison brûle elle aussi. ?
9 Témoin O (interprétation). - Je n'ai pas compris.
10 M. Nobilo (interprétation). - Je vais répéter la question.
11 Nenad Santic a-t-il dit, directement à votre mari : « Je ferai incendier
12 ta maison si tu ne rends pas les armes » ou bien votre mari avait-il peur
13 étant donné que de temps en temps des maisons musulmanes étaient
14 incendiées ?
15 Témoin O (interprétation). - Non, bien sûr le conflit du mois
16 d'octobre avait eu lieu et pas mal de nos voisins musulmans ont quitté
17 leur maison en emportant leurs armes. Lui a exigé, dans la mesure où ces
18 Musulmans auraient souhaité revenir dans leur maison, et sa remarque
19 portait aussi sur les Musulmans qui étaient toujours dans leur maison et
20 qui n'étaient pas partis et qui avaient des armes, il a donc exigé que ces
21 armes lui soient remises si ces Musulmans souhaitaient continuer à vivre
22 dans leurs maisons.
23 M. Nobilo (interprétation). - C'est tout ce que Santic a dit à
24 votre mari ?
25 Témoin O (interprétation). - Je n'étais pas là. C’est ce que mon
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1 mari m’a rapporté, c’est tout.
2 M. le Président. - Je crois que le témoin a répondu,
3 Maître Nobilo.
4 M. Nobilo (interprétation). - Très bien, merci. Nous pouvons
5 continuer. Vous avez
6 dit que Mario Cerkez était le supérieur de Santic, comment le
7 saviez-vous ?
8 Témoin O (interprétation). – Santic était le commandant du
9 conseil croate de la Défense sur le territoire où je résidais et
10 Mario Cerkez était le commandant du conseil croate de la Défense dans la
11 municipalité de Vitez.
12 M. Nobilo (interprétation). – Mario Cerkez était le commandant
13 de la brigade ?
14 Témoin O (interprétation). – Oui, de la brigade.
15 M. Nobilo (interprétation). - Et non pas pour la municipalité de
16 Vitez ?
17 Témoin O (interprétation). - C'est possible.
18 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous avez commencé à parler
19 des événements du 15 avril 1992, vous avez dit que des clients étaient
20 venus pour acheter des blocs de béton. Pourquoi avez-vous pensé qu’il
21 était intéressant de mentionner cela dans le cadre de votre témoignage ?
22 Quelle était votre conclusion par rapport à ces blocs ? Pourquoi en
23 avaient-ils besoin d'après vous ?
24 Témoin O (interprétation). – Ils avaient sans doute besoin de
25 s'en servir pour construire un abri, je suppose, mais ce qui était
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1 intéressant c'est que pendant pas mal de temps aucun acheteur ne s'est
2 présenté et il n’y avait pratiquement pas de vente à ce moment-là. Ce
3 jour-là nous avons eu du travail.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc conclu que cela
5 devait servir pour la défense.
6 Témoin O (interprétation). - A quelque chose d'inhabituel.
7 M. Nobilo (interprétation). - Mais, la défense ou l'attaque, les
8 blocs en béton, on les utilise pourquoi faire ?
9 Témoin O (interprétation). - Ils peuvent aussi être utilisés
10 pour construire un emplacement à partir duquel sera lancée une attaque.
11 M. Nobilo (interprétation). - Mais ils ne peuvent pas être
12 déplacés. Très bien. Le
13 15 avril, s'est-il passé quelque chose qui aurait donné une
14 raison aux Croates d'acheter des blocs pour se préparer ? Par exemple,
15 avez-vous vu quelque chose à la télévision, un événement à Zenica qui
16 s'est produit ?
17 Témoin O (interprétation). - A Zenica, Jivko Totic a été arrêté,
18 et pour autant que je me rappelle, des pourparlers ont commencé entre les
19 deux parties. A ce moment-là, elles ne sont pas parvenues à s'entendre et
20 quand je suis arrivée à la maison, mon mari m'a dit qu'il avait regardé la
21 télévision. Il était nerveux, il avait peur. Il a dit qu'il avait entendu
22 Kordic à la télévision déclarer qu'il n'était plus possible de discuter
23 avec les Musulmans. Lui m'a dit que s'il n'y avait plus de pourparlers, la
24 seule possibilité était la guerre ; il en avait peur.
25 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agissait d'une arrestation ou
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1 bien d'un enlèvement de cette personne où quatre gardes du corps avaient
2 été tués ? Est-ce que ce sont les autorités qui ont arrêté Jivco Totic ?
3 Témoin O (interprétation). - J'ai dit ce que je sais. Cela, je
4 ne..
5 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Dites-moi, autour de ce
6 barrage où vous avez vu des soldats, avez-vous vu leurs insignes ? De
7 quels soldats s'agissait-il ?
8 Témoin O (interprétation). - Quand je traversais ce barrage je
9 ne regardais pas les soldats, j'avais peur.
10 M. Nobilo (interprétation). - Vous rappelez-vous de leurs
11 uniformes ? S'agissait-il d'uniformes noirs ou de camouflage ?
12 Témoin O (interprétation). - Je ne me rappelle pas.
13 M. Nobilo (interprétation). - Le jour critique, avez-vous
14 téléphoné à Miriam Kupajic ? Lui avez-vous parlé au téléphone ?
15 Témoin O (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - De quoi avez-vous parlé, si
17 c'était le cas ?
18 Témoin O (interprétation). - Je pense que ce n'est pas moi qui
19 ai appelé, c'est peut-
20 être mon mari.
21 M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous de quoi ils parlaient ?
22 Témoin O (interprétation). - Je ne sais pas, croyez-moi.
23 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Monsieur le Président, nous
24 avons terminé.
25 M. le Président. - Merci. Monsieur Harmon, vous allez compléter
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1 votre interrogatoire principal.
2 M. Harmon (interprétation). - Témoin O, j’aimerais vous demander
3 un éclaircissement au sujet de votre déposition. Feu votre mari vous a-t-
4 il dit que Nenad Santic lui avait dit que si les Musulmans ne rendaient
5 pas leurs armes, les maisons musulmanes seraient mises à feu ?
6 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, nous avons
7 déjà entendu parler de cela au cours de l'interrogatoire principal et du
8 contre-interrogatoire. Il s'agit d'une répétition, ici.
9 M. le Président. - Pouvez-vous.(hors micro).. Je suis d'accord
10 avec Me Nobilo.
11 M. Harmon (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, je
12 comprends. Le témoin a fourni une réponse au cours du contre-
13 interrogatoire qui était différente de celle fournie au cours de
14 l'interrogatoire principal. C'est donc à titre d'éclaircissement, grâce à
15 une unique question que je souhaitais résoudre le problème.
16 M. Hayman (interprétation). - Dans ce cas, nous proposons que
17 notre collègue pose une question qui ne contienne pas la réponse. Il est
18 impossible d'obtenir un éclaircissement à l'aide d'une question contenant
19 déjà la réponse.
20 M. le Président. - Posez une question.
21 M. Harmon (interprétation). - J'aurai grand plaisir à le faire,
22 Monsieur le Président. Témoin O, que vous a dit très exactement votre mari
23 de ce que Nenad Santic lui avait dit au sujet des fusils et de
24 l'éventualité pour les Musulmans qui refuseraient de rendre ces fusils ?
25 M. le Président. - Tournez-vous vers le Tribunal, témoin O,
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1 c’est au Tribunal qu'il faut parler. Détendez-vous, répondez comme vous
2 avez envie de le faire.
3 Témoin O (interprétation). - En octobre, quand il y a eu ce
4 conflit, mon mari m'a dit : "Si les Musulmans ne rendent pas leurs armes,
5 ils ne pourront pas continuer à vivre là-bas et leurs maisons seraient
6 incendiées".
7 M. Harmon (interprétation). - Votre mari vous a-t-il dit qu'il
8 avait été informé de cela par Nenad Santic ? Est-il parvenu à cette
9 conclusion de lui même, indépendamment de ce que lui avait Nenad Santic ?
10 M. Hayman (interprétation). - Question concernant la réponse,
11 Monsieur le Président.
12 M. le Président. - Oui, exact ! Je crois que nous pouvons en
13 rester là. Le Tribunal est suffisamment informé sur cette question,
14 Monsieur le Procureur.
15 De même, je voudrais rappeler -je le fais avec quelque retard à
16 l'attention de Me Nobilo- que la question sur le coup de téléphone à
17 Kupreskic n'avait semble-t-il pas été abordé dans l'interrogatoire, sauf
18 erreur de ma part. Je voulais le signaler.
19 Bien, avez-vous une question de nature différente, Monsieur le
20 Procureur ?
21 M. Harmon (interprétation). - Non, Monsieur le Président, j'en
22 ai terminé.
23 M. le Président. - Merci, je me tourne maintenant vers mes
24 collègues avant que vous n'ayez terminé votre déposition, témoin O, et
25 tout d'abord vers le juge Riad. Avez-vous des questions ?
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1 M. Riad (interprétation). - Bonjour.
2 Témoin O (interprétation). - Bonjour.
3 M. Riad (interprétation). - J'aimerais simplement obtenir
4 quelques renseignements au sujet de ce qui s'est pas en octobre 1992. Vous
5 avait parlé d'un conflit de courte durée. Vous étiez à Santici à ce moment
6 là. Quel a été ce conflit ? Pouvez-vous le décrire ? Que s'est il passé
7 exactement durant ce conflit et quand s'est il arrêté ?
8 Témoin O (interprétation). - Le conflit a eu lieu à la deuxième
9 moitié du mois d'octobre. Il a duré une seule journée. Ce n'était pas un
10 vrai conflit. Là où nous avons été, le conflit était ailleurs. Les soldats
11 du conseil croate de Défense ont lancé un conflit quelque part. Je pense
12 que c'était à Novi Travnik. Ils avaient, en ce qui concerne les musulmans,
13 les habitants d'Ahmici, ils ont placé un barrage pour empêcher les Croates
14 de prendre cette route, pour couper la route. Si je me rappelle bien,
15 c'était cela le conflit. Ce n'était donc pas un réel conflit. Le conflit
16 se déroulait ailleurs et les soldats du HVO se déplaçaient. Ils sont
17 partis vers l'endroit où le conflit a éclaté, et les habitants d'Ahmici
18 ont créé un barrage pour les empêcher de passer, pour éviter un conflit
19 encore plus grand.
20 M. Riad (interprétation). - En d'autres termes, en octobre, et
21 par la suite jusqu'en avril 1993, il n'y a pas eu d'attaque musulmane à
22 Santici, les Musulmans n'ont pas attaqué ?
23 Témoin O (interprétation). - Non.
24 M. Riad (interprétation). - Il n'y a donc pas eu d'attaque.
25 Témoin O (interprétation). - Non.
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1 M. Riad (interprétation). - Quand vous avez déclaré que
2 Nenad Santic avait dit à votre mari que la possession de quelque arme que
3 ce soit entraînerait un châtiment qui serait l'incendie de la maison et
4 l'impossibilité de revenir à Santici. Ce Nenad Santic était-il commandant
5 militaire ? Qu'elle était sa fonction ? Etait-il commandant militaire ?
6 Témoin O (interprétation). - Oui.
7 M. Riad (interprétation). - Sa menace a-t-elle été exécutée à
8 grande échelle a-t-elle frappé de nombreuses maisons ou simplement
9 quelques personnes ?
10 Témoin O (interprétation). - En partie. Je pense que les
11 personnes qui vivaient près de chez nous, qui vivaient juste à côté de la
12 route, je pense que c'est seulement ces personnes qui ont remis leurs
13 armes afin de pouvoir rester dans leur maison, sans avoir peur de ne pas y
14 être en sécurité.
15 M. Riad (interprétation). - Ont-ils été en sécurité dans leur
16 maison, ceux qui ont remis leurs armes ? Sont-ils restés en sécurité dans
17 leur maison ou bien ont-ils dû quitter Santici ?
18 Témoin O (interprétation). - Je ne comprends pas.
19 M. Riad (interprétation). - Suite à ces événements du 15 et
20 16 avril, tous les Musulmans ont-ils quitté Santici ?
21 Témoin O (interprétation). - Oui, tous.
22 M. Riad (interprétation). - Sont-ils revenus par la suite ?
23 Témoin O (interprétation). - Non, nous sommes tous partis.
24 M. Riad (interprétation). - Il n'y avait plus de Musulmans à
25 Santici, n'est-ce pas ?
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1 Témoin O (interprétation). Non, on nous a dit qu'il fallait
2 partir et qu'on ne pouvait plus vivre à cet endroit.
3 M. Riad (interprétation). - Combien de Musulmans y avait-il à
4 Santici ? Etaient-ils en majorité ou bien étaient-ce les Croates ?
5 Témoin O (interprétation). - Les Croates étaient majoritaires.
6 M. Riad (interprétation). - Les Croates. Donc il y avait une
7 minorité de Musulmans qui a dû partir dans sa totalité.
8 Témoin O (interprétation). - Oui, tout à fait.
9 M. Riad (interprétation). - Merci beaucoup.
10 M. Shahabbudeen (interprétation). - Bonjour.
11 Témoin O (interprétation). - Bonjour.
12 M. Shahabbudeen (interprétation). - Vous avez dit que votre mari
13 vous avait dit ou bien vous avait parlé de ce qu'avait déclaré
14 Monsieur Kordic. Connaissiez-vous personnellement Monsieur Kordic ?
15 Témoin O (interprétation). - Par la télévision, je le voyais.
16 M. Shahabbudeen (interprétation). - Combien de fois l'avez-vous
17 vu à la télévision. L'avez-vous vu souvent, pourriez-vous nous le dire ?
18 Témoin O (interprétation). - Je ne me rappelle pas le nombre de
19 fois, mais je l'ai vu plusieurs fois à la télévision.
20 M. Shahabbudeen (interprétation). - Lorsque vous à l'avez vu à
21 la télévision, était-il accompagné de quelqu'un ?
22 Témoin O (interprétation). - Je ne m'en rappelle pas.
23 M. Shahabbudeen (interprétation). - Pourriez-vous me dire
24 maintenant ou plutôt me parler de ces blocs de béton ?
25 Témoin O (interprétation). - Un instant s'il vous plaît...
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1 M. Shahabbudeen (interprétation). - Vous sentez-vous mieux ?
2 Témoin O (interprétation). - Oui.
3 M. Shahabbudeen (interprétation). - Ces blocs de béton étaient-
4 ils fabriqués dans une entreprise pour laquelle vous travailliez ?
5 Témoin O (interprétation). - Oui.
6 M. Shahabbudeen (interprétation). - Quelle était l'utilisation
7 première de ces blocs ?
8 Témoin O (interprétation). - Ils étaient destinés à la
9 construction de bâtiments, mais ils pouvaient aussi être utiles à d'autres
10 fins, pas seulement à la construction de bâtiments, mais aussi à celle de
11 murs de séparation.
12 M. Shahabbudeen (interprétation). - Ces blocs ont donc été
13 achetés par un certain nombre de personnes, pourriez-vous nous dire si ces
14 personnes étaient musulmanes ou croates ou bien à la fois musulmanes et
15 croates ?
16 Témoin O (interprétation). - Ces personnes portaient des
17 uniformes de plusieurs
18 couleur, des uniformes de camouflage. A cette époque là, un
19 Musulman ne pouvait pas circuler, dans la ville de Vitez, en uniforme de
20 camouflage. Il pouvait peut-être circuler, mais il risquait gros. Il
21 risquait d'être agressé par quelqu'un, d'être passé à tabac ou enfermé. Il
22 était tout simplement préférable pour eux de ne pas se déplacer dans ces
23 vêtements bigarrés.
24 Je peux donc dire qu'il s'agissait de Croates parce que je n'ai
25 pas le souvenir d'avoir vu un Musulman circulant en uniforme de
Page 4511
1 camouflage.
2 M. Shahabbudeen (interprétation). - Je vous remercie.
3 M. le Président - Voilà c'est presque terminé. Je voulais vous
4 poser une dernière question en ce qui me concerne... Avant de venir ici et
5 notamment, au moment de ces événements tragiques, aviez-vous entendu
6 parler du Général Blaskic ?
7 Témoin O (interprétation). - Oui.
8 M. le Président - Vous pouvez peut-être préciser si vous l'avez
9 vu à la télévision, si vous en avez entendu parler et comment. Aviez-vous
10 le sentiment qu'il avait un rôle important ? Pouvez-vous préciser au
11 Tribunal ?
12 Témoin O (interprétation). - Je n'ai fait que le voir à la
13 télévision, maintenant quelles étaient ces tâches ou ces fonctions, je ne
14 peux pas l'expliquer ni le dire, je ne sais pas. Je me rappelle simplement
15 l'avoir vu à la télévision.
16 M. le Président - Merci. C'est terminé, cela n'a pas été trop
17 long ? Vous allez vous reposer et rentrer dans votre pays et essayer, si
18 possible, d'oublier ces événements tragiques.
19 Vous n'allez pas bouger de votre siège, le temps de baisser les
20 rideaux. Les Juges vont interrompre la séance. Nous la reprendrons si vous
21 le voulez bien à 12 heures.
22 (Les rideaux sont baissés. Le témoin est reconduit hors du
23 prétoire.)
24 L'audience est suspendue à 11 heures 40.
25
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1 L’audience, publique, est reprise à 12 heures.
2 M. le Président. - L’audience est reprise. Veuillez faire entrer
3 l’accusé.
4 (L'accusé est introduit dans la salle d’audience.)
5 M. le Président. – Monsieur Kehoe, je vois que vous qui allez
6 procéder à l’interrogatoire du prochain témoin. De qui s'agit-il ? Qu'en
7 attend l’accusation ?
8 M. Kehoe (interprétation). – Bonjour, Monsieur le Président,
9 bonjour, Messieurs les Juges. Le prochain témoin est Stephen Hughes,
10 Sergent-major du bataillon britannique, ou plus précisément du régiment du
11 Cheshire, premier bataillon britannique. Il se trouvait sur place avec le
12 contingent britannique et avec d’autres soldats que cette cour a déjà
13 entendus. Ils étaient stationnés dans le camp de Bila, à l’extérieur de
14 Vitez, d’octobre 1992 à peu près jusqu’au 11 mai 1993.
15 Il parlera notamment des événements du 16 avril alors que sa
16 section et lui, « The Warriors » ont traversé la partie extérieure de
17 Stari Vitez et ont vu des soldats Croates, avec des rubans à l’épaule,
18 allant de maison en maison, de façon très systématique, et semblant
19 expulser les personnes de leur maison.
20 Il parlera également de l'exécution de deux civils au moins, des
21 corps qu’il a vus, gisant à terre. Il parlera aussi du 16 avril, de tirs
22 d'artillerie dont Stari Vitez était la cible. Il n'y a pas eu de tirs
23 ayant fait l'objet d'une riposte de la part de soldats Musulmans.
24 Nous passerons ensuite au 16 avril. Le témoin parlera d’un
25 mouvement de réfugiés allant de Santici vers l’école de Dubravica ; un
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1 long cordon de réfugiés dont il pensait qu’ils étaient des civils
2 Musulmans. En continuant sur cette route on trouve le «bungalow», comme
3 vous le savez.
4 Il parlera du fait qu’il s’est garé près du «bungalow», le 17,
5 et qu'il y aurait vu un canon antiaérien qui se trouvait au-dessus de ce
6 bungalow, de l’autre côté de la route, qui tirait
7 sur toute la zone entre Ahmici, Santici et tous les villages qui
8 se trouvaient de l’autre côté de la route.
9 D’autre part, il parlera de la zone de Putis/Loncari. Il a vu
10 des personnes venant dans ce village, c’était un village musulman. Il a vu
11 ce village presque entièrement incendié. Il témoignera de ce qui s'est
12 passé à l’intérieur de ce village et du fait que des maisons ont été
13 pillées à ce moment-là.
14 Il parlera également de certains incidents, et notamment du
15 camion piégé le 18 avril 1993. Il était présent dans l’un des premiers
16 «Warriors» ; il a aidé à l’évacuation de certains civils, en a pris des
17 photos, et a participé à l’évacuation des corps, le lendemain.
18 Comme vous le savez, dès le 21 avril et par la suite, il y a eu
19 une conférence de "cessez-le-feu", à laquelle ont assisté le
20 Général Petkovic et le Général Halilovic, des membres de l’ECMM et des
21 membres du bataillon britannique. Le Major Whatley nous l’a dit : vous
22 vous souviendrez que l’une des tâches du bataillon britannique était de
23 s’assurer que les armées se retirent derrière leur ligne de front et de
24 faire en sorte que les Généraux convainquent leurs soldats de se retirer
25 de ces lignes de front. Le Sergent Hughes a fait cela avec sa compagnie et
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1 ils ont emmené le Général Petkovic, ainsi que le Général Halilovic. En
2 fait, ils ont emmené le Général Petkovic vers le «bungalow» et ils y ont
3 eu une discussion.
4 Enfin, Monsieur le Président, il parlera de l’enterrement. A
5 Stari Vitez, il y a eu un échange de corps avec le HVO. Il leur a donné
6 trois corps de Croates et a reçu des corps de Musulmans pour les enterrer.
7 Il y aura un petit extrait vidéo sur ce qui s'est passé à ce moment-là.
8 Voilà le résumé du témoignage du Sergent Hughes.
9 M. le Président. - Je vous félicite.
10 Comme nous avons l’habitude de le faire désormais, vous
11 laisserez le témoin s’exprimer et bien entendu, sur les grandes séquences,
12 vous reprendrez uniquement sur les
13 éléments qui vous apparaissent essentiels, puisque vous savez
14 très bien montrer ce qui est essentiel pour l'accusation.
15 Nous pouvons maintenant faire entrer le Sergent Stephen Hughes.
16 Combien de temps avez-vous prévu pour ce témoin, Maître Kehoe ?
17 M. Kehoe (interprétation). – Je pense que nous pourrions en
18 avoir terminé en deux heures, deux heures et demie. La raison qui me fait
19 hésiter est qu’il faudra dessiner certaines choses sur les cartes, il
20 faudra localiser certains points et cela risque donc de prendre un peu
21 plus de temps.
22 (Le témoin est introduit dans la salle.)
23 M. le Président - Reprenez je vous en prie votre récit. Y a-t-il
24 des mesures de protection ?
25 M. Riad (interprétation). - S'agit-il d'un Sergent-Major ? Je
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1 n'ai pas été dans l'armée britannique. Quel est ce grade, qu'est-ce qu'un
2 Sergent-Major ?
3 M. Kehoe (interprétation). - C'est l'évolution naturelle des
4 grades, il y donc le Sergent-Major du régiment, un Sergent-Major étant un
5 officier de seconde classe et un Sergent-Major de régiment étant le grade
6 le plus haut des soldats. Lorsqu'on descend, on trouve les soldats de
7 seconde classe normaux. On passe de Sergent de personnel à sergent-caporal
8 à Caporal adjoint et soldats de seconde classe. Peut-être en ai-je oublié
9 un ou deux, mais je crois que c'est cela. Je suis sûr que le Sergent-
10 Major Hughes pourra vous répondre.
11 M. le Président - Vous m'entendez Sergent ou Sergent-Major ?
12 Pouvez-nous donner votre nom, votre prénom, et votre grade ?
13 M. Hughes (interprétation). - Je vous entends, je m'appelle
14 Stephen Hughes.
15 M. le Président - Vous allez lire votre déclaration...
16 M. Hughes (interprétation). - Je suis de rang WL2. Je déclare
17 que je dirai la vérité, toute la vérité rien que la vérité.
18 M. le Président - Sergent ou Sergent-Major, vous pouvez vous
19 asseoir. Vous avez accepté, ainsi que votre hiérarchie, de témoigner dans
20 le cadre du procès intenté par le Procureur contre le Général Blaskic, ici
21 présent. Vous avez participé, quand vous avez stationné dans la zone qui
22 est concernée par les événements, aux événements du 16 avril. Vous avez
23 assisté à un certain nombre de faits, de tirs d'artillerie, de mouvements
24 de réfugiés. Vous avez constaté un certain nombre de fautes comme des
25 villages incendiés. Vous avez également des choses à nous dire à propos du
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1 camion piégé. Enfin, vous pourrez nous parler de la conférence du "cessez-
2 le-feu".
3 Vous serez guidé par le Procureur qui vous posera quelques
4 questions, puis vous ferez votre déposition librement. N'ayez aucune
5 crainte, s'il manque des éléments Me Kehoe a la responsabilité, pour
6 l'accusation, de vous faire préciser les points qui intéressent le procès.
7 Vous devez être un homme de synthèse, vous avez appris cela à l'armée.
8 Vous ferez donc la synthèse de votre déposition. Maître Kehoe vous avez la
9 parole.
10 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
11 Pourriez-vous nous définir votre grade, vous avez dit que vous étiez un
12 WL2. Pouvez-vous nous le définir ?
13 M. Hughes (interprétation). - Classe 2.
14 M. Kehoe (interprétation). - Quel âge avez-vous ?
15 M. Hughes (interprétation). - J'ai 39 ans.
16 M. Kehoe (interprétation). - Depuis combien de temps êtes-vous
17 dans l'armée ?
18 M. Hughes (interprétation). - Cela fait 22 ans et demi à peu
19 près.
20 M. Kehoe (interprétation). - Donc, on peut dire que vous avez
21 été dans l'armée britannique pendant toute votre vie, n'est-ce pas ?
22 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
23 M. Kehoe (interprétation). - A quel régiment appartenez-vous ?
24 M. Hughes (interprétation). - Au régiment du Cheshire.
25 M. Kehoe (interprétation). - Depuis 22 ans ?
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1 M. Hughes (interprétation). - C'est exact ?
2 M. Kehoe (interprétation). - Peut-on dire donc, Sergent-Major
3 que vous êtes un soldat de profession ?
4 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est exact.
5 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant, à la période où
6 le régiment du Cheshire avait une mission de maintien de la paix en
7 Bosnie-Herzégovine.
8 M. Hughes (interprétation). - Oui, absolument.
9 M. Kehoe (interprétation). - Durant cette période vous étiez en
10 Bosnie-Herzégovine avec le régiment du Cheshire ?
11 M. Hughes (interprétation). - De la fin novembre 1992 au début
12 du mois de mai 1993.
13 M. Kehoe (interprétation). - Avant que le témoin s'explique, je
14 voudrais lui demander quelle était sa tâche, sa mission sur le théâtre des
15 opérations ?
16 M. Hughes (interprétation). - J'étais Commandant de la section 2
17 de la compagnie A
18 M. Kehoe (interprétation). - En plus des détails, pourriez-vous
19 nous dire ce que cela veut dire ?
20 M. Hughes (interprétation). - Cela signifie que je commandais
21 une section, c'est-à-dire environ 26 hommes. Un peloton composé de trois
22 sections chacune sous le commandement d'un caporal, et je commandais
23 quatre véhicules Wariors.
24 M. Kehoe (interprétation). - Vous faites donc partie de la
25 compagnie A et au sein de celle-ci, il y avait trois pelotons, c'est
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1 cela ? Vous commandiez le deuxième, c'est cela ?
2 M. Hughes (interprétation). - Oui.
3 M. Kehoe (interprétation). - Combien aviez-vous de warriors dans
4 ce peloton ?
5 M. Hughes (interprétation). - Quatre.
6 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant au début des
7 hostilités dans la vallée de la Lasva, le 16 avril 1993 à peu près.
8 Pouvez-vous dire aux Juges quelles ont été vos observations à ce moment-là
9 jusqu'à l'enterrement des 96 corps à Stari Vitez en avril 1993 ?
10 M. Hughes (interprétation). - Le 16 avril, nous avons reçu des
11 informations selon lesquelles il y avait des ordres dans la ville de
12 Vitez. Nous avons reçu la mission de nous rendre à Vitez pour bien entendu
13 examiner la situation.
14 Nous sommes arrivés à proximité de Vitez, et sommes entrés dans
15 le quartier musulman, c'est-à-dire la vieille ville de Vitez. A ce moment-
16 là il y avait un grand nombre de civils, d'un côté de la route. Alors que
17 nous approchions du centre de Vitez, nous avons essuyé des coups de feu et
18 j'ai placé mon véhicule, à ce moment-là, entre les civils et les coups de
19 feu de façon à protéger les femmes qui rampaient sur le sol, notamment
20 l'une d'entre elles qui cherchait refuge. Une fois que tout cela a été
21 fait, nous avons poursuivi notre chemin vers Vitez. Nous sommes arrivés au
22 carrefour proche de l'hôtel situé dans le centre de Vitez. De là nous
23 avons pu observer ce que j'ai jugé être des soldats du HVO qui se
24 déplaçaient en direction de la partie ancienne de Vitez.
25 Nous avons continué à circuler dans la zone, et nous avons
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1 remarqué à ce moment-là ce qui semblait être une attaque, comme je l'ai
2 déjà dit, contre le quartier musulman de Vitez.
3 Le lendemain 17, j'ai reçu pour mission de me rendre dans la
4 zone située à l'est de Vitez, c'est à dire dans la ville ou le village de
5 Jelinak/Putis. Je me suis trouvé dans la zone du bungalow et j'ai observé
6 une scène à cet endroit. J'ai vu une arme à cet endroit dont j'ai estimé
7 qu'il s'agissait d'une espèce d'arme antichars.
8 Là encore, j'ai pris le temps d'identifier cette arme
9 antiaérienne avec mes jumelles qui agrandissaient beaucoup et qui
10 confirmaient ce que je pensais être au départ une espèce d'arme
11 antiaérienne.
12 Le lendemain 18, j'ai reçu une nouvelle fois mission de me
13 rendre dans Vitez, et à cette occasion, nous avons été empêchés d'entrer
14 dans la ville par un gros camion-citerne placé en travers de la route.
15 Nous avons décidé de contourner l'obstacle et de tenter de pénétrer dans
16 Vitez par l'est, mais là encore, l'accès nous a été refusé par un camion
17 qui barrait le pont et par des mines antichars placées sur le sol. Nous
18 avons donc effectué une nouvelle tentative pour entrer dans Vitez. En
19 effet, le camion-citerne avait été déplacé à l'ouest, ce qui nous a permis
20 de passer par le côté du barrage routier et de pénétrer dans Vitez.
21 J'ai subi un "engagement" de la part de cinq ou six occupants
22 qui contrôlaient le barrage routier et qui ont atteint à coups de feu
23 l'arrière de mon véhicule. Mais j'ai poursuivi la mission qui m'avait été
24 confiée pour cette journée. Sur le chemin du retour, le camion citerne
25 avait été enlevé et la route était libre. Nous avons donc pu revenir sans
Page 4520
1 encombre.
2 Pendant ce temps, j'ai atteint le garage au niveau de notre base
3 appelée "l'échelon". J'ai entendu une forte explosion en provenance du
4 voisinage de Vitez.
5 Ensuite, nous avons reçu pour mission de nous rendre à Vitez
6 pour voir quelle était la situation. A l'approche de la vieille ville,
7 compte tenu que j'étais le premier à y pénétrer, j'ai pu constater de très
8 nombreuses destructions, et j'ai pu voir que la détonation avait causé un
9 petit cratère dans la route et qu'il ne restait plus du véhicule qui s'y
10 trouvait précédemment que le châssis avec un certain nombre d'autres
11 véhicules endommagés.
12 Nous avons essayé d'évaluer la situation de façon plus complète
13 et j'ai décidé ensuite qu'il serait plus sûr d'évacuer les gens de cette
14 zone dans la direction de Travnik.
15 Le lendemain 19, nous avons encore reçu pour mission de nous
16 rendre dans la ville pour y retirer les cadavres dus à l'explosion et pour
17 évacuer les parties de corps qui pouvaient se trouver aux alentours du
18 point d'impact de l'explosion.
19 Les jours suivants, nous avons reçu pour mission de nous rendre
20 dans la même région, notamment le 22 où nous avons reçu mission de nous
21 rendre dans le nord de Vitez pour
22 vérifier la situation, voir de quelle façon le cessez-le-feu
23 était appliqué, et voir s'il y avait quelques modifications de la
24 situation concernant les positions des soldats de l'armée de Bosnie-
25 Herzégovine et du HVO.
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1 Le 28, j'ai reçu pour mission d'aller chercher le Général
2 Petkovic et le Général Halilovic en compagnie d'un interprète et d'un
3 membre de l'ECMM. Nous devions nous rendre au nord de Vitez pour aller
4 chercher ces deux hommes dans des endroits différents, vérifier et les
5 ramener à l'emplacement où nous les avions trouvés avant la reprise des
6 hostilités dans la région de Vitez.
7 Je me suis trouvé au niveau du bungalow et j'y ai vu un soldat
8 du HVO qui était tout à fait furieux et qui, selon les indications de
9 l'interprète, était en train de dire que les membres de sa famille
10 s'étaient fait tuer et que la Forpronu, présente sur les lieux, s'était
11 contentée d'observer les faits.
12 Il agitait un revolver en l'air, il était très agité . il s'est
13 dirigé vers l'extérieur et a tenté de pénétrer dans un char où se trouvait
14 un homme de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il n'y est pas parvenu et s'est
15 finalement calmé.
16 Nous avons donc poursuivi notre mission avec les deux hommes et
17 nous avons fini ce voyage dans la ville de Vitez même, au quartier général
18 de l'armée de Bosnie-Herzégovine et en divers lieux du village.
19 A ce moment-là, j'ai reçu pour mission de participer à un
20 échange de corps. Cela consistait à me rendre dans la vieille ville de
21 Vitez où nous avons ramené près de trois corps que nous avons transportés
22 dans l'école de Vitez. En échange, nous avons reçu 94 à 96 corps de
23 Musulmans qui ont été transportés dans un lieu où ils ont été enterrés. Ce
24 lieu se trouvait dans la partie ancienne de la ville de Vitez, et les
25 corps ont été enterrés dans une fosse commune.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais
2 poser quelques questions. Sergent major, je voudrais vous poser quelques
3 questions sur les événements dont
4 vous venez de parler.
5 Le matin du 16 avril, vous avez dit que vous êtes rentré dans la
6 veille ville à Vitez. Quelle heure était-il à peu près ?
7 M. Hughes (interprétation) - Il est difficile de le dire avec
8 précision mais c'était à peu près en milieu de matinée.
9 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous dire aux juges le
10 chemin que vous avez utilisé pour venir à Vitez ?
11 M. Hughes (interprétation) - J'ai emprunté la route principale
12 qui entrait dans Vitez par l'ouest, en passant ce garage au niveau de
13 l'échelon, notre base. Cette route m'a permis d'entrer dans la vieille
14 ville de Vitez. C'était un itinéraire direct qui permettait d'entrer
15 directement dans le centre de Vitez. Je n’ai pas pu reconnaître quoi que
16 ce soit.
17 M. Kehoe (interprétation). - Passons à la pièce 35/F.
18 Monsieur le Président, puis-je m’approcher, s’il vous plaît.
19 M. le Président. - Oui.
20 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-Major, en utilisant ce
21 feutre jaune, pourriez-vous marquer l’itinéraire que vous avez emprunté
22 pour aller à Stari Vitez, le matin du 16 ?
23 (Le Sergent-major s’exécute.)
24 Au cours de votre témoignage, vous avez dit aux Juges que vous
25 aviez vu un ensemble de soldats du HVO qui allait de maison en maison.
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1 Avant de l’indiquer sur la carte, ces soldats portaient-ils des marques
2 qui indiquaient à quel régiment ou à quelle armée ils appartenaient ?
3 M. Hughes (interprétation). - Ils avaient des rubans attachés
4 aux épaulettes de leur uniforme.
5 M. Kehoe (interprétation). - En tant que soldat professionnel,
6 comment avez-vous interprété ces indications ?
7 M. Hughes (interprétation). - Pour moi, c’était une indication
8 de l’unité à laquelle appartenaient ces hommes de façon à ce qu’ils
9 puissent s’identifier les uns les autres. Car, dans la situation, les deux
10 forces qui s’affrontaient portaient les mêmes uniformes. Il était donc
11 difficile d’identifier un homme comme étant membre du HVO, il aurait pu
12 être de l’armée de Bosnie-Herzégovine.
13 M. Kehoe (interprétation). - En clair, cela veut dire que cela
14 leur permettait de se reconnaître les uns les autres. Ils mettaient ces
15 rubans de couleurs pour ne pas se tirer dessus, n’est-ce pas ?
16 M. Hughes (interprétation). - En effet.
17 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que ce matin-là vous
18 avez vu bouger ces soldats qui portaient ces rubans, qu’ils bougeaient à
19 l’intérieur d’une zone particulière. Pouvez-vous nous l'indiquer sur la
20 carte, en utilisant le feutre rose, Sergent-major. Que faisaient-ils ?
21 M. Hughes (interprétation). - Ils circulaient, à ce moment-là,
22 dans cette région dans la direction de l’ouest, c’est-à-dire vers la
23 partie ancienne de la ville de Vitez. Je dirais qu’ils se déplaçaient
24 d’une façon organisée, comme cela se fait dans l’armée, c’est-à-dire que
25 certains hommes avancent, d’autres les couvrent. Les hommes qui les
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1 couvraient, avancent à leur tour de façon à les protéger.
2 M. Kehoe (interprétation). - Dans l’armée britannique, vous
3 appelez ça combattre de façon organisée, c’est cela ?
4 M. Hughes (interprétation). - Oui, en effet.
5 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, lorsque vous les
6 avez vus passer de maison en maison, avez-vous vu des personnes tirer à ce
7 moment-là ?
8 M. Hughes (interprétation). - Non.
9 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous vu des Musulmans, des
10 soldats musulmans,
11 à ce moment-là qui bougeaient également dans cette zone pour
12 s’opposer à eux, pour les combattre ?
13 M. Hughes (interprétation). - Non.
14 M. Kehoe (interprétation). - Vous êtes-vous alors déplacé vers
15 un autre endroit ?
16 M. Hughes (interprétation). - Oui. J’ai effectué un mouvement
17 circulaire et je suis revenu sur la route, par cette route-là, pour finir
18 mon trajet ici.
19 M. Kehoe (interprétation). Dans cette zone-là, que s’est-il
20 passé ?
21 M. Hughes (interprétation). - Il y avait une pièce d’artillerie
22 ou un mortier à 50 mètres environ, en ce point ici.
23 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous l’indiquer en rouge et
24 marquer la lettre M pour mortier. Vous entourez l’endroit d’un cercle.
25 (Le témoin s’exécute.)
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1 Vous avez dit qu’il s’agissait d’une pièce d’artillerie ou d’un
2 mortier. Pouviez-vous, à ce moment-là, voir la différence ?
3 M. Hughes (interprétation). - Pas vraiment, à ce moment précis.
4 Mais, après réflexion, compte tenu de la force de l’explosion et de la
5 quantité de fumée dégagée, j’ai pensé que c’était une petite pièce
6 d’artillerie et sans doute, un mortier.
7 M. Kehoe (interprétation). - Donc, en fait, il s’agit d’un
8 mortier qui était dans la zone où vous étiez. Mais, avez-vous vu une
9 riposte quelconque ?
10 M. Hughes (interprétation). - Non.
11 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit, au cours de votre
12 témoignage, que vous aviez vu une femme qui rampait ?
13 M. Hughes (interprétation). - Oui.
14 M. Kehoe (interprétation). - Etait-ce une civile ?
15 M. Hughes (interprétation). - Oui.
16 M. Kehoe (interprétation). - Etait-elle blessée ?
17 M. Hughes (interprétation). - Oui, elle était blessée. Elle
18 rampait sur le côté de la route.
19 M. Kehoe (interprétation). - L’avez-vous vu par la suite ?
20 M. Hughes (interprétation). - Plus tard, nous nous sommes
21 approchés et nous avons constaté que cette femme avait réussi à atteindre
22 un endroit plus sûr. Un certain nombre de personnes faisaient des gestes à
23 notre intention. Elle avait été blessée. Lorsque j’ai regardé de plus
24 près, mais mon champ de vision était un peu limité, à travers les éléments
25 de vision du char, j’ai vu qu’elle était allongée sur le sol et j’ai
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1 appris qu’elle avait été traitée pour ses blessures à la poitrine après
2 avoir été évacuée par un autre véhicule.
3 M. Kehoe (interprétation). - Veuillez indiquer cet endroit avec
4 un feutre vert, s’il vous plaît.
5 (Le témoin s’exécute.)
6 Vous pouvez vous asseoir, Sergent-Major.
7 Vous avez donc marqué cette pièce en bas à gauche. Vous avez dit
8 que c’était là que les soldats se rendaient de maison en maison, n’est-ce
9 pas ?
10 M. Hughes (interprétation). - Exact.
11 M. Kehoe (interprétation). - Avant de passer aux événements qui
12 ont eu lieu après, lorsque vous avez vu ces différents événements, en tant
13 que soldat de carrière, avez-vous tiré des conclusions sur la situation
14 dans cette zone-là, avec ces soldats du HVO qui allaient de maison en
15 maison, et qui allaient vers Stari Vitez ?
16 M. Hughes (interprétation). - La conclusion à laquelle je suis
17 parvenu, était qu’il s’agissait là d’une pratique tout à fait normale pour
18 quiconque aurait souhaité nettoyer une zone et, bien entendu, en prendre
19 le contrôle.
20 M. Kehoe (interprétation). - Donc, le lendemain, vous avez
21 continué à patrouiller
22 dans Stari Vitez, n’est-ce pas ?
23 M. Hughes (interprétation). - Oui.
24 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, nous avons
25 quelques photographies, les pièces 152. En fait, ces photos illustrent
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1 certaines fractions du témoignage du Sergent-Major.
2 Nous voudrions consulter les photos 152/1 et 152/2, après les
3 avoir placées sur le rétroprojecteur avec l’aide de l’Huissier, s’il vous
4 plaît.
5 (L’Huissier s’exécute.)
6 La première photo, s’il vous plaît. Sergent-Major Hughes, nous
7 regardons la pièce 152/1. Reconnaissez-vous cette photographie ? Que
8 représente-t-elle ?
9 M. Hughes (interprétation). - C’est une photographie qui a été
10 prise en regardant vers l’ouest, aux abords de Vitez. Bien entendu, on
11 voit sur la gauche ce corps à côté de la voiture.
12 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la
13 pièce 152/2, photo suivante. Que représente-t-elle ?
14 M. Hughes (interprétation). - C’est le même corps que l’on
15 voyait déjà sur la photo précédente.
16 M. Kehoe (interprétation). - L'avez-vous vu à ce moment-là
17 gisant sur le sol ?
18 M. Hughes (interprétation). - Oui.
19 M. Kehoe (interprétation). – Quel âge avait-il à peu près ?
20 M. Hughes (interprétation). - D'après la taille du corps, je
21 dirai que c’était un jeune adolescent. Il ne devait pas avoir plus de dix-
22 sept ans, ou peut-être était-il plus jeune.
23 M. Kehoe (interprétation). – Etait-il clair pour vous qu’il
24 était mort ?
25 M. Hughes (interprétation). - Oui.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur l'Huissier. Nous
2 pouvons laisser ces
3 photos parce que nous demanderons à l’Huissier d’y revenir plus
4 tard pour les photos suivantes.
5 Vous avez dit que le 17 vous vous êtes rendu au bungalow, est-ce
6 exact ?
7 M. Hughes (interprétation). - C’est exact.
8 M. Kehoe (interprétation). - Avec l'aide de l'Huissier, je suis
9 désolé de vous faire lever de nouveau, pourrions-nous tourner cette carte
10 et passer la pièce 45/F. Sous cette carte se trouve normalement la pièce
11 56/F. Le Sergent-Major peut-il s'approcher de la carte et je vais moi-même
12 m'approcher du témoin.
13 M. le Président. – Monsieur le Juge, si vous le permettez,
14 j’aimerais avoir une précision quant à la numérotation de cette carte.
15 M. Kehoe (interprétation). – Excusez-moi, cette carte porte le
16 numéro 53/C.
17 Sergent-Major Hughes, vous avez dit que vous vous êtes rendu
18 dans la zone entourant le "bungalow", avez-vous appelé cela le
19 "bungalow" ?
20 M. Hughes (interprétation). – Non, nous l’appelions le "cottage
21 suisse".
22 M. Kehoe (interprétation). – Le voyons-nous sur la carte ?
23 M. Hughes (interprétation). – Oui.
24 M. Kehoe (interprétation). – Prenez le feutre jaune et indiquez-
25 nous la zone où vous vous trouviez le 17 avril ?
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1 (Le témoin s'exécute.)
2 M. Kehoe (interprétation). - Merci. Vous avez dit également que
3 vous avez vu une défense antiaérienne, un canon. Pouvez-vous, à l’aide du
4 feutre rouge, ou peut-être avec celui-ci, entourer d’un cercle la zone où
5 vous avez vu cette pièce d’artillerie.
6 (Le témoin s'exécute.)
7 M. Kehoe (interprétation). – Pourriez-vous épaissir un peu cette
8 ligne afin que nous la voyions bien.
9 M. le Président. – Si vous souhaitez vous approcher,
10 Maître Hayman, vous pouvez le faire.
11 M. Hayman (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.
12 M. Kehoe (interprétation). - Quand vous observiez ce coin avec
13 vos jumelles, et lorsque vous aviez votre lunette dans le "warrior", avez-
14 vous vu quelqu’un que vous pensiez être un observateur étranger ?
15 M. Hughes (interprétation). – C’est exact.
16 M. Kehoe (interprétation). – Pouvez-vous expliquer aux Juges ce
17 qu’est ce type d’observateur.
18 M. Hughes (interprétation). – Un éclaireur, un observateur
19 avancé, est quelqu’un qui avance avec des mines, des mortiers ou des
20 pièces d’artillerie. Il essaie de déterminer à l’avance où il veut que les
21 munitions tirées, par cette pièce d’artillerie ou ce mortier, tombent.
22 Autrement dit, il essaie de déterminer à l’avance quelle sera la cible et
23 vérifie si celle-ci est bien atteinte.
24 M. Kehoe (interprétation). – Peut-on dire que toute armée
25 utilisant de l'artillerie fait appel à un éclaireur qui l’aide à
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1 déterminer les directions des tirs ?
2 M. Hughes (interprétation). – C’est exact.
3 M. Kehoe (interprétation). – Vous saviez donc ce que faisait cet
4 homme à ce moment-là ?
5 M. Hughes (interprétation). – Oui.
6 M. Kehoe (interprétation). – Quelle était la portée de cette
7 arme à ce moment-là et à cet endroit ,
8 M. Hughes (interprétation). - Encore une fois cela dépend du
9 matériel utilisé. S'ils avaient utilisé une arme antiaérienne, on peut
10 s’attendre à une portée efficace de deux kilomètres au maximum.
11 M. Kehoe (interprétation). – Donc deux kilomètres dans cette
12 direction et de gauche à droite, que pourriez-vous nous dire ?
13 M. Hughes (interprétation). – Etant donné que le terrain était
14 accidenté, il ne leur était possible de tirer qu’en arc, dans la direction
15 de la région d'Ahmici ou avant, mais pas le long de la vallée.
16 M. Kehoe (interprétation). – On peut donc dire, étant donné la
17 géographie des lieux, que la direction des tirs aurait couvert Ahmici,
18 Pirici, et tous les villages de la zone de Santici, n’est-ce pas ?
19 M. Hughes (interprétation). – Oui.
20 M. Kehoe (interprétation). – Excusez-moi, c’est un peu
21 compliqué. Lorsque vous vous trouviez sur les lieux, quelqu’un est-il venu
22 vous voir ?
23 M. Hughes (interprétation). – Oui, pendant que nous observions
24 les positions, un véhicule léger s’est détaché du groupe, a descendu la
25 route et lorsque qu'il s'est approché, nous l’avons identifié comme étant
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1 une Jeep Susuki. Il est arrivé devant nous, sur le pont, des individus en
2 sont sortis pour nous ont indiqué qu'ils souhaitaient que nous détournions
3 notre canon pour ne plus être en mesure d'observer leur position.
4 M. Kehoe (interprétation). – Avez-vous observé leur itinéraire ?
5 M. Hughes (interprétation). – Oui, nous l'avions vu à plusieurs
6 reprises, sous couvert ; nous étions à l'abri d'arbres et d’autres
7 obstacles naturels, mais nous les avons vu, à plusieurs reprises,
8 progresser dans notre direction.
9 M. Kehoe (interprétation). – Avec le feutre rouge, pouvez-vous
10 indiquer cet itinéraire qui les a menés jusqu’à vous.
11 (Le témoin s'exécute.)
12 M. Kehoe (interprétation). – D’après le dessin que vous venez de
13 faire : ils sont arrivés vers vous, vers ce lieu que vous occupiez sur la
14 route ?
15 M. Hughes (interprétation). – Oui.
16 M. Kehoe (interprétation). - Après vous avoir repérés, ils vous
17 ont parlé et vous ont demandé de détourner votre arme ?
18 M. Hughes (interprétation). – Nous avons détourné notre canon.
19 M. Kehoe (interprétation). – Avez-vous vu où ils sont allés par
20 la suite ?
21 M. Hughes (interprétation). – Oui, vers le "bungalow".
22 M. Kehoe (interprétation). – Pouvez-vous entourer cette zone.
23 (Le témoin s'exécute.)
24 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous donc tiré la conclusion
25 que les soldats et les tirs que vous observiez étaient liés aux soldats du
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1 "bungalow" ?
2 M. Hughes (interprétation). – Absolument.
3 M. Kehoe (interprétation). – Et avant cela, avez-vous vu des
4 soldats dans le "bungalow", et autour ?
5 M. Hughes (interprétation). – J’en avais vu à plusieurs reprises
6 autour du "bungalow".
7 M. Kehoe (interprétation). - Chaque fois que vous êtes passé à
8 coté du "bungalow", avez-vous vu des soldats à l’extérieur ?
9 M. Hughes (interprétation). – Oui.
10 M. Kehoe (interprétation). – Restons au jour du 17, sur la
11 route, avez-vous observé une colonne de Musulmans qui se rendaient en bas
12 de la montagne et qui étaient sur la route allant de Dubravica à Zenica ?
13 M. Hughes (interprétation). – Oui, en effet.
14 M. Kehoe (interprétation). - Avec le feutre vert, pouvez-vous
15 nous marquez cela sur la carte et nous montrer la direction vers laquelle
16 ils allaient.
17 (Le témoin s’exécute.)
18 M. Kehoe (interprétation). – Combien de personnes avez-vous vu ?
19 M. Hughes (interprétation). – Cinquante à soixante.
20 M. Kehoe (interprétation). – Quand vous les avez vus, avez-vous
21 tiré des conclusions sur leur nationalité ?
22 M. Hughes (interprétation). – J’ai tiré la conclusion qu’il
23 s'agissait de Musulmans.
24 M. Kehoe (interprétation). – Pourquoi ?
25 M. Hughes (interprétation). – Notamment en raison des vêtements
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1 des femmes, qui ressemblent à des pantalons et qui sont en fait des jupes.
2 M. Kehoe (interprétation). – Quelle était la compositions de ce
3 groupe de personnes ?
4 M. Hughes (interprétation). – Des jeunes, des personnes âgées,
5 hommes et femmes et des enfants. Ce n'était pas un groupe homogène,
6 c’était des gens un peu dispersés sur la route, dans la direction de
7 l’ouest.
8 M. Kehoe (interprétation). – Ils allaient donc dans quelle
9 direction ?
10 M. Hughes (interprétation). – Ils étaient du côté nord de la
11 route, mais se dirigeaient vers l’ouest.
12 M. Kehoe (interprétation). – Très bien, vous pouvez vous
13 rasseoir, nous allons continuer.
14 Avant d’en finir avec cette pièce, les soldats qui sont
15 descendus de cette position d’artillerie, comment étaient-ils habillés ?
16 M. Hughes (interprétation). – Ils portaient des uniformes de
17 camouflage.
18 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez passé
19 à côté de ce "cottage suisse" que l’on a appelé bungalow à plusieurs
20 reprises.
21 Pouvons-nous passer à la photographie suivante, la pièce 152/3.
22 Monsieur le Président, Messieurs les Juges et Conseils de la défense, nous
23 en avons un exemplaire en noir et
24 blanc, ici. Nous le transmettrons en couleurs lorsque nous
25 l’aurons, c’est-à-dire cet après-midi.
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1 Pour le compte rendu, Monsieur le Président, la personne qui se
2 trouve sur cette photo n’est pas un membre du Régiment du Cheshire. Il
3 s’agit du Capitaine Lee Witwers, qui a été membre du Régiment du Prince de
4 Galles, Régiment du Yorkshire, qui a remplacé en octobre 1993, le Régiment
5 du Sergent-major. Nous voulons simplement le préciser pour le compte
6 rendu.
7 C’est la seule photographie de cette structure, dont nous
8 disposons, avant qu’elle n’ait été détruite.
9 Sergent-major, était-ce bien ce bâtiment que vous appeliez le
10 bungalow ou le cottage suisse ?
11 M. Hughes (interprétation). - Effectivement.
12 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur l'Huissier. Nous
13 allons poursuivre. Nous passerons aux photographies que vous avez entre
14 les mains, dans quelques instants.
15 Sergent-major, au cours de cette période, vous êtes-vous rendu
16 dans différents autres lieux que les positions que vous venez d’indiquer ?
17 M. Hughes (interprétation). - Oui, en effet.
18 M. Kehoe (interprétation). - Donc, le 17, êtes-vous allé dans
19 une zone que vous connaissiez sous le nom de Sevrino Selo ?
20 M. Hughes (interprétation). - Oui.
21 M. Kehoe (interprétation). – Qu’avez-vous vu le 17 avril 1993 ?
22 M. Hughes (interprétation). - J’ai vu un bâtiment, une maison,
23 qui à mon avis n’était pas terminée. Il n’y avait pas de fenêtres, etc. Il
24 s’y trouvait un certain nombre de réfugiés. A ce moment particulier, des
25 tirs d’artillerie ou de mortier visaient cette zone de façon générale. Je
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1 ne parle pas d’une maison ou d’une autre en particulier, mais les tirs
2 visaient les
3 maisons qui se trouvaient dans cette zone. Les personnes,
4 d’après ce que j’ai pu constater, étaient à l’évidence très préoccupées,
5 très inquiètes et très apeurées.
6 M. Kehoe (interprétation). - ... J’attendais que
7 l’interprétation soit terminée.
8 Sergent-major, en avez-vous tiré des conclusions ? Vous êtes-
9 vous dit que ces personnes étaient des Musulmans ou des Croates ?
10 M. Hughes (interprétation). - Compte tenu des vêtements que
11 portaient ces personnes, j’en ai tiré la conclusion, en effet, qu’il
12 s’agissait de Musulmans.
13 M. Kehoe (interprétation). - Avant les événements du 16 avril,
14 le Régiment du Cheshire envoyait-il parfois des "Warriors" à la mine de
15 charbon ?
16 M. Hughes (interprétation). – Oui, en effet.
17 M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi ?
18 M. Hughes (interprétation). - L’idée était que la mine de
19 charbon de Breza se trouvait non loin des lignes serbes. Les tirs de
20 mortier et d’artillerie y étaient fréquents. Donc, il convenait de
21 vérifier quel était l’état des installations minières pour essayer de
22 voir, au quotidien, si les "Warriors" pouvaient être déployés de jour,
23 dans l’espoir de dissuader les Serbes de Bosnie de s’engager dans des
24 affrontements autour de la mine de charbon.
25 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Sergent-major, on
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1 vient de me dire que nous allons tous les deux assez vite. Pourriez-vous
2 donc attendre la fin de la traduction avant de répondre. Cela permettra à
3 tout le monde de travailler dans les meilleures conditions.
4 Lorsque les hostilités ont commencé le 16 avril, avez-vous vu
5 des problèmes dans la zone de la mine de charbon de Breza ?
6 M. Hughes (interprétation). - Oui, c’est exact.
7 M. Kehoe (interprétation). - Vous l’avez donc abandonnée et vous
8 êtes retourné dans votre campement à Breza. Etes-vous passé par ce qu’on
9 appelle le col de Zenica ?
10 M. Hughes (interprétation). - Oui.
11 M. Kehoe (interprétation). - Lors de votre retour de Breza,
12 avez-vous observé quelque chose de particulier le soir ?
13 M. Hughes (interprétation). – Oui, sur le chemin du retour, j’ai
14 vu au nord une lueur, là où semblaient être les villages de Putis et
15 Jelinak, il me semblait que des bâtiments étaient en feu. On ne voyait pas
16 les bâtiments eux-mêmes, mais on voyait cette lumière à l'horizon.
17 M. Kehoe (interprétation). – En ce qui concerne les événements
18 d’Ahmici, au sujet desquels vous avez témoigné le 16 avril, quand avez-
19 vous vu cette lueur à Putis et Jelinak à peu près ?
20 M. Hughes (interprétation). – Au même moment à peu près.
21 M. Kehoe (interprétation). - Avec l'aide de l'Huissier, je
22 demanderai qu’on montre maintenant la carte suivante. Pour le procès-
23 verbal, je dirai que cette carte est une copie de la pièce à
24 conviction 59. Elle est enregistrée sous la cote 59/B, si je ne m’abuse.
25 M. Dubuisson. - C'est cela.
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1 M. Kehoe (interprétation). – Encore une fois, Monsieur le
2 Président, je demanderai au Sergent-major Hughes de se lever et de
3 s'approcher de la carte avec un stylo rouge.
4 Pourriez-vous au préalable vous saisir du stylo jaune et
5 indiquer quelle est la route de contournement de Zenica.
6 (Le témoin s'exécute.)
7 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez déclaré qu'à ce moment
8 vous avez pris cette route secondaire et que vous êtes arrivé au village
9 de Putic et de Jelinak ou dans les environs. L’itinéraire que vous avez
10 suivi est-il présent sur cette carte ? Pourriez-vous le dessiner à l’aide
11 stylo rouge.
12 (Le témoin s'exécute.)
13 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez donc dessiné en rouge le
14 chemin que vous
15 avez suivi lors de votre premier voyage, n’est-ce pas ?
16 M. Hughes (interprétation). – Oui, c’est exact.
17 M. Kehoe (interprétation). - Vous pouvez vous asseoir Sergent.
18 Ce premier soir où vous avez vu une lueur dans la zone, êtes
19 vous retourné dans le village ?
20 M. Hughes (interprétation). – Non.
21 M. Kehoe (interprétation). - Combien de jours après y êtes-vous
22 retourné ,
23 M. Hughes (interprétation). – Deux jours.
24 M. Kehoe (interprétation). – Pouvez-vous dire aux Juges ce que
25 vous avez vu en entrant dans le village.
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1 M. Hughes (interprétation). – Lorsque nous nous sommes approchés
2 du village, en arrivant de la route principale, de cette route de
3 contournement, nous avons suivi cette route, nous nous sommes approchés de
4 la partie centrale du village et nous avons vu que des deux côtés de la
5 route il y avait des tas de télévisions et autres biens, qui visiblement
6 avaient été extirpés des maisons et placés au bord de la route. Nous avons
7 continué à suivre cette route et nous sommes arrivés jusqu'à Jelinak. J'ai
8 décidé de sortir de mon véhicule avec l’un de mes hommes. Nous avons alors
9 examiné et fouillé les lieux. On nous avait prévenu que tout village
10 pouvait être piégé avec des bombes, nous devions donc être très prudents.
11 Nous avons fouillé certaines maisons et nous avons constaté que
12 les maisons, elles-mêmes, avaient été évacuées très rapidement. Parfois,
13 il y avait encore de la nourriture sur la table, des vêtements de ci de
14 là, des biens de toutes sortes. Nous avons vu des trous causés par des
15 balles sur différentes portes, ce qui veut dire que des gens avaient
16 essayé d'entrer dans des maisons fermées à clef. De nombreuses maisons
17 avaient été incendiées quelques jours auparavant visiblement.
18 M. le Président. – Monsieur le Procureur, si vous avez arrêté
19 vos questions sur une
20 séquence cohérente, nous pourrions faire une pause et reprendre
21 à 15 heures. Vous avez peut-être encore une précision à apporter.
22 M. Kehoe (interprétation). – Oui. En fait, j’attendais
23 l’interprétation. Pourrais-je terminer cet ensemble de questions, il n'en
24 reste plus que deux.
25 M. le Président. – Bien sûr.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Pendant le temps que vous avez
2 passé sur les lieux, vous avez vu des maisons brûler à Ahmici, n’est-ce
3 pas ? Toutes les maisons de Putis et Jelinak ressemblaient-elles à celles
4 d'Ahmici qui avaient été incendiées ?
5 M. Hughes (interprétation). – Oui, elles étaient identiques.
6 M. Kehoe (interprétation). – Vous êtes descendu avec un autre
7 soldat du "Warrior", vous avez marché dans la zone ?
8 M. Hughes (interprétation). – Oui, c’est exact.
9 M. Kehoe (interprétation). – Avez-vous tiré des conclusions
10 quant au groupe ethnique propriétaire des maisons incendiées et évacuées ?
11 M. Hughes (interprétation). – De nombreux signes montraient que
12 les personnes étaient musulmanes, la construction des maisons, la manière
13 dont les toits étaient faits, et le croissant qui figurait sur ces
14 maisons.
15 M. Kehoe (interprétation). – Grâce à ces croissants musulmans,
16 vous pensiez que les propriétaires étaient Musulmans de Bosnie ?
17 M. Hughes (interprétation). – C’est exact.
18 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, je crois que
19 nous pouvons maintenant faire une pause.
20 M. le Président. - Nous reprendrons l'audience à 15 heures.
21 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
22 L’audience est suspendue à 13 heures 05.
23 La séance est ouverte à 15 heures.
24 M. le Président - Monsieur le Greffier pouvez-vous faire entrer
25 le Général Blaskic.
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1 (L'accusé est introduit dans la salle.)
2 M. le Président - Monsieur le Greffier pouvons-nous faire entrer
3 le témoin ?
4 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, comme je
5 l'ai dit au début du témoignage du Sergent-major Hughes, plusieurs
6 photographies qui figurent dans le dossier des Juges et dans le dossier de
7 la défense étaient en noir et blanc et durant la pause déjeuner, j'ai fait
8 faire des copies en couleur, je propose donc de remplacer vos photos en
9 noir et blanc par des photographies en couleur.
10 M. le Président - Merci, Monsieur le Procureur. Vous allez
11 poursuivre l'interrogatoire. Pour combien de temps en avez-vous,
12 Monsieur le Procureur, approximativement ?
13 M. Kehoe (interprétation). - Environ une demi-heure ou quarante-
14 cinq minutes.
15 M. le Président - Plutôt trente minutes, Monsieur le Procureur.
16 M. Kehoe (interprétation). - Je pensais plutôt à quarante-cinq
17 minutes pour ma part.
18 M. le Président - Vous essayez de cibler les questions qui sont
19 au soutien de l'accusation Monsieur le Procureur, je vous le répéterai
20 toujours, disons trente minutes, dernier prix. Allons-y.
21 (Le sergent est introduit dans la salle.)
22 M. le Président - Sergent-major, vous pouvez vous asseoir s'il
23 vous plaît.
24 M. Kehoe (interprétation). - Bonjour Sergent-major.
25 M. Hughes (interprétation). - Bonjour.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Cet après-midi, vous et moi allons
2 essayer de parler
3 moins vite, dans l'intérêt des interprètes.
4 Une dernière question au sujet du voyage que vous avez fait à
5 Putis et Jelinak. Après le moment où vous vous êtes rendu en ces deux
6 lieux, aux alentours du 16 avril, après le jour où vous avez vu les
7 maisons pillées et incendiées, avez-vous eu l'occasion de retourner dans
8 ce village au cours des jours suivants ?
9 M. Hughes (interprétation). - Oui, quelques jour plus tard, on
10 nous a demandé de parcourir cette zone à nouveau. A ce moment là, nous
11 devions voir si les forces belligérantes s'étaient retirées derrière leurs
12 lignes d'origine, leurs lignes de défense.
13 M. Kehoe (interprétation). - Toutes les propriétés que vous avez
14 vu pillées, l'étaient-elles ?
15 M. Hughes (interprétation). - Oui, elles l'étaient.
16 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la déposition
17 que vous avez faite au sujet du 18 avril 1993, le jour du camion piégé,
18 vous avez reçu pour mission de vous rendre à Vitez ?
19 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
20 M. Kehoe (interprétation). - Dans quel but ?
21 M. Hughes (interprétation). - A ce moment là, on pensait en fait
22 qu'il y avait dans la zone de Vitez, la zone urbanisée de Vitez, un jeune
23 garçon musulman, un jeune garçon d'un des commandants et le commandant
24 était préoccupé par la sécurité de ce jeune garçon.
25 M. Kehoe (interprétation). - Vous nous avez également dit qu'il
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1 y avait des barrages routiers en deux endroits, barrages routiers que vous
2 avez essayé de traverser pour vous rendre à Vitez.
3 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
4 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, pourrions-
5 nous consacrer notre attention à la troisième carte, et je demande l'aide
6 de l’Huissier, il s'agit de la pièce 56/F. Bien,
7 merci. Monsieur le Président pourrais-je prier le Sergent-
8 major Hughes de se rapprocher de la carte ?
9 M. le Président - Bien sûr.
10 (Le témoin s'exécute.)
11 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major Hughes, vous avez dit
12 qu'il y avait un barrage qui vous a empêché de pénétrer dans Stari Vitez,
13 et qui était contrôlé par les Croates, est-ce exact ?
14 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
15 M. Kehoe (interprétation). - Je vous prierai d'utiliser le stylo
16 rouge pour montrer aux Juges où se trouve, à peu près, ce barrage routier
17 Croate.
18 (Le témoin s'exécute.)
19 M. le Président - Rapprochez-vous, si vous le souhaitez.
20 M. Hughes (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
21 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous inscrire le n°1 à côté
22 de cet endroit ?
23 (Le témoin s'exécute.)
24 Quel type de véhicules bloquaient la route ?
25 M. Hughes (interprétation). - C'était un camion citerne de
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1 taille significative.
2 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous avez essayé
3 de pénétrer dans Vitez en utilisant un autre chemin, est-ce exact ?
4 M. Hughes (interprétation). - Je suis revenu sur mes pas et j'ai
5 pris une route parallèle qui m'a permis de dépasser le barrage.
6 M. Kehoe (interprétation). - Que s’est-il passé à ce moment-là ?
7 M. Hughes (interprétation). - Au moment où nous nous sommes
8 approchés de la route de détournement, du pont, il y avait un camion qui
9 bloquait le pont et sur le sol, il y avait des mines antichars.
10 M. Kehoe (interprétation). - Y avait-il des soldats ?
11 M. Hughes (interprétation). - Il y avait un ou deux soldats de
12 l'autre côté du poste de contrôle.
13 M. Kehoe (interprétation). - Sur la base de la pièce à
14 conviction 56/F, pourriez-vous nous montrer ce barrage routier ?
15 M. Hughes (interprétation). - Il faudrait remonter encore un
16 petit peu.
17 M. Kehoe (interprétation). - C'est en dehors de la carte, en
18 haut à gauche ?
19 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est cela. La route
20 continuait un peu vers le haut, vers le pont.
21 M. Kehoe (interprétation). - Il y a un autre barrage là-haut ?
22 M. Hughes (interprétation). – Effectivement, avec des mines.
23 M. Kehoe (interprétation). - Après vous être heurté à ce barrage
24 êtes-vous allé vers un autre ?
25 M. Hughes (interprétation). - Nous sommes repartis vers la zone
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1 du garage de notre échelon, à ce moment-là, on nous a dit de repartir en
2 avant, de réessayer et de négocier notre passage au point de contrôle.
3 M. Kehoe (interprétation). - L'avez-vous fait ?
4 M. Hughes (interprétation). - Non, ils ne nous ont pas laissé
5 passer.
6 M. Kehoe (interprétation). - Que s’est-il passé à ce moment là ?
7 M. Hughes (interprétation). - Nous avons découvert qu'entre
8 temps, alors que nous étions dans la partie orientale de Vitez, ils
9 avaient décidé d'enlever le camion citerne et de le déplacer de sa
10 position d'origine à une position plus avancée vers le carrefour.
11 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous apposer le n° 2 à cet
12 endroit ?
13 (Le témoin s'exécute.)
14 M. Kehoe (interprétation). - Cela a-t-il modifié ce que vous-
15 même et les autres
16 "Warriors" de votre peloton pouviez faire ?
17 M. Hughes (interprétation). - Effectivement, lorsque nous avons
18 regardé la carte nous avons vu que nous avions la possibilité de revenir
19 sur cette zone, ici, de contourner ce champ et de revenir sur la route, de
20 passer à l'intersection et ainsi contourner le poste de contrôle.
21 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous utiliser le stylo
22 jaune et inscrire le chemin que vous avez suivi pour effectuer ce
23 mouvement de contournement et revenir vers Vitez ?
24 (Le témoin s'exécute.)
25 M. Kehoe (interprétation). - Utilisez plutôt le vert, ce sera
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1 plus visible.
2 (Le témoin s'exécute.)
3 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous inscrire une flèche
4 indiquant la direction que vous avez empruntée ?
5 (Le témoin s'exécute.)
6 M. Kehoe (interprétation). - Sergent, lorsque vous avez atteint
7 ce barrage routier, qu'ont fait les soldats qui contrôlaient le barrage ?
8 M. Hughes (interprétation). - Une fois que nous avons dépassé ce
9 poste de contrôle, ce barrage, ils nous ont tiré dessus avec des armes
10 légères, à l'arrière du véhicule. J'ai pu constater grâce à mon périscope
11 arrière qu'effectivement, ils nous avaient bien tiré dessus et qu'ensuite
12 ils se sont dispersés dans les autres bâtiments de l'autre côté de la
13 route. J'ai donc envoyé un rapport radio et j'ai continué ma mission.
14 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, lorsque vous dites
15 qu'ils se sont engagés contre vous, cela signifie qu'ils vous ont tirés
16 dessus ?
17 M. Hughes (interprétation). - Exact.
18 M. Kehoe (interprétation). - Sur la base de cela, avez-vous tiré
19 la conclusion qu'ils
20 n'étaient pas satisfaits que vos "Warriors" aient franchi le
21 barrage ?
22 M. Hughes (interprétation). - Tout à fait.
23 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez poursuivi votre chemin,
24 êtes-vous entrer dans Vitez pour rechercher ce jeune garçon ?
25 M. Hughes (interprétation). - C'est exact. Nous nous sommes
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1 dirigés vers la zone dans laquelle il y avait des appartements, des
2 maisons, à l'est de Vitez. Là, un officier de liaison sorti de son
3 véhicule s'est rendu à l'entrée des immeubles où il a discuté avec des
4 soldats du HVO, j'ai moi-même discuté avec eux, j'ai obtenu une
5 information. J'ai su que cet officier n'était pas parvenu à entrer dans
6 les immeubles ou les appartements. Nous avons donc fait demi-tour et nous
7 sommes retournés à l'école.
8 M. Kehoe (interprétation). - Etes-vous revenu en empruntant le
9 même chemin que celui que vous aviez utilisé en allant à Vitez ?
10 M. Hughes (interprétation). - Exact.
11 M. Kehoe (interprétation). - Et que s'est-il passé au niveau du
12 barrage routier dans la région que vous avez indiquée sous le n° 1 et 2 ?
13 M. Hughes (interprétation) - Il n'y en avait plus, plus du
14 tout !
15 M. Kehoe (interprétation). - Le camion citerne avait-il
16 disparu ?
17 M. Hughes (interprétation) - Oui.
18 M. Kehoe (interprétation). - Où êtes vous allés avec vos
19 "warriors" ?
20 M. Hughes (interprétation) - Au départ, nous sommes repartis à
21 l'école, et ensuite, nous sommes repartis au garage, notre base qui était
22 là-bas. Nous avons voulu refaire le plein et nous avons essayé d'évaluer
23 les dégâts qui ont été provoquées par les tirs à l'arrière du véhicule.
24 M. Kehoe (interprétation). - Le garage "L'échelon" est indiqué
25 sur la carte, n'est-ce pas ?
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1 M. Hughes (interprétation) - Tout à fait.
2 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, vous pouvez vous
3 rasseoir. Sergent-major, vous avez dit dans votre témoignage que peu
4 après, vous avez entendu une explosion. A ce moment-là, êtes-vous entré
5 dans Stari Vitez ?
6 M. Hughes (interprétation) - Pas exactement à ce moment précis,
7 mais on m'a assigné la mission d'aller sur place et d'enquêter sur les
8 causes de l'explosion.
9 M. Kehoe (interprétation). - Il est donc permis de dire que vous
10 y étiez peu de temps après !
11 M. Hughes (interprétation) - oui.
12 M. Kehoe (interprétation). - Pas ce jour-là, mais le lendemain,
13 avez-vous pris des photographies des dégâts que vous aviez constatés ?
14 M. Hughes (interprétation) - oui.
15 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je
16 demanderai que nous regardions les photographies 152/4-/5-/6 et /7.
17 M. le Président. - Ces photos ont été prises par qui,
18 Monsieur le Procureur ?
19 M. Kehoe (interprétation). - Ces photos ont été prises par le
20 témoin, Monsieur le Président.
21 M. le Président. - Merci. Poursuivez.
22 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce exact, Sergent-major ?
23 M. Hughes (interprétation) - Oui, c'est exact.
24 M. Kehoe (interprétation). - Pour une fois, Sergent-major, je
25 vous demanderai de bien vouloir ménager une légère pause à la fin de mes
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1 questions.
2 Passons si vous le voulez bien à la première photographie,
3 pièce 152/4. Sergent-major, ceci est-il est une photographie prise par
4 vous le lendemain de l'explosion ?
5 M. Hughes (interprétation) - Oui.
6 M. Kehoe (interprétation). - Y a-t-il le corps d'une personne
7 décédée sur cette
8 photographie ?
9 M. Hughes (interprétation) - Oui, il y a un corps.
10 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous utiliser le pointeur
11 pour indiquer sur la photographie l'endroit où vous voyez la présence du
12 corps d'une personne décédée. (le témoin s'exécute)
13 Passons maintenant à la photographie suivante, pièce 152/5.
14 Sergent-major, cette photographie prise par vous montre-t-elle les
15 dommages ou une partie des dommages que vous avez observés lorsque vous
16 avez pénétré dans Stari Vitez le 18 avril ?
17 M. Hughes (interprétation) - Oui, c'est exact.
18 M. Kehoe (interprétation). - Peut-on passer à la photographie
19 suivante, pièce 152/6 ?
20 L'huissier s'exécute.
21 Sergent-major, cette photographie prise par vous le lendemain de
22 l'explosion montre-t-elle également les dommages que vous avez pu
23 constater dans Stari Vitez le 18 avril 1993 mais vus sous un autre angle ?
24 M. Hughes (interprétation) - Oui, tout à fait.
25 M. Kehoe (interprétation). - La dernière photographie est-elle
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1 bien encore une photographie prise par vous qui montre la structure
2 générale de l'endroit comparée au reste de Vitez ?
3 M. Hughes (interprétation) - Oui, tout à fait !
4 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous participé, avec d'autres
5 membres du bataillon britannique, à l'évacuation de réfugiés de
6 Stari Vitez le 18 avril 1993 ?
7 M. Hughes (interprétation) - Oui.
8 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de la journée du
9 18 avril 1993, avaient vous vu d'autres musulmans bosniaques cachés dans
10 les caves de Stari Vitez ?
11 M. Hughes (interprétation) - Oui, tout à fait ; un certain
12 nombre dans des caves et à la périphérie de la zone qui avait subi les
13 attaques etc. Il y avait des gens dans les jardins aussi.
14 M. Kehoe (interprétation). - Nombre de ces personnes ont-elles
15 refusé de partir ?
16 M. Hughes (interprétation) - Je dirai qu'un petit nombre de
17 personnes effectivement avaient refusé. C'étaient principalement les
18 personnes âgées qui avaient décidé que, malgré tous les dégâts subis,
19 elles souhaitaient rester dans cette zone.
20 M. Kehoe (interprétation). - Je pense que vous avez dit dans
21 votre déposition, Sergent-major, que le lendemain 19, vous êtes allé
22 ramasser des cadavres ainsi que des morceaux de corps humains dans Stari-
23 Vitez.
24 M. Hughes (interprétation) - C'est exact.
25 M. Kehoe (interprétation). - Plus tard, Sergent-major, vous
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1 savez qu'il y a eu une conférence de cessez-le-feu le 21 avril 1993.
2 M. Hughes (interprétation) - Oui, c'est exact.
3 M. Kehoe (interprétation). - Après cette date Sergent-major,
4 vous-même et d'autres dirigeants de pelotons êtes-vous sortis pour
5 patrouiller la région pour savoir où étaient positionnées les troupes ?
6 M. Hughes (interprétation) - Oui, à plusieurs reprises et pour
7 différentes tâches, nous sommes allés patrouiller dans la zone
8 environnante afin de voir comment le cessez-le-feu était appliqué.
9 M. Kehoe (interprétation). - Une partie de la mission confiée au
10 bataillon britannique consistait-elle à aider, aussi bien l'armée de
11 Bosnie-Herzégovine que le HVO à battre en retraite depuis la ligne
12 d'affrontement, de confrontation ?
13 M. Hughes (interprétation) - Oui.
14 M. Kehoe (interprétation). - Le Général Halilovic, pour les
15 Bosniens, et le Général Petkovic, ont-ils été amenés sur les positions de
16 leurs troupes afin de parler à leurs soldats et de
17 les convaincre de se retirer ?
18 M. Hughes (interprétation) - Oui, c'est exact. L'une de mes
19 missions consistait à emmener par des Warriors les deux commandants. Le
20 commandant du HVO était dans un véhicule, et le commandant de la l'armée
21 de Bosnie-Herzégovine dans un autre. Nous avions également avec nous un
22 interprète et un membre de l'ECMM.
23 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez déclaré que le commandant
24 du HVO était le Général Petkovic.
25 M. Hughes (interprétation) - Oui, c'est exact.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Où êtes-vous allé chercher le
2 Général Petkovic pour ensuite l'emmener jusqu'au lieu où il devait remplir
3 sa mission, à savoir visiter les troupes du HVO ?
4 JONCTION OK.
5 M Hughes (interprétation). - Nous sommes allés le chercher à
6 l'hôtel Vitez.
7 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que vous avez pénétré dans
8 l'hôtel Vitez ?
9 M Hughes (interprétation). - Eh bien, au départ, pour le
10 prendre, non. Cependant, par la suite, dans la même journée, lorsque la
11 mission à pris fin, nous avons eu l'occasion de visiter l'hôtel et donc de
12 rentrer à l'intérieur du bâtiment.
13 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans
14 l'hôtel, Sergent-major, avez-vous vu des soldat du HVO ?
15 M Hughes (interprétation). - Oui, il y avait un certain nombre
16 de soldats du HVO à l’entrée de l’hôtel.
17 M. Kehoe (interprétation). - Quels vêtements portaient ces
18 soldats ?
19 M Hughes (interprétation). - Deux d'entre eux étaient
20 particulièrement frappants parce qu’ils portaient de noir.
21 M. Kehoe (interprétation). - Avez vous vu le moindre soldat en
22 uniforme de
23 camouflage à l’intérieur de l’hôtel Vitez ?
24 M Hughes (interprétation). - Il y avait un certain nombre de
25 soldats qui portaient des uniformes de camouflage. Peut-être un ou deux.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Il est donc permis de dire qu'il y
2 avait des soldats en uniformes de camouflage et en uniformes noirs dans
3 l’hôtel Vitez lorsque vous avez déposé le Général Petkovic ?
4 M Hughes (interprétation). - Oui, tout à fait.
5 M. Kehoe (interprétation). - Avec l'autorisation du Tribunal, je
6 demanderai que la pièce à conviction 80/5 soit placée sur le
7 rétroprojecteur, c'est une pièce qui est déjà versée au dossier.
8 (L'Huissier s'exécute.)
9 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, est-ce que vous
10 reconnaissez le Général Petkovic sur cette pièce à conviction /5 ? Vous
11 pouvez vous servir du pointeur pour nous montrer qui est la personne
12 répondant au nom de Général Petkovic ?
13 (Le témoin s'exécute.)
14 Est-ce bien l’homme, Sergent-major, que vous êtes aller chercher
15 à l’hôtel Vitez, que vous avez amené au bungalow et que vous avez ensuite
16 ramené à l’hôtel Vitez ?
17 M Hughes (interprétation). - Oui, c'est bien lui.
18 M. Kehoe (interprétation). - Merci. Sergent-major, je sais que
19 vous avez eu à accomplir un certain nombre de missions difficiles. Mais
20 vous avez parlé, ce matin, d'une mission qui vous a été confiée et qui
21 portait sur un échange de corps, vers le 28 avril. Vous rappelez-vous de
22 cela ?
23 M Hughes (interprétation). - Oui.
24 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que vous avez déclaré
25 avoir ramassé trois corps croates que vous avez emportés à l'école de
Page 4553
1 Vitez, où vous avez reçu de 94 à 96 autres
2 corps, est-ce bien exact ?
3 M Hughes (interprétation). - C’est exact.
4 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque vous avez reçu ces 94 à 96
5 corps, avez-vous eu la possibilité de regarder dans quel état était l'un
6 quelconque de ces corps ?
7 M Hughes (interprétation). - Oui. J’ai eu l'occasion de le
8 faire, car tous les corps étaient entourés d'un plastique transparent.
9 M. Kehoe (interprétation). - Dans quel état étaient ces corps ?
10 M Hughes (interprétation). - La majorité des cadavres étaient
11 récemment morts, si je puis dire, depuis quelques jours, trois à quatre
12 jours peut-être. Ils étaient dans des conditions qui correspondent à cette
13 période. A en juger par le type de vêtement que la majorité d'entre eux
14 porter il semblait que ces personnes étaient des civils, des femmes, des
15 hommes âgés et des jeunes, des adolescents.
16 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que certains de ces corps
17 étaient décapités ?
18 M Hughes (interprétation). - Oui. Dans le premier lot pour ainsi
19 dire de corps, dans la zone ou nous allions les enterrer, les corps que
20 nous avions rassemblé, les 2 premiers corps ont été descendus du véhicule
21 et j'ai tout d'abord pensé que c'était des enfants, des petits-enfants,
22 mais à y regarder de près, ces 2 petits paquets étaient les tête de 2
23 personnes. C'était donc de petits paquets.
24 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que certains de ces corps
25 vous semblaient avoir été ceux d'enfants ou de personne jeune ?
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1 M Hughes (interprétation). - Certains semblaient effectivement
2 être des corps de personne jeune, peut-être d'enfant.
3 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, avec
4 l'autorisation de la Chambre, avant de passer à la pièce à conviction
5 suivante, Sergent-major votre travail consistait à transporter ces corps
6 jusqu'à un lieu particulier de Stari Vitez, est-ce bien exacte
7 M Hughes (interprétation). - C'est bien exact.
8 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que le bataillon britannique
9 a aidé à enterrer ces 94 à 96 corps ?
10 M Hughes (interprétation). - D'une certaine manière oui en
11 utilisant les tracteurs que nous utilisions dans l'armée pour creuser des
12 grands trous, des tombes importantes.
13 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que le bataillon britannique
14 a servi à établir un cordon de protection autour du cimetière pendant que
15 les ingénieurs creusaient cette fosse et que les corps étaient enterrés ?
16 M Hughes (interprétation). - A l’arrivée des corps, les deux
17 seuls véhicules qui étaient présents étaient les miens. Nous les avons
18 donc placé de façon adéquate, ou plutôt les musulmans étaient préoccupés
19 il avait peur d'être les cibles de tir qui serait venu de la partie sud de
20 la ville désolée de la partie sud.
21 M. Kehoe (interprétation). - Je voudrais que l'on diffuse une
22 séquence vidéo, pièce à conviction 183, c'est la vidéo de cet enterrement
23 qui a été reçu du gouvernement de la République de Bosnie-Herzévovine.
24 M. le Président. - Maître Hayman, vous voulez intervenir ?
25 M. Hayman (interprétation). - Que signifient les termes : "reçu
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1 du gouvernement".
2 M. Kehoe (interprétation). - C'est la source. Monsieur le
3 Président, vous voulez une source plus précise peut-être.
4 M. Hayman (interprétation). - Non, je ne pose pas de question au
5 sujet de la source mais je tentais de comprendre.
6 M. le Président. - On se tournera ensuite vers le témoin. De
7 toute façon le Tribunal veut voir la bande donc mettre qui haut pouvait
8 vous demander à la régie de passer cette bande vidéo et ensuite vous
9 demanderez au témoin comme nous l'avons fait pour les photos. Allez-y.
10 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, les
11 techniciens sont près à
12 démarrer la diffusion dès que nous leur dirons que nous sommes
13 près.
14 (Diffusion de la vidéo.)
15 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, cette séquence vidéo
16 vous semble-t-elle être une représentation précise et exacte de
17 l'inhumation de ces 94 à 96 corps que vous avez rapportés le 28 avril
18 1993 ?
19 M. Hughes (interprétation). - Oui.
20 M. Kehoe (interprétation). - En fait, nous avons vu deux
21 chargements de corps, n'est-ce pas ?
22 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
23 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous expliquer aux Juges,
24 Sergent-major, pourquoi il y a eu ces deux chargements de corps ?
25 M. Hughes (interprétation). - Oui. Nous sommes arrivés à l'école
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1 de Vitez et nous nous sommes établis des deux côtés de l'école. Le camion
2 avec la remorque, que l'on voit dans cet extrait, était déjà sur place. A
3 notre arrivée nous avons vu un autre véhicule qui se trouvait à l'entrée
4 de l'école. C'était un vieux camion réfrigérant qui portait déjà certains
5 des cadavres. A ce moment là, il a été décidé de descendre certains des
6 corps de ce camion frigorifique et de placer certains des corps qui
7 avaient été amenés à l'école par les Musulmans dans ce camion. Puis, les
8 personnes sur place ont commencé à charger les corps dans le gros camion
9 avec la remorque. Une fois que ceci a été fait, nous avons escorté ces
10 véhicules jusqu'au champ que l'on voit dans la cassette vidéo.
11 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, il y avait des corps
12 ou des parties de corps dans tous les sacs en plastique que nous venons de
13 voir sur la séquence vidéo ?
14 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
15 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais
16 maintenant montrer les deux dernières photographies qui se trouvent dans
17 la chemise à savoir les 152/8 et 152/9.
18 Sergent-major nous regardons la photographie 152/8, représente-
19 t-elle des tombes de Stari Vitez après remplissage des fosses ?
20 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est exact.
21 M. Kehoe (interprétation). - La photographie 152/9 montre la
22 même scène sous un autre angle. Monsieur l'Huissier, je vous prie,
23 veuillez placer la photo sur le rétroprojecteur.
24 (L'Huissier s'exécute.)
25 Sergent-major, je vous renouvelle la même question : est-ce une
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1 photographie des deux séries de tombes qui ont été creusées par les gens
2 du Génie ce jour-là, pour enterrer les corps que vous avez rapporté à
3 Stari-Vitez ?
4 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est exact.
5 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, si vous me
6 le permettez, j'aimerais consulter mon collègues pendant un instant.
7 Monsieur le Président, je demande le versement au dossier des
8 copies de carte qui, sur lesquelles le Sergent-major Hughes a inscrit des
9 annotations : il s'agit des pièces à conviction 45/F, 53/C, 56/F et 59/B.
10 Et je demande également que soit versée au dossier la pièce à
11 conviction 152 et je n'ai plus de question à poser à ce témoin,
12 Monsieur le Président.
13 M. le Président - Pas d'observation. Est-ce que j'ai bien
14 compris que la vidéo, Monsieur le Greffier, est bien versée au dossier ?
15 Non ? Elle n'a pas été ...
16 M. Kehoe (interprétation). - Je vous prie de m'excuser
17 Monsieur le Président, je demande également le versement au dossier de
18 cette vidéo qui sera la pièce à conviction 153.
19 M. le Président - Puisque toutes ces pièces sont versées au
20 dossier, si j'ai bien compris vous avez terminé Monsieur Kehoe,
21 l'interrogatoire.
22 Nous pouvons passer au contre-interrogatoire et si j'ai bien
23 compris, c'est Me Hayman qui va procéder.
24 M. Hayman (interprétation). - Oui, tout à fait,
25 Monsieur le Président. Merci.
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1 Bonjour, Sergent-major.
2 Les corps que vous venez de décrire et que nous avons vus, vous
3 a-t-on dit où c'est 94 ou 96 corps avaient été collectés, rassemblés ?
4 M. Hughes (interprétation). - Non, on ne m'a pas donné cette
5 information.
6 M. Hayman (interprétation). - Vous a-t-on dit de quelle zone
7 géographique les trois corps croates venaient ou bien où ils avaient été
8 rassemblés ?
9 M. Hughes (interprétation). - Un des corps croates provenait
10 d'une tombe peu profonde qui se trouvait dans le quartier musulman, mais
11 on ne m'a pas dit où la personne avait été tuée.
12 M. Hayman (interprétation). - Les trois corps ont-ils été
13 rassemblés et provenaient-ils du même endroit ?
14 M. Hughes (interprétation). - Non, ils ont été trouvés dans des
15 endroits différents.
16 M. Hayman (interprétation). - L'un provenait donc d'une tombe
17 peu profonde de Stari-Vitez, n'est-ce pas ?
18 M. Hughes (interprétation). - Oui.
19 M. Hayman (interprétation). - Et les deux autres ?
20 M. Hughes (interprétation). - Les deux autres ont été trouvés
21 dans la zone de Stari Vitez, mais à distance du premier corps.
22 M. Hayman (interprétation). - Merci. Vous avez parlé, il y a un
23 instant, de soldats du HVO, que vous auriez vu à l'hôtel Vitez, le
24 28 avril 1993, je crois ?
25 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
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1 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous rentré à l'intérieur de
2 l'hôtel ?
3 M. Hughes (interprétation). - Oui. Lors de ma deuxième visite
4 dans l'hôtel, nous avons pénétré à l'intérieur de l'hôtel, traverser la
5 réception et nous avons été amenés dans ce qui eut été, je suppose, la
6 zone des restaurants. Nous y sommes restés entre quarante-cinq minutes
7 et une heure.
8 M. Hayman (interprétation). - Fonctionnait-il encore comme un
9 restaurant ?
10 M. Hughes (interprétation). – Cette zone ne fonctionnait pas en
11 tant que zone de restauration. Nous étions les seules personnes présentes
12 en ce lieu et à un certain moment un soldat du HVO est arrivé. Il portait
13 de la nourriture et du Coca-Cola.
14 M. Hayman (interprétation). - Le restaurant vous semblait
15 fermé ?
16 M. Hughes (interprétation). - Absolument fermé.
17 M. Hayman (interprétation). - Vous n'êtes pas entré dans ce qui
18 semblait être des bureaux opérationnels du commandement du HVO ?
19 M. Kehoe (interprétation). - Objection, Monsieur le Président.
20 Le témoin a déclaré être entré dans le quartier général du HVO.
21 M. Hayman (interprétation). - Il y est entré, mais il s'est
22 assis dans une salle de restaurant vide et je pense que la question mérite
23 réponse.
24 M. le Président. – Je pense que la question peut mériter
25 réponse, mais il ne convient pas de s’attarder beaucoup sur la question.
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1 Sergent-major, répondez rapidement à la question et passons à la suivante.
2 M. Hughes (interprétation). - Pourrait-on répéter la question,
3 je vous prie ?
4 M. Hayman (interprétation). – Outre le fait d’être passé par la
5 porte d’entrée et de vous être assis dans une salle de restaurant vide,
6 êtes-vous entré dans d'autres parties de l'hôtel qui auraient été
7 utilisées comme des bureaux de commandement militaire ?
8 M. Hughes (interprétation). – Non. J’ai franchi l'entrée
9 principale, je suis allé dans le restaurant, mais en pénétrant par la
10 porte d'entrée de cet hôtel je savais que je me trouvais dans le quartier
11 général du HVO.
12 M. Hayman (interprétation). - Merci. Aviez-vous une formation
13 spécifique avant que le commandement du Cheshire ne se rende en Bosnie ?
14 M. Hughes (interprétation). – Oui, nous avons eu un entraînement
15 avant notre départ.
16 M. Hayman (interprétation). – Pendant combien de semaines ?
17 M. Hughes (interprétation). – Deux mois à peu près.
18 M. Hayman (interprétation). - Je voudrais que vous vous
19 concentriez maintenant sur le 16 avril 1993. Lorsque vous êtes venu à
20 Vitez pour la première fois, qui se trouvait avec vous, y avait-il
21 d'autres véhicules Warriors avec vous ?
22 M. Hughes (interprétation). - Il y avait mon char, suivi par un
23 autre char de mon peloton, Roméo 2-1. Il y avait également deux autres
24 chars répondant au code d'appel Roméo 1-0.
25 M. Hayman (interprétation). - Cela faisait en tout quatre
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1 véhicules ?
2 M. Hughes (interprétation). – Selon mon souvenir, oui.
3 M. Hayman (interprétation). – Pouvez-vous nous dire qui était à
4 la tête de ces autres véhicules ?
5 M. Hughes (interprétation). – Le Roméo 1-0 était commandé par le
6 lieutenant Dooley et je ne me rappelle pas les noms des autres
7 commandants.
8 M. Hayman (interprétation). – Etes-vous passé à côté de l'hôtel
9 Vitez, au milieu de la matinée du 16 avril 1993, lorsque vous êtes entré
10 dans Vitez ?
11 M. Hughes (interprétation). - Je suis allé jusqu'au bout de la
12 route, c'est-à-dire à l'intersection où se trouvait l’hôtel Vitez. J'ai
13 ensuite tourné et je suis revenu par la route méridionale.
14 M. Hayman (interprétation). - Du point où vous vous trouviez,
15 qui était un point idéal, avez-vous pu voir des soldats du HVO qui
16 cherchaient à se dissimuler, le matin du 16 avril 1993 ?
17 M. Hughes (interprétation). – Je ne les ai pas remarqués. Une
18 autre zone que celle
19 de l'hôtel me préoccupait davantage.
20 M. Hayman (interprétation). - Par la suite, dans la journée du
21 16 avril 1993, deux soldats du HVO ont reçu des balles en allant du
22 Warrior jusqu'à l’hôtel Vitez. Votre peloton devait-il participer au
23 transfert de ces deux soldats de l'école du Britbat jusqu'à Vitez ?
24 M. Hughes (interprétation). – Non, je n'ai pas été impliqué dans
25 tout cela.
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1 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, avec l'aide
2 de l'Huissier, pourrions-nous revenir à la pièce 45/F, qui est déjà sur le
3 chevalet, c’est-à-dire la carte du dessus.
4 Sergent-major, je voudrais que vous regardiez à nouveau cette
5 vue aérienne. Je crois que vous avez entouré une zone d'un cercle rose un
6 peu en forme de cloche. Est-ce que vous le voyez ?
7 M. Hughes (interprétation). - Oui.
8 M. Hayman (interprétation). - C'est la zone dans laquelle vous
9 avez vu un certain nombre de soldats du HVO qui allaient d'un endroit à
10 l'autre de façon organisée ?
11 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
12 M. Hayman (interprétation). – Combien de soldats avez-vous vu ?
13 M. Hughes (interprétation). – A peu près six, peut-être plus.
14 M. Hayman (interprétation). - Essayez de nous donner la
15 meilleure approximation possible.
16 M. Hughes (interprétation). - Je m'en tiendrai à six.
17 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez visité Vitez, le
18 matin du 16 avril, avez-vous vu d’autres soldats, outre ces six soldats
19 sur place ?
20 M. Hughes (interprétation). - Pas après que j'ai quitté cet
21 emplacement.
22 M. Hayman (interprétation). - Ces six soldats, de la façon dont
23 ils se déplaçaient, semblaient-ils se protéger de quelque chose et
24 semblaient-ils utiliser des bâtiments afin de se
25 protéger de tirs éventuels ?
Page 4563
1 M. Hughes (interprétation). - Non. D'après la façon dont ils se
2 déplaçaient, à mes yeux, en tant que soldat de carrière entraîné à
3 différents aspects de la guerre, et notamment au combat dans une zone
4 urbanisée, leur mouvement était celui d'une unité de taille plutôt
5 réduite, qui avançait selon une tactique déterminée vers une position
6 qu'elle souhaitait prendre.
7 M. Hayman (interprétation). – Etaient-ils simplement en train de
8 marcher à découvert ?
9 M. Hughes (interprétation). – Ils avançaient selon une tactique
10 que l’on appelle celle du « feu en manœuvre ».
11 M. Hayman (interprétation). - Se tenaient-ils à côté des murs du
12 bâtiment ?
13 M. Hughes (interprétation). – Oui, ils se déplaçaient d'un
14 endroit couvert à un autre endroit couvert.
15 M. Hayman (interprétation). - En fait, ils cherchaient à se
16 mettre à couvert, c'est cela ?
17 M. Hughes (interprétation). - Ils ne semblaient pas se protéger
18 des coups de feu mais essayaient d'établir des positions tout à fait
19 normalement pour couvrir leurs collègues, les autres soldats, au fur et à
20 mesure de leur avancée.
21 M. Hayman (interprétation). - Ils ne faisaient pas cela à
22 découvert ?
23 M. Kehoe (interprétation). - Je fais objection à la répétition.
24 Si le Conseil n’est pas satisfait par la réponse du témoin, elle reste la
25 réponse du témoin.
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1 M. le Président. – Le témoin a répondu Maître Hayman. Les
2 soldats se déployaient selon une tactique qui, dans les régiments anglais,
3 est appelée « feu en manœuvre ». Passez à une question suivante.
4 M. Hayman (interprétation). – Je vais continuer, mais
5 l’expression « à couvert » a plusieurs sens, vous comprenez. Je cherche à
6 trouver des preuves. Monsieur le Président puis-je
7 simplement m’exprimer, je voudrais juste que le compte rendu
8 soit très clair et je voudrais exprimer mon objectif.
9 « A couvert » veut dire se protéger du feu ou qu’un soldat
10 couvre un autre soldat. Je voulais donc simplement éclaircir ce point. Une
11 fois que cela sera fait, je continuerai.
12 Le matin du 16 avril 1993, avez-vous vu ces six soldats utiliser
13 leurs armes et tirer ?
14 M. Hughes (interprétation). – Non, ils n'ont pas utilisé leurs
15 armes. Ils se contentaient d'avancer, de se déplacer conformément à la
16 technique appelée « le feu en manœuvre ». Dans une telle situation, qu'il
17 y ait engagement ou non avec l'ennemi ou qu'il y ait eu un engagement
18 antérieur, on se déplace de cette façon.
19 M. Hayman (interprétation). – Ont-ils envoyé des grenades ?
20 M. Hughes (interprétation). - Je n'ai pas vu la moindre grenade.
21 M. Hayman (interprétation). – L’un des bâtiments près desquels
22 ils se trouvaient a-t-il commencé à brûler ?
23 M. Hughes (interprétation). - Non.
24 M. Hayman (interprétation). - En avez-vous conclu que le type
25 d'activité qui se déroulait à ce moment-là était une action normale dans
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1 une zone urbanisée ; il aurait été normal pour des soldats de vérifier si
2 les forces ennemies étaient présentes ?
3 M. Hughes (interprétation). - Je mettrai en jeu ma capacité
4 professionnelle pour dire que compte tenu de la situation au moment de mon
5 arrivée à Vitez, ils se déplaçaient dans l'idée d'établir des positions.
6 M. Hayman (interprétation). – Pouvez-vous répondre à ma question
7 d'une façon plus directe. Vous rappelez-vous ma question ?
8 M. le Président. – Maître Hayman, pouvez-vous passer à une autre
9 question, s’il vous plaît. Je regrette, cela fait plusieurs fois que nous
10 parlons de cela, vous nous avez expliqué vos objectifs, le Tribunal les
11 comprend, et le témoin a répondu. Je regrette, mais pouvez-vous
12 passer à une autre question ?
13 M. Hayman (interprétation). – Oui, je vais poursuivre
14 le Président, mais je suis désolé, le témoin n’a pas répondu à la question
15 et la réponse ne correspondait pas à la question que j’avais posée.
16 M. le Président. - Peut-être n'a-t-elle pas été posée de façon
17 assez précise, je regrette pour vous, mais passez à une autre question,
18 s’il vous plaît.
19 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que ces soldats
20 portaient des rubans sur l’épaule, n’est-ce pas ?
21 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
22 M. Hayman (interprétation). – Aviez-vous vu ce type de ruban sur
23 les épaules des soldats de la vallée de la Lasva avant le 16 avril 1993 ?
24 M. Hughes (interprétation). - De temps à autres, oui.
25 M. Hayman (interprétation). – Les voyiez-vous régulièrement au
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1 poste de contrôle ?
2 M. Hughes (interprétation). - Pas au poste de contrôle, non.
3 M. Hayman (interprétation). – Pendant combien de temps avez-vous
4 observé ces six soldats ?
5 M. Hughes (interprétation). – Je les ai observés à peine
6 quelques minutes, car j’ai continué à me déplacer dans ce quartier de la
7 ville.
8 M. Hayman (interprétation). - Pendant ces quelques minutes, les
9 observiez-vous de façon fixe ou les regardiez-vous de temps en temps ?
10 M. Hughes (interprétation). - Je n'ai jamais été immobile compte
11 tenu de la nature de la mission qui m'était confiée. Comme je l'ai dit, je
12 devais me déplacer, circuler pour me faire une idée plus générale de la
13 situation.
14 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dessiné, dans ce dessin
15 en cloche, une
16 zone assez importante sur la carte 45/F, avez-vous vu ces six
17 hommes dans toute cette partie de la zone que vous avez dessinée ?
18 M. Hughes (interprétation). - Non, pas dans cette région en
19 cloche.
20 M. Hayman (interprétation). - Pourquoi cette zone est-elle si
21 importante ? Est-ce parce que vous n'êtes pas absolument sûr du lieu où
22 vous avez vu ces personnes pendant ces deux minutes ?
23 M. Hughes (interprétation). - J'ai fait un dessin assez
24 important en superficie parce qu'à l'époque je me déplaçais dans une zone
25 relativement importante. C'était fondamentalement la zone qui avait été
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1 confiée à ma responsabilité et j'étais chargé d’y d'effectuer des
2 vérifications ainsi que du côté Est de cette zone en cloche.
3 M. Hayman (interprétation). - Se sont-ils déplacés pendant ces
4 deux minutes ? Sont-ils allés de l'ouest vers l'est, du nord vers le sud ?
5 Pourriez-vous nous donner un peu plus de détails ?
6 M. Hughes (interprétation). - Il est possible qu'ils soient
7 allés jusque-là. Moi, bien sûr, je me déplaçais...
8 M. Hayman (interprétation). - Les avez-vous vus aller jusque-
9 là ?
10 M. Hughes (interprétation). - Je ne les ai pas vus aller aussi
11 loin.
12 M. Hayman (interprétation). - Jusqu'à quelle partie sont-ils
13 allés, cette partie de l'est de la zone que vous avez indiquée ?
14 M. Hughes (interprétation). - Souhaitez-vous que je vous
15 l'indique sur la carte ?
16 M. Hayman (interprétation). - Dites-le nous seulement.
17 M. Hughes (interprétation). - Jusqu'à un quart, environ.
18 M. Hayman (interprétation). - Nous avons regardé une
19 photographie d'un enfant, apparemment, il s'agissait des photos 152/1 et
20 152/2. Vous avez dit que tout cela s'était déroulé à la périphérie de
21 Vitez. Pouvez-vous nous dire où cela s'est-il produit ? L'avez-vous vu
22 lorsque
23 vous êtes sorti de Vitez ou bien à un autre moment ?
24 M. Hughes (interprétation). - Ce corps se trouvait du côté sud
25 de Vitez, là où la route arrive de l'Hôtel, passe devant le stade et se
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1 poursuit jusqu'à l'extérieur de la ville et se dirige vers la carrière à
2 l'ouest.
3 M. Hayman (interprétation). - En fait, bien en-dessous du stade,
4 sur cette photographie, c'est-à-dire sur la photographie 45/N ?
5 M. Hughes (interprétation). - Oui.
6 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous déterminé de quel groupe
7 ethnique cet enfant venait ?
8 M. Hughes (interprétation). - Non, je ne l'ai pas fait.
9 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous appris quoi que ce soit
10 sur les circonstances de sa mort ?
11 M. Hughes (interprétation). - Non, je ne l'ai pas fait.
12 M. Hayman (interprétation). - Vous avez également décrit une
13 femme blessée qui rampait sur le béton de la route et vous avez dit
14 qu'elle se trouvait en bas, à gauche de ce dessin en cloche, n'est-ce pas,
15 sur la pièce 45/F ?
16 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est exact.
17 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous nous dire de quel type
18 de tirs il s'agissait, étaient-ce des tirs de fusils ou d'autres types de
19 tirs dans la zone ?
20 M. Hughes (interprétation). - C'étaient des fusils ou des armes
21 légères, comme on les appelle, qui étaient utilisées.
22 M. Hayman (interprétation). - D'où venaient ces tirs ?
23 M. Hughes (interprétation). - Non. Le problème vient du fait que
24 lorsqu'on est à petite distance la plupart des bruits sont couverts par
25 les bruits de notre véhicule, nous essayions bien sûr de nous déplacer le
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1 plus discrètement possible, mais il est difficile de le déterminer.
2 M. Hayman (interprétation). - Le matin du 16 avril avez-vous
3 visité le quartier général de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Vitez ?
4 M. Hughes (interprétation). - Non.
5 M. Hayman (interprétation). - Le 16 avez-vous vu des réfugiés
6 croates de Verovina* qui venaient à Vitez ?
7 M. Hughes (interprétation). - Non.
8 M. Hayman (interprétation). - Passons maintenant au 17 avril
9 1993. Avec l'aide de l'Huissier, pourrait-on faire apparaître la deuxième
10 carte qui figure sur le chevalet, c'est-à-dire la pièce 53/C ?
11 Sur cette carte, vous avez entouré d'un cercle l'endroit où vous
12 avez vu un canon antiaérien... je crois que c'est la bonne carte... Tout
13 en haut de cette vue aérienne, n'est-ce pas ? Pouvez-vous décrire, par
14 rapport à ce canon, où vous avez vu la personne qui selon vous était un
15 éclaireur ?
16 M. Hughes (interprétation). - Vous voulez que je me lève ?
17 M. Hayman (interprétation). - Effectivement. Si cela peut vous
18 arranger, levez-vous. Si vous pouvez atteindre cet endroit de là où vous
19 vous trouvez, vous pouvez le faire également.
20 (Le témoin s'exécute.)
21 Je n'ai pas vu l'endroit, il était caché par votre main. Donc
22 vous avez tracé un petit cercle dans le plus grand, c'est cela ?
23 M. Hughes (interprétation). - A l'intérieur de la zone, oui.
24 M. Hayman (interprétation). - Je croyais que vous aviez dit que
25 l'éclaireur se trouvait à quelque distance du canon, afin que le canonnier
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1 ait une meilleure vue pour mieux viser avec son arme.
2 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
3 M. Hayman (interprétation). - Quelle conclusion tirez-vous ? Ou
4 plutôt pourquoi avez-vous conclu que cette personne était un éclaireur ?
5 M. Hughes (interprétation). - L'éclaireur ou l'observateur
6 (avancé) est chargé d'effectuer des observations pour des armes qui sont
7 dans la ligne de tir d'un canon. De la colline où nous nous trouvions
8 comme je l'ai dit, il était question de la présence de deux mortiers, mais
9 de celle de canons antiaériens.
10 M. le Président - Merci. Poursuivez !
11 M. Hayman (interprétation). - Donc, l'éclaireur que vous avez
12 décrit, n'était pas un éclaireur, à votre avis, pour le canon antiaérien,
13 n'est-ce pas ?
14 M. Hughes (interprétation). - C'est exact. A mon avis cet
15 observateur effectuait des observations concernant ce que je qualifierais
16 de mortiers ou d'armes d'artillerie.
17 M. Hayman (interprétation). - Outre les armes que vous venez de
18 décrire, avez-vous vu un endroit d'où l’on tirait avec les pièces de
19 mortier ou d'artillerie ?
20 M. Hughes (interprétation). - Non. Compte tenu du fait que les
21 observateurs se trouvaient dans la position qui était la leur, les pièces
22 d'artillerie ou de mortier n'auraient pas pu être vues tactiquement depuis
23 l'endroit où se trouvait l'observateur.
24 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu des tirs qui
25 provenaient d'un canon antiaérien, d'un mortier ou d'une pièce
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1 d'artillerie alors que vous étiez au "bungalow" ?
2 M. Hughes (interprétation). - Non.
3 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous où se trouve Banga* au
4 dessus d'Ahmici ?
5 M. Hughes (interprétation). - Je ne connais pas ce nom.
6 M. Hayman (interprétation). - Quelle était la portée au-dessus
7 et au-dessous d'Ahmici de ce canon antiaérien que vous avez indiqué sur
8 cette pièce ? Au delà de la vallée, quelle était la portée de cette arme ?
9 M. Hughes (interprétation). - La portée maximum d'une arme de ce
10 type est 2 000 mètres, si elle veut être efficace. L'arme peut tirer au
11 delà de cette portée, mais toute distance supérieure à 2 000 mètres
12 rendrait plus difficile l'assurance que le tir soit précis et que vous
13 avez bien atteint la cible souhaitée.
14 M. Hayman (interprétation). - Merci. Le 16 avril 1993, vous vous
15 êtes également rendu à Sevreno-Celo, vous en souvenez-vous ?
16 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
17 M. Hayman (interprétation). - Vous y avez vu des civils, dans
18 les maisons ?
19 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
20 M. Hayman (interprétation). - Etes-vous entré et leur avez-vous
21 parlé avec l'aide d'un interprète, afin de comprendre leur situation ?
22 M. Hughes (interprétation). - Non. Dans la majorité de nos
23 missions nous n'avions pas l'aide d'un interprète. Nous avions tendance,
24 si c'était nécessaire, de relayer nos questions au quartier général et de
25 poursuivre notre tâche normalement.
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1 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous cherché à savoir si
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine était présente à Sevreno-Celo, à ce moment-
3 là, ou bien n'avez-vous pas cherché à le savoir ?
4 M. Hughes (interprétation). - Je n'ai mené aucune enquête à ce
5 sujet.
6 M. Hayman (interprétation). - Passons à vos visites à Putis et
7 Jelenak que vous avez décrites. Avez-vous la possibilité de nous donner
8 les dates plus précises, notamment sur la première occasion où vous êtes
9 passé le long de Putis et de Jelenak et quand vous avez vu une lueur au
10 fond qui vous faisait penser que quelque chose était en train de brûler ?
11 M. Hughes (interprétation). - Je ne pourrais pas citer une date
12 exacte. Je dirais que c'était soit deux jours après le 16 , soit la veille
13 du 16.
14 M. Hayman (interprétation). - C 'était donc avant le 16 avril
15 que vous avez vu ce
16 feu, cette lueur créée par le feu
17 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est exact.
18 L'audience est reprise à 16 heures 45.
19 M. le Président. - L'audience est reprise. Introduisez l'accusé.
20 (L'accusé est introduit dans la salle d’audience.)
21 Veuillez introduire le Sergent-major. Maître Hayman, nous allons
22 reprendre.
23 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
24 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
25 L’Interprète - Les interprètes souhaitent s'excuser pour
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1 l'incident de tout à l'heure, dû apparemment à un faux contact du micro,
2 Monsieur le Président.
3 M. le Président. - C'est à moi de m'excuser, j’ai sans doute
4 provoqué ce faux-contact.
5 Sergent-major, m'entendez-vous ?
6 M Hughes (interprétation). - Oui.
7 M. le Président. - Avez-vous pu vous reposer ?
8 M. Hughes (interprétation) - Tout va bien. Merci.
9 M. le Président. - Maître Hayman, vous pouvez poursuivre.
10 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
11 Sergent-major, nous revenons à ces visites que vous avez rendues sur les
12 lignes de front, le 28 avril 1993. En dehors des lieux dont vous avez
13 parlés, êtes-vous également allé dans la région de Kula, au nord-est de
14 Busovaca avec le Général Petkovic et le Général Halilovic ? Vous rappelez-
15 vous de cela ?
16 M. Hughes (interprétation) - Je ne m’en rappelle pas.
17 M. Hayman (interprétation). - Vous rappelez-vous d’une
18 quelconque visite au
19 nord-est de Busovaca, Kula, Nazani, Busonava ?
20 M. Hughes (interprétation) - Non, je n'en est pas connaissance.
21 M. Hayman (interprétation). - Et d’un quelconque autre
22 emplacement de ligne de front ce jour-là, autre que ceux dont nous avons
23 déjà discutés ?
24 M. Hughes (interprétation) - Non.
25 M. Hayman (interprétation). - Merci. Au cours des visites que
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1 vous avez rendues sur les lignes de front, les deux généraux ont-ils
2 rencontré leurs soldats pour tenter de les convaincre d'appliquer le
3 cessez-le-feu ?
4 M. Hughes (interprétation) - Au cours de la visite, à part au
5 bungalow, en toutes occasions les deux généraux sont sortis des véhicules.
6 Ils ont parlé entre eux et avec les soldats qui se trouvaient sur le
7 terrain. Quel était le sujet de leur discussion, je ne pourrais pas vous
8 le dire ; je n'étais là qu'en tant qu'escorte.
9 M. Hayman (interprétation). - Vous avait-on dit que l'un des
10 objets de ces visites était de convaincre les troupes d'appliquer et de
11 respecter le cessez-le-feu ?
12 M. Hughes (interprétation) - On m'avait informé qu'il fallait
13 que j'escorte les deux généraux et que je les amène aux différentes
14 positions qu'ils souhaitaient visiter.
15 Le but des conversations entre ces généraux et les soldats
16 étant, je suppose, de faire en sorte que le cessez-le-feu soit appliqué,
17 et qu’ils se replient sur les positions antérieures qu'ils occupaient
18 avant les événements du 16 avril.
19 M. Hayman (interprétation). - Merci. Je vous ai demandé si vous
20 vous étiez rendu à Stari Vitez, le 16 avril. En fait, j’avais l'intention
21 de vous poser la question au sujet du 17 avril.
22 Je vous prierai de bien vouloir concentrer votre attention sur
23 la journée du 17 avril 1993. Vous êtes-vous rendu dans le quartier général
24 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à Stari-Vitez, ce jour-là ?
25 M. Hughes (interprétation) - Non.
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1 M. Hayman (interprétation). - Vous rappelez-vous vous être rendu
2 au quartier général à quelque moment que ce soit au cours des journées des
3 17, 18 et 19 avril 1993 ?
4 M. Hughes (interprétation) - A cette période, non.
5 M. Hayman (interprétation). - Vous êtes-vous rendu dans un
6 quartier général de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à Krusica, pendant ces
7 journées ?
8 M. Hughes (interprétation) - Non.
9 M. Hayman (interprétation). - Très bien. Merci beaucoup,
10 Sergent-major. Monsieur le Président, c'est la fin de mon contre-
11 interrogatoire.
12 M. le Président. - Merci. Maître Kehoe voulait appliquer votre
13 droit de réplique et compléter ce qui a pu être dit dans les limites du
14 contre-interrogatoire.
15 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je me
16 limiterai au contenu du contre-interrogatoire.
17 Sergent-major, Me Hayman vous a posé quelques questions au sujet
18 de l'hôtel Vitez et de votre entrée dans l'hôtel Vitez, accompagné du
19 Général Petkovic, où vous avez vu des soldats en uniformes de camouflage
20 et en uniformes noir. Vous rappelez-vous de cela ?
21 M. Hughes (interprétation) - Tout à fait.
22 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans cet
23 hôtel Vitez, y avait-il une personne, un soldat derrière la réception ?
24 M. Hughes (interprétation) - Oui, sur la droite. Il y avait un
25 bureau de réception et là des soldats.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Y avait-il des civils qui entraient
2 et sortaient de l'hôtel de Vitez ?
3 M. Hughes (interprétation) - Non, il n'y avait pas de civil.
4 M. Kehoe (interprétation). - Votre impression, à l'époque,
5 était-elle d’être dans une installation militaire ?
6 M. Hughes (interprétation) - J'ai eu l'impression, en effet, que
7 c'était une installation militaire.
8 M. Kehoe (interprétation). - Des questions vous ont été posées.
9 Ace stade, je demanderai l'aide de l'Huissier pour revenir à la pièce à
10 conviction 45.
11 (L'huissier s’exécute.)Merci.
12 Vous avez répondu à une question posée par M. Hayman que la zone
13 en cloche était la zone dans laquelle vous vous êtes déplacé, mais que les
14 soldats que vous avez vus n'en ont couvert que le quart, à peu près. Est-
15 ce exact ?
16 M. Hughes (interprétation) - C'est exact.
17 M. Kehoe (interprétation). - Saisissez-vous du feutre rouge et
18 encercler la zone dans laquelle vous avez vu ces soldats.
19 (Le témoin s'exécute.)
20 M. Kehoe (interprétation). - Restez où vous êtes, s’il vous
21 plaît, Sergent-major.
22 Passons, maintenant, à une autre série de questions qui vous ont
23 été posées par M. Hayman. Il vous a demandé d'identifier l'emplacement où
24 se trouvait le corps du jeune garçon qui était représenté sur la
25 photographie, pièce à conviction 152/1 et 152 /2. Vous rappelez-vous de
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1 cela, Monsieur.
2 M. Hughes (interprétation) - Oui.
3 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous, à l'aide du feutre
4 vert, indiquer à quel emplacement se trouvait le corps de ce jeune
5 garçon ?
6 (Le témoin s'exécute.)
7 M. Kehoe (interprétation). - Vous pouvez vous rasseoir, Sergent-
8 major.
9 Pour le procès-verbal, je signale que, sur la pièce à
10 conviction, vous avez inscrit une marque en vert sur la partie en bas à
11 droite de la carte, est-ce exact ?
12 M. Hughes (interprétation). - Oui.
13 M. Kehoe (interprétation). - Il s'agit de la pièce à
14 conviction 45/F.
15 M. Hayman vous a demandé si le 17 avril, alors que vous
16 examiniez la situation depuis le sommet de la colline, vous aviez vu des
17 pièces d'artillerie et des mortiers.
18 M. Hughes (interprétation). - Oui, je me rappelle.
19 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez déclaré ne pas avoir vu
20 où ils ont fini par se positionner.
21 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
22 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que vous avez vu tirer ces
23 pièces ?
24 M. Hughes (interprétation). – Oui, j'ai entendu deux tirs.
25 M. Kehoe (interprétation). – Savez-vous si c'était des feux
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1 d'artillerie ou de mortier ?
2 M. Hughes (interprétation). – Il était difficile de le dire à ce
3 moment-là parce que toutes les informations dont nous disposions était un
4 rapport concernant les armes utilisées et nous ne savions pas vraiment si
5 c'était des pièces de mortier ou d’artillerie.
6 M. Kehoe (interprétation). - En tant que soldat de carrière,
7 pouvez-vous dire s’il s'agit de l'un ou de l'autre ?
8 M. Hughes (interprétation). - Je pense qu'il est plus que
9 probable que les pièces utilisées étaient des mortiers.
10 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur Hayman vous a posé
11 quelques questions au sujet d'un incident impliquant un soldat du HVO au
12 « bungalow », lorsque vous y avez amené le Général Petkovic. Vous en
13 souvenez-vous ?
14 M. Hughes (interprétation). - Oui.
15 M. Kehoe (interprétation). - Ce soldat avait perdu le contrôle
16 de lui-même n'est-ce pas ?
17 M. Hughes (interprétation). - Oui, à mon avis il était
18 extrêmement bouleversé et
19 troublé.
20 M. Kehoe (interprétation). – Avez-vous vu des soldats de l'armée
21 britannique perdre le contrôle d'eux-mêmes en face d’officiers
22 supérieurs ?
23 M. Hughes (interprétation). - J'ai eu à faire face à ce genre de
24 situation.
25 M. Kehoe (interprétation). - Comment se règle-t-elle au sein de
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1 l’armée britannique ?
2 M. Hughes (interprétation). – Dans une telle situation le
3 commandant laisserait ses subordonnés réagir et gérer la situation, il ne
4 s'en mêlerait pas lui-même.
5 M. Kehoe (interprétation). - N'est pas ce qui s'est passé au
6 « bungalow », lorsque le commandant a dit à une autre personne de
7 s'occuper de ce soldat ?
8 M. Hughes (interprétation). – Si, tout à fait.
9 M. Kehoe (interprétation). – A la fin du mois d'avril 1993, vous
10 vous trouviez sur le théâtre des opérations depuis environ six mois,
11 n'est-ce pas ?
12 M. Hughes (interprétation). – Oui, c'est exact.
13 M. Kehoe (interprétation). – Est-il permis de dire que vous
14 étiez quotidiennement en contact avec les soldats du HVO, aux barrages,
15 etc. ?
16 M. Hughes (interprétation). - Oui c'est exact.
17 M. Kehoe (interprétation). – Travaillaient-ils sur la base d'une
18 chaîne de commandement, obéissaient-ils aux ordres d’après votre
19 expérience ?
20 M. Hughes (interprétation). - Oui.
21 M. Hayman (interprétation). – Objection. Monsieur le Président
22 si nous avons de nouveaux avis, de nouvelles opinions basées sur de
23 nouveaux éléments, nous devons avoir la possibilité de poser nous aussi
24 des questions.
25 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, ceci est en
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1 réponse à un point évoqué au cours du contre-interrogatoire de M. Hayman,
2 c’est tout.
3 M. le Président. - Cela a été évoqué au cours du contre-
4 interrogatoire, Maître Hayman. Poursuivez, mais ne demandez pas de
5 nouvelles opinions, néanmoins. Essayez de rester strictement dans le cadre
6 du contre-interrogatoire, Maître Kehoe.
7 M. Kehoe (interprétation). - Sergent-major, est-ce que les
8 soldats du HVO que vous avez rencontrés obéissaient aux ordres et à une
9 chaîne de commandement, sur la base de votre expérience ?
10 M. Hughes (interprétation). – Oui, d'après mon expérience, à de
11 nombreuses reprises, notamment, et principalement, au barrage. Ils ne nous
12 permettaient pas de passer par ces barrages avant d’en avoir référé à
13 leurs autorités supérieures, et parfois ils s'en allaient et allaient
14 chercher les autorités compétentes.
15 M. Kehoe (interprétation). - Je n'ai pas d'autre question,
16 Monsieur le Président, merci. Merci, Sergent-major.
17 M. le Président. – A présent, les juges vont vous poser des
18 questions. Je me tourne d’abord vers le Juge Riad.
19 M. Riad (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.
20 Sergent-major Hughes, j'aimerais vous poser quelques questions qui ne sont
21 pas d'ordre militaire. Elles sont plutôt destinées à m'éclairer sur un
22 certain nombre de points que vous avez évoqués et peut-être pourriez-vous
23 utiliser une langue que je sois susceptible de mieux comprendre.
24 Le 16 avril, vous êtes entré dans la vieille ville de Vitez,
25 est-ce exact ?
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1 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
2 M. Riad (interprétation). - Vous avez remarqué qu'une attaque se
3 déroulait contre la partie ancienne de Vitez, le quartier musulman, pour
4 parler en termes généraux.
5 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
6 M. Riad (interprétation). – Y avait-il des combats de part et
7 d'autre ou s'agissait-il d'une attaque à sens unique ? Est-ce que deux
8 armées se confrontaient ou était-ce une attaque à
9 sens unique ?
10 M. Hughes (interprétation). - C'était une attaque à sens unique.
11 M. Riad (interprétation). - Je poserai maintenant une question
12 très semblable au sujet de Putic et Jelinak. A votre entrée dans Jelinak,
13 selon vos propres termes, vous avez procédé à une fouille rapide, vous
14 avez découvert que certaines maisons avaient été incendiées, vous avez vu
15 des aliments sur la table, à l'intérieur, et des impacts de balles sur la
16 poignée de la porte. Y avait-il des signes de combat bilatéral à cet
17 endroit, ou est-ce que cela ressemblait à une attaque unilatérale ?
18 M. Hughes (interprétation). - Là encore, cela ressemblait à une
19 attaque unilatérale dirigée contre les civils. Dans ce même contexte,
20 autour des villages tous les animaux avaient été tués et, selon moi, une
21 attaque avait été perpétrée à l'encontre des civils et ceux-ci avaient fui
22 en toute hâte.
23 M. Riad (interprétation). – Apparemment, les civils ont été pris
24 par surprise, parce qu'il y avait encore des aliments sur la table comme
25 si les gens vivaient leur vie normale ?
Page 4582
1 M. Hughes (interprétation). - Oui, c'est ce qu'il m'a semblé en
2 inspectant les différentes maisons. Elles ont été quittées très
3 rapidement.
4 M. Riad (interprétation). – Cette attaque n'avait donc pas pour
5 but de réprimer une révolte, un soulèvement ou quelque chose de ce genre ?
6 M. Hughes (interprétation). - A mon avis, non.
7 M. Riad (interprétation). - Dans la suite de votre témoignage
8 vous nous avez parlé des quatre-vingt-quatorze cadavres que vous avez vus
9 inhumés. Y a-t-il eu une enquête de médecine légale pour trouver les
10 causes de leur mort ? Est-ce que ces personnes ont été abattues au hasard
11 ou s'agissait-il de combat ?
12 M. Hughes (interprétation). - D'après ce que j'ai vu, il n'y a
13 pas eu ce type d’enquête de médecine légale. J’ai l’impression que ces
14 corps étaient restés dans le gymnase de
15 l’école pendant un certain temps. On le voyait à travers le
16 plastique qui recouvrait les corps. Parmi les corps qui avaient été
17 ramenés, je n'ai vu qu'un corps qui portait des vêtements de camouflage,
18 tous les autres portaient des vêtements civils.
19 M. Riad (interprétation). - Et vous avez vu deux corps décapités
20 je crois ?
21 M. Hughes (interprétation). - Oui.
22 M. Riad (interprétation). - Et des corps d'adolescents, de
23 femmes ?
24 M. Hughes (interprétation). - Je ne pouvais pas distinguer si
25 c'était des hommes ou des femmes à ce stade, mais il y avait deux corps
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1 avec deux petits sacs de chaque côté de ces corps, ce qui m'a fait penser
2 que c'était des enfants ou des bébés, mais en fait, je me suis rendu
3 compte que c'était les têtes des corps. C'était donc des corps décapités
4 et non abattus par balles. Les corps avaient-ils des marques de balles,
5 cela je ne peux pas le dire.
6 M. Riad (interprétation). - Aucune recherche n'a été faite ?
7 M. Hughes (interprétation). – Non.
8 M. Riad (interprétation). - Le 16 avril, sur le chemin du retour
9 de Breza, je crois, vous avez vu une lueur à l'horizon provenant de Putic
10 et Jelinak ; est-ce que ceci s'est passé pratiquement au même moment que
11 les événements d'Ahmici ?
12 M. Hughes (interprétation). - Non, je ne crois pas.
13 M. Riad (interprétation). - De quel jour s'agissait-il ? Vous
14 avez dit le 16 avril ?
15 M. Hughes (interprétation). – Je dirai que cela se passait avant
16 le 16, peut-être le 14 ou le 15. Le 16 avril, nous sommes entrés dans
17 Vitez à cause des combats.
18 M. Riad (interprétation). – Donc la veille ?
19 M. Hughes (interprétation). - Peut-être la veille ou l'avant-
20 veille, en tout cas lorsque nous revenions.
21 M. Riad (interprétation). - A votre connaissance, y avait-il une
22 armée sur les lieux ? L’armée de Bosnie-Herzégovine était-elle en train
23 d’attaquer, ou quelque chose de ce genre ?
24 M. Hughes (interprétation).- Non, lorsque nous avons longé cette
25 zone, à cause de la configuration du terrain, on ne voyait que cette lueur
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1 d'incendie et nous n'avons pas arrêté nos véhicules, nous avons continué
2 notre chemin. Il n'a pas eu de tirs à ce moment-là.
3 M. Riad (interprétation). - Vous avez également évoqué une
4 colonne de Musulmans qui se déplaçaient, je crois qu'il s'agissait du 17,
5 avec un certain nombre de Musulmans apeurés. D'où venaient-ils ?
6 M. Hughes (interprétation). - Cette colonne de réfugiés se
7 trouvait sur la route secondaire séparant Vitez de Zenica. Ils venaient de
8 l'est, peut-être de la zone d'Ahmici, en tout cas de cette zone, et ils se
9 dirigeaient vers l'intersection de Dubravica.
10 M. Riad (interprétation). - Est-ce qu'ils ont été attaqués en
11 chemin ou est-ce qu'ils ont simplement passé leur chemin ?
12 M. Hughes (interprétation). - Non, ils se déplaçaient en groupe
13 (c’était un groupe assez important), le long de la route et ils se
14 dirigeaient dans cette direction.
15 M. Riad (interprétation). - Vous avez parlé de cette femme qui
16 rampait sur le sol, apparemment il vous a fallu la protéger pour lui
17 permettre d'atteindre une zone protégée, est-ce qu’il y avait des tireurs
18 embusqués qui tiraient ? Comment une femme d'un certain âge se faisait
19 tuer sur la route ?
20 M. Hughes (interprétation). - A ce moment-là, je ne savais pas
21 si elle était blessée ou non. Elle ne faisait que ramper sur le macadam,
22 le long du mur de la maison. A ce moment-là, je ne peux pas dire que j'ai
23 entendu des coups de feu, j’ai juste mis mon véhicule à l’endroit ou je
24 pensais que cela lui permettrait d’être protégée.
25 M. Riad (interprétation). - Mais vous ne savez pas d’où venaient
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1 les coups de feu ?
2 M. Hughes (interprétation). - Non.
3 M. Riad (interprétation). - Est-ce qu'il y avait quelqu'un
4 d'autre dans la même situation ?
5 M. Hughes (interprétation). - Non, personne d'autre. Mais à
6 l'endroit où cette femme rampait il y a trois ou quatre autres personnes,
7 des civils qui étaient assez préoccupés par la situation. Lorsque je suis
8 revenu, je suis repassé par cette position et à ce moment-là, ils m'ont
9 dit qu'on leur avait tiré dessus et qu'ils demandaient de l'aide. Je n'ai
10 pas entendu de coup de feu, mais en fait, j'ai pensé que la situation ne
11 me permettait pas de demander à des soldats qui se trouvaient à l'arrière
12 du véhicule, de traiter cette femme ou de la soigner.
13 M. Riad (interprétation). -Pour revenir Jelinak, vous avez dit
14 que c'était un village à population mixte croate et musulmane ?
15 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
16 M. Riad (interprétation). -Vous avez dit que certaines des
17 maisons étaient incendiées, étaient-ce des maisons musulmanes, pouvez-vous
18 le dire ?
19 M. Hughes (interprétation). - C'était difficile à dire à ce
20 moment. Le Colonel Stewards, c'est-à-dire l’officier qui nous dirigeait,
21 est arrivé sur les lieux et là, il a souligné qu'il y avait une équipe de
22 télévision avec lui. En fait, il a montré à cette équipe de télévision, il
23 a dit que la majorité des maisons était musulmane. Je dirai qu'en fait les
24 maisons brûlées étaient à la fois des maisons croates et des maisons
25 musulmanes.
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1 M. Riad (interprétation). -Une question plus générale
2 maintenant, à en juger par la durée de votre séjour de novembre à mai 1993
3 et compte tenu de la connaissance que vous aviez des parties en présence,
4 considérez-vous le HVO comme étant une armée ordonnée et disciplinée ?
5 M. Hughes (interprétation). - D'après ce que j'ai vu des deux
6 armées, ils étaient effectivement mieux équipés. Ils fonctionnaient mieux
7 et dans de nombreux cas ils semblaient mieux contrôler les choses que
8 leurs homologues de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
9 M. Riad (interprétation). -Merci beaucoup.
10 M. le Président. - Juge Shahabuddeen ?
11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Sergent-major, vous avez
12 passé quelque temps sur le terrain dans cette région. Vous êtes un
13 militaire, je suppose qu'au cours de vos activités et au fil des
14 observations que vous avez faites sur place, vous vous êtes familiarisé
15 avec l'ensemble des organisations militaires qui existaient sur les
16 lieux ?
17 M. Hughes (interprétation). - Nous nous sommes familiarisés
18 avec les personnes qui défendaient telles zones, les unités qui étaient en
19 présence et qui les commandait. Nous étions extrêmement familiers avec
20 tout cela. Nous savions quelle zone était contrôlée par le HVO et quelle
21 zone était contrôlée par l'armée de Bosnie-Herzégovine.
22 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous parlez des deux
23 structures principales, l'armée de Bosnie-Herzégovine qui je suppose se
24 trouvait d'un côté et de l'autre côté le HVO, est-ce bien de cela que vous
25 êtes en train de parler ?
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1 M. Hughes (interprétation). - Oui.
2 M. Shahabuddeen (interprétation). - En réponse à mon collègue,
3 le Juge Riad, vous avez dit que le HVO était une force disciplinée.
4 M. Hughes (interprétation). - Oui. Je peux dire qu'en tout cas,
5 dans la zone de Vitez, il semblait y avoir un meilleur contrôle de
6 commandement au sein du HOV et au sein des soldats du HVO, puisque c'est
7 surtout à eux que nous avons eu affaire, que dans les forces de Bosnie-
8 Herzégovine qui se trouvaient plus à l’extérieur de la zone de Vitez.
9 M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que je dois
10 comprendre que du côté croate, vous êtes d'avis que le HVO était en mesure
11 d'exercer le contrôle militaire sur les régions que vous avez décrites ?
12 M. Hughes (interprétation). - Oui, je dirai cela, oui.
13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Avez-vous appris qui était
14 responsable du HVO ?
15 M. Hughes (interprétation). - Non. La seule période de contact
16 avec cette
17 personne, c'est lorsque je suis allé chercher le
18 Général Petkovic. C'est là que j'ai eu une indication qui tendait à me
19 dire qui était le Commandant.
20 M. Shahabuddeen (interprétation). - Tous ces lieux que vous avez
21 évoqués se trouvent en Bosnie centrale, est-ce exact ?
22 M. Hughes (interprétation). - C'est exact.
23 M. Shahabuddeen (interprétation). - Le HVO opposait-il une
24 structure de commandement en rapport avec la Bosnie centrale ?
25 M. Hughes (interprétation). - Pour toute la Bosnie centrale,
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1 peut-être que je ne suis pas en mesure de répondre à cette question, mais
2 pour la zone qui était la nôtre, je sais qu'ils avaient une structure de
3 commandement, dans notre zone d’activité, de responsabilité.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Et si vous n'avez pas appris
5 son identité, vous savez sans doute, néanmoins, que la structure du HVO
6 était placée sous le commandement d'une seule et même personne ?
7 M. Hughes (interprétation). - Oui, nous ça nous savions à ce
8 moment-là, malheureusement, nous ne nous sommes pas véritablement
9 intéressés au nom des personnes qui commandaient, parce que nous avions
10 d'autres missions. Nous savions qu'il y avait effectivement une structure
11 de commandement, mais nous ne savions pas qui commandait qui, qui était
12 responsable et de quel district.
13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vais maintenant vous
14 poser une dernière question : est-ce que les événements qui se sont
15 produits et que vous avez décrits, auraient pu se produire sans que les
16 autorités du HVO en eussent été informées ?
17 M. Hughes (interprétation). - Non, je dirai que non.
18 M. Shahabuddeen (interprétation). - Merci.
19 M. le Président. - Sergent-major, nous en avons pratiquement
20 terminé ; deux ou trois petites informations pour mieux connaître ce qui
21 s’est passé. Vous avez dit qu'on avait tiré
22 sur votre véhicule, votre Warrior : quelles étaient les
23 instructions qu'avaient la Forpronu en cas de tirs directs et agressifs,
24 il faut bien dire, sur des éléments de votre force ? Qu’en disaient vos
25 chefs et quelles étaient les instructions générales ?
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1 M. Hughes (interprétation). - Les instructions générales que
2 nous avions reçues, lorsque le feu était ouvert, étaient que dans cette
3 situation, dès le 16 avril et par la suite, si quelqu'un recevait des
4 coups de feu, si vous étiez visé directement en tant que personne, eh
5 bien !, il était de votre droit de riposter et de tirer à votre tour.
6 M. le Président. - Vous avez donc considéré, le jour où l'on a
7 tiré sur votre véhicule, que vous n'étiez pas visé physiquement, puisque
8 vous n’avez pas répliqué ?
9 M. Hughes (interprétation). - Non. On m’a visé, directement, par
10 six personnes à peu près. Il y a eu un certain nombre de raisons qui m’ont
11 freiné et qui m'ont empêché de riposter, notamment, le temps qui m'aurait
12 fallu pour tourner ma tourelle face à ces personnes, celles-ci se seraient
13 déjà dissimulées et se seraient mises à découvert. Ce que j'ai vu,
14 d'ailleurs, en utilisant mon périscope arrière. D'autre part, il aurait
15 été dangereux que j'essaie de riposter parce que j'aurais tiré dans la
16 direction de notre garage et de notre échelon, et qu'il y avait des
17 installations contenant des combustibles à cet endroit, et d'autres forces
18 des Nations-unies s'y trouvaient également. En fait ceci aurait pu
19 provoquer un incendie. Voici les deux raisons principales qui m’ont poussé
20 à ne pas riposter.
21 M. le Président. - Merci. S'agissant de l'enterrement, de
22 l’enfouissement des corps auquel vous avez participé, étaient-ce des
23 missions qui se sont répétées ?
24 M. Hughes (interprétation). - Non, ce fût la seule mission de ce
25 type à laquelle j'ai participé ce jour-là. Je n’ai pas eu d'autres
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1 missions d'évacuation des corps.
2 M. le Président. - Etiez-vous participant au choix de l'endroit
3 où on enterrait ces corps, dans le rite musulman ? Ou n'aviez-vous comme
4 seule mission, avec des pelles et des engins mécaniques d'aider
5 matériellement ces malheureuses personnes à enterrer les corps ?
6 M. Hughes (interprétation). - Je crois que la zone qui avait
7 déjà été choisie pour l’inhumation, l’avait été avant que nous
8 rassemblions les corps. Etant donné que lorsque nous sommes revenus de
9 notre premier rassemblement de corps à l'école, nous nous sommes rendus
10 vers le champ, des tracto-pelles étaient déjà arrivés sur les lieux et ils
11 avaient commencé à creuser. Donc cet endroit avait déjà été sélectionné
12 auparavant. Je n'ai fait qu'escorter les véhicules et leurs allées et
13 venues, à deux reprises, afin de prendre les corps à l'école et de les
14 emmener jusqu'au champ.
15 M. le Président. - Vous n'avez jamais eu l'occasion d'escorter
16 le Général Blaskic ?
17 M. Hughes (interprétation). - Non, jamais.
18 M. le Président. - Avez-vous entendu parler du HOS, des
19 Vitevozi, des Jokeri, puisque vous avez été plusieurs semaines sur le
20 territoire ? Vous ne nous avez parlé que du HVO. Avez-vous eu connaissance
21 d'autres forces militaires directement dépendantes du HVO ? Ou bien
22 n'avez-vous entendu parler que du HVO en tant que force organisée ?
23 M. Hughes (interprétation). - Non. Nous avions entendu parler de
24 ce que nous appelions le HOS ou les forces du HOS. On nous a dit qu'il
25 s'agissait-là d'une force de soldats d'élite. Une fois, notamment, j'ai vu
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1 trois ou quatre cars pleins de soldats du HOS qui portaient des uniformes
2 noirs et qui avaient quittés la zone de Vitez et qui passaient le poste de
3 Novi-Travnik*
4 M. le Président. - Merci. Cette longue déposition est terminée.
5 Sergent-major, le Tribunal vous est très reconnaissant d'être venu dans le
6 cadre de la citation que vous avait envoyée le Procureur. A présent vous
7 pouvez retourner à vos missions avec notre gratitude. Monsieur l'Huissier
8 vous pouvez faire en sorte que le Sergent-major soit reconduit.
9 (Le témoin est reconduit hors de la salle par l'huissier.)
10 M. le Président. - Monsieur le Procureur vous n'avez peut-être
11 pas d'autres témoins ?
12 M. Kehoe (interprétation). - Non, Monsieur le Président,
13 Messieurs les Juges, nous n'en avons pas d'autres.
14 M. le Président. - A l'avenir, il faudra faire en sorte, que
15 nous n'ayons pas ces interruptions qui nous sont préjudiciables, au cours
16 de nos travaux,-je sais qu'il est très difficile de prévoir un calendrier
17 précis -mais c'est un petit peu fâcheux. Je suppose que vous êtes d'accord
18 avec les membres du Tribunal ?
19 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Nous
20 avons eu quelques problèmes avec des témoins et nous avons dû corriger le
21 tir en cours d'organisation, dans nos tentatives pour faire venir des gens
22 de Bosnie, nous allons bien sûr déployer tous nos efforts pour nous
23 assurer que cela ne se reproduira pas.
24 M. le Président. - Nous allons lever l'audience. Il n'y aura
25 donc pas d'audience après-demain. Je vous rappelle que nous avons, après-
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1 demain, à 9 heures et demie une audience de plaidoirie. L'accusation,
2 comme la défense, a manifesté l'intention de développer brièvement vos
3 conclusions écrites sur les deux requêtes concernant les témoignages
4 indirects ou par ouï-dire d'une part, et également le réexamen que
5 souhaiterait la défense d'une décision qu'a déjà prise le Tribunal
6 s'agissant des éléments à décharge et de leur source et de leur
7 identification, d'autre part. Nous développerons ces deux requêtes.
8 Vous plaiderez ces deux requêtes, après quoi, nous ferons une
9 brève pause. Puis, si vous le voulez bien, à huis clos à ce moment-là,
10 nous aborderons dans une conférence de mise en état, deux thèmes qui nous
11 sont chers, d'une part les conséquences de l'arrêt récent de la Chambre
12 d'appel, concernant les injonctions de produire, qu'on appelle en latin
13 les subpoena. Je crois et j'en suis même sûr, beaucoup d'injonctions de
14 produire ont été développées, depuis le mois de janvier ou février, nous
15 avons été d'accord pour suspendre leur développement, la solution qu'il
16 convenait d'y apporter à la décision prise par la Chambre d'appel, à la
17 suite de ces mêmes injonctions de produire qui avaient été développées
18 devant la Chambre présidée par
19 Mme McDonald ou parfois par un juge unique comme le Juge Jan.
20 Nous traiterons de cette question. Ensuite nous traiterons des délais de
21 la procédure et des propositions que nous pouvons faire, pour faire en
22 sorte que ce procès s'accomplisse dans le délai raisonnable que supposent
23 toutes les conventions internationales.
24 A présent l'audience est levée et nous nous retrouverons
25 vendredi à 9 heures 30.
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1 L'audience est levée à 17 heures 25.
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