Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   AFFAIRE N° IT-95-14-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3  

  4   Mercredi 10 décembre 1997

  5  

  6   L'audience est ouverte à 10 heures 15.

  7  

  8   M. le Président. - Monsieur le greffier, introduisez l'accusé.

  9   (L’accusé, M. Blaskic, est introduit dans la salle d’audience.)

 10   M. le Président. - Monsieur le Procureur, un mot avant de faire

 11   entrer le témoin R, dans quelques instants.

 12   Avant l’audience, nous nous sommes entretenus, avec M. Harmon,

 13   des changements de calendrier pour la présente semaine... Peut-être que

 14   M. Harmon pourrait, pour que mes collègues soient informés -je les ai

 15   informés brièvement- et pour que vos collègues de la défense le soient

 16   également, pourriez-vous nous dire, monsieur Harmon, comment se présente

 17   cette semaine, qui est un peu bouleversée, je crois ?

 18   M. Harmon (interprétation). - Bonjour, monsieur le Président;

 19   bonjour, conseils de la partie adverse.

 20   Nous avons des témoins qui ne pourront pas comparaître, alors

 21   que c'était notre

 22  

 23   intention initiale. Pour combler les vides créés, nous avons demandé des

 24   témoins supplémentaires. Ils arriveront ce soir de Bosnie, mais tard dans

 25   la soirée. Etant donné l’heure tardive, nous ne pourrons en présenter


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  1   qu’un seul, jeudi. Nous avons un autre témoin, mais il n'est pas

  2   disponible avant vendredi matin. Il déposera donc vendredi matin. Nous

  3   continuerons avec le témoin qui arrive demain soir, un deuxième témoin de

  4   Bosnie. Il poursuivra la semaine prochaine, lundi.

  5   Après le témoin d'aujourd'hui, nous aurons deux témoins, un par

  6   jour : un pour jeudi, l’autre pour vendredi.

  7   M. le Président. - Alors, pour résumer. Nous avons le témoin de

  8   ce matin... Aujourd’hui, nous aurons combien de témoins, maître Harmon ?

  9   M. Harmon (interprétation). - Nous avons encore trois témoins,

 10   après celui de ce matin.

 11   M. le Président. - Donc, pour aujourd'hui... Excusez-moi, mais

 12   je dois être mal réveillé... Aujourd'hui, mercredi, nous avons donc la fin

 13   de l’audition du témoin R. Ensuite, toujours pour aujourd’hui... ?

 14   M. Harmon (interprétation).- Nous avons trois témoins

 15   supplémentaires, monsieur le Président.

 16   M. le Président. - Ensuite, pour demain, vous avez un témoin.

 17   M. Harmon (interprétation). - C’est exact.

 18   M. le Président. - Demain matin ?

 19   M. Harmon (interprétation). - Dans l’après-midi, plutôt.

 20   M. le Président. - Donc, aujourd'hui et demain matin, nous

 21   aurions trois témoins, après le témoin R. Demain, jeudi, dans l’après-

 22   midi, nous aurions un témoin; et vendredi matin, un témoin. Le voeu de la

 23   Chambre, vous le comprenez bien, compte tenu du travail considérable qui

 24   nous est demandé et compte tenu des nouvelles motions de la défense, étant

 25   entendu qu’il


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  1  

  2   faut bien que nous ayons le temps de les travailler -j’avoue que les

  3   journées sont toutes prises-, le voeu des Juges, donc, est que tout ceci

  4   soit le plus groupé possible.

  5   Donc, éventuellement, vendredi matin, nous commencerions à

  6   9 heures et nous ne siégerions pas l’après-midi. Quitte à commencer à

  7   9 heures et terminer à 13 heures, mais il faut que tout soit terminé

  8   vendredi, en fin de matinée.

  9   Pour la semaine prochaine, je vous rappelle, Maître Harmon, que

 10   nous terminons nos audiences mercredi soir, et que, autant que faire se

 11   peut, il faudrait que tous les témoins aient été entendus, pour éviter que

 12   le témoignage soit coupé en deux et que cela ne reprenne que fin janvier.

 13   En ce qui concerne le calendrier des audiences du procès

 14   Blaskic, vous savez que ce calendrier est très complexe, puisqu’il met en

 15   jeu d’autres procès qui sont en cours ou qui vont commencer au Tribunal.

 16   Nous commençons à en avoir une idée précise. Il y a quelques petits

 17   changements par rapport à ce que nous avions annoncé, mais je préfère être

 18   prudent et ne vous l’annoncer que la semaine prochaine.

 19   Voilà, ces points d’ordre ayant été réglés, je crois que nous

 20   pouvons maintenant, monsieur le greffier, s’il n’y a pas d’observations

 21   complémentaires, introduire le Témoin R, pour la suite de l’interrogatoire

 22   du Procureur.

 23   Pas d’observations de la défense ? Non ? Merci.

 24   Je rappelle que l’audience est publique, et que les mesures du

 25   rideau -je le dis pour la galerie du public- sont prises pour permettre


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  1   l’introduction du témoin. Nous poursuivrons en audience publique, sauf

  2   s’il s’avérait nécessaire que, sur certains points de sa déclaration, il

  3   faille procéder à une session à huis clos partiel.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, s’agissant

  5   d’une autre question, qui concerne le témoin suivant. Il s’agit du sergent

  6   Ian Parrott, qui vient aussi du régiment Cheshire. Il n’aura pas besoin

  7   des mesures de protection qui ont été prises pour ce témoin et

  8  

  9   pour d’autres témoins. Mais il faudra quand même monter le chevalet, comme

 10   nous l’avons fait pour d’autres témoins. J’espère que vous ferez preuve

 11   d’indulgence pendant quelques minutes. Après le témoin R, nous aurons

 12   besoin de ce temps pour monter le chevalet. Merci.

 13   M. le Président. - Nous faisons toujours preuve d'indulgence,

 14   monsieur Kehoe.

 15   (Le Témoin R est introduit dans la salle d’audience. )

 16   M. le Président. - Témoin R, vous m’entendez ?

 17   Témoin R (interprétation). - Oui, je vous entends, monsieur le

 18   Président.

 19   M. le Président. - Vous vous êtes reposé ? Vous vous sentez

 20   bien ?

 21   Témoin R (interprétation). - Oui, bien.

 22   M. le Président. - Alors vous allez continuer à répondre. Nous

 23   en étions à l’examen de photos, n’est-ce pas, monsieur Kehoe ? Donc, nous

 24   allons poursuivre.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Merci, monsieur le Président.


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  1   Bonjour, témoin R. Avec l’assistance de M. Dubuisson, nous allons peut-

  2   être revoir la pièce 166, ainsi que les cartes qui constituaient les

  3   pièces 161, 162 et 163. Il serait utile que nous les ayons.

  4   J’aimerais que nous nous intéressions à la carte qui porte le

  5   numéro 163. Témoin R, hier nous avons terminé alors que nous parlions

  6   d’événements relatifs à la carte 163 et aux différents lieux qui sont

  7   indiqués. Au lieu 24, à ce propos vous avez attesté du fait que vous,

  8   ainsi que d’autres réfugiés de Donja Veceriska, ont été amenés à cette

  9   base de la Forpronu, est-ce bien exact ?

 10   Témoin R (interprétation). - Oui.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Ce groupe de personnes, qui se

 12   trouvait aux alentours de la base de la Forpronu, comportait des femmes,

 13   des enfants, des personnes âgées ?

 14   Témoin R (interprétation). - Oui, c’étaient les enfants, les

 15   personnes

 16   âgées, les femmes.

 17  

 18   M. Kehoe (interprétation). - J’aimerais vous montrer une série

 19   de photographies et je pense qu’il y a d’abord la 166-2, parce que nous

 20   avons déjà parlé de la 166-1. Les trois prochaines photographies, Monsieur

 21   le Président, Messieurs les Juges, sont des photographies de ce que l’on a

 22   appelé ce garage de ravitaillement d’échelon de la base de la Forpronu,

 23   photographies prises par le régiment du Cheshire. La première

 24   photographie, Témoin R.

 25   Témoin R (interprétation). - Oui.


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  1   M. Kehoe (interprétation). - C’est bien une partie de ce groupe

  2   de personnes, qui se trouvait à l’extérieur de ce garage de ravitaillement

  3   à partir du 18 avril 1993 ?

  4   Témoin R (interprétation). - Oui, c’est exact.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Voit-on dans cette photographie des

  6   femmes et des enfants ?

  7   Témoin R (interprétation). - Oui. On voit les femmes. On voit,

  8   de toute façon, qu’il s’agit des civils.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous nous montrer sur cette

 10   photographie les femmes et les enfants ?

 11   Témoin R (interprétation). - Regardez un peu derrière, vous

 12   voyez également derrière la maison. C’était un camp au fond qu’ils ont

 13   monté ; une tente, pour le dire précisément.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Les soldats sont-ils en train de

 15   monter ces tentes, au moment où cette photographie a été prise ?

 16   Témoin R (interprétation). - Oui, ils sont en train de monter

 17   les tentes.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Passons à la photographie suivante.

 19   M. le Président. - Monsieur Kehoe, ne retombons pas dans les

 20   errements anciens. Les juges voient bien qu’il s’agit de femmes, d’enfants

 21   et ils font la différence entre les civils et les militaires. Je m’excuse

 22   de le rappeler. Ne perdons pas de temps à cela. Je suis désolé auprès

 23  

 24   du témoin de le dire, mais le témoin ne va pas dire aux Juges... Il dit ce

 25   qu’il voit, mais les juges ont les photos sous les yeux.


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  1   Essayons d’aller un peu plus vite. Allons au coeur du témoignage

  2   du témoin. Il vous a dit hier la tragédie qu’il a vécue. Vous devez poser

  3   des questions complémentaires en relation avec l’acte d’accusation. Nous

  4   voyons bien qu’il y a des civils avec des militaires. Accélérons.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

  6   Voyons cette photographie, et la dernière photographie qui porte

  7   le numéro 166-3. Monsieur l’Huissier, veuillez poser cette dernière

  8   photographie 166-3 sur le rétroprojecteur.

  9   Excusez-moi, je pense que c'est la suivante. Il s'agit de la

 10   166-4. Mais c’est pratiquement ce même rassemblement de personnes sous un

 11   autre angle, est-ce bien exact ?

 12   Témoin R (interprétation). - Oui.

 13   M. Kehoe (interprétation). – (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   Témoin R (interprétation). – (expurgée)

 16   M. Kehoe (interprétation). - (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée) les maisons de Donja Veceriska qui continuaient à être

 19   incendiées et vous avez indiqué les points 26, 27, 28 et 29.

 20   Témoin R (interprétation). - Oui.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Examinons, une fois de plus, ces

 22   photographies, mais voyons la suivante. Je pense qu’il s’agit de la 166-5.

 23   Vous reconnaissez cette photographie ?

 24   Témoin R (interprétation). - Oui, je la reconnais.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Voyez-vous, sur cette photographie,


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  1   un lieu que vous avez indiqué par le numéro 26 ? Vous voyez cette fumée

  2   qui s’élève sur cette photo, représentant cet endroit ?

  3   Témoin R (interprétation). - Oui.

  4  

  5   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous l’indiquer ?

  6   Témoin R (interprétation). - Voici, c’est là.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Qu’en est-il des endroits qui sont

  8   en feu, le point 27 ?

  9   Témoin R (interprétation). - Cette fumée très épaisse...

 10   M. Kehoe (interprétation). - Qu’en est-il du 28 ?

 11   Témoin R (interprétation). - Voici.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Et le 29 ?

 13   Témoin R (interprétation). - C’est là où je marque.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Nous allons peut-être parcourir ces

 15   photos dans toute la série. Je crois que nous en sommes à la 166-6. Nous

 16   pouvons passer à la 7, 166-8 et 166-9. Toutes ces photographies montrent

 17   les maisons en feu à des moments différents du 18 avril 1993, comme on les

 18   voit sur la carte aux points 26, 27, 28 et 29, est-ce bien exact ?

 19   Témoin R (interprétation). - Oui, c’est exact.

 20   M. Kehoe (interprétation). - Témoin R, l’endroit que vous avez

 21   désigné comme étant le point 27 qui était en feu, c’est la zone de la

 22   Mektep ?

 23   Témoin R (interprétation). - Oui, ce n’était pas trop loin.

 24   C’était plus près, mais je ne peux pas dire exactement que c’était la

 25   Mektep. De toute façon, je savais que c’était une maison qui brûlait, mais


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  1   je ne savais pas exactement si c’était la Mektep.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Mais c’était dans cet endroit-là à

  3   peu près ?

  4   Témoin R (interprétation). - Oui.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous dire aux juges ce

  6   qu’est une Mektep ?

  7   Témoin R (interprétation). - C’est une maison de confession

  8   religieuse des Musulmans.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Il y avait d’autres mosquées,

 10   certaines mosquées avec un minaret, par exemple, à Donja Veceriska, ou la

 11   Mektep était-elle le seul endroit de réunion à

 12  

 13   des fins religieuses du village ?

 14   Témoin R (interprétation). - C’était l’unique maison religieuse

 15   dans le village.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Témoin R, vous dites que ces

 17   événements se sont produits le 18 avril. Plusieurs journées plus tard,

 18   vous étiez toujours à la base de la FORPRONU. Avez-vous vu les forces du

 19   HVO qui tiraient depuis l’usine SPS vers le village de Gacice ?

 20   Témoin R (interprétation). - Tout le monde a vu les soldats ;

 21   enfin, tous ceux qui y étaient.

 22   M. Kehoe (interprétation). - Qu’avez-vous vu ?

 23   Témoin R (interprétation). - Nous avons pu constater les

 24   détonations, les obus qui tombaient. Gacice a été pilonnée par les coups

 25   de mortier.


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  1   M. Kehoe (interprétation). - La zone d'où vous avez vu ces tirs

  2   et ces pilonnages est-elle présentée sur la carte 163 ?

  3   Témoin R (interprétation). - Oui.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Quel numéro porte-elle ?

  5   Témoin R (interprétation). - Le numéro 30.

  6   M. Kehoe (interprétation). - .... Que ce pilonnage partait de

  7   l’usine SPS ?

  8   Témoin R (interprétation). - Oui.

  9   M. Kehoe (interprétation) - Vous avez dit dans votre déposition,

 10   et après avoir passé plusieurs jours autour de la base de la Forpronu,

 11   avoir été emmené à un autre lieu, avec l'aide de la Forpronu. Est-ce

 12   exact ?

 13   Témoin R (interprétation). - Oui, avec l'aide de la Forpronu et

 14   de la Croix Rouge, c'est exact. Nous avons été transportés à Zenica.

 15   M. Kehoe (interprétation) - Avez-vous eu l'occasion de retourner

 16   à Donja Veceriska ?

 17  

 18   Témoin R (interprétation). - Non, jamais depuis.

 19   M. Kehoe (interprétation) - Est-ce que vous avez eu l'occasion

 20   d’y retourner plus récemment et d'y voter ?

 21   Témoin R (interprétation). - J'y suis allé pour voter lors des

 22   élections.

 23   M. Kehoe (interprétation) - Y a-t-il des Musulmans qui vivent à

 24   Donja Veceriska, pour autant que vous ayez pu le constater lorsque vous

 25   êtes rentré pour les élections ?


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  1   Témoin R (interprétation). - A Donja Veceriska, il n'y a

  2   pratiquement pas de Musulmans, aucun même.

  3   M. Kehoe (interprétation) - Si vous me le permettez, monsieur le

  4   Président, j'aimerais passer à la dernière série de pièces. Il s'agit de

  5   la pièce 164 et de la pièce 165. Nous allons les examiner rapidement.

  6   (Les documents sont remis aux juges, aux avocats et aux conseils

  7   de la défense).

  8   M. Kehoe (interprétation) - Le bureau du Procureur a préparé la

  9   carte que vous avez sous les yeux et vous y avez entouré certaines

 10   maisons. Nous les reprenons dans la série de photographies qui figurent

 11   dans la pièce 165. Est-ce bien exact ?

 12   Témoin R (interprétation). - Oui, c'est exact.

 13   M. Kehoe (interprétation) - Vous avez aussi identifié

 14   précisément cette maison dans la légende versée en annexe à la carte.

 15   Témoin R (interprétation). - Oui.

 16   M. Kehoe (interprétation) - Ces photos montrent en partie les

 17   destructions infligées aux maisons musulmanes à Donja Veceriska. Est-ce

 18   bien exact ?

 19   Témoin R (interprétation). - Oui, c'était en général musulman.

 20   M. Kehoe (interprétation) - Nous serons rapides, monsieur le

 21   Président, messieurs les juges, à parcourir ces photos. Parlons de la

 22   pièce 165/1. En fait elle porte le n° 371. A qui appartient cette maison ?

 23  

 24   Témoin R (interprétation). - Elle appartenait à un de nos

 25   voisins, Drmic.


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  1   M. Kehoe (interprétation) - Est-ce cette personne qui a été

  2   blessée et dont la fille vous a demandé de venir l'aider, ce matin-là ?

  3   Témoin R (interprétation). - Oui, effectivement.

  4   M. Kehoe (interprétation) - Est-ce qu'il vit toujours à

  5   Donja Veceriska ?

  6   Témoin R (interprétation). - Non.

  7   M. Kehoe (interprétation) - Passons à la photographie suivante.

  8   Il s'agit de la photo B. Vous voyez dans le coin inférieur droit le

  9   chiffre 374. A qui appartient cette maison ?

 10   Témoin R (interprétation). - C'était la maison de Casim Haskic.

 11   M. Kehoe (interprétation) - Cette famille vit-elle toujours à

 12   Donja Veceriska ?

 13   Témoin R (interprétation). - Non.

 14   M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais

 15   faire une objection. Notre témoin a dit que plus personne, aucun Musulman,

 16   n'habite à Donja Veceriska. Par conséquent, je pense que nous perdons du

 17   temps si nous allons maintenant vérifier cela d'une maison à l'autre,

 18   d'une personne à l'autre.

 19   M. le Président. - J'hésitais à faire cette observation. Vous

 20   devez penser que le témoin étant présent, je ne veux pas qu'il puisse

 21   s'exprimer. Ne pourrait-on pas procéder de façon plus rapide ? Le témoin

 22   pourrait-il prendre ces photos rapidement et nous faire un petit

 23   commentaire ? Nous pourrions les déposer en pièces à conviction.

 24   Témoin R, le Président s'adresse à vous. Vous avez tout ce lot

 25   de photos. Les avez-vous déjà vues ?


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  1   Témoin R (interprétation). - Oui.

  2   M. le Président. - Bien. Que représentent pour vous ces photos

  3   que vous a montrées le Procureur ?

  4   Témoin R (interprétation). - Toutes ces photographies montrent

  5   que pratiquement

  6  

  7   toutes les maisons musulmanes ont été brûlées.

  8   M. le Président. - Si vous avez des commentaires à faire, allez-

  9   y, parlez spontanément. Dites si vous avez vu toutes ces photos. De toute

 10   façon, elles sont versées dans le dossier du Tribunal. Ne vous inquiétez

 11   pas, elles seront versées comme pièces à conviction.

 12   Les avocats du général Blaskic ne les contestent pas. Avez-vous

 13   des choses à nous dire sur l'ensemble de ces photos ? Prenez votre temps

 14   si c'est nécessaire, ensuite nous les classerons comme pièces à

 15   conviction. Allez-y, exprimez-vous !

 16   Témoin R (interprétation). - Au fond, il en ressort clairement

 17   que toutes ces maisons ont été minées, d'autres ont été brûlées,

 18   incendiées. Je ne saurais pas quoi ajouter de plus. Il s'agit des maisons

 19   musulmanes, comme tout le monde l'a bien remarqué, les photographies le

 20   prouvent. On voit que les maisons croates sont restées sur place. Je ne

 21   pense pas que j'aie à ajouter quoi que ce soit.

 22   M. le Président. - Je me tourne vers la défense. Vous n'avez pas

 23   de contestation sur ces photos qui vont être versées comme pièces à

 24   conviction ? Maître Hayman ? Maître Nobilo ?

 25   M. Hayman (interprétation). - Pas d'objection, sous réserve bien


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  1   sûr qu'une date soit établie pour expliquer ce que ces photos sont censées

  2   représenter.

  3   M. le Président. - Une date peut-elle être apportée sur ces

  4   photos, monsieur Kehoe ?

  5   M. Kehoe (interprétation) - Est-ce la date à laquelle ces photos

  6   ont été prises ou la date des incendies ? Nous savons que les incendies se

  7   sont produits les 16, 17 et 18 et nous avons un témoin qui dira que

  8   jusqu'au 20 mai 1993 il y a eu des incendies. Ces photos ont été prises en

  9   mai 1996.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Nous accepterons qu'elles datent

 11   de mai 1996, sans argumentation. Pas d'objection.

 12   M. le Président. - Merci. Ces photos seront versées, ainsi que

 13   la carte, comme

 14  

 15   pièces à conviction. Avez-vous terminé votre interrogatoire,

 16   maître Kehoe ?

 17   M. Kehoe (interprétation) - Non, monsieur le Président, j'ai

 18   encore plusieurs questions à poser à propos de ces photographies qui

 19   semblent pertinentes.

 20   M. le Président. - Mais nous venons de les classer. Il n'y a

 21   plus lieu à débat. Le Tribunal s'estime informé. Je crois qu'il n'y a plus

 22   de questions sur ces photos, maître Kehoe. Il faut apprendre à faire

 23   autrement. Nous ne pouvons pas entrer totalement dans votre système. Le

 24   Tribunal est informé de ces photos, elles sont donc classées. Le témoin a

 25   eu tout loisir pour s'exprimer sur ces photos. La défense ne les conteste


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  1   pas. Je crois qu'il vaut mieux passer à une autre question.

  2   C'est indiqué sur le transcript. J'en assume la responsabilité.

  3   Passons à une autre question.

  4   Nous passons à une autre question.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, excusez-moi,

  6   mais le seul élément que je voudrais relever est que plusieurs maisons

  7   musulmanes étaient attaquées ce matin-là. Les Musulmans étaient évacués.

  8   Il y a maintenant des Croates qui vivent dans des maisons musulmanes.

  9   C’est le seul élément que je voulais relever. Il y a maintenant des

 10   Croates qui vivent dans des maisons dont ont été chassés les Musulmans.

 11   D’où l’intérêt de ces photographies, qui semblent importantes pour le

 12   Bureau du Procureur.

 13   M. le Président. - J’ai le sentiment que nous perdons beaucoup

 14   de temps. Un de mes collègues me fait signe qu’il accepte l’objection.

 15   Bien entendu je l’accepterai. Mais encore une fois, je crois que nous

 16   perdons beaucoup de temps. Je le dis et le redis.

 17   Maître Nobilo ?

 18   M. Nobilo (interprétation). - Pour ce qui est de la défense,

 19   nous acceptons donc que « les Croates habitent les maisons qui étaient

 20   avant les maisons musulmanes ».

 21   M. le Président. - L’objection est levée. Je maintiens la

 22   décision. Vous passez à une

 23  

 24   autre question, maître Kehoe.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Oui, monsieur le Président.


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  1   Le lot suivant de photographies comporte des photographies que

  2   j’aimerais verser au dossier pour confirmer l’identité. Pour ce faire,

  3   j’aimerais passer à huis clos, monsieur le Président, si c’est possible,

  4   afin de ne pas dévoiler l’identité de telle ou telle personne.

  5   M. le Président. - Nous passons en huis clos partiel.

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 16   (L’audience se poursuit en huis clos partiel)

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 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21  

 22   (L’audience se poursuit en audience publique.)

 23   M. le Président. - Allez-y, nous sommes en audience publique.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Témoin R, en conclusion, après le

 25   16 avril 1993, vos parents ont été tués et vous avez pratiquement perdu


Page 4969

  1   tout ce qui vous appartenait également ?

  2   Témoin R (interprétation). - Oui, oui.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, messieurs

  4   les Juges, je n’ai plus de question à poser au témoin.

  5   Excusez-moi, mon collègue me rappelle que si je ne l’avais pas

  6   encore fait, je demanderais le versement au dossier des pièces 161 à 166.

  7   Je pense qu’il y a une stipulation à un accord s’agissant des pièces 164

  8   et 165.

  9   M. Hayman (interprétation). - La seule objection que j’aurai,

 10   monsieur le Président, porte sur la pièce à conviction 166/1. C’est la

 11   photographie du canon antiaérien. Nous n'y faisons pas objection en tant

 12   que photographie représentant un canon, que le témoin a reconnu, mais

 13   Me Kehoe a essayé d’établir un lien avec le lieu particulier où ce canon

 14   est photographié, alors que cette photographie ne comporte pas de date.

 15   Nous ignorons en quel mois et quelle année elle a été prise. Tant que

 16   cette date n’est pas établie, nous élevons une objection à l’encontre de

 17   cette photographie.

 18   M. le Président. - Comment voulez-vous que nous levions cette

 19   objection. C’est à vous, en me disant la date de la prise de cette

 20   photographie, qui semble être contemporaine des événements, puisqu’elle a

 21   été prise par le régiment Cheshire.

 22   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président,

 23   effectivement ce sont des soldats du régiment Cheshire qui ont fourni

 24   cette photographie. Le témoin a reconnu cette photo et a indiqué que cela

 25   se passait devant l’hôtel Vitez. Cette photo a été prise avant le 16 avril


Page 4970

  1   1993.

  2  

  3   M. Hayman (interprétation). - Nous aimerions interroger le

  4   témoin sur ce point, monsieur le Président. Il ne nous suffit pas que le

  5   Procureur l’affirme.

  6   M. le Président. - Maître Hayman, j’avoue ne pas vouloir rentrer

  7   dans cela. Vous ferez ce que vous voudrez quand vous interrogerez le

  8   témoin. Vous l’interrogerez par le biais de toutes les questions que vous

  9   souhaitez.

 10   Le Procureur, me semble-t-il, vient de vous répondre. Nous avons

 11   l’auteur de la photographie, nous avons les événements et les lieux. Je

 12   vais reprendre cette notion internationalement reconnue sur le plan

 13   judiciaire : le Tribunal s’estime informé, Maître Hayman. Je regrette

 14   d’avoir à le dire et désormais, je le dirai aussi souvent que nécessaire.

 15   Maintenant, vous poserez les questions que vous voudrez au

 16   témoin, il est prêt à écouter vos questions. A priori, cette pièce sera

 17   versée comme pièce à conviction, avec toutes les précisions apportées par

 18   Me Kehoe.

 19   Maintenant, Maître Hayman, si à travers vos questions, vous

 20   apportez des informations supplémentaires, cela ne sera qu’un surcroît

 21   d’informations dont disposeront les juges.

 22   Vous pouvez passer au contre-interrogatoire. Est-ce Me Nobilo ou

 23   Me Hayman qui procède ?

 24   M. Hayman (interprétation). - Ce sera Me Nobilo, monsieur le

 25   Président. Mais nous ne pouvons pas poser de questions au témoin à propos


Page 4971

  1   de cette photographie parce qu’il ignore à quel moment il a été prise ou

  2   qui l’a prise. Nous ne pouvons interroger que Me Kehoe.

  3   M. le Président. - L’incident a été réglé, maître Hayman. Vous

  4   poserez les questions que vous voulez au témoin. Le Procureur vous a

  5   répondu. J’ai pour ma part indiqué que le Tribunal est suffisamment

  6   informé et qu’il verse cette photo comme pièce à conviction, avec les

  7   éléments d’identification qui y ont été apportés. L’incident est clos pour

  8   la deuxième fois.

  9  

 10   Maître Nobilo, vous passez au contre-interrogatoire.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Merci, monsieur le Président.

 12   Bonjour, monsieur R.

 13   Témoin R (interprétation). - Bonjour.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Je m'appelle Anto Nobilo et avec

 15   mon collègue, Me Hayman, nous défendons le général Blaskic. Nous allons

 16   maintenant vous poser quelques questions, uniquement les plus importantes,

 17   à titre d'éclaircissement.

 18   Nous avons vu des photos aériennes de Donja Veceriska, mais ces

 19   photos ne sont pas absolument évidentes. Pouvez-vous nous expliquer si

 20   Donja Veceriska se situe sur une colline au-dessus de l’usine SPS ?

 21   Témoin R (interprétation). - Un peu sur la colline, mais pas

 22   tout à fait.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Est-elle mitoyenne de la clôture

 24   de l’usine SPS ?

 25   Témoin R (interprétation). - Oui, effectivement.


Page 4972

  1   M. Nobilo (interprétation). - Le village de Gacice, se trouve-t-

  2   il également sur la colline ? Est-il également mitoyen avec la même

  3   usine ?

  4   Témoin R (interprétation). - Le village de Gacice est de l’autre

  5   côté.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Avant le conflit, combien y avait-

  7   il d’habitants à Donja Veceriska ?

  8   Témoin R (interprétation). - Deux cents à trois cents personnes,

  9   à peu près.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Deux cents ou trois cents d’une

 11   même famille ?

 12   Témoin R (interprétation). - Le plus probablement.

 13   M. Nobilo (interprétation). - La proportion des Musulmans et des

 14   Croates, quelle était-elle ?

 15   Témoin R (interprétation). - A peu près 60 % de Musulmans.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Dans quel sens ?

 17   Témoin R (interprétation). - La proportion était à peu près de

 18   60/40.

 19  

 20   M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites deux cents à

 21   trois cents familles, cela veut dire deux cents ou trois cents maisons à

 22   Donja Veceriska ?

 23   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas le nombre exact,

 24   mais c’est peu près ce que j’ai dit.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que des réfugiés musulmans


Page 4973

  1   d’autres villages sont arrivés dans votre village ?

  2   Témoin R (interprétation). - Oui.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Avant le conflit ?

  4   Témoin R (interprétation). - De Jajce, de Karaule.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le fait que parmi les

  6   réfugiés, il y avait 29 membres des Forces armées est exact ?

  7   Témoin R (interprétation). - Je ne le sais pas.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Parmi les Musulmans, combien y

  9   avait-il de membres des Forces armées ?

 10   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas exactement, mais

 11   très peu.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Vous ne seriez pas d’accord avec

 13   moi si je vous disais qu’il y avait 128 conscrits parmi les Musulmans à

 14   Donja Veceriska ?

 15   Témoin R (interprétation). - Non.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Avant le conflit, aviez-vous des

 17   tranchées creusées autour de vos maisons, dans le village ?

 18   Témoin R (interprétation). - Non.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Qui est-ce qui commandait les

 20   soldats Musulmans à Donja Veceriska ?

 21   Témoin R (interprétation). - J’ignore qui était le commandant,

 22   mais je sais qu’il existait, qu’il y avait un commandant.

 23  

 24   M. Nobilo (interprétation). - Connaissiez-vous Memsur Haskic,

 25   fils de Midhat Haskic ?


Page 4974

  1   Témoin R (interprétation). - Oui.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Etait-il commandant?

  3   Témoin R (interprétation). - Non.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Connaissez-vous Sulejman Ali

  5   Kalco ?

  6   Témoin R (interprétation). - Oui.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Quelle était sa fonction ?

  8   Témoin R (interprétation). - Il ne vivait même pas là-bas ?

  9   M. Nobilo (interprétation). - Et à Donja Veceriska, avait-il une

 10   fonction ?

 11   Témoin R (interprétation). - Non.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que l’élément dont je

 13   dispose, à savoir que les frères Cazim, Midhat et autres membres de cette

 14   famille avaient une mitrailleuse lourde ?

 15   Témoin R (interprétation). - Non.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Une mitrailleuse M84, dix fusils

 17   automatiques, deux fusils de chasse, dix revolvers dans leur maison ?

 18   Témoin R (interprétation). - Non.

 19   M. Nobilo (interprétation). - A la télévision, cette conférence

 20   de presse que vous avez vue la veille du conflit, en connaissiez-vous le

 21   thème ? Savez-vous pourquoi elle avait été convoquée ?

 22   Témoin R (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement,

 23   mais je sais qu’effectivement il y avait une télévision de Vitez. Je ne me

 24   souviens pas exactement quel était le thème débattu. Je ne peux pas m’en

 25   souvenir exactement.


Page 4975

  1   M. Nobilo (interprétation). - Donc vous ne savez pas quoi était

  2   consacrée l’émission, de quels événements elle discutait ?

  3  

  4   Témoin R (interprétation). - Non.

  5   M. Nobilo (interprétation). - A la veille du conflit, vous étiez

  6   civil ?

  7   Témoin R (interprétation). - Oui.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Témoin R, avez-vous donné au

  9   service de sécurité de l’Etat, à Zenica, une déclaration le 23 avril

 10   1993 ?

 11   Témoin R (interprétation). - Oui.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Dans cette déclaration, est-il

 13   écrit la phrase suivante : « J’étais membre de l’armée de la Bosnie-

 14   Herzégovine jusqu’à l’éclatement en Bosnie-Herzégovine, et ce jusqu’au

 15   16 avril 1993. »

 16   Témoin R (interprétation). - En ce qui concerne les événements

 17   de Donja Veceriska, je ne n’aurais jamais dit que c’était un conflit. Je

 18   n’étais absolument pas dans l’armée.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous dit cela au service de

 20   sécurité de l’Etat ?

 21   Témoin R (interprétation). - Je ne m’en souviens pas.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, avec votre

 23   permission, j’aimerais montrer le document original du service de sécurité

 24   de Zenica qui comporte la signature du Témoin R.

 25   Je demanderai au témoin de nous confirmer qu'il s'agit de sa


Page 4976

  1   signature et que la dernière phrase qui dit "Pour l'instant, je n'ai rien

  2   d'autre à dire sur ces événements, j'ai dicté personnellement cette

  3   déclaration et tout ce qu'elle contient, je confirme que ce qui est

  4   confirmé par ma signature est authentique" est fidèle à la réalité.

  5   J'aimerais lui montrer ce document et sa signature pour confirmation de la

  6   signature et de l'authenticité. Nous avons reçu ce document du procureur.

  7   M. le Président. - J'allais poser cette question. Ce document

  8   émane du procureur ? Vous êtes d'accord maître Kehoe ?

  9  

 10   M. Kehoe (interprétation) - Je ne suis pas sûr pour ce document,

 11   mais si c'est ce que dit le conseil de la défense, je le crois. J'ai une

 12   interprétation en anglais de la version bosniaque, mais je crois la parole

 13   de mon collègue.

 14   M. le Président. - Témoin R, il est tout à fait normal que le

 15   conseil de la défense vous présente des documents. Cela fait partie du

 16   contre-interrogatoire. Allez-y, maître Nobilo, montrez-lui ce document.

 17   Vous avez surligné des passages. Ce sont des passages qui ont été

 18   retraduits en anglais ?

 19   M. Nobilo (interprétation). - C'est l'original en bosniaque,

 20   mais je tiens à montrer au témoin sa signature qui est apposée sur la

 21   dernière page de ce document. J'ai une traduction de ce document et

 22   j'aimerais demander au témoin s'il a bien signé et déclaré ce qui figure

 23   dans ce texte.

 24   Témoin R (interprétation). - Oui.

 25   (L'huissier remet à nouveau le document au greffier.)


Page 4977

  1   M. Nobilo (interprétation). - Témoin R, est-il exact que vous

  2   ayez dicté personnellement le contenu de cette déclaration ?

  3   Témoin R (interprétation). - C'est moi-même qui l'ai dicté. J'ai

  4   été très bouleversé par le fait que mes parents ont été tués. Je ne l'ai

  5   pas lu et je l'ai signé. Probablement que je l'ai dicté.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Vous l'avez dicté ?

  7   Témoin R (interprétation). - Oui.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Donc vous en restez à votre

  9   déclaration selon laquelle vous n'étiez pas membre de l'armée de Bosnie-

 10   Herzégovine au moment du conflit ?

 11   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir

 12   exactement. Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas conscient

 13   véritablement de ce qui m'est arrivé.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Au cours de l'interrogatoire

 15   principal, vous avez dit

 16  

 17   que les rapports étaient bons entre les Croates et les Musulmans, à

 18   l'intérieur du village. C'est ce que j'ai retenu.

 19   Témoin R (interprétation). - Oui, ils étaient excellents.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Et vous n'aviez pas vu

 21   d'accumulation d'armes entre les Croates et les Musulmans, au moment où il

 22   y a eu ces problèmes à l'entrée de Donja Veceriska et où trente Croates et

 23   trente Musulmans ont pris des positions les uns contre les autres ?

 24   M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, monsieur le Président !

 25   Je n'ai pas d'objection à ce que le conseil de la défense aborde ce sujet,


Page 4978

  1   mais si le contre-interrogatoire est limité au sujet de l'interrogatoire

  2   principal, ce sont des sujets que nous n'avons pas abordés. Si nous

  3   voulons restreindre les sujets...

  4   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, dans le

  5   cadre de l'interrogatoire principal -et je m'appuie sur l'interrogatoire

  6   principal- il a été dit qu'avant le conflit les rapports entre les gens

  7   étaient bons. Je parle d'un événement qui dit le contraire et qui date

  8   d'avant le conflit. Je pense donc rester à l'intérieur des limites de

  9   l'interrogatoire principal.

 10   M. le Président. - Abrégez, qu'on n'y reste pas trop longtemps.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Oui très brièvement. Est-il exact

 12   qu'au moment de ce problème avant le conflit, des Croates et des Musulmans

 13   ont accumulé des armes pour s'opposer les uns aux autres ?

 14   Témoin R (interprétation). - Non, il n'y a pas eu d'utilisation

 15   d'arme, mais simplement des discussions animées.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Avec des armes ?

 17   Témoin R (interprétation). - Non, pas avec des armes.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, monsieur R, je dois

 19   encore une fois vous soumettre la déclaration que vous avez faite aux

 20   enquêteurs du Tribunal, cette fois-ci, où vous

 21  

 22   dites -je cite- "Nous, cette vingtaine ou trentaine -vous pensez à des

 23   Musulmans- sommes venus aider les gardes. Les Croates nous ont dit

 24   d'enlever le drapeau et les deux parties ont créé des positions de

 25   combat".


Page 4979

  1   Témoin R (interprétation). - Personne n'a créé de position de

  2   combat. Ils se sont assis et nous avons discuté. Ils sont venus enlever le

  3   drapeau, ils ont enlevé le leur d'abord, ensuite ils sont venus enlever le

  4   nôtre aussi.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce ce que vous avez dit aux

  6   enquêteurs du bureau du procureur ? Avez-vous dit ce qui figure dans le

  7   texte que je viens de vous lire ?

  8   Témoin R (interprétation). - Pourriez-vous me le relire ?

  9   M. Nobilo (interprétation). - "Après le début de ces problèmes,

 10   nous une vingtaine ou une trentaine, sommes venus aider les gardes. Les

 11   Croates nous ont donné l'ordre d'enlever le drapeau bosniaque et des deux

 12   côtés des positions de combat ont été prises".

 13   Témoin R (interprétation). - Je ne me rappelle pas avoir dit

 14   exactement cela.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Donc ceci est également faux ?

 16   Témoin R (interprétation). - Je ne me rappelle pas.

 17   M. le Président. - Maître Nobilo, je crois que nous avions déjà

 18   réglé ce problème. Sur le fait que le témoin soit en contradiction, je

 19   comprends très bien que vous en fassiez des arguments pour vous, mais le

 20   Tribunal ne se laisse pas trop abuser par cela. Ce qui est important pour

 21   le Tribunal, c'est de savoir ce que le témoin nous dit aujourd'hui. Je

 22   n'ai pas la déclaration. Vous mettez en valeur la contradiction, c'est

 23   votre droit. Mais ce qui intéresse les juges -et je demande au témoin de

 24   nous regarder- c'est ce qu'il dit aujourd'hui.

 25   Vous avez le droit de lui souligner la contradiction, mais nous


Page 4980

  1   n'allons pas faire une enquête sur la contradiction. Nous n'allons pas

  2   enquêter sur les contradictions. Il y en aura toujours dans ces

  3   déclarations, ne serait-ce que parce que la déclaration a été prise.... en

  4   quelle année ? Pouvez-vous me donner la date de la déclaration devant les

  5   enquêteurs du bureau du

  6  

  7   Procureur ?

  8   M. Nobilo (interprétation). - En 1995.

  9   M. le Président. - Il y a donc deux ans. Posons la question au

 10   témoin pour qu'il nous réponde exactement aujourd'hui, où il est dans un

 11   état psychologique certainement différent. Il répondra aux juges.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Merci monsieur le Président. Je

 13   voulais, grâce à cette citation, rappeler au témoin ce qu'il a dit selon

 14   le souvenir qu'il en a, mais je pense qu'il importe également, pour

 15   vérifier la crédibilité du témoin, de voir s'il change son point de vue

 16   d'année en année. Mais nous en avons terminé sur ce sujet et nous pouvons

 17   passer à un autre thème.

 18   Les soldat qui sont arrivés à l'usine Slobodan Princip Seljo,

 19   l'usine militaire, étaient-ils de l'Herzégovine ?

 20   Témoin R (interprétation). - Oui.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Combien y en avait-il ?

 22   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas exactement.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Je veux encore une fois vous

 24   rappeler ce que vous avez dit aux enquêteurs. Vous avez dit qu'ils sont

 25   arrivés dans deux véhicules militaires, deux camions.


Page 4981

  1   Témoin R (interprétation). - Oui, mais ils sont arrivés dans le

  2   village de Donja Veceriska.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Vous dites qu'ils sont arrivés

  4   dans le village, qu'ils sont venus dans l'usine Slobodan Princip Seljo. Je

  5   répète que ces soldats sont arrivés dans l'usine Slobodan Princip Seljo.

  6   Ai-je bien retenu que vous avez dit au procureur que ces soldats ont

  7   apporté un canon antiaérien et que c'est celui-ci que vous avez identifié

  8   sur la photographie ?

  9   Témoin R (interprétation). - Ils sont passés par le village.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous citer à nouveau. Vous

 11   avez dit au bureau

 12  

 13   du procureur que ces soldats ont emmené avec eux un canon antiaérien

 14   équipé de trois canons, alors qu'ici vous parlez d'une arme qui n'a qu'un

 15   seul canon. C'est ce qu'on voit sur la photographie.

 16   Témoin R (interprétation). - Non, en fait il en a trois, mais

 17   comme ils sont en parallèle, on ne voit pas bien et on a l'impression

 18   qu'il n'y en a qu'un.

 19   M. Nobilo (interprétation). - A la veille de l'attaque du

 20   16 avril, existait-il des tensions dans le village ?

 21   Témoin R (interprétation). - Je n'en ai pas remarqué.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Aucune tension ?

 23   Témoin R (interprétation). - Aucune.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Mais lorsque vous avez vu des

 25   Croates attaquer des civils, pour vous ce n'était pas un signe de tension


Page 4982

  1   ou un signe prémonitoire ?

  2   Témoin R (interprétation). - Non, nous ne pensions pas du tout à

  3   ce qui risquait d'arriver.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Où se trouvaient votre épouse et

  5   vos enfants ce soir-là ?

  6   Témoin R (interprétation). - Ma femme et mon enfant se

  7   trouvaient à Zenica. Nous travaillions tous les deux à ce moment-là et

  8   elle était là-bas. Elle était partie.

  9   M. Nobilo (interprétation). - La veille ?

 10   Témoin R (interprétation). - Non, un peu avant.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Aviez-vous des patrouilles, des

 12   tours de garde avec les Musulmans du village ?

 13   Témoin R (interprétation). - Peut-être, mais je n'y participais

 14   pas.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant à cette

 16   explosion qui impliquait un enfant. Vous avez dit que vous aviez été

 17   touché par un morceau de béton à la poitrine. Si vous

 18  

 19   avez reconnu quelque soldat que ce soit, pouvez-vous donner les noms ?

 20   Témoin R (interprétation). - Mirko Franjic, Dragan Sapina,

 21   Vlado Franjic également. Je les ai reconnus.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Qui encore ?

 23   Témoin R (interprétation). - Semo Mosunj qui était masqué, mais

 24   je l'ai reconnu tout de même.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Drmic Vlado ?


Page 4983

  1   Témoin R (interprétation). - Il était là.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Slavko Franjic ?

  3   M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, monsieur le Président,

  4   cela va si vite que je n'obtiens pas l'interprétation des réponses. Je ne

  5   les obtiens pas.

  6   M. Hayman (interprétation). - Mais je les obtiens, moi, et je

  7   suppose que nous sommes sur le même canal.

  8   M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, les questions

  9   et réponses se succèdent rapidement et se chevauchent.

 10   M. Riad (interprétation). - Nous proposons simplement que vous

 11   disiez question et réponse, parce que parfois nous avons l'impression que

 12   c'est la même personne qui parle. Je parle aux interprètes.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Je vais essayer de ralentir un

 14   petit peu. Est-ce que Vlado Drmic était présent ?

 15   Témoin R (interprétation). - Oui.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Slavko Franjic ?

 17   Témoin R (interprétation). - Oui.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Anton Miskovic ?

 19   Témoin R (interprétation). - Oui.

 20  

 21   M. Nobilo (interprétation). - Slavko Miskovic ?

 22   Témoin R (interprétation). - Oui.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Zvonko Drmic ?

 24   Témoin R (interprétation). - Oui.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ce sont tous vos


Page 4984

  1   voisins ?

  2   Témoin R (interprétation). - Oui, tous.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déclaré qu'à un certain

  4   moment vous avez décidé de vous enfuir, en réponse aux questions de

  5   l'interrogatoire principal.

  6   Témoin R (interprétation). - Oui.

  7   M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais vous rappeler encore

  8   une fois le contenu de la déclaration que vous avez faite devant les

  9   membres du service de sécurité de l'Etat. Vous avez déclaré, quand vous

 10   avez vu ces gens-là -je cite- : "Ils nous ont laissé passer, nous avons

 11   couru vers les hameaux musulmans, dans la montagne". Est-ce eux qui vous

 12   ont laissé passer ou avez-vous décidé de fuir ?

 13   Témoin R (interprétation). - J'ai dit que c'est lorsque nous

 14   nous sommes trouvés sur la route devant la maison que nous avons décidé de

 15   nous enfuir.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Et quand ils vous ont vus, ils

 17   vous ont laissé passer ?

 18   Témoin R (interprétation). - Ils ont dit qu'il fallait que nous

 19   mettions les mains sur la tête. Ils nous ont insultés quand nous sommes

 20   sortis. C'est après que j'ai traversé.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit avoir rencontré

 22   cinquante soldats portant les emblèmes du HVO, du HV et le U, en réponse

 23   aux questions de l'interrogatoire principal.

 24   Témoin R (interprétation). - Oui.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous dire ce que vous avez


Page 4985

  1   dit lors de votre déclaration devant les services de sécurité. Je cite :

  2   "Nous sommes sortis sur la route à côté

  3  

  4   d'une maison où se trouvaient une trentaine d'hommes en uniformes, membres

  5   du HVO. Certains d'entre eux portaient la lettre U sur leur calot, avec le

  6   damier entremêlé à la lettre. Ils nous ont laissé passer".

  7   Là, vous ne parlez pas du HV, mais que du HVO ?

  8   Témoin R (interprétation). - Il y avait aussi des soldats du HVO

  9   et du HV.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit qu'Ervedina Haskic

 11   vous a appelé, que son père était mort sous le coup d'une explosion.

 12   Témoin R (interprétation). - Oui.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire comment

 14   cette explosion s'est produite ? Comment il est mort ?

 15   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas, je n'étais pas sur

 16   les lieux, mais c'est de la route que j'ai vu ce qui s'est passé, à une

 17   certaine distance.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Mais vous a-t-elle dit comment son

 19   père était mort ?

 20   Témoin R (interprétation). - Non.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous donner lecture de ce

 22   que vous avez dit aux enquêteurs du service de sécurité.

 23   Quand je parle de service de sécurité, je parle de service de

 24   sécurité du gouvernement bosniaque de Zenica.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Je continue donc la lecture. (expurgé)


Page 4986

  1   (expurgé)

  2   (expurgé)

  3   (expurgé)

  4   Témoin R (interprétation). - Oui.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Quand (expurgé) a tiré vers vous,

  6   vous avez dit à l'enquêteur que vous ne saviez pas ce qu'il vous avait

  7   dit.

  8   Témoin R (interprétation). - C'est vrai, je n'ai pas bien

  9   compris. Il est parti.

 10  

 11   M. Nobilo (interprétation). - Je vais donc vous rappeler ce que

 12   vous avez dit aux enquêteurs du service de sécurité.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi. Quand il y a un

 14   passage d'un document, je demanderai de lire d'abord exactement ce qui

 15   figure dans le document. Le deuxième élément, ce qui est encore plus

 16   important, je demanderai qu'il ne dise pas de noms permettant d'identifier

 17   le témoin, comme mon collègue vient de le faire.

 18   Donc à l'avenir, pour les autres citations, s'il existe un

 19   élément d'identification particulier dans la situation... Vous savez,

 20   c'est un village extrêmement petit. Les surnoms sont connus de tous et il

 21   est facile d'identifier les gens. Je demanderai donc aux conseils d'éviter

 22   l'utilisation de noms propres.

 23   M. le Président. - Vous préférez faire une session privée ? Nous

 24   allons d'ailleurs arriver à la pause. Préférez-vous que nous fonctionnions

 25   en session à huis clos partiel ? C’est peut-être préférable, ce qui mettra


Page 4987

  1   plus à l'aise...

  2   M. Nobilo (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

  3   Il s'agit juste d'une phrase, si vous me le permettez, pour

  4   attirer votre attention sur le fait qu'il faudrait effacer la partie du

  5   compte rendu de l'interrogatoire.

  6   M. le Président. - Régulièrement, s'il quelque chose m’échappe,

  7   cela m'est immédiatement signalé par M. le greffier et je demande que les

  8   services techniques puissent l'effacer du transcript. Nous allons arriver

  9   à la pause. Vous voulez poser votre dernière question avant la pause,

 10   Maître Nobilo, en ayant bien garde quand vous citez des noms car il s'agit

 11   d'un village minuscule. Allez-y.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, celui qui avait

 13   mis le fusil à votre encontre, vous a injurié. Il a dit : « Tu ne vas pas

 14   tuer tel et tel. » Il l'a dit, il s'est retourné et il est parti.

 15   Monsieur le Président, si vous êtes d'accord, nous pouvons

 16   suspendre la séance.

 17  

 18   M. le Président. - Je vois que le Procureur a une objection à

 19   faire sur cette question.

 20   M. Kehoe (interprétation). - Je pose une question : nous sommes

 21   à huis clos partiel dans le cadre de la dernière question ?

 22   M. le Président. - Pas du tout.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je ne tiens

 24   pas exagérément à mettre l'accent sur ce point, mais c'est exactement le

 25   problème qui se pose.


Page 4988

  1   M. le Président. - Nous allons procéder, Monsieur le greffier, à

  2   l'occultation de ce passage, en tout cas du ou des noms qui ont été

  3   prononcés dans le transcript.

  4   M. Dubuisson. - Oui, bien sûr.

  5   M. le Président. - Je ne vois pas d'autre solution. Cela étant,

  6   je suis tout à fait sensible, ainsi que mes collègues à ces impératifs de

  7   protection et de sécurité. Je demanderai aux conseils de la défense d'y

  8   faire particulièrement attention et, au besoin, n'hésitez pas à demander

  9   une session à huis clos partiel.

 10   Maître Kehoe, encore une observation ? Allez-y.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Lorsque

 12   le conseil de la défense tient à citer des parties de déclaration écrite,

 13   je le prierai de bien vouloir nous indiquer la ligne, la page de cette

 14   citation, car s'il entend poser une question particulièrement nocive et

 15   s'il ne me dit pas quelle page il cite, il m'est difficile de retrouver le

 16   passage. Je demanderai au conseil de la défense de bien vouloir prêter

 17   attention à cet élément et de ne pas citer d'élément d'identification.

 18   M. Hayman (interprétation). - Nous pouvons le faire, Monsieur le

 19   Président, mais mon collègue travaille sur la déclaration originale signée

 20   en langue bosno-croate. Si cela peut aider mon collègue de la partie

 21   adverse, Me Nobilo peut lui fournir ce document, mais je doute que cela

 22   l'aide beaucoup.

 23  

 24   M. le Président. - Il ne s'agit pas du document, Maître Hayman.

 25   Je crois que ce que demande le Procureur, c'est simplement que lorsque


Page 4989

  1   Me Nobilo cite un passage de document, qu'il dise, ne serait-ce

  2   qu'approximativement : "dans ce document, il s'agit de la page 3 vers le

  3   milieu de la page." C'est peut-être possible de le faire. Je crois que

  4   tout le monde a besoin d'une pause. Nous reprenons à 11 heures 40.

  5  

  6   L’audience, suspendue à 11 heures 20, est reprise à 11 heures 45.

  7  

  8   (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.)

  9   M. le Président. - L’audience est reprise, introduisez l’accusé.

 10   (L’accusé est introduit dans la salle d’audience.)

 11   M. le Président. - Bien, nous allons poursuivre. Témoin R, vous

 12   vous êtes reposé, vous êtes détendu ?

 13   Témoin R (interprétation). - Oui, oui.

 14   M. le Président. - Maître Nobilo.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Merci, monsieur le Président.

 16   Témoin R, est-il exact que vous êtes arrivé dans la cuisine d’été de Meho

 17   Haskic ?

 18   Témoin R (interprétation). - De Mahmut Haskic.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Oui, de Mahmut Haskic. Qui est-ce

 20   qui se trouvait à cet endroit-là ?

 21   Témoin R (interprétation). - Beaucoup de femmes et d'enfants.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Des hommes ?

 23  

 24   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir combien

 25   d’hommes, mais je pense qu’il avait le mari de Nevza.


Page 4990

  1   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous me dire, je vais lire

  2   votre déclaration au Procureur...

  3   M. le Président. - Je vous rappelle que nous sommes en audience

  4   publique.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Oui, absolument, cela ne posera

  6   pas de problème. Nous serons vigilants.

  7   M. le Président. - Que recherchez-vous, Maître Nobilo ? Je

  8   voudrais vous poser les mêmes questions qu’à l’accusation. Je voudrais

  9   savoir quel est l’objectif de ce long interrogatoire sur un document en

 10   serbo-bosniaque devant les services de sécurité.

 11   Nous l’avons déjà dit au début du procès, nous ne faisons pas

 12   d’enquête sur des enquêtes. Nous ne sommes pas des enquêteurs, des supers

 13   enquêteurs. Les juges sont chargés de juger le crime contre l'humanité

 14   reproché au général Blaskic. Votre droit consiste à mettre en jeu la

 15   crédibilité du témoin, mais essayez d’aller à l’essentiel.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous l’expliquer. D’une

 17   certain façon, notre objectif consiste à remettre en cause la crédibilité

 18   de ce témoin, mais ce n’est pas l’objectif principal, c’est plutôt un

 19   objectif secondaire.

 20   Quant à ce que vous venez de me demander, je dirai très

 21   franchement que ce témoin a sauté deux jours et demi de combat entre

 22   l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, dans son village. Il a menti en

 23   disant que tout le village avait brûlé. Il n’y a pas plus de 10 % des

 24   maisons qui ont brûlé dans son village, en raison des combats.

 25   Voilà le genre de choses que nous voulons montrer. Il n’y a pas


Page 4991

  1   eu d’attaques contre des civils, contre des objectifs civils, dans le sens

  2   d’une volonté de détruire ces bâtiments, mais il y a eu des combats qui se

  3   sont déroulés dans le village en question. Or ce témoin nous parle d’une

  4   certaine façon et, en réponse aux questions de l’interrogatoire principal,

  5   il a sauté pas mal

  6  

  7   de choses qu’il avait stipulées dans une déclaration préalable. C’est

  8   pourquoi nous voulons confirmation.

  9   M. le Président. - Merci d’avoir apporté cette réponse. Vous

 10   continuez, mais vous allez bien à l’essentiel. Je préfère que les choses

 11   soient claires. Il n’a que le mot « menti » que je souhaiterais que vous

 12   retiriez, simplement par correction et par courtoisie envers des témoins

 13   qui, je vous le rappelle, ont de toute façon beaucoup souffert. Vous

 14   retirez le mot « menti » et vous dites plutôt que vous mettez en jeu la

 15   crédibilité du témoin.

 16   Maintenant, vous allez directement aux questions et pas par des

 17   chemins de traverse qui font perdre beaucoup de temps.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, la seule

 19   chose que je voudrais demander, encore une fois, c’est que le conseil de

 20   la partie adverse fasse référence au passage du document dont il donne

 21   lecture, à la page.

 22   M. le Président. - En effet, mais il n’a pas encore commencé.

 23   Laissez le commencer, maître Kehoe. Allez-y.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Bien. A côté de la cuisine d’été

 25   de Haskic, y avait-il une ligne de front entre le HVO et la défense


Page 4992

  1   territoriale ?

  2   Témoin R (interprétation). - Non, ce n’était pas une ligne

  3   classique de front. Il fallait donc qu’il défende sa propre vie, celle des

  4   enfants car nous aurions vécu exactement la même chose, nous aurions subi

  5   le même sort.

  6   M. Nobilo (interprétation). - A côté de la cuisine d’été de

  7   Haskic, il y a eu une résistance armée de la part de la défense

  8   territoriale ?

  9   Témoin R (interprétation). - Nous aurions vécu la même chose si

 10   cela n’avait pas eu lieu. Je ne suis pas d’accord avec le fait que vous

 11   disiez que seulement 10 % du village ont été brûlés. En effet, la

 12   photographie le prouve, il y a beaucoup plus de maisons qui ont été

 13   brûlées. Pratiquement toutes les maisons musulmanes ont été incendiées.

 14   Huit civils ont été tués.

 15  

 16   Or, vous dites que non.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Nous reviendrons sur ces sujets,

 18   mais pouvez-vous me donner une réponse directe. A côté de la cuisine d’été

 19   de Haskic, y a-t-il eu une résistance armée ?

 20   Témoin R (interprétation). - A côté de la cuisine d’été, je ne

 21   sais pas.

 22   (Les conseils de la défense se consultent.)

 23   M. Nobilo (interprétation). - Je vais lire un passage de la

 24   déclaration en croate, page 5.

 25   Je cite : « à côté de la cuisine d’été, une ligne de front a été


Page 4993

  1   créée... »

  2   M. le Président. - S’il s’agit du document remis par le greffe,

  3   celui-ci se termine à la page 4.

  4   L'interprète. - La numérotation des pages en traduction ne

  5   correspondent pas.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Je lis un extrait de la

  7   déclaration qui a été faite aux enquêteurs du Bureau du Procureur. Nous

  8   avons deux déclarations.

  9   M. le Président. - Allez-y.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Je cite : « à côté de la cuisine a

 11   été créée une ligne de front entre le HVO et la défense territoriale.

 12   Puisque nous étions si près de la ligne de front, nous savions que nous ne

 13   pouvions pas rester dans cette cuisine. » (Fin de citation). Est-ce cela

 14   que vous avez dit aux enquêteurs du Bureau du Procureur du Tribunal de

 15   La Haye ?

 16   Témoin R (interprétation). - Nous ne pouvions pas véritablement

 17   résister car il y avait une artillerie sur la cuisine qui était très

 18   puissante. Par conséquent, nous étions obligés de sortir de la cuisine et

 19   de traverser pour entrer dans une autre maison.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Je vous prierais de bien vouloir

 21   répondre à ma question. Avez-vous dit, aux enquêteurs du Tribunal, ce que

 22   je viens de lire ? Vous ne m’avez pas répondu.

 23  

 24   M. le Président. - Maître Nobilo -Maître Kehoe, je n’ai pas

 25   besoin de votre aide-, je ne suis pas du tout d’accord. Cela fait trois


Page 4994

  1   fois qu’on pose la question sur la ligne du front près de la cuisine en

  2   question. Le témoin vous a répondu. Vous ferez avec cette réponse. Donc

  3   vous passez à une autre question. Nous n’allons pas passer tout le contre-

  4   interrogatoire sur la ligne de front. Vous avez très bien marqué vos

  5   objectifs.

  6   Il y a eu des combats. Pour des raisons, qui sont les siennes,

  7   le témoin les a occultés dans sa déclaration. C’est tout à fait votre

  8   droit de les mettre en valeur. Maintenant, nous arrêtons sur la ligne de

  9   front. Il vous a répondu.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Nous allons passer à un autre

 11   sujet, mais la cuisine d’été a souvent été évoquée et les combats ont duré

 12   plus de deux jours.

 13   M. le Président. - Vous l’avez noté. Le Tribunal le sait. Il y a

 14   des transcripts, il y a les pièces, il y a les documents. Il y aura tout.

 15   Quand nous délibérerons, nous aurons des milliers et des milliers de

 16   documents. Faites confiance aux juges. Passez à une autre question, s’il

 17   vous plaît.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Quand vous êtes sorti de la

 19   cuisine d’été, est-ce que vous êtes entré dans la maison de Meho Haskic et

 20   de ses deux fils : Semir et un autre ?

 21   Témoin R (interprétation). - De la cuisine de Mahmut Haskic,

 22   nous sommes allés de l’autre côté, nous avons traversé vers la maison de

 23   Haskic qui avait une cave où il y avait de l’eau.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu’il y a eu une résistance

 25   armée en ce lieu ?


Page 4995

  1   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir s’il y

  2   avait de la résistance ou non parce que j’étais dans la cave et je ne

  3   voyais pas.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire encore un

  5   passage de la déclaration que vous avez faite aux enquêteurs. Ce passage

  6   se trouve au milieu de la page 3.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Quels enquêteurs ?

  8  

  9   M. Nobilo (interprétation). - Les enquêteurs du Tribunal de

 10   La Haye, déclaration page 3, tout à fait au milieu.

 11   Nous pouvons essayer en anglais aussi. Je cite : « Nous y avons

 12   trouvé Meho et ses deux frères, Marhmut et Semir, ainsi que Mirso et Menso

 13   qui essayaient de s'opposer à l’attaque et de nous protéger. Nous y sommes

 14   restés environ trois heures en nous abritant des obus. »

 15   M. Hayman (interprétation). - « qui résistait à l’attaque et

 16   tentait de nous protéger. »

 17   M. Nobilo (interprétation). - Oui, « qui résistait à l’attaque

 18   et tentait de nous protéger. » Est-il exact que vous ayez dit cela ?

 19   Témoin R (interprétation). - Je ne m'en souviens pas exactement.

 20   Si, j’ai dit, comme cela : « je me trouvais dans la cave, il y avait

 21   beaucoup de femmes, beaucoup d’enfants, beaucoup de cris, des

 22   hurlements... Pendant une heure, plus de 40 obus sont tombés sur la

 23   maison. »

 24   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que Midhat Haskic était

 25   avec vous ?


Page 4996

  1   Témoin R (interprétation). - Il y avait beaucoup de personnes,

  2   je ne peux pas savoir exactement.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Midhat Haskic est-il mort, entre-

  4   temps ? Le savez-vous ?

  5   Témoin R (interprétation). - Je sais qu’il est mort après la

  6   guerre.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Est-il exact que vous êtes alors

  8   parti dans la maison de Besa Zlotrg ?

  9   Témoin R (interprétation). - Nous avons tous su où se trouvait

 10   la maison de Zlotrg Besa, mais on attendait la nuit pour traverser la

 11   colline. Soi-disant la colline où se trouvait non seulement sa propre

 12   maison, mais d’autres maisons. Nous n’étions pas véritablement en forme,

 13  

 14   nous étions tous épuisés. Nous nous sommes répartis pour pouvoir sortir

 15   dans la nuit.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Pouvons-nous en conclure que, le

 17   16, vous étiez bien dans les endroits que nous venons d’évoquer ?

 18   Témoin R (interprétation). - Oui.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Le 17, ou même dans la nuit du 16

 20   au 17, est-il exact que vous êtes parti sur la colline ?

 21   Témoin R (interprétation). - Oui.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Je vais encore vous donner lecture

 23   de la déclaration, toujours page 3, « Déclaration aux enquêteurs du

 24   Tribunal de La Haye ». Avez-vous dit que les villageois de la colline

 25   avaient créé une ligne de défense, même s’ils n’avaient pas beaucoup


Page 4997

  1   d’armes, et que cette ligne a été maintenue cette nuit-là, le lendemain et

  2   la nuit d’après; et que c’est seulement à l’aube du 18 avril, à 3 heures

  3   du matin, que la FORPRONU est venue chercher les blessés ? Est-ce exact ?

  4   Témoin R (interprétation). - Il n’y avait aucune ligne. Si l’on

  5   considère que la maison est une ligne, c’est autre chose. Il y avait un

  6   cessez-le-feu, donc le silence. Nous avons passé effectivement la journée

  7   entière, et ce n’est que le soir, dans la nuit plutôt, entre le 17 et le

  8   18, vers 3 heures du matin, que nous sommes sortis.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le HVO est entré dans

 10   le village, le 16 ? Est-ce bien le 16 qu’il est entré dans votre partie du

 11   village ?

 12   Témoin R (interprétation). - Oui, effectivement, il est entré

 13   le 16.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Et quand est-il parvenu à entrer

 15   dans la deuxième partie du village, la deuxième moitié ?

 16   Témoin R (interprétation). - Le 18 avril. Nous avons regardé

 17   tout cela depuis la base de la FORPRONU, en bas du village.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Donc, c’est le 18 que le HVO est

 19   arrivé sur la

 20  

 21   colline ?

 22   Témoin R (interprétation). - Ils sont rentrés un peu avant, mais

 23   nous le savions déjà.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous participé aux combats, à

 25   quelque moment que ce soit ?


Page 4998

  1   Témoin R (interprétation). - Non.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Je vais encore vous lire un

  3   passage... Nous cherchons dans la version anglaise... Dans la deuxième

  4   déclaration, page 4, je cite : « à un certain moment, j’ai dû apporter de

  5   l’aide à la défense territoriale parce qu’un de ses membres était blessé.

  6   C’était un réfugié de Karaula. » Avez-vous dit cela aux enquêteurs ?

  7   Témoin R (interprétation). - Je ne crois pas l’avoir dit.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Dans la deuxième déclaration que

  9   vous avez faite aux enquêteurs du Tribunal, page 4, vous dites : « j’ai

 10   saisi un fusil ».

 11   Témoin R (interprétation). - Non, je n’ai jamais saisi de fusil,

 12   car j’étais dans un état... Je ne savais même plus où j’étais. Tout me

 13   dépassait.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi si, après ce conflit, la

 15   FORPRONU est venue pour évacuer les blessés.

 16   Témoin R (interprétation). - Oui. Ils sont arrivés, et nous

 17   étions heureux car nous pensions qu’ils allaient nous sauver. Mais ils ont

 18   tout simplement ramassé ceux qui étaient blessés.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Combien y avait-il de Musulmans

 20   armés ?

 21   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas exactement le

 22   chiffre.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Aux enquêteurs du Tribunal de La

 24   Haye, vous avez dit qu’il y avait 40 à 50 fusils.

 25   Témoin R (interprétation). - Non, je n’ai pas dit « entre 40 et


Page 4999

  1   50 fusils ».

  2  

  3   M. Nobilo (interprétation). - Toujours dans la deuxième

  4   déclaration, page 4, il est écrit, je cite : « nous n’avions que 40 à 50

  5   fusils ».

  6   Témoin R (interprétation). - Mais non. Nous n’avions pas de

  7   fusils.

  8   M. Nobilo (interprétation). - L’avez-vous dit ?

  9   Témoin R (interprétation). - Je ne l’ai pas dit.

 10   M. le Président. - Attendez, je voudrais intervenir. Vous mettez

 11   en contradiction le témoin, et c’est tout à fait votre droit. Mais ce qui

 12   compte, pour les Juges, c’est, en fin de compte, la réalité du témoignage

 13   dans sa version finale. Alors, y avait-il 40 ou 50 fusils, témoin R ?

 14   Je sais que c’est un peu compliqué, mais là, c’est le Juge qui

 15   vous parle, et, par ma voix, mes collègues. Vous avez quand même fait une

 16   déclaration. On comprend que c’est important pour la défense. Vous êtes

 17   sous serment. Y avait-il 40, 50, ou pas de fusil du tout ?

 18   Témoin R (interprétation). - Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas

 19   de fusil, mais je n’ai pas qu’il y en avait entre 40 et 50. Je vous le

 20   dis, je ne savais même pas dans quel état j’étais, je ne savais pas où je

 21   me trouvais, ce que je faisais... Je ne pouvais pas compter les fusils,

 22   les hommes et le reste. Etant donné que la Bosnie-Herzégovine a été

 23   attaquée par l’agresseur serbe et monténégrin, les gens...

 24   M. le Président. - Nous ne sommes pas là pour apporter des

 25   justifications... Simplement, c’est un point précis : y avait-il des


Page 5000

  1   fusils ? Voilà, c’est tout ce que je pose comme question.

  2   Témoin R (interprétation). - Il y avait des fusils, mais pas le

  3   nombre dont vous parlez.

  4   M. le Président. - Continuez, Maître Nobilo.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Avant le repli, à l’aube du

  6   troisième jour, je cite la déclaration que vous avez faite aux enquêteurs

  7   du Bureau du Procureur du Tribunal : « la

  8  

  9   défense territoriale manquait de munitions, et c’est la raison pour

 10   laquelle les civils ont dû se retirer. Nous sommes restés sans arme, et

 11   les membres de la défense territoriale se sont retirés après les civils,

 12   qui sont partis aux environs de 1 ou 2 heures du matin, escortés par un

 13   véhicule de la FORPRONU.

 14   Les membres de la défense territoriale sont partis vers le

 15   village de Grbavica. Tous les membres de la défense territoriale étaient

 16   membres du village. Nous sommes allés vers l’usine SPS, où le HVO nous a

 17   tiré dessus ».

 18   M. Kehoe (interprétation). - Quelle page citez-vous ? Je demande

 19   au conseil de la défense quelle était la déclaration dont il nous lisait

 20   un extrait.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Page 4 de la déclaration du

 22   16 février 1995.

 23   Donc, je vous demande si, lorsque les munitions ont disparu, le

 24   troisième jour, vous vous êtes retirés; s’il est vrai que l’unité de la

 25   défense territoriale est partie vers Grbavica ?


Page 5001

  1   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas véritablement vous

  2   dire, je ne peux pas vous répondre concrètement. En ce qui concerne les

  3   munitions, les armes, je ne sais véritablement. Je n’y étais pas, mais je

  4   sais que j’étais devant la base, et je sais qu’on nous a aidés. On nous a

  5   plutôt offert le thé, le café, etc. Mais je ne sais pas où se trouvaient

  6   les munitions, et je ne sais pas si on a vu ce qu’il y avait comme

  7   munitions et comme armes.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous dit aux enquêteurs que

  9   la défense territoriale était partie vers Grbavica ?

 10   Témoin R (interprétation). - Je l’ai peut-être dit, mais je ne

 11   m’en souviens pas. 

 12   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous vu l’unité de la défense

 13   territoriale aller dans le sens de Grbavica, quand vous êtes allé vous-

 14   même vers la base de la Forpronu ?

 15   Témoin R (interprétation). - Non.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Il y a une erreur... Car c’est ma

 17   question qui figure comme étant une réponse, au procès-verbal, et la

 18   véritable réponse n’a pas été enregistrée. Ah,

 19  

 20   elle l’est maintenant. Bien.

 21   Pendant que vous alliez vers la base de la Forpronu, et qu’on

 22   vous tirait dessus à partir de l’usine, y avait-il de la lumière, faisait-

 23   il nuit, ou était-ce entre les deux ?

 24   Témoin R (interprétation). - Il y avait une colonne très longue,

 25   on pouvait bien distinguer que qu’on nous tirait dessus depuis la porte.


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  1   M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous dans quel sens on

  2   tirait ?

  3   Témoin R (interprétation). - On nous tirait dessus. Tout le

  4   monde hurlait, mais je sais que personne n'a véritablement été dans un

  5   état grave.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Vous ne savez pas quelle était la

  7   direction des tirs ?

  8   Témoin R (interprétation). - C'était la nuit. Je ne sais pas.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez vu des véhicules des

 10   Nations unies quand vous êtes arrivé vers la base des Nations unies ?

 11   Témoin R (interprétation). - Non, ils ne nous ont pas escortés,

 12   mais des gardes montaient. Il y avait le bataillon. Ils nous ont aperçus.

 13   Ils ont remarqué qu'un très grand groupe de personnes s'approchait. Ils

 14   ont donc allumé les lumières et c'est alors que nous nous sommes

 15   approchés.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déclaré que vous aviez

 17   été évacués à Zenica par les Nations unies et la Croix Rouge à partir de

 18   cette base. Dans votre groupe, ont-ils également évacué des civils qui

 19   venaient d'autres villages avoisinants ?

 20   Témoin R (interprétation). - Oui, de Stari Vitez, de Divjak

 21   également, après l'explosion.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Y avait-il des civils de Gacice ?

 23   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas s'il y avait des

 24   personnes de Gacice, mais je ne crois pas.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vos parents


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  1   avaient été enterrés à

  2  

  3   Stari Vitez. Dites-moi, les autres habitants de votre village ont-ils été

  4   enterrés au même endroit ?

  5   Témoin R (interprétation). - Oui, les huit qui ont été tués ont

  6   été enterrés à Stari Vitez.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Sur ces huit, en avez-vous vu un

  8   seul se faire tuer et dans quelles conditions ?

  9   Témoin R (interprétation). - Oui, Meho Haskic.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc vu Meho Haskic

 11   personnellement ?

 12   Témoin R (interprétation). - Oui, j'ai vu Meho Haskic quand il

 13   est tombé par terre.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire encore une

 15   partie de votre déclaration aux enquêteurs. Une phrase dit la chose

 16   suivante. Je cite : "Quand je me suis approché de la maison..."

 17   M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi.

 18   M. le Président. - Oui, Maître Kehoe.

 19   M. Kehoe (interprétation). - J'essayais seulement d'obtenir la

 20   référence de l'extrait qui est lu par mon collègue. Lit-il la version

 21   bosniaque, la déclaration au Tribunal ? Je n'ai aucune indication de ce

 22   qu'il est en train de lire.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Je lis la traduction de la

 24   déclaration du bureau du Procureur qu'il nous a fournie, la première

 25   déclaration. Après quelque temps, nous pourrions sans doute préciser les


Page 5004

  1   choses. Mais je vais essayer de lire le plus fidèlement possible. Je

  2   cite : "Alors que nous nous approchions de la maison de Meho Haskic, j'ai

  3   vu qu'il était allongé au sol devant la maison, mort. J'ai appris plus

  4   tard que c'était Sapina Franjo qui l'avait tué..."

  5   Témoin R (interprétation). - J'ai vu quand Meho est tombé par

  6   terre.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Donc ce que vous avez dit au

  8   Tribunal, à savoir que c'est la fille qui vous a dit qu'il avait été tué,

  9   est inexact ?

 10  

 11   Témoin R (interprétation). - C'est inexact.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous vu d'autres meurtres ?

 13   Témoin R (interprétation). - Non.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Pendant les combats, des maisons

 15   croates ont-elles brûlé ?

 16   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas véritablement le

 17   dire, je n'ai pas vu cela.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Combien de maisons avez-vous vu en

 19   flamme, personnellement ?

 20   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas dire le nombre

 21   exact, mais j'ai vu que beaucoup de maisons brûlaient.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire ce que vous avez

 23   dit aux enquêteurs. Pages 4 et 5 de la déclaration du 16 février 1995.

 24   M. le Président. - Quelles pages ?

 25   M. Nobilo (interprétation). - Pages 4 et 5 de la déclaration


Page 5005

  1   fournie par le témoin aux enquêteurs du Tribunal de La Haye. Je parle de

  2   la deuxième déclaration, à savoir celle du 16 février 1995.

  3   Je cite : "Alors que j'étais dans le village, j'ai vu les

  4   maisons et étables suivantes en feu : Haskic Smajo, Haskic Mujo,

  5   Haskic Rahima, Haskic Salko, Haskic Ramo, Haskic Kasim, Haskic Nasid,

  6   Haskic Fehro, Haskic Zirafeta, Haskic Saban, Haskic Omer, Haskic Meho,

  7   Haskic Sead, Haskic Senad, Haskic Asim, Haskic Redjo, Haskic Hevdjo,

  8   Suljakovic Ahmet, Besic Muharem, Haskic Redjo, Zlotrg Nerka, et Kalco

  9   Ferid.

 10   Voilà donc les maisons et les étables que vous avez vues. Est-ce

 11   exact ?

 12   Témoin R (interprétation). - Oui.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Vous n'en avez pas vu d'autres ?

 14  

 15   Témoin R (interprétation). - J'ai vu que beaucoup de maisons

 16   brûlaient. Quand on m'a posé la question, j'ai dit effectivement que

 17   c'était les maisons qui brûlaient sur lesquelles on avait tiré et jeté des

 18   obus.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous que douze civils sont

 20   retournés dans l'école à partir de la base de la Forpronu, qu'ils ont

 21   quitté l'endroit à côté de la base de la Forpronu pour retourner au

 22   village ?

 23   Témoin R (interprétation). - Non, aucun civil n'a quitté.

 24   M. le Président. - Cela n'a pas un lien direct avec

 25   l'interrogatoire.


Page 5006

  1   M. Nobilo (interprétation). - Si, absolument.

  2   M. le Président. - Il y a toujours un lien, si vous voulez me

  3   dire qu'intellectuellement on peut toujours faire des liens avec tout,

  4   nous sommes tout à fait d'accord. Sur le plan philosophique, on peut tout

  5   relier. Le juge est obligé ici de vous dire que le contre-interrogatoire

  6   reste dans le cadre de l'interrogatoire, avec des marges de manoeuvres

  7   dont vous avez bien vu qu'elles n'étaient pas rigides. Mais là vraiment,

  8   cela n'a aucun intérêt. Passez à une autre question s'il vous plaît.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Nous n'insistons pas pour

 10   maintenir cette question.

 11   (Les conseils se consultent.)

 12   Je vais vous lire les noms de certaines personnes pour

 13   lesquelles nous avons des renseignements qui indiquent qu'elles ont

 14   participé au combat. Si vous le savez, confirmez-le, si vous ne le savez

 15   pas, niez-le :

 16   "Habdulak Haskic...

 17   M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, le conseil de la

 18   défense parle de participation au combat, à la lutte. Quelle lutte ? Quel

 19   combat ?

 20   M. Nobilo (interprétation). - A Donja Veceriska, du 16 au

 21   18 avril 1993, du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine contre le HVO.

 22  

 23   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas qui a participé. Je

 24   n'ai pas vu qui a pris part.

 25   M. le Président. - Le point central du contre-interrogatoire est


Page 5007

  1   tout à fait légitime. Il vous l'a expliqué. C'est pourquoi j'ai tenu à

  2   faire préciser le principe du contre-interrogatoire ici. Il est légitime

  3   pour les défenseurs du général Blaskic de savoir s'il y a eu des combats

  4   ou non. En tout cas, ce n'est pas indifférent pour les juges.

  5   Maintenant, la question peut tout à fait être posée. Vous

  6   exercerez votre droit de réplique si vous n'êtes pas d'accord sur le fond

  7   du problème. La question centrale est la suivante : y a-t-il eu des jours

  8   où on peut assimiler à des combats ce qui a été traduit autrement dans

  9   votre interrogatoire. Cela fait tout à fait partie du contre-

 10   interrogatoire. Laissez poser la question, si le témoin ne peut pas y

 11   répondre, il le dira.

 12   La question peut être posée, continuez et attendez que le

 13   témoin Réponde.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous donner les noms

 15   des hommes qui ont combattu à Donja Veceriska entre le 16 avril à l'aube

 16   et le 18 avril à l'aube ?

 17   Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas, je ne les ai pas

 18   vus.

 19   M. Nobilo (interprétation). - (expurgé)

 20   (expurgé)

 21   (expurgé)

 22   (expurgé)

 23   Témoin R (interprétation). - (expurgé)

 24   (expurgé)

 25   M. Nobilo (interprétation). - (expurgé)


Page 5008

  1   (expurgé)

  2   Témoin R (interprétation). - (expurgé)

  3   (expurgé)

  4   (expurgé)

  5   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous appris plus tard s'il

  6   avait participé ou pas au combat ?

  7  

  8   Témoin R (interprétation). - Non.

  9   M. le Président. - Peut-être peut-on demander de passer en

 10   session privée. Nous sommes en train de révéler des noms qui peuvent

 11   mettre en difficultés ce témoin. Je vous demande de passer en session

 12   privée.

 13   (La séance se poursuit en session privée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 5009

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (La séance se poursuit en session publique)

 10   M. Kehoe (interprétation) - Merci monsieur le Président.

 11   Témoin R, le conseil de la défense vous a posé quelques questions et vous

 12   a demandé si Donja Veceriska se trouvait sur une surélévation surplombant

 13   l'usine SPS. Vous souvenez-vous de cette question ?

 14   Témoin R (interprétation). - Oui.

 15   M. Kehoe (interprétation) - Il vous a également demandé si oui

 16   ou non le village de Gacice, qui se trouve de l'autre côté de l'usine SPS,

 17   était lui aussi surélevé et surplombait l'usine SPS. Est-ce bien exact ?

 18   Témoin R (interprétation). - Oui, c'est exact.

 19   M. Kehoe (interprétation) - Est-ce que les Musulmans dans le

 20   village de Donja Veceriska ou ailleurs ont jamais attaqué des soldats du

 21   HV, du HVO, ou d'autres soldats qui se trouvaient dans l'usine SPS ?

 22   Témoin R (interprétation). - Non.

 23   M. Kehoe (interprétation) - Vous nous avez dit que vous étiez

 24   membre de la Défense territoriale, n'est-ce pas ?

 25   Témoin R (interprétation). - Oui.


Page 5010

  1   M. Kehoe (interprétation) - Vous nous avez également déclaré...

  2   une liste de noms vous a été lue par le conseil de la défense, de

  3   personnes que vous avez reconnues, qui étaient des Croates de votre

  4   village qui ont participé à l'attaque. Est-ce bien exact ?

  5   Témoin R (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Kehoe (interprétation) - Mais il y a aussi des gens que vous

  7   n'avez pas été en mesure de reconnaître, n'est-ce pas ?

  8   Témoin R (interprétation). - Mais il y en a beaucoup que je n'ai

  9   pas reconnus.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, en ce qui

 11   concerne le fait qu'il y

 12  

 13   avait des soldats, nous le savons déjà depuis longtemps. Nous avons déjà

 14   entendu parler de cela.

 15   M. le Président. - Gardez vos commentaires pour les plaidoiries

 16   finales. Laissez ici cette question qui fait partie du droit de réplique.

 17   Allez-y, continuez, monsieur le Procureur.

 18   M. Kehoe (interprétation) - Merci. Le conseil de la défense vous

 19   a posé une question relative à votre frère qui se trouvait dans une autre

 20   partie du village, en train de défendre sa famille, n'est-ce pas ?

 21   Témoin R (interprétation). - Oui, c'est vrai.

 22   M. Kehoe (interprétation) - Avez-vous entendu dire que d'autres

 23   personnes ont défendu leur famille ?

 24   Témoin R (interprétation). - Chacun a défendu sa famille.

 25   M. Kehoe (interprétation) - Le conseil de la défense vous pose


Page 5011

  1   des questions sur une ligne de front. Vous souvenez-vous de cette

  2   question ?

  3   Témoin R (interprétation). - Je me souviens.

  4   M. Kehoe (interprétation) - Il y avait une division, une

  5   brigade, un corps d'armée de l'armée de Bosnie Herzégovine qui aurait été

  6   stationné à Donja Veceriska en train de lutter contre les troupes croates

  7   qui traversaient la ville.

  8   Témoin R (interprétation). - Mais non, c'était les villageois,

  9   absolument pas !

 10   M. Kehoe (interprétation) - Je crois que vous avez dit qu'il n'y

 11   a plus aujourd'hui de Musulmans qui vivent dans ce village, n'est-ce pas ?

 12   Témoin R (interprétation). - Je l'ai dit, j'ai dit qu'il n'y en

 13   avait plus.

 14   M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, par le biais

 15   du contre-interrogatoire, on a beaucoup monté en épingle la disparité

 16   qu'il y a entre les déclarations préalables fournies par le témoin : celle

 17   d'avril 1993 faite par le témoin à Zenica et aussi celle faite aux

 18   enquêteurs du tribunal le 16 février 1993.

 19   Je voudrais demander le versement de ces deux déclarations au

 20   dossier, mais je n'ai

 21  

 22   pas eu l'occasion de les faire traduire en français. J'aimerais cependant

 23   qu'elles soient versées au dossier, mais je ne sais pas quelle est la cote

 24   à porter à ces deux pièces.

 25   M. Hayman (interprétation). - Nous voudrions que tous les


Page 5012

  1   éléments deviennent des pièces de la défense. Il n'y a pas que ces deux

  2   pièces. Nous avons d'abord une traduction en anglais de la pièce de la

  3   défense D69. Nous demandons le versement de cette pièce et nous demandons

  4   également le versement d'une déclaration faite au Tribunal en date du

  5   5 février 1994, ainsi que le versement de la déclaration faite aux

  6   enquêteurs du Tribunal de La Haye le 16 février 1995. Je dispose de toutes

  7   ces pièces ici, avec l'autorisation de la Cour, et je demande leur

  8   versement.

  9   M. Kehoe (interprétation) - S'agissant de la pièce de la

 10   défense D69, nous voudrions qu'elle devienne une pièce de l'accusation.

 11   Le D69 pose un problème parce que manifestement il y a eu des notes

 12   écrites par le conseil de la défense, alors que nous avons une copie

 13   vierge de toute inscription. Nous offrons aussi la version anglaise qui a

 14   été fournie aux conseils de la défense.

 15   M. le Président. - Je voudrais résumer un peu ce débat. Le débat

 16   central a porté sur le problème de savoir s'il y avait des combats d'une

 17   ligne de défense, si en fin de compte on défendait des familles ou des

 18   villages. C'est un point qui à l'évidence est important, à la fois pour

 19   l'accusation et pour la défense.

 20   Maître Kehoe, si j'ai bien compris vous proposez de verser

 21   toutes les déclarations ?

 22   M. Kehoe (interprétation) - C'est exact monsieur le Président.

 23   S'il apparaît une disparité, quelle qu'elle soit, je suppose qu'on laisse

 24   ceci à votre jugement, messieurs les juges, et vous pourrez établir des

 25   faits à votre guise.


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  1   M. le Président. - Tout à fait. La défense veut verser quelles

  2   pièces ? Vous avez fait allusion à des pièces qui ne sont pas les mêmes.

  3   Maître Hayman, pouvez-vous repréciser ?

  4   M. Hayman (interprétation). - Je crois, monsieur le Président,

  5   que nous avons tout

  6  

  7   l'éventail des déclarations préalables dont on a fait état au cours du

  8   contre-interrogatoire de Me Nobilo. Il y a la déclaration faite au service

  9   de sécurité de la Bosnie-Herzégovine en date du 23 avril 1994. Il s'agit

 10   de la pièce D69 de la défense...

 11   M. le Président. - Il n'y a pas d'opposition sur la pièce D69 ?

 12   M. Kehoe (interprétation) - Nous avons une objection à ce

 13   document. C'est celui qui comporte des inscriptions apportées par le

 14   conseil de la défense. Je ne sais pas ce qu'elles signifient, mais c'est

 15   la nature de mon objection.

 16   M. le Président. - La défense ne voit pas d'inconvénient à ce

 17   que les notes manuscrites de la défense sur ce document soient versées ?

 18   M. Hayman (interprétation). - S'il y a des commentaires écrits,

 19   nous pourrons les enlever, mais il n'y a rien. Nous avons simplement

 20   surligné parce que c'est une copie de travail, mais il n'y a pas vraiment

 21   de notes manuscrites, comme le dit le conseil de l'accusation en prétoire.

 22   Nous demandons le versement de cette pièce, mais nous avons aussi la

 23   traduction en anglais fournie par le service de traduction du Tribunal.

 24   Mais il y a aussi deux autres déclarations dont a fait état Me Nobilo et

 25   dont nous demandons le versement au dossier.


Page 5014

  1   Une fois de plus, il s'agit d'une déclaration faite aux

  2   enquêteurs du Tribunal en date du 16 février 1995 ainsi qu'une déclaration

  3   faite, elle aussi, aux enquêteurs du Tribunal en date du 5 février 1997.

  4   M. Kehoe (interprétation) - Mon objection demeure la même,

  5   monsieur le Président. J'offre le versement au dossier d'une copie de la

  6   déclaration en bosno-serbo-croate prise à Zenica, où il n'y a aucune

  7   inscription, et qui a aussi sa traduction en anglais. Il n'est donc pas

  8   nécessaire d'expurger tout commentaire qui aurait été apporté

  9   manuscritement. Ici vous avez une copie vierge et je la soumets comme

 10   pièce de l'accusation.

 11   M. le Président. - Soyez plus rationnel, maître Hayman. Vous

 12   tenez vraiment à ce que l'on voie vos surlignages ?

 13  

 14   M. Hayman (interprétation). - Pas vraiment, je n'insiste pas,

 15   mais je pense que ce jeu de pièce devrait devenir des pièces de la

 16   défense, pour les convenances de tout le monde, pour qu'on n'examine pas

 17   huit classeurs pour voir toute une série de documents qui tiennent

 18   ensemble.

 19   M. le Président. - Monsieur le Greffier, je suppose que vous

 20   avez tout compris.

 21   M. le Greffier.- Oui.

 22   M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, si vous me le

 23   permettez, nous demandons le versement de ces pièces au nom de

 24   l'accusation.

 25   M. le Président. - Il y a des pièces qui seront répertoriées


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  1   sous la cotation accusation, mais il doit être également convenu qu'elles

  2   doivent être répertoriées sous la cotation de la défense. Monsieur le

  3   greffier, cette situation est-elle nouvelle ?

  4   M. le Greffier - Non, nous aurons deux fois les mêmes pièces

  5   dans le dossier, mais les juges ne les liront qu'une fois.

  6   M. le Président. - Bien. Maître Kehoe, avez-vous terminé ?

  7   M. Kehoe (interprétation) - Je n'ai plus de question, monsieur

  8   le Président, je vous remercie.

  9   M. le Président. - Témoin R, vous allez maintenant être

 10   interrogé par les Juges. Monsieur le Juge Riad, c’est à vous.

 11   M. Riad (interprétation). - Témoin R, je vous salue.

 12   Témoin R (interprétation). - Bonjour.

 13   M. Riad (interprétation). - J’aimerais que vous apportiez

 14   quelques précisions sur quelques éléments fondamentaux qui caractérisent

 15   la situation qui se présentait à Donja Veceriska au cours de la période en

 16   question.

 17   Tout d’abord, y avait-il des mouvements de la part de Musulmans

 18   à Donja Veceriska contre la population croate ? Y a-t-il eu des menaces,

 19   des attaques qui auraient

 20  

 21   provoqué toute cette situation et l’arrivée du HVO.

 22   Témoin R (interprétation). - Non. Il n’y avait aucun mouvement.

 23   Nous étions vraiment en bonne relation avec les voisins, entre villageois

 24   qu’il s’agisse de Croate ou de Musulmans, jusqu’au moment justement où a

 25   débuté cette attaque.


Page 5016

  1   M. Riad (interprétation). - Rien, à votre avis, ne justifiait

  2   cette attaque contre le village ?

  3   Témoin R (interprétation). - Oui.

  4   M. Riad (interprétation). - Il n’y avait pas un centre, un foyer

  5   d’activistes musulmans qui auraient menacés la population croate ?

  6   Témoin R (interprétation). - Mais non, il n’y avait aucun

  7   activiste musulmans, aucun centre, aucune activité. Je vous le dis, nous

  8   avons vécu en bon voisinage. Nous avons eu de bonnes relations, amicales

  9   entre nous.

 10   M. Riad (interprétation). - Vous nous avez dit que le HVO tirait

 11   sur les civils depuis le portail de l’usine SPS, notamment, entre autres

 12   sites. Y a-t-il eu riposte ? Y avait-il, parmi les civils, des combattants

 13   ou n’y avait-il que des femmes, des enfants, des hommes vieux ou

 14   désarmés ? Y a-t-il eu combat, bataille ou est-ce que cela a été une

 15   exécution ?

 16   Témoin R (interprétation). - Il n’y avait pas de combat ni de

 17   bataille. Il n’y avait que ces civils. Personne ne ripostait. Ils

 18   n’avaient même pas de quoi riposter.

 19   M. Riad (interprétation). - Est-ce cela s’est passé de façon

 20   organisée ou est-ce c’était des actions chaotiques, désordonnées, qui

 21   venaient de plusieurs endroits ? Peut-on dire du comportement des soldats

 22   qui tiraient qu’ils étaient organisés ?

 23   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas comment vous dire.

 24   On a commencé à nous tirer dessus. Personne n’a été blessé. C’était la

 25   nuit. Je ne peux pas exactement vous dire si on tirait sur les civils ou


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  1   si l’on tirait en l’air. Mais en tout cas, on entendait la fusillade.

  2   M. Riad (interprétation). - Vous avez dit que huit personnes ont

  3   trouvé la mort,

  4  

  5   ont été tuées et qu’hélàs, vos parents ont été tués aussi. Trois femmes

  6   âgées le furent aussi, des personnes âgées. Est-ce que ces personnes ont

  7   été tuées dans ce cadre marqué par une absence totale d'organisation ou a-

  8   t-on tiré sur elles délibérément, à dessein ? Comme vos parents ont-ils

  9   été tués ?

 10   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas comment mes parents

 11   ont été tués. Ils sont restés à l’intérieur de la maison, comme je l’ai

 12   dit précédemment. Moi je me suis enfui de l’autre côté du village, dans

 13   l’autre partie. J’ignore dans quelles circonstances ils ont été tués. Je

 14   sais seulement qu’ils ont été enterrés dans la fosse commune, comme je

 15   l’ai dit précédemment.

 16   M. Riad (interprétation). - Vous avez dit que c'était à des fins

 17   psychologiques, « pour intimider la population musulmane » selon vos

 18   propres termes. Pourquoi était-ce à des fins psychologiques ? Pourquoi

 19   voulait-on intimider de cette façon-là les Musulmans ? Quel était l’effet

 20   recherché ?

 21   Témoin R (interprétation). - L’objectif était de nous intimider,

 22   de nous faire partir. Ils voulaient tout simplement épurer le village des

 23   Musulmans.

 24   M. Riad (interprétation). - Quand ils ont détruit la Mektep, ce

 25   centre religieux et culturel, cela s’inscrivait-il dans une politique plus


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  1   générale, visant à détruire les lieux de cultes, les institutions

  2   religieuses, ou ceci faisait-il partir du chaos général qui régnait ?

  3   Témoin R (interprétation). - Je pense que c’était leur objectif.

  4   J’ignore quand le Mektep a été brûlé, mais je pense que l’objectif était

  5   effectivement de s’attaquer aux lieux de cultes, aux institutions

  6   religieuses. Je pense que tel était leur objectif.

  7   M. Riad (interprétation). - Y avait-il d’autres maisons qui ont

  8   été brûlées ? Représentaient-elles des éléments importants dans la ville

  9   ou dans le village, ou était-ce simplement des maisons de particuliers ?

 10   Témoin R (interprétation). - C’était les maisons d’habitation,

 11   tout simplement. Je ne pense pas que c’était véritablement leur objectif.

 12   Il s’agissait des maisons des villageois, mais

 13  

 14   elles ne constituaient pas des cibles militaires. Leur but consistait tout

 15   simplement à brûler les maisons où vivait ce peuple.

 16   M. Riad (interprétation). - Est-ce que certains des Musulmans

 17   vivant dans le village ont eu la possibilité de se défendre ?

 18   Témoin R (interprétation). - Certains ont eu la possibilité de

 19   se défendre. Personnellement, je n’étais pas dans ce cas-là.

 20   M. Riad (interprétation). - Je vous remercie, monsieur.

 21   M. le Président. - Merci, monsieur le Juge. Monsieur le Juge

 22   Shahabuddeen ?

 23   M. Shahabuddeen (interprétation). - Témoin R, permettez-moi de

 24   vous faire revenir à ce que vous avez déclaré hier dans le cadre de votre

 25   déposition.


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  1   Vous avez parlé de soldats du HVO qui venaient non pas de la

  2   municipalité de Vitez, mais de l’extérieur, et qui ont rejoint des soldats

  3   du HVO qui, eux venaient de la municipalité de Vitez.

  4   Vous avez dit aussi qu’avec ces forces conjointes, celles-ci ont

  5   attaqué non seulement Donja Veceriska, mais aussi l'ensemble de la

  6   municipalité de Vitez. Puis, vous avez commencé à dire quelque chose et

  7   vous vous êtes interrompu. Vous avez dit : « peut-être à l’exception

  8   de... » J’aurais voulu intervenir à ce stade, pour vous poser la question

  9   précisément de savoir quelle exception vous aviez à l’esprit.

 10   Témoin R (interprétation). - A l’exception du village Gacice

 11   qui, lui, n’a été attaqué le 20.

 12   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie.

 13   Vous avez vu ces soldats qui portaient cet écusson, cet insigne

 14   à l’épaule « HV », « HVO » et « U ». Pourriez-vous m’expliquer ce que le U

 15   représentait d’après vous ?

 16   Témoin R (interprétation). - Je n’appartiens pas à la génération

 17   de la deuxième guerre mondiale. Vous n’êtes pas sans savoir, probablement,

 18   ce que voulait dire à cette époque-

 19  

 20   là la lettre « U », « Ustacha ».

 21   M. Shahabuddeen (interprétation). - Pourrais-je vous poser une

 22   question corollaire qui permettra peut-être de m’apporter quelques

 23   éclaircissement en la matière.

 24   Quand vous avez vu un soldat arborant les lettres « HV » à

 25   l’insigne de l’épaule, est-ce que ce ou ces soldats arboraient d’autres


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  1   insignes, par exemple celui du HVO, ou le « U », ou est-ce qu’ils n’en

  2   avaient jamais qu’un seul des trois ?

  3   Témoin R (interprétation). - Souvent ils avaient les deux, soit

  4   sur l’épaule, ou sur le calot, ou encore sur la veste d’uniforme. J’ai vu

  5   les insignes. Parfois c’était les deux en même temps, voire les trois, qui

  6   étaient répartis différemment soit sur le calot, comme j’ai dit. Par

  7   exemple, la lettre « U » se trouvait sur le casque. Il y en avait qui

  8   portait également les uniformes de camouflages où il était marqué « HVO ».

  9   M. Shahabuddeen (interprétation). - Parfois, il vous arrivait de

 10   voir un seul et même soldat qui portait les deux insignes ou bagde, l’un

 11   sur le casque par exemple et l’autre à l’épaule. Est-ce bien ce que vous

 12   nous dites ?

 13   Témoin R (interprétation). - Oui, c’est bien ce que j’ai dit.

 14   M. Shahabuddeen (interprétation). - J’aimerais vous poser une

 15   question à propos de la Mektep. Etait-ce un lieu de culte, ou une école ?

 16   Témoin R (interprétation). - C’était un lieu de culte des

 17   Musulmans.

 18   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vois. J’aimerais poser

 19   maintenant une question à propos d’une photographie que nous avons vue. Je

 20   pense qu’il s’agit de la pièce n° 166.A. Je ne suis pas très sûr. Monsieur

 21   le Greffier ?

 22   Témoin R (interprétation). - Oui, j’ai vu.

 23   M. Dubuisson. - Il s’agit de la pièce 166/1.

 24   M. Shahabuddeen (interprétation). - Des questions vous ont été

 25   posées à ce propos, n’est-ce pas ? Vous vous en souvenez ?


Page 5021

  1  

  2   Témoin R (interprétation). - Oui.

  3   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je suppose que vous-même

  4   n’étiez pas présent au moment où a été prise cette photographie, ou

  5   l'étiez-vous ?

  6   Témoin R (interprétation). - Non, je n'étais pas présent.

  7   M. Shahabuddeen (interprétation). - Connaissez-vous ce bâtiment

  8   que l'on voit sur la photographie ?

  9   Témoin R (interprétation). - Oui, je le connais.

 10   M. Shahabuddeen (interprétation). - Où est ce bâtiment ? Qu'est-

 11   ce que c'est ?

 12   Témoin R (interprétation). - C'est le bâtiment du SUP.

 13   M. Shahabuddeen (interprétation). - Il y a un drapeau sur le

 14   côté du bâtiment. Que représente-t-il ?

 15   Témoin R (interprétation). - C'est le drapeau de Herceg-Bosna.

 16   M. Shahabuddeen (interprétation). - Auparavant, y avait-il un

 17   autre drapeau qui était hissé à cet endroit ?

 18   Témoin R (interprétation). - Oui, à l'époque c'était le drapeau

 19   de l'Ex-Yougoslavie et encore un drapeau de police, parce que c'était la

 20   police qui était à l'intérieur.

 21   M. Shahabuddeen (interprétation). - Un camion est garé devant ce

 22   bâtiment. Avez-vous vu un camion qui ressemblait à celui-là auparavant ?

 23   Témoin R (interprétation). - Oui, j'ai vu justement avant cette

 24   date un camion qui est venu dans le village de Veceriska.

 25   M. Shahabuddeen (interprétation). - Le camion que nous voyons


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  1   sur cette photographie transporte un canon à l'arrière. Voyez-vous ce

  2   canon ?

  3   Témoin R (interprétation). - Oui, je le vois.

  4   M. Shahabuddeen (interprétation). - Avez-vous vu ce même camion

  5   avec ce même canon avant le 16 avril ?

  6  

  7   Témoin R (interprétation). - Oui.

  8   M. Shahabuddeen (interprétation). - N'avez-vous jamais eu

  9   l'occasion de voir ce camion avec ce canon se trouvant dans la même

 10   position devant ce bâtiment ?

 11   Témoin R (interprétation). - Non. Ce camion se rendait dans

 12   notre village.

 13   M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous, vous n'avez jamais vu

 14   ce camion précis avec ce canon précis garé devant ce bâtiment ?

 15   Témoin R (interprétation). - Non, c'est la première fois que je

 16   le vois ici.

 17   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie.

 18   Parlons de ces quarante ou cinquante fusils dont il est fait

 19   état dans l'une de vos déclarations. Vous avez dit que vous n'aviez pas

 20   mentionné ce chiffre de quarante ou cinquante armes, mais qu'en réponse à

 21   l'officier instrumentaire vous avez dit qu'effectivement il y avait

 22   quelques armes. Est-ce bien exact ?

 23   Témoin R (interprétation). Compte tenu du fait que les lignes

 24   étaient au dessus de Travnik, Turbe, ceux qui étaient en congé parmi les

 25   soldats et qui faisaient part de l'unité de la Défense territoriale -ce


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  1   n'étaient pas les soldats au sens classique de ce mot- avaient donc un

  2   certain nombre d'armes, parce qu'ils se défendaient de l'agresseur serbe

  3   et monténégrin. Ils allaient peut-être des fusils.

  4   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vois. Vous vous souvenez

  5   du jour de l'attaque contre Donja Veceriska, n'est-ce pas ?

  6   Témoin R (interprétation). - Oui.

  7   M. Shahabuddeen (interprétation). - L'une quelconque de ces

  8   armes était-elle utilisée par les Musulmans ?

  9   Témoin R. (interprétation). - Je ne sais pas. Je n'ai pas pu le

 10   voir, car j'étais abattu par tout ce qui m'arrivait.

 11   M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous avez parlé de votre

 12   frère. Je suppose

 13  

 14   qu'il a utilisé son fusil pour défendre sa maison, son foyer, c'est bien

 15   ce que vous avez dit ?

 16   Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas s'il a utilisé

 17   l'arme. Le village est grand. Ce n'est qu'au bout de cinq jours que j'ai

 18   su qu'il avait été blessé.

 19   M. Shahabuddeen (interprétation). - Une dernière question. Dans

 20   ce village, des tranchées avaient-elles été creusées ? D'autres positions

 21   de défense auraient-elles été établies ?

 22   Témoin R (interprétation). - Non, nous n'avions pas cela.

 23   M. Shahabuddeen (interprétation). - Les Musulmans de votre

 24   village qui avaient des armes sont-ils sortis de chez eux, de façon

 25   organisée, afin de se défendre du HVO ?


Page 5024

  1   Témoin R (interprétation). - Tout le monde se trouvait à

  2   l'intérieur de sa propre maison. Au moment de l'attaque, chacun faisait ce

  3   qu'il pouvait.

  4   M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie vivement.

  5   M. le Président. - Une seule question de ma part, puisque toutes

  6   les questions ont été posées. A cette époque-là, avez-vous entendu parler

  7   du général Blaskic ? Je parle du moment de l'attaque.

  8   Témoin R (interprétation). - Non.

  9   M. le Président. - Merci. C'est terminé. C'était un peu long,

 10   difficile certainement. Quoi qu'il en soit, le Tribunal vous remercie et

 11   souhaite que vous cicatrisiez, si possible, toutes ces plaies et toutes

 12   ces souffrances.

 13   A présent, nous allons vous faire raccompagner. Ne bougez pas.

 14   Nous allons faire baisser les rideaux.

 15   (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience.)

 16   Maître Kehoe, juste avant la pause, peut-être pourriez-vous nous

 17   indiquer, comme vous en avez l'habitude, qui va être le témoin suivant.

 18   S'agit-il d'un témoin protégé ? Je le suppose. Quels sont les éléments

 19   essentiels de sa déposition ? Dans quelles relations sont-ils avec les

 20   accusations que vous portez contre le général Blaskic ?

 21  

 22   M. Kehoe (interprétation) - Merci monsieur le Président. Je l'ai

 23   fait remarquer ce matin, ce prochain témoin n'est pas protégé, c'est

 24   pourquoi il nous fallait peut-être une petite interruption pour enlever

 25   les éléments de protection et monter le chevalet.


Page 5025

  1   M. le Président. - Pendant que l'on procède à ces changements,

  2   peut-être pouvez-vous nous expliquer qui est ce témoin.

  3   M. Kehoe (interprétation) - Il s'agit du sergent Jan Parrott,

  4   membre du régiment Cheshire en Bosnie du début novembre 1992 jusqu'à la

  5   fin de leur mission, la deuxième semaine de mai en 1993.

  6   Ce témoin va parler surtout de deux dates : les 16 et

  7   17 avril 1993. Il parlera de l'identification de soldats du HVO qui

  8   traversaient Stari Vitez, il parlera aussi d'un fusil sans recul utilisé

  9   pour tirer sur les quartiers musulmans depuis une certaine distance de

 10   Stari Vitez. Il parlera aussi des corps qui ont été ramassés. Plusieurs

 11   photos accompagnent cette action. Il parlera aussi de l'existence de

 12   soldats organisés qui attendaient dans les quartiers du village avant le

 13   16.

 14   Nous parlerons aussi du 17 et il parlera surtout de la mission

 15   qu'il a conduite à Donja Veceriska où il y avait beaucoup de soldats du

 16   HVO qui observaient les maisons des Musulmans qui étaient en feu. Le 17,

 17   il dira qu'il a observé une arme antiaérienne à la frontière méridionale

 18   de Stari Vitez avec les tourelles tournées vers Stari Vitez.

 19   Il parlera également d'une question qui a été posée lorsqu'il

 20   est allé chercher l'accusé à la caserne de Kiseljak pour l'emmener à

 21   Busovaca.

 22   Voilà quels seront les éléments essentiels de sa déposition. Il

 23   va bien sûr faire son récit, comme vous le demandez, et indiquer, en

 24   s'appuyant sur plusieurs pièces qui sont des copies de pièces déjà

 25   versées, quelques endroits.


Page 5026

  1   M. le Président. - C'est l'ensemble ?

  2   M. Kehoe (interprétation) - Une fois de plus, monsieur le

  3   Président, les chefs

  4  

  5   d'accusation portent, comme c'est le cas de tous les éléments, sur la

  6   persécution. Nous parlons d'Ahmici. Il y a donc les chefs 2 et 4 :

  7   homicide intentionnel. Ce témoin va attester de coups qui ont été tirés à

  8   la tête des civils qu'ils ont ramassés, ce qui veut dire que ces victimes

  9   ont pratiquement été tuées à bout portant.

 10   Il y aura aussi les chefs 5 et 10. Etant donné que ce témoin va

 11   parler d'incendies importants, nous nous concentrerons sur

 12   Donja Veceriska. Ceci portera aussi sur le chef 11 car Donja Veceriska

 13   fait partie des villages qui ont subi des destructions massives par les

 14   soldats sous le contrôle du général Blaskic.

 15   M. le Président. - Je vous rappelle, pour la bonne compréhension

 16   des débats, que les chefs d'accusation 2 à 4 sont des attaques illégales

 17   contre des civils et des biens de caractère civil. Vous aviez visé Ahmici

 18   dans l'acte d'accusation. Je suppose que Donja Veceriska fait partie d'une

 19   municipalité.

 20   M. Kehoe (interprétation) - C'est tout à fait exact, monsieur le

 21   Président. Tous ces villages font partie de la municipalité de Vitez. En

 22   guise de référence, monsieur le Président, parlant du chef d'accusation,

 23   tous ces éléments de preuve portent sur le chef d'accusation de la

 24   persécution, à savoir que l'accusé a participé à la persécution de la

 25   population musulmane de Bosnie alors qu'il était officier de haut


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  1   commandement.

  2   M. le Président. - D'accord. Les chefs 5 à 10 sont pour les

  3   homicides intentionnels et atteintes graves à l'intégrité physique, dans

  4   la version française, et les chefs 11 plus spécialement concernent les

  5   destructions et pillages de biens dans lesquels sont effectivement

  6   répertoriées ces différentes municipalités.

  7   A présent nous pouvons suspendre et nous reprendrons à

  8   14 heures 45.

  9   L’audience est suspendue à 13 heures.

 10  

 11   L’audience est reprise à 14 heures 55

 12  

 13   M. le Président. - Veuillez faire entrer l'accusé.

 14   (L’accusé, M. Blaskic, est introduit dans la salle d’audience. )

 15   M. le Président. - Nous pouvons le prendre le cours de nos

 16   travaux. Maître Kehoe va aborder le témoignage sur les points sur lesquels

 17   nous ne revenons pas puisque vous les avez indiqués.

 18   Monsieur l’huissier, pouvons-nous introduire le témoin, le

 19   Sergent Ian Parrott, qui n’est donc pas un témoin protégé.

 20   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, si je peux

 21   apporter simplement une petite précision, il s’agit du Sergent-fourrier

 22   Ian Parrott.

 23   M. le Président. - Pouvez-vous expliquer si le sergent-fourrier

 24   dans les régiments britanniques correspond au sergent-fourrier dans les

 25   régiments français et d’autres pays ?


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  1   M. Kehoe (interprétation). - C'est un grade qui contient

  2   beaucoup de traditions au sein de l'armée britannique. Cette idée de

  3   « fourrier », de « porteur de drapeau » dans une unité, a toujours été le

  4   point de ralliement dans les batailles. Lorsqu'il était en parade, les

  5   couleurs du régiment étaient toujours portées par un officier. Cependant

  6   cet officier était toujours accompagné d’un sous-officier que l’on

  7   appelait « sergent-porteur de couleurs" ou le « sergent-fourrier ».

  8   Aujourd’hui, lorsqu'on voit les parades des unités britanniques,

  9   l’officier porte les couleurs et il est entouré de son « colors-sergent »

 10   ou de son « sergent-fourrier » en quelque sorte.

 11  

 12   M. le Président. - C’est un grade de sous-officier, si je ne me

 13   trompe ?

 14   M. Kehoe (interprétation). - Oui, c'est tout à fait exact,

 15   Monsieur le Président, c’est un sous-officier.

 16   M. le Président. - Il va nous expliquer tout cela.

 17   (Le témoin, M. Ian Parrott, est introduit dans le prétoire.)

 18   M. le Président. - Sergent, m'entendez vous ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Oui, je vous entends bien,

 20   Monsieur le Président.

 21   M. le Président. - Vous allez simplement nous rappeler votre

 22   grade, vos prénom et nom.

 23   M. Parrott (interprétation). - Je suis le Sergent-fourrier

 24   Ian Parrott du Régiment du Cheshire.

 25   M. le Président. - Restez debout pour lire la déclaration


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  1   solennelle que va vous tendre M. l’huissier. Allez-y.

  2   M. Parrott (interprétation). - «Je déclare solennellement que je

  3   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. »

  4   M. le Président. - Merci, vous pouvez vous asseoir.

  5   Le Procureur a dû vous expliquer, Sergent, comment nous allions

  6   procéder. Vous avez assisté à un certain nombre d'événements entre

  7   octobre/novembre 1992 et le deuxième semestre 1993, disons le mois de

  8   mai, sur le territoire et qui entraînent de graves accusations portées

  9   contre l'accusé ici présent, le général Blaskic.

 10   Le Procureur souhaite que votre témoignage porte sur les

 11   constatations concernant les soldats du HVO, l'organisation de l’attaque,

 12   ce qui s'est passé le 17 avril, les aspects spécifiques de votre mission

 13   et notamment la façon dont s’est passé l'accompagnement de

 14   l'accusé sous votre contrôle, sous votre protection.

 15   Vous ferez, après quelques questions préliminaires, votre

 16   déposition d’un seul tenant, à moins que le Procureur ne juge bon de vous

 17   interrompre.

 18   Ensuite, bien entendu, le Procureur complétera ses questions par

 19   rapport aux points de l'accusation qu'il souhaite mettre en lumière. Après

 20   quoi, vous serez contre-interrogé par les avocats de l'accusé, puis par

 21   les Juges.

 22   Monsieur Kehoe, allez-y.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 24   Bonjour, Sergent.

 25   M. Parrott (interprétation). - Bonjour.


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  1   M. Kehoe (interprétation). - Sergent, quel âge avez-vous ?

  2   M. Parrott (interprétation). - 35 ans.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Vous venez juste de dire que vous

  4   faites partie du Régiment du Cheshire. Depuis combien de temps faites-vous

  5   partie de l’armée britannique ?

  6   M. Parrott (interprétation). - Quatorze ans, à peu près.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Depuis combien de temps faites-vous

  8   partie du Régiment du Cheshire ?

  9   M. Parrott (interprétation). - J’ai suivi une formation initiale

 10   et puis, effectivement, je suis rentré dans le Régiment du Cheshire.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Pour ouvrir une petite parenthèse,

 12   je sais que nous n’en avons pas parlé, mais pourriez-vous expliquer ce

 13   qu'est le grade de « colors-sergent » ou de « sergent-fourrier » ?

 14   M. Parrott (interprétation). - Quand j'étais en Bosnie, j'étais

 15   sergent de section, celui-ci est responsable d'environ 35 hommes. Le

 16   sergent-fourrier est le rang supérieur à celui-là. Par tradition, un

 17   sergent-fourrier est responsable de l'administration d'une compagnie.

 18   Toutefois, la position que j'occupe actuellement est celle d’instructeur

 19   concernant la formation

 20   dans une Division avancées tactiques.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Sergent, est-ce que ce terme de

 22   sergent-fourrier a quelque chose à voir avec les couleurs d’un régiment ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Au départ, historiquement, le

 24   sergent-fourrier était le gardien des couleurs du régiment, il les

 25   surveillait et en prenait soin au moment de la bataille.


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  1   M. Kehoe (interprétation). - De même, traditionnellement, vous

  2   avez dit qu'un sergent-fourrier s'occupait de l'administration. Cet aspect

  3   de votre profession est-il lié traditionnellement à la profession de

  4   sergent-fourrier ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Oui, cela concerne la bande que

  6   nous portons. En fait, ce symbole vaut pour tous les sous-officiers

  7   d’expérience qui sont dans l'infanterie.

  8   M. Kehoe (interprétation). - Sergent Parrott, vous trouviez-vous

  9   en Bosnie avec le Régiment du Cheshire d’automne 1992 jusqu’à début

 10   mai 1993 ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Brièvement, pourriez-vous nous dire

 13   quelle était votre tâche sur le terrain ?

 14   M. Parrott (interprétation). - Je viens de vous le dire, j'étais

 15   sergent de section à l'époque. J'avais pour tâche et pour mission le

 16   commandement en second d’un peloton ou d’une section qui se composait

 17   d'environ 30 à 35 hommes. Mon commandant était alors le Lieutenant Dooley

 18   du Corps Royal des Transmissions. L'officier qui commandait ma Compagnie

 19   était le commandant Martin Thomas.

 20   Au départ, lorsque nous avons été envoyés en Bosnie, nous avions

 21   pour tâche d’escorter et d'assurer le passage en sécurité et en sûreté de

 22   marchandises, de provisions destinées aux réfugiés sous la tutelle directe

 23   du Haut-Commissariat aux réfugiés.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Sergent Parrott, je voudrais

 25   maintenant que vous vous concentriez sur le 16 avril 1993 et le 17 de ce


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  1   même mois. Pouvez-vous expliquer, comme vous

  2   l’avez fait lorsque nous nous sommes entretenus, ce que vous

  3   avez vu à ce moment-là, ce jour-là et pendant 48 heures ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Vers 6 heures du matin, même si

  5   ce n'est pas l’heure absolument précise, tous les gens qui se trouvaient

  6   dans l’école, qui était notre camp à l'époque, ont été réveillés par

  7   plusieurs explosions importantes toutes proches. Cela a causé pas mal

  8   d'alarme et de panique au départ parce qu'on ne savait pas d’où venaient

  9   ces explosions ni qui elles ciblaient.

 10   A ce moment-là, l'ensemble de la section a été mise en état

 11   d'alerte, et s'est embarquée dans les véhicules blindés. Nous étions prêts

 12   à recevoir de nouvelles instructions et nous avons été envoyés dans la

 13   ville de Vitez pour établir ce qui se passait et en faire rapport à notre

 14   commandement à Vitez.

 15   Alors que nous traversions le centre de la ville, il est apparu

 16   clairement qu'il y avait plusieurs bâtiments en feu. Un corps a été vu

 17   près du pourtour de la ville, du côté gauche d'après nous. Ceci nous

 18   indiquait la gravité de la situation. Nous avons essayé de savoir où était

 19   le centre des opérations, et nous avons alors compris que ce centre se

 20   trouvait près d'un stade sportif, à proximité de l’Hôtel Vitez. Nous avons

 21   fait un rapport, et nous nous sommes dirigés vers cet endroit.

 22   C'est alors que nous avons vu un nombre assez conséquent de

 23   soldats, que nous avons reconnus comme étant des soldats du HVO. Ces

 24   soldats semblaient opérer une fouille systématique, une évacuation

 25   systématique des maisons. Il y avait beaucoup de maisons, près d'un groupe


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  1   de garages, de l'autre côté de la route. Nous avons pu constater, d'après

  2   la direction d'où venaient les soldats, qu’ils parcouraient la route,

  3   qu'ils l'empruntaient dans la même direction que nous.

  4   Nous avons poursuivi notre route. Nous avons pris un virage à

  5   droite, et un nouveau virage à droite, dans un cul-de-sac. Cela nous a

  6   ramené environ à 50 mètres, et nous

  7   faisions alors directement face aux soldats que nous avions vus

  8   auparavant, de l'autre côté des maisons.

  9   Nous nous sommes positionnés le plus près possible. J'ai laissé

 10   mon autre indicatif d'appel à un autre véhicule identique, aux mains de

 11   mes subordonnés, près du cul-de-sac, pour observer les environs immédiats.

 12   Nous avons vu les soldats du HVO apparaître de l'autre côté des maisons,

 13   tout près de celles où nous nous trouvions. Ils étaient juste en face de

 14   nous.

 15   A notre droite, alors que nous regardions devant, il y avait un

 16   garde, ou un homme, qui avait une vache attachée à une corde. Il essayait

 17   de se protéger derrière un mur, derrière une clôture. Il portait des

 18   vêtements civils. On pense qu'il avait une arme légère, peut-être un

 19   revolver, et peut-être aussi quelques grenades.

 20   Juste à droite derrière nous, il y avait une maison, dont nous

 21   pensions qu'elle contenait environ une douzaine de femmes et d'enfants.

 22   Nous n'avons pas constaté qu'il y avait des hommes, parmi ce groupe. Juste

 23   devant nous, au bout du cul-de-sac, se cachait, derrière un mur, un petit

 24   nombre d’hommes, que nous pensions être des Musulmans en habits d’hiver et

 25   qui portaient quelques armes légères : des fusils d'assaut, peut-être, des


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  1   revolvers, ou encore des armes civiles.

  2   Nous étions vivement préoccupés par la position qu’occupaient

  3   les civils dans la maison qui se trouvait à notre droite, à l’arrière

  4   droite. Nous craignions que ces civils ne deviennent une cible, ne soient

  5   tués.

  6   Nous avons donc envoyé un message radio au quartier général pour

  7   dire que si une tentative était entreprise pour capturer ou tuer ces

  8   personnes, et bien... que nous interviendrions. En d'autres termes, que

  9   nous ouvririons le feu sur les personnes qui étaient en train de commettre

 10   cette exaction.

 11   Etant donné que nous n'avions pas de tâche précise, remise par

 12   les Nations Unies, cela a été accepté par le quartier général, l'état-

 13   major. On nous a dit que cette intervention serait

 14   accordée parce qu'il s'agissait de sauver des vies de civils.

 15   Peu de temps après ceci, les soldats du HVO qui s'étaient placés

 16   en position de tir, et dont nous pensions qu'ils poursuivaient leur

 17   avancée dans la direction qui était la leur, ont arrêté, puis se sont

 18   retirés de l'autre côté des maisons où nous les avions vus la première

 19   fois avant d'occuper cette deuxième position.

 20   Hormis les civils, les femmes, et les enfants, personne n'a

 21   bougé. Eux se sont retirés de la maison où ils se trouvaient et ils se

 22   sont mis à courir vers Stari Vitez qui se trouvait derrière nous. Nous ne

 23   savions pas où ils allaient.

 24   Une fois que nous avons établi qu'il n'y avait plus aucun danger

 25   pour ces civils, nous avons décidé d'essayer de voir s'il y avait d'autres


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  1   combats dans la région. Il y avait encore pas mal de tirs par armes

  2   légères. Nous nous sommes remis dans le Warrior pour nous protéger car

  3   vraiment les tirs étaient aléatoires et nous ne savions pas qui ils

  4   visaient. Toutefois, dans le véhicule, nous avons des visées qui

  5   permettent d’agrandir et nous avons aussi le périscope qui nous donne 360

  6   degrés d'angle.

  7   Je crois que nous sommes repartis sur la première route que nous

  8   avions empruntée. Nous avons pris un virage à droite, pour aller dans la

  9   direction de cette zone ouverte, à l'arrière de Stari Vitez, vers la

 10   droite.

 11   Alors que nous voyagions dans cette direction, vers la gauche,

 12   il y a un relief assez élevé et tout à fait ouvert qui se trouve un peu à

 13   l'arrière de l'endroit où nous voyagions. Je crois que c'est à ce moment-

 14   là que nous avons vu le cadavre d'un jeune homme, sur le côté de la route.

 15   Il avait le visage face au sol et on voyait des traces de sang assez

 16   considérables, sur plusieurs mètres, indiquant soit qu'on l'avait tiré,

 17   traîné, soit qu'il avait rampé pour se déplacer. Mais il n'était pas

 18   possible de dire, à ce moment-là, quelle était la raison de ces traces.

 19   Nous voulions constater s'il était mort, mais étant donné les

 20   tirs d'armes légères qu'il y avait tout autour, il n’a pas été possible de

 21   constater s’il était mort.

 22   Nous n'avons constaté aucun mouvement de respiration ni du corps

 23   de cette personne qui se trouvait au bord de la route. La seule chose

 24   qu'il y avait était un petit chien qui d’abord se cachait sous le manteau

 25   de cette personne.


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  1   Ce n'est pas tout à fait établi au niveau du temps, mais comme

  2   nous nous sommes trouvés à cet endroit -et nous avions pris une position

  3   défensive-, nous avions une observation à 360° de la position autour de

  4   nous et nous avons vu un fusil sans recul qui avait été positionné dans ce

  5   que nous croyions être la partie croate de la ville, bosno-croate, donc

  6   qui n'était face à la zone ouverte à notre gauche.

  7   Nous nous inquiétions aussi pour notre propre sécurité dans une

  8   certaine mesure parce qu'une arme de ce calibre peut provoquer des dégâts

  9   et qui, même si les tirs ne sont pas permanents, peut provoquer des

 10   blessures, voire la mort pour les personnes occupants le véhicule.

 11   Nous avions donc une position de défense contre cette arme et

 12   par l'agrandissement que nous avions par la visée, il était possible de

 13   voir clairement que cette arme était dirigée contre l'endroit où nous nous

 14   trouvions. Pourtant, nous n’avons pas vu l’arme qui aurait été utilisée à

 15   ce moment-là.

 16   Peu de temps après, nous avons reçu pour instruction d'aller par

 17   la route vers Zenica, que nous connaissions bien, que nous avions déjà

 18   utilisée pour aller à Busovaca à Zenica. C'est pendant que nous nous

 19   trouvions sur cette route, en direction de la région d'Ahmici, qu’une fois

 20   de plus nous avons commencé à voir des maisons détruites, manifestement

 21   mises à feu.

 22   Nous avons aussi constaté, à gauche et à droite de la route, que

 23   plusieurs personnes gisaient là. A ce moment-là, nous ne savions pas si

 24   ces personnes étaient mortes, mais cela a été vérifié par la suite,

 25   malheureusement.


Page 5037

  1   Une maison se trouvait pratiquement au bout de la route, juste

  2   en face du cimetière,

  3   devant laquelle gisait cinq corps placés en ligne droite. Parmi

  4   eux, il y avait une femme -nous l'avons constaté plus tard- et quatre

  5   hommes. Nous en avons fait rapport.

  6   Nous avons aussi donné toutes les coordonnées s’agissant des

  7   corps que nous avions vu le long de la route. Nous en avons fait rapport à

  8   l’état-major.

  9   C’est près du cimetière que nous avons rencontré une ambulance

 10   civile et deux civils, deux hommes. A ce moment-là, nous ne savions pas de

 11   quel camp ils étaient. Nous savions tout au plus que c'était une ambulance

 12   civile, grâce aux moyens de transmission que nous avions. Je suis descendu

 13   du Warrior, du véhicule.

 14   Nous entendions déjà des tirs tirés d'armes légères, juste au-

 15   dessus de la position que nous avions. A ce moment-là, nous étions un peu

 16   à l’abri par un surplomb de l’autre côté de la route. Nous avons parlé à

 17   l’un des membres du personnel de l'ambulance et nous avons obtenu pour

 18   tout renseignement que cette personne essayait de savoir si les personnes

 19   étaient mortes ou pas. Ils tenaient à essayer de retrouver les corps,

 20   qu'ils soient vivants ou morts.

 21   Mais cet homme n'était pas prêt à exposer l'ambulance à quelque

 22   risque que ce soit. Etant donné les coups d'armes légères qui étaient

 23   tirés, il était tout à fait réticent à l’idée d’y aller sans assistance.

 24   Nous avons dit que nous ferions l'impossible pour essayer de

 25   retrouver ces corps et savoir s'ils étaient en vie ou pas. C’est alors, je


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  1   crois, que l'ambulance est repartie dans la direction de Zenica.

  2   Nous avons rebroussé chemin vers Vitez. Nous avons fait un

  3   rapport de ces événements à l'état-major qui a alors décidé d'envoyer une

  4   ambulance blindée, un véhicule transporteur de troupe blindée qui se

  5   prêterait mieux à l'évacuation du champ de bataille.

  6   Nous avons pensé que c'était la solution la plus sûre en raison

  7   de la protection du fait du véhicule blindé pour les occupants. Mais ils

  8   ont aussi envoyé une autre personnel, un

  9   autre indicatif, un peu comme nous, et nous devions rencontrer

 10   cet autre véhicule au carrefour situé aux abords de Vitez en venant de la

 11   direction d’où nous venions.

 12   Nous avons donc emprunté cette route et à un moment donné, à

 13   cause d’un virage, nous avons dû ralentir car c’était un virage assez

 14   sévère. A notre droite, nous avons pu voir un petit groupe d’hommes que

 15   nous avons reconnus être des soldats du HVO de par les insignes et badges

 16   qu’ils portaient. Nous croyions qu’ils portaient soit un uniforme vert

 17   très sombre, soit un treillis noir. Plusieurs d’entre eux portaient un

 18   ceinturon blanc. Ils avaient des armes légères (fusils d’assaut ou des

 19   armes analogues) et ils étaient en contrebas de la région de Ahmici, des

 20   deux côtés de la route.

 21   Nous les avons eus en vue un certain temps car il a fallu

 22   ralentir dans le tournant. Nous avons tourné la tourelle dans leur

 23   direction et avons ainsi pu les observer.

 24   Pourquoi ces hommes étaient-ils là ? Nous n'avons jamais pu le

 25   savoir avec certitude, mais à l'époque nous avions pensé qu’il s’agissait


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  1   d’un groupe d'attaque, d'assaut. Il était difficile d’établir ceci en

  2   toute certitude. Ces hommes ne semblaient pas particulièrement importunés

  3   par notre présence.

  4   Nous avons poursuivi notre route vers le carrefour où nous avons

  5   rencontré l'autre ambulance et l'autre indicatif. Nous avons décidé, à

  6   l'époque, d'entourer les corps qui se trouvaient devant la maison avec nos

  7   véhicules. Des hommes de notre équipage sont descendus pour assurer la

  8   plus grande protection possible afin de permettre l’embarquement des corps

  9   dans l'ambulance.

 10   C’est ce que nous avons fait en nous approchant par la zone

 11   herbeuse de la route. Nous avons utilisé la tourelle en posture défensive

 12   et nous avons évacué les cinq personnes que nous avons chargées à

 13   l'arrière de l'ambulance. C'était vraiment très difficile car nous avions

 14   constaté que ces personnes avaient toutes perdu la vie et que toutes

 15   avaient été tuées par balle.

 16   L’un des commentaires de l'époque, émis par ceux qui avaient

 17   assuré l'évacuation et le chargement de ces corps dans l'ambulance, était

 18   que quasi tous avaient été tués par une balle tirée dans la tête. Il était

 19   difficile d'assurer l'évacuation parce que le balcon devant la maison

 20   avait déjà brûlé et était tombé en partie sur certains de ces corps. Il a

 21   fallu dégager le ou les corps avant de pouvoir le ou les charger dans

 22   l’ambulance.

 23   Nous avons demandé des renseignements pour savoir où mettre ces

 24   corps, car nous ne savions pas à ce moment-là où il fallait les évacuer.

 25   Il nous a été dit qu'il n'y avait pas de lieu précis où les placer. Nous


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  1   avons pris une décision qui a été approuvée, décision visant à dire qu’il

  2   fallait les mettre le plus près possible de l’endroit où nous avions vu

  3   l'ambulance pour qu'ils puissent être évacués par elle.

  4   A l’époque, cela nous a semblé être la solution la plus efficace

  5   et la plus pratique.

  6   Les cinq premiers cadavres ont été emmenés sur une petite

  7   surélévation qui se trouve au premier virage, à droite, après le

  8   cimetière. Ces corps étaient placés à la vue de tous de telle sorte que si

  9   l'ambulance revenait, elle verrait ces corps à droite, sur le bord de la

 10   route.

 11   Après avoir déposé ces corps, nous avons fait demi-tour et

 12   sommes retournés vers Vitez. C’est là que nous avons recueilli environ

 13   quatre ou cinq cadavres supplémentaires. Il y avait un homme d'abord, un

 14   homme très fort. Il était de vraiment difficile de le faire passer par la

 15   porte de l'ambulance parce qu'il avait déjà la rigueur mortelle, rigueur

 16   mortis.

 17   Il y avait aussi une vieille femme, mais je ne peux pas vous

 18   dire si c'est précisément à ce moment-là que nous avons évacué cette

 19   femme. Nous avons trouvé d’autres corps isolés, deux ou trois corps que

 20   nous avons embarqués dans l'ambulance.

 21   Un de nos interprètes nous alors donné quelques informations, à

 22   savoir qu'il faudrait emmener ces corps vers un dispensaire de fortune qui

 23   faisait office de morgue. C’était un ancien supermarché, me semble-t-il,

 24   dont la partie frigorifique avait été utilisée comme morgue.

 25   Nous nous sommes rendus à cet endroit et avons placé les corps


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  1   dans cette morgue

  2   de fortune. Nous les avons déchargés sur des brancards. Un

  3   incident s’est alors produit. Un de mes soldats a fait le commentaire que

  4   certains avaient vraiment une blessure très grave à la tête et avaient

  5   pratiquement perdu tout ou partie de leur cerveau alors qu’on les emmenait

  6   dans ce supermarché.

  7   Une fois cette tâche réalisée, on nous a dit de rentrer à Vitez.

  8   Il était peut-être 17 ou 18 heures et il avait été décidé que la méthode

  9   que nous utilisions pour l’évacuation serait trop lente et trop difficile.

 10   Nous somme retournés à l’état-major de Vitez. Il était peut-être 17 ou 18

 11   heures et il avait été décidé que la méthode que nous avons utilisée pour

 12   l'évacuation serait trop lente et trop difficile. Nous sommes retournés à

 13   l'état-major de Vitez à ce moment là.

 14   Puis, le matin du 17 avril, nous avons reçu une autre mission.

 15   Celle-ci consistait à aller à Donja Veceriska, un autre endroit au relief

 16   élevé à l’arrière de ce que nous connaissions comme étant l’usine chimique

 17   à Vitez. Nous avions appris, par divers moyens et aussi par notre état-

 18   major, qu'il y avait des combats dans cette région. Nous devions nous y

 19   rendre pour voir quelle était la situation et en faire rapport.

 20   Nous avons utilisé la route principale pour sortir de Vitez et,

 21   après un décompte fait rapidement, nous avons rencontré environ vingt à

 22   trente-six civils.

 23   Nous les avons reconnus comme étant des Musulmans de par les

 24   vêtements qu'ils portaient et nous nous sommes dit que ces gens, qui

 25   venaient de Donja Veceriska, avaient été chassés de leurs maisons. La


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  1   destination qu'ils avaient était incertaine à ce moment-là. Par la suite,

  2   il est apparu qu'ils étaient venus à l'endroit de ravitaillement que nous

  3   avions, sur la route principale allant à Vitez.

  4   Nous avons poursuivi sur cette route principale pour arriver

  5   dans le village même. Si je me souviens bien, il y a deux parties à ce

  6   village : une route principale surélevée dans la partie haute et puis une

  7   boucle qui mène à la partie basse du village.

  8   Alors que nous avions emprunté la route principale pour aller

  9   vers le haut du village,

 10   nous avons constaté que la plupart des maisons de cette partie,

 11   surtout sur la partie droite de la route, montraient manifestement des

 12   signes HVO sur les maisons. Il y avait aussi plusieurs soldats du HVO qui

 13   ont été reconnus grâce aux insignes qu'ils portaient.

 14   Nous sommes parvenus à un carrefour à l'extrémité du village.

 15   Nous avons constaté qu'à notre gauche il y avait au moins une maison, mais

 16   peut-être plus, qui était en feu.

 17   Nous avons pris position là, parce qu'il semblait que c'était là

 18   qu'il y avait la plus grosse concentration de soldats. Nous entendions des

 19   coups d'armes légères, mais je crois avoir déjà dit qu'il n'était pas

 20   possible de voir les gens qui tiraient. Nous ne faisions qu'entendre les

 21   coups.

 22   Nous avons décidé d'aller dans la direction de ce qui nous

 23   semblait être l'endroit où on détruisait les maisons. Nous sommes

 24   descendus par cette voie très étroite pour partir vers la partie basse du

 25   village. Je me souviens avoir vu le cadavre un homme. Etait-ce un cadavre


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  1   ou un homme encore vivant ? Je ne sais pas, il n'était pas possible de le

  2   dire. En tout cas, cet homme gisait à l'arrière d'une maison. Quant à

  3   savoir si ces maisons avaient déjà été détruites, cela n'apparaissait pas

  4   clairement à ce moment-là.

  5   Nous étions peut-être à mi-chemin dans cette boucle que

  6   constitue le village et nous avons rencontré quelques civils, un petit

  7   nombre d'entre eux. Certains étaient très vieux déjà, des hommes et des

  8   femmes âgés. Nous avions tout au plus deux hommes d'âge moyen. Je crois

  9   que l'un d'entre eux portait un fusil civil ; l'autre avait peut-être un

 10   revolver. Ils étaient tous groupés près d'une maison particulière.

 11   Lorsque nous sommes arrivés à cet endroit, un des hommes a

 12   essayé de nous aider à évacuer un vieil homme qui était blessé. Je ne me

 13   souviens plus quel était le type de blessure dont il souffrait. Nous avons

 14   dit à cet homme que ce n'était pas possible de le faire sans protection,

 15   que c'était contraire au mandat que nous avions qui visait à faire

 16   respecter la

 17   neutralité, mais nous avons dit que nous ferions de notre mieux

 18   pour les aider.

 19   Après les avoir dépassés, nous avons repris la route principale,

 20   à la fin de cette boucle, et nous sommes retournés vers Vitez.

 21   Sommes-nous retournés à l'école ? Je ne m'en souviens plus, je

 22   n'ai plus de souvenirs précis quant à notre retour.

 23   Voilà ce qui s'est passé entre 8 heures et 11 heures, le matin

 24   du 17.

 25   L'autre souvenir saillant que j'ai de ces deux jours, c'est que


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  1   nous nous trouvions une fois de plus sur la route principale allant vers

  2   Vitez, près de l'église. Nous avons arrêté au carrefour. C'est là que se

  3   trouvait l'église, à notre droite. C'est alors que nous avons vu une arme

  4   antiaérienne à plusieurs canons qui avait été montée à l'arrière d'un

  5   camion. Nous avons pris des photos de ce véhicule, car il revêtait une

  6   grande importance militaire, et nous avons envoyé rapport du type d'armes

  7   antiaériennes dont il s'agissait.

  8   Un autre fait important dont nous avons fait état, c'est que

  9   nous pensions que ce canon venait d'être utilisé, car il y avait vraiment

 10   tout un brouillard de fumée. On voyait qu'on avait utilisé il y a peu de

 11   temps cette arme.

 12   Nous sommes restés un peu, mais peu de temps après, le véhicule

 13   s'est éloigné de la route principale en empruntant la petite route qui

 14   part du carrefour où nous nous trouvions. Pour autant que je m'en

 15   souvienne, il était à peu près 2 heures de l'après-midi à ce moment-là et

 16   on nous a dit de rentrer et de faire rapport à l'école de Vitez.

 17   Voilà pour ce qui est des événements les plus importants dont je

 18   me souvienne les 16 et 17 avril.

 19   M. le Président. - Le Tribunal vous remercie de cette relation

 20   très complète et qui atteste d'une grande mémoire de votre part.

 21   Monsieur le procureur, je suppose que vous avez des précisions

 22   supplémentaires,

 23   des compléments, des pièces à conviction... allez-y.

 24   M. Kehoe (interprétation) - Oui, merci monsieur le Président.

 25   Sergent, je voudrais tout d'abord vous montrer une série de


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  1   photos et vous demander d'indiquer certains lieux sur les cartes qui se

  2   trouvent près de vous. Mais tout d'abord, avec l'aide de l'huissier ou de

  3   M. Dubuisson, je voudrais que nous allumions le rétroprojecteur, s'il vous

  4   plaît. Il s'agit d'une photo qui a été versée au dossier, monsieur le

  5   Président et messieurs les juges. Il s'agit de la pièce 102/1.

  6   Sergent Parrott, vous avez remarqué d'emblée que le matin du 16,

  7   alors que vous rentriez à Stari Vitez, il y avait un corps sur la gauche.

  8   M. Parrott (interprétation). - Oui, effectivement.

  9   M. Kehoe (interprétation) - Est-ce que le corps qui apparaît sur

 10   cette pièce 102/1 est celui que vous avez vu ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Oui en effet.

 12   M. Kehoe (interprétation) - Je vais maintenant passer à la pièce

 13   151/1 et 151/2. La première photographie est la pièce 151/1. Vous avez dit

 14   également qu'après avoir vu ces soldats, vous avez suivi une route et que

 15   vous avez vu le corps d'un jeune homme. S'agit-il d'un jeune homme alors

 16   qu'on regarde vers l'extérieur de la ville ?

 17   M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est celle-ci.

 18   M. Kehoe (interprétation) - Quant à la pièce à conviction 151/2,

 19   s'agit-il d'un gros plan de cette même personne, de ce jeune homme ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

 21   M. Kehoe (interprétation) - Enfin, avant de nous tourner vers la

 22   pièce suivante, je voudrais vous montrer cette photo. Vous avez mentionné

 23   également que vous avez pu voir un fusil sans recul à l'extérieur de la

 24   ville que vous avez cru être la zone de contrôle du HVO. Veuillez regarder

 25   cette pièce 82/3. Je sais que cette photo est un peu floue, mais que


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  1   montre-t-elle ?

  2   M. Parrott (interprétation). - C'est une arme du même type, un

  3   canon sans recul.

  4   M. Kehoe (interprétation) - Lorsque vous parlez d'un canon sans

  5   recul, vous parlez plutôt d'une pièce d'artillerie et pas d'un fusil à

  6   épaule ?

  7   M. Parrott (interprétation). - Oui, nous disons que c'est sans

  8   recul parce que le canon est ouvert des deux côtés. Cela tire, en général,

  9   des munitions anti véhicules antichar.

 10   M. Kehoe (interprétation) - Vous avez dit que ce type d'armes

 11   pouvaient vaincre le blindage de vos warrior, n'est-ce pas ?

 12   M. Parrott (interprétation). - C'est une arme qui peut causer

 13   des dommages importants, cela ne fait pas de doute, sinon la destruction

 14   complète de la cible.

 15   M. Kehoe (interprétation) - J'en ai terminé avec cette

 16   photographie. Merci. Pourrions-nous, avec la permission de monsieur le

 17   Président, nous tourner vers la pièce qui se trouve sur le chevalet, à

 18   savoir la pièce 45 ?

 19   M. le Greffier. - Il s'agit de la pièce 45G.

 20   M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, puis-je

 21   demander au témoin de se lever, de s'approcher du micro ? Puis-je moi-même

 22   me rendre vers cette carte ?

 23   M. le Président. - Bien sûr. Est-ce que la défense voit bien ?

 24   Est-ce que cela va ?

 25   M. Kehoe (interprétation) - Sergent Parrott, pouvez-vous vous


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  1   approcher du micro s'il vous plaît ? Sergent, en utilisant ce feutre

  2   orange, pourriez-vous nous indiquer, en appuyant bien fort, l'itinéraire

  3   que vous avez suivi lorsque vous êtes entré dans Stari Vitez le matin

  4   du 16 ?

  5   M. Parrott (interprétation). - La route principale de Vitez suit

  6   ce trajet ici. Nous avons poursuivi sur cette route jusqu'à ce carrefour.

  7   Lorsque nous sommes arrivés à ce carrefour, c'est là que nous avons

  8   observé des soldats. Nous avons pris un virage pour emprunter cette route.

  9   C'est là que nous avons vu les soldats, au niveau des garages et les

 10   premiers hommes qui ont été identifiés à l'époque comme étant

 11   des membres du HVO.

 12   Nous sommes arrivés ici. Nous avons vu une arme antiaérienne,

 13   c'est une arme fabriquée par les Russes. Elle était abandonnée au bord de

 14   la route, un RPG16.

 15   Puis, nous avons avancé sur la route, ici. Nous avons pris

 16   position à peu près ici, en regardant dans ce sens-là. Mon collègue a pris

 17   ses positions ici.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Avec ce feutre, pourriez-vous

 19   marquer d'un chiffre l'endroit où vous avez vu le corps lorsque vous êtes

 20   rentré dans Stari Vitez ?

 21   M. Parrott (interprétation). - C'est peut-être un peu plus bas.

 22   Je ne me rappelle pas exactement la position.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous êtes monté

 24   et que vous avez tourné à droite ici. Pourriez-vous indiquer où se

 25   trouvait cette arme, ce RPG16 que vous avez vu ? Pourriez-vous nous parler


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  1   de cette arme, de ce RPG ? S’agit-il d'une arme qu'on peut utiliser

  2   plusieurs fois ou d’une arme qui ne peut s’utiliser qu'une seule fois et

  3   qui ensuite est jetée ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Une fois qu’elle a été utilisée,

  5   les douilles doivent être jetées, elles ne peuvent plus être réutilisées.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Qu’est-ce que cela indiquait, que

  7   vous l’ayez vue au bord de la route ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Que l’arme avait été utilisée.

  9   M. Kehoe (interprétation). - En marquant n° 2, pourriez-vous

 10   nous indiquer l'endroit où vous avez vu les soldats ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Il y avait des soldats des deux

 12   côtés de la route, ici et également dans cette zone-là.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Vous y avez apposé le n° 2.

 14   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 15   M. Kehoe (interprétation). - Que faisaient ces soldats ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Ils semblaient être en train de

 17   nettoyer les maisons dans cette direction-ci, le long de la route. Ils

 18   semblaient assez bien organisés et paraissaient employer des tactiques

 19   qui, d'après moi, sont les tactiques d'une unité militaire.

 20   M. Kehoe (interprétation). - En tant que professionnel

 21   militaire, qu'en avez-vous conclu lorsque vous avez vu ces soldats ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Ils étaient à mon avis membres

 23   d'une unité militaire et pas simplement un groupe d’hommes portant des

 24   armes dans la cadre d'un plan mal organisé.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous tiré des conclusions sur


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  1   leur objectif et sur ce qu’ils faisaient dans ce bâtiment autour du n° 2 ?

  2   M. Parrott (interprétation). - A ce moment-là et compte tenu des

  3   maisons qui étaient déjà en flamme et de celles encore intactes, ces

  4   soldats, comme je l’ai déjà dit, avançaient systématiquement le long de

  5   cette route dans cette direction.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Avec ce feutre vert, pourriez-vous

  7   nous montrer les maisons qu'ils étaient en train de parcourir ? Pourriez-

  8   vous les entourer ?

  9   (Le témoin s’exécute.)

 10   Cela illustre à peu près l'étendue de la zone. Avez-vous vu

 11   d’autres soldats dans cette zone et autour de cette zone ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Dans cette somme particulière ?

 13   M. Kehoe (interprétation). - Oui.

 14   M. Parrott (interprétation). - Les seuls autres hommes, comme je

 15   l'ai déclaré, étaient à peu près au nombre de six. Nous avons pensé qu’il

 16   s’agissait de Musulmans qui s'abritaient à ce moment-là derrière une

 17   maison.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Est-ce qu’ils tiraient ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Non, ils étaient à couvert

 20   derrière la maison.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez

 22   inquiet pour la sécurité des civils dans cette zone, n’est-ce pas ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Pendant toute la durée de cet


Page 5050

  1   événement particulier, ces gens étaient regroupés au sein d'un seul et

  2   même groupe. Cela les rendait très vulnérables et leur protection semblait

  3   très limitée. Toute mesure destinée à les protéger eut été très

  4   dangereuse ; il y avait aussi des femmes et des enfants avec eux.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Pendant cette période au cours de

  6   laquelle vous avez vu ces soldats qui allaient d’une maison à une autre,

  7   avez-vous vu des soldats musulmans tirant sur ces soldats du HVO ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Nous n’en avons pas vus.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Au cours de la journée du 16, et

 10   pour en finir avec cette question, avez-vous vu des soldats tirer sur les

 11   soldats du HVO ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Non.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant de la pièce 45/G

 14   à la pièce 56/G qui est un agrandissement. Vous avez dit que lorsque vous

 15   avez traversé la ville de Stari Vitez, vous avez remarqué la présence d'un

 16   canon sans recul.

 17   M. Parrott (interprétation). - En effet.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Et à l’extérieur de la ville. Avec

 19   le n° 3, pourriez-vous indiquer l'endroit où vous avez vu ce canon ?

 20   M. Parrott (interprétation). - C'est à peu près à cet endroit-

 21   là.

 22   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous encercler ce lieu,

 23   s'il vous plaît, et

 24   montrer la direction vers laquelle était pointée cette arme ?

 25   (Le témoin s’exécute.)


Page 5051

  1   Lorsque vous avez suivi cette route, là encore je vous demande

  2   d'utiliser le feutre orange, pouvez-vous nous indiquer l'itinéraire à

  3   partir du stade et nous montrer l'endroit où vous vous trouviez lorsque

  4   vous avez observé ce canon sans recul ?

  5   (Le témoin s’exécute.)

  6   Lorsque vous êtes arrivé à ce lieu, vous pourriez marquer ce

  7   point du n° 4, y avait-il des maisons en feu ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Oui, il y en avait, à peu près à

  9   l'endroit où j'ai marqué n° 4.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Donc, autour du n° 4, c’est ça ? Un

 11   peu au-dessus ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Saviez-vous qu'il s'agissait de la

 14   zone musulmane de Vitez ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Oui, nous le savions.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Puis-je rester ici, à côté de cette

 17   photo, Monsieur le Président, et passer à autre chose ?

 18   M. le Président. - Oui.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que par la suite, au

 20   cours de cette même journée, vous vous êtes rendu vers la zone d’Ahmici.

 21   Nous avons sous les yeux la pièce 50/I qui est une copie de la pièce 50.

 22   A nouveau, en utilisant le feutre orange, pourriez-vous nous

 23   montrer la route que vous avez suivie pour aller à Ahmici ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Cette route-ci, qui est la route

 25   principale menant à Zenica.


Page 5052

  1   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit, au cours de votre

  2   interrogatoire, que vous avez atteint un lieu où vous avez vu différentes

  3   maisons et que, lorsque vous êtes arrivé la première fois sur place, vous

  4   y avez vu cinq corps.

  5   M. Parrott (interprétation). - En effet.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous marquer le lieu où

  7   vous avez vu ces cinq corps du n° 5 ?

  8   (Le témoin s’exécute.)

  9   Ensuite, vous avez continué la route et vous avez vu une

 10   ambulance, n'est-ce pas ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous indiquer ce lieu du

 13   n° 6 ?

 14   (Le témoin s’exécute.)

 15   Vous avez dit que vous n’aviez pas récupéré tout de suite ces

 16   corps, n'est-ce pas ?

 17   M. Parrott (interprétation). - Non.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Ensuite, vous avez ramené

 19   l’ambulance vers Vitez. Après cela, qu’avez-vous fait ?

 20   M. Parrott (interprétation). - L'ambulance civile n'est pas

 21   venue avec nous. Après en avoir terminé à cet endroit, nous avons rendu

 22   compte des faits. Ils ont dit qu'ils allaient envoyer une ambulance. Nous

 23   avons donc rebroussé chemin vers Vitez où nous avons retrouvé l'ambulance,

 24   à un autre endroit qui n’est pas indiqué sur la carte.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Vous êtes allé chercher les corps ?


Page 5053

  1   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit avoir emmené ces

  3   corps vers un lieu particulier qui se trouve près du bord de la route,

  4   n’est-ce pas ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Où est-ce ? Pourriez-vous indiquer

  7   ce lieu d'un

  8   chiffre ?

  9   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 10   (Le témoin s’exécute.)

 11   M. Kehoe (interprétation). - C’est le n° 7, effectivement. Il

 12   s'agissait d'une maison, n’est-ce pas ?

 13   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous indiquer l’endroit où

 15   vous avez déposé ces corps par le n° 8 ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Le n° 7, en fait, couvre toute

 17   cette zone.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Bien, c’est donc là où vous avez

 19   placé ce numéro ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 21   M. Kehoe (interprétation) - Vous avez dit avoir observé certains

 22   soldats dans un virage de la route, alors que vous vous dirigiez vers le

 23   sud, vers Vitez. Vous avez dit que les soldats portaient des uniformes

 24   verts ou noirs avec des ceintures blanches, n'est-ce pas ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Oui.


Page 5054

  1   M. Kehoe (interprétation) - Pourriez-vous alors porter le n° 8

  2   sur le lieu où vous avez vu ces soldats ? Je crois que vous avez dit que

  3   vous avez récupéré d'autres corps dans cette zone au cours de cette même

  4   journée, n'est-ce pas ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  6   M. Kehoe (interprétation) - Bien. Retournons à nos places

  7   respectives.

  8   Puis-je maintenant vous demander de vous concentrer sur la

  9   pièce 111/1, avec l'aide de l'huissier ?

 10   Sergent, vous nous avez dit avoir récupéré certains corps dans

 11   la position que vous avez indiquée comme étant le n° 6.

 12   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 13   M. Kehoe (interprétation) - S'agit-il des corps que vous avez

 14   chargés ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Oui, effet.

 16   M. Kehoe (interprétation) - Ce sont des pièces que je vais

 17   montrer au témoin qui ne sont pas encore des pièces à conviction. Peut-

 18   être puis-je demander à M. Dubuisson d'indiquer les numéros.

 19   M. le Greffier. - Il s'agit du n° 169, mais il est entendu que

 20   je dois encore recevoir les pièces 167 et 168 qui sont des déclarations.

 21   M. Kehoe (interprétation) - C'est exact, il y a trois

 22   déclarations.

 23   M. le Greffier. - S'il y a trois déclarations, celle-ci serait

 24   le n° 170.

 25   M. Kehoe (interprétation) - Oui, merci. Peut-être pourrions-nous


Page 5055

  1   regarder la première photographie de ce lot 170/1. La photographie d'en

  2   haut, s'il vous plaît. Merci.

  3   Pourrions-nous parler de cette photographie ? Tout d'abord,

  4   Sergent, reconnaissez-vous cette photographie ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  6   M. Kehoe (interprétation) - Que montre cette photographie ?

  7   M. Parrott (interprétation). - C'est l'ambulance blindée qui

  8   transportait deux corps à l'arrière.

  9   M. Kehoe (interprétation) - Votre compagnie les a-t-elle aidés à

 10   charger ces corps ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Oui, nous étions présents quand

 12   cela a été fait.

 13   M. Kehoe (interprétation) - Passons à la photographie suivante :

 14   170/2. De quoi s'agit-il ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Cette photographie a été prise,

 16   je crois, au même moment.

 17   M. Kehoe (interprétation) - S'agit-il également de corps que

 18   vous avez récupérés l'après-midi du 16 ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Oui, tout à fait.

 20   M. Kehoe (interprétation) - Passons maintenant à la troisième

 21   photographie : 170/3. De quoi s'agit-il, Sergent ?

 22   M. Parrott (interprétation). - C'est l'ambulance blindée, avec

 23   trois membres de mon peloton.

 24   M. Kehoe (interprétation) - Merci beaucoup. Nous aborderons le

 25   reste des photographies un peu plus tard.


Page 5056

  1   Sergent, vous avez dit, au cours de votre interrogatoire, que

  2   les corps qui étaient sur le côté du bâtiment, dont l'un des pans était

  3   tombé, étaient alignés. Avez-vous eu l'impression qu'ils avaient été

  4   placés là ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.

  6   M. Kehoe (interprétation) - Pensez-vous qu'ils avaient été

  7   amenés d'un autre endroit ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Je ne pense pas qu'il soit facile

  9   de le dire avec certitude.

 10   M. Kehoe (interprétation) - Certains corps avaient des blessures

 11   à la tête, n'est-ce pas ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 13   M. Kehoe (interprétation) - En tant que soldat, qu'avez-vous

 14   pensé ? Qu'en avez-vous conclu ?

 15   M. Parrott (interprétation). - J'ai pensé que cela ne

 16   correspondait certainement pas à des blessures infligées normalement, au

 17   cours de combats. Il n'est pas statistiquement normal qu'un si grand

 18   nombre d'hommes aient été blessés de cette façon.

 19   M. Kehoe (interprétation) - Qu'avez-vous pensé lorsque vous avez

 20   vu des femmes âgées tuées de cette façon-là ?

 21   M. Parrott (interprétation). - La même chose.

 22   M. Kehoe (interprétation) - Vous aviez donc cette opinion

 23   également. Là encore, je voudrais passer au 17. Vous avez dit vous être

 24   rendu à Donja Veceriska. Je vous demanderai donc de vous relever et je

 25   voudrais revenir à des cartes qui ont déjà été montrées, monsieur le


Page 5057

  1   Président, si je puis me le permettre, ou plutôt passer à la carte

  2   suivante.

  3   Sergent, il s'agit de la pièce 56H. Pourriez-vous indiquer, pour

  4   faire la différence avec la carte 56G, la date du 17 avril 1993, afin de

  5   ne pas confondre cette pièce avec la 56G ?

  6   Pendant que nous y sommes, pouvez-vous indiquer sur cette photo-

  7   ci la date du 16 avril 1993 ?

  8   Revenons donc à la pièce 56H. En utilisant le marqueur orange,

  9   pourriez-vous nous montrer l'itinéraire que vous avez suivi pour aller

 10   jusqu'à Donja Veceriska ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Depuis Vitez....

 12   M. Kehoe (interprétation) - Vous avez indiqué, Sergent, que

 13   lorsque vous vous dirigiez vers Donja Veceriska, sur cette route, vous

 14   avez vu ces civils qui vous ont dit avoir été expulsés de chez eux.

 15   M. Parrott (interprétation). - Le lieu exact est difficile à

 16   confirmer, mais il se situait dans une zone qui se trouve à peu près ici.

 17   M. Kehoe (interprétation) - Pourriez-vous indiquer cet endroit

 18   par un n° 1 et entourer cette zone pour avoir une vue générale ? Ou avez-

 19   vous une opinion quant à l'appartenance ethnique de ces personnes ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Oui, ces personnes étaient

 21   musulmanes.

 22   M. Kehoe (interprétation) - Passons maintenant à un

 23   agrandissement de la zone de Donja Veceriska, du village. Je crois qu'il

 24   s'agit là de la pièce 55. Quelle est la lettre qui va avec

 25   ce numéro ?


Page 5058

  1   M. le Greffier. - 55A.

  2   M. Kehoe (interprétation) - Très bien. Il s'agit donc d'une vue

  3   de Donja Veceriska. Pourriez-vous nous indiquer l'itinéraire que vous avez

  4   suivi ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Je cherche la route...

  6   M. Kehoe (interprétation) - Et le lieu où vous vous êtes arrêté

  7   sur cet itinéraire, pourriez-vous l'indiquer du n° 2 ?

  8   M. Parrott (interprétation). - La première fois ou après être

  9   arrivé dans le village ?

 10   M. Kehoe (interprétation) - Après être arrivé dans le village.

 11   Vous avez dit au cours de votre interrogatoire que vous aviez observé un

 12   certain nombre de soldats du HVO, n'est-ce pas ?

 13   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 14   M. Kehoe (interprétation) - Avez-vous observé tout autre chose,

 15   au moment où vous avez commencé à suivre cet itinéraire, avant de vous

 16   arrêter à l'endroit que vous venez d'indiquer sous le n° 2 ?

 17   M. Parrott (interprétation). - Quoi en particulier ?

 18   M. Kehoe (interprétation) - Je ne sais pas, peut-être des

 19   barrières du HVO, des insignes...

 20   M. Parrott (interprétation). - Oui, nous en avons vu, surtout au

 21   bord de la route et dans cette zone ici.

 22   M. Kehoe (interprétation) - Pouvez-vous utiliser ce feutre rose

 23   et mettre le n° 3 autour de la zone où vous avez vu ces éléments ? Peut-

 24   être pourriez-vous utiliser le rouge et indiquer le n° 3 à cet endroit.

 25   Très bien.


Page 5059

  1   Sergent, s'agissait-il du même endroit où vous avez vu les

  2   soldats du HVO dont vous avez parlé plus tôt ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Oui, mais ils étaient plus

  4   concentrés qu'au niveau 2.

  5   M. Kehoe (interprétation) - Combien de soldats avez-vous vu à

  6   peu près ?

  7   M. Parrott (interprétation). - Un certain nombre, mais il m'est

  8   difficile de préciser le nombre exact. Disons une vingtaine ou une

  9   trentaine.

 10   M. Kehoe (interprétation) - Très bien. Vous avez déjà pu

 11   observer nombre de soldats en différents endroits, n'est-ce pas ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 13   M. Kehoe (interprétation) - Etant donné ce que vous avez vu à ce

 14   moment-là, est-ce que ces soldats vous semblaient tendus ? Leur tirait-on

 15   dessus ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Ils avaient quelques armes à feu

 17   légères, mais ils étaient en position de défense.

 18   M. Kehoe (interprétation) - Selon vous, en tant que soldat,

 19   s'ils avaient reçu des coups de feu, auraient-il cherché un abri ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Oui, bien entendu. Si j'étais

 21   dans cette position, je rechercherais un certain abri.

 22   M. Kehoe (interprétation) - Pensez-vous qu'ils recherchaient

 23   eux-mêmes un abri ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Non.

 25   M. Kehoe (interprétation) - Dans l'endroit qui se trouve juste


Page 5060

  1   au dessus du n° 2, avez-vous vu des maisons en feu ?

  2   M. Parrott (interprétation). - Il y avait une maison qui brûlait

  3   à ce moment-là, très près du carrefour.

  4   M. Kehoe (interprétation) - Avec le feutre vert, pouvez-vous

  5   indiquer cet endroit du n° 4 ? Peut-être que ce sera plus simple avec le

  6   rouge.

  7   Je pense que vous savez que d'autres maisons étaient en feu,

  8   n'est-ce pas ?

  9   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 10   M. Kehoe (interprétation) - Ces soldats essayaient-ils

 11   d'éteindre ces incendies ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Non.

 13   M. Kehoe (interprétation) - Qu'en avez-vous conclu en tant que

 14   soldat ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Qu'ils étaient probablement ceux

 16   qui avaient provoqué ces incendies.

 17   M. Kehoe (interprétation) - Donc ces soldats se tenaient là, ils

 18   ne s'abritaient pas et ils n'essayaient pas d'éteindre un incendie qui se

 19   trouvait proche d'eux, n'est-ce pas ?

 20   M. Parrott (interprétation). - C'est exact ?

 21   M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous vu ces soldats dans les

 22   zones numéro 2, numéro 3 et numéro 4, et avez-vous vu qu’ils essayaient

 23   d'éteindre les incendies, au moment où vous étiez sur les lieux ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Non.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Ils semblaient calmes, relaxés,


Page 5061

  1   n'est-ce pas ?

  2   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez parlé d'un autre endroit.

  4   Vous avez dit que vous vous étiez arrêté dans le village, alors que vous

  5   descendiez, vous suiviez la route qui vous semblait être le lieu de la

  6   destruction, et vous vous êtes arrêté à une maison.

  7   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

  8   M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous prendre le feutre

  9   orange, et marquer l'itinéraire que vous avez suivi, là encore, et

 10   pourriez-vous entourer la maison avec ce feutre vert et indiquer le n° 5 ?

 11   (Le témoin s’exécute.)

 12   M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous nous dire, après vous

 13   être arrêté à cet endroit, le chemin que vous avez suivi pour repartir ?

 14   (Le témoin s’exécute.)

 15   M. Kehoe (interprétation). - Sergent, pendant toute la période

 16   que vous avez passée dans ce village, avez-vous vu des mouvements ou une

 17   résistance organisée de la part des Musulmans bosniaques contre ces

 18   soldats du HVO qui se trouvaient au n° 2 et au n° 3 ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Je n'en ai pas vu.

 20   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous vous rasseoir, s’il

 21   vous plaît ? Merci.

 22   Avec l'aide de l'huissier, pourrions-nous passer maintenant à la

 23   photo suivante, 170/4. Merci.

 24   Sergent, avez-vous vu cette photographie, auparavant ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Oui.


Page 5062

  1   M. Kehoe (interprétation). - Que représente-t-elle ?

  2   M. Parrott (interprétation). - C’est la zone du carrefour où

  3   nous nous sommes arrêtés pour la première fois.

  4   M. Kehoe (interprétation). - C'est là que vous avez vu les

  5   maisons qui brûlaient autour du numéro 4, n’est-ce pas ?

  6   M. Parrott (interprétation). - C’est bien cela.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Quel jour a été prise cette photo ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Le 17.

  9   M. Kehoe (interprétation). - S’agit-il là des incendies dont

 10   vous avez dit que les soldats du HVO n’essayaient pas de les éteindre ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Oui, effectivement.

 12   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit avoir descendu cette

 13   route jusqu’au numéro 5, et si je peux passer à la photographie suivante,

 14   c’est-à-dire la photographie 170/5...

 15   Sergent, reconnaissez-vous cette photo ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Que représente-t-elle ?

 18   M. Parrott (interprétation). - C'est à l'arrière de mon

 19   véhicule, quand on regarde dans la direction arrière, vers la partie

 20   intérieur du village.

 21   M. Kehoe (interprétation). - S'agissait-il là des civils dont

 22   vous avez parlés, qui arrivaient vers votre Warrior, quand vous êtes

 23   arrivé ?

 24   M. Parrott (interprétation). - En effet.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Avant de revenir à la carte, et de


Page 5063

  1   continuer avec la journée du 17, vous avez dit que, au cours de la journée

  2   du 17, qu'il y avait une arme antiaérienne au sud de Stari Vitez, n’est-ce

  3   pas ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Laissez-moi vous montrer une photo,

  6   qui est la pièce à conviction 105. Vous l'avez sur votre chaise, à côté,

  7   M. Dubuisson.

  8   Pourriez-vous nous montrer, à l'aide du pointeur, l'endroit où

  9   se trouvait cette arme antiaérienne, sur cette photo ?

 10   M. Parrott (interprétation). - Très bien.

 11   (Le témoin s’exécute)

 12   M. Kehoe (interprétation). - C'est donc cette arme, dont vous

 13   pensiez qu'elle avait été récemment utilisée, parce que de la fumée

 14   sortait du canon, n’est-ce pas ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la photo

 17   suivante, qui est 170/5.

 18   Je ne vous demande pas s'il s'agit de la même arme, mais s'agit-

 19   il du même type d'armes antiaériennes que vous avez pu observer sur la

 20   photo que nous venons de voir (la pièce 105) ?

 21   M. Parrott (interprétation). - Oui, cela ne fait aucun doute,

 22   c'est bien le même type d'armes.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Si je peux vous demander de revenir

 24   à 56-H... Merci, Cédric, nous en avons terminé avec ces photographies.

 25   Là encore, nous revenons à 56-H. Pourriez-vous indiquer, avec le


Page 5064

  1   numéro 6, l'endroit, sur cette carte, où vous avez vu ce canon

  2   antiaérien ?

  3   (Le témoin s’exécute.)

  4   Pourriez-vous entourer cet endroit, s’il vous plaît ?

  5   (Le témoin s’exécute.)

  6   A quelle heure êtes vous partis de Donja Veceriska ?

  7   M. Parrott (interprétation). - Je crois que nous sommes partis à

  8   peu près à 11 heures.

  9   M. Kehoe (interprétation). - Combien de temps avez-vous passé

 10   dans la zone de Vitez, après cela ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Comme je l’ai dit précédemment,

 12   je suis incapable de me rappeler si nous sommes retournés au quartier

 13   général, à Vitez, ou pas; mais l’heure était, en tout cas,

 14   approximativement 2 heures de l’après-midi.

 15   M. Kehoe (interprétation). - Donc, à peu près 2 heures de

 16   l'après-midi. Avez-vous vu de la fumée s’élever au-dessus de Donja

 17   Veceriska, à cette heure-là, le 17 avril ?

 18   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Permettez-moi de changer de sujet,

 20   et de vous faire tenir debout encore un peu.

 21   Au cours de la période pendant laquelle vous travailliez en

 22   Bosnie avec le régiment du Cheshire, avez-vous pu rencontrer l'accusé, le

 23   général Blaskic ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Quand ?


Page 5065

  1   M. Parrott (interprétation). - On nous a donné l'ordre de le

  2   transporter depuis son

  3   quartier général de Kiseljak, jusqu'au quartier général de

  4   Busovaca.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la pièce 75-

  6    A. Pourriez-vous jeter un oeil à cette carte ? Pourriez-vous indiquer,

  7   sur cette carte, l'itinéraire que vous avez suivi pour aller vers les

  8   casernes de Kiseljak, et entourer le lieu où vous êtes venu chercher

  9   M. Blaskic ?

 10   (Le témoin s’exécute.)

 11   Pourriez-vous entourer ce lieu avec l’autre marqueur, s'il

 12   voulait plaît ?

 13   (Le témoin s’exécute.)

 14   Donc, maintenant, nous passons à la 76-B. C'est un

 15   agrandissement, n'est-ce pas ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous entourer l'entrée de

 18   la caserne de Kiseljak ? Merci. Vous pouvez vous rasseoir.

 19   M. le Président. - Vous avez encore beaucoup de questions,

 20   Maître Kehoe ?

 21   M. Kehoe (interprétation). - Je voudrais encore traiter d’une

 22   autre pièce, et nous en aurons terminé.

 23   M. le Président. - Nous allons faire une pause, et nous

 24   reprendrons dans vingt minutes.

 25   L’audience, suspendue à 16 heures 10, est reprise à 16 heures 35.


Page 5066

  1  

  2   M. le Président (interprétation). - Faites entrer l'accusé.

  3   (L’accusé est introduit dans le prétoire.)

  4   M. Kehoe (interprétation). - Puis-je poursuivre, Monsieur le

  5   Président ?

  6   M. le Président. - Oui.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Avant la pause, Sergent Parrott,

  8   nous parlions du moment où vous êtes allé chercher l'accusé à la caserne

  9   de Kiseljak. Lorsque vous êtes allé le chercher, était-il seul ou entouré

 10   d'un groupe de personnes ?

 11   M. Parrott (interprétation). - En règle générale, il avait six

 12   ou huit gardes du corps armés jusqu'aux dents. Il avait toujours avec lui

 13   au moins une personne non armée et qui était visible.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Je vais maintenant vous montrer un

 15   document que vous avez vous-même fourni au Bureau du Procureur. Il s’agit

 16   de la pièce 171, Monsieur le Greffier ?

 17   M. Dubuisson. - Oui, Monsieur le Procureur.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Je voudrais que ce document soit

 19   montré au témoin, s’il vous plaît.

 20   (L’Huissier s’exécute.)

 21   Sergent Parrott, reconnaissez-vous cette pièce 171 ? De quoi

 22   s’agit-il ?

 23   M. Parrott (interprétation). - La page de garde est une

 24   traduction d'un fax reçu par l'état-major de Vitez qui demandait un

 25   transport de Kiseljak à Busovaca.


Page 5067

  1   M. Kehoe (interprétation). - Vous parlez d’état-major, de

  2   quartier général, de Vitez. De quoi s'agit-il ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Du quartier général.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Bien. Pourriez-vous nous lire la

  5   traduction que vous avez reçue ?

  6   M. Parrott (interprétation). - L’intitulé est : « République de

  7   Bosnie-Herzégovine, Communauté croate de Herceg-Bosna, Conseil croate de

  8   la Défense. Commande opérationnelle de Bosnie centrale ». Je ne suis pas

  9   sûr de ce qui est écrit avant Vitez. Puis :

 10   « Vitez. N° 001/4/1163-93. Date : avril 1993 / 11 heures.

 11   Hautement confidentiel. Demande pour fournir un transporteur de troupes

 12   blindées. Pourriez-vous avoir deux véhicules pour transporter une

 13   délégation du HVO et leur escorte le 12 avril 1993, un lundi ? Point de

 14   départ : Kiseljak, caserne du HVO. Itinéraire : Kiseljak, Kacuni,

 15   Busovaca. Heure de départ : 9 heures.

 16   Nombre de passagers : dix membres de la délégation. Nous vous

 17   savons gré d’avoir déjà assuré ce transport. Nous espérons que vous serez

 18   prêts à le faire.

 19   Pourriez-vous nous informer de l’issue de cette requête avant

 20   4 heures le 11 avril 1993, par écrit ou par téléphone. Respectueusement.

 21   Colonel Blaskic. »

 22   M. Kehoe (interprétation). - Sur cette traduction écrite, une

 23   petite note est apposée en jaune, n'est-ce pas ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Que dit-elle ?


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  1   M. Parrott (interprétation). - « Seuls sont autorisés Blaskic et

  2   sept hommes. Un représentant doit être amené. »

  3   M. Kehoe (interprétation). - Cette demande consiste à emmener

  4   Blaskic jusqu’à Busovaca en passant par Kacuni, n’est-ce pas ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  6   M. Kehoe (interprétation). - Sergent, savez-vous si cette

  7   demande a reçu une réponse affirmative ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Je ne le sais pas de façon

  9   certaine.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Mais des requêtes similaires ont

 11   été faites par le bataillon britannique, n’est-ce pas ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

 14   les Juges, j’en ai

 15   terminé avec mon interrogatoire. Je voudrais verser certains

 16   documents au dossier, notamment les cartes qui se trouvent sur le

 17   chevalet : 45/G, 56/G, 50/I, 56/H, 55/A, 75/A, 76/B.

 18   M. Dubuisson. - Et la pièce 170 qui est l'album de photos.

 19   M. Kehoe (interprétation). - L'album de photos n° 170, et

 20   l'ensemble des lettres accompagnées de leur traduction en tant que pièce

 21   n° 171.

 22   M. le Président. - Je voudrais être sûr de la numérotation des

 23   ordres de transports et de déplacements. Bien.

 24   A présent, Sergent, la défense va procéder au contre-

 25   interrogatoire. Allez-y, Maître Hayman.


Page 5069

  1   M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Président,

  2   il y a peut-être une confusion avec ce document. En fait, il y a deux

  3   traductions d’une lettre, l’une qui a été donnée au Sergent Parrott et

  4   l’autre qui a été faite par le Tribunal. Donc s’il y avait une confusion,

  5   je tenais à l’éclaircir.

  6   M. le Président. - J'ai compris que des traductions avaient été

  7   faites sur place par le bataillon britannique, c’est cela ?

  8   M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

  9   M. le Président. - Et les traductions anglaise et française sont

 10   les deux derniers documents. Bien, nous sommes d’accord, tout est classé

 11   sous le n° 171.

 12   Allez-y, Maître Hayman.

 13   M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, nous ne

 14   faisons pas objection au versement de ces deux documents, mais je voudrais

 15   simplement signaler, pour le compte rendu, que c’est la première fois

 16   qu'on nous fournit la pièce n° 171 qui est une déclaration de l’accusé.

 17   Or, selon l'article 66, nous avons le droit de recevoir ces

 18   déclarations lorsque le

 19   Bureau du Procureur les obtient. Il a eu le temps de faire

 20   traduire ces documents en français, mais apparemment il ne les pas eus

 21   pour les donner à la défense lorsqu’il les a reçus par avance. Il a reçu

 22   ce témoignage. Si j’ai tort, je m’en excuse, mais je ne crois pas avoir vu

 23   ce document auparavant.

 24   M. le Président. - Question tout à fait pertinente !

 25   L’article 66 prévoit, effectivement, qu’il faut fournir toutes les


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  1   déclarations préalables de l'accusé.

  2   On peut considérer ce document comme une déclaration. En fait,

  3   ce n’est pas tout à fait une déclaration, c’est un document dont l'auteur

  4   est l'accusé. Il faut être près précis dans les termes. C'est cela

  5   Maître Kehoe ?

  6   M. Kehoe (interprétation). - Tout à fait exact, Monsieur le

  7   Président. Toutefois, ce n'est en aucune façon une déclaration. Il y a

  8   plusieurs ordres qui sont en la possession du Tribunal et qui ont été

  9   signés par l’accusé ; mais ce ne sont pas des déclarations de l’accusé. Au

 10   cours de la communication de pièces, ce problème aura été couvert, mais ce

 11   n’est pas par le choix du conseil de la défense.

 12   Néanmoins, ce document précis a été obtenu la semaine dernière

 13   par le Tribunal au cours des discussions que nous avons eues avec le

 14   Sergent Parrott. Il faut que tout soit clair.

 15   Tout à long du procès, le conseil de la défense n'a jamais

 16   soulevé comme objection le fait que les ordres de l'accusé soient des

 17   déclarations de celui-ci.

 18   M. Hayman (interprétation). - Oui.

 19   M. le Président. - Maître Hayman, il me semble que nous avions

 20   traité le point dans la décision du 27 janvier 1997.

 21   M. Hayman (interprétation). - Oui, et si je peux rafraîchir la

 22   mémoire des Juges, cette décision disait qu’une déclaration est une

 23   déclaration, quelle que soit la personne qui l’ai recueillie, quel que

 24   soit le format de cette déclaration et quelle que soit la signature qui

 25   est apposée sur ce document et si cette personne était sous serment ou


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  1   pas.

  2   Si telle est la position adoptée, très bien. Mais je voudrais

  3   que le compte rendu soit très clair, à savoir que nous demandons que

  4   toutes les déclarations soient communiquées et que si ce genre de

  5   déclaration n'est pas à communiquer par la défense, il faut que cela

  6   figure dans le compte rendu ainsi que notre objection.

  7   M. le Président. - Je crois -merci, M. le Juge-, que nous avons

  8   eu l’occasion de trancher la question. C’est pourquoi je me permets...

  9   Malheureusement j'ai une mauvaise copie.

 10   « Les principes ainsi dégagés » avons-nous dit « à l’appui de

 11   l’interprétation de l’Article 66.A, conduisent la Chambre à adopter la

 12   décision que toutes les déclarations préalables de l’accusant figurant au

 13   dossier du Procureur, quelles aient été recueillies par l’accusation ou

 14   qu’elles émanent de toute autre source, doivent être communiquées sans

 15   délai à la défense. »

 16   Nous avons bien dit «qu’elles émanent de toute autre source ».

 17   « La même interprétation de l’Article 66.A conduit la Chambre à

 18   ne pas faire de distinction selon la ou les formes qui peuvent revêtir

 19   lesdites déclarations.

 20   De surcroît, rien dans le texte n’autorise d’y introduire les

 21   distinctions proposées par l’accusation, entre les déclarations

 22   officielles faites sous serment ou signées et reconnues par l’accusé et

 23   les autres. »

 24   Je vous reporte au paragraphe 37. Je crois que nous avions fait

 25   cela aussi dans un but de simplification. Nous estimons que tout ce qui


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  1   émane de l’accusé doit être fourni à la défense pour lui permettre de s'y

  2   préparer. A l'avenir, il faut que cela soit très clair.

  3   D’ailleurs nous perdons du temps. Il ne sert à rien d’en

  4   reparler. Vous avez eu raison. On peut discuter à perte de vue sur la

  5   signification du mot « déclaration ». Nous avons tranché le 27 janvier

  6   1997 en indiquant que tout ce qui émane de l'accusé devrait être fourni à

  7   la défense. Il me semble que c'est d'ailleurs la loyauté des débats et le

  8   sens même d'une procédure contradictoire.

  9   Qu’en pensez-vous, Maître Kehoe, Maître Harmon ? Nous n’allons

 10   pas refaire la décision de janvier 1997, bien entendu.

 11   M. Kehoe (interprétation). - Avec tout le respect que je dois à

 12   la Chambre, l’article 66.B qui parle de la communication de pièces et de

 13   l'obligation de pièces dit que « sur demande, le Procureur va permettre à

 14   la défense d’examiner tout document, de prendre connaissance de tout

 15   document se trouvant en sa possession ou sous son contrôle et susceptible

 16   d’être utilisé ».

 17   Il s’agit de documents qui vont être utilisés au cours du

 18   procès. C’est là-dessus que porte la question de l’obligation de

 19   communication et non pas la question des déclarations, si l'accusé avait

 20   fait une déclaration dans les médias ou dans un article de journal ou

 21   encore auprès d’un enquêteur.

 22   M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, nous

 23   n'avons pas à revenir sur ce point. Les Juges ont pris une décision. Le

 24   Bureau du Procureur a également clairement établi sa position. Le compte

 25   rendu s’expliquera de lui-même pour toute procédure d’appel éventuelle. Je


Page 5073

  1   ne crois pas que nous devrions prolonger cette discussion.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Je serais gré à Maître Hayman de ce

  3   message, mais je ne crois pas que ces documents auraient pu être obtenus.

  4   Il aurait pu les obtenir s’il les avait demandés. Il a décidé de ne pas le

  5   faire.

  6   (Les Juges se consultent sur le siège.)

  7   M. le Président. - Le Tribunal est d'avis de réserver le point

  8   pour l’instant. Il n'en demeure pas moins que ce document va être discuté

  9   dans le contre-interrogatoire par la défense. Nous reverrons, autrement

 10   que sur le siège, les dispositions prises à l'époque par ladite Chambre

 11   dans une composition qui, en effet, ne comportait pas l’un des juges qui

 12   figure maintenant dans la formation du jugement. Nous allons donc revoir

 13   la question à la lumière de ce document.

 14   Pour l’instant, maître Hayman, vous discutez de ce document si

 15   vous le souhaitez.

 16   Si vous souhaitez ne pas en discuter, c’est votre droit. Si j’ai

 17   bien compris, vous souhaitez en discuter.

 18   M. Hayman (interprétation). - Oui, nous sommes prêts à

 19   continuer, monsieur le Président, avec le contre-interrogatoire. Merci.

 20   Bonjour, Sergent.

 21   M. Parrott (interprétation). - Bonjour.

 22   M. Hayman (interprétation). - J'ai quelques questions, mais

 23   finalement assez peu. Pourriez-vous nous dire à peu près à quelle heure,

 24   le matin du 16 avril 1993, vous êtes arrivé dans la ville et dans la zone

 25   de Vitez ?


Page 5074

  1   M. Parrott (interprétation). - Je crois peu de temps après

  2   9 heures.

  3   M. Hayman (interprétation). - Vous y êtes resté en alerte

  4   pendant deux heures à peu près ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.

  6   M. Hayman (interprétation). - Vous étiez avec le Lieutenant

  7   Dooley pendant cette journée du 16 ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  9   M. Hayman (interprétation). - Peut-on dire que le nombre total

 10   des soldats du HVO vus dans la zone de Vitez et de Stari Vitez, le matin

 11   du 16 avril 1993, était environ de 12 à 24 ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Il serait très difficile d'en

 13   établir le nombre exact. Mais c’est là une estimation assez modeste.

 14   M. Hayman (interprétation). - Est-ce que trois douzaines

 15   correspondraient plus à la vérité ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Je ne peux pas être plus précis.

 17   M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit, en utilisant la

 18   pièce que l'on voit sur

 19   le chevalet, la pièce 45.G, avoir vu un certain nombre de

 20   soldats du HVO allant de maison en maison, le matin du 16 ?

 21   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 22   M. Hayman (interprétation). - Combien de soldats y avait-il ?

 23   Peut-on dire qu’il y en avait à peu près six ?

 24   M. Parrott (interprétation). - En fait, autour des maisons que

 25   nous pouvions voir c’était à peu près ce nombre-là.


Page 5075

  1   M. Hayman (interprétation). - Combien de maisons ont-ils

  2   visitées en quelque sorte, alors que vous observiez ces six soldats le

  3   matin du 16 avril ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Nous les avons vus se déplacer

  5   d'une position qui était dissimulée de notre vue, vers l'arrière de la

  6   maison et jusqu'à l'avant du véhicule blindé, donc du jardin arrière d'une

  7   maison.

  8   M. Hayman (interprétation). - Ils se couvraient les uns et les

  9   autres avec leurs armes au cours de leur mouvement ou n'avez-vous pas vu

 10   cela ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Quand nous les avons vus, ils

 12   tendaient à se placer en position de tir entre les clôtures, les

 13   séparations.

 14   M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que vous

 15   entendez par « position de tir » ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Soit de se placer dans une

 17   position d’où ils pouvaient tirer ou encore une position qui leur aurait

 18   donné un certain couvert.

 19   M. Hayman (interprétation). - Quand vous avez dit que ces six

 20   soldats semblaient être organisés, vous vouliez dire qu'ils se déplaçaient

 21   d'une façon organisée, c'est-à-dire qu'ils avaient des relations entre eux

 22   qui vous semblaient décrire un mouvement organisé ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 24   M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu, en guise de

 25   contraste, des soldats à


Page 5076

  1   des postes de contrôle qui semblaient désorganisés.

  2   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  3   M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu l’un de ces soldats

  4   utiliser son arme ?

  5   M. Parrott (interprétation). - Non.

  6   M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu une de ces personnes

  7   mettre le feu à une maison avec du carburant ou quelque chose comme cela ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Non.

  9   M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu un lance-rocket

 10   Léger 16 qui avait été utilisé dans une rue ? Si cette arme avait été

 11   utilisée contre une maison, pourrait-elle y mettre le feu ? Le savez-

 12   vous ?

 13   M. Parrott (interprétation). - Oui, cela le ferait.

 14   M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si ce type d'armes, un

 15   lance-rocket Léger, est une arme utilisée dans les zones urbaines ?

 16   Les six Musulmans que vous avez vu à la fin de ce cul-de-sac,

 17   vous en souvenez-vous ?

 18   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 19   M. Hayman (interprétation). - Portaient-ils des vêtements

 20   mixtes, c'est-à-dire à la fois des vêtements civils et des vêtements

 21   militaires ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Pour autant que je m'en

 23   souvienne, je crois que quelques uns parmi ces six avaient une partie

 24   d'uniforme. C'était effectivement des uniformes mélangés.

 25   M. Hayman (interprétation). - A votre avis, ces vêtements mixtes


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  1   étaient-ils des vêtements typiques des soldats de la BIH ?

  2   M. Parrott (interprétation). - Oui, quelquefois effectivement,

  3   cela semblait dans certaines régions coutumier pour la plupart des

  4   soldats.

  5   M. Hayman (interprétation). - Parmi ces six personnes que vous

  6   avez vues, l'une d'entre elle portait-elle des armes ? Portait-elle des

  7   AK 47 ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Je crois que oui.

  9   M. Hayman (interprétation). - Vous nous avez dit avoir vu un

 10   autre homme qui portait une arme légère et qui se trouvait dans un jardin,

 11   avec une vache. Vous en souvenez-vous ? Avez-vous si cette personne

 12   faisait un geste qui semblait avoir pour but de jeter une grenade dans la

 13   direction des six soldats du HVO ? Etiez-vous dans votre warrior à ce

 14   moment-là ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 16   M. Hayman (interprétation). - Avant que les six soldats du HVO

 17   se retirent, avez-vous vu d'autres hommes musulmans arrivant dans les

 18   parages ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Pas à ma connaissance.

 20   M. Hayman (interprétation). - Ceci peut-il vous rafraîchir la

 21   mémoire ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 23   M. Hayman (interprétation). - Monsieur Kehoe, je vais vous

 24   donner la page correspondante. Il s'agit de la page 5 de la déclaration

 25   qui a été faite à l'enquêteur du Tribunal, en date du 27 avril 1995.


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  1   Lorsque vous avez parlé de la situation, vous avez dit : "Peu de

  2   temps après, d'autres hommes musulmans sont arrivés, mais je ne les

  3   décrirais pas comme des soldats ou des unités, mais simplement comme des

  4   hommes qui venaient de la ville, qui avaient certaines parties d'uniforme.

  5   Les familles sont sorties de leurs maisons, vers Stari Vitez, en courant.

  6   Il semblait que les hommes musulmans étaient prêts à défendre les maisons

  7   qui se trouvaient dans les parages".

  8   Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire sur la question que

  9   j'ai posée précédemment, à savoir y avait-il d'autres hommes portant des

 10   vêtements mixtes qui sont arrivés

 11   sur la scène ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Ce que j'ai dit dans ma

 13   déclaration, c'est ce dont je me souvenais à l'époque.

 14   M. Hayman (interprétation). - Ce n'est pas un souvenir que vous

 15   avez maintenant, n'est-ce pas ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Pas en ce moment même.

 17   M. Hayman (interprétation). - Quoi qu'il en soit, après un

 18   certain temps, est-ce que ces soldats du HVO se sont repliés ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 20   M. Hayman (interprétation). - Il n'y a pas eu de coups de feu

 21   échangés avec ces six Musulmans qui se trouvaient au bout du cul-de-sac ou

 22   avec toute autre personne qui se trouvait dans la zone ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Non, il n'y a pas eu de coup de

 24   feu.

 25   M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que par la suite,


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  1   dans cette matinée, vous avez vu une maison incendiée en contrebas du

  2   stade -on le voit d'ailleurs sur la photo- à une certaine distance de la

  3   ville de Vitez. Vous en souvenez-vous ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  5   M. Hayman (interprétation). - Y avait-il une maison en feu ou

  6   plusieurs ?

  7   M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens avec précision

  8   que d'une maison où l'incendie sévissait vraiment avec beaucoup de force.

  9   M. Hayman (interprétation). - Par la suite, dans la journée,

 10   vous êtes allé sur la route reliant Vitez à Busovaca, afin de récupérer

 11   des corps, n'est-ce pas ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 13   M. Hayman (interprétation). - Les cinq corps, qui se trouvaient

 14   au point 5 indiqué sur l'une des cartes, avaient-ils les mêmes blessures

 15   ou des blessures différentes, d'après votre

 16   souvenir ?

 17   M. Parrott (interprétation). - Personnellement, je ne me suis

 18   pas chargé de charger ces personnes dans l'ambulance, mais ce qui m'a été

 19   dit par la suite, c'est qu'ils souffraient tous de blessures par balle,

 20   mais pas toutes au même endroit.

 21   M. Hayman (interprétation). - Avaient-ils été tués d'un tir dans

 22   la tête, de la même façon ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 24   M. Hayman (interprétation). - S'agissant des deux photos de la

 25   pièce 170 que je tiens à la main, savez-vous si les personnes qu'elles


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  1   représentent faisaient partie des cinq qui ont été récupérées, cet après-

  2   midi-là, ou s'agissait-il d'autres personnes ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Je n'ai pas d'information précise

  4   s'ils font partie du premier groupe ou du deuxième groupe que nous avons

  5   ramassés.

  6   M. Hayman (interprétation). - Vous ne pouvez pas nous le dire ?

  7   Vous ne vous en souvenez pas ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Je ne peux pas déterminer, à

  9   partir de ces photographies, qui c'était.

 10   M. Hayman (interprétation). - Passons maintenant au

 11   17 avril 1997 et à votre venue à Donja Veceriska. Peut-être que l'huissier

 12   pourrait nous aider. Nous pourrions revoir la pièce 55A, ce serait utile.

 13   Vous avez dit qu'en allant vers Donja Veceriska, en montant

 14   cette route, vous avez trouvé des civils à côté de la route, le long de la

 15   route.

 16   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 17   M. Hayman (interprétation). - Y avait-il des milices de l'armée

 18   de Bosnie-Herzégovine ou des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine avec

 19   eux ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Je pense qu'il y avait peut-être

 21   deux de ces

 22   personnes ?

 23   M. Hayman (interprétation). - Etaient-elles vêtues de différents

 24   vêtements civils ou militaires ? Que portaient-elles ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens plus exactement


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  1   de ce qu'ils portaient.

  2   M. Hayman (interprétation). - Portaient-ils des armes ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Je crois que si on peut les

  4   considérer comme faisant partie d'une milice, peut-être portaient-ils des

  5   armes.

  6   M. Hayman (interprétation). - Je vais à nouveau vous demander de

  7   vous rapprocher. Le conseil peut également s'approcher. Peut-être cela

  8   vous aidera-t-il de regarder cette photo 55A pour répondre aux questions

  9   suivantes.

 10   Vous nous avez montré la zone sur cette pièce 55A entourée d'un

 11   cercle rouge. C'était la zone dans laquelle vous avez vu un certain nombre

 12   de soldats du HVO, n'est-ce pas ?

 13   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 14   M. Hayman (interprétation). - Les soldats du HVO se trouvaient-

 15   ils à découvert ou étaient-ils abrités derrière un bâtiment ? Etaient-ils

 16   dans un fossé ? Pouvez-vous nous dire l'endroit où ils se trouvaient, nous

 17   le décrire ?

 18   M. Parrott (interprétation). - Il y avait des maisons des deux

 19   côtés de la route principale, mais en fait le carrefour est assez à

 20   découvert. Les soldats étaient simplement aux alentours de la route

 21   principale et le plus grand groupe se trouvait près du carrefour.

 22   M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous parlez du carrefour,

 23   parlez-vous du carrefour de la zone entourée en vert ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 25   M. Hayman (interprétation). - Où avez-vous vu pour la première


Page 5082

  1   fois des hommes en âge de combattre, si je puis dire, que vous pensiez

  2   être de la communauté musulmane de

  3   Donja Veceriska ? Où les avez-vous vus ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Hormis les personnes que nous

  5   avons rencontrées en route...

  6   M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans le

  7   village même, où avez-vous vu ces hommes musulmans en âge de combattre ?

  8   M. Parrott (interprétation). - Je crois qu'ils étaient près du

  9   n° 5.

 10   M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous, s'il vous plaît,

 11   remontrer cette zone ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Ici, près de cet endroit.

 13   M. Hayman (interprétation). - En haut de la boucle que vous avez

 14   faites ? C'est cela ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Effectivement, plus vers le bas

 16   de cette boucle que nous avons faite.

 17   M. Hayman (interprétation). - D'accord, donc en haut de la pièce

 18   55A. Vous n'avez donc pas vu d'indications de la présence de la communauté

 19   musulmane en bas de la route qui est dans la partie supérieure du cercle,

 20   sur la pièce 55A. Mais au-dessus de cette route, avez-vous vu une présence

 21   musulmane ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Non.

 23   M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé en haut

 24   de la boucle dont vous avez dit qu'elle était en bas du village, vous avez

 25   vu des hommes musulmans en âge de combattre, n'est-ce pas ?


Page 5083

  1   M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est exact.

  2   M. Hayman (interprétation). - Combien en avez-vous vu ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Je crois qu'il n'y en avait que

  4   deux qui se trouvaient en âge de combattre.

  5   M. Hayman (interprétation). - L'un d'entre eux portait-il des

  6   armes ?

  7   M. Parrott (interprétation). - Oui, je crois qu'il y avait un

  8   fusil d'origine civile, je ne suis pas trop sûr, mais je crois que l'on

  9   peut voir les armes sur la photo.

 10   M. Hayman (interprétation). - Il y a une arme que l'on voit au

 11   coin de la pièce 170/4. Pourriez-vous avancer et vous saisir de mon

 12   exemplaire, si vous n'avez pas le vôtre ? Peut-être pourrait-on placer un

 13   autre exemplaire de ces photos sur le rétroprojecteur, une photo d'un

 14   warrior sur un chemin étroit. Si l'on regarde à gauche, on voit un homme

 15   debout avec une arme, n'est-ce pas ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 17   M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous identifier cette

 18   arme ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Cela ressemble fort à un

 20   revolver.

 21   M. Hayman (interprétation). - Si l'on pouvait déplacer la

 22   photographie sur le rétroprojecteur vers la droite, pour que l'on puisse

 23   voir ce point particulier...

 24   M. le Président. - Excusez-moi, j'ai entendu dans la traduction

 25   "un revolver".


Page 5084

  1   L'interprète.- Nous n'avons pas la photo sous les yeux, monsieur

  2   le Président.

  3   M. le Président. - Je ne suis pas un grand stratège militaire,

  4   mais il me semble qu'il y a une différence entre un fusil et un revolver

  5   et la photo montre un homme avec un fusil. Je ne sais pas si c'est un

  6   fusil de chasse ou un fusil de guerre, mais ce n'est certainement pas un

  7   revolver.

  8   L'interprète.- Pardonnez-nous.

  9   M. Hayman (interprétation). - Ce n'est pas un revolver, c'est un

 10   type de fusil.

 11   M. Kehoe (interprétation) - Objection, monsieur le Président, il

 12   a dit que c'était un fusil.

 13   M. Hayman (interprétation). - Il y a un problème de traduction,

 14   je ne voulais pas jeter la confusion dans les esprits.

 15   M. le Président. - Il y a un problème de traduction, mais à

 16   décharge des interprètes,

 17   ils n'avaient pas la photo sous les yeux. Toujours est-il que je

 18   suis sûr que c'est un fusil.

 19   M. Hayman (interprétation). - Y avait-il des soldats du HVO dans

 20   cette zone du village ? Où vous avez vu ces hommes, qui sont sur la partie

 21   supérieure de la photographie, de la pièce 55A ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Il n'y en avait pas autour du

 23   n° 5.

 24   M. Hayman (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté à

 25   Donja Veceriska, le 17 avril 1993 ?


Page 5085

  1   M. Parrott (interprétation). - Le temps exact n'a pas été

  2   confirmé, mais je dirais que, du début à la fin, nous avons passé une

  3   heure et demi à deux heures.

  4   M. Hayman (interprétation). - Aviez-vous un interprète à vos

  5   côtés ?

  6   M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens pas avoir eu un

  7   interprète ce jour-là.

  8   M. Hayman (interprétation). - Avez-vous obtenu des informations,

  9   des personnes qui se trouvaient sur le terrain, sur la situation ?

 10   M. Parrott (interprétation). - Dans le village même, on essayait

 11   surtout d'assurer

 12   l'évacuation des personnes. Je ne me souviens pas de détails particuliers.

 13   M. Hayman (interprétation). - Et cet homme blessé dont vous avez

 14   parlé, je suppose qu'il se trouvait en haut de la boucle, c'est-à-dire

 15   dans la partie supérieure de la photo 55A ?

 16   M. Parrott (interprétation). - On nous a parlé de lui, mais nous

 17   ne l'avons pas vu.

 18   M. Hayman (interprétation). - Vous ne saviez pas où il se

 19   trouvait. Au cours de votre présence là-bas, avez-vous vu des soldats du

 20   HVO utiliser leurs armes ? Avez-vous évacué des blessés de Donja Veceriska

 21   au cours de cette visite ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Non.

 23   M. Hayman (interprétation). - Avez-vous dit à quelqu'un d'aller

 24   chercher des blessés ou d'organiser une évacuation ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Nous avons fait rapport à notre


Page 5086

  1   retour à Vitez et avons dit qu'il fallait peut-être faire des actions

  2   ultérieures, si c'était nécessaire.

  3   M. Hayman (interprétation). - Veuillez vous rasseoir.

  4   Peut-être avez-vous sous les yeux la pièce 170, enfin peut-être

  5   pas dans sa totalité. Peut-être avez-vous la pièce 170/4 qui est l'image

  6   de cet incendie. Cette pièce pourrait-elle être présentée au témoin et

  7   placée sur le rétroprojecteur ? Merci.

  8   Sergent, sur cette photo, pouvez-vous nous dire de quel type de

  9   bâtiment il s'agit ? Pouviez-vous le dire à l'époque ?

 10   M. Parrott (interprétation). - Il semblait que la structure

 11   principale avait déjà brûlé dans ce bâtiment, et ce qui brûlait, ce sont

 12   en fait les piles de bois qui se trouvaient sur le côté.

 13   M. Hayman (interprétation). - Mais pour le bâtiment principal,

 14   s'agissait-il d'une étable, d'une maison, d'une usine ? Savez-vous ce que

 15   c'était ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Il est un peu difficile de voir

 17   ce que c'était, il n'y avait plus d'indication précise pour dire ce que

 18   cela avait été .

 19   M. Hayman (interprétation). - D'autres maisons étaient-elles en

 20   feu, ou des étables, des écuries étaient-elles en train de brûler pendant

 21   que vous étiez là-bas ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens pas avoir vu

 23   d'autres cas de ce genre.

 24   M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous de tout autre

 25   bâtiment, ailleurs qu'à Donja Veceriska, lorsque vous étiez sur les lieux


Page 5087

  1   le 17 avril 1993 ?

  2   M. Parrott (interprétation). - Je ne pense pas qu'à ce moment-là

  3   il y avait des maisons en feu, mais je ne peux pas le confirmer.

  4   M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit avoir emmené ou être

  5   allé chercher le

  6   général Blaskic à Kiseljak et l'avoir emmené à Busovaca.

  7   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  8   M. Hayman (interprétation). - Je suppose que vous n'avez fait

  9   cela qu'une seule fois.

 10   M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens avec précision

 11   que d'un seul de ces transports, mais je pense que cela s'est fait

 12   plusieurs fois.

 13   M. Hayman (interprétation). - Par d'autres, mais pas par vous,

 14   n'est-ce pas ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Peut-être l'ai-je fait aussi.

 16   M. Hayman (interprétation). - Vous vous souvenez surtout d'un

 17   voyage, n'est-ce pas ?

 18   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 19   M. Hayman (interprétation). - Au cours de ce transport, vous a-

 20   t-on dit pourquoi vous faisiez ce transport ?

 21   M. Parrott (interprétation). - Non.

 22   M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez, vous, assuré le

 23   transport du général Blaskic de Kiseljak à Busovaca, à ce moment-là

 24   faisait-il extrêmement froid ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Oui, tout à fait.


Page 5088

  1   M. Hayman (interprétation). - Savez-vous pourquoi on vous a

  2   demandé d'assurer son transport ?

  3   M. Kehoe (interprétation) - J'objecte ! La question a déjà été

  4   posée. Je suis désolé.

  5   M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi, je vais la

  6   reformuler. Je ne parle pas tant de l'objectif de ce voyage, mais pourquoi

  7   avait-il besoin de la protection des Nations unies pour se rendre de

  8   Kiseljak à Busovaca ? Le saviez-vous à l'époque ?

  9   M. Parrott (interprétation). - Je crois qu'il avait le sentiment

 10   d'avoir besoin d'être protégé sur cette route particulière, pour ce

 11   transport particulier.

 12   M. Hayman (interprétation). - Etait-ce parce que l'armée de

 13   Bosnie-Herzégovine avait le contrôle d'une partie de la troupe qui menait

 14   de Kiseljak à Busovaca ?

 15   M. Parrott (interprétation). - A l’époque, je ne connaissais pas

 16   les positions territoriales.

 17   M. Hayman (interprétation). - Comment décririez-vous l'endroit

 18   où vous êtes allé chercher le colonel Blaskic à Kiseljak ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Cet endroit est connu comme étant

 20   la caserne du HVO à Kiseljak.

 21   M. Hayman (interprétation). - Au cours de vos visites à Vitez,

 22   le 16 avril 1993, avez-vous vu des soldats portant des insignes du HV ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Incluez-vous le HVO dans le HV ?

 24   M. Hayman (interprétation). - Je parle du HV, c’est-à-dire de

 25   l’armée de la République de Croatie.


Page 5089

  1   M. Parrott (interprétation). - Le seul insigne visible était le

  2   damier rouge et blanc.

  3   M. Kehoe (interprétation). - Sur la route, le 16 avril 1993,

  4   lorsque vous alliez et veniez entre Busovaca et Vitez, avez-vous vu des

  5   insignes du HV ?

  6   M. Parrott (interprétation). - Uniquement identifiés par ce

  7   damier rouge et blanc.

  8   M. Hayman (interprétation). - Sur la route de Donja Veceriska,

  9   le 16 avril 1993, avez-vous vu des insignes, entre autres du HV, chez les

 10   soldats ?

 11   M. Parrott (interprétation). - Même réponse, uniquement le

 12   damier.

 13   M. Hayman (interprétation). - Seulement les insignes du HVO, pas

 14   le HV ?

 15   M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens pas avoir vu

 16   particulièrement les insignes du HV.

 17   M. Hayman (interprétation). - Merci. Je n’ai plus de question,

 18   monsieur le Président.

 19   M. Kehoe (interprétation). - Très brièvement, Monsieur le

 20   Président.

 21   Le conseil de la défense vous a posé une question sur

 22   l'organisation des soldats qui se trouvaient à Stari Vitez le matin du 16.

 23   Vous souvenez-vous de cette question ?

 24   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Il vous a demandé si vous pensiez


Page 5090

  1   que c’était un groupe organisé parce qu’ils semblaient, en quelque sorte,

  2   travailler main dans la main. Y avait-il des signes distinctifs sur leurs

  3   uniformes indiquant qu’ils travaillaient ensemble et qu’ils coopéraient ?

  4   M. Parrott (interprétation). - Oui. Tous les soldats de ce

  5   groupe avaient en fait un brassard, un morceau de ruban, qui était noué

  6   autour de leur bras.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Si des soldats portaient le même

  8   signe distinctif, c’est-à-dire un ruban de même couleur sur leurs

  9   épaulettes, et que d'autres soldats dans la vallée de la Lasva avaient le

 10   même signe distinctif, penseriez-vous en tant que soldat que ces soldats

 11   -en ces différents lieux- coopéraient ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est la conclusion que j’en

 13   tirerais.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Le conseil de la défense vous a

 15   posé une question concernant des événements, lorsque vous vous trouviez

 16   dans cul-de-sac à Stari Vitez. Avant cette attaque, les civils de cette

 17   zone avaient-ils été évacués ?

 18   M. Parrott (interprétation). - Non.

 19   M. Kehoe (interprétation). - En tant que soldat, qu'en avez-vous

 20   conclu ?

 21   M. Parrott (interprétation). - Qu’à ce moment-là, là où ils se

 22   trouvaient, ils étaient piégés. Ils n’avaient aucune voie de sortie.

 23   M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous pensé, Sergent, qu’ils

 24   avaient été pris par surprise ?

 25   M. Parrott (interprétation). - Oui.


Page 5091

  1   M. Kehoe (interprétation). - Après que les soldats du HVO se

  2   soient repliés, avez-vous vu un homme pleurer à l'extérieur de sa maison ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est ce même homme qui

  4   avait une vache attachée par une corde.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Le conseil de la défense vous a

  6   demandé si ces soldats du HVO se sont repliés de la zone. Se sont-ils

  7   repliés avant ou après que votre Compagnie ait pris la décision de leur

  8   tirer dessus et de répliquer s'ils attaquaient les civils ?

  9   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Donc ils se sont retirés après que

 11   vous ayez déplacé votre tourelle vers eux, n’est-ce pas ?

 12   M. Parrott (interprétation). - A peu près à ce moment-là.

 13   M. Kehoe (interprétation). - Au cours de votre expérience en

 14   Bosnie, les violences s’arrêtaient-elles lorsqu'un véhicule de la Forpronu

 15   arrivait dans une zone déterminée ?

 16   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 17   M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous observé ce genre de

 18   situation à plusieurs reprises ?

 19   M. Parrott (interprétation). - Effectivement.

 20   M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la question de

 21   la défense concernant Donja Veceriska. Les Musulmans que vous avez vus

 22   dans ce village sont signalés par le n° 5, n’est-ce pas ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.

 24   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit qu’il y avait deux

 25   individus en âge de combattre, n’est-ce pas ?


Page 5092

  1   M. Parrott (interprétation). - Oui, je ne me souviens que de

  2   deux hommes, à peu

  3   près.

  4   M. Kehoe (interprétation). - Y avait-il des femmes et des

  5   enfants, des personnes âgées aussi ?

  6   M. Parrott (interprétation). - Oui.

  7   M. Kehoe (interprétation). - Vous êtes soldat dans l’infanterie

  8   britannique depuis plus de quinze ans, n'est-ce pas ?

  9   M. Parrott (interprétation). - Quatorze ans.

 10   M. Kehoe (interprétation). - Utilisez-vous des fusils civils au

 11   cours des batailles ?

 12   M. Parrott (interprétation). - Non, ce n’est pas vraiment

 13   efficace pour le genre de combats que nous devons, à ce moment-là, mener.

 14   M. Kehoe (interprétation). - Vous ne considérez pas que c'est

 15   une arme qui peut être utilisée contre l’arme conventionnelle d’un soldat,

 16   n'est-ce pas ?

 17   M. Parrott (interprétation). - Non.

 18   M. Kehoe (interprétation). - Donc vous y êtes resté deux heures,

 19   n’est-ce pas ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Environ.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous vu, après votre entrée

 22   dans le village, des individus qui se tiraient dessus ?

 23   M. Parrott (interprétation). - Nous avons entendu des échanges

 24   d'armes légères, mais nous ne savions pas exactement d’où cela venait.

 25   M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous été surpris lorsque vous


Page 5093

  1   avez vu que les soldats du HVO ne tiraient pas lorsque vous êtes entré

  2   dans le village ?

  3   M. Parrott (interprétation). - Comme je l’ai déjà dit, il était

  4   tout à fait courant que cela se passe ainsi.

  5   M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi ? Parce qu’ils ne

  6   voulaient pas que vous voyiez ce qu’ils étaient en train de faire ?

  7   M. Parrott (interprétation). - C’est fort possible.

  8   M. Kehoe (interprétation). - En tant que soldat, qu’en avez-vous

  9   tiré comme conclusion ?

 10   M. Parrott (interprétation). - (Pas de réponse.)

 11   M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous aviez pensé

 12   qu’ils ne voulaient pas que vous voyiez ce qu’ils étaient en train de

 13   faire, n’est-ce pas ?

 14   M. Parrott (interprétation). - Je le dirais.

 15   M. Kehoe (interprétation). - En plus de l’incendie, il y avait

 16   les corps, n’est-ce pas ?

 17   M. Parrott (interprétation). - (Pas de réponse.)

 18   M. Kehoe (interprétation). - En plus de l’incendie qu’ils

 19   n’éteignaient pas, un corps se trouvait-il près de cette maison ?

 20   M. Parrott (interprétation). - Oui.

 21   M. Kehoe (interprétation). - Essayaient-ils d'évacuer ce corps ?

 22   M. Parrott (interprétation). - Non.

 23   M. Hayman (interprétation). - Si nous devons passer aux

 24   opinions, je voudrais pouvoir réinterroger le témoin afin de soumettre ses

 25   opinions au test, des opinions que je n'ai pas demandées au témoin. La


Page 5094

  1   porte est grande ouverte pour ce genre de choses ; c’est mon commentaire.

  2   M. Kehoe (interprétation). - Je n’ai plus de question pour ce

  3   témoin. 

  4   M. le Président. - Je considère l'objection de Me Hayman tout à

  5   fait fondée. Maître Kehoe, vous plaiderez le moment venu à partir des

  6   déclarations du sergent, mais pour l'instant vous devez vous contenter de

  7   poser les questions adaptées au contre-interrogatoire. Vous avez terminé

  8   Maître Kehoe ou vous avez d'autres questions ?

  9   M. Kehoe (interprétation). - Non, je n’ai plus de question,

 10   Monsieur le Président.

 11   M. le Président. - Je me tourne à présent vers mes collègues.

 12   Monsieur le Juge Riad.

 13   M. Riad (interprétation). - Vous avez décrit toutes les scènes

 14   tragiques que vous avez connues et qui ne sont pas des scènes coutumières.

 15   Votre régiment a-t-il soulevé cette question auprès du quartier

 16   général du HVO ? A-t-il demandé des explications ? Ou n’est-ce pas quelque

 17   chose que l’on fait habituellement ?

 18   M. Parrott (interprétation). - Je ne suis pas certain de la

 19   position du commandement sur ce point. Mais je sais qu’à plusieurs

 20   reprises, au cours de nos visites, le colonel Stewart et les Nations Unies

 21   ont effectivement essayé d’organiser des négociations entre les

 22   différentes factions.

 23   M. Riad (interprétation). - Les quartiers généraux étaient

 24   informés de la situation ?

 25   M. Parrott (interprétation). - De quel quartier général s’agit-


Page 5095

  1   il ?

  2   M. Riad (interprétation). - Du HVO.

  3   M. Parrott (interprétation). - Je ne sais pas s’ils ont été

  4   informés de cela, mais je suppose que cela a été le cas.

  5   M. Riad (interprétation). - Je vous remercie.

  6   ous en avons terminé. A présent, nous vous rendons au service de

  7   votre unité.

  8   Monsieur le Greffier, vous pouvez faire raccompagner le témoin,

  9   s'il vous plaît.

 10   (Le sergent Parrott est reconduit hors de la salle d'audience.)

 11  

 12  

 13  

 14   M. le Président. - Maître Kehoe, maître Harmon, témoin suivant,

 15   s'il vous plaît.

 16   M. Kehoe (interprétation). - Volontiers, monsieur le Président.

 17   C’est Maître Paterson qui va mener l'interrogatoire.

 18   M. le Président. - Est-ce un témoin protégé ?

 19   Mme Paterson (interprétation). - Non, le témoin n'est pas

 20   protégé, c'est encore un militaire britannique. Voulez-vous d'abord avoir

 21   ma synthèse, avant que le témoin ne comparaisse ?

 22   M. le Président. - Oui, tout à fait. Votre synthèse et vos

 23   objectifs.

 24   Mme Paterson (interprétation). - Monsieur le Président, le

 25   témoin suivant est le Major Roy Hunter. C'est un officier de l’armée


Page 5096

  1   britannique. Le commandant Hunter a été affecté au bataillon dans la

  2   région de Vitez, en mai 1993. Il y a servi pendant plusieurs mois. Il vous

  3   décrira, pour l’essentiel, trois incidents, auxquels il a participé ou

  4   qu'il a observé.

  5   Il parlera d'un incident survenu le 19 mai 1993, au cours duquel

  6   il a été réveillé par des coups de feu, des coups de fusil, et il a vu des

  7   maisons musulmanes en feu, de l'autre côté de la rue. Il décrira

  8   brièvement les actions qu'il a entreprises, eu égard à ces maisons.

  9   Ensuite, il parlera d’une réunion à laquelle il a participé, le

 10   20 mai 1993, à l'hôtel Vitez, où il a rencontré trois dirigeants de la

 11   communauté croate, des dirigeants locaux, au niveau de la ville de Vitez.

 12   Il discutera de cette réunion en détails et dira quelles sont les

 13   personnes auxquelles il a parlé, au cours de cette réunion.

 14   Et enfin, il discutera d'un incident survenu le 20 mai, dans

 15   l’après-midi, date à laquelle il est aussi allé dans le village de Donja

 16   Veceriska, le 20 mai 1993, donc presque un mois après les incidents. Il a

 17   vu que des maisons musulmanes du village ont été incendiées. Il vous

 18   parlera d'une rencontre avec des soldats dans ce village, cet après-midi-

 19   là.

 20   Voilà, en substance, quel sera le contenu de ce témoignage. De

 21   l’avis de

 22   l’accusation, ce témoignage peut être utile pour prouver le chef

 23   n° 1 de l'acte d'accusation, relatif aux persécutions, notamment le

 24   paragraphe 7.1, 6.1, 6.6 et 6.7 « transfert des civils ».

 25   Son témoignage permettra également de prouver le contenu du chef


Page 5097

  1   n° 13 « pillage des propriétés », notamment dans le village de Donja

  2   Veceriska. Il parlera brièvement de quelques incidents qui ont porté sur

  3   le village de Grbavica, également.

  4   M. le Président. - Je vous remercie de cette synthèse rapide,

  5   mais très utile.

  6   Monsieur le Greffier, on peut demander à M. l'huissier

  7   d'introduire le major Roy Hunter. On commencera pendant un quart d’heure -

  8   vingt minutes, avant d’ajourner à demain.

  9   Mme Paterson (interprétation). - Monsieur le Président, je

 10   voudrais demander à M. Dubuisson s'il peut nous donner les numéros des

 11   pièces à conviction qui ont été pré-enregistrées. Pourriez-vous me citer

 12   ces cotes, s'il vous plaît ?

 13   M. Dubuisson. - Pour la grande photo aérienne, il s’agit de la

 14   pièce 172.

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21   (Le témoin, M. Roy Hunter, est introduit dans la salle.)

 22   M. le Président. - M’entendez-vous Major ?

 23   M. Hunter (interprétation). - Oui, je vous entends.

 24   M. le Président. - Vous allez donner au Tribunal votre grade,

 25   votre prénom et votre nom.


Page 5098

  1   M. Hunter (interprétation). - Je suis major dans l'armée

  2   britannique et je m'appelle Roy Hunter.

  3   M. le Président. - Vous allez rester debout, pour lire la

  4   déclaration solennelle que va vous tendre M. l'huissier.

  5   M. Hunter (interprétation). - Je déclare solennellement que je

  6   dirai la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.

  7   M. le Président. - Merci Major, vous pouvez vous asseoir. Vous

  8   avez été cité par le procureur, dans le cadre du procès qui est poursuivi

  9   à l'encontre du général Blaskic. L'accusation nous a indiqué sommairement,

 10   mais de façon assez complète, les trois sortes d'incidents; celui du 19

 11   d'une part, et puis deux concernant le 20 mai, dont une réunion avec les

 12   dirigeants locaux croates, que vous devez nous narrer.

 13   Le procureur vous posera ensuite, ou peut-être au cours de votre

 14   déclaration, les questions qui lui permettront de préciser les données qui

 15   viennent au soutien des accusations contenues dans l’acte d’accusation.

 16   Maître Paterson, vous pouvez commencer.

 17   Mme Paterson (interprétation). - Merci, monsieur le Président.

 18   Commandant Hunter, quelques petites précisions avant que nous commencions.

 19   Comme je vous l’ai expliqué auparavant, nous parlons tous les deux

 20   anglais, mais il faudra essayer d'avoir un débit lent et surtout, d'avoir

 21   des interruptions entre les questions et les réponses, de sorte que les

 22   interprètes puissent faire leur travail. Et les juges préféreraient que

 23   vous vous adressiez à eux, lorsque vous

 24  

 25   répondez aux questions.


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  1   Commandant Hunter, avez-vous rejoint l'armée britannique en

  2   1978 ? Servez-vous, pour le moment, dans le régiment du Prince de Galles ?

  3   Etes-vous affecté, pour le moment, à l’Ecole de Défense de Langues, et

  4   étudiez-vous le russe, dans cette école ?

  5   M. Hunter (interprétation). - C’est exact, oui.

  6   Mme Paterson (interprétation). - Etes-vous allé en ex-

  7   Yougoslavie, au cours de vos exercices militaires, pour la première fois,

  8   pour une semaine de reconnaissance à Vitez, en février 1993 ?

  9   M. Hunter (interprétation). - A la fin du mois de février, pour

 10   une semaine, simplement.

 11   Mme Paterson (interprétation). - Etes-vous retourné, une fois de

 12   plus, en Bosnie, le 28 avril 1993, et plus précisément, dans la ville de

 13   Vitez ?

 14   M. Hunter (interprétation). - C’est exact.

 15   Mme Paterson (interprétation). - Et le 11 mai 1993, votre

 16   régiment du Prince de Galles a-t-il pris la responsabilité, ou a-t-il

 17   relevé le régiment de Cheshire, qui était le régiment précédent, dans la

 18   région de Vitez ?

 19   M. Hunter (interprétation). - Oui.

 20   Mme Paterson (interprétation). - Pouvez-vous dire quelles

 21   étaient vos responsabilités, vos obligations, et votre position, lorsque

 22   vous étiez en Bosnie ?

 23   M. Hunter (interprétation). - A cette époque-là, je commandais

 24   une compagnie. Je commandais donc environ cent à cent vingt soldats. Et

 25   j'avais également vingt véhicules blindés sous mes ordres. Du point de vue


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  1   des forces britanniques de Stari Bila, cela recouvrait environ 50% des

  2   forces présentes en ce lieu. Ma compagnie était une compagnie A, et les

  3   autres troupes appartenaient à une compagnie C. Quant à la compagnie B,

  4   elle se trouvait à Gornji Vakuf.

  5   Mme Paterson (interprétation). - Fort bien, Commandant Hunter.

  6   Vous êtes arrivé

  7  

  8   à Vitez vers la fin du mois d'avril 1993. Je vais vous demander d'évoquer

  9   certains événements qui se sont produits en mai 1993, le 19 mai. Donc ces

 10   événements se sont produits deux ou trois semaines après votre arrivée en

 11   Bosnie.

 12   M. Hunter (interprétation). - Oui, c'est-à-dire à la fin de la

 13   première semaine de ma présence sur le théâtre des opérations.

 14   Mme Paterson (interprétation). - Je vais vous demander de

 15   décrire un incident qui est survenu le 19 mai 1993. Mais avant que vous ne

 16   commenciez le récit, j'aimerais présenter quelques pièces qui vous

 17   serviront au cours de votre déposition.

 18   D'abord, nous avons préparé un agrandissement d'une photographie

 19   aérienne, mais mon collègue me dit que la grande photo aérienne n'a pas

 20   encore été versée au dossier. Il faudra donc demander le versement de

 21   cette grande pièce avant. L'original est important. Est-il bien placé sur

 22   le chevalet, monsieur Dubuisson, c’est bien celui-là l’original ? C'est la

 23   pièce 172 ? C’est bien cela ?

 24   M. Dubuisson. - C'est bien cela.

 25   Mme Paterson (interprétation). - Je pense que cette photographie


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  1   représente Stari Bila, et la base britannique qui était stationnée sur ce

  2   lieu, au village de Grbavica, un village situé juste au sortir de Vitez.

  3   M. Hunter (interprétation). - Oui.

  4   Mme Paterson (interprétation). - C'est un agrandissement d'une

  5   partie de cette pièce 172. On pourrait la mettre sur le rétroprojecteur.

  6   Commandant, avant d'entrer au prétoire, avez-vous eu l'occasion

  7   de voir ce graphique préparé avec moi ?

  8   M. Hunter (interprétation). - Oui, en effet.

  9   Mme Paterson (interprétation). - Avons-nous effectivement placé

 10   ces numéros et ces cercles ?

 11  

 12   M. Hunter (interprétation). - Oui, nous l'avons fait hier.

 13   Mme Paterson (interprétation). - Avez-vous vu eu l'occasion

 14   d'observer la légende qui se trouve en bas du graphique ? Est-ce bien

 15   correct ?

 16   M. Hunter (interprétation). - Oui, c'est bien exact.

 17   Mme Paterson (interprétation). - Pourriez-vous décrire

 18   brièvement à l'intention des juges ce qui s'est passé le matin du

 19   19 mai 1993, lorsque vous vous trouviez à votre base, juste à l'extérieur

 20   de Vitez ? Pourriez-vous vous servir de cette carte pour votre

 21   description ?

 22   M. Hunter (interprétation). - Oui, absolument. A 5 heures du

 23   matin à peu près, j'étais encore au lit à l'endroit où j'étais hébergé à

 24   l'époque. Il y avait quatorze officiers britanniques dans cette maison.

 25   J'ai été réveillé par le bruit de coups de feu tirés d'une arme


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  1   automatique. Je crois que j'ai dû entendre tirer vingt ou trente rafales.

  2   Ces bruits venaient de l'autre côté de la rue.

  3   Je me suis donc levé pour voir ce qui se passait et j'ai vu que

  4   deux ou trois maisons étaient déjà en flamme de l'autre côté de la rue.

  5   C'étaient des maisons qui, à l'époque, étaient occupées par des familles

  6   musulmanes. Mais le reste du village, à ce niveau-là, était entièrement

  7   croate à l'époque. Il ne s'agissait donc que de quelques rares maisons

  8   musulmanes qui se trouvaient encore de ce côté de la route.

  9   Les maisons situées par ici étaient également occupées par des

 10   familles musulmanes et dans celles-ci se trouvaient des familles croates.

 11   Ce qui s'était passé, c'est que le HVO avait occupé ces maisons et les

 12   membres de ces familles -quatre ou cinq familles- avaient été expulsés de

 13   leurs maisons. Ils avaient traversé la route et cherché refuge dans les

 14   maisons des familles musulmanes qui entouraient la maison où j'étais

 15   stationné.

 16   Un homme avait été tué de ce côté-ci de la route. C'était

 17   M. Subasic. Il avait à peu près soixante ans et était le père d'un homme

 18   que je connaissais, avec lequel j'avais eu quelques relations, et qui

 19   s'appelait Muni Subasic. Cette maison avait été évacuée et la maison en

 20   question

 21  

 22   était déjà en flamme.

 23   Ce qui signifie que les soldats du HVO ont pu occuper ces

 24   maisons et établir une nouvelle ligne de front qui leur donnait un

 25   meilleur champ de vision sur les champs, car de l'autre côté, du côté de


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  1   Grbavica, sur les terrains plus élevés, se trouvait la ligne de front de

  2   l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait occupé les maisons situées le long

  3   de cette crête.

  4   Grâce à cette opération, le HVO a donc acquis la possibilité de

  5   mieux répondre aux coups de feu par dessus le pont qui se trouvait-là, un

  6   pont très important qui, à cette époque-là, n'était pas tombé entièrement

  7   sous le contrôle des forces du HVO. Elles n'ont réussi à en prendre le

  8   contrôle entièrement qu'en septembre 1993.

  9   Mme Paterson (interprétation). - Que s'est-il passé en

 10   septembre 1993 ?

 11   M. Hunter (interprétation). - En 1993 -je crois que c'était le 6

 12   ou le 7 septembre-, un assaut du HVO, utilisant des mortiers de

 13   l'infanterie, s'est produit. C'était un assaut de grande importance qui a

 14   couvert toute la région de Grbavica et après cette attaque, tout le

 15   village de Grbavica a été incendié. A ce moment-là, il y avait très peu de

 16   gens dans le village.

 17   M. le Président. -    Je voudrais...

 18   M. Hunter (interprétation). - Oui, 1993. Ai-je dit autre chose ?

 19   1993.

 20   M. le Président. - C'était donc plusieurs mois après !

 21   M. Hunter (interprétation). - Oui.

 22   M. le Président. - Pardonnez-moi pour cette interruption.

 23   Allez-y.

 24   M. Hunter (interprétation). - Je peux continuer. Ce qui s'est

 25   passé à ce moment-là, c'est qu'à peu près à 7 heures du matin, j'ai pris


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  1   deux véhicules blindés et je me suis dirigé de l'autre côté de la route

  2   pour voir ce qui s'était passé. Il y avait très peu d'activité. L'attaque

  3   a été très rapide. Elle n'a duré sans doute que cinq ou dix minutes. Il

  4   n'y avait donc pas grand-chose à faire sur le terrain à ce moment-là.

  5   Je me suis contenté de patrouiller. Je suis passé devant les

  6   maisons et j'ai pénétré

  7  

  8   dans le village, c'est-à-dire le reste de Stara Bila. Un de mes collègues

  9   a pu récupérer le corps de M. Subasic. Ce corps a été emporté vers la

 10   mosquée de Grbavica qui se trouve à 500 mètres environ, dans cette

 11   direction. Il y a été emporté pour être enterré. Voilà ce qui s'est passé

 12   le matin du 19 mai 1993.

 13   Mme Paterson (interprétation). - Merci beaucoup.

 14   M. le Président. - Maître Paterson, je ne sais pas comment vous

 15   voulez faire. Il est 17 heures 45. Préférez-vous poser une ou deux

 16   précisions sur cet incident, compte tenu que nous allons peut-être

 17   interrompre l'audience ? Nous le ferons demain. S'il s'agit d'une ou deux

 18   précisions, nous le faisons tout de suite.

 19   Mme Paterson (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 20   J'aurais voulu simplement apporter une précision sur les points du

 21   diagramme. Nous pourrons ensuite avoir l'interruption.

 22   M. le Président. - Très bien, alors allez-y.

 23   Mme Paterson (interprétation). - Fort bien, Commandant. Vous

 24   avez fort bien utilisé ce diagramme, mais vous n'avez pas utilisé les

 25   numéros en indiquant les endroits. Le n° 1, c'est l'endroit où vous étiez


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  1   logé ?

  2   M. Hunter (interprétation). - Oui, c'est la maison dans laquelle

  3   j'ai résidé jusqu'au mois de septembre. En septembre, il nous a fallu

  4   déménager, parce que la maison était endommagée par des coups de mortier.

  5   Mme Paterson (interprétation). - Le n° 2, c'est l'endroit où la

  6   maison était en feu ?

  7   M. Hunter (interprétation). - Oui, elle n'était pas complètement

  8   brûlée. Le toit ne s'était pas écroulé.

  9   Mme Paterson (interprétation). - Et le n° 3 correspond à toute

 10   une série de maisons qui, pendant un certain temps, étaient occupées par

 11   des Croates, n'est-ce pas ?

 12   M. Hunter (interprétation). - A ce moment-là, ces maisons

 13   n'étaient pas habitées. Il

 14  

 15   n'y avait pas de famille vivant à l'intérieur, mais elles étaient occupées

 16   par des soldats du HVO.

 17   Mme Paterson (interprétation). - Et la ligne où il y a le n° 3/A

 18   représente ce que vous avez dit être la ligne de front croate HVO,

 19   n'est-ce pas ?

 20   M. Hunter (interprétation). - Oui, les Croates étaient déjà en

 21   position dans ces maisons et en expulsant les familles musulmanes des

 22   maisons de la zone n° 2, ils ont réussi à établir une ligne complète

 23   jusqu'à la rivière. Les Croates avaient des tranchées dans les jardins des

 24   maisons situées dans la zone n° 3.

 25   Mme Paterson (interprétation). - Le n° 4, c'est l'endroit où, à


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  1   l'époque, des Musulmans habitaient encore ?

  2   M. Hunter (interprétation). - Pas dans ces maisons-là. Elles

  3   étaient déjà vides et brûlées du sol jusqu'au toit. Mais je parle des

  4   maisons de Grbavica, derrière, où il y avait encore des occupants

  5   musulmans.

  6   Mme Paterson (interprétation). - Fort bien. Et la ligne où il y

  7   a le n° 4/A représente ce qui à l'époque était la ligne de front

  8   musulmane ?

  9   M. Hunter (interprétation). - Oui, il y avait des soldats de

 10   l'armée de Bosnie-Herzégovine dans tous les bâtiments situés ici et

 11   également dans les bâtiments situés là.

 12   Mme Paterson (interprétation). - Je vous remercie. Monsieur le

 13   Président, j'allais passer à l'incident suivant. C'est peut-être le moment

 14   rêvé pour avoir l'interruption.

 15   M. le Président. - Nous allons interrompre. Nous reprendrons

 16   demain à 10 heures 15.

 17  

 18   L’audience est levée à 17 heures 45.

 19  

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