Page 4951
1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3
4 Mercredi 10 décembre 1997
5
6 L'audience est ouverte à 10 heures 15.
7
8 M. le Président. - Monsieur le greffier, introduisez l'accusé.
9 (L’accusé, M. Blaskic, est introduit dans la salle d’audience.)
10 M. le Président. - Monsieur le Procureur, un mot avant de faire
11 entrer le témoin R, dans quelques instants.
12 Avant l’audience, nous nous sommes entretenus, avec M. Harmon,
13 des changements de calendrier pour la présente semaine... Peut-être que
14 M. Harmon pourrait, pour que mes collègues soient informés -je les ai
15 informés brièvement- et pour que vos collègues de la défense le soient
16 également, pourriez-vous nous dire, monsieur Harmon, comment se présente
17 cette semaine, qui est un peu bouleversée, je crois ?
18 M. Harmon (interprétation). - Bonjour, monsieur le Président;
19 bonjour, conseils de la partie adverse.
20 Nous avons des témoins qui ne pourront pas comparaître, alors
21 que c'était notre
22
23 intention initiale. Pour combler les vides créés, nous avons demandé des
24 témoins supplémentaires. Ils arriveront ce soir de Bosnie, mais tard dans
25 la soirée. Etant donné l’heure tardive, nous ne pourrons en présenter
Page 4952
1 qu’un seul, jeudi. Nous avons un autre témoin, mais il n'est pas
2 disponible avant vendredi matin. Il déposera donc vendredi matin. Nous
3 continuerons avec le témoin qui arrive demain soir, un deuxième témoin de
4 Bosnie. Il poursuivra la semaine prochaine, lundi.
5 Après le témoin d'aujourd'hui, nous aurons deux témoins, un par
6 jour : un pour jeudi, l’autre pour vendredi.
7 M. le Président. - Alors, pour résumer. Nous avons le témoin de
8 ce matin... Aujourd’hui, nous aurons combien de témoins, maître Harmon ?
9 M. Harmon (interprétation). - Nous avons encore trois témoins,
10 après celui de ce matin.
11 M. le Président. - Donc, pour aujourd'hui... Excusez-moi, mais
12 je dois être mal réveillé... Aujourd'hui, mercredi, nous avons donc la fin
13 de l’audition du témoin R. Ensuite, toujours pour aujourd’hui... ?
14 M. Harmon (interprétation).- Nous avons trois témoins
15 supplémentaires, monsieur le Président.
16 M. le Président. - Ensuite, pour demain, vous avez un témoin.
17 M. Harmon (interprétation). - C’est exact.
18 M. le Président. - Demain matin ?
19 M. Harmon (interprétation). - Dans l’après-midi, plutôt.
20 M. le Président. - Donc, aujourd'hui et demain matin, nous
21 aurions trois témoins, après le témoin R. Demain, jeudi, dans l’après-
22 midi, nous aurions un témoin; et vendredi matin, un témoin. Le voeu de la
23 Chambre, vous le comprenez bien, compte tenu du travail considérable qui
24 nous est demandé et compte tenu des nouvelles motions de la défense, étant
25 entendu qu’il
Page 4953
1
2 faut bien que nous ayons le temps de les travailler -j’avoue que les
3 journées sont toutes prises-, le voeu des Juges, donc, est que tout ceci
4 soit le plus groupé possible.
5 Donc, éventuellement, vendredi matin, nous commencerions à
6 9 heures et nous ne siégerions pas l’après-midi. Quitte à commencer à
7 9 heures et terminer à 13 heures, mais il faut que tout soit terminé
8 vendredi, en fin de matinée.
9 Pour la semaine prochaine, je vous rappelle, Maître Harmon, que
10 nous terminons nos audiences mercredi soir, et que, autant que faire se
11 peut, il faudrait que tous les témoins aient été entendus, pour éviter que
12 le témoignage soit coupé en deux et que cela ne reprenne que fin janvier.
13 En ce qui concerne le calendrier des audiences du procès
14 Blaskic, vous savez que ce calendrier est très complexe, puisqu’il met en
15 jeu d’autres procès qui sont en cours ou qui vont commencer au Tribunal.
16 Nous commençons à en avoir une idée précise. Il y a quelques petits
17 changements par rapport à ce que nous avions annoncé, mais je préfère être
18 prudent et ne vous l’annoncer que la semaine prochaine.
19 Voilà, ces points d’ordre ayant été réglés, je crois que nous
20 pouvons maintenant, monsieur le greffier, s’il n’y a pas d’observations
21 complémentaires, introduire le Témoin R, pour la suite de l’interrogatoire
22 du Procureur.
23 Pas d’observations de la défense ? Non ? Merci.
24 Je rappelle que l’audience est publique, et que les mesures du
25 rideau -je le dis pour la galerie du public- sont prises pour permettre
Page 4954
1 l’introduction du témoin. Nous poursuivrons en audience publique, sauf
2 s’il s’avérait nécessaire que, sur certains points de sa déclaration, il
3 faille procéder à une session à huis clos partiel.
4 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, s’agissant
5 d’une autre question, qui concerne le témoin suivant. Il s’agit du sergent
6 Ian Parrott, qui vient aussi du régiment Cheshire. Il n’aura pas besoin
7 des mesures de protection qui ont été prises pour ce témoin et
8
9 pour d’autres témoins. Mais il faudra quand même monter le chevalet, comme
10 nous l’avons fait pour d’autres témoins. J’espère que vous ferez preuve
11 d’indulgence pendant quelques minutes. Après le témoin R, nous aurons
12 besoin de ce temps pour monter le chevalet. Merci.
13 M. le Président. - Nous faisons toujours preuve d'indulgence,
14 monsieur Kehoe.
15 (Le Témoin R est introduit dans la salle d’audience. )
16 M. le Président. - Témoin R, vous m’entendez ?
17 Témoin R (interprétation). - Oui, je vous entends, monsieur le
18 Président.
19 M. le Président. - Vous vous êtes reposé ? Vous vous sentez
20 bien ?
21 Témoin R (interprétation). - Oui, bien.
22 M. le Président. - Alors vous allez continuer à répondre. Nous
23 en étions à l’examen de photos, n’est-ce pas, monsieur Kehoe ? Donc, nous
24 allons poursuivre.
25 M. Kehoe (interprétation). - Merci, monsieur le Président.
Page 4955
1 Bonjour, témoin R. Avec l’assistance de M. Dubuisson, nous allons peut-
2 être revoir la pièce 166, ainsi que les cartes qui constituaient les
3 pièces 161, 162 et 163. Il serait utile que nous les ayons.
4 J’aimerais que nous nous intéressions à la carte qui porte le
5 numéro 163. Témoin R, hier nous avons terminé alors que nous parlions
6 d’événements relatifs à la carte 163 et aux différents lieux qui sont
7 indiqués. Au lieu 24, à ce propos vous avez attesté du fait que vous,
8 ainsi que d’autres réfugiés de Donja Veceriska, ont été amenés à cette
9 base de la Forpronu, est-ce bien exact ?
10 Témoin R (interprétation). - Oui.
11 M. Kehoe (interprétation). - Ce groupe de personnes, qui se
12 trouvait aux alentours de la base de la Forpronu, comportait des femmes,
13 des enfants, des personnes âgées ?
14 Témoin R (interprétation). - Oui, c’étaient les enfants, les
15 personnes
16 âgées, les femmes.
17
18 M. Kehoe (interprétation). - J’aimerais vous montrer une série
19 de photographies et je pense qu’il y a d’abord la 166-2, parce que nous
20 avons déjà parlé de la 166-1. Les trois prochaines photographies, Monsieur
21 le Président, Messieurs les Juges, sont des photographies de ce que l’on a
22 appelé ce garage de ravitaillement d’échelon de la base de la Forpronu,
23 photographies prises par le régiment du Cheshire. La première
24 photographie, Témoin R.
25 Témoin R (interprétation). - Oui.
Page 4956
1 M. Kehoe (interprétation). - C’est bien une partie de ce groupe
2 de personnes, qui se trouvait à l’extérieur de ce garage de ravitaillement
3 à partir du 18 avril 1993 ?
4 Témoin R (interprétation). - Oui, c’est exact.
5 M. Kehoe (interprétation). - Voit-on dans cette photographie des
6 femmes et des enfants ?
7 Témoin R (interprétation). - Oui. On voit les femmes. On voit,
8 de toute façon, qu’il s’agit des civils.
9 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous nous montrer sur cette
10 photographie les femmes et les enfants ?
11 Témoin R (interprétation). - Regardez un peu derrière, vous
12 voyez également derrière la maison. C’était un camp au fond qu’ils ont
13 monté ; une tente, pour le dire précisément.
14 M. Kehoe (interprétation). - Les soldats sont-ils en train de
15 monter ces tentes, au moment où cette photographie a été prise ?
16 Témoin R (interprétation). - Oui, ils sont en train de monter
17 les tentes.
18 M. Kehoe (interprétation). - Passons à la photographie suivante.
19 M. le Président. - Monsieur Kehoe, ne retombons pas dans les
20 errements anciens. Les juges voient bien qu’il s’agit de femmes, d’enfants
21 et ils font la différence entre les civils et les militaires. Je m’excuse
22 de le rappeler. Ne perdons pas de temps à cela. Je suis désolé auprès
23
24 du témoin de le dire, mais le témoin ne va pas dire aux Juges... Il dit ce
25 qu’il voit, mais les juges ont les photos sous les yeux.
Page 4957
1 Essayons d’aller un peu plus vite. Allons au coeur du témoignage
2 du témoin. Il vous a dit hier la tragédie qu’il a vécue. Vous devez poser
3 des questions complémentaires en relation avec l’acte d’accusation. Nous
4 voyons bien qu’il y a des civils avec des militaires. Accélérons.
5 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
6 Voyons cette photographie, et la dernière photographie qui porte
7 le numéro 166-3. Monsieur l’Huissier, veuillez poser cette dernière
8 photographie 166-3 sur le rétroprojecteur.
9 Excusez-moi, je pense que c'est la suivante. Il s'agit de la
10 166-4. Mais c’est pratiquement ce même rassemblement de personnes sous un
11 autre angle, est-ce bien exact ?
12 Témoin R (interprétation). - Oui.
13 M. Kehoe (interprétation). – (expurgée)
14 (expurgée)
15 Témoin R (interprétation). – (expurgée)
16 M. Kehoe (interprétation). - (expurgée)
17 (expurgée)
18 (expurgée) les maisons de Donja Veceriska qui continuaient à être
19 incendiées et vous avez indiqué les points 26, 27, 28 et 29.
20 Témoin R (interprétation). - Oui.
21 M. Kehoe (interprétation). - Examinons, une fois de plus, ces
22 photographies, mais voyons la suivante. Je pense qu’il s’agit de la 166-5.
23 Vous reconnaissez cette photographie ?
24 Témoin R (interprétation). - Oui, je la reconnais.
25 M. Kehoe (interprétation). - Voyez-vous, sur cette photographie,
Page 4958
1 un lieu que vous avez indiqué par le numéro 26 ? Vous voyez cette fumée
2 qui s’élève sur cette photo, représentant cet endroit ?
3 Témoin R (interprétation). - Oui.
4
5 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous l’indiquer ?
6 Témoin R (interprétation). - Voici, c’est là.
7 M. Kehoe (interprétation). - Qu’en est-il des endroits qui sont
8 en feu, le point 27 ?
9 Témoin R (interprétation). - Cette fumée très épaisse...
10 M. Kehoe (interprétation). - Qu’en est-il du 28 ?
11 Témoin R (interprétation). - Voici.
12 M. Kehoe (interprétation). - Et le 29 ?
13 Témoin R (interprétation). - C’est là où je marque.
14 M. Kehoe (interprétation). - Nous allons peut-être parcourir ces
15 photos dans toute la série. Je crois que nous en sommes à la 166-6. Nous
16 pouvons passer à la 7, 166-8 et 166-9. Toutes ces photographies montrent
17 les maisons en feu à des moments différents du 18 avril 1993, comme on les
18 voit sur la carte aux points 26, 27, 28 et 29, est-ce bien exact ?
19 Témoin R (interprétation). - Oui, c’est exact.
20 M. Kehoe (interprétation). - Témoin R, l’endroit que vous avez
21 désigné comme étant le point 27 qui était en feu, c’est la zone de la
22 Mektep ?
23 Témoin R (interprétation). - Oui, ce n’était pas trop loin.
24 C’était plus près, mais je ne peux pas dire exactement que c’était la
25 Mektep. De toute façon, je savais que c’était une maison qui brûlait, mais
Page 4959
1 je ne savais pas exactement si c’était la Mektep.
2 M. Kehoe (interprétation). - Mais c’était dans cet endroit-là à
3 peu près ?
4 Témoin R (interprétation). - Oui.
5 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous dire aux juges ce
6 qu’est une Mektep ?
7 Témoin R (interprétation). - C’est une maison de confession
8 religieuse des Musulmans.
9 M. Kehoe (interprétation). - Il y avait d’autres mosquées,
10 certaines mosquées avec un minaret, par exemple, à Donja Veceriska, ou la
11 Mektep était-elle le seul endroit de réunion à
12
13 des fins religieuses du village ?
14 Témoin R (interprétation). - C’était l’unique maison religieuse
15 dans le village.
16 M. Kehoe (interprétation). - Témoin R, vous dites que ces
17 événements se sont produits le 18 avril. Plusieurs journées plus tard,
18 vous étiez toujours à la base de la FORPRONU. Avez-vous vu les forces du
19 HVO qui tiraient depuis l’usine SPS vers le village de Gacice ?
20 Témoin R (interprétation). - Tout le monde a vu les soldats ;
21 enfin, tous ceux qui y étaient.
22 M. Kehoe (interprétation). - Qu’avez-vous vu ?
23 Témoin R (interprétation). - Nous avons pu constater les
24 détonations, les obus qui tombaient. Gacice a été pilonnée par les coups
25 de mortier.
Page 4960
1 M. Kehoe (interprétation). - La zone d'où vous avez vu ces tirs
2 et ces pilonnages est-elle présentée sur la carte 163 ?
3 Témoin R (interprétation). - Oui.
4 M. Kehoe (interprétation). - Quel numéro porte-elle ?
5 Témoin R (interprétation). - Le numéro 30.
6 M. Kehoe (interprétation). - .... Que ce pilonnage partait de
7 l’usine SPS ?
8 Témoin R (interprétation). - Oui.
9 M. Kehoe (interprétation) - Vous avez dit dans votre déposition,
10 et après avoir passé plusieurs jours autour de la base de la Forpronu,
11 avoir été emmené à un autre lieu, avec l'aide de la Forpronu. Est-ce
12 exact ?
13 Témoin R (interprétation). - Oui, avec l'aide de la Forpronu et
14 de la Croix Rouge, c'est exact. Nous avons été transportés à Zenica.
15 M. Kehoe (interprétation) - Avez-vous eu l'occasion de retourner
16 à Donja Veceriska ?
17
18 Témoin R (interprétation). - Non, jamais depuis.
19 M. Kehoe (interprétation) - Est-ce que vous avez eu l'occasion
20 d’y retourner plus récemment et d'y voter ?
21 Témoin R (interprétation). - J'y suis allé pour voter lors des
22 élections.
23 M. Kehoe (interprétation) - Y a-t-il des Musulmans qui vivent à
24 Donja Veceriska, pour autant que vous ayez pu le constater lorsque vous
25 êtes rentré pour les élections ?
Page 4961
1 Témoin R (interprétation). - A Donja Veceriska, il n'y a
2 pratiquement pas de Musulmans, aucun même.
3 M. Kehoe (interprétation) - Si vous me le permettez, monsieur le
4 Président, j'aimerais passer à la dernière série de pièces. Il s'agit de
5 la pièce 164 et de la pièce 165. Nous allons les examiner rapidement.
6 (Les documents sont remis aux juges, aux avocats et aux conseils
7 de la défense).
8 M. Kehoe (interprétation) - Le bureau du Procureur a préparé la
9 carte que vous avez sous les yeux et vous y avez entouré certaines
10 maisons. Nous les reprenons dans la série de photographies qui figurent
11 dans la pièce 165. Est-ce bien exact ?
12 Témoin R (interprétation). - Oui, c'est exact.
13 M. Kehoe (interprétation) - Vous avez aussi identifié
14 précisément cette maison dans la légende versée en annexe à la carte.
15 Témoin R (interprétation). - Oui.
16 M. Kehoe (interprétation) - Ces photos montrent en partie les
17 destructions infligées aux maisons musulmanes à Donja Veceriska. Est-ce
18 bien exact ?
19 Témoin R (interprétation). - Oui, c'était en général musulman.
20 M. Kehoe (interprétation) - Nous serons rapides, monsieur le
21 Président, messieurs les juges, à parcourir ces photos. Parlons de la
22 pièce 165/1. En fait elle porte le n° 371. A qui appartient cette maison ?
23
24 Témoin R (interprétation). - Elle appartenait à un de nos
25 voisins, Drmic.
Page 4962
1 M. Kehoe (interprétation) - Est-ce cette personne qui a été
2 blessée et dont la fille vous a demandé de venir l'aider, ce matin-là ?
3 Témoin R (interprétation). - Oui, effectivement.
4 M. Kehoe (interprétation) - Est-ce qu'il vit toujours à
5 Donja Veceriska ?
6 Témoin R (interprétation). - Non.
7 M. Kehoe (interprétation) - Passons à la photographie suivante.
8 Il s'agit de la photo B. Vous voyez dans le coin inférieur droit le
9 chiffre 374. A qui appartient cette maison ?
10 Témoin R (interprétation). - C'était la maison de Casim Haskic.
11 M. Kehoe (interprétation) - Cette famille vit-elle toujours à
12 Donja Veceriska ?
13 Témoin R (interprétation). - Non.
14 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais
15 faire une objection. Notre témoin a dit que plus personne, aucun Musulman,
16 n'habite à Donja Veceriska. Par conséquent, je pense que nous perdons du
17 temps si nous allons maintenant vérifier cela d'une maison à l'autre,
18 d'une personne à l'autre.
19 M. le Président. - J'hésitais à faire cette observation. Vous
20 devez penser que le témoin étant présent, je ne veux pas qu'il puisse
21 s'exprimer. Ne pourrait-on pas procéder de façon plus rapide ? Le témoin
22 pourrait-il prendre ces photos rapidement et nous faire un petit
23 commentaire ? Nous pourrions les déposer en pièces à conviction.
24 Témoin R, le Président s'adresse à vous. Vous avez tout ce lot
25 de photos. Les avez-vous déjà vues ?
Page 4963
1 Témoin R (interprétation). - Oui.
2 M. le Président. - Bien. Que représentent pour vous ces photos
3 que vous a montrées le Procureur ?
4 Témoin R (interprétation). - Toutes ces photographies montrent
5 que pratiquement
6
7 toutes les maisons musulmanes ont été brûlées.
8 M. le Président. - Si vous avez des commentaires à faire, allez-
9 y, parlez spontanément. Dites si vous avez vu toutes ces photos. De toute
10 façon, elles sont versées dans le dossier du Tribunal. Ne vous inquiétez
11 pas, elles seront versées comme pièces à conviction.
12 Les avocats du général Blaskic ne les contestent pas. Avez-vous
13 des choses à nous dire sur l'ensemble de ces photos ? Prenez votre temps
14 si c'est nécessaire, ensuite nous les classerons comme pièces à
15 conviction. Allez-y, exprimez-vous !
16 Témoin R (interprétation). - Au fond, il en ressort clairement
17 que toutes ces maisons ont été minées, d'autres ont été brûlées,
18 incendiées. Je ne saurais pas quoi ajouter de plus. Il s'agit des maisons
19 musulmanes, comme tout le monde l'a bien remarqué, les photographies le
20 prouvent. On voit que les maisons croates sont restées sur place. Je ne
21 pense pas que j'aie à ajouter quoi que ce soit.
22 M. le Président. - Je me tourne vers la défense. Vous n'avez pas
23 de contestation sur ces photos qui vont être versées comme pièces à
24 conviction ? Maître Hayman ? Maître Nobilo ?
25 M. Hayman (interprétation). - Pas d'objection, sous réserve bien
Page 4964
1 sûr qu'une date soit établie pour expliquer ce que ces photos sont censées
2 représenter.
3 M. le Président. - Une date peut-elle être apportée sur ces
4 photos, monsieur Kehoe ?
5 M. Kehoe (interprétation) - Est-ce la date à laquelle ces photos
6 ont été prises ou la date des incendies ? Nous savons que les incendies se
7 sont produits les 16, 17 et 18 et nous avons un témoin qui dira que
8 jusqu'au 20 mai 1993 il y a eu des incendies. Ces photos ont été prises en
9 mai 1996.
10 M. Nobilo (interprétation). - Nous accepterons qu'elles datent
11 de mai 1996, sans argumentation. Pas d'objection.
12 M. le Président. - Merci. Ces photos seront versées, ainsi que
13 la carte, comme
14
15 pièces à conviction. Avez-vous terminé votre interrogatoire,
16 maître Kehoe ?
17 M. Kehoe (interprétation) - Non, monsieur le Président, j'ai
18 encore plusieurs questions à poser à propos de ces photographies qui
19 semblent pertinentes.
20 M. le Président. - Mais nous venons de les classer. Il n'y a
21 plus lieu à débat. Le Tribunal s'estime informé. Je crois qu'il n'y a plus
22 de questions sur ces photos, maître Kehoe. Il faut apprendre à faire
23 autrement. Nous ne pouvons pas entrer totalement dans votre système. Le
24 Tribunal est informé de ces photos, elles sont donc classées. Le témoin a
25 eu tout loisir pour s'exprimer sur ces photos. La défense ne les conteste
Page 4965
1 pas. Je crois qu'il vaut mieux passer à une autre question.
2 C'est indiqué sur le transcript. J'en assume la responsabilité.
3 Passons à une autre question.
4 Nous passons à une autre question.
5 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, excusez-moi,
6 mais le seul élément que je voudrais relever est que plusieurs maisons
7 musulmanes étaient attaquées ce matin-là. Les Musulmans étaient évacués.
8 Il y a maintenant des Croates qui vivent dans des maisons musulmanes.
9 C’est le seul élément que je voulais relever. Il y a maintenant des
10 Croates qui vivent dans des maisons dont ont été chassés les Musulmans.
11 D’où l’intérêt de ces photographies, qui semblent importantes pour le
12 Bureau du Procureur.
13 M. le Président. - J’ai le sentiment que nous perdons beaucoup
14 de temps. Un de mes collègues me fait signe qu’il accepte l’objection.
15 Bien entendu je l’accepterai. Mais encore une fois, je crois que nous
16 perdons beaucoup de temps. Je le dis et le redis.
17 Maître Nobilo ?
18 M. Nobilo (interprétation). - Pour ce qui est de la défense,
19 nous acceptons donc que « les Croates habitent les maisons qui étaient
20 avant les maisons musulmanes ».
21 M. le Président. - L’objection est levée. Je maintiens la
22 décision. Vous passez à une
23
24 autre question, maître Kehoe.
25 M. Kehoe (interprétation). - Oui, monsieur le Président.
Page 4966
1 Le lot suivant de photographies comporte des photographies que
2 j’aimerais verser au dossier pour confirmer l’identité. Pour ce faire,
3 j’aimerais passer à huis clos, monsieur le Président, si c’est possible,
4 afin de ne pas dévoiler l’identité de telle ou telle personne.
5 M. le Président. - Nous passons en huis clos partiel.
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16 (L’audience se poursuit en huis clos partiel)
17 (expurgée)
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 (expurgée)
21 (expurgée)
22 (expurgée)
23 (expurgée)
24 (expurgée)
25 (expurgée)
Page 4967
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 (expurgée)
6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11 (expurgée)
12 (expurgée)
13 (expurgée)
14 (expurgée)
15 (expurgée)
16 (expurgée)
17 (expurgée)
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 (expurgée)
21 (expurgée)
22 (expurgée)
23 (expurgée)
24 (expurgée)
25 (expurgée)
Page 4968
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 (expurgée)
6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (expurgée)
10 (expurgée)
11 (expurgée)
12 (expurgée)
13 (expurgée)
14 (expurgée)
15 (expurgée)
16 (expurgée)
17 (expurgée)
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 (expurgée)
21
22 (L’audience se poursuit en audience publique.)
23 M. le Président. - Allez-y, nous sommes en audience publique.
24 M. Kehoe (interprétation). - Témoin R, en conclusion, après le
25 16 avril 1993, vos parents ont été tués et vous avez pratiquement perdu
Page 4969
1 tout ce qui vous appartenait également ?
2 Témoin R (interprétation). - Oui, oui.
3 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, messieurs
4 les Juges, je n’ai plus de question à poser au témoin.
5 Excusez-moi, mon collègue me rappelle que si je ne l’avais pas
6 encore fait, je demanderais le versement au dossier des pièces 161 à 166.
7 Je pense qu’il y a une stipulation à un accord s’agissant des pièces 164
8 et 165.
9 M. Hayman (interprétation). - La seule objection que j’aurai,
10 monsieur le Président, porte sur la pièce à conviction 166/1. C’est la
11 photographie du canon antiaérien. Nous n'y faisons pas objection en tant
12 que photographie représentant un canon, que le témoin a reconnu, mais
13 Me Kehoe a essayé d’établir un lien avec le lieu particulier où ce canon
14 est photographié, alors que cette photographie ne comporte pas de date.
15 Nous ignorons en quel mois et quelle année elle a été prise. Tant que
16 cette date n’est pas établie, nous élevons une objection à l’encontre de
17 cette photographie.
18 M. le Président. - Comment voulez-vous que nous levions cette
19 objection. C’est à vous, en me disant la date de la prise de cette
20 photographie, qui semble être contemporaine des événements, puisqu’elle a
21 été prise par le régiment Cheshire.
22 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président,
23 effectivement ce sont des soldats du régiment Cheshire qui ont fourni
24 cette photographie. Le témoin a reconnu cette photo et a indiqué que cela
25 se passait devant l’hôtel Vitez. Cette photo a été prise avant le 16 avril
Page 4970
1 1993.
2
3 M. Hayman (interprétation). - Nous aimerions interroger le
4 témoin sur ce point, monsieur le Président. Il ne nous suffit pas que le
5 Procureur l’affirme.
6 M. le Président. - Maître Hayman, j’avoue ne pas vouloir rentrer
7 dans cela. Vous ferez ce que vous voudrez quand vous interrogerez le
8 témoin. Vous l’interrogerez par le biais de toutes les questions que vous
9 souhaitez.
10 Le Procureur, me semble-t-il, vient de vous répondre. Nous avons
11 l’auteur de la photographie, nous avons les événements et les lieux. Je
12 vais reprendre cette notion internationalement reconnue sur le plan
13 judiciaire : le Tribunal s’estime informé, Maître Hayman. Je regrette
14 d’avoir à le dire et désormais, je le dirai aussi souvent que nécessaire.
15 Maintenant, vous poserez les questions que vous voudrez au
16 témoin, il est prêt à écouter vos questions. A priori, cette pièce sera
17 versée comme pièce à conviction, avec toutes les précisions apportées par
18 Me Kehoe.
19 Maintenant, Maître Hayman, si à travers vos questions, vous
20 apportez des informations supplémentaires, cela ne sera qu’un surcroît
21 d’informations dont disposeront les juges.
22 Vous pouvez passer au contre-interrogatoire. Est-ce Me Nobilo ou
23 Me Hayman qui procède ?
24 M. Hayman (interprétation). - Ce sera Me Nobilo, monsieur le
25 Président. Mais nous ne pouvons pas poser de questions au témoin à propos
Page 4971
1 de cette photographie parce qu’il ignore à quel moment il a été prise ou
2 qui l’a prise. Nous ne pouvons interroger que Me Kehoe.
3 M. le Président. - L’incident a été réglé, maître Hayman. Vous
4 poserez les questions que vous voulez au témoin. Le Procureur vous a
5 répondu. J’ai pour ma part indiqué que le Tribunal est suffisamment
6 informé et qu’il verse cette photo comme pièce à conviction, avec les
7 éléments d’identification qui y ont été apportés. L’incident est clos pour
8 la deuxième fois.
9
10 Maître Nobilo, vous passez au contre-interrogatoire.
11 M. Nobilo (interprétation). - Merci, monsieur le Président.
12 Bonjour, monsieur R.
13 Témoin R (interprétation). - Bonjour.
14 M. Nobilo (interprétation). - Je m'appelle Anto Nobilo et avec
15 mon collègue, Me Hayman, nous défendons le général Blaskic. Nous allons
16 maintenant vous poser quelques questions, uniquement les plus importantes,
17 à titre d'éclaircissement.
18 Nous avons vu des photos aériennes de Donja Veceriska, mais ces
19 photos ne sont pas absolument évidentes. Pouvez-vous nous expliquer si
20 Donja Veceriska se situe sur une colline au-dessus de l’usine SPS ?
21 Témoin R (interprétation). - Un peu sur la colline, mais pas
22 tout à fait.
23 M. Nobilo (interprétation). - Est-elle mitoyenne de la clôture
24 de l’usine SPS ?
25 Témoin R (interprétation). - Oui, effectivement.
Page 4972
1 M. Nobilo (interprétation). - Le village de Gacice, se trouve-t-
2 il également sur la colline ? Est-il également mitoyen avec la même
3 usine ?
4 Témoin R (interprétation). - Le village de Gacice est de l’autre
5 côté.
6 M. Nobilo (interprétation). - Avant le conflit, combien y avait-
7 il d’habitants à Donja Veceriska ?
8 Témoin R (interprétation). - Deux cents à trois cents personnes,
9 à peu près.
10 M. Nobilo (interprétation). - Deux cents ou trois cents d’une
11 même famille ?
12 Témoin R (interprétation). - Le plus probablement.
13 M. Nobilo (interprétation). - La proportion des Musulmans et des
14 Croates, quelle était-elle ?
15 Témoin R (interprétation). - A peu près 60 % de Musulmans.
16 M. Nobilo (interprétation). - Dans quel sens ?
17 Témoin R (interprétation). - La proportion était à peu près de
18 60/40.
19
20 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites deux cents à
21 trois cents familles, cela veut dire deux cents ou trois cents maisons à
22 Donja Veceriska ?
23 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas le nombre exact,
24 mais c’est peu près ce que j’ai dit.
25 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que des réfugiés musulmans
Page 4973
1 d’autres villages sont arrivés dans votre village ?
2 Témoin R (interprétation). - Oui.
3 M. Nobilo (interprétation). - Avant le conflit ?
4 Témoin R (interprétation). - De Jajce, de Karaule.
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le fait que parmi les
6 réfugiés, il y avait 29 membres des Forces armées est exact ?
7 Témoin R (interprétation). - Je ne le sais pas.
8 M. Nobilo (interprétation). - Parmi les Musulmans, combien y
9 avait-il de membres des Forces armées ?
10 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas exactement, mais
11 très peu.
12 M. Nobilo (interprétation). - Vous ne seriez pas d’accord avec
13 moi si je vous disais qu’il y avait 128 conscrits parmi les Musulmans à
14 Donja Veceriska ?
15 Témoin R (interprétation). - Non.
16 M. Nobilo (interprétation). - Avant le conflit, aviez-vous des
17 tranchées creusées autour de vos maisons, dans le village ?
18 Témoin R (interprétation). - Non.
19 M. Nobilo (interprétation). - Qui est-ce qui commandait les
20 soldats Musulmans à Donja Veceriska ?
21 Témoin R (interprétation). - J’ignore qui était le commandant,
22 mais je sais qu’il existait, qu’il y avait un commandant.
23
24 M. Nobilo (interprétation). - Connaissiez-vous Memsur Haskic,
25 fils de Midhat Haskic ?
Page 4974
1 Témoin R (interprétation). - Oui.
2 M. Nobilo (interprétation). - Etait-il commandant?
3 Témoin R (interprétation). - Non.
4 M. Nobilo (interprétation). - Connaissez-vous Sulejman Ali
5 Kalco ?
6 Témoin R (interprétation). - Oui.
7 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était sa fonction ?
8 Témoin R (interprétation). - Il ne vivait même pas là-bas ?
9 M. Nobilo (interprétation). - Et à Donja Veceriska, avait-il une
10 fonction ?
11 Témoin R (interprétation). - Non.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que l’élément dont je
13 dispose, à savoir que les frères Cazim, Midhat et autres membres de cette
14 famille avaient une mitrailleuse lourde ?
15 Témoin R (interprétation). - Non.
16 M. Nobilo (interprétation). - Une mitrailleuse M84, dix fusils
17 automatiques, deux fusils de chasse, dix revolvers dans leur maison ?
18 Témoin R (interprétation). - Non.
19 M. Nobilo (interprétation). - A la télévision, cette conférence
20 de presse que vous avez vue la veille du conflit, en connaissiez-vous le
21 thème ? Savez-vous pourquoi elle avait été convoquée ?
22 Témoin R (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement,
23 mais je sais qu’effectivement il y avait une télévision de Vitez. Je ne me
24 souviens pas exactement quel était le thème débattu. Je ne peux pas m’en
25 souvenir exactement.
Page 4975
1 M. Nobilo (interprétation). - Donc vous ne savez pas quoi était
2 consacrée l’émission, de quels événements elle discutait ?
3
4 Témoin R (interprétation). - Non.
5 M. Nobilo (interprétation). - A la veille du conflit, vous étiez
6 civil ?
7 Témoin R (interprétation). - Oui.
8 M. Nobilo (interprétation). - Témoin R, avez-vous donné au
9 service de sécurité de l’Etat, à Zenica, une déclaration le 23 avril
10 1993 ?
11 Témoin R (interprétation). - Oui.
12 M. Nobilo (interprétation). - Dans cette déclaration, est-il
13 écrit la phrase suivante : « J’étais membre de l’armée de la Bosnie-
14 Herzégovine jusqu’à l’éclatement en Bosnie-Herzégovine, et ce jusqu’au
15 16 avril 1993. »
16 Témoin R (interprétation). - En ce qui concerne les événements
17 de Donja Veceriska, je ne n’aurais jamais dit que c’était un conflit. Je
18 n’étais absolument pas dans l’armée.
19 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous dit cela au service de
20 sécurité de l’Etat ?
21 Témoin R (interprétation). - Je ne m’en souviens pas.
22 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, avec votre
23 permission, j’aimerais montrer le document original du service de sécurité
24 de Zenica qui comporte la signature du Témoin R.
25 Je demanderai au témoin de nous confirmer qu'il s'agit de sa
Page 4976
1 signature et que la dernière phrase qui dit "Pour l'instant, je n'ai rien
2 d'autre à dire sur ces événements, j'ai dicté personnellement cette
3 déclaration et tout ce qu'elle contient, je confirme que ce qui est
4 confirmé par ma signature est authentique" est fidèle à la réalité.
5 J'aimerais lui montrer ce document et sa signature pour confirmation de la
6 signature et de l'authenticité. Nous avons reçu ce document du procureur.
7 M. le Président. - J'allais poser cette question. Ce document
8 émane du procureur ? Vous êtes d'accord maître Kehoe ?
9
10 M. Kehoe (interprétation) - Je ne suis pas sûr pour ce document,
11 mais si c'est ce que dit le conseil de la défense, je le crois. J'ai une
12 interprétation en anglais de la version bosniaque, mais je crois la parole
13 de mon collègue.
14 M. le Président. - Témoin R, il est tout à fait normal que le
15 conseil de la défense vous présente des documents. Cela fait partie du
16 contre-interrogatoire. Allez-y, maître Nobilo, montrez-lui ce document.
17 Vous avez surligné des passages. Ce sont des passages qui ont été
18 retraduits en anglais ?
19 M. Nobilo (interprétation). - C'est l'original en bosniaque,
20 mais je tiens à montrer au témoin sa signature qui est apposée sur la
21 dernière page de ce document. J'ai une traduction de ce document et
22 j'aimerais demander au témoin s'il a bien signé et déclaré ce qui figure
23 dans ce texte.
24 Témoin R (interprétation). - Oui.
25 (L'huissier remet à nouveau le document au greffier.)
Page 4977
1 M. Nobilo (interprétation). - Témoin R, est-il exact que vous
2 ayez dicté personnellement le contenu de cette déclaration ?
3 Témoin R (interprétation). - C'est moi-même qui l'ai dicté. J'ai
4 été très bouleversé par le fait que mes parents ont été tués. Je ne l'ai
5 pas lu et je l'ai signé. Probablement que je l'ai dicté.
6 M. Nobilo (interprétation). - Vous l'avez dicté ?
7 Témoin R (interprétation). - Oui.
8 M. Nobilo (interprétation). - Donc vous en restez à votre
9 déclaration selon laquelle vous n'étiez pas membre de l'armée de Bosnie-
10 Herzégovine au moment du conflit ?
11 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir
12 exactement. Je n'étais pas moi-même, je n'étais pas conscient
13 véritablement de ce qui m'est arrivé.
14 M. Nobilo (interprétation). - Au cours de l'interrogatoire
15 principal, vous avez dit
16
17 que les rapports étaient bons entre les Croates et les Musulmans, à
18 l'intérieur du village. C'est ce que j'ai retenu.
19 Témoin R (interprétation). - Oui, ils étaient excellents.
20 M. Nobilo (interprétation). - Et vous n'aviez pas vu
21 d'accumulation d'armes entre les Croates et les Musulmans, au moment où il
22 y a eu ces problèmes à l'entrée de Donja Veceriska et où trente Croates et
23 trente Musulmans ont pris des positions les uns contre les autres ?
24 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, monsieur le Président !
25 Je n'ai pas d'objection à ce que le conseil de la défense aborde ce sujet,
Page 4978
1 mais si le contre-interrogatoire est limité au sujet de l'interrogatoire
2 principal, ce sont des sujets que nous n'avons pas abordés. Si nous
3 voulons restreindre les sujets...
4 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, dans le
5 cadre de l'interrogatoire principal -et je m'appuie sur l'interrogatoire
6 principal- il a été dit qu'avant le conflit les rapports entre les gens
7 étaient bons. Je parle d'un événement qui dit le contraire et qui date
8 d'avant le conflit. Je pense donc rester à l'intérieur des limites de
9 l'interrogatoire principal.
10 M. le Président. - Abrégez, qu'on n'y reste pas trop longtemps.
11 M. Nobilo (interprétation). - Oui très brièvement. Est-il exact
12 qu'au moment de ce problème avant le conflit, des Croates et des Musulmans
13 ont accumulé des armes pour s'opposer les uns aux autres ?
14 Témoin R (interprétation). - Non, il n'y a pas eu d'utilisation
15 d'arme, mais simplement des discussions animées.
16 M. Nobilo (interprétation). - Avec des armes ?
17 Témoin R (interprétation). - Non, pas avec des armes.
18 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, monsieur R, je dois
19 encore une fois vous soumettre la déclaration que vous avez faite aux
20 enquêteurs du Tribunal, cette fois-ci, où vous
21
22 dites -je cite- "Nous, cette vingtaine ou trentaine -vous pensez à des
23 Musulmans- sommes venus aider les gardes. Les Croates nous ont dit
24 d'enlever le drapeau et les deux parties ont créé des positions de
25 combat".
Page 4979
1 Témoin R (interprétation). - Personne n'a créé de position de
2 combat. Ils se sont assis et nous avons discuté. Ils sont venus enlever le
3 drapeau, ils ont enlevé le leur d'abord, ensuite ils sont venus enlever le
4 nôtre aussi.
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce ce que vous avez dit aux
6 enquêteurs du bureau du procureur ? Avez-vous dit ce qui figure dans le
7 texte que je viens de vous lire ?
8 Témoin R (interprétation). - Pourriez-vous me le relire ?
9 M. Nobilo (interprétation). - "Après le début de ces problèmes,
10 nous une vingtaine ou une trentaine, sommes venus aider les gardes. Les
11 Croates nous ont donné l'ordre d'enlever le drapeau bosniaque et des deux
12 côtés des positions de combat ont été prises".
13 Témoin R (interprétation). - Je ne me rappelle pas avoir dit
14 exactement cela.
15 M. Nobilo (interprétation). - Donc ceci est également faux ?
16 Témoin R (interprétation). - Je ne me rappelle pas.
17 M. le Président. - Maître Nobilo, je crois que nous avions déjà
18 réglé ce problème. Sur le fait que le témoin soit en contradiction, je
19 comprends très bien que vous en fassiez des arguments pour vous, mais le
20 Tribunal ne se laisse pas trop abuser par cela. Ce qui est important pour
21 le Tribunal, c'est de savoir ce que le témoin nous dit aujourd'hui. Je
22 n'ai pas la déclaration. Vous mettez en valeur la contradiction, c'est
23 votre droit. Mais ce qui intéresse les juges -et je demande au témoin de
24 nous regarder- c'est ce qu'il dit aujourd'hui.
25 Vous avez le droit de lui souligner la contradiction, mais nous
Page 4980
1 n'allons pas faire une enquête sur la contradiction. Nous n'allons pas
2 enquêter sur les contradictions. Il y en aura toujours dans ces
3 déclarations, ne serait-ce que parce que la déclaration a été prise.... en
4 quelle année ? Pouvez-vous me donner la date de la déclaration devant les
5 enquêteurs du bureau du
6
7 Procureur ?
8 M. Nobilo (interprétation). - En 1995.
9 M. le Président. - Il y a donc deux ans. Posons la question au
10 témoin pour qu'il nous réponde exactement aujourd'hui, où il est dans un
11 état psychologique certainement différent. Il répondra aux juges.
12 M. Nobilo (interprétation). - Merci monsieur le Président. Je
13 voulais, grâce à cette citation, rappeler au témoin ce qu'il a dit selon
14 le souvenir qu'il en a, mais je pense qu'il importe également, pour
15 vérifier la crédibilité du témoin, de voir s'il change son point de vue
16 d'année en année. Mais nous en avons terminé sur ce sujet et nous pouvons
17 passer à un autre thème.
18 Les soldat qui sont arrivés à l'usine Slobodan Princip Seljo,
19 l'usine militaire, étaient-ils de l'Herzégovine ?
20 Témoin R (interprétation). - Oui.
21 M. Nobilo (interprétation). - Combien y en avait-il ?
22 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas exactement.
23 M. Nobilo (interprétation). - Je veux encore une fois vous
24 rappeler ce que vous avez dit aux enquêteurs. Vous avez dit qu'ils sont
25 arrivés dans deux véhicules militaires, deux camions.
Page 4981
1 Témoin R (interprétation). - Oui, mais ils sont arrivés dans le
2 village de Donja Veceriska.
3 M. Nobilo (interprétation). - Vous dites qu'ils sont arrivés
4 dans le village, qu'ils sont venus dans l'usine Slobodan Princip Seljo. Je
5 répète que ces soldats sont arrivés dans l'usine Slobodan Princip Seljo.
6 Ai-je bien retenu que vous avez dit au procureur que ces soldats ont
7 apporté un canon antiaérien et que c'est celui-ci que vous avez identifié
8 sur la photographie ?
9 Témoin R (interprétation). - Ils sont passés par le village.
10 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous citer à nouveau. Vous
11 avez dit au bureau
12
13 du procureur que ces soldats ont emmené avec eux un canon antiaérien
14 équipé de trois canons, alors qu'ici vous parlez d'une arme qui n'a qu'un
15 seul canon. C'est ce qu'on voit sur la photographie.
16 Témoin R (interprétation). - Non, en fait il en a trois, mais
17 comme ils sont en parallèle, on ne voit pas bien et on a l'impression
18 qu'il n'y en a qu'un.
19 M. Nobilo (interprétation). - A la veille de l'attaque du
20 16 avril, existait-il des tensions dans le village ?
21 Témoin R (interprétation). - Je n'en ai pas remarqué.
22 M. Nobilo (interprétation). - Aucune tension ?
23 Témoin R (interprétation). - Aucune.
24 M. Nobilo (interprétation). - Mais lorsque vous avez vu des
25 Croates attaquer des civils, pour vous ce n'était pas un signe de tension
Page 4982
1 ou un signe prémonitoire ?
2 Témoin R (interprétation). - Non, nous ne pensions pas du tout à
3 ce qui risquait d'arriver.
4 M. Nobilo (interprétation). - Où se trouvaient votre épouse et
5 vos enfants ce soir-là ?
6 Témoin R (interprétation). - Ma femme et mon enfant se
7 trouvaient à Zenica. Nous travaillions tous les deux à ce moment-là et
8 elle était là-bas. Elle était partie.
9 M. Nobilo (interprétation). - La veille ?
10 Témoin R (interprétation). - Non, un peu avant.
11 M. Nobilo (interprétation). - Aviez-vous des patrouilles, des
12 tours de garde avec les Musulmans du village ?
13 Témoin R (interprétation). - Peut-être, mais je n'y participais
14 pas.
15 M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant à cette
16 explosion qui impliquait un enfant. Vous avez dit que vous aviez été
17 touché par un morceau de béton à la poitrine. Si vous
18
19 avez reconnu quelque soldat que ce soit, pouvez-vous donner les noms ?
20 Témoin R (interprétation). - Mirko Franjic, Dragan Sapina,
21 Vlado Franjic également. Je les ai reconnus.
22 M. Nobilo (interprétation). - Qui encore ?
23 Témoin R (interprétation). - Semo Mosunj qui était masqué, mais
24 je l'ai reconnu tout de même.
25 M. Nobilo (interprétation). - Drmic Vlado ?
Page 4983
1 Témoin R (interprétation). - Il était là.
2 M. Nobilo (interprétation). - Slavko Franjic ?
3 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, monsieur le Président,
4 cela va si vite que je n'obtiens pas l'interprétation des réponses. Je ne
5 les obtiens pas.
6 M. Hayman (interprétation). - Mais je les obtiens, moi, et je
7 suppose que nous sommes sur le même canal.
8 M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, les questions
9 et réponses se succèdent rapidement et se chevauchent.
10 M. Riad (interprétation). - Nous proposons simplement que vous
11 disiez question et réponse, parce que parfois nous avons l'impression que
12 c'est la même personne qui parle. Je parle aux interprètes.
13 M. Nobilo (interprétation). - Je vais essayer de ralentir un
14 petit peu. Est-ce que Vlado Drmic était présent ?
15 Témoin R (interprétation). - Oui.
16 M. Nobilo (interprétation). - Slavko Franjic ?
17 Témoin R (interprétation). - Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Anton Miskovic ?
19 Témoin R (interprétation). - Oui.
20
21 M. Nobilo (interprétation). - Slavko Miskovic ?
22 Témoin R (interprétation). - Oui.
23 M. Nobilo (interprétation). - Zvonko Drmic ?
24 Témoin R (interprétation). - Oui.
25 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ce sont tous vos
Page 4984
1 voisins ?
2 Témoin R (interprétation). - Oui, tous.
3 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déclaré qu'à un certain
4 moment vous avez décidé de vous enfuir, en réponse aux questions de
5 l'interrogatoire principal.
6 Témoin R (interprétation). - Oui.
7 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais vous rappeler encore
8 une fois le contenu de la déclaration que vous avez faite devant les
9 membres du service de sécurité de l'Etat. Vous avez déclaré, quand vous
10 avez vu ces gens-là -je cite- : "Ils nous ont laissé passer, nous avons
11 couru vers les hameaux musulmans, dans la montagne". Est-ce eux qui vous
12 ont laissé passer ou avez-vous décidé de fuir ?
13 Témoin R (interprétation). - J'ai dit que c'est lorsque nous
14 nous sommes trouvés sur la route devant la maison que nous avons décidé de
15 nous enfuir.
16 M. Nobilo (interprétation). - Et quand ils vous ont vus, ils
17 vous ont laissé passer ?
18 Témoin R (interprétation). - Ils ont dit qu'il fallait que nous
19 mettions les mains sur la tête. Ils nous ont insultés quand nous sommes
20 sortis. C'est après que j'ai traversé.
21 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit avoir rencontré
22 cinquante soldats portant les emblèmes du HVO, du HV et le U, en réponse
23 aux questions de l'interrogatoire principal.
24 Témoin R (interprétation). - Oui.
25 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous dire ce que vous avez
Page 4985
1 dit lors de votre déclaration devant les services de sécurité. Je cite :
2 "Nous sommes sortis sur la route à côté
3
4 d'une maison où se trouvaient une trentaine d'hommes en uniformes, membres
5 du HVO. Certains d'entre eux portaient la lettre U sur leur calot, avec le
6 damier entremêlé à la lettre. Ils nous ont laissé passer".
7 Là, vous ne parlez pas du HV, mais que du HVO ?
8 Témoin R (interprétation). - Il y avait aussi des soldats du HVO
9 et du HV.
10 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit qu'Ervedina Haskic
11 vous a appelé, que son père était mort sous le coup d'une explosion.
12 Témoin R (interprétation). - Oui.
13 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire comment
14 cette explosion s'est produite ? Comment il est mort ?
15 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas, je n'étais pas sur
16 les lieux, mais c'est de la route que j'ai vu ce qui s'est passé, à une
17 certaine distance.
18 M. Nobilo (interprétation). - Mais vous a-t-elle dit comment son
19 père était mort ?
20 Témoin R (interprétation). - Non.
21 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous donner lecture de ce
22 que vous avez dit aux enquêteurs du service de sécurité.
23 Quand je parle de service de sécurité, je parle de service de
24 sécurité du gouvernement bosniaque de Zenica.
25 M. Nobilo (interprétation). - Je continue donc la lecture. (expurgé)
Page 4986
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 Témoin R (interprétation). - Oui.
5 M. Nobilo (interprétation). - Quand (expurgé) a tiré vers vous,
6 vous avez dit à l'enquêteur que vous ne saviez pas ce qu'il vous avait
7 dit.
8 Témoin R (interprétation). - C'est vrai, je n'ai pas bien
9 compris. Il est parti.
10
11 M. Nobilo (interprétation). - Je vais donc vous rappeler ce que
12 vous avez dit aux enquêteurs du service de sécurité.
13 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi. Quand il y a un
14 passage d'un document, je demanderai de lire d'abord exactement ce qui
15 figure dans le document. Le deuxième élément, ce qui est encore plus
16 important, je demanderai qu'il ne dise pas de noms permettant d'identifier
17 le témoin, comme mon collègue vient de le faire.
18 Donc à l'avenir, pour les autres citations, s'il existe un
19 élément d'identification particulier dans la situation... Vous savez,
20 c'est un village extrêmement petit. Les surnoms sont connus de tous et il
21 est facile d'identifier les gens. Je demanderai donc aux conseils d'éviter
22 l'utilisation de noms propres.
23 M. le Président. - Vous préférez faire une session privée ? Nous
24 allons d'ailleurs arriver à la pause. Préférez-vous que nous fonctionnions
25 en session à huis clos partiel ? C’est peut-être préférable, ce qui mettra
Page 4987
1 plus à l'aise...
2 M. Nobilo (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
3 Il s'agit juste d'une phrase, si vous me le permettez, pour
4 attirer votre attention sur le fait qu'il faudrait effacer la partie du
5 compte rendu de l'interrogatoire.
6 M. le Président. - Régulièrement, s'il quelque chose m’échappe,
7 cela m'est immédiatement signalé par M. le greffier et je demande que les
8 services techniques puissent l'effacer du transcript. Nous allons arriver
9 à la pause. Vous voulez poser votre dernière question avant la pause,
10 Maître Nobilo, en ayant bien garde quand vous citez des noms car il s'agit
11 d'un village minuscule. Allez-y.
12 M. Nobilo (interprétation). - Par conséquent, celui qui avait
13 mis le fusil à votre encontre, vous a injurié. Il a dit : « Tu ne vas pas
14 tuer tel et tel. » Il l'a dit, il s'est retourné et il est parti.
15 Monsieur le Président, si vous êtes d'accord, nous pouvons
16 suspendre la séance.
17
18 M. le Président. - Je vois que le Procureur a une objection à
19 faire sur cette question.
20 M. Kehoe (interprétation). - Je pose une question : nous sommes
21 à huis clos partiel dans le cadre de la dernière question ?
22 M. le Président. - Pas du tout.
23 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je ne tiens
24 pas exagérément à mettre l'accent sur ce point, mais c'est exactement le
25 problème qui se pose.
Page 4988
1 M. le Président. - Nous allons procéder, Monsieur le greffier, à
2 l'occultation de ce passage, en tout cas du ou des noms qui ont été
3 prononcés dans le transcript.
4 M. Dubuisson. - Oui, bien sûr.
5 M. le Président. - Je ne vois pas d'autre solution. Cela étant,
6 je suis tout à fait sensible, ainsi que mes collègues à ces impératifs de
7 protection et de sécurité. Je demanderai aux conseils de la défense d'y
8 faire particulièrement attention et, au besoin, n'hésitez pas à demander
9 une session à huis clos partiel.
10 Maître Kehoe, encore une observation ? Allez-y.
11 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Lorsque
12 le conseil de la défense tient à citer des parties de déclaration écrite,
13 je le prierai de bien vouloir nous indiquer la ligne, la page de cette
14 citation, car s'il entend poser une question particulièrement nocive et
15 s'il ne me dit pas quelle page il cite, il m'est difficile de retrouver le
16 passage. Je demanderai au conseil de la défense de bien vouloir prêter
17 attention à cet élément et de ne pas citer d'élément d'identification.
18 M. Hayman (interprétation). - Nous pouvons le faire, Monsieur le
19 Président, mais mon collègue travaille sur la déclaration originale signée
20 en langue bosno-croate. Si cela peut aider mon collègue de la partie
21 adverse, Me Nobilo peut lui fournir ce document, mais je doute que cela
22 l'aide beaucoup.
23
24 M. le Président. - Il ne s'agit pas du document, Maître Hayman.
25 Je crois que ce que demande le Procureur, c'est simplement que lorsque
Page 4989
1 Me Nobilo cite un passage de document, qu'il dise, ne serait-ce
2 qu'approximativement : "dans ce document, il s'agit de la page 3 vers le
3 milieu de la page." C'est peut-être possible de le faire. Je crois que
4 tout le monde a besoin d'une pause. Nous reprenons à 11 heures 40.
5
6 L’audience, suspendue à 11 heures 20, est reprise à 11 heures 45.
7
8 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.)
9 M. le Président. - L’audience est reprise, introduisez l’accusé.
10 (L’accusé est introduit dans la salle d’audience.)
11 M. le Président. - Bien, nous allons poursuivre. Témoin R, vous
12 vous êtes reposé, vous êtes détendu ?
13 Témoin R (interprétation). - Oui, oui.
14 M. le Président. - Maître Nobilo.
15 M. Nobilo (interprétation). - Merci, monsieur le Président.
16 Témoin R, est-il exact que vous êtes arrivé dans la cuisine d’été de Meho
17 Haskic ?
18 Témoin R (interprétation). - De Mahmut Haskic.
19 M. Nobilo (interprétation). - Oui, de Mahmut Haskic. Qui est-ce
20 qui se trouvait à cet endroit-là ?
21 Témoin R (interprétation). - Beaucoup de femmes et d'enfants.
22 M. Nobilo (interprétation). - Des hommes ?
23
24 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir combien
25 d’hommes, mais je pense qu’il avait le mari de Nevza.
Page 4990
1 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous me dire, je vais lire
2 votre déclaration au Procureur...
3 M. le Président. - Je vous rappelle que nous sommes en audience
4 publique.
5 M. Nobilo (interprétation). - Oui, absolument, cela ne posera
6 pas de problème. Nous serons vigilants.
7 M. le Président. - Que recherchez-vous, Maître Nobilo ? Je
8 voudrais vous poser les mêmes questions qu’à l’accusation. Je voudrais
9 savoir quel est l’objectif de ce long interrogatoire sur un document en
10 serbo-bosniaque devant les services de sécurité.
11 Nous l’avons déjà dit au début du procès, nous ne faisons pas
12 d’enquête sur des enquêtes. Nous ne sommes pas des enquêteurs, des supers
13 enquêteurs. Les juges sont chargés de juger le crime contre l'humanité
14 reproché au général Blaskic. Votre droit consiste à mettre en jeu la
15 crédibilité du témoin, mais essayez d’aller à l’essentiel.
16 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous l’expliquer. D’une
17 certain façon, notre objectif consiste à remettre en cause la crédibilité
18 de ce témoin, mais ce n’est pas l’objectif principal, c’est plutôt un
19 objectif secondaire.
20 Quant à ce que vous venez de me demander, je dirai très
21 franchement que ce témoin a sauté deux jours et demi de combat entre
22 l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, dans son village. Il a menti en
23 disant que tout le village avait brûlé. Il n’y a pas plus de 10 % des
24 maisons qui ont brûlé dans son village, en raison des combats.
25 Voilà le genre de choses que nous voulons montrer. Il n’y a pas
Page 4991
1 eu d’attaques contre des civils, contre des objectifs civils, dans le sens
2 d’une volonté de détruire ces bâtiments, mais il y a eu des combats qui se
3 sont déroulés dans le village en question. Or ce témoin nous parle d’une
4 certaine façon et, en réponse aux questions de l’interrogatoire principal,
5 il a sauté pas mal
6
7 de choses qu’il avait stipulées dans une déclaration préalable. C’est
8 pourquoi nous voulons confirmation.
9 M. le Président. - Merci d’avoir apporté cette réponse. Vous
10 continuez, mais vous allez bien à l’essentiel. Je préfère que les choses
11 soient claires. Il n’a que le mot « menti » que je souhaiterais que vous
12 retiriez, simplement par correction et par courtoisie envers des témoins
13 qui, je vous le rappelle, ont de toute façon beaucoup souffert. Vous
14 retirez le mot « menti » et vous dites plutôt que vous mettez en jeu la
15 crédibilité du témoin.
16 Maintenant, vous allez directement aux questions et pas par des
17 chemins de traverse qui font perdre beaucoup de temps.
18 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, la seule
19 chose que je voudrais demander, encore une fois, c’est que le conseil de
20 la partie adverse fasse référence au passage du document dont il donne
21 lecture, à la page.
22 M. le Président. - En effet, mais il n’a pas encore commencé.
23 Laissez le commencer, maître Kehoe. Allez-y.
24 M. Nobilo (interprétation). - Bien. A côté de la cuisine d’été
25 de Haskic, y avait-il une ligne de front entre le HVO et la défense
Page 4992
1 territoriale ?
2 Témoin R (interprétation). - Non, ce n’était pas une ligne
3 classique de front. Il fallait donc qu’il défende sa propre vie, celle des
4 enfants car nous aurions vécu exactement la même chose, nous aurions subi
5 le même sort.
6 M. Nobilo (interprétation). - A côté de la cuisine d’été de
7 Haskic, il y a eu une résistance armée de la part de la défense
8 territoriale ?
9 Témoin R (interprétation). - Nous aurions vécu la même chose si
10 cela n’avait pas eu lieu. Je ne suis pas d’accord avec le fait que vous
11 disiez que seulement 10 % du village ont été brûlés. En effet, la
12 photographie le prouve, il y a beaucoup plus de maisons qui ont été
13 brûlées. Pratiquement toutes les maisons musulmanes ont été incendiées.
14 Huit civils ont été tués.
15
16 Or, vous dites que non.
17 M. Nobilo (interprétation). - Nous reviendrons sur ces sujets,
18 mais pouvez-vous me donner une réponse directe. A côté de la cuisine d’été
19 de Haskic, y a-t-il eu une résistance armée ?
20 Témoin R (interprétation). - A côté de la cuisine d’été, je ne
21 sais pas.
22 (Les conseils de la défense se consultent.)
23 M. Nobilo (interprétation). - Je vais lire un passage de la
24 déclaration en croate, page 5.
25 Je cite : « à côté de la cuisine d’été, une ligne de front a été
Page 4993
1 créée... »
2 M. le Président. - S’il s’agit du document remis par le greffe,
3 celui-ci se termine à la page 4.
4 L'interprète. - La numérotation des pages en traduction ne
5 correspondent pas.
6 M. Nobilo (interprétation). - Je lis un extrait de la
7 déclaration qui a été faite aux enquêteurs du Bureau du Procureur. Nous
8 avons deux déclarations.
9 M. le Président. - Allez-y.
10 M. Nobilo (interprétation). - Je cite : « à côté de la cuisine a
11 été créée une ligne de front entre le HVO et la défense territoriale.
12 Puisque nous étions si près de la ligne de front, nous savions que nous ne
13 pouvions pas rester dans cette cuisine. » (Fin de citation). Est-ce cela
14 que vous avez dit aux enquêteurs du Bureau du Procureur du Tribunal de
15 La Haye ?
16 Témoin R (interprétation). - Nous ne pouvions pas véritablement
17 résister car il y avait une artillerie sur la cuisine qui était très
18 puissante. Par conséquent, nous étions obligés de sortir de la cuisine et
19 de traverser pour entrer dans une autre maison.
20 M. Nobilo (interprétation). - Je vous prierais de bien vouloir
21 répondre à ma question. Avez-vous dit, aux enquêteurs du Tribunal, ce que
22 je viens de lire ? Vous ne m’avez pas répondu.
23
24 M. le Président. - Maître Nobilo -Maître Kehoe, je n’ai pas
25 besoin de votre aide-, je ne suis pas du tout d’accord. Cela fait trois
Page 4994
1 fois qu’on pose la question sur la ligne du front près de la cuisine en
2 question. Le témoin vous a répondu. Vous ferez avec cette réponse. Donc
3 vous passez à une autre question. Nous n’allons pas passer tout le contre-
4 interrogatoire sur la ligne de front. Vous avez très bien marqué vos
5 objectifs.
6 Il y a eu des combats. Pour des raisons, qui sont les siennes,
7 le témoin les a occultés dans sa déclaration. C’est tout à fait votre
8 droit de les mettre en valeur. Maintenant, nous arrêtons sur la ligne de
9 front. Il vous a répondu.
10 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons passer à un autre
11 sujet, mais la cuisine d’été a souvent été évoquée et les combats ont duré
12 plus de deux jours.
13 M. le Président. - Vous l’avez noté. Le Tribunal le sait. Il y a
14 des transcripts, il y a les pièces, il y a les documents. Il y aura tout.
15 Quand nous délibérerons, nous aurons des milliers et des milliers de
16 documents. Faites confiance aux juges. Passez à une autre question, s’il
17 vous plaît.
18 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Quand vous êtes sorti de la
19 cuisine d’été, est-ce que vous êtes entré dans la maison de Meho Haskic et
20 de ses deux fils : Semir et un autre ?
21 Témoin R (interprétation). - De la cuisine de Mahmut Haskic,
22 nous sommes allés de l’autre côté, nous avons traversé vers la maison de
23 Haskic qui avait une cave où il y avait de l’eau.
24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu’il y a eu une résistance
25 armée en ce lieu ?
Page 4995
1 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir s’il y
2 avait de la résistance ou non parce que j’étais dans la cave et je ne
3 voyais pas.
4 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire encore un
5 passage de la déclaration que vous avez faite aux enquêteurs. Ce passage
6 se trouve au milieu de la page 3.
7 M. Kehoe (interprétation). - Quels enquêteurs ?
8
9 M. Nobilo (interprétation). - Les enquêteurs du Tribunal de
10 La Haye, déclaration page 3, tout à fait au milieu.
11 Nous pouvons essayer en anglais aussi. Je cite : « Nous y avons
12 trouvé Meho et ses deux frères, Marhmut et Semir, ainsi que Mirso et Menso
13 qui essayaient de s'opposer à l’attaque et de nous protéger. Nous y sommes
14 restés environ trois heures en nous abritant des obus. »
15 M. Hayman (interprétation). - « qui résistait à l’attaque et
16 tentait de nous protéger. »
17 M. Nobilo (interprétation). - Oui, « qui résistait à l’attaque
18 et tentait de nous protéger. » Est-il exact que vous ayez dit cela ?
19 Témoin R (interprétation). - Je ne m'en souviens pas exactement.
20 Si, j’ai dit, comme cela : « je me trouvais dans la cave, il y avait
21 beaucoup de femmes, beaucoup d’enfants, beaucoup de cris, des
22 hurlements... Pendant une heure, plus de 40 obus sont tombés sur la
23 maison. »
24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que Midhat Haskic était
25 avec vous ?
Page 4996
1 Témoin R (interprétation). - Il y avait beaucoup de personnes,
2 je ne peux pas savoir exactement.
3 M. Nobilo (interprétation). - Midhat Haskic est-il mort, entre-
4 temps ? Le savez-vous ?
5 Témoin R (interprétation). - Je sais qu’il est mort après la
6 guerre.
7 M. Nobilo (interprétation). - Est-il exact que vous êtes alors
8 parti dans la maison de Besa Zlotrg ?
9 Témoin R (interprétation). - Nous avons tous su où se trouvait
10 la maison de Zlotrg Besa, mais on attendait la nuit pour traverser la
11 colline. Soi-disant la colline où se trouvait non seulement sa propre
12 maison, mais d’autres maisons. Nous n’étions pas véritablement en forme,
13
14 nous étions tous épuisés. Nous nous sommes répartis pour pouvoir sortir
15 dans la nuit.
16 M. Nobilo (interprétation). - Pouvons-nous en conclure que, le
17 16, vous étiez bien dans les endroits que nous venons d’évoquer ?
18 Témoin R (interprétation). - Oui.
19 M. Nobilo (interprétation). - Le 17, ou même dans la nuit du 16
20 au 17, est-il exact que vous êtes parti sur la colline ?
21 Témoin R (interprétation). - Oui.
22 M. Nobilo (interprétation). - Je vais encore vous donner lecture
23 de la déclaration, toujours page 3, « Déclaration aux enquêteurs du
24 Tribunal de La Haye ». Avez-vous dit que les villageois de la colline
25 avaient créé une ligne de défense, même s’ils n’avaient pas beaucoup
Page 4997
1 d’armes, et que cette ligne a été maintenue cette nuit-là, le lendemain et
2 la nuit d’après; et que c’est seulement à l’aube du 18 avril, à 3 heures
3 du matin, que la FORPRONU est venue chercher les blessés ? Est-ce exact ?
4 Témoin R (interprétation). - Il n’y avait aucune ligne. Si l’on
5 considère que la maison est une ligne, c’est autre chose. Il y avait un
6 cessez-le-feu, donc le silence. Nous avons passé effectivement la journée
7 entière, et ce n’est que le soir, dans la nuit plutôt, entre le 17 et le
8 18, vers 3 heures du matin, que nous sommes sortis.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le HVO est entré dans
10 le village, le 16 ? Est-ce bien le 16 qu’il est entré dans votre partie du
11 village ?
12 Témoin R (interprétation). - Oui, effectivement, il est entré
13 le 16.
14 M. Nobilo (interprétation). - Et quand est-il parvenu à entrer
15 dans la deuxième partie du village, la deuxième moitié ?
16 Témoin R (interprétation). - Le 18 avril. Nous avons regardé
17 tout cela depuis la base de la FORPRONU, en bas du village.
18 M. Nobilo (interprétation). - Donc, c’est le 18 que le HVO est
19 arrivé sur la
20
21 colline ?
22 Témoin R (interprétation). - Ils sont rentrés un peu avant, mais
23 nous le savions déjà.
24 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous participé aux combats, à
25 quelque moment que ce soit ?
Page 4998
1 Témoin R (interprétation). - Non.
2 M. Nobilo (interprétation). - Je vais encore vous lire un
3 passage... Nous cherchons dans la version anglaise... Dans la deuxième
4 déclaration, page 4, je cite : « à un certain moment, j’ai dû apporter de
5 l’aide à la défense territoriale parce qu’un de ses membres était blessé.
6 C’était un réfugié de Karaula. » Avez-vous dit cela aux enquêteurs ?
7 Témoin R (interprétation). - Je ne crois pas l’avoir dit.
8 M. Nobilo (interprétation). - Dans la deuxième déclaration que
9 vous avez faite aux enquêteurs du Tribunal, page 4, vous dites : « j’ai
10 saisi un fusil ».
11 Témoin R (interprétation). - Non, je n’ai jamais saisi de fusil,
12 car j’étais dans un état... Je ne savais même plus où j’étais. Tout me
13 dépassait.
14 M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi si, après ce conflit, la
15 FORPRONU est venue pour évacuer les blessés.
16 Témoin R (interprétation). - Oui. Ils sont arrivés, et nous
17 étions heureux car nous pensions qu’ils allaient nous sauver. Mais ils ont
18 tout simplement ramassé ceux qui étaient blessés.
19 M. Nobilo (interprétation). - Combien y avait-il de Musulmans
20 armés ?
21 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas exactement le
22 chiffre.
23 M. Nobilo (interprétation). - Aux enquêteurs du Tribunal de La
24 Haye, vous avez dit qu’il y avait 40 à 50 fusils.
25 Témoin R (interprétation). - Non, je n’ai pas dit « entre 40 et
Page 4999
1 50 fusils ».
2
3 M. Nobilo (interprétation). - Toujours dans la deuxième
4 déclaration, page 4, il est écrit, je cite : « nous n’avions que 40 à 50
5 fusils ».
6 Témoin R (interprétation). - Mais non. Nous n’avions pas de
7 fusils.
8 M. Nobilo (interprétation). - L’avez-vous dit ?
9 Témoin R (interprétation). - Je ne l’ai pas dit.
10 M. le Président. - Attendez, je voudrais intervenir. Vous mettez
11 en contradiction le témoin, et c’est tout à fait votre droit. Mais ce qui
12 compte, pour les Juges, c’est, en fin de compte, la réalité du témoignage
13 dans sa version finale. Alors, y avait-il 40 ou 50 fusils, témoin R ?
14 Je sais que c’est un peu compliqué, mais là, c’est le Juge qui
15 vous parle, et, par ma voix, mes collègues. Vous avez quand même fait une
16 déclaration. On comprend que c’est important pour la défense. Vous êtes
17 sous serment. Y avait-il 40, 50, ou pas de fusil du tout ?
18 Témoin R (interprétation). - Je n’ai pas dit qu’il n’y avait pas
19 de fusil, mais je n’ai pas qu’il y en avait entre 40 et 50. Je vous le
20 dis, je ne savais même pas dans quel état j’étais, je ne savais pas où je
21 me trouvais, ce que je faisais... Je ne pouvais pas compter les fusils,
22 les hommes et le reste. Etant donné que la Bosnie-Herzégovine a été
23 attaquée par l’agresseur serbe et monténégrin, les gens...
24 M. le Président. - Nous ne sommes pas là pour apporter des
25 justifications... Simplement, c’est un point précis : y avait-il des
Page 5000
1 fusils ? Voilà, c’est tout ce que je pose comme question.
2 Témoin R (interprétation). - Il y avait des fusils, mais pas le
3 nombre dont vous parlez.
4 M. le Président. - Continuez, Maître Nobilo.
5 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Avant le repli, à l’aube du
6 troisième jour, je cite la déclaration que vous avez faite aux enquêteurs
7 du Bureau du Procureur du Tribunal : « la
8
9 défense territoriale manquait de munitions, et c’est la raison pour
10 laquelle les civils ont dû se retirer. Nous sommes restés sans arme, et
11 les membres de la défense territoriale se sont retirés après les civils,
12 qui sont partis aux environs de 1 ou 2 heures du matin, escortés par un
13 véhicule de la FORPRONU.
14 Les membres de la défense territoriale sont partis vers le
15 village de Grbavica. Tous les membres de la défense territoriale étaient
16 membres du village. Nous sommes allés vers l’usine SPS, où le HVO nous a
17 tiré dessus ».
18 M. Kehoe (interprétation). - Quelle page citez-vous ? Je demande
19 au conseil de la défense quelle était la déclaration dont il nous lisait
20 un extrait.
21 M. Nobilo (interprétation). - Page 4 de la déclaration du
22 16 février 1995.
23 Donc, je vous demande si, lorsque les munitions ont disparu, le
24 troisième jour, vous vous êtes retirés; s’il est vrai que l’unité de la
25 défense territoriale est partie vers Grbavica ?
Page 5001
1 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas véritablement vous
2 dire, je ne peux pas vous répondre concrètement. En ce qui concerne les
3 munitions, les armes, je ne sais véritablement. Je n’y étais pas, mais je
4 sais que j’étais devant la base, et je sais qu’on nous a aidés. On nous a
5 plutôt offert le thé, le café, etc. Mais je ne sais pas où se trouvaient
6 les munitions, et je ne sais pas si on a vu ce qu’il y avait comme
7 munitions et comme armes.
8 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous dit aux enquêteurs que
9 la défense territoriale était partie vers Grbavica ?
10 Témoin R (interprétation). - Je l’ai peut-être dit, mais je ne
11 m’en souviens pas.
12 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous vu l’unité de la défense
13 territoriale aller dans le sens de Grbavica, quand vous êtes allé vous-
14 même vers la base de la Forpronu ?
15 Témoin R (interprétation). - Non.
16 M. Nobilo (interprétation). - Il y a une erreur... Car c’est ma
17 question qui figure comme étant une réponse, au procès-verbal, et la
18 véritable réponse n’a pas été enregistrée. Ah,
19
20 elle l’est maintenant. Bien.
21 Pendant que vous alliez vers la base de la Forpronu, et qu’on
22 vous tirait dessus à partir de l’usine, y avait-il de la lumière, faisait-
23 il nuit, ou était-ce entre les deux ?
24 Témoin R (interprétation). - Il y avait une colonne très longue,
25 on pouvait bien distinguer que qu’on nous tirait dessus depuis la porte.
Page 5002
1 M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous dans quel sens on
2 tirait ?
3 Témoin R (interprétation). - On nous tirait dessus. Tout le
4 monde hurlait, mais je sais que personne n'a véritablement été dans un
5 état grave.
6 M. Nobilo (interprétation). - Vous ne savez pas quelle était la
7 direction des tirs ?
8 Témoin R (interprétation). - C'était la nuit. Je ne sais pas.
9 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez vu des véhicules des
10 Nations unies quand vous êtes arrivé vers la base des Nations unies ?
11 Témoin R (interprétation). - Non, ils ne nous ont pas escortés,
12 mais des gardes montaient. Il y avait le bataillon. Ils nous ont aperçus.
13 Ils ont remarqué qu'un très grand groupe de personnes s'approchait. Ils
14 ont donc allumé les lumières et c'est alors que nous nous sommes
15 approchés.
16 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déclaré que vous aviez
17 été évacués à Zenica par les Nations unies et la Croix Rouge à partir de
18 cette base. Dans votre groupe, ont-ils également évacué des civils qui
19 venaient d'autres villages avoisinants ?
20 Témoin R (interprétation). - Oui, de Stari Vitez, de Divjak
21 également, après l'explosion.
22 M. Nobilo (interprétation). - Y avait-il des civils de Gacice ?
23 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas s'il y avait des
24 personnes de Gacice, mais je ne crois pas.
25 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que vos parents
Page 5003
1 avaient été enterrés à
2
3 Stari Vitez. Dites-moi, les autres habitants de votre village ont-ils été
4 enterrés au même endroit ?
5 Témoin R (interprétation). - Oui, les huit qui ont été tués ont
6 été enterrés à Stari Vitez.
7 M. Nobilo (interprétation). - Sur ces huit, en avez-vous vu un
8 seul se faire tuer et dans quelles conditions ?
9 Témoin R (interprétation). - Oui, Meho Haskic.
10 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc vu Meho Haskic
11 personnellement ?
12 Témoin R (interprétation). - Oui, j'ai vu Meho Haskic quand il
13 est tombé par terre.
14 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire encore une
15 partie de votre déclaration aux enquêteurs. Une phrase dit la chose
16 suivante. Je cite : "Quand je me suis approché de la maison..."
17 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi.
18 M. le Président. - Oui, Maître Kehoe.
19 M. Kehoe (interprétation). - J'essayais seulement d'obtenir la
20 référence de l'extrait qui est lu par mon collègue. Lit-il la version
21 bosniaque, la déclaration au Tribunal ? Je n'ai aucune indication de ce
22 qu'il est en train de lire.
23 M. Nobilo (interprétation). - Je lis la traduction de la
24 déclaration du bureau du Procureur qu'il nous a fournie, la première
25 déclaration. Après quelque temps, nous pourrions sans doute préciser les
Page 5004
1 choses. Mais je vais essayer de lire le plus fidèlement possible. Je
2 cite : "Alors que nous nous approchions de la maison de Meho Haskic, j'ai
3 vu qu'il était allongé au sol devant la maison, mort. J'ai appris plus
4 tard que c'était Sapina Franjo qui l'avait tué..."
5 Témoin R (interprétation). - J'ai vu quand Meho est tombé par
6 terre.
7 M. Nobilo (interprétation). - Donc ce que vous avez dit au
8 Tribunal, à savoir que c'est la fille qui vous a dit qu'il avait été tué,
9 est inexact ?
10
11 Témoin R (interprétation). - C'est inexact.
12 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous vu d'autres meurtres ?
13 Témoin R (interprétation). - Non.
14 M. Nobilo (interprétation). - Pendant les combats, des maisons
15 croates ont-elles brûlé ?
16 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas véritablement le
17 dire, je n'ai pas vu cela.
18 M. Nobilo (interprétation). - Combien de maisons avez-vous vu en
19 flamme, personnellement ?
20 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas dire le nombre
21 exact, mais j'ai vu que beaucoup de maisons brûlaient.
22 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous lire ce que vous avez
23 dit aux enquêteurs. Pages 4 et 5 de la déclaration du 16 février 1995.
24 M. le Président. - Quelles pages ?
25 M. Nobilo (interprétation). - Pages 4 et 5 de la déclaration
Page 5005
1 fournie par le témoin aux enquêteurs du Tribunal de La Haye. Je parle de
2 la deuxième déclaration, à savoir celle du 16 février 1995.
3 Je cite : "Alors que j'étais dans le village, j'ai vu les
4 maisons et étables suivantes en feu : Haskic Smajo, Haskic Mujo,
5 Haskic Rahima, Haskic Salko, Haskic Ramo, Haskic Kasim, Haskic Nasid,
6 Haskic Fehro, Haskic Zirafeta, Haskic Saban, Haskic Omer, Haskic Meho,
7 Haskic Sead, Haskic Senad, Haskic Asim, Haskic Redjo, Haskic Hevdjo,
8 Suljakovic Ahmet, Besic Muharem, Haskic Redjo, Zlotrg Nerka, et Kalco
9 Ferid.
10 Voilà donc les maisons et les étables que vous avez vues. Est-ce
11 exact ?
12 Témoin R (interprétation). - Oui.
13 M. Nobilo (interprétation). - Vous n'en avez pas vu d'autres ?
14
15 Témoin R (interprétation). - J'ai vu que beaucoup de maisons
16 brûlaient. Quand on m'a posé la question, j'ai dit effectivement que
17 c'était les maisons qui brûlaient sur lesquelles on avait tiré et jeté des
18 obus.
19 M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous que douze civils sont
20 retournés dans l'école à partir de la base de la Forpronu, qu'ils ont
21 quitté l'endroit à côté de la base de la Forpronu pour retourner au
22 village ?
23 Témoin R (interprétation). - Non, aucun civil n'a quitté.
24 M. le Président. - Cela n'a pas un lien direct avec
25 l'interrogatoire.
Page 5006
1 M. Nobilo (interprétation). - Si, absolument.
2 M. le Président. - Il y a toujours un lien, si vous voulez me
3 dire qu'intellectuellement on peut toujours faire des liens avec tout,
4 nous sommes tout à fait d'accord. Sur le plan philosophique, on peut tout
5 relier. Le juge est obligé ici de vous dire que le contre-interrogatoire
6 reste dans le cadre de l'interrogatoire, avec des marges de manoeuvres
7 dont vous avez bien vu qu'elles n'étaient pas rigides. Mais là vraiment,
8 cela n'a aucun intérêt. Passez à une autre question s'il vous plaît.
9 M. Nobilo (interprétation). - Nous n'insistons pas pour
10 maintenir cette question.
11 (Les conseils se consultent.)
12 Je vais vous lire les noms de certaines personnes pour
13 lesquelles nous avons des renseignements qui indiquent qu'elles ont
14 participé au combat. Si vous le savez, confirmez-le, si vous ne le savez
15 pas, niez-le :
16 "Habdulak Haskic...
17 M. Kehoe (interprétation) - Excusez-moi, le conseil de la
18 défense parle de participation au combat, à la lutte. Quelle lutte ? Quel
19 combat ?
20 M. Nobilo (interprétation). - A Donja Veceriska, du 16 au
21 18 avril 1993, du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine contre le HVO.
22
23 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas qui a participé. Je
24 n'ai pas vu qui a pris part.
25 M. le Président. - Le point central du contre-interrogatoire est
Page 5007
1 tout à fait légitime. Il vous l'a expliqué. C'est pourquoi j'ai tenu à
2 faire préciser le principe du contre-interrogatoire ici. Il est légitime
3 pour les défenseurs du général Blaskic de savoir s'il y a eu des combats
4 ou non. En tout cas, ce n'est pas indifférent pour les juges.
5 Maintenant, la question peut tout à fait être posée. Vous
6 exercerez votre droit de réplique si vous n'êtes pas d'accord sur le fond
7 du problème. La question centrale est la suivante : y a-t-il eu des jours
8 où on peut assimiler à des combats ce qui a été traduit autrement dans
9 votre interrogatoire. Cela fait tout à fait partie du contre-
10 interrogatoire. Laissez poser la question, si le témoin ne peut pas y
11 répondre, il le dira.
12 La question peut être posée, continuez et attendez que le
13 témoin Réponde.
14 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous donner les noms
15 des hommes qui ont combattu à Donja Veceriska entre le 16 avril à l'aube
16 et le 18 avril à l'aube ?
17 Témoin R (interprétation). - Je ne peux pas, je ne les ai pas
18 vus.
19 M. Nobilo (interprétation). - (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 Témoin R (interprétation). - (expurgé)
24 (expurgé)
25 M. Nobilo (interprétation). - (expurgé)
Page 5008
1 (expurgé)
2 Témoin R (interprétation). - (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous appris plus tard s'il
6 avait participé ou pas au combat ?
7
8 Témoin R (interprétation). - Non.
9 M. le Président. - Peut-être peut-on demander de passer en
10 session privée. Nous sommes en train de révéler des noms qui peuvent
11 mettre en difficultés ce témoin. Je vous demande de passer en session
12 privée.
13 (La séance se poursuit en session privée)
14 (expurgée)
15 (expurgée)
16 (expurgée)
17 (expurgée)
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 (expurgée)
21 (expurgée)
22 (expurgée)
23 (expurgée)
24 (expurgée)
25 (expurgée)
Page 5009
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 (expurgée)
6 (expurgée)
7 (expurgée)
8 (expurgée)
9 (La séance se poursuit en session publique)
10 M. Kehoe (interprétation) - Merci monsieur le Président.
11 Témoin R, le conseil de la défense vous a posé quelques questions et vous
12 a demandé si Donja Veceriska se trouvait sur une surélévation surplombant
13 l'usine SPS. Vous souvenez-vous de cette question ?
14 Témoin R (interprétation). - Oui.
15 M. Kehoe (interprétation) - Il vous a également demandé si oui
16 ou non le village de Gacice, qui se trouve de l'autre côté de l'usine SPS,
17 était lui aussi surélevé et surplombait l'usine SPS. Est-ce bien exact ?
18 Témoin R (interprétation). - Oui, c'est exact.
19 M. Kehoe (interprétation) - Est-ce que les Musulmans dans le
20 village de Donja Veceriska ou ailleurs ont jamais attaqué des soldats du
21 HV, du HVO, ou d'autres soldats qui se trouvaient dans l'usine SPS ?
22 Témoin R (interprétation). - Non.
23 M. Kehoe (interprétation) - Vous nous avez dit que vous étiez
24 membre de la Défense territoriale, n'est-ce pas ?
25 Témoin R (interprétation). - Oui.
Page 5010
1 M. Kehoe (interprétation) - Vous nous avez également déclaré...
2 une liste de noms vous a été lue par le conseil de la défense, de
3 personnes que vous avez reconnues, qui étaient des Croates de votre
4 village qui ont participé à l'attaque. Est-ce bien exact ?
5 Témoin R (interprétation). - C'est exact.
6 M. Kehoe (interprétation) - Mais il y a aussi des gens que vous
7 n'avez pas été en mesure de reconnaître, n'est-ce pas ?
8 Témoin R (interprétation). - Mais il y en a beaucoup que je n'ai
9 pas reconnus.
10 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, en ce qui
11 concerne le fait qu'il y
12
13 avait des soldats, nous le savons déjà depuis longtemps. Nous avons déjà
14 entendu parler de cela.
15 M. le Président. - Gardez vos commentaires pour les plaidoiries
16 finales. Laissez ici cette question qui fait partie du droit de réplique.
17 Allez-y, continuez, monsieur le Procureur.
18 M. Kehoe (interprétation) - Merci. Le conseil de la défense vous
19 a posé une question relative à votre frère qui se trouvait dans une autre
20 partie du village, en train de défendre sa famille, n'est-ce pas ?
21 Témoin R (interprétation). - Oui, c'est vrai.
22 M. Kehoe (interprétation) - Avez-vous entendu dire que d'autres
23 personnes ont défendu leur famille ?
24 Témoin R (interprétation). - Chacun a défendu sa famille.
25 M. Kehoe (interprétation) - Le conseil de la défense vous pose
Page 5011
1 des questions sur une ligne de front. Vous souvenez-vous de cette
2 question ?
3 Témoin R (interprétation). - Je me souviens.
4 M. Kehoe (interprétation) - Il y avait une division, une
5 brigade, un corps d'armée de l'armée de Bosnie Herzégovine qui aurait été
6 stationné à Donja Veceriska en train de lutter contre les troupes croates
7 qui traversaient la ville.
8 Témoin R (interprétation). - Mais non, c'était les villageois,
9 absolument pas !
10 M. Kehoe (interprétation) - Je crois que vous avez dit qu'il n'y
11 a plus aujourd'hui de Musulmans qui vivent dans ce village, n'est-ce pas ?
12 Témoin R (interprétation). - Je l'ai dit, j'ai dit qu'il n'y en
13 avait plus.
14 M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, par le biais
15 du contre-interrogatoire, on a beaucoup monté en épingle la disparité
16 qu'il y a entre les déclarations préalables fournies par le témoin : celle
17 d'avril 1993 faite par le témoin à Zenica et aussi celle faite aux
18 enquêteurs du tribunal le 16 février 1993.
19 Je voudrais demander le versement de ces deux déclarations au
20 dossier, mais je n'ai
21
22 pas eu l'occasion de les faire traduire en français. J'aimerais cependant
23 qu'elles soient versées au dossier, mais je ne sais pas quelle est la cote
24 à porter à ces deux pièces.
25 M. Hayman (interprétation). - Nous voudrions que tous les
Page 5012
1 éléments deviennent des pièces de la défense. Il n'y a pas que ces deux
2 pièces. Nous avons d'abord une traduction en anglais de la pièce de la
3 défense D69. Nous demandons le versement de cette pièce et nous demandons
4 également le versement d'une déclaration faite au Tribunal en date du
5 5 février 1994, ainsi que le versement de la déclaration faite aux
6 enquêteurs du Tribunal de La Haye le 16 février 1995. Je dispose de toutes
7 ces pièces ici, avec l'autorisation de la Cour, et je demande leur
8 versement.
9 M. Kehoe (interprétation) - S'agissant de la pièce de la
10 défense D69, nous voudrions qu'elle devienne une pièce de l'accusation.
11 Le D69 pose un problème parce que manifestement il y a eu des notes
12 écrites par le conseil de la défense, alors que nous avons une copie
13 vierge de toute inscription. Nous offrons aussi la version anglaise qui a
14 été fournie aux conseils de la défense.
15 M. le Président. - Je voudrais résumer un peu ce débat. Le débat
16 central a porté sur le problème de savoir s'il y avait des combats d'une
17 ligne de défense, si en fin de compte on défendait des familles ou des
18 villages. C'est un point qui à l'évidence est important, à la fois pour
19 l'accusation et pour la défense.
20 Maître Kehoe, si j'ai bien compris vous proposez de verser
21 toutes les déclarations ?
22 M. Kehoe (interprétation) - C'est exact monsieur le Président.
23 S'il apparaît une disparité, quelle qu'elle soit, je suppose qu'on laisse
24 ceci à votre jugement, messieurs les juges, et vous pourrez établir des
25 faits à votre guise.
Page 5013
1 M. le Président. - Tout à fait. La défense veut verser quelles
2 pièces ? Vous avez fait allusion à des pièces qui ne sont pas les mêmes.
3 Maître Hayman, pouvez-vous repréciser ?
4 M. Hayman (interprétation). - Je crois, monsieur le Président,
5 que nous avons tout
6
7 l'éventail des déclarations préalables dont on a fait état au cours du
8 contre-interrogatoire de Me Nobilo. Il y a la déclaration faite au service
9 de sécurité de la Bosnie-Herzégovine en date du 23 avril 1994. Il s'agit
10 de la pièce D69 de la défense...
11 M. le Président. - Il n'y a pas d'opposition sur la pièce D69 ?
12 M. Kehoe (interprétation) - Nous avons une objection à ce
13 document. C'est celui qui comporte des inscriptions apportées par le
14 conseil de la défense. Je ne sais pas ce qu'elles signifient, mais c'est
15 la nature de mon objection.
16 M. le Président. - La défense ne voit pas d'inconvénient à ce
17 que les notes manuscrites de la défense sur ce document soient versées ?
18 M. Hayman (interprétation). - S'il y a des commentaires écrits,
19 nous pourrons les enlever, mais il n'y a rien. Nous avons simplement
20 surligné parce que c'est une copie de travail, mais il n'y a pas vraiment
21 de notes manuscrites, comme le dit le conseil de l'accusation en prétoire.
22 Nous demandons le versement de cette pièce, mais nous avons aussi la
23 traduction en anglais fournie par le service de traduction du Tribunal.
24 Mais il y a aussi deux autres déclarations dont a fait état Me Nobilo et
25 dont nous demandons le versement au dossier.
Page 5014
1 Une fois de plus, il s'agit d'une déclaration faite aux
2 enquêteurs du Tribunal en date du 16 février 1995 ainsi qu'une déclaration
3 faite, elle aussi, aux enquêteurs du Tribunal en date du 5 février 1997.
4 M. Kehoe (interprétation) - Mon objection demeure la même,
5 monsieur le Président. J'offre le versement au dossier d'une copie de la
6 déclaration en bosno-serbo-croate prise à Zenica, où il n'y a aucune
7 inscription, et qui a aussi sa traduction en anglais. Il n'est donc pas
8 nécessaire d'expurger tout commentaire qui aurait été apporté
9 manuscritement. Ici vous avez une copie vierge et je la soumets comme
10 pièce de l'accusation.
11 M. le Président. - Soyez plus rationnel, maître Hayman. Vous
12 tenez vraiment à ce que l'on voie vos surlignages ?
13
14 M. Hayman (interprétation). - Pas vraiment, je n'insiste pas,
15 mais je pense que ce jeu de pièce devrait devenir des pièces de la
16 défense, pour les convenances de tout le monde, pour qu'on n'examine pas
17 huit classeurs pour voir toute une série de documents qui tiennent
18 ensemble.
19 M. le Président. - Monsieur le Greffier, je suppose que vous
20 avez tout compris.
21 M. le Greffier.- Oui.
22 M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, si vous me le
23 permettez, nous demandons le versement de ces pièces au nom de
24 l'accusation.
25 M. le Président. - Il y a des pièces qui seront répertoriées
Page 5015
1 sous la cotation accusation, mais il doit être également convenu qu'elles
2 doivent être répertoriées sous la cotation de la défense. Monsieur le
3 greffier, cette situation est-elle nouvelle ?
4 M. le Greffier - Non, nous aurons deux fois les mêmes pièces
5 dans le dossier, mais les juges ne les liront qu'une fois.
6 M. le Président. - Bien. Maître Kehoe, avez-vous terminé ?
7 M. Kehoe (interprétation) - Je n'ai plus de question, monsieur
8 le Président, je vous remercie.
9 M. le Président. - Témoin R, vous allez maintenant être
10 interrogé par les Juges. Monsieur le Juge Riad, c’est à vous.
11 M. Riad (interprétation). - Témoin R, je vous salue.
12 Témoin R (interprétation). - Bonjour.
13 M. Riad (interprétation). - J’aimerais que vous apportiez
14 quelques précisions sur quelques éléments fondamentaux qui caractérisent
15 la situation qui se présentait à Donja Veceriska au cours de la période en
16 question.
17 Tout d’abord, y avait-il des mouvements de la part de Musulmans
18 à Donja Veceriska contre la population croate ? Y a-t-il eu des menaces,
19 des attaques qui auraient
20
21 provoqué toute cette situation et l’arrivée du HVO.
22 Témoin R (interprétation). - Non. Il n’y avait aucun mouvement.
23 Nous étions vraiment en bonne relation avec les voisins, entre villageois
24 qu’il s’agisse de Croate ou de Musulmans, jusqu’au moment justement où a
25 débuté cette attaque.
Page 5016
1 M. Riad (interprétation). - Rien, à votre avis, ne justifiait
2 cette attaque contre le village ?
3 Témoin R (interprétation). - Oui.
4 M. Riad (interprétation). - Il n’y avait pas un centre, un foyer
5 d’activistes musulmans qui auraient menacés la population croate ?
6 Témoin R (interprétation). - Mais non, il n’y avait aucun
7 activiste musulmans, aucun centre, aucune activité. Je vous le dis, nous
8 avons vécu en bon voisinage. Nous avons eu de bonnes relations, amicales
9 entre nous.
10 M. Riad (interprétation). - Vous nous avez dit que le HVO tirait
11 sur les civils depuis le portail de l’usine SPS, notamment, entre autres
12 sites. Y a-t-il eu riposte ? Y avait-il, parmi les civils, des combattants
13 ou n’y avait-il que des femmes, des enfants, des hommes vieux ou
14 désarmés ? Y a-t-il eu combat, bataille ou est-ce que cela a été une
15 exécution ?
16 Témoin R (interprétation). - Il n’y avait pas de combat ni de
17 bataille. Il n’y avait que ces civils. Personne ne ripostait. Ils
18 n’avaient même pas de quoi riposter.
19 M. Riad (interprétation). - Est-ce cela s’est passé de façon
20 organisée ou est-ce c’était des actions chaotiques, désordonnées, qui
21 venaient de plusieurs endroits ? Peut-on dire du comportement des soldats
22 qui tiraient qu’ils étaient organisés ?
23 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas comment vous dire.
24 On a commencé à nous tirer dessus. Personne n’a été blessé. C’était la
25 nuit. Je ne peux pas exactement vous dire si on tirait sur les civils ou
Page 5017
1 si l’on tirait en l’air. Mais en tout cas, on entendait la fusillade.
2 M. Riad (interprétation). - Vous avez dit que huit personnes ont
3 trouvé la mort,
4
5 ont été tuées et qu’hélàs, vos parents ont été tués aussi. Trois femmes
6 âgées le furent aussi, des personnes âgées. Est-ce que ces personnes ont
7 été tuées dans ce cadre marqué par une absence totale d'organisation ou a-
8 t-on tiré sur elles délibérément, à dessein ? Comme vos parents ont-ils
9 été tués ?
10 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas comment mes parents
11 ont été tués. Ils sont restés à l’intérieur de la maison, comme je l’ai
12 dit précédemment. Moi je me suis enfui de l’autre côté du village, dans
13 l’autre partie. J’ignore dans quelles circonstances ils ont été tués. Je
14 sais seulement qu’ils ont été enterrés dans la fosse commune, comme je
15 l’ai dit précédemment.
16 M. Riad (interprétation). - Vous avez dit que c'était à des fins
17 psychologiques, « pour intimider la population musulmane » selon vos
18 propres termes. Pourquoi était-ce à des fins psychologiques ? Pourquoi
19 voulait-on intimider de cette façon-là les Musulmans ? Quel était l’effet
20 recherché ?
21 Témoin R (interprétation). - L’objectif était de nous intimider,
22 de nous faire partir. Ils voulaient tout simplement épurer le village des
23 Musulmans.
24 M. Riad (interprétation). - Quand ils ont détruit la Mektep, ce
25 centre religieux et culturel, cela s’inscrivait-il dans une politique plus
Page 5018
1 générale, visant à détruire les lieux de cultes, les institutions
2 religieuses, ou ceci faisait-il partir du chaos général qui régnait ?
3 Témoin R (interprétation). - Je pense que c’était leur objectif.
4 J’ignore quand le Mektep a été brûlé, mais je pense que l’objectif était
5 effectivement de s’attaquer aux lieux de cultes, aux institutions
6 religieuses. Je pense que tel était leur objectif.
7 M. Riad (interprétation). - Y avait-il d’autres maisons qui ont
8 été brûlées ? Représentaient-elles des éléments importants dans la ville
9 ou dans le village, ou était-ce simplement des maisons de particuliers ?
10 Témoin R (interprétation). - C’était les maisons d’habitation,
11 tout simplement. Je ne pense pas que c’était véritablement leur objectif.
12 Il s’agissait des maisons des villageois, mais
13
14 elles ne constituaient pas des cibles militaires. Leur but consistait tout
15 simplement à brûler les maisons où vivait ce peuple.
16 M. Riad (interprétation). - Est-ce que certains des Musulmans
17 vivant dans le village ont eu la possibilité de se défendre ?
18 Témoin R (interprétation). - Certains ont eu la possibilité de
19 se défendre. Personnellement, je n’étais pas dans ce cas-là.
20 M. Riad (interprétation). - Je vous remercie, monsieur.
21 M. le Président. - Merci, monsieur le Juge. Monsieur le Juge
22 Shahabuddeen ?
23 M. Shahabuddeen (interprétation). - Témoin R, permettez-moi de
24 vous faire revenir à ce que vous avez déclaré hier dans le cadre de votre
25 déposition.
Page 5019
1 Vous avez parlé de soldats du HVO qui venaient non pas de la
2 municipalité de Vitez, mais de l’extérieur, et qui ont rejoint des soldats
3 du HVO qui, eux venaient de la municipalité de Vitez.
4 Vous avez dit aussi qu’avec ces forces conjointes, celles-ci ont
5 attaqué non seulement Donja Veceriska, mais aussi l'ensemble de la
6 municipalité de Vitez. Puis, vous avez commencé à dire quelque chose et
7 vous vous êtes interrompu. Vous avez dit : « peut-être à l’exception
8 de... » J’aurais voulu intervenir à ce stade, pour vous poser la question
9 précisément de savoir quelle exception vous aviez à l’esprit.
10 Témoin R (interprétation). - A l’exception du village Gacice
11 qui, lui, n’a été attaqué le 20.
12 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie.
13 Vous avez vu ces soldats qui portaient cet écusson, cet insigne
14 à l’épaule « HV », « HVO » et « U ». Pourriez-vous m’expliquer ce que le U
15 représentait d’après vous ?
16 Témoin R (interprétation). - Je n’appartiens pas à la génération
17 de la deuxième guerre mondiale. Vous n’êtes pas sans savoir, probablement,
18 ce que voulait dire à cette époque-
19
20 là la lettre « U », « Ustacha ».
21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Pourrais-je vous poser une
22 question corollaire qui permettra peut-être de m’apporter quelques
23 éclaircissement en la matière.
24 Quand vous avez vu un soldat arborant les lettres « HV » à
25 l’insigne de l’épaule, est-ce que ce ou ces soldats arboraient d’autres
Page 5020
1 insignes, par exemple celui du HVO, ou le « U », ou est-ce qu’ils n’en
2 avaient jamais qu’un seul des trois ?
3 Témoin R (interprétation). - Souvent ils avaient les deux, soit
4 sur l’épaule, ou sur le calot, ou encore sur la veste d’uniforme. J’ai vu
5 les insignes. Parfois c’était les deux en même temps, voire les trois, qui
6 étaient répartis différemment soit sur le calot, comme j’ai dit. Par
7 exemple, la lettre « U » se trouvait sur le casque. Il y en avait qui
8 portait également les uniformes de camouflages où il était marqué « HVO ».
9 M. Shahabuddeen (interprétation). - Parfois, il vous arrivait de
10 voir un seul et même soldat qui portait les deux insignes ou bagde, l’un
11 sur le casque par exemple et l’autre à l’épaule. Est-ce bien ce que vous
12 nous dites ?
13 Témoin R (interprétation). - Oui, c’est bien ce que j’ai dit.
14 M. Shahabuddeen (interprétation). - J’aimerais vous poser une
15 question à propos de la Mektep. Etait-ce un lieu de culte, ou une école ?
16 Témoin R (interprétation). - C’était un lieu de culte des
17 Musulmans.
18 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vois. J’aimerais poser
19 maintenant une question à propos d’une photographie que nous avons vue. Je
20 pense qu’il s’agit de la pièce n° 166.A. Je ne suis pas très sûr. Monsieur
21 le Greffier ?
22 Témoin R (interprétation). - Oui, j’ai vu.
23 M. Dubuisson. - Il s’agit de la pièce 166/1.
24 M. Shahabuddeen (interprétation). - Des questions vous ont été
25 posées à ce propos, n’est-ce pas ? Vous vous en souvenez ?
Page 5021
1
2 Témoin R (interprétation). - Oui.
3 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je suppose que vous-même
4 n’étiez pas présent au moment où a été prise cette photographie, ou
5 l'étiez-vous ?
6 Témoin R (interprétation). - Non, je n'étais pas présent.
7 M. Shahabuddeen (interprétation). - Connaissez-vous ce bâtiment
8 que l'on voit sur la photographie ?
9 Témoin R (interprétation). - Oui, je le connais.
10 M. Shahabuddeen (interprétation). - Où est ce bâtiment ? Qu'est-
11 ce que c'est ?
12 Témoin R (interprétation). - C'est le bâtiment du SUP.
13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Il y a un drapeau sur le
14 côté du bâtiment. Que représente-t-il ?
15 Témoin R (interprétation). - C'est le drapeau de Herceg-Bosna.
16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Auparavant, y avait-il un
17 autre drapeau qui était hissé à cet endroit ?
18 Témoin R (interprétation). - Oui, à l'époque c'était le drapeau
19 de l'Ex-Yougoslavie et encore un drapeau de police, parce que c'était la
20 police qui était à l'intérieur.
21 M. Shahabuddeen (interprétation). - Un camion est garé devant ce
22 bâtiment. Avez-vous vu un camion qui ressemblait à celui-là auparavant ?
23 Témoin R (interprétation). - Oui, j'ai vu justement avant cette
24 date un camion qui est venu dans le village de Veceriska.
25 M. Shahabuddeen (interprétation). - Le camion que nous voyons
Page 5022
1 sur cette photographie transporte un canon à l'arrière. Voyez-vous ce
2 canon ?
3 Témoin R (interprétation). - Oui, je le vois.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Avez-vous vu ce même camion
5 avec ce même canon avant le 16 avril ?
6
7 Témoin R (interprétation). - Oui.
8 M. Shahabuddeen (interprétation). - N'avez-vous jamais eu
9 l'occasion de voir ce camion avec ce canon se trouvant dans la même
10 position devant ce bâtiment ?
11 Témoin R (interprétation). - Non. Ce camion se rendait dans
12 notre village.
13 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous, vous n'avez jamais vu
14 ce camion précis avec ce canon précis garé devant ce bâtiment ?
15 Témoin R (interprétation). - Non, c'est la première fois que je
16 le vois ici.
17 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie.
18 Parlons de ces quarante ou cinquante fusils dont il est fait
19 état dans l'une de vos déclarations. Vous avez dit que vous n'aviez pas
20 mentionné ce chiffre de quarante ou cinquante armes, mais qu'en réponse à
21 l'officier instrumentaire vous avez dit qu'effectivement il y avait
22 quelques armes. Est-ce bien exact ?
23 Témoin R (interprétation). Compte tenu du fait que les lignes
24 étaient au dessus de Travnik, Turbe, ceux qui étaient en congé parmi les
25 soldats et qui faisaient part de l'unité de la Défense territoriale -ce
Page 5023
1 n'étaient pas les soldats au sens classique de ce mot- avaient donc un
2 certain nombre d'armes, parce qu'ils se défendaient de l'agresseur serbe
3 et monténégrin. Ils allaient peut-être des fusils.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vois. Vous vous souvenez
5 du jour de l'attaque contre Donja Veceriska, n'est-ce pas ?
6 Témoin R (interprétation). - Oui.
7 M. Shahabuddeen (interprétation). - L'une quelconque de ces
8 armes était-elle utilisée par les Musulmans ?
9 Témoin R. (interprétation). - Je ne sais pas. Je n'ai pas pu le
10 voir, car j'étais abattu par tout ce qui m'arrivait.
11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Vous avez parlé de votre
12 frère. Je suppose
13
14 qu'il a utilisé son fusil pour défendre sa maison, son foyer, c'est bien
15 ce que vous avez dit ?
16 Témoin R (interprétation). - Je ne sais pas s'il a utilisé
17 l'arme. Le village est grand. Ce n'est qu'au bout de cinq jours que j'ai
18 su qu'il avait été blessé.
19 M. Shahabuddeen (interprétation). - Une dernière question. Dans
20 ce village, des tranchées avaient-elles été creusées ? D'autres positions
21 de défense auraient-elles été établies ?
22 Témoin R (interprétation). - Non, nous n'avions pas cela.
23 M. Shahabuddeen (interprétation). - Les Musulmans de votre
24 village qui avaient des armes sont-ils sortis de chez eux, de façon
25 organisée, afin de se défendre du HVO ?
Page 5024
1 Témoin R (interprétation). - Tout le monde se trouvait à
2 l'intérieur de sa propre maison. Au moment de l'attaque, chacun faisait ce
3 qu'il pouvait.
4 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous remercie vivement.
5 M. le Président. - Une seule question de ma part, puisque toutes
6 les questions ont été posées. A cette époque-là, avez-vous entendu parler
7 du général Blaskic ? Je parle du moment de l'attaque.
8 Témoin R (interprétation). - Non.
9 M. le Président. - Merci. C'est terminé. C'était un peu long,
10 difficile certainement. Quoi qu'il en soit, le Tribunal vous remercie et
11 souhaite que vous cicatrisiez, si possible, toutes ces plaies et toutes
12 ces souffrances.
13 A présent, nous allons vous faire raccompagner. Ne bougez pas.
14 Nous allons faire baisser les rideaux.
15 (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience.)
16 Maître Kehoe, juste avant la pause, peut-être pourriez-vous nous
17 indiquer, comme vous en avez l'habitude, qui va être le témoin suivant.
18 S'agit-il d'un témoin protégé ? Je le suppose. Quels sont les éléments
19 essentiels de sa déposition ? Dans quelles relations sont-ils avec les
20 accusations que vous portez contre le général Blaskic ?
21
22 M. Kehoe (interprétation) - Merci monsieur le Président. Je l'ai
23 fait remarquer ce matin, ce prochain témoin n'est pas protégé, c'est
24 pourquoi il nous fallait peut-être une petite interruption pour enlever
25 les éléments de protection et monter le chevalet.
Page 5025
1 M. le Président. - Pendant que l'on procède à ces changements,
2 peut-être pouvez-vous nous expliquer qui est ce témoin.
3 M. Kehoe (interprétation) - Il s'agit du sergent Jan Parrott,
4 membre du régiment Cheshire en Bosnie du début novembre 1992 jusqu'à la
5 fin de leur mission, la deuxième semaine de mai en 1993.
6 Ce témoin va parler surtout de deux dates : les 16 et
7 17 avril 1993. Il parlera de l'identification de soldats du HVO qui
8 traversaient Stari Vitez, il parlera aussi d'un fusil sans recul utilisé
9 pour tirer sur les quartiers musulmans depuis une certaine distance de
10 Stari Vitez. Il parlera aussi des corps qui ont été ramassés. Plusieurs
11 photos accompagnent cette action. Il parlera aussi de l'existence de
12 soldats organisés qui attendaient dans les quartiers du village avant le
13 16.
14 Nous parlerons aussi du 17 et il parlera surtout de la mission
15 qu'il a conduite à Donja Veceriska où il y avait beaucoup de soldats du
16 HVO qui observaient les maisons des Musulmans qui étaient en feu. Le 17,
17 il dira qu'il a observé une arme antiaérienne à la frontière méridionale
18 de Stari Vitez avec les tourelles tournées vers Stari Vitez.
19 Il parlera également d'une question qui a été posée lorsqu'il
20 est allé chercher l'accusé à la caserne de Kiseljak pour l'emmener à
21 Busovaca.
22 Voilà quels seront les éléments essentiels de sa déposition. Il
23 va bien sûr faire son récit, comme vous le demandez, et indiquer, en
24 s'appuyant sur plusieurs pièces qui sont des copies de pièces déjà
25 versées, quelques endroits.
Page 5026
1 M. le Président. - C'est l'ensemble ?
2 M. Kehoe (interprétation) - Une fois de plus, monsieur le
3 Président, les chefs
4
5 d'accusation portent, comme c'est le cas de tous les éléments, sur la
6 persécution. Nous parlons d'Ahmici. Il y a donc les chefs 2 et 4 :
7 homicide intentionnel. Ce témoin va attester de coups qui ont été tirés à
8 la tête des civils qu'ils ont ramassés, ce qui veut dire que ces victimes
9 ont pratiquement été tuées à bout portant.
10 Il y aura aussi les chefs 5 et 10. Etant donné que ce témoin va
11 parler d'incendies importants, nous nous concentrerons sur
12 Donja Veceriska. Ceci portera aussi sur le chef 11 car Donja Veceriska
13 fait partie des villages qui ont subi des destructions massives par les
14 soldats sous le contrôle du général Blaskic.
15 M. le Président. - Je vous rappelle, pour la bonne compréhension
16 des débats, que les chefs d'accusation 2 à 4 sont des attaques illégales
17 contre des civils et des biens de caractère civil. Vous aviez visé Ahmici
18 dans l'acte d'accusation. Je suppose que Donja Veceriska fait partie d'une
19 municipalité.
20 M. Kehoe (interprétation) - C'est tout à fait exact, monsieur le
21 Président. Tous ces villages font partie de la municipalité de Vitez. En
22 guise de référence, monsieur le Président, parlant du chef d'accusation,
23 tous ces éléments de preuve portent sur le chef d'accusation de la
24 persécution, à savoir que l'accusé a participé à la persécution de la
25 population musulmane de Bosnie alors qu'il était officier de haut
Page 5027
1 commandement.
2 M. le Président. - D'accord. Les chefs 5 à 10 sont pour les
3 homicides intentionnels et atteintes graves à l'intégrité physique, dans
4 la version française, et les chefs 11 plus spécialement concernent les
5 destructions et pillages de biens dans lesquels sont effectivement
6 répertoriées ces différentes municipalités.
7 A présent nous pouvons suspendre et nous reprendrons à
8 14 heures 45.
9 L’audience est suspendue à 13 heures.
10
11 L’audience est reprise à 14 heures 55
12
13 M. le Président. - Veuillez faire entrer l'accusé.
14 (L’accusé, M. Blaskic, est introduit dans la salle d’audience. )
15 M. le Président. - Nous pouvons le prendre le cours de nos
16 travaux. Maître Kehoe va aborder le témoignage sur les points sur lesquels
17 nous ne revenons pas puisque vous les avez indiqués.
18 Monsieur l’huissier, pouvons-nous introduire le témoin, le
19 Sergent Ian Parrott, qui n’est donc pas un témoin protégé.
20 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, si je peux
21 apporter simplement une petite précision, il s’agit du Sergent-fourrier
22 Ian Parrott.
23 M. le Président. - Pouvez-vous expliquer si le sergent-fourrier
24 dans les régiments britanniques correspond au sergent-fourrier dans les
25 régiments français et d’autres pays ?
Page 5028
1 M. Kehoe (interprétation). - C'est un grade qui contient
2 beaucoup de traditions au sein de l'armée britannique. Cette idée de
3 « fourrier », de « porteur de drapeau » dans une unité, a toujours été le
4 point de ralliement dans les batailles. Lorsqu'il était en parade, les
5 couleurs du régiment étaient toujours portées par un officier. Cependant
6 cet officier était toujours accompagné d’un sous-officier que l’on
7 appelait « sergent-porteur de couleurs" ou le « sergent-fourrier ».
8 Aujourd’hui, lorsqu'on voit les parades des unités britanniques,
9 l’officier porte les couleurs et il est entouré de son « colors-sergent »
10 ou de son « sergent-fourrier » en quelque sorte.
11
12 M. le Président. - C’est un grade de sous-officier, si je ne me
13 trompe ?
14 M. Kehoe (interprétation). - Oui, c'est tout à fait exact,
15 Monsieur le Président, c’est un sous-officier.
16 M. le Président. - Il va nous expliquer tout cela.
17 (Le témoin, M. Ian Parrott, est introduit dans le prétoire.)
18 M. le Président. - Sergent, m'entendez vous ?
19 M. Parrott (interprétation). - Oui, je vous entends bien,
20 Monsieur le Président.
21 M. le Président. - Vous allez simplement nous rappeler votre
22 grade, vos prénom et nom.
23 M. Parrott (interprétation). - Je suis le Sergent-fourrier
24 Ian Parrott du Régiment du Cheshire.
25 M. le Président. - Restez debout pour lire la déclaration
Page 5029
1 solennelle que va vous tendre M. l’huissier. Allez-y.
2 M. Parrott (interprétation). - «Je déclare solennellement que je
3 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. »
4 M. le Président. - Merci, vous pouvez vous asseoir.
5 Le Procureur a dû vous expliquer, Sergent, comment nous allions
6 procéder. Vous avez assisté à un certain nombre d'événements entre
7 octobre/novembre 1992 et le deuxième semestre 1993, disons le mois de
8 mai, sur le territoire et qui entraînent de graves accusations portées
9 contre l'accusé ici présent, le général Blaskic.
10 Le Procureur souhaite que votre témoignage porte sur les
11 constatations concernant les soldats du HVO, l'organisation de l’attaque,
12 ce qui s'est passé le 17 avril, les aspects spécifiques de votre mission
13 et notamment la façon dont s’est passé l'accompagnement de
14 l'accusé sous votre contrôle, sous votre protection.
15 Vous ferez, après quelques questions préliminaires, votre
16 déposition d’un seul tenant, à moins que le Procureur ne juge bon de vous
17 interrompre.
18 Ensuite, bien entendu, le Procureur complétera ses questions par
19 rapport aux points de l'accusation qu'il souhaite mettre en lumière. Après
20 quoi, vous serez contre-interrogé par les avocats de l'accusé, puis par
21 les Juges.
22 Monsieur Kehoe, allez-y.
23 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
24 Bonjour, Sergent.
25 M. Parrott (interprétation). - Bonjour.
Page 5030
1 M. Kehoe (interprétation). - Sergent, quel âge avez-vous ?
2 M. Parrott (interprétation). - 35 ans.
3 M. Kehoe (interprétation). - Vous venez juste de dire que vous
4 faites partie du Régiment du Cheshire. Depuis combien de temps faites-vous
5 partie de l’armée britannique ?
6 M. Parrott (interprétation). - Quatorze ans, à peu près.
7 M. Kehoe (interprétation). - Depuis combien de temps faites-vous
8 partie du Régiment du Cheshire ?
9 M. Parrott (interprétation). - J’ai suivi une formation initiale
10 et puis, effectivement, je suis rentré dans le Régiment du Cheshire.
11 M. Kehoe (interprétation). - Pour ouvrir une petite parenthèse,
12 je sais que nous n’en avons pas parlé, mais pourriez-vous expliquer ce
13 qu'est le grade de « colors-sergent » ou de « sergent-fourrier » ?
14 M. Parrott (interprétation). - Quand j'étais en Bosnie, j'étais
15 sergent de section, celui-ci est responsable d'environ 35 hommes. Le
16 sergent-fourrier est le rang supérieur à celui-là. Par tradition, un
17 sergent-fourrier est responsable de l'administration d'une compagnie.
18 Toutefois, la position que j'occupe actuellement est celle d’instructeur
19 concernant la formation
20 dans une Division avancées tactiques.
21 M. Kehoe (interprétation). - Sergent, est-ce que ce terme de
22 sergent-fourrier a quelque chose à voir avec les couleurs d’un régiment ?
23 M. Parrott (interprétation). - Au départ, historiquement, le
24 sergent-fourrier était le gardien des couleurs du régiment, il les
25 surveillait et en prenait soin au moment de la bataille.
Page 5031
1 M. Kehoe (interprétation). - De même, traditionnellement, vous
2 avez dit qu'un sergent-fourrier s'occupait de l'administration. Cet aspect
3 de votre profession est-il lié traditionnellement à la profession de
4 sergent-fourrier ?
5 M. Parrott (interprétation). - Oui, cela concerne la bande que
6 nous portons. En fait, ce symbole vaut pour tous les sous-officiers
7 d’expérience qui sont dans l'infanterie.
8 M. Kehoe (interprétation). - Sergent Parrott, vous trouviez-vous
9 en Bosnie avec le Régiment du Cheshire d’automne 1992 jusqu’à début
10 mai 1993 ?
11 M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.
12 M. Kehoe (interprétation). - Brièvement, pourriez-vous nous dire
13 quelle était votre tâche sur le terrain ?
14 M. Parrott (interprétation). - Je viens de vous le dire, j'étais
15 sergent de section à l'époque. J'avais pour tâche et pour mission le
16 commandement en second d’un peloton ou d’une section qui se composait
17 d'environ 30 à 35 hommes. Mon commandant était alors le Lieutenant Dooley
18 du Corps Royal des Transmissions. L'officier qui commandait ma Compagnie
19 était le commandant Martin Thomas.
20 Au départ, lorsque nous avons été envoyés en Bosnie, nous avions
21 pour tâche d’escorter et d'assurer le passage en sécurité et en sûreté de
22 marchandises, de provisions destinées aux réfugiés sous la tutelle directe
23 du Haut-Commissariat aux réfugiés.
24 M. Kehoe (interprétation). - Sergent Parrott, je voudrais
25 maintenant que vous vous concentriez sur le 16 avril 1993 et le 17 de ce
Page 5032
1 même mois. Pouvez-vous expliquer, comme vous
2 l’avez fait lorsque nous nous sommes entretenus, ce que vous
3 avez vu à ce moment-là, ce jour-là et pendant 48 heures ?
4 M. Parrott (interprétation). - Vers 6 heures du matin, même si
5 ce n'est pas l’heure absolument précise, tous les gens qui se trouvaient
6 dans l’école, qui était notre camp à l'époque, ont été réveillés par
7 plusieurs explosions importantes toutes proches. Cela a causé pas mal
8 d'alarme et de panique au départ parce qu'on ne savait pas d’où venaient
9 ces explosions ni qui elles ciblaient.
10 A ce moment-là, l'ensemble de la section a été mise en état
11 d'alerte, et s'est embarquée dans les véhicules blindés. Nous étions prêts
12 à recevoir de nouvelles instructions et nous avons été envoyés dans la
13 ville de Vitez pour établir ce qui se passait et en faire rapport à notre
14 commandement à Vitez.
15 Alors que nous traversions le centre de la ville, il est apparu
16 clairement qu'il y avait plusieurs bâtiments en feu. Un corps a été vu
17 près du pourtour de la ville, du côté gauche d'après nous. Ceci nous
18 indiquait la gravité de la situation. Nous avons essayé de savoir où était
19 le centre des opérations, et nous avons alors compris que ce centre se
20 trouvait près d'un stade sportif, à proximité de l’Hôtel Vitez. Nous avons
21 fait un rapport, et nous nous sommes dirigés vers cet endroit.
22 C'est alors que nous avons vu un nombre assez conséquent de
23 soldats, que nous avons reconnus comme étant des soldats du HVO. Ces
24 soldats semblaient opérer une fouille systématique, une évacuation
25 systématique des maisons. Il y avait beaucoup de maisons, près d'un groupe
Page 5033
1 de garages, de l'autre côté de la route. Nous avons pu constater, d'après
2 la direction d'où venaient les soldats, qu’ils parcouraient la route,
3 qu'ils l'empruntaient dans la même direction que nous.
4 Nous avons poursuivi notre route. Nous avons pris un virage à
5 droite, et un nouveau virage à droite, dans un cul-de-sac. Cela nous a
6 ramené environ à 50 mètres, et nous
7 faisions alors directement face aux soldats que nous avions vus
8 auparavant, de l'autre côté des maisons.
9 Nous nous sommes positionnés le plus près possible. J'ai laissé
10 mon autre indicatif d'appel à un autre véhicule identique, aux mains de
11 mes subordonnés, près du cul-de-sac, pour observer les environs immédiats.
12 Nous avons vu les soldats du HVO apparaître de l'autre côté des maisons,
13 tout près de celles où nous nous trouvions. Ils étaient juste en face de
14 nous.
15 A notre droite, alors que nous regardions devant, il y avait un
16 garde, ou un homme, qui avait une vache attachée à une corde. Il essayait
17 de se protéger derrière un mur, derrière une clôture. Il portait des
18 vêtements civils. On pense qu'il avait une arme légère, peut-être un
19 revolver, et peut-être aussi quelques grenades.
20 Juste à droite derrière nous, il y avait une maison, dont nous
21 pensions qu'elle contenait environ une douzaine de femmes et d'enfants.
22 Nous n'avons pas constaté qu'il y avait des hommes, parmi ce groupe. Juste
23 devant nous, au bout du cul-de-sac, se cachait, derrière un mur, un petit
24 nombre d’hommes, que nous pensions être des Musulmans en habits d’hiver et
25 qui portaient quelques armes légères : des fusils d'assaut, peut-être, des
Page 5034
1 revolvers, ou encore des armes civiles.
2 Nous étions vivement préoccupés par la position qu’occupaient
3 les civils dans la maison qui se trouvait à notre droite, à l’arrière
4 droite. Nous craignions que ces civils ne deviennent une cible, ne soient
5 tués.
6 Nous avons donc envoyé un message radio au quartier général pour
7 dire que si une tentative était entreprise pour capturer ou tuer ces
8 personnes, et bien... que nous interviendrions. En d'autres termes, que
9 nous ouvririons le feu sur les personnes qui étaient en train de commettre
10 cette exaction.
11 Etant donné que nous n'avions pas de tâche précise, remise par
12 les Nations Unies, cela a été accepté par le quartier général, l'état-
13 major. On nous a dit que cette intervention serait
14 accordée parce qu'il s'agissait de sauver des vies de civils.
15 Peu de temps après ceci, les soldats du HVO qui s'étaient placés
16 en position de tir, et dont nous pensions qu'ils poursuivaient leur
17 avancée dans la direction qui était la leur, ont arrêté, puis se sont
18 retirés de l'autre côté des maisons où nous les avions vus la première
19 fois avant d'occuper cette deuxième position.
20 Hormis les civils, les femmes, et les enfants, personne n'a
21 bougé. Eux se sont retirés de la maison où ils se trouvaient et ils se
22 sont mis à courir vers Stari Vitez qui se trouvait derrière nous. Nous ne
23 savions pas où ils allaient.
24 Une fois que nous avons établi qu'il n'y avait plus aucun danger
25 pour ces civils, nous avons décidé d'essayer de voir s'il y avait d'autres
Page 5035
1 combats dans la région. Il y avait encore pas mal de tirs par armes
2 légères. Nous nous sommes remis dans le Warrior pour nous protéger car
3 vraiment les tirs étaient aléatoires et nous ne savions pas qui ils
4 visaient. Toutefois, dans le véhicule, nous avons des visées qui
5 permettent d’agrandir et nous avons aussi le périscope qui nous donne 360
6 degrés d'angle.
7 Je crois que nous sommes repartis sur la première route que nous
8 avions empruntée. Nous avons pris un virage à droite, pour aller dans la
9 direction de cette zone ouverte, à l'arrière de Stari Vitez, vers la
10 droite.
11 Alors que nous voyagions dans cette direction, vers la gauche,
12 il y a un relief assez élevé et tout à fait ouvert qui se trouve un peu à
13 l'arrière de l'endroit où nous voyagions. Je crois que c'est à ce moment-
14 là que nous avons vu le cadavre d'un jeune homme, sur le côté de la route.
15 Il avait le visage face au sol et on voyait des traces de sang assez
16 considérables, sur plusieurs mètres, indiquant soit qu'on l'avait tiré,
17 traîné, soit qu'il avait rampé pour se déplacer. Mais il n'était pas
18 possible de dire, à ce moment-là, quelle était la raison de ces traces.
19 Nous voulions constater s'il était mort, mais étant donné les
20 tirs d'armes légères qu'il y avait tout autour, il n’a pas été possible de
21 constater s’il était mort.
22 Nous n'avons constaté aucun mouvement de respiration ni du corps
23 de cette personne qui se trouvait au bord de la route. La seule chose
24 qu'il y avait était un petit chien qui d’abord se cachait sous le manteau
25 de cette personne.
Page 5036
1 Ce n'est pas tout à fait établi au niveau du temps, mais comme
2 nous nous sommes trouvés à cet endroit -et nous avions pris une position
3 défensive-, nous avions une observation à 360° de la position autour de
4 nous et nous avons vu un fusil sans recul qui avait été positionné dans ce
5 que nous croyions être la partie croate de la ville, bosno-croate, donc
6 qui n'était face à la zone ouverte à notre gauche.
7 Nous nous inquiétions aussi pour notre propre sécurité dans une
8 certaine mesure parce qu'une arme de ce calibre peut provoquer des dégâts
9 et qui, même si les tirs ne sont pas permanents, peut provoquer des
10 blessures, voire la mort pour les personnes occupants le véhicule.
11 Nous avions donc une position de défense contre cette arme et
12 par l'agrandissement que nous avions par la visée, il était possible de
13 voir clairement que cette arme était dirigée contre l'endroit où nous nous
14 trouvions. Pourtant, nous n’avons pas vu l’arme qui aurait été utilisée à
15 ce moment-là.
16 Peu de temps après, nous avons reçu pour instruction d'aller par
17 la route vers Zenica, que nous connaissions bien, que nous avions déjà
18 utilisée pour aller à Busovaca à Zenica. C'est pendant que nous nous
19 trouvions sur cette route, en direction de la région d'Ahmici, qu’une fois
20 de plus nous avons commencé à voir des maisons détruites, manifestement
21 mises à feu.
22 Nous avons aussi constaté, à gauche et à droite de la route, que
23 plusieurs personnes gisaient là. A ce moment-là, nous ne savions pas si
24 ces personnes étaient mortes, mais cela a été vérifié par la suite,
25 malheureusement.
Page 5037
1 Une maison se trouvait pratiquement au bout de la route, juste
2 en face du cimetière,
3 devant laquelle gisait cinq corps placés en ligne droite. Parmi
4 eux, il y avait une femme -nous l'avons constaté plus tard- et quatre
5 hommes. Nous en avons fait rapport.
6 Nous avons aussi donné toutes les coordonnées s’agissant des
7 corps que nous avions vu le long de la route. Nous en avons fait rapport à
8 l’état-major.
9 C’est près du cimetière que nous avons rencontré une ambulance
10 civile et deux civils, deux hommes. A ce moment-là, nous ne savions pas de
11 quel camp ils étaient. Nous savions tout au plus que c'était une ambulance
12 civile, grâce aux moyens de transmission que nous avions. Je suis descendu
13 du Warrior, du véhicule.
14 Nous entendions déjà des tirs tirés d'armes légères, juste au-
15 dessus de la position que nous avions. A ce moment-là, nous étions un peu
16 à l’abri par un surplomb de l’autre côté de la route. Nous avons parlé à
17 l’un des membres du personnel de l'ambulance et nous avons obtenu pour
18 tout renseignement que cette personne essayait de savoir si les personnes
19 étaient mortes ou pas. Ils tenaient à essayer de retrouver les corps,
20 qu'ils soient vivants ou morts.
21 Mais cet homme n'était pas prêt à exposer l'ambulance à quelque
22 risque que ce soit. Etant donné les coups d'armes légères qui étaient
23 tirés, il était tout à fait réticent à l’idée d’y aller sans assistance.
24 Nous avons dit que nous ferions l'impossible pour essayer de
25 retrouver ces corps et savoir s'ils étaient en vie ou pas. C’est alors, je
Page 5038
1 crois, que l'ambulance est repartie dans la direction de Zenica.
2 Nous avons rebroussé chemin vers Vitez. Nous avons fait un
3 rapport de ces événements à l'état-major qui a alors décidé d'envoyer une
4 ambulance blindée, un véhicule transporteur de troupe blindée qui se
5 prêterait mieux à l'évacuation du champ de bataille.
6 Nous avons pensé que c'était la solution la plus sûre en raison
7 de la protection du fait du véhicule blindé pour les occupants. Mais ils
8 ont aussi envoyé une autre personnel, un
9 autre indicatif, un peu comme nous, et nous devions rencontrer
10 cet autre véhicule au carrefour situé aux abords de Vitez en venant de la
11 direction d’où nous venions.
12 Nous avons donc emprunté cette route et à un moment donné, à
13 cause d’un virage, nous avons dû ralentir car c’était un virage assez
14 sévère. A notre droite, nous avons pu voir un petit groupe d’hommes que
15 nous avons reconnus être des soldats du HVO de par les insignes et badges
16 qu’ils portaient. Nous croyions qu’ils portaient soit un uniforme vert
17 très sombre, soit un treillis noir. Plusieurs d’entre eux portaient un
18 ceinturon blanc. Ils avaient des armes légères (fusils d’assaut ou des
19 armes analogues) et ils étaient en contrebas de la région de Ahmici, des
20 deux côtés de la route.
21 Nous les avons eus en vue un certain temps car il a fallu
22 ralentir dans le tournant. Nous avons tourné la tourelle dans leur
23 direction et avons ainsi pu les observer.
24 Pourquoi ces hommes étaient-ils là ? Nous n'avons jamais pu le
25 savoir avec certitude, mais à l'époque nous avions pensé qu’il s’agissait
Page 5039
1 d’un groupe d'attaque, d'assaut. Il était difficile d’établir ceci en
2 toute certitude. Ces hommes ne semblaient pas particulièrement importunés
3 par notre présence.
4 Nous avons poursuivi notre route vers le carrefour où nous avons
5 rencontré l'autre ambulance et l'autre indicatif. Nous avons décidé, à
6 l'époque, d'entourer les corps qui se trouvaient devant la maison avec nos
7 véhicules. Des hommes de notre équipage sont descendus pour assurer la
8 plus grande protection possible afin de permettre l’embarquement des corps
9 dans l'ambulance.
10 C’est ce que nous avons fait en nous approchant par la zone
11 herbeuse de la route. Nous avons utilisé la tourelle en posture défensive
12 et nous avons évacué les cinq personnes que nous avons chargées à
13 l'arrière de l'ambulance. C'était vraiment très difficile car nous avions
14 constaté que ces personnes avaient toutes perdu la vie et que toutes
15 avaient été tuées par balle.
16 L’un des commentaires de l'époque, émis par ceux qui avaient
17 assuré l'évacuation et le chargement de ces corps dans l'ambulance, était
18 que quasi tous avaient été tués par une balle tirée dans la tête. Il était
19 difficile d'assurer l'évacuation parce que le balcon devant la maison
20 avait déjà brûlé et était tombé en partie sur certains de ces corps. Il a
21 fallu dégager le ou les corps avant de pouvoir le ou les charger dans
22 l’ambulance.
23 Nous avons demandé des renseignements pour savoir où mettre ces
24 corps, car nous ne savions pas à ce moment-là où il fallait les évacuer.
25 Il nous a été dit qu'il n'y avait pas de lieu précis où les placer. Nous
Page 5040
1 avons pris une décision qui a été approuvée, décision visant à dire qu’il
2 fallait les mettre le plus près possible de l’endroit où nous avions vu
3 l'ambulance pour qu'ils puissent être évacués par elle.
4 A l’époque, cela nous a semblé être la solution la plus efficace
5 et la plus pratique.
6 Les cinq premiers cadavres ont été emmenés sur une petite
7 surélévation qui se trouve au premier virage, à droite, après le
8 cimetière. Ces corps étaient placés à la vue de tous de telle sorte que si
9 l'ambulance revenait, elle verrait ces corps à droite, sur le bord de la
10 route.
11 Après avoir déposé ces corps, nous avons fait demi-tour et
12 sommes retournés vers Vitez. C’est là que nous avons recueilli environ
13 quatre ou cinq cadavres supplémentaires. Il y avait un homme d'abord, un
14 homme très fort. Il était de vraiment difficile de le faire passer par la
15 porte de l'ambulance parce qu'il avait déjà la rigueur mortelle, rigueur
16 mortis.
17 Il y avait aussi une vieille femme, mais je ne peux pas vous
18 dire si c'est précisément à ce moment-là que nous avons évacué cette
19 femme. Nous avons trouvé d’autres corps isolés, deux ou trois corps que
20 nous avons embarqués dans l'ambulance.
21 Un de nos interprètes nous alors donné quelques informations, à
22 savoir qu'il faudrait emmener ces corps vers un dispensaire de fortune qui
23 faisait office de morgue. C’était un ancien supermarché, me semble-t-il,
24 dont la partie frigorifique avait été utilisée comme morgue.
25 Nous nous sommes rendus à cet endroit et avons placé les corps
Page 5041
1 dans cette morgue
2 de fortune. Nous les avons déchargés sur des brancards. Un
3 incident s’est alors produit. Un de mes soldats a fait le commentaire que
4 certains avaient vraiment une blessure très grave à la tête et avaient
5 pratiquement perdu tout ou partie de leur cerveau alors qu’on les emmenait
6 dans ce supermarché.
7 Une fois cette tâche réalisée, on nous a dit de rentrer à Vitez.
8 Il était peut-être 17 ou 18 heures et il avait été décidé que la méthode
9 que nous utilisions pour l’évacuation serait trop lente et trop difficile.
10 Nous somme retournés à l’état-major de Vitez. Il était peut-être 17 ou 18
11 heures et il avait été décidé que la méthode que nous avons utilisée pour
12 l'évacuation serait trop lente et trop difficile. Nous sommes retournés à
13 l'état-major de Vitez à ce moment là.
14 Puis, le matin du 17 avril, nous avons reçu une autre mission.
15 Celle-ci consistait à aller à Donja Veceriska, un autre endroit au relief
16 élevé à l’arrière de ce que nous connaissions comme étant l’usine chimique
17 à Vitez. Nous avions appris, par divers moyens et aussi par notre état-
18 major, qu'il y avait des combats dans cette région. Nous devions nous y
19 rendre pour voir quelle était la situation et en faire rapport.
20 Nous avons utilisé la route principale pour sortir de Vitez et,
21 après un décompte fait rapidement, nous avons rencontré environ vingt à
22 trente-six civils.
23 Nous les avons reconnus comme étant des Musulmans de par les
24 vêtements qu'ils portaient et nous nous sommes dit que ces gens, qui
25 venaient de Donja Veceriska, avaient été chassés de leurs maisons. La
Page 5042
1 destination qu'ils avaient était incertaine à ce moment-là. Par la suite,
2 il est apparu qu'ils étaient venus à l'endroit de ravitaillement que nous
3 avions, sur la route principale allant à Vitez.
4 Nous avons poursuivi sur cette route principale pour arriver
5 dans le village même. Si je me souviens bien, il y a deux parties à ce
6 village : une route principale surélevée dans la partie haute et puis une
7 boucle qui mène à la partie basse du village.
8 Alors que nous avions emprunté la route principale pour aller
9 vers le haut du village,
10 nous avons constaté que la plupart des maisons de cette partie,
11 surtout sur la partie droite de la route, montraient manifestement des
12 signes HVO sur les maisons. Il y avait aussi plusieurs soldats du HVO qui
13 ont été reconnus grâce aux insignes qu'ils portaient.
14 Nous sommes parvenus à un carrefour à l'extrémité du village.
15 Nous avons constaté qu'à notre gauche il y avait au moins une maison, mais
16 peut-être plus, qui était en feu.
17 Nous avons pris position là, parce qu'il semblait que c'était là
18 qu'il y avait la plus grosse concentration de soldats. Nous entendions des
19 coups d'armes légères, mais je crois avoir déjà dit qu'il n'était pas
20 possible de voir les gens qui tiraient. Nous ne faisions qu'entendre les
21 coups.
22 Nous avons décidé d'aller dans la direction de ce qui nous
23 semblait être l'endroit où on détruisait les maisons. Nous sommes
24 descendus par cette voie très étroite pour partir vers la partie basse du
25 village. Je me souviens avoir vu le cadavre un homme. Etait-ce un cadavre
Page 5043
1 ou un homme encore vivant ? Je ne sais pas, il n'était pas possible de le
2 dire. En tout cas, cet homme gisait à l'arrière d'une maison. Quant à
3 savoir si ces maisons avaient déjà été détruites, cela n'apparaissait pas
4 clairement à ce moment-là.
5 Nous étions peut-être à mi-chemin dans cette boucle que
6 constitue le village et nous avons rencontré quelques civils, un petit
7 nombre d'entre eux. Certains étaient très vieux déjà, des hommes et des
8 femmes âgés. Nous avions tout au plus deux hommes d'âge moyen. Je crois
9 que l'un d'entre eux portait un fusil civil ; l'autre avait peut-être un
10 revolver. Ils étaient tous groupés près d'une maison particulière.
11 Lorsque nous sommes arrivés à cet endroit, un des hommes a
12 essayé de nous aider à évacuer un vieil homme qui était blessé. Je ne me
13 souviens plus quel était le type de blessure dont il souffrait. Nous avons
14 dit à cet homme que ce n'était pas possible de le faire sans protection,
15 que c'était contraire au mandat que nous avions qui visait à faire
16 respecter la
17 neutralité, mais nous avons dit que nous ferions de notre mieux
18 pour les aider.
19 Après les avoir dépassés, nous avons repris la route principale,
20 à la fin de cette boucle, et nous sommes retournés vers Vitez.
21 Sommes-nous retournés à l'école ? Je ne m'en souviens plus, je
22 n'ai plus de souvenirs précis quant à notre retour.
23 Voilà ce qui s'est passé entre 8 heures et 11 heures, le matin
24 du 17.
25 L'autre souvenir saillant que j'ai de ces deux jours, c'est que
Page 5044
1 nous nous trouvions une fois de plus sur la route principale allant vers
2 Vitez, près de l'église. Nous avons arrêté au carrefour. C'est là que se
3 trouvait l'église, à notre droite. C'est alors que nous avons vu une arme
4 antiaérienne à plusieurs canons qui avait été montée à l'arrière d'un
5 camion. Nous avons pris des photos de ce véhicule, car il revêtait une
6 grande importance militaire, et nous avons envoyé rapport du type d'armes
7 antiaériennes dont il s'agissait.
8 Un autre fait important dont nous avons fait état, c'est que
9 nous pensions que ce canon venait d'être utilisé, car il y avait vraiment
10 tout un brouillard de fumée. On voyait qu'on avait utilisé il y a peu de
11 temps cette arme.
12 Nous sommes restés un peu, mais peu de temps après, le véhicule
13 s'est éloigné de la route principale en empruntant la petite route qui
14 part du carrefour où nous nous trouvions. Pour autant que je m'en
15 souvienne, il était à peu près 2 heures de l'après-midi à ce moment-là et
16 on nous a dit de rentrer et de faire rapport à l'école de Vitez.
17 Voilà pour ce qui est des événements les plus importants dont je
18 me souvienne les 16 et 17 avril.
19 M. le Président. - Le Tribunal vous remercie de cette relation
20 très complète et qui atteste d'une grande mémoire de votre part.
21 Monsieur le procureur, je suppose que vous avez des précisions
22 supplémentaires,
23 des compléments, des pièces à conviction... allez-y.
24 M. Kehoe (interprétation) - Oui, merci monsieur le Président.
25 Sergent, je voudrais tout d'abord vous montrer une série de
Page 5045
1 photos et vous demander d'indiquer certains lieux sur les cartes qui se
2 trouvent près de vous. Mais tout d'abord, avec l'aide de l'huissier ou de
3 M. Dubuisson, je voudrais que nous allumions le rétroprojecteur, s'il vous
4 plaît. Il s'agit d'une photo qui a été versée au dossier, monsieur le
5 Président et messieurs les juges. Il s'agit de la pièce 102/1.
6 Sergent Parrott, vous avez remarqué d'emblée que le matin du 16,
7 alors que vous rentriez à Stari Vitez, il y avait un corps sur la gauche.
8 M. Parrott (interprétation). - Oui, effectivement.
9 M. Kehoe (interprétation) - Est-ce que le corps qui apparaît sur
10 cette pièce 102/1 est celui que vous avez vu ?
11 M. Parrott (interprétation). - Oui en effet.
12 M. Kehoe (interprétation) - Je vais maintenant passer à la pièce
13 151/1 et 151/2. La première photographie est la pièce 151/1. Vous avez dit
14 également qu'après avoir vu ces soldats, vous avez suivi une route et que
15 vous avez vu le corps d'un jeune homme. S'agit-il d'un jeune homme alors
16 qu'on regarde vers l'extérieur de la ville ?
17 M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est celle-ci.
18 M. Kehoe (interprétation) - Quant à la pièce à conviction 151/2,
19 s'agit-il d'un gros plan de cette même personne, de ce jeune homme ?
20 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
21 M. Kehoe (interprétation) - Enfin, avant de nous tourner vers la
22 pièce suivante, je voudrais vous montrer cette photo. Vous avez mentionné
23 également que vous avez pu voir un fusil sans recul à l'extérieur de la
24 ville que vous avez cru être la zone de contrôle du HVO. Veuillez regarder
25 cette pièce 82/3. Je sais que cette photo est un peu floue, mais que
Page 5046
1 montre-t-elle ?
2 M. Parrott (interprétation). - C'est une arme du même type, un
3 canon sans recul.
4 M. Kehoe (interprétation) - Lorsque vous parlez d'un canon sans
5 recul, vous parlez plutôt d'une pièce d'artillerie et pas d'un fusil à
6 épaule ?
7 M. Parrott (interprétation). - Oui, nous disons que c'est sans
8 recul parce que le canon est ouvert des deux côtés. Cela tire, en général,
9 des munitions anti véhicules antichar.
10 M. Kehoe (interprétation) - Vous avez dit que ce type d'armes
11 pouvaient vaincre le blindage de vos warrior, n'est-ce pas ?
12 M. Parrott (interprétation). - C'est une arme qui peut causer
13 des dommages importants, cela ne fait pas de doute, sinon la destruction
14 complète de la cible.
15 M. Kehoe (interprétation) - J'en ai terminé avec cette
16 photographie. Merci. Pourrions-nous, avec la permission de monsieur le
17 Président, nous tourner vers la pièce qui se trouve sur le chevalet, à
18 savoir la pièce 45 ?
19 M. le Greffier. - Il s'agit de la pièce 45G.
20 M. Kehoe (interprétation) - Monsieur le Président, puis-je
21 demander au témoin de se lever, de s'approcher du micro ? Puis-je moi-même
22 me rendre vers cette carte ?
23 M. le Président. - Bien sûr. Est-ce que la défense voit bien ?
24 Est-ce que cela va ?
25 M. Kehoe (interprétation) - Sergent Parrott, pouvez-vous vous
Page 5047
1 approcher du micro s'il vous plaît ? Sergent, en utilisant ce feutre
2 orange, pourriez-vous nous indiquer, en appuyant bien fort, l'itinéraire
3 que vous avez suivi lorsque vous êtes entré dans Stari Vitez le matin
4 du 16 ?
5 M. Parrott (interprétation). - La route principale de Vitez suit
6 ce trajet ici. Nous avons poursuivi sur cette route jusqu'à ce carrefour.
7 Lorsque nous sommes arrivés à ce carrefour, c'est là que nous avons
8 observé des soldats. Nous avons pris un virage pour emprunter cette route.
9 C'est là que nous avons vu les soldats, au niveau des garages et les
10 premiers hommes qui ont été identifiés à l'époque comme étant
11 des membres du HVO.
12 Nous sommes arrivés ici. Nous avons vu une arme antiaérienne,
13 c'est une arme fabriquée par les Russes. Elle était abandonnée au bord de
14 la route, un RPG16.
15 Puis, nous avons avancé sur la route, ici. Nous avons pris
16 position à peu près ici, en regardant dans ce sens-là. Mon collègue a pris
17 ses positions ici.
18 M. Kehoe (interprétation). - Avec ce feutre, pourriez-vous
19 marquer d'un chiffre l'endroit où vous avez vu le corps lorsque vous êtes
20 rentré dans Stari Vitez ?
21 M. Parrott (interprétation). - C'est peut-être un peu plus bas.
22 Je ne me rappelle pas exactement la position.
23 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous êtes monté
24 et que vous avez tourné à droite ici. Pourriez-vous indiquer où se
25 trouvait cette arme, ce RPG16 que vous avez vu ? Pourriez-vous nous parler
Page 5048
1 de cette arme, de ce RPG ? S’agit-il d'une arme qu'on peut utiliser
2 plusieurs fois ou d’une arme qui ne peut s’utiliser qu'une seule fois et
3 qui ensuite est jetée ?
4 M. Parrott (interprétation). - Une fois qu’elle a été utilisée,
5 les douilles doivent être jetées, elles ne peuvent plus être réutilisées.
6 M. Kehoe (interprétation). - Qu’est-ce que cela indiquait, que
7 vous l’ayez vue au bord de la route ?
8 M. Parrott (interprétation). - Que l’arme avait été utilisée.
9 M. Kehoe (interprétation). - En marquant n° 2, pourriez-vous
10 nous indiquer l'endroit où vous avez vu les soldats ?
11 M. Parrott (interprétation). - Il y avait des soldats des deux
12 côtés de la route, ici et également dans cette zone-là.
13 M. Kehoe (interprétation). - Vous y avez apposé le n° 2.
14 M. Parrott (interprétation). - Oui.
15 M. Kehoe (interprétation). - Que faisaient ces soldats ?
16 M. Parrott (interprétation). - Ils semblaient être en train de
17 nettoyer les maisons dans cette direction-ci, le long de la route. Ils
18 semblaient assez bien organisés et paraissaient employer des tactiques
19 qui, d'après moi, sont les tactiques d'une unité militaire.
20 M. Kehoe (interprétation). - En tant que professionnel
21 militaire, qu'en avez-vous conclu lorsque vous avez vu ces soldats ?
22 M. Parrott (interprétation). - Ils étaient à mon avis membres
23 d'une unité militaire et pas simplement un groupe d’hommes portant des
24 armes dans la cadre d'un plan mal organisé.
25 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous tiré des conclusions sur
Page 5049
1 leur objectif et sur ce qu’ils faisaient dans ce bâtiment autour du n° 2 ?
2 M. Parrott (interprétation). - A ce moment-là et compte tenu des
3 maisons qui étaient déjà en flamme et de celles encore intactes, ces
4 soldats, comme je l’ai déjà dit, avançaient systématiquement le long de
5 cette route dans cette direction.
6 M. Kehoe (interprétation). - Avec ce feutre vert, pourriez-vous
7 nous montrer les maisons qu'ils étaient en train de parcourir ? Pourriez-
8 vous les entourer ?
9 (Le témoin s’exécute.)
10 Cela illustre à peu près l'étendue de la zone. Avez-vous vu
11 d’autres soldats dans cette zone et autour de cette zone ?
12 M. Parrott (interprétation). - Dans cette somme particulière ?
13 M. Kehoe (interprétation). - Oui.
14 M. Parrott (interprétation). - Les seuls autres hommes, comme je
15 l'ai déclaré, étaient à peu près au nombre de six. Nous avons pensé qu’il
16 s’agissait de Musulmans qui s'abritaient à ce moment-là derrière une
17 maison.
18 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce qu’ils tiraient ?
19 M. Parrott (interprétation). - Non, ils étaient à couvert
20 derrière la maison.
21 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez
22 inquiet pour la sécurité des civils dans cette zone, n’est-ce pas ?
23 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
24 M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi ?
25 M. Parrott (interprétation). - Pendant toute la durée de cet
Page 5050
1 événement particulier, ces gens étaient regroupés au sein d'un seul et
2 même groupe. Cela les rendait très vulnérables et leur protection semblait
3 très limitée. Toute mesure destinée à les protéger eut été très
4 dangereuse ; il y avait aussi des femmes et des enfants avec eux.
5 M. Kehoe (interprétation). - Pendant cette période au cours de
6 laquelle vous avez vu ces soldats qui allaient d’une maison à une autre,
7 avez-vous vu des soldats musulmans tirant sur ces soldats du HVO ?
8 M. Parrott (interprétation). - Nous n’en avons pas vus.
9 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de la journée du 16, et
10 pour en finir avec cette question, avez-vous vu des soldats tirer sur les
11 soldats du HVO ?
12 M. Parrott (interprétation). - Non.
13 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant de la pièce 45/G
14 à la pièce 56/G qui est un agrandissement. Vous avez dit que lorsque vous
15 avez traversé la ville de Stari Vitez, vous avez remarqué la présence d'un
16 canon sans recul.
17 M. Parrott (interprétation). - En effet.
18 M. Kehoe (interprétation). - Et à l’extérieur de la ville. Avec
19 le n° 3, pourriez-vous indiquer l'endroit où vous avez vu ce canon ?
20 M. Parrott (interprétation). - C'est à peu près à cet endroit-
21 là.
22 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous encercler ce lieu,
23 s'il vous plaît, et
24 montrer la direction vers laquelle était pointée cette arme ?
25 (Le témoin s’exécute.)
Page 5051
1 Lorsque vous avez suivi cette route, là encore je vous demande
2 d'utiliser le feutre orange, pouvez-vous nous indiquer l'itinéraire à
3 partir du stade et nous montrer l'endroit où vous vous trouviez lorsque
4 vous avez observé ce canon sans recul ?
5 (Le témoin s’exécute.)
6 Lorsque vous êtes arrivé à ce lieu, vous pourriez marquer ce
7 point du n° 4, y avait-il des maisons en feu ?
8 M. Parrott (interprétation). - Oui, il y en avait, à peu près à
9 l'endroit où j'ai marqué n° 4.
10 M. Kehoe (interprétation). - Donc, autour du n° 4, c’est ça ? Un
11 peu au-dessus ?
12 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
13 M. Kehoe (interprétation). - Saviez-vous qu'il s'agissait de la
14 zone musulmane de Vitez ?
15 M. Parrott (interprétation). - Oui, nous le savions.
16 M. Kehoe (interprétation). - Puis-je rester ici, à côté de cette
17 photo, Monsieur le Président, et passer à autre chose ?
18 M. le Président. - Oui.
19 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que par la suite, au
20 cours de cette même journée, vous vous êtes rendu vers la zone d’Ahmici.
21 Nous avons sous les yeux la pièce 50/I qui est une copie de la pièce 50.
22 A nouveau, en utilisant le feutre orange, pourriez-vous nous
23 montrer la route que vous avez suivie pour aller à Ahmici ?
24 M. Parrott (interprétation). - Cette route-ci, qui est la route
25 principale menant à Zenica.
Page 5052
1 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit, au cours de votre
2 interrogatoire, que vous avez atteint un lieu où vous avez vu différentes
3 maisons et que, lorsque vous êtes arrivé la première fois sur place, vous
4 y avez vu cinq corps.
5 M. Parrott (interprétation). - En effet.
6 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous marquer le lieu où
7 vous avez vu ces cinq corps du n° 5 ?
8 (Le témoin s’exécute.)
9 Ensuite, vous avez continué la route et vous avez vu une
10 ambulance, n'est-ce pas ?
11 M. Parrott (interprétation). - Oui.
12 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous indiquer ce lieu du
13 n° 6 ?
14 (Le témoin s’exécute.)
15 Vous avez dit que vous n’aviez pas récupéré tout de suite ces
16 corps, n'est-ce pas ?
17 M. Parrott (interprétation). - Non.
18 M. Kehoe (interprétation). - Ensuite, vous avez ramené
19 l’ambulance vers Vitez. Après cela, qu’avez-vous fait ?
20 M. Parrott (interprétation). - L'ambulance civile n'est pas
21 venue avec nous. Après en avoir terminé à cet endroit, nous avons rendu
22 compte des faits. Ils ont dit qu'ils allaient envoyer une ambulance. Nous
23 avons donc rebroussé chemin vers Vitez où nous avons retrouvé l'ambulance,
24 à un autre endroit qui n’est pas indiqué sur la carte.
25 M. Kehoe (interprétation). - Vous êtes allé chercher les corps ?
Page 5053
1 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
2 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit avoir emmené ces
3 corps vers un lieu particulier qui se trouve près du bord de la route,
4 n’est-ce pas ?
5 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
6 M. Kehoe (interprétation). - Où est-ce ? Pourriez-vous indiquer
7 ce lieu d'un
8 chiffre ?
9 M. Parrott (interprétation). - Oui.
10 (Le témoin s’exécute.)
11 M. Kehoe (interprétation). - C’est le n° 7, effectivement. Il
12 s'agissait d'une maison, n’est-ce pas ?
13 M. Parrott (interprétation). - Oui.
14 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous indiquer l’endroit où
15 vous avez déposé ces corps par le n° 8 ?
16 M. Parrott (interprétation). - Le n° 7, en fait, couvre toute
17 cette zone.
18 M. Kehoe (interprétation). - Bien, c’est donc là où vous avez
19 placé ce numéro ?
20 M. Parrott (interprétation). - Oui.
21 M. Kehoe (interprétation) - Vous avez dit avoir observé certains
22 soldats dans un virage de la route, alors que vous vous dirigiez vers le
23 sud, vers Vitez. Vous avez dit que les soldats portaient des uniformes
24 verts ou noirs avec des ceintures blanches, n'est-ce pas ?
25 M. Parrott (interprétation). - Oui.
Page 5054
1 M. Kehoe (interprétation) - Pourriez-vous alors porter le n° 8
2 sur le lieu où vous avez vu ces soldats ? Je crois que vous avez dit que
3 vous avez récupéré d'autres corps dans cette zone au cours de cette même
4 journée, n'est-ce pas ?
5 M. Parrott (interprétation). - Oui.
6 M. Kehoe (interprétation) - Bien. Retournons à nos places
7 respectives.
8 Puis-je maintenant vous demander de vous concentrer sur la
9 pièce 111/1, avec l'aide de l'huissier ?
10 Sergent, vous nous avez dit avoir récupéré certains corps dans
11 la position que vous avez indiquée comme étant le n° 6.
12 M. Parrott (interprétation). - Oui.
13 M. Kehoe (interprétation) - S'agit-il des corps que vous avez
14 chargés ?
15 M. Parrott (interprétation). - Oui, effet.
16 M. Kehoe (interprétation) - Ce sont des pièces que je vais
17 montrer au témoin qui ne sont pas encore des pièces à conviction. Peut-
18 être puis-je demander à M. Dubuisson d'indiquer les numéros.
19 M. le Greffier. - Il s'agit du n° 169, mais il est entendu que
20 je dois encore recevoir les pièces 167 et 168 qui sont des déclarations.
21 M. Kehoe (interprétation) - C'est exact, il y a trois
22 déclarations.
23 M. le Greffier. - S'il y a trois déclarations, celle-ci serait
24 le n° 170.
25 M. Kehoe (interprétation) - Oui, merci. Peut-être pourrions-nous
Page 5055
1 regarder la première photographie de ce lot 170/1. La photographie d'en
2 haut, s'il vous plaît. Merci.
3 Pourrions-nous parler de cette photographie ? Tout d'abord,
4 Sergent, reconnaissez-vous cette photographie ?
5 M. Parrott (interprétation). - Oui.
6 M. Kehoe (interprétation) - Que montre cette photographie ?
7 M. Parrott (interprétation). - C'est l'ambulance blindée qui
8 transportait deux corps à l'arrière.
9 M. Kehoe (interprétation) - Votre compagnie les a-t-elle aidés à
10 charger ces corps ?
11 M. Parrott (interprétation). - Oui, nous étions présents quand
12 cela a été fait.
13 M. Kehoe (interprétation) - Passons à la photographie suivante :
14 170/2. De quoi s'agit-il ?
15 M. Parrott (interprétation). - Cette photographie a été prise,
16 je crois, au même moment.
17 M. Kehoe (interprétation) - S'agit-il également de corps que
18 vous avez récupérés l'après-midi du 16 ?
19 M. Parrott (interprétation). - Oui, tout à fait.
20 M. Kehoe (interprétation) - Passons maintenant à la troisième
21 photographie : 170/3. De quoi s'agit-il, Sergent ?
22 M. Parrott (interprétation). - C'est l'ambulance blindée, avec
23 trois membres de mon peloton.
24 M. Kehoe (interprétation) - Merci beaucoup. Nous aborderons le
25 reste des photographies un peu plus tard.
Page 5056
1 Sergent, vous avez dit, au cours de votre interrogatoire, que
2 les corps qui étaient sur le côté du bâtiment, dont l'un des pans était
3 tombé, étaient alignés. Avez-vous eu l'impression qu'ils avaient été
4 placés là ?
5 M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.
6 M. Kehoe (interprétation) - Pensez-vous qu'ils avaient été
7 amenés d'un autre endroit ?
8 M. Parrott (interprétation). - Je ne pense pas qu'il soit facile
9 de le dire avec certitude.
10 M. Kehoe (interprétation) - Certains corps avaient des blessures
11 à la tête, n'est-ce pas ?
12 M. Parrott (interprétation). - Oui.
13 M. Kehoe (interprétation) - En tant que soldat, qu'avez-vous
14 pensé ? Qu'en avez-vous conclu ?
15 M. Parrott (interprétation). - J'ai pensé que cela ne
16 correspondait certainement pas à des blessures infligées normalement, au
17 cours de combats. Il n'est pas statistiquement normal qu'un si grand
18 nombre d'hommes aient été blessés de cette façon.
19 M. Kehoe (interprétation) - Qu'avez-vous pensé lorsque vous avez
20 vu des femmes âgées tuées de cette façon-là ?
21 M. Parrott (interprétation). - La même chose.
22 M. Kehoe (interprétation) - Vous aviez donc cette opinion
23 également. Là encore, je voudrais passer au 17. Vous avez dit vous être
24 rendu à Donja Veceriska. Je vous demanderai donc de vous relever et je
25 voudrais revenir à des cartes qui ont déjà été montrées, monsieur le
Page 5057
1 Président, si je puis me le permettre, ou plutôt passer à la carte
2 suivante.
3 Sergent, il s'agit de la pièce 56H. Pourriez-vous indiquer, pour
4 faire la différence avec la carte 56G, la date du 17 avril 1993, afin de
5 ne pas confondre cette pièce avec la 56G ?
6 Pendant que nous y sommes, pouvez-vous indiquer sur cette photo-
7 ci la date du 16 avril 1993 ?
8 Revenons donc à la pièce 56H. En utilisant le marqueur orange,
9 pourriez-vous nous montrer l'itinéraire que vous avez suivi pour aller
10 jusqu'à Donja Veceriska ?
11 M. Parrott (interprétation). - Depuis Vitez....
12 M. Kehoe (interprétation) - Vous avez indiqué, Sergent, que
13 lorsque vous vous dirigiez vers Donja Veceriska, sur cette route, vous
14 avez vu ces civils qui vous ont dit avoir été expulsés de chez eux.
15 M. Parrott (interprétation). - Le lieu exact est difficile à
16 confirmer, mais il se situait dans une zone qui se trouve à peu près ici.
17 M. Kehoe (interprétation) - Pourriez-vous indiquer cet endroit
18 par un n° 1 et entourer cette zone pour avoir une vue générale ? Ou avez-
19 vous une opinion quant à l'appartenance ethnique de ces personnes ?
20 M. Parrott (interprétation). - Oui, ces personnes étaient
21 musulmanes.
22 M. Kehoe (interprétation) - Passons maintenant à un
23 agrandissement de la zone de Donja Veceriska, du village. Je crois qu'il
24 s'agit là de la pièce 55. Quelle est la lettre qui va avec
25 ce numéro ?
Page 5058
1 M. le Greffier. - 55A.
2 M. Kehoe (interprétation) - Très bien. Il s'agit donc d'une vue
3 de Donja Veceriska. Pourriez-vous nous indiquer l'itinéraire que vous avez
4 suivi ?
5 M. Parrott (interprétation). - Je cherche la route...
6 M. Kehoe (interprétation) - Et le lieu où vous vous êtes arrêté
7 sur cet itinéraire, pourriez-vous l'indiquer du n° 2 ?
8 M. Parrott (interprétation). - La première fois ou après être
9 arrivé dans le village ?
10 M. Kehoe (interprétation) - Après être arrivé dans le village.
11 Vous avez dit au cours de votre interrogatoire que vous aviez observé un
12 certain nombre de soldats du HVO, n'est-ce pas ?
13 M. Parrott (interprétation). - Oui.
14 M. Kehoe (interprétation) - Avez-vous observé tout autre chose,
15 au moment où vous avez commencé à suivre cet itinéraire, avant de vous
16 arrêter à l'endroit que vous venez d'indiquer sous le n° 2 ?
17 M. Parrott (interprétation). - Quoi en particulier ?
18 M. Kehoe (interprétation) - Je ne sais pas, peut-être des
19 barrières du HVO, des insignes...
20 M. Parrott (interprétation). - Oui, nous en avons vu, surtout au
21 bord de la route et dans cette zone ici.
22 M. Kehoe (interprétation) - Pouvez-vous utiliser ce feutre rose
23 et mettre le n° 3 autour de la zone où vous avez vu ces éléments ? Peut-
24 être pourriez-vous utiliser le rouge et indiquer le n° 3 à cet endroit.
25 Très bien.
Page 5059
1 Sergent, s'agissait-il du même endroit où vous avez vu les
2 soldats du HVO dont vous avez parlé plus tôt ?
3 M. Parrott (interprétation). - Oui, mais ils étaient plus
4 concentrés qu'au niveau 2.
5 M. Kehoe (interprétation) - Combien de soldats avez-vous vu à
6 peu près ?
7 M. Parrott (interprétation). - Un certain nombre, mais il m'est
8 difficile de préciser le nombre exact. Disons une vingtaine ou une
9 trentaine.
10 M. Kehoe (interprétation) - Très bien. Vous avez déjà pu
11 observer nombre de soldats en différents endroits, n'est-ce pas ?
12 M. Parrott (interprétation). - Oui.
13 M. Kehoe (interprétation) - Etant donné ce que vous avez vu à ce
14 moment-là, est-ce que ces soldats vous semblaient tendus ? Leur tirait-on
15 dessus ?
16 M. Parrott (interprétation). - Ils avaient quelques armes à feu
17 légères, mais ils étaient en position de défense.
18 M. Kehoe (interprétation) - Selon vous, en tant que soldat,
19 s'ils avaient reçu des coups de feu, auraient-il cherché un abri ?
20 M. Parrott (interprétation). - Oui, bien entendu. Si j'étais
21 dans cette position, je rechercherais un certain abri.
22 M. Kehoe (interprétation) - Pensez-vous qu'ils recherchaient
23 eux-mêmes un abri ?
24 M. Parrott (interprétation). - Non.
25 M. Kehoe (interprétation) - Dans l'endroit qui se trouve juste
Page 5060
1 au dessus du n° 2, avez-vous vu des maisons en feu ?
2 M. Parrott (interprétation). - Il y avait une maison qui brûlait
3 à ce moment-là, très près du carrefour.
4 M. Kehoe (interprétation) - Avec le feutre vert, pouvez-vous
5 indiquer cet endroit du n° 4 ? Peut-être que ce sera plus simple avec le
6 rouge.
7 Je pense que vous savez que d'autres maisons étaient en feu,
8 n'est-ce pas ?
9 M. Parrott (interprétation). - Oui.
10 M. Kehoe (interprétation) - Ces soldats essayaient-ils
11 d'éteindre ces incendies ?
12 M. Parrott (interprétation). - Non.
13 M. Kehoe (interprétation) - Qu'en avez-vous conclu en tant que
14 soldat ?
15 M. Parrott (interprétation). - Qu'ils étaient probablement ceux
16 qui avaient provoqué ces incendies.
17 M. Kehoe (interprétation) - Donc ces soldats se tenaient là, ils
18 ne s'abritaient pas et ils n'essayaient pas d'éteindre un incendie qui se
19 trouvait proche d'eux, n'est-ce pas ?
20 M. Parrott (interprétation). - C'est exact ?
21 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous vu ces soldats dans les
22 zones numéro 2, numéro 3 et numéro 4, et avez-vous vu qu’ils essayaient
23 d'éteindre les incendies, au moment où vous étiez sur les lieux ?
24 M. Parrott (interprétation). - Non.
25 M. Kehoe (interprétation). - Ils semblaient calmes, relaxés,
Page 5061
1 n'est-ce pas ?
2 M. Parrott (interprétation). - Oui.
3 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez parlé d'un autre endroit.
4 Vous avez dit que vous vous étiez arrêté dans le village, alors que vous
5 descendiez, vous suiviez la route qui vous semblait être le lieu de la
6 destruction, et vous vous êtes arrêté à une maison.
7 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
8 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous prendre le feutre
9 orange, et marquer l'itinéraire que vous avez suivi, là encore, et
10 pourriez-vous entourer la maison avec ce feutre vert et indiquer le n° 5 ?
11 (Le témoin s’exécute.)
12 M. Kehoe (interprétation). - Pouvez-vous nous dire, après vous
13 être arrêté à cet endroit, le chemin que vous avez suivi pour repartir ?
14 (Le témoin s’exécute.)
15 M. Kehoe (interprétation). - Sergent, pendant toute la période
16 que vous avez passée dans ce village, avez-vous vu des mouvements ou une
17 résistance organisée de la part des Musulmans bosniaques contre ces
18 soldats du HVO qui se trouvaient au n° 2 et au n° 3 ?
19 M. Parrott (interprétation). - Je n'en ai pas vu.
20 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous vous rasseoir, s’il
21 vous plaît ? Merci.
22 Avec l'aide de l'huissier, pourrions-nous passer maintenant à la
23 photo suivante, 170/4. Merci.
24 Sergent, avez-vous vu cette photographie, auparavant ?
25 M. Parrott (interprétation). - Oui.
Page 5062
1 M. Kehoe (interprétation). - Que représente-t-elle ?
2 M. Parrott (interprétation). - C’est la zone du carrefour où
3 nous nous sommes arrêtés pour la première fois.
4 M. Kehoe (interprétation). - C'est là que vous avez vu les
5 maisons qui brûlaient autour du numéro 4, n’est-ce pas ?
6 M. Parrott (interprétation). - C’est bien cela.
7 M. Kehoe (interprétation). - Quel jour a été prise cette photo ?
8 M. Parrott (interprétation). - Le 17.
9 M. Kehoe (interprétation). - S’agit-il là des incendies dont
10 vous avez dit que les soldats du HVO n’essayaient pas de les éteindre ?
11 M. Parrott (interprétation). - Oui, effectivement.
12 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit avoir descendu cette
13 route jusqu’au numéro 5, et si je peux passer à la photographie suivante,
14 c’est-à-dire la photographie 170/5...
15 Sergent, reconnaissez-vous cette photo ?
16 M. Parrott (interprétation). - Oui.
17 M. Kehoe (interprétation). - Que représente-t-elle ?
18 M. Parrott (interprétation). - C'est à l'arrière de mon
19 véhicule, quand on regarde dans la direction arrière, vers la partie
20 intérieur du village.
21 M. Kehoe (interprétation). - S'agissait-il là des civils dont
22 vous avez parlés, qui arrivaient vers votre Warrior, quand vous êtes
23 arrivé ?
24 M. Parrott (interprétation). - En effet.
25 M. Kehoe (interprétation). - Avant de revenir à la carte, et de
Page 5063
1 continuer avec la journée du 17, vous avez dit que, au cours de la journée
2 du 17, qu'il y avait une arme antiaérienne au sud de Stari Vitez, n’est-ce
3 pas ?
4 M. Parrott (interprétation). - Oui, en effet.
5 M. Kehoe (interprétation). - Laissez-moi vous montrer une photo,
6 qui est la pièce à conviction 105. Vous l'avez sur votre chaise, à côté,
7 M. Dubuisson.
8 Pourriez-vous nous montrer, à l'aide du pointeur, l'endroit où
9 se trouvait cette arme antiaérienne, sur cette photo ?
10 M. Parrott (interprétation). - Très bien.
11 (Le témoin s’exécute)
12 M. Kehoe (interprétation). - C'est donc cette arme, dont vous
13 pensiez qu'elle avait été récemment utilisée, parce que de la fumée
14 sortait du canon, n’est-ce pas ?
15 M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.
16 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la photo
17 suivante, qui est 170/5.
18 Je ne vous demande pas s'il s'agit de la même arme, mais s'agit-
19 il du même type d'armes antiaériennes que vous avez pu observer sur la
20 photo que nous venons de voir (la pièce 105) ?
21 M. Parrott (interprétation). - Oui, cela ne fait aucun doute,
22 c'est bien le même type d'armes.
23 M. Kehoe (interprétation). - Si je peux vous demander de revenir
24 à 56-H... Merci, Cédric, nous en avons terminé avec ces photographies.
25 Là encore, nous revenons à 56-H. Pourriez-vous indiquer, avec le
Page 5064
1 numéro 6, l'endroit, sur cette carte, où vous avez vu ce canon
2 antiaérien ?
3 (Le témoin s’exécute.)
4 Pourriez-vous entourer cet endroit, s’il vous plaît ?
5 (Le témoin s’exécute.)
6 A quelle heure êtes vous partis de Donja Veceriska ?
7 M. Parrott (interprétation). - Je crois que nous sommes partis à
8 peu près à 11 heures.
9 M. Kehoe (interprétation). - Combien de temps avez-vous passé
10 dans la zone de Vitez, après cela ?
11 M. Parrott (interprétation). - Comme je l’ai dit précédemment,
12 je suis incapable de me rappeler si nous sommes retournés au quartier
13 général, à Vitez, ou pas; mais l’heure était, en tout cas,
14 approximativement 2 heures de l’après-midi.
15 M. Kehoe (interprétation). - Donc, à peu près 2 heures de
16 l'après-midi. Avez-vous vu de la fumée s’élever au-dessus de Donja
17 Veceriska, à cette heure-là, le 17 avril ?
18 M. Parrott (interprétation). - Oui.
19 M. Kehoe (interprétation). - Permettez-moi de changer de sujet,
20 et de vous faire tenir debout encore un peu.
21 Au cours de la période pendant laquelle vous travailliez en
22 Bosnie avec le régiment du Cheshire, avez-vous pu rencontrer l'accusé, le
23 général Blaskic ?
24 M. Parrott (interprétation). - Oui.
25 M. Kehoe (interprétation). - Quand ?
Page 5065
1 M. Parrott (interprétation). - On nous a donné l'ordre de le
2 transporter depuis son
3 quartier général de Kiseljak, jusqu'au quartier général de
4 Busovaca.
5 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la pièce 75-
6 A. Pourriez-vous jeter un oeil à cette carte ? Pourriez-vous indiquer,
7 sur cette carte, l'itinéraire que vous avez suivi pour aller vers les
8 casernes de Kiseljak, et entourer le lieu où vous êtes venu chercher
9 M. Blaskic ?
10 (Le témoin s’exécute.)
11 Pourriez-vous entourer ce lieu avec l’autre marqueur, s'il
12 voulait plaît ?
13 (Le témoin s’exécute.)
14 Donc, maintenant, nous passons à la 76-B. C'est un
15 agrandissement, n'est-ce pas ?
16 M. Parrott (interprétation). - Oui.
17 M. Kehoe (interprétation). - Pourriez-vous entourer l'entrée de
18 la caserne de Kiseljak ? Merci. Vous pouvez vous rasseoir.
19 M. le Président. - Vous avez encore beaucoup de questions,
20 Maître Kehoe ?
21 M. Kehoe (interprétation). - Je voudrais encore traiter d’une
22 autre pièce, et nous en aurons terminé.
23 M. le Président. - Nous allons faire une pause, et nous
24 reprendrons dans vingt minutes.
25 L’audience, suspendue à 16 heures 10, est reprise à 16 heures 35.
Page 5066
1
2 M. le Président (interprétation). - Faites entrer l'accusé.
3 (L’accusé est introduit dans le prétoire.)
4 M. Kehoe (interprétation). - Puis-je poursuivre, Monsieur le
5 Président ?
6 M. le Président. - Oui.
7 M. Kehoe (interprétation). - Avant la pause, Sergent Parrott,
8 nous parlions du moment où vous êtes allé chercher l'accusé à la caserne
9 de Kiseljak. Lorsque vous êtes allé le chercher, était-il seul ou entouré
10 d'un groupe de personnes ?
11 M. Parrott (interprétation). - En règle générale, il avait six
12 ou huit gardes du corps armés jusqu'aux dents. Il avait toujours avec lui
13 au moins une personne non armée et qui était visible.
14 M. Kehoe (interprétation). - Je vais maintenant vous montrer un
15 document que vous avez vous-même fourni au Bureau du Procureur. Il s’agit
16 de la pièce 171, Monsieur le Greffier ?
17 M. Dubuisson. - Oui, Monsieur le Procureur.
18 M. Kehoe (interprétation). - Je voudrais que ce document soit
19 montré au témoin, s’il vous plaît.
20 (L’Huissier s’exécute.)
21 Sergent Parrott, reconnaissez-vous cette pièce 171 ? De quoi
22 s’agit-il ?
23 M. Parrott (interprétation). - La page de garde est une
24 traduction d'un fax reçu par l'état-major de Vitez qui demandait un
25 transport de Kiseljak à Busovaca.
Page 5067
1 M. Kehoe (interprétation). - Vous parlez d’état-major, de
2 quartier général, de Vitez. De quoi s'agit-il ?
3 M. Parrott (interprétation). - Du quartier général.
4 M. Kehoe (interprétation). - Bien. Pourriez-vous nous lire la
5 traduction que vous avez reçue ?
6 M. Parrott (interprétation). - L’intitulé est : « République de
7 Bosnie-Herzégovine, Communauté croate de Herceg-Bosna, Conseil croate de
8 la Défense. Commande opérationnelle de Bosnie centrale ». Je ne suis pas
9 sûr de ce qui est écrit avant Vitez. Puis :
10 « Vitez. N° 001/4/1163-93. Date : avril 1993 / 11 heures.
11 Hautement confidentiel. Demande pour fournir un transporteur de troupes
12 blindées. Pourriez-vous avoir deux véhicules pour transporter une
13 délégation du HVO et leur escorte le 12 avril 1993, un lundi ? Point de
14 départ : Kiseljak, caserne du HVO. Itinéraire : Kiseljak, Kacuni,
15 Busovaca. Heure de départ : 9 heures.
16 Nombre de passagers : dix membres de la délégation. Nous vous
17 savons gré d’avoir déjà assuré ce transport. Nous espérons que vous serez
18 prêts à le faire.
19 Pourriez-vous nous informer de l’issue de cette requête avant
20 4 heures le 11 avril 1993, par écrit ou par téléphone. Respectueusement.
21 Colonel Blaskic. »
22 M. Kehoe (interprétation). - Sur cette traduction écrite, une
23 petite note est apposée en jaune, n'est-ce pas ?
24 M. Parrott (interprétation). - Oui.
25 M. Kehoe (interprétation). - Que dit-elle ?
Page 5068
1 M. Parrott (interprétation). - « Seuls sont autorisés Blaskic et
2 sept hommes. Un représentant doit être amené. »
3 M. Kehoe (interprétation). - Cette demande consiste à emmener
4 Blaskic jusqu’à Busovaca en passant par Kacuni, n’est-ce pas ?
5 M. Parrott (interprétation). - Oui.
6 M. Kehoe (interprétation). - Sergent, savez-vous si cette
7 demande a reçu une réponse affirmative ?
8 M. Parrott (interprétation). - Je ne le sais pas de façon
9 certaine.
10 M. Kehoe (interprétation). - Mais des requêtes similaires ont
11 été faites par le bataillon britannique, n’est-ce pas ?
12 M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.
13 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
14 les Juges, j’en ai
15 terminé avec mon interrogatoire. Je voudrais verser certains
16 documents au dossier, notamment les cartes qui se trouvent sur le
17 chevalet : 45/G, 56/G, 50/I, 56/H, 55/A, 75/A, 76/B.
18 M. Dubuisson. - Et la pièce 170 qui est l'album de photos.
19 M. Kehoe (interprétation). - L'album de photos n° 170, et
20 l'ensemble des lettres accompagnées de leur traduction en tant que pièce
21 n° 171.
22 M. le Président. - Je voudrais être sûr de la numérotation des
23 ordres de transports et de déplacements. Bien.
24 A présent, Sergent, la défense va procéder au contre-
25 interrogatoire. Allez-y, Maître Hayman.
Page 5069
1 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Président,
2 il y a peut-être une confusion avec ce document. En fait, il y a deux
3 traductions d’une lettre, l’une qui a été donnée au Sergent Parrott et
4 l’autre qui a été faite par le Tribunal. Donc s’il y avait une confusion,
5 je tenais à l’éclaircir.
6 M. le Président. - J'ai compris que des traductions avaient été
7 faites sur place par le bataillon britannique, c’est cela ?
8 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
9 M. le Président. - Et les traductions anglaise et française sont
10 les deux derniers documents. Bien, nous sommes d’accord, tout est classé
11 sous le n° 171.
12 Allez-y, Maître Hayman.
13 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, nous ne
14 faisons pas objection au versement de ces deux documents, mais je voudrais
15 simplement signaler, pour le compte rendu, que c’est la première fois
16 qu'on nous fournit la pièce n° 171 qui est une déclaration de l’accusé.
17 Or, selon l'article 66, nous avons le droit de recevoir ces
18 déclarations lorsque le
19 Bureau du Procureur les obtient. Il a eu le temps de faire
20 traduire ces documents en français, mais apparemment il ne les pas eus
21 pour les donner à la défense lorsqu’il les a reçus par avance. Il a reçu
22 ce témoignage. Si j’ai tort, je m’en excuse, mais je ne crois pas avoir vu
23 ce document auparavant.
24 M. le Président. - Question tout à fait pertinente !
25 L’article 66 prévoit, effectivement, qu’il faut fournir toutes les
Page 5070
1 déclarations préalables de l'accusé.
2 On peut considérer ce document comme une déclaration. En fait,
3 ce n’est pas tout à fait une déclaration, c’est un document dont l'auteur
4 est l'accusé. Il faut être près précis dans les termes. C'est cela
5 Maître Kehoe ?
6 M. Kehoe (interprétation). - Tout à fait exact, Monsieur le
7 Président. Toutefois, ce n'est en aucune façon une déclaration. Il y a
8 plusieurs ordres qui sont en la possession du Tribunal et qui ont été
9 signés par l’accusé ; mais ce ne sont pas des déclarations de l’accusé. Au
10 cours de la communication de pièces, ce problème aura été couvert, mais ce
11 n’est pas par le choix du conseil de la défense.
12 Néanmoins, ce document précis a été obtenu la semaine dernière
13 par le Tribunal au cours des discussions que nous avons eues avec le
14 Sergent Parrott. Il faut que tout soit clair.
15 Tout à long du procès, le conseil de la défense n'a jamais
16 soulevé comme objection le fait que les ordres de l'accusé soient des
17 déclarations de celui-ci.
18 M. Hayman (interprétation). - Oui.
19 M. le Président. - Maître Hayman, il me semble que nous avions
20 traité le point dans la décision du 27 janvier 1997.
21 M. Hayman (interprétation). - Oui, et si je peux rafraîchir la
22 mémoire des Juges, cette décision disait qu’une déclaration est une
23 déclaration, quelle que soit la personne qui l’ai recueillie, quel que
24 soit le format de cette déclaration et quelle que soit la signature qui
25 est apposée sur ce document et si cette personne était sous serment ou
Page 5071
1 pas.
2 Si telle est la position adoptée, très bien. Mais je voudrais
3 que le compte rendu soit très clair, à savoir que nous demandons que
4 toutes les déclarations soient communiquées et que si ce genre de
5 déclaration n'est pas à communiquer par la défense, il faut que cela
6 figure dans le compte rendu ainsi que notre objection.
7 M. le Président. - Je crois -merci, M. le Juge-, que nous avons
8 eu l’occasion de trancher la question. C’est pourquoi je me permets...
9 Malheureusement j'ai une mauvaise copie.
10 « Les principes ainsi dégagés » avons-nous dit « à l’appui de
11 l’interprétation de l’Article 66.A, conduisent la Chambre à adopter la
12 décision que toutes les déclarations préalables de l’accusant figurant au
13 dossier du Procureur, quelles aient été recueillies par l’accusation ou
14 qu’elles émanent de toute autre source, doivent être communiquées sans
15 délai à la défense. »
16 Nous avons bien dit «qu’elles émanent de toute autre source ».
17 « La même interprétation de l’Article 66.A conduit la Chambre à
18 ne pas faire de distinction selon la ou les formes qui peuvent revêtir
19 lesdites déclarations.
20 De surcroît, rien dans le texte n’autorise d’y introduire les
21 distinctions proposées par l’accusation, entre les déclarations
22 officielles faites sous serment ou signées et reconnues par l’accusé et
23 les autres. »
24 Je vous reporte au paragraphe 37. Je crois que nous avions fait
25 cela aussi dans un but de simplification. Nous estimons que tout ce qui
Page 5072
1 émane de l’accusé doit être fourni à la défense pour lui permettre de s'y
2 préparer. A l'avenir, il faut que cela soit très clair.
3 D’ailleurs nous perdons du temps. Il ne sert à rien d’en
4 reparler. Vous avez eu raison. On peut discuter à perte de vue sur la
5 signification du mot « déclaration ». Nous avons tranché le 27 janvier
6 1997 en indiquant que tout ce qui émane de l'accusé devrait être fourni à
7 la défense. Il me semble que c'est d'ailleurs la loyauté des débats et le
8 sens même d'une procédure contradictoire.
9 Qu’en pensez-vous, Maître Kehoe, Maître Harmon ? Nous n’allons
10 pas refaire la décision de janvier 1997, bien entendu.
11 M. Kehoe (interprétation). - Avec tout le respect que je dois à
12 la Chambre, l’article 66.B qui parle de la communication de pièces et de
13 l'obligation de pièces dit que « sur demande, le Procureur va permettre à
14 la défense d’examiner tout document, de prendre connaissance de tout
15 document se trouvant en sa possession ou sous son contrôle et susceptible
16 d’être utilisé ».
17 Il s’agit de documents qui vont être utilisés au cours du
18 procès. C’est là-dessus que porte la question de l’obligation de
19 communication et non pas la question des déclarations, si l'accusé avait
20 fait une déclaration dans les médias ou dans un article de journal ou
21 encore auprès d’un enquêteur.
22 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, nous
23 n'avons pas à revenir sur ce point. Les Juges ont pris une décision. Le
24 Bureau du Procureur a également clairement établi sa position. Le compte
25 rendu s’expliquera de lui-même pour toute procédure d’appel éventuelle. Je
Page 5073
1 ne crois pas que nous devrions prolonger cette discussion.
2 M. Kehoe (interprétation). - Je serais gré à Maître Hayman de ce
3 message, mais je ne crois pas que ces documents auraient pu être obtenus.
4 Il aurait pu les obtenir s’il les avait demandés. Il a décidé de ne pas le
5 faire.
6 (Les Juges se consultent sur le siège.)
7 M. le Président. - Le Tribunal est d'avis de réserver le point
8 pour l’instant. Il n'en demeure pas moins que ce document va être discuté
9 dans le contre-interrogatoire par la défense. Nous reverrons, autrement
10 que sur le siège, les dispositions prises à l'époque par ladite Chambre
11 dans une composition qui, en effet, ne comportait pas l’un des juges qui
12 figure maintenant dans la formation du jugement. Nous allons donc revoir
13 la question à la lumière de ce document.
14 Pour l’instant, maître Hayman, vous discutez de ce document si
15 vous le souhaitez.
16 Si vous souhaitez ne pas en discuter, c’est votre droit. Si j’ai
17 bien compris, vous souhaitez en discuter.
18 M. Hayman (interprétation). - Oui, nous sommes prêts à
19 continuer, monsieur le Président, avec le contre-interrogatoire. Merci.
20 Bonjour, Sergent.
21 M. Parrott (interprétation). - Bonjour.
22 M. Hayman (interprétation). - J'ai quelques questions, mais
23 finalement assez peu. Pourriez-vous nous dire à peu près à quelle heure,
24 le matin du 16 avril 1993, vous êtes arrivé dans la ville et dans la zone
25 de Vitez ?
Page 5074
1 M. Parrott (interprétation). - Je crois peu de temps après
2 9 heures.
3 M. Hayman (interprétation). - Vous y êtes resté en alerte
4 pendant deux heures à peu près ?
5 M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.
6 M. Hayman (interprétation). - Vous étiez avec le Lieutenant
7 Dooley pendant cette journée du 16 ?
8 M. Parrott (interprétation). - Oui.
9 M. Hayman (interprétation). - Peut-on dire que le nombre total
10 des soldats du HVO vus dans la zone de Vitez et de Stari Vitez, le matin
11 du 16 avril 1993, était environ de 12 à 24 ?
12 M. Parrott (interprétation). - Il serait très difficile d'en
13 établir le nombre exact. Mais c’est là une estimation assez modeste.
14 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que trois douzaines
15 correspondraient plus à la vérité ?
16 M. Parrott (interprétation). - Je ne peux pas être plus précis.
17 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit, en utilisant la
18 pièce que l'on voit sur
19 le chevalet, la pièce 45.G, avoir vu un certain nombre de
20 soldats du HVO allant de maison en maison, le matin du 16 ?
21 M. Parrott (interprétation). - Oui.
22 M. Hayman (interprétation). - Combien de soldats y avait-il ?
23 Peut-on dire qu’il y en avait à peu près six ?
24 M. Parrott (interprétation). - En fait, autour des maisons que
25 nous pouvions voir c’était à peu près ce nombre-là.
Page 5075
1 M. Hayman (interprétation). - Combien de maisons ont-ils
2 visitées en quelque sorte, alors que vous observiez ces six soldats le
3 matin du 16 avril ?
4 M. Parrott (interprétation). - Nous les avons vus se déplacer
5 d'une position qui était dissimulée de notre vue, vers l'arrière de la
6 maison et jusqu'à l'avant du véhicule blindé, donc du jardin arrière d'une
7 maison.
8 M. Hayman (interprétation). - Ils se couvraient les uns et les
9 autres avec leurs armes au cours de leur mouvement ou n'avez-vous pas vu
10 cela ?
11 M. Parrott (interprétation). - Quand nous les avons vus, ils
12 tendaient à se placer en position de tir entre les clôtures, les
13 séparations.
14 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que vous
15 entendez par « position de tir » ?
16 M. Parrott (interprétation). - Soit de se placer dans une
17 position d’où ils pouvaient tirer ou encore une position qui leur aurait
18 donné un certain couvert.
19 M. Hayman (interprétation). - Quand vous avez dit que ces six
20 soldats semblaient être organisés, vous vouliez dire qu'ils se déplaçaient
21 d'une façon organisée, c'est-à-dire qu'ils avaient des relations entre eux
22 qui vous semblaient décrire un mouvement organisé ?
23 M. Parrott (interprétation). - Oui.
24 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu, en guise de
25 contraste, des soldats à
Page 5076
1 des postes de contrôle qui semblaient désorganisés.
2 M. Parrott (interprétation). - Oui.
3 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu l’un de ces soldats
4 utiliser son arme ?
5 M. Parrott (interprétation). - Non.
6 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu une de ces personnes
7 mettre le feu à une maison avec du carburant ou quelque chose comme cela ?
8 M. Parrott (interprétation). - Non.
9 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu un lance-rocket
10 Léger 16 qui avait été utilisé dans une rue ? Si cette arme avait été
11 utilisée contre une maison, pourrait-elle y mettre le feu ? Le savez-
12 vous ?
13 M. Parrott (interprétation). - Oui, cela le ferait.
14 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si ce type d'armes, un
15 lance-rocket Léger, est une arme utilisée dans les zones urbaines ?
16 Les six Musulmans que vous avez vu à la fin de ce cul-de-sac,
17 vous en souvenez-vous ?
18 M. Parrott (interprétation). - Oui.
19 M. Hayman (interprétation). - Portaient-ils des vêtements
20 mixtes, c'est-à-dire à la fois des vêtements civils et des vêtements
21 militaires ?
22 M. Parrott (interprétation). - Pour autant que je m'en
23 souvienne, je crois que quelques uns parmi ces six avaient une partie
24 d'uniforme. C'était effectivement des uniformes mélangés.
25 M. Hayman (interprétation). - A votre avis, ces vêtements mixtes
Page 5077
1 étaient-ils des vêtements typiques des soldats de la BIH ?
2 M. Parrott (interprétation). - Oui, quelquefois effectivement,
3 cela semblait dans certaines régions coutumier pour la plupart des
4 soldats.
5 M. Hayman (interprétation). - Parmi ces six personnes que vous
6 avez vues, l'une d'entre elle portait-elle des armes ? Portait-elle des
7 AK 47 ?
8 M. Parrott (interprétation). - Je crois que oui.
9 M. Hayman (interprétation). - Vous nous avez dit avoir vu un
10 autre homme qui portait une arme légère et qui se trouvait dans un jardin,
11 avec une vache. Vous en souvenez-vous ? Avez-vous si cette personne
12 faisait un geste qui semblait avoir pour but de jeter une grenade dans la
13 direction des six soldats du HVO ? Etiez-vous dans votre warrior à ce
14 moment-là ?
15 M. Parrott (interprétation). - Oui.
16 M. Hayman (interprétation). - Avant que les six soldats du HVO
17 se retirent, avez-vous vu d'autres hommes musulmans arrivant dans les
18 parages ?
19 M. Parrott (interprétation). - Pas à ma connaissance.
20 M. Hayman (interprétation). - Ceci peut-il vous rafraîchir la
21 mémoire ?
22 M. Parrott (interprétation). - Oui.
23 M. Hayman (interprétation). - Monsieur Kehoe, je vais vous
24 donner la page correspondante. Il s'agit de la page 5 de la déclaration
25 qui a été faite à l'enquêteur du Tribunal, en date du 27 avril 1995.
Page 5078
1 Lorsque vous avez parlé de la situation, vous avez dit : "Peu de
2 temps après, d'autres hommes musulmans sont arrivés, mais je ne les
3 décrirais pas comme des soldats ou des unités, mais simplement comme des
4 hommes qui venaient de la ville, qui avaient certaines parties d'uniforme.
5 Les familles sont sorties de leurs maisons, vers Stari Vitez, en courant.
6 Il semblait que les hommes musulmans étaient prêts à défendre les maisons
7 qui se trouvaient dans les parages".
8 Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire sur la question que
9 j'ai posée précédemment, à savoir y avait-il d'autres hommes portant des
10 vêtements mixtes qui sont arrivés
11 sur la scène ?
12 M. Parrott (interprétation). - Ce que j'ai dit dans ma
13 déclaration, c'est ce dont je me souvenais à l'époque.
14 M. Hayman (interprétation). - Ce n'est pas un souvenir que vous
15 avez maintenant, n'est-ce pas ?
16 M. Parrott (interprétation). - Pas en ce moment même.
17 M. Hayman (interprétation). - Quoi qu'il en soit, après un
18 certain temps, est-ce que ces soldats du HVO se sont repliés ?
19 M. Parrott (interprétation). - Oui.
20 M. Hayman (interprétation). - Il n'y a pas eu de coups de feu
21 échangés avec ces six Musulmans qui se trouvaient au bout du cul-de-sac ou
22 avec toute autre personne qui se trouvait dans la zone ?
23 M. Parrott (interprétation). - Non, il n'y a pas eu de coup de
24 feu.
25 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit que par la suite,
Page 5079
1 dans cette matinée, vous avez vu une maison incendiée en contrebas du
2 stade -on le voit d'ailleurs sur la photo- à une certaine distance de la
3 ville de Vitez. Vous en souvenez-vous ?
4 M. Parrott (interprétation). - Oui.
5 M. Hayman (interprétation). - Y avait-il une maison en feu ou
6 plusieurs ?
7 M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens avec précision
8 que d'une maison où l'incendie sévissait vraiment avec beaucoup de force.
9 M. Hayman (interprétation). - Par la suite, dans la journée,
10 vous êtes allé sur la route reliant Vitez à Busovaca, afin de récupérer
11 des corps, n'est-ce pas ?
12 M. Parrott (interprétation). - Oui.
13 M. Hayman (interprétation). - Les cinq corps, qui se trouvaient
14 au point 5 indiqué sur l'une des cartes, avaient-ils les mêmes blessures
15 ou des blessures différentes, d'après votre
16 souvenir ?
17 M. Parrott (interprétation). - Personnellement, je ne me suis
18 pas chargé de charger ces personnes dans l'ambulance, mais ce qui m'a été
19 dit par la suite, c'est qu'ils souffraient tous de blessures par balle,
20 mais pas toutes au même endroit.
21 M. Hayman (interprétation). - Avaient-ils été tués d'un tir dans
22 la tête, de la même façon ?
23 M. Parrott (interprétation). - Oui.
24 M. Hayman (interprétation). - S'agissant des deux photos de la
25 pièce 170 que je tiens à la main, savez-vous si les personnes qu'elles
Page 5080
1 représentent faisaient partie des cinq qui ont été récupérées, cet après-
2 midi-là, ou s'agissait-il d'autres personnes ?
3 M. Parrott (interprétation). - Je n'ai pas d'information précise
4 s'ils font partie du premier groupe ou du deuxième groupe que nous avons
5 ramassés.
6 M. Hayman (interprétation). - Vous ne pouvez pas nous le dire ?
7 Vous ne vous en souvenez pas ?
8 M. Parrott (interprétation). - Je ne peux pas déterminer, à
9 partir de ces photographies, qui c'était.
10 M. Hayman (interprétation). - Passons maintenant au
11 17 avril 1997 et à votre venue à Donja Veceriska. Peut-être que l'huissier
12 pourrait nous aider. Nous pourrions revoir la pièce 55A, ce serait utile.
13 Vous avez dit qu'en allant vers Donja Veceriska, en montant
14 cette route, vous avez trouvé des civils à côté de la route, le long de la
15 route.
16 M. Parrott (interprétation). - Oui.
17 M. Hayman (interprétation). - Y avait-il des milices de l'armée
18 de Bosnie-Herzégovine ou des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine avec
19 eux ?
20 M. Parrott (interprétation). - Je pense qu'il y avait peut-être
21 deux de ces
22 personnes ?
23 M. Hayman (interprétation). - Etaient-elles vêtues de différents
24 vêtements civils ou militaires ? Que portaient-elles ?
25 M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens plus exactement
Page 5081
1 de ce qu'ils portaient.
2 M. Hayman (interprétation). - Portaient-ils des armes ?
3 M. Parrott (interprétation). - Je crois que si on peut les
4 considérer comme faisant partie d'une milice, peut-être portaient-ils des
5 armes.
6 M. Hayman (interprétation). - Je vais à nouveau vous demander de
7 vous rapprocher. Le conseil peut également s'approcher. Peut-être cela
8 vous aidera-t-il de regarder cette photo 55A pour répondre aux questions
9 suivantes.
10 Vous nous avez montré la zone sur cette pièce 55A entourée d'un
11 cercle rouge. C'était la zone dans laquelle vous avez vu un certain nombre
12 de soldats du HVO, n'est-ce pas ?
13 M. Parrott (interprétation). - Oui.
14 M. Hayman (interprétation). - Les soldats du HVO se trouvaient-
15 ils à découvert ou étaient-ils abrités derrière un bâtiment ? Etaient-ils
16 dans un fossé ? Pouvez-vous nous dire l'endroit où ils se trouvaient, nous
17 le décrire ?
18 M. Parrott (interprétation). - Il y avait des maisons des deux
19 côtés de la route principale, mais en fait le carrefour est assez à
20 découvert. Les soldats étaient simplement aux alentours de la route
21 principale et le plus grand groupe se trouvait près du carrefour.
22 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous parlez du carrefour,
23 parlez-vous du carrefour de la zone entourée en vert ?
24 M. Parrott (interprétation). - Oui.
25 M. Hayman (interprétation). - Où avez-vous vu pour la première
Page 5082
1 fois des hommes en âge de combattre, si je puis dire, que vous pensiez
2 être de la communauté musulmane de
3 Donja Veceriska ? Où les avez-vous vus ?
4 M. Parrott (interprétation). - Hormis les personnes que nous
5 avons rencontrées en route...
6 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans le
7 village même, où avez-vous vu ces hommes musulmans en âge de combattre ?
8 M. Parrott (interprétation). - Je crois qu'ils étaient près du
9 n° 5.
10 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous, s'il vous plaît,
11 remontrer cette zone ?
12 M. Parrott (interprétation). - Ici, près de cet endroit.
13 M. Hayman (interprétation). - En haut de la boucle que vous avez
14 faites ? C'est cela ?
15 M. Parrott (interprétation). - Effectivement, plus vers le bas
16 de cette boucle que nous avons faite.
17 M. Hayman (interprétation). - D'accord, donc en haut de la pièce
18 55A. Vous n'avez donc pas vu d'indications de la présence de la communauté
19 musulmane en bas de la route qui est dans la partie supérieure du cercle,
20 sur la pièce 55A. Mais au-dessus de cette route, avez-vous vu une présence
21 musulmane ?
22 M. Parrott (interprétation). - Non.
23 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé en haut
24 de la boucle dont vous avez dit qu'elle était en bas du village, vous avez
25 vu des hommes musulmans en âge de combattre, n'est-ce pas ?
Page 5083
1 M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est exact.
2 M. Hayman (interprétation). - Combien en avez-vous vu ?
3 M. Parrott (interprétation). - Je crois qu'il n'y en avait que
4 deux qui se trouvaient en âge de combattre.
5 M. Hayman (interprétation). - L'un d'entre eux portait-il des
6 armes ?
7 M. Parrott (interprétation). - Oui, je crois qu'il y avait un
8 fusil d'origine civile, je ne suis pas trop sûr, mais je crois que l'on
9 peut voir les armes sur la photo.
10 M. Hayman (interprétation). - Il y a une arme que l'on voit au
11 coin de la pièce 170/4. Pourriez-vous avancer et vous saisir de mon
12 exemplaire, si vous n'avez pas le vôtre ? Peut-être pourrait-on placer un
13 autre exemplaire de ces photos sur le rétroprojecteur, une photo d'un
14 warrior sur un chemin étroit. Si l'on regarde à gauche, on voit un homme
15 debout avec une arme, n'est-ce pas ?
16 M. Parrott (interprétation). - Oui.
17 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous identifier cette
18 arme ?
19 M. Parrott (interprétation). - Cela ressemble fort à un
20 revolver.
21 M. Hayman (interprétation). - Si l'on pouvait déplacer la
22 photographie sur le rétroprojecteur vers la droite, pour que l'on puisse
23 voir ce point particulier...
24 M. le Président. - Excusez-moi, j'ai entendu dans la traduction
25 "un revolver".
Page 5084
1 L'interprète.- Nous n'avons pas la photo sous les yeux, monsieur
2 le Président.
3 M. le Président. - Je ne suis pas un grand stratège militaire,
4 mais il me semble qu'il y a une différence entre un fusil et un revolver
5 et la photo montre un homme avec un fusil. Je ne sais pas si c'est un
6 fusil de chasse ou un fusil de guerre, mais ce n'est certainement pas un
7 revolver.
8 L'interprète.- Pardonnez-nous.
9 M. Hayman (interprétation). - Ce n'est pas un revolver, c'est un
10 type de fusil.
11 M. Kehoe (interprétation) - Objection, monsieur le Président, il
12 a dit que c'était un fusil.
13 M. Hayman (interprétation). - Il y a un problème de traduction,
14 je ne voulais pas jeter la confusion dans les esprits.
15 M. le Président. - Il y a un problème de traduction, mais à
16 décharge des interprètes,
17 ils n'avaient pas la photo sous les yeux. Toujours est-il que je
18 suis sûr que c'est un fusil.
19 M. Hayman (interprétation). - Y avait-il des soldats du HVO dans
20 cette zone du village ? Où vous avez vu ces hommes, qui sont sur la partie
21 supérieure de la photographie, de la pièce 55A ?
22 M. Parrott (interprétation). - Il n'y en avait pas autour du
23 n° 5.
24 M. Hayman (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté à
25 Donja Veceriska, le 17 avril 1993 ?
Page 5085
1 M. Parrott (interprétation). - Le temps exact n'a pas été
2 confirmé, mais je dirais que, du début à la fin, nous avons passé une
3 heure et demi à deux heures.
4 M. Hayman (interprétation). - Aviez-vous un interprète à vos
5 côtés ?
6 M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens pas avoir eu un
7 interprète ce jour-là.
8 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous obtenu des informations,
9 des personnes qui se trouvaient sur le terrain, sur la situation ?
10 M. Parrott (interprétation). - Dans le village même, on essayait
11 surtout d'assurer
12 l'évacuation des personnes. Je ne me souviens pas de détails particuliers.
13 M. Hayman (interprétation). - Et cet homme blessé dont vous avez
14 parlé, je suppose qu'il se trouvait en haut de la boucle, c'est-à-dire
15 dans la partie supérieure de la photo 55A ?
16 M. Parrott (interprétation). - On nous a parlé de lui, mais nous
17 ne l'avons pas vu.
18 M. Hayman (interprétation). - Vous ne saviez pas où il se
19 trouvait. Au cours de votre présence là-bas, avez-vous vu des soldats du
20 HVO utiliser leurs armes ? Avez-vous évacué des blessés de Donja Veceriska
21 au cours de cette visite ?
22 M. Parrott (interprétation). - Non.
23 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous dit à quelqu'un d'aller
24 chercher des blessés ou d'organiser une évacuation ?
25 M. Parrott (interprétation). - Nous avons fait rapport à notre
Page 5086
1 retour à Vitez et avons dit qu'il fallait peut-être faire des actions
2 ultérieures, si c'était nécessaire.
3 M. Hayman (interprétation). - Veuillez vous rasseoir.
4 Peut-être avez-vous sous les yeux la pièce 170, enfin peut-être
5 pas dans sa totalité. Peut-être avez-vous la pièce 170/4 qui est l'image
6 de cet incendie. Cette pièce pourrait-elle être présentée au témoin et
7 placée sur le rétroprojecteur ? Merci.
8 Sergent, sur cette photo, pouvez-vous nous dire de quel type de
9 bâtiment il s'agit ? Pouviez-vous le dire à l'époque ?
10 M. Parrott (interprétation). - Il semblait que la structure
11 principale avait déjà brûlé dans ce bâtiment, et ce qui brûlait, ce sont
12 en fait les piles de bois qui se trouvaient sur le côté.
13 M. Hayman (interprétation). - Mais pour le bâtiment principal,
14 s'agissait-il d'une étable, d'une maison, d'une usine ? Savez-vous ce que
15 c'était ?
16 M. Parrott (interprétation). - Il est un peu difficile de voir
17 ce que c'était, il n'y avait plus d'indication précise pour dire ce que
18 cela avait été .
19 M. Hayman (interprétation). - D'autres maisons étaient-elles en
20 feu, ou des étables, des écuries étaient-elles en train de brûler pendant
21 que vous étiez là-bas ?
22 M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens pas avoir vu
23 d'autres cas de ce genre.
24 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous de tout autre
25 bâtiment, ailleurs qu'à Donja Veceriska, lorsque vous étiez sur les lieux
Page 5087
1 le 17 avril 1993 ?
2 M. Parrott (interprétation). - Je ne pense pas qu'à ce moment-là
3 il y avait des maisons en feu, mais je ne peux pas le confirmer.
4 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit avoir emmené ou être
5 allé chercher le
6 général Blaskic à Kiseljak et l'avoir emmené à Busovaca.
7 M. Parrott (interprétation). - Oui.
8 M. Hayman (interprétation). - Je suppose que vous n'avez fait
9 cela qu'une seule fois.
10 M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens avec précision
11 que d'un seul de ces transports, mais je pense que cela s'est fait
12 plusieurs fois.
13 M. Hayman (interprétation). - Par d'autres, mais pas par vous,
14 n'est-ce pas ?
15 M. Parrott (interprétation). - Peut-être l'ai-je fait aussi.
16 M. Hayman (interprétation). - Vous vous souvenez surtout d'un
17 voyage, n'est-ce pas ?
18 M. Parrott (interprétation). - Oui.
19 M. Hayman (interprétation). - Au cours de ce transport, vous a-
20 t-on dit pourquoi vous faisiez ce transport ?
21 M. Parrott (interprétation). - Non.
22 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez, vous, assuré le
23 transport du général Blaskic de Kiseljak à Busovaca, à ce moment-là
24 faisait-il extrêmement froid ?
25 M. Parrott (interprétation). - Oui, tout à fait.
Page 5088
1 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous pourquoi on vous a
2 demandé d'assurer son transport ?
3 M. Kehoe (interprétation) - J'objecte ! La question a déjà été
4 posée. Je suis désolé.
5 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi, je vais la
6 reformuler. Je ne parle pas tant de l'objectif de ce voyage, mais pourquoi
7 avait-il besoin de la protection des Nations unies pour se rendre de
8 Kiseljak à Busovaca ? Le saviez-vous à l'époque ?
9 M. Parrott (interprétation). - Je crois qu'il avait le sentiment
10 d'avoir besoin d'être protégé sur cette route particulière, pour ce
11 transport particulier.
12 M. Hayman (interprétation). - Etait-ce parce que l'armée de
13 Bosnie-Herzégovine avait le contrôle d'une partie de la troupe qui menait
14 de Kiseljak à Busovaca ?
15 M. Parrott (interprétation). - A l’époque, je ne connaissais pas
16 les positions territoriales.
17 M. Hayman (interprétation). - Comment décririez-vous l'endroit
18 où vous êtes allé chercher le colonel Blaskic à Kiseljak ?
19 M. Parrott (interprétation). - Cet endroit est connu comme étant
20 la caserne du HVO à Kiseljak.
21 M. Hayman (interprétation). - Au cours de vos visites à Vitez,
22 le 16 avril 1993, avez-vous vu des soldats portant des insignes du HV ?
23 M. Parrott (interprétation). - Incluez-vous le HVO dans le HV ?
24 M. Hayman (interprétation). - Je parle du HV, c’est-à-dire de
25 l’armée de la République de Croatie.
Page 5089
1 M. Parrott (interprétation). - Le seul insigne visible était le
2 damier rouge et blanc.
3 M. Kehoe (interprétation). - Sur la route, le 16 avril 1993,
4 lorsque vous alliez et veniez entre Busovaca et Vitez, avez-vous vu des
5 insignes du HV ?
6 M. Parrott (interprétation). - Uniquement identifiés par ce
7 damier rouge et blanc.
8 M. Hayman (interprétation). - Sur la route de Donja Veceriska,
9 le 16 avril 1993, avez-vous vu des insignes, entre autres du HV, chez les
10 soldats ?
11 M. Parrott (interprétation). - Même réponse, uniquement le
12 damier.
13 M. Hayman (interprétation). - Seulement les insignes du HVO, pas
14 le HV ?
15 M. Parrott (interprétation). - Je ne me souviens pas avoir vu
16 particulièrement les insignes du HV.
17 M. Hayman (interprétation). - Merci. Je n’ai plus de question,
18 monsieur le Président.
19 M. Kehoe (interprétation). - Très brièvement, Monsieur le
20 Président.
21 Le conseil de la défense vous a posé une question sur
22 l'organisation des soldats qui se trouvaient à Stari Vitez le matin du 16.
23 Vous souvenez-vous de cette question ?
24 M. Parrott (interprétation). - Oui.
25 M. Kehoe (interprétation). - Il vous a demandé si vous pensiez
Page 5090
1 que c’était un groupe organisé parce qu’ils semblaient, en quelque sorte,
2 travailler main dans la main. Y avait-il des signes distinctifs sur leurs
3 uniformes indiquant qu’ils travaillaient ensemble et qu’ils coopéraient ?
4 M. Parrott (interprétation). - Oui. Tous les soldats de ce
5 groupe avaient en fait un brassard, un morceau de ruban, qui était noué
6 autour de leur bras.
7 M. Kehoe (interprétation). - Si des soldats portaient le même
8 signe distinctif, c’est-à-dire un ruban de même couleur sur leurs
9 épaulettes, et que d'autres soldats dans la vallée de la Lasva avaient le
10 même signe distinctif, penseriez-vous en tant que soldat que ces soldats
11 -en ces différents lieux- coopéraient ?
12 M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est la conclusion que j’en
13 tirerais.
14 M. Kehoe (interprétation). - Le conseil de la défense vous a
15 posé une question concernant des événements, lorsque vous vous trouviez
16 dans cul-de-sac à Stari Vitez. Avant cette attaque, les civils de cette
17 zone avaient-ils été évacués ?
18 M. Parrott (interprétation). - Non.
19 M. Kehoe (interprétation). - En tant que soldat, qu'en avez-vous
20 conclu ?
21 M. Parrott (interprétation). - Qu’à ce moment-là, là où ils se
22 trouvaient, ils étaient piégés. Ils n’avaient aucune voie de sortie.
23 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous pensé, Sergent, qu’ils
24 avaient été pris par surprise ?
25 M. Parrott (interprétation). - Oui.
Page 5091
1 M. Kehoe (interprétation). - Après que les soldats du HVO se
2 soient repliés, avez-vous vu un homme pleurer à l'extérieur de sa maison ?
3 M. Parrott (interprétation). - Oui, c'est ce même homme qui
4 avait une vache attachée par une corde.
5 M. Kehoe (interprétation). - Le conseil de la défense vous a
6 demandé si ces soldats du HVO se sont repliés de la zone. Se sont-ils
7 repliés avant ou après que votre Compagnie ait pris la décision de leur
8 tirer dessus et de répliquer s'ils attaquaient les civils ?
9 M. Parrott (interprétation). - Oui.
10 M. Kehoe (interprétation). - Donc ils se sont retirés après que
11 vous ayez déplacé votre tourelle vers eux, n’est-ce pas ?
12 M. Parrott (interprétation). - A peu près à ce moment-là.
13 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de votre expérience en
14 Bosnie, les violences s’arrêtaient-elles lorsqu'un véhicule de la Forpronu
15 arrivait dans une zone déterminée ?
16 M. Parrott (interprétation). - Oui.
17 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous observé ce genre de
18 situation à plusieurs reprises ?
19 M. Parrott (interprétation). - Effectivement.
20 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à la question de
21 la défense concernant Donja Veceriska. Les Musulmans que vous avez vus
22 dans ce village sont signalés par le n° 5, n’est-ce pas ?
23 M. Parrott (interprétation). - Tout à fait.
24 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit qu’il y avait deux
25 individus en âge de combattre, n’est-ce pas ?
Page 5092
1 M. Parrott (interprétation). - Oui, je ne me souviens que de
2 deux hommes, à peu
3 près.
4 M. Kehoe (interprétation). - Y avait-il des femmes et des
5 enfants, des personnes âgées aussi ?
6 M. Parrott (interprétation). - Oui.
7 M. Kehoe (interprétation). - Vous êtes soldat dans l’infanterie
8 britannique depuis plus de quinze ans, n'est-ce pas ?
9 M. Parrott (interprétation). - Quatorze ans.
10 M. Kehoe (interprétation). - Utilisez-vous des fusils civils au
11 cours des batailles ?
12 M. Parrott (interprétation). - Non, ce n’est pas vraiment
13 efficace pour le genre de combats que nous devons, à ce moment-là, mener.
14 M. Kehoe (interprétation). - Vous ne considérez pas que c'est
15 une arme qui peut être utilisée contre l’arme conventionnelle d’un soldat,
16 n'est-ce pas ?
17 M. Parrott (interprétation). - Non.
18 M. Kehoe (interprétation). - Donc vous y êtes resté deux heures,
19 n’est-ce pas ?
20 M. Parrott (interprétation). - Environ.
21 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous vu, après votre entrée
22 dans le village, des individus qui se tiraient dessus ?
23 M. Parrott (interprétation). - Nous avons entendu des échanges
24 d'armes légères, mais nous ne savions pas exactement d’où cela venait.
25 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous été surpris lorsque vous
Page 5093
1 avez vu que les soldats du HVO ne tiraient pas lorsque vous êtes entré
2 dans le village ?
3 M. Parrott (interprétation). - Comme je l’ai déjà dit, il était
4 tout à fait courant que cela se passe ainsi.
5 M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi ? Parce qu’ils ne
6 voulaient pas que vous voyiez ce qu’ils étaient en train de faire ?
7 M. Parrott (interprétation). - C’est fort possible.
8 M. Kehoe (interprétation). - En tant que soldat, qu’en avez-vous
9 tiré comme conclusion ?
10 M. Parrott (interprétation). - (Pas de réponse.)
11 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit que vous aviez pensé
12 qu’ils ne voulaient pas que vous voyiez ce qu’ils étaient en train de
13 faire, n’est-ce pas ?
14 M. Parrott (interprétation). - Je le dirais.
15 M. Kehoe (interprétation). - En plus de l’incendie, il y avait
16 les corps, n’est-ce pas ?
17 M. Parrott (interprétation). - (Pas de réponse.)
18 M. Kehoe (interprétation). - En plus de l’incendie qu’ils
19 n’éteignaient pas, un corps se trouvait-il près de cette maison ?
20 M. Parrott (interprétation). - Oui.
21 M. Kehoe (interprétation). - Essayaient-ils d'évacuer ce corps ?
22 M. Parrott (interprétation). - Non.
23 M. Hayman (interprétation). - Si nous devons passer aux
24 opinions, je voudrais pouvoir réinterroger le témoin afin de soumettre ses
25 opinions au test, des opinions que je n'ai pas demandées au témoin. La
Page 5094
1 porte est grande ouverte pour ce genre de choses ; c’est mon commentaire.
2 M. Kehoe (interprétation). - Je n’ai plus de question pour ce
3 témoin.
4 M. le Président. - Je considère l'objection de Me Hayman tout à
5 fait fondée. Maître Kehoe, vous plaiderez le moment venu à partir des
6 déclarations du sergent, mais pour l'instant vous devez vous contenter de
7 poser les questions adaptées au contre-interrogatoire. Vous avez terminé
8 Maître Kehoe ou vous avez d'autres questions ?
9 M. Kehoe (interprétation). - Non, je n’ai plus de question,
10 Monsieur le Président.
11 M. le Président. - Je me tourne à présent vers mes collègues.
12 Monsieur le Juge Riad.
13 M. Riad (interprétation). - Vous avez décrit toutes les scènes
14 tragiques que vous avez connues et qui ne sont pas des scènes coutumières.
15 Votre régiment a-t-il soulevé cette question auprès du quartier
16 général du HVO ? A-t-il demandé des explications ? Ou n’est-ce pas quelque
17 chose que l’on fait habituellement ?
18 M. Parrott (interprétation). - Je ne suis pas certain de la
19 position du commandement sur ce point. Mais je sais qu’à plusieurs
20 reprises, au cours de nos visites, le colonel Stewart et les Nations Unies
21 ont effectivement essayé d’organiser des négociations entre les
22 différentes factions.
23 M. Riad (interprétation). - Les quartiers généraux étaient
24 informés de la situation ?
25 M. Parrott (interprétation). - De quel quartier général s’agit-
Page 5095
1 il ?
2 M. Riad (interprétation). - Du HVO.
3 M. Parrott (interprétation). - Je ne sais pas s’ils ont été
4 informés de cela, mais je suppose que cela a été le cas.
5 M. Riad (interprétation). - Je vous remercie.
6 ous en avons terminé. A présent, nous vous rendons au service de
7 votre unité.
8 Monsieur le Greffier, vous pouvez faire raccompagner le témoin,
9 s'il vous plaît.
10 (Le sergent Parrott est reconduit hors de la salle d'audience.)
11
12
13
14 M. le Président. - Maître Kehoe, maître Harmon, témoin suivant,
15 s'il vous plaît.
16 M. Kehoe (interprétation). - Volontiers, monsieur le Président.
17 C’est Maître Paterson qui va mener l'interrogatoire.
18 M. le Président. - Est-ce un témoin protégé ?
19 Mme Paterson (interprétation). - Non, le témoin n'est pas
20 protégé, c'est encore un militaire britannique. Voulez-vous d'abord avoir
21 ma synthèse, avant que le témoin ne comparaisse ?
22 M. le Président. - Oui, tout à fait. Votre synthèse et vos
23 objectifs.
24 Mme Paterson (interprétation). - Monsieur le Président, le
25 témoin suivant est le Major Roy Hunter. C'est un officier de l’armée
Page 5096
1 britannique. Le commandant Hunter a été affecté au bataillon dans la
2 région de Vitez, en mai 1993. Il y a servi pendant plusieurs mois. Il vous
3 décrira, pour l’essentiel, trois incidents, auxquels il a participé ou
4 qu'il a observé.
5 Il parlera d'un incident survenu le 19 mai 1993, au cours duquel
6 il a été réveillé par des coups de feu, des coups de fusil, et il a vu des
7 maisons musulmanes en feu, de l'autre côté de la rue. Il décrira
8 brièvement les actions qu'il a entreprises, eu égard à ces maisons.
9 Ensuite, il parlera d’une réunion à laquelle il a participé, le
10 20 mai 1993, à l'hôtel Vitez, où il a rencontré trois dirigeants de la
11 communauté croate, des dirigeants locaux, au niveau de la ville de Vitez.
12 Il discutera de cette réunion en détails et dira quelles sont les
13 personnes auxquelles il a parlé, au cours de cette réunion.
14 Et enfin, il discutera d'un incident survenu le 20 mai, dans
15 l’après-midi, date à laquelle il est aussi allé dans le village de Donja
16 Veceriska, le 20 mai 1993, donc presque un mois après les incidents. Il a
17 vu que des maisons musulmanes du village ont été incendiées. Il vous
18 parlera d'une rencontre avec des soldats dans ce village, cet après-midi-
19 là.
20 Voilà, en substance, quel sera le contenu de ce témoignage. De
21 l’avis de
22 l’accusation, ce témoignage peut être utile pour prouver le chef
23 n° 1 de l'acte d'accusation, relatif aux persécutions, notamment le
24 paragraphe 7.1, 6.1, 6.6 et 6.7 « transfert des civils ».
25 Son témoignage permettra également de prouver le contenu du chef
Page 5097
1 n° 13 « pillage des propriétés », notamment dans le village de Donja
2 Veceriska. Il parlera brièvement de quelques incidents qui ont porté sur
3 le village de Grbavica, également.
4 M. le Président. - Je vous remercie de cette synthèse rapide,
5 mais très utile.
6 Monsieur le Greffier, on peut demander à M. l'huissier
7 d'introduire le major Roy Hunter. On commencera pendant un quart d’heure -
8 vingt minutes, avant d’ajourner à demain.
9 Mme Paterson (interprétation). - Monsieur le Président, je
10 voudrais demander à M. Dubuisson s'il peut nous donner les numéros des
11 pièces à conviction qui ont été pré-enregistrées. Pourriez-vous me citer
12 ces cotes, s'il vous plaît ?
13 M. Dubuisson. - Pour la grande photo aérienne, il s’agit de la
14 pièce 172.
15
16
17
18
19
20
21 (Le témoin, M. Roy Hunter, est introduit dans la salle.)
22 M. le Président. - M’entendez-vous Major ?
23 M. Hunter (interprétation). - Oui, je vous entends.
24 M. le Président. - Vous allez donner au Tribunal votre grade,
25 votre prénom et votre nom.
Page 5098
1 M. Hunter (interprétation). - Je suis major dans l'armée
2 britannique et je m'appelle Roy Hunter.
3 M. le Président. - Vous allez rester debout, pour lire la
4 déclaration solennelle que va vous tendre M. l'huissier.
5 M. Hunter (interprétation). - Je déclare solennellement que je
6 dirai la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.
7 M. le Président. - Merci Major, vous pouvez vous asseoir. Vous
8 avez été cité par le procureur, dans le cadre du procès qui est poursuivi
9 à l'encontre du général Blaskic. L'accusation nous a indiqué sommairement,
10 mais de façon assez complète, les trois sortes d'incidents; celui du 19
11 d'une part, et puis deux concernant le 20 mai, dont une réunion avec les
12 dirigeants locaux croates, que vous devez nous narrer.
13 Le procureur vous posera ensuite, ou peut-être au cours de votre
14 déclaration, les questions qui lui permettront de préciser les données qui
15 viennent au soutien des accusations contenues dans l’acte d’accusation.
16 Maître Paterson, vous pouvez commencer.
17 Mme Paterson (interprétation). - Merci, monsieur le Président.
18 Commandant Hunter, quelques petites précisions avant que nous commencions.
19 Comme je vous l’ai expliqué auparavant, nous parlons tous les deux
20 anglais, mais il faudra essayer d'avoir un débit lent et surtout, d'avoir
21 des interruptions entre les questions et les réponses, de sorte que les
22 interprètes puissent faire leur travail. Et les juges préféreraient que
23 vous vous adressiez à eux, lorsque vous
24
25 répondez aux questions.
Page 5099
1 Commandant Hunter, avez-vous rejoint l'armée britannique en
2 1978 ? Servez-vous, pour le moment, dans le régiment du Prince de Galles ?
3 Etes-vous affecté, pour le moment, à l’Ecole de Défense de Langues, et
4 étudiez-vous le russe, dans cette école ?
5 M. Hunter (interprétation). - C’est exact, oui.
6 Mme Paterson (interprétation). - Etes-vous allé en ex-
7 Yougoslavie, au cours de vos exercices militaires, pour la première fois,
8 pour une semaine de reconnaissance à Vitez, en février 1993 ?
9 M. Hunter (interprétation). - A la fin du mois de février, pour
10 une semaine, simplement.
11 Mme Paterson (interprétation). - Etes-vous retourné, une fois de
12 plus, en Bosnie, le 28 avril 1993, et plus précisément, dans la ville de
13 Vitez ?
14 M. Hunter (interprétation). - C’est exact.
15 Mme Paterson (interprétation). - Et le 11 mai 1993, votre
16 régiment du Prince de Galles a-t-il pris la responsabilité, ou a-t-il
17 relevé le régiment de Cheshire, qui était le régiment précédent, dans la
18 région de Vitez ?
19 M. Hunter (interprétation). - Oui.
20 Mme Paterson (interprétation). - Pouvez-vous dire quelles
21 étaient vos responsabilités, vos obligations, et votre position, lorsque
22 vous étiez en Bosnie ?
23 M. Hunter (interprétation). - A cette époque-là, je commandais
24 une compagnie. Je commandais donc environ cent à cent vingt soldats. Et
25 j'avais également vingt véhicules blindés sous mes ordres. Du point de vue
Page 5100
1 des forces britanniques de Stari Bila, cela recouvrait environ 50% des
2 forces présentes en ce lieu. Ma compagnie était une compagnie A, et les
3 autres troupes appartenaient à une compagnie C. Quant à la compagnie B,
4 elle se trouvait à Gornji Vakuf.
5 Mme Paterson (interprétation). - Fort bien, Commandant Hunter.
6 Vous êtes arrivé
7
8 à Vitez vers la fin du mois d'avril 1993. Je vais vous demander d'évoquer
9 certains événements qui se sont produits en mai 1993, le 19 mai. Donc ces
10 événements se sont produits deux ou trois semaines après votre arrivée en
11 Bosnie.
12 M. Hunter (interprétation). - Oui, c'est-à-dire à la fin de la
13 première semaine de ma présence sur le théâtre des opérations.
14 Mme Paterson (interprétation). - Je vais vous demander de
15 décrire un incident qui est survenu le 19 mai 1993. Mais avant que vous ne
16 commenciez le récit, j'aimerais présenter quelques pièces qui vous
17 serviront au cours de votre déposition.
18 D'abord, nous avons préparé un agrandissement d'une photographie
19 aérienne, mais mon collègue me dit que la grande photo aérienne n'a pas
20 encore été versée au dossier. Il faudra donc demander le versement de
21 cette grande pièce avant. L'original est important. Est-il bien placé sur
22 le chevalet, monsieur Dubuisson, c’est bien celui-là l’original ? C'est la
23 pièce 172 ? C’est bien cela ?
24 M. Dubuisson. - C'est bien cela.
25 Mme Paterson (interprétation). - Je pense que cette photographie
Page 5101
1 représente Stari Bila, et la base britannique qui était stationnée sur ce
2 lieu, au village de Grbavica, un village situé juste au sortir de Vitez.
3 M. Hunter (interprétation). - Oui.
4 Mme Paterson (interprétation). - C'est un agrandissement d'une
5 partie de cette pièce 172. On pourrait la mettre sur le rétroprojecteur.
6 Commandant, avant d'entrer au prétoire, avez-vous eu l'occasion
7 de voir ce graphique préparé avec moi ?
8 M. Hunter (interprétation). - Oui, en effet.
9 Mme Paterson (interprétation). - Avons-nous effectivement placé
10 ces numéros et ces cercles ?
11
12 M. Hunter (interprétation). - Oui, nous l'avons fait hier.
13 Mme Paterson (interprétation). - Avez-vous vu eu l'occasion
14 d'observer la légende qui se trouve en bas du graphique ? Est-ce bien
15 correct ?
16 M. Hunter (interprétation). - Oui, c'est bien exact.
17 Mme Paterson (interprétation). - Pourriez-vous décrire
18 brièvement à l'intention des juges ce qui s'est passé le matin du
19 19 mai 1993, lorsque vous vous trouviez à votre base, juste à l'extérieur
20 de Vitez ? Pourriez-vous vous servir de cette carte pour votre
21 description ?
22 M. Hunter (interprétation). - Oui, absolument. A 5 heures du
23 matin à peu près, j'étais encore au lit à l'endroit où j'étais hébergé à
24 l'époque. Il y avait quatorze officiers britanniques dans cette maison.
25 J'ai été réveillé par le bruit de coups de feu tirés d'une arme
Page 5102
1 automatique. Je crois que j'ai dû entendre tirer vingt ou trente rafales.
2 Ces bruits venaient de l'autre côté de la rue.
3 Je me suis donc levé pour voir ce qui se passait et j'ai vu que
4 deux ou trois maisons étaient déjà en flamme de l'autre côté de la rue.
5 C'étaient des maisons qui, à l'époque, étaient occupées par des familles
6 musulmanes. Mais le reste du village, à ce niveau-là, était entièrement
7 croate à l'époque. Il ne s'agissait donc que de quelques rares maisons
8 musulmanes qui se trouvaient encore de ce côté de la route.
9 Les maisons situées par ici étaient également occupées par des
10 familles musulmanes et dans celles-ci se trouvaient des familles croates.
11 Ce qui s'était passé, c'est que le HVO avait occupé ces maisons et les
12 membres de ces familles -quatre ou cinq familles- avaient été expulsés de
13 leurs maisons. Ils avaient traversé la route et cherché refuge dans les
14 maisons des familles musulmanes qui entouraient la maison où j'étais
15 stationné.
16 Un homme avait été tué de ce côté-ci de la route. C'était
17 M. Subasic. Il avait à peu près soixante ans et était le père d'un homme
18 que je connaissais, avec lequel j'avais eu quelques relations, et qui
19 s'appelait Muni Subasic. Cette maison avait été évacuée et la maison en
20 question
21
22 était déjà en flamme.
23 Ce qui signifie que les soldats du HVO ont pu occuper ces
24 maisons et établir une nouvelle ligne de front qui leur donnait un
25 meilleur champ de vision sur les champs, car de l'autre côté, du côté de
Page 5103
1 Grbavica, sur les terrains plus élevés, se trouvait la ligne de front de
2 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait occupé les maisons situées le long
3 de cette crête.
4 Grâce à cette opération, le HVO a donc acquis la possibilité de
5 mieux répondre aux coups de feu par dessus le pont qui se trouvait-là, un
6 pont très important qui, à cette époque-là, n'était pas tombé entièrement
7 sous le contrôle des forces du HVO. Elles n'ont réussi à en prendre le
8 contrôle entièrement qu'en septembre 1993.
9 Mme Paterson (interprétation). - Que s'est-il passé en
10 septembre 1993 ?
11 M. Hunter (interprétation). - En 1993 -je crois que c'était le 6
12 ou le 7 septembre-, un assaut du HVO, utilisant des mortiers de
13 l'infanterie, s'est produit. C'était un assaut de grande importance qui a
14 couvert toute la région de Grbavica et après cette attaque, tout le
15 village de Grbavica a été incendié. A ce moment-là, il y avait très peu de
16 gens dans le village.
17 M. le Président. - Je voudrais...
18 M. Hunter (interprétation). - Oui, 1993. Ai-je dit autre chose ?
19 1993.
20 M. le Président. - C'était donc plusieurs mois après !
21 M. Hunter (interprétation). - Oui.
22 M. le Président. - Pardonnez-moi pour cette interruption.
23 Allez-y.
24 M. Hunter (interprétation). - Je peux continuer. Ce qui s'est
25 passé à ce moment-là, c'est qu'à peu près à 7 heures du matin, j'ai pris
Page 5104
1 deux véhicules blindés et je me suis dirigé de l'autre côté de la route
2 pour voir ce qui s'était passé. Il y avait très peu d'activité. L'attaque
3 a été très rapide. Elle n'a duré sans doute que cinq ou dix minutes. Il
4 n'y avait donc pas grand-chose à faire sur le terrain à ce moment-là.
5 Je me suis contenté de patrouiller. Je suis passé devant les
6 maisons et j'ai pénétré
7
8 dans le village, c'est-à-dire le reste de Stara Bila. Un de mes collègues
9 a pu récupérer le corps de M. Subasic. Ce corps a été emporté vers la
10 mosquée de Grbavica qui se trouve à 500 mètres environ, dans cette
11 direction. Il y a été emporté pour être enterré. Voilà ce qui s'est passé
12 le matin du 19 mai 1993.
13 Mme Paterson (interprétation). - Merci beaucoup.
14 M. le Président. - Maître Paterson, je ne sais pas comment vous
15 voulez faire. Il est 17 heures 45. Préférez-vous poser une ou deux
16 précisions sur cet incident, compte tenu que nous allons peut-être
17 interrompre l'audience ? Nous le ferons demain. S'il s'agit d'une ou deux
18 précisions, nous le faisons tout de suite.
19 Mme Paterson (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.
20 J'aurais voulu simplement apporter une précision sur les points du
21 diagramme. Nous pourrons ensuite avoir l'interruption.
22 M. le Président. - Très bien, alors allez-y.
23 Mme Paterson (interprétation). - Fort bien, Commandant. Vous
24 avez fort bien utilisé ce diagramme, mais vous n'avez pas utilisé les
25 numéros en indiquant les endroits. Le n° 1, c'est l'endroit où vous étiez
Page 5105
1 logé ?
2 M. Hunter (interprétation). - Oui, c'est la maison dans laquelle
3 j'ai résidé jusqu'au mois de septembre. En septembre, il nous a fallu
4 déménager, parce que la maison était endommagée par des coups de mortier.
5 Mme Paterson (interprétation). - Le n° 2, c'est l'endroit où la
6 maison était en feu ?
7 M. Hunter (interprétation). - Oui, elle n'était pas complètement
8 brûlée. Le toit ne s'était pas écroulé.
9 Mme Paterson (interprétation). - Et le n° 3 correspond à toute
10 une série de maisons qui, pendant un certain temps, étaient occupées par
11 des Croates, n'est-ce pas ?
12 M. Hunter (interprétation). - A ce moment-là, ces maisons
13 n'étaient pas habitées. Il
14
15 n'y avait pas de famille vivant à l'intérieur, mais elles étaient occupées
16 par des soldats du HVO.
17 Mme Paterson (interprétation). - Et la ligne où il y a le n° 3/A
18 représente ce que vous avez dit être la ligne de front croate HVO,
19 n'est-ce pas ?
20 M. Hunter (interprétation). - Oui, les Croates étaient déjà en
21 position dans ces maisons et en expulsant les familles musulmanes des
22 maisons de la zone n° 2, ils ont réussi à établir une ligne complète
23 jusqu'à la rivière. Les Croates avaient des tranchées dans les jardins des
24 maisons situées dans la zone n° 3.
25 Mme Paterson (interprétation). - Le n° 4, c'est l'endroit où, à
Page 5106
1 l'époque, des Musulmans habitaient encore ?
2 M. Hunter (interprétation). - Pas dans ces maisons-là. Elles
3 étaient déjà vides et brûlées du sol jusqu'au toit. Mais je parle des
4 maisons de Grbavica, derrière, où il y avait encore des occupants
5 musulmans.
6 Mme Paterson (interprétation). - Fort bien. Et la ligne où il y
7 a le n° 4/A représente ce qui à l'époque était la ligne de front
8 musulmane ?
9 M. Hunter (interprétation). - Oui, il y avait des soldats de
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine dans tous les bâtiments situés ici et
11 également dans les bâtiments situés là.
12 Mme Paterson (interprétation). - Je vous remercie. Monsieur le
13 Président, j'allais passer à l'incident suivant. C'est peut-être le moment
14 rêvé pour avoir l'interruption.
15 M. le Président. - Nous allons interrompre. Nous reprendrons
16 demain à 10 heures 15.
17
18 L’audience est levée à 17 heures 45.
19
20
21
22
23
24
25