Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 12149

  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL  Affaire IT-95-14-T

  2   POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

  3  

  4   LE PROCUREUR

  5   c/

  6   Tihomir BLASKIC

  7          Mardi 29 septembre 1998

  8  

  9   L’audience est ouverte à 10 heures 10.

 10   M. le Président. - Vous pouvez vous asseoir.

 11   Monsieur le greffier, vous introduisez l'accusé, s'il vous

 12   plaît.

 13   (L’accusé, M. Blaskic, est introduit dans la salle d’audience.)

 14   Je voudrais d'abord saluer les interprètes. Tout le monde

 15   m'entend ?

 16   Interprète. -  Les interprètes sont prêts.

 17   M. le Président. - Les juges ont accepté exceptionnellement

 18   qu'un photographe d'une agence intervienne, à la condition que l'accusé

 19   soit d'accord, ce qui nous a été confirmé.

 20   Nous pouvons maintenant reprendre nos travaux avec la suite de

 21   l'interrogatoire du général Marin. Il faudrait peut-être le faire entrer.

 22   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 23   M. le Président. – Général, vous vous m'entendez ?

 24   M. Marin (interprétation). – Oui, je vous entends.

 25   M. le Président. - Nous allons continuer. Maître Nobilo,


Page 12150

  1   poursuivez : c'est toujours à vous.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Général, hier, nous avons

  3   vu une série de rapports de combats. Et aujourd'hui, dans les heures à

  4   venir, nous allons voir toute une série de ce genre de rapports de combats

  5   concernant les affrontements du mois d'avril 1993. Dites-nous,

  6   aujourd'hui, cinq ans après ces événements, pouvez-vous nous affirmer que

  7   ces rapports étaient toujours à cent pour cent fiables ou bien s'il

  8   pouvait arriver qu'ils contiennent des informations pas tout à fait

  9   exactes ?

 10   M. Marin (interprétation). - Le contenu des rapports dont on

 11   parlera aujourd'hui et de ceux dont on a parlé hier n'était pas toujours

 12   absolument précis. Pour quelles raisons ? Je vais les énumérer.

 13   Quand j'ai parlé de la structure de nos unités, j'ai insisté sur

 14   le fait que nous n'avions pas suffisamment de personnel formé, ce qui a

 15   fait que la qualité des rapports, qui parvenaient au commandant de la zone

 16   opérationnelle et qui lui étaient destinés des commandants, étaient

 17   parfois imprécise. Nous verrons des rapports qui sont parfois rédigés par

 18   des officiers formés, qui étaient toujours beaucoup plus précis que

 19   certains autres.

 20   Vous avez vu des rapports de Zonimir Macic, de la brigade de

 21   Travnik ; c'était un journaliste de formation : c'est ainsi qu'il

 22   rédigeait ses rapports. Pour nous, au sein du commandement de la zone

 23   opérationnelle, cela représentait un problème. Cependant, c'étaient les

 24   seuls rapports dont nous disposions et nous devions nous y fier.

 25   M. Nobilo (interprétation). – Certaines relations, certains


Page 12151

  1   rapports qui étaient liés à la structuration de vos unités, vous avez

  2   évoqué les problèmes de familiarité et autres : est-ce que ceci a

  3   influencé le contenu des rapports ?

  4   M. Marin (interprétation). – Oui, tout à fait. Il y a eu des

  5   informations implicites

  6   pour des raisons que vous avez mentionnées. Je vous ai dit que la

  7   structure du HVO était une structure fondée de manière territorial, selon

  8   le principe territorial par village. Donc des proches, des amis, des

  9   voisins, des connaissances rentraient dans ces unités. Et c'est pour cette

 10   raison que, parfois, dans les rapports, nous n'avions pas des informations

 11   tout à fait exactes ou bien ces rapports ne reflétaient pas tout à fait la

 12   réalité de la situation sur le terrain.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Hier, nous avons lu des rapports

 14   sur la brigade de Vitez, de différents endroits où des affrontements ont

 15   éclaté. Aujourd'hui, nous voudrions consulter le rapport d'Ahmici. Je

 16   demanderai l'assistance de l'huissier pour distribuer le rapport qui est

 17   parvenu à la date du 16 avril d'Ahmici.

 18   M. Dubuisson. - Il s'agit du document D.280 a, pour la version

 19   française, D.280 b, pour la version anglaise.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Je le lirai, ce rapport n'est pas

 21   très long et j'estime qu'il est d'importance décisive. Je lis :

 22   " Commandement du quatrième bataillon de la police militaire s'adresse à

 23   la zone opérationnelle à la date du 16 avril 1993 ».

 24   Je lis : " Conformément à votre ordre numéro 01-04-243/93 du

 25   16 avril 1993 », bien que 93 n'est pas très lisible et rayé, puis on voit


Page 12152

  1   1993, « Nous vous transmettons par la présente ce qui suit.

  2   Rapport : de bon matin les forces armées musulmanes ont tenté de

  3   lancer une attaque contre les unités de la police militaire situées dans

  4   le bungalow. On a répondu à l'attaque et on s'est engagé dans les actions

  5   et les procédés de combat pour les chasser. MOS, forces armées musulmanes,

  6   se sont barricadées dans la mosquée à Ahmici, à l'école primaire, d'où ils

  7   tirent avec des armes à feu et « canardent ». Ils font feu léger de la

  8   direction des villages de Vrhovine et Pirici et les « canardeurs » tirent

  9   constamment des forêts, des clairières au-dessus des villages. Jusqu'à

 10   maintenant, trois de nos policiers ont été tués et trois blessés, l'un

 11   d'eux gravement. Le personnel se trouve aux champs.

 12   Commandant (signature), sceau de la police militaire. »

 13   En premier lieu, Général, s'agit-il d'un rapport que vous avez

 14   reçu à la date du 16 avril 1993 ?

 15   M. Marin (interprétation). - Oui, nous avons reçu ce rapport le

 16   16 avril 1993.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce bien la signature du

 18   commandant ou est-ce la signature de quelqu’un d’autre ?

 19   M. Marin (interprétation). - Ce n'est pas la signature du

 20   commandant de cette compagnie de la police militaire. Ceci a été signé par

 21   la personne responsable, je pense que c’était la personne qui était de

 22   charge au centre d'opérations du 4ème Bataillon. Quant au tampon, il vient

 23   du commandement du 4ème Bataillon de la police militaire.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Cette copie est-elle entièrement

 25   fidèle au rapport que vous avez reçu d'Ahmici, le 16 avril 1993 ?


Page 12153

  1   M. Marin (interprétation). - J'ai dit que je me souvenais de ce

  2   rapport. Je peux affirmer qu'il s'agit d'une copie fidèle du rapport que

  3   nous avons reçu le 16 avril 1993.

  4   M. Nobilo (interprétation). - La première ligne... Pouvez-vous

  5   jeter un coup d'œil à la première ligne, Général ? Ici, il est dit :

  6   "Conformément à votre ordre n°...", le n° suit, "du 16 avril", donc il

  7   s'agit d'un ordre émis le même jour. De quoi S'agit-il ?

  8   M. Marin (interprétation). – J'ai déjà parlé du 16 et des

  9   affrontements qui avaient éclaté sur le territoire de la municipalité de

 10   Vitez et de celle de Busovaca.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Il n'est pas nécessaire de le

 12   montrer. Nous l'avons vu hier.

 13   M. Marin (interprétation). - Nous avons vu que des éclatements

 14   ont éclaté sur la route, vers le village d'Ahmici. Le commandant de la

 15   zone opérationnelle disposait de cette information, mais ce qui

 16   l'intéressait, c'était de savoir ce qui allait se produire par la suite.

 17   La police militaire ne nous informait pas régulièrement, vu sa manière de

 18   fonctionner ; donc elle ne

 19   nous informait qu'occasionnellement.

 20   Le commandant de la zone opérationnelle, pour savoir exactement

 21   ce qui passait sur la route de Vitez-Busovaca, a émis un ordre écrit sous

 22   le numéro 01-04-243 du 16 avril et il a ordonné au commandant de cette

 23   compagnie de la police militaire de l'informer par un rapport. C'est le

 24   rapport que nous voyons, qui présente la situation dans cette zone et sur

 25   cette route.


Page 12154

  1   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Peut-on distribuer le

  2   document suivant ?

  3   En attendant que le document nous soit distribué, pouvez-vous

  4   dire à la Chambre, Général, si un autre rapport serait arrivé au

  5   commandement de la part de la police militaire à la date du 16 avril

  6   1993 ?

  7   M. Marin (interprétation). - Non.

  8   M. Dubuisson. – Document D281 : D281a pour la version française,

  9   D281b pour la version anglaise.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons lu jusqu'à

 11   présent des rapports du 16. Donc, à la date du 16 avril 1993, à

 12   19 heures 45, Tihomir Blaskic donne un ordre de combat pour la défense de

 13   Kuber et il l'adresse au commandant de la brigade Nikola Subic-Zrinjski.

 14   Je lis le point 1.

 15   "1. Des forces extrémistes musulmanes avancent depuis Gornja et

 16   Zenica vers Kuber en vue de la capturer et de l'isoler entièrement.

 17   2. Votre tâche est la suivante : renforcer la défense de Kuber

 18   avec vos troupes les mieux préparées et les plus capables et persister

 19   dans sa défense.

 20   La force minimale à employer est d'une compagnie, 120 soldats."

 21   3. Vous devez coordonner vos actions avec la Brigade Viteska et

 22   vous assurer que Kuber ne tombe pas. Après avoir tenu la ligne de défense,

 23   vous devez me faire un rapport écrit.

 24   Commandant Tihomir Blaskic, signature Iso."

 25   Pouvez-vous nous dire, Général, en premier lieu, si cette copie


Page 12155

  1   reflète fidèlement l'aspect du document original daté du 16 avril 1993 à

  2   19 heures 45 ? Et si oui, comment pouvez-vous l'affirmer ?

  3   M. Marin (interprétation). - Cette copie reflète fidèlement le

  4   contenu du document original qui a été créé au sein du commandement de la

  5   zone opérationnelle de Bosnie centrale, à la date du 16 avril 1993 à

  6   19 heures 45. Je peux l'affirmer puisque je reconnais la signature du

  7   commandant Tihomir Blaskic. Je reconnais le sceau de la zone

  8   opérationnelle et ce qui est écrit à la main, en haut, est écrit de ma

  9   main selon l'ordre du commandant de la zone opérationnelle puisque de

 10   certaines unités, nous avions des problèmes de transmission d'ordres. Donc

 11   ici, il est dit : "avertissement verbal relatif à l'exécution et à la

 12   soumission de rapport à réception d'ordre de combat".

 13   M. Nobilo (interprétation). - Que vouliez-vous obtenir par là ?

 14   M. Marin (interprétation). - Notre objectif était d'insister

 15   oralement, en plus de l'ordre écrit. Nous insistions sur le fait que ces

 16   rapports devaient être complets et réguliers pour que nous puissions avoir

 17   connaissance de la réalité de la situation sur le terrain, pour pouvoir

 18   entreprendre des actions. Pour pouvoir montrer au commandant que j'ai

 19   exécuté son ordre, j'ai fait cette remarque, j'ai noté, à la main, ceci

 20   sur le document original et c'est resté sur la copie.

 21   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous pourquoi parle-t-on

 22   tant de Kuber ? Pourquoi cette colline est-elle si importante ? Quelles

 23   unités devaient se rendre sur cette montagne ?

 24   M. Marin (interprétation). - Il s'agit d'une montagne, la

 25   montagne de Kuber, qui est le site clé dans la vallée de la Lasva pour la


Page 12156

  1   défense des localité et des routes dans la vallée de la Lasva. Hier, quand

  2   j'ai parlé des axes principaux d'attaques, vous avez vu que l'axe

  3   principal de Zenica passe justement par la montagne de Kuber.

  4   M. Nobilo (interprétation). – Oui, Général, ce serait très bien

  5   si vous pouviez le

  6   montrer une fois de plus puisque nous ne sommes pas tous des soldats ?

  7   Pouvez-vous nous montrer cette montagne, l'axe principal de Zenica et par

  8   où vous pouviez avancer si Kuber était pris.

  9   (Le témoin s'exécute.)

 10   M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président,

 11   Messieurs les Juges, ceci est la montagne de Kuber. Elle se trouve

 12   exactement entre Zenica, donc une ville importante, et la zone de la

 13   vallée de la Lasva. Elle touche la route Vitez-Busovaca-Zenica. Si on est

 14   capable de prendre cette montagne, on contrôle entièrement cette route, ce

 15   qui veut dire qu'on a toujours la possibilité de couper cette route, même

 16   avec des unités de moindre importance. C'est pour cette raison que cette

 17   montagne a une grande importance. C'est pourquoi le commandant a décidé

 18   d'insister particulièrement sur la défense de cette montagne.

 19   Si vous l'avez remarqué dans le texte, on dit : "Kuber ne doit

 20   pas tomber." Dans la terminologie militaire lorsqu'on donne l'ordre à une

 21   unité de défendre à tout prix, cela veut dire que l'unité ne doit jamais

 22   se replier même si les soldats devaient y perdre leur vie. C'est ce genre

 23   d'ordre dans la stratégie militaire.

 24   M. Nobilo (interprétation). – Général, pouvez-vous expliquer à

 25   la Chambre, de quelle direction, quelle force pouvait représenter une


Page 12157

  1   menace pour la montagne de Kuber, d'où devaient parvenir ces forces qui

  2   pouvaient représenter une menace pour Kuber ?

  3   Puis, si on tient Kuber, à quels endroits peut-on facilement

  4   couper la route principale de la vallée de la Lasva ?

  5   M. Marin (interprétation). – Les forces principales que nous

  6   attendions de Zenica, dont la mission était de prendre la direction

  7   Zenica-Kuber-Vitez, donc d'effectuer un mouvement selon cet axe-là,

  8   d'effectuer une attaque dans cette direction-là et avaient pour mission de

  9   traverser Kuber et d'effectuer une jonction avec les forces locales dans

 10   les villages musulmans de la municipalité de Vitez, via la montagne Kuber,

 11   pour couper la route Vitez-Busovaca. Vous voyez, c'est dans la zone de

 12   Kaonik et dans la zone du village d'Ahmici que l'on coupe plus facilement

 13   la route.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous aider le témoin, s'il

 15   vous plaît ?

 16   Général, pouvez-vous nous dire pour quelles raisons M. Blaskic,

 17   n'agit qu'à 19 heures 45, ne donne-t-il son ordre qu'à 19 heures 45 pour

 18   ordonner la défense de la vallée de la Lasva ?

 19   M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président,

 20   Messieurs les Juges, si vous vous souvenez de ma déposition d'hier, j'y ai

 21   dit qu'un groupe d'officiers et le commandement de la zone opérationnelle

 22   avaient tenu une réunion à la base de la FORPRONU où un cessez-le-feu

 23   total a été convenu. Sur la base de ce rapport, le commandant de la zone

 24   opérationnelle avait donné l'ordre d'interrompre toute activité militaire.

 25   Mais les rapports qui nous parvenaient du terrain nous laissaient entendre


Page 12158

  1   que l'armée de Bosnie-Herzégovine non seulement ne respectait pas le

  2   cessez-le-feu, mais entamait des mouvements importants de forces de

  3   Zenica, avec pour objectif de prendre un contrôle total sur les

  4   municipalités de Vitez et de Busovaca.

  5   Donc l'objectif initial a été élargi, et d'après leurs axes de

  6   mouvement, on voit que la municipalité de Busovaca faisait partie

  7   également de leurs missions. Donc ce que devait faire à ce moment-là le

  8   commandement de la zone opérationnelle était de prendre un ordre aussi

  9   important et d'enjoindre ses unités à défendre la montagne par toutes les

 10   forces possibles.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Général, vous êtes militaire ; je

 12   vous poserai une question théorique militaire. Si une attaque avait été

 13   planifiée par des forces musulmanes contre la vallée de la Lasva, un

 14   commandant aurait-il, par avance, placé 120 soldats sur la montagne de

 15   Kuber ?

 16   M. Marin (interprétation). - Tout à fait, c'est la seule logique

 17   raisonnable.

 18   M. Dubuisson. - Il s’agit du document D282a, pour la version

 19   française, D282b, pour la version anglaise.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Donc, nous allons lire une portion

 21   du document D282. "Le commandement de la zone opérationnelle de la Bosnie

 22   centrale", autrement dit le colonel Blaskic, à la date du 16 avril 1993, à

 23   19 heures 40, s'adresse au commandant du bataillon de la police militaire

 24   et pour information à la brigade de Travnik.

 25   Il s'agit du redéploiement de la compagnie de la police


Page 12159

  1   militaire de Travnik vers Vitez. Je lis le texte : "Suite à 

  2   l’intensification des combats par les forces musulmanes dans la région de

  3   la municipalité de Vitez, et afin de fournir des renforts aux troupes de

  4   la brigade Viteska, j’émets par la présente le présent commandement.

  5   L'unité de quatrième bataillon de la police militaire actuellement

  6   stationnée dans la ville de Travnik sera immédiatement transférée à Vitez.

  7   Toutes les activités relatives à ce transfert seront conduites dans le

  8   plus grand secret."

  9   Je ne lis pas le reste car je considère que le reste n'est pas

 10   pertinent pour le moment. De quoi s'agit-il, Général ?

 11   M. Marin (interprétation). - Il s'agit d'un commandement conduit

 12   dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale en date du 16 avril 1993 à

 13   19 heures 40. J'ai rédigé moi-même cet ordre qui a été signé par le

 14   colonel Blaskic. Il s'agit d'un ordre adressé au commandant du quatrième

 15   bataillon de la police militaire.

 16   Etant donné l’intensification des combats et des forces plus

 17   importantes de Zenica et le manque de niveau de préparation de la brigade

 18   Viteska, afin d'aider, le commandant a donné l'ordre que ces unités de la

 19   police militaire qui se trouvaient à Vitez arrivent en renfort pour aider

 20   à la défense de la ville de Vitez.

 21   On peut juger d'après ce rapport que le commandant de la zone

 22   opérationnelle a planifié… S'il avait planifié une attaque contre les

 23   forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ces forces auraient été

 24   redéployées avant et non pas le 16 avril 1993 à 19 heures 40, au moment où

 25   la situation était déjà bien complexe et incertaine pour ce qui est de la


Page 12160

  1   défense de Vitez et de Busovaca.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons une erreur

  3   dans le transcript, mon collègue Hayman me le signale que dans le texte

  4   anglais, on voit que le commandant a planifié l'attaque, alors que vous

  5   vous avez dit : « S'il avait planifié, alors il aurait redéployé ses

  6   unités vers Vitez. » Je demanderai que le transcript soit corrigé.

  7   Puisqu'il s'agit d'un élément important. Je vous repose la même question.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Vous, en ce qui concerne la

  9   planification de cette attaque, que pouvez-vous en déduire de cet ordre ?

 10   M. Marin (interprétation). - Si le commandant de la zone

 11   opérationnelle de Bosnie centrale avait planifié une attaque contre

 12   l'armée de Bosnie-Herzégovine, il aurait redéployé auparavant ces forces-

 13   là. Puisqu'il ne l'a pas fait, puisqu'il n'a pas du tout planifié une

 14   attaque, qu'il n'a pas prévu de mener une attaque contre l'armée de

 15   Bosnie-Herzégovine, alors, dans la situation dans laquelle il s'est trouvé

 16   le 16 avril 1993 suite à l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur

 17   les municipalités de Vitez et de Busovaca et suite aux mouvements

 18   importants de troupes de l'autre côté pour défendre Vitez et Busovaca, il

 19   a émis cet ordre-ci.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous demandez des renforts

 21   quand vous vous adressez à d'autres unités qui se trouvent ailleurs, est-

 22   ce que cela veut dire que vous êtes faible, puisque vous avez besoin de

 23   renforts ?

 24   M. Marin (interprétation). – Oui. C'est pour cela que l'on

 25   demande des renforts.


Page 12161

  1   M. Nobilo (interprétation). – Peut-on voir un autre document,

  2   s'il vous plaît ?

  3   M. Dubuisson. – Document D283, D283a pour la version française,

  4   D283b pour la version anglaise.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons devant nous un

  6   ordre qui a été émis par le colonel Blaskic le 16 avril 1993 à

  7   20 heures 15. Il s'adresse à la brigade Stjepan Tomasevic de Novi Travnik.

  8   Quel est le titre de ce document : "Ordre de renforcer le contrôle sur le

  9   territoire" ? On dit dans le préambule :

 10   "Sur la base des renseignements obtenus au sujet des itinéraires

 11   que les forces musulmanes pourraient emprunter pour traverser le

 12   territoire de la municipalité de Vitez, Gornja Vecerska et Donja Vecerska

 13   et dans le but de les empêcher en temps et de manière opportune de

 14   traverser ledit territoire, je donne le présent ordre. L'ordre concerne

 15   les déploiements des unités de la brigade de Novi Travnik".

 16   A la fin, on trouve le point 4, où il est dit :

 17   "Un rapport sur l'exécution de cet ordre devrait m'être envoyé

 18   le 16 avril 1993, au plus tard à 24 heures."

 19   Pouvez-vous me dire tout d'abord s'il s'agit d'une copie fidèle du

 20   document original qui a été rédigé par le colonel Blaskic le 16 avril à

 21   20 heures 15 ?

 22   M. Marin (interprétation). – Oui, il s'agit d'une copie fidèle

 23   de l'original. C'est moi-même qui ai tapé ce document qui a été signé par

 24   le colonel Blaskic.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous me dire d'où auraient


Page 12162

  1   dû être déployées ces forces ? Pouvez-vous nous montrer sur notre maquette

  2   où se trouvent Gornja Vecerska et Donja Vecerska et la manière dans

  3   laquelle ces unités devaient pénétrer dans la municipalité, dans quel axe

  4   devait se placer ce déploiement ?

  5   M. Marin (interprétation). - Elles auraient dû arriver de l'axe

  6   auxiliaire.

  7   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, Novi Travnik se

  8   trouve ici et la municipalité de Novi Travnik est ici. Selon cet ordre et

  9   sur la base des renseignements obtenus, le commandement de la zone

 10   opérationnelle s'attendait à ce que les unités de l'armée de Bosnie-

 11   Herzégovine, de Novi Travnik, déploient une partie de leurs unités via

 12   Vosiska Rovna (Vosiska Rovna est ici) en direction de Gornja et Donja

 13   Vecerska, ce qui aurait pu garantir une jonction avec leurs unités dans la

 14   zone de Donja Vecerska et de Kruscica.

 15   M. Nobilo (interprétation). - L'armée de Bosnie-Herzégovine

 16   avait-elle déjà des forces positionnées à Donja Vecerska et Kruscica ?

 17   M. Marin (interprétation). – Oui. L'armée de Bosnie-Herzégovine

 18   avait ses forces locales à Donja Vecerska alors qu'à Kruscica, en plus de

 19   ses forces locales, elle avait les forces qui étaient parvenues le 14 ou

 20   le 15, les forces dont on a déjà parlé la veille.

 21   M. Nobilo (interprétation). – Donja Vecerska, en tant que

 22   localité, pourquoi était-elle particulièrement importante dans la

 23   municipalité de Vitez ?

 24   M. Marin (interprétation). – Donja Vecerska –c'est ce que je

 25   montre ici- était importante pour deux raisons. D'une part, ce village se


Page 12163

  1   trouvait près de l'usine des explosifs, qui jouxte la barrière de

  2   l'ensemble de cette usine. Ce village se trouve à un kilomètre et demi des

  3   forces considérables de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Grbavica qui

  4   contrôlaient déjà cette route qui passe à côté de Grbavica. Cette route

  5   relie Vitez. C'est la route principale qui relie Vitez, Novi Travnik et

  6   Travnik.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Merci.

  8   Général, dites-nous si l'armée de Bosnie-Herzégovine avait une

  9   possibilité de manœuvrer de Novi Travnik, comme elle n'avait pas de front

 10   contre les forces serbes.

 11   M. Marin (interprétation). – Oui, ils avaient toute une brigade

 12   à leur disposition à Novi Travnik qui n'était pas engagée dans le front de

 13   défense contre la République Serbe à Novi Travnik.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Qui tenait les lignes de front

 15   dans la région de Novi Travnik face à l'armée de la Republika Srpska ?

 16   M. Marin (interprétation). - Les défenses contre l'armée de

 17   Republika Srpska, depuis le mois de mars 1992, c'est-à-dire depuis

 18   pratiquement un an, étaient tenues par des unités HVO.

 19   M. Nobilo (interprétation). – Pourriez-vous nous dire si vous

 20   savez quelles sont les municipalités dont provenaient ces unités HVO ?

 21   M. Marin (interprétation). - Je n'ai pas compris la question.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous savez de quelle

 23   municipalité provenaient ces unités qui détenaient le front contre les

 24   Serbes ?

 25   M. Marin (interprétation). – Les unités de HVO étaient des


Page 12164

  1   unités locales de Novi Travnik. Je parle des unités HVO évidemment.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Document suivant.

  3   M. Dubuisson. – Il s'agit du document D284 : D284a pour la

  4   version française, D284b pour la version anglaise.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Le document était rédigé la nuit

  6   du 16 au 17 avril 1993. Vous voyez que l'heure indiquée est 4 heures du

  7   matin. Ce document est rédigé par le colonel Blaskic qui s'adresse aux

  8   brigades de Viteska et de Busovaca. Ce document dit ceci : "D'après nos

  9   informations, l'ennemi se livrera aujourd'hui à d'intenses préparatifs

 10   militaires en prévision d'une offensive". C'est la première phrase.

 11   Au deuxième paragraphe, on précise : "La survie et la vie des

 12   habitants croates de la vallée de la Lasva sont en jeu. Cette question est

 13   tranchée aujourd'hui peut-être pour la dernière fois".

 14   Je saute deux paragraphes ; ensuite, on dit : "A la brigade

 15   Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca, la défense doit se concentrer sur Kuber

 16   qui doit être défendue par des soldats, non armés si nécessaire, ainsi que

 17   par des renforts. Les autres voies d'accès doivent être bloquées. Il faut

 18   prendre le contrôle total de Rovna et de Pezici. Au commandant de la

 19   brigade de Viteska : utiliser les forces principales pour défendre les

 20   voies d'accès partant de et allant vers la ville, en particulier depuis la

 21   direction de Poculica et Preocica, et vers Vranjska.

 22   Dans ce but, obtenez une jonction avec les forces de police et

 23   avec les forces auxiliaires. Assurez un blocus dans les environs de

 24   Vecerska. Si possible, prenez Donja Vecerska, le centre des sapeurs-

 25   pompiers, Kruscica et Vranjska. On souligne que le blocus est la


Page 12165

  1   priorité."

  2   Finalement, la dernière phrase : "Nous avons accompli cette

  3   mission à 80 % et nous devons encore faire de notre mieux aujourd'hui. Les

  4   soldats doivent veiller particulièrement à la façon dont ils traitent les

  5   civils (les personnes âgées, les femmes et les enfants) qui ne doivent pas

  6   être tués, car c'est un CRIME." Le mot crime est écrit en majuscules.

  7   C'est signé par le commandant colonel Tihomir Blaskic.

  8   Général, avez-vous vu ce document auparavant ? Cette photocopie

  9   est-elle une réplique fidèle du document original ?

 10   M. Marin (interprétation). – Oui, j'ai vu ce document le

 11   17 avril, lorsque je me suis réveillé ce matin-là. Cette copie est une

 12   copie authentique du document original rédigé au commandement de la zone

 13   opérationnelle ; c'est signé par le commandant Blaskic ; c'est lui qui a

 14   rédigé ce document. Il porte d'ailleurs le sceau de commandement de la

 15   zone opérationnelle. Je crois qu'il n'avait personne pour taper ce

 16   document ; donc il l'a tapé lui-même, je crois à la machine ; ensuite, on

 17   lui a donné à signer et il l'a envoyé à l'adresse qui est indiquée là.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites qu'il l'a tapé

 19   lui-même, cela veut dire qu'il y avait un software tout fait sur

 20   l'ordinateur, qui s'appelait "paquet" ? C'est pour cela que vous avez dit

 21   qu'il l'avait tapé sur le "paquet" ?

 22   M. Marin (interprétation). – Oui, c'est cela. Cela se reconnaît

 23   aux caractères utilisés : ce sont des caractères d'une imprimante

 24   d'ordinateur.

 25   M. Nobilo (interprétation). – Et la plupart de vos documents,


Page 12166

  1   comment étaient-ils rédigés ? Quel matériel utilisiez-vous ?

  2   M. Marin (interprétation). - Notre commandement avait peu de

  3   matériel de bureau. Comme vous le voyez ici, nous avions une petite

  4   machine à écrire mécanique et puis une plus grosse machine à écrire. C'est

  5   tout ce dont nous disposions.

  6   M. Nobilo (interprétation). – Pourriez-vous vous concentrer sur

  7   le troisième paragraphe, en commençant par le bas : sur les instructions

  8   concrètes pour la brigade de

  9   Viteska ?

 10   M. Marin (interprétation). - Le commandement de la brigade de

 11   Viteska avait la tâche de défendre les voies d'accès de la ville avec ses

 12   forces principales, en particulier depuis la direction de Poculica et de

 13   Preocica, et vers Vranjska.

 14   M. Nobilo (interprétation). – Est-ce que vous pourriez vous

 15   lever et montrer aux Juges quelle est la direction principale dont vont

 16   venir les forces le 17 et pourquoi envoie-t-on ce genre d'ordre à la

 17   Brigade de Vitezka ?

 18   M. Marin (interprétation). - Poculica et Preocica et vers

 19   Vranjska, en provenance de Poculica, ici vous voyez Poculica qui est une

 20   zone habitée se trouvant sur la route principale qui relie Vitez par

 21   Vitelica à Zenica.

 22   M. Nobilo (interprétation). – Quelles étaient les forces

 23   présentes à Poculica le 16 ?

 24   M. Marin (interprétation). - Les forces locales de l'armée de

 25   Bosnie-Herzégovine qui devaient établir la liaison avec les forces de


Page 12167

  1   Zenica et continuer ensuite de Poculica par Preocica -ici vous avez

  2   Preocica qui est un autre village sur la route-, où l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine avait des forces en présence. Ici, vous avez ici la route de

  4   Poculica. Ici, on se dirige vers Vranjska et l'intersection de la route se

  5   trouve ici, à la gare, dans la ville de Vitez. De cette manière, ils

  6   auraient le contrôle d'une partie de la ville de Vitez et établir la

  7   liaison avec le reste de leurs forces. C'est la route la plus courte.

  8   M. Nobilo (interprétation). – Est-ce qu'il y avait des forces de

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine à Vranjska ?

 10   M. Marin (interprétation). - Il y avait des forces locales et

 11   des forces qui étaient venues en renfort, le 13 ou le 14. Cela, nous en

 12   avons discuté.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Vous pouvez vous rasseoir. Merci.

 14   Veuillez regarder la dernière phrase : "Blaskic donne l'ordre de

 15   protéger les civils". Il dit qu'il ne faut pas tuer les civils parce que

 16   c'est un crime. Pourquoi précise-t-il cela après le

 17   premier jour d'engagement militaire. Dans la nuit du 17 avril, à 4 heures

 18   du matin, pourquoi demande-t-il aux soldats de ne pas tuer les civils ?

 19   Pourquoi souligne-t-il cela dans un ordre de combat ?

 20   M. Marin (interprétation). - Nous savons que le 16, une réunion

 21   avait  eu lieu au Siège de la Forpronu avec participation des membres de

 22   commandement des zones opérationnelles. Sur la route de Vitez, vers le

 23   siège de la Forpronu à Bilj, des membres de la zone de commandement de la

 24   zone opérationnelle, avec des officiers de la Forpronu, ont vu deux ou

 25   trois cadavres de civils.


Page 12168

  1   J'imagine que des membres du commandement de la zone

  2   opérationnelle en ont informé le commandant. Je pense que c'est la raison

  3   pour laquelle le commandant de la zone opérationnelle, dès 4 heures du

  4   matin, le 17 avril, a ajouté à cet ordre de combat cette référence à ce

  5   problème. Une autre raison, à mon avis, était que le général Blaskic était

  6   conscient du fait que des unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du

  7   HVO organisées au niveau des villages pouvaient se mêler à la population

  8   civile et qu'il y avait donc un danger grave pour les civils.

  9   Une autre raison encore pour laquelle il insiste sur ce point

 10   est que le général Blaskic était un homme très intègre, un homme

 11   d'honneur, un officier d'honneur du HVO.

 12   M. Nobilo (interprétation). – Document suivant.

 13   M. Nobilo (interprétation). – Document D285 : D285a pour la

 14   version anglaise.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Après cet avertissement lancé dans

 16   la nuit, nous allons essayer de procéder à une reconstruction des

 17   événements de la journée du 17 avril. A 6 heures, le 17 avril, nous avons

 18   un rapport qui parvient au commandement de la zone opérationnelle. Il

 19   s'agit d'un rapport de combat régulier. Le texte dit ceci : "La nuit fut

 20   assez calme sur la municipalité de Novi Travnik. Nous n'avons pas reçu

 21   d'information quant à des conflits potentiels avec l'armée de Bosnie-

 22   Herzégovine. Il n'y a pas eu d'activité de combat de la part des Chetniks

 23   le long de la ligne de défense à la zone de notre responsabilité. C'est

 24   signé par

 25   Ivica Fabris, officier en charge des opérations."


Page 12169

  1   Cela représente-t-il une copie fidèle du document que vous avez

  2   reçu ?

  3   M. Marin (interprétation). - Oui. Au cachet, vous pouvez

  4   constater que ce document, nous l'avons reçu, nous l'avons enregistré.

  5   C'est signé par Ivica Fabris que je connais. Je reconnais d'ailleurs sa

  6   signature et je me rappelle parfaitement le contenu de ce rapport.

  7   M. Nobilo (interprétation). – Général, il y avait des

  8   affrontements à Vitez, à Busovaca et à Kuber, il n'y a pas eu de retrait.

  9   Que dire alors de la situation à Novi Travnik ? Comment pouvez-vous nous

 10   expliquer ce rapport ?

 11   M. Marin (interprétation). - De ce rapport, on peut déduire que

 12   le commandant de la zone opérationnelle n'avait pas prévu de guerre avec

 13   l'armée de Bosnie-Herzégovine. S'il avait prévu une conflit avec l'armée

 14   de Bosnie-Herzégovine, à cette période dont il est question ici, il aurait

 15   donné l'ordre de procéder à un affrontement, à un combat à Novi Travnik.

 16   Il y aurait eu des activités militaires à Novi Travnik. Mais à Novi

 17   Travnik il n'y avait pas de conflit parce que l'armée de Bosnie-

 18   Herzégovine n'a pas attaqué à Novi Travnik et, dès lors, le HVO n'avait

 19   rien à faire dans cette région.

 20   Comme vous pouvez le voir ici, le commandant de cette brigade

 21   s'occupe des lignes de défense contre les forces serbes. Si l'on situe

 22   dans le contexte général, vous verrez qu'il s'agit là d'une situation

 23   extrêmement complexe pour le commandant de la zone opérationnelle.

 24   Je voulais encore souligner plusieurs éléments fondamentaux de

 25   cette situation, ce jour-là. Il y avait tout d'abord, pour des forces de


Page 12170

  1   l'armée de Bosnie-Herzégovine très importantes dans la région de Busovaca.

  2   Il y avait un conflit à grande échelle dans cette région. La brigade de

  3   Viteska n'était pas bien organisée.

  4    Vous vous rappellerez que Cerkez a reçu l'ordre d'organiser

  5   cette brigade de Viteska, peu de temps auparavant. Nous avons vu qu'il y

  6   avait panique et désorganisation dans la région. Je vous rappellerai

  7   également la carte que je vous ai montrée, qui remonte au mois

  8   d'avril 92. Vous aurez constatez que le gros des troupes et des armes se

  9   trouvait déployé face à la Republika Srpska ; toutes les lignes de défense

 10   du HVO étaient braquées vers les armées de la Republika Srpska. Je me

 11   rappelle très bien cette situation : c'était un problème insoluble. Nous

 12   nous étions retrouvés dans une situation très délicate. Surtout, que le

 13   16 avril, nous avons été attaqués par surprise par l'armée de Bosnie-

 14   Herzégovine.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Document suivant, je vous prie.

 16   M. Dubuisson. - Document D286, 286a pour la version anglaise.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Général, le 17 avril 1993, à

 18   6 heures du matin, vous recevez un autre rapport ; cette fois-ci, il

 19   arrive de Zepce et il est envoyé par la 111e Brigade. Ivo Lozancic dit au

 20   point 3 : "Le rapport avec l'armée de Bosnie-Herzégovine se situe à un

 21   niveau satisfaisant." Au point 2, il est stipulé : "Nos forces tiennent

 22   fermement le front ; les relèves se font correctement, etc. etc." On voit

 23   qu'il est question là des fronts face à la Republika Srpska. Dites-moi,

 24   est-ce que vous avez reçu ce document dans la zone opérationnelle de

 25   Bosnie centrale en provenance de Zepce ?


Page 12171

  1   M. Marin (interprétation). – Oui, nous avons reçu ce document ;

  2   c'est ce que l'on voit sur le tampon de réception. Je me rappelle ce

  3   document, car nous souhaitions ardemment que nous parviennent des rapports

  4   provenant de toutes les unités de façon à ce que nous soyons au courant de

  5   la situation sur les territoires que nous tenions.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Comment expliquez-vous qu'il est

  7   dit ici que les rapports à Zepce avec l'armée de Bosnie-Herzégovine sont

  8   bons ?

  9   M. Marin (interprétation). – A Zepce, les rapports étaient bons

 10   parce que l'armée de Bosnie-Herzégovine n'a pas attaqué la 111e Brigade de

 11   Zepce.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Je demande un nouveau document.

 13   M. Dubuisson. - Document D287, 287a pour la version anglaise.

 14   M. Nobilo (interprétation). - A la différence des deux rapports

 15   précédents qui informaient d'une situation calme, vous recevez, le

 16   17 avril, à 6 heures, un autre rapport dont je donne lecture.

 17   "Rapport de combat". Je commence par le troisième paragraphe qui

 18   me paraît pertinent. Je cite : "A plusieurs reprises au cours de la nuit,

 19   nous avons reçu des informations quant à un regroupement des forces

 20   musulmanes. Et, sur la base de ces informations, nous pourrions conclure

 21   qu'ils vont tenter une percée depuis Vrhovine, vers Santici, Ahmici -ces

 22   deux mots sont soulignés- dans le but de couper la communication entre

 23   Vitez et Kaonik et d'effectuer la jonction avec Rovna. Au cas où cette

 24   intention devait se réaliser, toute communication entre Vitez et Busovaca

 25   serait rendue impossible. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir


Page 12172

  1   pour contrer ces intentions. Des forces importantes sont concentrées dans

  2   la région de Grbavica. Selon les informations  qui nous parviennent, ils

  3   auraient reçu des renforts en troupes en provenance de Bukve, au nombre

  4   desquels se trouveraient quelques Moudjahidins. La population musulmane a

  5   été évacuée de Grbavica et de Divjak. Des signes indiquent que les forces

  6   musulmanes pourraient tenter de couper la route qui mène à Donja

  7   Veceriska. Grâce à une telle opération, ils espèrent établir un corridor

  8   Donja-Veceriska-Divjak-Grbavica-Bukve. Notre unité de Lovac est sous le

  9   siège de l'ennemi et nous n'avons aucune communication avec elle. Nous

 10   n'avons pas non plus la possibilité de la soutenir sur le plan logistique.

 11   Nous sommes à la recherche de solutions appropriées. La fatigue est

 12   observable parmi nos soldats, mais le moral est bon. Tous nos blessés ont

 13   reçu des soins médicaux et l'attention dont ils avaient besoin." Fin de

 14   citation.

 15   Général, je vous demande d'abord si ce document correspond bien

 16   dans sa teneur à celui que vous avez reçu le 17 avril, à 6 heures ?

 17   M. Marin (interprétation). – Oui. D'après le souvenir que j'ai

 18   du contenu du document, celui-ci correspond à celui que nous avons reçu à

 19   la zone opérationnelle. Je connais

 20   Zvonimir Cilic et je connais également sa signature.

 21   M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais que nous nous

 22   approchions avec ce document de la maquette, vous et moi, pour voir de

 23   quelle façon un nouveau front est en train de s'ouvrir d'une certaine

 24   façon.

 25   Général, je vous demanderai de bien vouloir nous montrer la


Page 12173

  1   direction qui va de Vrhovine dans la direction de Santici et Ahmici, donc

  2   le sens de l'attaque destinée à couper les communications entre Vitez et

  3   Kaonik.

  4   M. Marin (interprétation). - Ici, vous voyez Vrhovine, ici le

  5   village de Santici et d'Ahmici. Ces deux villages, Santici et Ahmici, se

  6   trouvent le long de la route qui va de Vitez à Kaonik, puis à Busovaca.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges, à

  8   Vrhovine, quelles étaient les forces présentes à ce moment-là et pendant

  9   toute la durée du conflit entre les Croates et les Musulmans ?

 10   M. Marin (interprétation). - A Vrhovine se trouvaient les forces

 11   locales de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui avaient reçu des renforts en

 12   provenance de Busovaca. Ces forces avaient pour tâche de diriger leurs

 13   opérations d'attaque dans la direction Vrhovine-Santici-Ahmici, pour

 14   couper la route et effectuer la jonction avec les forces présentes à

 15   Rovna.

 16   Mais je souhaite souligner, Monsieur le Président,

 17   Messieurs les Juges, qu'ici, dans la direction d'Ahmici et Santici (donc

 18   cette région ne fait que 1,5 kilomètre de large à vol d’oiseau), il est

 19   très facile pour les forces adverses de réaliser cette intention, de

 20   réaliser cette opération. C'est une distance qui est très petite qui doit

 21   être couverte.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous maintenant montrer aux

 23   Juges Grbavica et Divjak, où des renforts proviennent depuis le village de

 24   Bukve ? Est-ce que vous pouvez nous dire, dans cette opération, ce qui

 25   constitue une menace pour Vitez ?


Page 12174

  1   M. Marin (interprétation). - On a ici la grande route, Vitez-

  2   Novi Travnik, le long

  3   de laquelle se trouve le village de Grbavica.

  4   Le village de Bukve se trouve au Nord-Ouest, à 2 kilomètres

  5   environ du village de Grbavica. On voit quelle est l'intention de l'armée

  6   de Bosnie-Herzégovine. Elle a l'intention de passer à côté du village de

  7   Grbavica, où elle a déjà fait venir des renforts pris sur les forces

  8   qu'elle avait à Bukve, et ces forces locales ont déjà été renforcées par

  9   l'unité El-Moudjahid. A partir de Busovaca, l’armée de Bosnie-Herzégovine

 10   avait l'intention de continuer dans la direction de Donja Vecerska et de

 11   Divjak.

 12   Je souligne encore une fois qu'ici, la largeur à vol d'oiseau

 13   est de 1,5 kilomètre, 1,8 kilomètre, donc s’il n'y a pas de contre-

 14   offensive ou de forces suffisantes en face, c’est une intention assez

 15   facile à mettre en oeuvre.

 16   Grâce à ces deux opérations, il deviendrait possible de prendre

 17   le contrôle, notamment, de l'usine d'explosif de Vitez qui constituait un

 18   des objectifs stratégiques de l'armée de Bosnie-Herzégovine, dès lors que

 19   l’on parle de la guerre qui a éclaté en Bosnie centrale.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Ce corridor, Bukve-Donja Vecerska-

 21   Divjak-Grbavica, est-ce que la prise de ce corridor, ou la création de ce

 22   corridor, signifierait que l'axe de communication principal qui conduit de

 23   Vitez à Travnik et à Novi Travnik pourrait être coupé ?

 24   M. Marin (interprétation). - Oui, cette route était déjà coupée.

 25   C'est la raison pour laquelle nous avons dû prendre des mesures pour


Page 12175

  1   trouver une voie alternative à l'endroit où la route était inutilisable,

  2   de façon à maintenir la communication entre Vitez et Novi Travnik. Mais

  3   les forces dont nous venons de parler avaient recu pour mission de

  4   renforcer les forces qui avaient déjà coupé la route, ce qui rendait la

  5   situation plus difficile encore.

  6   M. Nobilo (interprétation). - A la fin du texte, nous lisons :

  7   " Notre unité de Lovac est sous le siège de l'ennemi. Nous n'avons aucune

  8   communication avec elle ; nous essayons de trouver des solutions ". Quelle

  9   était donc cette unité ?

 10   M. Marin (interprétation). - L'unité de Lovac se trouvait à

 11   Kruscica. C'était un

 12   village mixte croate et musulman  ; l'unité était composée de volontaires

 13   qui étaient des chasseurs, comme le dit le terme « lovac », qui signifie

 14   « chasseur », et étant donné la nature de l’attaque qui a été une attaque

 15   par surprise, cette unité s'est trouvée bloquée à Kruscica.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Quelles étaient les forces qui

 17   contrôlaient Kruscica à ce moment-là et pendant toute la guerre ?

 18   M. Marin (interprétation). - 80 % de la population du village de

 19   Kruscica étaient sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Le

 20   village de Kruscica est l’un des plus peuplés de la région.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Que signifie l’information selon

 22   laquelle 15 hommes présents sur les lieux n’avaient aucune chance contre

 23   une force supérieure ? Quelle était leur situation ?

 24   M. Marin (interprétation). - La population est restée sur place.

 25   Il était resté 15 à 20 hommes sur place. C'est bien une situation qui


Page 12176

  1   montre que l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine s'est effectuée par

  2   surprise, que nous ne nous y attendions pas car, si nous l'avions prévu,

  3   ces hommes ne se seraient pas trouvés encerclés.

  4   M. le Président. - Il est 11 heures 20, nous allons procéder à

  5   une pause de 20 minutes. Nous allons reprendre à 11 heures 40.

  6   L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 45.

  7   M. le Président. - Avant de reprendre, Maître Nobilo, où en

  8   sommes-nous sur le temps consacré à ce témoin. C'est un témoin très

  9   important pour vous. Comment vont se dérouler nos travaux ? Demain matin,

 10   nous ne siégeons pas. Nous avons une comparution initiale.

 11   Comment voyez-vous les choses ? Je pense que l'accusation aura

 12   un long contre

 13   interrogatoire et les Juges auront beaucoup de questions à poser. Peut-

 14   être est-ce la semaine entière qui va être consacrée à ce témoin.

 15   Maître Nobilo, quel est votre avis ? Et maître Hayman ?

 16   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, nous sommes

 17   arrivés à la date du 17 avril 1993, et nous allons effectuer cette

 18   reconstitution jusqu'au 25 avril 1993. Mais le 20, bien sûr, les combats

 19   ont diminué d'intensité. Donc entre le 19 et le 24, les activités de

 20   guerre se sont un peu calmées et le rythme des négociations s'est accru.

 21   Nous montrerons des documents qui porteront sur les conventions

 22   de Genève, et nous produirons aussi des éléments de preuve concernant le

 23   mois de janvier 1993. Je regarde les boîtes que nous avons ici. Nous en

 24   avons vidé un tiers environ.

 25   M. le Président. - Ce n'est pas du tout…, c'est pour organiser.


Page 12177

  1   Vous prévoyez votre interrogatoire principal jusqu'à quand ?

  2   M. Nobilo (interprétation). - Ce témoin va rester ici en

  3   fonction des besoins du Tribunal. Nous estimons qu'il est important que le

  4   Tribunal entende tout ce qui l'intéresse de la bouche de ce témoin. Je ne

  5   peux pas préciser de la durée de la présence de ce témoin ici, mais je

  6   pense que dans un jour et demi, nous devrions terminer. Jeudi matin, je

  7   crois que nous arriverons à la fin de l'interrogatoire principal.

  8   M. le Président. - Jeudi matin. Je vous remercie. Monsieur le

  9   Procureur, vous-même vous prévoyez un long contre interrogatoire je

 10   suppose.

 11   M. Kehoe (interprétation). - J'aurais un certain nombre de

 12   questions à lui poser Monsieur le Président.

 13   M. le Président. - Nous nous en doutions.

 14   M. Riad (interprétation). - Combien de temps cela vous prendra-

 15   t-il ?

 16   M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Juge, en toute

 17   franchise, je ne peux pas espérer que nous finissions notre contre-

 18   interrogatoire à la fin de la semaine si l'interrogatoire

 19   principal se termine jeudi. Nous avons une centaine d'éléments

 20   de preuve ?

 21   M. Nobilo (interprétation). - 200.

 22   M. Kehoe (interprétation). - 200. Cela fait donc pas mal de

 23   documents à examiner. Cela fera 200, en tout cas, à la fin de

 24   l'interrogatoire principal, Monsieur le juge Riad, et il y a également le

 25   reste de la déposition du Général. Je ne voudrais donc pas être trop vague


Page 12178

  1   mais cela va durer un certain temps.

  2   M. Riad (interprétation). - Le témoin restera donc la semaine

  3   prochaine ?

  4   M. Kehoe (interprétation). - Je pense.

  5   M. le Président. - Je ne me tournerai pas vers mes collègues. Je

  6   suppose qu'ils ont également des questions à poser.

  7   Monsieur le greffier, pouvez-vous passer en huis clos partiel

  8   pendant deux secondes simplement, s'il vous plaît.

  9   (Audience en huis clos partiel)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (Audience en session publique)


Page 12179

  1   M. le Président. - C'est à vous, Maître Nobilo.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

  3   Comme nous l'avons dit, nous en sommes arrivés à la date du 17 avril 1993

  4   et je demande que l'on distribue ce document.

  5   M. Riad. – Je voudrais demander au témoin à propos de Kruscica :

  6   quelles étaient les proportions de la population ?

  7   M. Marin (interprétation). – Hors micro.

  8   M. le Président. – Général, le micro : appuyez sur le bouton.

  9   Merci.

 10   M. Marin (interprétation). - Je vous prie de m'excuser.

 11   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, pour autant que je le sache,

 12   des Croates, des Musulmans bosniens, des Serbes et un certain nombre de

 13   gitans, rums, vivaient à Kruscica. C'étaient les Musulmans bosniens qui

 14   constituaient la majorité de la population de Kruscica.

 15   M. Riad (interprétation). – Pourriez-vous répéter la dernière

 16   phrase, je vous prie ?

 17   M. Marin (interprétation). – La majorité de la population

 18   présente dans le village de Kruscica était composée de Musulmans bosniens.

 19   M. le Président. – Merci, Monsieur le Juge. Merci, Monsieur le

 20   Témoin. Maître Nobilo, poursuivez.

 21   M. Dubuisson. - Le document suivant porte le numéro D288 et

 22   D288a pour la version anglaise.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Général, le document D288 est daté

 24   du 17 avril 1993. Il émane de la brigade Nikola Subic-Zrinsjski. Je vais

 25   en donner lecture même si la copie que j'ai entre les mains est de


Page 12180

  1   mauvaise qualité.

  2   "Commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale". Je

  3   lis le texte. Je cite "Les forces armées musulmanes ont lancé une attaque

  4   à 5 heures 25 à partir de Dvor et de Grabalj, Gavrine Kuce, Putis et

  5   Jelinak.

  6   Le compte rendu anglais ne semble pas fonctionner.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Nous avions un problème avec le

  8   compte rendu, mais cela s'est arrangé. Je répète le texte : "Les forces

  9   armées musulmanes ont lancé une attaque à 5 heures 25 en provenance de

 10   Dvor  et de Grabalj, contre Gavrine Kuce, Putis et Jelinak. Les combats

 11   durent toujours. En ce moment, nous nous défendons avec succès. Ils sont

 12   également en train de regrouper leurs forces dans la région de Kuber et

 13   Saracevici. Les autres lignes sont stables. Une information est arrivée

 14   selon laquelle six autocars et deux camionnettes sont arrivés de Kakanj.

 15   Pour le reste, rien à signaler". Signature : Dusko Grubesic. 

 16   Général, est-ce que cela correspond au texte que vous avez reçu

 17   le matin du 17 avril 1993, de la brigade Nikola Subic-Zrinsjski ?

 18   M. Marin (interprétation). – Oui, je me rappelle ce rapport. Ce

 19   document est arrivé au commandement de la zone opérationnelle et il

 20   provenait de la brigade Nikola Subic-Zrinsjski. Il a été transmis dans la

 21   zone…, au secteur chargé des transmissions et a été distribué dans le

 22   reste de la zone opérationnelle.

 23   M. Nobilo (interprétation). - C'est donc une copie fidèle ?

 24   M. Marin (interprétation). - Oui.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pourriez dire aux


Page 12181

  1   Juges où s'est déroulée cette nouvelle attaque ? D'où elle provenait, d'où

  2   elle a été lancée, cette attaque qui a commencé à 5 heures 25 sur le

  3   territoire de la municipalité de Busovaca ? Pouvez-vous nous le montrer

  4   sur la maquette ?

  5   M. Marin (interprétation). - Je répète que l'attaque provenait

  6   de Dvor et de Grabalj contre Gavrine Kuce, Putis et Jelinak.

  7   M. Nobilo (interprétation). – Krcevine Puce et les autres

  8   villages mentionnés se trouvent sur ce flanc du mont Kuber. De ce côté, 

  9   Gavrine Kuce, ici et Putis et Jelinak sur la gauche de la route Kaonik-

 10   Zenica. Quand on se dirige de Kaonik vers Zenica, sur la gauche du flanc

 11   du mont Kuber, on trouve les villages de Putis et de Jelinak, alors que,

 12   sur la droite, on trouve le village de Krcevine Puce et de Cajdras.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Quel était l'objectif de cette

 14   attaque ?

 15   M. Marin (interprétation). - L'objectif de cette attaque

 16   consistait à couper la route au croisement des routes Zenica-Busovaca,

 17   c'est-à-dire de la route Vitez-Busovaca au niveau de Kaonik, dont j'ai

 18   déjà parlé.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Général, dans la dernière

 20   phrase, il est dit "L'information selon laquelle six autocars et deux

 21   camionnettes sont arrivés de Kakanj nous est parvenue". Qu'est-ce que cela

 22   signifie "six autocars et deux camionnettes" ? Y avait-il des gens dans

 23   ces autocars et ces camionnettes ? Si oui, qui ?

 24   M. Marin (interprétation). - Les autocars qui sont arrivés de

 25   Kakanj, selon ce rapport, ont amené des membres de l'armée de Bosnie-


Page 12182

  1   Herzégovine qui étaient sensés participer aux opérations d'attaque qu'il

  2   était prévu de mener à bien sur le territoire de la municipalité de

  3   Busovaca.

  4   Mais il y a une chose que j'aimerais souligner : nous parlons

  5   souvent de Zenica. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, de manière

  6   à mieux comprendre le rapport des forces dans la vallée de la Lasva,

  7   j'aimerais ajouter quelques éléments. Zenica, en tant que ville, en tant

  8   que localité, avait un nombre d'habitants supérieur à celui de Busovaca,

  9   Vitez et Novi Travnik additionnés. Donc les forces présentes à Zenica

 10   étaient plus importantes que l'addition des forces dont nous disposions.

 11   Je parle bien sûr des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine à

 12   Zenica, qui étaient supérieures à l'addition des forces du HVO de

 13   Novi Travnik, Vitez et Busovaca.

 14   Au côté des forces présentes, à Zenica, ainsi qu'au côté des

 15   forces locales de Vitez et de Busovaca -je parle des forces de l'armée de

 16   Bosnie-Herzégovine-, nous avons vu arriver encore des renforts en

 17   provenance de Kakanj et de Visoko.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Quand on dit : « 6 cars », qu'est-

 19   ce que cela veut dire ? Combien d'hommes peuvent monter dans 6 cars ?

 20   M. Marin (interprétation). - Ce serait environ 300 personnes, et

 21   compte tenu de la situation à l'époque en Bosnie-Herzégovine, ce serait

 22   l'équivalent d'un bataillon.

 23   M. Nobilo (interprétation). – Peut-on distribuer le document

 24   suivant, s'il vous plaît ?

 25   M. Dubuisson. - Le document D289, D289a pour la version


Page 12183

  1   anglaise.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons reçu un

  3   rapport de la brigade de Zrinjski, la brigade de Busovaca, à la date du

  4   17 avril 1993, cette fois-ci à 8 heures 30.

  5   La personne de service, pardon le commandant, dit la chose

  6   suivante : "Les unités de Zenica ont perdu leur position sur Kuber. Elles

  7   ont été séparées des unités de la brigade de Zrinjski, côte 897 et

  8   coordonnées de Saracevica, qui sont désormais entre les mains de l'armée

  9   de Bosnie-Herzégovine. Nous vous informerons des activités ultérieures.

 10   Commandant de la brigade Dusko Grubisic".

 11   Dites-moi, souvenez-vous de ce rapport et cette copie

 12   correspond-elle à l'original que vous avez reçu le jour en question ?

 13   M. Marin (interprétation). - Je me souviens de ce document et

 14   cette copie correspond au document original. Ce document a été reçu par

 15   communications "par paquets" et il a été reçu par le responsable de

 16   service au sein du commandement de la zone opérationnelle. Je dois dire

 17   que concernant la journée en question, j'ai préparé sur une carte les

 18   indications concernant toutes les activités importantes et les activités

 19   d'artillerie, le jour du 17 avril 1993.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Je demanderai à l'huissier

 21   d'enlever le couvercle de ce

 22   projecteur. Pouvez-vous enlever le couvercle ?

 23   Avant de passer à cette carte, pouvez-vous nous dire, s'il vous

 24   plaît, Kuber… Vous avez dit que c'était un endroit d'importance

 25   stratégique. Que signifie lorsqu'on dit que le HVO, à savoir les unités de


Page 12184

  1   Zenica, ont perdu la côte 897 et les coordonnées Saracevica ?

  2   Cela veut dire qu'à partir de ce moment-là, à 8 heures 30, à la

  3   date du 17 avril, ces endroits étaient entre les mains de l'armée de

  4   Bosnie-Herzégovine ? Que cela signifie-t-il concernant les positions

  5   militaires du HVO au sein de la vallée de la Lasva ?

  6   M. Marin (interprétation). - Compte tenu de ce rapport qui a été

  7   envoyé à la brigade Nikola Subic-Zrinjski, où il a reçu la mission de ne

  8   pas laisser tomber Kuber. En dépit d'un ordre aussi explicite, les unités

  9   du HVO ont perdu une partie de Kuber, à savoir la côte 897 et une partie

 10   de cette montagne qui est appelée Saracevica.

 11   Par conséquent, cela signifie que la route Kaonik, donc dans la

 12   zone de Kaonik, est menacée. Autrement dit, le HVO et les unités du HVO

 13   dans la vallée de la Lasva, sur la municipalité de Busovaca et de Vitez,

 14   sont menacées par les attaques de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Peut-on voir le document suivant,

 16   s'il vous plaît ?

 17   M. Dubuisson. - La carte qui est projetée actuellement porte le

 18   n° D290.

 19   M. Marin (interprétation). – Si vous le permettez, je peux

 20   préciser la carte.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît, nous

 22   y viendrons plus tard.

 23   Pour le moment, nous allons examiner les rapports et nous

 24   reviendrons à la carte en fin de journée, mais nous allons d'abord passer

 25   à l'examen des rapports.


Page 12185

  1   M. Dubuisson. – Document D291, D291a pour la version française,

  2   D291b pour la version anglaise.

  3   M. Nobilo (interprétation). – Général, c'est la première fois

  4   que nous avons un rapport du HVO Zenica. Visiblement, il se passe quelque

  5   chose là-bas ? Il s'agit d'un rapport

  6   très bref, donc je le lirai.

  7   Nous avons ici le commandement du HVO de Zenica, IZM, à savoir

  8   le poste de commandement avancé, Zmajevac, le 17 avril 1993 à 10 heures

  9   20. Ceci est envoyé au commandement de la zone opérationnelle de Bosnie

 10   centrale et on lit :

 11   "Demande :

 12   1. Les membres du HVO situés dans le village de Stranjani sont

 13   victimes d'un siège total. On leur a intimé de déposer leurs armes. J'ai

 14   délivré un ordre de percer vers les villages de Janjac et Osojnica. Le

 15   moral se détériore de plus en plus et je ne sais pas si l'ordre sera

 16   exécuté.

 17   2. Les forces musulmanes encerclent progressivement Zmajevac,

 18   Cajdras et Stranjani. Elles ont isolé nos soldats dispersés en plusieurs

 19   groupes et tentent de les désarmer et de les anéantir.

 20   Des personnes déplacées arrivent à Cajdras. Cependant, Cajdras

 21   est en train d'être encerclée.

 22   4. Je  tenterai de me rendre à Cajdras.

 23   5. Veuillez donner, dans les meilleurs délais, des instructions

 24   pour que de nouvelles mesures soient prises et que de l'assistance nous

 25   soit fournie car le moral des soldats est très bas.


Page 12186

  1   Commandant Vinko Baresic."

  2   Premièrement, Général, dites-nous si cette copie reflète

  3   fidèlement le document original qui vous est parvenu du HVO Zenica, le

  4   17 avril, à 10 heures 20 ?

  5   M. Marin (interprétation). – Cette copie représente fidèlement

  6   l'original. On le voit du tampon de l'accusé de réception du centre de

  7   transmission.

  8   Tout ce qui est écrit à la main est écrit par le général Blaskic

  9   et nous recevions certaines instructions en fonction de cela.

 10   M. Nobilo (interprétation). – On y lit "commandant Vinko

 11   Baresic", ce n'était pas Zivko Totic qui était commandant de cette brigade

 12   de Zenica ? Qu'est-ce que cela signifie ?

 13   M. Marin (interprétation). - Ce document a été rédigé, comme on

 14   le voit, le 17 avril 1993 et avant cette date, comme nous l'avons vu hier,

 15   il y a eu l'enlèvement du commandant de la brigade de Zenica qui est

 16   aujourd'hui général de brigade Zivko Totic et son escorte a été tuée. La

 17   première action qui a été faite par l'armée de Bosnie-Herzégovine a été

 18   terminée par le fait que ce commandant n'était plus en place et le

 19   commandement a été assumé par Vinko Baresic.

 20   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous, au point 1, on voit

 21   que Vinko Baresic n'est pas sûr si l'ordre sera exécuté, son ordre qui est

 22   de percer vers certains villages. Pourquoi cette unité voit-elle son moral

 23   se détériorer aussi rapidement et comment, on le verra plus tard, cette

 24   unité disparaît des combats ?

 25   M. Marin (interprétation). – Il y eu cette détérioration du


Page 12187

  1   moral parce que les soldats du HVO, dans le village de Stranjani –et je le

  2   montrerai pour qu'on voit mieux où cela se trouve-, Stranjani est situé à

  3   proximité de Zenica. Il s'agit d'une localité à majorité croate. Ils se

  4   sont trouvés totalement assiégés et dans une situation désespérée.

  5   M. Nobilo (interprétation). – En plus de cet encerclement, est-

  6   ce que le moral a été touché par le fait que leur commandant avait été

  7   enlevé ?

  8   M. Marin (interprétation). – Oui, tout à fait. Cela a dû

  9   influencer le moral, ainsi que le système de commandement et de contrôle

 10   pour ce qui est des forces du HVO de Zenica.

 11   M. Nobilo (interprétation). – Peut-on voir le document suivant,

 12   s'il vous plaît ?

 13   M. Dubuisson. – Document D292, D292a pour la version française,

 14   D292b pour la version anglaise.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Général, vous avez reçu ce

 16   document de la part de la Brigade de Busovaca, à 12 heures. C'est un

 17   document court qui parle de lui-même et il n'y a pas

 18   eu d'événements particuliers. C'est pourquoi je ne lirai pas ce document.

 19   Je vous demanderai seulement de dire à la Chambre si cette copie reflète

 20   fidèlement l'original que vous avez reçu de Busovaca, à la place indiquée,

 21   à 12 heures.

 22   M. Marin (interprétation). – C'est copie fidèle. Ce document a

 23   été envoyé de la Brigade Nikola Subic-Zrinjski. Il est arrivé par

 24   communication par paquets et il a été reçu au centre de transmission et il

 25   a été enregistré au sein du commandement de la zone opérationnelle.


Page 12188

  1   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Le document suivant, s'il

  2   vous plaît.

  3   M. Dubuisson. - Document D293 : 293a pour la version française,

  4   293b pour la version anglaise.

  5   M. Nobilo (interprétation). - Général, je lirai ce document bien

  6   que la copie soit assez mauvaise, mais on tâchera quand même de le lire.

  7   Il s'agit du HVO de Vitez, à la date du 17 avril 1993, à 14 heures 30, qui

  8   s'adresse au commandement en envoyant un rapport de combat. Je lis "Dans

  9   la zone de responsabilité de la brigade Viteska, aujourd'hui, les forces

 10   extrémistes musulmanes ont continué à se livrer à des provocations dans

 11   toutes les régions de la municipalité. La nuit dernière, des forces

 12   musulmanes n'ont cessé de se rassembler afin de mettre à exécution leur

 13   sinistre projet de détruire la population croate dans ces régions, ainsi

 14   que le HVO, la seule force armée légale et légitime qui, jusqu'à ce jour,

 15   a largement contribué à la protection de ces territoires contre la

 16   conquête des Chetniks et la destruction des biens et des vies croates

 17   comme musulmanes.

 18   Aux premières heures du jour, après avoir évacué leurs civils,

 19   les forces musulmanes ont ouvert le feu avec des armes légères sur nos

 20   forces. Vers 5 heures, elles ont commencé à pilonner la ville et ses

 21   environs. Nos forces n'ont pas réagi à toutes les provocations des forces

 22   musulmanes au cours de la nuit et elles ont respecté l'ordre délivré par

 23   le commandement de la zone opérationnelle. Suite aux provocations de plus

 24   en plus nombreuses et aux dégâts matériels considérables occasionnés aux

 25   biens appartenant à notre population, nos forces ont réagi violemment et


Page 12189

  1   ont forcé les forces musulmanes à abandonner leur sinistre projet.

  2   Aujourd'hui, nos forces se sont contentées de réagir aux

  3   provocations musulmanes en visant exclusivement des cibles militaires,

  4   afin d'épargner à leurs civils la souffrance que leur imposent leurs

  5   dirigeants extrémistes.

  6   Le bilan des personnes croates tombées au cours des combats à ce

  7   jour est le suivant : sept membres du HVO ont été tués et onze ont été

  8   blessés. Le nombre de victimes civiles est inconnu. Les forces musulmanes

  9   continuent à incendier nos maisons dans l'agglomération de Poculica et de

 10   Gornja Dubravica, d'où les nôtres ont été expulsés."

 11   On voit mal parce que le sceau couvre le texte et, dans la

 12   suite, on voit "Un nombre considérable de nos concitoyens ont été arrêtés,

 13   ce qui fait qu'à Poculica même, environ 45 personnes ont été arrêtées.

 14   Parmi elles, des mères accompagnées de jeunes enfants, le plus jeune ayant

 15   deux jours. Nous avons reçu des informations en début d'après-midi selon

 16   lesquelles des forces musulmanes se déplacent du village d'Opara,

 17   Novi Travnik en direction du village de Zaselje, ce qui remplit les nôtres

 18   d'effroi et de panique et également en direction de Vecerska.

 19   Nous avons informé M. Zeljko Sabljic, commandant de la brigade

 20   Stjepan Tomasevic, de la situation et la signature Mario Cerkez,

 21   commandant de la brigade de Viteska."

 22   On verra plus tard qui a rédigé ce texte en réalité.

 23   Général, pouvez-vous me dire avant tout si cette copie, bien

 24   qu'elle soit mauvaise, correspond fidèlement au rapport qui a été envoyé

 25   du commandement de la brigade de Viteska, à la date indiquée, le 17 avril


Page 12190

  1   à 14 heures 30 ?

  2   M. Marin (interprétation). - Oui, cette copie correspond à

  3   l'original, ce document émane de la brigade Viteska et il a été reçu par

  4   le centre de transmission et à la zone

  5   opérationnelle.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Pour commencer, on précisera

  7   quelque chose concernant le style. Ici, on voit qu'on parle de sinistres

  8   intentions, etc. Est-ce que ce style correspond à ce dont vous avez parlé

  9   ce matin ?

 10   M. Marin (interprétation). - Oui. On voit une portion de ce

 11   texte de ce rapport qui correspond à ce dont j'ai parlé, qui illustre bien

 12   le phénomène dont j'ai parlé, à savoir les commandants ou les personnes

 13   qui sont membres de commandement dans certaines brigades, faute de

 14   formation militaire, rédigent effectivement des rapports de combat dans un

 15   style où ils emploient des termes qui ne sont absolument pas pertinents

 16   dans la terminologie militaire.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous dire à la Chambre,

 18   pour autant que vous le sachiez, Mario Cerkez qui était commandant d'une

 19   brigade, quelle était sa formation militaire ?

 20   M. Marin (interprétation). - Mario Cerkez était, à partir du

 21   mois de mars 1992, commandant de la brigade Viteska. Pour autant que je

 22   sache, concernant sa formation, je peux dire qu'il avait fait une école

 23   secondaire qui dure trois ans.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Je voudrais attirer votre

 25   attention sur le 3ème paragraphe, en remontant du bas vers le haut, à la


Page 12191

  1   première page. Et je répète : il s'agit d'un texte rédigé le 17 avril à

  2   14 heures 30. On y lit : "Aujourd'hui, nos forces se sont contentées de

  3   réagir aux provocations musulmanes en visant exclusivement des cibles

  4   militaires, afin d'épargner à leurs civils la souffrance que leur imposent

  5   leurs dirigeants extrémistes." Qu'en pensez-vous ? Qu'est-ce que qui a pu

  6   inciter l'auteur de ce texte à faire figurer ceci dans son rapport à la

  7   date du 17 avril à 14 heures 30 ?

  8   M. Marin (interprétation). - Si nous nous rappelons l'ordre du

  9   colonel Blaskic, dans la nuit du 16 au 17, et sa phrase où il insiste et

 10   qu'il rédige en majuscules "QU'IL NE FAUT PAS TUER DES CIVILS PARCE QUE C'EST UN

 11   CRIME", nous avons ici un commandant qui a reçu ce rapport et qui donc

 12   informe son commandant qu'il a transmis son ordre aux commandants

 13   concernés.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Cet ordre parle de lui-

 15   même. Nous ne l'analyserons pas ligne par ligne et je demanderai le

 16   document suivant, s'il vous plaît.

 17   M. Dubuisson. - Document D294 : D294a pour la version française,

 18   D294b pour la version anglaise.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Nous avons donc devant nous le

 20   document D294. Je lirai certaines portions de ce document. Il s'agit d'un

 21   rapport de la brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca, de nouveau à la

 22   date du 17 avril 1993, mais cette fois-ci à 18 heures. Et cela est adressé

 23   au commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

 24   Je lis : "Au cours de la journée, les activités de combat des

 25   extrémistes musulmans se sont poursuivies dans la zone de la brigade


Page 12192

  1   Zrinjski-Busovaca. A 5 heures 30, une brutale attaque de l'infanterie a

  2   été lancée par des extrémistes musulmans contre nos positions dans la

  3   région de Kuber et Obla Glava. Des fanatiques musulmans ont attaqué nos

  4   positions toute la journée, forts d'un soutien d'artillerie considérable

  5   venu du territoire de la municipalité de Zenica. Dès que des obus de

  6   mortier ont commencé à tomber sur le centre ville de Busovaca, une alerte

  7   générale de prévention a été donnée à 10 heures, afin d'éviter toute

  8   conséquence indésirable. Egalement toute la journée, nos positions... On

  9   ne voit pas la direction. …direction de Gornja Rovna, nos positions ont

 10   été attaquées à Bare et Donja Rovna. Certains tirs du village de Merdani

 11   ont, de temps à autre, visé nos positions dans les environs du village de

 12   Strane, Gavrine Kuce et Podjele."

 13   Je ne lirai pas la suite, mais je vous demanderai, pour

 14   commencer, si vous vous souvenez de ce rapport et si cette copie reflète

 15   fidèlement le document original.

 16   M. Marin (interprétation). - Je me souviens de ce rapport et

 17   cette copie reflète fidèlement l'original. Ce document a été envoyé de la

 18   brigade Nikola Subic-Zrinjski, et il a été

 19   signé par la personne de service Ljubo Lovric que je connais

 20   personnellement, et nous avons le sceau du commandement de la zone

 21   opérationnelle, à savoir le centre d'opération et le responsable de

 22   service.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Quel a été le moyen de

 24   transmission, par "paquets" ou par télécopie ?

 25   M. Marin (interprétation). - Nous avons reçu ce document par


Page 12193

  1   fax, par télécopie. On le voit d'après l'abréviation TLF, dans ce tampon

  2   d'accusé de réception.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Vous avez déjà parlé de Kuber. Où

  4   se trouvent Obla Glava ?

  5   M. Marin (interprétation). - Les lieux où il y a eu des

  6   affrontements dont on parle dans ce rapport, tous ces lieux se trouvent

  7   dans la zone de Kuber. Et je peux les montrer sur cette carte. Vous voyez.

  8   On voit Obla Glava, vous avez Kuber qui est une grande montagne sur

  9   laquelle se trouvent les localités Obla Glava, puis, en bas, Jelinak,

 10   Putis, ce sont tous des villages, puis notre côte de Saracevica.

 11   Toute cette zone est la zone où il y a eu des attaques

 12   considérables menées par les unités de l'armée Bosnie-Herzégovine. Mais ce

 13   rapport, puisqu'il a été rédigé à 18 heures…

 14   Revenons maintenant à tous les rapports que nous avons déjà vus

 15   et pensons à toutes les forces qui ont été mises en mouvement depuis

 16   Kakanj et Zenica, et vous avez toutes les activités et l'utilisation des

 17   forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui arrivent de Zenica et de

 18   Kakanj, que nous ne voyons pas ici, car cette région n'est pas recouverte

 19   par cette carte.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Nous allons lire maintenant le

 21   dernier rapport de la brigade de Viteska, à 24 heures, à la date du

 22   17 avril, et par la suite nous allons essayer de résumer vos souvenirs et

 23   ce qui découle de ces rapports pour voir exactement où se sont déroulés

 24   ces affrontements et qui était encerclé.

 25   Peut-on voir également ce document qui date du 17 avril, mais


Page 12194

  1   cette fois-ci à

  2   24 heures ? Pouvez-vous, s'il vous plaît, prendre le document ?

  3   M. Dubuisson. – Il s'agit du document D295, D295a pour la

  4   version anglaise.

  5   M. Nobilo (interprétation). - C'est un document en date du

  6   17 avril…

  7   ("La cabine anglaise n'a pas reçu le document et n'a donc pas

  8   interprété. Et étant donné que l'interprète française prenait en relais

  9   sur l'interprète anglaise, elle n'a pas pu interpréter non plus". C'était

 10   une note de l'interprète).

 11   M. Kehoe (interprétation). - Je crois qu'il y a un problème

 12   qu'il convient de résoudre à ce niveau.

 13   M. Hayman (interprétation). - Mais le texte était sur l'écran

 14   Monsieur le Président.

 15   L'interprète. - Simplement sur l'écran des moniteurs, on voit la

 16   carte et non pas le document. C'était le seul problème.)

 17   M. Nobilo (interprétation). - Je répète depuis le début. Donc

 18   commandement de la brigade de Vitez en date du 17 avril 1993 à

 19   24 heures 00, envoie au commandement de la zone opérationnelle de Bosnie

 20   centrale, à Vitez, un rapport.

 21   Objet de ce rapport : "Rapport sur les opérations". Je cite le

 22   texte : "Dans les heures de l'après-midi, et plus particulièrement en

 23   soirée, après regroupement de ces forces, l'ennemi a lancé des attaques

 24   d'infanterie provenant de diverses directions. Comme suit :

 25   1. En provenance de Zenica et dans la direction de Kuber, il a


Page 12195

  1   été constaté que des Moudjahidins et d'autres forces musulmanes

  2   extrémistes se déplaçaient. Leur objectif consistait à prendre le contrôle

  3   de la région de Kuber puis, avec l'appui de l'artillerie, d'effectuer une

  4   percée dans la région de Gola, Kosa, Kratine, (Maître Nobilo dit qu'il a

  5   du mal à lire un mot qui se trouve à cet endroit). "D'effectuer la

  6   jonction avec les forces musulmanes du village d'Ahmici et de couper la

  7   communication Kaonik Travnik en rejoignant les forces musulmanes de la

  8   région de Rovna.

  9   Nos forces ont tenté de résister à ces attaques féroces des

 10   forces musulmanes et, incapables d'offrir une résistance au même niveau,

 11   elles ont temporellement battu en retraite afin de conserver leur

 12   position.

 13   Cependant, après l'arrivée de forces neuves, elles ont avec

 14   succès repris les positions perdues et donc repris le contrôle d'une

 15   nouvelle région. Le retrait de nos forces a provoqué une chute temporaire

 16   de moral chez un certain nombre de nos soldats, mais la confiance perdue a

 17   rapidement été restaurée et, finalement, le résultat a été la reprise des

 18   positions antérieures.

 19   2. Dans la région de Santici des activités de combats ont été

 20   conduites pratiquement toute la journée. L'intensité de ces combats était

 21   particulièrement forte après la jonction des forces musulmanes en

 22   provenance de Sljivcica, Sivrino Selo et Pirici, grâce à l'appui constant

 23   de l'artillerie dans la direction de Poculica et Vrhovine. L'objectif des

 24   combattants musulmans consistant à prendre le contrôle de la région de

 25   Santici a appuyé Zenica et a coupé la route Kaonik Travnik pour effectuer


Page 12196

  1   la jonction avec les forces musulmanes situées dans la région de Rovna,

  2   Vranjska et Kruscica".

  3   3. Les forces de ce qu'on appelle l'armée de Bosnie-Herzégovine,

  4   situées dans la région de Kruscica -j'ai du mal à lire quelques mots à cet

  5   endroit, mais cette série de mots s'achève sur le mot Vitez- et ont lancé

  6   plusieurs missiles de mortier provenant du village de Crveno Brdce et de

  7   Donja Vecerska. Ils ont tué deux de nos soldats. A Kruscica, un soldat a

  8   été tué et plusieurs gravement et légèrement blessés. Les dommages

  9   matériels infligés aux bâtiments civils sont considérables, notamment aux

 10   bâtiments dont les propriétaires sont des Musulmans qui ont cherché refuge

 11   dans les installations de production à objet particulier.

 12   Selon les informations reçues de nos groupes de reconnaissance,

 13   les tirs de mortier provenaient des cotes 536 à Rovna et Donja Rovna, dans

 14   la municipalité de Busovaca.

 15   Quatrièmement, en provenance de Preocica où est concentré le

 16   gros des forces

 17   musulmanes, et notamment les forces provenant de l'extérieur de cette

 18   région, des tentatives ont été faites pour lancer des attaques

 19   d'infanterie dans deux directions qui sont les suivantes : la principale

 20   direction de l'attaque traversait le village de Tolovici, qui avait été

 21   pris précédemment, pour se diriger dans la direction des villages de

 22   Krcevine et de Dubravica, dans le but de couper la ligne de défense, de

 23   détruire nos positions ainsi que d'affecter la population civile et les

 24   biens matériels et de réaliser une percée dans la direction Vitez-Travnik,

 25   en prenant le contrôle de cet axe de communication pour poursuivre ensuite


Page 12197

  1   dans la direction de Stari Vitez. Les forces auxiliaires ont été envoyées

  2   dans la direction de Poculica et on rejoint les forces qui se trouvaient à

  3   Sljivcica et à Vrhovine. Cette percée des forces musulmanes a été contrée

  4   et, grâce au moral élevé de nos soldats qui proviennent, dans leur

  5   majorité, de la région et qui sont déterminés à défendre ces territoires

  6   croates, l'attaque de l'ennemi a été repoussée.

  7   Cinquièmement. Une portion des forces musulmanes extrémistes,

  8   qui est originaire de l'extérieur de la région, associée aux forces

  9   musulmanes locales des villages de Preocica, Muratovici, Bukve et

 10   Putkovici, ainsi qu'à certaines forces originaires de Kljaci, ont effectué

 11   leur jonction au cours d'une attaque d'infanterie féroce contre le village

 12   de Brdo où se trouve l'une de nos plus petites unités. Compte tenu du fait

 13   que l'ennemi était en nombre largement supérieur et disposait d'un

 14   équipement plus important que nos unités, celles-ci ont été forcées à

 15   battre en retraite dans la direction de Zabilje. Au cours de ce recul, un

 16   homme a été tué ou blessé dans nos troupes et le nombre de tués et de

 17   blessés chez l'ennemi n'a pas été annoncé.

 18   Sixièmement, tard dans la soirée, l'ennemi a continué de

 19   nouvelles provocations contre nos positions. Des tirs isolés provenant de

 20   toutes les parties de notre municipalité sont particulièrement

 21   illustrateurs des activités de l'ennemi. Nous avons donc prévenu notre

 22   population de prêter grande attention à la situation lors du retour dans

 23   leur domicile."

 24   La signature est celle de Mario Cerkez, mais je ne peux pas la

 25   lire.


Page 12198

  1   Je vous pose la question suivante : est-ce que vous avez vu ce

  2   document lorsqu'il est arrivé en provenance de la brigade de Vitez ? Vous

  3   rappelez-vous ce document ? L'avez-vous vu le 17 avril 1993 ?

  4   M. Marin (interprétation). – Oui, j'ai vu ce document. Il est

  5   arrivé au commandement de la zone opérationnelle et je me rappelle la

  6   teneur de ce texte. Dans la copie, la signature n'est pas lisible, mais

  7   c'est celle de Borislav Jozic, qui a signé au nom du commandant de la

  8   brigade, Mario Cerkez.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Je vous demanderai

 10   maintenant de vous approcher de la maquette pour que nous essayions de

 11   reconstituer les différents endroits où les combats du 17 avril 1993 se

 12   sont déroulés dans la municipalité de Vitez ; parce que ce document a été

 13   envoyé à la fin de cette journée. Donc nous avons maintenant à notre

 14   disposition un certain nombre de documents et nous pouvons nous approcher

 15   de la maquette pour reconstituer l'ensemble des combats ce qui permettra

 16   aux Juges de mieux voir où ces combats se sont déroulés.

 17   (Le témoin s'approche de la maquette.)

 18   Tout d'abord, de la direction de Zenica vers Kuber, les forces

 19   Moudjahidins ont été observées : elles essayaient de prendre le contrôle

 20   de la zone de Kuber. Monsieur le Président, j'ai déjà indiqué quelle était

 21   cette direction vers Kuber. Les forces ont été envoyées avant ce moment-

 22   là, avant le moment de l'émission de ce rapport et des forces

 23   supplémentaires ont été amenées ensuite pour compléter cette tâche. C'est

 24   de cette direction de Zenica.

 25   En deuxième lieu, le rapport précise que les affrontements


Page 12199

  1   continuaient au cours de toute la journée à Santici et l'on parle

  2   également de la région de Sljivcica, Sivrino Selo. Ici, cela se trouve le

  3   long de cette route entre Vitez et Kaonik. C'est la route de Busovaca-

  4   Vitez. Général, c'est le premier village voisin ?

  5   M. Marin (interprétation). – Oui, oui, c'est le village voisin.

  6   Le village de Santici se trouve directement dans cette direction

  7   des attaques de l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans le but d'établir le

  8   lien avec leurs forces se trouvant à Vranska.

  9   M. Nobilo (interprétation). - En outre, le rapport précise que

 10   les forces musulmanes de la zone de Sljivcica se sont unies aux

 11   affrontements, également celles de Sivrino Selo et Perici. Ce sont des

 12   villages voisins de Santici et d'Ahmici. Et tout cela se situe dans une

 13   zone d'un kilomètre carré.

 14   Alors, est-ce que l'on peut dire que Sivrino Selo, Brdci et

 15   Sljivcica se trouvaient tous les trois sur un terrain plus élevé que le

 16   village de Santici et Ahmici qui sont plus proches de la route ?

 17   M. Marin (interprétation). – Oui, c'est vrai. Vous voyez sur

 18   cette maquette que Sivrino Selo est une colline, et le village de Perici

 19   est dans la continuation de Sljivcica. Je ne me rappelle plus le nom de

 20   cette colline ici, mais cela se voit très clairement sur cette maquette.

 21   On voit le rapport entre ces différents villages.

 22   M. Nobilo (interprétation). - En outre, le rapport précise que

 23   les forces qui se trouvaient dans ces deux villages essayaient d'établir

 24   le lien avec les autres villages de Kruscica, Rovna et Vranska. Où se

 25   trouvent ces villages par rapport au point de départ ?


Page 12200

  1   M. Marin (interprétation). - Sur la colline de Sljivcica et

  2   Sivrino Selo et de Perici, ces trois villages se trouvent à gauche,

  3   lorsqu'on va de Vitez à Garnji. Les villages de village de Krusna, Rovna,

  4   Vranska, ces trois villages se trouvent à la droite de la route qui va de

  5   Vitez à Kaonik. Et c'est là que se trouvaient les forces du HVO. La

  6   position du…, le HVO se retrouvait coincé.

  7   M. le Président. – Je n'ai pas entendu. Je regarde votre carte.

  8   Vous parlez de Sivrino Selo et de Perici. C'est bien cela ?

  9   M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président, pour pouvoir

 10   suivre ce que je vous indique sur la maquette, je vais essayer de vous

 11   l'indiquer en même temps sur la carte qui est projetée.

 12   M. le Président. - Sur la carte, excusez-moi. Je voudrais

 13   comprendre. Sur la carte, quand on va de Vitez à Kaonik, on a l'impression

 14   que Sivrino Selo, Ahmici et Nadioci sont à gauche. Santici, je ne vois pas

 15   très bien. C'est ce qu'il me semble d'après cette carte et d'après celle-

 16   ci.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Pour vous montrer ces villages sur

 18   la carte, Sivrino Selo, Sljivcica, Ahmici et Santici, lorsqu'on va de

 19   Vitez à Busovaca, de quel côté de la route se trouvent ces villages ?

 20   M. Marin (interprétation). – Sivrino Selo, Ahmici et Santici se

 21   trouvent dans ce cercle, ici.

 22   M. Nobilo (interprétation). - De quel côté de la route ?

 23   M. Marin (interprétation). - A gauche de la route, lorsqu'on va

 24   de Vitez vers Kaonik, vers Busovaca.

 25   M. le Président. - Ils sont à gauche, c'est bien cela ?


Page 12201

  1   M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, c'est un

  2   groupe de villages où se trouvaient les forces musulmanes. L'autre groupe,

  3   Kruscica, Rovna, où se trouvent-ils sur cette route de Vitez à Busovaca ?

  4   M. Marin (interprétation). - Ces villages se trouvent à droite

  5   de la route. Voici le village de Vranska, ici. Kruscica, Vranska, Rovna,

  6   les voici. Ces villages se trouvent dans ce cercle.

  7   Je vais essayer de les indiquer avec ce pointeur. Vous voyez ici

  8   les villages situés dans une zone de trois kilomètres carrés à peu près.

  9   M. Nobilo (interprétation). - De quel côté de la route ?

 10   M. Marin (interprétation). - Vous le voyez ici, les villages de

 11   Vranska, Kruscica et Rovan se trouvent sur la droite de la route

 12   principale entre Vitez et Kaonik.

 13   M. Nobilo (interprétation). – Lorsque l'on regarde cette carte,

 14   Ahmici, Santici, Sivrino Selo où se trouvent-ils sur cette carte ?

 15   M. Marin (interprétation). – Ahmici, Pirici, si l'on regarde

 16   tout cela par rapport à la route de Vitez-Kaonik, ils se trouvent dans le

 17   nord. Kruscica et Vranska se trouvent plutôt dans le sud de cette route.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Merci.

 19   J'aimerais que l'on passe à la partie 6 maintenant, que vous

 20   vous branchiez sur le canal 6.

 21   Nous avons des forces qui attaquent du nord vers la route. Nous

 22   avons également des armées qui attaquent du sud, toujours en direction de

 23   cette route. Dans des situations de combat, quel est votre objectif ?

 24   M. Marin (interprétation). - L'objectif principal des forces qui

 25   étaient attaquées était de couper la ligne de communication, de détruire


Page 12202

  1   le commandement de la zone opérationnelle et de contrôler la fabrique

  2   d'explosifs se trouvant à Vitez.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Général, est-ce que c'est là une

  4   situation qui correspondait au rapport de renseignements qui vous était

  5   parvenu et dont vous avez parlé précédemment ?

  6   M. Marin (interprétation). - Ce rapport correspond parfaitement

  7   aux informations qui nous avaient été fournies par nos unités de

  8   renseignement dans la zone de Busovaca et Vitez.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Peut-on distribuer cette carte, je

 10   vous prie ? 294.

 11   Cette carte a déjà été remise comme élément de preuve, mais nous

 12   aimerions également vous en fournir un exemplaire car vous y retrouvez la

 13   situation précise des combats, en date du 17 avril. J'aimerais analyser

 14   avec vous la situation des combats en date du 17 avril, lorsque nous

 15   aurons tous cette carte sous les yeux.

 16   M. Dubuisson. - Cette carte, pour rappel, porte la cote 290.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Général, tout d'abord, qui a

 18   fabriqué cette carte ?

 19   M. Marin (interprétation). – C'est moi.

 20   M. Nobilo (interprétation). – Qu'est-ce que cela représente ?

 21   M. Marin (interprétation). - Cela représente l'évolution des

 22   opérations de combat dans la municipalité de Busovaca en le 17 avril 1993.

 23   M. Nobilo (interprétation). – Est-ce que vous êtes d'accord que

 24   les cercles représentent les zones des combats et que les flèches

 25   représentent les endroits où les obus sont tombés en plus grand nombre.


Page 12203

  1   Quant aux ellipses, ces cercles allongés, ils représentent les endroits où

  2   les forces du conseil de défense croate du HVO et où les civils croates

  3   étaient encerclés. Est-ce que c'est bien la logique qui préside à cette

  4   carte ?

  5   M. Marin (interprétation). – Oui, c'est ce qui est écrit dans la

  6   légende de la carte.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Général, à l'aide des mots qui

  8   vous sont propres, est-ce que vous pourriez décrire cette carte et nous

  9   dire ce qui vous reste dans la mémoire de façon globale, de façon

 10   générale, sans entrer dans les détails car nous en avons déjà parlé. Mais

 11   de façon générale, où se situaient, en cette journée du 17 avril 1993, les

 12   problèmes pour vous et les autres membres du commandement ?

 13   M. Marin (interprétation). – Par les rapports, nous avons appris

 14   quels étaient les détails des combats. Nous avons appris quelle était

 15   l'importance et l'étendue des zones subissant ces combats. Nous avons

 16   appris également quel était le nombre des effectifs de l'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine engagés dans ces combats. Nous avons appris quelles étaient

 18   les localités les plus importantes, c'est-à-dire celles où les combats

 19   étaient les plus violents.

 20   Le problème principal, la difficulté principale, pour le

 21   commandement de la zone

 22   opérationnelle de Bosnie centrale en cette journée était la difficulté

 23   suivante. Dans le village de Stranjani, sur le territoire de la

 24   municipalité de Zenica, nous avions des hommes qui étaient totalement

 25   encerclés. Et nous ne savions pas quel était leur sort. Nous ne savions


Page 12204

  1   pas non plus quel était le sort des civils et des hommes du HVO dans le

  2   village de Brdo, Zmajevac, Cajdras et Podbrijezje. C'est ce que nous avons

  3   constaté à la lecture des rapports provenant du nouveau commandant,

  4   M. Vinko Baresic, nouveau commandant de la Brigade Franje Jurecic.

  5   Nous ne savions pas non plus quelle était la situation de la

  6   brigade de Zenica et de son commandant. Donc sur le territoire de la

  7   municipalité de Vitez et sur le territoire de la municipalité de Busovaca,

  8   nous constations un afflux de réfugiés.

  9   Dans la municipalité de Vitez, nous nous sommes rendus compte

 10   que les forces locales des villages de la municipalité de Busovaca ont

 11   effectué une jonction avec les forces provenant des villages de la

 12   municipalité de Busovaca qui, elle-même, avait déjà effectué la jonction

 13   avec les forces de El Moudjahid et de la 7ème Brigade musulmane.

 14   Je vais suivre l'ordre que l'on voit sur cette carte. Le village

 15   de Brdo. Ce jour-là, l'armée de Bosnie-Herzégovine a battu nos forces à

 16   cet endroit.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Général, pourriez-vous nous

 18   montrer où se trouve le village de Brdo sur la carte verticale ?

 19   M. Marin (interprétation). – Oui. Le village de Brdo se trouve

 20   ici et avant le conflit, la population était entièrement croate. Mais

 21   après l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine, les unités locales du

 22   HVO qui se trouvaient dans ce village ont dû se retirer vers le village de

 23   Zabilje qui est un village voisin et que l'on voit ici.

 24   Ensuite, deuxième attaque de grande importance, deuxième heure

 25   de grande importance, c'est l'attaque de l'armée de Bosnie-Herzégovine


Page 12205

  1   contre les unités locales cantonnées dans le village de Krcevine. C'était

  2   également un village peuplé, habité par des Croates.

  3   Attaque suivante, sur le territoire de la municipalité de Vitez,

  4   c'est l'attaque contre Donja Dubravica. Donja Dubravica où les unités de

  5   Bosnie-Herzégovine provenaient de Poculica et de Gornja Dubravica, car il

  6   convient de savoir qu'il y a Gornja Dubravica et Donja Dubravica. A Gornja

  7   Dubravica et à Poculica, se trouvaient les unités de l'armée de Bosnie-

  8   Herzégovine. A Dojna Dubravica se trouvaient les unités du HVO.

  9   Autre conflit, en provenance de Santici, Sivrino Selo et Pirici.

 10   Ces villages se trouvent très près de la route. Ils sont également très

 11   près du village d'Ahmici et à partir de ces villages, dans la direction du

 12   village de Vranjska Kruscica et Rovna, les forces de l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine présentent à Santici et à Sivrino Selo étaient séparées à vol

 14   d'oiseau des forces de Vranjska et Kruscica par une distance qui ne

 15   dépassait 1 km, 1,5 km.

 16   Ensuite, autre attaque de Kuber contre Obla Glava, Jelinak et

 17   Putis. Je me rappelle que ce jour-là, les unités de l'armée de Bosnie-

 18   Herzégovine ont pris Jelinak et Putis.

 19   Ensuite, nous constatons des affrontements dans le village de

 20   Strane, dans le village de Podjele. Dans l'espace qui sépare Rovna et Bare

 21   et nous constatons un pilonnage intensif et constant que l'on constate

 22   d'après les flèches. Donja Veceriska est pilonnée. La ville de Vitez est

 23   pilonnée en permanence. La ville de Busovaca est pilonnée et Donje Polje

 24   est pilonnée également. Il y a eu d'autres pilonnages ce jour-là, mais sur

 25   cette carte, je n'ai fait figurer que les pilonnages les plus violents,


Page 12206

  1   les plus intensifs.

  2   Ce qui a caractérisé également les combats dans toute cette

  3   région, c'étaient également des tirs par des tireurs embusqués de soldats

  4   de l'armée de Bosnie-Herzégovine, un peu partout, et notamment à partir de

  5   Stari Vitez dans la ville de Vitez donc, dans le quartier où étaient

  6   cantonnées les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  7   M. Nobilo (interprétation). – Général, pour finir, est-ce que

  8   ces petits cercles représentent simplement les endroits où les combats

  9   étaient les plus intenses et ne représentent pas la totalité des combats ?

 10   Est-ce bien exact ?

 11   M. Marin (interprétation). – Oui. Dans ces petits cercles, nous

 12   voyons inscrites les localités où les combats ont été les plus intenses.

 13   Mais les combats se sont répartis dans tout le territoire qui séparait les

 14   villages croates des villages musulmans, c'est-à-dire des villages où

 15   étaient stationnées des unités du HVO et des villages où étaient

 16   stationnées des unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, il est

 18   13 heures.

 19   M. le Président. – L'audience est suspendue et reprendra à

 20   14 heures 30.

 21   L'audience est suspendue à 13 heures.

 22   L'audience est reprise à 14 heures 35.

 23   M. le Président. - Veuillez introduire l'accusé.

 24   (L'accusé est introduit dans la salle d'audience).

 25   M. le Président. - Maître Nobilo, c'est à vous.


Page 12207

  1   M. Nobilo (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

  2   Général, nous nous en étions tenus à cette carte que vous nous

  3   aviez commentée. Vous nous avez dit que les flèches indiquaient les

  4   endroits où tombaient les feux de l'artillerie. Est-ce qu'il s'agissait

  5   seulement de mortiers, de feu d'artillerie, ou y avait-il d'autres

  6   bombardements ?

  7   M. Marin (interprétation). - Outre les bombardements

  8   d'artillerie et de mortiers, l'armée de Bosnie-Herzégovine, en attaquant

  9   Vitez et Busovaca, a également utilisé des chars qui se situaient dans le

 10   village de Poculica.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Le 17 avril, est-ce que les chars

 12   étaient présents et fonctionnaient déjà ?

 13   M. Marin (interprétation). – Oui, les chars étaient dans le

 14   village de Poculica et ils tiraient sur la ville de Vitez, non pas de

 15   façon sélective, c'est-à-dire qu'ils ne choisissaient pas leur cible ; ils

 16   pilonnaient la ville de Vitez dans son ensemble.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous, Général, le 17 avril,

 18   ils ont utilisé deux chars. De combien de chars disposiez-vous en Bosnie

 19   centrale ?

 20   M. Marin (interprétation). - En Bosnie centrale, le HVO ne

 21   disposait d'aucun char.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Vous nous avez dit qu'en date du

 23   17 avril, près de Santici, Perici, il y avait des affrontements d'après

 24   les rapports. Dites-moi, près du village d'Ahmici, où se trouvait la ligne

 25   de front le 17 avril ? Pourriez-vous nous montrer sur cette carte où se


Page 12208

  1   trouvait la ligne de front ?

  2   M. Marin (interprétation). – Le 17 avril 1993, la ligne de front

  3   a été établie à 50 mètres, à peu près, du village d'Ahmici. Pour être plus

  4   précis, près de Barin Gaj? Cette position des troupes HVO se trouvait à

  5   500 mètres de la route Vitez-Kaonik-Busovaca.

  6   Je voudrais encore vous indiquer cela sur la carte.

  7   (Le témoin utilise la carte.)

  8   Ici, vous voyez la ligne de front établie par le HVO le

  9   17 avril, c'est-à-dire à 50 mètres de la dernière maison d'Ahmici, à Barin

 10   Gaj.

 11   M. Nobilo (interprétation). - A combien de mètres de la ligne de

 12   front HVO… Vous avez dit que la ligne de front se trouvait à 50 mètres de

 13   la dernière maison d'Ahmici. A quelle distance se trouvait la ligne de

 14   front de l'armée BH, à quelle distance de la dernière maison d'Ahmici ?

 15   M. Marin (interprétation). - La distance entre la position HVO

 16   et la position de l'armée BH était de 150 à 200 mètres. Cela dépendait de

 17   la localisation sur le terrain. La ligne de front se trouvait donc à Barin

 18   Gaj, à l'extérieur du village d'Ahmici.

 19   M. Nobilo (interprétation). - C'est au nord d'Ahmici, non ? A

 20   200 kilomètres au nord d'Ahmici ?

 21   M. Marin (interprétation). – Oui.

 22   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous. Cette ligne de front

 23   s'est-elle déplacée jusqu'à la fin de la guerre ?

 24   M. Marin (interprétation). - La ligne de front en date du

 25   17 avril 1993 séparant les unités du HVO et de l'armée BH est demeurée


Page 12209

  1   inchangée jusqu'à l'accord de Washington.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Pensez-vous que cette ligne de

  3   front était tenue par des forces locales d'Ahmici ou ont-ils reçu des

  4   renforts ? Est-ce que des troupes fraîches sont venues à la rescousse en

  5   dehors de la municipalité de Vitez ?

  6   M. Marin (interprétation). - Pour vous expliquer la situation de

  7   combat, le 16 et le

  8   17 avril, je vous avais dit que des forces de Zenica étaient venues à la

  9   rescousse des forces locales dans le village. Dès lors, ces forces locales

 10   dans le village d'Ahmici, elles-mêmes ont été aidées, ces nouvelles forces

 11   sont arrivées et des unités de l'armée ont établi une ligne de front à

 12   Barin Gaj, face aux unités HVO.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Merci, nous allons distribuer le

 14   document suivant.

 15   M. Riad. - Brigadier Marin, quand vous dites "forces locales de

 16   Ahmici", qu'est-ce que vous entendez par forces locales d'Ahmici ?

 17   M. Marin (interprétation). - Les forces locales d'Ahmici étaient

 18   des unités de l'armée B-H. qui avaient la force d'une compagnie à peu

 19   près. Lorsqu'on parle de l'organisation de HVO et de l'armée de Bosnie-

 20   Herzégovine, on reconnaît qu'au départ, ces unités devaient être formées

 21   dans les villages.

 22   Donc un village correspondait à une unité. Si ce village était

 23   habité uniquement par des Musulmans, ce serait une unité de l'armée B-H,

 24   si le village était habité par des Croates, cela constituait une unité

 25   HVO. S'il y avait des villages mixtes, comme l'était Ahmici dans une


Page 12210

  1   certaine mesure, dans ce cas, les Croates avaient rejoint les troupes HVO

  2   et les Musulmans avaient rejoint l'armée B-H.

  3   M. Nobilo (interprétation). - La transcription parle "d'unités

  4   HV", alors qu'on a parlé "d'unités HVO". Il faudrait corriger la

  5   transcription.

  6   Je repose la question :  Y avait-il des unités HV ou des unités

  7   HVO, c'est-à-dire le Conseil de défense croate.

  8   M. Marin (interprétation). - En Bosnie centrale, au cours de la

  9   guerre, il n'y a jamais eu d'unités de l'armée croate. Dans les villages

 10   croates de Bosnie centrale, il y avait des unités HVO, c'est-à-dire du

 11   Conseil de défense croate.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Document suivant.

 13   M. Dubuisson. - D296, D296a pour la version française, D296b

 14   pour la version

 15   anglaise.

 16   M. Nobilo (interprétation). - Nous avons sous les yeux le

 17   document D296, nous y retrouvons toute une série d'ordres provenant du

 18   colonel Blaskic en date du 17 avril.

 19   Jusqu'à présent, nous avons lu les rapports qui lui étaient

 20   parvenus, maintenant, nous allons voir les ordres qu'il a émis.

 21   "Commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale,

 22   17 avril 18 heures 15", un ordre est envoyé "A l'intention des commandants

 23   des unités Viteska, Zrinjski, et la police militaire de Vitez".

 24   Trois unités sont donc affectées par cet ordre.

 25   "Préambule, suite à la recrudescence des attaques des forces


Page 12211

  1   musulmanes, sur la zone de Kuber, et parce que la sécurité de la route

  2   Kaonik-Vitez pourrait être menacée et qu'il s'agit d'empêcher l'ennemi de

  3   s'emparer de cette route, je donne le présent ordre :

  4   1. Formez une ligne de défense autour de la zone étendue de

  5   Kuber, en mobilisant les forces des brigades Viteska et Zrinjski, ainsi

  6   que celles du 4e Bataillon de police militaire, pour établir la jonction

  7   avec les forces de Vidovici, point géodésique 514-646, Jelinak-Obla Glava,

  8   dans la perspective de la mission suivante : organiser une défense ferme

  9   sur la ligne ci-dessus et empêcher à tout prix l'ennemi d'avancer vers

 10   Kaonik et Nadioci."

 11   Je passe au point 3. "Communiquez-moi immédiatement tout

 12   changement important sur ladite ligne de défense.

 13   4. Me présenter un rapport sur l'exécution de cet ordre au plus

 14   tard le 17 avril à 24 heures." Avant, on avait mis 23 heures. Maintenant

 15   on a précisé qu'il s'agissait de 24 heures. Je crois qu'il y avait une

 16   erreur de frappe. C'est signé : Colonel Blaskic.

 17   Dites-moi si cette photocopie est une copie authentique de

 18   l'ordre signé par le colonel Blaskic, le 17 avril à 18 heures 15.

 19   M. Marin (interprétation). - Oui. C'est une copie authentique :

 20   j'ai rédigé moi-même ce document ; il a été signé par le colonel Blaskic ;

 21   il porte le cachet du commandant, avec les lettres ONO -c'est une

 22   référence à moi-même, car je suivais de près l'application de ces ordres.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Peut-on dire que les points 3 et 4

 24   mettent l'accent sur la nécessité de présenter un rapport ?

 25   M. Marin (interprétation). – Oui, surtout le point 4. Si l'on


Page 12212

  1   tient compte de l'heure et de la date précisée, il s'agit d'un délai d'un

  2   délai précis pour le rapport. Puisque la situation sur le terrain était

  3   extrêmement complexe, le commandant souhaitait obtenir des informations

  4   quant à ce qui se passait réellement.

  5   M. Nobilo (interprétation). – Général, pourriez-vous utiliser le

  6   rétroprojecteur pour nous montrer où se trouvait la ligne de front d'après

  7   cet ordre ?

  8   M. Marin (interprétation). - Oui.

  9   M. Nobilo (interprétation). – Allez-y.

 10   M. Marin (interprétation). – Pourriez-vous nous montrer

 11   Vidovici, le point géodésique 514 et 646, Jelinak-Obla Glava ?

 12   M. Marin (interprétation). - Ici, nous avons Vidovici, au-dessus

 13   de Mahala qui n'est pas mentionné ici. Mais c'est important pour éviter

 14   des infiltrations dans Nadioci. Ici Kuber et ici, le village de Jelinak et

 15   Obla Glava. C'est difficile à montrer, car, de toute façon, cette ligne va

 16   en zigzag.

 17   M. Nobilo (interprétation). – Est-il vrai la ligne de front

 18   était établie entre au sud de Kuber, entre la route principale et Kuber ?

 19   M. Marin (interprétation). - Oui. La ligne de front était

 20   établie sur le flanc sud, au pied de Kuber, tout près de la route : à

 21   partir de la route jusqu'à la localité de Jelinak. Il y avait peut-être là

 22   un kilomètre à deux kilomètres tout au plus, à vol d'oiseau.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cela signifie que le

 24   17 avril, à 18 heures 15, vous aviez perdu le mont Kuber ?

 25   M. Marin (interprétation). – Oui, c'est qui découle de cet


Page 12213

  1   ordre. Nous avions perdu la colline de Kuber qui était sous le contrôle de

  2   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Tout ce plateau était en leur pouvoir. Et

  3   la route que nous tenions à défendre était menacée. On précise ici qu'il

  4   s'agissait d'un point de défense capital, autrement dit dont on ne peut

  5   pas se retirer, qu'il faut défendre à tout prix.

  6   La route de Vitez à Busovaca était maintenant également en

  7   danger.

  8   M. Nobilo (interprétation). – Merci. Document suivant, s'il vous

  9   plaît.

 10   M. Dubuisson. – Il s'agit du document D297, D297a pour la

 11   version française, D297b pour la version anglaise.

 12   M. Nobilo (interprétation). – Le commandant, le colonel Blaskic,

 13   en date du 17 avril, à 20 heures, s'adresse au commandant de la brigade

 14   Stjepan Tomasevic Novi Travnik, commandant de la Brigade Viteska, pour

 15   information et demande d'envoyer des renforts à Vitez. Il dit : "Pour les

 16   besoins de la défense de Vitez, envoyez immédiatement une unité de 25 à

 17   30 hommes pour empêcher l'avance des unités musulmanes du village de

 18   Krcevine vers Vitez."

 19   Alors, général, est-ce que cette photocopie est authentique par

 20   rapport à l'original ? Est-ce que cela correspond bien aux ordres envoyés

 21   à cette date ?

 22   M. Marin (interprétation). - Cet ordre, c'est moi qui l'ai

 23   rédigé. D'ailleurs, il porte le cachet de la zone opérationnelle et la

 24   signature du commandant de la zone, le général Blaskic.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous montrer sur le


Page 12214

  1   plan le village de Krcevine et quelle est la voie d'accès qui est menacée

  2   à partir du village de Krcevine vers Vitez ?

  3   M. Marin (interprétation). – Ici, nous avons le village avec une

  4   majorité croate. L'armée BH attaque en direction du village de Krcevine et

  5   s'ils arrivent à percer, ils vont établir la jonction avec leurs troupes,

  6   mettre en danger la ville de Vitez.

  7   M. Nobilo (interprétation). – Le commandant demande des renforts

  8   à raison

  9   d'unités de 30 hommes. Est-ce que vous pensez que c'est un nombre très

 10   limité, étant donné les combats qui se poursuivaient. Ce chiffre nous

 11   montre la qualité de l'organisation du HVO. Si l'armée HVO avait été

 12   structurée comme une armée bien organisée, le commandant de la zone

 13   opérationnelle n'aurait jamais donné ordre à un commandant subordonné de

 14   lui envoyer trente hommes, ou alors il aurait dit : "Envoyez-moi une

 15   compagnie ou un bataillon ou deux bataillons".

 16   C'est la preuve de l'état de l'armée HVO du point de vue de son

 17   organisation. Cela corrobore ce que je vous ai dit le premier jour, à

 18   savoir que les brigades HVO n'avaient pas de force de déploiement rapide.

 19   M. Nobilo (interprétation). – Autre document.

 20   M. Dubuisson. – Document D298, D298a pour la version anglaise.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Nous avons ici un autre ordre

 22   provenant du commandant Blaskic, en date du 17 avril à 20 heures. Cet

 23   ordre s'adresse à toutes les brigades de toutes les unités indépendantes

 24   de Vitezovi et la compagnie de communication. Le titre dit : "Soyez prêts

 25   au maximum pour le combat".


Page 12215

  1   Je vous lis l'ordre : "En application de l'ordre du commandant –

  2   puis il y a une référence O2.2/1.01…et le reste est illisible- et à la

  3   suite de l'agression franche des forces musulmanes contre les forces HVO

  4   et le peuple croate –ensuite il y a de nouveau une date, donc le 17 avril

  5   1993- en premier lieu, toutes les unités HVO dans la zone sous

  6   responsabilité de ce commandement doivent se préparer immédiatement au

  7   combat au plus haut niveau.

  8   2. Mettre fin à toutes les permissions, rappeler tous les hommes

  9   disponibles dans la zone pour qu'ils participent à la structure de

 10   défense,

 11   Repousser l'agression des forces musulmanes avec toutes les

 12   forces disponibles et tout l'équipement disponible, utiliser tout le

 13   potentiel disponible dans la zone pour la défense et, si cela s'avérait

 14   utile, utiliser même la force.

 15   Creuser des tranchées sur la ligne de front et se préparer à

 16   contre-attaquer,

 17   Envoyer des rapports écrits à moi-même toutes les 4 heures par

 18   communications "paquets" à partir du 18 avril 1993 à 6 heures.

 19   6. Cet ordre entre en vigueur immédiatement et les commandants

 20   d'unité seront personnellement responsables de son exécution à moi-même.

 21   Signé : colonel Blaskic".

 22   Général, pouvez-vous me confirmer que cette photocopie est bien

 23   une copie authentique du document signé par le colonel Blaskic en date du

 24   17 avril à 20 heures ?

 25   M. Marin (interprétation). – Oui, je peux vous le confirmer car


Page 12216

  1   c'est moi qui ai rédigé ce document. Le colonel Blaskic l'a signé et il

  2   porte le cachet du commandant de la zone opérationnelle.

  3   M. Nobilo (interprétation). – Général, pouvez-vous expliquer à

  4   la Cour comment il est possible que, le 17 avril, donc le deuxième jour de

  5   la guerre, à 20 heures, 8 heures du soir, le colonel Blaskic donne l'ordre

  6   de se préparer au combat à toutes les unités, c'est-à-dire qu'il interdit

  7   ou suspend toutes les permissions et demande d'être tout à fait prêt au

  8   combat ? Comment expliquez-vous cela ?

  9   M. Marin (interprétation). - Lorsque l'armée de Bosnie-

 10   Herzégovine a lancé son attaque sur les unités HVO, le 16 avril, certaines

 11   négociations étaient encore en cours et, au sein du HVO, au sein du

 12   commandement de la zone opérationnelle, nous avions pensé que le cessez-

 13   le-feu serait respecté.

 14   Cependant, au fur et mesure que le temps passait, les attaques

 15   de l'armée BH se sont faites de plus en plus intenses, l'armée BH s'est

 16   lancée avec des troupes très importantes et l'intensité des hostilités a

 17   augmenté, de telle manière que, le 17 avril, le commandant a fait le bilan

 18   de la situation et a décidé de lancer ce genre d'ordre.

 19   Cet ordre nous montre également de façon très convaincante que

 20   le commandant de

 21   la zone opérationnelle n'avait pas préparé de plan d'attaque sur les

 22   unités BH le 16 avril. Si nous nous étions préparés à ce genre d'attaque

 23   de l'armée BH ou si nous avions voulu les attaquer avant le 16, et même

 24   avant le 15 avril, nous aurions déjà procédé à la mobilisation générale :

 25   tout ce qui figure sous le point 2, c'est-à-dire "suspendre les


Page 12217

  1   permissions, interdire les nouvelles permissions et inclure tous les

  2   hommes valides pour défendre le territoire".

  3   La gravité de la situation exigeait que le commandant, au

  4   point 3, nous indique que toutes les ressources disponibles devaient être

  5   utilisées pour repousser l'agression, car nous étions dans une situation

  6   où il s'agissait de livrer une bataille décisive.

  7   En effet, il s'agissait d'essayer d'arriver à freiner l'objectif

  8   de l'armée BH, qui voulait couper la route afin d'empêcher l'arrivée des

  9   renforts et de contrôler toute la région de la vallée de la Lasva, ce qui

 10   aurait conduit au désarmement total de nos unités.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Alors revenons au personnel à

 12   votre disposition dans cette zone opérationnelle en date du 16.

 13   M. Marin (interprétation). – Je vous ai déjà dit que, le

 14   16 avril, nous avions 7 membres du personnel de commandement et que, le

 15   17, dont nous discutons maintenant, plus personne ne s'était joint à nous,

 16   car la route par Grbavica était coupée, et pour passer depuis Busovaca,

 17   c'était extrêmement dangereux puisqu'il y avait des tirs constants.

 18   Le personnel de commandement qui n'était pas au Siège à cette

 19   date n'a pas pu arriver dernièrement. Autrement dit, le commandement a

 20   continué à fonctionner avec sept membres présents.

 21   M. Nobilo (interprétation). – Merci. Peut-on présenter le

 22   document suivant ?

 23   M. Dubuisson – Document D299, D299a pour la version anglaise.

 24   M. Nobilo (interprétation). – Général, nous allons remonter un

 25   peu dans le temps.


Page 12218

  1   Dans les documents précédents, nous avons atteint la soirée du

  2   17 avril, mais nous allons maintenant revenir aux heures de la matinée du

  3   17 avril. Il est 9 heures 10. Le colonel Blaskic émet l'ordre de

  4   préparation au combat pour arrêter une partie des forces musulmanes qui

  5   effectue une attaque contre le HVO. Donc il s'agit du 17 avril, à

  6   9 heures 10.

  7   "1. L'ennemi continue à effectuer des actions d'attaque sans que

  8   leur intensité baisse. Il attaque les unités du HVO avec pour objectif de

  9   purifier ethniquement la zone de la Lasva et d'anéantir toutes les

 10   institutions du HVO dans la vallée de la Lasva. L'objectif vraisemblable

 11   de l'agresseur est d'agir suite aux accords avec les Chetniks et, après la

 12   chute de Srebrenica et d'autres parties, d'autres zones, d'effectuer une

 13   victoire totale remportée militairement sur le HVO dans ces zones, de les

 14   rattacher à la Grande Serbie ou à la nouvelle Yougoslavie.

 15   Au cours des combats d'hier, l'ennemi s'est servi de méthodes

 16   qui sont des méthodes extrêmement Chetniks où ils poussaient des femmes et

 17   des enfants devant soi avec, pour objectif, de prendre le contrôle sur des

 18   sites les plus importants, ce qui cependant ne lui a pas réussi.

 19   1. Les forces ennemies se sont concentrées à Jablanica, Konijc,

 20   Vitez et Busovaca.

 21   2. Les objectifs de votre unité : arrêter les forces de

 22   l'agresseur.

 23   a. effectuer le blocus de Visnjica et d'autres villages d'où des

 24   attaques ennemies sont possibles,

 25   b. prendre le contrôle de Gomionica et Svinjarevo tout en


Page 12219

  1   fournissant un appui d'artillerie, de lance-roquettes et de mortiers,

  2   attaques dans la direction de Sikulje et de Hadrovci."

  3   A la main, il est rajouté : "S'emparer de la ligne de front et

  4   effectuer une jonction des forces.

  5   c. Les puissances du secteur n° 5 doivent être renforcées au

  6   niveau du site Badnje (une compagnie) et également au niveau du site

  7   Pobrdje, une compagnie.

  8   3. Toutes les attaques de l'agresseur ont été repoussées et la

  9   ville de Vitez est sous notre contrôle tandis que les forces de la brigade

 10   Viteska et la Brigade Busovaca du HVO ont entièrement pris le contrôle du

 11   site de Kuber et de Saracevica et ont repoussé les attaques de l'agresseur

 12   de Zenica.

 13   4. Sachez que c'est des résultats de votre mission que dépend la

 14   survie des Croates de la région de la Lasva qui pourrait être notre

 15   tombeau collectif si vous attendez ou si vous hésitez.

 16   5. Le moment du début de l'action vous sera donné par le

 17   commandement, suite à la réception de votre rapport sur l'aptitude que

 18   vous devez nous faire parvenir à la date du 17 avril 1993, à 23 heures 30.

 19   Commandant,  colonel Tihomir Blaskic."

 20   Général, cette photocopie représente-t-elle fidèlement l'ordre

 21   de préparation au combat qui a été adressé par le colonel Tihomir Blaskic

 22   à la date du 17 avril à 9 heures 10 du matin ?

 23   M. Marin (interprétation). – Oui, je peux l'affirmer d'après la

 24   signature du colonel Blaskic et d'après le cachet du commandement de la

 25   zone opérationnelle.


Page 12220

  1   M. Nobilo (interprétation). – Nous voyons ici quelque chose

  2   rajouté à la main au crayon noir. Pouvez-vous nous dire si vous

  3   reconnaissez l'écriture ?

  4   M. Marin (interprétation). – C'est l'écriture du

  5   colonel Blaskic. Nous avons déjà eu ce cas où le colonel Blaskic,

  6   lorsqu'il se voit présenter un document pour le signer, il le corrige sur

  7   le moment à la main et c'est sous cette forme-là que ce document a été par

  8   la suite envoyé là où il devait être envoyé.

  9   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous, mais souvent on a vu

 10   ces situations où nous avons des caractères corrigés, raturés, des choses

 11   rajoutées à la main, etc., pourquoi cela se passait-il ainsi ?

 12   M. Marin (interprétation). – Vous savez, nous, nous utilisions

 13   des machines simples, mécaniques. Vous avez ici un document qui a été

 14   rédigé par Zrinjski qui n'était pas un dactylographe professionnel. Nous

 15   n'avions pas, à la date du 17 avril, des dactylos au sein du commandement

 16   de la zone opérationnelle. Ils n'étaient pas parvenus à temps.

 17   M. Nobilo (interprétation). - Pour autant que vous sachiez, à ce

 18   moment-là, pourquoi faut-il bloquer le village de Visnjica et pourquoi

 19   faut-il s'emparer du village de Svinjarevo et de Gomionica ?

 20   M. Marin (interprétation). – Pour autant que je sache, Gomionica

 21   était l'endroit où l'armée de Bosnie-Herzégovine avait un maximum de

 22   troupes concentrées pour ce qui est de la municipalité de Kiseljak. Ceci

 23   devait nous permettre d'empêcher qu'il y ait cette coupure et nous

 24   pourrions empêcher les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine d'avancer

 25   parce que nous avons déjà vu, d'un rapport de la brigade de Busovaca,


Page 12221

  1   comment l'armée de Bosnie-Herzégovine amenait des renforts de Kakanj, de

  2   Visoko. Donc ici, on devait faire en sorte que leurs forces soient

  3   arrêtées pour qu'au moins, on puisse aider les forces du HVO à défendre

  4   Vitez et Busovaca.

  5   M. Nobilo (interprétation). – Je vous lirai un autre point de

  6   cet ordre qui ne me paraît pas être tout à fait militaire. Vous me

  7   corrigerez si je me trompe. Nous avons le point 4, à la deuxième page.

  8   "4. Suite à une présentation dramatique de la situation… je

  9   lis sachez que c'est des résultats de votre mission que dépend la survie

 10   des Croates de la région de la Lasva qui pourrait être notre tombeau

 11   collectif si vous attendez ou si vous hésitez".

 12   Dites-moi, pourquoi ce style est-il si émotionnel ? Pourquoi

 13   Blaskic doit-il agir sur ce ton-là en s'adressant au commandant de la

 14   brigade Banja Lacis ? Pourquoi ne se contente-t-il pas d'adopter un ton

 15   purement militaire, d'émettre un ordre ?

 16   M. Marin (interprétation). – Oui, tout à fait, du point de vue

 17   militaire ce serait plus correct. Mais je vous ai dit qu'au sein du HVO,

 18   il y avait très peu d'officiers formés, d'officiers qui avaient soit une

 19   pratique militaire soit une connaissance théorique militaire. Donc vous

 20   avez

 21   l'utilisation de ce genre de termes par lesquels le commandant souhaitait

 22   rendre la réalité plus familière du commandant qui allait recevoir l'ordre

 23   qui allait lui traduire, de manière plus explicite, la gravité de la

 24   situation.

 25   C'est pourquoi il utilise ce style-là, ce ton-là, pour que ce


Page 12222

  1   commandant comprenne dans quelle situation se trouve toute cette zone de

  2   la vallée de la Lasva, plutôt les municipalités de Busovaca et de Vitez.

  3   M. Nobilo (interprétation). – Est-ce qu'on a l'impression qu'il

  4   s'agit d'une supplication dans ce point ?

  5   M. Marin (interprétation). – Ce texte reflète parfaitement la

  6   situation dans laquelle se sont trouvées les unités du HVO à Vitez et  à

  7   Busovaca.

  8   C'est effectivement un appel au secours, un appel adressé par

  9   quelqu'un qui est désespéré, qui est dans une situation sans issue.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Merci, nous allons consulter un

 11   autre document maintenant.

 12   M. Dubuisson. – Document D33O, D300a pour la version française,

 13   D300b pour la version anglaise.

 14   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons un ordre,

 15   ordre de combat qui est daté du 17 avril 1993, à 23 heures 45, donc le

 16   soir. La défense a reçu ce document de l'accusation ; on peut le voir

 17   d'après le numéro d'enregistrement. Mais, dites-nous, d'après la

 18   signature, d'après le sceau, s'agit-il de la signature de Blaskic ?

 19   M. Marin (interprétation). - C'est le sceau de la zone

 20   opérationnelle. J'ai écrit ce document au nom du colonel Blaskic parce que

 21   j'y ai été autorisé par lui. Il s'agit de 23 heures 45, c'était au moment

 22   où Blaskic s'était assoupi un peu dans la salle où nous travaillions.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre de combat exécutif, est-

 24   il lié au document

 25   D299, donc le document de préparation au combat que nous venons


Page 12223

  1   d'examiner ?

  2   M. Marin (interprétation). – Oui, on le voit d'après les

  3   missions qui sont confiées aux unités.

  4   M. Nobilo (interprétation). – L'objectif de cet ordre de combat

  5   exécutif est-il le même que celui de l'ordre de préparation au combat, à

  6   savoir arrêter les forces ennemies pour alléger la situation aux forces du

  7   HVO dans la vallée de la Lasva ?

  8   M. Marin (interprétation). – Oui, c'était notre objectif

  9   principal à l'époque.

 10   M. Nobilo (interprétation). - C'est vous qui avez écrit et signé

 11   ce document. Peut-on dire que, sur la base de cet ordre, on peut avoir

 12   l'impression qu'il autorise à attaquer les civils, à détruire les biens

 13   civils, à brûler les maisons ?

 14   M. Marin (interprétation). - Non.

 15   M. Nobilo (interprétation). – Peut-on consulter le document

 16   suivant, s'il vous plaît ?

 17   M. Dubuisson. - Il s'agit du document D301, D301a pour la

 18   version française, D301b pour la version anglaise.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Nous allons lire le document 301.

 20   Il s'agit d'un ordre qui a été donné par le colonel Blaskic, qui date du

 21   17 avril 1993, à 22 heures 10.

 22   Ceci est destiné à être remis au commandant de la brigade

 23   Viteska en personne. Le titre : "Organisation et conduite de la défense de

 24   Vitez. Ordres.

 25   Premièrement. L'ennemi, menant une agression déclarée contre le


Page 12224

  1   peuple et le territoire croates, l'ennemi, les forces musulmanes, essaie

  2   de détruire complètement le HVO et toutes ses institutions dans la région

  3   de la vallée de la Lasva, utilisant les méthodes de combat les plus

  4   brutales à l'encontre des biens et personnes croates. Jusqu'à présent, les

  5   efforts de l'ennemi n'a pas connu beaucoup de succès mais a énormément

  6   joué sur sa supériorité numérique.

  7   Deuxièmement. La mission de nos forces est la suivante :

  8   déployer des forces sur les lignes de défense et organiser une défense

  9   décisive ; empêcher l'ennemi d'entrer dans la ville de Vitez et de prendre

 10   le contrôle de la route Kaonik-Vitez-Bila ; organiser la défense par

 11   secteurs comme suit :

 12   - Secteur 1 : Zabilje, Brdo, Grabalj, Krcevine, point

 13   géodésique 356. Le commandant de la brigade Viteska nommera le commandant

 14   du secteur.

 15   - Secteur 2 : Vidovici, point géodésique 514, point géodésique

 16   646, Jelinak, Obla Glava. Le commandant de la brigade Viteska désignera le

 17   commandant du secteur.

 18   - Secteur supplémentaire : Kruscica. Pour assurer l'arrière-

 19   garde des forces principales : point géodésique 511, Baskarad.

 20   Troisièmement. Exécuter des travaux de génie de premier niveau

 21   dans les secteurs ; creuser des tranchées permanentes. Date limite :

 22   18 avril 1993, à 5 heures.

 23   Quatrièmement. Organiser la coordination entre les secteurs ;

 24   établir le contact dans le secteur 1, sur le flanc gauche de la défense,

 25   avec les unités de la brigade Frankopan ; prendre toutes les mesures en


Page 12225

  1   matière de sécurité de combat lorsque vous effectuez lesdites activités ;

  2   réapprovisionner les unités en armes afin de leur permettre de mener les

  3   activités de défense. Fournissez aux soldats deux équipements de combat ;

  4   si la formation venait à manquer d'armes, celles-ci seront réquisitionnées

  5   auprès de la population inapte au service militaire.

  6   Cinquièmement. Les commandants de secteur sont subordonnés au

  7   commandant de la brigade Viteska. Les communications entre les secteurs

  8   doivent être organisées en fonction du matériel de communication

  9   disponible. Envoyez-moi des rapports toutes les quatre heures mentionnant

 10   les données exactes au sujet des positions de nos forces et des forces

 11   ennemies. Envoyez des rapports urgents, si nécessaire.

 12   Sixièmement. Le commandant de la brigade Viteska est

 13   personnellement responsable de l'exécution du présent ordre.

 14   Envoyez-moi des rapports au sujet de l'exécution du présent

 15   ordre, le 18 avril 1993 à 10 heures au plus tard.

 16   Commandant-Colonel Tihomir Blaskic."

 17   Général, pouvez-vous me dire si cette copie reflète fidèlement

 18   l'ordre d'organisation et de conduite de la défense de Vitez qui a été

 19   émis le 17 avril 1993 à 22 heures 10.

 20   M. Marin (interprétation). - Oui, c'est un ordre que j'ai écrit

 21   moi-même et je l'ai signé sous l'autorisation du commandant de la zone

 22   opérationnelle.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Avant de montrer ceci sur la

 24   maquette, d'y montrer les lignes de défense du HVO, au soir du 17 avril,

 25   je souhaite qu'on explicite quelque chose.


Page 12226

  1   Ici, au point 3, on dit "exécuter des travaux de génie de

  2   premier niveau". Qu'est-ce que cela veut signifie ?

  3   M. Marin (interprétation). - Cela veut dire qu'il faut creuser

  4   des tranchées au niveau de la ligne de front, il faut creuser des

  5   tranchées dont la profondeur sera telle qu'elle permettra au soldat de se

  6   tenir debout une fois qu'il sera dedans et son corps ne sera plus visible

  7   de l'extérieur. Il faut installer tout ce qui permet de s'abriter, il faut

  8   fortifier ces installations à l'aide de bois et de tout le matériel de

  9   construction qu'on peut trouver dans les parages.

 10   M. Nobilo (interprétation). - A la page 2, on voit qu'il faut

 11   fournir aux soldats des armes, afin de leur permettre de mener des

 12   activités de défense et aux soldats deux équipements de combat. Qu'est-ce

 13   que cela signifie ?

 14   M. Marin (interprétation). - L'équipement de combat, il est

 15   déterminé en fonction du type d'armes. S'il s'agit d'armes automatiques,

 16   donc d'un fusil automatique, alors c'est environ 300 balles, s'il s'agit

 17   d'un fusil semi-automatique, c'est moins de munitions, s'il s'agit du

 18   fusil M 48, donc du fusil dont nous disposions qui ne permet pas de faire

 19   des rafales, alors, c'est encore moins.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi, qu'est-ce que cela veut

 21   dire : "Si la

 22   formation venait à manquer d'armes, celles-ci seront réquisitionnées

 23   auprès de la population inapte au service militaire." Tout d'abord,

 24   qu'est-ce que c'est lorsqu'on dit "Si la formation venait à manquer

 25   d'armes", c'est quel type d'arme ?


Page 12227

  1   M. Marin (interprétation). - C'est le type d'arme qui est prévu

  2   pour un soldat dans une armée organisée, mais comme nous n'avions pas

  3   cela, nous employions des armes prévues et des armes non prévues. Le plus

  4   souvent, nous avions des fusils de chasse, toutes sortes de fusils de

  5   chasse, de tous calibres et de toutes sortes.

  6   Egalement, il ressort de ce texte que l'ensemble des effectifs

  7   qui figuraient dans la composition de la brigade de Viteska ne disposaient

  8   pas d'armes, n'étaient pas armés. Le plus souvent, le niveau d'armement et

  9   d'équipement des unités dans la vallée de Lasva, à Busovaca, Vitez, Novi

 10   Travnik, c'était entre 55 et 60 %. Si vous aviez 100 soldats sur vos

 11   listes, vous aviez, en fait, environ 60 fusils de différents types,

 12   automatiques, semi-automatiques, ou parfois des fusils de chasse.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Au point 5, on lit : "Les

 14   communications entre les secteurs doivent être organisées en fonction du

 15   matériel de communication disponible" ; est-ce que ceci est coutumier dans

 16   des armées, est-ce que l'on sait habituellement dans une armée quel moyen

 17   de communication sera utilisé ou non ?

 18   M. Marin (interprétation). - Oui, dans une armée constituée, on

 19   sait quel type de communication sera utilisé, pour effectuer la

 20   communication, pour les différents niveaux, compagnie ou bataillon, quel

 21   type de communication, on utilise. Mais nous, nous n'avions pas ce genre

 22   de moyen de communication réglementaire, nous n'avions que des moyens de

 23   bord. D'un secteur à l'autre, cela pouvait varier.

 24   Dans un secteur, on en avait, dans l'autre on n'en avait pas.

 25   C'est dans ce cas-là qu'il fallait trouver le moyen le plus adapté pour


Page 12228

  1   pouvoir communiquer, pour pouvoir échanger des informations, pour savoir

  2   ce qui se passait dans les lignes de front respectives.

  3   Si vous me le permettez, j'aimerais expliquer quelque chose

  4   parce qu'ici, nous avons un nouveau terme qui est entré dans notre débat,

  5   vous avez le terme de "secteur".

  6   Nous avons vu, lorsque nous avons parlé de brigade, nous avons

  7   vu que la brigade de Viteska a été constituée au mois de mars, vers le

  8   20 mars 1993. Au moment de sa création, le commandement de cette brigade

  9   n'était pas apte à travailler dans des conditions de guerre, et pour ces

 10   raisons-là et parce qu'il y avait tout le temps des attaques de l'armée de

 11   Bosnie-Herzégovine qui s'intensifiaient en plus, le commandant m'a donné

 12   l'instruction de rédiger un ordre un peu plus détaillé, et d'expliciter

 13   dans mon texte de quelle façon, réellement, il fallait agir sur le terrain

 14   et de quelles lignes de front il fallait prendre.

 15   M. Nobilo (interprétation). – Général, cette brigade Viteska

 16   devait disposer de bataillons et le bataillon de compagnies, et à chacun

 17   de ces niveaux, il fallait avoir un commandant, alors que vous, ici, vous

 18   parlez de secteurs et vous dites que ce sont les commandant respectifs qui

 19   décideront du commandant du secteur. N'est-ce pas un retour aux origines

 20   du HVO ?

 21   M. Marin (interprétation). – Oui. C'était comme cela à l'époque,

 22   mais la brigade Viteska à ce moment n'avait qu'un seul bataillon qui était

 23   constitué dans la zone de Vitez, de la municipalité de Vitez, ce

 24   territoire était trop grand pour un seul bataillon. Donc nous avons, au

 25   début, constitué des unités par village, puis nous avons réuni un nombre


Page 12229

  1   plus important de villages et l'espace que couvrait ces villages, nous

  2   l'avons appelé "secteur". Mais on le comprendra mieux sur notre maquette.

  3   Je vais essayer de l'expliquer à partir d'ici. Nous avons

  4   Krcevine, Dubravica et Santici. Nous avons dit que cette zone-là, qui est

  5   recouverte par ces trois villages, à droite jusqu'à une colline, à gauche

  6   jusqu'à une autre colline, c'est la zone de défense.

  7   Les forces qui doivent occuper ce secteur sont les forces qui

  8   sortent de ces villages, Santici, Krcevine et Dubravica. C'est comme cela

  9   que nous avons organisé la défense pour

 10   l'ensemble de la municipalité de Vitez, parce que, dans cette

 11   municipalité, nous étions déjà complètement encerclés. Je répète: nous

 12   avons les unités de l'armée BH à Kruscica, à Vranska, à Rovna, dans cette

 13   partie-là, et puis les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui ont

 14   déjà pris Barin Gaj, Krcevine, Mahala, Sljivicica et Kuber. Ce que j'ai

 15   déjà dit.

 16   Où sont maintenant les unités du HVO ? Elles sont presque

 17   immédiatement à côté de l'axe routier à droite et à gauche, et à gauche,

 18   au nord, et au sud, c'est-à-dire à droite, vous avez les unités de l'armée

 19   de Bosnie-Herzégovine. C'est comme cela que s'est constitué ce front.

 20   Dans la situation donnée, la seule chose possible était de

 21   préciser ainsi sa mission à la brigade pour qu'elle défende sa zone,

 22   autrement dit la ville même de Vitez.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Général, est-ce que vous voulez

 24   dire par là, que les compagnies et les bataillons n'existent pas, ne

 25   fonctionnent pas mais que ce sont en fait des villages qui fonctionnent.


Page 12230

  1   C'est cela ce que vous voulez dire ?

  2   M. Marin (interprétation). - C'est ce que je viens de dire, en

  3   effet. On constate que l'on demande au commandant de définir les secteurs

  4   des brigades. C'est seulement le jour du 17 avril 1993 que l'homme chargé

  5   de prendre la responsabilité sur lui et d'organiser la défense dans tel ou

  6   tel secteur, dans le secteur qui lui a été affecté, c'est seulement ce

  7   jour-là qu'il est nommé. Nous n'avions pas de commandant de compagnie ou

  8   de commandant de bataillon à ce moment-là, ce qui pourtant aurait été

  9   logique et normal dans toute armée organisée.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Général, je vous demanderai de

 11   bien vouloir vous approcher de la maquette, en tenant le document que vous

 12   avez rédigé vous-même, rédigé à la main, et je vous prierai de montrer aux

 13   Juges quelles sont ces lignes de défense de la région de Vitez qui

 14   existaient le soir du 17 avril 1993.

 15   M. Marin (interprétation). - Je partirai du secteur n° 1. Le

 16   village de Zabilje qui se trouve ici. Pour ceux qui suivent sur les

 17   cartes, le village de Zabilje est à côté de la route de Bila à Han Bila.

 18   Nous allons donc de la gauche vers la droite.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Si vous me le permettez,

 20   j'aimerais que nous parlions de ces petits drapeaux. Où se trouve Zabilje

 21   donc ?

 22   Le petit drapeau qui se trouve devant le village de Zabilje, pas

 23   dans le village mais devant le village indique bien la présence des forces

 24   musulmanes, n'est-ce pas ?

 25   M. Marin (interprétation). - Ici.


Page 12231

  1   M. Nobilo (interprétation). – Le deuxième point ?

  2   M. Marin (interprétation). – Jardol.

  3   M. Nobilo (interprétation). - Je vous demande de prendre ce

  4   petit drapeau vert, et de le placer à côté du village de Jardol.

  5   M. Marin (interprétation). – Krcevine.

  6   M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous mettre un petit

  7   drapeau vert devant le village de Krcevine ?

  8   M. Marin (interprétation). – 356, c'est une petite montagne que

  9   l'on ne voit pas sur la carte, mais qui se trouve aux environs de

 10   Krcevine, un petit mont. Tout cela constituait un secteur, cet espace

 11   délimité ici.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Passons au deuxième secteur.

 13   M. Marin (interprétation). – Vidovici.

 14   M. Nobilo (interprétation). – Placez-y un petit drapeau.

 15   M. Marin (interprétation). - Voilà je place un petit drapeau au

 16   niveau du village de Vidovici, TT 514-646, c'est l'endroit qui se trouve

 17   ici près de Mahala, puis Jelinak, Obla Glava.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Mettez également un drapeau devant

 19   Obla Glava.

 20   M. Marin (interprétation). - Ensuite le secteur TT 511, secteur

 21   supplémentaire. Baskara, qui se trouve ici. Et c'est tout.

 22   M. Nobilo (interprétation). – Et Kruscica ?

 23   M. Marin (interprétation). - Ah oui, Kruscica.

 24   M. Nobilo (interprétation). - Donc, en ce moment, les petits

 25   drapeaux indiquent l'emplacement des lignes de conflits ou des lignes de


Page 12232

  1   front séparant les Croates et les Musulmans le 17 avril ?

  2   M. Nobilo (interprétation). – Je demande le document suivant.

  3   M. Dubuisson. – Document D302, D302a pour la version anglaise.

  4   M. Nobilo (interprétation). – Général, nous n'allons pas lire ce

  5   document. Mais je vous demanderai de nous dire simplement de quoi il est

  6   question dans ce document ?

  7   M. Marin (interprétation). – C'est un rapport médical concernant

  8   Zoran Pilicic qui était membre du commandement de la zone opérationnelle

  9   et qui a été blessé le 17 avril 1993, en même temps que Marko Prskalo

 10   lorsqu'ils revenaient des pourparlers qui s'étaient tenus dans la base de

 11   la Forpronu, au moment où ils sortaient du blindé Warrior, devant l'entrée

 12   principale du commandement de l'état-major, c'est-à-dire devant l'hôtel

 13   qui abritait l'état-major de la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

 14   M. Nobilo (interprétation). – Peut-on passer au document

 15   suivant ?

 16   Nous passons maintenant à la journée du 18 avril et nous allons

 17   voir quels sont les rapports qui ont été envoyés le 18 avril.

 18   M. le Président. - Une petite précision, Maître Nobilo. Vous ne

 19   présentez pas tous les rapports sur une journée.

 20   Vous voyez ma question. Parce que les numéros de référence des

 21   rapports ne sont pas ensuite ininterrompus. Je suppose que vous présentez

 22   certains des rapports ? Parce que vous veniez de dire : "nous allons voir

 23   maintenant les rapports du 18 avril". Certains des rapports du 18 avril,

 24   je suppose ?

 25   M. Nobilo (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.


Page 12233

  1   M. le Président. – Merci.

  2   M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, je pense à

  3   tous les rapports qui

  4   ont été reçus par la défense. Bien entendu, il a dû exister beaucoup plus

  5   de rapports qui arrivaient à l'état-major, mais ce n'était pas forcément

  6   des rapports en tant que tels. Il peut s'être agi de messages,

  7   d'informations de différents types. Mais ces documents sont ceux…

  8   M. le Président. – Je parle des ordres de commandement de

  9   l'accusé dont souvent la suite numérique n'est pas dans une suite

 10   ininterrompue. Je suppose qu'entre-temps, il y a d'autres ordres. C'était

 11   une simple précision de ma part. Merci. Poursuivez.

 12   M. Dubuisson. – Document suivant, D303, D303a pour la version

 13   anglaise.

 14   M. Nobilo (interprétation). – Puisque nous venons de parler de

 15   numéros, Général, pouvez-vous expliquer aux juges comment on enregistrait

 16   les numéros de référence des documents qui émanaient de l'état-major ou

 17   des documents qui arrivaient à l'état-major ou des documents internes ?

 18   Vous le rappelez-vous ?

 19   M. Marin (interprétation). – Eh bien l'enregistrement des

 20   documents qui arrivaient, s'ils arrivaient par des voies de communication,

 21   par télécopie ou par transmission par paquet, ces documents étaient

 22   transmis au secteur d'expédition, au responsable des transmissions, puis

 23   arrivaient au commandant. Le commandant lisait le texte, distribuait les

 24   tâches aux personnes concernées. Et ce document, ensuite, devait être

 25   inscrit dans le registres de l'état-major.


Page 12234

  1   Les documents créés, rédigés à l'état-major se voyaient affecter

  2   un numéro de référence qui était enregistré. Mais pour les journées du 16,

  3   du 17 et y compris du 18, j'ai décrit quels étaient les problèmes que nous

  4   avions pour rédiger ces documents. La personne qui tapait les documents,

  5   compte tenu de la situation très difficile, n'a pas pu effectuer son

  6   travail de la meilleure façon.

  7   Donc nous avons reçu les documents que nous avons reçus, mais

  8   nous n'avons pas pu les enregistrer étant donné les difficultés. C'est ce

  9   qui explique peut-être qu'il puisse y avoir des séquences illogiques au

 10   niveau de la numérotation des documents, s'agissant de l'heure de

 11   réception ou de l'heure de transmission ou de l'enregistrement de la

 12   filière par laquelle ce

 13   document est passé à l'état-major de la zone opérationnelle.

 14   Je répète qu'il n'y avait pas de normes, pas de règles de la

 15   part du ministère de la Défense quant à la manière d'enregistrer ces

 16   documents. Personnellement, j'ai participé à cette action. J'ai utilisé

 17   l'expérience que j'avais acquise dans des institutions où j'avais

 18   travaillé avant la guerre. C'est ainsi que j'ai tenté de mettre en œuvre

 19   une certaine structuration à ce niveau-là.

 20   M. Nobilo (interprétation). – Voulez-vous dire que le tampon de

 21   réception sur le document pouvait être apposé plusieurs jours après la

 22   réception du document, alors que vous aviez reçu le document le jour-même

 23   de son expédition ?

 24   M. Marin (interprétation). – Oui, c'est effectivement ce qui se

 25   passait.


Page 12235

  1   M. Nobilo (interprétation). – Savez-vous de quoi se composait le

  2   numéro de référence apposé aux textes du colonel Blaskic ? Est-ce que vous

  3   connaissez la signification des chiffres composant ces numéros ?

  4   M. Marin (interprétation). – Je vais essayé de me rappeler.

  5   D'abord, 01 signifie que le document émane de l'état-major. Ensuite, le

  6   numéro suivant doit être la date, le jour et l'année, la date avec le

  7   jour/ et l'année. Je ne suis pas sûr d'avoir été tout à fait clair.

  8   M. Nobilo (interprétation). – Nous verrons plus tard, lorsque

  9   nous en reparlerons.

 10   Est-ce que le document suivant s'est vu affecter une cote,

 11   Monsieur le Greffier ? La cote du document, je vous prie.

 12   M. Dubuisson. – 303, si je ne m'abuse.

 13   M. Nobilo (interprétation). – Donc c'est un document daté du

 14   18 avril 1993, à 1 heure. Il vient de la brigade Stjepan Tomasevic et est

 15   adressé à l'état-major de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. C'est

 16   le commandant de la brigade Stjepan Tomasevic qui signe ce texte. Dites-

 17   nous : est-ce que sur le territoire de la municipalité de Novi Travnik il

 18   y avait des combats ce jour-là ou est-ce que le principal sujet de

 19   préoccupation était la disparition des officiers ?

 20   M. Marin (interprétation). - Ce jour-là, le jour de la rédaction

 21   de ce rapport, il n'y avait pas de combat entre le HVO et l'armée de

 22   Bosnie-Herzégovine.

 23   Le problème clé pour la brigade était l'enlèvement de trois

 24   officiers et d'un chauffeur qui ont été emmenés dans une direction

 25   inconnue.


Page 12236

  1   M. Riad (interprétation). – Excusez-moi, est-ce que l'interprète

  2   anglais pourrait dire "question" et "réponse" parce que, quelquefois, nous

  3   ne suivons pas, nous ne savons pas qui est en train de parler. Merci.

  4   M. Nobilo (interprétation). – Je répète donc : est-ce qu’il y

  5   avait des combats à Novi Travnik entre les unités de l'armée de Bosnie-

  6   Herzégovine et le Conseil croate de défense, ce jour-là ?

  7   M. Marin (interprétation). - Non.

  8   M. Nobilo (interprétation). - Document suivant, je vous prie.

  9   M. Dubuisson. - Document D304, D304a pour la version française

 10   et D304b pour la version anglaise.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Je vais lire une partie de ce

 12   rapport. Il s'agit d'un rapport opérationnel daté du 18 avril 1993,

 13   18 heures 45, adressé à l'état-major de la zone opérationnelle de Bosnie

 14   centrale par le commandement de la brigade Vitez. Je lis le texte.

 15   Je cite : "A 17 heures 30 minutes, une terrible explosion a été

 16   entendue, dont nous ne pouvons toujours pas déterminer l'origine

 17   géographique exacte. Mais elle a eu lieu sur la ligne droite menant à

 18   l'entreprise municipale Vitkom et au magasin Borac. Selon les éléments

 19   dont nous disposons et compte tenu de l'intensité de la détonation, il est

 20   très probable qu'un entrepôt d'explosifs était situé dans l'une des

 21   maisons, à proximité immédiate du magasin.

 22   Etant donné qu'à ce moment-là, des combats féroces avaient lieu,

 23   il est permis de supposer que l'entrepôt a été frappé par un obus de

 24   mortier, ce qui a activé l'explosion." (Le texte est très peu lisible).

 25   "Compte tenu de l'intensité de l'explosion, il est permis de conclure


Page 12237

  1   qu'une grande quantité d'explosifs était en cause. Nous n'avons pas

  2   d'autres informations quant aux victimes, mais il est permis d'affirmer

  3   d'ores et déjà que les dégâts matériels ont été importants."

  4   Dites-moi, Général, est-ce que vous avez reçu ce document le

  5   18 avril, au quartier général, en provenance de la brigade de Vitez ?

  6   M. Marin (interprétation). – Oui et je me rappelle l'événement

  7   du texte.

  8   M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous nous dire si cette

  9   copie est bien une copie de l'original que vous avez reçu ce que jour-là ?

 10   M. Marin (interprétation). - Oui.

 11   M. Nobilo (interprétation). – Savez-vous quel était l'objet de

 12   cette explosion mentionnée dans le texte ?

 13   M. Marin (interprétation). - Pour autant que je le sache, cette

 14   explosion a eu lieu un peu plus tôt que l'heure indiquée dans le rapport,

 15   c'est-à-dire un jour ou deux avant. L'endroit où l'explosion a eu lieu

 16   était un endroit inaccessible pour les unités du HVO, car c'était en fait

 17   le territoire séparant les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine de

 18   celles du HVO.

 19   Donc, nous n'avons pas pu confirmer sur place les dommages dus à

 20   cette explosion. Mes responsabilités, au sein de l'état-major, aussi bien

 21   le 16 que le 17 que le 18 avril, ne m'ont pas laissé le temps de réfléchir

 22   et d'analyser concrètement cet événement.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Merci.

 24   M. le Président. - Vous en avez terminé sur ce document ?

 25   M. Nobilo (interprétation). – Si vous le voulez bien, nous


Page 12238

  1   allons procéder à une pause et suspendre l'audience jusqu'à 16 heures 10.

  2   L'audience, suspendue à 15 heures 50, est reprise à 16 heures 15.

  3  

  4   M. le Président. – L'audience est reprise. Introduisez l'accusé.

  5   (L’accusé, M. Blaskic, est introduit dans la salle d’audience.)

  6   M. le Président. – Maître Nobilo, poursuivez.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Nous

  8   pouvons commencer avec un nouveau document.

  9   M. Dubuisson. - Document D 305 et D305a pour la version

 10   anglaise.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons assisté, nous

 12   avons lu les ordres de préparatifs provenant du commandant de la brigade

 13   de Kiseljak en date du 17 avril. Nous avons vu les ordres de combat

 14   exécutifs envoyés par le commandant, également en date du 17 avril. A

 15   présent, nous allons lire le rapport régulier des combats, provenant de

 16   Kiseljak et daté du 18 avril à 10 heures. Il s'adresse au commandement de

 17   la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

 18   Il précise :

 19   "1. Ennemi : A. Chetniks. Il n'y a pas d'action dans la zone

 20   sous la responsabilité du HVO et dans les villages croates. Mais Koscan a

 21   été attaquée gravement à l'artillerie. De nombreuses maisons sont

 22   incendiées.

 23   B. L'armée bosnienne, MOS : nos forces qui réalisent leurs

 24   tâches dans les villages de Gomionica sont attaquées. Ils utilisent

 25   surtout des "canardeurs". Bon nombre de troupes ont abandonné Gomionica et


Page 12239

  1   se sont retirées vers le village de Stojkovici.

  2   2. Nos forces : les opérations ont lieu selon les ordres. Nous

  3   avons atteint Mlava ; c'est la rivière. Des combats acharnés sont en

  4   cours ; nous utilisons l'artillerie et la défense antiaérienne comme

  5   soutiens. Jehovac, Gromiljak jusqu'à Mlava et Palez ont été désarmés. Nous

  6   avons blessé des hommes. Nous continuons à réaliser nos tâches et nous

  7   avons reçu Zip du bataillon de Fojnica. Tout est prêt : ils demandent des

  8   négociations et, pour le moment, la Forpronu s'est rendue au commandement.

  9   3. Suggestions : aucune.

 10   4. Requêtes : Envoyez-nous les rapports sur les situations dans

 11   les zones sous la responsabilité des autres brigades."

 12   C'est signé : Officier en charge : Mato Lucic.

 13   Dites-nous, Général, s'agit-il là d'une copie authentique du

 14   rapport que vous avez reçu de Kiseljak ? Et qu'en avez-vous fait ?

 15   M. Marin (interprétation). - Nous avons reçu ce rapport de

 16   Kiseljak par lien "paquet". Il s'agit d'une copie authentique de

 17   l'original ; je me souviens très bien du contenu et je connais M. Mato

 18   Lucic personnellement.

 19   M. Nobilo (interprétation). - Nous allons vous distribuer

 20   maintenant un autre document et, ensuite, nous vous parlerons des

 21   événements de la journée à Kiseljak.

 22   M. Dubuisson. - Document D306 ; D306a pour la version anglaise.

 23   M. Nobilo (interprétation). - Ce document -référence 306- est un

 24   nouveau document provenant de Kiseljak, toujours en date du 18 avril

 25   1993 ; l'heure est 16 heures 45. Il s'adresse au commandant


Page 12240

  1   Tihomir Blaskic de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et est envoyé

  2   par Mijo Bozic.

  3   "Rapport. La situation est la suivante : le conflit a atteint

  4   les villages de Rotilj, Visnjica, Doce, Hercezi et Brestovsko.

  5   Nous avons perdu Zavrtaljka. Nous n'avons pas réussi à faire

  6   face à Gomionica, mais nous avons repris un kilomètre des deux côtés de

  7   Gomionica. Les affrontements sont très graves. Nous avons trois tués,

  8   quatre blessés. Le nombre de disparus est inconnu." Avez-vous bien reçu ce

  9   document le 18 avril, en provenance de Kiseljak ?

 10   M. Marin (interprétation). – Oui, nous avons reçu ce document de

 11   Kiseljak. Il s'agit d'une copie authentique de l'original. Le document a

 12   été reçu par "lien paquet", et je connais le commandant de brigade

 13   personnellement.

 14   M. Nobilo (interprétation). - A cette date, le 18 avril, un

 15   rapport a été reçu à 10 heures et l'autre à 16 heures 45. En dehors des

 16   éléments repris dans ce rapport, avez-vous d'autres souvenirs au sujet

 17   d'événements survenus dans la municipalité de Kiseljak, ce jour-là, ou

 18   votre connaissance des événements était-elle limitée par le contenu de ces

 19   deux rapports ?

 20   M. Marin (interprétation). - Tout ce que nous savions des

 21   événements à Kiseljak était ce qui figurait dans ces deux rapports.

 22   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ces rapports étaient

 23   liés aux ordres reçus de vous, le 17 avril, la veille ?

 24   M. Marin (interprétation). - Oui.

 25   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Passons au document


Page 12241

  1   suivant.

  2   M. Dubuisson. - Document D307. D 307a pour la version française,

  3   D307b pour la version anglaise.

  4   M. Marin (interprétation). - Général, je vais vous lire ce

  5   document référence 307. Il s'agit d'un rapport de la brigade de Viteska,

  6   qui porte la date du 18 avril, 6 heures : Compte rendu des opérations pour

  7   la période allant de minuit à 6 heures.

  8   "Pendant la nuit, il n'y avait pratiquement pas d'activité de

  9   combat. Nous avons été en permanence exposé au feu intermittent des armes

 10   légères. Dans la seconde partie de la nuit, nous avons remarqué que les

 11   forces musulmanes se regroupaient dans tout le territoire de la

 12   municipalité où se trouvent concentrées leurs forces. Nous avons remarqué

 13   que de nouvelles forces musulmanes venant de Jelca se dirigeaient vers les

 14   régions de Preocica, Brda a et Zabilje. 

 15   Pendant la nuit, la population musulmane du village de Donja

 16   Vecereska a été évacué en direction de Bila, Han Bila, ils ont été évacués

 17   par la Forpronu. Tôt dans la matinée, pour être plus précis à 5 heures 55,

 18   les forces musulmanes ont attaqué la population croate dans le village de

 19   Divjak. L'attaque menée aux armes légères d'infanterie a fait  trois

 20   blessés civils. Nos forces n'ont pas ouvert le feu et n'ont pas répondu

 21   aux provocations des forces musulmanes.

 22   En revanche, elles ont continué à renforcer les positions prises

 23   en application des ordres venant des autorités supérieures. L'officier de

 24   service chargé des opérations." Mais il n'y a pas de nom.

 25   Général, est-ce une copie authentique du rapport ou du compte-


Page 12242

  1   rendu des opérations qui vous est parvenue à 6 heures ?

  2   M. Marin (interprétation). - Oui. Je me rappelle de ce rapport

  3   et de son contenu. Le commandant de la brigade de Viteska était très

  4   éloigné du siège de la zone opérationnelle. Dès lors, ces messages nous

  5   étaient envoyés par messager et c'est la raison pour laquelle il n'y a pas

  6   de cachet du centre de communication.

  7   Quand nous trouvons ce genre de rapport, cela signifie qu'il a

  8   été apporté par messager à notre siège.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Document suivant.

 10   M. Dubuisson. - Document D308.

 11   M. Dubuisson. - Document D308, D308a pour la version française,

 12   D308b pour la version anglaise.

 13   M. Nobilo (interprétation). - Nous avons ici un autre compte

 14   rendu des opérations de la brigade de Viteska. C'est toujours en date du

 15   18 avril mais la date, c'est 8 heures 30.

 16   Ce compte rendu nous dit : "Ce matin, le 18 avril 1993, nous

 17   avons encore reçu des informations sur les actions incompréhensibles

 18   menées par les extrémistes musulmans. Nous avons été informés par nos

 19   citoyens qui ont réussi à échapper à leurs voisins frénétiques que Muhamed

 20   Sivro avait arrêté Marica Kristo et Anto Kristo, chauffeur de taxi, sa

 21   femme et sa sœur.

 22   Tous les détenus viennent de Poculica. Ils avaient fui en

 23   direction de

 24   Krizanicevo Selo, après avoir été violemment attaqués par les forces

 25   musulmanes. Nous avons appris que ces arrestations ont été provoquées par


Page 12243

  1   la prétendue disparition du fils de Muhamed Sivro. Son fils est soldat

  2   dans les forces musulmanes et nous avons pu établir qu'il ne se trouvait

  3   pas parmi des prisonniers.

  4   Il ne s'agit donc probablement de rien d'autre que d'un prétexte

  5   pour leurs actions incompréhensibles. Les prisonniers ont été "logés" dans

  6   la cave de la maison de Muhamed, où les conditions sont inacceptables.

  7   Dans cette partie de Kruscica, dans la zone de Crna Kuca, deux familles

  8   croates, qui n'ont pas réussi à se retirer avec notre unité qui se trouve

  9   à Lovac, sont restées à l'arrière. Il s'agit de la famille de Sinisa

 10   Jozic, de sa femme et de ses deux enfants, et Jozo … -on n'arrive pas à

 11   lire le nom de famille- et sa femme. Selon nos informations, ils seraient

 12   détenus -et là aussi, c'est difficile à lire- dans une maison. Et nous

 13   pensons que les représentants de la Forpronu, du HCR et de la Croix-Rouge

 14   devraient être immédiatement informés de cette situation. Signé : Officier

 15   de service de la brigade de Viteska."

 16   Général, s'agit-il là d'une copie authentique du compte rendu

 17   des opérations de la brigade de Viteska, à 8 heures 30 ?

 18   M. Marin (interprétation). - Oui. Je me rappelle ce rapport et

 19   son contenu. Il nous est parvenu par courrier.

 20   M. Nobilo (interprétation). - Ces arrestations privées étaient-

 21   elles typiques de cette époque et de cette région, dans la vallée de la

 22   Lasva ? Parce que nous voyons que Muhamed Sivro a cru que les Croates

 23   avaient arrêté son fils, et comme vengeance, il arrête des Croates. Est-ce

 24   que c'était typique pour les deux côtés, en partie ?

 25   M. Marin (interprétation). - Ce genre d'événements reflète


Page 12244

  1   parfaitement la situation qui prévalait dans la vallée de la Lasva pendant

  2   la guerre entre l'armée BH et du HVO, dans la municipalité de Vitez et de

  3   Busovaca. Il y avait plusieurs incidents de ce genre et l'on voit dans ce

  4   rapport que ce genre de comportement de l'armée BH se trouvait reflétée

  5   par des actions semblables du HVO.

  6   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ce terme d'arrestation

  7   privée, d'échange privé était utilisé régulièrement à l'époque ?

  8   M. Marin (interprétation). - Oui. Ce genre de choses se

  9   produisait des deux côtés : du côté de la BH et du côté du HVO. Et je

 10   voudrais souligner que le village de Poculica n'avait pas d'unités HV;

 11   c'étaient des unités de l'armée BH uniquement. Ceux qui ont été détenus

 12   vivaient dans ce village. Il n'y avait donc pas de conflit mais bien une

 13   arrestation qui a eu lieu, dans le but qui est précisé dans ce rapport :

 14   dans un but d'échange probablement.

 15   M. Dubuisson. - Document suivant : D309, D309a pour la version

 16   française, D309b pour la version anglaise.

 17   M. Nobilo (interprétation). – C'est le cher homme… (pas

 18   d'interprétation)

 19   Le 18 avril 1993, il est visible que ce document est arrivé par

 20   liaison ou transmission par "paquets". Je vous demande si vous vous

 21   rappelez ce message ? Est-ce que vous vous rappelez de quoi il s'agit et

 22   d'où ce message est arrivé de Vinko Baresic ?

 23   M. Marin (interprétation). – Je me rappelle ce document qui est

 24   une copie fidèle de l'original. Il est arrivé le 18 avril 1993 à

 25   6 heures 8. Vinko Baresic était un commandant qui a remplacé l'homme


Page 12245

  1   enlevé. Le commandant Zivko Totic, qui commandait la brigade Jure

  2   Francetic de Zenica. Il était dans le village de Cajdras. Je vais vous

  3   montrer.

  4   M. Nobilo (interprétation). – Où se trouve ce village ? Dans

  5   quelle municipalité ?

  6   M. Marin (interprétation). - C'était dans la municipalité de

  7   Zenica. Le village de Cajdras avait une population majoritairement croate

  8   et le commandement, ainsi que les membres des unités du HVO, y étaient

  9   encerclés totalement.

 10   M. Nobilo (interprétation). - C'est le commandement de la

 11   brigade du HVO de Zenica qui s'y trouvait ?

 12   M. Marin (interprétation). - Oui. Et ce commandant, ainsi que

 13   les membres de ces unités et la population civile, selon les mots très

 14   brefs utilisés dans ce document étaient totalement encerclés.

 15   M. Nobilo (interprétation). – Merci, document suivant, s'il vous

 16   plaît.

 17   M. Dubuisson. - Document D310, D310a pour la version française,

 18   D310b pour la version anglaise.

 19   M. Nobilo (interprétation). - L'Etat major, le commandement de

 20   la brigade de Vitez, à 13 heures (la date n'est pas indiquée sur le

 21   document, mais l'indication 14/04/1993 figure à la main) envoie donc au

 22   commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale à Vitez un

 23   rapport opérationnel, et le texte est le suivant. La copie est toujours

 24   d'assez mauvaise qualité mais nous allons essayer de le lire.

 25   Je cite: "Les provocations et les attaques des forces musulmanes


Page 12246

  1   extrémistes se sont poursuivies toute la journée. Les maisons croates ont

  2   été pillées et détruites. Les personnes âgées, les femmes et les enfants

  3   épuisés ont été emmenés vers une destination inconnue.

  4   Aujourd'hui, dans le village de Grbavica, 20 à 25 ressortissants

  5   de nationalité croate, pour la plupart des enfants, des femmes et des

  6   personnes âgées, ont également été arrêtés et emmenés vers une destination

  7   inconnue.

  8   Le nombre exact des personnes appréhendées ne peut être établi

  9   en raison du fait que les familles vivant à Grbavica se trouvaient

 10   principalement dans un environnement dont la population était à majorité

 11   musulmane.

 12   Les forces musulmanes extrémistes continuent à appliquer leur

 13   plan sinistre. Les activités des tireurs embusqués, qui tirent sur tout ce

 14   qui bouge, sont particulièrement intenses. Les forces musulmanes se

 15   regroupent encore et de nouvelles forces arrivent de l'extérieur.

 16   Une unité de forces musulmanes a été vue circulant depuis le

 17   village d'Opara, dans la municipalité de Novi Travnik vers Vitez, dans

 18   l'intention d'effectuer la jonction avec les

 19   forces musulmanes des villages de Vranjska et Kruscica.

 20   La nuit dernière, l'un de nos membres, Josip Livancic, a été tué

 21   dans la région de Kuber, et on estime à présent que Jako Opacak, qui était

 22   porté disparu, est également décédé. Nos forces tiennent encore fermement

 23   des positions défensives et s'opposent à toute nouvelle progression des

 24   forces musulmanes. Le moral de nos soldats est bon.

 25   Officier de garde de la brigade Ivo Sucic." Fin de citation.


Page 12247

  1   Général, est-ce que vous vous rappelez ce texte. Est-ce qu’il

  2   est fidèle à l'original dans tous ses détails ?

  3   M. Marin (interprétation). - Je me rappelle le texte. Je me

  4   rappelle l'événement. La copie est fidèle à l'original et je connais la

  5   personne qui a signé ce texte, Ivo Sucic, dont je confirme que c'est bien

  6   la signature.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Le texte fait état d'arrestations

  8   de civils, etc. Mais il est également question de tireurs embusqués. Est-

  9   ce que les tireurs embusqués posaient quelques problèmes dans ces journées

 10   et est-ce que vous pouvez nous donner des détails sur leur situation dans

 11   la vallée de la Lasva ?

 12   M. Marin (interprétation). - L'action des tireurs embusqués,

 13   dans la période dont il est question, a été la plus intense sur le

 14   territoire de la ville de Vitez, c'est-à-dire dans toutes les zones

 15   situées entre la partie de la ville tenue par le HVO et la partie de la

 16   ville tenue par les forces musulmanes.

 17   Dans la direction de Krcevine, nous avons subi des pertes

 18   importantes aussi bien à Grbavica que dans la ville de Vitez et à

 19   Krcevine. Je peux me rappeler quelques noms de victimes : la mère de

 20   Franjo Nakic, par exemple, qui avait plus de 70 ans, a été blessée par les

 21   tirs d'un tireur embusqué, et puis un homme dénommé Dzambas (je me le

 22   rappelle parce qu'il venait de mon village ; il était membre d'une unité

 23   qui était arrivée pour renforcer la brigade de Vitez), il a été blessé à

 24   Krcevine par un coup de feu de tireurs embusqués.

 25   Un membre du commandement de la brigade Vitez, M. Borislav


Page 12248

  1   Josip, dont nous avons lu la signature à plusieurs reprises, a été tué par

  2   les coups de feu d'un tireur embusqué, etc, etc.

  3   M. Nobilo (interprétation). – Général, à partir de Stari Vitez,

  4   est-ce que des tireurs embusqués tiraient également, et à quelles forces

  5   appartenaient-ils à Stari Vitez ?

  6   M. Marin (interprétation). - J'ai parlé des tireurs embusqués de

  7   Vitez, mais à ce moment-là, je pensais à l'action des tireurs embusqués

  8   également qui tiraient à partir de Stari Vitez et qui étaient des

  9   ressortissants de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ceux-ci tiraient sur les

 10   quartiers de la ville tenus par le HVO et les personnes qui habitaient

 11   dans ces quartiers.

 12   Et puisque les distances étaient courtes, ces coups de feu

 13   étaient efficaces. Je peux dire la même chose pour Grbavica et pour les

 14   autres villages habités par les Croates dans les environs de Grbavica. La

 15   même remarque vaut également pour Krcevine s'agissant, notamment, du front

 16   tenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine et par l'armée du front tenu par le

 17   HVO.

 18   Donc les tireurs embusqués étaient surtout utilisés dans les

 19   endroits où la distance entre les lignes de front était extrêmement

 20   réduite. S'agissant des trois endroits que je viens d'évoquer, les lignes

 21   de front étaient séparées par moins de 100 mètres. Vous avez donc des

 22   soldats du HVO d'un côté, des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine de

 23   l'autre côté, et la distance entre ces soldats est inférieure à 100

 24   mètres. De sorte que les coups de feu tirés par les tireurs embusqués

 25   étaient efficaces.


Page 12249

  1   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous, Général, à Vitez, les

  2   victimes étaient-elles le plus souvent des civils ou des soldats ?

  3   M. Marin (interprétation). - Dans la ville de Vitez, compte tenu

  4   du fait que cette ville était surpeuplée et à Grbavica également, le

  5   nombre des victimes des tireurs embusqués a été bien supérieur chez les

  6   civils que chez les soldats.

  7   Je sais qu'à Grbavica, par exemple, des enfants ont été atteints

  8   qui revenaient de

  9   l'église où ils étaient allés à la messe du dimanche.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Dans la ville de Vitez, est-il

 11   exact que vous avez dû installer des paravents en toile suspendus sur des

 12   fils de fer pour protéger la population ?

 13   M. Marin (interprétation). - Oui, nous avons dû le faire et ce,

 14   sur des distances qui n'étaient pas réduites, c'est-à-dire que nous avons

 15   dû le faire depuis l'école jusqu'au village de Kamenjaca ou plus

 16   précisément Mlakici, comme on l'appelle localement, et également au niveau

 17   du quartier Mahala de Stari Vitez  ; c'était la seule façon de permettre

 18   le passage de Vitez vers Novi Travnik, car les tireurs embusqués étaient

 19   particulièrement dangereux sur la route principale qui était contrôlée par

 20   le HVO également.

 21   Je vais essayer de vous le montrer ici. Ce qui est en bleu ici,

 22   c'est la rivière Lasva et la route dont je parle, Divjak-Vitez, suit donc

 23   cette rivière depuis Stari Vitez, de sorte que les tireurs embusqués

 24   visaient toutes personnes se déplaçant sur cette route, qu'il s'agisse de

 25   civils ou de soldats.


Page 12250

  1   Les tireurs embusqués pendant toute la guerre ont également agi

  2   à partir de Sivrino Selo, sur la route qui va de Vitez à Kaonik. Dans

  3   cette partie de la route, un grand nombre de personnes ont été tuées par

  4   des tireurs embusqués. Je vais essayer de me rappeler, par exemple, le

  5   commandant de la police militaire a été frappé...

  6   M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu’il y avait dans la ville

  7   de Vitez une toile de très grande superficie suspendue à une barrière de

  8   fils de fer pour protéger la population ?

  9   M. Marin (interprétation). - Oui, oui. En effet, cette toile a

 10   tenu au même endroit pendant plus d'un an, c'est-à-dire jusqu'à la

 11   signature des accords de Washington.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Très bien. Document suivant.

 13   M. Dubuisson. - Document D 316. D 316 a pour la version

 14   française, D 316 b pour la version anglaise.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Le rapport suivant date du

 16   18 avril, 15 heures 45. Il

 17   vient du poste de commandement avancé du HVO.

 18   Et il est écrit "Urgent – urgent !!!" avec des points

 19   d'exclamation. Rapport : Je lis le texte, je cite : " L'agression menée

 20   par les forces musulmanes, leurs mensonges politiques ainsi que l'activité

 21   de leurs médias ont provoqué un sentiment de malaise et de peur chez un

 22   grand nombre de nos membres.

 23   La complexité de la position tactique de nos unités y a

 24   également contribué. Le personnel du bataillon de la 3ème brigade a déjà

 25   accepté de conclure un accord avec les forces musulmanes et la population


Page 12251

  1   terrorisée du territoire relevant de la 1ère et de la 3ème brigade ne s'y

  2   opposera vraisemblablement pas. Le 1er bataillon de la brigade Jure

  3   Francetic, fort de 200 hommes armés, tient en main le périmètre de défense

  4   entourant le village de Cajdras de la façon suivante : Les carrefours de

  5   Cajdras, Paljike, Serusa, Strpci, Osredak, Jezero, Tromnice, il est

  6   difficile de tenir une ligne aussi étendue avec seulement 200 hommes.

  7   Les 2ème et 3ème bataillons sont assiégés, ils vont probablement

  8   se rendre. Alors que j'écris ce rapport, j'ai été informé que la radio

  9   musulmane invite les personnes déplacées à rentrer chez elles. L'armée du

 10   HVO a reçu un ultimatum. Elle doit rendre ses armes avant 18 heures. Cette

 11   nouvelle a ébranlé considérablement le moral des soldats présents sur les

 12   lieux. Les troupes de Zmajevac abandonnent leurs positions, ce qui placera

 13   le village de Cajdras dans une position absolument défavorable.

 14   Quelques autres officiers et moi-même ne voulons pas nous

 15   rendre. Même si nous le faisions, je suis sûr que nous serions liquidés.

 16   Si l'armée finit par se rendre, je vous prie de demander notre transfert à

 17   Vitez ou à Busovaca par le truchement de la FORPRONU. J'ai vu ici, à

 18   Cajdras, le colonel Stewart qui serait prêt à agir dans ce sens. Il serait

 19   donc bon que deux de ces véhicules de forces blindées se trouvent ici ce

 20   soir. Nous attendons d'urgence vos consignes quant à ce qu'il convient de

 21   faire." Signé par "le commandant Vinko Baresic".

 22   Général, est-ce que cette photocopie est une photocopie fidèle

 23   du rapport que vous avez reçu de la brigade de Zenica, le 18 avril à

 24   15 heures 45 ?

 25   M. Marin (interprétation). - Oui, je me souviens de ce rapport


Page 12252

  1   signé par Vinko Baresic, et cette information nous est parvenue par des

  2   moyens de transmission par "paquets". Il y est question d'une situation

  3   particulièrement difficile pour les unités de Zenica, ce jour-là.

  4   M. Nobilo (interprétation). - Le document suivant, je vous prie.

  5   M. Dubuisson. - Document D 312, D 312a pour la version

  6   française, D312b pour la version anglaise.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons un rapport de

  8   la brigade de Vitez qui date du 18 avril 1993, 16 heures, envoyé au

  9   commandant de la zone opérationnelle à Vitez.

 10   Il n'y a pas de nom au niveau de la signature, mais simplement

 11   la signalisation d'un grade. Je lis le texte :

 12   "Compte rendu des opérations : hier, dans l'après-midi, l'ennemi

 13   a poursuivi ses activités à partir des bases musulmanes déjà mentionnées

 14   et des tireurs embusqués ont été actifs, sans interruption, sur l'ensemble

 15   de la municipalité.

 16   La situation actuelle sur les lignes de défense se définit comme

 17   suie. Premièrement, dans la zone de Kuber, nos combattants tiennent les

 18   positions renforcées. Il n'y a pas de grandes actions en cours, mais un

 19   regroupement considérable des forces ennemies a été constaté. Une aide

 20   plus importante du conseil croate de défense HVO de Busovaca est

 21   nécessaire pour aider nos combattants à contrer les attaques ennemies.

 22   2. Dans la zone de Gornji Santici, hameau de Mahala, des combats

 23   violents sont en cours. Les forces musulmanes beaucoup plus nombreuses ont

 24   intensifié leurs attaques à partir de la zone de Sljivcica et Breza. Les

 25   villages de Santici et Donja Dubravica sont exposés au feu incessant des


Page 12253

  1   forces musulmanes en provenance des villages de Sivrino Selo Sljivcica.

  2   Nous avons donc besoin d'un lance-roquettes multiple pour neutraliser les

  3   positions de tir les plus

  4   actives dans le village de Sivrino Selo et arrêter ainsi l'action des

  5   forces musulmanes.

  6   3. Les lignes de défense qui s'étirent ans la direction de

  7   Krizancevo Selo, Krcevine et Jardol n'ont absolument pas changé et aucune

  8   action importante n'est à observer, hormis des provocations occasionnelles

  9   dues à l'infanterie des forces musulmanes.

 10   4. Dans les zones de Divjak et de Bila notre population est

 11   exposée aux pilonnages et aux tirs de tireurs embusqués agissant

 12   constamment à partir de Grbavica. Il est donc incompréhensible que les

 13   membres des forces de l'ONU aient bloqué notre territoire pour nous

 14   empêcher de riposter à l'action ennemie.

 15   Il est indispensable de protester rapidement contre cette

 16   attitude des forces de l'ONU et d'exiger d'elles qu'elles traitent de la

 17   même façon les forces musulmanes ici et dans les autres secteurs.

 18   5. Le secteur de Kruscica demeure exposé aux attaques des forces

 19   musulmanes en provenance des villages de Vranjska et de Gornja Rovna. Des

 20   négociations sont en cours et des résultats attendus.

 21   6. Nous n'avons pas d'information en provenance des villages de

 22   Brdo et de Zabilje car les voies de communication de ces secteurs sont

 23   entièrement coupées.

 24   Nous avons demandé à la Forpronu de se rendre dans cette zone

 25   pour protéger la population civile contre le massacre préparé par les


Page 12254

  1   extrémistes musulmans. Nous avons appris que deux de nos combattants ont

  2   été tués et plusieurs civils blessés."

  3   Il y a là quelques mots que je lis mal. La traduction française

  4   disant : "le nombre de prisonniers n'est pas connu".

  5   Ensuite, suit la signature et le tampon.

  6   Général, est-ce que cette copie du rapport correspond bien

  7   fidèlement à l'original que vous avez reçu à 4 heures de l'après-midi, le

  8   18 avril 1993 ?

  9   M. Marin (interprétation). – Oui, je me rappelle ce rapport. Je

 10   me rappelle la

 11   nature de ce rapport et le texte et les traits qui permettent de souligner

 12   un certain nombre de mots dans la version en BCS de ce texte montrent que

 13   nous avons travaillé en utilisant ce texte qui porte le tampon de la

 14   brigade de Vitez.

 15   M. Nobilo (interprétation). – Nous avons lu. Il y avait

 16   aujourd'hui un certain nombre de rapports. Général, pouvez-vous nous dire

 17   si en avril 1993, des attaques ont eu lieu et si les rapports que nous

 18   avons vus rendent bien fidèlement compte de ces attaques ?

 19   M. Marin (interprétation). – Pendant toutes ces journées, c'est-

 20   à-dire à partir du 16 jusqu'au 18 les unités du HVO n'ont lancé aucune

 21   attaque offensive. Nous n'avions pas de force pour ce faire car, dans la

 22   réalité, nous nous défendions. Tous ces rapports, ainsi que tous les

 23   autres rapports, rendent fidèlement compte de la situation dans laquelle

 24   se trouvaient les unités du HVO et dans quelle situation le commandant de

 25   la zone opérationnelle de Bosnie centrale travaillait à ce moment-là.


Page 12255

  1   M. Nobilo (interprétation). – Les endroits qui sont mentionnés

  2   ici, s'agit-il de secteurs dont nous avons parlé avant la pause, pour ne

  3   pas répéter ?

  4   M. Marin (interprétation). – Oui, la personne de service dans la

  5   brigade vient justement d'adapter ces rapports aux ordres qu'il a reçus et

  6   qui étaient d'établir des secteurs. Donc maintenant, les rapports

  7   concernent les secteurs et tous les sites que recouvre un secteur.

  8   M. Nobilo (interprétation). – Merci. Le nouveau document s'il

  9   vous plaît.

 10   M. Dubuisson. – Document D313 : D313a pour la version française

 11   et D313b pour la version anglaise.

 12   M. Nobilo (interprétation). – Nous avons ici le rapport qui a

 13   été établi par la Brigade de Busovaca, la Brigade Nikola Subic-Zrinjski et

 14   il s'agit d'un rapport établi le 18 avril 1993 à 18 heures adressé à la

 15   zone opérationnelle de Bosnie centrale de Vitez. Je lis :

 16   "1. La situation dans la zone de responsabilité de la Brigade

 17   Zrinjski demeure inchangée depuis notre dernier rapport. Les forces

 18   musulmanes poursuivent leurs activités de

 19   combat en direction de nos positions dans la zone de Kuber et les villages

 20   de Bare et Donja Rovna. Une mitrailleuse antiaérienne a ouvert le feu sur

 21   le village de Strane à partir de la zone de Crna.

 22   A 17 heures 50, une attaque féroce a été lancée par les

 23   Musulmans sur nos forces. Il n'y a pas eu de victime. Toutes les lignes de

 24   défense restent plutôt stables. Le moral des soldats et le soutien

 25   logistique sont satisfaisants. Aucune autre constatation n'est à signaler.


Page 12256

  1   L'officier de service chargé des opérations."

  2   On ne voit pas bien, ou du moins c'est moi qui n'arrive pas à le

  3   lire, c'est probablement Rajic. De toute façon, on ne le voit pas.

  4   Général, reconnaissez-vous ce rapport ? Est-il bien parvenu au

  5   sein de votre commandement à la date du 18 avril et cette copie est-elle

  6   fidèle à l'original ?

  7   M. Marin (interprétation). - Je me souviens de ce document.

  8   Cette copie reflète fidèlement le contenu du document original qui nous

  9   est parvenu de la Brigade Nikola Subic-Zrinjski, ce rapport nous est

 10   parvenu par transmission par paquets.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Un autre document, s'il

 12   vous plaît.

 13   M. Dubuisson. – Il s'agit du document D314, D314a pour la

 14   version française, D314b pour la version anglaise.

 15   M. Nobilo (interprétation). - Nous avons un autre rapport qui

 16   parvient de Busovaca, de la brigade Nikola Subic Zrinjski, le

 17   18 avril 1993. Ici, on voit un rapport sur l'exécution d'un ordre. Suite à

 18   l'ordre 01-4-323.

 19   Je reprends. Il s'agit d'un rapport qui a été envoyé de la

 20   brigade Nikola Subic Zrinjski, à la date du 18 avril 1993, et il concerne

 21   l'application de l'ordre n° 01-4-323/93 adressé au commandant de la zone

 22   opérationnelle de Bosnie centrale à Vitez.

 23   Je lis : "Suite à votre ordre n° 01-4-323/93 du 17 avril 1993,

 24   je souhaite vous informer de ce qui suit. Nous avons immédiatement donné à

 25   toutes nos unités un ordre


Page 12257

  1   -référence 774/93- le 17 avril 1993, à 21 heures.

  2   1. La brigade Zrinjski est au niveau de préparation au combat le

  3   plus élevé.

  4   2. Tous les privilèges liés au repos des soldats et à leur

  5   permission ont été supprimés. Il leur est formellement interdit de

  6   s'absenter.

  7   3. Ttoutes les forces disponibles sont engagées dans les combats

  8   pour repousser les attaques menées contre nous par les extrémistes

  9   musulmans.

 10   4. Le retranchement a été effectué sur toutes nos lignes de

 11   défense, afin d'organiser une défense aussi efficace que possible contre

 12   l'ennemi".

 13   Un nouveau paragraphe: "La nuit dernière a été relativement

 14   calme dans la zone de notre brigade. L'ennemi s'est livré à des

 15   provocations aux armes légères sur toutes les lignes de défense ; nos

 16   unités n'ont pas riposté. Pas de victime à signaler. Commandant de la

 17   brigade Dusko Grobecic.»

 18   Ma première question, Général : cette copie reflète-t-elle

 19   fidèlement le rapport original que vous avez reçu de Busovaca, le

 20   18 avril 1993 ?

 21   M. Marin (interprétation). – Oui, ce document est arrivé par

 22   communication par "paquets" du commandant de la brigade Nikola Subic

 23   Zrinjski. Ce document est un rapport qui concerne l'exécution d'un ordre

 24   qui a été émis par le commandant de la zone opérationnelle à l'adresse des

 25   commandants.


Page 12258

  1   Le contenu des activités qui ont été entreprises par la brigade

  2   est visible dans ce document.

  3   M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il donc là de l'ajustement

  4   de ce dont vous avez parlé, d'un ordre émis par le commandant de la zone

  5   opérationnelle qui supprime les permissions et qui indique qu'il faut

  6   passer au niveau le plus élevé de préparation au combat ?

  7   M. Marin (interprétation). – Oui, exactement. Il s'agit de cela.

  8   Il s'agit d'une mobilisation générale de tous les hommes qui sont aptes au

  9   combat.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Voyons maintenant le titre. Ici,

 11   on voit dans le titre : “Rapport sur l'exécution de l'ordre, n°".

 12   Peut-on maintenant détailler ce numéro de l'ordre pour expliquer

 13   à la Chambre comment étaient constitués ces numéros pour répertorier et

 14   enregistrer les documents au sein du commandement de la zone

 15   opérationnelle de Bosnie centrale ?

 16   M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

 17   les Juges, de ce numéro de l'ordre, il ressort que le numéro de registre

 18   dans le commandement de la zone opérationnelle consiste dans le suivant.

 19   O1 signifie qu'il s'agit d'un document qui provient du commandant de la

 20   zone opérationnelle.

 21   Le second chiffre -ici on voit “4”, indique le mois. Ensuite,

 22   nous avons 323/93. Cela, c'est le numéro qui est donné à ce document dans

 23   le registre. Et 1993 indique l'année.

 24   M. Nobilo (interprétation). – Dites-moi, ce numéro qui figure

 25   dans ce rapport de la brigade de Busovaca, puisque la brigade Busovaca


Page 12259

  1   l'évoque, ce numéro est celui qui provient du commandement de la zone

  2   opérationnelle. Est-ce que ce numéro désigne uniquement un ordre de combat

  3   ou bien c'est le numéro sous lequel tous les ordres qui étaient émis par

  4   le colonel Tihomir Blaskic figuraient ?

  5   M. Marin (interprétation). – Sous 01 figuraient tous les

  6   documents, tous les ordres qui étaient signés par le commandant de la zone

  7   opérationnelle de Bosnie centrale, à l'époque colonel et; aujourd'hui,

  8   général Tihomir Blaskic.

  9   M. Nobilo (interprétation). - Nous voyons marqué en jaune le

 10   numéro dont nous parlons. Nous le voyons à l'écran ; il a été marqué par

 11   mon collègue. C'était le numéro qui était utilisé par le commandant

 12   Tihomir Blaskic.

 13   Mais passons maintenant au numéro de la brigade de Busovaca. Ces

 14   brigades ne disposent pas du même système d'annotation. On pourrait

 15   imaginer qu'ils auraient le même système de numérotation.

 16   Mais dites-nous, maintenant, nous voyons ce numéro marqué en

 17   orange. On le voit sur nos écrans.

 18   M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

 19   les Juges, nous voyons qu'au sein de la zone opérationnelle de Bosnie

 20   centrale, nous n'avions pas une procédure standard pour indiquer le numéro

 21   des documents dans les différents commandements. Nous avons adopté un

 22   système au commandement de la zone opérationnelle, alors que le

 23   commandement de la brigade Nikola Subic Zrinjski en a adopté un autre, ce

 24   qui ressort de leur numéro de référence. Cela montre qu'il n'y avait pas

 25   de norme. Et cela vous parle aussi de la manière dont était structuré le


Page 12260

  1   HVO.

  2   M. Nobilo (interprétation). – Un document suivant, s'il vous

  3   plaît.

  4   M. le Président. – Maître Nobilo, c'est simplement une

  5   précision. Vous ne me répondez pas tout de suite, mais vous songerez à

  6   nous dire à quel moment cette numérotation a commencé. Ce n'est pas urgent

  7   pour aujourd'hui.

  8   Par exemple, dans l'organisation, en octobre 1992, il y avait

  9   simplement la date. C'était signé Tihomir Blaskic. Ce n'est pas la peine

 10   de me répondre, mais c'est simplement parce que j'y pense. C'est une

 11   précision. A quel moment, y a-t-il eu “O1”, “1” sur 1993, “1” sur  1994 ?

 12   Parce que là, nous en sommes à 323, 324. Voilà. Ce n'est pas urgent,

 13   maître Nobilo.

 14   M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, je ne le

 15   sais pas : je n'y étais pas. Mais je poserai cette question à mon client

 16   ou à quelqu'un qui le connaîtrait.

 17   M. le Président. - Moi non plus, je n'y étais pas. Vous pourriez

 18   nous aider : cela pourrait nous aider quand même.

 19   M. Dubuisson. - Document suivant : D315. D315a pour la version

 20   française, D315b pour la version anglaise.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Général, nous avons ici un autre

 22   rapport qui émane de la brigade Nikola Subic-Zrinjski, de Busovaca et qui

 23   est daté du 18 avril 1993, mais cette fois-ci

 24   à 22 heures. Puisque nous avons vu plusieurs rapports émis à la même date,

 25   je ne lirai pas ce rapport. Les Juges le liront plus tard pour eux-mêmes.


Page 12261

  1   Mais dites-nous si cette copie reflète fidèlement l'original qui est

  2   parvenu au commandement de la zone opérationnelle après 22 heures, à la

  3   date du 18 avril 1993 ?

  4   M. Marin (interprétation). – Oui. C'est un document que nous

  5   avons reçu par "paquet" et il a été accusé réception de ce document au

  6   commandement de la zone opérationnelle.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Le document suivant, s'il

  8   vous plaît.

  9   M. Dubuisson. - Document D316 : D316a pour la version française,

 10   D316b pour la version anglaise.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Donc nous avons ici un document

 12   qui provient de l'état-major du HVO de Mostar, le 18 avril 1993, qui est

 13   adressé aux zones opérationnelles de Bosnie centrale, de Bosanska

 14   Posavina, du nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine et du sud-est de la

 15   Bosnie-Herzégovine.

 16   Le titre de ce document : "Cessation des hostilités entre

 17   l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO.

 18   Ordre : Compte tenu des conclusions auxquelles ont abouti les

 19   discussions entre M. Mate Boban et M. Izetbegovic, qui ont eu lieu à

 20   Zagreb, le 18 avril 1993, à Zagreb. et conformément au point 3 de

 21   l'accord, j'ordonne que

 22   1. toutes les unités du HVO cessent immédiatement les hostilités

 23   avec les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine ;

 24   2. il soit procédé immédiatement à un échange des prisonniers

 25   militaires et civils ;


Page 12262

  1   3. les blessés reçoivent immédiatement des soins quelles que

  2   soient les forces auxquelles ils appartiennent ;

  3   4. des informations fiables soient recueillies concernant les

  4   protagonistes du conflit, l'expulsion des populations civiles,

  5   l'assassinat des civils et des soldats capturés, l'incendie des maisons et

  6   autres édifices ;

  7   5. des contacts soient pris avec le commandement de l'armée de

  8   Bosnie-Herzégovine pour lui demander d'appliquer le même ordre ;

  9   6. le présent ordre soit porté à la connaissance de toutes les

 10   unités du HVO.

 11   Chef du grand quartier général du HVO, Général de brigade

 12   Milivoj Petkovic."

 13   Général, avez-vous reçu cet ordre le 18 avril 1993 au

 14   commandement de la zone opérationnelle ?

 15   M. Marin (interprétation). - Oui. On le voit d'après le tampon

 16   du centre de transmission. Cet ordre nous est parvenu par transmission par

 17   "paquet".

 18   M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous : était-il possible, vu

 19   que vous connaissiez le colonel Blaskic, était-il que cet ordre qui lui

 20   parvient du commandant du principal quartier général ne soit pas exécuté

 21   par lui ?

 22   M. Marin (interprétation). - Non. Ceci ne pourrait pas se

 23   produire. Je me souviens que nous avons, suite à cet ordre, émis un autre

 24   ordre qui était adressé à tous nos commandants. Le général Blaskic

 25   exécutait les ordres qui lui provenaient du chef du grand quartier général


Page 12263

  1   à la lettre, de la manière dont ils étaient formulés.

  2   M. Nobilo (interprétation). - Mon client m'informe que, dans le

  3   transcript, on voit de nouveau apparaître "HV, armée croate" alors que,

  4   dans la partie du texte que j'ai lu, on voit "HVO". Et, de toute manière,

  5   l'ensemble du texte concerne le HVO. J'aimerais que ce soit consigné au

  6   transcript.

  7   Dites-moi, Général, nous avons parlé de la journée du 18. Nous

  8   avons beaucoup parlé de la journée du 18. Pouvez-vous à présent inscrire

  9   sur cette carte ou indiquer sur cette carte les lieux où il y a eu des

 10   affrontements à la date du 18 avril. Nous allons distribuer des

 11   copies de cette carte ou les mêmes cartes.

 12   Donc vous attendrez un instant, le temps qu'on distribue les

 13   cartes.

 14   M. Dubuisson. - La carte porte le n° 317.

 15   M. Nobilo (interprétation). – Général, avant de passer à la

 16   carte, dites-moi, puisque vous avez dit que c'est suite à l'ordre que vous

 17   avez reçu de Petkovic, que vous avez émis un nouvel ordre, je demanderai à

 18   mon collègue Hayman de lire cet ordre et de le distribuer, puisqu'il

 19   s'agit d'un ordre qui a été émis initialement en anglais, entre autres :

 20   en anglais et en croate, alors que nous ne disposons ici que d'un document

 21   en anglais.

 22   Donc je vous demanderai de distribuer ces documents, s'il vous

 23   plaît.

 24   M. Dubuisson. - Document D318.

 25   M. Hayman (interprétation). - Ce document a pour titre :


Page 12264

  1   "Cessez-le-feu entre le HVO et les unités BIH.

  2   Vitez, 18 avril 1993. Ce document s'adresse aux commandants de

  3   toutes les unités HVO dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale, la

  4   Forpronu, le commandant de bataillon Robert Stewart, la mission de

  5   contrôle européenne et le corps BIH de Zenica.

  6   Sur la base des ordres donnés par le commandant HVO, Herceg,

  7   bureau n° 2, en date du 18 avril pour, complètement, je commande : toutes

  8   les unités HVO subordonnées doivent

  9   1. mettre fin immédiatement à toutes les actions de combat

 10   contre les unités de la BIH ;

 11   2. procéder à l'échange des soldats et des civils détenus qui…

 12   Puis c'est illisible.

 13   3. s'occuper de tous les blessés, peu importe l'armée d'où ils

 14   proviennent ;

 15   4. réunir les données pertinentes quant aux acteurs du conflit,

 16   les causes du bannissement des personnes, des meurtres de civils et de

 17   soldats, de destructions des maisons par le feu et d'autres bâtiments ;

 18   5. entrer en contact avec le commandement ABH et demander les

 19   ordres adéquats qui devront être suivis au pied de la lettre. Ce

 20   commandement doit être présenté à toutes les unités HVO subordonnées.

 21   Signé : Commandant colonel Tihomir Blaskic."

 22   M. Nobilo (interprétation). - Merci. Général, pouvez-vous, s'il

 23   vous plaît, examiner la signature et le tampon ? Est-ce que vous

 24   reconnaissez la signature du colonel Blaskic ?

 25   M. Marin (interprétation). - Oui, c'est la signature du colonel


Page 12265

  1   Blaskic, alors que le tampon provient du commandement de la zone

  2   opérationnelle. C'est un document qui émane du commandement de la zone

  3   opérationnelle et qui a été rédigé suite à l'ordre que nous avons reçu du

  4   grand quartier général. On voit dans ce document que toutes les actions

  5   qui ont été ordonnées de la part du grand quartier général ont été

  6   également ordonnées à toutes les unités subordonnées.

  7   M. Nobilo (interprétation). - Général, vous souvenez-vous s'il y

  8   a eu une version croate de ce document en plus de la version anglaise ?

  9   M. Marin (interprétation). – Oui, je me souviens d'une version

 10   croate de ce document.

 11   M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais, si cela est possible,

 12   dans les quatre minutes qui nous restent, de nous indiquer sur cette

 13   carte... Je demanderai au greffier la cote pour ce document -donc D 317-

 14   de nous indiquer sur cette carte, à la date du 18 avril 1993, où étaient

 15   menés les affrontements entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 16   M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

 17   les Juges, à la date du 18 avril 1993, les affrontements les plus intenses

 18   dans la zone de la vallée de la Lasva, sous les municipalités de Busovaca,

 19   Vitez et Zenica, menés entre les unités du HVO et l'armée de Bosnie-

 20   Herzégovine, étaient situés aux endroits suivants : la municipalité de

 21   Zenica ; ce sont les localités de Cajdras. Nous avons vu, dans le rapport

 22   du commandement de la brigade Jure

 23   Francetic de Zenica, quelle était la situation là-bas et ce qui se passait

 24   dans le village de Cajdras.

 25   Ensuite, dans la zone de Kuber. Mais désormais cela se place au


Page 12266

  1   pied de la montagne de Kuber : Jelinak, Putis... ces villages. Et non plus

  2   sur les pentes de la montagne de Kuber puisque l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine a pris le contrôle des hauteurs. Donc les combats intenses

  4   sont menés près de la route, les combats entre le HVO et l'armée de

  5   Bosnie-Herzégovine.

  6   Par la suite, nous avons Gornji Santici. C'est un village qui se

  7   trouve à proximité immédiate d'Ahmici. Et lorsque nous avons évoqué la

  8   date du 17 avril, ici, vous aviez déjà une ligne de front entre le HVO et

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ensuite, dans la zone de Dubravica,

 10   Poculica Dubravica, vous avez une ligne de front entre le HVO et l'armée

 11   de Bosnie-Herzégovine. Puis, Donja Vecerska : vous avez vu un rapport où

 12   la Forpronu a évacué l'ensemble de la population musulmane de Vecerska.

 13   Puis, dans la zone de Divjak : c'est une localité qui touche la zone de

 14   Grbavica, où l'armée de Bosnie-Herzégovine avait des forces considérables.

 15   Puis, la zone de la municipalité de Busovaca, Gornja Rovna, et le village

 16   de Bare.

 17   Voilà, en bref, ce que je peux dire concernant les

 18   affrontements.

 19   Je montrerai également les endroits qui étaient pilonnés de

 20   manière intense au cours de la journée du 18 avril 1993. C'est la ville

 21   même de Busovaca, puis l'agglomération de Bare, Rovna. A Rovna, nous avons

 22   une partie -Gornja Rovna- qui est peuplée de Musulmans et Donja Rovna qui

 23   est croate. Donc, Donja Rovna, Grbavica, plus précisément la zone de

 24   Divjak où il y avait des affrontements et la localité de Stara Bila.

 25   Ce serait donc les localités les plus importantes qui ont été


Page 12267

  1   pilonnées, de la manière la plus intense, pendant la journée du 18 avril.

  2   En outre, j'ai déjà mentionné que, pour ce qui est des tirs

  3   isolés et de l'activité des tireurs isolés, cela était le plus important

  4   dans la zone de la ville de Vitez en provenance de Stari Vitez où se

  5   trouvaient les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine, vers la ville de

  6   Vitez

  7   où se trouvaient les unités du HVO.

  8   Puis, près de cette route allant de Vitez à Kaonik, puis

  9   Grbavica, à proximité de Stara Bila.

 10   M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous réalisé vous-même cette

 11   carte, Général ?

 12   M. Marin (interprétation). - Oui, je l'ai réalisée moi-même et

 13   dans la légende, on voit ce que cette carte indique.

 14   M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, si vous en

 15   êtes d'accord, nous pouvons nous en tenir là.

 16   M. le Président (interprétation). - Nous allons suspendre

 17   l'audience et nous la reprendrons demain mercredi à 14 heures. Il est

 18   17 heures 30.

 19  

 20   L'audience est suspendue à 17 heures 30.

 21  

 22  

 23  

 24  

 25