Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 12600

1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mercredi 7 octobre 1998

4

5 L'audience est ouverte à 10 heures 13

6 M. le Président. - Faites entrer l'accusé. Nous allons

7 reprendre. Je salue les interprètes, même si je ne les vois pas très bien

8 d'ici. J'espère que tout le monde m'entend

9 Les interprètes. - Oui, Monsieur le Président, bonjour.

10 M. le Président. - Chacun garde son canal, donc le canal cinq.

11 Je salue les conseils de la défense, de l'accusation, les accusés, tous

12 les collaborateurs. Nous pouvons reprendre. Maître Kehoe ?

13 M. Kehoe (interprétation). - Bonjour, je me préparais

14 simplement, Monsieur le Président.

15 M. le Président. - Vous pouvez commencer dès que le témoin sera

16 rentré, bien sûr.

17 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience.)

18 M. le Président. - Je salue le Général.

19 M. Marin (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.

20 M. Kehoe (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.

21 Bonjour, Messieurs les Juges. Je salue le conseil de la défense. Bonjour,

22 Général.

23 M. Marin (interprétation). - Le son est trop fort. Un peu plus

24 fort, s'il vous plaît.

25 M. le Président. - Je crois que vous avez un petit bouton sur le

Page 12601

1 côté droit de

2 l'appareil.

3 M. Marin (interprétation). - D'accord.

4 M. Kehoe (interprétation). - Tout va bien Général ?

5 M. Marin (interprétation). - Tout à fait.

6 M. Kehoe (interprétation). - Bonjour.

7 M. Marin (interprétation). - Bonjour.

8 M. Kehoe (interprétation). - Général, hier, nous avons terminé

9 nos travaux en parlant d'un certain nombre d'ordres, l'un provenant de

10 l'accusé, le colonel Blaskic, en date du 12 avril et composé d'une liste

11 des officiers de la HV, qui se trouvait dans certaines unités de Bosnie

12 centrale. Avant de revenir à cet ordre, j'aimerais vous poser une question

13 relative à l'ordre d'octobre dans lequel le colonel Blaskic demande un

14 certain nombre d'informations relatives à des unités de la HV. Y avait-il

15 des unités de la HV et des officiers de la HV dans d'autres zones de

16 Bosnie-Herzégovine qui coopéraient avec le HVO ?

17 M. Marin (interprétation). - S'il vous plaît, l'ordre que vous

18 avez mentionné, l'ordre du mois d'octobre, veuillez me le présenter pour

19 que je puisse donner une réponse précise.

20 M. Kehoe (interprétation). - Bien entendu, c'est la pièce

21 406/26.

22 Veuillez présenter au témoin la pièce 406/31 également.

23 M. Hayman (interprétation). - Peut-être que le conseil pourrait

24 préciser ce qu'il veut dire par autres zones ou autres régions ?

25 M. Kehoe (interprétation). - Bien entendu, laissez le témoin

Page 12602

1 examiner ces documents et je reviendrai sur ma question.

2 Donc, pour le compte rendu, cette pièce 406/20 est un ordre

3 signé par l'accusé, provenant de l'accusé d'ailleurs, en date du

4 5 octobre 1992.

5 M. le Président. - Vous avez dit « signé de l'accusé », excusez-

6 moi, je n'ai pas compris.

7 J'ai une pièce sous les yeux signée de M. Covic. Est-ce la bonne

8 pièce à laquelle vous faites allusion ou est-ce une erreur ?

9 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, je procédais de façon

10 chronologique. Le premier ordre est un ordre en date du 5 octobre.

11 M. le Président. - Bien d'accord. Il faudrait peut-être que

12 l'huissier reste à côté du témoin en cas de chronologie de pièces, pour

13 que l'on suive plus aisément. Merci. Vous commencez par l'ordre du

14 5 octobre. Nous sommes d'accord ?

15 M. Kehoe (interprétation). – Oui. Tout à fait. Et je voudrais

16 corriger une erreur. Il s'agissait d'une communication par paquet auquel

17 le témoin a fait référence hier et la version originale en bosniaque ne

18 porte pas de signature. Cet ordre du 5 octobre émanant de l'accusé

19 demandait que des informations lui soient soumises relatives à la présence

20 éventuelle d'officiers de la HV dans les unités. Voyez-vous cela,

21 Général ?

22 M. Marin. (interprétation). - Oui, hier, en ce qui concerne ce

23 document, je l'ai déjà dit, je ne suis même pas sûr que ce document ait

24 été créé effectivement dans la zone opérationnelle parce que je ne vois

25 pas de cachet ni de signature et je ne peux pas l'affirmer étant donné

Page 12603

1 qu'à l'époque je ne faisais pas partie du commandement de la zone

2 opérationnelle. J'ai déjà dit que je suis arrivé à ce commandement-là le

3 1er novembre 1992. En ce qui concerne le contenu de cet ordre, je ne le

4 connaissais pas, je ne le connais pas et je ne peux pas affirmer qu'il

5 s'agit de l'ordre donné par le commandant de la zone opérationnelle.

6 Il est possible que cela ait été créé de la manière dont le

7 Procureur a parlé.

8 M. le Président. - Cela pose une question de principe, Général.

9 C'est l'absence de cachet qui vous interdit de penser que l'ordre pourrait

10 ne pas avoir été émis. Je vous signale simplement que la question pourra

11 peut-être se poser pour tous les ordres qui ont été montrés par la

12 défense. Je signale simplement le problème, je referme la parenthèse. Il

13 faut que nous soyons très clairs sur les ordres. Nous sommes tous

14 aujourd'hui à discuter d'ordres qui sont des

15 photocopies. Voilà. Alors, soyons très clairs. J'enregistre votre réponse,

16 vous estimez que parce qu'il n'y a pas le cachet cet ordre n'a peut-être

17 pas été émis. C'est marqué au transcript. Continuez, Maître Kehoe.

18 M. Marin. (interprétation). - Monsieur le Président, permettez

19 moi, s'il vous plaît. J'ai dit que…

20 M. le Président. - … Précisez bien votre réponse.

21 M. Marin. (interprétation). - A l'époque où ce document a été

22 créé, moi-même je ne travaillais pas au commandement.

23 M. le Président. - J'ai très bien compris. C'est une autre

24 réponse que vous avez faite ; vous avez dit qu'il n'y avait pas le cachet

25 et que vous émettiez des doutes sur le fait que cet ordre ait été est

Page 12604

1 émis.

2 Voilà : il y a deux réponses, ou bien vous dites « je n'étais

3 pas en fonction, je ne peux rien dire sur cet ordre », c'est une réponse

4 qui me paraît tout à fait possible, ou bien vous dites qu’il manque un

5 cachet, et qu’il est possible que cet ordre n'ait pas été émis. C'est une

6 autre réponse parce que là, vous ouvrez la voix à la contestation générale

7 de tous les ordres qui ont été montrés dans ce Tribunal, dans cette

8 instance. Je le signale.

9 M. Marin. (interprétation). – Monsieur le Président, à l'époque

10 je n'étais pas au commandement de la zone opérationnelle.

11 M. le Président. – Cela est une réponse que je peux très bien

12 comprendre. Je parlais du cachet parce qu'il y a un très grand problème

13 sur l'ensemble des ordres aussi bien ceux montrés par l'accusation que

14 ceux montrés par la défense. Les juges, à un moment donné, voudront savoir

15 l'authenticité de ces ordres.

16 M. Hayman (interprétation). - Peut-être que c'est une question

17 de traduction, Monsieur le Président, parce que le témoin dit la chose

18 suivante à mon avis : contrairement aux autres ordres, la plupart des

19 autres ordres que l'accusation et la défense ont soumis, ordres qu'il a pu

20 identifier, en ce qui concerne ce document-là en particulier, il ne

21 reconnaît ni la signature, ni un

22 cachet -le cachet de la zone opérationnelle- ni une

23 communication par paquet et il n'a pas non plus d'éléments qui lui

24 permettent de reconnaître ces événements de façon personnelle puisqu'il

25 n'était pas dans la zone opérationnelle à cette époque.

Page 12605

1 M. le Président. - Je referme cette parenthèse. Poursuivez votre

2 question, Maître Kehoe.

3 M. Kehoe (interprétation). - Oui merci, Monsieur le Président.

4 Général, le document suivant dont nous parlions hier, lorsque nous avons

5 levé l'audience est un document en date du 26 novembre 1992. C'est le

6 document 406/31. C'est un document signé par Zoran Covic, dans lequel il

7 dit au point 3 : "Les membres de l'armée croate présents dans la région de

8 la HV, et portant des insignes de la HV, doivent être avertis, ils doivent

9 enlever ces insignes étant donné que ceux-ci créent un certain nombre de

10 troubles et de problèmes pour la République de Croatie". Voyez-vous ce

11 passage, Général ?

12 M. Marin (interprétation). - Je vois ce document. Je vois le

13 point dont vous avez parlé.

14 M. Kehoe (interprétation). - Merci. Ma question est donc la

15 suivante : des officiers de la HV, non excusez-moi, des officiers donc de

16 la HV, et des soldats de la HV, travaillaient-ils et combattaient-ils aux

17 côtés du HVO dans d'autres zones de la Bosnie-Herzégovine, telle que

18 Mostar, par exemple ?

19 M. Marin (interprétation). - En ce qui concerne le commandement

20 de la zone opérationnelle de Bosnie Centrale, là je peux affirmer des

21 choses avec précision. Mais en ce qui concerne les informations

22 officielles concernant les officiers de la HV dans d'autres parties de

23 Bosnie-Herzégovine, cela je ne peux pas le savoir avec certitude, mais

24 j'ai entendu qu'au moment des combats, autour de Dubrovnik, j'ai entendu

25 que la HV a participé à l'organisation

Page 12606

1 de la défense mais moi je n'ai pas d'informations officielles à ce sujet.

2 Je veux ajouter qu'entre 1991 et 1994 jusqu'à l'accord de Washington, je

3 ne pouvais pas sortir de la région dans laquelle je me trouvais. Donc

4 c'est pour cela que je ne peux pas donner ce genre de commentaires quant à

5 la question de savoir si c'est vrai ou pas.

6 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous êtes maintenant

7 officier dans la Fédération. Vous avez poursuivi vos activités militaires

8 pendant combien d'années exactement ?

9 M. Marin (interprétation). - Depuis que j'ai commencé à

10 travailler pour le HVO, je n'ai pas arrêté mon service. Donc c'était

11 depuis 1992.

12 M. Kehoe (interprétation). - Depuis 1992, avez-vous pu parler à

13 d'autres membres du HVO de la présence éventuelle d'officiers et de

14 soldats de la HV en Bosnie ? Ces personnes combattant et travaillant aux

15 côtés des membres du HVO ? Avez-vous eu ce type de conversation avec qui

16 que ce soit ?

17 M. Marin (interprétation). - En ce qui me concerne, ce que je

18 sais officiellement, c'est que la participation de la HV, en

19 Bosnie-Herzégovine, après l'accord de Washington et après l'accord de

20 Split, en ce qui concerne cette participation de la HV dans les opérations

21 finales pour libérer la Bosnie-Herzégovine, existait bel et bien et moi-

22 même j'avais une fonction officielle dans ce cadre-là. En ce qui concerne

23 ceci, je dispose des informations officielles, mais en ce qui concerne le

24 reste, jusqu'en 1992, 1993, je ne dispose pas d'informations officielles

25 donc je ne peux rien affirmer mais j'ai déjà dit que d'après les médias,

Page 12607

1 on a parlé des combats autour de Dubrovnik, autour de Ravno et d'après ces

2 informations-là, la HV était présente dans cette région et avec le HVO

3 elle luttait contre les Chetniks.

4 M. Kehoe (interprétation). - Peut-être que je n'ai pas très bien

5 formulé ma question, Général.

6 Avez-vous eu une quelconque conversation officielle ou

7 officieuse avec un ou plusieurs membres du HVO, au cours de laquelle vous

8 avez parlé de la présence d'officiers et de soldats de la HV qui auraient

9 participé aux combats et aux activités du HVO en Bosnie en général ?

10 M. Marin (interprétation). - S'il vous plaît, précisez la

11 période dont vous parlez. Je vous ai parlé de la période pour laquelle

12 j'ai des informations sûres et où moi-même j'ai participé. Est-ce qu'on

13 parle de 1992, 1993 ou 1994 ?

14 M. Kehoe (interprétation). - Je vous parle des années 1992 et

15 1993. Jusqu'aux accords de Washington, à la fin de février, début

16 mars 1994. Avez-vous eu ce type de conversation avec qui que ce soit ?

17 M. Marin (interprétation). - Je n'ai jamais officiellement parlé

18 de ce sujet avec qui que ce soit.

19 M. Kehoe (interprétation). - Pas de conversation officieuse ?

20 M. Marin (interprétation). - En ce qui concerne les

21 conversations officieuses, je ne peux pas me rappeler ni quand ni comment,

22 étant donné que les discussions entre les soldats qui ont participé à la

23 guerre sont très différentes à chaque fois. Je ne peux donc pas affirmer

24 quelque chose que je ne peux pas prouver.

25 M. Kehoe (interprétation). - Mais avez-vous eu une quelconque

Page 12608

1 conversation avec des soldats ou des amis faisant partie du HVO,

2 conversation toujours relative à la présence d'officiers et de soldats de

3 la HV qui auraient travaillé aux côtés du HVO dans la région de Mostar ?

4 M. Marin (interprétation). - J'ai dit que je savais très

5 exactement que dans la région de Dubrovnik, derrière Dubrovnic, dans la

6 région du village de Ravno, il y a eu certaines activités communes des

7 unités de la HV et du HVO.

8 En ce qui concerne les combats autour de Mostar ou ailleurs,

9 vraiment je ne dispose pas d'informations et je ne peux rien dire là-

10 dessus.

11 M. Kehoe (interprétation). – Peut-on soumettre au témoin la

12 pièce 406/36, s'il vous

13 plaît.

14 Le micro n'est pas branché. Ce document devrait porter la date

15 de décembre 1992, le 9 plus précisément.

16 Je vais vous lire un certain nombre de paragraphes de ce

17 document. Cela vient du quartier général municipal de Mostar,

18 9 décembre 1992, vous voyez ?

19 En ce qui concerne l'ordre strictement confidentiel relatif au

20 sud-est de la zone opérationnelle de Herzégovine numéro O1286,/1514, du

21 27 novembre 1992, et concernant plusieurs insignes et symboles sur des

22 uniformes portés par des unités du HVO, alors que d'autres symboles

23 devaient être portés en vertu du décret relatif aux forces armées de la

24 Herceg-Bosna, ce qui risque de compromettre la réputation des membres du

25 HVO et de la HV, en proposant des idées que les médias internationaux

Page 12609

1 risquent de considérer comme fascistes, j'ordonne la chose suivante : les

2 commandants de la communauté croate d'Herceg-Bosna et du HVO doivent

3 s'assurer que les membres de leurs unités ne portent que des insignes du

4 HVO et retirent de leurs uniformes tous les autres emblèmes.

5 Je passe maintenant au troisième paragraphe. Vous pouvez lire

6 les autres paragraphes, mais je voudrais accélérer les choses. Je passe

7 donc au paragraphe 3 : le fait de porter des insignes du HVO est lié à des

8 accusations proférées à l'encontre de la République de Croatie et de la

9 communauté croate d'Herceg-Bosna, et relatif à un déploiement direct

10 d'unités de la HV sur le territoire de la communauté croate d’Herceg-Bosna

11 demandé aux membres de la HV, en leur fournissant des explications, de

12 porter des insignes du HVO au cours de leur déploiement dans notre zone.

13 Vous pouvez, si vous le souhaitez en tout cas, consacrer

14 quelques minutes à la lecture du reste du document. Certains des passages

15 ne sont pas très lisibles malheureusement. Ce document est signé par

16 Ivan Primorac, commandant de la troisième brigade du HVO.

17 Cet ordre de M. Primorac indique que des membres de la HV ont

18 été déployés, en

19 tout cas sur le territoire de Mostar, n'est-ce pas ?

20 M. Marin (interprétation). - Je n'ai jamais vu cet ordre.

21 D'après ce qu'on voit, cet

22 ordre a été créé dans le commandement de la zone opérationnelle de la

23 Bosnie-Herzégovine du sud-est et cet ordre a été envoyé aux unités qui

24 dépendaient de ce commandement, y compris la troisième brigade.

25 Je ne connais rien au sujet de cette brigade-là, je ne peux donc

Page 12610

1 rien dire, je ne peux pas faire de commentaires quant à la question de

2 savoir pourquoi ce texte a été créé dans cette forme-là.

3 A l'exception de l'ordre dont j'ai déjà parlé hier, l'ordre que

4 nous avons reçu au sein de notre zone opérationnelle, d'après lequel il

5 était clair que certains soldats qui se sont battus en Croatie au début de

6 la guerre et qui étaient originaires de Bosnie-Herzégovine sont rentrés en

7 Bosnie-Herzégovine en gardant les mêmes insignes et non pas seulement les

8 insignes de la HV, mais aussi les insignes par rapport à leurs unités.

9 C'est pour cela que l'ordre a été donné, afin d'éliminer cela.

10 Je ne connais pas très exactement tous les détails mais je sais

11 qu'après l'agression contre la Croatie, les officiers musulmans et les

12 officiers croates qui avaient été au sein de la JNA ont rejoint les rangs

13 de la HV et c'était la même chose en ce qui concerne la guerre en Bosnie-

14 Herzégovine.

15 Certains officiers, au début de la guerre en Bosnie-Herzégovine,

16 appartenaient à la HV et à ce moment-là, ils sont rentrés en Bosnie-

17 Herzégovine pour rejoindre les rangs du HVO. C’est tout ce que je sais là-

18 dessus.

19 M. Kehoe (interprétation). - Mais dans cet ordre en particulier,

20 M. Primorac indique bien qu'il y a des membres de la HV qui sont déployés

21 dans la zone de Mostar.

22 M. Hayman (interprétation). - Objection à la formulation de la

23 question. Le témoin a dit qu'il ne savait pas, qu'il n'était pas sur place

24 à ce moment-là. Je crois que le document parle de lui-même et par

25 conséquent la formulation, la forme même de la question est inappropriée.

Page 12611

1 On pose des questions au témoin sur un sujet qu'il ne connaît pas.

2 M. Kehoe (interprétation). – Je lui demande simplement s'il est

3 d'accord avec moi pour dire que cet ordre stipule bien que des unités de

4 la HV sont déployées à Mostar. C'est une question simple.

5 M. Hayman (interprétation). - Mais nous voyons bien ce que dit

6 ce document.

7 M. le Président. - Je crois que Me Hayman a raison. Que voulez-

8 vous que vous dise le témoin ? Le document est ici, il est signé de

9 M. Primorac, il n'y a rien à lui demander de plus. Nous perdons du temps.

10 De façon générale, d'ailleurs, il faudrait peut-être accélérer.

11 Je crois que le témoin a répondu sur l'ensemble du problème de la présence

12 du HV. Il vous dit que c'étaient des Bosniaques qui sont allés, qui sont

13 ensuite revenus et qu'ils avaient leurs uniformes. Accélérons un peu

14 maintenant.

15 M. Kehoe (interprétation). - Quand avez-vous occupé pour la

16 première fois la fonction que vous occupez actuellement, à quelle date, à

17 Mostar ?

18 M. Marin (interprétation). – Après que la décision a été prise

19 concernant l'organisation de l'armée de la fédération, et ce document

20 était signé à la fois par M. Izetbegovic et M. Zubak, il a été décidé de

21 créer l'armée de la fédération, ayant quatre corps d'armée. L'un de ces

22 corps d'armée s'appelle le premier corps d'armée de garde, qui inclut

23 toutes les unités du HVO, et les autres corps d'armée incluent toutes les

24 unités de l'ancienne armée de Bosnie-Herzégovine.

25 Certaines autres unités, telle que la brigade d'artillerie, la

Page 12612

1 brigade d'action rapide, font partie elles aussi de ce corps d'armée.

2 Cette décision a été prise le 17 mars 1996 et c'est après cela que j'ai

3 été nommé à ma fonction au sein du commandement de Mostar. J'étais donc le

4 commandant suprême du premier corps d'armée.

5 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent vous avez pris vos

6 fonctions le 17 mars 1996, c'est bien exact ?

7 M. Marin (interprétation). - Oui.

8 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous pu rencontrer

9 M. Primorac ?

10 M. Marin (interprétation). - Dans la région de Mostar, il y a

11 plusieurs personnes qui s'appellent Primorac, c'est très souvent le cas.

12 Donc, je ne sais pas très exactement de quel Monsieur il s'agit ici.

13 M. Primorac, je ne peux pas savoir très exactement qui c'est.

14 M. Kehoe (interprétation). - Apparemment, il était commandant de

15 la troisième brigade du HVO à Mostar, son prénom est Ivan. Avez-vous

16 rencontré cette personne ?

17 M. Marin (interprétation). - Ivan Primorac, pour autant que je

18 le sache, si je me souviens bien mais je ne peux pas être tout à fait sûr

19 mais je souhaite vous donner une réponse. Donc, pour autant que je le

20 sache, il était à un moment dans le commandement de la zone de Mostar,

21 mais je ne sais pas vraiment sûr si c'est vraiment la bonne personne et je

22 n'aime émettre des hypothèses.

23 M. Kehoe (interprétation). - Depuis mars 1996, depuis que vous

24 êtes basé à Mostar, depuis donc mars 1996, vous n'auriez par conséquent,

25 selon vos dires, pas eu de conversations officielles ou officieuses avec

Page 12613

1 un quelconque membre du HVO, conversations relatives au déploiement de

2 soldats et d'officiers de la HV, dans la zone de Mostar, c'est bien ce que

3 vous êtes en train de nous dire, Monsieur ?

4 M. Marin (interprétation). - Je vais vous corriger. A partir du

5 17 mars 1996, il faut savoir que nous ne sommes pas tout de suite après

6 arrivés à Mostar, mais je suis arrivé d'abord à Posusje étant donné que

7 notre siège à l'époque était à Posusje et c'est seulement au mois de

8 septembre que nous avons été transférés à Mostar, au poste de commandement

9 à Mostar, à « l'héliodrom » près de Mostar.

10 M. Kehoe (interprétation). - Mais je vous reposerai la même

11 question. Puisque

12 vous êtes basé depuis septembre 1996 et jusqu'à aujourd'hui, êtes-vous en

13 train de nous dire que vous n'avez eu aucune conversation officielle ou

14 officieuse avec un quelconque membre du HVO et relative au déploiement

15 d'officiers et de soldats de la HV, dans la zone de Mostar en 1992

16 et 1993 ? Est-ce bien ce que vous nous dites ?

17 M. Marin (interprétation). - Officiellement, je n'ai pas eu de

18 telles conversations et en ce qui concerne des conversations officieuses,

19 vraiment, je n'en avais pas avec qui que ce soit.

20 M. Kehoe (interprétation). - Donc, vous dites la chose

21 suivante : vous n'avez pas eu de conversations officielles ou officieuses

22 à propos de cela n'est-ce pas ?

23 M. Marin (interprétation). - Oui.

24 M. Kehoe (interprétation). - Très bien. Revenons à l'ordre dont

25 nous avons parlé hier, ordre émanant de l'accusé, dans lequel il demande

Page 12614

1 qu'une liste d'officier de la HV, se trouvant dans les unités lui soit

2 fournie, je parle de la pièce 406/55, qui est également inclus dans la

3 pièce 406/19. Il s'agit de l'ordre du 12 avril 1993.

4 M. le greffier (interprétation). - Il s'agit bien du numéro

5 406/55 comme le dit le transcript ou 456 ?

6 Interpréte. - Me Kehoe est hors micro.

7 M. Kehoe (interprétation). - C'est le même document.

8 Monsieur Dubuisson, peut-on donc utiliser la pièce 456/55, s'il vous

9 plaît ? Je pense qu'il s'agira de l'ordre du 12 avril 1993.

10 (Les pièces sont remises aux témoins.)

11 M. Kehoe (interprétation). - Le micro n'est pas branché.

12 Excusez-moi. C'est l'ordre général dont nous parlions hier. Je voudrais

13 vous poser un certain nombre de questions complémentaires : au

14 paragraphe 2, il est dit : "inclure dans cette liste… » c'est ce que

15 Blaskic demande "… le patronyme, le prénom du père, le prénom etc., le

16 numéro de l'ordre en vertu duquel il a été envoyé auprès du HVO et le

17 nombre du décret de transfert". De quoi s'agit-il exactement ? Ce numéro

18 de décret de transfert ? Qui rédige ce décret ?

19 M. Marin (interprétation). - Vous posez la question en général,

20 dans toutes les forces armées ou au sein du HVO ?

21 M. Kehoe (interprétation). - Je demande ce que signifie cet

22 ordre et que veut-on dire lorsqu'on demande ce numéro de décret de

23 transfert ? Est-ce un décret signé par la HV et qui est envoyé au HVO pour

24 qu'un officier particulier soit affecté à un lieu particulier en Bosnie-

25 Herzégovine ? Est-ce bien ce dont il s'agit ?

Page 12615

1 M. Marin. (interprétation). - En ce qui concerne les ordres

2 portant sur les transferts, je n'en ai jamais vus étant donné que je n'ai

3 jamais travaillé au sein du service de personnel mais je sais qu'au sein

4 de chaque armée, afin qu'un officier soit déployé ou que ce soit, il faut

5 qu'il ait reçu l'ordre de la personne compétente et en ce qui concerne la

6 question de savoir qui est compétent, c'est défini dans le règlement de

7 l'armée en question, mais je répète que je n'ai pas travaillé dans le

8 domaine des affaires concernant le personnel, mais des affaires

9 opérationnelles.

10 M. Kehoe (interprétation). - Revenons à ce décret, est-ce que ce

11 décret serait émis par la HV afin d'affecter tel ou tel officier ou tel ou

12 tel soldats au HVO ?

13 M. Marin. (interprétation). - Vraiment je ne sais pas si un tel

14 ordre a pu être donné.

15 M. Kehoe (interprétation). - Pour ce qui est de ce décret en

16 particulier, il doit sans doute porter un numéro comme la plupart des

17 documents dont nous avons parlé parce que dans ce document il est question

18 d'une liste du numéro des ordres qui ont été envoyés au HVO. En plus du

19 numéro du décret de transfert, n'est-ce pas ?

20 M. Marin. (interprétation). - Je ne peux faire qu'émettre des

21 hypothèses. J'ai déjà dit que je n'ai pas vu ce genre d'ordre, je ne

22 connais pas leur contenu et je ne sais pas dans quelles conditions, si

23 vraiment il y a eu de tels cas, et avec quel document une telle personne

24 arrivait.

25 M. Kehoe (interprétation). - Mais vous conviendrez avec moi que

Page 12616

1 c'est un système relativement organisé ; on demande deux documents précis,

2 un numéro d'ordre envoyé au HVO et le numéro du décret lui-même, du décret

3 de transfert. Par conséquent, il y a deux documents différents qui

4 concernent les officiers dont il est question au paragraphe 2 de ce

5 document, n'est-ce pas ?

6 M. Marin. (interprétation). - Excusez-moi, vous mentionnez deux

7 officiers.

8 M. Kehoe (interprétation). – Non, deux documents. Je ne sais pas

9 si j'ai fait un lapsus. Dans le paragraphe 2, il est question de deux

10 documents différents, un ordre en vertu duquel la personne est envoyée au

11 HVO et le numéro d'un décret de transfert. Il y a donc deux documents.

12 M. Marin. (interprétation). - Monsieur le Président, hier

13 lorsqu'on parlait de ce document, j'ai dit pour autant que je le sache,

14 d'après mes souvenirs, que ce document était créé sur la base de l'ordre

15 reçu par le commandant suprême de l'état-major. Je connais la personne qui

16 a écrit cela, c'est M. Jurcic, et Mme Vinac l’a dactylographié.

17 Cette personne-là n'a pas reçu de formation militaire et il a

18 commis une erreur en ne mentionnant pas le document servant de base à cet

19 ordre. Je ne peux pas entrer dans le détail des raisons pour lesquelles

20 l'état-major à demandé tous ces détails-là concernant le grade, etc..

21 Cela, je ne sais pas.

22 M. Kehoe (interprétation). - Mais vous nous avez fait remarquer

23 hier qu'à votre connaissance il n'y avait pas d'officiers de la HV, en

24 Bosnie Centrale. C'est bien ce que vous nous avez dit ?

25 M. Marin. (interprétation). – Oui, c'est bien ce que j'ai dit et

Page 12617

1 je le répète maintenant.

2 M. Kehoe (interprétation). - Des officiers de la HV ont-ils été

3 envoyés en Bosnie Centrale pour avoir certaines conversations avec le

4 colonel Blaskic ou d'autres membres du HVO ?

5 M. Marin. (interprétation). - Je ne le sais pas. Je n'ai pas

6 rencontré de tels officiers.

7 M. Kehoe (interprétation). - Mais que vous les ayez rencontrés

8 ou pas, avez-vous jamais parlé du fait qu'ils se trouvaient bien sur ce

9 territoire avec soit le colonel Blaskic soit d'autres membres de l'état-

10 major de la zone opérationnelle.

11 M. Riad (interprétation). - Je crois qu'il y a une erreur dans

12 le transcript. Est-ce que des soldats ou des officiers du HVO ont été

13 envoyés en Bosnie Centrale ?

14 M. Kehoe (interprétation). – Non, je disais officiers de la HV.

15 M. Riad (interprétation). - D'autre part, une référence est

16 faite à la HJ alors qu'il s'agit vraisemblablement de la HV. Il faut

17 corriger le compte rendu.

18 M. Kehoe (interprétation). - Oui d'accord. Je vais porter la

19 correction dans ma nouvelle question. Des officiers de la HV ont-ils été

20 envoyés en Bosnie Centrale pour avoir certaines conversations avec le

21 colonel Blaskic ou d'autres membres du HVO ?

22 M. Marin. (interprétation). - J'ai déjà dit que je l'ignorais.

23 Je n'ai pas rencontré personnellement d'officiers de la HV dans la région

24 de la Bosnie Centrale.

25 M. Kehoe (interprétation). - Mais que vous les ayez rencontrés

Page 12618

1 ou pas, s'ils étaient sur place, étant donné votre poste au quartier

2 général, en auriez-vous connaissance ?

3 M. Marin. (interprétation). - Non. Je n'aurais pas eu

4 d’informations en ce qui concerne chaque cas étant donné qu'un

5 commandement couvre toute sorte d'affaires : des affaires de personnel

6 opérationnelles etc.. S'ils étaient là dans le domaine des affaires

7 opérationnelles, dans ce cas-là, je l'aurais su.

8 M. le Président. – Maître Kehoe, il faudrait peut-être ne pas

9 trop tourner en rond. Je crois que le témoin vous a dit tout ce qu'il

10 avait à dire sur la question. Bien que placé à un

11 niveau important auprès de l'accusé, il n'a pas connaissance de cette

12 présence des officiers de l'armée croate. Les juges apprécieront en

13 fonction des documents que vous avez donnés et sur lesquels le témoin a

14 fait ces appréciations. Je ne crois pas que l'on puisse aller plus loin.

15 M. Kehoe (interprétation). – Je comprend, Monsieur le Président.

16 Je vais passer au document suivant.

17 M. le Président. - Les juges apprécieront. Comme toujours, il

18 faut que vous fassiez une procédure où les juges ont une appréciation de

19 la pertinence des réponses, des non-réponses ou des réponses évasives des

20 témoins. Je le dis à l'intention des témoins, au-delà d'ailleurs de ce

21 témoin-ci. Vous montrez vos éléments de preuve, le témoin répond comme il

22 a envie de répondre, les juges apprécieront.

23 (Le document est montré au témoin.)

24 M. Kehoe (interprétation). - Veuillez consulter ce document,

25 s'il vous plaît, il s'agit d'une lettre provenant du Président du HVO de

Page 12619

1 Travnik, Zeljko Pervan et adressée au Président Tudjman, Franjo Tudjman.

2 Je vous demanderai de regarder l'avant-dernière page, paragraphe qui

3 commence par : "Il serait très utile..." Voyez-vous ce paragraphe en bas

4 de la page, Général ?

5 Je vous le lirai, vous retrouverez sans doute cet endroit.

6 Ce document dit la chose suivante : "Il serait très utile…" Il

7 parle au Président Tudjman :"Si vous pouviez à nouveau dire à vos aides

8 d'envoyer des officiers haut placés, officiers de l'armée croate dirigée

9 par le Général Praljak afin de renforcer nos unités qui se trouvent dans

10 la Vallée de la Lasva…"

11 La date de ce document est le 12 avril 1993. Même date que

12 l'ordre dans lequel le colonel Blaskic demande qu'une liste des officiers

13 de l'armée croate lui soit fournie. Voyez-vous ce passage ?

14 M. Marin (interprétation). - Excusez-moi, page 2 je n'ai pas pu

15 trouver ce

16 point-là.

17 M. Kehoe (interprétation). - L'avant-dernière page de la lettre,

18 Général. La lettre comporte trois pages, je parle de la deuxième. Je crois

19 que c'est le paragraphe du bas, à la deuxième page. Je vais vous le

20 relire : "Il serait très utile…"

21 M. Marin (interprétation). - Excusez-moi, j'ai trouvé le

22 paragraphe. Ce serait d'une grande aide…

23 M. le Président. - Notre problème n'est pas de l'avoir en

24 serbo-croate, nous l'avions sur le rétroprojecteur, simplement nous avions

25 toute la page, sauf la ligne du dessus qui était la ligne importante.

Page 12620

1 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, permettez-moi, ce

2 serait bien que le témoin ait le texte en croate sous les yeux parce qu'il

3 est important pour lui de voir la date, l'institution...

4 M. le Président. - Il faut que le témoin ait le texte croate en

5 main et il faut que les juges... et écoutez-moi, je veux bien me passer de

6 la version française mais au moins donnez-moi la version anglaise.

7 M. Kehoe (interprétation). - C'est sur la dernière page.

8 M. le Président. - Nous l'avions presque, voilà.

9 M. Kehoe (interprétation). - En haut de la page dans l'autre

10 sens, Monsieur l'huissier. C'est dans l'autre sens, cela se situe en haut

11 de la page et pas en bas.

12 M. le Président. - Voilà ! Très bien Claudius !

13 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, il y a une

14 traduction en français de ce document dans le dossier.

15 M. le Président. - Bien, alors votre question, Monsieur Kehoe.

16 M. Kehoe (interprétation). - Voyez-vous ce passage, Général ?

17 M. Marin (interprétation). – Oui, je le vois.

18 M. Kehoe (interprétation). - M. Pervan dit la chose suivante ou

19 plutôt il demande au Président Tudjman d'envoyer à nouveau des officiers

20 de haut rang, officiers de l'armée croate, dans la région de la vallée de

21 la Lasva, n'est-ce pas ?

22 M. Marin (interprétation). - Je voudrais d'abord faire quelques

23 commentaires sur le document, si vous me permettez, avant de répondre

24 complètement à vos questions. Ce document, si je vois bien, a été créé au

25 sein du HVO de la municipalité de Travnik. Il s'agit des autorités

Page 12621

1 civiles, le soussigné est le Président Zeljko Pervan et d'après mes

2 informations, effectivement, il était le président du HVO de Travnik, donc

3 c'étaient les autorités civiles et ce document-là, le document que j'ai en

4 main, en ce moment, je n'ai pas vu dans le commandement de la zone

5 opérationnelle et il est clair d'après ce document qu'il n'a pas été

6 envoyé au commandement de la zone opérationnelle, mais comme on voit dans

7 la dernière page, il a été envoyé à trois adresses.

8 En ce qui concerne la phrase elle-même à laquelle vous souhaitez

9 que je vous réponde, il faudrait l'examiner dans le contexte de tout le

10 texte traitant de la problématique et de l'état général dans la

11 municipalité de Travnik. Si l'on sort cela de son contexte, si on essaie

12 de répondre à des phrases séparées, je crains que les réponses ne soient

13 pas complètes et bonnes.

14 Tout cela me permet tout simplement de confirmer et d'affirmer

15 que les autorités civiles ayant effectué une analyse de la situation dans

16 la région de la municipalité de Travnik -et dans les autres municipalités

17 la situation était semblable- que les autorités civiles donc ont conclu

18 que nous n'avions pas suffisamment d'officiers expérimentés et

19 professionnellement formés. Ils recherchaient donc de l'aide dans ce

20 domaine-là.

21 Cependant, je sais qu'au moment où ce document a été créé

22 en 1993, dans la zone opérationnelle de la Bosnie centrale, il n'y avait

23 pas d'officiers de l'armée croate. Malgré cette demande faite par le

24 représentant des autorités civiles, je répète qu'à mon avis, ils ont

25 analysé la situation générale, ils ont analysé la situation en ce qui

Page 12622

1 concerne les militaires présents sur place et que les autorités civiles

2 concluent qu'il n'y a pas suffisamment d'officiers appropriés pour

3 accomplir des tâches dans la région de la Bosnie centrale.

4 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que le document est très

5 clair. Nous allons passer à autres choses. J'aimerais passer à un nouveau

6 sujet et vous parler du quartier général dirigé par Blaskic, qui était à

7 l'époque colonel. Pouvez-vous nous donner des informations sur ce quartier

8 général et nous dire la structure : où se trouvaient les différents

9 départements, où se trouvait le centre de communication, où était le fax,

10 ce genre de chose ?

11 M. Marin (interprétation). - En ce qui concerne l'organisation du

12 commandement de la zone opérationnelle, au moment où moi, j'ai pris mes

13 fonctions, le 1er novembre 1992, le commandement venait d'être placé au

14 sein de l'hôtel Kruscica à Vitez. Je pense que c'était bien le nom de

15 l'hôtel. En ce qui concerne l'hôtel lui-même, il ne correspondait pas à

16 nos besoins du point de vue des pièces et puis la construction elle-même

17 de cet hôtel non plus n'était pas conforme au besoin d'un poste de

18 commandement durant la guerre.

19 Nous nous sommes organisés ainsi : la section d'information

20 était dans la partie à Bila, ensuite, dans le bureau de poste qui se

21 trouvait à environ cent mètres de notre hôtel. Nous avons placé le système

22 de communication par paquet et nous, les autres, nous étions dans l'hôtel.

23 Dans l'hôtel se trouvait le siège opérationnel, tout le personnel de la

24 section opérationnelle, tous les commandants et tous ceux qui étaient

25 directement liés aux opérations de combat s'y trouvaient. A l'étage il y

Page 12623

1 avait deux pièces consacrées à la logistique et en face, il y avait un

2 couloir dans l'hôtel qui séparait la pièce où se trouvait le siège

3 opérationnel et la pièce où vivait et travaillait le général Blaskic.

4 Etant donné qu'à Vitez, il n'avait pas ni de maison, ni

5 d'appartement, à chaque fois quand il était à Vitez, il dormait à l'hôtel

6 dans la même pièce où le lendemain il travaillait avec nous, il

7 rencontrait ses collaborateurs de même que les représentants de la

8 Forpronu et tous les autres qui se rendaient à l'hôtel. Pour conclure,

9 nous avons travaillé dans des conditions

10 improvisées du point de vue du logement, et du point de vue de la qualité

11 des conditions de travail lorsqu'on parle du commandement même de la zone

12 opérationnelle et de son rôle durant la guerre.

13 M. Kehoe (interprétation). - Général, y avait-il un centre de

14 cartographie où les lignes de confrontation étaient dessinées, où le

15 déploiement des soldats était également représenté sur des cartes ?

16 M. Marin (interprétation). - Oui. Cette carte se trouvait dans

17 le siège opérationnel du commandement de la zone opérationnelle et mes

18 fonctions portaient sur cela en partie aussi.

19 M. Kehoe (interprétation). - J'allais vous demander cela. Qui

20 était chargé de réactualiser cette carte chaque fois que c'était

21 nécessaire ? Vous ? Et y avait-il d'autres personnes également ?

22 M. Marin (interprétation). – Ce sont tous les officiers qui étaient

23 responsables, un autre officier qui se trouvait avec moi dans la section

24 opérationnelle et puis, aussi des différents commandants de différentes

25 parties de l'armée, les communications avaient leur propres données, les

Page 12624

1 personnes chargées de la logistique aussi. Toutes les données étaient

2 envoyées pour créer une image d'ensemble. Nous introduisions les données

3 que nous recevions des unités sur le terrain et nous les introduisions sur

4 les cartes.

5 M. Kehoe (interprétation). - Mais qui d'autre, qui se trouvait

6 dans le département opérationnel, également, tout comme vous, était chargé

7 d'apporter ces modifications aux cartes ?

8 M. Marin (interprétation). - C'est M. Ivica Cosic qui

9 travaillait avec moi et pendant une certaine période Mario Rajic, lui

10 aussi, travaillait avec moi et par la suite il a été transféré dans la

11 brigade de Vitez.

12 M. Kehoe (interprétation). - En ce qui concerne le

13 fonctionnement ou l'organisation quotidienne au sein du quartier général,

14 y avait-il par exemple des réunions tous les matins qui

15 étaient organisées par le colonel ?

16 M. Marin (interprétation). - Le colonel Blaskic, aujourd'hui

17 général, dans sa méthode de travail tous les jours à chaque fois quand il

18 pouvait le faire organisait des rencontres du matin tous les jours si

19 c'était possible pour vérifier ce qui était fait par les responsables par

20 rapport aux tâches reçues la veille. Si le général Blaskic n'était pas là,

21 c'est M. Franjo Nakic qui était responsable de ces rencontres et, si lui

22 non plus n'était pas là, c'est moi qui faisais cette tâche-là.

23 M. Kehoe (interprétation). - Bien entendu, c'est un des aspects

24 normaux d'un quartier général lorsqu'il y a des réunions organisées le

25 matin et lorsque le responsable n'est pas là, son adjoint doit organiser

Page 12625

1 ces réunions et vous ensuite.

2 M. le Président. - Je voudrais que nous accélérions un petit peu. Je ne

3 sais pas s’il est contesté que le colonel Blaskic était le chef de la zone

4 opérationnelle et qu'il devait se comporter comme tout chef d'état-major.

5 Je suppose qu'il y avait des cartes. Essayons d'accélérer, on ne va pas

6 passer des semaines entières à savoir si le général Blaskic se réunissait

7 le matin, après s'être levé dans sa chambre, prenait son petit café et

8 regardait les cartes, en pleine guerre.

9 Je vous rappelle quand même que c'est le temps de la Défense qui

10 coure. Ou alors, allez droit à votre question. Si vraiment toutes ces

11 questions sont posées pour arriver à une question sur laquelle vous voulez

12 authentifier quelque chose du témoin, je vous en supplie, les Juges sont

13 assez intelligents pour le comprendre.

14 Posez votre question. Je n'accepte pas qu'on passe des dizaines

15 de minutes à savoir si le colonel Blaskic prenait son café le matin avant

16 de regarder les cartes d’état-major en pleine guerre à Vitez et

17 Stari Vitez. Voilà ce que j'avais à dire. Vous avez droit à vos questions.

18 M. Kehoe (interprétation). - Ces réunions d'information… le

19 matin, je suppose qu'au cours de ces réunions, des informations concernant

20 la situation qui prévalait sur le terrain étaient communiquées ?

21 M. Marin (interprétation). – Oui, on échangeait les informations

22 qui se basaient sur les rapports que nous recevions, étant donné que, tous

23 les matins, les unités qui pouvaient le faire nous envoyaient leur

24 rapport, les envoyaient au commandement de la zone opérationnelle qui se

25 trouvait sur le bureau du commandant et, après l'analyse, ces rapports

Page 12626

1 finissaient sur mon bureau, c'est-à-dire chez moi.

2 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de ces réunions

3 d'information, des aspects des réunions du commandement conjoint à

4 Busovaca, ou de la commission conjointe de Busovaca, étaient-ils abordés ?

5 M. Marin (interprétation). - S'agissant du travail de cette

6 commission, nous avons pu voir, d'après tout ce que j'ai dit concernant le

7 conflit dans la vallée de la Lasva, qu'elle a été fondée sur l'ordre

8 commun du commandant du troisième corps et du commandant de la zone

9 opérationnelle. En ce qui concerne cette commission et son travail, si je

10 ne me trompe pas, c'est un membre de cette commission qui informait

11 toujours le commandant du travail de cette commission-là. Dans le cas

12 précis, c'était M. Franjo Nakic.

13 M. Kehoe (interprétation). - Mais lorsque M. Nakic recevait

14 l’information selon laquelle des hommes étaient forcés d'aller creuser des

15 tranchées sur le front, que disait M. Blaskic lorsque cette information

16 lui était transmise ?

17 M. Marin (interprétation). - Lorsque M. Franjo Nakic était

18 membre de la commission de Busovaca, il ne venait pas aux réunions

19 d'information du matin parce qu’il avait des obligations à Busovaca à ce

20 moment-là. Pour autant que je le sache, chaque fois qu'il avait le temps,

21 il passait le matin ou l'après-midi et discutait avec les membres du

22 commandement de l'action de la commission.

23 M. Kehoe (interprétation). - Après la création de la commission

24 mixte de Busovaca, au début du mois de février 1993, et avant le conflit

25 qui a éclaté en avril 1993, le sujet des Musulmans étant contraints de

Page 12627

1 creuser des tranchées était-il discuté lors des réunion

2 d'information du matin ?

3 M. Marin (interprétation). - Je ne me rappelle pas de telles

4 discussions et je ne me rappelle d'ailleurs pas le fait dont vous parlez,

5 à savoir que qui que ce soit ait été contraint de creuser des tranchées.

6 M. Kehoe (interprétation). - Outre ces réunions avec les membres

7 du quartier général, Blaskic avait-il régulièrement des réunions avec ses

8 commandants de brigades ?

9 M. Marin (interprétation). - Les réunions avec les commandants

10 de brigades, je parle de la pratique, et donc de l'évolution de la

11 situation sur le terrain, se tenaient le plus fréquemment une fois par

12 mois, parce que c'est ainsi qu'agit tout commandant et je crois que le

13 commandant général Blaskic, dans son travail quotidien, et pour autant que

14 cela soit possible, c'est-à-dire pour autant que les moyens de

15 communication le lui permettaient, je pense qu'il avait des communications

16 avec les commandants de brigades.

17 Si la situation se dégradait, le commandant décidait du moment où cette

18 réunion devait se tenir et cette réunion se tenait selon les conditions en

19 vigueur et selon l’avis du commandant de la brigade.

20 M. Kehoe (interprétation). – Avez-vous participé à des réunions

21 de ce genre ?

22 M. Marin (interprétation). - Le plus souvent, j'y participais,

23 pour autant que d'autres tâches ne m'aient pas été confiées par le

24 commandant de la zone opérationnelle. Car il faut que nous comprenions

25 bien que nous étions en temps de guerre et que les officiers étaient tenus

Page 12628

1 de se rendre en d'autres lieux pour remplir d'autres fonctions.

2 M. Kehoe (interprétation). – Lors des réunions auxquelles vous

3 avez assisté, avez-vous vu M. Blaskic rencontrer ses commandants de

4 brigades et discuter du sujet dont je viens de parler, à savoir le fait

5 que des Musulmans étaient contraints de creuser des tranchées ? Est-ce que

6 ce sujet a jamais été abordé dans quelque réunion que ce soit ?

7 M. Marin (interprétation). - Je ne peux pas répondre avec

8 précision car je ne me

9 rappelle pas cela, mais je peux dire la chose suivante : le

10 commandant Blaskic, et je ne sais pas sur la base de quelle informations,

11 a émis un ordre visant à ce que ce genre de travail soit interdit.

12 Je crois que nous avons d'ailleurs examiné cet ordre au moment

13 où nous examinions les documents relatifs à l'action du commandant de la

14 zone opérationnelle dans le courant de l'année 1993.

15 M. Kehoe (interprétation). - Avant les missions de cet ordre,

16 qui date du 19 juin 1993, à la suite d'une réunion de la commission mixte,

17 avez-vous participé à quelque discussion que ce soit avec les membres du

18 quartier général ou les dirigeants de brigades, le fait que les Musulmans

19 étaient contraints de creuser des tranchées a-t-il été un des sujets

20 abordés ?

21 M. Marin (interprétation). - Je n'ai pas participé à de telles

22 réunions. La seule chose que je sais à ce sujet c'est que le commandant de

23 la zone opérationnelle a émis un ordre personnel portant fermement et

24 strictement interdiction de telles activités.

25 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de vos réponses à

Page 12629

1 l'interrogatoire principal, vous avez fait remarquer un certain nombre

2 d'aspects fondamentaux pour définir le rôle du

3 commandant.

4 Excusez-moi un instant, je vous prie.

5 Monsieur le Président, souhaitez-vous que nous poursuivions

6 jusqu'à 11 heures 30 ou que nous fassions la pause maintenant ?

7 M. le Président. - Nous avons commencé avec un peu de retard.

8 Vous avez beaucoup de questions sur l'aspect des tranchées creusées par

9 les Musulmans ?

10 M. Kehoe (interprétation). - J'en ai fini avec ce sujet en fait,

11 mais j'ai encore quelques questions au sujet de la structure de

12 commandement. Nous pourrions peut-être arriver au terme de ces questions.

13 M. le Président. - Vous avez encore quelques questions sur la

14 structure de

15 commandement. D'accord. Poursuivez encore quelques minutes.

16 M. Kehoe (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

17 Général, au cours de l'interrogatoire principal, quand vous avez

18 parlé de la structure de commandement, vous avez fait remarquer que ce qui

19 était fondamental, je lis la page 12209 du compte rendu, vous avez dit que

20 ce qui était fondamental pour les opérations étaient six composantes :

21 planification, organisation, commandement, coordination, supervision et

22 contrôle.

23 Quelques pages plus tard, dans le compte rendu, vous faites

24 remarquer que vous aviez mis au point une organisation, que vous aviez

25 émis des commandements et des ordres et que l'activité suivante consistait

Page 12630

1 à veiller à ce que tout ce qui a été ordonné a bien été réalisé. Donc, il

2 vous fallait contrôler et superviser, ce qui est une des fonctions clef du

3 commandement et de l'organisation.

4 Pour la clarté des débats, j'indique que ce passage se trouve à

5 la page 12 212 du

6 compte rendu des audiences.

7 Général, est-ce que vous estimez toujours que le contrôle des

8 activités est fondamental ?

9 M. Marin. (interprétation). - Bien entendu, le contrôle de la

10 réalisation des tâches quotidiennes est tout à fait fondamental. Il est

11 tout à fait fondamental de créer les conditions pour qu'un tel contrôle

12 puisse s'exercer.

13 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que ce contrôle prévoit

14 entre autres de se rendre sur le terrain pour inspecter les troupes et les

15 positions de ces troupes de façon à veiller à ce que les ordres qui ont

16 été émis sont bien exécutés ?

17 M. Marin. (interprétation). - Je pense que la surveillance et la

18 vérification peut s'exercer de la façon que vous venez de décrire, mais

19 elle peut s'exercer également d'une autre façon, à savoir, demander des

20 rapports et répondre à ces rapports. Il y a donc diverses modalités

21 possibles en fonction de la situation et en fonction du choix qui sera

22 fait par le commandant, c'est-à-dire du temps qui est à sa disposition, du

23 nombre d'activités qu'il a à remplir dans la journée et de l'urgence ou de

24 la moindre urgence de l'activité qu'il va vérifier, compte tenu que nous

25 travaillions et agissions dans des conditions de guerre.

Page 12631

1 M. Kehoe (interprétation). - Général, au cours de

2 l'interrogatoire principal, vous avez fait remarquer que les rapports qui

3 provenaient des brigades n'étaient pas très précis parce que le personnel

4 compétent était en nombre insuffisant. Est-ce que cela a poussé

5 Monsieur Blaskic à aller contrôler l'exécution des activités sur le

6 terrain ? Est-ce qu’il lui arrivait fréquemment d’aller sur le terrain

7 vérifier ce qui s'y passait ?

8 M. Marin. (interprétation). - Il est exact que j'ai dit qu'en

9 raison d'incompétences des officiers qui rédigeaient les rapports, les

10 rapports étaient incomplets. J'ai dit également qu'il y avait nécessité de

11 cacher quelque peu les informations dont certains ne souhaitaient pas

12 qu'elles parviennent jusqu'au niveau de la zone opérationnelle.

13 Le commandant, c'est-à-dire le Général Blaskic, allait rendre

14 visite aux brigades. Je ne peux pas dire maintenant exactement ce qu'il y

15 faisait. Nous aussi, en tant qu'officiers, il nous arrivait sur ordre du

16 commandant de nous rendre auprès des commandements de brigade avec les

17 rapports que nous avions en main pour vérifier de façon très précise si ce

18 qui avait été ordonné avait effectivement été exécuté et de quelle façon

19 cela avait été exécuté ?

20 M. Kehoe (interprétation). - Quand le Colonel Blaskic et les

21 autres membres de l'état-major de la zone opérationnelle ont découvert que

22 les commandants de brigade leur cachaient certains éléments de la

23 situation sur le terrain, à quelle date cela s’est-il passé ?

24 M. Marin. (interprétation). - Je dirais que c'était un fait

25 constant. Il nous est arrivé, Monsieur le Président, Messieurs les Juges

Page 12632

1 qu'un front tombe et que le commandant de la zone concernée ne souhaite

2 pas le faire savoir à la zone opérationnelle dans l'espoir de récupérer ce

3 front et de façon à éviter que le commandant de la zone opérationnelle se

4 fasse une idée

5 négative à son sujet.

6 Donc, il tentait de régler le maximum de problèmes seul dans sa

7 brigade, dans sa zone de responsabilité.

8 Je me rappelle, par exemple, lors de la chute des positions du

9 village de Brdo que nous n'avons pas reçu de la brigade concernée un

10 rapport avant six ou sept heures. Je ne peux pas exactement vous dire

11 comment nous en avons été informés d'ailleurs, mais c'est seulement plus

12 tard que nous avons appris les faits et que nous avons dû envoyer des

13 renforts et essayer de récupérer les positions ; mais en fait, ces

14 positions perdues n’ont jamais été récupérées, elles sont restées en

15 l'état jusqu'à l'accord de Washington.

16 Même dans des situations aussi graves que celles-ci, les

17 commandants avaient le comportement que je viens de décrire, mais c'était

18 la situation. Moi-même, je pourrais me demander pourquoi est-ce que la

19 situation était ainsi. Mais, les commandants qui se sont trouvés dans

20 cette guerre un peu par hasard, qui ont été pris par la guerre si je puis

21 dire, certains d'entre

22 eux n'étaient pas tout à fait conscients de leurs responsabilités et de

23 leur niveau de commandement.

24 M. Kehoe (interprétation). - Ce que vous dites, Général, c'est que

25 l'absence d'informations précises au quartier général était un fait

Page 12633

1 constant et que cela a commencé en 1992, que cela a duré en 1993. C'est

2 cela que vous êtes en train de dire ?

3 M. Marin. (interprétation). - Oui et pour autant que nous le

4 pouvions, au sein de commandement de la zone opérationnelle, nous nous

5 sommes battus pour essayer de réduire cette difficulté ; nous avons envoyé

6 un certain nombre d’hommes auprès des commandements pour les aider, pour

7 tenter de mieux faire fonctionner ces commandements, pour tenter de mettre

8 davantage d’hommes à leur disposition et de créer les conditions que nous

9 souhaitions, les conditions que nous avions définies en 1992, fin 1992,

10 début 1993, lorsque nous avons décidé de ce projet de créer des brigades,

11 mais cela était un travail épouvantablement difficile et

12 je peux vous dire, comme je vous l’ai déjà dit, quelle était la situation

13 à la fin de la guerre.

14 Lorsque les représentants de l'OTAN sont venus auprès du HVO,

15 ils ont vu que les problèmes principaux du HVO c'était l'organisation,

16 l'obéissance aux ordres et le financement. Aujourd'hui, je suis un

17 officier de très haut rang et ces officiers de haut rang de l'armée

18 américaine, aujourd'hui encore, viennent toujours auprès de nous pour nous

19 dire comment doit agir un officier d'une armée professionnelle, d'une

20 armée compétente, quelle doit être la position d'un officier

21 professionnel, son point de vue etc..

22 Donc, entre 1992 et 1998, il s'est passé six ans. Nous ne

23 pouvons pas dire aujourd'hui que la situation est la même qu'à l'époque

24 parce que la situation est une situation de paix, mais nous avons toujours

25 des problèmes d'une nature assez similaire à ceux que nous avions à

Page 12634

1 affronter en 1992.

2 M. Kehoe (interprétation). - Général, est-ce que ce manque

3 d'information a poussé Blaskic à se rendre sur les lignes de front et à

4 envoyer les officiers de son quartier général sur les lignes de front pour

5 exercer un contrôle, une inspection ?

6 M. Marin (interprétation). - J'ai déjà dit oui.

7 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce qu’il l'a fait fréquemment ?

8 M. Marin (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous entendez

9 par fréquemment ? Est-ce que vous pensez à une fois par jour, une fois

10 tous les deux jours, une fois tous les cinq jours ? Parce que, ce concept

11 de "souvent" et très imprécis en Bosnie.

12 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que cela faisait partie de

13 ses activités routinières dans l'organisation du contrôle et du

14 commandement de la zone opérationnelle de Bosnie Centrale de rendre visite

15 aux lignes de front relevant de sa zone de responsabilité ?

16 M. Marin (interprétation). - Pour autant que je le sache, le

17 général Blaskic rendait visite aux commandements, aux quartiers généraux

18 lorsqu'il l'estimait nécessaire. Je ne peux pas dire aujourd'hui

19 exactement à quel moment il estimait que c'était nécessaire, c'était lui

20 qui était le commandant, nous, nous exécutions ce qu'il nous demandait de

21 faire et nous allions rendre visite aux endroits qu'il nous demandait de

22 visiter sur ses ordres.

23 M. le Président. - Bien, Maître Kehoe. Nous allons nous

24 interrompre, nous reprendrons d'ici vingt minutes, un peu au-delà de

25 11 heures 45.

Page 12635

1 L'audience, suspendue à 11 heures 27, est reprise à

2 11 heures 54.

3 M. le Président. - Nous reprenons l'audience. Faites entrer

4 l'accusé.

5 M. Kehoe (interprétation). – Puis-je procéder, Monsieur le

6 Président ?

7 M. le Président. - Allez-y.

8 M. Kehoe (interprétation). - Général, avant la pause, je vous ai

9 posé une question : je vous ai demandé si dans le cadre des activités

10 quotidiennes, routinières de M. Blaskic il rendait visite régulièrement au

11 commandement sur place sur le terrain et vous avez répondu qu'il le

12 faisait chaque fois qu'il était onsable. Alors ma question portait sur les

13 lignes de front je vous repose donc la question. Le colonel Blaskic se

14 rendait-il de façon routinière sur les lignes de front ? Je ne parle pas

15 du commandement des quartiers généraux des brigades ; je parle des lignes

16 de front. Se rendait-il irrégulièrement sur les lignes de front dans le

17 cadre de l'exécution de son devoir qui consistait à vérifier ce qui se

18 passait sur le terrain et à vérifier la façon dont les ordres étaient

19 obéis ?

20 M. Marin. (interprétation). - Le général Blaskic se rendait sur

21 les lignes de front

22 chaque fois qu'il estimait que c'était nécessaire. Je ne

23 pourrais pas dire qu'il le faisait de façon routinière mais en tant que

24 commandant qui suivait la situation, il évaluait le moment où il convenait

25 de le faire et il évaluait le moment où il convenait de se rendre y

Page 12636

1 compris sur les lignes de front.

2 Compte tenu du faite que le général Blaskic avait pour objectif

3 et intention de construire une structure, pour autant que je me le

4 rappelle, dans la zone de responsabilité d'une brigade, il ne se rendait

5 jamais sur la ligne de front sans aller d'abord au quartier général de la

6 brigade pour aller sur les lieux accompagné des commandants de la brigade

7 et évaluer la situation.

8 Si le général Blaskic allait examiner la situation d'un front

9 sans les commandants de brigade concernée, cela aurait nuit, aurait sapé à

10 la base la structure en cours de construction. Hors, ces commandants

11 n'avaient déjà pas beaucoup d'autorité sur leurs soldats, ce qui aurait

12 donc encore aggravé la situation.

13 M. Kehoe (interprétation). - Très bien, Monsieur. Encore

14 quelques questions avant que nous passions à un sujet tout à fait

15 différent. Je voudrais vous montrer une pièce à conviction qui a été déjà

16 versée, pièce à conviction de l'accusation 292 qui correspond à

17 l'identique à une pièce à conviction de la défense dont je ne connais pas

18 la côte. Donc pour l'instant, je ne cite que la côte de la pièce à

19 conviction de l'accusation 292.

20 M. Kehoe (interprétation). - Je me rends compte, Général, que ce

21 document est écrit en anglais ; il a été envoyé à l’ECMM et j'aimerais

22 attirer votre attention, si vous me le permettez, sur la ligne du haut.

23 Est-ce le numéro de fax correspondant à la zone opérationnelle de Bosnie

24 centrale à l'époque ?

25 M. Marin. (interprétation). - Je ne me rappelle pas exactement,

Page 12637

1 en ce moment, si c'est bien le numéro en question. Cinq ans se sont passés

2 depuis, donc je suis incapable de l'affirmer avec certitude.

3 M. Kehoe (interprétation). - Mais y est-il stipulé que c'est la

4 zone opérationnelle du HVO de Bosnie centrale et voit-on ensuite les

5 numéros 8-72-60 et 11-13-00 ?

6 M. Marin. (interprétation). – Oui. C'est ce qui est écrit sur ce

7 document.

8 M. Kehoe (interprétation). - Où se trouvait le fax au quartier

9 général ?

10 M. Marin. (interprétation). - Le fax se trouvait au centre de

11 transmission au quartier général et je crois me rappeler qu'en 1993, nous

12 en avons eu un installé auprès de l'officier de service.

13 M. Kehoe (interprétation). - Le colonel Blaskic avait-il son

14 propre fax ?

15 M. Marin. (interprétation). - Pour autant que je me rappelle,

16 non.

17 M. Kehoe (interprétation). - Il partageait ce fax avec d'autres

18 hommes, n’est-ce pas ?

19 M. Marin. (interprétation). – Non. Il ne le partageait pas. Tout

20 ce qui se faisait au quartier général relevait des fonctions de

21 commandement, donc tout ce que nous faisions consistait à exécuter ses

22 ordres et à faire exécuter ses ordres sur le terrain. Tout ce qui était

23 fait se faisait dans le cadre des fonctions de commandement.

24 M. Kehoe (interprétation). - Mais par exemple si au cours d'une

25 journée ce fax était utilisé, le commandant, le colonel Blaskic

Page 12638

1 déterminait-il la nature des communiqués de presse qui allaient être émis

2 par la zone opérationnelle ?

3 M. Marin (interprétation). - Je sais qu'il existait un service

4 de presse qui avait pour objet d'informer le public au sujet des

5 événements de Bosnie centrale et je sais que la façon de communiquer des

6 responsables de ce service correspondait à certaines modalités mais je ne

7 peux pas vous dire concrètement et précisément à quelle modalité elle

8 correspondait car ce service ne faisait pas véritablement partie de notre

9 structure et le responsable de ce service ne remplissait pas les mêmes

10 tâches que celles des commandants et des adjoints du quartier général.

11 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais passer à un autre sujet

12 de façon à mieux comprendre un certain élément. Je vous demande de

13 reprendre la pièce à conviction de la défense n° 200.

14 Pourriez-vous jeter un coup d'oeil à la version en BCS ? Je

15 crois qu'en réponse à l'interrogatoire principal vous avez dit que la

16 signature était celle de Mijo Bozic, c'est bien cela ?

17 M. Marin (interprétation). - Oui c'est la signature de

18 Mijo Bozic que l'on voit là.

19 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que vous avez décrit

20 Mijo Bozic comme soldat de métier. Vous avez dit qu'il connaissait les

21 modalités du commandement du contrôle.

22 Page 12 226 du compte rendu d'audience, vous avez dit qu'il connaissait le

23 fonctionnement des structures de commandement. Général, pour exécuter un

24 ordre de cette nature fallait-il l'approbation du colonel Blaskic ?

25 Mijo Bozic l'informait-il en fait qu'il avait signé un tel ordre ? Etait-

Page 12639

1 ce la procédure qui était suivie ?

2 M. Marin (interprétation). - Dans la pratique, nous

3 travaillions de la façon suivante : j'ai déjà dit que le matin lors des

4 réunions d'information, on nous affectait à chacun un certain nombre de

5 tâches au sein du quartier général. Ensuite, nous commencions l'exécution

6 de ces tâches. Si la tâche qui nous était confiée correspondait au fait

7 que dans un ordre de ce genre le général Blaskic avait défini les éléments

8 principaux c'est-à-dire avait déterminé ce qu'il convenait d'écrire, le

9 contenu que devait avoir le texte c'est-à-dire 95 % du texte, notre devoir

10 au sein du quartier général consistait à rédiger le texte, à le faire

11 taper et à le lui apporter dans toutes les situations.

12 Lorsque le général Blaskic, par exemple, n'était pas là, afin de

13 ne pas perdre de temps et de fonctionner de façon opérationnelle, le

14 matin, il distribuait, il affectait cette tâche de façon nette et précise

15 et il signait en mon nom l'ordre et lorsqu'il revenait au quartier

16 général, ces ordres devaient être sur son bureau pour lui permettre de les

17 lire et de voir quel en était le contenu. C'était la pratique dans notre

18 quartier général et aujourd'hui, en tant que chef d'état-major du premier

19 corps d'armée de la Fédération j'agis de même.

20 Lorsque je suis présent, je signe l'ordre, mais lorsque je ne

21 suis pas là, je demande aux autres commandants de me laisser le texte de

22 façon à ce que je puisse savoir exactement ce qui a été émis et le contenu

23 des textes qui donneront lieu à exécution. C'est de cette façon que nous

24 travaillons.

25 M. Kehoe (interprétation). - Général, suffit-il de dire que le

Page 12640

1 colonel Blaskic avait confiance en Mijo Bozic, avait suffisamment

2 confiance en lui pour lui permettre de signer un tel document ?

3 M. Marin (interprétation). - Oui, j'ai acquis le sentiment que

4 le général Blaskic avait foi dans ses collaborateurs et Mijo Bozic avait

5 écrit quelque chose dans ce document qui n'avait pas eu l'agrément du

6 général Blaskic, au retour du général Blaskic. Monsieur Mijo Bozic aurait

7 été informé de ce qui ne lui avait pas plu, aurait reçu une semonce et je

8 ne sais pas ensuite quelle aurait été l'action du général Blaskic à son

9 égard.

10 M. Kehoe (interprétation). - En octobre 1992 Mijo Bozic a reçu

11 le commandement de la brigade Ban Jelacic de Kiseljak, n'est-ce pas ?

12 M. Marin (interprétation). - Cela ne s'est pas fait à la suite

13 de cet ordre. J'ai rencontré Mijo Bozic au quartier général de la zone

14 opérationnelle. Je vous ai dit que j'étais arrivé le 1er novembre et pour

15 autant que je me rappelle Mijo Bozic a été nommé en 1993 au commandement

16 d'une brigade. Ne me demandez pas le mois exact ou le jour exact. Il est

17 possible qu'il y ait une petite différence, mais c'était en 1993.

18 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce qu’il y avait un rapport

19 particulier entre M. Blaskic et Mijo Bozic qui a fait que M. Blaskic avait

20 particulièrement confiance en lui en tant que commandant ou est-ce que

21 simplement il lui faisait confiance parce que c'était un commandant ?

22 M. Marin (interprétation). - Je vais vous dire quelque chose

23 que je sais au sujet des personnalités de M. Blaskic et de Mijo Bozic.

24 Pour autant que je le sache, ils ne se connaissaient pas avant la guerre

25 mais cela non plus je ne peux pas l'affirmer avec une totale certitude. En

Page 12641

1 tout cas, ils ne se connaissaient pas car Mijo Bozic avant la guerre était

2 au quartier général de la Défense territoriale pour autant que je le sache

3 le général Blaskic était en fonction en Slovénie. Est-ce que ces deux

4 officiers se sont rencontrés ? Je ne suis pas au courant en tout cas. Pour

5 autant que je le sache Mijo Bozic est né à Kresevo et le général Blaskic

6 dans un autre village. Là non plus, je ne vois pas de rapports

7 particuliers.

8 Mijo Bozic est assez âgé par rapport au général Blaskic. Il a

9 dans les cinquante ans

10 alors que le général Blaskic est de 1960, 1961, donc là encore je tire la

11 conclusion qu'ils n'ont pas pu aller à l'école ensemble, etc.. Mais

12 Mijo Bozic, je l'ai rencontré au commandement de la zone opérationnelle,

13 il était dans le département opérationnel, il dirigeait le département

14 opérationnel, c'est lui que j'ai remplacé à ce poste.

15 Lorsqu'un homme a de telles fonctions, lorsqu'il est responsable

16 du département opérationnel, il faut nécessairement que le commandant ait

17 confiance en vous sinon s'il n'avait pas confiance en vous, il cherchait

18 probablement une autre personne à mettre à ce poste, en qui il aurait

19 davantage confiance. Sur la base des faits que je viens d'indiquer, je

20 pense que le général Blaskic avait confiance en Mijo Bozic.

21 M. Kehoe (interprétation). - Encore une question, Général. Nous

22 n'avons pas besoin de passer trop de temps sur ce point, mais j'aimerais

23 que l'on montre la pièce à conviction de la défense 338, 402 et 406. Je

24 vous demande de regarder la version en BCS.

25 M. Kehoe (interprétation). - Nous pouvons tous les consulter en

Page 12642

1 même temps. Je poserai simplement certaines questions.

2 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous sous les yeux ces trois

3 documents, Général ?

4 M. Marin (interprétation). - Oui, j'ai les trois documents.

5 M. Kehoe (interprétation). - L'annotation qui se trouve en haut

6 à droite de chacun de ces documents a-t-elle été apposée par vous-même ?

7 M. Marin (interprétation). - Dans la partie à droite, là où

8 c'est urgent, c'est écrit : "Urgent, à Busovaca et Kiseljak", c'est ma

9 signature effectivement.

10 M. Kehoe (interprétation). - Et qui a écrit autre chose à côté

11 de ce que vous avez vous-même mis sur ce document ?

12 M. Marin (interprétation). - A côté de mon écriture, je pense

13 que c'est l'écriture de Franjo Sliskovic, l'assistant pour la logistique.

14 Etant donné que j'écris "Urgent pour Kiseljak",

15 j'envoie cela au commandant à Kiseljak et aussi à Busovaca, où vivait

16 Franjo Sliskovic afin de résoudre les problèmes mentionnés le plus tôt

17 possible parce que j'ai compris le sérieux du document signé par

18 Hazim Delic que j'ai reçu moi-même.

19 M. Hayman (interprétation). - Pour le compte rendu s'il vous

20 plaît, il s'agit du document D 402, le compte rendu ne disait pas de quel

21 document vous parliez.

22 M. Kehoe (interprétation). - J'allais le signaler, il s'agit de

23 la pièce D 402. Passons aux autres documents, D 338 et D 406 qui portent

24 les initiales ONO. Ces initiales ont-elles été apposées par vous-même ?

25 M. Marin (interprétation). - De quels documents parle-t-on ?

Page 12643

1 406 ?

2 M. Kehoe (interprétation). - Que ce soit le 406 ou le 338, c'est

3 la même chose pour que les choses soient claires simplement, en date du

4 22 avril.

5 M. Hayman (interprétation). - C'est le 26 janvier 1993 je

6 crois, D 406.

7 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez totalement raison

8 Maître Hayman. Donc le D 406 porte la date du 26 janvier, je crois.

9 M. Marin (interprétation). - ONO, c'est moi-même qui ai écrit

10 cela étant donné que j'ai reçu ce document comme tout un nombre d'autres

11 documents et, selon mes devoirs, j'ai fait ce que je devais faire par

12 rapport à ce document donc, oui, c'est mon écriture effectivement.

13 M. Kehoe (interprétation). - Très bien. Est-ce une opération

14 tout à fait normale lorsqu'un document se trouve sur votre bureau d'y

15 apposer ses initiales ?

16 M. Marin (interprétation). - Il n'y a pas de règlement à ce

17 sujet. Il est possible de dire qu'il s'agissait d'une routine, mais il y a

18 des documents où je n'ai pas fait ce genre de chose.

19 M. Kehoe (interprétation). - D'accord. et qu'en est-il du

20 document 338 ? Ces initiales ONO, ont-elles été apposées par vous ? Je

21 crois que c'est le document en date du 22 avril à moins que je me trompe ?

22 Non très bien.

23 M. Marin (interprétation). - Oui, c'est ce qui est écrit ici.

24 Les lettres ONO, c'est

25 moi qui les ai écrites.

Page 12644

1 M. Kehoe (interprétation). - Je vais maintenant vous montrer un

2 autre document, Général, et je vous demanderai si vous pouvez

3 l’identifier, ou l'écriture qui s'y trouve. Ce sera la pièce suivante.

4 M. le Greffier. – Document 478.

5 M. Kehoe (interprétation). – Reconnaissez-vous cette écriture,

6 est-ce la vôtre ?

7 M. Marin (interprétation). - Je ne reconnais pas cette écriture.

8 Ce n'est pas mon écriture.

9 M. Kehoe (interprétation). – Qu’en est-il des phrases écrites en

10 bas du document ?

11 M. Marin (interprétation). - Cela non plus, ce n'est pas mon

12 écriture.

13 M. Kehoe (interprétation). - Vous ne reconnaissez pas

14 l'écriture, vous ne savez pas qui a écrit ce texte, n'est-ce pas ?

15 M. Marin (interprétation). – Non, je ne la reconnais pas.

16 M. Kehoe (interprétation). - Très bien, passons à un autre

17 sujet. Nous allons parler maintenant de l'armée en elle-même.

18 M. le Président. - Quel numéro, s'il vous plaît ?

19 M. le Greffier. - Le document porte le numéro 478.

20 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, excusez-

21 moi, ces documents n'existent qu’en croate. Il a été versé au dossier mais

22 personne dans cette salle, sauf le général et moi-même, ne connaît le

23 contenu de ce document. Je pense qu'il faudrait qu'on fasse une

24 traduction, sinon cela restera un document mystérieux.

25 M. Kehoe (interprétation). – Oui, j'invite le général à le lire

Page 12645

1 simplement. Pourriez-vous lire ce document s’il vous plaît, pour le compte

2 rendu ?

3 M. le Président. - J'ai cru comprendre que la question du

4 Procureur se limitait simplement à savoir si c'était le témoin qui avait

5 écrit ce document.

6 Maintenant, effectivement cela peut avoir un intérêt de savoir

7 quelle en est la substance. Vous pouvez peut-être nous le lire et les

8 traducteurs le traduiront, à moins que vous renonciez à cette question-là.

9 C’est vous qui décidez.

10 M. Kehoe (interprétation). – Non, aucun mystère ne plane sur ce

11 document.

12 M. le Président. - Comme il ne fait que six lignes, traduisons-

13 le rapidement. Vous le lisez et les interprètes vont nous le traduire.

14 Lisez-le.

15 M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président, voici ce qui

16 est écrit dans ce document : « Tous les hommes aptes à porter les armes

17 doivent prendre contact avec le commandant militaire des unités du HVO. »

18 Dans la deuxième partie, il est écrit : « Pour le Pres, le HVO

19 Travnik et Novi Travnik. » C'est tout ce qui est écrit sur ce document.

20 M. le Président. - Merci.

21 M. Kehoe (interprétation). - Général, passons donc à un autre

22 sujet. J'aimerais aborder certains éléments de votre témoignage, que vous

23 nous avez apportés au cours de votre interrogatoire principal.

24 Me Nobilo vous a posé un certain nombre de questions, je parle

25 notamment de la page 12051 du compte rendu. Vous avez notamment parlé des

Page 12646

1 difficultés qui se sont présentées

2 pour le HVO en général.

3 Je lirai cette partie de votre témoignage. Vous avez dit tout

4 d'abord : « Toute l'organisation était fondée sur le volontariat, ce qui

5 rendait plus difficile le fonctionnement de la chaîne de commandement. »

6 Je passe ensuite à la ligne 13 : « Ce bénévolat, ou volontariat

7 en termes simples, implique qu'un soldat ou qu'un conscrit propose sa

8 candidature. De même, il a la possibilité de quitter une quelconque

9 formation parce qu'il n'y a pas d'outils ou d'instruments lui permettant

10 de l'intégrer dans une structure, étant donné la situation générale dans

11 laquelle nous devons

12 travailler et vivre. »

13 Vous avez parlé à nouveau de ces difficultés à la page 12092

14 lorsque vous avez abordé l'un des problèmes principaux, à savoir le

15 principe de ce volontariat.

16 J'attire votre attention sur la pièce de l'accusation 36/1, si

17 vous me le permettez.

18 M. le Greffier. - Nous aurions besoin de quelques minutes pour

19 le prendre dans le coffre du greffe. Nous ne disposons pas du document

20 ici.

21 M. Kehoe (interprétation). - Très bien, nous pouvons poursuivre.

22 Je vais simplement lire cette pièce et nous y reviendrons si nécessaire.

23 Général, ce que je vais vous lire est l'article 3 provenant de

24 la Narodni List publiée le 3 juillet 1992.

25 M. le Président. - Je n'ai pas compris.

Page 12647

1 M. Kehoe (interprétation).- C'est le journal officiel,

2 Monsieur le Président, mais on l'appelle la Narodni List également.

3 Article 3 : "out citoyen de la communauté croate d’Herceg-Bosna

4 devra protéger et défendre l'indépendance et l'intégrité territoriale de

5 la communauté croate d'Herceg-Bosna, et par conséquent, aura pour

6 obligation :

7 1- de servir dans les rangs de l'armée,

8 2- d'accomplir des activités obligatoires,

9 3- de participer à la défense civile,

10 4- de participer à des services de supervision et de

11 contrôle,

12 5- pourra être sujet à des réquisitions."

13 Connaissez-vous cette partie des lois ?

14 M. Marin (interprétation). - Je me rappelle qu'il y avait un

15 décret, je pense que cela s'appelait comme cela, décret sur les forces

16 armées de la communauté croate d’Herceg-Bosna.

17 Cependant, ce document a été créé comme base pour l'organisation

18 et la création de

19 l'armée que nous souhaitions créer.

20 Par conséquent, en accord avec ce document, vous avez vu tout un

21 nombre d'ordres écrits par le général Blaskic et le commandant suprême,

22 visant à créer une telle armée.

23 Cependant, la situation réelle sur le terrain était telle que je

24 l’ai décrite. Vous trouverez des ordres du général Blaskic. Je pense que

25 ces ordres-là figurent déjà dans le dossier ou dans une phrase ; il dit

Page 12648

1 par exemple qu'il faut abolir le système selon lequel il y aurait beaucoup

2 de volontaires dans les rangs de l'armée, etc.. Mais pour qu'une telle loi

3 soit mise en oeuvre, il faut disposer des instruments, des instruments de

4 l'Etat.

5 Nous n'en avions pas. Donc, il s'agit ici d'un processus de la

6 création d'une armée pendant la période de guerre au moment où il fallait

7 combattre l'armée de la Républica Srpska qui était beaucoup mieux armée et

8 malgré cette loi-là, des personnes se portaient volontaires afin de se

9 battre aux côtés du HVO. Mais avec le temps, l'enthousiasme a diminué,

10 étant donné que les gens commençaient à comprendre que la guerre entraîne

11 le risque de mourir, que la guerre est quelque chose de vraiment dangereux

12 et, en même temps, il y avait des personnes qui se sont portées

13 volontaires très sincèrement.

14 D'autre part, il y en avait d'autres dont les activités s'accompagnaient

15 d'activités criminelles. Par exemple, quelqu'un était sur la ligne de

16 front à Jajce pendant une dizaine de jours et, en même temps, d'autres

17 personnes se lançaient dans des opérations criminelles et constituaient

18 pour elles-mêmes une situation meilleure que celle dans laquelle elles se

19 trouvaient auparavant.

20 Ce document constitue donc le cadre permettant de constituer les

21 forces armées telles qu'on les désirait, mais j'ai expliqué les raisons

22 pour lesquelles nous n'avons pas réussi à mettre cela en oeuvre et j'ai

23 dit également que ce système de volontariat constituait un des grands

24 problèmes.

25 J'ai dit aussi que si un soldat par exemple passait une semaine

Page 12649

1 sur la ligne de front, parfois trois jours plus tard, il devait partir de

2 nouveau sur la ligne de front et parfois le soldat

3 ne souhaitait pas le faire et moi, j'avais tendance à soutenir ce genre

4 d'attitude et à vouloir envoyer quelqu'un d'autre, mais il est difficile

5 de comprendre cela, si on n'a pas vécu cette situation.

6 M. Kehoe (interprétation). - En se fondant sur cet article et

7 sur cette loi du 3 juillet 1992, le service national obligatoire a été

8 introduit dans la communauté croate d'Herceg Bosna, n'est-ce pas ?

9 M. Marin. (interprétation). - Si c'est ce qui est écrit dans ce

10 décret, cela veut dire que c'est vrai, mais moi, je n'ai pas de document

11 devant mes yeux.

12 M. Kehoe (interprétation). - Si nous l'avons à notre

13 disposition, peut-être pouvons-nous montrer la version en BCS de

14 l'article 3 de cette loi au témoin ?

15 M. le greffier (interprétation). - Nous avons la pièce ici 36 A

16 du procureur si c'est celle-là que vous voulez que nous montrions.

17 (Le greffier montre la pièce au procureur).

18 M. Kehoe (interprétation). - Votre micro, s'il vous plaît. Au vu

19 de cet article, le service national obligatoire a-t-il été introduit ? Je

20 répète ma question.

21 M. Marin. (interprétation). - Sur la base de cet article, l'obligation

22 militaire existe bel et bien, mais j'ai dit que ce décret règle toute

23 l'organisation de l'armée. Nous ne pouvions pas créer le HVO d'une manière

24 sauvage sans appliquer quelque règle que ce soit. Donc je l’ai dit et je

25 le redis. Le décret sur les forces armées et tout ce qui constitue ce

Page 12650

1 document a été créé pour servir de base afin de permettre d'organiser les

2 forces armées de la meilleure manière possible suite à l'adoption de ce

3 décret.

4 M. Kehoe (interprétation). - Et Blaskic a mis en place ce

5 système de conscription rapidement, n'est-ce pas ?

6 M. Marin. (interprétation). - Excusez-moi. Lorsqu'on parle de la

7 conscription, il faut poser la question d'une manière précise étant donné

8 qu'il y a deux versions de conscription

9 qui sont possibles. Donc, veuillez poser la question de manière très

10 précise, s'il vous plaît.

11 M. Kehoe (interprétation). - En se fondant sur ce principe, a-t-

12 il immédiatement mis en place tous les éléments nécessaires à

13 l'élaboration de ce système de conscription et a-t-il aboli le système du

14 volontariat ?

15 M. Marin. (interprétation). - Le général Blaskic n'était pas

16 compétent pour ces affaires-là ; en ce qui concerne le service militaire

17 obligatoire, cela relevait de la municipalité des départements chargés de

18 la défense dans les municipalités.

19 Cela, je le sais très bien, étant donné qu'à un certain moment

20 j'étais au poste de chef de ce département de défense. Donc, cela veut

21 dire que la personne qui a l'obligation de faire le service militaire va

22 recevoir un appel ; si la personne ne répond pas, une plainte sera portée

23 devant le Tribunal et si, encore une fois, elle ne répond pas, dans ce

24 cas-là, le Tribunal doit envoyer la requête à la police civile pour que

25 celle-là l'arrête. En ce qui concerne un commandant tel que le

Page 12651

1 général Blaskic, son obligation commence à partir du moment où le soldat

2 se présente en tant que soldat en uniforme mais dès que ce soldat enlève

3 son uniforme et rentre chez lui, il redevient civil.

4 Cela, je le sais très bien étant donné que j'ai travaillé

5 pendant cinq ans en tant que chef dans le département chargé de la

6 défense.

7 M. Kehoe (interprétation). – Bien, mais alors regardons la pièce

8 de la défense 199 en date du 10 mai 1992 quelque deux mois avant la prise

9 du décret.

10 C'est un ordre du 10 mai 1992 présenté par la défense et signé

11 par le colonel Blaskic.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, lorsqu'au cours de

13 l'interrogatoire principal vous avez répondu à des questions de

14 Maître Nobilo, vous vous êtes concentré sur le paragraphe 1, mais je

15 voudrais vous renvoyer au paragraphe 7. C'est un ordre du 10 mai 1992 et

16 le décret imposant le service national était daté du mois de juillet.

17 Cependant, le 10 mai 1992, au paragraphe 7, Blaskic dit la chose

18 suivante : "J'interdis à tous les conscrits dans la municipalité de

19 Kiseljak, de même qu'aux autres civils dont les formations armées du HVO

20 ou force armée du HVO pourraient avoir besoin de quitter la municipalité

21 sans permission du HVO, les commandants des unités de police militaire

22 sont personnellement chargés de l'exécution de cette mission". Voyez-vous

23 ce paragraphe ?

24 M. Marin. (interprétation). - Oui.

25 M. Kehoe (interprétation). - Très bien. Passons à un autre

Page 12652

1 document, si vous voulez bien.

2 C'est un document qui n'a pas été versé au dossier.

3 (L'huissier remet le document au greffier).

4 M. Kehoe (interprétation). - C'est un document sur lequel la

5 date n'a pu être lue par la traduction parce qu'il y a un cachet apposé

6 juste sur cette date. Il semble que c'est un document qui a été signé par

7 le colonel Blaskic et qu’il soit en date de mai 1992.

8 M. le greffier (interprétation). – Document 479 A pour la

9 version française et B pour la version anglaise.

10 M. Kehoe (interprétation). - Mettons donc cette version sur le

11 rétroprojecteur, s'il vous plaît.

12 Très bien. Reconnaissez-vous ce cachet, Général, et la signature

13 qui est apposée sur cet document ?

14 M. Marin. (interprétation). - Il s'agit du cachet de Kiseljak

15 d'après ce que je peux voir, mais je ne connais pas ce cachet et je ne

16 reconnais pas cette signature. C'est quelqu'un qui a signé cela au lieu de

17 quelqu'un d'autre, au lieu de la personne dont le nom est inscrit en bas.

18 C'est le commandant, mais je ne sais pas qui l’a fait.

19 M. Kehoe (interprétation). - Mais le nom dactylographié est

20 Tihomir Blaskic, n'est-ce pas ?

21 M. Marin. (interprétation). - On ne voit pas très clairement,

22 mais d'après quatre lettres, on peut conclure qu'il s'agit de

23 Tihomir Blaskic.

24 M. Kehoe (interprétation). - Lisons ce document.

25 "Etant donné que les casernes à Kiseljak doivent être organisées

Page 12653

1 d'une façon plus rapide et plus efficace, et étant donné la possibilité

2 d'engagement de personnes au service militaire qui n'ont pas encore été

3 appelées sous les drapeaux, j'émets l'ordre suivant :

4 1- un certain nombre de personnes aptes au service militaire

5 doivent être engagées dans des unités destinées à certaine activité de

6 travail ;

7 2- ces unités travailleront de façon organisée et disciplinée de

8 9 heures à 17 heures selon le plan de travail ;

9 3- les femmes pourront être engagées dans ces unités seulement

10 si elles le souhaitent."

11 Ensuite, nous parlons de la composition des unités, de leur

12 transport et de la personne qui est chargée de l'organisation.

13 Voyez-vous ce passage ?

14 M. Marin. (interprétation). – Oui, je vois.

15 M. Kehoe (interprétation). - Nous avons remarqué dans l'article

16 que vous avez sous les yeux que l'ordre pour le service national

17 obligatoire est en date du 3 juillet 1992. Je vous invite donc à regarder

18 le document 456/94.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est un document émanant

20 du colonel Blaskic. Il est dit : "Etat-major régional Bosnie centrale,

21 Gornivacu*, strictement confidentiel numéro 93/92, 4 juillet 1992.

22 Sur la base des annonces et des rapports émanant des commandants

23 de la zone opérationnelle en date du 3 juillet 1992 et afin d'améliorer la

24 préparation au combat des unités du HVO en Bosnie Centrale, je donne

25 l'ordre suivant …"

Page 12654

1 Passons au paragraphe trois, si vous voulez bien : "… Selon les

2 besoins, les forces armées du HVO, état-major municipal, le principe du

3 service obligatoire introduisant le principe du volontariat est aboli."

4 Non excusez-moi c'était le numéro deux : "Etant donné les besoins de

5 l'état-major municipal des forces armées du HVO, le principe du service

6 militaire obligatoire est introduit et le principe du volontariat est

7 aboli pour toutes les personnes âgées entre dix-huit et cinquante-cinq ans

8 qui sont aptes au service militaire". Voyez-vous ce passage ?

9 M. Marin (interprétation). - Oui, je le vois.

10 M. Kehoe (interprétation). - Très bien. Entre parenthèses,

11 pouvez-vous regarder le n°6 de ce même ordre. Dans le n°6, il est dit

12 qu'il faut intensifier les activités de propagande afin d'améliorer le

13 moral des troupes et de créer un sentiment d'insécurité chez l'ennemi.

14 Est-ce une chose normale qu'un commandant dise naturellement :

15 "Intensifier les activités de propagande" ?

16 M. Marin (interprétation). - Dans la situation, on avait un

17 ennemi beaucoup plus fort et durant la période où ces documents étaient

18 créés, il s'agissait de l'armée de la Republika Srpska et nous savons tous

19 quelle était sa puissance en armes par rapport au HVO et à l'armée de

20 Bosnie-Herzégovine. Au moment où des combats se déroulaient autour de

21 Livno, Ravno, Kupres, les gens étaient saisis de peur et à un moment

22 pareil, le commandant afin d'encourager la population, effectivement,

23 logiquement, donnait ce genre d'instruction.

24 M. Kehoe (interprétation). - Et Blaskic, a-t-il assumé les

25 fonctions de responsable de la propagande ?

Page 12655

1 M. Marin (interprétation). - Non. Au sein du commandement de la

2 zone opérationnelle, il y avait un département pour les activités

3 d'informations et de propagande. Ces

4 personnes-là étaient chargées d'informer les membres des unités sur la

5 situation, ce qui se passait, de quelle manière les choses se passaient,

6 quelles étaient les mesures entreprises, s'il

7 fallait s'attendre à une amélioration ou à une détérioration de la

8 situation et dans le langage militaire, les instructions à ce sujet sont

9 données de cette manière-là conformément à ce que le général Blaskic a

10 fait dans ce document.

11 M. Kehoe (interprétation). - Très bien. Revenons au paragraphe 2

12 de ce document. On voit que Blaskic ordonne l'application du nouveau

13 principe de service national obligatoire et abolit le service du

14 volontariat. Je voudrais maintenant vous montrer un autre ordre émanant du

15 colonel Blaskic en date du 19 septembre 1992.

16 M. le Greffier (interprétation). – Document 480 A pour la

17 version anglaise.

18 M. Kehoe (interprétation). - C'est un ordre, Général qui date du

19 19 septembre 1992 émanant du colonel Blaskic et venant de la zone

20 opérationnelle de Bosnie centrale. A-t-il signé cet ordre ?

21 M. Marin (interprétation). - Oui, c'est la signature du

22 général Blaskic.

23 M. Kehoe (interprétation). - Au point 6, nous allons lire le

24 paragraphe d'introduction et ensuite le paragraphe 6, vous pourrez bien

25 sûr lire la totalité de ce document : "Sur la base de rapports de

Page 12656

1 propositions émanant des membres du quartier général, un examen personnel

2 de la situation sur le terrain et suite à une analyse visant à rectifier

3 des erreurs, j'ordonne la chose suivante : soumettre une liste de

4 personnes aptes au service militaire qui ont quitté la municipalité de

5 leur propre initiative".

6 Voyez-vous ce passage ?

7 M. Marin (interprétation). – Oui, oui tout à fait.

8 M. Kehoe (interprétation). – Donc, outre le fait d'appliquer le

9 principe du système militaire obligatoire en juillet, vous êtes d'accord

10 avec moi pour dire que Blaskic tente de retrouver des personnes qui

11 seraient aptes au service militaire et qui auraient quitté la zone, n'est-

12 ce pas ?

13 M. Marin (interprétation). - Je ne peux pas être d'accord avec

14 vous pour dire que

15 le général Blaskic pouvait introduire le service militaire obligatoire.

16 Ceci doit être fait par l'Etat lui-même en ce qui concerne les documents

17 que nous avons examinés tout à l'heure et qui ont été créés avant

18 l'adoption du décret sur les armées, sur les forces armées de l'Herceg-

19 Bosna. Ces documents-là ont été créés, on ne peut pas dire sur la base de

20 ce décret, étant donné qu'en Bosnie-Herzégovine, même avant la guerre, le

21 service militaire obligatoire existait, tout comme les autres obligations

22 que nous avons mentionnées. Donc, la loi qui était déjà en vigueur était

23 appliquée dans cette situation et c'est ainsi que tous ces documents ont

24 été créés, les documents que lui, en tant que commandant de force armée à

25 Kiseljak a délivrés avant l'adoption du décret sur les forces armées de

Page 12657

1 l'Herceg-Bosna, mais à chaque fois, il est clair qu'elle était la base de

2 chacun des documents. Etant donné qu'il faut comprendre une chose, nous ne

3 pouvions pas attendre le décret sur les forces armées, afin d'arrêter

4 seulement à ce moment-là les forces serbes à Livno, Ravno, Kupres, etc,

5 avant tous ces documents-là, les forces serbes ont effectué l'agression

6 sur ces régions-là. Il fallait nous sauver dans une période et une

7 situation extrêmement difficile.

8 Donc, les commandants qui avaient une certaine expérience et qui

9 avaient à leur disposition les lois qui étaient déjà en vigueur en Bosnie-

10 Herzégovine, donnaient ce genre de tâches à leurs subordonnés, étant donné

11 que les choses fonctionnaient en appliquant les lois en vigueur en Bosnie-

12 Herzégovine, jusqu'à ce que des lois de la communauté croate de Herceg-

13 Bosna ne soient adoptées.

14 M. Kehoe (interprétation). - Quelle date porte l'ordre que vous

15 avez sous les yeux ?

16 M. Marin (interprétation). - Le 19 septembre.

17 M. Kehoe (interprétation). - Cela fait deux mois après que le

18 décret ne soit passé n'est-ce pas ? Le décret relatif au service militaire

19 obligatoire ?

20 M. Marin (interprétation). - J'ai essayé de répondre de manière

21 précise. Tous les ordres créés avant l'adoption de ce décret, donc avant

22 la création de la communauté croate de

23 Herceg-Bosna se basaient sur la législation de Bosnie-Herzégovine à ce

24 moment-là. Donc, si ce document était créé après l'adoption de ce décret,

25 cela veut dire que le document se base sur ce décret. Je peux répondre à

Page 12658

1 tous les points concernant cet ordre, mais je vous demande de bien vouloir

2 poser les questions de manière précise étant donné que je connais très

3 bien cette problématique.

4 M. le Président. - Excusez-moi, Général, la question était très

5 précise. Il s'agissait de savoir si ce décret intervenait deux mois après.

6 Voilà. Je suis là pour réglementer l'ensemble de l'audience. La question

7 était très précise, vous ne pouvez pas toujours dire : "La question n'est

8 pas précise". La question était très précise. Ce décret datait du

9 19 septembre 1992, deux mois après le décret. La question est très simple

10 et vous devez répondre à cette question ou dire que vous ne savez pas.

11 Cela, c'est votre choix, mais la question était précise.

12 M. Kehoe (interprétation). - Passons au document suivant, la

13 pièce 456/81 en date du 7 octobre 1992. Puis-je demander également que le

14 document 456/3 soit fourni au témoin. Je pense que nous pouvons opérer

15 plus rapidement, Monsieur le Président. Donc, le premier sera le 456/81 et

16 le second le 456/3.

17 Ce document, Général, est un document envoyé par paquet par le

18 colonel Blaskic et il porte la date du 7 octobre 1992, trois mois après la

19 mise en place du système de service militaire obligatoire. Je vous invite

20 à lire la totalité du document, mais cependant, j'aimerais attirer votre

21 attention sur le point 3, lorsque Blaskic ordonne la chose suivante :

22 "Les commandants des quartiers généraux de Kakanj et Kresevo

23 doivent également nous transmettre une copie de l'ordre relatif aux

24 conscrits et à leur départ au front."

25 Il fait référence à la Narodni List, numéro 1, page 60, relative

Page 12659

1 au manquement à certains ordres. Donc il ordonne aux commandants de Kakajn

2 et Kresevo d'amener une liste de conscrits, n'est-ce pas ?

3 M. Marin (interprétation). - Oui, c'est ce qu'il ordonne. Etant

4 donné qu'à l'époque

5 déjà, nous avions le problème avec les conscrits qui ne répondaient pas

6 aux appels de se rendre sur les lignes de front, donc il attire

7 l'attention sur le fait qu'il existe une loi sur la base de laquelle il

8 est possible d'entamer une procédure judiciaire et qu'il faut informer les

9 personnes intéressées de cela.

10 M. Kehoe (interprétation). – Parlons-en en nous fondant sur le

11 document suivant, le document 456/3 en date du 11 novembre 1992. Là

12 encore, c'est un document transmis par paquet, et je vous invite à

13 consulter les points 21 et 23. Et il dit : communication par paquet ?

14 M. Marin (interprétation). - Il n'est pas écrit qu'il s'agit de

15 la communication par paquet, mais vu l'apparence du document, je suppose

16 qu'effectivement il s'agissait bel et bien de communication par paquet.

17 M. Kehoe (interprétation). - Lisons ce document, le paragraphe

18 d'introduction d'abord et nous passerons aux paragraphes 21 et 23 : "Etant

19 donné la situation militaire actuelle dans la zone opérationnelle de

20 Bosnie Centrale, qui a été étudiée en détail lors de la réunion tenue le

21 6 novembre 1992, et étant donné les discussions ultérieures entre les

22 participants, l'objectif étant de renforcer les forces de défense,

23 j'ordonne la chose suivante :

24 21- Les conscrits qui refusent de se rendre au front doivent

25 être désarmés et doivent être présentés devant le commandement approprié

Page 12660

1 sous le contrôle de la police militaire régionale.

2 23- Une liste de conscrits qui travaillent à l'étranger doit

3 être dressée et la décision du gouvernement du HVO relatif aux donations

4 pour la défense doit être mise en oeuvre".

5 D'après l'ordre que nous avons vu en date du 4 juillet, Blaskic

6 met en place ce système de service militaire et il demande donc à ses

7 commandants de lui fournir une liste de conscrits, or dans cet ordre, il

8 veut une liste des conscrits qui se trouvent à l'étranger, n'est-ce pas ?

9 M. Marin (interprétation). - Oui. Il demande cela de ses

10 commandants et les

11 commandants eux-mêmes allaient contacter le département chargé de la

12 défense afin de l'effectuer. Etant donné que c'est ces départements-là qui

13 savaient où se trouvaient les conscrits différents, c'est eux qui avaient

14 les dossiers là-dessus.

15 M. Kehoe (interprétation). - Mais cette mobilisation s'est

16 poursuivie pendant tout 1992 et 1993 et pendant toute la période au cours

17 de laquelle Blaskic était commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

18 Centrale n'est-ce pas ?

19 M. Marin (interprétation). - Oui, nous n'avons donc jamais

20 réussi à mobiliser tous les conscrits potentiels se trouvant dans la

21 région d'une municipalité et ces documents montrent pourquoi c'était le

22 cas. Il y en a qui ont vécu à l'étranger, même avant la guerre, et ils ne

23 pouvaient pas revenir et puis il y en a d'autres qui ont eu peur de la

24 guerre et qui ont fui l'Etat. Il y en a encore qui sont restés en tant que

25 réfugiés à l'étranger et ce document-là demande que l'on ait une

Page 12661

1 information plus complète sur la situation à ce sujet.

2 Mais ce document, d'après sa première partie, il est clair que

3 son contenu a été créé lors d'une réunion. Il n'est pas certain que les

4 représentants des autorités civiles et politiques aient assisté à cette

5 réunion aussi et donc il est clair que toutes les instructions données ont

6 été décidées lors de cette réunion, toutes les institutions compétentes

7 ont compris qu'il fallait qu'elles respectent ce genre d'ordre. Cet ordre

8 a été envoyé également aux commandants des unités pour les informer du

9 contenu de cette réunion et pour qu'ils puissent s'adresser à ces

10 départements chargés de la défense avec lesquels ils coopéraient afin de

11 leur dire : voilà ce qu'il faut que vous fassiez suite à la réunion.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, en fin de compte, le

13 service militaire dans le HVO était obligatoire n'est-ce pas ?

14 M. Marin (interprétation). - Oui. D'après le décret, c'était le

15 cas. Et je l'ai dit, je ne le renie pas. C'est un fait. Cela figurait dans

16 le décret mais en ce qui concerne la situation sur le terrain, il est

17 clair qu'il fallait envoyer cinq ordres différents dans l'espace de trois

18 à cinq mois,

19 afin

20 de réaliser ce genre de décision et cela n'a pas été possible jusqu'aux

21 accords de Washington.

22 M. Kehoe (interprétation). - Il est 12 heures 58, je suis sur le

23 point de passer à un autre sujet.

24 M. le Président. - Nous reprendrons ce sujet à 14 heures 30.

25 L'audience est suspendue à 12 heures 58.

Page 12662

1 L'audience est reprise à 14 heures 40.

2 M. le Président. - Veuillez introduire l'accusé et le témoin.

3 Maître Kehoe, c'est à vous.

4 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président,

5 Messieurs les Juges, merci beaucoup.

6 Général, bonjour une nouvelle fois.

7 M. Marin. (interprétation). – Bonjour.

8 M. Kehoe (interprétation). – Général, encore quelques questions,

9 si vous le voulez bien au sujet de ce volontariat dont vous avez parlé au

10 cours de l'interrogatoire principal en réponse aux questions

11 Maître Nobilo.

12 Vous avez fait remarquer que ce caractère volontaire qui

13 caractérisait l'armée caractérisait également la police militaire car il

14 n'y avait aucune norme régissant la police militaire. Vous rappelez-vous

15 avoir dit cela ?

16 M. Marin. (interprétation). - Eu égard à la police militaire,

17 j'ai dit que l'on y entrait volontairement c'est-à-dire que les jeunes

18 gens qui souhaitaient faire partie de la police militaire se présentaient

19 volontairement au commandant de la police militaire dans les villages où

20 ils habitaient et entraient dans les rangs de la police militaire en tant

21 que tel. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de normalisation de la

22 sélection, il n'était pas nécessaire de répondre à telle ou telle

23 condition pour entrer dans la police militaire.

24 M. Kehoe (interprétation). - Ce que vous avez dit c'est que les

25 membres de la police militaire devenaient membres de la police militaire

Page 12663

1 de façon volontaire et qu'il n'existait pas de critères régissant

2 l'appartenance de quiconque à la police militaire. Je lis la page 12 080

3 du compte rendu et je vous demanderai maintenant d'examiner ce document

4 avec l'aide de l'huissier, je vous prie.

5 M. le greffier (interprétation). – Documents 481 et 481 A pour

6 la version anglaise.

7 M. Kehoe (interprétation). - Je vous prie de m'excuser pour

8 l'absence de version française de ce texte, Monsieur le Président, mais la

9 traduction de ce texte sera fournie plus tard.

10 Général, connaissez-vous Svango Vocovic*?

11 M. Marin. (interprétation). - Je connais Svanko Vocovic.

12 M. Kehoe (interprétation). - Qui était Svanco Vocovic ? En

13 rapport avec la police militaire eu égard au quatrième bataillon de la

14 police militaire ?

15 M. Marin. (interprétation). - Svanco Vocovic remplissait les

16 fonctions de commandant de la police militaire. Je ne pourrais pas dire

17 exactement dans quelle période.

18 M. Kehoe (interprétation). – Svanco Vocovic a finalement été

19 remplacé par Paco Libecic, n'est-ce pas ?

20 M. Marin. (interprétation). - Pour autant que je me le rappelle,

21 oui. C'est effectivement le cas.

22 M. Kehoe (interprétation). - Vous regardez votre version du

23 texte et vous voyez le tampon en bas à droite.

24 M. Marin. (interprétation). - C'est un tampon qui montre que le

25 document était reçu.

Page 12664

1 Pour autant que je me le rappelle, ce n'est pas le tampon de la

2 zone opérationnelle et de son état-major mais puisque la police militaire

3 avait son propre réseau de relation c'est sans doute le tampon de

4 réception de la police ou du HVO de Travnik. Je ne pourrais pas dire avec

5 certitude de quel organisme est ce tampon.

6 M. Kehoe (interprétation). - C'est également un document qui

7 semble avoir été transmis par paquet, n'est-ce pas ?

8 M. Marin. (interprétation). - Oui.

9 M. Kehoe (interprétation). - Lisons ce document si vous le

10 voulez bien, Général.

11 Onze janvier 1993 ; ce document est adressé au poste de police

12 militaire du HVO, des municipalités de Travnik, Novi Travnik, Vitez,

13 Zenica, Busovaca, Kresevo, Kiseljak, Fojnica, Vares et Kakan.

14 Je lis le texte, je cite : "Dans le cadre du projet de

15 réorganisation de la police militaire de la communauté croate de Herceg-

16 Bosna, nous nous apprêtons à constituer des unités spéciales de la police

17 militaire. Afin que toutes les régions de la communauté croate de Herceg-

18 Bosna soient également représentées au sein de ces unités, il est exigé de

19 vous de proposer cinq membres de vos services à cette fin avant le

20 15 janvier 1993.

21 Ces hommes deviendront des employés à plein temps de la police

22 militaire et rempliront leur mission sur l'ensemble du territoire de la

23 communauté croate de Herceg-Bosna. Le quartier général de ces unités sera

24 situé à Kaplina.

25 Exigences pour l'admission des membres :

Page 12665

1 - achèvement de l'éducation secondaire âge maximum

2 30 ans,

3 - faire partie du HVO avant l'annonce de la

4 mobilisation générale le 4 juin 1992,

5 - avoir achevé un entraînement au sein de la police

6 militaire ou de la police régulière, service antérieur en tant

7 que policier militaire dans l'ex-JNA ou

8 en tant que membre de ces unités spéciales.

9 Les données suivantes doivent être présentées à tous candidats

10 répondant aux exigences suscitées : le nom, le nom du père et le nom de

11 famille, la date de naissance, le lieu et la municipalité de naissance,

12 l'adresse de résidence, l'éducation et la spécialisation, le grade et le

13 passé militaire au sein de la JNA, information au sujet de tout

14 entraînement

15 accompli à cette date, date d'adhésion ou d'entrée dans l'armée croate, HV

16 ou dans le HVO, noms (au pluriel) de toutes les unités dans lesquelles le

17 candidat a servi depuis son entrée au sein de la HV, ou du HVO. Avis du

18 commandant sur les performances du candidat à cette date. Vous êtes prié

19 de respecter la date limite".

20 Alors, Général, ces unités spéciales, cette unité spéciale de la

21 police militaire est-elle connue sous le nom de Jokeris ou de joker ?

22 M. Marin (interprétation). - Je ne peux pas affirmer qu'il

23 s'agissait ici des Jokeris car ce n'est pas écrit dans ce document. Mais

24 comme cela apparaît manifestement dans ce document, il s'agit de

25 l'organisation professionnelle de la police militaire. Comme c'est écrit

Page 12666

1 dans le texte et lorsque j'ai répondu aux questions de l'interrogatoire

2 principal, lorsque j'ai dit que l'entrée dans la police militaire était

3 volontaire, je parlais des polices organisées au niveau des municipalités.

4 Dans ce document vous voyez que ce commandant s'adresse au commandant au

5 niveau des polices militaires municipales, de façon à ce que ces postes de

6 police municipaux fournissent les données relatives aux candidats. Il

7 s'agissait de données relatives aux candidats à l'entrée dans la police

8 militaire.

9 M. Kehoe (interprétation). - Conviendrez-vous avec moi, Général,

10 que s'agissant de l'unité spéciale constituée au sein de la police

11 militaire en janvier 1993 des critères significatifs étaient exigés des

12 candidats pour qu'ils soient acceptés au sein de cette unité spéciale ?

13 N'était-ce pas le cas ?

14 M. Marin (interprétation). - Je ne sais pas quelle est l'unité

15 qui a été créée

16 le 11 janvier 1993, car dans la structure de l'organisation interne de la

17 police militaire. A ce sujet je n'ai pas de connaissance suffisante. La

18 seule chose que je peux dire, c'est ce qui figure dans ce texte, à savoir

19 que pour cette unité il s'agit de trouver des membres permanents.

20 Autrement dit il s'agit de constituer une police militaire professionnelle

21 qui agira sur l'ensemble du territoire de la communauté croate

22 d'Herceg-Bosna. Il n'est pas question ici d'unité dont la responsabilité

23 porte sur la zone opérationnelle de Bosnie Centrale, il s'agit de la zone

24 de responsabilité de la communauté

25 croate d'Herceg-Bosna.

Page 12667

1 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vous poserai une autre

2 question. Il existait une unité spéciale au sein du quatrième bataillon de

3 la police militaire en Bosnie centrale, précisément sur le territoire de

4 la zone opérationnelle de Bosnie centrale n'est-ce pas ?

5 M. Marin (interprétation). - Pour autant que je me le rappelle,

6 et je l'ai déjà dit, je ne peux rien dire des structures internes

7 d'organisation de la police militaire car je ne les connaissais pas. Ce

8 problème n'était pas résolu par le commandement de la zone opérationnelle

9 mais je sais que la dénomination Jokeris existait et que cette unité

10 comptait dans ses rangs une quinzaine de membres.

11 Quand est-ce que qu'elle a été créée, en quoi elle a été

12 transformée ultérieurement ? Je suis dans l'incapacité de le dire, en tout

13 cas en ce qui concerne la date mais je répète que la structure interne de

14 la police militaire ne relevait pas des compétences du commandement de la

15 zone opérationnelle. Et en tant que membre de la zone opérationnelle de

16 son commandement, je n'avais pas compétence pour me pencher sur

17 l'organisation de la police militaire. Cela ne faisait pas partie de nos

18 habilitations mais dans le texte on voit qu'il est question de la création

19 d'une police militaire professionnelle couvrant l'ensemble de la

20 communauté croate d'Herceg-Bosna.

21 M. Kehoe (interprétation). - Général, les Jokeris étaient-ils

22 une unité spéciale ?

23 M. Marin (interprétation). - Pour autant que je le sache, les

24 Jokeris portaient ce nom et pour autant que je me le rappelle ils étaient

25 au nombre d'une quinzaine, mais pour le reste je ne suis sûr de rien.

Page 12668

1 M. Kehoe (interprétation). - Et les Jokeris étaient stationnés

2 au bungalow qui se trouvait sur la route sortant d'Armici n'est-ce pas ?

3 M. Marin (interprétation). - Je sais qu'il y avait une unité en

4 tout cas une partie du quatrième bataillon au bungalow. Maintenant, de

5 quelle unité il s'agissait exactement, je ne peux

6 le dire avec certitude. Je sais qu'il y avait une unité de la police

7 militaire, était-ce les Jokeris ? Ou

8 il me semble qu'au sein de la police il y avait aussi la police générale,

9 la police de la circulation, je ne pourrais pas donner d'arguments

10 certains quant à la structure du quatrième bataillon de la police

11 militaire car je ne connais pas cette structure et cette structure ne

12 relevait pas de la responsabilité du commandement de la zone

13 opérationnelle mais relevait du ministère de la défense qui était

14 responsable de la police militaire.

15 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, un instant,

16 je vous prie. Nous pouvons passer maintenant à un autre sujet. Une

17 nouvelle fois, j'aimerais que nous bavardions quelques instants au sujet

18 de ce que vous avez dit dans votre déposition en réponse aux questions

19 posées par Me Nobilo la semaine dernière.

20 Une des choses que vous avez évoquée était que vous avez

21 remarqué, cela figure à la page 12074 du compte rendu, qu'un des problèmes

22 que vous aviez avec les troupes venait de ce qu'il n'existait pas

23 d'installations concrètes. A la ligne 7 de la page 12074, vous avez évoqué

24 les difficultés liées à l'absence de possibilité réelle de mettre en place

25 une discipline militaire en bonne et due forme. A la page 12077, vous avez

Page 12669

1 ajouté que les difficultés que vous éprouviez avec les forces de combat,

2 c'est qu'en un endroit dans une caserne, il y avait des forces qui étaient

3 en service, qui subissaient un entraînement mais qui n'étaient pas bien

4 équipées.

5 Vous rappelez-vous avoir dit cela eu égard à l'absence de moyens

6 pour bien

7 entraîner et garder un contrôle adéquat sur vos troupes ?

8 M. Marin (interprétation). - Je me le rappelle. Encore

9 aujourd'hui d'ailleurs le HVO a des problèmes et des difficultés quant au

10 logement des soldats.

11 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer un

12 document.

13 M. le greffier (interprétation). - Document 482 et 482A pour la

14 version anglaise.

15 M. Kehoe (interprétation). - Général, ceci est un décret signé

16 par le Président de la communauté croate de Herceg-Bosna le

17 3 juillet 1992, décret dans lequel la communauté croate

18 de Herceg-Bosna reprend les installations qui appartenaient précédemment à

19 la JNA. Je lis le

20 texte : "En vertu de l'article 7 de la décision portant création de la

21 communauté croate de Herceg-Bosna en date du 18 novembre 1991, la

22 présidence de la communauté croate de Herceg-Bosna, lors de sa réunion..."

23 M. Marin (interprétation). - Excusez-moi, mais ce n'est pas le

24 document que j'ai sous les yeux.

25 M. Nobilo (interprétation). - Nous avons également reçu un autre

Page 12670

1 document.

2 M. Marin (interprétation). - Moi, j'ai le document 482.

3 M. le Président. - Je pense qu'il y a effectivement un problème.

4 Il suffit d'ailleurs de voir la date de la troisième ligne dans la version

5 en Serbo-croate

6 M. Kehoe (interprétation). - D'accord. Monsieur le Président,

7 c'est un extrait d'une liste du journal officiel qui a été versée au

8 dossier en tant que pièce à conviction 36, 37, 38. Je pourrais vous situer

9 cet extrait dans le journal officiel si vous le souhaitez. Je vous donne

10 lecture du texte, Général.

11 M. le Président. - Attendez, je crois que ce que disait

12 Me Nobilo c'est que il n'y a pas de correspondance entre le texte de la

13 version bosno-serbo-croate et le texte, en tout cas en anglais. Il me

14 semble qu'il n'y a pas de correspondance. Cela se voit.

15 M. Nobilo (interprétation). - Si l'on doit lire le journal

16 officiel, je pense qu'il faudrait

17 qu'on montre le journal officiel au témoin pour qu'il sache de quel texte

18 il s'agit.

19 M. Kehoe (interprétation). - Nous le ferons. Nous trouverons ce

20 texte au moment de la pause générale mais je vais vous poser une question

21 au sujet des installations de la JNA.

22 M. le greffier (interprétation). - Si je peux me permettre aux

23 fins du compte rendu, il serait préférable de clarifier la situation,

24 savoir quel est le numéro que l'on retient pour quelle pièce, puisque nous

25 avons deux pièces qui ne correspondent pas

Page 12671

1 M. le Président. - Maître Kehoe, votre intention, semble-t-il

2 était de confronter le

3 témoin avec un décret signé Mate Boban du 3 juillet 1992. Est-ce que

4 c'était bien votre intention,

5 Maître Kehoe ?

6 M. Kehoe (interprétation). - Oui effectivement,

7 Monsieur le Président.

8 M. le Président. - Si c'est toujours votre intention, il vous

9 faut trouver le texte serbo-croate de cette pièce qui pour l'instant est

10 numéroté 482.

11 M. Kehoe (interprétation). - C'est ce que je vais faire,

12 Monsieur le Président.

13 M. le Président. - Merci.

14 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais, Général, vous poser une

15 question au sujet des installations de la JNA. Le HVO a-t-il repris les

16 installations de la JNA en Bosnie centrale ?

17 M. Marin (interprétation). - La situation, eu égard aux

18 installations de l'ex-armée populaire yougoslave sur le territoire de la

19 Bosnie Centrale était la suivante. La caserne de Travnik qui appartenait

20 précédemment à l'armée populaire yougoslave a été libérée conjointement

21 par les unités du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Après cette

22 libération, c'est-à-dire après la prise de cette caserne, au début, je ne

23 peux pas dire exactement quand cela a eu lieu mais je sais que c'était

24 après la chute de Kotor Varos et de Jajce et il s'y est trouvé des

25 réfugiés, des parties y compris d'unité de l'armée de Bosnie-Herzégovine

Page 12672

1 et du HVO de Kotor Varoc.

2 En raison de la proximité du front avec l'armée de la

3 Republika Srpska et de la possibilité très certaine de pilonnage de cette

4 caserne, nous n'avons pas installé nos forces dans cette caserne. Après

5 que l'armée de Bosnie-Herzégovine, au mois de juin, a procédé à ces

6 attaques sur les territoires du HVO dans la municipalité de Novi Travnik,

7 cette caserne a finalement appartenu en totalité à l'armée de Bosnie-

8 Herzégovine. Je ne sais pas au cours de la guerre de 1993 à quelle fin

9 était utilisée cette caserne.

10 Par ailleurs, les installations de l'ex-armée populaire yougoslave, les

11 casernes de Travnik et de Kaonik, c'est-à-dire sur le territoire de la

12 municipalité de Busovaca, ces casernes ont été utilisées comme entrepôts

13 et pour autant que je le sache, il s'agissait d'entrepôts réservés à

14 l'armée de l'air dans lesquels se conservaient des roquettes et des obus

15 etc.. Encore aujourd'hui, ces casernes ne sont pas équipées pour permettre

16 l'hébergement d'une armée organisée.

17 Une troisième installation, pour ce que j'en connais de l'ex-

18 armée populaire yougoslave se trouvait sur le territoire de la

19 municipalité de Kiseljak. Je sais que la capacité de cette caserne n'est

20 pas très importante et je sais que dans cette caserne, au cours de la

21 guerre, ont été stationnées des unités spéciales relevant de la

22 municipalité de Kiseljak.

23 Ensuite, il y avait une caserne à Zenica qui a été libérée

24 également par les unités du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

25 c'est-à-dire qui a été prise à l'ex-JNA. Après quoi, les unités de l'armée

Page 12673

1 de Bosnie-Herzégovine ont repris en totalité cette caserne ainsi qu'un

2 autre entrepôt qui se trouvait sur le territoire de la municipalité de

3 Travnik, qui s'appelait Slimena.

4 Ces installations ne servaient exclusivement qu'à entreposer des

5 équipements. Mais au cours des combats, au moment où ces installations ont

6 été libérées par les membres du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

7 quand cette libération conjointe a eu lieu contre la JNA, des

8 installations ont été détruites. Les espaces autour de ces installations

9 ont été minés et le HVO n'y a pas stationné ses forces.

10 Je viens de mentionner toutes les installations qui se

11 trouvaient sur le territoire

12 relevant de la responsabilité du commandements de la zone opérationnelle

13 de Bosnie centrale. Je ne crois pas en avoir oublié une seule. De sorte

14 que dans la situation que je viens de décrire, nous n'avions pas la

15 possibilité de former, d'organiser et de maintenir des forces capables

16 d'être équipées, d'être entraînées et d'être envoyées au combat.

17 Compte tenu de l'absence de telles installations, la pénurie de

18 telles installations, des écoles ont été utilisées ou d'autres

19 installations improvisées, d'autres lieux de logement qui n'étaient pas

20 absolument adéquats et où il était impossible de stationner des forces

21 importantes. Outre les conditions dont je viens de parler, eu égard à ces

22 installations, l'utilisation de ces installations dans ces conditions ne

23 répondait pas aux normes habituelles.

24 J'ai déjà expliqué que l'armée a été répartie dans les villages,

25 c'est-à-dire dans les localités où habitait la population et que c'est de

Page 12674

1 là que les hommes partaient au combat et c'était la cause d'un des

2 problèmes que nous avions à affronter parce que dans ces conditions, les

3 hommes rechignaient à être logés dans des casernes. Mais encore eut-il

4 fallu que nous ayons possédé de telles casernes. Si nous en avions

5 possédées, il est probable que les hommes auraient éprouvé quelques

6 difficultés à y aller.

7 Cela dit si nous avions possédé des casernes dans lesquelles

8 nous avions pu équiper et entraîner les hommes, nous les aurions

9 utilisées. Mais pour l'époque dont nous parlons, il faut tenir compte d'un

10 fait important. La possibilité de pilonnage à partir des positions de

11 l'armée de la Republika Srpska était une réalité certaine, mais il

12 existait aussi des possibilités de pilonnage à partir des montagnes, des

13 collines tenues par l'armée de la Republika Srpska.

14 M. Kehoe (interprétation). - Général, il y avait ce camp de

15 Kaonik au carrefour de Busovaca. Qui a pris cette installation ? Le HVO ?

16 Qui a repris le contrôle de cette installation ?

17 M. Marin (interprétation). - L'installation de Kaonik à

18 l'endroit dont vous parlez a été reprise par le HVO de Busovaca. C'est

19 également une installation qui a été utilisée en qualité d'entrepôts qui

20 ne présentait pas de possibilité de loger des troupes en nombre important.

21 Car

22 ces installations de l'ex-armée populaire yougoslave n'étaient même pas

23 utilisées par elle pour l'entraînement et l'hébergement des soldats qui

24 servaient dans les rangs de l'ex-armée populaire yougoslave.

25 M. Kehoe (interprétation). - Qui a repris la caserne Draga, le

Page 12675

1 HVO ?

2 M. Marin (interprétation). - J'ai déjà dit que la caserne Draga

3 a été reprise par le HVO, elle avait une fonction spécifique, mais elle ne

4 pouvait servir que d'entrepôts. Encore aujourd'hui cette installation est

5 utilisée par le HVO mais aujourd'hui nous ne pouvons toujours pas y loger

6 des troupes. Les parties de la troisième brigade des gardes ne peuvent pas

7 être stationnées dans cette caserne encore aujourd'hui.

8 Aujourd'hui nous ne pouvons toujours pas y loger de troupes. Les

9 parties de la troisième brigade des gardes ne peuvent pas être stationnées

10 dans cette caserne encore aujourd'hui.

11 M. Kehoe (interprétation). - Mais il y a des installations dont

12 vous n'avez pas parlé. Près de Novi Travnik, par exemple, la caserne de

13 Stojkovici, le HVO a repris cette caserne également, n'est-ce pas ?

14 M. Marin (interprétation). - Oui, j'ai oublié cette caserne.

15 C'est une installation qui constituait une base logistique. Dans cette

16 installation, l'ex-armée populaire yougoslave avait destiné spécialement

17 cette installation à la conservation de grande quantité de carburant.

18 Là encore, c'était une installation prévue comme un entrepôt et

19 dans laquelle il était impossible de loger un grand nombre de soldats. Il

20 s'agissait d'entrepôts, je le répète.

21 M. Kehoe (interprétation). - Le HVO a utilisé l'installation de

22 la JNA de Stojkovici en tant que centre de transmission, n'est-ce pas ?

23 M. Marin (interprétation). – Je ne suis pas au courant de cela.

24 Je ne peux pas l'affirmer avec certitude. C'est possible, compte tenu du

25 fait qu'il y a là des surfaces importantes. Peut-être que pour se défendre

Page 12676

1 contre les pilonnages et les rackets de l'armée de la Republika Srpska.

2 Cette possibilité a été mise en oeuvre mais je ne peux pas le dire avec

3 certitude, vraiment.

4 M. Kehoe (interprétation). - A Kiseljak, et nous descendons le

5 long de la route, la plus grande installation de l'ex-JNA était la caserne

6 de Kiseljak n'est-ce pas ?

7 M. Marin (interprétation). - Excusez-moi, la plus grande en

8 rapport avec quoi ? La plus grande caserne se trouvait à Sarajevo. Lorsque

9 vous dites la plus grande, c'est en fonction de quoi, par rapport à quoi,

10 je vous prie ?

11 M. Kehoe (interprétation). - La caserne de Kiseljak, cette

12 ancienne installation de la JNA a été reprise également par le HVO, n'est-

13 ce pas ?

14 M. Marin (interprétation). - Le HVO a repris ce bâtiment et j'ai

15 dit que pour autant que je le sache, pendant la guerre s'y trouvaient des

16 unités spéciales. Etait-ce les Maturize** ? Quel était le non donné à ces

17 unités sur le territoire de la municipalité de Kiseljak ? Je ne sais pas

18 exactement.

19 M. Kehoe (interprétation). - Mais Blaskic a utilisé ce bâtiment

20 également, n'est-ce pas ?

21 M. Marin (interprétation). - Dans cette caserne, dans l'un des

22 bâtiments, se trouvait le commandement. Je ne sais pas s'il y a été situé

23 dès le début car je ne m'y suis pas rendu à l'époque. Je ne me suis pas

24 rendu à Kiseljak au moment où le commandant de Kiseljak était le

25 général Blaskic. A ce moment-là, j'étais à Novi Travnik, je n'étais pas au

Page 12677

1 commandement de la zone opérationnelle. Je ne peux donc pas affirmer quoi

2 que ce soit à ce sujet.

3 M. Kehoe (interprétation). – Général, vous nous avez dit qu'au

4 cours des combats de Busovaca et aux alentours, en janvier et février,

5 Blaskic était à Kiseljak et que vous communiquiez avec lui dans la caserne

6 de Kiseljak, n'est-ce pas ?

7 M. Marin (interprétation). - Oui, il se trouvait à Kiseljak à ce

8 moment-là, en 1993. Le commandement de la brigade de Kiseljak avait son

9 poste de commandement dans la caserne

10 de Kiseljak.

11 Mais pour répondre à votre première question, j'ai dit que je ne

12 savais pas où était le quartier général de Kiseljak au moment où le

13 commandant, et nous l'avons vu sur la base de certains documents, était le

14 général Blaskic, temporairement.

15 M. Kehoe (interprétation). - En dernière analyse, outre les

16 unités dont vous avez parlé, le colonel Blaskic a utilisé également la

17 caserne de Kiseljak, n'est-ce pas ?

18 M. Hayman (interprétation). - Ce n'est pas une question qui a

19 déjà obtenu une réponse, Monsieur le Président ?

20 M. le Président. – Non, Maître Hayman. Je suis désolé de vous

21 dire que nous n'obtenons pas réponse.

22 Alors, je n'accepte pas votre intervention, Maître Hayman. Le

23 témoin se met en contradiction, vous le savez très bien ; c'est tout. Ne

24 poursuivez pas dans cette observation. Je comprends que Maître Kehoe

25 revienne, là je le comprends.

Page 12678

1 Par rapport à ses propos précédents, on sait que l'accusé était

2 à Kiseljak mais pas à cette époque-ci, peut-être pas dans cette caserne.

3 On peut comprendre que l'accusation ait envie de le savoir de la part

4 quand même de quelqu'un qui occupait des responsabilités très importantes

5 auprès de l'accusé.

6 Maître Kehoe, Reposez votre question. Les juges ont besoin de le

7 savoir, et j'inviterai le témoin, effectivement, à faire un effort

8 important sur sa mémoire. Général, je vous le demande vraiment, vous y

9 êtes tenu par les textes du Tribunal.

10 Vous ne pouvez pas à la fois avoir su beaucoup de choses, quand

11 vous étiez le témoin de la défense et là, à chaque question, ne plus rien

12 savoir. Vous ne savez plus rien, vous n'êtes pas au courant… Alors là, je

13 vous engage très fermement à répondre complètement aux questions qui vous

14 sont posées. Sinon, ce sont les juges qui vous poseront ces questions.

15 Reprenez votre question Maître Kehoe.

16 M. Kehoe (interprétation). - Général, le colonel Blaskic a

17 utilisé la caserne de Kiseljak dans son travail, n'est-ce pas ?

18 M. M. Hayman (interprétation). – Peut-on avoir une date

19 Monsieur le Président, c'est de là que vient la confusion. Le

20 colonel Blaskic était à Kiseljak en été 1992.

21 M. le Président. - La question est destinée au témoin.

22 M. Hayman (interprétation). - La date est trop vague,

23 Monsieur le Président.

24 M. le Président. - Vous laisserez le témoin répondre à votre

25 place, Maître Hayman.

Page 12679

1 M. Marin. (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

2 en 1992 à l'époque où le général Blaskic commandait l'état-major de

3 Kiseljak et je ne sais pas exactement à quel moment cela a eu lieu, je ne

4 sais pas si à ce moment-là son poste de commandement, le siège de son

5 quartier général se trouvait dans la caserne de Kiseljak.

6 Quand nous avons créé la brigade c'est-à-dire à la fin de 1992,

7 je sais que le commandement de la brigade de Ban Jelacic était situé dans

8 la caserne de Kiseljak. En 1993, c'est-à-dire après les heurts du mois de

9 janvier qui ont opposé l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO sur le

10 térritoire des municipalités de Busovaca et Kiseljak, le commandant de la

11 zone opérationnelle, le général Blaskic se trouvait au poste de

12 commandement de la brigade Ban Jelacic dans la caserne de Kiseljak.

13 Quelles étaient les forces qui étaient stationnées à ce moment-

14 là dans cette caserne ? Je ne peux pas ici aujourd'hui le dire avec

15 précision, avec exactitude.

16 M. Kehoe (interprétation). - En janvier, Général, lorsque vous

17 envoyiez des télécopies au colonel Blaskic, où est-ce que vous les

18 envoyiez à Kiseljak ?

19 M. Marin. (interprétation). - Donc quand nous envoyions des

20 télécopies et des transmissions par paquet, des messages donc, au

21 général Blaskic qui se trouvait à Kiseljak, nous les envoyions au poste de

22 commandement de la brigade de Ban Jelacic.

23 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez fait remarquer

24 précédemment que l'une des raisons pour lesquelles vous ne procédiez pas à

25 des entraînements dans la caserne venait du fait que vous aviez peur

Page 12680

1 d'être pilonnés par l'armée des Serbes de Bosnie, est-ce exact ?

2 M. Marin. (interprétation). - C'était une raison qui n'était

3 valable que pour la caserne de Travnik que nous utilisions ensemble avec

4 les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine donc conjointement, le HVO et

5 l'armée de Bosnie-Herzégovine et quand Jajce est tombée, quand Kotor Varos

6 est tombée, quand les unités de Kotor Varos ont afflué en même temps que

7 les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine, quand la population a fui

8 même si nous avions voulu utiliser ces espaces nous n'aurions pas pu le

9 faire car dans ces installations se sont installés des habitants et des

10 soldats qui venaient des zones que je viens d'évoquer.

11 Des zones qui ont été reprises par les unités de l'armée de la

12 Republica Srpska.

13 M. Kehoe (interprétation). - Au cours des conflits du mois de

14 janvier, la caserne de Kiseljak était suffisamment sûre pour que le

15 commandant de la zone opérationnelle de Bosnie Centrale y travaille,

16 n'est-ce pas ?

17 M. Marin. (interprétation). - Oui probablement. Le commandant

18 travaillait dans ce poste de commandement mais je ne sais pas où il se

19 déplaçait pendant les 24 heures de la journée qu'il passait à Kiseljak.

20 M. Kehoe (interprétation). - Avant de passer à un nouveau sujet,

21 Monsieur le Président et en application de la demande des juges, nous

22 avons l'ordre de Mate Boban en français et en anglais. Nous ne les avons

23 pas agrafés mais voilà la version BCS et voilà la version en français.

24 M. le greffier (interprétation). - Le document 482 et la version

25 BCS 482, en français et 482-A en anglais comme initialement attribuée tout

Page 12681

1 à l'heure.

2 M. Kehoe (interprétation). – Bien, au vu de la pièce 482, vous

3 voyez qu'il s'agit d'un décret du 3 juillet 1992 signé par M. Boban et

4 qu'il porte sur la reprise du matériel de la JNA et du secrétariat fédéral

5 de la défense populaire sur le territoire de la communauté croate

6 d'Herceg-Bosna et sa transformation en propriété de la communauté croate

7 de Herceg-Bosna.

8 Article 1 : Tous les biens sociaux sur le territoire de la

9 communauté croate d'Herceg-Bosna qui ont été en tant que biens de la

10 Fédération administrés et gérés par l'ex-JNA et l'ex secrétariat fédéral

11 de la défense seront repris et deviendront la propriété de la communauté

12 croate d'Herceg-Bosna. Ces biens sociaux incluent la propriété de l'argent

13 et des droits.

14 Article 2 : La présidence de la communauté croate d'Herceg-Bosna

15 ou toute autorité habilitée à le faire, devra allouer ces biens mentionnés

16 dans l'article premier du présent décret.

17 Article 3 : Les dirigeants des départements de la défense des

18 affaires juridiques et

19 de l'administration devront être autorisés à émettre des réglementations

20 et des documents visant à l'application de ce décret.

21 Article 4 : Ce décret entrera en vigueur le jour de son émission

22 signé Mate Boban.

23 La présidence, la communauté croate d'Herceg-Bosna, Mostar

24 le 3 juillet 1992.

25 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous connaissance de ce

Page 12682

1 décret, Général ?

2 M. Marin (interprétation). - Je ne connais pas ce décret.

3 C'est-à-dire que je ne connais pas ce document. Je ne l'ai pas vu

4 personnellement.

5 M. Kehoe (interprétation). - Reconnaissez-vous soit le tampon,

6 soit la signature de Mate Boban ?

7 M. Marin (interprétation). - En ce qui concerne le

8 Président Boban, j'ai entendu parler de lui. Je ne le connais pas

9 personnellement et je ne reconnais pas sa signature mais si possible je

10 souhaite dire quelques mots à propos de ce décret. Moi, en tant que

11 personne qui occupait le poste, qui l'occupais à l'époque, ce décret a été

12 adopté mais notre situation en Bosnie concernant les installations de

13 l'ex-JNA était telle que je l'ai décrite. Donc nous

14 partageons tout cela avec l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ce décret portait

15 sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine. Donc, en fait, le

16 territoire de la communauté croate d'Herceg-Bosna aussi et je suppose que

17 dans certaines régions ce décret a pu être complètement appliqué mais

18 nous, dans la Bosnie Centrale, il nous était impossible de mettre en

19 oeuvre complètement ce décret, mais la situation en ce qui concerne les

20 installations de l'ex-JNA était telle que je l'ai décrite tout à l'heure.

21 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez déclaré au cours de votre

22 déposition que vous avez eu des difficultés lorsque vous avez dû former

23 vos soldats n'est-ce pas ?

24 M. Marin (interprétation). - Oui, nous avons eu ce genre de

25 difficulté étant donné que nous n'avions pas d'équipes d'instructeurs et

Page 12683

1 nous n'avions pas de polices appropriées pour fournir une formation de

2 qualité.

3 M. Kehoe (interprétation). - N'est-il pas exact, Général, qu'à

4 peu

5 près à la mi-1992 et ce jusqu'à l'automne 1992, il y avait une structure

6 de formation et d'entraînement assez sophistiquée qui avait été mise en

7 place par le HVO dans toute la Bosnie ?

8 M. Marin (interprétation). - Cela, je ne le sais pas. Ce

9 n'était pas la situation qui régnait en Bosnie Centrale. En ce qui

10 concerne l'entraînement, il s'agissait toujours de la formation concernant

11 l'utilisation des armes personnelles étant donné que nous disposions de

12 types différents d'armes, d'armement d'infanterie et parfois, un soldat ne

13 connaissait pas un certain type d'armes étant donné qu'il n'en disposait

14 pas au cours de son service militaire.

15 Donc c'est pour cela qu'on lui fournissait une formation afin

16 qu'il puisse utiliser cette arme sur la ligne de front et afin d'éviter

17 les conséquences négatives. Et en ce qui concerne l'entraînement des

18 formations des unités, lorsqu'on parle de la formation tactique, et de

19 choses semblables, il n'y a pas eu ce genre d'entraînement parce que nous

20 n'avions pas les conditions nécessaires.

21 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, explorons quelque peu

22 cette voie, Général. Je

23 voudrais tout d'abord vous montrer une vidéo qui a été tournée,

24 Monsieur le Président, par une équipe litéenne* en octobre 1992 dans la

25 zone de Tomislavgrad. Peut-on tamiser la lumière et passer cette vidéo qui

Page 12684

1 dure à peu près cinq minutes, Monsieur le Président ?

2 (Passage de la vidéo).

3 M. le Président. - Est-ce qu'on peut baisser la lumière un peu.

4 M. Riad (interprétation). - Peut-on baisser la lumière s'il vous

5 plaît ?.

6 M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous eu connaissance

7 d'une quelconque structure d'entraînement du HVO similaire à celle-ci ?

8 M. Marin (interprétation). - Au début, vous avez dit que ce que

9 nous venons de voir se passer dans la région de la municipalité de

10 thomisme lasse grappe, il s'agit d'une municipalité qui relevait du

11 commandement de la zone opérationnelle d'Herzégovine du nord-ouest, et moi

12 je ne connais pas les détails de ce qui se passait dans cette région, mais

13 en fonction de ce que nous avons vu sur cette cassette vidéo, il est clair

14 qu'il s'agit d'une unité d'activité de sabotage et de reconnaissance, et

15 effectivement, des gens que je connaissais de Tomislagrap** m'ont dit

16 qu'il y avait une unité de ce genre qui s'appelait l'unité du roi

17 Tomislas**.

18 En ce qui concerne une unité aussi bien équipée et aussi bien

19 entraînée dans le commandement de la zone opérationnelle de la Bosnie

20 centrale, nous n'en avons pas. L'unité la mieux équipée et formée qui

21 dépendait du commandement de la zone opérationnelle de la Bosnie centrale

22 était l'unité d'éviter zoo vie et son organisation ne relevait pas de la

23 compétence du commandement de notre zone opérationnelle et nous ne

24 disposions pas du tout de conditions semblables à celles que l'on a vues

25 sur cette cassette vidéo.

Page 12685

1 M. Kehoe (interprétation). - Mais outre l'entraînement, le HVO a

2 envoyé d'autres personnes pour qu'elles soient entraînées ailleurs, n'est-

3 ce pas ?

4 M. Marin (interprétation). - Si je me souviens bien, nous avons

5 envoyé peut-être certaines personnes qui utilisaient les armes

6 antiaériennes étant donné qu'en 1992 et 1993, vue

7 l'industrie militaire qui se trouve en Bosnie Centrale, l'armée de l'air

8 de la Republika Srpska bombardait sans arrêt cette région-là et c'est pour

9 cela qu'on envoyait certaines personnes en Herzégovine pour recevoir une

10 formation et si je me rappelle bien il y en a qui sont partis dans cette

11 région pour recevoir une formation pour utiliser les lance-roquettes et il

12 y en a qui ont reçu une formation de reconnaissance. C'est tout ce que je

13 sais.

14 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, certaines personnes

15 ont été envoyées afin d'y recevoir un entraînement en Herzégovine, à Grude

16 également. Qu'en est-il des personnes de la République de Croatie ? Le HVO

17 a-t-il envoyé des hommes afin qu'ils y reçoivent un entraînement là-bas ?

18 M. Marin (interprétation). - Tout au début de l'an 1992? cela je

19 ne sais pas étant donné que je vous ai déjà dit à quel moment je suis

20 arrivé au commandement de la zone opérationnelle de la Bosnie Centrale,

21 mais après que notre zone a été complètement coupée du monde, il nous

22 était complètement impossible de sortir nous-mêmes de cette région, sans

23 parler de la possibilité d'envoyer les hommes en dehors de la région de la

24 Bosnie centrale parce que nous avions besoin de tous ces hommes dans les

25 tranchées.

Page 12686

1 M. Kehoe (interprétation). - Mais, avant le début des activités

2 en janvier 1993, en Bosnie centrale, à votre avis le HVO, à votre

3 connaissance en tout cas, a-t-il envoyé des soldats afin qu'ils soient

4 entraînés en Croatie ?

5 M. Marin (interprétation). - Nous n'avons jamais envoyé de

6 troupes, nous avons envoyé des personnes par groupe de trois, quatre ou

7 cinq personnes. Je ne sais pas très exactement de quelle sorte

8 d'entraînement il s'agissait, peut-être il s'agissait de l'entraînement

9 pour les policiers militaires mais je ne suis pas tout à fait sûr.

10 M. Kehoe (interprétation). - Combien de fois Blaskic a-t-il

11 envoyé des groupes d'hommes afin qu'ils y soient entraînés, en Croatie je

12 parle ?

13 M. Marin (interprétation). - Depuis que moi je suis arrivé au

14 commandement de la

15 zone opérationnelle, donc il s'agit du 1er novembre 1992, je ne me

16 souviens pas d'avoir eu une situation où l'on a envoyé des soldats pour

17 recevoir un entraînement en Croatie. Cela je ne m'en souviens pas et si

18 jamais il y a eu effectivement un tel cas, il s'agissait peut-être d'un

19 individu ou

20 tout au plus d'un groupe de cinq ou dix personnes au maximum.

21 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque Blaskic a envoyé ces hommes

22 en Croatie pour y subir un entraînement de police militaire, quand cela

23 s’est-il produit exactement ?

24 M. Marin (interprétation). - Je ne peux pas affirmer que c'était

25 le général Blaskic qui les a envoyés étant donné que lorsqu'on parle de

Page 12687

1 l'entraînement des individus ou des groupes pour devenir policier

2 militaire, cela ne se déroulait pas durant la période pendant laquelle le

3 général Blaskic était le commandant de la zone opérationnelle. Et si

4 jamais il y a eu un tel entraînement, cela était organisé par la police

5 militaire. Donc, nous, en tant que commandement de la zone opérationnelle,

6 nous ne pouvions pas envoyer des gens pour recevoir un entraînement pour

7 policier militaire.

8 M. Kehoe (interprétation). - Je vous invite à consulter la

9 pièce 406/23. Monsieur Dubuisson, le film a-t-il reçu une cote ?

10 M. le greffier (interprétation). - Oui, le numéro est 483.

11 M. Kehoe (interprétation). - Ce document 406, il s'agit là

12 encore d'une communication par paquet provenant du colonel Tihomir Blaskic

13 en date du 24 juillet 1992 : "Etant donné la nécessité évidente de créer

14 et d'entraîner des unités de reconnaissance, je donne l'ordre suivant :

15 déployer un escadron donc visant à exécuter des opérations de

16 reconnaissance dans toutes les zones opérationnelles, à savoir dans tous

17 les quartiers généraux et municipaux engagés dans des opérations de

18 guerre. L'entraînement aura lieu dans la République de Croatie parce que

19 des tâche spécifiques devront être exécutées. L'entraînement durera dix

20 jours.

21 Chacun des quartiers généraux municipaux suivant devra nommer

22 sept soldats par

23 escadrons, Gornji Vakuf, Legoino*, Konic, Jajce, Novi Travnik, Travnik,

24 Zepce, Zavidovitc, et maglae*. Fournir la liste des hommes destinés à

25 l'entraînement par une communication radio par paquet ou bien par

Page 12688

1 coursiers d'ici au 27 juillet 1992, 14 heures. Les personnes figurant sur

2 cette liste, à savoir les hommes sélectionnés pour l'entraînement, doivent

3 se présenter à Grude le 30 juillet 92 à 14 heures maximum. Les hommes

4 doivent se présenter à l'endroit susmentionné et à l'heure susmentionnée

5 dans leurs vêtements de combat". Le document, l'original présente une

6 liste de sept hommes dressée par une personne inconnue.

7 Connaissez-vous cette procédure qui consistait à envoyer au

8 moins des unités de reconnaissance en République de Croatie pour qu'ils y

9 subissent un entraînement ?

10 M. Marin (interprétation). - Il est clair que si l'on regarde ce

11 document qu'il a été créé au moment ou avant mon arrivée au poste de

12 commandement, c'est-à-dire le 24 mai 1992, mais quand je l'ai déjà dit,

13 apparemment il y a eu des groupes qui ont été envoyés avant mon arrivée et

14 ici il est clair qu'il s'agissait des personnes qui ont été envoyées à

15 Grude. Ce que j'ignore, c'est s'il y a eu plusieurs autres groupes qui ont

16 été envoyés de telle manière et ici il est clair qu'il s'agit d'un

17 entraînement de durée de dix jours et il est évident qu'elles peuvent être

18 les résultats d'un entraînement de dix jours.

19 M. Nobilo (interprétation). - Correction, s'il vous plaît.

20 D'après le transcript, ce document a été au mois de mai, mais le témoin

21 dit que c'était au mois de juillet. Je demande que l'on corrige cela.

22 M. Kehoe (interprétation). - Le témoin a dit "mai", mais en fait

23 le document parle bien de juillet 1992. Général, ce document porte bien la

24 date de juillet.

25 M. Marin (interprétation). - Oui.

Page 12689

1 M. Kehoe (interprétation). - Le fait est cependant que des

2 soldats de la zone opérationnelle de Bosnie Centrale étaient envoyés en

3 Croatie pour y subir un entraînement n'est-ce pas ?

4 M. Marin (interprétation). - D'après ce document, il est clair

5 qu'il s'agissait d'individus des groupes qui recevaient cet entraînement

6 comme cela est indiqué dans ce document.

7 M. Kehoe (interprétation). - Passons maintenant à l'entraînement

8 des recrues. Ces jeunes gens qui étaient intégrés dans les rangs du HVO,

9 pour la plupart, avaient déjà fait leur service militaire dans le cadre de

10 la JNA n'est-ce pas ?

11 M. Marin (interprétation). - Oui.

12 M. Kehoe (interprétation). - Et il y avait également ceux qui

13 étaient intégrés dans les rangs du HVO qui n'avaient jamais servi dans la

14 JNA n'est-ce pas ?

15 M. Marin (interprétation). - Oui, ces jeunes hommes se sont

16 portés volontaires tout comme les autres pour rejoindre les rangs du HVO.

17 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que nous avons dit ce

18 matin qu'il y avait un système de conscription et que toute personne a été

19 intégrée après le décret du 13 juillet 1992 ? C'était une conscription

20 obligatoire, n'est-ce pas ?

21 M. Nobilo (interprétation). - Objection. C'est ce que le

22 Procureur a affirmé mais le témoin ne l'a jamais dit. Le témoin a dit

23 qu'il y a eu une base législative, que le général Blaskic, en principe,

24 aurait été responsable de cela, mais que la situation sur le terrain était

25 différente. Donc, il s'agit des informations du Procureur lui même.

Page 12690

1 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, le compte

2 rendu parlera de lui même. Passons maintenant à la pièce 456/79, s'il vous

3 plaît.

4 M. le Président. - Sur quel sujet, Monsieur le Procureur ?

5 Toujours le même sujet ?

6 M. Kehoe (interprétation). - Oui, le même sujet,

7 Monsieur le Président. Sur cet entraînement des nouvelles recrues. Je

8 pense qu'il s'agira d'un ordre du 20 septembre 1992. Puis-je le voir s'il

9 vous plaît ? Ce n'est pas cela, excusez-moi. Cette pièce devrait être

10 456/79.

11 Regardons la pièce 456/79. Il s'agit à nouveau d'un ordre signé

12 par l'accusé en date

13 du 20 septembre 1992. Je vais vous lire le paragraphe d'introduction et je

14 passerai ensuite au paragraphe numéro trois. "Tâches du quartier général

15 du commandement du HVO des forces armées du HVO de Bosnie Centrale. Etant

16 donné la nécessité évidente d'accélérer nos travaux

17 et d'en améliorer la qualité en septembre 1992, les missions essentielles

18 et que je vais citer doivent être exécutées dans un délai prévu par cet

19 ordre. L'entraînement des nouvelles recrues qui n'ont pas servi dans les

20 rangs de l'armée yougoslave doit être de base et en même temps spécifique.

21 Il faut recruter tous les hommes aptes de plus de 18 ans".

22 Vous n'êtes pas arrivé au quartier général avant à peu près le

23 1er novembre 1992, Général, et je suppose que votre prédécesseur était

24 chargé de cette tâche, mais avez-vous eu connaissance de ce document

25 néanmoins et de cet ordre d'entraîner de nouvelles recrues qui n'auraient

Page 12691

1 pas servi dans les rangs de la JNA ?

2 M. Marin (interprétation). - Oui. Le document était signé par le

3 général Blaskic. Je reconnais sa signature. Le document était créé avant

4 mon arrivée au commandement de la zone opérationnelle mais pour autant que

5 je le sache, cette activité dont il est question dans le point trois,

6 n'était pas mise en oeuvre durant cette période-là.

7 M. Kehoe (interprétation). - Général, un projet global

8 d'entraînement des nouvelles recrues à été mis sur pied par le général

9 Petkovic, n'est-ce pas ? Général du HVO en septembre 1992.

10 M. Marin (interprétation). - Je me souviens de ce programme

11 d'entraînement. Je ne sais pas très exactement à quel moment il a été

12 publié mais comme je l'ai dit, je vous ai expliqué comment nous

13 fonctionnions et travaillions au sein du commandement de la zone

14 opérationnelle

15 Pour autant que je sache, en ce qui concerne cette tâche dans la

16 région de la Vallée de la Lasva, donc Busovaca, Novi Travnik et une partie

17 de la municipalité de Travnik, nous avons passé une partie de l'année 1993

18 à accomplir cette tâche dans les conditions improvisées où nous avons

19 placé les recrues dans l'école primaire de Nova Bila. C'est l'unique

20 activité en

21 1993 durant cette période la dont je me souvienne.

22 M. le Président. - Général, je tiens à vous montrer à nouveau la

23 pièce 456/107, un autre document qui provient du colonel Blaskic.

24 M. le Président. - Vous préférez que nous fassions la pause

25 maintenant car je vois qu'on a quelque difficulté à trouver le document.

Page 12692

1 Monsieur Dubuisson, l'avez-vous trouvé ? Nous ferons la pause juste après

2 l'examen de ce document.

3 M. Kehoe (interprétation). – Oui, Monsieur le Président. Merci.

4 Général, vous avez dit en rapport avec la pièce précédente, que

5 l'entraînement des recrues n'étaient pas totalement terminé. Nous avons

6 devant nous cette pièce, la pièce 456/107, une communication par paquet à

7 nouveau émanant du général Blaskic du 19 novembre 92.

8 Il semble que le programme d'entraînement soit relativement

9 élaboré ; je crois que les hommes doivent se lever à 6 heures, il y a la

10 promenade du matin, ensuite, le petit déjeuner, l'inspection, première

11 période d'entraînement, pause, deuxième pause, troisième pause, quatrième,

12 ensuite le déjeuner et., cela jusqu'à la fin de la soirée.

13 Et en bas, qu'est il dit ? Je garde à l'esprit votre remarque

14 sur l'entraînement dans les casernes. Ce programme doit s'appliquer à

15 toutes les casernes c'est-à-dire les bâtiments où sont logés les membres

16 des forces armées sur le territoire de la zone opérationnelle de Bosnie

17 Centrale et les commandants des casernes doivent respecter le programme

18 ci-dessus. Etes-vous d'accord avec moi pour dire que, pour un endroit où

19 aucun entraînement n'a lieu, il s'agit d'un programme et d'un horaire

20 relativement sophistiqué ?

21 M. Marin. (interprétation). - Oui, c'est un horaire sophistiqué

22 Effectivement, si je me souviens bien, cela était recopié du règlement de

23 l'ancienne JNA et cet emploi du temps existe dans chaque armée bien

24 organisée. C'était notre aspiration et c'est pour cela qu'on a envoyé ce

25 document à nos subordonnés pour qu'ils sachent comment réagir s'ils se

Page 12693

1 trouvaient dans des conditions nécessaires.

2 M. Kehoe (interprétation). - Mais au bout du compte, Général,

3 Blaskic a ordonné que l'entraînement soit organisé et c'est bien ce qui

4 s'est produit. Les soldats ont subi cet entraînement, n'est-ce pas ?

5 M. Marin. (interprétation). - L'entraînement ne se déroulait pas

6 conformément aux ordres donnés, et j'ai indiqué quand et dans quelles

7 conditions ce genre d'entraînement comprenant les recrues se passait dans

8 la région de la Vallée de la Lasva c'est-à-dire de la zone opérationnelle

9 de la Bosnie Centrale.

10 M. Kehoe (interprétation). - Je pense qu'il est temps de faire

11 la pause si cela vous convient.

12 M. le Président. - Nous allons faire une pause, nous reprendrons

13 à 16 heures 15.

14 L'audience, suspendue à 15 heures 55, est reprise à 16 heures

15 17.

16 M. le Président. - Nous reprenons l'audience. Vous introduisez

17 l'accusé.

18 (L'accusé est introduit dans le prétoire).

19 M. le Président. - Maître Kehoe ?.

20 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président, merci.

21 Nous allons passer à une nouvelle pièce. Puis-je la faire passer à

22 l'huissier ?

23 Monsieur le Président, il n'y a pas de traduction en Français de

24 ce document mais elle vous parviendra.

25 C'est un document de plusieurs pages, par conséquent il sera

Page 12694

1 peut-être difficile de le placer sur le rétroprojecteur, peut-être

2 pourrions-nous simplement passer la première page.

3 M. le greffier. - Document 484, 484A pour la version anglaise.

4 M. Kehoe (interprétation). - Général, connaissez-vous ce manuel

5 d'entraînement signé sur la page de garde par le général

6 Milivoy Petkovic* ?

7 M. Marin (interprétation). - J'ai vu un tel plan et programme

8 dans le commandement de la zone opérationnelle.

9 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, si nous parcourons ce document sans

10 en lire, d'ailleurs, tous les passages, nous remarquons qu'il s'agit d'un

11 entraînement s'étalant sur une période de vingt-deux jours et destiné aux

12 nouvelles recrues de la communauté croate d'Herceg-Bosna n'est-ce pas ?

13 M. Marin (interprétation). - Oui, c'est ce qui est clair sur la

14 base de ce document.

15 M. Kehoe (interprétation). - S'agit-il là du type d'entraînement

16 envisagé par le colonel Blaskic dans la pièce précédente lorsque nous

17 avons vu cet emploi du temps d'entraînement s'étalant de six heures du

18 matin jusqu'à 21 heures ?

19 M. Marin (interprétation). - Si on établit un lien avec entre

20 ce document et le document que l'on a vu tout à l'heure, je ne peux pas

21 dire qu'il y a un lien direct, mais d'après les horaires, l'emploi du

22 temps si on peut faire la comparaison dans ce cas-là, on pourrait établir

23 avec précision s'il y a eu un lien ou pas. Si on comparait les activités

24 prévues à des heures différentes.

25 M. Kehoe (interprétation). - Cet entraînement de base envisagé

Page 12695

1 par Blaskic est mis sur pied par le général Petkovic, regardez bien ce

2 document, on y constate un certain nombre d'aspects différents

3 d'entraînements destinés aux jeunes recrues n'est-ce pas ?

4 Entraînements sur armes à feu, entraînements sur mortier,

5 entraînements sur armes d'infanterie, soins médicaux, génie militaire,

6 exercice physique, tactique etc... Ce sont des sujets relativement divers

7 n'est-ce pas ?

8 M. Marin (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Je souhaite

9 parler un peu plus longuement de ce document et expliquer le document

10 précédent également. Au sein du HVO, ce programme existait et les ordres

11 existaient. Nous avons pu voir déjà un grand nombre d'ordres délivrés par

12 le commandant de la zone opérationnelle en ce qui concerne le volontariat

13 ou le

14 système de fonctionnement. Et on a eu un grand nombre d'ordres en ce qui

15 concerne l'entraînement également. Donc, au niveau de l'état-major et du

16 commandement de la zone opérationnelle, nous essayons, dans le cadre de

17 l'organisation de l'armée, de faire de notre mieux pour accomplir cette

18 tâche. Cependant, la situation sur le terrain était différente. C'est pour

19 cela que nous avons un grand nombre, un nombre relativement grand d'ordres

20 donnés par le général Blaskic durant une période courte. En ce qui

21 concerne l'accomplissement de certaines actions, nous avons vu cela en ce

22 qui concerne les activités criminelles par exemple et en ce qui concerne

23 d'autres activités. Monsieur Blaskic en tant que soldat professionnel

24 savait de quelle manière il fallait créer une armée. C'est pour cela qu'il

25 voulait faire en sorte que les lois en vigueur à l'époque soient

Page 12696

1 respectées mais la situation sur le terrain était différente et la mise en

2 oeuvre de tout cela sur le terrain ne correspondait pas à nos souhaits, ni

3 aux ordres donnés par le commandant de la zone opérationnelle.

4 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit, Général, que vous

5 connaissiez ce document, que vous l'aviez déjà vu au quartier général de

6 la zone opérationnelle n'est-ce pas ?

7 M. Marin (interprétation). - Oui, je connais ce document et je

8 l'ai vu au sein du commandement de la zone opérationnelle.

9 M. Kehoe (interprétation). - Donc, vous l'avez vu au cours de la

10 période au cours de laquelle vous étiez chargé des entraînements n'est-ce

11 pas ?

12 M. Marin (interprétation). - Oui lorsque je suis arrivé au

13 commandement de la zone opérationnelle je ne me souviens pas très

14 exactement du moment où ce programme, ce document est arrivé, ce programme

15 que l'on devait mettre en oeuvre.

16 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, consultez rapidement ce

17 document et dites-nous s'il y a une quelconque remarque ou une disposition

18 qui demande que ces jeunes recrues soient formées aux lois et coutumes de

19 la guerre des conventions de Genève. Non, n'est-ce pas ?

20 M. Marin. (interprétation). - Oui, dans ces documents donc, le

21 document que j'ai

22 sous mes yeux, ces sujets-là ne sont pas abordés.

23 M. Kehoe (interprétation). - Outre ce manuel d'entraînement, en

24 tant que responsable des entraînements, vous connaissiez également le

25 manuel des forces armées émis par la communauté croate d'Herceg-Bosna et

Page 12697

1 plus particulièrement par le HVO ou par le département du ministère de la

2 défense du HVO, n'est-ce pas ?

3 M. Marin. (interprétation). - Il y avait plusieurs manuels.

4 Veuillez me montrer le manuel pour voir de quelle période il date étant

5 donné que l'état-major général a publié plusieurs manuels en 1993-94 et

6 donc je ne sais pas de quel manuel vous parlez. Donc, si je peux le voir,

7 je peux répondre plus précisément à votre question.

8 M. Kehoe (interprétation). – Naturellement, Général, il s'agit

9 d'un document où il est écrit "Mostar 1992" et nous n'avons traduit que le

10 sommaire de ce document. Nous n'avons donc pas une traduction pour les

11 autres parties de ce texte. C'est en cours dans les différents

12 départements de traduction, BCS et français actuellement.

13 M. le greffier (interprétation). - Document 485 ; 485-A pour la

14 traduction de l'index.

15 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous avez dit qu'il

16 existait plusieurs manuels.

17 M. Hayman (interprétation). – Pourrions-nous en avoir un

18 exemplaire ?

19 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, vous n'en avez pas

20 reçu ? Celui-ci peut être alors placé sur le rétroprojecteur.

21 M. Kehoe (interprétation) - Monsieur Dubuisson, pouvez-vous

22 placer cet exemplaire sur le rétroprojecteur ?

23 Général, vous avez dit qu'il existait plusieurs manuels émanant

24 du HVO.

25 M. Marin. (interprétation). – Oui, depuis la date de création du

Page 12698

1 HVO qui a été créé en avril 1992, et qui a existé jusqu'à la date de

2 transformation de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO en armée de la

3 Fédération. Dans cette période, un certain nombre de manuels ont été

4 édités, que nous devions utiliser et que nous avons utilisés dans

5 l'entraînement de nos unités. Lorsque vous m'aviez dit que vous en aviez

6 un exemplaire, que vous possédiez un manuel, c'est la raison pour laquelle

7 je vous ai demandé de me présenter ce manuel de façon que nous puissions

8 en parler concrètement.

9 M. Kehoe (interprétation). - Vous venez de faire remarquer que

10 c'était un manuel utilisé pour entraîner vos soldats, n'est-ce pas ?

11 M. Marin. (interprétation). - Ce manuel-ci ? Nous voyons ici un

12 certain nombre de dispositions, l'entraînement des forces armées, je

13 regarde ce qui figure dans le texte. Un instant s'il vous plaît.

14 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai sous les yeux une partie

15 seulement du manuel complet et le manuel complet était intitulé : "règles

16 générales destinées aux forces armées". Nous avions un volume en quatre

17 parties qui portait donc quatre titres différents et ce que j'ai sous les

18 yeux constitue uniquement les instructions générales, les règles générales

19 destinées aux forces armées.

20 M. Kehoe (interprétation). - Vous le connaissez mieux que moi,

21 Général. Combien d'autres volumes s'ajoutent à celui-ci ?

22 M. Marin. (interprétation). – Monsieur le Président, ce manuel

23 complet se compose de trois parties : une partie qui est un manuel

24 destinée aux forces armées, une autre partie qui comporte les instructions

25 pratiques relatives à la mise en oeuvre, et une troisième partie qui est

Page 12699

1 le code de conduite.

2 Donc, ici nous n'en avons qu'une seule partie qui détermine la

3 façon dont les soldats doivent se comporter dans le cadre de leur travail

4 pratique mais pas du point de vue tactique ni au combat.

5 Ceci indique comment le soldat doit s'adresser à ses supérieurs,

6 comment il doit se mettre au garde-à-vous ou au repos, donc voilà les

7 règles qui sont consignées dans le manuel que nous avons sous les yeux.

8 M. Kehoe (interprétation). - Le manuel d'instruction destiné aux

9 forces armées dont ce volume fait partie est assez volumineux ?

10 M. Marin. (interprétation). - Ce manuel est intitulé "règlement

11 général destiné aux forces armées" et il se compose des instructions, du

12 manuel d'application et du code de conduite. Mais, la partie que nous

13 avons sous les yeux est la plus importante, s'agissant d'entraîner les

14 forces armées.

15 M. Kehoe (interprétation). - Donc ceci est un volume sur un

16 total de quatre, c'est ce que j'essayais de vous faire dire. Il existe

17 trois volumes supplémentaires ?

18 M. Marin. (interprétation). - Oui, oui, oui. Le quatrième volume

19 concerne la discipline.

20 M. Kehoe (interprétation). - Ce manuel d'entraînement a-t-il été

21 adapté de celui qui avait cours en République de Croatie ? Je vous prie de

22 jeter un coup d'oeil au premier paragraphe qui suit l'index.

23 M. Marin. (interprétation). - Je ne peux pas affirmer que c'est

24 une adaptation ou pas de ce manuel. Celui qui le sait le mieux, c'est

25 l'auteur du manuel que nous avons entre les mains.

Page 12700

1 Mais une grande partie de son contenu, parce que je l'ai

2 parcouru, est pratiquement repris du manuel de l'ex-JNA mais il a été

3 adapté sur le plan de la langue par l'utilisation de termes

4 croates car il convient de comprendre que ces manuels ont été édités

5 pendant la guerre et il n'existait pas d'équipe experte, d'équipe

6 suffisamment compétente pour créer quelque chose de totalement nouveau.

7 M. Kehoe (interprétation). – Pouvez-vous lire la première phrase

8 du premier paragraphe ? Je demanderai que ce texte soit placé sur le

9 rétroprojecteur en BCS de façon à ce que les interprètes puissent lire le

10 texte.

11 M. Marin. (interprétation). - Chapitre 1 – Instructions

12 générales. Dans ce manuel d'exercice on définit les comportements en

13 exercices des individus et des pelotons, compagnies et bataillons de

14 l'armée croate.

15 "Les services et autres organismes qui ne sont pas entraînés sur

16 la base de ce manuel d'exercice doivent se conformer aux instructions qui

17 y figurent, et aux conditions qui y sont stipulées en matière d'armements,

18 d'équipements et de comportements".

19 M. Kehoe (interprétation). - Merci. Général. Outre les recrues

20 qui subissaient cet entraînement et en dehors de ce manuel, Blaskic a

21 également émis des ordres destinés à mettre en place un entraînement

22 spécialisé destiné y compris à des unités spéciales, n'est-ce pas ?

23 M. Marin (interprétation). - J'aimerais voir ce document.

24 M. Kehoe (interprétation). - Absolument. Pièce à

25 conviction 456/2, nous nous concentrerons sur le paragraphe trois de ce

Page 12701

1 document. Je me répète. C'est un document qui est daté du

2 26 septembre 1992 à 12 heures. Il émane du commandement de la zone

3 opérationnelle de Bosnie centrale et est signé par le colonel Blaskic. Et

4 son sceau figure également sur le document, n'est-ce pas Général ?

5 M. Marin (interprétation). - Oui. La signature est celle du

6 général Blaskic.

7 M. Kehoe (interprétation). - Nous allons le lire rapidement.

8 "C'est un ordre qui a pour but de constituer des unités, numéro de

9 référence en vertu de l'ordre numéro 01-2173/92 en date du

10 21 septembre 1992 du quartier général et en vue de veiller à l'exécution

11 en temps

12 utile et pleine et entière des tâche assignées aux unités spéciales

13 d'opérations de combats ainsi qu'à assurer l'intervention dans les zones

14 menacées, j'émets l'ordre suivant et je vous demande de prêter attention

15 au premier paragraphe.

16 1. Emettre immédiatement..."

17 (L'interprète ne voit pas le texte qui a été relevé sur le

18 rétroprojecteur.)

19 M. le greffier (interprétation). - Nous n'avons plus de

20 traduction en Français, il

21 serait préférable que nous mettions le document correctement sur le

22 rétroprojecteur.

23 Interprète. - Merci.

24 M. Kehoe (interprétation). - Je suis désolé. En fait c'est le troisième

25 paragraphe que je lis. Donc : "Commencez immédiatement des exercices et

Page 12702

1 des entraînements destinés aux unités spéciales (PPN) chargées

2 d'opérations d'attaques ( Entraîner les unités spéciales au niveau des

3 pelotons) et se concentrer sur les éléments suivants : groupes antichars,

4 groupes de tireurs embusqués, groupes chargés de détruire les points de

5 tir, groupes de bombardements, groupes chargés de la liquidation à l'aide

6 d'acier froid, groupes destinés à nettoyer les tranchées et à communiquer

7 entre les tranchées et groupes de déploiements de reconnaissance vis-à-vis

8 de l'ennemi". Je crois qu'il s'agit là, n'est-ce pas, Général, de tâches

9 très précises qui sont énumérées le 21 septembre 1992 par le colonel

10 Blaskic, n'est-ce pas ?

11 M. Marin (interprétation). - Dans cet ordre, nous n'avons pas le

12 programme d'entraînement, nous avons simplement une série de tâches pour

13 lesquelles il convient que des groupes soient constitués.

14 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il convient de prêter

15 attention à la date d'émission de ce document et de lier cette date à la

16 situation que nous vivions dans la zone de responsabilité de la zone

17 opérationnelle de Bosnie centrale.

18 La date est celle du 26 septembre 92 et à cette époque sur le

19 territoire des municipalités de Zepce, Jajce, Novi Travnik, Kiseljak

20 Travnik, Bugojno, se produisaient des attaques très intenses de la part de

21 l'armée de la Republica Srpska. Lorsque j'ai parlé de l'organisation de

22 l'armée j'ai dit que nous n'avions pas de forces suffisantes pour faire

23 front. En effet comment répondre à cette demande quand, sur le front, nous

24 n'avions aucune possibilité en cas de chute du front en question.

25 Nous n'avions pas, en cas de percées des unités de l'armée de la

Page 12703

1 Republika Srpska, de possibilités de réagir. A cette époque, le commandant

2 responsable de la tenue du front en question a eu l'idée -et je dis bien,

3 cela s'est déjà passé en 1992- a eu l'idée donc qu'il était le plus

4 rationnel et le plus efficace de créer ce type d'unité dans de telles

5 situations et c'est le motif qui a présidé à la rédaction de cet ordre.

6 Je sais que le présent ordre, compte tenu des situations et

7 conditions en vigueur sur le terrain, était très semblable à ceux que j'ai

8 mentionnés lorsque j'ai parlé de l'entraînement. Je sais que cet ordre n'a

9 pas été complètement appliqué. Les forces qui sont mentionnées dans ce

10 texte, pour ce qui nous concerne dans la zone opérationnelle de Bosnie

11 centrale, nous n'en avons jamais disposé.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, suffit-il de dire sur la

13 base de ce que nous avons vu cet après-midi, et je pense que vous

14 conviendrez avec moi que le 20 septembre, le colonel Blaskic a émis un

15 ordre portant sur l'entraînement des nouvelles recrues, que nous avons vu

16 dans la pièce à conviction 457, 456/79 et que le 26 septembre, il a émis

17 un ordre destiné à l'entraînement des unités spéciales où il demandait

18 plus de discipline et plus d'expérience.

19 Nous avons discuté également un ordre du 19 novembre 1992 qui

20 était un emploi du temps assez élaboré relatif à l'entraînement à fournir

21 dans les casernes où étaient logées les recrues. Serez-vous d'accord avec

22 moi pour dire que c'est un emploi du temps très élaboré et que vous étiez

23 responsable de l'entraînement ?

24 M. Marin (interprétation). - Je conviens avec vous sur ce qui

25 suit : ces documents ont été rédigés et signés par le commandant de la

Page 12704

1 zone opérationnelle, mais je ne peux pas convenir avec vous que ce qui

2 figure dans ce texte a été mis en oeuvre. Je répète une nouvelle fois,

3 vous avez vu le grand nombre d'ordres émis par le commandant Blaskic au

4 sujet de l'entraînement. Sur quelques jours, nous avons trois textes qui

5 ont été émis avec des emplois du temps, mais nous

6 n'avons pas pu mettre en oeuvre ces instructions sur le terrain et j'ai

7 expliqué pourquoi. S'agissant de l'emploi du temps que nous avons examiné

8 également, cet emploi du temps concernait les soldats ou les groupes de

9 soldats qui se trouvaient dans la caserne de Travnik aux côtés des unités

10 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ainsi que les soldats qui se trouvaient

11 dans la caserne de Kiseljak.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, après le

13 1er novembre 1992, quand vous avez repris le commandement de la section

14 des opérations et de l'entraînement, est-ce que vous avez commencé à

15 entraîner des soldats du HVO ?

16 M. Marin (interprétation). - Dans les conditions dans lesquelles

17 j'ai repris les responsabilités de chef des opérations, à ce moment-là,

18 sur le terrain des combats, nous avions une situation tout à fait

19 différente. Jajce était tombée et nous nous battions aux côtés des membres

20 de l'armée de Bosnie-Herzégovine pour arrêter, pour empêcher la percée de

21 l'armée de la Republika Srpska.

22 A Zepce, nous avions également une situation difficile. Au

23 moment où je suis arrivé au commandement de la zone opérationnelle, la

24 guerre se développait très rapidement et au mois de juin, au mois de

25 juillet, au mois d'avril, ce qui portait sur les formes d'entraînement n'a

Page 12705

1 pratiquement pas été appliqué parce que la réalité sur le terrain était

2 tout à fait différente et les besoins sur le terrain étaient donc très

3 différents. Voilà ce qui se passait sur le terrain, je vous parle de ce

4 qui se passait sur le terrain alors que les documents stipulent quelle

5 était la volonté du commandant, quelle était son intention en vue de créer

6 une armée organisée.

7 M. Kehoe (interprétation). - Peut-être n'avez-vous pas compris

8 ma question, Général. Lorsque vous avez le 1er novembre 1992 pris vos

9 fonctions, est-ce que vous avez supervisé ou est-ce que vous avez eu quoi

10 que ce soit à voir avec la formation de soldats du HVO, vous-même

11 personnellement ?

12 M. Marin (interprétation). - de l'entraînement. Quand j'ai pris

13 mes fonctions, quand j'ai pris les fonctions de chef du département, je me

14 suis surtout concentré sur la constitution du front et la position du

15 front. Je n'avais en fait pas le temps de m'occuper d'autres choses, et

16 notamment

17 M. Kehoe (interprétation). - Pour que les choses soient tout à

18 fait claires au compte rendu, vous avez pris vos fonctions le

19 1er novembre 1992, je crois que j'ai fait erreur tout à l'heure en

20 disant 1993, mais maintenant Général, je voudrais vous montrer un autre

21 document.

22 M. le greffier (interprétation). - Document 486 et 486A pour la

23 version anglaise.

24 M. Kehoe (interprétation). - Je vous demande de jeter un coup

25 d'oeil à ce document, Général. Est-ce votre signature qui est apposée sur

Page 12706

1 ce document ?

2 M. Marin (interprétation). - Ceci n'est pas ma signature, c'est

3 quelqu'un qui a signé ce document en mon nom.

4 M. Kehoe (interprétation). - Donc ce document était signé en

5 votre nom, mais par qui ?

6 M. Marin (interprétation). - Si vous me permettez, j'aimerais

7 d'abord lire le contenu de ce document et j'arriverai peut-être à une

8 conclusion

9 M. Marin (interprétation). - Ce document a été signé par le

10 permanent opérationnel, peut-être que c'était mon adjoint, mais je ne me

11 rappelle pas qui était mon adjoint le 23 novembre 1992. Cependant, si vous

12 souhaitez une réponse, pour savoir s'il y avait des entraînements quant à

13 l'utilisation des armes, je peux vous répondre. S'agissant des armes

14 lourdes dont nous disposions, elles étaient situées à des emplacements

15 précis et l'entraînement était placé sous la responsabilité du chef des

16 armes d'artillerie, l'entraînement se faisait sur les emplacements de feu.

17 M. Kehoe (interprétation). - Lisons ce texte, Général,

18 le 23 novembre 1992, je crois que c'est M. Franjo Sliskovic, celui dont

19 vous avez déjà parlé qui est donc l'adjoint à la logistique de la zone

20 opérationnelle de Bosnie Centrale. Le texte se lit comme suit : nécessité

21 de fournir des dispositifs de vision équipés d'un canon "SISE". Il est

22 nécessaire de toute urgence d'assurer la présence de dispositifs de vision

23 pour canon "SISE" ainsi que des jumelles. Vérifier que la brigade Bradsvo

24 de Novi Travnik possède ces dispositifs dans son département

25 de logistique.

Page 12707

1 Ce qui précède concerne des dispositifs nécessaires pour

2 l'entraînement des nouvelles recrues. Donc les équipes étaient entraînées

3 pendant cette période-là n'est-ce pas, Général ?

4 M. Marin (interprétation). - Monsieur le Président, eu égard à

5 ce canon précis, le canon "SISE", nous n'en possédions que deux dans toute

6 la Vallée de la Lasva

7 M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous entraîné les

8 hommes ?

9 M. Marin (interprétation). - Oui, j'ai travaillé à

10 l'entraînement des hommes appartenant aux bataillons d'artillerie et

11 s'agissant de l'artillerie dans la zone opérationnelle, c'est le chef du

12 département d'artillerie qui était responsable de l'entraînement.

13 M. Kehoe (interprétation). - Mais, Général, il y a quelques

14 minutes, vous nous avez dit que vous n'avez pas participé à l'entraînement

15 pendant cette période, donc à ce moment-là, ce que vous avez dit aux juges

16 à ce Tribunal n'était pas exact et n'était pas précis n'est-ce pas ?

17 M. Marin (interprétation). - Je ne suis pas d'accord avec votre

18 constatation. J'ai dit que le gros de mon travail au moment où je suis

19 arrivé dans la zone opérationnelle consistait à déterminer et tenir les

20 lignes de front car c'était ce qu'exigeait la situation sur le terrain et

21 c'est donc pour cette raison que je me suis occupé surtout de cette tâche

22 pendant cette période. Bien entendu, il y avait d'autres tâches à mettre

23 en oeuvre dans la zone opérationnelle, mais concrètement l'organisation de

24 l'entraînement à grande échelle, ce qui eut été une nécessité au niveau où

25 je me trouvais. Si nous en avions eu la possibilité si cela avait été

Page 12708

1 possible sur le terrain, eh bien, cela je ne l'ai pas fait dans la

2 pratique.

3 M. Kehoe (interprétation). - Général, l'entraînement dans la

4 zone opérationnelle de Bosnie Centrale s'est-il poursuivi y compris

5 jusqu'au moment où les hostilités ont éclaté avec les Musulmans de

6 Bosnie ?

7 M. Marin (interprétation). - L'entraînement de base

8 c'est-à-dire la formation

9 essentielle mise en oeuvre dans la zone opérationnelle de Bosnie Centrale

10 était effectivement un entraînement relatif au maniement d'armes précises

11 c'est-à-dire que si vous faisiez partie de l'infanterie on vous apprenait

12 comment manier une arme légère. Si vous étiez chargé de vous occuper d'une

13 pièce d'artillerie que vous ne connaissiez pas avant, ceux qui étaient là

14 avant vous et qui connaissaient le maniement de ces armes d'artillerie

15 formaient le nouveau soldat affecté à cette responsabilité au moment où

16 eux-mêmes remplissaient leur fonction sur les positions où ils étaient

17 déployés.

18 Quant aux autres éléments de l'entraînement déterminés dans le

19 plan dans le manuel que nous avons vu tout à l'heure et nous avons vu que

20 ce document était très détaillé, ces différentes formes d'entraînement

21 n'étaient pas mises en oeuvre dans tous leurs éléments avec les horaires

22 qui étaient mentionnés et dans le respect de toutes les instructions qui

23 figuraient dans le programme que nous avons vu tout à l'heure.

24 M. Kehoe (interprétation). - Général, après l'éclatement du

25 conflit, entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, au début du mois

Page 12709

1 de janvier, excusez-moi à la fin du mois de janvier et au début du mois de

2 février 1992, il y a eu un cessez-le-feu signé le 13 février 1993 et je

3 crois que plusieurs documents ont été présentés par la défense au sujet de

4 ce cessez-le-feu n'est-ce pas ?

5 M. Marin (interprétation). - Excusez-moi, vous me demandez à

6 quelle date a été conclu le cessez-le-feu ?

7 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que nous conviendrons que

8 ces documents ont été signés le 13 février 1993 entre

9 Enver Hadzi Hasanovic et le colonel Blaskic. Après que le conflit entre

10 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO a cessé au mois de février,

11 Blaskic a-t-il ordonné que les troupes du HVO soient entraînées davantage

12 que par le passé ?

13 M. Marin (interprétation). - Non, nous n'avons pas décidé

14 d'entraînement supplémentaire, mais en 1993, la seule forme d'entraînement

15 que nous avons mise en oeuvre,

16 s'est réalisée dans l'école primaire de Nova Bila avec un groupe de

17 nouvelles recrues. Il s'agissait de nouvelles recrues et nous les avons

18 entraînées dans les conditions où nous nous trouvions et grâce aux moyens

19 dont nous disposions. Cette forme d'entraînement se composait

20 principalement d'entraînement au maniement d'armes légères

21 M. Kehoe (interprétation). - Je demanderai que l'on examine

22 maintenant la pièce à conviction 456/15.

23 M. Riad (interprétation). - Maître Kehoe, au compte rendu vous

24 semblez avoir dit qu'après le conflit entre l'armée de Bosnie-Herzégovine

25 et le HVO, après qu'il a cessé au mois de février, est-ce que ce conflit a

Page 12710

1 cessé ?

2 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président,

3 Monsieur le Juge Riad, les documents soumis par la défense par le

4 truchement du général Marin et également par le truchement du

5 colonel Remy Landry qui faisait partie des forces canadiennes et de

6 l'ECMM, nous avons vu que le conflit dans la région de Busovaca entre

7 l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO s'est déroulé à la fin du mois de

8 janvier et au début du mois de février. Toute une série de documents

9 ordonnant un cessez-le-feu et diverses mesures à appliquer ont été signés

10 le 13 février 1993 par l'accusé ainsi que par le général Hadzi Hasanovic.

11 M. Riad (interprétation). - C'est donc le sens que vous donnez

12 au mot "cessez" ?

13 M. Kehoe (interprétation). - Ce n'est peut-être pas tout à fait

14 précis.

15 M. Riad (interprétation). - Je voulais savoir quelle était la

16 date de la fin du conflit.

17 M. Kehoe (interprétation). - Peut-être que c'était simplement

18 une accalmie mais en tout cas ces documents ont été signés le 13 février.

19 M. Riad (interprétation). - Je vous remercie.

20 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vous prierai de jeter

21 un coup d'oeil à ce document. C'est un document de deux pages, qui date

22 du 13 février 1993, du jour de la signature de ces accords. Et je crois

23 que c'est encore un document qui a été transmis par paquet

24 n'est-ce pas ?

25 M. Marin (interprétation). - Oui, en effet.

Page 12711

1 M. Kehoe (interprétation). - Je vous demanderai de regarder le

2 coin en haut à gauche de ce document. Qui a rédigé ce document ? SM

3 qu'est-ce que cela signifie ?

4 M. Marin (interprétation). - SM ce sont mes initiales.

5 M. Kehoe (interprétation). - Ce sont vos initiales, donc vous

6 êtes l'auteur de ce document ?

7 M. Marin (interprétation). - Sur la base des ordres que j'ai

8 reçus du commandement de la zone opérationnelle, j'ai rédigé ce document.

9 M. Kehoe (interprétation). - Bien entendu, je ne voulais rien

10 dire d'autre, Général, je voulais simplement que nous lisions quelques

11 passages de ce document qui est adressé à plusieurs unités. Il est

12 intitulé "Ordres d'organisation pour de nouvelles actions", je lis le

13 texte : "Compte tenu des activités extrêmes de la part de l'ennemi et de

14 l'insuffisance de commandement et de contrôle de la part des unités du HVO

15 et en vue d'augmenter le niveau d'aptitude au combat, j'ordonne ce qui

16 suit :

17 Et prêtons attention au point 4 de cette liste de douze

18 paragraphes donc, quatrième paragraphe je cite :

19 "Mettre en oeuvre un entraînement complémentaire et une pratique

20 de tir réel destinés aux groupes de tireurs embusqués de toutes les unités

21 de la SBOZ, zone opérationnelle de Bosnie Centrale. La personne

22 responsable de cette tâche sera l'adjoint à l'ONP de l'unité. La

23 surveillance et la supervision seront réalisées par l'adjoint ONP du

24 commandement de la zone opérationnelle de Bosnie Centrale". Fin de

25 citation.

Page 12712

1 Général, je vous ai demandé, il y a quelques minutes, si le

2 colonel Blaskic a demandé un entraînement complémentaire à la cessation

3 des conflits entre Bosnie-Herzégovine et le HVO à la fin février 1993.

4 Vous avait répondu non à ce moment-là. Souhaitez-vous

5 modifier votre réponse ?

6 M. Marin. (interprétation). - Monsieur le Président, je voudrais

7 apporter une réponse eu égard à ce document et répondre de façon plus

8 claire.

9 Ce document a été rédigé le 13 février 1993. Il est vrai qu'à ce

10 moment-là, il y a eu une interruption des conflits entre l'armée de

11 Bosnie-Herzégovine et le HVO.

12 Lorsque j'ai répondu aux questions de M. Nobilo, j'ai toujours

13 souligné un point à savoir que, nous, c'est-à-dire le HVO, à partir du

14 mois d'avril 1992, nous avions une ligne de front constante par rapport à

15 l'armée de la Républika Srpska et ce jusqu'au mois de juin 1993, date à

16 laquelle les unités du HVO qui faisaient face au front de l'armée de la

17 Republika Srpska ont été attaquées dans le dos par l'armée de

18 Bosnie-Herzégovine dans la région de Travnik.

19 Après le cessez-le-feu, lié à la région de Busovaca, les activités contre

20 l'armée de la Republika Srpska sur la ligne de front tenu par le HVO se

21 sont renforcées et nous nous sommes rendus compte qu'il existait un

22 danger, que l'armée de la Republika Srpska utilise le malentendu entre

23 Bosnie-Herzégovine et HVO pour attaquer nos fronts.

24 Il est visible que ce texte est adressé à toutes les unités du

25 HVO qui tenaient un front face à l'armée de la Republika Srpska. Cet ordre

Page 12713

1 est exclusivement lié à l'organisation et à la qualité de la défense

2 contre les unités de l'armée de la Republika Srpska. C'est la seule

3 réponse que je peux apporter à votre question.

4 M. Kehoe (interprétation). – Général, Blaskic a-t-il ou n'a-t-il

5 pas ordonné un entraînement complémentaire destiné à des tireurs embusqués

6 dans le cadre de cet ordre que vous avez rédigé vous-mêmes ?

7 La question est la suivante : est-ce qu'il y a eu un

8 entraînement supplémentaire aux tireurs embusqués suite à l'ordre de

9 Blaskic du 13 février ?

10 M. Marin. (interprétation). - S'agissant de l'entraînement des

11 snipers, je sais que les instructeurs, pour l'utilisation des snipers

12 n'existait pas dans la zone opérationnelle. Donc, cela

13 veut dire qu'il nous était impossible de mettre en oeuvre l'entraînement

14 des tireurs embusqués complètement. Donc, il faut avoir des instructeurs

15 spécialisés pour fournir un entraînement de qualité et pour que ces

16 personnes-là soient entraînées.

17 M. Kehoe (interprétation). – Connaissez-vous un homme du nom de

18 Vlado Ilic que l'on connaît aussi sous le nom de "golden eye", ou

19 "œil d'or" ? Lui-même était-il un tireur embusqué entraîné dans la zone de

20 Vitez sous le commandement de Blaskic et a t-il reçu une médaille des

21 mains du Président Boban pour avoir tué plusieurs personnes ? 72 ?

22 Connaissez-vous cette personne ?

23 M. Marin. (interprétation). - Je ne connais pas M. Vlado Ilic.

24 Vous avez dit qu'il était de Vitez ?

25 M. Kehoe (interprétation). - C'était un tireur embusqué de la

Page 12714

1 brigade de Vitez, oui.

2 M. Marin. (interprétation). - Je ne peux pas l'affirmer.

3 M. Kehoe (interprétation). – Connaissez-vous un homme surnommé "golden

4 eye" ou "oeil d'or" dans la zone de Vitez qui était tireur embusqué du

5 HVO ?

6 M. Marin. (interprétation). – Non, je ne connais pas une telle

7 personne.

8 M. Kehoe (interprétation). – Pouvez-vous me citer des exemples

9 au cours desquels un tireur embusqué du HVO dans la zone de Vitez a reçu

10 une récompense ou une médaille des mains de Mate Boban pour avoir tué 72

11 personnes ?

12 M. Marin. (interprétation). - Je n'ai jamais entendu parler

13 d'une telle décoration ni d'une telle personne. Veuillez m'indiquer la

14 période dont vous parlez parce que moi-même après les accords de

15 Washington, j'étais transféré au commandement à Tomislavgrad et j'ai passé

16 deux ans là-bas.

17 M. Kehoe (interprétation). - Peut-être que cette récompense lui

18 a été donné après les accords de Washington. C'est une possibilité.

19 Le HVO avait-il dans ses rangs un tireur embusqué ?

20 M. Marin. (interprétation). - Le HVO n'avait pas de tireurs

21 embusqués organisés.

22 Je souhaite vous expliquer qui étaient les tireurs embusqués

23 dans la guerre de Bosnie-Herzégovine du côté de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine et du HVO.

25 Pour autant que je le sache, le HVO, c'est-à-dire les soldats

Page 12715

1 qui se trouvaient sur les lignes de front, utilisaient comme snipers des

2 carabines de chasseur avec des lunettes, premièrement.

3 Deuxièmement, les fusils de type 48 improvisés, il s'agissait

4 d'improvisation, ensuite, je ne sais pas si quelqu'un avait un vrai sniper

5 militaire. Donc, ces armes-là s'utilisaient comme sniper sur les lignes de

6 front.

7 M. Kehoe (interprétation). - S'il vous plaît, pourrais-je voir

8 la série de pièces qui commence au n° 80. Je crois que cette pièce

9 présente la photo d'une arme qui nous intéressera.

10 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi Monsieur Dubuisson, il

11 s'agit de la pièce 82 ?

12 M. le Greffier. – 82 peut-être /10 et /9.

13 M. Kehoe (interprétation). - Pour le compte rendu, de quoi

14 s'agit-il ? De quelle pièce s'agit-il ?

15 M. l'Huissier. - 82/10.

16 M. Kehoe (interprétation). – Peut-on relever la photographie

17 quelque peu sur le rétroprojecteur afin que l'on voit bien le fusil qui

18 est présenté ? Voyez-vous ce fusil, Général ?

19 M. Marin (interprétation). – Oui, je vois ce fusil.

20 M. Kehoe (interprétation). - De quel type de fusil s'agit-il ?

21 M. Marin (interprétation). - Il s'agit d'un fusil à lunette de

22 dimensions de 12 sur 7 millimètres qui est utilisé pour neutraliser les

23 fortifications de l'ennemi qui sont un peu plus éloignées. Je ne peux pas

24 vous dire très exactement de quelle distance il s'agit, mais il s'agit

25 d'une distance supérieure au fusil à lunette régulier. Je me rappelle

Page 12716

1 également d'une déclaration

2 que le général Blaskic a donnée à la FORPRONU, je m'en suis souvenu en

3 voyant cette photo où les soldats du HVO montrent leurs armes en toute

4 fierté et je me rappelle qu'un commandant de la FORPRONU a fait des

5 reproches auprès du général Blaskic parlant de cela et le général Blaskic

6 a dit : "Si jamais vous voyez un quelconque soldat portant un fusil à

7 lunette dans la rue, vous êtes libre de lui retirer, de lui confisquer

8 cette arme." Cela, je me rappelle très bien parce qu'on racontait cette

9 histoire au sein de notre commandement.

10 M. Kehoe (interprétation). – Général, nous allons visionner

11 l'autre photographie afin que nous ayons une idée claire de ce dont nous

12 parlons. Quelle est la cote, s'il vous plaît, Monsieur l'Huissier ?

13 M. l'Huissier. - 82/9.

14 M. Kehoe (interprétation). - S'agit-il là du même fusil qui est

15 présenté sur cette seconde photographie ?

16 M. Marin (interprétation). – Oui, il s'agit du même fusil.

17 M. Riad (interprétation). - Un instant, qui aurait pu se saisir

18 de cette arme ? Vous venez de dire : "Si vous voyez quelqu'un porter ce

19 type d'arme, n'hésitez pas à vous en saisir". Mais qui aurait pu faire

20 cela ? L'officier de la FORPRONU ?

21 M. Marin (interprétation). - Le général Blaskic ayant entendu

22 les critiques de la FORPRONU disant que sur les routes utilisées à la fois

23 par la FORPRONU et les membres du HVO, que les membres de la FORPRONU ont

24 vu des soldats du HVO qui se vantaient de leurs armes, étant donné qu'il

25 s'agissait d'une arme très puissante et étant donné que le général Blaskic

Page 12717

1 (l'ordre existe) a interdit l'utilisation de ce genre d'armes, afin de

2 prouver à la FORPRONU qu'il était contre cela, tout ce qu'il pouvait dire

3 à ce moment-là, il a dit : "Soyez libre de saisir cela ou bien venez me

4 voir en disant qui est le soldat qui portait cette arme-là". C'est dans ce

5 contexte-là qu'il l'a dit.

6 M. Riad (interprétation). – Oui, mais était-ce de la compétence

7 des représentants de la FORPRONU de confisquer des armes des membres du

8 HVO ? Avaient-ils l'autorité nécessaire ? Merci.

9 M. Marin (interprétation). - Je ne connais pas tous les détails

10 de la mission et du mandat de la FORPRONU en Bosnie Centrale. Je ne sais

11 pas s'ils avaient la compétence de confisquer ce genre d'arme et dans

12 quelles conditions peut-être s'ils étaient menacés directement,

13 personnellement. Mais je ne peux pas vous donner une réponse à 100 %

14 exacte à cette question.

15 M. Riad (interprétation). - Merci.

16 M. Kehoe (interprétation). - Pour conclure sur ce document que

17 vous avez écrit le 13 février, il y avait en fait des groupes de tireurs

18 embusqués dans toutes les unités qui se trouvaient dans la zone

19 opérationnelle de Bosnie Centrale, n'est-ce pas exact ?

20 M. Marin (interprétation). - Je ne peux pas l'affirmer. Les

21 groupes de tireurs embusqués organisés n'existaient pas, étant donné qu'il

22 n'était pas possible de les organiser en tant que groupements de

23 formation. En ce qui concerne l'instruction des tireurs embusqués, je

24 connais des choses à ce sujet. Si vous avez une situation où il y a deux

25 personnes ayant des fusils à lunette improvisés tels que je les ai

Page 12718

1 décrites, vous ne pouvez pas les présenter comme un groupe de tireurs

2 embusqués. Un groupe de tireurs embusqués est un groupe de soldats très

3 bien entraînés qui savent comment utiliser ces armes-là dans toutes les

4 conditions atmosphériques et autres.

5 M. Kehoe (interprétation). - Le fait est que le colonel Blaskic

6 a demandé qu'un entraînement complémentaire soit assuré pour les unités,

7 toutes les unités qui se trouvaient dans la zone opérationnelle de Bosnie

8 Centrale et notamment pour les groupes de tireurs embusqués.

9 L'entraînement de ces nouvelles recrues s'est poursuivi pendant toute la

10 guerre jusqu'aux accord de Washington en Bosnie Centrale, n'est-ce pas ?

11 M. Marin (interprétation). - S'agissant de l'entraînement des

12 recrues, en ce qui

13 concerne la vallée de la Lasva, je sais que nous avons effectué

14 l'entraînement des recrues, je pense que c'était vers la fin du mois

15 d'août ou bien au mois de septembre 93, dans l'école, à Bila qui nous a

16 servi comme caserne. Etant donné que nous étions assiégés et coupés de

17 Kiseljak et de Zepce, je ne sais pas si eux aussi ont effectué une partie

18 d'entraînement.

19 Nous, nous l'avons fait, étant donné que nous avons subi

20 d'énormes pertes pendant la guerre, nous avons perdu des hommes et nous

21 avons dû réagir vite pour entraîner les jeunes hommes d'âge supérieur à

22 18 ans afin qu'ils puissent aider les soldats qui se trouvaient sur les

23 lignes de front.

24 Je vais vous donner un exemple : lorsque je suis allé à la

25 brigade de Vitez après l'attaque contre Krizancevo Selo, c'était en

Page 12719

1 décembre 93, et là, pendant une seule nuit, nous avons perdu 70 hommes,

2 moi en tant que commandant, j'ai dû me rendre pour une nuit, pour fournir

3 de l'aide et donc, même si nous n'avions pas suffisamment de possibilités,

4 ni de conditions afin d'entraîner les nouvelles recrues, nous avons décidé

5 de le faire de manière improvisée pour pouvoir les envoyer sur les lignes

6 de front un peu moins dangereuses, pour qu'ils puissent y rester et pour

7 que cela nous permette de nous retirer nous-mêmes.

8 C'est dans ces conditions-là que nous effectuions l'entraînement

9 dans la vallée de la Lasva en 1993.

10 M. Kehoe (interprétation). - Un instant, Monsieur le Président.

11 Je souhaiterais vous montrer la pièce de l'accusation 433/8,

12 s'il vous plaît. Pour vous rafraîchir la mémoire, il s'agit d'une photo

13 qui a été prise par Lee Whitworth qui était à l'époque capitaine du

14 régiment du Prince de Galles du Yorkshire. Je crois que c'était à la fin

15 de l'été ou au début de l'automne 1993, mais en tout cas, au cours du

16 mandat ou de la mission du régiment du Prince de Galles.

17 Général, c'est une photographie prise par un officier du

18 bataillon britannique à la fin de l'été ou au début de l'automne 1993.

19 Il a déclaré que ce sont des soldats du HVO s'entraînant dans la

20 rue aux alentours de Vitez ou dans Vitez.

21 Cette photographie correspond-elle, représente-t-elle le type

22 d'entraînement que subissaient les nouvelles recrues du HVO à Vitez et

23 dans les environs ?

24 M. Marin (interprétation). - Les recrues n'étaient pas

25 entraînées à Vitez, mais à Nova Bila. Cela dit, cela se trouve à

Page 12720

1 proximité, la distance n'est pas très grande entre Nova Bila et Vitez. Je

2 ne peux pas reconnaître, je ne peux pas vous dire s'il s'agit des recrues,

3 mais d'après ce que l'on voit sur cette photo, il est clair que les

4 recrues apprennent les activités de mouvements d'unités, c'est-à-dire

5 comment se déplacer de manière militaire. Ce genre d'entraînement figurait

6 dans la partie du manuel portant sur les exercices et donc, cela ne

7 concerne pas les opérations des combats et le plus grand nombre d'heures

8 d'entraînement a été consacré au maniement d'armes d'infanterie.

9 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, il y a

10 l'utilisation des armes d'infanterie, coopération, exercices entre soldats

11 et marches entre soldats, n'est-ce pas ? C'est bien ce qui est représenté

12 sur cette photographie ? Le pas militaire qui est appris à ces nouvelles

13 recrues ?

14 M. Marin (interprétation). – En période de paix, l'entraînement

15 de base des recrues est beaucoup plus approfondi. Je vous ai déjà expliqué

16 dans quelles conditions nous effectuions cet entraînement-là des recrues à

17 Nova Bila. Il s'agissait du mois de septembre, de la période où le HVO à

18 Vitez avait subi plus de 400 pertes, à Travnik 300, à Busovaca 250 pertes.

19 Donc, il s'agissait des conditions où nous n'avions pas suffisamment de

20 soldats sur les lignes de front et c'est pour cela que nous nous sommes

21 décidés à entreprendre cette mesure-là. Cet entraînement n'était pas

22 suffisant et il est certain que ces jeunes hommes ne pouvaient pas être

23 utilisés dans les opérations de combat de manière appropriée.

24 Je voudrais attirer votre attention sur ce relief,

25 Monsieur le Président, si vous voyez

Page 12721

1 le relief, les drapeaux verts constituent la région dans laquelle cet

2 entraînement se déroulait. Il s'agissait d'une période où il fallait

3 utiliser chaque homme pour qu'il aide à la défense du territoire.

4 M. Kehoe (interprétation). – Peut-on éloigner le rétroprojecteur

5 du Général, s'il vous plaît ?

6 Avant de passer à un autre sujet, mon affirmation est : vous

7 étiez chargé de l'entraînement, n'est-ce pas ? Et un entraînement était

8 effectivement assuré ?

9 M. Marin (interprétation). - Nous ne pouvons pas dire qu'il n'y

10 avait pas du tout d'entraînement, mais il s'agissait d'un entraînement

11 minime, qui permettait simplement de donner des bases pour que le soldat

12 puisse se comporter de manière appropriée sur les lignes de front en

13 assurant la défense, mais par rapport à l'entraînement.

14 M. Shahabuddeen (interprétation). - L'accusation vous pose la

15 question suivante : la conclusion de tout cela n'est-elle pas que vous

16 assuriez un entraînement ? Vous ne pouvez pas répondre en déclarant qu'un

17 tel entraînement dans sa forme à l'époque était minimal. Pouvez-vous, s'il

18 vous plaît, répondre à la question posée par le Procureur ?

19 M. Marin (interprétation). – Monsieur le Président,

20 Messieurs les Juges, nous effectuions un entraînement minime, minimal.

21 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, je suis sur

22 le point de passer à un sujet différent, je serais tout à fait heureux de

23 poursuivre, mais je voudrais savoir si vous souhaitez que nous entrions

24 dans un nouveau sujet ou non.

25 M. le Président. - Je suis prêt à interrompre, encore que nous

Page 12722

1 avons pris avec retard. Quel est le sujet que vous voulez aborder ou

2 préférez-vous attendre demain.

3 M. Kehoe (interprétation). - Nous allons maintenant aborder le

4 sujet abordé par le juge Riad, notamment sur les commandants et le pouvoir

5 de nommer ou de démettre de leurs fonctions certains commandements. Je

6 crois que le juge Riad en a déjà parlé il y a deux jours.

7 M. le Président. - Maître Hayman veut intervenir sur quel

8 sujet ?

9 M. Hayman (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Nous

10 aimerions avoir une idée du moment où le témoin suivant sera disponible et

11 où il comparaîtra. Est-ce que cela va être la semaine prochaine mais

12 quand ? Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi afin que nous puissions utiliser le

13 temps de la Cour le plus efficacement possible.

14 M. le Président. - Cela dépend d'abord du Procureur. Quand aura-

15 t-il terminé ? Ensuite cela dépendra de vous. Vous pourriez peut-être

16 exercer un droit de réplique. Cela dépendra enfin des juges. Donc, je ne

17 peux pas vous répondre. Peut-être que le Procureur qui détient pour

18 l'instant la clef de son propre contre-interrogatoire peut-il peut-être

19 nous dire quand est-ce qu'il aura terminé ou est-ce que vous comptez

20 utiliser un temps imprécis, indéfini, Maître Kehoe ?

21 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, à ce stade,

22 je crois que cela va rester un peu flou. Je ferai le plus vite possible,

23 mais ce sont des questions importantes qui ont été abordées par la défense

24 et il y a eu de nombreux documents que nous voulons utiliser également. Je

25 ne veux pas prolonger outre mesure ce contre-interrogatoire, nous avons

Page 12723

1 essayé de limiter le nombre de questions et j'essaierai de le faire moi-

2 même. Mais je ne peux pas vous donner de date précise. Etant donné les

3 questions que je dois encore poser au général, les questions dans le cadre

4 de l'interrogatoire supplémentaire et les questions qui seront sans doute

5 posées par les juges, je ne pense pas que nous citerons un autre témoin

6 cette semaine.

7 M. le Président. - Je voudrais quand même me concerter avec mes

8 collègues car les juges ont le devoir, à mon sens, de fixer quand même des

9 limites aux interrogatoires et contre-interrogatoires. On ne peut pas

10 utiliser comme cela un temps totalement indéfini. D'abord, il s'agit du

11 temps de la défense pour l'instant qui est utilisé au détriment de la

12 défense. Donc je voudrais me concerter avec les juges, avec mes collègues.

13 (Les juges se concertent sur le siège.)

14 M. le Président. - Les juges sont évidemment préoccupés du temps

15 qui est pris pour ce témoignage, mais en même temps sont conscients de

16 l'importance de ce témoignage. Alors, ils décident que l'accusation ne

17 devra pas prendre plus de temps qu'il n'en a été accordé, que n'en a pris

18 la défense pour présenter son témoignage. C'est la limite. L'accusation

19 pour son contre-interrogatoire ne devra pas excéder le temps total qu'a

20 pris la défense pour présenter son interrogatoire principal.

21 Deuxièmement, ça c'est la limite maximale. Les juges

22 recommandent au Procureur d'essayer, autant que faire se peut, de rester

23 en deçà de cette limite, c'est-à-dire d'essayer de terminer avant cette

24 limite de -je ne sais plus quels sont les nombres de demi-journée qui ont

25 été utilisées par la défense- Monsieur le greffier va nous le dire.

Page 12724

1 M. le greffier (interprétation). - En fait, jours/calendrier :

2 six jours et demi et jours/audience : 5 heures 20, il y en a eu quatre et

3 demi.

4 M. le Président. - Les juges demandent que votre contre-

5 interrogatoire n'excède pas quatre jours.

6 M. le greffier (interprétation). - Quatre jours et demi en temps

7 d'audience. Jours d'audience de 320 minutes.

8 M. le Président. - Voilà, quatre jours et demi de 320 minutes.

9 Et autant que possible, Monsieur le Procureur, les juges souhaiteraient

10 que vous terminiez avant. C'est une recommandation qu'ils vous font.

11 Ensuite, nous verrons, nous demanderons à la défense, compte tenu de ce

12 qu'aura été la substance de votre contre-interrogatoire, de nous fixer le

13 temps qu'il compte prendre.

14 Dernier point : au cas où pour des raisons exceptionnelles, vous

15 auriez à excéder le temps qui vous est imparti, évidemment, le temps ne

16 sera pas décompté sur le temps général de la défense. Voilà ce que nous

17 pouvons dire en la matière pour essayer de fixer le témoin sur sa date

18 probable de retour dans ses foyers. Maître Kehoe ?

19 M. Kehoe (interprétation). - Oui, je comprends

20 Monsieur le Président. Je comprends tout à fait.

21 M. Hayman (interprétation). - S'il y a une façon d'encourager

22 les deux parties à ne pas dépasser le temps utilisé par la partie qui a

23 mené l'interrogatoire principal, par exemple, si le temps utilisé pouvait

24 être déduit d'un autre temps, le temps par exemple passé au témoin en

25 réplique, je crois que cela pourrait être utilisé de cette façon parce que

Page 12725

1 l'accusation pourrait choisir d'interroger un témoin pendant huit jours,

2 parce que cela ne sera pas compté sur son temps. Ce sont simplement des

3 pensées.

4 M. le Président. - Nous sommes tous conscients qu'il y a un

5 problème. Pour l'instant, nous ne pouvons pas le régler autrement que de

6 la façon dont nous l'avons réglé. Il est bien certain que j'appelle

7 l'attention du Procureur sur le fait que pour l'instant il utilise le

8 temps de la défense. Donc, je vous recommande, d'ailleurs moi-même je le

9 fais, je vous demande de simplifier vos questions autant que faire se

10 peut. Le témoin étant important, je crois que pour l'instant nous ne

11 pouvons pas en dire plus. Voilà.

12 L'audience est suspendue à 17 heures 35.

13

14

15

16

17

18

19

20

21

22

23

24

25