Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3

4 LE PROCUREUR

5 c/

6 Tihomir BLASKIC

7 Jeudi 29 octobre 1998

8

9 L’audience est ouverte à 11 heures 45.

10 M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Veuillez introduire l'accusé.

11 (L'accusé, M. Blaskic, est introduit dans le prétoire).

12 Bien, je salue les conseils de l'accusation et les conseils de la défense.

13 Nous reprenons pour une petite matinée et nous introduisons le témoin

14 d'hier soir s'il vous plaît, Monsieur le Greffier.

15 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait placer le

16 rétroprojecteur à proximité du témoin, s'il vous plaît ? Je crois que

17 c'est nécessaire.

18 M. le Président. - Pas d'objection.

19 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience).

20 Nous reprenons nos travaux, Monsieur Dundas-Whatley. Vous avez attendu ce

21 matin, mais la Chambre était occupée avec une autre affaire qui a duré

22 plus de temps que nous ne pensions. Alors nous pouvons reprendre. Maître

23 Hayman, c'est à vous jusqu'à 13 heures.

24 M. Hayman (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

25 Bonjour Messieurs les Juges, bonjour Monsieur Whatley.

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Bonjour.

2 M. Hayman (interprétation). - Je voudrais effleurer deux sujets avant de

3 reprendre les événements du 8 avril 93, événements dont nous parlions

4 hier.

5 Vous avez d'abord dit que vous aviez rencontré les commandants des deux

6 parties belligérantes à raison de 6 à 7 jours par semaine. Mais à quel

7 niveau se situaient ces contacts réguliers ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Le plus souvent, le niveau de

9 commandement avec lequel j'avais des contacts c'était au niveau de la

10 brigade mais ce n'était pas uniquement à ce niveau là que cela se passait.

11 Cela se passait aussi au niveau supérieur : pour le HVO c'était le

12 colonel Blaskic et pour l'armée de Bosnie-Herzégovine c'était le

13 général Hadzi Hazinovic à Zenica. De temps à autre aussi, avec des

14 échelons inférieurs à celui de la brigade.

15 M. Hayman (interprétation). - Hier, vous avez également fait état de votre

16 introduction de la présentation qu'on vous avait fait de la région lorsque

17 vous êtes allé vers le nord sur la route allant de Gornji Vakuf à

18 Novi Travnik fin octobre 92. La première fois que vous êtes arrivé à Vitez

19 à cette même période, comment se présentaient les rapports entre le HVO et

20 l'armée de Bosnie-Herzégovine à Vitez ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je crois que cela s'est passé le

22 20 avril.

23 M. Hayman (interprétation). - Avril ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Excusez-moi, le 20 octobre 1992.

25 L'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO à Vitez se livraient à une petite

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1 guerre. Il y avait des coups de feu échangés dans la ville, il y avait des

2 soldats du HVO qui tiraient sur les positions de l'armée de Bosnie-

3 Herzégovine devant l'hôtel Vitez et l'armée de Bosnie-Herzégovine

4 ripostait.

5 M. Hayman (interprétation). - Parlons maintenant du 8 avril 93, c'est là

6 nous nous étions restés hier. Vous aviez décrit cette réunion qui avait eu

7 lieu avec des commandants des deux parties belligérantes à Travnik ce jour

8 là. Et, plus précisément, vous aviez dit qu'on vous avait dit notamment

9 que le quartier général du HVO à Travnik avait déménagé de la ville pour

10 aller vers Dolac.

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

12 M. Hayman (interprétation). - Il y a une nouvelle carte que nous avons

13 enregistrée aux fins d'identification pendant la pause. Il s'agira de la

14 pièce de la défense 418, pourrait-on la montrer au témoin pour que l'on

15 voit la partie montrant Travnik et les régions environnantes ? J'aimerais

16 que ceci soit placé sur le rétroprojecteur.

17 Tout d'abord, montrez-nous la ville de Travnik. Elle est déjà indiquée,

18 mais pour que les choses soient plus claires, pouvez-vous l'indiquer sur

19 la pièce 418 ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - La voici.

21 M. Hayman (interprétation). - Cette région est-elle une région urbanisée,

22 par rapport à la région ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, c'est là le principal centre

24 démographique.

25 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous si la région de Dolac où,

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1 apparemment, d'après ce qu'on vous avait dit le 8 avril, était l'endroit

2 où avait emménage le quartier du HVO, si ça se trouvait en dehors de la

3 ville ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Mais j'indique que c'est une

5 carte assez ancienne. La ville est plus importante aujourd'hui mais voici

6 la région de Dolac.

7 M. Hayman (interprétation). - Vous montrez l'est-sud-est par rapport à la

8 ville de Travnik elle-même ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

10 M. Hayman (interprétation). - Merci, nous n'avons plus besoin de cette

11 carte pour le moment.

12 J'aimerais porter votre attention sur le 10 avril, deux jours plus tard,

13 10 avril 93. Le 10, avez-vous appris qu'il y avait eu d'autres incidents

14 entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine, affrontements qui s'étaient

15 produits la veille au cours de la nuit précédente, celle du 9 avril 93 ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement, j'ai eu une réunion

17 le samedi matin, le 10 avril 93, réunion avec Baba Salko, à Travnik.

18 M. Hayman (interprétation). - Qui était Baba Salko ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était un de mes principaux

20 contacts dans l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il s'occupait de la

21 commission des échanges à Travnik, commission qui veillait à l'échange des

22 prisonniers de guerre, des cadavres et aussi de l'acheminement des

23 réfugiés par les lignes de front avec les Serbes. C'était une des

24 personnes qui assuraient la liaison avec moi depuis Travnik.

25 M. Hayman (interprétation). - Pour l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Exactement.

2 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'il vous a mis au courant

3 d'incidents que se seraient produits dans la ville de Travnik dans la nuit

4 du 9 avril 1993 ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement, il m'avait dit qu'il

6 y avait eu une bombe placée à l'hôtel, il parlait de l'hôtel Orient qui

7 était un lieu où était cantonné le HVO. Et dans une église, il y avait

8 aussi une bombe qui avait été dirigée contre la 7ème brigade musulmane.

9 Il m'a dit également qu'à 23 heures 55 la nuit précédente, il y avait eu

10 des coups de feu pendant une demi-heure et qu'un café avait été détruit à

11 Dolac, qu'une grenade avait été lancée sur la caserne de l'armée de

12 Bosnie-Herzégovine. Par la suite, à minuit et demie à peu près cette nuit-

13 là, un fusil sans recul de 8,2 millimètres avait été trouvé dans la ville.

14 M. Hayman (interprétation). - Quel était le niveau de tension au niveau

15 des conflits dans cette nuit du 9 avril 93 à Travnik, à partir des

16 rapports reçus ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il y avait vraiment un niveau très

18 élevé de tension cette nuit-là.

19 M. Hayman (interprétation). - Parlons du 12 avril 93, deux jours plus

20 tard. Est-ce que vous vous êtes rendu une fois de plus à Travnik ce jour-

21 là ? Qu'avez-vous appris à l'occasion de cette visite s'agissant de la

22 situation qui régnait dans la ville ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, le lundi 12 avril 93, je

24 suis allé voir l'armée de Bosnie-Herzégovine à Travnik et j'ai parlé avec

25 le commandant-adjoint. Celui-ci a énuméré nombre des incidents qui

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1 s'étaient produits dans la ville la veille, dont une explosion importante,

2 en tout cas une explosion qui s'était produite à 10 heures 30 ou entre

3 10 heures 30 et 11 heures, et une série d'explosions dont la plus forte

4 s'était produite à 3 heures du matin, dans la matinée, aux premières

5 heures du 12. Il a également confirmé que le samedi soir -là, nous parlons

6 du week-end précédent-, il y avait eu des lance-roquettes, des RPG, qui

7 avaient été utilisés au sud de la route. On ne savait pas de quelle route

8 il parlait.

9 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le 12 avril, vous avez également

10 rencontré le colonel Filipovic qui était le commandant du HVO à Travnik ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Je crois que c'était la réunion

12 suivante de la journée. J'ai vu le colonel Filipovic. Il m'a dit notamment

13 que la 7ème brigade musulmane causait des problèmes, que la police de la

14 ville ne servait à rien, était impuissante, aussi n'avait pas la volonté

15 d'intervenir, et que la classe politique de la ville ne se parlait pas à

16 cause de l'incident où on avait brûlé des drapeaux.

17 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous eu d'autres réunions avec le HVO

18 au quartier général de Dolac plus tard dans la journée du 12 avril ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, à 14 heures 10, je me suis

20 rendu à Dolac. Je suis allé à l'état-major du HVO à Dolac et j'ai parlé

21 avec le commandant Nakic.

22 M. Hayman (interprétation). - Dans le cadre de cette procédure, on a

23 entendu parler de Franjo Nakic. Parlez-vous de cet homme-là ou d'un autre

24 Nakic ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne pense pas que j'aie parlé avec

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1 Franjo Nakic, mais je ne connais pas le prénom de cet homme.

2 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que cet homme était un commandant du

3 HVO local à Travnik ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement, mais je ne le

5 connaissais pas très bien.

6 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'il vous a fait part d'autres

7 incidents qui se poursuivaient ou qui venaient de se poursuivre récemment

8 dans la ville de Travnik ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, là je revois cinq points qu'il

10 a énumérés. Ce sont sans doute les plus importants. Il m'a déclaré que des

11 membres du HVO avaient été tués dans leurs appartements par des Mecici.

12 M. Hayman (interprétation). - Et saviez-vous qui étaient les Mecici ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, à Travnik, et nous

14 commencions à nous en rendre compte, les Mecici à Travnik c'était une

15 bande criminelle fort bien organisée et armée qui terrorisait la

16 population croate à Travnik au début d'avril 93.

17 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que les Mecici représentaient une

18 force assez puissante à l'époque à Travnik ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les commandants de l'armée de

20 Bosnie-Herzégovine à Travnik et le HVO faisaient souvent état de ces

21 Mecici. Ils disaient à leur propos qu'ils étaient trop puissants pour être

22 maîtrisés par la police, qu'ils avaient des fusils, des armes, ils

23 connaissaient très bien la ville, ils étaient de cette ville. C'est ce que

24 nous croyions du moins à l'époque.

25 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de postes de contrôle. Est-

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1 ce que vous attribuiez une signification quelconque, au cours de votre

2 mission, à l'apparition ou à la disparition de postes de contrôle dans la

3 région, si oui pourquoi ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pour nous, les postes de contrôle,

5 c'était une espèce de baromètre indiquant le niveau de tension dans la

6 région.

7 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous expliquer cela ?

8 Qu'est-ce que vous entendez (inaudible, problème de micro)?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - S'il y avait une recrudescence de la

10 tension, s'il y avait eu des incendies volontaires de maisons, des

11 déclarations politiques faites à la télévision, ou s'il y avait eu des

12 meurtres, très rapidement on voyait apparaître des postes de contrôle dans

13 toute la région. Ceci était utilisé par les communautés locales qui les

14 utilisaient pour se défendre par rapport à ce qui venait de l'extérieur,

15 car c'était une région mixte au niveau de la population, croate et

16 musulmane. Cela veut dire qu'une communauté... dans un village croate, les

17 Croates érigeaient un ou deux postes et que peut-être pour les Musulmans,

18 ils pouvaient placer plusieurs postes de contrôle en quelques heures. Et

19 puis, après, s'il y avait diminution de la tension, ceci diminuait.

20 M. Riad (interprétation). - Vous avez parlé des Mecici, est-ce qu’il

21 s'agissait de Serbes, de Musulmans ? Est-ce que vous pourriez nous dire

22 qui étaient ces Mecici ?

23 M. Hayman (interprétation). - Excusez-moi, bien sûr Monsieur le Juge,

24 excusez moi d'avoir passé une peu trop vite sur ce point. Monsieur le

25 Témoin, pourriez-vous nous expliquer quelle était la composition de cette

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1 bande de criminels dans la mesure où vous auriez obtenu des

2 renseignements ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était une bande de criminels qui

4 était basée à Travnik, je croyais mais je n'ai pas de connaissances de

5 première main là-dessus. Mais je pense qu'à majorité ils étaient

6 Musulmans.

7 M. Riad (interprétation). - Qu'entendez-vous par majorité ? Soit ils sont

8 Musulmans, soit Croates, soit Serbes. Ou est-ce que c'est une espèce de

9 mafia, un groupe terroriste mais qui n'avait rien à voir avec le conflit ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je répugnerais à les qualifier de

11 groupe terroriste. C'était peut-être le cas, mais en tout cas, on me les a

12 décrit, comment dire, une groupe de criminels indépendants qui étaient

13 fort bien armés, qui venaient de cette ville et qui terrorisaient la

14 population croate. C'est ce qu'on m'a dit. Alors je pars de l'hypothèse

15 que ce n'était pas sans doute pas des Serbes et des Croates parce qu'il y

16 avait très peu de Serbes qui étaient restés à Travnik à cette époque-là.

17 On aurait pu supposer que c'était tous des Musulmans, mais je n'ai jamais

18 reçu cette information et je prends précaution à ne pas établir ce genre

19 de choses.

20 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous entendu parler de ce groupe des

21 Mecici à cette seule occasion ou avez-vous souvent entendu parler des

22 Mecici par les deux parties au conflit ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ce nom des Mecici a fait surface à

24 plusieurs reprises, je ne sais plus combien de fois. Mais à ce moment-là,

25 nous sommes mi-avril 93, nous connaissions parfaitement leur existence.

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1 C'était une bande criminelle et rétrospectivement, on peut dire qu'ils ont

2 eu une influence considérable sur les événements à Travnik. Nous n'en

3 n'étions sans doute pas très conscients à cette époque-là, ce qui nous

4 préoccupait davantage, c'était la question des commandants militaires

5 davantage que les bandes criminelles et les rapports qu'ils pouvaient

6 avoir avec la police.

7 M. Hayman (interprétation). - Revenons au 12 avril 93. Vous avez fait état

8 de deux réunions avec des commandants du HVO. Avez-vous également

9 rencontré des représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine à leur état-

10 major, à leur quartier général de Travnik ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous ont-ils appris quoi que ce soit en ce

13 qui concerne la situation régnant dans la ville ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - A 18 heures 30, dans la soirée du

15 12 avril, j'ai eu une réunion avec l'armée de Bosnie-Herzégovine à

16 Travnik. Nous avons notamment, et là je reprends exactement mes notes,

17 point 5 : "Vers 4 heures de l'après-midi, le poste de contrôle de Dolac

18 n'a pas été déplacé, pas de pouvoir. Bruno, nuit, Mostar".

19 M. Hayman (interprétation). - C'est tout ce que vous avez ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Sur les autres pages, j'ai

21 d'autres éléments relatifs à cette même réunion.

22 M. Hayman (interprétation). - Avant de passer à cette note, vous avez

23 donné trois mots ou quatre qu'il faut peut-être étudier de plus près.

24 Dolac : vous parlez là de la localité où s'était établi le quartier

25 général du HVO après avoir déménagé de Travnik ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

2 M. Hayman (interprétation). - Si un commandant de l'armée de Bosnie-

3 Herzégovine vous disait que le poste de contrôle de Dolac n'avait pas été

4 déplacé, pour vous, qu'est-ce que cela voudrait dire ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Si je m'en souviens bien, les

6 commandants militaires, le colonel Filipovic et le colonel Alagic, à

7 Travnik pour les deux armées respectivement, n'avaient de cesse de réduire

8 la tension, et de réduire le nombre de postes de contrôle qui entravaient

9 les déplacements de la population civile. Et ceci renvoie, je pense, mes

10 notes renvoient au fait que l'armée de Bosnie-Herzégovine me disait que le

11 HVO à Travnik n'avait pas le pouvoir nécessaire pour enlever ce poste de

12 contrôle car il n'était pas sous leur commandement.

13 M. Hayman (interprétation). - Parlons des trois derniers mots de ce

14 passage que vous avez cités à l'intention des Juges. "Bruno", "Knight",

15 qui peut vouloir dire "nuit" ou "chevalier", et Mostar. Quand vous parlez

16 de "Knight", est-ce que vous parlez nuit et jour ou est-ce que ce sont des

17 "chevaliers de la table ronde" ?

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est un chevalier puisque c'est un

19 K-N-I-G-H-T.

20 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous savez qu'à l'époque, il y

21 avait un groupe à Vitez qu'on nommait les chevaliers de Vitez, ou

22 Vitezovi ? Et utilisant ce terme de chevalier, c'était pour les

23 qualifier ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, je ne le savais pas.

25 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous saviez à l'époque que le

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1 ministre de la défense de la communauté croate de Herceg-Bosna à Mostar

2 s'appelait Bruno Stojic ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, je ne le savais pas.

4 M. Hayman (interprétation). – Plus tard, toujours ce 12 avril, dans le

5 cadre de cette conversation, il y avait aussi un problème à propos du

6 poste de contrôle de la part du commandant de l'armée de Bosnie-

7 Herzégovine.

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - La réunion avait commencé à

9 18 heures 30. Et ce qui avait été dit notamment, c'est qu'à 5 heure de

10 l'après-midi, ce jour-là, et là je cite : "Le commandant des chevaliers

11 avait mis le poste de contrôle au quartier général de Bosnie-Herzégovine

12 et moi je dis 'en dehors". Il dit aussi "commandement 312".

13 Permettez-moi d'expliquer ceci. Je lui ai demandé des détails à propos de

14 ce qu'il disait concernant les postes de contrôle. Je ne comprenais pas ce

15 qu'il me disait. Il m'a répondu qu'à 5 heures de l'après-midi, "les

16 chevaliers", et là j'ai commencé à comprendre qu'il s'agissait d'une unité

17 croate, que c'était le commandant qui avait érigé ce poste de contrôle en

18 dehors du quartier général de la 112ème Brigade à Travnik.

19 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que cela aurait été donc un acte de

20 provocation que d'ériger un tel poste en dehors de ce quartier général ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

22 M. Hayman (interprétation). – Etait-ce la brigade de l'armée de Bosnie-

23 Herzégovine que vous connaissez comme étant la 312ème Brigade de Travnik.

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, il y a trois brigades à

25 Travnik, c'était l'un de ces trois brigades, la 312ème.

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1 M. Hayman (interprétation). - J'ai un document que j'aimerais vous montrer

2 par le truchement de l'huissier. Il s'agit de trois documents, ou plutôt

3 d'un. C'est une annexe à une bulletin d'information militaire qui a été

4 fournie à la défense par le Bureau du Procureur.

5 M. Dubuisson. - Document D419.

6 (Le document est remis aux parties.)

7 M. Hayman (interprétation). – S'il y a une copie supplémentaire, on pourra

8 peut-être la placer sur le rétroprojecteur.

9 Je vous demanderai de donner lecture de ce document, de nous dire si vous

10 reconnaissez le sujet qui est évoqué dans ce document. Reconnaissez-vous

11 ce sur quoi porte ce document ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

13 M. Hayman (interprétation). – Dans la mesure où c'est une annexe à un

14 bulletin d'information militaire, lui-même daté du 13 avril 93, cette

15 annexe l'est aussi. Ce jour-là ou la veille, le 12 avril 1993, est-ce

16 qu'une commission conjointe, qu'elle qu'en était sa forme, a-t-elle été

17 constituée entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO ?

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

19 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que ce document formule les

20 conclusions ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est une traduction des conclusions

22 auxquelles était parvenue cette commission conjointe, traduction réalisée

23 par les interprètes britanniques.

24 M. Hayman (interprétation). – Au 4ème paragraphe, j'en donne lecture : "Les

25 commissions conjointes sont constituées afin de veiller à ce que tous les

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1 points convenus soient mis en œuvre. Si tel n'est pas le cas, la

2 commission est sensée intervenir. Le capitaine M. Dundays-Wathley se

3 joindra à la commission en sa qualité de représentant de la Forpronu. Les

4 commissions conjointes ont pour objectif de veiller à ce que toutes les

5 tranchées soient comblées."

6 Est-ce que là, on fait référence à vous ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

8 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'à la suite de ces événements, vous

9 avez effectivement participé pendant un certain temps aux activités de ces

10 commissions conjointes ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

12 M. Hayman (interprétation). – A quoi devrait-elle servir, puisqu'on parle

13 là du fait qu'on devait combler des tranchées ? A quoi devait servir cette

14 commission ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Si l'on pouvait voir qu'il y avait

16 des problèmes à Travnik, et l'un des problèmes le plus important à Travnik

17 était que le relief tout autour de la ville avait été occupé par les deux

18 parties belligérantes qui avaient positionné des mitrailleuses, parfois

19 utilisées, les Croates tirant sur les Musulmans et vice et versa.

20 Cette commission conjointe devrait permettre de retirer ces mitrailleuses

21 des nids où elles étaient placées, de combler les tranchées, de réduire la

22 tension afin qu'ils puissent poursuivre la guerre qu'ils avaient contre

23 leur ennemi commun.

24 M. Hayman (interprétation). - Cet ennemi commun étant ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Les Serbes.

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1 M. Hayman (interprétation). - D'après cette traduction, il semblerait que

2 les signataires de ce document aient été le colonel Filipovic eet le

3 colonel Alagic. Est-ce que c'étaient les commandants de brigade du HVO et

4 de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Travnik, ou est-ce qu'ils occupaient

5 d'autres fonctions ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). – C'étaient des commandants du HVO et

7 de l'armée de Bosnie-Herzégovine respectivement à Travnik. Mais ce qui est

8 certain, notamment en ce qui concerne le colonel Alagic, c'était qu'il

9 avait un grade bien plus important que celui de commandant de brigade. Il

10 avait, sous son commandement, plus de trois brigades.

11 M. Hayman (interprétation). - D'après ce document, comment qualifieriez-

12 vous les efforts entrepris par ces deux hommes à ce moment important,

13 crucial, qu'était le 13 avril 1993 ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ce qui se passait dans beaucoup de

15 régions de la Bosnie centrale se faisait là aussi. Ils essayaient

16 d'enrayer les débuts de la guerre qui se manifestait entre l'armée de

17 Bosnie-Herzégovine et le HVO.

18 M. Hayman (interprétation). - Le paragraphe numéro 1 de ces conclusions

19 tirées par la Commission conjointe déclare ceci, je cite : "Les

20 commandants du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ainsi que les

21 commandants de la police civile conviennent de la nécessité d'établir un

22 contrôle complet par rapport à leurs soldats afin d'assurer le maintien la

23 paix de cette région" (fin de la citation).

24 Est-ce que vous receviez, aux alentours de cette date, des informations

25 selon lesquelles des deux côtés, de la part des deux parties

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1 belligérantes, il y avait des unités de soldats ou d'autres personnes

2 armées se trouvant hors du contrôle des structures militaires du HVO et de

3 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, constamment j'ai été contacté

5 par les commandants militaires des deux parties belligérantes au cours des

6 réunions que j'avais avec eux, qui se plaignaient ou se servaient de moi

7 comme véhicule pour dire qu'ils avaient des difficultés à contrôler les

8 organisations criminelles dans leur région. J'entends par là des personnes

9 éminemment armées, des bandes quasi militaires mais qui étaient des bandes

10 criminelles.

11 M. Hayman (interprétation). - Nous pouvons laisser ce document de côté

12 pour l'instant. Je vous remercie.

13 J'aimerais que nous parlions de la journée du 13 avril, le lendemain. Le

14 13 avril, avez-vous appris que certains officiers du HVO avaient été

15 enlevés de Novi Travnik ou des alentours ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

17 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous nous dire qui vous avez

18 rencontré et ce que vous avez appris à propos de l'enlèvement de ces trois

19 officiers et un chauffeur, ou c'était peut-être quatre officiers, je ne

20 sais plus ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Au cours de l'après-midi du

22 13 avril 1993, je suis allé à Novi Travnik. Voulez-vous que j'indique cet

23 endroit sur la carte ?

24 M. Hayman (interprétation). - Je vous en prie.

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je peux le faire assis. Voici la

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1 ville de Travnik et ici se trouve la ville de Novi Travnik.

2 M. Hayman (interprétation). - Où se trouve Vitez pour que nous puissions

3 nous repérer ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ici.

5 M. Hayman (interprétation). - Merci.

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je me suis rendu dans la ville de

7 Novi Travnik dans doute dans l'après-midi, même si je n'ai pas indiqué

8 l'heure de la réunion dans mon carnet, et je me suis entretenu avec le

9 commandant du HVO, Zeljko Sabljic à Novi Travnik. Il m'a dit que trois

10 personnes plus un chauffeur, à 14 heures, avaient envoyé un rapport de la

11 route de Bugojno avec une voiture.

12 M. Hayman (interprétation). - Vous nous donnez là vos notes consignées

13 dans notre carnet ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je vous donne exactement les

15 citations. Permettez-moi de les expliquer. Ce qui m'avait été dit, c'est

16 ceci. Trois membres du HVO et leur chauffeur se déplaçaient sur la voie de

17 Bugojno. Est-ce que vous voulez que je montre où se trouve Bugojno ?

18 M. Hayman (interprétation). - Oui, pour autant que ceci ait une

19 signification précise.

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vais d'abord indiquer la ville de

21 Novi Travnik et vous montrer où se trouve la route allant à Bugojno depuis

22 cette ville de Novi Travnik.

23 M. Hayman (interprétation). - Donc sud-sud-ouest par rapport à Travnik.

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Ce n'est pas une très bonne

25 route, mais elle va vers la route de Bugojno. Donc à 14 heures ce jour-là,

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1 il y avait eu cet incident à partir de la voiture de ces hommes.

2 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le commandant du HVO savait où se

3 trouvaient ces quatre personnes enlevées ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il croyait, d'après mes notes, que

5 cet enlèvement était le fait de la 7ème brigade musulmane. Mais il y a un

6 point d'interrogation à ce propos.

7 Il a poursuivi en disant qu'il avait déjà téléphoné à Mevludin -c'était le

8 commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans cette même ville de

9 Novi Travnik-, qu'il avait déjà téléphoné à cet homme pour lui demander

10 que, lui, téléphone à la 7ème brigade musulmane, ce qui avait déjà été

11 fait. Il a poursuivi encore en disant que les personnes qui avaient été

12 enlevées, pour deux d'entre elles, c'étaient des soldats du HVO et que les

13 deux autres sur les quatre étaient, l'un, le commandant-adjoint du premier

14 bataillon d'une brigade du HVO -sans doute de sa brigade, mais ce n'est

15 pas dit ici. Et puis il me donne le nom de ce commandant-adjoint, il

16 s'agirait de Ivica Kandic.

17 M. Hayman (interprétation). – Et comment qualifieriez-vous les faits,

18 l'incidence de apparemment cet enlèvement, le 13 avril 93, sur la tension

19 qui régnait dans la région ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Dans la ville même de Novi Travnik,

21 ceci a eu vraiment des répercussions importantes. Il y a tout d'un coup eu

22 des postes de contrôle partout et une véritable recrudescence de la

23 tension.

24 M. Hayman (interprétation). - Plus tard, toujours ce 13 avril 93, est-ce

25 que vous avez rencontré Sefkija Dzidic à Stari Vitez ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - Qui était cet homme, Sefkija Dzidic ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était un officier de l'armée de

4 Bosnie-Herzégovine pour la partie ancienne de Vitez, Stari Vitez. Ce

5 n'était pas un commandant de brigade, c'était un commandant de niveau

6 inférieur. Nous l'appelions commandant de la ville.

7 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que M. Dzidic, le 13 avril 93, vous a

8 fait part d'un autre incident qui s'était produit ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Autant lire mes notes et puis

10 vous donner quelques explications. Il m'a dit :

11 "Forêt, ouvrir le feu, véhicules endommagés, Darko Kraljevic, commandant

12 HOS". Ce qu'il me dit, c'est qu'il y avait une tentative de meurtre

13 commise contre M. Darko Kraljevic par des personnes qui avaient ouvert le

14 feu à partir de régions boisées, qui avaient endommagé le véhicule sans

15 pour autant tuer M. Darko Kraljevic et M. Dzidic pensait que Kraljevic

16 était le commandant du HOS, unité du HVO.

17 M. Hayman (interprétation). - Laissons cette journée du 13 avril pour

18 passer au 15 avril 1993.

19 Parlons d'abord de ce matin du 15 avril, avez-vous eu alors une réunion

20 avec le commandant du HVO à Novi Travnik ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, à 9 heures 35.

22 M. Hayman (interprétation). - Auriez-vous appris quoi que ce soit de la

23 part du commandant à propos de nouveaux incidents produits dans la

24 région ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, j'ai parlé avec le commandant-

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1 adjoint du HVO, qui m'a dit, notamment, que la 7ème brigade musulmane avait

2 érigé un poste de contrôle à l'extérieur de l'hôtel.

3 M. Hayman (interprétation). - De que hôtel ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il parle de l'hôtel qui est le

5 quartier du HVO.

6 M. Hayman (interprétation). - Dans quelle ville ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Dans sa ville.

8 M. Hayman (interprétation). - A Novi Travnik ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

10 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que l'armée de Bosnie-Herzégovine a

11 une fête ou une célébration le 15 avril ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. C'était le premier anniversaire

13 de la naissance de la formation de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

14 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous assisté à une cérémonie ce jour-

15 là ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, à la suite de la réunion tenue

17 à Novi Travnik, je suis allé à Travnik. J'avais été invité à m'y rendre

18 quelques jours auparavant. J'étais au quartier général principal de

19 l'armée de Bosnie-Herzégovine où j'avais été invité par le

20 général Filipovic pour la parade.

21 M. Hayman (interprétation). - Vous avez parlé de Filipovic ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, Alagic.

23 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le général Filipovic était

24 présent à cette parade ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non.

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1 M. Hayman (interprétation). - Avec l'aide de l'huissier, nous avons une

2 petite photographie que j'aimerais placer sur le rétroprojecteur pour

3 poser une question au témoin à ce propos. Est-il possible d'en faire une

4 copie afin que le témoin puisse conserver une copie à la fin de la

5 procédure ? Et ce sera une pièce qui recevra la cote suivante.

6 M. Dubuisson. - Vous êtes d'accord que nous gardions l'original ?

7 M. Hayman (interprétation). - Je suis d'accord. Il faut voir ce que pense

8 le témoin qui est attaché à cette photographie, puisqu'il y figure.

9 Pourrions-nous faire une copie professionnelle ? Je crois que ceci

10 pourrait satisfaire le témoin.

11 M. le Président. - Oui, je me tourne vers le témoin, M. Dundas-Whatley.

12 C'est votre document photographique et vous êtes photographié dessus si

13 j'ai bien compris ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

15 M. le Président. - Il paraît normal que cette photo vous soit restituée.

16 Si la technique peut arriver à faire une photo visible et claire pour que

17 ce soit versé dans la procédure.

18 M. Dubuisson. - Comme cela vous repartirez avec votre photo. Cette photo

19 porte la cote D/420. Donc ce document dans le greffe sera une copie, ce

20 qui est montré actuellement sur le rétroprojecteur.

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il faut repousser la photo très

22 légèrement sur la gauche.

23 M. Hayman (interprétation). - Merci. Merci, Monsieur le Président.

24 Monsieur Whatley, vous reconnaissez les personnes qui apparaissent sur

25 cette photographie ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

2 M. Hayman (interprétation). - Que voyons-nous exactement ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Au centre de la photographie, on me

4 voit revêtu d'un uniforme. Sur ma gauche, se trouve mon interprète. Cette

5 photographie a été prise à Travnik au matin du 15 avril 1993. On voit la

6 date apparaître derrière, au second plan.

7 M. Hayman (interprétation). - Le 15 ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, 15 avril 1993. Vous voyez là

9 les hauts représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du

10 gouvernement de Bosnie-Herzégovine qui se trouvaient ce matin-là à Travnik

11 pour cette célébration. Et nous, nous nous trouvons en position de salut.

12 C'est ainsi que l'on appelle cela. On voit ici le plus haut gradé, le

13 colonel Alagic.

14 M. Hayman (interprétation). - Vous indiquez le côté droit de la

15 photographie, n'est-ce pas ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Exactement. C'est là le

17 colonel Alagic et de l'autre côté, sur le côté gauche de la photographie,

18 on voit cette personne qui semble être en train de fumer. Il s'agit du

19 commandant Kulejnovic, qui était un de nos contacts principaux au sein de

20 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il était également le commandant de la

21 ville Travnik.

22 M. Hayman (interprétation). - C'est la personne qui apparaît en deuxième

23 position, au côté gauche de la photographie ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, il est en uniforme et entre

25 deux personnes habillées en civil.

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1 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous décrire ces célébrations ?

2 Est-ce qu'il y a eu un défilé militaire ? Si c'est le cas, est-ce que

3 c'était un défilé de taille importante ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il y a eu un défilé de très grande

5 envergure. En fait, c'était le plus grand rassemblement de personnes en

6 uniforme dont nous avions été les témoins en un endroit. Il y avait sans

7 doute plus de 1 000 soldats. Je ne sais pas exactement combien il y en

8 avait. Mais ils ont défilé pendant plusieurs heures.

9 M. Hayman (interprétation). - Pendant cette cérémonie, est-ce que vous

10 avez reçu des informations selon lesquelles on avait besoin de vous autre

11 part ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement, on m'a demandé de me

13 rendre à Zenica. Ma Land Rover était garée un peu plus à droite de cette

14 photographie et en arrière et donc on ne la voit pas, mais ma Land Rover

15 était garée tout prêt et mon opérateur-radio est venu me dire que j'avais

16 reçu un message qui me disait de me rendre immédiatement à Zenica.

17 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous avez réussi à quitter la

18 cérémonie ou étiez-vous dans une situation un peu inconfortable ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était une situation un peu

20 inconfortable. Mais j'ai présenté mes hommages au colonel Alagic et je

21 suis parti.

22 M. Hayman (interprétation). - Peut-on placer la pièce D/416 sur le

23 rétroprojecteur ? C'est la carte que nous avons vue hier. C'est la carte,

24 une des cartes de la JNA, la carte de Zenica, la carte D/416.

25 Pendant que nous attendons cette pièce... Nous l'avons ? Parfait, alors

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1 faisons-la passer au témoin. Peut-être que le témoin pourrait plier la

2 carte de telle sorte que la route qui va de Vitez à Zenica, la route de

3 montagne comme on l'a appelée, puisse être visible sur les écrans et donc

4 visible sur le rétroprojecteur ?

5 Pourriez-vous, à l'intention des Juges, indiquer le chemin que vous avez

6 suivi pour vous rendre à Zenica ? D'ailleurs, à ce moment-là c'était quoi,

7 midi à peu près ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, environ midi, le 15 avril.

9 Excusez-moi d'intervenir de façon peut-être un petit peu abusive mais il

10 faudrait essayer de modifier un petit peu l'image.

11 M. Hayman (interprétation). - Tout à fait. Pourriez-vous s'il vous plaît

12 nous indiquer de quelle façon vous vous êtes rendu à Zenica ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - La route que l'on voit ici va à

14 Travnik si l'on suit la direction que j'indique. J'ai pris cette route

15 depuis Travnik, je suis passé le long de la base britannique qui se trouve

16 ici et j'ai pris une route principale que l'on n'aperçoit pas sur cette

17 carte, qui est trop ancienne. Ensuite, j'ai emprunté la route de montagne

18 qui mène à Zenica, qui se trouve là-haut . J'ai donc emprunté cette route

19 de montagne, puis nous avons redescendu quelque peu vers le village de

20 Cajdras.

21 M. Hayman (interprétation). - Il s'agit d'un village croate ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - A cette époque-là, le village était

23 croate, oui.

24 M. Hayman (interprétation). - Qu'avez-vous découvert lorsque vous êtes

25 arrivé à Cajdras ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Dans ce village, j'ai découvert un

2 poste de contrôle renforcé du HVO.

3 M. Hayman (interprétation). - Et vous avez ensuite poursuivi votre route

4 en direction de Zenica ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Exactement. En fait, le poste de

6 contrôle du HVO et les hommes qui le surveillaient avaient répandu des

7 mines sur la route. Bien évidemment, c'était un indicateur bien révélateur

8 de la tension qui se manifestait dans la région. Mais j'ai dit au

9 conducteur d'éviter les mines et de poursuivre la route jusqu'à Zenica.

10 M. Hayman (interprétation). - Qu'avez-vous découvert à Zenica ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Zenica est une ville importante et

12 je m'y étais déjà rendu fréquemment. Mais en cette occasion, elle était

13 complétement différente de ce que j'avais pu voir précédemment.

14 Généralement, la ville grouillait d'individus, de personnes qui faisaient

15 leurs courses. Mais ce jour-là, la ville était déserte. On voyait des

16 membres de la police militaire armés qui se trouvait au coin des rues. On

17 pouvait voir des autobus qui bloquaient certaines rues et certaines voie

18 d'accès.

19 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous avez toutefois poursuivi

20 votre chemin ? Et est-ce que lors de votre déplacement à Zenica vous avez

21 retrouvé un représentant du quartier général du HVO ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

23 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous nous donner le nom de famille

24 ou le prénom de cet individu ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Je me suis entretenu avec, je

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1 crois, le commandant adjoint du HVO à Zenica. J'ai transcrit ici son nom.

2 Apparemment, il s'appelait Vinko.

3 M. Hayman (interprétation). - A ce moment-là, est-ce que vous saviez que

4 le commandant de brigade du HVO avait été enlevé ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je savais qu'il y avait eu un

6 enlèvement dans la ville, mais je n'avais pas d'information plus précise.

7 M. Hayman (interprétation). - Vous êtes-vous vous rendu sur la scène du

8 lieu d'enlèvement ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, effectivement, je m'y suis

10 rendu avec le commandant Vinko, à bord de ma Land-Rover.

11 M. Hayman (interprétation). - Très brièvement, pourriez-vous nous décrire

12 ce que vous avez trouvé sur les lieux ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Nous avons trouvé un véhicule, une

14 Audi 80, j'ai le numéro de la plaque d'immatriculation ici. Cette voiture

15 avait été abandonnée, elle était remplie d'impacts de balles. Il y avait

16 des taches de sang un peu partout. Et il n'y avait plus personne à bord du

17 véhicule.

18 M. Hayman (interprétation). - A ce moment-là, ou peut-être un peu plus

19 tard, au moment où vous êtes retourné au quartier général du HVO, est-ce

20 que vous vous êtes entretenu avec ce Vinko, avec ce commandant adjoint,

21 et, le cas échéant, que vous êtes vous dit ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il m'a tout d'abord montré les lieux

23 de l'incident. C'était assez déplaisant. Ensuite, nous avons repris le

24 chemin de son bureau à l'hôtel et nous nous sommes entretenus. Et là, je

25 vais citer mes notes. "Point 1, plus de victime dus aux Musulmans qu'aux

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1 Chetniks". En fait, là il fait référence au fait qu'il pensait que les

2 Croates étaient plus souvent tués par des Musulmans que par des Serbes. Je

3 continue. "Point 2 : qui est l'ennemi ?"

4 M. Hayman (interprétation). - Lorsqu'il a dit cela, est-ce que vous aviez

5 l'impression qu'il disait qui était l'ennemi des Croates dans la région ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, qui était son ennemi. Lui, il

7 avait l'impression qu'il était en train de combattre les Serbes, les

8 Chetniks, comme on les appelait. Mais, apparemment, en cette occasion,

9 c'était des Musulmans qui avaient enlevé son propre commandant.

10 M. Hayman (interprétation). - Et vous a-t-il donné plus d'informations

11 relatives à cet enlèvement ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Il a dit, je cite : "Troisième

13 corps n'a rien fait", il y a donc là référence au quartier général du

14 corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui était placé à Zenica. Je

15 continue : "4e point : la 7e brigade musulmane n'est pas souhaitée ici, sa

16 présence n'est pas souhaitée ici par les autres brigades". Je vous

17 rappelle qu'il y avait des plaintes à la fois de l'armée du HVO et de

18 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait déclaré qu'elle ne souhaitait pas

19 que la 7e brigade musulmane manifeste sa présence dans la région à cette

20 époque-là.

21 Ensuite, il a poursuivi en disant qu'il y avait environ 1 300 extrémistes

22 au sein de cet 7eme brigade musulmane et ensuite il m'a parlé d'un

23 ultimatum dont il avait été le destinataire.

24 M. Hayman (interprétation). - Vous a-t-il expliqué dans quelles

25 circonstances il avait reçu cet ultimatum ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, cet ultimatum lui était parvenu

2 par appel téléphonique ce même jour. Il a dit, je vais citer mes notes,

3 "S'ils ne libèrent pas les Mudjahiddin de Busovaca dans l'espace des

4 48 heures à venir, nous tuerons Zivko Totic". Ensuite, il poursuit, il y a

5 indiqué : "Commandant de la deuxième brigade, HVO".

6 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous pourriez expliquer cela s'il

7 vous plaît ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Certainement. Il me faut tout

9 d'abord indiquer Busovaca sur la carte.

10 M. Hayman (interprétation). - Je vous en prie.

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vais d'abord vous indiquer

12 Zenica, voilà Zenica, la ville principale où je me trouvais à ce moment-là

13 et voici maintenant Busovaca dont je voulais vous indiquer l'emplacement.

14 Près de la ville de Busovaca, nous savions que le HVO disposait d'une

15 prison. Nous savions qu'au sein de cette prison, étaient détenus un

16 certain nombre d'étrangers, de ressortissants du pays de Moyen-Orient. A

17 ce moment-là, nous disposions du nom de 12 de ces personnes. Cet ultimatum

18 disait en fait : "Libérer ces Arabes et vous pourrez récupérer le

19 commandant Totic". Voilà la teneur de l'ultimatum.

20 M. Hayman (interprétation). - On disait que si ces personnes n'étaient pas

21 libérées dans les 48 heures à venir, Totic serait abattu, n'est-ce pas.

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

23 M. Hayman (interprétation). - Nous sommes toujours le 15 avril 1993, est-

24 ce que un peu plus tard, au cours de cette même journée, vous avez

25 rencontré des commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la région ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

2 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous avez eu connaissance d'un

3 nouvel incident ? Est-ce que les représentants que vous avez rencontrés,

4 les représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine, vous ont parlé d' un

5 autre incident ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui. A 19 heures 55, ce soir là, à

7 Vitez, dans le quartier général de l'armée de Bosnie-Herzégovine de la

8 ville, on m'a appris que trois membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine

9 avaient été arrêtés au quartier du HVO, à Vitez. On m'a dit que cette

10 arrestation avait eu lieu à 5 heures 15. On m'a expliqué qu'ils étaient

11 membres de la police militaire.

12 M. Hayman (interprétation). – Est-ce que vous avez appris quoi que ce soit

13 d'autre à propos de cet incident, une heure plus tard à peu près ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Effectivement, vers 21 heures, je

15 suis allé m'entretenir avec Sefkija. Il m'a dit que cela s'était passé à

16 17 heures 15, cet après-midi-là et il m'a donné le nom des deux membres de

17 la police militaire de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avaient été

18 enlevés. Il s'agissait de Fahrudin Spahic et de Hurem Semko. Il m'a donné

19 un troisième nom en sus de ces deux-là. Par la suite, nous avons retrouvé

20 cette troisième personne.

21 M. Hayman (interprétation). - Il vous a dit que cette troisième personne

22 avait déjà refait surface ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne n'en suis pas tout à fait sûr.

24 Par la suite, j'ai barré ce nom et j'ai fait un signe à côté pour indiquer

25 que la personne avait été retrouvée.

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1 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que Sefhija Dzidic, au soir du

2 15 avril 1993 vous a dit où, d'après lui, se trouvaient deux des trois

3 personnes manquantes, personnes membres de la police de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il a dit, et je lis mes notes, je

6 cite : "Enlevés de la maison par des membres du HVO et ont été emmenés

7 dans l'école élémentaire de Dubravica (HVO)".

8 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que, à l'époque, vous saviez que

9 l'école élémentaire de Dubravica, près de Vitez, servait de quartier

10 général à l'unité des chevaliers, des Vitezovi ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non, je savais que l'école

12 élémentaire de Dubravica était une base du HVO, mais je ne savais quelle

13 unitésavaient ces quartiers.

14 M. Hayman (interprétation). – Est-ce qu'au cours de cette réunion avec

15 Sefkija Dzidic, vous avez appris quoi que ce soit à propos d'autres

16 provocations qui, d'après lui, se seraient produites au soir du 15 avril ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, dans le courant de la soirée,

18 il a déclaré que quelques soldats avaient été désarmés auprès de

19 Stari Bila. Je peux vous indiquer Stari Bila sur la carte ?

20 M. Hayman (interprétation). - Peut-être pourrait-on avoir une image

21 agrandie de la carte, un gros plan s'il vous plaît, de la pièce D416 ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Voilà, c'est parfois.

23 M. Hayman (interprétation). – Maintenant, montrez-nous Stari Bila où l'on

24 vous a dit qu'un certain nombre de soldats de l'armée de Bosnie-

25 Herzégovine avaient été désarmés au soir du 15 avril 1993 ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, c'est à Vitez que j'ai appris

2 cela alors que je m'entretenais avec le commandant Sefkija mais lui

3 faisait référence à un incident qui s'était produit à 1,5 km de là, ici, à

4 Stari Bila que j'indique maintenant. C'est également là que se trouvait la

5 base britannique.

6 M. Hayman (interprétation). - Le village de Stari Bila est surligné en

7 bleu sur la carte D416 ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, il est souligné en bleu.

9 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous nous dire exactement ce dont

10 vous vous souvenez ? Pouvez-vous nous dire ce que disent vos notes à

11 propos de cet incident au cours duquel un certain nombre de soldats de

12 l'armée de Bosnie-Herzégovine ont vu leurs armes confisquées ? Qui était

13 responsable de cet incident ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Cela s'est passé dans la soirée du

15 15 avril 93. Et je ne me souviens que de très peu de choses, mais je peux

16 me référer à mes notes. Il y est dit, je cite : "A 21 heures 30, quelques

17 soldats ont été désarmés près de Stari Bila. Darko Kraljievic, un type

18 s'est fait tirer dessus, Bruno Stojic, chevalier de Mostar".

19 M. Hayman (interprétation). – C'est Sefkija Dzidic qui vous a dit cela,

20 n'est-ce pas ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il me semble que oui.

22 M. Hayman (interprétation). - D'après vous, quel était le lien qui

23 existait entre cet incident, le fait que des soldats avaient été désarmés,

24 et Darko Kraljevic, un type s'est fait tirer dessus ? Quel est le lien

25 d'après vous qui existe entre ces deux points dans vos notes ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Darko Kraljevic, je ne connaissais

2 pas, mais son nom apparaît dans mon carnet de notes. Et Darko Kraljevic

3 était le Croate qui, deux jours auparavant ou peut-être même trois jours

4 auparavant, avait fait l'objet d'une tentative d'assassinat dans la ville

5 ou près de Vitez en tout cas. C'est cela que j'entends lorsque je dis

6 qu'un type s'est fait tirer dessus. Nous parlons d'un seul et même homme.

7 M. Hayman (interprétation). – Quel était le degré de tension à ce moment-

8 là, le soir du 15 avril 1993, lorsque vous avez pris connaissance de ces

9 différents incidents ? Quel était le degré de tension qui régnait à

10 Vitez ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Le soir du 15 avril 1993, le niveau

12 de tension a atteint son point culminant. Au cours des 6 mois que j'avais

13 passés en Bosnie-Herzégovine jamais les tensions n'avaient été aussi

14 vives.

15 M. Hayman (interprétation). - Ce soir là, le soir du 15 avril 1993, vous

16 souvenez-vous si des commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont émis

17 des menaces à votre égard parlant d'attaques possibles de l'armée de

18 Bosnie-Herzégovine sur l'armée du HVO ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Je me souviens de cela, mais

20 tout n'est pas clair dans mon esprit. Je ne sais plus exactement quand on

21 m'a fait part de ces menaces. Est-ce que Sefkija qui m'a dit cela à Stari

22 Vitez ou est-ce le commandant à Krusica qui m'a parlé de cela ? Je ne sais

23 plus.

24 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous parlez du commandant de

25 Kruscica, vous faites référence au commandant de l'armée de Bosnie-

Page 13694

1 Herzégovine ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Cette formation avait une unité

3 à Kruscica et en d'autres endroits. Je me rappelle effectivement avoir eu

4 connaissance de ces menaces. En fait, ce qui a été dit, c'est la chose

5 suivante : "Si les deux membres de la police militaire de l'armée de

6 Bosnie-Herzégovine n'étaient pas libérés, moi, - et c'était le commandant

7 qui parlait - moi, je ne peux pas être responsables des actes qui seront

8 ensuite perpétrés par mes soldats".

9 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'à ce moment-là, le bataillon

10 britannique a pensé que cela voulait dire qu'il était probable que l'armée

11 de Bosnie-Herzégovine était susceptible de prendre des représailles

12 immédiates à l'égard du HVO. Est-ce que vous avez compris que cela allait

13 se passer si les deux personnes en ville n'étaient pas rendues ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est ainsi que moi-même et mes

15 supérieurs nous avons compris cela.

16 M. Hayman (interprétation). – C'est bien au soir du 15 avril 1993 que ces

17 menaces ont été émises, n'est-ce pas ?

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, c'est ce bien cela.

19 M. Hayman (interprétation). – Au soir du 15 avril 1993, eset-ce que vous

20 vous êtes rendu au commandement du bataillon britannique pour y dire que

21 Vitez était dans une situation extrêmement dangereuse et qu'il y avait

22 menace d'un conflit ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je suis allé voir le deuxième

24 commandant, le colonel Bryan Waters. J'ai fait part de toutes ces

25 informations et je crois également avoir pris contact avec l'officier

Page 13695

1 chargé des opérations.

2 M. Hayman (interprétation). – Est-ce que vous avez émis des

3 recommandations sur la façon dont le bataillon britannique pouvait

4 intervenir pour apaiser les tensions ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, j'ai fait des recommandations.

6 D'abord, je voulais continuer à déployer des efforts pour essayer de

7 retrouver ces deux policiers militaires et pour essayer de les faire

8 libérer afin qu'il n'y ait pas d'explosion des hostilités.

9 Ensuite, j'ai suggéré que des warrior, des véhicules soient envoyés dans

10 la ville parce que nous avions déjà fait cela par le passé.

11 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que ces recommandations ont été

12 suivies ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pour autant que je le sache, non. On

14 m'a dit de cesser les efforts que j'avais déployés et on m'a dit qu'il

15 était trop dangereux pour moi de me rendre encore une fois dans la ville.

16 Je ne crois pas que des véhicules warrior aient été envoyés dans la ville

17 ce soir-là, le 15 avril.

18 M. Hayman (interprétation). - Précédemment, vous avez parlé d'un certain

19 nombre d'incidents qui se sont déroulés à Travnik. Ici, nous parlons plus

20 des incidents qui se sont passés à Vitez, le 15 avril 1993. D'après vous,

21 est-ce que le 15 avril 93, le centre névralgique du conflit s'était

22 déplacé de Travnik à Vitez ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, je crois qu'on peut le dire.

24 M. Hayman (interprétation). - Au cours des six ou sept mois que vous avez

25 passé en Bosnie-Herzégovine, est-ce que qui que ce soit, du côté du HVO ou

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1 du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine, a parlé d'un ultimatum délivré

2 par le HVO en Bosnie-Herzégovine, ultimatum qui aurait eu trait à la

3 formation d'un commandement conjoint entre l'armée de Bosnie-Herzégovine

4 et le HVO, le 15 avril 1993 ou avant cette date ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Est-ce qu'on serait venu me dire

6 cela à moi ?

7 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qui que ce soit, d'un côté ou de

8 l'autre, vous a parlé de t'ultimatum ou a manifesté un quelconque intérêt

9 pour cet ultimatum ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout ceci avait trait au Plan de

11 paix Vance Owen, ce plan de paix par Sirus Vance et Lord Owen. D'après ce

12 plan, il était prévu que certaines régions de Bosnie-Herzégovine tombent

13 sur le contrôle de l'une ou l'autre des deux parties en présence. Il était

14 question, notamment, de la création d'un canton croate. Donc les autorités

15 croates à Mostar considéraient qu'elles devaient prendre le contrôle de

16 cette région au sein de laquelle se trouvait à Travnik. Mais Travnik était

17 une ville à majorité musulmane et des milliers de réfugiés musulmans

18 s'étaient installés dans la ville, après l'attaque serbe.

19 Les Musulmans de la ville de Travnik n'étaient pas du tout prêts à se

20 placer sous le contrôle des Croates. Donc, oui, je me souviens qu'il y a

21 eu des affrontements à ce sujet. En tout cas, on en parlait constamment.

22 Des commandants d'un côté disaient : "Jamais je ne me placerai sous le

23 contrôle de l'autre côté". Et, de l'autre côté, on disait : "Pourquoi

24 devrions-nous intervenir ?" Mais je ne sais pas s'il y a eu un ultimatum

25 à ce sujet ?

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1 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qui que ce soit a jamais parlé d'un

2 ultimatum ou d'exigences qui auraient été faites relatives à la création

3 d'un commandement conjoint ? Est-ce que cela se serait passé aux alentours

4 du 15 avril 1993 ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Je ne peux pas penser à autre chose

6 qu'à l'ultimatum dont je viens de vous parler.

7 M. Hayman (interprétation). – L'ultimatum que vous avez décrit en termes

8 généraux ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, je ne vois que cela pour le

10 moment.

11 M. Hayman (interprétation). – Le lendemain, le 16 avril 1993, est-ce qu'un

12 détachement du bataillon britannique est parti en patrouille ce matin-là ?

13 Bien évidemment, il y avait des combats dans la région, mais y a-t-il eu

14 un détachement qui est parti sur le terrain, au moment du début des

15 combats ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Pas que je le sache, mais je n'était

17 pas directement concerné par les opérations qui pouvaient être lancées par

18 le bataillon britannique.

19 M. Hayman (interprétation). – Fort bien. Venons-en maintenant, si vous le

20 voulez bien, au 16 avril 1993 à proprement parler. Le 16 avril 1993, avez-

21 vous rencontré un représentant du HVO à Vitez.

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, effectivement, à 18 heures 45,

23 le soir du 16 avril 1993.

24 M. Hayman (interprétation). – Avez-vous eu, de la part de ce représentant

25 du HVO, un aperçu de la situation qui prévalait à ce moment-là ?

Page 13698

1 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui. Un instant, s'il vous plaît. En

2 fait, ce que m'a dit cet officier du HVO, c'est que, je cite : "Les

3 Musulmans continuent leurs attaques, nouvelle force de Zenica".

4 M. Hayman (interprétation). - Très bien. Je vais maintenant demander à ce

5 qu'une nouvelle pièce soit placée devant le témoin. C'est la pièce de

6 l'accusation P45. C'est une photo aérienne. Je souhaiterais qu'elle soit

7 placée sur le rétroprojecteur.

8 Pendant que l'on prépare la pièce, je voudrais vous poser une question,

9 M. Whatley.

10 Le 17 avril 1993, vous a-t-on demandé d'escorter deux négociateurs du

11 HVO ? Vous a-t-on demandé de les raccompagner après qu'ils aient pris part

12 à une réunion à laquelle avaient participé les forces des Nations unies,

13 réunions qui visait à l'établissement d'un cessez-le-feu ? Si c'est le

14 cas, les avez-vous raccompagnés à l'hôtel Vitez ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, effectivement.

16 M. Hayman (interprétation). - Fort bien, maintenant nous allons attendre

17 que la photo aérienne soit placée sur le chevalet.

18 Prenez le temps de vous orienter. Regardez bien cette photographie

19 aérienne. Je crois qu'il y a une légende qui apparaît en haut à gauche.

20 Peut-être cela pourrait-il vous aider. Vous vous retrouvez sur cette

21 carte ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

23 M. Hayman (interprétation). - Je vais tout d'abord vous demander de nous

24 montrer l'emplacement de l'hôtel Vitez. Vous nous l'indiquez donc sur la

25 pièce de l'accusation 45.

Page 13699

1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Voici l'hôtel Vitez.

2 M. Hayman (interprétation). - Elle porte la lettre A sur cette pièce,

3 n'est-ce pas ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait. Je peux vous citer les

5 lettres au fur et à mesure.

6 M. Hayman (interprétation). - Ce serait très utile.

7 Maintenant, pourriez-vous nous dire comment vous avez raccompagné ces deux

8 négociateurs du HVO à l'hôtel Vitez le soir du 17 avril 1993.

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les deux négociateurs sont montés à

10 l'arrière d'un véhicule Warrior, c'est donc un véhicule de combat blindé.

11 Nous les avons raccompagnés à leur quartier général qui n'apparaît pas sur

12 cette photographie. Moi, je suis monté à l'arrière du véhicule avec eux et

13 également en compagnie de mon interprète. Nous avons pris la route la plus

14 directe. Nous avons traversé les vieux quartiers de la ville de Vitez.

15 Ensuite, nous avons retrouvé la route principale que nous avons suivie. En

16 fait, c'était en direction du sud-est, même si je remonte sur la

17 photographie aérienne, et nous sommes arrêtés à peu près à ce niveau-là.

18 En fait, ce que vous ne savez sans doute pas, c'est que ce que j'indique

19 en ce moment même, c'est une station d'essence. Evidemment, elle ne

20 fonctionnait pas à ce moment-là, mais cette station d'essence se trouve

21 juste en face de l'hôtel. Et toute cette zone de la station d'essence et

22 de l'hôtel était délimitée par des fils barbelés qui avaient été établis

23 comme moyen de défense.

24 M. Hayman (interprétation). - Pourquoi est-ce que ce type de véhicule a

25 été utilisé pour accompagner ces deux représentants du HVO à l'hôtel

Page 13700

1 Vitez, le 17 avril 1993 ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les combats étaient extrêmement

3 violents à Vitez à l'époque. Il y avait des échanges de coups de feu très

4 nourris, il y avait beaucoup de combats à Vitez. Il était beaucoup trop

5 dangereux pour nous, pour moi en tout cas, de me déplacer dans la ville à

6 bord de ma Land Rover, ce que je faisais d'habitude. Il était de notre

7 devoir de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la vie des

8 négociateurs du HVO. C'est pourquoi nous les avons placés dans un véhicule

9 blindé. C'était le véhicule le plus sûr que nous avions à notre

10 disposition.

11 M. Hayman (interprétation). - Et quelle a été la distance que vous avez pu

12 parcourir à bord de ce véhicule jusqu'à l'hôtel Vitez ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Nous nous sommes arrêtés ici, au

14 niveau de la station d'essence. Nous étions environ à 25 mètres de

15 l'entrée de l'hôtel Vitez.

16 M. Hayman (interprétation). - Et que s'est-il passé à ce moment-là ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'ai dit au chauffeur d'ouvrir

18 électriquement la porte arrière du véhicule. Moi, je suis descendu du

19 véhicule avec mon interprète, et ensuite les deux officiers du HVO sont

20 également descendus. Ensuite, la porte arrière du véhicule s'est refermée.

21 Le véhicule est resté là où il se trouvait et moi-même, je me suis rendu à

22 pied avec les deux négociateurs du HVO vers la porte d'entrée de l'hôtel

23 Vitez.

24 M. Hayman (interprétation). - Pourriez-vous indiquer sur la pièce 45 de

25 l'accusation quel est le chemin que vous avez parcouru à pied. Vous étiez

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1 quatre, quelle est la route que vous avez suivie à pied ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Vous voulez que je l'indique sur la

3 carte ?

4 M. Hayman (interprétation). - S'il vous plaît, montrez-nous la direction

5 que vous avez suivie.

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vais utiliser un pointeur un peu

7 différent, ce qui vous permettra de mieux voir le chemin parcouru. Voici

8 la station d'essence. Voici la porte d'entrée de l'hôtel. Le véhicule

9 Warrior, le véhicule blindé, s'est arrêté ici. En fait, on voit qu'il y a

10 un véhicule sur cette photographie aérienne. Nous nous sommes arrêtés ici

11 et nous avons descendu le long de cette route, nous avons bifurqué sur la

12 droite, nous avons suivi les fils barbelés et nous avons remonté ce chemin

13 tout droit qui mène à l'entrée de l'hôtel à quelque 40 mètres de là.

14 M. Hayman (interprétation). - Vous-même, votre interprète et les deux

15 négociateurs du HVO, quelle était votre position ? Est-ce que vous

16 marchiez côte à côte, les uns derrière les autres ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, si moi je suis sur la

18 droite ici, il y avait immédiatement à ma gauche un officier du HVO ; à sa

19 gauche à lui, il y avait l'autre officier du HVO, et puis mon interprète,

20 qui était une jeune femme, se trouvait à l'extrême gauche de cette

21 deuxième personne. Donc nous étions quatre de front et nous marchions

22 ainsi vers la porte d'entrée de l'hôtel.

23 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous essayiez donc d'encadrer les

24 deux officiers du HVO entre deux membres du bataillon britannique ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. Moi, je voulais rester aussi

Page 13702

1 près d'eux que je le pouvais. Il m'a simplement paru que c'était la façon

2 la plus naturelle de se déplacer.

3 M. Hayman (interprétation). - Et que s'est-il passé ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, à hauteur de ce point-ci,

5 quelques mètres avant que nous n'arrivions vers la porte de l'hôtel, deux

6 tirs ont éclaté juste derrière nous.

7 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que quelqu'un a été touché ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, les deux officiers du HVO ont

9 été touchés. L'un a été touché à la main, l'autre a été touché dans la

10 fesse.

11 M. Hayman (interprétation). - Est-ce vous avez pu déterminer de quelle

12 direction ces coups de feu avaient été tirés et, le cas échéant, pourriez-

13 vous nous indiquer cette direction sur la photographie aérienne ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les coups ont été tirés juste

15 derrière nous. Ils ont été tirés l'un après l'autre. Juste derrière nous

16 depuis cette direction, ici.

17 M. Hayman (interprétation). - Avec la baguette que vous tenez, pourriez-

18 vous s'il vous plaît nous indiquer, d'une part, d'où étaient tirés ces

19 coups et, d'autre part, quelle a été la trajectoire suivie par les

20 projectiles ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Mes doigts vous montrent l'endroit

22 où nous nous tenions. La baguette, elle, indique la direction d'où

23 provenaient les tirs, les coups qui ont été tirés.

24 M. Hayman (interprétation). - Les coups ont été tirés depuis l'endroit qui

25 est indiqué par le bout de la baguette, n'est-ce pas ?

Page 13703

1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Je ne sais pas quel bâtiment

2 était passé sous le contrôle de quelle partie, mais par la suite, j'ai

3 appris que c'était l'armée de Bosnie-Herzégovine qui contrôlait le secteur

4 d'où les coups avaient été tirés.

5 M. Hayman (interprétation). - Depuis l'endroit que vous indiquez, est-ce

6 qu'il y avait un champ de vision dégagé qui permettait de voir d'où les

7 coups avaient été tirés ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

9 M. Hayman (interprétation). - Vous pouvez reprendre votre place. Avez-vous

10 été à même de dire si les coups étaient tirés d'une seule et même arme ou

11 bien si deux armes avaient été utilisées ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne peux pas le dire en toute

13 certitude. Mais l'impression que j'ai eue à ce moment-là, c'est que deux

14 armes avaient été utilisées. Les coups ont été tirés très rapidement, l'un

15 après l'autre. Bien sûr, une arme automatique aurait pu tirer deux coups

16 aussi rapprochés. Mais je crois que c'est assez improbable, mais je ne

17 peux pas en être certain.

18 Les coups ont été tirés avec une telle précision, je peux affirmer que les

19 personnes qui ont tiré ont pris toutes les précautions possibles pour ne

20 pas m'atteindre moi, membre des Nations unies, pour ne atteindre mon

21 interprète qui était également revêtu d'un uniforme des Nations unies. Je

22 pense donc que qu'il s'agissait de deux tireurs isolés.

23 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'avec un fusil à lunettes il est

24 possible de tirer deux coups aussi rapprochés que ceux dont vous nous

25 parlez en ce moment ?

Page 13704

1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je n'en suis pas certain. Je crois

2 que la plupart des fusils à lunettes doivent être chargés après chaque

3 coup, mais peut-être qu'il y a des fusils à lunettes qui se chargent

4 automatiquement. Et peut-être que je ne connais pas ce type d'arme.

5 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le moment est venu de nous

6 interrompre, Monsieur le Président ?

7 L'interprète. - Vous êtes hors micro, Monsieur le Président.

8 M. le Président. - Nous allons faire la pause. Je vous propose, cet après-

9 midi, de reprendre à 15 heures et nous siégerons de 15 heures à 18 heures.

10 L'audience est suspendue à 13 heures.

11 L'audience est reprise à 15 heures 05.

12 M. le Président. – L'audience est reprise, vous introduisez l'accusé,

13 monsieur le Greffier.

14 (L'accusé, M. Blaskic, est introduit dans le prétoire.)

15 M. le Président. – Vous introduisez notre témoin.

16 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

17 M. le Président. – Maître Hayman ?

18 M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

19 Rebonjour, monsieur. J'aimerais maintenant que nous passions à la journée

20 du 18 avril 93. Le 18 avril ou après cette date, avez-vous eu l'occasion

21 de vous rendre sur le site d'une explosion importante à Stari Vitez ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

23 M. Hayman (interprétation). - Vous rappelez-vous combien de temps après

24 l'explosion vous vous êtes rendu sur le site ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne me rappelle pas exactement la

Page 13705

1 date, mais je dirai que cela devait se situer une semaine environ après

2 l'incident.

3 M. Hayman (interprétation). - Lors de votre visite sur ce site, avez-vous

4 vu des corps qui étaient récupérés des ruines d'un bâtiment ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

6 M. Hayman (interprétation). - La presse internationale était-elle

7 présente ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, il s'agissait du regroupement

9 le plus important de représentants de la presse et de la télévision

10 internationale que j'ai jamais vu en Bosnie.

11 M. Hayman (interprétation). – Pouvez-vous décrire ce que vous avez vu ce

12 jour là ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. La très puissante explosion

14 d'un camion piégé à Stari Vitez avait enlevé le toit d'une quarantaine de

15 bâtiments et un grand nombre de maisons étaient gravement endommagées.

16 Donc l'un des objectifs que nous avions ce jour-là, à la Forpronu,

17 consistait à assurer la sécurité, c'est-à-dire à utiliser nos chars, les

18 warriors, pour protéger les travailleurs locaux de la ville qui

19 s'apprêtaient à travailler sur les ruines d'une maison dans laquelle ils

20 pensaient que des corps humains étaient enfermés.

21 M. Hayman (interprétation). - Et une opération de récupération a-t-elle

22 été entreprise ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, les experts britanniques ont

24 aidé les représentants de la population locale à enlever une à une les

25 pierres des restes de la maison de façon à pouvoir éventuellement

Page 13706

1 récupérer les corps à l'intérieur du bâtiment.

2 M. Hayman (interprétation). – A-t-on trouvé quelqu'un dans le bâtiment ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, on nous a dit que des civils

4 étaient enfermés à l'intérieur du bâtiment, mais en réalité bien sûr,

5 lorsque nous avons réussi à entrer à l'intérieur du bâtiment après avoir

6 enlevé toutes les pierres qui encombraient l'entrée du bâtiment, nous

7 avons trouvé trois soldats en uniforme et armés qui s'étaient fait tuer au

8 cours de l'explosion et qui ont été enfermés sous les débris une fois que

9 la maison s'est écroulée.

10 M. Hayman (interprétation). - Que s'est-il passé lorsque les corps ont été

11 retrouvés, récupérés ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les représentants de la population

13 locale ont vu arriver les représentants des médias qui filmaient

14 l'ensemble de ces travaux et ils souhaitait grandement que les

15 représentants des médias ne pénètrent pas à l'intérieur du bâtiment, ne

16 voient pas les armes notamment que l'on sortait du bâtiment.

17 Ces armes étaient cachées dans des manteaux et transportées rapidement

18 pour que les représentants des médias ne les voient pas.

19 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu de quelles armes il

20 s'agissait ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était des armes classiques, des

22 Kalachnikovs.

23 M. Hayman (interprétation). - Des fusils automatiques ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, des fusils automatiques.

25 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous attribué la moindre importance au

Page 13707

1 fait que ces armes aient été cachées aux yeux des représentants de la

2 presse sur le site ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, nous avons trouvé cela tout à

4 fait normal. Nous ne parlions pas à la presse de ce genre de choses. Nous

5 pensions que ce n'était pas notre rôle. Mais nous avons estimé que c'était

6 tout à fait normal. Les deux parties probablement ont trouvé cela tout à

7 fait normal dans le cadre de leurs rapports avec la presse.

8 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais l'aide de l'Huissier pour

9 présenter un document au témoin. Monsieur le Président, ce document se

10 composent de deux pages et est rédigé en anglais.

11 M. Dubuisson. - Document D421.

12 M. Hayman (interprétation). - Lorsqu'on vous aura remis ce document, je

13 vous demanderai de l'examiner et de nous dire si vous le reconnaissez.

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je reconnais ce document.

15 M. Hayman (interprétation). - De quoi s'agit-il ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il s'agit de la traduction d'un

17 document qui a été émis à Travnik par le colonel Filipovic et le

18 colonel Alegic, et ce document porte sur une réunion entre M. Izetbegovic

19 et M. Boban aux fins de conclure un accord et en date du 18 avril.

20 M. Hayman (interprétation). - 18 avril 1993 ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

22 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous reçu ce document le 19 avril 1993

23 ou aux environs de cette date ? D'ailleurs la date est inscrite à la

24 première ligne du document.

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je l'ai sans doute reçu le 19,

Page 13708

1 mais il est possible également que cette traduction m'ait été remise le

2 lendemain.

3 M. Hayman (interprétation). - Savez-vous qui a réalisé, qui a fait cette

4 traduction ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Cette question a été faite à la base

6 britannique. D'après l'écriture, je dirai que c'est sans doute l'oeuvre de

7 l'un de nos interprètes sur les lieux.

8 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que vous m'avez remis un exemplaire

9 de cette traduction avant votre déposition ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

11 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous été en mesure de localiser, de

12 situer géographiquement l'original de ce document ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, mais je pense qu'il doit se

14 trouver dans les archives britanniques.

15 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai pas

16 l'intention de lire la totalité du document, mais je lirai sans doute

17 l'introduction et le premier paragraphe ainsi que, peut-être, le deuxième.

18 Ce document est intitulé "Annonce" et commence par les termes suivants, je

19 cite :

20 "Le 19 avril 1993, une réunion s'est tenue à Travnik entre les commandants

21 du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine au sujet de la réalisation

22 concrète du document signé et conclu par M. Izetbegovic et M. Boban le

23 18 avril 1993. Suite à l'ordre figurant dans ce document et, compte tenu

24 du danger représenté par l'ennemi commun, les deux commandements, les deux

25 commandants ont décidé d'informer complètement la population de Travnik au

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1 sujet de ce qui suit.

2 Premièrement : les commandements du HVO et de l'armée de Bosnie-

3 Herzégovine entreprendront toutes les mesures nécessaires et utiliseront

4 tous les moyens à leur disposition, y compris la force, pour protéger les

5 populations croate et musulmane contre tout affrontement ou attaque

6 éventuelle de la part de forces extrémistes et tout événement allant dans

7 ce sens.

8 Deuxièmement : dans ce contexte, toutes les forces qui construiront des

9 barrages routiers de leur propre chef, sans négociation, ou qui

10 construiront des barricades dans les mêmes conditions ainsi que toute

11 force maltraitant la population sera empêchée d'agir ainsi. Les auteurs de

12 tels actes seront contraints de se rendre sur la ligne de front pour

13 combattre l'ennemi commun. Ceci concerne également toute personne qui

14 circulera en ville avec un fusil en dehors d'une tâche professionnelle

15 justifiant la présence de ce fusil. Cette question fera l'objet d'un ordre

16 distinct.

17 Troisièmement : je vais également lire le troisième paragraphe, je cite :

18 les deux commandants exigent résolument que le gouvernement civil mette

19 immédiatement son autorité et ses activités au service du maintien de la

20 paix et de la protection de l'ensemble de la population, de l'ordre public

21 et de la paix et contribue ainsi à empêcher toute évolution négative de la

22 situation."

23 Monsieur le Président, le texte se poursuit au paragraphe 4 où il est

24 question d'informer le public et de réglementer les informations non

25 confirmées qui sont produites à destination du public.

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1 Les paragraphes suivants du texte traitent d'autres questions qui sont

2 dans la même veine. Ma question, Monsieur, est la suivante. A votre avis,

3 cette déclaration ou annonce commune émanant de MM Filipovic et Alagic

4 rend-elle compte du désir des deux commandants, à savoir du commandant du

5 HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Travnik de mettre en œuvre et

6 d'appuyer l'accord du 18 avril 1993 conclu entre M. Izetbegovic et

7 M. Boban.

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, en effet.

9 M. Hayman (interprétation). - Compte tenu de votre participation directe

10 et de la connaissance que vous aviez des événements en Bosnie centrale,

11 entre octobre 1992 et avril-mai 1993, pouvez-vous dire au Président et aux

12 Juges quelle était la chaîne de commandements et de contrôles qui

13 existait, à ce moment-là, au sein du HVO en Bosnie centrale ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il était très difficile pour nous

15 d'évaluer le type de commandement et de contrôle exercé par le

16 colonel Blaskic sur le HVO en Bosnie centrale, à l'époque.

17 Nous ne disposions pas d'informations détaillées quant à la façon dont

18 travaillait le quartier général du HVO à Vitez, mais suite à un grand

19 nombre d'incidents, nous avons acquis le sentiment que cette chaîne de

20 commandements était bancale et mon sentiment, aujourd'hui, et je pense que

21 c'était sans doute également mon sentiment à l'époque, consistait à penser

22 que cette chaîne de commandements était insuffisante.

23 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous dites que vous n'aviez pas

24 d'informations détaillées, quant à la façon dont fonctionnait le quartier

25 général, que voulez vous dire exactement ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Nous ne savions pas quelle était la

2 structure du quartier général du HVO, nous ne l'avons pas demandé non

3 plus. Nous ne savions pas quels étaient les effectifs, quelle était la

4 qualité des équipements et nous n'avions pas accès, pour des raisons tout

5 à fait manifestes, aux ordres de combat émanant des différents quartiers

6 généraux.

7 Mais ce à quoi nous avions accès, ce que nous voyions régulièrement,

8 c'était les ordres de cessez-le-feu.

9 M. Hayman (interprétation). - Avant de parler de cela, je reviens sur ce

10 que vous venez de dire, à savoir que, de façon générale, vous estimiez que

11 la chaîne de commandement et de contrôle du HVO en Bosnie centrale,

12 pendant la durée de votre mission sur place, était insuffisante, n'est-ce

13 pas ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, c'est exact.

15 M. Riad (interprétation). - Pourriez-vous utiliser un autre mot que flimsy

16 en anglais, qui a été traduit par l'interprète comme bancal.

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Faible, Monsieur le Juge.

18 M. Hayman (interprétation). - Il ne pouvait pas accéder à ses

19 subordonnés ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Lorsque j'utilise le terme flimsy,

21 je veux dire que la chaîne de commandements n'était pas solide, n'était

22 pas ferme.

23 M. Riad (interprétation). - Merci.

24 M. Hayman (interprétation). - Pouvez-vous nous dire pourquoi il en était

25 ainsi, si vous le savez, si vous avez des raisons précises de le penser

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1 ou, dans le cas contraire, pour quelles raisons vous estimez que le

2 fonctionnement interne du HVO, en Bosnie centrale, était faible ou

3 insuffisant à l'époque ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Un certain nombre d'indices nous ont

5 amené à penser cela, notamment la mauvaise qualité des officiers que nous

6 avons rencontrés et également l'absence de qualité des soldats. Nous ne

7 connaissions pas grand-chose des communications, mais nous savions

8 également que ces communications étaient de mauvaise qualité.

9 Et l'indice, peut-être le plus important à nos yeux, résidait dans le fait

10 que nous savions que les petites unités, que nous avons pu voir ici et là

11 sur le terrain, eh bien, les hommes composant ces unités avaient une

12 loyauté, une fidélité très différente de celle que l'on peut attendre au

13 sein d'une armée.

14 J'ai déjà dit que ces soldats étaient surtout fidèles aux représentants

15 politiques locaux et aux populations locales et il y avait de nombreuses

16 activités à but lucratif dirai-je sur le terrain dues à des bandes armées

17 qui profitaient de la situation.

18 M. Hayman (interprétation). - Vous avez déclaré que les officiers

19 n'avaient pas là une qualité suffisante et que cela contribuait à la

20 mauvaise qualité de la chaîne de commandement et de contrôle exercée par

21 le colonel Blaskic à l'époque, devenu général par la suite. Quels

22 officiers avez-vous à l'esprit lorsque vous parlez de cela ? Tous les

23 officiers ou quelques uns ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien ce que je savais

25 précisément, la connaissance réelle que j'avais, eu égard aux niveaux de

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1 commandements, se situaient au niveau des brigades. Les officiers, à ce

2 niveau, la plupart de ceux que j'ai rencontrés en général, donc les

3 officiers au niveau du commandement des brigades n'avaient pas la qualité

4 que l'on pouvait attendre d'un tel grade, d'un tel poste. En tout cas, si

5 on les comparait aux normes régissant les officiers de l'armée

6 britannique.

7 M. Hayman (interprétation). - J'aimerais que la pièce à conviction D418

8 soit remise au témoin et qu'on place cette pièce sur le rétroprojecteur.

9 C'est une carte géographique de la JNA que nous avons utilisée hier déjà,

10 qui appartient à la série 3 de Zenica. Il y avait trois cartes de Zenica

11 qui ont été utilisées, qui montrent la région de Travnik et Novi Travnik.

12 (Le document est remis au témoin.)

13 M. Hayman (interprétation). - Je demanderai que cette pièce soit placée

14 sur le rétroprojecteur et que l'on voit le centre notamment de la carte.

15 Je demanderai aux techniciens de la déplacer un tout-petit peu. Merci.

16 Monsieur Whatley, vous nous avez dit estimer que le commandement et le

17 contrôle exercés par le colonel Blaskic à l'époque était d'une qualité

18 insuffisante. Avez-vous à l'esprit un exemple particulier que vous

19 pourriez narrer aux Juges et appuyez-vous, je vous prie, sur la carte pour

20 ce faire.

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Je parlais il y a quelques

22 instants du niveau de commandement et de contrôle exercés par les brigades

23 mais il y a un exemple qui permet mieux de comprendre pourquoi et comment

24 cette chaîne de commandement fonctionnait, c'est-à-dire qu'elle

25 fonctionnait insuffisamment, insuffisamment bien.

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1 Et cet exemple est représenté par les barrages routiers. Je vais

2 maintenant parler d'un barrage routier en particulier qui constitue un

3 exemple très parlant. Je ne me rappelle pas la date exacte de cet

4 incident, mais je crois qu'il s'est déroulé en mars ou avril 93.

5 On voit ici, sur la carte, la ville de Travnik, et pour sortir de Travnik,

6 on emprunte cette route qui descend vers l'est et notamment vers la basse

7 britannique. Ici, on a un carrefour qui est tout à fait critique, qui va

8 vers le sud dans la direction de Novi Travnik et enfin vers Gornji Vakouf

9 et vers la Croatie.

10 M. Hayman (interprétation). - Vous faites référence à ce carrefour entouré

11 d'un cercle noir ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. Celui qui se trouve ici.

13 Depuis le jour de notre arrivée, jusqu'au jour de notre départ et encore

14 longtemps par la suite, ce carrefour routier a été le cite d'un barrage

15 tenu par le HVO. Ce barrage était gardé par un nombre de soldats qui

16 variaient, qui augmentaient ou diminuaient en fonction de la situation

17 locale et de la situation en Bosnie centrale de façon générale.

18 Mais en tout état de cause, ce barrage routier était tout à fait capital

19 pour le HVO. Tous nos convois qui venaient de Croatie devaient traverser

20 ce barrage. Tous les convois du HCR et de la Croix-Rouge internationale

21 passait également par ce barrage et, très souvent, nous fournissions une

22 escorte par des warriors à ces convois internationaux. Cela faisait partie

23 de notre mission, de notre mandat. Et la plupart des missions

24 internationales étaient escortées par nos chars lors du passage de ce

25 barrage.

Page 13715

1 Et un jour, je n'étais pas, j'étais dans mon véhicule personnel, une Land

2 Rover, et on m'a appelé pour me dire qu'un incident avait eu lieu au

3 barrage. On m'a informé par radio. Je me suis rendu sur les lieux et j'ai

4 très bien compris ce qui s'était passé.

5 Un peloton britannique, c'est-à-dire quatre chars warriors commandés par

6 des officiers escortaient un convoi important du HCR. Ce convoi était donc

7 accompagné par une escorte de la Forpronu. Il représentait les Nations

8 unies, puisqu'il s'agissait du HCR, et il avait été arrêté par la police

9 militaire du HVO au carrefour que je viens d'évoquer. J'ai parlé au

10 commandant britannique d'abord et j'ai demandé ensuite aux représentants

11 des unités de me montrer des documents car, à mon avis, c'était un convoi

12 représentant le haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies qui

13 étaient en droit de passer.

14 J'ai donc ensuite parlé au commandant du HVO, c'est-à-dire au commandant

15 de la police militaire du HVO qui se trouvait sur les lieux.

16 M. Hayman (interprétation). – Excusez-moi de vous interrompre, mais

17 comment pouvez-vous dire que c'était la police militaire du HVO qui tenait

18 ce barrage ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Nous le savions. Ces hommes avaient

20 un uniforme du HVO, ils avaient l'écusson du HVO sur le bras. Ils avaient

21 l'écusson du HVO sur leurs couvre-chefs et on voyait qu'il s'agissait de

22 membres de la police militaire puisqu'ils avaient des baudriers et des

23 ceinturons blancs.

24 Ce barrage routier, ce jour-là, était tenu par un grand nombre de soldats

25 bien équipés, c'est-à-dire équipés de lances roquettes légers, de grenades

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1 et donc disposant d'effectifs tout à fait suffisants. J'ai donc parlé au

2 représentant de la police militaire, avec l'aide de mon interprète bien

3 entendu. Je lui ai dit : "Pourquoi est-ce que vous avez arrêté ce

4 convoi ?"

5 Il m'a répondu : "Ce sont des Musulmans qui sont dans le convoi et nous ne

6 voulons pas qu'ils passent sur cette route".

7 Alors, effectivement, certains des chauffeurs des camions étaient des

8 membres de la population locale. Il nous a dit qu'il ne souhaitait pas que

9 ce convoi passe sur la route. Je lui ai répondu que c'était un convoi des

10 Nations unies escorté par les Britanniques et que ce convoi devait

11 traverser le barrage pour se rendre à Zenica où se trouvait l'entrepôt

12 principal du HCR pour la Bosnie centrale. Il m'a dit : "Pas question !"

13 Je me suis donc un peu écarté, j'ai parlé au commandant du peloton à qui

14 j'ai dit ce que je pensais et j'ai parlé au commandant des Britanniques

15 pour leur demander de repositionner leurs chars, de les placer en cercle

16 et de façon à ce que les canons des chars visent les hommes armés de

17 façon, éventuellement, à pouvoir détruire le barrage en cas de nécessité.

18 Je suis retourné ensuite au barrage routier. J'ai parlé une nouvelle fois

19 au commandant du barrage, un Croate, je lui ai dit : "Est-ce que vous avez

20 un téléphone ?" Il a répondu : "Oui". Donc, j'avais mon carnet plein de

21 numéros de téléphone sur moi. J'ai appelé directement le bureau du

22 colonel Blaskic qui connaissait ma voix. Je me suis identifié au téléphone

23 bien entendu, je ne pouvais pas parler serbo-croate mais j'ai utilisé les

24 services de mon interprète parce que lui-même ne pouvait pas parler

25 l'anglais et, grâce à l'interprète, je lui ai donc expliqué que le barrage

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1 routier du HVO avait arrêté, illégalement arrêté, un convoi des

2 Nations Unies escorté par des membres du bataillon britannique.

3 Le colonel Blaskic m'a répondu que ce barrage routier avait agi en

4 contravention avec ses ordres et qu'il allait en informer le commandant du

5 barrage personnellement. L'interprète a alors traduit la moitié de la

6 conversation qu'elle a entendue, conversation qui s'est déroulée au

7 téléphone entre le commandant du barrage et le colonel Blaskic.

8 Je ne peux pas vous rendre tous les détails de la conversation, mais, pour

9 l'essentiel, le commandant du barrage a utilisé des mots très grossiers

10 que je ne vais pas répéter car ils sont loin d'être polis, donc des mots

11 très grossiers avant de raccrocher. Et le commandant du barrage était très

12 en colère. Mais j'en ai déduit qu'il avait reçu des ordres lui donnant

13 pour obligation de faire traverser le convoi.

14 M. Hayman (interprétation). - Et qu'a-t-il fait, qu'avait-il fait en

15 réponse à ce qu'il entendait au téléphone ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Apparemment, il avait lancé des

17 insultes et des injures à l'intention de son interlocuteur.

18 M. Hayman (interprétation). - Qu'a-t-il fait après la fin de la

19 conversation téléphonique, lorqu'il a raccroché le téléphone au nez du

20 colonel Blaskic ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, j'ai cru comprendre qu'il

22 ne souhaitait pas faire passer le convoi, contrairement à ce qui lui avait

23 été demandé, à ce qui avait été exigé de lui. Il savait bien, d'ailleurs,

24 que si nous détruisions le barrage, il n'avait aucun recours. Il s'est

25 bien rendu compte que nous étions sérieux, que nous ne plaisantions pas.

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1 Je suis remonté à bord de ma Land Rover, je me suis écarté de 200 ou

2 300 mètres sur la route, et j'ai donné l'ordre au commandant du peloton

3 britannique responsable des Warrior de détruire le barrage routier si qui

4 que ce soit faisait opposition au passage du convoi. Heureusement, à

5 partir de ce moment-là, le convoi a pu passer et n'a pas été arrêté une

6 nouvelle fois.

7 M. Hayman (interprétation). - Après qu'il y a eu cet échange téléphonique

8 entre le commandant du poste de contrôle et le colonel Blaskic, est-ce que

9 le commandant a autorisé le passage du convoi ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pas tout de suite. J'ai continué à

11 discuter avec lui pendant quelques minutes. Je lui ai expliqué qu'il y

12 avait tous ces véhicules Warrior prêts à le tuer s'il ne se conformait pas

13 à l'ordre.

14 M. Hayman (interprétation). - Vous avez décrit le degré de commandement et

15 de contrôle qu'avait à votre avis le colonel Blaskic, ceci de façon

16 générale et par rapport au HVO en Bosnie centrale. Vous l'avez qualifié de

17 "médiocre" ou de "faible" et vous avez fourni un exemple à cet effet qui

18 portait sur ce convoi qui devait passer par ce poste de contrôle très

19 important à Novi Travnik.

20 Est-ce que nous pourrions donner d'autres détails et être plus précis sur

21 un autre point ? Est-ce que vous pourriez dire aux Juges quelle est votre

22 évaluation du degré de commandement et de contrôle dont disposait le

23 colonel Blaskic sur les forces, les éléments du HVO dans la zone

24 opérationnelle de Bosnie centrale surtout lorsqu'il s'agit d'activités de

25 combat, pas par rapport aux postes de contrôle ou à la tenue des uniformes

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1 et à la propreté des bottines, mais plutôt pour l'utilisation des armes ou

2 à la non-utilisation des armes lors des combats ? Quel était son degré de

3 commandement et de contrôle par rapport à ces activités ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Cela, nous ne l'avons jamais su.

5 Nous n'avions aucune possibilité de voir ces ordres de combat d'assaut,

6 nous n'avions aucune connaissance quant aux intentions du HVO ni de

7 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Nous ne savons pas quand ils voulaient

8 attaquer.

9 Nous avons tiré la plupart de nos conclusions sur cette question,

10 s'agissant des ordres écrits et de tous manquements à l'obligation d'agir,

11 c'est au niveau des ordres de cessez-le-feu. Souvent, nous avons participé

12 à ces accords de cessez-le-feu. Nombre de ceux-ci furent signés par le

13 colonel Blaskic en personne. Il s'agissait de cessez-le-feu régionaux,

14 locaux et puisque nous étions les membres du bataillon britannique des

15 Nations Unies, puisque nous étions en contact étroit avec les parties

16 belligérantes, ceci après le 16 avril 93, nous étions souvent obligés

17 d'essayer d'assurer la bonne mise en œuvre des cessez-le-feu, de confirmer

18 de façon neutre que les deux parties avaient bien appliqué leur partie de

19 l'accord auquel on était parvenu, qu'il s'agisse d'un certain retrait de

20 force à partir d'une certaine ligne et jusqu'à un certain point. Enfin, il

21 y a beaucoup d'autres exemples qui ne me viennent pas immédiatement à

22 l'esprit, mais nous avions surtout une participation au niveau du maintien

23 de l'application de ces cessez-le-feu s'agissant des ordres écrits de la

24 part des deux parties belligérantes.

25 Mais en général, ces cessez-le-feu n'étaient pratiquement pas mis en

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1 œuvre, à peine respectés. Souvent, un ordre visant un cessez-le-feu était

2 donné et nous avions un de nos indicatifs, on dépêchait un warrior sur les

3 lieux et il n'y avait pas de diminution de la puissance de tir. On savait

4 qu'on forçait des forces à se retirer de certaines lignes, on obligeait

5 les forces à combler les tranchées, mais ceci ne se faisait pas. On ne

6 réagissait pas en général aux ordres donnés.

7 M. Hayman (interprétation). – A partir des informations dont vous

8 disposiez, quel serait d'après vous le degré de commandement et de

9 contrôle pour ce qui est des activités de combat, ou du manquement à

10 l'obligation de s'engager dans de telles activités, pour ce qui est du

11 colonel Blaskic et pour la période qui vous concerne ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, il faudrait qualifier ce

13 degré de commandement et de contrôle comme étant insuffisant, médiocre.

14 M. Hayman (interprétation). - Et vous pensez surtout à ce type d'activité

15 de combat ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vous ai déjà parlé de ces

17 activités de combat, mais je parle ici des activités militaires au point

18 de contrôle, au cessez-le-feu, au fait que les gens n'appliquaient pas, ne

19 respectaient pas des ordres, qu'ils soient écrit ou oraux, verbaux.

20 M. Hayman (interprétation). - Vous venez de nous fournir un avis sur le

21 niveau médiocre de commandement et de contrôle en Bosnie centrale, à

22 partir du niveau de commandement de la zone opérationnelle. Est-ce que

23 votre avis était partagé par d'autres membres du bataillon britannique à

24 l'époque ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il est certain que l'officier chargé

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1 du commandement, Bob Stewart partageait mon avis. C'était le fait aussi

2 des autres officiers de liaison. En général, je ne discutais pas de ce

3 genre de question avec d'autres membres du bataillon. Je ne peux donc pas

4 parlé en leur nom.

5 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que nous pourrions voir la pièce 29,

6 en fait la replacer parce qu'elle est derrière la pièce actuelle placée

7 sur le chevalet. Nous allons diffuser, dans un instant, une courte

8 séquence vidéo, Monsieur le Président. Mais auparavant, je voudrais situer

9 ce que je crois être les lieux dont on va parler dans cette séquence vidéo

10 avant que cette dernière soit diffusée.

11 Il n'est pas nécessaire de vraiment accrocher cette pièce 29. Je vais

12 peut-être vous aider, vous donnez un petit coup de main.

13 (Le document est installé sur le chevalet.)

14 Il s'agit d'une carte assez grande, je parle ici de la pièce 29. Pourriez-

15 vous nous indiquer où se trouvaient Kazagici, ici, par rapport à la

16 municipalité de Kiseljak ?

17 (Le témoin désigne l'emplacement.)

18 Veuillez vous reculer, afin que les Juges voient exactement où cela se

19 trouve. Vous voyez Busovaca, Kiseljak. Ceci vous aidera à vous repérer.

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Voici Busovaca et ici, se trouve la

21 ville de Kiseljak, plus bas. Le village en question, Kazagici se trouve

22 ici, du côté nord, au nord de la route.

23 M. Hayman (interprétation). - Merci. Est-ce que Kazagici relevait de la

24 zone opérationnelle en Bosnie centrale pour le HVO ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Je crois que oui.

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1 M. Hayman (interprétation). - Nous avons une courte séquence qui nous

2 vient de la BBC, Monsieur le Président. Je demanderai qu'on baisse

3 l'éclairage et que cette séquence soit diffusée. Elle fait quelques trois

4 minutes.

5 (Diffusion d'une vidéo en anglais.)

6 Est-ce qu'on pourrait arrêter l'image ? Vous voyez une date qui apparaît

7 ici, difficile de la voir, vers le haut : le 18 avril 93.

8 Est-ce qu'on pourrait rembobiner de quelques secondes et poursuivre la

9 diffusion.

10 (Diffusion de la vidéo.)

11 M. le Président. – Je n'ai pas la traduction. Je le comprends globalement,

12 mais j'aurais préféré l'avoir de façon plus précise.

13 M. Hayman (interprétation). - Est-ce qu'on peut avoir une interprétation ?

14 Les Interprètes. – Les interprètes vont s'essayer, Monsieur le Président,

15 en demandant votre indulgence. Il faudrait le repasser, s'il vous plaît.

16 Le fait est que nous n'avons pas de transcript, mais nous allons essayer

17 si vous le voulez bien.

18 M. le Président. - J'ai fait une traduction à vue, je comprends

19 globalement, mais je préférerais l'avoir plus en détail quand même. Merci.

20 (Nouvelle diffusion de la vidéo.)

21 M. Hayman (interprétation). - Il y aura un court entretien avec le colonel

22 Robert Stewart et ce sera peut-être la partie la plus cruciale qu'il

23 faudrait peut-être interpréter. Vos interprètes vont essayer de le faire.

24 Je ne sais pas à quel débit il parle, mais nous pourrions diffuser cette

25 séquence plus d'une fois si c'était nécessaire.

Page 13723

1 M. le Président. - Je vous remercie beaucoup, Maître Hayman, mais je suis

2 sûr que les interprètes vont faire le mieux possible et puis mes

3 excellents collègues m'aideront également s'il m'échappe une nuance du

4 texte. Merci. Allons-y.

5 (Diffusion de la vidéo).

6 "Bonsoir. Les dirigeants politiques de l'Occident se demandent encore

7 aujourd'hui s'il faut une intervention en Bosnie. Mais cependant, les

8 combats s'intensifient. Les Musulmans et les Croates mènent des combats

9 très vifs contre les membres de la République, mais les combats vont

10 éclater dans plusieurs régions. Il y a eu des affrontements entre les

11 Musulmans et les Serbes en dehors de Srebrenica, zone protégée. Les

12 combats se sont renouvelés à Gradaca, dans le nord. Il y a eu pilonnage

13 des Serbes aussi sur l'enclave de Bihac. De lourds combats se sont

14 déclenchés entre les Musulmans et les Croates qui défendent Busovaca, en

15 Bosnie centrale.

16 Les Britanniques continuent leurs opérations dangereuses de maintien de la

17 force, mais c'est comme si on essayait d'utiliser un arrosoir pour

18 éteindre un incendie de forêt. Le colonel Stewart a mené personnellement

19 une patrouille sur les lieux de combats violents au cours des heures

20 précédentes.

21 Nous avons... alors que nous utilisions et que nous filmions, les combats

22 se poursuivaient. Les britanniques ont été pris entre les feux des deux

23 parties belligérantes et on a essayé de se couvrir et de se protéger du

24 mieux que nous pouvions.

25 Ce n'est plus ici simplement une attaque de village à village mais une

Page 13724

1 poussée forte des Musulmans. Vous avez ici les premiers tués. Le

2 colonel Bob Stewart, commandant du bataillon britannique, a été pris dans

3 le feu pendant une demi-heure. Il vient de sortir d'un des endroits où il

4 avait trouvé refuge, mais il n'a pas réussi à faire respectez le cessez-

5 le-feu.

6 C'est une situation tout à fait précaire, très explosive. Il suffit d'une

7 étincelle pour faire déclencher ce feu. Les deux parties belligérantes

8 savent qu'un cessez-le-feu a été ordonné et les deux parties disent qu'il

9 y a des gens sur le terrain qui vont décider de l'issue de la situation.

10 On cherchait la présence dans les véhicules... les Serbes cherchaient la

11 présence dans les véhicules des Nations unies de personnes qu'on avait

12 essayé de faire se faufiler de façon illicite. Il y a menace de

13 représailles serbes si les Serbes sont attaqués par les Américains. Ils

14 disposent d'artillerie lourde de fort calibre, qu'on peut diriger aisément

15 sur Vitez et sur notre base.

16 Et l'étendue de la mission des Nations unies ne cesse de s'agrandir. Il y

17 a des réfugiés qui circulent sur les lignes de front. Il y a autant d'un

18 côté que de l'autre et c'est une forme pacifique de nettoyage ethnique.

19 Mais ce n'est pas le cas à Vitez."

20 M. Hayman (interprétation). - Je crois que pouvons arrêter la diffusion de

21 la cassette ici. Voilà la séquence que nous voulions diffuser. Est-ce que

22 nous pourrons avoir l'éclairage dans le prétoire ?

23 M. le Président. - Je remercie les interprètes.

24 M. Hayman (interprétation). - La situation que décrit votre officier,

25 votre commandant, le colonel Stewart, il parle de forces locales,

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1 d'éléments locaux agissant de façon tout à fait indépendante,

2 indépendamment des ordres donnés pour un cessez-le-feu par leur commandant

3 en Bosnie centrale. Est-ce que c'est quelque chose que vous avez souvent

4 rencontré au cours de votre mission ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

6 M. Hayman (interprétation). - En Bosnie centrale, est-ce que le HVO

7 pouvait être qualifié comme étant une structure avec une chaîne de

8 commandement complète ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ce n'est pas ça qu'on dirait en

10 termes militaires. La chaîne de commandements ne fonctionnait pas bien. Je

11 vous ai déjà fourni certains exemples à cet effet, ce qui nous pousse à

12 croire qu'elle ne marchait pas bien.

13 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que le colonel Blaskic maîtrisait

14 bien les éléments du HVO dans la vallée de la Lasva ? Est-ce qu'il

15 contrôlait bien les commandants locaux ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Si j'ai bien compris la situation,

17 et c'est ce que nous croyions à l'époque, la chaîne de commandement était

18 insuffisante, était médiocre.

19 M. Hayman (interprétation). - Et, à votre connaissance, est-ce que le

20 bataillon britannique savait si le colonel Blaskic avait pris des mesures

21 afin que les événements survenus à Ahmici vers la mi-avril 93 fasse

22 l'objet d'une enquête ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne suis pas au courant.

24 M. Hayman (interprétation). - Vous n'êtes pas au courant de quoi ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas s'il a demandé qu'une

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1 enquête soit menée. Je ne connaissais pas ces éléments à l'époque.

2 M. Hayman (interprétation). - Seriez-vous d'accord ou en désaccord avec

3 cette idée que je vais énoncer ? L'attaque menée contre Ahmici n'aurait

4 pas pu se produire sans l'autorité ni l'ordre donné par le colonel Blaskic

5 étant donné le nombre d'éléments concernés et l'échelle, l'ampleur de

6 l'attaque ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne suis pas d'accord. Une telle

8 déclaration prend pour hypothèse que tous les ordres d'assaut soient

9 donnés par Blaskic, et je crois que le niveau de commandements et de

10 contrôles qui existait à l'époque me fait croire que c'est absolument le

11 contraire qui se passait.

12 M. Hayman (interprétation). - Au cours des jours qui ont suivi le 16

13 avril 93, est-ce que votre mission a changé ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui. La situation qui prévalait dans

15 ma zone de responsabilité que je vous ai décrite hier à beaucoup changé, a

16 gagné en intensité. Un autre officier de liaison, un autre capitaine a été

17 muté de Tuzla à Vitez pour me renforcer et il a pris la responsabilité de

18 la ville de Vitez. Moi, j'ai eu pour tâche de consacrer toutes mes

19 activités à Travnik et à Novi Travnik afin d'essayer de veiller à ce

20 qu'une guerre entre les Musulmans et les Croates ne commencent pas dans

21 cette ville.

22 Je ne peux pas vous donner la date exacte de ce changement de missions,

23 mais je sais que ça s'est passé un certain temps après le 16 avril 1993.

24 M. Hayman (interprétation). - Dans le cadre de votre mission en Bosnie

25 centrale, avez-vous été au courant du fait de savoir si le colonel Blaskic

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1 pouvait disposer d'un hélicoptère pour se déplacer ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas si au cours de ma

3 mission, il y a eu un quelconque vol d'hélicoptère qui ait atterri à

4 Vitez.

5 M. Hayman (interprétation). - Au cours de votre mission, est-ce que le HVO

6 ... Je reformule ma question. Au cours de votre mission, est-ce que le

7 bataillon britannique a suivi les déplacements des pièces d'artillerie

8 lourde du HVO ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas si le bataillon

10 britannique l'a fait pour les pièces d'artillerie et pour les chars. Je

11 sais qu'il y avait une pièce installée de façon permanente et statique à

12 un endroit précis que je pourrais vous indiquer sur la carte.

13 M. Hayman (interprétation). - Il suffira de décrire l'emplacement.

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - A environ 500 mètres de notre base

15 se trouvait une pièce dans une carrière, près de Mali Mosun. Nous ne

16 l'avons jamais vu cette pièce d'artillerie lourde, mais nous se savions

17 qu'elle était là. Elle était surveillée d'ailleurs.

18 Une fois, j'ai essayé de me rendre sur place pour voir de quel calibre

19 elle était, mais nous n'avons pas pu y avoir accès et le colonel Stewart

20 ne voulait pas aggraver la situation. Nous aurions pu le faire si nous

21 avions vraiment essayé d'utiliser la force pour avoir accès à cet endroit,

22 mais c'était un canon de 203 millimètres, nous le croyons du moins, ceci

23 n'a jamais été confirmée. A ma connaissance, cette pièce n'a pas changé

24 d'emplacement.

25 Mais pour ce qui est des autres responsabilités qui étaient la mienne, si

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1 nous voyons un déplacement d'artilleries, de chars, on nous en faisait

2 état mais nous n'avons pas suivi ceci de façon systématique.

3 M. Hayman (interprétation). - Est-ce que les experts en artillerie du

4 bataillon britannique savaient si les pièces d'artillerie serbes sur le

5 relief de Vlasik n'avaient pas dans leur portée Zenica ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous entendez

7 par là. Nous n'avions pas d'experts en artillerie pour autant que je

8 sache. Alors pour répondre, là, je réponds ainsi à la première partie de

9 votre question. Je ne sais pas s'il y avait Zenica dans le champ de portée

10 de l'artillerie serbes. Au cours des premiers mois de ma mission, l'armée

11 de Republika Srpska, la VRS, a pilonné Zenica ainsi que beaucoup d'autres

12 villes dont Travnik et Zepce.

13 M. Hayman (interprétation). - Avez-vous vu une quelconque unité, un

14 quelconque officier de la HV, de l'armée de la République de Croatie, dans

15 la vallée de la Lasva au cours de votre mission ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. Il y avait des rumeurs

17 constantes qui circulaient quant à la présence de soldats de l'armée de la

18 République de Croatie, de la HV en Bosnie-Herzégovine.

19 Nous entendions constamment de telles rumeurs. Mais, personnellement, je

20 n'en ai vu aucun et personne, à ma connaissance, n'en a vu, ni à Kiseljak

21 ni dans la vallée de la Lasva. La seule fois où j'ai vu un écusson de la

22 HV, c'est lors d'une visite effectuée dans un bar avec un collègue. Un des

23 gardes du corps d'un commandant du HVO avait, d'un côté, un badge, un

24 écusson du HVO et, de l'autre côté, sur l'autre bras, un écusson de la HV.

25 C'est la seule occasion dont j'ai connaissance.

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1 M. Hayman (interprétation). - Vous souvenez-vous d'une rumeur plus précise

2 à un moment de votre mission selon laquelle il y avait une unité de la HV

3 à Novi Travnik ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - On en a parlé effectivement. Nous

5 avons mené une petite enquête et les seuls étrangers disons qu'on ait vus

6 à Novi Travnik, c'était une unité qui venait de Mostar.

7 M. Hayman (interprétation). – Mais des unités qui venaient de quelle

8 force ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était une unité du HVO de Mostar

10 qui était à Novi Travnik.

11 M. Hayman (interprétation). - Lorsque vous avez rencontré les commandants

12 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, que ce soit à Vitez ou à Kruscica, dans

13 la nuit ou dans la soirée du 15 avril 93, est-ce que ces hommes ou leurs

14 actes vous auraient fait croire qu'ils étaient préoccupés par les

15 événements qui se produisaient à l'est, à Srebrenica ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. Srebrenica n'a jamais été un

17 sujet de conversation, du moins pas ce jour-là.

18 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, j'aimerais demander

19 le versement de certaines pièces au dossier. Il s'agit des pièces D414,

20 415, 415-a, 416, 417, 417-a., 418, 419, 420, 421 et une partie de la

21 cassette que nous avons diffusée qui deviendra, je crois, que la pièce de

22 la défense 422.

23 M. le Président. - Vous en avez terminé, Maître Hayman, de votre

24 interrogatoire principal ?

25 M. Hayman (interprétation). - En l'absence d'objection de la part de

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1 l'accusation, et si ces pièces sont versées au dossier, j'en ai ainsi

2 terminé de mon interrogatoire principal. Je vous remercie Monsieur le

3 Président.

4 M. le Président. - Je vous remercie, Maître Hayman et en même temps, je

5 vous complimente car vous avez essayé, fait des efforts pour essayer

6 d'être le plus concentré possible à travers vos questions.

7 Je demande à…, c'est monsieur M. Harmon ?

8 M. Harmon (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

9 M. le Président. - Merci. Monsieur Whatley, vous allez maintenant recevoir

10 les questions du contre-interrogatoire par le bureau du Procureur.

11 Ensuite, vous aurez certainement des questions qu'auront à cœur de vous

12 poser les juges.

13 Monsieur le Procureur, c'est à vous.

14 M. Harmon (interprétation). – Merci, Monsieur le Président. Bonne après-

15 midi.

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Bonne après-midi.

17 M. Harmon (interprétation). – Qui était votre officier lorsque vous étiez

18 au régiment de Cheshire en Bosnie ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Bob Stewart.

20 M. Harmon (interprétation). – Et son second, c'était qui ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Pour les quatre ou cinq premiers

22 mois, c'était le commandant Tim Park. Puis, pendant trois mois, ce fut le

23 commandant Bryan Watters.

24 M. Harmon (interprétation). – Connaissez-vous le lieutenant colonel

25 Thomas ?

Page 13731

1 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, il était commandant à l'époque

2 et il commandant une compagnie qui a été mutée, mais qui a passé beaucoup

3 de temps à Vitez.

4 M. Harmon (interprétation). – Ces trois officiers, le colonel Stewart, le

5 lieutenant colonel Waters et le lieutenant colonel Stewart avait sans

6 doute plus d'expérience que vous dans l'armée britannique, n'est-ce pas ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

8 M. Harmon (interprétation). – Et ces trois officiers, corrigez-moi si je

9 me trompe, ont tous occupé des postes au niveau de régiment, ont commandé

10 des opérations à ce niveau-là aussi ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). – A quel stade ?

12 M. Harmon (interprétation). - A quelque stade que ce soit dans leur

13 carrière ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Par la suite, oui. Mais à l'époque

15 qui nous concerne, le colonel Bob Stewart était le seul de ces officiers à

16 avoir quelque expérience que ce soit dans le commandement d'un bataillon.

17 M. Harmon (interprétation). – Oui, mais Bryan Watters, par la suite, a

18 pris le commandement du régiment de Cheshire ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, du premier bataillon.

20 M. Harmon (interprétation). – Et Martin Thomas, lui aussi, a pris le

21 commandement d'un bataillon pour le Cheshire ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

23 M. Harmon (interprétation). - Vous êtes arrivé en Bosnie le 18 octobre,

24 n'est-ce pas ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – 1992.

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1 M. Harmon (interprétation). - 1992. Et par la suite, vous avez traversé la

2 ville de Prozor, comme vous l'avez dit dans votre interrogatoire

3 principal ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

5 M. Harmon (interprétation). - Combien de fois avez-vous traversé Prozor ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pendant toute ma mission ?

7 M. Harmon (interprétation). – Oui.

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Sans doute cinq ou six fois.

9 M. Harmon (interprétation). - Et la première fois que vous avez traversé

10 Prozor, c'était à peu près le 18 octobre 1992.

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

12 M. Harmon (interprétation). - Et en interrogatoire principal vous avez

13 dit, si je me souviens bien, que la situation était très tendue à Prozor ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

15 M. Harmon (interprétation). – Savez-vous qu'à peu près une semaine plus

16 tard le HVO avait attaqué la ville de Prozor, les Bosniens avaient été

17 évincés de la localité ?

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

19 M. Hayman (interprétation). – Il y a eu nettoyage ethnique des Musulmans

20 de Prozor, n'est-ce pas ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

22 M. le Président. – Essayez d'aller un peu plus doucement, peut-être. Vous

23 parlez la même langue et je pense que pour les interprètes, ce n'est peut-

24 être pas toujours facile d'isoler la question et la réponse. Merci, Maître

25 Harmon.

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1 M. Harmon (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président.

2 Monsieur Whatley, nous partageons la même langue, alors tâchons de ménager

3 des pauses entre les questions et les réponses afin que les interprètes

4 puissent faire leur travail à l'intention des juges et à l'intention des

5 membres de la galerie du public, ainsi tout le monde suivra.

6 Ce nettoyage ethnique, qui a eu lieu à Prozor dans le courant du mois

7 d'octobre 1992, a-t-il avivé les tensions en Bosnie centrale ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Tout à fait.

9 M. Harmon (interprétation). - Pourriez vous expliquer dans quelle mesure

10 et quelle forme cela a pris ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - En fait, les événements qui sont

12 survenus à Prozor ont provoqué l'effondrement du système de défense de la

13 ville de Jajce. Jajce, malheureusement, n'apparaît pas sur la carte qui

14 est derrière moi. Jajce se trouve beaucoup plus à l'ouest de ce que nous

15 voyons sur cette carte. A l'époque, dont nous parlons, la ville de Jajce

16 était défendue conjointement par le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.

17 Mais les problèmes qui sont survenus à Prozor, et dont nous sommes en

18 train de parler, n'étaient pas spécifiques à Prozor. Des problèmes

19 similaires se posaient dans nombre d'autres villes à cette époque-là, mais

20 ces incidents ont provoqué une perte de confiance dans le système de

21 défense de Jajce parce que le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine, qui

22 défendaient conjointement cette ville, savaient que les membres de leur

23 famille qui se trouvaient dans d'autres villes telles que Prozor, se

24 trouvaient impliqués dans des combats qui les confrontaient aux membres

25 des familles des soldats de la partie qui les aidait à défendre Jajce.

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1 Les Serbes ont très rapidement réussi à prendre Jajce et cela a provoqué

2 une vague massive et presque ininterrompue de réfugiés qui ont commencé…

3 -c'est l'une des choses les plus malheureuses qu'il m'ait été donné de

4 voir-, qui ont commencé à quitter la ville et qui se sont dirigés vers

5 l'est, vers la ville de Travnik.

6 M. Harmon (interprétation). - Monsieur Whatley, concentrons-nous

7 exclusivement sur les effets du nettoyage ethnique de Mostar, sur la

8 communauté musulmane. Est-ce que le nettoyage ethnique de Prozor a

9 provoqué des remous à Novi Travnik, à Vitez, à Busovaca, à Kiseljak, à

10 Zepce ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Vous parlez de Prozor, parce que

12 vous avez cité Mostar tout à l'heure ? Vous parlez bien de Mostar ?

13 M. Harmon (interprétation). - Si j'ai dit Mostar, je me suis trompé. On en

14 viendra à Mostar peut-être un peu plus tard. Maintenant, concentrons-nous

15 sur ce qui s'est passé à Prozor.

16 Monsieur Dundas-Whatley, pourriez-vous me dire quel a été l'effet sur les

17 communautés musulmanes des localités que je viens de citer, l'effet donc

18 du nettoyage ethnique qui a été réalisé à Prozor.

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je l'ai déjà dit, cela a provoqué

20 l'effondrement du système de défense de Jajce. Permettez-moi de

21 poursuivre.

22 Les villes de Travnik, de Vitez, de Novi Travnik et d'autres villes encore

23 de Bosnie centrale sont devenues le centre d'accueil d'encore plus de

24 réfugiés que cela n'avait été le cas jusqu'alors et les équilibres

25 ethniques qui prévalaient jusqu'alors ont été perturbés plus encore que ce

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1 n'était le cas.

2 M. Harmon (interprétation). - Je vais parler d'un effet qui vous a peut-

3 être moins sauté aux yeux. Est-ce que les communautés musulmanes des lieux

4 que j'ai cités ont commencé à avoir peur vis-à-vis des membres du HVO,

5 étant donné que ceux-ci s'étaient livrés à un nettoyage ethnique vis-à-vis

6 de la communauté musulmane de Prozor ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, certainement. Il est devenu

8 beaucoup plus difficile de maintenir une alliance étroite entre les deux

9 parties.

10 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit avoir traversé Prozor à

11 plusieurs reprises.

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je voudrais préciser que je n'essaie

13 pas d'éviter certaines questions ou d'éviter certains domaines de

14 question, mais la façon dont le Procureur présente les choses n'est pas la

15 façon dont nous nous avons perçu la situation à l'époque. Nous, qu'avons-

16 nous perçu à l'époque ? Nous avons perçu un problème grave de déplacement

17 de réfugiés. Nous n'avons pas détecté des signes d'alarme, des signes de

18 panique. A cette époque-là, les tâches quotidiennes des membres du HVO et

19 de l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient plus consacrées au combat vis-à-

20 vis de l'armée serbe.

21 M. Harmon (interprétation). - Vous étiez officiers de liaison. En temps

22 que tel, vous avez été en contact avec des civils, mais également avec des

23 représentants des forces musulmanes, des forces croates et des forces

24 serbes de Bosnie. Donc je vous pose une question extrêmement directe, sur

25 la base de ce qui s'est passé à Prozor.

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1 M. Hayman (interprétation). - Deux questions sont posées. Maître Harmon

2 fait une déclaration puis pose une question. Mais laissons dire au témoin

3 s'il est d'accord avec la première déclaration de Maître Harmon.

4 M. Harmon (interprétation). - Mais laissez-moi poser la question et si le

5 témoin a quelques difficultés à me comprendre...

6 M. le Président. - Je ne sais pas si vous comprenez la difficulté pour les

7 interprètes de pouvoir travailler dans ces conditions. Quant à moi, c'est

8 vrai que ça m'est également très difficile. Je ne parle pas pour mes

9 collègues, mais en ce qui me concerne, ça m'est très difficile. J'ai

10 encore à terminer d'entendre la fin de la question que déjà la réponse

11 commence à arriver.

12 Deuxièmement, Maître Hayman a raison, Maître Harmon, faites votre petit

13 commentaire mais essayez d'arriver assez directement à votre première

14 question, et puis ensuite, vous poserez votre deuxième question. Et dans

15 10 minutes, nous prenons la pause

16 (Les interprètent remercient Monsieur le Président.).

17 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que j'ai fait une description fidèle

18 de vos tâches en tant qu'officier de liaison. Vous étiez sur le terrain,

19 vous aviez des contacts avec les civils, vous aviez des contacts avec les

20 représentants militaires et civils des communautés qui se trouvaient sur

21 le terrain où vous deviez intervenir.

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, c'est une façon de présenter

23 les tâches qui étaient les miennes. Moi je ne dirais pas que j'étais mêlé

24 à la population civile ou aux représentants militaires et civils, mais je

25 dirais que oui, j'avais des contacts avec les représentants militaires et

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1 avec les responsables civil dans ma zone de responsabilité.

2 M. Harmon (interprétation). - Les responsables civils et militaires de la

3 communauté musulmane ont-ils commencé à manifester des signes de méfiance

4 à l'égard des membres du HVO, étant donné que les membres du HVO avaient

5 incendié certaines maisons musulmanes à Prozor, étant donné que la

6 communauté musulmane avait été la victime de mesures de nettoyage ethnique

7 à Prozor ?.

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je crois que c'est une bonne

9 façon de décrire la situation qui a commencé à prévaloir.

10 M. Harmon (interprétation). - Je vous remercie. Très brièvement, je vais

11 en venir aux responsabilités qui étaient les vôtres, en tant qu'officier

12 de liaison.

13 Lorsque vous êtes tout d'abord arrivé en Bosnie centrale, c'est ce que

14 vous nous avez dit en tout cas, votre zone de responsabilité s'étendait de

15 Maglaj à Zenica. C'est bien cela ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est parfaitement exact.

17 M. Harmon (interprétation). - Pendant combien de temps avez-vous occupé ce

18 poste et pendant combien de temps votre zone de responsabilité s'étendait-

19 elle sur la zone géographique que je viens de décrire ? De quelle date à

20 quelle date avez-vous eu cette. zone sous votre responsabilité ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il est difficile pour moi d'être

22 précis sur les dates. Quand y suis- je arrivé ? Je ne sais pas exactement.

23 Lorsqu'on a décidé que cette zone de responsabilité me serait attribuée,

24 cela a dû se produire dans la première semaine du mois de novembre 1992.

25 Et puis à terme, j'ai progressivement confié cette zone de responsabilité

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1 à quelqu'un d'autre et cela s'est passé, je crois, dans la première

2 semaine du mois de mars 1993

3 M. Harmon (interprétation). - Et entre le premier novembre 1992 et la

4 première semaine du mois de mars 1993, vous avez pris certaines périodes

5 de permission n'est-ce pas ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. Pardon, si j'ai pris

7 effectivement deux semaines de permission au mois de janvier.

8 M. Harmon (interprétation). - Et vous avez également pris une semaine de

9 permission à la fin février, au début du mois de mars n'est-ce pas ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, je ne crois pas l'avoir fait.

11 M. Harmon (interprétation). - Fort bien.

12 Poux ce qui est maintenant des autres zones de responsabilité ou

13 intervenaient d'autres officiers de liaison, Monsieur Martin Foregrave

14 était responsable à l'époque de Travnik, de Novi Travnik et Busovaca.

15 C'est bien cela ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact et moi j'étais en fait

17 son bras droit.

18 M. Harmon (interprétation). - Qu'entendez-vous par cette expression ? Vous

19 avez utilisé un terme anglais que vous avez déjà utilisé dans le cadre de

20 l'interrogatoire principal. Vous avez utilisé le terme "Shadow", ombre en

21 français.

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, si par exemple il n'était

23 pas là, par exemple il a pris deux semaines de permission en décembre, eh

24 bien, c'est moi qui le remplaçait dans ses fonctions. Mais si pour

25 d'autres raisons et à d'autres moments, si donc je ne me rendais pas dans

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1 ma zone de responsabilité, alors je passais la journée avec lui dans sa

2 zone de responsabilité

3 M. Harmon (interprétation). - Entre le 1er novembre 1992 et la première

4 semaine de mars 1993, combien de temps avez-vous passé dans sa zone de

5 responsabilité à lui ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'ai passé dans sa zone de

7 responsabilité les deux semaines que lui a passées en permission. J'ai dû

8 passer la semaine qui a précédé son départ en permission avec lui parce

9 que j'ai essayé de me mettre au courant de ce qui passait dans sa zone de

10 responsabilité et j'ai dû passer une ou deux journées avec lui au cours

11 des semaines qui ont précédé son départ.

12 M. Harmon (interprétation). - Est-ce qu'il était également responsable de

13 la municipalité de Vitez ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

15 M. Harmon (interprétation). - Il y avait le capitaine Foregreave et il y

16 avait également le capitaine Cooper qui, lui, était responsable de la zone

17 de Tuzla en tant qu'officier de liaison n'est-ce pas ?

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Excusez-moi, vous pouvez répéter ?

19 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que le capitaine Mark Cooper était

20 l'officier de liaison responsable de Tuzla ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était des deux officiers de

22 liaison qui officiaient à Tuzla.

23 M. Harmon (interprétation). - Et l'autre était le capitaine Bryan, n'est-

24 ce pas ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

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1 M. Harmon (interprétation). - Dans la municipalité de Vares, est-ce que le

2 capitaine John Halis* était l'officier de liaison ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, il est devenu officier de

4 liaison vraiment vers la fin de la mission. Je ne sais pas exactement

5 quand, mais cela a dû intervenir dans le courant du mois de janvier ou

6 dans le mois de février. Je ne sais pas exactement.

7 M. Harmon (interprétation). - Qui l'a précédé à ce poste ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne crois pas qu'il y avait un

9 officier de liaison avant lui dans cette zone en particulier.

10 M. Harmon (interprétation). - Et pour ce qui est de la municipalité de

11 Gornji Vakuf, est-ce que c'est le capitaine Mike Kews* qui était

12 responsable ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, il était l'officier de liaison.

14 M. Harmon (interprétation). - Vous avez tout d'abord décrit les

15 responsabilités qui étaient les vôtres en tant qu'officier de liaison.

16 Vous avez parlé de vos missions auprès des Croates de Bosnie et des

17 Musulmans de Bosnie. Mais pour que le dessin soit plus complet, ne

18 conviendrait-il pas de dire que vous aviez également des contacts avec les

19 Serbes de Bosnie ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

21 M. Harmon (interprétation). - Et vos responsabilités vis-à-vis des Serbes

22 de Bosnie comprenaient, notamment, la zone de responsabilité qui a été

23 d'abord la vôtre, celle qui va de Maglaj à Zenica et, ensuite, vous avez

24 été chargé de vous occuper de la zone de Busovaca, Novi Travnik, Vitez et

25 Travnik. C'est bien cela ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ce n'est pas exact.

2 M. Harmon (interprétation). - Alors, ayez l'obligeance de me corriger.

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Lorsque j'avais la charge de ma

4 première zone de responsabilité, je n'avais pas de contact avec les

5 Serbes, en tout cas pas du tout dans la partie nord. Mais, alors que

6 j'étais toujours responsable de la partie nord, j'avais des contacts avec

7 les Serbes qui se trouvaient à l'ouest de Travnik mais je n'ai eu aucun

8 contact avec les Serbes qui se trouvaient dans la partie nord de cette

9 zone de responsabilité.

10 M. Harmon (interprétation). - Il me semble que vous avez déclaré que vous

11 étiez resté officier de liaison dans la zone de Vitez Busovaca, Vitez et

12 Travnik jusqu'après le mois d'avril 1993 ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

14 M. Harmon (interprétation). - Ensuite, c'est M. Bryan qui est devenu

15 l'officier de liaison dans la municipalité de Vitez, n'est-ce pas ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact. Je ne sais pas

17 exactement quand le changement est intervenu, mais c'est exact.

18 M. Harmon (interprétation). - Pourriez-vous consulter vos notes pour

19 savoir quand ce changement est intervenu ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Cela n'apparaît pas dans mes notes.

21 J'ai essayé vraiment de déchiffrer le maximum de choses, mais ceci

22 n'apparaît pas dans mes notes. C'est simplement un journal qui me permet

23 de savoir quand certaines réunions ont eu lieu, mais ce n'est pas un

24 journal précis et complet.

25 M. Harmon (interprétation). - Mais est-ce que vous avez une vague idée du

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1 moment où cela est intervenu, cela s'est passé après le 16 avril ? Est-ce

2 que vous pourriez être un peu plus précis ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, je ne le peux pas.

4 M. Harmon (interprétation). - Vous avez déclaré hier qu'en tant

5 qu'officier de liaison, il était extrêmement important d'établir des

6 contacts extrêmement étroits avec les responsables militaires et civils de

7 tous les groupes ethniques auprès desquels vous exerciez vos

8 responsabilités d'officier de liaison. C'est bien ce que vous avez dit ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est tout à fait ce que j'ai dit.

10 Et j'ajouterai qu'il était particulièrement important d'établir des liens

11 étroits avec les commandants militaires dans la région.

12 M. Harmon (interprétation). - Très bien. J'aimerais beaucoup que vous

13 donniez aux Juges les noms des dirigeants militaires et politiques avec

14 lesquels vous avez noué des liens étroits et j'aimerais que vous nous

15 donniez le nom de ces commandants pour ce qui est du côté serbe de Bosnie.

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je n'ai pas noué de liens étroits

17 avec les Serbes de Bosnie.

18 M. Harmon (interprétation). - Avez-vous eût des contacts quelconques avec

19 les Serbes de Bosnie ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

21 M. Harmon (interprétation). - Alors pourriez-vous nous donner le nom des

22 commandants qui intervenaient dans votre zone de responsabilité et qui

23 était serbes de Bosnie ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. Et si vous voulez que je vous

25 explique pourquoi je réponds par un non, je peux vous expliquer en quoi

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1 votre question me surprend.

2 M. Harmon (interprétation). - Vous pouvez expliquer tout ce que vous

3 voulez, mais j'aimerais savoir si vous avez eu des contacts en tant

4 qu'officier de liaison avec des responsables politiques ou militaires

5 serbes de Bosnie ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je peux me souvenir de quelques

7 noms. Il y a le nom Grujicic, il y a le nom Poletan qui me revient à

8 l'esprit, il y a quelques noms encore qui me reviennent en mémoire. Mais

9 laissez-moi vous expliquer la situation, Monsieur le Président, Messieurs

10 les Juges.

11 Nous demeurions à Vitez. Nous étions donc dans un territoire musulman de

12 Bosnie et croate de Bosnie et, à l'époque, ce territoire ne constituait

13 que 30 % du territoire de la Bosnie-Herzégovine, les 70 % restants

14 appartenaient aux Serbes de Bosnie. Entre nous, il y avait une ligne de

15 front très fermement ancrée et très bien défendue.

16 Nous, le bataillon britannique, nous n'avions pas de base en

17 Republika Srpska, dans la partie serbe de la Bosnie et lorsque nous

18 devions nous rendre dans cette partie de la région, tout était planifié à

19 l'avance depuis Travnik. C'est M. Zalko, un homme extrêmement courageux,

20 qui nous accompagnait et qui traversait avec nous la ligne de front. Nous

21 restions de l'autre côté pendant quelques heures, nous avions quelques

22 réunions ou parfois nous prenions avec nous des réfugiés que nous

23 accompagnions de l'autre côté. Et des cessez-le-feu ponctuels étaient

24 établis de l'autre côté de la ligne pour nous permettre de rapatrier ces

25 réfugiés. Ensuite, nous retrouvions notre base de Vitez.

Page 13744

1 J'ai fait cela à plusieurs reprises. J'ai été à 17 reprises. J'ai été le

2 premier officier britannique à traverser la ligne de front serbe. Mais,

3 non, je n'ai pas noué de liens étroits avec des responsables de l'autre

4 côté.

5 M. Harmon (interprétation). - Avez-vous eu l'occasion de rencontrer les

6 plus hauts dirigeants politiques et militaires de la Republika Srpska ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non.

8 M. Harmon (interprétation). - Qui était le dirigeant politique le plus

9 important de la Republika Srpska à l'époque ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Commandant militaire ? Je crois que

11 c'était Mladic.

12 M. Harmon (interprétation). - Et le dirigeant politique le plus important

13 à l'époque ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, Karadzic, je pense.

15 M. Harmon (interprétation). - Et vous n'avez jamais eu l'occasion de les

16 rencontrer dans le cadre de votre mission sur place ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non.

18 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, je vois qu'il est

19 16 heures 15, l'heure de la pause sans doute. Je préfère m'interrompre

20 maintenant.

21 M. le Président. - Eh bien, nous allons arrêter maintenant pour vingt

22 minutes.

23 L'audience, suspendue à 16 heures 15, est reprise à 16 heures 55.

24 M. le Président. - L'audience est reprise, faites entrer l'accusé.

25 (L'accusé est introduit dans le prétoire.)

Page 13745

1 Monsieur le Procureur ?

2 M. Harmon (interprétation). - Monsieur Dundas-Whatley, on m'a informé du

3 fait que nous allons beaucoup trop vite lors de nos échanges. Donc, je

4 vais essayer de m'astreindre à respecter un rythme beaucoup plus lent et

5 je vous demanderais d'essayer de faire de même quand vous répondrez à mes

6 questions. Si nous procédons tous les deux de la sorte, je crois que

7 toutes les personnes présentes dans le prétoire nous seront

8 reconnaissantes de nos efforts.

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Très bien.

10 M. Harmon (interprétation). - Au moment de la pause, nous étions en train

11 de parler des dirigeants serbes de Bosnie que vous aviez eu l'occasion de

12 rencontrer.

13 J'aimerais maintenant attirer votre attention sur la période de temps que

14 vous avez passée à occuper les fonctions d'officier de liaison, donc de la

15 première semaine du mois de mars jusqu'à la fin de votre mission en tant

16 qu'officier de liaison.

17 Pourriez-vous, s'il vous plaît, à l'intention des Juges et à mon

18 intention, nous donner les noms des dirigeants politiques et militaires du

19 côté musulman de Bosnie avec lesquels vous avez noué des contacts ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, il faudra que je me réfère à

21 cette feuille de papier que j'ai apportée avec moi, si vous le voulez

22 bien. Je vais d'ailleurs écrire ces noms sur cette feuille de papier.

23 M. Harmon (interprétation). - Je vous demanderai, au moment où vous nous

24 donnez ces noms, de nous les donner pour chacune des villes au sein

25 desquelles vous effectuiez votre mission, c'est-à-dire Busovaca, Vitez,

Page 13746

1 Travnik, Novi Travnik et Zenica.

2 (Le témoin inscrit les noms sur une feuille de papier.)

3 Je vous vois écrire tous ces noms, Monsieur Whatley, mais peut-être

4 suffirait-il simplement que vous nous les disiez ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Très bien. Eh bien, commençons par

6 Zenica, si vous le voulez bien. Mon interlocuteur principal à Zenica était

7 le quartier général du 3ème corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

8 J'ai eu l'occasion de faire transmettre des messages aux officiers de ce

9 quartier général, mais j'ai surtout eu des contacts avec le commandant du

10 corps, Henzer Hasanovic.

11 De temps en temps, je rencontrais l'un de ses adjoints, Djemal Merdan. Je

12 rencontrai également Esad Jenanovic. C'étaient les adjoints du commandant

13 et c'étaient ces personnes avec lesquelles je me suis entretenues le plus

14 souvent. Jusqu'au 15 avril 1993, je n'avais aucun contact avec le HVO à

15 Zenica.

16 Je me propose maintenant de passer à Travnik. A Travnik, pour ce qui est

17 du gouvernement bosniaque, j'avais notamment des contacts avec Salko Baba,

18 mais j'étais également en contact permanent avec le commandant Kulenovic*

19 et j'avais également des contacts très fréquents avec le colonel Alagic.

20 Je parle ici des commandants militaires. Pour le moment, je passe en revue

21 mes interlocuteurs du côté militaire.

22 Pour ce qui est du côté croate, du HVO, à Travnik, mon interlocuteur

23 principal était le colonel Filipovic. Il a ensuite été remplacé dans ses

24 fonctions par le commandant Leotard.A Novi Travnik, maintenant...

25 Est-ce que je viens de débrancher le micro ?

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1 M. Harmon (interprétation). - Je ne crois pas, on vous entend tout à fait

2 bien.

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Donc pour ce qui est de

4 Novi Travnik, je reçois l'interprétation en français.... je crois que j'ai

5 interféré avec le système des canaux. Excusez-moi, mais je persiste à

6 recevoir le français. Je vous prie de m'excuser.

7 Donc je reviens à la situation qui prévalait à Novi Travnik. Dans cette

8 ville, le commandant du HVO, pour ce qui est de la période qui vous

9 intéresse, c'était Zeljko Sablic. C'est la personne avec laquelle j'avais

10 le plus de contacts.

11 Pour ce qui est maintenant des commandants militaires du côté de l'armée

12 de Bosnie-Herzégovine, il s'agissait de Bislin Zuraki* et de

13 Mevludin Bervervulic* Je vous prie d'excuser ma prononciation de la langue

14 BCS.

15 A Busovaca, je n'y ai pas passé beaucoup de temps mais lorsque je me

16 rendais à Busovaca, je rencontrais de temps en temps, le nom n'apparaît

17 pas dans mon carnet mais je vais me rappeler de ce nom, c'était le

18 commandant du HVO sur place, cela va me revenir. Et puis de temps en

19 temps, vraiment très rarement, j'allais à Kacuni. C'était dans la

20 municipalité de Busovaca, mais je rencontrais de temps en temps un

21 commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à Kacuni et je ne me rappelle

22 pas de son nom. Excusez-moi, je ne me rappelle pas de son nom. Et puis, il

23 y avait d'autres personnes que je rencontrais à Busovaca mais ce n'étaient

24 pas des personnes qui occupaient des postes très importants.

25 Et puis, maintenant, pour ce qui est de Vitez et des commandants

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1 militaires, je peux dire que je rencontrais très fréquemment Mario Cerkez

2 et, pour ce qui est du commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans

3 la ville de Vitez je rencontrais souvent Sefkija Dzidic. Je rencontrai

4 aussi certains commandants à Kruscica et à Preosciza*. Ces commandants

5 étaient responsables d'unités qui se trouvaient à l'extérieur de la ville.

6 Je ne me rappelle pas leurs noms et ils ne se trouvent pas dans ce carnet

7 de notes.

8 Par la suite, j'ai rencontré vers le 16 avril, lorsque la situation était

9 assez difficile, un certain nombre de personnes et leurs noms n'apparaît

10 pas dans ce carnet de notes.

11 Pour ce qui est maintenant des dirigeants civils que j'ai eu l'occasion de

12 rencontrer, à Vitez j'ai eu parfois l'occasion de rencontrer MM. Santic et

13 Skolpiak, l'un d'entre eux je ne sais absolument plus lequel, l'un d'entre

14 eux était le maire et l'autre était le Président du HDZ. Là, je parlais de

15 la partie croate.

16 Pour ce qui est maintenant de la partie civile musulmane, je ne

17 rencontrais que très rarement les représentants du gouvernement de Bosnie-

18 Herzégovine à Vitez. A Zenica, j'ai rencontré certains représentants

19 civils, le Président du club de rugby, mais c'était vraiment très rare. A

20 Busovaca, je n'ai pas rencontré de représentant civil. A Novi Travnik j'ai

21 rencontré de temps en temps le maire. J'ai rencontré également des

22 représentants du HDZ qui étaient parfois aux alentours du quartier général

23 du HVO, mais j'ai malheureusement oublié tous les noms de ces personnes.

24 Ces noms apparaissent quelque part peut-être dans ce carnet de notes, mais

25 je les y ai couchés il y a bien longtemps.

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1 M. Harmon (interprétation). - Pour ce qui est des représentants civils des

2 Musulmans et des Croates de Bosnie, j'ai l'impression que vous n'aviez en

3 fait pratiquement pas de contacts avec eux en tant qu'officier de liaison.

4 C'est bien cela n'est-ce pas ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je rencontrais fréquemment des

6 civils. En fait, ce que j'essaie de dire, c'est que je ne me rappelle pas

7 leurs noms et ce que j'essaie de dire également, c'est que je ne

8 rencontrais pas forcément toujours les mêmes personnes. Moi, j'étais

9 surtout intéressé par le fait de nouer des contacts avec les dirigeants

10 militaires. Je me rappelle avoir pris part à certaines réunions qui

11 étaient présidées par le maire à Travnik, certaines réunions rassemblaient

12 quelque 200 ou 300 personnes. Et je me rappelle notamment d'une réunion en

13 particulier, où j'ai été accueilli en héros, pratiquement, par les

14 assistants à cette réunion. Alors, apparemment, ils savaient qui j'étais

15 alors que moi je ne les connaissais pas du tout.

16 M. Harmon (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des réunions avec les

17 Croates de Bosnie, les représentants civils ?

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, ça c'était une réunion à

19 Travnik. Il s'agissait de Musulmans.

20 M. Harmon (interprétation). - Des Musulmans, très bien. Vous n'avez pas

21 parlé du colonel Blaskic, est-ce que vous avez eu des contacts avec lui ?

22 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, mais je rappelle que moi,

23 j'essayais toujours de nouer des contacts au niveau des brigades.

24 Toutefois, j'ai souvent eu l'occasion de me rendre à son bureau, à son

25 quartier général dans l'hôtel.

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1 M. Harmon (interprétation). - A combien de reprises avez-vous rencontré le

2 colonel Blaskic alors que vous étiez officier de liaison en Bosnie

3 centrale ?

4 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est difficile de dire quelle a été

5 la fréquence de ces rencontres. Vraiment, j'ai beaucoup de mal à me

6 souvenir. Je me suis rendu plusieurs fois à son quartier général dans

7 l'objectif de lui faire parvenir un message ou de le voir. Peut-être m'y

8 suis-je rendu une vingtaine de fois. Mais pour ce qui est de mes

9 rencontres à proprement parler avec lui, j'ai souvenir de deux entretiens.

10 Et lorsque je l'ai rencontré, c'était alors que j'étais assistant du

11 colonel Stewart.

12 M. Harmon (interprétation). - Quand ces entretiens ont eu lieu ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - L'un a eu lieu en octobre 1992 et

14 l'autre en mai 1993.

15 M. Harmon (interprétation). - En octobre 92, est-ce que vous avez été

16 présenté au colonel Blaskic comme officier de liaison ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

18 M. Harmon (interprétation). - Et en mai 1993, vous avez en fait rencontré

19 le colonel Blaskic alors que vous étiez sur le départ, n'est-ce pas ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est parfaitement exact.

21 M. Harmon (interprétation). - Lors de ces deux entretiens et lors de vos

22 autres rencontres avec le colonel Blaskic, vous étiez soit officier de

23 liaison soit assistant du colonel Stewart, n'est-ce pas, le

24 colonel Stewart qui était votre supérieur ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, dans la majorité des cas, la

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1 situation était telle que vous l'avez décrite.

2 Mais le plus souvent, lorsque j'allais le voir à son bureau, c'était pour

3 lui faire passer un message ou pour lui demander un document. C'était dans

4 ce type de circonstances.

5 M. Harmon (interprétation). - Je comprends. Vous dites que vous avez

6 rencontré le colonel Blaskic en octobre 92 et en mai 93. Est-ce que lors

7 de ces deux entretiens des sujets importants ont été abordés ? Est-ce

8 qu’il s'agissait de réunions qui étaient plus importantes que celles dont

9 vous avez parlé précédemment ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

11 M. Harmon (interprétation). - Je vais vous poser quelques questions

12 relatives à l'hôtel Vitez. Vous dites que vous vous y êtes rendu une

13 vingtaine de fois à peu près.

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Peut-être plus. Vous savez tout cela

15 s'est passé il y a bien longtemps.

16 M. Harmon (interprétation). - Ce qui m'intéresse, c'est le fait de savoir

17 si vous connaissez bien l'hôtel Vitez.

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Tout à fait.

19 M. Harmon (interprétation). - Très bien. D'habitude, dans quelle salle de

20 l'hôtel Vitez retrouviez-vous les officiers de liaison qui étaient vos

21 interlocuteurs, et puis est-ce que vous les rencontriez dans l'hôtel Vitez

22 même ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Les commandements militaires locaux,

24 qu'il s'agisse du HVO ou de l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'ont pas mis

25 en place un système de liaisons ou d'officiers de liaison jusqu'après

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1 l'arrivée de mon régiment ou jusqu'à l'arrivée du régiment qui a pris la

2 succession du nôtre. Et pendant la période pendant laquelle j'étais en

3 Bosnie-Herzégovine, nous étions en contact avec les commandants.

4 M. Harmon (interprétation). – Pourriez-vous décrire l'hôtel Vitez ?

5 Lorsque vous entriez, est-ce que vous deviez passer un point de contrôle ?

6 Est-ce qu'il y avait un gardien ? Comment est-ce qu'on entrait dans

7 l'hôtel Vitez ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Eh bien, non, il n'y avait pas de

9 points de contrôle mais il y avait bien sûr de grandes mesures de

10 sécurité. Mais normalement, je n'avais pas à passer de points de contrôle

11 parce que les gens me connaissaient.

12 M. Harmon (interprétation). - Je vois. Mais est-ce que jamais on vous a

13 intercepté ? Est-ce que l'on vous a jamais demandé de vous identifier ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Vers la fin, alors que tout le monde

15 devenait extrêmement nerveux, extrêmement perturbé par les événements qui

16 se déroulaient, donc aux mois d'avril et de mai, je n'entrais pas

17 directement. Oui, je passais devant un poste tenu par un garde et ensuite

18 seulement j'étais dirigé vers le bureau du colonel Blaskic. Mais

19 normalement, c'est un officier de l'état-major qui m'interceptait et qui

20 me demandait ce que je voulais. Ensuite, soit il m'emmenait voir

21 directement le colonel Blaskic, soit je lui faisais passer le document que

22 je voulais faire parvenir à son supérieur.

23 M. Harmon (interprétation). - Vous avez déclaré, dans le cadre de la

24 description de vos tâches, que votre mission exigeait que vous n'essayiez

25 pas d'en savoir trop sur des sujets qui pouvaient être sensibles aux yeux

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1 de l'une ou l'autre des parties. Est-ce que je décris bien la situation ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, mais tout de même j'aimerais

3 élaborer un petit peu. Vous avez parlé tout à l'heure de Martin Foregrave.

4 Nous avons travaillé en étroite collaboration tous les deux lors de notre

5 mission en Bosnie-Herzégovine, et nous avons plusieurs fois aborder la

6 question de la stratégie que nous devions adopter. Les ordres ne venaient

7 pas d'en haut. C'est nous qui avons décidé de la façon de procéder.

8 M. Harmon (interprétation). - Très bien. Mais vous avez donc décidé de ne

9 pas essayer de trop poser de questions sur des sujets sensibles, n'est-ce

10 pas ? A moins que ces sujets n'aient directement un lien avec les conflits

11 qui opposaient les parties, n'est-ce pas ? Vous n'essayiez pas de savoir

12 ce qui se passait dès lors que c'était un sujet difficile ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact. J'essayais de ne pas

14 poser de questions trop délicates.

15 M. Harmon (interprétation). - Je vous donne un exemple : est-ce que vous

16 savez ce qui s'est passé à Ahmici ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, j'ai appris ce qui s'est passé

18 à Ahmici.

19 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que vous avez participé à la réunion

20 qui a réuni le colonel Stewart et le colonel Blaskic au cours de laquelle

21 le colonel Stewart a posé des questions au colonel Blaskic sur ce qui

22 s'était passé à Ahmici.

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Quand cela s’est-il passé ?

24 M. Harmon (interprétation). – C'est une question que je vous pose. Est-ce

25 que vous avez assisté à cette réunion ?

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1 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Excusez-moi, je me souviens de cette

2 réunion, mais peut-être pourrai-je vous être d'une plus grande utilité si

3 vous me permettez de me référer à mes notes. Peut-être trouverai-je une

4 trace de cette réunion ?

5 M. Harmon (interprétation). - Mais vous avez bien assisté à cette

6 réunion ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Je n'essaie pas d'éviter de répondre

8 à votre question, j'essaie de dire que je voudrais consulter mes notes.

9 Mais oui, je crois que cette

10 réunion a eu lieu.

11 M. Harmon (interprétation). - Et le colonel Stewart a bien posé un certain

12 nombre de questions délicates en présence du colonel Blaskic ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

14 M. Harmon (interprétation). – Lors de vos réunions avec le colonel Blaskic

15 ou avec d'autres officiers du HVO avec lesquels vous aviez des contacts,

16 par exemple des subordonnés du HVO, au cours de ces entretiens, donc vous

17 n'avez pas soulevé la question d'Ahmici ? Vous aviez peur, n'est-ce pas

18 que cela puisse nuire à la qualité de vos relations avec toutes ces

19 personnes ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Si j'ai été en contact avec le

21 colonel Blaskic, il est bien évident que je n'ai pas posé de questions de

22 cette nature.

23 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que vous avez posé des questions de

24 cette nature aux subordonnés du colonel Blaskic ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Certainement pas.

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1 M. Harmon (interprétation). – Donc, lorsque vous dites à ces Juges que

2 jamais, en tant qu'officier de liaison, vous n'avez essayé de savoir qui

3 était responsable des événements qui sont survenus à Ahmici, c'est bien ce

4 que vous êtes en train de dire n'est-ce pas ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, c'est bien ce que je suis en

6 train de dire mais j'aimerais élaborer quelque peu. J'aimerais que tout

7 soit clair. Le régiment du Cheshire, mon régiment, n'a eu connaissance des

8 événements d'Ahmici que quelques jours après qu'ils aient eu lieu. Avant

9 ou juste au moment où nous avons appris ce qui s'était passé à Ahmici, un

10 nouvel officier de liaison est arrivé dans la municipalité de Vitez et il

11 m'a remplacé dans mes fonctions.

12 Il a été envoyé sur place pour superviser l'inhumation des 96 cadavres qui

13 ont été recouvrés sur place. Moi, à partir de ce moment-là, je me suis

14 beaucoup plus concentré sur ce qui se passait à l'ouest de ce territoire,

15 à Novi Travnik et à Travnik.

16 M. Harmon (interprétation). - Mais lorsque vous aviez affaire à vos

17 homologues militaires de Travnik et Novi Travnik, je crois comprendre que

18 vous n'avez pas enquêté au sujet des événements déjà bien connus qui

19 avaient eu lieu à Ahmici ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non. L'information que nous avons

21 reçue provenait des représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

22 M. Harmon (interprétation). - L'information que vous avez reçue au sujet

23 des événements d'Ahmici provenait également de vos forces, c'est-à-dire du

24 bataillon britannique, n'est-ce pas ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, c'est exact.

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1 M. Harmon (interprétation). – Donc vous étiez entièrement informés de

2 l'ampleur des destructions et des tueries à Ahmici, n'est-ce pas ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, il y a eu un moment où nous en

4 avons eu pleinement connaissance.

5 M. Harmon (interprétation). - Et ce moment s'est situé en avril 1993,

6 n'est-ce pas ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, en effet.

8 M. Harmon (interprétation). - Cette date était à peu près celle du 22 ou

9 du 23 avril 1993, n'est-ce pas ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, c'est exact.

11 M. Harmon (interprétation). – Monsieur Dundes-Whatley, eu égard aux autres

12 enquêtes que vous aviez la possibilité de mener, et notamment eu égard aux

13 personnes responsables de l'explosion du camion piégé de Stari Vitez, est-

14 ce que vous avez évoqué le problème de la responsabilité de ce crime dans

15 vos rapports avec un quelconque représentant du HVO ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pas que je me souvienne.

17 M. Harmon (interprétation). - Avez-vous envisagé que ce qui s'était passé

18 à Stari Vitez, le camion piégé, était un crime de guerre, Monsieur ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'était un crime de guerre parmi les

20 plus horribles.

21 M. Harmon (interprétation). - C'était un crime de guerre d'une telle

22 nature que si vous aviez été commandant, vous auriez mené une enquête à ce

23 sujet, n'est-ce pas ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je n'ai pas compris votre question ?

25 M. Harmon (interprétation). - Si ce crime de guerre avait été commis sous

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1 votre responsabilité, auriez-vous engager une enquête ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Vous voulez dire si un de mes

3 subordonnés avait fait exploser un camion ?

4 M. Harmon (interprétation). - A l'évidence, ce n'étaient pas les Musulmans

5 qui avaient fait exploser le camion n'est-ce pas ?

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non, le camion piégé a très

7 certainement été l'œuvre des Croates.

8 M. Harmon (interprétation). – Donc si vous étiez responsable, vous étiez

9 commandant, est-ce que vous auriez engagé une enquête pour savoir qui

10 était responsable du camion piégé ?

11 M. Hayman (interprétation). - Nous sortons du champ, Monsieur le

12 Président, apparemment le contre-interrogatoire risque de durer encore

13 trois semaines si le champ du contre-interrogatoire se situe à ce niveau,

14 donc je prie les juges de donner des orientations au Procureur quant à la

15 durée possible du contre-interrogatoire, qui ne devrait pas à mon avis

16 dépasser 3 heures ou 3 heures et demie environ.

17 M. le Président. – L'interrogatoire principal a duré combien de temps ? A

18 peu près 3 heures, Maître Hayman ? Oui, crois qu'il faut essayer de

19 maintenir un certain équilibre. Je ne voudrais pas que l'exemple du

20 témoignage précédent se représente à nouveau. J'ai d'ailleurs, de ce point

21 de vue-là, tout à fait complimenter la défense d'avoir été très concise.

22 S'agissant maintenant de ces questions-ci, il est vrai que peut-être vous

23 les avez posées deux fois, Maître Harmon. Ce sont des questions de

24 suggestion, si vous voulez : "qu'aurait fait cet officier dans des

25 circonstances différentes?".

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1 Je crois que l'ancien officier, le témoin est ici pour répondre à vos

2 questions, pour savoir ce qu'il a pu constater dans ses fonctions. Je

3 crois qu'il faut peut-être donc que vous ne posiez pas plusieurs fois la

4 même question, Monsieur le Procureur. Poursuivez. Et , effectivement, nous

5 allons chronométrer le temps du contre-interrogatoire. Mais pour

6 l'instant, nous n'en sommes pas là, Maître Harmon, donc…

7 M. Harmon (interprétation). – Merci, Monsieur le Président, je conclurai

8 dans les limites de temps dont je dispose. Mais dans la mesure où de

9 nombreuses comparaisons ont été faites entre le HVO et l'armée

10 britannique, je crois que ma question était pertinente, car nous avons ici

11 un témoin qui est un ancien officier professionnel de l'armée britannique.

12 Lui demander ce qu'il aurait fait dans des conditions similaires est, à

13 mon avis, pertinent pour aider les juges à se prononcer.

14 M. le Président. - C'est votre évaluation, monsieur le Procureur. Je

15 rappelle ce que me dit le greffier. L'interrogatoire principal a duré

16 3 heures 45, Maître Hayman. 3 heures et 45 minutes. C'est le greffier qui

17 l'a dit alors...

18 Merci, Monsieur Dubuisson. Poursuivez, Maître Harmon.

19 M. Harmon (interprétation). - Pouvez vous répondre à cette question, je

20 vous prie M. Dundas-Wathley ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Si j'avais été commandant de l'armée

22 britannique au cours d'une guerre et que l'un de mes subordonnés ou qu'une

23 unité, opérant sous mon commandement et dans ma zone de responsabilité,

24 ait commis un crime de guerre aussi horrible que celui-ci, effectivement,

25 selon le système britannique, un recours aurait été fait à la justice

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1 britannique et à tous les pouvoirs juridiques à ma disposition. En tant

2 que commandant militaire, oui, c'est ce que j'aurais fait.

3 M. Harmon (interprétation). - Maintenant, ajoutons quelques mots à ce que

4 vous avait dit hier dans votre déposition. Hier, vous avez été interrogé

5 au sujet d'un déplacement de troupe important qui a eu lieu le 8 avril

6 dans la région de Travnik. Vous rappelez-vous avoir dit dans la déposition

7 que vous avez été informé par le colonel Filipovic, si je ne m'abuse, que

8 le 8 avril, 500 soldats de l'armée bosniaque se déplaçaient et que vous

9 avez considéré que c'était un déplacement militaire important.

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, je me rappelle ce que j'ai dit

11 hier, mais je me rappelle avoir dit que c'était le colonel Filipovic qui

12 considérait que ce déplacement de troupe était important.

13 M. Harmon (interprétation). – Très bien. Mais vous-même, aviez-vous le

14 même avis ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, à l'époque, dans le cadre des

16 opérations en vigueur à l'époque, je pense que c'était le cas. Dans le cas

17 contraire, le colonel Filipovic ne m'en aurait pas informé.

18 M. Harmon (interprétation). - Dans ces circonstances, est-ce que vous vous

19 êtes adressé au colonel Alagic pour lui poser des questions au sujet de ce

20 mouvement de troupes particulièrement important.

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je vous demanderai de pouvoir

22 consulter mes notes.

23 M. Harmon (interprétation). - Je vous en prie.

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Ce soir là, il me semble que j'ai eu

25 deux autres réunions à Travnik, l'une au commissariat de police avec le

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1 commandant de la police civile, en vue de voir si effectivement la police

2 ne faisait pas, n'agissait pas suffisamment.

3 Ensuite, je suis allé voir les représentants de l'armée bosniaque à

4 Travnik où l'on m'a dit que deux membres de la 312ème brigade, une brigade

5 de l'armée bosniaque, avaient été tués et que le commandement de l'armée

6 bosniaque, je ne sais pas si le commandant était Alagic ou un autre homme

7 à cette occasion, mais en tout cas, a demandé que j'envoie les Warriors en

8 ville. C'est tout ce qui est écrit dans mon carnet. Je n'en sais pas plus.

9 Ce sont les questions que j'ai discutées avec les représentants de l'armée

10 bosniaque.

11 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que vous avez considéré que cette

12 information reçue par vous était une information vitale à l'époque ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas. Toutes les

14 informations que je recevais, lorsque je les trouvais importantes, étaient

15 transmises à la cellule chargée des informations militaires.

16 Toutes les informations étaient transmises et lorsque je les jugeais

17 particulièrement importantes, je m'adressais à Bob Stewart.

18 M. Harmon (interprétation). - Avez-vous le souvenir, à ce moment-là,

19 d'avoir parlé au colonel Stewart ou à la cellule responsable des

20 informations militaires de ce mouvement de troupe ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je n'ai pas de souvenir à ce sujet,

22 mais je pense avoir transmis cette information à la cellule des

23 informations militaires car je le faisais toujours. Mais c'est tout ce qui

24 est écrit dans mon carnet. Je ne peux vous en dire plus.

25 M. Harmon (interprétation). - Eh bien, avec l'aide de l'huissier, je

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1 demanderai que l'on vous remette un document, et avant que vous ne l'ayez

2 entre les mains, avant que ce document ne soit distribué à toutes les

3 personnes qui doivent le recevoir dans ce prétoire, je vous pose la

4 question suivante. Est-ce que vous avez eu l'occasion de vérifier les

5 bulletins d'information militaire, après remise des informations fournies

6 pour vous, de façon à vérifier que les informations fournies par vous

7 avaient été bien enregistrées ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non je ne l'ai pas fait, et il y a

9 une raison à cela, à savoir qu'à la fin de chaque journée, la dernière

10 chose que je faisais chaque jour consistait à me rendre à la cellule des

11 informations militaires pour y répondre aux questions.

12 Ce processus durait environ une heure. Tout ce que je disais était pris en

13 notes et l'affaire se résumait à cela.

14 M. Dubuisson. - Le document portent la cote 539.

15 (Le document est remis au témoin.)

16 M. Harmon (interprétation). - Monsieur Whatley, outre les informations que

17 vous avez reçues au sujet des 500 soldats musulmans qui étaient arrivés à

18 Travnik, vous nous avez dit également, qu'au même moment, le

19 colonel Filipovic vous avait annoncé qu'il allait déménager le quartier

20 général du HVO de Travnik à Dolac, n'est-ce pas ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, c'est exact.

22 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que vous avez la pièce à

23 conviction 539 entre les mains, Monsieur ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

25 M. Harmon (interprétation). - Ce document est-il un résumé d'information

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1 militaire en date du 8 avril 1993 et relatif au régiment de Cheshire ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

3 M. Harmon (interprétation). - J'aimerais appeler votre attention sur la

4 dernière page de ce document, la page 4, Monsieur, où nous lisons en haut

5 de page le numéro 6 suivi de Travnik.

6 Je vous prierai de prendre connaissance de ce passage et de me dire quand

7 vous en aurez fini. Je vais d'ailleurs lire ce texte car il n'en existe

8 pas de traduction française.

9 Le texte se lit comme suit. Je cite. "Une équipe LO s'est rendue à Travnik

10 ce soir et a parlé à un officier de Bosnie-Herzégovine qui a prétendu que

11 les tensions s'étaient intensifiées entre les Croates et les Musulmans

12 dans la ville, aujourd'hui.

13 L'officier de l'armée de Bosnie-Herzégovine a prétendu que des tirs

14 sporadiques s'étaient produits au cours des quarante dernières minutes

15 précédant 20 heures. L'officier de liaison (LO) a rendu compte du fait

16 qu'il avait entendu deux séries de tirs d'armes de fantassin suivies par

17 une rafale prolongée. L'officier de Bosnie-Herzégovine a prétendu que

18 Mate Boban s'était rendu à Travnik aujourd'hui et s'était plaint ensuite

19 de l'absence de drapeau croate. L'officier de l'armée de Bosnie-

20 Herzégovine a prétendu qu'un Musulman avait tiré sur des soldats du HVO

21 qui érigeaient un drapeau croate et que la situation s'était dégradée à

22 partir de ce moment-là. A 21 heures, l'officier de liaison a rendu compte

23 que des groupes de soldats armés se déplaçaient aux alentours de la ville

24 et que les tensions semblaient intenses. A 21 heures 05, deux CS de

25 reconnaissance se sont déployés à Travnik et y sont restés jusqu'à

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1 22 heures 30. A 22 heures 30, l'officier de liaison rencontre, du fait que

2 la situation s'est quelque peu calmée et que les CS de reconnaissance ont

3 été rappelés" Fin de citation.

4 Alors dans ce bulletin d'information militaire que je viens de vous lire,

5 il n'est fait aucune référence au déplacement de 500 soldats musulmans

6 dans la ville de Travnik, n'est-ce pas ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - -Non.

8 M. Harmon (interprétation). - Aucune mention n'y est faite non plus du

9 déménagement du quartier général du HVO de Travnik à Dolac ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, effectivement.

11 M. Harmon (interprétation). - D'après vous, quel était l'objet de

12 l'arrivée de ces 500 soldats à Travnik, le 8 avril ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je n'en ai pas la moindre idée.

14 M. Harmon (interprétation). - Saviez-vous, Monsieur, que l'armée bosniaque

15 participait à des conflits contre les Serbes à Visoko ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je le savais.

17 M. Harmon (interprétation). - Et que cet autocar ou ces autocars à bord

18 desquels, selon le colonel Filipovic, se trouvaient 500 soldats musulmans,

19 sont arrivés de Visoko, n'est-ce pas ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est ce qu'il m'a dit.

21 M. Harmon (interprétation). - Saviez-vous si ces 500 soldats qui

22 arrivaient à Travnik revenaient du front de Visoko après y avoir été

23 relevés par d'autres ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je n'ai aucune idée à ce sujet. Je

25 ne fais que lire les notes que j'ai dans mon carnet ou je vois le résultat

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1 de conversations que j'ai eues avec le commandant du HVO de Travnik qui

2 était très préoccupé

3 Et j'avais le plus grand respect pour ce commandant du HVO.

4 M. Harmon (interprétation). - Et Monsieur Dundas-Whatley, l'information

5 est restée non confirmée en ce qui concerne les autres parties et les

6 vérifications éventuelles faites par elles de cette information, n'est-ce

7 pas ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'étais officier de liaison.

9 Personne ne vérifiait ce que je disais. Il n'existait aucune procédure de

10 vérification. Nous n'allions pas dans les casernes compter les soldats.

11 J'ai rendu compte de ce que m'a dit le commandant.

12 M. Harmon (interprétation). - Une semaine plus tard, à peu près, vous avez

13 participé personnellement à une parade militaire dans la caserne de

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui, en effet.

16 M. Harmon (interprétation). - Et vous nous avez montré des photographies

17 au cours de votre déposition de cette parade, n'est-ce pas ? Plus de 1 000

18 soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine fêtaient le premier anniversaire

19 de la création de cette armée, n'est-ce pas ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

21 M. Harmon (interprétation). - J'aimerais que nous passions maintenant à ce

22 que vous avez dit dans votre déposition, eu égard à l'entraînement, à la

23 formation. Une question vous a été posée, hier, qui se lit comme suit. Je

24 cite : "Au cours des 6 mois, à peu près, de votre mission, avez-vous

25 jamais vu des soldats du HVO s'entraîner ?" Et votre réponse a été non.

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1 La question suivante qui vous a été posée se lit comme suit, je cite :

2 "Jamais ?" et vous avez répondu : "Non, pendant la durée de mon séjour en

3 Bosnie, je n'ai jamais entendu qui que ce soit parler d'entraînement de

4 soldats du HVO ou de soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine".

5 Monsieur Dundas-Whatley, le HVO avait-il un officier chargé des opérations

6 et de l'entraînement cantonné à l'hôtel Vitez où se trouvait le quartier

7 général du colonel Blaskic ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas.

9 M. Harmon (interprétation). – Connaissez-vous un nom répondant au nom de

10 Slavko Marin ?

11 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'ai rencontré Slavko Marin par

12 hasard à l'aéroport d'Amsterdam, il y a 6 jours environ, au moment où il

13 venait ici témoigner. Je ne l'ai pas reconnu. Je ne crois pas non plus

14 qu'il m'ait reconnu, mais je n'en suis pas sûr. Mais c'est l'homme auquel

15 vous faites référence. Par la suite, j'ai découvert qu'il avait été

16 officier au quartier général du colonel Blaskic, mais je n'ai pas reconnu

17 son visage.

18 Il est possible que je l'ai rencontré, il est possible que j'ai su ce

19 qu'il faisait mais cela ne figure pas dans mes notes, donc je n'ai pas

20 connaissance de cela.

21 M. Harmon (interprétation). - Avez-vous eu une conversation avec Slavko

22 Marin ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Samedi ?

24 M. Harmon (interprétation). - A quelque moment que ce soit par la suite ?

25 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il ne parle pas anglais.

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1 M. Harmon (interprétation). – Eh bien, je vais vous demander ce qui suit.

2 Est-ce que vous avez jamais demandé à un officier de liaison du HVO, que

3 vous rencontriez pendant votre mission en Bosnie, si le HVO participait à

4 des actions d'entraînement destinées à ses propres troupes ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non, mais je dois dire que le HVO

6 n'avait pas d'officiers de liaison lorsque j'avais des contacts avec lui.

7 Je traitais avec des commandants. C'est le premier point.

8 Deuxième point, je ne posais pas des questions de ce genre. Je ne posais à

9 personne des questions qui pouvaient donner l'impression que j'agissais en

10 tant qu'ennemi, en tant qu'espion (se reprend l'interprète).

11 M. Harmon (interprétation). - Eh bien, permettez-moi de vous poser la

12 question suivante. Pendant votre mission en Bosnie centrale, savez-vous où

13 étaient situées les bases locales du HVO ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Pour pas mal d'entre elles, je le

15 sais effectivement.

16 M. Harmon (interprétation). – Eh bien pour lesquelles ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - A ma connaissance, il existait une

18 base importante à Busovaca. Le HVO avait de nombreuses bases à Vitez et

19 aux alentours de Vitez, je passais devant ces bases et je voyais toujours

20 de nombreux soldats rassemblés à ces endroits.

21 A Travnik, je savais qu'ils avaient une espèce de base à l'hôtel Orient,

22 et il y avait de nombreux points où les soldats étaient en nombre moins

23 important, des maisons ou des magasins où l'on voyait des soldats. Mais si

24 vous me demandez où se trouvaient leur caserne…, je ne savais pas où elles

25 se trouvaient, non.

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1 M. Harmon (interprétation). - Très bien. Je demanderai maintenant que la

2 pièce à conviction 484 de l'accusation soit remise au témoin.

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - J'aimerais ajouter quelques mots au

4 sujet de ce document, ce résumé d'informations militaires, si vous me le

5 permettez.

6 M. Harmon (interprétation). - Je vous en prie.

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, il est tout à fait

8 inhabituel que mes notes ne soient pas reprises dans ces bulletins

9 d'informations militaires, et je crois que si cela s'est produit cette

10 fois-là, c'est que j'ai quitté Travnik à 11 heures ou minuit cette nuit-

11 là, parce que je lis le bulletin d'informations militaires, je lis mes

12 notes et je crois que je suis resté à Travnik jusqu'à la dernière minute

13 possible, jusqu'aux environs de minuit parce que je voulais suivre ce qui

14 s'y passait. J'allais sans doute d'un quartier général à un autre pour

15 voir si les commandants avaient le sentiment qu'ils étaient toujours aux

16 commandes.

17 J'ai laissé entendre, avant de proposer que les chars, les warriors soient

18 retirés de Travnik, je devais demander l'autorisation des commandants du

19 HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine, et donc je devais m'adresser à

20 eux, donc je suis sûr que je l'ai fait. Je suis sûr que j'ai dû leur

21 demander : "Est-ce que la situation est suffisamment calme maintenant pour

22 que les officiers britanniques aillent dîner". A un certain moment, on a

23 dû me dire oui. Après quoi, les véhicules blindés de l'armée britannique

24 se sont retirés et je suis parti.

25 Au moment où je suis revenu à la base du régiment britannique, il était

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1 sans doute trop tard, en tout cas il y a dû y avoir une raison, et c'est

2 sans doute ce qui justifie que ces éléments ne soient pas repris, ne

3 figurent pas dans les bulletins d'informations militaires.

4 M. Harmon (interprétation). - Mais si vous aviez transmis ces informations

5 par radio, elles auraient été reprises dans le bulletin d'informations

6 militaires, n'est-ce pas ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je lis ce texte et je pense, au vu

8 du texte, que j'ai sans doute passé un message radio à 21 heures,

9 l'officier de liaison rend compte que des soldats circulent en ville et

10 que les tensions semblent importantes. A cette heure-là, j'étais soit dans

11 une réunion soit entre deux réunions.

12 Il est difficile de déterminer avec précision à partir de mes notes, mais

13 je crois avoir participé à une réunion, être allé vers ma Land Rover, être

14 allé à une autre réunion et avoir envoyé un message radio. Puis m'être

15 rendu à une autre réunion et c'est sans doute au cours de cette réunion,

16 en tout cas c'est même certain, parce qu'à 21 heures, j'ai envoyé ce

17 message par radio et à 21 heures 05, les blindés ont été envoyés à

18 Travnik. Donc c'est évidemment suite à mon message radio que cela a été

19 fait. Donc, je pense que ce que je considérais comme une information

20 vitale a été transmise par radio et le bataillon a réagi comme il

21 convenait de le faire, comme c'était toujours le cas.

22 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que vous avez transmis cette

23 information le jour suivant, le lendemain ?

24 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je ne sais pas, je devrais vérifier

25 sur les bulletins d'information militaires, mais c'est tout à fait

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1 possible que le lendemain j'ai rendu compte des événements en question.

2 M. Harmon (interprétation). - Monsieur Dubuisson, est-ce que nous

3 pourrions également avoir la pièce à conviction de l'accusation 456/104

4 à 108 ? Je poserai des questions en même temps à M. Dundas-Whatley sur ces

5 pièces et la pièce qu'il a entre les mains.

6 Monsieur le Témoin, je vous demanderais de regarder la pièce à conviction

7 de l'accusation 484. Dans un plan ou un programme d'entraînement destiné

8 aux jeunes recrues des forces armées de la communauté croate de Herceg-

9 Bosna figure ce document émis à Mostar le 1er septembre 92 par le général

10 de brigade Milivoj Petkovic. Vous rappelez-vous qui était

11 Milivoj Petkovic ?

12 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Je crois qu'il commandait le HVO

13 pour l'ensemble de la Bosnie.

14 M. Harmon (interprétation). - Je vous demanderais de jeter un coup d'oeil

15 à ce document, de le parcourir quelques instants, je vous prie.

16 (Le témoin consulte le document).

17 Monsieur Whatley, je pense que vous avez eu brièvement le temps de

18 regarder ce programme d'entraînement, n'est-ce pas ?

19 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui.

20 M. Harmon (interprétation). - Si vous prenez la page 3 de ce document,

21 paragraphe 1, point 2, vous constaterez que ce programme d'entraînement

22 était censé durer 22 jours. Puis, si vous passez à la page 4,

23 paragraphe 1, point 3, vous voyez les différentes activités de ce

24 programme d'entraînement qui y sont résumés sur cette page. Ce programme

25 était destiné aux jeunes recrue de la communauté croate de Herceg-Bosna.

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1 J'aimerais maintenant appeler votre attention sur la pièce à conviction

2 suivante. Je demande la pièce à conviction de l'accusation 456/104. Je

3 demande qu'elle soit remise au témoin. Vous l'avez entre les mains,

4 Monsieur Dundas-Whatley ?

5 (Le témoin fait signe que non).

6 Elle ne vous a pas encore été remise.

7 (Le document est remis au témoin).

8 La pièce 104, et non 184, que vous avez entre les mains, Monsieur Dundas-

9 Whatley, est un ordre émanant du colonel Blaskic en date du

10 23 juillet 1992 et c'est un ordre qui prévoit l'entraînement d'un certain

11 nombre de soldats qui devront servir une roquette. Ces soldats devaient se

12 regrouper devant l'hôtel Vitez à 8 heures du matin le 25 juillet 1992. Si

13 vous regardez la pièce à conviction du Procureur n° 105, c'est également

14 un ordre du colonel Blaskic daté du 24 juillet 1992.

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Sur mon document, c'est la date

16 du 25 qui figure. Ah, non pardon, c'est le document suivant.

17 M. Harmon (interprétation). - Je propose que l'Huissier s'assure qu'il

18 donne bien les pièces à M. Dundas-Whatley dans l'ordre. Je parle de la

19 pièce à conviction de l'accusation 105.

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, je vous prie de m'excuser. La

21 date est bien celle du 24.

22 M. Harmon (interprétation). - Cet ordre du colonel Blaskic prévoit la

23 création d'unités de reconnaissance et d'entraînement et ces unités

24 doivent être entraînées à Grude. L'ordre parle de lui-même.

25 Ensuite, nous passons à la pièce à conviction de l'accusation 106, c'est

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1 un document qui comporte trois pages et que vous l'avez sous les yeux. Je

2 vous invite à regarder le paragraphe 3 de ce document qui est un ordre

3 émanant du colonel Blaskic en date du 20 septembre 1992. Vous verrez au

4 paragraphe 3 de cet ordre qu'il est question d'entraîner de nouvelles

5 recrues qui n'ont pas servi au sein de l'armée yougoslave. Cet

6 entraînement doit être élémentaire, doit être spécifique et la personne

7 responsable de cette tâche est le représentant du quartier général central

8 responsable des opérations et de l'entraînement, la date limite pour la

9 réalisation de cet entraînement étant le 30 septembre 92.

10 Maintenant, Monsieur Dundas-Whatley, j'aimerais que vous preniez la pièce

11 à conviction de l'accusation suivante qui est la pièce 456/107 et pour le

12 compte rendu, Monsieur le Président...

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, 106.

14 M. Harmon (interprétation). - Pièce 456/107. Le document a l'aspect que

15 vous voyez ici, Monsieur l'huissier.

16 (Le document est remis au témoin).

17 C'est également un ordre émanant du colonel Blaskic en date du

18 19 novembre 1992. Je vous prierai, Monsieur Dundas-Whatley, d'examiner cet

19 ordre pendant une minute ou deux. Vous constaterez que, pour l'essentiel,

20 il s'agit d'un ordre prévoyant l'entraînement d'un régiment. Le programme

21 d'entraînement applicable à toutes les casernes sur le territoire de la

22 Bosnie centrale y est décrit et tous les commandants de caserne voient

23 leur nom figurer sur ce document. La liste est assez longue.

24 Et puis, le dernier document que je souhaiterais vous montrer, M. Dundas-

25 Whatley, est un document qui est un ordre émanant du colonel Blaskic,

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1 pièce à conviction de l'accusation de l'accusation 456/108, ordre daté du

2 12 mars.

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Excusez-moi, mais je cherche le

4 document en question.

5 M. Harmon (interprétation). - C'est un document d'une page.

6 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Le voici, document daté du 12 mars.

7 M. Harmon (interprétation). - C'est un ordre émanant du colonel Blaskic

8 qui demande qu'un entraînement complémentaire soit dispensé aux soldats

9 qui formeront les équipes destinées à servir l'arme S2MAAD portable qui un

10 système de lancement. Et au paragraphe 3, il est rappelé que cette

11 formation doit durer un mois.

12 Alors, l'ensemble de ces ordres qui s'étendent du 23 juillet 1992 au

13 12 mars 93 montre bien que le HVO entraînait ses soldats ?

14 M. Hayman (interprétation). – Objection, Monsieur le Président. Maître

15 Harmon est en fait en train de témoigner. Ce sont des ordres qui prévoient

16 des entraînements, mais qui n'indiquent pas si l'entraînement a eu lieu ou

17 pas. Le témoin a déjà dit que les ordres étaient désobéis. En tout cas il

18 a déclaré qu'il n'a pas vu d'entraînements effectifs, donc je pense que

19 cette série de questions est très difficile à accepter.

20 M. le Président. - Chacun d'entre vous exploitera la réponse du témoin

21 selon sa convenance et ses objectifs de stratégie, celle de la défense ou

22 de l'accusation respectivement. Pour l'instant, je crois que l'accusation

23 essaie simplement de savoir, de la part du témoin, si le témoin a eu

24 connaissance de ces entraînements. Ce n'est pas excessif, à condition de

25 ne pas y passer 3 heures, bien entendu.

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1 D'accord ?

2 M. Harmon (interprétation). - Monsieur Dundas-Whatley, est-ce qu’il ne

3 serait pas inusité que le HVO ne vous emmène pas à ces structures de

4 formation ?

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Excusez-moi ?

6 M. Harmon (interprétation). - Est-ce qu'il serait inhabituel ou normal que

7 le HVO emmène des tierces personnes dans ces camps de formation ?

8 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, ce ne serait pas inhabituel

9 puisque ce sont des documents classifiés, classés secrets.

10 M. Harmon (interprétation). - Donc vous n'êtes pas surpris du fait que le

11 HVO ait des cours de formation pour ses recrues ?

12 M. Hayman (interprétation). - On assume un fait qui n'a pas été prouvé.

13 Objection.

14 M. Harmon (interprétation). - Monsieur le Président, nous avons diffusé

15 une séquence. Je ne veux pas ici vous importuner et prendre votre temps à

16 remontrer cette séquence de formation.

17 M. Hayman (interprétation). - Ce film, où a-t-il été filmé ? Non pas dans

18 la zone opérationnelle. La question de Maître Harmon prend une hypothèse

19 et non pas un fait qui a été prouvé. Est-ce qu'on peut poser une question

20 en disant : "Est-ce que cela vous surprend si on affirme quelque chose,

21 alors que ce fait n'a pas été prouvé."

22 M. le Président. - La forme des questions, vous savez bien que vous êtes,

23 aussi bien vous que Me Harmon, des spécialistes très subtils pour poser

24 des questions dans le cadre des interrogatoires et contre-interrogatoire.

25 Deuxièmement, s'agissant de la formation, il est certain que l'officier de

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1 liaison avait, par la nature de ses fonctions, un certain nombre d'accès à

2 un certain nombre d'informations qui peuvent être utiles au débat et il se

3 trouve que vous l'avez abordé dans l'interrogatoire, le problème de la

4 formation. Maintenant ce que je demande à Maître Harmon, c'est de ne pas

5 encore une fois rester trop longtemps sur cette question. Je crois que les

6 questions ont été posées et l'officier vous y a répondu, Maître Harmon.

7 M. Harmon (interprétation). - Etes-vous surpris de prendre connaissance de

8 ces ordres et de ces programmes de formation ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

10 M. Harmon (interprétation). - Fort bien. Passons à un autre sujet, si vous

11 le voulez bien, monsieur. Une question vous a été posée hier, la voici. Au

12 quartier général du HVO, dans la zone opérationnelle, est-ce qu’il y avait

13 des possibilités d'avoir accès à des fax ou à d'autres transmissions ?

14 Vous avez dit : "Pas à ma connaissance." Vous souvenez-vous de cette

15 réponse ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Oui.

17 M. Harmon (interprétation). - Lorsque vous vous êtes rendu à l'hôtel

18 Vitez, est-ce que vous aviez pleinement accès sans restriction à l'hôtel

19 Vitez ?

20 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

21 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que on vous a permis de vous rendre

22 dans le centre de transmission du HVO, au sein de l'hôtel Vitez ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il m'est arrivé une fois de me

24 rendre dans ce centre de transmission qui ne se trouvait d'ailleurs pas à

25 l'hôtel Vitez, mais aux P.T.T., dans le centre-ville. C'est du moins ce

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1 que j'ai compris. Mais il n'y a eu qu'une occasion.

2 M. Harmon (interprétation). - Quand s'est elle présentée ?

3 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Vers le mois d'avril, au cours du

4 plus fort des conflits, en avril 1993.

5 M. Harmon (interprétation). – Pourriez-vous dire aux juges le type

6 d'équipements

7 de transmission que vous avez vus à cet endroit précis, ce jour-là

8 précis ?

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Eh bien, à cet endroit précis, ce

10 jour-là précis, j'ai vu environ six soldats en uniforme assis à un bureau.

11 Il y avait des cartes aux murs et ces hommes s'occupaient de téléphone. Il

12 y avait peut-être des radios portables, je ne sais pas. Je ne sais plus.

13 M. Harmon (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes rendu dans un

14 centre de transmission du HVO, alors que vous étiez à Busovaca ou à

15 Travnik, à Novi Travnik ou à Zenica ? Là, je parle du centre de

16 transmission du HVO ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

18 M. Harmon (interprétation). - Bien. Avez-vous eu l'occasion de parler avec

19 des officiers du HVO à propos de leur capacité en matière de

20 transmission ?

21 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Il serait peut-être utile que je

22 vous dise ce que j'ai discuté avec l'armée de Bosnie-Herzégovine à ce

23 propos.

24 M. Harmon (interprétation). – Oui, mais pour le moment nous parlons du

25 HVO. Parlons de leurs capacités en matière de transmission. Est-ce que

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1 vous avez discuté de ce point avec eux ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

3 M. Harmon (interprétation). - Avez-vous eu l'occasion de demander à des

4 représentants du HVO à qui vous aviez affaire, avec ces officiers que vous

5 avez cités, s'ils avaient des possibilités en matière de chiffres, de

6 codes ?

7 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

8 M. Harmon (interprétation). – Savez-vous qui était le chef du service de

9 renseignements pour le quartier général du HVO, à l'hôtel Vitez ?

10 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

11 M. Harmon (interprétation). - Seriez-vous surpris si vous appreniez qu'il

12 a témoigné ici, devant ce Tribunal, en disant que le HVO disposait de

13 capacités de chiffres ou de codes ?

14 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Non.

15 M. Harmon (interprétation). – Pourquoi pas ?

16 M. Dundas-Whatley (interprétation). – Parce que le fonctionnement interne

17 de la structure du commandement du HVO ne m'intéressait pas énormément.

18 Quant à savoir comment ils menaient leur campagne militaire, ce n'était

19 pas mon affaire.

20 M. Harmon (interprétation). - Vous déposez aux fins de dire ou vous ne

21 dites pas plutôt que le HVO ne disposait pas de moyens de transmission

22 sûrs.

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non.

24 Ce que j'ai dit dans le cadre de ma déposition -et je suis sûr que c'est

25 consigné quelque part-, c'est que je n'étais pas au courant de telles

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1 capacités de transmission.

2 M. Harmon (interprétation). - Mais vous avez déclaré hier qu'il serait

3 très important d'avoir au fond... Ou plutôt qu'il serait très dangereux

4 que des ordres de combat soient envoyés qui n'auraient pas été encodés.

5 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

6 M. Harmon (interprétation). - La réponse en était que s'ils étaient

7 interceptés, ce serait pratiquement suicidaire pour les forces qui

8 allaient monter à l'assaut, si l'ordre était intercepté.

9 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

10 M. Harmon (interprétation). - J'aimerais vous montrer, si vous le voulez

11 bien et si je le peux, la pièce de l'accusation 456... Pardon, la pièce de

12 la défense 300 et la pièce de l'accusation 456/46.

13 Monsieur Dubuisson, je vais vous faciliter la vie. Il s'agira des pièces

14 456/45 et 46.

15 (Les documents sont remis au témoin.)

16 J'aimerais simplement votre avis sur une chose. Auriez-vous l'obligeance

17 d'examiner ces ordres ?

18 Parlons d'abord de la pièce 456/45. Il s'agit d'un ordre relatif à des

19 opérations de combat émis par le colonel Blaskic le 17 avril 93. Il est en

20 anglais et il fait deux pages. Il fut émis à 23 heures 45. J'aimerais

21 attirer votre attention sur le paragraphe 2.2 dudit ordre de combat. Il

22 donnait des instructions : "Utiliser toutes les pièces d'artillerie

23 disponibles et préparer des actions de feu pour le VU. Capturer

24 Gomnijoca*".

25 L'interprète. - Le président pourrait-il interrompre Me Harmon qui lit

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1 sans que les interprètes aient le document sous les yeux ?

2 M. le Président. - Monsieur Harmon, essayez d'aller plus doucement car les

3 interprètes n'ont pas le document sous les yeux.

4 Mais il se trouve que le Greffe m'a communiqué la version française, leurs

5 pièces. Pour une fois, je suis privilégié !

6 M. Harmon (interprétation). - Je répète la dernière phrase. "Ensuite,

7 regrouper les forces et prévoir des préparatifs d'artillerie pour lancer

8 une attaque en vue de la capture de Bila Lovac*".

9 Voyons le paragraphe 10, à la page 2. On dit : "Commencer les opérations

10 le 18 avril 93 à 5 heures 30 du matin".

11 La date et le moment d'émission de cet ordre et le moment auquel il était

12 censé être exécuté, entre les deux vous avez une différence d'environ cinq

13 heures. Voici ma question. Cet ordre, il a été émis à partir de Vitez à

14 l'intention de la brigade Banjalicic* et du commandement de Kiseljak. Vous

15 le savez, il y avait un couloir occupé par les Musulmans entre Katjune* et

16 Bilalovac. Cet ordre devrait traverser ou survoler ce territoire pour

17 arriver à Kiseljak.

18 M. Dundas-Whatley (interprétation). - C'est exact.

19 M. Harmon (interprétation). - 'Faites preuve de bon sens. Voyez le temps

20 qu'il faut entre l'émission de l'ordre et le moment auquel il devrait être

21 exécuté. Est-ce qu’il serait prudent de faire acheminer ce document s'il

22 n'était pas chiffré, codé ?

23 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, ce serait tout à fait

24 dangereux.

25 M. Harmon (interprétation). - Croyez-vous dès lors, déduisez-vous du

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1 simple examen de ce document que ce document aurait été envoyé par des

2 moyens de transmission codée ?

3 M. Hayman (interprétation). - Objection, pure spéculation. La question est

4 ridicule, si vous me permettez l'expression !

5 M. le Président. - On ne traite pas comme cela les questions de son

6 confrère.

7 L'interprète. - Votre micro, Monsieur le Président, excusez-nous.

8 M. le Président. - Je reprends le micro parce que c'était intéressant, ce

9 que je disais. Je disais qu'on ne traitait pas comme cela les questions de

10 son confrère. Voyons, Maître Hayman ! Il reste cinq minutes encore.

11 Essayez de garder un peu de sang-froid. Sauf le respect que je vous dois,

12 je ne trouvais pas personnellement la question ridicule et j'aurai donc

13 grand intérêt à en connaître la réponse.

14 Poursuivez, Maître Harmon.

15 M. Harmon (interprétation). - Vous souvenez-vous de la question ? Est-ce

16 que vous voulez que je la répète ?

17 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Non, je crois avoir compris.

18 M. Nobilo (interprétation). - Avec votre permission, notre client

19 participe activement à nos travaux et il dit ce qui suit : par omission

20 sans doute, le compte rendu [version anglaise] a-t-il dit que l'attaque

21 d'artillerie devait être lancée sur Gornja Zenica*, tout au début du texte

22 du compte rendu. Est-ce qu'on pourrait veiller à ce que le texte soit

23 corrigé ?

24 M. Harmon (interprétation). - C'est manifestement une erreur, et je crois

25 que le texte se passe de commentaires.

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1 Pourriez-vous répondre à cette question, Monsieur le témoin ?

2 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Est-ce qu'on parle encore là du fait

3 qu'on utilise l'artillerie contre la zone de Kiseljak ou d'une autre

4 région ?

5 M. Harmon (interprétation). - On parle de cet ordre précis. Voici ma

6 question.

7 A utiliser ce simple document, étant donné que c'est un ordre d'assaut, de

8 combat, ordre émis le 17 avril à 23 heures 45 et qu'il devait être mis à

9 exécution à 5 heures et demie, le lendemain matin, il fallait que cet

10 ordre franchisse un territoire hostile. Pourriez-vous en déduire qu'il

11 s'agit d'un document... Est-ce que vous pourriez nous donner votre avis

12 sur le fait de savoir si ce document a été transmis par des moyens sûrs ?

13 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Oui, s'il devait franchir un

14 territoire hostile, ennemi, par d'autres moyens, effectivement, vous me

15 demandez si c'était envoyé de façon sûre ou pas. Si on ne peut pas

16 l'envoyer ou l'acheminer à la main si vous voulez, si on a utilisé les

17 voies aériennes ou la radio, c'est ce que vous suggérez, me semble-t-il,

18 il serait tout à fait stupide de ne pas l'envoyer de façon codée,

19 chiffrée.

20 M. Harmon (interprétation). - Nous n'avons plus que quelques minutes à

21 notre disposition ce soir, j'aimerais vous montrer la pièce de

22 l'accusation 456/46, autre ordre de combat émis par le colonel Blaskic le

23 18 avril 93. Et je vous renvoie plus exactement au 2ème paragraphe où l'on

24 parle de la mission qui incombe au destinataire, qui était le commandant

25 du bataillon du HVO à Fojnica. Donc ceci est destiné à une autre partie du

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1 ressort du colonel Blaskic. Deuxième paragraphe. On discute des opérations

2 de combat à mener sur le village de Gusina, ou d'une percée en direction

3 des étables de Busovaca et d'une liaison avec les forces défendant

4 Sibisic.

5 On discute aussi du fait qu'il faut empêcher l'ennemi d'amener des

6 renforts pour de nouvelles opérations dans la vallée de la Lasva, qu'il

7 faut en fait empêcher qu'il y ait des forces qui arrivent pour réduire le

8 no man's land. Même question que la fois précédente. Il s'agit d'un ordre

9 de combat envoyé à une autre partie relevant du commandement du colonel

10 Blaskic. Il partait de l'hôtel Vitez et devait franchir un territoire

11 ennemi, qui était le territoire se trouvant entre la municipalité de

12 Kiseljak et la municipalité de Vitez-Busovaca. Je vous pose la même

13 question que précédemment : à votre avis, était-ce un ordre qu'il fallait

14 coder ?

15 M. Dundas-Whatley (interprétation). - Les informations consignées ici

16 seraient très dangereuses si elles tombaient dans les mains de l'ennemi et

17 s'il fallait transmettre cet ordre, ces informations à l'aide de la radio,

18 si ce n'était pas envoyé de façon codée, ce serait tout à fait dangereux.

19 M. Harmon (interprétation). - Merci. Monsieur le Président, je n'ai plus

20 de questions à poser pour ce soir.

21 L'interprète. - Votre micro, Monsieur le Président.

22 M. le Président. - Alors, moi, j'ai une observation à vous faire sur le

23 délai et le temps, grâce à l'obligeance de M. Dubuisson : la défense a

24 utilisé trois heures vingt-cinq minutes, après vérification détaillée.

25 Aujourd'hui, vous avez épuisé une heure vingt-cinq, Monsieur Harmon, donc

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1 demain, si nous commençons à 9 heures 45, et compte tenu d'une pause de

2 vingt minutes, encore que nous ferons une autre pause bien entendu, mais

3 en principe vous devez avoir terminé à 12 heures 05. Evidemment, cela

4 méritera un peu de flexibilité, Monsieur le Procureur.

5 Cela vous permet simplement de pouvoir centrer l'intégralité de vos

6 questions sur des objectifs qui vous paraissent essentiels et ne pas

7 encourir comme cela les foudres de Me Hayman sur la qualification de vos

8 questions. Bien. Sur cette remarque qui se voulait tout à fait sereine, je

9 rends son chiffrage à M. Harmon et je dis que l'audience est levée et

10 qu'elle reprendra demain matin à 9 heures 45.

11 L'audience est levée à 18 heures 02.

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