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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T
2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE
3
4 LE PROCUREUR
5 c/
6 Tihomir BLASKIC
7 Jeudi 18 février 1999
8 L’audience est ouverte à 10 heures 10.
9 M. le Président. - Bonjour. Veuillez vous asseoir. Monsieur le
10 greffier, faites introduire l'accusé et vous le dirigez tout de suite vers
11 le banc des témoins.
12 (L'accusé est introduit dans le prétoire.)
13 Je salue les interprètes, les sténotypistes, le Bureau des
14 Procureurs, le banc de la défense, l'accusé et nous poursuivons.
15 Maître Nobilo, c'est à vous.
16 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
17 Hier, à la fin de l'audience, nous en étions à une description des
18 incidents qui se sont produits en mai 1992, entre certains villages ;
19 villages parfois habités d'un groupe ethnique, parfois habités par une
20 population mixte.
21 Chronologiquement, le premier incident qui vous concerne s'est
22 produit à Duhri, en août 1992. Il s'agit du chef d'accusation 14, de
23 l'acte d'accusation.
24 Entre le 12 mai, nous en avons déjà parlé, les incidents qui se
25 sont produits à Duhri en août, la situation était-elle calme et Duhri
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1 constituait-elle une exception par rapport à la situation qui régnait à
2 Kiseljak, à l'été 1992.
3 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, messieurs
4 les Juges, ce n'était pas une exception, bien au contraire. Il y a eu
5 plusieurs incidents au cours de cette période, notamment à partir de fin
6 avril 1992 jusqu'à mai, juin, juillet et août 1992. L'une des
7 caractéristiques de ces incidents, et notamment au cours de la première
8 période, était qu'il s'agissait d'incidents ponctuels, sporadiques.
9 Par la suite, ces incidents ont été perpétrés par des groupes
10 d'individus ou par certains villages. Puis, par la suite, ces incidents se
11 sont transformés et sont devenus des incidents entre groupes ethniques.
12 Je devrais souligner à cet égard que les incidents qui ont eu
13 lieu dans les municipalités environnantes, c'est-à-dire à l'extérieur de
14 la municipalité de Kiseljak, ont également eu des répercussions, ont
15 influencé le climat de peur et de division qui régnait parmi la population
16 et ont engendré de nouveaux incidents.
17 De manière générale, l'une des caractéristiques qui s'est
18 maintenue jusqu'en août 1992, c'est-à-dire jusqu'à l'éclatement du conflit
19 à Duhri, était que la plupart des incidents se sont déroulés au niveau des
20 villages. Il pouvait s'agir de village à population exclusivement d'un
21 groupe ethnique ou de l'autre, ou bien il pouvait s'agir de villages à
22 population mixte avec des Musulmans, des Croates. Par conséquent, les
23 conflits se produisaient au niveau des villages.
24 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quoi que ce
25 soit sur les pouvoirs politiques et les autorités politiques de Kiseljak,
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1 autorités militaires et civiles ? Comment réagissaient-elles par rapport à
2 ces conflits ? Ces autorités étaient-elles elles-mêmes à l'origine de
3 certains de ces incidents jusqu'en août 1992 ?
4 M. Blaskic (interprétation). - A l'époque, les autorités
5 politiques, et je parle surtout de la cellule de crise municipale de la
6 municipalité de Kiseljak, ne faisaient que tenter de réagir vis-à-vis des
7 conséquences de ces incidents. Les raisons qui motivaient généralement ce
8 type d'incidents étaient soit économique soit sociales.
9 Les autorités politiques n'étaient pas à l'origine de ces
10 divisions à l'époque, de ces incidents, mais réagissaient surtout aux
11 répercussions de ces incidents et tentaient de remédier aux conséquences
12 de ces incidents, d'apaiser la situation.
13 M. Nobilo (interprétation). - Pouvons-nous rappeler aux Juges
14 que cette cellule de crise, qui réglait les problèmes à Kiseljak, était
15 constituée de Croates et de Musulmans, de deux groupes ethniques donc.
16 Avant de revenir aux incidents de Duhri, quelle est la réponse à
17 votre dernière question ?
18 M. Blaskic (interprétation). - La réponse est oui.
19 M. Nobilo (interprétation). - J'aimerais qu'il soit écrit, pour
20 le compte rendu, que la réponse du général Blaskic à ma dernière question
21 était oui.
22 Avant de passer à la description de l'incident dont il est fait
23 état dans l'acte d'accusation, à savoir l'incident de Duhri, pourriez-vous
24 énumérer très brièvement les incidents importants qui sont venus troubler
25 les relations entre les différents groupes ethniques à la veille de
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1 l'incident de Duhri ? Je parle des incidents de mai à juillet.
2 M. le Président. - Maître Nobilo, nous suivons avec beaucoup
3 d'attention. Je pense que vous l'avez traitée hier, non ?
4 Vos questions portaient sur la période précédant la nomination
5 de l'accusé à la tête de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, pour
6 les périodes de mai, juin, juillet 1992.
7 L'accusé a parlé des incidents, des villages armés croates,
8 armés non croates, etc. Est-ce la même question que vous posez ?
9 C'est pour ne pas revenir toujours sur les mêmes choses.
10 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact, Monsieur le
11 Président, j'ai posé cette question, mais le témoin n'a pas énuméré tous
12 les incidents qui se sont produits.
13 La dernière date dont vous avons parlé hier était la
14 mi-mai 1992. Par conséquent, maintenant, nous aimerions que le témoin
15 parle des incidents qui se sont produits après.
16 M. le Président. - C'est vous-même qui avez commencé votre
17 interrogatoire principal par l'incident de Duhri d'août 1992, chef
18 d'accusation 14. C'est pourquoi je me suis permis, j'ai cru que vous
19 aviez...
20 M. Nobilo (interprétation). - Effectivement, j'ai commencé par
21 là, afin que la Chambre de première instance comprenne pourquoi nous
22 parlons des incidents qui se sont produits.
23 Duhri n'est pas arrivé là par hasard. Des événements ont
24 précédés ce dernier. Nous voulons simplement montrer comment cet incident
25 s'est produit.
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1 Pourriez-vous donc énumérer, s'il vous plaît, les incidents qui
2 se sont produits ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Le 13 mai 1992, un conflit a
4 éclaté entre le village de Drazevici, un village serbe, et le village de
5 Grahovci, qui est un village musulman bosnien. Ils se trouvent tous deux
6 dans la municipalité de Kiseljak.
7 Ce conflit a eu pour résultat le désarmement du village de
8 Drazevici.
9 Le 14 mai 1992, il y a eu un autre affrontement dans le village
10 de Brestovsko, cette fois, entre les Croates et d'autres Croates. Le
11 14 mai 1992 également, un affrontement a eu lieu entre les villages
12 croates de Donje Podastinje et Donji Palez.
13 Quelle était la raison de ce conflit ? C'était la prise de
14 contrôle du barrage routier.
15 Le 14 mai, un incident s'est produit dans le village de
16 Hercezi ; des membres des forces de la Défense territoriale du village de
17 Hercezi ont ouvert le feu sur un civil croate, le chauffeur d'un véhicule
18 motorisé.
19 Le 14 mai toujours, 1992, dans la ville de Kiseljak, une
20 confrontation a eu lieu entre des membres du HVO d'une part et des membres
21 de la Défense territoriale d'autre part qui, dit-on, avaient l'intention
22 de briser le blocus de Sarajevo. Des colonnes de véhicules ont commencé à
23 s'ébranler et venaient de direction de Visoko, Kresevo, Fojnica,
24 Bilalovac, et le 15 mai 1992, un civil croate a été blessé dans le village
25 de Medvjednica par des membres de la Défense territoriale et il a été très
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1 difficile de le transporter jusqu'à un hôpital.
2 Le 16 mai 1992, dans la communauté locale de Gromiljak, un
3 affrontement a lieu également entre les Croates. Il y avait des Croates de
4 Visnjica, Doci et Hercezi et les autres Croates qui venaient du village
5 même de Gromiljak.
6 Le 19 mai, un nouvel incident s’est produit à Duhri et Gornji
7 Palez. Gornji Palez était un village croate, Duhri était un village
8 musulman bosnien ; des tranchées ont été creusées et les deux camps se
9 sont fait face, et des échanges de coups de feu ont eu lieu.
10 Le 23 mai 1992, un incident s'est produit dans le village de
11 Tulica entre les Croates et les Musulmans bosniens. Les Croates venaient
12 du village de Azapovici.
13 Le même jour, le 23 mai, donc, un autre incident a eu lieu à
14 Brestovsko entre les Croates, les soldats, et les soldats faisant partie
15 de la police civile de réserve.
16 Le 25 mai, la Défense territoriale de Gomionica, un village
17 musulman bosnien, a creusé des fortifications, des tranchées, des bunkers
18 et des tranchées communiquant les unes avec les autres pour faire face aux
19 villages croates de Krizici et Gornje Podastinje.
20 Le 26 mai, la rumeur courait à Kiseljak que la cellule de crise
21 municipale était en train de répartir des locaux, des logements militaires
22 appartenant à des soldats. Ceci a eu des conséquences sur l'occupation des
23 casernes. Tous les membres qui habitaient dans la zone urbanisée de
24 Kiseljak, tous les Croates et Musulmans, membres de la ligue patriotique
25 qui portaient des armes, se sont dirigés vers les casernes.
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1 Le 27 mai 1992, dans la communauté locale de Gromiljak, après
2 les incidents, il y a eu une division entre les villages croates. Il y
3 avait Gromiljak, d'un côté, Gromiljak 1, en quelque sorte, et Gromiljak 2.
4 Ce village s'est divisé.
5 Le 31 mai 1992, la cellule de crise municipale de Kresevo a
6 rencontré la cellule de crise municipale de Kiseljak. Il fallait régler
7 certaines questions de compétence et d'autorité sur l'émetteur radio de
8 Cubren. Des barricades, des barrages ont été érigés à la frontière, à la
9 limite des deux municipalités
10 Le 31 mai 1992, un conflit armé ouvert s'est déclaré entre les
11 villages croates de Donja Podastinje et celui de Donji Palez. Entre ces
12 deux villages, donc, l'affrontement a duré pratiquement jusqu'à minuit.
13 Après cela, les parties sont parvenues à un accord.
14 Le 4 juin 1992, à Kiseljak, des unités extérieures ont fait un
15 raid sur Kiseljak ; elles étaient dirigées par M. Porobic, Mustapha
16 Porobic. Les hommes nous ont dit qu'ils faisaient partie de la brigade de
17 Rijeka. Et ils ont pris le contrôle de l'hôtel Dalmacija qui se trouvait à
18 Kiseljak. Ils ont expulsé environ 300 personnes réfugiées de Rakovica, qui
19 avaient été placées dans cet hôtel.
20 M. Nobilo (interprétation). - Qu'était cette brigade de Rijeka ?
21 Quand a-t-elle été créée ? Comment a-t-elle été équipée ? Qui étaient les
22 hommes qui la composaient ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Cet après-midi-là, j'ai parlé au
24 commandant en second de cette unité. Il m'a dit alors qu'ils étaient
25 membres de la brigade Derventa, de Bosanska Posavina. Après l'occupation
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1 par les Serbes de Bosanska Posavina, une fois qu'ils se sont retrouvés en
2 République de Croatie, dans la ville de Rijeka, ils ont subi un
3 entraînement là-bas. Ils ont été équipés en obtenant toutes les armes et
4 tout le matériel militaire nécessaire. Une fois cela fait, ils sont venus
5 à Kiseljak. Et ce jour-là, ils ont été placés dans l'hôtel Dalmacija.
6 La majorité des membres de cette brigade étaient des Musulmans
7 bosniens, même
8 si les rangs de la brigade comptaient aussi quelques Croates.
9 M. Nobilo (interprétation). - Nous pouvons poursuivre et parler
10 des incidents qui se sont produits par la suite.
11 M. Blaskic (interprétation). - Le 5 juin 1992, quatre officiers
12 ont été tués, des officiers du commandement conjoint de l'état-major
13 régional de Bosnie centrale. Cet assassinat a été perpétré sur le
14 territoire de la municipalité de Gornji Vakuf, dans la zone contrôlée par
15 les forces du HVO et par les forces de la Défense territoriale.
16 M. Nobilo (interprétation). – De quelle nationalité étaient ces
17 hommes qui ont été tués ?
18 M. Blaskic (interprétation). – Pour la majorité croate.
19 M. Nobilo (interprétation). – Veuillez poursuivre.
20 M. Blaskic (interprétation). – Le 5 juin 1992 également, le
21 village de Tulica, un village musulman bosnien, a ouvert le feu sur des
22 Croates dans le village de Azapovici. L'unité de la Défense territoriale,
23 que l'on appelait le détachement -je sais qu'il y avait un numéro qui
24 correspondait à ce détachement, mais je ne m'en souviens plus-, c'était le
25 détachement de Kiseljak en tout cas ; lorsque cette unité est intervenue,
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1 il s'agissait de la même unité qui avait lancé l'opération visant à
2 désenclaver Sarajevo. Ils ont donc ouvert le feu sur les membres du HVO
3 qui, à l'époque, étaient situés à position proche du village.
4 Le 11 juin 1992, les forces de la Défense territoriale, dans la
5 zone de la municipalité de Kiseljak, sont entrées par effraction dans des
6 maisons croates, les ont saccagées et ont confisqué toutes les armes des
7 Croates lorsqu'ils en trouvaient.
8 Le 14 juin 1992, les membres des forces de la Défense
9 territoriale du village de Bukovica, municipalité de Kiseljak, ont
10 également mis à sac toutes les maisons non musulmanes, il y avait
11 certaines maisons appartenant à des Serbes, mais la plupart était la
12 propriété de Croates. Ils ont saisi les armes qu'ils ont trouvé au cours
13 des fouilles.
14 Le 15 juin 1992, les membres de la Défense territoriale, qui se
15 présentaient comme étant des membres du TG1, ont menacé les Croates du
16 village de Megemica et ont déclaré qu'ils allaient lancer une opération
17 afin de désenclaver Sarajevo et que les personnes se trouvant là allaient
18 être utilisées comme bouclier humain lorsqu'il faudrait passer les lignes
19 de front de l'armée de la Republika Srpska.
20 Le 15 juin, la Défense territoriale de Bukovica a interdit à
21 Bakir Alispahic de rentrer dans le village.
22 M. Nobilo (interprétation). – Bakir Alispahic était le
23 commandant musulman, n'est-ce pas, en quelque sorte votre homologue
24 musulman ?
25 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Le 15 juin 1992, la Défense
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1 territoriale de Gomionica a établi un champ de mines juste devant ses
2 positions afin de contrer des attaques éventuelles d'infanterie, juste
3 devant le village de Krizici. Le 17 juin 1992, le commandant de l'état-
4 major de la Défense territoriale de Kiseljak a désarmé le village de
5 Tulica, village musulman bosnien et les armes qui ont été trouvées ont été
6 emmenées à Bukovica. C'est un village qui se trouve le long de la ligne de
7 front, ligne de front contre la Republika Srpska.
8 Le 18 juin 1992, le conflit a éclaté à Novi Travnik. Il
9 s'agissait d'une tentative de reprendre le contrôle sur une station à
10 essence et le conflit impliquait le HVO et la Défense territoriale de Novi
11 Travnik.
12 Pendant la nuit, entre le 20 et 21 juin 1992, à Gornji Vakuf, le
13 commandant de l'état-major régional pour la Bosnie centrale, Zulu, a été
14 kidnappé à Gornji Vakuf.
15 Le 22 et le 23 juin 1992, il y a eu des conflits à Gornji Vakuf
16 entre les membres du HVO et de la Défense territoriale.
17 Le 22 juin 1992, des membres de la famille Hajdarevic, de la
18 communauté locale de Brnjaci, ont ouvert le feu contre la famille Bosnjak.
19 M. Nobilo (interprétation). - La famille Hajdarevic était des
20 Musulmans ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'étaient des Musulmans. Et
22 la famille Bosnjak était des Croates. Les conflits ont duré jusqu'à la
23 nuit du 25 juin.
24 Le 18 juin 1992, des membres de la Défense territoriale de Visoko
25 sont arrivés. Ils ont fouillé les villages croates dans la région entre
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1 les municipalités de Visoko et Kiseljak.
2 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons maintenant nous
3 arrêter avec ces incidents et nous allons parler de votre nomination en
4 tant que commandant de la zone opérationnelle, qui a eu lieu le
5 26 juin 1992.
6 Mais avant de décrire cet événement-là, dites aux Juges quelle
7 était la réaction des autorités civiles, soit les autorités de Kiseljak ou
8 de Vitez, ou bien dans d'autres villes, et quelle était votre réaction
9 personnelle vis-à-vis de ces événements-là.
10 M. Blaskic (interprétation). - Il était très difficile de réagir
11 étant donné qu'à la fois les communications et la structure de
12 commandement n'existaient pas encore. Elles n'avaient pas été établies.
13 Là, je veux parler à la fois des commandants de la Défense
14 territoriale et ceux du HVO, de même que ceux des autres groupes armés. La
15 seule possibilité que nous avions était de nous rendre sur place et
16 d'essayer de persuader les protagonistes des conflits qu'il fallait
17 arrêter avec le conflit.
18 Les autorités civiles, dans presque chacun des cas que je viens
19 de mentionner, ont organisé des réunions en essayant de trouver des gens
20 ayant une certaine autorité dans cette région. Il s'agissait donc des
21 personnalités de renom, à la fois croates et musulmanes. Et donc ils
22 essayaient de se mettre en contact avec eux afin de faire baisser les
23 tensions, de même que de traiter, pour la plupart des fois, les
24 conséquences de ces conflits.
25 Moi-même et Bakir étions en quelque sorte des étrangers dans la
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1 région. Cela était également le cas de certaines personnes que nous
2 rencontrions, qui venaient de certains villages et que nous ne
3 connaissions pas bien. Il nous était très difficile de réagir par rapport
4 à ces
5 conflits.
6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que, parfois, les autorités
7 civiles souhaitaient avoir recours à une sorte de répression pour faire
8 face à ce genre de conflit ? Est-ce qu'ils ont essayé d'arrêter quelqu'un,
9 de traiter quelqu'un en justice ? Est-ce qu'il y avait ce genre de
10 réaction ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Non, ceci n'était pas possible,
12 d'autant plus que certains groupes armés étaient mieux armés que la police
13 elle-même.
14 Ce qui était particulièrement délicat, et ce qui rendait la
15 situation encore plus difficile, c'est que la justice ne fonctionnait plus
16 au niveau de la municipalité. Donc il était impossible d'organiser ce
17 genre de procès. Le rôle de la police se réduisait à faire des constats,
18 des conflits aux réactions suite aux conflits, mais durant les conflits,
19 il n'y a pas eu de fonctionnement normal de la justice dans la
20 municipalité de Kiseljak.
21 M. Nobilo (interprétation). - Donc dans une telle situation des
22 autorités civiles qui ont été créées pratiquement ad hoc, donc, il
23 s'agissait des autorités nommées « cellules de crise » ; quelle était leur
24 opinion à eux ? Est-ce qu'ils pensaient que c'était vous-même et M. Bakir
25 Alispahic qui deviez réagir face à ces conflits ou est-ce qu'ils pensaient
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1 que cela relevait des cellules de crise municipales ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Bakir et moi, nous n'étions pas
3 membres de la cellule de crise et tout ce que nous devions faire, c’était
4 de faire des rapports devant la cellule de crise en ce qui concerne la
5 préparation de la défense sur ce territoire, c'est-à-dire la préparation
6 de la défense vis-à-vis de l'armée de la Republika Srpska. Donc ils ne
7 considéraient pas que nous étions responsables pour ce qui se passait à
8 l'intérieur du territoire, plus loin par rapport à la ligne des fronts.
9 Et en ce qui concerne cette région-là, c'est le chef du poste de
10 police civile de Kiseljak qui faisait des rapports ou bien le chef de la
11 police civile de Kiseljak.
12 M. Nobilo (interprétation). - Mais malgré cela, est-ce que vous
13 vous êtes porté volontaire ? Est-ce que vous vous êtes rendu sur place
14 dans les villages pour essayer de parler avec les gens ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Moi-même, par exemple, une fois,
16 je suis allé avec Bakir à Bukovica. Je suis allé personnellement à Tulica
17 lors de l'incident où, le 17 juin, les gens ont été désarmés ; j'ai parlé
18 avec tous les Musulmans bosniens à Tulica, j'ai essayé d'atténuer les
19 conséquences de leurs problèmes étant donné qu'ils étaient désarmés et
20 qu'ils se trouvaient tout près de la ligne de front. Donc j’ai été à Han
21 Ploca aussi, j’ai été à Grahovci, parfois avec Bakir et parfois, lui aussi
22 y allait tout seul, cela dépendait de la situation et de nos évaluations
23 de la situation.
24 Mais je n'ai jamais reçu l'ordre d'une instance supérieure, donc
25 de la cellule de crise municipale, de me rendre sur place dans certains de
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1 ces villages étant donné que, eux aussi, ils comprenaient très bien que
2 nous étions tous les deux étrangers dans cette région. Je pense que Bakir
3 n'a même pas été né dans la municipalité de Kiseljak.
4 M. Nobilo (interprétation). - Donc nous avons parlé du mois
5 d'avril, où vous êtes arrivé, maintenant, nous parlons de juin. Donc il
6 s'agit là des deux mois que vous avez prévu de passer en Bosnie,
7 conformément à la promesse que vous avez donnée à votre épouse.
8 Et qu’est-ce qui se passe en ce moment ? Non seulement vous êtes
9 resté encore plus longtemps, mais vous avez reçu un poste plus
10 responsable, une fonction plus responsable ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Ceci est vrai. J'étais conscient
12 du fait que je n'ai pas réussi à remplir ma mission entièrement dans la
13 région de la municipalité de Kiseljak et que je n'ai pas terminé avec la
14 préparation de la défense, soit en ce qui concerne la population, soit en
15 ce qui concerne la région en général pour qu'il puisse possible de se
16 défendre.
17 De même, au cours de ces deux mois que j'ai passés dans la
18 région, j'ai pu comprendre mieux la situation dans la plus grande partie
19 de la Bosnie centrale et donc, j'ai vu que les militaires professionnels,
20 et surtout d'origine croate, étaient très peu nombreux. Il y avait
21 pratiquement 5 ou 6 militaires actifs qui avaient fait partie de
22 l'ancienne JNA auparavant.
23 Il est vrai que j'ai réussi à créer une sorte de noyau sur le
24 plan de la municipalité de Kiseljak, mais les structures faisaient
25 toujours défaut ; il s'agissait encore d'une masse des gens armés qui
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1 étaient encore plus menacés face à l'agression serbe.
2 Donc ma conscience ne m'a pas permis de quitter cette région-là
3 étant donné que j'ai considéré que ceci constituerait le fait de quitter
4 un bateau qui est en train de couler.
5 Donc j’ai décidé de continuer de rester là, mais encore une
6 fois, sans demander quelque avantage ou quelque récompense que ce soit.
7 M. Nobilo (interprétation). - Donc le 26 juin 1992, vous avez
8 assisté un réunion à Grude; c’était la première fois que vous avez
9 rencontré M. Boban et d’autres fonctionnaires de l’Herceg Bosna et vous
10 êtes devenu le commandant. Est-ce que vous pourriez décrire aux Juges les
11 circonstances dans lesquelles vous êtes devenu le commandant de la zone
12 opérationnelle de la Bosnie centrale ?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai assisté à la réunion, le
14 26 juin 1992 à Grude, dans l'hôtel Grude, dans la cave de cet hôtel.
15 C'était la réunion présidée par feu Mate Boban. Le chef de l'état-major du
16 HVO a lui-même assisté à cette réunion -c'est ce jour-là que je l'ai
17 rencontré pour la première fois- et le général Roso y était lui aussi.
18 J'ai brièvement dit quelle était mon opinion en ce qui concerne la
19 situation militaire. Je l'ai dit à M. Boban. Lorsque je dis que j'en ai
20 parlé brièvement, ceci a duré peut-être vingt minutes, peut-être une demi-
21 heure, tout au plus. Après cela, j'ai passé la plupart du temps à discuter
22 avec le chef de l'état-major sur la Bosnie centrale et surtout sur des
23 questions militaires.
24 Lorsque j'ai terminé cette discussion, j'ai reçu l'ordre
25 concernant ma nomination en tant que commandant de l'état-major régional
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1 pour la Bosnie centrale. Cet ordre a été signé par M. Mate Boban et le
2 général Ante Roso.
3 M. Nobilo (interprétation). - C'est donc la première fois où
4 vous avez rencontré les hauts responsables militaires et politiques de
5 l'Herceg-Bosna. Pourriez-vous dire aux Juges quelles étaient vos
6 connaissances, vos informations à l'époque en ce qui concerne l'Herceg-
7 Bosna ?
8 A quoi cela correspondait-il et quels étaient les buts ? Etant
9 donné que vous avez expliqué qu'à Kiseljak les autorités étaient à la fois
10 musulmanes et croates. Est-ce que vous avez reçu, lors de cette réunion,
11 un briefing en ce qui concerne les positions et les but de l'Herceg-
12 Bosna ? Quelle était votre opinion ? Quelle était votre impression ?
13 Quelle était l'organisation, selon vous, à laquelle vous étiez en train
14 d'accéder ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Cette rencontre constituait pour
16 moi la première source directe d'informations en ce qui concerne ce que la
17 communauté croate d'Herceg-Bosna constituait. D'après la manière dont j'ai
18 compris cela, il s'agissait d'une manière de s'auto-organiser pour le
19 peuple croate pour se préparer à se défendre face à l'agression serbe.
20 Je me souviens très bien de quelque chose, et ceci en fait
21 constituait la requête que M. Boban m'a adressée au cours de sa discussion
22 avec moi, il a dit qu'il s'attendait à ce que l'armée, c'est-à-dire les
23 membres du HVO, agissent de manière apolitique et professionnelle et que
24 chaque forme d'activité politique soit entièrement écartée des activités
25 militaires.
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1 Il a dit littéralement : "Laissez les représentants élus du
2 peuple croate s'occuper des questions politiques et ce que vous, vous
3 devez faire, s'est organiser et mettre en place la défense face à
4 l'agression serbe."
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'une telle position était
6 acceptable pour vous ? Est-ce que vous aviez des ambitions politiques ?
7 Est-ce que vous étiez membre du HDZ ou de quelque parti politique que ce
8 soit en Bosnie ou en dehors de la Bosnie ?
9 M. Blaskic (interprétation). – Non, je n'ai jamais été membre de
10 quelque parti que ce soit, sauf que durant mes études à l'académie
11 militaire –je parle de la période de l'existence
12 de l'ex-Yougoslavie-, tout comme chaque autre étudiant de l'académie
13 militaire, j'appartenais au Parti communiste. Après l'éclatement de ce
14 parti, je n'ai plus jamais accédé à quelque parti politique que ce soit.
15 Une telle position était l'unique position que je trouvais acceptable.
16 C'est ce que j'ai souvent répété lors des réunions, lorsque je parlais
17 avec mes collaborateurs et aussi après, quand je suis devenu commandant de
18 l'état-major régional, je disais que les militaires au sein du HVO
19 devaient être complètement apolitiques et qu'ils devaient laisser les
20 représentants élus civils du peuple croate s'occuper des questions
21 politiques.
22 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc reçu l'ordre de
23 devenir le numéro un du HVO en Bosnie centrale. Est-ce que vous avez reçu
24 un grade et est-ce que vous pouvez nous décrire les circonstances dans
25 lesquelles cela s'est produit ?
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1 M. Blaskic (interprétation). – Oui. J'ai effectivement reçu un
2 grade. Pour moi, il s'agissait de circonstances bizarres. En fait, lorsque
3 cette intervention que j'ai faite s'est terminée, le général Roso a dit :
4 "Très bien, tu vas être le major et le commandant et le commandant
5 régional pour la Bosnie centrale". Ensuite, il s'est tourné vers une carte
6 qui représentait la totalité de la zone de responsabilité en Bosnie
7 centrale et il a dit : "Il s'agit quand même d'une région importante. En
8 fait, tu seras colonel."
9 Après cela, j'ai reçu l'ordre de ma nomination au poste de
10 commandant de l'état-major régional de la Bosnie centrale. Mais je n'ai
11 jamais reçu un décret concernant ce grade de colonel. En fait, dans
12 l'armée ancienne -et ceci est le cas aujourd'hui avec les armées qui
13 existent dans la région de Bosnie-Herzégovine-, c'est par le biais de
14 décrets que l'on décerne des grades.
15 M. Nobilo (interprétation). - A l'époque, vous avez donc reçu un
16 grade alors qu'il n'y avait pas vraiment un système pour décerner les
17 grades au sein du HVO ?
18 M. Blaskic (interprétation). – Oui, effectivement. Les grades au
19 sein du HVO n'existaient pas vraiment à l'époque. Il n'y avait pas de base
20 de les déterminer. Donc, au sein du
21 HVO, à l'époque, tout le monde était commandant et c'est la manière dont
22 les gens s'adressaient à leurs supérieurs. Ceci se passait déjà à partir
23 du niveau de groupes constitués de trois soldats, donc un groupe de
24 combat, jusqu'au niveau du commandant de la zone opérationnelle.
25 M. Nobilo (interprétation). - Avant de continuer, arrêtons-nous
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1 là un instant. Vous êtes donc devenu commandant de la zone opérationnelle
2 qui couvrait un territoire assez important. Est-ce que vous pouvez nous
3 dire quel était le grade que vous avez donc reçu à ce moment-là, et quel
4 était le grade le plus élevé que vous aviez eu auparavant dans l'ancienne
5 armée ?
6 M. Blaskic (interprétation). – Ceci, en effet, correspondrait au
7 grade de chef de corps d'armée. Et si l'on se base uniquement sur le
8 nombre de soldats potentiels, il s'agit là certainement du rang au moins
9 de chef de division. Alors que moi, après avoir terminé l'académie
10 militaire en 83, j'ai été habilité à exercer les fonctions de chef de
11 peloton. Or, le plus haut niveau de commandant que j'ai eu auparavant
12 était celui de commandant de compagnie et aussi, pendant une brève
13 période, de commandant adjoint de bataillon.
14 M. Nobilo (interprétation). – Pour nous permettre, à nous qui ne
15 sommes pas des professionnels militaires, de mieux comprendre, dites-nous
16 qu'elle est la différence, au niveau du personnel, entre une division et
17 une compagnie ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Ceci est semblable dans
19 pratiquement chaque armée. En ce qui concerne une division, il s'agit
20 d'environ 8 à 12 000 soldats, en fonction du type de la division -ceci, on
21 l'a appris à l'académie militaire- alors qu'une compagnie est constituée
22 de 100 à 150 soldats maximum, en fonction du type de compagnie : soit une
23 compagnie d'infanterie, soit une compagnie de montagne. De toute façon, il
24 s'agit d'un nombre entre 100 et 150 personnes.
25 M. Nobilo (interprétation). - Comment décririez-vous votre
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1 carrière militaire avant ce moment-là ?
2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Parlant de cet aspect-là,
3 est-ce que vous considérez qu'il serait utile que le témoin dise quelle
4 est la taille d'un corps d'armée et quel est le grade normal d'un
5 commandant de corps d'armée ?
6 M. Nobilo (interprétation). - Oui, tout à fait. Dans la mise en
7 accusation, nous rencontrons souvent le terme de corps d'armée. Pouvez-
8 vous nous dire quelle est la taille du corps d'armée et quel est
9 normalement le grade du commandant de corps d'armée ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
11 les Juges, normalement le corps étant une organisation combinée, comporte
12 normalement entre 25 000 et 30 000 soldats. Parfois, il peut être composé
13 de 50 000 soldats, voire plus.
14 Lors de mes études à l'académie militaire, j'ai appris que le
15 corps d'armée pouvait être constitué de brigades. Il pouvait donc être
16 composé de dix brigades, ou bien dix brigades au maximum. Ou bien il
17 pouvait être constitué de divisions. Dans ce cas-là, il serait composé de
18 trois ou éventuellement quatre divisions.
19 En tout cas, il s'agit de la taille de non moins de
20 20 000 soldats, alors que le niveau maximum est difficile à établir. Cela
21 dépendait des buts du corps d'armée.
22 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était le grade habituel du
23 commandant de division et le grade du commandant du corps d'armée dans une
24 armée normale ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Je parle de l'ex armée populaire
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1 yougoslave. C'était le cas avant, mais je pense que c'est toujours le cas.
2 Le grade minimum serait le grade de général de division, donc trois
3 étoiles, ou bien le général de corps d'armée. Il s'agissait d'un grade qui
4 pouvait être obtenu par quelqu'un uniquement après vingt ans d'expérience.
5 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit là de division ou du
6 corps d'armée ?
7 M. Blaskic (interprétation). - La situation est pratiquement la
8 même. Il s'agit donc du minimum de vingt ans d'expérience. En ce qui
9 concerne le commandant de corps d'armée, il serait normal que cette
10 personne ait eu une expérience d'environ trois ou quatre ans en tant que
11 commandant de division avant de devenir commandant du corps d'armée. Puis,
12 l'on s'attendrait à ce qu'il termine des écoles militaires spécialisées.
13 M. Nobilo (interprétation). - Donc, il s'agirait du niveau de
14 formation plus élevé que le vôtre ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, effectivement. Ce serait la
16 situation normale. Pour devenir commandant, pour devenir commandant de
17 compagnie, il était normal au sein de l'ancienne JNA de recevoir une
18 formation, de passer un cour spécialisé pour le commandant de compagnie et
19 d'avoir une expérience au moins de trois ans en tant que commandant de
20 peloton.
21 De même, pour devenir commandant de bataillon, il fallait passer
22 un cour et recevoir une formation de six mois minimum.
23 M. Nobilo (interprétation). - Pour le commandant de corps
24 d'armée ou de division, quelle était la formation supplémentaire requise ?
25 M. Blaskic (interprétation). - La formation requise était une
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1 formation dispensée par l'académie militaire. Elle durait deux ans. Et
2 puis, il fallait avoir une expérience de commandement d'une brigade ou
3 d'un régiment et passer l'examen donnant accès au grade de général.
4 Et s'agissant du commandant de corps d'armée, il fallait avoir
5 suivi les cours de l'école de sécurité nationale, et avoir une formation
6 de plus haut niveau.
7 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pourriez nous
8 résumer votre expérience au sein de la JNA ? Etiez-vous simplement membre
9 de l'armée, officier, ou avez-vous été aussi membre instructeur ?
10 M. Blaskic (interprétation). - De 1993...
11 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, il y erreur
12 au transcript anglais.
13 Vous avez bien dit entre 1983 et 1986, n'est-ce pas ? Et non pas
14 1993, 1996 ?
15 M. Blaskic (interprétation). - De 1983, depuis le moment où j'ai
16 terminé mes études à l'académie militaire, et jusqu'en 1986, j'ai rempli
17 des fonctions éducatives. A cette époque-là, et cela s'est poursuivi par
18 la suite, je n'ai occupé aucun poste au sein de l'armée. C'est-à-dire que
19 je n'avais pas de fonctions de commandement ni au niveau d'une compagnie
20 ni au niveau d'un bataillon.
21 M. Nobilo (interprétation). - Revenons à 1992. A Grude, vous
22 vous voyez nommé au poste de chef de l'armée pour la Bosnie centrale,
23 qu'est-ce qui s'en est suivi ? Quand est-ce que vous avez pris vos
24 fonctions ? Qui avez-vous rencontré à cet endroit, qu'avez-vous reçu du
25 point de vue documentation pour vous organiser dans la Bosnie centrale
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1 etc. ?
2 M. Blaskic (interprétation). - J'ai pris mes fonctions en tant
3 que commandant à l'issue d'une réunion qui s'est tenue le 30 juin 1992 à
4 Gorni Vakuf. Cette réunion avait été convoquée par l'ancien commandant de
5 l'état-major régional de la Bosnie centrale, M. Zulu, et avant le début de
6 cette réunion, j'ai saisi l'occasion qui m'était offerte de l'informer du
7 fait que j'avais reçu l'ordre de reprendre ses fonctions, de le remplacer
8 à son poste. Il m'a répondu que lui aussi avait eu connaissance de cette
9 décision et qu'à l'issue de la réunion qui allait commencer, il allait me
10 transmettre son poste.
11 A la fin de la réunion, je l'ai rencontré dans son bureau et il
12 m'a remis un certain nombre de documents militaires, notamment un calier
13 intitulé " journal de guerre " ou " registre de guerre ". Cela a été la
14 première fois que j'ai vu un document de ce genre et je n'ai pas reçu
15 d'autre document de sa main.
16 M. Nobilo (interprétation). - Qui se trouvait au quartier
17 général ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait son adjoint, M. Luka
19 Sekerija, qui commandait l'état-major municipal du HVO de Gornji Vakuf.
20 Cet homme avait également pour fonction celle d'adjoint de
21 M. Zulu parce que les bureaux de l'état-major régional se situaient dans
22 le bâtiment de l’état major municipal du
23 HVO à Gornji Vakuf. Mais cet adjoint ne l'était pas en fonction d'une
24 nomination officielle.
25 M. le Président. - Monsieur Blaskic, je voudrais vous poser la
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1 question de savoir simplement, c’est pour une précision : monsieur, ou le
2 général, Ante Roso exerçait quelles fonctions au-dessus de vous ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
4 les Juges, je ne sais pas quelles étaient ses fonctions à l'époque.
5 C'était la première fois que je le rencontrais et il était là avec le
6 général Petkovic ; ils étaient assis à la même table. Le général Petkovic
7 s'est présenté à moi ce jour-là, c'était la première fois, en me disant
8 qu'il était chef de l'état-major général du HVO.
9 Pour ce qui me concerne, je rendais compte au général Petkovic,
10 mais en ce qui le concerne, lui, je ne savais pas quelles étaient ses
11 fonctions au HVO.
12 M. le Président. - Vous dites que vous rendiez compte ? C’est
13 bien cela ? J'ai bien compris ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Le général Petkovic était le chef
15 du quartier général du HVO à cette époque-là et s'agissant de moi, je n'ai
16 pas appris quelles étaient les fonctions du général Roso à ce moment-là.
17 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, vous avez tout de
18 même considéré que le général Roso, ce jour-là, parlait avec l'autorité,
19 la même autorité que le général Petkovic, n’est-ce pas ? Est-ce que mon
20 impression est exacte ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
22 M. Nobilo (interprétation). - Donc il y avait Luka Sekerija et
23 qui étaient les autres membres de l'état-major régional ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Outre Luka Sekerija, il y avait
25 M. Marko Prskalo, qui était responsable de la formation, et il y avait
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1 encore deux autres bureaux au quartier général, deux secrétaires qui y
2 travaillaient, mais qui n'avaient pas été nommés à leur poste par
3 document officiel.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez donc reçu des documents
5 de guerre, mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Est-ce que cela voulait
6 dire que tous les ordres concernant la Bosnie centrale émanaient de ce
7 quartier général ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Je n’ai trouvé aucun véritable
9 document de guerre.
10 Je les ai demandés au commandant, mais il m'a répondu qu'il
11 n'avait aucun autre document à me remettre. Il ne possédait même pas la
12 liste des commandants des états-majors municipaux. Il n'avait donc aucune
13 liste sur laquelle figuraient les noms et prénoms de ces commandants des
14 états-majors municipaux.
15 Je me suis donc rendu compte que depuis ce bureau du commandant
16 de l'état-major régional, aucun ordre n'était envoyé, aucune communication
17 particulière n'était établie avec les commandants de niveau inférieur ;
18 car à part M Zulu, il n'y avait aucun autre homme dans cet état-major qui
19 avait été placé à son poste par décision officielle.
20 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges qui
21 était commandant de l'état-major régional avant vous et aussi pourquoi, à
22 votre avis, c'est vous que MM. Boban et Petkovic ont choisi ? Quel était
23 le choix qui s'offrait à eux ? Quelle était la concurrence potentielle qui
24 pouvait exister sur le plan professionnel et quels ont été les éléments
25 qui ont présidé à ce choix qui a porté sur vous ?
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1 M. Blaskic (interprétation). – Pour autant que je le sache,
2 j'étais le cinquième commandant placé à ce poste en un mois, à peine un
3 mois. Avant moi, c'est M. Pasko Ljubicic qui avait occupé le poste de
4 commandant de l'état-major régional. J'ai également eu connaissances du
5 fait que M. Filip Filipovic a, lui aussi, occupé ce poste pendant quelque
6 temps. J'ai aussi fait la connaissance du général de brigade, Zarko Tole.
7 Puis, j'ai fait la connaissance de M. Zulu qui nous a été
8 présenté comme commandant, mais qui n'avait pas de grade.
9 M. Nobilo (interprétation). – C'étaient donc des officiers
10 professionnels en Bosnie centrale ?
11 M. le Président. – Je voudrais vraiment comprendre. Celui qui
12 vous précédait, c'était bien M. Zulu.
13 M. Blaskic (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.
14 M. le Président. – De façon chronologique, en un mois, le
15 premier c'est Ljubicic ?
16 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, pour
17 autant que je le sache parce que je n'avais pas accès à leurs documents.
18 M. le Président. – Comprenez que nous nous le sachions encore
19 plus difficilement. Il s'agit quand même de vos prédécesseurs directs. En
20 un mois, il y en a eu cinq. Vous, vous êtes le cinquième. Avant, c'est
21 M. Zulu.
22 M. Blaskic (interprétation). – Oui, avant M. Zulu, il y avait
23 M. Zarko Tole. Avant lui, je crois que c'était Filipovic et M. Ljubicic.
24 Monsieur le Président, si vous me le permettez, je voudrais
25 simplement apporter quelques éclaircissements. J'ai dit tout à l'heure que
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1 je ne savais pas, je sais bien sûr qui s'est présenté à moi en se
2 déclarant être commandant. Pour aucune de ces personnes, pour aucun de ces
3 hommes, je n'ai vu qu'il avait été placé à ce poste par document officiel.
4 Je n'étais pas en mesure de contrôler les documents en leur
5 possession. Ce que je sais, c'est la façon dont ils se sont présentés à
6 moi et ils l'ont fait en tant que commandant.
7 M. Nobilo (interprétation). – Pensez-vous que nous pouvons faire
8 une pause, Monsieur le Président ?
9 M. le Président. – Oui, d'autant que nous serons obligés
10 d'arrêter à 12 heures 45. Nous allons faire une pause de 20 minutes.
11
12 L'audience, suspendue à 11 heures 15, est reprise à 11 heures 40.
13 M. le Président. – L'audience est reprise. Veuillez vous
14 asseoir.
15 M. Nobilo (interprétation). – Bien. Nous reprenons.
16 La dernière question avant la pause était la suivante : quelle
17 était votre concurrence potentielle au moment où vous avez été choisi
18 comme chef de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et pour quelles
19 raisons pensez-vous qu'on vous a choisi vous ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Sur le territoire de la Bosnie
21 centrale, j'ai déjà dit qu'il y avait très peu de militaires d'active. Le
22 choix s'est fait sans doute sur la base de mon éducation militaire, sur
23 une base de spécialisation, donc.
24 Outre moi-même, il y avait la possibilité de placer au poste de
25 commandant M. Ivica Rajic, qui avait terminé ses études à l'académie
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1 militaire de Rajlovac, dans la spécialité du renseignement et de
2 l'observation, aérienne notamment. Donc, il était spécialisé dans un
3 domaine technique et connaissait bien les stations radars.
4 Il y avait également M. Mato Lucic qui avait terminé ses études
5 à l'académie militaire supérieure. Il y avait passé deux ans et avait été
6 commandant de peloton pendant un an, dans la défense antiaérienne.
7 Et puis un autre candidat potentiel était Ivica Zeko. Mais cet
8 homme était spécialisé dans la reconnaissance. C'était un expert en la
9 matière et, à cette époque-là, en Bosnie centrale, les hommes qui étaient
10 présents appartenaient majoritairement à l'infanterie. Autrement dit, il
11 s'agissait en général de paysans armés d'armes légères.
12 M. Nobilo (interprétation). – Filip Filipovic était un
13 officier ; mais quelle était son éducation ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Il avait terminé les études de
15 l'académie dans l'artillerie. Il a été chef d'état-major pendant quelque
16 temps, mais a rapidement été remplacés à
17 ce poste.
18 M. Nobilo (interprétation). - Et votre spécialité, quelle était-
19 elle ?
20 M. Blaskic (interprétation). – Moi, j'ai terminé mes études dans
21 l'infanterie de terre, donc je connaissais l'armement d'infanterie.
22 M. Nobilo (interprétation). – Pouvons-nous conclure de ce que
23 vous venez de dire que vous aviez un grade qui était un grade de
24 l'infanterie et que c'est ce qui correspondait au HVO, n'est-ce pas ?
25 M. Blaskic (interprétation). – Oui, en tant que militaire de
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1 carrière dans la JNA, j'étais le seul qui occupait ce grade dans cette
2 arme particulière. Donc mes connaissances étaient des connaissances qui
3 s'inscrivaient dans l'infanterie.
4 Quant aux autres, ils travaillaient dans la Défense
5 territoriale, etc.
6 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire la
7 situation que vous avez trouvée lorsque vous êtes arrivé dans la zone
8 opérationnelle ? Je parle de la situation du point de vue des combats et
9 du front qui vous opposaient à la Republika Srpska ? Quelles étaient les
10 unités présentes, leur composition, etc. ? Pouvez-vous nous décrire la
11 situation dans cette zone opérationnelle lorsque vous y avez pris vos
12 fonctions de commandant ?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'aimerais que nous nous aidions
14 d'une carte, si c'est possible.
15 M. Dubuisson. - Document D 539.
16 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'on peut faire un gros
17 plan à l'aide de la caméra sur cette carte ?
18 M. Blaskic (interprétation). - La première zone des combats,
19 dans ma zone de responsabilité, se situait à Kupres et les quartiers
20 généraux municipaux concernés étaient ceux de Bugojno, Gornji Vakuf.
21 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, monsieur le Président,
22 mais je ne vois
23 pas cette carte et je crois que mes collègues ne la voient pas très bien
24 non plus.
25 M. le Président. - Les juges ne la voient pas très bien non
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1 plus. Je sais bien que c'est difficile...
2 En ce qui vous concerne, maître Kehoe, pas de problème, vous
3 vous approchez. Si l'accusé veut se lever, il se lève. Il reste le
4 problème des juges qui est quand même important.
5 M. Nobilo (interprétation). - On peut mettre la carte sur le
6 rétroprojecteur.
7 M. Hayman (interprétation). - Si la caméra peut faire un gros
8 plan, nous pouvons la placer sur le rétroprojecteur, Monsieur le
9 Président, et chacun pourra la voir.
10 (L'huissier s'exécute).
11 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, pendant que
12 nous nous préparons sur le plan technique, je crois qu'il serait plus
13 facile pour nous, ainsi que pour les juges sûrement, si nous obtenions une
14 copie de cette carte. Si le conseil de la défense possède une copie...
15 M. Hayman (interprétation). - Nous aimerions aussi des copies,
16 nous n'en avons pas. Si le Tribunal peut nous aider sur ce plan, nous lui
17 serions reconnaissants. Merci.
18 M. le Président. - Le Président décide que le Tribunal mettra à
19 la disposition, le plus rapidement possible, une carte aussi bien pour les
20 conseils de la défense que pour les conseils de l'accusation, et, bien
21 entendu, pour les juges.
22 Monsieur le greffier, vous pourrez y veiller ?
23 M. Dubuisson. - Oui, certainement.
24 M. le Président. - Bien. En attendant, nous allons déjà faire
25 avec le rétroprojecteur, mais c'est déjà un gros progrès accompli, nous
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1 commençons à y voir.
2 Général Blaskic, allez-y, poursuivez.
3 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
4 les Juges, les zones des combats relevant de l'état-major régional de la
5 Bosnie centrale étaient donc les suivantes :
6 Kupres, qui recouvrait les quartiers généraux municipaux de Bugojno,
7 Gornji Vakuf, Prozor.
8 (Le témoin montre sur la carte).
9 Ensuite, une partie des zones de combats du nord-ouest de la
10 Herzégovine.
11 M. le Président. - Monsieur Blaskic, vous définissez là les
12 quartiers d'états-majors municipaux ou les zones de combats ? Je n'ai
13 peut-être pas fait attention. Les zones de combats contre les Serbes
14 sont-elles définies là ou définissez-vous l'organisation ? C'est
15 l'organisation ou les combats que vous définissez là, en ce moment ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, sur cette
17 carte, ce que je souhaite montrer, ce sont les zones de combats ou les
18 lignes de front qui séparaient de l'armée de Republika Srpska.
19 M. Nobilo (interprétation). - Peut-être serait-il mieux que vous
20 vous concentriez uniquement sur les fronts sans parler, pour le moment,
21 des quartiers généraux qui tenaient tel ou tel front.
22 Voyons pour le moment, en Bosnie centrale, dans votre zone de
23 responsabilité, quels étaient les fronts ? Allez-y.
24 M. Blaskic (interprétation). - Je répète, donc. Il y avait le
25 front de Kupres, le front du nord-ouest de l'Herzégovine, le front de
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1 Jajce qui entourait donc la ville de Jajce.
2 M. Nobilo (interprétation). - Sur la carte, nous voyons que la
3 ligne de fronts est déplacée à ce niveau-là. Pouvez-vous expliquer ce qui
4 s'est passé ? A quel moment Jajce est tombée ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Cette carte a sans doute été
6 faite après le 28 octobre. Elle doit dater de la fin octobre ou du mois de
7 novembre.
8 M. Nobilo (interprétation). - Sur la carte, il est écrit que
9 cette carte date de décembre 1992, moment où Jajce était déjà tombée.
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Jajce est tombée à la fin
11 d'octobre 1992, mais lorsque j'ai pris mes fonctions, nous avions à cet
12 endroit un front qui nous séparait de l'armée de la Republika Srpska.
13 Ensuite, il y avait le col de Premara, Nadalija, Vlasic qui
14 allait vers le nord, dans la direction de Teslic. Et puis il y avait le
15 territoire situé au sud de Doboj, puis les versants ouest du mont Ozren,
16 Olovo, le mont Zvijezda, à l'est de Vares et puis Kiseljak, Hadzici, les
17 versants du mont Bjelasnica et les versants occidentaux du mon Visocica.
18 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez.
19 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait également une partie
20 du front dans la municipalité de Sarajevo, située au centre de la ville
21 pour être plus précis, depuis le bâtiment du service d'électricité
22 jusqu'au pont de Vrbana et puis la municipalité de Stup et une partie du
23 front à Hrasnica.
24 M. Nobilo (interprétation). - Tout cela, ce sont des
25 municipalités de Sarajevo ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, des municipalités de
2 Sarajevo. Sarajevo était assiégée et voilà quels étaient les fronts. Il y
3 avait au total près de sept fronts.
4 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons laisser la carte de
5 côté pour le moment. Le greffe va en faire des photocopies de façon à ce
6 que chacun puisse voir où se situaient les fronts. Pouvez-vous nous dire
7 quelle était la situation à votre arrivée ? Quelles étaient les unités du
8 HVO que vous avez trouvées en Bosnie centrale au moment où vous avez pris
9 vos fonctions et de quelle façon ces unités étaient organisées ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien la situation était très
11 proche de celle qui existait dans la municipalité de Kiseljak. Il n'y
12 avait pas de formations militaires structurées dans les faits. Chaque
13 municipalité était organisée à sa façon et la seule chose qui existait en
14 formation, c'était une brigade à Usora qui s’appelait la 110ème Brigade.
15 Mais cette 110ème Brigade n'était pas encore complètement
16 constituée et ne
17 possédait pas encore de documents définissant sa structure. Mais les
18 unités militaires, qui agissaient dans cette région, se sont données le
19 nom de 110ème Brigade avant qu'elle n'existe réellement.
20 M. Nobilo (interprétation). - Mais sur les fronts que vous venez
21 de décrire, quelle était la méthode de travail ? De quelle façon la
22 défense était-elle organisée ?
23 M. Blaskic (interprétation). - La défense était organisée de la
24 façon suivante : des équipes de paysans armés avaient pris position à des
25 endroits déterminés où ils restaient entre un et cinq jours et les groupes
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1 armés les plus nombreux auraient pu, je suppose, porter le nom d'équipes.
2 D'ailleurs, c'est le nom que ces groupes s'étaient donnés.
3 Quant à l'inspection de ces équipes, c'étaient les bureaux
4 chargés de la défense dans les municipalités qui se chargeaient de les
5 effectuer.
6 M. Nobilo (interprétation). - Mais au bout de cinq jours,
7 lorsque ces paysans arrivaient au terme de leur mission sur le front, que
8 se passait-il ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien au bout de cinq jours,
10 mais parfois même d’un jour, à cette époque-là, c'était souvent au bout
11 d'une journée, l'équipe revenait à sa base. C'est-à-dire que les hommes
12 revenaient à leur domicile et ils rapportaient à leur domicile leurs
13 armes, leurs munitions, leurs équipements et vaquaient à leurs tâches
14 quotidiennes. Si les entreprises fonctionnaient, et que ces hommes avaient
15 un emploi, ils retournaient tous les jours à leur travail et s'il
16 s'agissait de paysans, ils travaillaient leur terre si la saison était
17 propice.
18 M. Nobilo (interprétation). - Donc lorsque vous êtes arrivé et
19 que vous avez trouvé cette situation, comment est-ce que vous avez
20 commencé à travailler ? Quelle méthode de travail avez-vous appliquée ? En
21 d'autres termes, qu'avez-vous fait concrètement en tant que commandant de
22 l’état-major de cette zone opérationnelle ?
23 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, dès le début, j'ai
24 organisé des réunions avec les commandants des états-majors municipaux
25 dans le but de recevoir de ces hommes des
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1 informations au sujet de la situation générale, et plus précisément de la
2 situation militaire.
3 Je l'ai fait même si je me rendais compte que je ne serais pas
4 en mesure d'installer un commandement opérationnel en bonne et due forme,
5 mais j'ai fait ce que je pouvais pour aller dans ce sens ou éventuellement
6 apporter une aide aux commandants qui étaient mes subordonnés. Mais ce qui
7 m'a rendu la situation particulièrement difficile, c'étaient ces sept
8 fronts qui existaient à l'époque, puisque bien entendu, il y avait des
9 opérations qui se menaient sur les fronts. Il y avait des attaques qui
10 n'étaient pas identiques sur tous ces fronts.
11 Du point de vue du territoire, des possibilités logistiques et
12 du temps que j'avais à ma disposition, j'ai appliqué deux méthodes de
13 travail.
14 La première méthode de travail était une méthode individuelle et
15 la deuxième était une méthode de travail collectif qui impliquait donc des
16 réunions avec les commandants des états-majors municipaux ou des visites à
17 tel ou tel des commandants municipaux. Il y avait aussi des visites que je
18 rendais sur telle ou telle ligne de front où j'avais l'occasion de
19 discuter avec les hommes, les soldats qui défendaient ces lignes.
20 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous parler des endroits où
21 vous avez rempli votre mission en tant que commandant du quartier général,
22 où vous étiez stationnés ?
23 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, lorsque j'ai pris mes
24 fonctions, je me suis installé à Gornji Vakuf où j'avais un bureau dans le
25 bâtiment du commandement municipal du HVO de Gornji Vakuf. Par la suite,
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1 j'ai émis une proposition et j'ai reçu l'autorisation du quartier général
2 supérieur, j'ai donc pu installer mes bureaux à Vitez dans la communauté
3 locale de Kruscica, c'était un motel appelé le motel "Lovac". C'est dans
4 ce motel Lovac que j'ai réussi à installer le commandement.
5 M. Nobilo (interprétation). - Mais en 1992, est-ce que vous
6 aviez d'autres sites de commandement, à part le siège de votre quartier
7 général ?
8 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'avais des sites de
9 commandement sur
10 différents fronts. Il y en avait un sur le territoire de la municipalité
11 de Kiseljak, dans le village de Bukva qui, ensuite, a été transféré à
12 Cubren. Puis, j'avais également un site de commandement à Jajce dans le
13 village de Blajevici. J'avais également un poste de commandement à Jepce
14 et un autre poste de commandement à Travnik, au moment où la défense de
15 Travnik était la plus active.
16 Par les termes "postes de commandement", je parle de sites, de
17 bâtiments qui se trouvaient sur la ligne même du front. Il s'agissait
18 quelquefois d'abris ou d'autres fortifications où je passais quelque
19 temps, seul ou avec un ou plusieurs collaborateurs.
20 M. Nobilo (interprétation). - Cela se trouvait sur les lignes de
21 front mêmes ?
22 M. Blaskic (interprétation). – Oui, à Travnik par exemple,
23 c'était sur la ligne de front et devant nous, il n'y avait que les forces
24 serbes.
25 M. Nobilo (interprétation). – L'état-major principal, outre ces
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1 différents postes de commandement sur différents endroits de la ligne de
2 front, votre état-major se trouvait à Kruscica, n'est-ce pas ?
3 M. Blaskic (interprétation). – Qui vivait à Kruscica ? Qui était
4 majoritaire dans la population et cela représentait-il un problème ?
5 M. Blaskic (interprétation). – Sur la base d'informations qui
6 m'ont été communiquées par l'état-major municipal de Vitez, j'ai appris
7 que Kruscica était principalement peuplées de Musulmans. Cependant ceci ne
8 constituait pas du tout de difficulté pour moi. La principale difficulté,
9 en revanche, a été que je ne disposais d'un seul document me donnant une
10 certaine autorité. C'était le seul document dont je disposais, et je
11 n'étais pas membre d'un quelconque état-major municipal.
12 M. Nobilo (interprétation). – Pourriez-vous décrire aux Juges
13 quelles ont été vos activités lorsque vous êtes arrivé et comment vous
14 avez exécuté les missions qu'incluait votre nouveau poste ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait un certain nombre de
16 priorités. Je vais essayer d'en dresser la liste. Je pensais que, si je
17 n'étais pas à même d'avoir un commandement opérationnel en bonne et due
18 forme pour assurer la défense, j'allais devoir essayer d'appliquer,
19 d'exercer une certaine influence sur les opérations de combat. Je
20 m'explique.
21 Je devais fournir de l'assistance sur les fronts les plus
22 menacés, les fronts sur lesquels nous faisions face à l'agresseur. Par la
23 suite, j'ai essayé de collaborer avec les commandants des états-majors
24 municipaux de Jajce et de Bugojno, sur les lignes de front, afin de
25 ralentir et de stopper si possible l'avancée des forces serbes, notamment
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1 à Jajce. Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que nous devrions
2 organiser la défense et j'ai donc participé à ces opérations, sur ce
3 front-là en particulier,.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit que, parfois, la
5 défense n'était pas organisée et que la défense était absente. Alors,
6 qu'est-ce que cela veut dire en termes militaires ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Cela veut dire que l'on ne peut
8 plus perdre de nouveaux bâtiments parce que, par exemple, dans la région
9 de Merkonica, nous avions été repoussés vers le centre ville.
10 M. Nobilo (interprétation). - Cela veut dire qu'il n'y avait pas
11 d'endroits vers lesquels vous pouviez battre en retraite, n'est-ce pas ?
12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, effectivement. C'est cela
13 que cela veut dire.
14 Et j'essayais de convaincre les commandants qui se trouvaient
15 sur les lignes de front qu'il était nécessaire d'être beaucoup plus
16 prudents parce que toute perte supplémentaire engendrerait la chute de la
17 ville de Jajce.
18 Hormis ceux-là, j'avais également le sentiment que je devais
19 préparer le terrain pour la défense. J'ai d'ailleurs utilisé les mêmes
20 méthodes que j'avais utilisées à Kiseljak. J'ai rendu visite ou je me suis
21 rendu plus précisément sur certaines lignes de front et j'ai également
22 défini où se trouvaient très précisément les lignes de front. Nous avons
23 également travaillé à la mise en place de fortifications.
24 L'un des problèmes principaux en Bosnie centrale, c'était le
25 climat. En effet, l'hiver approchait. C'est un terrain montagneux et les
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1 hivers y sont très rudes. Il fallait donc attacher une attention
2 particulière à l'approvisionnement destiné à ces états-majors municipaux.
3 La route vers Jajce n'était praticable qu'au cours de l'été et au début de
4 l'automne. C'était des routes de montagne. Et les autres routes étaient
5 déjà contrôlées par les forces serbes.
6 D'autre part, j'ai fait autant que possible ou j'ai assuré
7 autant que possible la mise en place du commandement de l'état-major
8 régional parce que, hormis l'adjoint, son assistant et deux secrétaires,
9 il n'y avait personne pour assurer les fonctions au commandement. J'ai eu
10 du mal à sélectionner les individus qui me paraissaient compétents. Il n'y
11 avait pas non plus de documents, de formulaires standards qui auraient pu
12 être utilisés afin de recruter le personnel de l'état-major et qui
13 auraient permis de définir les compétences nécessaires pour les différents
14 postes du commandement.
15 A l'époque, il n'y avait pas de code de mobilisation, ou
16 d'ailleurs tout autre document relatif à l'organisation du commandement.
17 Par conséquent, il y avait plus de vingt états-majors municipaux
18 et chacun était organisé de façon différente. Parfois, il y avait cinq
19 personnes qui constituaient le personnel de l'un, et dans l'autre, nous
20 trouvions quinze personnes ou bien une seule personne.
21 J'ai également tenté d'organiser des périodes de repos et de
22 permission pour les blessés qui venaient du front. Nous avions quelques
23 hôpitaux de guerre, tel que celui de Jajce, mais nous n'avions pas
24 suffisamment de lits pour accueillir tous les blessés. J'ai donc essayé de
25 mettre en place un système d'assistance destiné aux fronts les plus
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1 difficiles, tels que ceux de Bugojno, Teslic, et Jajce ainsi que pour les
2 positions qui se trouvaient donc sur ces lignes de fronts, afin qu'une
3 assistance puisse être envoyée en ces différents endroits en attendant une
4 meilleure organisation.
5 J'ai tenté également de mettre en place un programme
6 d'entraînement, à la fois pour les soldats, mais également pour les
7 officiers chargés du commandement. Cependant, ce projet est resté lettre
8 morte pendant un certain temps parce que d'autres attaques avaient été
9 lancées contre nous.
10 J'ai également estimé, à l'époque, qu'à Vitez devrait se trouver
11 un poste de commandement central. Et étant donné nos prévisions d'avenir,
12 je pensais que ce serait une bonne idée non seulement d'établir ce poste
13 de commandement, mais également d'établir une base logistique puisque, à
14 l'époque, l'état-major régional ne disposait ni d'une base ni d'un simple
15 service de logistique.
16 Jusque là, la logistique était assurée par les états-majors
17 municipaux qui faisaient de leur mieux, d'ailleurs. Fojnica, une
18 municipalité qui était très pratique, même avant le début de la guerre, a
19 été désignée comme étant un lieu tout à fait approprié pour établir un
20 hôpital de guerre et un hôpital chargé également de la rééducation des
21 blessés. Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé un peu plus tard.
22 J'ai également tenté de rédiger certains documents puisque,
23 comme je l'ai dit, nous n'avions pas de documents définissant les
24 compétences des différents membres du commandement, ou bien les tâches
25 quotidiennes à exécuter. Je vous donnerai un simple exemple : l'homme qui
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1 était mon assistant, et qui s'occupait de l'information, avait reçu une
2 formation d'économiste. Il avait travaillé dans ce domaine, mais n'avait
3 jamais travaillé dans le domaine de l'information et du renseignement. Et
4 du jour au lendemain, il est devenu la personne chargée de ces taches. Et
5 il m'a avoué lui-même qu'il n'avait absolument aucune idée de ce que l'on
6 attendait de lui.
7 M. Luka Sekerija également, qui était mon adjoint, n'était pas
8 un soldat professionnel du tout.
9 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez parlé de documents qui
10 auraient pu servir de base de travail pour vos activités.
11 Je vous renvoie à la pièce D240. Je crois qu'elle parle
12 effectivement de ces documents.
13 S'agissait-il là d'un type de documents qui devraient être
14 rédigés par une personne telle que vous, occupant votre poste ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Non, ce sont des documents
16 capitaux.
17 M. le Président. - Premièrement, quel était le contenu de cette
18 pièce ? Parce que là, nous faisons parler le témoin sur cette pièce.
19 C’est la pièce 240 et je vois sur le transcript 244. C'est
20 l'organigramme, peut-être ? C'était cela, non ?
21 M. Nobilo (interprétation). - C'est le document 240, D240, et il
22 s'agit de l'ordre concernant les brigades opérationnelles en Bosnie
23 centrale. Puis j'ai demandé si c'était normal pour un commandement d’un
24 tel niveau de donner ce genre d'ordre.
25 Avec ce document, l'on donne l'ordre pour créer les brigades
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1 dans toute la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Nous pouvons mettre
2 cela sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît ?
3 (L'huissier s'exécute.)
4 Voilà, la pièce se trouve sur le rétroprojecteur en ce moment.
5 Donc nous n'allons pas parler des détails de ce document, mais avec ce
6 document, on donne l'ordre de créer un grand nombre de brigades le
7 25 novembre 1992. Dans la doctrine militaire, est-ce que cela,
8 normalement, relèverait de votre compétence et est-ce que tous les
9 documents d'organisation militaire, c'est vous qui avez essayé de les
10 rédiger ou bien est-ce que vous avez reçu certains documents du quartier
11 général ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Ce document ne relève même pas de
13 la compétence
14 du quartier général. C'est le ministère de la défense ou bien la section
15 de la défense qui devrait rédiger ce genre de document en ce qui concerne
16 le développement de la situation de mobilisation. Mais ce document a été
17 rédigé après la perte de nombreuses positions et reflète nos efforts de
18 faire quelque chose pour mieux nous organiser, étant donné qu'il nous a
19 été impossible d'attendre plus longtemps pour recevoir ce genre de
20 document d'une instance supérieure.
21 M. Nobilo (interprétation). - D'autres documents d'organisation
22 que vous avez mentionnés, que vous avez donc essayé de rédiger pour qu'ils
23 constituent la base de la création de l'armée, est-ce que ces documents,
24 eux aussi, vous auriez dû les recevoir du ministère de la défense plutôt
25 que de les créer vous-même sur le terrain ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit là exactement du
2 même problème. Je vais vous donner un exemple. A l'époque, dans la zone
3 opérationnelle, il y avait 22 états-majors municipaux, plus l'état-major
4 de Sarajevo. Les états-majors de Sarajevo, en fait, avez trois sections et
5 aucun état-major n'avait de structures standardisées d'organisation.
6 Par exemple, l'adjoint chargé de l'information que j'ai
7 mentionné déjà, lui, il ne savait même pas quelle était la description de
8 ces tâches et donc, moi-même, personnellement, au mois de juillet 1992,
9 j'ai élaboré une proposition de structure d'états-majors municipaux dans
10 la tentative de définir leurs compétences. Et puis, j'ai personnellement
11 préparé le document comportant les instructions pour les adjoints chargés
12 de certains domaines dans la tentative de leur fournir l’aide pour qu'ils
13 préparent mieux leur fonction.
14 Il y avait d'autres documents d'organisation étant donné que la
15 situation sur le terrain le demandait, l'exigeait, et il nous était
16 impossible d'attendre plus longtemps.
17 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que nous pouvons dire que
18 ces documents d'organisation constituent le préalable de la création de
19 quelque armée que ce soit ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit là, effectivement, de
21 textes fondamentaux afin de créer quelque organisation que ce soit et afin
22 de définir les compétences. Et sans ce genre de document, il est
23 impossible de mettre en place l'organisation.
24 M. Nobilo (interprétation). - Donc nous avons décrit brièvement
25 cette situation dans la zone opérationnelle de la Bosnie centrale et puis
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1 vous avez énuméré les fronts. Maintenant, nous n'allons plus entrer dans
2 les détails des fronts et dans les questions de savoir quels fronts
3 étaient actifs, à quel moment.
4 Mais, maintenant, je souhaiterais que vous nous décriviez un
5 incident, c'est-à-dire le premier incident mentionné dans l'acte
6 d'accusation. Il s'agit de l'incident qui s'est produit à Duhri, en
7 août 1992, donc dans la municipalité de Kiseljak.
8 Est-ce que vous pouvez nous dire, dans votre mémoire, à quoi
9 ressemblait cet incident ? Pourquoi il s'est produit et comment est-ce
10 qu'il s'est développé ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Avec la permission des Juges et
12 de M. le Président, je souhaiterais encore une fois utiliser la maquette
13 ou bien faut-il d’abord décrire ?
14 M. Nobilo (interprétation). - Il vaudrait mieux, effectivement,
15 utiliser d’abord la maquette et puis expliquer ce que l'on voit sur la
16 maquette.
17 Donc, peut-on voir les positions d'unités différentes et, si
18 possible, focaliser la maquette avec la caméra, étant donné qu'à un
19 certain moment, nous allons demander que la photographie qui sera créée à
20 base de cette présentation soit versée au dossier ?
21 Je vais juste m'approcher un instant pour regarder à quoi
22 ressemblent les indications.
23 Voici : la direction que je montre.
24 M. Nobilo (interprétation). - Juste un moment. Il faudrait
25 brancher le micro. Et puis, éventuellement, parler à l'intention des
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1 Juges.
2 Entre-temps, la maquette a changé par rapport à hier. Donc,
3 hier, Kiseljak était plus
4 proche.
5 M. le Président. – Ne changez pas trop souvent les maquettes
6 sinon on n'y arrivera plus du tout !
7 M. Nobilo (interprétation). – Ce sont les techniciens qui ont
8 fait ce changement pour permettre aux Juges de mieux voir, étant donné que
9 les grosses montagnes sont plus loin par rapport à vous maintenant.
10 M. le Président. – Où se trouve Kiseljak maintenant dans la
11 maquette, Général Blaskic, pour que je me repère ?
12 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, voilà
13 Kiseljak, et Busovaca, Vitez, Travnik, Zepce. (Il indique sur la maquette)
14 Le nord se trouve ici.
15 A Kiseljak, dans le même bâtiment, ici, se trouvait le
16 commandant de l'état-major de la Défense territoriale, M. Sead Sinanbasic,
17 et ici se trouvait le commandant de l'état-major du HVO, M. Ivica Rajic.
18 Ces deux petits drapeaux représentent ce bâtiment-là et leurs états-
19 majors.
20 M. Nobilo (interprétation). - Afin d'expliquer les choses,
21 M. Ivica Rajic vous a remplacé au moment où vous, vous êtes devenu le
22 commandant de l'état-major régional ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Cette situation ressemblait
24 à cela, les 6 et 7 août 1992.
25 Sur la route principale entre Busovaca, Kiseljak, Ilidza et
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1 Sarajevo, plus loin, se trouvent des points de contrôle des unités de
2 réserve de la police civile : le point de contrôle de Brestovsko.
3 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il de la police civile
4 mixte croato-musulmane ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
6 M. Nobilo (interprétation). - Donc ceci est indiqué par une
7 flèche vert et bleu.
8 Non, pas une flèche, mais un drapeau vert et bleu placé ensemble ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
10 Le point de contrôle de Gromiljak.
11 M. Nobilo (interprétation). - Encore une fois, il s'agissait de
12 la police mixte croato-musulmane ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Et ici -ce n'est pas
14 indiqué-, mais ici se trouvait le point de contrôle de Brnjaci.
15 M. Nobilo (interprétation). - Et qui le contrôlait ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Les unités de réserve de la
17 police civile croato-musulmane.
18 Mis à part cela, la ligne de front principale vers le corps
19 d'armée de Sarajevo et de Romanija, donc le corps d'armée serbe, se
20 trouvait du côté du HVO, à Kokoska, la cote 651, Pljesevac, Ostrik.
21 M. Nobilo (interprétation). - Pour le compte rendu, il s'agit de
22 drapeaux bleus.
23 Et qui contrôlait ces positions où l'on voit les drapeaux bleus,
24 les positions tournées vers les Serbes ?
25 M. Blaskic (interprétation). - C'est le HVO qui les contrôlait.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Pour le compte rendu, est-ce que
2 l'on peut dire que les positions serbes sont marquées par des drapeaux
3 rouges ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
5 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez faire maintenant une
6 photographie de la ligne du front vers les Serbes afin que l'on puisse
7 utiliser cette photographie par la suite en tant que pièce à conviction,
8 si possible.
9 Si cela n'est pas possible maintenant, nous pouvons la faire
10 plus tard. Donc, continuez.
11 M. Blaskic (interprétation). - Les positions à droite, donc au
12 sud-est, ont été contrôlées par la Défense territoriale de Kiseljak et
13 faisaient partie du TG1. C'étaient les positions de Koscan et de la
14 municipalité de Hadzici.
15 M. Nobilo (interprétation). - Donc il s'agit là de drapeaux
16 verts ? Les drapeaux verts qui sont face aux drapeaux rouges serbes ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
18 M. Nobilo (interprétation). - Continuez.
19 M. Blaskic (interprétation). - Le 7 août 1992, j'ai passé la
20 plus grande partie de la journée à Zepce, qui se trouve dans la direction
21 que j'indique. Zepce n'est pas indiqué sur cette maquette. J'ai assisté à
22 une réunion avec les commandants d'états-majors municipaux de Zepce,
23 Maglaj, Zavidovici, Usora, et Komusina.
24 Le sujet de la réunion était la situation critique dans l'état-
25 major municipal de Komusina. Il s'agit donc des régions de la municipalité
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1 de Teslic, de même que les attaques lancées par les Serbes contre cette
2 partie de la municipalité contrôlée par les Croates, donc Komusina.
3 M. Nobilo (interprétation). - Quand est-ce que vous venez à
4 Kiseljak, vers quelle heure ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Vers midi. Je suis arrivé d'abord
6 à ma maison, qui se trouve peut-être ici, à peu près, et j'ai reçu un coup
7 de téléphone vers 17 heures. Je ne se suis pas sûr qu'il s'agissait
8 vraiment de 5 heures de l'après-midi mais, en tout cas, ce n'était pas
9 plus tôt que cela. Et on m'a dit qu'il fallait me présenter dans la
10 municipalité de Kiseljak et qu'une réunion de l'assemblée municipalité de
11 Kiseljak allait se tenir.
12 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit d'une instance
13 croato-musulmane ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est le parlement de la
15 municipalité de Kiseljak. Jusqu'à ce moment-là, ce parlement n'a jamais eu
16 de réunion et étant donné que la conclusion
17 de l'assemblée était qu'il fallait créer une cellule de crise municipale,
18 qui aurait les mêmes compétences que l'assemblée municipale, moi j'ai
19 voulu savoir quelle était la raison de cette réunion. Mais on m'a répondu
20 que j'allais apprendre cela au cours de la réunion, mais qu'il fallait
21 absolument que je m'y rende.
22 Donc j'y suis allé. Et après mon arrivée dans le bâtiment de
23 l'assemblée municipale de Kiseljak, j'ai demandé à M. Rajic quel était le
24 sujet de la réunion.
25 Il m'a répondu : "Nous sommes déjà en retard. Nous attendons
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1 encore l'arrivée de Sead Sinanbasic, et puis nous allons commencer la
2 réunion. Tu vas entendre au cours de la réunion quel est le sujet".
3 Après environ dix ou quinze minutes d'attente de plus, la
4 réunion a bel et bien commencé.
5 M. le Président. - Vous pouvez vous asseoir, si c'est terminé
6 pour la maquette. Ce n'est pas la peine que l'accusé reste debout. Vous
7 avez encore besoin de la maquette ?
8 M. Nobilo (interprétation). - Oui, il aura encore besoin de la
9 maquette étant donné que l'on parlera des points de contrôle des barrages
10 routiers qui ont été placés par la suite. Il s'agit de ces obstacles
11 jaunes.
12 M. Blaskic (interprétation). - Donc au début de la réunion, on a
13 diffusé l'ordre donné par le commandant de la Défense territoriale de
14 Kiseljak, qui était enregistré à la radio. Après avoir diffusé
15 l'enregistrement de cette déclaration, l'intervention préliminaire a été
16 tenue par M. Josip Boro, le Président de la municipalité de Kiseljak. Et
17 après cela, il a donné la parole à M. Rajic.
18 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez entendu au
19 cours de la diffusion de cet enregistrement ?
20 M. Blaskic (interprétation). - J’ai entendu surtout des non
21 vérités, des mensonges selon lesquels, c'est uniquement les forces de la
22 Défense territoriale qui contrôlaient les
23 positions face à l’armée de la Republika Srpska, à Kiseljak et que c'est
24 uniquement ces forces-là qui étaient responsables pour la défense et les
25 activités de combat et que le HVO ne contrôlait pas ce genre de positions,
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1 mais s'occupait plutôt du commerce et du marché noir avec les Serbes.
2 Il y a eu quelques autres détails également, mais l'essentiel de
3 cette déclaration était cela. Donc ils ont d'une certaine manière minimisé
4 le rôle du HVO.
5 M. Nobilo (interprétation). - Continuez. Comment la réunion
6 s'est développée ? Quel était le problème ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Donc, Rajic a fait des
8 commentaires sur cette déclaration et puis il a dit que, étant donné que
9 le commandant de la Défense territoriale n'était pas prêt à faire un
10 démenti de cette déclaration, il a dit que, durant la journée, au sein du
11 commandement conjoint -donc je parle du commandement de la Défense
12 territoriale et du HVO à Kiseljak- c’est uniquement lui-même ou c'est
13 Sinanbasic qui pouvait être responsable au sein de ce commandement.
14 Il a été assis à la tête de la table, et puis M. Josip Boro a
15 assisté lui-même à cette réunion, puis moi-même. Ensuite, Ejub Mujic qui
16 était le président du conseil exécutif du conseil de Kiseljak.
17 M. Nobilo (interprétation). - Il était musulman ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il était musulman, il était
19 bosnien et il était président du parti SDA et puis le chef d'état-major de
20 la Défense territoriale de Kiseljak, Nasid Huseinbasic était là lui aussi.
21 Ensuite, nous avons parlé d'un autre problème, beaucoup plus
22 important selon moi, c'est-à-dire le problème des barrages routiers
23 établis par la Défense territoriale, déjà à peu près trois jours plus tôt.
24 Donc ici, on parle du 7, mais au moins le 5, ces barrages routiers ont été
25 établis.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Là, vous parlez du mois d’août ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je parle du 7 août. Je parle
3 encore de cette réunion qui s'est tenue le 7 août. C'est les barrages
4 routiers qui ont posé problème,.
5 M. Nobilo (interprétation). - Donc à quel moment ces barrages
6 routiers ont été érigés ? A quelle date ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Si l'on a dit que le 7 août,
8 c'était déjà trois jours après l'établissement de ces barrages routiers,
9 ces barrages jaune, donc...
10 M. Nobilo (interprétation). - Ralentissez, s'il vous plaît,
11 ralentissez. Et puis, si possible, mentionnez l'endroit où le barrage
12 routier a été érigé et puis indiquez la date.
13 M. Blaskic (interprétation). - Bilalovac, qui a été établi vers
14 le 5 août ; le barrage routier de Duhri, qui a été établie également vers
15 le 5 août ; le barrage routier de Han Ploce, qui a été établi le même
16 jour, donc vers le 5 août ; le barrage routier de Bukovica, qui a été
17 établi vers le 5 août ; le barrage routier de Han Ivica, qui a été établi
18 vers le 5 août.
19 M. Nobilo (interprétation). - Qui a établi ces barricades-là ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Tous ces barrages routiers ont
21 été établis par l'état-major de la Défense territoriale de Kiseljak.
22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ceci s’est produit en
23 accord avec le HVO ou bien est-ce que le commandement conjoint n'en était
24 pas conscient.
25 M. Blaskic (interprétation). - Ceci ne s’est pas produit en
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1 accord avec le HVO. En fait, le placement de ces barrages routiers a rendu
2 impossible à la population civile de la communauté locale Brnjaci et
3 Lepenica de se déplacer et puis la partie, la région de la communauté
4 locale de Lepenica était particulièrement critique, étant donné que si une
5 attaque était lancée par l'armée de Republika Srpska, cette population-là
6 ne pouvaient pas se retirer nulle part.
7 Permettez-moi de continuer. Lorsque l'on parle de ces positions
8 de kokoska et puis
9 de cette partie que nous appelions le flanc de Zenica, vu les moyens dont
10 les Serbes disposaient -et là, je parle de leurs armements- ils pouvaient
11 agir directement contre toute la région de la communauté locale de
12 Lepenica.
13 M. Nobilo (interprétation). - Quel était le but du placement de
14 ces barrages routiers ? Qu'est-ce qu'ils souhaitaient atteindre ? Est-ce
15 que quelqu'un l'a expliqué ou est-ce que vous êtes arrivé à une telle
16 conclusion suite à la réunion ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Personne n'a expliqué, au cours
18 de la réunion, quel était le but de ces barrages routiers.
19 Personnellement, j'ai été préoccupé à cause de ces barrages routiers étant
20 donné que j'étais conscient du fait que les gens de la municipalité de
21 Kiseljak, les soldats qui tenaient les lignes de front contre les Serbes
22 étaient complètement coupés depuis trois jours déjà, donc coupés de toute
23 possibilité de relève d'une évacuation éventuelle de blessés à l'hôpital
24 de Kiseljak, de quelque approvisionnement que ce soit.
25 M. Nobilo (interprétation). - Juste un moment, s'il vous plaît.
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1 Est-ce que vous pourriez dire si ces barrages routiers étaient gardés par
2 des soldats armés et est-ce que vous pouvez montrer les lignes de
3 communication par lesquelles les soldats et la population se déplaçaient
4 près du front vers Kiseljak et de quelle manière ceci a été coupé ?
5 M. Blaskic (interprétation). - L'axe de communication, je le
6 montre, partant de la communauté locale de Lepenica en passant par Han
7 Ploce, en passant par la communauté locale de Brnjaci, Duhri et vers
8 Kiseljak.
9 Le barrage routier de Duhri a été défendu, gardé par un certain
10 nombre de membres de la Défense territoriale de Duhri et durant le
11 conflit, nous avons également pu remarquer la présence des membres de la
12 Défense territoriale constituée de réfugiés venant de la région de la
13 municipalité d’Ilidza. Ces gens-là étaient venus à Duhri auparavant et à
14 ce moment-là, c'est là qu'ils ont été déployés.
15 M. Nobilo (interprétation). - Et les autres barrages routiers,
16 est-ce que des hommes
17 armés les gardaient eux aussi ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Ici, à Han Ploce, il y avait
19 tout un autobus, nous l'appelions l'autobus harmonica étant donné que
20 c'est un très long autobus constitué de deux parties. Il a été placé là.
21 C'était un autobus rouge.
22 M. Nobilo (interprétation). - Comment ?
23 M. Blaskic (interprétation). - De cette manière-là, dans cette
24 direction-là, donc le chauffeur se trouvait à la tête et à droite par
25 rapport à cet autobus, ils avaient creusé une tranchée capable de tenir
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1 une dizaine de soldats, donc ce dont je parle s’est produit ici, de ce
2 côté-là de la route.
3 M. Nobilo (interprétation). - Donc vu la configuration du
4 terrain, nous voyons les monts et puis nous voyons la route qui passe
5 entre les montagnes, est-ce qu'il serait possible de dire que ces barrages
6 routiers ont bloqué entièrement la municipalité de Kiseljak ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c’est tout à fait visible.
8 Ceci s'est notamment consolidé le moment où, le 8, donc non pas le 7, nous
9 avons appris, et je peux même vous dire l'heure à laquelle nous l'avons
10 appris, donc nous avons appris qu'un autre barrage routier a été placé à
11 Smajlovici. Donc toute la circulation dans la région de la municipalité de
12 Kiseljak était complètement impossible.
13 Mais le plus grave problème se présentait autour des lignes de
14 front.
15 M. Nobilo (interprétation). - Quelle est la route que vous avez
16 prise vous-même, de Zepce
17 M. Blaskic (interprétation). - Le 7 dans l'après-midi, je suis
18 passé de Busovaca, passant par Kacuni, à côté de ce barrage routier, donc
19 ce jour-là, ils ne m'ont pas arrêté et donc je suis arrivé chez moi, à
20 Kiseljak.
21 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, vous avez
22 dit que nous allons terminer à 12 heures 45 donc peut-être, c'est le
23 moment effectivement de nous arrêter.
24 M. le Président. - Merci. Nous reprendrons à 14 heures 45.
25 Merci.
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1 L’audience est suspendue à 12 heures 45.
2 L'audience est reprise à 14 heures 55.
3 M. le Président. - L'audience est reprise.
4 Si vous voulez bien, avant de poursuivre dans la déposition de
5 l'accusé, mes collègues et moi-même avons décidé de vous faire part d'une
6 difficulté procédurale que nous avons. J'attends que Me Hayman prenne ses
7 textes pour bien nous contrôler. Cela y est ?
8 Difficulté procédurale dont nous voulions vous parler et
9 recueillir votre assentiment. C'est une question de procédure ayant pour
10 objet le transfert de la communication d'un témoignage sous protection de
11 l'affaire Blaskic dans l'affaire Aleksovski.
12 Le Procureur est au courant, il a fait appel, le Bureau du
13 Procureur a eu l'occasion de faire appel de deux décisions concernant,
14 dans l’affaire Aleksovski, l’une, le témoignage de l'amiral Domazet -qui
15 est un témoignage public, sur lequel, d’ailleurs, son appel a été rejeté,
16 mais ce n’est pas là le problème- et dans son deuxième appel, le Procureur
17 a été soutenu par la Chambre d’appel qui a estimé qu'il avait le droit de
18 pouvoir présenter une requête devant la Chambre Blaskic pour obtenir, de
19 la part de cette Chambre Blaskic, que des mesures de protection soient
20 modifiées le cas échéant, ou en tout cas que soit produit un témoignage
21 qui était protégé primitivement devant la Chambre Blaskic.
22 Tout ceci fait partie des contentieux que vous connaissez, qui
23 consistent à transmettre des pièces d’une procédure à une autre. Là n’est
24 pas la question.
25 La question est que, depuis l’indisponibilité du Juge Riad, nous
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1 avons tous le plaisir, vous avez pu le constater, plaisir partagé par
2 vous, d'accueillir en notre sein le Juge Rodrigues.
3 Mais le Juge Rodrigues, par ailleurs, préside la Chambre
4 Aleksovski, donc le Juge Rodrigues, évidemment, est un peu gêné, je dois
5 pouvoir le dire, et nous avons un peu tourné les textes, grâce à l'appui ô
6 combien pertinent de la science juridique de mon ami le Juge Shahabuddeen,
7 nous avons un peu tourné les textes dans tous les sens et nous sommes
8 arrivés finalement à la solution de demander votre consentement à ce que
9 le Juge Rodrigues siège avec nous dans la Chambre Blaskic, comme il y est
10 de droit, mais siège également pour statuer sur cette requête qui, je vous
11 le rappelle, consiste à décider si nous devons modifier les mesures de
12 protection qui avaient été ordonnées en faveur d'un témoin qui était un
13 témoin protégé.
14 Alors je crois qu’après avoir beaucoup élaboré toutes les
15 procédures, nous sommes quand même, après le début de la présentation des
16 éléments de preuve dans l'affaire Blaskic, dans la présente affaire, nous
17 sommes donc au complet, nous avons cette difficulté ; la décision en soi,
18 je ne peux pas, bien sûr, dire ce que nous ferons, mais n’est pas très
19 compliquée, nous pourrions la considérer comme une "routine mater", on
20 dit, comme une affaire courante, mais nous avons estimé que ce n’était pas
21 une affaire courante parce que c’est une affaire concernant la protection
22 des témoins ; donc nous ne pouvons pas demander à la Présidente
23 d'autoriser la Chambre à ne siéger qu'à deux, donc nous préférons siéger à
24 trois.
25 Nous avons bien sûr une grande, totale confiance dans le Juge
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1 Rodrigues, nous voulions que le débat soit public et donc nous voulions
2 avoir d’abord votre avis, et au-delà, avoir votre sentiment sur la
3 possibilité pour le Juge Rodrigues, donc, de rester avec nous pour statuer
4 sur cette requête, sur laquelle, d’ailleurs, nous statuerons ensuite assez
5 vite.
6 Voilà. Alors je ne sais pas à qui il faut donner la parole en
7 premier, peut-être au Procureur, puisque c'est lui qui avait fait appel.
8 Monsieur Harmon...
9 M. Harmon (interprétation). - Oui, merci beaucoup, Monsieur le
10 Président,
11 Messieurs les Juges.
12 Je connais la question qui se pose à la Chambre de première
13 instance en l'occurrence et avant de vous communiquer ma réponse,
14 j’aimerais pouvoir avoir le temps de consulter mes collègues.
15 Peut-être que, après la pause de quinze minutes de cet après-
16 midi, je pourrais vous exprimer la position de l'accusation.
17 M. le Président. - Du côté de la défense, vous voulez un temps
18 de réflexion également ?
19 M. Hayman (interprétation). - Oui, si ce n'est pour consulter
20 notre client, mais cela ne prendra que quelques instants.
21 M. le Président. - Je vous propose de nous faire part de votre
22 sentiment après la pause de cet après-midi. Nous sommes d'accord ? Très
23 bien, je vous remercie.
24 Excusez-moi, Monsieur le témoin. Général Blaskic, vous pouvez, à
25 présent, reprendre votre témoignage. Maître Nobilo ?
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1 M. Nobilo (interprétation). - Merci.
2 Nous en étions restés aux événements de Duhri. Nous parlions du
3 conflit du 7 août 1992. Je suggère donc que nous poursuivions sur ce point
4 et chaque fois que vous estimerez nécessaire de vous approcher de la
5 maquette pour nous indiquer quoi que ce soit, n'hésitez pas à le faire.
6 Allez-y.
7 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
8 les Juges, au cours de l'après-midi du 7 août 1992, la réunion était donc
9 en cours, réunion à l'assemblée municipale de Kiseljak.
10 Monsieur Ejup Mujic a dû prendre la parole. Il nous a fait part de son
11 opinion sur la situation actuelle, en disant que si la situation restait
12 telle qu'elle, un conflit allait éclater entre la Défense territoriale et
13 le HVO.
14 Une fois son discours terminé, j'ai demandé la parole. J'ai
15 d'abord dit qu'il y avait
16 une ligne de front entre nous et les Serbes, que nous devions faire face à
17 de grandes difficultés sur les fronts de Travnik et de Zepce, qui étaient
18 proches, et qu'il n'était pas nécessaire d'avoir de nouvelles lignes de
19 front.
20 Et j'ai déclaré également que l'objectif de cette réunion
21 devrait être de trouver une solution à tous les problèmes qui se posaient.
22 Je ne me souviens pas du nom de tous les participants à cette réunion,
23 mais je sais que la réunion s'est poursuivie et je sais qu'à un moment
24 donné, M. Ivica Marijanovic a proposé que les représentants importants des
25 communautés croate et musulmane prennent deux drapeaux : l'un de la
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1 population croate et l'autre de la population musulmane. Que ces drapeaux
2 soient liés l'un à l'autre, qu'un nœud y soit fait et qu'ils partent dans
3 deux directions opposées, dans des véhicules différents.
4 Puis-je vous l'indiquer sur la maquette, s'il vous plaît ?
5 M. Nobilo (interprétation). – Peut-on avoir le pointeur, s'il
6 vous plaît ?
7 M. le Président. - Nous avons maintenant une caméra qui va nous
8 aider à mieux voir.
9 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait donc une voiture qui
10 devait partir d'ici, donc où se trouvaient ces deux drapeaux liés l'un a
11 l'autre. Elle devait partir de Kiseljak, devait passer par Gromiljak,
12 Brestovsko, jusqu'à Bilalovac.
13 M. Nobilo (interprétation). – Vous voulez dire jusqu'au premier
14 barrage, n'est-ce pas ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui. C'est effectivement ce qui a
16 été fait.
17 M. Nobilo (interprétation). - Et ce barrage a été éliminé.
18 Veuillez donc le retirer de la maquette.
19 M. Blaskic (interprétation). - A ce moment-là, un deuxième
20 véhicule devait partir de Kiseljak, passer par Duhri, Brnjaci, Han Ploca,
21 Lepenica, Bukovica, Zabrde. Lorsque ceci a été fait, des informations
22 nous sont parvenues. D'après des membres du HVO, un conflit avait
23
24 éclaté entre le village musulman de Duhri et le village croate de Potkraj.
25 Deux Croates avaient déjà été blessés ; l'un d'entre eux était commandant
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1 de ce village. Donc, le véhicule à démarré de Kiseljak et, au niveau du
2 pont qui se trouvait à Palez, le véhicule a été stoppé. On lui a dit de
3 faire demi-tour. Le barrage qui se trouvait à Duhri, le barrage qui se
4 trouvait également à Han Ploca, celui de Bukovica et celui de Han Ivica
5 ont été maintenus. Selon les informations qui nous ont été communiquées
6 ici, à Potkraj…
7 (Les interprètes ont du mal à entendre le général Blaskic.)
8 M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous répéter ? Quelle
9 information avez-vous reçue ?
10 M. le Président. – Parlez un peu plus fort, Général Blaskic,
11 pour que les interprètes puissent vous entendre. Si vous pouvez ?
12 M. Blaskic (interprétation). – Oui, M. le Président.
13 Les combats se sont poursuivis au niveau du barrage de Duhri,
14 entre les villages de Duhri et de Potkraj. Aux environs de 20 heures, en
15 tout cas en soirée, le 7 août, les combats ont cessé. J'ai eu une
16 conversation téléphonique avec le commandant de la Défense territoriale de
17 Visoko, qui s'est présenté à moi comme s'appelant M. Delic Rasim.
18 M. Nobilo (interprétation). – Rasim ?
19 M. Blaskic (interprétation). – Oui, Rasim Delic. Ce commandant
20 Rasim Delic m'a demandé de lui faire récit ou un rapport sur la situation
21 et je lui ai parlé des problèmes causés par la coupure de la grande route
22 entre les lignes avant du front et Kiseljak. Durant cette journée du
23 7 août et cette nuit du 7 au 8, c'est ce qui s'est passé : les combats ont
24 cessé.
25 M. Nobilo (interprétation). - Les combats ont cessé, mais les
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1 barrages sont restés en place, est-ce exact ?
2 M. Blaskic (interprétation). – Oui.
3 M. Nobilo (interprétation). – Les formations armées de la
4 Défense territoriale sont
5 restées sur les barrages cette nuit-là ?
6 M. Blaskic (interprétation). – Cette nuit-là, nous n'avons eu
7 aucune information. Nous n'avons donc pas su si les équipes étaient
8 restées au barrage, mais ce que nous avons su, c'est que les barrages
9 étaient restés aux mêmes endroits.
10 M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé le lendemain ?
11 Pouvez-vous le dire aux Juges ?
12 M. Blaskic (interprétation). – Le 8 août, tôt le matin, les
13 forces de la Défense territoriale se sont regroupées aux abords du
14 barrage de Duhri et le long des maisons qui menaient jusqu'au village
15 de Brnjaci. Cela a suscité une inquiétude, une crainte parmi les
16 habitants de Potkraj et rapidement, des échanges de feu se sont produits
17 une nouvelle fois entre les habitants du village de Duhri, qui tenaient
18 une position armée avec des abris et des fortifications qui se trouvaient
19 à 10 ou 15 mètres à peine en amont de la route ; en amont, donc au-dessus
20 de la route de Kiseljak et de la route située en contrebas.
21 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous rappeler : Duhri,
22 ce les Musulmans et Potkraj les Croates ?
23 M. Blaskic (interprétation). – Oui. Et des combats ont donc
24 commencé entre ces deux villages. Le commandement a vu arriver M. Franjo
25 Boras dans les premières heures de la matinée. Franjo Boras était membre
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1 de la Présidence, de la République de Bosnie-Herzégovine et membre du
2 commandement suprême des forces armées de Bosnie. Il a demandé des
3 informations au sujet de la situation, autrement dit des événements qui
4 s'étaient produits le 7 et tôt le matin du 8.
5 Je l'ai donc informé au sujet des événements dont je viens de
6 parler et après cela, je lui ai demandé d'appeler les responsables à
7 Sarajevo pour les prier d'émettre un ordre destiné à faire cesser ces
8 combats.
9 Je suis resté dans le bureau pendant qu'il parlait avec le
10 représentant du
11 gouvernement de la République de Bosnie-Herzégovine au téléphone, M. Mile
12 Akmedzic.
13 Ensuite, il a parlé avec le ministre de la défense de la
14 République de Bosnie-Herzégovine, M. Jerko Toko.
15 Le ministre de la défense a demandé de recevoir de ma part un
16 rapport écrit au sujet de l'ensemble des opérations qui étaient au cœur de
17 ces événements, à savoir de tout ce qui s'était passé entre le 7 août et
18 le 8 août à 14 heures. Et ce rapport, je le lui ai envoyé à Sarajevo. J'ai
19 envoyé ce rapport par télécopie.
20 Après cela, M. Franjo Boras a appelé le quartier général du
21 commandement suprême des forces armées de Bosnie-Herzégovine à Sarajevo
22 pour demander un arrêt des combats, pour demander une intervention
23 destinée à arrêter les combats.
24 Ce jour-là, les combats ont été très intenses entre les villages
25 de Potkraj et de Duhri et au niveau du barrage de Han Ploca, les coups de
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1 feu étaient intermittents.
2 En ce qui concerne à présent le barrage de Han Ivica, des
3 combats se sont déroulés à cet endroit également le 8 août et en fin de
4 journée, le barrage a été levé.
5 M. Nobilo (interprétation). - Par qui ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Par le HVO.
7 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit bien du barrage routier
8 de Han Ivica ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, le barrage de Han Ivica.
10 Mais après que des coups de feu aient éclaté, coups de feu tirés par
11 l'armée de la Republika Srpska...
12 M. Nobilo (interprétation). - Il y a peut-être une erreur
13 d'interprétation en anglais. Les coups de feu ont été tirés par les
14 Serbes ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, les coups de feu ont été
16 tirés par les Serbes, par les positions tenues par les unités croates et
17 les unités musulmanes.
18 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre, je vous prie.
19 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien dans l’après-midi, aux
20 alentours de
21 19 heures, 20 heures, un ordre est arrivé du quartier général du
22 commandement suprême de Bosnie-Herzégovine, ordre signé par Sefer
23 Alilovic. Cet ordre portait sur l'interruption, la nécessité de cesser
24 immédiatement les combats entre la Défense territoriale et le HVO.
25 Nous, nous nous sommes concentrés sur la transmission de l'ordre
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1 à ce moment-là, et nous sommes parvenus à transmettre cet ordre grâce à un
2 messager de Kiseljak et nous avons également appelé un certain nombre
3 d'habitants par téléphone. Nous avons appelé aussi les postes de police de
4 réserve qui avaient déjà un barrage à Brnjaci.
5 Le problème qui existait à ce moment-là était dû au fait que les
6 commandants de la Défense territoriale n'avaient aucune intention, à ce
7 moment-là, d'appliquer l'ordre en question. En fait, le commandant du
8 centre de la Défense territoriale de Bilalovac, M. Zovno, a déclaré qu'il
9 avait reçu cet ordre, mais qu'il avait l'intention de réfléchir pour
10 prendre une décision. Il n'a pas dit immédiatement qu'il n'avait pas
11 l'intention d'appliquer cet ordre, mais il a indiqué qu'il avait
12 l'intention de consacrer quelque temps à la réflexion avant de prendre une
13 décision au sujet de cet ordre.
14 Après cela, il y a eu quelques affrontements ponctuels entre
15 Potkraj et Duhri toujours. Quant aux autres endroits où des coups de feu
16 avaient été tirés, ces opérations ont cessé après 20 heures.
17 Je sais que M. Franjo Boras a rappelé le Président
18 Alija Izetbegovic pour essayer d'avoir un contact plus direct et de
19 demander conseil quant à l'application de cet ordre provenant de Sarajevo.
20 Le 8 août, aux alentours de 23 heures, nous avons reçu un nouvel
21 ordre, un deuxième donc. Un deuxième ordre dont la teneur était
22 pratiquement identique à celle du premier ordre. Et ce deuxième ordre
23 avait été envoyé de Sarajevo par le dirigeant du quartier général du
24 commandement suprême de l'armée de Bosnie-Herzégovine et portait la
25 signature de Sefer Alilovic.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Un instant Général. J'aimerais, si
2 vous me le permettez, donner lecture d'un document, la pièce à conviction
3 de la défense D 132. Il s'agit de cet ordre envoyé par Sefer Alilovic.
4 Pièce D 132.
5 J'aimerais donner lecture de cet ordre de façon à ce que nous
6 soyons sûrs que c'est bien ce dont vous parlez.
7 M. le Président. - J'aimerais bien voir cet ordre également.
8 M. Hayman (interprétation). - Nous pouvons peut-être le mettre
9 sur le rétroprojecteur ?
10 M. Nobilo (interprétation). - C'est un document qui a été
11 utilisé dans son contre-interrogatoire par la défense. Il n'existe pas
12 apparemment en anglais. Mais il est très court. Je vais le lire :
13 "République de Bosnie-Herzégovine, quartier général du commandement
14 suprême des forces armées...".
15 M. le Président. - (Inaudible).
16 M. Kehoe (interprétation). - Il n'existe aucune copie en
17 français ou en anglais.
18 M. le Président. - Depuis que vous l'avez, vous avez dû le
19 traduire, je suppose.
20 M. Kehoe (interprétation). - C'est une pièce à conviction de la
21 défense et non pas de l'accusation.
22 M. le Président. - ... qui a été versée comme pièce à
23 conviction, Monsieur le greffier ? Cette pièce a été versée quand ?
24 A peu près un mois ou deux mois ?
25 Peu importe. C'est une pièce qui n'est pas trop longue à
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1 traduire, vous pouvez peut-être la lire, Maître Nobilo ?
2 Rétroprojecteur, s'il vous plaît. Allez-y.
3 M. Nobilo (interprétation). - En haut à gauche, donc : "Quartier
4 général du commandement suprême des forces armées de Sarajevo. Numéro de
5 référence, Sarajevo,
6 8 août 1992.
7 Secret militaire, hautement confidentiel".
8 Puis : "A l'attention de : Dirigeants du quartier général du HVO
9 à Kiseljak, commandant du Groupe tactique 2, commandant du quartier
10 général municipal de la défense de Kiseljak" .
11 Et maintenant, nous lisons le texte : "Compte tenu de
12 l'aggravation de la situation sur votre territoire", pour être plus
13 précis, donc, sur le territoire de la municipalité de Kiseljak,
14 "j'ordonne :
15 1°) Veuillez cesser immédiatement tous les échanges de feu
16 (combats) ;
17 2°) veuillez faire en sorte que la situation sur le territoire
18 de la municipalité de Kiseljak revienne à ce qu'elle était il y a quatre
19 jours ;
20 3°) veuillez trouver une solution politique dans l'esprit de
21 l'accord d'amitié et de coopération signé à Zagreb ;
22 4°) veuillez me rendre compte immédiatement de l'application de
23 cette... ou plutôt de l'élaboration de cette solution".
24 Et puis signature en bas à droite : "Chef d'état-major du
25 commandement suprême des forces armées de la République de Bosnie-
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1 Herzégovine : Sefer Halilovic".
2 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi.
3 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie.
4 Général, est-ce bien l'ordre qui est arrivé le 8 août 1992 à
5 Kiseljak en provenance du commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine, ou
6 plutôt du chef d'état-major ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, oui, à 19 heures et aux
8 alentours de 22 heures ; nous avons reçu ce même ordre à deux reprises.
9 M. Nobilo (interprétation). - Quelle est la signification du
10 point 2 : "Veuillez faire en sorte que la situation sur le territoire de
11 la municipalité de Kiseljak revienne à ce qu'elle
12 était il y a quatre jours" ? Qu’est-ce que Sefer Halilovic avait à
13 l'esprit en écrivant ces mots ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, je n’ai pas parlé avec
15 Sefer à ce moment-là, mais je pense, sans doute, qu'il pensait à la levée
16 des barrages qui avaient été érigés après le 4 août 1992.
17 M. Nobilo (interprétation). - Donc quatre jours avant la date de
18 l'ordre en question ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Ces barrages ont existé à
20 partir du 5 août environ.
21 M. Nobilo (interprétation). - Que s'est-il passé ensuite ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, cet ordre n'a pas
23 débouché sur un arrêt des combats de la part des groupes de la Défense
24 territoriale. Quant à moi, au moment où j'ai reçu cet ordre, j'ai appelé
25 le quartier général du commandement suprême des Forces armées de Bosnie-
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1 Herzégovine et c'est M. Vahid Karavelic qui m'a répondu.
2 Je lui ai demandé de se présenter, de me dire quelles étaient
3 ses fonctions, le poste qu'il occupait parce que, en fait, j'avais demandé
4 à parler avec Sefer. Mais mon interlocuteur m'a dit qu'à ce moment-là, il
5 était de permanence au quartier général du commandement suprême.
6 J'ai donc accusé réception de l'ordre dont nous parlons et je
7 lui ai dit que cela faisait déjà pas mal de temps que nous agissions dans
8 le sens indiqué dans cet ordre, mais qu'il devrait intervenir auprès de la
9 Défense territoriale municipale de Kiseljak.
10 Et aux alentours de 23 heures, ce 8 août, M. Ivo Komsic est
11 arrivé ; il s'est présenté comme étant l'homme autorisé par M. Alija
12 Izetbegovic, l’homme agréé par M. Alija Izetbegovic pour s’enquérir auprès
13 de nous et nous demander si nous avions reçu cet ordre.
14 Et puis il a appelé le commandant de la Défense territoriale,
15 M. Zrno au téléphone et il a demandé à ce commandant de la Défense
16 territoriale d'obtempérer à l'ordre du
17 commandement suprême. Je n'ai pas entendu quelle a été la réponse faite
18 par M. Zrno au téléphone, mais, aux environs de minuit, toutes les
19 opérations de combat ont cessé sur cette position de Duhri et Potkraj.
20 M. Nobilo (interprétation). - Les barrages ont-ils été levés ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Je suppose que le barrage de
22 Duhri a été levé cette nuit-là suite à l'ordre en question. Mais les
23 barrages de Han Ploca et de Busovaca n'ont pas été levés.
24 M. Nobilo (interprétation). - Et bien, nous pourrions peut-être
25 enlever le drapeau correspondant au barrage de Duhri, ce qui nous laissera
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1 une dernière image, une dernière photo où nous ne verrons que les deux
2 barrages qui restaient.
3 Maintenant veuillez me dire, le lendemain ou les jours suivants,
4 êtes-vous passé près du village de Duhri en empruntant la route principale
5 et avez-vous vu la mosquée notamment ? Dans quel état était cette mosquée
6 parce que l'accusation nous dit qu'elle a été détruite et qu'il s'agissait
7 de la destruction d'un bâtiment du culte ?
8 M. Blaskic (interprétation). – Dans les jours qui ont suivi,
9 j'ai effectivement emprunté la route principale. Je me suis rendu aux
10 positions près de la ligne de front. J'ai donc vu la mosquée qui se trouve
11 tout près de la route. Le minaret de la mosquée portait des traces de feu
12 qui était ouvert depuis les positions de Kiseljak, mais il s'agissait là
13 de l'endommagement de la façade sans plus de dégâts. La mosquée n'était
14 pas détruite et il n'y avait pas trace de destruction.
15 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous parlez de
16 l'endommagement de la façade, que voulez-vous dire très exactement ? Que
17 pouviez-vous voir ?
18 M. Blaskic (interprétation). - En passant par la route, il était
19 facile de remarquer que la façade a été touchée plusieurs fois et donc
20 qu'il y avait des traces de tir. Donc, le plâtre était tombé et la partie
21 superficielle était quelque peu endommagée.
22 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez vu un trou
23 dans le minaret ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Pas du tout. En passant par la
25 route, il y est possible de voir pratiquement deux tiers du minaret et il
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1 n'y avait pas de trous du tout. Tout ce que l'on pouvait voir, c'étaient
2 des endommagements superficiels.
3 M. Nobilo (interprétation). - Vu l'endroit où se trouvait le
4 barrage routier, pouvez-vous me dire quelle est la distance entre le
5 barrage routier et la mosquée ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais mesuré la distance
7 entre le barrage routier et la mosquée, mais je peux dire qu'il s'agissait
8 d'une distance d'environ 100 à 150 mètres, peut-être même pas, disons
9 environ 100 mètres.
10 M. Nobilo (interprétation). – Dites-nous, si vous-même ou qui
11 que ce soit de vos subordonnés avez donné l'ordre de détruire la mosquée
12 ou d'abattre le minaret ?
13 M. Blaskic (interprétation). – Non, à aucun moment un tel ordre
14 a été donné du commandement, autrement dit du bâtiment de la caserne de
15 Kiseljak.
16 M. Nobilo (interprétation). – Avez-vous une explication à nous
17 fournir : avez-vous entendu une explication ou êtes-vous arrivé à une
18 certaine conclusion par la suite quant à la manière dont cette destruction
19 a été provoquée ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Je peux comprendre que c'est
21 l'échange des tirs qui a provoqué ces endommagements. Je parle là des
22 échanges de tirs entre le HVO et la Défense territoriale, étant donné que
23 des maisons, de même que des positions de soldats dans le village de
24 Duhri, ont été endommagées aussi puisque ces positions-là se trouvaient
25 juste en bas de la mosquée. Au cours de ces échanges de tir, il est
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1 possible qu'une balle s'est égarée dans cette direction-là.
2 M. Nobilo (interprétation). - Durant toutes ces discussions,
3 jusqu'au moment où nous avons entendu parler de cela au sein de ce
4 Tribunal et par le Procureur, est-ce que qui que ce soit a parlé du
5 problème de ces traces et de cet endommagement du minaret de la mosquée ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Messieurs les Juges, j'ai
7 rencontré personnellement, le 9 août, le responsable religieux musulman,
8 M. Senahidin Durakovic, de même que le représentant des Musulmans bosniens
9 du village Duhri, M. Abdulah Oruc. Cette réunion a eu lieu le 9 août 1992,
10 à midi et demi. Le responsable religieux des Musulmans de Duhri n'a
11 mentionné ce problème à aucun moment ; il ne l'a absolument pas souligné
12 ni mentionné. Moi, avant cette réunion-là et après cette réunion, j'ai
13 rencontré plusieurs fois ce prêtre et il ne m'a jamais parlé de ce
14 problème de l'endommagement de la mosquée.
15 M. Nobilo (interprétation). - Parlons de ce prêtre. Pouvez-vous
16 nous dire ce qu'il vous a dit ? Pouvez-vous citer ses mots ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Il est venu avec le représentant
18 des Musulmans bosniens de village de Duhri. Nous avons essayé de trouver
19 une manière de normaliser la vie dans le village de Duhri, de nouveau.
20 Comme je l'ai déjà dit, nous avons déjà rencontré plusieurs incidents
21 entre les villages de Duhri et de Gornji Palez par le passé. Ce prêtre et
22 le représentant musulman, Abdulah Oruc, m'ont donc dit qu'ils se
23 distanciaient par rapport à ces membres.
24 M. Nobilo (interprétation). - Membres de quoi, excusez-moi ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Membres de la Défense
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1 territoriale qui venaient de l'extérieur et qui ont été amenés sur place
2 afin de créer le chaos et de semer la discorde entre les deux peuples, les
3 Croates et les Musulmans bosniens.
4 Je peux citer ses paroles. Je cite : "…pour que des gens
5 honnêtes du village de Duhri puissent se distancier par rapport à ceux qui
6 provoquent la confusion et sèment la discorde entre les deux peuples."
7 M. Nobilo (interprétation). - Pour en finir avec cet incident de
8 Duhri, quelle était votre conclusion à l'époque et par la suite ? Pourquoi
9 la défense territoriale avait-elle besoin de toute cette manœuvre avec les
10 barricades, avec tous ces incidents et ces problèmes ? Quel était
11 le but de tout cela ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Je souhaite tout d'abord
13 souligner également que le 8 août, dans la matinée, j'ai reçu un coup de
14 téléphone du chef de l'état-major de la Défense territoriale, M. Nasid
15 Huseinbasic, qui m'a demandé où se trouvait son commandant, le commandant
16 de l'état-major de la Défense territoriale de Kiseljak. Je lui ai répondu
17 que je ne savais pas où il se trouvait étant donné que, déjà la veille -et
18 là je pensais à la réunion du 7 août-, il n'assistait pas à cette réunion-
19 là.
20 Après cela, je souhaitais également savoir où se trouvait le
21 commandant de la Défense territoriale de Kiseljak. J'ai essayé d'obtenir
22 des informations concernant cet événement. Déjà dans la deuxième moitié de
23 la journée du 8 août 1992, j'ai reçu l'information selon laquelle, durant
24 la nuit, entre le 7 et le 8, le commandant de l'état-major de la Défense
25 territoriale de Kiseljak a été privé de liberté par la police civile, les
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1 forces de réserve ; que ceci s'est produit au point de contrôle de
2 Brnjaci. Donc, durant la nuit entre le 7 et le 8, il a été arrêté par la
3 police civile, par les policiers de réserve de Kiseljak. Selon mon
4 évaluation, de ces manœuvres,…
5 M. Nobilo (interprétation). - Où est-ce qu'il a été amené ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Dans la deuxième moitié de la
7 journée, il a été amené du poste de police de Kiseljak au poste de police
8 de Busovaca.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'il a été relâché par la
10 suite ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
12 M. Nobilo (interprétation). - Revenons maintenant à ma question
13 principale. Selon vous, pourquoi la défense territoriale avait-elle besoin
14 de cela ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Mon évaluation était la
16 suivante : je considérais que le but de la Défense territoriale, dans le
17 cadre d'une telle action, était de réaliser, d'établir un lien de
18 communication entre Tarcin, en passant par Zabrde, Lepenica, Han Ploca,
19 Grahovci,
20 Godusa, Kralupi et Visoko. Etant donné qu'à Visoko se trouvait le
21 commandement du Groupe tactique 2 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, alors
22 que dans la région plus vaste de Zabrde, Bukovica, Mokrine, se trouvaient
23 les forces du Groupe tactique 1.
24 S'ils avaient réussi à faire reculer les forces du HVO des
25 lignes de front face aux Serbes, dans ce cas-là, cet axe de communication
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1 de Visoko, passant par Kralupi, Godusa, Grahovci, Han Ploca, Lepenica,
2 Zabrde et Tarcin, rendait possible, c'est-à-dire aurait rendu possible
3 entièrement d'établir un lien de communication entre la Bosnie centrale et
4 la Bosnie du sud en empruntant les routes qui étaient exclusivement
5 contrôlées par une seule armée ou bien par des membres d'une seule armée.
6 M. Rodrigues (interprétation). - Maître Nobilo, Général Blaskic,
7 excusez-moi de vous interrompre, quelle était l'ethnie prédominante de
8 Lepenica ? C'était musulman ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, je ne dispose
10 pas ici de données me permettant de savoir quel était le groupe ethnique
11 majoritaire. Je suppose qu'il s'agissait d'une majorité relative de
12 Croates. Je sais que ce sont les Musulmans, les Croates et les Serbes qui
13 ont vécu à Lepenica.
14 Les Serbes constituaient une minorité et les Musulmans et les
15 Croates étaient la majorité, mais je n'ai pas données concernant la
16 proportion.
17 M. le Président. - Excusez-moi également, mais la maquette,
18 c'est très bien. J'ai beaucoup de mal à suivre sur une carte. Pour
19 replacer cela dans une stratégie, l'accusé nous donne une interprétation.
20 On ne sait toujours pas très bien pourquoi il y a cette
21 opération de la Défense territoriale. Je me suis un peu promené. J'ai une
22 vieille carte depuis le début, mais elle m'est très utile.
23 Je vois Kiseljak là, Visoko ici, on me parle d'une ligne. J'ai
24 un peu de mal pour discerner le but stratégique de la Défense
25 territoriale, notamment la liaison entre le Groupe
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1 tactique 1 et le Groupe tactique 2 qui, semble-t-il, dans l'interprétation
2 de l'accusé, serait le motif stratégique profond de la Défense
3 territoriale. La maquette, l'accusé connaît bien cette région, il la
4 connaît par coeur. J'ai un peu de mal avec la carte.
5 Visoko est là, Kiseljak est ici, cela fait comme un éventail.
6 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, c'est pour
7 cela cela qu'il vaut mieux regarder la maquette. En Bosnie, celui qui
8 contrôle la route contrôle le territoire. Il est important de faire la
9 différence entre la montagne et la route, étant donné que c'est uniquement
10 par la route qu'il est possible de passer et non pas par la montagne.
11 M. le Président. - Allez-y. Si vous pouvez nous aider un peu.
12 M. Nobilo (interprétation). - Oui. J'ai essayé de vous aider un
13 peu. Avec l'expérience que j'ai gagnée dans cette affaire, je veux dire la
14 chose suivante : en Bosnie, durant cette guerre, durant la deuxième guerre
15 mondiale et aussi durant la période des Turcs, les routes étaient les
16 points principaux. Parce que si vous regardez les villes, elles sont
17 parsemées à droite et à gauche, mais il faut toujours suivre les routes
18 pour comprendre quelle est la manière de passer d'une ville à l'autre. Il
19 suffisait de contrôler la route pour contrôler tout ce territoire.
20 M. le Président. - Je comprends très bien. Je comprends très
21 bien qu'il est plus facile de passer par une route que par une montagne,
22 Maître Nobilo. Dans tous les pays, c’est un petit peu la même chose !
23 Simplement, j’ai constaté quand même que, de Kiseljak, il me
24 semble que pour aller vers Visoko, il doit y avoir une route, donc de
25 Kiseljak à Visoko alors que Han Planca est sur une autre route, plus au
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1 sud. Je me trompe ou pas ? Je vois que l'accusé, qui connaît très bien, va
2 pouvoir nous éclairer un peu.
3 M. Nobilo (interprétation). - Le Général est la bonne personne,
4 mais nous allons attendre les collègues de l'accusation pour qu'ils
5 puissent suivre l'interprétation eux aussi.
6 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
7 les Juges, c'est vous qui avez raison, la route principale, c’est bien
8 celle-ci, celle qui mène de Kiseljak vers Visoko.
9 M. le Président. - Voilà.
10 M. Blaskic (interprétation). - Cela, c’est la route principale
11 et, en fait, c'est l'unique route goudronnée dans cette partie de Bosnie.
12 Cela dit, il existe des routes de réserve et l’une de ces routes mène de
13 Tarcin... Tarcin, c'est une ville qui se trouve entre Sarajevo et Mostar.
14 Je ne sais pas si vous l'avez sur votre carte, mais c'est à peu près ici,
15 sur la maquette. Voici, c'est ici, Tarcin.
16 Donc cela, c'est la route principale entre Mostar et Sarajevo,
17 donc en empruntant la route de montagne, on passe par Suvodol, par Pirin,
18 Toplice, Zabrde, Lepenice, Han Ploca, Grahovci, Kralupi et Godusa. Ceci
19 est une route.
20 M. Nobilo (interprétation). - Et on arrive à Visoko ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, on arrive à Visoko.
22 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous qui contrôlait Tarcin.
23 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'armée de Bosnie-
24 Herzégovine qui contrôlait Tarcin.
25 M. Nobilo (interprétation). - Qui contrôlait Visoko ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'armée de Bosnie-
2 Herzégovine qui contrôlait Visoko, mais ici, nous n'avons pas placé de
3 drapeau ici. Toute cette partie-là était complètement contrôlée par
4 l’armée de Bosnie-Herzégovine donc les forces de l’armée de Bosnie-
5 Herzégovine étaient là aussi.
6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que l'on peut dire que
7 c'est ainsi que l’on a essayé de créer un couloir entre les deux
8 territoires contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine Tarcin et Visoko ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, donc ils
10 pourraient avoir un couloir qui leur permettrait un passage sans problème
11 contrôlé entièrement par une seule armée.
12 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, si vous le
13 permettez, c’est justement le pointeur qui montre maintenant ce lien entre
14 les deux territoires contrôlés par l'armée de Bosnie-Herzégovine ; si vous
15 pouvez utiliser la caméra pour mieux montrer cela...
16 M. le Président. - Avec le Juge Rodrigues, nous l’avons retrouvé
17 sur la carte et je vous remercie, maître Nobilo et monsieur Blaskic.
18 Poursuivez. Excusez-moi de vous avoir interrompus, ce n'est pas notre
19 habitude, mais ceci est important, il faut quand même avoir des précisions
20 sur le moment.
21 M. Nobilo (interprétation). - Après ces explications, je
22 souhaite vous montrer un document de la défense D127 ; vous en avez déjà
23 entendu parler, bien sûr, dans la salle d'audience. Il s'agit du document
24 D127. Il s'agit du document de l’état-major de la défense territoriale de
25 Kiseljak, dont je souhaite lire deux paragraphes.
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1 Ce document-là n'a lui aussi pas été interprété, donc on peut le
2 placer sur le rétroprojecteur.
3 Il porte la date du 5 août 1992 et il y est dit, paragraphe 1:
4 "Toutes les unités des forces armées de Kiseljak, dans toute la zone de
5 responsabilité, doivent recevoir en tant que mission principale d'exercer
6 un contrôle renforcé de la zone territoriale en créant des groupes de
7 reconnaissance, des postes d'observation ayant pour tâche de rassembler,
8 traiter et utiliser des renseignements concernant le déploiement, les
9 déplacements et les activités de l'agresseur, de même que des unités du
10 HVO."
11 Dans le paragraphe 3 de ce document du 5 août 1992, il est
12 stipulé : "Définir immédiatement les sites et surtout les endroits se
13 trouvant sur la route principale et les autres routes, afin de bloquer et
14 couper le territoire et les routes, puis définir quelle partie des forces
15 pourra mettre en oeuvre cette mission, etc., etc."
16 Dites-nous, général, à cette époque-là, en 1992? Etiez-vous
17 conscient du fait que vous alliez donner ce genre d'ordre ?
18 M. Blaskic (interprétation). – Non. Avant de venir au Tribunal,
19 je n'ai jamais vu ce document.
20 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ce document est
21 conforme à ce que vous nous avez dit concernant le développement de la
22 situation ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
24 M. Nobilo (interprétation). - Vous vouliez peut-être ajouter
25 quelque chose ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Dans la paragraphe 2, il est
2 dit qu'il faut "engager immédiatement les hommes, les membres d'unités
3 afin de prendre le contrôle des postes importants dans la zone de
4 responsabilité de l'unité en déployant de manière rationnelle les armes et
5 les équipements à la disposition de l'unité." Je souligne donc
6 immédiatement engager les hommes.
7 M. Nobilo (interprétation). – Donc le 5 août, est-ce que ceci a
8 été mis en oeuvre ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'était le cas. Ceci a été
10 mis en œuvre, notamment dans la région de Dubrovica, Han Ploce et Duhri .
11 M. Nobilo (interprétation). – Nous n'allons plus nous attarder
12 là-dessus. Nous avons parlé assez longtemps de cet incident. Mais dites-
13 nous une autre chose : est-ce que l'incident à Duhri entre le HVO et
14 l'armée de Bosnie-Herzégovine, dans la zone opérationnelle, était un
15 incident isolé ou bien y a-t-il eu d'autres incidents ? Je souhaite que
16 vous me parliez de cela très brièvement pour aborder un autre sujet.
17 M. Blaskic (interprétation). - Malheureusement, la liste des
18 incidents ne s'épuise pas avec l'incident de Duhri. Le 10 août 1992, c'est
19 autour du barrage routier de Kacuni…
20 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez montrer cela.
21 M. Blaskic (interprétation). – Ici.
22 M. Nobilo (interprétation). – C'est sur quelle route ?
23 M. Blaskic (interprétation). - C'est la route entre Busovaca et
24 Kiseljak.
25 M. Nobilo (interprétation). – Que c'est-il produit là ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Le 10 août, moi j'ai pris la
2 route de de Vitez en passant par Busovaca vers Kiseljak. Etant donné que
3 le barrage routier se trouvait là, nous avons dû ralentir et passer ce
4 barrage lentement.
5 M. Nobilo (interprétation). – Qui contrôlait le barrage ?
6 M. Blaskic (interprétation). - C'est la Défense territoriale qui
7 contrôlait le barrage routier. Dans la colonne dont je faisais partie, il
8 y a eu environ cinq véhicules de plus. On a ouvert le feu sur les premiers
9 véhicules (ce sont les membres de la Défense territoriale qui l'ont fait),
10 alors qu'en ce qui concerne le dernier véhicule, on a fait avancer un gros
11 camion vers ce véhicule en essayant d'écarter ce véhicule.
12 M. Nobilo (interprétation). - Le véhicule dans lequel vous
13 étiez ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Ils ont ouvert le feu contre ce
15 véhicule.
16 M. Kehoe (interprétation). - J'ai l'impression que les
17 interprètes disent qu'ils ont dû mal à entendre le témoin et qu'ils ont
18 peut-être omis quelques propos du témoin. Il faudrait peut-être que le
19 témoin répète ce qu'il a dit. Je ne sais pas si le même problème se pose
20 pour l'interprétation française.
21 L'Interprète. – Non, mais nous avons des difficultés pour
22 entendre le témoin, mais nous n'avons pas omis quoi que ce soit.
23 M. le Président. - Peut-être pourriez-vous rapprocher du micro,
24 ou peut-être l'huissier pourrait tendre le micro. Tom, vous ne pourriez
25 pas tendre le micro au témoin.
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1 Voilà, normalement, vous pouvez peut-être, voilà. C'est bien
2 compliqué cela, voyons. Ce n'est pas la peine. Il va le tenir.
3 Général Blaskic, vous pouvez tenir le micro ou peut-on vous
4 entendre de là. C'est
5 trop compliqué cela.
6 Monsieur le greffier, vous ferez acheter par les Nations Unies
7 un micro cravate. Cela ne doit pas coûter trop cher, cela doit pouvoir
8 rentrer dans le budget de l'ONU.
9 M. Dubuisson. – Je vais essayer de le faire entrer dans le
10 budget.
11 M. Nobilo (interprétation). – Général, pourriez-vous répéter ce
12 que vous avez dit au sujet de Kacuni et au sujet du barrage contrôlé par
13 la Défense territoriale ? Une tentative a donc été faite contre le
14 véhicule qui vous transportait, n'est-ce pas ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Nous venions de la direction de
16 Vitez en passant vers Busovaca et nous nous dirigeons vers Kacuni pour
17 poursuivre notre route vers Kiseljak. A Kacuni, un barrage avait été érigé
18 par la Défense territoriale. Et juste avant ce barrage, il y avait un
19 véhicule motorisé qui avait été garé là. La colonne dont nous faisions
20 partie s'approchait du barrage. Les personnes qui se trouvaient au barrage
21 ont laissé passer les premiers véhicules et les derniers venant de cette
22 direction, c'était un camion qui en fait a été déplacé afin de faire
23 sortir le véhicule de la route.
24 Des coups de feu ont éclaté provenant du barrage. Nous n'avons
25 pas été touchés, mais le véhicule a été endommagé. Il y a eu des dégâts
Page 17234
1 sur le moteur, je ne sais pas exactement quoi. Cet endroit est appelé Cep.
2 Nous avons du faire arrêter le véhicule à cet endroit et changer
3 de véhicule.
4 M. Nobilo (interprétation). - Vous pouvez vous asseoir. Pouvez-
5 vous nous donner, très brièvement, la liste des incidents qui se sont
6 déroulés par la suite ?
7 M. le Président. - Nous allons faire la pause. Merci.
8 L'audience, suspendue à 16 heures 05, est reprise à 16 heures 35.
9 M. le Président. – Nous reprenons l'audience. Veuillez vous
10 asseoir.
11 Maître Nobilo, vous avez la parole.
12 M. Nobilo (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.
13 Général, nous avons déjà couvert cet incident important de
14 Duhri, qui est évoqué dans l'acte d'accusation. Puis, il y a un autre
15 incident qui a appelé l'attention de ce Tribunal : c'est l'incident entre
16 le HVO et la Défense territoriale à Novi Travnik et l'incident autour des
17 barrages routiers en novembre 1992, le barrage d'Ahmici. En octobre 1992.
18 (L'interprète se reprend)
19 Entre l'incident de Duhri et le conflit provoqué autour du
20 barrage d'Ahmici, y a-t-il eu d'autres conflits en-dehors de l'attentat
21 contre votre vie ?
22 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il y a eu d'autres
23 incidents. Dès la nuit du 11 août 1992, le commandement du Conseil croate
24 de défense de Sarajevo a été attaqué par la Défense territoriale. A cette
25 occasion, des membres du HVO ont été appréhendés et emmenés hors du
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1 bâtiment du commandement. Après quelques jours, ces membres du
2 commandement ont été remis en liberté et il n'y a pas eu de conséquences
3 trop importantes.
4 Et puis, à Kiseljak également, quatre soldats du HVO qui se sont
5 présentés comme des hommes travaillant pour la police militaire ont saisi
6 une centaine de fusils de la Défense territoriale. J'ai été informé de
7 cela le 12 août 1992.
8 M. Nobilo (interprétation). - Avez-vous lancé une enquête, pris
9 des mesures ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui, suite à une rencontre que
11 j'ai eue avec Dzemo Merdan, le 10 août déjà, j'ai émis un ordre à ce
12 sujet. Je parle de l'incident qui a impliqué les soldats et la Défense
13 territoriale. J'ai donc demandé une enquête à la suite de cet incident et
14 pris les mesures appropriées.
15 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cet ordre, vous l'avez
16 émis par écrit ? Cet ordre dans lequel vous interdisiez que les soldats de
17 la Défense territoriale soient désarmés ?
18 M. Blaskic (interprétation). – Oui, j'ai émis un ordre écrit en
19 date du 10 août 1992
20 déjà.
21 M. Nobilo (interprétation). - Un instant, je vous prie. Je crois
22 que nous pouvons retrouver cet ordre. La pièce à conviction de la défense
23 D395 est un ordre qui émane du commandant de l'état-major de la zone
24 opérationnelle de Bosnie centrale.
25 Au premier paragraphe, nous lisons -je cite- : "J'interdis toute
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1 saisie d'armes, j'interdis également d'adresser quelque ultimatum que ce
2 soit aux membres de la Défense territoriale leur intimant l'ordre de
3 remettre leurs armes".
4 Je vous demanderai, Général, de bien vouloir regarder le contenu
5 de cet ordre et de nous dire si cet ordre a bien été émis dans les
6 circonstances que vous venez de décrire.
7 Sinon, dans quelles circonstances il a été émis ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est l'ordre que j'ai émis
9 suite à ma rencontre avec Dzemo Merdan et à ma rencontre avec le
10 commandant de l'état-major de la Défense territoriale de Kiseljak,
11 Nasib Huseinbasic.
12 M. Nobilo (interprétation). - J'attire votre attention sur le
13 point 2, où vous dites que vous demandez que des avertissements, consignés
14 par écrit et signés, soient adressés à tous les commandants subordonnés
15 jusqu'au niveau des escadrons et que les forces armées de la communauté
16 croate d'Herceg-Bosna ne couvrent pas des actions aussi imprudentes parce
17 qu'ils seront tenus personnellement responsables de ces actions.
18 Est-ce que c'est bien le contenu de cet ordre ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
20 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien pouvons-nous passer
21 maintenant au conflit suivant ? Cet incident s'est-il déroulé à Konjic, à
22 savoir la municipalité limitrophe ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Konjic est une municipalité
24 limitrophe de Fojnica et un incident s'est déroulé. Il portait sur le
25 désarmement de soldats du HVO par des soldats de la Défense territoriale
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1 de la municipalité de Konjic.
2 Cet incident a eu lieu en août également. Puis il y en a eu un
3 autre dans la municipalité de Stupe, au mois d'août aussi, Stupe faisant
4 partie de la municipalité de Sarajevo. Ce dernier incident a impliqué des
5 membres du HVO et de la Défense territoriale également.
6 Ensuite, il y a eu un incident sur le territoire de la
7 municipalité de Breza, ou plus précisément à Ilija, mais en fait
8 l'incident a commencé sur la municipalité de Breza et a été dû à
9 l'arrestation de Croates de la paroisse de Cemerno par des Serbes. Ces
10 Croates ont été chassés de leurs maisons et puis, en août, il y a
11 également eu un attentat contre un commandant du barrage de Jajce.
12 M. Nobilo (interprétation). - C'est en août 1992, n'est-ce pas,
13 que le commandant du HVO de Jajce, M. Stjepan Blazevic, s'est trouvé au
14 coeur de cet incident ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Oui, en effet. M. Stjepan
16 Blazevic allait à Vitez en passant par Karaula et Travnik afin de me
17 rencontrer. Il a été frappé dans le dos à l'endroit où il portait son
18 revolver.
19 M. Nobilo (interprétation). - Et le mois suivant, pouvez-vous
20 encore en style télégraphique nous parler des incidents ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, durant le mois de
22 septembre, il y a eu des tensions entre les membres du HOS de Zenica et
23 les membres du HOS de Vitez.
24 En général, le problème portait sur la compétence des uns ou des
25 autres en ce qui concernait le commandement du HOS. Puis, le 4 septembre,
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1 des unités spéciales du MUP, donc de la police de Bosnie-Herzégovine,
2 commandées par Juka Prazina, ont été attaquées sur un barrage routier
3 serbe érigé non loin de Stupe. Donc c'est l'endroit qui s'appelle Stupe,
4 ces unités ont donc été attaquées, ce qui a entraîné une aggravation du
5 conflit par la suite ainsi que l'expulsion de Croates et de Musulmans de
6 cet endroit. Et puis le 9 septembre, la Défense territoriale a attaqué les
7 Serbes dans le village de Tolovici.
8 M. Nobilo (interprétation). - Qui habitait dans ce village ?
9 Etait-ce des Serbes ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Selon les informations que j’ai
11 reçues, les civils se sont d'abord vu confisquer leurs armes et, ensuite,
12 le 9 septembre, a eu lieu cette attaque qui visait uniquement des civils,
13 des habitants de nationalité serbe, qui ont été expulsés du village et
14 transférés sur le territoire de la ville même et placés sous le contrôle
15 du HVO.
16 Le village de Preocisa a aussi été concerné par cet incident.
17 Le 9 septembre, le commandant de la défense de Krecevo a saisi
18 des armes qui étaient destinées à équiper les 107ème et 108ème Corps de
19 l'armée de Tuzla.
20 M. Nobilo (interprétation). - Qu'avez-vous entrepris ?
21 M. Blaskic (interprétation). - J’ai pris des mesures pour
22 obtenir que ces armes soient restituées et, d'ailleurs, les mesures que
23 j'ai prises ont été couronnées d'un certain succès. Et j'ai pris également
24 des mesures contre le commandant concerné qui s'appelait Ivica Bosnjak.
25 Le 10 septembre, un civil croate a été tué à Vitez qui
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1 s'appelait Ivo Plavcic. Il s'est fait tuer tout près d'une station
2 service, la station-service de Kalen, qui appartenait à un Bosnien
3 musulman. Et pendant la nuit, deux grenades ont été lancées dans la ville
4 de Vitez.
5 Le 18 septembre 1992, on m'a informé que sur la route venant de
6 Fojnica à Gornji Vakuf, un officier de l'état-major municipal du HVO de
7 Fojnica avait disparu.
8 M. Nobilo (interprétation). - Je ne crois pas que cette localité
9 soit située sur la maquette. Qui avait le contrôle à Gornji Vakuf ? Qui a
10 été suspecté d'avoir enlevé ou tué cet officier du HVO ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien ce territoire était
12 contrôlé par l'armée de Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire par les Bosniens
13 musulmans.
14 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre. Quels ont été
15 les incidents suivants ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Dans la nuit du 19 au
17 20 septembre, un incident a eu lieu à Kiseljak. Au cours de cet incident,
18 les membres d'une unité privée ont enlevé le commandant du HVO de
19 Kiseljak, Ivica Rajic, et l'ont soumis à un certain nombre de sévices en
20 menaçant de le liquider.
21 Le 20 septembre 1992, des membres de la Défense territoriale ont
22 expulsé 40 familles du village de Medvjednica dans la municipalité de
23 Kiseljak. Il s'agissait de civils majoritairement et ils ont été
24 accueillis en qualité de réfugiés dans la municipalité de Kiseljak.
25 Le 21 septembre 1992, une attaque a pris pour cible le
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1 commandement du Conseil croate de défense de Zepce, M. Ivo Lozancic. Ce
2 commandant a été attaqué par des membres du HVO.
3 Le 25 septembre 1992, dans la ville de Travnik, des troubles ont
4 éclaté dans les rangs du HOS et du HVO. Ces troubles ont été causés par le
5 fait que, selon ces hommes, les membres de la police civile
6 n'accomplissaient pas leur devoir, notamment sur le front. Donc il y a eu
7 affrontement entre la police civile, d'un côté, et des membres du HVO et
8 du HOS, de l'autre.
9 Le 26 septembre, à Novi Travnik, le commandant de la police
10 militaire du HVO a attaqué le maire de Novi Travnik. Le 26 septembre, un
11 nouvel incident s'est produit à Konjic. Des membres de la Défense
12 territoriale ont attaqué un véhicule qui transportait des vivres et, au
13 moment de cette attaque, ils ont tué le chauffeur de la voiture et blessé
14 deux soldats du HVO qui escortaient ce véhicule.
15 Le 29 septembre 1992, nous avons subi un affrontement armé à
16 Novi Travnik entre des membres du HVO et des membres du HOS.
17 M. Nobilo (interprétation). - Au mois d'octobre, pouvez-vous
18 nous dire brièvement quels ont été les quelques incidents qui se sont
19 produits avant que nous ne parlions des incidents de Novi Travnik,
20 d'Ahmici ?
21 M. le Président. - Vous pourriez peut-être parler des incidents
22 majeurs et nous dire, de façon synthétique, s'ils sont, d'un côté de
23 l'autre, majoritairement du côté Défense
24 territoriale contre des personnalités ou des sièges du HVO ou s'il y avait
25 également des attaques, pour essayer… Puisque, je crois, maître Nobilo,
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1 que votre question concernait les graves incidents de novembre 1992 sur
2 Novi Travnik et sur le barrage d'Ahmici ? C'était cela ?
3 M. Nobilo (interprétation). - Oui. Je pensais demander au témoin
4 de parler encore de quelques incidents majeurs, après quoi nous pourrions
5 passer à cet incident clé au niveau du barrage d'Ahmici et parler
6 également de l'affrontement entre le HVO et la Défense territoriale. Mais
7 il y aura encore quelques incidents majeurs avant que nous parlions de
8 cela.
9 Monsieur le témoin, je vous prierai de nous parler uniquement
10 des incident majeur car je suppose qu'il y a eu de nombreux incidents
11 mineurs.
12 M. le Président. - Je pense que toute cette période a été
13 émaillée de beaucoup beaucoup d'incidents. C'est ce que vous voulez nous
14 montrer. Peut-être concentrez-vous sur les événements qui vous sont
15 apparus, vous, au niveau de responsabilité que vous aviez, comme étant
16 des événements qui conditionnent un certain nombre d'événements
17 postérieurs. Je crois que cela aiderait les Juges. Je vous en remercie.
18 M. Blaskic (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.
19 Monsieur le Président, Messieurs les juges, l'incident dont je
20 voulais parler s'est produit le 6 octobre, il s'est agi d'une attaque due
21 aux unités de la Défense territoriale de Zenica, attaque contre le site de
22 Kuber, où les membres du HVO travaillaient, faisaient des travaux pour
23 construire des moyens de défense antiaériens. A l'époque, nous avions des
24 positions communes en matière de défense antiaérienne, positions qui
25 étaient partagées donc par le HVO et la Défense territoriale.
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1 Autrement dit, le quartier général du HVO et le commandement
2 régional de la Défense territoriale avaient des moyens de défense
3 antiaérienne communs.
4 Nous avons appris que cette attaque s'est produite suite à un
5 ordre écrit émanant du commandement de la Défense territoriale de Zenica.
6 Elle a été le fait de membres de la
7 Défense territoriale.
8 M. Nobilo (interprétation). – Eh bien, nous n'allons peut-être
9 pas passer en revue les nombreux incidents mineurs qui ne cessaient de se
10 produire, mais je vous proposerai de passer à la journée du 19 octobre
11 1992, date à laquelle vous vous êtes rendu à Mostar. Pouvez-vous dire
12 pourquoi vous êtes allé à Mostar, ce que vous avez appris à Mostar et
13 quelle a été la situation que vous avez trouvée à votre retour de Mostar ?
14 M. Blaskic (interprétation). – La situation, notamment sur la
15 partie du front située aux abords de Jajce était extrêmement critique.
16 Tout au long du mois d'octobre, les tentatives effectuées par nous pour
17 sauver ce front ont été en fait les dernières que nous avons pu faire pour
18 essayer de conserver le front de Jajce, nos positions sur ce front.
19 Dans l'après-midi du 18, le commandant du quartier général du
20 HVO de Jajce et le Président du HVO de Jajce sont venus me rendre visite,
21 président du HVO de Jajce qui représentait le pouvoir civil. Ils m'ont
22 demandé mon aide, aide matérielle et humaine, car la ville de Jajce menait
23 de tomber. J'ai moi-même demandé d'être reçu par le chef du quartier
24 général et le président du gouvernement. Je suis parti dans la direction
25 de Mostar dans la soirée.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Pour que les choses soient
2 claires, le mois d'octobre à Jajce a été consacré à des combats entre le
3 HVO et qui ?
4 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, avec tout le
5 respect que je dois à mon collègue de la partie adverse, je ne crois pas
6 que le témoin ait besoin qu'on lui rafraîchisse la mémoire.
7 M. Nobilo (interprétation). - Je parle ainsi dans l'intérêt des
8 Juges, pas dans celui du témoin. Je voulais simplement demander qui se
9 battait à Jajce.
10 M. le Président. – Les avocats des deux parties parlent toujours
11 dans l'intérêt des Juges, vous le savez très bien, vous y compris !
12 Alors, écoutez. Je crois effectivement que nous avons affaire à
13 un témoin qui n'a pas besoin forcément qu'on lui rafraîchisse la mémoire.
14 Mais je dois dire que c'est moi-même qui avais posé la question tout à
15 l'heure pour essayer de donner, de permettre aux Juges d'avoir toujours
16 une appréciation la plus synthétique possible des événements.
17 Je vais donc demander à Me Nobilo de faire accélérer le témoin,
18 de le faire focaliser sur les points importants. Maintenant, si l'accusé
19 préfère insister sur tous les incidents, c'est son droit le plus absolu,
20 évidemment.
21 Allez-y, continuez.
22 M. Nobilo (interprétation). - Et bien, essayons tous de nous
23 rappeler qui étaient les parties aux combats de Jajce. Donc les combats
24 opposaient qui à qui ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Il y avait, d'un côté, les
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1 défenseurs de la ville, qui étaient les membres du HVO, du HOS, de la
2 Défense territoriale et de la Ligue patriotique et, de l'autre côté, il y
3 avait les attaquants, les agresseurs de la ville de Jajce, qui étaient les
4 Serbes.
5 M. Nobilo (interprétation). – Donc, le 19 octobre 1992, vous
6 allez à Mostar pour parler avec le commandant de l'état-major. Que s'est-
7 il passé par la suite, brièvement ?
8 M. le Président. – Excusez-moi, j'insiste beaucoup sur les noms
9 parce que j'ai besoin de me mettre en tête un certain nombre de noms. Le
10 commandant de l'état-major, c'est qui ?
11 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
12 les Juges, je suis arrivé à Mostar dans le bureau de Bruno Stojic, donc
13 Bruno Stojak, et le général de brigade, Milivoj Petkovic, qui, à ce
14 moment-là, était général de brigade et commandait le quartier général des
15 armées.
16 Je suis arrivé chez eux le 19 octobre, dans la matinée. Mon
17 intention était de les informer du caractère extrêmement critique de la
18 situation et de leur demander leur aide tant humaine que matérielle.
19 Durant cette réunion du 19, M. Bruno Stojic, représentant du
20 département de la défense, m'a demandé : "Mais qu'est-ce qui se passe là-
21 haut, chez vous ?"
22 Et je lui ai répondu que, pour autant que je le sache, les seuls
23 problèmes étaient ceux de la défense de Jajce et qu'en fait, il n'y avait
24 pas d'autres problèmes.
25 Il m'a ensuite demandé : "Mais qu'est-ce qu'il en est de
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1 Novi Travnik ?"
2 Je lui ai répondu que, selon les informations que j'avais reçues
3 la veille, la situation à Novi Travnik était normale.
4 Et, dans l'après-midi de cette même journée, j'ai quitté Mostar
5 pour me rendre à Grude, où je voulais rencontrer l'adjoint à la
6 logistique, de façon à discuter avec lui de l'acheminement des moyens
7 nécessaires pour assurer la défense de Jajce.
8 Après m'être entendu avec lui sur ce point, j'ai pris le chemin
9 de retour en passant par Kaonik, chemin de retour vers Kiseljak. A la
10 caserne de Kiseljak, j'ai attendu, j'ai demandé à l'officier de service de
11 me transmettre toute information qu'il serait susceptible de recevoir au
12 sujet des événements de Novi Travnik.
13 Il m'a dit qu'il y avait eu quelques incidents, mais que la
14 situation s'était calmée et qu'il n'y avait plus aucun problème à ce
15 moment-là. Et il a ajouté qu'il avait d'ailleurs appelé le colonel
16 Filipovic qui, à ce moment-là, était le commandant du groupe opérationnel
17 de Travnik, et que ce qu'il avait appris, c'était que la situation à
18 Novi Travnik était calmée.
19 Le 20 octobre, j'ai quitté Kiseljak, j'ai emprunté la route
20 principale ; je suis passé par Busovaca. Aux alentours de 8 heures, je
21 suis arrivé sur cette position, que je vous montre ici, qui est Kaonik.
22 Là, les représentants de la police civile m'ont dit que la route
23 était coupée et qu'il était impossible de poursuivre plus loin en
24 automobile car des membres de la Défense territoriale avaient érigé un
25 barrage routier.
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1 M. Nobilo (interprétation). - A quel endroit l'avaient-ils
2 érigé ?
3 M. Blaskic (interprétation). - D’après ce qu'ils m'ont dit, ce
4 barrage avait été érigé près du cimetière, au voisinage du village
5 d'Ahmici. C'est la position que je montre maintenant.
6 J'ai continué mon chemin en voiture avec mon chauffeur et mon
7 escorte, et donc je suis arrivé jusqu'à la barricade. Sur la route, j'ai
8 vu deux "hérissons". Il s'agit d'un barrage fait de barres de fer et j'ai
9 vu trois mines antichars. J'ai essayé de déplacer les mines, c'est-à-dire
10 "les hérissons", afin de pouvoir passer.
11 Lorsque je suis sorti du véhicule, j'ai entendu l'avertissement
12 qu'il fallait que je m'arrête. A une distance de 15 à 20 mètres devant
13 moi, j'ai vu des soldats en plein équipement de combat. Ils tournaient
14 leurs armes vers nous et l'un deux m'a averti en disant qu'il fallait que
15 je retourne.
16 J'ai essayé d'apprendre si le commandant était parmi eux. Je
17 leur ai demandé qui était leur commandant parce que j'avais l'intention de
18 parler avec le commandant, de discuter avec lui pour pouvoir continuer mon
19 chemin vers Vitez et Kruscica. Cependant, ils ne faisaient que répéter :
20 "il n'y a pas de commandant ici, retournez".
21 Et après, j'ai encore demandé qu'ils me mettent au contact, si
22 possible, avec Dzemo Merdan pour que je puisse parler avec lui. Etant
23 donné qu'ils ont continué à nous menacer, je suis retourné effectivement à
24 Busovaca. Et à l'arrêt d'autobus de Busovaca, c'est la police militaire
25 qui m'a transmis le message selon lequel il fallait que je me mette en
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1 contact par téléphone avec le commandement de la Forpronu à Kiseljak. Il
2 fallait donc que j'appelle de Busovaca.
3 Les membres du commandement de l'ONU de Kiseljak m'ont demandé
4 d'organiser une réunion entre le général de brigade Petkovic, le général
5 Razek et le général Morillon, à Kiseljak.
6 Avant d'avoir commencé à appeler le numéro du général Petkovic,
7 depuis Busovaca, j'ai d'abord appelé mon commandement à Kruscica,
8 souhaitant m'informer en ce qui
9 concerne les événements, étant donné que je n'ai pas pu passer ce barrage
10 routier.
11 A ce moment-là, quatre ou cinq membres du commandement m'ont dit
12 qu'ils étaient encerclés et qu'il leur était complètement impossible de
13 quitter le bâtiment du commandement étant donné que des soldats de la
14 Défense territoriale se trouvaient à une distance de 30 mètres de là. Il
15 s'agissait surtout des soldats de Kruscica qui avaient encerclé le
16 commandement.
17 Ils m'ont également informé.
18 M. Nobilo (interprétation). - Ce commandement, il s'agissait de
19 votre commandement, le commandement de la zone opérationnelle de la Bosnie
20 centrale ?
21 M. Blaskic (interprétation). – Oui, il s'agissait de l'état-
22 major régional, donc c'était mon commandement à moi. Ils m'ont également
23 informé qu'à Novi Travnik il y a eu des combats, mais qu'ils ne
24 disposaient pas de données précises en ce qui concerne les événements
25 concrets. Ils savaient que des combats se déroulaient entre le HVO et la
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1 Défense territoriale de Novi Travnik, et ils entendaient de fortes
2 détonations provoquées par l'artillerie lourde. En fait, on pouvait
3 entendre ces détonations même à Busovaca.
4 Par la suite, j'ai essayé de me mettre en contact avec le chef
5 de l'état-major concernant ces réunions, donc j'essayais de le faire de
6 Busovaca. Vers 14 heures, j'ai réussi à me mettre en contact avec le maire
7 de Vitez, le Président Ivica Santic, qui m'a informé qu'ils étaient à
8 Vitez et qu'à Vitez, ils se sont mis au contact avec les représentants des
9 Musulmans bosniens et qu'ils ont organisé une réunion dans le but de
10 trouver une solution pour toutes ces tensions. Il m'a dit également qu'à
11 la fois les représentants civils et militaires allaient assister à cette
12 réunion.
13 Je lui ai posé la question de savoir s'il disposait de données
14 concrètes en ce qui concerne les événements qui se sont déroulés à
15 Novi Travnik, et il m'a dit qu'il était conscient du fait que des combats
16 se déroulaient, qu'il savait également qu'il y a eu des victimes, mais
17 qu'il ne disposait pas de détails.
18 Le conflit a éclaté autour de ce barrage routier à Ahmici après
19 que l'on a arrêté l'équipe qui allait vers le front de Jajce et c'est la
20 police militaire qui a participé à l'action visant à lever le barrage d'un
21 côté et, d'autre part, il y avait la Défense territoriale.
22 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites la police
23 militaire, vous parlez du HVO ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Effectivement, du HVO. Dans
25 l'après-midi, vers 18 heures, le barrage routier a été levé.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Où vous trouviez-vous au moment où
2 les combats se déroulaient autour du barrage routier, à Ahmici, entre le
3 HVO, la police militaire du HVO et la Défense territoriale ?
4 M. Blaskic (interprétation). – Pendant presque tout ce temps-là,
5 j'étais au commandement de la police militaire de Busovaca, je faisais des
6 efforts afin de me mettre en contact avec le général Petkovic. J'ai fini
7 par avoir recours à mon officier de liaison pour que celui-ci essaie de se
8 mettre en contact et d'organiser la réunion,.
9 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous savez quels
10 étaient les résultats de cette action militaire autour du barrage
11 routier ? Combien de victimes ? Combien de morts y a-t-il eu ? Y a-t-il eu
12 des dégâts, des maisons endommagées ? Quelles étaient vos informations ?
13 M. Blaskic (interprétation). – Par la suite, j'ai reçu les
14 informations selon lesquelles un soldat du HVO est mort, de même qu'un
15 soldat membre de la Défense territoriale. C'était l'un des soldats qui se
16 trouvaient dans les tranchées. Je sais que certains bâtiments ont brûlé
17 des deux côtés, donc à la fois du côté croate et du côté musulman bosnien
18 ; je sais aussi qu'une commission a été créée, commission qui s'est rendue
19 sur place pour faire son constat. Il s'agissait d'une commission
20 municipale qui a procédé à la "sanation", au règlement de ces dégâts.
21 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce qu'elle a utilisé ses
22 propres moyens pour procéder à cette "sanation-là", à ce règlement-là ?
23 M. Blaskic (interprétation). – Oui. La commission de Vitez a
24 fait le constat des dégâts et a procédé au règlement de ces dégâts en
25 employant ses propres moyens. Les Musulmans et les Croates faisaient
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1 partie de la commission.
2 M. Nobilo (interprétation). – Avez-vous appris le nombre de
3 bâtiments qui ont été incendiés durant ces combats ?
4 M. Blaskic (interprétation). – Pour autant que je le sache, très
5 peu, peut-être trois à cinq bâtiments.
6 M. Nobilo (interprétation). - Que s’est-il passé par la suite ?
7 En effet, le 20 avril, le commandant Stojak a été tué, le commandant du
8 HVO. Donc il s'agissait du 20 octobre. Je me reprends. Est-ce que vous
9 pouvez nous décrire les circonstances dans lesquelles cela s’est produit ?
10 M. Blaskic (interprétation). - J'ai appris cela vers 8 heures du
11 soir. J'ai appris, durant l'après-midi, à la sortie de la ville de
12 Travnik, en allant vers la sortie de la ville de Travnik -c'est ici- que
13 l'armée de Bosnie-Herzégovine a érigé son propre barrage routier. Ce
14 barrage routier était contrôlé par des membres de l'armée de Bosnie-
15 Herzégovine, c'est-à-dire de la Défense territoriale. C'est là que le
16 commandant du HVO de la municipalité de Travnik, Ivica Stojak, a été tué
17 et son assistant, son collaborateur qui était avec lui dans le véhicule, a
18 été grièvement blessé.
19 Ceci a provoqué une grande montée de tension dans la ville même
20 de Travnik.
21 Plus tard, j'ai reçu l'information dans l’hôtel Vitez, où je me
22 suis renseigné auprès du commandant adjoint de l'état-major municipal de
23 Vitez, M. Cerkez, en ce qui concerne la situation. J'ai appris que la
24 route de Vitez vers Kruscica n'était toujours pas praticable à cause des
25 barrages routiers qui ont été érigés par les forces de la Défense
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1 territoriale de Kruscica.
2 J'ai également reçu l'information selon laquelle, à 23 heures,
3 une réunion allait se tenir, une réunion entre les commandants de l'état-
4 major de la Défense territoriale de Zenica, M. Dzemo Merdan. Et moi-même,
5 je devais assister à cette réunion aussi. La réunion devait être présidée
6 par le colonel Bob Stewart. Et puis aussi, je crois que le nom d'une autre
7 personne était Kunin ou Kumin. Son prénom était Andrej. Il était général
8 de brigade.
9 Dans l'après-midi, dans la soirée, vers 23 heures, cette réunion
10 a effectivement eu lieu et le sujet de la réunion était la cessation des
11 hostilités à Novi Travnik.
12 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous avez appris, lors
13 de cette réunion, quelle était la cause du conflit à Novi Travnik ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Oui. D'après les informations que
15 j'ai reçues, encore une fois, la cause du conflit était la compétence en
16 ce qui concerne la station à essence et le vieil hôtel.
17 M. Nobilo (interprétation). - Entre qui et qui ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Entre le HVO et la Défense
19 territoriale.
20 M. Nobilo (interprétation). - Dites-nous très brièvement, s'il
21 vous plaît, en ce qui concerne le meurtre de ce Stojak, donc de ce
22 commandant du HVO, de cette personne qui était très populaire, est-ce que
23 quelque chose a été fait ? Est-ce que l'enquête a été menée, est-ce que
24 l’on a trouvé le coupable et est-ce que cette personne a été sanctionnée ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Une commission conjointe a été
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1 créée suite à ce meurtre.
2 M. Nobilo (interprétation). - Entre qui et qui ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Entre le HVO et la Défense
4 territoriale. Cela s'est produit au niveau de la municipalité de
5 Novi Travnik et une enquête a été menée. Le résultat de l'enquête était
6 qu'un certain monsieur, surnommé Tara, qui était membre de l'armée de
7 Bosnie-Herzégovine a commis ce meurtre. La commission a terminé son
8 travail en concluant qu'à ce
9 moment-là, M. Tara n'était pas accessible. Donc qu'il n'était pas possible
10 de continuer à s'occuper de cette affaire. Et pour autant que je le sache,
11 il n'a jamais été arrêté ni traîné en justice.
12 M. Nobilo (interprétation). - Avant d'aborder un autre sujet, je
13 souhaite mentionner la chose suivante.
14 Le 23 octobre, vous avez assisté à la réunion au sein de la
15 présidence de la Bosnie-Herzégovine et vous avez reçu la décoration la
16 plus importante de la Bosnie-Herzégovine, à savoir le Lys d'or. Si cela
17 est vrai, est-ce que vous pouvez nous raconter dans quelles circonstances
18 cela s'est produit ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Oui. C'est vrai. Le 23 octobre,
20 je faisais partie d'une délégation du HVO qui a assisté à la première
21 réunion tripartite qui a eu lieu à l'aéroport de Sarajevo. La position de
22 la délégation du HVO était que, avant cette réunion entre les trois
23 parties, il fallait tenir une autre réunion dans le bâtiment de la
24 présidence de la Bosnie-Herzégovine entre les délégations du HVO et de
25 l'armée de Bosnie-Herzégovine afin d'harmoniser leurs positions et
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1 coordonner la suite.
2 Durant cette réunion-là, moi-même, le commandant de l'état-major
3 du HVO et encore deux officiers, nous avons reçu le Lys d'or. A l'époque,
4 il s'agissait de la décoration militaire la plus importante de l'armée de
5 Bosnie-Herzégovine.
6 M. Nobilo (interprétation). - Pour le moment, nous allons
7 laisser de côté la chronologie et nous parlerons de cela plus demain.
8 Mais maintenant, je souhaite avoir une impression générale des
9 activités criminelles. Nous avons entendu parler de certains incidents,
10 mais qu'est-ce que vous pouvez nous dire en général en ce qui concerne les
11 activités criminelles ? Est-ce que cela vous préoccupait ? Est-ce que vous
12 avez remarqué quelque chose de caractéristique par rapport à cela ?
13 Donc est-ce que vous pouvez dire aux Juges, très brièvement, en
14 quelques minutes, à quoi ressemblaient les activités criminelles en Bosnie
15 centrale en 1992 ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Déjà, si l'on tient compte de la
17 position géographique de cette région, et là, je parle de Kiseljak, Vitez,
18 Busovaca et Travnik, il faut tenir également compte des liens de
19 communication entre la Bosnie de l'Est et du Sud, de même que du flux des
20 réfugiés. Tout cela a influencé une montée des activités criminelles, ce
21 qui a déséquilibré l'ordre public.
22 Cependant, ma préoccupation principale concernait les lignes de
23 front et parfois, je passais plusieurs semaines, voire quelquefois
24 plusieurs mois, en préparant et organisant la défense et en gérant
25 également la défense de la ville de Jajce et d'autres régions.
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1 Les incidents, les activités criminelles concernaient surtout
2 les vols, les appropriations de propriétés. Il s'agissait d'une période où
3 les questions de propriété sont devenues assez floues. Donc on considérait
4 que cela était presque normal, presque éthique, de s'approprier la
5 propriété qui appartenait à certaines entreprises.
6 Ensuite, souvent, on s'appropriait du matériel des entrepôts de
7 l'ancienne JNA et on utilisait toutes sortes de prétextes, mais le
8 résultat était le même. Ensuite, très souvent, on revendait des armements
9 et le matériel militaire et ceci a provoqué plusieurs fois des disputes
10 entre les membres d'une même famille et, parfois, des tragédies au sein
11 des familles.
12 Ensuite, il y a eu la création de barrages routiers, des points
13 de contrôle. Cela était la première source de revenus de certains villages
14 se trouvant autour de la route principale en Bosnie centrale parce que
15 chaque village se donnait le droit d'ériger les points de contrôle, les
16 barrages routiers, et de se faire payer pour permettre le passage.
17 Ensuite, il y a eu aussi des cas où les gens étaient pillés, les
18 gens qui partaient par les routes. Ensuite, on pillait des maisons. Au
19 début, il s'agissait de maisons de personnes qui avaient quitté la région,
20 qui vivaient à l'étranger, et par la suite, ils ont commencé également à
21 piller d'autres maisons. Il s'agissait de pillages systématiques où tout
22 était pris, y compris les matériels de construction.
23 Une autre affaire extrêmement lucrative concernait l'évacuation
24 des habitants de Sarajevo.
25 Il était donc possible, contre une récompense appropriée, de
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1 rendre possible à des habitants de Sarajevo d'être évacués. Bien
2 évidemment, assez souvent, on importait aussi des articles très cotés à
3 l'époque. Donc, pour être tout à fait bref, ce que je peux dire, c'est que
4 les activités criminelles ont déséquilibré l'ordre public de même que les
5 valeurs de la société, les valeurs morales.
6 M. Nobilo (interprétation). - En 1992, vous nous avez décrit la
7 situation générale en Bosnie centrale. Est-ce que vous pouvez nous dire
8 maintenant à quoi ressemblaient les autorités civiles ? Quelles étaient
9 les compétences des autorités civiles ? Quelles étaient les situations où
10 les compétences entre les autorités civiles et vos propres compétences se
11 chevauchaient ? A quoi ressemblait cette situation-là dans la zone
12 opérationnelle de la Bosnie centrale en 1992 ?
13 M. Blaskic (interprétation). – En 1992, j'ai appris que l'état-
14 major régional existait afin de coordonner les activités des autorités
15 civiles, mais moi-même, je ne considérais pas que j'étais compétent pour
16 les autorités civiles. Et puis, je n'ai pas considéré non plus qu'eux
17 étaient compétents. Pour moi, je savais que mon supérieur, c'était le
18 commandant de l'état-major et c'est ainsi que je me positionnais. Les
19 autorités civiles, surtout au niveau de la municipalité, fonctionnaient de
20 manière autonome. Il est possible également de dire que cette autorité
21 représentait pratiquement un Etat au sein d'un autre Etat. Et mis à part
22 la coordination, il n'y avait aucun lien entre les deux autorités. Ces
23 deux instances de pouvoir essayaient de fonctionner de manière séparée.
24 M. Nobilo (interprétation). - En ce qui concerne les autorités
25 centrales de Sarajevo, est-ce qu'il y avait des cas où soit les Musulmans
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1 soit les Croates ressentaient directement, en Bosnie centrale, le
2 fonctionnement de cette autorité centrale de Sarajevo ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Non. Il suffisait de voir le
4 fonctionnement normal de tous les jours, par exemple, en ce qui concerne
5 la récolte des impôts ou bien les droits de douane.
6 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que quelqu'un récoltait les
7 impôts ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Cela se passait au niveau de la
9 municipalité, ce qui était un peu bizarre par rapport à la population.
10 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous voulez dire par
11 là ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Ce que je veux dire, c'est que,
13 par exemple, les membres du peuple croate payaient les impôts surtout vis-
14 à-vis des instances civiles, d'autorités civiles du HVO, alors que les
15 Musulmans, dans la même municipalité, payaient leurs impôts pour les
16 besoins des autorités musulmanes bosniennes.
17 M. Nobilo (interprétation). - A quoi ressemblait le système
18 juridique ?
19 M. Blaskic (interprétation). – En 1992, le système juridique
20 d'Etat ne fonctionnait pas normalement au niveau de la municipalité.
21 M. Nobilo (interprétation). - Et en ce qui concerne le niveau de
22 la municipalité, à quoi ressemblait le fonctionnement du système
23 juridique ? A ce niveau-là ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Il ne fonctionnait pas. En 1992,
25 les cours civiles ne travaillaient pas. Il y avait certains tribunaux
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1 militaires de district.
2 M. Nobilo (interprétation). - Et en ce qui concerne les
3 autorités civiles, est-ce qu'il y a eu des liens entre les autorités
4 civiles musulmanes et le gouvernement de Sarajevo ?
5 M. Blaskic (interprétation). – Moi, je ne suis pas conscient de
6 ce genre de communication.
7 M. Nobilo (interprétation). - En ce qui concerne le système de
8 paiement entre les sociétés et l'Etat, est-ce qu'il fonctionnait ? Si oui,
9 de quelle manière ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Il ne fonctionnait pas et il ne
11 pouvait pas fonctionner étant donné que l'unique devise qui était valable
12 était le deutschmark.
13 M. Nobilo (interprétation). - Et les télécommunications
14 fonctionnaient-elles ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Non.
16 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que les retraités
17 recevaient leur retraite ? Si oui, quel était le budget qui permettait
18 cela ?
19 M. Blaskic (interprétation). – Non, il ne s'agissait pas
20 vraiment de retraite. Parfois, les municipalités avaient leurs propres
21 fonds pour fournir de l'aide à ceux qui bénéficiaient de l'assistance
22 sociale. Mais c'était tout.
23 M. Nobilo (interprétation). - Mais les retraités qui dépendaient
24 de Sarajevo, est-ce qu'ils recevaient leur retraite ou non ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Non.
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1 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était la devise utilisée en
2 Bosnie-Herzégovine ?
3 M. Blaskic (interprétation). – La devise la plus communément
4 utilisée était le mark allemand qui était un moyen de paiement dans
5 l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine. Avec le mark allemand, on pouvait
6 vendre et acheter sur la totalité du territoire de la Bosnie-Herzégovine.
7 M. Nobilo (interprétation). – Mais quelle était la devise
8 proclamée par le gouvernement de Sarajevo comme devise valable ?
9 M. Blaskic (interprétation). – Pendant un certain temps, le
10 dinar yougoslave est resté en vigueur et il était disponible par divers
11 moyens. Par la suite, à partir de 1990, il y a eu des bons. C'est
12 seulement plus tard que l'on est passé au dinar de Bosnie-Herzégovine.
13 Mais le problème venait de l'impossibilité d'acheter parce qu'il
14 n'y avait pas d'objets à acheter.
15 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que la devise croate était
16 utilisée ?
17 M. Blaskic (interprétation). – Le Kuna croate était en
18 circulation également car il était logique de s'approvisionner auprès de
19 l'Etat qui avait le marché disponible le plus proche. Puis, le Kuna était
20 également utilisé comme moyen de paiement par la suite.
21 M. Nobilo (interprétation). - Quelle était l'armée qui était
22 officiellement l'armée légale en Bosnie-Herzégovine à cette époque-là ?
23 M. Blaskic (interprétation). – L'armée populaire yougoslave.
24 M. Nobilo (interprétation). - Mais c'était donc l'armée à
25 laquelle s'opposaient les deux populations, les deux groupes ethniques qui
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1 s'affrontaient ?
2 M. Blaskic (interprétation). – Oui.
3 M. Nobilo (interprétation). – Qu'en était-il de la police
4 civile ?
5 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, en Bosnie centrale, ce
6 que je sais, c'est que dans onze municipalités au moins, la police civile
7 a cessé de fonctionner. Mais des transmissions ont été maintenues avec des
8 centres régionaux, en tout cas sur le papier. Mais selon ce que m'a dit le
9 commandant du poste de police de Kiseljak, celui-ci a remis à ces hommes
10 leur dernier salaire au mois de…
11 M. le Président. – Normalement, nous allions jusqu'à
12 17 heures 30, mais puisque nous avons commencé à 14 heures 45, je vous
13 demande de continuer encore cinq ou six minutes. Puis, je voudrais quand
14 même que l'on règle le problème que je vous ai soulevé tout à l'heure
15 concernant les intérêts communs aux Chambres Aleksovski et Blaskic.
16 Poursuivez, s'il vous plaît.
17 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que je peux poursuivre
18 jusqu'à 17 heures 45 ou quelques minutes avant pour parler du problème
19 Aleksovski ?
20 M. le Président. - Vous continuez pendant 5 minutes, puis après
21 nous arrêterons et nous terminerons, pendant les cinq dernières minutes,
22 sur le problème que je vous ai posé pour ne pas retarder les interprètes.
23 M. Nobilo (interprétation). - Merci.
24 Le dernier salaire de la police civile a donc été versé en 1992.
25 Vous avez décrit la situation, un certain nombre des fonctions importantes
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1 de l'Etat fédéral ; vous avez dit qu'elles ne fonctionnaient pas et
2 j'aimerais que nous comblions un certain nombre de lacunes dans ce que
3 vous venez de dire.
4 Qui en fait réglementait la vie en Bosnie centrale ?
5 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien, c'était alors la
6 municipalité qui comble les vides. Elle reprend toutes les fonctions des
7 administrations qui ne fonctionnent plus et entreprend de se mettre au
8 service des administrés dans l'exercice de ses fonctions, en conservant
9 toutefois toutes les fonctions qui étaient les siennes par le passé. De
10 sorte que chacune des municipalités s'est mise à fonctionner comme un
11 petit Etat à elle seule.
12 M. Nobilo (interprétation). - Reprenons les fonctions : la
13 police, l'impôt, la défense des citoyens, l'école, qui réglementaient ces
14 diverses activités sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine ?
15 M. Blaskic (interprétation). – Eh bien toutes ces activités
16 étaient réglementées par les municipalités.
17 Les municipalités décidaient à quelle date commençait l'année
18 scolaire, à quelle date elle s'achevait, quels devaient être les effectifs
19 de la police, quels devaient être les effectifs de la police d'active et
20 sa composition, de quelle façon devaient être perçus les impôts, de quelle
21 façon étaient répartis les salaires, de quelle façon devait se faire
22 l'approvisionnement des citoyens.
23 C'est donc elles qui décidaient de toutes les activités
24 fondamentales pour les
25 citoyens. Pour les activités de défense également car c'était la
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1 municipalité qui était la principale base logistique d'un point de vue
2 militaire. C'est à ce niveau-là qu'étaient établis les plans, qu'étaient
3 prises les décisions de mobilisation, c'est-à-dire toute décision relevant
4 de la compétence d'un Etat normalement.
5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que les compétences de la
6 municipalité, du point de vue de la défense, chevauchaient d'une certaine
7 façon les compétences de la zone opérationnelle de Bosnie centrale que
8 vous dirigiez ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il y avait chevauchement.
10 Les municipalités avaient, dans les faits, un grand nombre des compétences
11 qui étaient celles du commandement de la zone opérationnelle ; en tout
12 cas, théoriquement, sur le papier. Mais ces compétences auraient dû être
13 reprises aux structures municipales dans la période à venir.
14 M. Nobilo (interprétation). - Au cours de l'année 1992... Bien
15 entendu, nous insistons sur l'année 1992, mais nous parlerons ensuite de
16 l'année 1993.
17 Est-ce que, dans le courant de 1992, vous avez tenté de
18 reprendre à votre compte un certain nombre de tâches que vous considériez
19 comme relevant de vous ? Et pouvez-vous en énumérer quelques-unes dont
20 vous pensiez qu'elles relevaient de votre compétence ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Bien entendu, s'agissant de
22 certaines activités, je me suis efforcé de reprendre les compétences qui
23 étaient les miennes, notamment lorsqu'il s'agissait de commandement. Je
24 vais vous donner un exemple : les états-majors municipaux prenaient des
25 décisions dans le domaine de l'engagement des recrues. Ils prenaient
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1 également des décisions qui consistaient à engager les unités dans telle
2 ou telle opération. Y compris au niveau des communautés locales, les
3 cellules de crise municipales prenaient des décisions portant sur
4 l'engagement des troupes, la nomination des commandants et le règlement
5 des compensations financières, la distribution de munitions et de moyens
6 logistiques également. Tout cela relevait de la compétence de la
7 municipalité parce que ce sont les municipalités qui
8 contrôlaient les équipements et les moyens nécessaires pour s'acquitter de
9 ces tâches.
10 S'agissant des opérations de combat et de l'appui logistique
11 également, c'étaient les municipalités qui avaient une structure, une
12 organisation particulière, qui s'occupaient donc des problèmes liés à la
13 mobilisation et à d'autres affaires du même type.
14 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, nous
15 pourrions peut-être nous arrêter là pour ce soir.
16 M. le Président. - Bien. Nous arrêtons là, nous reprenons demain
17 matin à 9 heures 45.
18 Très rapidement, Monsieur le Procureur, vous avez pu consulter ?
19 M. Harmon (interprétation). - Oui, Monsieur le Président,
20 Messieurs les Juges, en effet, nous n'avons aucune objection, bien
21 entendu, à ce que le juge Rodrigues participe à la prise de décision dont
22 fera l'objet la requête adressée par la Chambre Aleksovski à la
23 Chambre Blaskic.
24 Nous acceptons donc la participation du juge Rodrigues à cette
25 décision.
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1 M. le Président. - Bien. Maître Hayman ou Maître Nobilo ?
2 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, nous
3 acceptons que le juge Rodrigues agisse en tant que membre de la Chambre de
4 première instance sur cette question. Je ne suis d'ailleurs pas sûr que
5 vous ayez besoin de notre accord, car il ne fait aucun doute qu'il fait
6 partie de la Chambre de première instance.
7 Mais, en note en bas de page, nous aimerions ajouter que nous ne
8 savons pas à l'intention de quel témoin la Chambre Aleksovski a demandé de
9 mettre ce texte à disposition. Ou peut-être est-ce la Chambre d'appel qui
10 a pris cette décision ? Nous ne savons pas si c'est un témoin du procureur
11 ou de la défense.
12 M. le Président. - Le procureur le sait. En tout cas, je n'en
13 sais rien, le Juge Shahabuddeen non plus.
14 M. Rodrigues (interprétation). - La Chambre Aleksovski non plus.
15 M. le Président. - Ce sera dans le débat. Le problème ici était
16 de savoir comment nous allions composer la Chambre.
17 C'est maintenant que la Chambre est composée, grâce à votre
18 accord, que nous pouvons nous-mêmes savoir dans quelle mesure nous
19 modifions ou nous ne modifions pas les règles de protection des témoins.
20 Je vous rappelle néanmoins que, sur ce sujet d'ordre général,
21 vous connaissez quand même -et je crois qu'on peut le dire puisque la
22 décision était publique- déjà la tendance de la Chambre Blaskic à
23 renforcer plutôt, en tout cas, à ne pas diminuer la protection des témoins
24 dans le sens que les témoignages peuvent passer d'un dossier à un autre.
25 Cela étant, c'est avec plaisir et satisfaction que nous
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1 enregistrons le consentement des parties à ce que la Chambre soit donc
2 composée comme elle l'est maintenant de façon définitive avec le Juge
3 Rodrigues.
4 M. Hayman (interprétation) - Simplement, j'ajoutais une note en
5 bas de page, Monsieur le Président. Si le témoin était un témoin de la
6 défense ou un témoin protégé de la défense, nous n'accorderions pas notre
7 consentement sans autre consultation. Nous ne consentirions donc pas à ce
8 que cette information soit divulguée à l'autre partie. Mais nous ne savons
9 pas si le témoin est un témoin de la défense ou un témoin de l'accusation.
10 Peut-être pourrions-nous communiquer le pseudonyme, car s'il
11 s'agit d'un pseudonyme utilisé dans notre procès, nous pourrions découvrir
12 l'identité de cette personne et nous déterminer de façon plus claire, car
13 nous agissons dans le noir.
14 M. le Président. - Je vous remercie, maître Hayman, mais vous
15 traitez déjà un peu le fond de la requête. Pour le moment, il s'agissait
16 de savoir qui allait décider, si nous décidions à deux juges ou à trois
17 juges. Je ne sais pas si Me Harmon veut ajouter quelque chose ?
18 M. Harmon (interprétation). - Je peux dire à mon collègue qu'il
19 s'agit d'un témoin
20 de l'accusation. Mais je ne dirai pas de qui il s'agit et je
21 n'identifierai pas ce témoin.
22 M. Hayman (interprétation) - Cela élimine sans doute nos
23 inquiétudes potentielles et il peut se produire des cas où lorsqu’il
24 s'agit d'un témoin de l'accusation que la défense ait un intérêt tout à
25 fait extrême à ce que certaines parties du document, certaines parties du
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1 compte rendu, soient conservées sous scellés, mais je ne sais pas ce qu'il
2 en est exactement à l'heure actuelle. Nous donnons en tout cas notre
3 consentement à la question posée merci.
4 M. le Président. - Bien. C'est avec satisfaction que
5 M. Shahabuddeen et moi acceptons le juge Rodrigues dans cette délicate
6 affaire. Merci beaucoup.
7 L'audience est levée, elle reprend demain matin à 9 heures 45.
8 L'audience est levée à 17 heures 45.
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