Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mardi 9 mars 1999

4 L'audience est ouverte à 10 heures 10.

5 M. le Président. – Monsieur le Greffier, vous demandez à notre

6 témoin d'entrer dans la salle.

7 (Le témoin est introduit dans le prétoire).

8 M. le Président. - Je salue les interprètes, je leur demande si

9 elles vont bien. Je vous en remercie. Je salue les Conseils de

10 l'accusation, les Conseils de la défense. Je salue notre témoin qui est

11 l'accusé, je le dis à l'intention de la galerie du public.

12 Nous sommes toujours dans le témoignage de l'accusé qui a tout à

13 fait le droit de comparaître à la demande de la défense comme témoin. Il

14 est en cette qualité depuis déjà près de deux ou trois semaines. Nous

15 sommes dans l'interrogatoire principal assuré par ses défenseurs, en

16 l'occurrence Me Nobilo.

17 Maître Nobilo, c'est à vous.

18 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

19 vous rappelle que lorsque le témoin a parlé de la journée du 16 avril 1993

20 sur cette maquette de la vallée de la Lasva, il a utilisé ces petits

21 éléments rouges pour indiquer où se trouvaient les lieux des combats.

22 Nous avons obtenu une version imprimée de cette maquette et des

23 insignes figurant sur la maquette et nous demanderons que des photocopies

24 soient faites, en couleur si possible.

25 Maintenant je demande au témoin : est-il exact que sur ces

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1 photographies, les

2 éléments sur la maquette représentent les lieux des combats le

3 16 avril 1993 entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, à l'exception

4 du site de Gacice où les combats ont commencé trois jours plus tard ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

6 M. Nobilo (interprétation). - Nous demandons le versement de

7 cette pièce au dossier.

8 M. Dubuisson. - Pour le compte rendu, ce document portera la

9 cote D544.

10 M. Nobilo (interprétation). - Eh bien, poursuivons à présent en

11 parlant des événements survenus le deuxième jour de la guerre dans la

12 vallée de la Lasva. Nous nous sommes interrompus hier alors que nous avons

13 atteint l'horaire de 13 heures 48 je crois.

14 M. Kehoe (interprétation). – 13 heures 40.

15 M. Nobilo (interprétation). – Très bien.

16 M. le Président. - Vous voyez que vous êtes suivi

17 Maître Nobilo !

18 M. Kehoe (interprétation). - A la trace !

19 M. Nobilo (interprétation). - Cela signifie que toutes ces

20 minutes vous intéressent, cela me fait grand plaisir.

21 M. Kehoe (interprétation). - Nous ne pouvons décoller !

22 M. Nobilo (interprétation). - Bien, nous nous sommes interrompus

23 à 13 heures 40.

24 Général, je vous demanderai de nous dire ce qui s'est passé par

25 la suite.

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1 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, Messieurs

2 les Juges, à 13 heures 45, j'ai appelé le bataillon d'artillerie combiné

3 pour donner l'ordre de préparer les tirs et j'ai demandé au commandant de

4 m'informer du moment où il serait prêt à effectuer ces tirs.

5 A 13 heures 47, j'ai eu une conversation avec le commandant

6 Cerkez qui m'a informé de la situation et à qui j'ai demandé de me tenir

7 compte et de protéger les soldats. Je lui ai dit : "Protèges les hommes".

8 A 13 heures 49, Darko Kraljevic a appelé. Il a demandé que lui

9 soient envoyées de nouvelles munitions de 20 millimètres de calibre. C'est

10 Vid Jazbinski qui lui a répondu qu'il n'y avait pas de munitions de 20 mm

11 disponibles.

12 A 13 heures 52, le commandant Holman m'a appelé de Zenica pour

13 m'informer de la situation à Zenica. Quant à moi, je lui ai dit : "Vous

14 avez reçu un ordre, des hommes sont nécessaires là-haut et en ce moment

15 une aide est nécessaire là-haut".

16 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce que

17 signifie l'expression "là-haut" dans ce contexte ?

18 M. Blaskic (interprétation). - "Là-haut" faisait référence à

19 l'ensemble du site, c'est-à-dire du mont Kuber. Je lui ai dit qu'il

20 fallait fournir de l'aide à Kuber et défendre les positions du mont Kuber.

21 A 13 heures 55, le commandant du bataillon m'a appelé pour

22 m'informer du fait que les tirs, la préparation aux tirs contre la cible

23 n° 1 était faite. Je lui ai demandé d'attendre un peu, car je lui ai dit

24 qu'il était possible que l'ennemi renonce.

25 A 14 heures 04, j'ai été informé du fait que les chars de

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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine opéraient dans Vitez. J'ai été informé un

2 peu plus tard que ces mêmes chars opéraient également dans Busovaca.

3 A 14 heures 12, j'ai une nouvelle fois donné l'ordre au

4 commandant du bataillon d'artillerie de se préparer aux tirs, mais cette

5 fois-ci y compris contre la cible n° 2, et donc d'attendre.

6 A 14 heures 25, le chef du service de renseignements militaires

7 nous a transmis une information selon laquelle le commandant de l'armée de

8 Bosnie-Herzégovine mentionnait souvent Mahala et Kratina. Il nous a dit

9 que devant Krizanceve Kuce, l'un des commandants avait été blessé à son

10 poste de commandement et que, avant la tombée de la nuit, l'armée de

11 Bosnie-Herzégovine s'est donné pour but d'atteindre Krizancevo Selo.

12 M. Nobilo (interprétation). - Krizancevo Selo était aux mains du

13 HVO ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'était un village peuplé de

15 Croates et aux mains des Croates.

16 Une autre information reçue par lui nous apprenait que des

17 renforts importants arrivaient en provenance d'Opara, de Kakanj et Zenica

18 pour aider l'armée de Bosnie-Herzégovine.

19 A 14 heures 30, nous avons reçu une information de la brigade de

20 Kiseljak, sous le numéro de référence 01-815-2/93.

21 A 14 heures 32, le commandant du bataillon d'artillerie a appelé

22 pour m'informer qu'il était prêt à frapper également la cible n° 2. Je lui

23 ai donné l'ordre d'attente.

24 A 14 heures 35, Mario Cerkez a appelé par téléphone pour nous

25 informer de la situation dans la zone dont il avait la responsabilité.

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1 A 14 heures 44, j'ai appelé l'hôpital de Nova Bila et discuté

2 avec un officier, l'officier blessé, Zoran Pilicic.

3 Zoran m'a informé du fait que Marko Prskalo devait rester à

4 l'hôpital car ses blessures étaient graves, mais lui, souhaitait, grâce

5 aux véhicules des Nations Unies, rentrer à Vitez passer sa convalescence à

6 l'hôtel Vitez avec nous.

7 M. Nobilo (interprétation). - Pelicic et Prskalo, rappelons-le,

8 étaient vos officiers blessés par l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agissait des officiers

10 blessés par des tireurs embusqués de l'armée de Bosnie-Herzégovine, par

11 des tirs provenant de Stari Vitez lorsqu'ils revenaient des négociations.

12 A 15 heures, Piricic m'a appelé, une nouvelle fois, pour m'annoncer que

13 Mile Vinac, officier membre du commandement de la zone opérationnelle de

14 Bosnie centrale se trouvait également à l'hôpital de Nova Bila.

15 Et que Mile Vinac...

16 M. Nobilo (interprétation). - Dans le compte rendu, il

17 conviendrait que le nom soit Mile Vinac.

18 M. Blaskic (interprétation). - Donc, Zoran Piricic m'a informé

19 du fait que Mile Vinac avait été blessé la veille, c'est-à-dire le

20 16 avril 1993, aux alentours de 23 heures zéro minute, à la jambe gauche.

21 La plaie était ouverte.

22 M. Nobilo (interprétation). - Ce Mile Vinac, était-il celui qui

23 vous a appelé de chez lui, à Donja Vicesca et qui vous a dit adieu, des

24 sanglots dans la voix, car il ne vous reverrait pas ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est le même homme. C'est

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1 celui, qui, au cours de notre conversation m'a dit que nous ne nous

2 reverrions pas et qu'il était tout à fait désolé pour sa famille.

3 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez mentionné à plusieurs

4 reprises des officiers membres du commandement qui vous appelaient de

5 différents endroits pour dire qu'ils ne pouvaient pas venir prendre leur

6 service, y compris votre dactylographe. Dites aux Juges, au cours de ces

7 journées de guerre du 16 et 17, de combien d'officiers disposiez-vous à

8 votre quartier général ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Au quartier général, j'avais sept

10 officiers à ma disposition, y compris Zoran Piricic et Marko Prskalo...

11 M. Nobilo (interprétation). - ...qui ont été blessés, n'est-ce

12 pas ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui, qui ont été blessés le 17,

14 lorsqu'ils rentraient des négociations.

15 A 15 heures 16, M. Ivo Rezo, chef de la police civile de la

16 communauté croate de Herceg-Bosna a appelé de Travnik. Il s'intéressait à

17 toutes les informations concernant le déroulement des événements à Vitez

18 et à Busovaca. Quant à lui, il m'a informé de la situation à Travnik.

19 A 15 heures 20, nous avons reçu un rapport de la

20 Brigade Jure Francetic, numéro 592/93, de Zenica dont la teneur nous

21 annonçait que les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient

22 mobilisé toutes leurs unités et que donc l'ensemble des unités de l'armée

23 de Bosnie-Herzégovine était engagé dans l'action. Ce rapport nous

24 annonçait aussi que des chars sortaient de la caserne de Zenica pour

25 parcourir les rues de la ville. L'un de ces chars avait été dirigé en

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1 provenance de Zenica par la vieille route, en passant par Drivusa et

2 Janjaci vers sa destination.

3 A 15 heures 30, nous avons envoyé un rapport à l'état-major

4 principal de Mostar sous le n° 315/93 en date du 17 avril 1993.

5 A 15 heures 32, j'ai demandé un contact téléphonique avec

6 l'état-major principal, mais l'homme de service m'a informé que les

7 communications étaient momentanément interrompues, qu'il était impossible

8 de rentrer en relation avec la personne que je cherchais à joindre.

9 A 15 heures 37, le chef du service de renseignements militaires

10 a transmis une information provenant de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui

11 l'avait enregistrée et qui stipulait ce qui suit, je cite : "Visez le haut

12 du village, les maisons blanches, mais faites attention car en principe il

13 y a des hommes à nous".

14 M. Nobilo (interprétation). - C'était un message de l'armée de

15 Bosnie-Herzégovine à ses unités, n'est-ce pas ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est exact. C'était un

17 message envoyé par l'armée de Bosnie-Herzégovine à ses unités.

18 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez expliquer ce que

19 signifiait le terme "Princip" dans les rangs du HVO dans la vallée de la

20 Lasva.

21 M. Blaskic (interprétation). - "Princip" est une abréviation

22 pour mentionner l'usine d'explosifs. Dans le passé, cette usine s'appelait

23 Slobodan Princip Selo, mais le terme courant, le terme utilisé

24 quotidiennement dans la vallée de la Lasva était "Princip" ou même

25 "SPS"...

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1 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, veuillez

2 poursuivre.

3 M. Blaskic (interprétation). - A 15 heures 40, j'ai demandé au

4 commandant du bataillon d'artillerie d'ouvrir le feu sur la cible 915 et

5 de rendre compte.

6 A 15 heures 43, j'ai reçu un appel de l'état-major principal du

7 HVO à Mostar et j'ai transmis à l'état-major principal les rapports

8 suivants. J'ai dit que nous avions envoyé des représentants du

9 commandement de la zone opérationnelle à des pourparlers avec les

10 représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la base des Nations

11 Unies de Nova Bila et que les deux négociateurs sur le chemin du retour

12 avaient été frappés par des tireurs embusqués tirant à partir de

13 Stari Vitez et appartenant à l'armée de Bosnie-Herzégovine. J'ai annoncé

14 qu'il s'agissait de Marko Prskalo et de Zoran Pilicic.

15 J'ai également annoncé que nous avions soumis à la Forpronu des

16 documents relatifs à un cessez-le-feu, que cela avait été fait

17 publiquement et que nous l'avions fait sur la base des négociations qui

18 avaient abouti à des accords, mais que l'armée de Bosnie-Herzégovine

19 amenait des forces fraîches provenant de Visoko.

20 J'ai également informé l'état-major principal que la situation

21 était très difficile, tout à fait critique à Zenica, notamment à Gornja

22 Zenica, c'est-à-dire Zenica-le-Haut, et que l'armée de Bosnie-Herzégovine

23 avait fait sortir ses chars dans les rues de la ville mais que l'un de ces

24 chars avait été dirigé sur Drivusa et Janjici. J'ai ajouté que nous

25 pensions toujours pouvoir résister, mais que nous subissions des pertes

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1 importantes.

2 A 15 heures 50, le chef du service de renseignements militaires

3 a appelé pour nous informer du fait que l'armée de Bosnie-Herzégovine

4 s'apprêtait à tirer sur le cimetière en périphérie du village de Safradin,

5 tout prêt de la maison de Marko Safradin.

6 A 15 heures 55, Zlavko Marin a appelé le commandant Ivo Lozancic

7 à Zepce, mais c'est Bozo Tomic, son suppléant, qui est venu au téléphone.

8 Nous avons échangé des informations.

9 Nous leur avons appris que les chars étaient dans les rues de

10 Zenica, et nous leur avons demandé d'être prêts à mettre en oeuvre les

11 dispositions de l'ordre relatif à une fausse attaque.

12 A 16 heures, j'ai parlé avec M. Vinko Baresic, le commandant

13 adjoint du HVO de Zenica, à qui j'ai dit de ne pas avoir peur des chars.

14 Je lui ai également dit que si les chars commençaient à opérer, nous

15 allions riposter.

16 A 16 heures 03, nous avons envoyé une information à la mission

17 de contrôle international de Zenica et à la Forpronu de Nova Bila sous le

18 numéro de référence 01-4-316/93 du 17 avril 1993. 15 heures 40, je ne me

19 rappelle pas du contenu de ce message d'information.

20 A 16 heures 14, j'ai appelé le commandant du bataillon

21 d'artillerie à qui j'ai demandé de commencer à tirer sur la cible 914.

22 A 16 heures 20, j'ai appelé le cardinal Vinko Puljic à Sarajevo,

23 pour le remercier de l'appel au rétablissement de la paix émanant de lui

24 et l'informer du fait que nous avions signé des documents destinés à faire

25 cesser les opérations de combats, mais qu'il était manifeste que l'armée

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1 de Bosnie-Herzégovine ne respectait pas l'accord prévoyant un cessez-le-

2 feu. Je l'ai informé également du fait que j'avais envoyé plusieurs

3 messages visant à faire cesser les combats, mais que nous n'avions pas

4 reçu, ne serait-ce qu'un seul message de l'armée de Bosnie-Herzégovine

5 destiné à obtenir l'interruption de ces opérations de combats.

6 Je l'ai informé également que la situation à Zenica était

7 critique, que les chars étaient dans les rues de la ville, et que deux de

8 nos officiers de la zone opérationnelle, Marko Prskalo et Zoran Pilicic

9 qui avaient participé à des négociations sur les cessez-le-feu et

10 rentraient de ces pourparlers, rentraient de la base des Nations Unies,

11 avaient été blessés.

12 J'ai prié le cardinal d'appeler M. Alija Izetbegovic et de

13 demander à M. Alija Izetbegovic une intervention personnelle de sa part à

14 Zenica, c'est-à-dire que le cardinal demande à M. Alija Izetbegovic

15 d'ordonner au 3ème Corps l'intervention des combats.

16 Le cardinal Vinko Puljic m'a dit qu'il avait déjà parlé de cela

17 avec Alija Izetbegovic et que celui-ci affirmait que, selon les rapports

18 reçus par lui, c'était le HVO qui n'aurait pas respecté les accords

19 relatifs au cessez-le-feu. J'ai demandé une nouvelle fois au cardinal

20 Vinko Puljic d'appeler Alija Izetbegovic une deuxième fois pour lui

21 demander d'envoyer un message écrit au 3ème Corps d'armée de Bosnie-

22 Herzégovine, afin d'aller dans le sens d'un cessez-le-feu, d'une

23 interruption des combats.

24 A 16 heures 32, Zlavko Marin a parlé avec Dzemo Merdan.

25 M. Nobilo (interprétation). – Dzemo Merdan était l'adjoint du

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1 commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Et Merdan a dit à

3 Zlavko Marin qu'il n'avait rien reçu de Sarajevo.

4 M. Nobilo (interprétation). - Que pensiez-vous qu'il aurait dû

5 recevoir de Sarajevo ? Que voulez-vous dire ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Nous pensions qu'il aurait dû

7 recevoir de Sarajevo un quelconque document portant sur une cessation des

8 opérations de combats, sur un arrêt du conflit, ou qu'il aurait dû

9 recevoir peut-être un appel téléphonique.

10 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.

11 M. Blaskic (interprétation). - A 16 heures 35, j'ai parlé avec

12 M. Dario Kordic que j'ai informé de la situation du moment, ainsi que de

13 la conversation que j'avais eue avec le cardinal Vinko Puljic.

14 Ignjac Kostroman m'a appelé à 16 heures 40 pour m'informer du

15 fait que Zifko Totic, le commandant de la brigade de Zenica, du HVO, qui

16 avait été enlevé, avait subi une blessure importante à la tête.

17 A 16 heures 40 également, les commandants de Novi Setter et de

18 Usora ont appelé pour annoncer ce qui suit, je cite : "Tout est sous

19 contrôle, tout se déroule bien".

20 J'ai dit : "Bon, attendez, parce que nous attendons un rapport

21 relatif au cessez-le-feu de l'armée de Bosnie-Herzégovine".

22 Ce dont il a été question jusqu'à présent, c'était la fausse

23 attaque menée en direction de Zenica avec la participation de Usora, Zepce

24 et un troisième site ; l'objectif étant de diminuer la pression sur Vitez

25 et Busovaca.

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1 A 16 heures 52, j'ai eu une conversation avec le commandant de

2 la brigade de Vitez. Je lui ai demandé de m'informer de la situation. Je

3 lui ai dit de faire ce qu'il fallait pour se maintenir de façon ferme.

4 Je lui ai dit : "Continuez votre travail et assurez vos

5 positions".

6 A 16 heures 55, le chef du service de renseignements militaires

7 nous a soumis un rapport selon lequel l'armée de Bosnie-Herzégovine avait

8 découvert des pièces d'artillerie à Hum et qu'elle procédait à des

9 réglages de tirs dans le but de détruire les armes et les unités.

10 M. Nobilo (interprétation). - Ces pièces d'artillerie étaient

11 des pièces d'artillerie du HVO, n'est-ce pas ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

13 A 17 heures, nous avons envoyé un avertissement au bataillon

14 d'artillerie relatif aux tirs sur les positions de Hum.

15 M. Nobilo (interprétation). - Vous voulez dire que vous lui avez

16 envoyé un message d'information, le message du service de renseignements

17 militaires ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Oui, oui, le message du service

19 de renseignements militaires.

20 A 17 heures 02, compte tenu du fait que les officiers qui

21 avaient participé aux pourparlers, aux négociations, avaient été blessés,

22 une protestation a été envoyée, adressée et remise en mains propres à

23 Enver Hadzihasnovic, commandant du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine

24 et qui portait le numéro de référence 08-54-317/93, étant datée du

25 17 avril 1993 et rédigée à 16 heures 45.

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1 A 17 heures 07, j'ai parlé avec le commandant adjoint de la

2 brigade du HVO de Zenica, à qui j'ai demandé des informations sur la

3 situation à Zenica. Quant à lui, il m'a dit que la situation était tendue

4 et identique à ce qu'elle était au moment du rapport précédent.

5 A 17 heures 20, le commandant de la brigade de Vitez,

6 Mario Cerkez, m'a appelé et je lui ai demandé de tenter d'effectuer une

7 jonction entre ses forces à lui et celles de la brigade de

8 Nikola Subic Zrinski de Busovaca.

9 Je lui ai demandé également de voir si nous, qui étions au

10 commandement, nous pouvions leur apporter une aide quelconque. Il

11 s'agissait d'effectuer la jonction entre les forces qui se trouvaient au

12 sud de Kuber, c'est-à-dire qui couvraient une partie de Gradina, Jelinak,

13 Kratine.

14 A 17 heures 25, j'ai appelé le commandant de la brigade

15 Nikola Subic Zrinski à qui j'ai demandé également de tenter cette jonction

16 avec les forces de la brigade de Vitez sur les positions de Kratine et des

17 pentes méridionales du mont Kuber.

18 A 17 heures 27, Mario Cerkez a rappelé pour informer le

19 commandement du fait que les renforts les plus importants dont bénéficiait

20 l'armée de Bosnie-Herzégovine lui arrivaient en provenance de Kuber et de

21 Saracevica.

22 A 17 heures 31, j'ai appelé le commandant du bataillon

23 d'artillerie à qui j'ai demandé de se préparer à tirer sur les cibles de

24 Saracevica 2.

25 A 17 heures 38, j'ai été informé de la part du commandement du

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1 bataillon d'artillerie que les préparatifs étaient effectués et j'ai donné

2 l'ordre pour ouvrir le feu.

3 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire un peu ce

4 que Saracevica représente, s'il vous plaît ?

5 M. Blaskic (interprétation). - C'est un plateau, tout au sommet

6 de la montagne de Kuber. C'est une côte, un espace dégagé au niveau du

7 sommet de cette montagne.

8 M. Nobilo (interprétation). - Encore un point pour éclaircir ces

9 choses. En ce qui concerne la première journée de la guerre, vous avez dit

10 vous vous êtes réveillé vers 6 heures du matin. Nous avons vu également

11 que de manière continue vous avez opéré jusqu'à 4 heures après minuit,

12 donc jusqu'au petit matin. Ensuite, il y a eu une pause de deux heures et

13 déjà à 6 heures, le 17 avril, vous opérez. Est-ce que, pendant cette

14 journée, vous avez pu dormir ou éventuellement vous avez travaillé sans

15 dormir ?

16 M. Blaskic (interprétation). - A partir du moment où je me suis

17 rendu dans la cave, je ne suis plus sorti de cette cave. J'ai sans doute

18 somnolé un peu sur la table. Je n'étais probablement pas réveillé

19 24 heures sur 24, mais je ne suis pas allé dormir.

20 M. Nobilo (interprétation). - Quand êtes-vous parti vous coucher

21 la première fois ? Est-ce que vous pouvez nous le dire ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Je ne suis pas sûr, mais je pense

23 que c'était le 19 avril, à 2 heures dans la nuit.

24 M. Nobilo (interprétation). - Dans la nuit ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Oui, mais de toute façon personne

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1 sur les sept officiers qui étaient avec moi n'allait dormir. Tous

2 restaient sur leur chaise ou s'endormaient un peu à table.

3 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

4 poursuivre.

5 M. Blaskic (interprétation). - A 17 heures 43, j'ai été appelé

6 par le commandant du bataillon d'artillerie. Il m'avait informé que le feu

7 avait été ouvert comme je l'avais ordonné.

8 A 17 heures 44, j'ai parlé de nouveau avec le commandant du

9 bataillon d'artillerie, je lui ai demandé de tirer sur la même cible, de

10 tirer une nouvelle fois.

11 A 17 heures 47, j'ai eu un entretien avec le commandant de la

12 zone opérationnelle nord-ouest d'Herzégovine, M. Siljeg, et je lui ai

13 demandé d'appeler le principal.

14 M. Nobilo (interprétation). - Qui est le principal ?

15 M. Blaskic (interprétation). - C'est le chef de l'état-major

16 principal et de lui transmettre mon message : que nous avions besoin de

17 vivres et de tout ce qui est matériel technique.

18 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, je ne sais

19 pas si vous êtes d'accord, mais nous pourrions peut-être suspendre la

20 séance maintenant, faire une pause maintenant, ou vous pensez que nous

21 pouvons continuer jusqu'à 11 heures.

22 M. le Président. - Merci, Maître Nobilo. Nous avons commencé un

23 peu en retard, vers 10 heures 10, 10 heures 15, donc nous pouvons

24 poursuivre dix à quinze minutes.

25 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, continuez.

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1 M. Blaskic (interprétation). - J'ai informé Siljeg également que

2 les chars se trouvaient dans les rues de Zenica.

3 A 17 heures 50, nous avons eu une information de Zenica sur

4 l'attaque terroriste n° 276-8-1/93 du 17 avril 1993 à 17 heures.

5 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous savez de quelle

6 attaque terroriste il s'agissait ? Qui l'avait entreprise contre qui ?

7 Est-ce que vous en avez gardé le souvenir ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Dans mes notes, j'ai que

9 l'attaque terroriste a été effectuée contre les Croates à Zenica, que

10 c'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui l'avait effectuée. Mais je ne sais

11 pas les détails, je n'ai pas conservé les détails dans ma mémoire.

12 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

13 poursuivre.

14 M. Blaskic (interprétation). - A 17 heures 55, c'est

15 Marija Topic de l'hôpital de Nova Bila qui m'avait appelé et elle a

16 demandé une fois de plus qu'on appelle le commandant de la Forpronu et

17 ceci en vue d'envoyer les véhicules pour transporter Zoran Pilicic de

18 l'hôpital Nova Bila à l'hôtel Vitez.

19 A 18 heures 02, le commandant du bataillon d'artillerie m'avait

20 informé qu'il avait effectué les tirs contre la cible déterminée.

21 A 18 heures, j'ai appelé le commandement Dzambas pour lui

22 demander d'appeler personnellement la Forpronu -il était 18 heures 22- et

23 de demander que la Forpronu transporte Zoran Pilicic qui a été blessé de

24 l'hôpital jusqu'à l'hôtel.

25 A 18 heures 25, j'ai reçu l'appel de l'ONU, je ne suis pas sûr,

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1 et je ne sais pas si j'ai parlé avec le colonel Stewart ou avec quelqu'un

2 de ses officiers, mais cet officier m'a dit, lors de cette conversation,

3 qu'il était au courant et qu'il savait que Marko Prskalo avait été blessé

4 ainsi que Zoran Pilicic et qu'il regrette pour cet événement qui s'est

5 produit.

6 En ce qui me concerne, j'avais informé l'officier de l'ONU et je

7 lui avais dit que, outre les deux officiers que j'avais perdus, j'avais

8 également perdu vingt autres commandants et que je ne sais pas dans quel

9 état était le commandant de la brigade de Zenica, Zivko Totic et que je ne

10 sais pas non plus dans quel état se trouvaient les quatre officiers du

11 commandement de la brigade Stjepan Tomasevic de Novi Travnik.

12 J'ai appris ce que j'ai dit à l'officier de l'ONU que la

13 Forpronu ne souhaitait pas transporter les soldats blessés du HVO. Au

14 cours de cette journée, elle n'avait pas transporté les trois blessés

15 graves du dispensaire de Vitez qui auraient dû être transportés à

16 l'hôpital de Nova Bila.

17 J'ai dit également que je prie la Forpronu de nous visiter à

18 l'hôpital de Nova Bila et que j'étais troublé par un nombre aussi grand de

19 personnes qui ont été blessées.

20 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez parlé de vingt officiers

21 commandants. Est-ce que c'était pendant ces deux jours ou bien même la

22 veille ?

23 M. Blaskic (interprétation). - C'était à la veille du conflit et

24 ces deux jours également. J'ai demandé la compréhension de leur part et

25 j'ai surtout accentué, pour ce qui concerne la coopération avec la

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1 Forpronu, que nous allons bien évidemment garder cet esprit de

2 coopération. J'ai dit également que j'avais des informations. J'ai obtenu

3 les informations selon lesquelles il y avait le feu qui avait été ouvert,

4 des transporteurs blindés de la Forpronu et que ceci devrait être enquêté

5 à un moment donné et que moi j'étais au courant que le commandement de la

6 Forpronu n'était pas derrière de telles opérations.

7 Je pense bien évidemment au fait qu'il y avait le feu qui avait

8 été ouvert. J'ai dit également que je me réjouirais s'ils pouvaient aider

9 les trois blessés graves dans le dispensaire de Vitez et si,

10 éventuellement, ils acceptaient de les transporter à l'hôpital de

11 Nova Bila.

12 J'ai demandé également que la Forpronu rende visite à Zenica où

13 l'on opérait avec des chars contre le HVO et j'ai tout simplement mis

14 l'accent sur le fait que les villages de Gornja Zenica, Zenica-le-Haut...

15 Je pensais à Kozarac, à Stranjane, à Zmajevac et autres villages

16 également.

17 J'ai demandé que s'ils avaient des informations, de me les

18 transmettre, si le commandant de la brigade de Zenica était vivant ainsi

19 que les quatre officiers de la brigade de Stjepan Tomasevic de m'informer,

20 sur l'état de ces personnes car ceci pourrait réduire la tension dans

21 cette zone.

22 Ils m'ont promis qu'ils allaient se rendre pour transporter les

23 trois blessés graves et qu'ils allaient aussi transporter l'officier

24 blessé, Zoran Pilicic de l'hôpital jusqu'à l'hôtel Vitez.

25 A 18 heures 29, le commandant du bataillon d'artillerie a appelé

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1 Zlavko Marin. Il était intéressé de savoir si Kuber était tombé.

2 Zlavko Marin lui a dit qu'il ne pouvait pas encore le confirmer.

3 M. Nobilo (interprétation). - D'après les informations que vous

4 avez eues ultérieurement, est-ce que vous avez appris à quel moment Kuber

5 était tombé ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Tout le plateau de Kuber, d'après

7 ce que j'ai appris ultérieurement, était tombé à 8 heures 30, le 16 avril.

8 M. Nobilo (interprétation). - Nous parlons maintenant du

9 17 avril et nous parlons de 18 heures 29. Est-ce que ceci veut dire que

10 pendant les deux jours, le commandement n'était pas au courant que la

11 côte, la plus importante du point de vue stratégique, était sous le

12 contrôle de Bosnie-Herzégovine ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

14 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

15 poursuivre.

16 M. Blaskic (interprétation). - A 18 heures 34, le chef du

17 service de renseignements militaires m'a informé que Kuber était tombé et

18 qu'il était absolument indispensable de fournir l'assistance au HVO sur

19 cette côte, sur cette position.

20 A 18 heures 47, j'ai appelé le commandant de la brigade de

21 Nikola Subic Zrinski de Busovaca, et j'ai demandé les informations exactes

22 sur les positions qu'il contrôlait sur le plateau de la montagne Kuber. Je

23 lui ai dit également qu'il était très important que nous soyons au courant

24 de cette information, que nous devions être conscients également de ce que

25 signifiait Kuber pour la vallée de La Lasva.

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1 J'ai demandé également au commandant de la brigade de Busovaca

2 de me transmettre l'information concernant la position du HVO au niveau de

3 Busovaca.

4 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, je pense

5 que nous sommes maintenant à 11 heures, si vous voulez bien c'est le

6 moment de la pause.

7 M. le Président. - Nous allons donc faire la pause.

8 (L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 25.)

9 M. le Président. - L'audience est reprise, asseyez-vous. Maître

10 Nobilo, nous pouvons continuer.

11 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

12 Général, avant la pause, nous avons parlé jusqu'à 18 heures 47, je pense.

13 Est-ce que vous pouvez continuer ?

14 M. Blaskic (interprétation). - A 18 heures 48, Zlavko Marin a

15 parlé avec le commandant de la brigade de Vitez. Il lui a demandé de se

16 mettre en contact avec des soldats de la brigade de Busovaca à Loncari.

17 Pour ce qui concerne Kuber, Marin avait dit à Cerkez qu'il

18 s'agissait tout simplement de rumeurs et qu'il ne disposait pas

19 d'informations précises.

20 A 19 heures 02, j'ai parlé avec le commandant du bataillon

21 d'artillerie et je lui ai demandé de préparer les tirs sur la cible n° 2

22 et de m'informer au moment où il serait prêt.

23 A 19 heures 05, j'ai adressé l'ordre à la brigade de Travnik

24 n° 01-4-320/93, du 17 avril 1993, à 18 heures 55.

25 A 19 heures 14, j'ai adressé un avertissement écrit à toutes les

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1 unités qui nous ont été détachées. Nous avons demandé la précision dans

2 les rapports qu'ils nous envoient, les rapports écrits qu'ils envoient au

3 commandement de la zone opérationnelle. Le numéro du document est 01-4-

4 321/93.

5 A 19 heures 17, le commandant du bataillon d'artillerie m'a

6 appelé et il m'a informé qu'il était prêt pour tirer. Je lui ai donné

7 l'ordre de tirer.

8 A 19 heures 22, j'ai parlé avec le commandant de Nikola Subic

9 Zrinski et je lui ai demandé d'appuyer Kuber, que nous aussi, de la zone

10 opérationnelle, on appuyait Kuber avec les pièces d'artillerie.

11 A 19 heures 23, j'ai demandé au commandant de la brigade de

12 Vitez de m'informer de la situation dans les villages de Krcevine,

13 Tolovici et Krizancevo Selo.

14 Le commandant de la brigade de Vitez m'a dit que les lignes de

15 front n'avaient pas été percées, mais que l'on opérait des deux côtés.

16 A 19 heures 32, le commandant de la brigade de Busovaca m'a

17 envoyé l'information sur l'état dans sa zone, sur la situation dans la

18 zone dans laquelle il opérait.

19 A 19 heures 35, j'ai demandé au commandant du bataillon

20 d'artillerie de préparer les tirs sur la cote 603.

21 A 19 heures 40, nous avons reçu l'information du centre

22 municipal d'observation aérienne et d'informations de Vitez selon laquelle

23 les Mudjahiddin se trouvaient à Kuber et qu'ils égorgeaient tout le monde.

24 M. Nobilo (interprétation). - Le centre municipal d'observation

25 et d'informations appartient à qui ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - C'est une institution civile qui

2 était au sein de la municipalité, de la mairie, et pratiquement chaque

3 commune, chaque municipalité disposait d'un centre de ce type-là.

4 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

5 poursuivre.

6 M. Blaskic (interprétation). - A 19 heures 50, on a informé par

7 le commandement de la brigade Stjepan Tomasevic que le commandant du

8 village Sebesic devait essayer d'empêcher l'arrivée des forces de l'armée

9 de Bosnie-Herzégovine qui passaient par Opara vers Vitez.

10 A 19 heures 55, j'ai discuté une fois de plus avec le commandant

11 d'artillerie et je lui ai demandé de préparer les tirs sur la cible 860.

12 A 19 heures 58, j'ai demandé au commandant du bataillon

13 d'artillerie d'opérer sur Kuber.

14 A 20 heures, le chef du service de renseignements militaires

15 nous a informés qu'il avait enregistré le message ou l'intention de

16 l'armée de Bosnie-Herzégovine selon laquelle : "Ils préparaient les tirs

17 contre Cajdras, qu'il demande les coordonnées 700 mètres derrière le lac,

18 dit la direction".

19 A 20 heures 04, j'ai parlé avec le commandant de Zenica et je

20 l'ai informé sur l'intention de l'armée de Bosnie-Herzégovine de préparer

21 les tirs sur Cajdras.

22 Je lui ai demandé également de me renseigner sur la situation à

23 Zenica.

24 A 20 heures 06, j'ai eu une nouvelle discussion avec le chef du

25 bataillon d'artillerie concernant les tirs sur la cible 603.

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1 A 20 heures 10, j'ai parlé avec le commandant de la brigade

2 Stjepan Tomacevic et je lui ai demandé les informations concernant les

3 ordres qui ont été délivrés.

4 J'ai parlé également avec le commandement de la brigade

5 Francopan. Je lui ai dit de se dépêcher en lui disant qu'ici il brûle. Je

6 pensais à l'espace qui concernait Vitez.

7 A 20 heures 11 minutes, Slavko Marin a parlé avec le commandant

8 du bataillon d'artillerie. Il lui a demandé de renouveler les tirs sur la

9 cote 603.

10 A 20 heures 12, j'ai parlé avec M. Dario Kordic et je l'ai

11 informé sur le fait que la ligne de front de Krcevine a été percée. Je lui

12 ai dit également qu'il y avait un danger, que Krcevine et Stari Vitez

13 effectuent une jonction.

14 A 20 heures 14, j'ai parlé une nouvelle fois avec le commandant

15 de la brigade de Vitez. Je lui ai demandé d'intervenir et d'essayer

16 d'empêcher la percée de ce front.

17 A 20 heures 17, j'ai délivré l'ordre 01-4-323/93, du

18 17 avril 1993, à 20 heures, c'était un ordre qui était adressé à tous les

19 subordonnés et à toutes les unités qui m'ont été subordonnées.

20 A 20 heures 18, nous avons demandé l'aide pour Krcevine de la

21 part de la brigade de Stjepan Tomacevic.

22 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre dont vous venez de

23 parler, est-ce que vous avez gardé le souvenir de la teneur, du contenu de

24 cet ordre ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

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1 M. Nobilo (interprétation). - A la fin de la journée, nous

2 allons voir un certain nombre d'ordres que la défense a pu se procurer.

3 Certains que nous allons pouvoir mettre à votre disposition, mais

4 malheureusement ce ne sera pas tous les ordres. Je vous en prie, Général,

5 continuez.

6 M. Blaskic (interprétation). - A 20 heures 20 minutes, j'ai

7 demandé...

8 M. le Président. - Maître Nobilo, il peut paraître paradoxal que

9 le témoin nous dise qu'il a délivré un ordre. Si j'ai bien compris, vous

10 avez cet ordre et nous n'avons pas la teneur principale de l'ordre. C'est

11 une observation que j'ai eu l'occasion de faire hier. C'est une question

12 de méthode, mais c'est vous qui choisissez votre méthode.

13 M. Nobilo (interprétation). - Je n'ai pas tous les ordres. On en

14 a quelques-uns. Quand on aura terminé les événements du point de vue

15 chronologique, nous montrerons les ordres, mais à la fin.

16 M. le Président. - Le témoin nous dit ce qu'il entend vouloir

17 nous dire. Il dit : "J'ai délivré un ordre", j'en sais rien, peut-être,

18 certainement.

19 Et puis vous dites : "J'ai quelques ordres". Au moins pour

20 certains ordres, le témoin aurait pu nous dire : "J'ai délivré cet ordre

21 disant ceci". C'est vous qui choisissez.

22 M. Hayman (interprétation). - Il y a probablement un malentendu,

23 ce n'est pas une question de méthode. Nous n'avons pas choisi plutôt une

24 méthode qu'une autre. Nous informons les Juges de ce que nous avons Le

25 témoin a des notes sur la base d'un journal opérationnel, alors que, nous

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1 et les enquêteurs, nous avons un certain nombre d'ordres que nous avons pu

2 recueillir. Ce sont les informations que nous allons mettre à la

3 disposition des Juges. Il y a des références, mais le témoin n'a pas gardé

4 tous les souvenirs.

5 Nous avons un certain nombre d'ordres ; si vous demandez au

6 témoin de ne pas parler d'un certain nombre d'ordres, il peut ne pas le

7 faire, mais, nous, nous disposons d'un certain nombre d'ordres. Ce n'est

8 pas que nous faisons un choix mais, lui, peut ne pas être au courant.

9 M. le Président. - J'ai compris, poursuivez.

10 M. Rodrigues. – Maître Hayman, à propos de cette question, nous

11 savons déjà que le général Blaskic a pris ces notes avant de venir ici.

12 Vous êtes maintenant à prendre ces ordres qui se réfèrent dans ces notes,

13 ou vous avez déjà la possibilité d'avoir ces ordres avant ?

14 M. Nobilo (interprétation). - Au cours de l'enquête, nous avons

15 pu avoir un certain nombre d'ordres. Ceux que nous avons pu obtenir, nous

16 les avons mis en possession du Tribunal.

17 M. Hayman (interprétation). - Le témoin a précisé, il a dit

18 qu'il avait copié un certain nombre de références qu'il avait vues dans le

19 journal opérationnel, qu'il en avait accès. Il s'agissait du journal qui

20 était archivé, il n'a pas copié tous les documents et la teneur des

21 documents. Il a pris un certain nombre de notes, nous les Conseils de la

22 défense, nous étions obligés de rentrer en possession de certains

23 documents.

24 M. Rodrigues. - J'ai compris cela. Mais autant que je le sache,

25 le général Blaskic a cette référence aux ordres qu'il a pris il y a au

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1 moins deux ans.

2 Vous, maintenant, êtes en train, à partir de ces références,

3 chercher les ordres. C'est cela ?

4 M. Nobilo (interprétation). - Ce n'est pas tout à fait exact.

5 Nous avons essayé de rentrer en possession de tous les ordres. Cela n'a

6 rien à voir avec les notes. Pour les notes, c'est M. Blaskic qui les a

7 prises. Nous avons essayé d'obtenir tous les ordres et tous les documents

8 disponibles.

9 M. le Président. - Ce qui me gêne, c'est que quand un témoin qui

10 est l'accusé dit qu'il a donné un ordre, de ne pas savoir quel ordre il a

11 donné… C'est une question de méthode élémentaire. Quand un accusé est

12 témoin, ce qui est déjà une situation qui est celle que nous avons dans

13 nos statuts, il est vrai qu'il me semble, que quelqu'un qui est témoin et

14 en même temps accusé, quand il dit : "J'ai donné un ordre", il me semble

15 qu'il choisit de donner un ordre et qu'il doit dire au Tribunal ce qu'il a

16 donné comme ordre.

17 Sinon, il vaut mieux qu'il n'en parle pas, cela n'a pas

18 d'intérêt. On se doute bien que le général Blaskic a passé son temps à

19 donner des ordres et à en recevoir. Mais c'est vrai qu'il y a quelque

20 chose de paradoxal pour moi : c'est de savoir qu'un accusé, qui était

21 général, colonel à l'époque, commandant en chef de la zone opérationnelle,

22 donne un ordre, il nous dit cet ordre, c'est numéro 0, 1er avril, etc., et

23 puis on reste là, on attend, on ne sait pas quel ordre c'est.

24 On attend de la défense, qu'elle nous dise ce soir, demain ou

25 dans quelques semaines : "Voilà, nous avons isolé cet ordre-ci, cet ordre-

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1 là". Attendez je termine. Je comprends, sur le plan de la méthode vous

2 n'avez pas pu faire autrement, cela ne le répétez pas, j'ai compris. Vous

3 avez essayé, à partir de ce que vous a dit votre client, de retrouver

4 certains ordres et nous attendons avec impatience ces ordres-là.

5 Je regrette simplement que quand l'accusé nous dit : "J'ai donné

6 un ordre à la brigade de Travnik", qu'il ne puisse pas nous dire : "Cet

7 ordre consistait à dire, faites ceci, faites cela" ou alors il ne s'en

8 souvient pas. A ce moment-là, ne vois pas l'intérêt de savoir qu'il a

9 donné beaucoup d'ordres, sinon de perdre du temps, c'est certain.

10 Je me doute qu'il a donné beaucoup d'ordres ; il se souvient de

11 la référence, il l'a notée mais nous ne connaissons pas le contenu de

12 l'ordre. Sur le plan de la logique, il y a quelque chose qui m'apparaît un

13 peu paradoxal. Est-ce qu'au moins vous comprenez ma préoccupation. ?

14 Après, je m'incline, je ne peux rien dire.

15 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, ce n'est ni

16 illogique ni paradoxal le moins du monde. Il se trouve que le témoin ne se

17 rappelle pas de choses qui se sont passées il y a 6 ans. Il a copié cela à

18 partir du registre et du journal qu'il avait détenu, c'est pour cela qu'il

19 sait que ces ordres ont été donnés, mais il ne se souvient même pas lui-

20 même du

21 numéro de ces ordres, car cela se passait il y a six ans !

22 M. le Président. - (Inaudible)...minute par minute tout ce qu'il

23 a fait ! On sait à quel moment il a dormi, à quel moment il a pu déjeuner,

24 difficilement d'ailleurs, on s'en doute, on est en pleine guerre !

25 Je me doute que le général Blaskic, colonel à l'époque, était

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1 très occupé. Reconnaissez quand même que cela manque d'esprit de synthèse.

2 A ce moment-là, lorsque vous avez un ordre sous les yeux, pourquoi ne

3 dites-vous pas, Général Blaskic... Vous avez donné cet ordre, il se trouve

4 que nous l'avons retrouvé. Alors que ce soir, demain ou dans huit jours,

5 vous allez nous donner une dizaine d'ordres qu'il va falloir retrouver, il

6 va falloir se souvenir. Voilà ce qui m'arrête, c'est une question de

7 méthode. Je ne parle qu'à titre personnel, vous l'avez compris, et non pas

8 au nom de la Chambre. C'est une préoccupation personnelle pour essayer de

9 faire mieux mon travail.

10 M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, il y a deux

11 raisons qui expliquent notre façon de présenter l'affaire.

12 Tout d'abord, il faut que la Chambre comprenne pourquoi nous

13 avons choisi cette stratégie.

14 Première cause : nous souhaitons présenter de la façon la plus

15 exhaustive possible, la façon dont les événements se sont produits. Nous

16 pensons que c'est la façon la plus crédible de présenter ces informations,

17 de façon à n'omettre aucun détail. C'est une question de crédibilité. Nous

18 fournissons tous ces éléments à la Chambre et c'est ensuite à l'accusation

19 de démontrer ses allégations. Nous fournissons à la Chambre toutes les

20 informations que l'accusation n'a pas fournies.

21 M. Kehoe (interprétation). - S'il vous plaît ?

22 M. le Président. - Attendez, je pense que Me Hayman n'a pas

23 terminé sa réponse. Je vous donnerai la parole ensuite.

24 Maître Hayman, vous avez dit deux observations ?

25 M. Hayman (interprétation). - Je suis en train d'essayer de me

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1 souvenir, à vrai dire, Monsieur le Président, de la seconde.

2 M. le Président. - Je vais donner la parole au Procureur, vous

3 la reprendrez dès que vous aurez trouvé, peut-être que ce que va dire le

4 Procureur vous aidera.

5 Nous parlons du problème de méthode pour essayer d'avancer.

6 M. Kehoe (interprétation). - L'observation qui vient d'être

7 faite par le conseil, à savoir que c'est à l'accusation de démontrer la

8 culpabilité de l'accusé, est exacte, en effet. Le conseil vient de dire

9 qu'il fournit des informations que l'accusation n'a pas fournies. J'ai des

10 observations à faire à ce sujet.

11 Premièrement, je ne sais pas depuis combien de temps, je ne peux

12 même pas le dire, nous essayons d'obtenir ces informations des archives de

13 la communauté croate d'Herceg-Bosna dont on nous fait la liste. Je ne vais

14 pas vous donner de date exacte, mais je dois dire que ce sujet a fait

15 l'objet d'une ordonnance contraignante issue par cette même Chambre et si

16 je peux m'adresser à mon collègue... Oui, c'était en janvier 1997. Et

17 maintenant, nous nous faisons critiquer et nous écoutons une liste

18 d'événements et d'ordres tels qu'ils sont produits d'après le témoin.

19 Mais, il faut le dire, ce témoin a omis certains événements et cela va

20 apparaître. Ce que nous entendons, c'est la version édulcorée du témoin.

21 Donc, je m'insurge contre le fait que le conseil affirme que

22 c'est une description exacte de ce qui s'est passé. C'est, en fait, la

23 façon dont le témoin veut le présenter.

24 M. le Président. - N'entrons pas trop dans ce détail-là, ce

25 n'est pas l'objet ni le moment. Nous sommes sur la méthode et je me doute

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1 que la défense va vous dire que c'est la version exacte des faits et vous,

2 vous allez me dire que ce n'est pas tout à fait la version exacte des

3 faits.

4 Maître Hayman, avez-vous retrouvé votre deuxième observation ?

5 Après, nous poursuivrons.

6 M. Hayman (interprétation). - J'ai retrouvé ce que je voulais

7 vous dire. Nous, nous pensons qu'à la fin de ce procès, la question la

8 plus importante pour la Chambre, ce ne sera pas de savoir si le

9 général Blaskic a ordonné un certain nombre de crimes parce que ce n'est

10 pas le cas, la Chambre le sait. La question est de savoir s'il a fait

11 preuve d'une négligence criminelle en vertu des lois applicables et s'il

12 n'a pas empêché d'autres de commettre des crimes. Est-ce qu'il s'est

13 absenté du quartier général ? N'a-t-il pas pris les mesures pour obtenir

14 les informations ? Etait-il dans un bordel, quelque part, complètement

15 saoul ? Ou, au contraire, était-il à son poste en train de faire son

16 travail ? C'est absolument essentiel et pour que la Chambre puisse le

17 savoir, nous voulons montrer que le témoin était en train de faire ce

18 qu'il avait à faire. C'est pour cela que nous présentons cette déposition

19 de cette façon.

20 M. le Président. - Je le comprend très bien. Encore faut-il que

21 le témoin soit précis aux endroits où il faut être précis. Etre précis, ce

22 n'est pas donner le minutage de son emploi du temps depuis minuit jusqu'à

23 24 heures. Encore faut-il être précis sur ce que lui choisit de nous dire.

24 Ce n'est pas moi qui choisit de dire : "J'ordonne de tirer sur la cible

25 603". Moi, ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce qu'est la cible 603. Si

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1 603, c'est un village, cela intéresse un Juge.

2 C'est le témoin qui choisit. Ce ne sont pas les Juges qui

3 choisissent. C'est le témoin. Quand il choisit de nous dire : "A

4 17 heures 27, j'ai émis l'ordre, 1er avril/305 sur tel numéro", il choisit

5 de dire cela. Mais à ce moment-là, il faut qu'il aille jusqu'au bout,

6 qu'il nous dise : "Cet ordre consistait à faire ceci ou à faire cela". Là,

7 à ce moment-là, je comprends mieux votre observation, Maître Hayman. C'est

8 un témoignage pour l'histoire et montrer que, comme vous dites, il n'était

9 pas dans l'endroit que vous avez indiqué.

10 C'est le Conseil qui le choisit, je le comprends très bien. Vous

11 voulez montrer qu'il n'était pas au bordel. Ce n'était peut-être pas le

12 moment à ce moment-là, nous sommes d'accord.

13 Il choisit... Quand il dit : "J'ordonne de tirer". C'est bien

14 lorsqu'il nous dit que c'est sur la cible 603, parce que les Juges

15 pourront savoir ce qu'est la cible 603. Mais quand il nous dit : "J'ai

16 donné un ordre à 18 heures 27, à 18 heures 30, etc.", il vous appartiendra

17 de nous dire quel était cet ordre. Si l'ordre est de dire : "Attaquez tel

18 village", c'est différent que de dire : "Défendez tel village", vous le

19 comprenez cela.

20 Voilà pourquoi, j'essaie, même si nous avons perdu un peu de

21 temps, de recentrer nos débats si c'est possible. Nous pouvons peut-être

22 continuer ?

23 M. Hayman (interprétation). - Nous pouvons continuer,

24 Monsieur le Président. Je voudrais dire pour finir que les détails doivent

25 être mis dans un contexte plus général, c'est-à-dire que chaque tir

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1 d'artillerie autorisé, qui a été ordonné, était une cible militaire. Il

2 témoignera du fait qu'il n'a jamais autorisé un tir sur un village. Cela

3 est absolument essentiel.

4 Bien entendu, cette énumération est peut-être un peu fastidieuse

5 et cela peut être énervant d'entendre le témoin dire : "J'ai donné un

6 ordre", mais qu'il ne dise pas de quel ordre il s'agit. Mais nous ne

7 pouvons pas fournir les détails dont le témoin ne se souvient pas. Ce

8 n'est tout simplement pas dans sa tête.

9 M. le Président. - C'est nous qui aurons besoin d'une pause au

10 bout de trois-quarts d'heure cette fois-ci, Général Blaskic. C'est nous

11 qui sommes plus fatigués que vous !

12 Nous allons continuer à vous donner la parole, allez-y.

13 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

14 sais que c'est un peu fastidieux d'écouter cette énumération. Mais il faut

15 bien savoir que le 16 avril...

16 M. le Président. - Les Juges ont trouvé cela fastidieux, je

17 m'oppose formellement à ce que cela soit indiqué. Les Juges ne trouvent

18 pas que c'est fastidieux. Les Juges sont là pour écouter. Il y a plus de

19 vingt mois que l'on est en procès et ils font leur travail et cela est

20 tout à fait normal. Ce n'était pas cela que je voulais dire.

21 Je voulais dire que les Juges ont le droit de demander que le

22 débat soit le plus clair possible pour que la manifestation de la vérité

23 se fasse.

24 Maître Nobilo, ce n'est pas une question que cela soit

25 fastidieux. Si cela est fastidieux mais important pour le débat, nous

Page 17900

1 écouterons des choses fastidieuses. Nous sommes là pour faire notre

2 travail. Voilà ce que je voulais dire.

3 M. Nobilo (interprétation). - Il y a peut-être ici... J'ai peut-

4 être été mal compris. Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais dire

5 que les choses allaient s'accélérer après le 17. Nous pensions que ce

6 serait une bonne idée de traiter de ces deux journées de façon exhaustive

7 sans faire une sélection quelconque parmi les événements. Il s'agit de

8 tout ce dont M. Blaskic se souvient. Je ne sais pas où nous nous étions

9 arrêtés.

10 M. Blaskic (interprétation). - Moi, je m'en souviens, il était

11 20 heures 20.

12 M. le Président. - Maître Kehoe ?

13 M. Kehoe (interprétation). - Je suis d'accord avec le témoin.

14 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, à

15 20 heures 20, je me suis entretenu avec le commandant de la brigade de

16 Vitez. Je lui ai fait savoir qu'il allait obtenir un soutien de

17 l'artillerie contre la côte, sur la hauteur 603. Je lui ai demandé de me

18 donner les coordonnées de cette cible.

19 M. Nobilo (interprétation). - Général, très souvent, avant

20 d'indiquer le numéro de la cible, vous utilisez le mot de cote. Est-ce que

21 vous pouvez nous dire de quoi il s'agit ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit de quelque chose qui

23 permet d'indiquer les coordonnées d'une hauteur. Il y a dans cette région,

24 dans la vallée de la Lasva, un grand nombre de hauteurs qui ont ce genre

25 de cotes qui sont déterminées par des règles de trigonométrie.

Page 17901

1 M. Nobilo (interprétation). - Il s'agit des hauteurs, cela

2 désigne les hauteurs ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il s'agit de hauteurs et du

4 sommet de ces hauteurs, de ces collines.

5 M. Nobilo (interprétation). - Ce mot, "Kotar", cela peut-il

6 désigner une zone habitée ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Non, en aucune façon. Il s'agit

8 du sommet, du pic d'une montagne, d'une élévation.

9 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez.

10 M. Blaskic (interprétation). - A 20 heures 22, j'ai donné un

11 ordre au commandant de la brigade de Stjepan Tomacevic et au commandant de

12 la brigade de Vitez. Cet ordre portait le n° 01-4-324/93, ordre daté du

13 17 avril 1993. Le contenu de cet ordre était le suivant : il s'agissait de

14 fournir une assistance de la part de la brigade Stjepan Tomacevic à la

15 brigade de Vitez afin de défendre la ligne de front de Jardol-Krcevine. Il

16 s'agissait de fournir une information à ces brigades.

17 A 20 heures 24, je me suis de nouveau entretenu avec le

18 commandant du bataillon d'artillerie et je lui ai demandé de tirer sur la

19 cible 603, sur l'élévation, sur la hauteur 603.

20 A 20 heures 33, je me suis de nouveau entretenu avec le

21 commandant du bataillon d'artillerie. Nous avons discuté des tirs sur la

22 cote 603.

23 Et à 20 heures 35, Zlavko Marin a parlé avec le commandant de la

24 Francopan. Il lui a demandé des informations, lui a demandé donc si le

25 paquet était arrivé pour nous, c'est-à-dire qu'il demandait si les

Page 17902

1 renforts venant de la brigade Francopan pour la brigade de Vitez étaient

2 arrivés sur la ligne de front à Krcevine.

3 M. Nobilo (interprétation). - C'était donc un code. Est-ce que

4 cela désignait du personnel, du renfort ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, exactement.

6 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez.

7 M. Blaskic (interprétation). - A 20 heures 35, j'ai reçu un

8 rapport du commandant de la police militaire, M. Pasko. Il m'a informé, je

9 cite : "Nous sommes dans une situation très critique et mes hommes doivent

10 arriver." Il faisait référence à la ligne de front à Barin Gaj Kratine qui

11 se trouve au sud-ouest du mont Kuber et au nord de Vitez.

12 M. Nobilo (interprétation). - La ligne Barin Gaj, où est-elle

13 située par rapport au village d'Ahmici ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Elle se trouve à 50 mètres de la

15 dernière maison du village d'Ahmici où se trouvait le HVO, et à l'est, le

16 long de la principale route entre Vitez et Busovaca.

17 M. Nobilo (interprétation). - Vous voulez dire au nord,

18 50 mètres au nord ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, 50 mètres au nord de la

20 dernière maison du village.

21 M. Nobilo (interprétation). - Continuez.

22 M. Blaskic (interprétation). - A 20 heures 40, j'ai été appelé

23 par le commandant de la brigade de Vitez. Il m'a informé que les positions

24 du village de Krcevine avaient été reprises, ou plutôt que l'endroit où la

25 ligne de front avait été enfoncée, la brèche dans la ligne de front avait

Page 17903

1 été reprise.

2 A 20 heures 41, Zlavko Marin a parlé au commandant du bataillon

3 d'artillerie et a demandé un tir sur la hauteur de cote 603.

4 A 20 heures 47, j'ai appelé le commandant du bataillon

5 d'artillerie et je lui demandé de se dépêcher d'ordonner le tir en

6 question.

7 A 20 heures 52, le commandant du bataillon d'artillerie m'a

8 informé et a donné un ordre.

9 M. Nobilo (interprétation). - Nous avons une erreur dans le

10 compte rendu. Il est inscrit ici "21 heures 41", alors que vous avez dit

11 que c'était à 20 heures 41 que Marin a parlé au commandant du bataillon

12 d'artillerie.

13 M. Blaskic (interprétation). - Cela s'est passé à 20 heures 41.

14 A 20 heures 57, le commandant du bataillon d'artillerie m'a fait

15 savoir qu'il avait été informé par le commandant de la brigade de

16 Francopan, que celui-ci avait envoyé un soutien et à 20 heures 58, j'ai

17 repris cette conversation avec le commandant d'artillerie. Nous lui avons

18 demandé de préparer un tir sur les cotes 914, 915 et 709.

19 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que ces cotes sont

20 inscrites dans le plan général de l'artillerie, dans le plan de tir de

21 l'artillerie ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, cela fait partie des plans

23 de tir d'artillerie qui avaient été établis.

24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

25 rappeler si vous avez vous-même signé le plan d'artillerie pour le

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1 17 avril 1993 ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

3 M. Nobilo (interprétation). - Et ce plan de tir d'artillerie, a-

4 t-il jamais inclus une cible de type civile ou de village civil ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Non.

6 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez, je vous prie.

7 M. Blaskic (interprétation). - A 21 heures 02, Zlavko Marin a,

8 une fois de plus, appelé le commandant de la brigade Francopan et a

9 demandé ce qui s'est passé avec les renforts.

10 A 21 heures 05, j'ai été appelé par le commandant de la brigade

11 de Vitez. Il m'a fait savoir que Novaci avait été reprise.

12 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire où se situe

13 Novaci par rapport à Stari Vitez ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Cela jouxte Stari Vitez

15 pratiquement. Cela se trouve au nord-est de Stari Vitez et au sud-est de

16 Krcevine.

17 M. Nobilo (interprétation). - Quand M. Cerkez, le commandant de

18 la brigade de Vitez, vous a fait savoir que Novaci avait été reprise, qui

19 avait pris cet endroit avant ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Il ne m'a pas donné de détails,

21 mais j'imagine qu'étant donné ce qui s'était passé sur la ligne de front à

22 Krcevine, toutes les forces du HVO s'étaient retirées vers le centre de

23 Vitez et que, sans doute, les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine

24 avaient continué leur progression vers Novaci.

25 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous poursuivre, s'il vous

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1 plaît ?

2 M. Blaskic (interprétation). - A 23 heures, j'ai demandé au

3 commandant du bataillon d'artillerie de tirer sur la cote 650.

4 A 23 heures 15, nous avons été informés par le responsable du

5 service du renseignement militaire de la chose suivante, je cite : "Si la

6 Forpronu n'arrive pas avant 23 heures, nous, nous commencerons à nous

7 diriger vers la Forpronu".

8 A 23 heures 15, je me suis entretenu avec Dario Kordic également

9 et je lui ai fait savoir ce qu'il en était de la situation dans la

10 municipalité de Vitez.

11 M. Nobilo (interprétation). - Ce journal de guerre que vous avez

12 réalisé, quelle est la relation entre les documents que vous avez fournis

13 pour le 16 et le 17 et le journal opérationnel ?

14 En d'autres termes, est-ce que tous les documents que vous

15 fournissez devaient être enregistrés dans le journal ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Ce journal de guerre ou plutôt ce

17 journal opérationnel comprend surtout ce que je faisais moi-même et ce que

18 faisaient mes adjoints. Cela concerne les conversations téléphoniques, les

19 diverses communications et tous les ordres et les documents qui étaient

20 délivrés étaient enregistrés dans le registre où ils portaient un numéro

21 d'ordre.

22 Donc, tous les documents n'ont pas été nécessairement inscrits

23 dans le journal de guerre.

24 M. Nobilo (interprétation). - Vous nous parlez de ce registre.

25 S'agit-il d'un document différent du journal opérationnel ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est un cahier, un document

2 qui est complètement différent du journal opérationnel. Tous les documents

3 sont enregistrés séparément dans ce livre.

4 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que tous les documents

5 doivent être inscrits dans ce registre des activités ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, tous les documents écrits,

7 quelle que soit leur provenance, doivent être repris dans ce registre des

8 activités. Tous les documents écrits n'ont pas être repris dans le journal

9 opérationnel.

10 M. Nobilo (interprétation). - Ce journal opérationnel contenait-

11 il toutes les communications orales dont pouvaient prendre note tous les

12 officiers de permanence ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

14 M. Nobilo (interprétation). - Je voudrais demander au Greffier

15 de donner à ces documents les numéros d'ordre suivants, D- 301, D300 et

16 D-299.

17 M. le Président. - Je n'ai pas très bien compris. A

18 23 heures 15, les services de renseignements militaires vous donnent une

19 information "Si la Forpronu n'arrive pas avant 23 heures". Qu'est ce que

20 cela voulait dire ? D'arriver où ? C'est une interception d'un message de

21 l'armée de. Bosnie-Herzégovine ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président , puisque

23 le service de renseignements militaires ne nous avait donné des

24 renseignements que sur l'armée de Bosnie-Herzégovine, j'ai cité le rapport

25 tel que je l'ai reçu à 23 heures 15 de la part du service de

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1 renseignements militaires.

2 M. le Président. - Cela veut dire quoi ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Pour moi cela avait trait à

4 l'armée de Bosnie-Herzégovine. C'est ainsi que je l'ai interprété.

5 M. le Président. - Vous est à la tête de… Si la Forpronu… Là, je

6 voudrais comprendre; Simplement, je ne peux pas prendre par note quelque

7 chose que je ne comprends pas. "Si la Forpronu n'arrive pas avant

8 23 heures, nous irons vers la Forpronu". Qu'est-ce que cela veut dire ?

9 Vous êtes le général en chef ou le colonel, vous l'interprétez comment ?

10 Moi je dois dire que je suis incapable de savoir ce que cela veut dire.

11 Pouvez-vous nous l'expliquer ?

12 "Si la Forpronu n'arrive pas avant 23 heures", il s'agit d'un

13 message intercepté par votre service de renseignements militaires ? C'est,

14 semble-t-il, un message de l'armée de la Bosnie-Herzégovine qui dit : "Si

15 la Forpronu n'arrive pas avant 23 heures", arrive où ? Pour faire quoi ?

16 Comment, vous, l'interprétez-vous ? Vous avez une cellule de crise, vous

17 l'interprétez bien d'une certaine façon ! Là, on retombe sur les mêmes

18 problèmes. Moi, cela m'est égal que vous ayez noté 23 heures 15, service

19 de renseignements militaires. Ce que je veux savoir, c'est ce que cela

20 signifiait pour vous. Qu'est-ce que cela signifie ?

21 M. Blaskic (interprétation). – J'ai pensé qu'il s'agissait d'une

22 demande adressée à la Forpronu, demande d'évacuation des blessés. A

23 l'époque, de telles demandes nous en adressions nous aussi. Il y en avait

24 certainement aussi qui venaient de l'armée de Bosnie-Herzégovine. La

25 Forpronu était la seule organisation à disposer d'engins blindés pour ce

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1 type d'évacuation mais je ne peux pas vous dire exactement à quel endroit

2 ils faisaient référence parce que, moi-même, à l'époque, je n'ai pas

3 compris.

4 M. le Président. – C'est une illustration de ce que je demande

5 depuis tout à l'heure. Vous recevez un message, vous pouvez au moins dire

6 aux Juges ce que cela signifie. Là j'ai compris, c'est une demande

7 d'évacuation des blessés, comme vous-même certainement deviez le faire.

8 Très bien, nous continuons. Nous en étions à la numérotation des

9 documents et nous allons faire une pause.

10 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Pouvez-vous, je vous prie,

11 regarder le document D-301. Il s'agit d'un des ordres qui ont été inscrits

12 dans le registre des opérations cote 01-4-325/93, ordre adressé au

13 commandant de la brigade de Vitez en personne. Son titre

14 est :"Organisation et conduite et mise en place de la défense de Vitez ".

15 Cet ordre a été rédigé à 22 heures 10. Vous étiez chargés de la défense de

16 Vitez par secteur. Nous n'allons pas lire ce document in extenso, mais

17 pouvez-vous expliquer la signification de ce document ordre aux Juges ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Messieurs les Juges, dans cet

19 ordre, nous avons essayé de façon officielle, formelle, de structurer la

20 situation qui existait dans les villages de la municipalité de Vitez parce

21 qu'il était apparu que la brigade de Vitez, que nous essayions de mettre

22 en place à la fin de mars 1993, ne pouvait pas être opérationnelle parce

23 qu'on avait eu trop peu de temps. Ce qui s'est donc passé, c'est que les

24 habitants des villages s'étaient organisés eux-mêmes. Si on regarde la

25 situation dans ces villages, on voit qu'à l'époque, ils avaient déjà

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1 organisé, mis en place des positions et s'étaient organisés eux-mêmes. Cet

2 ordre, en fait, avait pour but d'officialiser une situation existante.

3 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez regarder

4 l'ordre, on y voit les choses suivantes : secteur 1 et les termes utilisés

5 également de Krcevine –Brdo –Jardol. De quoi s'agissait il ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agit des noms des villages

7 dont nous pensions qu'ils étaient contrôlés par le HVO et où les paysans

8 s'étaient organisés eux-mêmes pour assurer la défense des villages.

9 M. Nobilo (interprétation). - Cette transition d'une défense par

10 secteur, à partir de ces défenses organisées au niveau des villages,

11 qu'est-ce que cela signifie pour le déploiement militaire de la brigade ?

12 Est-ce un progrès ou quelque chose de plutôt négatif ?

13 M. Blaskic (interprétation). - En fait, c'était extrêmement

14 négatif. C'était équivalent à la dissolution de la brigade parce cela

15 voulait dire que cette brigade ne pouvait pas être utilisée en situation

16 de combat comme une unité classique. Nous étions contraints d'accepter la

17 situation telle qu'elle existait sur le terrain afin de pouvoir survivre.

18 Dans cet ordre, j'ai été contraint de dire que le commandant de

19 secteur serait désigné par le commandant de la brigade, parce que je

20 savais que même lui ne pouvait pas le nommer, mais qu'il fallait qu'il

21 demande aux habitants de ces villages de Zabilje, Krcevine qui ils

22 voulaient pour commander le secteur. Ce qu'il allait faire, c'était

23 apporter un sceau officiel aux desiderata de ces villageois.

24 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre montre-t-il de façon

25 claire que de facto dans vos fonctions vous travailliez en fait avec des

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1 villages armés comme en 1992 ? Vous n'aviez pas une armée organisée,

2 n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). - En effet.

4 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, si vous le

5 voulez, nous pouvons faire la pause ?

6 M. le Président. - Nous allons faire la pause. Nous reprenons à

7 12 heures 30.

8 (L'audience, suspendue à 12 heures 15, est reprise à 12

9 heures 35.)

10 M. le Président. - L'audience est reprise.

11 Maître Nobilo ?

12 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Je demande que la pièce à

13 conviction de la défense D299 soit remise au témoin. C'est un ordre de

14 préparation au combat du 17 avril 1993 émis par vous à 9 heures 10 et

15 adressé au commandant de la brigade Ban Jelasic ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quel était

18 l'objet de cet ordre de préparation au combat et pour quelle raison

19 précise vous l'avez adressé à la brigade Ban Jelasic de Kiseljak ?

20 M. Blaskic (interprétation). - L'objet de cet ordre consistait à

21 permettre une diminution de la pression exercée par l'armée de Bosnie-

22 Herzégovine sur Busovaca, Vitez et dans la zone de Visoko, car il a été

23 prouvé que nos actions sur Zepce et Usora ne sont pas parvenues à diminuer

24 cette tension ou à diminuer les attaques de l'armée de Bosnie-Herzégovine

25 qui n'ont cessé de s'intensifier durant la journée du 17.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Par cet ordre de préparation au

2 combat, vous ordonnez ceci, je cite le paragraphe 2 :

3 "a) réaliser le blocage de Visnjica et des autres villages qui

4 pourraient servir comme démarrage d'une attaque de l'ennemi.

5 b) Prendre le contrôle de Gomionica et de Svinjarevo après un

6 appui ferme de l'artillerie grâce à des VBR et des MB.

7 L'attaque des principales forces doit être réalisée à partir de

8 ce Sikulja et de Hadrovci, établir la ligne de défense et maintenir les

9 troupes regroupées".

10 C'est écrit à la main.

11 Pourquoi est-ce que vous dirigez la brigade Ban Jelasic vers

12 Gomionica et Svinjarevo et pourquoi vous parlez de Sikulja et de Hadrovci

13 dans cet ordre ? Quel est le but de cela ? Pouvez-vous l'expliquer ?

14 M. Blaskic (interprétation). - A Gomionica se trouvait le

15 commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Kiseljak.

16 Quant à la zone située au-dessus de Gomionica et entre Sikulja

17 et Hadrovci se trouvait l'espace dans lequel les forces du 1er Corps

18 d'armée de Bosnie-Herzégovine ont été amenées en provenance de Visoko.

19 Je souhaitais que la crête dominant le village soit prise,

20 qu'une jonction des forces s'opère et que l'attention des forces de

21 l'armée de Bosnie-Herzégovine de Visoko soit appelée par ce biais, de

22 façon à ce que les champs de bataille de Vitez et de Visoko soient un peu

23 épargnés. Lorsque je parlais de "jonctions des forces", je parlais des

24 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

25 M. Nobilo (interprétation). - Les mots "prendre le contrôle de

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1 Gomionica et de Svinjarevo grâce à un appui important de l'artillerie"

2 signifient-ils que vous pensiez à une attaque contre les civils ou à une

3 attaque contre l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Non, cela signifiait qu'il

5 convenait de prendre la position située entre Sikulja et Hadrovci,

6 position ou plutôt ligne de front qui était tenue par l'armée de Bosnie-

7 Herzégovine. C'est la raison pour laquelle dans ce paragraphe de l'ordre

8 il est stipulé l'attaque doit être dirigée contre le gros des forces

9 provenant de Sikulja et de Hadrovci.

10 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous sur la carte montrer

11 où se trouvaient les positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine depuis

12 janvier et février 1993 et dans quelles directions vous avez orienté

13 l'attaque mentionnée dans cet ordre ?

14 Je vous demanderai donc de montrer cela sur la carte en premier

15 lieu et, ensuite, si c'est possible, sur la maquette.

16 (Le témoin s'exécute.)

17 M. Blaskic (interprétation). - Kiseljak est ici. Gomionica se

18 trouve le long de la route qui va de Kiseljak à Busovaca et j'ai ordonné

19 au gros des forces d'agir à partir de Sikulja, qui correspond à la

20 position que j'indique ici dans la direction du village de Hadrovci, qui

21 était également une position du HVO, mais également à partir du village de

22 Hadrovci dans la direction de Sikulja, de façon à réaliser la jonction

23 quelque part aux alentours de Stojkovici. Sur la maquette, je crois qu'il

24 sera plus facile de voir cette crête.

25 M. Nobilo (interprétation). - De cette façon, les villages de

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1 Sujnarevo et de Gomionica seraient-ils tombés sous votre contrôle si une

2 ligne de front s'était créée au-dessus de ces positions ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Mais en agissant conformément à

4 cet ordre, il n'y aurait en aucun cas eu des opérations de combats dans le

5 village de Gomionica.

6 M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous si l'armée de Bosnie-

7 Herzégovine était déjà présente à cet endroit ? Cette ligne de front

8 existait-elle déjà ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Une ligne de front complète était

10 déjà créée et, en 1992, j'ai déjà inspecté cette ligne de front à Sikulja,

11 Mladenovac et dans les environs. C'était une ligne de front qui comportait

12 des zones minées. A Gomionica, des forces ont été amenées et également des

13 fortifications en béton qui font partie des dispositifs de défense

14 relevant de la catégorie 4 et, en temps de paix, ce sont des installations

15 qui, en général, servent à prévoir un dispositif de défense.

16 M. Nobilo (interprétation). - Je vous proposerai de placer une

17 feuille de papier sur le rétroprojecteur et de dessiner rapidement la

18 route qui mène de Svinjarevo à Gomionica, ainsi que les grandes directions

19 de l'attaque demandée par vous. Je pense que ce serait un moyen très clair

20 sur le plan militaire d'expliciter la tactique que vous avez utilisée.

21 (Le témoin s'exécute.)

22 Je vais vous demander d'indiquer également les directions de

23 l'attaque.

24 Pourriez-vous, je vous prie, placer cette feuille de papier sur

25 le rétroprojecteur et nous fournir des explications.

Page 17914

1 (Le témoin s'exécute.)

2 Après quoi, je prierai M. le Greffier d'affecter une cote à

3 cette pièce à conviction.

4 Donc veuillez expliquer tous les éléments figurant sur ce schéma

5 et dire ce qu'ils représentent.

6 M. Blaskic (interprétation). - Ici, nous voyons la route

7 principale qui va de Busovaca à Kiseljak.

8 Ici, j'ai grossièrement représenté le village de Gomionica,

9 Sikulja et ici était une position précédemment tenue par le HVO -je

10 l'indique maintenant- et le village de Hadrovci correspondait également à

11 une position déjà tenue par le HVO.

12 L'espace situé entre le village de Hadrovci et le village de

13 Sikulja était aux mains du groupe opérationnel de Visoko dont faisait

14 partie également l'armée de Bosnie-Herzégovine de Kiseljak. Lorsque

15 l'ordre d'engagement du gros des forces a été émis, il concernait une

16 attaque qui devait partir de Sikulja et viser les points les plus élevés

17 dans la direction de Hadrovci.

18 M. Nobilo (interprétation). - Nous voyons ici un certain nombre

19 de cercles concentriques. Qu'est-ce que cela représente sur le plan

20 militaire ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Ce sont les collines situées au-

22 dessus du village de Gomionica et la crête.

23 M. Nobilo (interprétation). - Cette colline a-t-elle une

24 importance militaire ?

25 M. Blaskic (interprétation). - En tout état de cause, elle est

Page 17915

1 organisée pour des actions de combat.

2 M. Nobilo (interprétation). - De la part de qui ?

3 M. Blaskic (interprétation). - De la part de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine. Il y avait des tranchées, des fortifications, des champs de

5 mines, tout ce qui correspond à l'aménagement d'un champ de bataille.

6 M. Nobilo (interprétation). - A votre avis, pour quelles raisons

7 l'armée de Bosnie-Herzégovine a-t-elle aménagé ses positions de combat

8 précisément sur les sommets dominant le village de Gomionica, avec ses

9 fortifications, ses tranchées et ses bunkers ?

10 Pour quelles raisons a-t-elle agi de la sorte ? Pourquoi ne l'a-

11 t-elle pas fait sur la route ou à Gomionica, en contrebas ?

12 M. Blaskic (interprétation). - En agissant sur ces positions,

13 l'armée de Bosnie-Herzégovine se donnait le contrôle complet de la route

14 Busovaca Kiseljak. Elle se donnait le contrôle également des routes

15 secondaires qui, par la montagne, mènent à Visoko.

16 Autrement dit, elle s'assurait une relation avec le commandement

17 du 1er Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine à Visoko. Elle s'assurait une

18 position très forte pour dominer tout cet espace au-dessus du village et

19 au-dessus d'un certain nombre de villages croates comme le village de

20 Krizici, Gromiljak, Stranjani et beaucoup d'autres villages qui longent

21 cette route principale et qui étaient des villages croates.

22 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi n'avez-vous pas donné

23 l'ordre que cette attaque passe à travers le village de Gomionica pour

24 remonter ensuite vers le sommet de la montagne ? Est-ce que cela a une

25 signification militaire ?

Page 17916

1 M. Blaskic (interprétation). - En tout état de cause, j'ai tout

2 fait pour éviter des combats dans des zones habitées. Je savais qu'à

3 Gomionica, bien sûr, il y avait le commandement qui était stationné. Je

4 savais qu'à l'entrée, se trouvait un barrage routier, qu'une ligne de

5 front aménagée existait et traversait le village, mais en dépit de cela,

6 grâce à ce document, j'ai décidé que le gros des forces devait attaquer au

7 niveau de la crête. Cela sera confirmé ultérieurement car je voulais

8 éviter à tout prix des combats dans des zones habitées de façon à éviter

9 les victimes qui en auraient découlé.

10 M. Nobilo (interprétation). - Une des raisons est donc

11 l'inutilité de faire des victimes. Mais, d'un point de vue militaire,

12 n'est-il pas plus censé d'attaquer de façon contournée ou est-il

13 préférable d'attaquer de façon directe en passant par le village ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Sur le plan militaire, il est

15 plus censé, plus raisonnable d'agir de la sorte. En prenant la crête, on

16 se donne une situation préférable pour le HVO.

17 M. Nobilo (interprétation). - Lorsque vous avez dit que

18 l'attaque à travers le village en passant par la montagne aurait provoqué

19 des victimes, à quelles victimes pensiez-vous ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Je pensais aux victimes civiles,

21 aux habitants de Gomionica et des villages environnants. Il y aurait eu

22 des combats et des victimes inutiles.

23 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie. Je demande que

24 l'on affecte une cote à cette pièce à conviction et nous demanderons

25 ensuite que soient faites des photocopies.

Page 17917

1 M. Dubuisson. - Il s'agit du document D545.

2 M. Nobilo (interprétation). - Nous passons maintenant au

3 document suivant, la pièce à conviction de la défense D300.

4 Ce document est un ordre toujours émis le 17 avril 1993, c'est à

5 dire le même jour, mais plus tard, aux alentours de 23 heures 45. Il est

6 intitulé : Ordre d'opération de combats, toujours adressé à cette même

7 brigade, Ban Jelacic. Avant d'analyser le contenu de cet ordre, je vous

8 demanderai de dire quel est le rapport entre ce document, le D300, et le

9 document D299 que nous venons de discuter ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Le document précédent était un

11 ordre de préparation émis à 9 heures 10 et celui-ci est un ordre

12 d'exécution des opérations de combats émis à 23 heures 45 le même jour.

13 Donc ce que nous demandions dans l'ordre de préparation, nous estimions

14 que cela devait être réalisé grâce à cet ordre-ci qui est un ordre

15 d'exécution.

16 M. Nobilo (interprétation). - Ces deux documents constituent-ils

17 un tout ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

19 M. Nobilo (interprétation). - Dans la première partie de cet

20 ordre, vous écrivez ce qui suit : "Les massacres contre les Croates de

21 Zenica se poursuivent, Zenica où les forces musulmanes utilisent des chars

22 pour tirer sur la population, principalement constituée de femmes et

23 d'enfants". En fonction de quoi avez-vous écrit cette phrase ?

24 M. Blaskic (interprétation). - En fonction des informations que

25 nous avions reçues, eu égard aux actions qui avaient eu lieu ce jour-là

Page 17918

1 dans les villages de la région appelée Gornja Zenica, c'est à dire les

2 villages de Stranjani, Gan Kozarci, Strane et d'autres villages qui

3 étaient des villages croates situés dans la zone de Gornja Zenica.

4 Nous avons émis cet ordre en fonction de ces informations et

5 également en fonction des informations reçues du commandants de la brigade

6 Vinko Baresic.

7 M. Nobilo (interprétation). - Dans la deuxième partie de cet

8 ordre, vous dites : "Toutes les attaques d'aujourd'hui ont été repoussées,

9 l'ennemi est complètement écrasé et se voit contraint d'amener

10 continuellement des forces fraîches". Sur la base de quoi avez-vous écrit

11 cette phrase ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Dans le courant de la journée, le

13 17 avril, nous avons eu de gros problèmes, notamment dans la ville de

14 Travnik. Peut-être le constaterait-on plus facilement sur la maquette,

15 mais en tous cas, le front de Krcevine a été enfoncé, le front de Novaci a

16 aussi été enfoncé, il y avait un danger que la ville soit prise. En

17 engageant une partie des forces de la brigade Stjepan Tomasevic et

18 Francopan, nous avons réussi à stabiliser la situation. Mais il y avait

19 menace de nouvelles attaques, menace de modification de la situation, donc

20 je pensais qu'à moins d'agir sur ce front-là, nous ne réussirions pas à

21 l'emporter. Nous avons réussi à stabiliser la situation sur les fronts

22 dont j'ai parlé, mais il y avait toujours un risque qui mettait en cause

23 notre maintien.

24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouviez amener des

25 renforts dans cette enclave comme pouvait le faire l'armée de Bosnie-

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1 Herzégovine ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Les renforts les plus importants,

3 j'ai réussi à les obtenir de la brigade de Stjepan Tomasevic, comme on

4 peut le voir sur la base d'un certain nombre d'ordres. Ils se composaient

5 de 25 ou 30 soldats. Je parle des ordres émis au moment où le front de

6 Krcevine était enfoncé. J'ai essayé toute la journée d'obtenir des

7 renforts d'Usora en particulier ou de Zepce, mais les ordres donnés à cet

8 égard n'ont eu aucun effet.

9 M. Nobilo (interprétation). - Au point n 2, nous voyons que

10 vous affectez deux tâches à ceux à qui vous parlez. La première tâche

11 consiste à tenir fermement Zavrtaljka dont vous donnez les références

12 trigonométriques.

13 Pouvez-vous nous montrer sur la maquette où se situait cette

14 position de Zavrtaljka ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Pour Kiseljak, Zavrtaljka avait

16 une importance comparable à celle du mont Kuber pour Vitez et Busovaca.

17 M. Nobilo (interprétation). - Ce qui signifie ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Ce qui signifie que celui qui

19 tient Zavrtaljka avait le contrôle plein et entier de l'espace situé entre

20 Bilalovac, et Gromiljak et pratiquement jusqu'à l'entrée de la ville de

21 Kiseljak.

22 A partir de Zavrtaljka, il était possible de tenir sous son

23 contrôle d'artillerie pratiquement tout cet espace.

24 S'agissant de la sécurité de Kiseljak, si l'on regarde à l'ouest

25 vers Vitez, Travnik et Busovaca, c'était la façon d'assurer la sécurité de

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1 Kiseljak. Sur le plan militaire, c'était un point capital.

2 M. Nobilo (interprétation). - Au paragraphe 2, point n° 2, vous

3 dites : "En recourant à toutes les pièces d'artillerie disponibles, vous

4 préparer à l'attaque, et grâce à des VU, prendre Gomionica et Svinjarevo

5 en établissant systématiquement vos cibles. Ensuite, regrouper les forces

6 et vous préparer à une attaque d'artillerie destinée à prendre Bilalovac".

7 Pouvez-vous expliquer aux Juges ce que cela signifie ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Les positions situées sur la

9 colline dominant Gomionica sont ici tout à fait remarquables. J'ai demandé

10 que des préparations aux tirs d'artillerie soient réalisées de façon à

11 réaliser une attaque à partir de Sikulja et de Hadrovci dans une deuxième

12 étape, grâce à l'infanterie, en vue de prendre cette position.

13 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cet ordre d'exécution

14 doit être lu en même temps que l'ordre de préparation dont vous avez parlé

15 lorsque vous commentiez le document précédent et que vous avez fait votre

16 schéma ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il y a un lien avec cet

18 ordre de préparation. En effet, l'ordre de préparation et l'ordre

19 d'exécution constituent un tout.

20 Dans l'ordre de préparation, il est stipulé ce qu'il faut faire

21 et dans l'ordre d'exécution à quel moment il faut le faire.

22 M. Nobilo (interprétation). - Tout ce que vous avez dit lorsque

23 vous avez commenté l'ordre de préparation pourrait être redit dans vos

24 explications au sujet du paragraphe 2.2 du document D300 ?

25 M. Blaskic (interprétation). - - Oui.

Page 17921

1 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, il est

2 13 heures, est-ce que vous pensez que nous pouvons suspendre ?

3 M. le Président. - Nous allons suspendre et nous reprendrons nos

4 travaux à 14 heures 30.

5 (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 35.)

6 M. le Président. - Nous reprenons l'audience, s'il vous plaît.

7 Maître Nobilo, nous poursuivons par l'audition de l'accusé qui

8 témoigne.

9 M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

10 C'est D300, le document que nous avons parcouru, qui est un ordre...

11 M. le Président. - Excusez-moi, Maître Nobilo, je vois la

12 traduction... Quand je dis : "L'accusé qui témoigne", je voudrais que cela

13 soit traduit parce que, quand il y a du public, j'aime bien que la galerie

14 du public sache où on en est. Je ne veux pas souligner que M. Blaskic est

15 l'accusé, nous le savons, je voulais dire simplement que nous continuons

16 simplement avec l'accusé qui témoigne en ce moment. J'aimerais que cette

17 nuance soit introduite et il convient que le public sache à peu près

18 toujours à quelle séquence nous en sommes de ce long procès qui a commencé

19 il y a vingt mois environ. Nous continuons, merci aux interprètes.

20 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Avant la pause, nous nous

21 sommes arrêtés au document D300. C'est un document qui est l'ordre pour

22 les opérations de combats, que vous avez délivré à la brigade à

23 20 heures 45 minutes.

24 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

25 M. Nobilo (interprétation). - Nous avons donc commencé à

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1 analyser ce document, nous avons parlé de Zavrtaljka qui est un point clé

2 stratégique à cet endroit de Kiseljak. J'aimerais maintenant vous poser la

3 question concernant le point n 2.2, je répète : 2.2.

4 Vous dites, entre autres choses, qu'il est indispensable, qu'il

5 faut systématiquement tirer en utilisant les mortiers et s'emparer de

6 Sinjarevo et de Gomionica. Pourriez-vous, s'il vous plaît, expliquer aux

7 Juges ce que, du point de vue militaire, veut dire : "Tirer de manière

8 systématique" ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Pour ce qui est du point n 2.2,

10 j'ai effectivement utilisé le terme : "Tirs systématiques par les mortiers

11 de 120 mm et prendre Sinjarevo et Gomionica." Quand je dis des "tirs

12 systématiques", ceci comprend la précision la plus grande possible au

13 moment où on utilise les mortiers, notamment quand il s'agit des cibles

14 militaires, en d'autres termes quand il s'agit de déploiement des forces,

15 des positions également sur lesquelles on tire, quand il s'agit des

16 positions qui sont visées et qui font l'objet de cette opération avec la

17 plus grande précision possible, avec la plus grande exactitude possible.

18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pourriez nous

19 donner un terme à l'opposé, si par exemple vous ne demandiez pas de viser

20 systématiquement chaque position, chaque point ? Comment auriez-vous dit

21 cela ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Dans l'ordre, à ce moment-là, il

23 serait stipulé : "Effectuez les tirs des positions avec des mortiers de

24 60 mm, de 80 et 120 mm, frappez donc avec", et en d'autres termes cela

25 voudrait dire ouvrir le feu sur l'ensemble de la position où la formation

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1 de l'ennemi est déployée sans demander de viser systématiquement point par

2 point.

3 Il va sans dire que le tir de telle manière serait effectué en

4 peu de temps, en beaucoup moins de temps, il aurait fallu avec moins de

5 précision également.

6 M. Nobilo (interprétation). - Dans ce point, le même point, vous

7 demandez aux unités de prendre Bilalovac après les opérations. Quelle est

8 la raison pour laquelle vous avez demandé la prise de Bilalovac ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Bilalovac est le premier point où

10 l'on envisageait la rupture de la voie de communication Kiseljak-Busovaca

11 sur la route principale. Et à ce moment-là, toute manifestation d'une

12 opération qui serait une attaque vis-à-vis de Bilalovac aurait signifié

13 certainement pour Busovaca et pour Vitez ou pour le HVO de Busovaca et de

14 Vitez, de décharger en quelque sorte la ligne de front. Car, le

15 commandement du 3ème Corps défendrait très fermement ce corridor qui est un

16 lien avec Zenica en passant par Konjic et Fojnica et une jonction

17 également avec Mostar. C'est la raison pour laquelle, je voulais diminuer,

18 atténuer, cette pression sur Busovaca et obliger le 3ème Corps d'engager

19 une partie des forces sur le champ de bataille de Kiseljak.

20 M. Nobilo (interprétation). - Dans quel secteur, en

21 janvier 1993, l'armée de Bosnie-Herzégovine a pris la route entre Busovaca

22 et Kiseljak ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Je peux vous le montrer, si vous

24 le voulez bien. La route qui a été prise était Kacuni, Bilalovac et

25 c'était la voie terrestre et aérienne également qui avait permis la

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1 jonction opérationnelle du 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine avec

2 le 6ème, le 4ème Corps à Fojnica, à Konjic et à Mostar.

3 M. Nobilo (interprétation). - Si par hasard, ce qui aurait été

4 une chance pour vos formations, si vous avez réussi à enfoncer Bilalovac,

5 Busovaca et Kiseljak, qu'est-ce que cela aurait signifié pour votre

6 position opérationnelle en Bosnie centrale ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Ceci aurait changé de manière

8 radicale notre situation sans issue à Vitez et cela nous aurait donné une

9 plus grande possibilité de croire que l'on pouvait survivre dans ce

10 territoire.

11 M. Nobilo (interprétation). - On va résumer. En ce qui concerne

12 les attaques en direction de Gomionica, Svinjarevo et Bilalovac,

13 avaient-elles exclusivement une cible militaire ou non ?

14 M. Blaskic (interprétation). - C'était un objectif exclusivement

15 militaire et c'était la seule façon d'atténuer, d'alléger, la situation à

16 Busovaca, à Vitez, qui étaient à la veille de la chute.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pour rendre la situation plus

18 facile, alors que vous étiez à la veille de la chute, qui auriez-vous dû

19 attaquer ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Je devais donner l'ordre d'opérer

21 vers l'armée de Bosnie-Herzégovine pour que les forces principales de

22 l'armée de Bosnie-Herzégovine se regroupent et s'orientent vers le champ

23 de bataille de Kiseljak.

24 M. Nobilo (interprétation). - Maintenant, nous passons au

25 point n °3. Vous dites, dans votre ordre, que Fojnica doit vous assurer

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1 l'aile gauche et que vous devez attaquer Ducina ou enfoncer les lignes du

2 côté de Sebesic ?

3 Qu'est-ce que cela veut dire cette phrase dans le sens militaire

4 du terme ?

5 M. Blaskic (interprétation). - En cas où la brigade Ban Jelacic

6 de Kiseljak partait, commençait à attaquer Bilalovac, dans ce cas-là, elle

7 laissait l'aile gauche découverte et ceci aurait permis à une partie de la

8 zone opérationnelle de Visoko, de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

9 d'effectuer une attaque et de provoquer les pertes du côté de l'aile

10 gauche.

11 C'est la raison pour laquelle j'ai délivré cet ordre et j'ai

12 demandé qu'on engage le bataillon de Fojnica, selon la décision du

13 commandant de la brigade alternativement, ou bien d'effectuer cette

14 opération sur le détachement Dusina de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui

15 se trouvait déployé dans le secteur du village Dusina, ou bien d'effectuer

16 une opération dans la direction de Sebesic, de débloquer le HVO de

17 Sebesic, qui a été encerclée complètement par l'armée de Bosnie-

18 Herzégovine à cette époque-là.

19 M. Nobilo (interprétation). - Très sommairement, quelle était la

20 signification de faire introduire dans le combat, les unités du HVO de

21 Fojnica ? Est-ce qu'il fallait que les relations se dégradent entre les

22 Croates et les Musulmans à Fojnica ou, éventuellement, est-ce qu'il y

23 avait une autre signification ?

24 M. Blaskic (interprétation). - La signification de ceci était,

25 comme je l'ai dit, d'atténuer l'attaque des forces qui attaquaient sur

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1 Busovaca, ceci en essayant de joindre ces forces et de l'autre côté,

2 également, de libérer le sud de la ligne Polom, Kapak, Busovacke Staje et

3 autres villages environnants.

4 M. Nobilo (interprétation). - Le point n 5 de votre ordre, vous

5 dites au commandant de la brigade Ban Josip Jelasic : "Vos estimations sur

6 certaines forces ne sont pas justifiées et ne sont pas réalistes car le

7 gros des forces se trouve à Vitez et à Busovaca". Pouvez-vous expliquer

8 aux Juges de quoi il s'agissait et qu'est ce qui se cachait derrière cette

9 phrase ?

10 M. Blaskic (interprétation). – D'après les données dont on

11 disposait, le gros des forces du 3ème Corps ont été détachées, et si les

12 forces du 1er Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Visoko qui ont été

13 organisées dans le groupe opérationnel à Visoko étaient orientées et

14 devaient attaquer Busovaca et Vitez ; alors que les forces qui étaient en

15 quelque sorte le renfort de l'armée de Bosnie-Herzégovine, depuis le mois

16 de janvier 1993, se trouvaient sur la ligne de jonction et sur le champ de

17 bataille de Kiseljak.

18 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous

19 rappeler de quelle ligne il s'agissait ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait d'une ligne qui

21 partait de Zavrtaljka, qui passait par Pobace, par Velike Sotnice, par

22 Hrastovi, par Male Sotnice, Badnje, Gunjacek, Kazagici, Grabovci,

23 Hadrovci, Svinjarevo, Gomionica, Sikulja, Podatskinsko Brdo, Tusnjici.

24 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que le commandant de la

25 brigade Ban Jelasic à ce moment-là a partagé votre point de vue, que les

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1 gros des forces se trouvaient à Kiseljak et Busovaca et que celles qui

2 n'étaient pas le gros des forces étaient ailleurs ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Il avait considéré que le gros

4 des forces se trouvait dans le secteur de Kresevo, Kiseljak, donc le

5 secteur qui était sous la responsabilité de Ban Josip Jelasic, alors que

6 moi-même je lui ai fait savoir à cause de cela que ce n'étaient pas de

7 bonnes estimations, compte tenu du fait que j'avais des renseignements et

8 que j'étais parfaitement conscient du fait que les forces étaient dans une

9 situation sans issue à Vitez et à Busovaca. C'est la raison pour laquelle

10 je lui ai dit que le gros des forces ne se trouvait pas dans le secteur de

11 Kiseljak, mais de Busovaca et de Vitez.

12 M. Nobilo (interprétation). - Pour que ce soit tout à fait

13 clair, est-ce que vous avez considéré qu'il n'y avait pas des forces de

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine à Gomionica, Svinjarevo, sur cette ligne que

15 vous avez décrite tout à l'heure ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Non, moi j'observais cette

17 situation du point de vue de la concentration de l'ensemble des forces du

18 3ème Corps. Mon attitude était que le gros des forces, qui était commandé

19 par le 3ème Corps, était engagé dans l'attaque sur Busovaca et sur Vitez,

20 alors que les forces qui les soutenaient, qui étaient un support pour ces

21 forces et qui étaient puissantes mais qui n'étaient pas les forces

22 principales se trouvaient dans le secteur de Kiseljak.

23 M. Nobilo (interprétation). - Le point suivant est le

24 point n °7. Vous dites : "Toutes les forces militaires, toutes les forces

25 de police (militaires et civiles), je mets à la disposition du

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1 commandement de Ban Jelasic à Kiseljak."

2 Est-ce que vous pouvez dire aux Juges sur la base de quelles

3 autorisations, quelles prérogatives vous donnez à la brigade Ban Jelasic

4 cet ordre que les militaires et les civils leur soient subordonnés ?

5 M. Blaskic (interprétation). - C'est l'état-major du HVO de

6 Mostar qui m'avait demandé de donner cet ordre, d'attacher la police

7 militaire et la police civile.

8 M. Nobilo (interprétation). - Le point n °8, il est marqué :

9 "Toutes les opérations de combats doivent obtenir du succès. C'est la

10 raison pour laquelle il faut utiliser aussi bien les formations de la

11 police militaire et de la police civile". Est-ce que vous pouvez expliquer

12 aux Juges ce que vous sous-entendez sous le terme "nettoyage" ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Quand une formation effectue une

14 opération militaire et au moment où la ligne est enfoncée, quand on arrive

15 au moment où les défenseurs se retirent et que pour ceux qui sont

16 attaqués. C'est l'étape de poursuite qui suit dont le but est de maintenir

17 le contact de combat. Ensuite, il y a des poches, des positions de feu qui

18 sont également restées et qui sont neutralisées par les forces de

19 nettoyage. C'est courant, c'est une habitude.

20 M. Nobilo (interprétation). - Comment vous auriez pu définir le

21 "nettoyage de l'espace" ? Qu'est-ce que ceci veut dire pour un soldat ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Pour le soldat, ceci voulait dire

23 "neutraliser les poches de feu et les équipes qui sont restées dans les

24 bunkers ou qui sont restées sur les positions de tirs" ; ce sont les

25 restes de forces qui résistent encore. Il s'agissait donc du nettoyage du

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1 terrain.

2 Sinon, le "nettoyage du terrain", c'est une opération tactique

3 et de combat qui est prescrite dans les règles concernant l'infanterie et

4 qui, bien évidemment, concernent les compagnies et les détachements. Et ce

5 sont les formations d'infanterie qui entreprennent de telles démarches, ce

6 sont les pelotons et les compagnies qui effectuent le nettoyage du

7 terrain.

8 Bien évidemment, il est indispensable de former les gens sur le

9 plan du nettoyage du terrain.

10 M. Nobilo (interprétation). - Je suppose que les unités du HVO

11 ont enfoncé les lignes et les poursuivent dans la profondeur, dans le cas

12 concret, l'armée de Bosnie-Herzégovine. Par rapport aux unités du HVO,

13 est-ce qu'il y a des poches qui sont restées dans le dos ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Oui, dans le dos, en arrière par

15 rapport aux unités du HVO, il y a des poches qui restent par rapport à la

16 route principale.

17 M. Nobilo (interprétation). - Je vais vous poser la question

18 très ouvertement : quand vous utilisez le terme "qui doit être nettoyé",

19 est-ce que ce terme "nettoyage" a quelque chose à voir avec le terme

20 "nettoyage ethnique" ou la persécution des civils.

21 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs

22 les Juges, vous pouvez, bien évidemment, vérifier dans toutes les règles

23 et dans toute la réglementation de l'ex-JNA. C'est un terme qui n'a rien à

24 voir. Le "nettoyage", du point de vue militaire, n'a rien à voir avec le

25 nettoyage ethnique.

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1 La réglementation stipule très clairement quelles sont les

2 tâches de nettoyage du terrain.

3 M. Nobilo (interprétation). - Nous allons passer maintenant au

4 point n °9. Vous vous adressez à la brigade Ban Jelacic et vous dites

5 qu'ils doivent respecter les lois et rester au niveau très élevé et

6 respecter les règles ?

7 M. Blaskic (interprétation). - J'étais parfaitement conscient de

8 la situation extrêmement délicate dans laquelle nous nous sommes trouvés.

9 C'est la raison pour laquelle, j'étais conscient que, pour pouvoir

10 survivre à Vitez, il était extrêmement important que la brigade

11 Ban Jelacic se comporte correctement.

12 Par conséquent, si cette brigade n'avait pas effectué la tâche

13 qui ressortait de l'ordre dont nous avons parlé dès le 18 avril, c'est

14 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui aurait occupé cet espace, y compris

15 Vitez. Nous avons déjà commencé les négociations pour le cessez-le-feu.

16 Nous n'avons pas réussi à mettre en exécution les accords auxquels nous

17 sommes parvenus.

18 Nous avons essayé, par la suite également, en nous référant à un

19 certain nombre de personnes qui avaient de l'autorité, d'être des

20 intermédiaires pour cesser le feu. Ceci n'a pas réussi non plus. Nous

21 avons essayé de provoquer de fausses attaques en provenance de Zepce. Ceci

22 non plus n'a pas fait diminuer l'intensité de l'attaque. Et depuis un

23 temps assez long, nous sommes restés à Vitez.

24 Du point de vue logistique, nous avons été complètement coupés

25 par rapport à l'état-major principal. Nous avons été séparés également de

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1 la base logistique de Stojikovici.

2 C'est la raison pour laquelle on manquait de munitions. On se

3 trouvait dans une situation sans issue. C'était une situation qui était

4 une situation qui précédait la chute.

5 M. Nobilo (interprétation). - Dans le document de la défense que

6 nous avons reçu de l'accusation, qui concerne l'ordre, il ressort

7 clairement que c'est dans ce sens-là que vous avez rédigé cet ordre, que

8 cet ordre est arrivé à Kiseljak, peut-être ultérieurement à Fojnica ou

9 dans une autre brigade contrôlée par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

10 Pouvez-vous dire aux Juges par quel moyen vous avez envoyé cet

11 ordre ?

12 Est-ce par liaison, par paquets radio ou un autre moyen ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Je suppose que l'ordre a été

14 envoyé par la télécopie et non pas par liaison.

15 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce parce que l'on ne pouvait

16 pas également envoyer un tel ordre avec la signature ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Là, l'ordre a été signé, il

18 y a un cachet, mais ce n'est pas que pour cette raison-là. Nous avions

19 l'objectif, comme je l'ai déjà précisé, de déplacer ces forces de

20 Busovaca. C'est la raison pour laquelle je suppose que même cet ordre a

21 été reçu par le 3ème Corps, car à Kacuni, il pouvait prendre cet ordre

22 passé par la télécopie.

23 M. Nobilo (interprétation). - C'est par la télécopie civile que

24 vous avez envoyé l'ordre ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Oui. On a utilisé une ligne

Page 17932

1 civile de Vitez à Kiseljak.

2 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous étiez conscient

3 que l'armée de Bosnie-Herzégovine allait également prendre connaissance de

4 cet ordre ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui, je savais que les PTT à

6 Kacuni fonctionnaient bien. Il faisait l'objet de certaines réunions déjà

7 en février 1993 entre les représentants de la commission mixte du HVO et

8 les représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Mais mon objectif

9 prioritaire était de survivre et que ces deux secteurs de Vitez et

10 Busovaca soient quelque peu déchargés. Par conséquent, s'ils regroupent

11 les forces, à ce moment-là, ils vont les retirer de Busovaca et de Vitez.

12 M. Nobilo (interprétation). - Vous voulez dire que c'était dans

13 votre intérêt qu'ils le sachent le plus tôt possible ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

15 M. Nobilo (interprétation). - Je vais demander le document D297.

16 C'est le document que vous avez délivré le 17 avril 1993, à

17 20 heures, à la brigade Stjepan Tomacevic et au commandant de la brigade

18 de Vitez.

19 Il s'agit des renforts apportés aux forces de Vitez et de donner

20 l'ordre que vingt à trente hommes de la brigade Stjepan Tomacevic de

21 Novi Travnik se rendent à Vitez et se mettent à la disposition de la

22 brigade de Vitez et de son commandant afin d'aider à la défense de la

23 ville de Vitez.

24 M. Nobilo (interprétation). - Cela suffisait-il vraiment, vingt

25 à trente hommes dans une situation aussi critique telle que vous nous

Page 17933

1 l'avez décrite ? Pourquoi n'avez-vous pas demandé l'aide de 200 ou

2 300 hommes ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Vingt-cinq, trente hommes, en

4 effet, ce n'était pas suffisant. Nous avions besoin de beaucoup plus

5 d'hommes que cela, même beaucoup plus de 300. Mais j'avais été en contact

6 avec le commandant de la brigade Stjepan Tomacevic et je comprenais tout à

7 fait que la brigade était en train de tenir toute la ligne de front,

8 qu'elle se trouvait face à l'armée de la Republika Srpska à Novi Travnik

9 et que, avec les unités du HVO de Travnik, elle tenait 80 kilomètres de

10 lignes de front face à l'armée serbe. Donc c'était le maximum d'hommes

11 qu'il pouvait effectivement m'envoyer pour qu'ils soient mis sous le

12 commandant de la brigade de Vitez, afin d'aider à la défense du village de

13 Krcevine où la ligne de front avait été enfoncée et où existait le danger

14 d'une jonction des forces avec Stari Vitez.

15 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi n'avez-vous pas donné

16 l'ordre à toutes la brigade d'abandonner la ligne de front face aux Serbes

17 et de se transférer sur la nouvelle ligne de front avec l'autre agresseur

18 où cette brigade aurait été la bienvenue ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Quant à moi, je ne pensais pas

20 que la situation était critique à ce point et que l'armée de Bosnie-

21 Herzégovine était le nouvel agresseur. Ma priorité, à l'époque, était

22 encore la lutte contre l'armée de la Republika Srpska. Les unités du HVO

23 n'ont abandonné aucune des positions qu'elles tenaient en 1992 face à

24 l'armée de Republika Srpska à Novi Travnik et Travnik. Aucun ordre n'a été

25 donné dans ce sens. La priorité était de se protéger d'attaques possibles

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1 de la Republika Srpska.

2 M. Nobilo (interprétation). - Cet ordre parle de détachements

3 d'un certain nombre de forces. Hier, nous avons parlé de ces unités qui

4 ont été détachées sous vos ordres et vous dites que lorsqu'une unité est

5 placée sous la responsabilité d'une personne, quand elle est détachée

6 -cela s'est produit à 11 heures 42- pouvez-vous nous dire dans le document

7 qui nous intéresse, quand le commandant de la brigade de Vitez a obtenu le

8 commandement de ces vingt-cinq à trente hommes ? Pouvez-vous lire l'ordre

9 et nous expliquer de quoi il s'agit.

10 M. Blaskic (interprétation). - "Dans le cadre de l'exécution de

11 cet ordre, entrez en contact avec le commandement de la brigade Viteska

12 dont la mission consiste à placer votre unité dans une position de

13 combat".

14 M. Nobilo (interprétation). - La question est de savoir à partir

15 de quel moment le commandant de la brigade de Viteska est effectivement le

16 supérieur de ces hommes de Novi Travnik.

17 M. Blaskic (interprétation). - A partir du moment où le

18 commandant de l'unité de Novi Travnik arrive à Vitez et se présente au

19 commandement de la brigade de Vitez en lui disant qu'il se présente

20 officiellement avec son unité et qu'il se mette lui-même et son unité à la

21 disposition du commandant.

22 M. Nobilo (interprétation). - Ceci est-il indiqué au point n °2,

23 avec les mots : "Entrer en contact avec le commandant de la

24 brigade Viteska" ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Document suivant, s'il vous

2 plaît, D298.

3 Le document D298, lui aussi, a été rédigé le 17 avril 1993 à

4 20 heures. Il s'agit d'un ordre délivré à l'attention de votre brigade,

5 ainsi que d'unités indépendantes telles que les Vitezovi et la police

6 militaire. Vous demandez un état de préparation au combat maximum. Vous

7 indiquez entre autres que : "Toutes les permissions sont suspendues" et

8 vous dites que : "Tout le monde doit participer à la défense", etc. Le

9 deuxième jour de la guerre, à 20 heures, donc le soir, pourquoi est-ce que

10 vous demandez un état de préparation maximum des unités ?

11 Est-ce que cela n'est pas plutôt quelque chose qui devrait se

12 produire avant l'éclatement d'un conflit ? N'est-ce pas quelque chose que

13 l'on doit faire quelques jours avant qu'un conflit se déclenche, plutôt

14 que deux jours après que le conflit se soit déclenché ?

15 M. Blaskic (interprétation). - En effet, avoir un niveau de

16 préparation au combat maximum est quelque chose qui normalement doit être

17 fait avant les hostilités. Cependant, étant donné la situation sur le

18 terrain, tout le monde ne se rendait pas compte qu'il s'agissait d'une

19 offensive massive et générale de l'armée de Bosnie-Herzégovine et que

20 l'objectif était de prendre la vallée de la Lasva et de prendre les unités

21 du HVO à Vitez et à Busovaca.

22 M. Nobilo (interprétation). - Dans l'introduction de cet ordre,

23 vous mentionnez l'ordre du quartier général du HVO et le nombre qui est

24 écrit à la main est daté, le numéro de cet ordre est daté du

25 17 avril 1993. Vous vous rappelez qui a délivré cet ordre ?

Page 17936

1 M. Blaskic (interprétation). - Ici, le numéro de référence a été

2 pris à la main, mais j'imagine que cet ordre en fait découle, est la mise

3 en oeuvre d'un ordre délivré par le quartier de l'état-major principal. Je

4 ne peux pas le dire avec une certitude absolue, mais ici on peut voir

5 que : "Sur la base de ce qu'a demandé le commandant de l'état-major

6 principal du HVO", et ensuite le numéro est mentionné : 02-2/1-01-64.

7 Le 17 avril 1993, tous ces points sont également inclus dans

8 l'ordre délivré par le commandant de l'état-major principal.

9 M. Nobilo (interprétation). - Au point n 3, vous dites :

10 "Toutes les ressources potentielles dans la zone doivent être utilisées à

11 des fins de défense". Qu'entendez-vous par là exactement ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Cela signifie que tous les

13 hommes, toutes les armes, tous les équipements militaires doivent être

14 utilisés pour la défense par ces unités auxquelles cet ordre s'applique.

15 M. Nobilo (interprétation). - Vous parlez de forces, qu'est-ce

16 que cela signifie dans cet ordre ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Cela désigne les conscrits et

18 ceux qui ont été les conscrits militaires du HVO.

19 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que cela signifie les gens

20 qui ont refusé d'aller sur la ligne de front ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

22 M. le Président. - Si vous le voulez, on peut faire une pause de

23 quinze minutes.

24 M. Nobilo (interprétation). - D'accord.

25 (L'audience, suspendue à 15 heures 15, est reprise à

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1 15 heures 40.)

2 M. le Président. - Nous reprenons. Allez-y.

3 M. Nobilo (interprétation). - Document de la défense D288. Ce

4 document vous a-t-il été remis ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Je dispose du document D298.

6 M. Nobilo (interprétation). - Cela doit être le document D288,

7 ainsi que D289, D291, D292, D293, D294 et D295.

8 Regardons rapidement le document D288 ainsi que les autres

9 rapports. Mais nous allons procéder assez rapidement. Donc D288, est-ce

10 que c'est le rapport que vous avez obtenu de la brigade de Busovaca le

11 17 avril 1993 ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

13 M. Nobilo (interprétation). – D289, s'agit-il de documents que

14 vous avez reçus le 17 avril 1993 ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Ce document a été envoyé le

16 17 avril 1993, mais on peut y lire qu'il a été reçu le 16 avril 1993, à

17 8 heures 35. C'est ce qui est indiqué par le tampon.

18 M. Nobilo (interprétation). – Qu'est-ce que qui s'est passé ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Il y a probablement eu une erreur

20 quant à la date de réception, on dirait qu'il a été reçu avant d'être

21 envoyé.

22 M. Nobilo (interprétation). – Vous voyez bien ce document ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

24 M. Nobilo (interprétation). – Document suivant n °291. Cela

25 vient de Zenica, document intitulé : "Demande…

Page 17938

1 M. le Président. - Le document sur le projecteur, c'est lequel

2 s'il vous plaît ? D'après le greffe, c'est le 291.

3 M. Nobilo (interprétation). - C'est exact. C'est le document

4 D291 dont nous allons parler. C'est ce document…

5 M. le Président. – C'est celui qui commence par : "Les membres

6 du HVO situés dans le village de Stranjani..." ?

7 M. Nobilo (interprétation). - Oui, c'est cela.

8 M. le Président. – D'accord, nous sommes bien d'accord.

9 M. Nobilo (interprétation). - Dites-moi, Général, il s'agit

10 d'un rapport du HVO de Zenica ?

11 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

12 M. Nobilo (interprétation). - On voit une inscription manuscrite

13 sur ce document, est-ce votre écriture ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui.

15 M. Nobilo (interprétation). – Pouvez-vous examiner la chose

16 suivante : ce document a été rédigé le 17 avril 1993 à 10 heures 20, et

17 d'après le tampon, il semble que ce document a été reçu le 18 avril 1993 à

18 10 heures 32. C'est-à-dire que ce document a été reçu avec un jour de

19 retard. Peut-on placer ce document sur le rétroprojecteur, s'il vous

20 plaît. ?

21 Nous voyons le document, nous voyons le tampon. Serait-il

22 possible de faire un agrandissement de ce tampon pour voir le tampon de

23 réception et voir quand ce document a été reçu. Le 18 avril 1993 à

24 10 heures 32, donc cela a pris un jour entier. De quoi s'agit-il ici ?

25 Comment cela se fait il ?

Page 17939

1 M. Blaskic (interprétation). - A l'époque, les liaisons par

2 paquets radio étaient très difficiles et les communications parfois

3 étaient interrompues ou elles étaient soumises à des retards importants.

4 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous expliquer à la Chambre

5 comment on peut empêcher la communication par paquets radio ?

6 Je sais bien que ce n'est pas votre spécialité, mais si vous

7 pouvez nous expliquer cela brièvement.

8 M. Blaskic (interprétation). - Généralement, vous utilisez un

9 émetteur radio et une antenne qui fonctionnent avec la même fréquence de

10 146 MHz, et le récepteur ne peut pas recevoir ce message. Et bien entendu,

11 en situation, quand il y avait des combats, par exemple entre Zenica et

12 Vitez, il y avait énormément de communications, ce qui empêchait le bon

13 fonctionnement de ces communications.

14 M. Nobilo (interprétation). - Donc ces communications par

15 paquets utilisaient à la fois les ordinateurs et la radio, n'est-ce pas ?

16 C'est-à-dire en utilisant les ondes radio ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Il fallait également avoir

18 un modem et ces ondes radio étaient donc utilisées pour envoyer des

19 messages.

20 M. Nobilo (interprétation). - Parfait. Examinons maintenant le

21 document D292. Il s'agit d'un rapport de la brigade de Busovaca, de Nikola

22 Subic Zrinski, qui vous a été envoyé le 17 avril 1993 à 12 heures, et le

23 tampon de réception montre que vous n'avez reçu ce document que le

24 27 avril à 13 heures 40.

25 Je souhaiterais que ce document soit placé sur le

Page 17940

1 rétroprojecteur afin que l'on puisse voir le tampon de réception et que

2 l'on agrandisse autant que faire se peut l'image. On voit donc qu'il y a

3 eu un délai de dix jours entre l'envoi et la réception. Comment expliquez-

4 vous ceci ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Une fois de plus, les mêmes

6 difficultés, difficultés dans les communications par paquets radio ainsi

7 que les interceptions par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

8 M. Nobilo (interprétation). - Donc les éléments de ce rapport se

9 réfèrent à Busovaca et Zenica. Est-ce que vous avez quand même reçu toutes

10 ces informations, bien que vous n'ayez pas reçu les documents ?

11 M. Blaskic (interprétation). - J'avais des lignes de téléphone

12 qui fonctionnaient, si bien que j'ai pu recevoir cette information en

13 direct de la part des commandants de ces brigades.

14 M. Nobilo (interprétation). - Si vous aviez eu uniquement les

15 installations de communication par paquets radio, si vous n'aviez pas eu

16 de ligne téléphonique disponible, ou si ces lignes avaient traversé les

17 territoires ennemis, et si vous aviez été sûr qu'elles avaient été

18 interceptées entre Kacuni et Kiseljak, est-ce que les informations par

19 paquets radio vous auraient suffi à mener à bien votre mission de

20 commandement ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Non.

22 M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant au document

23 suivant, document D293. Il s'agit d'un rapport de la brigade de Vitez.

24 Nous n'allons pas le lire in extenso. Confirmez-nous, s'il vous plaît, que

25 vous l'avez reçu le 17 avril 1993.

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1 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

2 M. Nobilo (interprétation). - Document suivant, D295. Le

3 document D295 est également un rapport de la brigade de Busovaca daté du

4 17 avril 1993. Avez-vous reçu ce document ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Le document D295 dont je dispose

6 actuellement, que je tiens dans ma main, est un rapport de la brigade de

7 Vitez.

8 M. Nobilo (interprétation). - Oui, effectivement, c'est un

9 document de la brigade de Vitez, l'avez-vous reçu ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

11 M. Nobilo (interprétation). - Donc, mis à part ces deux rapports

12 ainsi que les rapports que vous avez reçus de façon verbale ou orale et

13 que vous avez mentionnés dans votre journal opérationnel dans votre

14 déposition hier et aujourd'hui, avez-vous appris le 17 avril, est-ce que

15 vous avez eu des informations qui auraient pu vous faire penser que l'on

16 était en train de procéder à des destructions d'installations civiles

17 délibérées ou à des meurtres de civils délibérés ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Non.

19 M. Nobilo (interprétation). - Pour vous, le 17 avril a-t-il été

20 un jour de réussite militaire ou d'échec militaire ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Ce jour-là, dans la zone

22 opérationnelle et pour le HVO, en termes militaires, on peut dire que cela

23 a été une journée caractérisée par l'échec, certainement une de nos pires

24 du point de vue militaire parce que nous étions complètement encerclés à

25 Vitez et que les positions tactiques qui se situaient au nord de la route

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1 allant de Vitez à Travnik, toutes ces positions tactiques avaient été

2 prises par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

3 De plus, sur le territoire de la municipalité de Zenica, les

4 villages croates dans la région de Gornja Zenica, ou Zenica-le-Haut,

5 étaient également encerclés et la population civile avait commencé à

6 quitter ces villages, se dirigeant vers la municipalité de Travnik sous la

7 pression des forces armées de Bosnie-Herzégovine.

8 Et si on regarde, par exemple, le village de Cukle dans la

9 municipalité de Travnik, la moitié des habitants ont quitté ce village car

10 ils craignaient les actions de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Dans la

11 municipalité de Busovaca, la situation était telle que nous avons perdu

12 tout le territoire de Jelinak, Bakje, une partie de Prosje, Kacuni et donc

13 nous étions complètement encerclés du point de vue militaire ; la région

14 nord de Vitez, dans cette région il n'y avait aucune position tactique qui

15 était sous le contrôle du HVO à partir du 17 avril 1993. Cela a été le

16 cas.

17 M. Nobilo (interprétation). - Passons maintenant aux événements

18 du 17 avril 1993, à savoir une journée qui a été moins riche en

19 événements, et c'est la dernière journée que nous passerons en revue de

20 façon chronologique comme nous l'avons fait pour les jours précédents.

21 M. le Président. - Le 18 ?

22 M. Nobilo (interprétation). - Oui, le 18.

23 M. Blaskic (interprétation). - Le 18 avril, à 2 heures, j'ai

24 parlé avec l'état-major principal du HVO, le quartier général, et je les

25 ai informés de la situation qui prévalait à Zenica d'après les rapports

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1 que j'avais reçus du commandant du HVO de Zenica.

2 Je lui ai fait savoir qu'il y avait eu des meurtres, des

3 arrestations, des persécutions, des pillages, que certaines maisons

4 avaient été incendiées, toutes ces exactions ayant été commises contre les

5 membres du HVO et les Croates de Zenica par les membres de l'armée de

6 Bosnie-Herzégovine.

7 A 0 heure 50, j'ai parlé au commandant adjoint de la brigade du

8 HVO de Zenica. Je lui ai fait savoir que j'étais parvenu à faire passer

9 toutes les informations et à informer l'état-major principal du HVO à

10 Mostar, au sujet de la situation et également au sujet de la position du

11 HVO à Zenica.

12 J'ai demandé au commandant adjoint du HVO de Zenica d'essayer

13 d'empêcher l'existence d'un vent de panique au sein du HVO.

14 A 0 heure 51, nous avons reçu un rapport du service de

15 renseignements militaires. Ce rapport nous indiquait que les positions de

16 l'armée de Bosnie-Herzégovine à Rovna et Pezici avaient connu le nombre de

17 blessés suivant : un mort parmi les forces armées musulmanes et trois

18 blessés.

19 D'autre part, nous avons appris que les troupes des forces

20 armées musulmanes, qui se trouvaient sur ces positions, étaient épuisées.

21 Et à 0 heure 55, j'ai appelé le commandement des Nations Unies.

22 J'ai demandé à parler au colonel Stewart. Je n'ai pas pu le joindre, mais,

23 en revanche, j'ai parlé à l'officier de permanence du bataillon des

24 Nations Unies. Je lui ai demandé son aide. Je lui ai demandé d'apporter

25 son aide au village croate de Zenica-le-Haut qui se trouvait encerclé par

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1 les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

2 A 6 heures du matin, le commandant adjoint de la brigade du HVO

3 à Zenica m'a appelé. Il m'a communiqué les informations suivante : à

4 savoir que, à 5 heures 30, une attaque avait été lancée contre le poste de

5 commandement du HVO à Zenica par les forces du 3ème Corps d'armée de

6 l'armée de Bosnie-Herzégovine et cette attaque avait été conduite sur

7 trois axes, elle venait de trois directions.

8 Il m'a également informé du fait que le commandement du HVO à

9 Zenica était encerclé. Le commandant du HVO de Zenica, Vinko Baresic, m'a

10 également signalé qu'il allait être obligé d'abandonner le poste de

11 commandement et de se retirer sur les positions suivantes en direction de

12 Cajdras.

13 A 6 heures 10, j'ai délivré un ordre, ordre qui porte la

14 référence 01-4-337/93, ordre daté du 18 avril 1993. Cet ordre portait sur

15 la destruction de documents se trouvant sur le poste de commandement de la

16 brigade de Zenica.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pourquoi avez-vous pris une telle

18 mesure et donné un tel ordre ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Le poste de commandement de la

20 brigade de Zenica, suite à l'offensive lancée par l'armée de Bosnie-

21 Herzégovine, se trouvait contraint d'abandonner son PC. Ils n'avaient pas

22 le temps matériellement d'emporter tous les documents qui se trouvaient

23 sur place. Donc je leur ai ordonné de détruire tous les documents qu'ils

24 n'étaient pas en mesure d'emporter avec eux.

25 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il là d'une procédure

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1 militaire classique lors d'une évacuation ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous avons toujours fait

3 cela lorsque nous ne pouvons pas nous retirer d'une position de façon

4 ordonnée.

5 A 6 heures 22, j'ai reçu un rapport de Zenica, stipulant que

6 toutes les communications avec le commandement de la zone opérationnelle

7 de Vitez allaient être suspendues et qu'ils se dirigeaient dans la

8 direction de Cajdras. Ils m'ont dit qu'ils nous rappelleraient dès qu'ils

9 auraient changé de position.

10 A 6 heures 24, j'ai discuté avec le commandant du bataillon

11 d'artillerie à qui j'ai demandé de procéder aux opérations de préparation

12 à l'action contre la cible 1 et de conserver les munitions, d'économiser

13 les munitions.

14 A 6 heures 31, j'ai reçu un rapport de la brigade de Travnik

15 correspondant au numéro de référence 06-267/93, daté du 18 avril 1993 et

16 émis à 6 heures 00, dont le contenu était le suivant : j'étais informé du

17 fait que, au cours de la nuit du 17 avril, aux alentours de 22 heures, le

18 village de Cukle avait été abandonné, que la moitié du village avait été

19 expulsée, ce dont la Forpronu avait été informée.

20 Ce sont les Croates qui avaient quitté ce village et ce sont

21 sans doute les commandants de la brigade de Travnik également qui ont

22 informé la Forpronu.

23 M. Nobilo (interprétation). - Vous rappelez-vous quel était le

24 motif qui avait provoqué la fuite des Croates de ce village de Cukle ?

25 M. Blaskic (interprétation). - C'est une localité qui est

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1 voisine de la municipalité de Travnik. La raison était que l'armée de

2 Bosnie-Herzégovine avait procédé à une offensive qui avait déjà provoqué

3 le blocage de la route Travnik Zenica.

4 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre, je vous prie.

5 M. Blaskic (interprétation). - Le commandant Vinko Baresic m'a

6 appelé par téléphone de Zenica à 6 heures 54. Il demandait une aide

7 urgente de la Forpronu et se plaignait du fait que la situation était

8 extrêmement difficile et pratiquement sans issue pour eux à Zenica.

9 J'ai dit à Vinko que j'allais appeler la Forpronu immédiatement

10 pour obtenir le blocage de toute entrée dans les villages croates et

11 défendre les Croates de Zenica et je lui ai demandé aussi de continuer à

12 s'organiser, pour gagner du temps.

13 A 7 heures 05, j'ai appelé une nouvelle fois l'état-major

14 principal à qui j'ai transmis le rapport traitant de Zenica, rapport

15 traitant de la situation extrêmement difficile et j'ai informé l'état-

16 major principal du fait que j'avais tenté d'établir le contact avec la

17 Forpronu, mais que je n'y étais toujours pas parvenu et que je n'avais

18 donc pas pu transmettre le message à la Forpronu à Zenica, parce que nous

19 avions besoin également de munitions. J'ai cité une précision chiffrée en

20 disant qu'à Zenica il y avait eu environ 100 morts.

21 Je lui ai demandé de me faire savoir à quel moment le général

22 Petkovic arriverait au quartier général principal, de façon à ce que je

23 puisse l'informer en personne de la situation.

24 M. Nobilo (interprétation). - Quand vous dites une centaine de

25 morts, que voulez-vous dire exactement ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Je veux dire des personnes tuées.

2 A 7 heures 06 minutes, le commandant de la brigade Nikola

3 Subic Zrinksi m'a appelé et je l'ai informé et lui ai donné des

4 instructions et des explications s'appuyant sur les ordres déjà émis par

5 moi.

6 A 7 heures 12 minutes, j'ai appelé une nouvelle fois le

7 commandement des Nations Unies, mais personne n'a répondu à mon appel. Je

8 n'ai donc pas pu établir le contact.

9 A 7 heures 15, j'ai appelé Vlado Juric, du bataillon

10 d'artillerie antiaérienne, à qui j'ai demandé d'envoyer un lanceur léger à

11 la brigade de Vitez.

12 A 7 heures 35, j'ai été informé du fait que le commandement de

13 la brigade de Zenica avait été transféré dans le bâtiment du commandant du

14 premier bataillon de la brigade du HVO de Zenica, et l'ordre correspondant

15 au numéro de référence 01-4-344/93, daté du 18 avril 1993, et émis à

16 7 heures 30, a été envoyé à ce moment-là également. Je pense qu'il y était

17 question du choix des hommes qui allaient relever les membres de la police

18 militaire qui se trouvaient sur le front. Cet ordre était adressé à la

19 brigade de Vitez.

20 A 7 heures 55, j'ai établi le contact avec les forces des

21 Nations Unies à Nova Bila, à qui j'ai dit qu'il me fallait des renforts et

22 que je souhaitais qu'ils inspectent les villages de Zenica-le-Haut, à

23 savoir les villages de Cajdras, Janjac, Raspotocje où les Croates étaient

24 encerclés par les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

25 A 8 heures 05 minutes, j'ai reçu un appel du commandant du

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1 premier bataillon de Zenica qui me faisait savoir que dans le village de

2 Cajdras, arrivait un flux important de civils qui se regroupaient en

3 nombre particulièrement important dans le périmètre de l'église, et qu'au

4 nombre de ces civils il y avait également des membres du HVO de Zenica.

5 J'ai donc donné instruction à ce commandant d'organiser les

6 civils, de les protéger contre les pilonnages et que, pour ce qui nous

7 concernait, nous allions tout faire pour les aider dans les limites de nos

8 possibilités. Je lui ai dit que nous avions déjà demandé que la Forpronu

9 bloque les routes pour protéger la population civile.

10 A 8 heures 10, j'ai eu une nouvelle conversation téléphonique

11 avec un commandant de la Forpronu. Nous avons parlé de la nécessité de

12 protéger les civils croates.

13 M. le Président. - A 9 heures 10 ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, à

15 8 heures 10.

16 M. Nobilo (interprétation). - Il y a eu une erreur dans le

17 transcript anglais au paragraphe précédent où il est écrit "8 heures 50"

18 alors que l'heure exacte est 8 heures 05 minutes.

19 M. Blaskic (interprétation). - A 8 heures 05 minutes, j'ai parlé

20 avec le commandant du 1er Bataillon, et à 8 heures 10 j'ai parlé avec un

21 commandants des Nations Unies.

22 M. Nobilo (interprétation). - Encore une erreur au

23 compte-rendu : ce n'est pas 8 heures 50, c'est 8 heures 05,

24 8 heures 5 minutes. C'est bon, à présent vous pouvez poursuivre, Monsieur

25 Blaskic.

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1 M. Blaskic (interprétation). - A 8 heures 10, j'ai parlé par

2 téléphone avec un officier de la Forpronu à qui j'ai une nouvelle fois

3 demandé une protection pour les Croates des villages relevant du secteur

4 de Zenica-le-Haut. Ce commandant m'a répondu que les commandants de la

5 Forpronu n'étaient pas en capacité de fournir cette aide car une telle

6 aide était en dehors des tâches prévues à leur mandat et que, avant de

7 pouvoir fournir cette aide, il fallait qu'ils aient un contact avec un

8 membre de la Croix Rouge internationale.

9 Mais ils m'ont fait la promesse de se rendre dans les villages

10 dont j'avais donné les noms : Perin Han, Pod Brezje, Broda, Cajdras,

11 Janjac, Raspotocje. Ils se sont également engagés à nous transmettre toute

12 information relative à la situation dans ces villages.

13 A 8 heures 25, le maire, M. Santic, m'a informé au sujet du plan

14 d'extrusion des Musulmans avec l'aide de la Forpronu.

15 M. Nobilo (interprétation). - Quelle en était la signification ?

16 M. Blaskic (interprétation). - La signification de ce plan

17 consistait à inclure probablement la Forpronu dans le départ, dans la

18 sortie des Musulmans bosniens du territoire de la municipalité de Vitez,

19 ce plan concernant plus précisément les blessés et les morts parmi les

20 Musulmans bosniens.

21 M. Nobilo (interprétation). - C'est donc un fonctionnaire civil,

22 puisque c'est le maire qui vous informe de cela. Mais en dehors de cette

23 information, est-ce que vous avez eu le moindre rôle, la moindre

24 participation dans cette évacuation des Musulman bosniens ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Non.

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1 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.

2 M. Blaskic (interprétation). - A 8 heures 28...

3 M. le Président. - Vous êtes informé, vous réagissez comment ?

4 Excusez-moi, je ne comprends pas, c'est la question de Me Nobilo : vous

5 êtes informé d'un plan d'évacuation des Musulmans ; vous avalisez. Comment

6 cela se passe-t-il, là ?

7 M. Blaskic (interprétation). - J'ai simplement reçu une

8 information relative à un plan qui aurait permis de faire sortir de ce

9 secteur les Musulmans bosniens avec l'aide de la Forpronu.

10 Mais Monsieur le Président, je n'ai reçu aucune information

11 quant aux localités où cela se serait déroulé. Probablement dans des

12 localités de la municipalité de Vitez, mais je ne savais pas de façon

13 précise dans quel lieu cela serait fait à ce moment-là. D'ailleurs,

14 aujourd'hui je ne sais pas encore sur quelles positions a eu lieu cette

15 opération.

16 M. Nobilo (interprétation). - En dehors de la formation dont

17 vous venez de parler, qui a fait l'objet d'une note écrite dans vos

18 documents, vous ne vous rappelez d'aucune autre information ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai aucune autre note que

20 celle concernant l'information reçue à 8 heures 25.

21 M. Nobilo (interprétation). - Savez-vous si d'autres actions ont

22 été entreprises dans le cadre de ce plan ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Je sais aujourd'hui, après avoir

24 écouté ce qui s'est passé dans cette salle d'audience, que les Musulmans

25 bosniens du village de Donja Veceriska ont été évacués. Mais j'ignore si

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1 le plan dont je suis en train de parler, au sujet duquel j'ai été informé

2 conformément à ce que je viens de dire, avait un rapport précisément avec

3 ce village ou pas.

4 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre.

5 M. Blaskic (interprétation). - A 8 heures 28, j'ai reçu une

6 information du chef du service de renseignements militaires selon laquelle

7 un message de l'armée de Bosnie-Herzégovine avait été intercepté ; message

8 stipulant ce qui suit : "Transmettez : Cajdras est brisée, les forces du

9 HVO se dirigent vers vous, préparez leur accueil".

10 M. Nobilo (interprétation). - Cette citation émane d'un message

11 qui a été intercepté et qui faisait l'objet d'une transmission entre deux

12 unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

14 M. Nobilo (interprétation). - Veuillez poursuivre, s'il vous

15 plaît.

16 M. Blaskic (interprétation). - A 8 heures 35, j'ai reçu un appel

17 du commandant Mario Cerkez qui m'informait qu'il y avait de fréquents

18 appels émanant des Croates de Zenica, qui demandaient de l'aide et

19 faisaient rapport au sujet de la situation extrêmement difficile de la

20 ville.

21 A 8 heures 45, j'ai reçu un appel du commandant Siljeg de la

22 zone opérationnelle du nord-ouest de l'Herzégovine. J'ai informé ce

23 commandant de la situation critique à Zenica, du fait qu'au cours de la

24 matinée le commandement de la brigade de Zenica avait été attaqué, que les

25 commandants de la brigade de Zenica avaient été chassés. Et je lui ai

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1 demandé de transmettre au chef d'état-major principal l'information

2 suivante, à savoir que chez moi également la situation était très

3 critique. En disant "chez moi", je pensais à la zone de Vitez.

4 A 8 heures 50, j'ai demandé au commandant du bataillon

5 d'artillerie de se préparer aux tirs contre les cibles correspondantes aux

6 cotes 603, 591 et 594 ainsi que 500 mètres au sud.

7 A 10 heures 52, j'ai parlé avec le père Bozo, de la paroisse de

8 Cajdras, qui m'a fait savoir qu'un grand nombre de civils s'était regroupé

9 dans le périmètre de l'église de Cajdras, que ces civils étaient

10 terrorisés.

11 J'ai dit à Bozo qu'il fallait protéger les civils contre les

12 pilonnages et que nous avions appelé la Forpronu.

13 A 10 heures 58, j'ai eu une conversation téléphonique avec la

14 Forpronu et j'ai demandé si la Forpronu s'était rendue dans les villages

15 croates de la municipalité de Zenica dont j'avais demandé l'inspection à

16 8 heures 10.

17 Les représentants de la Forpronu m'ont dit que des équipes de la

18 Forpronu avaient pris le chemin de ces villages, et on m'a demandé de

19 rappeler dans une heure ou deux.

20 A 11 heures 40, le commandant Cerkez m'a fait savoir que l'armée

21 de Bosnie-Herzégovine était en train de mener une attaque, une action

22 importante à partir de Sljivcica.

23 A 11 heures 52, le chef du service des renseignements militaires

24 m'a transmis une information selon laquelle dans le village des

25 Kajmakovici, l'armée de Bosnie-Herzégovine était en action dans la zone de

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1 Vranjska. A midi, nous avons vérifié auprès de la brigade de Vitez et mis

2 en oeuvre un ordre de relève de 40 soldats.

3 A 12 heures °02 minutes, nous avons reçu une information nous

4 annonçant des actions importantes de la part de l'armée de

5 Bosnie-Herzégovine, à partir des positions de Sivrino Selo.

6 A 12 heures 04 minutes, nous avons reçu du centre de

7 transmission l'information selon laquelle les communications par paquets

8 n'étaient possibles que de façon interrompue, que de temps en temps.

9 A 12 heures 06 minutes, une information était envoyée au sujet

10 de la situation dans la zone de responsabilité du commandement,

11 correspondant au numéro de référence 01-4-353/93 datée du 18 avril 1993.

12 A 12 heures 15 minutes, un employé de la prison de Zenica nous a

13 informés que l'armée de Bosnie-Herzégovine amenait des Croates en grand

14 nombre dans le centre de détention de Zenica, en fait dans la prison de

15 Zenica.

16 A 12 heures 18 minutes, une annonce est faite à l'intention du

17 public par tous les médias de Bosnie-Herzégovine et de la communauté

18 croate de Herceg-Bosna, cette annonce correspondant au numéro de référence

19 08-4-351/93.

20 A 12 heures 25, Mario Cerkez appelle le commandement, il s'agit

21 donc du commandant de la brigade de Vitez, qui informe le commandement que

22 la relève de 40 soldats n'est toujours pas prête, mais que l'opération est

23 en cours.

24 A 12 heures 35, je reçois un appel téléphonique de

25 M. Dario Kordic qui me transmet une information émanant de M. Mate Boban

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1 selon laquelle nous sommes encouragés à tenir et selon laquelle, eux,

2 travaillent et nous aident et vont dans le sens de négociations.

3 A 12 heures 38, j'appelle le commandant du bataillon

4 d'artillerie pour lui demander quelle est la situation du point de vue des

5 munitions. Le commandant me demande une heure pour m'informer de ce sujet.

6 A 12 heures 50 minutes, j'ai une conversation avec Franjo Boras.

7 C'est lui qui avait appelé.

8 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelles

9 étaient les fonctions de M. Boras à l'époque ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Il était membre de la présidence

11 de guerre de la République de la Bosnie-Herzégovine et membre de l'état-

12 major suprême des forces armées de la République de Bosnie-Herzégovine.

13 Je lui ai dit ce qui suit : "Je contrôle la situation là où il

14 n'y a personne de notre côté".

15 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce une traduction littérale de

16 ce que vous lui avez dit ?

17 M. le Président. - Je n'ai pas compris.

18 Vous avez M. Franjo Boras, membre de la présidence de guerre de

19 Bosnie-Herzégovine et chef de l'état-major suprême de la

20 Bosnie-Herzégovine. J'en suis là. Vous lui dites : "Je contrôle la

21 situation", après je n'ai rien compris. Pouvez-vous réexpliquer ce que

22 vous dites à M. Boras, s'il vous plaît ? Cela aidera l'interprète qui a

23 également eu des difficultés, après nous ferons une pause, si vous voulez

24 bien. Que lui avez-vous dit à M. Boras ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, M. Boras

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1 n'était pas membre de l'état-major principal, mais il était membre du

2 commandement suprême des forces armées de la République de

3 Bosnie-Herzégovine.

4 Je lui ai dit ce qui suit : "Je contrôle la situation là où il

5 n'y a pas de fous. Ici, à Zenica, la situation est la pire. A Crkvice, ils

6 assassinent...".

7 M. Nobilo (interprétation). - Qui assassine qui ? Qui égorge

8 qui ?

9 Vous dites : "Ils assassinent, ils égorgent".

10 M. Blaskic (interprétation). - Les membres de l'armée de

11 Bosnie-Herzégovine égorgent les membres du HVO et les civils croates,

12 selon les renseignements que j'avais reçus.

13 J'ai dit également à M. Boras que je ne parlais qu'en fonction

14 des renseignements que j'avais reçus.

15 M. le Président. - Général Blaskic, je crois que vous êtes

16 fatigué, les interprètes aussi, nous allons faire la pause d'un quart

17 d'heure.

18 (L'audience, suspendue à 16 heures 30, est reprise à

19 16 heures 45.)

20 M. le Président. - Nous reprenons.

21 Maître Nobilo ?

22 M. Nobilo (interprétation). - Merci. Nous nous sommes arrêtés au

23 moment où vous avez eu cette conversation avec Franjo Boras, membre de la

24 présidence de la Bosnie-Herzégovine. Le Président, M. Jorda, vous a

25 demandé ce que vous lui avez dit exactement ?

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1 Pourriez-vous répéter de quoi vous avez parlé avec lui et ce que

2 vous lui avez dit ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, j'ai informé

4 M. Franjo Boras que je contrôlais la situation là ou il n'y a pas de fous,

5 qu'à Zenica, c'est le pire, à Crkvice notamment, qu'eux égorgent ; que

6 l'église à Pod Brezje a été incendiée, pillée, détruite, endommagée ; qu'à

7 travers l'aciérie de Zenica sortent les soldats de l'armée de Bosnie-

8 Herzégovine et que la Forpronu et la mission d'observation européenne ne

9 le voient pas ; que je ne sais rien de nouveau concernant le commandant

10 Totic de Zenica et quatre officiers du commandement de la brigade

11 Stjepan Tomacevic de Novi Travnik ; que les deux officiers membres du

12 commandement de la zone opérationnelle ont été blessés au moment où ils

13 rentraient de la base de la Forpronu où ils étaient en négociation et que

14 c'étaient les soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avaient tiré ;

15 qu'il y a encore des opérations de combats qui sont en cours et que ces

16 opérations sont violentes ; que j'ai adressé les trois demandes au

17 3ème Corps, aussi bien au sujet de Zifko que des quatre officiers, mais que

18 je n'ai pas de réponse pour le moment.

19 "Hier, la Forpronu n'avait pas transporté les soldats blessés du

20 HVO en provenance du centre de santé jusqu'à Cukle et que nous essayons

21 également, en passant par la mission d'observation européenne, d'apaiser

22 la situation."

23 M. Nobilo (interprétation). - Pourriez-vous, s'il vous plaît,

24 apporter quelque explication ? Quand vous disiez : "Je contrôle la

25 situation là où il n'y a pas de fous". Où se trouvaient les fous et où ne

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1 pouviez-vous pas contrôler la situation ?

2 M. Blaskic (interprétation). - D'après les informations que

3 j'avais reçues, la situation était chaotique et en dehors de tout contrôle

4 dans le secteur de Zenica. On m'a dit littéralement que : "Eux, ils sont

5 fous, ils égorgent". Ils ont pensé aux Mudjahiddin qui faisaient partie

6 intégrante de la 7ème Brigade des Musulmans.

7 M. Nobilo (interprétation). - Concernant le contrôle, où avez-

8 vous réussi à protéger les civils ?

9 M. Blaskic (interprétation). - En général, c'est à Vitez et à

10 Busovaca.

11 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

12 poursuivre la chronologie. Après cette conversation, une fois que vous

13 avez terminé la conversation, qu'est-ce qui s'est passé par la suite ?

14 M. Blaskic (interprétation). - A 13 heures 15, il y a eu une

15 annonce au public qui a été adressée, référence 08-4-351/93.

16 A 13 heures 23, j'ai demandé au commandant de la brigade Nikola

17 Subic Zrinski de m'informer plus fréquemment et d'envoyer des rapports

18 plus complets sur la situation qui régnait dans son secteur.

19 A 13 heures 50, j'ai demandé au commandant du bataillon

20 d'artillerie d'ouvrir le feu sur la cible Samar.

21 A 14 heures 05, j'ai donné les ordres concernant les missions du

22 service d'informations, 08-4-352/93.

23 A 14 heures 08, j'ai informé le commandant Kraljevic. Je lui ai

24 dit : "Il y a les renforts que je t'envoie, observe la situation".

25 A 14 heures 16 minutes, j'ai parlé avec le commandant du MTD, le

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1 commandant du bataillon d'artillerie. J'ai vérifié s'il avait effectué les

2 tirs comme je le lui avais demandé. Il m'a répondu que oui et il m'a

3 demandé également de l'informer au sujet de l'observation.

4 M. Nobilo (interprétation). - Au moment où vous parlez de

5 Kraljevic, du commandant, vous parlez également du rapport que vous avez

6 reçu du commandant du bataillon d'artillerie. Quand vous parlez de

7 l'observation, qu'est-ce que vous sous-entendez sous ce terme ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Le commandant du bataillon avait

9 des positions d'observation d'où il pouvait contrôler les tirs, où il

10 fallait viser, comment, quels étaient les endroits visés. Nous avons

11 demandé également que chaque commandant qui demande des renforts de la

12 part du bataillon dispose également de ses propres observateurs et de nous

13 informer sur l'endroit exact où la pièce d'artillerie avait tiré.

14 Par conséquent, il y avait les deux informations que nous avons

15 pu obtenir. A la fois, il y avait des renseignements que nous avons reçus

16 de celui qui a observé et qui se trouvait au niveau du bataillon

17 d'artillerie, alors que d'autres renseignements nous venaient de la

18 formation, de l'unité à laquelle nous envoyions des renforts. Nous avons

19 donc pu également corriger ou régler la manière dont nous avons visé et

20 faire la comparaison entre les deux données que nous avons reçues.

21 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

22 poursuivre.

23 M. Blaskic (interprétation). - A 14 heures 18, j'ai reçu une

24 information du commandement de la brigade de Vitez selon laquelle Donja

25 Veceriska était vide, complètement vite. Il n'y avait ni soldat de l'armée

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1 de Bosnie-Herzégovine, ni les Musulmans bosniens qui habitaient ce

2 village.

3 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez appris

4 plus tard ? De quelle façon l'armée de Bosnie-Herzégovine et la population

5 sont parties de Donja Veceriska ?

6 M. Blaskic (interprétation). - J'ai appris plus tard que la

7 Forpronu s'était rendue sur la demande du commandant de l'armée de Bosnie-

8 Herzégovine qui se trouvait à Donja Veceriska pour évacuer les blessés,

9 mais qu'au moment où le véhicule de la Forpronu partait avec les blessés,

10 toute la population de Donja Veceriska les avait suivis, ensemble, avec la

11 Forpronu et ils se sont dirigés vers la base de Forpronu.

12 M. Nobilo (interprétation). - L'unité militaire de

13 Donja Veceriska s'est dirigée vers quel endroit ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Ils se sont retirés d'abord à

15 Divjak et ensuite vers Grbavica. Ils sont restés pendant une période assez

16 longue à Grbavica.

17 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, si vous voulez

18 poursuivre la chronologie des événements.

19 M. Blaskic (interprétation). - A 14 heures 21 minutes, j'ai

20 appelé le commandant de Zepce, le commandant de la 111ème Brigade et c'est

21 l'officier de permanence qui était sur la ligne. Je lui ai demandé de

22 rester sur place pour des missions qu'ils auraient à effectuer. Ces

23 missions concernaient les fausses attaques en provenance de Zepce et vers

24 Zenica.

25 A 14 heures 28, j'ai été informé par le bataillon d'artillerie

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1 que les tirs ont été effectués sur la cible demandée.

2 A 14 heures 34, j'avais demandé le commandant de la police

3 civile de Vitez, M. Samija et j'ai demandé à Samija s'il le pouvait, de

4 mettre à la disposition sa section d'intervention et de diriger cette

5 section sur le commandement de la brigade de Vitez en mettant l'accent sur

6 la nécessité d'envoyer cette section le plus vite possible.

7 A 14 heures 35, le commandant d'artillerie a appelé au sujet des

8 rapports concernant la situation au niveau des munitions. Il m'a dit, le

9 commandant du bataillon d'artillerie, que par la liaison par paquets et

10 par le chef du service de renseignements militaires, qu'il allait nous

11 envoyer cette information concernant les munitions.

12 A 14 heures 50, j'ai eu la conversation avec l'officier de

13 permanence de la police militaire, du 4ème bataillon et c'est de lui que

14 j'ai eu l'information selon laquelle la police civile se trouvait sur la

15 ligne, du côté de Mahala, et pour ce qui concerne la sécurité de la zone

16 opérationnelle, elle reste telle quelle.

17 M. Nobilo (interprétation). - Pour ce qui concerne Mahala, c'est

18 encore le secteur que l'on appelle Stari Vitez n'est-ce pas ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

20 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie.

21 M. Nobilo (interprétation). - A 14 heures 55, j'ai donné un

22 ordre à Zlavko Marin et je lui ai demandé de demander un appareil de

23 télécopie de la police militaire. A 15 heures, j'ai reçu l'information du

24 chef, du service de renseignements militaires, selon laquelle l'armée de

25 Bosnie-Herzégovine préparait une embuscade à l'encontre des forces du HVO,

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1 entre Jardol et Grbavica, ce sont Kuce, Varupa.

2 A 15 heures 05, Zlavko Marin à appelé le commandement de la

3 brigade de Vitez, et il avait transmis l'information et les a avertis

4 également concernant les préparatifs au sujet de cette embuscade qui a été

5 préparée par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

6 A 15 heures 07, j'ai parlé avec le commandant du bataillon

7 d'artillerie, j'ai demandé d'opérer sur la cible 810, et le commandant m'a

8 informé qu'il n'était pas en mesure, à ce moment-là, de tirer sur cette

9 cible.

10 M. Nobilo (interprétation). - Général, dites aux Juges :

11 contactiez-vous souvent le commandant d'artillerie ? Où avait-il son

12 siège ? Est-ce là où se trouvaient les pièces d'artillerie ? Comment

13 était-ce organisé ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Il avait son siège à Nova Bila.

15 Les armes se trouvaient sur les positions. Il y avait également le

16 commandant de la position d'où l'on tirait, qui recevait les ordres du

17 commandant, du bataillon d'artillerie. C'est lui également qui surveillait

18 les activités sur les positions, alors que le commandant du bataillon

19 passait pratiquement tout son temps dans le siège, à Nova Bila.

20 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, poursuivez.

21 M. Nobilo (interprétation). - A 15 heures 12 minutes, j'ai

22 vérifié de nouveau auprès du commandant du bataillon d'artillerie, pour

23 savoir s'il se préparait pour tirer sur la cible 810.

24 A 15 heures 25 minutes, j'ai demandé qu'il tire sur la

25 cible 810.

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1 A 15 heures 04 minutes, j'ai été visité par le capitaine de

2 l'ONU, je pense que c'était le capitaine Matthews. Il m'a demandé de lui

3 autoriser de se rendre à Donja Rovna.

4 Je lui ai dit qu'il devrait attendre un peu pour pouvoir envoyer

5 les renseignements aux forces qui se trouvaient sur place et pour lui

6 permettre de se rendre à cet endroit-là en sécurité.

7 M. Nobilo (interprétation). - Donja Rovna était contrôlée par

8 qui ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Une partie de Rovna était

10 contrôlée par l'armée de Bosnie-Herzégovine et l'autre partie par le HVO.

11 C'était la frontière entre la municipalité de Busovaca et Vitez. C'était

12 assez compliqué d'assurer la sécurité dans ce secteur, parce qu'il y avait

13 la ligne de front qui traversait la moitié de cet espace.

14 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

15 poursuivre.

16 M. Blaskic (interprétation). - J'ai demandé au capitaine

17 Matthews si les représentants de la Forpronu s'étaient rendus Travac et

18 s'ils avaient des renseignements sur les villages croates de Zenica.

19 Il m'a répondu que le colonel Stewart s'était rendu

20 personnellement à Zenica mais que, pour le moment, il ne savait pas quelle

21 était la position exacte où se trouvait le colonel Stewart et quelles

22 étaient les informations dont le colonel Stewart possédait.

23 A 15 heures 43, j'ai parlé à nouveau avec le commandant du

24 bataillon d'artillerie. Je lui ai demandé où il était avec les tirs. Il

25 m'a répondu qu'il avait encore des difficultés.

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1 A 15 heures 48, le commandant du bataillon d'artillerie m'a

2 appelé et m'a informé qu'il y avait quelque peu de retard sur d'autres

3 armes.

4 M. Nobilo (interprétation). - Qu'est-ce que cela veut dire avoir

5 des arrêts au niveau des armes ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Cela veut dire qu'il y avait

7 quelques problèmes techniques qui ont surgit et que l'équipe ne pouvait

8 pas effectuer les tirs demandés et, dans ce cas-là, en général, on

9 constate l'arrêt.

10 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

11 poursuivre.

12 M. Blaskic (interprétation). - A 15 heures 59, j'ai appelé de

13 nouveau le commandant du bataillon d'artillerie. Je lui ai demandé de

14 vérifier quelle était l'équipe engagée momentanément avec les pièces

15 d'artillerie, avec les armes.

16 A 16 heures 07, Zlavko Marin a appelé le commandant de la

17 brigade de Travnik. Il a vérifié l'information d'après laquelle Travnik

18 était bloquée pour tous trafics, toute circulation. Le commandant de la

19 brigade de Travnik a confirmé l'information que Travnik était bloquée. Que

20 ce blocus concernait pratiquement toutes les routes et qu'il y avait des

21 négociations en cours entre les représentants du HVO et l'armée de Bosnie-

22 Herzégovine et qu'au moment où ils auraient des résultats, qu'ils allaient

23 nous informer.

24 Travnik était bloquée, à ce moment-là, par les points de

25 contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

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1 A 16 heures 09, j'ai demandé moi-même le commandant du bataillon

2 d'artillerie. Je lui ai demandé de tirer sur la cible 915 avec un seul

3 projectile au moment où il serait prêt.

4 A 16 heures 12, j'ai reçu le rapport de la brigade

5 Nikola Subic Zrinski, référence 783/93, daté du 18 avril 199, à 14 heures.

6 Le rapport contenait les renseignements concernant le nombre de tués. Dans

7 ce rapport, il a été dit qu'il y avait 9 soldats qui avaient été tués et

8 21 ont été blessés. Je ne me souviens plus du reste du contenu de ce

9 rapport.

10 A 16 heures 20, j'ai reçu l'information du chef du service de

11 renseignements militaires, HOS, que l'armée de Bosnie-Herzégovine se

12 prépare pour ouvrir le feu sur les positions pharmacie dans la ville de

13 Vitez et qu'il est indispensable de se retirer de cette position, de

14 retirer les effectifs et les armes de cette position. Cette information a

15 été transmise à la brigade de Vitez.

16 M. Nobilo (interprétation). - Vous avez dit : "les armes", alors

17 qu'il paraît que dans le transcript, c'est "artillerie", est-ce que vous

18 pouvez préciser, s'il vous plaît ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Moi, je ne peux pas vous dire

20 exactement ce qui se trouvait auprès de la pharmacie, mais il y avait des

21 armes d'artillerie, peut-être d'infanterie, je ne le sais pas exactement.

22 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie, vous pouvez

23 poursuivre.

24 M. Blaskic (interprétation). - A 16 heures 22, Zlavko Marin a

25 appelé le commandant de la 111ème Brigade à Zepce, M. Ivo Lozancic. Il lui

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1 avait demandé qu'il soit prêt à 18 heures pour partir et selon l'ordre

2 qu'il recevrait. C'était une fois de plus une fausse attaque dont on a

3 parlé.

4 A 16 heures 38 minutes, j'ai été appelé par le brigadier

5 Petkovic, le chef de l'état-major principal du HVO. Il m'a informé sur la

6 question du cessez-le-feu qui est entré en vigueur avec l'armée de Bosnie-

7 Herzégovine, et il m'a ordonné d'appeler Enver, et de vérifier si Enver

8 avait reçu un ordre de qui que ce soit de la part de Sefer.

9 M. Nobilo (interprétation). - Enver était le commandant du

10 3ème Corps et Sefer le commandant ou le chef de l'état-major de l'armée

11 Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

13 M. Nobilo (interprétation). - Je vous en prie.

14 M. Blaskic (interprétation). - J'ai informé le général de

15 brigade Petkovic et je lui ai dit que j'avais des problèmes assez

16 importants à Zenica, que j'aimerais avoir également cet ordre en mes

17 mains, donc l'ordre sur le cessez-le-feu dont il a parlé. Et je lui ai dit

18 que j'allais appeler le commandant du 3ème Corps d'armée et que j'allais le

19 mettre au courant verbalement sur l'ordre concernant le cessez-le-feu.

20 A 16 heures 40, j'ai été appelé par Vinko Baresic, commandant

21 adjoint de Zenica. Il m'a informé sur la situation très difficile qui

22 régnait, et moi je lui ai dit que l'accord sur le cessez-le-feu a été

23 signé et que nous attendons déjà l'ordre concernant le cessez-le-feu, et

24 que nous allons cesser les opérations de combats. Si l'armée de Bosnie-

25 Herzégovine poursuit les attaques, dans ce cas là nous allons être obligés

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1 de riposter.

2 M. Nobilo (interprétation). - Général, pour un petit moment nous

3 allons nous arrêter. Nous allons essayer de faire la comparaison de ces

4 ordres. Je vais demander le D316 et le D318, les pièces de la défense.

5 Le D316 est l'ordre du commandant de l'état-major du HVO, le

6 général de brigade Petkovic, qui a été donné à votre zone ainsi qu'à trois

7 autres zones opérationnelles et aux unités du HVO. Dans cet ordre, on

8 arrête les combats entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO.

9 "En nous fondant sur les conclusions après les entretiens qui

10 ont eu lieu entre Mate Boban et M. Alija Izetbegovic, les entretiens qui

11 ont eu lieu le 18 avril, à Zagreb, conformément à l'article 3, j'ordonne

12 de :

13 1° Toutes les unités du HVO doivent arrêter tout de suite les

14 combats avec les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

15 2° Tout de suite procéder aux échanges des prisonniers, des

16 soldats et des civils.

17 3° S'occuper des blessés.

18 4° Contacter tous ceux et surtout obtenir les informations

19 concernant les protagonistes, les auteurs des conflits, les auteurs des

20 expulsions, de la population civile, de pillages, etc.

21 5° Mettez en exécution cet ordre.

22 6° Mettre au courant toutes les unités du HVO."

23 Par conséquent, c'est la zone de la Bosnie centrale, de la zone

24 nord-ouest et sud-est d'Herzégovine qui ont reçu le même ordre.

25 Est-ce après ou avant les entretiens que vous avez eu par écrit

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1 cet ordre dans votre commandement ?

2 M. Blaskic (interprétation). - Après les entretiens, dans mon

3 commandement, j'ai reçu l'ordre du général de brigade Petkovic et j'ai dit

4 qu'à 16 heures 40, déjà, j'ai mis au courant M. Vinko Baresic et le

5 commandant du HVO de Zenica avec cet ordre concernant le cessez-le-feu.

6 Mais à ce moment-là, bien évidemment, je ne lui ai pas transmis

7 tous ces points, étant donné que je ne disposais pas de ce document, je ne

8 l'avais pas dans mes mains.

9 M. Nobilo (interprétation). - Maintenant, nous allons parler de

10 l'ordre D318. Il s'agit de votre ordre 01-04-363/93 qui a été envoyé à la

11 Forpronu, à toutes les unités du HVO, à la mission d'observation, au

12 3ème Corps également de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Zenica.

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

14 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez parcourir

15 cet ordre ? Est-ce que c'est vous qui l'avez rédigé, signé et adressé à

16 ces adresses destinataires dont on a parlé ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai signé cet ordre. Oui,

18 j'ai rédigé l'ordre en langue croate, je l'ai donné à la traduction à

19 Melle Vanja Saric. C'est elle qui a traduit l'ordre, c'est moi qui ai

20 signé cet ordre. C'est moi qui ai appelé le colonel Stewart ou un officier

21 de la permanence de la Forpronu de Nova Bila et je les ai priés de bien

22 vouloir transmettre cet ordre au commandant du 3ème Corps qui se trouvait à

23 Zenica. Nous allons voir, ultérieurement, à travers la chronologie, on m'a

24 dit qu'au 3ème Corps, ils n'avaient pas reçu l'ordre pour le cessez-le-feu.

25 C'est la raison pour laquelle j'ai donc envoyé à la Forpronu tout de suite

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1 cet ordre traduit en anglais, pour ne perdre de temps dans la traduction.

2 M. Nobilo (interprétation). - D'après vos souvenirs, et il vrai

3 que vous avez, en ce qui concerne les six points de cet ordre du général

4 de brigade, qui concerne l'échange des prisonniers, et également l'enquête

5 à faire, les pillages qui ont été faits, les personnes qui ont été tuées

6 etc., vous avez copié, vous avez fait traduire et vous l'avez envoyé.

7 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est un fait parce que

8 l'ordre se fondait sur l'accord. Je n'avais pas cet accord dans les mains

9 et c'est pourquoi je fondais cet ordre sur l'ordre du chef d'état-major

10 principal. Par conséquent, les deux ordres contiennent exactement les

11 mêmes formules.

12 M. Nobilo (interprétation). - Je vous remercie. Revenons

13 maintenant à la chronologie concernant la zone opérationnelle de Bosnie

14 centrale. Vous avez eu cette conversation avec le général de brigade

15 Petkovic, à 16 heures 40, avec Baresic de la brigade de Zenica du HVO, que

16 s'est-il passé par la suite ?

17 M. Blaskic (interprétation). - A 16 heures 48, j'ai été appelé

18 par l'officier de permanence de l'état-major principal du HVO. Il m'a

19 demandé quel était l'état de la situation. Je lui ai dit que j'avais déjà

20 envoyé un rapport, que nous avions de nombreux blessés, et je lui ai dit

21 aussi qu'il ne pourrait pas nous expulser, nous renvoyer de Vitez parce

22 que nous n'avions nulle part où aller et que la seule chose qu'il pouvait

23 faire, c'était faire un nouveau Vukovar parce que, nous, il n'y avait

24 aucun endroit où nous pouvions aller.

25 M. Nobilo (interprétation). - Pouvez-vous expliquer ce que

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1 représente Vukovar pour les Croates ? Qu'est-ce que cela signifiait quand

2 vous avez dit qu'il allait faire un nouveau Vukovar ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Au moment où j'ai dit cela à

4 l'officier de permanence, il a ri; Il m'a dit : "En effet, vous n'avez

5 aucun endroit où aller". Vous savez, Vukovar, c'est une souffrance énorme

6 pour tous les Croates. C'est un symbole de la souffrance des Croates et

7 c'était vraiment très caractéristique de ce que je ressentais parce que

8 nous étions complètement encerclés, complètement assiégés. Il me

9 paraissait impossible que nous puissions sortir de cette situation.

10 M. Nobilo (interprétation). – Est-il exact que la ville de

11 Vukovar, qui se trouvait en Slavonie orientale, avait été assiégée et,

12 ensuite, complètement détruite avant d'être prise ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

14 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez s'il vous plaît.

15 M. Blaskic (interprétation). - A 16 heures 55, j'ai envoyé un

16 ordre au 4ème bataillon de la police militaire, ordre numéro 01-4-359/93,

17 daté du 18 avril 1993 à 16 heures 30.

18 Le contenu, la teneur de cet ordre était la suivante : il

19 fallait remplacer la police militaire sur la ligne de front. Ensuite, à

20 17 heures, j'ai de nouveau eu une conversation avec le HVO à Mostar, avec

21 l'état-major à Mostar.

22 Je leur ai dit que nous avions encore des difficultés à Zenica,

23 que l'offensive qui venait de Zenica était des plus violente. Je lui ai

24 dit que j'avais reçu un ordre et je l'ai informé de ce qui se passait avec

25 le cessez-le-feu. Je lui ai dit que la ville de Travnik était bloquée et

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1 qu'il y avait des négociations à Travnik entre le commandant de la brigade

2 de Travnik et le commandant des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine et

3 qu'à Novi Travnik il régnait une grande atmosphère de tension.

4 Je lui ai dit également que beaucoup de gens étaient touchés par

5 cette situation.

6 A 17 heures 20, j'ai eu l'impression que l'hôtel avait été

7 touché. J'ai eu l'impression qu'il s'agissait d'un obus de mortier de

8 120 mm, parce que l'immeuble entier a tremblé sous le coup. Nous avons

9 donc estimé que l'hôtel a été touché délibérément.

10 M. Nobilo (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous dire

11 ce qui a été consigné au registre opérationnel sur cette frappe ?

12 M. Blaskic (interprétation). - On peut y lire que l'hôtel a été

13 touché par un obus de 120 mm qui venait de la direction de Preocica.

14 M. Nobilo (interprétation). - Preocica, c'est-à-dire là où se

15 trouvaient les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui, nous avons parfois eu des

17 tirs qui venaient d'un char et parfois des tirs d'artillerie.

18 M. Nobilo (interprétation). - Poursuivez.

19 M. Blaskic (interprétation). - A 17 heures 27, le service de

20 renseignements militaires...

21 M. Nobilo (interprétation). - Le service de renseignements

22 militaires ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Nous avons reçu des

24 informations comme quoi l'armée de Bosnie-Herzégovine était en train de

25 tirer avec des pièces d'artillerie.

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1 A 17 heures 30, le responsable des communications du quartier

2 général de l'état-major principal à Mostar a appelé et a demandé qui

3 tenait la poste, les communications à Travnik. Nous lui avons fait savoir

4 que le centre de télécommunication était contrôlé par l'armée de Bosnie-

5 Herzégovine.

6 A 10 heures 30, nous avons envoyé une réponse à la brigade de

7 Zenica. Il s'agit du document 01-4-354/93, en date du 18 avril 1993.

8 C'était en réponse à un document que nous avions reçu de Zenica,

9 document portant référence 63-83/93, daté du 18 avril 1993 à 10 heures 32.

10 Je pense qu'il s'agissait d'informations sur la situation à

11 Zenica. Je ne me rappelle pas exactement la teneur de ce document.

12 A 17 heures 40, je me suis entretenu avec un membre du

13 commandement de Fojnica. Je lui ai demandé de me dire ce qui se passait à

14 Fojnica.

15 A 17 heures 50, j'ai reçu des informations du chef du service de

16 renseignements militaires. Il m'a fait savoir que l'armée de

17 Bosnie-Herzégovine s'apprêtait à intervenir dans la zone du périmètre de

18 l'église de Stari Vitez.

19 M. Nobilo (interprétation). - S'agit-il d'une église

20 catholique ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Oui, une église catholique. Nous

22 avons intercepté une information sur l'imminence d'un tir d'artillerie sur

23 la zone de cette église catholique. Ce n'est pas l'église qui était

24 expressément visée.

25 A 17 heures 55, j'ai appris la mort du commandant Jure Krezic.

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1 A 18 heures 26, j'ai reçu des informations de la part du

2 responsable du centre de communications qui m'a fait savoir que les

3 communications par paquets avec Zenica étaient impossibles de nouveau et,

4 à 18 heures 40, j'ai reçu des informations de la part du commandant de la

5 brigade de Vitez qui m'informait donc de la situation.

6 L'officier de ce district, M. Vid Jazbinski, a établi des

7 communications avec le commandant du 3ème Corps d'armée. Il a vérifié si,

8 eux aussi, avaient reçu des ordres relatifs à un cessez-le-feu. Ce sont

9 les ordres que nous avons examinés il y a quelques instants. Réponse de

10 cet officier du 3ème Corps d'armée : il n'avait pas reçu d'ordre relatif à

11 un cessez-le-feu.

12 J'ai parlé moi-même au représentant du 3ème Corps d'armée. Moi-

13 même -je ne sais pas si c'était le commandant du 3ème Corps, c'est-à-dire

14 M. Enver Hadzihasanovic, ou bien s'il s'agissait de l'officier de

15 permanence avec qui j'ai parlé-, en tout cas je lui ai lu l'ordre que

16 j'avais reçu de l'état-major principal au sujet du cessez-le-feu, et je

17 lui ai dit : "Eh bien, nous allons vous envoyer par le biais de la

18 Forpronu une copie des ordres que nous avons délivrés à l'intention de

19 l'ensemble de nos unités".

20 A 19 heures 30, Vinko Baresic, de la brigade de Zenica, m'a dit

21 qu'il se trouvait contraint de signer la reddition du HVO, de Cajdras à

22 Zenica.

23 A 20 heures 40, Zlavko Marin s'est entretenu avec le commandant

24 de la brigade de Vitez au sujet de l'organisation de la défense par

25 secteur sur la façon, par exemple, de construire, de tracer des petites

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1 routes afin de pouvoir lier Vitez à l'hôpital.

2 A 21 heures, je me suis entretenu lors d'une réunion avec le

3 commandant Cerkez, qui est à la fois le maire de Vitez et le responsable

4 du département de la Défense à Vitez. Nous nous sommes entretenu de

5 l'organisation de la défense par secteur, nous nous sommes également

6 entretenu de la mise en place de liens de communication, de routes pour

7 permettre de faire le lien entre Vitez, Busovaca et l'hôpital.

8 A 22 heures, j'ai fait un rapport verbal à l'état-major

9 principal du HVO sur la situation dans la zone de Bosnie centrale.

10 A 23 heures, je me suis entretenu avec le général de brigade

11 Petkovic. Je lui ai dit que la situation était grave, critique, et je lui

12 disais que j'avais besoin d'aide, que je demandais l'aide des politiques

13 au plus haut niveau afin que le cessez-le-feu qui avait été signé soit

14 appliqué et que les ordres relatifs à ce cessez-le-feu soient traduits

15 dans les faits.

16 A 1 heure 40 du matin, le 19 avril, j'ai reçu des informations

17 relatives au regroupement et à la concentration des forces de l'armée de

18 Bosnie-Herzégovine dans la zone située au nord de Busovaca.

19 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, nous avons

20 ainsi fini avec la chronologie pour le 18 avril. Il est 17 heures 30,

21 peut-être pourrions-nous en finir pour aujourd'hui ?

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23 M. le Président. - Nous allons lever l'audience. Elle reprendra

24 demain à 13 heures 30,.L'audience est levée.

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2 L'audience est levée à 17 heures 30.

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