Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Lundi 10 mai 1999

4 L'audience est ouverte à 14 heures 10.

5 M. le Président. - Vous demandez qu'on introduise notre témoin.

6 Je salue les interprètes, les sténotypistes.

7 L'Interprète. - Bonjour, Monsieur le Président.

8 M. le Président. - Je salue le bureau du Procureur, les conseils

9 de la défense.

10 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

11 Je salue le Général Blaskic.

12 Je rappelle que nous sommes dans la phase du procès où l'accusé

13 témoigne à titre de témoin sous serment, que nous sommes dans la phase du

14 contre-interrogatoire mené par l'accusation, qu'il lui reste un nombre de

15 jours qui ont été déterminés de façon extrêmement précise par le greffe

16 vendredi en fin de matinée.

17 Monsieur Kehoe, c'est à vous.

18 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

19 Bonjour, Monsieur le Président, bonjour, Messieurs les Juges,

20 bonjour aux conseils de la défense, bonjour, Général.

21 M. Blaskic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Procureur.

22 M. Kehoe (interprétation). - Général, si vous le voulez bien,

23 j'aimerais que nous prenions la pièce à conviction de l'accusation 456/95.

24 Nous terminerons notre analyse des événements de Kiseljak avec cette

25 pièce.

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1 Général, pour le compte rendu, je rappelle qu'il s'agit d'un

2 extrait du procès-verbal d'une réunion du conseil de Défense croate de

3 Bosnie centrale tenue le 22 septembre 1992.

4 Nous voyons le titre "Traité de la situation dans les

5 municipalités et notamment à Kiseljak" et, sous Kiseljak, nous lisons ce

6 qui suit :

7 "Le HVO contrôle totalement la situation bien qu'il y ait

8 fréquemment des conflits liés aux compétences des autorités civiles et

9 militaires. Presque toutes les entreprises fonctionnent, les salaires sont

10 payés en dinars croates suite au conflit avec les Musulmans qui a été

11 organisé par les dirigeants de Sarajevo, par le truchement des

12 Mudjahidins. La situation est tout à fait stable. Les autorités militaires

13 du HVO dominent." (fin de citation.)

14 Alors, Général, ce paragraphe dont je viens de donner lecture

15 rend bien compte de la situation de Kiseljak à partir de la deuxième

16 moitié de septembre 1992, moment où le HVO contrôlait totalement la

17 municipalité, n'est-ce pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Dans ce document, la situation

19 est décrite d'une façon qui ne rend pas absolument fidèlement compte de la

20 réalité car, comme nous l'avons vu sur la base d'autres pièces à

21 conviction, à ce moment-là, sur le territoire de Kiseljak, c'est la

22 présidence de guerre qui fonctionnait, présidence de guerre qui a été

23 créée pour la municipalité de Kiseljak à partir des autorités civiles, et

24 cette présidence de guerre fonctionne en rapport avec les Musulmans

25 bosniens de Kiseljak et représente le pouvoir civil complet.

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1 Quant au pouvoir représenté par le HVO, pouvoir civil également,

2 il s'occupe des citoyens croates de Kiseljak.

3 Quant au pouvoir militaire au mois de septembre, il n'y a pas eu

4 de gros problèmes dans la région puisque le conflit de Duhri a été réglé,

5 et le quartier général de la Défense territoriale travaillait dans le même

6 bâtiment que celui qui abritait les bureaux du HVO, la coopération étant

7 assez bonne à ce moment-là dans ce bâtiment. C'est d'ailleurs ce qui

8 ressort de la lecture de la pièce à conviction de la défense -c'est un

9 document que j'ai présenté-, pièce à conviction de la défense 395 datée du

10 10 août 1992.

11 Après une rencontre avec Dzemo Merdan, j'ai donc émis un ordre

12 -c'est ce document- et au point 6 de ce document, on peut constater que je

13 m'appuie sur un accord qui a été conclu et que je demande que le

14 fonctionnement, les activités de la Défense territoriale soient rendus

15 possibles.

16 Donc Monsieur le Président, un jour après le règlement du

17 conflit, le 9 août déjà, nous avons établi une coopération face aux lignes

18 serbes. Nous avons commencé à défendre les positions ensemble et nous

19 avons utilisé des véhicules communs pour transporter les soldats depuis

20 Bilalovac dans la municipalité de Kiseljak vers le front face aux Serbes.

21 Donc le document dont il vient d'être donné lecture ne rend

22 absolument pas compte d'une façon tout à fait fidèle de la situation dans

23 la municipalité de Kiseljak.

24 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Général.

25 Monsieur le Président, pour avancer, je voudrais soumettre au

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1 Tribunal deux communiqués : le premier émane des Musulmans de Kiseljak, il

2 est daté du 16 octobre 1992 et demande aux institutions légales de

3 Kiseljak de participer au processus démocratique pour mettre un terme à

4 l'usurpation du pouvoir par le HVO.

5 Bien entendu la date de ce document est ultérieure à celle du

6 22 septembre, date à laquelle il avait été constaté que le HVO avait pris

7 totalement le contrôle de Kiseljak.

8 Nous n'allons pas lire ces documents, Monsieur le Président,

9 nous nous contentons de les soumettre au Tribunal et nous passons à la

10 description de la situation dans une autre municipalité.

11 Lorsque M. l'Huissier en aura terminé avec le premier document,

12 j'aimerais lui remettre un deuxième document qui est une demande de

13 rencontre émanant des Musulmans de Kiseljak. Il souhaite rencontrer les

14 membres du parti HDZ pour rétablir la coopération entre les deux entités.

15 M. Abtahi. – Il s'agit des pièces 638, 638 a) pour la version

16 anglaise et 639 et 639 a) pour la version anglaise de l'accusation.

17 Pardon 638 et 639.

18 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, pour

19 l'instant nous soumettons ces pièces et nous allons passer à une autre

20 série de questions.

21 M. le Président. – Vous changez de sujet ou vous êtes toujours

22 sur Kiseljak, Monsieur le Procureur ?

23 M. Kehoe (interprétation). – Nous allons passer à la

24 municipalité de Busovaca.

25 M. le Président. – Bien, donc ces pièces sont versées à l'heure

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1 actuelle. On les admet 638 et 639, n'est-ce pas ?

2 M. Kehoe (interprétation). - C'est cela Monsieur le Président.

3 Général nous aimerions à présent discuter avec vous d'une autre

4 question qui porte sur la municipalité de Busovaca.

5 Au cours du mois de mai 992, vous vous êtes rendu à plusieurs

6 reprises à Busovaca, n'est-ce pas, pour rencontrer Pasko Ljubicic,

7 Filip Filipovic, Zarko Tole, notamment. N'est-ce pas ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Un instant, je vous prie.

9 Au début du mois de mai 1992, j'ai rencontré Pasko Ljubicic mais

10 je n'avais pas pour but de le rencontrer personnellement. C'est M. Trutina

11 le chef d'état-major qui m'avait convoqué, moi aussi, me demandant de me

12 rendre à qui Kisovac où j'ai rencontré Pasko Ljubicic…

13 M. le Président. – Pour l'instant, essayons de recentrer le

14 débat, la question n'a pas été de savoir pourquoi et dans quelles

15 conditions vous avez rencontré Pasko Ljubicic. Si la question vous est

16 posée, je crois qu'il vous sera tout à fait loisible d'y répondre. Je

17 crois que la question était de savoir si vous avez bien rencontré

18 Pasko Ljubicic au commencement de mai 1992. Je crois que c'est très

19 simple, il suffit d'y répondre très simplement et vous verrez les

20 questions suivantes. D'accord ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Oui, absolument Monsieur le

22 Président. Si la question qui m'était posée consistait à me demander si au

23 mois de mai j'avais rencontré Pasko Ljubicic, j'aurais tout de suite

24 répondu oui, parce que je l'ai rencontré. Mais ce n'est pas ce que j'ai

25 entendu de la bouche de l'interprète.

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1 M. Hayman (interprétation). – En anglais la question était,

2 Monsieur le Président, vous êtes-vous rendu en mai à Busovaca pour

3 rencontrer des hommes, et notamment Pasko Ljubicic. C'est ce qui a été dit

4 en interprétation anglaise.

5 M. le Président. – Arrêtons la sémantique. Je suis là pour

6 essayer que le débat soit équilibré, rapide et efficace. Monsieur le

7 Procureur, répétez votre question. La question était-elle de savoir si le

8 témoin avait rencontré Pasko Ljubicic.

9 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous rencontré Pasko Ljubicic

10 et Filip Filipovic ?

11 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président,

12 Messieurs les Juges, au début du mois de mai 1992, j'ai rencontré

13 Pasko Ljubicic dans la réception de l'hôtel. J'étais assis à une table en

14 même temps que le colonel Filip Filipovic.

15 M. le Président. – Pour l'instant, vous l'avez rencontré ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai vu, je l'ai vu,

17 Monsieur le Président.

18 M. le Président. – D'accord.

19 M. Kehoe (interprétation). - Cela s'est-il passé dans la

20 municipalité de Busovaca ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Oui, cela s'est passé dans la

22 municipalité de Busovaca.

23 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous rencontré Zarko Tole ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Aux alentours du 23 mai, je l'ai

25 rencontré également dans la municipalité de Busovaca, oui.

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1 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer la pièce à

2 conviction de l'accusation 208.

3 Ce document porte la date du 10 mai 1992, il émane de Busovaca

4 et porte la signature du vice-Président du HVO, Dario Kordic, ainsi que

5 celle du commandant du quartier général municipal du HVO pour Busovaca

6 Ivo Brenda J'aimerais vous demander de regarder les paragraphes 1, 2 et 3

7 plus particulièrement Général, et le premier paragraphe se lit comme suit.

8 Je demanderai qu'on remonte le texte sur le rétroprojecteur.

9 Merci.

10 Le texte se lit comme suit, paragraphe 1, je cite : " l'accord

11 conclu entre le HVO et ce que l'on appelle la Défense territoriale de

12 Busovaca, au sujet de la distribution des armes est annulé par la

13 présente. Il a été décidé que les forces du HVO de Busovaca reprendraient

14 toutes les armes, tous les matériels, tous les équipements ainsi que

15 toutes les casernes. "

16 Paragraphe 2, je cite : " La ville de Busovaca doit être bloquée

17 complètement de tous les côtés. "

18 Paragraphe 3 :" Toutes les formations paramilitaires, (ce que

19 l'on appelle la Défense territoriale) tous les individus et tous les

20 autres sont soumis à un ultimatum leur demandant de remettre toutes les

21 armes en leur possession avant dimanche 12 h 00, ou de les placer sous le

22 commandement du HVO, ce qui inclut l'obligation de porter les insignes du

23 HVO. " Fin de citation.

24 Peut-on passer à la page suivante, je vous prie ?

25 Point 7 du texte, je cite :" La mobilisation de toutes les

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1 forces du HVO à Busovaca doit être effectuée ".

2 Point 8 :" Le SJS, poste de sécurité publique, doit être repris

3 et le poste de police de Busovaca doit être créé.

4 Jusqu'à la création du poste de police, la seule institution de

5 Busovaca responsable du maintien de l'ordre et qui garantira que toutes

6 les décisions du HVO sont respectées est la police militaire du HVO qui se

7 voit accorder ce pouvoir par la présente. "

8 Dernier paragraphe, paragraphe 11 :" La cellule de crise

9 municipale est démantelée conformément aux ordres du HVO de la communauté

10 croate de Herceg-Bosna et le HVO de Busovaca reprend tout le pouvoir. "

11 Fin de citation.

12 Alors, Général, ce texte date du 10 mai 1992, c'est-à-dire un

13 jour avant l'émission de votre ordre dans lequel vous déclarez illégale la

14 Défense territoriale, n'est-ce pas ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas exactement de quel

16 document vous parlez, car je n'ai pas ce document que j'ai émis entre les

17 mains. S'agit-il de l'ordre….

18 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi Monsieur le Témoin.

19 J'aimerais qu'on montre au témoin la pièce à conviction 502 de

20 l'accusation. C'est le document dont nous avions parlé la semaine

21 dernière, je pensais que vous vous en souveniez. Je vous prie de m'excuser

22 si tel n'est pas le cas, il convient que vous y jetiez en un coup d'oeil.

23 M. Hayman (interprétation). - Vous avez dit hier, Maître Kehoe.

24 Hier, c'était dimanche si vous ne vous rappelez pas.

25 M. Kehoe (interprétation). - Merci Monsieur le conseil de la

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1 défense. Je parle de l'ordre que vous avez émis suite à l'ordre

2 d'Anto Roso du 8 mai 1992, le vôtre portant la date du 9 mai 1992.

3 Vous avez le document en question sous les yeux Général.

4 M. Blaskic (interprétation). - Oui j'ai le document 502 de

5 l'accusation. Dans ce document pièce à conviction 502 de l'accusation, la

6 date est celle du 11 mai, et il est fait référence à l'ordre que j'ai reçu

7 du grand quartier général qui porte la signature du général Anto Roso.

8 M. le Président (interprétation). – Voulez-vous bien poser vos

9 questions Monsieur le Procureur ; on ne va pas refaire le commentaire de

10 ce document. Ce que l'on attend du témoin, c'est une réponse à une

11 question.

12 M. Kehoe (interprétation). - La réponse est que la date est

13 celle du 11 mai, c'est-à-dire le lendemain de l'ordre signé par

14 Dario Kordic dont nous venons de prendre connaissance. Je demande donc que

15 l'on regarde maintenant la pièce à conviction de l'accusation 209,

16 document suivant

17 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président,

18 Messieurs les Juges, j'ai reçu à l'instant le document 208 de

19 l'accusation, et au sujet de ce document, je tiens à dire que c'est la

20 première fois que je le vois ici dans ce prétoire. S'agissant maintenant

21 de la teneur de ce document, je n'en ai pas parlé avec les auteurs de ce

22 document et je dirai que ce que contient ce document montre ce que j'ai

23 dit dans ma déposition, à savoir le fait que ce document, étant signé par

24 des autorités civiles et militaires, montre bien qu'il y a chevauchement

25 entre les deux pouvoirs.

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1 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Général. J'interromps

2 le témoin qui est en train de prendre le temps de l'accusation et le

3 Procureur aimerait poser des questions au sujet de la pièce à conviction

4 de l'accusation 209. Si le témoin veut s'exprimer davantage au sujet de ce

5 document, il en aura amplement le temps lors des questions

6 supplémentaires. Je vous prie de m'excuser, Monsieur le Témoin, notre

7 temps est limité, il est compté.

8 J'aimerais que l'on passe à la pièce 209 de l'accusation.

9 M. Blaskic (interprétation). - Très bien, j'avais envie de

10 parler de la pièce208 de l'accusation qui m'a été soumise et sur laquelle

11 je ne me suis pas exprimé.

12 M. Kehoe (interprétation). - Vous en aurez la possibilité au

13 cours des questions supplémentaires de votre conseil Me Nobilo.

14 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, j'aimerais

15 élever une objection quant à la modalité de l'interrogatoire. C'est un

16 troisième document qui est soumis au général Blaskic et aucune question

17 n'est posée au sujet de ce document. Nous sommes en plein

18 contre-interrogatoire du général Blaskic et tous les documents devraient

19 être la base de questions. Nous venons d'avoir deux documents de Kiseljak

20 qui ont été versés au dossier. Aucune question n'a été posée à leur sujet.

21 Nous n'en sommes pas aux réquisitions, Monsieur le Président.

22 M. le Président. - Nous ne sommes pas aux réquisitions, Maître

23 Nobilo, mais nous sommes également comptables du temps qui, à l'heure

24 actuelle, s'écoule. Je vous rappelle, aussi bien d'ailleurs à l'accusation

25 qu'à la défense, que la Chambre tient de l'article 90 (G) du Règlement de

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1 preuve et de procédure que je vais lire lentement pour les interprètes les

2 dispositions suivantes :

3 "La Chambre de première instance exerce un contrôle sur les

4 modalités de l'interrogatoire des témoins et de la présentation des

5 éléments de preuve ainsi que sur l'ordre dans lequel ils interviennent de

6 manière à

7 (i) rendre l'interrogatoire et la présentation des éléments

8 de preuve efficaces pour l'établissement de la vérité.

9 (ii) éviter toute perte de temps inutile."

10 J'entends exercer les pouvoirs de cet article 90 (G) de sorte

11 que le temps qui reste compté pour l'accusation ne soit pas perdu souvent

12 en de trop grandes digressions de la part d'ailleurs de toutes les

13 parties.

14 Cela étant -je me tourne vers Me Nobilo et Me Hayman-, vous

15 savez, les droits de l'accusé sont respectés de manière scrupuleuse, mais

16 il faut également respecter la possibilité pour l'accusation de

17 s'exprimer. Il appartient donc au Procureur de faire les rapprochements

18 des documents qu'il estime devoir rapprocher. Si les Juges estiment que le

19 témoin doit faire un commentaire sur un document, eh bien, les Juges le

20 demanderont.

21 Monsieur le Procureur, poursuivez.

22 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

23 Général, nous sommes en train d'examiner la pièce à conviction

24 de l'accusation 209. Il s'agit d'un document qui émane du HVO de Busovaca

25 en date du 22 mai 1992. Il est signé, je le répète, par Dario Kordic et

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1 signé également par le Président du commandement du HVO pour Busovaca.

2 "1. Le blocus complet de la ville de Busovaca dans toutes les

3 directions, établi conformément aux ordres N° 62/92 du 10 mai 1992, émis

4 par le commandement municipal du HVO de Busovaca est aboli. Les forces du

5 HVO de Busovaca se voient ordonner de garder les bâtiments importants

6 situés sur le territoire municipal à l'avenir, conformément aux ordres du

7 commandant du commandement municipal du HVO pour Busovaca.

8 Est responsable de l'exécution du présent ordre, le commandant

9 du commandement municipal du HVO pour Busovaca. (...)

10 4. En raison du fait que le HVO de la municipalité de Busovaca

11 conduit toute l'organisation de la ville et de la défense de Busovaca,

12 l'assemblée municipale de Busovaca, le conseil exécutif municipal de

13 Busovaca et la cellule de crise municipale de Busovaca n'exerceront plus

14 leur fonction, ne prendront plus de décision tant que les conditions ne

15 s'améliorent pas.

16 5. L'organisation interne et les responsabilités des organes

17 gouvernementaux de l'assemblée municipale de Busovaca sont réglementées

18 par un ordre spécial émanant du commandement municipal du HVO de Busovaca.

19 (...)

20 7. Le présent ordre prend effet immédiatement."

21 Général, ce document dont il vient d'être donné lecture et qui

22 prend effet le 22 mai, fait du HVO l'autorité principale de Busovaca. Il

23 est émis en même temps que le HVO prend le contrôle de la municipalité de

24 Kiseljak où vous vous trouvez, n'est-ce pas ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Non, d'ailleurs je souhaite

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1 m'exprimer sur le présent document également. Je ne suis pas d'accord pour

2 dire qu'à Kiseljak, la situation était là même que celle qui prévalait à

3 Busovaca.

4 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, ce qui est dit dans

5 le texte dont il vient d'être donné lecture, c'est que toutes les

6 municipalités de Bosnie centrale étaient des Etats dans l'Etat. Nous

7 l'avons constaté à Kiseljak.

8 A Busovaca, l'accord au sujet de la distribution conjointe des

9 armes est annulé alors qu'à Kiseljak, il est mis en œuvre sur la base d'un

10 accord entre la Défense territoriale et le HVO.

11 Par ailleurs, le pouvoir civil -nous le voyons dans ce document

12 également- s'occupe de questions civiles et militaires, ce qui signifie,

13 comme nous le lisons au point 1 du texte que j'ai sous les yeux... Donc

14 les ordres sont donnés au niveau municipal par les autorités militaires

15 Puis, il y a un autre document daté du 8 juillet 1992 dont je ne

16 connais pas la référence, la cote, et où nous voyons que la municipalité

17 de Kiseljak se voit offrir par les membres de la cellule de crise de la

18 municipalité de Kiseljak, tirés des rangs du peuple musulman bosnien, une

19 proposition démocratique, à savoir la conclusion d'un accord destiné à

20 maintenir les bons rapports entre les deux communautés et à s'entendre sur

21 la création d'une présidence de guerre.

22 Cette présidence de guerre est donc établie. C'est un organe qui

23 existe déjà à la date dont nous parlons. A Kiseljak, au moins à partir du

24 mois de juillet, il y avait une présidence de guerre qui fonctionnait pour

25 le peuple musulman bosnien et le HVO qui fonctionnait pour le peuple

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1 croate. Je parle d'autorité civile à Busovaca. La situation était très

2 différente de la situation à Kiseljak.

3 M. Kehoe (interprétation). – Général, j'aimerais que nous

4 prenions la pièce à conviction 456/95 qui nous montre la situation

5 prévalant dans la municipalité de Busovaca à partir du 22 septembre 1992.

6 Je vous rappelle, Général, que vous avez participé à la réunion qui est

7 décrite dans ce document.

8 Vous y êtes décrit en tant que membre de la présidence de

9 guerre.

10 M. Blaskic (interprétation). – Oui, mais j'étais le seul membre

11 de la Présidence de guerre à ne pas avoir reçu le procès-verbal, à ne pas

12 l'avoir signé alors que tous les autres membres l'ont reçu et signé.

13 M. Kehoe (interprétation). – L'ordre du jour, nous le voyons en

14 première page. Au point 1 de l'ordre du jour, général, nous voyons : mise

15 en œuvre de la décision consistant à créer les autorités du HVO.

16 Je vous engage à regarder ce qui est dit de la situation dans la

17 municipalité de Busovaca dans ce texte ; les deux premières phrases se

18 lisent comme suit, je cite : " Le pouvoir du HVO a été établi le

19 9 mai 1992. Le HVO est la seule autorité, mais la création du conseil

20 musulman est une source de préoccupation. " Fin de citation.

21 Donc le 22 septembre, alors que le HVO contrôle complètement

22 Kiseljak, il est également constaté que le HVO est la seule autorité, le

23 seul pouvoir à Busovaca, n'est-ce pas ?

24 M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit que la situation sur le

25 terrain, et j'en suis sûr, pour le mois de septembre, s'agissant des

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1 autorités civiles à Kiseljak, fonctionnait une présidence de guerre de la

2 municipalité de Kiseljak composée de représentants du peuple musulman

3 bosnien, et fonctionnait également dans cette municipalité un pouvoir du

4 HVO. Je ne sais pas quelle était la situation à Busovaca au mois de

5 septembre, mais je sais que par la suite il y a eu aussi à Busovaca une

6 présidence de guerre représentant le peuple musulman bosnien et un pouvoir

7 du HVO.

8 Donc le pouvoir sur le terrain, dans la réalité, était double et

9 je ne m'exprime que sur la réalité sur le terrain.

10 M. Kehoe (interprétation). – Général, vous avez été promu au

11 poste de commandant du commandement opérationnel de la Bosnie centrale, le

12 27 juin 1992. Votre rôle consistait à aider le HVO à consolider son

13 autorité dans des municipalités telles que celles de Vitez qui n'était pas

14 entièrement sous le contrôle du HVO, n'est-ce pas ?

15 M. Blaskic (interprétation). - C'est totalement inexact. Car ce

16 n'est pas le 27 juin que j'ai été nommé, promu. J'ai été placé à mon poste

17 ce jour-là, ce n'est pas une promotion.

18 D'autre part, j'avais pour tâche l'organisation des lignes de

19 front et la mise en place des formations armées. Je n'avais aucun rôle

20 vis-à-vis du pouvoir civil n'ayant participé qu'à cette réunion et peut-

21 être encore à une autre.

22 Lorsqu'il y avait des réunions avec des représentants du SDA,

23 etc., s'agissant des compétences de ce type de réunion, je n'avais aucun

24 contact. Je n'ai pas été mis au poste de commandant de la zone

25 opérationnelle pour réglementer le pouvoir civil en Bosnie centrale. Cela

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1 n'était pas de ma compétence.

2 M. Kehoe (interprétation). - Examinons la situation à Vitez.

3 Monsieur le Président, je vous informe que nous passons maintenant à la

4 municipalité de Vitez. Examinons la situation à Vitez avant la prise de

5 contrôle par vous, et ensuite nous verrons quelle était la situation à

6 Vitez après votre nomination.

7 J'aimerais que vous regardiez trois pièces à conviction de la

8 défense : 13, 14 et 15. Ce sont des procès-verbaux de réunions de la

9 cellule de crise municipale, tenues les 9, 12 et 22 mai respectivement.

10 Nous n'allons pas lire la totalité de ces documents, Général. Je

11 vais vous engager à vous concentrer sur certains extraits de ces

12 documents, après quoi je vous poserai des questions au sujet de ces

13 extraits.

14 M. Blaskic (interprétation). - Vous m'avez d'abord demandé

15 quelle était la situation à Vitez avant ma nomination. A cette question je

16 peux répondre que je ne sais pas.

17 M. Kehoe (interprétation). – Pour l'instant, il n'y a pas de

18 question qui vous est adressée. Je suis dans l'obligation de vous

19 interrompre.

20 M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi. J'ai entendu une

21 question dans vos propos introductifs. En tout cas, c'est ce que j'ai

22 entendu de la bouche de l'interprète.

23 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vous prierai d'examiner

24 ces trois documents à commencer par la pièce à conviction de la défense

25 N° 13.

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1 Nous commençons donc par cette pièce à conviction de la défense

2 n° 13 et je vous invite à vous concentrer sur le paragraphe 9 de ce texte.

3 Au paragraphe 9, je rappelle qu'il s'agit du procès-verbal d'une

4 réunion de la cellule de crise municipale de Vitez signé par le Président

5 de la cellule de crise, Ivan Santic. Au point 9 nous lisons ce qui suit,

6 je cite :

7 " Il est nécessaire d'établir un organe opérationnel de défense

8 composé de deux membres du HVO, de la Défense territoriale et du ministère

9 de l'Intérieur, MUP, qui élaboreront le plan de défense destiné à la

10 municipalité de Vitez et prendront la responsabilité de toutes les

11 questions relatives à la défense. L'organe opérationnel se composera du

12 commandant du HVO, du commandant de la Défense territoriale et du chef du

13 MUP, ainsi que de deux membres du HVO et de deux membres de la Défense

14 territoriale affectés par le quartier général opérationnel. " Fin de

15 citation.

16 Maintenant je vous engage à examiner la pièce à conviction de la

17 défense n° 14 en date du 12 mai 1992. Nous nous concentrerons là encore

18 sur quelques paragraphes.

19 Claudius, pouvez-vous mettre ce texte sur le rétroprojecteur ?

20 Nous nous concentrerons donc sur les paragraphes qui montrent

21 que la Défense territoriale fonctionnait conjointement avec le HVO.

22 Paragraphes 3 et 7 de ce texte, je cite :

23 " La police du HVO et de la Défense territoriale doivent amener

24 le niveau de discipline parmi les hommes en arme à un niveau satisfaisant

25 au cours des couvre-feu ", et paragraphe 7, je cite : " Les commandants du

Page 20156

1 HVO et de la défense territoriale sont invités à justifier l'absence du

2 travail de personnes engagées au sein du HVO et de la Défense

3 territoriale. Les conclusions doivent être transmises aux entreprises. "

4 Paragraphe 9 ensuite -je cite- : " Il est nécessaire de tenir

5 une réunion avec les représentants locaux du HDZ et du SDA au niveau des

6 communautés locales en présence des représentants des différentes parties

7 présentes dans la municipalité ". Fin de citation.

8 Ce document est signé par M. Santic, commandant de la cellule de

9 crise.

10 Ensuite, dernier document de la défense 15 : conclusions d'une

11 réunion de la cellule de crise tenue le 22 mai 1992, au sujet du conflit.

12 Cette réunion s'est tenue à l'hôtel Vitez et fait remarquer au point 1, je

13 cite :

14 " Les commandants de la Défense territoriale et du HVO et le

15 chef du SJS, poste de sécurité publique, doivent garder en alerte

16 l'ensemble des forces de police. Si la nécessité survient de maintenir

17 l'ordre public et la paix, elles peuvent engager à cette fin les unités

18 militaires soigneusement choisies à cet effet. L'état d'alerte doit être

19 maintenu jusqu'à nouvel ordre. "

20 Général, avant votre nomination au poste de commandant de la

21 zone opérationnelle de Bosnie centrale, les Musulmans et Croates de la

22 municipalité de Vitez semblaient s'entendre assez bien, n'est-ce pas ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Les Musulmans s'entendaient assez

24 bien avec les Croates du point de vue des négociations à Kiseljak, mais à

25 la lecture de ce document, on voit une nouvelle fois que le pouvoir civil

Page 20157

1 municipal donne des ordres à la Défense territoriale et au HVO.

2 Donc comme je l'ai déjà dit, les commandants de la police

3 militaire de la Défense territoriale et du HVO reçoivent des ordres quant

4 à ce qu'ils doivent faire et la façon dont ils doivent régler les

5 problèmes militaires, par ces instances qui ont une double compétence, et

6 la coopération sur la municipalité de Vitez à ce moment-là était bonne.

7 M. Kehoe (interprétation). - Mais peu de temps après votre

8 nomination au poste de commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

9 centrale, le HVO a commencé à asseoir sa position, n'est-ce pas, à Vitez

10 de la même façon qu'il l'a fait à Kiseljak et à Busovaca, n'est-ce pas

11 exact ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Ce n'est pas exact, je n'étais

13 pas du tout chargé de la consolidation de Vitez à l'époque. Dès que j'ai

14 compris où se trouvaient les problèmes les plus graves -il s'agissait à

15 l'époque des lignes de front à Jajce- je me suis déplacé à Jajce et c'est

16 là que j'ai résolu les problèmes. Mais le seul rôle du HVO était d'envoyer

17 les soldats sur les lignes de front de Jajce pour se combattre avec la

18 Défense territoriale contre l'armée de la Republika Srpska.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, en tant que commandant

20 militaire, vous participiez bien, n'est-ce pas, au plan général du HVO

21 visant à prendre le contrôle de certaines municipalités, telles que

22 Kiseljak, Busovaca et par la suite Vitez, n'est-ce pas ?

23 M. Blaskic (interprétation). – Non, en ce qui concerne un tel

24 plan généralisé, je ne l'ai jamais vu.

25 M. Kehoe (interprétation). - Et bien, examinons certains des

Page 20158

1 documents de protestations qui ont été rédigés après ou peu de temps après

2 votre nomination au poste de commandant de la zone opérationnelle. Le

3 premier document est daté du 12 juillet 1992, Monsieur le Président.

4 M. le Président (interprétation). – C'est une pièce de

5 l'accusation ou une pièce de la défense ?

6 M. Abtahi (interprétation). - C'est la pièce de

7 l'accusation 640. C'est une nouvelle pièce, et 640 a) pour la version

8 anglaise.

9 M. Kehoe (interprétation). - Ce document, malheureusement, n'a

10 pas été traduit en français, j'en ferais donc lecture lentement. Comme je

11 l'ai déjà dit, la date est celle du 12 juillet.

12 M. le Président (interprétation). - Vous lisez l'ensemble du

13 document, ou vous voulez vous centrer sur un point particulier ?

14 M. Kehoe (interprétation). - Je vais me concentrer sur un point

15 particulier, Monsieur le Président, si cela convient à la Chambre.

16 M. le Président (interprétation). - Je crois que ce serait

17 mieux. Vous définissez, c'est vous qui dites votre question et si le

18 témoin veut le contexte, bien entendu, il en aura toute la possibilité. Il

19 s'agit d'un document de quel type ?

20 M. Kehoe (interprétation). - Ce document est un document de

21 protestation provenant du parti SDA, le parti de l'action démocratique,

22 parti musulman, contre certains actes du HVO.

23 C'est en fait un communiqué de presse, Monsieur le Président,

24 qui donne certaines informations sur une réunion qui a eu lieu le

25 11 juillet 1992, réunion de l'organe exécutif du SDA. On parle dans cette

Page 20159

1 réunion de la protection des intérêts musulmans, mais ce qui m'intéresse

2 c'est l'avant-dernier paragraphe qui dit la chose suivante, Général :

3 " Les Musulmans de Vitez ne reconnaissent pas…

4 M. le Président (interprétation). - Parlez doucement : " Les

5 Musulmans de Vitez ne reconnaissent pas….

6 M. Kehoe (interprétation). – " …le HVO de Herceg-Bosna en tant

7 qu'organe détenant une quelconque autorité et considèrent ces décisions

8 nulles et non avenues.

9 Les Musulmans de Vitez respecteront les institutions détenant

10 une certaine autorité, mais ne reconnaîtront que les changements à venir

11 seulement si ces changements sont conformes aux lois en vigueur, aux

12 décisions de l'assemblée municipale de Vitez et au programme et à la

13 politique de la présidence de l'Etat de Bosnie-Herzégovine. "

14 Général, combien de temps après votre nomination, en tant que

15 commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, ce document a-t-

16 il été rédigé ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Ce document a été émis environ

18 15 jours après ma nomination.

19 Cependant, il est clair que ce document a été émis par le parti

20 d'action démocratique et je suppose que ceci a été envoyé aux instances

21 civiles de pouvoir de la municipalité de Vitez. Dans la signature, on

22 trouve la commission pour la commission d'information du conseil de

23 coordination pour la protection des intérêts musulmans qui est devenue,

24 par la suite, la présidence de guerre de la municipalité de Vitez.

25 Or, moi-même, je ne faisais pas partie des autorités civiles de

Page 20160

1 la municipalité de Vitez, et je suppose qu'il y avait entre eux une

2 certaine correspondance, qu'ils négociaient et qu'ils arrivaient à

3 certains accords. Mais ceci ne me concernait pas du tout étant donné que

4 moi, justement, je n'ai pas été… moi, j'ai créé mon quartier général dans

5 le village de Kruscica. Il s'agissait là d'un village musulman. J'étais

6 préoccupé surtout de la lutte contre l'armée de la Republika Srpska.

7 M. Kehoe (interprétation). - Passons au document suivant, si

8 vous le voulez bien.

9 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 641 et 641a

10 pour la version anglaise.

11 M. Kehoe (interprétation). – Général, il s'agit à nouveau d'un

12 communiqué de presse qui provient de l'organe chargé de la coordination et

13 de la protection des intérêts des Musulmans. C'est le compte rendu d'une

14 réunion qui a eu lieu le 21 juillet 1992.

15 J'attire votre attention plus particulièrement sur la question

16 des impôts, question que vous avez abordée lors de l'interrogatoire

17 principal mené par Me Nobilo.

18 Il est dit la chose suivante : "En ce qui concerne les

19 institutions du gouvernement du HVO, nous pensons que les impôts établis

20 par cette institution sont illégaux, étant donné que l'approbation

21 nécessaire à cela n'a pas été reçue de l'assemblée municipale de Vitez et

22 des membres de son conseil.

23 Nous soutenons l'introduction de certains impôts afin de

24 financer les nécessités émanant des circonstances de guerre, mais il est

25 absolument impératif que ces impôts soient introduits par les autorités

Page 20161

1 légales des autorités locales et sur la base des dépenses à couvrir."

2 Général, lorsque le HVO a introduit ces différents impôts, il

3 l'a fait pour les Musulmans ainsi que pour les Croates, n'est-ce pas ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas été membre d'un

5 quelconque conseil qui prenait ce genre de décision. Si vous me montrez le

6 document, je ne peux faire que des commentaires sur ce que je lis dans le

7 texte. Mais en ce qui concerne les impôts, je sais que le HVO les imposait

8 dans la municipalité et que le conseil de coordination pour la protection

9 des Musulmans, ou bien la présidence de guerre constituée des Musulmans

10 imposait des impôts auprès des Musulmans. On voit cela sur la base des

11 documents concernant la municipalité de Kiseljak.

12 Ceci montre également que moi, en tant que commandant militaire,

13 n'avais aucune influence sur le budget et sur les circuits financiers.

14 Cela dépendait entièrement des autorités, des instances municipales. Mais

15 peut-être il faudrait que je lise tout le document pour mieux comprendre à

16 quoi cela se réfère.

17 M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, il vous semble bien,

18 n'est-ce pas, que les Musulmans étaient assez mécontents de l'imposition

19 d'impôts tels que décidés par le HVO ?

20 M. le Président. – Une seconde.

21 (Le Président s'entretient avec Monsieur le Greffier.)

22 Je me préoccupe : dans la galerie du public, il me semble avoir

23 vu quelqu'un qui téléphonait, je me suis peut-être trompé. Je voulais que

24 la sécurité veille à ce qu'il n'y ait pas d'échange de cette nature.

25 Vous pouvez poursuivre, Monsieur le Procureur.

Page 20162

1 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

2 Général, ma question était la suivante : il vous semble clair,

3 n'est-ce pas, que les Musulmans étaient mécontents de ces nouveaux impôts

4 émanant du HVO ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Tout d'abord, si nous parlons de

6 la collecte des impôts imposée par quelque autorité que ce soit, personne

7 n'est heureux surtout si cela se déroule dans des situations où l'Etat est

8 en train d'être désintégré entièrement. Mais je parlais de la situation

9 sur le terrain. Nous avons pu voir les documents de la défense concernant

10 la municipalité de Kiseljak.

11 Les Croates payaient les impôts au HVO, et les Musulmans les

12 payaient à la présidence de guerre constituée des Musulmans. Nous avons

13 également les douanes, par exemple, qui étaient introduites, les droits de

14 douane qui étaient imposés à Zenica et ceci se référait uniquement aux

15 membres du 3ème Corps d'armée.

16 M. Kehoe (interprétation). - Général, concentrons-nous sur la

17 pièce de l'accusation 503, s'il vous plaît.

18 M. Nobilo (interprétation). – Monsieur le Président, excusez-moi

19 d'interrompre. Cependant, un mot-clé qui est important pour comprendre ce

20 document est déclaré illisible. Or, je crois qu'il est possible de le lire

21 étant donné qu'il n'y a que trois sur dix lettres que l'on ne peut pas

22 lire.

23 Dans le premier passage, avant le mot entre parenthèses, le

24 conseil croate de la défense de Vitez... -nous parlons donc du premier

25 paragraphe-, avant cela, il est écrit le mot " institution " et, avant

Page 20163

1 cela, il est écrit que le mot est illisible.

2 Or, si l'on examine l'original en langue croate, il est possible

3 de voir... Voilà ce qui est écrit : "Le fonctionnement des institutions

4 parallèles", de telle manière que l'on voit les mots "para", on ne voit

5 pas L-E-L et, puis, on voit la fin du mot. On peut donc comprendre qu'il

6 s'agit du mot "parallèle" alors qu'il s'agit ici d'un mot-clé qui confirme

7 ce que le témoin affirme, c'est-à-dire qu'il existait des institutions

8 parallèles et cela figure dans le texte

9 M. le Président. - Vous répondrez au moment de votre droit de

10 réplique. Nous poursuivons, Monsieur le Procureur.

11 M. Kehoe (interprétation). - Général, passons à la pièce de

12 l'accusation 503 qui est un autre communiqué de presse provenant du

13 conseil de coordination et de protection des intérêts des Musulmans. Nous

14 nous intéressons notamment au premier paragraphe. La date de ce communiqué

15 est celle du 10 septembre 1992.

16 Claudius, pourriez-vous tirer le document vers le bas un petit

17 peu ? Merci.

18 "Selon la décision de ce qui est appelé le Conseil croate de

19 défense, HVO, gouvernement de la municipalité de Vitez, du

20 3 septembre 1992, il a été décidé que l'éducation dans les écoles

21 élémentaires et secondaires sur le territoire de la municipalité de

22 Vitez...1992

23 La même décision stipule que les manuels scolaires publiés en

24 République de Croatie seront utilisés au cours des cours et que les

25 bâtiments et locaux des écoles devront être préparés de telle façon que

Page 20164

1 tous les emblèmes, images, fresques, etc. liés à l'Etat de

2 l'Ex-Yougoslavie, à l'armée populaire yougoslave et à son histoire ou avec

3 des personnes d'Etats ennemis (Serbie, Monténégro) et ce que l'on appelle

4 la République Fédérale de Yougoslavie soient retirés desdits bâtiments et

5 desdits locaux.

6 Nous exprimons notre colère vis-à-vis de cette décision car elle

7 a été prise par une institution illégale créée selon le principe d'une

8 nationalité unique. "

9 Par conséquent, dans ce document, Général, les Musulmans sont

10 mécontents, n'est-ce pas, puisqu'il y a introduction d'un programme

11 unique ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Non, j'ai bien écouté la

13 traduction, je n'ai pas lu tout le document mais, sur la base de ce que

14 vous avez lu et de la traduction que j'ai reçue, on parle ici de

15 l'introduction de manuels scolaires de la République de Croatie afin

16 d'organiser l'année scolaire étant donné que si l'on parle de cette

17 période-là, c'est-à-dire le mois de septembre 1992, avant le début de

18 l'année scolaire, il n'était pas possible d'acheter les manuels scolaires

19 auprès des autorités centrales de Sarajevo étant donné que Sarajevo

20 étaient entièrement assiégée et, deuxièmement, ceci montre que la

21 municipalité est chargée des affaires d'Etat. C'est l'Etat qui aurait dû,

22 par le biais des ministères, prendre des décisions concernant le début de

23 l'année scolaire et le programme de l'année scolaire et, ici, on parle

24 également du fait qu'il faut éliminer les symboles de l'Ex-République

25 Socialiste Fédérative de Yougoslavie et aussi les symboles liés à l'armée

Page 20165

1 d'agression, c'est-à-dire l'armée populaire yougoslave, et c'est l'armée

2 de Republika Srpska qui était l'agresseur aussi.

3 Si la traduction est exacte, il s'agit ici aussi de

4 l'élimination de ce genre de symboles, mais cela c'est quelque chose qui

5 aurait du faire partie de la compétence de l'Etat et des ministères alors

6 qu'ici, il est clair que c'est la municipalité qui s'occupe de ce genre

7 d'affaires étant donné que l'Etat n'était pas à même de le faire. Donc,

8 parlant des symboles qu'il faut éliminer, il s'agit des symboles liés à la

9 République Socialiste Fédérative de Yougoslavie et, en ce qui concerne la

10 langue, la langue serbo-croate était la langue officielle en Bosnie-

11 Herzégovine conformément à la constitution de Bosnie-Herzégovine.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, lisons le reste du

13 document dans ce cas.

14 "Nous considérons l'ensemble du programme comme étant conçu par

15 le gouvernement de la municipalité de Vitez, gouvernement du HVO, ne

16 représentant qu'une seule nation, comme portant un grave préjudice aux

17 intérêts des Musulmans en tant que nation. Nous ne pouvons interpréter ces

18 actes émanant du gouvernement du HVO illégal de la municipalité de Vitez

19 comme une indifférence vis-à-vis des exigences des Musulmans demandant à

20 continuer à vivre sur ces territoires en tant que Musulmans comme l'ont

21 fait leurs ancêtres pendant des siècles et des siècles."

22 Dans le dernier paragraphe, nous lisons : "Il s'agit à nouveau

23 d'un exemple de ce que l'on appelle la démocratie dans la communauté

24 croate de Herceg-Bosna et nous soulignons le fait que depuis un certain

25 temps déjà, les autorités exclusives du HVO ont gagné du terrain à Vitez."

Page 20166

1 Les Musulmans, par conséquent, sont donc très en colère après ce

2 programme imposé dans les écoles par le HVO, n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Oui, vous lisez "programme" mais

4 on ne mentionne pas cela. On mentionne les livres, on mentionne les

5 manuels scolaires. Si l'imprimerie de Sarajevo ne fonctionne pas, il n'est

6 pas possible de procéder de manière différente que d'emprunter ce genre de

7 manuels scolaires d'un autre Etat, et l'Etat de Croatie collabore avec la

8 Bosnie-Herzégovine dans ce sens.

9 En ce qui concerne nos classes, par le passé, dans chaque

10 classe, il y avait des photographies de Tito, il y avait des symboles de

11 la JNA, de l'ex-RSFY. Ici, on propose d'éliminer ce genre de symboles et,

12 puis, on parle de la manière dont l'année scolaire devait commencer. Mais

13 il s'agit ici, encore une fois, de l'illustration du caractère double du

14 pouvoir.

15 M. Kehoe (interprétation). - Parlons de ce caractère double du

16 pouvoir. Je vous renvoie à la pièce 456/95 et parlons de la situation dans

17 certaines municipalités, notamment dans celle de Vitez.

18 Avez-vous ce document sous les yeux, Général ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Procureur.

20 A Vitez donc, il y a toujours une autorité double dès le mois de

21 septembre 1992, le 22 plus précisément. Il y a toujours une autorité

22 double. Il existe une possibilité de confrontation entre les Croates et

23 les Musulmans à cause de la prise de pouvoir par le HVO.

24 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, à ce stade, le 22

25 septembre, le HVO a pris le pouvoir à Kiseljak, a pris le pouvoir à

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1 Busovaca et est en train de prendre le pouvoir -il ne l'a pas encore fait

2 mais il est en train de le faire- à Vitez. N'est-ce pas ce que dit ce

3 document ?

4 M. Blaskic (interprétation). - C'est écrit dans le document mais

5 justement, ce que je disais en ce qui concerne le document du 10 septembre

6 tout à l'heure, j'ai déjà indiqué qu'il existait des autorités doubles -le

7 pouvoir double- et que ce système double fonctionnait. Après, si nous

8 examinons les documents du 8 septembre 1992, vous pouvez voir que la

9 présidence de guerre fonctionne dans la municipalité de Kiseljak et

10 maintient une correspondance avec le HVO.

11 Mais je ne faisais pas partie des autorités civiles de la

12 municipalité de Kiseljak, et je ne peux faire des commentaires que sur la

13 base de ce que je lis dans les documents que vous me soumettez.

14 M. Kehoe (interprétation). - Mais il y a bien possibilité à

15 Vitez de confrontation entre les Croates et les Musulmans parce que le HVO

16 veut se débarrasser du gouvernement de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Si c'est exact, nous pouvons voir

18 cela sur la base d'autres documents. Il est possible d'avoir un conflit

19 partout. Alors, dans une même municipalité, vous avez au moins deux

20 instances de pouvoir alors que l'Etat ne fonctionne plus du tout. Si on

21 s'appuyait sur l'Etat uniquement, il n'aurait pas été possible d'acheter

22 un quelconque manuel scolaire, étant donné que l'Etat ne fonctionnait pas

23 à l'époque.

24 Bien sûr que la possibilité de voir un conflit éclater était

25 grande. Pendant 50 ans, les gens n'avaient pas de fusil chez eux alors que

Page 20168

1 tout d'un coup, tout le monde était armé. Il y avait des centaines de

2 kilos d'explosifs, à l'époque, dans beaucoup de maisons. Peut-être, c'est

3 le cas encore aujourd'hui. Donc bien sûr que la possibilité de voir un

4 conflit éclater était grande.

5 M. Kehoe (interprétation). - Général, s'il vous plaît, regardons

6 ce que dit le document 456/95 dans la section : "toute municipalité".

7 Page suivante, s'il vous plaît.

8 Lisons ce passage, s'il vous plaît, Général :.

9 "Le gouvernement en exil de la Bosnie-Herzégovine et ses

10 institutions défendant des politiques pro-musulmanes sont indésirables sur

11 notre territoire et l'éventualité d'activités contraires au principe du

12 HDZ et de ses institutions ne sera pas tolérée."

13 Je crois que c'est là le cœur de la prise de pouvoir qui a lieu

14 en Bosnie centrale, n'est-ce pas cette déclaration ?

15 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit qu'en Bosnie

16 centrale, les autorités doubles fonctionnaient. Nous avons vu cela sur la

17 base de nombreux documents. Je sais que certaines parties du gouvernement

18 de Bosnie-Herzégovine fonctionnaient à Zagreb aussi. Je sais que certaines

19 parties militaires du commandement militaire fonctionnaient à Zenica

20 aussi, et je sais qu'au mois de septembre et octobre et novembre aussi, il

21 y a eu plusieurs formes de coopération militaire dans les autorités

22 militaires.

23 En ce qui concerne les autorités civiles, j'ai déjà dit qu'elles

24 étaient séparées, divisées : le HVO d'un côté en ce qui concerne les

25 Croates et, en ce qui concerne les Musulmans, ils relevaient de la

Page 20169

1 présidence de guerre.

2 M. Shahabuddeen (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît,

3 Monsieur le Procureur.

4 Vous avez dit : "Je sais que certaines instances du gouvernement

5 de Bosnie-Herzégovine fonctionnaient également à Zagreb." Pourriez-vous

6 nous en dire plus sur ce point ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge. Au mois de

8 mai, ou bien peut-être c'était au début du mois de juin -en ce moment

9 peut-être que la date n'est pas tellement importante mais je peux la

10 vérifier par la suite-, il y a eu un grand convoi qui a été saisi et qui

11 avait appartenu à la Défense territoriale et qui traversait Fojnica pour

12 aller vers Visoko, vers la principale base logistique des forces armées de

13 l'armée de Bosnie-Herzégovine à Visoko. C'est le HVO, la partie militaire

14 du HVO, qui a saisi ce convoi.

15 Moi-même, j'œuvrais pour que les biens soient restitués. J'ai

16 été au contact avec une personne qui travaillait sur la même affaire du

17 côté bosnien musulman et qui disait qu'il coordonnait les activités

18 concernant l'achat d'armes. Il avait un bureau à Zagreb qui était chargé

19 d'achats d'armes pour l'armée de Bosnie-Herzégovine et qui les envoyait en

20 Bosnie-Herzégovine. Je sais que ce bureau fonctionnait à Zagreb pendant

21 assez longtemps.

22 Par la suite, ce bureau dépendait de l'ambassade de Bosnie à

23 Zagreb. Plus tard encore, un embargo sur les armes a été imposé, donc ce

24 bureau ne pouvait plus fonctionner de manière légale. Ils ont commencé à

25 utiliser leurs propres canons pour se débrouiller pour continuer à

Page 20170

1 effectuer ce genre d'activités. Ceci était fait au nom du ministère de la

2 Défense de Bosnie-Herzégovine.

3 Je crois que le nom ou le surnom du père de la personne était

4 Hadzija. Je ne suis pas sûr.

5 M. Kehoe (interprétation). - Merci beaucoup. Pour ce qui est de

6 ce convoi, je crois qu'il s'est déplacé en mai 1992, c'est bien cela, le

7 convoi dont vous venez de parler qui a été pris par le HVO de Fojnica ?

8 M. Blaskic (interprétation). – Oui, au mois de mai 1992, ce

9 n'était pas le premier convoi. Beaucoup de convois ont réussi à passer,

10 mais, cette fois-ci, il s'agissait d'un convoi qui a été partiellement

11 pillé. Nous avons essayé de restituer les biens et nous l'avons fait près

12 du point de contrôle à Visoko. C'est là que j'ai rencontré ce monsieur qui

13 m'a parlé de son travail dans ce bureau.

14 M. Kehoe (interprétation). – Général, changeons de sujet un

15 instant, mais restons avec le document que vous avez sous les yeux, la

16 pièce de l'accusation 456/95. Je vous demanderai de regarder le paragraphe

17 qui se trouve au-dessus de celui de Vitez.

18 Je voudrais parler avec vous du problème de Novi Travnik,

19 Général, c'est la première municipalité dont il est question, sous la

20 rubrique : "Situation dans les différentes municipalités. "

21 La première phrase dit la chose suivante :

22 " Novi Travnik : il est estimé que le HVO détient environ 70 %

23 du pouvoir, alors que les Musulmans en détiennent environ 30 %. La

24 question de la production militaire à des fins très précises doit être

25 résolue dans les meilleurs délais. "

Page 20171

1 Alors cette question, je crois, porte en fait sur l'usine

2 Bratstvo qui se trouve à Novi Travnik.

3 M. Blaskic (interprétation). – Oui à Novi Travnik se trouvait

4 l'usine militaire qui avait appartenu à l'ex-JNA qui s'appelait BNT,

5 "Bratstvo Novi Travnik" qui produisait des roquettes de calibre et des

6 obus de calibre entre 40 et 220 mm.

7 M. Kehoe (interprétation). - Et le HVO voulait cette usine

8 n'est-ce pas ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Le HVO, avec la Défense

10 territoriale, voulait que cette usine fonctionne, étant donné que

11 conformément à la doctrine de l'ex-JNA, chaque usine militaire disposait

12 de ce que l'on appelait les réserves de guerre afin de pouvoir fonctionner

13 normalement dans une situation de guerre pendant une période d'environ six

14 mois.

15 Lorsque la guerre a éclaté en Bosnie-Herzégovine, le HVO et la

16 Défense territoriale se sont efforcés de faire en sorte que cette usine

17 puisse continuer à produire des armements pour les besoins de la défense

18 de la Bosnie-Herzégovine.

19 M. Kehoe (interprétation). - A quelle distance se trouvait

20 Novi Travnik de la ligne de front contre les Serbes ?

21 M. Blaskic (interprétation). – Je ne peux pas vous dire avec

22 exactitude quelle est la distance. Je sais où se trouvait la ligne de

23 front avec les Serbes, mais en ce qui concerne les kilomètres, je ne le

24 sais pas avec exactitude.

25 M. Kehoe (interprétation). – Général, vous étiez commandant de

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1 la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Donnez-nous simplement une

2 approximation, je ne vous demande pas de chiffres précis.

3 M. le Président. – Général, pendant trois ou quatre semaines

4 vous étiez avec votre pointeur, vous nous avez montré toute la

5 connaissance que vous aviez de votre zone ; vous pourriez peut-être

6 approximativement… je ne crois pas que le Procureur vous demande cela à

7 500 m près.

8 M. Blaskic (interprétation). – Si vous me demandez

9 approximativement, c'est très bien. Mais si on me demande quelle est la

10 distance depuis la ligne de front, je crois que je devais dire

11 précisément.

12 M. le Président. – On ne vous demande pas d'être précis sur le

13 nombre de kilomètres exacts ; essayez d'être approximatif voyons.

14 Si vous ne pouvez pas, vous dites que vous ne savez pas, c'est

15 tout.

16 M. Blaskic (interprétation). – Je préfère dire que je ne sais

17 pas quelle est la distance précise.

18 M. le Président. - C'est enregistré.

19 M. Blaskic (interprétation). – Mais je sais où est la ligne de

20 front et je peux montrer la ligne de front.

21 M. le Président. - Vous avez répondu.

22 Monsieur le Procureur, nous allons faire la pause bientôt. Avez-

23 vous encore une question ou voulez-vous qu'on termine sur ce point ? Que

24 préférez vous faire ?

25 M. Kehoe (interprétation). – Ecoutez, Général, nous pouvons dire

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1 que c'est vers 15 km à peu près, qu'il y aurait 15 km qui séparent

2 Novi Travnik de cette ligne de front. Peut-on proposer ce chiffre ?

3 M. Blaskic (interprétation). – Vous voyez, maintenant la

4 question est posée par rapport à Novi Travnik. Mais, Monsieur le

5 Président, en Bosnie, ce n'est pas la même chose : la ville de

6 Novi Travnik et la municipalité de Novi Travnik ce n'est pas la même

7 chose. Si on me demande quelle est la distance de la municipalité de

8 Novi Travnik à la ligne de front, il n'y a pas de distance étant donné que

9 la ligne de front était dans la municipalité de Novi Travnik. Mais en ce

10 qui concerne la ville, je ne peux pas vous le dire, étant donné que je ne

11 suis pas de Novi Travnik, de cette ville.

12 M. le Président. - La question sera pour après la pause,

13 Monsieur le Procureur. Le Général Blaskic va réfléchir sur le nombre de

14 kilomètres et je crois que nous pourrons avoir à peu près la bonne réponse

15 après vingt minutes de pause.

16 (L'audience, suspendue à 15 h 20, est reprise à 15 heures 45.)

17 M. le Président (interprétation). - L'audience est reprise,

18 veuillez vous asseoir.

19 Monsieur le Procureur ?

20 M. Kehoe (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

21 vous repose la question, Général. A partir de la ville de Novi Travnik ou

22 plutôt entre la ville de Novi Travnik et la ligne de front avec les

23 Serbes, à votre avis, quelle était la distance approximative ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Il est possible que la distance

25 ait été de 10 kilomètres à peu près.

Page 20174

1 M. Kehoe (interprétation). - Général, passons à octobre 1992. La

2 communauté croate de Herceg-Bosna voulait renforcer ses prétentions

3 territoriales en s'assurant que la Bosnie centrale était liée à Bugojno,

4 Gornji Vakuf et Prozor également.

5 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas si

6 l'interprétation était bonne. La communauté croate de Herceg-Bosna… Est-ce

7 que vous pourriez répéter votre question, s'il vous plaît ?

8 M. Kehoe (interprétation). - Bien sûr. Nous passons maintenant à

9 octobre. Le HVO voulait affermir sa présence territoriale en Bosnie

10 centrale en s'assurant le contrôle des voies de communication qui menaient

11 vers la Bosnie centrale, n'est-ce pas ?

12 M. Blaskic (interprétation). - S'il vous plaît, veuillez me

13 dire, étant donné que le nom HVO s'applique à la fois aux autorités

14 civiles et municipales, est-ce que votre question se réfère à la partie

15 militaire du HVO, c'est-à-dire à la zone opérationnelle de la Bosnie

16 centrale ?

17 M. Kehoe (interprétation). – Aux deux.

18 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais été membre des

19 instances d'autorité civile. Je peux donner le commentaire quant à mon

20 opinion à ce sujet, mais en ce qui concerne le commandement militaire du

21 HVO, au mois d'octobre 1992, il y avait une ligne de front à Jajce, qui

22 était large de 110 kilomètres et le HVO tenait cela avec la Défense

23 territoriale et les membres du HOS, et nous faisions tout afin de survivre

24 et afin de défendre cette région, et notre première priorité était de nous

25 préparer pour l'hiver et pour la défense pendant l'hiver, dans cette

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1 région montagneuse de Bosnie-Herzégovine. C'était notre priorité et notre

2 préoccupation au mois d'octobre 1992.

3 M. Kehoe (interprétation). – Poursuivons, Général. Au début du

4 mois d'octobre 1992, le HVO a-t-il décidé de signer un cessez-le-feu avec

5 la VRS, l'armée des Serbes de Bosnie sur la ligne de front qui se trouvait

6 vers Jajce ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je sache, en ce

8 qui concerne le cessez-le-feu et les arrêts d'hostilités, il n'y en a pas

9 eu dans la pratique, mais sur la base des rapports des services de

10 renseignement, je sais que les deux côtés menaient des négociations pour

11 aboutir à un cessez-le-feu. C'est à la fois les autorités civiles croates

12 et musulmanes qui avaient ce genre de négociations avec les Serbes.

13 Cependant, la fin de l'opération était telle que les Serbes ont pris le

14 contrôle de Jajce le 28 octobre 1992.

15 M. Kehoe (interprétation). - Général, consultons ce document,

16 s'il vous plaît.

17 M. Abtahi (interprétation). - Il s'agit de la pièce de

18 l'accusation 642 et 641a pour la version anglaise.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, il s'agit d'un ordre

20 émanant du 1er Corps d'armée de Krajina, armée de la Bosnie-Herzégovine,

21 signé par Momir Talic, général de division.

22 M. Blaskic (interprétation). - Je l'ai vu à la télévision après

23 la signature des accords de Dayton et après la création de la

24 Republika Srpska. Je ne l'ai jamais rencontré personnellement, je n'ai

25 jamais fait sa connaissance et je n'ai jamais été directement en contact

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1 avec lui.

2 M. Kehoe (interprétation). - Ce document porte la date du

3 7 octobre 1992 et provient du commandement du 1er Corps d'armée de Krajina

4 , poste de commandement avancé.

5 Je sais que cette lecture va très un peu laborieuse, Monsieur le

6 Président, mais j'aimerais néanmoins le faire.

7 Il est question d'un cessez-le-feu et de la connexion de lignes

8 électriques. Nous savons qu'il y avait une usine électrique à Jajce qui

9 était extrêmement importante pour l'armée des Serbes de Bosnie. C'est bien

10 exact, Général ?

11 M. Blaskic (interprétation). - A Jajce, il y a deux sites très

12 importants. Je ne sais pas si vous parlez des centrales électriques. Il y

13 en a deux à Jajce qui sont très importantes pour chacun qui contrôle Jajce

14 et c'est particulièrement important pour les Serbes de Bosnie, étant donné

15 que cette région était sous le contrôle.

16 M. Kehoe (interprétation). - Je vais vous lire cet ordre,

17 Général :

18 "Suite à l'ordre de l'état-major principal de l'armée de la

19 Republika Srpska, document strictement confidentiel du 6 octobre 1992

20 portant sur le cessez-le-feu et la remise en marche des lignes électriques

21 partant de la centrale électrique et hydroélectrique de Jajce 2, je donne

22 l'ordre suivant :

23 1. Mettre en œuvre le cessez-le-feu dans les secteurs de la

24 ligne de front près de Bosanski Brod, Jajce, Bugojno, Livno, Travnik,

25 Kupres en Herzegovine. Ce cessez-le-feu entrera en vigueur le

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1 7 octobre 1992 à 24 heures. Ce cessez-le-feu implique aussi la cessation

2 des activités de combat à Slavonski Brod, la rive gauche de la rivière

3 Sava, et dans la région environnant les villes susmentionnées.

4 2. Mettre en place les conditions nécessaires à la réparation de

5 la centrale hydroélectrique Jajce 2. Par conséquent, tous les tirs

6 provenant d'armes à feu devraient cesser pendant toute la durée des

7 réparations, pendant au moins quatre heures, après quoi les Croates

8 reconnecteront les lignes électriques afin de remplir les besoins de la

9 Republika Srpska.

10 3. Après la fin des réparations et après la reconnexion des

11 lignes électriques, l'eau nécessaire au bon fonctionnement des autres

12 centrales électriques devra être libérée trois heures avant la reconnexion

13 des lignes électriques au plus tard.

14 4. Préparer un échange de prisonniers selon les listes déjà

15 rédigées. L'échange aura lieu le 11 octobre 1992 en un lieu qui aura fait

16 l'objet d'un accord entre les représentants des différents partis.

17 5. Au cours du cessez-le feu, il faudra prendre toutes les

18 mesures nécessaires afin de maintenir un niveau d'ordre et de discipline

19 le plus élevé possible aux différentes positions, au sein des unités

20 participant aux combats et des unités se trouvant en arrière-garde. Par

21 conséquent, il faudra interdire aux hommes de quitter leurs positions et

22 leurs unités et de quitter la zone de combat, expliquer aux soldats et

23 officiers l'objectif de ce cessez-le-feu et être prêt à ouvrir le feu, à

24 quelque moment que ce soit, sur des cibles prédéterminées, si la partie

25 adverse ne respecte pas cet accord de cessez-le-feu."

Page 20178

1 Général, y a-t-il eu de nombreux accords de cessez-le feu tels

2 que celui-ci, qui ont été effectivement mis en œuvre avec les Serbes au

3 cours du mois d'octobre 1992 ?

4 M. Blaskic (interprétation). - C'est la première fois

5 aujourd'hui que je vois ce document, et comme je l'ai déjà dit, je n'ai

6 jamais parlé avec l'auteur de ce document. Tout ce que je sais à propos de

7 ces accords, c'est qu'il y a eu des accords qui ont été conclus au niveau

8 local aussi, que l'on aboutissait à des accords de cessez-le-feu, étant

9 donné que ce sont les Serbes qui contrôlaient l'eau et les Croates qui

10 contrôlaient les centrales à Jajce. Cela dit, le mois d'octobre était le

11 mois où les combats ont été les plus violents, et c'est le mois au cours

12 duquel la ville de Jajce est tombée.

13 M. Kehoe (interprétation). - Vous serez d'accord avec moi pour

14 dire que le contrôle de la centrale électrique de Jajce 2 était une

15 question extrêmement importante, n'est-ce pas ?

16 M. Blaskic (interprétation). - C'était une question extrêmement

17 importante bien sûr, mais je souligne encore une fois le fait qu'en ce qui

18 concerne ce genre de questions, je ne jamais participé à des discussions à

19 ce sujet. Cela dit, j'ai reçu des informations par le biais des services

20 de renseignements, selon lesquelles on m'expliquait que ceci se produisait

21 au niveau local, étant donné que le 10, par exemple, j'ai rencontré le

22 colonel Sartre qui était le commandant du bataillon français à Kiseljak,

23 bataillon de la Forpronu.

24 M. Kehoe (interprétation). - Mais vos propres soldats se

25 trouvaient sur la ligne de front à Jajce, n'est-ce pas ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - A Jajce en Bosnie. Les gens de

2 Bosnie centrale, les gens de la Défense territoriale et du HOS, ils

3 étaient tous là, ils participaient à la défense de Jajce.

4 M. Kehoe (interprétation). - Mais vous dites que vous ne saviez

5 pas que vos soldats qui se trouvaient sur la ligne de front à Jajce

6 avaient reçu l'ordre de ne pas tirer sur les Serbes ?

7 M. Blaskic (interprétation). – Non, ce que j'affirme, c'est que

8 je n'ai jamais participé à ce genre de pourparlers. J'ai dit que les

9 pourparlers s'effectuaient au niveau municipal et je suppose qu'eux

10 coopéraient avec les autorités civiles, peut-être même suprêmes de Bosnie.

11 Quant à moi, je n'ai pas participé directement à ce genre de

12 pourparlers. Je suppose que lorsqu'un accord de cessez-le-feu était

13 conclu, étant donné que probablement ceci se produisait plusieurs fois,

14 étant donné qu'il y a eu de nombreux blessés, je suppose que l'armée

15 recevait parfois l'ordre de cesser les hostilités. Cela dit, étant donné

16 que nous avions face à nous deux Corps d'armée de Krajina, l'ensemble du

17 1er Corps d'armée de Krajina et une grande partie du 2ème Corps d'armée

18 -ils étaient face à nous-, c'était dans notre intérêt de cesser les

19 hostilités alors que nous étions beaucoup moins importants, nos forces

20 étaient beaucoup moins importantes. Effectivement, les Serbes ont pris le

21 contrôle de Jajce le 28 octobre 1992.

22 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, vous savez que vos

23 soldats ont reçu l'ordre de cesser les tirs, n'est-ce pas, aux environs du

24 6 ou 7 octobre 1992 ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas si la date est

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1 exacte. Je ne peux pas me la rappeler, m'en souvenir. Je ne sais pas si

2 c'était le 6 octobre que l'ordre de cesser le feu a été donné mais, s'il y

3 a eu des accords -et d'après ce document, on voit que oui-, il est certain

4 qu'on essayait de gagner du temps pour consolider les forces et il est

5 certain que ce genre d'ordres a été donné au commandant. Je ne sais pas si

6 la date était celle du 6 octobre, ou avant ou après.

7 M. Kehoe (interprétation).- Je reviens à ma question, ma

8 première question : combien de fois a-t-on dit aux soldats qui se

9 trouvaient sur la ligne de front de Jajce de cesser les tirs ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Chaque fois lorsqu'on consolidait

11 les forces sur la ligne de front, par exemple, à Jajce, entre le mois de

12 juillet et octobre, cela se faisait une fois ou peut-être parfois deux

13 fois par mois, c'est-à-dire on recueillait les corps, les cadavres, on les

14 échangeait, ce sont les procédés normaux entre deux armées sur le front.

15 M. Kehoe (interprétation). - Général, à la lumière de cette

16 pièce, cette pièce 642, sur les lignes de front, le HVO avait à faire aux

17 Serbes de Bosnie, n'est-ce pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). - Je suppose qu'à la fois le HVO,

19 la Défense territoriale et le HOS avaient des contacts avec les Serbes de

20 Bosnie, étant donné que parfois, c'était une gorge qui nous séparait,

21 parfois c'était un bois, une forêt et, parfois, on était à une centaine de

22 mètres, on pouvait crier les uns aux autres et, en même temps, il y a eu

23 des blockhaus des deux côtés et des combats pratiquement sans arrêt.

24 Parfois il y avait des journées où il y a eu 70 morts en une seule

25 journée.

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1 M. Kehoe (interprétation). – Général, en ce qui concerne

2 Novi Travnik, le HVO cherchait une raison justifiant sa participation au

3 conflit de Novi Travnik afin de pouvoir se saisir de l'usine Bratstvo,

4 n'est-ce pas ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Non, il n'y avait pas besoin de

6 cela à cette époque étant donné que si l'on est en train de parler du mois

7 d'octobre 1992, le HVO avait une très bonne coopération, sauf certains

8 incidents, une bonne coopération avec la Défense territoriale dans de

9 nombreuses municipalités et ceci a résulté en une sorte de reconnaissance

10 par écrit que j'ai reçue de la municipalité de Dolovo au mois de novembre

11 et par la suite à Gorazde aussi où le président de la présidence de guerre

12 est venu me voir à Maglaj.

13 A Maglaj, c'était l'endroit où la Republika Srpska a procédé à

14 une attaque extrêmement violente. Donc d'après moi, il n'y a pas eu besoin

15 de prendre le contrôle de cette usine de cette manière là.

16 Cela dit, parlons des autorités civiles. J'admets que,

17 probablement, chacune des deux autorités poursuivait leurs propres

18 intérêts : les Croates, les intérêts croates, les Musulmans, les intérêts

19 musulmans, mais ceci ne m'intéressait pas les autorités civiles.

20 M. Kehoe (interprétation). - Entre le 19 et le 23 octobre 1992,

21 lorsqu'il y avait des affrontements à Novi Travnik, les Serbes n'ont pas

22 pilonné la partie du HVO, n'est-ce pas ?

23 M. Blaskic (interprétation). - Où cela ? Dans quelle partie ils

24 n'ont pas pilonné ?

25 M. Kehoe (interprétation). – Eh bien, au cours du conflit

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1 d'octobre, entre les Musulmans et les Croates à Novi Travnik les Serbes

2 n'ont pas pilonné le HVO, n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Vous parlez du HVO de

4 Novi Travnik ?

5 M. Kehoe (interprétation). - Oui tout à fait Monsieur.

6 M. Blaskic (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît, je

7 veux vérifier quelque chose.

8 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous étiez sur place,

9 non ? Vous étiez à Novi Travnik ?

10 M. Blaskic (interprétation). – Non, je n'étais pas à

11 Novi Travnik. Le 19 j'étais à Mostar. Excusez-moi, Mostar se trouve en

12 Herzégovine du sud, je n'étais pas du tout à Novi Travnik le 19, et le 23

13 j'étais à Sarajevo. J'assistais à une réunion au sein de l'immeuble de la

14 présidence de Bosnie-Herzégovine.

15 Quant à la question de savoir ce qui se passait à Novi Travnik,

16 je souhaite consulter ma chronologie. Donc le 19 octobre j'étais à Mostar

17 et le 23 octobre j'étais à Sarajevo.

18 M. Kehoe (interprétation). - Alors parlons du 20, du 21 et

19 du 22, Général. Etiez-vous à Novi Travnik à ce moment-là ?

20 M. Blaskic (interprétation). - Non, ni le 20, je n'ai pas été à

21 Novi Travnik ; le 21 j'étais à 4 h 00 du matin et c'était la première fois

22 que je suis arrivé à Novi Travnik. Donc c'était à 4 h 00 du matin le

23 21 octobre 1992 après la réunion qui s'est terminée vers 3 h 00 du matin

24 et qui a été présidée par le colonel Bob Stewart, le général de brigade

25 André Cumming ; il y a eu l'interprète et aussi Dzemo Merdan. Nous

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1 discutions du cessez-le-feu et de la préparation pour l'arrêt des

2 hostilités à Novi Travnik.

3 M. Kehoe (interprétation). - Après être arrivé à Novi Travnik

4 le 21 à 4 h 00 du matin, combien de temps êtes-vous resté ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Je suis resté jusqu'à midi. Et

6 dans l'après-midi, je suis rentré à l'hôtel Lovac à Kruscica, c'est là que

7 j'ai rencontré Marko Prskalo. Je préparais son entrée dans la commission

8 chargée du cessez-le-feu. Le 22 octobre, j'étais à Kiseljak pour

9 rencontrer le chef d'état-major du HVO, Milivoj Petkovic et pour assister

10 avec lui à la réunion avec le général Morillon afin de préparer la

11 rencontre qui devait avoir lieu à Sarajevo.

12 M. Kehoe (interprétation). - Parlons du conflit, Général. Vous

13 avez dit que le 19 vous étiez dans le sud à Mostar avec Bruno Stojic et

14 Bruno Stojic vous a demandé quels étaient les problèmes existant à

15 Novi Travnik le 19. Vous souvenez-vous avoir dit cela ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

17 M. Kehoe (interprétation). – Le 19, vous ou des membres de votre

18 quartier général, ou votre quartier général, avez émis un ordre après le

19 début du conflit afin de bloquer toutes les routes provenant, ou allant,

20 vers Novi Travnik ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Personnellement, non. Mais je

22 n'étais pas dans l'état-major non plus. Donc je ne sais pas avec certitude

23 si un des employés de mon état-major, de mon quartier général a donné un

24 tel ordre. Mais moi j'étais à Mostar à la rencontre avec Bruno Stojic à

25 10 h 00 du matin. Avant mon retour, je n'ai pas donné un quelconque ordre

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1 et je n'ai pas reçu d'autres informations concernant les événements de

2 Novi Travnik.

3 Je veux ajouter que je suis rentré à Kiseljak le 19 octobre 1992

4 à 20 h 10.

5 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vais vous soumettre un

6 autre document. Nous allons les passer en revue rapidement puisqu'il y en

7 a plusieurs.

8 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 643 et 643 a)

9 pour la version anglaise.

10 M. Kehoe (interprétation).- Général, c'est un ordre qui provient

11 de votre chef d'état major, Ivica Cobanac, et qui est envoyé à tous les

12 quartiers généraux, Travnik, Vitez, Busovaca, Bugojno, Kiseljak,

13 Gornji Vakuf, etc.

14 M. Hayman (interprétation). - Le témoin peut-il lire le document

15 avant de répondre aux questions ? Je crois que c'est un peu difficile de

16 lire ce document tout en entendant les questions de Me Kehoe.

17 M. Kehoe (interprétation). - Je vais lire le document. Merci de

18 votre aide, Maître Hayman. Je vais lire le document étant donné que nous

19 n'avons pas d'exemplaire en français.

20 M. le Président. – Maître Hayman, vous avez raison : il faut que

21 le témoin puisse lire le document à partir d'un document qu'il a lu et

22 quand il est particulièrement court comme celui-ci.

23 M. Kehoe (interprétation). – Il s'agit d'un document du

24 19 octobre 1992, il est dit la chose suivante : " Etant donné la situation

25 qui règne actuellement sur les territoires de la municipalité de

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1 Novi Travnik, je donne l'ordre suivant :

2 1- bloquer toutes les routes sur le territoire de la communauté

3 croate de Herceg-Bosna, à l'exception du passage des unités et des biens

4 d'importance stratégique ;

5 2- interdire à toutes les unités sauf aux unités du HVO,

6 conseils croates de défense de la communauté croate d'Herceg-Bosna le

7 passage ;

8 3- attacher une importance ou une attention particulière aux

9 voies de communication à l'envers Novi Travnik ;

10 4- cet ordre prend effet immédiatement.

11 Zone opérationnelle de Bosnie centrale, chef d'état-major,

12 Ivica Cobanac. "

13 Général, cet ordre est émis tout de suite après le début du

14 conflit à Novi Travnik, n'est-ce pas ?

15 M. Blaskic (interprétation). - Non, parce que pour autant que je

16 sache, le 18 octobre au soir, pour autant que je sache aujourd'hui, les

17 conflits ont éclaté près de la pompe à essence et du vieil hôtel à

18 Novi Travnik. Ces conflits ont duré pendant la nuit du 18 au 19, et le 19,

19 et le 20 également, alors que cet ordre a été émis le 19.

20 Pourtant, M. Cobanac n'était pas chef d'état-major de la zone

21 opérationnelle de la Bosnie centrale. Il était chef chargé des opérations

22 au sein du quartier général du commandement pour la Bosnie centrale, mais

23 je ne sais pas pourquoi ils ont fait cette erreur, ici.

24 M. Kehoe (interprétation). - Mais cette demande visant à bloquer

25 toutes les routes d'une importance particulière sur le territoire de la

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1 communauté croate de Herceg-Bosna, c'était quelque chose de très

2 important, n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). - Si le 19 je me déplaçais à

4 travers la région sur le contrôle à la fois du HVO et de la Défense

5 territoriale, cela veut dire que cet ordre n'a pas été exécuté étant donné

6 que je n'ai eu aucun mal pour passer les points de contrôle à Konjic,

7 Jablanica, Mostar et au début, en partant de Kiseljak via Kresevo...

8 M. le Président. – Excusez-moi de vous interrompre. J'ai parfois

9 l'impression que vous répondez comme si vous étiez un témoin extérieur.

10 C'est-à-dire comme si vous regardiez cette bataille de Novi Travnik un peu

11 de l'extérieur. Essayez d'aider les Juges.

12 Vous étiez en situation de responsabilité ou pas ?

13 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, j'essaie

14 de répondre très directement à la question. La question, peut-être que je

15 ne l'ai pas bien comprise.

16 Le 19, j'étais à Mostar pendant que les combats se déroulaient.

17 J'ai assisté à ces rencontres. Donc j'ai déjà indiqué que je n'étais pas à

18 Novi Travnik. Et le 20, pendant qu'il y a eu des combats à Novi Travnik,

19 je n'y étais pas non plus, ni le 18. J'y suis arrivé seulement le 21 à

20 4 h 00 du matin.

21 M. le Président. – Donc vous assurez une responsabilité, que

22 vous soyez à Mostar ou dans votre zone opérationnelle, vous en assumez

23 quand même la responsabilité. Rassurez-moi !

24 Là, vous dites : "j'étais à Mostar". On a l'impression que ce

25 qui se passe dans votre zone ne vous concerne pas.

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1 Vous pouvez aider les Juges ? Cela vous concerne ou pas un ordre

2 comme cela ? Vous êtes au courant ou vous n'êtes pas au courant ?

3 M. Blaskic (interprétation). - S'agissant de cet ordre, c'est la

4 première fois que je le vois aujourd'hui. Je n'en connaissais pas

5 l'existence et la signature n'est pas exacte, en fait, il n'y a pas de

6 signature. M. Cobanac, le chef d'état-major n'a jamais été...

7 M. le Président. – Il s'agit quand même du commandement de votre

8 zone, il me semblait. Sinon, Monsieur le Procureur, versons ces documents

9 et puis, éventuellement, la défense répliquera une autre fois. Sinon, là,

10 on tourne en rond. Si le témoin n'était pas là où tout en étant commandant

11 il ne s'en reconnaît pas, il ne sait pas ce qui s'est passé, eh bien, je

12 crois que nous devons en prendre acte. C'est un peu savoir si vous vous

13 sentez en situation de responsabilité. Vous étiez en situation d'être le

14 chef, là ?

15 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, peut-être

16 que je ne comprends pas bien la question. Peut-être que l'interprétation

17 est erronée. Mais à quelle responsabilité pensez-vous ?

18 M. le Président. – Vos responsabilités militaires.

19 M. Blaskic (interprétation). - Bien entendu, en tant que

20 commandant militaire de cette région, j'étais responsable de ce qui se

21 passait dans ma zone.

22 M. le Président. – Quand on bloque des routes et que vous êtes

23 responsable, vous le savez quand même que l'on bloque des routes ! Or vous

24 dites : "eh bien non, j'ai pu m'y promener". Vous parlez comme un

25 promeneur étranger en disant : "eh bien, non cela n'a pas dû être appliqué

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1 puisque, finalement, j'ai pu passer".

2 Moi, c'est surtout le déroulement du procès qui m'intéresse pour

3 ne pas perdre un temps inutile. On enregistre votre réponse et on passe à

4 autre chose.

5 Alors, je demande au Procureur de renouveler la question ; c'est

6 pour aider les Juges. Sinon on ne sait plus de quoi on parle. On bloque

7 des routes stratégiques dans votre zone opérationnelle et soit vous êtes à

8 Mostar, vous ne savez pas, soit vous dites : "cela n'a pas été exécuté, je

9 me promenais d'ailleurs. Je suis passé, tout se passait très bien". Dans

10 ces conditions, si c'est votre réponse, on garde cette réponse et c'est

11 tout.

12 Voulez-vous reposer votre question de façon très précise,

13 Monsieur le Procureur ?

14 M. Kehoe (interprétation). – Général, vous saviez qu'un ordre

15 avait été émis par votre commandement qui consistait à demander que toutes

16 les routes soient bloquées en Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Je ne le savais pas parce que je

18 n'étais pas à mon poste de commandement, donc je ne le savais pas. Mais je

19 peux expliquer…

20 M. le Président. – (inaudible) Je crois que vous ne le saviez

21 pas. Vous pouvez donner une explication si vous le souhaitez, mais pas

22 trop longue. Je crois que vous dites que vous ne le saviez pas, ce qui est

23 votre droit d'ailleurs de dire : je ne le sais pas.

24 M. Blaskic (interprétation). - Je ne savais pas que cet ordre

25 avait été émis pour la simple raison que j'étais en voyage pour Mostar à

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1 ce moment-là. Mais je suppose que mon commandement a émis un ordre de

2 cette nature de façon à ce que le conflit puisse être localisé.

3 D'autre part, les barrages routiers se trouvaient d'un côté et

4 de l'autre ; ils étaient généralisés et le blocus n'a pas été complet, je

5 l'ai déjà dit dans ma déposition, car je suis passé à la fois par des

6 barrages routiers de la Défense territoriale et du HVO moi-même.

7 M. le Président. – Poursuivez, Maître Kehoe.

8 M. Kehoe (interprétation). – Général, ce document a été envoyé

9 par liaison par paquet, n'est-ce pas ?

10 M. Blaskic (interprétation). – Ce document aurait normalement dû

11 être envoyé par transmission par paquet bien que j'ai déjà parlé des

12 difficultés liées aux transmissions par paquet et à la possibilité que ces

13 documents soient reçus par d'autres que leur destinataire.

14 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer un autre

15 document, Général, qui concerne votre activité le 20.

16 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 644 et 644a

17 pour la version anglaise.

18 M. Kehoe (interprétation). - Général, cet ordre a-t-il été

19 rédigé par vous ?

20 M. Blaskic (interprétation). - C'est un rapport que j'ai fait à

21 20 heures 07 le 20 octobre 1992. Il ne s'agit pas d'un ordre.

22 M. Kehoe (interprétation). - Je vous prie de m'excuser. Votre

23 rapport donc. Mais c'est donc un rapport émanant de vous qui porte sur la

24 situation de Novi Travnik et de Travnik à partir de 12 heures 07 adressé à

25 Mate Boban, Bruno Stojic et Milivoj Petkovic ainsi que tous les quartiers

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1 généraux municipaux de la communauté croate de Herceg-Bosna. Je cite.

2 "1. La situation se dégrade à Novi Travnik, les forces de la

3 Défense territoriale pilonnent férocement toute la région à l'aide

4 d'obusiers de 122 millimètres, de mortiers de 120 millimètres et de canons

5 antiaériens de 20/3 ainsi que d'autres armes.

6 Hazim Delic, commandant des unités de la Défense territoriale de

7 Visoko ainsi que le quartier général suprême de la défense territoriale à

8 Sarajevo sont responsables de cette opération. Zejnil Delalic, le

9 commandant du groupe tactique 1, qui apporte un appui logistique et envoie

10 des renforts provenant de Gornji Vakuf et de Bugojno coopère avec ces

11 hommes.

12 L'objectif probable des forces de Défense territoriale de

13 Novi Travnik consiste à détruire complètement et à chasser hors de la

14 ville les forces du HVO, puis à agir de même à Travnik ainsi que dans

15 autres lieux dans l'ensemble de la zone de responsabilité. Tout est très

16 bien planifié. La coordination est bonne, notamment avec les forces de la

17 Défense territoriale de Konjic qui manœuvrent et introduisent des

18 équipements et du matériel par la voie de Gornji Vakuf et de Bugojno.

19 2. Nos forces

20 A. Toutes les routes et tous les convois ont été bloqués.

21 B. Les troupes sont en état d'alerte maximum.

22 C. Il y a eu de lourdes pertes et de nombreuses victimes

23 civiles (croates, musulmanes et serbes) parce que l'école élémentaire du

24 village de Rankovici dans la municipalité de Novi Travnik a été frappée et

25 de nombreux immeubles sont en feu.

Page 20191

1 D. En ce moment, nous disposons d'informations fiables selon

2 lesquelles le commandant du HVO de Travnik, M. Ivica Stojak, a été

3 gravement blessé au barrage routier de Plave Vode. Le commandant de la

4 police militaire du HVO de Travnik et l'adjoint au SIS, Service de

5 Sécurité et d'Informations, Zvonko Gaso ont été blessés, mais leur état

6 n'est pas critique.

7 3. Bloquer toutes les routes pour tous les membres

8 B. Nous avons besoin d'urgence d'un bataillon d'intervention

9 composé de 150 à 200 hommes sur les axes Prozor-Gornji Vakuf-Novi Travnik

10 et Prozor-Bugojno-Novi Travnik, et les routes Gornji Vakuf-Novi Travnik et

11 Bugojno-Novi Travnik doivent être bloquées.

12 C. Si je ne reçois pas de renfort avant ce soir, je serai

13 contraint de retirer des unités de Jajce. Je vous demande donc une réponse

14 urgente.

15 D. J'ai besoin d'un appui logistique en raison du fait que les

16 combats se poursuivent ici sans arrêt depuis 15 heures le 19 octobre 1992.

17 E. Le commandement de la Défense territoriale de Novi Travnik

18 est partiellement encerclé et bas en retraite le long de l'axe

19 Novi Travnik-Gornji Vakuf et de l'axe Novi Travnik-Hrasno ainsi que de

20 l'axe Rostovo- Bugojno. Ces forces reçoivent un appui de Bugojno."

21 Général, ce document qui fait remarquer que vous êtes sur place

22 montre bien, n'est-ce pas, que vous êtes à Novi Travnik le

23 20 octobre 1992 ?

24 M. Blaskic (interprétation). - Ce rapport porte sur la situation

25 à Novi Travnik et, moi, à 12 heures 07, je n'avais pas encore passé le

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1 barrage routier qui se trouvait sur la route Busovaca-Novi Travnik et qui

2 était dirigée par l'armée de Bosnie-Herzégovine à Ahmici. J'étais à

3 Busovaca. Je ne pouvais donc pas non plus me rendre dans mon commandement,

4 car le commandement était totalement encerclé et bloqué à Kruscica.

5 Le 20 octobre 1992, j'étais à Busovaca et pas à Novi Travnik.

6 M. Kehoe (interprétation). - Vous dites que vous étiez à

7 Busovaca et pas à Novi Travnik. Est-ce bien ce que vous dites dans votre

8 déposition, que vous ne vous êtes jamais rendu à Novi Travnik le 20 ?

9 M. Blaskic (interprétation). - Je suis allé à Novi Travnik à

10 4 heures 00 le 21 octobre 1992.

11 Le 20 octobre, je ne me suis absolument pas trouvé à

12 Novi Travnik.

13 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer un

14 document, Général.

15 M. Blaskic (interprétation). - Et j'affirme par conséquent que

16 ni le 19 ni le 20 ni le 18 octobre, je ne me suis trouvé à Novi Travnik.

17 M. le Président. - Vous l'avez affirmé, Général, c'est consigné.

18 M. Kehoe (interprétation). - Pendant que nous attendons ce

19 document, Général, dites-vous dans votre déposition que les combats ont

20 commencé le 18 octobre à cette station d'essence, est-ce bien ce que vous

21 dites ?

22 M. Blaskic (interprétation). - J'affirme que le conflit a

23 démarré en raison des tentatives de reprise de la station-service et de

24 l'hôtel le 18 en soirée et que c'est le 18 en soirée que l'affrontement

25 des forces a commencé ainsi que certaines opérations. Le 18 en soirée, je

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1 parle bien du début, des premiers signes du conflit. Ou aux alentours

2 du 18 mais, en tout cas, c'était le 18 en soirée.

3 M. Kehoe (interprétation). - Général, dans ce document assez

4 détaillé que vous avez envoyé à Boban, Stojic et Petkovic, vous ne faites

5 aucune mention de cela, n'est-ce pas ? Je parle de la pièce à conviction

6 644.

7 M. Blaskic (interprétation). - Je parle d'opérations de combat,

8 je parle de l'intensité des combats qui se déroulent déjà le 19, mais je

9 sais très certainement que cela a eu lieu le 18 en raison du détail que

10 constitue la station-service et l'hôtel. Quant aux écoles qui ont été

11 pilonnées, c'était déjà le matin. Les élèves étaient à l'école Rankovici,

12 suivaient leurs cours quand l'école a été pilonnée à partir de

13 Novi Travnik, dans la partie croate, et c'est l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine qui pilonnait.

15 M. Kehoe (interprétation). - Cet incident à la station d'essence

16 était-ce la provocation que le HVO attendait pour reprendre Novi Travnik ?

17 C'est bien cela ?

18 M. Blaskic (interprétation). - C'est une reprise du conflit du

19 mois de juin aux alentours de l'école et de l'hôtel, des anciens bâtiments

20 de l'hôtel. Le conflit avait pour centre le contrôle du poste d'essence,

21 de la station-service et de l'hôtel. Qui voulait quoi et dans quelle

22 direction les choses s'orientaient au début du conflit, je ne le sais pas

23 exactement, mais les causes sont les mêmes qu'en juin 1992 sauf qu'il

24 était manifeste que l'état de préparation de l'armée de Bosnie-Herzégovine

25 était meilleur puisqu'elle utilisait des armes de 122 millimètres.

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1 M. Kehoe (interprétation). - Pendant la réponse que vous avez

2 apportée à la question qui vous était posée par mon collègue Me Nobilo,

3 vous avez fait remarquer que vous étiez allé à Mostar pour y rechercher de

4 la logistique, des fournitures pour la zone opérationnelle de Bosnie

5 centrale n'est-ce pas ?

6 M. Blaskic (interprétation). – Non, je suis allé chercher des

7 matériels pour la ville de Jajce pour la défense de la ville de Jajce à la

8 demande de M. Stjepan Blazevic qui était commandant de la zone de Jajce de

9 la défense de la ville, lui et le Président de Jajce étaient désespérés et

10 souhaitaient que je me rende à Mostar pour trouver de l'assistance, mais

11 je tiens à souligner que le HVO de Novi Travnik n'avait que 30 à 50

12 soldats à cet endroit, donc la majorité d'entre eux….

13 M. Kehoe (interprétation). – Excusez-moi, Général, mais ce n'est

14 pas la question que je vous posais. Mon temps est compté. Je ne vous

15 interrogeais pas au sujet des soldats du HVO de Novi Travnik. Ma question

16 était la suivante et je vous prie de m'excuser pour cette interruption.

17 Par conséquent, je vous demandais si les commandants militaires de la zone

18 opérationnelle de Bosnie centrale savaient que vous alliez à l'endroit où

19 vous alliez pour trouver de la logistique, c'est bien cela ?

20 M. Blaskic (interprétation). – A mes collaborateurs, même les

21 plus proches, je n'ai jamais dit où j'allais. D'ailleurs à ce moment-là,

22 il n'était pas bon de faire savoir les lieux où on allait.

23 Donc, mon officier de service le savait bien entendu, ainsi que

24 quelques officiers absolument très proches de moi, mais le reste du

25 quartier général ne le savait pas, parce que tout de même, nous étions en

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1 temps de guerre.

2 M. Kehoe (interprétation). – Général, êtes-vous en train de dire

3 devant les juges de ce Tribunal que vous-même, l'officier supérieur de

4 Bosnie centrale, n'avez informé personne au sein de votre quartier général

5 que vous alliez à Mostar ? Est-ce ce que vous dites dans votre

6 déposition ?

7 M. Hayman (interprétation). - Il a répondu à la question. Il a

8 dit qui il avait informé et qui il n'avait pas informé, Me Kehoe répète sa

9 question, il ne devrait pas être autorisé à le faire.

10 M. le Président. – Objection accordée, Maître Hayman, vous avez

11 posé la question, Monsieur le Procureur. Question suivante.

12 M. Kehoe (interprétation). – Dites-vous dans votre déposition

13 que le 20 octobre 1992 vous n'étiez pas à Novi Travnik ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui. J'affirme que je ne me suis

15 pas trouvé à Novi Travnik le 20 octobre 1992 et j'affirme que je suis

16 parti pour la première fois à Novi Travnik à la fin de la rencontre avec

17 le colonel Stewart, le colonel Cumming et Dzemo Merdan.

18 M. le Président. - Le témoin a déjà répondu.

19 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, passons à un

20 extrait du journal intime du Lieutenant-Colonel Stewart en date du

21 20 octobre 1992. Le texte est en anglais, je vous prie de m'excuser,

22 monsieur le Greffier.

23 M. Abtahi. - Il s'agit de la pièce de l'accusation 645.

24 M. le Président. - On ne peut pas reprocher à M. Stewart

25 d'écrire en anglais, monsieur le Procureur, voyons ! !

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1 M. Kehoe (interprétation). - Quand il viendra ici, Monsieur le

2 Président, vous pourrez le lui reprocher !

3 M. le Président. - Vous n'allez pas lire tout le document,

4 j'espère Monsieur le Procureur.

5 M. Kehoe (interprétation). – Non, bien sûr, la partie que je

6 voudrais lire c'est le début. Je demande à l'huissier la première page du

7 document sous le titre "mardi 20 octobre" c'est très bien.

8 "Nous nous sommes organisés pour rencontrer Tihomir Blaskic,

9 commandant de Bosnie centrale dans l'hôtel Vitez à 9 h 00. Mais lorsque

10 nous sommes allés en ville, nous avons découvert que l'endroit était très

11 tendu, Blaskic ne s'y trouvait pas. Nous avons pris nos armes après

12 quelques tirs très rapprochés de la part de soldats du HVO aux abords de

13 Hôtel Vitez, ils prétendaient tirer sur des snipers musulmans".

14 M. Hayman (interprétation). - A la page suivante, on voit que le

15 colonel Stewart va à Novi Travnik et le colonel Blaskic ne s'y trouve pas.

16 Pouvez-vous lire toute la page ?

17 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, on me

18 demande de lire la totalité du texte, ma première observation porte sur

19 Mario Cerkez qui est commandant de la brigade.

20 M. le Président. - Pour l'instant, c'est le Procureur qui

21 indique aux Juges et surtout au témoin les passages qu'il veut lire.

22 Il vous appartiendra d'intervenir, Maître Hayman, au moment où

23 vous exercerez votre droit de réplique, si vous trouvez dans ce document

24 d'autres éléments, mais une fois que nous aurons entendu le témoin

25 répondre à la question.

Page 20197

1 Monsieur le Procureur, veuillez vous concentrer sur le passage

2 pour lequel vous voulez que les Juges aient leur attention appelée.

3 (fin de la traduction du passage par l'interprète)

4 "Mario Cerkez a expliqué que Blaskic était à Novi Travnik où des

5 combats intenses opposaient les Croates et les Musulmans"

6 (fin de citation.)

7 M. Kehoe (interprétation). – Mario Cerkez affirme au commandant

8 du bataillon britannique que vous-même, Général, vous vous trouviez à

9 Novi Travnik.

10 M. Blaskic (interprétation). – Je ne sais pas quelle question a

11 posé M. Stewart, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, si on me

12 lisait la totalité du texte, les choses seraient sûrement plus claires

13 pour moi. Mais je réponds : je ne me trouvais pas à Novi Travnik, c'est

14 faux. Et le seul commentaire que je peux apporter en sus de ce que j'ai

15 déjà dit est ce qui suit :

16 Je n'avais pas nécessité d'être à Novi Travnik parce que mon

17 commandement était à Kruscica. Il est clair que le colonel Stewart ne

18 savait pas qu'il n'était pas nécessaire de me rechercher à l'Hôtel Vitez,

19 parce que j'avais un commandement à l'hôtel Lovac de Kruscica à

20 3 kilomètres de l'hôtel Vitez. Je n'opérais pas, je n'agissais pas à

21 l'hôtel Vitez, je n'avais pas de bureau à cet endroit.

22 Par ailleurs, Mario Cerkez n'est pas le commandant de la brigade

23 de Vitez, car la brigade à ce moment-là n'existait pas. Il remplissait les

24 fonctions d'adjoint ou de membre du quartier militaire du quartier général

25 militaire municipal de Vitez et il est possible que le colonel Stewart ait

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1 demandé où était le commandant, mais dans ma réponse ici en toute

2 conscience et sous serment, j'affirme que le 20 octobre, je ne me suis

3 absolument pas trouvé à Novi Travnik, c'est inexact de dire, comme cela

4 figure dans ce texte, que j'étais à Novi Travnik.

5 M. Kehoe (interprétation). – Général, le 20 octobre, avez-vous

6 donné l'ordre à des soldats de passer par Ahmici pour se rendre à

7 Novi Travnik où ces soldats ont été arrêtés à un barrage routier et où des

8 combats s'en sont suivis ?

9 M. Blaskic (interprétation). – Je crois que les combats ont eu

10 lieu le 20, ils ont commencé lorsqu'une équipe qui devait se rendre à

11 Jajce s'est affrontée avec les soldats d'un barrage routier d'Ahmici.

12 Donc, il y a eu des combats au niveau du barrage routier à cet endroit. Je

13 ne me rappelle pas avoir émis un tel ordre, peut-être y a-t-il eu un

14 ordre, mais moi, je me concentrais toute la matinée exclusivement sur la

15 préparation des pourparlers avec le chef du quartier général du HVO du

16 grand quartier général, mais il n'est pas exclu qu'il y ait eu engagement

17 de certaines unités au niveau de la barricade exclusivement, c'est-à-dire

18 exclusivement sur le site même du barrage routier.

19 M. Kehoe (interprétation). - Général, ces soldats se rendaient-

20 ils à Novi Travnik en exécution de votre ordre ? Ou ces soldats se

21 rendaient-ils à Jajce ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Ces soldats, si nous parlons bien

23 des forces de Kiseljak, ont été envoyés à Novi Travnik puis, plus loin, à

24 Jajce s'il s'agit de ces soldats.

25 M. Kehoe (interprétation). - Autre document -et j'en possède une

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1 traduction anglaise cette fois-ci.

2 Il s'agit d'un enregistrement. Les interprètes demandent le

3 transcript.

4 C'est un journaliste qui s'exprime dans cet enregistrement de la

5 télévision de Busovaca. C'est donc un journaliste que nous entendons

6 pendant toute cette séquence.

7 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce de l'accusation 646.

8 M. Kehoe (interprétation). - Il y a une cassette vidéo qui va

9 avec ce texte ; je crois que c'est la cassette vidéo qui a la cote 646,

10 n'est-ce pas ?

11 M. Abtahi. – C'est la vidéo qui porte la cote 64.. (inaudible)

12 M. le Président. – Toutes les cabines ont-elles les

13 transcriptions ?

14 Non, je vois un signe de dénégation.

15 M. Kehoe (interprétation). - Nous en avons des exemplaires

16 supplémentaires.

17 M. le Président. – Monsieur l'Huissier, vous faites passer ces

18 exemplaires ?

19 M. Abtahi. – Juste pour préciser, la cassette portera la

20 cote 646 et le compte rendu de la cassette, la cote 646/1.

21 M. le Président. – Tout le monde est prêt ?

22 M. Kehoe (interprétation). - Encore un texte qui doit aller aux

23 cabines, de l'autre côté de la salle.

24 M. Kehoe (interprétation). - Je demande que l'on baisse les

25 lumières pour diffuser cette cassette.

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1 M. Abtahi. – La cabine vidéo dispose d'une cassette : s'agit-il

2 de la cassette que vous leur avez passée ?

3 M. le Président. – On peut espérer oui.

4 M. Kehoe (interprétation). - J'espère aussi ! C'est la même

5 cassette ? C'est une cassette vidéo que mon collègue à remis à la cabine

6 technique.

7 M. le Président. – Vous nous direz tout de suite, Monsieur le

8 Procureur, si ce n'est pas la bonne cassette.

9 M. Kehoe (interprétation). - Oui Monsieur le Président.

10 (Audition de la cassette.)

11 M. le Président. – C'est cela Monsieur le Procureur ?

12 (Signe affirmatif de Me Kehoe.)

13 Dans la direction de Vitez, c'est-à-dire de Busovaca. Après cela

14 nous nous dirigerons vers le village d'Ahmici où le conflit a

15 partiellement commencé. Nous passons juste à côté de la station-service.

16 Dans la voiture se trouve moi-même, accompagné de Mile le chauffeur, Vlado

17 du peloton d'intervention, des jeunes (mots illisibles), 2 canons à

18 4 tubes, Darko, Predrag Cunojka. Ici se trouve Vinko Petrovic et ici,

19 Mladen Petrovic.

20 C'est une partie de l'itinéraire que l'on appelle l'itinéraire

21 de Vitez et sur notre droite se trouve la zone d'où les unités du conseil

22 de défense croate de Vitez ont tiré. C'est une partie de Rovna ou la

23 partie gauche de Hrasno.

24 Depuis ici, nous nous dirigeons vers l'endroit connu sous le nom

25 de Kod Picana et le village d'Ahmici. De l'autre côté, se trouvaient des

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1 barrages routiers dressés près du cimetière bosniaque ? (Point

2 d'interrogation sur la transcription en anglais).

3 Nous nous arrêterons ici pour filmer certains détails.

4 Kristo : vous voyez le village de Hrasno.

5 Une voix en arrière-plan : vous voyez le village de Hrasno, le

6 village de Hrasno est vivant et intact.

7 Kristo : les unités du HVO de Busovaca, une voie en arrière-

8 plan. Oui, les unités du HVO de Busovaca ont tiré sur le village de Hrasno

9 ou à partir de Beraja, (mot illisible), à partir de Raska Beraja et je dis

10 pour les nombreuses personnes qui regarderont ceci, que ce sont des images

11 dont il faudra se rappeler, des images qui susciteront la libération de

12 cette région.

13 Ici se trouve la mosquée, la partie haute qui a été détruite

14 parce qu'il y avait ici des tireurs isolés, les unités les ont

15 neutralisés. Vlado Kristo, une maison.

16 Une voix en arrière-plan : filmez à partir d'ici.

17 Ici le drapeau tricolore flotte. Le chauffeur de la voiture :

18 (inintelligible).

19 Kristo : Slobodan Milosevic ?

20 Le journaliste : keine serbisch, serbisch niks, serbieniks.

21 Parlez-vous croate ?

22 Kristo : d'où venez-vous ? De Jajce ?

23 Fin de l'extrait.

24 Début d'un nouvel extrait.

25 " Voix en arrière-plan : Vinko, je viens vers vous.

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1 Le journaliste : Ahmici, première et dernière forteresse des

2 forces armées musulmanes.

3 Le point où ces forces ont essayé d'arrêter les membres du

4 conseil de défense croate qui se dirigeaient vers les positions de

5 Novi Travnik.

6 Après toutes les négociations et accords, les forces musulmanes…

7 Une voix en arrière-plan : dépêchez-vous !

8 Le journaliste : …ont abandonné tous les pourparlers et

9 négociations et la réponse du conseil de défense croate est bien connue."

10 (Fin de l'extrait.)

11 M. Kehoe (interprétation). - On peut éclairer de nouveau la

12 salle. Général, cette partie de la cassette montre que ces soldats avaient

13 bien été envoyés à Novi Travnik, n'est-ce pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). - Je ne connais pas ces soldats,

15 mais je constate qu'ils se déplaçaient de Novi Travnik vers Busovaca. Et

16 je suppose que l'affirmation qui vient d'être faite est peut-être exacte,

17 à savoir qu'ils s'étaient trouvés à Novi Travnik et qu'ils étaient sur le

18 chemin du retour.

19 M. Kehoe (interprétation). – Je me permettrais de vous

20 interrompre, Général. Je vous parle de la cassette elle-même. Le

21 journaliste dit : " Ahmici, première et dernière forteresse des forces

22 armées musulmanes ; le point où elles ont essayé d'arrêter des membres du

23 conseil de défense croate qui était en chemin vers les positions de

24 Novi Travnik. A l'issue de toutes les négociations et de tous les accords,

25 les forces musulmanes ont abandonné tous les pourparlers et toutes les

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1 négociations et la réponse du conseil de défense croate est bien connue."

2 Fin de citation.

3 Donc, selon ce récit, les soldats qui ont été arrêtés à Ahmici,

4 se dirigeaient vers Novi Travnik et non pas vers Jajce, n'est-ce pas ?

5 M. Blaskic (interprétation). – Non, Monsieur le Président

6 Messieurs les Juges, les soldats qui ont été arrêtés à ce barrage routier,

7 étaient censés aller à Jajce, mais l'affrontement à éclaté et le soldat

8 qui répond au nom de Vidovic, qui vient de la communauté locale de

9 Bilalovac, dans la municipalité de Kiseljak, a trouvé la mort, mais cette

10 unité avait pour destination Jajce.

11 La seule chose que je sais avec certitude, c'est que Jajce était

12 un endroit très difficile, que la route était difficile et que l'on

13 utilisait d'autres véhicules que ceux que l'on voit dans cette cassette.

14 Ici on voit des Tam, alors que les véhicules dont je parle sont des

15 transports de troupes qui se dirigeaient vers Jajce et qui étaient du

16 modèle 150. Et c'est à ce moment-là que les affrontements ont éclaté.

17 Je connais très bien le soldat qui est mort, il fait partie de

18 ma famille éloignée et son nom est Vidovic.

19 M. Hayman (interprétation). - Mais qu'en est-il du reste de la

20 pièce 645 ?

21 M. Kehoe (interprétation). - Avec tout le respect que je vous

22 dois Monsieur le Président, le témoin vient de répondre à des questions

23 relatives à Ahmici. C'est moi qui dirige le contre-interrogatoire au sujet

24 de ce texte. Le conseil de la défense aura amplement le temps, au cours de

25 ses questions supplémentaires, d'éclairer tous les points dont il estime

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1 qu'ils ont été laissés de côté par l'accusation.

2 M. Hayman (interprétation). - Le Procureur à présenté un texte

3 qui n'existe qu'en anglais, le témoin n'a pas pu le lire, ce texte n'a pas

4 été traduit pour lui. Le reste du document, qui est le journal intime du

5 colonel Stewart, décrit le fait que le colonel Blaskic n'était pas à

6 Novi Travnik quand il y est arrivé. Par la suite, il y a eu une réunion,

7 donc je crois qu'il faudrait autoriser le témoin à lire tout le texte.

8 M. le Président (interprétation). - …doit être résolue par celui

9 qui vous parle. Nous n'entamons pas un dialogue. On a dit que vous auriez

10 dans votre droit de réplique la possibilité…. Si vous estimez que le

11 Procureur a tronqué ce rapport, qu'il n'a utilisé que ce qui l'avantageait

12 -procédé courant de la part de chaque partie vous le savez très bien. Nous

13 sommes des Juges professionnels Maître Hayman, vous le savez.

14 Il vous appartiendra, au moment de votre droit de réplique, de

15 souligner les contradictions, voir la méthode adoptée par le Procureur

16 pour ce rapport. Pour l'instant c'est le Procureur qui a l'initiative de

17 son contre-interrogatoire.

18 Ne perdons pas plus de temps.

19 M. Hayman (interprétation). - Je fais objection au fait que

20 l'accusation trompe en quelque sorte la Chambre de première instance, en

21 ne lisant qu'une partie du document, alors que la partie restante du

22 document confirme les propos du témoin.

23 M. le Président (interprétation). - Ce n'est ni la première ni

24 la dernière fois qu'aussi bien la défense que l'accusation, depuis deux

25 ans que dure ce procès, que l'accusation ou la défense, quand elles ont

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1 l'initiative de la procédure, cite dans une pièce ce qui est plutôt en

2 faveur de leur thèse. Il appartiendra d'abord, à la suite du débat

3 contradictoire et de la contradiction, que vous apportez l'une et l'autre

4 partie, pour les Juges de se faire une idée de la pertinence des arguments

5 de l'un ou de l'autre.

6 Si le Procureur a tronqué le rapport et s'il se déroule après

7 vos explications dans votre contre-interrogatoire, que la phrase :

8 " Mario Cerkez a expliqué que Blaskic était à Novi Travnik ", si à la

9 35ème ligne de la page suivante, il résulte que Mario Cerkez dit le

10 contraire, il vous appartiendra premièrement de souligner cette

11 contradiction au moment du droit de réplique, et deuxièmement il

12 appartiendra aux Juges d'en déduire toutes les conséquences.

13 Nous perdons beaucoup de temps, d'ailleurs nous devons faire une

14 pause.

15 Avez-vous une question précise encore sur la cassette ?

16 M. Kehoe (interprétation). - Oui j'ai un certain nombre de

17 questions qui tourneront autour de ce sujet, alors faisons la pause.

18 M. le Président (interprétation).- C'est une très bonne

19 technique ; chaque fois qu'il y a un incident, on va prendre un quart

20 d'heure de pause, cela va permettre de réintroduire de la sérénité dans

21 les débats. Nous suspendons pour un quart d'heure.

22 (La séance, suspendue à 16 h 50, est reprise à 17 h 10.)

23 M. le Président. - Monsieur le Procureur, vous reprenez à partir

24 du document que vous avez passé au témoin.

25 M. Kehoe (interprétation). - Avant de passer à ce document,

Page 20206

1 Monsieur le Président, pour ce qui est de la pièce 645, c'est un document

2 qui a posé problème au conseil de la défense.

3 Effectivement, nous avons lu une partie de ce document qui est

4 très importante et nous allons lire une autre portion qui se trouve à la

5 page 23 de ce document : " Au quartier général, nous avons été emmenés

6 pour rencontrer M. Kordic. J'ai dit à Kordic comment j'avais rencontré

7 M. Ilijas."

8 Effectivement, ce journal dont il est question, il s'agit du

9 troisième paragraphe plein de la deuxième page.

10 M. Hayman (interprétation). - Dans la section de Novi Travnik,

11 Monsieur le Président, c'est là que nous en sommes, dans la partie

12 consacrée à Novi Travnik.

13 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le conseil de

14 la défense, le document porte sur la réunion avec le lieutenant-colonel

15 Stewart et Kordic à Novi Travnik. Il n'est pas question de la présence de

16 Blaskic ou de son absence d'ailleurs. Point.

17 Il est question d'une réunion plus tard avec M. Blaskic mais, à

18 ce stade-là, on ne dit rien quant à la présence ou l'absence de

19 M. Blaskic.

20 Général, en ce qui concerne la présence de Kordic à

21 Novi Travnik, était-il présent à Novi Travnik le 20 ?

22 M. Blaskic (interprétation). - Je crois qu'il était à

23 Novi Travnik le 20. Cependant, je souligne encore une fois que je ne n'y

24 suis pas allé.

25 M. le Président. - Vous l'avez même dit en rappelant que vous

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1 étiez sous serment.

2 Monsieur le Procureur quelle est votre question ? Question

3 suivante.

4 M. Kehoe (interprétation). - Ma question suivante est : Général,

5 quel était le rôle de Dario Kordic à Novi Travnik ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Il m'est difficile de savoir quel

7 était son rôle exact étant donné que je n'étais avec lui, mais je sais

8 quelle était la fonction qu'il exerçait dans cette région-là. Il était le

9 vice-Président de la communauté croate de Herceg-Bosna.

10 Quant à la question de savoir pourquoi il y est allé et quand il

11 y est allé, ce n'est certainement pas suite à mon ordre qu'il y est allé

12 étant donné que je n'avais pas de compétence pour lui donner d'ordres.

13 M. Kehoe (interprétation). - N'avez-vous jamais été avec

14 Dario Kordic à Novi Travnik, que nous parlions du 20 ou du

15 21 octobre 1992 ?

16 M. Blaskic (interprétation). - Le 20 octobre, non, je n'ai pas

17 été avec lui, je ne l'ai pas vu le 20 octobre et, le 21 -comme je l'ai

18 déjà dit- je suis allé à 4 h 00 du matin. Dans l'après-midi, à mon retour

19 de Novi Travnik, je l'ai rencontré. Mais au moment où moi j'étais dans le

20 commandement, lui, il n'y était pas dans le commandement. Là, je parle du

21 commandement de la partie militaire du HVO à Novi Travnik. Dans le nouvel

22 hôtel, le 21 octobre, j'y suis allé, j'y étais et, à ce moment-là, il n'y

23 était pas.

24 M. Kehoe (interprétation). - Avant de passer au document

25 suivant, j'aimerais vous poser certaines questions sur les négociations

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1 qui se sont déroulées au cours de l'après-midi du 20 octobre 1992. Vous

2 avez participé à ces négociations avec le colonel Stewart et d'autres

3 personnes, n'est-ce pas ?

4 M. Blaskic (interprétation). - Si vous parlez des pourparlers

5 qui ont eu lieu à Vitez, dans l'hôtel Vitez, j'ai participé étant donné

6 que c'est le colonel Stewart qui l'a demandé. Il a envoyé un message me

7 demandant de participer à ces rencontres et je l'ai fait bien sûr. Je

8 souhaitais également participer à cette rencontre avec Dzemo Merdan, le

9 commandant de la Défense territoriale pour la région de Zenica.

10 M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi vouliez-vous participer à

11 cette réunion ?

12 M. Blaskic (interprétation). - Afin d'arrêter les opérations de

13 combat à Novi Travnik et de stabiliser la situation et de nous tourner

14 vers la situation sur les lignes de front à Jajce pour aider les forces

15 sur le terrain là-bas. Mais tout d'abord, je voulais qu'on arrête(?) à un

16 arrêt des hostilités à Novi Travnik. Je croyais qu'avec lui on pouvait y

17 aboutir.

18 M. Kehoe (interprétation). - Passons à une autre partie du

19 journal de M. Stewart. C'est la dernière page de ce document, à peu près à

20 la moitié.

21 Il dit la chose suivante : " Blaskic qui représentait le HVO a

22 été clair et net : les forces de la Défense territoriale devaient se

23 rendre sans aucune condition et, plus particulièrement, ces forces

24 devaient déposer leurs armes, se placer sous le contrôle du HVO.

25 Après 45 mn, Andrew Cumming nous a rejoints, nous ne

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1 progressions pas jusqu'au moment où Cumming a proposé une option plus

2 dure. Il a suggéré que la Défense territoriale se débarrasse de M. Lendo

3 qui était le commandant et il a également insisté pour dire que le

4 représentant du HVO... ou plutôt, il est également apparu que le

5 représentant du HVO avait donné des instructions pour ne pas faire de

6 compromis. "

7 Général, avez-vous exigé que la Défense territoriale soit placée

8 sous le contrôle du HVO, et avez-vous reçu des instructions de la part de

9 vos supérieures pour le faire ?

10 M. Blaskic (interprétation). - Non, je dois vous décrire

11 l'ambiance de la réunion pour mieux comprendre. L'interprète de la

12 rencontre était le capitaine Nick qui comprenait mal la langue serbo-

13 croate. D'ailleurs, deux bouteilles de Whisky ont été consommées au cours

14 de cette rencontre. Je ne sais pas pourquoi cela ne figure pas dans ce

15 document alors que ni moi ni M. Dzemo Merdan, nous ne buvions pas du tout.

16 La réunion a duré de 23 h 00 à 3 h 00 du matin. Pourquoi cela ne figure

17 pas dans ce document alors que ni moi ni M. Dzemo Merdan nous ne buvions

18 pas du tout ? La réunion a duré à partir de 23 h 00 jusqu'à 3 h 00 du

19 matin. Dzemo est intervenu au cours de cette réunion ; il a dit qu'on a

20 demandé à la Défense territoriale de rendre les armes au HVO et moi j'ai

21 dit à Dzemo Merdan que ce n'était pas vrai.

22 J'ai dit : "Dzemo ce n'est pas vrai, ce n'est pas l'attitude du

23 HVO. Dis-moi qui t'a dit que c'était l'attitude du HVO, étant donné que le

24 HVO n'a pas besoin d'armes et ne demande pas que vous rendiez les armes".

25 Donc, c'était la situation, l'attitude du HVO par rapport à la

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1 Défense territoriale de Novi Travnik.

2 En ce qui concerne le commandant Lendo, j'ai demandé qu'il soit

3 démis de ses fonctions étant donné que j'ai considéré qu'il était

4 responsable pour le meurtre d'un commandant du commandement du HVO à

5 Travnik ; cette personne a été tuée au point de contrôle, ou plutôt le

6 barrage routier de l'armée de Bosnie-Herzégovine et son adjoint était

7 grièvement blessé. Les deux étaient de Travnik et à ce moment-là, le

8 brigadier Cumming, à environ deux heures et demi du matin a demandé à

9 M. Dzemo Merdan qu'il remplace le commandant Lendo. Nous sommes arrivés à

10 un accord et nous nous sommes séparés. Nous avons décidé de continuer avec

11 nos discussions, mais en disant que tout cela devait se passer le plus

12 vite possible.

13 Je suis parti tout de suite, arrivé à Novi Travnik à 4 h 00 du

14 matin, le 21 octobre.

15 M. Kehoe (interprétation). - Vous dites donc que cette réunion à

16 laquelle vous avez participé, avec Bob Stewart et d'autres personnes

17 encore, s'est tenue dans un esprit de conciliation, en tout cas de votre

18 part ?

19 M. Blaskic (interprétation). - Je vous ai parlé, je vous ai dit

20 comment cette réunion a eu lieu. Je vous ai dit encore une fois que j'ai

21 directement et ouvertement dit à M. Dzemo Merdan que personne du HVO, de

22 mon commandement, ne demandait à la Défense territoriale de rendre les

23 armes ni de se rendre au HVO.

24 Mais l'attitude, au début, était telle que j'ai demandé,

25 effectivement, que la Défense territoriale extradie le commandant Lendo à

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1 cause de tous les événements liés à ce conflit.

2 M. Kehoe (interprétation). – Monsieur le Président, jusqu'à

3 quelle heure travaillons-nous ce soir à peu près ?

4 M. le Président. – Nous travaillons jusqu'à 18 h 00.

5 M. Kehoe (interprétation). – Très bien, merci. Je voudrais vous

6 soumettre un autre document, Général.

7 M. Abtahi. – Il s'agit de la pièce 647 de l'accusation, 647a

8 pour la version en français et 647b pour la version en anglais.

9 Interprètes. – Les interprètes peuvent-elles avoir la version en

10 français, s'il vous plaît ?

11 M. Kehoe (interprétation). – Général, veuillez consulter ce

12 rapport s'il vous plaît.

13 M. Abtahi. – Auriez-vous un exemplaire pour la cabine des

14 interprètes ?

15 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que oui.

16 Général, il s'agit de votre rapport, n'est-ce pas, adressé à

17 tous les quartiers généraux municipaux du HVO, en date du 21octobre 1992,

18 rédigé à 21 h 00 ?

19 Avant de lire ce document, puisque nous allons le faire,

20 Général, je vous demanderai de lire le dernier paragraphe de ce document :

21 paragraphe 10, de ce document qui dit : " Tant que dureront les opérations

22 de défense, le vice-Président de la communauté croate de Herceg-Bosna,

23 Dario Kordic et moi-même, resterons à Novi Travnik pour diriger sans cesse

24 les opérations militaires grâce à notre profonde connaissance de la

25 situation et en maintenant toutes les forces sous notre contrôle.

Page 20212

1 Le commandant du groupe opérationnel, Filip Filipovic se trouve

2 également ici au quartier général du HVO de Novi Travnik. "

3 Général, lorsque vous nous avez dit, il y a quelques minutes à

4 peine, que vous n'étiez pas à Novi Travnik avec Dario Kordic ce jour-là,

5 vous mentiez n'est-ce pas ?

6 M. Blaskic (interprétation). - Vous m'avez posé la question

7 concernant le 20 octobre, si j'étais avec Dario Kordic le 20. Moi j'ai dit

8 que j'ai rencontré Dario Kordic le 21 octobre, mais que je ne l'ai pas

9 trouvé au commandement à 4 h 00 du matin, au moment où moi je me trouvais

10 dans le commandement du quartier général municipal de Novi Travnik qui se

11 trouvait à l'hôtel. Mais j'ai dit déjà que je l'ai rencontré par la suite

12 le même jour.

13 M. Kehoe (interprétation). - Alors, Général, d'où dirigiez-vous

14 sans cesse les opérations militaires avec Dario Kordic ?

15 M. Blaskic (interprétation). - C'est un rapport qui a été rédigé

16 à 21 h 00 le 21 octobre. Il faudrait que j'examine ce document, il y a

17 deux pages. Il faudrait que je sache de quoi il s'agit, mais je maintiens

18 ma position, mon affirmation que le 21 octobre je n'ai pas vu Dario Kordic

19 au commandement du HVO à Novi Travnik ; il n'y était pas. Mais je l'ai vu

20 à Novi Travnik à un autre moment et à un autre endroit le même jour.

21 M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document porte la date

22 du 21 octobre 1992, 21 h 00.

23 Alors vous nous avez dit que vous aviez quitté Novi Travnik à

24 l'heure du déjeuner, vers midi, le 21. Ce n'était pas exact non plus,

25 n'est-ce pas ?

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1 M. Blaskic (interprétation). - Je suis rentré à l'hôtel Lovac

2 afin de préparer M. Marko Prskalo le 21 octobre étant donné que lui devait

3 être -et par la suite il l'est devenu- le Président de la commission

4 chargée de la mise en œuvre du cessez-le-feu et de l'enquête sur les

5 causes du conflit à Novi Travnik. Je lui ai donné des instructions et

6 ensuite, probablement, je suis allé de Vitez à Novi Travnik.

7 M. Kehoe (interprétation). - Vous nous avez dit cela ?

8 M. Blaskic (interprétation). - Vous ne m'avez pas posé cette

9 question ; vous m'avez demandé, tout à l'heure, si c'est vrai que j'ai

10 quitté Novi Travnik pour aller à Vitez et j'ai dit que c'est vrai, que je

11 l'ai fait pour rencontrer Marko Prskalo et pour discuter avec lui de ses

12 affaires concernant le cessez-le-feu et la mise en œuvre du cessez-le-feu.

13 M. Kehoe (interprétation). - Général, au cours de votre

14 interrogatoire principal, avez-vous dit à la Chambre qu'en fait vous aviez

15 été à Novi Travnik au cours des opérations de combats qui ont eu lieu le

16 21 octobre 1992 ? L'avez-vous dit aux Juges ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Au cours de ma déposition, j'ai

18 dit que je suis arrivé le 21 à 4 h 00 du matin à Novi Travnik. Ensuite, il

19 faudrait que je voie tous les détails dont il est question ici et dont

20 j'ai parlé. Je me suis focalisé sur les parties principales de ma

21 déposition.

22 M. Kehoe (interprétation). - Je crois que le compte rendu

23 parlera de lui-même. Le témoin n'a absolument pas parlé de ses activités à

24 Novi Travnik, en ce qui concerne la date du 21.

25 Général, voyons….

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1 M. Blaskic (interprétation). – Non, non, le 21 octobre, je l'ai

2 dit.

3 M. Nobilo (interprétation). - Monsieur le Président, cette

4 méthode est encore une fois inacceptable. Le témoin n'a pas parlé de

5 beaucoup de choses au cours de l'interrogatoire principal, étant donné que

6 nous étions pressés, nous avons souhaité, suite à vos instructions, faire

7 un choix entre les choses pertinentes et sans pertinence. Or, le conflit

8 de Novi Travnik n'a pas été considéré comme pertinent, étant donné qu'il

9 n'est pas couvert par l'acte d'accusation.

10 M. le Président (interprétation). - C'est sur des instructions

11 de la Chambre que les parties n'auraient pas jugé essentiel d'appeler

12 l'attention soit dans le conseil de leur client, soit dans l'accusation,

13 sur les choses pertinentes.

14 Je tiens à préciser au nom de mes collègues, que vous choisissez

15 votre stratégie. Simplement, j'ai toujours rappelé qu'il y a des

16 contraintes de temps dont nous sommes responsables au titre de plusieurs

17 articles du règlement et notamment de l'article 90 G. Ne me faites pas

18 dire Maître Nobilo ce que je n'ai jamais dit. Et je maintiens qu'il y a

19 des contraintes de temps. Cela étant, dans les contraintes de temps,

20 chacun est libre de sa stratégie.

21 Monsieur le Procureur.

22 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, pour le

23 compte rendu, Novi Travnik se trouve dans l'acte d'accusation inclus dans

24 le chef d'accusation numéro 1. Et pour ce qui est de Novi Travnik, Blaskic

25 a commencé à parler de Novi Travnik à la page 8007 et continue pendant

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1 45 pages du compte rendu.

2 Consultons ce document, Général. Je viens d'être corrigé par mon

3 collègue. La question de Novi Travnik apparaît au paragraphe 5.2 de l'acte

4 d'accusation.

5 Consultons ce document, Général. En date du 21 octobre 1992,

6 21 heures, vous annoncez ou vous faites rapport de la situation à

7 Novi Travnik et Jajce : "situation sur le front de Novi Travnik : les

8 forces musulmanes poursuivent les opérations intensives d'artillerie

9 dirigées sur la ville même, généralement au moyen d'obusiers de

10 122 millimètres, les positions les plus fortifiées des forces musulmanes

11 sont le village d'Opara où se tient le commandement, Kasapovic le village

12 d'Isakovic au sud de 612 par 500, le village de Vejzovici, Sinakos,

13 Senkovic et Turalici.

14 L'ennemi a désormais les unités du HVO dans les villages habités

15 par un nombre inconnu de Croates. Certains Croates ont été faits

16 prisonniers dans les villages de Kopila, Torine, Senkovici et Bugojcici."

17 Allons vers la fin du paragraphe, il est dit : "L'ennemi essaie

18 de diffuser des informations erronées concernant de prétendus succès de

19 ses forces, ce qui est un pur mensonge, et produit sur ses unités, l'effet

20 contraire à celui recherché.

21 Le haut-parleur de la mosquée du village d'Ahmici, municipalité

22 de Vitez, a été employé pour appeler le peuple croate à déposer ses armes.

23 Unités du HVO : toutes les routes vers la ville de Novi Travnik

24 ont été bloquées et aucun accès vers la ville ne sera autorisé sans notre

25 permission après 19 heures 45, pour le moment. En d'autres termes, la

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1 ville est en état de blocus total.

2 Le blocage de toutes les routes avait été levé au son des

3 chansons Cavoglave, Evo Zore, Evo Dana. L'amplification du son des

4 chansons a bouleversé la ville et les forces musulmanes ont été repoussées

5 vers des villages à population majoritairement Musulmane. Les villages de

6 Kasapovic, Isakovic et Lasine ont subi un blocus total et ont été soumis à

7 un feu nourri de nos forces.

8 3.- La situation à Travnik, Zenica, Vitez, Busovaca, Kiseljak,

9 Fojnica, Kresevo, Vares et Kakanj est sous l'entier contrôle du HVO.

10 Cependant le comportement du personnel civil et militaire du HVO à Travnik

11 a été incompréhensible. Ils ont commencé les négociations et les

12 pourparlers en vue d'un cessez-le-feu, après l'assassinat du commandant du

13 quartier général du commandement de Travnik, Ivica Stojak, sans en

14 informer leur hiérarchie et en prenant avantage de notre préoccupation au

15 sujet de la situation à Novi Travnik et Vitez.

16 Les tensions sont très fortes à Travnik et à Zenica, les

17 tensions sont exacerbées. Cependant les forces musulmanes ont dû

18 comprendre que nos unités empêcheront tous mouvements de la Défense

19 territoriale vers Novi Travnik, en conséquence leurs unités sont

20 actuellement inactives. Le barrage sur la route principale de

21 Busovaca-Vitez dans le village d'Ahmici, municipalité de Vitez, a été

22 entièrement détruit. Les forces musulmanes ont dû évacuer le village et

23 ont été entièrement écrasées.

24 Les forces musulmanes ont également dû livrer leurs armes de

25 leur propre chef.

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1 A Ahmici, la mosquée a été utilisée à des fins militaires, le

2 haut-parleur a été employé pour demander aux défenseurs du HVO de livrer

3 leurs armes. En conséquence, on a ouvert le feu sur le minaret. Depuis

4 hier, le village est entièrement sous le contrôle du HVO."

5 Passons à la dernière phrase du paragraphe 6, : "Le commandement

6 organise, coordonne et contrôle entièrement les activités de nos forces.

7 8. Perte de notre côté : a) 10 morts, b) 32 blessés, c)

8 5 disparus connus. Les pertes du côté musulman sont inconnues puisqu'ils

9 ne transportent pas leur blessés à l'hôpital de Travnik. Cependant nous

10 les avons vu transporter leurs morts sur deux tracteurs. Les prisonniers

11 sont nombreux.

12 9. Le personnel supplémentaire dont j'avais fait la demande

13 N'EST PAS NECESSAIRE ACTUELLEMENT, puisque nous contrôlons la situation

14 dans toutes les municipalités. La route de Gornji Vakuf à Novi Travnik a

15 été bloquée par les forces du quartier général municipal de Fojnica et la

16 route Bugojno- Novi Travnik, par les forces du HVO.

17 Le personnel que vous nous avez envoyé a atteint Prozor selon

18 nos sources et peut soit y rester temporairement, soit rentrer.

19 Nous possédons la preuve irréfutable que les minarets de la

20 mosquée ont servi d'abri à des tireurs embusqués. A chaque opération que

21 nous lançons contre eux, ils nous identifient comme Chetniks.

22 10. Tant que dureront les opérations de défense, le vice-

23 Président de la communauté croate de Herceg-Bosna, Dario Kordic et moi-

24 même resteront à Novi Travnik pour diriger sans cesse les opérations

25 militaires grâce à notre profonde connaissance de la situation et en

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1 maintenant toutes les forces sous notre contrôle.

2 Le commandant du groupe opérationnel, colonel Filip Filipovic,

3 se trouvait également ici au quartier général du HVO de Novi Travnik.

4 L'information fausse selon laquelle un de nos commandants aurait été fait

5 prisonnier constamment diffusée par le soi-disant commandement suprême de

6 Bosnie-Herzégovine est erronée, puisque les véhicules de l'ONU doivent

7 être employés pour le transport de leur commandant du quartier général de

8 district de la TO de Zenica vers leur zone de responsabilité. "

9 Ce document, bien entendu, est signé par vous-même en votre

10 qualité de commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et

11 également par Dario Kordic.

12 Général, il s'agit d'un document que vous avez rédigé, n'est-ce

13 pas ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui, c'est un document que j'ai

15 rédigé en date du 21 octobre décrivant la situation à 21 h 00.

16 M. Kehoe (interprétation). - Il est donc clair que le

17 21 octobre 1992, le HVO contrôle pratiquement toute la Bosnie centrale ?

18 Regardez le paragraphe 3 : Travnik, Zenica ; Vitez, Busovaca,

19 Kiseljak, Fojnica, Kresevo, Vares et Kakanj. Tous ces villages sont sous

20 votre contrôle ?

21 M. Blaskic (interprétation). - Il n'y a pas de conflit là-bas,

22 et c'est seulement les membres du HVO qui sont placés sous le commandement

23 du commandement. Mais Travnik ne peut pas être contrôlé par le HVO, étant

24 donné qu'il y a la Défense territoriale et déjà les Mudjahidins et des

25 membres d'autres unités là-bas. Ou bien Zenica où se trouve le

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1 commandement du troisième corps d'armée alors qu'eux ne sont pas sous mes

2 ordres.

3 Puis vous avez mentionné Vitez, la 325ème brigade de Vitez n'est

4 pas sous mes ordres. A Vitez c'est le cas de la 333ème brigade, et en ce

5 qui concerne Kiseljak, c'est la 310ème brigade qui n'est pas sous mes

6 ordres.

7 C'est la même chose en ce qui concerne Fojnica, les forces de

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine ne sont ce pas sous mes ordres, de même qu'à

9 Kresevo, à Vares et à Kakanj, alors que les forces du HVO sont sous mes

10 ordres. Mais ici on parle de la situation, c'est-à-dire de l'état des

11 lieux. Cela ne veut pas dire que je contrôlais entièrement cette région.

12 M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous rédigé ce

13 document ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui, je l'ai rédigé mais je ne

15 vois pas pourquoi vous avez sauté la partie concernant les blessés ;

16 durant cette période nous n'avions pas d'hôpital. Je ne sais pas pourquoi

17 vous n'avez pas lu…

18 M. le Président. – Répondez à la question qui vous est posée,

19 s'il vous plaît, pour nous permettre d'y clair.

20 Voyons, Monsieur le Procureur, vous avez bien posé une question

21 sur le paragraphe 3 sur la phrase : la situation est sous l'entier

22 contrôle du HVO ?

23 M. Kehoe (interprétation). - Et la force militaire dominante

24 dans toutes ces municipalités était le conseil croate de défense, n'est-ce

25 pas ?

Page 20220

1 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président,

2 Messieurs les Juges, à l'époque il y avait 100 000 habitants à Zenica,

3 alors que peut-être il y avait 20 000 Croates, le reste était des

4 Musulmans.

5 Alors quelles sont ces forces prédominantes à Zenica face à la

6 défense territoriale ? Là, je parle de la situation où les soldats étaient

7 contrôlés. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu d'extension du conflit,

8 d'escalade du conflit à Zenica.

9 M. le Président. – Général, là je crois qu'il faut passer à une

10 autre question. Vous nous posez la question comme si c'était à nous d'y

11 répondre. Vous n'êtes pas un observateur neutre, là. Vous êtes un témoin

12 privilégié, Général. Je crois que sinon il faut passer à une autre

13 question et votre réponse est enregistrée au transcript.

14 M. Kehoe (interprétation). - Général, la ville de Travnik

15 réglait généralement ses problèmes par la conciliation et il y avait

16 toujours eu une relation de fraternité entre les Croates et les musulmans,

17 n'est-ce pas ?

18 M. Blaskic (interprétation). – Non, pas seulement la ville de

19 Travnik était connue pour cela mais toute la région avant ces problèmes et

20 ces incidents. Non pas seulement Travnik. Travnik ne constitue pas une

21 exception par rapport à d'autres parties de cette région. La situation à

22 Kiseljak et dans d'autres parties était semblable.

23 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous venez de nous dire

24 que vous êtes venu assister à la réunion le 20 avec le colonel Stewart et

25 que vous animait un esprit de conciliation. Alors que dans ce document,

Page 20221

1 vous exprimez votre rage parce que Travnik a conclu un accord de cessez-

2 le-feu avec les Musulmans, et ceci se trouve au paragraphe 3 de ce

3 document.

4 M. Blaskic (interprétation). - C'est exact. Cependant, si nous

5 examinons l'histoire de ce cessez-le-feu, nous pouvons voir ce qui s'est

6 produit.

7 Mais voyez ce document : en ce qui concerne le document 647,

8 après on décrit la situation et on dit qu'on continue à pilonner de

9 manière intense la ville en utilisant les obusiers de 122 mm qui tiraient

10 sur les parties résidentielles, sur les écoles primaires à Novi Travnik.

11 C'est vrai que je suis venu dans un esprit de réconciliation,

12 mais le cessez-le-feu n'a pas vu le jour, et par la suite c'est seulement

13 lorsque le ministre de Bosnie-Herzégovine s'est engagé dans la recherche

14 de la solution que nous avons pu établir le cessez-le-feu.

15 M. Kehoe (interprétation). - Mais Général, le HVO avait imposé

16 un blocus total sur la ville de Novi Travnik, n'est-ce pas ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Ils ont bloqué toutes les routes

18 qu'ils ont pu bloquer vers Novi Travnik afin de localiser ce conflit.

19 M. Kehoe (interprétation). - Et au paragraphe 9, on voit

20 également que le HVO contrôlait les routes allant de Gornji Vakuf à

21 Novi Travnik, et de Bugojno à Novi Travnik. N'est-ce pas ?

22 M. Blaskic (interprétation). – A cette époque oui, le HVO avait

23 placé les barrages routiers sur les routes entre Novi Travnik vers

24 Gornji Vakuf, et de Bugojno vers Novi Travnik. Cela a été placé,

25 effectivement, par le HVO.

Page 20222

1 M. Kehoe (interprétation). – Général, lorsque vous nous montriez

2 les différents endroits où les Musulmans avaient des postes de contrôle et

3 des points de contrôle sur la maquette, vous ne nous avez pas dit qu'en

4 octobre 1992 le HVO détenait le contrôle total de tous les axes de

5 communication entre Novi Travnik et Gornji Vakuf, et Novi Travnik et

6 Bugojno, n'est-ce pas ?

7 M. Blaskic (interprétation).- J'ai justement parlé devant les

8 Juges en parlant de l'attaque contre Medenik qui se trouve sur la route

9 entre Gornji Vakuf et Novi Travnik. Ceci s'est produit au mois de

10 janvier 1993 et l'armée de Bosnie-Herzégovine a écrasé les forces du HVO

11 et a pris le contrôle de cette route entre Novi Travnik et Gornji Vakuf.

12 J'ai dit devant ces Juges, également, que l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine a placé 200 soldats dans l'école primaire à Novi Travnik et

14 placé les Mudjahidins au site de Prozor sur la route de Novi Travnik.

15 C'est ainsi qu'elle prenait le contrôle des routes.

16 En ce qui concerne Medenik, il y avait des forces du HVO là-bas

17 et l'armée de Bosnie-Herzégovine a attaqué les forces du HVO et a pris le

18 contrôle de ce site au mois de janvier 93. Je crois que ceci s'est produit

19 le 14 janvier 1993. Je crois que ceci fait partie de ma déposition.

20 M. Kehoe (interprétation). - Général, avez-vous dit à la Chambre

21 que le 21 octobre 1992 le HVO détenait le contrôle total de tous les axes

22 de communication allant de Bugojno et Gornji Vakuf à Novi Travnik. Avez-

23 vous dit à la Chambre... ?

24 M. Hayman (interprétation). - J'objecte quant à la forme de la

25 question.

Page 20223

1 M. Kehoe (interprétation). - Nous avons entendu des heures et

2 des heures de témoignage, Monsieur le Président.

3 M. le Président. - Reformulez votre question précisément.

4 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, en réponse à des questions

5 posées par Me Nobilo, avez-vous dit que le HVO contrôlait tous les axes de

6 communication qui permettaient d'accéder en Bosnie centrale en passant par

7 Novi Travnik le 21 octobre 1992 ? L'avez-vous dit aux Juges ?

8 M. le Président. - Prenez votre temps.

9 M. Blaskic (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas compris

10 la question. Peut-être c'est l'interprétation qui n'était pas tout à fait

11 exacte. Veuillez répéter la question, s'il vous plaît.

12 M. Kehoe (interprétation). - Au cours, ou dans le cadre des

13 réponses données aux questions de Me Nobilo, au cours de l'interrogatoire

14 principal, avez-vous dit à la Chambre de première instance que le

15 21 octobre le HVO détenait le pouvoir total, un pouvoir total sur les axes

16 de communication de Bugojno par le biais de Novi Travnik et Gornji Vakuf

17 par Novi Travnik ?

18 M. Hayman (interprétation). - Mais il pourra répéter la question

19 dix ou vingt fois, c'est une objection sur la forme de la question.

20 M. le Président. - C'est votre client qui a dit qu'il n'avait

21 pas compris la question. Ne vous précipitez donc pas avec la fougue que je

22 vous connaissais. C'est tout simplement le général Blaskic qui a demandé

23 de répéter la question. Je crois que cette question... On attend que le

24 témoin y réponde.

25 Prenez votre temps éventuellement, réfléchissez.

Page 20224

1 M. Blaskic (interprétation). – Monsieur le Président, en ce qui

2 concerne tous les détails, je n'ai pas parlé de tous les détails étant

3 donné que je me suis concentré sur les points les plus importants.

4 En ce qui concerne le contrôle, ici on parle de la situation sur

5 la base d'un rapport que j'ai reçu moi-même, la situation qui prévalait le

6 21 octobre et qui prévalait peut-être jusqu'au 25 octobre.

7 Cela dit, j'ai parlé de la manière dont les forces de l'armée de

8 Bosnie-Herzégovine étaient déployées et comment l'armée de Bosnie-

9 Herzégovine prenait le contrôle exclusif des routes.

10 (Les Juges se consultent sur le Siège.)

11 M. le Président. - Poursuivez, Monsieur le Procureur.

12 M. Kehoe (interprétation). - Passons au paragraphe 5, Général.

13 Vous faites remarquer qu'eu égard au village d'Ahmici, le

14 barrage a été complètement détruit, le barrage se trouvant sur la route

15 principale et que les forces musulmanes ont également dû livrer leurs

16 armes et ont été entièrement écrasées. Elles ont dû évacuer le village et

17 ont été entièrement écrasées.

18 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne la nationale

19 de Busovaca, effectivement, ce barrage a été écarté et les forces ont été

20 écrasées, ;c'est vrai, elles ont dû se retirer. C'est exact.

21 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, lorsque vous avez

22 dit aux Juges à la page 18 012 du compte rendu que le barrage avait été

23 démantelé, ce qui s'est passé en fait, c'est une opération beaucoup plus

24 violente, n'est-ce pas ?

25 M. Blaskic (interprétation). - Il y a eu des combats autour du

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1 barrage, et c'est dans le cadre des combats que la barricade a été

2 éliminée. Je ne sais pas très exactement ce que j'ai dit. Cela doit

3 figurer dans le compte rendu mais, effectivement, il y a eu des combats

4 autour du barrage routier.

5 M. le Président. - Cela a été écrasé, diminué, éliminé, avançons

6 s'il vous plaît, Monsieur le Procureur.

7 M. Kehoe (interprétation). - Au paragraphe 5, vous dites

8 " entièrement écrasé ". Dans votre témoignage, vous dites que ce barrage a

9 été démantelé. Alors ma question est la suivante : vous écrivez dans ce

10 rapport que ce barrage a été entièrement détruit et que ceci représente

11 une action beaucoup plus violente que le fait simple de démanteler un

12 barrage, n'est-ce pas ?

13 M. Hayman (interprétation). - Montrons son témoignage au témoin,

14 si nous devons entrer dans cette question. Il dit à la page 18 013 que des

15 personnes ont été tuées du côté croate, du côté musulman et que certains

16 bâtiments ont été incendiés. Ceci figure dans ce témoignage.

17 M. Kehoe (interprétation). - Oui, effectivement, des maisons

18 musulmanes ont été incendiées, c'est clair.

19 M. le Président. - C'est moi qui vais poser la question au

20 témoin, sinon nous n'allons pas en sortir et je voudrais que nous

21 avancions.

22 Général Blaskic, est-ce que, lorsque vous écrivez dans le

23 paragraphe 5 que le barrage a été entièrement détruit et que les forces

24 musulmanes ont dû évacuer le village et ont été entièrement écrasées, est-

25 ce que vous assumez toujours cette phrase ?

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1 M. Blaskic (interprétation). – Oui j'assume entièrement cette

2 phrase. C'est ce que j'ai dit dans le cadre de ma déposition.

3 M. le Président. – Les Juges professionnels, quand ils ont un

4 texte sous les yeux, savent faire la différence quand on écrit

5 " entièrement détruits " ou " entièrement écrasés ". Les Juges savent ce

6 que veut dire " entièrement détruits " et " entièrement écrasés ".

7 Nous passons à une autre question s'il vous plaît, il est

8 17 h 50, Monsieur le Procureur.

9 M. Kehoe (interprétation). – Général, il est également exact que

10 les forces musulmanes d'Ahmici ont déposé de leur propre chef leurs armes

11 n'est-ce pas ?

12 Paragraphe 5, deuxième phrase complète : " les forces musulmanes

13 ont dû livrer leurs armes de leur propre chef à Ahmici " ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Ce qui est écrit dans la phrase

15 c'est qu'ils ont livré leurs armes de leur propre chef dans le village

16 d'Ahmici. On ne parle pas de l'ampleur de ces forces, mais on dit qu'ils

17 ont livré leurs armes à Ahmici.

18 M. Kehoe (interprétation). - Et c'est bien exact ?

19 M. Blaskic (interprétation). – C'est le rapport que j'ai reçu et

20 je l'ai considéré comme exact. C'est comme cela que je l'ai reçu.

21 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez également insisté sur le

22 fait qu'à ce stade, à cette date du 21 octobre 1992, et d'ailleurs vous le

23 dites dans la dernière phrase du paragraphe 6 : " Le commandement

24 organise, coordonne et contrôle entièrement les activités de nos forces. "

25 En disant cela, Général, en octobre 1992, vous faites remarquer

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1 que la structure de commandement et de contrôle fonctionne effectivement,

2 n'est-ce pas ?

3 M. Blaskic (interprétation). – D'après les informations dont je

4 disposais à l'époque -je croyais que c'était le cas- je croyais que les

5 activités qui se déroulaient étaient des activités coordonnées et, comme

6 je l'ai indiqué ici, j'ai indiqué les choses telles que je les voyais à

7 l'époque.

8 M. Kehoe (interprétation). - Une fois de plus, au paragraphe 10,

9 vous dites que vous-même et Dario Kordic (début de citation) " resteront à

10 Novi Travnik pour diriger sans cesse les opérations militaires." (Fin de

11 citation).

12 Je vous ai demandé quel était le rôle de Dario Kordic dans la

13 direction de ces opérations militaires.

14 M. Blaskic (interprétation). – Lorsque j'ai écrit cela, j'ai

15 pensé surtout à une désinformation qui a été publiée selon laquelle nous

16 étions arrêtés tous les deux par des forces musulmanes. Ce sont les médias

17 qui ont rendu publique cette nouvelle que nous étions tous les deux

18 arrêtés, l'information est exacte que le commandant de Travnik a été tué.

19 J'ai déjà expliqué quel était son rôle, il était un fonctionnaire des

20 autorités civiles de la communauté croate de Herceg-Bosna.

21 M. Kehoe (interprétation). - Quel était le rôle de Dario Kordic

22 dans la direction de ces opérations militaires ? Que faisait-il

23 exactement ?

24 M. Blaskic (interprétation). – Dario Kordic avait les fonctions

25 civiles, il était dans les autorités civiles de la communauté croate de

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1 Herceg-Bosna, il faisait partie de ces instances avec d'autres

2 fonctionnaires, je n'étais pas énormément en contact avec eux. Donc, je ne

3 connais pas le détail de leur fonction, mais je sais que notre grand

4 problème, à l'époque, c'était l'accès de l'hôpital de Travnik et je sais

5 qu'il a été très actif dans la recherche du problème des personnes

6 blessées, étant donné qu'à ce moment-là, la route vers l'hôpital était

7 coupée.

8 M. Kehoe (interprétation). - Lorsque vous l'avez vu à

9 Novi Travnik, portait-il un uniforme ? Je parle de Dario Kordic bien sûr.

10 M. Blaskic (interprétation). – Pendant toute la période, je

11 crois que jusqu'aux accords de Dayton, il portait un uniforme. Je ne l'ai

12 jamais vu en Bosnie centrale sans uniforme. Peut-être, parfois, ne

13 portait-il pas un uniforme, mais presque tous les fonctionnaires civils

14 comme les fonctionnaires militaires portaient un uniforme.

15 M. Kehoe (interprétation). - Et avec qui était-il lorsque vous

16 l'avez vu le 21 octobre à Novi Travnik ?

17 M. Blaskic (interprétation). – En ce qui concerne la plupart des

18 responsables civils de Novi Travnik, je crois que c'était le Président et

19 le vice-Président du HVO. L'un d'eux s'appelait Jozo, je crois que son nom

20 de famille était Sekic, l'autre s'appelait Marinko.

21 Ensuite, il y avait le chef du département chargé de la défense

22 civile et puis certains autres responsables.

23 M. Kehoe (interprétation). – Général, lorsque vous avez vu et

24 rencontré Dario Kordic à Novi Travnik, de quoi avez-vous parlé ?

25 M. Blaskic (interprétation). – J'ai donné l'information

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1 concernant l'accord que nous avons conclu avec Merdan, et ce à quoi nous

2 nous attendions auprès des unités de la Défense territoriale et que nous

3 allions faire encore plus d'efforts concernant la stabilisation de la

4 situation.

5 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, ma question sera la

6 suivante : a-t-il effectivement mené des opérations militaires ou pas ?

7 M. Blaskic (interprétation). – Pendant que moi j'étais dans la

8 région, je suis sûr que non. Moi je suis arrivé donc le 21 octobre 1992.

9 Quant à la question de savoir si, avant mon arrivée ou par la suite,

10 quelque chose s'est produit -étant donné que le 23 je suis allé à

11 Sarajevo, je suis allé à Kiseljak le 22. Je ne sais pas ce qu'il faisait,

12 mais pendant que moi j'étais sur place, il ne menait pas les opérations de

13 combat.

14 M. Kehoe (interprétation). - Par conséquent, quand vous écrivez

15 dans ce rapport que vous-même et Kordic dirigez des opérations militaires,

16 vous ne pouvez pas donner d'exemple d'opérations militaires effectivement

17 menées par Dario Kordic ; c'est bien ce que vous dites ?

18 M. Blaskic (interprétation). – J'affirme la même chose que ce

19 que j'ai dit tout à l'heure. Pendant que moi j'étais sur place, je suis

20 convaincu qu'il ne faisait absolument rien concernant les affaires

21 militaires. C'est ce que j'affirme.

22 M. Kehoe (interprétation). - Pourquoi avez-vous écrit cela dans

23 votre rapport ?

24 M. Blaskic (interprétation). - En tout cas, je parlais de moi-

25 même, je voulais dire que moi, personnellement, je menais, j'étais à la

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1 tête des activités pendant que j'étais sur place.

2 M. Kehoe (interprétation). – Non, non, Général. Le document dit

3 très clairement : " Le vice-Président de la communauté croate de Herceg-

4 Bosna et moi-même resterons à Novi Travnik pour diriger sans cesse les

5 opérations militaires. "

6 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit de quelles affaires

7 ils étaient chargés dans le cadre de toutes ces activités. J'ai parlé des

8 affaires qui m'étaient connues et moi, j'ai surtout écrit cela en réponse

9 à la nouvelle qui a été rendue publique selon laquelle nous avions été

10 arrêtés tous les deux par les forces de la Défense territoriale.

11 M. le Président. – Je considère que vous ne répondez pas tout à

12 fait à la question, Général Blaskic, ou alors on renonce à la question.

13 " Dario Kordic et moi-même resterons à Novi Travnik pour diriger

14 sans cesse les opérations militaires grâce à notre profonde connaissance

15 de la situation et en maintenant toutes les forces sous notre contrôle."

16 Maintenez votre réponse. Cela ne concerne que vous ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Pendant que moi j'étais sur

18 place, Monsieur le Président, c'est moi qui donnais les ordres. Quand on

19 parle du commandement, il faut savoir qu'il y a aussi d'autres aspects qui

20 ne concernent pas directement l'armée. C'est comme cela que je comprends

21 le terme du " commandement de la direction ".

22 M. le Président. – C'est vous qui avez écrit cela

23 Général Blaskic. Ce n'est pas à nous de répondre. On se pose la question

24 de savoir. Aidez-nous ! Là, ce n'est pas le Procureur qui vous pose la

25 question.

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1 Quand vous dites, vous signez : " Dario Kordic et moi-même

2 resterons à Novi Travnik pour diriger sans cesse les opérations

3 militaires ", il ne s'agit pas d'opérations civiles. C'est vous qui

4 l'écrivez cela.

5 Moi je ne peux pas apporter la réponse, il n'y a que vous qui

6 pouvez l'apporter. Ou alors dites : je n'en sais rien, que vous ne vous en

7 souvenez plus ou que cela ne correspond pas à la réalité. Je ne sais pas.

8 J'essaie que mes collègues et moi-même y voyions clair.

9 D'ailleurs je crois que le Juge Shahabuddeen a également une question à

10 vous poser, peut-être même le Juge Rodrigues avant de terminer.

11 Mais là, quelle est votre dernière réponse sur ce point-là très

12 précis ? Quand vous écrivez cela ?

13 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque j'écris le fait de

14 diriger les opérations militaires, moi je considère que c'est moi qui

15 donne les ordres. Et dans le cadre des activités, comme je l'ai déjà dit,

16 il y a eu des questions telles que les questions concernant les blessés ;

17 c'est là qu'il était le plus actif.

18 M. le Président. – Il faut en rester là. Nous n'irons pas plus

19 loin. C'est votre réponse, c'est votre droit, ce sont les droits du

20 témoin.

21 Vous aviez une autre question avant que je ne cède la parole au

22 Juge Shahabuddeen sur ces aspects du rapport, Monsieur le Procureur.

23 M. Kehoe (interprétation). – Non, Monsieur le Président.

24 M. le Président. – Je me tourne vers Monsieur le Juge

25 Shahabuddeen.

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1 M. Shahabuddeen (interprétation). – Oui, Général. Ce rapport

2 porte la date du 21 octobre 1992.

3 A savoir quelques sept mois avant les événements qui ont eu lieu

4 à Ahmici. N'est-ce pas exact ?

5 M. Blaskic (interprétation). - Oui.

6 M. Shahabuddeen (interprétation). - Bien. Je vous invite à

7 consulter le cinquième paragraphe, et notamment sa dernière phrase. Vous

8 dites la chose suivante : " Depuis hier, le village, -je suppose qu'il

9 s'agit-là d'une référence au village d'Ahmici- je poursuis la citation, le

10 village est entièrement sous le contrôle du HVO. " Fin de citation.

11 Alors, l'armée de Bosnie-Herzégovine, par la suite, a-t-elle

12 jamais obligé le HVO à perdre ce contrôle entier précédemment exercé, en

13 tout cas exercé à la date du 20 octobre 1992 ?

14 M. Blaskic (interprétation). – Oui, Monsieur le Président. A

15 Ahmici se trouvait la troisième compagnie du bataillon de la 325ème brigade

16 de montagne d'armée de Bosnie-Herzégovine de Vitez.

17 Ensuite, sur les montagnes, au-dessus d'Ahmici, se trouvaient

18 des positions de ces unités. Là, c'est la situation qui régnait au mois

19 d'octobre. Et quant à l'école primaire d'Ahmici, c'est là que se trouvait

20 le commandement de ces unités.

21 En ce qui concerne la coopération entre le HVO et la Défense

22 territoriale, elle a été variable. Parfois cette collaboration était très

23 bonne ; par exemple après ce conflit, la collaboration était très bonne et

24 parfois, après, il y a eu des incidents et ensuite, la collaboration

25 reprenait.

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1 M. Shahabuddeen (interprétation). - Cependant quelque chose

2 reste obscur dans mon esprit. Le 20 octobre 1992, le HVO selon vous, avait

3 obtenu le contrôle total d'Ahmici. Alors je me demande si le HVO a perdu

4 ce contrôle ou s'il y a renoncé ? Ou bien s'il a dû renoncer à ce contrôle

5 suite à une intervention de l'armée de Bosnie-Herzégovine ? Pouvez-vous

6 m'aider, s'il vous plaît, à préciser ce point ?

7 M. Blaskic (interprétation). - Je pense qu'il serait le plus

8 précis de dire que ce contrôle a cessé d'exister avec le début de la mise

9 en oeuvre du cessez-le-feu, au moment où la commission a été créée par le

10 ministère de l'Intérieur de Bosnie-Herzégovine. Cette commission était

11 chargée de la mise en œuvre de tous les accords concernant le commandement

12 conjoint. Et la Défense territoriale, ou bien l'armée de Bosnie-

13 Herzégovine, n'était plus au centre de l'attention. Nous étions concentrés

14 sur les lignes de front contre les Serbes.

15 M. Shahabuddeen (interprétation). - Quand ce cessez-le-feu est

16 il intervenu ?

17 M. Blaskic (interprétation). - Cet accord général qui a été

18 conclu au plus haut niveau, il a été conclu environ le 3 novembre 1992. En

19 ce qui concerne l'accord conclu au niveau local, il a été conclu entre

20 le 20 et 25 octobre 1992. C'est à ce moment-là que cette commission

21 conjointe a été créée aussi et qui était chargée d'enquêter sur les causes

22 du conflit à Novi Travnik.

23 Cependant, cette commission a arrêté de fonctionner, étant donné

24 que les hauts responsables musulmans ont arrêté de participer dans le

25 travail de cette commission à partir du 4 novembre 1992.

Page 20234

1 Ils auraient dû envoyer et traîner en justice les assassins du

2 commandant Stojak.

3 M. Shahabuddeen (interprétation). - La seule chose qui

4 m'intéressait, Général, était de savoir si le HVO avait maintenu son

5 contrôle ou bien l'avait perdu. Et je crois que j'ai obtenu ma réponse,

6 merci.

7 M. le Président. – Je vous rappelle que demain nous faisons une

8 journée 10 h 00-13 h 00, 14 h 30-17 h 30 ; c'est la même chose pour

9 mercredi.

10 Jeudi, par contre, nous siégerons de 9 h 00 à 13 h 30, et nous

11 ne siégerons pas l'après-midi ni le vendredi matin.

12 Bien, l'audience est levée, elle reprend demain matin à 10 h 00.

13 L'audience est levée à 18 heures 05.

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