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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14-T
2 POUR LEX-YOUGOSLAVIE
3
4 LE PROCUREUR
5 c/
6 Tihomir BLASKIC
7 Jeudi 20 mai 1999
8
9 Laudience est ouverte à 10 heures 00.
10
11 M. le Président. Veuillez vous asseoir. L'audience est
12 reprise. Monsieur le greffier, vous pouvez introduire notre témoin.
13 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)
14 M. le Président. Je salue les interprètes, les conseils de
15 l'accusation, les conseils de la défense ; je salue le témoin. Je demande
16 au greffier de monter un peu le chauffage : l'administration doit croire
17 que nous sommes en pleine été.
18 Bien, Monsieur le Procureur, nous pouvons reprendre.
19 M. Kehoe (interprétation). Oui, Monsieur le Président.
20 Bonjour, Messieurs les Juges.
21 M. le Président. Vous regardez le sablier, monsieur le
22 Procureur ?
23 M. Kehoe (interprétation). Toujours, Monsieur le Président.
24 Monsieur le greffier, je souhaite que l'on revienne sur la pièce
25 à conviction 456/58, qui est la lettre de l'accusé envoyée Stojic Petkovic
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1 et Kordic, le 24 avril 1993. Nous en avons déjà parlé hier.
2 Général, si l'on examine votre document où vous parlez , vous
3 dites, sur la page 1, que Mate Boban devrait être à Vitez aujourd'hui.
4 L'une des idées que vous annoncez était de parler d'une emphase très
5 unilatérale de la part de seulement un peuple. Puis, vous exprimez votre
6 inquiétude que les journalistes sont payés afin de présenter les
7 événements de manière partielle.
8 Hier, au cours de votre déposition, vous avez souhaité que Mate
9 Boban vienne à Vitez pour soutenir votre enquête sur Ahmici.
10 Ma question, Général, est la suivante : dites aux Juges, s'il
11 vous plaît, de quelle manière le fait que Mate Boban allait arriver à
12 Vitez, ait exprimé les suspicions selon lesquelles les journalistes sont
13 payés afin de présenter les événements de manière partiale allait soutenir
14 votre enquête sur Ahmici ?
15 M. Blaskic (interprétation). - L'arrivée même de Mate Boban dans
16 cette région et son intervention concernant le crime aurait certainement
17 constitué un grand soutien pour moi dans l'enquête, étant donné que sa
18 voix serait entendue à la fois par des soldats et la population vivant
19 dans cette région.
20 En ce qui concerne l'emphase unilatérale concernant les
21 souffrances d'un seul peuple, il s'agissait là d'un autre problème auquel
22 nous étions confrontés qui avait pour résultat que les soldats et les
23 civils qui vivaient dans la région avaient un soutien diminué, vu que
24 personne ne parlait de crimes commis contre les Croates.
25 En tout cas, pour moi, dans le cadre de l'enquête, cela aurait
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1 constitué un soutien si l'approche avait été plus équilibrée, c'est-à-dire
2 si l'on avait parlé de crimes des deux côtés. Non pas afin de justifier
3 les crimes commis à Ahmici, mais afin de créer le soutien de l'opinion
4 publique pour mener une enquête complète. C'est dans ce sens qu'il a fallu
5 parler plus des crimes commis à Lasva, Dusica, Visnjica et d'autres
6 endroits.
7 M. Kehoe (interprétation). - Excusez-moi, Général, la question
8 posée était la suivante : comment l'arrivée de Mate Boban...
9 M. le Président. Maître Hayman, je vous vois faire des gestes.
10 M. Hayman (interprétation). Si l'on examine le transcript,
11 Monsieur le Président, le témoin était en train de dire : "Ces personnes
12 venaient et cela aurait permis de créer une ambiance auprès de la
13 population et des soldats." Malheureusement, tôt le matin, le Procureur a
14 commencé à interrompre le témoin.
15 M. Kehoe (interprétation). - J'interromps le témoin s'il ne
16 répond pas à ma question, même si Me Hayman n'est pas content de ce fait.
17 Ma question était la suivante : comment le fait d'exprimer des doutes
18 selon lesquels les journalistes étaient payés afin de présenter les
19 événements de manière partiale allait aider et soutenir ces efforts dans
20 le cadre de l'enquête d'Ahmici ?.
21 Nous pouvons relire le compte rendu pour voir ce que j'ai
22 demandé. C'est la question à laquelle le témoin n'a pas fourni de réponse.
23 Ma question reste la même : comment Mate Boban et son arrivée à Ahmici,
24 afin d'exprimer le doute selon lequel les journalistes étaient payés pour
25 présenter les événements de manière partiale -ou contraire à la vérité-
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1 allait vous soutenir dans votre enquête ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Si j'ai bien compris la question,
3 je vais essayer de répondre. L'arrivée de Mate Boban, dans la région de
4 Vitez et dans la poche de la Lasva et Ahmici, si vous voulez, son
5 intervention et la condamnation du crime auraient certainement soutenu les
6 efforts dans le cadre de l'enquête. Moi, je crois que lui aussi aurait
7 pris des mesures afin de faire venir les hauts responsables du ministère
8 de la Défense ayant toutes les compétences pour autoriser une enquête.
9 Cela aurait permis d'avoir un grand soutien. J'avais un
10 besoin absolu du soutien de la population de la région de la vallée.
11 M. Kehoe (interprétation). - Dernière fois que je pose la
12 question. Comment l'arrivée de Mate Boban
13 M. le Président. - Le témoin vous a répondu. Il vous dit que
14 Mate Boban serait venu. Moi aussi, j'attendais quelque chose de concret de
15 la part du témoin, là il vous a répondu. Il a dit : "Mate Boban serait
16 venu et aurait permis ensuite de m'aider à faire venir les responsables du
17 ministère de la Défense", je suppose par rapport à la police militaire.
18 C'est peut-être une réponse qui ne vous convient pas mais, enfin, c'est la
19 réponse du témoin.
20 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, ma question
21 était basée sur la déclaration du témoin dans sa lettre où il demande à
22 Mate Boban d'exprimer le doute selon lequel les journalistes étaient
23 payés, afin de présenter les événements de manière partiale.
24 M. le Président. - Vous voulez compléter rapidement Général
25 Blaskic. Est-ce qu'il aurait fait des émissions de télévision, des
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1 conférences de presse, j'en sais rien. Vous voulez compléter, mais
2 rapidement alors, ou nous passons à une autre question ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas demandé que Mate
4 Boban dise cela. Et comme je l'ai déjà dit hier, je peux le répéter, pour
5 moi, ce document n'est pas complet.
6 M. le Président. - Cela nous le savons, pour vous il n'est pas
7 complet. Donc, soit vous nous dites ce qu'il y avait dans le document,
8 soit nous savons qu'il est incomplet. Il n'y a que vous qui pouvez savoir
9 ce qu'il y avait. Nous n'allons pas recommencer la conversation d'hier. Si
10 sur ce point particulier, sur lequel le Procureur vous a posé une
11 question, moi je considère que vous avez répondu. Si maintenant vous avez
12 le souvenir de ce qui était indiqué dans cette lettre par rapport à la
13 question du Procureur, dites le. Et avançons, s'il vous plaît !
14 M. Blaskic (interprétation). - Le fait est qu'à cette époque, la
15 manière dont on présentait tous les événements dans la vallée de la Lasva
16 était extrêmement unilatérale, et un côté avait la priorité ou, si vous
17 voulez, le droit exclusif à être présenté comme une victime,
18 alors que les crimes de l'autre côté n'étaient jamais présentés. Cela dit,
19 je n'ai jamais dit, et je n'ai jamais penser qu'il faut justifier des
20 crimes par d'autres crimes. J'avais besoin de l'arrivée de Mate Boban afin
21 d'obtenir le soutien pour mener l'enquête.
22 M. Kehoe (interprétation). - Général, est-ce que vous avez écrit
23 qu'il y avait un doute selon lequel les journalistes étaient payés afin de
24 présenter les événements de manière partiale ? Avez-vous écrit cela ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Ceci figure dans ce texte, c'est-
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1 à-dire qu'il y a une manière unilatérale de présenter les souffrances d'un
2 peuple. Moi, je recevais ce genre d'informations. Ce genre d'informations
3 circulaient à l'époque. Et c'est ce que j'ai inséré dans mon rapport,
4 étant donné que l'approche dans cette région n'était pas équilibrée. Cela
5 rendait le soutien beaucoup plus difficile, le soutien et l'enquête dans
6 cette région, dans la région de la vallée de la Lasva.
7 M. Kehoe (interprétation). - Général, je vais encore, une fois,
8 maintenant, relire ma question sur la base du compte rendu. Général, avez-
9 vous écrit qu'il y avait des doutes selon lesquels les journalistes
10 étaient payés afin de présenter les événements de manière partiale ?
11 L'avez-vous écrit ? S'il vous plaît, examinez donc votre lettre qui
12 constitue le document 456/58 en date du 24 avril 1993?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà donné ma réponse. Ici,
14 il est indiqué qu'il y a une présentation unilatérale des événements avec
15 le doute. Moi, j'ai souligné qu'il y avait le doute d'après les
16 informations. Je me suis basé sur les informations que je recevais, et
17 c'est pour cela que j'ai exprimé l'existence d'un doute. Mais en ce qui
18 concerne le déséquilibre dans la présentation des événements, ce
19 déséquilibre existait bel et bien.
20 M. Kehoe (interprétation). - Quels journalistes, selon vos
21 doutes, étaient payés afin de présenter les affaires de manière partiale ?
22 M. Blaskic (interprétation). - En général, tous les événement
23 qui rapportaient de
24 cette région, à un certain moment, il y avait de nombreuses équipes, à la
25 fois étrangères et des journalistes de chez nous, locaux. Je ne connais
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1 pas leur nom étant donné que je n'étais pas souvent en contact directement
2 avec eux, parfois si. Mais, la tendance qui existait était de présenter
3 les souffrances de manière unilatérale.
4 M. Kehoe (interprétation). - Général, en ce qui concerne ces
5 journalistes étrangers, pour lesquels vous dites qu'ils ont été payés,
6 est-ce que selon vos doutes, ils ont été payés pour présenter les
7 événements de manière partiale. Pouvez-vous donner au moins un seul nom
8 d'un tel cas, d'un tel journaliste étranger ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Comme j'ai déjà dit, c'est clair
10 d'après cette partie-là de la lettre, j'ai parlé de la présentation
11 unilatérale et de l'existence d'un doute. Je parle donc d'un doute dont
12 j'ai entendu parler. Je n'ai pas de nom ici sur moi, c'est le département
13 chargé de l'information qui avait ce genre de données. Moi, je n'avais pas
14 de registre de noms. Mais j'ai entendu parler, j'ai reçu les informations
15 concernant l'existence d'un tel doute.
16 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous êtes conscient du
17 fait qu'il s'agit là d'une accusation très grave quand on accuse les
18 journalistes étrangers de mensonges dans leur présentation d'événements ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Il ne s'agit pas d'accusations,
20 il s'agit de doutes. Là, je ne pense qu'il s'agit d'une l'accusation. Moi,
21 j'ai parlé du fait de l'existence de doute et de l'inquiétude à cause de
22 la présentation unilatérale de la situation dans la vallée de la Lasva où
23 nous étions complètement encerclés, où il y avait une situation chaotique,
24 il y avait des opérations de combats qui se déroulaient. A Travnik, il y
25 avait le commandement conjoint, alors qu'à Vitez on se battait les uns
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1 contre les autres. Et d'autre part, d'après toutes les informations
2 publiques, on disait toujours que c'était nous qui étions en train
3 d'attaquer, alors que moi j'étais face à une situation chaotique où on
4 luttait pour notre propre survie.
5 Ici, il ne s'agissait d'une accusation mais d'un doute sur
6 lequel j'ai été informé et
7 que j'ai transmis dans cette lettre.
8 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous nous avez dit que
9 vous aviez fait part de toutes vos inquiétudes au grand quartier général,
10 à Kordic, à Petkovic et Stojic dans ce document du 24 avril 1993. Ce
11 document, Général, veuillez l'examiner de près, contient-il une seule
12 expression d'inquiétude de votre part s'agissant les victimes expulsées et
13 massacrées dans le village d'Ahmici ? Une seule expression d'inquiétude ?
14 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne l'expression
15 d'inquiétude s'agissant des victimes, je l'ai déjà dit au cours de ma
16 déposition, à ce moment-là, nous n'avions pas toutes les informations
17 complètes, moi-même concernant les victimes. Mais peu importe s'il
18 s'agissait d'une ou de cent victimes, moi j'étais inquiet afin d'empêcher
19 que le crime se répète et sur le point de faire en sorte que l'enquête
20 soit menée. C'était mes deux priorités. Dans le même temps, je menais une
21 lutte pour la survie. C'était là le point crucial de mon inquiétude.
22 M. le Président. - Dans ce document, y a-t-il une expression
23 d'une inquiétude ? La question du Procureur était de savoir s'il y avait
24 une trace d'inquiétude. Dites oui ou non, je ne m'en souviens plus, ou le
25 document est incomplet.
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1 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, cela ne
2 figure pas dans ce document. Mais si, pendant que la guerre fait rage, je
3 demande que Mate Boban vienne, il s'agit là d'une expression de grande
4 inquiétude. Pourquoi voulez-vous que je demande que le commandant suprême
5 vienne dans la région.
6 M. le Président. Ceci est votre réponse. On peut imaginer
7 qu'il y en ai d'autres, mais j'enregistre votre réponse. Monsieur le Juge
8 Rodrigues.
9 M. Rodrigues. Général, j'aimerais savoir s'il y a une
10 différence quelconque entre vos préoccupations par rapport au soupçon que
11 vous aviez relatif aux journalistes qui, selon vous, étaient payés pour
12 rapporter des faits emprunt d'une certaine vision et le soupçon que vous
13 aviez par rapport au crime d'Ahmici ? Y avait-il quelque différence que ce
14 soit entre les
15 deux soupçons pour vous ?
16 M. Blaskic (interprétation). En ce qui concerne l'inquiétude
17 liée aux rapports journalistiques, le fait reste qu'il y a eu des crimes
18 qui ont eu lieu à Lasva, Dusina, à Visnjica en janvier 1993. Il est
19 cependant difficile de condamner les journalistes et de poser la question
20 de savoir pourquoi ils n'ont pas rendu publique cette information. Cela
21 aurait peut-être permis de créer un certain équilibre. Mais ils rendaient
22 publiques les informations concernant les endroits où il leur était
23 possible d'arriver. Souvent, ils étaient escortés par la Forpronu qui les
24 transportait à un endroit où ils pouvaient filmer.
25 J'ai déjà dit avoir exprimé le doute, le soupçon sur la base
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1 d'informations que moi j'ai reçues de tels journalistes. En ce qui
2 concerne le crime d'Ahmici, quand j'ai reçu la lettre du colonel Stewart
3 m'indiquant environ huit victimes, il n'y avait plus de doute quant à la
4 question de savoir s'il fallait ou pas mener un enquête. J'étais inquiet
5 sur le point de voir de quelle manière, dans de telles circonstances, nous
6 pouvions mener une enquête et empêcher la répétition d'un tel crime. Pour
7 moi, c'était la première fois que j'étais confronté à une telle tragédie.
8 M. Rodrigues. Il me semble, Général, que vous aviez ici, dans
9 cette lettre, une opportunité fantastique de demander l'enquête à vos
10 supérieurs. Pourquoi n'avez vous pas fait cela, à ce moment-là ?
11 M. Blaskic (interprétation). L'arrivée de mon commandant
12 suprême sur le terrain constituerait pour moi une occasion excellente pour
13 faire venir toute l'équipe. Dans la situation dans laquelle j'étais, c'est
14 cette même police militaire me protégeait afin à la fois que...
15 M. Rodrigues. Merci.
16 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, puis-je
17 poursuivre ?
18 M. le Président. Oui, Monsieur le Procureur, allez-y.
19 M. Kehoe (interprétation). Général, quelle a été la réponse de
20 Stojic à cette
21 lettre ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas très exactement
23 quelle a été la réaction de Stojic : peut-être que le chef d'état-major
24 principal peut donner plus de détails à ce sujet. Je sais quelle a été la
25 réaction du chef d'état-major principal quand il est arrivé à Vitez, au
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1 cours de cette première visite. Mais, à l'époque, je n'ai pas eu
2 l'occasion de rencontrer Bruno Stojic afin de savoir quelle était sa
3 réaction.
4 M. Kehoe (interprétation). - Pour autant que vous le sachiez,
5 Stojic n'a pas du tout réagi, du moins pas auprès de vous, par rapport à
6 cette lettre ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Il m'est difficile de dire s'il a
8 réagi auprès du chef d'état-major principal. En ce qui me concerne, je ne
9 me souviens pas de sa réaction vis-à-vis de moi. En ce qui concerne le
10 chef d'état-major principal qui lui était subordonné, je ne peux pas dire
11 s'il a eu une telle réaction, étant donné que je n'ai pas d'information à
12 ce sujet.
13 M. Kehoe (interprétation). - Et Kordic, quelle a été sa
14 réaction ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Il m'a fait savoir qu'il
16 soutenait l'enquête et qu'il considérait qu'il fallait mener une enquête.
17 Quant au fait de savoir de quoi il parlait avec M. Boban concernant ce
18 sujet, je ne peux pas donner de détail étant donné qu'il ne m'a pas fait
19 part de ce genre d'information.
20 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que Kordic a fait quoi que
21 ce soit de concret afin de soutenir votre action ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me souviens pas qu'il ait
23 fait des choses concrètes ; je ne détiens pas de telles informations. Mais
24 je sais qu'il m'a fait savoir personnellement qu'il soutenait l'enquête.
25 M. Kehoe (interprétation). - Et Milivoj Petkovic, qu'a-t-il fait
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1 après avoir reçu cette lettre extrêmement grave de votre part ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Dès la réunion qui a eu lieu vers
3 la fin du mois
4 d'avril, il a organisé une réunion avec mes collaborateurs les plus
5 proches. Il a dit publiquement que l'enquête devait être menée jusqu'à la
6 fin. C'était l'attitude qu'il a exprimée au cours de la réunion qui s'est
7 tenue, je crois, le 30 avril 1993, à Vitez.
8 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce qu'un quelconque de ces
9 hommes a rendu public un communiqué, un document qui condamnait
10 publiquement le crime ? Cela permettrait aux Juges de ce Tribunal
11 d'apprendre quelles étaient leurs positions vis-à-vis de cet événement ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Il m'est difficile de répondre
13 sur la base des informations dont je dispose.
14 D'après les informations dont je dispose, je peux dire -et je le
15 sais- que moi, j'ai condamné cela publiquement, dès le 27 avril. Mais, en
16 ce qui concerne les documents rendus publics, par exemple, par le ministre
17 chargé de la sécurité du ministère de la Défense, je ne sais pas. Je n'ai
18 pas eu ce genre de document entre les mains.
19 M. Kehoe (interprétation). - Nous allons parler d'autre chose
20 maintenant. Je souhaite maintenant parler de votre comportement après que
21 vous avez reçu la lettre du colonel Stewart.
22 Vous avez dit qu'après Vous nous avez parlé de votre
23 comportement après avoir reçu les informations de la part de Merdan. Mais,
24 après la réception de la lettre du colonel Stewart, vous n'avez pas envoyé
25 de lettre à vos subordonnés afin de leur demander des explications, des
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1 informations concernant les meurtres de civils à côté du fossé, n'est-ce
2 pas ?
3 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déclaré que j'avais émis un
4 ordre, le 18 avril, déclarant qu'il fallait m'envoyer un rapport portant
5 sur le nombre de victimes. Si vous me parlez d'un ordre émis aux alentours
6 du 20 avril, il faudrait que je me reporte à ma chronologie. En effet,
7 nombre d'ordres ont été délivrés à ce moment-là et je n'ai pas un souvenir
8 précis, du moins pas de tous.
9 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que vous ne nous avez pas
10 dit, hier, ne pas avoir délivré un tel ordre après avoir eu une réunion à
11 Zenica, avec Merdan et d'autres ? Mais avant d'avoir reçu la lettre du
12 colonel Stewart, le 22 avril ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Vous me demandez si, après les
14 informations que j'ai reçues à cette réunion, j'ai demandé des
15 informations relatives aux victimes civiles. Moi, j'ai dit que, dès le
16 18 avril, j'avais pris cette mesure-là, dans le cadre d'un ordre délivré
17 relatif au cessez-le-feu et à la cessation des hostilités.
18 Maintenant, est-ce que j'ai délivré un ordre après le 20 avril ?
19 Je demanderai aux Juges de me donner quelques instants pour me référer à
20 ma chronologie, car le cessez-le-feu a été instauré le 20 avril.
21 M. le Président. (Inaudible) votre comportement après la
22 réception de la lettre du colonel Stewart, donc à partir du 20 avril.
23 Reportez-vous alors rapidement à votre chronologie, Général Blaskic, si
24 vous le voulez bien.
25 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, excusez-
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1 moi : je fais référence à la période qui commence avec le discours de
2 Merdan à Zenica, le 20 avril, jusqu'à la réception de la lettre du
3 colonel Stewart. Ensuite, j'aimerais poser des questions au général sur ce
4 qu'il a fait après avoir reçu la lettre du colonel Stewart. Après
5 réception de cette lettre, a-t-il délivré un ordre destiné à tous ses
6 subordonnés demandant des informations relatives spécifiquement à Ahmici ?
7 Car, dans la lettre du colonel Stewart, Ahmici est cité.
8 M. le Président. La première question, c'est lorsque le
9 général Blaskic reçoit l'information de Merdan, c'est cela?
10 (Le témoin consulte sa chronologie.)
11 M. le Président. Général, vous avez pu consulter rapidement
12 votre chronologie ?
13 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai rapidement pu jeter un
14 coup d'oeil à ma chronologie, Monsieur le Président, et je n'ai pas pu
15 voir si un ordre avait été délivré entre le 20 et 22 avril. Peut-être cela
16 a-t-il été le cas parce que je ne me rappelle pas de tous les documents
17 émis par moi.
18 M. le Président. - A la pause, si éventuellement vous le
19 retrouvez, vous pourrez toujours indiquer ceci au procureur. Question
20 suivante, Monsieur le Procureur, s'il vous plaît,.
21 M. Kehoe (interprétation). - Après avoir reçu la lettre du
22 colonel Stewart, le 22 avril, dont vous nous avez dit d'ailleurs que vous
23 l'aviez prise en considération et que vous l'aviez cru, vous, en tant que
24 commandant, en tant qu'officier de commandement très prudent, vous avez
25 voulu rassembler le plus d'informations possibles sur Ahmici et le plus
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1 rapidement possible, n'est-ce pas exact ?
2 M. Blaskic (interprétation). Tout à fait.
3 M. Kehoe (interprétation). - Après avoir reçu ce document du
4 colonel Stewart, le 22 avril, avez-vous immédiatement ou très peu de temps
5 après l'avoir reçu, envoyé un ordre destiné à tous vos subordonnés
6 stipulant : j'ai reçu des informations relatives à un crime à Ahmici, en
7 conséquence je souhaite que tous les détails relatifs à ces événements
8 s'étant produits à Ahmici me soient remis d'ici 1 heure, d'ici 2 heures,
9 d'ici 6 heures, d'ici 2 jours. Avez-vous pris de telles mesures ?
10 M. Blaskic (interprétation). Non, je n'ai pas fait cela et je
11 considère que cela aurait été extrêmement imprudent de ma part. En tant
12 que commandant, me retrouvant dans cette situation-là, cela aurait été
13 très imprudent.
14 Qu'ai-je fait ? J'ai relu cette lettre avec M. Marin et
15 M. Caric, mes deux associés, et j'ai déclaré que j'allais lancer une
16 enquête, j'allais demander à la Commission conjointe de mener une enquête.
17 Ensuite, j'ai demandé que tous les rapports qui étaient arrivés
18 au commandement jusqu'au 22 soient rassemblés et communiqués à mes
19 associés. Si j'avais parlé de cette lettre à tous mes subordonnés,
20 j'aurais dès le départ peut-être bloqué toute possibilité de mener une
21 enquête, je l'aurais peut-être rendu impossible car cela aurait supposé
22 que je téléphone à toutes ces personnes qui avaient menti dans leurs
23 rapports.
24 M. Kehoe (interprétation). Général, il y avait alors des
25 opérations de combat qui étaient menées. Lorsque vous avez appris que des
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1 soldats du HVO avaient commis un crime, pouvez-vous vraiment nous dire,
2 comme vous nous l'avez dit à l'instant, qu'en tant que commandant prudent
3 et précautionné, il n'aurait pas été sage de demander des informations
4 relatives au crime commis à Ahmici aussi rapidement que possible ? C'est
5 ce que vous nous dites ?
6 M. Blaskic (interprétation). Mais non, je parle de méthode.
7 Bien sûr, qu'il faut essayer d'obtenir des informations aussi rapidement
8 que possible en cas de crime, mais pas de cette façon-la ; pas en
9 regardant la lettre et en la faisant circuler chez tous les commandants, y
10 compris chez ceux qui jamais ne m'ont quoi que ce soit sur la perpétration
11 de ces crimes. Je ne pouvais pas leur faire passer cette lettre et leur
12 demander, ensuite, de m'aider. C'est comme si je demandais à la police
13 militaire elle-même de demander une enquête sur ce qui s'était fait au
14 sein de ses propres équipes.
15 Lorsque j'ai reçu cette lettre, j'ai compris qu'il s'agissait de
16 la zone de responsabilité de la police militaire et qu'il fallait que je
17 protège l'enquête elle-même.
18 M. Kehoe (interprétation). Général, vous nous avez dit que
19 vous n'aviez pas appelé Pasko Ljubicic et que vous ne lui aviez pas posé
20 de questions relatives à Ahmici parce qu'il vous avait communiqué de
21 fausses informations. Vous vous rappelez nous avoir dit cela ?
22 M. Blaskic (interprétation). Oui, bien sûr.
23 M. Kehoe (interprétation). Bien. Avez-vous appelé Vlado
24 Santic, membre de la police militaire qui avait un bureau dans les locaux
25 de l'hôtel Vitez et lui avez-vous demandé : s'il vous plaît, dites-moi ce
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1 que vous savez des événements qui se sont produits à Ahmici ? Avez-vous
2 pris de telles mesures ?
3 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, non. Vlado Santic est
4 placé directement sous les ordres de ce commandant. Comment pouvais-je
5 penser que le commandant de M. Ljubicic vienne me voir et me parle de
6 cette façon-là. Par la suinte, j'ai émis un ordre demandant qu'une enquête
7 soit menée selon ses propres méthodes.
8 M. Hayman (interprétation). Oui, il y a un problème dans le
9 compte rendu. Il est dit : "Comment pouvais-je m'attendre à ce que le
10 commandant de M. Ljubicic" . Or M. Nobilo me dit que le témoin a dit :
11 "Comment pouvais-je m'attendre à ce que le subordonné de Ljubicic".
12 L'interprète anglaise confirme ce qu'elle a dit.
13 M. Blaskic (interprétation). "Directement subordonné".
14 Monsieur le Président, je n'ai pas appelé cette personne parce
15 que M. Vlado Santic est directement subordonné à M. Pasko Ljubicic dans la
16 structure de la police militaire. Si je l'avais appelé, cela aurait été un
17 signe de ma grande naïveté. Je suis persuadé que cela aurait été un
18 obstacle à toute enquête.
19 M. Kehoe (interprétation). Général, vous avez déclaré que vous
20 alliez vous référer à votre chronologie pour nous dire ce qui s'était
21 passé vis-à-vis de Cerkez. Quand avez-vous appelé Cerkez pour savoir ce
22 qu'il savait des événements d'Ahmici ? Ou l'avez-vous appelé ?
23 M. Blaskic (interprétation). Oui, je lui ai parlé de cela. Je
24 crois que cela s'est passé après le 25. En tout cas c'était vers la fin
25 avril. Mais il ne disposait d'aucune information concrète ou précise sur
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1 ce qui s'était produit à Ahmici.
2 M. Kehoe (interprétation). Très bien. Qu'en est-il de Darko
3 Kraljevic. Après avoir reçu cette lettre du colonel Stewart, avez-vous
4 appelé Darko Kraljevic, le commandant des Vitezovi ? Lui avez-vous demandé
5 de venir dans votre bureau et lui avez-vous dit : Darko, dites-moi ce que
6 vous savez des crimes qui ont été perpétrés à Ahmici ?
7 M. Blaskic (interprétation). Je ne l'ai pas appelé et cela
8 pour deux raisons. Tout d'abord, l'ordre de Darko était qu'il ne devait
9 pas se trouver dans cette région-la. Son unité devait être dans une autre
10 région.
11 La deuxième raison est que je voulais mener une enquête et que
12 j'avais des priorités bien établies.
13 Je souhaitais que mes supérieurs et que la Commission mixte
14 viennent à mon aide. Mais, si cela ne se produisait pas, et si je devais
15 mener cette enquête, je devais la protéger à tout prix. Si j'avais appelé
16 Darko Krajevic, j'ai bien peur que l'enquête aurait été confrontée à des
17 obstacles très importants, ou aurait été arrêtée net.
18 M. Kehoe (interprétation). - Général, le commandant de la
19 brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca était Dusko Grubesic, n'est-ce
20 pas ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
22 M. Kehoe (interprétation). - Au cours des opérations de combat
23 qui ont été menées le 16, M. Grubesic et ses hommes se trouvaient sur le
24 flanc droit de la police militaire qui se trouvait à Ahmici, n'est-ce
25 pas ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Non, c'est inexact. Ses troupes
2 qui se trouvaient sur place n'étaient pas sur le flanc droit de la police
3 militaire, ce n'est pas exact. Ce que je dis n'est pas repris fidèlement.
4 A cette époque-là, Dusko Grubesic menait des opérations de combat sur le
5 flanc droit de la brigade de Vitez. Et pour ce qui est de Busovaca donc,
6 il était en fait dans une région différente de celle de la municipalité de
7 Vitez.
8 M. Kehoe (interprétation). - Mais, Général, vous nous avez dit,
9 et soyons très clairs pour ce qui est du déploiement de la brigade Nikola
10 Subic-Zrinjski, vous nous avez dit que, pour ce qui est du 17 tout du
11 moins, les troupes de la brigade Nikola Subic-Zrinjski se trouvaient à
12 Loncari, n'est-ce pas ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
14 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous appelé Dusko Grubesic, ou
15 qui que ce soit de la brigade Nikola Subic-Zrinjski, pour lui ou leur
16 demander ce qu'ils savaient de ce qui s'est produit à Ahmici ou de ce
17 qu'ils avait pu observer de ces événements ? L'avez-vous fait ? Le cas
18 échéant, qui et quand avez-vous contacté ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, j'ai peut-être
20 effectivement posé la question de savoir ce que lui savait, mais je n'en
21 suis pas sûr. Et je ne sais pas quand cela s'est passé. Ce dont je suis
22 sûr, c'est que j'ai parlé à Cerkez vers la fin du mois d'avril. Mais
23 lorsque j'ai confié l'enquête au service de sécurité, j'ai insisté sur un
24 point, à savoir que le service de sécurité continue le travail, continue à
25 mener l'enquête. A l'époque, j'étais tout simplement dans l'incapacité de
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1 mettre un terme aux activités de combat, parce qu'il y avait l'enquête à
2 mener, il y avait les combats de Travnik,. C'était une situation absurde
3 presque intenable.
4 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez dit avoir été en contact
5 avec Kordic dans la journée du 16. Et hier, nous avons vu
6 qu'à 18 heures 2, il vous avait informé que les hommes de Pasko, qui se
7 trouvaient à Ahmici, avaient mené à bien leur tâche et remontaient le long
8 de la colline. Disposant de cette information et après avoir reçu la
9 lettre du colonel Stewart, avez-vous appelé Kordic pour lui dire : "Ecoute
10 Dario, dis-moi ce que tu sais à propos de ce qui s'est passé à Ahmici dans
11 la journée du 16 ?" L'avez-vous appelé et, le cas échéant, quand l'avez-
12 vous appelé et qu'a-t-il répondu ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Quelque temps après le 24, ou
14 le 24, je ne sais pas, je lui ai parlé. Je lui ai dit que je m'attendais à
15 ce qu'une enquête conjointe soit menée, que j'allais demander une enquête
16 très exhaustive sur ce qui s'était passé à Ahmici. Et il a dit qu'il
17 soutenait tout à fait ces efforts. Il ne m'a pas communiqué d'autres
18 informations plus précises.
19 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que vous lui en avez demandé
20 des informations plus précises ?
21 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà précisé qu'à partir du
22 moment où j'ai demandé au service de sécurité de mener l'enquête, je me
23 suis dessaisi de l'affaire et je ne me suis pas lancé dans cette
24 l'enquête. Je ne sais pas si le service de sécurité l'a interrogé.
25 M. le Président. - A quel moment avez-vous demandé l'enquête au
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1 service de sécurité ? Pardonnez-moi, vous avez dû me le dire, je l'ai
2 oublié.
3 M. Blaskic (interprétation). - Le 24 avril 1993, dans le courant
4 de l'après-midi, j'ai émis un ordre destiné au service de sécurité : j'ai
5 demandé qu'une enquête soit menée.
6 M. le Président. - On peut quand même se poser la question à
7 savoir si, à partir du moment où vous avez eu la lettre du colonel
8 Stewart, pourquoi, alors que vous avez un certain nombre de sources
9 d'informations potentielles autour de vous, vous avez des doutes ? Vous-
10 même les avez exprimés. Comment aux gens qui sont autour de vous, vous ne
11 leur en parlez pas davantage et ne réunissez pas un certain nombre
12 d'informations ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, dès
14 réception de la lettre du colonel Stewart, j'ai appelé mes associés et
15 j'ai demandé tous les rapports qui nous avaient été remis pendant cette
16 période pour que je puisse vérifier.
17 M. le Président. - Monsieur le Procureur, continuez.
18 M. Kehoe (interprétation). - Général, à un quelconque moment,
19 alors que vous essayez de vous débarrasser des éléments criminels qui se
20 trouvaient dans les rangs du HVO, alors que vous essayez de rétablir un
21 certain degré d'ordre dans les rangs du HVO ? Avez-vous donné un ordre à
22 Pasko Ljubicic ou à Vladko Santic demandant à ce qu'ils viennent dans
23 votre bureau ? Je parle d'eux, mais je pourrais parler de tout membre de
24 la police militaire. Est-ce que vous leur avez demandé de venir dans votre
25 bureau ? Et est-ce qu'à ce moment-là, vous leur avez vous posé des
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1 questions relatives aux événements d'Ahmici ?
2 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que j'ai demandé au
3 service de sécurité de mener à bien une enquête, parce que c'étaient eux
4 qui étaient compétents en la matière. La
5 police militaire n'était pas directement placée sous mes ordres, ne
6 m'était pas subordonnée. Donc je n'ai pas appelé Pasko Ljubicic afin de
7 lui parler de ce sujet ; j'ai expliqué pourquoi je ne l'ai pas fait.
8 M. le Président. - Je veux bien comprendre, Général Blaskic, que
9 vous avez une conception extrêmement formelle de la hiérarchie des unités
10 militaires. Mais enfin, vous avez quand même à deux pas de votre bureau,
11 quelqu'un qui fait partie de la police militaire ; vous savez par Kordic
12 qu'ils ont monté la colline, le 16 avril, vers Ahmici ; vous avez vous-
13 même des doutes.
14 Cela ne vous vient pas à l'idée, en passant dans un couloir de
15 dire : mais qu'est-ce qui s'est passé à Ahmici ? Non ? Vous dites : cela,
16 c'est la police militaire, c'est Mostar, c'est Bruno Stojic, à qui
17 d'ailleurs vous écrivez quand même le 23 avril. Vous écrivez à Dario
18 Kordic, vous écrivez à Stojic, vous faites part de vos doutes. Il ne vous
19 vient pas à l'idée -alors que vous avez ici M. Santic à côté de vous, qui
20 est de la police militaire, vous avez des doutes-, vous ne lui dites pas :
21 au fait, que s'est-il passé à Ahmici ? Non ? Vous dites : c'est la police
22 militaire ; moi, je ne m'en occupe pas.
23 Vous pouvez me répondre cela, mais j'ai des doutes.
24 M. Blaskic (interprétation). Non, je ne l'ai pas fait pour
25 protéger l'enquête. C'est le service de sécurité, et lui seul, qui est
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1 chargé de mener des enquêtes. Moi, j'ai demandé une enquête sur la police
2 militaire. Si je leur avais demandé ouvertement à ce que la police
3 militaire demande des informations, j'aurais en fait donné un signal leur
4 disant que je menais une enquête : cela aurait rendu l'enquête impossible.
5 M. le Président. Au-delà du signal, cela n'aurait pas aidé
6 l'enquête, que le chef de la zone opérationnelle, le commandant le plus
7 élevé, c'est-à-dire vous, leur dise : mais qu'est-ce que vous faisiez à
8 Ahmici ? Il s'agit quand même de votre territoire, de votre zone
9 opérationnelle. Cela n'aurait pas aidé ?
10 Je me place dans le même raisonnement que vous. Est-ce que cela
11 n'aurait pas aidé ? Je me place dans le même raisonnement que vous. Vous
12 dites que cela aurait compromis l'enquête. Moi, je vous pose la question
13 si cela , au contraire, n'aurait pas aidé ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Je suis convaincu, aujourd'hui
15 encore, que, si j'avais agi de la sorte, j'aurais fait preuve d'une grande
16 naïveté : j'aurais rendu l'enquête impossible dans de telles
17 circonstances. Alors que, dans ces circonstances-là, je n'avais pas sous
18 mon commandement direct la police militaire ; je ne pouvais pas punir un
19 commandant, je ne pouvais pas remplacer un commandant. Je ne pouvais rien
20 faire. Ils étaient beaucoup plus puissants que moi-même, beaucoup plus
21 puissant que moi et les vingt personnes qui faisaient partie de mon
22 commandement. Je suis persuadé que cela aurait mis un terme immédiat à
23 toute enquête.
24 M. le Président. Je vous rappelle : les cadavres traînent, les
25 maisons finissent de se consumer, les indices commencent à se perdre. Je
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1 vous dis cela parce que vous venez de nous dire que vous avez été
2 tellement bouleversé par ce qui s'est passé à Ahmici, que vous avez voulu,
3 dès la réception de la lettre du colonel Stewart, trouver des
4 informations. C'est vrai qu'on peut légitimement se demander comment vous
5 avez cherché ces informations. Mais vous m'avez répondu et c'est noté.
6 Monsieur le Procureur, vous pouvez poursuivre, à moins que mes
7 collègues aient des questions à poser. Monsieur le Juge Shahabuddeen ?
8 M. Shahabuddeen (interprétation). - Général, apportez-moi vos
9 lumières, s'il vous plaît. Hier, vous nous avez fait part du fait que vous
10 étiez conscient du fait que la communauté internationale, en ses niveaux
11 les plus élevés, était convaincue de la nécessité de mener à bien une
12 enquête complète et rapide sur les événements qui s'étaient prétendument
13 passés à Ahmici.
14 Je crois que vous avez, d'autre part, reconnu le fait qu'ils
15 s'étaient tournés vers vous pour trouver des réponses à leurs questions ;
16 ils s'étaient tournés vers vous, car vous étiez le
17 plus haut responsable militaire de la région.
18 Bien. Général, est-ce qu'à l'époque, vous vous êtes dit que vous
19 répondriez aux demandes de la communauté internationale en déclarant à ses
20 représentants : "Et bien, je ne suis pas vraiment la personne compétente
21 pour mener une enquête ; en effet, c'est le ministère compétent qui doit
22 s'en charger". Est-ce que vous avez pensé, à l'époque, que ce type de
23 réponse serait reçue avec satisfaction par les membres de la communauté
24 internationale ? Est-ce que vous vous êtes dit qu'ils considéreraient
25 votre réponse comme crédible ?
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1 M. Blaskic (interprétation). Messieurs les Juges, les
2 représentants de la communauté internationale, à l'époque qui nous
3 intéresse, m'ont rencontré brièvement,. La plupart du temps, ils étaient
4 accompagnés de certains officiers de la Forpronu ; les comportements, les
5 approches des problèmes étaient très différentes. Moi-même, je n'avais pas
6 suffisamment d'expérience pour me permettre de me lancer dans une
7 diffusion d'informations relatives aux fonctionnement interne du HVO et
8 aux difficultés internes que rencontrait le HVO. Je ne me suis pas lancé
9 dans des explications relatives au fonctionnement du commandement.
10 Peut-être que leur impression aurait été différente si j'avais
11 eu un plus grand degré de conscience et agi différemment ? Il faut savoir
12 qu'à l'époque, les règlements du HVO qui régissaient le comportement
13 d'anciens officiers de la JNA vis-à-vis d'intervenants extérieurs étaient
14 des règlements qui dataient de 1968. Moi, je n'avais aucune expérience en
15 la matière ; je ne savais pas jusqu'où je pouvais me permettre d'aller en
16 matière de communication d'informations. Mais toute réunion que j'ai eue
17 avec les représentants de la communauté internationale a fait l'objet d'un
18 rapport remis à mes supérieurs. Moi, je n'étais pas compétent, pas
19 habilité à communiquer un certain nombre d'informations à ces personnes.
20 Je suis sûr que nos rapports auraient été différents si les règlements
21 n'avaient pas été tels qu'ils étaient à l'époque. .
22 M. Shahabuddeen (interprétation). Général, ce qui m'intéresse,
23 c'est votre état d'esprit à l'époque. Pourriez-vous, s'il vous plaît, me
24 dire si, à l'époque, vous pensiez que vous pourriez répondre aux
25 représentants de la communauté internationale que vous n'étiez pas la
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1 personne compétente pour mener une enquête, mais que c'était le ministère
2 compétent en la matière qui devait s'en charger ? Est-ce que vous vous
3 êtes dit que vous pouviez répondre cela et être considéré comme crédible ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Difficile pour moi de me rappeler
5 ce qui s'est passé. Je me souviens des grandes lignes de la discussion que
6 j'ai eue avec les représentants de la communauté internationale. Mon
7 impression, à l'époque, était qu'ils étaient très pressés.
8 Mais parfois, c'est un peu difficile à expliquer, il me semblait
9 que la priorité était de mettre un terme à certains types d'activités
10 plutôt que d'essayer de comprendre les choses en profondeur. J'ai été très
11 surpris de voir qu'on ne répondait pas à ma lettre du 23 avril. J'étais
12 très surpris, notamment au vu de ce qui s'était passé le 4 mai, lorsqu'il
13 n'y a eu aucune activité pour ce qui est de l'enquête conjointe. Il est
14 difficile pour moi de me rappeler exactement de tous ces détails. Peut-
15 être que si j'avais agi différemment, la situation se serait présentée de
16 façon différente. Mais je répète, je n'étais pas habilité à parler de
17 problèmes de structures internes au HVO aux représentants de la Communauté
18 internationale. Je n'avais pas le droit de leur expliquer de tels
19 problèmes.
20 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vous poserai une dernière
21 question. Vous avez déclaré au Président de la Chambre, il y a quelques
22 instants, qu'il y avait sur place des officiers compétents qui occupaient
23 des locaux qui se situaient, eux aussi, dans l'hôtel où vous aviez vos
24 bureaux.
25 Avez-vous pensé, à l'époque, qu'il était de votre intérêt
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1 d'aller trouver ces officiers, ou de les faire venir, et d'essayer
2 d'obtenir d'eux un certain nombre d'informations en leur demandant ce
3 qu'ils savaient de ce qui s'était passé à Ahmici ?
4 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Juge, si ces
5 officiers m'avaient été directement subordonnés, c'est exactement ce que
6 j'aurais fait. Mais cette structure qui existait à l'époque et qui
7 assurait ma propre sécurité, à l'époque, ou plutôt cette structure qui a
8 essayé de m'assassiner le 1er janvier, dont certains membres ont essayé de
9 m'assassiner le 1er janvier, pour ce qui est de cette structure j'ai agi
10 de telle sorte pour protéger le mieux possible la procédure d'enquête.
11 J'ai confié toute cette partie du travail au service de sécurité qui
12 était, lui, chargé de mener des enquêtes sur la police militaire. Et
13 jusqu'au jour d'aujourd'hui, je suis convaincu que si j'avais agi
14 autrement, j'aurais envoyé un signal aux officiers de la police militaire
15 et bloqué toute possibilité d'enquête.
16 M. Shahabuddeen (interprétation). - Est-ce que vous êtes tout de
17 même d'accord pour reconnaître qu'à ce moment-là, les représentants de la
18 Communauté internationale vous considéraient comme le plus haut
19 responsable militaire de la région et vous considéraient, en l'occurrence,
20 comme l'interlocuteur privilégié pour apporter des réponses aux questions
21 qui les intéressaient. Alors que vous, à l'époque, vous étiez dans
22 l'impression que ces réponses ne pouvaient être données que par les
23 représentants d'autres agences des autorités en place ?
24 M. Blaskic (interprétation). Les représentants de la
25 Communauté internationale n'étaient sans doute pas parfaitement informés
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1 de la structure interne du HVO et du système d'organisation. Sans doute
2 est-ce pour cela qu'ils me voyaient comme étant le plus haut responsable
3 et commandant militaire. Mais à l'époque, tandis que nous tenions ces
4 réunions, j'ai essayé de leur communiquer toutes les informations
5 auxquelles j'avais eu accès, tout en ayant à l'esprit la nécessité de
6 préserver et de protéger l'enquête. Je le répète, il s'agissait de
7 réunions très brèves. La tension était très grande. Je me rappelle de
8 cette réunion avec M. Akhavan. C'était une réunion où l'atmosphère était
9 extrêmement étrange, particulière. C'est du moins ce dont je me rappelle.
10 Alors peut-être que, oui, eux me voyaient comme le plus haut
11 responsable militaire
12 de la région, mais je crois qu'ils se trompaient en fait sur la réalité
13 des choses. Les compétences étaient réparties de façon tout à fait
14 différente de ce qu'eux percevaient. Peut-être qu'ils me voyaient comme
15 étant la personne la plus compétente à ce moment-là et dans cette région-
16 là, mais ils ne se rendaient pas compte qu'il y avait en fait deux
17 différentes structures de responsabilité.
18 M. Rodrigues. Général, j'ai une question si j'ajoute plusieurs
19 informations que vous nous avez données.
20 La première information est celle-ci : vous nous avez dit que
21 souvent, vos subordonnés n'accomplissaient pas vos ordres.
22 Deuxième information, vous avez été choqué de la lettre du
23 colonel Stewart portant sur Ahmici.
24 Troisième information, vous répondez à la lettre du colonel
25 Stewart en disant que vous étiez prêt pour commencer immédiatement une
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1 enquête.
2 Quatrième information, vous aviez de bonnes raisons pour
3 conclure que vos subordonnés vous ont caché l'information sur Ahmici.
4 Cinquième information, les indices et les preuves du crime
5 devaient être recueillis le plus tôt possible.
6 Devant cette situation que l'on pouvait deviner d'après ces
7 lignes, je me demande, moi-même, et je vous pose la question: est-ce qu'il
8 n'y avait pas une autre sortie, à savoir demander votre démission ?
9 Parce qu'à la fin, les personnes qui ont mérité votre sacrifice
10 de famille, de bonnes conditions de vie, etc., à la fin, ne méritaient pas
11 ça ! Je vous pose la question. Et donc, de la même façon que mon collègue
12 le Juge Shahabuddeen, j'aimerais bien revenir à votre état d'esprit. A
13 l'époque, avez-vous pensé à cela ou non ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Non, et je suis fier de ce que
15 j'ai fait. Cela aurait été
16 le fait de fuir un bateau en train de couler. Et je suis aussi fier d'être
17 ici aujourd'hui, depuis un long moment, et d'exposer sur tout ce qui s'est
18 produit à l'époque, là-bas. Mais permettez-moi de faire un commentaire sur
19 chacune des propositions que vous avez données tout à l'heure ; il y en a
20 six. Je vais le faire très brièvement.
21 En ce qui concerne les subordonnés qui n'exécutaient pas mes
22 ordres, cela est vrai. Cependant, je suis convaincu du fait que le crime
23 d'Ahmici ne s'est pas produit d'une manière arbitraire, ou sans aucune
24 organisation, non pas parce que les soldats agissaient contrairement aux
25 ordres ; je suis convaincu qu'ils ont suivi un certain ordre.
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1 Mais j'avais un problème : étant donné que j'étais un commandant
2 sans armée, c'est la manière dont le HVO a été créé, c'est-à-dire à partir
3 du haut. Par exemple, le commandant de la brigade de Vitez, il devait
4 constituer la brigade de Vitez. Il a d'abord été nommé et, ensuite, on
5 créait la brigade.
6 En ce qui concerne la lettre du colonel Stewart, j'ai lu la
7 lettre. J'ai pris cette lettre et j'ai pris le téléphone ; et j'ai lu
8 cette lettre à mon chef d'état-major principal. Ensuite, avec lui, nous
9 avons dessiné les contours, le cadre de la lettre de réponse à la lettre
10 du colonel Stewart. J'ai également parlé et pensé à la Commission
11 conjointe qui a déjà travaillé jusque-là, étant donné que cette commission
12 pouvait aller sur place afin de mener une enquête, étant donné qu'elle le
13 faisait déjà dans le cas des maisons incendiées à Bilalovac ou Kacuni.
14 Mes subordonnés m'ont caché des informations. Ce n'est pas mes
15 subordonnés directs et mon grand quartier général qui m'ont caché les
16 informations dans le sens de voir tous les rapports. Mais un certain
17 nombre d'informations m'ont été cachées. Mais pas seulement cachées :
18 c'est qu'ils m'ont envoyé de fausses informations. Le commandant de la
19 police militaire et surtout le commandant du 4ème Bataillon de la police
20 militaire ont fait cela. Donc, c'est ça l'essentiel. Et j'ai reçu des
21 informations sur les activités de combats, mais pas sur les crimes.
22 En ce qui concerne le besoin de recueillir des indices le plus
23 vite possible, j'ai envoyé cette lettre aux hommes politiques et au
24 ministère de la Défense et au grand quartier général afin d'attirer
25 également l'attention du conseil de sécurité et de parler des conséquences
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1 du crime d'Ahmici. En ce qui concerne ma décision, ils n'attendaient que
2 cela ; ils ont essayé d'obtenir cela par le biais de mesures violentes.
3 M. le Président. - Merci. Mes chers collègues, Monsieur le
4 Procureur, veuillez poursuivre, s'il vous plaît.
5 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous avez dit plusieurs
6 fois qu'entre le 20 et le 30, le général de brigade Petkovic était à
7 Vitez. Plusieurs fois, n'est-ce pas.
8 M. Blaskic (interprétation). - Non. Il n'y était que deux fois :
9 la première fois, le 20, avec la Forpronu. Il a été transporté par des
10 membres de la Forpronu de Mostar. Et puis, je ne vais pas vraiment
11 vérifier ma chronologie, mais je crois que c'est le 28 avril qu'il a été
12 amené par la Forpronu, encore une fois, dans la ville de Zenica. Donc, il
13 est venu deux fois.
14 M. Kehoe (interprétation). - Et vous nous avez dit également,
15 Général, que Petkovic a eu une réunion avec vos collaborateurs, à l'hôtel
16 Vitez, et qu'il a dit que l'enquête devait être menée à bien, et qu'il
17 fallait déraciner tout crime dans la région, n'est-ce pas ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Oui. Il a dit cela au cours de la
19 réunion qu'il a tenue, le 30 avril, avec les membres du commandement de la
20 zone opérationnelle.
21 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous demandé à Petkovic de
22 faire venir Pasko Ljubicic ou Vlado Stojic ou Mario Cerkez ou Dusko
23 Grubesic ou Darko Kraljevic, dans un bureau, afin de leur demander des
24 informations, afin de poser des questions à ces hommes ? Lui avez-vous
25 demandé cela ? Si oui, que s'est-il produit ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Avant ma rencontre avec mes
2 subordonnés, j'ai eu une réunion avec le chef d'état-major principal, le
3 général de brigade Petkovic. Je lui ai fait savoir tout ce qui avait déjà
4 été entrepris en ce qui concerne ce dossier, en ce qui concerne mes
5 soupçons qui étaient tournés vers la police militaire. Et je lui ai
6 demandé qu'il remplace le commandant de la police militaire, Pasko
7 Ljubicic. Donc, il a pris part de cette information. Et c'est suite à cela
8 qu'il a tenu une réunion avec mes collaborateurs. Il a donc pris note de
9 cette information.
10 M. Kehoe (interprétation). - Ma question était la suivante :
11 avez-vous demandé à Petkovic de donner l'ordre à Santic, Ljubicic, Cerkez,
12 Grubesic et Kraljevic, afin qu'ils viennent dans un bureau de l'hôtel
13 Vitez où il leur poserait des questions concernant les informations sur
14 Ahmici ? Avez-vous demandé cela à Petkovic, oui ou non ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas demandé cela
16 concernant toutes ces personnes que vous avez énumérées, étant donné que
17 j'ai exprimé des doutes qui portaient sur le 4ème Bataillon de la police
18 militaire. Je lui ai demandé qu'il vérifie cette partie du dossier et
19 qu'il remplace le commandant du 4ème Bataillon de la police militaire.
20 M. Hayman (interprétation). - Je pense qu'en anglais, le dernier
21 mot était traduit par "doute" et d'après M. Nobilo "soupçon" aurait été
22 une meilleure traduction.
23 M. le Président. - Si Me. Nobilo le dit ! Dans ces conditions,
24 dès lors que ce sera confirmé par les interprètes, il n'y aura plus de
25 doute ; c'est le cas de le dire. Bien, Monsieur le Procureur, vous posez
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1 une autre question, s'il vous plaît ?
2 M. Kehoe (interprétation). - Excusez moi, Monsieur le Président,
3 j'ai demandé au témoin s'il a demandé à Petkovic. La réponse était : "Je
4 ne lui ai pas posé la question concernant toutes les personnes". Non, sa
5 réponse en anglais était : "Je n'ai pas demandé en ce qui concerne toutes
6 ces personnes que vous avez énumérées, étant donné que j'ai exprimé mes
7 doutes, ou mes soupçons, que c'était le commandant du bataillon de la
8 police militaire". Donc, ma question était : est-ce qu'il a demandé à
9 Petkovic de faire venir ces personnes et de leur demander de fournir des
10 informations ?
11 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà répondu, mais si vous
12 voulez, je peux
13 répéter.
14 M. le Président. - Vous avez répondu, bien qu'on puisse faire
15 remarquer qu'il n'y a pas de lien entre les deux termes de votre réponse.
16 La question qui vous est posée, c'est de savoir si vous avez demandé au
17 général Petkovic de convoquer toutes ces personnes. Vous dites que non
18 "parce que j'avais des doutes sur la bataillon de la police militaire".
19 C'est cela que vous répondez.
20 Deuxième observation : on peut penser, estimer que pratiquement,
21 dans votre esprit, l'enquête est finie. Dans votre esprit, Général,
22 l'enquête est terminée puisque non seulement vous avez des doutes sur le
23 fait que les crimes ont été commis par le bataillon de la police
24 militaire, mais vous allez même au-delà : vous arrivez au final de la
25 commission d'enquête qui n'est pas encore créée et vous dites au général
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1 Petkovic : "Sortez-moi, relevez-moi de ses fonctions M. Pasko Ljubicic".
2 Reconnaissez quand même qu'il n'y a peut-être pas un lien fondamental
3 entre des deux réponses. Mais, c'est votre réponse, je n'ai rien à dire.
4 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà donné la réponse selon
5 laquelle je n'ai pas demandé que ce soit fait par rapport à toutes ces
6 personnes énumérées par le Procureur, étant donné que j'ai fait part de
7 tout le contenu du dossier dont je disposais déjà. J'exprimais un doute
8 concernant la police militaire et je demandais le remplacement du
9 commandant du 4ème Bataillon de la police militaire.
10 M. le Président. - Sur un doute, vous demandez le remplacement
11 du chef de la police militaire ; donc, pour vous, c'est Pasko Ljubicic qui
12 a commis les crimes d'Ahmici.
13 Monsieur le Procureur, pouvez-vous poser la question suivante
14 avant qu'on fasse la pause, dans trois ou quatre minutes ?
15 M. Kehoe (interprétation). Oui, Monsieur le Président. Vous
16 avez dit, Général, que vous n'avez pas appelé Pasko Ljubicic pour ne pas
17 compromettre et entraver l'enquête. Ma question est la suivante : Général,
18 si Anto Sliskovic ou un autre membre du SIS avait posé des questions à
19 Ljubicic, à la police militaire, est-ce que ceci aurait compromis ou
20 entraver l'enquête aussi ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Je crois que le service de
22 sécurité, le SIS, employait ses propres méthodes pour mener l'enquête. Ils
23 sont habilités à faire ce genre de travail. Je ne connais pas les détails
24 concernant leur méthode, mais j'ai simplement reçu un rapport concernant
25 les résultats de l'enquête jusqu'à ce moment. J'ai obtenu des informations
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1 sur le cours qu'a pris l'enquête.
2 M. Kehoe (interprétation). - Je répète ma question. Si Anto
3 Sliskovic ou un autre membre du SIS a posé des questions à Ljubicic ou aux
4 autres membres de la police militaire, est-ce que ceci aurait entravé
5 l'enquête aussi ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Le service de sécurité est
7 compétent pour les enquêtes, y compris celles sur la police militaire. Ils
8 ont donc la compétence pour mener l'enquête. Mais quant à la question de
9 savoir quelles méthodes ils allaient employer et quand ils allaient
10 questionner un tel membre de la police militaire, c'est le service de
11 sécurité qui prenait des décisions à ce sujet.
12 M. Kehoe (interprétation). - Vous étiez en train de voyager un
13 peu partout dans la Bosnie centrale. Après le 16 avril, vous êtes allé à
14 plusieurs réunions à Zenica et à Stara Bila où se trouvait le camp du
15 bataillon britannique. Comment êtes-vous allez là-bas ?
16 M. Blaskic (interprétation). - J'ai été transporté par des
17 véhicules de transports de troupes escorté par la Foropronu et j'étais
18 complètement enfermé dans ces véhicules avec l'escorte des soldats de la
19 Forpronu.
20 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous aviez un grand zèle
21 pour découvrir le plus grand nombre d'informations concernant le crime
22 d'Ahmici le plus vite possible après la réception de la lettre du colonel
23 Stewart le 22 avril, mais avez-vous demandé au colonel Stewart de vous
24 fournir un véhicule transports de troupes pour vous permettre d'aller voir
25 directement et immédiatement ce qui s'est passé à Ahmici, plutôt que
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1 d'attendre votre visite du 27 avril ? Est-ce que vous l'avez fait et si
2 oui, quand et avec qui avez-vous parlé ?
3 M. Blaskic (interprétation). - A l'époque, nous avons eu
4 plusieurs activités et réunions organisées par des instances
5 internationales. Je ne me souviens si j'ai vraiment demandé un véhicule
6 afin de me rendre à Ahmici, mais je sais que j'ai demandé cela aux membres
7 de service de sécurité, à plusieurs reprises et je sais que je ne l'ai pas
8 obtenu. Monsieur Darko Bijelic, qui était mon officier de liaison qui
9 biaisait avec la Forpronu, je sais qu'il l'a demandé et qu'il ne l'a pas
10 obtenu.
11 Je crois que moi-même je ne l'ai pas demandé personnellement
12 avant le 27, mais je ne suis pas sûr. Il faudrait que je consulte ma
13 chronologie.
14 M. Kehoe (interprétation). - Je souhaite changer de sujet,
15 Monsieur le Président, je ne sais pas si c'est le moment propice pour
16 suspendre ?
17 M. le Président (interprétation). L'audience est suspendue
18 pour 20 minutes.
19 L'audience, suspendue à 11 heures 15, est reprise à 11 heures 45.
20 M. le Président. L'audience est reprise. Veuillez vous
21 asseoir. Monsieur le Procureur, c'est à vous.
22 M. Kehoe (interprétation). - Général, nous en sommes restés à
23 votre réponse dans laquelle vous disiez avoir demandé au bataillon
24 britannique de vous emmener à Ahmici. Ma question est la suivante : avez-
25 vous demandé au colonel Stewart, si vous pouviez interroger ces soldats ou
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1 recueillir des informations auprès d'eux, de façon à découvrir rapidement
2 ce qui s'était passé à Ahmici, le 16 avril ? L'avez vous fait ? Si oui, à
3 quel moment ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Que je parle avec les soldats du
5 colonel Stewart ?
6 M. Kehoe (interprétation). - L'avez-vous fait ou avez-vous donné
7 l'ordre à
8 quelqu'un l'ordre de le faire ? Avez-vous demandé à Stewart s'il mettrait
9 ses soldats à votre disposition pour que vous puissiez les interroger afin
10 de découvrir le maximum d'informations possibles au sujet d'Ahmici dans
11 les délais les plus brefs ? L'avez-vous fait et si oui, à quel moment ?
12 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas fait cela. Je n'ai
13 pas demandé cela au colonel Stewart car j'ai entendu parler pour la
14 première fois, ici, au Tribunal, des bulletins d'informations militaires,
15 si je ne m'abuse, et j'ai appris que son bataillon dans la région de la
16 Bosnie centrale était installé dans cette région et je crois que sa
17 mission était simplement une mission destinée à assurer la libre
18 circulation des convois militaires.
19 Mais lorsque je suis arrivé au Tribunal, lorsque j'ai reçu les
20 documents de l'accusation, je me suis rendu compte que sa mission
21 consistait également à recueillir des informations et à rassembler des
22 données afin d'informer au sujet des événements survenus dans la région.
23 Peut-être que si j'avais lu ces rapports, si j'avais été informé, j'aurais
24 demandé à accéder à ces soldats et je me serais efforcé d'obtenir des
25 informations de cette façon. Mais très honnêtement, à ce moment-là, je
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1 n'avais pas la moindre idée que le bataillon faisait autre chose
2 qu'assurer la libre circulation des convois humanitaires et intervenir
3 dans les négociations et le travail de la Commission conjointe.
4 M. Kehoe (interprétation). Général, permettez-moi de passer à
5 une autre question.
6 M. Blaskic (interprétation). Si nous passons à une autre
7 question, je tiens à ajouter que le colonel Stewart ne m'a jamais dit
8 qu'il disposait de telles informations, par voie de bulletins
9 d'informations militaires notamment.
10 M. Kehoe (interprétation). Passons à la page 19 062, une
11 question posée par Me Nobilo. Je cite, "Question : Dites-moi d'abord, au
12 mieux de vos connaissances, à Vitez ou à Busovaca, dans l'enclave qui
13 était sous votre commandement, après le début du conflit, y avait-il des
14 civils, des femmes, des enfants emprisonnés ? Réponse : Il y en avait. Il
15 y avait des civils qui avaient été faits prisonniers."
16 Général, peu de temps après le 16, vous saviez qu'il y avait
17 des civils, des femmes, des enfants maintenus en détention dans des lieux
18 différents qui étaient sous le contrôle du HVO, notamment l'école de
19 Dubravisa et le cinéma, n'est-ce pas ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me rappelle pas la date
21 précise, mais ce n'était pas le 16 ; c'est après le 16 que j'ai reçu des
22 informations m'indiquant qu'il y avait des civils qui étaient en
23 détention. Mais je n'ai jamais donné l'ordre ni justifié le fait que des
24 civils soient arrêtés. Lorsque je l'ai appris, j'ai donné l'ordre qu'ils
25 soient traités de façon humaine.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez participé à une réunion
2 avec le commandant Morsink, Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
3 l'homme qui aujourd'hui est colonel. Aujourd'hui, c'est le colonel
4 Morsink. Vous vous êtes donc réuni avec lui et avec un représentant de la
5 Croix-Rouge internationale, le 20 avril 1993, et lors de cette réunion,
6 vous avez discuté du sort de ces prisonniers et du lieu où ils étaient
7 détenus en détention, n'est-ce pas ?
8 M. Blaskic (interprétation). Excusez-moi, quelle date ?
9 M. Kehoe (interprétation). - Le 20 avril 1993. Les participants
10 à cette réunion était Henk Morsink, membre de l'ECMM et Claire Podeilsky,
11 représentante de la Croix-Rouge internationale. Vous avez rencontré ces
12 deux personnes dans votre bureau, à l'hôtel Vitez, le 20. Lors de cette
13 rencontre, vous avez discuté du sort des civils faits prisonniers et des
14 autres prisonniers, n'est-ce pas?
15 M. Blaskic (interprétation). Non, cela n'a pu se passer
16 qu'après le 20. Car je suis certain de ne pas avoir participé à une
17 réunion avec ces personnes le 20. J'ai eu des rencontres avec les
18 représentants de la Croix-Rouge internationale, mais je suis absolument
19 certain qu'une réunion de ce genre n'a pas eu lieu le 20. La seule réunion
20 qui a eu lieu le 20 s'est déroulée à
21 Zenica.
22 M. Kehoe (interprétation). Général, quand avez-vous appris que
23 ces prisonniers étaient maintenus en détention par le HVO ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Je crois que je l'ai appris entre
25 le 17 avril et le 18 ou le 19. C'est à ce moment-là que j'ai appris qu'il
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1 existait des personnes en détention. Mais j'ai déjà dit que j'ai donné
2 l'ordre que ces personnes soient traitées de façon humaine et j'ai
3 également donné l'ordre que ces personnes soient remises en liberté,
4 conformément à ce que prévoyait le protocole de la Croix-Rouge
5 internationale.
6 M. Kehoe (interprétation). - Général, lorsque vous avez reçu la
7 lettre du colonel Stewart, le 22 avril, lettre qui traitait des crimes
8 d'Ahmici, avez-vous donné l'ordre à une personne quelconque d'aller rendre
9 visite à ces civils, notamment à l'école de Dubravica pour les interroger
10 au sujet des événements qui s'étaient déroulés à Ahmici ? L'avez-vous
11 fait ?
12 M. Blaskic (interprétation). - J'ai délivré l'ordre destiné à
13 diligenter une enquête au sujet d'Ahmici, le 24 avril. Et je sais que les
14 services de sécurité ont conduit des interrogatoires avec des témoins
15 oculaires des événements d'Ahmici. Cela ressort d'un certain nombre de
16 déclarations de ces personnes. Mais le 22 avril 1993, je ne me rappelle
17 pas, je ne crois pas avoir délivré un ordre de cette nature à mes
18 associés. Je n'ai pas donné l'ordre qu'ils aillent visiter les civils
19 immédiatement parce que les détenus civils étaient sous le contrôle de la
20 Commission civile et de la Croix-Rouge internationale qui les
21 interrogeaient pour leur demander s'ils voulaient aller dans un lieu
22 précis.
23 M. Kehoe (interprétation). Général, vous savez aussi que les
24 civils d'Ahmici se sont également enfuis vers Zenica, après l'attaque du
25 16.
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1 Ma question est la suivante : avez-vous jamais demandé à la
2 Commission conjointe de Busovaca, ou à quelqu'autre organisme ou personne,
3 s'il était possible d'organiser l'interrogatoire des victimes d'Ahmici
4 résidant à Zenica pour découvrir le maximum
5 d'informations au sujet de ces atrocités le plus rapidement possible ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Autour du 25 mai 1993, un rapport
7 a été rédigé d'où il ressort de cette exigence de se rendre auprès des
8 victimes qui étaient sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine
9 qu'une demande a été présentée pour que des interrogatoires de ces
10 victimes soient organisées parce qu'il s'agit des témoins oculaires du
11 crime et qu'il fallait agir de la sorte à un certain moment dans l'avenir.
12 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais circonscrire ma
13 question, Général. Après avoir appris les crimes d'Ahmici, lorsque vous
14 avez reçu la lettre de colonel Stewart, le 22, avez-vous immédiatement
15 demandé d'interroger les victimes d'Ahmici résidant à Zenica de façon que
16 vous-même, en tant qu'officier faisant preuve de la plus grande prudence,
17 puissiez découvrir le maximum d'informations possibles au sujet de ce
18 crime ? L'avez-vous fait ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Il ne faut pas perdre de vue que
20 les combats étaient toujours en cours. Il y avait des combats, des
21 opérations de combats. Lorsque j'ai délivré mon ordre au service de
22 sécurité, je pensais que ce service allait organiser des auditions et
23 recueillir des informations dans les mesures des possibilités existantes à
24 l'époque dans la vallée de la Lasva, en tenant compte bien sûr de
25 l'existence de ces opérations de combat et du reste. Je sais qu'ils
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1 avaient l'intention d'auditionner les personnes chassées de chez elles et
2 qui étaient sous le contrôle de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Maintenant,
3 est-ce que cela a été fait ou pas, je ne le sais pas avec exactitude.
4 M. Kehoe (interprétation). - Je vais encore poser une question
5 sur ce sujet, Général. Avez-vous dit à Franjo Nakic, votre chef d'état-
6 major, de se rendre auprès de la Commission conjointe de Busovaca pour
7 demander l'aide de cette Commission dans l'audition de ces victimes, de
8 ces victimes bosniennes musulmanes d'Ahmici ? Et si vous l'avez fait, à
9 quel moment l'avez-vous fait ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Le 23 avril, le matin, lors de la
11 réunion avec Franjo
12 Nakic, j'ai lu la lettre que j'avais écrite le 23 au colonel Stewart.
13 Franjo Nakic et moi-même pensions que la Commission conjointe allait agir.
14 Mais puisque l'enquête de la Commission conjointe n'a pas eu lieu, plus
15 tard, j'ai demandé que l'on traite des questions les plus importantes,
16 interruption des combats, séparation des forces, de façon à rendre une
17 enquête. Il fallait d'abord interrompre les combats. C'est dans ce sens
18 que j'ai engagé Franjo Nakic. Je lui ai aussi demandé de rendre possible
19 une rencontre entre moi et le commandant du 3ème Corps de l'armée de
20 Bosnie-Herzégovine à cette fin, de façon que nous interrompions les
21 combats.
22 M. Kehoe (interprétation). Donc votre réponse est "non",
23 Général. Vous n'avez jamais dit à Franjo Nakic de se rendre aux réunions
24 quotidiennes de la Commission conjointe de Busovaca pour demander une
25 audition de ces victimes ?
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1 M. Blaskic (interprétation). J'ai déjà dit que les auditions
2 des témoins oculaires et des victimes étaient la tâche qui avait été
3 entreprise par les services de sécurité responsables de l'enquête. A la
4 lecture du rapport, on constate que ces services de sécurité avaient
5 l'intention de parler avec les victimes qui étaient sous le contrôle de
6 l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais qu'en raison des circonstances une
7 telle conversation n'a pas pu avoir lieu.
8 M. Kehoe (interprétation). Général, vous avez fait remarquer à
9 l'instant que les opérations de combat étaient toujours en cours. Il était
10 donc de votre intérêt de découvrir le plus rapidement possible qui était
11 les criminels au sein du HVO qui avaient commis ces crimes, n'est-ce pas ?
12 M. Blaskic (interprétation). Non, ce qui était avant tout dans
13 mon intérêt, c'était de prendre toutes les mesures nécessaires pour qu'un
14 tel crime ne se reproduise pas. C'était ma préoccupation la plus
15 importante, à savoir empêcher qu'un tel crime se reproduise.
16 Bien entendu, il était également dans mon intérêt que les
17 opérations de combat s'interrompent de façon à permettre une enquête de
18 qualité et complète. Mais ma première préoccupation était d'empêcher que
19 le crime se reproduise. C'est à cette fin que j'ai délivré une
20 série d'ordres de façon à empêcher la reproduction d'un tel crime. Bien
21 entendu, je voulais aussi interrompre les combats et mener une enquête,
22 une enquête surtout approfondie et complète plutôt que rapide.
23 M. Kehoe (interprétation). Général, parlons du recueil d'un
24 certain nombre d'éléments de preuve. Lorsque vous avez reçu, le 22, la
25 lettre du colonel Stewart, avez-vous délivré un ordre stipulant qu'il
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1 fallait assurer la sécurité d'Ahmici, qu'il fallait assurer la sécurité
2 des éléments de preuve, recueillir des éléments de preuve dans le village
3 d'Ahmici le plus rapidement possible ? L'avez-vous fait ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le. Président, Messieurs
5 les Juges, sur le territoire d'Ahmici, il y avait affrontement entre les
6 forces ennemies et des opérations de combat. Cela aurait correspondu à
7 fermer les yeux devant la réalité si j'avais donné l'ordre que ce
8 territoire soit assuré. Il était encore impossible, à ce moment-là,
9 d'entrer sur ce territoire si on n'avait pas de blindés. Les combats s'y
10 déroulaient toujours et le front se situait dans la partie nord du village
11 même d'Ahmici. Mais je sais que des officiers des services de sécurité, en
12 dépit de ces dangers, se sont rendus sur ce territoire et ont commencé à
13 recueillir des éléments de preuve.
14 M. Kehoe (interprétation). - Nous allons maintenant diffuser une
15 cassette. Il s'agit de la pièce à conviction 530. J'ai des traductions
16 supplémentaires. J'en ai également pour les cabines d'interprètes.
17 C'est une cassette vidéo très courte qui vient d'ITN News, qui
18 est une station de télévision britannique. Cette séquence a été tournée
19 par Dan Damon, l'un de leurs journalistes. Cette pièce a déjà été versée
20 au dossier de ce procès. Je crois que chacun a entre les mains le texte de
21 cette transcription. Nous pouvons donc passer à la diffusion de la
22 cassette.
23 (Cassette.)
24 "A Ahmici, le village de l'horreur, dans lequel des familles
25 entières de Musulmans
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1 ont été assassinées et brûlées, des équipes sanitaires croates ont été
2 dépêchées sur place pour enterrer les corps au terme d'un accord de
3 cessez-le-feu, qui semble tenir. Ils enterreront les animaux morts, tel ce
4 cheval. On ne saura peut-être jamais combien de victimes humaines reposent
5 ici aussi. Quand la souffrance humaine est si grande, s'occuper des
6 animaux semble bien futile à ces gens. Ainsi, les vaches blessées par des
7 éclats d'obus, au plus fort des combats croato-musulmans, sont en train de
8 pourrir sur place. Quelques-unes vivent encore une semaine plus tard,
9 coincées dans la boue, attendant la mort, entourées d'une nuée de mouches.
10 Les ouvriers agricoles disent qu'ils n'ont pas de munitions pour les
11 achever".
12 (Fin de la cassette.)
13 M. Kehoe (interprétation). Général, ce que nous venons
14 d'entendre montre qu'une semaine après les événements d'Ahmici, aux
15 alentours du 23 avril, des corps étaient ramassés dans Ahmici. Avez-vous
16 donné l'ordre de ramasser ces corps ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas vu que la date était
18 celle du 23 avril.
19 M. Kehoe (interprétation). Général, excusez-moi, je lis la
20 transcription. Les événements d'Ahmici se sont déroulés le 16 et le
21 journaliste dit : "Quelques-unes vivent encore une semaine plus tard".
22 Sept jours à partir du 16, cela nous amène au 23 ; si vous voulez, cela
23 peut être le 24. Pas de problème.
24 M. Blaskic (interprétation). - Oui, une semaine après le 16,
25 c'est le 23, là, je suis d'accord. Là, où je ne suis pas d'accord, c'est
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1 que cette action ait été menée à bien le 23 avril. Le 28 avril, il y a eu
2 la réunion de Zenica. Je crois qu'il existe un ordre émanant des deux
3 chefs, le général Halilovic et le général Petkovic, ordre destiné à
4 organiser le nettoyage de toutes les lignes de front. Je crois que c'est
5 le général Morillon qui a présidé cette réunion et je suis sûr que
6 M. Thébault a participé également à cette réunion. Les participants de
7 cette réunion ont donc délivré un ordre demandant que les lignes de front
8 des deux côtés soient nettoyées.
9 Sur la base des ordres de mes supérieurs, avec le commandant du
10 3ème Corps
11 d'armée, j'ai délivré un ordre dans ce sens. Je crois que cela s'est passé
12 aux environs du 29 avril. Cet ordre a également permis aux services de
13 sécurité de recueillir des indices au sujet des cadavres et des
14 circonstances dans lesquelles ces personnes étaient mortes, y compris
15 grâce à des examens médicaux des cadavres.
16 Mais cela ne s'est pas passé le 23 avril ; j'en suis
17 profondément convaincu. Je sais que cela ne s'est pas passé le 23 avril.
18 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous montrer la pièce à
19 conviction de la défense 366. Cela nous aidera peut-être à clarifier ce
20 point.
21 Général, est-ce l'ordre du 29 avril dont vous venez de parler ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'est l'ordre du 29 avril.
23 M. Kehoe (interprétation). - J'aimerais vous lire la page 19 077
24 du compte rendu d'audience, questions de Me Nobilo. En réponse à ces
25 questions, vous apportez des réponses.
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1 La question est : "Le ramassage des cadavres d'Ahmici, lorsque
2 vous l'avez mené à bien, vous a-t-il permis de découvrir quel était le
3 nombre des personnes décédées ? La répartition de ces cadavres, combien
4 étaient des personnes âgées, des femmes, des enfants, des civils ou des
5 soldats. Et la méthode par laquelle ces personnes avaient été tuées ?
6 Avez-vous découvert ces renseignements en ramassant les corps ?
7 Réponse : Oui.
8 Question : Est-ce qu'un rapport a été rédigé, comportant la
9 description détaillée et l'identification des cadavres qui pouvaient être
10 identifiés ?
11 Réponse : Oui, un échange a été réalisé sur la base des critères
12 des organisations internationales.
13 Question : Ce ramassage réalisé avec le plus grand soin et
14 donnant lieu à un rapport indiquant le sexe et l'identité, etc. vous a-t-
15 il aidé à identifier les conséquences du crime d'Ahmici ?
16 Réponse : Oui. Jusqu'à ce moment-là, nous n'avions que les
17 éléments qui nous avaient été fournis par le colonel Stewart".
18 Aujourd'hui, dites-vous dans votre déposition, que ce ramassage
19 des corps s'est déroulé en vertu de cet ordre, monsieur. L'ordre auquel je
20 fais référence est la pièce de la défense 366 ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Je sais que cet ordre a été
22 délivré et qu'après cela, les corps ont été ramassés des deux côtés sur le
23 front, aussi bien du côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine que du HVO. Car
24 il était impossible, en cas d'absence d'interruption des combats, de
25 ramasser les corps d'un seul côté. Donc, nous avons pris des mesures de
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1 sécurité afin d'organiser cette action et je sais que cela s'est passé le
2 29 avril 1993 ou, en tout cas, aux environs de cette date. Mais ce que je
3 sais, c'est que cette action ne s'est pas déroulée le 23 avril.
4 M. Kehoe (interprétation). Et c'est sur la base de cet ordre,
5 que vous avez pu recueillir des informations liées aux événements d'Ahmici
6 et obtenir des renseignements liés à des autopsies. Et, comme vous l'avez
7 dit à Me Nobilo, vous avez pu déterminer l'âge, le sexe et le nombre des
8 personnes tuées. Est-ce exact ?
9 M. Blaskic (interprétation). Non, non. Il faut distinguer
10 entre l'ordre demandant une enquête, qui a été délivré le 24 avril et
11 c'est à partir de cette date que les services de sécurité ont commenté à
12 enquêter. Mais ici, nous parlons d'un ordre demandant que les cadavres
13 soient ramassés. Je crois que les services de sécurité ont utilisé leurs
14 propres méthodes pour dresser la liste des cadavres.
15 M. Kehoe (interprétation). - Général, par le biais de l'ordre
16 que vous avez délivré, êtes-vous en train de nous dire que vous avez
17 envisagé d'organiser le ramassage des cadavres d'Ahmici de façon à pouvoir
18 obtenir des informations après autopsie ? Est-ce cela que vous êtes en
19 train de dire par cet ordre ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre a été délivré Un instant, je
21 vous prie...
22 Cet ordre indique un certain nombre d'activités liées au fait de
23 dresser la liste des personnes emprisonnées (au point 1), liées à la
24 nécessité de remettre les civils en liberté (au point 2), liées à
25 l'échange des cadavres et au nettoyage du terrain (au point 3), ainsi qu'à
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1 la garantie de la pleine sécurité à tous les civils (au point 4). Je crois
2 qu'au point 5 de cet ordre, il est question des responsabilités liées à
3 l'organisation de l'enquête qui doit donner lieu à une liste des personnes
4 tuées, arrêtées et des personnes enterrées.
5 Au point 6, il est question d'une coopération avec la Forpronu,
6 la Croix Rouge internationale, le HCR et les représentants de la
7 Communauté européenne. Mais cet ordre est fondé sur l'ordre émanant des
8 deux chefs d'état-major, c'est-à-dire des deux supérieurs. Je crois qu'un
9 ordre de même nature a été délivré par le commandant du 3ème Corps d'armée
10 de Bosnie-Herzégovine. C'était le principe qui était en application.
11 M. Kehoe (interprétation). Général, M. Marin a dit que
12 l'échange de ces cadavres était un grand événement à Vitez. Est-ce exact ?
13 M. Blaskic (interprétation). - L'échange des cadavres est un
14 événement important et émouvant, indépendamment des circonstances dans
15 lesquelles un tel échange est réalisé ou de la partie concernée. Dans tous
16 les cas, l'échange des cadavres est un événement significatif. Encore
17 aujourd'hui, il y a des cadavres que nous ne sommes pas parvenus à
18 découvrir, malgré tous nos efforts.
19 M. Kehoe (interprétation). 96 cadavres, à peu près, ont été
20 remis aux Bosniens musulmans dans le cadre de cet échange, des cadavres
21 provenant d'Ahmici et des environs immédiats d'Ahmici, n'est-ce pas ?
22 M. Blaskic (interprétation). Selon la liste que j'ai eue sous
23 les yeux, je ne me rappelle pas exactement le nombre, mais je crois que
24 celui-ci se situe entre 96 et 103 cadavres.
25 M. Kehoe (interprétation). Général, l'échange des cadavres et
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1 l'inhumation de ces
2 cadavres a eu lieu la veille du jour où vous avez délivré cet ordre,
3 n'est-ce pas ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je le sache, cet
5 ordre a été délivré sur la base de l'ordre délivré par le chef du grand
6 quartier général du HVO et le chef du grand quartier général de l'armée de
7 Bosnie-Herzégovine. J'ai cité la date approximative du 28 ou 29, mais je
8 suis sûr que cela n'a pas eu lieu le 23.
9 M. Kehoe (interprétation). Général, vous nous avez dit, vous
10 avez dit à Me Nobilo que le recueil d'informations sur la base de l'examen
11 des corps sans vie découverts à Ahmici était un événement très important
12 s'agissant de découvrir ce qui s'était passé à Ahmici. C'est vous qui avez
13 délivré cet ordre destiné à recueillir ces informations. N'est-ce pas ce
14 que vous avez dit dans votre déposition ?
15 M. Blaskic (interprétation). Je viens de dire ce qui était
16 contenu dans cet ordre et ce qui était l'objectif fondamental de cet
17 ordre. Après avoir reçu l'ordre du chef d'état-major de l'armée de Bosnie-
18 Herzégovine et du chef d'état-major du HVO, j'avais pour devoir, en tant
19 que commandant de la zone opérationnelle, de délivrer cet ordre. Et
20 ramasser tous les cadavres est quelque chose de très important pour les
21 services de sécurité qui sont des services professionnels qui ont la
22 responsabilité de mener l'enquête.
23 M. Kehoe (interprétation). Général, passons à un autre
24 document, si vous le voulez bien.
25 M. Abtahi. Il s'agit de la pièce de l'accusation 697.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Général, il s'agit là d'un rapport
2 de situation quotidien qui émane du bataillon britannique basé à Vitez et
3 c'est envoyé au quartier général des Nations Unies. Il est daté du
4 28 avril 1993.
5 Monsieur l'huissier, ce sont les paragraphes relatifs à Vitez
6 qui m'intéressent.
7 Il est indiqué, au "b" Vitez. Je lis : "La région située au nord
8 de la zone de Vitez reste relativement calme. A Vitez, le bataillon
9 britannique a pris part au retrait de 86 cadavres
10 qui se trouvaient à l'école et qui ont été emmenés au site
11 d'enfouissement."
12 Général, parmi ces corps, il y a les corps des victimes des
13 événements d'Ahmici qui ont été enterrés le 28, n'est-ce pas?
14 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, oui, ils ont été
15 enterrés le 28 ou le 29. Ce rapport me permet de dire qu'ils ont été
16 enterrés le 28 avril 1993.
17 M. Kehoe (interprétation). Donc, Général, un jour avant que
18 vous ne délivriez cet ordre daté du 29 ? Ma question est donc la
19 suivante : si ceci s'est produit avant le 29, qui a donné ordre que ces
20 96 cadavres soient recouvrés dans les locaux de l'école de Vitez ?
21 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, je préciserai une chose.
22 Au point 3 de l'ordre daté du 29, il apparaît que l'on parle de, je cite
23 "prendre soin de la ligne de front". Vous ratissez la ligne de front et je
24 pense que cela comprend la ligne de front qui se trouve à Ahmici. Mais je
25 ne sais pas qui a émis cet ordre.
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1 Cela dit, je sais bien comment l'on s'occupait de ce ratissage
2 des lignes de front et je sais que cela passait par les services de la
3 Commission conjointe, Commission présidée par MM. Nakic et Merdan.
4 M. Kehoe (interprétation). - Si les circonstances étaient telles
5 que l'on pouvait, en toute sécurité, retirer 96 corps, les circonstances
6 étaient certainement telles que vous pouviez, en toute sécurité, vous
7 rendre sur place pour mener une enquête, n'est-ce pas ?
8 M. Blaskic (interprétation). - Nous avons parlé du recouvrement
9 des corps. J'ai déjà dit qu'il s'agissait d'une activité qui comprenait
10 deux équipes et qui devait être entreprise par deux équipes.
11 Sur la base de l'accord de sécurité qui a été signé, les mesures
12 de sécurité pour les équipes de travail étaient garanties. Il est certain
13 que les équipes de sécurité étaient sur le terrain pour rassembler ces
14 corps et qu'elles procédaient à la collecte d'éléments de preuve, toujours
15 dans le but de mener cette enquête.
16 M. Kehoe (interprétation). Général, dans votre désir de
17 rassembler des informations relatives aux événements qui se sont produits
18 à Ahmici, est-ce que vous vous êtes jamais rendu aux conférences de presse
19 qui étaient tenues tous les mardis, notamment par MM. Kordic et Kostroman
20 et M. Valenta et avez-vous demandé aux personnes assistant à ces
21 conférences de presse, de communiquer des informations relatives à ce
22 qu'elles avaient pu observer à Ahmici ?
23 M. Blaskic (interprétation). J'ai assisté à une conférence de
24 presse où j'ai condamné les crimes perpétrés à Ahmici. Tout le reste était
25 entre les mains des services de sécurité. J'ai même fait une déclaration
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1 publique au moment où j'ai condamné ces crimes. J'ai précisé que je
2 m'attendais à ce que les membres du public fournissent des informations.
3 Je sais que des déclarations ont été recueillies auprès de témoins
4 oculaires sur le terrain et auprès d'autres personnes qui disposaient
5 d'informations sur ces points. Mais ces déclarations ont été rassemblées
6 par le service de sécurité dans le cadre de son travail sur les événements
7 d'Ahmici.
8 M. Kehoe (interprétation). Général, vous étiez le plus haut
9 responsable militaire en Bosnie centrale. Parlons justement de cette
10 conférence de presse à laquelle vous avez participé et pendant laquelle
11 vous avez condamné ces crimes. Au cours de ladite conférence de presse,
12 avez-vous demandé aux membres du public de fournir des informations
13 relatives à ce qu'ils savaient sur ce qui s'était passé à Ahmici, parce
14 que vous vouliez absolument éviter que ce type d'acte se reproduise ?
15 Avez-vous fait cela ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me rappelle pas tout ce qui
17 s'est passé dans le cadre de cette conférence de presse. Si l'on me permet
18 de consulter mes documents, je pourrais peut-être retrouver certains
19 éléments. Je sais, de façon générale, que j'ai condamné les crimes et que
20 j'ai expliqué très clairement qu'une enquête serait menée.
21 M. Kehoe (interprétation). - Parlons précisément de cette
22 enquête dont vous avez demandé qu'elle soit menée. A la page 8 944 du
23 compte rendu, vous indiquez qu'après votre
24 rencontre du 24 avril avec le colonel Stewart, Excusez-moi un instant.
25 Je me suis trompé dans la page du transcript que j'ai citée. En
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1 fait, il s'agit de la page 18 994. Bien.
2 Vous notez donc qu'après votre réunion avec le colonel Stewart,
3 le 24 avril, vous avez je cite- "organisé une réunion avec le
4 commandement, et j'en ai informé les membres de ce que j'avais dit au
5 colonel Stewart. J'ai également émis un ordre oral destiné au SIS et
6 demandant qu'une enquête soit menée".
7 Général, qui était présent lors de la réunion que vous avez eue
8 à ce moment-là ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Mes collaborateurs du quartier
10 général.
11 M. Kehoe (interprétation). Donnez-nous des noms, s'il vous
12 plaît.
13 M. Blaskic (interprétation). - Je ne souviens pas de toutes les
14 personnes présentes, mais il y avait l'assistant chargé de la sécurité, il
15 y avait l'homme chargé des opérations ; je crois que l'assistant à l'IPD
16 était présent. Maintenant, je n'ai pas le souvenir des autres personnes
17 présentes.
18 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que Franjo Nakic, le chef
19 l'état-major, était présent ?
20 M. Blaskic (interprétation). Non, pour autant que je me
21 souvienne, il n'était pas présent. Franjo Nakic, je crois qu'il prenait
22 part aux travaux de la commission conjointe. Je n'en suis pas certain,
23 mais je ne crois pas qu'il ait été là.
24 M. Kehoe (interprétation). Et Slavko Marin, le chef des
25 opérations, était-il présent ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Il me semble bien que oui.
2 M. Kehoe (interprétation). - Quelle a été la réaction de Slavko
3 Marin lorsqu'il vous a entendu donner un ordre au SIS ? Lorsqu'il vous
4 entendu lui ordonner de mener une enquête, vous vous souvenez de sa
5 réaction ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Il est difficile pour moi de me
7 souvenir des réactions de tout un chacun. Moi, j'ai essayé de faire en
8 sorte que tous les membres du commandement aient une connaissance
9 approfondie de tous les sujets que j'avais abordés avec le colonel
10 Stewart. J'ai délivré un ordre destiné à l'assistant à la sécurité. Je ne
11 me souviens pas des réactions des différents participants.
12 M. Kehoe (interprétation). Pour ce qui est du chef des
13 opérations, avez-vous expliqué au général de brigade Marin quelles étaient
14 les informations que vous avez pu recueillir et quels étaient les progrès
15 de l'enquête menée sur les événements d'Ahmici, que vous aviez confiée au
16 SIS, le 24 avril ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Marin a été chargé de rassembler
18 tous les documents avant même que l'enquête ne soit lancée. Je ne me
19 rappelle pas lui avoir parlé plus précisément de l'enquête puisque c'était
20 le service de sécurité qui en était chargé et qui me soumettait des
21 rapports. Peut-être qu'il a trouvé, de son côté, des informations, mais,
22 pour l'heure, je n'en ai pas un souvenir plus précis.
23 M. Kehoe (interprétation). - Dans la déposition du général de
24 brigade Marin qui, je vous le rappelle, a déposé devant cette Chambre
25 pendant un certain temps, l'avez-vous jamais entendu dire, ne serait-ce
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1 qu'une seule fois, qu'il avait connaissance de cet ordre que vous aviez
2 donné au SIS, en ce jour du 24 avril 1993, ordre donné oralement par
3 vous ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas s'il en a parlé
5 aussi explicitement, mais laissez-moi vous expliquer le fonctionnement du
6 commandement dont j'avais la charge.
7 Lors de ces réunions, je distribuais les responsabilités. Chacun
8 tenait son carnet de guerre et y consignait les tâches qui lui étaient
9 assignées et les tâches assignées aux autres personnes présentes. Si un
10 ordre avait été donné au SIS, le représentant du SIS consignait cet ordre
11 dans son carnet de guerre ; si Slavko Marin recevait un ordre, il le
12 consignait dans ses documents. Dans mon carnet de guerre à moi, j'ai fait
13 état des différentes tâches, missions, des
14 différentes lignes directrices que j'avais données à tel ou tel assistant.
15 Je ne crois donc pas que Marin ait pris note des missions que j'avais
16 confiées à mes autres collaborateurs, que ce soient des membres du SIS ou
17 des personnes chargées des opérations.
18 M. Kehoe (interprétation). Général, vous donnez oralement un
19 ordre au SIS, le 24 avril. Cela constitue tout de même un événement
20 important, n'est-ce pas ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Le fonctionnement de tout
22 commandement de brigade ou de bataillon ou d'autres entités d'importance
23 supérieure est le suivant : au cours de réunions, des missions concrètes
24 sont assignées à chacun des collaborateurs présents. Chaque mission est
25 importante, chaque collaborateur doit informer son supérieur pertinent de
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1 la mission qui lui revient.
2 M. Kehoe (interprétation). Général, seriez-vous surpris
3 d'apprendre que votre chef des opérations, Slavko Marin, dans le cadre de
4 la déposition qu'il a faite devant cette Chambre, n'a pas dit un seul mot,
5 pas un seul sur un ordre oral qui aurait été donné au SIS, le 24 avril
6 1993 ? Ne seriez-vous pas surpris d'apprendre un telle chose ?
7 M. Blaskic (interprétation). Non. Je ne suis pas surpris.
8 Interrogez n'importe quel officier et demandez-lui de se souvenir du
9 moindre détail d'une réunion qui s'est tenue il y a des années, et vous
10 verrez.
11 M. le Président. Il ne s'agit quand même pas du moindre
12 détail. Il s'agit de crimes dont la communauté internationale -le
13 Juge Shahabuddeen vous l'a rappelé et vous-même l'avez dit- s'était
14 extrêmement émue. On peut donc légitimement penser que votre chef d'état-
15 major, votre plus proche collaborateur, qui a témoigné pendant six
16 semaines, ici,... Il ne s'agit peut-être pas d'un moindre détail ? Vous en
17 conviendrez quand même ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, il n'est
19 pas la personne responsable de la réception de cet ordre. Lui, il
20 travaillait dans son propre domaine de compétence ; il était chargé des
21 opérations de combat, il était chargé de gérer les documents relatifs aux
22 combats. C'est dans ce sens que je décrivais cela. C'est pour cela que
23 chaque collaborateur est chargé de son propre domaine de compétence.
24 M. Kehoe (interprétation). Général, est-ce que vous disposez,
25 parmi tous les documents soumis à cette Chambre, d'un seul document qui
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1 fait état du fait que, le 24 avril 1993, vous avez délivré un ordre oral à
2 l'intention du SIS ? Avez-vous un document quelconque qui fasse état de
3 cela ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Je dispose de mon journal
5 personnel et de mon journal de guerre qui traitent de cette période. Mais
6 je ne l'ai pas entre les mains.
7 M. Kehoe (interprétation). - C'est tout ce dont vous disposez
8 pour nous montrer qu'effectivement, le 24 avril, vous avez délivré cet
9 ordre oral ?
10 M. Blaskic (interprétation). - J'ai mon journal de guerre
11 personnel ; puis, il y a le journal de guerre personnel du collaborateur
12 chargé de la sécurité. Il y a donc au moins deux documents officiels.
13 M. Kehoe (interprétation). - Il suffira de dire -je pense que
14 vous serez d'accord avec moi, Général- qu'aucun des documents qui font
15 partie de cette affaire ne fait état de cet ordre oral, émis le 24 avril
16 1993 ? Vous n'êtes pas d'accord ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Je ne dispose pas de ce document
18 ici, avec moi. Si j'avais tous les documents ici avec moi, je vous les
19 aurais tous soumis. Ce n'est pas le cas. Nous étions tenus, de par nos
20 fonctions mêmes, de tenir un journal de guerre. C'est le règlement qui
21 nous l'imposait. Je répète qu'il était de mon devoir de rendre ce
22 document : c'est pour cela que je ne l'ai pas avec moi. Dès que l'on
23 changeait de poste, on remettait ce document ; simultanément, son envoyé
24 en confiait un autre pour le nouveau poste à occuper.
25 M. Kehoe (interprétation). - Général, nous allons revenir au
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1 24 avril, ce même jour au cours duquel vous avez délivré cet ordre oral.
2 Ce même jour, vous avez envoyé une lettre à Kordic, Stojic et à Milivoj
3 Petkovic.
4 Monsieur le Greffier, pourriez-vous remettre ce document au
5 témoin. Il s'agit du document 456/58.
6 (Le greffier s'exécute.)
7 Général, dans ce document extrêmement confidentiel que vous avez
8 envoyé à ces trois responsables je rappelle qu'il s'agit de l'ordre
9 délivré le 24 avril 1993, à savoir le même jour où vous avez donné cet
10 ordre oral à l'intention du SIS-, dans ce document donc, dites-vous bien à
11 ces trois personnes que vous avez émis un ordre oral à l'intention du SIS
12 lui demandant de mener à bien cette enquête ? Est-ce que ce fait est
13 précisé dans ce document ou bien est-ce que ce document n'est pas complet,
14 qu'il en manque une partie et c'est pourquoi on ne trouve pas trace de cet
15 ordre oral ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Le document dont nous parlons, le
17 document 456/58, n'est qu'un document qui donne des informations sur la
18 réunion que j'ai eue avec le colonel Stewart. Il ne fait pas état des
19 activités quotidiennes de mon commandement. Il n'explique pas quels sont
20 tous les événements qui se sont produits dans la zone opérationnelle. Ce
21 ne sont là que quelques informations relatives aux événements qui se sont
22 produits entre 14 et 15 heures à peu près.
23 C'est bien ce que dit le document dans son titre. Mais les
24 informations relatives aux opérations sont régulièrement envoyées au chef
25 de l'état-major principal. Il porte sur toutes les activités du
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1 commandement et sur tout ce qui se produit, y compris sur la réunion que
2 j'ai eue après ma rencontre avec le colonel Stewart et sur les différentes
3 missions que j'ai confiées à mes collaborateurs, du moins les plus
4 importantes d'entre elles.
5 Donc ce document qui a été envoyé par fax ne précise que
6 quelques informations sur ces différentes discussions et ne porte pas sur
7 toutes les activités relatives à mon travail quant aux événements qui se
8 sont produits à Ahmici. Lorsque vous dites qu'il s'agit d'un document
9 extrêmement confidentiel, je dis que tous les documents étaient
10 extrêmement
11 confidentiels.
12 M. Kehoe (interprétation). - Général, ce document reflète le
13 fait qu'une visite ou qu'un déplacement a eu lieu dans le cadre du
14 massacre des Musulmans qui a été perpétré dans le village d'Ahmici. Ce
15 sont des membres des organisations des Nations Unies qui se sont rendus
16 sur place. Le document indique, d'autre part, qu'une réunion a eu lieu
17 entre le colonel Stewart et vous-même, réunion au cours de laquelle le
18 colonel Stewart indique que cet événement est une véritable catastrophe au
19 cours de laquelle des civils ont été abattus.
20 Etes-vous en train de nous dire que vous n'avez pas informé ces
21 responsables haut placés de la communauté croate d'Herceg-Bosna du fait
22 que vous aviez donné un ordre relatif à la conduite d'une enquête ? Est-ce
23 que c'est ce que vous nous affirmez.
24 M. Blaskic (interprétation). Je dis ici que ce document parle
25 de ce dont j'ai discuté avec le colonel Stewart. Il ne s'agit pas d'un
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1 document complet, il ne s'agit pas d'un document qui fait état de toutes
2 les activités et de toutes les mesures que j'ai prises dans le cadre des
3 crimes commis à Ahmici. Ce document, je l'ai émis à titre informatif.
4 M. le Président. Il ne s'agit pas que d'informatif puisqu'à la
5 fin, vous parlez d'un certain nombre d'autres points.
6 Mais à supposer même que ce soit informatif, il me semble quand
7 même que la question du Procureur est légitime, relayée d'ailleurs par
8 beaucoup de questions que vous ont posé mes collègues, à commencer par le
9 Juge Shahabuddeen s'agissant de la visite du Conseil de sécurité, ainsi
10 que celle que vous a posée le Juge Rodrigues ce matin encore sur
11 l'accumulation des points.
12 Je vais vous la reposer encore. Mais enfin, vous saisissez les
13 trois plus hauts responsables au-dessus de vous : le politique Kordic, le
14 ministre de la Défense qui, d'après vous, est le seul supérieur du
15 bataillon de police militaire, votre propre supérieur hiérarchique, le
16 général Petkovic. Vous leur parlez de ce qui les intéresse au plus haut
17 niveau, c'est-à-dire les
18 réactions de la Communauté internationale sur le massacre d'Ahmici. Vous
19 prenez la peine de leur envoyer ce document. Et le jour-même, je pense le
20 matin même puisque vos réunions d'état-major avaient lieu le matin, vous
21 envoyez le jour-même, à 15 heures 50, un point de la situation concernant
22 cette question douloureuse d'Ahmici. Vous vous préoccupez quand même de
23 l'enquête, d'après ce que vous nous dites, et il n'y a pas lieu de ne pas
24 vous croire, on est donc un peu en droit d'imaginer que les trois plus
25 hauts responsables qui sont isolés, qui n'ont de nouvelles de vous qu'à
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1 travers ces fax que vous envoyez, vous ne leur dites pas que la mesure que
2 vous avez prise c'est d'avoir saisi le SIS.
3 C'est peut-être incomplet. Peut-être manque-t-il trois
4 paragraphes dans ce document ? Je n'en sais rien. Seul vous pouvez le
5 dire. Mais il faut bien convenir que les questions du Procureur sont
6 légitimes pour éclairer les Juges dont, je vous le rappelle, la mission
7 première est celle de savoir ce qui s'est passé très exactement.
8 Il s'agit d'un document exceptionnel, comme aurait envie de vous
9 poser la question le Juge Rodrigues. Vous qui ne faites jamais de
10 politique, vous dont vous nous avez dit depuis le début que vous ne vous
11 occupiez que des problèmes militaires dans un distinction très subtile,
12 mais qui est la vôtre, vous appelez Dario Kordic, vous alertez le ministre
13 de la Défense. Et là, vous nous dites que c'était un détail de la réunion
14 du matin, que chacun prenait note du fait que, oui, j'ai saisi le SIS.
15 Il faut bien comprendre que le Procureur insiste sur cette
16 question et que les Juges insistent aussi.
17 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, Messieurs
18 les Juges, j'ai déjà dit que pour ce qui était de tous les événements qui
19 se produisaient, nous rédigions un rapport opérationnel. Ces rapports sont
20 envoyés au quartier général du HVO, notamment les ordres qui ont été émis
21 ce jour-là et, sur la base de ces rapports, des missions, des tâches
22 spécifiques étaient confiées aux différentes personnes compétentes.
23 Voilà la réponse que j'apporte à la question qui m'a été posée
24 par le Procureur.
25 M. le Président. Avez-vous des questions complémentaires, Juge
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1 Rodrigues ? Sinon, Monsieur le Procureur, nous passons à un autre type de
2 questions. Il faut enregistrer la réponse du témoin telle qu'elle est.
3 Monsieur le Juge Rodrigues avez-vous une autre question, de
4 façon à nous permettre, M. le Juge Shahabuddeen, moi-même et vous-même, de
5 savoir en fin de compte si c'était un simple détail, si vous n'étiez
6 préoccupé d'Ahmici, que parce que la Communauté internationale avait dit
7 qu'elle s'en préoccupait ou si véritablement vous avez conduit une enquête
8 conscience, convaincue et convaincante.
9 Monsieur le Juge Rodrigues, aidez-nous.
10 M. Rodrigues. Je m'excuse de poser cette question car je
11 devrais peut-être avoir cette information. J'aimerais m'adresser à
12 Me Nobilo pour savoir si, dans l'interrogatoire principal du Brigadier
13 Marin, vous avez posé directement la question à ce témoin de savoir, à
14 propos de la question de l'ordre oral que le général aurait rendu, le
15 matin du jour de la réunion ? Avez-vous posé la question au témoin Marin ?
16 M. Nobilo (interprétation). Monsieur le Juge, mon collègue,
17 Me Hayman, va vérifier cela de son côté, mais je vais essayer de vous
18 répondre du mieux que je le peux pour le moment.
19 Je n'ai pas posé cette question au général de brigade, Marin,
20 pour autant que je m'en souvienne.
21 M. Hayman (interprétation). A la page 12 528, il apparaît que
22 le général de brigade, Marin, s'est vu montrer l'ordre du 10 mai 1993. La
23 question lui a été posé : "Est-ce que vous aviez déjà vu ce document ?"
24 Réponse du Général Marin : "Non, je ne l'ai pas vu, il a été remis
25 directement au commandant. Je vous le répète, il ne s'agissait pas là de
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1 mon champ de compétences. Il s'agissait là des activités reliées à
2 l'enquête. Mais je connais M. Sliskovic, l'assistant du commandant de la
3 zone opérationnelle de Bosnie centrale et je reconnais sa signature sur le
4 document."
5 M. Nobilo (interprétation). - Je remercie Me Hayman.
6 Monsieur le Juge, lorsque nous essayons d'en savoir un plus sur
7 des événements qui se sont produits il y a 6 ans, nous pouvons essayer de
8 demander au général de Brigade Marin quels sont les principes fondamentaux
9 qui régissaient les événements à l'époque et dont il se souvient. Mais
10 nous ne pouvons exiger de lui qu'il nous apporte des détails que si nous
11 pouvons lui soumettre des documents qui lui rafraîchissent la mémoire.
12 Si le général de Brigade Marin ne voit pas de documents, il est
13 évident qu'il a beaucoup de mal à se souvenir de quoi que ce soit. Mais si
14 on lui soumet un document, il est possible Slavko Marin se remémore
15 certains détails et nous en fasse part. Mais un événement, en l'occurrence
16 un ordre oral émis il y a 6 ans dans le cadre d'une guerre, impossible de
17 s'en souvenir.
18 Et nous ne voulions pas lui suggérer quoi que ce soit. Il se
19 fondait pour nous répondre sur ses propres souvenirs six ans après les
20 faits et sur ce dont il arrivait à se souvenir après avoir consulté les
21 documents que nous lui soumettions. Outre ces deux sources d'information,
22 nous ne pouvions rien ajouter d'autre et rien lui suggérer.
23 M. le Président. - Monsieur le Procureur veuillez continuer.
24 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien Monsieur le Président, je
25 dirais au Juge Rodrigues que hier, je suis revenu moi aussi sur le compte
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1 rendu de la déposition du Général de brigade Marin. J'ai regardé
2 l'interrogatoire principal, le contre-interrogatoire , et il n'y a mention
3 nulle part de cet ordre oral du 24 avril 1993.
4 M. le Président. - Combien de temps, Monsieur le Procureur, pour
5 relire tout cela ?
6 M. Kehoe (interprétation). - Un certain temps. Général, si vous
7 n'avez pas dit à
8 Petkovic, à Kordic et à Stojic, que vous aviez demandé par voie d'un ordre
9 oral qu'une enquête soit menée, si vous ne leur avez pas dit cela, dans
10 cette pièce que j'ai entre les mains, la pièce 458/58, les avez-vous tout
11 de même informés de votre intention de mener une enquête sur ces
12 événements à un moment quelconque ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Bien entendu, j'ai informé le
14 chef du grand quartier général de l'ordre relatif à l'enquête, car c'était
15 mon devoir d'informer de tous les événements le chef du grand quartier
16 général. C'est ce que j'ai fait aussi bien dans des rapports opérationnels
17 que dans des rapports extraordinaires.
18 M. Kehoe (interprétation). - L'avez-vous tenu au courant de ce
19 qui se déroulait dans le cours de l'enquête. L'avez-vous informé de
20 certaines des difficultés auxquelles vous faisiez face pour mener cette
21 enquête ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Le chef du grand quartier était
23 mon supérieur direct. Bien entendu, je l'ai informé au sujet du
24 déroulement de l'enquête et des difficultés que je rencontrais et de tout
25 le reste.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous demandé au chef du grand
2 quartier général ou à Stojic ou à Kordic d'intervenir auprès du chef du
3 SIS, afin que l'enquête puisse se conclure rapidement ? L'avez-vous fait?
4 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais demandé
5 l'intervention de Kordic vis-à-vis de ceci. Je n'estimais pas que
6 c'étaient ses compétences. Mais j'ai demandé au chef du grand quartier
7 général d'intervenir dans ce sens. C'est-à-dire dans le sens de
8 l'achèvement de l'enquête. J'ai donc, je répète, informé le chef du grand
9 quartier général du déroulement de l'enquête et des problèmes que posait
10 cette enquête.
11 M. Kehoe (interprétation). - Avez-vous des documents en votre
12 possession, ou y a-t-il eu des documents versés au dossier de ce procès à
13 l'appui de ce que vous dites, documents autres que votre chronologie ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Le document est mon journal de
15 guerre et les rapports que j'ai envoyés au chef du grand quartier général
16 durant le mois de septembre 1993. J'ai parlé de cela dans ma chronologie.
17 M. Kehoe (interprétation). - Donc, votre réponse à ma question
18 consiste à dire que vous ne possédez aucun document et qu'il n'y a aucun
19 document versé au dossier de ce procès à l'appui de la déclaration que
20 vous faites, selon laquelle vous auriez demandé l'aide de Petkovic.
21 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas sur moi ces
22 documents. Je ne les ai pas ici avec moi, mais je sais que ce document
23 existe dans mon journal de guerre, ainsi que dans le mémoire résumé que
24 j'ai envoyé au chef du grand quartier général au mois de septembre 1993.
25 L'un des problèmes qui se posait a été la non efficacité de l'enquête au
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1 sujet des crimes commis à Ahmici,.
2 M. Kehoe (interprétation). - Donc, Général, le seul élément de
3 preuve dont nous disposons au sujet de ordre oral du 24 avril 1993 c'est
4 votre parole, n'est-ce pas?
5 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit qu'il existait au
6 moins deux documents traitant de cela : mon journal de guerre personnel et
7 le journal de guerre de l'adjoint chargé de la sécurité.
8 M. Hayman (interprétation). - Il s'agit d'une discussion
9 inconvenante Monsieur le Président. Demandez : "Y a-t-il un autre élément
10 de preuve" est inconvenant. Nous pouvons discuter de la nature des autres
11 éléments de preuve, mais je pense que c'est une question impropre de
12 demander au témoin de discuter l'état d'un élément de preuve dans ce
13 procès. La question posée au témoin : "Existe-t-il d'autres éléments de
14 preuve versés au dossier de ce procès qui sont à l'appui de ce que vous
15 venez de dire ?"
16 M. le Président. - Je crois qu'il faut garder raison. Je vous
17 rappelle d'ailleurs que la Chambre avait demandé la production de ce
18 journal de guerre, il me semble. Je crois que vous venez de répondre à la
19 Chambre. Il me semble qu'on a demandé au titre de l'article 98, mais je
20 n'ai pas encore lu la version française de votre réponse. Mais, j'ai cru
21 comprendre d'après ce que m'a dit Olivier Fourmy, que vous ne pouviez pas
22 le fournir. Donc il ne me paraît pas illégitime que le Procureur demande
23 au témoin -qui est témoin ici, il n'y a rien d'inconvenant ici, il n'est
24 pas accusé ici, il est témoin- de demander s'il y a d'autres éléments de
25 preuve à l'appui de ses dires.
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1 C'est peut-être une question de culture judiciaire entre ce qui
2 se passe dans votre système judiciaire et ce qui est plus coutumier chez
3 moi. Ici, nous avons effectivement cette particularité d'avoir un accusé
4 qui est témoin. Mais, il a choisi d'être témoin, donc il faut qu'il puisse
5 répondre très simplement aux questions. Il nous dit lui même c'est dans
6 mon journal de guerre. Je crois que la Chambre a demandé le journal de
7 guerre, je crois que nous ne l'aurons pas. J'attends de voir vos arguments
8 d'ailleurs pour savoir si nous devons l'imposer ou si nous devons aller
9 plus loin. Mais, ceci est une discussion qui aura lieu entre mes collègues
10 et moi-même. Mais pour le reste, ça ne me paraît pas totalement
11 inconvenant, ça vous a peut-être surpris. Peut-être que la formulation n'a
12 pas été très adroite. Il ne faut pas y attacher plus d'importance que
13 cela, Maître Hayman. D'accord ?
14 M. Hayman (interprétation). - D'accord.
15 M. le Président. - Monsieur le Procureur, voulez-vous
16 poursuivre ?
17 M. Kehoe (interprétation). - Oui, Monsieur le Président
18 Penchons-nous sur votre ordre lié à la nécessité d'une enquête, nous
19 trouvons cela dans deux pièces à conviction : 456/59 de l'accusation,
20 pièce de la défense 341. L'un ou l'autre de ces documents pourra être
21 utile.
22 M. le Président. - Monsieur le Procureur, nous avons encore
23 10 minutes environ.
24 M. Kehoe (interprétation). - Je pense que, pendant ces
25 dix minutes, je pourrai couvrir un sujet. Général, votre ordre du
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1 10 mai 1993, adressé au service d'information et de sécurité le SIS et
2 portant sur l'enquête sur les événements d'Ahmici. Cet ordre du
3 10 mai 1993 a
4 été délivré trois semaines et demi après les événements d'Ahmici, n'est-ce
5 pas?
6 M. Blaskic (interprétation). - Oui, mais c'est le troisième
7 ordre que je transmets à mon assistant chargé de la sécurité de façon à
8 faire pression, de plus en plus, sur la nécessité que l'enquête produise
9 des résultats.
10 M. Kehoe (interprétation). - Général cela se passe après la
11 visite d'une délégation des Nations Unies, à Ahmici. Cette visite s'est
12 déroulée le 24 avril 1993, et nous en avons déjà parlé, vous en avez parlé
13 également hier avec le Juge Shahabuddeen, n'est-ce pas ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Je sais qu'il y a eu pas mal de
15 délégations qui se sont rendues à Ahmici. Et je sais que j'ai parlé d'une
16 délégation des Nations Unies avec le Colonel Stewart, je crois que cela
17 s'est passé le 24 avril 1993.
18 M. le Président. - Allez-y, poursuivez. Excusez moi.
19 M. Kehoe (interprétation). - Général, cela s'est passé après
20 votre rencontre avec le Colonel Stewart, le 4 mai 1993. C'est donc après
21 votre rencontre, dont il est question dans la pièce à conviction de
22 l'accusation 695, que Stewart dit une nouvelle fois que rien ne s'est
23 passé au sujet de la Commission d'enquête relative à Ahmici depuis
24 18 jours. Et l'ordre, dont nous sommes en train de parler, traite de cela
25 également, n'est-ce pas?
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1 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit que je n'ai pas
2 participer à toute la réunion du 4 mai. Ce n'était pas une réunion avec le
3 Colonel Stewart. C'est le président de cette réunion, M. Thébault, qui a
4 surtout parlé. Et je n'ai été invité qu'à la fin de cette réunion.
5 Effectivement elle a eu lieu le 24 mai 1993.
6 M. Kehoe (interprétation). - Votre ordre du 10 mai se situe
7 également après la visite de Payam Akhavan, qui était représentant de la
8 Commission des Droits de l'homme des Etats-Unis, n'est-ce pas ?
9 M. Blaskic (interprétation). C'est effectivement l'ordre qui a
10 été délivré dont nous parlons. Mais j'ai déjà dit que c'est le 24 avril
11 1993 que j'ai délivré un ordre destiné à mon
12 assistant chargé de la sécurité.
13 M. Kehoe (interprétation). - L'ordre dont nous sommes en train
14 de parler a été rédigé après la réunion que vous avez eue avec M. McLeod,
15 représentant de la Commission des observateurs de la communauté
16 européenne, qui enquêtait en Bosnie centrale, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Un instant, je vous prie. J'ai
18 eu, aux alentours du 8 mai 1993, une rencontre avec M. McLeod.
19 M. Kehoe (interprétation). Général, vous conviendrez avec moi
20 que cette rencontre avec M. McLeod s'est déroulée deux jours avant la
21 délivrance de votre ordre destiné au Service d'informations et de sécurité
22 qui date de 10 mai, n'est-ce pas ?
23 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
24 M. Kehoe (interprétation). - Ce document a également été délivré
25 après que vous ayez appris que les Nations Unies envisageaient de créer un
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1 tribunal chargé de juger les crimes de guerre commis sur le territoire de
2 l'ex-Yougoslavie, n'est-ce pas ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me rappelle pas à quelle
4 date précise j'ai appris la création du Tribunal. Je ne suis pas sûr,
5 aujourd'hui, d'avoir la possibilité de me rappeler exactement cette date.
6 Mais avant cet ordre, j'ai reçu un rapport du service de sécurité, la
7 liste des cadavres, notamment les cadavres d'Ahmici, aux alentours du 29
8 ou du 30 avril 1993.
9 M. le Président (interprétation). - Dans mes notes personnelles,
10 mais je me suis peut-être trompé, j'avais le sentiment que, le 9 mai, il y
11 avait eu une réunion avec le colonel Duncan.
12 M. Kehoe (interprétation). Effectivement, Monsieur le
13 Président, il y a eu une autre rencontre, une autre réunion le 9 mai.
14 Restons sur ce sujet que vient d'aborder le Président de la
15 Chambre. L'ordre a été délivré le lendemain du jour où vous avez rencontré
16 le colonel Duncan qui, lui, s'est enquis auprès de vous des événements
17 d'Ahmici, n'est-ce pas ?
18 M. Blaskic (interprétation). - L'ordre a été délivré après cette
19 réunion, mais j'ai déjà dit que j'ai reçu, aux alentours du 30 avril 1993,
20 un rapport du service de sécurité après mon premier ordre. A ce moment-là,
21 j'ai délivré un nouvel ordre destiné à ce que l'enquête se poursuive. Dans
22 le premier rapport reçu, figurait la liste des cadavres liés aux morts
23 d'Ahmici.
24 M. Kehoe (interprétation). - Général, l'ordre dont nous sommes
25 en train de parler a été délivré par vous, après que vous ayez pris
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1 pleinement conscience que les crimes d'Ahmici avaient suscité l'émoi au
2 sein de la communauté internationale et que cette communauté
3 internationale était extrêmement intéressée à découvrir ce qui s'était
4 passé à Ahmici et quelle était l'identité des auteurs de ces crimes,
5 n'est-ce pas ?
6 M. Blaskic (interprétation). - L'ordre destiné au SIS, je l'ai
7 délivré le 24 avril 1993, au moment où je me suis rendu compte que je
8 n'avais pas la certitude que la commission conjointe allait accepter de
9 mener cette enquête et allait mener cette enquête. Je n'avais pas reçu la
10 réaction du colonel Stewart à ma lettre.
11 Le premier rapport, je l'ai reçu le 30 avril 1993 déjà, date à
12 laquelle j'ai délivré un deuxième ordre à destination du service de
13 sécurité. Quant à l'ordre dont nous parlons, compte tenu du délai, nous
14 nous rendons bien compte qu'en quinze jours, il était absolument
15 impossible d'achever l'enquête. Cet ordre avait pour but d'augmenter la
16 pression sur le service de sécurité afin d'obtenir que l'enquête soit
17 véritablement menée de façon approfondie.
18 M. le Président (interprétation). Général Blaskic, si vous
19 édictez un ordre le 10 mai qui, dans votre esprit, est un ordre de rappel
20 parce vous n'êtes pas satisfait des réponses données à vos ordres verbaux
21 émis depuis le 23 ou 24 avril, est-ce que vous n'auriez pas eu un intérêt
22 à dire, dans cet ordre-là, dans l'ordre du 10 mai, n'auriez vous pas eu
23 intérêt à rappeler que vous aviez émis des ordre verbaux et, qu'à vos
24 yeux, il n'y avait pas été répondu de façon suffisante ?
25 Première question : dans les considérations des quatre premières
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1 lignes, vous dites :
2 "Depuis plusieurs jours, diverses rumeurs courent dans le public
3 concernant les événement d'Ahmici, le 14 mai, etc. afin de pouvoir
4 analyser les événements". Ma première question est donc celle-ci :
5 n'auriez-vous pas eu intérêt à dire : "Malgré les demandes pressantes,
6 verbales et orales que j'ai pu faire de ces événements, je réitère l'ordre
7 suivant : " ?
8 Deuxième question : dans l'ordre lui-même, n'auriez-vous pas eu
9 intérêt à dire : "Je reconfirme l'assistant du Service de sécurité dans sa
10 tâche de bien vouloir achever cette enquête le 25 mai" ?
11 Ma conclusion. Vous le voyez, avant que vous ne répondiez, on à
12 le sentiment quand on lit, qu'il n'y a pas lieu de ne pas vous croire.
13 Vous le dites sous serment, mais je dois reconnaître, quand on lit l'ordre
14 du 10 mai, qu'on a plutôt l'impression d'un premier ordre. Formellement,
15 vous qui êtes un homme qui vous appliquez beaucoup à la forme, c'est
16 plutôt cela formellement, c'est : "Depuis plusieurs jours, des rumeurs
17 courent dans le public. J'ordonne de rassembler des informations et je
18 nomme un assistant". Sentez-vous ma préoccupation ?
19 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, absolument
20 tous les jours, j'avais des contacts avec l'assistant chargé de la
21 sécurité. J'ai des notes qui m'indiquent à quel moment, par exemple, le
22 5 mai 1993, j'ai exigé de lui les résultats de l'enquête. C'était donc
23 plus tôt. Et de lui, j'ai reçu la réponse que le service était au travail.
24 Ensuite, le 8 mai 1993, je lui ai demandé de nouveau des
25 rapports au sujet de l'enquête en vertu de l'ordre émis. Je n'ai pas reçu
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1 ces rapports. Le 9 mai, je demande aussi un rapport. On m'informe de
2 nouveau de la part du service de sécurité : le service travaille ; quand
3 les résultats seront obtenus, j'en serai informé.
4 C'est pourquoi j'ai délivré cet ordre comme un ordre écrit.
5 C'est la raison pour laquelle je considérais cet ordre écrit comme une
6 forme de pression supplémentaire sur l'assistant chargé de la sécurité.
7 Peut-être aurais-je pu inclure toutes les dates de mes ordres
8 précédents, toutes les dates de ma correspondance avec lui dans cet
9 ordre ? Mais toute rencontre que j'avais avec l'assistant chargé de la
10 sécurité est consignée dans mon journal de guerre et dans le sien.
11 M. le Président (interprétation). Je vous rappelle, puisque
12 nous sommes ici des professionnels de la justice pénale, que votre ordre
13 se présente un peu comme celui d'un chef d'enquête. Relisez-le bien,
14 Général. Vous nous avez dit tout à l'heure que c'étaient les spécialistes,
15 que ce n'était pas vous : vous vous occupiez des combats, pas de
16 l'enquête. Vous aviez désigné un service spécialisé. Relisez bien votre
17 ordre.
18 Dans le premièrement, vous dites : "J'ordonne de rassembler
19 toutes les informations". Ces informations dont, ce matin encore, au Juge
20 Rodrigues ou au Procureur, vous disiez que ce n'était pas votre tâche
21 directe de rassembler les informations. Et là, curieusement, dans votre
22 n° 1, vous dites : "J'ordonne de rassembler les informations".
23 Dans le n° 2, vous nommez l'assistant, c'est vrai, mais
24 responsable pour rassembler les informations. Vous ne dites pas : "Je le
25 nomme pour faire l'enquête". On a l'impression que c'est vous qui prenez
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1 en charge l'enquête. C'est un peu contradictoire avec ce que vous nous
2 avez dit jusqu'à présent.
3 M. Blaskic (interprétation). Au point 1, je demande des
4 informations et je ne sais pas comment le mot a été traduit. Je demande
5 spécifiquement des informations relatives au nombre de victimes, à la
6 façon dont elles ont été tuées et aux auteurs de l'acte. Je demande donc
7 des informations d'une nature précise. Il y avait différentes rumeurs qui
8 circulaient. Les informations disponibles étaient très diverses. J'ai
9 demandé que l'assistant chargé de la sécurité recueille toutes les
10 informations et qu'il me les remette. Ensuite, je demande précisément le
11 nombre des morts et la façon dont ces personnes sont mortes. Je ne suis
12 pas un expert.
13 M. le Président (interprétation). Pourquoi, à ce moment-là,
14 vous faites cela ? Parce que la communauté internationale s'est émue ?
15 Pourquoi, le 10 mai, vous estimez que
16 vous êtes responsable de cette collection des informations, alors que,
17 depuis le 16 avril, soit vous ne savez pas, entre 16 et 22 avril, lettre
18 du colonel Stewart, soit à partir du moment où vous savez ? Vous avez dit
19 depuis hier même : "J'ai ordonné une enquête" : pourquoi pas le 23, parce
20 que vous dites : "J'ai envie de savoir ce qui s'est passé". On attend le
21 10 mai pour connaître cela. Vous allez me répondre peut-être parce que
22 vous aviez donné des ordres verbaux.
23 M. Blaskic (interprétation). - Si cet ordre était le premier, il
24 n'aurait pas été réaliste de s'attendre que cet ordre soit réalisé en
25 quinze ou dix jours. Parce qu'une enquête -ne serait-ce le recueil des
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1 résultats préliminaires- exige davantage de temps. Par cet ordre, je
2 voulais obtenir une pression supplémentaire sur l'assistant du service de
3 sécurité pour qu'il me remette une information écrite au sujet de ce qui
4 s'était passé.
5 Le plus gros problème était d'obtenir par écrit des noms sur un
6 texte écrit, signé disant que, dans ces circonstances de guerre, il
7 s'était passé telle ou telle chose.
8 M. le Président (interprétation). Juge Rodrigues, cela peut
9 être une question.
10 M. Rodrigues. - Vous êtes un militaire. Vous êtes habitué aux
11 questions de l'organisation, nous avons parlé sur cette question. C'est
12 plus efficient et efficace peut-être de donner cet ordre le 23 avril que
13 donner un ordre verbal. Si vous étiez, le 23, aussi préoccupé, comme vous
14 nous le dites, je continue et partage la perplexité de M. le Président, le
15 Juge Jorda : pourquoi n'avez-vous pas fait cela immédiatement, le 23. Du
16 point de vue même de l'organisation, c'est plus efficient. Votre
17 subordonné, s'il a dans sa tête un ordre oral, c'est une chose. Si on voit
18 un papier, un ordre écrit sur sa table, c'est différent je crois. Qu'en
19 dites-vous ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, le commandement
21 fonctionnait de telle sorte que toutes nos tâches, tous nos ordres étaient
22 consignés dans le journal de guerre.
23 M. Rodrigues. (hors micro) Votre commandement fonctionnait de
24 telle sorte qu'il pouvait émettre cet ordre. La question est : pourquoi le
25 10 mai et pas le 23 avril ? Vous aviez les mêmes moyens, le papier, la
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1 possibilité d'écrire, etc., vous avez quand même un récepteur pour cet
2 ordre ?
3 M. Blaskic (interprétation). C'est clair, je m'attendais à ce
4 que des informations me parviennent après mon premier ordre, celui du 24.
5 Quand j'ai constaté que ces informations mettaient beaucoup de temps à me
6 parvenir, malgré tout ce que je demandais, j'ai décidé d'exercer une
7 pression supplémentaire.
8 En général, mes ordres n'étaient pas écrits, mes ordres à mes
9 auxiliaires directs. Ce n'était pas le règlement. En général, au sein d'un
10 quartier général, quand on distribue des tâches et que l'on donne des
11 ordres, on le fait par voie orale. En général, la personne à qui on donne
12 cet ordre oral est tenue de l'exécuter. Or, dans ce cas précis, j'ai n'ai
13 pas reçu toutes les informations demandées, j'ai donc décidé d'exercer une
14 pression supplémentaire sur mon assistant chargé de la sécurité.
15 M. le Président (interprétation). - Il est temps d'arrêter les
16 travaux. Les interprètes doivent être fatigués. Nous reprenons qu'à
17 14 heures 45. Merci.
18 L'audience est suspendue à 13 heures 10.
19 L'audience est reprise à 14 heures 50.
20 M. le Président. L'audience est reprise. Monsieur le
21 Procureur, poursuivez.
22 M. Kehoe (interprétation). Merci, Monsieur le Président.
23 Général, je souhaite que l'on continue là où on s'est arrêté, c'est-à-
24 dire, Monsieur le Greffier, à la pièce à conviction de l'accusation
25 356/59 : c'est l'ordre du mois de mai 1993. Si le témoin ne dispose pas de
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1 ce document, veuillez lui remettre. Puis, je demande qu'on lui remette
2 également
3 M. le Président. Quel est le numéro de la pièce ?
4 M. Kehoe (interprétation). - 456.
5 Permettez-moi de clarifier quelque chose : ce document a été
6 repris à la fois par l'accusation et la défense. C'est la pièce de
7 l'accusation 456/59 et, pour la défense, il s'agit de la pièce à
8 conviction de la défense numéro 341. En fait, c'est le même document.
9 Et puis, Général, je souhaite également que vous examiniez la
10 pièce à conviction de l'accusation numéro 532.
11 Général, encore une fois, en ce qui concerne la date de votre
12 rapport, qui est le 10 mai 1993, je souhaite maintenant que vous examiniez
13 la pièce à conviction numéro 532. Il s'agit là d'un rapport concernant une
14 réunion de la communauté croate d'Herceg-Bosna qui a eu lieu le 29 avril
15 1993. Je souhaite attirer votre attention sur deux lieux : c'est sur la
16 page 3, dans la version en anglais, et en haut de la page 4, dans la
17 version en croate. En haut de la partie intitulée "Ivica Santic".
18 Dans la partie Ivica Santic de ce document, en date du 29 avril,
19 c'est-à-dire la date de la réunion, où les hauts responsables de la
20 communauté croate d'Herceg-Bosna étaient présents, Ivica Santic, le maire
21 de Vitez, a souligné "l'attitude inacceptable du HVO, de l'armée du HVO
22 envers le gouvernement du HVO". Il a appris par hasard, huit heures avant
23 l'attaque de Vitez. Il a souligné l'initiative du HVO dans des
24 municipalités de la Bosnie centrale, en ce qui concerne le travail et les
25 activités dans cette partie de la communauté croate d'Herceg-Bosna, ce qui
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1 n'a pas été admis dans la communauté croate d'Herceg-Bosna.
2 Il a également souligné les erreurs du HVO, des unités du HVO :
3 "Personne ne peut justifier les crimes d'Ahmici : beaucoup de dommages ont
4 été infligés ; la réaction de la Forpronu : les Anglais sont très mauvais
5 pour nous ; ils croient que M. Boban et M. Izetbegovic doivent venir en
6 Bosnie centrale. Et les gens doivent se comporter de nouveau de manière
7 organisée."
8 Je souhaite maintenant, Général, attirer votre attention sur la
9 dernière page, les
10 commentaires de Mate Boban.
11 Merci, Monsieur le Greffier.
12 Il est dit, lors de la clôture, que dans le cadre de ses
13 commentaires, Mate Boban a souligné que les individus, sur tous les
14 niveaux, doivent accomplir leur tâche ou partir. Deuxièmement, s'agissant
15 de la prise de décision, il faut tenir compte de certains facteurs
16 contraignants surtout en ce qui concerne la République de Croatie. Et, en
17 ce qui concerne les événements de Vitez, et notamment le village d'Ahmici,
18 les ministres de l'Union Européenne ont presque annoncé les sanctions
19 contre la Croatie.
20 Général, cette réunion qui, d'après ce rapport, a eu lieu le
21 29 avril 1993, reflète le fait que l'Union Européenne était sur le point
22 d'imposer des sanctions au gouvernement de Croatie à cause d'Ahmici. Cette
23 réunion s'est tenue onze jours avant votre ordre du 10 mai 1993. Etes vous
24 d'accord avec moi sur ces chiffres, Monsieur ?
25 M. Blaskic (interprétation). - La réunion de Citluk
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1 effectivement, d'après les documents que je vois Mais avant, je n'ai pas
2 eu l'occasion de les voir et je n'ai pas participé à cette réunion qui a
3 eu lieu le 29 avril 1993. En ce qui concerne l'ordre sur l'enquête
4 d'Ahmici, je l'ai donné le 24 avril 1993, alors que ce document par écrit
5 ne fait que refléter le fait que quelque chose se passait entre moi et
6 l'adjoint chargé de la sécurité. Il s'agissait du fait que quelque chose a
7 provoqué mon mécontentement ; il s'agissait d'une intervention
8 exceptionnelle, étant donné que, d'habitude, je faisais part de mes
9 opinions oralement et non pas par écrit.
10 M. Kehoe (interprétation). - Ivica Santic était maire de la
11 ville de Vitez à l'époque, n'est-ce pas?
12 M. Blaskic (interprétation). - Oui, il était maire de Vitez à
13 l'époque. Et je crois que c'est par le biais, grâce à la Forpronu qu'il a
14 été transporté au lieu de cette rencontre, et grâce aux photos que nous
15 avons vues : lorsque j'ai dit que je n'ai pas assisté à la réunion,
16 c'étaient les photographies prises devant l'hôtel. Je pense que c'est
17 seulement grâce à la Forpronu qu'il a pu
18 arriver jusqu'à l'hôtel.
19 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de votre interrogatoire
20 principal, vous nous avez dit avoir été en contact avec M. Santic, n'est-
21 ce pas ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Oui, j'ai contacté M. Santic.
23 J'ai examiné ce document. Sur la page 3, ce qui est intéressant, c'est de
24 voir le commentaire du président de la Fédération de Bosnie-Herzégovine,
25 M. Kresimir Zubak.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Excusez moi, Général, ce n'est pas
2 la question que je vous ai posée.
3 Vous avez eu un contact après cette réunion du 29 avril et avant
4 d'avoir émis cet ordre par écrit demandant de mener une enquête sur
5 Ahmici, l'ordre du 10 mai 1993 ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Dans ma chronologie, chaque
7 contact avec M. Santic est noté. Il faudrait que je vérifie cette période
8 entre le 29 avril et le 10 mai, pour vérifier si j'ai eu des contacts avec
9 M. Santic ou pas.
10 M. Kehoe (interprétation). - Veuillez vérifier en ce qui
11 concerne le mois de mai, le 1er mai. Le 1er mai, n'avez-vous pas rencontré
12 un des responsables du UNHCR, et puis M. Santic et puis M. Skopljak, à
13 Vitez ?
14 M. Blaskic (interprétation). - Le 1er mai, j'ai rencontré M. De
15 la Motta de la Croix-Rouge. Et, dans mes notes, il n'y a pas
16 d'information selon laquelle MM. Santic et Skopljak ont assisté à cette
17 réunion. D'après moi, ceci ne s'est pas produit pendant mes réunions avec
18 M. De la Motta. Peut-être M. De la Motta les a rencontrés séparément.
19 D'habitude, c'est ce que l'on faisait ; c'était la pratique habituelle.
20 M. Kehoe (interprétation). - Peut-on passer à un huis clos
21 partiel, Monsieur le Président, à ce moment ?
22 M. le Président. Oui, si vous le jugez utile. Nous n'avons pas
23 de moyen de contrôle, sinon d'avertir le public qu'il y a des huis clos
24 partiels lorsque les témoignages, qui
25 étaient eux-mêmes à huis clos, sont rappelés ici, au cours de la présente
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1 audience. Donc, à ce moment-là, le Président ordonne un huis clos partiel,
2 en général, d'une durée relativement courte, n'est-ce pas, puisque
3 l'audience est en principe publique. Il s'agit de cela ? Vous allez lire
4 un témoignage, n'est-ce pas ?
5 (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)
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22 M. le Président. Audience publique, s'il vous plaît.
23 (L'audience se poursuit en audience publique.)
24 M. le Président. Monsieur le Procureur ?
25 M. Kehoe (interprétation). Général, si vous examinez l'ordre
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1 que vous avez émis le 10 mai et si vous examinez d'abord le préambule,
2 vous ne mentionnez pas du tout votre ordre donné oralement auparavant,
3 n'est-ce pas ? Dans le préambule ?
4 M. Blaskic (interprétation). - Dans cet ordre, on ne mentionne
5 pas mon ordre donné oralement, ni d'ailleurs toutes les activités menées
6 afin de recueillir les informations, les activités menées par l'adjoint
7 chargé de la sécurité.
8 M. Kehoe (interprétation). Et vous nous avez dit, lorsque vous
9 mentionnez ici, dans la dernière phrase -je lis- : "Préambule : afin de
10 pouvoir analyser les événements, établir
11 les faits de l'affaire et exécuter l'ordre du HVO, je donne l'ordre
12 suivant : "
13 Général, au cours de l'interrogatoire principal, vous avez dit
14 que cela se référait à l'ordre du général de brigade Petkovic, du 30
15 avril. Est-ce que vous vous souvenez de cette partie de votre déposition ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Dans cette partie de l'ordre où
17 je fais référence à l'ordre du général de brigade Petkovic aussi, il est
18 vrai que, le 30 avril, au cours de la réunion avec tous les membres du
19 commandement, il a insisté pour qu'on aille jusqu'au bout dans l'enquête
20 concernant les noms des auteurs et des suspects.
21 M. Kehoe (interprétation). - Sur la page 19.081 et 82, vous avez
22 dit que Petkovic a donné des ordres à vos subordonnés. Qui sont vos
23 subordonnés auxquels Petkovic a donné des ordres, ce 30 avril ?
24 M. Blaskic (interprétation). Au cours de la réunion que nous
25 avons eue M. Petkovic, il n'y a que moi qui étais subordonné à Petkovic.
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1 Il y avait des personnes qui étaient mes subordonnés, qui étaient membres
2 de mon commandement, qui ont assisté à cette rencontre, le 30 avril 1993.
3 M. Kehoe (interprétation). - Est-ce que M. Marin faisait partie
4 de ce groupe qui a entendu M. Petkovic donner cet ordre, au cours de la
5 réunion du 30 avril 1993, étant donné que c'était votre chef des
6 opérations à l'époque ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Etant donné qu'il était le
8 principal officier opérationnel, s'il n'était pas, à ce moment, dans la
9 salle des opérations, dans ce cas-là, il était à la réunion. Je ne sais
10 pas où était Nakic à ce moment-là. Si Nakic n'a pas assisté à la réunion,
11 Marin l'a certainement fait. A l'inverse, si Nakic y était, Marin n'y
12 était pas. Mais l'un des deux y était certainement.
13 M. Kehoe (interprétation). - Général, est-ce que cela vous
14 surprendrait si vous constatiez qu'en lisant un grand nombre de pages
15 concernant la déposition de M. Marin, à la
16 fois dans le cadre de son interrogatoire principal et dans le cadre du
17 contre-interrogatoire, il n'a pas dit un seul mot concernant la réunion
18 avec Petkovic qui a eu lieu le 30 et l'ordre de Petkovic concernant
19 l'enquête sur Ahmici ?
20 M. Blaskic (interprétation). Non, je ne serais pas surpris
21 car, du point de vue de M. Marin, Petkovic n'était pas son supérieur
22 direct. Je ne sais pas s'il a déjà témoigné du fait qu'il a eu une réunion
23 avec M. Petkovic. Dans l'armée, Marin était le chef opérationnel ; il
24 était membre du commandement et il était un officier qui faisait partie de
25 mon état-major. Je ne crois donc pas qu'il figure, parmi ces notes, que le
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1 chef d'état-major principal a eu une réunion avec M. Marin en tant que
2 membre de commandement. Etant donné que, puisque le chef d'état-major
3 principal est mon supérieure direct, il a des réunions avec moi et non pas
4 avec mes subordonnés.
5 M. Kehoe (interprétation). - Pendant que vous étiez au poste du
6 commandement opérationnel de la Bosnie centrale, combien de fois Petkovic
7 est-il venu ? Combien de fois a-t-il donné un ordre direct à l'hôtel
8 Vitez ? Combien de fois : une fois, deux fois, dix fois, vingt fois ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Certainement pas chaque semaine.
10 Il faudrait que je consulte ma chronologie personnelle pour connaître le
11 nombre exact de ce genre d'événement. Par exemple, je sais que, quand il a
12 été à Zenica, le 28 puis le 30, qu'il a eu une réunion. Après, je sais que
13 j'ai eu une réunion avec lui, le 10 juin environ. Il faudrait que je
14 consulte ma chronologie pour voir à quel moment j'ai eu d'autres réunions
15 avec le général Petkovic.
16 M. Kehoe (interprétation). - Vous pouvez le faire d'ici demain.
17 J'ai une autre question : est-ce que vous seriez surpris de savoir que,
18 lorsque le général de brigade discutait de l'ordre du chef d'état-major
19 principal, il a l'impression non pas que vous étiez en train de vous
20 référer à son ordre donné oralement le 30 avril, mais de son ordre du
21 18 avril ?
22 Je vais lire la partie pertinente de sa déposition. C'est sur la
23 page 13.684 : "Blaskic
24 ne l'a même pas dit sur sa propre initiative".
25 Et puis, Monsieur le Président, je souhaite ajouter le fait que
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1 cette partie de la déposition a été entendue dans le cadre d'un huis clos.
2 Il s'agit de cinq ou six lignes peut-être.
3 M. le Président. Nous les rappelons en huis clos : huis clos
4 partiel, s'il vous plaît.
5 L'audience se poursuit à huis clos partiel.
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1 (expurgée)
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6 (L'audience se poursuit en audience publique)
7 M. le Président. Poursuivez-, Monsieur le Procureur.
8 M. Kehoe (interprétation). Nous restons sur ce document,
9 Général. Vous nous avez déclaré que vous aviez émis cet ordre par écrit
10 parce que et cela apparaît à la page 19 248-, je cite : "Je voulais
11 exercer une pression supplémentaire sur mon collaborateur chargé de la
12 sécurité afin de pouvoir obtenir toutes les informations pertinentes."
13 Général, regardez ce document je vous prie. Avez-vous émis cet
14 ordre et en avez-vous envoyé une copie au SIS, à l'administration chargée
15 de la sécurité à Mostar ?
16 M. Blaskic (interprétation). Je n'ai ni émis d'ordres ni
17 envoyé d'ordres à l'administration chargée de la sécurité à Mostar. C'est
18 mon collaborateur, chargé de la sécurité, qui faisait rapport des
19 activités à Mostar au SIS selon ses propres idées.
20 M. Kehoe (interprétation). Modifions un peu la question,
21 parlons des personnes à qui vous avez envoyé des ordres, par exemple Bruno
22 Stojic au ministère de la Défense. Avez-vous envoyé ce document que j'ai
23 là, à Bruno Stojic, au ministère de la Défense ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai jamais envoyé quelque
25 copie de quel qu'ordre que ce soit au ministère de la Défense. Ce n'était
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1 pas la pratique en vigueur. Il est évident que ceci a été envoyé à la
2 sécurité. Le service de sécurité est tenu, de par ses fonctions, d'en
3 informer le ministère de la Défense.
4 J'ai envoyé une copie de l'ordre au service des opérations et
5 une copie aux archives.
6 M. Kehoe (interprétation). Est-ce que dans votre effort visant
7 à exercer une influence accrue sur le SIS vous avez envoyé une copie de
8 cela à Milivoj Petkovic, peut-être ?
9 M. Blaskic (interprétation). Une copie de ce document à
10 Petkovic ? Non. Cela dit, il était au courant de toutes les activités
11 relatives à la délivrance d'ordre. Je crois que vers le 29 avril, mais, il
12 a reçu un rapport oral à ce sujet. Il faudrait que je vérifie la date.
13 M. Kehoe (interprétation). Mais Général, si vous vouliez
14 exercer une influence supplémentaire sur le SIS, pourquoi n'avez-vous pas
15 choisi d'envoyer une copie à l'administration du SIS à Mostar, à Bruno
16 Stojic, à Milivoj Petkovic, à Dario Kordic ou à tout autre, aux
17 représentants politiques ou représentants du ministère, qui aurait pu
18 exercer une influence sur le SIS pour mener cette enquête à terme.
19 M. Blaskic (interprétation). Il est bien certain que je
20 voulais exercer une pression accrue. J'ai déjà dit que le simple fait que
21 je prenne la peine de rendre un ordre par écrit était une exception.
22 Pourquoi n'ai-je pas envoyé des copies de cet ordre à d'autres ? Cela ne
23 faisait pas partie de mes habitudes et notre règlement intérieur était
24 très précis sur le point de savoir à qui il fallait envoyer des copies des
25 ordres émis, mais le 30 avril, j'ai informé Milivoj Petkovic de toutes les
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1 mesures que j'avais décidé de prendre oralement. Rappelons-nous quel état
2 des moyens de communication qui étaient à ma disposition à l'époque.
3 M. le Président. - Je ne veux pas interrompre le procureur très
4 longtemps, je ne prendrai qu'une seconde. Qu'est-ce que ce règlement que
5 vous nous indiquez tout le temps, règlement qui réglemente jusqu'aux
6 destinataires des copies, Général Blaskic ? J'ai entendu dans la
7 traduction : "Ce n'était pas dans mes habitudes" cela, on peut en
8 discuter parce que vous avez envoyé beaucoup d'ordres pendant votre
9 commandement- "mais ce n'était pas dans l'habitude des destinataires."
10 C'est le règlement qui vous oblige à envoyer à certains
11 destinataires et pas à d'autres ? Je ne comprends pas très bien.
12 M. Blaskic (interprétation). - Il s'agissait d'un règlement
13 interne qui régissait la correspondance interne.
14 M. le Président. - Quelle importance cela peut-il avoir, par
15 rapport aux atrocités commises à Ahmici, de savoir si le jour où le
16 général Blaskic, colonel Blaskic à l'époque, paraît-il veut faire une
17 pression supplémentaire sur un service qu'il aurait saisi, s'arrogeant
18 d'ailleurs des droits d'enquête à ce moment-là, tout d'un coup serait
19 tellement sourcilleux que les destinataires soient conformes au règlement
20 de la JNA, au règlement interne. Il y a quelque chose de difficilement
21 explicable.
22 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, si nous
23 parlons d'un ordre destiné à l'un de mes collaborateurs, je n'avais pas
24 pour habitude d'envoyer des copies de ce type d'ordre à des dirigeants
25 politiques. Cela dit, mon chef d'état-major principal, au cours de la
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1 journée, a pris connaissance de toutes les activités que j'avais prises
2 par le biais de rapports opérationnels.
3 M. le Président. Monsieur le Procureur, je vous rends la
4 parole. Je m'excuse de vous avoir interrompu. Je reconnais que cela ne
5 doit pas toujours être facile pour vous que l'on vous interrompe. Mais
6 cela évitera des questions à la fin parce que l'interrogatoire est
7 tellement long, ainsi que le contre-interrogatoire. Mais il y a des
8 moments où on a besoin de demander un renseignement. J'ai enregistré votre
9 deuxième réponse, plutôt que l'appel au règlement intérieur de je ne sais
10 quelle armée pour savoir si les destinataires étaient conformes à ce qu'il
11 fallait faire par rapport aux crimes d'Ahmici.
12 Monsieur le Procureur, poursuivez, je vous prie.
13 M. Kehoe (interprétation). Général, revenons sur le fait que
14 vous n'avez pas envoyé de rapport. Précédemment, vous avez déclaré que
15 vous aviez quelque difficulté à recueillir des informations du SIS et vous
16 n'étiez pas satisfait du manque de diligence dont ils faisaient preuve
17 d'une certaine façon. Est-ce que vous avez envoyé un rapport à
18 Bruno Stojic, au ministère de la Défense, à Dario Kordic, à
19 Milivoj Petkovic, au directeur du SIS à Mostar, un rapport faisant état du
20 fait que le SIS n'agissait pas avec toute la diligence due en la matière.
21 Si vous avez envoyé un tel rapport, pouvez-vous nous dire quand vous
22 l'avez fait et à qui vous l'avez destiné ?
23 M. Blaskic (interprétation). - A partir de l'ordre, vous pouvez
24 voir que la date
25 limite était celle du 25 mai. Après émission de cet ordre, j'ai insisté
Page 20994
1 auprès de l'assistant, du collaborateur du SIS et j'ai demandé à recevoir
2 le rapport. Le 25 mai, lorsque j'ai vu que je n'avais pas de rapport, je
3 lui ai dit de ne pas venir au quartier général avant de m'avoir envoyé un
4 rapport.
5 Je crois que nous ne parlions pas seulement des faiblesses
6 subjectives dont le SIS faisait état dans le cadre de l'enquête, mais que
7 nous parlions également des circonstances objectives dont il fallait bien
8 tenir compte. L'enquête était menée à une époque où les combats étaient
9 toujours en cours, c'est-à-dire pratiquement tout le temps : il y avait
10 énormément de réfugiés qui arrivaient et il y avait un chaos général qui
11 régnait, une situation qui nous menaçait directement, qui menaçait Vitez,
12 qui menaçait de faire tomber Vitez et toute l'enclave. Donc il y avait des
13 activités de combat, l'armée de Bosnie-Herzégovine attaquait. C'est dans
14 ce type de circonstances que l'enquête était menée. Il y avait ces
15 circonstances très spécifiques et puis des problèmes subjectifs, des
16 difficultés additionnelles qui se posaient. Et moi, oralement, j'ai
17 demandé à obtenir des informations sur les résultats de l'enquête. Et le
18 rapport que j'ai reçu le 25 mai m'a...
19 M. Kehoe (interprétation). Général, ma question est très
20 claire et très simple : est-ce que vous vous êtes plaint auprès de qui que
21 ce soit du fait que le SIS ne travaillait pas de façon assez efficace ?
22 Oui ou non ?
23 M. Blaskic (interprétation). - J'ai commencé à vous répondre,
24 mais je n'ai pas eu le temps de finir.
25 M. Kehoe (interprétation). Général, avec tout le respect que
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1 je vous dois, je répète que ma question est très claire : vous êtes-vous
2 plaint auprès du SIS, vous êtes-vous plaint auprès du ministère de la
3 Défense ou auprès de qui que ce soit d'autre quant au peu de coopération
4 dont faisait état le SIS et quant au peu d'efficacité dont il faisait
5 preuve ? Oui ou non ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Le 29 mai, j'ai informé le chef
7 de l'état-major principal de toutes les failles du processus d'enquête.
8 J'ai souligné notamment le fait que nous n'avions pas le nom des
9 "perpétrateurs" et, deuxièmement, que nous n'avions pas les circonstances
10 précises dans lesquelles les atrocités avaient été commises. Je n'ai pas
11 informé Kordic de ces problèmes parce qu'il ne faisait pas partie de mon
12 commandement. Je ne l'ai pas appelé non plus pour faire état de cette
13 situation. Je n'ai pas non plus appelé le ministère de la Défense parce
14 que le chef de l'état-major principal a des réunions régulières avec le
15 ministère de la Défense. Mais, je le répète, les circonstances de
16 l'enquête étaient particulièrement épineuses.
17 M. Kehoe (interprétation). - Général, le rapport que vous avez
18 envoyé à l'état-major principal et vu ce que vous avez dit le 29 avril,
19 est-ce le même rapport que vous avez finalement obtenu le 25 mai ? Est-ce
20 que c'est de ce rapport dont vous parlez quand vous parlez du rapport
21 envoyé à l'état-major principal ?
22 M. Blaskic (interprétation). - Le rapport a été envoyé à l'état-
23 major principal le 25 mai. Mais, le 29 mai, oralement, j'ai informé de
24 façon plus détaillée le chef de l'état-major du HVO, lors d'une réunion
25 que j'ai eue avec lui.
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1 M. Kehoe (interprétation). Général, lorsque vous avez fini par
2 recevoir ce rapport, le 25 mai, avez-vous également obtenu des copies des
3 entretiens que le SIS avait menés, peut-être des interrogatoires que le
4 SIS avait menés ?
5 M. Blaskic (interprétation). Je ne m'en souviens pas
6 aujourd'hui ; j'ai du mal à me souvenir de tous les détails. Mais j'ai
7 reçu un rapport complet accompagné d'annexes ; je ne sais pas si cela
8 comprenait les interrogatoires ou pas. Mais j'ai reçu un rapport intitulé
9 "Rapport", accompagné d'annexes.
10 M. Kehoe (interprétation). Général, vous nous affirmez que,
11 pour ce qui est de cet événement à propos duquel vous vouliez absolument
12 obtenir le plus d'informations possible, vous n'arrivez pas à vous
13 souvenir si le rapport contenait les interrogatoires ? C'est ce que vous
14 nous dites ?.
15 M. Blaskic (interprétation). - J'affirme que je me souviens
16 avoir reçu le rapport émanant du service de sécurité. Je sais qu'il y
17 avait une annexe 1 et une annexe 2 à ce rapport. Mais il n'y avait pas de
18 recueil d'interrogatoires, de recueil d'interrogatoires classique. Je n'ai
19 pas eu ces documents entre les mains.
20 M. Kehoe (interprétation). - Qui a mené les interrogatoires du
21 SIS ?
22 M. Blaskic (interprétation). Eh bien, cela apparaît dans le
23 rapport : apparaissent dans le rapport les noms des individus qui ont été
24 interrogés. Si vous me donnez un moment, je peux peut-être regarder mes
25 papiers et me rafraîchir la mémoire. Je crois que tout ceci apparaît dans
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1 le rapport du 25 mai 1993.
2 M. Kehoe (interprétation). Peut-on faire passer la pièce 342
3 au témoin, s'il vous plaît ?
4 M. le Président. Pendant que le témoin prend connaissance de
5 la pièce, peut-être que le Juge Rodrigues veut poser une question,
6 rapidement, uniquement pour que le témoin puisse avoir un temps de repos
7 pour consulter sa documentation ?
8 M. Rodrigues. Je vais poser les questions le plus directement
9 possible ; j'aimerais bien, Général, que vous répondiez aussi le plus
10 directement que possible. Est-ce que votre ordre du 23, ordre verbal par
11 lequel vous demandiez l'enquête au SIS, cet ordre avait-il un délai ou
12 non ?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai émis un ordre destiné à mon
14 collaborateur chargé de la sécurité et lui demandant de m'envoyer les
15 résultats préliminaires de l'enquête. Je ne sais pas
16 M. le Président. Général Blaskic, répondez aux questions qui
17 vous sont posées quand même. Le Juge vous a posé là une question très
18 directe.
19 M. Rodrigues. - L'ordre avait-il un délai d'exécution ou non ?
20 M. Hayman (interprétation). Monsieur le Président, vous ne
21 devez pas recevoir la même interprétation que nous : parce que le témoin
22 était en train de répondre à la question. Avec tout le respect que je vous
23 dois, Monsieur le Président, il essayait de vous répondre à tous les deux.
24 M. le Président. Je sais très bien que vous avez du respect
25 pour ma fonction ; je ne sais pas si c'est pour moi mais, en tout cas,
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1 pour ma fonction. Il est possible qu'il y ait eu un problème
2 d'interprétation.
3 La légère irritation que j'avais contre le témoin, est peut-être
4 parce que -peut-être que, cette fois-ci, je me trompe- que c'est tellement
5 fréquemment que l'on n'arrive pas à obtenir du témoin, qui est témoin ici,
6 des réponses directes. Il se trouve, Maître Hayman, que peut-être cette
7 fois-ci, vous avez peut-être raison. Reformulez donc votre question,
8 Monsieur le Juge Rodrigues. Je demande aux interprètes d'être très précis
9 sur la question. Merci Maître Hayman.
10 M. Rodrigues. - Je vais parler plus lentement. Est-ce que
11 l'ordre verbal avait un délai d'exécution ou non ? C'est clair : ou il y
12 avait un délai ou non ?
13 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je le sache, il
14 n'y avait pas de date limite ; il était indiqué : "Veuillez immédiatement
15 mener à bien l'enquête". Immédiatement, c'était ce qui était précisé.
16 M. Rodrigues. Immédiatement. Peut-être avez-vous utilisé cette
17 expression : "Exécution immédiate" ?
18 Deuxième question : combien de fois avez-vous demandé à
19 l'assistant si l'enquête était prête ?
20 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Juge, est-ce que
21 vous voulez dire combien de fois j'ai demandé que des rapports me soient
22 remis jusqu'à l'émission de cet ordre ou bien est-ce que vous me demandez
23 la somme totale de fois au cours desquelles j'ai demandé des informations
24 sur le rapport ? Je ne sais pas exactement ce que vous demandez.
25 M. Rodrigues. - Moins, plus ou moins, ce n'est pas nécessaire de
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1 consulter votre chronologie. Combien de fois avez-vous demandé si
2 l'enquête était déjà prête ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Vous voulez dire jusqu'au mois de
4 septembre ? Cela a duré à peu près un an.
5 M. Rodrigues. - Nous avons parlé d'un ordre verbal,
6 le 23 avril ; nous parlons d'un ordre écrit le 10 mai. Vous avez dit que
7 vous avez dû émettre cet ordre écrit parce que votre assistant n'avait pas
8 conclu l'enquête ordonnée le 23 avril Il y a donc au moins quinze jours,
9 quinze jours où nous avions un ordre verbal qui n'avait pas été accompli.
10 Et, pour ces raisons, vous nous avez dit que vous aviez émis un ordre
11 écrit. Mais vous avez dit aussi qu'il y avait des réunions quotidiennes,
12 tous les jours. Je vous demande combien de fois vous avez demandé à votre
13 assistant si l'enquête était prête ?
14 M. Blaskic (interprétation). - L'ordre que j'ai émis, la
15 première fois, était daté du 24 avril 1993. Ensuite, je m'attendais à ce
16 que des résultats apparaissent. Ensuite, le 30 avril, j'ai à nouveau
17 demandé à mon collaborateur d'ici quel était l'état d'avancement de
18 l'enquête. J'ai demandé ensuite à trois reprises à obtenir des rapports
19 sur les résultats de l'enquête. Je lui ai demandé de m'informer par écrit
20 quels étaient les résultats de l'enquête. Et je n'ai pas reçu de rapport
21 écrit de mon collaborateur du SIS avant le 10 mai.
22 M. Rodrigues. - Quelles ont été les raisons que votre assistant
23 vous a données pour ne pas avoir conclu l'enquête ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Le plus souvent, il m'expliquait
25 qu'il s'était heurté à toutes sortes d'obstacles en se rendant sur le
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1 terrain, parce qu'il y avait des combats. La situation était telle qu'il
2 n'arrivait pas à obtenir des résultats préliminaires de l'enquête.
3 M. Rodrigues. - L'ordre écrit fait dépasser tous ces obstacles
4 ou quoi ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Cet ordre écrit, après tout ce
6 qui s'était déjà passé, a augmenté la pression que je faisais peser. J'ai
7 demandé un rapport écrit, j'ai insisté par écrit sur l'obtention de ce
8 rapport. Je voulais que le collaborateur chargé du SIS me remette ce
9 rapport le 25 mai, comme cela est précisé d'ailleurs dans le document qui
10 porte la date limite d'obtention du rapport.
11 M. Rodrigues. - Est-ce que vous aviez des relations
12 personnelles avec cet assistant ?
13 M. Blaskic (interprétation). - J'ai cessé d'avoir des contacts
14 personnels avec nombre de mes collaborateurs en venant ici, mais vous
15 voulez dire A quelle époque faites-vous référence ?
16 M. Rodrigues. Si, pour cette raison, vous avez coupé des
17 relations avec votre assistant qui était chargé de faire l'enquête ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Ce qui est certain, c'est que les
19 rapports de confiance qui existaient auparavant entre nous avaient
20 disparus. Donc, c'est moi qui ai insisté par écrit pour obtenir ce dont
21 j'avais besoin. Je l'ai expliqué à de nombreuses reprises, je lui ai
22 répété à de nombreuses reprises que je ne voulais pas qu'il se rende au
23 quartier général tant qu'il n'aurait pas de rapport écrit.
24 M. Rodrigues. - Cet ordre pour lui a-t-il été une insulte ?
25 M. Blaskic (interprétation). - Oui, c'était très inhabituel pour
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1 moi d'avoir à écrire des demandes écrites et d'avoir à formuler des ordres
2 par écrit à mes collaborateurs directs. C'était assez insultant, oui.
3 M. Rodrigues. - En vertu de quelle compétence avez-vous enlevé
4 l'enquête à la police militaire ?
5 M. Blaskic (interprétation). - Jamais je n'ai interdit aux
6 membres de la police militaire de mener cette enquête, jamais je ne les ai
7 empêchés de le faire. Mais, dans de telles
8 circonstances, je pensais qu'il était logique que l'enquête soit menée par
9 cette entité. Je ne sais pas si elle l'a fait ou pas. Moi, j'ai demandé
10 que soit menée une enquête par le service qui est normalement compétent
11 pour mener de telles enquêtes.
12 M. le Président. - Juste sur ce point, Monsieur Rodrigues.
13 Merci. Je ne sais pas si le Procureur avait déjà obtenu cette réponse,
14 cette question importante de la compétence que vous pouviez avoir. Mais,
15 Général Blaskic, vous nous êtes toujours apparu comme quelqu'un très
16 respectueux des hiérarchies. Vous dites toujours : "Tel service n'est pas
17 dans ma hiérarchie, etc."
18 Sur la dernière question du Juge Rodrigues, c'est vrai qu'on
19 peut se poser la question de savoir à quel moment vous avez décidé de ne
20 pas confier la gestion de l'enquête à la police militaire. En avez-vous
21 avisé vos supérieurs, notamment ceux qui sont les supérieurs du bataillon
22 de la police militaire ? Et avez-vous reçu une autorisation écrite pour
23 procéder à cette nomination de l'assistant du SIS ? C'est quand même très
24 grave d'enlever l'enquête à la police militaire. Aviez-vous vraiment cette
25 compétence ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Lorsque j'ai reçu la lettre du
2 colonel Stewart, j'avais à l'époque informé le chef de l'état-major
3 principal de l'état d'information qui était le mien et je l'avais déjà
4 informé de ce que je pensais répondre au colonel Stewart. Je pensais, à
5 l'époque, que la Commission conjointe allait mener l'enquête.
6 Mais si la police militaire était déployée dans la région, si je
7 recevais des rapports des commandants de cette même police militaire,
8 alors je pensais qu'il était un peu naïf de charger la police militaire de
9 mener une enquête sur ses propres actes.
10 M. le Président. - Ce n'était pas ma question. Vous êtes un
11 officier très discipliné, nous l'avons vu ; vous posez même des questions
12 sur les destinataires d'un rapport par rapport au règlement. Et là, vous
13 vous octroyez une compétence par rapport à une hiérarchie dont vous nous
14 avez toujours dit qu'elle n'était pas la vôtre.
15 M. Blaskic (interprétation). - Mais la situation était très
16 particulière : il y avait la perpétration d'un crime. Il fallait une
17 procédure pénale et j'ai demandé à ce que cela soit fait. Maintenant, est-
18 ce que la police militaire a mené une enquête interne de son côté ? Je ne
19 sais pas. Mais je pensais qu'il était logique que le service de sécurité,
20 qui devait mener les enquêtes sur la police militaire, se charge de mener
21 cette enquête en particulier.
22 M. Kehoe (interprétation). - Passons à la pièce de la
23 défense D342. Général, c'est une pièce à conviction versée au dossier par
24 la défense. Général, lorsque vous avez consulté les archives à Mostar,
25 après votre mise en accusation, avez-vous vu les pièces jointes à ce
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1 document ? Ici, nous n'avons que le document sans les pièces jointes.
2 M. Blaskic (interprétation). - Je ne suis pas sûr d'avoir vu les
3 pièces jointes à ce document. Mais je suis sûr, lorsque l'information a
4 été transmise, qu'il y avait également des pièces jointes.
5 M. Kehoe (interprétation). - Dans les pièces jointes, était-il
6 indiqué qu'Ilic* a auditionné ?
7 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me rappelle pas les détails
8 précis, mais je sais que la pièce jointe était assez floue. Elle ne
9 donnait aucun détail au sujet du nom des auteurs du crime. Elle n'était
10 pas très précise. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé qu'une suite
11 soit donnée à l'enquête.
12 M. Kehoe (interprétation). - Au cours de l'interrogatoire
13 principal, vous avez fait observer en page au cours de l'interrogatoire
14 principal répondant aux questions qui vous étaient posées par Me Nobilo.
15 Et je me réfère à la page 19 299 du transcrit ligne 7 :
16 Question : Dites-nous, s'il vous plaît, ce document contenait-il
17 le nom des auteurs du crime ?.
18 Réponse : Non, il ne contenait pas le nom des auteurs du crime,
19 mais il est possible que ce document mentionnait un, deux ou trois noms ;
20 cela, c'est possible.
21 Général, quels étaient ces noms ? Un, deux, trois noms de
22 différentes personnes mentionnées dans ce rapport très important ?
23 M. Blaskic (interprétation). - J'ai dit qu'il était possible
24 qu'il en ait contenu. Maintenant, est-ce que ces noms figuraient
25 précisément dans ce rapport ? Je crois que l'un des noms était celui de
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1 Cicko, mais je n'en suis pas sûr. Je crois que l'un des noms était celui
2 de Cicko.
3 M. Kehoe (interprétation). - Eh bien, parlons de Cicko. Lorsque
4 vous avez reçu le nom de Cicko, le 25 mai 1995, avez-vous pris des mesures
5 visant à expulser Cicko des rangs du HVO ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je le sache, il
7 aurait dû être emprisonné pour des délits commis antérieurement.
8 Je ne sais pas exactement ce qui a été fait, mais il aurait dû
9 se trouver en prison déjà avant cette date.
10 M. Kehoe (interprétation). - Ce n'était pas ma question. Ma
11 question est la suivante : lorsque vous avez reçu ce rapport très
12 important, qui comporte le nom de Cicko, autrement dit Miroslav Bralo,
13 avez-vous, en votre qualité de commandant de la zone opérationnelle de
14 Bosnie centrale, pris des mesures visant à expulser cet homme des rangs du
15 HVO, le mettre à la porte, le sortir de l'armée ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Si ce nom figurait, je suis
17 certain que des mesures ont été prises pour l'expulser des rangs du HVO.
18 Mais je pense que Cicko avait déjà été expulsé des unités du HVO avant
19 cette date. Malheureusement, je ne me rappelle pas des détails du rapport.
20 C'est la raison pour laquelle j'émets quelques doutes.
21 M. Kehoe (interprétation). - Vous rappelez-vous avoir pris,
22 vous-même, personnellement, vous colonel Blaskic, quelque mesure que ce
23 soit pour sanctionner Miroslav Bralo en raison de l'information que vous
24 avez reçue par le biais de ce rapport ?
25 M. Blaskic (interprétation). J'ai déjà dit si des noms étaient
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1 mentionnés. Autrement dit, je ne suis pas sûr que des noms ont figuré
2 dans ce rapport ou pas ? Vous m'avez demandé si je pouvais me le rappeler.
3 Si des noms étaient mentionnés, il est certain que j'ai pris des mesures.
4 Mais je ne suis pas certain, car je suis incapable, aujourd'hui, de me
5 rappeler tous les détails.
6 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous nous avez dit que ce
7 crime était le crime le plus important qui ait été commis au cours de
8 votre carrière militaire. N'avez-vous pas dit cela en réponse aux
9 questions de l'interrogatoire principal ?
10 M. Blaskic (interprétation). Oui, j'ai dit cela et j'ai dit
11 qu'auprès du service de sécurité, j'ai toujours insisté pour que dans ce
12 rapport, et dans les autres rapports reçus de ce service, on me donne des
13 noms précis.
14 M. Kehoe (interprétation). Etes-vous en train de nous dire,
15 vous fondant sur le rapport que vous avez reçu au sujet de crime
16 extrêmement important, vous ne vous rappelez pas si ce rapport citait un,
17 deux ou trois noms, et vous ne vous rappelez pas précisément si vous vous
18 êtes débarrassé de ces hommes, si vous les avez fait expulser des rangs du
19 HVO ?
20 M. Blaskic (interprétation). Si des noms précis étaient cités,
21 des noms présentés comme étant ceux d'auteurs de ce crime, je me serais
22 rappelé et j'aurais certainement consigné une note dans ma chronologie et
23 pris des mesures. Mais vous demandez, au sujet de cette information, si je
24 me rappelle un quelconque nom mentionné en tant que nom de suspect.
25 M. Kehoe (interprétation). Général, je vais vous poser la
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1 question suivante : en tant que commandant de la zone opérationnelle de
2 Bosnie centrale, vous aviez l'autorité nécessaire pour transmettre les
3 informations concernant les crimes au procureur militaire de district pour
4 des poursuites ultérieures ou même pour une enquête plus approfondie, si
5 le procureur le jugeait utile ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Pour autant que je sache, ma
7 compétence, si je
8 recevais le noms de suspects de crime de guerre, me donnait le devoir de
9 transmettre ces noms au procureur de district militaire. Je connaissais
10 cette compétence. Mais je n'ai pas été formé en tant que professionnel à
11 mener une enquête moi-même.
12 M. Kehoe (interprétation). Général, avez-vous transmis les
13 informations relatives à Miroslav Bralo au procureur militaire de
14 district ? L'avez-vous fait oui non ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas reçu, du service de
16 sécurité, des informations précises, en tout cas, je ne m'en rappelle pas,
17 des informations précises qui m'auraient permis de les transmettre au
18 procureur militaire de district. Mais je sais que le Tribunal militaire de
19 district avait engagé des poursuites contre Miroslav Bralo pour d'autres
20 meurtres commis précédemment.
21 M. Kehoe (interprétation). Général, parlons de Miroslav Bralo
22 et de son expulsion du HVO. J'aimerais vous montrer la pièce à conviction
23 de l'accusation 191.
24 M. le Président. - Je vous rappelle, Général Blaskic, que vous
25 pouvez toujours demander un huis clos si vous avez des choses à révéler.
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1 M. Blaskic (interprétation). Merci, Monsieur le Président. Je
2 ne le savais pas.
3 M. le Président. Vous avez le devoir de ne pas vous
4 incriminer, c'est un droit qui vous est donné par nos règles statutaires.
5 Cela étant, vous êtes libre de votre parole et vous pouvez dire ce que
6 vous avez envie de dire. Bien entendu, le Tribunal mettra le huis clos si
7 vous le souhaitez. Poursuivons.
8 M. Hayman (interprétation). Puis-je poser la question
9 suivante ? Cette pièce à conviction est-elle sous scellés ?
10 M. Kehoe (interprétation). La déposition était sous-scellées,
11 mais je crois que la pièce à conviction ne l'est pas. C'est bien cela,
12 Monsieur le greffier ?
13 M. Abtahi. Ma liste indique que la pièce a été déposée sous
14 scellés.
15 M. Kehoe (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président,
16 nous pouvons passer en huis clos partiel et nous pouvons parler de cette
17 pièce à conviction plus tard. Nous pouvons, cela étant, travailler à huis
18 clos partiel si vous l'acceptez, Monsieur le Président.
19 M. le Président. S'il y a une demande formelle de la défense,
20 nous travaillons donc en huis clos partiel.
21 (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)
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14 M. le Président. - Séance publique, s'il vous plaît ?
15
16 (L'audience se poursuit en audience publique.)
17 M. le Président. - Vous n'avez pas transmis, Général Blaskic, au
18 procureur militaire ce dossier d'enquête ou plus exactement de
19 renseignements ?
20 Monsieur le Procureur poursuivez vos questions pendant 5 minutes
21 encore. Allez-y.
22 M. Kehoe (interprétation). - Général, au cours de votre
23 déposition -et je me réfère
24 à la page 19 299 du compte rendu d'audience, ligne 15, vous dites que le
25 rapport ne mentionnait pas la police militaire. Général, qui était désigné
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1 dans ce rapport comme responsable du massacre d'Ahmici ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Dans ce rapport, des personnes en
3 uniforme étaient mentionnées sans précision. Il était dit que certains de
4 ces hommes portaient un uniforme de camouflage et d'autres un uniforme
5 noir. Mais dans ce premier rapport ne figurait aucun nom et prénom
6 spécifique. C'est la raison pour laquelle j'ai, plus tard, exigé que
7 l'enquête se poursuive afin de déboucher sur des noms précis.
8 M. le Président. Excusez-moi, je n'ai pas bien suivie. Vous
9 parlez du rapport du 25 mai ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Oui.
11 M. le Président. - J'ai cru comprendre que vous nous aviez dit
12 qu'il y avait deux ou trois noms. Je me suis trompé peut-être.
13 M. Blaskic (interprétation). J'ai déjà dit que j'étais
14 incapable de me rappeler tous les détails. Mais il est possible que ces
15 noms aient été cités comme les noms de personnes avec qui des
16 conversations ont eu lieu en qualité de témoins oculaires, mais je ne me
17 rappelle pas qu'il y ait les noms d'auteurs du crimes.
18 M. le Président. Nous allons faire la pause parce vous devez
19 fatigué, Général Blaskic, mais je vous demande de vous concentrer sur les
20 questions posées.
21 Encore une observation. Vous avez dû être terriblement déçu :
22 depuis le 22 avril, où vous avez connaissance du crime d'Ahmici, vous vous
23 avez eu l'intuition que c'était la police militaire. Et le 25 mai, vous
24 avez cette réponse qui, soi-disant, est un rapport d'enquête et vous ne
25 vous souvenez plus très bien s'il y avait des noms ou pas. Vous n'avez pas
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1 tout de suite regardé pour savoir si cela confirmait votre intuition sur
2 la police militaire. Vous ne vous êtes pas précipité sur ce rapport et
3 vous ne pouvez pas, aujourd'hui, nous dire : oui, je n'ai pas les annexes,
4 mais c'était la police militaire. Oui, il y avait des responsables qui
5 avaient donné des ordres.
6 Vous ne vous en souvenez pas du tout ?
7 M. Blaskic (interprétation). Monsieur le Président, je me
8 rappelle parfaitement bien que ne figuraient pas dans ce rapport, de
9 façon précise, les noms d'auteurs du crime. Je suis incapable de me
10 rappeler tous les détails. Mais les prénoms et les noms des personnes
11 accusés de ce crime ne figuraient pas dans le rapport.
12 M. le Président. - Je crois que nous allons interrompre nos
13 travaux. Cela permettra au témoin de se reposer, ainsi qu'aux juges et
14 aussi aux conseils de la défense et de l'accusation.
15 L'audience est suspendue pour vingt minutes.
16 L'audience, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures 25.
17
18 M. le Président. L'audience est reprise. Monsieur le
19 Procureur ?
20 M. Kehoe (interprétation). Merci, Monsieur le Président. Nous
21 parlions de ce rapport daté du 25 mai 1993. Comme nous l'avions déjà
22 constaté, vous avez dit que ce rapport ne mentionne pas la police
23 militaire ; quelle a été votre réaction à cela, Général ?
24 M. Blaskic (interprétation). - Ce rapport était assez
25 superficiel, assez flou. Et j'ai déjà dit qu'aucun nom n'y était mentionné
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1 de façon précise ; pas plus que l'unité de la police militaire. J'ai
2 transmis ce rapport au ministre de la Défense et au chef du grand quartier
3 général.
4 Dans ce rapport, il était dit que l'on prévoyait une poursuite
5 de l'enquête lorsque la situation s'améliorerait. Le 29 mai, j'ai informé
6 le chef du grand quartier général de ma position par rapport à ce rapport.
7 Je lui ai dit qu'à mon avis, l'enquête devait arriver à son terme, être
8 menée à son terme et déboucher sur la mention de noms et de prénoms.
9 Compte tenu de la
10 situation de la police militaire, j'estimais qu'il serait très difficile
11 de mener à son terme cette enquête tant que la structure de commandement
12 existante de la police militaire n'était pas modifiée.
13 M. Kehoe (interprétation). Général, vous nous avez dit que, le
14 25 mai 1995, les opérations de combat étaient toujours en cours, ce qui
15 signifie, n'est-ce pas, Général, que les criminels impliqués dans ce crime
16 faisaient toujours partie de la structure du HVO, n'est-ce pas ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Les opérations de combat étaient
18 toujours en cours et la situation était assez complexe. Et il y avait
19 sûrement un certain nombre d'individus qui, peut-être, faisaient partie de
20 la structure du HVO pendant ces opérations de combat, car l'enquête
21 n'était pas achevée. Compte tenu des circonstances qui régnaient à cette
22 époque-là, il était très difficile de mener une enquête à son terme.
23 M. Kehoe (interprétation). Général, à ce moment-là, alors que
24 vous êtes impliqué dans des opérations de combat, alors que vous êtes un
25 officier expérimenté, n'appelez-vous pas Pasko Ljubicic, Darko Kraljevic,
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1 Vlado Santic, Mario Cerkez, Dusko Grubesic ? Ne les appelez-vous pas pour
2 tenter, une nouvelle fois, de faire la lumière sur la réalité des
3 événements d'Ahmici, afin de réussir à expulser des forces du HVO ces
4 terribles soldats ?
5 M. Blaskic (interprétation). - J'ai pris toutes les mesures et
6 j'ai émis toute une série d'ordres liés au comportement des commandants.
7 J'ai également transmis des instructions aux soldats, aux civils, à mes
8 commandants. J'ai condamné ce crime et, à ce moment-là, j'ai pris toutes
9 les mesures nécessaires pour éviter la reproduction d'un tel acte, de
10 l'acte commis à Ahmici.
11 M. Kehoe (interprétation). - Vous dites que vous vouliez
12 empêcher la répétition des événements d'Ahmici. Mais, même à ce moment-là,
13 après avoir reçu le rapport, vous n'appelez pas Pasko Ljubicic,
14 Darko Kraljevic, Vlado Santic, Mario Cerkez, Dusko Grubesic, pour
15 apprendre ce qu'ils savent éventuellement à propos d'Ahmici, n'est-ce
16 pas ? Vous ne l'avez pas fait ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Le rapport était lui-même flou :
18 il ne mentionnait aucun détail au sujet de la police militaire. J'ai
19 estimé que ce rapport était assez confus et assez superficiel. C'est
20 pourquoi j'ai commencé à agir afin d'obtenir un changement de la
21 structure, de la composition et de la chaîne de commandement de la police
22 militaire. Cela impliquait, pour commencer, de briser la structure interne
23 de la police militaire. Mais je n'avais toujours pas de compétence pour
24 agir dans ce sens.
25 M. Kehoe (interprétation). Passons à la pièce à conviction de
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1 la défense 343, Général, si vous voulez bien.
2 Général, la pièce à conviction de la défense 343 est un ordre
3 émanant de vous, en date du 17 août 1993. C'est un ordre adressé également
4 au service d'information et de sécurité, au SIS, où vous demandez la
5 poursuite de l'enquête au sujet d'Ahmici.
6 Donc, Général, vous attendez depuis le 25 mai 1993 jusqu'au
7 17 août 1993 pour obtenir ou tenter d'obtenir de nouvelles informations au
8 sujet des crimes commis à Ahmici, n'est-ce pas ?
9 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas attendu. Il convient
10 de ne pas perdre de vue quel était le contexte constitué par l'ensemble
11 des événements : depuis le mois de mai, et pratiquement jusqu'à la fin du
12 mois d'août, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour assurer la
13 défense sur ce territoire. J'ai accueilli plus de 30 000 réfugiés.
14 Par ailleurs, dans cette même période, j'ai entamé le changement
15 de la structure de commandement et de contrôle. Et puis, au sein de la
16 police militaire, j'ai modifié la structure de commandement et je suis
17 parvenu à créer des conditions bien plus favorables pour mener l'enquête
18 au sein du service de sécurité.
19 Tout cela, dans le cadre d'opérations de combat sur le
20 territoire où nous étions
21 encerclés. Nous étions sur un territoire de dix kilomètres sur six
22 kilomètres. Nous avions un nombre énorme de réfugiés ; nous ne savions pas
23 ce qui se passerait le lendemain. Dans ces conditions, sur le front où
24 nous ne cessions de nous trouver, j'ai réussi à modifier tous ces systèmes
25 et à former une nouvelle structure pour la police militaire, à former
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1 également un nouveau commandant de la police militaire, qui était un
2 simple soldat : M. Palavra n'a jamais été un policier militaire avant
3 cette date. Les conditions devaient donc être créées pour que l'enquête
4 puisse être menée à bien.
5 M. Kehoe (interprétation). Général, sachant que vous aviez des
6 meurtriers, des assassins au sein du HVO, vous avez attendu près de trois
7 mois, disons deux mois et demi, pour émettre un autre ordre demandant la
8 poursuite de l'enquête au sujet de Ahmici. C'est bien la réalité, n'est-ce
9 pas ?
10 M. Blaskic (interprétation). Dans ma chronologie, j'ai parlé
11 des demandes que j'avais présentées au service de sécurité et
12 d'information en vue de mener l'enquête. J'ai insisté pour cette enquête
13 soit menée à bien.
14 Mais les conditions objectives et subjectives étaient telles que
15 la situation était très difficile, très incertaine. Il ne faut pas perdre
16 de vue qu'il y avait eu plus de soixante soldats tués à Vitez, en un mois.
17 Nous étions à la veille de la chute. C'est dans cette situation que j'ai
18 entraîné les hommes de la police militaire, que je l'ai rendue plus apte à
19 remplir ses fonctions et que j'ai agi de façon à obtenir la compétence
20 nécessaire pour donner des ordres de cette police militaire et obtenir le
21 changement de sa structure interne. Ce que je voulais, c'est introduire
22 toutes ces transformations et créer les conditions nécessaires pour que le
23 service de sécurité puisse mener à bien son enquête.
24 M. Kehoe (interprétation). Général, lorsque vous avez délivré
25 cet ordre, l'ordre dont nous sommes en train de parler, celui du 17 août,
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1 vous faites remarquer une nouvelle fois que vous vouliez exercer une
2 pression accrue de façon à ce que tous les documents relatifs à l'enquête
3 puissent être définitivement rédigés et transmis au tribunal militaire de
4 district pour poursuites ultérieures.
5 Alors, cette pression accrue que vous vouliez exercer, en
6 exerçant cette pression accrue, avez-vous envoyé un exemplaire du
7 17 août 1993, émanant de vous, à Milivoj Petkovic ? Je vous invite à
8 consulter la liste des personnes destinataires d'une copie de cet ordre,
9 en bas, à gauche du texte.
10 M. le Président. - Je demande à l'huissier de remonter le
11 document. Merci.
12 M. Blaskic (interprétation). - J'aimerais consulter mes notes,
13 je vous prie.
14 M. Kehoe (interprétation). - Général, parlons de ce document.
15 M. le Président. - Laissez le Général terminer de regarder ses
16 notes, s'il vous plaît. Bien. Vous avez trouvé, Général Blaskic ?
17 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai aucune note prouvant que
18 cet ordre a été envoyé. Mais j'ai déjà dit
19 M. le Président. - Attendez, vous n'avez pas de note. Il faut
20 avancer. Monsieur le Procureur, vous pouvez poser, reposer votre
21 question ?
22 M. Blaskic (interprétation). - J'aimerais ajouter simplement,
23 Monsieur le Président, que tous les jours, j'envoyais des rapports
24 opérationnels au grand chef du grand quartier général dans lesquels
25 j'indiquais quels étaient mes activités. Donc, au moins deux fois par
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1 jour, au sujet de tous les événements de la zone opérationnelle, nous
2 envoyions un rapport. Bien entendu, cela portait sur toutes les activités
3 importantes, y compris les ordres et autres actions importantes. Donc, si
4 le document n'a pas été envoyé, en tout cas, une information relative au
5 fait que des mesures avaient été entreprises a dû être envoyée.
6 M. Kehoe (interprétation). - Général, c'est vous qui avez écrit
7 ce document, n'est-ce pas ?
8 M. Blaskic (interprétation). Oui, je suis l'auteur de ce
9 document.
10 M. Kehoe (interprétation). - Ce document ne signale pas qu'il a
11 été envoyé au grand quartier général, au ministère de la Défense, au SIS
12 ou à une autre personne quelconque ayant un pouvoir au sein du HVO ou de
13 la communauté d'Herceg-Bosna, n'est-ce pas?
14 M. Blaskic (interprétation). - J'ai déjà dit qu'il existait des
15 rapports quotidiens opérationnels que nous transmettions directement aux
16 supérieurs. Nous n'envoyions pas les ordres sous cette forme, car nous
17 n'avions pas les moyens de transmission nécessaires. Je ne pouvais pas
18 utiliser un fax ordinaire pour envoyer tous les ordres émanant de moi.
19 Mais, dans le rapport opérationnel j'avais pour devoir d'informer mon
20 supérieur direct de toutes les actions entreprises par moi.
21 M. Kehoe (interprétation). - Général, si vous souhaitiez
22 véritablement exercer une pression accrue sur le SIS, pour obtenir la
23 réalisation de cette tâche, vous auriez envoyé ce document à Bruno Stojic,
24 à Milivoj Petkovic, à une personne ayant un quelconque pouvoir au sein du
25 HVO ou de la communauté croate d'Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?
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1 M. Blaskic (interprétation). - Je me vois contraint de répéter
2 ce que j'ai déjà dit.
3 Premièrement, il faut tenir compte de la situation dans laquelle
4 je me trouvais. Et deuxièmement, des moyens que j'avais à ma disposition.
5 Si j'avais eu un fax crypté, j'aurais envoyé très facilement tous mes
6 ordres au chef du grand quartier général par ce fax crypté. Mais je
7 continue à affirmer en toute responsabilité qu'il n'y a aucune action
8 entreprise par moi dont mon chef du grand quartier général n'est pas été
9 informé, car il y avait des rapports d'information quotidiens réguliers,
10 tous les jours, et des rapports d'information extraordinaires. Donc le
11 chef du grand quartier général a dû être informé de mes actions si les
12 transmissions par paquet fonctionnaient. C'était le moyen utilisé pour que
13 le chef du grand quartier général sache ce que je faisais.
14 M. Kehoe (interprétation). - Général, par quel biais avez-vous
15 envoyé le rapport du 25 mai 1993 relatif à l'enquête ? Comment l'avez-vous
16 transmis à Mostar, puisque vous
17 nous avez dit l'avoir transmis à Mostar ?
18 M. Blaskic (interprétation). - Ce rapport a effectivement été
19 envoyé à Mostar. Il a été envoyé par transmission par paquet. Donc, oui,
20 en effet, ce rapport a été envoyé par liaison par paquet à Mostar.
21 M. Kehoe (interprétation). - Le document dont dispose le
22 Tribunal est la pièce à conviction 342 : c'est la copie signée par Anto
23 Sliskovic. Ce document n'a absolument pas été transmis par transmission
24 par paquet, n'est-ce pas?
25 M. Blaskic (interprétation). - La pièce 342 a été envoyée par
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1 transmission par paquet au moment où le rapport complet d'Anto Sliskovic a
2 été reçu. Maintenant, la copie que nous avons ici, je ne sais pas par quel
3 biais elle a été obtenue.
4 M. Kehoe (interprétation). - Mais votre ordre du 19 août 1993,
5 ne pouviez-vous pas l'envoyer par le même moyen ?
6 M. Blaskic (interprétation). - Eh bien, j'ai déjà dit que les
7 ordres que je délivrais, je les faisais soit sur la base des ordres
8 émanant du grand quartier général soit en fonction de la situation qui
9 régnait dans la région. Mais les ordres sont archivés. Il n'est pas
10 habituel que les ordres soient envoyés par le commandement aux supérieurs.
11 C'est sans doute la façon de fonctionner de tout commandement. Ces ordres
12 sont conservés dans les archives et dans le département opérationnel, mais
13 c'est un mémoire d'informations qui est envoyé aux supérieurs au sujet de
14 ces ordres.
15 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous avez déclaré avoir
16 attendu pour émettre ce deuxième ordre du 19 août 1993, parce que vous
17 souhaitiez attendre que les conditions soient plus favorables, conditions
18 plus favorables créées après la destitution de Pasko Ljubicic du poste de
19 commandant de la police militaire ?
20 M. Blaskic (interprétation). - C'était l'une des conditions
21 favorables, mais pas l'ensemble des conditions favorables. Il fallait
22 modifier la structure interne de la police militaire
23 -c'était une question très importante- et il fallait aussi réorganiser et
24 former un nouveau commandant de la police militaire ; et les hommes de la
25 police militaire également qui devaient être remplacés. Et, bien entendu,
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1 il y avait des opérations de combat intensif à ce moment-là. Travnik est
2 tombé à ce moment-là, ce qui a abouti au fait que 15 000 à 20 000 Croates
3 ont du être accueillis par moi. 15 000 Croates de Kakanj ont été
4 contraints de se déplacer. Moi, je me suis retrouvé avec 35 000 réfugiés,
5 selon les observations faites par les observateurs européens, pas
6 seulement les miennes. Nous étions donc en plein combat pour notre survie.
7 Et j'avais l'obligation d'empêcher la reproduction d'Ahmici et
8 l'obligation de transformer la police militaire de l'intérieur, de façon à
9 ce que l'enquête puisse être menée, et la chaîne de commandement de la
10 police militaire.
11 M. Kehoe (interprétation). Général, est-ce qu'Anto Sliskovic
12 ou un autre membre du SIS ne vous a jamais dit que la police militaire ou
13 Pasko Ljubicic les empêchaient de mener à bien leur enquête ? Le SIS ne
14 vous a-t-il jamais dit cela ? Si oui, à quel moment ?
15 M. Blaskic (interprétation). - Le service de sécurité me
16 fournissait des informations concernant les difficultés qu'il rencontrait
17 dans le cadre de l'enquête ; il me fournissait donc ce genre
18 d'informations. Mais les circonstances étaient telles, les circonstances
19 dans lesquelles je me trouvais, qu'il n'était pas possible d'agir
20 autrement, étant donné qu'on luttait tout simplement pour sa survie. J'ai
21 déjà dit que, tous les jours, nous recevions des réfugiés, que nous nous
22 trouvions face à une lutte pour la survie.
23 M. Kehoe (interprétation). Excusez-moi, Général, ce n'était
24 pas ma question. Je vais relire encore une fois ma question : est-ce
25 Sliskovic ou qui que ce soit d'autre du SIS ne vous a jamais dit que la
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1 police militaire ou Pasko Ljubicic les empêchaient de mener l'enquête ?
2 Oui ou non ?
3 M. Blaskic (interprétation). - Je n'ai pas noté toutes les
4 raisons qu'Anto Sliskovic a invoquées, mais je sais que le premier rapport
5 a été très superficiel, il n'était pas fondé sur des
6 faits, étant donné qu'il n'était pas dirigé vers la police militaire.
7 M. le Président. S'il vous plaît, est-ce qu'à un moment donné,
8 votre assistant de sécurité vous a dit que la police militaire l'ait
9 empêché de conduire les investigations ? Oui ou non ? C'est une question
10 simple, vous savez.
11 M. Blaskic (interprétation). - Je ne me souviens pas en ce
12 moment si, à un certain moment, il s'est exprimé à ce sujet. Mais je crois
13 que c'était l'opinion générale et qu'il n'a pas pu mener à bien l'enquête
14 jusqu'à son terme. Je ne me souviens pas en ce moment s'il me l'a dit ou
15 pas dit.
16 M. le Président. Vous ne vous en souvenez pas ? C'est beaucoup
17 plus simple. Monsieur le Procureur, poursuivez.
18 M. Kehoe (interprétation). Monsieur le Président, j'ai
19 l'impression que le Juge Shahabuddeen a une question.
20 M. le Président. Cher Collègue, excusez-moi. Allez-y.
21 M. Shahabuddeen (interprétation). Général, je n'ai pas
22 souhaité intervenir au juste moment pour ne pas interrompre M. Kehoe qui
23 s'était lancé dans le débat. Mais je souhaite avoir quelques
24 clarifications sur un commentaire que vous avez fait en parlant de vos
25 inquiétudes en ce qui concerne le logement des réfugiés et aussi lorsque
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1 vous avez dit que vous n'avez pas voulu voir le crime d'Ahmici se
2 répéter ; je ne me souviens pas des mots exacts. Est-ce que vous vous
3 souvenez avoir dit quelque chose comme cela ?
4 M. Blaskic (interprétation). Oui, Monsieur le Juge, je m'en
5 souviens. Pendant toute cette période dont vous parlez, la période de
6 l'enquête, il s'agissait d'une période où nous luttions pour notre survie.
7 Nous étions dans les caves, nous luttions pour notre survie. Tout ce à
8 quoi nous faisions face, c'était la mort et les réfugiés. Il y a eu 35 000
9 de telles personnes frustrées.
10 M. Shahabuddeen (interprétation). Très bien, Général. J'ai
11 simplement voulu
12 vous rafraîchir la mémoire concernant cette partie de votre témoignage.
13 Lorsque vous dites que vous avez voulu faire en sorte que le crime
14 d'Ahmici ne se répète pas, avez-vous pensé à une répétition d'Ahmici
15 effectuée par les soldats qui étaient sous vos ordres ?
16 M. Blaskic (interprétation). - Je considère toujours que les
17 soldats qui ont commis les crimes d'Ahmici n'étaient pas sous mes ordres,
18 sous mon commandement. Il s'agissait d'individus qui faisaient partie de
19 la police militaire. J'ai voulu dire, j'ai pensé en fait que je souhaitais
20 empêcher de toute façon que ceci se reproduise dans ma zone de
21 responsabilité.
22 M. Shahabuddeen (interprétation). Et si Ahmici devait se
23 reproduire, en conséquence des activités menées, par exemple, par les gens
24 de la police militaire qui, selon vous, n'étaient pas sous vos ordres,
25 sous votre compétence à l'époque, qu'est-ce que vous auriez fait à ce
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1 sujet dans ce cas-là ?
2 M. Blaskic (interprétation). - Je suis heureux de savoir que
3 ceci ne s'est pas reproduit. En ce qui concerne cette région et ce peuple,
4 je ne les aurais jamais abandonnés. Même si -Dieu nous garde !- une telle
5 tragédie s'était produite, je serais resté pour couler avec le bateau.
6 M. Shahabuddeen (interprétation). - Si la police militaire avait
7 répété, reproduit le crime d'Ahmici, ailleurs, durant une période pendant
8 laquelle elle n'était pas sous vos ordres, sous votre compétence, est-ce
9 que vous auriez fait quelque chose ?
10 M. Blaskic (interprétation). - A tout moment, je m'efforçais de
11 lancer une enquête si des crimes semblables se produisaient et si je
12 pouvais le faire. Dès le début, je n'étais pas d'accord avec une telle
13 configuration de la police militaire.
14 Malheureusement, certaines personnes qui ont créé cette
15 structure ont pris beaucoup trop longtemps avant de comprendre qu'il
16 s'agissait d'une structure qui n'était pas viable, où une personne était
17 au poste de responsabilité et, en même temps, n'avait pas la possibilité
18 de commander les forces, étant donné qu'au moment où l'enquête était
19 menée, la
20 police militaire assurait la sécurité de mon commandement, alors que moi,
21 je n'étais pas supérieur, alors que moi je n'étais pas le supérieur direct
22 de cette police militaire. La chaîne de commandement double était toujours
23 en place.
24 M. Shahabuddeen (interprétation). - Permettez-moi de vous poser
25 la question suivante : supposons que la police militaire avait répété le
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1 crime d'Ahmici, par la suite, dans un endroit qui se trouvait dans votre
2 zone de responsabilité, même s'il n'était pas subordonné à vous, est-ce
3 que vous auriez considéré que ceci aurait des conséquences négatives sur
4 votre position ou sur votre réputation ?
5 M. Blaskic (interprétation). Déjà ce premier crime qui a été
6 commis a entraîné des conséquences négatives sur ma position, mais peut-
7 être est-ce moins important, ceci a eu une conséquence négative sur tout
8 le peuple qui s'est retrouvé dans une situation où il fallait mourir pour
9 défendre la région. Il s'agissait d'une petite région, alors qu'il y a eu
10 au moins 2 000, en tout cas 1 300 soldats tués. Donc il s'agissait là
11 d'une conséquence négative. Peut-être s'agit-il là d'un moment où l'on ne
12 pense pas à sa réputation. Peut-être que les conséquences auraient été
13 négatives. Je n'avais probablement pas suffisamment d'expérience et
14 surtout pas suffisamment de connaissance pour réagir de manière
15 différente. Mais je ne pouvais pas réagir différemment que de la façon
16 dont j'ai réagi, je ne pouvais pas faire mieux à l'époque.
17 M. Shahabuddeen (interprétation). - Lorsque vous avez dit que
18 vous aviez été inquiet et que vous aviez voulu faire en sorte qu'Ahmici ne
19 se reproduise pas, quelles sont les mesures que vous avez prises pour
20 empêcher la répétition d'Ahmici ?
21 Avez-vous publié des lettres, des communiqués, des directives à
22 vos hommes ?
23 M. Blaskic (interprétation). J'ai émis de nombreux ordres. Je
24 peux dire qu'il s'agissait environ de 60 ordres. J'ai fait en sorte que
25 l'on effectue des changements radicaux. Je sais que l'Herceg-Bosna n'a
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1 jamais été un état, mais j'ai effectué des changements au sein de la
2 structure de l'armée. Ceci s'est passé par le biais des documents.
3 Malheureusement, il a fallu
4 attendre beaucoup de temps, mais j'ai réussi à faire changer le système.
5 J'ai réussi à obtenir le commandement direct sur la police militaire grâce
6 à un soutien qui a demandé également beaucoup de temps. J'ai réussi à
7 faire démanteler les unités spéciales. Nous avons créé la brigade des
8 gardes directement sous les ordres du commandant de la zone
9 opérationnelle.
10 Peut-être, si les circonstances avaient été différentes, moins
11 de temps nous aurait été nécessaire pour effectuer ces changements, mais
12 il faut savoir que nous étions en temps de guerre et, à chaque fois, il
13 fallait s'adresser au chef d'état-major principal pour obtenir un
14 changement.
15 Permettez-moi d'ajouter ceci et excusez-moi, Monsieur le Juge-,
16 j'ai également demandé aux responsables internationaux d'organiser des
17 séminaires supplémentaires à l'hôtel Vitez pour mes commandants étant
18 donné qu'il s'agissait d'un personnel mal formé. Nous parlons de l'armée,
19 mais mon chef d'état-major, donc la première personne derrière moi, est un
20 commercial. L'autre personne, la personne chargée des activités de
21 propagande et d'information, est quelqu'un qui avait terminé ses études
22 économiques et son député était un vétérinaire. Ces personnes n'étaient
23 pas formées sur le plan militaire. J'ai donc dit aux officiels de
24 l'UNHCR : "Allez faire quelque chose, présentez-vous à la télévision et
25 expliquez aux gens qu'ils ont une mission humanitaire."
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1 Les gens ne le savaient pas. Ils n'étaient pas suffisamment
2 informés ni éduqués. J'ai eu du mal également à expliquer le mandat de la
3 Forpronu avant l'arrivée de celle-là dans la région, étant donné que les
4 gens de la Bosnie centrale, dès qu'ils voyaient un véhicule blanc,
5 pensaient tout de suite qu'il s'agissait de la Forpronu et il était
6 difficile de leur expliquer la différence entre l'UNHCR, la Croix Rouge et
7 la Forpronu. La situation était chaotique et rien ne fonctionnait
8 normalement dans ces conditions-là.
9 M. Shahabuddeen (interprétation). Général, avez-vous protesté
10 auprès du ministère compétent en disant plus ou moins ceci : "Ecoutez,
11 moi, le colonel Blaskic, je me
12 retrouve dans une situation très difficile. La Communauté internationale
13 me pose des questions, souhaite que je fournisse des réponses, alors que
14 je ne suis pas capable de les fournir. S'il vous plaît, faites en sorte,
15 que la police militaire ne répète pas l'action qu'elle a effectuée sinon
16 c'est ma renommée personnelle qui subira les conséquences d'une telle
17 action."
18 Avez-vous dit ou fait quelque chose comme ceci ?
19 M. Blaskic (interprétation). - En ce qui concerne toutes mes
20 connaissances portant sur les réunions avec les organisations
21 internationales, je transmettais ces informations à mes supérieurs. Il
22 m'est un peu difficile de me concentrer en ce moment.
23 M. Hayman (interprétation). - Je ne sais pas jusqu'à quelle
24 heure nous devons travailler aujourd'hui. Mais je vois que mon client,
25 aujourd'hui, se sent assez fatigué. Il est fatigué, je pense, après toute
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1 cette semaine. Nous pouvons rester jusqu'au moment que vous souhaitez,
2 mais j'ai l'impression qu'il perd sa concentration.
3 M. Shahabuddeen (interprétation). Monsieur Hayman, je
4 détesterais me sentir responsable de ce résultat. C'est au juge,
5 président de la Chambre, à se prononcer.
6 M. le Président. - Je veux bien interrompre 5 minutes. Je ne
7 veux pas qu'il soit dit que votre client n'ait pas pu se concentrer sur
8 une réponse. Je vous ferai remarquer que c'est bien souvent lui-même qui
9 se met dans cette situation parce qu'il répond avec énormément de détails.
10 Nous sommes d'ailleurs tous fatigués. Alors, si vous voulez bien, puisque
11 nous sommes tous fatigués, nous allons prendre 5 minutes pour permettre au
12 Général Blaskic de se remettre, de finir de répondre à la question de mon
13 collègue le Juge Shahabuddeen. Je crois que le Juge Rodrigues souhaite
14 également poser une question. Nous arrêterons à 17 heures 30 et non à
15 17 heures 45.
16 Mais peut-être, si vous avez une influence positive, Maître
17 Hayman et Maître Nobilo, demandez lui d'essayer de répondre de se
18 concentrer parfois très directement sur la question. Parce que souvent, et
19 c'est normal, il essaie évidemment de plaider autour d'un fait et
20 je pense que ce doit être très fatiguant. Puis, le temps court, le temps
21 court pour l'accusation.
22 Tout ceci, nous allons y réfléchir pendant 5 ou 6 minutes, cela
23 va nous permettre de nous détendre.
24
25 L'audience, suspendue à 17 heures, est reprise à 17 heures 15.
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1 M. le Président. - Général, comment vous sentez-vous ?
2 M. Blaskic (interprétation). Mieux, mais je suis toujours
3 fatigué, Monsieur le Président.
4 M. le Président. - Mais vous vous fatiguez vous-même, ce ne sont
5 pas les juges qui vous fatiguent.
6 M. Blaskic (interprétation). Ce n'est pas un reproche par
7 rapport aux juges que je fais.
8 M. le Président. - Je ne sais plus très bien où j'en suis. Je
9 suis moi-même fatigué. Je crois que vous vouliez apporter une précision à
10 la question du Juge Shahabuddeen.
11 M. Shahabuddeen (interprétation). - Je vais essayer de
12 contribuer à l'avancement de nos travaux en annonçant que je renonce à ma
13 question.
14 M. le Président. Vous avez censuré le Juge Rodrigues aussi.
15 Donc moi je renonce à toute question jusqu'à 17 heures 30 et nous
16 reconfions la maîtrise des opérations au Procureur.
17 Allez-y, Monsieur le Procureur.
18 M. Kehoe (interprétation). Merci infiniment, Monsieur le
19 Président.
20 Général, dans le cadre de votre témoignage, vous avez précisé
21 que dans le cours du mois de septembre, Sliskovic vous a précisé que tout
22 le rapport relatif à Ahmici était mis au point et que les dossiers et les
23 noms des personnes suspectes avaient été envoyés au bureau du service de
24 sécurité à Mostar. Il a également ajouté, je cite : "Que toute l'affaire,
25 désormais, n'était plus entre vos mains et que vous n'aviez plus à vous en
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1 préoccuper".
2 Général, vous avez reçu le rapport de Sliskovic le 25 mai 1993.
3 Qui vous empêchait ou qu'est-ce qui vous empêchait de recevoir le rapport
4 de Sliskovic à la fin du mois de septembre 1993 ?
5 M. Blaskic (interprétation). Lorsque je demandais que
6 l'assistant de sécurité m'envoie un rapport, vers le 30 septembre, il m'a
7 dit que tout le dossier a été transmis au service de sécurité à Mostar.
8 C'était le dossier qui contenait également le nom des suspects. Il a dit
9 qu'il n'était plus compétent pour ceci. Il m'a dit personnellement que
10 ceci ne relevait plus de ma compétence non plus, qu'il envoyait le dossier
11 à Mostar.
12 M. Kehoe (interprétation). - Vous avez reçu le rapport de
13 Sliskovic le 25 mai, ceci nous l'avons vu dans la pièce de la défense 342.
14 Qui a décidé que vous n'alliez pas obtenir le rapport du SIS envoyé fin
15 septembre 1993 ?
16 M. Hayman (interprétation). Excusez-moi, la question a tété
17 posée et a reçu réponse précédemment.
18 M. Kehoe (interprétation). - A la fin du mois de septembre 1993,
19 qui a décidé que vous n'obtiendriez pas ce rapport ?
20 M. Blaskic (interprétation). - L'assistant du service de
21 sécurité m'a donné une telle réponse, mais quant à la question de savoir
22 qui l'a dit à .
23 M. Kehoe (interprétation). Général, avez-vous demandé à
24 Sliskovic s'il y avait eu une modification de la loi, si les circonstances
25 avaient changé, si quelque chose faisait que vous ne pouviez plus
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1 désormais recevoir ce rapport ?
2 M. Blaskic (interprétation). Je lui ai demandé de recevoir
3 tout le dossier, le dossier complet et je lui ai dit, personnellement, peu
4 avant la fin du mois de septembre, que c'était son dernier délai et que
5 j'insistais pour obtenir le dossier complet. Le 29, il m'a dit ce que j'ai
6 déjà invoqué tout à l'heure, que maintenant cela relevait de la compétence
7 du service de sécurité.
8 M. Kehoe (interprétation). Ecoutez ma question, Général, je
9 vous la répète une fois encore.
10 Avez-vous demandé à Sliskovic si une modification était
11 intervenue dans la loi, si les circonstances avaient changé, si quelque
12 chose vous empêchait d'obtenir ce rapport ? Lui avez-vous posé cette
13 question ?
14 M. le Président. - La question est claire là, Général Blaskic.
15 M. Blaskic (interprétation). Oui, je lui ai demandé de me
16 donner le dossier, c'est la réponse qu'il m'a donnée. Ce sont ses
17 supérieurs qui ont pris cette décision-là.
18 M. Kehoe (interprétation). Bien. Ses supérieurs avaient pris
19 cette décision-là. Qui étaient les supérieurs qui ont pris ladite
20 décision ?
21 M. Blaskic (interprétation). - Je ne sais pas précisément qui
22 étaient ces chefs qui ont pris cette décision. Ce que je sais, tout
23 simplement, c'est que la direction du service de sécurité du SIS se
24 trouvait à la tête du SIS et cette instance était subordonnée soit au
25 ministère de la Défense soit au ministre lui-même.
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1 M. Kehoe (interprétation). - Général, vous avez déclaré
2 plusieurs fois, aujourd'hui et à d'autres moments, que vous vouliez
3 absolument éviter que les événements d'Ahmici se reproduisent. Vous nous
4 avez également expliqué que vous aviez une centaine de criminels qui
5 appartenaient à la police militaire. Est-ce que vous déclarez que vous
6 n'avez pas fait des recherches sur le fait de savoir qui avait décidé que
7 vous ne deviez pas obtenir ce rapport ? C'est ce que vous déclarez ?
8 M. Blaskic (interprétation). Tout d'abord, lorsque vous dites
9 que je n'ai pas essayez, il faut savoir que moi j'ai essayé d'aller
10 jusqu'à la limite jusqu'à laquelle je considérais pouvoir aller. J'ai
11 insisté auprès de l'assistant de sécurité. Je ne sais pas qui a donné
12 l'ordre à
13 l'assistant de sécurité d'envoyer le dossier à Mostar plutôt que de me le
14 remettre à moi.
15 Deuxièmement, je n'avais pas dans mes rangs une centaine de
16 criminels. Mais la police militaire a été telle qu'elle était auparavant.
17 Quant à la police militaire, bien formée et bien enfermée par la suite,
18 lorsqu'elle a été directement sous mes ordres, a été proclamée comme la
19 meilleure police militaire qui ai jamais existé. C'est Marin Kopalavra qui
20 se trouvait à sa tête.
21 M. Kehoe (interprétation). Général, lorsque vous avez vu que
22 vous n'obtiendriez pas ce rapport, avez-vous discuté avec Petkovic ? Avez-
23 vous exigé d'obtenir ce rapport afin de pouvoir vous débarrasser des
24 membres de la police militaire qui se livraient à des actes criminels,
25 afin de pouvoir vous assurer que les événements d'Ahmici ne se
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1 reproduiraient plus jamais ?
2 M. Blaskic (interprétation). Un instant, s'il vous plaît, je
3 souhaite consulter ma chronologie. Je sais que vers la fin du mois de
4 septembre 1993, j'ai informé le chef d'état-major principal,
5 personnellement, du fait que l'enquête menée par l'assistant de sécurité
6 était inefficace. Lorsque l'assistant de sécurité m'a dit que le dossier
7 était transmis à la direction du SIS, je croyais que le SIS lui-même
8 allait continuer avec l'enquête.
9 M. Kehoe (interprétation). - Général, ma question était la
10 suivante : après que Sliskovic vous ait dit, après la fin du mois de
11 septembre, que vous n'alliez pas obtenir ce rapport, êtes-vous allez voir
12 le chef d'état-major principal, pour lui demander, exiger que ce rapport
13 vous soit remis, afin de pouvoir connaître l'identité des "perpétrateurs"
14 de l'acte, afin de pouvoir empêcher que ne se reproduisent les événements
15 d'Ahmici ? L'avez-vous fait oui ou non ?
16 M. Blaskic (interprétation). - J'ai informé le chef de l'état-
17 major principal du fait que je n'ai pas reçu le dossier de Sliskovic.
18 Mais, moi, je ne pouvais pas aller voir le chef d'état-major principal à
19 tout moment, seulement, quand ceci m'était autorisé et possible, étant
20 donné que j'étais complètement assiégé. Mais le chef d'Etat d'état-major
21 principal a été informé du fait que je n'ai pas reçu le dossier.
22 M. Kehoe (interprétation). - La réponse à la question est donc
23 que vous n'avez jamais demandé au chef d'état-major de s'enquérir des
24 noms, de l'identité des "perpétrateurs" de ces actes ?
25 M. Blaskic (interprétation). L'assistant du SIS m'a dit que
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1 c'était la direction du SIS qui prenait le contrôle de l'ensemble de
2 l'enquête, que le chef d'état-major principal a été informé du fait que,
3 moi, je n'ai pas reçu le dossier.
4 M. le Président (interprétation). - Je ne voudrais pas
5 intervenir, j'ai dit que je ne poserai pas de question. Je voudrais
6 simplement, peut-être me faire l'intermédiaire entre le Procureur et vous.
7 Il y a un petit malentendu. Je pense que le Procureur essaie de savoir
8 ceci : vous vous déclarez préoccupé que ceci ne se reproduise pas. C'était
9 aussi la réponse aux questions du Juge Shahabuddeen. Vous avez
10 l'impression que c'est peut-être la responsabilité de la police militaire.
11 Vous avez confié une enquête au SIS. Il me semble que le procureur essaie
12 de savoir pourquoi et comment vous vous laissez déposséder des résultats
13 de cette enquête, alors que c'est peut-être important pour vous de savoir
14 si c'est la police militaire, vous avez quand même un nombre de criminels
15 importants.
16 C'était peut-être cela, Monsieur le Procureur, cette question.
17 Je ne voudrais pas que le témoin se fatigue trop, puisque nous allons
18 arrêter. J'aimerais que l'on arrête après avoir obtenu cette réponse.
19 C'est une grande préoccupation.
20 M. Blaskic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs
21 les Juges, je crois que l'assistant du SIS a reçu l'ordre de ses
22 supérieurs de la direction du SIS pour agir de telle sorte. Je suppose que
23 ce sont les supérieurs qui ont pris cette décision.
24 M. le Président (interprétation). Monsieur le Procureur,
25 question suivante ?
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1 M. Kehoe (interprétation). - Monsieur le Président, je n'aime
2 pas répéter les questions que j'ai déjà posées. Mais tout de même, la
3 question que j'avais posée était en liaison avec celle que vous-même avez
4 posée.
5 M. le Président (interprétation). - C'est une question
6 importante. Si vous voulez répondre demain matin, cela m'est égal. C'est
7 une question importante et nous arrêterons ensuite.
8 Je vous rappelle que c'est vous qui, de votre propre autorité
9 -vous avez répondu à une question du Juge Rodrigues là-dessus- vous avez
10 décidé que ce ne serait pas la police militaire qui ferait une enquête. On
11 ne sait pas très bien d'ailleurs pourquoi vous étiez compétent tout d'un
12 coup, mais c'est vous qui désignez l'assistant du SIS. C'est vous-même qui
13 prenez les choses en main, c'est vous-même, presque, qui êtes le directeur
14 des enquêtes.
15 Vous recevez un rapport le 25 mai. Trois mois après, vous
16 reformulez, on peut le comprendre parce que vous êtes mécontent des
17 résultats. A ce moment-là, le même assistant, qui est votre assistant de
18 sécurité, vous dit qu'il a transmis le rapport à Mostar, en tout cas, à sa
19 hiérarchie. Le Procureur vous demande si vous n'êtes pas plus curieux que
20 cela de savoir si vous ne pouvez pas avoir ce rapport, de quel droit,
21 quelle est la législation.
22 Si c'est si important cette question le Procureur ne les répète
23 pas pour rien- c'est parce vous avez dit vous-même au Juge Shahabuddeen
24 que vous étiez très préoccupé, que les crimes comme ceux de Ahmici ne se
25 répètent pas. Vous étiez tellement préoccupé que vous étiez en train
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1 d'organiser la réorganisation de la police militaire.
2 Je comprends la question. Si vous voulez y réfléchir ce soir ou
3 cette nuit, on y reviendra demain matin. J'aurais préférez que l'on
4 termine ce soir sur ce point-là. Vous préférez y répondre demain matin ?
5 Si vous êtes fatigué, Général Blaskic, je ne veux pas du tout que vous
6 ayez le sentiment que l'on vous pressure mais il faut bien quand même que
7 vous répondiez aux questions qui vous sont posées. Celle-ci a le mérite
8 d'être importante. Vous
9 préférez attendre demain matin ?
10 M. Blaskic (interprétation). - Je vais essayer, si j'ai bien
11 compris. Monsieur le Président, la compétence de la direction du SIS avait
12 la priorité par rapport à ma compétence. Mais moi, j'ai informé mes
13 supérieurs de ceci.
14 M. le Président (interprétation). Général, vous nous répondez
15 toujours de façon formelle. Vous répondez toujours par la réglementation.
16 Quand il s'est agi de décider si c'était SIS qui serait chargé de
17 l'enquête, vous n'avez pas regardé la réglementation. Vous avez bien
18 estimé que vous étiez compétent.
19 Ecoutez, je crois, tout le monde est fatigué : Me Hayman est
20 complètement crevé. Vous le voyez bien d'ailleurs, il ne fait que des
21 dénégations, etc. Maître Nobilo est anesthésié, le Procureur est fatigué,
22 les Juges sont fatigués et, vous, vous êtes fatigué. Je vous propose
23 d'arrêter. Vous allez y réfléchir, mais j'autorise le Procureur qui, lui-
24 même, va réfléchir à reformuler sa question.
25 Je vous demande, Monsieur le Procureur de la présenter
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1 autrement. J'ai essayé de vous la présenter autrement. Le Juge
2 Shahabuddeen vous a posé des questions qui tournaient autour du même
3 problème. Nous ne sommes plus en mai, nous sommes en août, vous craignez
4 que cela se répète, les faits et les crimes.
5 Le Juge Rodrigues a aussi une question à vous poser, je l'ai
6 censuré. Je m'en excuse amicalement. Il est 17 heures 30, et vous allez y
7 réfléchir. Tout le monde à besoin de se reposer.
8 Demain matin, Monsieur le Procureur, vous reprendrez ce point,
9 mais je voudrais que vous le représentiez différemment.
10 M. Kehoe (interprétation). - Bien oui, Monsieur le Président.
11 M. le Président (interprétation). L'audience reprend demain
12 matin à 9 heures. Nous sommes vendredi.
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14 L'audience est levée à 17 heures 30.
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