Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                    Affaire IT-95-14-T

  2   POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

  3  

  4   LE PROCUREUR

  5   c/

  6   Tihomir BLASKIC

  7         Jeudi 29 juillet 1999

  8  

  9  

 10   L’audience est ouverte à 10 heures 05.

 11   M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Monsieur le Greffier,

 12   introduisez l'accusé, s'il vous plaît. Je salue les interprètes qui

 13   m'entendent ?

 14   Interprète. - Bonjour, oui et, en plus, nous avons la vue.

 15   M. le Président. - Elles disent qu'en plus, elles ont la vision.

 16   Nous saluons l'accusation, le conseil de l'accusation, les sténotypistes,

 17   bien sûr, les conseils de la défense, nombreux. Nous saluons l'accusé. Et

 18   nous reprenons sans plus tarder pour notre avant-dernière journée de notre

 19   procès. C'est toujours Me Nobilo, je suppose.

 20   Donc, Maître Nobilo, vous avez la parole.

 21   M. Nobilo (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je

 22   demanderai que nous commencions quelques instants par un huis clos

 23   partiel, car nous nous sommes séparés hier soir à huis clos partiel, et

 24   nous n'en avons pas terminé avec le sujet.

 25   Huis clos partiel.


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 11   Audience publique.

 12   M. Nobilo (interprétation). - Donc de très nombreux éléments de

 13   preuve de la défense et du Procureur confirment et permettent de conclure,

 14   outre ce que je viens de dire, que l'unité spéciale des Vitezovi ne

 15   faisait pas partie de la ligne de commandement et de contrôle du colonel

 16   M. Blaskic.

 17   Cette unité a été rattachée temporairement, comme on le verra

 18   d'après l'ordre sur lequel nous reviendrons dans quelques instants et cela

 19   a été dit et expliqué également par le général Blaskic et par Slavko

 20   Marin.

 21   Le terme "rattachement" signifie qu'il est impossible de

 22   sanctionner, impossible de remplacer le commandant, que ce commandant ne

 23   se trouve pas dans la ligne logistique de celui auquel il est rattaché,

 24   etc. etc. Mais que cette unité est rattachée pour un combat particulier.

 25   Il y a un autre fait important : lorsqu'une unité est rattachée


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  1   -il convient de le garder en mémoire lorsqu'on parle des Vitezovi et de la

  2   police militaire-, la filière de commandement habituelle reste inchangée,

  3   c'est-à-dire que le commandant des Vitezovi ou de la police militaire est

  4   envoyé auprès de Blaskic pour l'aider, mais la filière de commandement,

  5   elle, est unique, reste inchangée. C'est pourquoi nous parlons d'une

  6   dualité dans la filière de commandement parce que, pendant tout ce temps,

  7   la filière de commandement est double, indépendamment du fait que la

  8   police militaire et les Vitezovi aient été rattachés à Blaskic. Nous

  9   allons le prouver aussi bien pour l'une que pour l'autre de ces deux

 10   unités.

 11   L'un des documents les plus importants, selon le Procureur, à

 12   cet égard, est le document de l'accusation 666. Il s'agit de l'ordre par

 13   lequel les Vitezovi sont rattachés à Blaskic, en date du 19 janvier 1993.

 14   Pendant que nous attendons, nous allons peut-être pouvoir placer

 15   ce document sur le rétroprojecteur. Donc, le 19 janvier 1993...

 16   Mais il faudrait déplacer le document sur le rétroprojecteur

 17   pour que l'intégralité puisse être lue. Nous n'en avons qu'une partie ici.

 18   Peut-on le remonter un peu ?

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   Le 19 janvier 1993, les Vitezovi sont rattachés à Blaskic.

 21   Donc, le 19 janvier, les Vitezovi sont rattachés à Blaskic. La

 22   question qui se pose consiste à se demander s'il s'agit d'une

 23   réorganisation de la structure de commandement au sein du HVO et de la

 24   zone opérationnelle de Bosnie centrale, donc, qu'à partir de cette date,

 25   Blaskic a commandé aux Vitezovi, comme l'affirment les représentants du


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  1   Procureur ou s'il s'agissait de quelque chose de complètement différent.

  2   La réponse est qu'il s'agissait de quelque chose de complètement

  3   différent.

  4   A la lecture du document 508 A, que l'on trouve actuellement à

  5   l'écran, qui est daté du 15 janvier 1993…

  6   M. le Président. – C'est une pièce de l'accusation ou de la

  7   défense, 508 ?

  8   M. Nobilo (interprétation). - C'est une pièce de l'accusation,

  9   Monsieur le Président : 508 A, pièce de l'accusation.

 10   M. le Président. – Poursuivez.

 11   M. Nobilo (interprétation). - Il n'y a pas de problème. A la

 12   lecture de la pièce à conviction de l'accusation 508 A, on constate qu'un

 13   ordre est donné qui porte sur le rattachement de toutes les unités de

 14   l'armée du HVO et de la Bosnie-Herzégovine dans la province 10, à partir

 15   du 15 janvier 1993.

 16   Vous vous rappellerez que, dans le cadre des négociations de

 17   Genève, dans le cadre des pourparlers au sujet du plan Vance-Owen, Bruno

 18   Stojic a donné un ordre, dans le même sens que Petkovic a donné un ordre à

 19   Blaskic, il a donné l'ordre que, dans certaines provinces e Bosnie-

 20   Herzégovine, le HVO soit rattaché à l'armée de Bosnie-Herzégovine et que,

 21   dans d'autres endroits, ce soit l'armée de Bosnie-Herzégovine qui soit

 22   subordonnée au HVO. La province 10 correspond à peu près à la zone

 23   opérationnelle de Bosnie centrale.

 24   Je vous invite maintenant à regarder de plus près le point 1 de

 25   cet ordre, dans lequel Petkovic ordonne que toutes les unités, je souligne


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  1   bien ; toutes les unités du HVO et de l'armée de Bosnie-Herzégovine soient

  2   placées sous le commandement du commandant de la zone opérationnelle. Le

  3   sens de ce document visait principalement à ce que l'armée de Bosnie-

  4   Herzégovine soit subordonnée ou rattachée à la zone opérationnelle de

  5   Bosnie centrale.

  6   C'était la signification fondamentale de cet ordre. Mais un tel

  7   principe ne peut pas être appliqué. Dans une province, l'armée de Bosnie-

  8   Herzégovine ne peut pas être subordonnée au commandant de la zone

  9   opérationnelle, alors que toutes les unités du HVO ne seraient pas en même

 10   temps subordonnées au commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

 11   centrale.

 12   C'est dans ce sens, c'est-à-dire au moment où l'objectif

 13   consistait à mettre l'armée de Bosnie-Herzégovine sous les ordres du

 14   commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, comme nous le

 15   voyons dans la pièce à conviction P508 A ; parce que, quatre jours plus

 16   tard, Petkovic émet un ordre selon lesquels les Vitezovi eux aussi doivent

 17   être aussi subordonnés. Bien sûr, parce que, selon cet ordre général, tous

 18   les hommes doivent être subordonnés, aussi bien les hommes de l'armée de

 19   Bosnie-Herzégovine que les hommes du HVO.

 20   Mais l'objet de cet ordre était avant tout que l'armée de

 21   Bosnie-Herzégovine soit placée sous les ordres du HVO.

 22   Alors, que se passe il ? La réponse de l'armée de Bosnie-

 23   Herzégovine est non, elle est négative. Quelques jours plus tard, l'armée

 24   de Bosnie-Herzégovine attaque à Busovaca, elle attaque le HVO. Il n'est

 25   même plus question de subordination.


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  1   Le 24 janvier déjà, des conflits éclatent et tout ce qui est dit

  2   dans cet ordre tombe à l'eau, car cet ordre devient sans objet. De cette

  3   façon, l'ordre de subordination des Vitezovi devient sans objet lui aussi,

  4   parce qu'il n'était pas l'objet principal ; il faisait simplement partie

  5   d'un plan plus vaste qui visait à ce que l'armée de Bosnie-Herzégovine

  6   soit subordonnée au HVO sur ce territoire, dans cette province.

  7   Donc, la pièce à conviction de l'accusation 666 devient

  8   également sans objet, alors que la pièce 508 A devient sans objet elle-

  9   même.

 10   Immédiatement après le conflit du mois de janvier, les Vitezovi

 11   reviennent à leur commandement antérieur. Bien entendu, les personnes qui

 12   ont fourni cette information au Bureau du Procureur ont omis de fournir le

 13   deuxième ordre selon lesquels les Vitezovi revenaient à leur commandement

 14   antérieur. La défense, bien sûr, n'a pas eu la possibilité de mettre la

 15   main sur l'un quelconque de ces deux ordres. Mais nous savons que ce

 16   deuxième ordres existe et nous prouverons que les Vitezovi, dès après le

 17   conflit du 24 janvier 1993, sont revenus à leur situation ancienne, c'est-

 18   à-dire ont été replacés sous le commandement de Mostar.

 19   Cela ressort également d'un rapport qui émane des Vitezovi. Nous

 20   le verrons sur nos écrans. Il s'agit d'une portion de la pièce de la

 21   défense, D250.

 22   Cela prouve que le 15 mars 1993, l'unité Vitezovi envoie un

 23   rapport sur ses activités de combat en Bosnie centrale. Or, les activités

 24   de combat se sont déroulées en janvier, le conflit entre le HVO et l'armée

 25   de Bosnie-Herzégovine.


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  1   A qui est envoyé ce rapport ?

  2   A Bruno Stojic et à Milivoj Petkovic, bien entendu, à leur

  3   supérieur, à leur commandant. Les soldats, les commandants envoient

  4   toujours les rapports à leur supérieur, à leur commandant. Le fait qu'il y

  5   ait dualité de commandement à la date du 15 mars 1993, dans ce cas là, ce

  6   rapport aurait été à Milivoj Petkovic et aussi à Blaskic. Donc, dans ce

  7   cas-là, on aurait eu la preuve du fait qu'il y a dualité du commandement.

  8   Or, ce que nous avons ici, c'est une preuve d'une unique filière de

  9   commandement. Les Vitezovi retrouvent leur position, par rapport à la

 10   filière de commandement et de contrôle, leur position antérieure à l'ordre

 11   du 15 janvier 1993, à savoir la pièce de l'accusation 666.

 12   Les Vitezovi, qui était leur commandant ? Bruno Stojic et

 13   Milivoj Petkovic.

 14   Nous verrons que cela ressort très clairement de la pièce de la

 15   défense D250. Je demanderai au technicien de nous montrer ce qui est

 16   projeté sur le rétroprojecteur. Vous voyez ici… Peut-on l'agrandir, s'il

 17   vous plaît ? Ce qui nous intéresse, c'est ce qui est colorié. Nous voyons,

 18   en haut, suite à l'ordre du général de brigade Milivoj Petkovic, disent

 19   les Vitezovi dans le rapport qu'ils ont reçu un ordre émanant de

 20   Milivoj Petkovic et le 24 octobre, ils affirment également avoir reçu un

 21   ordre de la part de Bruno Stojic. Donc il ressort très clairement de ce

 22   que nous voyons qui était leur commandant.

 23   Cependant, l'important est de savoir qui commandait ces unités

 24   en 1993 ?

 25   Je vais vous donner citation de quelques phrases de la pièce


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  1   D250, sur le rapport qui couvre l'ensemble de l'année 1992 et de l'année

  2   1993. Nous allons placer cela sur le rétroprojecteur pour voir ce que

  3   l'adjoint au commandant des Vitezovi dit qui était leur commandant en

  4   1993. Je cite : "La communication avec le supérieur, dans la période

  5   passée, était nulle. Nous nous sommes mis dans une situation où tout

  6   travail administratif et toutes les pièces administratives ne peuvent être

  7   faits que d'après ce que nous pouvons juger correct sans instruction

  8   qualifiée d'aucune part. A chaque fois que nous avons communiqué avec le

  9   quartier général pour les instructions, la réponse a été la même :

 10   téléphonez, appelez Mostar. Tout le monde sait comment fonctionnait les

 11   communications à l'époque."

 12   C'est Drago Vinac qui est l'adjoint de Darko Kraljevic qui

 13   rédige ce rapport.

 14   "Le premier contact que j'ai eu avec mes supérieurs, c'était

 15   quand j'ai dû faire l'objet de soins médicaux."

 16   Il ressort que les Vitezovi, au cours de la période passée, en

 17   1993, puisque le rapport est daté de 1994, n'avaient pas de contact avec

 18   leur supérieur. Or les Vitezovi sont de Vitez et c'est Blaskic qui se

 19   trouve à Vitez. Lui a son quartier général à Vitez. Donc pour tout

 20   problème administratif, pour tout conseil, ils se sont adressés au

 21   quartier général qui leur dit : "Mais enfin, appelez Mostar."

 22   Si les Vitezovi avaient été subordonnés à Blaskic, il se serait

 23   occupé de cette unité comme de toutes les autres. Pourquoi leur dit-on

 24   d'appeler Mostar ? Simplement parce que leur commandement se trouve à

 25   Mostar. Nous n'avons rien à voir avec les Vitezovi.


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  1   Puis, à la fin, Vinaz dit : "Le premier contact avec mon

  2   supérieur s'est produit lorsque je suis venu suivre un traitement médical,

  3   mais j'ai dû revenir."

  4   Donc il est venu de la vallée de la Lasva pour suivre ce

  5   traitement et c'est là qu'il a son premier contact avec son supérieur. Il

  6   ressort donc très clairement que leur commandant n'était pas le colonel

  7   Blaskic, que ce n'était pas lui qui commandait les Vitezovi, mais

  8   quelqu'un qui se trouvait à l'extérieur de la zone opérationnelle,

  9   autrement dit Milivoj Petkovic, d'après ce qu'il a reconnu lui-même. 

 10   Les sources du HVO ne sont pas les seules qui confirment le fait

 11   que ce n'est pas Blaskic qui commandait les Vitezovi. Nous avons d'autres

 12   sources, des parties tierces comme le dit l'accusation, des parties

 13   tierces auxquelles on peut faire totalement confiance. Un officier

 14   britannique, Matthew Whatley,  a noté dans son journal de guerre, le

 15   12 avril 1993, quatre mots : "Je n'ai pas d'yeux… (l'interprète se

 16   reprend)…Bruno, Vitezovi et Mostar, il n'a pas de pouvoir". Il n'a noté

 17   ces quatre mots et il n'a pas pu se rappeler ce que cela signifiait. Mais

 18   la Chambre qui a entendu toute une série de faits peut se rappeler des

 19   choses que le témoin ne peut plus se rappeler. Qui était le commandant

 20   dans la zone opérationnelle ? Blaskic. S'il dit "il n'a pas de pouvoir",

 21   c'était donc une exception.

 22   Le mot "Bruno", la seule personne qui s'appelle Bruno dans toute

 23   cette histoire de Bosnie centrale, c'est Bruno Stojic, le ministre de la

 24   Défense de Mostar. Le mot "Vitezovi" a à voir avec le mot "Bruno", Bruno

 25   Stojic Vitezovi. Puis le mot "Mostar", c'est là que siège l'homme qui


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  1   s'appelle Bruno et qui est le ministre de la Défense de Mostar.

  2   Si vous faites un lien avec ces quatre mots, ce lien étant

  3   quelque chose dont le témoin ne pouvait pas se rappeler, cela signifie que

  4   c'est Blaskic qui n'a aucun pouvoir sur les Vitezovi, c'est Bruno Stojic

  5   qui les commande et qui se trouve à Mostar.

  6   Au cours de l'année 1993, le commandement qui se trouve à Mostar

  7   contrôlait très étroitement les Vitezovi, ce qui ressort de la pièce de la

  8   défense D580. Nous allons placer cela sur le rétroprojecteur. Peut-on

  9   agrandir, s'il vous plaît.

 10   Il s'agit d'un ordre qui émane de Bruno Stojic. Nous allons

 11   placer le texte croate sur le rétroprojecteur pour voir la signature et le

 12   sceau. Nous voyons donc, à droite : "Bruno Stojic, Mostar, département de

 13   la Défense du HVO, Conseil croate de la défense." Il s'agit d'un ordre. On

 14   voit quelle est la liste des personnes à qui s'adresse cet ordre.

 15   De cette liste des destinataires indépendants, on voit, à la

 16   ligne 3 : "zone opérationnelle de Bosnie centrale" et, deux lignes plus

 17   bas "Bataillon professionnel Vitezovi, Vitez". Cela prouve la chose

 18   suivante : en juin, lorsque cet ordre arrive, donc en juin 1993, les

 19   Vitezovi sont dans une filière indépendante par rapport à la zone

 20   opérationnelle. Donc c'est exactement ce que nous avons entendu et ce que

 21   j'ai expliqué à huis clos.

 22   Selon la logique militaire, cela n'aurait pas pu être possible,

 23   puisque Bruno Stojic aurait communiqué ses ordres dans la zone

 24   opérationnelle et à toutes les unités qui sont sous ses ordres. Donc

 25   pourquoi Bruno Stojic s'adresse-t-il aux Vitezovi et pourquoi pas à Nikola


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  1   Subic-Zrinjski qui est à Busovaca ? Parce qu'à Busovaca, ils sont sous les

  2   ordres de la zone opérationnelle, alors que les Vitezovi ne sont pas dans

  3   le cadre de la zone opérationnelle. Une seule pièce, la pièce 456/20 de

  4   l'accusation a été citée pour prouver le contraire.

  5   Il s'agit d'une lettre de Darko Kraljevic, une lettre qui

  6   s'adresse à 3e Corps d'armée : "Le 14 avril, l'armée de Bosnie-Herzégovine

  7   a essayé de tuer Darko Kraljevic, c'est la Forpronu, les hommes de Cerkez

  8   qui sont intervenus pour le sauver, pour qu'il ne soit pas tué." Les

  9   Vitezovi étaient très mal vus par les hommes de l'armée de Bosnie-

 10   Herzégovine. Darko Kraljevic s'est senti menacé. Il a envoyé un message à

 11   l'armée en disant : "Si je suis attaqué moi-même, c'est la zone

 12   opérationnelle de Bosnie centrale toute entière qui est attaquée."

 13   C'est de cette manière qu'il a cherché à se protéger, d'une

 14   part. D'autre part, d'après la déposition du général Blaskic, à la date du

 15   15 avril 1993, le lendemain de cette tentative de meurtre, Kraljevic est

 16   venu voir Blaskic en disant : "Totic a été enlevé et son escorte a été

 17   tuée à Zenica. Il y a eu, contre moi, une tentative d'assassinat. Je me

 18   mets à la disposition de la zone opérationnelle." A ce moment-là, Darko

 19   Kraljevic a pris la décision de se mettre à la disposition de la zone

 20   opérationnelle en disant : "Nous serons tous tués, les uns après les

 21   autres". C'est à ce moment-là qu'il envoie ce rapport, après s'être mis à

 22   la disposition de Blaskic.

 23   La tentative suivante de prouver est un ordre qui émane de

 24   Blaskic où il interdit que l'on entre dans les appartements Musulmans,

 25   ainsi qu'un certificat donné par Darko Kraljevic à un Musulman pour


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  1   montrer qu'il est sous la protection des Vitezovi et que personne ne peut

  2   l'expulser.

  3   Mais, cela n'a rien à voir, et cela n'a pas de sens. C'est

  4   absurde. Si Darko Kraljevic avait été sous les ordres de Blaskic, s'il

  5   avait reçu un ordre interdisant qu'on entre dans les appartements

  6   musulmans, il aurait émis un ordre à ses unités ; il n'aurait pas émis des

  7   certificats au cas par cas, à chacun des individus. Donc cela n'a aucun

  8   sens. Quant aux dates, c'est une coïncidence. Kraljevic avait une raison

  9   de protéger ce Musulman, mais cela ne fait que prouver son pouvoir.

 10   Un autre témoin de la partie tierce, Charles McLeod, à la

 11   page 6436, ligne 9 et suivantes, dit la chose suivante : "Le HVO, à

 12   l'époque, avait de toute évidence deux commandants, Blaskic et Kraljevic,

 13   mais je n'ai pas pu constater quels sont leurs liens mutuels au sein de la

 14   filière de commandement." Ce même témoin cite une information qu'il a

 15   reçue de Ramis Dugalic, un officier de renseignements de l'armée de

 16   Bosnie-Herzégovine. Il a dit la chose suivante : "Le HVO dispose de deux

 17   formations, une légale, et l'autre qui est chargée des affaires sales.

 18   Cette autre, elle est commandée par Darko Kraljevic."

 19   Bien entendu la question qui se pose est de savoir pour quelle

 20   raison l'unité qui est directement liée à Mostar est chargée de faire le

 21   sale travail. Pourquoi l'armée de Bosnie-Herzégovine indique que c'est

 22   cette unité-là ? Et ce qui est très indicatif, c'est que l'armée de

 23   Bosnie-Herzégovine ne montre pas Blaskic comme s'acquittant du sale

 24   travail.

 25   Quant à Sefkija Djidic, si vous vous rappelez, c'était un des


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  1   premiers témoins ; il était commandant de l'armée à Stari Vitez, il

  2   connaissait Cerkez, Darko Kraljevic ; tous ces gens, il les connaissait

  3   personnellement.

  4   A la page 1369, il a dit la chose suivante : "Les Vitezovi se

  5   sont intégrés au sein du HVO pendant l'attaque du 16 avril 1993." Pour

  6   lui, c'est ça la date où commencent à œuvrer ensemble les Vitezovi et les

  7   HVO. Il reste à Stari Vitez, il ne peut pas connaître les détails sur les

  8   événements qui suivent. Mais, avant la date du 16, pendant que les

  9   communications existent, pendant qu'ils étaient des alliés, pendant qu'ils

 10   coopéraient, donc Sefkija Djidic, qui est commandant dans l'armée, dit :

 11   "Jusqu'au 16 avril, les Vitezovi n'avaient pas été incorporés au sein du

 12   HVO". Lorsqu'il parle du HVO, il pense aux brigades qui se trouvaient au

 13   sein de la zone opérationnelle de Bosnie centrale.

 14   Un autre témoin de l'accusation, Kavazovic, à la page 2425,

 15   lorsqu'il est venu déposer, il a dit que Darko Kraljevic disposait d'une

 16   armée privée, qui ne recevait d'ordres que de lui-même. C'est comme cela

 17   qu'il l'a perçu. Mais à la page 2455, il dit explicitement : "Kraljevic

 18   était séparé du HVO ou de la police militaire, et personne ne pouvait

 19   s'opposer à lui." C'est un témoin de l'accusation qui le dit. Baggesen, un

 20   autre témoin de l'accusation, a remarqué une différence entre le HVO et le

 21   HOS -un autre nom pour les Vitezovi, parce qu'on a souvent fait la

 22   confusion- parce qu'il a remarqué que le HOS disposait de meilleures

 23   armes. Un témoin de l'accusation, Tudor Ellis, a dit que le HOS, les

 24   Vitezovi, pouvait mener des attaques de sa propre initiative. Qu'est-ce

 25   que ça veut dire ? Qu'ils ne sont pas dans la filière de commandement du


Page 23280

  1   commandant de la zone opérationnelle.

  2   Nous consulterons quelques citations de plus. J'ai besoin de

  3   l'assistance des techniciens, s'il vous plaît.

  4   Nous avons besoin d'entendre le temps…

  5   (Inaudible.)

  6   … Darko Kraljevic, Zuti, et d'autres individus en tant que

  7   commandant face à ses subordonnés. (L'interprète a interprété ce qu'il a

  8   pu).

  9   M. Nobilo (interprétation). - Je répéterai.

 10   "A votre avis, lorsque vous l'analysez, vous pensez que Blaskic

 11   commandait Darko Kraljevic , Zuti, et d'autres individus en tant que

 12   commandant, face à ses subordonnés ?"

 13   Réponse : "Non, pas du tout. Dans ces conditions-là, absolument

 14   pas."

 15   C'était le témoin Edward Tolo.

 16   Peut-on passer à huis clos partiel, s'il vous plaît ?

 17   Huis clos partiel.

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


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  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   Audience publique

 22   M. Nobilo (interprétation). - Il ressort de ce que je viens de

 23   dire, que Darko Kraljevic et l'unité spéciale Vitezovi n'étaient pas dans

 24   la filière de commandement et de contrôle du commandant de la zone

 25   opérationnelle de Bosnie centrale. Plutôt, ils disposaient de leur propre


Page 23282

  1   filière de commandement et de contrôle qui allait de Darko Kraljevic au

  2   générale Petkovic et Bruno Stojic.

  3   Les Vitezovi, dans certains combats, ont été rattachés au

  4   général Blaskic à partir du 16 avril ; rattachés signifie que Blaskic

  5   pouvait déployer les Vitezovi, mais ne pouvait prononcer de sanction à

  6   l'encontre de Darko Kraljevic, ne pouvait pas le relever de ses fonctions,

  7   en pouvait pas décider des effectifs des Vitezovi, qui en fera partie ou

  8   non, ni de leur solde ni de leur logistique. De toute manière, les

  9   Vitezovi ne faisaient pas partie intégrante de la zone opérationnelle de

 10   Bosnie centrale.

 11   Par conséquent, le général Blaskic, à l'exception des moments où

 12   il a déployé les Vitezovi de manière directe, ne peut pas être responsable

 13   de ce qu'ont fait les Vitezovi.

 14   Nous allons à présent évoquer une unité souvent mentionnée au

 15   cours de ce procès. Il s'agit d'une unité qui a joué un rôle-clé dans

 16   nombre d'événements imputés au général Blaskic dans notre acte

 17   d'accusation. Il s'agit de la police militaire.

 18   A la page 18066, Blaskic dépose. Il dit que, le 13 décembre 92,

 19   une réunion s'est tenue à Vitez. L'administration de la police militaire

 20   de Mostar a envoyé Lovric, Barbaric et Mustasic. Pasko Ljubicic, le

 21   commandant de la police militaire, est présent à cette réunion. Il lui a

 22   été expliqué, à ce moment-là, qu'il pouvait utiliser la police militaire

 23   uniquement si, à chaque fois, il téléphonait et demandait une autorisation

 24   de Mostar. Pour tout.

 25   En dépit de cela, Blaskic ne suit pas totalement, mais envoie


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  1   des ordres directement à la police militaire pour ce qui est des tâches

  2   policières, et attend qu'eux-mêmes contactent Mostar et reçoivent

  3   l'autorisation. Au printemps 93, un nouveau règlement est adopté. Dans ce

  4   règlement, il est dit que, pour les tâches quotidiennes, opérationnelles

  5   de la police militaire, Blaskic peut utiliser la police militaire.

  6   Toutefois, l'utilisation en tant qu'une unité de combat pour combattre

  7   l'ennemi, sur les lignes de front, de la police militaire, ne peut se

  8   faire que selon l'ordre du ministre de la Défense, autrement dit Bruno

  9   Stojic.

 10   Cette situation continue jusqu'au 1er août 1993. En effet, le

 11   général Blaskic est entouré, encerclé le 16 avril 1993. Le ministre de la

 12   défense et le chef de l'administration de la police militaire sont coupés

 13   des unités de la police militaire. Dans cette situation, c'est Blaskic qui

 14   saisit l'occasion. Il arrive à relever de ses fonctions Pasko Ljubicic

 15   pour toute une série de raisons auxquelles nous reviendrons plus tard. Il

 16   parvient, premièrement, à nommer quelqu'un qu'il a choisi, (expurgé)

 17   (expurgé), qu'il place à la tête de la police militaire ; deuxièmement, il

 18   arrive à se subordonner la police militaire. Autrement dit, dans la vallée

 19   de la Lasva, la police militaire était entièrement subordonnée au colonel

 20   Blaskic à partir du 1er août 1993.

 21   Slavko Marin a déposé ici. Il a dit que la police militaire

 22   pouvait être utilisée pour des tâches opérationnelles par le commandant de

 23   la zone opérationnelle ; il pouvait donc utiliser la police militaire

 24   uniquement, mais c'est le ministre de la Défense qui nommait et relevait

 25   les commandants. Ce qui s'est avéré très important, c'est que la police


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  1   militaire disposait d'un organe spécial pour toute affaire disciplinaire ;

  2   elle avait un système autonome de sanctions disciplinaires. Nous

  3   rentrerons dans les détails de cela, quand nous aborderons la partie

  4   concernant les sanctions disciplinaires.

  5   (expurgé), à la page 16685, dépose en disant que le

  6   1er août, lors de la première réunion avec le colonel Blaskic, Blaskic lui

  7   a dit la chose suivante : "Ta première tâche est d'intégrer la police

  8   militaire au sein de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, et ce dans

  9   les meilleurs délais." Il convient d'en tirer la conclusion suivante : la

 10   police militaire, jusqu'au 1er août 93 n'était pas intégrée au sein de la

 11   zone opérationnelle de Bosnie centrale. (expurgé), à la page 16708

 12   jusqu'à 710, dit, dans sa déposition, que le colonel Blaskic devait

 13   demander une autorisation au grand quartier général afin de pouvoir

 14   utiliser la police militaire en situation de combat et le grand quartier

 15   général devait transmettre cette requête au ministre.

 16   (expurgé) est

 17   explicite, à la page 16774, que les unités de la police militaire étaient

 18   directement subordonnées au ministre de la Défense et que, souvent, il y a

 19   eu des malentendus à cause d'une dualité dans la filière de commandement

 20   et de contrôle.

 21   Nous allons examiner à présent le sceau de la police militaire.

 22   Nous voyons très clairement, ici : Département de la Défense ;

 23   en bas, à la deuxième ligne, un autre nom pour le ministère de la défense.

 24   Puis, la ligne au-dessus, administration de la police militaire, Mostar,

 25   et, au-dessus le numéro 30.


Page 23285

  1   Qu'est-ce que cela signifie ? Il s'agit donc du sceau de Zvonko

  2   Vukovic, de Vitez, du commandant de l'époque de la police militaire. A

  3   Vitez, la police militaire a utilisé ce sceau. Nulle part, on ne voit

  4   figurer "Zone opérationnelle de Bosnie centrale" ; ce que l'on voit c'est

  5   la hiérarchie de l'organisation : département de la Défense,

  6   administration de la police militaire. En Bosnie centrale, un seul

  7   bataillon de la police militaire existait. Nous voyons ici le n° 30 ; cela

  8   veut dire qu'il a trente sceaux identiques. C'est dans toute la HZ-HV,

  9   c'est le même sceau qui est utilisé : il s'agit donc d'une unique

 10   organisation sur l'ensemble du territoire.

 11   A présent, je voudrais consulter un tableau, concernant le

 12   commandement de la police militaire.

 13   Nous voyons qu'il y a deux parties dans ce tableau dans

 14   lesquelles nous trouvons des citations venant de plusieurs sources et de

 15   plusieurs pièces à conviction. Elles portent sur la filière de

 16   commandement au sein de la police militaire.

 17   Nous avons d'abord cité un passage qui vient de la pièce de la

 18   défense 522, ainsi que de la pièce 523 de la défense. Il apparaît -un

 19   instant, s'il vous plaît- qui pouvait utiliser à des fins de combat cette

 20   même police militaire.

 21   Au point 9, on cite correctement le règlement de la police

 22   militaire, à savoir que l'engagement au combat sur les lignes de front ne

 23   peut se faire que sur ordre du ministère de la Défense. Cependant, nous

 24   avons de nombreuses sources d'information relatives à la chaîne de

 25   commandement dans la police militaire.


Page 23286

  1   Et nous pouvons examiner la pièce de l'accusation 457. Il s'agit

  2   du petit livre intitulé : "Trois ans de police militaire" " A la page 8 du

  3   texte croate de ce livre, nous trouvons ceci -je cite- : "Le 8 avril 92

  4   fut constitué le HVO. Deux jours plus tard, à savoir le 10 avril, c'est la

  5   police militaire qui a été créée. Ce jour là, le 10 avril, il avait été

  6   décidé que le commandant, le chef de la police serait Valentin Coric, qui

  7   s'est vu confier pour mission d'assurer l'unification de toutes les unités

  8   de la police militaire, établies jusqu'alors dans les différentes

  9   municipalités et de placer ces unités sous le contrôle d'un système unifié

 10   de commandement et de contrôle."

 11   Citation suivante qui nous vient de cette même pièce 457/1 de

 12   l'accusation, mais à la page 12 : "Afin d'unifier les activités de la

 13   police militaire et de bataillons de la police militaire légère, il faut

 14   l'assistance de la direction de l'administration de la police militaire

 15   qui aura ces responsabilités : elle va désigner les commandants des zones

 16   opérationnelles et elle sera autorisée à commander ces bataillons à

 17   travers les commandants de bataillon. Le commandement de la zone

 18   opérationnelle a daigné à ce poste Pasko Ljubicic."

 19   C'est la une nouvelle preuve de l'existence de cette dualité en

 20   matière de chaîne de commandement partout dans la police militaire, même

 21   au moment où la police militaire est rattachée à Blaskic, nous en trouvons

 22   la preuve dans la pièce 457/1, page 14. Il s'agit d'une pièce de

 23   l'accusation.

 24   Nous allons la voir sur l'écran dans un instant.

 25   Il est déclaré : "Toutes les unités de police militaire sont


Page 23287

  1   commandées et contrôlées par l'administration de la police militaire dont

  2   les ordres ont priorité absolue au niveau de la mise en oeuvre des

  3   missions". Si ces ordres bénéficient d'une priorité absolue, cela veut

  4   dire qu'il doit y avoir au moins deux filières de commandement. "Si l'on

  5   veut que les ordres donnés par l'administration bénéficie d'une priorité

  6   absolue".

  7   Ainsi de suite. Vous avez toute une série de citations qui vous

  8   sont soumises dans ce document. Nous avons vu certaines citations à

  9   l'écran et afin de ne pas prendre trop de temps –je ne vais pas citer tous

 10   les documents, documents que j’ai déjà cités et des sources écrites- il

 11   apparaît sans aucun doute qu'il y a une dualité dans le système de

 12   commandement dans la police militaire et que la chaîne de commandement

 13   depuis Mostar n'a jamais été interrompue.

 14   Pourrions-nous passer, pour un instant seulement, à huis clos

 15   partiel ?

 16   Audience à huis clos partiel.

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


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  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

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  6   (expurgée)

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 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   Audience publique.

 18   M. Nobilo (interprétation). - Outre ces témoins, nous avons

 19   entendu un autre témoin qui n'avait aucune raison d’aider Blaskic puisque

 20   c'était son opposant en temps de guerre, c’était le général

 21   Hadzihasanovic, commandant du 3e Corps.

 22   Un témoin de la Chambre qui a déposé devant vous et vous a dit

 23   qu'avant les éléments d'Ahmici, le colonel Blaskic lui avait confirmé le

 24   fait que certaines unités se trouvaient dans sous le commandement direct

 25   du ministre de la Défense. Ceci précédait les événements d'Ahmici.


Page 23289

  1   Hier, le Procureur a cité le témoin à décharge (expurgé), lequel a

  2   déclaré, en réponse à une question posée par le Procureur, qui lui avait

  3   demandé si de janvier 1993 jusque par la suite Blaskic était commandant de

  4   la police militaire ; il a répondu : "Oui, mais Blaskic était encerclé et

  5   il n'avait pas de communication avec Mostar".

  6   Je pense que le témoin n’avait pas entendu la date dont parlait

  7   le Procureur parce que, d'après la réponse fournie, il apparaît qu'au

  8   moment de l’encerclement, Blaskic a obtenu le commandement de la police

  9   militaire. Ceci ne s’est pas produit en janvier. A ce moment-là, il n'y

 10   avait pas d’encerclement, de coupure entre l’endroit où se trouvait

 11   Blaskic et Mostar.

 12   Question importante qui concerne les liens entre Blaskic et la

 13   police militaire. La question est de savoir si Blaskic avait une capacité

 14   de commandement sur cette police militaire au moment où étaient découverts

 15   les auteurs d'infractions pénales.

 16   "Réponse : Non."

 17   En effet, en vertu de l'article 54 et de l'article 55 du

 18   règlement de police militaire, il s'ensuit que la découverte, la mise à

 19   jour d'infractions pénales était le fait de la police militaire d'office

 20   et, de façon autonome, ou sur demande de l'enquêteur ou du Tribunal. Ce

 21   qui signifie qu'au sein des structures de la police militaire, en vertu

 22   des réglementations en vigueur, s'il y avait commission d'une infraction,

 23   des mesures devaient être prises ; mais il fallait aussi que ces

 24   procédures soient respectées. Elles ne pouvaient l'être que si le

 25   Procureur ou le juge compétent intervenait.


Page 23290

  1   Je vous l’ai expliqué hier, Monsieur le Président, Messieurs les

  2   Juges, la loi ou le droit en matière de procédures pénales s'appliquait

  3   aussi bien à la police civile qu'à la police militaire. Le colonel Blaskic

  4   n'avait pas d'autorité en matière civile, si ce n’est qu'il pouvait mettre

  5   en détention une personne dont il aurait découvert qu'elle avait commis

  6   une infraction jusqu'à l'arrivée du juge d’instruction. Ceci a été

  7   confirmé par Mato Tadic, ancien ministre de la Justice et procureur qui

  8   nous a dit que Blaskic n'avait pas capacité pour donner des ordres à la

  9   police militaire lorsqu'était découverte une infraction pénale ; mais il

 10   pouvait demander à la police militaire d'engager une enquête à ce propos.

 11   Il a dit, de façon explicite, que Blaskic n'avait pas de

 12   fonction de commandement, de pouvoir de commandement lui permettant

 13   d'ordonner à la police militaire de faire quoi que ce soit en matière

 14   d’enquête liée à une infraction pénale, comme il est précisé à la

 15   page 17176, ainsi qu'à la page suivante. Blaskic pouvait faire cette

 16   demande, mais il ne pouvait pas donner d’ordres.

 17   En général, Blaskic écrivait ses ordres. C'était la méthode

 18   qu'il avait pour assurer une communication militaire. Mais comme il

 19   n'était pas juriste, ce n'était pas un homme de loi, plutôt que de

 20   formuler une requête, il disait qu'il formulait un ordre. Ce qu’il faisait

 21   lorsqu’il s’adressait à tout autre entité. Il apparaît ainsi que les

 22   unités de la police militaire constituaient une force de la police

 23   militaire unifiée se trouvant sous le commandement du chef de

 24   l’administration de la police militaire à Mostar et du ministre de la

 25   Défense, Bruno Stojic. Cette filière de commandement était la filière de


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  1   base. Vous avez une ligne verticale qui, jamais, ne s'est modifiée.

  2   L'administration de la police militaire pouvait rattacher la

  3   police militaire, s'il y avait nécessité d’activités de combat. Il

  4   n'empêche que la filière de commandement fondamentale, verticale, ne s'est

  5   jamais modifiée. Nous l’avons vu d’après la citation à laquelle j’ai fait

  6   référence : elle bénéficiait toujours d'une priorité absolue. Blaskic,

  7   dans les activités quotidiennes de police, pouvait avoir recours à la

  8   police militaire. N'oublions pas, une fois de plus, que sur toute cette

  9   filière de commandement, Mostar avait toujours la priorité. Ces deux

 10   filières de commandement ne se sont jamais touchées, entremêlées, n'ont

 11   jamais cessé de fonctionner.

 12   Si nous avions découvert que la police militaire agissait

 13   autrement qu'en réponse à des ordres, à moment-là, nous aurions pu

 14   conclure qu'il y avait une autre chaîne de commandement qui fonctionnait

 15   et non pas celle de Blaskic. S'agissant des actes répréhensibles et de

 16   leur répression, Blaskic n'avait aucune autorité par rapport au

 17   commandement de la police militaire.

 18   Nous allons maintenant voir un tableau qui va nous aider à mieux

 19   comprendre, tableau que nous avons en français, Monsieur le Président,

 20   ainsi qu'en anglais. Ce tableau renvoie à la capacité qu'aurait Blaskic de

 21   commander des unités qui lui étaient rattachées et quelles étaient ces

 22   capacités quand ces unités ne se trouvaient pas sous son commandement.

 23   Vous avez ce tableau sous les jeux à la fois quand il avait des

 24   unités de la police militaire qui lui étaient rattachée ou, lorsque ce

 25   n'était pas le cas, il pouvait toujours ordonner que des opérations soient


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  1   menées pour établir un point de contrôle.

  2   De même, dans les deux cas, en cas de rattachement ou de non-

  3   rattachement, il pouvait donner des ordres pour des activités

  4   quotidiennes, par exemple pour assurer la sécurité de certaines

  5   installations. Mais c'était seulement lorsque les unités de la police

  6   militaire lui étaient rattachées, qu'il pouvait donner l'ordre à des

  7   unités s'agissant d'opérations de combats, mais jamais il ne pouvait

  8   remplacer les commandants, que ces unités soient rattachées ou pas, ceci

  9   restait l'apanage du département de la police militaire et du ministère de

 10   la Défense. Jamais il ne pouvait imposer de sanctions disciplinaires à un

 11   membre de la police militaire, que ce membre lui soit rattaché ou pas.

 12   Domaine suivant dont j'aimerais parler, mais rapidement. Il

 13   s'agit du SIS, Service de sécurité et de renseignement. C'est donc un

 14   service d'information, de renseignement et de contre-espionnage du HVO.

 15   Vous avez la pièce de l'accusation 457/2. Il s'agit d'un rapport du

 16   gouvernement d'Herceg-Bosna qui nous fournit certains renseignements à

 17   propos de ce service. Mais nous n'avons pas grand-chose puisque c'est

 18   effectivement un service secret et il nous faut nous fier sur ce que nous

 19   ont dit les témoins.

 20   Toutefois, il apparaît à la lecture de ce rapport qu'il y a une

 21   administration du SIS qui se trouve sous la tutelle du ministère de la

 22   Défense, ce qui veut dire que si c'est en dehors de l'état-major

 23   principal, il dispose de quatre centres où il opère ainsi que dans les

 24   zones opérationnelles.

 25   Le chef de l'administration du SIS est directement subordonné au


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  1   ministre de la Défense.

  2   M. le Président. – Avant d'aborder le SIS, peut-être vous

  3   préférez faire un développement complet et unifié. D'accord ?

  4   M. Nobilo (interprétation). – Oui, Monsieur le Président.

  5   M. le Président. – Bien. Nous faisons une pause jusqu'à moins

  6   20.

  7   L'audience, suspendue à 11 heures 15, est reprise à 11 heures 50.

  8   M. le Président. - L'audience est reprise. Veuillez vous

  9   asseoir. Introduisez l'accusé, s'il vous plaît. Bien, nous reprenons,

 10   Maître Nobilo, sur le SIS, je crois.

 11   M. Nobilo (interprétation). - C'est exact,

 12   Monsieur le Président. Nous n'allons pas perdre davantage de temps, ceci

 13   sera très bref.

 14   Je vous ai cité des rapports du gouvernement du HVO, et ceci

 15   nous permet de reconstituer les faits. Nous voyons que l'administration du

 16   SIS était dans une filière, sous la tutelle du ministère de la Défense, en

 17   dehors de l'état-major. Ce qui veut dire que le SIS avait aussi une double

 18   filière de commandement : elle devait rendre des comptes à sa propre

 19   administration, mais aussi au général Blaskic, comme l'ont dit beaucoup de

 20   témoins.

 21   Je vous parlerai de la pièce D521, article 25, décret sur les

 22   tribunaux militaires de district dans l'Herceg-Bosna. Il y est dit que

 23   toutes les autorités, dans des procédures pénales, sont partagées par le

 24   SIS et par la police militaire.

 25   J'aimerais maintenant passer à un domaine qui, pour moi, est


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  1   d'une extrême importance afin d'établir quelles sont les responsabilités

  2   du général Blaskic en matière de discipline. Le Procureur a avancé la

  3   théorie suivant laquelle le principe territorial était le principe

  4   déterminant pour établir l'autorité du général Blaskic, en matière de

  5   discipline. A savoir, que toutes les questions militaires au sein de la

  6   zone opérationnelle de Bosnie centrale se trouvaient sous la

  7   responsabilité de Blaskic et que, lui, avait compétence pour prendre des

  8   mesures disciplinaires.

  9   Il a aussi été avancé que des infractions pénales pouvaient

 10   faire l'objet de sanctions disciplinaires et que Blaskic avait latitude de

 11   punir. Il est exact de dire que l'article 29 du règlement de discipline

 12   militaire -pièce de l'accusation 38/1- d'après ce document, il apparaît

 13   que, lorsque les officiers autorisés déterminent qu'une infraction

 14   disciplinaire est aussi une infraction pénale, le dossier est géré, par

 15   procédure habituelle, par le Procureur autorisé. Si c'est dans l'intérêt

 16   du service, il y a exécution des mesures disciplinaires ; ce qui fait

 17   qu'en principe de leur légalité, le dossier est envoyé au Procureur

 18   militaire. S'il y a eu commission d'une infraction pénale et si le

 19   Procureur estime qu'il est dans l'intérêt du service d'engager des

 20   procédures, libre à lui de le faire.

 21   Mais que s'est-il fait en pratique ? Lorsque règnent des

 22   conditions de guerre, si l'on multiplie les procédures, ceci cause de

 23   nombreux problèmes. Qu'aurait-on comme résultat si quelqu'un était

 24   sanctionné de cinq jours d'emprisonnement et de soixante jours de

 25   détention ? Ceci n'a aucune signification. La seule action porteuse serait


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  1   de relever cette personne de ses fonctions. Comme ceci se passait en temps

  2   de guerre, le colonel Blaskic a donné un ordre général suivant lequel tous

  3   les auteurs d'infractions pénales devaient être relevés de leurs fonctions

  4   par le commandant de l'unité au sein du HVO. Cela se passait

  5   automatiquement, il n'était pas nécessaire d'engager des mesures

  6   disciplinaires à l'encontre d'auteurs d'actes répréhensibles. Au

  7   contraire, le dossier était remis au Procureur conformément aux

  8   dispositions de l'article 29 du règlement de discipline militaire.

  9   Nous avons déjà discuté d'un autre point, d'une exception qui

 10   infirme le principe de l'autorité territoriale. Il s'agit ici de

 11   l'article 52 qui dit que "le commandant de la zone opérationnelle n'est

 12   pas autorisé à instituer des procédures pénales contre un commandant de

 13   brigade, contre un commandant d'un bataillon indépendant". Ce pouvoir

 14   repose entre les mains du commandant en chef, Mate Boban, devant le

 15   Tribunal militaire disciplinaire. Cet article 52 prouve également que le

 16   principe de la territorialité n'était pas présent, mais que certaines

 17   fonctions de commandement étaient exemptées de la tutelle du général

 18   Blaskic.

 19   Ceci nous amène à un domaine tout à fait fascinant que nous

 20   n'avons pas abordé au cours de cette procédure. L'article 9 du règlement

 21   de discipline militaire exempte de la procédure de discipline militaire ou

 22   de la sanction militaire les officiers qui travaillent au sein de

 23   l'administration du HVO ; il s'agit donc de l'article 9.

 24   Quels sont les organes administratifs que nous connaissons ?

 25   Ceux de la police militaire et du SIS. Les officiers fonctionnant dans


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  1   l'administration de la police militaire et dans celle du SIS sont exemptés

  2   de ces procédures disciplinaires. Il y a pour eux un système séparé, dans

  3   le cadre de leur propre administration. L'article 9 est la base juridique

  4   et légale qui explique pourquoi le général Blaskic ne pouvait pas prendre

  5   de mesures disciplinaires à l'encontre de membres de la police militaire,

  6   comme ceci a d'ailleurs été confirmé par plusieurs témoins.

  7   La question qui se pose maintenant consiste à savoir ce que le

  8   colonel Blaskic, en tant que commandant de la zone opérationnelle, pouvait

  9   faire ? Qu'avait-il le droit de faire ? Il y a un article clé,

 10   l'article 67, qui dit très clairement quelles étaient ses compétences. Il

 11   suffit de lire cet article. Je vais vous en donner lecture : "La décision

 12   de renvoyer à un tribunal militaire de district, tribunal disciplinaire,

 13   sera prise par le commandant des forces armées ou par la personne décrite

 14   à l'article 52, alinéa 1, du présent règlement. Ce sont les commandants de

 15   brigade, des commandant de bataillons indépendants." Nous en arrivons à

 16   l'alinéa 2, qui dit clairement ce que Blaskic pouvait faire : "Le

 17   commandant de la zone opérationnelle, s'agissant de sous-officiers et

 18   d'officiers jusqu'au rang de général de brigade -ces officiers servant

 19   dans des unités ou dans des institutions qui sont subordonnées à la zone

 20   opérationnelle et à son commandant-, ainsi que les sous-officiers et

 21   officiers jusqu'au grade de général de brigade servant dans des agences

 22   administratives, ainsi que dans des entreprises ou autres entités légales,

 23   se trouvaient sous l'autorité du commandant de la zone opérationnelle."

 24   Mais que nous dit, au fond, cet article ? Cet article définit

 25   quelles sont les compétences du commandant de la zone opérationnelle à


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  1   partir de deux principes. S'il s'agit d'unités militaires, ce pouvoir

  2   repose sur la subordination. En effet, cet article stipule que le

  3   commandant a compétence pour instituer une procédure disciplinaire à

  4   l'encontre de sous-officiers, d'officiers, dans des unités qui sont

  5   subordonnées -non pas rattachées mais bien subordonnées- au commandant.

  6   Voilà donc le principe de la subordination qui s'applique à des

  7   unités subordonnées. Alors que le principe de la territorialité ne

  8   s'applique pas aux unités, mais concerne les institutions, les organes

  9   militaires. Or, il n'y en avait pas dans la zone opérationnelle de Bosnie

 10   centrale, mais il y en avait à Mostar. Il y avait, notamment, le Tribunal

 11   militaire ou le centre de formation militaire. Il y avait un institut, un

 12   hôpital militaire. C'est à ce type d'institution que l'on pense sur le

 13   territoire.

 14   Ces institutions se trouvent sous la responsabilité du

 15   commandant de la zone opérationnelle s'agissant de procédures

 16   disciplinaires. Alors que pour ce qui est des unités, seul ceci s'applique

 17   aux unités qui lui sont subordonnées et non pas rattachées.

 18   Inutile de répéter tout ceci, mais ceci cadre bien avec la

 19   défense du général Blaskic, avec la déposition de Slavko Marin qui était

 20   le procureur en matière disciplinaire en 1993. Et ceci correspond aussi à

 21   de nombreux documents relatifs à la discipline, documents qui ont été

 22   versés au dossier au cours de ce procès.

 23   Par conséquent, en tant que commandant de la zone

 24   opérationnelle, le général Blaskic avait la responsabilité pour

 25   l'engagement au combat d'unités qui lui étaient subordonnées. Il était


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  1   responsable s'agissant de la structure du développement et du

  2   fonctionnement de ces unités, ainsi que du personnel fonctionnant dans ces

  3   unités, les besoins en logistique de ces unités et s'agissant aussi de la

  4   discipline à assurer au sein des unités.

  5   Tout ce qui se trouve en dehors de ce cadre va faire l'objet

  6   d'une division du pouvoir. Vous savez que le général Blaskic n'avait pas

  7   le pouvoir absolu. Ce n'était pas un gouverneur. Il avait bien sûr des

  8   compétences, mais il n'était pas le seul à en avoir. On ne peut pas lui

  9   imputer la responsabilité de tout ce qui s'est passé en Bosnie centrale.

 10   Je suis bien sûr limité par le temps qui m'est imparti. Mais je

 11   viens de vous soumettre quelle était la base juridique s'agissant de

 12   l'autorité du général Blaskic et d'autres organes en Bosnie centrale.

 13   Cependant, la Bosnie, à cette époque-là, n'était pas un pays régi par le

 14   droit. Ce n'était pas un Etat de droit, souvent l'autorité a changé. Nous

 15   verrons que souvent, il y a eu des adaptations aux frais du général

 16   Blaskic, aux dépens de celui-ci. Slavko Marin a longuement parlé du fait

 17   que cet Etat récemment constitué et ces entités avaient acquis toutes les

 18   fonctions étatiques et représentaient aussi l'essentiel du pouvoir du

 19   commandant militaire.

 20   Ceci se voit à Fojnica. Maître Hayman va vous en parler plus en

 21   détails. Nous verrons que Blaskic a eu besoin de plusieurs mois afin de

 22   pouvoir remplacer un commandant, parce que les autorités locales,

 23   municipales, s'y opposaient, avaient refusé d'obéir à ces ordres.

 24   Nous avons aussi la pièce de l'accusation 406/50 ou 53. C'est un

 25   document qui vient de la municipalité de Travnik. Franjo Tudjman est


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  1   concerné. On lui demande d'envoyer sur les lieux un officier qui soit

  2   commandant. Nous voyons ainsi très bien les modalités selon lesquelles une

  3   municipalité réglait ce type de question. Ils croyaient que la brigade de

  4   Travnik était leur unité. Ils voulaient un commandant pour ces unités, un

  5   peu comme si on essayait de trouver un entraîneur pour une équipe de

  6   football. Ils ne s'occupent pas du commandant de la brigade de Travnik,

  7   ils ne s'occupent pas de ce que dit Blaskic, le commandant de la zone

  8   opérationnelle, ils passent même au-dessus de Mate Boban pour s'adresser

  9   directement à Zagreb. Pourquoi ? Parce qu'ils sont convaincus du fait que,

 10   eux, représentent l'autorité, le pouvoir dans cette municipalité de

 11   Travnik et que cette unité militaire qui s'y trouve stationnée est la

 12   leur.

 13   Il existe beaucoup d'autres facteurs qui limitent l'autorité de

 14   Blaskic, mais j'aimerais m'arrêter à un seul de ceux-ci.

 15   Le procureur n'a jamais dit, à l'exception de certains domaines

 16   politiques, qu'il fallait mentionner le nom de Dario Kordic. La Chambre

 17   sait bien que Dario Kordic est accusé ici, à un autre étage, dans ce même

 18   bâtiment. Mais dans le récit du Procureur, Dario Kordic n'est absolument

 19   pas mentionné. Le général Blaskic a dit dans sa déposition que Dario

 20   Kordic ne lui avait jamais envoyé d'ordres, qu'il n'avait reçu d'ordres

 21   que du grand quartier général. Or, il apparaît sans l'ombre d'un doute que

 22   Dario Kordic avait, de fait, une influence sur les unités militaires, une

 23   influence de facto. Cela est montré par un certain nombre de documents.

 24   Mais comme Dario Kordic ne faisait pas partie de la structure militaire,

 25   il apparaît manifestement qu'il existait des éléments de la filière de


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  1   commandement qui n'étaient pas objectifs, qui n'étaient pas officiels et

  2   que parfois ces éléments avaient plus de pouvoir que les éléments

  3   officiels de la filière de commandement dont faisait partie le colonel

  4   Blaskic, tout en étant masqués, déguisés, cachés.

  5   Je prie les interprètes de m'excuser car je parle un peu trop

  6   vite.

  7   Vous constaterez que Dario Kordic avait une influence réelle,

  8   précisément sur les unités dont la chaîne de commandement aboutissait à

  9   Mostar. Dario Kordic était Vice-Président de la Communauté croate

 10   d'Herceg-Bosna. Ce qui est intéressant, c'est de voir que les éléments,

 11   dont le commandement débouche sur Mostar, sont influencés par

 12   Dario Kordic. Le fond du problème c'est qu'en Herceg-Bosna, qui n'était

 13   pas réellement un Etat, il existait des hommes de pouvoirs qui n'étaient

 14   pas visibles, apparents, qui avaient un très grand pouvoir sans

 15   officiellement avoir une responsabilité.

 16   Or, l'impuissance de notre client était réelle. Son pouvoir sur

 17   certaines unités sur le terrain était, dans certains cas, égal à zéro

 18   alors que sa responsabilité, officiellement, était considérable.

 19   Je vais maintenant citer quelques témoins, notamment le témoin

 20   Waters de l'accusation en page 3378 du compte rendu d'audience. Monsieur

 21   Waters a confirmé que lorsque certains problèmes ne pouvaient pas être

 22   résolus grâce au pouvoir de Blaskic, le bataillon britannique se tournait

 23   vers Kordic pour régler le problème. Ce témoin a détecté l'existence de

 24   tensions entre Kordic et Blaskic et il a dit dans sa déposition qu'à

 25   Busovaca tous les problèmes étaient réglés par Kordic.


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  1   Ce témoin était présent au moment où des unités, dont les hommes

  2   portaient l'uniforme noir, ont déclaré : "Nous n'acceptons pas d'ordres de

  3   Blaskic. Nous recevons nos ordres de Kordic." Dans la vallée de la Lasva,

  4   il y avait que deux unités qui portaient l'uniforme noir : Les Jokers et

  5   les Vitezovi. Dans cette déposition,  il est question de l'une ou l'autre

  6   de ces deux unités.

  7   Le Témoin Y de l'accusation, page 5679 du compte rendu

  8   d'audience déclare, dans sa déposition, que Kordic avait un très grand

  9   pouvoir et qu'il pouvait donner des ordres à toutes les unités militaires

 10   présentes dans la vallée de la Lasva. Blaskic, lui, a déclaré ne pas

 11   recevoir d'ordres de Kordic. Donc il apparaît manifestement qu'il s'agit

 12   d'influences non officielles, officieuses relevant du pouvoir politique de

 13   Kordic.

 14   Un autre témoin, page 2629 du compte rendu d'audience, il s'agit

 15   du témoin Thomas, déclare que Kordic avait reconnu devant lui être le

 16   commandant des unités de Busovaca. Puisque nous savons qu'officiellement,

 17   il ne commandait pas ces unités, il apparaît manifestement qu'une telle

 18   affirmation ne peut reposer que sur un état de fait factuel où en fait il

 19   était le n° 2 en Herceg-Bosna.

 20   De la pièce à conviction de la défense 591/32, il apparaît

 21   manifestement que le 21 juin 1993, les chevaliers noirs, commandés par

 22   Dario Kordic, faisaient partie du bataillon de la police militaire.

 23   Puisque tant les Vitezovi que les Jokeri portaient l'uniforme noir, la

 24   confusion est permise, la confusion est créée. Donc même si on identifie

 25   ces hommes comme membre du 4e bataillon de la police militaire, il est


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  1   clair que la référence concerne en fait les Jokeri.

  2   Dans la pièce à conviction 591/44 et également sur la base du

  3   rapport des Nations Unies, on voit que le 11 février 1993, c'est Kordic

  4   qui prenait des décisions quant aux hommes qu'il convenait de déployer aux

  5   barrages routiers, aux points de contrôle. La pièce à conviction 591/44

  6   nous dit également que les barrages routiers étaient établis sur l'ordre

  7   de Dario Kordic.

  8   Voyons maintenant ce que nous dit Remy Landry, témoin de

  9   l'accusation, à ce sujet. Je cite :

 10   "Question : Page 3, paragraphe 4 de ce télex : Le bataillon

 11   britannique rend compte du fait que même après la libération du convoi,

 12   les forces du HVO ont continué à insister sur leur rejet de l'ordre du

 13   général Petkovic, prétendant avoir libéré le convoi uniquement sur un

 14   ordre extraordinaire, un ordre spécial de Dario Kordic."

 15   Voyez-vous ce passage ? Etes-vous d'accord avec ce qui y est

 16   stipulé ?

 17   Réponse : D'après ce qui s'est passé le 28 avril, oui,

 18   absolument".

 19   M. Nobilo (interprétation). - Examinons la déposition d'un autre

 20   témoin, Allister Duncan.

 21   "Question : Quelques lignes plus bas, vous trouvez la

 22   déclaration suivante : "J'ai arrêté Petkovic et je lui ai demandé s'il

 23   m'aiderait à passer l'obstacle des Croates. Il a répondu que ceux-ci

 24   avaient refusé de bouger. Est-ce exact ?"

 25   Réponse : Oui.


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  1   Question : Estimiez-vous, à cet endroit, que c'étaient des

  2   hommes de la région qui avaient arrêté le convoi ?

  3   Réponse : Oui, c'étaient des hommes de la région."

  4   M. Nobilo (interprétation). – J'aimerais que nous passions

  5   quelques instants à huis clos partiel.

  6   Audience à huis clos partiel.

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  8   Audience publique.

  9   M. Nobilo (interprétation). – Encore deux autres facteurs qui

 10   ont eu un effet limitant sur les compétences du colonel Blaskic. D'abord,

 11   le fait que la structure n'était pas mise en place complètement. Je ne

 12   reviendrai pas là-dessus car M. Marin et le colonel Blaskic en ont

 13   largement parlé dans leur déposition, nous n'avons jamais considéré que

 14   Blaskic n'avait aucune responsabilité parce que la structuration n'était

 15   pas achevée, parce que les unités étaient en cours de constitution, mais

 16   c'est tout de même un facteur qu'il importe de prendre en compte.

 17   Je rappellerai simplement aux Juges de cette Chambre, qu'il y

 18   avait pénurie, insuffisance de cadres formés, que le nombre d'hommes

 19   capables de commander aux troupes était réduit parce que suivre les cours

 20   d'une école d'officiers pendant six mois et puis n'avoir aucun contact

 21   pendant vingt ans avec l'armée pour enfin donner des ordres aux troupes,

 22   c'est une situation qui n'est pas satisfaisante. Cela ne signifie pas que

 23   le cadre est suffisamment formé.

 24   D'autre part, il importe de se rappeler que les commandants

 25   étaient choisis par voie de vote par les paysans locaux et que bien


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  1   entendu, dans ces conditions, le commandant est plus fidèle à son village

  2   qu'au supérieur.

  3   Par ailleurs, le commandement de la Bosnie centrale ne comptait

  4   que vingt à vingt cinq hommes dans son commandement. Il n'y en avait que

  5   sept le 16 avril, alors qu'il aurait fallu qu'il y en ait 235 selon les

  6   règlements habituels et il y aurait dû y en avoir 105 d'après les chiffres

  7   cités par le colonel Blaskic.

  8   Vous voyez donc le déséquilibre sur le plan numérique.

  9   Autre élément : à la fin de la guerre, lorsque les responsables

 10   américains sont venus pour mettre en œuvre un programme de formation de

 11   l'armée, ils ont estimé que le programme destiné à créer une véritable

 12   armée, sur la base de ce qu'il ont trouvé dans les rangs du HVO et de

 13   l'armée de Bosnie-Herzégovine, que ce programme devrait durer jusqu'en

 14   l'an 2003 : ce qui nous dit beaucoup au sujet de la situation qu'ils ont

 15   trouvée à la fin de la guerre. On peut donc s'imaginer quelle était cette

 16   même situation au début de la guerre.

 17   Troisième élément qui réduisait la responsabilité du

 18   commandement de Blaskic, c'est l'existence de seigneurs de guerre : Zuti,

 19   Darko Kraljevic étaient des seigneurs de guerre ; ils avaient un pouvoir

 20   militaire et un pouvoir social encore plus élargi dans les environnements

 21   où ils agissaient. Ils donnaient des ordres aux Musulmans quand ils

 22   voulaient, ils protégeaient et ils enlevaient la protection à leur gré.

 23   Blaskic s'est plaint de cela. Le fait que Zuti était distinct de son unité

 24   était un souci pour lui ; il lui a donc donné un poste professionnel pour

 25   essayer de placer Zuti sous ses ordres. A partir de ce moment, Zuti ne


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  1   pouvait plus agir de façon illégale ; donc Blaskic l'a en même temps

  2   séparé de son armée. Pour Darko Kraljevic, Blaskic n'a réussi à faire de

  3   même qu'à la fin 93, début 94, au moment où les Vitezovi ont été

  4   réorganisés et où Darko Kraljevic a été transféré en Herzégovine.

  5   Mais ces commandants locaux, ces seigneurs de la guerre locaux

  6   constituent un problème distinct, car ils représentaient un pouvoir

  7   distinct. Le Dr Mujezinovic, témoin de l'accusation, a dit par exemple que

  8   c'est Darko Kraljevic qui l'avait nommé au poste de responsable de

  9   l'hôpital. Darko Kraljevic ! Ce pouvoir n'existait pas, n'était pas lié au

 10   fait qu'il commandait les Vitezovi ; il s'agissait d'un pouvoir officieux

 11   qui, par moments, était très important. Les seigneurs de la guerre ne

 12   doivent pas être ignorés en Bosnie, il ne faut pas ignorer leur pouvoir.

 13   De nombreuses pièces prouvent l'existence de ce pouvoir et de ces

 14   seigneurs de la guerre. Nous n'y reviendrons pas maintenant.

 15   Et puis la pièce à conviction de la défense D583. Cette pièce

 16   définit encore une autre instance dont nous n'avons pas trouvé mention

 17   dans les décrets faisant force de loi, alors que ce pouvoir existait en

 18   Bosnie centrale. A la lecture de ce document, nous voyons qu'à Vitez, le

 19   département de la communauté croate d'Herceg-Bosna, placé sous la

 20   direction de Pero Skopljak, fonctionnait bel et bien. C'est un département

 21   d'Action sociale qui dépend d'un ministère comparable au ministère de

 22   l'Intérieur.

 23   A la lecture de la pièce D583, on voit que ce département relève

 24   du pouvoir central de la Bosnie ; nous voyons que Pero Skopljak

 25   rencontrait des représentants du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine


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  1   et des représentants de la Croix-Rouge internationale ; et qu'un accord a

  2   été conclu pour remettre en liberté immédiatement toutes les personnes

  3   détenues. Donc, s'agissant des détenus, de leur arrestation, de leur

  4   remise en liberté, c'est un représentant d'une instance centrale du

  5   pouvoir, à savoir Pero Skopljak qui s'occupait de cela.

  6   C'est ce qu'on voit très nettement à la lecture de la pièce à

  7   conviction de la défense D583 qui nous montre qu'il existait encore une

  8   instance distincte active, fonctionnant en Bosnie centrale.

  9   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, nous avons montré

 10   ici les décrets qui faisaient partie de la structuration de l'Herceg-

 11   Bosna, dans l'intention d'essayer de définir les compétences du colonel

 12   Blaskic. Et ces compétences étaient distinctes de celles d'autres

 13   instances qui agissaient en toute autonomie par rapport à lui, sur le

 14   territoire de la Bosnie centrale.

 15   Nous estimons que ceci constituait un point de départ pour

 16   analyser les responsabilités pénales du colonel Blaskic. Car le colonel

 17   Blaskic ne peut être responsable que de ce qu'il a fait lui-même ; il ne

 18   peut être responsable que des unités et des hommes dont il avait

 19   effectivement la charge, la responsabilité. Ne permettez pas que le

 20   colonel Blaskic soit jugé en tant que symbole. Nous avons ici un homme qui

 21   a un poste relativement important. Je vous demande de ne pas permettre

 22   qu'une injustice soit compensée par une autre injustice. Il importe au

 23   plus haut point d'individualiser la responsabilité pénale.

 24   Je vous remercie de votre intention, Monsieur le Président,

 25   Messieurs les Juges. Je propose que la parole soit redonnée à mon


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  1   collègue, Me Hayman, à ce stade de notre plaidoirie.

  2   M. le Président. - Merci, Maître Nobilo. C'est à présent

  3   Me Hayman qui va développer d'autres aspects du dossier de votre client,

  4   je suppose, conformément au plan que vous aviez indiqué.

  5   M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Bon

  6   après-midi à vous, Messieurs les Juges, à nos collègues.

  7   Mon collègue Nobilo a précisé la structure des entités dont nous

  8   discutions. Je vais parler des bases légales et en ce qui concerne

  9   l'analyse, une analyse approfondie de ce que cela peut avoir comme

 10   influence sur les délibérations que vous aurez.

 11   Donc nous parlons de la Bosnie centrale avec des filières

 12   multiples de commandement, les influences politiques, la résistance de la

 13   part des commandants locaux, etc. Premièrement, je voudrais faire observer

 14   que nous avons deux composants au niveau du commandement et du contrôle.

 15   Premièrement, nous devons savoir si les unités étaient légalement

 16   subordonnées à Tihomir Blaskic ; la deuxième question est de savoir ce qui

 17   concerne les unités subordonnées : Tihomir Blaskic était-il effectivement

 18   en mesure de les contrôler ? Il s'agit donc de deux aspects.

 19   J'estime que les points les plus importants que la Chambre aura

 20   à analyser, au moment de la délibération, les choses les plus importantes

 21   seront de savoir quelles sont les unités qui étaient effectivement

 22   subordonnées à Blaskic et les unités qui lui auraient été rattachées à un

 23   moment donné, et quels étaient les pouvoirs qu'il avait en fonction de ce

 24   rattachement. Et ce, à la lumière des filières multiples de commandement

 25   sur ces unités. Il y avait deux voire trois filières de commandement. Le


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  1   général Blaskic ne cherche pas à éviter sa responsabilité là où il était

  2   effectivement responsable, mais il ne cherche pas à assumer la

  3   responsabilité pour les personnes qu'il ne commandait pas, ou bien sur le

  4   plan formel ou bien sur le plan effectif. Je pense que nous ne pouvons pas

  5   nous attendre à ce qu'un individu endosse la responsabilité pour ces

  6   situations-là.

  7   Maître Nobilo a déjà suffisamment parlé, je pense, de l'aspect

  8   de la filière double de commandement, en ce qui concerne le SIS, la police

  9   militaire et les unités indépendantes telles que les Vitezovi. Quelles

 10   sont les conséquences de cela ?

 11   Le commandement double signifie qu'il y a deux commandants, à

 12   tout moment, qui peuvent émettre un ordre à une unité donnée. Cela était

 13   vrai même quand cette unité ne pouvait pas rester rattachée à l'un de ces

 14   deux commandants présents, l'un des deux étant le colonel Blaskic. La

 15   situation que cela crée est celle que, si l'on endosse le contrôle

 16   effectif, la capacité de contrôler une unité subordonnée, la capacité de

 17   le faire dans une situation donnée est réduite. On a parlé déjà de choses

 18   horribles qui auraient été le fait du général Blaskic en Bosnie centrale.

 19   Le Procureur n'a pas passé une minute à la question de savoir par qui ces

 20   crimes auraient été ordonnés ; pas une seule minute n'y a été consacrée.

 21   Nous faisons valoir ceci : s'il y a plusieurs filières de

 22   commandement, l'hypothèse, la thèse de l'accusation, qui est clairement

 23   présentée dans le mémoire en clôture, ne peut pas être acceptée.

 24   Quelle est cette thèse ? Si des actes répréhensibles,

 25   apparemment organisés, se produisent sur le terrain, c'est qu'ils ont été


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  1   ordonnés. Et, parce qu'ils se sont produits dans la zone opérationnelle du

  2   colonel Blaskic, c'est lui qui doit les avoir ordonnés. Voilà l'argument

  3   qu'on vous soumet, Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

  4   Le Procureur ajoute qu'il haïssait les Musulmans, que Blaskic

  5   était un instrument politique.

  6   Je vais revenir là-dessus, mais l'argument au cœur de la thèse

  7   de l'accusation, c’est que s’il y avait des actes répréhensibles produits

  8   sur le terrain, il fallait remonter la filière de commandement et conclure

  9   que c’était le colonel Blaskic qui les avait ordonnés. Pourtant, s'il y a

 10   de multiples filières de commandement, sur les unités qui étaient les

 11   auteurs de ces faits, quelles sont les conclusions logiques, les

 12   déductions que l'on peut tirer ? C'est l'analyse que nous vous soumettons

 13   à propos des filières multiples de commandement.

 14   Pourtant, il y a un deuxième aspect, une deuxième facette du

 15   contrôle et du commandement, c’est la capacité d'assurer un contrôle sur

 16   une unité subordonnée. Si une unité est subordonnée, est-ce que le

 17   commandant dispose du pouvoir effectif de contrôle ?

 18   Si vous vous dites que ces pouvoirs existaient eu égard aux

 19   circonstances, aux faits sur le terrain au cours de la guerre en Bosnie

 20   centrale, il faudra voir, examiner toutes les preuves apportées au cours

 21   de ce procès. Il faut se dire que si la capacité de contrôle n’existe pas

 22   depuis le commandant vers une unité subordonnée, on ne peut pas déduire de

 23   cela -en soi, bien sûr, on peut examiner d'autres éléments de preuve-,

 24   mais on ne peut pas déduire logiquement que cet événement qui s’est

 25   produit sur le terrain était le fait d’un ordre de commandement d’un


Page 23312

  1   supérieur hiérarchique. C'était peut-être intentionnel ou peut-être

  2   contraire aux ordres du commandant si cette capacité de contrôle n'existe

  3   pas ou n’existait pas de façon uniforme et poursuivie dans le temps et

  4   l'espace.

  5   Le Procureur a posé cette question à nombre de ses témoins :

  6   est-ce que le HVO semblait suivre les ordres donnés par Blaskic ? En

  7   général, les témoins ont répondu par l'affirmative. “Par exemple, qu’il

  8   fallait avoir un laissez-passer pour un point de contrôle, on se tournait

  9   vers Blaskic ; si l'on assistait à une négociation de cessez-le-feu, il

 10   s'est présenté comme étant le commandant la zone opérationnelle. Nous

 11   croyons donc que c'était lui qui avait la capacité de contrôle et de

 12   commandement dans la zone opérationnelle ”.

 13   Ce furent des témoins honnêtes, qui croyaient ce qu’ils

 14   disaient. Nous ne leur imputons pas la moindre faute. C'étaient de braves

 15   personnes. Effectivement, le Procureur vous a dit, hier, que dix-neuf de

 16   ces témoins ont comparu dans ce sens. Je n’ai pas fait le décompte mais je

 17   ne doute pas de ce qu’il dit : il y a bien eu dix-neuf militaires qui sont

 18   venus ici déposer et qui ont dit qu'ils croyaient que le colonel Blaskic

 19   commandait toutes les unités de la bonne zone opérationnelle.

 20   Certains, parmi ces dix-neuf témoins, sont des experts, du moins

 21   dans certains domaines. Aucun n'était un professionnel du renseignement

 22   militaire, aucun d’eux n’était officier de renseignement, pas un seul sur

 23   ces dix-neuf témoins dont a parlé le Procureur. C'étaient plutôt d'autres

 24   types de soldats, chargés d'autres fonctions qui ont passé un certain

 25   temps, certaines journées, des semaines. McLeod y est passé pour nuef


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  1   jours, Watters nonante jours. Hier, le Procureur a cité l’exemple de

  2   M. Buffini ; il l’a cité en disant que c’était une personne qui avait de

  3   l’autorité en matière de commandement et de contrôle du HVO. Quelle fut la

  4   citation qu’il a d’ailleurs attribuée à M. Buffini ?

  5   (Cassette vidéo)

  6   "Il était très clair que le colonel Blaskic disposait d'un

  7   contrôle complet sur tous les commandants, contrôlait effectivement les

  8   troupes qui se trouvaient en Bosnie centrale."

  9   M. Hayman (interprétation). – Peut-on se fier à ce type

 10   d'opinion si on ne connaît pas sur quoi ce témoin fonde son avis, sans

 11   qu'on demande d'autres détails et explications ? Nous avons posé des

 12   questions à M. Buffini pour voir s'il connaissait effectivement bien la

 13   situation qui prévalait en Bosnie centrale. Qu’avons-nous constaté ?

 14   D'abord, nous lui avons demandé si la police militaire se

 15   trouvait sous le commandement, le contrôle du colonel Blaskic.

 16   Qu’a-t-il dit ? “ A ma connaissance, je ne savais pas qu'il

 17   existait une différence entre la police militaire et les effectifs du HVO

 18   autour de Vitez ou à Vitez. ”

 19   Puis, nous lui avons demandé si les Vitezovi se trouvaient sous

 20   le contrôle et le commandement du colonel Blaskic. Voici sa réponse : “ Je

 21   ne connaissais pas les Vitezovi ; qu’entendez-vous par là ? ”

 22   Donc cet homme, ce témoin ne savait pas que les Vitezovi étaient

 23   des unités déployées en Bosnie centrale. Pourtant, il est venu devant vous

 24   pour déposer, pour dire que Blaskic contrôlait toutes les unités du HVO en

 25   Bosnie centrale. Pourquoi M. Buffini ne savait-il pas qu'il y avait des


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  1   unités de la police militaire qui étaient indépendantes, comme les

  2   Vitezovi ? Il s'est beaucoup déplacé, mais a surtout passé la plupart de

  3   son temps assis à un bureau à Split.

  4   "J'ai passé le plus clair de mon temps à Split, à travailler à

  5   mon bureau, mais j’ai aussi voyagé de par la Bosnie. Je me suis rendu

  6   notamment à Vitez, à Gornji Vakuf, lorsque nous nous sommes trouvés à cet

  7   endroit et j'ai traversé Kiseljak, pour parler manifestement du

  8   déploiement en Bosnie centrale ”.

  9   Je pense que vous connaissez, Messieurs les Juges, bien plus que

 10   ce que dit Buffini à l’appui de son court séjour en Bosnie centrale. Vous

 11   savez mieux quelle est la situation qui prévalait sur le terrain. Vous

 12   connaissez bien mieux les règlements, les réglementations d’Herceg-Bosna

 13   et toutes les finesses en matière de détail, parce que vous avez consacré

 14   deux ans de votre vie à vous mettre à l'écoute de cette expérience. Nous

 15   vous savons gré de façon infinie de ce grand sacrifice et nous ne sommes

 16   pas les seuls à vous remercier ; le colonel Blaskic le fait aussi.

 17   La base de cette connaissance qu'ont ces dix-neuf témoins est

 18   très importante. Je n'ai pas le temps de passer en revue ces dix-neuf

 19   témoins ; je vais pourtant m'attarder à certains d'entre eux.

 20   A quoi vous demandons-nous de faire attention dans vos

 21   délibérations, à l'examen de ces dix-neuf témoins, des autres témoins, des

 22   témoins que vous-mêmes avez cités ? C'est de vous poser les questions

 23   suivantes importantes.

 24   Pendant combien de temps sont-ils restés sur ce territoire de la

 25   Bosnie centrale ?


Page 23315

  1   Deuxièmement, qu’avaient-ils pour mission principale alors

  2   qu’ils se trouvaient sur le terrain en Bosnie centrale ?

  3   Troisièmement, quelle était la régularité de leurs contacts avec

  4   des éléments du HVO ? A quel niveau se faisaient ces contacts, simplement

  5   au niveau des points de contrôle ou y avait-il des contacts avec

  6   différents niveaux de la filière, de la structure du commandement pour

  7   savoir comment celle-ci fonctionnait ?

  8   Quatrièmement, est-ce que les témoins disposaient d'une

  9   formation, d’une expérience spécialisée pour ces questions de contrôle et

 10   de commandement ? Je parle ici de formation en tant qu'officier de

 11   renseignements. Etaient-ils commandants d'un peloton, avaient-ils la

 12   charge d'un ou deux ou trois warriors, faisaient-ils un travail

 13   important ? Certes, mais qui n'entraînait pas une connaissance

 14   particulière pour le recueil de renseignements militaires de leur

 15   analyse ? Avaient-ils une information sur les structures de commandement ?

 16   Enfin -je n’ai pas plus de doigts sur ma main pour compter les points-,

 17   est-ce qu'ils parlaient cette langue utilisée en Bosnie ou disposaient-

 18   ils, à tout moment, d'un interprète au cours de l’exécution de leurs

 19   tâches quotidiennes en Bosnie ?

 20   Si vous appliquez ces différents critères à chacun des témoins

 21   qui ont parlé de contrôle et de commandement, nous vous faisons valoir que

 22   vous verrez quels sont ceux qui ont fait montre d'une véritable

 23   expérience, d’une véritable connaissance technique dans leur déposition.

 24   Vous verrez ceux qui avaient accès à beaucoup de renseignements de qualité

 25   s’agissant de la question du contrôle du commandement au sein du HVO.


Page 23316

  1   Trois témoins de la défense et un témoin de la Chambre sont

  2   supérieurs à tous ces autres témoins qui ont parlé de ces questions. Il y

  3   a Matthew Wattley, qui était officier de liaison pour Vitez et les

  4   environs, au cours des semaines et des mois qui ont précédé le conflit

  5   d’avril 1993 ; le capitaine Chris Leyshon, officier des renseignements

  6   pour le bataillon britannique et (expurgé); ainsi qu’un autre

  7   témoin dont l’identité est protégée dont je parlerai plus tard.

  8   La quantité de témoins ne peut pas compenser l'absence de

  9   qualité qui concerne les renseignements fournis par le biais de beaucoup

 10   de témoins. Nous n'imputons pas la faute à ces témoins ou à ces

 11   commandants de pelotons ou autres sections qui ont donné des commentaires

 12   à propos de ce contrôle, de ce commandement. Le Procureur leur a demandé

 13   d'aider, d'apporter leur concours, ici ; ils sont venus et ont donné leur

 14   avis sur la questions du contrôle et du commandement. Cependant,

 15   malheureusement, du moins pour certains, ils ne disposaient pas des

 16   qualifications nécessaires pour obtenir un tel avis. Ils n'avaient pas

 17   suffisamment d’informations ni de formation personnelle spécialisée en la

 18   matière.

 19   Si vous comparez l'avis de ce groupe de témoins avec un groupe

 20   d'experts, dont des officiers du renseignement, formés, spécialisés, je

 21   crois que ceci devra déclencher un peu la sonnette d'alarme dans votre

 22   esprit, Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

 23   Quelqu'un se trompe, quelque chose n'est pas clair : c'est un

 24   groupe ou l'autre qui rate le coche.

 25   Ces deux groupes ne peuvent pas avoir raison lorsqu'ils déposent


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  1   en la matière. Et c'est à vous qu'il revient de décider, Monsieur le

  2   Président, Messieurs les Juges, lequel de ces groupes a davantage de

  3   qualités pour faire ce genre de déposition et sur quel groupe de témoin

  4   vous, vous allez vous fonder dans vos délibérations.

  5   Il y a eu un phénomène intéressant que j'ai relevé lorsque je

  6   préparais une partie de notre plaidoirie. Je m'explique. Des non-experts,

  7   à bien des reprises, ont formulé des explications factuelles en Bosnie

  8   centrale  à propos de carences à l'intérieur de la structure du

  9   commandement du HVO. Ils n'ont pas tout à fait compris, mais ils

 10   trouvaient que c'était important quand même, donc ils en ont pris note et

 11   ils s'en sont souvenus. Alors que vous, Messieurs les Juges, vous êtes en

 12   mesure d'examiner ces observations et voir comment elles s'intègrent dans

 13   l'architecture plus large que la question pose, la question du contrôle et

 14   du commandement pose.

 15   J'aimerais vous donner un exemple de cet avis d'experts. Nous

 16   avions un officier du bataillon canadien, l'officier Lee Birth qui nous a

 17   dit qu'apparemment, il y avait une filière de commandement qui était

 18   parallèle à la filière militaire du HVO qui partait de l'assistant, de

 19   l'adjoint au SIS dans la municipalité de Vares, à savoir Zvonko Duzinovic.

 20   Autre référence à ce passage qui est faite au commandant militaire de

 21   Vares, Emil Hara dont l'officier Lee Birth dit qu'il s'agit de Herak, mais

 22   je crois qu'il y a une erreur au niveau du nom. Vous le constaterez à la

 23   lecture du passage.

 24   Voici ce que remarque l'officiel Lee Birth :

 25   "C'est la raison pour laquelle M. Zvonko Duzinovic était employé


Page 23318

  1   dans la région de Vares. C'était le chef d'une force de sécurité qui

  2   opérait à partir d'une filière de commandement séparé. Il ne travaillait

  3   pas pour M. Herak. J'ai eu l'impression, tout au long des contacts que

  4   j'ai eus avec M. Herak, que les forces de sécurité l'avaient intimidé,

  5   l'avaient menacé."

  6   M. Hayman (interprétation). – En soi, isolés d'une construction

  7   théorique, isolés de toutes ces grandes cartes que nous avons essayé de

  8   vous fournir, vous seriez tout à fait interpellés, vous ne trouveriez pas

  9   cette déposition compréhensible, Messieurs les Juges.

 10   Permettez-moi de passer rapidement à huis clos partiel pour vous

 11   expliquer davantage ceci.

 12   Audience à huis clos partiel.

 13   (expurgée)

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 13   (expurgée)

 14   Audience publique.

 15   M. Hayman (interprétation). - D'autres témoins non militaires

 16   ont fait état de l'existence de cette double filière de commandement. Bien

 17   sûr, ce sont peut-être des non-experts. Il y a, notamment, le capitaine

 18   Whitworth qui était l'officier de liaison pour le bataillon britannique au

 19   cours de sa seconde mission à Vitez. Il avait le sentiment que la police

 20   militaire faisait référence à une filière séparée de commandement. Il

 21   n'était pas tout à fait sûr parce que ce n'était pas son domaine de

 22   prédilection ni d'activité principale.

 23   "Question :  Qu'a-t-il dit ? Savez-vous à qui ces quatre

 24   bataillons de police militaire faisaient rapport, s'ils faisaient

 25   rapport ?


Page 23321

  1   Réponse : Ils faisaient rapport à Mostar, me semble-t-il."

  2   M. Hayman (interprétation). – Nous avons vu des rapports

  3   analogues. Ils émanent d'un observateur européen, le colonel Morsink qui a

  4   rencontré le commandant du 4e Bataillon de la police militaire régionale à

  5   propos d'un litige provoqué par des marchandises saisies. Que dit le

  6   commandant de la police militaire à M. Morsink. Je cite.

  7   "Réponse : Finalement, le commissaire de police nous a dit qu'il

  8   allait d'abord consulter son chef à Mostar et qu'il nous fallait revenir

  9   le lendemain pour reprendre les marchandises."

 10   M. Hayman (interprétation). – Nous nous nourrissons l'espoir,

 11   Monsieur le Président, que lorsque vous allez associer l'analyse, fournie

 12   par Me Nobilo, des lois et des réglementations avec mon analyse des faits,

 13   vous serez convaincu par nous sur ce point très important pour la défense

 14   de notre client.

 15   Monsieur Morsink et M. Whitworth sont, je crois, deux des dix-

 16   neuf témoins sur lesquels se fondent l'accusation. Hormis la question des

 17   doubles filières de commandement, reste la question du contrôle effectif.

 18   Est-ce que l'accusation a apporté la preuve de la capacité de contrôle

 19   effectif ? A notre avis, non seulement il y avait une filière double de

 20   commandement sur les Vitezovi, mais à cela s'ajoute le fait que Darko

 21   Kraljevic est une personnalité incontrôlable.

 22   Voici ce que dit Martin Bell. Je cite :

 23   "Comment qualifier Darko Kraljevic s'agissant de son rôle, du

 24   rôle qu'il a joué au cours de la guerre à Vitez. Soyez bref, s'il vous

 25   plaît."


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  1   Réponse : "C'était une personnalité extraordinaire, moi j'ai eu

  2   l'impression que, même s'il tenait une partie très sensible de la ligne de

  3   front avec des hommes sous son commandement, je trouvais qu'il n'était pas

  4   vraiment sous les ordres du colonel Blaskic. C'était une espèce de

  5   seigneur de guerre, un personnalité très charismatique. Un courageux, un

  6   homme valeureux, si vous voulez."

  7   M. Hayman (interprétation). - Pourrions-nous passer à huis clos

  8   partiel ? Il y a un autre témoin très important qui a parlé précisément de

  9   cette question.

 10   Huis clos partiel.

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 23   Audience publique.

 24   M. Hayman (interprétation). - Sauf le respect que je dois à ces

 25   unités, non seulement apparemment, manifestement, il y avait des doubles


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  1   filières, mais il y avait aussi une troisième filière de facto : c'était

  2   celle des autorités des pouvoirs politiques. Où est-ce que ceci… Et là où

  3   c'est le cas, il y a encore moins de bases rationnelles qui vous

  4   permettent de conclure qu'il y a remontée automatique de la filière de

  5   commandement, depuis le terrain des événements qui se produisent sur le

  6   terrain pour remonter jusqu'au commandant.

  7   Le fait est que, si un événement se produisait, on pourrait

  8   lancer une pièce en l'air, une pièce de monnaie, pour savoir quel était le

  9   commandant supérieur sur les deux ou trois qu'il y avait, qui avait donné

 10   l'ordre de commettre cet acte répréhensible. Bien sûr, il faut avoir des

 11   preuves pour tout cela, vous le savez mieux que moi.

 12   Mais revenons au deuxième aspect, à la deuxième facette : celle

 13   du contrôle effectif. Nous avons de nouveau ces dix-neuf témoins. Nous

 14   acceptons ce que nous propose l'accusation. Toutefois ces dix-neuf témoins

 15   n'avaient pas pour mission, pour travail de recueillir, d'analyser des

 16   renseignements militaires.

 17   S'agissant de ces structures, qui était chargé de ce travail ?

 18   Chris Leyshon est sorti de l'université d'Exiter, il a été à l'école

 19   militaire et était officier de l'armée britannique. Il est arrivé au grade

 20   d'officier du renseignement au bataillon britannique ; il était le chef de

 21   la cellule d'information militaire au cours de la mission de Chishire à

 22   Vitez. Vous avez les renseignements ou les résumés d'information

 23   militaire.

 24   C'était comme une roue et le moyeu qu'il y avait au centre,

 25   c'était Chris Leyshon. Il recevait des renseignements de tous ceux qui se


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  1   trouvaient dans cette roue. Il y avait des officiers, bien sûr, il y avait

  2   des chefs de peloton qui leur donnaient des informations à la fin de la

  3   journée, à partir desquels Chris Leyshon préparait ses résumés

  4   d'information militaire, faisait des briefings à ceux qui devaient savoir

  5   ce qui se passait à ce moment-là en Bosnie centrale.

  6   C'était un travail à plein temps qu'il faisait sept jours par

  7   semaine, comme il vous l'a dit dans le cadre de sa déposition. Nous

  8   faisons valoir qu'il disposait de davantage de renseignements détaillés

  9   sur ce qui se passait précisément, sur la nature des structures des

 10   troupes militaires et des milices, au cours de sa mission depuis

 11   novembre 1992 jusqu'à son départ en mai 1993. Il est certain qu'il

 12   disposait d'une formation spécialisée dans le recueil de renseignements

 13   militaires.

 14   Je vais parler de lui : "Le premier concept, à mon humble avis,

 15   c'est l'ossature même de tout système de communication ou de commandement,

 16   et ce sont les communications. Si vous n'avez pas de communication, vous

 17   n'avez pas de commandement, de contrôle. Sans cette ossature, sans cette

 18   structure, un corps reste informe, amorphe."

 19   Le capitaine Leyshon a montré qu'il n'y avait pas véritablement

 20   de communication et ce que ça signifiait pour un commandant. Je cite : "Il

 21   n'est pas possible sans communication de commander les unités sur le

 22   terrain qui s'engagent dans quelle qu'action que ce soit."

 23   Excusez-moi, je tripotais le volume : ça n'a pas bien passé.

 24   Nous allons rediffuser ceci.

 25   "La régie et moi, nous avons une double filière de commandement,


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  1   c'est la question, Monsieur le Président. Oui, sans communication, un

  2   commandant ne peut pas avoir le commandement des unités sur le terrain,

  3   celles-ci s'engageant dans quelle qu'action que ce soit."

  4   Est-ce qu'il avait raison ? Sait-il de quoi il parle ? Comparer

  5   sa déposition avec ce que dit son supérieur, le colonel Stewart : "C'est

  6   un ordre écrit, Monsieur le Président, et les ordres écrits sont

  7   excellents, mais dans des situations militaire, un ordre écrit ne dure pas

  8   plus longtemps que le premier coup de feu. Et à partir de ce moment-là,

  9   c'est le contrôle et le commandement verbal, oral."

 10   Pour les raisons expliquées par ces deux derniers témoins, il

 11   est important, pour ce procès, de savoir si le HVO disposait de

 12   communications en temps réel ou de quelque chose qui s'en approcherait,

 13   pour assurer l'approvisionnement de cette structure, de cette ossature de

 14   commandement et de contrôle. L'accusation le reconnaît et dit aujourd'hui

 15   que le système radio par paquet, utilisé par le HVO, n'était pas vraiment

 16   celui que le HVO utilisait. Que plutôt celui-ci disposait d'un système

 17   radio bien plus sophistiqué, avec notamment des systèmes mobiles de

 18   communication qui auraient soutenu ou permis une communication en temps

 19   quasi réel. Est-ce exact ?

 20   Nous avançons ceci : si le HVO avait eu un tel système, il y

 21   aurait peut-être effectivement des documents qui montrent qu'il y avait

 22   certains équipements, que certains avaient même été transportés. Je ne

 23   sais pas. Nombreux sont les documents qui ont été versés à ce dossier,

 24   difficile de tous les trouver. Mais, si le HVO avait disposé d'un tel

 25   système, pourquoi le HVO a-t-il continué d'utiliser le système de


Page 23326

  1   communication par paquet ? Car, la plupart des communications effectuées,

  2   des documents envoyés sont déposés dans le dossier de ce procès. On voit

  3   comment se faisait la communication.

  4   Pourrions-nous utiliser le rétroprojecteur ? Il s'agit de la

  5   pièce 456/49 agrandie. J'aimerais surtout m'intéresser au sceau, au

  6   cachet. Peut-on le déplacer un peu sur la droite ? C'est la dernière page

  7   de ce document qui est une communication faite par Tihomir Blaskic à la

  8   brigade de Kiseljak le 19 avril.

  9   Voici le sceau, ou le cachet, que l'on voit au bas de ce

 10   document. Pourriez-vous rapidement examiner ce document, Messieurs les

 11   Juges ? Nous allons maintenant placer et le français et l'anglais, l'un à

 12   la suite de l'autre. Vous voyez ici que c'est une preuve de l'envoi.

 13   Pouvez-vous rester sur le sceau ? Je veux simplement l'encadrer. Avant,

 14   c'était mieux.

 15   Vous voyez la date, le numéro de contrôle, toute une série de

 16   sigles qui montrent que quelqu'un a traité de ce document. Pourrait-on

 17   placer la version en français. Ce sont des sceaux qui indiquent le moment

 18   de l'envoi, ou de la réception ; en général de la réception, parce qu'en

 19   général, une heure est affichée qui est souvent différente de celle donnée

 20   pour la rédaction du document.

 21   Revenons, si vous le voulez bien, à l'original en BCS. Ceci

 22   n'est pas apparu dans la traduction. La traduction dit "Mot illisible" et

 23   c'est souligné. Mais, moi j'ai surligné en jaune "PAKET", paquet, c'est

 24   donc le mot "paquet". Ça a été souligné d'ailleurs, apparemment. Et ceci

 25   se retrouve dans de nombreux cachets. Si vous examinez les documents, si


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  1   vous faites l'inventaire de ces documents, vous constaterez qu'il y a de

  2   nombreux documents où l'on voit apposé ce sceau, avec le système par

  3   paquet. Ici, ce n'est pas entouré d'un cercle mais, dans beaucoup de cas,

  4   ça l'est. Et vous constaterez que le document ici concerné a été envoyé

  5   par transmission par paquet. Ceci est un document de l'accusation. On

  6   retrouve ces annotations aussi bien dans les documents que l'accusation ou

  7   la défense ont réussi à obtenir. Que voulons-nous dire par ceci ?

  8   Merci, je crois que nous avons terminé avec le rétroprojecteur,

  9   pour le moment.

 10   On peut voir, bien sûr, le contenu des communications pour voir

 11   le système utilisé par le HVO. On peut voir aussi les heures, les jours

 12   d'enregistrement, d'envoi, de réception, et on constate que ces

 13   communications montrent qu'il y a des retards au niveau de la transmission

 14   des messages. Retards d'une heure, de quatre, de douze heures, de deux

 15   jours, de cinq jours, cela dépend.

 16   Pourquoi ? Pourquoi ces communications, ces transmissions

 17   n'étaient-elles pas aussi rapides qu'une transmission vocale, par radio,

 18   par exemple ? Parce que ce système de radio, de transmission par paquet -

 19   et j'en terminerai sur ce point parce que je vois que la matinée se

 20   termine- ce système de transmission par paquet exige que le message soit

 21   dactylographié, et que quelqu'un qui sache comment utiliser l'équipement

 22   soit là. Il faut d'abord établir un contact radio entre les deux

 23   équipements, puis un contact modem. Il faut que les modems s'enlacent ; et

 24   il faut donc avoir un bon signal radio, puis avoir ce lien modem. Puis, il

 25   faut le temps qu'il faut pour envoyer le document par modem, en utilisant


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  1   les fréquences radio ; et puis, il faut récupérer ce document d'un dossier

  2   donné à l'autre bout. Et, nous savons par exemple qu'à Vitez, les messages

  3   par paquet arrivaient à Vitez aux PTT, et il fallait l'envoyer au

  4   commandant de la zone opérationnelle.

  5   Je crois que le moment se prête bien à une pause,

  6   Monsieur le Président.

  7   M. le Président. -  L'audience est suspendue et reprend à

  8   14 heures 30.

  9   L'audience est suspendue à 13 heures.

 10   L'audience est reprise à 14 heures 35.

 11   M. le Président. – L'audience est reprise. Introduisez l'accusé.

 12   (L'accusé est introduit dans le Prétoire.)

 13   Asseyez-vous. Maître Hayman, c'est à vous pour poursuivre vos

 14   plaidoiries en défense de l'accusé, plaidoiries finales –je le dis à

 15   l'intention du public-, le procès devant s'achever demain.

 16   M. Hayman (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

 17   J'ai maintenant la tâche peu enviable de m'exprimer après le

 18   déjeuner, ce qui est toujours un défi. Mais nous nous efforcerons de

 19   maintenir l'intérêt de chacun ici, à ce stade final du procès.

 20   M. le Président. – Je ne peux absolument pas imaginer que

 21   l'attention des Juges puisse être différente avant le déjeuner et après le

 22   déjeuner.

 23   M. Hayman (interprétation). – Bien entendu, Monsieur le

 24   Président. Je faisais référence au public.

 25   M. le Président. – Bien. Maintenant, vous allez avoir la lourde


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  1   tâche, au contraire, d'avoir affaire à des Juges particulièrement

  2   attentifs, Maître Hayman. C'est à vous.

  3   M. Hayman (interprétation). – Merci, Monsieur le Président.

  4   Avant le déjeuner, je parlais des communications. Comment la

  5   Chambre peut-elle décider de la nature du système utilisé, de la rapidité

  6   avec laquelle des ordres pouvaient être expédiés, les réponses reçues,

  7   etc.

  8   Ce que je vous ai incité à penser, c'est qu'il convenait peut-

  9   être d'examiner de plus près la façon dont les transmissions

 10   s'effectuaient par transmissions par paquets, quel temps il fallait pour

 11   que ces transmissions s'effectuent et pour que les réponses reviennent.

 12   Une des façons, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, de se faire

 13   une idée sur la question, est d'examiner les rapports qui traitent de

 14   cette question, car il en existe qui décrivent la situation eu égard aux

 15   transmissions émanant du HVO.

 16   La pièce à conviction 406 de la défense est l'un des rapports.

 17   J'espère qu'il est actuellement sur vos écrans. C'est un rapport qui

 18   traite des transmissions et qui émane du grand chef d'état-major, Franjo

 19   Nakic. Il envoie ce rapport au colonel Blaskic qui, à ce moment-là, se

 20   trouve à Kiseljak. Je reviendrai sur la question dans quelques minutes.

 21   Mais pour le moment, il suffit de dire que le colonel Blaskic était coupé

 22   de tout à Kiseljak. Le 26 janvier, son état-major lui adresse ce rapport.

 23   Je commencerai par le deuxième tiret :

 24   "- Il y a nécessité de vérifier les documents d'identification,

 25   compte tenu de l'arrivée fréquente d'étrangers (armée de Bosnie-


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  1   Herzégovine)."

  2   Que signifie cela ? Le titre de ce rapport est "Rapport sur

  3   envoi de messages par transmissions par paquets". J'ai déjà dit que pour

  4   utiliser les transmissions par paquets, il fallait qu'il y ait contact

  5   radio. Il peut-être utile de savoir –je ne sais pas si l'un quelconque

  6   d'entre vous, Messieurs les Juges, a jamais joué quand il était enfant

  7   avec une radio à ondes courtes-, mais il est toujours très difficile de

  8   savoir à qui on parle parce qu'on est sur une certaine fréquence, on

  9   écoute, on parle et on entend quelque chose qui revient en retour.

 10   Or, à ce deuxième point du rapport, ce qui est signalé, c'est la

 11   nécessité de faire preuve de vigilance car fréquemment, des tiers

 12   s'expriment sur les fréquences utilisées pour transmettre le message.

 13   Alors, que se passe-t-il si l'armée de Bosnie-Herzégovine et ce

 14   tiers avec lequel le contact s'établit ? Eh bien, l'armée de Bosnie-

 15   Herzégovine branche son modem et le message, au lieu d'arriver à la

 16   brigade de Kiseljak, arrive à l'armée de Bosnie-Herzégovine. Voilà ce que

 17   dit ce deuxième tiret du rapport.

 18   Maintenant, je lis le troisième tiret :

 19   "- Le réseau par paquets est largement surchargé.

 20   - Il y a très fréquemment des interceptions des messages envoyés

 21   par le réseau par paquets."

 22   Interception signifie que le message arrive entre les mains de

 23   personnes qui n'étaient pas les destinataires.

 24   Ensuite, nous avons la liste d'un certain nombre d'endroits, de

 25   brigades où ces transmissions par parquets, apparemment, ne fonctionnent


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  1   pas du tout.

  2   Nous ne sommes pas en train de dire que tout cela se produisait

  3   toujours. Ce que nous disons, c'est que le système utilisé était un

  4   système amateur qui n'était pas particulièrement fiable. A la fin du mois

  5   de janvier, période importante dans ce procès, nous savons que le système

  6   de transmission ne fonctionnait pas bien du tout. Ceci étant un rapport

  7   interne au HVO, un document confidentiel, un document pour lequel il n'y

  8   avait aucune raison que M. Nakic cache la vérité au colonel Blaskic dans

  9   un message transmis par paquets.

 10   S'il avait voulu déguiser quoi que ce soit, il aurait sans doute

 11   dit que le système ne fonctionnait pas aussi mal qu'il fonctionnait.

 12   Alors, que signifient ces problèmes des transmissions par

 13   paquets, ces retards dans la transmission des messages ? Cela signifie que

 14   très régulièrement le colonel Blaskic recevait des informations au sujet

 15   de combat après la fin de ces combats. Il recevait des informations au

 16   sujet d'un certain nombre d'événements qui auraient pu se produire au

 17   cours de ces combats, après ces événements. Donc sur un plan strictement

 18   technique, un certain délai s'écoulait entre la réception de l'information

 19   par lui… Je m'exprimerai autrement.

 20   Il y avait donc un certain laps de temps qui s'écoulait entre le

 21   souhait qu'il pouvait avoir d'envoyer des messages à telle ou telle partie

 22   présente sur le terrain et la réception par lui des messages et des

 23   informations.

 24   Compte tenu de la relative fragilité de ce système de

 25   communication, nous sommes en droit de nous poser la question de savoir


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  1   quand ce système fonctionnait au mieux de ses capacités et quand il

  2   fonctionnait mal.

  3   Ce même document, la pièce à conviction de la défense 406,

  4   évoque une surcharge importante du réseau en date du 26 janvier 1993, au

  5   moment où beaucoup de choses se passent, où de nombreuses personnes

  6   s'efforcent d'envoyer des messages. Combien de fréquences peuvent être

  7   utilisées ? Comment se fait la commutation entre les fréquences pour

  8   déterminer quel est le meilleur moment  pour expédier un message. C'est un

  9   problème qui est évoqué dans ce rapport.

 10   La cellule responsable des bulletins d'information militaire a

 11   pu dire, devant cette Chambre, comment le système aurait pu fonctionner le

 12   matin du 16 avril 1993 sur la base des données disponibles. Je cite :

 13   "Question : Pouvez-vous décrire la situation, le 16 avril 1993,

 14   comme chaotique dans la vallée de la Lasva et si oui, pourquoi ?

 15   Réponse : Elle était très chaotique. Les combats étaient

 16   nombreux dans l'ensemble du territoire de la vallée de la Lasva, des deux

 17   côtés. Lorsqu'une situation est chaotique, même une armée professionnelle

 18   peut avoir des difficultés à comprendre ce qui se passe. Nous ne savions

 19   pas ce qui se passait à tout moment, partout. Mais nous en avions une idée

 20   générale.

 21   Je ne crois pas que les commandants, d'un côté ou l'autre, aient

 22   pu avoir une idée très claire de ce qui se passait parce que leurs

 23   communications fonctionnaient mal."

 24   Voilà, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, les

 25   commentaires que je voulais formuler au sujet des moyens de communication


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  1   technique qui étaient disponibles au colonel Blaskic, à la fois pour

  2   diffuser des informations et pour en recevoir.

  3   Mais, y compris si les moyens techniques avaient fonctionné, on

  4   peut se demander si les rapports qu'il recevait étaient exacts.

  5   Là, nous introduisons un élément humain dans cette équation

  6   relative au commandement et au contrôle.

  7   Pour exercer le contrôle, il importe de disposer d'informations

  8   précises, exactes. Bien sûr, le paradigme qui sous-tend le manque de

  9   précision en la matière, c'est la pièce à conviction de la défense 280, le

 10   rapport de Pasko Ljubicic, envoyé dans l'après-midi du 16 avril.

 11   J'ai posé les questions suivantes. Je cite.

 12   "Question : La pièce à conviction de la défense D267 est un

 13   ordre visant à assurer la défense et, en cas d'attaque, à informer le

 14   colonel Blaskic avant de neutraliser l'attaquant. La pièce à

 15   conviction D280 est le rapport. Ce rapport ne comporte aucune information

 16   relative au meurtre de civils ou à l'incendie de maisons. Partons du

 17   principe, dans le cadre de la présente question, que des civils ont bel et

 18   bien été tués, que des maisons ont bel et bien été incendiées, le matin du

 19   16 avril 1993. Dans ces conditions, quelles auraient été les conséquences,

 20   du point de vue du commandement et du contrôle, si un commandant reçoit un

 21   ordre tel que la pièce à conviction de la défense 280 ?

 22   Réponse : Ce rapport ne montre pas précisément ce qui s'est

 23   passé à Ahmici. Donc, si vous recevez un rapport qui n'est pas exact, le

 24   commandant en question n'est pas en mesure de prendre la décision qui

 25   s'impose. Pour qu'un commandement et qu'un contrôle de bonne qualité


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  1   s'exercent, il faut qu'il y ait des rapports de bonne qualité. Bien

  2   entendu, au nombre des qualités qui font qu'un rapport est bon, il y la

  3   précision, l'exactitude.

  4   Question : Est-il exact qu'en l'absence d'informations précises,

  5   le commandant est dans l'obscurité, dans l'incertitude ?

  6   Réponse : Absolument." (Fin de citation.)

  7   Il y a d'autres éléments qui montrent cette absence, de défaut

  8   de précision ; j'y reviendrai plus tard.

  9   Le commandement et le contrôle sont également affectés par la

 10   formation et l'expérience. Je ne m'appesantirai pas sur la question de la

 11   formation, mais je tiens à dire que, selon les éléments de preuve qui ont

 12   été soumis, il apparaît manifestement que la formation n'était pas

 13   dispensée par un centre de formation spécialisé ; qu'il manquait de

 14   personnes aptes à former les conscrits.

 15   M. Tolo l'a dit dans sa déposition : un certain entraînement,

 16   une certaine formation étaient dispensés au début du mois de décembre

 17   1993. Le colonel savait quelle était  l'importance à accorder à l'exigence

 18   de cet entraînement. Mais le colonel Blaskic savait quelle était

 19   l'importance à accorder à cette exigence de formation et d'entraînement.

 20   Sur l'ensemble du territoire, les observations de certains

 21   témoins qui se sont exprimés dans ce procès vous ont permis de juger de la

 22   régularité de ces programmes de formation et d'entraînement. Normalement,

 23   les militaires s'entraînent en permanence, pas lorsque la guerre fait

 24   rage, mais, en général, l'entraînement est régulier et permanent. C'est ce

 25   qu'ont fait les armées professionnelles afin d'assurer la discipline,


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  1   l'uniformité et le contrôle sur le plan militaire. Dans la pratique cela

  2   fonctionne très bien.

  3   Mais il est clair que, dans la vallée de la Lasva et dans la

  4   région toute entière, les observateurs internationaux n'ont pas constaté

  5   un entraînement régulier des troupes des HVO.

  6   M. Baggesen a quelque chose à dire à ce sujet. Il est

  7   représentant de l'ECMM.

  8   "Question de Me Cayley : Du point de vue de la formation, avez-

  9   vous vu un entraînement des soldats du HVO pendant que vous étiez en

 10   Bosnie ?

 11   Réponse : Non. Pas du tout. " (Fin de citation.)

 12   J'ai également posé une question du même type à ce témoin.

 13   "Réponse : "Eh bien,  nous avons eu des hommes présents dans la

 14   région pendant plusieurs mois et je n'ai pas vu d'entraînement des hommes

 15   du HVO pendant cette période." (Fin de citation.)

 16   Peut-être est-ce M. Kehoe qui posait la question : je me suis

 17   peut-être trompé en disant que c'est moi qui avais posé la question.

 18   Pour synthétiser la question du commandement et du contrôle de

 19   ce point de vue, j'aurais besoin d'un huis clos partiel, Monsieur le

 20   Président.

 21   Huis clos partiel.

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  5   Audience publique

  6   M. Hayman (interprétation). - Monsieur le Président, ce que nous

  7   tenons à souligner simplement, c'est que l'article de "Danas" ne contredit

  8   pas seulement certains éléments de preuves qui ont traité du même sujet,

  9   mais qu'en outre, il est tout à fait compréhensible qu'un article

 10   propagandiste de ce genre soit publié dans un média de cette nature. Et

 11   les Juges seraient naïfs, vraiment, s'ils devaient s'appuyer sur ce type

 12   d'article pour déterminer la situation sur le terrain.

 13   Mais qu'en est-il maintenant du rapport daté du 7 mai ? Ce que

 14   nous avons fait pour tenter d'illustrer ce rapport, Monsieur le Président,

 15   c'est que nous avons rédigé une planche qui se compose de deux colonnes.

 16   Dans la colonne de gauche, on voit des déclarations qui figurent

 17   dans le rapport et qui ont trait aux communications, au contrôle et à des

 18   questions similaires.

 19   Dans la colonne de droite, on trouve les déclarations générales

 20   positives que le colonel Blaskic a introduites à la fin du rapport. On ne

 21   les trouve qu'à la fin du rapport. Quels sont les indices précis

 22   établissant la mauvaise qualité du commandement et du contrôle ? On les

 23   trouve à gauche. Je commencerai par les trois premiers tirets qui traitent

 24   de l'isolement du territoire, de la pénurie et de l'absence de

 25   communication, etc. Je n'en donnerai pas lecture.


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  1   Puis, nous arrivons au quatrième point où nous voyons les mots

  2   suivants : "La formation, l'entraînement est insuffisant." Nous en avons

  3   déjà parlé hier avec des documents à l'appui.

  4   Le cinquième tiret signale que le bataillons du HVO de Fojnica

  5   est en état de mutinerie ou de rébellion. J'en parlerai plus en détail

  6   dans quelques instant.

  7   Le sixième tiret –et là nous voyons une citation… Je vous prie

  8   de m'excuser, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je n'ai pas

  9   encore présenté ces pages. Je les ai ici. Elles vont être distribuées,

 10   bien que le texte soit lisible sur l'écran, à mon avis.  

 11   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vous prie de

 12   m'excuser pour avoir omis de distribuer immédiatement ces documents.

 13   Quatrième point : absence de formation et d'entraînement.

 14   Cinquième point : le bataillon du HVO de Fojnica est en état de

 15   rébellion ou de mutinerie.

 16   Sixième tiret, c'est une citation : "Des bandes organisées, dans

 17   lesquelles se trouvent des délinquants, tirent avantage des circonstances

 18   et du moment pour voler et piller."

 19   Dernier et septième point : "Des ragots nuisent à la réputation

 20   du HVO et circulent dans les zones de combat."

 21   A droite, vous voyez les déclarations générales du colonel

 22   Blaskic.

 23   Ce que nous tenons à vous dire, c'est qu'il relève de la nature

 24   humaine de s'efforcer de présenter, sous un mauvais jour, les éléments que

 25   l'on veut combattre. Et chacun s'efforce, lorsqu'il souhaite agir de la


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  1   sorte, de faire le meilleur travail possible. Nous vous demandons,

  2   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, eu égard à l'article Danas et

  3   au rapport dont nous venons de parler, de les resituer dans le contexte

  4   des autres éléments de preuve.

  5   En outre, le Procureur vous a invité instamment à vous appuyer

  6   sur un certain nombre d'éléments, d'indices selon lesquelles le colonel

  7   Blaskic aurait eu des états d'âme quant au commandement et au contrôle.

  8   Mais d'autres éléments de preuve prouvent le contraire.

  9   Je voudrais maintenant un huis clos partiel pour quelques

 10   instants.

 11   Audience à huis clos partiel.

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 12   Audience publique.

 13   M. Hayman (interprétation). - L'accusation a présenté un autre

 14   argument au sujet de la filière du commandement et du contrôle que je

 15   voudrais évoquer. Il s'agit de Stjepan Tuka et le bataillon de Fojnica.

 16   Hier, il a été dit par l'accusation que le colonel Blaskic pouvait relever

 17   de leurs fonctions les commandants de brigade sans qu'il y ait approbation

 18   de la part des autorités civiles et que cet incident concernant Tuka le

 19   montre.

 20   En fait, l'accusation vous a dit que Blaskic, et je cite : "A

 21   relevé de ses fonctions Tuka", "Tuka était jeté dehors."

 22   Est-ce cela qui s'est passé concernant M. Tuka. Nous avons

 23   préparé un tableau, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, cela

 24   consiste en deux pages. A la première page, nous voyons les premiers

 25   éléments qui se sont produits concernant le désaccord ou la querelle entre


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  1   le colonel Blaskic et le commandant Tuka. Qu'est-il dit ici ?

  2   Il est dit que le 18 avril, le colonel Blaskic a ordonné à

  3   M. Tuka et à son bataillon de prendre une action. Le 19, il a donné un

  4   autre ordre en demandant à nouveau que cette action soit faite parce que

  5   cela ne s'était pas produit. Le 20 avril, c'est Tuka qui envoie une lettre

  6   à Blaskic en disant : "Je refuse d'exécuter l'ordre." Puis, le 20 avril,

  7   le colonel Blaskic demande qu'il soit relevé de ses fonctions. Cela se

  8   passe le 20 avril 1993.

  9   L'accusation voudrait terminer cette histoire d'insubordination

 10   concernant le bataillon de Fojnica à ce point-là, mais ce n'est pas là que

 11   se termine cette histoire. En fait, elle se poursuit. Le 20, Tuka envoie

 12   une réponse à M. Blaskic, en disant qu'il y aura un entretien entre les

 13   autorités civiles, religieuses, etc.

 14   En plus, certaines autorités civiles envoient également leur

 15   lettre au colonel Blaskic en disant qu'elles rejettent cette tentative de

 16   relever Tuka de ses fonctions. C'était le 20 avril.

 17   L'étape suivante de cette correspondance, de cet échange, ne se

 18   produit pas avant le 7 mai. Donc ce sont deux à trois semaines plus tard.

 19   Le colonel Blaskic envoie à nouveau un ordre en menaçant et en demandant

 20   que Tuka soit relevé de ses fonctions et que s'il ne le fait pas, il sera

 21   soumis à des sanctions pour insubordination. Mais Tuka n'est pas relevé de

 22   ses fonctions à ce moment-là. En juin, il est enfin remplacé, donc six à

 23   huit semaines, soit presque deux mois après le premier ordre demandant

 24   qu'il soit immédiatement relevé de ses fonctions.

 25   Donc je vous pose la question suivante : quel est le niveau de


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  1   commandement et de contrôle que Blaskic a sur le bataillon de Fojnica

  2   pendant au moins ces six ou huit semaines  ? J'ai posé cette question au

  3   témoin. De nouveau nous avons le capitaine Leyshon.

  4   "Question : Il s'agit d'une pièce à conviction de la décision du

  5   Bataillon HVO de Fojnica, de l'autorité civile du HVO, du monastère

  6   franciscain. Il y est dit, en bref, que l'ordre de la zone opérationnelle

  7   a été entièrement rejeté.

  8   Que veut dire cela sur le plan du contrôle et du commandement

  9   lorsqu'il y a rejet d'un ordre ?

 10   Réponse : Que manifestement, il n'y a pas de commandement ni de

 11   contrôle."

 12   M. Hayman (interprétation). – Que s'est-il passé à Fojnica ? Un

 13   conflit a opposé l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO en juillet, donc

 14   le mois suivant. L'armée de Bosnie-Herzégovine s'est emparée de Fojnica.

 15   L'ordre du colonel Blaskic, que nous l'aimions ou non, que cela nous

 16   plaise ou non, n'avait pas de commandement et de contrôle sur le bataillon

 17   de Fojnica à cette époque-là, pendant cette période-là.

 18   Le Procureur dit que l'incident concernant Tuka montre qu'il y

 19   avait commandement et contrôle, mais ce que nous affirmons, nous, c'est

 20   que cela prouve exactement l'opposé. Le colonel Blaskic ne pouvait pas

 21   réellement demander au commandement de brigade d'exécuter son ordre en le

 22   menaçant d'être relevé de ses fonctions s'il n'obéissait pas. Il n'avait

 23   certainement pas ce pouvoir ni cette autorité sur M. Tuka.

 24   Il y a une autre chose que je souhaitais dire au sujet du

 25   document concernant Tuka. Il s'agit des dix-neuf témoins de l'accusation,


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  1   cités par l'accusation. Ils n'ont jamais évoqué ces documents. Pourquoi ?

  2   Parce que la défense n'a pas reçu ces documents avant le 22 juillet 1998,

  3   au moment où l'accusation a présenté sa pièce 456, le grand dossier

  4   contenant les documents du HVO.

  5   Si nous avions eu la possibilité de les voir, qu'aurait dit

  6   M. Buffini, si nous avions eu la possibilité de parler de cette mutinerie

  7   à Fojnica ? Qu'auraient dit les autres témoins de l'accusation ?

  8   En résumé, les filières de commandement et de contrôle sur la

  9   police militaire et les Vitezovi étaient doubles ou triples. Les Vitezovi

 10   et les communications avec ses unités n'étaient pas du tout fiables,

 11   étaient loin d'être fiables au sein du HVO. Les experts sont d'accord sur

 12   le fait pour dire que les filières de commandement et de contrôle étaient

 13   faibles et que la structure de commandement était en train de naître tout

 14   au plus. Donc, le Procureur ne peut pas défendre son argument sur la base

 15   de ce qui s'est produit sur le terrain. Cette affirmation n'est pas

 16   logique. Je pense que la Chambre doit se pencher sur les preuves

 17   factuelles.

 18   Je souhaite à présent revenir en année 1992. L'accusation a

 19   suggéré que Tihomir Blaskic est arrivé en Bosnie en tant que partie d'un

 20   grand plan politique qui visait à partager la Bosnie-Herzégovine, à

 21   annexer l'Herceg-Bosna à la Croatie. Il s'agit d'une théorie de complots

 22   intéressante, mais quelles sont les preuves ? Les preuves sont les

 23   suivantes :

 24   On a demandé à Blaskic de venir à Kiseljak, cela lui a été

 25   demandé par le conseil municipal multi-ethnique. Il lui a été demandé


Page 23346

  1   d'agir d'urgence afin de les aider à se défendre contre les Serbes, qui

  2   étaient très proches de la municipalité de Kiseljak. Je pense qu'on

  3   pouvait entendre les coups de feu de Sarajevo très facilement depuis le

  4   territoire de la municipalité de Kiseljak. Imaginez comment se sentaient

  5   ces gens lorsqu'ils entendaient ces tirs des pièces d'artillerie,

  6   régulièrement, tout en sachant qu'ils n'avaient pas d'armée régulière, ni

  7   d'armée de Bosnie-Herzégovine et ni du HVO. Aucune armée pour se défendre

  8   contre la JNA, qui, elle, disposait de l'ensemble de son armement.

  9   L'accusation a également affirmé que Blaskic a été choisi pour

 10   être commandant de la zone opérationnelle sur la base de critères d'ordres

 11   politiques. Y a-t-il des preuves qu'il ait eu au moins à subir un

 12   entretien pour avoir ce travail ? La première fois qu'il a rencontré un

 13   dirigeant politique de l'Herceg-Bosna, de l'Herzégovine c'était le

 14   27 juin 1993. Est-ce que j'ai dit le 27 juin ? Oui, c'est bien la date

 15   dont je parle…, le 27 juin 1993.

 16   Ai-je commis une erreur ?

 17   M. Shahabuddeen. -  1993 ?

 18   M. Hayman (interprétation). - Oui, je savais que j'avais fait

 19   une erreur au sujet de la date. C’est donc 1992, merci. Il a donc

 20   rencontré Mate Boban pour la première fois, et c'est là qu'il a été nommé.

 21   Il n'y a pas eu d'entretien préalable, pas de questionnaire. Il n'était

 22   membre d'aucun parti politique. Quels sont les faits ? Les faits sont les

 23   suivants : le HVO a traversé les périodes avec quatre différents

 24   commandants des zones opérationnelles. Vous vous rappelez, Pasko Ljubicic

 25   a été pendant un moment commandant de la zone opérationnelle. Zulu, un


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  1   certain Zulu qui n'était connu par aucun autre nom, était une espèce

  2   d'individu mystérieux -sans aucun papier, aucun document, etc- est arrivé

  3   en disant : « Je suis commandant ». Après, il est parti.

  4   Donc, en quatre ou cinq mois, il y a eu quatre commandants

  5   différents. Rien n'a été fait. Ils avaient donc vraiment besoin de

  6   quelqu'un qui avait une formation militaire. Ils se sont adressés à

  7   Blaskic pour qu'il les aide. Il ne s'agit pas là d'un crime. Est-ce qu'il

  8   y a des preuves montrant que, sur le plan politique ou personnel, il y a

  9   eu des motivations de sa part. Nous savons que sa famille ne voulait pas

 10   qu'il y aille, qu'elle voulait au contraire qu'il soit ailleurs qu'en

 11   Bosnie-Herzégovine. Il a donc accepté un sacrifice personnel considérable.

 12   Il s'est senti obligé moralement d'aider les gens de cette région, les

 13   aider à organiser leur défense. Vous l'avez entendu déposer. Vous êtes des

 14   Juges avec une grande expérience, vous pouvez évaluer s'il s'agit d'une

 15   déposition vraie ou non.

 16   En août 1992, au début du  mois d'août, que se passe-t-il ? Il y

 17   a un conflit, la Défense territoriale essaye de couper l'enclave de

 18   Kiseljak en érigeant des barrages, ou des postes de contrôle à différents

 19   endroits. Nous avons un extrait d'un ordre qui émane du commandant de la

 20   Défense municipale, donc du quartier général de la défense municipale. Il

 21   s'agit du 5 août 1992.

 22   Quel est l'ordre ?

 23   Au point 3 : "Choisir immédiatement les objectifs et notamment

 24   les points sur les lignes de communication principales et secondaires afin

 25   d'être utilisés pour bloquer le territoire et les routes, et choisir etc..


Page 23348

  1   " Point 4 : "Effectuer toutes les mesures nécessaires pour équiper les

  2   soldats." Et puis, au point 5 :"C'est d'une importance primordiale, vous

  3   devez intensifier le contrôle sur le mouvement des forces et des véhicules

  4   sur la principale ligne de communication de la municipalité."

  5    Pendant la déposition, je pense que nous avons placé des

  6   morceaux jaunes de papier pour vous montrer les différents barrages qui

  7   ont été décrits. Et cela s'est effectivement passé, ils ont été installés.

  8   Mais cela n'était pas illégal. Nous ne reprochons pas cela à la Défense

  9   territoriale. Les tensions étaient en train de s'aggraver, c'était un

 10   début de la lutte pour s'emparer du territoire. C'est ce qui se passe

 11   lorsqu'une guerre est sur le point d'éclater ou éclate. Donc, ces

 12   préoccupations, ces peurs étaient tout à fait normales, normales également

 13   de la part de la Défense territoriale, et de la part du HVO. Ils se

 14   souciaient de la sécurité. C'est cela qui se passe dans une situation où

 15   il y a une guerre civile. Mais ce qui s'est passé en premier lieu dans la

 16   municipalité de Kiseljak s'est passé d'abord de la part de la Défense

 17   territoriale. Encore une fois, c'est naturel, mais il est important que

 18   cela s'est produit. Et c'est contraire à ce que prétend l'accusation, à

 19   savoir, qu'il y avait un complot visant à expulser la population musulmane

 20   d'un territoire donné, et que cela a été effectué par le colonel Blaskic,

 21   planifié, ou qu'il a participé ou aidé à réaliser ce plan. Il y avait deux

 22   forces présentes qui se chevauchaient sur un même territoire, et elles

 23   luttaient, elles se disputaient les ressources, l'équipement, et tout ce

 24   qui se passe naturellement lorsque vous avez non seulement deux forces

 25   armées opposées mais aussi des autorités municipales rivales sur un même


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  1   territoire.

  2   L'avant-dernier incident qui se produit en 1992, il s'agit de

  3   l'arrestation de M. Sinanbasic, qui était un responsable de la Défense

  4   territoriale à Kiseljak. Alors, il a été dit par l'accusation que le

  5   colonel Blaskic, qui, à ce point il me semble en août ou à l'automne,

  6   était déjà à Vitez, donc l'accusation affirme qu'il a permis que

  7   Sinanabasic reste en prison afin qu'il puisse y avoir un prise de pouvoir

  8   à Kiseljak. Sinanbasic a été arrêté par la police civile de Busovaca. Ceci

  9   est le fait numéro un.

 10   En deuxième lieu, Blaskic a cherché à le faire libérer, mais il

 11   lui a fallu du temps, parce que c'est la même période où Jajce était sous

 12   pression extrême. Blaskic passait beaucoup de temps là-bas.

 13   Et en troisième lieu, Sinanbasic a été libéré à la fin. Cet

 14   incident a été certes malheureux,  mais cela ne prouve pas ce qu'a insinué

 15   l'accusation.

 16   Enfin, l'accusation affirme que le colonel Blaskic a cherché à

 17   expulser et mettre hors-la-loi la défense territoriale de la municipalité 

 18   de Kiseljak. Il est vrai qu'il a répété un ordre émanant du général Roso

 19   et adressé à la TO. Mais, encore une fois, ce n'est pas une surprise,

 20   c'est normal qu'il y ait quelques rivalités, la lutte pour le pouvoir là

 21   où vous avez des forces qui se chevauchent sur le même territoire. Blaskic

 22   n'a pris aucune mesure afin de forcer la TO de Kiseljak de se mettre sous

 23   les ordres du HVO. Et nous savons, Monsieur le Président, que plus tard,

 24   en 1992, cela ne s'est pas passé à Vitez, parce que nous savons que

 25   Sefkija Dzidjic, qui était à la tête de la TO, à Stari Vitez, a répondu à


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  1   une question à ce sujet.

  2   "A une occasion, M. Blaskic, à une réunion à laquelle je suis

  3   allé chez lui, a déclaré que personne n'avait le droit de forcer qui que

  4   ce soit à se placer sous son commandement, ce qui était correct de sa

  5   part."

  6   M. Hayman (interprétation). - C'est tout ce que nous avons à

  7   dire concernant l'année 1992. Si vous consultez les documents ainsi que

  8   l'ensemble des dépositions, vous verrez que le colonel Blaskic a cherché à

  9   mettre sur pied un système. Il a cherché à mettre sur pied un quartier

 10   général, un état-major, les réunions de cet état-major. Il voulait mettre

 11   sur pied la formation, la création d'une armée. C'est ce que l'on fait

 12   lorsqu'on se soucie vraiment du commandement et du contrôle, lorsqu'on

 13   cherche à mettre sur pied une filière de commandement et de contrôle et

 14   ce, à partir d'une situation relativement chaotique. Telle était la

 15   situation en 1992.

 16   S'agissant à présent de l'année 1993. Qu'en était-il ?

 17   En 1993, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, c'est à

 18   Busovaca, en janvier, que commence le drame. L'accusation s'est référée au

 19   conflit du mois de janvier en disant que c'est le HVO qui l'a déclenché,

 20   en disant qu'il s'agissait d'une "répétition générale". Je cite leurs

 21   termes.

 22   Mais, en fait, que s'est-il passé réellement en janvier 1993 ?

 23   Est-ce que l'accusation a prouvé, au-delà de tout doute raisonnable, que

 24   Blaskic disposait du pouvoir ou de la responsabilité directe ou indirecte

 25   pour les crimes commis dans la municipalité de Busovaca ?


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  1   En effet, quelle était la situation ? L'enclave de Vitez, qui

  2   est entourée de rouge actuellement, d'un ruban rouge, était toujours

  3   connectée à la municipalité de Kiseljak. La route était toujours ouverte

  4   et tout le monde pouvait circuler. Le 23 janvier 1993, un samedi, Blaskic

  5   a quitté Vitez ; après avoir terminé les deux tiers ou les trois quarts de

  6   sa journée de travail, il s'est rendu à Brestovsko, dans sa maison de

  7   famille.

  8   Brestovsko se trouve de l'autre côté, au-delà de Bilalovac,

  9   avant d'atteindre Kiseljak ; c'est donc au-delà de Kacuni et de Bilalovac,

 10   de l'autre côté du corridor. Il est clair, sur la base des documents, que

 11   le conflit qui a éclaté tard dans la nuit, le 24, le lendemain, étaient un

 12   conflit qui n'était absolument pas prévu par Blaskic.

 13   Que s'est-il passé ? L'armée de Bosnie-Herzégovine avait

 14   précédemment dressé un nouveau poste de contrôle. Cela ne s'est pas passé

 15   sans que les forces des Nations Unies ne s'en aperçoivent ; la Forpronu a

 16   fait rapport, le 20 janvier, que l'armée de Bosnie-Herzégovine à Busovaca

 17   avait érigé à Kacuni un nouveau poste de contrôle : c'est le seul poste de

 18   contrôle entre la route de Vitez et Kiseljak et c'est situé au nord de la

 19   brigade de l'armée. Cela se passe le 20 janvier. Blaskic lui-même a été

 20   surpris lorsque lui-même est passé par ce poste de contrôle, le samedi

 21   23 janvier, dans la nuit du 24 au 25 janvier. Il s'agit donc de la nuit du

 22   dimanche au lundi.

 23   La 7ème Brigade musulmane de Kacuni a attaqué les véhicules du

 24   HVO qui passaient par Kacuni. Un policier du HVO a été tué ainsi qu'un

 25   passant croate. En effet, un rapport a été fait à ce sujet à l'époque.


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  1   Voilà. Nous voyons le rapport reçu par le colonel Blaskic. Ce

  2   rapport l'informe que ces meurtres se sont produits vers une heure du

  3   matin. A travers le QG de Kiseljak, parvient cet ordre et c'est le lundi

  4   25 janvier. Il y a eu une escalade très rapide du conflit. L'accusation a

  5   cité un résumé d'information militaire où il est question d'extrémistes

  6   croates qui incendient des bien musulmans à Busovaca. Oui, il est possible

  7   que cela se soit produit ; il n'y a pas eu beaucoup de témoignages le

  8   prouvant, mais il y a eu cependant des témoignages au sujet d'un meurtre

  9   commis par quelqu'un qui a été accusé par ce Tribunal de l'avoir fait.

 10   Mais l'armée de Bosnie-Herzégovine a profité de cette occasion :

 11   qu'a-t-elle fait ? Elle a coupé Vitez de Kiseljak, elle a déplacé les

 12   unités de Visoko dans cette zone et s'est emparée du contrôle sur une

 13   longueur d'environ sept kilomètres, de Kacuni à Bilalovac.

 14   Cela n'était pas une très bonne répétition générale, pas une

 15   répétition générale très réussie de la part du HVO. Tout au contraire,

 16   tous les témoins dans cette affaire ont admis que c'est l'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine qui a lancé ce conflit du mois de janvier.

 18   Citation : "Lorsque vous avez parlé au général Hadzihasanovic,

 19   en disant que c'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui a commencé le

 20   conflit de janvier, vous pensiez à cette embuscade et à ce meurtre de

 21   Busovaca ?

 22   Réponse : Oui." (Fin de citation.)

 23   "Question : La prise de ce contrôle par l'armée de Bosnie-

 24   Herzégovine, ce fait en soi, c'est un objectif militaire légitime, mais

 25   comment cela s'est-il produit et quelles en ont été les conséquences,


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  1   cela, c'est une autre affaire !"

  2   Ce qui est important ici, c'est que la théorie de l'accusation

  3   est tout à fait différente : elle est basée sur un complot visant à

  4   expulser les Musulmans, à s'emparer du territoire. Il s'agit donc de

  5   quelque chose qui a été planifié, préparé, exécuté par le colonel Blaskic.

  6   Or, ce que nous avons ici, c'est une opération très réussie, en

  7   janvier 93, et menée par l'armée de Bosnie-Herzégovine, qui coupe cette

  8   enclave en deux portions bien plus vulnérables. Cela ne correspond

  9   absolument pas avec la théorie de l'accusation. La théorie de l'accusation

 10   ne tient pas debout.

 11   Vous avez un chevauchement des autorités militaires et civiles

 12   en situation de rivalité, qui luttent pour le contrôle. Ce qui se passe,

 13   c'est qu'un conflit ouvert se déclenche alors que notre client était en

 14   train de visiter ses parents. Et il s'est trouvé coupé, isolé. Cela

 15   ressemble-t-il à un plan, à une mise en œuvre d'une opération militaire à

 16   Busovaca, en janvier 1993 ? Il était dans sa maison familiale avec ces

 17   parents. Il a raté "la fête" pour utiliser la terminologie de

 18   l'accusation. Je ne veux pas du tout dire que c'était une fête.

 19   Alors que se passe-t-il le 25 janvier 1993 ? Tihomir Blaskic

 20   -c'est un lundi- s'est levé tôt pour aller à Vitez. Mais quand il arrive à

 21   Bilalovac, on lui dit que la route Vitez-Busovaca est coupée et qu'il ne

 22   peut pas y aller. Il revient donc à la caserne de Kiseljak pour essayer de

 23   voir ce qui se passe. Il a reçu alors un certain nombre de messages que la

 24   Chambre a déjà vus.

 25   Mais les événements s'accélèrent. Le lendemain, le 26 janvier,


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  1   comme la Chambre l'a déjà entendu, la 7ème Brigade musulmane nettoie les

  2   villages qui se trouvent au nord-est de Busovaca ; elle expulse les

  3   Croates. Vous avez entendu parlé des événements de Dusina et de la Lasva,

  4   le jour en question. et une grande portion du territoire n'est peut-être

  5   pas tout à fait tombée entre leurs mains, le 26, mais était sur le point

  6   de l'être.

  7   Nous ne sommes pas ici pour accuser qui que ce soit des crimes

  8   qui ont été commis à Dusina et à Lasva. Mais ce qui s'est passé à Dusina

  9   et à Lasva ne correspond pas non plus à la théorie qu'avance l'accusation.

 10   Nous croyons effectivement que des prisonniers du HVO et des civils du HVO

 11   ont été exécutés et tués. La Chambre doit et peut juger, ne serait-ce que

 12   sur la base des photos de certaines victimes, y compris celles de Svonko

 13   Rajic ; il s'agit de photographies atroces et nous n'allons pas les revoir

 14   à présent.

 15   Ces événements sont importants ; ils sont importants pour

 16   comprendre la peur, la peur qui commençait à se ressentir dans cette

 17   région, de toutes parts. Dans la population, la peur a commencé à se

 18   répondre. Pour nous qui sommes ici dans ces villes magnifiques, comme à

 19   La Haye où nous ne sommes que temporairement, nous ne pouvons pas imaginer

 20   la situation qui était celle là-bas à cet endroit.

 21   Vous entendez des tirs au loin. Il y a des massacres commis à

 22   proximité. Et des voisins commencent à creuser des tranchées face à votre

 23   propriété, face à votre maison. Nous pouvons difficilement imaginer cette

 24   situation. Mais, dans cette affaire, ce qu'on vous demande, c'est

 25   d'essayer d'imaginer comment les gens, le commun des mortels, qu'ils


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  1   soient cultivés ou moins cultivés, perçoivent cette situation, lorsque ces

  2   événements terribles commencent à se produire et les affectent dans leur

  3   vie de tous les jours.

  4   Alors que ces crimes se commettaient à Dusina, le 26 janvier, où

  5   se trouvait Blaskic ? Il se trouvait à Kiseljak. D'   abord, il avait

  6   demandé que soit tenue une réunion grâce à la médiation de la Forpronu

  7   avec l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  8   Il y a eu une telle réunion au quartier général de Kiseljak. Je

  9   crois que c'est le général de brigade, Cordy Simson, qui présidait à cette

 10   réunion. Nous l'avons vu dans certains documents. Blaskic a ordonné que

 11   soit mis en oeuvre un cessez-le-feu.

 12   L'ordre a été délivré le 27 janvier 1993, la Chambre de première

 13   instance est au courant du fait que les éléments ou la violence s’est

 14   déclenchée le 26, puisqu’il y a eu ce meurtre au point de contrôle le 26,

 15   l'escalade puisqu'il y a eu ces meurtres à Dusina, alors que les

 16   négociations étaient en cours en vue de cessez-le-feu. Et puis le 27,

 17   Blaskic marque son accord pour le cessez-le-feu et donne l'ordre afin que

 18   celui-ci soit exécuté. Dans le cadre du cessez-le-feu, il a donné pour

 19   ordre ceci -passons à la pièce suivante- que :“ tous les prisonniers

 20   fassent l'objet d'un échange ”, -paragraphe 5-, par le truchement du CICR 

 21   et il charge une personne de s'acquitter de cette tâche, date buttoir avec

 22   le bureau du CICR.

 23   Il s'est donc tourné vers le CICR pour que celui lui donne des

 24   instructions. Pourquoi ? Vous allez peut-être vous poser cette question,

 25   c'est un officier de carrière. Pourquoi dirait-il : “ Faisons ce que dit


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  1   le CICR pour ce qui est de ces prisonniers qui se trouvent maintenant de

  2   l’autre côté de cette barrière qui séparent le territoire en deux

  3   enclaves ? ”.

  4   Le général Blaskic avait été capitaine au sein de la JNA et

  5   avait eu pour responsabilité principale la formation des effectifs de la

  6   compagnie dans laquelle il se trouvait. Il était spécialisé en formation,

  7   en entraînement. Il n'avait pas combattu dans le cadre d'une guerre, il

  8   n'avait jamais été général. Il avait eu sous ses ordres au maximum

  9   120 hommes, une compagnie, peut-être au maximum un régiment. Alors qu’ici,

 10   il est isolé, il se trouve à Kiseljak. Des choses atroces se passent, il

 11   les apprend, de l'autre côté de cette barrière. Il est facile de

 12   s'imaginer comment s’est déroulée cette réunion au quartier général de

 13   Forpronu. Le représentant des Nations unies dit : “ Apparemment, il y a

 14   des détenus, nous voulons un échange de prisonniers, travaillez avec le

 15   CICR, et rapidement ”.

 16   Ce document traduit, reflète les dire de Blaskic. Il a dit : "Je

 17   suis d'accord, couchons ceci sur papier". L’accord est passé, l'ordre

 18   l’est aussi.

 19   Une question importante se pose ici à vous, Messieurs les Juges.

 20   Si les HVO avait une position de supériorité militaire, ceci n'a été de

 21   cesse d’être la théorie avancée par l'accusation, dans un tel cas,

 22   pourquoi Blaskic marquerait-il son accord à un cessez-le-feu, alors que

 23   son territoire, le territoire qu’il était censé protéger, a été divisé en

 24   deux ? Pourquoi ne pas essayer de le reconquérir s'il se trouve

 25   effectivement en situation de supériorité militaire ?


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  1   Le fait est que le HVO a été très désagréablement surpris par ce

  2   conflit de janvier par rapport à l'armée de Bosnie-Herzégovine, et a

  3   essuyé une défaite sérieuse en janvier 1993. Cela n'a pas été une

  4   répétition générale, en aucune manière.

  5   Voyons ce que nous affirme l'accusation. Selon elle, Blaskic

  6   était à Busovaca au cours du conflit de janvier et dirigeait de fait des

  7   activités militaires depuis Busovaca. Selon cet argument, et très

  8   important pour accepter cet argument, Blaskic aurait aidé, conçu ce plan

  9   qui visait à l'expulsion des Musulmans de la vallée de la Lasva, ce serait

 10   un complot. Nous avons eu surtout un témoin qui a avancé cette théorie,

 11   mais il faudra passer à huis clos partiel pour ce faire, car cette

 12   déclaration a été faite à huis clos partiel. Les éléments de preuve ont

 13   été soumis par l'accusation qui a essayé de vous convaincre que Blaskic en

 14   personne se trouvait à Busovaca en janvier 1993 afin de diriger les

 15   opérations militaires. Il fallait que l’accusation s’efforce de la faire.

 16   En effet, si Blaskic n'avait pas été présent à Busovaca, qui

 17   l'était ? Qui dirigeait ces opérations militaires à Busovaca si ce n’était

 18   pas Blaskic ? C'est bien le problème auquel fait face l'accusation, c’est

 19   la raison pour laquelle, tout du moins au début de ce procès, l’accusation

 20   a affirmé que Blaskic en personne se trouvait à Busovaca et dirigeait les

 21   activités militaires.

 22   Permettez-moi un petit instant de répit. Il faudra, si vous le

 23   voulez bien Monsieur le Président, passer rapidement à huis clos partiel. 

 24   Pourrions-nous faire fonctionner le rétroprojecteur mais que celui-ci ne

 25   transmette pas d'image dans la galerie du public ?


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  1   Huis clos partiel .

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  6   (expurgée)

  7   Audience publique

  8   Pourquoi l'accusation a-t-elle cessé d'invoquer cet arguments

  9   selon lesquel Blaskic était à Busovaca au moment des conflits qui s’y sont

 10   déroulés ? Parce que finalement la ligne s'est effondrée. Même l'armée de

 11   Bosnie-Herzégovine a reconnu que Blaskic était à Kiseljak, il était isolé,

 12   coupée du reste. Il s’agit de la pièce D188 de la défense, document de

 13   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je crois qu'il est signé du général

 14   Hadzihasanovic. Il l'a confirmé d’ailleurs, paragraphe 3 de ce document.

 15   J'aimerais vous rappeler la date tout d’abord : 12 février 1993.

 16   Paragraphe 3, le général Hadzihasanovic dit au commandement suprême de

 17   l'armée de Bosnie-Herzégovine ceci : "Nous supposons que le colonel

 18   Tihomir Blaskic est isolé à Kiseljak et que sa capacité à résoudre le

 19   problème est un mensonge, que quelqu'un d'autre, à sa place, trouve une

 20   solution au problème et qu'il est inutile de négocier avec Blaskic car

 21   quels que soient les accords auxquels on parvient, ceci restera sans

 22   résultat."

 23   Tout le monde sait que Tihomir Blaskic était isolé à Kiseljak

 24   dès le 23 janvier 1993 et tout du long, jusqu'en février, jusqu'à peu près

 25   le 3 mai 1993. Même l'armée de Bosnie-Herzégovine était au courant et ne


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  1   voulait pas négocier avec lui parce qu'elle ne pensait qu'il puisse

  2   exercer quelque contrôle que ce soit sur les événements dans d'autres

  3   enclaves.

  4   De même, nous avons des documents du HVO pour cette même période

  5   qui indiquent tous que Blaskic se trouvait à Kiseljak. Je vous donne des

  6   dates : 26 janvier 1993 (document adressé au colonel Tihomir Blaskic à

  7   Kiseljak. De nouveau, 26 janvier 1993, Tihomir Blaskic est à Kiseljak.

  8   Ici, nous avons un ordre délivré par Tihomir Blaskic en date du

  9   29 janvier 1993. Il était là puisqu'il l'a signé. Examinez le sceau, ce

 10   cachet, c'est celui de Kiseljak, de la brigade de Kiseljak. Vous

 11   reconnaissez ce mot "Kiseljak", ici en dessous du damier que l'on voit.

 12   Non seulement Blaskic n'avait pas de quartier général à Kiseljak, mais il

 13   n'avait même pas de sceau indiquant l'appartenance au quartier général.

 14   Même Deborah Christie, je ne sais pas si vous vous souvenez de

 15   ce réalisateur, elle a confirmé que Blaskic était isolé à Kiselja. En

 16   effet, lorsqu'elle a essayé d'obtenir le permis de filmer, c'est le permis

 17   qu'elle a obtenu, elle vous l'a présenté, Monsieur le Président, Messieurs

 18   les Juges, dans le cadre de sa déposition, devant vous.

 19   Il y a longtemps de cela, beaucoup de questions furent posées

 20   ici sur l'existence d'un sentier de montagne reliant Kiseljak et Vitez.

 21   Heureusement, Monsieur le Juge Rodrigues, vous avez été épargné de ces

 22   questions qui ont pris une tournure assez ridicule. Je crois que la

 23   défense a été aussi responsable que quiconque d'avoir poursuivi avec

 24   autant de vigueur cette question. Mais nous l'avons fait parce que nous

 25   croyions, et le croyons encore aujourd'hui, que cette déposition était


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  1   erronée.

  2   Il se peut qu'il y ait eu des soldats de la Forpronu qui, dans

  3   leur véhicule blindé, aient réussi à franchir ces obstacles. Mais rien ne

  4   prouve que le HVO ait jamais pu, ait jamais voulu se soumettre à de tels

  5   risques car ces territoires que l'on vous a indiqués traversaient un

  6   territoire détenu par l'armée de Bosnie-Herzégovine et aucun témoin n'a pu

  7   montrer exactement sur une carte où se serait trouvé ce sentier de

  8   montagne.

  9   A moins que ce ne soit un moment de pause, Monsieur le

 10   Président, je ne sais pas. Je ne sais pas quand vous voulez faire la pause

 11   Monsieur le Président.

 12   M. le Président. – D'habitude, c'est toujours vers moins 10.

 13   Mais si vous trouvez plus cohérent de la faire maintenant, nous la faisons

 14   maintenant. C'est comme vous voulez. Nous avons toujours une heure et

 15   quart, une heure vingt de travaux. Mais vous avez beaucoup parlé, Maître

 16   Hayman, et les Juges ne posent pas de questions. Donc si vous voulez bien,

 17   on peut faire la pause maintenant et reprendre à 16 heures 05. Que

 18   préférez-vous ?

 19   M. Hayman (interprétation). – On pourrait continuer un peu, si

 20   cela ne vous, Monsieur ?

 21   M. le Président. – Si les interprètes suivent ?

 22   L'interprète. – Tout à fait, Monsieur le Président. Merci.

 23   M. le Président. – Maître Hayman parle un peu plus lentement que

 24   Me Nobilo.

 25   L'interprète. – Absolument.


Page 23362

  1   M. le Président. – Parfait. Nous continuons pendant cinq ou six

  2   minutes, puis nous ferons la pause. Poursuivez, Maître Hayman.

  3   M. Hayman (interprétation). - La question suivante, qu'il est

  4   logique de poser, est celle-ci. Depuis Kiseljak, où sans nul doute il se

  5   trouvait dès le 23 janvier jusqu'au 3 mars 1993, exerçait-il, de là, un

  6   contrôle opérationnel sur les unités se trouvant à Busovaca ou a-t-il reçu

  7   des renseignements lui disant que des crimes avaient été commis quelque

  8   part ? J'aimerais que nous examinions cette question.

  9   Le Procureur affirme que la présence physique n'est pas

 10   nécessaire si l'on veut exercer une fonction de commandement. Nous

 11   aimerions relever que dans le meilleur des cas, nous avons reçu des

 12   dépositions assez mitigées sur ce point. Certains ont dit : "Non, il ne

 13   faut pas de présence physique, alors que d'autres affirmaient le

 14   contraire." Rappelez-vous ce que nous disait le Capitaine Lantier : "Il y

 15   avait des moyens de communication, mais à un certain moment, un commandant

 16   doit imposer son commandant par sa présence physique. Il ne peut pas

 17   continuer d'imposer son commandement de loin, à distance. Un commandant

 18   doit être en mesure de faire connaître ses ordres à ses troupes."

 19   Les témoignages sont assez mitigés sur ce point, ne concordent

 20   pas. Un peu comme j'ai discuté du système de transmissions radio par

 21   paquets et de ses capacités, nous savons aussi que celui qui était alors

 22   colonel Blaskic ne disposait pas d'état-major. Ceci a été confirmé par

 23   Fries Pietersen, observateur l'ECMM.

 24   "Question : Disposez-vous de renseignements précis qui

 25   suggéreraient qu'il disposait d'une état-major ou de personnel à


Page 23363

  1   Kiseljak ?

  2   Réponse : Non."

  3   M. Hayman (interprétation). – Je voudrais  passer à huis clos

  4   partiel rapidement, Monsieur le Président.

  5   Audience à huis clos partiel.

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 23   L'audience est suspendue à 15 heures 50.

 24   L'audience est reprise à 16 heures 15.

 25   Audience publique


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  1   M. le Président. - Veuillez vous asseoir. Introduisez l'accusé.

  2   Nous reprenons, Maître Hayman.

  3   M. Hayman (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Nous

  4   sommes de nouveau en audience publique. J'aimerais revenir à un concept

  5   dont j'ai parlé au début de ma présentation, à savoir qu'il y avait des

  6   bribes d'informations que nous ont fournies des observateurs qui avaient

  7   recueilli ces informations en Bosnie centrale. Ceci confirme, corrobore ce

  8   que nous avons entendu d'autres experts, pour ce qui est notamment de la

  9   chaîne de commandement au HVO de Busovaca.

 10   Avant l'interruption, vous avez entendu dire par des témoins

 11   directs ce qu'ils pensaient. Nous avons entendu, nous allons voir ce que

 12   nous dit Rémy Landry, de la Brigade de Busovaca.

 13   "Il y a peut-être des actions du commandant qui semblait

 14   désobéir aux ordres qu'il avait reçus ou semblait recevoir ses ordres d'un

 15   autre commandant." (Fin de citation.)

 16   M. Rémy Landry parlait d'un incident dont il avait été le

 17   témoin, il avait essayé de résoudre cet incident avec le commandant de la

 18   brigade de Busovaca. Comme il l'a fait remarquer, il avait le sentiment

 19   que ce commandant de la brigade de Busovaca semblait répondre à une

 20   autorité autre que celle du commandant de la zone opérationnelle.

 21   L'officier du Britbat, qui a eu le plus affaire avec ces problèmes se

 22   produisant à Busovaca, au cours de la période qui nous intéresse, ce fut

 23   bien sûr Martin Forgrave, qui était du régiment de Chishire. Il n'a été

 24   cité par aucune des parties.

 25   J'aimerais maintenant parler de cette période critique, celle de


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  1   juillet 1993 et de ce qui s'en est suivi. Qui prenait des décisions

  2   d'ordre militaire s'agissant de la région de Busovaca ? Voici la question

  3   qu'il faut se poser.

  4   Voici un résumé d'information militaire. La date est importante,

  5   celle du 22 février 1993, c'est-à-dire au moment où Blaskic est isolé à

  6   Kiseljak. Voyons le cinquième paragraphe.

  7   "Busovaca. Vers 9 heures apparemment, le HVO a établi deux

  8   points de contrôle, sur les voies d'accès à Busovaca. Apparemment, ils ont

  9   été dressés suite à des instructions directes données par Dario Kordic."

 10   (Fin de citation.)

 11   Qu'a dit le bataillon britannique, dans la même veine, trois

 12   jours plus tard, le 25 février, alors que le colonel Blaskic est toujours

 13   isolé à Kiseljak ? Paragraphe 6.

 14   "Busovaca (Ici, il est aussi fait référence aux points de

 15   contrôle.) Les deux positions finirent par être démantelées plus tard dans

 16   l'après-midi, à la suite de discussions entre les officiers de liaison et

 17   Dario Kordic". L'officier de liaison, c'est Martin Forgrave, le témoin que

 18   n'a pas cité l'accusation.

 19   Le 11 février également, nous avons un autre rapport du

 20   bataillon britannique, paragraphe 2.

 21   "Poste de contrôle de la route de Zenica : le point de contrôle

 22   aux coordonnées données ne pouvait pas devenir un point de contrôle

 23   combiné ou conjoint jusqu'au moment où les problèmes allaient être

 24   résolus". Sont alors énumérés les problèmes eu égard aux activités de

 25   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Ceci vaut pour le civil et le militaire.


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  1   Inutile de la part de la Chambre de se demander qui faisait

  2   partie de ces négociations, qui donnait des ordres par rapport à Busovaca,

  3   en janvier 93. Tout ceci a été documenté par les Nations Unies. Ces mêmes

  4   documents ont sans doute été présentés dans une autre salle d'audience de

  5   ce Tribunal. J'entends déjà les arguments du Procureur qui retentissent

  6   dans les couloirs de ce bâtiment.

  7   Quelles sont les informations reçues par le colonel Blaskic à

  8   propos du conflit à Busovaca, alors qu'il était toujours isolé à

  9   Kiseljak ? Ces rapports ont été versés au dossier ; vous pouvez les

 10   examiner à nouveau. Ils indiquent qu'il a obtenu des renseignements, des

 11   informations d'ordre général sans recevoir de rapport détaillé. On lui a

 12   dit, de façon générale, "que nous avions été attaqués, que nous avions

 13   accusé beaucoup de pertes et que nous avions perdu beaucoup de

 14   territoires." C'est ce qu'on lui a dit par le truchement de ces rapports.

 15   Il a marqué son accord à un cessez-le-feu, un accord à tout ce que lui

 16   demandaient les Nations Unies et les organisations internationales, sur

 17   tous les points. Je crois que ces documents se passent de commentaires.

 18   Passons maintenant au conflit d'avril et des semaines qui ont

 19   précédé ce conflit. Je vous l'ai dit, le 3 mars, le colonel Blaskic est

 20   arrivé à Vitez. Il a bénéficié de l'aide d'un véhicule de la Forpronu : il

 21   y avait une réunion. Et il est resté à Vitez, il a échappé au voyage de

 22   retour qu'on prévoyait sans aucun doute pour lui. Il ne s'est pas présenté

 23   pour retourner et, de cette façon, il a pu rester à Vitez. Et, il est

 24   rentré effectivement à Vitez, le 3 mars.

 25   Mais qu'a-t-il fait à Vitez ? C'est un fait instructif de voir


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  1   ce qu'il a fait. Il a convoqué son état-major, il a demandé a être informé

  2   sur tout ce qui s'était passé au cours de son absence. Il a entendu parler

  3   d'allégations selon lesquelles des soldats du HVO s'étaient trouvés être

  4   sans contrôle au cours de combats récents à Busovaca. Il a ordonné une

  5   enquête. Mais ce qui compte peut-être davantage, c'est le fait qu'il a

  6   pris des mesures préventives. J'aimerais vous montrer un ordre à cet

  7   égard. C'est un ordre tout à fait extraordinaire qu'il a émis et dont nous

  8   n'avons pas discuté, en tout cas, dont le Procureur n'a pas discuté dans

  9   ses réquisitions finales.

 10   Cet ordre a été émis le 17 mars. C'est le colonel Blaskic qui

 11   l'émet et ce document a pour titre : "Traitement des criminels accusés de

 12   conduite répréhensible et destructive.".

 13   Revenons à cet ordre d'ailleurs sur l'écran. Dans ses premiers

 14   paragraphes, cet ordre donnait les instructions suivantes : "Tous les

 15   commandants d'unité, au niveau du peloton, de la compagnie et du

 16   bataillon, doivent évaluer la conduite adoptée par des soldats du HVO,

 17   s'agissant de soldats qui ont tendance à avoir des comportements

 18   destructeurs et criminels." Il donne une date butoir, du 29 mars, deux

 19   jours plus tard.

 20   Au paragraphe 2, il ordonne à ces commandants de procéder à une

 21   évaluation de chaque recrue et de chaque conscrit. Au paragraphe 2, il

 22   donne l'ordre, s'agissant de ces soldats, "que les armes de ces soldats,

 23   leur uniforme soit remis et que ces soldats soient rayés de la liste des

 24   soldats d'active, que ces soldats reçoivent un mission de guerre

 25   appropriée en vertu du décret." En d'autres termes, ces soldats doivent


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  1   être relevés du service d'active dans les unités militaires.

  2   Hier, alors que nous parlions du manquement à l'obligation de

  3   punir, le Procureur a dit que Blaskic n'avait jamais dit que des personnes

  4   qui auraient été l'auteur d'actes répréhensibles, d'actes violents soient

  5   relevées de leurs fonctions dans le HVO. Est-ce exact ?

  6   Le Procureur a également affirmé que, lorsque Blaskic donnait

  7   l'ordre que des actions soient prises pour contrecarrer tout ceci, par

  8   exemple, pour Ahmici, il l'a simplement fait pour mettre un papier dans un

  9   dossier parce que ceci aurait été une source de préoccupation pour lui

 10   après les reportages faits sur Ahmici. Mais ceci se fait le 17 mars, bien

 11   avant que les crimes ne soient commis à Ahmici.

 12   Au paragraphe 4 de cet ordre dont nous parlons, il dit que "si

 13   un membre d'une unité du HVO refuse de se livrer, il devra être arrêté,

 14   désarmé et des mesures notamment disciplinaires devront être intentées à

 15   son encontre". Il en donne la responsabilité à tous les commandants

 16   d'unité. Non seulement il ordonne que des personnes qui ont des tendances

 17   destructrices soient relevées de leur fonction, il ordonne aussi que ces

 18   personnes soient inculpées, soient arrêtées s'il y a résistance de leur

 19   part.

 20   Il y a une chose que nous devons dire dans ce procès. Le

 21   Procureur n'a pas épargné ses critiques envers le général Blaskic, pour

 22   avoir donné des ordres. "Tout ce qu'il a fait, c'est donner des ordres", a

 23   dit le Procureur. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, penchez-vous

 24   sur cette question.

 25   Il y avait quelque 6 à 8000 soldats dans la zone opérationnelle.


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  1   Et le général Blaskic disposait d'une autorité, d'un pouvoir du moins

  2   formel à l'encontre des ces soldats. Que faites-vous si vous avez 8000

  3   soldats sur lesquels vous avez un certain pouvoir, formel du moins, et que

  4   vous voulez modifier l'ordre des choses : vous voulez que les personnes

  5   qui auraient été coupables d'actes criminels soient éliminés des rangs.

  6   Que faites-vous ? Est-ce que vous émettez un ordre ou est-ce vous

  7   entreprenez d'avoir des entretiens avec chacun de ces 8000 soldats ? Ce

  8   n'est pas possible. Il faut utiliser des mécanismes dont vous disposez :

  9   les rangs inférieurs au vôtre, vos commandants à qui vous devez donner des

 10   ordres, à qui vous devez répéter ces ordres, si ces commandants ont peine

 11   à faire appliquer ces ordres.

 12   C'est ce qu'a fait le général Blaskic.

 13   Mais, remarquez ceci, le 17 mars 1993 (pièce de la défense 211),

 14   bien avant le conflit du mois avril, bien avant que des conflits ou des

 15   crimes se produisent à ce moment-là, Blaskic émet cet ordre. N'a-t-il pas

 16   réagi aux problèmes qui se posaient en janvier à Busovaca ou a-t-il pris

 17   des mesures précises, spécifiques et très rigoureuses –il faut le dire- et

 18   veillant aussi à ce que ces mesures soient mises en oeuvre ?

 19   Un mot sur la période qui s'écoule entre février et avril ?

 20   Amélioration générale de la situation, diminution de la tension.

 21   Toutefois, il reste un problème, une plaie ouverte entre le HVO et l'armée

 22   de Bosnie-Herzégovine. Le 13 février, Hadzihasanovic et Blaskic signent

 23   toute une série d'ordres conjoints qui visent à calmer la situation et à

 24   rétablir cette alliance entre les Croates et les Musulmans, disons-le

 25   franchement, puisque c'est à ce moment-là aussi que se crée la Commission


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  1   conjointe de Busovaca. Nous avons donc un ordre conjoint destiné à toutes

  2   les unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO. Nous avons cet

  3   ordre qui nous montre ici que tous les barrages et obstacles doivent

  4   éliminés de tous les axes de communication afin de veiller à la libre

  5   circulation dans les deux sens.

  6   Vous avez ce ordre, Messieurs les Juges, vous avez des

  7   exemplaires fournis par les deux partis du général Hadzihasanovic qui a

  8   signé cet ordre aussi afin que soient ouvertes toutes les routes, dont

  9   celle qui va de Kiseljak à Busovaca, route principale que celle-là.

 10   Nous n'imputons pas la faute au général Hadzihasanovic qui, lui

 11   aussi, avait ses propres raisons militaires qui étaient bien les siennes.

 12   Loin de nous l'idée de lui jeter les blâmes. Mais de toute façon, l'armée

 13   de Bosnie-Herzégovine qui avait marqué son accord pour que la route soit

 14   ouverte à  nouveau, n'a pas respecté cet accord. Nous sommes tous d'accord

 15   pour le dire. Jamais l'armée de Bosnie-Herzégovine n'a rouvert la route.

 16   Elle a attendu la signature des accords  de Washington pour ce faire.

 17   L'enclave de Vites, l'enclave de Kiseljak continue d'exister

 18   pour toute la durée de la guerre.

 19   Nous vous demandons d'examiner cette information sous l'angle du

 20   colonel Blaskic, dans sa perspective. Quel que soit l'accord accepté par

 21   le général Hadzihasanovic, le général Blaskic doit avoir compris, alors

 22   qu'il attendait en février, en mars, et même au début d'avril, et alors

 23   même qu'il avait des réunions avec l'ECMM à l'enclave de Busovaca, ceci

 24   apparaît dans toutes les pièces du dossier, vous savez qu'il a plaidé pour

 25   que cette route soit rouverte. Il a demandé à quel moment cette route, qui


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  1   reliait Busovaca à Kiseljak, pouvait être rouverte. Parce que cet ordre

  2   aurait montré au colonel Blaskic que les plaies se pensaient et

  3   qu'effectivement, on était de nouveau sur une bonne voie.

  4   Le colonel Blaskic s'est employé à panser ses plaies. En mars,

  5   le 12, il approuve la livraison de 6 000 kilos d'explosifs à l'armée de

  6   Bosnie-Herzégovine, dans sa base logistique de Visoko. Le 15, dans ce

  7   document dont il est l'auteur, c'est l'original, je peux vous dire de quoi

  8   il s'agit, il approuve la livraison par le biais du territoire du HVO de

  9   125 000 unités de munitions de 7,62 millimètres, de 7,9 millimètres, de

 10   12,7 millimètres de calibre à l'armée de Bosnie-Herzégovine (pièce à

 11   conviction de la défense 537).

 12   Donc même si la route n'est pas rouverte, même si ses demandes

 13   ne reçoivent pas de réponse, il continue à faire ce qu'il est possible de

 14   faire pour tenter d'améliorer peut pour tenter d'améliorer les relations.

 15   Il n'est pas soupçonneux. Il ne pense pas qu'il va être attaquer.

 16   Quel commandant, s'il croyait être attaqué ou s'il croyait

 17   s'apprêter à organiser une attaque sur la partie adverse, autoriserait des

 18   armes à transférer en si grande quantité, sur son territoire, pour tomber

 19   aux mains de l'ennemi. Il y a de très nombreux ordres de ce même type,

 20   Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

 21   La situation a changé de façon spectaculaire en avril 93. Le

 22   procureur maintient, à cet égard, qu'un changement s'est produit suite à

 23   un ultimatum ordonnant la constitution d'un commandant conjoint, avant la

 24   date du 15 avril, dans le désir général d'appliquer, par la force, le plan

 25   Vance Owen.


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  1   La réalité est que le plan Vance Owen a eu son rôle à jouer dans

  2   l'escalade des tensions. Mais l'événement, qui a suscité le conflit en

  3   Bosnie centrale entre les Musulmans et les Croates, c'est toute une série

  4   d'attaques terroristes dues à la 7e Brigade musulmane sur ce territoire

  5   contre le HVO et contre le commandement du HVO. 

  6   Mais ce que nous affirmons, c'est que ces tensions, les actions

  7   dues à la 7e Brigade musulmane peuvent être reliées au moins en partie au

  8   plan de paix Vance-Owen. Là encore, nous ne blâmons ni M. Vance ni M. Owen

  9   en particulier, mais c'est de cette façon que le jeu s'est déroulé,

 10   malheureusement sur le terrain, malgré les meilleures des intentions, j'en

 11   suis sûre, de la part des diplomates impliquées.

 12   Que savons-nous de la réaction de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 13   aux propositions contenues dans le plan Vance Owen, eu égard au contrôle

 14   de zones majoritairement musulmanes telles que Travnik par le HVO ?

 15   Quelles ont été les propositions énoncées ?

 16   Nous savons qu'à l'époque de Pâques, c'est-à-dire à peu près au

 17   mois d'avril 1993, lorsque des civils croates de Bosnie ont tenté de faire

 18   flotter le drapeau croate à Travnik, à côté des drapeaux bosniaques qui

 19   s'y trouvaient déjà, les membres de la 7e Brigade musulmane se sont saisis

 20   de ces drapeaux croates, les ont brûlés et la violence a éclaté. Il ne

 21   devait pas y avoir de drapeaux des Croates de Bosnie à Travnik ni en avril

 22   1993 ni d'ailleurs à une époque ultérieure de deux mois à cette date. A ce

 23   moment-là, deux mois plus tard, il n'y aurait plus de HVO et quelque

 24   10 000 Croates de Travnik auraient également disparu de la ville.

 25   Un commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine a dit cela de la


Page 23374

  1   façon la plus claire à l'officier de liaison du bataillon britannique

  2   avant le 16 avril 1993. Je parle là du capitaine Whatley dont j'aimerais

  3   que nous entendions la déposition.

  4   "Question : Y a-t-il une référence, dans votre carnet de notes,

  5   à cette discussion ?

  6   Réponse : Oui, il y trois choses dans mon carnet de notes qui

  7   ont un rapport avec cela. Premièrement, le commandement de l'armée

  8   Bosniaque de Kruscica me demande de lui fournir une version écrite du plan

  9   Vance-Owen, parce qu'il n'en dispose pas encore. Ensuite, il continue en

 10   disant qu'il ne passera jamais sous le commandement du HVO et il ajoute

 11   les province musulmanes pleines".

 12   M. Hayman (interprétation). – Pouvons-nous passer à huis clos

 13   partiel, trente secondes simplement parce qu'il y a encore un élément de

 14   preuve important auquel j'aimerais faire référence ?

 15   Audience à huis clos partiel.

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  8   Audience publique.

  9   M. Hayman (interprétation). – Là encore, Monsieur le Président,

 10   Messieurs les Juges, nous ne cherchons pas à répartir le blâme quant à

 11   l'identité de celui ou de ceux qui auraient lancé la première étincelle et

 12   qui auraient provoqué le conflit. Cela n'a pas d'importance. Mais ce qui

 13   importe, c'est que tous ces éléments de preuve sont totalement en

 14   contradiction avec les dires de l'accusation. Ce que l'on voit ici, c'est

 15   que sans l'ombre d'un doute que des deux côtés, c'est-à-dire du côté

 16   croate et du côté musulman, en Bosnie, certaines personnes étaient

 17   troublées par le plan Vance-Owen et avaient très envie de déstabiliser la

 18   situation pour en tirer avantage afin de s'emparer de territoires

 19   supplémentaires. Même si cette situation est regrettable, elle était tout

 20   à fait symétrique.

 21   Quant à Tihomir Blaskic, les éléments de preuve montrent que,

 22   lui, a tenté de calmer le jeu. Il a tenté de remédier, de rétablir

 23   l'alliance rompue. Il était en situation de perdre beaucoup si la guerre

 24   éclatait étant donné sa position vulnérable. Effectivement, avant le

 25   16 avril, il s'est déjà trouvé coupé de tout dans sa petite enclave.


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  1   Mais en raison de cette façon de concevoir le plan Vance-Owen

  2   avec la 7e Brigade musulmane et l'armée de Bosnie-Herzégovine qui ont une

  3   conception assez extrême par rapport à ce plan, certains avaient intérêt à

  4   déstabiliser la situation en Bosnie-Herzégovine et à lancer des attaques

  5   afin de chasser le HVO et les Croates de Bosnie de certaines zones de la

  6   Bosnie centrale de façon que la mise en œuvre du plan Vance-Owen soit

  7   impossible dans des endroits tels que Travnik, indépendamment de ce que le

  8   Président Izetbegovic pouvait signer dans le cadre de ses voyages à

  9   l'étranger.

 10   Dans ces premières étapes, dès le débat du mois d'avril, ce

 11   règne de la terreur a commencé. Il a commencé aux alentours du 12 avril

 12   1993 par l'enlèvement de quatre officiers du HVO de la brigade de Novi

 13   Travnik qui revenaient du front les opposant aux Serbes. Le HVO contrôlait

 14   encore à ce moment-là des secteurs à l'Ouest de Novi Travnik sur le front

 15   contre les Serbes, comme ils contrôlaient d'ailleurs d'autres points du

 16   front. Ce règne de la terreur s'est poursuivi deux jours après environ

 17   avec un attentat qui a échoué contre Darko Kraljevic, le commandant des

 18   Vitezovi. Le capitaine Whatley, commandant du bataillon britannique, a

 19   appris cet attentat, dont avait été victime Darko Kraljevic, de la bouche

 20   de Sefkija Djidic, le 15 avril.

 21   Question : "Avez-vous appris un autre incident de la bouche de

 22   M. Djidic ?"

 23   Réponse : "Oui, je l'ai appris, mais je voudrais consulter mon

 24   carnet de notes pour être tout à fait précis. Il m'a dit : La forêt ouvre

 25   le feu, un véhicule endommagé, Darko Kraljevic, commandant du HOS. Ce


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  1   qu'il me disait en fait, c'est qu'il y avait eu un attentat, une tentative

  2   de meurtre contre Darko Kraljevic par des hommes qui avaient ouvert le feu

  3   à partir des bois."

  4   M. Hayman (interprétation). - Donc le 13 avril.

  5   (L'interprète se corrige lorsqu'elle a dit 15, il s'agissait du

  6   13).

  7   Le 13 avril donc, immédiatement après cet enlèvement de quatre

  8   officiers qui avait eu lieu le 12, une tentative d'un meurtre est

  9   perpétrée, apparemment par la 7ème Brigade musulmane, contre Darko

 10   Kraljevic. Et nous commençons à discerner la réponse de M. Kraljevic.

 11   D'abord, grâce à un document écrit, puis par des actes qui ont abouti à la

 12   déstabilisation de la situation. Le 15 avril, il envoie une protestation à

 13   l'armée de Bosnie-Herzégovine, au 325ème Bataillon de Kruscica, ainsi qu'au

 14   quartier général de la Défense territoriale, c'est-à-dire à M. Djidic, à

 15   Stari Vitez, leur disant à ces deux hommes, en substance, que des membres

 16   des Vitezovi sont maltraités et qu'ils ne continueront pas à subir ce

 17   genre de traitements.

 18   Il ne communique rien au colonel Blaskic. Le colonel Blaskic ne

 19   sait donc rien de tout cela. C'est une indication supplémentaire que Darko

 20   Kraljevic correspond directement avec le grand quartier général,

 21   directement avec le ministre de la Défense, directement avec l'armée de

 22   Bosnie-Herzégovine, sans en informer le colonel Blaskic. Nous reviendrons

 23   sur les représailles de Darko Kraljevic, car il y a eu représailles de sa

 24   part contre l'armée de Bosnie-Herzégovine pour cet attentat contre sa vie

 25   le 13 mai.


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  1   Mais, la situation se dégrade encore davantage le 15 avril, date

  2   à laquelle Zivko Totic, commandant du HVO de Zenica, d'une brigade du HVO

  3   à Zenica, est enlevé, date à laquelle trois de ses gardes du corps sont

  4   tués, ainsi qu'un passant musulman. Cet enlèvement est suivi de l'envoi

  5   d'une note exigeant que des Moudjahidine étrangers soient arrêtés pour

  6   leur présence illégale en Bosnie-Herzégovine, et pour la possession

  7   illégale d'explosifs ; exigence qu'on les expulse de Kaonik, à défaut de

  8   quoi les officiers du HVO pris en otages seront exécutés.

  9   Tout cela a un effet extraordinaire, un effet d'augmentation des

 10   tensions entre les deux communautés ethniques et les deux armées. Nous

 11   entendons la déposition suivante du membre du bataillon britannique.

 12   "Question : Comment caractérisez-vous l'effet de ce qu'il s'est

 13   passé le 15 avril sur le situation ?

 14   Réponse : Dans la ville de Novi Travnik cela a eu un effet

 15   majeur. Des barrages routiers ont été érigés un peu partout, les tensions

 16   ont atteint un niveau très important."

 17   Après l'enlèvement de Totic, le colonel Stewart décrit la

 18   situation de la façon suivante :

 19   "Question : Seriez-vous d'accord pour dire, je lis la page 281

 20   de votre livre, seriez-vous d'accord que cet enlèvement d'un haut

 21   responsable a créé une situation très volatile ?

 22   Réponse : "Je suis d'accord avec cela."

 23   Pour rendre la situation plus pénible, plus difficile, des

 24   scènes du meurtre de l'entourage de Totic ont été montrées à la télévision

 25   de Zenica. Vous avez vu ces images, qui sont réellement terrifiantes et


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  1   qui ont contribué largement à diffuser et à répandre un climat de crainte

  2   dans la population.

  3   Alors, la question que nous vous posons, Monsieur le Président,

  4   Messieurs les Juges, est la suivante : un commandant dans la situation du

  5   colonel Blaskic, qu'aurait-il dû dire pour réagir à cette menace grave,

  6   proférée à l'encontre du HVO et de ses commandants ? Est-ce qu'une

  7   réaction de ce genre était imprudente ? Ou bien n'aurait-il pas dû réagir

  8   du tout, aurait-il dû attendre l'attaque suivante qui aurait peut-être

  9   visé son quartier ou sa personne ?

 10   Ce que nous affirmons, c'est que, dans le contexte, la situation

 11   était une situation de crise grave. Les trois ordres émis par le colonel

 12   Blaskic, le 15 et le 16 aux premières heures du matin -je parle du

 13   16 avril- c'est dans ce contexte que les actes du colonel Blaskic et ses

 14   ordres devraient être jugés. Il devrait être jugé au vu des circonstances

 15   factuelles en vigueur à l'époque, et au vu des informations dont il

 16   disposait à l'époque. Il connaissait l'attaque du mois de janvier qui a

 17   coupé de l'extérieur l'enclave de Vitez et de Kiseljak.

 18   Au cours d'une semaine au mois d'avril, il avait assisté à trois

 19   attaques différentes contre le HVO et le commandant des Vitezovi. Il avait

 20   reçu des rapports des service de renseignements selon lesquels l'armée de

 21   Bosnie-Herzégovine préparait une attaque plus généralisée. Il avait reçu

 22   des rapports faisant état de mouvements, de déplacements de troupes à

 23   Kruscica et à Travnik, en deux lieux donc très importants. Il s'agissait

 24   de déplacements de troupes de l'armée de Bosnie-Herzégovine de grande

 25   ampleur. Il a émis deux ordres le matin du 16. La défense, vous dit que


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  1   ces ordres étaient légaux, qu'ils étaient judicieux, qu'ils étaient

  2   raisonnables vu la situation dans laquelle se trouvait le colonel Blaskic

  3   à l'époque. Je ne crois pas qu'il ait été dit que les ordres étaient

  4   illégaux. Nous ne l'avons entendu dire dans les arguments finaux du

  5   Procureur. Ce que nous avons entendu, c'est qu'il a dû exister d'autres

  6   ordres secrets destinés à faire tuer la population. J'en parlerai.

  7   Mais, pour le moment, je me concentrerai sur les deux ordres qui

  8   existent. Le premier, la pièce à conviction de la défense 67, est un ordre

  9   de préparation au combat, ce n'est pas un ordre de combat. C'est un ordre

 10   qui affecte certaines forces de façon à ce que ces forces se trouvent en

 11   état de préparation, pour des affectations plus précises ultérieurement.

 12   Vous connaissez bien, je crois, cet ordre. Les Vitezovi ont reçu pour

 13   tâche de défendre le quartier général et de réagir à toute percée, sur le

 14   front, éventuellement réalisée par l'armée de Bosnie-Herzégovine. La

 15   police militaire a reçu pour tâche d'accomplir ces tâches quotidiennes et,

 16   en dehors de cela, de maintenir la route Kiseljak-Vitez ouverte. En fait,

 17   il a donné des instructions très précises à cet égard : "Garder la route

 18   ouverte, et s'il y a des attaques provenant de Nadioci, Pirici, Santici,

 19   Ahmici, informez-moi de cette attaque. Si vous êtes la cible de coups de

 20   feu directs, répliquez."

 21   Donc, la tâche assignée à la police militaire est très

 22   spécifique, très circonscrite. La police reçoit pour instruction de se

 23   défendre contre toute attaque. L'ordre qui fait l'objet de la pièce à

 24   conviction de la défense D67 est donc un ordre de préparation à l'attaque.

 25   Mais était-il nécessaire de donner des ordres aux Vitezovi ou à


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  1   la police ? Le Procureur a traité de ce point. Ce que nous vous demandons,

  2   c'est, en pensant à cette question, de tenir compte du fait que la brigade

  3   de Vitez n'avait reçu l'ordre de se créer qu'au mois de mars 1993. Donc,

  4   elle n'en était qu'à ses premiers jours d'existence à la mi-avril. Et il

  5   n'y avait pas d'unité entraînée, mobile, équipée dans la municipalité de

  6   Vitez, si ce n'est les Vitezovi et le 4ème Bataillon de la police

  7   militaire. Ces deux unités étaient à ce moment-là les deux seules unités

  8   que le colonel Blaskic pouvait déplacer. Pour le reste, il n'y avait que

  9   des villageois, des habitants de la région résidant dans leur domicile et

 10   dépourvus de toute formation, de tout entraînement ou de tout équipement

 11   spécialisé.

 12   Etait-il raisonnable, était-il prudent d'affecter la police

 13   militaire à la tâche de défendre la route ? Compte tenu de l'existence des

 14   barrages routiers à Kiseljak, en août 1992, de l'attaque généralisée sur

 15   la route en octobre, et des barricades érigées pendant toute l'année 1992

 16   sur la route menant à Kiseljak, cela aurait été un signe de négligence de

 17   la part d'un commandant de ne pas s'efforcer de protéger la route. Si la

 18   route Vitez à Busovaca avait été coupée lors d'un conflit ultérieur,

 19   pendant une période assez longue, le HVO dans ces deux petites villes

 20   aurait été fini, réduit à néant.

 21   Le deuxième ordre dont je tiens à parler est l'ordre écrit au

 22   milieu de l'après-midi, le 15 avril : c'est la pièce à conviction la

 23   défense 68.

 24   L'ordre y est donné de constituer des petites unités d'une

 25   quinzaine de soldats pour réagir aux attaques terroristes de la


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  1   7ème Brigade musulmane. Un citation est donnée, tirée du manuel militaire,

  2   qui donne pour instruction de s'opposer à ces actions terroristes par des

  3   actes rapides et de revenir à la base sans s'engager dans des combats de

  4   grande ampleur. En d'autres termes, l'idée n'est pas de lancer un nouveau

  5   conflit, mais de contrer l'action des groupes terroristes, une fois ces

  6   groupes identifiés, de les frapper et d'essayer de les éliminer avant de

  7   revenir à la base.

  8   Après l'attaque contre Totic, après toutes les attaques qui ont

  9   lieu contre des officiers à Novi Travnik, il n'était pas déraisonnable, il

 10   n'était pas imprudent d'agir de la sorte. En tout cas, ces actions n'ont

 11   pas provoqué l'éruption d'une nouvelle guerre, d'un nouveau conflit, le

 12   lendemain.

 13   Le troisième ordre a été rédigé à 1 heures 30, le matin du

 14   16 avril. C'est un ordre adressé à la brigade de Vitez et à l'unité

 15   Tvertko leur enjoignant de bloquer toute avance de l'armée de Bosnie-

 16   Herzégovine à partir du sud ou à partir de la route Vitez-Busovaca qui va

 17   vers Vranska, Kruscica, Donja Veceriska, donc de l'est vers l'ouest. C'est

 18   donc un ordre de défense. L'objet de cet ordre consistant à maintenir

 19   ouverte la route, parce que tout semble indiquer qu'une attaque contre

 20   Vitez va tenter de permettre une liaison des forces de l'armée de Bosnie-

 21   Herzégovine pour ce qui est de ses éléments situés au-dessus et en

 22   contrebas de la route, et ce, à l'est de Vitez. Donc cet ordre a pour but

 23   d'empêcher ce genre d'action si une attaque de ce genre se produit.

 24   J'aimerais, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, appeler

 25   votre attention également sur le paragraphe 2 de cet ordre, deuxième


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  1   phrase ; nous y trouvons des instructions très précises que je cite : "Au

  2   cas une attaque ouverte aurait lieu de la part des Musulmans, les

  3   neutraliser et empêcher leurs mouvements grâce à des tirs précis à partir

  4   des PN." A ce stade de la déposition, les PN ont été définis comme

  5   signifiant armes de petit calibre.

  6   Donc, même en cas d'attaque, il donne l'ordre à la Brigade et à

  7   l'unité Tvrtko de ne répliquer qu'à l'aide de coups précis, tirés par des

  8   armes de petit calibre. Tirs précis tirés par des petites armes, par des

  9   armes légères. Qu'est-ce qu'un tir indirect ? C'est un tir de mortier, que

 10   l'on envoie en l'air, mais qui retombe au sol avec une moindre précision

 11   que lorsqu'on pointe un fusil sur un autre soldat avant de tirer.

 12   Donc le colonel Blaskic détermine une tâche tout à fait précise

 13   qui limite de façon précise les actions de combat que pouvaient mener la

 14   brigade de Vitez et l'unité Tvrtko.

 15   Nous pensons que, parce que ces ordres sont légaux, et pas

 16   seulement légaux mais prudents et raisonnables, nous pensons que le

 17   Procureur a développé une théorie dans son réquisitoire, théorie que nous

 18   avons entendue à ce moment-là pour la première fois et non dans les

 19   observations liminaires, nous pensons que la théorie du Procureur est que

 20   Blaskic aurait dû émettre d'autres ordres de combat, avant la date du

 21   16 avril ; et que le Procureur demande aux Juges de confirmer que Blaskic,

 22   en fait, en secret, a ordonné qu'Ahmici soit rasée et que ses habitants

 23   civils soient tués.

 24   C'est donc la théorie présentée par l'accusation dans ce procès.

 25   Mais de quoi dispose le Procureur à l'appui de sa thèse selon laquelle il


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  1   y aurait eu des ordres secrets destinés à faire tuer les civils et à raser

  2   Ahmici ?

  3   Eh bien, le Procureur a fourni trois exemples de rapport : la

  4   police civile, la brigade de Busovaca et la brigade de Zenica sont

  5   mentionnés dans ces documents. Je vais donc définir la teneur exacte de la

  6   théorie de l'accusation avant d'y répondre.

  7   L'accusation prétend très précisément que Blaskic a dû émettre

  8   un ordre destiné à la police civile, car, en l'absence d'un tel ordre, il

  9   n'aurait pas fait référence, dans la pièce à conviction de la défense 269,

 10   au fait que la police civile se trouvait à la gauche de la brigade de

 11   Vitez. Vous vous rappellerez que, dans le paragraphe du bas de cet ordre,

 12   il dit à la brigade de Vitez : "La police civile sera à votre gauche, la

 13   police militaire devant vous et la brigade de Busovaca sur votre droite".

 14   Il le dit à partir de la position de la Brigade de Vitez qui veut bloquer

 15   Kruscica, Vranska et Donja Veceriska au sud, c'est-à-dire en regardant

 16   vers Zenica. "La police civile est sur votre gauche, la police militaire

 17   est devant vous, c'est-à-dire sur la route, et la Brigade de Busovaca est

 18   sur votre droite, à l'est." Donc, le Procureur estime qu'il doit exister

 19   des ordres secrets puisque aucun ordre n'a été adressé à la police civile.

 20   Mais qui aurait dû adresser un ordre à la police civile, par

 21   rapport à la région de Vitez ? Eh bien, la direction de la police et pas

 22   le colonel Blaskic.

 23   Maître Nobilo vous a montré un tableau, ces derniers jours, qui

 24   vous montre l'organisation de ces entités municipales et la police civile

 25   ne fait pas partie, ne faisait pas partie des instances relevant de la


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  1   compétence du colonel Blaskic, à l'époque.

  2   Quel autre exemple puis-je fournir ? Le Procureur dit : "Aucun

  3   ordre n'a été adressé à la brigade de Busovaca, lui demandant de se rendre

  4   sur le terrain. Donc, il doit manquer un ordre puisque Blaskic dit à la

  5   brigade de Vitez que la brigade de Busovaca se trouvera sur leur droite".

  6   Donc, à partir de là, le Procureur estime qu'un ordre est manquant et que

  7   cet ordre manquant devait donner l'ordre de tuer des civils.

  8   C'est de cela que je parlais déjà il y a quelques instants. A

  9   partir d'un événement survenu sur le terrain, le Procureur remonte vers le

 10   commandement, vers les communications avec le commandement, et finit en

 11   vous disant : "Il faut prononcer un verdict de prison à vie". Voilà ce que

 12   fait le Procureur.

 13   La brigade de Busovaca était sur le front depuis janvier 1993.

 14   Ces lignes de front ont été constituées aux alentours du 25, 26 janvier et

 15   la Brigade de Busovaca se trouvait toujours sur ce front, le 10, le 12,

 16   le 13, le 14, le 15 avril. Les deux armées étaient toujours face à face,

 17   tranchée contre tranchée ; elles se regardaient dans le secteur de la

 18   municipalité de Busovaca. C'est ce que l'on voit à la lecture de tous les

 19   rapports publiés dans les deux semaines qui ont précédé le 16 avril.

 20   Si vous regardez la pièce à conviction de la défense D259, D600,

 21   D65, D77, vous y voyez, dans tous ces documents, que la brigade de

 22   Busovaca était sur le terrain parce qu'elle occupait les mêmes positions

 23   depuis le conflit de janvier 1993. Est-ce que, le 15 avril, Blaskic a

 24   donné l'ordre de demeurer sur la ligne de front, de ne pas se retirer ?

 25   Bien sûr que non, cela aurait été stupide. Donc, voilà deux des trois


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  1   raisons pour lesquelles le Procureur vous dit que des ordres secrets

  2   doivent exister, ordres intimant, donnant instruction de tuer les civils

  3   et de détruire Ahmici.

  4   Mais il y en a encore un. Le Procureur affirme, sur la base d'un

  5   rapport émanant de la Brigade de Zenica, reçu le 16 avril, aux alentours

  6   de 6 heures du matin, qu'un ordre secret a dû être envoyé à la brigade de

  7   Zenica pour provoquer ce qui a été fait.

  8   Alors, quelle est la teneur du rapport et qu'a fait la Brigade

  9   de Zenica ? Je vous renvoie à la  pièce à conviction du Procureur 521.

 10   Dans un rapport, la brigade de Zenica rend compte du fait que la nuit a

 11   été calme, que la brigade continue à tenir les positions dont elle s'est

 12   emparée, que des civils sont autorisés à traverser. Qu'est-ce que cela

 13   nous dit ? D'abord, je rappelle qu'il est 6 heures du matin, le 16. Que

 14   s'est-il passé à Zenica, le 15 avril ? Le commandant de la brigade du HVO

 15   a été enlevé et son entourage assassiné. Qu'auraient pu faire les membres

 16   du HVO de la brigade de Zenica alors que leur commandant a été enlevé et

 17   que ses gardes du corps ont été assassinés ? Auraient-ils renforcés les

 18   barrages, établi de nouveaux barrages routiers, renforcé la sécurité ?

 19   C'est très probable. Auraient-ils attendu un ordre du colonel Blaskic pour

 20   agir de la sorte ? Pas s'il s'agissait de bons soldats.

 21   Également, à partir de ce rapport lui-même, dans la séquence de

 22   phrase, il est dit : "Nous tenons les positions dont nous nous sommes

 23   emparés, les civils sont autorisés à traverser". Les civils passent-ils

 24   par la montagne Kuber ou par les villages croates pour aller travailler à

 25   Zenica ? Ce sont les postes de contrôle !


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  1   Tel est l'argument sur lequel se base l'accusation en prétendant

  2   qu'il y a des ordres secrets qui visent à ce que soient incendiés et

  3   pillés les villages où la population est musulmane. Ce sera à vous de

  4   décider.

  5   Il y a eu un autre argument, qui concerne cela également. Il est

  6   dit que Blaskic devait souhaiter donner un ordre qu'il y ait une attaque

  7   menée contre Ahmici, le 16, parce que Totic a été enlevé et parce qu'il

  8   n'a pas envoyé de renforts à la montagne de Kuber. Je n'ai pas bien

  9   compris cet argument de l'accusation, mais cet argument a été avancé, mais

 10   cet argument a été avancé et je pense que je dois répondre à cet argument

 11   parce que, quel qu’il soit, il faut y répondre. Il est fait, ici,

 12   référence à un ordre secret.

 13   Oui, Blaskic était très préoccupé par Kuber, il a été préoccupé

 14   par le mont Kuber, le 15 avril. Si vous vous rappelez Mladen Holman qui

 15   s'est trouvé à Zenica, un homme du HOS, et il a demandé que soient faits

 16   des passages à tabac ; c'était un homme très corpulent, très fort. Et

 17   Tihomir Blaskic n'est pas quelqu'un qui va battre des gens, qui va se

 18   servir de la crosse d'un revolver pour imposer la discipline. Peut-être

 19   est-ce ce qu’il fallait faire en Bosnie centrale pour obtenir la

 20   discipline que nous aurions souhaité avoir là-bas. C'est le style d'Ivica

 21   Rajic aussi, celui de tuer les gens pour consolider son pouvoir.

 22   Malheureusement, Tihomir Blaskic n'est pas ce genre de personne ; il ne va

 23   pas exécuter les gens pour imposer son pouvoir.

 24   Revenons à M. Holman. Qu’a-t-il dit au sujet de ce que Blaskic

 25   lui a demandé au téléphone, le 15 avril 1993 ?


Page 23388

  1   "En réponse, M. Blaskic m'a dit que je devrais envoyer toutes

  2   les forces dont je pouvais disposer en direction de Kuber ”. C'était à la

  3   page 14785. Il s’agit d’une conversation par téléphone à la date du

  4   15 avril 1993, d'après la déposition de M. Holman. Eh bien, la Chambre

  5   devrait se poser la question suivante : pour quelle raison Blaskic aurait-

  6   il émis un ordre demandant que soient tués les civils à Ahmici ? Y avait-

  7   il une animosité, une haine personnelle contre les Musulmans d'Ahmici ? Y

  8   a-t-il des preuves qui montrent cela ? Monsieur Nobilo évoquera notre

  9   position à ce sujet dans ses remarques finales.

 10   Mais d'autres éléments ne collent pas avec la position de

 11   l’accusation. Les meurtres et les incendies à Ahmici : si c’est Blaskic

 12   qui les a ordonnés, pourquoi la police militaire lui a-t-elle envoyé un

 13   rapport faux ? Pourquoi ont-ils envoyé un rapport qui n'était pas vrai si

 14   c'est lui qui a donné l'ordre de faire ce qui a été fait ?

 15   En fait, si vous consultez le rapport arrivé de la part de Pasko

 16   Ljubicic, vous verrez la chose suivante : donc ce rapport a été envoyé

 17   suite au fait que lui-même ait accusé réception d'un ordre et notre client

 18   a déposé en disant qu'il s'agissait d'un ordre d'envoyer un rapport. Il a

 19   demandé à Pasko Ljubicic un rapport par écrit au sujet d'Ahmici.

 20   "Conformément à votre ordre 0104243/93 du 16 avril 1993, nous vous

 21   envoyons ce rapport". S'il a donné l'ordre à la police militaire de tuer

 22   les civils et de détruire le village d'Ahmici, pourquoi aurait-il demandé

 23   un rapport par écrit ? Pourquoi la police militaire lui aurait envoyé un

 24   rapport faux ? Cela n'a aucun sens.

 25   Monsieur le Président, soit l'ensemble de tout cela est une


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  1   ruse, donc tout l’ensemble de ces documents, tout cela est donc une ruse

  2   conçue à tromper. C'est soit cela, soit la théorie de l'accusation qui

  3   n'est pas valable. Ce sera à la Chambre de décider, mais c'est cela la

  4   question. Les documents que l'accusation a présentés, les documents que

  5   M. Nobilo a réussi péniblement à se procurer en Bosnie centrale, tout ces

  6   documents prouvent que cela ne tient pas : soit c'est une ruse, soit leur

  7   théorie n'est que pure spéculation et totalement incohérente par rapport

  8   aux faits et aux événements sur le terrain.

  9   Il y a un autre aspect de leur théorie que je voudrais aborder

 10   dans le temps qui me reste aujourd'hui. Ils affirment que l’armée de

 11   Bosnie-Herzégovine n’a pas aucune préparation pour le conflit qui éclaté à

 12   la mi-avril 1993. Encore une fois, nous ne reprochons rien à l'armée de

 13   Bosnie-Herzégovine ; elle avait toutes les raisons légitimes pour se

 14   préparer à un combat et peut-être avait-elle aussi des raisons légitimes

 15   d'attaquer le HVO. Dans ce genre de situation, on fait ce genre de chose,

 16   mais cela n'est pas consistant avec la théorie de l'accusation, à savoir

 17   s'il y a eu des préparations de l’armée de Bosnie-Herzégovine pour un

 18   conflit dans la zone.

 19   Nous avons la pièce 287 versée sous scellés. Il s'agit de la

 20   pièce D197. Je ne sais pas si cette pièce a été versée sous scellés ou

 21   non ; je ne voudrais pas commettre d'erreur.

 22   M. Abtahi. – La pièce D197 n’est pas versée sous scellés.

 23   M. Hayman (interprétation). - Très bien. Peut-être ne serai-je

 24   pas en mesure de dire quoi que ce soit au sujet de l'auteur de ce

 25   document. Il est clair qu’il s'agit d'un journal rédigé par quelqu'un qui


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  1   résidait à Ahmici. Encore une fois, la thèse à laquelle je réponds est la

  2   suivante : l'armée de Bosnie-Herzégovine ne s'est pas préparée pour le

  3   conflit au milieu du mois d’avril 1993. Nous avons la dernière page de la

  4   pièce D197 ; il s'agit d'une carte, qui représente une partie d'Ahmici qui

  5   montrent la route nord-sud, la route principale Vitez-Busovaca ; c'est

  6   donc la ligne verticale, la route tracée verticalement. Une des mosquées

  7   d'Ahmici figure ici. Vous avez ici un croissant au sommet du minaret.

  8   Il s'agit d'un journal qui retrace les événements qui se sont

  9   produits à Ahmici, un certain nombre de ces événements. Je voudrais

 10   examiner certaines choses écrites dans ce journal. Le 17 mars 1993, il est

 11   dit que l'unité de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à Ahmici, procède à une

 12   inspection du bataillon et cela s'avérera important par rapport à certains

 13   commentaires qui ont été faits par des observateurs au sujet du fait qu'il

 14   y avait ou pas des troupes à Ahmici.

 15   Le 8 avril 1993, Monsieur le Président, au sujet de ce journal,

 16   je dois dire que la dernière partie dit la chose suivante : “ La raison

 17   pour cela était des tirs qui auraient prétendument éclaté à Travnik. Les

 18   Croates ont commencé à hisser leur drapeau dans la ville et les

 19   Moudjahidine se sont mis à les incendier. C’est là que des tirs ont

 20   éclaté ”. C'est un journal qui commence en mars ; nous sommes maintenant

 21   le 8 avril, et puis, le 11 avril, il y a une réunion à 5 heures, à l'école

 22   Zumara. “On s'est mis d'accord sur le fait de constituer une ligne si les

 23   tirs allaient éclater. J'étais de garde à partir de 22 heures jusqu'à

 24   minuit,

 25   Vers 23 heures, j'ai reçu l'information qu'un télégramme est


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  1   arrivé ordonnant aux unités de se mettre en alerte."

  2   Donc, le 11 avril, il y une réunion à Ahmici, il y a l'unité de

  3   la TO, ou de l'armée de Bosnie-Herzégovine  qui se mettent d'accord sur

  4   une sorte de plan de défense et un télégramme est envoyé qui demande qu'on

  5   se mette en état d'alerte maximum. Je voudrais allumer le rétroprojecteur

  6   à présent. Il s'agit de la date du 15 avril. Nous allons placer la version

  7   française sur le rétroprojecteur. Je cite :

  8   "Le 15 avril 1993, nous savons que le 16 est un jeudi, avant la

  9   tombée de la nuit j'ai amené ma femme à Prjiocica. Lorsque je suis revenu

 10   à la maison, j'ai entendu que les Croates se regroupaient autour des

 11   maisons des Kurpreskic. A 20 heures, nous (le commandement) avons tenu une

 12   réunion chez moi. Nous nous sommes mis d'accord sur l'endroit où serait

 13   établie la ligne en cas de problème et sur la marche à suivre. Sisko,

 14   Hidro et moi avons décidé de nous réunir le lendemain à 14 heures pour

 15   parler de la ligne vers Gudura. J'ai réparti les munitions et armes

 16   provenant du dépôt de la façon suivante : 7.62 munitions, 7.9 munitions,

 17   fusils lance-grenades, enfins explosifs, etc."

 18   Nous placerons la version anglaise à présent sur le

 19   rétroprojecteur. Donc le 15 avril. Il y a une erreur, ici, dans la version

 20   anglaise, Monsieur le Président. Il est dit que c'est l'année 1992, mais

 21   il est clair qu'il s'agit de 1993.

 22   Alors, que savons-nous ?

 23   Nous savons que le 15… Je ne commenterai pas au sujet de

 24   l'auteur, mais la femme de l'auteur a été évacuée d'Ahmici. Il y a donc eu

 25   une réunion qui s'est tenue, des armes sont distribuées et on se met


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  1   d'accord sur l'endroit où la ligne sera placées. De la dernière page de ce

  2   journal, il ressort qu'il y avait une intention ou un programme, un plan

  3   de défense afin de défendre au moins une partie du village d'Ahmici, donc

  4   des individus ont été assignés à certains postes. Mais nous ne cherchons

  5   pas à dire d'aucune sorte que le meurtre des civils ou l'incendie

  6   intentionnelle des maisons des civils provenaient uniquement d'une

  7   activité militaire légitime. Non, pas du tout. Nous ne cherchons

  8   absolument pas à dire cela. Très clairement, il y a eu une attaque qui a

  9   été menée par la police militaire dans les cibles étaient des civils,

 10   ainsi que les biens des civils. C'était un crime.

 11   Nous ne discutons, nous ne contestons pas ce point. Mais cela

 12   est inconsistant avec la théorie de l'accusation, à savoir que l'armée de

 13   Bosnie-Herzégovine n'a fait aucun préparatif au combat. Ce que je souhaite

 14   montrer, c'est ce qui s'est effectivement produit dans la matinée du 16.

 15   Mais le contexte était important.

 16   J'ai parlé de la réaction de Darko Kraljevic à cette tentative

 17   d'attentat qu'il a subie. Qu'a-t-il fait pour répondre à cela ? Il a fait

 18   une chose, à savoir installer un poste de contrôle, un barrage près de

 19   Travnik -nous en avons entendu parler de la part d'un officier de liaison,

 20   M. Whatley-, puis il a fait des prisonniers dans la nuit du 18 avril. Cet

 21   incident est décrit, l'incident qui se produit le 15 avril. Je cite :

 22   "Oui, à 19 heures 55, j'étais à Vitez, au Q.G. de l'armée de

 23   Bosnie. On m'a dit que trois membres de l'armée bosniaque avaient été

 24   arrêtés par le HVO de Vitez et que cela s'était produit à 5 heures 15 et

 25   que ces hommes étaient membres de la police militaire de l'armée de


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  1   Bosnie."

  2   Qui l'a fait ? D'autres informations ont été données au témoin.

  3   Cela lui a permis de comprendre qui avait fait ces prisonniers. Je cite :

  4   "Question : Sefkija Djidic vous a-t-il dit, le soir du 15, où il

  5   pensait que ces trois ou les deux des trois policiers militaires bosniens

  6   avaient été amenés ?

  7   Réponse : Il a dit, et je le lirai : "emmenés de cette maison

  8   par le HVO à l'école de Dubravisa (HVO)".

  9   Question : Qui avait son Q.G. à l'école de Dubravica ?

 10   Réponse : Darko Kraljevic, c'est là qu'il était basé. Il a fait

 11   ses prisonniers clairement en représailles et de colère suite à cette

 12   tentative d'assassinat dont il a fait l'objet. C'était le soir du 15 avril

 13   qu'il a fait ces prisonniers.

 14   Question : Que s'est-il passé  ?

 15   Réponse : Je me souviens d'une menace dont j'ai fait l'objet et

 16   la menace était la suivante : si les deux policiers militaires qui avaient

 17   été enlevés, donc les Bosniens, n'étaient pas relâchés, moi, en tant que

 18   commandant, je ne peux pas répondre des réactions de mes soldats. C'était

 19   la suivante donc si les deux policier militaire avait été enlevée, n'était

 20   pas relâchée, je ne peux pas répondre des réactions de mes soldats.

 21   M. Hayman (interprétation). - Le bataillon britannique estimait-

 22   il, à l'époque, que cela signifiait que les représailles immédiates par

 23   l'armée de Bosnie contre le HVO étaient probables si ces deux hommes de

 24   l'armée de Bosnie n'étaient pas relâchés ?

 25   "Réponse : Oui, c'était mon évaluation, ainsi que l'évaluation


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  1   de l'officier des informations militaires."

  2   M. Hayman (interprétation). - Cette menace a été communiquée par

  3   le commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Kruscica, le 1er avril."

  4   Cela apparaît à la page 14069.

  5   "Réponse : Les policiers militaires de l'armée de Bosnie-

  6   Herzégovine n'ont pas été relâchés. Ils ont été kidnappés par Darko

  7   Kraljevic, dans la nuit du 15, et le rapport que M. Whatley a fait dans le

  8   résumé d'informations militaires dit : "a visité le Q.G., a parlé à Ramis

  9   Dugalic qui a dit que s'il n'y avait pas de relâche s'agissant de ces

 10   policiers militaires bosniens, la situation allait se dégrader

 11   rapidement."

 12   M. Hayman (interprétation). -  Etait-ce une menace sérieuse de

 13   la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine, s'agissant des représailles

 14   possibles contre le HVO. Nous savons qu'à Ahmici, ils étaient en état

 15   d'alerte et qu'ils ont distribué des armes.

 16   Nous savons également que la menace émane de Kruscica, à

 17   Kruscica où se trouvait le 325e Bataillon. Nous savons également, de la

 18   part de Zefkija Djidic, qu'il a passé toute la nuit au sein du Q.G. de

 19   Vitez.

 20   C'est la page 14143.

 21   S'agissant du Général Hadzihasanovic, il s'attendait à une

 22   attaque de la part du HVO, le 16 avril, puisque l'ambassadeur Thébault lui

 23   a dit que le HVO allait attaquer l'armée de Bosnie-Herzégovine. C'est à la

 24   page 23124.

 25   Nous allons passer à huis clos partiel, pour un instant s'il


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  1   vous plaît.

  2   Audience à huis clos partiel.

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 11   Audience Publique.

 12   M. Hayman (interprétation). - Si cette pièce n'était pas

 13   correcte, c'est à cela que sert la réplique et la duplique. L'accusation a

 14   eu amplement l'occasion d’appeler à la barre des témoins qui auraient pu

 15   discréditer ce rapport ou l’expliquer. Vous pouvez parier votre dernier

 16   centime, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, que l'accusation a,

 17   bien sûr, fait des recherches, des enquêtes et n'a pas réussi à trouver un

 18   seul élément de preuve au moment de la réplique ; alors qu'ils avaient

 19   beaucoup de temps à leur disposition. Ils avaient des journées entières

 20   pour apporter de telles preuves. Et ils ne l’ont pas fait.

 21   Nous avons donc cette preuve qui n’a pas été réfutée par

 22   l’accusation, alors que cette preuve nous vient de l’ONU elle-même.

 23   Je vais changer de sujet. Peut-être le moment est-il venu

 24   d'interrompre l'audience ?

 25   M. le Président. – Nous allons faire la pause. Je voudrais vous


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  1   demander comment… Vous comptez, je suppose utiliser tout le temps qui vous

  2   reste demain, donc nous terminerons demain à 5 heures 30 ou avez-vous une

  3   prévision différente ? Je ne vous impose rien, Maître Hayman. C'est

  4   simplement pour le savoir, pour les Juges et pour moi-même.

  5   M. Hayman (interprétation). - Nous avons peut-être commis une

  6   erreur dans notre stratégie. Je voudrais pouvoir terminer avant la fin de

  7   la journée, mais c’est peu probable. Nous aurons sans doute besoin de

  8   toute la journée pour en terminer. De toute façon, rassurez-vous, nous

  9   terminerons à 17 heures 30.

 10   Je vais vous dire exactement ce que nous avons l’intention de

 11   faire. Personnellement, j'ai l'intention de parler ce qui reste du mois

 12   d'avril, du camion piégé, de l'attaque en juillet sur Stari Vitez,

 13   Grbavica. Puis, je vais parler de certains points précis : la détention,

 14   ces crimes de détention, de transfert forcé, du manquement de l’obligation

 15   de punir, des lieux de culte et puis, M. Nobilo terminera pour

 16   l’établissement de la peine. Ceci va nous occuper pratiquement toute la

 17   journée. Il y a aura aussi un certain temps consacré au conflit armé

 18   international. Cela ressemble à toute une journée.

 19   M. le Président. - Ce sera toute une journée. Je vous rappelle

 20   que le Procureur avait terminé 5 minutes avant, mais je ne vous imposerai

 21   pas de terminer 5 minutes avant, mais vous ne terminerez pas 5 minutes

 22   après.

 23   L’audience est suspendue jusqu’à demain matin où elle reprendra

 24   à 10 heures.

 25   L'audience est levée à 17 heures 30.