Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 5 septembre 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

6 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Bonjour. Le Juge Parker est

7 absent aujourd'hui. Conformément à l'article 15 bis du Règlement, le Juge

8 Thelin et moi-même allons siéger. Nous espérons que le Juge Parker sera en

9 mesure de nous retrouver demain, mais aujourd'hui la composition de la

10 Chambre sera limitée au Juge Thelin et à moi-même.

11 Bonjour, Monsieur le Témoin. Je vais vous demander de bien vouloir donner

12 lecture de la déclaration solennelle qui figure sur le document vous est

13 tendu.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

15 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

16 LE TÉMOIN: FATMIR KAMBERI [Assermenté]

17 [Le témoin répond par l'interprète]

18 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Merci. Asseyez-vous.

19 Mme REGUE : [interprétation] Bonjour. Pour le compte rendu il s'agit du

20 témoin Fatmir Kamberi.

21 Interrogatoire principal par Mme Regue :

22 Q. [interprétation] Monsieur le Témoin, vous souvenez-vous avoir

23 communiqué des informations au bureau du Procureur en 2004 ?

24 R. Oui.

25 Q. Vous souvenez-vous avoir rencontré une personne représentant le Greffe,

26 personne qui a certifié votre déclaration en 2005 ?

27 R. Oui.

28 Q. Vous souvenez-vous avoir communiqué des informations supplémentaires ce

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1 même jour, informations qui ont également été certifiées ?

2 R. Oui.

3 L'INTERPRÈTE : Les interprètes signalent que le témoin parle en macédonien,

4 il écoute peut-être l'interprétation en macédonien. Pourrait-on vérifier ?

5 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur l'Huissier,

6 pourriez-vous vérifier, s'il vous plaît ?

7 Mme REGUE : [interprétation]

8 Q. Recevez-vous l'interprétation en Albanais, Monsieur le Témoin,

9 maintenant ?

10 R. Oui, ça y est.

11 Q. Très bien. Monsieur Kamberi, avant d'entrer dans ce prétoire, avez-vous

12 eu la possibilité de lire les deux documents ?

13 R. Oui.

14 Q. Etes-vous en mesure de dire que la teneur de ces documents est exacte

15 et précise ?

16 R. Oui.

17 Mme REGUE : [interprétation] Nous demandons le versement au dossier de la

18 déclaration 2004 et de l'addendum de 2005 conformément à l'article 92 bis

19 du Règlement.

20 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Nous allons accepter le

21 versement au dossier de ces deux pièces.

22 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P426, Madame le

23 Juge.

24 Mme REGUE : [interprétation] Le 10 août 2001, les forces ont commencé à

25 pilonner et à tirer sur Ljuboten à partir de positions dans les montagnes.

26 Le 11, des tirs sporadiques ont eu lieu. Vers 2 heures du matin, le 11, le

27 témoin a observé trois à quatre personnes portant des uniformes dans la

28 cour de l'église. Ils portaient des armes et se déplaçaient entre l'église

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1 et les maisons macédoniennes de Ljuboten. Vers 4 heures du matin, le témoin

2 est allé vers la maison de Rami Jusufi pour y prendre un café. Il est parti

3 à peu près une heure plus tard. Vers 8 heures, le 12 août, le témoin a

4 observé des tirs nourris provenant de l'église et d'ailleurs. Il a été

5 informé que l'armée et la police étaient en train d'entrer chez eux. Dans

6 l'après-midi, les femmes, les enfants, les personnes âgées ont commencé à

7 quitter les lieux. Le témoin est resté à Ljuboten. Le 13 août, le témoin a

8 vu un certain nombre de maisons brûler et des signes indiquant que des

9 grenades à main avaient été utilisées, et qu'il y avait eu des tirs d'armes

10 automatiques ainsi qu'une bonbonne de gaz dans le voisinage.

11 Le 14 août, le témoin a observé une maison d'un Macédonien en flammes.

12 Le 15 août, sa propre maison a été incendiée.

13 Dans l'addendum à la déclaration du témoin, addendum fait en novembre 2005,

14 M. Kamberi indique qu'un de ses collègues qui était aussi un parent de M.

15 Tarculovski, lui a parlé du discours prononcé par M. Tarculovski au cours

16 d'un enterrement qui a eu lieu le 11 août à Ljubanci, enterrement des

17 policiers tués dans l'incident qui avait lieu la veille.

18 Johan Tarculovski a dit qu'il avait eu un ordre de Boris Trajkovski et

19 qu'il fallait s'occuper des gens de Ljuboten le lendemain.

20 J'aimerais que l'on affiche à l'écran le document numéro 184 de la liste 65

21 ter, et notamment sa troisième page, numéro ERN N000-7879.

22 Q. Monsieur Kamberi, au paragraphe 20 de la déclaration, vous dites que le

23 13 août, le lundi, vous avez vu que des maisons de votre quartier

24 brûlaient, vous les avez indiquées dans un document par la lettre C. Vous

25 avez maintenant le document devant vous. Alors, est-ce que l'écriture qui

26 figure sur ce document est bien la vôtre et est-ce que la signature qui y

27 figure est également la vôtre ?

28 R. Oui.

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1 Q. Pourriez-vous nous lire à haute voix pour le bénéfice du compte rendu

2 le nom des propriétaires des maisons que vous avez indiquées en commençant

3 par le haut à gauche et en procédant ainsi jusqu'en bas ?

4 R. Oui. Agim Jusufi, Jusufi Rashit, Xhabir Rashiti, Qenan Jusufi, Xhevdet

5 Jusufi, Nazmi Jusufi, Sabit Jusufi, Rami Jusufi, Halim Duraku.

6 Mme REGUE : [interprétation] Madame le Président, je souhaiterais demander

7 le versement au dossier de ce document.

8 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Nous allons

9 autoriser le versement au dossier de cette pièce.

10 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P427, Madame le

11 Président.

12 Mme REGUE : [interprétation]

13 Q. Vous avez dit dans votre déclaration que vous aviez vu ces maisons

14 brûler le 13. Qu'avez-vous observé dans la même zone, le 12, c'est-à-dire

15 la veille ?

16 R. Le 12 août, les maisons ont été incendiées, c'était le 12.

17 Q. Avez-vous vu quoi que ce soit dans le secteur et, si oui, quoi ?

18 R. Le 12 août, de loin, j'ai aperçu de la fumée. Je ne savais pas quelles

19 étaient les maisons qui étaient incendiées.

20 Q. Merci. Au paragraphe 21 de votre déclaration ainsi qu'au paragraphe 22,

21 vous parlez de deux autres maisons qui ont été incendiées le 14 août; la

22 maison d'Aleksandar Doskovski et votre propre maison, le 15. Outre ces deux

23 maisons, savez-vous si d'autres maisons ont été incendiées après le week-

24 end du 10 au 12 août 2001 ?

25 R. Non. Seulement ces deux maisons-là.

26 Mme REGUE : [interprétation] Pourrait-on afficher à l'écran la pièce 199.22

27 sur la liste 65 ter, numéro ERN N004-4729. C'est la photo A qui apparaît à

28 la page 9 du classeur de la cour.

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1 Q. Avant, Monsieur Kamberi, d'examiner cette photo, vous avez dit dans le

2 dixième paragraphe de votre déclaration qu'à 2 heures du matin, le dimanche

3 12 août, vous avez vu des gens en uniforme aux environs de la cour de

4 l'église, mais vous ne vous souveniez plus très bien du type d'uniformes

5 que ces hommes portaient. Avez-vous été en mesure d'observer quelle était

6 leur couleur ?

7 R. J'étais à environ 25 mètres d'eux. Il était 2 heures du matin. Il

8 faisait nuit, bien sûr. L'obscurité régnait, mais parce que c'était proche,

9 j'ai vu que les uniformes étaient de la couleur verte de l'armée de l'armée

10 macédonienne. Je ne peux pas vous en donner la tonalité véritablement, je

11 n'ai pas de nuances à rajouter, mais je sais que c'était la couleur des

12 uniformes militaires. Je ne sais pas si c'était vert clair ou vert foncé.

13 Q. Merci, Monsieur Kamberi. Cela ira comme cela. Regardez la photo, vous

14 allez voir l'église.

15 Mme REGUE : [interprétation] Pourrais-je demander à l'huissier de bien

16 vouloir vous tendre le stylet ?

17 R. Oui.

18 Q. Je vous demanderais de bien vouloir apposer une croix à l'endroit où

19 vous avez vu ces hommes en uniforme à proximité de l'église à 2 heures du

20 matin.

21 R. L'église ?

22 Q. Oui.

23 R. Ou la cour de l'église ?

24 Q. D'abord une croix sur l'église et un petit 1 à côté de la croix.

25 R. [Le témoin s'exécute]

26 Q. Pourriez-vous maintenant entourer d'un cercle la cour dans laquelle

27 vous avez vu ces hommes en uniforme ?

28 Mme REGUE : [interprétation] Pour le bénéfice du compte rendu, le témoin

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1 vient d'entourer d'un cercle une zone qui se situe dans le coin haut à

2 gauche de la photo.

3 Q. Monsieur Kamberi, voyez-vous la maison de Rami Jusufi ?

4 R. Oui.

5 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, l'indiquer d'une croix et apposer le

6 chiffre 2 ?

7 R. [Le témoin s'exécute]

8 Mme REGUE : [interprétation] Madame le Juge, j'aimerais demander le

9 versement au dossier de cette photo.

10 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Oui.

11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce P428.

12 Mme REGUE : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Madame le Juge. Je

13 n'ai plus de questions.

14 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Excusez-moi ?

15 Mme REGUE : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

16 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Très bien.

17 C'est maintenant au tour de la Défense de vous poser quelques questions.

18 Maître Residovic.

19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Madame le Juge, Monsieur le Juge.

20 Contre-interrogatoire par Mme Residovic :

21 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Kamberi.

22 R. Bonjour.

23 Q. Monsieur Kamberi, je m'appelle Edina Residovic et avec mon confrère,

24 Guenael Mettraux, je représente M. Ljube Boskoski.

25 Monsieur Kamberi, je vous demanderais de bien vouloir attendre que ma

26 question soit interprétée avant d'y répondre, même si vous comprenez bien

27 ma langue, de façon à ce que les membres de la Chambre et toutes les

28 personnes présentes dans le prétoire puissent suivre les questions et vos

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1 réponses. Nous permettrons ainsi à toutes les personnes présentes à suivre

2 votre témoignage dans les meilleures conditions possibles.

3 M'avez-vous comprise, Monsieur Kamberi ?

4 R. Oui, oui. J'ai compris.

5 Q. Merci. Vous êtes né à Ljuboten et vous y habitez, n'est-ce pas ?

6 R. Oui, c'est exact.

7 Q. En 2001, vous viviez avec votre épouse et vos trois enfants, n'est-ce

8 pas ?

9 R. C'est exact.

10 Q. Vous avez suivi l'école secondaire à Skopje, ensuite vous avez été

11 vendeur pendant plusieurs années dans une boutique de textile, n'est-ce pas

12 ?

13 R. Oui, c'est cela.

14 Q. Puis vous avez ouvert votre propre magasin, un magasin qui se trouvait

15 à Bit Pazar, pas très loin du boucher, Nebush, n'est-ce pas ?

16 R. Oui, c'est ça.

17 Q. Et vous avez continué votre activité jusqu'en 2001 dans ce magasin,

18 n'est-ce pas ?

19 R. Non, ce n'est pas exact.

20 Q. Alors, pourriez-vous me dire pendant combien de temps vous avez tenu ce

21 magasin ?

22 R. En 1999, j'ai fermé boutique, mais ce n'était pas en 2001, c'était en

23 1999.

24 Q. Merci de cette précision.

25 Est-il exact qu'à partir de 2003 jusqu'en 2006 vous avez travaillé

26 dans un bureau de poste ?

27 R. Oui, c'est exact.

28 Q. Pourquoi avoir quitté cet emploi au bureau de poste ?

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1 R. J'étais sous contrat.

2 Q. Est-il exact que vous avez été soupçonné d'avoir détourné des fonds,

3 est-ce que c'est la raison pour laquelle vous quittez votre emploi ou votre

4 contrat est-il parvenu à sa date d'échéance ?

5 R. Il y a une loi et il y a la police et ce que vous dites n'a rien à voir

6 avec l'affaire en l'espèce.

7 Q. Merci. Je vous rappelle que vous déposez sous serment. Je souhaitais

8 obtenir des réponses de votre part à des fins de précision uniquement, et

9 je vous remercie de votre collaboration.

10 Que faites-vous à l'heure actuelle ?

11 R. A l'heure actuelle, je suis sans emploi.

12 Q. Vous êtes en réalité agriculteur dans votre village, n'est-ce pas ?

13 R. Je m'occupe à certaines activités agricoles, oui.

14 Q. Cette année, vous avez contribué à l'érection d'un monument à la

15 mémoire des soldats tués à Ljuboten, n'est-ce pas ?

16 R. Non, vous vous trompez lorsque vous parlez de "soldats". Il s'agit de

17 victimes de la guerre, des victimes du massacre de Ljuboten.

18 Q. Je vois que j'ai été interprété comme ayant dit "soldats", alors qu'en

19 réalité j'avais parlé de l'érection d'un monument à la mémoire des gens

20 tués à Ljuboten. Je n'ai jamais fait mention de "soldats".

21 Monsieur Kamberi, est-il exact que -- excusez-moi.

22 R. Vous avez dit "soldats", et j'ai dit que c'étaient des victimes plutôt

23 du massacre de Ljuboten, et Erxan Aliu, l'enfant mort, n'aurait pas pu être

24 soldat. Alors, oui, c'est vrai, pendant cinq mois, bénévolement j'ai

25 travaillé à la construction de ce monument.

26 Q. Excusez-moi, c'était une erreur d'interprétation de ma question. Je

27 n'ai jamais parlé de "soldats". Vous avez entendu "soldats", mais ce n'est

28 pas ce que j'ai dit. J'ai bien compris votre réponse, par ailleurs.

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1 Monsieur Kamberi, est-il exact que vous saviez qu'en 2001 la Macédoine a

2 vécu une situation de crise du fait de l'attaque des groupes de l'ALN

3 contre les forces macédoniennes, de l'armée, de la police et de la

4 population civile ?

5 R. Oui, j'étais au courant.

6 Q. Vous suiviez l'évolution de la situation tous les jours à la télé,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. La crise a été particulièrement intense dans les zones de Tetovo, aux

10 environs de Skopje et à Kumanovo également, n'est-ce pas ?

11 R. Oui, c'est exact.

12 Q. Votre village, Ljuboten, relève de la municipalité de Cair, n'est-ce

13 pas ?

14 R. Oui, avant. Maintenant, c'est dans la commune de Butel. Mais en 2001,

15 effectivement, le village était sous la commune de Cair.

16 Q. Cair et Butel font partie, en réalité, de la ville de Skopje, n'est-ce

17 pas ?

18 R. Oui, mais ce sont des municipalités distinctes.

19 Q. L'emplacement de Ljuboten présente une importance fondamentale pour la

20 défense de la ville de Skopje; vous le savez, n'est-ce pas ? Vous en êtes

21 bien conscient ?

22 R. Je ne comprends pas la question.

23 Q. Oui --

24 R. Non, je ne comprends pas.

25 Q. Bien. Je vais essayer de vous poser une question que vous comprendrez.

26 Est-il exact que Ljuboten est située sur les flancs de la montagne

27 Skopska Crna Gora ?

28 R. Oui.

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1 Q. Est-il exact que Skopska Crna Gora relie la République de Macédoine au

2 sud de la Serbie au Kosovo ?

3 R. Ecoutez, à Skopska Crna Gora, si vous comptez les villages, Brnjarci,

4 Treshov [phon], Stijkovc, Bulacan, Rastak, Ljubanci, Pobozje, Kucavista,

5 Gluvo, Mirkovci, Banjani, Cucer, Sandevo, Radasani, tous ces villages sont

6 peuplés de Macédoniens, et certains villages sont serbes. Le seul village

7 albanais, c'est Ljuboten, parmi tous les autres.

8 Vous dites que Ljuboten se trouve à la frontière avec le Kosovo, mais

9 Ljubanci et les autres villages macédoniens, Gluvo et ainsi de suite, sont

10 plus proches de la frontière. De Ljuboten à la frontière avec le Kosovo, en

11 fait, dans cette partie il y a d'autres villages. Il y a 37 à 40 kilomètres

12 entre Ljuboten et la frontière.

13 Q. Je vous remercie de cette réponse détaillée, mais ma question était

14 quelque peu différente. Je ne vous ai pas demandé si Ljuboten se trouvait à

15 la frontière avec le Kosovo ou à la frontière avec le sud de la Serbie, je

16 vous ai posé la question suivante : Skopska Crna Gora est la frontière qui

17 relie le sud de la Serbie et le Kosovo. Est-ce que vous êtes au courant de

18 cela, oui ou non ?

19 R. Oui.

20 Q. Fort bien. Toutes les localités que vous avez mentionnées, dont

21 Ljuboten, se trouvent sur les flancs de la montagne Skopska Crna Gora et

22 sont situées à proximité de la frontière avec le sud de la Serbie et le

23 Kosovo, n'est-ce pas ?

24 R. Comme je l'ai déjà dit, il y a une distance de 40 kilomètres. Il y a

25 d'autres villages Brest, Cenci [phon], Gosince, qui sont plus proches de la

26 frontière, alors que Ljuboten, en quelque sorte, fait partie de Skopje. Si

27 vous dites que Ljuboten est limitrophe de la frontière, dans ce cas on peut

28 affirmer également que Skopje est limitrophe de la frontière.

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1 Q. Monsieur Kamberi, veuillez écouter attentivement mes questions et y

2 répondre.

3 R. Oui, j'entends bien.

4 Q. Je n'ai jamais dit que Ljuboten se trouvait à la frontière. Est-il

5 exact de dire qu'en raison de l'emplacement de la montagne Skopska Crna

6 Gora et des villages qui s'y trouvent, Skopska Crna Gora revêt une

7 importance toute particulière pour la défense de la ville de Skopje, n'est-

8 ce pas ?

9 R. Pour la défense de la ville de Skopje, vous voulez dire ?

10 Q. Oui.

11 R. En quoi Skopje pourrait-elle être menacée par Ljuboten ?

12 Q. Veuillez répondre à ma question. Est-il exact de dire que Skopska Crna

13 Gora revêt une certaine importance pour la défense de la ville de Skopje ?

14 Si vous ignorez la réponse à cette question, dites-le tout simplement.

15 R. Par qui ou contre qui, plutôt, Skopje devrait-elle être défendue ?

16 Contre Ljuboten ? De quelle stratégie voulez-vous parler ? Je vous ai

17 mentionné 20 villages peuplés de Macédoniens. Skopje serait plutôt menacée

18 par ces villages. Les 25 villages dont je vous ai donné le nom

19 représenteraient une menace plus importante pour Skopje.

20 Q. Mais l'armée macédonienne considérait que cette région était

21 particulièrement importante pour la défense de la ville de Skopje. Au mois

22 de juin, il a été décidé de déployer des forces de l'armée dans la zone de

23 Skopska Crna Gora. Est-ce que vous le saviez ?

24 R. Non.

25 Q. Saviez-vous que depuis le mois de juin, les forces de l'armée étaient

26 positionnées sur les hauteurs du village de Ljuboten ?

27 L'INTERPRÈTE : Correction des interprètes au compte rendu d'audience : il

28 est dit que le témoin a répondu par la négative à la question précédente.

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1 Or, il a dit "je sais", et non pas "non".

2 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

3 Q. Je vous remercie. Skopska Crna Gora est reliée naturellement la partie

4 macédonienne à la zone de Kumanovo et au Kosovo, n'est-ce pas ?

5 R. Est-ce que vous pourriez répéter votre question, s'il vous plaît ?

6 Q. Est-il exact de dire qu'en partant de Kumanovo et en passant par les

7 montagnes de Skopska Crna Gora, on pouvait arriver à la frontière avec le

8 Kosovo ?

9 R. Vous voulez dire en partant de Kumanovo ?

10 Q. Oui.

11 R. Oui, c'est possible.

12 Q. Je vous remercie. Est-il exact de dire que depuis le village de

13 Ljuboten, notamment depuis l'endroit où se trouve la nouvelle mosquée, on

14 voit très bien la vallée dans laquelle se trouve la ville de Skopje ?

15 R. C'est exact.

16 Q. Si je vous disais que Ljuboten est un village où la plupart des

17 habitants se livraient à des activités agricoles, est-ce que vous seriez

18 d'accord avec moi ?

19 R. Oui.

20 Q. Conviendriez-vous avec moi qu'une partie des villageois de Ljuboten,

21 même avant 2001, se livraient à toutes sortes d'activités contre l'Etat de

22 Macédoine ?

23 R. Non, ce n'est pas vrai.

24 Q. Savez-vous que certaines de ces activités ont commencé dès la

25 déclaration d'indépendance de la République de Macédoine ?

26 R. Je l'ignore.

27 Q. Peut-être pourrais-je vous rafraîchir la mémoire si je vous disais

28 qu'en 1992, une décision portant sur la Défense nationale a été adoptée,

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1 ceci était en rapport avec les forces armées et la création d'un bataillon

2 chargé de la protection de la municipalité de Cair, il a rassemblé des

3 données concernant environ 1 300 conscrits militaires qui composaient les

4 forces albanaises. Le 6 juin 2003, une unité paramilitaire a été

5 constituée, laquelle était positionnée au village de Ljuboten. On a établi

6 une liste, on a constitué les commandements, et des armes ont été remises à

7 ces unités. Ça s'est passé en 1992 et 1993 ?

8 R. C'est la première fois que j'en entends parler.

9 Q. Avez-vous entendu dire qu'en juin 1994, le tribunal d'instance de

10 Skopje II a condamné un certain nombre de personnes pour avoir organisé des

11 activités hostiles ? On leur a notamment reproché la création d'une unité

12 paramilitaire indépendante au village de Ljuboten. Un état-major avait été

13 constitué, et ces personnes s'étaient procuré 200 fusils automatiques de

14 fabrication chinoise.

15 Est-ce que vous saviez qu'en 1994 dix personnes avaient été condamnées pour

16 avoir participé à ces activités ?

17 R. A ma connaissance, personne à Ljuboten n'a été condamné, sauf -- il n'y

18 a que vous qui soyez au courant de cela. C'est la première fois que j'en

19 entends parler. Vous êtes la première personne qui me dit cela.

20 Q. Ces personnes dont j'ai parlé ne sont pas des villageois de Ljuboten,

21 mais l'unité qu'ils ont constituée devait être stationnée à Ljuboten. Vous

22 n'êtes pas au courant de cela non plus, n'est-ce pas ?

23 R. Ce sont des mensonges.

24 Q. Monsieur Kamberi, est-il exact que dès le début de la crise en 2001,

25 des villageois de Ljuboten ont rejoint les rangs de l'ALN ?

26 R. Je ne suis pas au courant de cela.

27 Q. Est-il exact que des villageois de Ljuboten ont pris part aux combats

28 qui se sont déroulés dans les villages d'Aracinovo et Tanusevci ?

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1 R. Je ne le sais pas.

2 Q. Est-il exact que des jeunes contrôlaient l'entrée dans le village de

3 Ljuboten dès le printemps de l'année 2001 ?

4 R. Ce n'est pas exact. Car au village de Ljuboten, la police effectuait

5 régulièrement des patrouilles, et ce sont les forces macédoniennes qui

6 contrôlaient l'accès au village de Ljuboten. Des postes de contrôle avaient

7 été érigés, les choses n'étaient pas telles que vous les avez décrites.

8 Q. Cependant, à Ljuboten, un village peuplé d'Albanais, il n'y a jamais eu

9 de poste de contrôle, n'est-ce pas ?

10 R. Je ne parle pas de Ljuboten même, les patrouilles toutefois pouvaient

11 effectuer des patrouilles dans le village lorsqu'elles le souhaitaient.

12 Q. Est-ce que vous conviendriez avec moi que dès le printemps 2001,

13 Ljuboten est devenu un emplacement stratégique important pour les besoins

14 de l'ALN ?

15 R. Ce n'est pas exact.

16 Q. Vous savez que dans la zone de Kumanovo un conflit de grande envergure

17 régnait, l'armée et la police effectuaient des contrôles très stricts et on

18 se servait de Ljuboten pour l'approvisionnement en nourriture et en

19 équipements aux groupes de l'ALN qui combattaient dans les environs de

20 Kumanovo ?

21 R. Ce n'est pas vrai, car comme je vous l'ai dit, non seulement le village

22 de Ljuboten était encerclé par la police et l'armée, mais ils se trouvaient

23 au milieu de 25 villages macédoniens. De tous les côtés, au nord, au sud, à

24 l'est, à l'ouest, il y avait des villages peuplés de Macédoniens. Personne

25 n'aurait osé assurer l'approvisionnement en nourriture ou autre, aucun

26 oiseau ne pouvait voler sans qu'ils en aient connaissance.

27 Q. Monsieur Kamberi, conviendriez-vous avec moi qu'en mars 2001, des

28 membres de l'ALN sont arrivés à Ljuboten pour se livrer à des activités de

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1 propagande visant à inciter la population à rallier l'ALN ?

2 R. Ce n'est pas vrai. Excusez-moi, l'armée macédonienne se trouvait à

3 Ljuboten. Quelqu'un de Rastak, je ne sais pas qui c'était, quelqu'un de la

4 communauté locale était là avec d'autres villageois de Rastak. L'ALN

5 n'était pas présente. Ce que vous dites n'est pas vrai. L'armée

6 macédonienne pouvait se rendre dans ce secteur comme elle le souhaitait.

7 Q. Conviendriez-vous avec moi, Monsieur Kamberi, qu'après le mois de mars

8 2001, de nombreux villageois ont rallié l'ALN tandis que d'autres l'ont

9 aidée de toutes sortes de manières ? Etes-vous au courant de cela ?

10 R. Pourriez-vous répéter votre question, je ne l'ai pas comprise ?

11 Q. Je vous demande si vous seriez d'accord avec moi pour dire que dès le

12 printemps 2001, de nombreux villageois de Ljuboten ont rejoint les rangs

13 des unités de l'ALN ?

14 R. Qu'entendez-vous par "unités de l'ALN" ?

15 Q. Je veux parler des unités de l'ALN qui opéraient dans le secteur de la

16 montagne Skopska Crna Gora.

17 R. Ce que vous dites n'est pas vrai. L'ALN n'a jamais opérée dans les

18 montagnes de Skopska Crna Gora.

19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Peut-on montrer au témoin le document

20 1D539, le document 1D4897, il s'agit de documents dans la liste 65 ter. Ce

21 sont des documents communiqués par l'Accusation en application de l'article

22 68. Ils sont extraits d'un journal rédigé en langue albanaise. Je demande

23 que l'on affiche la page 1D489 ou plutôt 1D4899, et je demande que cette

24 page soit affichée en langue albanaise ainsi que la page 1D4901 en anglais.

25 Ce qui m'intéresse c'est la deuxième page, la première page ne m'intéresse

26 pas.

27 Pour ce qui est de la première page à gauche, on voit simplement les

28 dates, les 26 et 27 mars 2001, alors qu'au dernier paragraphe de ce journal

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1 on peut lire -- donc les dates sont celles 26 et 27 mars 2001. Et on peut

2 lire : "A 17 heures 20, des coups de feu ont été tirés en direction de

3 Gosince vers les champs. Des éléments de l'unité spéciale ont été emmenés à

4 16 heures 30 sur ordre venant de Ljuboten. Il est fait mention de l'UCK à

5 la fin."

6 Q. Monsieur Kamberi, savez-vous qu'à Ljuboten c'est le commandant

7 Lisi qui était l'officier de liaison entre Ljuboten et l'ALN ?

8 R. Ce n'est pas vrai.

9 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Madame et Monsieur les Juges, compte tenu

10 de l'importance de ce document par rapport aux événements de Ljuboten, je

11 demande le versement au dossier. Comme je l'ai dit, l'Accusation nous a

12 communiqué ce document en application de l'article 68.

13 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Madame Regue.

14 Mme REGUE : [interprétation] Le témoin a dit qu'il n'avait aucune

15 connaissance à ce sujet. Il n'a aucune connaissance de la teneur de ce

16 document, donc je ne vois pas comment la Défense pourrait en demander le

17 versement au dossier et sur quelle base.

18 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Le document n'est pas versé

19 au dossier.

20 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

21 Q. Connaissez-vous Kenan Salievski ?

22 R. Oui.

23 Q. Kenan Salievski, en 2001, dirigeait la cellule de Crise au village de

24 Ljuboten; est-ce exact ?

25 R. C'est exact.

26 Q. Kenan Salievski, le 6 et le 7 novembre 2004, dans la déclaration qu'il

27 a faite au représentant du bureau du Procureur a dit : "En réponse à la

28 question qui m'a été posée au sujet des personnes qui étaient membres de

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1 l'ALN au village de Ljuboten, j'ai dit que Suat Saliu, Rafiz Bajrami,

2 Shefajet Bajrami, Aliu, Nimet Aliu, Ruhan Jashari ou Bajrami, Ramadan Alimi

3 tué dans les montagnes de Matejce, Musa Selimi, Faik Murati, Shefket

4 Murati, Zecir Murati et Rasim Murati, je pense qu'il y avait environ 18

5 personnes, mais je ne me souviens pas de tous les noms."

6 Est-ce que la déclaration faite par Kenan Salievski contredit ce que vous

7 venez de dire aux Juges de la Chambre ?

8 R. Ecoutez, qui faisait partie de quoi, je ne sais pas, je ne peux pas

9 vous en parler. Je ne suis pas policier. Je devais m'occuper de mes

10 activités et des membres de l'ALN étaient membres de cette organisation, de

11 façon -- tout cela était confidentiel, ces activités étaient clandestines.

12 Je ne sais rien à leur sujet. Je ne les ai pas vus.

13 Q. Vous dites que personne dans le village n'était membre de l'ALN. Je

14 vous demande simplement si la déclaration faite par Kenan Salievski

15 contredit ce que vous avez déclaré précédemment devant les Juges de cette

16 Chambre ?

17 R. Je ne suis pas greffier. Je ne note pas ce que font les gens. Je pense

18 être clair : je n'ai pas d'information à vous communiquer à ce sujet.

19 Q. Monsieur Kamberi, veuillez vous exprimer dans votre langue maternelle.

20 Vos propos seront interprétés.

21 R. Merci.

22 Q. Est-ce que vous connaissez Suat Saliu ?

23 R. Oui, il vient de mon village.

24 Q. Vous savez sans doute que lui aussi était membre de l'ALN ?

25 R. Non, je l'ignorais

26 Q. Si je vous disais que Suat Saliu, dans la déclaration qu'il a faite au

27 représentant du bureau du Procureur, le 25 octobre 2003, a mentionné un

28 certain nombre de villageois de Ljuboten qui faisaient partie de l'ALN,

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1 vous serez d'accord que cela contredit ce que vous avez dit lorsque vous

2 avez affirmé que personne dans le village ne faisait partie de l'ALN ?

3 R. Je ne sais pas. Je ne sais rien à leur sujet.

4 Q. Connaissez-vous Zemri Zendeli ?

5 R. Je connais presque tout le monde au village.

6 Q. C'est le "hoxha" du village, le haut représentant de la communauté

7 musulmane ?

8 R. Oui.

9 Q. Il a dit que : "Faredin Murati, Faik Murati, Shefajet Bajrami, Besim

10 Murtezani, Jetulla Rifi, Bekri Ajdini, Orhan Bajrami, Shefket Murati,

11 Refedin Selimi, Suat Saliu, Rafiz Bajrami, je les connais tous sauf Faredin

12 Murati. Ils viennent tous de Ljuboten. On m'a demandé si je savais si ces

13 personnes étaient membres de l'ALN au cours de la période située entre le

14 10 et le 12 août. Je réponds que oui, ils en étaient membres."

15 Monsieur Kamberi, cette déclaration a été faite par l'imam du village, l'un

16 de vos voisins. Est-ce que vous serez d'accord avec moi pour dire que cela

17 contredit ce que vous vous avez vous-même déclaré devant les Juges de la

18 Chambre lorsque vous avez affirmé qu'il n'y avait aucun membre de l'ALN

19 dans le village ?

20 R. Je vous ai déjà dit que je n'étais pas fonctionnaire, je n'étais pas

21 censé garder la trace des déplacements de mes concitoyens. Je ne suis pas

22 là pour savoir où ils sont allés, où ils sont actuellement, et cetera.

23 J'habite dans la partie macédonienne du village. Nous n'allons que très

24 rarement de l'autre côté du village pour travailler dans les champs. Nous

25 le traversons en tracteur. Je ne tiens pas de listes des habitants pour

26 savoir où ils sont, ce qu'ils font.

27 Q. Est-ce que vous connaissez M. Baki Halimi, Monsieur Kamberi ?

28 R. Oui.

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1 Q. Précédemment vous nous avez dit que vous ignoriez que c'était le

2 commandant Lisi, le chef Lisi ?

3 R. Je le connais uniquement sous le nom de Baki Halimi.

4 Q. Je vous ai précédemment demandé si vous aviez participé à la

5 construction du monument à Ljuboten et vous n'avez pas répondu. Est-ce que

6 vous avez participé à la construction de ce monument ?

7 R. Je vous ai déjà répondu. J'y ai travaillé pendant cinq mois de suite.

8 Q. Merci. En août, ce monument a été inauguré ?

9 R. [aucune interprétation]

10 Q. D'après les éléments dont nous disposons, il y avait un grand nombre

11 d'invités ainsi que les habitants du village, et Ali Ahmeti a prononcé une

12 allocution à ce moment-là, n'est-ce pas ?

13 R. Oui.

14 Q. Halimi Baki, qui s'appelait le commandant Lisi aussi, a également pris

15 la parole ?

16 R. Oui.

17 Q. Si je devais vous dire --

18 R. Vous, vous l'appelez le commandant Lisi, je le connais sous le nom de

19 Baki Halimi.

20 Q. Si je devais vous dire que Baki Halimi était le chaînon, le lien entre

21 l'ALN et les gens du village et qu'à ce titre il faisait de la propagande,

22 il mobilisait les habitants du village pour qu'ils deviennent membres de

23 l'ALN, cela serait exact, n'est-ce pas ?

24 R. Non, ce n'est pas vrai.

25 Q. Si je vous dis que Kenan Salievski, dans la déclaration que j'ai

26 mentionnée précédemment qu'il a faite au bureau du Procureur le 6 et le 7

27 novembre 2004, il a dit la chose suivante : "Le contact avec l'ALN était

28 Baki Halimi, alias commandant Lisi. J'ai découvert que c'était lui le point

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1 de contact avec l'ALN. Des gens de Ljuboten me l'ont dit. Ce sont des gens

2 qu'il connaissait bien qui me l'on dit."

3 Voilà ce qu'a déclaré Kenan Salievski. C'est complètement opposé à ce que

4 vous nous dites, puisque vous nous dites que Baki Halimi n'était pas le

5 commandant Lisi. Il n'avait strictement rien à voir avec l'ALN, n'est-ce

6 pas ?

7 R. Baki Halimi, c'est quelqu'un que je connais parce que c'est un

8 enseignant à l'école. Je ne sais rien de plus à son sujet. S'agissant

9 maintenant de ce qu'a déclaré Qenan Salievski, je doute de ce que dit donc

10 Qenan Salievski.

11 Q. Connaissez-vous le nom de Nazim Bushi ou connaissez-vous cette personne

12 ?

13 R. J'ai déjà entendu parler de lui.

14 Q. Vous avez entendu dire qu'il était chef de la 114e Brigade de l'ALN ?

15 R. Non, ça je l'ignorais.

16 Q. Dans sa déclaration du 9 et du 10 juin 2004, Bushi Nazim --

17 Mme REGUE : [interprétation] C'est la quatrième fois que mon éminente

18 consoeur se sert d'une déclaration. Cela ne nous avait pas été communiqué à

19 l'avance. C'est la quatrième fois que ma consoeur procède de la sorte, se

20 sert de déclaration sans nous avoir prévenus qu'elle le ferait.

21 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Conformément à la décision de la Chambre

22 de première instance, nous avons informé le bureau du Procureur que nous

23 allions utiliser des documents uniquement pour récuser le témoin, pour

24 mettre en doute la crédibilité des témoins. Nous avons fourni au bureau du

25 Procureur une liste de documents susceptibles d'être utilisés par nous au

26 cours du contre-interrogatoire. Nous nous conformons par là même à la

27 décision de la Chambre de première instance. Il est possible que la

28 déclaration de Kenan Salievski n'ait pas figuré dans la liste en question

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1 parce que c'est une déclaration que nous avons utilisée précédemment.

2 Mme REGUE : [interprétation] Les autres déclarations, celles de Suat Saliu

3 et l'autre, elles ne figurent pas non plus sur la liste.

4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je n'ai pas utilisé la déclaration de Suat

5 Saliu, je l'ai simplement mentionnée. Je n'ai donné lecture au témoin

6 d'aucun passage de la déclaration de Suat Saliu.

7 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Il me semble que vous avez

8 rappelé au témoin certains extraits de la déclaration de Suat Saliu. C'est

9 ce que j'ai noté, en tout cas.

10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] J'ai simplement dit que ce témoin-là avait

11 dit dans sa déclaration qu'il y avait des membres de l'ALN, mais je n'ai

12 pas donné lecture de certains extraits de cette déclaration comme je l'ai

13 fait pour d'autres déclarations.

14 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Veuillez continuer, Maître

15 Residovic.

16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci.

17 Q. Monsieur Kamberi, Nazim Bushi, dans la déclaration que j'ai mentionnée,

18 a dit la chose suivante : "Au cours des événements du 10 au 12 août 2001,

19 s'agissant plutôt de ces événements, j'ai préparé un récapitulatif des

20 informations pertinentes qui m'ont été remises par Baki Halimi." Ceci

21 figure au paragraphe 46.

22 Et au paragraphe 52 : "J'ai reçu toutes ces informations de Baki Halimi par

23 téléphone portable entre le 10 et le 12 août 2001. Voilà tout ce que je

24 sais des événements de Ljuboten."

25 On voit donc un lien entre Baki Halimi et l'ALN, et c'est encore très

26 difficile, on a vos propos ici même, n'est-ce pas ?

27 R. Je ne vous comprends pas.

28 Q. Je vais vous rappeler la réponse que vous avez faite à ma question.

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1 R. Est-ce que vous pouvez répéter votre question, parce que je ne

2 comprends pas.

3 Q. Oui. Précédemment, vous avez dit que Halimi Baki n'était pas le point

4 de contact, le lien avec l'ALN. Je vous ai rappelé les déclarations de

5 Kenan Salievski et également ce qu'avait dit Saliu, et vous avez à ce

6 moment-là déclaré qu'on pouvait mettre en doute ces déclarations. Est-ce

7 que vous vous souvenez de cela ?

8 R. Oui, je m'en souviens.

9 Q. Je vous ai donné lecture d'un extrait de la déclaration de Nazim Bushi

10 expliquant qu'entre le 10 et le 12 août, il était en contact avec Baki

11 Halimi, et je vous demande s'il est exact que la déclaration de Nazim Bushi

12 contredit vos propres dires, à savoir que Baki Halimi n'avait strictement

13 aucun lien avec l'ALN ?

14 R. Je ne sais pas.

15 Q. Merci. Vous étiez proche de Baki Halimi, du commandant Lisi, n'est-ce

16 pas ?

17 R. Je le connais, je le connais en tant qu'enseignant, mais je ne le

18 connais pas sous le nom de Lisi ou de commandant Lisi.

19 Q. Si je devais vous dire, Monsieur Kamberi, que vous-même, très tôt dès

20 le début des combats dans la région de Kumanov, si je vous disais que vous

21 avez activement participé au soutien, à l'appui fourni à l'ALN; ce serait

22 vrai, n'est-ce pas ?

23 R. Non, c'est faux.

24 Q. Et si j'affirme que vous étiez chargé de la logistique, voilà quelque

25 chose qui est également est vrai ?

26 R. Non, ce n'est pas vrai.

27 Q. Et si je devais vous dire qu'on vous avait surnommé Miskoja et que

28 c'est sous ce nom que vous étiez connu comme étant le responsable de la

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1 logistique au village, ça aussi c'est vrai, n'est-ce pas ?

2 R. C'est la première fois que j'entends parler de ça. Dans les Balkans, on

3 parle de tigres, léopards, Tarzan, Rambos, et cetera. Tout ce que vous

4 dites, c'est faux.

5 Q. Bien. Mais dites-moi, est-ce que vous n'avez pas été à la tête d'un

6 groupe de jeunes villageois que vous avez amené jusqu'à Matejce ?

7 R. Non, ce n'est pas exact. Jamais de ma vie je n'ai mis les pieds à

8 Matejce.

9 Q. Le 10 août 2001, les membres de l'ALN ont blessé six soldats de l'armée

10 de la République de Macédoine et en ont tué huit autres au moyen d'une mine

11 qu'ils ont fait exploser à distance. Est-ce que vous en avez connaissance

12 de cela ?

13 R. J'en ai entendu parler aux informations.

14 Q. Après l'explosion de cette mine, trois personnes armées sont entrées

15 dans le village. Est-ce que vous le savez ?

16 R. Non.

17 Q. Est-il exact que tout de suite après il y a eu une réunion à l'école,

18 il s'agissait de savoir comment le village allait s'organiser ? Voilà le

19 sujet de la réunion.

20 R. Je ne suis pas au courant de cela.

21 Q. Et si j'affirme qu'avec votre frère Meshir, vous avez assisté à cette

22 réunion, et avec Rami Jusufi également ainsi que Zemri Zendeli et d'autre,

23 est-ce que ça vous rafraîchit la mémoire ? Est-ce que maintenant vous vous

24 souvenez de cette réunion ?

25 R. Non, ce n'est pas vrai.

26 Q. Si je vous dis qu'il a été convenu à ce moment-là que l'on érigerait

27 des points de contrôle où se tiendraient des hommes armés, est-ce que vous

28 en convenez ?

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1 R. Non, c'est faux. Ce que vous dites est faux.

2 Q. Est-il exact qu'après cette réunion, le commandant Lisi a distribué des

3 munitions, il a distribué 25 balles à chacune des personnes, chacune des

4 personnes présentes, dont vous et Rami Jusufi également ?

5 R. Ce ne sont que mensonges. Il n'y a rien de vrai là-dedans.

6 Q. Et si je vous dis que le premier point de contrôle se trouvait à côté

7 de l'église, l'autre à côté de la maison de Rami Jusufi, l'autre derrière

8 le pont près de la maison des Ahmeti, et l'autre à côté du cimetière

9 musulman, est-ce que ça vous rafraîchit la mémoire, est-ce que maintenant

10 vous vous souvenez de l'organisation du village ?

11 R. Il n'y avait aucun point de contrôle dans le village, et tout ce que

12 vous dites, c'est faux.

13 Q. Dans la déclaration que vous avez faite au bureau du Procureur, vous

14 affirmez que le 10 août vous avez amené votre femme et vos enfants dans la

15 maison de votre frère Meshir parce qu'ils étaient plus en sécurité, n'est-

16 ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Ensuite, vous avez essayé de protéger les fenêtres de votre maison en y

19 plaçant des sacs parce que vous pensiez qu'il y aurait peut-être des

20 représailles après suite à la mort des soldats. Vous pensiez que le village

21 risquait d'être attaqué, n'est-ce pas ?

22 R. C'est exact. Nous avons mis les enfants en sécurité, tous les enfants

23 dans la cave de mon frère.

24 Q. Vous avez, d'autre part, déclaré - et je me permets ici de

25 retransmettre vos propos ou de les résumer - que vous avez surveillé la

26 situation à partir de la cour de votre maison. Vous vous êtes caché

27 derrière les murets, n'est-ce pas ?

28 R. Oui, c'est exact.

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1 Q. Traditionnellement, les maisons albanaises à Ljuboten sont entourées

2 d'un mur d'enceinte. Vous avez donc pu vous cacher derrière ce mur pour

3 suivre l'évolution de la situation, n'est-ce pas ?

4 R. C'est faux. Il est faux de dire que les maisons sont entourées de murs,

5 parce que le régime macédonien, il y a quelques années, a fait détruire les

6 maisons, et ceci avec une excavatrice, et le village d'Aracinovo a eu

7 beaucoup de difficultés à cause de tout ça. Donc, la situation est

8 différente.

9 Dans la maison, on est trois, mes trois frères et moi on vit là. Vous

10 pouvez venir nous voir quand vous voudrez, vous verrez qu'il n'y a aucun

11 mur.

12 Q. Oui, je comprends bien que la situation est ainsi, se présente ainsi

13 actuellement, mais en 2001, c'étaient des maisons traditionnelles

14 albanaises qui étaient entourées d'un mur, ceci afin de protéger l'intimité

15 de la famille qui y résidait, des regards indiscrets des passants ?

16 R. A Ljuboten, il n'y a plus de maisons anciennes. Tout le monde a

17 reconstruit les maisons. Ce sont des maisons nouvelles, les gens essaient

18 de se moderniser et les traditions sont pratiquement perdues. Entre 2001 et

19 aujourd'hui, il n'y a pas eu de changement. Le village de Ljuboten tel

20 qu'il existait en 2001 est le même qu'aujourd'hui, et les maisons des

21 Macédoniens ressemblent beaucoup aux nôtres. Vous pouvez vous en convaincre

22 en venant chez nous quand vous le souhaiterez.

23 Q. Monsieur Kamberi, est-il exact que le vendredi, 10 août, dans la

24 soirée, de nombreuses familles ont commencé à quitter le village de

25 Ljuboten ? Certains sont partis vers Skopje, d'autres sont allés vers la

26 partie inférieure du village parce qu'ils pensaient y être plus en sécurité

27 ?

28 R. Oui, c'est exact.

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1 Q. Comme vous l'avez déclaré, vous, vous êtes allé chez votre voisin Selim

2 Jusufi ?

3 R. Oui, c'est exact.

4 Q. Et le lendemain, vos voisins, donc c'était le samedi 11 août, vos

5 voisins ont quitté leurs maisons pour se rendre vers la partie basse du

6 village ?

7 R. Oui, c'est exact.

8 Q. Et la femme, la mère et l'enfant de Jusufi sont descendus en bas du

9 village alors que lui est resté dans sa maison avec son père infirme ?

10 R. Non, ce n'est pas vrai. La femme et les enfants de Rami Jusufi sont

11 descendus vers le bas du village, et Rami Jusufi, son père, qui était

12 infirme, et sa mère sont restés dans la maison.

13 Q. Vous avez déclaré que dans la nuit du samedi au dimanche, vous êtes

14 resté dans la maison de Selim Jusufi, n'est-ce pas ?

15 R. C'est vrai.

16 Q. Et vous le dites dans votre déclaration, vers 2 heures, Jetulla Rashiti

17 est arrivé et il vous a dit qu'il avait remarqué des gens qui se

18 déplaçaient dans la cour de l'église; est-ce que c'est bien exact ?

19 R. C'est exact.

20 Q. Etant donné que sa maison est située à une dizaine de mètres seulement

21 de l'église, vous vous êtes rendu immédiatement sur place pour voir ce

22 qu'il en était, n'est-ce pas?

23 R. C'est exact.

24 Q. En réponse à une question de ma consoeur, vous avez ce matin précisé ce

25 que vous aviez vu à ce moment-là sur place ?

26 R. C'est vrai.

27 Q. Vous avez précisé votre déclaration lorsque vous êtes arrivé à La Haye,

28 le 4 septembre 2007, vous avez tenu les propos suivant au Procureur : "Je

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1 voudrais corriger le paragraphe 10 de ma déclaration. J'avais dit que

2 j'avais pu reconnaître trois ou quatre personnes dans la cour de l'église,

3 j'ai pu voir leurs uniformes mais je n'ai pas pu voir de quel type

4 d'uniforme il s'agissait. Quand j'ai dit cela je voulais dire que je

5 n'avais pas pu déterminer exactement quelle était la nuance de vert de leur

6 uniforme. Cependant, j'ai pu voir très clairement qu'il s'agissait des

7 uniformes verts des forces armées macédoniennes."

8 Est-ce bien cela que vous avez déclaré au Procureur ?

9 R. Ecoutez, cette déclaration, je l'ai faite en 2004. C'est la déclaration

10 que j'ai faite, et je suis persuadé qu'il s'agissait de membres de l'armée

11 macédonienne.

12 Q. Merci. Oui c'est bien ainsi que j'avais compris la précision que vous

13 aviez apportée au Procureur.

14 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Madame le Juge, peut-être le moment

15 serait-il bien choisi pour faire la pause ?

16 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : Effectivement, bonne idée.

17 Nous allons faire une pause jusqu'à 11 heures.

18 --- L'audience est suspendue à 10 heures 27.

19 --- L'audience est reprise à 11 heures 00.

20 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Maître Residovic.

21 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci, Madame le Juge.

22 Q. Monsieur Kamberi, vous vous souviendrez que dans votre déclaration

23 faite à l'Accusation vous avez dit lorsque vous avez remarqué ces individus

24 qui portaient des uniformes, que vous avez appelé Avni Hyseni, votre ami,

25 qui vit dans la localité de Poster. Vous souvenez-vous d'avoir dit cela ?

26 R. Oui, je m'en souviens.

27 Q. Et votre ami, Avni Hyseni, est venu vous voir sans délai, n'est-ce pas

28 ?

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1 R. Oui, c'est vrai.

2 Q. Vous savez qu'Avni Hyseni est un proche parent de Baki Halimi, n'est-

3 ce pas ?

4 R. Oui, c'est vrai.

5 Q. Et qu'il a aussi participé à l'appui logistique de l'ALN ?

6 R. Ce n'est pas exact.

7 Q. Est-il exact que du fait de ces activités, votre ami Avni Hyseni était

8 connu comme une personne capable d'évoluer dans les montagnes et que même

9 un bandeau sur les yeux, il serait parvenu à Kumanovo. Est-ce que c'est

10 bien quelque chose que l'on disait de votre ami, Avni Hyseni ?

11 R. Non, ce n'est pas exact.

12 Q. Vous avez dit dans votre déclaration au Procureur que vers 4 heures du

13 matin, vous êtes allé chez Rami Jusufi; c'est bien exact ?

14 R. C'est exact.

15 Q. Et votre frère Meshir y était, il y avait également Avni Hyseni, Rami

16 Jusufi ?

17 R. C'est exact.

18 Q. Et que vous y êtes resté jusqu'à 5 heures 30 du matin, à savoir dans la

19 cour de Rami Jusufi ?

20 R. Oui.

21 Q. Vous souvenez-vous de la tenue que portait Rami Jusufi à ce moment-là ?

22 R. Si je ne m'abuse, je n'en suis pas certain, je crois qu'il portait un

23 jeans et un tee-shirt, un tee-shirt gris, gris foncé.

24 Mme RESIDOVIC : [interprétation] J'aimerais que l'on montre au témoin la

25 pièce P1D4. Non, excusez-moi, d'abord la pièce P9.

26 Q. Voici ma question : reconnaissez-vous votre ami, Rami Jusufi, sur cette

27 photographie, et les vêtements qu'il portait ce jour-là ?

28 R. Je le reconnais. C'est un voisin qui vit à une quinzaine de mètres de

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1 chez moi.

2 Q. Reconnaissez-vous également ses vêtements ? S'agit-il des vêtements

3 qu'il portait au moment où vous êtes parti de sa cour ?

4 R. Oui, ce sont les mêmes vêtements, oui, un jean et un tee-shirt gris.

5 Q. Si quelqu'un disait devant ce Tribunal que vous n'étiez pas présent ce

6 matin dans la cour de Rami Jusufi, le croiriez-vous ?

7 R. Non, je réfuterais cette proposition. J'étais bien présent ce matin-là

8 jusqu'à 5 heures 30. Je suis ensuite parti et suis allé voir mes enfants

9 dans le bas du village. Donc, lorsque l'aube s'est levée, je suis parti de

10 chez lui et je l'ai laissé là.

11 Q. Bien. J'aimerais vous donner la référence de compte rendu suivante,

12 page 440. Si je vous disais, Monsieur Kamberi, qu'en réalité vous n'avez

13 pas passé la nuit dans la cour, mais devant la maison de Rami Jusufi avec

14 Rami Jusufi, votre frère Meshir, Bajram Jashari et d'autres, et que vous

15 étiez au poste de contrôle devant la maison; ce serait exact, n'est-ce pas

16 ?

17 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à l'avocat de bien vouloir

18 ralentir pour que tous les noms figurent au compte rendu.

19 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je pourrais vous en redonner lecture pour

20 le compte rendu.

21 Q. Voici le nom des personnes dont je dis qu'elles étaient présentes avec

22 vous, et je vous demande si vous seriez d'accord avec moi. Donc, devant la

23 maison de Rami Jusufi, il y avait vous-même, votre frère Meshir, Bajram

24 Jashari, Avni Hyseni, Selim Selimi, n'est-ce pas ?

25 R. Non, c'est faux. Il y avait moi, mon frère, Avni Hyseni et Rami Jusufi.

26 Il n'y avait personne d'autre. Avni vit à côté de chez moi, à 100 mètres,

27 130 mètres de chez moi. Rami Jusufi est juste en face de chez moi. Il n'y a

28 qu'une rue de 3 mètres de large qui nous sépare, qui sépare nos cours.

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1 Q. Bien. Et si je vous disais qu'un peu en contrebas, à proximité de

2 l'église, Memedi Nuri, Memedi Azbi, Memedi Farush, Memedi Qenan, et Memedi

3 Nime et son fils Sedat se trouvaient là et qu'ils vous ont informés du fait

4 qu'il y avait des gens dans la cour, ceci serait le juste reflet de la

5 réalité, n'est-ce pas ?

6 R. Cette nuit-là et jusqu'au matin, j'étais avec Avni Jusufi, Meshir et

7 Avni Hyseni. Je n'ai vu personne d'autre et je n'ai parlé à personne

8 d'autre cette nuit-là. Les personnes dont vous avez évoqué les noms, je ne

9 les ai pas vues. Et le matin, après 5 heures 30, je suis allé dans le

10 village du bas, chez mon oncle Zejnulla Memedi, puis je suis allé me

11 coucher.

12 Q. Très bien. Merci. Dites-moi s'il est exact que la rue mène de l'église

13 jusqu'à la partie inférieure du village, où il y avait également une usine

14 de fabrication de produits à base de viande ?

15 R. Oui.

16 Mme RESIDOVIC : [interprétation] J'aimerais que l'on présente au témoin une

17 pièce de l'Accusation, la pièce P428.

18 Q. Vous avez déjà vu cette photographie.

19 Monsieur, pourriez-vous utiliser le stylet et m'indiquer à l'aide d'une

20 flèche le tracé de la rue à partir de l'église et jusqu'à l'usine en

21 question. Non, en fait, contentez-vous de me montrer la rue, tout

22 simplement. Nul besoin de m'indiquer l'usine.

23 R. De toute façon, sur la photo, l'usine de viande n'apparaît pas.

24 Q. Très bien. Alors, montrez-moi simplement la rue qui part de l'église et

25 qui descend jusqu'à la partie inférieure du village, c'est-à-dire jusqu'à

26 ce carrefour-ci.

27 R. [Le témoin s'exécute]

28 Q. Si je comprends bien, vous avez indiqué l'église, la cour de l'église

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1 avec le numéro 1, et vous avez également tracé un cercle. C'est bien le

2 périmètre de l'église, n'est-ce pas ?

3 R. Oui, le périmètre de l'église.

4 Q. Je vous ai ensuite demandé de me montrer la rue qui part de l'église et

5 qui descend vers la partie inférieure du village. Je ne parlais pas de la

6 maison de Rami Jusufi, je parlais de la rue qui part de l'église.

7 R. De l'autobuska [phon], la rue mène à la partie inférieure du village.

8 Elle fait le tour de la cour, ensuite elle va jusque-là.

9 Q. Je voudrais que vous indiquiez à l'aide d'une flèche l'endroit où la

10 rue commence à descendre et où elle reprend sa course vers le haut.

11 R. Mais, en fait, on ne voit ici que 10 % de la route qui mène jusqu'à la

12 partie basse du village. On ne voit pas toute la route.

13 Q. Oui, je suis d'accord. Même s'il n'y a que 10 %, je vous demanderais

14 néanmoins de tracer une flèche qui indique que la rue descend.

15 R. Comment voulez-vous que je vous indique cela à l'aide d'une flèche si

16 je ne le vois pas ? Parce qu'à Mesanic [phon], donc la boucherie sur la

17 gauche, il y a une route qui va vers la partie basse du village, et c'est

18 la route de l'itinéraire le plus court, alors qu'en voiture vous faites le

19 tour de l'église, ensuite vous descendez la rue.

20 Q. Monsieur Kamberi, pourriez-vous, pour m'aider, tracer un cercle à

21 l'endroit où la route commence à descendre à partir de l'église et au

22 niveau de la maison de Rami Jusufi. Je vous demanderais donc de bien

23 vouloir tracer un cercle pour indiquer l'endroit où la rue commence à

24 remonter, si toutefois on le voit sur cette photo.

25 R. Cette route se poursuit parce qu'elle fait le tour du village, de tout

26 le village. Donc, il n'y a pas de fin à la route, donc elle se poursuit

27 vers la partie basse, vers Durmishi, ensuite vers le village. C'est la

28 raison pour laquelle la route ne s'arrête jamais, parce que c'est en

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1 réalité une route qui permet de faire le tour du village.

2 Q. Vous avez tracé une ligne bleue en courbe. Vous dites que cette route

3 fait le tour du village, mais cette partie-ci de la route descend vers un

4 angle, un coin que vous avez fait figurer sur votre ligne, et

5 progressivement elle remonte vers la maison de Rami Jusufi et vers votre

6 propre maison, puis elle se poursuit dans le village, n'est-ce pas ?

7 R. Oui, il est vrai que cette route est la route principale qui relie les

8 différentes habitations du village, mais c'est une route qui le contourne.

9 Sur cette route, on voit vers la partie basse du village, vers Durmishi,

10 vers le cimetière, vers tout le village.

11 Q. Merci beaucoup. Pourriez-vous placer le chiffre 1 à l'angle de la ligne

12 bleue, à l'endroit où l'on observe une courbe dans votre ligne ?

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Oui, il y a un coude, ici. Et juste après, c'est l'entrée de

15 l'église.

16 Q. Bien. Pourriez-vous y apposer le chiffre 1, s'il vous plaît ?

17 R. Le chiffre 1 ?

18 Q. Oui.

19 R. Ici, au coin ?

20 Q. Oui, très précisément, oui, juste là.

21 Et de ce point numéroté 1, cette rue commence à remonter vers chez

22 Rami Jusufi, vers chez vous et vers d'autres parties du village, n'est-ce

23 pas ?

24 R. Oui, c'est exact.

25 Q. Très bien, merci.

26 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de

27 cette photographie en tant que pièce de la Défense.

28 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Oui.

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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce 1D147, Madame le

2 Juge.

3 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

4 Q. Si je vous disais qu'au moment où les individus armés sont entrés dans

5 le village le matin, des tirs ont eu lieu à partir du poste de contrôle

6 près de l'église, des tirs visant les positions de la police à Straista,

7 vous seriez d'accord avec moi ?

8 R. Non, non, c'est faux. Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites.

9 Q. Et si je vous disais qu'au cours de cet échange de tirs, Rami Jusufi a

10 été blessé, ce serait également exact, n'est-ce pas ?

11 R. Rami Jusufi a été tué par la police et par l'armée, l'une ou l'autre,

12 et il a été tué à la porte de chez lui. Ce que vous dites est faux. Il a

13 été tué à sa porte.

14 Q. Et tous les autres, vous y compris, vous vous êtes repliés vers le

15 cimetière musulman, et de ce petit relief situé au-dessus du cimetière

16 musulman, vous avez été en mesure de constater qu'au poste de contrôle se

17 trouvaient des policiers qui contrôlaient les villageois en train de

18 partir, n'est-ce pas ?

19 R. Je n'ai pas compris votre question. Veuillez la répéter, s'il vous

20 plaît.

21 Q. Un peu plus tard au cours de la même journée, vous avez décidé de

22 quitter le village. Vous avez longé le cimetière musulman, vous êtes monté

23 sur un petit relief qui vous permettait d'observer la route qui va vers

24 Skopje, n'est-ce pas ?

25 R. Non, ce n'est pas exact. Je suis resté dans le village tout le temps.

26 Q. Nazim Kamberi, Nuri Memedi, Isali Nsim ont aussi essayé de quitter le

27 village comme vous, mais vous n'êtes pas allé au poste de contrôle. Vous

28 êtes passé par les champs et vous êtes arrivé jusqu'à la rivière, et c'est

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1 là que vous êtes resté jusqu'au crépuscule, n'est-ce pas ?

2 R. C'est exact. Quelqu'un que je ne connais pas a passé un coup de fil

3 pour dire que les habitants du village de Ljuboten devraient suivre la

4 route et descendre le long de la route parce que des bus arrivaient, des

5 cars de la Croix-Rouge ou du HCR, je ne sais pas. Mais quelqu'un a dit que

6 des cars arrivaient. Avec les autres habitants du village, je suis resté

7 dans le village. Mes enfants et les autres gens du village sont partis.

8 Q. Mais vous, Asbi Memedi, Naim Saliu et les autres n'êtes pas allés au

9 poste de contrôle. Vous vous êtes cachés ou vous avez attendu au bord de la

10 rivière, n'est-ce pas ?

11 R. Naim Saliu et Asbi Memedi, je ne les ai pas vus ce jour-là. Meshir

12 Kamberi est parti avec les habitants du village vers le poste de contrôle.

13 Q. Lorsqu'on a appris que les habitants du village rentraient au village,

14 vous êtes allé dans la partie basse de celui-ci et vous êtes resté pendant

15 un certain temps dans la maison d'Asbi Memedi, n'est-ce pas ?

16 R. Non, c'est faux. Je ne suis pas allé chez Asbi. Je suis allé chez mon

17 oncle dans la partie basse du village. Mon oncle s'appelle Selim Memedi.

18 Q. Dans votre déclaration, vous avez dit qu'au cours de la soirée vous

19 avez entendu de Muzafer Jusufi que Rami Jusufi était mort. Vous souvenez-

20 vous avoir dit cela au paragraphe 19 de votre déclaration ?

21 R. Je m'en souviens. J'ai rencontré par hasard Muzafer Jusufi dans la

22 partie basse du village. Il m'a dit que Rami avait été tué et qu'il était

23 chez lui.

24 Q. Ceci a eu lieu le soir de ce jour-là, n'est-ce pas ?

25 R. Au cours de la soirée, oui.

26 Q. Si Kenan Salievski, dans sa déclaration que je vous ai présentée, dit

27 la chose suivante : "Fatmir Kamberi m'a appelé et m'a informé du fait que

28 Rami Jusufi avait été tué."

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1 Ceci serait contraire à la teneur de votre déposition d'aujourd'hui,

2 n'est-ce pas ?

3 R. Non, c'est faux. Je n'ai pas appelé Qenan Saliu.

4 Q. Avez-vous demandé à Muzafer Jusufi quand Rami Jusufi était décédé ?

5 R. Je ne lui ai pas posé la moindre question. Il allait vers Skopje ce

6 soir-là. J'ai essayé de l'en empêcher dans la partie basse du village. Je

7 lui ai dit de ne pas partir de là, mais il ne m'a pas écouté. Il a dit : Je

8 vais aller à Skopje parce que je ne peux plus rester ici. Je ne sais pas

9 ensuite ce qui s'est passé.

10 Q. Vous avez rencontré Muzafer Jusufi alors qu'il partait pour Skopje.

11 Vous ne l'avez pas vu auparavant et vous ne saviez pas avant de le

12 rencontrer quoi que ce soit au sujet de la mort de Rami Jusufi. C'est ce

13 que vous affirmez, n'est-ce pas ?

14 R. Avant de rencontrer Muzafer Jusufi ce soir-là, je ne savais rien. C'est

15 lui qui m'a raconté ce soir-là que Rami Jusufi avait été tué chez lui.

16 Q. Lorsque vous avez vu Muzafer Jusufi, il partait pour Skopje ce jour-là

17 ?

18 R. Je ne sais pas. Il est parti en direction de Skopje et ce qui lui est

19 arrivé, je ne sais pas, car je ne l'ai pas revu par la suite.

20 Q. Très bien, merci. Lorsque vous êtes rentré au village en compagnie de

21 plusieurs amis, vous vous êtes rendu dans la maison de Rami Jusufi et avez

22 aidé son père à récupérer le corps de Rami Jusufi chez sa sœur dans le

23 quartier de Durmishi ?

24 R. C'est exact.

25 Q. Le lendemain matin, vous avez personnellement assisté à l'enterrement

26 de Rami Jusufi dans la cour de la maison de sa sœur. Cette cérémonie a été

27 menée par l'imam du village, n'est-ce pas ?

28 R. Oui.

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1 Q. Juste après l'enterrement de Rami Jusufi, son père Elmaz et sa mère

2 Zenep sont allés chez leur autre fille qui vivait à Skopje où ils sont

3 restés plus d'un mois, n'est-ce pas ?

4 R. Elmaz Jusufi n'a qu'une seule fille, elle est mariée à un villageois de

5 Ljuboten qui habite dans le quartier de Durmishi. Il n'a pas d'autres

6 filles. Il avait deux fils et une fille.

7 Q. Merci de cette précision. Cependant, je voulais savoir si vous êtes au

8 courant du fait qu'Elmaz s'est rendu à Skopje ce jour-là en compagnie de

9 son épouse et qu'ils sont restés là-bas plus d'un mois. Apparemment, je ne

10 disposais pas d'information exacte au sujet de l'endroit où ils se sont

11 rendus à Skopje.

12 R. Je ne sais pas où ils sont allés. Ils sont allés à Skopje, mais où, je

13 ne sais pas.

14 Q. Ma question est donc la suivante : ils sont partis juste après

15 l'enterrement, à savoir le 13 août, et ils ne se trouvaient pas dans le

16 village au moment où la commission de l'OSCE dont vous avez parlé dans

17 votre déclaration préalable est arrivée à Ljuboten le 14 août. Ils

18 n'étaient pas là, n'est-ce pas ?

19 R. Je ne m'en souviens pas.

20 Q. Vous vous souviendrez peut-être que dans votre déclaration vous

21 affirmez vous être rendu dans la cour de la maison de Rami Jusufi et qu'à

22 ce moment-là des membres de l'OSCE prenaient des photographies des douilles

23 retrouvées dans la cour. Vous en souvenez-vous ?

24 R. Oui.

25 Q. Il n'y avait personne dans la maison, n'est-ce pas ? En effet, le père

26 et la mère de Rami Jusufi se trouvaient déjà à Skopje à ce moment-là,

27 n'est-ce pas ?

28 R. C'est exact.

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1 Q. Merci. Lorsque vous avez vu le corps de Rami Jusufi, vous serez

2 d'accord avec l'opinion exprimée --

3 Mme RESIDOVIC : [interprétation] -- ou plutôt nous allons passer brièvement

4 à huis clos partiel, car il s'agit d'un témoin protégé.

5 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Très bien, huis clos

6 partiel.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

8 [Audience à huis clos partiel]

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1 [Audience publique]

2 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

3 Q. Monsieur Kamberi, est-il vrai qu'avant d'entrer dans la maison d'Elmaz

4 Jusufi, on passe par une pièce carrelée, un passage de quatre ou cinq

5 mètres de long ?

6 R. Oui, c'est exact.

7 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin la pièce

8 1D101 ?

9 Q. Monsieur Kamberi, vous reconnaissez sans doute la cour et l'entrée de

10 la maison d'Elmaz Jusufi, le père de Rami Jusufi ?

11 R. Oui, je reconnais cela.

12 Q. Est-ce qu'on pourrait voir le bas de la photographie, s'il vous plaît ?

13 Le chiffre 1 représente l'endroit où l'on a retrouvé les douilles. S'agit-

14 il là des douilles que vous avez observées vous-même dans la cour de la

15 maison d'Elmaz Jusufi ?

16 R. Ces douilles sont restées là plusieurs jours. Ce soir-là, je ne suis

17 pas passé par là. Il y a un autre accès dans la maison pour arriver jusqu'à

18 Rami. Et ce soir-là nous ne sommes pas passés par là car il aurait fallu

19 traverser la cour de l'église et c'était une zone tenue par les

20 Macédoniens, donc nous ne sommes pas passés par là. Les douilles sont

21 restées à cet endroit pendant deux ou trois jours. Ce soir-là, il faisait

22 sombre et l'on ne voyait pas grand-chose.

23 Q. Certes, mais plus tard, lorsque les membres de la commission de l'OECE

24 sont arrivés, vous avez bel et bien vu ces douilles à l'endroit indiqué ici

25 ?

26 R. Oui, tout à fait.

27 Q. Et dans cette partie de la cour de la maison d'Elmaz Jusufi se

28 trouvaient les douilles ? Et ces carreaux indiqués ici se trouvent à cinq

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1 mètres environ de la porte qui a été atteinte par des impacts de balles ?

2 R. Oui, c'est exact. Toutefois, on a retrouvé d'autres douilles au niveau

3 du portail.

4 L'INTERPRÈTE : Les interprètes signalent que le microphone du témoin s'est

5 éteint.

6 Les interprètes signalent qu'ils n'entendent pas Me Residovic dont le

7 microphone s'est également éteint.

8 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

9 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [aucune interprétation]

10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Maintenant, le microphone est allumé.

11 Q. J'espère que vous êtes en mesure de m'entendre, Monsieur le Témoin.

12 Vous avez déclaré plus tôt qu'après le 12 au soir, lorsque vous avez

13 rencontré Muzafer, vous ne l'avez plus revu, donc vous ne l'avez plus revu

14 après cette date; est-ce exact ?

15 R. C'est exact, je ne l'ai pas revu.

16 Q. Vous ne l'avez pas vu non plus le 14, lorsque les membres de commission

17 de l'OSCE sont arrivés au village. Il ne se trouvait pas au village à ce

18 moment-là, et vous ne l'avez pas revu à cette occasion, n'est-ce pas ?

19 R. Je ne sais pas, car à ce moment-là les gens ne savaient même pas où se

20 trouvaient leurs frères. J'étais chez mon oncle dans la partie basse du

21 village lorsque mon frère cadet est allé en ville. Pour ce qui est de mon

22 frère aîné, je ne sais pas dans quelle maison il se trouvait. J'ai pensé

23 qu'il restait chez un autre oncle ou un cousin où il se sentait plus en

24 sécurité.

25 Q. Toujours est-il que vous ne l'avez pas revu après le moment où vous

26 l'avez rencontré lorsqu'il se dirigeait vers Skopje ?

27 R. Je ne l'ai pas revu, et j'ignore s'il est arrivé à Skopje ou non. Je

28 sais qu'il est parti pour Skopje. Quant à savoir s'il y est arrivé, je ne

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1 le sais pas.

2 Q. Merci. Je n'avais pas bien compris les choses, et c'est la raison pour

3 laquelle je vous ai demandé quelques précisions.

4 Monsieur Kamberi, le Dr Zlatko Jakovski a témoigné devant cette Chambre, et

5 en réponse à une question posée par le bureau du Procureur, il a dit :

6 "Lorsque vous parlez d'une position située plus bas, est-ce que cela

7 signifie que le tireur était accroupi ou peut-être allongé au moment où le

8 projectile a été tiré ?"

9 Donc, le médecin, après avoir analysé la trajectoire du projectile dans le

10 corps de Rami Jusufi, a déclaré que le tireur se trouvait en contrebas par

11 rapport à Rami Jusufi. Et c'est la raison pour laquelle le Procureur a posé

12 cette question, de façon que le médecin puisse préciser ses dires.

13 Et en réponse à la question qui a donc été posé, le médecin a dit :

14 "Vu la différence de 4 centimètres au niveau des os, entre l'os atteint et

15 la partie gauche du corps, il y a 4 centimètres, ce qui signifie que la

16 distance de tir était très courte. Je peux dire que le projectile a pénétré

17 dans le corps à un angle à 50 ou 60 degrés par rapport à la position

18 verticale du corps, ce qui indique que le tireur qui était soit accroupi,

19 soit allongé, se trouvait très près du défunt. Et lorsque je dis très près,

20 je pense à 1 mètre ou 2 mètres, ou le défunt se trouvait à une distance

21 plus éloignée du tireur, mais se trouvait à une position surélevée et le

22 tireur était donc en contrebas."

23 Monsieur Kamberi, est-il exact de dire que Rami Jusufi n'a pas été touché

24 au seuil de sa maison, mais ailleurs, c'est-à-dire devant l'entrée de la

25 maison au niveau du portail, dans la rue ou ailleurs ?

26 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Et pour les besoins du compte rendu

27 d'audience, je signale que j'ai donné lecture d'un extrait de la déposition

28 du Dr Zlatko Jakovski, pages 2 426 et 2 427 du compte rendu d'audience,

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1 donc 2 427.

2 Q. Conviendrez-vous avec moi que Rami Jusufi n'a pas été atteint par une

3 balle alors qu'il se tenait sur le pas de sa porte ?

4 R. Je suis fermement convaincu que Rami Jusufi a été tué alors qu'il se

5 tenait sur le pas de sa porte. Je ne sais pas qui est ce Zlatko Jakovski,

6 mais à l'époque, même les médecins ont essayé de frapper et de tuer les

7 blessés et ceux qui avaient été malmenés aux postes de police. Est-ce que

8 vous pouvez me dire qui est ce fameux expert Zlatko Jakovski ?

9 Q. Monsieur Kamberi, est-il exact que les problèmes de sécurité au village

10 se sont poursuivis après les événements de 2001 et qu'à deux reprises on a

11 retrouvé des armes; une fois à Basinec, il s'agissait de cinq armes

12 automatiques et d'une arme semi-automatique. Est-ce que vous êtes au

13 courant de cela ?

14 R. Je ne sais rien à ce sujet.

15 Q. Savez-vous que le 8 octobre 2005, dans l'un des quartiers du village,

16 on a procédé à une fouille, et en face de la nouvelle mosquée, on a

17 retrouvé une trentaine de grenades à main, environ 1 300 balles et six

18 fusils automatiques. Etes-vous au courant de cela ?

19 Mme REGUE : [interprétation] Madame le Juge.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Si c'est la police qui trouve les armes à cet

21 endroit et orchestre tout ceci, ceci indique clairement que ce sont eux qui

22 ont placé les armes à cet endroit pour les besoins de l'espèce. Deux mille

23 enfants ou peut-être 3 000 enfants entraient tous les jours dans cette

24 maison abandonnée qui se trouve au centre du village. A proximité, il y a

25 un commerce. En fait, les enfants et les adultes entraient dans cette

26 maison pour y faire leurs besoins. Tout cela a été orchestré par la police,

27 et je suis convaincu que c'est la police qui a tout orchestré à Basinec,

28 dans cette maison abandonnée, tout cela pour les besoins de cette affaire,

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1 pour recueillir davantage de preuves, en quelque sorte.

2 Q. Et lorsqu'on a trouvé ces armes, les représentants de la communauté

3 internationale étaient présents.

4 Mme REGUE : [interprétation] Nous parlons de l'année 2005, c'est-à-dire

5 d'une période postérieure à celle couverte par l'acte d'accusation.

6 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent que le témoin s'exprime dans sa

7 langue maternelle, pour leur faciliter la tâche.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, si c'était dans mon intérêt, je

9 m'adresserais à cinq -- à une centaine de médias, si je devais mettre en

10 scène quelque chose dans mon intérêt. Donc, la police, les médias ont fait

11 le nécessaire pour les besoins de ce procès tenu à La Haye. Vous dites

12 quelque chose qui n'est pas vrai, et je vous l'assure.

13 Mme RESIDOVIC : [interprétation]

14 Q. Merci, Monsieur Kamberi, d'avoir répondu aux questions que je vous ai

15 posées.

16 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Merci, Maître Residovic.

17 Maître Apostolski.

18 Contre-interrogatoire par M. Apostolski :

19 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur. Je m'appelle Antonio Apostolski, je

20 suis le conseil principal de Johan Tarculovski et je vais vous poser des

21 questions au sujet des événements survenus à Ljuboten en août 2001.

22 Est-ce que je peux commencer à vous poser ces questions ?

23 R. Oui, allez-y.

24 Q. Vous dites que vous êtes né à Ljuboten et que vous y avez vécu, n'est-

25 ce pas ?

26 R. Oui.

27 Q. Vous avez effectué votre service militaire en 1998 et vous avez servi

28 dans les rangs de l'infanterie; est-ce exact ?

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1 R. Oui.

2 Q. Est-il exact que vous avez été formé au maniement des armes

3 d'infanterie dans le cadre de votre service militaire ?

4 R. Vous voulez dire à Zagreb ?

5 Q. Oui, lorsque vous avez effectué votre service militaire à Zagreb en

6 1998.

7 R. C'est exact, et c'est tout à fait normal pour n'importe quel soldat.

8 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Madame et Monsieur les Juges, au compte

9 rendu d'audience, ligne 8, je vois qu'il est fait mention de l'année 1998.

10 Or, il s'agissait de l'année 1988.

11 Q. N'est-ce pas, Monsieur le Témoin ?

12 R. Oui, 1988.

13 Q. Est-il exact que vous êtes adhérent au parti politique appelé l'Union

14 démocratique pour l'intégration, DUI ?

15 R. Je soutiens ce parti, mais je n'en suis pas membre, je n'ai pas de

16 carte de membre de ce parti. Mais effectivement, je soutiens le parti

17 appelé DUI.

18 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la déclaration

19 préalable qu'il a faite et qui porte la référence D2 -- sa déclaration a

20 été versée au dossier aujourd'hui sous la cote 426.5, ou plutôt, 426. Ce

21 qui m'intéresse, c'est le paragraphe 5 figurant à la page 3.

22 Peut-on présenter au témoin la page correspondante en albanais ? Il s'agit

23 de la page 3.

24 Q. Est-ce que vous voyez le document s'afficher à l'écran ? Avez-vous pu

25 trouver le paragraphe 5 ?

26 R. Oui.

27 Q. Pouvez-vous constater que là, vous avez déclaré : "Je suis membre de

28 DUI, Union démocratique pour l'intégration ?"

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1 R. Je soutiens ce parti, mais je n'ai pas de carte de ce parti. Je le

2 soutiens et j'apporte mon aide dans la mesure de mes moyens. Je le

3 représente, mais je ne suis pas membre du parti, je n'ai pas de carte, je

4 ne suis pas membre. Mais c'est un parti qu'effectivement je soutiens.

5 Q. Est-il exact que vous avez déclaré que vous étiez membre de ce parti,

6 c'est ce que vous avez déclaré aux enquêteurs du bureau du Procureur. Vous

7 pouvez le constater en lisant le paragraphe 5.

8 R. Je vais répéter ce que j'ai déjà dit : je soutiens ce parti, je vote

9 pour les candidats de ce parti et j'aide en fait ce parti, mais je n'ai pas

10 de carte de membre de parti.

11 Q. Bien. Vous connaissez sans doute Ali Ahmeti, qui est président du parti

12 DUI ? Est-ce que vous connaissez Ali Ahmeti ?

13 R. Voilà ma carte, elle n'a pas de tampon.

14 Q. Mais je vous ai demandé si vous connaissiez M. Ali Ahmeti.

15 R. Oui, mais je dis que c'est peut-être là l'origine du malentendu au

16 sujet de mon adhésion à ce parti. Donc, voilà, je réponds.

17 Excusez-moi. Oui, je connais Ali Ahmeti, je le connais, je le connais à

18 cause de ce qu'en disent les journalistes et aussi pour avoir participé à

19 des meetings.

20 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Je souhaiterais que soit précisé au compte

21 rendu d'audience que le témoin nous a montré une carte de membre sur

22 laquelle ne figure aucun tampon.

23 Q. Est-ce que M. Ali Ahmeti est député au parlement macédonien ?

24 R. Oui, il est député.

25 Q. Est-ce que M. Ali Ahmeti était déjà député précédemment, ceci depuis

26 2002 ?

27 R. Oui.

28 Q. Est-il exact qu'en 2001 Ali Ahmeti était à la tête de l'organisation

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1 terroriste ALN ?

2 R. Ecoutez, vous avez tort d'utiliser le terme de "terroriste". L'ALN

3 n'était pas une organisation terroriste, et Ali Ahmeti n'était pas non plus

4 un terroriste. Un terroriste mène une guerre clandestine, secrète, alors

5 que l'ALN battait au grand jour. Et dans le monde entier, tout le monde

6 connaissait cette guerre et les médias aussi étaient au courant de cette

7 guerre.

8 Q. Veuillez m'expliquer pourquoi l'ALN était en guerre et quels étaient

9 ses objectifs ?

10 R. Oui, je peux vous le dire. Actuellement, il y a 100 000 Macédoniens qui

11 sont sans papiers d'identité, des Albanais qui sont nés sur place, qui ont

12 vécu toute leur vie en Macédoine dont des familles remontent à des

13 centaines d'années, à des générations et des générations, or ces gens-là

14 sont sans papiers d'identité.

15 Deuxièmement, les dirigeants de la Macédoine ont contraint les Albanais à

16 prendre les armes et à lutter pour défendre leurs droits.

17 Q. Vous voulez dire qu'ils avaient lutté dans cette guerre pour obtenir la

18 citoyenneté pour ces 100 000 personnes ou est-ce qu'il y avait d'autres

19 objectifs qu'ils recherchaient ?

20 R. Il ne s'agit pas uniquement de la citoyenneté. Beaucoup de questions

21 sont restées sans réponses pour les Albanais en Macédoine. A ma

22 connaissance, à partir de 1981 les Albanais en Macédoine ont cessé de jouir

23 de leurs droits, je parle de mon village. J'ai 42 ans. Et il n'y a jamais

24 eu dans l'histoire de policiers albanais au village de Ljuboten. Or,

25 maintenant il y a six ou sept policiers depuis la guerre en 2001, et dans

26 tous les domaines de la vie, nous étions opprimés, c'est la raison pour

27 laquelle nous avons été contraints de prendre les armes pour défendre nos

28 droits.

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1 Q. Est-il vrai que l'ALN promet la scission de la région occidentale de la

2 Macédoine pour qu'elle soit rattachée à l'Albanie et au Kosovo ?

3 R. C'est faux. C'est ce que certains d'entre vous pensent peut-être, mais

4 ce n'est pas ce que voulaient les Albanais à l'époque ni ce qu'ils veulent

5 aujourd'hui. Ali Ahmeti, en personne, le montre sans équivoque. Il affirme

6 ici, c'est la Macédoine, ici c'est ma patrie et c'est ma patrie autant que

7 c'est la vôtre.

8 Q. Est-il exact que vous avez fait vos études primaires à l'école primaire

9 dans votre langue maternelle, c'est-à-dire en albanais ?

10 R. Oui, c'est à Arsenja Jovkov [phon] que j'ai fait mes études

11 secondaires. Il n'y avait que deux matières qui étaient enseignées en

12 albanais. Tout le reste était enseigné en macédonien.

13 Q. Est-il exact qu'à l'époque il y avait l'école Zef Ljus Marku, Nikola

14 Karev, donc un lycée qui se trouvait à Skopje où tous les cours étaient

15 dispensés en albanais ?

16 R. C'est exact. Mais combien avait-il de classes dans cet établissement ?

17 Il s'agissait d'un lycée, je parle de Zef Ljus Marku, mais on avait fixé à

18 l'avance le nombre de classes dans ce lycée, on ne pouvait pas dépasser ces

19 nombres prévus.

20 Q. Est-il exact qu'avant même 2001 il y avait à l'assemblée de Macédoine

21 des députés albanais ?

22 R. C'est exact, il y en avait.

23 Q. Est-il exact qu'au sein du gouvernement il y avait des Albanais de

24 souche ? Je parle de la période précédent l'année 2001.

25 R. Au sein du gouvernement, nous avons toujours encore des membres,

26 l'Union européenne, l'OTAN ont rendu possible les accords

27 d'Ohrid mais le gouvernement macédonien actuel n'écoute les Américains,

28 l'Union européenne, ou encore l'OTAN, encore moins les Albanais, les

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1 Albanais qui en sont membres.

2 Q. Est-il exact que le deuxième parti politique en Macédoine après la mise

3 en place d'un système multipartite c'était le parti PDP, Parti albanais qui

4 a vu le jour en 1990 ?

5 R. C'est exact.

6 Q. Vous conviendrez donc avec moi que dès la mise en place d'un système

7 multipartite, les Albanais ont pu fonder leur propre parti et participer

8 aux premières élections législatives ?

9 R. Il est vrai qu'ils ont participé aux élections.

10 Q. Est-il exact qu'au cours de ces premières élections multipartite, je ne

11 peux pas vous donner le chiffre exact, mais on comptait quelque 28 députés

12 albanais au parlement ?

13 R. Il est exact que c'était le cas, mais quel choix avaient-ils ? Aucun.

14 Q. Est-il exact qu'après les premières élections législatives on comptait

15 au sein du gouvernement de la Macédoine des ministres ou des représentants

16 albanais ?

17 R. C'est exact.

18 Q. Qui est président de la branche du DUI à Ljuboten ?

19 R. Sadri Halimi.

20 Q. Est-il exact qu'au village de Ljuboten le parti DUI compte un grand

21 nombre de partisans ?

22 R. C'est vrai. Le parti d'Ali Ahmeti remporte toujours les élections au

23 village.

24 Q. Est-il exact qu'Ejup Ahmeti est un membre éminent du parti au village

25 de Ljuboten ?

26 R. A ma connaissance, il n'est pas membre du parti DUI. Je ne sais pas si

27 cela a changé récemment, mais à ma connaissance, il n'est pas membre du

28 parti.

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1 Q. Est-il exact que les membres de l'ALN ont adhéré au parti DUI ?

2 R. Non, c'est faux.

3 Q. Est-ce que vous connaissez Xhezair Shaqiri, qui était député à

4 l'assemblée de Macédoine ?

5 R. Xhezair Shaqiri n'est pas membre du parlement. Il n'est pas député. Je

6 le connais à travers les médias.

7 Q. Est-il vrai que dans le parlement précédent il était député ? C'est à

8 ce sujet que je vous posais cette question, je parle du parlement qui a été

9 élu en 2002.

10 R. Oui, à l'époque, c'est effectivement le cas. Il était député.

11 Q. Est-il exact que Xhezair Shaqiri était également connu sous le nom de

12 commandant Hodza ?

13 R. C'est exact.

14 Q. Il était commandant au sein de l'ALN, n'est-ce pas ?

15 R. Oui, c'est vrai.

16 Q. Est-il exact que Xhezair Shaqiri a affirmé en août 2007, que la région

17 de Macédoine où se trouve Tanusevci, devrait faire scission, se séparer de

18 la Macédoine et être rattachée au Kosovo ?

19 R. Les hommes politiques sont sans doute mieux au courant de ces choses-là

20 que moi. Je ne sais pas. Xhezair doit être au courant ainsi d'ailleurs que

21 le gouvernement macédonien et les autres hommes politiques, mais je ne suis

22 pas au courant.

23 Q. Est-ce que le commandant Hodza, Xhezair Shaqiri, a fait cette

24 déclaration dans les médias à la fin du mois d'août, il y a une quinzaine

25 de jours à peine ?

26 R. Ce que je sais, c'est qu'il a déclaré publiquement que c'est à tort

27 qu'on lui avait attribué cette déclaration et qu'il n'avait jamais fait de

28 telles déclarations.

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1 Q. Merci. Le vendredi, 10 août 2001, vous étiez chez vous avec les membres

2 de votre famille, n'est-ce pas ? Je parle du matin.

3 R. Oui.

4 Q. Vous vous êtes réveillé vers 8 heures. Vous avez été réveillé par le

5 bombardement du village, ou plutôt excusez-moi, vous vous êtes réveillé à 8

6 heures du matin. Vous avez été réveillé par le bombardement ?

7 R. C'est exact.

8 Q. Ces bombardements ont duré jusqu'à 11 heures et ils provenaient des

9 positions occupées à Malistena Tumba, par les forces de sécurité de

10 Macédoine, n'est-ce pas ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-il exact qu'il y a plus de 30 projectiles qui sont tombés sur le

13 village à ce moment-là ?

14 R. Je ne peux pas vous donner de chiffre exact. Il y en a peut-être eu 40

15 ou 20, 25. Je ne peux pas vous répondre, vous dire de combien d'obus il

16 s'agit. Je sais simplement qu'il y a un certain nombre d'obus qui sont

17 tombés sur les toits de certaines maisons, mais je ne sais pas combien il y

18 en avait.

19 Q. Est-il exact que ces bombardements ont causé des dégâts ? Plusieurs

20 maisons ont été incendiées ?

21 R. La grange d'Haxhi Dalipi a été incendiée à cause des bombardements. On

22 voyait des flammes. Il y a eu d'autres maisons qui ont été endommagées,

23 mais s'agissant de la grange d'Haxhi Dalipi, elle a pris feu. On pouvait

24 voir les flammes.

25 M. APOSTOLSKI : [interprétation] J'aimerais que l'on présente au témoin la

26 pièce N005-7605.

27 J'aimerais que l'on zoome sur la photographie.

28 Q. Pouvez-vous nous dire où se trouve cette grange dont vous nous dites

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1 qui a été touchée par un obus pour que l'on puisse à ce moment-là zoomer

2 sur cette partie-là de la photographie.

3 Pouvez-vous nous indiquer dans quelle partie de la photographie cela

4 se trouve ?

5 R. Il faudrait zoomer sur la droite, sur ma droite.

6 M. APOSTOLSKI : [interprétation] J'aimerais qu'on fasse un agrandissement

7 de la partie droite de la photographie.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela se trouve à côté de l'église.

9 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait zoomer sur cette

10 partie de la photographie, sur la partie droite de cette photographie ?

11 Q. Est-ce que vous voyez l'endroit sur la photo maintenant ? Veuillez,

12 s'il vous plaît, avoir l'amabilité de tracer un cercle à cet endroit.

13 R. Mais bien sûr. J'ai écrit un point.

14 Q. Est-ce que vous pourriez l'indiquer plus clairement ? Pouvez-vous

15 écrire le chiffre 1 ?

16 R. [Le témoin s'exécute]

17 Q. Est-ce que vous pouvez également nous indiquer l'emplacement des

18 maisons qui ont été également endommagées au cours de cette matinée du

19 vendredi ?

20 R. Les maisons qui ont été endommagées.

21 Q. Veuillez, s'il vous plaît, nous les indiquer sur la photographie,

22 ensuite écrire le chiffre 2, puis le chiffre 3, et cetera.

23 R. Mais vous me parlez de quel jour ?

24 Q. Il s'agit du vendredi, 10 août 2001.

25 R. La grange d'Haxhi Murati [phon] n'a pas été incendiée vendredi. La

26 grange, l'étable en question a été incendiée le 12. Je ne sais pas si

27 c'était dû à Zolja ou à un RPG, je ne sais pas, mais je me trouvais chez

28 mon oncle. Ça se trouve à peu près à 50 mètres. Je me cachais derrière le

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1 mur et j'ai vu cela de mes yeux.

2 Q. Vous nous avez expliqué qu'il y avait plusieurs obus qui étaient tombés

3 vendredi --

4 R. Je vais vous expliquer ce qu'il en est de vendredi.

5 La maison de Nuredin Elezi a été touchée au niveau du toit. Parce que c'est

6 en face de chez moi.

7 Q. Veuillez, s'il vous plaît, indiquer cet endroit et écrire à proximité

8 le chiffre 2. Il n'est pas nécessaire de m'indiquer avec précision de

9 quelle maison il s'agit. Vous pouvez simplement nous indiquer à peu près où

10 ça se trouve.

11 R. Mais je peux vous montrer exactement où l'on peut voir le toit de la

12 maison en question.

13 Q. Veuillez, s'il vous plaît, écrire le chiffre 2 à côté de cette maison.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Veuillez nous indiquer d'autres maisons qui éventuellement auraient été

16 touchées ce vendredi matin.

17 R. C'était la maison de Veli Esati aussi, mais on ne la voit pas ici, sur

18 cette photographie. C'est sur ma gauche, sur ma gauche, sur la partie de

19 photographie qui se trouve vers la gauche et qu'on ne voit pas ici.

20 Q. Mais sur la photographie que vous avez à l'écran, est-ce que vous

21 pouvez reconnaître des maisons qui ont été touchées le vendredi matin ?

22 R. La maison de Nuredin Elezi a été touchée. La maison de Veli Esati, la

23 maison d'Ismail aussi, mais je ne me souviens plus de son nom de famille.

24 Peut-être qu'Ismaili, d'ailleurs, c'était son nom de famille. Il y a

25 plusieurs projectiles qui sont tombés.

26 Q. Mais veuillez simplement nous les indiquer.

27 R. Mais je veux vous expliquer. Il faudrait qu'on déplace l'image vers la

28 droite, parce que les maisons dont je parle, on ne peut pas actuellement

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1 les voir à l'écran.

2 Q. Merci.

3 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

4 dossier de cette photographie.

5 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] La pièce est versée au

6 dossier.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce 2D48.

8 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Merci. Je pense que l'heure est venue de

9 faire une pause.

10 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Très bien. Nous allons

11 lever la séance jusqu'à 13 heures.

12 --- L'audience est suspendue à 12 heures 31.

13 --- L'audience est reprise à 13 heures 02.

14 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur Apostolski.

15 M. APOSTOLSKI : [interprétation]

16 Q. Monsieur Kamberi, vous avez dit que vous aviez travaillé au bureau de

17 poste. Vous souvenez-vous avoir dit cela ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-il exact que n'y travaillez plus depuis que vous avez été impliqué

20 dans une affaire de détournement de fonds au bureau de poste ?

21 R. C'est faux.

22 Q. Est-il exact que vous travailliez avec Blagoja Stojanovski ?

23 R. C'est exact.

24 Q. Buvez-vous de l'alcool ?

25 R. Je n'ai jamais bu d'alcool de ma vie.

26 Q. Est-il exact que vous alliez dans des bars de la municipalité de Cair

27 avec vos collègues du bureau de poste après le travail ?

28 R. C'est vrai.

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1 Q. Est-ce qu'il est exact de dire qu'avec Blagoja, vous alliez dans un bar

2 aux alentours du gymnase Partizan et que vous y buviez de l'alcool ?

3 R. C'est vrai que j'y allais, mais je ne consommais pas d'alcool,

4 contrairement à mon ami.

5 Q. Est-il exact que vous avez parlé des événements qui sont survenus en

6 août 2001 à Ljuboten avec Blagoja au bar ?

7 R. Oui, c'est vrai.

8 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Pourrait-on présenter au témoin l'addendum

9 à sa déclaration préalable versée au dossier aujourd'hui sous la cote P426,

10 soit 2D00-355.

11 J'aimerais que l'on montre au témoin la deuxième page.

12 Q. Regardez le paragraphe 2 qui commence ainsi : "Au cours de la

13 conversation que j'ai eue avec Blagoja Stojanovski, il y a cinq ou six mois

14 au café près du centre de loisir Partizan à Cair, il m'a parlé des

15 incidents du village de Ljubanci après le meurtre de soldats macédoniens.

16 Au début de la conversation, tout le monde buvait de l'alcool et par la

17 suite, les quantités ont augmenté, ce qui a rendu Blagoja encore plus

18 bavard."

19 Est-ce que bien vrai que vous ayez fait cette déclaration au Procureur, à

20 savoir que vous avez, lui et vous, bu de l'alcool ensemble ?

21 R. C'est vrai.

22 Q. Cela veut dire que vous consommez de l'alcool, même si vous nous avez

23 dit tout à l'heure que ce n'était pas le cas ?

24 R. Non. Ce que j'ai dit c'est que je n'ai même jamais goûté d'alcool de ma

25 vie. J'étais présent. J'ai bu du café, du coca-cola mais pas d'alcool. Mes

26 amis, en revanche, oui. Mais moi, non, jamais.

27 Q. Vous avez dit aux enquêteurs qu'il y avait un lien de famille entre

28 Blagoja et Johan Tarculovski; est-ce vrai ?

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1 R. Exact. C'est lui-même qui l'a dit.

2 Q. Et vous leur avez dit que Blagoja vous avait dit que dans la cour de

3 l'école de Ljubanci, Johan Tarculovski était monté tout en haut des

4 escaliers de l'école et qu'il y avait fait un discours; est-ce exact ?

5 R. C'est exact, d'après ce qu'il a dit.

6 Q. C'est donc Blagoja Stojanovski, votre collègue, qui vous a communiqué

7 ces informations; c'est ça ?

8 R. C'est ça.

9 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Pourrait-on présenter au témoin la

10 déclaration de Blagoja Stojanovski, 2D356. Il a fait cette déclaration à la

11 Défense de Johan Tarculovski le 3 septembre 2005.

12 Cette déclaration a fait l'objet d'un projet de traduction qui a été

13 réalisé par des membres de l'équipe de la Défense de Johan Tarculovski.

14 Veuillez consulter ce document, s'il vous plaît.

15 Q. Dans sa déclaration faite le 3 septembre 2007, voilà ce qui est

16 dit : "Je ne me suis jamais appelé Cajkulov [phon], mon nom de famille a

17 toujours été Stojanovski. Je travaille en tant que guichetier au bureau de

18 poste. On me pose des questions sur Fatmir Kamberi. Je connais ce nom parce

19 qu'en 2005 ou à peu près, une personne répondant à ce nom-là a travaillé au

20 bureau de poste de Cair. Je connais son nom parce qu'il a été pris la main

21 dans le sac en train de voler au bureau de poste et c'est la raison pour

22 laquelle il a été démis de ses fonctions. Je connais très peu cet individu.

23 Nous travaillons dans le même bureau de poste, peut-être que nous nous

24 sommes retrouvés autour d'une même table mais jamais à l'extérieur, dans un

25 café, par exemple.

26 J'étais chez moi à Ljubanci, en août 2001, lorsque huit soldats de

27 l'armée macédonienne ont été tués. Parmi eux se trouvait Tomca Badarovski

28 [phon], postier et collègue. Tous les autres collègues du bureau de poste

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1 se sont rendus à l'enterrement et tous mes collègues savaient que moi-même

2 j'y suis allé; je ne m'en suis pas caché. Il y avait un groupe important de

3 personnes qui sont venues rendre hommage aux défunts du village. Je me

4 souviens que des personnes de l'armée macédonienne ont fait des discours et

5 qu'ils ont tiré en l'air pour honorer la mémoire du défunt. Je ne me

6 souviens pas que qui que soit ait fait un discours, qui que soit d'autre.

7 S'agissant de Johan Tarculovski, je le connais puisque ses parents sont

8 originaires de mon village et je l'ai connu davantage lorsqu'il a été

9 arrêté par le Tribunal de La Haye. On me demande si cette personne était au

10 village de Ljubanci du 10 au 12 août 2001. Je déclare que je ne l'ai pas

11 vu. S'il y était, je n'aurais pas été en mesure de le voir parce que la

12 foule était importante."

13 Q. Seriez-vous d'accord avec moi.

14 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur Saxon.

15 M. SAXON : [interprétation] Oui, je remarque, Madame le Juge, à plusieurs

16 reprises, il y a quelques minutes qu'au haut de cette page, le témoin est

17 mentionné. Toutefois l'Accusation pense qu'il ne s'agit pas là d'un mode de

18 contre-interrogatoire approprié, à savoir de lire sans cesse des

19 informations tirées du compte rendu d'audience sur des événements dont il

20 se peut très bien qui n'aient rien à voir avec ce témoin. Il me semble

21 qu'il aurait fallu poser une question concernant ce que dit cette personne

22 dans sa déclaration, à ce témoin-ci il y a déjà quelques minutes.

23 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Oui, Monsieur Apostolski,

24 je suis sûre que vous serez en mesure d'adapter votre contre-interrogatoire

25 compte tenu de ce qui vient d'être dit par la partie adverse.

26 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Très bien. Je m'en tiens aux questions que

27 j'ai posées parce qu'il me semble que celles-ci m'ont permis de couvrir ces

28 questions-là que j'aborde actuellement avec le témoin. Les questions sur

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1 lesquelles portent l'addendum à la déclaration préalable du témoin qui a

2 été versé au dossier.

3 Q. Monsieur, vous avez dit que vous aviez travaillé au bureau de poste.

4 Vous vous en souvenez ?

5 R. Oui, en effet, j'y travaillais.

6 Q. Est-il exact que vous avez été démis de vos fonctions au bureau de

7 poste, et ce, parce que l'on vous a accusé de détournement de fonds ?

8 R. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. J'ai eu un litige avec Tahir

9 Jakupi, le directeur dans son bureau car ils n'ont pas pris de décision.

10 J'ai des témoins. Il y en a qui peuvent témoigner que je suis allé le voir

11 dans son bureau et que nous avons eu un accro, car il n'a pas pris la

12 décision qu'il avait promis de prendre.

13 Q. Est-il exact que M. Stojanovski, lorsqu'on l'a interrogé à votre sujet,

14 a déclaré que le dénommé Fatmir Kamberi, il le connaissait parce qu'un peu

15 avant 2005, une personne répondant à ce nom travaillait au bureau de poste.

16 Je cite : "J'ai entendu parler de lui car il a été pris la main dans le sac

17 alors qu'il volait au bureau de poste. Il a détourné une somme importante

18 et c'est la raison pour laquelle il a été démis de ses fonctions. Je

19 connais très peu cette personne. Nous travaillions au même bureau de poste,

20 parfois nous nous rassemblions autour d'une même table au bureau de poste."

21 Est-ce que vous êtes d'accord avec ce qu'a déclaré M. Stojanovski ?

22 R. Non.

23 Q. Est-il exact que vous retrouviez M. Stojanovski au café In Direkta

24 [phon] qui se trouve près du centre sportif Partizan de Cair et que c'est à

25 cet endroit qu'il vous a parlé des événements survenus au village de

26 Ljubanci ?

27 R. C'est exact. Tous les jours après le travail, nous allions tous dans ce

28 café, tous les employés du bureau de poste.

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1 Q. M. Blagoja Stojanovski a déclaré, je cite : "Nous nous fréquentions

2 jamais en dehors du bureau de poste, que ce soit dans un café ou d'un bar.

3 Il a répondu cela à une réponse à une question posée au sujet de M. Fatmir

4 Kamberi."

5 Donc, est-ce que vous êtes d'accord avec M. Stojanovski lorsqu'il

6 affirme qu'il n'est jamais allé dans un café ou dans un bar en votre

7 compagnie ?

8 R. Croyez-moi lorsque je vous dis que tous les jours après les heures de

9 bureau, il se trouvait là. C'est un ivrogne; il boit beaucoup d'alcool.

10 Vous pouvez poser la question à tous ceux qui travaillent au bureau de

11 poste. Demandez-leur si Blagoja Stojanovski boit ou non.

12 Q. Mais M. Blagoja Stojanovski affirme qu'il ne vous a jamais fréquenté en

13 dehors du bureau; est-ce exact ?

14 R. Non, ce n'est pas exact. Je vous jure que c'est faux. Nous nous sommes

15 retrouvés au moins 200 fois autour d'une table.

16 Q. Est-il exact que vous avez affirmé dans votre déclaration préalable que

17 M. Johan Tarculovski a fait un discours dans la cour de l'école de Ljubanci

18 et que M. Bjagoja Stojanovski avait été témoin de ce discours qu'il vous a

19 ensuite rapporté ?

20 R. Ecoutez, tout ce que j'ai dit dans ma déclaration préalable, je le

21 maintiens. D'après ce que m'a dit Blagoja Stojanovski, je ne me trouvais

22 pas à Ljubanci, je n'ai été témoin oculaire de rien mais l'alcool aidant et

23 vu qu'il a eu des accros avec plusieurs personnes parce qu'il était ivre,

24 il a dit certaines choses au sujet de Ljuboten, de la guerre à Ljuboten et

25 de ce qui s'était passé à Ljubanci. Comment pourrais-je dire cela autrement

26 ? Je répète que ce que j'affirme, je le tiens de lui. Je n'étais pas

27 présent sur les lieux et je n'ai rien vu personnellement. Il était

28 complètement saoul.

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1 Q. Cependant, M. Blagoja Stojanovski, affirme, lui, qu'il connaît Johan

2 Tarculovski car ses parents viennent de son village. Et il affirme, je cite

3 : "Je le connais maintenant parce qu'il a été arrêté par le TPIY." Il

4 affirme un peu plus loin dans sa déclaration : "Je ne l'ai pas vu au

5 village de Ljubanci entre le 10 et 12 août 2001. Même s'il s'était trouvé

6 là, je n'aurais pas pu le voir car qu'il y avait une foule importante."

7 N'est-ce pas contraire à ce que vous avez déclaré aux enquêteurs du

8 Tribunal au sujet de ce que Blagoja Stojanovski vous avait raconté à propos

9 des événements survenus à Ljuboten entre les 10 et 12 août 2001 ?

10 R. Oui, c'est vrai, enfin d'après lui. Je répète que je n'ai pas été

11 témoin de cela, je n'étais pas présent sur les lieux et je n'ai pas vu qui

12 a prononcé un discours ni qui a participé à ce rassemblement. Mais d'après

13 les dires de Blagoja Stojanovski, voilà ce qui s'est passé. Je ne sais rien

14 de plus. Tout ce qu'il m'a raconté, je l'ai rapporté. Je n'ai rien ajouté,

15 je n'ai rien enlevé à ce qu'il m'a dit.

16 Q. Dans votre déclaration, vous dites qu'il y a un lien de parenté entre

17 lui et Johan Tarculovski; donc il y a un lien de parenté Blagoja

18 Stojanovski et Johan Tarculovski; est-ce exact ?

19 R. C'est exact. Il disait toujours que c'était son "bratucet", c'est-à-

20 dire le fils de son oncle. Je ne sais pas si c'est vrai ou pas.

21 Q. Cependant, M. Blagoja Stojanovski, dans sa déclaration préalable,

22 affirme qu'il connaît Johan Tarculovski car ses parents viennent de son

23 village. Je le connais maintenant, dit-il, comme étant l'un des détenus du

24 Tribunal de La Haye. Est-ce que vous conviendriez avec moi que M. Blagoja

25 Stojanovski affirme qu'il n'existe aucun lien de parenté entre lui et Johan

26 Tarculovski, ce qui contredit totalement ce que vous avez déclaré ?

27 R. Je ne peux pas l'obliger à être le fils de son oncle. C'est lui qui a

28 dit cela. Je ne l'ai pas inventé. Comment pourrais-je dire que Tahir Hasani

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1 est le fils de mon oncle si ce n'est pas vrai ? Ce n'est pas moi qui l'ai

2 inventé. Je ne sais pas si c'était véritablement son cousin ou s'il disait

3 cela pour se vanter. Je vous rapporte ses propos. Il a dit : "C'est mon

4 "bratucet," c'est-à-dire mon cousin.

5 Q. Je vous remercie.

6 M. APOSTOLSKI : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser à

7 ce témoin.

8 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Merci, Maître Apostolski.

9 Madame Regue.

10 Mme REGUE : [interprétation] Oui, Madame le Juge. Pourrait-on afficher la

11 pièce P5, s'il vous plaît ? Il s'agit de la même photographie que celle

12 montrée par mon collègue, mais sans les annotations.

13 Nouvel interrogatoire par Mme Regue :

14 Q. [interprétation] Monsieur Kamberi, on vous a interrogé au sujet des

15 douilles que l'on voit sur cette photographie. Vous avez commencé à

16 expliquer que l'on avait retrouvé d'autres douilles ailleurs, lorsque vous

17 vous êtes rendu dans la maison de Rami Jusufi dans l'après-midi. Où avez-

18 vous vu ces autres douilles ?

19 R. J'ai vu les autres douilles au niveau du portail en fer qui sépare la

20 cour de la rue. Chaque maison qui se trouve dans ce quartier, y compris le

21 commerce situé à côté de l'arrêt du bus, ont des verrous. Ces verrous ont

22 été détruits par des tirs de Kalachnikov. Les tirs ont été effectués à une

23 faible distance. Il y avait plein de douilles dans la rue. Je ne parle pas

24 simplement du portail de la propriété de Rami Jusufi.

25 Q. Parlons de Rami Jusufi. Est-ce que vous avez vu des douilles ailleurs

26 qu'à cet endroit ?

27 R. Au niveau du portail métallique, donc avant l'entrée de la maison et

28 plus à l'arrière, il y a une fontaine à cet endroit. A cet endroit, on a

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1 également retrouvé des douilles.

2 Mme REGUE : [interprétation] Peut-être que l'huissier pourrait aider le

3 témoin en lui remettant un stylet.

4 Q. Pourriez-vous tracer un cercle autour de l'endroit où vous avez

5 retrouvé des balles ? Indiquez ces différents endroits à l'aide de

6 chiffres.

7 R. Je ne vois pas cela sur la photo.

8 Q. Est-ce que vous pourriez tracer une flèche en direction de l'endroit où

9 se trouvait le portail, s'il vous plaît ?

10 R. [Le témoin s'exécute]

11 Je trace le chiffre 1. C'est dans cette direction.

12 Q. Est-ce que vous pourriez tracer une flèche pour indiquer la direction ?

13 R. [Le témoin s'exécute]

14 Q. Pouvez-vous inscrire le chiffre 2 ?

15 R. On ne peut pas voir l'endroit en question sur la photographie, mais à 2

16 mètres de l'endroit où se trouvent les douilles, vers l'arrière, il y a une

17 fontaine, un muret en béton, et là il y avait également des douilles.

18 Q. Veuillez écrire le chiffre 2 à côté de la flèche qui indique la

19 direction dans laquelle se trouve la fontaine.

20 R. [Le témoin s'exécute]

21 Est-ce que vous avez trouvé des douilles à d'autres endroits ?

22 R. Non.

23 Q. Avez-vous constaté la présence d'impacts de balles ?

24 R. Oui, il y en avait. Comme je l'ai dit, la serrure du portail avait été

25 détruite par des balles. Dans l'entrée de la maison, dans le hall d'entrée,

26 il y avait des impacts de balles au niveau de l'encadrement de la fenêtre.

27 La porte est une porte en bois, et là il y a également des impacts de

28 balles. En face du hall d'entrée, il y avait la cuisine et il y avait des

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1 balles qui touchaient la cuisine.

2 Q. Vous parlez d'une porte en bois. Est-ce qu'on peut la voir sur la

3 photographie ?

4 R. Oui, on peut la voir. Il y avait également des traces sur la serrure.

5 Ils essayaient d'ouvrir le portail avec les Kalachnikovs.

6 Q. On ne voit pas le portail, bien entendu, mais pourriez-vous, sur la

7 porte qui est en bois, indiquer l'endroit où il y avait des impacts de

8 balles ?

9 R. On ne peut pas voir les impacts de balles, ici. On peut voir simplement

10 la fenêtre, mais on ne peut pas vraiment voir les couloirs d'entrée à côté

11 de la serrure.

12 Q. Veuillez écrire le chiffre 3.

13 Mme REGUE : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier de

14 la photographie.

15 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Document versé au dossier.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce 429.

17 Mme REGUE : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

18 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Est-ce qu'il y a des

19 questions supplémentaires ? Excusez-moi.

20 [La Chambre de première instance se concerte]

21 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur Kamberi,

22 vous serez ravi d'apprendre que nous en sommes arrivés au terme de votre

23 déposition. Vous pouvez maintenant retourner dans votre foyer et à vos

24 activités habituelles.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Votre Excellence. Ai-je le droit de

26 poser une question à la Défense, une question très brève ?

27 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Non. Dans le cadre des

28 procès ici, cela n'est pas possible, c'est quelque chose dont vous pouvez

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1 éventuellement parler après le procès, mais cela ne peut pas se faire

2 pendant l'audience.

3 Nous vous remercions de votre contribution à ce procès et vous demandons de

4 suivre l'huissier.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi de dire quelque chose à tous

6 ceux qui sont présents dans ce prétoire.

7 Ils disent qu'au village de Ljuboten, ils insistent sur le fait qu'au

8 village de Ljuboten, il y avait des membres de l'ALN. Je voudrais

9 simplement dire une chose que je dis à l'intention de tout le monde. Il n'y

10 avait pas d'ALN ou présence de l'ALN au village de Ljuboten.

11 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Nous en sommes arrivés au

12 terme de votre déposition, merci beaucoup.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Chaque fois que l'ALN arrivait dans un

14 village, on proclamait l'existence d'une zone libérée.

15 [Le témoin se retire]

16 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur Saxon, nous avons

17 encore sept minutes. Est-ce que vous pensez que cela vaut la peine de

18 commencer l'audition d'un témoin ?

19 M. SAXON : [interprétation] Non, parce qu'au moment où je parle, notre

20 témoin suivant, M. Stein, est en train d'arriver à La Haye. Nous

21 l'entendrons demain.

22 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Bien. Dans ces conditions,

23 l'audience est suspendue. Nous reprendrons demain à 9 heures.

24 --- L'audience est levée à 13 heures 37 et reprendra le jeudi 6 septembre

25 2007, à 9 heures 00.

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