Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 30 juin 2003

2 [Audience publique]

3 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière d'audience,

6 pourriez-vous s'il vous plaît appeler la cause ?

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

8 Mesdames les Juges. C'est l'affaire IT-99-36-T, le Procureur contre

9 Radoslav Brdjanin.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

11 Bonjour, M. Brdjanin. Pouvez-vous suivre les débats dans une langue que

12 vous comprenez ?

13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les

14 Juges. Oui, je peux suivre.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

16 Qui représente l'Accusation ?

17 M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames les

18 Juges. Julian Nicholls avec Anna Richterova et Denise Gustin.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, et qui représente la Défense ?

20 M. CUNNINGHAM : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Mesdames

21 les Juges. Je suis David Cunningham, aujourd'hui assisté par Aleksandar

22 Vujic.

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Est-ce que tout va

24 bien pour Me Ackerman ?

25 M. CUNNINGHAM : [interprétation] Il n'a pas eu un bon week-end. Je l'ai

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1 aperçu et il va mieux. Il sera de retour en salle d'audience demain, mais

2 ce n'était pas un bon jour pour lui. Et il s'est effondré pendant le week-

3 end et il avait l'air beaucoup mieux aujourd'hui. Il était en bien meilleur

4 état. Donc, il sera de retour demain.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Cunningham.

6 Nous lui adressons tous nos vœux. Y a-t-il des questions préliminaires à

7 évoquer avant l'entrée du témoin ? Non. Bon. Alors, voulez-vous, s'il vous

8 plaît, préparer le témoin -- ou préparer pour le témoin. Ce témoin a donc

9 des mesures de protection, distorsions des traits du visage.

10 M. NICHOLLS : [interprétation] Et également de la voix, Monsieur le

11 Président.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, de la voix aussi. Donc, a-t-il

13 aussi un pseudonyme ?

14 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Est-ce que la salle est prête

16 pour distorsion de la voix ? Bien.

17 M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que

18 nous allions à huis clos partiel pour la partie qui concerne les tenants et

19 aboutissants du témoin.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Bon, alors maintenant, nous

21 pouvons le faire entrer sans problème. C'est cela ? Même si nous sommes

22 encore en audience publique ?

23 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui.

24 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il y a deux documents, Madame Chuqing,

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1 que ma secrétaire n'a pas réussi à retrouver. Il y en a un qui est le 52 --

2 enfin 525, je crois, et 532, quelque chose comme ça. Et je vous dirais qu'à

3 mesure que nous allons de l'avant, et j'aurais bien besoin qu'ils soient

4 photocopiés à un moment donné. Vous êtes d'accord ?

5 M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, je tiens à dire que

6 ceci sera un première tentative que nous faisons d'essayer d'utiliser le

7 nouveau système et de placer les pièces à conviction de façon à ce qu'elles

8 soient visibles à l'écran au fur et à mesure que nous les évoquons. Et

9 j'espère que ça fonctionnera bien.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Nicholls.

11 Bonjour, Témoin. Je vous souhaite la bienvenue à ce Tribunal. Vous allez

12 déposer dans cette affaire contre Radoslav Brdjanin. Et avant de commencer

13 votre déposition, notre règlement exige que vous fassiez une déclaration

14 solennelle qui est l'équivalent à un serment, et qui dit qu'au cours des

15 dépositions, vous direz la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

16 Le texte de cette déclaration solennelle va vous être présenté maintenant

17 par Mme l'Huissière. Et je vous demande de prendre ce texte en main, de le

18 lire à haute voix. Et ce sera donc votre engagement solennel devant le

19 Tribunal que vous nous direz la vérité.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

21 vérité et toute la vérité et rien que la vérité.

22 LE TÉMOIN : TÉMOIN BT104 [Assermenté]

23 [Le témoin répond par l'interprète]

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez vous

25 asseoir. Je vais essayer maintenant, de vous expliquer les aspects

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1 essentiels que vous devez connaître.

2 Premièrement, vous avez demandé, l'Accusation a demandé pour votre compte

3 des mesures de protection, certaines mesures de protections qui ont été

4 accordées par la Chambre de première instance. Ces mesures de protection

5 sont les suivantes : Premièrement vous ne serez pas mentionné par votre

6 nom, au cours de votre déposition, ce sera par un numéro que vous serez

7 désigné. C'est-à-dire que nous ferons de notre mieux pour protéger votre

8 identité, cacher votre identité. Également, de façon à la protéger encore

9 mieux nous avons accordé comme mesure de protection, à la fois distorsion

10 des traits du visage et de la voix.

11 Ce qui veut dire en d'autre terme qu'en dehors de cette salle d'audience

12 personne ne sera en mesure d'entendre votre voix à vous, mais entendrons

13 une voix qui n'est pas la vôtre et ceci donc, fera qu'il sera impossible de

14 reconnaître votre voix, et également votre visage n'apparaît pas en dehors

15 de ces quatre murs. La caméra lorsqu'elle sera virée comment le public vous

16 voit, voilà c'est cela. En d'autres termes, ils ne seront pas en mesure de

17 voir vos traits ni de voir votre visage.

18 Je pense que ceci vous convient et que ceci vous permettra de vous mettre à

19 l'aise ce qui nous permettra de commencer immédiatement avec votre

20 déposition. Je vous remercie.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Me Nicholls qui est là, pour

23 l'Accusation va vous poser des questions après quoi, ce sera Me Cunningham

24 qui représentera Radoslav Brdjanin. Je vous remercie. Allons à huis clos

25 partiel pour un moment, s'il vous plaît.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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14 [Audience publique]

15 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.

16 Q. Témoin, je vais maintenant, vous poser quelques questions concernant

17 vos souvenirs de ce qui se passait à Banja Luka, lorsque

18 -- à partir du moment, où vous y êtes arrivé, la période dont nous avons

19 parlé. Lorsque vous êtes arrivé pour la première fois à Banja Luka, et en

20 survolant l'été 1992, quel était très brièvement l'atmosphère générale.

21 Pouvez-vous nous le dire, quelle était l'atmosphère générale dans cette

22 ville ?

23 R. Pour commencer, je voudrais apporter une correction. Je suis arrivé à

24 Banja Luka en mars 1992 et c'est à partir de cette date là, que je me suis

25 trouvé là, ce qui fait qu'au cours de l'été que vous avez mentionné,

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1 j'étais déjà à Banja Luka.

2 Q. C'est exact. Mais pourriez-vous me dire, quelle était l'atmosphère à

3 Banja Luka, à partir du moment où vous êtes arrivé, s'il vous plait ?

4 R. Pour commencer, je voudrais rappeler aux membres de la Chambre. Il est

5 très difficile d'expliquer quelle était la situation à l'époque en quelques

6 phrases seulement. Mais je vais m'efforcer d'être concis et je dois dire a

7 moins que je dise un certains nombre de chose, un certain nombre de phrase.

8 On pourrait définir en un mot cette période, et ce mot est la crainte, la

9 peur. Il y avait la peur en ville, la peur régnait en ville et autour de la

10 ville à cause des événements qui se produisaient ou qui s'étaient produits,

11 et la peur s'était étendue dans toute la population, en particulier dans la

12 population qui n'était pas d'origine serbe. Bien sûr, la peur est un terme

13 général qui s'étend dans une population tant que telle. Mais, je voudrais

14 souligner et insister sur le fait que c'était plus particulièrement une

15 peur très prononcée parmi les résidants musulmans, ceux qui étaient

16 d'origine croate. Si vous voulez que, si vous voulez que j'explique, ce

17 qui était la peur à l'époque, je pense que je peux le faire.

18 Q. Je vais vous poser quelques autres questions et je pense que nous en

19 reviendrons à cela, Témoin.

20 Alors maintenant quel était le parti politique qui se trouvait au pouvoir,

21 ou qui contrôlait la situation à l'époque, de Banja Luka ?

22 R. À l'époque à Banja Luka et en d'autres lieux autour de Banja Luka, le

23 pouvoir était aux membres du parti démocratique serbe.

24 Q. Et est-ce que vous pouviez nous dire, quel était le but essentiel du

25 SDS à l'époque ? Leur campagne que visait-elle ? Qu'est-ce qu'ils

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1 essayaient de réaliser ?

2 R. Pour autant que je sache, d'après les renseignements que j'ai eus. Le

3 but essentiel de ce parti démocratique serbe, était de créer un état serbe

4 avec des morceaux de ce qui était à l'époque la Yougoslavie, la Serbie et

5 Monténégro et une partie de la Croatie, qui à l'époque était appelée la

6 Krajina.

7 Q. Alors où se trouve -- où est-ce que la population non-serbe devait en

8 quelque sorte trouver sa place dans cet état serbe ?

9 R. Les événements qui ont suivi, m'ont montré que cette population, c'est-

10 à-dire les Musulmans et les Croates, n'allaient pas restés dans cette

11 région. Ils ont quitté cette région, ils sont partis à cause de la crainte

12 dont j'ai parlé précédemment et que je n'ai pas totalement expliquée. Mais,

13 qu'est ce que je peux faire, si vous souhaitez que je le fasse, je le

14 ferais. Il s'est révélé d'après ce qui s'est passé par la suite sur le

15 terrain, que dans cet état, les Serbes devaient habités cet état et le

16 reste des autres nations ou des autres ethnies devaient à ce moment là,

17 prononcer qu'ils étaient pleinement loyaux aux autorités serbes. -- au lieu

18 de prononcer, déclarer…

19 Q. Alors à l'époque, est-ce que vous vous rappeler avoir entendu où avoir

20 vu Radoslav Brdjanin à la télévision ?

21 R. Je ne le connaissais pas personnellement M. Brdjanin, mais j'ai eu

22 l'occasion de lire les déclarations qu'il avait faites ou les discours

23 qu'il a fait dans les journaux ou à la télévision.

24 Q. Avec quelle fréquence est-ce que les discours de M. Brdjanin étaient-

25 ils diffusés à la télévision ou publiés dans les journaux ?

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1 R. Dire très souvent est une réponse très générale. Je ne saurais dire si

2 c'était tous les jours ou tous les deux jours, mais c'était très souvent.

3 Q. De quoi parlait-il lorsqu'il était diffusés à la télévision ou

4 lorsqu'on imprimait ce qu'il -- ou lorsqu'on le citait dans la presse ?

5 Quel était le message qui était le sien, à l'époque ?

6 R. Comme je l'ai dit là encore, je ne peux pas interpréter toutes ses

7 déclarations. Je peux interpréter des déclarations de façon indirecte à

8 partir de conversations que j'ai eues avec des amis musulmans et croates

9 avec lesquels j'ai gardé le contact, avec des camarades d'école ou

10 d'université. Et à partir des conversations que j'ai eues avec ces amis,

11 j'ai appris beaucoup de choses concernant les activités de M. Brdjanin,

12 notamment, en ce qui concerne ses déclarations. Mais l'un des sujets

13 principaux avait avoir avec la rationalisation de l'hébergement à Banja

14 Luka. Et ça, c'était l'un des sujets le plus fréquemment évoquer par M.

15 Brdjanin.

16 Q. Bien. Est-ce qu'en général, les déclarations de Brdjanin que vous avez

17 -- et ce que vous entendu, ce que vos amis vous ont dit qu'ils avaient

18 entendu, est-ce que tout ceci était lié à l'idée de cette état serbe, d'un

19 état serbe pur ou purement serbe dont vous avez parlé ?

20 R. Toutes les personnes, à qui j'ai et qui n'étaient pas d'origine

21 ethnique serbe, prononçaient le nom de M. Brdjanin avec beaucoup de

22 crainte. Et ils ont expliqué qu'ils quittaient Banja Luka à cause de lui.

23 Ils pensaient que c'était une personne qui avait un effet néfaste sur le

24 reste de population à Banja Luka.

25 Q. Maintenant que la cellule de Crise de la région autonome de Krajina

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1 s'est mise à fonctionner, dites-moi, quel était le rôle de cette instance

2 de Banja Luka. Expliquez-nous quelle était votre façon de voir le rôle

3 effectué par la cellule de Crise de la RAK en 1992 ?

4 R. Cette année-là, une cellule de Crise a été mise en place dans Banja

5 Luka ainsi que dans toutes les autres communes appartenant au territoire

6 régional de Banja Luka. Pour autant que je puisse savoir, dans Banja Luka

7 et à Sanski Most, les -- parmi les membres de la cellule de Crise se

8 retrouvaient les figures de proue du SDS. Et cela, pour remplir la fonction

9 du président maire -- président de commune de la police, et cetera. Leurs

10 rôles, respectivement, consistaient à faire obtenir une déclaration de

11 loyauté de toute la population, de ceux qui souhaitaient rester, demeurer

12 dans le territoire pour ne pas quitter le territoire de la commune.

13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, je peux me rendre

14 compte du fait que le témoin ait passé directement à ce qui est devait être

15 évité de façon si prématurée dans -- et ce qui semble parfaitement

16 prématuré dans sa déposition, lorsqu'il est en train de mettre dans un même

17 corbeille, sur un même tas, les cellules de Crise de toute les

18 municipalités respectives et celle de la Krajina. Or, votre question

19 concernait, si je ne m'abuse pas, la cellule de Crise régionale de la RAK.

20 Voilà pourquoi je vous propose pour ma part, je vous suggère de reposer

21 cette question au témoin pour essayer de l'orienter dans ce sens-là, où il

22 devrait, par sa réponse, se limiter à ce que vous avez évoqué tout à

23 l'heure dans votre question. A savoir, il s'agissait de la cellule de Crise

24 de la RAK, en 1992. Si par la suite, ultérieurement, vous vous proposez de

25 poser des questions sur le fonctionnement des cellules de Crises ailleurs,

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1 nous nous en occuperons. Maintenant, nous voulons entendre une réponse de

2 votre part, Monsieur le Témoin, au sujet du fonctionnement et du rôle de la

3 cellule de Crise de la RAK.

4 Allez-y, Maître.

5 M. NICHOLLS : [interprétation]

6 Q. Vous avez entendu, Monsieur le Témoin, les commentaires faits par le

7 Président, Juge Agius. Je crois que dans votre réponse tout à l'heure, vous

8 nous avez dit que les cellules de Crise régionales et les cellules -- la

9 cellule de Crise régionale et les cellules de Crises communales

10 poursuivaient les mêmes objectifs. Je voudrais que vous nous disiez quelque

11 chose au sujet du rôle de la cellule de Crise de la RAK de Banja Luka.

12 R. Bien entendu, la Banja Luka était dotée d'une cellule de Crise. Banja

13 était le centre de la région. Au sein de cette cellule de Crise, je

14 connaissais certaines personnes. Et à en juger d'après leurs interventions

15 et discours, je ne pouvais que deviner leurs intentions. Et comme je

16 n'étais pas avec eux à leurs réunions, je ne peux pas parler des décisions

17 adoptées par eux. Mais, pour ce qui est de leurs opérations et actions, je

18 peux vous en parler parce que j'ai pu entendre parler des gens. Or, ces

19 gens-là ont dit notamment que l'une des raisons, je dirais la raison

20 majeure de leur départ de Banja Luka, était justement cette situation-là.

21 L'établissement de la cellule de Crise est tel quel dans son

22 fonctionnement.

23 M. NICHOLLS : [interprétation] Pouvons-nous, Monsieur le Président, passer

24 pour un -- juste pour un bref temps, à une audience à huis clos partiel ?

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

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21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous y sommes, Madame la Greffière

22 d'audience ? Oui.

23 Maître, allez-y.

24 M. NICHOLLS : [interprétation]

25 Q. Essayons d'enchaîner un petit peu à ce que vous avez dit tout à l'heure

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1 pour passer ensuite à un autre sujet. Vous nous avez dit en quoi

2 consistaient la fonction et le rôle de la cellule de Crise de la RAK. Vous

3 en avez parlé enfin sous le jour des autres cellules de Crise des

4 municipalités. Il a fallu s'assurer de la loyauté des citoyens. Est-ce que

5 vous parlez de loyauté c'est-à-dire de cette idée qu'avait le SDS visant à

6 mettre sur pied un état serbe ?

7 R. Il s'agit de loyauté de cette nature qui garantirait que toutes les

8 personnes qui demeureraient dans le territoire devraient appartenir à ce

9 nouvel état serbe à créer.

10 Q. Merci. Vous nous parliez tout à l'heure de la peur qui régnait. Vous

11 nous avez également évoqué des circonstances de la vie quotidienne de non-

12 Serbes notamment de Banja Luka. Pouvez-vous peut-être nous en signaler

13 quelques épisodes de cette vie quotidienne, que ce soit de jour ou de nuit,

14 et qui étaient de nature à faire naître la peur auprès de ces gens là.

15 Notamment, la peur de leur propre -- et pour leur propre sécurité ?

16 R. Pour que l'on puisse comprendre cela, on doit savoir que chaque commune

17 par conséquent Banja Luka, était dotée d'une unité qu'on appelait, SOS

18 Serbe de défense, force de Défense serbe, qui opérait. Or, les opérations

19 consistaient à priver les gens de vie en leur causant la mort, des violes

20 et d'autres violations et atteintes à l'encontre de l'intégrité de non-

21 serbes. Il s'agissait également de l'atteinte portée à l'encontre de leurs

22 domaines et propriétés et cela avec fréquence. Et bien, la peur a été créée

23 également, par et à cause de l'existence de cette force de Défense serbe

24 qui d'après moi, opérait prétendument, prétendument de façon autonome.

25 Q. Vous êtes en train de parler de SOS -- force de Défense serbe ?

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1 R. Oui.

2 Q. Donc, au cours des entretiens que vous avez eus en août 199 -- 2000 --

3 2002, vous nous avez parlé de bombes qui ont été posées à Banja Luka et

4 surtout la nuit. Pouvez-vous nous dire où tout ceci a eu lieu et avec

5 quelle fréquence ?

6 R. À Banja Luka, on avait pu entendre des explosions. Il s'agissait de

7 bombes posées au niveau des maisons de privés, ou de fond de commerce de

8 privés et surtout dont les propriétaires étaient des non-serbes. Je vous le

9 dit que ceci, se passait surtout en 1992, pour ce qui est de dire avec

10 quelle fréquence, je dirais deux ou trois fois par semaine.

11 Q. Merci. Et quant aux autorités de Banja Luka. Quand elle fait ou

12 entrepris à cette époque là, pour que la population non-serbe de Banja Luka

13 soit protégée et pour enrailler de tels incidents ?

14 R. À cette époque là, à Banja Luka, il y avait d'abord au lieu de parler

15 d'instance judiciaire civile et militaire. Il y avait la police également

16 sur place. Mais, je dirais qu'un bon nombre de tel cas d'incident n'ont

17 jamais été poursuivis, enquêtés sous forme d'une procédure engagées par la

18 police criminelle ou par une instance judiciaire quelconque.

19 Q. Mais, ce type d'incident, ces explosions, ces crimes qui visaient la

20 population non-serbe. Dites-nous, est-ce que c'est bon de dire que les

21 puissants, enfin les hommes forts de SDS, auraient entrepris quoi que ce

22 soit, pour empêcher de tels incidents ?

23 R. Oui, il y a eu des cas ou des tentatives de faire quelque chose, mais

24 il y a eu énormément de cas, qui n'ont pas été élucidés, ce qui accuse le

25 fait que les autorités de Banja Luka, n'ont jamais vraiment prêté une

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1 attention appropriée à de tels incidents.

2 Q. Et une fois de plus, puis-je vous demander ces incidents que vous

3 évoquez, dites-moi, quel en fut l'effet auprès de la population, et sur la

4 population non-serbe ? Quand je dis cela, je veux dire quel fut l'effet, du

5 fait qu'on n'a pas vraiment prêté attention pour protéger la population

6 non-serbe ?

7 R. Tous ces événements et ces incidents bien entendu, n'étaient pas sans

8 avoir une incidence puissante sur ceux qui se préparaient ces jours là, de

9 quitter et qui étaient des non-serbes et qui se préparaient à quitter le

10 territoire de Banja Luka.

11 Q. Merci.

12 M. NICHOLLS : [Interprétation] Maintenant je voudrais que l'on passe rien

13 que pour poser une question à huis clos partiel ?

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame la Greffière, passons à

15 huis clos partiel.

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4 [Audience publique]

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien entendu, nous sommes maintenant en

6 audience publique.

7 M. NICHOLLS : [interprétation]

8 Q. Et maintenant pouvez-vous nous parler un petit peu de ces obligations

9 de travail qui ont été instituées à Banja Luka en 1992 ? Dites-nous d'abord

10 pour quelles raisons tout ceci a été instauré, et qu'elles étaient ces

11 personnes qui devaient s'acquitter de ces tâches, à savoir nettoyer les

12 rues et cetera ? Et s'occuper de la propreté de la ville ?

13 R. On sait très bien qu'en temps de guerre, outre les affectations

14 militaires, il y a lieu de parler d'obligations de travail, sous forme

15 d'affectations et sous le coup desquels se trouvaient des gens. Ceux qui

16 avaient une obligation de travail ne pouvaient pas remplir une obligation

17 militaire. Par conséquent de telles personnes devaient être engagées pour

18 s'occuper de telles ou telles tâches ou besognes pour le compte de l'armée

19 ou des particuliers. Mais qu'est ce qui semble symptomatique, c'est qu'il y

20 a une série de cas, il ne s'agit pas seulement de ces deux cas-là que j'ai

21 évoqués tout à l'heure, une série de cas qui permet de voir que ces

22 obligations de travail ont été surtout décrétées à l'encontre, je dirais,

23 des citoyens de nationalité non-serbe en vue de les humilier. Parce qu'on

24 leur a imposé des travaux qu'ils devaient effectuer, ces gens-là et, qui

25 étaient loin de correspondre alors à leur niveau de compétence ou à leur

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1 profil de professionnels qu'ils étaient.

2 Q. Je vous remercie. Au cours de cette période, dont nous sommes en train

3 de parler, dites-nous ce qu'il était advenu de ces gens-là, de ces hommes,

4 de ces femmes ? Avaient-ils été en mesure de maintenir leurs postes de

5 travail de Banja Luka en été 1992 ?

6 R. Il s'agissait en fait d'une période de guerre. Lors de laquelle période

7 l'économie a cessé de fonctionner, à moins de parler de certains secteurs

8 spécialisés. Or, d'une manière générale, on a vu décroître le nombre des

9 employés. Mais, d'autres parts, être membre de l'armée de Republika Srpska

10 voulait dire autre chose, de la possibilité de préserver son poste de

11 travail. En effet, et en vérité tous ceux qui ont quitté l'armée se sont

12 vus automatiquement aussitôt licenciés. Or, 99% du total des Musulmans ont

13 dû quitter les rangs, l'armée. Voilà pourquoi ils ont été licenciés, j'ai

14 dit tout d'abord parce qu'il y a une nécessité de diminuer le nombre de

15 personnes employées mais aussi à cause du fait qu'ils n'ont plus été

16 membres de l'armée de la Republika Srpska.

17 Q. Qui a été préposé à ces affections, à ces obligations de travail ? Qui

18 c'est qui a dû décider des gens, par exemple qui devaient aller nettoyer

19 les rues et cetera ?

20 R. Il y avait au sein du ministère de la Défense, au niveau communal, un

21 département chargé de Banja Luka. Donc il s'agit d'une instance communale.

22 Q. Ce que vous évoquiez tout à l'heure lorsque vous disiez avoir entendu

23 M. Brdjanin intervenir à la télévision, ce que vous l'avez entendu parler

24 de rationnement de fonds d'habitation. Qu'est-ce que cela voulait dire ?

25 R. Il a fallu tout simplement d'organiser un déplacement de la population

Page 18501

1 serbe vers des appartements plus grands et de voir partir les Musulmans

2 vers des appartements moins grands. C'est-à-dire dans ces appartements, qui

3 étaient plus âgés, restaient dans les petits appartements. Alors les jeunes

4 gens plutôt occupaient des appartements plus importants. Ce qui se traduit

5 par le fait que les appartements abandonnés par la suite se trouvent en

6 propriété des Serbes. Je dirais, qu'en règle générale -- en règle générale

7 cette catégorie de population qui était visée, a fini par quitter le

8 territoire de Banja Luka en optant pour un territoire autre que le leur.

9 Q. Merci. Et à la fin, dites-nous d'après vous quel était ce lien de

10 communication qui existait la cellule de Crise de RAK et la cellule de

11 Crise communale à cette époque-là ?

12 R. Il y avait un lien de communication, mais en mon sens un peu étrange

13 parce que pour autant que je puisse savoir, les présidents des cellules de

14 Crise municipales avaient plutôt des contacts avec la cellule de Crise de

15 Republika Srpska.

16 Par exemple, cela se faisait notamment au niveau des présidents du parti,

17 par exemple de telles ou telles municipalités envoyaient les présidents du

18 SDS plutôt entretenir de bons contacts avec Pale, c'est-à-dire Karadzic,

19 alors que pour ce qui est des présidents de municipalités, leurs liens de

20 communication étaient plutôt avec la RAK de Banja Luka.

21 Q. Nous en parlerons plus en détails par la suite lorsque nous aurons

22 abordé un autre sujet. Je voudrais, Monsieur le Président, obtenir la

23 permission de repasser une fois de plus à huis clos partiel.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame la Greffière de l'audience,

25 passons pour quelques instants en huis clos partiel.

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1 [Audience à huis clos]

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24 [Audience publique]

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, procédez juste comme

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1 vous venez de le faire. Faites preuve d'attention.

2 M. NICHOLLS : [interprétation]

3 Q. Monsieur le Témoin, racontez-nous un petit peu comment se présentait la

4 cellule de Crise de Sanski Most. Qui étaient les personnes les plus

5 importantes, les plus en vue à Sanski Most ?

6 R. Je connaissais Sanski Most fort bien.(Expurgé)

7 (Expurgé)

8 Q. Pouvons-nous nous arrêter une seconde ?

9 R. Je ne mentionnerai pas de noms.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons, Madame la Greffière, à huis

11 clos partiel.

12 [Audience à huis clos partiel]

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22 [Audience publique]

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, maintenant nous sommes en audience

24 publique.

25 M. NICHOLLS : [interprétation]

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1 Q. Puis-je vous demander qui était Nedeljko Rasula ?

2 R. Président de la municipalité. Il était le maire.

3 Q. Et savez-vous à quelle fonction se trouvait-il dans la cellule de Crise

4 de Sanski Most ?

5 R. Il remplissait la fonction de président de la cellule de Crise de

6 Sanski Most, de la municipalité de Sanski Most.

7 Q. Et qui était Vlado Vrkes ?

8 R. Il était président du parti démocratique serbe de Sanski Most.

9 Q. En 1992, à Sanski Most, d'une manière générale, comment pouvez-vous

10 décrire le rôle, ou l'influence qui était celle de ces deux personnes,

11 disons par exemple en mai 1992, au niveau de la municipalité de Sanski

12 Most ?

13 R. D'après ce que je sais, ils étaient très puissants. Leurs décisions

14 étaient systématiquement respectées et étaient appliquées.

15 M. NICHOLLS : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel ?

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons à huis clos partiel, je vous

17 prie.

18 [Audience à huis clos partiel]

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15 [Audience publique]

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons marquer une suspension

17 d'audience de 25 minutes. Merci.

18 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.

19 --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, Me Nicholls est ici, M. Brdjanin

21 est ici. Vouliez-vous que nous retournions en audience à huis clos partiel,

22 Maître Nicholls ?

23 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Alors retournons en audience à

25 huis clos partiel, Madame la Greffière.

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1 [Audience à huis clos]

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14 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mardi 1 juillet

15 2003, à 9 heures.

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