Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 6 février 2004  2   [Audience publique]

  3   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, bonjour, veuillez

  6   appeler l'affaire je vous prie.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  8   Mesdames les Juges, il s'agit de l'affaire IT-99-36-T, le Procureur contre

  9   Radoslav Brdjanin.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Madame.

 11   Monsieur Brdjanin, bonjour. Je souhaiterais vous demander si vous pouvez

 12   suivre les débats dans une langue que vous comprenez.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je peux vous suivre

 14   dans une langue que je comprends et je vous souhaite bonjour.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 16   Je demande à l'Accusation de se présenter.

 17   Mme KORNER : [interprétation] Bonjour. Je m'appelle Joanna Korner et je

 18   suis accompagnée d'Ann Sutherland et de Denise Gustin, notre assistante.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

 20   Monsieur Ackerman, je vous demanderais de présenter les membres de l'équipe

 21   de la Défense.

 22   M. ACKERMAN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Je m'appelle

 23   John Ackerman et je suis accompagné de David Cunningham et d'Aleksandar

 24   Vujic ainsi que de Cynthia Dresden.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vois que vous ne vous plaignez pas


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  1   ce matin de certaines choses qui vous dérangeaient hier. Et je vous

  2   souhaite bonjour, Monsieur Ackerman.

  3   M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, c'est cela.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. D'accord.

  5   M. ACKERMAN : [interprétation] Mais par contre, il y aurait une chose que

  6   je souhaiterais vous demander. Je vous demanderais s'il serait possible de

  7   nous arrêter aujourd'hui à 13 heures 15 ou à 13 heures 20, si cela ne vous

  8   dérange pas. J'ai certains problèmes avec une question dentaire.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que cela ne nous dérangera

 10   pas.

 11   Et je crois que le témoin n'a aucune objection également ? Le témoin avait

 12   planifié de passer le week-end ici. Cela ne le dérangera pas.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, j'ai planifié de quitter les Pays-Bas

 15   dimanche. Mais pour vous accommoder, je peux certainement rester plus

 16   longtemps.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Shoup. Je

 18   vous souhaite le bonjour, je vous souhaite la bienvenue.

 19   Mme Korner poursuivra le contre-interrogatoire. Je présume qu'il n'y a rien

 20   d'autre à l'ordre du jour. Je crois que vous pouvez poursuivre Madame

 21   Korner.

 22   Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, je devrais vous dire

 23   qu'il y a un léger problème avec l'unité technique, avec le service, pour

 24   ce qui est de la présentation de la vidéo. Je demanderais à ce que l'on

 25   présente la vidéo.


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  1   Il s'agit d'une vidéo qui ne durera que de 15 minutes.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère que cela n'est pas quatre

  3   heures.

  4   Mme KORNER : [interprétation] Non. Il ne s'agit que d'un extrait de 15

  5   minutes.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cela fonctionne.

  7   Mme KORNER : [interprétation] Pardon.

  8   M. ACKERMAN : [interprétation] Je souhaiterais vous dire quelque chose,

  9   Monsieur le Président. C'est encore une fois cette histoire de l'égalité

 10   des armes, et du fait que tout le monde doit être logé à la même enseigne.

 11   On nous a donné, il y a quelques instants, des éléments que l'Accusation

 12   veut utiliser. Nous avons reçu cette liste, il y a quelques instants. Vous

 13   vous souviendrez que Madame Korner souhaitait recevoir une liste mercredi

 14   dernier, pour les témoins qui seraient cités, pour ce qui est de mercredi

 15   prochain. Je ne peux pas rapporter des centaines de pages de documents,

 16   cela représente vraiment un problème.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je n'ai pas la liste d'experts.

 18   Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, c'est tout à fait

 19   juste. Nous avons omis de faire cela hier, en fait, il s'agit d'un oubli.

 20   Mais hier après-midi, nous avions l'intention de remettre la liste à M.

 21   Ackerman ainsi qu'à la Chambre. Cette liste provisoire, je devrais dire,

 22   puisque de toute façon, le professeur Shoup a dit plusieurs choses hier et

 23   il a cité des extraits de son rapport qui nécessitent une certaine

 24   investigation de notre part. C'est la raison pour laquelle, nous allons

 25   devoir prolonger le contre-interrogatoire à lundi.


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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien cela ne représente  aucun

  2   problème. Nous sommes prêts à rester, enfin nous sommes prêts à l'entendre

  3   lundi également.

  4   Mme KORNER : [interprétation] Monsieur le Président, je suis vraiment

  5   désolée pour cela, mais nous n'allons pas le faire aujourd'hui. Nous

  6   n'avons pas assez d'exemplaires, nous n'avons pas pu distribuer tous ces

  7   exemplaires.

  8   De plus, il s'agit d'une pièce qui n'est pas disponible. Nous  allons le

  9   mettre sur le rétroprojecteur. Si les pièces ne sont pas disponibles, nous

 10   allons placer les copies que nous avons sur le rétroprojecteur.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Madame Korner.

 12   Mme KORNER : [interprétation] Très bien. Me Ackerman a absolument raison et

 13   je crois que c'était une longue journée. C'est la raison pour laquelle nous

 14   avons oublié de lui remettre cette liste ainsi qu'à vous-même.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. S'il y a quelques problèmes

 16   que ce soit, Maître Ackerman, je vous demanderais de me le faire savoir.

 17   Vous savez que nous avons toujours essayé de trouver la meilleure solution

 18   possible. Bien, nous pouvons poursuivre avec l'audition du témoin.

 19   Professeur Shoup.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je voudrais vous dire quelque chose et

 22   je parle d'expérience. Bien sûr, il n'est pas nécessaire de vous emporter,

 23   vous savez, vous pouvez simplement donner des réponses courtes.

 24   Je veux simplement m'assurer que le professeur Shoup a bien compris notre

 25   consigne. Vous savez, nous sommes toujours préoccupés par chaque personne


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  1   qui se trouve dans ce prétoire y compris les témoins et surtout nous sommes

  2   surtout préoccupés par comment les témoins se sentent.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous ne faisons pas un procès aux

  5   Bosniens ni aux Croates. Nous faisons un procès pour ce qui est de

  6   certaines personnes qui sont ici devant nous. Pour ce qui est de l'histoire

  7   et du contexte historique, je comprends que le contexte historique joue un

  8   rôle important. Je voulais m'assurer que vous connaissiez l'acte

  9   d'accusation et que vous êtes bien conscient de l'acte d'accusation.

 10   Puisque notre allégation principale, faite par l'Accusation, c'est qu'il y

 11   a eu entreprise commune, jointe, puisqu'il est allégué que l'accusé était

 12   impliqué dans cette entreprise criminelle commune. Bien sûr que l'histoire

 13   est très importante.

 14   Mais n'oubliez pas que c'est une personne ici qui subit son procès devant

 15   nous, et non pas un peuple au complet ou un autre. Cette personne subit son

 16   procès pour certains crimes qui lui sont reprochés, des crimes bien précis.

 17   Je vous demanderais de bien lire l'acte d'accusation. Je crois que vous

 18   pouvez vous procurer l'acte d'accusation, nous allons vous le remettre. Je

 19   crois qu'il est certainement important que vous en preniez conscience parce

 20   que j'avais l'impression qu'hier on avait un peu perdu le fil des années,

 21   et que le témoin s'était un peu lancé dans des explications qui n'étaient

 22   peut-être pas nécessaires. Nous sommes tous des juristes d'expérience et

 23   des Juges d'expérience. Il est important de réagir immédiatement lorsqu'un

 24   témoin s'éloigne du sujet. C'est la raison pour laquelle je dis cela

 25   aujourd'hui.


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  1   Ceci étant dit, Professeur Shoup, je voulais savoir si vous avez eu la

  2   possibilité de lire l'acte d'accusation, d'en prendre connaissance ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Aimeriez-vous prendre connaissance de

  5   l'acte d'accusation.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi d'expliquer.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] J'avais l'impression qu'un témoin expert dans

  9   ce contexte-ci devait fournir un contexte historique et parler de

 10   l'histoire. Lorsque je me suis préparé pour ce procès, c'était soit de lire

 11   l'acte d'accusation rédigé, élaboré contre M. Brdjanin ou j'avais une autre

 12   possibilité, c'est-à-dire, de me pencher sur l'histoire. J'ai plutôt décidé

 13   de faire cela car c'est ce que je croyais que je devais faire.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais vous êtes en train de

 15   témoigner dans un procès. On vous posera des questions qui ont trait aux

 16   événements qui sont au cœur même de ce procès.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Bien sûr. Mais j'ai vu des témoins

 18   experts témoigner dans l'affaire Tadic, par exemple. J'ai pu entendre le

 19   professeur Gow, pour vous citer un exemple, qui a témoigné de la même façon

 20   que moi. En réalité, c'est la raison pour laquelle je pensais que lorsque

 21   je témoigne en tant que témoin expert, c'est de le faire de cette façon-là.

 22   En fait, je me suis lancé sur un examen détaillé de Bosanska Krajina. Si

 23   vous lisez mon rapport, vous verrez que j'ai vraiment essayé de chercher,

 24   dans la littérature qui existe, tout ce qui a trait à cette partie-là, mais

 25   vous trouverez que j'ai trouvé peu de choses. J'avais l'impression que si


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  1   je lisais l'acte d'accusation, j'avais l'impression que je ne fournirais

  2   pas un témoignage sur la Bosnie tel que j'avais l'impression qu'il serait

  3   important.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous entends, Monsieur Ackerman. Je

  5   vous écoute.

  6   M. ACKERMAN : [interprétation] En fait, M. Shoup n'a pas lu l'acte

  7   d'accusation car c'était ma décision. J'ai toujours cru qu'un témoin expert

  8   n'est pas censé de donner à la Chambre ses opinions concernant des

  9   allégations qui se trouvent dans l'acte d'accusation. C'est le travail de

 10   la Chambre, et c'est donc la raison pour laquelle je l'ai, de façon

 11   délibérée, tenu à l'écart de l'acte d'accusation. Je n'ai pas demandé de le

 12   lire. S'il est nécessaire qu'un témoin expert, avant de témoigner, doit

 13   lire d'abord l'acte d'accusation et ensuite connaître M. Brdjanin, je crois

 14   qu'à ce moment-là nous pouvons éliminer tous les témoignages que nous avons

 15   entendus jusqu'à présent.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, Maître Ackerman. Ce n'est pas ce

 17   que je voulais dire, je crois que vous m'avez mal compris. Ce que je

 18   voulais dire c'est que, dans le cadre de la tragédie de la Yougoslavie et

 19   je voudrais parler du microcosme dans lequel votre client a été impliqué.

 20   Ce que je veux dire par là, c'est que certains événements ont été reprochés

 21   à votre client, on lui reproche l'entreprise criminelle commune. Il est

 22   accusé d'avoir commis certains crimes. Cela fait partie de l'histoire, de

 23   cette histoire-ci. Je me suis posé la question suivante lorsque j'ai lu le

 24   rapport de votre client, ou plutôt de votre témoin expert et, après avoir

 25   pris connaissance du livre, j'ai trouvé peu d'éléments relatifs aux


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  1   événements qui se sont déroulés entre le mois d'avril et décembre 1992.

  2   Cela m'a quelque peu troublé, puisque je m'attendais à trouver cela dans

  3   les écritures, à un certain moment donné.

  4   Je ne dis pas que votre témoin expert doit prendre, nécessairement,

  5   connaissance du contenu de l'acte d'accusation et de nous donner son

  6   opinion d'expert sur ces événements qui ont trait à votre client. Ce n'est

  7   ce que j'essaie de dire, cela ouvrirait une possibilité, cela l'aiderait.

  8   Mme KORNER : [interprétation] Si, cela aide. En fait, je ne m'attendais

  9   pas, surtout pas aujourd'hui, je ne m'attendais pas d'entrer dans les

 10   détails, dans tous les détails des événements, peut-être à l'exception de

 11   un ou deux détails qui ont trait à certaines affirmations faites par le

 12   professeur. Donc, de ce point de vue-là, je crois qu'il ne soit pas

 13   nécessaire qu'il prenne connaissance de l'acte d'accusation. Il peut le

 14   faire s'il le désire. Il peut lire l'acte d'accusation au cours du week-

 15   end, s'il le souhaite. Bien sûr, c'est à lui de le faire.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 17   Vous pourriez lui remettre un exemplaire du dernier acte d'accusation

 18   révisé et nous pourrions demander au témoin expert de le lire pendant le

 19   week-end, indépendamment du fait si on lui pose des questions directes sur

 20   certains événements. Il y a des événements historiques qui ne figurent pas

 21   dans ce rapport, dans son livre non plus, mais qui sont très pertinents,

 22   pour ce qui est des événements qui se sont déroulés sur le territoire.

 23   Mme KORNER : [interprétation] Justement, je vais poser quelques questions

 24   là-dessus.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je m'attends à cela. Je peux


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  1   imaginer que vous aviez l'intention de le faire. Vous pouvez poursuivre.

  2   Mme KORNER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,

  3   j'allais expliquer la même chose au Professeur Shoup, mais vous m'avez

  4   devancé. Bien, je poursuis.

  5   TÉMOIN : PAUL SHOUP [Reprise]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   Contre-interrogatoire par Mme Korner : [Suite]

  8   Q. [interprétation] Professeur, je souhaiterais que l'on revienne à la

  9   vidéo que nous avons visionnée mercredi après-midi. Vous-même avez fait

 10   quelques erreurs, vous avez dit quelques choses erronées, pendant le

 11   visionnement de cette vidéo, n'est ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  N'est il pas exact de dire que ce film n'est qu'une propagande

 14   dissimulée qui se veut présenter l'objectivité ?

 15   R.  Oui, c'est toute une pièce de propagande, effectivement, dans le sens

 16   où de vraies personnes disent de vraies choses pour ce qui est du conflit

 17   de la Yougoslavie.

 18   Q.  Nous allons y revenir.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Il y a une partie de ce film qui n'a pas été montrée à la Chambre, mais

 21   que vous avez vu puisque vous nous avez dit que vous aviez la vidéo en

 22   votre possession.

 23   R.  Oui, bien sûr. J'aurais besoin qu'on rafraîchisse ma mémoire pour ce

 24   qui est de cette partie-là.

 25   Q.  Je peux vous montrer un petit extrait, un extrait assez court de cette


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  1   pièce, de cette partie qui n'a pas été montrée à la Chambre. Cela parle du

  2   point de vue du directeur de ce film, son point de vue sur Srebrenica.

  3   [Diffusion de cassette vidéo]

  4   Mme KORNER : [interprétation] Je vous prie de vous arrêter ici.

  5   Q.  Dites-moi, Monsieur, de qui s'agit-il, ici ? Me Ackerman vous a demandé

  6   la dernière fois de nous dire de qui il s'agit. Il s'agit d'une personne

  7   dénommée Jatras, n'est-ce pas ?

  8   R.  Je ne le sais pas. Si vous êtes tous d'accord pour dire que c'est cette

  9   personne-là, je serai d'accord avec vous, également.

 10   Q.  Bien. Je vous demanderai de demander à votre épouse de vérifier s'il

 11   s'agissait bien de M. Jatras, vous avez la vidéo à la maison. Poursuivons.

 12   [Diffusion de cassette vidéo]

 13   Mme KORNER : [interprétation] Je vous prierais d'arrêter le visionnement de

 14   la vidéo à ce moment-ci.

 15   Q.  Monsieur, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que cet extrait dit

 16   que d'abord, l'attaque menée sur Srebrenica avait été faite par Naser Oric

 17   et que c'est la responsabilité de Naser Oric et de ses hommes ?

 18   R.  Non, je ne suis pas d'accord avec cela.

 19   Q.  Vous n'êtes pas d'accord avec cela, je vois. Etes-vous d'accord pour

 20   dire que le film, ou l'extrait vidéo évoque qu'il n'y a eu plus de 200

 21   personnes de tuées.

 22   R.  Je crois qu'on a essayé de minimiser le nombre de personnes qui ont été

 23   tuées pendant le massacre.

 24   Q.  Vous savez, bien sûr, qu'il y a un procès qui a eu lieu concernant ce

 25   massacre et il y a un deuxième procès qui a lieu en ce moment.


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  1   R.  Je sais que Srebrenica a fait l'objet d'un procès, mais vous avez parlé

  2   du procès de Srebrenica.

  3   Q.  Je parle du procès du Général Krstic.

  4   R.  Je sais qu'il y a eu un procès qui avait trait à Srebrenica.

  5   Q.  Dites-moi si sur l'Internet vous avez lu des jugements qui avaient été

  6   rendus pour ce qui est de ces affaires qui ont été jugées devant ce

  7   Tribunal.

  8   R.  Non.

  9   Q.  Pourquoi pas ?

 10   R.  Je venais de terminer d'écrire un article sur l'origine et l'éclatement

 11   de la Yougoslavie. Cela m'a pris six mois, c'était une tâche bien

 12   difficile. J'ai d'autres priorités également. Ce n'était pas une chose

 13   importante. Je déteste parler de chiffres et je crois que l'idée de réduire

 14   des chiffres et de réduire les crimes de cette façon-là était quelque chose

 15   qui m'est tout à fait inacceptable. Les faits historiques de la guerre sont

 16   des faits qui me sont très importants, mais j'ai mes priorités.

 17   Q.  Je comprends très bien mais vous n'avez pas compris la raison pour

 18   laquelle je vous ai posé cette question. Les chiffres ne m'intéressent pas.

 19   Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si vous avez lu les jugements car les

 20   jugements reprennent les éléments de preuve qui ont été présentés devant la

 21   Chambre par les témoins qui ont survécu à ces événements et qui ont vécu,

 22   pendant cette période, à ces endroits-là. Je crois qu'il s'agit de

 23   conclusions historiques à ce moment-là. Ne croyez-vous pas qu'il est

 24   important de consulter ce genre de documents surtout si vous écrivez un

 25   article sur les origines de la guerre ?


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  1   R.  J'ai suivi ce que les témoins avaient dit à la presse, dans les médias

  2   et j'avais l'impression d'avoir été raisonnablement bien informé sur ce que

  3   ces personnes avaient dit. Si j'avais eu l'impression qu'il m'était

  4   important de lire les jugements, je l'aurais fait. J'ai tout à fait

  5   connaissance de ce que les témoins ont dit concernant Srebrenica.

  6   Q.  Je crois que vous m'avez mal compris. Je voulais, simplement, vous dire

  7   que depuis l'affaire Tadic, il y a eu un bon nombre de jugements de rendus

  8   pour ce qui est des affaires qui ont parlé de différentes zones de conflit

  9   en Bosnie pendant la guerre. Etes-vous d'accord avec moi ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Dans ces jugements d'appel et dans ces arrêts qui ont été rendus, la

 12   Chambre est venue à un certain nombre de conclusions. Non seulement sur la

 13   base de témoins qui ont témoigné mais sur la base de certains documents qui

 14   ont été présentés. N'avez-vous pas cru qu'il était important de lire ces

 15   documents, de lire tout ce qui a été dit ?

 16   R.  Oui, c'est important si vous faites des recherches sur une affaire en

 17   particulier, sinon vous êtes informé en tant qu'individu. Vous citez un

 18   exemple, je suis sûr que vous êtes au courant des bulletins que publie

 19   l'institut qui suit les guerres, l'institut pour les Reportages sur la

 20   guerre.

 21   Q.  Excusez-moi.

 22   R.  L'institut pour les Reportages sur la guerre et la paix.

 23   Q.  Monsieur le Professeur Shoup, je pense qu'il faudrait mieux que

 24   j'explique quelque chose.

 25   R.  Et bien --


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  1   Q.  Une pause, s'il vous plaît --

  2   M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense qu'il faudrait donner la

  3   possibilité au témoin de répondre. Il était en train de répondre.

  4   Mme KORNER : [interprétation] Excusez-moi. Ceci n'est pas correct. La

  5   raison pour laquelle je l'ai arrêté, c'est une raison que je peux

  6   expliquer.

  7   Q.  Monsieur Shoup, ceci pourrait peut-être vous gêner un petit peu, vous

  8   agacer, mais vous ne pouvez pas me poser de questions.

  9   R.  Oui, je vous présente mes excuses. Excusez-moi.

 10   Q.  Pourriez-vous me répondre ?

 11   R.  Oui. La réponse, c'est que, dans ce volume très important de documents

 12   au sujet des Balkans y compris des documents historiques, il faut bien

 13   choisir. Certainement, je ne m'apprête pas à vous présenter mes excuses.

 14   J'ai choisi de suivre les bulletins qui sont publiés par le IWPR et j'avais

 15   intérêt à cela. Je choisis les choses qui me semblent intéressantes et

 16   importantes pour ma propre recherche, pour mon propre travail. Il serait

 17   impossible, pour moi, de passer 24 heures sur 24 en essayant de retrouver

 18   sur Internet les dépositions, et voir encore plus difficile, de retrouver

 19   les documents de fond qui ne sont pas accessibles par voie informatique.

 20   Q.  Excusez-moi. Je voudrais essayer de vous poser la question pour une

 21   dernière fois, Monsieur le Professeur. Je ne parle pas de dépositions de

 22   témoins telles qu'elles se sont déroulées, je vous parle de jugements par

 23   écrit qui sont accessibles sur Internet.

 24   M. ACKERMAN : [interprétation] Le témoin vient de dire par trois fois qu'il

 25   ne les a pas lus.


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  1   Mme KORNER : [interprétation] Je sais qu'il ne les a pas lus, j'essaie

  2   toujours d'obtenir une réponse à ma question.

  3   Q.  Pourquoi est-ce que cela n'est pas important pour votre recherche ?

  4   R.  Parce que ma recherche se polarise sur des problèmes en particulier. Si

  5   je devais rédiger un article sur Srebrenica, j'aurais certainement lu

  6   l'ensemble des documents. J'aurais pu me les procurer par Internet.

  7   Q.  Est-ce que vous avez essayé de fournir une version revue du livre ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Jamais ?

 10   R.  Jamais me semble-t-il.

 11   Q.  Vous ne vous intéressez pas au contexte plus vaste, aux implications

 12   plus larges en tant que chercheur dans le domaine des sciences politiques.

 13   Vous ne vous intéressez pas à ce qui a donné naissance à la guerre, qui a

 14   entraîné la guerre ?

 15   R.  Je ne sais pas comment on aurait pu arriver à cette conclusion sur la

 16   base de ce que je viens de dire.

 17   Q.  Très bien.

 18   R.  Bien entendu, j'ai intérêt à faire cela. Ceci m'intéresse et je peux

 19   vous le prouver. Ma position a, toujours, été qu'il est temps pour que des

 20   chercheurs plus jeunes remplissent ce qui manque, les lacunes. Je peux vous

 21   fournir des éléments à l'appui des efforts que j'ai faits afin d'encourager

 22   de jeunes chercheurs pour corriger les erreurs et vous vous en rendrez

 23   compte. J'ai fourni mon adresse électronique, c'est en quatrième de

 24   couverture de mon livre, malheureusement peu de gens ont suivi mon conseil.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Korner, je pense que le témoin


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  1   nous a déjà dit qu'il a passé six mois à rédiger son article sur l'origine

  2   de la guerre. Il faut être correct à l'égard du témoin.

  3   Mme KORNER : [interprétation] Très bien.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord.

  5   Mme KORNER : [interprétation]

  6   Q.  Il me semble que nous nous éloignons du film parce que je voudrais en

  7   terminer avec l'histoire du film. Vous avez reçu des subventions en l'an 2

  8   000 pour un projet intitulé "La Bosnie-Herzégovine après Dayton" ?

  9   R.  Pourriez-vous me dire qui m'aurait fourni ces subventions ?

 10   Q.  C'est une fondation nationale pour des Sciences humaines. Est-ce que --

 11   R.  Non, non, ceci n'est pas exact.

 12   Q.  Très bien. Est-ce que vous avez reçu des financements pour un projet

 13   intitulé "La Bosnie-Herzégovine après Dayton" ?

 14   R.  Je vous prie d'avoir un peu de patience. J'ai reçu des financements au

 15   cours des années 1990. Je serais ravi de vous répondre à la question, mais

 16   il faudrait éviter de me confondre, parce que j'ai fait plusieurs choses

 17   différentes et je ne voudrais pas m'aventurer au-delà de ce que je viens de

 18   dire. Excusez-moi, il faudrait que je vérifie.

 19   Q.  Est-ce que vous rédigez un livre ou plutôt un article important

 20   intitulé "La Bosnie-Herzégovine après Dayton" ?

 21   R.  J'ai rédigé cela comme vous avez vu. J'ai rédigé des articles qui

 22   concernent la Bosnie et qui concernent la Bosnie après Dayton. Mais je ne

 23   suis pas en train de rédiger un livre, du tout, en la matière.

 24   Q.  Très bien.

 25   R.  Non.


Page 24443

  1   Q.  Alors revenons au film. Où est-ce que vous vous êtes procuré un

  2   exemplaire de cette vidéo ?

  3   R.  Mon exemplaire ?

  4   Q.  Votre exemplaire.

  5   R.  Je ne peux pas vous en dire davantage.

  6   Q.  Est-ce que c'est l'église orthodoxe serbe aux Etats-Unis et au Canada

  7   qui cherchait à diffuser, à faire connaître ce film ?

  8   R.  Non. Je ne suis pas au courant de cela. Je n'ai aucun lien avec eux.

  9   Q.  Très bien. Mais c'est vers l'an 2 002 qu'elle a été diffusée ?

 10   R.  Je ne sais pas.

 11   Q.  Vous vous rappelez à quel moment vous avez eu votre copie ?

 12   R.  Non, bien sûr que non.

 13   Q.  Alors je voudrais que vous revoyez cela. Ce film a reçu une très bonne

 14   critique de M. Holden qui travaille pour le New York Times. Je voudrais que

 15   vous voyiez une autre critique qui a été publiée.

 16   Mme KORNER : [interprétation] Je voudrais que ceci soit communiqué aux

 17   parties à savoir le document et la critique du film intitulé : "La

 18   Yougoslavie, une guerre oubliée."

 19   Q.  Je vais parcourir cela. Avez-vous, déjà, eu l'occasion de le voir ?

 20   R.  Non, je n'ai pas vu cette critique auparavant.

 21   Q.  M. Tanzer est également un journaliste qui écrit des critiques pour le

 22   New York Times. Vous le connaissez ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  L'intitulé est une critique cinématographique "Guerre oubliée, la

 25   Yougoslavie." Et il est dit ici : "Ils ne peuvent pas accepter la vérité.


Page 24444

  1   L'horrible film de propagande fait par des Serbes et des Américains

  2   intitulé, 'La Yougoslavie, une guerre qui aurait pu être évitée', invite à

  3   croire que le génocide, commis par les Serbes dans les années 1990, n'a été

  4   qu'un malentendu provoqué par des mauvaises relations publiques. Et, fort

  5   de ses principales conclusions, sont des entretiens avec toute une série de

  6   racistes."

  7   Alors, laissant de côté le fait que cela contient également des entretiens

  8   avec Lord Carrington et Lord Owen, comme nous l'avons vu, je voudrais

  9   m'intéresser à d'autres personnes qui apparaissent dans ce film. L'auteur

 10   du film, vous le voyez ?

 11   R.  Excusez-moi.

 12   Q.  Page 1, à côté du film. Oui, nous avons ici un arrêt sur l'image de la

 13   vidéo.

 14   R.  Oui, tout à fait.

 15   Q.  ?Le film a été fait par George Bogdanich, identifié sur la page web du

 16   film comme un auteur indépendant --? 

 17   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent que l'on ralentisse.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Korner.

 19   Mme KORNER : [interprétation]

 20   Q.  ?Mais qui plus est, une recherche faite sur Internet montre que

 21   Bogdanich a passé des années comme un activiste serbo-américain avec des

 22   groupes identifiés comme Serbe net et le Centre des médias serbo-américain,

 23   Serbian American Media Centre. Bogdanich a réuni de l'argent pour le film

 24   grâce au financement de la communauté serbo-américaine. Il n'y a rien de

 25   mal, lorsqu'on a une activité pro-serbe. Mais, alors, on ne diffuse pas un


Page 24445

  1   film de trois heures de propagande en prétendant que l'objectif est

  2   actuel.?

  3   Ne seriez-vous  pas d'accord avec moi pour dire qu'il faudrait communiquer

  4   aussi le contexte et dire comment le film a été financé ?

  5   R.  Je suis d'accord avec vous. Je pense qu'il serait plus important de

  6   respecter les faits, indépendamment du fait si vous révélez vos origines ou

  7   non.

  8   Q.  ?Le film est construit autour des entretiens avec une douzaine de

  9   personnes. Certaines personnes sont des hommes respectables, tel que le

 10   diplomate britannique Lord Carrington. Mais ceci ne constitue qu'une petite

 11   portion de l'ensemble. Quelques-uns semblent être dans une très franche

 12   opposition à l'OTAN, des hommes de la gauche.?

 13   Et puis, plus loin dans l'article, l'auteur présente ses propres positions

 14   au sujet de ces gens. Il dit : "Personne ne donne un point de vue

 15   contraire. Ce que nous recevons ici, c'est en substance, les positions du

 16   congrès de l'unité serbe. Et, mentionnant quelques-unes des sources du

 17   film, Nora Beloff, qui apparaît 24 fois et une 'dedication' à la fin, avec

 18   un protecteur saint." Cela décrit sa connexion avec les Serbes.

 19   "Alors, David Binder aussi, l'ex-correspondant en Yougoslavie pour le New

 20   York Times, qui dit qu'il a toujours été très proche avec les Serbes et,

 21   comme plusieurs autres, il a été cité dans le film. Et il y a un

 22   représentant du congrès de l'unité serbe. Il a présenté sa vie dans une

 23   lettre où il se réfère au général Ratko Mladic, en disant que c'est un

 24   professionnel excellent."

 25   "Et puis, M. Jatras, qui, apparemment, est lui-même un extrémiste orthodoxe


Page 24446

  1   --"

  2   L'INTERPRÈTE : L'interprète dit que Me Korner continue à lire l'article.

  3   Mme KORNER : [interprétation]

  4   Q.  Alors vous êtes au courant de cela, de cette publication ?

  5   R.  Laquelle ?

  6   Q.  "Chronicles."

  7   R.  "Chronicles" serbe ?

  8   Q.  ?Chronicles."

  9   R.  Non, je n'ai pas entendu parler de cela.

 10   Q.  Vous connaissez quelqu'un qui se présente comme un historien et un

 11   scientifique dans le domaine des sciences politiques, Dr Srdja Trifkovic ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Vous n'avez jamais entendu parler de cet homme ?

 14   R.  Jamais.

 15   Q.  Donc, vous n'avez pas suivi sa déposition dans l'affaire Stakic ?

 16   R.  Non, je n'ai pas suivi sa déposition dans les affaires, dans les

 17   [imperceptible] du Tribunal. J'ai suivi des rapports sur ce Tribunal dans

 18   la brochure de l'IWPR, c'est tout.

 19   Q.  Alors, il continue en parlant sur Trifkovic qui était un porte-parole

 20   de Karadzic, le gouvernement des Serbes de Bosnie. Mais nous pouvons aller

 21   vers le bas de la page suivante. Il est dit ici : "Les Américains, les

 22   Allemands, les Croates, les Slovènes, les Bosniens, les Albanais, l'OTAN,

 23   et cetera. C'est eux qui sont responsables de la tragédie yougoslave mais

 24   jamais les Serbes. Pendant les trois heures, on n'entendra pas une seule

 25   source qui accusera les Serbes de quoi que ce soit d'inacceptable. Est-ce


Page 24447

  1   que vous êtes d'accord avec moi que ceci est une description précise,

  2   exacte de cette dernière phrase ?

  3   R.  Non, je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas en train de d'essayer de

  4   défendre ce film. Mais lorsqu'il parlait de Milosevic, je m'en souviens,

  5   peut-être que je l'ai mal compris, mais c'était plutôt en le dénigrant. Je

  6   ne suis pas d'accord avec votre prémisse, à savoir qu'ils essayent de

  7   présenter les choses du point de vue Serbe.

  8   Q.  Vous ne le pensez pas ?

  9   R.  Absolument pas. Je suis d'accord avec vous, ils essayent de montrer les

 10   choses depuis un point de vue Serbe.

 11   Q.  Très bien.

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Très bien. Alors, je pense que ce n'est pas la peine de continuer à

 14   examiner ceci.

 15   Mme KORNER : [interprétation] Ce sera la pièce, s'il vous plaît, 7464

 16   [comme interprété].

 17   M. ACKERMAN : [interprétation] Alors, je suis un petit peu confus pour ce

 18   qui est de la cote, le transcript dit 7434.

 19   Mme KORNER : [interprétation] J'ai dit autre chose.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez raison, Maître Ackerman, ceci

 21   ne devrait pas poser de problème. C'est uniquement pour le compte rendu

 22   d'audience.

 23   Ce document portera la cote 2734.

 24   Mme KORNER : [interprétation] 24.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous remercie.


Page 24448

  1   Mme KORNER : [interprétation] Très bien.

  2   M. ACKERMAN : [interprétation] Pour le moment, le transcript ne montre

  3   toujours pas qu'il s'agit de la pièce 2724. A présent, ils ont écrit 2734.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] 2724.

  5   M. ACKERMAN : [interprétation] 2724, on le voit à présent.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Ackerman,

  7   Madame Korner.

  8   Mme KORNER : [interprétation]

  9   Q.  Il me semble que vous avez dit certaines choses au sujet de ce film

 10   avant qu'on ne le visionne. En fait, Me Ackerman vous a posé une question,

 11   page 16 du transcript, du 4 février. "Même si, Monsieur le Professeur, vous

 12   nous avez dit que vous n'étiez pas d'accord avec certaines portions de

 13   cette vidéo, ne pensez-vous pas que vous pourriez aider cette Chambre de

 14   première instance et, dans certains cas, expliquer votre déposition qui

 15   sera donnée plus tard ?" Et vous avez répondu en expliquant que la question

 16   des Serbes était une question très différente et complexe, qui ne pouvait

 17   pas être réduite à sa plus simple expression, comme Milosevic, à savoir que

 18   Milosevic menait une guerre agressive pour réaliser une Grande Serbie. Et

 19   vous avez dit : "L'autre chose que cela montre, ce que cela vous montre au

 20   sujet des Serbes en Croatie et en Bosnie, au sujet de ce qu'il pensait.

 21   Cela vous montre comment ils analysaient, eux, ce conflit.  Il est vraiment

 22   très difficile de rentrer dans leur esprit pour savoir ce qu'ils

 23   pensaient."

 24   Professeur, est-ce que vous connaissez ce documentaire de six heures qui a

 25   été réalisé par la BBC, intitulé "La mort de la Yougoslavie" ?


Page 24449

  1   R.  Oui, je l'ai vu. Mais, si vous me posez des questions sur les détails,

  2   je ne serais pas en mesure de vous le dire. Oui, je l'ai vu plusieurs fois.

  3   Q.  Est-ce que vous avez vous-même cette vidéo ?

  4   R.  Non, c'est une vidéo très longue, je n'en ai pas une copie. Mais, je

  5   l'ai vue à l'Université de Virginie où ils ont un exemplaire.

  6   Q.  Pourquoi vous êtes-vous procuré cette vidéo plutôt que ce film ?

  7   R.  De Bogdanovic.

  8   Q.  Oui, le film de Bogdanovic.

  9   R.  Je pense qu'il y a une réponse très simple à cela. Le film de la BBC

 10   est accessible dans la plupart des bibliothèques. Je m'intéresse à ce qui

 11   apparaît. Je les conserve dans les archives lorsque ces choses sont

 12   réalisées. J'ai des films qui montrent tous les points de vue. Les films de

 13   la BBC sont très faciles à se procurer.

 14   Q.  Alors "La mort de l'Yougoslavie," de la BBC, était-ce une manière

 15   équilibrée de présenter le conflit ?

 16   R.  C'est un film excellent.

 17   Q.  Alors juste un extrait très bref afin de répondre à une question de Me

 18   Ackerman. Partie 3, je pense, passons à 3.

 19   Mme KORNER : [interprétation] Le son ?

 20   [Diffusion de cassette vidéo]

 21   Mme KORNER : [interprétation] Arrêtez, s'il vous plaît.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avons-nous un problème ?

 23   Mme KORNER : [interprétation] Un problème du son.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais le son, c'est la partie la plus

 25   importante.


Page 24450

  1   [Diffusion de cassette vidéo]

  2   Mme KORNER : [interprétation] Nous n'avons pas encore eu ce genre de

  3   problème. Me Ackerman a beaucoup de chance, en utilisant Sanction, que

  4   nous. Pourriez-vous lever la séance un instant. Nous avons besoin d'aide

  5   des techniciens. Il faudrait qu'ils viennent.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Combien de temps ?

  7   Mme KORNER : [interprétation] Je ne sais pas.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Puisque cela ne prendra pas longtemps,

  9   il vaut mieux rester et attendre.

 10   Mme KORNER : [interprétation] Si à la cabine technique pourrait nous aider,

 11   s'il vous plaît.

 12   [Diffusion de cassette vidéo]

 13   Mme KORNER : [interprétation] Non.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Nous allons lever la séance

 15   pendant quelques minutes. Nous attendrons devant le prétoire. Dès que le

 16   problème est résolu, laissez-nous le savoir et nous reprendrons.

 17   --- L'audience est suspendue à 9 heures 50.

 18   --- L'audience est reprise à 9 heures 57.

 19   Mme KORNER : [interprétation] Une fois que l'audience a été levée, nous

 20   avons reçu un email disant que ce qui a été dit dans le prétoire, après ce

 21   moment-là, a été diffusé. Je ne pense pas que ceci porte à conséquence, il

 22   n'empêche que je voulais le dire.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je veux, d'abord, m'en assurer. C'est

 24   une des raisons pour laquelle, j'ai suggéré à mes collègues de quitter le

 25   prétoire puisque je sais que ceci risque de se produire. L'important est


Page 24451

  1   que ceci ne soit pas diffusé au public.

  2   Donc je vous en prie, faites attention à couper le son dès que la séance

  3   est levée.

  4   Mme KORNER : [interprétation] A présent, nous avons réussi à résoudre le

  5   problème. Nous avons l'audio.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Je vous remercie

  7   d'avoir attirer mon attention là-dessus.

  8   Mme KORNER : [interprétation] D'accord.

  9   [Diffusion de cassette vidéo]

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Suis-je sourd ou que se passe-t-il ?

 11   Mme KORNER : [interprétation] Ecoutez, on a eu un technicien ici, le son

 12   était audible et maintenant, nous voyons qu'il ne l'est plus.

 13   [Diffusion de cassette vidéo]

 14   Mme KORNER : [interprétation] C'est tout ce que je souhaitais vous montrer.

 15   Je m'excuse pour la mauvaise qualité.

 16   Q.  Monsieur le Professeur Shoup. En regardant cela, en vous rappelant les

 17   événements, pouvez-vous dire en toute honnêteté que les Serbes n'ont pas eu

 18   la possibilité, longtemps avant que l'on ne réalise ce film, de présenter

 19   leur point de vue ?

 20   R.  Votre question me surprend grandement. Nous avons eu des négociations

 21   avec la communauté internationale, avec M. Cutileiro et nous savons tous

 22   que toutes les parties ont eu largement la possibilité de s'exprimer.

 23   Q.  Très bien. Il me semble que vous avez mal compris ma question. Je dis :

 24   vous nous avez dit que vous pensiez que la Chambre devait voir ce film, le

 25   film "La guerre qui pouvait être évitée" parce que ceci nous montre ce que


Page 24452

  1   pensaient les Serbes en Croatie et en Bosnie. Ceci nous montre comment,

  2   eux, analysaient ce conflit.

  3   R.  C'est exact.

  4   Q.  Ce film ne montre-t-il pas comment pensaient les Serbes et comment,

  5   eux, ils analysaient le conflit de la bouche du peuple lui-même ?

  6   R.  Encore une fois, je ne comprends pas votre question. Les images des

  7   Oustachi, fascistes, pendant la Seconde Guerre mondiale sont des images

  8   très fortes et ces images ont été montrées aux Serbes à la Croatie et vous

  9   voyez dans ce film de quoi cela avait l'air. Je pense que nous sommes tous

 10   d'accord sur le fait que cela avait un impact émotionnel très fort sur les

 11   gens.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne vous suis plus.

 13   Mme KORNER : [interprétation]

 14   Q. Monsieur le Professeur Shoup, peut-être que nous avons tous mal compris

 15   vos raisons lorsque vous avez dit à la Chambre qu'elle devait voir ce film,

 16   "La guerre qui pouvait être évitée." Vous avez déjà dit que ce film vous

 17   montre ce que les Serbes de Croatie et de Bosnie pensaient. Ceci vous

 18   montre leurs positions par rapport à ce conflit.

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  Nous avons entendu Karadzic, Seselj, (Expurgé), le général Kukanjac

 21   préciser ce qu'ils pensaient au moment de l'éclatement du conflit, n'est-ce

 22   pas, dans cet court extrait ?

 23   R.  Il n'y a pas de contradiction en la matière. Eux-mêmes étaient

 24   convaincus qu'ils étaient en train de combattre la menace fasciste

 25   provenant de Croatie. Il y avait, aussi, des gens qui étaient extrémistes,


Page 24453

  1   qui tiraient des conclusions extrémistes, et leur stratégie n'était pas

  2   acceptable tout comme tout à chacun dans ce conflit. Ils leur aient arrivé

  3   de mentir, et cetera. Ils étaient, honnêtement, convaincus que les choses

  4   que vous avez vues dans ce film de propagande serbe étaient vraies,

  5   précisément parce que c'était le point de vue serbe.

  6   Q.  Très bien. Monsieur Professeur Shoup, peut-être que c'est un geste qui

  7   s'est croisé entre nous deux. Vous ne disiez pas que lorsque Karadzic a dit

  8   aux reporters de la BBC par exemple, pour ce qui est des manifestants pour

  9   la paix, il a dit, j'ai oublié exactement les mots, lorsqu'il a dit qu'il

 10   fallait qu'il soit prêt, qu'il était en train de mentir.

 11   R.  On n'a pas le contexte correct ici. Je ne suis pas sûr de quoi il

 12   s'agit. Je ne dis pas qu'il mentait dans une situation particulière.

 13   Donnez-moi un exemple ?

 14   Q.  Très bien.

 15   R.  Puisque j'ai mentionné cela dans mon rapport, il a dit : non, nous ne

 16   sommes pas engagés dans un nettoyage ethnique, les gens quittent

 17   volontairement cette partie de la Serbie. Comme vous le savez, c'était

 18   contraire à la vérité.

 19   Q.  Très bien.

 20   R.  Alors vous vous référez à un incident en particulier que nous avons vu

 21   et vous dites qu'il ne disait pas la vérité à ce moment-là, c'est cela ?

 22   Q.  Je vais essayer de le vous poser encore une fois.

 23   R.  Je vous en prie.

 24   Q.  Pourquoi dites-vous que le film, "La guerre qui pouvait être évitée",

 25   nous montre quelque chose au sujet des Serbes que ne pouvait pas voir ceux


Page 24454

  1   qui ont vu "La mort de la Yougoslavie" qui a été réalisé quelques années

  2   plus tôt ?

  3   R.  Lorsque vous faites des recherches, vous voulez établir la vérité. Vous

  4   cherchez tous les éléments d'information et je suppose que c'est ce qui se

  5   passe dans ce prétoire. Il y a des moments émotivement très forts dans ce

  6   film, "La guerre qui pouvait être évitée", que vous ne pouvez pas trouver

  7   dans le film de la BBC. Vous verrez, par exemple, les images de Dubrovnik

  8   qui n'a pas été détruite. Je suis sûr que la BBC montre ce qui s'est passé,

  9   mais vous verrez d'autres choses dans ce film. Pendant toute ma carrière,

 10   au cours de mes recherches, ma règle a été d'essayer de trouver tout ce qui

 11   pouvait être important et pertinent et que je pouvais ignorer le reste,

 12   c'est simple.

 13   Q.  Très bien. Abordons autre chose. Enfin, Monsieur Professeur, vous êtes

 14   d'accord sur le fait qu'il s'agit d'un élément de propagande serbe. C'est

 15   encore plus néfaste, n'est-ce pas, parce que cela contient des entretiens

 16   avec des personnes, tout à fait, respectables comme Lord Carrington et Lord

 17   Owen, n'est-ce pas ? Ceci ne nous montre pas le contexte dans lequel se

 18   prononce d'autres personnes comme M. Jatras.

 19   R.  Je ne dirais pas que ceci est sournois ou néfaste, c'est simplement un

 20   autre film. Nous avons beaucoup de films de ce genre, et on peut, toujours,

 21   s'appuyer sur ceux dont on a besoin. Si vous parlez de l'utilisation de ce

 22   film pour une audience plus large, par exemple, montrer à l'église ou

 23   quelque chose comme cela, oui, je serais d'accord avec vous.

 24   Q.  Laissons cela de côté.

 25   Mme KORNER : [interprétation] Je passerai au rapport. Il faudrait peut-être


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  1   suspendre à ce moment-là.

  2    M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vingt minutes de pause.

  3   --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.

  4   --- L'audience est reprise à 10 heures 58. 

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Madame Korner.

  6   Mme KORNER : [interprétation]

  7   Q.  La première chose que je souhaiterais vous demander au sujet de votre

  8   rapport est la suivante. Quand vous a-t-on demandé de rédiger ce rapport ?

  9   Je vous prie juste d'observer une pause.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] A la fin de cette audience, il faudrait

 11   que nous discutions des dates auxquelles vous allez citer le témoin dont

 12   nous avons parlé et les deux autres témoins.

 13   [La Chambre de première instance et le juriste se concertent]

 14   Mme KORNER : [interprétation] Oui, j'avais de toute façon l'intention d'en

 15   parler.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

 17   [La Chambre de première instance et le juriste se concertent]

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Poursuivez, Madame Korner.

 19   Mme KORNER : [interprétation]

 20   Q.  Quand avez-vous reçu les instructions de rédiger ce rapport ?

 21   R.  M. Ackerman m'a contacté durant l'été dernier. A l'époque, je me

 22   trouvais en Suisse. Je n'étais pas aux Etats-Unis et il m'était impossible

 23   d'entamer une recherche approfondie. J'ai dû rentrer aux Etats-Unis.

 24   Q.  Avez-vous reçu des instructions oralement ou par écrit ?

 25   R.  Nous avons eu des communications électroniques. Nous avons discuté, il


Page 24456

  1   me semble, mais je suis incapable de vous répondre avec exactitude.

  2   Q.  Que vous a-t-on demandé de faire au juste ? Quel type de rapport ?

  3   R.  Je n'ai pas reçu d'instructions spécifiques. Ils ne m'ont pas dit de

  4   préparer le rapport sur Bosanska Krajina, par exemple. J'ai dit à M.

  5   Ackerman que j'avais eu l'occasion déjà de voir comment cela se passait

  6   dans le cadre d'un procès. J'ai suivi, par exemple, le témoignage du

  7   professeur Gow.

  8   Q.  Etes-vous en train de nous dire que vous n'aviez pas reçu

  9   d'instructions oralement ou par écrit concernant le type de rapport qu'on

 10   est en train de lire ?

 11   R.  Je ne saurais vous le dire. On s'est mis d'accord sur le fait que

 12   j'allais préparer un rapport sur le contexte historique des événements dont

 13   il est question ici. Il s'agissait d'un accord de nature générale. Je

 14   devrais consulter mon courrier électronique pour voir les détails mais il

 15   n'y a pas eu d'instructions, par exemple disant que je devais concentrer

 16   sur Bosanska Krajina. Il s'agissait, plutôt, de fournir les éléments

 17   concernant le contexte historique.

 18   Q.  Vous êtes en train de nous dire donc et je cite : "Que vous et M.

 19   Ackerman aviez un accord d'ordre général sur la rédaction d'un rapport

 20   concernant le contexte historique." Vous avez dit que vous n'aviez jamais

 21   lu l'acte d'accusation. Comment avez-vous su de quels événements il

 22   s'agissait ?

 23   R.  Nous en avons parlé. Je savais ce qui s'était produit à Bosanska

 24   Krajina au début de la guerre. Nous l'avons mentionné dans le livre,

 25   c'était terrible, ces événements étaient terribles. Je devais faire un


Page 24457

  1   choix, soit m'occuper de Bosanska Krajina, ce que je n'étais pas préparé à

  2   faire, mais ce que je pouvais faire en revanche, c'était de me concentrer

  3   sur le contexte historique et de résumer des cas clés.

  4   Q.  Professeur Shoup, vous ne savez rien donc des événements qui se sont

  5   produits à Bosanska Krajina ?

  6   R.  Ce n'est pas juste de dire cela. C'est mon avis concernant votre

  7   question. Ces événements se sont produits dans le contexte que nous avons

  8   étudié en profondeur le professeur Burg et moi-même. Nous avons des

  9   références, ici, dans le cadre du témoignage. Nous nous sommes basés sur

 10   les témoignages qu'on n'a pu entendre, ici, dans le prétoire.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous prie, Professeur, de penser à

 12   nos interprètes.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous prie d'avoir cela à l'esprit.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Mes références à Bosanska Krajina sont basées

 16   sur le témoignage qui a été fait dans le cadre de ce procès -- au moment où

 17   j'ai rédigé le livre.

 18   Mme KORNER : [interprétation]

 19   Q.  Vous avez fait référence à certains détails dont ils étaient question

 20   dans le cadre de l'affaire Tadic, n'est-ce pas ?

 21   R.  Pour ce qui est de la disparition de l'intelligentsia dans la région de

 22   Prijedor, je ne peux pas citer la page exacte, mais peut-être,

 23   effectivement, qu'il s'agit de l'affaire Tadic.

 24   Q.  Professeur, vous faites référence au témoignage du professeur Greve

 25   dans l'affaire Tadic ?


Page 24458

  1   R.  C'est exact.

  2   Q.  Avez-vous demandé à M. Ackerman de vous fournir des documents clés

  3   ayant trait à ce procès ?

  4   R.  Je ne sais pas si c'est moi qui étais à l'origine, si c'est moi qui ai

  5   demandé cela, ou bien, si c'était de son propre chef. Mais en tout cas, on

  6   m'a fourni le témoignage du professeur Donia.

  7   Q.  Les documents datant de l'époque ?

  8   R.  Non. Non, je dois le répéter. Je devais faire un choix, soit de

  9   m'occuper du contexte, soit des événements en particulier.

 10   Q.  Avez-vous vu, Professeur, les procès-verbaux de l'assemblée serbe de

 11   Bosnie ?

 12   R.  J'ai, juste, lu le témoignage et le contre-interrogatoire du professeur

 13   Donia ayant trait à ces procès verbaux.

 14   Q.  Dans le cadre de vos recherches générales, avez-vous, jamais, consulté

 15   les procès verbaux ?

 16   R.  Non. Je n'ai jamais eu accès à ces documents.

 17   Q.  Avez-vous demandé que l'accès vous soit permis ?

 18   R.  Dans le contexte de notre recherche, il était important de savoir que

 19   certaines choses se sont produites, qu'il y a eu nettoyage ethnique. Pour

 20   ce qui est de moi-même et du professeur Burg, il n'y a, jamais, eu de doute

 21   là-dessus. Quant aux auteurs de ce nettoyage, il ne nous a pas semblé

 22   nécessaire de nous pencher plus longuement, là-dessus. 

 23   Q.  Professeur, vous avez pourtant assisté cette Cour en fournissant votre

 24   rapport d'expert. Vous ne pensez pas qu'il aurait été utile, pour la

 25   rédaction d'un tel rapport, de consulter les documents émanant de


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  1   l'assemblée serbe.

  2   R.  J'aurais aimé avoir pu consulter ces documents. J'aime bien voir les

  3   originaux, les sources premières. Mais, je ne pense pas que ceci m'aurait

  4   aidé à établir un rapport plus cohérent sur des questions plus générales,

  5   concernant la désintégration de la Bosnie.

  6   Q.  M. Ackerman, vous a-t-il dit qu'il avait en sa possession de tels

  7   documents ?

  8   R.  Non. J'imagine qu'il les avait, oui, d'après ce que j'ai vu dans ce qui

  9   transparaît dans le témoignage du professeur Donia et de son contre-

 10   interrogatoire. Il m'a été très difficile de comprendre certaines choses

 11   auxquelles les personnes faisaient référence, puisque que je n'ai pas lu

 12   les documents dont il a été question.

 13   Q.  Avez-vous demandé à M. Ackerman de vous permettre l'accès à ces

 14   documents ? Les documents auxquels a fait référence le professeur Donia.

 15   R.  Je ai fait un choix, je le répète. Ce que je pouvais faire c'est de

 16   préparer un rapport sur la Bosnie, la désintégration de la Bosnie, dans une

 17   période de temps limitée, j'avais un mois, six semaines à ma disposition.

 18   Je n'ai pas eu le temps ni les possibilités de me pencher sur les

 19   événements qui ont eu lieu à Bosanska Krajina, de les traiter en

 20   profondeur.

 21   Q.  Est-ce que le fait de consulter ces documents aurait pu influencer vos

 22   conclusions ?

 23   R.  Je ne peux pas répondre, puisque je ne connais pas ces documents en

 24   question.

 25   Q.  Mais, en tant que chercheur réputé et respectable, vous ne pensez pas


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  1   que vous auriez dû jeter un coup d'œil sur ces documents ?

  2   R.  J'étais censé préparer un rapport sur la Bosnie, pendant cette période.

  3   Et, d'après mon expérience, j'aurais eu besoin de plusieurs mois et

  4   j'aurais eu besoin également de recourir aux services d'assistants, pour

  5   pouvoir préparer ce rapport.

  6   M. ACKERMAN : [interprétation] Je souhaiterais intervenir.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Monsieur Ackerman.

  8   M. ACKERMAN : [interprétation] J'ai hésité, je ne voulais pas intervenir,

  9   mais vous savez que, pour le témoignage du professeur Shoup, nous avons un

 10   temps limité. Pour ce qui est des experts que cite la Défense, ces

 11   limitations, ces restrictions existent. Peut-être que ce n'est pas le cas

 12   du Procureur. Ce rapport a dû être écrit dans le cadre d'une période de

 13   temps limitée.

 14   Mme KORNER : [interprétation] Je n'ai rien suggéré dans ce sens.

 15   Q.  Mais, Professeur Shoup, vu ce que Me Ackerman vient de nous dire, des

 16   restrictions qui vous étaient imposées, nous n'aurions pas  pu dire à Me

 17   Ackerman : "J'ai vu ce que le professeur Donia a cité comme références,

 18   est-ce que ces documents ne seraient pas utiles pour l'établissement de ce

 19   rapport, compte tenu du temps dont nous disposons, je ne peux pas préparer

 20   un rapport digne de ce nom."

 21   R.  Oui, je comprends ce que vous voulez dire. Mais, j'ai déjà souligné,

 22   lors de ma déposition, que j'avais l'intention de préparer un rapport qui

 23   se basait sur le livre et, après, de voir quelques sources d'information

 24   qui auraient pu être utiles pour la compréhension de la guerre en Bosnie.

 25   Et c'est comme cela que j'ai passé le temps qui était réservé à cette


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  1   recherche -- le rapport, par exemple, de la CIA. J'ai fait des efforts très

  2   importants afin de trouver des documents néerlandais. Tout cela était

  3   électronique. C'était très difficile à faire et, grâce à l'aide qui m'a été

  4   fournie par l'université de Virginie, j'ai réussi à télécharger tous ces

  5   documents.

  6   Q.  Passons maintenant à autre chose. Mais, vous êtes bien d'accord avec

  7   moi pour dire que le rapport et le livre représentent des sources

  8   secondaires.

  9   R.  Vous voulez dire que les sources secondaires ne sont pas aussi bonnes

 10   que les sources premières ? Si vous êtes un chercheur expérimenté, vous

 11   savez comment vous y prendre et les sources secondaires peuvent,

 12   effectivement, réunir, rassembler, les sources, des éléments que les

 13   sources premières ne contiennent pas.

 14   Par exemple, les réfugiés, les personnes qui ont souffert du nettoyage

 15   ethnique, il y a des milliers d'entretiens avec ces personnes-là. Et nous

 16   étions bien obligés de nous tourner vers les sources secondaires, afin de

 17   comprendre l'image dans son ensemble.

 18   Q.  Je ne veux pas dire que les sources secondaires n'ont pas un rôle à

 19   jouer, mais est-ce que vous acceptez le fait qu'il s'agit là de sources

 20   secondaires ?

 21   R.  Une grande partie de ces documents, par exemple les documents

 22   néerlandais, l'analyse de la CIA, sont des sources secondaires de haute

 23   importance.

 24   Q.  Et vous n'avez pas eu la possibilité de vérifier les faits qui

 25   apparaissent dans le rapport sur la Srebrenica rédigé par les Néerlandais,


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  1   ou bien, les faits qui apparaissent au rapport de la CIA.

  2   R.  Je connais les personnes auxquelles j'ai affaire. Le professeur

  3   Duijzings est une source très fiable. Il a beaucoup travaillé sur la

  4   question du Kosovo et il a toujours été impartial. Il n'y a pas eu de

  5   partialité dans son travail. Je pense qu'il est toujours très important de

  6   se fier aux personnes d'une telle qualité que le professeur Duijzings.

  7   Q.  Vous aviez des sources originales à votre disposition, celles qui ont

  8   trait aux sujets de ce que vous alliez évoquer ici, lors de votre

  9   déposition ?

 10   R.  Je ne suis pas tout à fait sûr de ce que vous voulez dire.

 11   Q.  Non. Non. Non. Professeur Shoup, je parle des documents dont il est

 12   question dans le rapport Donia et auxquels vous aviez accès par

 13   l'intermédiaire de M. Ackerman. C'étaient bien des documents originaux.

 14   R.  Oui, mais je ne suis pas tout à fait sûr qu'ils m'auraient été utiles.

 15   Q.  Vous avez décidé de ne pas vérifier cela.

 16   R.  J'avais déjà établi une stratégie de recherche.

 17   Q.  Et, pour ce qui est des références, combien de temps avez-vous passé

 18   lors de la rédaction de ce rapport.

 19   R.  Un mois et demi.

 20   Q.  Combien d'heures ?

 21   R.  Cent cinquante.

 22   Q.  Vous avez fait tout le travail vous-même ou bien avez-vous été assisté

 23   par quelqu'un ?

 24   R.  J'ai tout fait moi-même.

 25   Q.  Mais, alors, que représente le pronom ?nous" que vous utilisez dans le


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  1   rapport ?

  2   R.   C'est le premier qui était revu par l'éditeur.

  3   Q.  Mais qu'est-ce que cela veut dire ?

  4   R.  Je ne dis jamais "je" lorsque j'écris des articles.

  5   Q.  Lorsque vous dites "nous", lorsque vous vous référez à vous-même par un

  6   nom cela donne plus de poids à ce que vous affirmez ?

  7   R.  Je le suppose, oui.

  8   Q.  Alors, dans votre livre, il s'agit de "nous" au sens propre puisque

  9   vous êtes l'auteur de ce livre, vous-même et le professeur Burg, n'est-ce

 10   pas ?

 11   R.  Oui. J'ai expliqué au tout début ce que le mot voulait dire.

 12   Q.  Si j'ai bien compris, sans exception, dans votre rapport, il est

 13   question de sources secondes. Vous vous référez à des sources secondaires.

 14   R.  Je dirais que les plus grandes parties d'entre ces sources sont

 15   effectivement des sources secondaires, mais je ne pourrais pas dire avec

 16   précision cela. La plupart des sources secondaires sont de grande valeur.

 17   Q.  Certainement.

 18   R.  J'ai déjà dit que dans ce type recherche, il y a des affirmations, il y

 19   a des gens qui contredisent, vous êtes censé d'examiner le tout. Le

 20   documentaire que vous avez vu, j'ai déjà dit que j'estimais qu'il

 21   s'agissait de la propagande serbe, mais il y a beaucoup de documents qui

 22   sont très de grande valeur dans ce documentaire -- des éléments qui sont de

 23   grave valeur. Mais je ne veux pas me limiter uniquement aux documents, aux

 24   sources primaires. Je lis tout.

 25   Q. Mais pour rédiger ce rapport vous ne devez absolument pas consulter les


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  1   sources primaires.

  2   R. Je ne le sais pas. Il faudrait que je revoie toutes les notes de bas

  3   page, il y en a une centaine. Oui, la plupart des sources sont des sources

  4   secondaires.

  5   Q.  Et ceci s'applique également à votre livre.

  6   R.  Non. Non. Cela je suis pas d'accord du tout. Il faut se poser la

  7   question : Celle de savoir qu'est-ce qu'une source primaire.

  8   Par exemple, les journaux qui relatent des éléments en Bosnie sont-ils

  9   considérés comme des sources primaires ou des sources secondaires ?

 10   Excusez-moi, je ne suis pas censé poser des questions, moi-même.

 11   Prenez l'exemple de Oslobodenje. J'ai traité longuement de la coopération

 12   avec M. Zulfikarpasic, vous le connaissez, donc Oslobodenje a été publié à

 13   Sarajevo. J'ai estimé qu'il s'agissait là d'une source d'une grande

 14   importance. Je n'allais pas maintenant me concentrer sur les arguments qui

 15   opposaient les avis. S'agit-il de sources primaires ou sources

 16   secondaires ? Je l'ai utilisé autant que j'ai pu. L'édition internationale

 17   d'Oslobodenje qui n'a pas touché un grand public était beaucoup plus utile

 18   et beaucoup importante.

 19   Q.  Vous avez vu Srpski Glas ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Avez-vous entendu parler de ce journal ?

 22   R.  Oui. Mais je n'ai pas estimé que ce journal était pertinent. Je devais

 23   utiliser le temps qui était mis à ma disposition, de mon mieux. Je pourrais

 24   éventuellement maintenant parcourir les notes.

 25   Q.  Mais pourquoi le journal, qui était leur [imperceptible] du SDS, des


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  1   Serbes, n'était-il pas pertinent pour vos recherches ?

  2   R.  Il est pertinent. Dans certaines parties de mon livre, j'analyse la

  3   position des Serbes au début de la guerre surtout concernant la situation à

  4   Sarajevo. Je me suis rendu à Sarajevo et effectivement j'ai consulté

  5   l'édition serbe des journaux serbes de 1989 et 1990, et je pensais

  6   qu'effectivement que ceci était très important.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Ackerman.

  8   M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense qu'ici, il s'agit d'un expert et le

  9   temps était limité pour ce témoin lorsqu'il établissait ce rapport. Il n'a

 10   pas eu le temps de consulter tous les documents qui étaient nécessaire. Je

 11   pense qu'il est tout à fait inapproprié et injuste de lui poser des

 12   questions dans ce sens. Vous pouvez par exemple nous dire au service

 13   compétent -- de donner le temps à l'expert, le temps dont il a besoin,

 14   l'envoyer de nouveau chez lui à son université et nous, à ce moment-là,

 15   nous sommes prêts à vous présenter un rapport tel que Mme Korner l'imagine.

 16   En ce moment, il me semble qu'il est tout à fait inapproprié de poser des

 17   questions de ce type là au témoin.

 18   Mme KORNER : [interprétation] Je pense qu'il n'est pas tout à fait

 19   approprié de laisser M. Ackerman faire un discours pareil au beau milieu du

 20   contre-interrogatoire. Professeur Shoup est ici pour déposer au sujet des

 21   événements en tant qu'expert pour cette période.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] A la page 469 de votre livre, vous

 23   dites, on voit le titre : "Les journaux, les agences de presse, les

 24   traductions," ceci effectivement est lié à la question qui vous a été posée

 25   par Mme Korner.  Est-ce que vous avez jamais fait référence à Srpski Glas ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il ne figure pas parmi les références

  3   que vous citez. Je peux comprendre cela.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Mais ceci ne veut pas toutefois dire que

  5   nous n'avions pas consulté Srpski Glas, mais nous avons estimé qu'ils n'ont

  6   pas été pour notre recherche.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien.

  8   Mme KORNER : [interprétation]

  9   Q.  Je veux juste être sûre d'un point. Vous êtes en train de dire que vous

 10   avez vu Srpski Glas mais que vous avez signé qu'il n'était pas pertinent ou

 11   bien êtes-vous en train de me dire que vous n'avez jamais examiné Srpski

 12   Glas ?

 13   R.  Lorsque je me suis rendu à Sarajevo, j'ai essayé de retrouver le

 14   journal serbe, mais j'aurais dû quitter pour pouvoir le faire.

 15   Q.  Mais pourquoi vous ne vous êtes pas rendu au bureau de Glas à Banja

 16   Luka, si cela vous intéressait ?

 17   R.  Cela s'est produit après la guerre bien sûr. Vous devez comprendre

 18   qu'un chercheur a des priorités et la moitié de ce livre est consacrée aux

 19   réactions de la communauté internationale, le plan Cutileiro, le plan

 20   Vance-Owen et les rapports existant entre les communautés internationales

 21   et ce qui se passait localement. Nous avons 1 500 notes de bas de page de

 22   ce livre. Je pense qu'avant l'étude qui a été fournie par les Néerlandais,

 23   il n'y a pas eu de meilleur travail fait dans ce domaine. Nous avions

 24   certaines restrictions.

 25   Q.  Vous nous avez dit qu'un expert doit être objectif.


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pouvez-vous nous exposer un peu votre méthode. Comment définissez vous

  3   la question ? Par exemple, est-ce que les Serbes étaient diabolisés ?

  4   R.  L'intuition joue son rôle, ainsi que la logique. Ce que l'intuition me

  5   disait c'est que, nous n'avions pas l'image complète de ce qui se passait

  6   en Bosnie, alors j'ai cherché d'autres informations. Les Serbes avaient-ils

  7   été coupables du même type de traitement dont ils avaient été accusés et

  8   qu'ils infligeaient aux Musulmans ? Ceci n'était pas facile. L'une des

  9   raisons que ce n'était pas facile résidait dans le fait que Belgrade ne

 10   fournissait pas les informations voulues. Nous étions censés prendre cette

 11   direction. C'est que l'intuition nous disait, afin d'avoir l'histoire

 12   complète. Q.  D'après moi l'intuition et la logique ont part égale dans ce

 13   processus. Comprenez pas ce que je vous disais ?

 14   R.  Je vais vous donner un autre exemple de la méthodologie dont je me suis

 15   servi, si c'est ce que vous me demandez comme question.

 16   Q.  Non, Professeur, je vous demande, simplement, de me répondre. Je veux

 17   savoir quelles sont les méthodes que vous avez utilisées ? Cela est

 18   important, puisque vous êtes un témoin expert.

 19   R.  C'était mon intuition. D'abord, j'avais l'impression qu'il manquait

 20   certaines pages, certains bouts. Il y avait certaines contradictions dans

 21   le comportement des gens. J'avais l'impression qu'on n'avait pas dit

 22   l'histoire au complet. Ensuite, ce qui était illogique, c'était le plan

 23   Vance-Owen et ce qui s'est passé avec Milosevic. J'ai fait une recherche

 24   assez approfondie. Je voulais savoir pourquoi M. Milosevic avait changé

 25   d'idée si fréquemment. Je me suis penché sur la question. Je me suis dit :


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  1   "Un instant, je ne comprends pas pourquoi cela s'est passé ainsi". J'ai

  2   fait une recherche approfondie et c'est ce que l'on fait lorsqu'on est

  3   chercheur et que l'on essaye d'établir la vérité.

  4   Q.  J'essaye simplement, Professeur Shoup d'établir ce que vous, en tant

  5   qu'historien, en tant que politicien scientifique [comme interprété], avez

  6   utilisé comme méthode. Quelle était votre approche ? Je ne veux pas savoir,

  7   simplement, quelle est la méthode pour ce qui est du cas qui nous

  8   intéresse. Mais, je veux dire, quelle est la méthodologie que vous utilisez

  9   normalement ?

 10   R.  Je comprends maintenant ce que vous me demandez.

 11   Permettez-moi de vous dire ceci, d'abord, simplement pour écarter tout

 12   doute. Pendant très longtemps, pendant des années, j'ai suivi la question

 13   nationaliste en Yougoslavie, mais je voulais être objectif. Je voulais que

 14   l'on présente l'image objective. Je ne voulais pas être impliqué ni d'un

 15   côté ni de l'autre. C'est ce que moi-même et le professeur Burg avons

 16   décidé de faire. Nous venons de deux milieux tout à fait différents et je

 17   crois que c'était assez intéressant de pouvoir nous asseoir ensemble et de

 18   nous mettre d'accord sur plusieurs choses. Je lui ai toujours dit, essayons

 19   de voir, n'essayons pas de prendre de parti pris, ni pour un côté ni pour

 20   l'autre. C'était la méthode que nous avons tous les deux utilisée.

 21   Q.  Professeur Shoup, je vais vous reposer la question d'une autre façon.

 22   Vous avez dit que vous aviez l'impression que tout n'avait pas été dit.

 23   Est-ce que vous saviez que c'était les méthodes dont vous alliez vous

 24   servir pour répondre à cette question ?

 25   R.  Vous savez, dans ce chaos, dans cette guerre qui a eu lieu, il était


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  1   possible de soutirer de l'information, même de l'information utile, même si

  2   ce que l'on peut voir à la télévision ou dans les médias est tout à fait

  3   erroné, même s'il s'agit de propagande. Cela peut toujours être utile. J'ai

  4   l'impression que l'on ne se comprend pas.

  5   Q.  Avant d'aborder ce sujet, est-ce que vous vous êtes assis, avez-vous

  6   réfléchi à la question. Est-ce que vous avez dit : "De quelle façon je vais

  7   pouvoir répondre le mieux à cette question ?"

  8   R.  Cela dépend de la question.

  9   Q.  Oui. En fait, vous vous êtes dit : "Est-ce qu'on nous a dit toute la

 10   vérité ?"

 11   R.  Oui tout à fait.

 12   Q.  Mais, avant de commencer votre travail, est-ce que vous vous êtes posé

 13   la question, à savoir quelle est l'information que vous alliez examinée, de

 14   quelle façon vous alliez aborder ce sujet ? Est-ce que vous vous êtes posé

 15   cette question ?

 16   R.  Oui, bien sûr, il le faut. Indépendamment de la question qui a été

 17   posée. Bien sûr, je voulais savoir. Parle-t-on de la communauté

 18   internationale ? Parle-t-on de nettoyage ethnique ?

 19   Parle-t-on de la guerre ? Chaque question demandait à ce que l'on se penche

 20   sur cette question en examinant des documents, toute sorte de documents,

 21   soit des documents provenant de journaux ou d'ailleurs, bien sûr.

 22   Q.  Très bien. L'étape suivante consistait à recueillir toutes les sources

 23   d'information qui étaient à votre disposition et qui étaient pertinentes à

 24   la question que vous vous étiez posée. N'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est exact.


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  1   Q.  Bien. Etes vous d'accord avec moi pour dire que, à ce moment-là, il

  2   faut étudier ces sources d'information, il faut les appliquer, utiliser les

  3   techniques analytiques adéquates.

  4   R.  Oui, tout à fait. Je ne peux pas nier cela.

  5   Q.  Ce n'est qu'à ce moment-là que vous pouvez arriver à certaines

  6   conclusions sur la base de méthodes acceptées, de méthodes universitaires.

  7   R.  Il faut comprendre qu'il faut utiliser des normes très rigoureuses. Je

  8   dois dire que la recherche universitaire dépend, également, de l'expérience

  9   et de l'intuition. Si quelque chose vous semble ne pas être clair, il faut

 10   essayer d'établir la vérité. Il faut chercher et aller dans ce sens-là. Il

 11   ne s'agit pas simplement d'une simple logique. Je vous ai déjà dit, c'est

 12   l'expérience qui compte, l'intuition. Et voilà.

 13   Q.  Hier, vous nous avez dit que vous êtes arrivé à un certain nombre de

 14   conclusions et que c'était en vous asseyant très souvent dans les cuisines

 15   des personnes, en parlant à ces personnes.

 16   R.  Non, pas pour ce qui est de ce livre-là.

 17   Q.  Vous avez témoigné devant la Chambre, hier et avant-hier, mais, hier,

 18   vous nous avez dit cela. Est-ce que vous croyez que c'est une méthode

 19   universitaire appropriée d'obtenir des informations, de vous asseoir dans

 20   une cuisine avec des gens.

 21   R.  Non, je ne m'en suis jamais servi pour écrire un article ou dans le

 22   cadre de la rédaction de mon livre. Je voulais, simplement, m'asseoir avec

 23   les gens pour savoir quels sont les événements dont ils se souviennent. Les

 24   gens de la Yougoslavie, bien sûr. Je voulais savoir quelle était l'opinion

 25   des personnes sur la question nationale. C'est très difficile de changer


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  1   les points de vue. Il s'agissait d'observations que je pouvais voir sur la

  2   base de plusieurs années, passées en Yougoslavie. Je peux vous dire c'est

  3   que  mes prétentions étaient les bonnes. Mais cela ne figure pas ni dans le

  4   rapport ni dans mon livre.

  5   Q.  Il y a une chose que vous avez dite dans votre rapport. Je voudrais

  6   savoir si vous êtes d'accord pour dire qu'il est important, que, lorsque

  7   vous faites des affirmations de certains faits, lorsque vous introduisez

  8   des affirmations dans un livre, dans un rapport, est-ce que vous êtes

  9   d'accord avec moi pour dire qu'il faut être précis ?

 10   R.  C'est très, très difficile de ne pas faire d'erreur lorsqu'on fait une

 11   recherche sur une situation qui est assez confuse, qui est la guerre en

 12   Bosnie. C'est la raison pour laquelle j'ai mis mon adresse électronique à

 13   l'endos du livre car je voulais que les gens me contactent si jamais on

 14   avait quelque chose à dire. Il est tout à fait possible que j'aie pu faire

 15   une erreur. C'est la raison pour laquelle je voulais que l'on me le fasse

 16   savoir, mais je n'ai pas été approché très souvent là-dessus. J'étais, tout

 17   à fait, au courant qu'il pouvait y avoir certaines erreurs. Puis-je vous

 18   donner un exemple ? Vous allez mieux comprendre de quelque chose sur quoi

 19   on a attiré mon attention.

 20   Q.  Non, cela ne m'intéresse pas pour l'instant, parce je voulais parler de

 21   votre rapport. Dans votre rapport, est-ce que vous étiez soucieux d'être

 22   précis quant aux affirmations que vous avez faites dans ce rapport ? C'est-

 23   à-dire, il ne s'agissait pas d'affirmations diverses mais de donner des

 24   faits ?

 25   R.  Oui, certainement, c'est ce que j'ai essayé de faire. Je peux vous dire


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  1   que mes intentions sont, tout à fait, honorables.

  2   Q.  N'est-il pas exact de dire que dans un rapport,  il faut mettre des

  3   citations précises ? Il faut être, tout à fait, précis, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, tout à fait. J'ai déjà dit que l'une des déclarations que j'avais

  5   faite hier devraient être corrigée. J'ai parlé de personnes principales

  6   enfin d'auteurs de crimes. J'avais dit que j'aurais réécrit les choses

  7   différemment pour ce qui est d'un passage que l'on a vu hier.

  8   Q.  Bien, lorsque vous avez terminé d'écrire le rapport, j'aimerais savoir

  9   qu'est ce qui a fait que vous avez changé d'opinions, dix jours plus tard,

 10   concernant cette phrase ?

 11   R.  C'est que j'ai relu très attentivement ce que le professeur Duijzings a

 12   écrit et il faut se rappeler que les documents provenant de l'institut

 13   néerlandais nous proviennent, maintenant. Je sais que la plupart de ces

 14   personnes dans cette Chambre n'ont pas encore pu lire ces documents. Après

 15   la lecture de ces documents, je me suis rendu compte que le professeur

 16   Duijzings, un homme pour lequel j'ai un grand estime, dans ses écrits, dans

 17   les documents que j'ai pu lire, c'est que oui il émet une opinion, il dit

 18   qu'il ne faut pas présumer certaines choses trop facilement.

 19   Q.  Professeur, je veux savoir la chose suivante. C'est que vous avez écrit

 20   ce rapport il y a plusieurs mois, vous faites référence au professeur

 21   Duijzings tout au long de votre rapport.

 22   Pourquoi, tout d'un coup, vous changez votre point de vue sur une phrase

 23   que vous avez écrite, il y a quelques semaines?

 24   R.  Le but de ce rapport était de commencer avec le livre, et ensuite,

 25   d'ouvrir des questions controversées dans ce rapport. Je voulais savoir


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  1   s'agissait-il vraiment d'une guerre civile ? Qui en était les

  2   responsables ? S'agissait-il de haines anciennes ? Est-ce qu'elles ont

  3   jouées un rôle primordial ? Il y avait tous ces sujets qui étaient

  4   controversés. Je ne veux pas prétendre que je détiens la vérité absolue,

  5   que j'aurais le dernier mot à dire là-dessus. C'est comme si j'avais fait

  6   un document, je me suis écrit un papier pour un séminaire et c'est comme si

  7   j'avais ouvert la possibilité au débat. C'est la raison pour laquelle j'ai

  8   dit cela. Nous savons que ce qui s'est passé, que les événements doivent

  9   être traités avec respect, aborder avec respect. Du point de vue

 10   universitaire, je peux dire que j'ai essayé d'être le plus précis que

 11   possible.

 12   Q.  Bien. Vous parlez aux étudiants d'un homme qui subit un procès pénal

 13   qui a commis des crimes très sérieux, on lui reproche d'avoir commis des

 14   crimes très sérieux ?

 15   R.  Oui, bien sûr. Dans mon rapport j'en parle, je parle de

 16   M. Brdjanin, je respecte les droits de M. Brdjanin, je ne veux pas faire de

 17   déclarations erronées, mais je veux autre chose ici. C'est que j'espérais

 18   que l'on puisse ouvrir notre esprit et permettre à ces événements très

 19   compliqués qui se sont déroulés en Bosnie, nous permettent de voir s'il

 20   s'agit, effectivement, d'événements controversés.

 21   C'est quelque chose que je souhaitais présenter à la Chambre. Je souhaitais

 22   que la Chambre m'entende et je souhaitais ouvrir un débat. Vous savez, il

 23   s'agit de sujets très difficiles, très intéressants. J'ai décidé d'aborder

 24   ces sujets de cette façon-là car je croyais que la Chambre en était

 25   intéressée. Je n'essaierai jamais de faire des déclarations concernant


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  1   l'accusé.

  2   Q.  Monsieur Shoup, la raison pour laquelle vous avez décidé de venir

  3   témoigner devant cette Chambre, eu égard aux restrictions de M. Ackerman

  4   dans le cadre de la préparation de votre rapport, vous dites que vous

  5   aimeriez avoir un forum public. Etes-vous venu ici pour ouvrir un débat

  6   dans un forum public ?

  7   R.  Non, absolument pas. J'ai beaucoup de respect pour la Défense, pour

  8   l'Accusation. Cette pratique qui est la vôtre est quelque chose de très

  9   intéressant. Je crois qu'il faut nous écarter de la propagande et de tout

 10   ce qu'on voit. Dans mon cas à moi, l'une des raisons principales pour

 11   lesquelles j'ai écrit ce rapport, c'était dans le but de rappeler à la

 12   Chambre qu'il y a eu énormément de diabolisation, enfin qu'on a diabolisé

 13   les Serbes et très souvent même un bon Serbe n'avait pas le droit à la

 14   parole. Oui effectivement, il y a quand même un côté politique dans ce que

 15   j'ai fait. Mais ma recherche a toujours été dévouée à montrer les deux

 16   côtés de la question.

 17   Q.  Avant de venir et avant d'écrire ce rapport, est-ce que l'on vous a

 18   montré le rapport de témoignage du Dr Patrick Treanor ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Donc vous avez lu ce témoignage, ce rapport ?

 21   R.  Oui. De nouveau, il est bien difficile de comprendre les témoignages

 22   puisque l'on se réfère à des documents et des événements que je ne connais

 23   pas très bien.

 24   Q.  Que vous ne connaissez pas très bien ?

 25   R.  Oui. Que je ne connais pas tout à fait bien, qu'ils ne me sont pas tout


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  1   à fait familiers. Il s'agit d'éléments très précis concernant des

  2   rencontres de certaines personnes en Bosanska Krajina. Je peux vous dire

  3   que quelqu'un qui se trouve à l'extérieur de ce Tribunal a du mal à

  4   comprendre.

  5   Q.  Ecoutez, il y a un rapport qui a été rédigé par

  6   M. Treanor. Vous dites que vous avez lu ce rapport et cela n'a, absolument,

  7   rien à voir avec les diverses réunions qui ont eu lieu, mais l'on parle de

  8   la question des dirigeants des Serbes de Bosnie ?

  9   R.  Je souhaiterais revenir un peu en arrière. Je n'ai pas lu son rapport.

 10   J'ai lu le témoignage qu'il a fourni concernant son rapport. J'aurais adoré

 11   voir le rapport, j'aurais bien aimé voir le rapport de M. Brown, également.

 12   Je crois qu'il s'agit de documents très intéressants, mais cela ne m'a pas

 13   été possible de faire.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Attendez, il faut éclaircir certaines

 15   choses. Je commence par le professeur Donia. Dites-nous que vous a-t-on

 16   donné concernant le professeur Donia ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] On m'a donné le témoignage qu'a fait le

 18   professeur Donia. C'était le contre-interrogatoire de cette personne. Je

 19   n'en ai pas beaucoup parlé avec Me Ackerman. Il pourra vous dire quels sont

 20   les documents qu'il m'a fait parvenir. Je ne sais pas s'il m'a fait

 21   parvenir l'ensemble de ces documents, de tout ce que Donia a dit ou non.

 22   Mais je sais que j'ai pu lire le compte rendu d'audience du contre-

 23   interrogatoire et j'ai pu lire le compte rendu d'audience qu'a fourni le

 24   professeur Donia dans le cadre de son témoignage.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais est-ce que vous avez reçu,


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  1   également, le rapport du professeur Donia, son rapport écrit ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Permettez-moi de réfléchir quelques instants

  3   sur cette question. Je suis vraiment désolé. Je ne me souviens pas.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, Professeur Shoup, je veux

  5   m'assurer que l'on a tout à fait bien compris ce que vous nous dites.

  6   Lorsqu'on vous a posé la question concernant le rapport Treanor, j'ai

  7   compris, mais je me trompe peut-être, que vous avez relu le témoignage

  8   qu'il a fourni devant ce Tribunal, mais que vous n'avez pas lu le rapport.

  9   Est-ce que vous avez le rapport à votre disponibilité ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans le cas du professeur Donia, vous

 12   avez relu son témoignage ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous aviez, également, son

 15   rapport à porter de la main ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis, vraiment, navré mais je dois vous

 17   dire que j'ai vu des pages, des pages de témoignages. Je les ai eues entre

 18   les mains, je sais quelles sont les choses qu'il a dit, je me souviens de

 19   beaucoup de choses, vous savez tous les deux, mais je ne peux pas vous dire

 20   si ce que j'ai gardé en tête découle du témoignage ou bien des rapports.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pour le professeur Brown, avez-vous vu

 22   son témoignage ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai vu son témoignage. J'ai lu son

 24   témoignage, mais pas son rapport.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que tout est clair. Madame


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  1   Korner, je crois que nous avons compris.

  2   Mme KORNER : [interprétation]

  3   Q.  Professeur Shoup, croyez-vous que si vous aviez demandé de lire le

  4   rapport et si vous aviez lu le rapport complet du Dr Treanor concernant les

  5   dirigeants serbes de Bosnie, est-ce que vous croyez que si vous aviez

  6   demandé de lire le rapport complet du Dr Donia, non pas seulement, le

  7   témoignage de ce dernier, croyez-vous que la lecture de ces documents

  8   aurait pu vous permettre de changer d'idée ? Est-ce que cela aurait pu

  9   influencer votre opinion lorsque vous dites que les Serbes étaient

 10   diabolisés ?

 11   R.  Non, absolument pas. Je sais que j'ai remarqué, par exemple, dans le

 12   rapport de la CIA, on peut voir que c'est les Serbes qui ont commis le

 13   massacre de Markale. Lorsque j'ai vu cela, je ne pouvais pas le croire et

 14   c'est ce genre de choses pour lesquelles je me bats pendant des années. Je

 15   ne crois pas que le rapport de M. Brown aurait pu changer quoi que ce soit.

 16   Q.  Je ne parle pas du rapport de M. Brown mais bien du rapport du Dr

 17   Treanor et du Dr Donia. Je parle de ces deux rapports-là puisque dans le

 18   cadre du contre-interrogatoire ou de l'interrogatoire principal, ces

 19   rapports ont été abordés que partiellement.

 20   Est-ce que vous ne croyez pas que cela aurait pu peut-être vous influencer

 21   dans le sens où vous auriez pu peut-être changer d'opinion lorsque vous

 22   parlez de ces allégations ou en fait, lorsqu'on parle d'allégations

 23   concernant les crimes qu'auraient pu commettre les Serbes ?

 24   R.  Je n'ai jamais dit que les Serbes n'avaient jamais commis de crimes.

 25   Cela n'a jamais été posé comme question, de cette façon-là. Il ne m'était


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  1   pas nécessaire de lire le rapport de Brown ou de Treanor pour comprendre

  2   que les Serbes ont commis des crimes. Vous verrez dans mon livre qu'il y a

  3   énormément de documents à l'appui. Je suis tout à fait convaincu que cela

  4   s'est passé également.

  5   Q.  A la page 2, de votre rapport, vous dites que l'un des auteurs en fait,

  6   vous-même avez l'impression que les Serbes ont fait l'objet d'une

  7   diabolisation ? Qu'est-ce que vous voulez dire par là, en fait ?

  8   R.  Je veux dire par là qu'un Serbe, qui a des raisons de croire que si ou

  9   cela, de venir témoigner devant ce Tribunal fait face à un obstacle énorme.

 10   Selon moi, je peux me tromper bien sûr, et corrigez-moi, si je m'abuse. Il

 11   y a toujours un billet contre lui. Lorsqu'on parle de la diabolisation, je

 12   sais que, lorsqu'on a parlé de la destruction du pont de Mostar, on a

 13   attribué cela aux Serbes. J'ai vu également qu'on a parlé du massacre de

 14   Markale, c'est un événement atroce. Je sais que cela a bouleversé l'opinion

 15   publique à travers le monde, mais on attribue aux Serbes cela. Vous pouvez

 16   choisir les mots que vous voulez. Que vous parliez de "diabolisation"  ou

 17   d'autres choses. Mais je ne vois pas à m'en excuser, c'est ce que je pense.

 18   Q.  Est-ce que vous avez lu le jugement du général Galic ?

 19   R.  Oui. C'était très important. Justement, je voulais en parler avec Me

 20   Ackerman. Il m'était difficile de télécharger ces documents, il m'a appris

 21   comment le faire. Je peux le télécharger et le mettre sur Acrobat, et à ce

 22   moment-là, je pourrais certainement lire ce --. Pour moi, c'est très

 23   difficile de télécharger des pages et des pages de documents. Mais je le

 24   ferais bien sûr.

 25   Q.  Vous poursuivez à la page 2 du même paragraphe : "Il semblerait que les


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  1   Serbes ont fait l'objet de diabolisation et de doute quant au génocide et

  2   j'ai un certain doute à savoir que le génocide était un terme approprié

  3   pour les atrocités commises par les Serbes pendant le conflit."

  4   R.  C'est exact.

  5   Q.  Laissons de côté que le mot "génocide" est un terme juridique, qu'est-

  6   ce que vous voulez dire par là ?

  7   R.  Lorsqu'on se penche sur l'histoire des événements dans les Balkan et

  8   après avoir vu ce qui s'est passé dans la Deuxième guerre mondiale, lorsque

  9   des villages entiers y compris femmes et enfants ont été complètement

 10   oblitérés, c'est ma définition, bien sûr, de "génocide." Mais si ce qui

 11   s'est passé en Bosnie pendant ce conflit, je suis d'accord pour dire qu'en

 12   fait ce qui s'est passé en Bosnie lors de ce conflit, cela a une certaine

 13   caractéristique de génocide.

 14   Mais si l'on parle de nettoyage ethnique et si l'on associe les deux, si on

 15   associe le génocide avec le nettoyage ethnique, je crois qu'il s'agit d'un

 16   crime contre l'humanité plutôt que de génocide.

 17   Je ne vais pas m'excuser pour dire cela c'est ce que je crois. Je veux

 18   également dire la chose suivante : Depuis très longtemps on associe à ce

 19   domaine, je sais à combien de reprises les allégations de génocide ont été

 20   utilisées dans le cadre d'une propagande. Cela a été utilisé par Milosevic.

 21   Ce mot a également été utilisé dans le cadre de ce qu'il a dit concernant

 22   les Albanais au Kosovo. Il avait dit que les Serbes de Kosovo sont

 23   coupables de génocide. Je l'ai vu, j'ai vu qu'on utilise ce mot dans la

 24   presse occidentale de façon abusive par des personnes qui ne comprennent

 25   pas quel est le concept dans les Balkans. Le Balkan a un passé noble dans


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  1   cet Holocauste. C'est un concept qui a dégénéré et que l'on abuse

  2   constamment. C'est la raison pour laquelle il faut faire attention. J'ai

  3   [imperceptible] lorsque je parle d'utilisation de ce terme, de façon si

  4   fréquente. Je ne veux donc absolument pas m'excuser lorsque je fais

  5   attention avant d'accuser quelqu'un de génocide.

  6   L'INTERPRÈTE : L'interprète demande aux Conseils de faire une pause entre

  7   les questions et les réponses et au témoin également.

  8   Mme KORNER : [interprétation]

  9   Q.  Vous connaissez les événements qui ont eu lieu dans la région autonome

 10   de Krajina, n'est-ce pas ?

 11   R.  Dans notre livre --

 12   Q.  Je vous prie de mettre de côté votre livre.

 13   R.  Non. Je dois me référer à notre livre puisqu'on parle de ce problème

 14   dans notre livre.

 15   Vous pouvez voir clairement que les personnes étaient liquidées. Les

 16   personnes, les professeurs, les universitaires étaient liquidés. Voilà,

 17   c'était tout du moins notre conclusion, si je ne m'abuse, au côté Serbe,

 18   cette fois-ci mais c'était la conclusion à laquelle nous étions parvenus.

 19   Cela m'avait rappelé exactement ce qui s'était passé pendant la Deuxième

 20   guerre mondiale et cela a touché une corde sensible chez moi. Si vous voyez

 21   par la suite, il y a eu des articles qui peuvent démontrer clairement,

 22   qu'il y a eu beaucoup de personnes portées disparues, des personnes qui

 23   n'avaient jamais été trouvées. C'est une indication assez sérieuse que

 24   quelque chose de très grave est arrivée. Nous pouvons voir par exemple que

 25   Prijedor est l'un de endroits où ceci est tout à fait apparent pour ce qui


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  1   est de la Bosnie orientale. Il s'agit d'information qui n'est pas

  2   contestée, je crois qu'il n'est pas nécessaire de me demander d'élaborer

  3   plus longuement là-dessus. Je crois que nous sommes tous d'accord pour ce

  4   qui s'est passé.

  5   Q.  Lorsque je vous pose la question, à savoir si vous savez ce qui s'est

  6   passé sur le mont Vlasic, au mois d'août 1992, pourriez-vous nous dire ce

  7   qui s'est passé ?

  8   R.  Les événements de Kozarac me sont un peu plus clairs, je sais que l'on

  9   en a parlé en détails pendant la guerre. Pour ce qui est du mont Vlasic,

 10   j'ai connu cet incident de par ce que j'ai pu voir ici au Tribunal.

 11   Q.  Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à l'école de Grabovica à Kotor

 12   Varos ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Est-ce que vous savez ce qui s'est passé à l'école de Velagici à

 15   Kljuc ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Bien. Professeur, je souhaiterais revenir sur votre rapport et vous

 18   poser quelques questions là-dessus.

 19   Pourriez-vous, je vous prie prendre la page 7, de votre rapport.

 20   R.  Un instant, je vous prie. Oui.

 21   Q.  Prenez le paragraphe du haut, vous dites, troisième ligne, "Au mois de

 22   mars 1992, Vladimir Srebrov --" et reportez-vous à la note en base de page,

 23   vous dites son vrai nom était -- 

 24   R.  Je n'ai pas pu poser la question à la bonne personne, je crois que

 25   c'était Nikolic. Il y a quelqu'un ici dans ce Tribunal qui le sait.


Page 24502

  1   Q.  Milan Nikolic.

  2   R.  Oui. Milan Nikolic, c'est exact.

  3   Q.  On n'avait pas vérifié cette note en bas de page.

  4   R.  Cela m'aurait pris beaucoup de temps, il y avait des choses beaucoup

  5   plus importantes à faire. J'étais persuadé que la Chambre comprendrait que

  6   cela n'était pas un élément crucial.

  7   Q.  "Lorsqu'il a parlé lors d'une réunion avec des intellectuels serbes, il

  8   a dit cette phrase mémorable," et vous la citez --

  9   R.  Oui. "Iza jas provejava smrt."

 10   Q.  Je souhaiterais que vous jetiez un coup d'œil à la traduction et que

 11   vous nous donniez le titre du journal issu de l'article original.

 12   Mme KORNER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P2725.

 13   Monsieur le Président, je n'ai pas cette troisième partie de la vidéo, je

 14   ne sais pas si vous souhaitez que l'on la verse au dossier.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ackerman, qu'est-ce que vous

 16   avez à dire ?

 17   M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'il faut

 18   en verser un extrait et que cela devrait faire partie des documents versés

 19   au dossier.

 20   Mme KORNER : [interprétation] Très bien.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 22   Mme KORNER : [interprétation] Alors à ce moment-là, il s'agit de la pièce

 23   P2726, la vidéo et la troisième partie du film. Je ne sais pas comment on

 24   l'a intitulée exactement.

 25   M. ACKERMAN : [interprétation] Je présume qu'il s'agit d'un CD, d'un


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  1   extrait de CD.

  2   Mme KORNER : [interprétation] Il s'agit d'une vidéo. En fait, il n'est pas

  3   sur CD. Mais nous pouvons faire une copie sur CD si vous le souhaitez. Vous

  4   avez je crois la version complète.

  5   M. ACKERMAN : [interprétation] Oui. Certainement. Pas de problème, merci.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

  7   Mme KORNER : [interprétation]

  8   Q.  Donc, êtes vous d'accord pour dire que vous vous référez à cet article-

  9   là ?

 10   R.  Oui, c'est un article très émouvant.

 11   Q.  Bien. De quoi s'agit-il exactement ? Je crois que l'on peut voir dans

 12   "Le discours qu'a prononcé Vladimir Srebrov lors du congrès des

 13   intellectuels serbes de Sarajevo. Il n'était pas invité, il n'était pas là

 14   en personne."

 15   R.   Je pense oui. C'est la raison pour laquelle j'ai dit qu'il a écrit

 16   cela, je n'ai pas dit qu'il a parlé, qu'il a prononcé ce discours. Il

 17   n'était pas invité en personne. Est-ce que j'ai dit qu'il était là ?

 18   Q.  Non. Je vous prie de lire la page 7, premier paragraphe. Lorsqu'il a

 19   parlé lors d'une réunion d'intellectuels serbes --?

 20   R.  Non. Je savais tout à fait bien qu'il n'était pas présent mais lorsque

 21   j'ai écrit cela, en vérité, je voulais dire qu'il l'a écrit, il ne l'a pas

 22   prononcé verbalement. Il n'était pas présent. C'est donc ce que j'ai voulu

 23   dire.

 24   Q.  Il faudra peut-être reparcourir ce rapport et corriger les erreurs que

 25   nous n'avons pas pu voir.


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  1   R.  Je serais ravi de faire cela.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avançons, avançons.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Si cela modifie la substance --

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avançons.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Si vous êtes d'accord avec ce qui est dit --

  6   Mme KORNER : [interprétation]  

  7   Q.  "C'est ce que souhaitait dire Vladimir Srebrov lors de ce congrès des

  8   Intellectuels serbes et ce qu'il n'a pas été autorisé à dire." Si nous nous

  9   penchons sur des choses qu'il dit ici ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Reportez vous en page 2 de la traduction.

 12   "Les intellectuels n'étaient pas présents lors de ce rassemblement. Ils

 13   n'ont jamais reçu de convocations, à cette réunion. Celles-ci n'ont pas pu

 14   être trouvées dans le parti démocrate serbe de Bosnie-Herzégovine, qui a

 15   organisé le congrès. Il s'agit de l'opposition serbe qui n'a pas de siège

 16   au parlement. Ils ne souhaitent pas prendre part au massacre des Serbes

 17   dans lequel ils sont poussés, forcés, un massacre à l'encontre des

 18   Musulmans et des Croates locaux et ce, par une mafia,  qui a à sa tête

 19   Karadzic, Krajisnik, Ostojic."

 20   Et ceci se poursuit, je vous prie aussi de vous reporter en page 3, en bas.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  A peu près au milieu du paragraphe. Il s'agit d'un paragraphe très

 23   long.

 24   "En dépit de toutes les menaces et harcèlement auxquels ont été soumis les

 25   Serbes de Bosnie-Herzégovine, pendant les quelques jours qui ont précédé


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  1   les élections, et dont ils m'ont informé, que ce soit directement ou par

  2   téléphone, principalement dans deux régions : la Bosnie et la Krajina

  3   Bosnia, moins en Herzégovine, ils implorent, ils ont peur de la répression.

  4   Ceci m'a forcé à dire [inaudible] vous tous qui souhaitaient une sorte

  5   d'état serbe de Bosnie-Herzégovine, partez, vous n'avez rien à faire ici.

  6   Qui plus est, puisque vous vous jouez de la population serbe, du commun des

  7   mortels, pas éduqués, vous créez le génocide, vous les transformez en

  8   [inaudible]."

  9    Alors, cet homme, c'est un Serbe, n'est-ce pas ?

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   Q.  Sa position, qui est exprimée en avril 1992, était que le SDS se

 12   transforme réellement, le commun des mortels serbes en un peuple qui

 13   souhaite tuer des non-serbes ?

 14   R.  C'est son opinion. Je suis ravi de voir cette déposition, puisque dans

 15   mon rapport, je parle des personnes qui sont des nationalistes extrémistes

 16   ou exclusifs, comme je les appelle. Je n'ai pas d'excuses pour quelconque

 17   de ces gens, de ces hommes, à part des accusations précises que Srebrov

 18   avance à ce moment-là. Ceci était une route qui menait droit à la

 19   catastrophe pour la Serbie. L'idée qu'ils commettent un génocide, comme, me

 20   semble-t-il, Srebrov le fait ici, ne me semble pas tout à fait exact. Mais

 21   je comprends son émotion à ce moment-là, et je m'y associe tout à fait. Je

 22   ne pense pas que ce document constitue une preuve d'un fait en particulier

 23   ou disons que quelque chose s'est produit réellement. Je le comparerais à

 24   tout le reste que je connais, que j'ai vu et Srebrov, à mon avis, était un

 25   héros. J'ai une grande admiration pour lui, réellement.


Page 24506

  1   Q.  Très bien. Avançons, page 8 de votre rapport. Vous faites des citations

  2   de votre livre.

  3   R.  Oui. Ici, lorsque je dis "nous" ce sont le professeur Burg et moi-même.

  4   Q.  Et vous citez ici une partie de l'introduction intitulée "Introduction

  5   au conflit ethnique et la question morale en Bosnie."

  6   R.  C'est exact.

  7   Q.  Vous ne citez pas ce que vous dites en page 12, n'est-ce pas ? Pouvez-

  8   vous vous reporter en page 12 de votre livre ?

  9   R.  Oui, tout à fait. Je serais ravi de le faire et d'en donner lecture à

 10   la Chambre.

 11   Q.  Ce paragraphe commence par les mots : "Les trois forces nationalistes -

 12   -"

 13   R.  Je ne vois pas de quel paragraphe, il s'agit.

 14   Q.  C'est le premier paragraphe.

 15   R.  Excusez-moi, je n'arrive pas à retrouver cette phrase. Je me rappelle

 16   de ce paragraphe -- oui, c'est le début du paragraphe, je l'ai retrouvé.

 17   Oui, je vous en prie, avancez.

 18   Q.  "L'objectif que constitue le comportement serbe prédomine dans la

 19   plupart des débats occidentaux au sujet de savoir si la guerre n'est pas,

 20   comme certains le croient, le résultat simplement, d'une meilleure

 21   propagande menée par des Musulmans. Ceci ressort du fait que les Serbes de

 22   Bosnie, sont engagés dans un nettoyage ethnique à plus grand échelle que

 23   les autres."

 24   R.  C'est exact.

 25   Q.  "Comme notre compte rendu le montrera, cependant, les Serbes de Bosnie


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  1   ont eux aussi été victimes de nettoyage ethnique." C'est ce que vous avez

  2   dit à l'époque, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Vous le maintenez ?

  5   R.  C'est la conclusion que nous avons tirée et personne ne nous a fait

  6   changer d'avis jusqu'à présent.

  7   Q.  Puis, vous poursuivez "Les dirigeants nationalistes serbes, ensemble

  8   avec les extrémistes croates, allaient détruire la société pluriethnique

  9   qui, en dernière analyse, a été le plus grand achèvement de l'histoire

 10   bosniaque."

 11   R.  Je n'ai aucun doute là-dessus. Je le réitérerai aujourd'hui. Vous avez

 12   peut-être remarqué dans ma déposition que je suis arrivé depuis à la

 13   conclusion qu'il y a eu une lutte pour le pouvoir dans les différentes

 14   localités et comme je l'ai déjà dit à la Chambre, la Bosnie pluriethnique a

 15   été détruite même avant que la guerre ne commence. C'est dans ce sens que

 16   ma réflexion a évolué depuis que j'ai rédigé le livre. 

 17   Q.  Très bien. Page 14, s'il vous plaît.

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Alors, en page 14, il est question d'un rapport d'un témoin expert pour

 20   l'Accusation. Alors vous n'avez pas vraiment lu ce rapport, d'après ce que

 21   nous en savons aujourd'hui, n'est-ce pas ?

 22   R.  Je ne peux pas en être sûr. J'avais toute une masse de documents et je

 23   ne sais pas si j'ai lu ce rapport avant d'aller déposer. Il faudrait que je

 24   vérifie, je ne m'en souviens pas. Excusez-moi. Vous pouvez me comprendre.

 25   Q.  Tout à fait. Mais, vous connaissez bien le Dr Donia.


Page 24508

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Alors, c'est la phrase qui précède. Vous dites : "La cause nationale

  3   croate a été rapidement diffusée en Bosnie-Herzégovine qui a coupé tous les

  4   liens avec le gouvernement central à l'automne et le printemps 1991, donc

  5   aussi tôt que cela et qui ont constitué une cellule de Crise croate à

  6   l'automne de cette année pendant qu'en même temps, il mettait sur pied des

  7   unités paramilitaires pour défendre la région.

  8   R.  Quelle page ?

  9   Q.  Page 14.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Page 14.

 11   Mme KORNER : [interprétation]

 12   Q.  De votre rapport. La note 34, en bas de page, dit la chose suivante :

 13   "Après la création de la cellule de Crise", la CIA -- donc c'est le volume

 14   1, page 133. Alors pourriez-vous, s'il vous plaît, nous montrer ce volume

 15   1, page 133 ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Pouvez-vous nous dire où on peut trouver quoi que ce soit au sujet de

 18   la cellule de Crise en cette page ?

 19   R.  Essayons de voir, il est question ici des Croates de Bosnie, un instant

 20   s'il vous plaît.

 21   Je ne voudrais pas faire perdre du temps à la Chambre. Le cas ici, c'est

 22   que la référence est faite à la partie de la phrase qui parle des unités

 23   paramilitaires et non de la cellule de Crise. D'après la note en bas de

 24   page, il pourrait ressembler que cela se réfère aux deux, mais ce n'est pas

 25   vrai.


Page 24509

  1   Q.  Très bien. Excusez-moi, mais vous comprendrez, Monsieur le Professeur

  2   Shoup, qu'il est important de savoir cela puisqu'on cherche à s'assurer des

  3   références. Il est très important que nous sachions d'où vous puisez vos

  4   informations. Vous êtes d'accord avec moi ?

  5   R.  Certainement. Il faudrait qu'il y ait une autre note en bas de page ou

  6   peut-être deux notes en bas de page, à la place d'une. Au sujet de la

  7   création de la cellule de Crise, j'aurais dû ajouter une note en bas de

  8   page.

  9   Q.  Très bien. J'ai omis de vous poser une question. Pouvez-vous revenir en

 10   page 6 de votre rapport, s'il vous plaît, deuxième paragraphe ?

 11   R.  Attendez, je vais, juste, faire une mention au sujet de cette note en

 12   bas de page. Je suis un peu lent. Oui. J'y suis.

 13   Q.  Au deuxième paragraphe, vous dites la chose suivante : "La manière de

 14   procéder rationnelle", c'est au deuxième paragraphe.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  "Dans cette situation, aurait, certainement, été de laisser de côté les

 17   différences portant sur l'avenir de l'état bosniaque et de se polariser sur

 18   la nécessité de sauver la Bosnie et d'éviter la guerre civile."

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  La phrase suivante : "A qui devait-on s'adresser ?"

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  "La JNA qui est restée à Sarajevo au moins jusqu'en avril 1992."

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Tout d'abord, professeur Shoup, ceci n'est pas exact, n'est-ce pas

 25   puisque la JNA, comme vous l'appelez, l'armée serbe a été versée dans les


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  1   opérations en Croatie contre les Croates ?

  2   R.  Je ne vois pas ce que cela a à voir avec Sarajevo. Excusez-moi.

  3   Q.  "Qui est resté", vous dites, "à Sarajevo."

  4   R.  C'est exact. J'ai dit : "A Sarajevo au moins," puisque je suis,

  5   parfaitement, conscient du fait que la JNA était en train d'avoir des

  6   actions en Bosanska Krajina, en combattant les Croates. C'est la raison

  7   pour laquelle j'ai dit "au moins".

  8   Q.  Vous étiez au courant du fait que la JNA était activement versée dans

  9   la distribution des armes aux Serbes ?

 10   R.  Bien entendu.

 11   Q.  Très bien.

 12   R.  Vous devez savoir aussi que le 2 mars lorsque la crise a éclatée, on le

 13   voit dans le film de la BBC, ceci ressemblait, très bien, à un putsch, bien

 14   qu'Izetbegovic a évité la pire des situations puisqu'un général de la JNA a

 15   lui apporté son appui. C'est le 2 mars, qui plus est, Izetbegovic a mené

 16   des négociations avec la JNA plus tard, ceci figure dans le livre. A

 17   Skopje, en Macédoine, ils ont essayé de trouver une sorte d'accord ou de

 18   continuer les négociations politiques. Tout ceci se réfère, uniquement, à

 19   une portion de la JNA. J'oublie le nom du général, excusez-moi, à Sarajevo.

 20   Q.  C'est le général Kukanjac ?

 21   R.  Oui, tout à fait.

 22   Q.  La JNA a été, activement, engagée en tant qu'armée serbe, n'est-ce pas

 23   ?

 24   R.  Il est important de savoir qu'il y avait une division au sein de la

 25   JNA. Kukanjac a pris une position. La 5e Brigade de la Krajina, ce sont des


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  1   choses qu'il faudrait étudier. Il faut être prudent lorsqu'on se lance dans

  2   les généralisations sur ce sujet.

  3   Ma recherche laisse entendre qu'il y avait, au sein de la JNA, des

  4   désaccords au sujet de ce qu'il fallait faire, comment procéder. Peut-être

  5   que de nouvelles recherches pourraient montrer que j'ai tort. Pour le

  6   moment, c'est cela ma position.

  7   Q.  Très bien. C'est exactement ce qui nous intéresse, n'est-ce pas,

  8   Monsieur le Professeur Shoup ?  Vous ne vous êtes pas engagé dans des

  9   recherches approfondies avant d'avancer ces déclarations. Par exemple,

 10   avant d'examiner les documents du 1er Corps de la Krajina ?

 11   R.  Mais ceci ne pose aucun problème. Nous savons ce que ce Corps faisait.

 12   Nous savons qu'il a combattu en Croatie. Lorsque hier, on m'a posé quelle a

 13   été la position de ces soldats, quel a été leur moral, et cetera, il m'a

 14   semblé que c'était tout à fait possible qu'ils étaient inquiets, qu'ils se

 15   préparaient à combattre l'autre partie. Je ne vois pas pourquoi il faudrait

 16   étudier d'autres documents.

 17   Disons, simplement, qu'il y a un fait, à savoir le 26 mai à Skopje, il y a

 18   eu un effort colossal déployé par la JNA afin d'essayer de jouer un rôle de

 19   médiation. C'était le 26 avril, excusez-moi, avant le conflit. Pourquoi

 20   n'ai-je pas consulté, également, les documents qui concernent cette réunion

 21   à Skopje ? J'aurais bien aimé.

 22   Q.  Je voudrais que vous examiniez un autre document ?

 23   R.  Tout à fait.

 24   Q.  P1574.

 25   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent que l'on ralentisse.


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  1   Mme KORNER : [interprétation] Peut-on placer la version anglaise sur le

  2   rétroprojecteur ?

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pensais que Me Ackerman allait

  4   réagir.

  5   Mme KORNER : [interprétation] Oui, je sais, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je me doutais bien à quel sujet.

  7   Mme KORNER : [interprétation]

  8   Q.  S'il vous plaît, nous avons ici un rapport exhaustif sur l'appréciation

  9   de la situation qui a prévalue en Bosnie-Herzégovine dans la zone de

 10   responsabilité de la 2e Région militaire.

 11   R.  Je suppose que c'est après la restructuration de la JNA ?

 12   Q.  Non. Reportez-vous à la date, c'est en mars 1992 ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Vous dites dans ce rapport --

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Monsieur

 16   l'Huissier.

 17   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent que le Président allume le micro.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, merci.

 19   Mme KORNER : [interprétation]

 20   Q.  Vous dites dans votre rapport que la VRS a été constituée le 20 mai.

 21   Puis-je avancer que vous faites erreur là-dessus ? C'était le 12 mai.

 22   R.  Excusez-moi.

 23   Q.  Avez-vous lu le PV d'une réunion de l'assemblée du 12 mai 1992 ?

 24   R.  Non, bien entendu que non.

 25   Q.  Très bien. S'i0l vous plaît, nous avons ici un rapport complet.


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  1   Examinez la page 5, il s'agit de la JNA, avant la création de la VRS ?

  2   R.  Oui, tout à fait.

  3   Q.  Comme vous pouvez le voir, il ne s'agit pas seulement du Corps de la

  4   Krajina parce qu'il s'agit de leur puissance le 9, 10, 5, 17, et cetera.

  5   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'est pas sûre des dates.

  6   Q.  Il est dit ici : "Que la JNA a distribué 51 900 armes, 75 % au SDS, 17

  7   298."

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  Dans le paragraphe suivant, on pourrait se dire que l'armée reste du

 10   côté de Sarajevo.

 11   "300 armes automatiques ont été distribuées à ce jour aux officiers en

 12   retraite à Sarajevo, (ceux à qui on peut faire confiance). Alors dans les

 13   trois ou quatre jours qui suivent, 100 personnes seront armés. Ces

 14   personnes défendront des bâtiments, et cetera."

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  Lorsque vous lisez cela, auriez-vous rédigé la phrase que vous avez

 17   rédigée si vous aviez eu connaissance de cela. Lorsque vous avez dit que la

 18   JNA était restée du côté de Sarajevo ?

 19   R.  Non. Je ne l'aurais pas modifiée. Je l'aurais modifiée pour dire que le

 20   général Kukanjac et ceci nous aurait évité le débat que nous avons à

 21   présent. Après tout, j'étais, parfaitement, au courant du fait qu'un

 22   certain nombre d'éléments de l'armée ont placé de l'artillerie dans cette

 23   zone avant que le conflit ne commence. Ceci est encore plus indicatif. Quoi

 24   qu'il en soit, je ne pense pas que ceci condamne l'armée d'une manière

 25   quelle qu'elle soit. Il semble dire qu'ils donneront ces armes aux gens


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  1   pour que les gens puissent se défendre. Je pense qu'il n'y avait, vraiment,

  2   aucune signification dans le fait que 100 personnes se sont vues distribuer

  3   des armes afin de se défendre.

  4   Q.  Professeur, la seule chose que j'essaye de vous demander c'est la

  5   suivante. Votre phrase, dans votre rapport au sujet de la JNA disant

  6   qu'elle est restée sur place pour défendre, ne semble pas fiable si on

  7   s'appuie sur des éléments de preuve des documents que nous venons de voir.

  8   N'êtes-vous d'accord avec moi ?

  9   R.  J'espère que je ne vous ai pas induit en erreur lorsque vous avez lu le

 10   rapport. Le fait est que le général Kukanjac a joué un rôle plus important

 11   à des moments critiques en essayant d'empêcher que le conflit n'éclate.

 12   Peut-être, aurais-je dû citer son nom, au lieu de dire de manière générale

 13   la JNA. Excusez-moi.

 14   Q.  Pouvez-vous, s'il vous plaît, vous reporter en page 24.

 15   [La Chambre de première instance se concerte]

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Madame la

 17   Juge Taya me demande de quelle appartenance ethnique est le Général

 18   Kukanjac. Etait-ce un Serbe ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le sais pas. Je ne voudrais pas,

 20   simplement, à en juger d'après son nom que ce n'était pas un Serbe.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le sais pas.

 23   Mme KORNER: [interprétation]

 24   Q.  "Milosevic a décidé que dans toutes les zones en majorité serbe que ce

 25   soit en Bosnie ou en Croatie, ce territoire devait devenir la Serbie


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  1   propre. Nous le savons aujourd'hui."

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Alors comment le savons-nous ?

  4   R.  Cela provient des mémoires (Expurgé) La plupart des choses que nous

  5   savons au sujet des changements de la politique de Milosevic à l'égard de

  6   la guerre en Croatie, ce sont des choses que nous avons éminemment de cette

  7   source-là. Je pourrais revenir au livre pour vérifier les sources.

  8   Q.  Je voudrais, simplement, savoir pourquoi vous n'avez pas mis une note

  9   en bas de page ?

 10   R.  Oui. Je vois.

 11   Q.  Que me répondez-vous ?

 12   R.  Je pense que sans vérifier dans le livre.

 13   Q.  Pourquoi vous ne l'avez pas fait, vous dites : "Nous le savons

 14   maintenant." Pourquoi n'avez-vous pas mis une note en bas de page ?

 15   R.  Je pense que je n'ai pas expliqué. (Expurgé) a révélé cette

 16   information. Il a été une mine d'or pour ce qui est des informations sur

 17   les activités de Milosevic et pour la réflexion menée par Milosevic. Je ne

 18   sais pas pourquoi, mais cela vient de (Expurgé).

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne pense pas que le témoin a répondu

 20   à votre question.

 21   Mme KORNER : [interprétation] Je ne le pense pas non plus, Monsieur le

 22   Président.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse. Où est le problème ?

 24   Q.  Je voudrais savoir lorsque vous avancez quelque chose du genre et je

 25   cite : "Nous le savons maintenant", pourquoi vous ne mettez pas une note en


Page 24516

  1   bas de page pour étayer votre affirmation ? Pourquoi vous ne dites pas que

  2   cela figure dans le (Expurgé) ?

  3   R.  En d'autres mots, vous voulez dire que j'aurais dû mettre une note au

  4   bas de page.

  5   Q.  Je vous demande si vous vous êtes posé la question. Si vous estimiez

  6   que c'était nécessaire.

  7   R.  Oui. Tout à fait. Je pense que c'était dans la bibliographie et il y a

  8   tant de livres qui ont été rédigés là-dessus, je pensais que c'était d'une

  9   notoriété publique, mais effectivement, pour la Chambre, j'aurais dû une

 10   note au bas de page.

 11   Q.  Page 25, s'il vous plaît.

 12   Q.  La fin du paragraphe 3 : "L'ironie est que les deux parties se sont

 13   mises d'accord d'entreprendre des transferts, des déplacements de la

 14   population en tant qu'un moyen permettant d'éviter que la guerre n'éclate

 15   entre eux. La communauté internationale aurait pu ne pas être impliquée

 16   même si les populations croates et musulmanes s'étaient opposées au

 17   déplacement."

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Je voudrais savoir ce que vous entendez par cette phrase ?

 20   R.  Je suis en train d'avancer à la Chambre, en tant que quelqu'un qui se

 21   penche sur l'histoire de cette région, que si les Croates et les Serbes

 22   s'étaient mis d'accord sur une solution y compris le partage de la Bosnie

 23   d'une certaine manière, et s'ils avaient mené cela à bien, dans une

 24   situation où la communauté internationale ne souhaitait pas être impliquée

 25   dans les Balkans, on est en droit de spéculer, puisqu'il s'agit d'une


Page 24517

  1   spéculation et ceci nous révèle les complexités de la situation, qu'ils

  2   auraient pu s'en sortir ainsi. Vous pouvez contester cela, mais je pense

  3   que ceci jette un peu de lumière sur le fait qu'il n'y avait pas d'accord

  4   entre la Serbie et la Croatie. Ce qui était décisif pour que la guerre

  5   éclate en Bosnie. Un deuxième point, c'est que la communauté internationale

  6   souhaitait désespérément qu'ils résolvent les choses pacifiquement.

  7   Q.  Excusez-moi, en disant, même : "Si les Croates et les Musulmans locaux

  8   s'étaient opposés au déplacement", est-ce que par là, vous entendez dire

  9   que ceci aurait été acceptable que l'on déplace par la force les Croates et

 10   les Musulmans de leurs foyers comme on vous l'a dit pendant des siècles ?

 11   R.  J'ai dit que c'est ironique, que c'est l'ironie du sort. Ce que je suis

 12   en train de dire, c'est que le nettoyage ethnique auquel nous nous opposons

 13   de manière vigoureuse et nous avons droit de le dire puisque je considère

 14   qu'il s'agit là d'un crime. Puisque ceci aurait été un nettoyage ethnique,

 15   les déplacements de population fait à l'encontre des personnes en tant que

 16   mesure de discrimination. Si le fait de rester sur place aurait été

 17   difficile pour eux, cette mesure n'aurait peut-être été aussi contestable

 18   par la communauté internationale.

 19   Q.  Excusez-moi.

 20   R.  Vous pouvez contester cela, dire que c'est un point de vue cynique, une

 21   vision cynique des actions des grandes puissances.

 22   Q.  Etes-vous en train de dire, qu'à votre avis, il aurait été acceptable

 23   que les déplacements de population auraient été faits de manière discrète

 24   par la voie de discrimination à l'encontre des personnes en leur rendant la

 25   résidence, là où il se trouvait, difficile, et que ceci n'aurait pas été


Page 24518

  1   quelque chose -- aurait été fortement contestable ?

  2   R.  Excusez-moi, c'est précisément ce que je n'ai pas dit. Je disais que

  3   c'était l'ironie de la situation, que ceci aurait été acceptable à l'Europe

  4   occidentale et aux Etats-Unis. Mais ceci ne me semble pas acceptable, ce

  5   n'est pas ce que j'ai dit.

  6   Q.  Très bien. Mais je vous demande la chose suivante. Est-ce que ceci

  7   aurait été acceptable que des Musulmans et des Croates soient forcés à se

  8   déplacer par la force ou par la discrimination ? Vous ne dites pas que

  9   c'est acceptable ?

 10   R.  Vous avez mal compris mon papier, est-ce possible ? Je dis que

 11   Milosevic et Tudjman auraient pu trouver un modèle de partage qui

 12   impliquait les déplacements de population et que ceci était inacceptable et

 13   je l'ai dit parce qu'ils auraient pu trouver un plan qui aurait permis à la

 14   Bosnie de rester dans cette Yougoslavie "tronquée" sans déplacement, en

 15   préservant l'héritage yougoslave, ceci aurait été la meilleure solution à

 16   mon sens. Je pense que je suis clair là-dessus dans mon rapport.

 17   Q.  Très bien. Alors je vais avancer un petit peu. Page 37, s'il vous

 18   plaît, au troisième paragraphe.

 19   Q.  Vous dites : "Le phénomène de nettoyage ethnique --"

 20   R.  Oui.

 21   Q.  " -- en Bosnie était réellement un défi à poser à la communauté

 22   internationale à ceux qui considéraient que la Bosnie était un modèle de

 23   tolérance ethnique." C'est la phrase qui

 24   m'intéresse.

 25   R.  Oui.


Page 24519

  1   Q.  "Cependant, le nettoyage ethnique était aussi une réponse rationnelle

  2   dans le cadre des limites que les combattants allaient réclamer comme étant

  3   des zones de populations mixtes où ils souhaitaient consolider leur

  4   territoire conquis pendant les combats."

  5   R.  Bien entendu, c'est ma position. C'est moi qui l'ai rédigé. J'ai dit

  6   que c'était une réponse rationnelle, dans le cadre de certaines limites.

  7   Q.  Et quelles sont ces limites selon vous.

  8   R.  Les limites que vous connaissez parfaitement. Je suis en train de dire

  9   que ce n'est plus une réponse rationnelle. Je ne suis pas en train de dire

 10   que c'est une réponse qui est bonne ou mauvaise. Ce n'est pas une réponse

 11   rationnelle. Si les déplacements des populations de certaines zones visent

 12   à les placer, à des endroits sûrs, comme nous l'avons fait pendant la

 13   Seconde guerre mondiale avec les Japonais, ce n'est pas une réponse

 14   rationnelle, si elle est appliquée avec brutalité. Je ne pense pas que

 15   c'est une réponse du tout. Il faudrait que je ralentisse. Alors je n'aime

 16   pas cette idée du tout, dans son ensemble. Mais, ce que je dis, c'est la

 17   différence entre le déplacement des populations civiles par la force, ce

 18   qui se fait régulièrement, et s'est vu faire à travers l'histoire en temps

 19   de guerre et une réponse non rationnelle, à savoir : piller, incendier,

 20   tuer. Toute cette chose est très mauvaise, mais il y a une distinction

 21   importante que la Chambre doit opérer. Certainement, entre les actions qui

 22   sont prises en temps de guerre, eu égard aux populations, et que ce soit

 23   fait de manière brutale ou autrement.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, Madame Korner.

 25   Mme KORNER : [interprétation] Oui, j'ai oublié. M. Ackerman voulait qu'on


Page 24520

  1   lève la séance plus tôt.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il vous faudra combien de temps.

  3   Mme KORNER : [interprétation] Peut-être deux heures de plus. J'ai oublié en

  4   plus les vidéos.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allons. Nous nous sommes mis d'accord

  6   que nous allions lever la séance à 13 heure 15.

  7   Mme KORNER : [interprétation] Il me semble que les interprètes

  8   souhaiteraient avoir une petite pause.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, je n'ai pas l'intention de

 10   priver les interprètes ou qui que ce soit de leur pause. Combien de temps ?

 11   Mme KORNER : [interprétation] Dix minutes serait suffisantes si nous nous

 12   arrêtons à 13 heures 15.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je n'arrive pas à voir les interprètes

 14   derrière les fenêtres, les verres teintés, mais je suppose que nous

 15   pourrions faire une petite pause de dix minutes et puis nous lèverons la

 16   séance à 13 heure 15.

 17  

 18   M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense que nous devions aborder un certain

 19   nombre de points que Mme Korner le souhaitait. Est-ce que vous souhaitez

 20   peut-être qu'on laisse partir le témoin plus tôt ?

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, j'aurais besoin de moins de cinq

 22   minutes.

 23   Mme KORNER : [interprétation] Très bien. Je voulais simplement vous

 24   informer d'un problème, donc cinq minutes en tout.

 25   M. ACKERMAN : [interprétation] Pas de problème.


Page 24521

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On suspend la séance pendant dix

  2   minutes. Merci.

  3   --- L'audience est suspendue à 12 heures 32.

  4   --- L'audience est reprise à 12 heures 51.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y, Madame Korner.

  6   Mme KORNER : [Hors micro]

  7   Q.  Continuons un peu à parler au sujet de l'armée. Page 29 de votre

  8   rapport, je vous prie.

  9   R.  Oui.

 10   Q.  "En blâmant la VRS exclusivement pour tout le nettoyage ethnique ayant

 11   eu lieu, fin printemps, début été 1992--"

 12     Vous n'êtes pas au courant des détails toutefois, des actions qui ont été

 13   menées par la VRS à Prijedor, Sanski Most, Kljuc et d'autres

 14   municipalités ?

 15   R.  J'en sais plus à ce sujet à présent qu'à l'époque où j'ai rédigé le

 16   rapport puisque j'ai eu accès à certains témoignages.

 17   Q.  Vous venez de dire donc que : "Vous en savez plus à présent qu'à

 18   l'époque où vous avez rédigé le rapport" ? N'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Qu'avez-vous lu depuis que vous avez terminé la rédaction de ce

 21   rapport ?

 22   R.  J'ai lu les documents. Votre question concerne-t-elle la date à

 23   laquelle je me suis intéressé à certains documents ayant trait au rapport.

 24   J'ai revu certains de ces documents que j'avais déjà lus auparavant en vue

 25   de rédiger ce rapport. Vous savez que rien que la CIA est l'auteur de deux


Page 24522

  1   énormes tomes là-dessus. J'ai regardé ces rapports et j'ai lu certaines

  2   choses dans ma chambre d'hôtel.

  3   Par exemple --

  4   Q.  Vous dites donc : "Que vous en savez plus qu'à l'époque où vous avez

  5   rédigé le rapport puisque vous avez eu accès à certains témoignages." Quels

  6   témoignages pensez-vous ?

  7   R.  A l'annexe concernant le cadre  des "opérations dans les Balkans" dans

  8   le cadre de l'étude de la CIA, M. Ackerman a attiré mon attention sur la

  9   description d'un incident qui s'est produit dans un village donné. J'ai

 10   estimé que cela était très intéressant. Au départ, je ne pensais pas que

 11   cela aurait été utile lorsque j'ai vu pour la première fois ce tome, cet

 12   ouvrage.

 13   J'étais persuadé qu'effectivement, un nettoyage ethnique avait eu lieu.

 14   Certains événements qui, comme le nettoyage ethnique, ont eu lieu au

 15   printemps et en été, peut-être que certains se sont produits un peu plus

 16   tôt.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je dois, Monsieur, vous dire que vous

 18   n'avez pas répondu à la question. La question était la suivante : Quelles

 19   sont les dépositions que vous avez lues depuis que vous avez terminé la

 20   rédaction du rapport, j'ai à l'esprit la page 29 de votre rapport ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Une seconde, je vous prie. Ce que je peux vous

 22   dire, c'est que j'ai lu les témoignages de M. Treanor et Brown. Ils ne

 23   m'avaient pas été envoyés à l'époque où j'ai rédigé le rapport.

 24   Je suis sûr que M. Ackerman saurait vous dire, avec plus de précision,

 25   quels sont les documents qu'il m'a envoyés.


Page 24523

  1   Mme KORNER : [interprétation]

  2   Q.  Alors s'agit-il du rapport ou du compte rendu du témoignage de M.

  3   Treanor ?

  4   R.  Il s'agit du compte rendu du témoignage.

  5   Q.  Vous avez lu la déposition de M. Brown ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  C'est ce que vous nous dites ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Je prie le conseil de la Défense de tirer cela au clair. Je ne pense

 10   pas qu'il a envoyé tous ces documents à Charlottesville. Je pense que j'ai

 11   lu tous ces documents ici.

 12    "La VRS a été mise sur pied le 20 mai." C'est ce que vous dites ? La date

 13   officielle est pourtant le 12 mai lorsque la session de l'assemblée a eu

 14   lieu. Est-ce qu'un document vous a été montré par M. Ackerman ou ceci

 15   aurait été dit ?

 16   R.  [aucune interprétation]

 17   Q.  Je vous dis que la date officielle de la création de la VRS est le 12

 18   mai.  Est-ce que M. Ackerman vous a montré les PV de l'assemblée qui a eu

 19   lieu le 12 mai ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  "Après que le dernier des Serbes non bosniaques ait quitté les rangs de

 22   JNA." Pouvez-vous nous dire d'où détenez-vous cette information ?

 23   R.  Ceci est basé sur la réorganisation de la JNA en Bosnie qui est devenu

 24   exclusivement Serbe, enfin qui avait des tendances pan serbes depuis le

 25   mois décembre 1991. Je ne sais pas si je l'ai retrouvé dans mes dépositions


Page 24524

  1   de Treanor ou de Brown. Je ne me suis pas fondé sur un document mais plutôt

  2   sur une supposition pour affirmer cela.

  3   Q.  Permettez-moi, Monsieur Shoup, il me semble que dans les cercles

  4   académiques, il est, tout à fait, inconcevable d'énoncer une supposition

  5   comme étant un fait.

  6   R.  Je suis d'accord qu'il s'agit d'une omission de ma part.

  7   Q.  Des officiers croates et musulmans seraient-ils au sein de la VRS après

  8   que celle-ci [imperceptible].

  9   R.  Je le sais, oui.

 10   Q.  "Un ordre émanant de Karadzic avait placé toutes les forces de la TO et

 11   des paramilitaires sous le commandement de la VRS, mais cet ordre n'a pas

 12   été émis avant le mois de juin et n'a pas été mis en œuvre avant trois ou

 13   quatre semaines, d'après ce que dit Karadzic." Ensuite, note de bas de page

 14   71 : "On voit que la source est de tome II du rapport de la CIA." Ensuite

 15   vous dites : "Information fournie par l'auteur." Quelle information ?

 16   R.  Il s'agit de quelqu'un qui a interviewé Karadzic à ce sujet

 17   particulier, une source très fiable. Il s'agit d'Obrad Kesic [phon].

 18   Q.  Pourquoi vous ne l'avez pas écrit ?

 19   R.  J'aurais pu.

 20   Q.  Il s'agit, là, de quelque chose de très important.

 21   R.  J'étais préoccupé par des questions bien plus importantes. J'étais

 22   quelque peu réticent à citer son nom, à moins que ceci ne s'avère

 23   nécessaire.

 24   Q.  Il s'agit là, des personnes qui n'étaient pas placées "sous vos

 25   contrôles." [comme interprété]


Page 24525

  1   R.  Revenons un peu en arrière. J'ai donné un résumé du contexte historique

  2   de la Bosnie. Je pensais que la Cour n'avait pas accès aux informations les

  3   plus récentes concernant la guerre sur la Bosnie, par exemple, le rapport

  4   de la CIA. J'ai été, moi-même, surpris par ce que j'ai trouvé là-dedans. Je

  5   pense que ceci est très utile aux Juges de cette Chambre. Il y a des

  6   éléments de preuve dans un sens comme dans l'autre concernant les

  7   paramilitaires d'une partie ou de l'autre qui agissaient sans qu'il y ait

  8   qui que ce soit pour contrôler ces forces. Toutefois, je ne veux pas

  9   répéter ce que ces personnes ont dit.

 10   Q.  Vous vous appuyez sur le livre qui a été publié par la CIA. Lorsque je

 11   dis que vous n'avez pas connaissance -- qu'il n'avait pas de connaissance

 12   là-dessus, il s'agit des informations qui sont contenues dans ce rapport.

 13   R.  Je comprends. J'ai vu ce rapport. J'ai vu le rapport de la CIA.

 14   Q.  Vous n'avez pas vérifié les sources utilisées par la CIA.

 15   R.  Ah, oui. Bien sûr que non.  C'est pour cela que j'ai été assez libre de

 16   citer les positions qui sont souvent contradictoires et qui sont prises par

 17   la CIA.

 18   Q.  [aucune interprétation] A la fin, on lit sur cette page : "La

 19   littérature que j'ai consultée ne semble tout à fait certaine au sujet de

 20   la responsabilité des commandants militaires."

 21   De quelle littérature parle-t-on ? De quelle source ?

 22   R.  Je pense à la CIA, au rapport néerlandais. Il y a, également, un autre

 23   livre concernant la guerre croate ou musulmane.

 24   Q.  Vous parlez, également, du livre de Charles Shrader.

 25   R.  Je l'ai cité à plusieurs reprises dans ce rapport.


Page 24526

  1   Q.  N'avez-vous jamais pensé qu'il y ait eu des instructions qui étaient en

  2   vigueur à l'époque, et qui traitaient des commandants, de ce qu'ils

  3   devaient faire ?

  4   R.  J'aurais bien aimé voir des instructions de ce type. J'avais de nouveau

  5   une sorte de dilemme, je me suis toujours demandé ce qui serait le plus

  6   utile à la Cour, et j'ai opté pour un choix.

  7   Q.  Pourquoi à la place d'une source qui est, déjà, passée un filtre d'une

  8   manière ou d'une autre, pourquoi vous n'avez pas consulté le document

  9   original ? Pourquoi n'avez-vous pas vu, vous-même, les instructions qui ont

 10   été émises à l'égard des commandants militaires ?

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  [aucune interprétation]

 13   R.  Je vous ai dit déjà que les sources secondaires quelque fois sont plus

 14   fiables que les sources primaires, puisque celui qui est l'auteur des

 15   sources secondaires a passé beaucoup de temps à travailler, à traiter

 16   certains documents. Je ne comprends, par exemple, la terminologie

 17   militaire, et j'imagine que les gens de la CIA sont beaucoup plus

 18   compétents que moi dans ce domaine.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes en train de nous répéter.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Cette journée a été longue pour vous

 21   Professeur.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons terminer un peu plus tôt.

 24   Vous méritez bien de vous reposer. Nous nous reverrons lundi prochain.

 25   Mme KORNER : [aucune interprétation]


Page 24527

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous rappelle que vous êtes toujours

  2   tenu par la déclaration solennelle, que vous ne devrez pas parler à qui que

  3   ce soit à ce sujet.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

  5   Est-ce que je peux poser une question aux Juges.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien sûr.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai trouvé le document que l'on a demandé de

  8   regarder, le document de la JNA, je l'ai trouvé très intéressant, et je me

  9   demande si je ne pourrais pas obtenir la cote afin de regarder ces

 10   documents, moi-même.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est 1275, il me semble. Je ne me

 12   souviens pas du numéro.

 13   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 14   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 15   Mme KORNER : [interprétation] Je souhaiterais quand même réfléchir, ce

 16   week-end, à ce sujet.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien sûr.

 18   Mme KORNER : [interprétation] La seule raison pour laquelle j'hésite à ce

 19   sujet, c'est qu'il s'agit d'un document faisant partie de la liasse et a

 20   trait au 1er corps de la Krajina. Non je ne suis pas tout à fait sûre du

 21   statut du document.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 23   Mme KORNER : [aucune interprétation]

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Je demande juste qu'on me dise comment y

 25   accéder électroniquement.


Page 24528

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Professeur. Vous

  2   serez raccompagné et nous nous reverrons lundi prochain.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je remercie l'Accusation de m'avoir fourni ce

  4   document. Je pense qu'il s'agit d'un document remarquable.

  5   [Le témoin se retire]

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous devons invoquer la question du

  7   calendrier pour la semaine prochaine ? Lundi ? La journée de lundi sera

  8   prise par ce témoin et j'espère que nous en terminerons avec lui.

  9   Mme KORNER : [interprétation] Oui, j'en terminerai avec lui.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ensuite, nous avons le témoin que vous

 11   voulez faire revenir.

 12   Mme KORNER : [aucune interprétation] Pouvons-nous passer en huis clos

 13   partiel.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. 

 15   [Audience à huis clos partiel]

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 12  Pages 24529 à 24534 –expurgées– audience à huis clos partiel.

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 19  (Expurgé)

 20   [Audience publique]

 21   M. ACKERMAN : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que nous

 22   avions convenu de nous arrêter à 13 heures.

 23   Mme KORNER : [interprétation] Oui.

 24   M. ACKERMAN : [interprétation] Je suis vraiment désolé de devoir

 25   interrompre Mme Korner, mais je dois dire qu'elle a déjà eu le temps


Page 24536

  1   nécessaire pour présenter ses arguments là-dessus et je trouve qu'il est

  2   aberrant qu'elle le fasse maintenant.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce n'était pas mon impression que ces

  4   documents soient versés au dossier de façon temporaire et, corrigez-moi si

  5   je m'abuse, je vous prierai de nous en informer lundi matin. Mais ce

  6   n'était pas l'impression que j'en avais, je ne croyais pas que ce document

  7   ou que ce livre était versé au dossier par la Défense de façon temporaire,

  8   sujet à notre décision.

  9   Mme KORNER : [interprétation] Je vais devoir vérifier le compte rendu de

 10   l'audience moi-même. C'était M. Cayley qui a traité des éléments de preuve

 11   du Dr Donia. Je vais donc vérifier le compte rendu de l'audience.

 12   Mais, je crois qu'il faut entrer en profondeur concernant l'argumentation

 13   juridique de ceci. Il faut savoir quelle est la pertinence de ce livre.

 14   Vous allez devoir statuer et décider dans le cadre de cette affaire et je

 15   ne crois pas que ce livre est pertinent.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 17   Mme KORNER : [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation] Très bien. Monsieur Ackerman.

 19   M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais dire cette phrase en conclusion.

 20   Vous êtes des Juges professionnels et c'est à vous d'en juger.

 21   Monsieur le Président, Mesdames les Juges, je crois que le dossier de cette

 22   affaire est rempli de documents que vous a fourni l'Accusation et qui ne

 23   sont vraiment pas importants.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie de part et d'autre.

 25   Vous êtes des avocats de très haut calibre, je vous tiens en haute estime.


Page 24537

  1   Je vous remercie. Au revoir.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation] Merci et bonne fin de semaine.

  3   --- L'audience est levée à 13 heures 31 et reprendra le lundi 9 février

  4   2004, à 9 heures 00.

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