Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-13a-T

2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE

3 Vendredi 24 avril 1998

4 LE PROCUREUR

5 c/

6 SLAVKO DOKMANOVIC

7 L’audience est ouverte à 8 heures 30.

8 M. le Président (interprétation). - Bonjour.

9 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience)

10 Quel est le numéro de l'affaire ?

11 M. le Greffier (interprétation). - IT-95-13a-T, le Procureur

12 l'accusation contre Slavko Dokmanovic.

13 M. Niemann (interprétation). - Bonjour. Je m'appelle Grant

14 Niemann. Je me présente avec mes collègues, M. Williamson, Me Waespi et

15 M. Vos.

16 M. Fila (interprétation). - Bonjour. Je m'appelle Tomas Fila et

17 avec Me Lopicic et Me Petrovic j’assure la défense de M. Dokmanovic.

18 M. le Président (interprétation). - Je vais maintenant poser ma

19 question habituelle à M. Dokmanovic. M'entendez-vous ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

21 M. le Président (interprétation). - Merci.

22 Avant de poursuivre, j'aimerais attirer votre attention sur une

23 note qui m'a été

24 fournie par les interprètes, via le Greffe. A bon escient, les interprètes

25 soulignent que lorsque le témoin reçoit un document qu'on lui demande de

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1 lire, il faudra également fournir ce document aux cabines aux cabines

2 d'interprétation. Dans le cas contraire, il est trop difficile de traduire

3 sans les textes. Pourriez-vous vous efforcer de fournir à l’avance,

4 également aux interprètes, une copie du document lorsqu'il est lu par une

5 des parties ou par un témoin, afin qu'ils puissent se préparer ? Pouvons-

6 nous poursuivre l'examen de notre témoin ?

7 M. Fila (interprétation). - Monsieur le Juge, le témoin va

8 poursuivre.

9 J'aimerais quand même dire au Tribunal ce que j'ai déjà annoncé

10 à M. Niemann ce matin. Nous nous efforçons de faire venir des témoins. Il

11 semble qu'il y ait une règle au sein de ce Tribunal, soit un jour à

12 l'avance pour faire venir les témoins. J'ai passé hier plusieurs heures à

13 discuter avec l'Ambassade néerlandaise à Belgrade. Elle ne travaille pas

14 lundi et aujourd'hui elle n’est ouverte que jusqu’à 14 heures. On m'a

15 déclaré que si ces permis n'étaient pas émis par le Tribunal à 10 heures

16 ce matin, à ce moment-là ces personnes n’obtiendront pas les visas. Il

17 faut que l'on fournisse ces visas avant 10 heures ce matin. Je souhaite

18 vous remercier d'avoir assuré le sauf conduit pour ces témoins.

19 Mais je ne sais plus quoi faire, alors j'aimerais proposer ce

20 qui suit. Si ces documents ne sont pas émis avant 10 heures ce matin,

21 pourrait-on leur donner des visas à l'aéroport de Schiphol car l'un des

22 témoins est sensé arriver demain. Les autres devraient arriver dimanche.

23 Sinon, je ne sais pas comment nous allons faire. Ce que j'essaye de vous

24 dire, c'est que ce n'est pas la faute de la défense ; je voulais souligner

25 cela.

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1 M. le Président (interprétation). - Merci, Monsieur Fila. Vous

2 m'avez dit que les visas, les permis, doivent être émis par le Tribunal ou

3 bien la demande de visa ?

4 M. Fila (interprétation). - Ce ne sont pas les autorités

5 croates, c'est toujours la Serbie à Belgrade. Le Tribunal demande des

6 visas émanant du ministère des Affaires intérieures. Le ministère informe

7 les autorités à Belgrade que ces visas ont été accordés à la demande du

8 Tribunal pour que les personnes puissent venir témoigner. Les personnes

9 qui s'en vont demain ont obtenu un visa jusqu'au 31 avril, enfin nous ne

10 savons pas exactement jusqu'à quand exactement va durer l'interrogatoire,

11 donc le visa est valable jusqu'au 31. Si le ministère de l'Intérieur de

12 La Haye n'envoie pas son approbation à Belgrade, Belgrade n'émettra pas de

13 visas. C'est la raison pour laquelle je vous dis que si cela n'est pas

14 possible avant 10 heures du matin, on pourrait peut-être leur fournir des

15 visas à Schiphol. C'est ce qui s'est passé pour les témoins lorsque j’ai

16 demandé la licité de l'arrestation pour M. Dokmanovic. On pourrait

17 procéder de façon similaire.

18 M. le Président (interprétation). - Non; je n'ai pas fait

19 référence aux autorités croates, excusez-moi. Je sais que les visas

20 doivent être envoyés à Belgrade. Mais je me demande si le Greffe serait en

21 mesure de nous donner quelques explications. Je suis entièrement d'accord

22 avec M. Fila, il faut que nous prenions toutes les mesures possibles.

23 J'avais cru que le Greffe avait déjà transmis la demande de visas.

24 Maintenant, il faudra demander aux autorités néerlandaises de réagir

25 immédiatement. Je suis entièrement d'accord. J’aimerais prier le Greffe de

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1 nous donner des informations supplémentaires.

2 M. le Greffier (interprétation). - C'est généralement la tâche

3 de l'Unité victimes et témoins. Ils ne nous ont pas informés du fait qu'il

4 pourrait y avoir un problème, alors je ne sais pas, mais je vais

5 m'adresser à l'Unité victimes et témoins.

6 M. le Président (interprétation). - Oui. Pourriez-vous envoyer

7 une note au chef de ce département et exercer des pressions afin qu'il

8 puisse agir avant 10 heures du matin, ou afin de tout leur possible pour

9 que les témoins puissent obtenir les visas à l'aéroport, car nous ne

10 pouvons par perdre trois jours.

11 M. Fila (interprétation). - Monsieur le Président, M Bos ne

12 doit pas penser que je lui en veux personnellement. Je sais que vous avez

13 fait de votre mieux. Le problème n'est pas au Tribunal car les papiers

14 sont déjà partis. Le problème c'est que le ministère des Affaires

15 étrangères n'a pas envoyé les documents nécessaires à Belgrade. Donc que

16 tout soit bien clair, je ne vous en veux pas.

17 M. le Président (interprétation). - Vous voyez, même aux Pays-

18 Bas, la bureaucratie existe au sein des ministères, donc parfois il y a

19 des retards. Permettez-moi de saisir l'occasion et de demander à

20 Maître Fila s’il estime qu’aujourd'hui il serait possible d’entendre non

21 seulement M Milinkovic, mais également les deux autres témoins qui étaient

22 prévus pour aujourd’hui ?

23 M. Fila (interprétation). - Oui.

24 M. le Président (interprétation). - Cela dépend de l'accusation

25 bien entendu. Pourriez-vous reprendre votre interrogatoire.

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1 M. Petrovic (interprétation). - Monsieur Milinkovic, hier la

2 séance a été levée à un moment où vous nous expliquiez comment l'armée a

3 tenté de s'introduire à Borovo Selo le 2 mai. Pourriez-vous reprendre à ce

4 moment-là ? Pourquoi l'armée s'est-elle dirigée vers Borovo Selo ?

5 L’Interprète. - Le micro de l’Interprète ne fonctionne pas.

6 M. Milinkovic (interprétation). - M’entendez-vous maitnenant, Je

7 l’espère. Madame et Messieurs les Juges, j'aimerais poursuivre.

8 Pour autant que je me souvienne, je crois avoir dit que les

9 chars d'assaut de la JNA étaient passés à un endroit où je me trouvais,

10 c'était entre Borovo et Borovo Selo, après que la MUP ait fait un appel

11 pour exhorter les personnes qui bloquaient la route devant les chars,

12 étant donné que les personnes du MUP étaient assiégées, celles qui avaient

13 attaqué Borovo Selo, je suis retourné à Vukovar. Il y avait des

14 agitations, de nombreuses réunions, de nombreux meetings se tenaient.

15 Toutes les personnes qui pensaient qu'elles pouvaient faire quelque chose

16 se réunissaient.

17 Je me souviens qu’à un moment M. Caja m'a téléphoné. Nous avons

18 essayé de voir ce qu'il était possible de faire. Il m'a demandé pourquoi

19 je ne lui présentais pas mes condoléances

20 pour la mort de dix-neuf personnes de son peuple. J'ai dit quelque chose

21 voulant dire que c'était lui même qui les avait envoyées à la mort, car

22 cela faisait des jours que je le mettais en garde de ne pas recourir à la

23 force. Il a vraiment parlé de dix-neuf victimes, mais la déclaration

24 officielle, on parlait de douze ou de treize. Il semblerait que toutes les

25 victimes du MUP n'ont pas toutes été enregistrées. Je ne sais pas

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1 pourquoi. Il y a peut-être eu plusieurs versions en circulation. C'était

2 une croisée des chemins, car cette attaque à Borovo Selo a entraîné le

3 début de la guerre civile.

4 M. Fila (interprétation). - Excusez-moi. Pourriez-vous expliquer

5 le rôle de l'armée populaire yougoslave lors de ces événements, tant à

6 Borovo Selo que dans les moments qui ont suivi immédiatement cette

7 intervention ? Quel a été le rôle de la JNA ?

8 M. Milinkovic (interprétation). - On a demandé à la JNA

9 d'intervenir afin d'empêcher le conflit. Ils sont intervenus comme suit.

10 Ils sont arrivés en APC à Borovo Selo et ont évacué les membres du MUP qui

11 étaient encerclés. Mais de nombreuses personnes étaient encerclées, donc

12 on ne sait pas ce qui se serait produit si l'armée n'était pas arrivée

13 pour les évacuer. Après le 2 mai, à l’époque on a assisté à l'apparition

14 de nombreux conflits armés. L'armée était souvent appelée par les Serbes

15 ou par le HDZ, c'est à dire la police. A plusieurs reprises, la police a

16 demandé l’intervention de l’armée lorsque les membres de la police étaient

17 encerclés. La JNA, au cours de ces mois jusqu’à la fin juillet, pendant

18 que je me trouvais à Vukovar, est intervenue exclusivement de cette façon.

19 Ils ont essayé de séparer les parties en conflit chaque fois qu’il y avait

20 excès.

21 M. Petrovic (interprétation). - Il s’agit de bien savoir qui a

22 fait venir l’armée le 2 mai, car cette situation reste encore obscure,

23 hier vous avez dit qu’un appel avait été fait du bureau de la présidence.

24 M. Milinkovic (interprétation). - C’est moi qui ai appelé

25 l’armée. Bon nombre de personnes avaient accusé Dokmanovic en pensant que

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1 c’était lui qui avait appelé l’armée et

2 estimant qu’il n’aurait pas fallu l'appeler. Ces personnes pensaient,

3 étant donné qu’il y avait conflit, qu’il ne fallait pas séparer les

4 parties en conflit. De nombreuses accusations ont été lancées contre

5 M. Dokmanovic, mais ce n’est pas lui qui a demandé l’intervention de

6 l’armée, c’est moi.

7 L’Interprète. - Les interprètes n’ont pas entendu la question.

8 M. le Président (interprétation). – Pourriez-vous répéter la

9 question, les interprètes ne l’ont pas entendue ?

10 M. Petrovic (interprétation). – Résumons rapidement les

11 événements à Borovo Selo. Comment se sont terminé ces événements ?

12 M. Milinkovic (interprétation). – Le lendemain, je me suis rendu

13 à Borovo Selo. Cette journée était très importante. J’ai essayé de

14 reconstituer la journée. J’ai discuté avec un certain nombre de témoins,

15 entre autres avec une dame qui s’appelait Ljubica, employée aux PTT. Le

16 bureau de poste se trouvait dans le même bâtiment que les bureaux de la

17 communauté locale, donc là où le conflit avait débuté. J’ai discuté avec

18 certains témoins et on m’a dit qu’à un moment, là où se trouvait le

19 quartier général de la défense, une voiture qui arrivait à grande vitesse

20 s’est arrêtée. C’était une Opel et de nombreux policiers sont sortis de la

21 voiture. Ils ont ouvert le feu sur ce bâtiment de Borovo Selo. Ils ne

22 savaient pas qu’à ce moment-là personne ne se trouvait dans les bureaux de

23 ce bâtiment.

24 Devant le bâtiment, il y avait uniquement un garde, un homme

25 qui, à ce moment-là, était assis sur les escaliers, son arme sur les

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1 genoux, mais celle-ci à ce moment-là était démantelée. Je le sais parce

2 qu'en fait M. Dubrovmi et M. Zdugui, deux de mes employés aux PTT,

3 passaient ; ils m'ont dit que l'arme était démontée. Il a été tué sur

4 place et certains passants ont été blessés. Quatre ou cinq témoins ont

5 déclaré la même chose, c’est à dire qu’au cours des cinq ou dix premières

6 minutes personne n'a répondu aux coups de feu venant de ces policiers.

7 Ensuite, trois autres voitures se sont arrêtées, en plus de

8 cette voiture, les deux Jeep

9 et le véhicule (que j'avais mentionné et dans lequel se trouvaient les

10 membres du ZNG), suivis par deux bus de membres du ZNG armés. Toutes ces

11 personnes sont sorties des véhicules et ont ouvert le feu. Je le répète,

12 tous les témoins ont déclaré qu'il n'y a eu aucune réponse de l'autre

13 partie pendant les cinq ou dix premières minutes. Après cela, les tirs ont

14 été retournés. Les policiers sont entrés dans le bâtiment où il y avait un

15 dispensaire. Un certain nombre de personnes ont été prises en otage, de

16 même que des personnes se trouvant dans un café voisin. Les personnes qui

17 se trouvaient à ce moment-là dans la rue, donc des passants, alors que le

18 feu croisé se renforçait, y compris, étaient touchées, étant donné qu'il y

19 avait de nombreux coups de feu émanant des toits des bâtiments voisins.

20 J'ai vu les bus que les policiers croates avaient pris pour se rendre à

21 Borovo Selo. J'ai également vu de la nourriture qui n'avait pas été

22 entièrement mangée : des morceaux de saucisses, du pain, des cigarettes

23 qui n'avaient pas été entièrement fumées. Apparemment, tous ces faits

24 avaient été très brusques. On avait l'impression que ces personnes

25 s'étaient rendues à un exercice et qu'elles n'étaient pas parties pour

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1 s'engager dans une attaque. Rapidement, les policiers ont été encerclés.

2 C'est la raison pour laquelle ils ont insisté pour que l'armée soit

3 appelée. L’armée est arrivée en APC. A ce moment-là, il y avait toujours

4 des tirs croisés. Ils ont pris les Croates encerclés et les ont emmenés.

5 J'ai mentionné Matkovic, qui était un des chefs des forces

6 spéciales de la police croate. A ce moment-là, il a embrassé un officier

7 de la JNA pour le remercier de lui avoir sauver la vie. Matkovic m'en a

8 parlé plus tard. J'en ai également entendu parler par l'officier de

9 police.

10 M. Petrovic (interprétation). - Je pense que, juste après, une

11 réunion s'est tenue à l'assemblée municipale de Vukovar. Que s'est-il

12 passé ?

13 M. Milinkovic (interprétation). - Au cours de ces journées, il y

14 avait beaucoup d'activités politiques. On essayait de résoudre le

15 problème. A la demande de M. Dokmanovic, une réunion a été organisée dans

16 son bureau. De hauts fonctionnaires ont été invités, ainsi que de hauts

17 fonctionnaires croates, M. Markovic, M. Bojkovac et ses associés étaient

18 également là,

19 au nom du gouvernement de Croatie.

20 M. Petrovic (interprétation). - Quelles étaient leurs fonctions

21 à l'époque ?

22 M. Milinkovic (interprétation). - Bojkovac, si je ne me trompe

23 pas, était ministre de l’Intérieur. Brovet était également de la JNA, il

24 était ministre adjoint de la Défense de la fédération. Donc toute une

25 délégation. La réunion était présidée par M. Dokmanovic. On aessayé de

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1 voir comment dépasser cette situation qui semblait mener à la guerre

2 civile. Malheureusement, à l’époque déjà, chaque partie avait son propre

3 point de vue. Les Croates ont dit qu’il y avait eu des victimes, des

4 morts. A un moment donné, j’ai dit que c’était vraiment regrettable qu’un

5 nombre aussi important de personnes aient été tuées, mais que je ne

6 pouvais pas m’empêcher de penser que ces personnes avaient été sciemment

7 envoyées à la mort dans le cadre de l’homogénéisation de la nation.

8 M. Boljkovac a dit qu’il n’avait rien à ajouter.

9 J’aimerais vous montrer un document, le document qui porte la

10 cote D6. Pourriez-vous nous dire de quel document il s’agit ?

11 (L’huissier s’exécute).

12 M. Milinkovic (interprétation). - Puis-je parler ?

13 M. Petrovic (interprétation). - Allez-y.

14 M. Milinkovic (interprétation). - C’est un document réalisé à la

15 demande de M. Dokmanovic. A l’époque, la situation était extrêmement

16 complexe et très difficile. On a justement essayé de dépasser la

17 situation. Les tensions ethniques se renforçaient et s’exacerbaient. Des

18 efforts étaient engagés afin d’apaiser ces tensions, de trouver une

19 solution pacifique. M. Dokmanovic a fait une proposition et cette

20 résolution a été envoyée à l’Assemblée municipale, pour autant que je m’en

21 souvienne, au gouvernement de la République de Croatie et à des

22 institutions yougoslaves.

23 M. Petrovic (interprétation). - Après ces événements à Borovo

24 Selo, pouvez-vous nous dire si dans la ville de Vukovar des pressions ont

25 été exercées contre les Serbes ? Les

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1 Serbes ont-ils été expulsés ? Des Serbes sont-ils partis ?

2 M. Milinkovic (interprétation). - Afin d’être le plus précis que

3 possible en réponse à votre question, j’aimerais vous décrire rapidement

4 la chronologie de ces événements.

5 M. Petrovic (interprétation). - Pourriez-vous nous citer

6 quelques exemples pertinents ?

7 M. Milinkovic (interprétation). - Oui. Il existe de nombreux

8 exemples de ce genre, mais je vais vous parler de ceux auxquels j’ai

9 participé directement ou de ceux dont j’ai directement entendu parler par

10 les protagonistes.

11 Il est difficile d’expliquer l’escalade graduelle. Les personnes

12 vivaient sur place, mais après un certain temps une certaine psychose

13 s’est développée. Les gens étaient habitués à cohabiter bien que la

14 communauté ait été multi-ethnique. Elle comportait non seulement des

15 Croates et des Serbes, également des représentants de nombreux autres

16 nationalités ou groupes ethniques. Au travers d’actions graduelles faites

17 par des individus, cette tension s’est développée. Il est difficile de

18 l’expliquer surtout à des personnes qui n’y ont pas assistée. J’y ai

19 assisté et j’ai déjà des problèmes à le comprendre. Cela a commencé par de

20 petites provocations. Le monument dédié aux partisans près de Bobota a été

21 endommagé. Parfois, des inscriptions en cyrillique ont été gravées sur les

22 murs de l’Assemblée municipale. Des coups de feu ont été tirés pendant la

23 nuit. La police n’a pas mené d’enquête et si elle l’a fait elle n’a jamais

24 publié de rapports. Donc il n’y a jamais eu de poursuites. Les excès ont

25 été de plus en plus nombreux et se sont renforcés au cours de

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1 l’année 1991. On a tiré non seulement sur des bâtiments mais sur des gens

2 aussi. Je vais citer un seul exemple, mais il y en a eu de nombreux. Une

3 de mes employées, Mme Skorupan, a constaté plusieurs tirs contre la façade

4 de sa maison pendant la nuit ; le matin même elle m’en a parlé. Ensuite,

5 on a commencé à tirer depuis des voitures traversant des villages dont la

6 population était en majorité serbe. Puis, des voitures arborant des

7 fanions croates traversaient les villages en faisant beaucoup de bruit, en

8 tirant également. Notamment, en

9 traversant le village de Brsadin, des gens dans des voitures tiraient et

10 deux jeunes hommes, se trouvant dans la rue, ont été blessés. A

11 Borovo Selo, avant le 2 mai, en direction de Daze, deux grenades ont été

12 lancées (je ne connais pas très bien les armes, je crois qu’il s’agissait

13 de lances-grenades). La tension s’est renforcée. Les personnes se

14 sentaient mal à l’aise, puis elles ont commencé à avoir peur. En fin de

15 compte, la situation a mené à une décision de la part de certaines

16 personnes qui était de s’opposer à ce régime de terreur.

17 Monsieur Dokmanovic et moi-même, à intervalles réguliers, nous

18 nous rendions sur les lieux où cela se produisait. Nous avons essayé de

19 calmer les personnes afin que la situation puisse redevenir pacifique sans

20 aller jusqu'à la guerre civile. Ces tirs contre les batiments créaient un

21 climat d'inquiétude, les personnes se sentaient menacées, c'était un

22 sentiment horrible car les personnes estimaient qu'elles devaient se

23 défendre d'une certaine façon.

24 Après le 2 mai, on a commencé à s'attaquer de manière tout à

25 fait ouverte aux biens des Serbes et à leur vie. De nombreux batiments

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1 appartenant aux Serbes ont été minés, à commencer par des cafés, des

2 petits commerces, mais bientôt également on a commencé à tirer sur des

3 personnes aussi. Au début du mois de mai dans le village de Karolina, qui

4 est à côté de Vukovar, on a tiré d'une voiture, et M. Nad, qui était du

5 parti SDF, a été tué et l'homme qui était à côté de lui a été blessé. Dans

6 le village de Brsadin, au mois de mai des tireurs embusqués se trouvaient

7 dans un silo, ils appartenaient au MUP croate ; un jeune homme a été tué

8 dans le village même. Ma propre femme a été attaquée par des tirs ce même

9 jour, elle allait rendre visite à certains ouvriers qui travaillaient sur

10 la ferme et elle a été attaquée à environ 500 mètres du silo. On a donc

11 commené à s'attaquer ouvertement aux Serbes.

12 A cette période l'armée intervenait seulement dans ce genre de

13 conflit que ce soit pour protéger les Serbes ou pour protéger les Croates,

14 en fonction du côté qui était menacé. Dès la deuxième moitié de mai, il

15 est devenu très difficile de vivre à Vukovar et de nombreux Serbes sont

16 partis avec leur famille. Moi-même, j'ai dû déplacer mes enfants de leur

17 chambre qui

18 donnait sur la rue étant donné qu’il y avait des tirs réguliers pendant la

19 nuit, toujours après minuit, et à cause de cela il était très incertain de

20 dormir dans les chambres donnant sur la rue.

21 Vers la fin du mois de mai, la psychose avait augmenté de telle

22 manière que les Serbes ont commencé à quitter Vukovar en masse.

23 M. Petrovic (interprétation). – Quand avez-vous vous-même quitté

24 Vukovar et dans quelles conditions ?

25 M. Milinkovic (interprétation). – J’ai évacué ma famille de

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1 Vukovar au début du mois de juillet. Je vais vous raconter les

2 circonstances dans lesquelles cela s’est produit. En effet, dès la fin du

3 mois de juin il est devenu pratiquement insupportable de vivre à Vukovar.

4 Toutes les nuits, c’est-à-dire chaque nuit, il y avait des explosions, des

5 tirs, des meurtres ; ce qui a provoqué un exode massif des habitants de

6 Vukovar.

7 Les membres de ZNG ont tué Jakovljevic, qui était surnommé

8 Rakijica, dans sa propre maison, vers la fin du mois de juin. J’avais

9 rencontré cette personne quelques jours auparavant, étant donné que la

10 poste et le bâtiment de Velepromet étaient très proches l’un de l’autre.

11 Lorsque nous nous sommes rencontrés, il était chef du département pour les

12 armes de chasse. Il m’a dit que les gens de Mercep le menaçaient en lui

13 disant qu’il devait rendre ces armes. Il a dit qu’il allait refuser et les

14 rendre à la JNA. Il a été tué sur le seuil de sa propre maison lorsque les

15 membres du MUP ont encerclé sa maison et tiré sur lui. C’est la raison

16 pour laquelle nous avons demandé que le gouvernement intervienne.

17 J’ai demandé à M. Mato Avlovic, qui était le représentant de

18 Osijek au parlement, de convoquer une réunion avec Sime Dodan, qui était

19 ministre de l’Intérieur à l’époque, ou bien selon ses propres termes

20 (qu’il a prononcés par la suite) ministre de la Guerre, le matin du

21 3 juillet M. Bosnjakovic, un député de Vukovar, moi-même et un ami à moi,

22 M. Rade Gojic.

23 La veille, dans l’après-midi, un groupe d’environ trente membres

24 du MUP, des unités spéciales, l'a maltraité chez lui, avec sa femme. Ils

25 ont passé plusieurs heures à fouiller la

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1 maison, en demandant qu'il rende les armes. Ils n'ont pas trouvé les armes

2 et, lorsque les membres du MUP sont partis, lui et sa femme, ils sont

3 venus chez nous, apeurés. Ils n'osaient pas rentrer chez eux. J’ajoute

4 aussi qu'on a attaqué à coups de feu sa maison vers la fin mai/début juin,

5 je pense que c'était le 31 mai, depuis un véhicule qu'il a réussi à

6 identifier. Un peu plus tard, la maison de sa soeur a été attaquée

7 également. Là encore, il a réussi à identifier le véhicule qui appartenait

8 à un collaborateur proche de Mercep.

9 Donc le 3 juillet, nous avons pris la route, via Bobota Brsadin

10 et d'autres villages. M. Rade Gojic était très content d'être encore

11 vivant. A Osijek, nous avons rencontré M. Mate Boban qui s'est joint à

12 nous. Etant donné que nous avons pu passer plusieurs heures à Osijek,

13 nous avons pu nous entretenir avec un collaborateur de Tudjman qui était

14 un homme tout à fait raisonnable ; j’ai été heureux de le constater. Nous

15 lui avons raconté tout ce qui se passait avec les gens de Mercep et de

16 Glavac. Il a été très attristé d'entendre cela. Mais j'avais l'impression

17 que la raison en était qu'il savait quelque chose de plus. Vers deux ou

18 trois heures de l'après-midi, M. Boban nous a reçus. Moi-même, j'ai permis

19 à mes collaborateurs de présenter la situation, étant donné que je pensais

20 que mon intervention à moi serait mal reçue. La réunion a duré quelque

21 temps, car M. Boban a reçu plusieurs appels téléphoniques du quartier

22 général. Il s'agissait du cabinet du MUP qui se trouvait juste à côté du

23 bâtiment du parlement. Nous avons exigé que les gens du MUP soient

24 éloignés pour éviter la guerre civile et il nous a dit qu'il ne pouvait

25 pas faire cela, que la seule manière de les écarter était de les tuer. Il

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1 a ajouté qu'ils avaient reçu le jour même l'information selon laquelle :

2 "Si jamais vous ne remplissez pas vos promesses, vous recevrez une balle."

3 Je n'ai pas tout de suite compris de qui il parlait, mais il s'agissait

4 des gens qui les avaient amenés au pouvoir. Il m'a également dit qu'il ne

5 pouvait pas garantir ma propre sécurité en Croatie. Donc nous étions

6 déprimés, nous sommes sortis de ce bureau. J’ai alors rencontré

7 M. Degoricija qui m'a dit : "Mon cher Milinkovic, on était bien naïf tous

8 les deux."

9 M. Petrovic (interprétation). - Quand avez-vous quitté Vukovar ?

10 M. Milinkovic (interprétation). - Permettez-moi de terminer ce

11 que je disais. C'est seulement à ce moment-là que j'ai vraiment compris

12 qui étaient les gens qui les avaient amenés au pouvoir. Je suis rentré à

13 Vukovar. Deux ou trois jours plus tard, j'ai évacué ma famille, c’était

14 vers le début du mois de juillet. Moi, je suis revenu encore une fois à

15 Vukovar vers la fin juillet pour prendre mon véhicule, et c’est tout,

16 après je n’y suis plus retourné.

17 M. Petrovic (interprétation). - Lorsque vous avez parlé avec

18 l'enquêteur de la défense, ce n'était pas votre premier contact avec le

19 Tribunal. Pouvez-vous nous expliquer cette situation ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - J'ai eu le premier contact

21 avec le Tribunal en 1995 et 1996. Au cours de l'année 1996, je me suis

22 entretenu plusieurs fois avec Mlle Tatjana Termacic. Je lui ai présenté

23 mon propre point de vue concernant les événements qui s'y sont déroulés. A

24 ce moment-là, M. Dokmanovic est, lui aussi, venu chez moi et nous avons eu

25 une réunion ensemble, avec Mlle Termacic. Nous nous sommes mis d'accord

Page 1962

1 pour remettre une déclaration au Tribunal concernant tous ces événements

2 tragiques. M. Dokmanovic s’est mis d’accord, avec Mlle Termacic, pour

3 donner lui aussi sa déclaration.

4 M. Petrovic (interprétation). - Merci. Je n'ai plus de

5 questions.

6 M. May (interprétation). - Pourriez-vous nous aider,

7 Monsieur Petrovic. Concernant le mémorandum d'essai dont vous avez parlé,

8 à savoir la résolution visant à résoudre les tensions inter-ethniques, ne

9 porte apparemment pas de date dans la version anglaise. Mais dans ma

10 version, il semble qu'il s'agit de la date du 23 février. Est-ce que

11 c'était bien la date de la résolution ?

12 M. Petrovic (interprétation). - Oui. Le 23 février, cette

13 résolution a été publiée dans la Gazette officielle de Vukovar et je

14 suppose qu'elle a été adoptée par l'Assemblée municipale de Vukovar deux

15 ou trois jours auparavant.

16 M. May (interprétation). - Merci.

17 M. le Président (interprétation). - Il s'agit de février 1991 ?

18 M. Petrovic (interprétation). - Effectivement, 1991.

19 M. le Président (interprétation). - Merci.

20 M. Williamson (interprétation). - Monsieur Milinkovic, je

21 m'appelle Maître Williamson et je représente le Bureau du Procureur.

22 Vous avez dit que vous aviez eu une réunion avec Mlle Termacic

23 vers la fin 1996 et début 1997 pour donner une déclaration de témoin ?

24 M. Milinkovic (interprétation). - C'était au cours de

25 l'année 1996. Je pense que nous nous sommes retrouvés plusieurs fois et

Page 1963

1 que la prise de cette déposition a duré plusieurs jours. Donc c’était

2 en 1996, avant l'arrestation de M. Dokmanovic.

3 M. Williamson (interprétation). - La déclaration a-t-elle été

4 prise en langue serbe ? L'avez-vous examinée par la suite et signée ?

5 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement.

6 M. Williamson (interprétation). - Je souhaite maintenant vous

7 montrer le document qui recevra la cote de la pièce à conviction de

8 l'accusation 193. Monsieur Milinkovic, pourriez-vous examiner ce document

9 et me dire s'il s'agit bien de votre signature ?

10 M. Milinkovic (interprétation). - Oui.

11 M. Williamson (interprétation). - Pourrions-nous remettre un

12 exemplaire à la défense aussi, s’il vous plaît.

13 (L'huissier s'exécute)

14 Vous avez eu la possibilité d'examiner cette déclaration et de

15 confirmer qu'il s'agissait d'une déclaration correcte et vraie.

16 M. Milinkovic (interprétation). - Le document a été rédigé

17 pendant plusieurs jours. Cela apparaît clairement sur le document. Nous

18 avons commencé le 18 octobre et terminé le

19 13 mai 1997. Quant au document final, il n'a pas été imprimé, donc je n'ai

20 pas pu lire la version imprimée.

21 M. Williamson (interprétation). - Avez-vous reçu une copie de

22 cela ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - Non. Mlle Termacic m'a dit que

24 ceci était impossible.

25 M. Williamson (interprétation). - Je souhaite maintenant verser

Page 1964

1 au dossier la traduction en anglais de ce document. Il s'agit de la pièce

2 à conviction de l'accusation 193(a).

3 Monsieur Milinkovic, la déclaration que vous avez donnée à la

4 défense le 24 février 1998 a été versée au dossier en tant que pièce à

5 conviction de la défense, je pense qu'il s'agit de la cote 31. Pourriez-

6 vous m'aider sur ce point, Monsieur Bos ?

7 M. Bos (interprétation). - Il s'agit de la pièce à conviction

8 numéro 30.

9 M. Williamson (interprétation). - La déclaration que vous avez

10 donnée à la défense est semblable à celle que vous avez donnée au Bureau

11 du Procureur en 1996, sauf deux ou trois petits paragraphes qui présentent

12 des parties intégrales de déclarations antérieures, qui sont reprises

13 verbatim. Est-ce exact ?

14 M. Milinkovic (interprétation). - Oui. S'il n'y a qu'une seule

15 vérité, on ne peut pas avoir deux déclarations tout à fait différentes.

16 M. Williamson (interprétation). - Chaque mot est-il identique

17 sur les sept pages ?

18 M. Milinkovic (interprétation). - Au cours du travail, lorsque

19 nous avons préparé ma déclaration, donc entre le 18 octobre et le

20 13 mai 1997, cette déclaration a été rédigée à plusieurs reprises.

21 Plusieurs fois, j’ai eu un exemplaire du document de la déclaration dans

22 son état de l'époque, c'est pourquoi je pouvais utiliser cela pour

23 continuer avec ma déclaration.

24 M. Williamson (interprétation) - Mais sur la déclaration de la

25 défense, il y a certaines parties importantes qui ont été éliminées.

Page 1965

1 M. Milinkovic (interprétation). - Il y avait suffisamment de

2 temps pour réexaminer

3 la déclaration et éviter de maintenir les parties qui n'étaient pas

4 considérées comme pertinentes. De toute façon, il s'agissait de quelque

5 chose qui se trouvait déjà à la disposition du Tribunal.

6 M. Williamson (interprétation) - Avez-vous remis les documents

7 que vous avez déjà reçus du Bureau du Procureur à la défense ? Est-ce que

8 c'est cela qui s'est passé ?

9 M. Milinkovic (interprétation). - Seulement certains papiers,

10 seulement des parties des documents, mais pas la version complète, étant

11 donné que je ne souhaitais pas me répéter.

12 M. Williamson (interprétation) - Très bien. En ce moment, nous

13 souhaitons attirer l'attention sur la pièce à conviction 193(a) de

14 l'accusation. Il existe une partie soulignée. Il s'agit des parties qui

15 sont les parties qui existent dans la version du Bureau du Procureur mais

16 non pas dans la version de la défense.

17 Monsieur Milinkovic, vous avez parlé des provocations

18 différentes effectuées par des croates aux endroits comme Plivice,

19 Borovo Selo. Hier, vous avez dit que la situation s'est totalement

20 dégradée après l'adoption de la constitution croate en décembre 1990, est-

21 ce exact ?

22 M. Milinkovic (interprétation). - Je suis profondément convaincu

23 que ceci en était la conséquence. En effet, le but stratégique du HDZ

24 était de réaliser l'indépendance de l'Etat à n'importe quel prix. Toutes

25 les décisions prises par les autorités croates l’étaient dans ce but et du

Page 1966

1 point de vue de cette stratégie. J'ai dit qu'il existait plusieurs

2 tournants qui ont provoqué la perte de confiance des Serbes en Croatie

3 dans les autorités croates. J'ai parlé effectivement de plusieurs petites

4 provocations, des événements de Plivice et de la guerre civile à

5 Borovo Selo. J'ai ajouté également que si les autorités croates avaient

6 été plus tolérantes, elles auraient pu garder la loyauté des Serbes en

7 tant que citoyens de Croatie.

8 M. Williamson (interprétation) - Les événements de Plivice se

9 sont déroulés vers la fin mars 1991, je pense que c'était le 31 mars, et

10 ceux de Borovo Selo le 2 mai 1991, n'est-ce pas ?

11 M. Milinkovic (interprétation). - Oui.

12 M. Williamson (interprétation) - Avez-vous déjà entendu parler

13 des événements dans la région de Knin en août 1990 qu'on a appelés "la

14 révolution des troncs d'arbre".

15 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement. Je n'ai pas eu

16 de contact direct avec ces personnes-là. Je sais qu'elles ont érigé des

17 barrages routiers, étant donné qu'elles ont voulu réagir aux provocations

18 des autorités croates, mais je ne connais pas les détails de cette

19 situation. J'ai déposé ici sur les événements dont j'ai été directement le

20 témoin en ce qui concerne la région de Vukovar ou sur les événements pour

21 lesquels j'ai reçu des informations des protagonistes eux-mêmes.

22 M. Williamson (interprétation) - Savez-vous suffisamment de

23 choses pour dire qu'il s'agissait d'une situation où les Serbes ont bloqué

24 les routes dans la région de Krajina pour ne pas permettre aux Croates de

25 passer par cette région ?

Page 1967

1 M. Milinkovic (interprétation). - Je sais que les routes ont été

2 bloquées, mais je ne connais pas tous les détails en ce qui concerne leur

3 cause. Je suis sûr que personne n'a bloquer les routes sans aucune raison.

4 En me basant sur les événements qui se sont déroulés dans la région de

5 Vukovar, je peux affirmer que les Serbes qui se sont insurgés et qui ont

6 organisé une rébellion armée ne l'ont pas fait sur un simple coup de tête.

7 Ils ont été obligés de se protéger à cause de la terreur organisée qui

8 s'est effectuée à leur encontre.

9 M. Williamson (interprétation). - Je vais vous poser une autre

10 question concernant Knin. Connaissez-vous suffisamment cette région pour

11 me dire si la route principale entre Zagreb et la côte, notamment Split,

12 la deuxième plus grande ville de Croatie, passe par Knin ?

13 M. Milinkovic (interprétation). - Je souligne encore une fois

14 que ma déposition se limite à la région de Vukovar étant donné que je

15 disposais de faits concrets concernant cette situation. En ce qui concerne

16 votre question, je pense effectivement que c'était la route principale,

17 mais ce n'était pas la seule route.

18 M. Williamson (interprétation). – Le fait de bloquer cette route

19 entre Zagreb et Split, la deuxième plus grande ville de Croatie, devait

20 avoir un impact important sur l'économie croate, n'est ce pas ?

21 M. Milinkovic (interprétation). - Je suppose que c'est le cas,

22 mais il faut bien savoir quelles en étaient les causes et les effets.

23 M. Petrovic (interprétation). - Je m'excuse, mais je demanderai

24 au Procureur de ne pas dépasser les limites de la déposition de ce témoin

25 et surtout de ne pas se baser sur ses connaissances personnelles ou sur

Page 1968

1 quelque chose qu'il a lu dans la presse concernant Knin.

2 M. Williamson (interprétation). - Si je peux répondre, le témoin

3 a parlé de Plivice, qui se trouve dans la région de Knin. Donc il a fait

4 certaines affirmations selon lesquelles c'est le côté croate qui a

5 commencé les provocations et c'est la raison pour laquelle je pose cette

6 question.

7 M. le Président (interprétation). - Effectivement, mais il a

8 ajouté qu'il n'avait pas de connaissances personnelles ni d'informations

9 en ce qui concerne la Krajina. Donc vous pouvez peut-être poser d'autres

10 questions.

11 M. Williamson (interprétation). - D'accord, c’est ce que je vais

12 faire. En août 1990, c’était quelques mois avant l'adoption de la

13 constitution croate, c’est-à-dire décembre 1990, et donc sept ou huit mois

14 avant les événements de Plivice et de Borovo Selo ?

15 M. Milinkovic (interprétation). - Je n'ai pas compris la

16 question.

17 M. Williamson (interprétation). – Août 1990 est bien avant

18 décembre 1990 ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement.

20 M. Williamson (interprétation). – Et c’est sept ou huit mois

21 avant mars et mai 1991 lorsque les événements de Borovo Selo et de Plivice

22 se sont produits.

23 M. Milinkovic (interprétation). - Et quelle était la question ?

24 M. Williamson (interprétation). - Vous avez répondu.

25 Effectivement, il s'agit d'une date antérieure à celle des événements de

Page 1969

1 Plivice. Vous avez dit hier que la provocation des Croates à Plivice était

2 délibérée.

3 M. Milinkovic (interprétation). - J'ai dit hier qu'avant chaque

4 réunion du parlement croate, des incidents étaient provoqués pour créer

5 des tensions, pour accuser par la suite les Serbes de tous les torts et

6 pour utiliser cela afin d’homogénéiser la population croate. Car il ne

7 faut pas oublier le fait que, même après les elections multipartites, de

8 nombreux Croates n'étaient pas d'accord avec la politique extrémiste du

9 HDZ. Le HDZ en était conscient, et c'est pourquoi il a choisi cette

10 stratégie de créer toujours de graves incidents, d’accuser toujours des

11 Serbes de ces incidents, et d'ainsi homogénéiser et gagner la sympathie

12 des Croates qui ne donnaient pas leur sympathie au HDZ auparavant.

13 M. Williamson (interprétation) - Mais il y a eu cet incident à

14 Plivice au moment où les Croates établissent un poste de police, n'est ce

15 pas ?

16 M. Milinkovic (interprétation). - Je tiens ces informations des

17 journaux uniquement, il m'est difficile de me prononcer sur quelque chose

18 dont je n’ai pas été témoin, ou pour lequel je n'ai pas éprouvé les faits.

19 M. Williamson (interprétation). - Donc vous ne savez rien des

20 faits, de ce qui s'est véritablement passé, mais vous êtes arrivé à la

21 conclusion qu'il s'agissait d'une provocation des Croates, et c'est ce que

22 vous affirmez devant les Juges de ce Tribunal, n'est-ce-pas ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - Je soutiens que ceci faisait

24 partie d'un programme de provocation. A la suite de ces évènements, j'ai

25 demandé que, dans les meilleurs délais, les coupables soient traduits en

Page 1970

1 justice et s'ils étaient condamnés qu'ils répondent de leurs actes. J'ai

2 toujours été partisan du fait que l'instrument de l'Etat doit être

3 appliqué de façon égale pour tous les citoyens.

4 M. Williamson (interprétation). - Mais vous n'avez aucune

5 connaissance quant à la façon dont ces éléments se sont produits ?

6 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne connais que la dernière

7 partie, ce dont m'a parlé M Savic. Après sa libération de prison, dix

8 jours à peu près après son arrestation, il y a eu plusieurs interventions

9 en son nom. Il est arrivé couvert d'ecchymoses, il avait manifestement été

10 passé à tabac, et il a dit, lui qui était un des protagonistes, qu'il

11 était endormi à l'hotel avec Hacic au moment où le conflit a éclaté, il

12 n'avait pas d'arme, il ne savait pas ce qui se passait m’a-t-il dit. Donc

13 ce que je sais, je le tiens de M Savic. Il m'a dit qu'en aucune façon il

14 n'était à la source de cette intervention puisqu'il passait la nuit, à

15 l'hotel, à Plivice.

16 M. Williamson (interprétation). - Et M Savic est un Serbe avec

17 qui vous avez parlé, dont vous avez dit qu'il était un des protagonistes,

18 et c'est votre seule source d'information pour fournir votre version des

19 événements ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - Les informations qui étaient

21 les plus significatives sont celles dont j'avais été moi-même été témoin

22 et aussi celles que je tenais de personnes qui avaient vraiment été des

23 protagonistes directs des événements concernés. M. Savic est un homme tout

24 à fait raisonnable et j'ai donc pensé que ce qu'il me disait était

25 conforme à la vérité.

Page 1971

1 M. Williamson (interprétation). - Vous avez dit qu'après Plivice

2 les Serbes avaient érigé des barricades sur les voies d'accès et de sortie

3 de leur village dans la municipalité de Vukovar, n'est-ce pas ?

4 M. Milinkovic (interprétation). - C'est exact, ceci s'est

5 produit à Borovo Selo, mais il est tout aussi vrai que ceci s'est produit

6 au moment où un groupe de policiers, et dans le village même, avait

7 provoqué un groupe de jeunes hommes. Je ne sais pas ! Il se peut aussi que

8 les jeunes aient été quelque peu provocateurs également. Mais, en tout

9 cas, une patrouille de police a été appelée en renfort depuis Vukovar ;

10 quelques voitures de police sont arrivées. Et d'après ce qu'ont raconté

11 les participants aux événements, il y a eu quelques altercations, même

12 quelques escarmouches, mais lorsqu’on a sorti les armes, les résidents

13 locaux ont désarmé la police. On ne sait pas ce qui est à la source, c’est

14 la poule ou de l'oeuf, la provocation ou la réaction à la provocation.

15 J'ai toujours dit qu'il ne fallait pas répondre à la provocation par la

16 provocation. J'ai toujours été partisan de méthodes démocratiques.

17 M. Williamson (interprétation). - Mais n'était-il pas illégitime

18 d'ériger des barricades tout autour du village et de barrer les routes ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - C'était de toute façon un acte

20 illégitime, illégal, mais pensez-vous qu'il ait été juste et légal de

21 tirer des coups de feu dans ce même village ! Par ailleurs, vers Dalj,

22 était-il juste d'utiliser des explosifs, de tirer sur des bâtiments

23 résidentiels ! Les barricades étaient une conséquence de ce qui s'était

24 passé.

25 M. Williamson (interprétation). - Et les barricades tout autour

Page 1972

1 des régions croates n'ont pas été érigées seulement après que les Serbes

2 aient érigé des barricades dans leur propre village, n'est-ce pas ?

3 M. Milinkovic (interprétation). - Dans quelques villages de la

4 municipalité de Vukovar (je ne peux pas parler des autres municipalités),

5 les barricades ont été érigées sur des lignes parallèles autour des

6 villages croates et serbes. Il est difficile de dire qui a commencé ou qui

7 a suivi. Il n'en demeure pas moins que cette psychose d'insécurité était

8 alimentée de façon systématique et ceci avait été le fait des

9 représentants du HDZ.

10 M. Williamson (interprétation). - Je ne suis pas sûr de la page

11 dans la version serbe de votre déclaration au Bureau du Procureur. Pour la

12 version anglaise, il s'agit de la page 21, paragraphe 3. Je vous cite :

13 "L'incident de Plivice a provoqué des réactions spontanées. Les personnes

14 se sont organisées, ont établi des milices villageoises et des barrages

15 routiers dans les villages serbes. En général, ces barrages étaient

16 constitués de machines agricoles. On a commencé à voir apparaître des

17 barrages routiers dans les villages croates également, puis dans la ville

18 elle-même". Est-ce exact ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - A peu près. On a d'abord vu

20 des barricades à Borovo Selo, mais le lendemain il y en avait d'autres

21 dans des villages croates également. J'ai dit que cette barricade était la

22 conséquence de ces deux événements : des provocations policières dans le

23 village et le fait d'utiliser des explosifs contre des bâtiments du

24 village. Il était tout particulièrement ardu d'expliquer aux villageois

25 pourquoi ils étaient la cible de coups de feu et pourquoi ils étaient

Page 1973

1 provoqués, de leur dire que tout cela était une manifestation pacifique.

2 Il était difficile d'avoir une crédibilité quelconque auprès de ces gens-

3 là si on parlait de la paix. C'est la raison pour laquelle moi-même et

4 M. Dokmanovic nous étions pratiquement considérés comme des traîtres parce

5 que nous étions partisans d'une solution pacifique et que nous voulions

6 éviter à tout prix que n'éclate une guerre civile.

7 M. Williamson (interprétation). - Parlons de Borovo Selo. Vous

8 nous dites que le chef de la police de Vukovar vous avait dit que deux de

9 ses hommes avaient été portés manquants au village de Borovo Selo. N'est-

10 il pas exact de dire qu'effectivement deux policiers croates étaient

11 détenus par les Serbes à Borovo Selo ?

12 M. Milinkovic (interprétation). - M. Dzaja m'a dit qu'il

13 s'agissait de deux de ses hommes. Il s'est avéré que ces policiers en fait

14 venaient du poste de police d'Osijek. Borovo Selo relève du ressort de la

15 police de Vukovar ou du poste Zupanja-Vinkovski-Vukovar. Alors je ne sais

16 pas pourquoi ces policiers se trouvaient là, dans ce village. D'après les

17 informations que j'ai reçues ultérieurement, en tout cas d'après une

18 information, il y avait trois policiers. Ils étaient en voiture, ils

19 traversaient Borovo Selo. Il n'y avait pas de barricade puisqu'ils

20 venaient de la direction de Dalj. A plusieurs reprises, nous avons réussi

21 à faire évacuer des barricades. Mais, je l'ai déclaré hier, un jour plus

22 tard il y avait une autre provocation, lorsqu'on réussissait à arriver à

23 quelque chose, tout comme ce qu'il s'est passé à Borovo Selo. Ces

24 policiers voulaient faire descendre un drapeau -je ne sais pas si c'était

25 le drapeau yougoslave ou serbe- qui se trouvait au pourtour du village. Il

Page 1974

1 y a eu, de nouveau, des échanges de coups de feu. Je pense que ces

2 policiers ont été appréhendés. Ils avaient été blessés et je crois qu'ils

3 ont été emmenés dans un hôpital qui se trouvait en Serbie.

4 M. Williamson (interprétation). - Vous avez dit que Borovo Selo

5 relève du ressort de la municipalité de Vukovar, alors que Dalj relève du

6 ressort policier d'Osijek, n'est-ce pas ?

7 M. Milinkovic (interprétation). - Oui.

8 M. Williamson (interprétation). - Donc si des policiers vont de

9 Dalj à Vukovar, ne passent-ils pas par Borovo Selo s'ils empruntent

10 l'itinéraire le plus direct ?

11 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne voudrais pas donner

12 d'informations que je ne suis pas en mesure de corroborer, mais il a été

13 dit qu'ils avaient été envoyés pour semer la provocation et que ceci avait

14 été fait sur les ordres de M. Glavac. Mais ici, je n'ai que des

15 informations de seconde main.

16 M. Williamson (interprétation). - C'est une question très simple

17 que je vous pose : la route la plus directe entre Dalj et Vukovar passe

18 par Borovo Selo, n'est-ce pas ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Oui.

20 M. Williamson (interprétation). - Est-ce qu'une force de police

21 ne doit pas essayer de monter une action policière pour récupérer deux de

22 ses hommes qui ont été blessés et capturés par d'autres forces ? Ceci ne

23 vous semble-t-il pas raisonnable ?

24 M. Milinkovic (interprétation). - Il est particulièrement

25 difficile de comprendre avec ce recul, avec une telle distance, et aussi

Page 1975

1 hors contexte, quelle était la psychose qui était alors entretenue. J'ai

2 vu des citoyens tout à fait pacifiques, la plupart des citoyens qu'il

3 soient Croates ou Serbes sur ce territoire de la municipalité de Vukovar

4 étaient des gens pacifiques, et j'ai vu ces gens se transformer en

5 personnes résolues à défendre leur propre vie et la vie de leur famille.

6 Pendant des jours entiers, j'avais mis en garde M. Dzaja, M. Matkovic,

7 M. Sredoselac en leur disant qu'il ne fallait pas recourir à la force.

8 Rappelez-vous, hier je vous disais que même si j'avais déjà perdu toute

9 crédibilité auprès des personnes de souche serbe, effectivement j'avais

10 offert d'aller sur place pour voir ce qui se passait, car il faut toujours

11 préférer une solution politique plutôt qu'une solution de force à un

12 problème. Et à ma connaissance ce même jour, ces deux hommes ont été

13 relâchés.

14 M. Williamson (interprétation). - Après que les officiers de

15 police aient été tués le 2 mai ?

16 M. Milinkovic (interprétation). - Moi, j'ai reçu les

17 informations selon lesquelles ces hommes ont été relâchés le même jour.

18 M. Williamson (interprétation). - Si j'ai bien compris votre

19 déposition d'hier et d'aujourd'hui, vous avez dit que la police croate a

20 pratiquement attaqué Borovo Selo et que les habitants avaient été pris de

21 court, par surprise.

22 M. Milinkovic (interprétation). - Cette attaque contre

23 Borovo Selo est venue de plusieurs côtés. Il y a eu le poste de police

24 pour Vukovar, Vinkovskii et Zupanja qui se trouvaient sous le commandement

25 de M. Dzaja. Et j'ai dit que d'après ce que j'avais pu observer, j'avais

Page 1976

1 vu ce véhicule Opel dans lequel se trouvait Bosnjak, il y avait deux Jeep

2 et deux bus. J'ai aussi entendu dire qu'il y avait un autre véhicule, qui

3 a disparu quelque part. Il y avait quand même l’intervention et la

4 participation de plusieurs policiers, cela peut être établi. Et depuis

5 Dalj, il y a eu une attaque contre Borovo Selo. D’Osijek, c'est parti du

6 poste de police qui se trouvait sous le commandement de M Kir qui a trouvé

7 la mort par la suite. Et l'on disait au parlement croate, au Sabor, que la

8 mort de M Kir était en fait le résultat de son opposition, de l'opposition

9 manifestée à ce type d'attaque. On ne pouvait pas l'accuser du fait qu'une

10 nouvelle attaque avait été lancée du même côté. C'était la raison pour

11 laquelle le village s'était organisé pour se défendre. Combien de

12 personnes ont participé ? Je ne sais pas. Selon d'autres informations, il

13 y avait même plus de policiers croates. Et d'après de nombreuses

14 déclarations de témoins, je n'ai pas de connaissances personnelles de la

15 chose, beaucoup de personnes ont été tuées sur place. Mais la Croatie

16 n'était pas prête à rendre cette information publique. Dans les couloirs

17 du parlement croate, on entendait dire que le ministre de la Justice Babac

18 avait vu certains de ses favoris tués à cet endroit. On les appelait les

19 favoris de Babac. On affirmait qu'il avait libéré des gens de prison pour

20 leur permettre de participer à de telles attaques. Ce n'est pas une

21 connaissance directe que j’ai de ces choses mais c'est ce qui se disait à

22 l'époque.

23 M. Williamson (interprétation). - Donc vous affirmez que les

24 villageois de Borovo Selo se sont organisés pour se défendre contre cette

25 attaque. Est-ce bien ce que vous dîtes ?

Page 1977

1 M. Milinkovic (interprétation). - Personnellement, je ne peux

2 pas affirmer quels étaient tous les participants. Moi je venais à Borovo

3 Selo, je connaissais pas mal de villageois, mais j'ai vu aux moins cinq ou

4 six personnes que je ne connaissais pas. Je savais tout simplement que ces

5 personnes n'étaient pas du village. Il ne se peut pas que des étrangers

6 aient participé à cette défense. D'après les informations que j'ai

7 obtenues alors que je recueillais les déclarations de témoins peu de jours

8 après les événementss, apparemment la défense était surtout organisée par

9 les villageois eux-mêmes.

10 M. Williamson (interprétation). - Etes-vous au courant de

11 groupes paramilitaires serbes qui venaient de Serbie et qui auraient

12 participé à la défense de Borovo Selo ?

13 M. Milinkovic (interprétation). - Je vous ai dit il y a quelques

14 instants que j'avais vu cinq ou six personnes alors que je venais souvent

15 au village de Borovo Selo. Et ces cinq ou six personnes, je ne les

16 connaissais pas. Je me suis dit que c'étaient des engagés, des

17 volontaires, mais je ne les connaissais pas.

18 M. Williamson (interprétation). - Connaissez-vous

19 Vojislav Seselj ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - Oui, je sais qui il est.

21 M. Williamson (interprétation). - Et lui, il n'était pas

22 originaire de Borovo Selo, n'est-ce pas ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - Non, il n'est pas de

24 Borovo Selo.

25 M. Williamson (interprétation). - En fait, il est de Belgrade ou

Page 1978

1 plutôt il vit à Belgrade aujourd'hui ?

2 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne sais pas où il est né

3 mais je sais qu'il vit aujourd'hui à Belgrade.

4 M. Williamson (interprétation). - Et au moment des faits,

5 en 1991, il vivait à Belgrade, n'est-ce pas ?

6 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne sais pas.

7 M. Williamson (interprétation). - Monsieur Seselj était à la

8 tête d'un groupe paramilitaire qui s'appelait les Chetniks, n'est-ce pas ?

9 M. Milinkovic (interprétation). - Ce nom de Chetnik provient de

10 l'histoire. Ce sont les médias croates qui ont baptisé ce groupe de

11 Chetnik, puis les gens se sont habitués à dire Chetniks pour parler de ces

12 groupes. Mais je suis intimement convaincu qu'il n'y a en avait pas

13 beaucoup, ils étaient très peu nombreux. Je le répète, à Borovo Selo je

14 n'ai vu que cinq ou six personnes venant d'ailleurs. Il est impossible

15 qu'autant de personnes se soient dissimulées. Je les aurais vues puisque

16 j'allais là pratiquement tous les jours.

17 M. Williamson (interprétation). - Mais s'agissant de M. Seselj,

18 il se considérait comme étant un Vovoïdo, un Duc chetnik, n'est-ce pas ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Il a bien le droit de le

20 dire ! Moi, je ne veux pas rentrer dans cette polémique.

21 M. Williamson (interprétation). - J'aimerais montrer un court

22 extrait vidéo, est-ce possible ? Il provient de la radio-télévision de

23 Belgrade et du programme : "La mort de la Yougoslavie". Pouvons-nous

24 commencer la projection ?

25 M. May (interprétation). - Quelle est la date ?

Page 1979

1 M. Williamson (interprétation). - Je ne sais pas exactement.

2 Ceci porte sur Borovo Selo.

3 Diffusion d’un extrait de la cassette vidéo :

4 "Nous, Serbes, sommes en danger, les hordes fascistes croates

5 attaquent les femmes serbes et les enfants serbes dans nos villages. Les

6 hordes fascistes croates sont en train de préparer le génocide des Serbes.

7 Cette année, nous avons lancé une campagne massive afin de retrouver des

8 personnes prêtes à se joindre à nous. Nous les avons envoyées...".

9 L’Interprète. - L’interprète ne voit plus l’image.

10 M. Williamson (interprétation). - Il y a une autre séquence

11 vidéo.

12 M. Fila (interprétation). - Prenons acte du fait qu'il s'agit de

13 programmes télévisés provenant de Belgrade, nous sommes d'accord là-

14 dessus, n'est-ce pas ?

15 M. Williamson (interprétation). - Pour ce qui est de

16 l'entretien, effectivement, c'est à Belgrade. Vous avez la poursuite de

17 l'entretien avec M. Seselj. Nous avons essayé dans la mesure du possible

18 de retirer le commentaire qui avait été fourni. Il y a un petit

19 commentaire également. Peut-on lancer cette séquence ? Ceci se passe à

20 Borovo Selo, dans le village même.

21 Projection de la séquence de la cassette vidéo :

22 « Interview. - Borovo Selo, dit M. Seselj, est un endroit... Les

23 Serbes voulaient absolument une protection vingt-quatre heures sur vingt-

24 quatre. La police de Milosevic nous a donné des armes. Les Serbes ont

25 saisi deux policiers croates et les Croates ont riposté. Les Croates sont

Page 1980

1 arrivés directement. »

2 « Commentaire. - Deux bus chargés de policiers croates sont

3 tombés dans un rempart serbe et sont arrivés directement dans une

4 embuscade. Donc pendant la première demi-heure, c'était critique, le temps

5 pendant lequel nos volontaires ont résisté. Après, c'est tout le village

6 qui les a rejoints dans cette rébellion ».

7 Vous voyez, M. Seselj semble bien connaître la situation qu'il y

8 avait à Borovo Selo. Vous semblait-il que les Croates voulaient faire une

9 attaque-surprise en faisant irruption dans la rue principale du village ?

10 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne veux pas faire de

11 commentaire sur les stratagèmes utilisés par certains hommes politiques

12 pour arriver à leurs fins. Ce que M. Seselj dit, c’est son problème à lui,

13 mais dans ma déclaration, j'ai parlé des déclarations faites par des gens

14 qui se trouvaient sur place au moment précis des événements.

15 Je vous ai rapporté ce que disait Mme Ljubica, une employée des

16 PTT. Elle se trouvait à ce moment-là dans ce même bâtiment. Je vous ai dit

17 ce qu'elle avait dit. Il y a eu au moins cinq ou six autres témoins que

18 j'ai entendus par la suite, au moment où il y avait des pressions très

19 vives encore. Tous ont dit que l'Opel dans laquelle M. Bosnjak est sorti

20 du village a été la première à s’arrêter brusquement et, sans autre forme

21 de procès, ils ont commencé à tirer depuis ce véhicule sur ce bâtiment. Le

22 garde qui se trouvait sur le pas de la porte de ce bâtiment a été tué.

23 J'ai appris qu'il n'était pas de Borovo Selo, c'est vrai. Mais ce que j'ai

24 appris également, c'est que tous les témoins s'entendaient sur la chose

25 suivante : pendant les cinq ou dix premières minutes personne d'autre n'a

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1 tiré, personne n'a riposté par des coups de feu.

2 M. Williamson (interprétation). - Tous ces témoins dont vous

3 parlez, c'était des Serbes qui vivaient à Borovo Selo, n'est-ce pas ?

4 M. Milinkovic (interprétation). - L’un des témoins est

5 malheureusement mort. Il s'agit de M. Zugec, lui était croate. Deux

6 minutes avant ces événements, il est passé devant ce garde. En effet, dans

7 la cour de ce bâtiment, nous avions une borne de téléphone. Cet homme

8 'était un technicien qui travaille à ce genre de travail. Deux minutes à

9 peine avant les événements, il est passé devant ce garde et c'est lui qui

10 m’en a parlé, donc j'ai entendu des Serbes et des Croates. M. Zugec m'en a

11 parlé.

12 Même si j'avais discuté avec M. Sredoselac personnellement pour

13 assurer la libération de ces Croates, alors qu'il sortait de Borovo Selo

14 M. Sredoselac a été tabassé par des policiers croates qui ont même refusé

15 de voir ses papiers qui montraient qu'il était croate. Il a été frappé

16 parce qu’il portait la barbe.

17 M. Williamson (interprétation). - Est-ce que des groupes

18 paramilitaires de la République de Serbie avaient le droit d'opérer sur le

19 territoire de la République de Croatie ? Est-ce que cela n'était pas

20 illégal ?

21 M. Milinkovic (interprétation). - Tout à fait illégal. Mais que

22 pensez-vous ? Pensez-vous qu'il soit légal de tirer sur des gens à partir

23 de véhicules en mouvement qui traversent un village ? Je vous ai dit que

24 ceci s'est passé aussi au village de Brsadin, avant Borovo Selo. Deux

25 passants qui passaient par là ont été blessés. Aussi à Borovo Selo, avant

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1 le 2 mai. Avec M. Soskocanin et M. Sredoselac, j'ai réussi à avoir une

2 réunion à Borovo Selo. Nous avons même réussi à obtenir que les barrages

3 soient levés et que la circulation soit ouverte le lendemain matin. Mais

4 ce même jour, les gens ont commencé à tirer à partir d'une voiture de

5 police en direction de bâtiments se trouvant dans ce village !

6 M. Sredoselac m'a dit qu'il ne s'agissait pas de ses hommes, mais ces gens

7 étaient en uniforme. Alors qui étaient-ce ?

8 M. Williamson (interprétation). - Est-ce que les forces de

9 police régulières de la République de Croatie n'avaient pas le droit de

10 faire exécuter ou respecter l'ordre public et la loi ?

11 M. Milinkovic (interprétation). - Si, pour vous, la loi et

12 l'ordre public c'est traverser un village en voiture et tirer sur les

13 maisons, là je ne suis pas d'accord avec vous.

14 M. Williamson (interprétation). - Donc vous affirmez qu'il

15 s'agissait d'événements isolés, que les policiers croates déambulaient

16 pour terroriser les Serbes à Vukovar, que rien n'a été aussi fait par les

17 Serbes, que tout ceci est uniquement la cause des Croates ? C'est ce que

18 vous dites ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Je suis intimement convaincu

20 que s’il n'y avait pas eu de provocations de la part des autorités

21 croates, s'il y avait eu le respect qu'il aurait fallu montrer aux

22 citoyens serbes de Croatie, en peu de temps la Croatie, en tant qu'Etat,

23 aurait eu des Serbes qui auraient été des citoyens loyaux sur le

24 territoire de la Croatie, citoyens de Croatie. J’en suis convaincu parce

25 que je connais bien la région où je vis et je suis certain que les

Page 1983

1 exactions n'ont pas été commencées par les Serbes.

2 Je n'ai pas l'intention de défendre quelqu'un qui est coupable,

3 mais j'ai vu tellement d'événements, j'ai participé à tellement

4 d’événements que je peux dire en toute responsabilité que, dans cette

5 région dont nous parlons, les excès, les exactions n'ont pas au départ été

6 le fait des Serbes. C'est la raison pour laquelle je soutiens et

7 j'affirme, et c'est une conviction générale, que la réponse à donner à

8 toutes ces exactions, à tous ces excès, à toutes ces tueries ultérieures

9 n'était pas celle d’un conflit armé, mais un acte nécessaire de légitime

10 défense face à des actes de terreur organisés. Ceci est corroboré par tous

11 les faits dont je dispose.

12 M. Williamson (interprétation). - Encore une question avant la

13 pause, Monsieur le Président.

14 Qualifieriez-vous M. Seselj et ses soldats paramilitaires qui

15 manifestement se trouvaient dans la région de personnes modérées ?

16 M. Milinkovic (interprétation). - Pas du tout, et je ne parle

17 pas d’eux. Ils ne sont, si vous voulez, qu'un épiphénomène du climat qui

18 avait été créé. Si ce climat n'avait pas existé, climat créé par les

19 autorités croates, ces individus n'auraient pas eu de marge de manoeuvre,

20 ils n'auraient rien eu à faire dans cette région. La question qui se pose

21 est celle de la cause et de l'effet.

22 M. Williamson (interprétation). - Mais vous êtes d'accord pour

23 dire qu'il n'y avait pas beaucoup de Croates parmi les forces de

24 M. Seselj, n'est-ce pas ?

25 M. Milinkovic (interprétation). - Je suppose que vous avez

Page 1984

1 raison. Moi, je ne me suis jamais entretenu avec ces personnes.

2 M. Williamson (interprétation). - Je pense que l'heure est

3 opportune pour faire une interruption.

4 M. le Président (interprétation). - Vous aurez besoin d'un peu

5 plus de temps ?

6 M. Williamson (interprétation). - Oui.

7 M. le Président (interprétation). - Nous suspendons l'audience

8 pendant vingt minutes.

9 L'audience, suspendue à 10 heures, est reprise à 10 heures 20.

10 M. le Président (interprétation). - Avant de commencer, Monsieur

11 Williamson, j'aimerais prier le témoin d'être plus concis, de faire un

12 effort pour être plus concis dans ses réponses. Pourriez-vous essayer

13 d'être plus concis ?

14 M. Milinkovic (interprétation). - Oui.

15 M. Williamson (interprétation). - Monsieur le Président, je

16 crois qu'il nous faut corriger un point d'intendance. J'ai discuté avec

17 M. Bos pendant la pause et il semblerait que nous ayons donné deux cotes

18 similaires au témoignage du témoin. Il faut donc changer et donner la

19 cote 194 et 194(a), au lieu de 193, au dernier témoignage enregistré. Je

20 vous remercie.

21 M. le Président (interprétation). - Pourriez-vous poser une

22 question quant à la date à laquelle a été réalisée la cassette de ce

23 matin ?

24 M. Williamson (interprétation). - Oui.

25 M. le Président (interprétation). - Il serait très important de

Page 1985

1 connaître les dates.

2 M. Williamson (interprétation). - Je ne suis pas exactement sûr,

3 mais nous allons essayer de le savoir puisqu'elle vient d'une série : « La

4 mort de la Yougoslavie ». Nous allons essayer de savoir quand elles ont

5 été tournées.

6 M. Fila (interprétation). - Je ne suis pas sûr, mais je crois

7 que l'accusation sera d'accord avec nous sur le point suivant. Il serait

8 intéressant de voir l'ensemble de la cassette. Ce n'est peut-être pas bien

9 pour la défense, mais c'est une cassette qui a été montrée par les

10 Britanniques et non pas par les Croates ou les Serbes. J'aimerais, s'il

11 est possible, voir l'ensemble de la cassette. Elle n'est pas trop longue.

12 M. le Président (interprétation). - Quelle est la longueur de

13 cette cassette ?

14 M. Fila (interprétation). - Il y a cinq programmes qui durent

15 chacun une heure. Le premier programme couvre la façon dont le conflit en

16 Croatie s'est construit. Les autres portent surtout sur la Bosnie. Il y

17 aurait donc en fait trois fois une heure. Nous n'avons pas besoin de les

18 voir ici, ni maintenant. Vous pourrez les consulter plus tard, segment par

19 segment, afin de voir ce qui serait intéressant pour vous. Mais je crois

20 que cela serait intéressant, que M. Williamson est d'accord avec moi sur

21 le fait qu’il serait intéressant de le voir, mais il n'est pas nécessaire

22 de voir cette cassette ici, à l'audience.

23 M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il faudrait la

24 voir à l'audience, pour les parties importantes en tout cas.

25 Mme Mumba (interprétation). - C'est une vidéo de la BBC réalisée

Page 1986

1 par des journalistes qui ont créé leur histoire afin de montrer au monde.

2 Ce n'est pas du tout la même chose que ce qui a servi à l'accusation pour

3 préparer son affaire. C'est la raison pour laquelle nous voulons les

4 dates. Nous voulons savoir si elle a été montrée dans son intégralité ou

5 si elle a été modifiée.

6 M. Williamson (interprétation). - Oui, c'est la seule

7 préoccupation que nous pourrions avoir en vous montrant les programmes. En

8 effet, ils comportent un certain nombre d'interviews qui, à notre avis,

9 seraient très utiles pour la Cour. Il s'agit de personnes qui avaient des

10 positions hiérarchiquement élevées. Elles disent ce qu'elles ont fait, ce

11 qui les a motivées. Mais votre préoccupation, Juge Mumba, ce sont les

12 commentaires et la façon dont les cassettes ont été traitées, et surtout

13 le montage. Je sais que c'est un peu difficile, un peu délicat.

14 Monsieur Milinkovic, vous avez déposé sur le rôle de la JNA, au

15 mois de mai, à Borovo Selo. Vous avez dit que vous ne connaissiez le rôle

16 de la JNA que jusqu'au moment où vous aviez quitté Vukovar, ce qui s’est

17 passé au cours du mois de juillet. Est-ce correct ?

18 M. Milinkovic (interprétation). - Mon témoignage complet porte

19 jusqu'à la fin juillet, car je suis allé à Vukovar pour la dernière fois

20 fin juillet. Lorsque je parle de la JNA, je parle en fait de la JNA

21 jusqu'à la fin juillet.

22 A ma connaissance, jusqu'à ce moment-là l'armée n'était pas

23 intervenue, si ce n'est pour séparer les deux parties belligérantes. Bien

24 qu'elle ait essuyé des tirs à Ilok, au mois de juillet, ce sont les forces

25 armées croates qui ont tiré sur l'armée. Moi-même, j'ai été témoin d'un

Page 1987

1 événement à la fin du mois de mai, lorsque les représentants du SUP

2 fédéral avaient envoyé une délégation pour étudier les causes du conflit.

3 Ils m'ont invité à la caserne afin que je puisse présenter mon point de

4 vue. Les discussions ont été assez longues.

5 Autour de la caserne se trouvaient un certain nombre

6 d'observateurs du HDZ qui essayaient de voir qui rentrait et qui sortait

7 de la garnison. Nous avons terminé nos discussions vers minuit. Les rues

8 étaient entièrement vides. Ma maison se trouvait de l'autre côté de la

9 ville et devant moi se trouvait une Jeep militaire avec un officier et

10 deux soldats. Quelque part, près de la place du marché, qui se trouve au

11 centre de la ville, j'ai été doublé par un véhicule Combi. J'ai vu qu'il y

12 avait plusieurs personnes dans ce véhicule. Je croyais qu'elles portaient

13 des barres. Je me suis rendu compte qu'il ne s'agissait pas de barres,

14 mais de fusils. Alors j'ai commencé à rouler plus rapidement, j'ai allumé

15 mes phares afin de voir le véhicule. Ils n'ont pas tiré sur moi parce que

16 j'avais allumé mes phares. Nous nous sommes dirigés vers le bâtiment de

17 l'Assemblée municipale. A ce moment-là, j'ai été arrêté par des civils en

18 uniforme qui semblaient être des gardes du HDZ. Ils ont vu mon laissez-

19 passer de parlementaire et m’ont permis de passer. Je m’étais arrêté, le

20 véhicule militaire aussi, mais la camionnette était passée. Ils sont

21 passés directement car la patrouille HDZ leur avait permis de passer alors

22 que moi à ce moment-là j’ai été arrêté.

23 M. Williamson (interprétation). - Donc, en fait, Monsieur

24 Milinkovic, vous n’êtes pas en mesure de nous dire ce que l’armée a fait

25 après le mois de juillet ?

Page 1988

1 M. Milinkovic (interprétation). - Correct ! Je vais uniquement

2 parler d’événements auxquels j’ai assisté directement.

3 M. le Président (interprétation). - Essayez d’être aussi bref

4 que possible.

5 M. Williamson (interprétation). - Monsieur Milinkovic, dans

6 votre déclaration à Mlle Thematic, vous avez déclaré à la page 24 dans le

7 document 194, au paragraphe 1, que : « Lorsque le HDZ a entendu que

8 Dokmanovic était devenu membre du conseil national serbe, les attaques

9 ouvertes se sont intensifiées contre lui ». Savez-vous quand il s’est

10 joint à cette organisation ?

11 M. Milinkovic (interprétation). - Je viens d’en entendre parler,

12 je ne sais pas à quelle période on fait référence. C’était en 1991, mais

13 je ne suis pas sûr.

14 M. Williamson (interprétation). - Mais vous ne savez pas à quel

15 moment il a rejoint les rangs de l’organisation ?

16 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne sais pas.

17 M. Williamson (interprétation). - La période à laquelle vous

18 faites référence dans votre déclaration, est plus ou moins l’époque de

19 l’incident de Borovo Selo. Excusez-moi, vous n’avez pas le document devant

20 vous et mes références sont prises dans la verson en anglais et non dans

21 celle en serbe. Vous parlez du mois d’avril 1991 dans le même paragraphe.

22 Vous avez dit que : « Lorsque le HDZ a entendu que Dokmanovic était devenu

23 membre du conseil national serbe, les attaques ouvertes se sont

24 intensifiées contre lui. On avait l’intention de le faire remplacer.

25 Lorsque l’Assemblée municipale l’a assuré de sa confiance, ceci n’a pas

Page 1989

1 été fait. Mais en avril 1991 l’Assemblée HDZ a soumis une requête afin que

2 l’Assemblée municipale soit dissoute. »

3 Pourrait-on dire que ces événements ont eu lieu avant le mois

4 d’avril 1991, donc avant qu’il ait rejoint l’organisation ?

5 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne connais pas les

6 caractéristiques du conseil national serbe. Mais je crois que cela devait

7 se passer à ce moment-là, si ma mémoire ne me fait pas défaut.

8 M. Williamson (interprétation). - Dans le paragraphe suivant, le

9 paragraphe 2 de la page 24 de version en anglais, on peut lire que : « Le

10 conseil national serbe était un organe qui devait représenter les intérêts

11 nationaux serbes et protéger les droits des personnes de nationalité

12 serbe ».

13 M. Milinkovic (interprétation). - Pour autant que je sache, cela

14 doit être correcte.

15 M. Williamson (interprétation). - Estimez-vous qu’il s’agit là

16 d’un groupe de modérés ?

17 M. Milinkovic (interprétation). - Conformément à l’information

18 dont je dispose, je pense que leurs déclarations et leurs activités à

19 l’époque étaient celles de modérés.

20 M. Williamson (interprétation). - Je vais vous montrer un livre

21 qui doit porter la cote P196. Je crains de ne disposer que d’un seul

22 exemplaire de ce livre. Pouvez-vous regarder ce livre et nous en lire le

23 titre, s’il vous plaît ?

24 M. Milinkovic (interprétation). - « Le conseil national serbe

25 pour la Slovénie, le Baranja et la Srem occidentale », de Petrovic.

Page 1990

1 M. Williamson (interprétation). - Sur le dos du livre, pouvez-

2 vous le lire la note sur l’auteur. Je sais que vous lisez, quand on lit on

3 a tendance à parler généralement assez vite, mais pourriez-vous ralentir

4 votre débit afin que l’interprétation puisse être assurée.

5 M. Milinkovic (interprétation). - « Ilija Petrovic est né le

6 6 septembre 1938 à Pozgoriska. Il est allé à l’école primaire à

7 Ublina Esnemo, à l’école secondaire, et à la faculté de Philosophie à

8 Bisad. C’est un protagoniste et acteur de Novosad en 1919. Il est

9 responsable du journal Sobskosiebzic de Baranja. Il vit à Novosad et il

10 travaille dans des entreprises de la région ».

11 M. Williamson (interprétation). - J’aimerais attirer votre

12 attention sur la page 175. Il y a une copie du document sous le numéro 2.

13 J’ai préparé une copie, ainsi que la traduction de ce paragraphe que

14 j’aimerais voir versé au dossier comme pièce de l’accusation portant la

15 cote 197 pour la version originale en serbe et 197-b pour la traduction

16 anglais.

17 Monsieur Milinkovic, pourriez-vous nous lire le préambule

18 d'introduction de ce paragraphe que vous avez à la première page sous le

19 numéro 2 ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - Parlez-vous de cette page-ci ?

21 M. Williamson (interprétation). - Il serait peut-être mieux de

22 lire le livre et non pas la photocopie.

23 M. Milinkovic (interprétation). - Je peux le lire :"Le HDZ vend

24 des armes aux Croates et aux Serbes". C'est de cela que vous parlez ?

25 M. Williamson (interprétation). - Directement sous le 2, à la

Page 1991

1 fin de la page, vous avez un numéro 2 et directement après cela, vous avez

2 une déclaration. Je sais qu'on ne voit pas très bien le 2 parce qu'il a

3 été souligné. Je répète, il serait peut-être mieux de donner le livre au

4 témoin afin qu'il puisse lire.

5 M. Milinkovic (interprétation). - « A tous les médias en

6 Yougoslavie. Les représentants des peuples de Slavonie, Baranja et Srem

7 occidentale ont élu aujourd'hui le conseil national pour cette partie du

8 Président de la République de Croatie. Pour le secrétaire général de la

9 société nationale serbe qui représentera les intérêts du peuple serbe qui

10 a vécu dans cette région depuis des siècles, Ilija Cetlanovic a été élu à

11 ce titre. Un combattant en faveur des droits serbes. C'est un Serbe de

12 Croatie."

13 M. Williamson (interprétation). - Pouvez-vous passer à la page

14 suivante. Sous le titre : "Le conseil national pour la Slavonie, Baranja

15 et Srem occidentale", vous avez trois paragraphes. Pourriez-vous nous lire

16 les paragraphes 1, 2 et 3, s'il vous plaît.

17 M. Milinkovic (interprétation). - "N'accepte pas la solution au

18 titre de laquelle les Républiques actuelles de Croatie et de Slovénie, et

19 ce sans l'acceptation des peuples de Slavonie, Baranja et Srem

20 occidentale, retirent leurs territoires du territoire de Yougoslavie.

21 Deuxièmement, comme étant le seul organe légitime des peuples serbes de

22 Slavonie, Baranja et Srem occidentale, il représentera les intérêts dudit

23 peuple et ce lors de toutes les négociations portant sur l'avenir de la

24 Yougoslavie ainsi que l'avenir du peuple serbe dans l'actuelle République

25 de Croatie. Ordonne également à tous les Serbes détenant des positions ou

Page 1992

1 des fonctions publiques, et ce à tous les niveaux de l'administration

2 croate, à l'exception du parlement Sabor, de maintenir leurs fonctions et

3 de défendre les intérêts du peuple serbe. Lance un appel afin que tous les

4 extrémistes imbus de sentiments antiserbes reconnaissent leurs droits et

5 se rappellent toutes les guerres qu’ils ont menées. Se faisant mettre fin

6 au génocide qui existe dans plusieurs pays contre les Serbes en Croatie,

7 ainsi qu'à la haine irrationnelle contre les combattants nationaux de

8 Croatie et ce pour les personnes ayant vécu dans les régions de Slavonie,

9 Baranja et Srem occidentale, pays dans lequel ils ont vécu depuis de

10 longues années. Les membres de tous ces peuples dont la vie a été de vivre

11 avec les Serbes de ce pays, sont priés de respecter le peuple serbe et de

12 ne pas lui infliger ce qu'ils n'aimeraient pas qu'il leur soit infligé.

13 L'entité nationale serbe existe depuis des temps immémoriaux dans ces

14 régions. Similairement, l'âme serbe est indestructible, il ne faut pas

15 exercer des pressions et accepter la victimisation tel que cela a été le

16 cas pour le temple du Kosovo, et permettre sa résurgence."

17 M. Williamson (interprétation). - Noël 1991. Ceci ne se réfère

18 pas au Noël orthodoxe,mais à janvier 1991 ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Oui, probablement

20 janvier 1991.

21 M. Williamson (interprétation). - J'aimerais attirer maintenant

22 votre attention sur la page 179 de ce livre au point 5. Quelle est la date

23 de ce document ?

24 M. Milinkovic (interprétation). - Si vous parlez du point 5,

25 c'est le 3 février 1991.

Page 1993

1 M. Williamson (interprétation). - J'ai préparé une copie de ce

2 document avec une traduction anglaise versée au dossier comme pièce de

3 l'accusation 198 pour la version serbe et 198-a pour la traduction en

4 anglais.

5 M. Milinkovic (interprétation). - Monsieur le Procureur, je ne

6 vous ai pas compris, voulez-vous que je la lise ?

7 M. Williamson (interprétation). - Non, je veux d'abord qu'une

8 copie soit remise aux Juges. Si vous voulez bien, j'aimerais que vous

9 commenciez à lire après les mots : « Le bureau régional du district serbe

10 de Slavonie, Baranja et Srem occidentale ». Vous commencez là et vous

11 lisez les paragraphes suivants, s'il vous plaît ?

12 M. Milinkovic (interprétation). - « Que toute région contestée

13 ou non contestée sur le territoire actuel de la Croatie soit définie. Les

14 régions non contestées sont celles où la citoyenneté croate a été établie

15 lors du Moyen-Age et où la population serbe n'a jamais constitué une

16 majorité. Les régions faisant l'objet de contestations à l'heure actuelle,

17 sont les régions qui ont été habitées par la population serbe depuis des

18 temps ancestraux et pour lesquelles après l'intervention militaire de

19 l’Empire austro-hongrois, l’autorité du parlement Sabor croate, a entraîné

20 qu’à l’heure actuelle, avec l’aide du principe Avnor, la République de

21 Croatie a été établie comme Etat sécessionniste de l’Etat indépendant de

22 Croatie.

23 Conformément à cela et en plus de la Kinsatrajinan et des

24 municipalités serbes Alinkabania et Akordun, ainsi que d’autres

25 territoires probablement importants pour la détermination des frontières,

Page 1994

1 les territoires de la Slavonie, Baranja et Srem occidentale, de la ligne

2 Ilamcom Braniniajam vers la ligne Tserpin Amenjalan et la Slavonie de la

3 ligne Tserpi jusqu’au fleuve Ilung et un point à dix kilomètres à l’ouest

4 d’Irobi Bigica.

5 Le système juridique de l’actuelle République de Croatie ainsi

6 que les autorités du Sabor croate devront être suspendus dans toutes les

7 régions sous contestation, devront être placées sous la juridiction

8 directe de la présidence de la RSFY et du SUP. Cette juridiction prendra

9 effet jusqu’à ce que l’on ait défini les frontières entre les peuples

10 serbe et croate ainsi que les différentes minorités serbes et croates qui

11 habitent cette région, et ceci après une ligne de démarcation qui servira

12 de frontière entre la Yougoslavie et l’Etat de la nation croate. Tout

13 autre citoyen intéressé, résidant à l’est ou à l’ouest de la frontière des

14 territoires contestés tels qu’ils ont été définis ici, doit pouvoir

15 demander le droit d’être relogé. »

16 M. Williamson (interprétation). – Je souhaiterais que vous

17 regardiez la page 183, le document n° 10. J’ai préparé une copie de ce

18 document qui sera enregistré sous la cote de la pièce d’accusation du

19 Procureur 199. Je m’excuse, mais la traduction anglaise n’est pas terminée

20 et dès que ce sera fait, nous la rajouterons et elle recevra la cote 199-

21 a. Nous l’aurons soit aujourd’hui, soit lundi au plus tard. Je vous

22 demande de lire tout simplement ce document, en commençant à la deuxième

23 page jusqu’au paragraphe 5, donc les paragraphes 1 à 5, puis le

24 paragraphe 10.

25 M. Milinkovic (interprétation). – « Paragraphe 1 : Le peuple

Page 1995

1 serbe en Slavonie, Baranja et Srem occidentale est une partie intégrante

2 du peuple serbe souverain qui vit en Yougoslavie. Par conséquent, dans le

3 territoire qu’il peuple, il peut réaliser les droits souverains du peuple

4 serbe.

5 Paragraphe 2 : la réalisation des droits souverains du peuple

6 serbe en Slavonie orientale, Baranja et Srem occidentale s’exprime par le

7 biais de l’autonomie souveraine qui concerne le pouvoir législatif,

8 exécutif et juridique suprême et souverain.

9 Paragraphe 3 : ceci se traduit dans le domaine de l’autonomie

10 qui implique la langue, l’éducation des enfants, la religion, la

11 protection médicale, la protection de l’environnement, des monuments

12 culturels, de la nature et d’autres domaines de l’héritage national qui

13 sont protégés et prévus par la loi.

14 Paragraphe 4 : afin de réaliser l’autonomie souveraine du peuple

15 serbe en Slavonie, Baranja et Srem occidentale, le statut sur l’autonomie

16 établie ses organes et organisations. Ces instances ont le droit de

17 collecter les impôts, afin de permette d'effectuer ces activités et de

18 gérer le domaine économique par le biais des organisations et entreprises.

19 Paragraphe 5 : Conformément au statut qui règle les questions

20 concernant l'autonomie, les organes de l'autonomie coopèreront avec

21 d'autres parties du peuple serbe en Yougoslavie, ses représentants, ses

22 organisations politiques et autres, et concluront des accords séparés sur

23 l'autonomie avec eux."

24 M. Williamson (interprétation). – Maintenant le paragraphe 10,

25 s'il vous plaît.

Page 1996

1 M. Milinkovic (interprétation). - "L'autonomie souveraine serbe

2 de la Slavonie, la Baranja et de la Srem occidentale existe au sein de la

3 République de Croatie seulement si la Yougoslavie continue à exister en

4 tant qu'Etat fédéral. Si la Yougoslavie cesse d'exister en tant que telle

5 ou si elle est transformée en alliance d'Etats indépendants, cette

6 autonomie continuera à exister comme un Etat représentant le peuple

7 serbe." La date est 1991.

8 M. Williamson (interprétation). – Vous savez qu'il s'agit d'une

9 date sainte ?

10 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne sais pas.

11 M. Williamson (interprétation). – L'Etat-mère pour le peuple

12 serbe c'est la Serbie, n'est-ce pas ?

13 M. Milinkovic (interprétation). - Les Serbes de Croatie

14 considéraient que la Yougoslavie dans son intégralité était leur patrie.

15 M. Williamson (interprétation). – Maintenant, je souhaite que

16 vous trouviez la page 194 et le document qui a le numéro 23. Pouvez-vous

17 me dire quel est ce document ?

18 M. Milinkovic (interprétation). - Il n'y a pas de date sur le

19 document 23. Si, c'est le 26 février 1991, Osijek le 26 février 1991.

20 M. Williamson (interprétation). – Très bien. Madame et Messieurs

21 les Juges, j'ai une copie en serbe et en anglais. Je demande que la

22 cote 200 soit attribuée à l'exemplaire en serbe et 200-a à l'exemplaire en

23 anglais.

24 (L'huissier s'exécute)

25 Monsieur Milinkovic, veuillez lire ce document dans son

Page 1997

1 intégralité.

2 M. Milinkovic (interprétation). - "Partant par la déclaration

3 sur l'autonomie souveraine du peuple serbe de la Slavonie, Baranja et de

4 la Srem occidentale proclamée à Osijek, le 26 février 1991, le conseil

5 national serbe pour la Slavonie, Baranja et la Srem occidentale, lors de

6 sa séance qui a eu lieu le 31 mars 1991, adopte la décision sur

7 l'unification de la Slavonie, de la Baranja et de la Srem occidentale et

8 l'autonomie de la province autonome de Voïvodine, c'est-à-dire la

9 République de Serbie. Le conseil exige de l'Assemblée de la province

10 autonome de Voïvodine et l'Assemblée nationale de la République de Serbie

11 de convoquer les séances lors desquelles les décisions suivantes vont être

12 prises : annexer la Slavonie, la Baranja et la Srem occidentale à la

13 province autonome de Voïvodine et constituer l'autorité juridique dans les

14 régions avoisinantes." Signé : "Ilija Petrovic, au nom du conseil national

15 serbe".

16 M. Williamson (interprétation). – Finalement, je souhaite

17 maintenant que vous preniez la page 163 et que vous examiniez la carte qui

18 figure sur cette page. Je souhaite distribuer les exemplaires qui auront

19 la cote de la pièce à conviction de l'accusation 201.

20 Monsieur Milinkovic, en regardant cette carte, nous pouvons voir

21 qu'elle couvre la région incluant les municipalités d'Osijek et de

22 Vinkovskci, n'est-ce pas ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement, il s'agit d'une

24 partie de la municipalité d'Osijek, de la municipalité de Vukovar. Quant à

25 la municipalité de Vinkovskii, je ne suis pas sûr qu'il s'agit de la

Page 1998

1 totalité ou d'une partie. Je pense que la municipalité d'Osijek n'y est

2 pas représentée dans son intégralité, mais la municipalité de Vukovar si.

3 M. Williamson (interprétation). - Maintenant, je souhaite que

4 l'on montre au témoin la pièce à conviction de la défense 19 et 19-a dans

5 sa version anglaise.

6 (L'huissier s'exécute)

7 Monsieur Milinkovic, avez-vous cela devant vous ?

8 M. Milinkovic (interprétation). - Oui

9 M. Williamson (interprétation). - Pourriez-vous jeter un coup

10 d'oeil sur des régions différentes pour lesquelles il est indiqué qu'il

11 s'agit des parties de ce district serbe qui apparemment, en vertu de

12 l'article 11, couvre les municipalités de Vukovar, ensuite de

13 Beli Manastir, trois :Vinkovskii, quatre : Dalj, cinq : Osijek. Est-ce

14 exact ?

15 M. Milinkovic (interprétation). - C'est exact.

16 M. Williamson (interprétation). - La partie concernant Osijek

17 couvre la ville d'Osijek, n'est-ce pas ?

18 M. Milinkovic (interprétation). - D'après le texte, oui. Osijek

19 y figure.

20 M. Williamson (interprétation). - Dans la partie concernant

21 Vinkovski, cela couvre aussi la ville de Vinkovci. N'est-ce pas ?

22 M. Milinkovic (interprétation). - Derrière Osijek, il est

23 indiqué : "Osijek, siège provisoire Atenia", et pour Vinkovci...

24 M. Williamson (interprétation). - Ensuite, on donne une liste de

25 villes parmi lesquelles figure la liste d'Osijek. Est-ce exact ?

Page 1999

1 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement, le nom d'Osijek

2 y figure.

3 M. Williamson (interprétation). - En vertu de la disposition

4 pour Vinkovcskii, au paragraphe 3, cela couvre aussi la ville de

5 Vinkovski, n'est-ce pas ?

6 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement, le nom de

7 Vinkovski est écrit.

8 M. Williamson (interprétation). - Savez-vous si les villes

9 d'Osijek et de Vinkovski avaient une population majoritaire serbe ?

10 M. Milinkovic (interprétation). - Pour autant que je sache, le

11 pourcentage de Serbes à Vinkovski dans la ville-même était relativement

12 faible. Quant à Osijek, il s'agissait d'environ un quart de la population,

13 mais je ne suis pas tout à fait sûr.

14 M. Williamson (interprétation). - Mais il serait correct de dire

15 que dans ces deux régions les tes constituaient la majorité importante ?

16 M. Milinkovic (interprétation). - C'est exact.

17 M. Williamson (interprétation). - Monsieur Milinkovic, ces

18 documents que vous avez vus tout à l'heure, portent la date du

19 31 mars 1991 ou avant cette date, n'est-ce pas ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - En ce qui concerne le dernier

21 document, je n'ai pas vu la date.

22 M. Williamson (interprétation). - A l'exception du dernier

23 document.

24 M. Milinkovic (interprétation). - Je suppose que c'est vrai, le

25 dernier est en date du mois de décembre 1991, c'est ce qui est écrit.

Page 2000

1 M. Williamson (interprétation). - Exactement. Par contre, pour

2 les autres documents que vous avez lus dans le livre, leur date est

3 janvier 1991, 3 février 1991, 26 février 1991 et finalement 31 mars 1991,

4 est-ce exact ?

5 M. Milinkovic (interprétation). - Exact.

6 M. Williamson (interprétation). - Donc toutes ces déclarations

7 du conseil national serbe, d'après lequel il s'agit là d'un organe qui

8 représente le peuple serbe de manière légitime, ont été adoptées avant les

9 événements à Plivice ou bien au plus tard le même jour que l'événement de

10 Plivice ?

11 M. Milinkovic (interprétation). - Evidemment, certains d'entre

12 eux portent la date d'une période antérieure à cela et d'autres documents

13 ont été constitués par la suite.

14 M. Williamson (interprétation). - Si l'événement de Plivice a eu

15 lieu le 31 mars et le dernier des documents porte la même date, on peut

16 dire que le tout s'est passé avant ou le même jour que l'événement de

17 Plivice ?

18 M. Milinkovic (interprétation). - C'est exact.

19 M. Williamson (interprétation). - Serait-il exact de dire qu’une

20 telle déclaration, c’est-à-dire qu'une partie du territoire croate devait

21 être annexée à la République de Serbie, constituait une provocation à

22 l'égard des autorités croates ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - A mon avis, il s'agit d’une

24 provocation du même ordre que celle représentée par la déclaration de

25 l'indépendance croate au sein de la Yougoslavie.

Page 2001

1 M. Williamson (interprétation). - Mais ceci s'est passé trois

2 mois plus tard, le 25 juin 1991 ?

3 M. Milinkovic (interprétation). - C'est exact. Mais la Croatie

4 s'est séparée, a proclamé son indépendance et a fait sécession par rapport

5 à la Yougoslavie.

6 M. Williamson (interprétation). - Pouvez-vous comprendre

7 pourquoi les autorités croates souhaiteraient que quelqu'un soit démis de

8 ses fonctions si cette personne rejoint les rangs d'une organisation qui

9 déclare qu'une partie de la Croatie appartient à un autre Etat, qui

10 déclare que la loi croate ne s'applique pas, et qui propose le déplacement

11 des populations, de même que le changement des frontières ?

12 M. Milinkovic (interprétation). - Si vous parlez de

13 M. Dokmanovic, je ne l'ai jamais entendu faire de telles affirmations ni

14 en privé ni en public, au mieux de mes souvenirs.

15 M. Williamson (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai

16 plus de questions. Je demande le versement au dossier des pièces à

17 conviction de 194 et 201.

18 M. Fila (interprétation). - La défense n'a pas d'objection si

19 tout le livre est versé au dossier. Maintenant, je demanderai au témoin de

20 lire le document page 40 de ce livre, article 64. S'il vous plaît, lisez-

21 le, car il n'est pas juste de cacher certaines informations qui se

22 trouvent dans ce livre. Et dans ce livre, il est écrit que

23 Slavko Dokmanovic n'est pas membre du conseil national serbe.

24 M. Williamson (interprétation). - Nous n'avons pas d'objection à

25 ce que ce soit lu. Je souhaite ajouter quelque chose, c'est qu'il existe

Page 2002

1 un résumé en anglais du conseil national serbe. J'ai une copie de cela,

2 cela constituera la pièce à conviction 202. Il s'agit d'un résumé du

3 fonctionnement de cette organisation.

4 M. le Président (interprétation). - Qui l'a rédigé ?

5 M. Williamson (interprétation). - L'auteur, cela figure au sein

6 du livre et c'est en anglais, donc je souhaite verser cela au dossier.

7 Donc tout le livre est versé au dossier. C'est comme vous le souhaitez,

8 Madame et Messieurs les Juges.

9 M. le Président (interprétation). - Oui, je suis tout à fait

10 d'accord, donc le livre dans son intégralité sera versé au dossier, de

11 même que ce résumé.

12 M. Bos (interprétation). - Il s'agit de la pièce à

13 conviction 196.

14 M. Williamson (interprétation). - Pourriez-vous lire sur la

15 page 14 de la pièce à conviction de l'accusation 196 ce qui apparaît au

16 nombre 64 ?

17 M. le Président (interprétation). - Veuillez lire lentement.

18 M. Milinkovic (interprétation). - "Slavko Dokmanovic, né à

19 Trepinja en 1949, ingénieur agricole. Jusqu'à la guerre pour

20 l'indépendance de la Krajina, il occupait le poste de président de la

21 municipalité de Vukovar et c'est surtout à cause de son incompétence que

22 l'Assemblée municipale de Vukovar, malgré le fait que la majorité était

23 serbe, a permis la dissolution du secrétariat des Affaires intérieures à

24 Vukovar, ce qui a eu pour conséquence que le soin d'assurer la sécurité du

25 peuple serbe s'est retrouvé entre les mains des autorités oustachies avec

Page 2003

1 leur état-major deVinkovski. Il était membre du conseil national de Knin,

2 mais il s'est retiré de cette fonction. Il était ministre de l'Agriculture

3 au sein du gouvernement de la Slavonie, Baranja et Srem occidentale. Il

4 était le directeur de la Vinahja de Vukovar depuis la fin du mois

5 de juin 1994. Il est de nouveau Président de la municipalité de Vukovar ».

6 M. Williamson (interprétation). - Pouvez-vous dire quelque chose

7 sur le caractère légitime du conseil national serbe ? S'agit-il d'une

8 instance qui a été élue au sein de certaines élections ? Représentait-elle

9 la population de ce territoire ou pas ?

10 M. Milinkovic (interprétation). - Pour autant que je sache,

11 l'organe du conseil national serbe avait déja été établi à Knin

12 auparavant, et c'est pourquoi le HDZ a demandé que M. Dokmanovic soit

13 démis de ses fonctions. Pour autant que je sache, cette organisation avait

14 pour but exclusif de proteger les intérêts de la population serbe en

15 Croatie. C'était sa fonction unique.

16 M. Williamson (interprétation). - Donc ce n'était pas un organe

17 élu lors des éléctions et ce n'était pas un organe qui représentait de

18 manière légitime le peuple serbe en Croatie ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne suis pas certain qu'il y

20 ait eu des éléctions, mais de toute façon c'est une organisation qui

21 représentait les intérêts et protégeait les interêts du peuple serbe en

22 Croatie.

23 M. Williamson (interprétation). - Quelle était la composition du

24 conseil national serbe ? Comment savez-vous que M. Dokmanovic en était

25 membre ?

Page 2004

1 M. Milinkovic (interprétation). - Je n'ai pas eu de preuves

2 quant au fait que M. Dokmanovic était membre du conseil national serbe à

3 Knin, mais je sais que les député du HDZ au sein de l'assemblée municipale

4 l'affirmaient et qu'ils ont demandé que M. Dokmanovic soit démis de ses

5 fonctions et qu'il y ait un vote de confiance au sein de l'assemblée. Je

6 n'ai pas discuté de cela lorsque j'ai donné ma déposition, et pour autant

7 que je sache M. Dokmanovic ne participait pas à tout cela. De toutes

8 façons, il ne s'agissait pas du même conseil national serbe que celui pour

9 la Slavonie, Baranja et Srem occidentale.

10 M. Williamson (interprétation). - Tout à l'heure, vous avez lu

11 la déclaration d'intention. Vous l'avez lue à la requête du Procureur.

12 C'était la déclaration du conseil national serbe. Il s'agit de la pièce à

13 conviction du Procureur n° 199. Veuillez montrer cela au témoin. Dans la

14 note en bas de page, il est indiqué qui a signé cette déclaration. Savez-

15 vous qui a signé ? Ceci figure sur la page 185, la note en bas de page

16 n° 16 dans la version serbe. Savez-vous qui a signé et notamment était-ce

17 M Dokmanovic ? Donc il s’agit de la page 185 et de la note en bas de page.

18 Qui l’a signée ?

19 M. Milinkovic (interprétation). - Donc cette déclaration a été

20 signée par 16 personnes,10 membres fondateurs et 7 nouveaux membres. Mais

21 pour autant que je sache, M. Dokmanovic ne l'a pas signée et n'a pas été

22 membre du conseil national. Il n'était pas membre du conseil national

23 serbe de Slavonie, Baranja et Srem occidentale.

24 M. Williamson (interprétation). - Il y avait donc deux conseils

25 nationaux ?

Page 2005

1 M. Milinkovic (interprétation). - Effectivement, et l'auteur de

2 ce livre sur la page 40 explique que M. Dokmanovic n'était pas membre de

3 ce conseil national-ci, mais qu'il faisait partie, à un moment, du conseil

4 national de Knin qui a été constitué auparavant.

5 M. Williamson (interprétation). - Je ne sais, peut-être s'agit-

6 il d'une erreur, ou d'une erreur de traduction. Le texte dit qu'il était

7 membre du conseil de Knin. Je demanderai que le témoin procède à une

8 nouvelle lecture de cette partie pour indiquer les mots où il est dit

9 qu'il n'était pas membre du conseil pour la Slavonie, Baranja et Srem

10 occidentale, comme il vient de le dire.

11 M. le Président (interprétation). - Pourriez-vous relire la

12 partie pertinente ?

13 M. Petrovic (interprétation). - Il s'agit de la page 40,

14 note 16.

15 M. Milinkovic (interprétation). - Je lis : "Slavko Dokmanovic,

16 né à Trpinja en 1949, ingénieur agronome. Jusqu'à la guerre pour

17 l'indépendance de la Krajina, il était président de la municipalité de

18 Vukovar, et c'est surtout grâce à son incapacité que l'assemblée de la

19 municipalité de Vukovar a permis, en dépit de la majorité serbe de la

20 population, qu'il y ait dissolution du secrétariat de l'Intérieur à

21 Vukovar. C'est ainsi que la police croate oustachie de Vinkovski a pu

22 s'occuper de la population serbe de Vukovar, au sein du conseil national

23 serbe de Knin. M. Dokmanovic était membre de ce conseil, mais il s'en est

24 retiré. Au sein du gouvernement de Slavonie, Baranja et Srem occidentale,

25 il était ministre de l'Agriculture. Il est directeur de la Vinarja,

Page 2006

1 entreprise de Vukovar."

2 M. Williamson (interprétation). - Pouvons-nous donc conclure,

3 d'après cette note qu’ici est en fait présenté un curriculum vitae de

4 M. Dokmanovic ? A l'évidence, c'est de cette façon qu'il a d'abord été

5 mentionné dans ce livre. Il s'agit d'un curriculum vitae de

6 Slavko Dokmanovic, en d'autres termes. S'il était membre d'un autre

7 conseil national, cela aurait été mentionné. On n'aurait pas simplement

8 parlé du conseil national serbe de Knin, n'est-ce pas ?

9 M. Milinkovic (interprétation). - Je pense, car c'est une note

10 que fournit l'auteur du livre. S'il avait été membre du conseil national

11 serbe pour la Slavonie, Baranja et Srem occidentale, on l'aurait dit dans

12 le livre.

13 M. Williamson (interprétation). - Etes-vous au courant de

14 l'existence d'autres documents qui établiraient un lien entre Dokmanovic

15 et le conseil national serbe de Slavonie, Baranja et Srem occidentale ?

16 M. Milinkovic (interprétation). - J'ai dit, il y a un instant,

17 que je n'étais au courant de l'existence d'aucun document de ce type et je

18 suis sûr que M. Dokmanovic ne me l'a même jamais dit à quelque occasion

19 que ce soit. Il n'a jamais dit qu'il était membre du conseil national

20 serbe de Slavonie, etc, car, à mon avis, à cette époque-là, il ne

21 bénéficiait plus de la confiance des Serbes pour cette partie, pour la

22 Slavonie, Baranja et Srem occidentale. A ce moment-là, il avait perdu

23 toute crédibilité auprès des Serbes, comme cela fut vrai pour moi aussi et

24 pour beaucoup d'entres nous qui voulaient un autre cours des choses.

25 M. Williamson (interprétation). – Pourquoi ?

Page 2007

1 M. Milinkovic (interprétation). – Parce que nous étions en

2 faveur d’une solution pacifique pour trouver une solution au conflit, une

3 solution qui soit pacifique et non pas armée. M. Dokmanovic, moi-même et

4 d’autres personnes, nous avons été accusés de ne pas participer

5 suffisamment à la protection des droits et des intérêts des Serbes dans

6 cette partie du territoire, à savoir la Slavonie, Baranja et Srem

7 occidentale.

8 M. Williamson (interprétation). – Vous avez parlé de M. Savic,

9 dans un autre contexte, dans le contexte de l’incident de Plivice. D’où

10 est-il ce Monsieur ?

11 M. Milinkovic (interprétation). – Il vivait à Vukovar et je

12 crois qu’il y vit toujours. J’ai appris à mieux le connaître seulement

13 après son retour de Plivice, lorsqu’il a été arrêté. Il m’a dit qu’Hadjij

14 et lui revenaient de Knin où ils avaient assisté à une réunion, qu’ils

15 étaient descendus à l’hôtel de Plivice, qu’au cours de la nuit il y avait

16 eu des coups de feu et qu’ils avaient été arrêtés.

17 M. Williamson (interprétation). – J’aimerais revenir à la

18 question de Borovo Selo. Les personnes qui se sont opposées au passage de

19 la colonne militaire qui essayait d’accéder au village faisaient-elles

20 partie de formations armées officielles ? Y avait-il des civils armés qui

21 essayaient de s’opposer au passage ? Où se trouvaient-ils ces villageois

22 armés ?

23 M. Milinkovic (interprétation). – Le 2 mai, lorsque venant du

24 bureau de M. Dokmanovic, j’ai pris la voiture de fonction de la

25 municipalité, accompagné de M. Modalek, je suis allé voir pourquoi l’armée

Page 2008

1 n’arrivait pas, pour intervenir et séparer les gens. Je suis arrivé à la

2 sortie de Vukovar, en direction d’Osijek. Il y avait toute une série de

3 chars et plusieurs centaines de civils, dont des enfants. Certaines

4 personnes étaient armées, d’autres étaient en uniforme, mais d’autres

5 encore étaient en civil et n’avaient pas d’arme. Cela ne pouvait pas être

6 des forces régulières de police pour moi, ce devait être des civils armés

7 sans doute et des formations paramilitaires du HDZ.

8 M. Williamson (interprétation). – Merci. Je n’ai plus de

9 questions à vous poser.

10 Mme Mumba (interprétation). – J’aimerais avoir des informations

11 sur l’auteur de cet ouvrage. Cette personne vit-elle toujours ?

12 M. Williamson (interprétation). – Je ne sais pas, je n’ai aucune

13 information relative à cette personne.

14 M. Fila (interprétation). – Je peux peut-être vous être d’un

15 certain secours. Il sera un des témoins que nous allons entendre par

16 vidéoconférence. Il vit à Novisad. Excusez-moi, j’ai confondu, c’est

17 Consarevic qui sera entendu par vidéoconférence, mais l’auteur est bien en

18 vie. S’agissant de la cassette vidéo que j’ai fournie à l’appui de ma

19 thèse en tant que pièce jointe, rappelez-vous qu’un des témoins à charge a

20 dit qu’on critiquait Dokmanovic parce qu’il était apparu à la télévision à

21 Novisad. Maître Williamson s’en souviendra pour avoir participé à cette

22 émission à Novisad. J’ai la cassette, je vous la montrerai, et c’est

23 effectivement cette personne, Ilija Petrovic.

24 M. le Président (interprétation). – Vous avez insisté sur un

25 point précis, et vous l’avez fait à nouveau il y a quelques instants, à

Page 2009

1 savoir que vous-même et M. Dokmanovic étiez des modérés parmi les Serbes.

2 Vous venez de parler d’une perte de crédibilité de vos personnes auprès

3 des Serbes étant donné vos vision pacifiques. A un autre moment, vous avez

4 dit que vous et Dokmanovic étaient considérés comme traîtres par certains

5 serbes que j'imagine extrémistes. Nous venons de voir un document où il

6 est fait état du curriculum vitae de M. Dokmanovic, de son incapacité à

7 fonctionner au sein de l'assemblée. Ce qui revient à dire que

8 M. Dokmanovic subit pas mal de critiques. Toutefois, comment expliquez-

9 vous le fait que vers juillet ou août -je ne connais pas les dates

10 exactes- M. Dokmanovic en dépit de sa perte de crédibilité soit devenu

11 ministre de l'Agriculture du gouvernement du district serbe de Slavonie,

12 Baranja et Srem occidentale ? Il est donc devenu membre d'une puissance

13 publique, d'un gouvernement qui contrôle un secteur bien particulier du

14 territoire de Croatie.

15 M. Milinkovic (interprétation). - Je ne suis pas au courant des

16 circonstances, je répéterai que je me suis trouvé à Vukovar uniquement

17 jusqu’à la fin du mois de juillet, je ne suis pas allé à Vukovar après

18 cette date. Je ne connais donc pas les circonstances qui ont présidé à

19 tout ceci, mais je crois que ceci s'est passé bien plus tard.

20 M. le Président (interprétation) - Il n'en demeure pas moins que

21 si vous avez un gouvernement présidé par Goran Hadzic il n'aurait quand

22 même pas nommé au sein du gouvernement à un poste ministériel un

23 "traître", donc vous n'avez pas d'explication pour expliquer ou trouver

24 une solution à deux faits qui paraissent contradictoires ?

25 M. Milinkovic (interprétation). - Etant donné le fait que

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1 j'étais absent de Vukovar, je n'avais pas de contact avec les personnes de

2 Vukovar, j'étais à proximité de Belgrade où je vis toujours, où j'exerce

3 mes fonctions, je ne dispose dès lors pas d'informations qui pourraient

4 présenter un certain intérêt à savoir pourquoi M. Dokmanovic a été nommé

5 au gouvernement, mais au cours de la période où je me suis trouvé à

6 Vukovar, lui-même et moi-même, nous avons subi pas mal d'incidents

7 désagréables de la part de Serbes qui nous ont qualifié de traîtres.

8 M. le Président (interprétation) - Merci. Il y a quelques

9 instants, vous avez mentionné quelques civils en uniforme qui, d'après

10 vous, auraient été membres du HDZ, auparavant vous aviez aussi parlé de

11 ces civils en uniforme alors que vous parliez de l'incident de cette

12 camionnette Combi, incident où vous avez été concerné. Décrivez-nous ces

13 uniformes, de quel uniforme s'agissait-il ? Y avait-il des emblèmes, des

14 insignes attachés à cet uniforme ?

15 M. Milinkovic (interprétation). - Pour bon nombre d'entre eux,

16 certains avaient des parties d'uniforme de camouflage, des parties de

17 treillis, la veste ou le pantalon, mais en règle générale c'était des

18 parties d'uniforme de camouflage, et souvent on voyait des armes tenues

19 par des personnes en vêtements civils ou portant des parties d'uniforme.

20 M. le Président (interprétation) - Mais vous en avez conclu du

21 fait qu'elles portaient sous une forme ou une autre des parties d'uniforme

22 que ces personnes faisaient partie d'unités paramilitaire croates ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - C'est exact. En effet, outre

24 les membres des forces de police croate qui portaient des uniformes

25 réguliers, ordinaires, au niveau des barrages routiers surtout concernant

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1 le Borovo Selo, il y avait aussi beaucoup de personnes qui avaient des

2 armes à canon long, qui portaient des parties d'uniforme, souvent des

3 parties d'uniforme de camouflage, et il y avait aussi beaucoup de

4 personnes en civil, mais tout ceci formait un tout avec les forces de

5 police croates. J'en ai donc conclu qu'il s'agissait là de formations

6 paramilitaires, faute de quoi lorsque Mercep a pris la tête de la défense

7 nationale, c'est lui qui était au commandement dans les faits.

8 Personnellement j'ai vu que, même avant le 2 mai, M. Sredo Celac, qui

9 était le commandant du poste de police de Vukovar, avait fait l'objet de

10 critiques du fait qu'il était trop jeune alors qu'au niveau de

11 l'information M. Mercep n'aurait pas dû avoir de liens du tout avec la

12 police puisqu'il était chef d'un parti politique. J'ai donc eu

13 l'impression que c'était lui qui était véritablement à la tête du poste de

14 police et non M. Sredo Celac. J'en ai eu la confirmation à plusieurs

15 reprises. M. Sredo Celac a reconnu qu'il ne commandait pas ces hommes.

16 M. le Président (interprétation) - Maintenant, nous parlons bien

17 sûr des Croates et de la perception ordinaire d'une personne, surtout d'un

18 dirigeant politique, quelqu'un qui est dans la vie politique ou dans

19 l'administration politique. Si on voit cette personne porter un uniforme

20 militaire, uniforme de camouflage par exemple, si on le voyait dans cet

21 acoutrement, est-ce que l'homme de la rue penserait qu'il faisait partie

22 d'une unité paramilitaire ?

23 M. Milinkovic (interprétation). - Je connaissais les uniformes

24 des forces régulières de police croate, je les connaissais bien, et tous

25 ceux qui accompagnaient ces forces aux barrages routiers ou aux

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1 barricades, s'il y en a eu lorsque j'ai franchi ces barrages, j'ai vu

2 d'autres personnes en civil ou en uniforme avec des armes à canon long et

3 que l'on ne pouvait traiter que de cette façon.

4 M. le Président (interprétation) - Vous avez dit hier, et ce

5 sera ma dernière question, qu'avant mai vous aviez eu l'occasion d'aller

6 en voiture à Trepinja pour aller chercher M. Dokmanovic à son domicile

7 pour l'emmener à Vukovar parce que vous craigniez des incidents et lui

8 aussii, apparemment ceci s'est passé assez souvent, dans l'intention

9 d'assurer la protection de M. Dokmanovic, quelle distance y a-t-il entre

10 Trepinja et Vukovar en kilomètres ?

11 M. Milinkovic (interprétation). - Environ une dizaine de

12 kilomètres.

13 M. le Président (interprétation) - En règle générale, combien de

14 temps vous faut-il pour aller en voiture de Trepinja à Vukovar ?

15 M. Milinkovic (interprétation). - Dix à quinze minutes.

16 M. le Président (interprétation) - Merci. En l'absence d'autres

17 questions, je pense qu'il n'y a pas d'objection à ce que le témoin puisse

18 disposer. Je vous remercie Monsieur Milinkovic d'être venu déposer devant

19 nous, vous pouvez maintenant vous retirer.

20 M. Milinkovic (interprétation). - Je vous remercie Madame et

21 Messieurs les Juges.

22 (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience.)

23 M. le Président (interprétation) - Est-ce que nous pouvons

24 commencer la déposition du témoin suivant ? Je suis heureux de constater

25 que Me fila et moi-même avons toute une communication gestuelle, nous

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1 venons du sud tous les deux, de la Méditérranée. Je crois que vous êtes

2 d'origine hellénique Maître Fila ?

3 (Me Fila acquiesce.)

4 Effectivement, cela est une façon rapide et tout à fait correcte

5 de communiquer puisque nous sommes en salle d'audience, tout le monde peut

6 nous observer.

7 Maître Petrovic, pourrons-nous en terminer avec les deux témoins

8 avant 13 heures 15 pour autant que l'accusation n'ait pas trop de

9 questions à poser dans son contre-interrogatoire?

10 M. Petrovic (interprétation) - Je crains bien que non Monsieur

11 le Président, nous allons bien sûr essayer mais je crains que nous n'y

12 parvenions pas.

13 M. le Président (interprétation) - Il va de soi que nous ne

14 voulons pas vous empêcher de poser des questions et nous ne voulons pas

15 entamer les droits de la défense, que ce soit clair.

16 M. Petrovic (interprétation) - Nous ne devrions pas avoir de

17 déposition trop longue avec ce témoin mais nous disposons encore d'une

18 heure et demie de débat.

19 M. le Président (interprétation) - Si je posais la question,

20 c'était parce qu'à la relecture hier des déclarations préalables des deux

21 témoins, j'ai constaté que c'était des déclarations courtes, je me

22 demandais quelle serait la longueur de la déposition à l'audience.

23 (Le témoin est introduit dans le prétoire)

24 Monsieur Vracaric, bonjour, je vous demanderai de faire la

25 déclaration solennelle.

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1 M. Vracaric (interprétation) - Je déclare solennellement que je

2 dirai la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.

3 M. le Président (interprétation) - Je vous remercie, veuillez

4 prendre place.

5 M. Petrovic (interprétation) - Monsieur Vracaric, est-ce que le

6 11 septembre 1997, vous avez eu un entretien avec un enquêteur ?

7 M. Vracaric (interprétation) - Oui et j'ai fait une déclaration

8 suite à ses questions.

9 M. le Président (interprétation) - Je veux vous demander

10 d'examiner un document et dites-nous si c'est bien la déclaration que vous

11 avez faite à M. Orol ?

12 M. Petrovic (interprétation) - Cette déclaration faite par

13 M. Vracaric est en serbe, pour l'original ce serait la pièce de la

14 défense D30 et D30-a.

15 M. Vracaric (interprétation) - Oui, c'est bien ma déclaration et

16 c'est bien ma signature.

17 M. Petrovic (interprétation) - Quel est votre lieu de naissance,

18 votre profession et où travaillez-vous ?

19 M. Vracaric (interprétation) - A Terpinja, le 29 mars 1948,

20 c'est là que j'ai vécu jusqu'à la troisième classe primaire, puis je suis

21 allé à Vukovar où toute ma famille était née auparavant. J'ai fait le

22 lycée à Terpinja et j'ai étudié à la faculté de Science politiques en

23 Sociologie et je suis de profession professeur de Sociologie. Mon dernier

24 emploi concernait une formation de chauffeur dans une entreprise privée,

25 c'était l'auto-école de Vukovar.

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1 M. Petrovic (interprétation) - comment se fait-il que vous

2 connaissiez M. Dokmanovic ?

3 M. Vracaric (interprétation) - Nous sommes du même village, je

4 connais Slavko personnellement, nos familles se connaissaient, j'ai un an

5 de plus que lui, nous avons fréquenté la même école primaire et, plus

6 tard, nous avons fréquenté la même école secondaire. J'ai arrêté mes

7 études pendant un an et de ce fait nous nous sommes retrouvés dans la même

8 classe au lycée.

9 M. Petrovic (interprétation) -Etiez-vous membre d'un parti

10 politique ?

11 M. Vracaric (interprétation) - Dans la dernière année de lycée

12 j'ai adhéré au parti

13 de la Ligue communiste de Yougoslavie, j'en suis resté membre jusqu'à la

14 dissolution de la Ligue communiste de Yougoslavie, par la suite, je n'ai

15 plus adhéré à aucun parti politique. Cependant, lorsque le système

16 multiparti a été instauré en République de Croatie, j’ai vu une option

17 dans le parti du SDP mais jamais je n’en ai été membre.

18 M. Petrovic (interprétation). - Avez-vous eu une carte de membre

19 du parti ?

20 M. Milinkovic (interprétation). - Non, jamais je n’ai eu de

21 carte de membre du parti, comme la majorité des Serbes, des gens et même

22 comme M. Dokmanovic. Nous n’avons jamais eu de carte de membre.

23 M. Petrovic (interprétation). - Avez-vous participé aux

24 premières élections multipartites pour Vukovar ?

25 M. Milinkovic (interprétation). - Oui et je me suis retrouvé sur

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1 la liste pour la chambre du travail associé. Tous les citoyens de Vukovar

2 qui me connaissaient, qui connaissaient le travail que je fais, puisque

3 j’étais propriétaire d’une école de conduite automobile, ils m’ont

4 accepté.

5 M. Petrovic (interprétation). - Quand furent vos premiers

6 contacts avec l’Union démocratique croate ou un quelconque de ses

7 membres ? Auriez-vous assisté à leurs réunions ? Quelles furent vos

8 impressions ?

9 M. Milinkovic (interprétation). - Je vivais dans la partie de

10 Vukovar appelait Metmiza. C’était la communauté locale Vladimir Nazof.

11 C’était tout à fait par hasard que j’ai eu ma première réunion factuelle

12 avec le HDZ ; je m’explique. Mon collègue, Gordona Gojiz, qui était membre

13 déjà expérimenté de la communauté, nous étions engagés dans cette activité

14 tous les deux, m’a dit qu’il y aurait une réunion de nature assez

15 inconnue, à laquelle aucun Serbe n’avait été invité, pour laquelle il n’y

16 avait aucune invitation. Elle m’a dit : « Ce serait bien d’aller ce qui se

17 passe » parce qu’apparemment le HDZ allait avoir une assemblée

18 constitutive pour la communauté locale Vladimir Nazof. Nous l’avons fait,

19 il y avait beaucoup de personnes

20 présentes, nous avons choisi un endroit pour nous installer. Il y avait

21 Gordana Gojiz, moi-même, ainsi qu'un membre du SUP à la retraite,

22 M. Dzezek. Nous étions trois. Tous nos voisins se trouvaient dans cette

23 salle. Nous connaissions beaucoup de gens, mais nombreux étaient ceux qui

24 n'avaient jamais participé à ce genre de réunion auparavant. Et puis,

25 toute une équipe de personnes est arrivée, peut-être une quinzaine de

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1 personnes ou un peu plus. Elles sont rentrés dans la salle qui était déjà

2 comble. M. Mercep faisait partie de ce groupe. Il y avait M. Gaze,

3 M. Sabic et d'autres. Certains ont dit qu'il y avait des membres de

4 Vinkovski et d'Osijek. C'était des membres actifs du HDZ, c'était bien

5 connu. Je crois que c'est M. Cerdemet qui a présidé la réunion, il est

6 aussi de notre communauté locale. M. Mercep, à cette occasion, a tenu un

7 discours incendiaire, assez bien préparé. C'est la première fois que

8 j'avais l'occasion de voir M. Tomislav Mercep, même si je connaissais son

9 frère Simo. Je le connaissais précédemment parce qu'il était chasseur ; il

10 aimait les chiens. Le discours de M. Mercep était un discours de campagne

11 électorale : que devait faire le HDZ, que devaient faire les Croates,

12 comment devaient-ils veiller à l'organisation massive de leurs forces, que

13 c'était le seul parti véritable, que pour la première fois les Croates

14 pouvaient se retrouver dans un parti véritable. Ce dont je me souviens et

15 qui m'a inquiété sur le moment, c'est quelque chose qu'il a dit en ce

16 sens : "Finalement, il va y avoir une redistribution des propriétés et des

17 biens. Les Serbes n'auront plus la possibilité d'avoir les grandes

18 maisons, les grandes propriétés dont ils jouissent actuellement. On va

19 aussi redistribuer les postes de travail. Nous ne serons plus en tant que

20 Croates des citoyens de deuxième classe. Bien sûr, il y aura des postes

21 pour les Serbes qui restent. Il reste encore des pelles à leur donner. Il

22 y aura du travail à leur donner". Ceci a été suivi d'applaudissements

23 nourris. Puis ils sont passés à l'élection de membres actifs. Au comité

24 organisateur, il y a Colek notamment, mon voisin Dalic, Itcok Ceramed

25 lui-même, ainsi que beaucoup d'autres dont je ne me souviens pas les noms.

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1 Puis quelqu'un a dit qu'il y avait dans la salle des gens qui ne devaient

2 pas s'y trouver. Il pensait sans doute à nous. On nous a dit que

3 peu importait que nous soyons présents, que nous pourrions quitter la

4 réunion sans aucune difficulté. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé. Dans

5 la soirée, tous les trois, nous avons pu quitter cette réunion sans

6 problème. Ceci a constitué mon premier contact avec le HDZ vers la mi-

7 mars. Je pense qu'il s'agissait du 12 mars 1990.

8 M. Petrovic (interprétation). - Quelle fut l'issue des premières

9 élections multipartites pour le Sabor, le parlement croate ?

10 M. Vracaric (interprétation). - J'ai suivi les élections locales

11 à Vukovar. Les médias en ont beaucoup parlé et j'ai pu suivre le résultat

12 des élections. Nous avions espéré que la situation serait plus favorable

13 pour le SDP, mais manifestement étant donné la nature du système

14 électoral, et étant donné les médias qu'il y avait, nous savons ce qui

15 s'est passé. La République de Croatie est sortie victorieuse des élections

16 alors qu'à Vukovar la situation était différente

17 M. Petrovic (interprétation). - Comment se présentait la

18 campagne pré-électorale à Vukovar ?

19 M. Vracaric (interprétation). - Très animée, il y avait deux

20 partis en lice, le HDZ, parti à vocation exclusivement nationale, faisant

21 plein d'efforts en vue d'assurer une certaine exclusivité, leur réunion

22 était souvent caractérisée par beaucoup d'applaudissements, la

23 présentation de l'échiquier croate. C'étaient des manifestations de masse,

24 attirant de grandes foules. Il était possible de voir que beaucoup de

25 fonds avaient été investis dans cette campagne : participation des médias,

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1 campagne d'affiches, tout Vukovar était couvert d'affiches. Par ailleurs

2 vous aviez le SDP qui fondait sa campagne sur le fait que ce n'était pas

3 un parti à visée nationaliste, qu'il y avait de la place pour tout le

4 monde au sein du parti ; le SDP prônait quelque chose que nous, en tant

5 que Serbes, nous aimions, à savoir la cohabitation, non pas nécessairement

6 la devise « fraternité et unité » mais en tous cas la cohabitation, une

7 coexistence pacifique et qu'il y avait de la place pour tout le monde dans

8 le parti. Je me trouvais à Vukovar

9 lors d'une réunion électorale, cela se passait au centre de la ville, de

10 nouveau de grandes foules y étaient accourues et comme dans nos autres

11 réunions tout ceci se passait dans le calme. C'était donc les deux forces

12 polarisées en opposition. C'est intéressant de voir cette opposition, mais

13 elle annonçait déjà l'avènement d'une situation difficile. En effet, des

14 réunions de ce genre organisées par le HDZ permettaient de pressentir

15 qu'il voulait assurer de meilleures conditions, mais uniquement pour une

16 nation.

17 M. Petrovic (interprétation). - Quelle fût l'issue des résultats

18 de cette élection pour Vukovar s'agissant de ces premières élections

19 multipartites au niveau local ?

20 M. Vracaric (interprétation). - C'était prévisible ces

21 résultats. En d'autres termes il y a eu victoire du SDP à raison de deux

22 tiers, voir plus, des sièges pour l'assemblée municipale de Vukovar. Quant

23 au HDZ qui était dirigé par Mercep, à notre avis ce HDZ a remporté le plus

24 de voix qu'il pouvait remporter vu les circonstances, mais manifestement

25 il n'était pas très contents des résultats. En tout cas, ce fut les

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1 résultats des élections. Avec les voix remportées, nous étions tout à fait

2 satisfaits de ce résultat.

3 M. Petrovic (interprétation). - Quelle fût la composition de

4 l'assemblée après les élections ?

5 M. Vracaric (interprétation). - Cette assemblée municipale a été

6 établie dans le respect des règles de procédure et à l'instar d'autres

7 assemblées.

8 M. Petrovic (interprétation). - Vous êtes devenu député de cette

9 assemblée municipale ?

10 M. Vracaric (interprétation). - Oui, pour la chambre du travail

11 associé. L'assemblée a donc été constituée et immédiatement nous avons

12 pris nos fonctions. Le HDZ se trouvait à notre gauche, nous nous sommes

13 installés et, nous, la grande majorité nous nous trouvions de l'autre

14 côté. Après le début de la séance, on pouvait voir que le HDZ avait

15 l'intention d'obstruer la réunion, réagissait bruyamment et toujours sur

16 les ordres M. Mercep. Si M. Mercep se levait

17 pour quitter la salle, les autres quittaient la salle également, s'il

18 disait qu'il fallait rester les gens restaient. Mais nous avons néanmoins

19 été en mesure d'harmoniser les questions fondamentales et nos points de

20 vue sur ces questions. M. Slavko Dokmanovic a été élu président de

21 l'assemblée municipale. Il y avait deux candidats à cette présidence. Je

22 n'ai pas participé aux négociations au sein du parti ni aux consultations.

23 Comme la plupart des députés, on m'a mis devant une alternative : soit

24 Dokmanovic, soit Bojana Peter. Il était normal qu'un membre du SDP, tout

25 particulièrement un Serbe, vote en faveur de Dokmanovic. Ceci pour deux

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1 raisons ; d'abord c'est une personne qui a une bonne formation, c'est une

2 personne stable et prospère, et qui avait des vues assez larges, il était

3 modéré, je l'ai dit, donc il correspondait à l'idée que nous nous

4 faisions. Il était en faveur de la cohabitation, il voulait que chacun

5 reste en place et que chacun s'acquitte de la tâche qui lui incombait. A

6 Vukovar, à l'époque les problèmes se sont posés entre les Croates et les

7 Serbes.

8 M. Petrovic (interprétation). - Qu'a fait le président pour

9 essayer de mettre fin à ces problèmes ?

10 M. Vracaric (interprétation). - Bien que nous ayons la grande

11 majorité au sein de l'assemblée municipale et que le HDZ ait moins de

12 sièges au sein des commissions, Dokmanovic a insisté afin que nous

13 essayions d'harmoniser les sièges afin de donner davantage de sièges aux

14 membres du HDZ afin qu'il y ait un meilleur climat de travail et de

15 tolérance. C’est ce qui s’est passé, il y a donc eu davantage de sièges

16 accordés aux membres du HDZ qu'il ne leur en serait revenu autrement.

17 M. Matovic a été élu vice-président et les membres du HDS ont reçu de

18 nombreux sièges au sein des commissions. M. Dokmanovic, ainsi que moi-

19 même, étions en faveur de condamner toute situation d'excès. Marian Bilic

20 Bili était très tolérant, par exemple. Il défendait les points de vue que

21 nous défendions également. Quand je parle des députés du HDS, au début eux

22 aussi condamnaient des conduites trop excessives. Mais, le lendemain, ces

23 conduites excessives se poursuivaient. Il y avait donc une différence

24 entre ce que l'on disait et ce

25 que l'on faisait. Slavko Dokmanovic et un groupe de députés du SDP étaient

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1 toujours en faveur de la même chose, c'est-à-dire la recherche du

2 compromis, de la tolérance, de la patience, ne pas répondre aux

3 provocations en tant que parti de la majorité, ne pas être responsable

4 d'un instrument sérieux : voilà toujours les exhortations de la part de

5 Dokmanovic.

6 M. Petrovic (interprétation). - Vous avez parlé de Mercep à

7 plusieurs reprises. Pourriez-vous nous parler de son rôle à Vukovar à

8 l'époque des faits, en nous donnant des détails supplémentaires ?

9 M. Vracaric (interprétation). - Je l'ai vu pour la première fois

10 avec Vladimir Vasof. J'ai appris à mieux le connaître lorsque nous avons

11 commencé nos fonctions au sein de l'assemblée municipale de Vukovar. Les

12 bureaux de mon entreprise et ceux du HDZ, le parti de Mercep, se

13 trouvaient les uns à côté des autres. Nous étions uniquement séparés par

14 un mur. C'est ainsi que nous nous voyions également au travail, à

15 l'extérieur de l'assemblée nationale. J'avais toujours du bon whisky à lui

16 offrir, donc M. Mercep venait me rendre visite assez souvent. En fin de

17 compte, c'est la politique au sein de mon entreprise, nous devons bien

18 accueillir nos clients. C'est donc ainsi que je le voyais. Il me

19 respectait pour trois raisons au moins, à mon avis. Premièrement, j'étais

20 un ami personnel de M. Slavko Degoricija, cela remontait déjà à un certain

21 nombre d'années. M. Degoricija était à l'époque vice-ministre de

22 l'Intérieur. Deuxièmement, l'épouse de Mercep prenait des cours de

23 conduite dans l'école où je travaillais. En fait, je lui donnais certains

24 privilèges parce que nous étions voisins : elle pouvait choisir la

25 structure qu'elle désirait, elle n'avait pas besoin de faire la queue,

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1 etc. Troisièmement, il me respectait comme homme d'affaire, parce que mon

2 entreprise fonctionnait bien. Lorsque certains journalistes venaient lui

3 rendre visite, il me présentait comme étant un Serbe qui avait du succès

4 dans son entreprise et qui n'essayait en aucune manière d'entraver la

5 sienne. Rapidement, Mercep est devenu très populaire au sein des membres

6 du HDZ. En fait, sa personnalité était exceptionnelle, tant au point de

7 vue physique que mentale. Il était en bonne

8 forme, il était très ambitieux. Du matin au soir, des personnes rentraient

9 et sortaient de son bureau, et je rappelle que nos bureaux étaient

10 adjacents donc je connaissais les lieux. Il s'agissait de personnes

11 anonymes, en marge de la vie sociale, mais c'est là qu'il se sentait à

12 l'aise. Il était populaire parmi ces personnes, celles-ci l'aimaient. Il

13 était clair que non seulement il avait un bâton de commandant entre ses

14 mains au sein de l'assemblée, mais il avait également ce bâton de chef

15 d'orchestre au sein de la police. Donc, c'était un meneur-né.

16 M. le Président (interprétation). - Nous aimerions interrompre

17 la séance quinze minutes.

18 L'audience, suspendue à 11 heures 55, est reprise à

19 12 heures 15.

20 M. le Président (interprétation). – Avant de reprendre, j’aurais

21 aimé mettre en exergue un point. A 13 heures 30, j’ai une réunion avec les

22 Présidents des autres Chambres afin que nous puissions nous mettre

23 d’accord sur le calendrier des mois à venir qui comprend également notre

24 procès. J’aurais voulu que nous soyons aussi brefs que possible. Le témoin

25 pourrait répondre brièvement, de façon concise.

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1 M. Petrovic (interprétation). – Nous allons essayer de réduire

2 les questions au maximum et de faire en sorte que le témoin réponde de

3 façon aussi concise que possible.

4 Très brièvement, j’aimerais que vous nous parliez de cet épisode

5 avec Slavko Degoricija. Vous avez déjà dit que vous le connaissiez. Que

6 pouvez-vous dire à son sujet ?

7 M. Vracaric (interprétation). - Je vous ai déjà dit que cela

8 faisait longtemps que nous étions amis. Slavko Degoricija me connaissait.

9 Il m’a proposé d’aller à la chasse pour mieux nous connaître. J’en ai

10 parlé aussi à Trepinja qui aimait bien chasser, mais il ne pouvait pas

11 venir.

12 M. Petrovic (interprétation). - Qu’en était-il des armes ?

13 M. Vracaric (interprétation). – Je ne sais pas si les personnes

14 étaient armées mais, au début du printemps, je suis retourné dans mon

15 bureau, étant donné qu’un nouveau cours de conduite devait commencer. J’ai

16 vu de nombreuses personnes devant le bureau du HDZ. Je suis allé trouver

17 Mercep. Je suis donc entré et la salle était pleine. J'étais surpris, à

18 droite, près du mur, il y avait quelques civils, assis par terre, et ils

19 avaient entre les mains des armes automatiques ainsi que des petits sacs

20 vert-gris. J'étais étonné parce qu'avant je n'avais jamais vu personne

21 dans le bureau du HDZ.

22 Le lendemain j'ai vu M. Mercep, je lui ai demandé : « Que s’est-

23 il passé, pourquoi te faut-il tout cela ? » Il m’a répondu : « Ne sois pas

24 étonné ». Voilà la situation telle qu'elle prévaut. « Quelqu'un te menace-

25 t-il ? Quelqu’un t'a-t-il fait quelque chose ? » m’a-t-il dit. J'ai dit :

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1 « Non. ». Alors il m’a dit : « Mêle-toi de tes affaires, nous allons

2 arriver à nos objectifs et nous estimons que c'est ainsi qu'il faut agir

3 et même les Croates qui s'opposeront à nous disparaîtront. » Je n'ai pas

4 fait de commentaires supplémentaires.

5 M. Petrovic (interprétation). - Pouvez-vous nous citer un

6 exemple spécifique de pression exercée contre les Serbes de Vukovar ? Ont-

7 ils été démis de leurs fonctions ? Leurs propriétés ont-elles été

8 détruites ?

9 M. Vracaric (interprétation). - Je ne me suis pas penché sur ses

10 affaires individuelles. Chaque jour, quelque chose se passait, les

11 personnes commençaient à partir en masse, surtout après l'incident de

12 Borovo Selo. Je ne connais qu'un seul cas spécifique ou particulier, étant

13 donné qu'il porte sur un de mes amis. Il est décédé, il s'agit de

14 Jovo Jakovjevic, son surnom était Rakijic. C'était un fervent chasseur et

15 on se rencontrait assez souvent. Il gérait un magasin public de matériel

16 de chasse. Un jour, en 1991, je me suis arrêté dans son magasin et je suis

17 allé le trouver. Il s'est plaint, il m'a dit que les hommes de Mercep le

18 menaçaient et essayaient de saisir ses armes, surtout les carabines. Il a

19 dit qu'il ne le voulait pas. Je lai dit : « Tu

20 n’as pas peur, ta vie est menacée, pourquoi ne leur donnes-tu pas ces

21 carabines ? » Il a dit qu’il ne voulait pas le faire et qu’il allait les

22 donner à la caserne. Au mois de juin, il a été tué mais je ne sais plus

23 qui l’a tué ni pourquoi.

24 M. Petrovic (interprétation). - Quand cette dernière réunion

25 était-elle prévue ?

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1 M. Vracaric (interprétation). - Je ne sais pas. Je crois qu’une

2 réunion était prévue le 16 mai. Nous nous sommes rendus à l'assemblée, il

3 y avait déjà un grand groupe de partisans du HTZ. On ne nous a pas permis

4 de rentrer dans les bâtiments. Depuis sa constitution, il y avait toujours

5 des groupes de pression, vingt à trente personnes se trouvaient toujours

6 devant l'assemblée. Elles n'étaient pas membres de l'assemblée mais se

7 trouvaient là par hasard ou à l’invitation de quelqu'un. Il y avait

8 toujours un groupe de pression désagréable devant le bâtiment.

9 M. Petrovic (interprétation). – Peut-on dire que lorsque cette

10 dernière tentative d'organiser une réunion de l’assemblée municipale a été

11 proposée, cette dernière a fonctionné ce jour-là ?

12 M. Vracaric (interprétation). - Après cela, je n'ai jamais reçu

13 d'invitation pour me rendre à l'assemblée.

14 M. Petrovic (interprétation). - Monsieur Dokmanovic s'est-il

15 acquitté de ses fonctions de président de l'assemblée municipale après les

16 événements de Borovo Selo ?

17 M. Vracaric (interprétation). - Sa position était fortement

18 ébranlée mais parfois il venait, prudemment. Je crois savoir que

19 M. Milinkovic le conduisait. Ensuite, il ne pouvait plus se rendre dans la

20 municipalité. Il s'en est souvent plaint, à moi-même et à Maksim Vojnovic.

21 Nous étions réunis au ESDK. Il nous disait que sa vie était menacée, on

22 lui a dit de ne pas venir parce que sa vie était plus importante que les

23 réunions.

24 M. Petrovic (interprétation). - Quand cette assemblée a-t-elle

25 été dissoute ?

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1 M. Vracaric (interprétation). - A ma connaissance, au début du

2 mois de juillet. Un

3 décret émanant du gouvernement assurait la dissolution de l'assemblée mais

4 je n'ai jamais vu de document officiel pour pouvoir le dire. J'ai été

5 soulagé de voir cela. En effet, M. Vojnovic m'avait dit au téléphone que

6 l'assemblée n'existait plus. J'en était fort aise.

7 M. Petrovic (interprétation). - Quand avez-vous quitté Vukovar

8 et sous quelles circonstances ?

9 M. Vracaric (interprétation). - J'ai quitté Vukovar le 31 août

10 1991. C'est un Croate qui m'a fait sortir de Vukovar, Ivan Matic, le

11 garçon d'honneur de mon mariage. Il avait un ancien élève, membre du corps

12 de garde du SMG. Cet étudiant m'a pris moi-même, mon épouse, celle de mon

13 garçon d'honneur et un certain Jorja qui était boucher. Il nous a faits

14 sortir de Vukovar, personne ne nous a arrêtés. Nous avons passé un certain

15 nombre de postes de garde. Milas, c'est lui qui nous a faits sortir de la

16 ville.

17 M. Petrovic (interprétation). - Vous avez parlé de Milic Bili,

18 vous avez dit que vous le connaissiez. Pourrait-on montrer au témoin la

19 pièce de la défense D8 ? Pouvez-vous regarder ce document et nous dire de

20 quoi il s'agit ?

21 M. Vracaric (interprétation). - Je connais ce document. Je l'ai

22 toujours chez moi. Ce document m'a été remis par M. Marin Bilic, dit Bili,

23 peut-être un ou deux jours après la date qui figure sur le document. Il

24 s'est rendu chez moi. Lui, moi-même et mon épouse nous sommes assis sur la

25 terrasse, nous avons mangé de la glace et nous avons discuté de la

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1 situation. Bili a toujours été le représentant d'une option modérée. Nous

2 avions de nombreux points communs. Nous avons lié amitié lors de la

3 constitution de l'Assemblée. Par faveur personnelle, pour lui-même, j'ai

4 organisé des cours de conduite à Lovas, dans sa ville natale. Il est venu

5 me trouver ce jour-là, il s'est plaint de tout ce qui se produisait à

6 Vukovar. Il a également souligné que bon nombre de Serbes quittaient

7 Vukovar de différentes façons. Certains essayaient de corrompre des

8 personnes du HDZ avec de l’argent. D'autres ont profité de leurs amitiés.

9 Ils essayaient de s'enfuir de toutes les manières possibles. Bili m'a dit

10 ensuite qu'un certain groupe d'extrémistes

11 avait perdu tout contrôle, que chacun allait faire ce qu'il voulait et

12 qu'on allait le rendre lui responsable en tant que représentant. Il m'a

13 dit : "Ceci est ma dernière tentative afin d'empêcher le chaos qui

14 découlera si on n'arrête pas ceci." Il m'a dit : "Zdravko, dis aux Serbes

15 de ne pas partir, dis aux Serbes -que tu connais- de ne pas partir. Je te

16 dis ceci à toi. Tu es quelqu'un de connu. Montres-le aux autres" bien que

17 personnellement, il ne croyait pas que cela allait améliorer la situation.

18 M. Petrovic (interprétation). - Savez-vous si Slavko Dokmanovic

19 se trouvait à Vukovar pendant ces opérations ?

20 M. Vracaric (interprétation). - Slavko Dokmanovic n'est pas

21 resté à Vukovar pendant les opérations de guerre, moi non plus je ne suis

22 pas resté à Vukovar pendant les opérations de guerre. J'aimerais dire

23 ceci : après l'événement de Vukovar, on a défini Slavko Dokmanovic comme

24 étant un traître. On l'a accusé d'avoir informé l'armée de ce qui s'était

25 produit, d'avoir sauvé des membres du MUP. Il a également été accusé

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1 d'avoir remis la ville de Vukovar entre les mains du HDZ extrémiste. Il

2 savait que des messages arrivaient des quartiers généraux de Vukovar, qui

3 venaient de différents villages avoisinants. On a déclaré qu'il n'osait

4 plus revenir à Vukovar et qu'il ne devrait pas oser revenir. Il est venu

5 me trouver à Ilok le 14 novembre 1991. Je commençais mes fonctions à Agro-

6 Komerc à Ilok.

7 M. Petrovic (interprétation). - Permettez-moi de vous montrer un

8 document. Pourriez-vous montrer au témoin ce document en date du

9 13 novembre 1991, afin qu'il nous dise de quoi il s'agit ?

10 M. Bos (interprétation). - Document D32.

11 M. Petrovic (interprétation). - La traduction est au dos, donc

12 elle sera 32-a. J'aimerais que ce document soit versé au dossier comme

13 pièce de la défense.

14 M. Vracaric (interprétation). - Il s'agit d'un document qui

15 indique que le commandant militaire d'Ilok m'a nommé directeur du groupe

16 agricole d'Ilok. J'ai commencé

17 le 14. On a repris la production afin que la ville puisse fonctionner, car

18 ce centre commercial couvrait également la boulangerie et d'autres points

19 importants.

20 M. Petrovic (interprétation). - Pouvez-vous poursuivre ? Que

21 s'est-il passé après la visite de Dokmanovic chez vous.

22 M. Vracaric (interprétation). - Je n'avais pas vu Dokmanovic

23 depuis longtemps. Il est venu me voir entre le 14 et le 18 novembre. Je me

24 souviens de ce matin. On s'est dit bonjour, il m'a dit pourquoi il était

25 venu. Il m'a dit qu'il était venu me voir pour savoir si Agrokomerc, en

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1 tant qu'entreprise, pouvait financer la révision d'un camion qui se

2 trouvait à Backa Palanka. Je ne me souviens plus de quel montant il

3 s'agissait. Je lui ai dit que ce serait sûrement difficile, car nous

4 venions de reprendre nos travaux, nous n'avions pas d'argent, mais que

5 plus tard je serais peut-être en mesure de le faire. Nous avons continué à

6 discuter un peu. Ensuite, il s'est plaint étant donné le renom que nous

7 avions, nous ne pouvions plus nous rendre à Vukovar. Mais la situation

8 était bien plus difficile pour lui, car les accusations à son encontre

9 étaient bien plus graves. On le qualifiait de traître, cela passait par le

10 bouche à bouche et il trouvait que la situation était très difficile. Je

11 lui ai posé des questions pour savoir ce qui se passait dans les

12 différents quartiers généraux, si je connaissais quelqu'un qui pourrait

13 lui permettre de s'y rendre. Je lui ai dit : "Zlatko, je ne les connais

14 pas personnellement, mais je n'ose pas y aller moi-même car je ne peut

15 rien faire en ta faveur". Nous nous sommes séparés et, après cela, nous ne

16 nous sommes plus revus pendant un certain temps.

17 M. Petrovic (interprétation). - Etant donné que le commandement

18 militaire désignait également des directeurs des sociétés sur le

19 territoire de la municipalité de Vukovar, peut-on en conclure que

20 l'ensemble du territoire était sous administration militaire à l'époque ?

21 M. Vracaric (interprétation). - Oui, c'était un modèle

22 exceptionnel qui valait uniquement pour cette région. Le commandement

23 militaire a duré beaucoup plus longtemps. A Ilok ou autre part, il n'a pas

24 duré aussi longtemps.

25 M. Petrovic (interprétation). - Qui a gouverné Ilok après les

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1 opérations de guerre ?

2 M. Vracaric (interprétation). - Le commandement militaire.

3 L'Interprète. - Pourrait-on réduire le débit de

4 l'interrogation ?

5 M. Petrovic (interprétation). - Comment Zlatko Dokmanovic a-t-il

6 été désigné ministre de l'Agriculture du district serbe de Slavonie,

7 Baranja et Srem occidentale ?

8 M. Vracaric (interprétation). - Je n'étais pas là à ce moment-

9 là, mais il n'y avait pas de nombreuses personnes susceptibles d'être

10 élues à l'époque. N'oublions pas qu'il était ingénieur agronome, donc il

11 avait une formation en matière d'agronomie. Il était expert quant à la

12 production agricole, il pouvait relancer la production agricole.

13 M. Petrovic (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai plus

14 de questions.

15 M. le Président (interprétation). - Maître Niemann ?

16 M. Niemann (interprétation). - Monsieur Vracaric, depuis le

17 moment où vous avez quitté Vukovar, vous avez dit au mois d'août, jusqu'à

18 la date de votre nomination à votre poste en novembre 1991, où étiez-vous

19 et que faisiez vous ?

20 M. Vracaric (interprétation). - A ce moment-là, j'étais à Backa

21 Palanka en tant que réfugié chez des amis, chez lesquels j'avais déjà

22 placé mes enfants dès le mois de juin 1991.

23 M. Niemann (interprétation). - Backa Palanka est en Serbie,

24 n'est-ce pas ?

25 M. Vracaric (interprétation). - Effectivement, près de Novi Sad.

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1 M. Niemann (interprétation). - Y avait-il beaucoup de réfugiés

2 serbes là-bas, des Serbes qui ont quitté Vukovar durant cette période ?

3 M. Vracaric (interprétation). - A Backa Palanka, tout comme dans

4 d'autres villes près du Danube, effectivement il y avait un grand nombre

5 de réfugiés.

6 M. Niemann (interprétation). - Quand êtes-vous parti à Ilok ?

7 M. Vracaric (interprétation). - Je suis venu à Ilok vers le

8 1er novembre, c'est à cette époque-là que j'ai commencé à y aller parce

9 que la JNA commençait à l'autoriser. Donc je venais à Ilok et je rentrais

10 à Backa Palanka. J'ai déménagé définitivement le jour de ma nomination à

11 Ilok.

12 M. Niemann (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé à Ilok,

13 avez-vous trouvé un endroit convenable pour vivre ?

14 M. Vracaric (interprétation). - Le commandement militaire m'a

15 permis d'utiliser de manière provisoire la maison d'un certain Vlado Zec

16 qui avait quitté Ilok dans un convoi au mois d'octobre avec d'autres

17 citoyens.

18 M. Niemann (interprétation). - Ce M. Zec était-il Croate ?

19 M. Vracaric (interprétation). - Oui, M. Zec était un Croate et

20 par la suite nous nous sommes rencontrés personnellement.

21 M. Niemann (interprétation). - Est-ce qu’avant la période où

22 vous êtes arrivé à Ilok la grande majorité des Croates avait déjà quitté

23 la ville ?

24 M. Vracaric (interprétation). - Effectivement, la grande

25 majorité des Croates avaient quitté Ilok. Presque tous les Slovaques sont

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1 restés sur place et une partie des Croates aussi.

2 M. Niemann (interprétation). - Dans votre poste de directeur de

3 la société Agrokomerc, quelles étaient les fonctions et les tâches qui

4 étaient les vôtres ?

5 M. Vracaric (interprétation). - Mes tâches étaient tout d'abord

6 de renouveler la production, étant donné qu'il y avait la production en

7 matière agricole dans le domaine de la boulangerie et les

8 approvisionnements en nourriture de la ville ; c'était ma première tâche.

9 Et deuxièmement de trouver le personnel qui allait effectuer ces activités

10 de production.

11 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que le tout se trouvait

12 sous le contrôle militaire ?

13 M. Vracaric (interprétation). - Toutes les sociétés étaient sous

14 le commandement militaire et nous faisions un rapport pendant les premiers

15 jours au commandement militaire.

16 M. Niemann (interprétation). - Portiez-vous un uniforme de

17 camouflage lorsque vous alliez au travail dans votre société ?

18 M. Vracaric (interprétation). - Je n'ai jamais porté d'uniforme

19 de camouflage. Au début, quand j'allais au travail, je venais en costume

20 avec une cravate, ceci a eu des conséquences négatives étant donné que la

21 plupart des gens portaient un uniforme de camouflage, un uniforme

22 militaire.

23 M. Niemann (interprétation). - Lorsque vous dites que la plus

24 grande partie des gens avait des uniformes militaires, parlez-vous des

25 gens qui appartenaient à l'ancienne JNA, ou bien portaient-ils des

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1 uniformes militaires pour donner une bonne impression ?

2 M. Vracaric (interprétation). - La plupart des personnes étaient

3 des membres de la JNA actifs ou de réserve, quant aux autres ils portaient

4 aussi au moins une partie d'uniforme étant donné que cela laissait une

5 certaine impression.

6 M. Niemann (interprétation). - En fait, il était assez populaire

7 d'avoir au moins des morceaux d'uniforme militaire, cela ne voulait pas

8 dire nécessairement que la personne appartenait à une unité en particulier

9 ou à une armée étant donné que c'était tout à fait à la mode ?

10 M. Vracaric (interprétation). - Il n'était pas obligatoire de

11 porter un uniforme mais de toute façon il y avait des uniformes

12 différents.

13 M. Niemann (interprétation). - Lorsque vous étiez à

14 Backa Palanka, à quoi ressemblait votre logement, les conditions dans

15 lesquelles vous avez vécues, les conditions de vie en général ?

16 M. Vracaric (interprétation). - Il y a eu de nombreux réfugiés.

17 Au début j'étais chez mon ami Jovic et ensuite chez Vekic. Pour moi, les

18 conditions étaient tout à fait agréables, il s'agissait de personnes

19 merveilleuses qui ont tout fait pour aider ma famille et moi-même. Et nous

20 ne payions presque aucun frais, sauf ce que nous dépensions pour nous-

21 mêmes. Quant à Palanka elle-même, tout comme à Sid et d'autres villes, il

22 y a eu de nombreux réfugiés. Il y en a qui ont vécu plus ou moins bien en

23 fonction du moment où ils sont venus et des biens qu'ils ont apportés avec

24 eux.

25 M. Niemann (interprétation). - Il n'y a aucun doute que les

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1 conditions étaient dures pour les gens qui étaient là à l'époque, mais mis

2 à part ces problèmes liés aux statuts de réfugiés, tout fonctionnait là-

3 bas, l'électricité, l'approvisionnement en eau, etc, n'est-ce pas ?

4 M. Vracaric (interprétation). - Ceci fonctionnait en ce qui

5 concerne les personnes qui étaient logées chez des amis ou des membres de

6 la famille. Quant aux autres qui avaient un autre logement, c'était

7 beaucoup plus difficile. Si vous aviez un grand groupe de personnes au

8 même endroit, bien sûr que les conditions de vie devenaient plus

9 difficiles mais, de toute façon, il n'y avait pas le choix, les gens

10 n'avaient pas choisi de leur propre gré de venir à cet endroit.

11 M. Niemann (interprétation). - Vous avez mentionné que vous

12 connaissiez M. Mercep et qu'avec le temps il semblait changer. Ceci s'est

13 produit surtout au cours de l'année 1991, n'est-ce pas, ce changement de

14 personnalité que vous avez remarqué de M. Mercep ?

15 M. Vracaric (interprétation). - M. Mercep était toujours un

16 homme très ambitieux du point de vue politique, avec l'ambition d'être un

17 leader. Au fur et à mesure que le temps s'écoulait, il devenait de plus en

18 plus ambitieux et de plus en plus agressif. Ce que j'ai remarqué, c'est

19 qu'il s'est entouré de mauvaises personnes, des gens de statuts douteux,

20 des criminels tout comme par exemple Marko Obasic, les frères Dosen et des

21 personnes semblables. Je lui ai dit une fois : "Ecoute, Tomica, tu ne peux

22 pas choisir des gens de meilleure qualité autour de toi ? Pourquoi leur

23 permets-tu d'être autour de toi ?". Il m'a répondu : "Ces gens-là me

24 conviennent, ils n'ont rien à perdre".

25 M. Niemann (interprétation). - Je pense qu'il est exact de dire

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1 que d'autres personnes du HDZ sont devenues, à votre avis, beaucoup plus

2 extrémistes alors qu'au départ il s'agissait de personnes raisonnables et

3 modérées ?

4 M. Vracaric (interprétation). - Cela dépend de la personne. Par

5 exemple j'ai mentionné Marin Vidic Bili qui n'est jamais devenu un

6 extrémiste. Au fur et à mesure que l'euphorie grandissait, de nombreuses

7 personnes qui auparavant étaient modérées devenaient de plus en plus

8 extrémistes.

9 M. Niemann (interprétation). - Je pense que tout à l'heure vous

10 avez dit que les personnes qui l'entouraient étaient ainsi, mais vous

11 seriez d'accord avec moi pour dire que, quand de nombreuses personnes qui

12 avaient été modérées au départ et qui sont devenues extrémistes par la

13 suite, cela s'est produit en grande partie aussi à cause des circonstances

14 qui régnaient durant l'année 1991 ? Il serait juste de faire une telle

15 affirmation, n'est-ce pas ? Qu'en pensez-vous ?

16 M. Vracaric (interprétation). - Je ne sais pas de quelles

17 circonstances vous parlez. Nous, les Serbes, les membres du SDP, nous

18 envoyions toujours des signes, des signaux positifs et, avec le temps, les

19 réponses que nous recevions étaient de plus en plus souvent négatives.

20 Donc je ne sais pas si c'est de ces circonstances-là que vous parlez.

21 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit dans votre

22 déclaration que vous connaissiez M. Dokmanovic et que vous aviez des

23 réunions sur le territoire de la République fédérale de Yougoslavie, et

24 sur la base de votre déclaration je suppose que vous parlez des réunions

25 qui ont eu lieu pendant la bataille de Vukovar.

Page 2037

1 M. Vracaric (interprétation). - Nous nous sommes parlés une ou

2 deux fois au téléphone et, une fois, je l'ai rencontré lorsqu'il

3 s'occupait de l'achat du blé, et tout cela c'était avant la bataille de

4 Vukovar. En fait, je vous demanderai d'être plus précis, de me donner une

5 date étant donné que la bataille de Vukovar n'a pas duré une seule journée

6 mais plus, pour autant que je le sache.

7 M. Niemann (interprétation). - Malheureusement, je me basais sur

8 votre déclaration, là il n'y a rien de concret, je relis votre dernière

9 phrase : "Nous nous rencontrions sur le territoire de la République

10 fédérale de Yougoslavie durant cette période". Je sais qu'il n'était pas à

11 Vukovar pendant la guerre, donc je suppose que vous parlez de la période

12 au cours de laquelle lui et vous aviez quitté Vukovar ?

13 M. Vracaric (interprétation). - Effectivement, il s'agit de la

14 période précédant la vraie guerre à Vukovar. Il s'agissait donc d'août et

15 septembre.

16 M. Niemann (interprétation). - Quelle était la nature de ces

17 réunions ? S'agissait-il du gouvernement du district serbe de la Slavonie,

18 Baranja et Srem occidentale ? Est-ce de cela dont vous parlez lorsque vous

19 dites "les réunions" ?

20 M. Vracaric (interprétation). - Non, nous nous rencontrions en

21 tant qu'amis qui se parlaient au téléphone et qui se disaient : "Il

22 faudrait qu'on se rencontre".

23 M. Niemann (interprétation). - Je vois, d'accord. Vous avez

24 également mentionné le fait que M. Dokmanovic s'est adressé à vous à

25 propos d'un camion. Saviez-vous dans quel but il demandait ce camion ?

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1 M. Vracaric (interprétation). - Etant donné que M. Dokmanovic

2 était chargé de l'agriculture à Erdut, il m'a dit qu'il s'agissait d'un

3 camion qui était tombé en panne durant la collecte de blé ou quelque chose

4 comme cela. Il m'a dit qu'il y a eu une panne et qu'il fallait le réparer,

5 que c'était indispensable.

6 M. Niemann (interprétation). - Après la guerre, c'est-à-dire au

7 mois de décembre 1991, avez-vous eu l'occasion d'aller à Sremska Mitrovica

8 par hasard ?

9 M. Vracaric (interprétation). - Au mois de décembre, non, je ne

10 suis pas allé à Sremska Mitrovica, ni à cause de mes affaires ni pour

11 d'autres raisons.

12 M. Niemann (interprétation). - Très bien. Connaissez-vous la

13 personne qui a le même nom de famille que le vôtre et dont le prénom est

14 Joko ?

15 M. Vracaric (interprétation). - C'est une personne qui a le même

16 nom de famille. Je pense qu'il avait une laverie pour les voitures, à

17 l'entrée de Vukovar, sur la droite, avant la guerre. Nous avons le même

18 nom de famille mais nous n'avons pas de lien familial.

19 M. Niemann (interprétation). - Merci. Je n'ai plus de questions.

20 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Petrovic ?

21 M. Petrovic (interprétation). - Une seule clarification : on

22 parlait des conditions de vie pour les réfugiés à Backa Palanka, dans la

23 République de Serbie. Quelles étaient les conditions de vie dans les

24 villages autour de Vukovar à l'époque, en ce qui concerne

25 l'approvisionnement en eau, en électricité, etc ?

Page 2039

1 M. Vracaric (interprétation). - Comme je vous l'ai déjà dit,

2 j'ai quitté Vukovar et d'après ce que mes parents -qui étaient toujours à

3 Vukovar- me disait, la situation à Vukovar se dégradait sans cesse. Les

4 gens n'avaient pas d'électricité, pas d'eau. Ceux que je connaissais me

5 priaient de tout faire pour les évacuer de cette ville. Mais cela m'était

6 impossible. Je sais qu'à Vukovar, c'était très dur, mais je n'allais pas

7 dans les villages des alentours. Je n'étais pas vraiment la personne

8 préférée de cette population, donc je ne pouvais pas y aller. Mais le fait

9 est que les gens quittaient en masse cette région, y compris ces villages

10 aux alentours de Vukovar.

11 M. Petrovic (interprétation). - Je n'ai plus de questions.

12 Merci.

13 M. le Président (interprétation). - J'ai une question. Si je

14 vous ai bien compris, vous avez dit qu'entre septembre et octobre 1991

15 vous étiez à Backa Palanka. Puis vers le début du mois de novembre, vous

16 étiez à Ilok, et par la suite aussi vous étiez à Ilok. Est-ce exact ?

17 M. Vracaric (interprétation). - J'allais à Ilok à cette époque,

18 étant donné que c'était possible. J'allais à Ilok et je rentrai à

19 Backa Palanka. Le 14 novembre, j'ai commencé à travailler et c'est à ce

20 moment-là que j'ai déménagé dans la maison de ce Vlado Zec qu'on a

21 mentionné.

22 M. le Président (interprétation). - Merci. Je n'ai pas très bien

23 compris si, durant cette période, entre septembre et novembre 1991, vous

24 aviez rencontré M. Dokmanovic ou si vous lui parliez au téléphone. Vous

25 avez dit que vous l'aviez au téléphone et que vous parliez comme des amis.

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1 M. Vracaric (interprétation). - Je lui ai parlé plusieurs fois

2 au téléphone et, une fois, je l'ai rencontré brièvement à Bac. C'était une

3 rencontre amicale. Nous nous sommes vus, nous avons parlé, nous nous

4 sommes plaints l'un à l'autre et ensuite nous nous sommes séparés.

5 M. le Président (interprétation). - Quand cette réunion à Bac a-

6 t-elle eu lieu, à peu près ?

7 M. Vracaric (interprétation). - Je pense que c'était vers le

8 mois de septembre, la mi-septembre ou la fin septembre. Vraiment, je ne

9 suis pas tout à fait sûr.

10 M. le Président (interprétation). - Vous souvenez-vous de la

11 manière dont M. Dokmanovic était habillé ? Portait-il un costume ?

12 M. Vracaric (interprétation). - Il était habillé comme moi, avec

13 un jean, un pull, quelque chose comme cela... Il portait des vêtements

14 civils, tout comme moi.

15 M. le Président (interprétation). - Merci. Y a-t-il d'autres

16 questions ? Non. Je suppose donc qu'il n'y a pas d'objection à ce que le

17 témoin se retire. Merci d'être venu. Vous pouvez vous retirez, Monsieur.

18 Maintenant, nous avons encore une demi-heure à notre

19 disposition. Nous pouvons commencer avec le prochain témoin.

20 M. Petrovic (interprétation). - Le témoin suivant est

21 M. Kresojevic. Je suppose que cela durera très peu de temps.

22 M. Niemann (interprétation). - Pouvons-nous savoir quels sont

23 les témoins que la défense a l'intention de citer à la barre, la semaine

24 prochaine et dans quel ordre ?

25 M. Petrovic (interprétation). - Si nous terminons aujourd'hui

Page 2041

1 avec M. Kresojevic, le prochain témoin, la semaine prochaine, sera

2 l'expert Milan Bulajic. Ensuite, nous nous attendons à ce que (expurgé)

3 (expurgé) témoignent, puis Ljubomir Novakovic et Draguntin Antic.

4 M. le Président (interprétation). – (expurgé) ?

5 M. Petrovic (interprétation). - Je m'excuse, effectivement nous

6 attendons (expurgé) aussi.

7 M. le Président (interprétation). - Il y aura donc six

8 personnes.

9 M. Petrovic (interprétation). - Je m'excuse, cinq. En fait, le

10 témoin Atic ne viendra pas. Il y aura donc Bulajic, Antic, Novakovic,

11 (expurgé).

12 M. le Président (interprétation). - C'est M. Novakovic qui ne

13 vient pas ?

14 M. Petrovic (interprétation). – Monsieur Novakovic vient. Il y

15 aura Bulajic, Antic, Novakovic, les (expurgé). L’ordre n'est

16 pas tout à fait conforme à notre liste mais c'est bien dans cet ordre-là

17 qu'ils témoigneront.

18 M. le Président (interprétation). - Merci.

19 (Le témoin est introduit dans le prétoire)

20 M. le Président (interprétation). – Bonjour, veuillez prêter

21 serment, s’il vous plaît ?

22 M. Kresojevic (interprétation). - Je déclare solennellement que

23 je dirai la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.

24 M. le Président (interprétation). – Merci, veuillez vous

25 asseoir.

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1 M. Petrovic (interprétation). – Monsieur Kresojevic, dites-nous

2 très brièvement quelle est votre formation et où vous avez travaillé ?

3 M. Kresojevic (interprétation). - J'ai étudié à l'école primaire

4 de Bobota où je suis né, puis au lycée de Vukovar, ensuite à la haute

5 école d'agriculture de Vinkovski. J’ai ensuite fait mon service militaire

6 au sein de la JNA, à Vukovar, et j'ai travaillé à Bobota.

7 M. Petrovic (interprétation). - Quand avez-vous rencontré

8 Slavko Dokmanovic ?

9 M. Kresojevic (interprétation). – Je l'ai rencontré dans les

10 années 1970, au cours des matches de football entre mon village de Bobota

11 et le sien de Trepinja.

12 M. Petrovic (interprétation). - Vous avez été élu député de

13 l'assemblée municipale lors des élections multipartites. Dites-nous

14 quelques mots sur la constitution de l'assemblée municipale de Vukovar et

15 l'élection de son Président.

16 M. Kresojevic (interprétation). - Au cours des premières

17 élections multipartites dans la République de Croatie, le peuple serbe

18 n'avait pas de parti à orientation nationale et la seule option à l'époque

19 était le SDP, c'est-à-dire l’ex-parti communiste de Yougoslavie.

20 M. Petrovic (interprétation). - De quelle manière l'assemblée

21 municipale a-t-elle été constituée après les élections locales ?

22 M. Kresojevic (interprétation). - Après les élections où le

23 SKH/SDP a remporté la victoire, l’assemblée municipale a été constituée de

24 telle manière que les représentants du SKH/SDP ont proposé que

25 M. Dokmanovic soit nommé président de l'assemblée municipale de Vukovar.

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1 M. Petrovic (interprétation). - Comment fonctionnait l'assemblée

2 municipale de Vukovar ?

3 M. Kresojevic (interprétation). – Elle fonctionnait de manière

4 correcte. Monsieur Dokmanovic se trouvait à la tête des services

5 professionnels qui préparaient les séances des trois chambres de

6 l'assemblée municipale. Nous recevions tous les documents dix ou

7 quinze jours auparavant, avec l'ordre du jour. Je pense que le règlement

8 était respecté.

9 M. Petrovic (interprétation). - Quelle est votre évaluation du

10 travail de M. Dokmanovic en tant que Président de l'assemblée municipale ?

11 M. Kresojevic (interprétation). – Slavko Dokmanovic a montré un

12 haut degré de patience et de tolérance dans son approche des problèmes

13 très importants et graves qui existaient dans la région de la municipalité

14 de Vukovar. Les membres du HDZ, qui étaient au sein de l’assemblée

15 municipale, étaient très amers à cause de la victoire du SDP lors des

16 élections et ils essayaient d'obstruer le fonctionnement et de

17 déstabiliser le fonctionnement de l'assemblée municipale qui était tout à

18 fait correct.

19 M. Petrovic (interprétation). - Quelle était la réaction de

20 certains cercles serbes face à cette politique basée sur la réconciliation

21 et la tolérance menée par M. Dokmanovic ?

22 M. Kresojevic (interprétation). - La population serbe était

23 amère face à la politique du président et de leurs propres députés, étant

24 donné que ces députés ont en fait pratiquement partagé le pouvoir au sein

25 de l'assemblée municipale avec les membres du HDZ, en donnant plus de

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1 sièges aux membres du HDZ qu’ils auraient dû en avoir sur la base des

2 résultats des élections. On a même eu des situations où nos propres

3 citoyens nous disaient que notre politique allait dans le sens de la

4 reddition pacifique du pouvoir au HDZ.

5 M. Petrovic (interprétation). - Quand l'assemblée municipale a-

6 t-elle arrêté de fonctionner ?

7 M. Kresojevic (interprétation). - D'après mes connaissances, le

8 17 mai 1991, la séance de l'Assemblée municipale a été convoquée.

9 M. Petrovic (interprétation). - Pourquoi n'a-t-elle pas eu

10 lieu ?

11 M. Kresojevic (interprétation). - Parce que les extrémistes, les

12 militants et les députés du HDZ ont eu recours à la force pour rendre

13 impossible la venue des députés à la séance de l'assemblée municipale qui

14 a été convoquée de manière régulière.

15 M. Petrovic (interprétation). - Les députés ont-ils été fouillés

16 à l'entrée du bâtiment de l'assemblée municipale ?

17 M. Kresojevic (interprétation). - Une masse d'environ

18 500 personnes s’est regroupée et d'une certaine manière, cette masse de

19 personnes, lorsque je suis venu, a commencé à injurier le peuple serbe et

20 à lancer des insultes à notre encontre. Nous n'avons pas permis d'être

21 fouillés et moi-même, avec un collègue, député lui aussi, nous sommes

22 allés vers la société Vupik, nous avons pris la voiture et sommes rentrés

23 à Bobota.

24 M. Petrovic (interprétation). - Après le 17 mai 1991, rentriez-

25 vous à Vukovar ?

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1 M. Kresojevic (interprétation). - Après cette date, je ne venais

2 plus à Vukovar étant donné que des barrages routiers avaient été érigés à

3 l'entrée de Vukovar, devant le café Sitik, et que je ne pouvais pas y

4 aller.

5 M. Petrovic (interprétation). - Qui contrôlait ce barrage

6 routier ?

7 M. Kresojevic (interprétation). - Les membres du HDZ.

8 M. Petrovic (interprétation). - Quelles étaient les conditions

9 de vie dans les villages aux alentours de Vukovar ? Y a-t-il eu

10 suffisamment d’eau, d'électricité, etc ?

11 M. Kresojevic (interprétation). - Dans la République socialiste

12 de Croatie telle qu'elle existait à l'époque, la région de Vukovar était

13 considérée comme une région plutôt développée, comme une région ou les

14 activités étaient florissantes, et le résultat en était une bonne

15 situation matérielle et financière des foyers. Donc la population avait

16 ses propres réserves et de ce point de vue-là les problèmes de survie ne

17 se posaient pas.

18 M. Petrovic (interprétation). - Et en ce qui concerne

19 l'électricité ?

20 M. Kresojevic (interprétation). - A l'époque il y avait

21 suffisamment d'électricité.

22 M. Petrovic (interprétation). - Et après ?

23 M. Kresojevic (interprétation). - Après, il n'y en avait plus.

24 M. Petrovic (interprétation). - Savez-vous quand l'assemblée

25 municipale a arrêté de

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1 fonctionner de manière officielle ?

2 M. Kresojevic (interprétation). - En tant que député, je n'ai

3 pas reçu une information officielle à ce sujet mais, par le biais des

4 médias, j'ai appris que M. Dokmanovic avait été démis de ses fonctions,

5 remplacé par M. Vidic, et que l'assemblée avait été dissoute.

6 M. Petrovic (interprétation). - Quand cela s’est-il passé ?

7 M. Kresojevic (interprétation). - Au début du mois de juillet.

8 M. Petrovic (interprétation). - Et après les activités de guerre

9 à Vukovar, est-ce que les autorités civiles ont été placées sur le

10 territoire de la municipalité ?

11 M. Kresojevic (interprétation). - Les autorités civiles n'ont

12 pas existé, il s'agissait d'un contrôle militaire avec l'état-major de

13 crise dans la communauté locale, et si quelqu'un voulait se déplacer, il

14 fallait d'abord aller à l'état-major local pour avoir un laissez-passer.

15 Ensuite, avec ce même laissez-passer, il fallait aller à l'état-major de

16 Vukovar pour obtenir les papiers pour aller en République fédérale de

17 Yougoslavie. Et d'ailleurs, il y avait plusieurs points de contrôle.

18 M. Petrovic (interprétation). - Quand les premières institutions

19 civiles ont-elles été créées à Vukovar ?

20 M. Kresojevic (interprétation). - Je pense que c'était vers le

21 début du mois de décembre parce qu'il commençait à se présenter des

22 problèmes occasionnés par le conflit armée, et qu’à Vukovar un conseil

23 exécutif a été mis en place dirigé par M. Bibic et plusieurs de ses

24 associés pour chacun des services.

25 M. Petrovic (interprétation). - Quand M. Dokmanovic a-t-il été

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1 élu pour une seconde fois président de l'assemblée municipale ?

2 M. Kresojevic (interprétation). - Après les premières élections

3 qui se sont déroulées dans notre région, dans la région de la Krajina

4 serbe, la vie politique connaissait un renouveau. Dès lors, à cette

5 époque, il y a eu plusieurs partis, plusieurs options, des partis qui

6

7 avait un programme formulé au cours de la campagne électorale. Il y avait

8 le parti démocratique serbe, le parti radical serbe et le parti serbe des

9 socialistes.

10 M. Petrovic (interprétation). - Merci. Pourriez-vous nous dire

11 si le 8 janvier 1998, vous avez eu une discussion avec M. Vasic ? Est-ce

12 bien là le résultat de cet entretien, à savoir la déclaration dont nous

13 avons la version serbe et la version anglaise ? Ceci dit, je n'ai plus de

14 questions à poser au témoin, Monsieur le Président.

15 M. le Greffier (interprétation). - Il s'agit de la pièce D33 et

16 la pièce D 33-a sera la version en anglais.

17 M. le Président (interprétation). - Vous demandez le versement

18 de cette pièce au dossier, Maître Petrovic ?

19 M. Petrovic (interprétation). - Effectivement, Monsieur le

20 Président.

21 M. le Président (interprétation). - Il n'y a pas d'objection.

22 Maître Waespi, pour l'accusation ?

23 M. Waespi (interprétation). - Bonjour, Monsieur Kresojevic. Je

24 représente l'accusation en l'espèce, j'ai plusieurs questions à vous

25 poser. Pourriez-vous dire aux Juges où précisément vous viviez lors de

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1 l'été ou de l'automne 1991, dans un village, dans une ville ?

2 M. Kresojevic (interprétation). - Je vivais à Bobota dans le

3 village où je suis né. Le 15 novembre 1991, je me suis rendu à Belgrade

4 pour m'y faire opérer. Je suis revenu de cette opération vers la fin du

5 mois de novembre.

6 M. Waespi (interprétation). - A part ces deux semaines de

7 novembre 1991, vous avez toujours vécu dans ce village de Bobota, n'est-ce

8 pas ?

9 M. Kresojevic (interprétation). - Oui.

10 M. Waespi (interprétation). - Ce village se trouve à quelques

11 dix kilomètres au nord-ouest de la ville de Vukovar ?

12 M. Kresojevic (interprétation). - A dix ou quinze kms je ne sais

13 pas, c'est à peu

14 près cela.

15 M. Waespi (interprétation). - L'un des villages voisins était

16 Terpinja, n'est-ce pas ?

17 M. Kresojevic (interprétation). - C'est exact.

18 M. Waespi (interprétation). - Vous avez dit dans votre

19 déposition qu'il n'y avait pas de problème d'électricité pendant un

20 certain temps, puis il y a eu des problèmes et il n'y a plus eu

21 d'électricité, mais pourriez-vous nous préciser à quel moment il n'y a

22 plus eu d'électricité ?

23 M. Kresojevic (interprétation). - Impossible de vous fournir une

24 date exacte. Je dirai toutefois que cela s'est passé au cours du

25 mois d'août.

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1 M. Waespi (interprétation). - Cette interruption a-t-elle duré

2 longtemps ? Des mois ou peu de temps ?

3 M. Kresojevic (interprétation). - Cela a duré plusieurs mois.

4 M. Waespi (interprétation). - Avez-vous de nouveau bénéficié de

5 l'électricité dans cette même année 1991 ou est-ce seulement l'année

6 suivante que l'électricité a été rétablie ? Si vous ne savez pas il n'y a

7 pas de problème. Vous avez dit qu'il y a eu des interruptions pendant

8 plusieurs mois. Avez-vous une idée précise du moment où il n'y a plus eu

9 d'électricité et du moment ou l'électricité, l'approvisionnement

10 électrique, a été rétabli ?

11 M. Kresojevic (interprétation). - Je ne pourrais pas vous dire

12 avec précision quand l'approvisionnement électrique à été rétabli.

13 M. Waespi (interprétation). - Qu'en est il des autres services

14 de base comme l'eau ? Vous avez survécu de même que d'autres personnes,

15 tant mieux d'ailleurs, donc il y avait de l'eau pour toute la population.

16 Vous vous pouvez en parler pour votre village de Bobota. Il y avait de

17 l'eau, pas de problème ?

18 M. Kresojevic (interprétation). - La société d'approvisionnement

19 en eau se base sur l'électricité. S'il n'y a pas d'électricité il n'y a

20 pas d'eau non plus. Pour satisfaire aux besoins du village, nous avons

21 reçu des générateurs qu'on enclenchait trois ou quatre heures par jour, de

22 sorte que la population bénéficiait d'eau pendant cette période de la

23 journée.

24 M. Waespi (interprétation). - Même s'il y a eu interruption de

25 l'alimentation électrique ordinaire quotidienne, en des occasions vous

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1 avez bénéficié de moments où vous aviez l'électricité par exemple en

2 situation d'urgence ou pour faire fonctionner les pompes à eau, est-ce

3 bien exact ?

4 M. Kresojevic (interprétation). - Il n'y avait pas

5 d'électricité, pas d'éclairage, mais je l'ai précisé, la centrale

6 hydraulique a fonctionné grâce à un générateur qui permettait

7 d'approvisionner suffisamment la population en eau.

8 M. Waespi (interprétation). - Merci. Vous avez dit avoir fait la

9 connaissance de M. Dokmanovic par le biais des sports dans les

10 années 1970. N'avez vous pas également dit que vous jouiez au football

11 entre vous ou dans des équipes opposées ? Est-ce bien exact ?

12 M. Kresojevic (interprétation). - Dans des équipes rivales,

13 effectivement.

14 M. Waespi (interprétation). - Combien de fois avez-vous

15 rencontré M. Dokmanovic à cette époque-là ? Avant la fin de la guerre à

16 Vukovar ? Avant les dernières jours de novembre 1991 ?

17 M. Kresojevic (interprétation). - J'ai quitté Bobota vers le

18 15 novembre. Auparavant, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises

19 lui et moi. J'ai été le chef du service de coopération à Bobota et

20 M. Dokmanovic était agronome et expert en agriculture. C'est à ce titre

21 que nous nous sommes rencontrés afin de discuter de la récolte de blé, des

22 conditions du sol, des récoltes des moissons, pour le soja, pour le

23 tournesol, puisque nous sommes une région agricole.

24 M. Waespi (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce qu'il

25 portait lors de ces nombreuses entrevues que vous avez eues ? Etait-il en

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1 civil ou en uniforme ?

2 M. Kresojevic (interprétation). - Nous suivions les travaux

3 réalisés par les machines utilisées dans la récolte des moissonneuses-

4 batteuses par exemple et de ce fait nous

5 avions des survêtements. Nous n'appartenions à aucune formation militaire,

6 nous n'avions pas d'uniforme.

7 M Waespi (interprétation). - Qu'en est il de vous même, parce

8 que quelque part vous utilisiez des vêtements civils, mais aussi des

9 vêtements militaires à cette époque-là ?

10 M. Kresojevic (interprétation). - Je le répète, nous

11 n'appartenions à aucune formation militaire. Etant donné la situation que

12 nous avons connue dans le cadre de l'assemblée municipale, on nous a

13 chargés de nous occuper d'agriculture, nous n'avons pas été affectés à des

14 fonctions militaires puisqu'on nous avait qualifié de traîtres.

15 M. Waespi (interprétation). - Ceci s'est-il répercuté dans la

16 façon dont vous habilliez puisque vous deviez travailler seulement dans le

17 domaine de l'agriculture ?

18 M. Kresojevic (interprétation). - Oui. Les vêtements de travail

19 étaient ceux qui étaient caractéristiques d'un chef de service, ce n'était

20 pas des uniformes militaires. C'est le type de tenue de travail que l'on

21 portait au travail.

22 M. Waespi (interprétation). - Merci. Après la guerre, du moins

23 après la bataille de Vukovar, avez-vous eu l'occasion de revoir

24 M. Dokmanovic, peut-être après votre retour de votre hospitalisation à

25 Belgrade ?

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1 M. Kresojevic (interprétation). - Lorsque je suis rentré de

2 Belgrade, je n'ai pas dû travailler même à titre professionnel dans le

3 domaine de l'agronomie pendant un certain temps. C'est seulement au

4 printemps, en fait au cours de l'été, que j'ai repris mes fonctions au

5 sein de la coopérative. J'ai rencontré M. Dokmanovic à plusieurs occasions

6 en sa qualité de ministre de l'Agriculture parce qu'il était l'homme qui

7 était chargé de régler les problèmes agricoles dans notre secteur.

8 M. Waespi (interprétation). - Vous avez parlé d'un incident qui

9 s'est produit le 17 mai 1991 lorsque vous avez été empêché avec d'autres

10 membres de l'assemblée d'entrer dans le bâtiment de l'assemblée. Est-il

11 correct de dire qu'on ne devrait pas avoir d'armes à l'intérieur

12 d'un bâtiment qui abrite un parlement ?

13 M. Kresojevic (interprétation). - Les députés n'avaient pas à

14 être en possession d'armes, ce n'était pas nécessaire. Je n'en ai jamais

15 eu et je n'avais pas de raison de craindre qui que ce soit car je

16 travaillais dans mon village natal, dans la ville ou j'étais né ou

17 quasiment. Je connaissais beaucoup de monde et je ne ressentais pas le

18 besoin d'avoir une arme pour une raison simple : si j'en avait eu une,

19 cela aurait dans le fond prêter le flanc aux critiques de la police qui

20 n'était pas d'accord avec cette politique. Je n'ai jamais vu qu'un

21 quelconque membre du SDP ait porté une arme à l'occasion d'une réunion.

22 M. Waespi (interprétation). - Pourtant il y a eu certaines

23 tensions, vous en avez parlé dans votre déposition et la situation étant

24 ce qu'elle était. N'était il pas prudent que les formations de police

25 s'assurent que les hommes politiques, hommes et femmes politiques, ne

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1 portent pas d'armes dans l'exercice de leurs fonctions ? Je ne veux pas

2 laisser entendre par là que, vous, vous étiez armé, mais n'était-il pas

3 logique qu'on veille à ce que personne n'entre dans un tel bâtiment armé ?

4 Etes-vous d'accord avec moi ?

5 M. Kresojevic (interprétation). - Devant le bâtiment de

6 l'assemblée ce jour-là le 17 mai 1991, la situation était la suivante :

7 des sympathisants du HDZ ont été observés portant des armes, des

8 revolvers. Personnellement je n'ai jamais voulu entrer en guerre, y

9 participer moi je m'oppose à tous types de ports d'armes.

10 M. Waespi (interprétation). - Tout à fait d'accord avec vous !

11 Je formule la thèse selon laquelle des parlementaires de quelques partis

12 qu'ils soient doivent être fouillés lorsqu'ils entrent dans le bâtiment de

13 l'assemblée municipale. Je vous demande simplement si vous êtes d'accord

14 avec moi pour dire que ces personnes doivent être fouillées avant d'entrer

15 dans le bâtiment ou est-il déraisonnable d'assurer quelque fouille que ce

16 soit de parlementaires entrant à l'assemblée municipale ?

17 M. Kresojevic (interprétation). - Peut-être suis-je arrivé un

18 peu plus tard dans ce

19 bâtiment au moment où toutes ces personnes amassées s'étaient déjà

20 rassemblés. Je n'ai pas été fouillé, je n'aurais pas autorisé qu'on me

21 fouille. En effet, je voyais qu'on interdisait l'accès au bâtiment, donc

22 j'ai fait demi-tour et je suis rentré d'où je venais.

23 M. Waespi (interprétation). - Plus de questions.

24 M. le Président (interprétation) - Pas de droit de réplique ?

25 Non. Pas de questions des Juges ? Fort bien. Je n'ai pas de questions

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1 personnellement. Je suppose qu'il n'y a pas d'objection à ce que le témoin

2 dispose.

3 Merci d'être venu déposer devant nous. Vous pouvez disposer,

4 Monsieur.

5 (Le témoin est reconduit hors du prétoire)

6 Nous reprendrons nos travaux lundi à 8 heures 30 précises.

7 L'audienc est levée à 13 heures 15.

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