Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 16 juillet 2007

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 17.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il conviendrait que le témoin fasse

7 la déclaration solennelle.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

9 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

10 LE TÉMOIN: T-9 [Assermenté]

11 [Le témoin répond par l'interprète]

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

13 Maître Tapuskovic, c'est à vous.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Bonjour à tous. Il s'agit d'un témoin

15 protégé qui bénéficie d'un pseudonyme et de la déformation des traits du

16 visage. C'est la raison pour laquelle je dois employer le document

17 DD3003079, document qui va être utilisé aux fins d'identification de cette

18 personne.

19 Interrogatoire principal par M. Tapuskovic :

20 Q. [interprétation] Est-ce bien votre nom et votre prénom ?

21 R. Très bien.

22 Q. C'est tout ce que nous avons besoin jusqu'à présent, donc que vous

23 répondiez par oui.

24 R. Oui.

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, verser ce

26 document au témoin en tant que pièce de la Défense et sous pli scellé, s'il

27 vous plaît.

28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce recevra la cote D315 sous pli

2 scellé, Messieurs les Juges.

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, pouvons-nous passer

4 maintenant à huis clos partiel, s'il vous plaît, afin d'obtenir les

5 coordonnées du témoin et les détails concernant cette personne ?

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant en huis clos

8 partiel.

9 [Audience à huis clos partiel]

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27 [Audience publique]

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

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1 Q. Vous êtes un Sarajévien de souche, vous avez habité à Breka ?

2 R. Oui.

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] J'aimerais tout d'abord que l'on puisse

4 verser au dossier la carte telle qu'elle a été annotée.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

6 M. LE GREFFIER : [interprétation] La pièce recevra la cote D316.

7 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

8 Q. Vous nous avez expliqué comment vous avez rejoint les rangs du

9 Sarajevo-Romanija Corps, le RSK. Pourriez-vous tout d'abord nous dire le

10 type d'armes que vous utilisiez dans les tranchées, vous et les personnes

11 qui servaient dans votre section et dans votre compagnie ?

12 R. La compagnie avait principalement des armes semi-automatiques. Nous

13 avions certaines armes automatiques, de vieilles mitrailleuses, des M-53.

14 C'est tout ce qu'on avait pour ce qui est des armes d'infanterie.

15 Q. Et dans la région de la Brigade d'Ilijas à l'époque, plus tard il s'est

16 agi de la 3e Brigade de Sarajevo, en dehors des armes que vous aviez en

17 votre possession, y avait-il d'autres armes plus lourdes, plus sérieuses ?

18 En avez-vous eu connaissance ?

19 R. Oui, bien sûr.

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Madame Edgerton.

21 Mme EDGERTON : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas encore

22 entendu de témoignage concernant des éléments ayant rapport avec la Brigade

23 d'Ilijas. Peut-être y a-t-il eu une erreur, mais j'aimerais avoir une

24 clarification.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Peut-être avez-vous raté cet

26 élément-là.

27 Monsieur le Témoin, comment est-ce que vous connaissez la Brigade Ilijas ?

28 Comment avez-vous connaissance de cette brigade ?

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1 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous prie d'accepter mes excuses, j'ai

2 fait une erreur. Je voulais dire Vogosca et la 3e de Sarajevo, et à la

3 place j'ai dit la Brigade d'Ilijas. Donc, c'est moi qui ai fait cette

4 erreur. C'est un lapsus de ma part.

5 Il y a énormément de noms et il est vrai que parfois on a tendance à

6 s'y perdre, et c'est vrai que j'ai fait cette erreur. En l'occurrence, je

7 posais la question de la Brigade de Vogosca dans la zone de responsabilité

8 de Vogosca ou de la 3e Brigade de Sarajevo. C'est de cela qu'il était

9 question.

10 Q. Est-ce que vous pouvez maintenant répondre, Monsieur le Témoin ?

11 R. Oui, bien sûr que je le sais. Nous avions des mortiers, des pièces de

12 mortier, des 60, des 82 et des 120-millimètres; des 122-millimètres de type

13 Howitzer; des obusiers, il y en avait deux; nous avions aussi un char, et

14 je pense qu'il y avait peut-être aussi un autre Howitzer, un autre obusier.

15 Q. Merci. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé au sujet de

16 ces armes lourdes en 1994 ?

17 R. Au début de 1994, en février, après Markale, lorsque l'ordre est arrivé

18 selon lequel toutes les armes lourdes devaient être placées sous le

19 contrôle de la FORPRONU ou devaient être placées en retrait, à 20

20 kilomètres de la ligne de séparation, une partie des armes est restée sous

21 le contrôle de la FORPRONU à ces positions, mais une autre partie a été

22 placée plus loin, en retrait vers le plateau de Nisici.

23 Q. Ce plateau de Nisici se trouve à l'extérieur de la zone d'exclusion des

24 20 kilomètres ?

25 R. Oui. Le plateau de Nisici est au-delà de la zone d'exclusion des 20

26 kilomètres, et le 3e de Sarajevo avait cette partie-là sous sa

27 responsabilité.

28 Q. Quand ces positions-là sont-elles devenues partie intégrante de la

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1 partie placée sous la responsabilité de la 3e Brigade de Sarajevo ?

2 R. Vous parlez de la ligne de séparation sur le plateau de Nisici ? C'est

3 bien cela ?

4 Q. Oui. Non, en fait, je voulais savoir si la Brigade de Vogosca a été

5 rebaptisée ? Est-ce qu'elle est restée la Brigade Vogosca ? J'aimerais

6 clarifier ce point pour le bénéfice des Juges. Ou est-ce qu'elle avait ses

7 propres positions au sein de la 3e Brigade de Sarajevo ?

8 R. Non. Sur les trois brigades, la Vogosca, Rajlovac et Kosevo, la 3e

9 Brigade de Sarajevo a été créée au début 1994, à partir de ces trois

10 brigades que je viens de nommer, et le Bataillon Semovac a été rattaché à

11 ces brigades, qui ont conservé leurs positions vers Breza, dirons-nous.

12 Q. Je vous remercie. Pouvez-vous expliquer aux Juges si en 1994 vous avez

13 constaté quelque changement que ce soit dans le comportement ou dans la

14 tactique utilisée par l'ABiH ?

15 R. Après le retrait des armes lourdes en 1994, Zuc était une zone calme.

16 Mais l'armée de la Fédération retirait ses unités de la ville, et un

17 deuxième front a été ouvert qui était beaucoup plus intense, et c'est à

18 partir de là qu'on est allé vers le plateau de Nisici depuis Ilijas.

19 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, dire aux Juges quand M. Dragomir

20 Milosevic a pris le commandement du Corps de Romanija-Sarajevo ?

21 R. En août 1994, lorsque j'ai pris position dans mon travail.

22 Q. Est-ce que vous pouvez dire aux Juges ce qui se passait dans les zones

23 où se déroulait des combats, et où se trouvaient ces zones-là ?

24 R. En 1994, vers la fin et depuis le début, les zones d'action partaient

25 du plateau de Nisici vers Srednja, et assez proche de Semizovac. Je ne me

26 souviens pas du nom de ce point en hauteur.

27 Q. Concernant ces combats, y a-t-il eu des conséquences pour les civils et

28 pour les soldats du fait de ces combats ? Bien sûr qu'il y a eu des

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1 conséquences pour ce qui est des militaires, mais pour ce qui est des

2 civils ?

3 R. Bien sûr il y a eu des victimes parmi les civils également. Je pense

4 que jusqu'en 1994 il n'y a pas eu d'obus qui sont tombés sur Vogosca, sauf

5 à la fin 1992, époque à laquelle Zvaka a été constamment bombardé pendant

6 une dizaine de jours. A partir de 1994, ils ont aussi commencé à bombarder

7 Vogosca. Bien sûr, il y a aussi Ilijas, qui est une histoire à proprement

8 parler, mais peut-être que quelqu'un d'autre de mieux informé pourra vous

9 en parler.

10 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, expliquer aux Juges si les routes étaient

11 un élément qui posait problème ?

12 R. A partir de 1992 jusqu'en fin 1993 et au début 1994, Ilijas, Ilidza,

13 Vogosca ne disposaient pas de routes sûres les reliant au reste de la

14 Republika Srpska. Une nouvelle route, qui venait d'être construite, passait

15 par Poljine et Mrkovici et faisait constamment l'objet d'attaques et de

16 tirs.

17 R. Merci.

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2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, je vais demander au greffier de

3 bien vouloir faire le nécessaire.

4 Est-ce que vous ne pensez pas, Maître Tapuskovic, qu'il faille passer à

5 huis clos partiel ?

6 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'attends juste que

7 le témoin veuille bien nous indiquer où se trouvait sa maison et peut-être

8 qu'il pourra nous confirmer à huis clos partiel qu'il s'agissait bien du

9 quartier de Sarajevo où il vivait. En dehors de cela, je ne pense pas que

10 le reste doive faire l'objet d'un huis clos partiel.

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous avons donné des instructions

12 pour que l'image ne soit pas diffusée, donc le témoin peut maintenant

13 procéder et effectuer son marquage.

14 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

15 Q. Est-ce que vous pouvez nous indiquer où se trouve le quartier de Breka

16 ?

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25 M. LE JUGE HARHOFF : [interprétation] Veuillez, s'il vous plaît, ne

26 mentionner aucun nom, soit des endroits géographiques, ni par vous ni par

27 le témoin.

28 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Je ne peux pas interroger le témoin si je

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1 ne mentionne pas les noms. Est-ce que nous sommes encore en séance à huis

2 clos partiel ?

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, nous ne sommes plus à huis clos

4 partiel. Nous devrions être à huis clos partiel si nous devons évoquer des

5 noms.

6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

7 partiel.

8 [Audience à huis clos partiel]

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7 [Audience publique]

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

9 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous voulez bien me dire la chose

10 suivante : puisqu'il est question de la fin 1994, vous nous dites que vous

11 étiez placé dans une situation d'obligation professionnelle. Est-ce que

12 vous pouvez expliquer aux Juges de quoi il s'agit et ce que cela recouvre ?

13 R. Cette obligation professionnelle ou ce devoir professionnel signifiait

14 que vous étiez censé rester deux jours, deux services dans les tranchées.

15 Je travaillais à Ilidza à l'époque et j'étais placé sous la responsabilité

16 de la Brigade d'Ilidza sur la ligne de front, au sein du HVO qui était la

17 zone --

18 Q. Vous avez dit que ces événements se produisaient dans le plateau de

19 Nisici en novembre et en décembre. Est-ce qu'il y avait une sorte de

20 pression qui était exercée sur Ilidza à ce moment-là, c'est-à-dire à la fin

21 1994 ?

22 R. En dehors d'incidents isolés sur les lignes où j'ai moi-même été

23 présent, il n'y a pas eu d'activités vraiment significatives ou

24 importantes. Je ne peux pas parler pour les autres endroits où était

25 déployée la Brigade d'Ilidza.

26 Q. Y a-t-il eu un moment à la fin 1994 où la situation aurait changé ?

27 R. Je ne le pense pas.

28 Q. Avez-vous connaissance d'un accord qui aurait été atteint fin 1994 ou

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1 début 1995 ?

2 R. Au début 1995, la situation était plutôt calme. Il n'y avait pas

3 d'activités de combat, en tout cas pas que je me souvienne, jusqu'en mai et

4 même jusqu'à la fin juin 1995.

5 Q. Que s'est-il produit alors en mai ou en juin 1995 ? Pouvez-vous nous le

6 décrire brièvement.

7 R. Etant donné l'intensité des combats, j'ai demandé à la compagnie d'être

8 transféré depuis la Brigade d'Ilidza jusqu'à la Brigade de Vogosca.

9 A partir d'avril, j'étais posté à Zuc. Au départ, j'étais en service

10 nouveau, donc sous obligation professionnelle. Puis mi-juin, je crois que

11 c'était mi-juin, il y a eu une offensive extrêmement vive qui a été lancée

12 au moment où les forces se trouvant en ville ont attaqué la région en

13 direction de Zuc et Reljevo -- ou plutôt Paljevo, qui est une position en

14 hauteur, donc une attaque tout à fait importante dans cette région.

15 Du plateau de Nisici, une attaque a été lancée en direction de Motka

16 [phon], qui est également une hauteur importante de l'autre côté de

17 Vogosca.

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20 [Audience publique]

21 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

22 Q. Pendant cette période de temps, à savoir lorsque vous avez pu remarquer

23 que le nombre de membres de l'ABiH étaient nombreux et disposant d'armes

24 considérables, est-ce qu'il y avait des victimes civiles et militaires

25 pendant cette période-là ?

26 R. Oui, il y avait des victimes. Ça c'est sûr, du côté de l'armée et parmi

27 les civils. Je répète, il y avait beaucoup plus d'obus qui tombaient sur le

28 centre de Vogosca sur la ville même, et non pas sur les positions. Mais à

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1 l'époque, j'étais chargé des opérations au sein de la brigade, et je ne

2 dispose pas d'informations exactes pour ce qui est du nombre de personnes

3 qui ont été tuées. Je sais qu'au cours de la guerre, je répète encore une

4 fois, au sein de la 3e Brigade de Sarajevo, il y avait 550 victimes parmi

5 les combattants.

6 Q. Je vous remercie. Pouvez-vous nous dire, parce que vous avez mentionné

7 tout à l'heure l'obligation de travail, vous avez dit que vous étiez dans

8 les tranchées. Compte tenu du fait que vous étiez ingénieur en

9 électronique, est-ce que votre obligation de travail consistait à autre

10 chose que ce que vous avez fait pendant que vous étiez à Ilidza ?

11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Madame Edgerton.

12 Mme EDGERTON : [interprétation] Monsieur le Président, avec tout le respect

13 que je vous dois, je dois dire que le témoin n'a jamais utilisé le mot

14 "tranchée", exception faite à la page 18, ligne 15. Donc, peut-être

15 pourrions-nous dire de quelle période particulière il s'agissait quand il

16 était dans les tranchées ?

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, de quelle

18 période de temps s'agit-il?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit du 1er août 1994, à partir de cette

20 date-là, j'ai effectué mon obligation de travail, et un jour sur trois, je

21 suis allé dans les tranchées de la zone de responsabilité de la Brigade

22 d'Ilijas jusqu'au mois d'avril 1995. C'est là que j'ai demandé à être muté

23 dans la zone de responsabilité de la Brigade de Vogosca. J'étais dans les

24 tranchées jusqu'à, je pense, jusqu'au 15 ou 16 juin 1995, où encore une

25 fois j'ai été transféré dans la brigade pour être chargé des opérations, où

26 je suis resté jusqu'à la fin de la guerre.

27 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

28 Q. Témoin T-9, pourriez-vous me dire, compte tenu du fait que vous avez

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1 parlé de Boric, Zuc, Hum, en tant que quelqu'un qui est né à Sarajevo,

2 compte tenu du fait que vous avez vécu là-bas, connaissiez-vous bien

3 Sarajevo et connaissiez-vous bien les caractéristiques de la ville de

4 Sarajevo, je pense avant tout à sa situation géographique.

5 R. Oui, bien sûr que je connais bien. J'y vis aujourd'hui, à l'exception

6 faite de la zone de responsabilité de la 3e Brigade de Sarajevo qui allait

7 de la rivière Miljacka et autour de Sarajevo, à part les coordonnées que

8 j'ai déjà énumérées, dans la zone de responsabilité de la 3e Brigade de

9 Sarajevo se trouvait Grdonj, ensuite vers Rajlovac, de Mijatovic Kosa via

10 Sokolac jusqu'à Hum. C'étaient les cotes dans la zone de responsabilité et

11 devant la zone de responsabilité de la 3e Brigade de Sarajevo. De l'autre

12 côté, il y avait Trebevic, Bruz [phon], c'est un plateau au mont de

13 Trebevic contrôlé par l'armée de la Republika Srpska jusqu'à Colina Kapa,

14 jusqu'à Debelo Brdo, jusqu'à Mojmilo. Je pense que toutes les élévations

15 étaient tout le temps sous le contrôle de l'armée de la Fédération.

16 Q. Je n'ai plus de questions. Merci, Témoin T-9.

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Madame Edgerton, vous avez la

18 parole.

19 Mme EDGERTON : [interprétation] Je n'ai pas de questions pour ce témoin,

20 Monsieur le Président.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, votre témoignage

22 est terminé. Je vous remercie d'être venu au Tribunal pour déposer. Vous

23 pouvez quitter le prétoire.

24 [Le témoin se retire]

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Tapuskovic.

26 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Le témoin suivant devait venir à 16 heures

27 dans le prétoire. Je ne sais pas si ce témoin est là, parce que pour

28 aujourd'hui sur notre programme il y avait deux témoins.

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. On nous dira bientôt s'il est

2 là ou pas.

3 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent] M. LE JUGE

4 ROBINSON : [interprétation] Le compte rendu montre que la Chambre et le

5 greffier se consultent. En fait, le compte rendu devrait montrer que la

6 Chambre de première instance attend l'arrivée du témoin. Sinon la

7 consultation aurait été très longue.

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] On a envoyé quelqu'un pour

9 amener le témoin. Nous allons faire une pause jusqu'à 16 heures. Le témoin

10 devrait être là à 16 heures.

11 --- L'audience est suspendue à 15 heures 26.

12 --- L'audience est reprise à 16 heures 01.

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il convient que le témoin fasse la

14 déclaration solennelle.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

16 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

17 LE TÉMOIN: MIROSLAV PEJIC [Assermenté]

18 [Le témoin répond par l'interprète]

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

20 Maître Tapuskovic, c'est à vous.

21 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, Messieurs

22 les Juges.

23 Interrogatoire principal par M. Tapuskovic :

24 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

25 R. Bonjour.

26 Q. Vous savez que je suis conseil de la Défense de Dragomir Milosevic et

27 que nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises ces derniers jours.

28 Pouvez-vous décliner votre identité à la Chambre ?

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1 R. Je m'appelle Miro Pejic.

2 Q. Vous êtes né le 2 janvier 1958 ?

3 R. Oui.

4 Q. A Sabinci, municipalité d'Ilijas à Sarajevo ?

5 R. A Sabanci dans la municipalité d'Ilijas.

6 Q. Merci. Vous avez terminé l'école primaire et le lycée à Ilijas ?

7 R. J'ai terminé l'école primaire au village de Sabancici dans la

8 municipalité d'Ilijas, et le lycée à Ilijas.

9 Q. Votre diplôme universitaire, vous l'avez obtenu à la faculté des

10 sciences politiques à Sarajevo en 1982 ?

11 R. Oui.

12 Q. Vous avez fait votre service militaire au sein de la JNA en 1983, vous

13 avez servi dans la marine ?

14 R. Oui.

15 Q. Le conflit à Sarajevo a commencé au moment où vous étiez chef du

16 service d'information de l'entreprise Pretis à Vogosca ?

17 R. Oui.

18 Q. Pouvez-vous dire à la Chambre ce qui s'est passé sur le territoire des

19 municipalités de Sarajevo fin 1991 et au début 1992 ?

20 R. A la fin de 1991, je revenais de mon lieu de travail à Sarajevo

21 quotidiennement. J'avais des amis. On sortait. Au centre-ville, dans la rue

22 principale Titova et Vase Miskina, on pouvait remarquer les personnes

23 portant des bérets verts individuellement, ensuite, ils portaient des

24 insignes des Bérets verts et de la Ligue des patriotes. Plus tard, on les

25 voyait en groupe et ils étaient armés. Ils portaient des pistolets.

26 Q. Merci. Par rapport à cette période, est-ce qu'il est arrivé quelque

27 chose pour ce qui est de l'un des chefs de votre entreprise ?

28 R. En février 1992, dans la ville il y avait déjà des groupes de Bérets

Page 8364

1 verts, le directeur de mon entreprise, de l'entreprise Pretis à Vogosca, M.

2 Jovo Bucic habitait dans le quartier Ciglana à Sarajevo. Des membres des

3 Bérets verts, durant la nuit, sont arrivés dans son appartement et ils

4 l'ont fait sortir de son appartement, ils l'ont amené dans un poste de

5 police à Sarajevo, je ne sais pas lequel exactement, et ils l'ont passé à

6 tabac. Il a eu des blessures graves, surtout à la tête. On ne pouvait

7 presque plus le reconnaître.

8 Le lendemain, il a été amené dans le dispensaire de notre usine où on

9 lui a fourni les premiers soins. C'est là où je l'ai vu. Du dispensaire de

10 l'usine, il a été transporté à bord d'un hélicoptère à l'Académie militaire

11 et médicale à Belgrade. Il n'est plus revenu à Sarajevo. Je ne sais pas

12 quel a été son sort après cela.

13 Q. Jusqu'à quel jour aviez-vous du travail à l'entreprise Pretis à Vogosca

14 ?

15 R. J'ai travaillé jusqu'au vendredi 17 avril, à midi. Ce jour-là, je suis

16 sorti de l'usine. C'était un peu inhabituel parce que de 5 500 ouvriers de

17 cette usine, après les premières barricades au mois de mars, seulement 500

18 des 5 500 ouvriers ou employés y sont restés. Seulement les services de

19 base fonctionnaient. La production a cessé.

20 Est-ce que je peux continuer, s'il vous plaît ? Ce jour-là, je suis donc

21 sorti de l'usine et déjà, du samedi au dimanche, entre le 18 et le 19, un

22 incident est arrivé. Les membres de Bérets verts se sont introduits dans

23 l'usine qui produisait des munitions, et ils ont pris une certaine quantité

24 de munitions. Il y avait un accident avec les gens qui assuraient la

25 sécurité de l'usine, il y avait des victimes. Dimanche soir, j'ai appelé

26 mon directeur, M. Sead Gradascevic, pour lui demander si l'usine allait

27 fonctionner parce que j'ai appris pour cet incident dans les médias, durant

28 ce week-end-là, je suis parti voir mes parents au plateau de Nisici, c'est

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1 à 40 kilomètres de la ville -- je m'excuse; il m'a dit qu'il était à

2 Vogosca à la réunion dans l'usine, et qu'il a été dit, à la fin de la

3 réunion, que jusqu'à ce que les conditions nécessaires pour que les

4 employés travaillent en sécurité ne soient réunies, la production ne

5 continuerait pas et que les employés allaient être informés du début de la

6 production.

7 Q. Est-ce que vous êtes retourné au travail ?

8 R. Plus jamais.

9 Q. Tout ce que vous venez de dire, les gens qui se sont introduits à

10 Pretis, et cetera, quelles étaient les conséquences de tout cela dans le

11 quartier où vous viviez, dans votre entourage ?

12 R. A Vogosca, cela a provoqué la panique, la peur et les conflits ont

13 éclaté. C'est là où les lignes de défense ont été établies. A l'intérieur

14 de l'usine justement, il y avait des lignes de front qui sont restées les

15 mêmes jusqu'à la fin de la guerre. Les conflits étaient nombreux et le

16 nombre de conflits a augmenté et, par la suite, la population a eu peur de

17 voir des massacres se produire, des massacres qui ont eu lieu

18 malheureusement en Bosnie-Herzégovine pendant la Deuxième Guerre mondiale.

19 Q. Après le mois d'avril, et après cette date-là, après ces événements, où

20 étiez-vous la plupart du temps, après que le peuple s'est organisé de cette

21 façon-là ?

22 R. J'ai déjà dit que je suis parti dans mon village natal où mes parents

23 vivaient. C'est le village qui se trouve sur le plateau de Nisici. C'est

24 là-bas où je suis resté jusqu'à la fin.

25 Q. Jusqu'à quelle période la situation est restée calme dans cette région

26 ?

27 R. Au début, la situation était calme, mais en été, au mois de juin, au

28 mois de juillet et au mois de mai, je peux dire que la situation a été

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1 calme. Ensuite, dans cette région, on a vu des incidents se produire. Au

2 début, il s'agissait d'actions terroristes, sur le territoire où je me

3 trouvais.

4 Q. Il y a un point à souligner avant que vous ne continuiez. Il faut que

5 vous expliquiez à la Chambre si vous avez rejoint les rangs du Corps

6 Sarajevo-Romanija.

7 R. C'est ce que j'allais dire. Dans la région où je me trouvais, le peuple

8 s'est organisé, et là une sorte de détachement a été organisé et il a été

9 composé des hommes de cette région, des hommes majeurs. Cette unité a été

10 transformée en bataillon qui se trouvait sur le commandement de la Brigade

11 d'Ilijas et la Brigade d'Ilijas se trouvait au sein du Corps Sarajevo-

12 Romanija.

13 Q. Pouvez-vous dire combien de temps ce conflit a duré à peu près ? Le

14 conflit a éclaté en 1992. Jusqu'à quand cela a duré ?

15 R. Si vous pensez au plateau de Nisici, je peux parler du plateau de

16 Nisici parce que j'ai passé la plupart du temps sur le plateau de Nisici,

17 bien que je connaisse ce qui s'est passé dans d'autre quartiers de

18 Sarajevo. Au printemps 1993, le conflit a commencé. Sur le plateau de

19 Nisici, une femme âgée, Mara Jelisic, a été la première victime du conflit,

20 qui a été tuée dans une embuscade en août 1992, elle rentrait chez elle,

21 elle était allée dans un magasin et elle rentrait chez elle. Je pense qu'un

22 jeune homme s'est fait tuer en même temps, je pense qu'il s'appelait Goran

23 Glisic.

24 Q. Durant le conflit qui a commencé à ce moment-là et a pris fin au moment

25 que vous l'avez indiqué, dites-nous ce que vous avez fait en tant que

26 membre du Corps Sarajevo-Romanija, à partir du moment où vous avez rejoint

27 le corps, et plus tard au cours du conflit même ?

28 R. J'étais soldat et j'étais commandant adjoint chargé de l'information,

Page 8367

1 du moral et des questions reliées à la religion au sein du bataillon qui se

2 trouvait sur le plateau de Nisici et qui était au sein de la Brigade

3 d'Ilijas.

4 Q. Au cours du conflit, est-ce que les noms des unités ont changé, des

5 unités dans lesquelles vous étiez ?

6 R. Oui. Le Bataillon de Nisici se trouvait au départ au sein de la Brigade

7 d'Ilijas jusqu'à la fin du mois de septembre 1992. Ensuite, il y a eu une

8 réorganisation du corps, après quoi ce bataillon a été mis sous le

9 commandement de la 2e Brigade motorisée de Romanija pendant à peu près un

10 an. Et en septembre 1993 à peu près, le bataillon est à nouveau mis sur le

11 commandement de la Brigade d'Ilijas. Vers la fin du mois d'octobre --

12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Tapuskovic, si ce témoin

13 témoigne des années 1994 et 1995, s'il vous plaît, parlez de cette période

14 de temps parce que tout cela n'est pas d'une grande utilité pour nous.

15 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Maintenant, j'essaie de parler de cette

16 période de temps, mais je pense que je dois lui poser des questions.

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Juste quelques instants, s'il vous

18 plaît. Arrêtez-vous un peu.

19 [La Chambre de première instance se concerte]

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Tapuskovic, la Chambre

21 a réfléchi là-dessus. Vous avez fait déjà venir plusieurs témoins pour

22 qu'ils parlent de la période qui précède la période couverte par l'acte

23 d'accusation et nous comprenons que vous êtes en train d'essayer d'établir

24 le fait qu'il y avait un conflit intense, et que, selon vous, la terreur

25 dont il est question dans l'acte d'accusation et les chefs d'accusation qui

26 parlent de la terreur ou de cette intensité de la terreur.

27 Mais à ce stade nous pensons que beaucoup de ces témoignages sont

28 répétitifs et ne sont pas utiles pour votre thèse, thèse de la Défense, la

Page 8368

1 présentation des moyens de preuve de la Défense, et vous devriez maintenant

2 parler d'autres aspects de l'Accusation incluant des incidents particuliers

3 dont il est question dans l'acte d'accusation. Si vous pouvez faire parler

4 le témoin de cela, il faut que vous le fassiez. Ce que vous avez fait

5 jusqu'ici ce n'était que la répétition des choses qu'on a déjà entendues.

6 Pour ce qui est de la continuation de la présentation de votre thèse, je

7 vous prie de procéder ainsi.

8 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Il y a encore sept, huit témoins jusqu'à

9 la fin de la présentation des moyens de preuve de la Défense par rapport

10 aux incidents particuliers. J'ai déjà dit quelle est la position de la

11 Défense. Nous avons adopté une position par rapport à chacun de ces

12 incidents et j'ai déjà dit à plusieurs reprises que cela présenterait une

13 partie importante du travail de la Défense, surtout quand il s'agit des

14 faits liés aux incidents particuliers, et à l'exception faite de certains

15 incidents.

16 Nous n'avions pas l'occasion de faire venir les témoins oculaires des

17 incidents, qui étaient sur place au moment où les incidents ont eu lieu.

18 Pour ce qui est des annexes et des incidents particuliers, la Défense

19 prêtera une grande importance, c'est ce qu'elle a déjà fait d'ailleurs,

20 parce qu'elle a travaillé là-dessus pendant des mois, et nous allons parler

21 de ces incidents pour essayer de prouver que la survenue de ces incidents a

22 été prouvée au-delà de tout doute raisonnable.

23 Bien sûr, nous devons tenir compte de la remarque que vous nous avez

24 faite pour ce qui est de ce témoin. Par exemple, il a mentionné des actions

25 de sabotage tout à l'heure, je voulais tout d'abord qu'il nous explique

26 comment il est devenu membre du Corps Sarajevo-Romanija, et après cela

27 j'allais lui poser des questions pour ce qui est de ces actions de

28 sabotage.

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Continuons, Maître Tapuskovic.

2 Continuons.

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

4 Q. Monsieur le Témoin, tout à l'heure vous avez mentionné spontanément des

5 actions de sabotage, dites à la Chambre ce que vous avez entendu par

6 "actions de sabotage", en particulier pour ce qui est de 1992 et 1993.

7 R. Merci. Je vais en finir avec ça. En octobre 1994, le Bataillon de

8 Nisici a été sous le commandement de la Brigade d'Ilijas. Pour ce qui est

9 des actions de sabotage, il s'agissait de petits groupes de sabotage qui

10 tendaient des embuscades le long des routes, ils tiraient sur les passants,

11 sur les civils qui ont été tués ou blessés. Souvent, ils posaient des

12 différents types de mines sur lesquelles les voitures passaient, et souvent

13 les gens y périssaient.

14 Sur le plateau de Nisici, c'était surtout sur la route entre Srednje

15 et Semizovac qui reliait cette région au chef-lieu de la région et à la

16 ville de Sarajevo.

17 Q. Lorsque vous parlez des actions de sabotage, s'il vous plaît, dites-moi

18 s'il y avait eu de telles actions en 1994 ?

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je m'excuse.

20 Monsieur le Témoin, ne répondez pas à cette question.

21 Monsieur Sachdeva, vous avez la parole.

22 M. SACHDEVA : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

23 Encore une fois, je lis le compte rendu et apparemment le témoin a

24 mentionné des endroits que les interprètes n'ont pas saisis et j'aimerais

25 qu'on lui pose la question.

26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, vous avez

27 mentionné deux endroits, les interprètes n'ont pas entendu les noms de ces

28 deux endroits. Pouvez-vous répéter les noms de ces deux endroits, s'il vous

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1 plaît ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit que la première action de sabotage,

3 lors de laquelle Mara Jelisic a été tuée, a eu lieu sur la route menant

4 vers le village d'Ajdanovici, un endroit qui s'appelle Jelovac. Il y avait

5 de nombreuses autres actions de sabotage, il y avait des embuscades, et de

6 ces embuscades on tirait sur les colonnes de voitures, des voitures à bord

7 desquelles se trouvaient les civils. En particulier, cela arrivait sur la

8 route entre Srednje, Semizovac et Nisici. Donc Srednje, Semizovac, Nisici,

9 sur cette portion de la route.

10 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

11 Q. Oui, ma question --

12 R. C'est Srednje, ce n'est pas Srednja. C'est que je vois consigné au

13 compte rendu. C'est Srednje.

14 Q. Mon collègue, M. Sachdeva, avant son intervention, je vous ai posé la

15 question pour savoir si durant les mois de mai, juin, et jusqu'au mois de

16 novembre 1995, il y avait de telles actions de sabotage ?

17 R. Oui, il y avait plusieurs actions de sabotage durant toute la guerre.

18 Je pourrais vous énumérer plusieurs de ces actions de sabotage, mais je

19 vais parler d'une action qui a eu lieu en août 1994 où un groupe de

20 sabotage qui avait beaucoup de membres s'est infiltré dans le village de

21 Drazevici, derrière les lignes de la VRS, à tué Gojko Dzurdzic et une femme

22 âgée, Dobrila Dzurdzic.

23 Q. Je vais montrer un document, c'est le D154, pour vous poser des

24 questions concernant ce que je viens d'entendre de votre bouche par rapport

25 à cette action dont vous avez parlé. Est-ce qu'on peut afficher le document

26 D154 sur nos écrans ?

27 Monsieur Pejic, lisez l'en-tête du document. Prêtez attention à l'objet du

28 document, aux événements qui sont mentionnés dans le document, et dites-

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1 nous quel est cet ordre qui est donné dans ce document ? Pouvez-vous lire

2 une partie de cela ?

3 R. J'ai réussi à lire une partie du document. Il s'agit d'un ordre de

4 1995. Il s'agit de la région de Han Pijesak. Je n'y étais pas, mais j'étais

5 au courant de cet incident.

6 A l'époque, sur le territoire du plateau Nisici, il y avait des

7 membres de l'armée de la Republika Srpska qui venaient de Han Pijesak, et

8 ils devaient relayer les autres, mais ils étaient en retard de plusieurs

9 jours. Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont dit qu'un groupe de saboteurs

10 s'était infiltré dans cette région, et qu'un grand nombre de citoyens ont

11 été tués dans certains villages autour de Han Pijesak, qu'il s'agissait

12 d'un groupe de saboteurs assez large, et qu'il y avait beaucoup de victimes

13 parmi les Serbes, et de cet ordre on peut voir --

14 Q. Regardez le point 1 de l'ordre, s'il vous plaît. Lisez tout le premier

15 point, s'il vous plaît. Lisez à voix haute, s'il vous plaît.

16 R. "Les commandants des unités, en estimant de façon quotidienne la

17 situation et l'utilisation des unités pour effectuer des activités de

18 combat, compte tenu des conditions, il faut planifier et exécuter des

19 activités de combat en profondeur derrière l'ennemi."

20 Le point 2--

21 Q. Non. Regardez qui a signé ce document.

22 R. Je ne vois pas la signature. Je ne vois que le commandement, Fikret

23 Prevljak, commandant de la brigade de l'ABiH. Pour vous dire --

24 Q. Merci. S'il vous plaît, dites-moi s'il s'agissait des actions de

25 sabotage qui ont eu lieu et dont vous avez parlé.

26 R. Ces actions de sabotage ont eu lieu sur le plateau de Nisici à

27 plusieurs reprises.

28 Q. Est-ce qu'on parlait de l'objectif de ces actions, surtout lorsqu'on

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1 parle de cette période dont il est question dans le document le 1er juillet

2 1995 ?

3 R. L'objectif de ces actions --

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Sachdeva.

5 M. SACHDEVA : [interprétation] J'ai besoin de tirer au clair un point,

6 parce que le témoin a dit qu'il a appris ces actions de sabotage des

7 membres de l'unité venus de Han Pijesak, et j'ai compris que Han Pijesak

8 est éloigné de Nisici, et plus tard mon éminent collègue lui a posé des

9 questions pour savoir si le document reflète les actions de sabotage dont

10 le témoin a parlé. Le témoin a commencé à parler des actions de sabotage à

11 Nisici qui ne sont pas mentionnées dans le document.

12 Je me demande -- bien sûr, je peux poser des questions au témoin au

13 cours du contre-interrogatoire, mais peut-être que le témoin pourrait nous

14 dire s'il s'agissait de Han Pijesak dans ce cas-là ou de Nisici.

15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que vous étiez à Han Pijesak

16 ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque cette action de sabotage a été lancée,

18 je n'étais pas à Han Pijesak. Mais j'ai dit qu'il y avait des soldats qui

19 faisaient partie de la 1ère Brigade de Romanija, et qui venaient de Han

20 Pijesak, qui étaient arrivés à Nisici. Quand ils sont arrivés, ils nous ont

21 parlé de ce raid qui avait eu lieu, du fait qu'il y avait eu un grand

22 nombre de victimes serbes suite à l'infiltration de ce groupe important de

23 saboteurs, et lorsque Me Tapuskovic m'a demandé si des actions identiques

24 avaient lieu à l'époque, j'ai répondu par l'affirmative.

25 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Puis-je poursuivre ?

26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Allez-y.

27 M. TAPUSKOVIC : [interprétation]

28 Q. Quand tout a commencé en 1994, pourriez-vous nous dire quelles étaient

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1 les armes lourdes qui prévalaient dans votre zone en 1994, dans la zone de

2 responsabilité de l'unité dont vous dépendiez ? Ou peut-être le savez-vous

3 indépendamment de cela et pourriez-vous nous en faire part.

4 R. A Nisici, il y avait plusieurs mortiers de différents calibres, du 60,

5 du 80 et du 120-millimètres. Il y avait un ZIS, c'est-à-dire un canon de

6 76-millimètres. Nous avions trois obusiers, et tout le reste, c'était des

7 armes d'infanterie. En 1994, je ne sais plus exactement quand, mais après

8 la mise en œuvre de la zone d'exclusion des 20 kilomètres sur Sarajevo,

9 certaines armes lourdes ont été retirées et entreposées là-bas, puisqu'en

10 1994 le centre des combats s'est déplacé vers le plateau de Nisici. Dès

11 mars 1994, ça a commencé à s'intensifier et ça n'a fait que se poursuivre.

12 Q. Pourriez-vous nous dire quand vous avez rencontré le général Milosevic,

13 l'accusé en l'espèce ?

14 R. Le 30 ou le 31 octobre 1993. C'est ce jour-là que je l'ai rencontré

15 pour la première fois quand il est venu à Nisici. Il est venu sur Nisici

16 pour organiser l'évacuation de la population croate de Vares, puisqu'à

17 l'époque il y avait une offensive très importante de l'ABiH contre Vares,

18 qui jusque-là avait été contrôlé par les Croates. Donc, Vares là a été

19 capturé par les Musulmans, et toute la population évacuée de Vares s'est

20 retrouvée à cet endroit-là, à la fois des civils et d'ex-soldats.

21 Q. Quand vous dites qu'ils ont été réceptionnés là-bas et qu'on les a

22 hébergés, pouvez-nous dire ce qui s'est passé ?

23 R. Je peux vous dire qu'avec tout l'équipement dont nous disposions, nous

24 avons essayé de réceptionner ces personnes du mieux que nous avons pu. Nous

25 les avons nourris au village de Vrgore, qui est un grand village serbe. On

26 leur a donné du thé, de la nourriture, du lait pour les enfants. On a

27 organisé leur transport par autocars et par d'autres moyens aussi. Les

28 Croates et les autres personnes venant de Vares ont été reçues dans cette

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1 zone, qui était sous la responsabilité du RSK, du mieux que nous l'avons pu

2 puisqu'on était en guerre, et ils ont pu ensuite être transférés en passant

3 par notre zone pour aller là où ils voulaient aller.

4 Q. Savez-vous quand Dragomir Milosevic a pris ses fonctions en tant que

5 commandant du RSK ?

6 R. Je ne connais pas la date exacte, mais je sais que le général Milosevic

7 a pris le commandant du RSK après une violente offensive sur le plateau de

8 Nisici, lorsque les forces de l'ABiH ont capturé un certain nombre de

9 villages serbes.

10 Ces attaques ont commencé le 1er août. Une attaque extrêmement

11 violente, venant de différentes directions, Olovo vers Krivajvo [phon], de

12 Cemir [phon] vers Ladjevici. Il y a aussi eu une attaque sur le village de

13 Kunosici [phon], et une attaque contre le village de Mrgule [phon], qui est

14 le plus grand village dans la zone Romanija, c'est un village de montagne.

15 Après cela, les forces de l'ABiH ont capturé la zone et plusieurs

16 jours après, le général Milosevic a été nommé commandant du RSK.

17 Q. Est-ce que vous voulez dire à quoi ressemblaient ces premiers jours

18 après sa prise de fonction ?

19 R. Il est allé là-haut. Il a fallu repousser les attaquants, les gens

20 étaient paniqués. Un grand nombre de personnes ont dû quitter la zone. Il y

21 avait des victimes, des blessés, des morts. La population des villages

22 appartenant à la municipalité de Vares a dû être évacuée, et les villages

23 sont encore abandonnés à l'heure actuelle.

24 Il a essayé de rétablir une nouvelle ligne de défense, je pourrais

25 vous le montrer peut-être sur la carte, pour vous montrer exactement où

26 elle était située, de Guca Kamen par Camovine [phon] jusqu'à Hadzici.

27 C'était la nouvelle ligne de défense qui a été établie. La population y

28 habitant a été évacuée. On m'a donné comme mission de m'occuper de

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1 l'évacuation, de trouver des ressources à Ilijas et à Vogosca pour nourrir

2 et pour héberger ces personnes. Donc il a joué un grand rôle dans cette

3 action.

4 Q. Très bien. Après, est-ce que cela a été un peu plus calme dans cette

5 zone ?

6 R. Après cette offensive, il y a eu une accalmie sur cette partie du

7 front, du 10 août jusqu'au 6 novembre, ensuite, il y a eu une nouvelle

8 attaque violente, et à nouveau une partie de notre ligne a été enfoncée. Il

9 y a eu une percée au village de Ravne, il a donc fallu abandonner ce

10 village, et la ligne a dû être rétablie dans des champs sur le plateau de

11 Nisici.

12 Q. Y a-t-il eu des victimes dans le cadre de ces actions ?

13 R. Bien sûr. A dire vrai, je n'aime pas trop y repenser. Cela me fait mal.

14 Pendant la guerre, étant donné le travail que je faisais, j'ai écrit et

15 j'ai dû lire environ 50 discours que j'ai faits lors des obsèques d'amis,

16 de cousins, de voisins. Il y avait des civils, il y avait des personnes

17 âgées, il y avait des femmes. Beaucoup de victimes, beaucoup de blessés.

18 Tout ce que je tiens à dire, c'est qu'au cours de chaque offensive de ce

19 genre, les villages qui étaient sur cette zone ont disparu, parce que tout

20 a été pillé, brûlé. Encore maintenant, tout est abandonné. Personne

21 n'habite dans ces endroits. Il n'y a plus de maisons, personne n'y habite.

22 Q. Très bien. Mais cette nouvelle offensive de novembre, s'est-elle calmée

23 elle aussi ?

24 R. L'offensive de novembre a duré 7 à dix jours, ensuite il y a encore eu

25 une accalmie, puis l'hiver 1994-1995 a été plutôt très calme presque

26 jusqu'au printemps 1995, si je me souviens bien. Evidemment, c'était il y a

27 quand même très longtemps et j'ai un peu de mal à me souvenir du

28 déroulement exact de ce qui s'est passé.

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1 Q. Mais peut-être allons-nous pouvoir nous dépêcher un peu et en terminer

2 rapidement avec cet interrogatoire principal. Pouvez-vous nous dire ce qui

3 s'est passé après cette trêve au printemps ?

4 R. Que voulez-vous dire exactement ?

5 Q. Vous nous dites que vous avez eu une accalmie jusqu'au printemps.

6 Qu'est-ce que vous voulez dire exactement ?

7 R. Je disais qu'il y a eu une accalmie, donc il n'y avait plus vraiment de

8 combats, il y avait des échanges sporadiques de tirs, c'est tout, et

9 c'était assez calme jusqu'au printemps. Mais quand le printemps est arrivé,

10 on a eu bien sûr juin 1995, une date que tout le monde connaît bien quand

11 ils ont lancé une offensive extrêmement violente sur tout le théâtre de

12 Sarajevo.

13 A l'époque, nous avions déjà obtenu des informations par différents

14 biais. Parfois, c'était juste des soldats qui criaient par-dessus les

15 lignes qui étaient parfois extrêmement rapprochées. Les soldats pouvaient

16 hurler quelque chose dans le style : "Attention, préparez-vous, vous

17 verrez, la prochaine fois, on va vous avoir." Donc, on savait qu'il y avait

18 une attaque qui se préparait, on ne savait pas exactement où cette attaque

19 allait être lancée, et on ne connaissait pas non plus sa portée. Mais au

20 matin du 15 juin, l'offensive a été lancée sur toute la ligne de défense

21 sur le plateau de Nisici et sur toutes les zones de responsabilité de

22 toutes les brigades de l'armée de Republika Srpska à Sarajevo.

23 Q. Quelle était la durée de cette offensive, et y a-t-il eu des victimes ?

24 R. Oui, il y a eu des victimes. Déjà là, nous nous trouvions sur le

25 plateau de Nisici et plusieurs femmes ont été blessées ce jour-là, un

26 certain nombre de soldats ont trouvé la mort. A un moment dans l'après-

27 midi, on m'a envoyé vers Ilijas pour informer les familles de certaines

28 personnes du décès de leurs parents, pour qu'ils préparent les obsèques.

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1 Enfin, c'était épouvantable, c'était indescriptible. Il y avait des

2 explosions tout le temps, des tirs d'artillerie, des explosions, des

3 bruits, des tirs. Enfin, c'est difficile à décrire.

4 Q. Très bien. Avez-vous remarqué quoi que ce soit concernant la qualité et

5 la puissance des armes utilisées et le nombre des effectifs qui sont

6 intervenus ?

7 R. Ce sont les unités de l'ABiH de Sarajevo qui ont attaqué les positions

8 du plateau de Nisici en 1994 alors que lors des premières années de la

9 guerre il n'y avait que des unités très locales qui se trouvaient là-bas,

10 venant de Vares, de Breza et d'autres endroits comme Olovo. Mais ensuite,

11 des unités beaucoup plus puissantes sont arrivées de Sarajevo et à partir

12 du printemps 1994, elles se relevaient sans cesse les unes les autres de

13 façon permanente, et ces unités avaient des armes de plus en plus

14 puissantes.

15 Il y avait différentes armes qui pilonnaient avec des tirs

16 indiscriminés contre les villages, et cetera, et cetera.

17 Q. Pourriez-vous nous parler de la fin de la guerre maintenant. Que

18 pouvez-vous nous dire sur la fin du conflit ? Y a-t-il eu déjà une fin de

19 conflit bien précise ?

20 R. Pour ce qui est de la fin du conflit, après l'offensive de juin, une

21 autre offensive a été lancée sur Nisici. La première offensive, celle du 15

22 juin, s'est arrêtée au bout de sept à dix jours, et en juillet il y a eu

23 une autre attaque épouvantable vers le 4 ou le 5 juillet. Là, il y a eu des

24 victimes parmi à la fois les effectifs militaires et les civils. Il y a à

25 nouveau eu des accalmies. Les négociations de Dayton ont commencé et, après

26 la signature des accords, la population serbe a quitté ce qui était

27 auparavant le Sarajevo serbe ainsi que le plateau de Nisici. Donc toute la

28 population serbe a dû être évacuée, et le plateau de Nisici a été rayé de

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1 la carte. Donc tout a été détruit après que nous ayons quitté, même

2 l'église orthodoxe serbe. Il y avait 2 000 personnes qui habitaient là

3 avant les accords de Dayton, et maintenant il n'y en a plus que 40 qui y

4 habitent, qui sont retournées et qui y habitent. Ce sont 40 personnes assez

5 âgées d'ailleurs.

6 Q. Merci. Je n'ai plus de questions.

7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Sachdeva, c'est à vous.

8 M. SACHDEVA : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 Contre-interrogatoire par M. Sachdeva :

10 Q. [interprétation] Je suis Manoj Sachdeva, je vais poser quelques

11 questions cet après-midi.

12 Tout d'abord, vous êtes d'accord avec moi pour dire que Nisici est à

13 environ 20 kilomètres du centre de Sarajevo, n'est-ce pas, du centre de

14 Skenderija ?

15 R. Non. Nisici se trouve à 42 kilomètres de Skenderija, mais Nisici fait

16 encore partie de Sarajevo.

17 Q. Merci. Le village de Vares est encore plus loin dans les terres, n'est-

18 ce pas ?

19 R. Oui, mais il est continu quand même à cette zone du plateau de Nisici.

20 On peut regarder sur la carte, si vous voulez.

21 Q. Non, pas de problème. Je voulais juste que l'on ait un ordre d'idée en

22 ce qui concerne les distances.

23 Si j'ai bien compris, vous étiez adjoint au commandant chargé du moral et

24 des affaires religieuses au sein de la Brigade d'Ilijas; c'est bien cela ?

25 R. Adjoint au commandant du bataillon en charge du moral des troupes, de

26 la formation et des affaires religieuses. Je suis resté à Nisici pendant

27 tout le moment, toute la période, mais il y a quelques évolutions. Il y

28 avait des ordres qui étaient émis qui vous rattachaient à telle ou telle

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1 brigade.

2 D'octobre ou début de novembre 1994 que la 1ère Brigade de Romanija

3 est arrivée à Nisici, j'étais officier de base en charge de la formation,

4 du moral et des affaires religieuses pour ce qui est du commandement de la

5 1ère Brigade de Romanija.

6 Q. Mais quand vous étiez en ce poste officier de base à partir de novembre

7 1994, cela veut dire que vous étiez principalement dans un bureau, n'est-ce

8 pas ?

9 R. Non. Non, j'étais sur le terrain presque tous les jours.

10 Q. Mais étiez-vous engagés dans les combats ? C'est ça qui m'intéresse.

11 R. Je faisais le tour des villages, je m'entretenais avec les habitants

12 pour essayer de les calmer, pour qu'ils ne paniquent pas, et je faisais

13 aussi des tournées des lignes, parfois je devais passer la soirée ou la

14 nuit avec les soldats dans les tranchées, participer à la Défense, et je

15 participais à la Défense bien sûr s'il y avait des attaques.

16 Q. Mais dans toutes ces attaques dont vous nous avez parlé aujourd'hui,

17 pouvez-vous nous dire si vous avez pris personnellement part aux combats

18 visant à les repousser ?

19 R. Vous me posez une question difficile. J'ai participé à certains

20 combats, et il y en a d'autres où je n'ai pas participé. Cela dit, j'étais

21 toujours sur place, puisque tout ceci se passe dans un rayon de deux

22 kilomètres. Les villages étaient là, et les lignes étaient tout autour des

23 villages.

24 Si on regarde la carte, quand on voit les lignes de front, on voit

25 que cela faisait un demi-cercle.

26 Q. L'incident dont vous avez parlé qui a eu lieu à l'usine de Pretis le 17

27 avril 1992, j'aimerais savoir si vous étiez là ou non ? Il me semble que

28 non, puisque vous avez quitté l'usine dans l'après-midi, ce jour-là

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1 justement.

2 R. Oui. Le 17 avril à midi, je suis parti. Je suis parti de l'usine, et

3 l'incident a eu lieu dans la nuit du 18 au 19 avril. J'en ai beaucoup

4 entendu parler par les médias à propos de ce qu'ils avaient employé pour se

5 défendre.

6 Q. Mais je voulais savoir si vous étiez là.

7 R. Non, je n'étais pas sur place.

8 Q. Très bien. Pour ce qui est des opérations de combat décrites dans le

9 document que vous a montré Me Tapuskovic, là encore j'aimerais savoir si

10 vous vous trouviez à Han Pijesak. Il me semble que non, n'est-ce pas ?

11 R. Non, je n'étais pas à Han Pijesak à ce moment-là.

12 Q. Donc, Monsieur, au cours de la guerre, de mai 1992 à la fin du conflit

13 en 1995, l'usine Pretis est toujours restée aux mains de la VRS ?

14 R. Oui, certes, mais la ligne de défense de l'armée de la Republika Srpska

15 passait par l'usine, dans l'usine, et de l'autre côté de la route il y

16 avait les positions de l'ABiH.

17 Q. Oui, mais quand même, pendant tout le conflit, l'ABiH n'a pas eu accès

18 aux munitions et aux armes qui étaient fabriquées par cette usine

19 justement ?

20 R. L'usine fabriquait des munitions, c'étaient des munitions qui étaient

21 fabriquées pour la JNA et la police. Il y avait des entrepôts énormes avec

22 toutes ces munitions, et ces munitions étaient utilisées à la fois par

23 l'armée de la Republika Srpska et l'ABiH, et le conseil de la Défense

24 croate.

25 Q. Oui, certes, je sais, c'est ce que vous nous avez dit, mais j'aimerais

26 savoir la chose suivante, parce que c'est assez précis. Vous nous avez dit

27 déjà que pendant tout le conflit, l'usine Pretis était aux mains de la VRS,

28 donc pendant tout le conflit l'ABiH n'a pas eu accès à ce qui était

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1 fabriqué dans cet usine, n'est-ce pas ?

2 R. Oui. Pendant la guerre, absolument, ils n'avaient pas accès.

3 Q. Le commandant de la Brigade d'Ilijas était Dragan Josipovic, n'est-ce

4 pas ?

5 R. Pendant un certain moment, oui. Pendant une certaine période.

6 Q. Est-ce qu'il a été votre commandant au moins jusqu'au milieu de 1994 ?

7 R. Je ne me souviens pas très précisément de la date, il était mon

8 commandant en tout cas en 1992 et en 1993. Ensuite, je pense qu'il est

9 devenu commandant de la Brigade de Vogosca, ou la 3e Brigade de Sarajevo,

10 je ne me souviens plus de son nom.

11 Q. Très bien, mais pourtant vous étiez l'adjoint au commandant, n'est-ce

12 pas, chargé du moral et des affaires religieuses pour la brigade ? A ce

13 poste, vous aviez des entretiens assez réguliers, à la fois avec le

14 commandant du bataillon et avec le commandant de la brigade, quel que soit

15 son nom, d'ailleurs, n'est-ce pas ?

16 R. Non, non. C'était les commandants de bataillon qui faisaient rapport au

17 commandant de la brigade. Nous autres, on n'y allait pas souvent en fait.

18 L'état-major de la brigade se trouvait à au moins à 42 kilomètres de là, et

19 en plus les activités étaient assez intenses dans cette zone. Donc

20 Josipovic n'avait pas souvent l'occasion de se rendre sur le plateau de

21 Nisici.

22 Q. Pourtant, en utilisant par exemple la radio, le téléphone de campagne

23 ou d'autres moyens de communication ou de transmission, il y avait des

24 rapports tout à fait périodiques et réguliers qui venaient des commandants

25 de bataillon au commandement de la brigade, en faisant part de ce qui se

26 passait au niveau des opérations, du moral des soldats, des stocks de

27 munitions, et cetera ? Il y avait rapports de ce type, n'est-ce pas ?

28 R. Pour ce qui est du moral des troupes, oui certes. Pour ce qui est des

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1 munitions, c'est plutôt la logistique qui s'en occupe. Mais pour ce qui est

2 du moral des troupes, les rapports étaient rédigés et soumis par le

3 commandant chargé du moral, c'était inclus ensuite dans le rapport de

4 synthèse. Mais je voulais juste vous dire que de 1992 à 1993, le bataillon

5 de Nisici faisait partie de la 2e Brigade de Romanija, donc Josipovic

6 n'était pas notre commandant.

7 Q. Très bien, oui, mais la 2e Brigade de Romanija avait comme zone de

8 responsabilité le sud de Sarajevo; de Dobrinja jusqu'à à Trnovo, n'est-ce

9 pas ?

10 R. La 2e Brigade motorisée Romanija ?

11 Q. Oui.

12 R. Ce n'est pas vraiment clair pour moi. Je ne sais pas tout cela. Je sais

13 que -- les lignes vers Olovo, Kladanj. Et dans ce secteur, aussi vers Zepa.

14 Pour ce qui est des positions le long de Kraj, je ne le sais pas,

15 concernant la 2e Brigade motorisée de Romanija.

16 Q. Vous avez dit à la Cour que vous aviez rencontré Dragomir Milosevic,

17 l'accusé. Vous en souvenez-vous ? Vous avez dit que vous l'avez rencontré

18 le 3 juillet 1993; est-ce bien exact ?

19 R. Non. Je l'ai rencontré le 30 ou le 31 octobre.

20 Q. C'est peut-être une erreur. Alors 30 ou 31 octobre, est-ce bien en 1993

21 ?

22 Q. Pouvez-vous dire oui ? Je vous vois hocher la tête.

23 R. Oui.

24 Q. Bien. Alors vous avez dit la première fois que vous avez rencontré

25 l'accusé, Dragomir Milosevic. Est-ce que cela veut dire que vous l'avez

26 rencontré par la suite à nouveau ?

27 R. Voyez-vous, à cette époque-là, j'ai rencontré le général Milosevic.

28 Nous nous sommes croisés ultérieurement également, mais je n'ai pas eu

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1 l'occasion d'avoir des contacts directs avec lui. Il était commandant du

2 corps et, pour ma part, je n'étais qu'un commandant adjoint d'un bataillon.

3 En termes hiérarchiques, cela signifie une différence marquée.

4 Q. Lorsque vous l'avez rencontré en octobre 1993, il était bien chef

5 d'état-major du Corps Romanija de Sarajevo, n'est-ce pas ?

6 R. Oui.

7 Q. Lorsque vous l'avez rencontré à ce moment-là, est-ce que je peux vous

8 demander si vous lui avez parlé personnellement ou est-ce qu'il s'est

9 exprimé auprès d'un groupe de vos soldats ? Comment est-ce que cette

10 réunion s'est-elle passée ?

11 R. Non, je ne lui ai pas parlé personnellement. Je me trouvais sur la

12 hauteur d'une colline près de Hadzici - je n'en suis pas très sûr - lorsque

13 le général est arrivé et qu'il a dit que nous devions faire tout ce que

14 nous pouvions pour être sûrs que les gens de Vares soient en mesure de

15 traverser la zone sans encombres, et que nous devions faire tout ce qui

16 était en notre pouvoir pour leur fournir toute l'assistance que nous

17 pouvions leur prodiguer.

18 Q. Lorsque vous avez dit lorsque j'ai rencontré le général Milosevic et

19 que je l'ai connu, à ce moment-là, qu'est-ce que vous vouliez dire

20 exactement ?

21 R. Juste cela, c'est-à-dire que j'ai vu l'homme, que j'ai vu à quoi il

22 ressemblait, et j'ai vu son visage, c'est comme ça que je l'ai connu.

23 C'était la première fois que je le rencontrais physiquement, autrement dit.

24 Q. Vous avez parlé de l'attaque qui s'est déroulée le 15 juin 1995 à

25 Nisici. Est-ce que vous vous souvenez d'avoir parlé de cela, Monsieur ?

26 R. Oui.

27 Q. S'il y a eu une attaque ce jour-là ou dans la nuit, cette attaque a

28 bien été contrée et enrayée par des forces de la SRK, est-ce bien le cas ?

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1 R. Cette attaque avait commencé tôt le matin, et non pas pendant la nuit.

2 A plusieurs endroits, les lignes de défense avaient été enfoncées. Mais

3 néanmoins, elles ont été reconstituées, et cela a été très coûteux en vies,

4 et les combats se sont poursuivis pendant une durée allant de cinq à sept

5 jours. Nous avons réussi à repousser l'attaque, à défendre la zone, mais

6 avec énormément de pertes. In fine, les lignes ont pu être reconstituées à

7 l'identique de ce qu'elles étaient au préalable du 15.

8 Ce qui est tout à fait caractéristique à ce sujet, c'est que le

9 nombre d'attaquants était très élevé, et que tous les villages de la zone

10 avaient été bombardés énormément. Pas uniquement les positions mais aussi

11 les villages. Pour les personnes qui n'ont pas cette expérience, c'est très

12 difficile de comprendre exactement ce qui s'était passé.

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que vous diriez que cette

14 attaque a pu être repoussée avec succès par les forces de la SRK ?

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, bien sûr. Si n'avions pas pu repousser

16 cette attaque, nous aurions été obligés d'abandonner nos maisons à ce

17 moment-là.

18 M. SACHDEVA : [interprétation] Merci.

19 Q. Est-ce que vous, personnellement, avez participé à cette opération, à

20 ce combat ?

21 R. Tout le monde avait des tâches particulières à remplir. Je ne sais pas

22 très bien ce que vous voulez dire.

23 Q. Je vais être plus précis, excusez-moi. Je voulais savoir si vous avez

24 participé aux activités de combat, par exemple, avez-vous tiré avec des

25 armes à feu, avez-vous participé personnellement au combat en ce sens-là ?

26 R. Non. Ce jour-là, non.

27 Q. Merci. Pour répondre aux questions de mon éminent collègue, Me

28 Tapuskovic, au sujet des armes que le SRK avait à Nisici, vous vous

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1 souvenez avoir parlé de ces armes ?

2 R. Oui.

3 Q. Vous vous souvenez que le conseil de la Défense vous a posé des

4 questions sur les armes utilisées par l'ABiH à Nisici et la manière dont

5 ces armes étaient utilisées ? Vous vous souvenez d'avoir entendu des

6 questions de la Défense à ce sujet ?

7 R. Oui.

8 Q. j'imagine que même si, comme vous nous l'avez dit, vous n'avez pas

9 toujours participé personnellement aux activités de combat en tant que

10 commandant adjoint de bataillon, est-ce que l'on peut dire que vous aviez

11 connaissance des types et des quantités d'armes utilisées dans cette

12 brigade, en plus des armes utilisées par les forces ennemies ? Est-ce que

13 l'on peut dire cela, Monsieur ?

14 R. Tout d'abord, je voudrais faire une petite correction. Nous ne faisions

15 pas partie de la Brigade d'Ilijas à l'époque. En 1995, nous faisions partie

16 de la 1re Brigade Romanija.

17 Concernant les armes, après la signature de l'accord concernant le

18 retrait des pièces d'artillerie depuis le centre de Sarajevo, une partie

19 des pièces d'artillerie et des armes ont été retirées et ont été placées

20 dans cette zone en particulier. Néanmoins, je ne peux pas parler du nombre

21 d'armes en question, car les armes continuaient à appartenir à leurs unités

22 respectives. Elles ont juste été entreposées un petit peu plus loin de la

23 zone, à savoir 20 kilomètres à peu près du centre de la ville.

24 Q. Que vous ayez fait partie de la Brigade d'Ilijas ou de la 1ère Brigade

25 Romanija, est-ce que l'on peut dire que vous aviez des informations, peut-

26 être pas nécessairement sur la quantité, mais au moins sur le type des

27 armes dont disposait la 1ère Brigade Romanija ?

28 R. Les personnes chargées de logistique, qui étaient chargées de l'achat

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1 d'équipements techniques et des armes, connaissaient ces données beaucoup

2 mieux. Je sais qu'il y avait des pièces de mortier, des obusiers de 122-

3 millimètres, un ou deux chars, qui appartenaient à la 1ère Brigade Romanija

4 de la zone. Il y avait des mortiers de plusieurs calibres. Il y avait des

5 canons ZIS ou des canons de terrain.

6 Pour le reste, elles appartenaient à des brigades différentes, et il

7 était très difficile de dire quelles armes appartenaient à quelle unité.

8 Q. Je ne vous pose pas de questions concernant les différentes brigades.

9 Je vous demande ce qui se passait au sein de la 1ère Brigade pendant l'été

10 1995, et d'après vos réponses, même si vous n'étiez pas dans la logistique,

11 vous connaissiez les différents types de balles utilisées par la 1ère

12 Brigade d'Ilijas -- pardon, la 1ère Brigade de Romanija. Est-ce que l'on

13 peut dire ça comme cela, Monsieur ?

14 R. Je le savais en partie, car j'ai travaillé dans l'usine qui fabriquait

15 des munitions avant la guerre, et j'avais une assez bonne connaissance

16 concernant le calibre des armes. Bien sûr, j'avais aussi eu l'occasion de

17 voir des obusiers, des pièces de mortier et ces chars.

18 Q. Oui. Et avec cette connaissance que vous aviez acquise par le travail

19 dans l'usine et aussi par votre rôle en tant que commandant adjoint du

20 bataillon, en plus des pièces de mortier et des obusiers dont vous avez

21 parlé, vous saviez aussi que la 1ère Brigade de Romanija, et la Brigade

22 d'Ilijas avaient été chargées d'utiliser des bombes aériennes modifiées.

23 C'est quelque chose dont vous aviez connaissance ou dont vous aviez entendu

24 parler, Monsieur ?

25 R. Non.

26 Q. Peut-être pourrions-nous montrer un document que l'on pourrait voir,

27 ensuite vous pourriez nous donner votre réponse.

28 M. SACHDEVA : [interprétation] Est-ce que je peux vous demander de

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1 prendre le document 03193, je vous prie.

2 Q. Il s'agit d'un document du commandement du 11 juillet 1995. Est-

3 ce que vous voyez ce document ?

4 R. Oui.

5 Q. Le titre comme vous le voyez, il s'agit d'approvisionnement de FAB de

6 250 et de 105 kilos. Est-ce que vous voyez le titre ?

7 R. En effet, mais je ne sais pas ce que signifie FAB.

8 Q. "Fugasna Avio Bomba" ? Est-ce que vous connaissez ce terme ?

9 R. Non. Je sais que nous n'avions pas d'hélicoptères. Je ne connais rien

10 des bombes aériennes.

11 Q. Et si la brigade à laquelle vous participiez n'avait pas d'avions, à ce

12 moment-là pourquoi aurait-il été nécessaire de formuler une demande ou de

13 faire un ordre pour demander ce qui a été appelé des bombes aériennes

14 modifiées ?

15 R. Je ne saurais vous répondre. Je ne sais vraiment pas. Je suis désolé.

16 Q. Si vous regardez à nouveau ce document, il s'agit d'une ordonnance

17 émanant du commandant du RSK à l'époque, et qui commande le transfert d'un

18 certain nombre de bombes FAB à 250 et 105 kilogrammes, et si vous regardez

19 la liste des brigades où il veut que ces bombes soient envoyées, on voit

20 qu'il y a la 1ère Brigade Ilijas, une pièce concernant -- 250, et pour la

21 1ère Brigade Ilijas [comme interprété], un FAB-250. Vous voyez, c'est bien

22 écrit dans la liste des documents en question ?

23 R. Oui.

24 Q. Alors, Monsieur, vous nous dites que vous ne connaissiez pas ces armes,

25 mais est-ce que vous persistez à dire que vous connaissiez les armes dont

26 disposait l'ennemi, l'ABiH autrement dit, et pour ce qui concerne les

27 hommes de votre propre brigade, que vous n'aviez aucune connaissance de ces

28 bombes aériennes modifiées, que vous ne les connaissiez pas ? C'est juste

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1 pour permettre au Tribunal d'apprécier cette réponse.

2 R. Je ne connais rien de tout cela, vraiment. Je n'ai pas eu l'occasion de

3 voir ces bombes aériennes modifiées. Je n'ai vu que des pièces aériennes

4 que je connaissais, des obusiers, des pièces de mortier, des chars qui

5 étaient utilisés par les deux factions ennemies, en plus bien sûr des armes

6 d'infanterie.

7 Q. Vous ne les avez peut-être vus de visu, je comprends bien. Mais lors de

8 vos réunions, lors de vos conversations avec votre hiérarchie, est-ce que

9 vous avez appris l'existence de ces armes au sein de votre brigade ou non ?

10 R. Non, je ne le savais pas. Dans la zone où je me trouvais, ces armes

11 n'étaient pas utilisées. Je ne le sais pas.

12 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que cette

13 pièce soit versée au dossier comme pièce à conviction.

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

15 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P907, Messieurs les

16 Juges.

17 M. SACHDEVA : [interprétation]

18 Q. Vous êtes resté au sein du Corps de Romanija-Sarajevo pendant toute la

19 guerre, et je voudrais vous demander si le modus operandi des combats que

20 l'on a constaté dans les années 1992 à 1994 s'est poursuivi ensuite pendant

21 la période allant de 1994 à 1995. Est-ce que l'on peut dire que ce mode

22 opératoire s'est reproduit entre 1994 et 1995 ?

23 R. C'est une question à laquelle il m'est difficile de répondre. C'est

24 très général. Que voulez-vous dire par "mode opératoire" ? Il y avait une

25 guerre. Bien sûr, l'armée fonctionnait dans le cadre d'un certain système,

26 et pour vous dire la vérité, je n'ai pas eu connaissance d'un grand nombre

27 d'ordres qui étaient formulés. Les gens se sont organisés eux-mêmes. On

28 devait défendre une zone de manière à épargner des vies humaines. Les modes

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1 opératoires --

2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je pense que votre réponse est

3 juste.

4 La question était vague, Monsieur Sachdeva.

5 M. SACHDEVA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Merci.

6 Q. Monsieur le Témoin, vous avez parlé de la peur qui prévalait à Vogosca

7 au début du conflit. Vous souvenez-vous de cela ? Est-il aussi exact que

8 les habitants non-serbes de Vogosca avaient également peur pendant cette

9 période ? C'est bien cela ?

10 R. Je n'ai pas parlé de la peur à Vogosca. J'ai plutôt parlé de la peur à

11 Sarajevo et en Bosnie-Herzégovine en général. J'ai parlé de la peur qu'ont

12 connue toutes les personnes du fait de la guerre, et du fait de ce qui s'y

13 est passé qui était horrible. Ceci s'applique pendant l'ensemble de la

14 guerre, et c'est pour cela --

15 Q. Oui, et c'est pour ça que je vous parle de Vogosca, parce que c'est en

16 Bosnie-Herzégovine et que c'est une zone dans laquelle les habitants au

17 début du conflit avaient peur. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette

18 affirmation ?

19 R. J'ai déjà déclaré que l'ensemble de la population avait peur, et ce,

20 partout en Bosnie-Herzégovine. Tout individu normalement constitué a peur

21 de la guerre, peur des combats et a peur d'être tué.

22 Q. Donc je pense que votre réponse à ma question est oui.

23 R. Je crois aussi que c'est en effet cela.

24 Q. N'est-il pas exact de dire qu'ils avaient peur, car au début du

25 conflit, pratiquement tous les non-Serbes avaient été expulsés de Vogosca

26 par les militaires et les policiers serbes armés; n'est-ce pas exact ?

27 R. J'ai dit au début que j'avais travaillé jusqu'au 17 avril, et qu'à ce

28 moment-là la paix prévalait à Vogosca. Ensuite, je me suis rendu sur le

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1 plateau de Nisici, et je ne peux plus parler de la situation telle qu'elle

2 était à Vogosca à partir de ce moment-là.

3 Q. Très bien. Vous ne pouvez plus parler de la situation de Vogosca où

4 vous viviez, et qui se trouve aussi proche de Nisici, mais vous pouvez

5 parlez des activités de combat pour lesquels vous n'avez pas été

6 personnellement impliqué. Encore, je pense que l'on peut dire qu'il y a eu

7 des gens qui ont été expulsés de Vogosca pendant les premiers mois de la

8 guerre.

9 Que vous soyez d'accord ou que vous en ayez entendu parler ou pas,

10 est-ce que c'est votre réponse ?

11 R. Non. J'en ai entendu parler, mais je ne peux pas en parler précisément

12 ou spécifiquement. C'est cela que je voulais dire. Des non-Serbes ont été

13 expulsés de Vogosca et d'Ilijas, mais de même beaucoup de Serbes ont été

14 expulsés de Vares, Zenica, Tuzla et d'autres villes, et qui sont arrivés

15 dans notre zone où nous les avons accueillis, ensuite ils sont partis vers

16 les autres endroits de la Republika Srpska. Là où il y avait une population

17 minoritaire, le scénario était le même. Les gens sont partis vers les zones

18 où leur groupe ethnique se trouvait encore en majorité.

19 Q. C'est un petit peu différent que l'on parle de retrait ou d'expulsion,

20 pour moi, ils ont été expulsés de Vogosca.

21 M. SACHDEVA : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais parler --

22 attendez une seconde.

23 C'est le contre-interrogatoire, Monsieur le Président.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne suis pas d'accord, parce que des

25 Serbes ont été expulsés de Kakanj et de Zenica. Ils se retiraient, mais ils

26 ont en fait été expulsés. Ils ont quitté la zone parce qu'ils avaient peur

27 d'être tués. Ils avaient peur qu'on leur fasse du mal. C'est ça que je

28 voulais dire.

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Y a-t-il à nouveau un examen

2 supplémentaire ?

3 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Non, Messieurs les Juges.

4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, voilà qui

5 termine votre déposition. Monsieur le Témoin, nous vous remercions d'être

6 venu déposer au Tribunal. Vous pouvez maintenant vous retirer.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

8 [Le témoin se retire]

9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Waespi, la Chambre est sur

10 le point de proposer un ordre du jour concernant le reste du procès qui va

11 aboutir à la fin du procès. Donc pour essayer de gagner du temps, il nous

12 reste deux semaines de travail. Il y a trois jours qui restent pour le

13 procès. Est-ce que vous pouvez nous dire si le Procureur va déposer une

14 demande aux fins de réplique ?

15 M. WAESPI : [interprétation] Cela est improbable, Monsieur le Président. Le

16 témoin -- peut-être qu'il faudrait voir si M. Barry Hogan, qui pourrait

17 peut-être présenter un certain nombre de clichés, mais cela dépend aussi

18 des témoins qui restent à être appelés par la Défense. C'est le seul témoin

19 en réplique, et cela prendrait de toute manière très peu de temps.

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] J'ai cru comprendre que vous n'avez

21 pas encore tranché en la matière; est-ce exact ?

22 M. WAESPI : [interprétation] Absolument. Nous pourrons le savoir avant la

23 fin de la saison.

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le prochain témoin, Maître

25 Tapuskovic. Le prochain témoin.

26 M. TAPUSKOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, j'ai encore deux

27 témoins qui se trouvent à La Haye. L'audience d'aujourd'hui a été

28 diligentée plus rapidement que cela n'a été le cas jusqu'à présent. Je peux

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1 commencer mon examen du témoin, mais je ne suis pas sûr que cela soit

2 possible car le témoin n'était pas prévu pour déposer aujourd'hui. Je ne

3 sais pas exactement s'il est possible de le trouver et où on peut le

4 trouver aujourd'hui. Je pense, d'après l'ordre du jour que j'ai déposé, je

5 pensais que les témoins que nous avons déjà fini d'entendre aujourd'hui

6 nous prendraient l'ensemble des délibérations. J'en ai deux à La Haye. Il y

7 en a un qui est prêt.

8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vais demander le greffier.

9 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous ferons une pause.

11 --- L'audience est suspendue à 17 heures 28.

12 --- L'audience est reprise à 17 heures 53.

13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La position par rapport au témoin

14 est la suivante : le témoin devrait témoigner demain. En tout cas,

15 l'information que nous avons est la suivante : le témoin est malade, et il

16 n'est pas en mesure de témoigner aujourd'hui.

17 Cela veut dire que nous n'avons plus de témoin pour aujourd'hui,

18 pour cet après-midi. Nous allons lever l'audience jusqu'à demain matin. On

19 va commencer demain à 9 heures, et maintenant, je vais demander au greffier

20 d'audience de dire à la Section chargée des Victimes et des Témoins que

21 nous sommes maintenant au stade du procès où il est plus probable que les

22 témoins passent moins de temps dans le prétoire que cela n'était prévu. Par

23 conséquent, eux, ils devront avoir les témoins prêts à témoigner.

24 Demain, on commence à 14 heures 15 et non pas à 9 heures.

25 M. Demurenko, qui va être convoqué à nouveau, sera ici dans la

26 semaine du 20 août, et nous allons informer les parties sur la date à

27 laquelle il va commencer sa déposition.

28 L'audience est levée.

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1 --- L'audience est levée à 17 heures 56 et reprendra le mardi 17 juillet

2 2007, à 14 heures 15.

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