Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Jeudi, 10 octobre 2002)

  2   (L'audience est ouverte à 14 heures 22.)

  3   (Audience publique.)

  4   (Questions relatives à la procédure.)

  5   M. le Président (interprétation): Bonjour, Madame la Greffière, je vous

  6   prie d'appeler l'affaire.

  7   Mme Philpott (interprétation): Affaire IT-98-29-T, le Procureur contre

  8   Stanislas Galic.

  9   M. le Président (interprétation): Merci. Je dois d'abord informer les

 10   parties que nous allons poursuivre le travail conformément à l'Article

 11   15bis. Notre collègue est toujours souffrant. Tout en espérant qu'il

 12   reviendra très bientôt, donc au début de la semaine prochaine, nous

 13   n'allons certainement pas dépasser cette limite de trois jours, qui nous

 14   est accordée conformément à l'Article 15bis.

 15   Avant de demander à la défense de faire entendre son prochain témoin, je

 16   souhaiterais d'abord passer en audience à huis clos.

 17   (Audience à huis clos à 14 heures 27.)

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 22   (Audience publique avec mesures de protection à 16 heures 09.)

 23   (Le Témoin DP3 est introduit dans le prétoire.)

 24   Je vous souhaite la bienvenue, Madame le Témoin. Je tiens tout d'abord à

 25   vous informer de la décision prise par la Chambre. Les mesures de

 


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  1   protection qui ont été sollicitées ont été accordées. Par conséquent, nous

  2   allons utiliser un mécanisme permettant d'altérer les traits de votre

  3   visage et l'on utilisera aussi un pseudonyme.

  4   Avant de faire votre déposition, le Règlement de procédure et de preuve

  5   vous oblige à prononcer une déclaration solennelle. Je vous invite à en

  6   donner lecture.

  7   Témoin DP3 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

  8   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  9   M. le Président (interprétation): Veuillez prendre place.

 10   M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, certains témoins pourraient être

 11   déconcertés par le fait qu'ils ne verraient que deux Juges...

 12   M. le Président (interprétation): En effet, vous avez raison. Le témoin

 13   précédent a vu qu'il y avait trois Juges présents,

 14   Or, à présent il n'y en a plus que deux. Je tiens à vous informer que le

 15   troisième Juge est malade. Le règlement précise que nous pouvons

 16   poursuivre nos travaux parce que tout est enregistré et par conséquent,

 17   chacun des propos que vous tiendrez sera enregistré.

 18   Est-ce que vous allez interroger le témoin?

 19   Mme Pilipovic (interprétation): Oui, j'aimerais interroger le témoin.

 20   Avec votre autorisation, je tiens à vous dire que mes collègues pourraient

 21   éventuellement poser des questions mais uniquement sur votre autorisation.

 22   (Interrogatoire principal du témoin DP3 par Me Pilipovic.)

 23   Madame, compte tenu du fait que la Chambre vous a accordé des mesures de

 24   protection, nous nous adresserons à vous en vous appelant Témoin DP3. Mais

 25   avant de commencer l'interrogatoire, je voudrais vous présenter ce

 


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  1   document et vous inviter à me dire ce que vous en pensez.

  2   (Intervention de l'huissier.)

  3   Témoin DP3 (interprétation): Oui.

  4   Mme Pilipovic (interprétation): Par conséquent, vous nous dites que ces

  5   informations sont exactes?

  6   Témoin DP3 (interprétation): Oui, c'est le cas.

  7   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, la défense souhaite

  8   passer en audience à huis clos partiel afin que l'on puisse obtenir des

  9   informations concernant son domicile.

 10   M. le Président (interprétation): Passons en huis clos.

 11   (Audience à huis clos partiel à 16 heures 13.)

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 21   (Audience publique avec mesures de protection.).

 22   Mme Pilipovic (interprétation): Vous nous avez donné l'adresse où vous

 23   habitiez. Vous nous avez dit où vous travailliez également. Pourriez-vous

 24   nous dire jusqu'à quelle date avez-vous été employée dans cette

 25   entreprise?

 


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  1   Témoin DP3 (interprétation): Pour être précise, mon dernier jour de

  2   travail a été le 16 avril 1992.

  3   Question: Pourriez-vous nous dire quelle est la raison pour laquelle vous

  4   avez travaillé jusqu'au 16 avril? Pourquoi est-ce que vous avez cessé de

  5   travailler le 16 avril? Est-ce qu'un événement particulier est survenu qui

  6   a fait que vous avez cessé votre travail?

  7   Réponse: A partir du 16 avril, à partir du 4 avril jusqu'au 16 avril, tout

  8   était risqué. C'était très difficile, il y avait toujours des risques pour

  9   aller travailler et le 16 avril, j'ai cessé de me rendre au mon travail

 10   parce que je craignais pour ma propre vie.

 11   Question: Lorsque vous dites que "du 4 avril au 16 avril, ou à partir du 4

 12   avril plutôt, vous aviez commencé à craindre", est-ce qu'il y a eu un

 13   événement que vous avez observé qui a fait en sorte que vous commenciez à

 14   craindre pour votre propre sécurité?

 15   Réponse: Vendredi 3 avril, la nuit donc, dans la nuit du 3 au 4, avant le

 16   samedi de Bajram, il y a eu une nuit dans laquelle on avait entendu

 17   d'épouvantables coups de feu dans la partie de la ville dans laquelle

 18   j'habitais et dans une autre partie de la ville également, et c'était tout

 19   à fait clair, on savait très bien ce qui se passait.

 20   Question: Lorsque vous nous dites que c'était très clair et que tout le

 21   monde savait ce qui se passait, pourriez-vous nous expliquer un peu plus

 22   précisément de quoi il s'agissait, qui tirait?

 23   Réponse: C'était quelque chose à laquelle nous nous attendions tous par

 24   rapport aux événements précédents car on nous avait dit que lorsque Bajram

 25   arriverait, on entendrait des coups de feu. Mais ce n'était pas tout à


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  1   fait typique pour le peuple musulman. Moi-même, à l'époque, j'étais âgée

  2   de 32 ans et c'était la première fois de ma vie que j'entendais qu'ils

  3   tiraient des coups de feu alors que c'était leur fête religieuse.

  4   Question: Quand vous nous dites que c'étaient des événements dont on

  5   pouvait… qu'on pouvait s'attendre à ce que ce genre d'événement arrive,

  6   est-ce que dans la partie de la ville dans laquelle vous habitiez, il y

  7   avait quelque chose qui vous faisait croire qu'il y aurait eu des coups de

  8   feu? Y a-t-il eu des incidents avant le 4 avril 1992?

  9   Réponse: Je suppose que pour ce qui est de l'événement du 1er mars, c'est

 10   un événement que tout le monde connaît, toutes les personnes ici

 11   présentes. Je ne sais pas si c'est nécessaire de parler de cet événement

 12   de nouveau.

 13   Question: Merci. Madame, lorsque vous nous dites que le 16 avril vous avez

 14   cessé de vous rendre au travail parce que vous craigniez pour votre propre

 15   vie, vous ne vous sentiez plus en sûreté, est-ce que dans la partie de la

 16   ville dans laquelle vous habitiez, vous avez remarqué quelque chose qui

 17   n'était pas habituelle et que vous n'avez pas pu observer dans la période

 18   précédant ces dates, s'agissant de votre vie dans la ville.

 19   Réponse: A cette époque, je n'ai pas pu remarquer rien qui était normal.

 20   Les magasins étaient pillés. Les institutions ne marchaient plus. Dans les

 21   rues, il y avait des gens qui portaient des armes. Certaines personnes

 22   portaient un revolver, d'autres avaient également un fusil. Un chaos

 23   général régnait dans ces jours-là, à cette époque-là, rien ne ressemblait

 24   à une vie normale, une vie urbaine normale.

 25   Question: Lorsque vous nous dites que dans la ville, vous pouviez


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  1   apercevoir des gens à armés et qu'ils se déplaçaient en portant leurs

  2   armes, est-ce que c'étaient des personnes, des individus, comment étaient-

  3   ils habillés? Etaient-ce des personnes qui se déplaçaient en groupe?

  4   Témoin DP3 (interprétation): Eh bien, par exemple quand j'empruntais

  5   toutes sortes de rues pour me rendre à mon appartement, je pouvais voir un

  6   ou deux hommes, pour moi c'était quelque chose de tout à fait nouveau.

  7   Mme Pilipovic (interprétation): Dans la partie de la ville dans laquelle

  8   vous habitiez, est-ce que vous avez vu personnellement si certaines

  9   familles avaient été expulsées de leur propre appartement et ce par des

 10   hommes armés? Je parle concrètement.

 11   M. Ierace (interprétation): Objection, Monsieur le Président.

 12   M. le Président (interprétation): Je vous écoute.

 13   M. Ierace (interprétation): L'objection, une question directrice.

 14   M. le Président (interprétation): Bien, c'est tout à fait exact. Veuillez

 15   s'il vous plaît reformuler votre question, Maître Pilipovic.

 16   Mme Pilipovic (interprétation): Témoin, est-ce que vous avez vu si

 17   certaines familles subissaient de mauvais traitements et, ce de la part

 18   d'hommes armés?

 19   Témoin DP3 (interprétation): Après les coups de feu, après cette nuit dont

 20   je viens de parler, donc le matin du 4 avril, la situation qui prévalait

 21   dans la ville, dans la partie de la ville dans laquelle j'habitais était

 22   telle que j'étais la première à considérer et à estimer que mes enfants ne

 23   devaient pas rester à cet endroit et, il en va de même pour les gens que

 24   je connaissais, pour les membres de ma famille. Ils sortaient des autres

 25   parties de la ville et ils se dirigeaient vers la périphérie de la


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  1   municipalité de Novo Sarajevo et, plus précisément je parle de Lukavica.

  2   Question: Lorsque vous dites qu'ils sortaient de la ville, pourriez-vous

  3   nous dire si, s'agissant d'autres parties de la ville, il y avait

  4   également des familles qui quittaient les autres parties de la ville à

  5   cause de la situation?

  6   Réponse: Ma sœur avec sa famille est partie à pied, elle n'a pris qu'un

  7   sac à main, comme le mien. Elle a quitté donc Pofalic, elle n'y avait pas

  8   encore habité, enfin elle avait habité seulement un an dans cette ville et

  9   il y avait mon oncle de Hrasno, et il y avait également des membres de la

 10   famille, de ma famille à moi, mais je ne vous parle même pas de mes amis

 11   d'école, de mes amis et toutes ces personnes estimaient qu'il était

 12   dangereux de rester dans cette partie-là de la ville.

 13   Question: Madame le Témoin, pourriez-vous nous dire pour ce qui est de la

 14   partie de la ville dans laquelle vous habitiez, quelle était la majorité

 15   de la population? Quelle était l'appartenance ethnique de la population?

 16   Réponse: Eh bien, c'était une population serbe qui était en majorité dans

 17   la partie de la ville où j'habitais.

 18   Question: Quand vous dites que certaines personnes quittaient Pofalic et

 19   Hrasno, ces parties-là de la ville, pourriez-vous nous dire quelle était

 20   la majorité de la population qui habitait à ces deux endroits-là? A quelle

 21   appartenance ethnique appartenaient-ils?

 22   Réponse: Eh bien, c'était des Musulmans pour la plupart pour ce qui est de

 23   Pofalici, nous savons très bien ce qu'il est arrivé à Pofalici, n'est-ce

 24   pas, et pour Hrasno il y avait, pour la plupart, des Musulmans; pour

 25   Alipasino Polje, la population était absolument musulmane, c'est là


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  1   qu'habitaient mon frère et sa famille, Svrakino Selo, c'est là qu'habitait

  2   ma belle sœur; c'était un endroit complètement musulman. Alors toutes ces

  3   personnes se sont dirigées dans la partie de la ville dans laquelle il y

  4   avait pour la plupart des Serbes et c'était littéralement comme cela.

  5   Question: Témoin, le fait que les gens aient quitté une partie de la ville

  6   pour se rendre à l'autre partie de la ville, selon vous, est-ce que cela

  7   voulait dire que la plupart des citoyens se regroupaient dans une partie

  8   de la ville alors que l'autre population restait dans l'autre partie de la

  9   ville?

 10   Réponse: Oui, tout à fait. Absolument rien d'autre. Nous nous rendions

 11   avec nos enfants aux endroits pour lesquels nous estimions que nous étions

 12   en sûreté, parce que nous estimions que nous craignions pour nos vies dans

 13   la partie de la ville dans laquelle on se trouvait avant de la quitter.

 14   Question: Vous craigniez de qui? Vous aviez peur de qui?

 15   Réponse: Si le 1er mars, l'événement qui a eu lieu a eu lieu, et si ce

 16   même week-end, on a tué un policier serbe lors d'un Bajram dans le poste

 17   de police de Novo Sarajevo, ce policier a été tué par un Musulman qui

 18   était son collègue. Les autorités n'ont rien fait et nous avons également

 19   pu voir dans la rue des personnes qui portaient des indications de ligue

 20   patriotique et qui étaient armées et, ces derniers tiraient. Les autorités

 21   ne faisaient absolument rien et si dans une partie de la ville on avait

 22   procédé à des pillages, eh bien, je crois que la situation devient bien

 23   claire.

 24   Question: Concernant les événements qui se sont déroulés dans la partie de

 25   la ville de laquelle vous nous parlez, j'aimerais vous poser la question


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  1   suivante: dans la partie de la ville dans laquelle vous-même vous

  2   habitiez, est-ce que vous avez vu quelque chose de particulier? Est-ce que

  3   vous-même d'une certaine façon vous vous êtes organisée, d'une façon

  4   particulière?

  5   Réponse: Eh bien, il était tout à fait clair qu'il nous fallait changer de

  6   vie. Les hommes ont essayé d'organiser des gardes, des services de garde,

  7   pour protéger leurs femmes et leurs enfants. Et je répète: après

  8   l'événement dans le poste de police, c'est après le meurtre que j'ai

  9   mentionné tout à l'heure, je parle de gens que je connais personnellement.

 10   Parmi eux, se trouve mon feu mari, notre "Kum" témoin de mariage, ses

 11   voisins, ses amis d'enfance...

 12   Question: Madame le Témoin, je suis navré de vous interrompre, mais je

 13   vous demanderai de répondre succinctement à mes questions. Lorsque vous

 14   avez dit il y a quelques instants que votre mari, son témoin de mariage le

 15   "Kum" et ses amis, qu'ils faisaient des gardes, ils s'organisaient pour

 16   tenir des gardes, est-ce que c'étaient eux qui s'organisaient eux-mêmes?

 17   Réponse: Oui, bien sûr. Puisque la police ne faisait rien, les meurtres

 18   n'étaient même pas sanctionnés, que voulez-vous qu'ils fassent d'autre.

 19   Question: Madame le Témoin, pourriez-vous nous dire: est-ce que les hommes

 20   qui habitaient dans votre partie de la ville et allaient quelque part,

 21   comment faisaient-ils pour s'auto-organiser?

 22   Réponse: J'étais présente. Comme j'ai commencé à l'expliquer un peu plus

 23   tôt dans le contexte de la question précédente, la seule façon dont ils

 24   ont pu s'organiser, le seul endroit où ils ont pu aller était la Défense

 25   territoriale, et c'était dans la partie de la ville dans laquelle nous


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  1   nous trouvions déjà.

  2   Question: Lorsque vous nous parlez de la Défense territoriale, pourriez-

  3   vous nous expliciter de quoi il s'agit? Que représente cette Défense

  4   territoriale et qu'est-ce qu'elle a pu offrir aux hommes qui habitaient

  5   dans votre partie de la ville?

  6   Réponse: C'est la façon de s'organiser.

  7   Question: Lorsque vous parlez de "la façon de s'organiser", pourriez-vous

  8   nous dire si ces derniers avaient reçu des armes de service? Est-ce qu'ils

  9   avaient reçu des uniformes ou bien, est-ce qu'ils n'ont fait qu'aller à la

 10   Défense territoriale?

 11   Réponse: Dans ce pays-là, tous les hommes en âge de porter des armes

 12   étaient des membres réservistes de l'armée ou bien ils étaient réservistes

 13   de la police et ils avaient tous leurs endroits où ils devaient aller se

 14   rapporter, et ils se faisaient appeler de façon régulière à faire des

 15   exercices. Et conformément à cela, dans leur propre maison, ils avaient

 16   toujours un équipement, ils avaient tout ce que représente un équipement,

 17   indépendamment de l'appartenance ethnique ou de leur nationalité.

 18   Question: Madame le Témoin, vous nous avez dit que tous les hommes avaient

 19   leur uniforme en tant que réservistes indépendamment de leur nationalité.

 20   Pourriez-vous nous dire… ou est-ce que vous êtes en train de nous dire que

 21   tous les hommes de toutes nationalités confondues, dans la partie de la

 22   ville dans laquelle vous habitiez, étaient tous membres de cette Défense

 23   territoriale ou bien est-ce que c'est un peu différent?

 24   Réponse: La Défense territoriale était une façon de s'organiser, ça

 25   existait, et c'est ce qui est arrivé au mois d'avril 1992. Tous les hommes


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  1   sont allés se rapporter à la Défense territoriale.

  2   Question: Est-ce que vous nous dites que dans la partie de la ville dans

  3   laquelle vous habitiez, pour ce qui est de la Défense territoriale, il y

  4   avait des Serbes, des Musulmans et des Croates?

  5   Réponse: A l'époque oui, à ce moment-là oui.

  6   Question: Lorsque vous nous parlez de l'époque et lorsque vous nous

  7   répondez par l'affirmatif, est-ce que c'était pendant toute l'année du

  8   conflit? Et je parle de l'année 1992, 1993, ainsi que de l'année 1994. Ou

  9   bien, y a-t-il eu quelque chose qui a changé les choses?

 10   Réponse: Si nous parlons de la période à partir de la mi-avril et plus

 11   tard, il était tout à fait clair, c'était très clairement défini que

 12   lorsqu'on parle de la Défense territoriale et des autres parties, nous

 13   savions qui appartenait à quel parti; la ville était divisée.

 14   Question: Lorsque vous dites que c'était tout à fait clair, que c'était

 15   clairement défini et que, sur la base du territoire il était clair qui

 16   appartenait à quel parti, que voulez-vous dire par là exactement?

 17   Réponse: Je vais vous donner un exemple: concrètement, pour ce qui est de

 18   la partie de la ville où j'habitais, c'était une ville qui était habitée

 19   principalement par une population serbe, et il y avait beaucoup d'autres

 20   citoyens serbes qui étaient venus depuis d'autres parties des villes. Et

 21   ils sont restés sur place. C'était ainsi à Ilidza, le hameau de

 22   Starosjedeoci, dans la partie de la municipalité de Novo Sarajevo dans

 23   laquelle je me trouvais également. Donc ces hommes ne se sont pas

 24   rapportés à Bascarsija, à Hrasno ou ailleurs; ils sont restés là où leur

 25   maison se trouvait, où leur famille était. Et pendant toute la durée,

 


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  1   pendant tout ce temps, c'était ainsi.

  2   M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président?

  3   M. le Président (interprétation): Oui, je vous écoute.

  4   M. Ierace (interprétation): Je souhaiterais soulever une question à huis

  5   clos partiel, s'il est possible. Je suis navré d'interrompre.

  6   M. le Président (interprétation): Oui?

  7   M. Ierace (interprétation): Il serait plus propice que cela se fasse en

  8   l'absence du témoin.

  9   M. le Président (interprétation): Je vois. Donc je ne demanderai à

 10   l'huissière de bien vouloir escorter le témoin à l'extérieur de la salle

 11   d'audience.

 12   Madame, nous allons vous demander de quitter le prétoire pour seulement

 13   quelques instants, et vous allez revenir sous peu. Merci.

 14   (Le Témoin DP3 est reconduit hors du prétoire.)

 15   (Audience à huis clos partiel à 16 heures 36.)

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 17   (Audience publique avec mesures de protection à 16 heures 43.)

 18   (Suite de l'interrogatoire principal du Témoin DP3 par Me Pilipovic.)

 19   M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir, Madame, merci.

 20   Veuillez poursuivre, Maître Pilipovic.

 21   Mme Pilipovic (interprétation): Merci.

 22   Madame le Témoin, vous nous avez dit, il y a quelques instants, avant

 23   l'interruption de l'interrogatoire principal, vous nous parliez donc de

 24   l'état qui prévalait, de la situation qui prévalait dans la partie de la

 25   ville dans laquelle vous habitiez. Vous nous avez dit que, selon vous, la

 


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  1   ville avait été divisée.

  2   Est-ce que vous êtes restée vivre dans la partie de la ville en question?

  3   J'entends vous et votre mari ainsi que vos enfants.

  4   Témoin DP3 (interprétation): Nous sommes allés avec nos enfants dans la

  5   partie de la ville qui appartient à la municipalité de Novo Sarajevo, et

  6   c'est en périphérie de la ville; cet endroit s'appelle Lukavica.

  7   Question: Lorsque vous nous dites que vous êtes allée vivre dans cette

  8   partie-là de la ville avec vos enfants, est-ce que vous êtes en train de

  9   nous dire que vous n'habitiez plus dans la partie de la ville, dans la rue

 10   -il n'est pas nécessaire de donner le nom de la rue-, ou est-ce que vous

 11   êtes restée à cet endroit?

 12   Réponse: Il était tout à fait insécure (sic) de rester à cet endroit-là,

 13   dans ce bâtiment-là, dans cette rue-là avec mes enfants.

 14   Question: Est-ce que vous nous dites que votre mari vous a suivie?

 15   Réponse: Comme je l'ai déjà dit, mon mari est allé se rapporter à la

 16   Défense territoriale.

 17   Question: Pourriez-vous nous dire si votre mari, en tant que membre de la

 18   Défense territoriale, a-t-il eu des devoirs spécifiques?

 19   Réponse: Oui, il conduisait une ambulance.

 20   Question: Lorsque vous dites qu'il conduisait une ambulance, est-ce que

 21   vous pourriez nous dire si votre mari, en tant que chauffeur de

 22   l'ambulance, avait des tâches particulières et des obligations

 23   particulières? Est-ce qu'il devait monter la garde à certains endroits?

 24   Réponse: Quand je parle de "nous", je parle de "nous": femmes, enfants,

 25   vieillards. Nous nous trouvions dans le village, dans les maisons. Et eux,


Page 13517

  1   les hommes, montaient la garde. C'est ce que je sais.

  2   Question: Lorsque vous dites qu'ils montaient la garde, pendant qu'ils

  3   faisaient ce travail, est-ce qu'il y avait des incidents particuliers dans

  4   cette partie-là de la ville? Est-ce qu'il y a eu des événements qui

  5   n'étaient pas habituels pour l'époque?

  6   Réponse: Il y avait des coups de feux sporadiques qui provenaient de

  7   toutes les parties de la ville. Tout le monde le sait, c'est quelque chose

  8   dont on a connaissance. Les médias en parlaient, nous le savions tous, et

  9   c'était une situation qui ne ressemblait plus depuis belle lurette à la

 10   paix.

 11   Question: Je parle de la période entre le mois d'avril 1992, je parle de

 12   ce mois-là, du mois d'avril 1992: est-ce que vous pourriez nous dire s'il

 13   y avait des incidents particuliers lors desquels il y a eu des blessés?

 14   Réponse: Le pire événement pour moi c'était l'aube, le matin du 21 avril,

 15   très tôt le matin. Plus concrètement je m'étais déjà réveillée, il était 4

 16   heures du matin et j'ai entendu un coup de feu épouvantable. C'est le 21

 17   avril 1992. Donc il était tout à fait clair que des combats avaient lieu

 18   déjà, à 7 heures du matin.

 19   Nous avions encore des lignes téléphoniques à l'époque, le téléphone

 20   marchait encore. J'ai appelé ma voisine qui habitait dans mon bâtiment. Je

 21   lui ai demandé ce qui se passait et elle m'a dit, littéralement, que, dans

 22   les rues, il y avait un grand nombre de morts. Et ce jour-là, aux

 23   informations, on a dit que le bâtiment de Unioninvest avait été incendié.

 24   Et ce même jour, vers midi, j'ai su que mon mari avait été tué; qu'il se

 25   trouvait à bord de l'ambulance, il s'était rendu dans la rue Beogradska et


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  1   il était allé chercher un blessé.

  2   Question: Lorsque vous nous dites que les médias disaient que ce 21 avril

  3   1992 les combats avaient lieu et que le bâtiment de Unioninvest était

  4   incendié, est-ce que vous saviez quelles étaient les parties belligérantes

  5   en question et quelles étaient les parties qui menaient les combats?

  6   Réponse: C'était tout à fait clair que, d'un côté, il y avait les forces

  7   serbes et que, de l'autre côté de la rivière Miljacka, dans l'autre partie

  8   de la ville, il y avait les forces musulmanes.

  9   Mme Pilipovic (interprétation): Est-ce que vous avez su, étant donné que

 10   votre mari a péri ce jour-là, s'agissant des forces musulmanes, est-ce

 11   qu'il s'agissait de forces spéciales ou est-ce que c'était la Défense

 12   territoriale?

 13   Témoin DP3 (interprétation): Toutes les information que j'ai pu obtenir

 14   -et j'ai obtenu plusieurs informations de par les personnes qui se

 15   trouvaient dans cette partie-là de la ville-, mais toutes les informations

 16   nous mènent à croire que les forces du commandant Vikic, ce matin-là, ce

 17   jour-là, étaient…

 18   M. Ierace (interprétation): Objection, Monsieur le Président! 

 19   M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Ierace.

 20   M. Ierace (interprétation): Il s'agit d'éléments de preuves qui sont

 21   acquis par ouï-dire et le ouï-dire n'est pas accepté, ce n'est pas une

 22   preuve "prima farcie" et le ouï-dire n'est pas admissible. Donc il est

 23   tout à fait malheureux que le mari de ce témoin soit décédé, mais elle

 24   n'était pas présente lors de son décès. Il semble qu'il s'agit de ouï-dire

 25   de seconde main, sinon pas de troisième main. Donc je dirai que cela n'est


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  1   pas pertinent. On ne peut pas attribuer la responsabilité du meurtre de

  2   cet homme à un parti par le biais du ouï-dire.

  3   M. le Président (interprétation): Je vous écoute, Maître Pilipovic.

  4   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, il est tout à fait

  5   clair que le témoin aurait pu entendre parler de ce genre d'événement.

  6   S'agissant de ce conflit, étant donné que son mari a été tué ce jour-là et

  7   qu'il y a eu des combats ce jour-là, on peut s'attendre à ce que le témoin

  8   ait pu obtenir des informations qui auraient pu être les informations les

  9   plus proches de la vérité dans le sens où elle a sûrement dû obtenir des

 10   renseignements qui se rapprochent le plus de la vérité, car nous sommes

 11   également persuadés que le témoin a dû certainement vérifié les

 12   informations reçues et que ces informations sont véridiques, même si elle

 13   ne s'est pas trouvée sur les lieux.

 14   Vous allez certainement pouvoir apprécier cela, étant donné que nous lui

 15   avons dit… en fait, elle nous a dit qu'elle n'était pas présente mais

 16   qu'elle a entendu dire cela. Mais si elle a entendu par les médias que des

 17   combats se déroulaient, il est tout à fait clair que les renseignements

 18   qu'elle a entendus par les médias sont véridiques, puisque c'est de cette

 19   façon-là qu'elle a obtenu ces renseignements.

 20   M. le Président (interprétation): Votre dernier commentaire est une

 21   conclusion. Il y a deux questions ici.

 22   D'abord, la première est de savoir si le ouï-dire serait admissible, et,

 23   s'il est admissible, s'il peut nous porter concours. Et la deuxième

 24   question est la pertinence.

 25   Puis-je vous demander de tenir les deux questions en tête? Jusqu'à


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  1   présent, ce que nous avons entendu sur les sources est de nature tout à

  2   fait générale. Je ne crois pas que la Chambre, en tenant compte des

  3   circonstances particulières, peut simplement conclure sur la base de ces

  4   circonstances particulières quel était le résultat des recherches, sans

  5   savoir plus en détail quelle était la source des connaissances ou de

  6   l'information, mais cela veut bien dire que le témoin a dû obtenir ces

  7   renseignements par le biais de quelque chose.

  8   Mme Pilipovic (interprétation): Madame le Témoin, durant cette opération

  9   et ces combats qui se sont déroulés le 21 avril, pourriez-vous nous dire

 10   qui vous a dit quelles sont les forces qui ont pris part et qui vous a

 11   parlé des forces du commandant Vikic?

 12   Témoin DP3 (interprétation): Vous souhaitez que je cite des noms?

 13   Question: Si vous ne souhaitez pas citer de noms en audience publique,

 14   nous devrions peut-être fermer l'audience.

 15   M. le Président (interprétation): Dans un premier temps, j'aimerais savoir

 16   si le témoin connaît les noms de ces personnes?

 17   Témoin DP3 (interprétation): Il s'agit de personnes qui se trouvaient… se

 18   sont trouvées au même endroit où se trouvait mon mari, qui ont retiré le

 19   corps de mon mari à partir du moment où il a été tué.

 20   M. le Président (interprétation): Oui, très bien, mais j'aimerais savoir

 21   si vous connaissez leurs noms. Si votre réponse devait consister

 22   uniquement en une qualification du genre "collègue", c'étaient des

 23   collègues de mon mari, il ne serait peut-être pas utile de fermer

 24   l'audience. Donc, dans un premier temps, je vous demande si vous

 25   connaissez les noms de ces personnes?

 


Page 13521

  1   Témoin DP3 (interprétation): Je connais les noms d'au moins trois de ces

  2   hommes.

  3   M. le Président (interprétation): Très bien, dans ce cas-là, nous

  4   passerons à huis clos. Nous sommes à huis clos à présent, veuillez

  5   poursuivre Maître Pilipovic.

  6   (Audience à huis clos à 16 heures 51.)

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 15   (Audience publique avec mesures de protection à 16 heures 54.)

 16   Je viens de voir la confirmation à l'écran. Je vous prie de poursuivre.

 17   Mme Pilipovic (interprétation): Merci Monsieur le Président.

 18   Madame le Témoin, vous nous avez dit que vous avez quitté votre

 19   appartement et que cela s'est passé au mois d'avril. J'aimerais savoir si

 20   vous êtes revenue dans ce quartier ainsi que dans votre appartement après

 21   la mort votre mari.

 22   Témoin DP3 (interprétation): Il m'est arrivé de me rendre de temps à autre

 23   dans notre appartement pour venir chercher des affaires dont j'avais

 24   besoin, soit pour moi-même soit pour mes enfants. Je me suis rendue à

 25   Grbavica également car c'est là-bas que je travaillais. C'était le

 


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  1   bâtiment qu'on appelait Mis à l'époque: c'est là que se trouvait le siège…

  2   les bureaux des institutions du pouvoir.

  3   Question: Pouvez-vous nous dire jusqu'à quel moment vous avez occupé cet

  4   emploi? Donc jusqu'à quel moment vous êtes-vous rendue dans ce bâtiment-là

  5   pour y travailler?

  6   Réponse: Nous sommes restés dans ce bâtiment, je pense, à peu près jusqu'à

  7   la fin du mois d'octobre 1992. Il faut savoir que notre sécurité n'y était

  8   guère assurée. C'est un bâtiment qui avait une terrasse, un toit plat en

  9   haut, donc il a souvent été pris pour cible. Nous sommes… nous avons

 10   déménagé au rez-de-chaussée de la faculté des études forestières à

 11   Grbavica également.

 12   Mme Pilipovic (interprétation): Vous avez dit que vous avez quitté ces

 13   locaux car votre sécurité n'y était pas assurée. Pouvez-vous nous dire à

 14   quel moment vous êtes partis et pouvez-vous nous dire ce qui a mis en

 15   danger votre sécurité?

 16   Premièrement, j'aimerais savoir à quel moment vous avez quitté ces

 17   bureaux?

 18   Témoin DP3 (interprétation): Je vous ai dit que c'était fin octobre, donc

 19   nous sommes partis définitivement à ce moment-là. Or quant aux

 20   interruptions du travail, il y en a eu pratiquement tous les jours. On

 21   entendait des balles siffler ou plutôt toucher le toit et on s'enfuyait.

 22   On cherchait à se mettre à l'abri comme on le pouvait.

 23   Parfois, quand cela arrivait, on pouvait reprendre le travail quelques

 24   heures plus tard, et parfois, pas du tout. On ne reprenait plus le travail

 25   le jour même. Donc on ne savait pas du tout quels seraient nos horaires


Page 13524

  1   pour une journée donnée.

  2   M. le Président (interprétation): Oui, je vous en prie.

  3   M. Ierace (interprétation): Objection, pour cause de pertinence.

  4   Je ne vois pas du tout qu'elle est la pertinence des éléments de preuve

  5   qui concernent le fait que l'on ait tiré sur des bâtiments qui ont été

  6   occupés par des civils ou non du côté de la ligne de confrontation placée

  7   sous le contrôle de l'armée de la Republika Srpska. Ceci n'est pas

  8   pertinent quant aux chefs de l'acte d'accusation.

  9   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic?

 10   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, la déposition ainsi

 11   que la réponse de Mme le Témoin est pertinent car le témoin est en train

 12   de nous parler de la partie de la ville où elle a travaillé. Elle nous dit

 13   qu'il y a eu des coups de feu quotidiens à cet endroit. Mon collègue a

 14   interrompu la défense pendant qu'elle était en train d'interroger le

 15   témoin. Et à partir du moment où le témoin a déjà donné sa réponse alors

 16   que la défense n'avait pas encore posé la question qui découlait de la

 17   réponse du témoin.

 18   Or, le témoin a déclaré que c'était pour des raisons de sécurité que ce

 19   bâtiment a dû être abandonné par le témoin et par ses collègues. Lorsque

 20   j'ai demandé pour quelle raison, le témoin m'a dit que c'était parce qu'il

 21   y a eu des coups de feu tous les jours. Le témoin ne m'a pas dit d'où

 22   venaient ces tirs ni qui a tiré.

 23   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, il me semble qu'il

 24   n'est absolument pas contesté qu'il y ait eu des coups de feu de manière

 25   régulière, en particulier pendant cette période-là.


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  1   Nous n'essayons pas de voir maintenant s'il y avait des civils ou non qui

  2   travaillaient dans ces quartiers-là. Donc jusqu'à présent, il nous a fallu

  3   beaucoup d'effort pour établir des choses comme vous venez de nous

  4   l'expliquer, donc d'établir quelque chose qui n'est pas du tout contesté

  5   par l'accusation. Donc je vous prierai de poser d'autres questions.

  6   Monsieur Ierace, si la question suivante devait être: d'où provenaient les

  7   coups de feu, donc s'ils provenaient de l'autre côté de la ligne de

  8   confrontation, est-ce que l'accusation aurait contesté cette question dans

  9   le cadre d'une réponse par l'affirmative?

 10   M. Ierace (interprétation): La question aurait été contestée, Monsieur le

 11   Président, puisque nous parlons maintenant du territoire qui se trouve du

 12   côté de l'armée des Serbes de Bosnie.

 13   M. le Président (interprétation): Donc vous ne dites pas que ceci ne s'est

 14   pas produit ni d'où le feu est venu. Donc ceci ne serait pas pertinent de

 15   toute manière, à votre avis.

 16   M. Ierace (interprétation): Oui.

 17   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, l'accusation ne

 18   conteste pas qu'il y a eu des coups de feu réguliers à l'endroit où le

 19   témoin a vécu ou à travaillé. Donc je vous prie de tenir compte de cela

 20   pendant les questions que vous avez encore à poser.

 21   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, je vous remercie.

 22   Madame le Témoin, vous nous avez dit où vous avez travaillé. A présents,

 23   en tant que personne compétente, compte tenu de la nature de votre emploi,

 24   j'aimerais savoir, que vous nous disiez quels sont les éléments

 25   nécessaires afin qu'un certificat de décès soit délivré.


Page 13526

  1   Témoin DP3 (interprétation): Oui, je peux vous dire cela. Le décès d'un

  2   individu quel qu'il soit peut être prouvé sur la base d'un extrait du

  3   registre des décédés. Afin de pouvoir inscrire le décès dans ce registre,

  4   l'on doit produire un certain nombre de documents. Le document de base est

  5   un certificat de décès valable. L'extrait d'acte de naissance, l'extrait

  6   d'acte de mariage si la personne a été mariée ainsi qu'un élément prouvant

  7   son identité, donc une pièce d'identité portant une photographie, ainsi

  8   que le nom de la personne qui vient faire porter cette mention, qui vient

  9   enregistrer ce décès.

 10   Question: En répondant à ma question, en citant ces documents

 11   indispensables à ce qu'un certificat de décès soit établi, eh bien,

 12   justement j'aimerais savoir ce que doit contenir une attestation de décès.

 13   Réponse: Une attestation de décès est un document ayant valeur juridique

 14   qui contient les éléments d'identité de la personne, sa date de naissance,

 15   la cause du décès et ce qui est le plus important, une signature ainsi

 16   qu'un tampon du responsable de la morgue ou plutôt du médecin ayant

 17   constaté le décès. Donc uniquement, exclusivement, la signature et la

 18   confirmation du médecin qui a constaté le décès.

 19   Question: Vous, à votre poste, vous auriez accepté comme attestation de

 20   décès un document qui ne porterait pas de tampon, ni de signature d'un

 21   médecin?

 22   Réponse: Sur la base de ce genre d'attestation, juridiquement, je n'aurais

 23   pas le droit d'inscrire cette personne dans notre registre des décédés.

 24   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, compte tenu du

 25   poste occupé par Mme le Témoin, la défense souhaiterait présenter à Mme le


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  1   témoin des documents, notamment le document P738. Il s'agit des petits A,

  2   B, C et D, de trois attestations de décès.

  3   Nous n'avons pas de tampon, nous avons un certain nombre de ces documents,

  4   mais nous ne savons pas exactement dans quel ordre ils se situent.

  5   M. le Président (interprétation): Ces pièces ont-elles été versées au

  6   dossier? S'agit-il de nouveaux documents?

  7   Mme Pilipovic (interprétation): Déjà versées, oui, Monsieur le Président.

  8   Il s'agit des pièces de l'accusation, il s'agit des pièces P3738.

  9   M. le Président (interprétation): Oui, la prochaine fois, s'il vous plaît,

 10   pourriez-vous par avance en informer Mme la Greffière. Je ne sais pas si

 11   l'accusation en a été informée?

 12   M. Ierace (interprétation): Il n'a absolument pas été fait mention de cela

 13   dans le résumé.

 14   M. le Président (interprétation): Le simple fait qu'il s'agisse de

 15   documents déjà versés ne vous exempte pas de l'obligation de communiquer,

 16   d'informer l'autre partie, ainsi que le Greffe du fait que vous avez

 17   l'intention de produire ces pièces.

 18   Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. C'était une

 19   question de temps. La défense a été distraite d'une certaine façon. Nous

 20   n'avons pas eu la possibilité de nous préparer. J'ai ces documents, j'ai

 21   les cotes, je pense qu'il suffirait de présenter un seul de ces documents

 22   avec votre autorisation pour que Mme la Greffière d'audience n'ait pas

 23   trop de difficultés à retrouver tous les documents.

 24   M. le Président (interprétation): Oui, Madame la Greffière d'audience,

 25   avez-vous pu retrouver ces documents?


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  1   Mme Philpott (interprétation): Non, est-ce le document P3738?

  2   Mme Pilipovic (interprétation): C'est bien ce que j'ai dit P3738.

  3   M. le Président (interprétation): C'est sous une autre cote que nous le

  4   voyons apparaître dans le compte rendu d'audience.

  5   Mme Pilipovic (interprétation): Oui, je vois que c'est 738.

  6   M. Ierace (interprétation): Je souhaite soulever une objection au sujet de

  7   cette série de questions et je serai très bref, au moment où vous le

  8   jugerez opportun.

  9   M. le Président (interprétation): Vous souhaitez formuler votre objection

 10   à présent?

 11   M. Ierace (interprétation): Oui, il est dit que c'est dans le bureau

 12   chargé des affaires sociales que Mme le Témoin d'après la déposition, est

 13   venue travailler dans le bureau des affaires sociales trois mois après le

 14   décès de son mari, d'après sa déposition. Je ne vois pas du tout quel

 15   genre d'expertise lui permettrait de commenter les attestations de décès

 16   délivrées par des autorités de l'autre côté de la ligne de confrontation,

 17   et ce, en temps de guerre.

 18   En particulier, comment est-ce que cela l'autorise ou l'habilite à

 19   commenter au sujet des certificats qui ont été produits dans ce genre de

 20   circonstances?

 21   Et dans un deuxième temps, je ne vois pas sur la base de quoi les

 22   certificats sont considérés comme complets ou incomplets.

 23   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, particulièrement pour

 24   ce qui est du dernier point, qu'est-ce que la défense cherche à faire-

 25   valoir? Que les certificats de décès n'ont pas été délivrés de manière


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  1   valable, régulière ou que la personne dont le nom figure sur le certificat

  2   de décès n'était peut-être pas décédée. Quel est l'objectif de ces

  3   questions que vous êtes en train de poser?

  4   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, compte tenu de la

  5   nature du poste occupé par Mme le Témoin, la défense souhaite lui

  6   présenter les documents qui ont été produits par l'accusation. Nous ne

  7   savons pas si les individus, dont les noms figurent sur ces documents

  8   fournis par l'accusation, sont en vie ou non. Mais nous souhaitions

  9   vérifier l'authenticité de ces documents par Mme le Témoin, puisque,

 10   durant la présentation de ces pièces, durant le versement de ces pièces,

 11   la défense a contesté leur authenticité puisque ces documents ne portaient

 12   pas de signature ni de tampon de l'institution normalement compétente en

 13   la matière.

 14   La défense estime que ceci est tout à fait pertinent et elle a estimé

 15   qu'il était nécessaire de poser ce genre de question à ce témoin. Avant de

 16   poursuivre, nous pourrions peut-être demander à Mme le Témoin si la

 17   manière de procéder des services qui délivraient ce genre de document

 18   était un système unique sur l'ensemble du territoire, ou s'il y a eu des

 19   différences de procédure.

 20   Témoin DP3 (interprétation): Je n'ai pas travaillé comme chargée des

 21   affaires notariales, je n'étais pas notaire.

 22   M. le Président (interprétation): Un instant, je vais conférer.

 23   (Les Juges se concertent sur le siège.)

 24   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, vous avez demandé au

 25   témoin si une attestation de décès pouvait être délivrée sans qu'il y ait


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  1   de document signé et tamponné. Donc si ces documents ont été versés au

  2   dossier, il ne serait pas utile de les présenter à ce témoin. Je veux

  3   dire: tout un chacun peut voir s'il y a des signatures ou des tampons

  4   apposés à ces documents. Si vous souhaitez néanmoins présenter ces

  5   documents au témoin, j'aimerais les voir.

  6   Mme Philpott (interprétation): Pourriez-vous, s'il vous plaît, préciser la

  7   lettre accompagnant la cote?

  8   Souhaitiez-vous présenter le document 3738A?

  9   Mme Pilipovic (interprétation): Oui, il y a plusieurs documents: A, B, C,

 10   D. L'un de ces documents, peu importe lequel. Je vous prie d'en présenter

 11   un.

 12   M. le Président (interprétation): Je souhaite le voir.

 13   (Intervention de la Greffière.)

 14   (Les Juges se concertent sur le siège.)

 15   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, la Chambre estime

 16   qu'il n'est pas utile de demander à ce témoin de constater qu'il n'y a pas

 17   de signature ou de tampon sur ces documents. Nous avons parcouru en détail

 18   ces documents. La Chambre estime que ceci n'apporterait pas d'éléments

 19   supplémentaires et que tout un chacun en déduirait la même chose à

 20   l'examen de ce document. Je vous prie, par conséquent, de passer à un

 21   autre sujet.

 22   Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 23   M. le Président (interprétation): J'ai une autre demande qui s'adresse à

 24   la fois à vous, Maître Pilipovic, et au témoin: je vous prie de ménager

 25   une pause entre la question et la réponse. Tous vos propos doivent être


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  1   interprétés, vous parlez la même langue. Je vous prierai donc de faciliter

  2   la tâche des interprètes.

  3   Ce que vous pourriez faire -je m'adresse au Témoin-, ce serait de suivre

  4   le mouvement du curseur; à partir du moment où le curseur ne bouge plus,

  5   cela signifie que vous pouvez commencer à répondre. Je vous en remercie.

  6   Veuillez poursuivre.

  7   Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

  8   Madame le Témoin, vous avez précisé le bâtiment où vous travailliez et je

  9   souhaite vous poser la question suivante à présent: quelle était la

 10   distance entre votre domicile et votre lieu de travail?

 11   Témoin DP3 (interprétation): C'était un trajet, en fait c'était une

 12   distance que je parcourais à pied et dont je ne pouvais pas évaluer la

 13   durée compte tenu des circonstances, compte tenu de ce qu'on devait vivre,

 14   traverser en route.

 15   Question: En vous rendant à votre domicile après avoir quitté votre lieu

 16   de travail, vous traversiez des lieux habités et des agglomérations?

 17   Témoin DP3 (interprétation): Oui, c'était une zone urbaine. Il y avait des

 18   coups de feu sans arrêt. Il était difficile de se déplacer à cause de

 19   cela. Il nous a fallu utiliser des passages spéciaux et emprunter des

 20   itinéraires particuliers pour pouvoir circuler.

 21   Mme Pilipovic (interprétation): Lorsque vous dites que vous étiez obligé

 22   de choisir des endroits particuliers ou de vous frayer un passage par des

 23   endroits particuliers, j'aimerais connaître cela plus en détails.

 24   M. Ierace (interprétation): Objection.

 25   M. le Président (interprétation): Oui.


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  1   M. Ierace (interprétation): Tout simplement, Monsieur le Président, cette

  2   déposition, qu'a-t-elle à voir avec ce qui est reproché au général Galic?

  3   Si nous avons déposé notre mémoire au sujet du "tu quoque", c'était la

  4   raison suivante: la question de savoir s'il y avait des coups de feu dans

  5   les zones civiles contrôlées par l'armée des Serbes de Bosnie n'aide

  6   nullement la Chambre à déterminer si l'accusé a été responsable du

  7   pilonnage et des tirs des tireurs embusqués de l'autre côté de la ligne de

  8   confrontation.

  9   Si nous poursuivons pendant des heures ou des semaines ou des mois avec ce

 10   genre des positions, ceci n'aidera nullement la Chambre de première

 11   instance à déterminer ce qu'il en est des charges de l'Acte d'accusation.

 12   Mme Pilipovic (interprétation): La défense a dit que le "tu quoque" ne

 13   sera pas utilisé en tant que sa stratégie dans la défense du général

 14   Galic. Mais compte tenu de l'acte d'accusation où au chef 2, il est dit,

 15   et c'est précisément à ce sujet 2, 4, 12 et 13, que nous avons cité ce

 16   témoin, eh bien, au chef 2, il est dit que les forces serbes dans Sarajevo

 17   et dans les environs, que les forces serbes, à ces endroits-là ont bloqué

 18   la ville. Que ces forces ont pris position dans des endroits d'importance

 19   stratégique.

 20   Autrement dit, au point 2, l'Acte d'accusation est formulé de telle façon

 21   qu'il est dit: "dans Sarajevo et autour de Sarajevo, des positions

 22   stratégiques ont été occupées."

 23   A présent, nous parlons d'un quartier, d'une partie de la ville où a

 24   résidé la témoin. Aujourd'hui, mon éminent collègue a dit que l'accusation

 25   ne conteste pas qu'il y a eu des combats menés dans cette partie de la


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  1   ville.

  2   (Le Banc de la défense se concerte.)

  3   Les autres allégations concernant les attaques ont trait à la campagne. Et

  4   il est dit que le Corps Romanija de Sarajevo procédait à des bombardements

  5   et à des tirs quotidiens. La défense tient à apporter la preuve selon

  6   laquelle il n'y avait pas de campagne, il n'y avait pas de stratégie de

  7   campagne. Il y avait en effet un conflit, un combat sur une partie de

  8   territoire qui mettait en présence deux parties. Et dans cette partie

  9   spécifique de la ville, il y avait des tirs quotidiens, à savoir qui était

 10   derrière ou qui était à l'origine de ces tirs n'est pas une question

 11   pertinente, mais ce qui est important, c'est de savoir qu'il y avait des

 12   tirs qui se produisaient sur une base quotidienne.

 13   M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, s'il n'est pas clair

 14   pour la défense, mais que l'on savait qu'il y avait des combats qui se

 15   déroulaient quotidiennement dans la région de Grbavica et le long de la

 16   ligne de front, par conséquent, cet élément de preuve n'est pas requis

 17   pour décrire le contexte et pour apporter une base des éléments de preuve

 18   de la défense.

 19   C'est la raison pour laquelle, je vous prie de noter que si la défense ne

 20   se limite pas uniquement aux questions qui sont contestées à ce moment-là,

 21   on va prolonger inutilement les débats.

 22   (Les Juges se concertent sur le siège.)

 23   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, si la Chambre a bien

 24   compris la position de la défense, il me semblerait que dans un premier

 25   temps, sur une base quotidienne, voire régulière, il y avait des combats


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  1   et que le quartier de Grbavica n'était pas le seul visé.

  2   En deuxième lieu, j'aimerais préciser que la défense a indiqué qu'il ne

  3   fallait pas utiliser le principe "tu quoque" comme argument, mais peut-

  4   être comme moyen d'autodéfense. Peut-être qu'en tant que tel il n'est pas

  5   nécessaire de faire état ou de revenir sur les activités régulières de

  6   combat, à moins qu'il y ait une relation directe entre ces activités de

  7   combat et les moyens de preuve présentés par la défense.

  8   Donc soit, il y avait des tirs isolés et ceci s'inscrirait dans un

  9   contexte de combat, ce qui n'est pas contesté en tant que tel par

 10   l'accusation ou ces combats revêtiraient un sens spécifique en ce qui

 11   concerne l'autodéfense et la défense.

 12   Dès lors, la Chambre ne peut pas dire que les éléments que vous soulevez

 13   ne sont pas pertinents. Il y avait en effet des combats, mais le simple

 14   fait qu'il y avait des combats réguliers n'est pas, ne constitue pas un

 15   fait pertinent en tant que tel. Et de plus ce fait n'est pas contesté.

 16   C'est la raison pour laquelle je vous invite à me préciser quelle est la

 17   pertinence spécifique étant donné les moyens de preuve que vous essayez

 18   d'établir. Si tel n'est pas votre propos, je vous propose de passer au

 19   point suivant.

 20   Mme Pilipovic (interprétation): La défense a déjà expliqué pourquoi ce

 21   type de questions est pertinent. Compte tenu, notamment, de l'acte

 22   d'accusation qui précise qu'il y avait une campagne et une stratégie de

 23   bombardements et de tirs embusqués à partir des positions stratégiques

 24   prises par la VRS.

 25   M. le Président (interprétation): Puis-je, à ce moment-là, vous poser une


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  1   question précise? Même s'il y avait des attaques régulières, contre la

  2   région de Grbavica, est-ce que cela veut dire qu'il n'y avait pas de

  3   campagne? Je ne sais pas quel est le sens que l'on pourrait donner à ce

  4   terme, mais est-ce qu'un argument viendrait à l'encontre de l'autre?

  5   Mme Pilipovic (interprétation): Nous nous référons précisément au quartier

  6   de Grbavica, mais la défense tient également à dire qu'il y avait des

  7   combats qui se déroulaient dans toutes les parties de la ville et dans les

  8   zones environnantes et dans toutes les parties de la ville où il y avait

  9   des lignes de confrontation, donc pas uniquement Grbavica, mais également

 10   Mehurici, Ilidza, Hadzici etc.

 11   M. le Président (interprétation): Permettez-moi de vous interrompre. Est-

 12   ce que l'accusation conteste ce fait?

 13   M. Ierace (interprétation): Non.

 14   M. le Président (interprétation): Ces faits ne sont pas contestés par

 15   l'accusation, donc il n'est pas nécessaire d'établir ce fait étant donné

 16   que les parties s'accordent sur ce point.

 17   (Le Banc de la défense se concerte.)

 18   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, lorsque j'avais

 19   posé des questions au témoin, et je pense que ma dernière question avait

 20   trait au chemin qu'elle empruntait pour se rendre sur son lieu de travail

 21   et, elle avait dit qu'elle se frayait un chemin particulier pour être

 22   protégée d'une certaine manière.

 23   Ceci vise à prouver, du moins aux yeux de la défense, que les combats

 24   faisaient rage autour de Sarajevo et dans la ville, mais qu'il y avait

 25   également des combats qui se déroulaient dans tous les quartiers de la


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  1   ville. Il y avait des parties de la ville où les rues marquaient la ligne

  2   de confrontation. Comme nous l'avons dit dans notre déclaration liminaire,

  3   il y avait même des combats entre deux bâtiments, dans une même rue.

  4   M. le Président (interprétation): Est-ce que l'accusation conteste ce

  5   fait?

  6   M. Ierace (interprétation): Non, Monsieur le Président. Et je peux penser

  7   à un autre exemple qui a été soulevé lors de la présentation des moyens de

  8   preuve de l'accusation dans la région de Dobrinja. Donc nous ne contestons

  9   pas ce fait.

 10   M. le Président (interprétation): Puisque cela n'est pas contesté par

 11   l'accusation, il n'est pas nécessaire d'établir quelque chose qui a déjà

 12   été accepté par les parties.

 13   Maître Pilipovic, je vous invite donc, une fois de plus, à poser des

 14   questions et à vous demander si l'interprétation des faits peut être faite

 15   de façon différente, mais il s'agit là d'une question qui ne peut pas être

 16   réglée aisément par un témoin de fait. Bien évidemment, les experts

 17   peuvent se prononcer au sujet de faits qui se sont produits, mais un

 18   témoin de fait, si vous me permettez de le formuler de la sorte, ne peut,

 19   en règle générale pas vraiment vous aider dans votre tâche

 20   d'interprétation, notamment en ce qui concerne l'interprétation de faits

 21   qu'ils n'ont pas vus par eux-mêmes. Donc je vous invite à en tenir compte

 22   lorsque vous posez vos questions.

 23   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, je tiens simplement

 24   à dire que le témoin pense qu'il y avait des personnes qui étaient

 25   présentes sur des lieux où il y avait des tirs et l'on ne peut pas


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  1   remettre en cause la véracité des propos du témoin. Et nous pensons que

  2   des témoins experts viendront étayer cette position. Nous avons entendu

  3   les témoins présentés par l'accusation au cours des six ou sept derniers

  4   mois. Il s'agissait de témoins de faits qui ont précisé la direction des

  5   tirs, sans pour autant établir si ces tirs provenaient d'une partie ou

  6   d'une autre. Nous pensons, pour notre part, qu'il y a des témoins de faits

  7   qui étaient présents quotidiennement dans des rues, dans des bâtiments et,

  8   qui sont en mesure de nous dire et de nous donner des faits qui sont

  9   pertinents pour l'affaire.

 10   M. le Président (interprétation): Je ne tiens pas à dire que votre témoin

 11   n'est pas en mesure de préciser les faits qui se sont produits. Mais je

 12   tiens simplement à souligner que les faits que vous soulevez ne sont pas

 13   contestés. Ces faits ont été établis, du moins entre les parties en

 14   présence, il n'y a pas de contestation au sujet des faits. Mais quels sont

 15   les nouveaux faits? Quels sont les autres faits pertinents que vous

 16   souhaitez porter à notre attention?

 17   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, avant de poursuivre

 18   avec l'interrogatoire, j'aimerais demander à l'accusation si elle est en

 19   mesure d'accepter que d'autres parties de la ville qui étaient sous

 20   l'autorité de la Republica Srpska, et nous parlons surtout des quartiers

 21   de Grbavica, Nedzarici, Ilidza Vokaska, si des personnes devaient se

 22   frayer un chemin particulier afin de pouvoir se protéger contre les

 23   combats quotidiens?

 24   M. Ierace (interprétation): Il s'agit là d'une question qui n'est pas

 25   pertinente au vu des chefs d'accusation. Il ne s'agit pas pour nous de


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  1   savoir s'il existait des passages qui étaient sécurisés pour que les

  2   civils puissent les emprunter pour se rendre d'un endroit vers un autre.

  3   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic?

  4   Mme Pilipovic (interprétation): La défense pense que cette question est

  5   pertinente parce que l'accusation précise qu'il y avait une campagne

  6   derrière tous ces faits. Il s'agit là d'un argument qui vient étayer la

  7   campagne dont il est fait question dans l'Acte d'accusation.

  8   M. le Président (interprétation): J'ai quelques difficultés à suivre votre

  9   raisonnement. J'aimerais vous poser deux questions.

 10   La première s'adresse en fait à l'accusation: est-ce que l'accusation

 11   estime que les passages sécurisés… est-ce qu'il s'agit là d'éléments de

 12   preuve qui viennent étayer l'existence d'une campagne ou est-ce qu'il

 13   s'agit là d'un élément de preuve qui viendrait étayer d'éventuelles

 14   attaques contre ceux qui ont emprunté ces passages? Est-ce qu'il s'agit

 15   d'une question de fréquence ou est-ce qu'il s'agit d'un autre élément?

 16   Est-ce que vous dites qu'il y a simplement certains passages et, qu'à ce

 17   moment-là, il y a une campagne? Ou est-ce que vous essayez de dire qu'il y

 18   a une raison qui sous-tend l'établissement de ces passages et qu'il y

 19   avait donc certaines personnes qui avaient peur, qui craignaient d'être

 20   atteintes par des tirs isolés?

 21   M. Ierace (interprétation): J'ai bien compris votre question. A nos yeux,

 22   l'existence de ces barricades qui permettent de protéger les civils contre

 23   les tirs isolés, et qui ont été érigés du côté de la ligne de front,

 24   permettaient de limiter le risque que les civils soient exposés à des tirs

 25   ou soient blessés.


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  1   Par conséquent, l'accusation a essayé de prouver que des civils ont été

  2   tués, ont été blessés par des tirs qui venaient des deux côtés de la ligne

  3   de front.

  4   Par ailleurs, la direction des barricades a permis de réduire le nombre de

  5   victimes et, par conséquent, laissait entendre que les feux étaient tirés

  6   à partir des mêmes sources. Et ceci nous permet de conclure, en

  7   association avec d'autres éléments, que ces tirs s'inscrivaient dans une

  8   campagne.

  9   Par conséquent, on peut dire qu'en réalité il y avait une campagne de

 10   bombardements et de tirs embusqués.

 11   Monsieur le Président, il me semble que la défense essaye de dire qu'il y

 12   avait des mesures similaires qui avaient été prises par des civils. Mais,

 13   du point de vue hypothétique, si l'on dit que des civils ont pris de

 14   telles mesures de l'autre côté de la ligne de front et que pour les mêmes

 15   raisons, pour essayer de réduire leur exposition à des feux mortels

 16   provenant de la ligne de front établie par l'armée de la présidence, il me

 17   semble, à ce moment-là, que ce fait n'est pas pertinent en ce qui concerne

 18   les chefs d'accusation parce qu'il ne s'agit pas, ici, simplement d'une

 19   enquête; il s'agit d'examiner des éléments de preuve et en tant que tels,

 20   ils ne sont pas pertinents.

 21   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, vous avez souligné à

 22   plusieurs reprises que vous souhaitez disposer de ces éléments de preuve

 23   parce que cela vous permettrait d'établir qu'il n'y a pas de campagne.

 24   Est-ce que vous pouvez essayer d'expliquer quelque peu votre position?

 25   Mme Pilipovic (interprétation): Nous essayons de prouver qu'il n'y a pas


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  1   eu de campagne: lors des combats armés, deux armées étaient opposées.

  2   M. le Président (interprétation): Permettez-moi d'intervenir. La

  3   traduction dit que "vous et les témoins souhaitaient prouver". Puis-je en

  4   déduire qu'il s'agit là d'une traduction correcte ou est-ce qu'il s'agit

  5   d'une erreur?

  6   Mme Pilipovic (interprétation): Permettez-moi de vérifier cela avec mon

  7   collègue.

  8   M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, pour des raisons techniques…

  9   M. le Président (interprétation): Il s'agit de la page 65, ligne 2.

 10   M. Piletta-Zanin: Pour des raisons techniques, si vous voulez bien, je

 11   prends le flambeau et le relais en disant ceci: nous voulons prouver,

 12   nous, défense, au moyen des témoignages évidemment, c'est ainsi que doit

 13   se comprendre le texte.

 14   Et par ailleurs, j'indique qu'il y a une autre erreur de traduction

 15   importante: "BSA" a été lu vraisemblablement par la cabine française par

 16   "both side", et on nous a traduit en français "des deux côtés", alors

 17   qu'il s'agissait du "côté BSA". Soyons attentifs à cela.

 18   Je reprends le flambeau pour dire ceci, Monsieur le Président: ce que la

 19   défense veut prouver...

 20   M. le Président (interprétation): Maître Piletta-Zanin, Me Pilipovic était

 21   intervenue au sujet d'une question, et j'ai demandé à obtenir des

 22   précisions. Si vous souhaitez rajouter certains éléments, je vous

 23   inviterai à le faire plus tard.

 24   M. Ierace (interprétation): Je propose que cet échange se poursuive en

 25   dehors de la présence du témoin.

 


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   1   M. le Président (interprétation): Nous sommes sur le point de marquer une

  2   pause, et j'aimerais donner la possibilité à la défense de répondre à ma

  3   question après que le témoin ait été accompagné et quitté le prétoire.

  4   Nous reprendrons notre audience dans une vingtaine de minutes.

  5   J'invite Mme l'huissier à vous accompagner en dehors du prétoire.

  6   (Le Témoin DP3 est reconduit hors du prétoire.)

  7   (Audience publique à 17 heures 38.)

  8   (Questions relatives à la procédure.)

  9   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic?

 10   M. Piletta-Zanin: Monsieur le Président, avec votre autorisation, je

 11   souhaite quelques secondes pour clarifier deux, trois points?

 12   M. le Président (interprétation): J'aimerais d'abord demander à Me

 13   Pilipovic de répondre à la question que je vous ai posée.

 14   M. Piletta-Zanin: (Inaudible)… pour consulter Mme Pilipovic et pouvoir

 15   avoir une consultation à terme, c'est pour cela que je demandai quelques

 16   secondes, non pas pour m'adresser à votre Chambre.

 17   M. le Président (interprétation): J'aimerais éviter, dans toute la mesure

 18   du possible, des situations dont lesquelles, si la défense remet en

 19   question certains éléments, et si la défense estime qu'il y a d'autres

 20   éléments qui méritent d'être évoqués, j'aimerais essayer d'éviter que cela

 21   se produise. Je propose de reprendre notre séance à 18  heures, je vous

 22   remercie.

 23   (L'audience, suspendue à 17 heures 42, est reprise à 18 heures 04.)

 24   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, je vous écoute.

 25   Mme Pilipovic (interprétation): Oui?


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  1   M. le Président (interprétation): Vous êtes certainement en mesure de

  2   répondre à la question.

  3   Mme Pilipovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Si j'ai bien

  4   compris mon éminent confrère, il dit que les trajectoires particulières ou

  5   les itinéraires particuliers que l'on empruntait dans les parties de la

  6   ville qui était sous le contrôle de l'armée de la Bosnie-Herzégovine,

  7   qu'on avait érigé donc ces passages à des endroits propices, étant donné

  8   qu'il y avait une campagne menée par le Corps Romanija de Sarajevo de

  9   tirer à certains endroits. La thèse de la défense sous-tend, ou plutôt

 10   l'accusation prétend qu'il n'est pas contesté que de l'autre côté, il y

 11   avait également des bâches qui protégeaient certains itinéraires et qu'il

 12   y avait également certains endroits pour protéger les civils qui passaient

 13   par là.

 14   La thèse de la défense est la suivante, et nous allons prouver que de

 15   l'autre côté également il y avait des endroits, des itinéraires par

 16   lesquels devaient passer, les citoyens, les civils; nous allons donc

 17   tenter de prouver que dans une telle situation, les soldats et les soldats

 18   du Corps Romanija de Sarajevo ont dû agir en autodéfense et nous allons

 19   prouver qu'il y a également eu d'autres tirs à d'autres endroits et qu'à

 20   ces autres endroits, on tirait d'un côté et de l'autre. Mais nous

 21   prouverons que nous, s'agissant de certains endroits qui se trouvaient de

 22   l'autre côté, que nous devions agir en autodéfense et s'il y a eu des

 23   blessures ou si on a tiré sur des personnes qui ont pu être blessées et

 24   qui passaient, qui empruntaient certaines rues, que c'était une

 25   conséquence de la guerre et non pas une conséquence d'une campagne


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  1   généralisée, telle que le prétend l'accusation. La défense est tout à fait

  2   consciente que l'accusation n'accuse pas l'armée de la Bosnie-Herzégovine

  3   et ne dit pas qu'ils agissaient en direction de Grbavica, mais qu'il y

  4   avait une campagne de Musulmans et de leur armée en direction des soldats

  5   de la VRS de l'autre côté, mais nous prétendons et nous prouverons qu'à

  6   certains endroits, il y avait certains combats et que ces combats en

  7   question étaient toujours la conséquence des activités de la VRS qui

  8   agissait en autodéfense.

  9   M. le Président (interprétation): Maître Pilipovic, vous avez répondu à la

 10   question posée et votre question soulève maintenant plusieurs autres

 11   questions qui découlent de votre réponse. Le fait qu'on ait agi en

 12   autodéfense, est-ce que cela exclut l'existence d'une campagne? Voilà ma

 13   première question. Vous dites que c'était une conséquence de la guerre et

 14   non pas la conséquence d'une campagne. Est-ce que l'existence d'une

 15   campagne pourrait exclure l'existence de tout risque? Nous pourrions en

 16   parler longuement et il faut également discuter de la question de

 17   l'autodéfense: dans une situation concrète, l'existence de telles mesures

 18   d'autodéfense, est-ce qu'elles peuvent être prises comme étant non

 19   pertinentes dans toutes les circonstances? Vous pouvez donc poser des

 20   questions au témoin mais n'oublions pas, qu'en terme général, le fait même

 21   qu'il y ait eu un combat qui ait existé dans ces zones, dans cette région,

 22   n'est pas contesté. Et pour ce qui est de la défense de l'autodéfense, il

 23   n'est pas nécessaire de connaître chaque rue de la ville, de connaître par

 24   coeur toutes les municipalités et chaque bloc de béton.

 25   Donc posez des questions aux témoins concernant les faits et restez

 


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  1   pertinente et, le fait de poser des questions concernant les faits,

  2   essayez de poser des questions pertinentes au témoin.

  3   Mme Pilipovic (interprétation): Monsieur le Président, avant de faire

  4   entrer le témoin, la défense souhaiterait vous exposer quelques problèmes

  5   qu'ont les témoins. Le témoin DP3 est ici depuis lundi et la défense a un

  6   problème. Le problème est le suivant: c'est que le témoin doit rentrer

  7   demain dans son pays. Nous ne croyons pas que les débats allaient durer si

  8   longtemps et que le témoin pourrait seulement commencer à témoigner

  9   aujourd'hui. Il est tout à fait clair qu'on ne terminera pas l'audition de

 10   ce témoin aujourd'hui et la défense, lorsqu'elle a fait son calendrier, a

 11   pris en compte le nombre d'heures que vous lui avez accordées.

 12   M. le Président (interprétation): Madame la Greffière, est-ce que cette

 13   salle d'audience est libre demain matin?

 14   (Le témoin, DP3, est introduit dans le prétoire.)

 15   (Audience publique avec mesures de protection à 18 heures 06.)

 16   Mme Pilipovic (interprétation): Mais Monsieur le Président, le témoin doit

 17   quitter demain matin très tôt, c'est ce que j'ai su, c'est que l'on

 18   m'informe. Il n'y a qu'un avion de disponible et c'est ce que nous venons

 19   d'apprendre de la section chargée des témoins et des victimes. En fait, je

 20   n'aurais qu'une question pour le témoin.

 21   M. le Président (interprétation): Voyons comment les choses avancent. Je

 22   vous prie de poursuivre.

 23   (Suite de l'interrogatoire principal du Témoin DP3 par Me Pilipovic.)

 24   Mme Pilipovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Madame le

 25   Témoin, avant de prendre la pause et d'interrompre votre interrogatoire,


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  1   vous nous avez dit que vous empruntiez certains itinéraires particuliers

  2   lorsque vous vous dirigiez de votre travail pour vous rendre à la maison.

  3   Est-ce que vous pourriez nous dire pour quelles raisons vous empruntiez

  4   ces itinéraires particuliers?

  5   Témoin DP3 (interprétation): Les civils devaient emprunter des directions

  6   que l'on avait indiquées. Il y avait des bâches qu'on avait placées et des

  7   paravents et, il fallait qu'on passe par là. Les civils devaient également

  8   être protégés des tireurs embusqués. Il y avait des zones dans lesquelles

  9   on n'a pas pu poser ces bâches, plus particulièrement dans la zone de

 10   Lukavica, par exemple à cause de la configuration du terrain, depuis le

 11   mont Mojmilo. De façon quotidienne, il y avait des tirs de façon

 12   quotidienne qui étaient dirigés sur la population.

 13   Mme Pilipovic (interprétation): J'ai terminé, Monsieur le Président. Est-

 14   ce que vous me permettez de consulter mon collègue? Je souhaiterais voir

 15   s'il a des questions à poser au témoin.

 16   (Le Banc de la défense se concerte.)

 17   M. Piletta-Zanin: Non, aucune autre question. Merci.

 18   M. le Président (interprétation): Monsieur Ierace, l'accusation est-elle

 19   prête à entamer le contre-interrogatoire du témoin?

 20   M. Ierace (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

 21   M. le Président (interprétation): Bien, merci. Donc Madame DP3, vous allez

 22   maintenant subir un contre-interrogatoire de la part de l'accusation.

 23   M. Ierace (interprétation): Monsieur le Président, avant de commencer, je

 24   demanderai à ce que l'on passe à huis clos partiel.

 25   M. le Président (interprétation): Très bien, passons maintenant à huis

 


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  1   clos partiel.

  2   (Contre-interrogatoire du Témoin DP3, par M. Ierace.)

  3   (Audience à huis clos partiel à 18 heures 13.)

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 12  Pages 13547 à 13549 –expurgées– audience à huis clos partiel.

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 10   (Audience à huis clos à 18 heures 23.)

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 13  Pages 13551-13553 –expurgées– audience à huis clos partiel.

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  1  (expurgé)

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  4   (Audience à huis clos partiel à 18 heures 31.)

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 13  Pages 13555-13570 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

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 13  (expurgé)

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 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18   (Audience publique à 19 heures 08.)

 19   M. le Président (interprétation): Nous sommes à présent en audience

 20   publique. Tout le monde est en droit de savoir que je tiens à présenter

 21   mes excuses étant donné que je n'ai demandé ni aux interprètes ni à la

 22   régie s'ils étaient disposés à travailler un peu plus. Je propose de lever

 23   l'audience aujourd'hui, et nous examinerons la liste des documents demain.

 24   Je vous remercie.

 25   (L'audience est levée à 19 heures 09.)