Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 1er mai 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Mesdames et Messieurs. Madame

  7   la Greffière, veuillez appeler l'affaire, je vous prie.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  9   Mesdames, Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire

 10   IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 12   Monsieur Anttila, je crois qu'avant de commencer nous allons devoir aborder

 13   quelques questions de procédure, donc, je vous demanderais un tout petit

 14   peu de patience.

 15   Je vous écoute, Monsieur Mikulicic.

 16   M. MIKULICIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Je voudrais

 17   simplement proposer que la pièce D133 qui a été présentée lors d'une séance

 18   à huis clos soit admise ou sous pli scellé.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 20   Madame la Greffière, je vous demanderais donc que la pièce D133 soit versée

 21   au dossier sous pli scellé, s'il vous plaît. Je confirme donc que ceci a

 22   été fait.

 23   Donc, je vous souhaite bonjour, Monsieur Anttila.

 24   Avant de déposer dans cette salle d'audience, le Règlement de

 25   procédure et de preuve du Tribunal requiert de vous que vous fassiez une

 26   déclaration solennelle selon laquelle vous direz la vérité, toute la vérité

 27   et rien que la vérité. Je voudrais maintenant vous demander de vous lever,

 28   de prononcer la déclaration solennelle.

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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Je déclare solennellement que je

  2   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  3   LE TÉMOIN: KARI ANTTILA [Assermenté]

  4   [Le témoin répond par l'interprète]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur

  6   Anttila. Veuillez vous asseoir.

  7   La langue anglaise n'étant pas votre langue maternelle, si vous avez

  8   quelques problèmes que ce soit, soit dans la compréhension de cette langue

  9   ou si vous, vous avez du mal à vous exprimer, je vous prierais de nous le

 10   faire savoir.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien. Merci.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, je vous cède la

 13   parole.

 14   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 15   Interrogatoire principal par M. Russo : 

 16   Q.  [interprétation] Monsieur Anttila, pourriez-vous, je vous prie,

 17   décliner votre identité pour le compte rendu d'audience ?

 18   R.  Je m'appelle Kari Juhami Anttila.

 19   Q.  Vous souvenez-vous d'avoir donné quelques déclarations au bureau du

 20   Procureur en relation avec cette affaire ?

 21   R.  Oui.

 22   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission,

 23   je souhaiterais que l'on remette des copies papier des déclarations au

 24   témoin, s'il vous plaît.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 26   M. RUSSO : [interprétation]

 27   Q.  Monsieur Anttila, à l'examen de ces documents, pourriez-vous nous dire,

 28   s'il s'agit, bel et bien de documents ou de déclarations que vous avez

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  1   données auprès du Procureur du TPIY ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Très bien. Pour être tout à fait, votre déclaration du

  4   18 décembre 1995, il s'agit de la pièce 65 ter 4774, cette déclaration

  5   datant du 8 janvier 1996 dont le numéro 65 ter est 1052. Il s'agit

  6   également d'une déclaration du 16 octobre 1997 qui porte le numéro 65 ter

  7   4804, et la déclaration du 12 décembre 2007 dont le numéro 65 ter est le

  8   4805.

  9   Monsieur Anttila, est-ce que vous avez eu l'occasion de passer en revue

 10   toutes ces déclarations avant de vous présenter dans le prétoire ce matin ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Pouvez-vous également informer les Juges de la Chambre si l'information

 13   que vous avez trouvée dans ces déclarations sont des déclarations qui sont

 14   précises, et données du meilleur de votre connaissance ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Pourriez-vous nous dire si ces déclarations reflètent de façon précise

 17   ce que vous avez dit ?

 18   R.  Du meilleur de ma connaissance, oui.

 19   Q.  Et si je vous demandais -- si je vous posais les mêmes questions ici,

 20   aujourd'hui, est-ce que vos réponses seront les mêmes que celles que l'on

 21   retrouve dans ces déclarations ?

 22   R.  Oui.

 23   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les

 24   Juges, je propose -- je demanderais que ces documents soient versés au

 25   dossier.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, c'était 1052 ?

 27   M. RUSSO : [interprétation] Oui. Et celle du 8 janvier 1996.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Alors, commençons par le premier ou

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  1   la première déclaration. En fait, je crois qu'il faudrait commencer avec la

  2   pièce 4774, n'est-ce pas, du 18 décembre ?

  3   M. RUSSO : [interprétation] Tout à fait. Vous vous rappelez que c'est la

  4   même déclaration conjointe faite par M. Munkelien.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Celle du 18 décembre.

  6   M. KEHOE : [interprétation] C'est la pièce P60.

  7   M. RUSSO : [interprétation] Très bien. Je ne sais pas de quelle façon

  8   procéder exactement, parce qu'il s'agit d'une déclaration qui a été brochée

  9   ensemble.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Très bien. Mais je crois que le

 11   témoin nous a dit que ses déclarations avaient été données du meilleur de

 12   son souvenir et conformément à la vérité. Donc je crois qu'il n'est pas

 13   nécessaire de demander le versement de ce document au dossier de nouveau,

 14   donc, la pièce P60 qui est la déclaration du 18 décembre.

 15   Permettez-moi de vérifier quelque chose. Oui.

 16   La déclaration suivante est la pièce P1052. Y a-t-il des objections ?

 17   M. KEHOE : [interprétation] Aucune objection, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Cela vaut pour tous les conseils

 19   de la Défense. Bien.

 20   Alors, Madame la Greffière.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document portera la cote P171.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document est versé au dossier. La

 23   pièce suivante est la pièce P4804. Y a-t-il des objections ?

 24   M. KEHOE : [interprétation] C'est la déclaration du mois d'octobre 1997, du

 25   7 octobre. En fait, j'aurais une objection quant à l'admissibilité, non pas

 26   la teneur. Lorsque je dis qu'il n'y a pas d'objection, c'est quand à

 27   l'admission de ce document, et non pas quant à la teneur, bien sûr.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

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  1   Madame la Greffière, la déclaration du mois d'octobre -- du

  2   7 octobre 1997 portera quelle cote ?

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document portera la cote P172.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Je voudrais simplement corriger, pour le compte

  5   rendu d'audience, ce que j'ai dit. J'ai dit que mon objection a trait à la

  6   portée ou à la teneur. Je me suis peut-être trompé lorsque je me suis

  7   exprimé tout à l'heure à la ligne 25, page -- ligne 25 en commençant par la

  8   ligne 1.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, vous avez dit que votre objection

 10   est pour ce qui est de l'admissibilité et non pas quant à la teneur. Vous

 11   n'avez pas d'objection sur la teneur du document.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Oui, exactement, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc c'est le contraire, en fait.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Oui, effectivement.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, la pièce P172 a été

 16   versée au dossier puisqu'il n'y a pas d'objection quant à son versement.

 17   Ensuite, nous avons la pièce 4805. C'est la déclaration du 12 décembre

 18   2007. Il y a-t-il des objections ?

 19   M. KEHOE : [interprétation] Aucune objection, Monsieur le Président,

 20   Mesdames et Messieurs les Juges.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, je crois que vous parlez au nom

 22   de toutes les équipes de la Défense.

 23   Madame la Greffière, je vous écoute.

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce

 25   portera la cote P173.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. La pièce P173 est versée au

 27   dossier.

 28   Monsieur Russo, si je ne m'abuse, lorsque j'ai dit qu'il ne s'agissait pas

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  1   d'une déclaration, vous n'allez pas demander le versement au dossier de

  2   cette pièce ?

  3   M. RUSSO : [interprétation] Non, voilà. Vous ne vous êtes pas trompé.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très, merci.

  5   M. RUSSO : [interprétation] Je vous demanderais de me donner la permission

  6   de vous donner lecture d'un bref résumé de la déclaration.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci est dans le but, Monsieur le

  8   Témoin, afin que le public sache de quoi il s'agit, donc c'est un résumé de

  9   vos déclarations.

 10   Veuillez poursuivre, je vous prie.

 11   M. RUSSO : [interprétation] M. Anttila était observateur militaire des

 12   Nations Unies assigné à l'équipe Podkonje dans le secteur sud à partir du

 13   14 août jusqu'au 27 novembre 1995. M. Anttila a pris part dans l'évaluation

 14   des dégâts causés à Knin par des opérations de pilonnages, d'incendies et

 15   de pillages. Il a également fait une analyse de cratère faite par six

 16   impacts d'un lance-roquettes multiple de 128 millimètres dans la région

 17   résidentielle de Knin. M. Anttila a, de temps en temps, eu également des

 18   fonctions d'officier d'opérations pour l'équipe des MONU, des observateurs

 19   indépendants des Nations Unies, soit pour son équipe à lui ou pour l'équipe

 20   du secteur sud.

 21   De plus -- en plus de ses responsabilités en tant qu'observateur militaire

 22   des Nations Unies, M. Anttila a également pris part dans les patrouilles

 23   pour ce qui est des équipes de -- du Human Rights Action dans le secteur

 24   sud. Il a également -- avait été la personne chargée de préparer des

 25   résumés quant aux violations du droit humanitaire reporté ou observé par

 26   les observateurs indépendants des Nations Unies lors de leurs patrouilles

 27   et dans leurs rapports quotidiens. Il devait également rédiger des rapports

 28   détaillés incluant l'information qu'il a recueillie pendant les évaluations

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  1   des dégâts menés par les observateurs indépendants et leurs équipes dans le

  2   secteur sud qui tenaient compte d'un certain nombre de maisons détruites et

  3   endommagées dans plus de 400 villages de Krajina.

  4   Fin de lecture.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Veuillez poursuivre.

  6   M. RUSSO : [interprétation] Très bien.

  7   Madame la Greffière, veuillez, je vous prie, montrer la pièce P64.

  8   Q.  M. Anttila, est-ce que vous avez pris part à la rédaction de ce

  9   document ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Est-ce que vous avez également pris part à l'évaluation des dégâts sur

 12   la base de laquelle -- desquelles ce rapport a été

 13   rédigé ?

 14   R.  Oui, j'ai pris part à la rédaction de ce document ce jour-là. Il y

 15   avait également d'autres personnes qui avaient également pris part à cette

 16   évaluation, qui ont participé à l'évaluation de ces dégâts.

 17   Q.  Et qui sont ces personnes ? Est-ce que c'étaient d'autres membres des

 18   équipes des observateurs indépendants ?

 19   R.  Oui, c'est d'autres équipes de Podkonje.

 20   Q.  Pourriez-vous nous exprimer comment cette mission vous a été confiée, à

 21   savoir, de mener une évaluation des dégâts ?

 22   R.  Ce jour-là, pour ce qui me concerne, j'ai -- on m'a confié, plutôt, la

 23   mission de mener une analyse de cratères à la suite des impacts causés par

 24   des lance-roquettes dans la région, et alors que l'on s'apprêtait à

 25   exécuter notre mission, nous nous -- nous devions passer par une zone

 26   résidentielle à bord de véhicules.

 27   Q.  Pourriez-vous nous dire qui vous a confié ces tâches ?

 28   R.  C'était le SMO, l'observateur militaire le plus responsable de la

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  1   région.

  2   Q.  Est-ce que le responsable militaire supérieur vous a donné cette tâche

  3   de façon verbale ou par écrit ?

  4   R.  Dans ce cas-ci, on m'a confié cette mission oralement.

  5   Q.  Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre, brièvement, de quelle

  6   façon vous vous y êtes pris pour mener à bien votre évaluation vous-même et

  7   les membres de votre équipe d'observateurs indépendants ?

  8   R.  L'évaluation a été menée de la façon suivante : nous avons quitté le QG

  9   du secteur, nous avons pris un véhicule pour nous rendre à l'endroit précis

 10   où chacune de ces équipes se trouvait à la suite de la mission qui leur a

 11   été confiée. Ensuite, nous avons reçu pour tâche de nous rendre à -- à un

 12   endroit résidentiel pour recueillir des informations sur les impacts, mais

 13   alors que nous nous déplacions le long de la route, nous ne nous sommes pas

 14   dirigés directement vers cette zone résidentielle, mais nous avons emprunté

 15   des zones de la ville où il y avait des bâtiments résidentiels. Nous nous y

 16   sommes rendus directement, sans aucune hésitation, sans attendre quoi que

 17   ce soit, et nous sommes passés par des quartiers où nous avons pu observer

 18   certaines choses.

 19   Q.  Cette évaluation des dégâts a pris combien de temps ce jour-là ?

 20   R.  Pour ce qui me concerne et pour ce qui est des membres de l'équipe,

 21   c'était une mission que nous avons faite dans l'après-midi, donc quelques

 22   heures.

 23   Q.  Est-ce que vous savez d'autres membres de votre équipe des observateurs

 24   indépendants ont également fait des évaluations de certaines parties, s'ils

 25   étaient chargés de certains aspects de l'évaluation de ces dégâts ?

 26   R.  Je crois que dans l'après-midi, une équipe a participé à cette

 27   évaluation.

 28   Q.  Merci.

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  1   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, je vous prierais de

  2   prendre la pièce P62, s'il vous plaît -- ou de nous montrer la pièce P62.

  3   Merci, Monsieur le Président. Je demanderais que l'on procède au zoom pour

  4   ce qui est de la partie centrale. Merci. Très bien. C'est bien comme ça.

  5   Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Juges, j'aimerais demander à

  6   Mme l'Huissière de nous donner un coup de main.

  7   Q.  Monsieur Anttila, pourriez-vous, je vous prie, faire un cercle autour

  8   de l'endroit où les membres de l'équipe de Podkonje ont effectué son

  9   évaluation, ce jour-là ?

 10   R.  Moi-même et M. Munkelien, nous nous trouvions environ ici, et je crois

 11   qu'à l'époque, il y avait trois patrouilles différentes qui patrouillaient

 12   cette région-ci et cette région-ci. 

 13   Q.  A côté de chacun de ces cercles, pourriez-vous, je vous prie, inscrire

 14   la lettre PA ?

 15   M. KEHOE : [interprétation] Avec votre permission, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Pourrait-on désigner de façon différente les

 18   régions particulières ou spécifiques qu'a examiné

 19   M. Anttila ? Donc, il y a d'autres régions qui ont été patrouillées par

 20   d'autres équipes, mais pourrait-on simplement identifier les zones où le

 21   témoin et son coéquipier ont travaillé ?

 22   M. RUSSO : [interprétation] Oui.

 23   Q.  Alors, pourriez-vous, je vous prie, indiquer l'endroit où vous vous

 24   êtes trouvés, vous et M. Munkelien, avec la lettre A ? Et pour ce qui est

 25   des autres endroits, pourriez-vous, je vous prie, identifier ces autres

 26   cercles avec les lettres B, C et D ?

 27   R.  [Le témoin s'exécute]

 28   Q.  Merci.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Donc, le B n'est pas très

  2   lisible.

  3   Pourriez-vous, je vous prie, faire un B qui soit plus lisible ? Peut-on

  4   corriger ce que vous avez fait ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci.

  7   Veuillez poursuivre, Monsieur Russo.

  8   M. RUSSO : [interprétation]

  9   Q.  A l'époque de votre évaluation, quelle était votre évaluation quant aux

 10   objectifs militaires ?

 11   R.  Les seuls objectifs militaires, à ma connaissance, c'était ce que l'on

 12   appelle les casernes du nord dans cette région.

 13   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, tracer un cercle autour de cette zone dont

 14   vous nous parlez et indiquer, je vous prie, la lettre E ?

 15   R.  [Le témoin s'exécute]

 16   Q.  S'agissant des autres membres de l'équipe de Podkonje, vous ont-ils ou

 17   ont-ils estimé qu'il y avait d'autres endroits à Knin qui étaient également

 18   des objectifs militaires ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Très bien. Merci.

 21   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que cette

 22   photo soit versée au dossier, s'il vous plaît.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Aucune objection.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce

 27   portera la cote P174.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P174. Bien. Alors, cette pièce sera

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  1   versée au dossier.

  2   Veuillez poursuivre, Monsieur Russo, je vous prie.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaiterais que l'on affiche à

  4   l'écran une pièce, la pièce P62 à l'écran, un autre exemplaire de ce

  5   document. Je souhaiterais de nouveau que l'on se concentre sur la même

  6   région. De nouveau, je demanderais à

  7   Mme l'Huissière de ne venir en aide.

  8   Q.  Monsieur, vous avez indiqué que vous avez fait une évaluation de

  9   cratère ce même jour. Pourriez-vous nous montrer à l'aide d'un cercle

 10   l'endroit où vous-même et M. Munkelien avez fait cette évaluation de

 11   cratère ?

 12   R.  [Le témoin s'exécute]

 13   Q.  Merci.

 14   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que cette

 15   pièce soit versée au dossier en tant que pièce séparée.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

 17   M. KEHOE : [interprétation] Même objection, Monsieur le Président, du point

 18   de vue -- pour la précision est-ce que c'est différent de ce que nous avons

 19   vu tout à l'heure ? Le témoin nous a indiqué tout à l'heure avec la lettre

 20   A le même endroit. Donc, je ne vois pas l'utilité de verser au dossier ce

 21   document-ci.

 22   M. RUSSO : [interprétation]

 23   Q.  Est-ce que c'est bien la même zone ?

 24   R.  Oui.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si le témoin nous dit que c'est

 26   exactement la même zone, est-ce que c'est exactement, effectivement la même

 27   chose ? Nous parlons d'un cratère qui a la taille d'un mètre à deux mètres,

 28   et nous avons quelques rues ici englobées par ce cercle. Et donc, cette

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  1   pièce n'ajouterais en rien à la précision du document qui a déjà été versé

  2   au dossier tout à l'heure, car le témoin avait indiqué avec la lettre A la

  3   zone qui a fait l'objet de son évaluation. Donc, je crois qu'il n'est pas

  4   utile de verser au dossier ce document.

  5   Monsieur Russo, qu'en dites-vous ?

  6   M. RUSSO : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous retirez votre demande ?

  8   M. RUSSO : [interprétation] Oui, tout à fait. Nous n'avons plus besoin de

  9   Mme l'Huissière. Merci.

 10   Q.  Monsieur Anttila, je souhaiterais seulement confirmer quelque chose

 11   avec vous tel que l'a indiqué le Président de cette Chambre. La région que

 12   vous avez indiquée avec la lettre A, dans la pièce précédente ceci

 13   correspond à la zone où vous avez mené votre analyse de cratère, n'est-ce

 14   pas ?

 15   R.  Oui, tout à fait.

 16   Q.  Maintenant, pour revenir à l'évaluation initiale, y a-t-il eu de

 17   registres de fait ou autres analyses de cratère lors de cette évaluation ?

 18   Est-ce qu'on a tenu compte de l'endroit exact de tous les impacts qui ont

 19   été trouvés ce jour-là en date du 17 août 1995 ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Et à qui l'équipe de Podkonje a envoyé un rapport quant à l'évaluation

 22   initiale cet après-midi là ?

 23   R.  Nous avons envoyé un rapport contenant toutes les conclusions

 24   directement au SMO.

 25   Q.  Est-ce que c'était fait lors d'une réunion ? Est-ce que c'était un

 26   rapport ?

 27   R.  Oui, c'était une session de briefing après le retour de patrouilles,

 28   des SMO.

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  1   Q.  Et de quelle façon est-ce que vous avez indiqué à ces derniers la zone

  2   précise où vous avez trouvé les dégâts ?

  3   R.  Ceci avait été fait en leur montrant sur la carte les endroits dans la

  4   pièce. Donc, nous avons physiquement montré les endroits sur la pièce.

  5   Q.  Excusez-moi. Mais y avait-il une carte dans un bureau, ou comment

  6   était-ce ?

  7   R.  Oui. Voilà. C'était le centre des Opérations des observateurs

  8   indépendants des Nations Unies, le QG du secteur sud, il y avait, bien sûr,

  9   une carte de la région accrochée au mur, et nous avons indiqué les endroits

 10   qui avaient fait l'objet de ces impacts sur la carte, également.

 11   Q.  Est-ce que vous avez fait ceci en montrant simplement les endroits ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  S'agissant de cet après-midi là de votre patrouille à Knin, est-ce que

 14   les observateurs indépendants ont recueillis des dégâts qui avaient été

 15   faits aux objectifs militaires en tant que tel ?

 16   R.  Nous ne pouvions pas entrer dans les casernes du nord, donc, nous

 17   n'avons pas pu évaluer les dégâts causés à l'intérieur des bâtiments, dans

 18   les bâtiments mêmes.

 19   Q.  Très bien.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Je demanderais que Mme la Greffière nous montre

 21   la pièce P64, l'afficher à l'écran. Je demande maintenant l'affichage de la

 22   deuxième page de ce document, paragraphe 7.

 23   Q.  Monsieur Anttila, à la lecture du paragraphe 7, voyez-vous l'endroit où

 24   nous lisons, je cite : "L'étude continue à donner une image plus précise et

 25   à permettre une meilleure appréciation. Un rapport détaillé suivra dans une

 26   semaine."

 27   A votre connaissance, y a-t-il eu un rapport détaillé une semaine plus tard

 28   ?

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  1   R.  Non.

  2   Q.  Vous renvoyant à votre déclaration écrite du 8 janvier 1996, je vous

  3   rappelle que vous avez indiqué avoir découvert d'autres endroits où des

  4   endroits avaient atterri et avoir dit qu'il manifeste suite aux

  5   observations ultérieures que ces pilonnages ne se concentraient pas sur des

  6   cibles militaires --

  7   M. KEHOE : [interprétation] Objection. Question directrice, Monsieur le

  8   Président.

  9   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je dirige simplement le

 10   témoin vers la partie de sa déclaration écrite qui comporte ces

 11   renseignements.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas, il faudrait que vous

 13   indiquiez quel est le paragraphe concerné.

 14   M. RUSSO : [interprétation] Il s'agit du paragraphe 3 dans la déclaration

 15   du 8 janvier 1996 de ce témoin qui, désormais, constitue la pièce à

 16   conviction P171.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez demander au témoin de prendre

 18   connaissance en silence du contenu des premiers paragraphes du texte puis

 19   posez-lui les questions qui vous intéressent.

 20   M. RUSSO : [interprétation]

 21   Q.  M. Anttila, j'aimerais vous renvoyer au paragraphe 3 de votre

 22   déclaration écrite du 8 janvier 1996.

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Dans la première phrase de cette déclaration, nous trouvons mention du

 25   fait qu'il est possible de découvrir d'autres lieux où -- où des obus de

 26   canons et de mortiers ainsi que des roquettes ont atterri. Est-ce que cela

 27   signifie que vous avez découvert des -- des dégâts plus importants que ceux

 28   dont il était rendu compte au départ dans l'appréciation provisoire ?

Page 2521

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre si certains de ces dégâts

  3   affectaient des secteurs qui avaient été examinés par l'équipe Podkonje le

  4   17 août ?

  5   R.  Absolument, c'est certain.

  6   Q.  Et des dégâts ont-ils été découverts qui n'étaient pas proches de

  7   quelque cible militaire que ce soit ?

  8   R.  Les constatations faites ont permis de découvrir des secteurs que j'ai

  9   déjà désignés. Ceci a été le fruit du travail réalisé pendant ce que

 10   j'appellerais l'appréciation provisoire, l'évaluation provisoire, et puis,

 11   plus tard, une fois que les débris et tous les autres objets ont été

 12   retirés du terrain, on a découvert des impacts d'obus plus tard.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, vous êtes conscient que

 14   votre question implique une définition qui serait connue de tous quant à

 15   l'expression "cible militaire," où qu'elle se trouve.

 16   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président --

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, je suppose que vous en restez à ce

 18   qu'a dit le témoin précédemment, la caserne du nord ou --

 19   M. RUSSO : [interprétation] J'aimerais demander une précision sur ce point

 20   au témoin dans un instant.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en prie.

 22   M. RUSSO : [interprétation]

 23   Q.  Si vous vous penchez sur votre déclaration écrite du

 24   8 janvier 1996, toujours au paragraphe 3, M. Anttila, le passage qui se lit

 25   comme suit, je cite : "Des cratères pouvaient -- ont pu être découverts

 26   dans des zones qui étaient manifestement des zones résidentielles et aussi

 27   au cours de la première évaluation dans des usines, et cetera, qui étaient

 28   considérées comme des objectifs militaires. Ceci ne -- n'a pu être confirmé

Page 2522

  1   par la suite." Donc, au départ, vous indiquez que la seule cible militaire

  2   qui pouvait être prise en compte à cette époque-là était la caserne du

  3   nord.

  4   R.  Hm-hm.

  5   Q.  Ce qui permet de penser à des usines, et cetera. Pourriez-vous me dire

  6   où, dans d'autres bâtiments que la caserne du nord, on pouvait parler

  7   d'objectifs militaires aux fins de votre évaluation provisoire ?

  8   R.  D'accord. N'ayant passé que quelques jours dans la région, tout n'était

  9   pas clair à nos yeux lorsque nous avons réalisé notre appréciation

 10   provisoire. Plus tard, les quelques installations industrielles qui se

 11   trouvaient dans la zone du centre-ville de Knin ont été mentionnées de

 12   temps en temps comme étant des installations militaires ou, pour être plus

 13   précis, par la suite, nous avons discuté quant à la définition exacte d'une

 14   cible militaire et ce qui importe c'est que le cratère dont je parle,

 15   s'agissant de l'analyse de cratères réalisée le 17 août, et au moment où le

 16   rapport a été rédigé à ce sujet, l'objectif militaire le plus proche était

 17   la caserne du nord. Quant aux objectifs militaires qui ont pu être

 18   découverts par la suite, ils n'étaient pas plus proches que la caserne du

 19   nord du secteur où les obus ont atterri.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, je demanderais l'affichage

 21   de la photographie aérienne qui constitue la pièce P62, à présent.

 22   Q.  M. Anttila, si vous vous penchez une nouvelle fois sur cette

 23   photographie aérienne de Knin - et je vous rappelle que vous avez déjà

 24   indiqué et désigné l'emplacement de la caserne du nord - donc, à présent,

 25   j'aimerais que vous nous désigniez l'emplacement des usines, et cetera,

 26   auxquelles vous faites référence dans votre déclaration écrite du 8 janvier

 27   1996.

 28   R.  [Le témoin s'exécute]

Page 2523

  1   Q.  Y avait-il d'autres bâtiments parce que vous venez de parler de

  2   discussions avec les autres membres de votre équipe ? Donc, y avait-il

  3   d'autres bâtiments dont ils estimaient qu'il s'agissait de cibles

  4   militaires ?

  5   R.  Oui. Donc, l'endroit se trouve ici.

  6   Q.  Donc, c'est deux installations plus la caserne du nord. Mais y avait-il

  7   d'autres installations considérées par l'équipe des observateurs militaires

  8   des Nations Unies chargée du secteur de Podkonje qui pouvaient être

  9   considérées comme des cibles militaires ?

 10   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi. Objection, Monsieur le Président.

 11   Je -- je lève une objection par rapport au commentaire concernant l'équipe

 12   de -- le fait que l'équipe de Podkonje pensait qu'il s'agissait de cibles

 13   militaires parce que, comme on le voit dans l'évaluation provisoire, il a

 14   été écrit par le SMO, donc, par le chef, quelque d'un peu différent. Si le

 15   témoin souhaite parler de ce qu'il considérait être des cibles militaires,

 16   c'est tout à fait autre chose.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'est ainsi que j'ai compris le

 18   contenu de votre déposition. Lorsque vous parliez de cibles militaires, en

 19   fait, le témoin a expliqué qu'il a discuté avec ses collègues de ce qui

 20   pouvait être considéré comme une cible militaire. Ça c'est tout à fait

 21   clair aux yeux de la Chambre.

 22   Veuillez procéder.

 23   M. RUSSO : [interprétation] Je vous remercie. Je demanderais que cette

 24   pièce à conviction soit enregistrée en tant que pièce distincte.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Donc je vérifie. La première

 26   annotation figurant sur cette photographie aérienne concerne les usines,

 27   n'est-ce pas ? Je vous demanderais d'inscrire la lettre F à côté du premier

 28   cercle que vous avez inscrit et puis d'inscrire la lettre M à côté du

Page 2524

  1   deuxième cercle.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Au sujet de cette zone industrielle, d'accord.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, vous la considériez comme

  4   éventuellement --

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, mais nous n'avons pas parlé de cela.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et vous en avez parlé de cette zone

  7   comme étant une cible militaire éventuelle.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons discuté pour déterminer s'il

  9   s'agissait oui ou non d'une cible militaire.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, c'est bien compris.

 11   Bien. Donc, vous demandez le versement de ce document au dossier.

 12   M. RUSSO : [interprétation] Oui, je vous en prie, Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

 15   pièce P175.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P175 est admise en tant que

 17   pièce à conviction.

 18   M. RUSSO : [interprétation] Je vous remercie, Madame l'Huissière. Je crois

 19   que nous en avons terminé avec ce document.

 20   Q.  M. Anttila, en dehors des endroits que vous avez désignés sur cette --

 21   sur cette photographie et sur la photographie précédent comme étant des

 22   cibles militaires lors de vos patrouilles ultérieures dans -- dans la

 23   région de Knin, avez-vous découvert des impacts d'obus dans des zones qui

 24   n'étaient pas proches de ces secteurs ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre si vous avez découvert plus de

 27   cinq impacts dans les secteurs qui n'étaient proches d'aucune cible

 28   militaire que vous avez indiquée ?

Page 2525

  1   R.  En effet, oui.

  2   Q.  Quel était l'observateur le plus ancien qui a pris conscience de ce

  3   fait, à savoir qu'il y avait des dégâts -- d'autres dégâts dans des

  4   secteurs qui n'étaient pas proches de cibles militaires ?

  5   R.  Oui, c'était lui.

  6   Q.  Est-ce que le chef des observateurs militaires s'est rendu compte que

  7   vous aviez découvert des dégâts -- supplémentaires dans des secteurs qui

  8   n'étaient pas proches de cibles militaires ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Est-ce qu'il y a eu des discussions, à quelque moment que ce soit, au

 11   sein de votre équipe eu égard à l'exactitude de l'appréciation provisoire ?

 12   R.  Oui, il y en a eues devant lui et également lorsqu'il n'était pas

 13   présent, il y a eu de telles discussions.

 14   Q.  A votre connaissance, est-ce que le chef des observateurs militaires a

 15   jamais établi un rapport de suivi indiquant que le rapport qui -- qui

 16   contenait l'appréciation provisoire a ensuite été défini comme n'étant pas

 17   exact ?

 18   R.  S'agissant de dire que le -- l'appréciation provisoire n'était pas

 19   exacte ou quoi que ce soit de ce genre, ce n'est pas ce que je dirais au

 20   sujet de ce rapport, mais ce qui est un fait, c'est que sur la base de --

 21   des premières constations que nous avions été chargés de réaliser dans le

 22   secteur de -- de l'étude du secteur complet, nous avons inscrit ce que nous

 23   avons inscrit dans les rapports qui ont été considérés comme des éléments

 24   de preuve par la suite.

 25   Q.  Et outre ce que vous venez de dire --

 26   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, pourriez-vous, je vous

 27   prie, afficher la pièce P63 ?

 28   Q.  M. Anttila, penchez-vous, je vous prie, sur la pièce P63, et je vous

Page 2526

  1   demande si c'est bien à ceci que vous venez de faire référence.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous rappelez-vous à quel moment exactement ce document a été établi ?

  4   Vous a-t-il été remis avant que vous ne réalisiez votre appréciation

  5   provisoire ou quelques temps plus tard ?

  6   R.  On peut lire la date en haut du document, ce qui exclut la possibilité

  7   qu'il ait été envoyé avant la réalisation de l'analyse de cratères. Donc,

  8   ce document a été établi le même jour que l'analyse de cratères, mais après

  9   que les équipes chargées de l'appréciation provisoire soient parties sur le

 10   terrain. On peut donc parler d'actes simultanés qui a été décidé par le

 11   chef des observateurs militaires car d'autres équipes ont été envoyées sur

 12   la zone de responsabilité et, à ce moment-là, les gens de Knin étaient déjà

 13   en train de réaliser l'étude dont ils avaient été chargés.

 14   Q.  Vous rappelez-vous à quel moment le premier rapport a été établi en

 15   exécution des consignes données ?

 16   R.  Les premiers rapports en exécution de cet ordre ont été établis deux ou

 17   trois jours après réception de l'ordre. Donc, l'appréciation provisoire n'a

 18   pas été effectuée sur la base de cet ordre.

 19   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, j'aimerais que l'on

 20   affiche la pièce P98.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, j'aimerais demander au -

 22   - avant cela une -- poser, avant cela, une question de précision au témoin.

 23   Monsieur Anttila.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui ?

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez dit, un peu plus tôt, que le

 26   secteur où vous aviez découvert des impacts d'obus n'était pas plus proche

 27   de l'un quelconque des objectifs militaires potentiels que vous avez

 28   identifiés plus tard que de la caserne du nord.

Page 2527

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Hm-hm.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, j'ai de grandes difficultés à

  3   comprendre ceci par rapport aux dernières annotations que vous avez faites

  4   sur la photographie aérienne, et je ne parle pas de l'annotation

  5   correspondant à la lettre F, mais de l'annotation correspondant à la lettre

  6   M.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] L'annotation.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Que je compare avec le secteur où vous

  9   avez découvert les impacts d'obus car il me semble que, si cet endroit

 10   n'est pas plus proche, il est -- il n'est en tout cas pas plus éloigné de

 11   la caserne du nord.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce qui est un fait --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Par conséquent, j'ai de grandes

 14   difficultés à concilier ces deux éléments de votre déposition.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi aussi, j'ai ce problème car nous avons

 16   discuté quant au fait que ce secteur était peut-être une cible militaire.

 17   Je n'avais pas été sur les lieux avant l'opération Tempête et, d'après ce

 18   que je savais à ce moment-là, ce secteur, celui qui correspond à la lettre

 19   M sur la photographie, n'était en aucun cas une cible militaire pendant la

 20   période que j'ai passée sur place.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation]  Oui.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Et oui, d'accord. Comme je l'ai dit, nous

 23   avons eu des discussions sur ce point --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] -- et --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maintenant, je comprends. Ces objectifs

 27   dont vous avez discuté comme étant d'éventuels objectifs militaires ne --

 28   n'étaient pas inclus dans votre réponse lorsque vous avez dit qu'ils

Page 2528

  1   n'étaient pas plus proches de la caserne du nord.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

  4   M. RUSSO : [interprétation]

  5   Q.  M. Anttila, reconnaissez-vous cette pièce P98.

  6   R.  Oui, je la reconnais.

  7   Q.  Ce rapport a-t-il été établi suite aux consignes que vous aviez sous

  8   les yeux à l'instant sur l'écran ?

  9   R.  Oui. C'est ce qui en est résulté.

 10   Q.  Veuillez dire aux Juges de la Chambre qui a établi ce rapport ?

 11   R.  C'est moi qui suis à l'origine de ce rapport. J'ai mis par écrit les

 12   numéros, les colonnes, les lignes, mais les renseignements venaient --

 13   provenaient des différentes équipes d'observateurs militaires des Nations

 14   Unies qui se trouvaient dans le secteur.

 15   Q.  D'accord. Avant de parler de la base de ce rapport et des

 16   -- de l'origine des renseignements qui vous ont été communiqués, j'aimerais

 17   d'abord que nous nous concentrions sur l'importance des dégâts dont il a

 18   été rendu compte au sujet de Knin.

 19   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, je vous demanderais de

 20   passer à la troisième page de ce document. Ce qui m'intéresse, ce sont les

 21   trois premières entrées où on voit la mention "Podkonje" sur la gauche.

 22   Peut-on peut-être faire monter cela un peu à l'écran de façon à voir les

 23   chiffres. Encore un peu, je vous prie, encore un peu. Je crois qu'il va

 24   falloir monter le texte pas mal de façon à pouvoir lire à la fois le nom

 25   des endroits et les numéros.

 26   Q.  Alors, M. Anttila, veuillez suivre avec moi, je vous prie. Il est

 27   indiqué ici que, dans le nord-est de Knin, 41 maisons ont été totalement

 28   démolies, 261 maisons partiellement endommagées et que, dans la partie

Page 2529

  1   nord-ouest de Knin, six maisons ont été totalement démolies et 94

  2   partiellement endommagées. Et puis, pour le sud-ouest de Knin, nous voyons

  3   22 maisons totalement détruites et 236 partiellement endommagées.

  4   J'espère que je lis bien ce qui est écrit ici -- je suis sûr que les

  5   Juges de la Chambre me diront que je me trompe si au total, et je me

  6   permettrais de faire ce calcul moi-même, si mon calcul n'est pas exact.

  7   Mais, en tout cas, au total, cela fait n'est-ce pas, 69 maisons totalement

  8   détruites et 591 partiellement endommagées ?

  9   R.  Hm-hm.

 10   Q.  Ce qui donne un total de 660 maisons totalement et partiellement

 11   endommagées.

 12   Alors, sur ces 660 maisons, pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre quel

 13   est le pourcentage approximatif de maisons qui ont été endommagées par des

 14   obus selon les observations faites par vous ?

 15   R.  Il est très difficile pour moi de le dire. Peut-être parlerais-je d'un

 16   pourcentage de 40% de maisons qui ont été endommagées en raison de

 17   pilonnage.

 18   Q.  Je vous remercie. Revenons maintenant à ce rapport suite à l'examen des

 19   dégâts et parlons de ce qui a permis de fonder ce rapport. Pourriez-vous

 20   expliquer aux Juges de la Chambre d'où provenaient les données que vous

 21   avez consignées par écrit dans le tableau que nous avons sous les yeux ?

 22   R.  Ces renseignements -- tous ces renseignements provenaient des diverses

 23   équipes d'observateurs militaires des Nations Unies qui patrouillaient dans

 24   la zone de responsabilité afin d'étudier l'étendue des dégâts dans le

 25   secteur. Dans certaines zones, où les observateurs militaires des Nations

 26   Unies se sont trouvés du côté croate avant l'opération Tempête, on constate

 27   que les dégâts dont il est rendu compte sont qualifiés de dégâts provoqués

 28   durant une guerre ou durant des combats, à savoir, pendant la période ou ce

Page 2530

  1   qu'il est convenu d'appeler la zone de la Krajina a été créé. Quant aux

  2   restes, ils correspondent à des renseignements qui ont été envoyés par les

  3   équipes travaillant sur la base de l'ordre d'examiner et d'étudier la

  4   région.

  5   Q.  Je vous remercie. Comment ces équipes des observateurs militaires des

  6   Nations Unies transmettaient-ils exactement ces renseignements à votre

  7   intention ?

  8   R.  Ces renseignements étaient transmis lorsque -- pour l'essentiel, le but

  9   c'était que je reçoive ces renseignements quotidiennement dans les rapports

 10   de situation quotidiens. Donc, des séries de renseignements particuliers

 11   étaient fournies par les chefs d'équipe lorsqu'ils venaient participer aux

 12   réunions ou rencontres de même nature lorsqu'ils arrivaient donc au

 13   quartier général, et ces chiffres -- ces données n'étaient jamais

 14   communiquées ou transmises par moyen électronique. Il s'agissait de

 15   renseignements qui étaient transportés physiquement jusqu'au quartier

 16   général, c'est-à-dire des chiffres inscrits sur des feuilles de papiers qui

 17   étaient transportées physiquement par quelqu'un.

 18   Q.  Je vous remercie. Pour que tout soit clair, est-ce que les

 19   renseignements que l'on trouve consignées par écrit ici, je ne sais pas si

 20   c'est vous qui êtes l'auteur de ce rapport, mais, en tout cas, ne

 21   provenait-il ces renseignements que des rapports de situation établis par

 22   les observateurs militaires des Nations Unies ?

 23   R.  Non, les rapports de situation des observateurs militaires des Nations

 24   Unies n'étaient pas la seule source. Comme je l'ai dit, il s'agissait de

 25   chiffres, de feuilles de papier livrées de la main ou y compris par

 26   d'autres moyens, c'est-à-dire sur disquette et des choses comme ça qui

 27   étaient donc apportées jusqu'au quartier général et compilée ensuite par

 28   mes soins.

Page 2531

  1   Q.  Je vous remercie.

  2   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, j'aimerais que nous voyons

  3   maintenant sur les écrans la pièce P65.

  4   Q.  Monsieur Anttila, penchez-vous, je vous prie, sur la pièce P65. Pouvez-

  5   vous dire aux Juges de la Chambre si oui ou non certaines des équipes des

  6   observateurs militaires des Nations Unies utilisaient un formulaire tel que

  7   celui-ci pour vous communiquer leurs informations chiffrées ?

  8   R.  Ceci est un formulaire qui correspondait à la nécessité de transmettre

  9   les informations au quartier général au sujet des diverses zones examinées,

 10   zones dans lesquelles une appréciation des dégâts était effectuée. Et ce

 11   rapport particulier en est un exemple.

 12   Q.  Est-ce que les équipes d'observateurs militaires des Nations Unies

 13   utilisaient de temps en temps d'autres moyens pour communiquer leurs

 14   renseignements, d'autres formes de rapport ou de feuilles synthétisant les

 15   renseignements chiffrés ?

 16   R.  En général, oui, ils utilisaient divers moyens de communiquer ce type

 17   de renseignements, par exemple, si on compare ces autres moyens au rapport

 18   que nous avons sous les yeux ici, dans le rapport de situation, il serait

 19   écrit que la rangée A de tel et tel village ou la rangée B correspondait à

 20   tel autre village et les rangées sont des cotes sur une grille sur un

 21   quadrillage d'une carte géographique. Donc, même si le format du document

 22   était différent, les renseignements correspondaient à ce qui était écrit

 23   dans les rapports de situation.

 24   Q.  Mais si vous vous penchez sur ce formulaire bien précis, c'est vous qui

 25   l'avez remis au bureau du Procureur, n'est-ce pas ?

 26   R.  Ce document a été remis par le quartier général des observateurs

 27   militaires des Nations Unies chargés du secteur sud à ces équipes.

 28   Q.  Je veux dire, c'est vous qui l'avez remis à notre bureau, n'est-ce pas

Page 2532

  1   ?

  2   R.  C'est exact, en effet.

  3   Q.  S'agissant des renseignements que l'on trouve sur ce formulaire,

  4   pouvez-vous expliquer pourquoi certains des villages mentionnés en haut au

  5   niveau de la rubrique : "Commentaire" dans la première rangée, pouvez-vous

  6   expliquer pourquoi certains de ces villages n'apparaissent pas dans le

  7   rapport qui a été établi suite à l'étude dont nous avons parlé précédemment

  8   ?

  9   R.  D'accord. Nous nous sommes concentrés sur la zone générale de Plavno

 10   qui est visible sur la carte, et puis il y a différents villages qui se

 11   trouvent dans ce secteur comme Jovici, Stojakovici, et cetera, qui plus

 12   tard ont été concerné dans une zone particulière par cette étude. Une

 13   équipe a été chargée d'apprécier et de définir quels étaient exactement les

 14   hameaux correspondant à ces dénominations.

 15   Q.  Est-ce que vous êtes en train d'indiquer que certains des noms de

 16   hameaux qui apparaissent --

 17   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, objection,

 18   question directrice.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe -- plutôt, non, Monsieur

 20   Russo, est-ce que vous pourriez vous abstenir de questions directrices, si

 21   cela est possible ? Je ne saurais dire dans quelle mesure vous avez déjà

 22   guidé le témoin dans ses réponses, mais si vous reformuliez cette question

 23   de façon à la rendre moins directrice, ce serait une bonne chose. Veuillez

 24   procéder.

 25   M. RUSSO : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 26   Q.  Pourriez-vous expliquer ? Quand vous avez dit il y a une seconde

 27   comment les secteurs étaient choisis avant l'établissement de votre

 28   rapport, je ne suis pas sûr d'avoir bien compris.

Page 2533

  1   R.  D'accord, d'accord. Donc, dans ce rapport particulier, il est indiqué -

  2   il est fait mention d'un village correspondant au nom de Plavno. Et Plavno

  3   c'est un secteur qui regroupait plusieurs îlots de bâtiments dont il est

  4   question dans la colonne "commentaire", lorsque nous lisons, je cite : "Y

  5   compris Jovici," et cetera. Donc, Plavno c'était un secteur général, un

  6   secteur plus vaste et ici figurent des renseignements correspondant aux

  7   hameaux de Jovici, Balinac, Torbica, Grmace, Stojakovici, et cetera, et il

  8   est indiqué que certains autres hameaux n'ont pas été visités, c'est

  9   pourquoi les noms sont cités de ceux qui l'ont été.

 10   Donc, comme c'était le cas avec la grille topographique et comme la grille

 11   était un peu assez large, c'était une façon pour les observateurs à

 12   l'époque de garder en mémoire les lieux exacts où ils s'étaient rendus et

 13   ceux où ils ne s'étaient pas rendus.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous poserais moi-même une question.

 15   Lorsque vous dites "et cetera," cela permettrait de penser à d'autres

 16   endroits --

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans ce cas particulier, les hameaux

 18   mentionnés dans cette pièce à conviction sont les hameaux que nous avons

 19   visités, mais il pouvait exister d'autres hameaux dans le secteur plus

 20   vaste de Plavno qui n'avaient pas reçu la visite de nos patrouilles.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais vous ne saviez pas quels

 22   étaient ces autres hameaux?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous ne le savions pas.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Veuillez poursuivre.

 25   M. RUSSO : [interprétation]

 26   Q.  Et si nous reprenons le rapport en tant que tel, le tableau que nous

 27   avons examiné il y a un instant, combien de versions de ce rapport ont-

 28   elles été établies ?

Page 2534

  1   R.  Le rapport a été actualisé. Il a d'abord été établi initialement, puis

  2   il a été actualisé au quotidien. Des rapports officiels ont été inclus dans

  3   les archives des Nations Unies, et je pense qu'il existe trois versions de

  4   ce rapport.

  5   Q.  Les versions ultérieures étaient, à votre avis, plus précises que les

  6   versions antérieures ?

  7   R.  C'est le but du travail. Au fur et à mesure que l'on accumule les

  8   renseignements deviennent plus précis du point de vue du nombre de villages

  9   visités qui croient et du nombre de secteurs couverts, et cetera.

 10   Q.  A votre connaissance, est-ce que les équipes des observateurs

 11   militaires dans Nations Unies sont parfois retournées dans un village

 12   qu'ils avaient déjà examiné une première fois pour vérifier une deuxième

 13   fois ce qui s'est passé ?

 14   R.  Oui, en effet.

 15   Q.  D'accord. Est-ce que vous avez demandé à l'une ou l'autre de ces

 16   équipes de retourner sur les lieux, parfois pour préciser des

 17   renseignements qui vous avaient déjà été fournis par leurs soins ?

 18   R.  Les renseignements étaient sans cesse actualisés de sorte que suite à

 19   la première visite d'une équipe dans un secteur déterminé, un premier

 20   rapport était établi, et plus tard lorsque l'équipe retournait dans le même

 21   secteur, elle vérifiait les renseignements initiaux, donc les

 22   renseignements fournis la première fois. Et s'il y avait des modifications

 23   à apporter, celles-ci étaient consignées par écrit et apparaissaient dans

 24   le rapport définitif qui était synthétisé par mes soins.

 25   Q.  Mais prenons le formulaire qui permet de transmettre les renseignements

 26   chiffrés. Quand on reçoit un formulaire de ce genre, on voit que plusieurs

 27   villages y sont mentionnés ou plusieurs hameaux dans un secteur plus vaste,

 28   et puis on voit le mot "et cetera," est-ce que ce mot "et cetera"

Page 2535

  1   représente un niveau de précision qui vous satisfaisait ?

  2   R.  Non. Il s'agit ici d'un rapport préliminaire et dans ce cas

  3   particulier, je me souviens que l'équipe avait reçu l'ordre d'être plus

  4   précise dans les mentions qu'elle transmettait au sujet des hameaux inclus

  5   dans le rapport, plus précise que et cetera. Donc, plus tard, dans la

  6   version définitive, vous verrez un certain nombre de noms qui apparaissent.

  7   Q.  Je vous remercie.

  8   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière, je demanderais l'affichage

  9   du document 65 ter numéro 1587. J'aimerais que nous montre la page 2 de ce

 10   rapport.

 11   Q.  Monsieur Anttila, lorsqu'on se penche sur ce document, la date, si je

 12   vois bien, est celle du 4 novembre 1995. Veuillez indiquer aux Juges de la

 13   Chambre si c'est le rapport final que vous avez rédigé ?

 14   R.  Oui. C'est la toute dernière des versions qui a été portée vers les

 15   effectifs des Nations Unies en guise de rapport.

 16   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que ce

 17   document soit versé au dossier, ce 1587.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Pas d'objection.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera la pièce

 21   P176.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le P176 est donc versé au dossier.

 23   Veuillez continuer.

 24   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Madame la Greffière, peut-on nous montrer maintenant la pièce P68, s'il

 26   vous plaît ?

 27   Q.  Monsieur Anttila, une fois que vous vous serez penché sur ce document,

 28   dites-nous si vous le reconnaissez ?

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  1   R.  Oui, je le reconnais.

  2   Q.  Pouvez-vous nous dire aux Juges de la Chambre qui est l'auteur de ce

  3   document, je vous prie ?

  4   R.  Ce document a été rédigé par moi-même partant des rapports de

  5   situations, journaliers, en provenance des équipes et à destination du QG

  6   du secteur sud des MONU.

  7   Q.  Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre, pourquoi dans ce

  8   résumé-là il n'est pas repris la totalité des informations au sujet des

  9   maisons incendiées qu'on a vues tout à l'heure dans le document à l'instant

 10   ?

 11   R.  Comme je l'ai dit, ça se base sur des rapports de situations au

 12   quotidien. Ces informations sont compilées partant d'informations qui ont

 13   été recueillies par des équipes d'observateurs militaires des Nations Unies

 14   qui étaient en train de patrouiller. Alors, s'il y avait dans ce secteur-là

 15   une maison en flamme, peut-être ces observateurs militaires des Nations

 16   Unies n'ont-ils pas été sur place au moment même et c'est la raison pour

 17   laquelle dans cette compilation de rapports de situations il n'est pas

 18   repris la totalité du chiffre de maisons qui ont été incendiées, par

 19   exemple, celles qui figurent sur la liste que vous avez vue, celles où les

 20   équipes ont procédé à la vérification des secteurs où tous ces événements

 21   ont pris place.

 22   Q.  Vous avez dit que les informations qui se trouvent là sont tirées des

 23   rapports de situations des observateurs militaires des Nations Unies ou

 24   plutôt des équipes. Alors, de quel niveau de rapport de situation sommes-

 25   nous en train de parler ? Pouvez-vous l'indiquer aux Juges de la Chambre ?

 26   R.  Certes. Tout d'abord, les équipes informaient le QG des OMNU du secteur

 27   sud. Ensuite, le secteur sud, lui, présentait un rapport au sujet des

 28   événements importants et de ses constatations à l'attention du QG des MONU

Page 2537

  1   à Zagreb. Cela signifie que les informations provenant de ces équipes n'ont

  2   pas été incluses dans tous les rapports de situations, qui eux étaient

  3   destinés à Zagreb. On y apportait que ceux que l'on estimait être

  4   importants à tel jour, telle heure. Il y a donc une grande quantité de

  5   renseignements en provenance des équipes qui n'ont pas fait l'objet de

  6   rapport au final -- ou plutôt, je me corrige, qui n'ont pas été envoyés

  7   sous forme de rapport au commandement, au QG des observateurs militaires

  8   des Nations Unies à Zagreb. Dans de telles situations, on considérait qu'il

  9   s'agissait d'information de nature générale, et dans les rapports quand on

 10   parle de paragraphe qui parle de pillage ou de mise à feu.

 11   Q.  Pourrez-vous indiquer aux Juges de la Chambre de quel rapport de

 12   situation vous preniez les informations pour rédiger ce résumé ? Est-ce que

 13   cela venait du niveau des équipes sur place et de leur rapport de situation

 14   ou cela venait-il du niveau du QG de

 15   Zagreb ?

 16   R.  Oui, cette compilation, je dirais, venait des rapports de situations au

 17   quotidien entre les dates du 7 août et du 4 septembre. Ces rapports de

 18   situations venaient des équipes du QG du secteur sud. Et là, on reprend les

 19   informations qui ont été portées aux rapports de situations allant à

 20   Zagreb. Donc tout ce qui allait vers Zagreb a été filtré, et cette

 21   information ne constitue donc pas une compilation de la totalité de ce qui

 22   se trouvait dans les rapports de situations au départ. Donc, on a pris en

 23   considération que les éléments que l'on estimait de voir être inclus dans

 24   ce type de rapport.

 25   Q.  Merci.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, afin que je puisse mieux

 27   comprendre. Dans la toute dernière des réponses apportées, vous avez dit

 28   que ces renseignements n'ont pas constitué une compilation de la totalité

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  1   de tout ce qui se trouvait dans le rapport de situation. Alors, quand vous

  2   dites "ces informations," est-ce que vous parlez d'informations qui ont été

  3   envoyées vers le commandement à Zagreb, ou est-ce que vous êtes en train de

  4   parler des informations qui, elles, se trouvaient dans le rapport ou le

  5   résumé relatif aux violations des droits de l'homme ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai voulu dire que ce rapport ne contenait

  7   pas la totalité des informations que les équipes envoyaient vers le

  8   commandement des observateurs militaires des Nations Unies du secteur sud.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Veuillez continuer.

 10   M. RUSSO : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 11   Q.  Monsieur Anttila, est-ce que c'est vous qui avez préparé ce type de

 12   rapport et d'autres rapports au sujet des violations des droits de l'homme

 13   ?

 14   R.  Oui, d'autres types --

 15   Q.  Non, peut-être --

 16   R.  Je n'ai pas bien saisi ce que vous voulez demander.

 17   Q.  Ce que j'essaie de savoir c'est si vous avez participé à la rédaction

 18   d'autres rapports complémentaires au sujet de la violation des droits de

 19   l'homme.

 20   R.  A titre officiel, nous ne le faisions pas. Mis à part les rapports

 21   indiqués ici, nous n'avons pas rédigé et envoyé d'autres rapports. Bien

 22   sûr, nous avons eu des contacts avec d'autres organisations des Nations

 23   Unies et, à un niveau verbal, nous nous sommes -- nous avons eu des

 24   échanges à ce sujet. Mais les rapports  officiels sont -- se trouvent être

 25   inclus par cette façon de procéder.

 26   M. RUSSO : [interprétation] Madame la Greffière d'audience, j'aimerais que

 27   vous nous montriez le 1586 du 65 ter.

 28   Q.  Quand vous vous penchez sur ce 1586 du 65 ter, Monsieur Anttila,

Page 2539

  1   pourriez-vous nous indiquer si ce rapport vous vous en souvenez ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Veuillez, je vous prie, indiquer aux Juges de la Chambre sur quoi se

  4   fonde ce rapport et d'où viennent les informations qui s'y trouvent ?

  5   R.  Cela se fonde sur les informations qu'on a déjà vues auparavant. Cela

  6   se fonde donc sur les rapports venant des équipes et portant sur les

  7   dégâts. Il se fonde sur le même type d'informations.

  8   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais à ce que

  9   ce document 1586 soit versé au dossier.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Pas d'objection.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection.

 12   Alors, un petit éclaircissement. Vous avez dit que ça fondait sur les mêmes

 13   informations; est-ce que ça se basait sur les mêmes informations au sens

 14   strict du terme, ou est-ce que sur une même source d'informations ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas réexaminé le document entier et je

 16   ne sais pas de quoi il s'agit au juste, mais je pourrais dire que c'est --

 17   ça se fonde sur le rapport en provenance des équipes des MONU du secteur et

 18   c'est ce que nous avions reçu au QG. Les informations venaient en

 19   provenance des équipes et englobaient la totalité des informations à partir

 20   desquelles cette compilation a été faite. Donc, je dirais que c'est partant

 21   de là que j'ai pu affirmer qu'il s'agit d'un document en se fondant sur le

 22   même type d'informations que cela est le cas pour le document précédent.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends. Je vous pose la

 24   question pour la raison suivante : si vous établissez une compilation, vous

 25   procédez à une sélection des informations qui vous sont communiquées.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Hm-hm.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, est-ce que ce rapport se base sur

 28   les mêmes informations que celles que -- qui vous parvenaient, ou est-ce

Page 2540

  1   que ça se fonde sur le même -- la même sélection des informations qui

  2   aboutissaient à vous ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirais que ceci pourrait bien être la page

  4   de garde de cette compilation d'informations qui a été présentée

  5   précédemment.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci donne l'impression qu'il s'agit

  7   d'informations sélectionnées pour les autres rapports.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Monsieur Russo, vous vouliez

 10   verser ce document au dossier. M. Kehoe a dit qu'il n'avait pas d'objection

 11   en parlant pour la totalité des équipes de la Défense.

 12   Madame la Greffière d'audience.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera la pièce

 14   P177.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le P177 est donc versé au dossier.

 16   Veuillez continuer.

 17   M. RUSSO : [interprétation] Merci.

 18   Q.  Monsieur Anttila, vous pouvez lire, depuis la ligne "from," entre

 19   guillemets, et qui a dit qu'il s'agit d'un rajout à l'intention des -- du

 20   secteur sud -- du QG du secteur sud pour ce qui est des observateurs

 21   militaires des Nations Unies, et cela parle des droits de l'homme -- de

 22   l'équipe des droits de l'homme. Alors, est-ce que vous -- est-ce que vous

 23   faisiez partie de cette équipe d'action ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre quelles étaient vos

 26   responsabilités, comment étaient-elles réparties entre les missions des

 27   observateurs militaires des Nations Unies et les -- ou la mission des HRAT

 28   ?

Page 2541

  1   R.  A l'époque, moi-même, le commandant Peter Marti et le capitaine Ivan

  2   Valduranove en provenance de la République tchèque, et notre mission

  3   principale consistait à compiler des informations en provenance des équipes

  4   d'observateurs militaires des Nations Unies et, partant de là, il

  5   s'agissait de rédiger ce type de rapports ainsi que de procéder à des

  6   patrouillages [phon] avec d'autres organisations des Nations Unies se

  7   trouvant dans le secteur.

  8   Voyez-vous, nous n'avons pas été limités au secteur seul de Knin. Nous

  9   avions toute la zone sud -- tout le secteur sud qui était englobé par la

 10   mission relative aux droits de l'homme. Nous avions coutume de patrouiller

 11   par groupes de trois hommes. Il y avait donc une personne de la police

 12   civile des Nations Unies, ensuite une personne en provenance des -- des

 13   services des Nations Unies chargés des affaires civiles, et une personne

 14   faisant partie des observateurs militaires.

 15   Q.  Avez-vous procédé à une -- un partage ou une dissémination des

 16   informations pour ce qui est donc de ce que vous avez recueilli au niveau

 17   des dégâts constatés ? L'aviez-vous distribué ou re -- réexpédié vers les

 18   équipes HRAT et autres équipes et organisations ?

 19   R.  A l'époque, il y avait une organisation chargée des droits de l'homme

 20   et au sein -- et ce, au sein de l'organisation des Nations Unies qui

 21   tombait sur le même -- la même zone ou le même secteur de

 22   -- de mission confiée et, en réalité, c'était des informations que nous

 23   avions rendues disponibles à d'autres organisations chargées des droits de

 24   l'homme.

 25   Q.  Mais pouvez-vous dire quelles étaient ces autres parties prenantes à

 26   l'époque ?

 27   R.  De mon point de vue, je n'ai pas été trop impliqué. On m'avait dit

 28   qu'il y avait des gens qui étaient chargés de -- des affaires civiles au

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  1   sein des Nations Unies qui viendraient, donc, patrouiller. Et donc, pour

  2   moi, il était suffisant de savoir qu'il y aurait des -- du personnel des

  3   affaires civiles, qu'il y aurait du personnel de la police civile des

  4   Nations Unies. Je ne sais pas quel avait été le niveau au -- où se

  5   situaient les personnes qui prenaient part à ce type de patrouille.

  6   Q.  Avez-vous assisté à des réunions où il a été procédé à des échanges

  7   d'informations au sujet des violations du droit

  8   humanitaire ?

  9   R.  Nous avons eu des briefings quotidiens dans l'après-midi à -- après

 10   avoir patrouillé, lors des briefings qui se tenaient par la suite dans

 11   l'après-midi, il y avait, au concret, la présence d'un représentant de

 12   l'équipe des droits de l'homme au sein du secteur. Parfois, j'étais présent

 13   moi-même, parfois c'était quelqu'un d'une autre organisation des Nations

 14   Unies, et cetera. Par la suite -- ou plutôt, je dirais au début, cela avait

 15   été une mission que nous -- dont nous sommes chargés nous-mêmes, puis cela

 16   a été confié -- passé à la police civile des Nations Unies qui était donc

 17   dans les affaires civiles et qui a assumé la responsabilité d'établir des

 18   rapports sur ce sujet.

 19   Q.  Y avait-il des représentants de la MCCE à ces réunions ?

 20   R.  Normalement, les représentants de la MCCE avaient accès, c'est-à-dire,

 21   avaient la possibilité de participer à ces briefings quotidiens.

 22   Q.  Je ne suis pas sûr d'avoir compris, avaient le droit de venir, mais

 23   est-ce qu'ils étaient venus ?

 24   R.  Ils venaient quand ils étaient dans le secteur, lorsqu'ils n'étaient

 25   pas ailleurs. Lorsqu'ils étaient ailleurs, bien sûr qu'ils ne pouvaient pas

 26   venir à ces réunions là. Mais il ne leur était pas interdit de venir à ces

 27   réunions.

 28   Q.  Merci, Monsieur.

Page 2543

  1   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé avec mes

  2   questions, avec mon interrogatoire principal. Je n'ai plus de questions.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Merci, Monsieur Russo. Nous sommes

  4   près de l'heure à laquelle nous faisons d'habitude notre pause, alors, je

  5   suggèrerais que cette pause soit prise maintenant. Et nous continuerons à

  6   11 heures moins 10.

  7   --- L'audience est suspendue à 10 heures 22.

  8   --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, j'ai cru comprendre que

 10   c'est vous qui allez d'abord contre-interroger ce témoin.

 11   Monsieur Russo, vous êtes debout, ce n'est pas vous qui avez à contre-

 12   interroger le témoin.

 13   M. TIEGER : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président, j'ai une

 14   petite question que je voudrais évoquer qui ne se trouve pas en corrélation

 15   directe avec le contre-interrogatoire.

 16   Nous nous sommes efforcés de retrouver pendant la pause une copie pour ce

 17   qui est du document et --

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que vous avez été assez

 19   efficace pour ce qui me concerne.

 20   Nous allons essayer de nous pencher dessus aujourd'hui.

 21   Monsieur Kehoe -- Monsieur Russo, oui.

 22   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, merci. J'ai oublié

 23   au sujet du dernier -- de la dernière pièce à conviction qui a été versée

 24   au dossier, à savoir, le P177. J'ai oublié de demander à ce que ce soit

 25   versé au dossier sous pli scellé parce qu'il y a là les noms de plusieurs

 26   victimes que l'on a retrouvées au secteur sud.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Madame la Greffière, je pense qu'il

 28   n'y a pas d'objection à ce que ce soit versé au dossier sous pli scellé.

Page 2544

  1   Madame la Greffière, donc, le P177 a déjà été versé, maintenant il convient

  2   de préciser que c'est sous pli scellé.

  3   Veuillez continuer, Monsieur Kehoe.

  4   Contre-interrogatoire par M. Kehoe : 

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Anttila. J'aimerais vous poser

  6   plusieurs questions, non seulement au sujet de ce que vous avez évoqué ce

  7   matin, mais j'aimerais que nous développions certains sujets qui ont été

  8   évoqués dans plusieurs de vos déclarations écrites. Je vais essayer de vous

  9   mettre au courant le plus possible de vos déclarations, et si vous les avez

 10   sous les yeux, tant mieux; sinon, veuillez me le faire savoir. D'accord ?

 11   R.  Oui, d'accord.

 12   Q.  Monsieur Anttila, je crois que vous nous l'avez dit tout au début, et

 13   je me réfère à la pièce P171, paragraphe 1, que vous étiez un ingénieur en

 14   bâtiment ?

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  Moi, j'ai également fait des études universitaires, mais dans le civil,

 17   pour être ingénieur du bâtiment. Et vous nous dites que vous n'êtes pas un

 18   militaire de carrière ?

 19   R.  C'est bien exact.

 20   Q.  Lorsque vous êtes arrivé à Knin le 14 août, auparavant, vous n'étiez

 21   jamais allé là-bas ?

 22   R.  C'est bien exact.

 23   Q.  Et vous ne connaissiez pas le secteur ?

 24   R.  C'était la première fois où je me déplaçais vers ce secteur, en effet.

 25   Q.  Avant de parler de ce dont vous avez parlé vous-même du moins pour ce

 26   qui est de vos évaluations provisoires, j'aimerais qu'on place sur nos

 27   écrans à cet effet, la pièce P60. Il me semble que c'est la page 3.

 28   Monsieur Anttila, il s'agit d'une déclaration que vous avez rédigée ou

Page 2545

  1   alors du moins est-ce une déclaration qu'on a remise aux Juges de la

  2   Chambre le 18 décembre 1995. Vous en souvenez-vous, Monsieur ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Monsieur Anttila, veuillez nous indiquer dans quelles circonstances

  5   ceci a-t-il été rédigé ? Où vous trouviez-vous en l'écrivant ?

  6   R.  Pour ce qui est de savoir --

  7   Q.  Non, non, je retire cela. Qui est-ce qui a écrit cela ?

  8   R.  C'est moi.

  9   Q.  Et où étiez-vous lorsque vous l'avez écrit ?

 10   R.  A Zagreb.

 11   Q.  Et qui encore était avec vous ?

 12   R.  A ce moment concret, on m'a demandé de faire une déclaration au sujet

 13   d'une analyse de cratère que nous avions effectuée, et à ce moment-là, dans

 14   le bureau où j'ai rédigé cela physiquement parlant, il n'y avait personne

 15   autre de présent.

 16   Q.  Bien. Et c'est vous qui avez assuré la frappe ?

 17   R.  Oui, c'est moi qui aie frappé moi-même.

 18   Q.  Et l'avez-vous signé à ce moment-là ?

 19   R.  Oui, je l'ai signé à ce moment même.

 20   Q.  Et qui vous a demandé de préparer ce texte ?

 21   R.  Cette question a été évoquée, posée par l'enquêteur du Tribunal. Je

 22   pense qu'il s'agissait d'un Danois; je ne me souviens pas de son nom.

 23   Q.  Peut-être pourrais-je vous aider. Etait-ce un dénommé Robertson ?

 24   R.  Probablement, oui.

 25   Q.  Etait-il présent lorsque vous avez frappé cela ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Vous nous avez cité ici plusieurs informations, par exemple, des

 28   coordonnées. Aviez-vous une carte et avez-vous pu vous y référez ?

Page 2546

  1   R.  Oui, bien sûr, la carte était sur le mur du bureau où je me trouvais.

  2   Q.  Vous vous êtes penché -- vous l'avez examinée à ce moment ?

  3   R.  Oui, j'étais en train de regarder la carte et j'ai recherché les

  4   coordonnées de ce secteur d'une manière générale. Ce que je peux vous dire,

  5   c'est qu'il s'agissait de coordonnées à quatre chiffres. Ce qui signifie

  6   que je n'ai pas indiqué l'endroit exact, mais le secteur.

  7   Q.  Donc, il s'agissait de coordonnées à quatre chiffres, donc, un

  8   kilomètre par kilomètre, n'est-ce pas ?

  9   R.  Exactement.

 10   Q.  Quand est-ce que M. Munkelien a-t-il signé ?

 11   R.  Cette information je n'en dispose pas. Je ne sais pas quand est-ce

 12   qu'il a signé. Il n'était pas présent au moment même et je ne l'ai pas vu

 13   lorsqu'il a posé sa signature.

 14   Q.  Bien. Monsieur, ce document concret, vous êtes-vous entretenu à son

 15   sujet avec M. Munkelien avant de l'avoir rédigé ?

 16   R.  On s'est parlé au sujet de l'incident. On a parlé de l'analyse de

 17   cratère, et une fois que nous avons procédé à l'analyse en tant que telle,

 18   à titre individuel, pour les deux, nous en sommes arrivés à la conclusion

 19   qui était celle de dire que cela s'est produit, que nos constatations

 20   étaient les mêmes, à savoir que nous sommes tous les deux aboutis à la même

 21   conclusion.

 22   Q.  Bien, Monsieur. Alors, il est dit en page de garde que vous l'avez

 23   signé le 18 décembre 1995 ?

 24   R.  Oui.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, puis-je poser une

 26   question pour éclaircir un point ?

 27   Je ne suis pas un anglophone de naissance, Monsieur Anttila, vous ne

 28   l'êtes pas non plus. Monsieur Anttila, alors, vous avez dit que vous aviez

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  1   procédé à des analyses individuelles tous les deux. Dois-je comprendre que

  2   vous avez analysé le cratère et que

  3   M. Munkelien l'a analysé aussi et que vous avez tiré des conclusions

  4   individuelles pour constater par la suite que les conclusions auxquelles

  5   vous étiez aboutis étaient les mêmes ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la même conclusion.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais la même conclusion vous n'y

  8   êtes pas arrivés ensemble. Vous avez individuellement abouti à la même

  9   conclusion ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes arrivé chacun à la même

 12   conclusion ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, j'étais allé là-bas, il était allé; moi,

 14   j'ai étudié les impacts, lui, il a étudié les impacts de l'autre côté; et

 15   on est arrivé -- on s'est rencontré au milieu, et nous avons abouti à la

 16   même conclusion.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 18   M. KEHOE : [interprétation]

 19   Q.  Si je puis vous poser cette question-ci. Le papier est un papier en-

 20   tête du secteur sud. L'en-tête du secteur sud n'existait pas à ce moment-

 21   là, n'est-ce pas ?

 22   R.  Il avait cessé d'exister avant ce moment-là, mais nous n'avions pas

 23   d'autres papiers à en-tête pour nous en servir au moment même.

 24   Q.  Monsieur Anttila, je voulais tirer cela au clair parce que vous aviez

 25   disposé de beaucoup d'informations disant que le secteur sud n'existait pas

 26   encore à ce moment-là ?

 27   R.  Exact.

 28   Q.  Monsieur, dans la déclaration qui est celle du mois de décembre 2007 et

Page 2548

  1   qui porte la cote 172 -- ou plutôt, non excusez-moi. Il s'agirait du 173,

  2   paragraphe 6, et là, vous nous indiquez que vous avez eu une formation en

  3   matière d'artillerie et une formation en matière d'analyse de cratère,

  4   d'obus, dans les forces armées finlandaises, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est exact. J'ai suivi une formation en matière de tireur en

  6   artillerie et tireur de mortier, et notamment, en matière de personne qui

  7   cible les différentes -- qui vise et cible les différentes installations

  8   qu'il convient de cibler.

  9   Q.  Donc, on vous a dit lors de cet entraînement -- entraînement ou de

 10   cette instruction qu'il fallait être très précis, le plus précis possible,

 11   n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, bien sûr.

 13   Q.  Alors, avant que d'aller au secteur sud, avez-vous suivi un

 14   entraînement en matière d'armement dont disposait l'armée de Croatie et

 15   l'armée de la RSK ?

 16   R.  Nous avons reçu des informations au sujet des armes normalement

 17   utilisées ou normalement mises à disposition des parties en présence dans

 18   le secteur, et c'étaient notamment les armes dont disposait la JNA avant

 19   que tout ceci ne se produise, et avant que l'on y amène d'autres armements.

 20   Nous avions disposé d'un manuel qui était plutôt un livre où l'on a donné

 21   une description de la totalité des armes. Nous avons également disposé de

 22   différents types ou de modalités de définitions de l'arme qui pouvait bien

 23   être utilisée.

 24   Q.  Bien. Donnez-moi un instant, je vous prie.

 25   Donc, pour être très, très précis, pourrait-on dire que la formation que

 26   vous avez reçue c'était sur les armes employées par la JNA ?

 27   R.  Ce n'était pas ce que l'on nous a dit. On ne nous a pas précisé qu'il

 28   s'agissait d'armes de la JNA. C'était une information générale reçue

Page 2549

  1   concernant les armes qui se trouvaient dans la région. L'information

  2   n'était pas basée sur les armes de la JNA.

  3   Q.  Vous remarquerez que lorsque vous avez donné cette déclaration, vous

  4   avez dit que vous-même et M. Munkelien, vous vous trouviez dans la même

  5   zone et que vous avez examiné les impacts ensemble, et que c'est également

  6   ensemble que vous avez rédigé cette déclaration; est-ce que c'est exact, la

  7   P60 ?

  8   R.  Comme j'ai dit dans la page de garde, comme j'ai déclaré dans la page

  9   de garde, cela a été rédigé le 18 décembre. C'est beaucoup plus tard que

 10   l'analyse que nous avons fait sur le terrain, sur place.

 11   Q.  Donc, j'imagine que c'était le 17 ?

 12   R.  Oui, c'est le 17.

 13   Q.  Très bien. Maintenant, s'agissant de la référence WJ9778, c'est la

 14   région où vous vous êtes trouvé; c'est là que vous avez mené votre analyse

 15   ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  J'aimerais que l'on affiche à l'écran la pièce 1D190034. Madame la

 18   Greffière, veuillez, je vous prie, nous afficher ceci sur le prétoire

 19   électronique en vous servant du système Sanction.

 20   Je souhaiterais, en fait, d'abord montrer la pièce 0035.

 21   Monsieur Anttila, je voudrais appeler votre attention sur la partie

 22   supérieure droite qui comporte la grille 9778 -- dont la référence est

 23   9778.

 24   R.  Oui, c'est effectivement le cas.

 25   Q.  Maintenant, prenons l'autre référence qu'est la 9677, vous avez tracé

 26   un cercle rouge. C'est l'endroit approximatif où vous nous avez dit que les

 27   impacts ont eu lieu ?

 28   R.  Oui.

Page 2550

  1   Q.  Donc, cette référence, la grille en question que vous avez évoquée dans

  2   votre rapport du 18, c'est celle-là, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui. En fait, je dois dire que vous avez raison de dire que le numéro,

  4   la référence de la carte est incorrect, cette grille est incorrecte. La

  5   raison pour ceci est qu'à l'époque lorsque nous avons rédigé notre

  6   déclaration, les cartes ne nous étaient pas disponibles. Les cartes avec

  7   une telle information pour ce qui est des grilles, et donc, ils ne nous

  8   étaient pas possible de trouver les endroits exacts où nous nous sommes

  9   trouvés par rapport aux grilles. Nous avons simplement évoqué une région

 10   générale où nous nous sommes trouvés.

 11   Q.  Donc, en fait, la référence 9778 c'est l'endroit où se trouvait

 12   l'hôpital, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Et vous nous avez dit lors de l'interrogatoire principal lorsque vous

 15   êtes allé avec le colonel Hjertnes --

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Vous avez montré l'endroit sur une carte, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et cette carte était accrochée au mur ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Bien. Je souhaiterais maintenant appeler votre attention, Monsieur, sur

 22   la pièce P70.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais que la

 24   pièce 1D190035 soit versée au dossier.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez des objections,

 26   Monsieur Russo ?

 27   M. RUSSO : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

Page 2551

  1   Alors, quelle sera la cote de cette pièce ?

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce D166 Monsieur le

  3   Président, Mesdames et Messieurs les Juges.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, cette pièce a été

  5   versée au dossier.

  6   Veuillez poursuivre, je vous prie, Monsieur Kehoe.

  7   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche la pièce P70, s'il

  8   vous plaît.

  9   Q.  Monsieur Anttila, nous avons entendu M. Munkelien déposer dans ce

 10   prétoire le 15 avril. Sur la page 1 502, entre les lignes 12 à 14, M. Russo

 11   a demandé à M. Munkelien d'indiquer la région où il a mené une analyse de

 12   cratères et de l'indiquer avec la lettre A. Maintenant, vous voyez à

 13   l'endroit où nous voyons cette lettre A, à gauche sur la pièce qui est

 14   affichée à l'écran ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Donc, cet endroit-là est -- diffère de beaucoup de l'endroit que vous

 17   avez indiqué, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, c'est tout à fait exact.

 19   Q.  Les deux endroits -- et pour illustrer ce que je veux dire, je

 20   souhaiterais que l'on passe à la pièce qui porte la cote 1D190034.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Encore une fois, j'aimerais demander à Mme la

 22   Greffière d'afficher ceci par le biais du logiciel Sanction.

 23   Q.  Alors, voilà. Lorsqu'on compare les deux, l'endroit qu'avez encerclé M.

 24   Munkelien et vous-même ne se ressemblent pas, ce n'est pas le même endroit.

 25   M. Munkelien et vous-même avez entouré d'un cercle une localité, mais

 26   aucune de ces localités, ni l'une ni l'autre, ne se trouve dans la

 27   référence 9778, n'est-ce pas ?

 28   R.  Vous avez raison.

Page 2552

  1   Q.  [aucune interprétation]

  2   M. KEHOE : [interprétation] Je demanderais que cette pièce soit versée au

  3   dossier.

  4   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

  6   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document portera la pièce -- portera

  7   la cote D167.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, merci. Veuillez poursuivre,

  9   Monsieur Kehoe.

 10   M. KEHOE : [interprétation]

 11   Q.  Monsieur Anttila, vous êtes d'accord pour dire que lorsque vous avez

 12   conclu -- ou lorsque vous devez analyser les critères, lorsque vous

 13   concluez que les tirs ont été dirigés dans un certain sens sur un objectif

 14   militaire, la provenance des tirs est très important pour vous -- pour le

 15   rapport, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Maintenant, prenons les armes employées. Vous dites ici qu'il s'agit

 18   d'une arme M-63 de 128 millimètres. Je suis en train de lire la pièce P60

 19   qui est une pièce. Vous remarquerez qu'au bas de la page vous dites que les

 20   patrouilles ont été en mesure de trouver une requête et que c'est grâce à

 21   cette requête retrouvée que l'on pouvait déterminer quel était le calibre

 22   exact de l'arme employée, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et vous avez mesuré la base de cette pièce d'artillerie qui vous a

 25   permis de conclure qu'il s'agissait d'un calibre de 128 millimètres ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je souhaiterais maintenant appeler votre attention sur la pièce D83.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, est-ce que c'est bien la pièce D83

Page 2553

  1   ? Oui, effectivement, je crois que c'est la pièce P83. Voilà, c'est bien la

  2   pièce, très bien.

  3   Q.  Vous avez dit au bureau du Procureur qu'il s'agissait de l'un des obus

  4   que vous avez pu trouver dans la région, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Vous avez également déclaré dans la même déclaration, et il s'agit de

  7   la pièce P173, mais avant, dites-nous qui sont les personnes sur cette

  8   photo ?

  9   R.  C'est le colonel canadien, le colonel Scott du Canada, le colonel Simon

 10   Coley du Royaume-Uni.

 11   Q.  Très bien. Donc, la pièce P160 -- pardon, au paragraphe P173 -- à la

 12   page 173, paragraphe 8, vous dites que c'était en décembre -- que c'est une

 13   déclaration de décembre 2007; c'est là que vous parlez de ceci ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Vous dites : "Dans notre rapport, nous avons évoqué les tirs d'obus qui

 16   avaient été tirés depuis la direction nord, nord-est, à 20 degrés --"

 17   Est-ce que vous avez pris des photographies à l'époque ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Et les notes que vous avez prises, où sont-elles ?

 20   R.  Dans un cahier de notes qui, plus tard, a été détruit ou je ne sais

 21   trop ce qui lui est arrivé, mais je ne l'ai plus -- ce carnet de notes ne

 22   m'est plus disponible.

 23   Q.  Et vous dites que les directions peuvent être déterminées grâce aux

 24   indications sur les ailerons.

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Le document qui se trouve à l'écran ne montre pas les ailerons, n'est-

 27   ce pas ?

 28   R.  Lorsque nous parlons d'ailerons, nous ne parlons pas des ailettes qui

Page 2554

  1   explosent, en fait. Nous parlons d'une zone d'impact

  2   -- de l'endroit d'impact où le détonateur explose et la pièce d'artillerie

  3   explose et c'est peut-être aussi une grenade, enfin le moteur crée une zone

  4   d'impact. Dans cette zone d'impact, vous pouvez voir les ailettes dont j'ai

  5   fait référence sur ce document.

  6   Cette pièce d'artillerie -- cette roquette a été défectueuse car elle n'a

  7   pas explosé de la façon dont elle -- elle était censée exploser. On n'est

  8   pas censés trouver une roquette qui ressemble à ceci après un impact dans

  9   une zone touchée.

 10   Q.  Bien. Alors, il y a quelques instants vous êtes -- nous avons dit que,

 11   dans votre déclaration P70 au paragraphe 3, vous dites que pour ce qui est

 12   de cet incident, et c'est à la dernière ligne : "Le colonel Munkelien est

 13   plus à même de donner des explications plus détaillées sur l'analyse que

 14   moi-même." Est-ce exact ?

 15   R.  Pour ce qui est de ce que j'ai dit, le colonel Munkelien avait, à

 16   l'époque, déjà été déployé à plusieurs endroits en tant qu'observateur

 17   militaire pour les Nations Unies. Et, pour moi, c'était la première fois

 18   que j'agissais en tant que -- que j'étais déployé en tant qu'observateur

 19   militaire en ex-Yougoslavie.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, je voudrais simplement

 21   une précision.

 22   Nous parlons d'ailettes, je relis : "Dans cette zone-là, on peut voir les

 23   ailettes." C'est ce que le témoin a dit. Monsieur, est-ce que vous parlez

 24   du stabilisateur, des ailettes de stabilisateur ou qu'est-ce que vous

 25   entendez par --

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous ne parlons pas d'ailettes physiques. Nous

 27   parlons de traces laissées par les ailettes sur le sol. Si je fais un

 28   dessin --

Page 2555

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui. Nous ne sommes pas des

  2   anglophones de naissance, mais je voudrais simplement être tout à fait sûr.

  3   On parle de traces -- de traces laissées par cet éclat ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, typiquement, lorsqu'un obus touche le

  5   sol, il y a un dégât qui est causé au sol, et donc, on peut conclure par

  6   ces dégâts s'il s'agissait de pièce d'artillerie, d'une roquette, d'une

  7   pièce tirée par un canon.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je voudrais simplement m'assurer

  9   que nous ne parlons pas des -- de stabilisateurs qui ont été trouvés sur

 10   place et qui ont laissé des traces.

 11   M. KEHOE : [interprétation]

 12   Q.  C'est plutôt grâce au contour et à l'emprunte qu'a laissé l'impact que

 13   vous pouvez conclure ceci ?

 14   R.   Oui.

 15   Q.  Examinons ce que vous avez dit dans votre déclaration, au paragraphe 8

 16   de la pièce 173 -- P173, vous dites : "Nous pouvons conclure que la

 17   direction du tir peut être détectée grâce aux [imperceptible] et de

 18   détonateurs parce qu'ils sont -- ils créent -- ils laissent un certain

 19   impact sur le cratère ?

 20   R.  Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, j'ai posé cette même

 22   question au témoin il y a quelques instants. C'est qu'il n'y avait de

 23   l'aide physique présente sur place, mais il y avait plutôt -- c'est plutôt

 24   la forme de l'impact qui permet de déterminer la direction, la provenance

 25   du projectile. Je pourrais peut-être chercher ces mots là dans le

 26   dictionnaire car, bon, le témoin n'est pas un anglophone de naissance, il

 27   faudrait peut-être -- mais on peut voir ce qu'il dit dans d'autres endroits

 28   dans la déclaration.

Page 2556

  1   M. KEHOE : [interprétation] Mais justement, j'ai posé la question --

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez posé la même question que j'ai

  3   déjà posée à laquelle le témoin a déjà répondu.

  4   Veuillez poursuivre.

  5   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que l'on place la photographie qui

  6   se trouve à l'écran, s'il vous plaît; j'aimerais que l'on zoom la partie

  7   inférieure de la photo.

  8   Q.  Bien. Monsieur, lorsque vous regardez cette photo, est-ce que vous

  9   pouvez voir ces marques sur la photographie ? Vous voyez que dans la partie

 10   inférieure de la photo il y a quelques annotations

 11   ici ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  En fait, dites-nous ce que vous voyez. C'est une ailette de

 14   stabilisateur, n'est-ce pas, pour cet obus de 128 millimètres ?

 15   R.  Je ne comprends pas.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, il y a une confusion là quant à ces

 17   annotations ou à ces marques, à ces traces. Pourriez-vous, je vous prie,

 18   peut-être indiquer quelles sont ces annotations ou ces traces ou ce que

 19   vous entendez par "markings" en anglais ?

 20   M. KEHOE : [interprétation] Dans la partie inférieure de la photographie,

 21   on voit l'obus.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, non. Il faut nous servir du

 23   curseur. Il ne faudrait pas indiquer quoi que ce soit avec le stylet sur

 24   cette photo.

 25   Bien. Alors, déplaçons le curseur ou peut-être nous pouvons également

 26   déplacer la photo -- voilà, nous avons le curseur ici. Monsieur Kehoe,

 27   pourriez-vous, je vous prie, indiquer à

 28   Mme l'Huissière ce que vous voulez.

Page 2557

  1   M. KEHOE : [interprétation] Restez là où vous étiez avant, voilà juste ici,

  2   un petit peu à droite, vous voyez cette ligne.

  3   Q.  Voyez-vous cette ligne, Monsieur le Témoin, que vous montre le curseur

  4   ?

  5   R.  Oui, à peine.

  6   Q.  Cette ligne est la ligne où se trouvait ailette du stabilisateur qui

  7   s'est décroché, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, peut-être, probablement, c'est possible.

  9   Q.  Concentrons-nous sur cet obus. Vous dites dans votre déclaration qu'il

 10   s'agit d'un calibre de 128 millimètres ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Passons maintenant à la pièce de l'Accusation [comme interprété] 83 --

 13   en fait, c'est la pièce 85, désolé.

 14   Vous nous avez dit avoir mesuré le bas, la base de l'obus pour pouvoir en

 15   arriver au calibre; est-ce que c'est exact ?

 16   R.  Oui, effectivement.

 17   Q.  Prenons la pièce P60. Votre déclaration. Vous parlez du calibre à la

 18   suite de mesures faites ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Est-ce que vous avez déterminé le calibre en mesurant la base de l'obus

 21   ?

 22   R.  Du meilleur de mes connaissances et d'après ce que je me souviens,

 23   c'est ainsi que l'on a procédé.

 24   Q.  Est-ce que vous avez eu une formation pour ce qui est des obus de

 25   calibres M-63, 128 millimètres ?

 26   R.  Pardon ?

 27   Q.  Est-ce que vous avez reçu une formation pour ce qui est de ces obus de

 28   M-63 à 128 millimètres ?

Page 2558

  1   R.  Notre armée n'a pas ce type d'armes, donc, je n'ai pas reçu de

  2   formation particulière pour ce qui est de l'armée finlandaise. Nous ne

  3   l'avons pas.

  4   Q.  Est-ce que vous avez reçu une formation quant aux caractéristiques de

  5   cette arme M-63 128 ?

  6   R.  Oui, au cours de ma formation au sein des observateurs indépendants des

  7   Nations Unies -- pour devenir observateur indépendant des Nations Unies,

  8   oui.

  9   Q.  Vous reconnaissez cette pièce à l'écran. Est-ce que c'est bien un M-63

 10   128 ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Pouvez-vous nous dire où se trouve le système de

 13   propulsion ?

 14   R.  A l'arrière.

 15   Q.  Sur cette photo démontrant un obus de calibre M-63 128, cet obus-là n'a

 16   pas d'ailettes de stabilisateur, n'est-ce pas ?

 17   R.  A ma connaissance, non.

 18   Q.  Donc, si l'obus que vous avez récupéré le 17 août 1995 avec M.

 19   Munkelien, si cet obus-là avait des ailettes, l'obus que vous avez récupéré

 20   ne serait pas un M-63 128, n'est-ce pas ?

 21   R.  Comme j'ai dit tout à l'heure, je suis d'accord avec vous pour dire

 22   qu'on peut à peine voir quelques marques sur l'obus que nous avons

 23   récupéré. Je ne sais pas s'ils avaient des ailettes qui étaient partie de

 24   cet obus lorsqu'il a été propulsé -- tiré. Je ne peux pas non plus

 25   déterminer si cette marque provient de quelque chose qui avait été attaché

 26   à cet endroit-là ou si cette marque a été causée par un impact autre qui

 27   aurait heurté l'obus.

 28   Q.  Mais ma question est différente -- est tout à fait différente. Si cet

Page 2559

  1   obus avait des ailettes de stabilisateur, à ce moment-là, on ne parlerait

  2   pas d'un obus de type M-63 de calibre 128 millimètres.

  3   R.  Nous ne savons pas s'il y avait des ailettes. Je ne veux pas me livrer

  4   à des conjectures.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voilà. Monsieur Kehoe, c'est ce qui

  6   arrive si vous posez cette question-là, de cette façon-là en commençant par

  7   un si.

  8   Mais je crois qu'il s'agit de question un peu superflue. Vous avez

  9   dépassé dix heures.

 10   M. KEHOE : [interprétation] C'est parce que j'essaie de guider le témoin de

 11   façon la plus logique que possible.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est votre logique à vous, mais le

 13   témoin a dû vous corriger lors des deux questions dernières que vous lui

 14   avez posées. Il vous a corrigé à deux reprises.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Non, mais je comprends, Monsieur le Président.

 16   J'essaie simplement de passer tout ceci -- enfin, de poser mes questions le

 17   plus rapidement que possible, mais j'essaie d'être précis et de suivre un

 18   ordre logique.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il ne s'agit pas d'une logique ici.

 20   C'est quelque chose qui -- la déclaration dit très clairement ce qui en

 21   est. Ceci figure dans -- dans le dossier, ça a été consigné au compte rendu

 22   d'audience. On nous a toujours dit d'être le plus précis que possible et

 23   c'est ce que le témoin nous dit, qu'il a -- on lui a enseigné d'être le

 24   plus précis que possible, alors, c'est -- c'est le cas.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Mais Monsieur le Président, le témoin a dit que

 26   les coordonnées de grille qu'il nous a données sont une approximation,

 27   donc, c'est la raison pour laquelle je lui ai posé toutes ces questions,

 28   mais je vais passer à autre chose, si vous le souhaitez.

Page 2560

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais est-ce que vous savez

  2   -- est-ce que vous pensez que c'est parce qu'on a enseigné au témoin d'être

  3   imprécis ou c'est parce qu'il n'a pas été précis ? Il découle clairement

  4   des questions précédentes qu'il s'agit de ceci, en fait, les questions et

  5   réponses sont très intéressantes, effectivement. -- M. KEHOE :

  6   [interprétation]

  7   Q.  Monsieur, lorsque vous avez récupéré cette arme, vous êtes -- vous avez

  8   pris un livre que vous -- que l'on vous avait remis pour reconnaître ces

  9   obus de type M-63, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Pourrait-on afficher de nouveau la pièce D84?

 12   Q.  Est-ce que c'est le livre -- est-ce que c'est le livre en question ?

 13   R.  La page couverture ressemble au livre que j'avais avec moi et que j'ai

 14   toujours en ma possession.

 15   Q.  Bien. Alors, est-ce que ceci représente la description des armes du

 16   type M-63 ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce qu'il y a d'autres armements qui parlent du calibre d'obus 128

 19   millimètres outre les M-63 ? Vous souvenez-vous si, dans ce livre, on parle

 20   de cela ?

 21   R.  Je ne me souviens pas -- je ne m'en souviens pas. Evidemment, lorsqu'il

 22   était clair que l'impact est causé par un impact et lorsqu'on examine les

 23   lance-roquettes, on peut arriver à certaines conclusions, mais je ne me

 24   souviens pas si, à l'époque, j'avais passé en revue l'ensemble du livre. Je

 25   sais que je -- j'ai pris la section qui porte sur les lance-roquettes et

 26   c'est à la suite de cette consultation de cette partie-là du livre que je

 27   suis arrivé à la conclusion qu'il s'agissait d'un M-63.

 28   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que l'on prenne la pièce 1D0015, les

Page 2561

  1   exemplaires sur papier ont déjà été distribués. Donc, il s'agit de la pièce

  2   1D190015. Pourrait-on demander à Mme l'Huissière de placer ce document sur

  3   le rétroprojecteur, s'il vous plaît.

  4   Q.  Monsieur Anttila, il s'agit ici d'une photo tirée du même livre. Si

  5   l'on prend la page suivante, nous verrons qu'on parle de système d'armes de

  6   177 [comme interprété], et ceci ressemble beaucoup au 128, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Lorsque -- est-ce que l'on vous a donné une formation avant que vous ne

  9   vous rendiez sur place selon laquelle la JNA avait ce système de lance-

 10   roquettes multiple ?

 11   R.  On m'avait dit que ceci pouvait être disponible dans la région -- que

 12   ceci pouvait être présent dans la région.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Je demanderais que ce document soit versé au

 14   dossier.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 16   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce D168.

 17   M. RUSSO : [interprétation] Je n'ai aucune objection.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D68 -- 168 a été versée au

 19   dossier.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Pourrait-on afficher à l'écran la pièce D86,

 21   s'il vous plaît?

 22   Q.  Monsieur, est-ce que vous connaissez ces armes -- caractéristiques de

 23   ces armes ?

 24   R.  Je n'ai rencontré ces armes que sur photographies. Je ne les ai jamais

 25   vues personnellement.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Je crois qu'il est un peu difficile au témoin

 27   de me voir. Pourrait-on demander à ce que le rétroprojecteur soit baissé ?

 28   Très bien, merci.

Page 2562

  1   Q.  Je souhaiterais que l'on passe à la pièce D85.

  2   Et maintenant, concernant, en passant, le 177, est-ce que vous étiez au

  3   courant que l'armée serbe de Krajina disposait d'un M-177 ?

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Russo.

  5   M. RUSSO : [interprétation] Simplement pour préciser, on a montré deux

  6   documents différents au témoin. Les deux documents parlaient de 177 YMRL

  7   alors que l'autre parlait de M-177 Ogani. Je ne sais pas si la question de

  8   mon éminent confrère porte sur les deux ou sur l'un des deux.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Non, je voudrais simplement savoir si le témoin

 10   s'il connaissait ce type d'armes M-177.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, est-ce qu'il y a plusieurs

 12   types de M-177 ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, j'avais l'information -- sur les

 14   informations que j'avais, on m'avait dit que le -- ce type d'armes-là, le

 15   M-77, était -- existait dans la région.

 16   M. KEHOE : [interprétation]

 17   Q.  Très bien.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Maintenant, pourrait-on passer à la pièce D87 ?

 19   Peut-on agrandir un peu l'image ?

 20   Q.  Pendant votre entraînement, on vous a appris les caractéristiques des

 21   M-63 et des M-77. Est-ce qu'on vous a parlé des différences que l'on trouve

 22   au niveau des obus de ces deux armes ?

 23   R.  Nous n'avons pas été entraînés à connaître tous les détails de chacun -

 24   - chacune de ces roquettes et des moindres différences dans ces types

 25   d'armes. Nous avons été entraînés à déterminer le calibre et des caractères

 26   de nature similaire. On nous a appris à déterminer la nature des impacts

 27   divers pouvant provenir de types d'armes différents, mais nous n'avons eu

 28   aucun enseignement portant sur des détails aussi particuliers de chacune

Page 2563

  1   des armes en question.

  2   Q.  Si nous avançons d'un pas et que nous nous penchons sur la photographie

  3   qui est affichée à l'écran en ce moment -- la photographie inférieure sur

  4   l'écran. Est-ce que vous la reconnaissez comme représentant un obus de M-63

  5   ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Et si nous nous penchons maintenant sur la photographie du haut à

  8   l'écran, pour examiner cet obus de forme plus allongée, est-ce que vous le

  9   reconnaissez comme étant un obus de M-77 ?

 10   R.  D'après ce que je crois savoir, cela devrait être un obus de M-77, en

 11   effet.

 12   Q.  Et l'obus de M-77, si maintenant nous regardons la partie droite de

 13   cette photographie, nous voyons que cet obus comporte des ailettes de

 14   stabilisation, n'est-ce pas ?

 15   R.  Il semble comporter de telles ailettes, oui.

 16   Q.  Revenons maintenant à la pièce D83 et reparlons de cet obus que vous

 17   avez récupéré sur le terrain, reparlons de la façon dont cet obus s'est

 18   détruit après impact, au jour d'aujourd'hui, Monsieur, assis sur cette

 19   chaise de témoin dans ce prétoire, est-ce que cet obus vous apparaît comme

 20   étant un obus de M-63 ou de M-77 ?

 21   R.  D'après ce que je crois savoir, il devrait s'agir d'un obus de M-63.

 22   Q.  Dites-nous ce qu'il advient d'une roquette lors de l'impact. Quelle est

 23   la partie de la roquette qui est détruite après impact et quelle est la

 24   partie qui reste sur les lieux ?

 25   R.  Normalement, on ne peut retrouver aucun reste d'une roquette après

 26   impact. C'est ce qui s'est passé avec les autres impacts de roquettes.

 27   Quand la roquette explose comme il se doit, on ne retrouve dans la zone

 28   d'impact rien, aucun reste de cet obus.

Page 2564

  1   Q.  Et pendant votre formation, est-ce qu'on vous a appris que ce qui reste

  2   de l'obus après explosion, sur le lieu de l'explosion, donc, après impact,

  3   est-ce qu'on vous a appris qu'il reste sur place environ un tiers de l'obus

  4   d'origine ?

  5   R.  Pour répondre précisément à votre question, non.

  6   Q.  Donc, si nous faisons un peu de calcul et que nous partons de la

  7   longueur de l'obus d'un M-77, et que nous souhaitions savoir ce qu'il en

  8   reste sur place en comparaison à un obus de M-63, vous n'auriez aucune idée

  9   sur ce sujet ?

 10   R.  Ce n'est pas ce que j'ai dit.

 11   Q.  Expliquez-vous dans ces conditions.

 12   R.  L'obus que l'on voit à l'image, c'est un obus qui a été -- qui est

 13   sorti d'un engin qui n'a pas explosé normalement car, normalement, on ne

 14   trouve pas le genre de chose que l'on voit ici à l'image après l'impact

 15   d'une telle roquette. Donc, ici les choses ne se sont pas passées comme

 16   elles auraient dû se passer car, normalement, on ne trouve pas ce genre

 17   d'objet sur les lieux.

 18   Q.  Alors, vous avez aussi fait remarquer à notre intention et je reviens à

 19   la pièce P60, que l'angle de tir approximatif était de 20 degré dans la

 20   direction nord, nord-est, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche sur les écrans le

 23   document 1D190011, Madame l'Huissière.

 24   Q.  Alors, Monsieur Anttila, si nous nous penchons sur cette carte que nous

 25   avons à l'écran en ce moment et que nous nous concentrons sur la zone

 26   d'impact, que nous nous dirigeons dans la direction correspondant à un

 27   angle de 20 degrés à partir de cet endroit, cela nous amène au secteur de

 28   Strmica, n'est-ce pas ?

Page 2565

  1   R.  Oui, en effet.

  2   Q.  Alors, Monsieur, permettez-moi de vous poser la question suivante.

  3   Lorsque vous avez travaillé sur le sujet dont nous parlons, est-ce que vous

  4   avez posé des questions ou interroger qui que ce soit ou est-ce que vous

  5   vous êtes posé la question de savoir qui était responsable du pilonnage des

  6   4 et 5 août ?

  7   R.  Que voulez-vous dire par là ?

  8   Q.  Quelle était la partie responsable du pilonnage ?

  9   R.  Est-ce que j'ai procédé à un examen ?

 10   Q.  Est-ce que vous avez posé des questions ?

 11   R.  Ah, interroger, poser des questions, mais à qui ? A qui est-ce que

 12   j'aurais pu poser des questions ?

 13   Q.  Pour reprendre votre question, Monsieur, dans la région où les

 14   observateurs militaires des Nations Unies étaient présents pendant les

 15   journées des 4 et 5 août.

 16   R.  D'accord, d'accord. D'accord, d'accord. Donc, avant cela, et je m'en

 17   tiens toujours à la déclaration que j'ai faite, c'est-à-dire qu'au moment

 18   des faits nous avons observé sur le terrain les traces d'impact qui

 19   provenaient de cette direction et je n'ai discuté avec personne pour tenter

 20   de déterminer qui était le responsable du pilonnage en l'espèce.

 21   Q.  D'accord. Donc, vous n'avez aucune idée de l'identité de ceux qui

 22   auraient tiré --

 23   R.  Non, je n'ai fait qu'examiner les impacts.

 24   Q.  Bien. Passons à la pièce D86.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le versement

 26   au dossier du document 1D1900111 -- ou plutôt, excusez-moi, 0011.

 27   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

Page 2566

  1   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agira de la

  2   pièce D169.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D169 est versée au dossier en

  4   tant qu'élément de preuve. La cote n'apparaissait pas à l'écran il y a un

  5   instant.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Passons maintenant à l'examen de la pièce D89,

  7   je vous prie. Page 4 de ce document, paragraphe 2. C'est le passage qui

  8   nous intéresse. Alors, pouvons-nous remonter un peu dans le texte, encore

  9   un peu pour voir ce paragraphe ?

 10   Q.  Vous voyez qu'il est écrit aux environs de 5 heures 15. Vous voyez

 11   cela, Monsieur Anttila ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et il est inscrit que, je cite : "Donc, aux environs de

 14   5 heures, des soldats de l'armée de la République serbe de Krajina, dont

 15   les effectifs sont indéterminés, ont été vus occupant des positions

 16   défensives dans le secteur général de Strmica coordonnées X, J0091 [phon].

 17   Des tanks et des mortiers ont été vus au niveau de ces mêmes positions. A 5

 18   heures 18, 15 secondes, ils ont tiré 12 rafales d'artillerie à partir de

 19   Strmica dans la direction de Knin."

 20   Est-ce que vous étiez au courant de cela, Monsieur ?

 21   R.  Non, c'est la première que j'ai ce document sous les yeux et ce

 22   rapport.

 23   Q.  Lorsque vous circuliez dans la région pour essayer de déterminer quelle

 24   maison avait été endommagée, quelles maisons avaient été touchées par des

 25   obus, est-ce que vous avez demandé à qui que ce soit lorsque vous rentriez

 26   au quartier général des observateurs militaires des Nations Unies s'est

 27   chargé du secteur sud qui était l'auteur du pilonnage dans ce secteur ?

 28   R.  Je n'ai pas interrogé les observateurs militaires des Nations Unies sur

Page 2567

  1   ce point. Je ne leur ai pas posé ce genre de questions à l'époque.

  2   Q.  Je vous demanderais maintenant de vous pencher rapidement sur la pièce

  3   D120, dont je demande le défilement à l'écran. Trois paragraphes plus bas

  4   et j'indique qu'il s'agit d'un article tiré du Toronto Star du 5 août. Nous

  5   lisons ce qui suit, je cite : "Les Croates sont très près." Une citation de

  6   l'homme qui était à l'époque le colonel Leslie, je cite : "Les Croates sont

  7   très près, les chars ripostent aux tirs à deux pas de notre camp, et les

  8   tirs d'artillerie frappent à l'intérieur de Knin."

  9   Alors, je vous repose la même question que tout à l'heure avec un peu plus

 10   de précision encore. Est-ce qu'effectivement, vous n'avez interrogé

 11   personne, vous n'avez posé aucune question aux observateurs militaires des

 12   Nations Unies sur ce sujet ?

 13   R.  C'est la première fois que je vois ce document, et je n'ai pas eu

 14   connaissance des commentaires du colonel Leslie.

 15   Q.  Alors, Monsieur, revenons maintenant à la carte que nous voyions tout à

 16   l'heure, le document 174.

 17   Vous voyez donc cette photo aérienne, et il y a la lettre A qui

 18   correspond à la zone examinée par vos soins. Et vous avez dit que les

 19   lettres B, C et D, correspondent aux secteurs qui ont été examinés par les

 20   autres membres de l'équipe de Podkonje, n'est-ce pas ?

 21   R.  Hm-hm.

 22   Q.  C'est exact ?

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Alors, pourriez-vous nous donner les coordonnées de grille que vous

 25   avez données au chef de l'équipe de Podkonje ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Donc, vous n'étiez qu'un membre de l'équipe ?

 28   R.  J'étais un membre de l'équipe qui avait été chargé d'une mission

Page 2568

  1   particulière par le chef des observateurs militaires.

  2   Q.  Et le chef de l'équipe était un certains Félix ?

  3   R.  Oui, un certain Félix --

  4   Q.  Alors, les secteurs sur lesquels nous allons nous pencher sont les

  5   secteurs B, C et D. Ce sont bien les secteurs les plus densément peuplés de

  6   Knin, n'est-ce pas ?

  7   R.  D'après ce que je sais, oui.

  8   Q.  D'accord.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Alors, sans perdre cela de vue, nous allons

 10   maintenant nous pencher sur la pièce P64 dont je demande l'agrandissant du

 11   paragraphe 1, encore un petit peu, s'il vous plaît.

 12   Q.  Il est écrit au paragraphe 1, je cite : "Que l'équipe Podkonje des

 13   observateurs militaires des Nations Unies a réalisé une évaluation

 14   provisoire des dégâts provoqués par les responsables des opérations de

 15   l'armée croate en date du 4 au 6 août 1995 dans la ville de Knin, et que le

 16   présent rapport se fonde sur un exemple de 70 % de la ville de Knin et ne

 17   fournit qu'une description générale et rapide de la situation."

 18   Alors, 70 % de la ville de Knin, c'étaient bien les quartiers résidentiels

 19   que vous avez choisis pour les singulariser sur la photographie aérienne,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  J'ai souligné que ces quartiers étaient les quartiers dans lesquels les

 22   patrouilles se sont rendues.

 23   Q.  Donc, sans perdre cela de vue, si nous passons maintenant au paragraphe

 24   2, je cite : "De façon générale, le pilonnage s'est concentré sur des

 25   objectifs militaires. Les dégâts provoqués par les obus sur des

 26   installations civiles sont concentrés à proximité des objectifs

 27   militaires."

 28   Et puis un peu plus loin, nous lisons, je cite : "Seuls quelques impacts

Page 2569

  1   peu nombreux sont observés dans d'autres quartiers de la ville."

  2   Alors, dites-moi si je me trompe, la conclusion à laquelle on est parvenu à

  3   l'époque consistait à dire qu'après examen de ces secteurs où vivait la

  4   majeur partie de la population, donc, la conclusion a consisté à dire que

  5   le colonel Hjertnes, enfin, que les tirs étaient principalement dirigés sur

  6   des cibles militaires; c'est bien cela ?

  7   M. RUSSO : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Le document

  8   est éloquent par lui-même et indique que les dégâts se situent à proximité

  9   des cibles militaires, mais il ne comporte pas les conclusions que Me Kehoe

 10   vient de citer.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, ceci correspondait au

 12   numéro 11. Veuillez procéder.

 13   M. KEHOE : [interprétation]

 14   Q.  Alors, vous avez fait une déclaration écrite en janvier 1996 dans

 15   laquelle vous avez noté que vous concordiez entièrement avec cette

 16   évaluation, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et puis vous avez changé d'avis, mais est-ce que vous avez entre-temps

 19   appris ce qu'étaient les cibles militaires en question ?

 20   R.  Ce qui est un fait c'est que ce rapport a été établi le 18 août 1995,

 21   et les choses n'ont pas cessé de se produire le 18 août. Il y a eu d'autres

 22   événements qui sont survenus par la suite, et puis, avec l'expérience que

 23   j'avais acquise dans le secteur, j'ai pu par la suite dire que je

 24   concordais avec le contenu de ce rapport, mais ultérieurement j'en ai

 25   appris davantage au sujet de ce secteur et au sujet d'autres choses

 26   également.

 27   Q.  Voyons ce que vous avez appris. Est-ce que vous avez appris quelque

 28   chose au sujet des bâtiments en tant que tels, et au sujet de savoir s'ils

Page 2570

  1   étaient ou non utilisés par l'armée de la République serbe de Krajina ?

  2   R.  Nous avons discuté entre nous les membres de l'équipe avec également

  3   les responsables du quartier général pour déterminer si telle ou telle

  4   installation était utilisée ou pas par l'armée de la République serbe de

  5   Krajina, mais à l'époque, je ne disposais pas de ce renseignement. Le seul

  6   objectif militaire que je connaissais à l'époque était la caserne du nord.

  7   Q.  D'accord. Donc, vous ne savez pas, Monsieur, par exemple, si la caserne

  8   de Senjak était utilisée à des fins militaires, n'est-ce pas ?

  9   R.  Qui est --

 10   Q.  Revenons à la photographie aérienne. Revenons au document 174.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, j'aimerais demander au

 12   témoin quelques précisions sur un point particulier.

 13   Vous avez dit, Monsieur, je vous cite : "Ce rapport a été établi le

 14   18 août et les choses n'ont pas cessé de se produire le

 15   18 août." C'est une réponse assez peu claire.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, je vous pose la question

 18   suivante : est-ce que vous laissez entendre que l'un quelconque des dégâts

 19   provoqués par le pilonnage aurait pu résulter d'obus tirés après le 18 ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ou bien est-ce que vous parlez de choses

 22   qui se sont passées par la suite en voulant parler de ce que vous avez

 23   appris ou constaté par la suite ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Des choses se sont produites après le 18 août,

 25   mais ce ne sont évidemment pas ces choses-là qui ont provoqué le -- mais

 26   évidemment ces choses-là n'ont pas été provoquées par le pilonnage.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais quoi --

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Donc, nous parlons de pillage, d'incendie et

Page 2571

  1   d'événement de ce genre.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais cela semble être un problème assez

  3   différent ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De ce dont il est fait état dans ce

  6   document ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] En date du 18, lorsque les équipes sont allées

  8   sur le terrain tout n'était pas nettoyé sur le terrain, et on ne pouvait

  9   pas accéder aux routes du secteur, et par la suite nous avons pu pénétrer

 10   plus profondément dans cette région et en voir davantage.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous ne parlez pas de la ville de

 12   Knin en ce moment, n'est-ce pas ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] De Knin ?

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous parlez des environs de Knin ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Des environs de Knin, c'est-à-dire des zones

 16   qui sont pointées sur la photographie. On ne pouvait pas utiliser la route

 17   parce qu'elle était jonchée de débris qui, ensuite ont été nettoyés. Il y

 18   avait entre autres des impacts de pilonnage. Donc, tous les renseignements

 19   n'étaient pas disponibles le 18. C'est cela que j'essaie de dire.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'essaie simplement de comprendre ce que

 21   vous vouliez dire par les mots, "d'autres choses se sont produites."

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder, Maître Kehoe.

 24   M. KEHOE : [interprétation]

 25   Q.  Monsieur, il importe quand on veut décider si tel ou tel élément est ou

 26   non une cible militaire, de savoir si cet élément est utilisé ou non à des

 27   fins militaires au moment des faits ?

 28   R.  Oui.

Page 2572

  1   Q.  N'est-ce pas ?

  2   R.  C'est tout à fait normal. Oui, c'est la vérité.

  3   Q.  Donc, examinons la pièce P74 -- excusez-moi, la pièce P174. Monsieur

  4   Anttila, il s'agit toujours de la photographie aérienne.

  5   Le secteur que vous avez encerclé ne regroupe pas la zone qui faisait de

  6   votre part l'objet d'un certains nombre de questions. Je crois qu'on la

  7   voit sur le document suivant, je pense qu'il s'agit de la pièce P175. Je

  8   cherche le document où vous avez tracé un cercle autour de la caserne.

  9   Voilà, c'est celui-ci.

 10   Donc, dans la pièce P175, le secteur autour duquel vous avez tracé un

 11   cercle et à côté duquel vous avez apposé la lettre "M" --

 12   R.  Hm-hm.

 13   Q.  -- et je ne parle pas donc du secteur annoté grâce à la lettre "F" dans

 14   lequel on trouvait l'usine, mais je parle de celui annoté grâce à la lettre

 15   "M". C'était bien celui qui suscitait quelques questions en vous, n'est-ce

 16   pas ?

 17   R.  C'est exact.

 18   Q.  Alors, passons maintenant à la pièce D161, page 6. Le secteur

 19   correspondant à la lettre "M" c'est l'emplacement de la caserne de Senjak,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  Moi, je ne connais pas cette dénomination, caserne de Senjak, en tout

 22   cas, c'est un nom, une dénomination que nous n'utilisions pas pendant que

 23   j'étais sur le terrain.

 24   Q.  Passons à la page 6 de la version anglaise de la pièce D161.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela provoque une certaine confusion,

 26   Maître Kehoe, parce qu'au bas de la page, on écrit page 6 sur un total de

 27   10; et en haut de la page, on lit le numéro 3. Pouvez-vous -- la

 28   pagination.

Page 2573

  1   M. KEHOE : [interprétation] Je suis aussi un peu perplexe, Monsieur le

  2   Président, car je ne lis pas le croate, pas plus que le B/C/S. Donc,

  3   j'aimerais que mon collègue me donne une indication. Je crois, Monsieur le

  4   Président, qu'il s'agit de la page 1 820 ou 1 620. Vous voyez cette

  5   annotation à droite ? Est-ce que vous la voyez, Monsieur le Président ?

  6   Alors, si vous voyez ces quatre chiffres,

  7   1 620, et que vous passez à la version B/C/S -- non, un peu plus haut, en

  8   haut à droite de la version en B/C/S, 1 620. Et on a également 1620 dans la

  9   version anglaise, au même endroit de la page.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Dans la page précédente, c'est-à-dire la page

 12   marquée en bas comme étant la cinquième sur un total de 10, on trouve la

 13   date. Il s'agit du journal personnel du chef de la logistique de l'armée de

 14   la République serbe de Krajina, et donc, on voit une mention de la date

 15   dans le paragraphe 2 qui traite des opérations -- de l'attaque du 4 août

 16   1995.

 17   Q.  Vous voyez cette phrase, Monsieur ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Donc, maintenant, passons à la page suivante. Remontons dans la page et

 20   nous lisons ce qui suit, je cite : "A 16 heures 20, je me suis rendu au

 21   poste de commandement arrière qu'était la caserne de Senjak pour une courte

 22   réunion avec les officiers supérieurs que j'ai déployés comme suit," et

 23   ensuite, on trouve une liste d'un certain nombre d'officiers désignés

 24   individuellement.

 25   R.  Hm-hm.

 26   Q.  Alors, je crois comprendre que vous ne saviez pas que ce bâtiment

 27   s'appelait la caserne de Senjak, mais conviendriez-vous en lisant ce

 28   passage que cette installation qui est décrite dans ce document, cette

Page 2574

  1   caserne qui est décrite dans ce document -- le document que nous avons à

  2   l'écran, était en fait une installation militaire ?

  3   M. RUSSO : [interprétation] Objection, Monsieur le Président. Le document

  4   n'indique pas cela au sujet de cette installation. Il est question d'une

  5   caserne de Senjak, mais je ne vois nulle part d'image.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Essayons de distinguer entre ce que le

  7   témoin peut nous dire et une quelconque exégèse de ces documents. Parfois,

  8   les témoins sont plus talentueux dans l'exégèse que les conseils. Quant à

  9   savoir si les Juges de la Chambre sont très doués pour l'exégèse, cela

 10   reste encore à déterminer.

 11   M. KEHOE : [interprétation]

 12   Q.  Examinons cet écran, Monsieur Attila; conviendrez-vous avec moi que

 13   l'officier responsable se trouve dans la caserne de Senjak et distribue des

 14   consignes à d'autres officiers ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Revenons maintenant à cette caserne de Senjak et à l'emplacement autour

 17   duquel vous avez tracé un cercle sur la photographie aérienne qui constitue

 18   la pièce P175.

 19   Je parle de cette zone autour de laquelle vous avez tracé un cercle à côté

 20   duquel vous avez inscrit la lettre "M". Quels renseignements avez-vous

 21   reçus qui vous permettaient de penser que cette installation n'était une

 22   installation militaire ?

 23   R.  A la date du 17, je n'ai reçu aucun renseignement sur ce secteur.

 24   Q.  Mais lorsque vous avez procédé à votre évaluation, à votre examen, est-

 25   ce que vous êtes retourné au quartier général des observateurs militaires

 26   des Nations Unies ? Est-ce que vous avez posé la question au QG chargé du

 27   secteur sud pour savoir quelle était la nature de cette installation ?

 28   R.  Non, je ne l'ai pas fait. Je suis rentré, nous avons réalisé l'analyse

Page 2575

  1   de cratère sur place. En fait, l'analyse nous l'avions réalisée sur place,

  2   puis nous sommes rentrés au QG et nous avons transmis les renseignements

  3   que nous avions. Mais je n'avais aucun renseignement au sujet du secteur

  4   qui est encerclé sur cette photographie aérienne et annotée par la lettre

  5   "M". Je ne savais pas que c'était un objectif militaire.

  6   Q.  Monsieur, le colonel Hjertnes était dans le secteur depuis plus

  7   longtemps que vous, n'est-ce pas ?

  8   R.  D'après ce que je sais, oui.

  9   Q.  Alors, dans quelle mesure c'est vous qui lui avez donné ces

 10   informations et vous êtes vous appuyé sur ses connaissances supérieures aux

 11   vôtres en matière de ce secteur à la date du 17 août 1995 pour ce qui est

 12   de la prise de décision concernant le fait de savoir si c'étaient oui ou

 13   non des cibles militaires ?

 14   R.  J'ai été déployé à l'époque là, et je servais sous son commandement.

 15   Aussi, m'attendrais-je à ce que lui dispose de davantage d'informations et

 16   de plus de fondement que moi pour apporter ce type de jugement à la

 17   matière.

 18   Q.  Alors, dans votre évaluation provisoire, vous indiquez que le colonel

 19   Hjertnes avait obtenu des informations de la part de différentes personnes

 20   dans l'équipe de Podkonje, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Lorsque l'équipe de Podkonje s'est penchée sur ces sites avant, est-ce

 23   que les gens de cette équipe de Podkonje se sont penchés sur ces sites

 24   avant le 17, à votre connaissance ?

 25   R.  Et bien.

 26   Q.  Alors, le savez-vous ?

 27   R.  Je n'ai pas d'informations à ce sujet pour ce qui est des patrouilles

 28   effectuées là-bas. Je ne peux émettre que des hypothèses.

Page 2576

  1   Q.  Bon, vous ne le savez pas.

  2   R.  C'est cela.

  3   Q.  -- partant de ce -- ces informations-là, il a apporté -- ou il a fait

  4   une évaluation provisoire ?

  5   R.  C'est ce que je crois avoir compris comme façon de procéder.

  6   Q.  Alors, vous avez été au courant de cette évaluation provisoire, n'est-

  7   ce pas ?

  8   R.  Je savais qu'il transmettait ces informations par le système au-delà,

  9   oui.

 10   Q.  Et vous savez que c'était envoyé à Zagreb également ?

 11   R.  Oui. Du moins, je m'y attendais.

 12   Q.  En fin de compte, avez-vous appris -- et peut-être pourrions-nous, à

 13   cet effet, nous pencher brièvement sur la pièce P80 -- non, D -- excusez-

 14   moi, D90.

 15   Monsieur, ici, il s'agit d'un rapport du Conseil de sécurité des Nations

 16   Unies daté du 23 août -- il s'agit plutôt d'un rapport du secrétaire

 17   général à l'intention du Conseil de sécurité des Nations Unies. Et

 18   j'aimerais qu'on passe au paragraphe 5, page 2, première phrase. Dans cette

 19   ligne, il est dit : "Le 4 août 1995, l'armée croate a lancé une attaque sur

 20   les secteurs nord et sud. Knin est tombée le 5 août après un pilonnage

 21   concentré."

 22   Alors, vous n'êtes au courant d'aucun rapport émanant du secrétaire général

 23   où il serait fait état qu'il y aurait eu des pilonnages aveugles sur Knin,

 24   n'est-ce pas ?

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'était au numéro -- au 14

 26   --

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'étais pas là-bas, je n'ai pas

 28   d'information au sujet et je me trouvais en mission dans le secteur de --

Page 2577

  1   le 4 août. Je suis resté à Zagreb jusqu'au 14 et au-delà, donc, je n'ai pas

  2   d'information à ce sujet.

  3   Q.  Donc, vous ne savez rien au sujet d'un rapport des Nations Unies

  4   présenté par le secrétaire général ?

  5   R.  Je ne suis pas du tout familiarisé avec.

  6   Q.  Alors, dans ce -- à ce sujet dans le rapport final, il y a un P64 qui

  7   dit que -- quelle est l'image plus précise à donner à cette évaluation qui

  8   a suivi, d'ailleurs, au bout d'une semaine.

  9   R.  Hm-hm.

 10   Q.  Et vous avez été informé du fait que le colonel Hjertnes a informé le

 11   Procureur pour ce qui est de : "Cette équipe de Podkonje" - et il parle

 12   d'un rapport final - "qui est cohérent avec -- ou qui coïncide avec

 13   l'évaluation provisoire, je ne me souviens pas qu'il y ait eu une opinion

 14   dissonante." Est-ce qu'on vous l'a dit ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Vous avez dit, dans le cours de votre témoignage, que vous pensiez,

 17   partant des chiffres avancés par le Conseil, qu'il y avait eu 660 maisons

 18   de détruites, et vous aviez les 40 -- 40 % de cela était détruit par

 19   pilonnages.

 20   R.  C'est une figure approximative, c'est une évaluation, oui.

 21   Q.  Lorsque vous avez procédé à cette évaluation sans procéder ou sans

 22   disposer une -- d'une connaissance pleine et entière, ça a été fait sans

 23   posséder une connaissance pleine et entière des cibles militaires qu'il y

 24   avait à Knin, n'est-ce pas ?

 25   R.  Ce chiffre de 660 est un chiffre qui date de -- du 18 août. Donc, c'est

 26   -- non, c'est après le 18 août, c'est en novembre qu'on s'est procuré et

 27   c'est là qu'on a pu recueillir beaucoup plus d'informations qu'à la date du

 28   18 août.

Page 2578

  1   Q.  Ma question était la suivante, Monsieur : vous avez indiqué qu'il y a

  2   eu 660 maisons de détruites ou d'endommagées --

  3   R.  Oui, c'est le chiffre du mois de novembre. Nous ne sommes pas en train

  4   de parler du même chiffre dans le rapport du 17 et 18 août. Le 18 août, il

  5   y a une espèce d'aperçu plutôt bref, et en novembre, lorsque nous sommes en

  6   train de parler de 660 maisons, nous sommes en train de parler d'une

  7   investigation détaillée qui a été conduite pendant cette période de temps

  8   du fait de plusieurs patrouilles s'étant déplacées dans le secteur.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Anttila, il y a deux questions

 10   qui se posent ici. Il y a une question qui est -- qui se rapporte à des

 11   connaissances complémentaires qui étaient celles du mois de novembre par

 12   rapport au mois d'août pour ce qui est des dégâts ou des maisons détruites.

 13   Ça, c'est d'un.

 14   Le deuxième élément c'est si vous vous êtes procuré ces connaissances

 15   complémentaires au sujet de cibles militaires potentielles entre les mois

 16   d'août et de novembre. Et vous, vous avez répondu au sujet de dégâts et,

 17   apparemment, ce qui intéresse

 18   M. Kehoe, c'est de savoir si vous avez eu des informations complémentaires

 19   au sujet de cibles militaires potentielles que vous auriez -- que vous vous

 20   seriez procurées entre août et novembre. Alors, vous avez répondu à la

 21   première partie de la réponse jusqu'à une certaine -- un certain point,

 22   mais est-ce que vous pourriez vous pencher sur le deuxième élément de la

 23   question ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai obtenu des informations de la part des

 25   observateurs militaires des Nations Unies qui se trouvaient dans le secteur

 26   au sujet du fait, par exemple, que s'agissant de la zone indiquée par la

 27   lettre M, cela pourrait constituer une cible militaire dans ce sens-là,

 28   oui. Donc, j'ai obtenu davantage d'informations au sujet de cibles

Page 2579

  1   militaires possibles qui existaient dans ce secteur avant l'opération

  2   Tempête, à savoir après le 18 août.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais confier à -- aux soins de M.

  4   Kehoe de voir dans quelles mesures ces informations complémentaires ont été

  5   détaillées.

  6   M. KEHOE : [interprétation]

  7   Q.  Est-ce que vous pouvez nous donner les détails --

  8   R.  Lorsque nous avons conduit aux -- nos véhicules et qu'on a traversé ces

  9   secteurs, je sais qu'il y a eu cette maison qui se trouvait à côté de la

 10   route à coté de ce secteur marqué par une lettre M. Et donc, lorsque nous

 11   conduisions par là, par exemple, Tchernetsky m'a dit que des gars de la RSK

 12   se trouvaient là-bas avant l'opération Tempête, mais nous n'avons jamais

 13   obtenu d'informations concrètes pour ce qui était de savoir si c'était une

 14   caserne ou si c'était un bâtiment où ils avaient coutume d'être installés.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais est-ce que nous sommes en train de

 16   parler de cette partie de la carte qui porte la lettre M, et vous êtes-vous

 17   procuré des informations au sujet de centres logistiques de -- de centres

 18   de Transmissions ? Une fois de plus, est-ce que vous vous êtes procuré des

 19   informations au sujet du fait de savoir ce que -- la Défense désigne par

 20   caserne de Senjak ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] A part le site même au sujet duquel on a dit

 22   que les -- des troupes de la RSK s'y trouvaient et qu'il y avait là une

 23   espèce de base, mis à part les -- la caserne nord, et bien, nous nous

 24   étions fait une idée disant que cela pouvait bien se trouver dans la partie

 25   désignée par un M.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais en même temps que vous avez

 27   apporté cette explication, il semblerait que vous vous êtes -- vous aviez

 28   une façon limitée de vous faire une idée de ce qu'était une cible militaire

Page 2580

  1   -- de ce qui pouvait être une cible militaire et s'il y avait ou pas des

  2   troupes là-bas. Donc, c'est la raison pour laquelle on vous pose des

  3   questions au sujet d'autres centres tels que centres logistiques, centres

  4   de Transmissions, centres chargés des Transports, bureaux du gouvernement

  5   en corrélation avec les militaires ou l'armée.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque je parle de cibles militaires, nous

  7   sommes en train de parler de militaires impliqués dans les activités y --

  8   s'y déroulant. Par exemple, je n'ai pas estimé qu'une gare ferroviaire

  9   devait être considérée comme une cible militaire bien que l'on puisse

 10   comprendre que certains voient cela de la sorte.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, veuillez continuer.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Je voudrais que nous revenions un instant à la réponse que vous avez

 14   apportée et, en corrélation avec cette réponse, j'aimerais qu'on nous

 15   montre la pièce P63.

 16   J'aimerais qu'on agrandisse la partie supérieure de ce document, et qu'on

 17   nous montre l'intitulé : "Classification des dégâts sur les bâtiments," le

 18   voyez-vous, Monsieur ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Il est dit "Classification de dégâts comme suit :

 21   1, non endommagé;

 22   2, petit dégât (fenêtres ou portes enfoncées)."

 23   Il y a pour une raison pour laquelle ces chiffres se recoupent.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a une logique également.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 26   Q.  Alors, au 2, on voit endommagement de la toiture.

 27   Ensuite, on voit ne pas englober les usines et les bâtiments

 28   officiels.

Page 2581

  1   Alors, est-ce que ceci indique ou pas que le colonel Hjertnes avait

  2   considéré que ces usines et ces bâtiments officiels constituaient des

  3   cibles légitimes ?

  4   R.  Ce n'est pas la façon dont j'ai vu les choses.

  5   Q.  Vous êtes-vous enquis auprès de qui que ce soit pour ce qui est des

  6   raisons pour lesquelles ces usines et ces bâtiments officiels ne devraient

  7   pas pris en considération ?

  8   R.  Je ne m'en souviens pas.

  9   Q.  Qu'avez-vous considéré lorsque vous avez lu ceci, à savoir qu'il

 10   s'agissait de bâtiments officiels ?

 11   R.  Des bâtiments officiels, ce serait des bâtiments administratifs où les

 12   autorités pouvaient avoir leurs bureaux, tels que par exemple les postes de

 13   police ou des bâtiments du gouvernement.

 14   Q.  Est-ce que vous avez pris ceci en considération lorsque vous avez

 15   procédé à cette visite de Knin ?

 16   R.  Nous n'avons pas procédé à une inspection de ces bâtiments, concret,

 17   non.

 18   Q.  Saviez-vous où cela se trouvait ?

 19   R.  Je savais le long de la route. Nous savions à quel endroit cela se

 20   trouvait au centre de Knin. Mais pendant l'investigation et la patrouille

 21   du 17, le patrouilleur du 17, lorsque nous sommes allés analyser le cratère

 22   aux fins d'une évaluation provisoire, nous n'avons pas procédé à une

 23   inspection de ce secteur. Nous sommes juste passés à côté à bord d'un

 24   véhicule, et s'agissant de cet ordre-ci, il a été donné -- délivré lorsque

 25   nous étions en train de patrouiller le 17. Par conséquent, ce n'est pas une

 26   information dont nous avions disposé lorsque nous sommes sortis, lorsque

 27   nous y sommes allés.

 28   Q.  Bien. J'aimerais qu'on montre maintenant la pièce P175 une fois de

Page 2582

  1   plus. Le P175.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, si nous apportons un

  3   nouveau marquage, est-ce que cela devient une pièce à conviction nouvelle ?

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. A chaque fois qu'il y a des

  5   marquages additionnels il y a versement au dossier de la pièce avec une

  6   cote nouvelle. Toutefois, on peut se servir d'un document qui dispose déjà

  7   d'annotation.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Certes.

  9   Q.  Où se trouve le poste de police ? Pouvez-vous nous l'indiquer ?

 10   R.  Je ne m'en souviens pas exactement. Disons que je pense qu'à mon avis

 11   ça se trouvait par ici, dans cette partie-ci de la ville.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, on se sert maintenant d'une

 13   couleur bleue, alors que c'est réservé à l'Accusation. Je voudrais qu'on

 14   efface cela.

 15   M. RUSSO : [interprétation] Je crois que c'est le rouge qui a été utilisé

 16   pour l'Accusation.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ah oui, c'est le rouge pour

 18   l'Accusation. Vous avez raison, je me suis trompé.

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Alors, pouvez-vous nous dire si vous vous êtes procuré l'information

 21   pour ce qui est de savoir où se trouvai le QG de l'armée de la République

 22   de la Krajina serbe ?

 23   R.  Pas à ce moment-là.

 24   Q.  Est-ce que vous avez été informé des installations où les officiers et

 25   le personnel de l'armée de la RSK étaient logés ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Etiez-vous, mis à part ce site F au courant de l'existence d'autres

 28   usines qui auraient été ciblées ?

Page 2583

  1   R.  Non.

  2   Q.  Y avait-il un poste de police dans le secteur où vous avez patrouillé à

  3   la date du 17 août ? Je vais revenir à la carte que vous avez annotée, le

  4   174. Est-ce qu'on peut y revenir ?

  5   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, nous allons passer à un

  6   document, et j'aimerais qu'on revienne au P174, et j'aimerais que celui-ci

  7   soit versé au dossier.

  8   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience.

 10   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, ça deviendra la

 11   pièce D170.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le D170 sera donc versé au dossier.

 13   M. KEHOE : [interprétation]

 14   Q.  Alors, vous avez dit que vous avez patrouillé dans le secteur A.

 15   Est-ce que vous avez dit qu'il y a eu de points

 16   d'impacts ?

 17   R.  Hm-hm.

 18   Q.  Y avait-il un poste de police là-bas ?

 19   R.  Je n'ai pas gardé le souvenir d'avoir vu un poste de police.

 20   Q.  Maintenant, pour ce qui est du C, y avait-il un poste de police là-bas

 21   ?

 22   R.  Je ne sais pas. Je n'ai pas patrouillé par ce secteur-là à l'époque.

 23   Q.  Revenons maintenant à votre déclaration concernant les dégâts. Vous

 24   avez dit qu'il y a eu 660 bâtiments à Knin à être endommagés, dont 40 % par

 25   pilonnage; vous en souvenez-vous ?

 26   R.  C'est une déclaration que j'ai faite partant des rapports compilés en

 27   provenance des équipes des observateurs militaires des Nations Unies. Ce

 28   n'est pas ce que j'ai observé moi-même. C'est une compilation ou un chiffre

Page 2584

  1   qui émane des rapports en provenance des équipes.

  2   Q.  Bien. Nous allons nous pencher maintenant sur le P66. Ceci est un

  3   document émanant de vous dont il a été question à l'occasion de

  4   l'interrogatoire principal. Et j'aimerais qu'on se penche à présent sur la

  5   page -- il y a six pages plus loin, et ça devrait être la cote 548207.

  6   M. RUSSO : [interprétation] Objection. Je crois qu'il s'agit d'un

  7   malentendu pour ce qui est du document qui lui a été montré à

  8   l'interrogatoire principal parce qu'on lui a montré une version ultérieure

  9   de ce document.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse. Il s'agit ici du 4/11/1995 qui a

 11   été versé au dossier auparavant.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, essayons d'éviter toute confusion

 13   pour ce qui est des différentes versions des documents.

 14   M. KEHOE : [interprétation] C'est de ma faute. Je m'en excuse.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Hm ?

 16   M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Je pensais

 17   qu'on s'était penché dessus à partir de celui du

 18   4 novembre.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous pouvez faire verser au dossier

 20   tout ce que ce témoin vous aura confirmé, et je crois que ce que vous

 21   recherchez c'est de mettre à l'épreuve l'exactitude du témoignage au

 22   principal, donc, il faut utiliser la même version. Si, par contre, vous

 23   voudriez parler d'une période intermédiaire, vous pouvez bien entendu vous

 24   servir d'une autre version.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je crois que c'est exactement la même version,

 26   Monsieur le Juge. Donc, j'aimerais que l'on retrouve la page exacte --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais quelle est la cote de l'autre

 28   document afin que nous puissions vérifier ? Quelle est la dernière des

Page 2585

  1   versions de ce document, Monsieur Russo ?

  2   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je crois qu'il s'agit de

  3   la pièce à conviction qui porte la cote P176.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P176, je vais essayer d'avoir ça sur mon

  5   écran pour pouvoir confirmer.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Oui. Alors, quelle est la date de ce document

  7   précédent ?

  8   M. RUSSO : [interprétation] Je crois qu'il s'agit du P66 daté du 4 octobre

  9   1995.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Non. Le P66 est daté du 4 novembre 1995. Et si

 11   on se penche sur la première page du P66 on voit que c'est daté du 4

 12   novembre 1995.

 13   M. RUSSO : [interprétation] Alors, je crois que peut-être, faudrait-il que

 14   nous vérifions lequel a été versé au dossier après-midi. Il me semble que

 15   le 1587 en application du 65 ter. Je suis désolé, je ne cherche pas à créer

 16   la confusion, je cherche seulement à vérifier si nous parlons de la même

 17   pièce.

 18   *M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On vous voir le numéro que vous nous

 19   avez donné, Monsieur Russo, il s'agit du P176 daté du

 20   4 novembre 1995. Donc, si vous pouvez vérifier avec l'autre - comparer avec

 21   l'autre.

 22   M. TIEGER : [interprétation] Je suis en train de vérifier sur le prétoire

 23   électronique. Il s'agit du P66 et dans l'en-tête, j'ai des renseignements

 24   parlant de la population qui est restée au secteur sud dans les maisons

 25   détruites après l'opération Tempête du

 26   4 octobre.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, c'est le 4 novembre. Continuons,

 28   par conséquent, avec la version la plus récente.

Page 2586

  1   M. KEHOE : [interprétation] Justement, je suis en train de parler de ce

  2   document du 4 novembre 1995.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et c'est le P66 [comme interprété].

  4   M. KEHOE : [interprétation] Peut-être ce -- pourrait-on entrer dans les

  5   détails plus tard ? Je pense que l'heure serait peut-être venue de faire la

  6   pause, Monsieur le Juge.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, ce serait l'heure de la pause, mais

  8   je veux vérifier autre chose encore. Oui, le moment est bien arrivé de

  9   faire une pause, mais je vais d'abord demander à

 10   M. Anttila de suivre l'huissier pour quitter le prétoire afin que nous

 11   puissions nous pencher un instant sur une petite question en matière de

 12   procédure.

 13   [Le témoin quitte la barre]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les parties chargées de la Défense

 15   peuvent-elles me donner une indication pour ce qui est du temps dont ils

 16   ont besoin encore ?

 17   M. KEHOE : [interprétation] Je suis la seule personne à conduire le contre-

 18   interrogatoire, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 20   M. KUZMANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, cela dépendra de ce

 21   qui se passera. Je vais peut-être avoir besoin de 15 minutes au plus.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, 15 minutes.

 23   M. CAYLEY : [interprétation] Rien ne vient du côté de la Défense de M.

 24   Cermak pour le moment. Merci.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, de combien de temps

 26   pensez-vous avoir besoin ?

 27   M. KEHOE : [interprétation] Je crois que le reste de la journée

 28   d'aujourd'hui et peut-être une heure demain matin.

Page 2587

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, au moins une chose est sûre pour le

  2   moment, à savoir que nous en finirons avec ce témoin.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Absolument.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense demain. Alors, c'était la seule

  5   question qui me donnait matière à préoccupation pour le moment.

  6   Nous allons faire une pause et nous allons continuer à 1 heure moins

  7   5.

  8   --- L'audience est suspendue à 12 heures 34.

  9   --- L'audience est reprise à 12 heures 57.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, veuillez poursuivre, je

 11   vous prie.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Merci.

 13   Q.  Monsieur Anttila, bienvenue. Prenez, je vous prie, la pièce 176.

 14   Passons à la page 5 -- ou plutôt, 5 482.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Je demanderais un agrandissement, s'il vous

 16   plaît.

 17   Q.  Monsieur Anttila, c'est écrit en très petit, mais est-ce que vous

 18   pouvez voir ce qui est écrit ? Je vous demanderais d'essayer. Je crois

 19   qu'il s'agit d'une lettre dont vous avait parlé M. Russo. Vous voyez que

 20   l'on voit ici Knin nord-est, nord-ouest, sud-ouest. Et si l'on prend ces

 21   chiffres, si l'on regarde la colonne de droite, lorsqu'on additionne les

 22   chiffres 41, 6 -- 41 et 662 qui fait 69 -- et ensuite, 294, 236 qui devient

 23   591 et le 591, ça c'est 69 et 660. Est-ce que c'est la méthodologie que

 24   vous avez employée ?

 25   R.  Oui. En fait, ces chiffres s'additionnent.

 26   Q.  Et vous nous dites, en fait, que 40 % de ces 240 avaient été détruits

 27   au cours -- ou qu'il y a eu, plutôt, des dégâts causés par des obus lors de

 28   l'opération Tempête ?

Page 2588

  1   R.  Oui, c'était mon évaluation.

  2   Q.  Prenons alors le document P17600548202. Une colonne parle de la

  3   population après le 4 août. Si je ne m'abuse, c'est bien la population dans

  4   les villages qui est restée après l'opération

  5   Tempête ?

  6   R.  Voilà, ce sont les noms qui ont été enregistrés par les observateurs

  7   militaires.

  8   R.  Donc, ces personnes qui sont restées dans le village après l'opération

  9   Tempête ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Je vois aussi le titre du document intitulé : "Données de

 12   -- sur la population dans le secteur sud et des maisons détruites après

 13   l'opération Tempête."

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Pourriez-vous nous dire où se trouve, dans ce document, si je puis,

 16   l'endroit qui nous dit la chose suivante : si ce document est intitulé :

 17   "Maisons détruites après l'opération Tempête," est-ce qu'il y a une

 18   désignation sur ce document quant aux maisons qui avaient été endommagées

 19   ou détruites au cours de l'opération ?

 20   R.  Il n'y a absolument aucune indication quant aux maisons détruites

 21   pendant l'opération Tempête. Nous n'avons pas de données sur ce fait-là,

 22   mais ce document nous parle de ce qui est resté sur le terrain après

 23   l'évaluation, après l'appréciation provisoire faite sur les villages et les

 24   hameaux.

 25   Q.  Lors de l'interrogatoire principal, 40 % des maisons ont été

 26   endommagées ou détruites à la suite d'un pilonnage ?

 27   R.  C'était à Knin.

 28   Q.  Ah bon, à Knin. Et c'est environ 660 -- 240 maisons des 660 maisons ?

Page 2589

  1   R.  Oui.

  2   Q.  260 maisons des 660 maisons.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Où peut-on trouver les maisons qui ont été endommagées ou détruites à

  5   la suite de ce pilonnage ?

  6   R.  Mais nous n'avons pas de telles colonnes.

  7   Q.  Lorsque vous prenez la décision -- ou plutôt, je retire cette question.

  8   Voici ma question. Connaissez-vous le concept des cibles à double usage ?

  9   R.  Je ne comprends pas ce que vous me dites.

 10   Q.  Non, non. Je comprends que l'anglais n'est pas votre langue maternelle

 11   et je parle rapidement. Et je vous demanderais de bien nous l'indiquer

 12   chaque fois que vous ne comprenez pas quelque chose. Connaissez-vous le

 13   concept de double usage de cible -- de double usage ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Connaissez-vous le concept de cible mobile ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Donc, c'est un camion militaire, ou ce sont des camions militaires et

 18   des unités mécanisées qui constituent des objectifs mobiles ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Lorsque vous évaluez des dégâts causés par exemple par des obus, il est

 21   important de savoir si, dans la région, il y avait des cibles mobiles ?

 22   R.  Oui, il est important d'évaluer l'objectif, le but, la cible des tirs.

 23   Mais lorsqu'on fait une évaluation après une appréciation telle que celle-

 24   ci, après le pilonnage, il nous est très difficile de savoir s'il y avait

 25   des cibles mobiles au moment du pilonnage.

 26   Q.  Très bien. Maintenant, passons à la dernière page, à la page 1 176. Si

 27   l'on examine ces chiffres, nous pouvons remarquer qu'il y avait 22.213

 28   bâtiments, dont 863 ont subi des dégâts complets -- plutôt, 8 863 bâtiments

Page 2590

  1   ont été complètement endommagés, et 9 207 bâtiments ont été partiellement

  2   endommagés dans le secteur sud ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et donc, peut-on conclure que 78 % des bâtiments des bâtiments dans le

  5   secteur sud avaient été soit complètement détruits ou partiellement

  6   détruits ?

  7   R.  Non. En fait, d'un total de 22 000 bâtiments que nous avons pris en

  8   compte pour cette évaluation, six bâtiments ont été détruits -- enfin, le

  9   chiffre que vous avancez vaut pour 22 000 bâtiments.

 10   Q.  Mais est-ce que cela veut dire que vous avez inclus dans ces chiffres

 11   certains bâtiments mais non pas tous ?

 12   R.  Non, il y a eu des villages et des hameaux qui avaient été évalués par

 13   des observateurs militaires pour cette évaluation.

 14   Q.  Donc, est-ce que vous nous dites qu'il y a eu des villages et des

 15   hameaux qui n'ont pas été pris en compte ?

 16   R.  Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des villages et des hameaux

 17   qui se trouvaient dans le même secteur et qui n'ont pas fait l'objet de

 18   cette étude.

 19   Q.  Comment pouvons on savoir si quelqu'un s'est rendu effectivement dans

 20   un village ou dans un hameau ?

 21   R.  Chaque équipe tenait un registre des noms de village dans leurs propres

 22   zones de responsabilité, dans lesquelles ils se rendaient, donc c,'est leur

 23   responsabilité, ou leur tâche consistait à couvrir une région le plus

 24   complètement que possible pendant la période donnée.

 25   Q.  Excusez-moi. Alors, vous nous dites que - quoi exactement ?

 26   R.  Ils diront dans leurs rapports que tel ou tel village a fait l'objet

 27   d'une évaluation, d'une visite et c'est ainsi qu'à la suite de cette

 28   tournée des villages on rédigeait un rapport.

Page 2591

  1   M. KEHOE : [interprétation] Prenons la pièce P65 et appliquons ce que vous

  2   avez dit à cette pièce.

  3   Q.  La pièce P65 c'est le document dont vous avez parlé lors de

  4   l'interrogatoire principal et qui liste tous les villages dans la vallée de

  5   Plavno ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  On peut voir ici Stojakovici, Grmuse, Jovici, Bajinac, Torbice, et

  8   cetera. Donc, ceci vous donnait une idée des villages dans lesquels ils

  9   s'étaient rendus ?

 10   R.  En fait, c'était censé me donner une idée du travail qu'ils avaient

 11   fait. Lorsque j'ai rédigé ces rapports, ceci était utile car je pouvais

 12   savoir que dans la région générale de Plavno, mes collègues s'étaient

 13   rendus à ces endroits, sont allés dans ces hameaux, mais tous les hameaux

 14   n'ont pas été inscrits sur cette liste et comme j'ai dit un peu plus tôt,

 15   c'est un exemple de documents que l'on pouvait envoyer. Ce document-ci,

 16   précisément, on l'avait renvoyé à l'équipe en leur disant, Vous devez être

 17   plus précis lorsque vous nous parlez de hameaux dans lesquels vous vous

 18   êtes rendus, mais pour évaluer -- pour pouvoir rédiger ce rapport, ce type

 19   de rapport nous servait de base. C'était l'information que nous recevions.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Passons maintenant au document P176, la page

 21   548 207.

 22   Q.  Sur cette page, si l'on prend la vallée de Plavno, donc, les

 23   annotations autour ou à côté de la vallée de Plavno, on peut voir Grmuse.

 24   Si on passe à la page suivante, on voit également Stojakovici, Torbice,

 25   mais il n'y a pas de Jovici ou de Bajinac, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Donc, ici on ne sait pas si quelqu'un s'est rendu dans ces villages,

 28   cela ne figure pas sur cette liste.

Page 2592

  1   R.  Cela ne figure pas sur cette liste, on ne peut pas savoir si -- à

  2   l'examen de ce document, si quelqu'un s'est rendu dans ces villages, mais

  3   plus tard dans d'autres rapports, il y a d'autres noms de hameaux qui y

  4   figurent.

  5   Q.  Oui, oui, je comprends, mais si vous prenez ce document, vous sauriez

  6   qu'il s'était rendu dans ces hameaux -- s'il s'était rendu effectivement

  7   dans ces hameaux.

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Si vous prenez les chiffres pour la vallée de Plavno et les villages

 10   qui avaient subi des dégâts à la suite de l'opération Tempête, qu'il

 11   s'agisse des dégâts complets et des dégâts partiels, les données ne

 12   correspondent pas -- ou les chiffres ne correspondent pas aux chiffres que

 13   vous avez avancés pour ces villages. Nous avons 207 résidences complètement

 14   endommagées ou dont les dégâts étaient mineurs. Et si nous prenons les

 15   chiffres pour le village de Grmuse, nous pouvons voir qu'il n'y a pas eu de

 16   bâtiments partiellement endommagés ni complètement endommagés ni de

 17   bâtiments dont on fait état sur cette liste de toute façon.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Pourrait-on avoir la page précédente, s'il vous

 19   plaît, là où on parle de Grmuse ?

 20   Q.  Excusez-moi, donc, Grmuse, il n'y a pas de rapport faisant état de

 21   dégât partiel ou total, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, c'est exact.

 23   Q.  Et si l'on prend la page qui suit et que l'on examine Stojakovici et

 24   Torbice -- Stojakovici, excusez-moi, nous avons cinq bâtiments complètement

 25   endommagés et cinq bâtiments partiellement endommagés, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Pour le village de Torbice, il est indiqué qu'il n'y a pas eu de

 28   dégâts, il n'y a pas eu de bâtiments -- ou plutôt, il y a des bâtiments,

Page 2593

  1   mais il n'y a pas eu de dégâts.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Maintenant, pour le document P65, pour y revenir -- P64 -- excusez-moi,

  4   P65. Ici, on voit un chiffre de 263 bâtiments dans les villages et, pour ce

  5   qui est du chiffre de 207 bâtiments, on peut voir à côté qu'il s'agit de

  6   bâtiments endommagés à la suite de l'opération Tempête. Donc, les deux

  7   documents ne correspondent pas, les chiffres dans ces documents ne sont pas

  8   pareils.

  9   R.  C'est exact, et la raison est la suivante : c'est un exemple de

 10   rapports pour lesquels nous avons demandé des informations supplémentaires

 11   que nous avons renvoyées et nous avons demandé des informations

 12   supplémentaires. Nous n'avions pas inclus dans les rapports que nous avons

 13   rédigés les informations pour lesquelles nous pensions qu'elles étaient

 14   inexactes ou imprécises. Le chiffre de 207 aurait pu être pris en compte si

 15   nous n'avions pas essayé d'être précis. Donc, ce que ce rapport a fait,

 16   c'est que l'équipe a reçu pour information que ceci n'était pas suffisant

 17   pour pouvoir l'inclure dans le rapport, donc nous n'avons pas fait état de

 18   cette information dans notre rapport. C'est la raison pour laquelle le

 19   chiffre de bâtiments endommagés ne figure pas dans le rapport définitif du

 20   mois de novembre -- du 4 novembre.

 21   Q.  Donc, si l'on prend 207 bâtiments endommagés causés par l'opération

 22   Tempête, chiffre qui figure sur le document P65, lorsque votre rapport a

 23   été rédigé et pour revenir au document P76, à la page 548 207. Et de

 24   nouveau, si l'on regarde les chiffres pour Grmuse, on voit pas de bâtiment

 25   partiellement endommagé -- pas de bâtiment partiellement endommagé

 26   [imperceptible], et l'on prend la page qui suit et on regarde la situation

 27   à Stojakovici et à Torbice, et on voit que la seule mention de dégâts pour

 28   Stojakovici concerne cinq maisons totalement détruites et cinq maisons

Page 2594

  1   partiellement endommagées.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Donc, si l'on prend en compte les villages où des maisons ont été

  4   endommagées, nous pouvons affirmer avec certitude que le nombre de maisons

  5   partiellement ou totalement endommagées évoquées dans le rapport est passé

  6   de 207 à dix.

  7   R.  C'est ce dont on peut -- dont on pouvait rendre compte. Ça, nous le

  8   confirmons. Au départ, les dégâts observés dans ce secteur concernaient 207

  9   maisons et nous avons dit aux membres de l'équipe : "Et bien, vous êtes

 10   allés sur les lieux, vous avez procédé à cette étude, mais elle n'est pas

 11   assez précise, donc, il faut que vous soyez plus précis en établissant ce

 12   genre de rapports." Et c'est la raison pour laquelle dans ce rapport-ci

 13   nous constatons que les membres de l'équipe n'ont pas établi un rapport

 14   précis au sujet de Torbice, par exemple, quant aux bâtiments examinés plus

 15   tard et cetera. Donc, nous n'avons rien inclus dans le rapport qui ne

 16   serait pas spécifique ou suffisamment précis et qui eut pu donner lieu à

 17   modifications avec constatations faites ultérieurement.

 18   Q.  Donc --

 19   R.  Mais nous avons essayé tout de même d'être aussi précis que possible.

 20   Q.  Qui est-ce qui révisait le travail de cette équipe qui se rendait sur

 21   le terrain pour procéder à ce genre d'études ?

 22   R.  Le chef d'équipe, bien entendu, après quoi, les équipes envoyaient sur

 23   les lieux des patrouilles. Les patrouilles étaient chargées de pénétrer

 24   dans un hameau, d'examiner la situation du hameau du village, d'établir un

 25   rapport et ce rapport était ensuite soumis au QG du secteur et c'est moi

 26   qui le recevais. Après quoi, l'équipe chargée du respect des droits humains

 27   procédait à sa propre évaluation si tel ou tel renseignement concernant un

 28   cas particulier évoquait, par exemple, dans un rapport comme celui-ci,

Page 2595

  1   n'était pas suffisamment précis pour être inclus dans le rapport.

  2   Q.  Mais d'après ce que vous dites, je crois que vous avez dit, durant

  3   l'interrogatoire principal, que vous étiez rentré au QG du secteur sud avec

  4   tous les documents pour les regroupes, n'est-ce pas, tous les documents

  5   émanant des équipes ?

  6   R.  Je ne me suis pas rendu dans tous ces villages. Je -- ce que je

  7   faisais, c'était recevoir les renseignements et les regrouper -- les

  8   rassembler.

  9   Q.  Et lorsque vous avez reçu ce document P65, ce rapport de l'équipe de

 10   Podkonje --

 11   R.  Hm-hm.

 12   Q.  -- vous avez conclu que le renseignement évoqué dans ce texte était

 13   inexact, n'est-ce pas ?

 14   R.  Parce que, oui, j'ai conclu que le renseignement n'était pas

 15   suffisamment précis. Je n'ai pas conclu qu'il était inexact.

 16   Q.  Monsieur Anttila, vous avez ce document P65 sous les yeux. Quels sont

 17   les autres registres ou documents qui ont été remplis par les membres de

 18   vos équipes ?

 19   R.  Ces documents étaient conservés au QG du secteur sud, et lorsqu'il a

 20   été mis un terme à l'existence du secteur sud, nous avons transmis ces

 21   renseignements au QG des Nations Unies à Zagreb, plus précisément à Pleso.

 22   Et donc, nous avons mis tous les documents dans un conteneur, c'est tout ce

 23   que j'en sais, parce que c'est ce qu'on nous avait demandé de faire, de

 24   rassembler tous les dossiers pour leur remise.

 25   Q.  Vous ne savez pas ce qu'il advenu de ces documents -- de ces dossiers

 26   par la suite ?

 27   R.  Je ne sais pas exactement ce qu'il est advenu de ces dossiers par la

 28   suite, je ne les ais pas avec moi.

Page 2596

  1   Q.  Vous avez également rassemblé les renseignements contenus dans la pièce

  2   P68.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Alors, j'aimerais l'affichage de cette pièce.

  4   Q.  C'est un document établi par vos soins, si j'ai bien compris.

  5   R.  Oui, c'est l'un des trois documents que j'ai remis.

  6   Q.  Etes-vous en train de dire dans votre déposition, Monsieur, que les

  7   renseignements concernant les incendies n'étaient pas inclus dans les

  8   rapports de situation qui étaient transmis à Zagreb ?

  9   R.  Ma conclusion c'est que tous les renseignements provenant des équipes

 10   étaient intégrés aux rapports de situation transmis à Zagreb -- n'étaient

 11   pas -- n'étaient pas intégrés aux rapports de situation transmis à Zagreb.

 12   Q.  Je vais modifier ma façon de faire pendant une seconde. Est-ce que les

 13   renseignements relatifs aux incendies étaient intégrés dans les rapports de

 14   situation adressés à Zagreb ?

 15   R.  On ne peut pas répondre par oui ou par non à cette question.

 16   Q.  Mais je vous en prie, expliquez-vous.

 17   R.  D'accord. Les renseignements provenant des équipes étaient intégrés

 18   dans les rapports de situation lorsque l'officier chargé des opérations

 19   considérait que le renseignement en question était important par rapport à

 20   la situation prévalant à ce moment-là. Donc nous recevions des

 21   renseignements émanant des équipes au sujet des incendies, des actes de

 22   pillages, mais certains n'étaient pas intégrés dans les rapports envoyés à

 23   Zagreb pendant un certain temps. Parfois, cela arrivant quand les choses se

 24   passaient à très grande échelle -- parfois il arrivait que les événements

 25   soient à très grande échelle, à ce moment-là, il en était fait état dans

 26   les rapports, dans les rapports de situation, par exemple.

 27   Mais je ne sais pas si je puis --

 28   Q.  Je vais essayer de découvrir ce qu'il en est de ce rapport de

Page 2597

  1   situation. Vous conviendrez avec moi qu'il y a de très nombreux exemples

  2   dans ces rapports que vous avez compilés dans la pièce P68 où l'on voit

  3   qu'un rapport de situation a été adressé à Zagreb qui traite de maisons en

  4   feu et de maisons incendiées et calcinées. D'accord ? Il faut que vous

  5   répondiez par oui ou par non ?

  6   R.  Oui, oui.

  7   Q.  Et vous êtes en train de me dire qu'il arrivait parfois que les

  8   renseignements adressés à Zagreb concernent des incendies et que parfois

  9   les renseignements adressés à Zagreb ne concernaient pas les incendies;

 10   c'est bien cela ?

 11   R.  Dans notre mode d'organisation, nous avions un officier chargé des

 12   opérations qui était chargé d'évaluer quels éléments parmi les

 13   renseignements obtenus étaient importants et devaient trouver leur place

 14   dans ces rapports. Donc si nous avions dû intégrer dans ces rapports tout

 15   ce qu provenait des équipes, les rapports de situation adressés à Zagreb

 16   auraient été immenses, et c'était le travail de l'officier chargé des

 17   opérations d'évaluer l'importance des informations recueillies pour

 18   déterminer lesquelles devaient trouver leur place dans les rapports

 19   adressés à Zagreb et lesquelles ne devaient pas s'y trouver. Donc les

 20   rapports adressés à Zagreb n'intégraient pas toujours tous les

 21   renseignements provenant des équipes qui travaillaient sur le terrain.

 22   Q.  Est-ce que vous vous rendez compte que Zagreb s'appuyait sur les

 23   informations obtenues de vous pour prendre des décisions non seulement au

 24   sujet de la mission des Nations Unies dans l'ex-Yougoslavie, mais également

 25   au sujet des renseignements qui devaient trouver leur chemin jusqu'à New

 26   York ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Etes-vous en train de dire dans votre déposition ici que toutes les

Page 2598

  1   violations éventuelles des droits humains revêtant la forme d'incendies,

  2   par exemple, n'étaient pas transmises de façon routinière à Zagreb ?

  3   R.  Mais c'est la même chose, par exemple, pour un pilonnage dont il n'est

  4   pas fait état dans un rapport, ou en tout cas dont toutes les conséquences

  5   ne sont pas mentionnées dans un rapport. Vous évoquez un pilonnage dans un

  6   rapport, et c'est la même chose qui se passe ici. Tous les éléments

  7   constitutifs d'un renseignement fourni par les équipes n'étaient pas

  8   envoyés à Zagreb.

  9   Q.  Bien. Donc, il y avait une différence -- il y a une différence après

 10   réception de l'ordre de Steinar Hjertnes qui ordonnait d'apprécier les

 11   dégâts. Et la différence a concerné le formatage des rapports de situation;

 12   c'est bien cela ?

 13   R.  Hm-hm.

 14   Q.  Je veux dire, avant le 17 il n'y avait pas de mention des droits

 15   humains ?

 16   R.  Des inspections.

 17   Q.  Ce n'était pas mentionné dans les rapports de situation, n'est-ce pas ?

 18   R.  C'est exact.

 19   Q.  Et après cette date, il y avait un chapitre distinct des rapports de

 20   situation qui étaient réservés à cela ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Donc, aux aspects humanitaires, ce sont ces renseignements qui ensuite

 23   étaient acheminés vers le haut de la hiérarchie.

 24   R.  Oui, encore une fois, tout dépend de la façon dont on structure le

 25   rapport de situation. On rassemble les renseignements que l'on a obtenus

 26   sur le terrain, et puis on rencontre des incidents, en tout cas, on établit

 27   un rapport qui est un document d'information générale.

 28   Q.  Regardons les renseignements qui ont été expédiés si je puis utiliser

Page 2599

  1   ce terme, et prenons-les dans l'ordre, dans l'ordre qu'on trouve à la

  2   lecture de ces documents. Le premier se trouve en page de garde du rapport

  3   concernant le 7 août 1995 et jusqu'au septembre 1995. Est-ce que vous avez

  4   reçu ces éléments d'information, Monsieur ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Dans ces documents on trouve des centaines d'entrées évoquant des

  7   incendies et 31 entrées où il n'est pas question d'incendies ?

  8   R.  C'est possible, oui.

  9   Q.  D'accord. Dans les rapports de situation allant du 6 août au 4

 10   septembre nous avons environ 740 maisons qui sont déclarées partiellement

 11   ou totalement détruites ?

 12   R.  C'est possible.

 13   Q.  Monsieur, je signale d'abord que vous êtes l'auteur de ce document. Je

 14   vous demanderais de prendre de son contenu et de vérifier les calculs pour

 15   voir s'il y a des doublons.

 16   R.  Je n'ai pas trouvé de doublons. Il n'y en a pas à ma connaissance, mais

 17   cela reste une possibilité.

 18   Q.  Page 25, je pense que j'en ai trouvé un, page 25 de ce document. Si

 19   nous regardons ce qui est écrit pour la journée du 30 août 1995 ?

 20   R.  Oui, oui, Dukici.

 21   Q.  Oui. Nous voyons Dukici, trois maisons incendies, et puis deux lignes

 22   plus bas un doublon, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui, oui, c'est un doublon. C'est une erreur de copier-coller dû à

 24   l'ordinateur.

 25   Q.  Et puis un peu plus bas. pour la date du 30, à Gracac, nous avons

 26   mention de neuf maisons incendiées. Et si nous descendons un peu plus bas

 27   dans le texte nous voyons les mêmes coordonnées de grille et il est fait

 28   mention de neuf mentions incendiées, donc, là, c'est encore un doublon,

Page 2600

  1   n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui. Et deux patrouilles différentes ont pu constater cela, voyez-vous,

  3   les coordonnées de grille et les indications horaires montrent que deux

  4   patrouilles ont peut-être fait la même observation.

  5   Q.  Regardons ce qu'il en est des coordonnées de grilles -- les coordonnées

  6   de grille pour Gracac, n'est-ce pas, WK6106 ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc, là, manifestement, on est en présence d'un doublon ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et ne laissons pas de document de côté --

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 12   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous soulignez l'existence d'un doublon.

 14   C'est une question pertinente. Vous avez indiqué déjà l'existence de deux

 15   doublons, mais le document compte 70 pages. Alors, ce qui intéresse la

 16   Chambre c'est de savoir si ce document est totalement disqualifié en raison

 17   de la présence de ces doublons, mais pas qu'on lui indique deux ou trois

 18   quatre erreurs présentes dans un document de 70 pages. Les Juges de la

 19   Chambre aimerait en revanche recevoir des informations et il apparaît aux

 20   Juges de la Chambre que ce problème est un problème qu'il aurait été facile

 21   de résoudre dans des contacts entre la Défense et l'Accusation pour

 22   déterminer, voilà, ici, nous avons telle coordonnée de grille, tel nombre

 23   de maisons, et cetera. Ceci aurait aidé la Chambre plus considérablement

 24   que de se voir indiqué des erreurs humaines accidentelles. Donc si vous

 25   pouviez fournir aux Juges de la Chambre les renseignements que je viens de

 26   définir, ce serait certainement très utile. Ceci n'est pas un commentaire

 27   sur la pertinence de vos questions, pas du tout. Simplement, vous avez

 28   suscité l'intérêt des Juges qui souhaitent en savoir davantage sur ce

Page 2601

  1   point.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je vais le faire, et je

  3   sais bien que M. Anttila a regroupé un nombre très important de

  4   renseignements et que ce genre d'erreur peut se glisser en présence d'un

  5   tel nombre de renseignements.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes tous des êtres humains.

  7   Veuillez poursuivre.

  8   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

  9   Q.  Alors, restons-en sur ce sujet. Pendant la période en question, vous

 10   avez évoqué dans vos rapports un nombre de maisons endommagées et

 11   totalement détruites beaucoup plus important, n'est-ce pas ? Je parle

 12   toujours de la période qui va jusqu'à septembre 1995.

 13   R.  Excusez-moi. Je n'ai pas compris votre question.

 14   Q.  Excusez-moi. Dans ce document particulier, et nous en restons toujours

 15   à la période qui va du 7 août 1995 au 4 septembre 1995, je crois constater

 16   à la lecture des nombres concernant cette période bien définie que l'on

 17   parle de 740 maisons partiellement ou totalement endommagées, n'est-ce pas

 18   ?

 19   R.  Les chiffres et les rapports ce sont deux choses différentes.

 20   Q.  Je comprends, Monsieur. Mais --

 21   R.  Mais le dossier dans lequel il est question des villages et dans

 22   lesquels on trouve les coordonnées de grille correspondant à ces villages

 23   sont une chose, et les renseignements sont contenus dans un autre fichier,

 24   et ce fichier ne se fondait pas sur les mêmes éléments. Il a été créé à la

 25   suite de -- d'autres visites accomplies dans ces villages.

 26   Q.  Je --

 27   R.  Donc, je --

 28   Q.  Je crois comprendre, mais je vous pose la question. Les renseignements

Page 2602

  1   que vous avez transmis lors de votre premier examen que l'on retrouve dans

  2   la pièce P68 qui se trouve à l'écran en ce moment, concerne la période

  3   allant du 7 août 1995 jusqu'au

  4   4 septembre 1995. Et dans ce document d'information que vous avez transmis

  5   aux Nations Unies à Zagreb, quand les représentants des Nations Unies de

  6   Zagreb ont lu ce document, ils y ont trouvé mention de 740 --

  7   R.  Des cas --

  8   Q.  -- 740 maisons totalement détruites ou partiellement endommagées.

  9   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 11   M. RUSSO : [interprétation] Je crois que dans la déposition au principal,

 12   il n'était pas question de rapports de situation adressés par le secteur

 13   sud à Zagreb. Donc, je ne suis pas sûr que ce document soit celui qui a été

 14   adressé à Zagreb à cette fin.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Permettez-moi, Monsieur le Président, les

 16   renseignements que l'on trouve dans le document P68 sont des renseignements

 17   qui ont été adressés à Zagreb. M. Anttila a tiré ces informations des

 18   rapports de situation systématiquement pour les faire figurer dans ce

 19   rapport.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Et ces renseignements ont été

 21   envoyés à Zagreb ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Ces renseignements comme on le voit à l'écran

 23   ont été envoyés au QG des observateurs militaires des Nations Unies à

 24   Zagreb dans -- sous la forme d'un rapport. Mais tous les renseignements

 25   contenus dans les rapports de situation journaliers n'étaient pas adressés

 26   à Zagreb. Donc, les renseignements sont tirés des rapports de situation

 27   établis par les équipes qui se rendaient sur le terrain et qui

 28   transmettaient leurs informations au QG des observateurs militaires des

Page 2603

  1   Nations Unies, qui à ce moment-là compilaient ces informations, les

  2   adressaient à Zagreb dans un fichier différent. Ce n'était plus dans le

  3   cadre d'un rapport de situation ou de la procédure de rapport quotidien

  4   adressé à Zagreb.

  5   M. KEHOE : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur, les renseignements que l'on trouve dans ces rapports, comme

  7   nous l'avons constaté pour la période qui s'achève le 4 septembre 1995 et

  8   les renseignements que vous avez compilés à partir du 13 septembre 1995.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Ceci se trouve dans la pièce P98. J'aimerais

 10   que nous voyions la page de garde pour vérifier la date inscrite en page de

 11   garde de cette pièce P98. Maintenant, un peu -- que nous nous déplacions un

 12   peu sur la gauche, là, on voit 13 septembre 1995, donc, cinq jours à peu

 13   près après la première compilation relative à des violations des droits

 14   humains.

 15   Passons maintenant à la dernière page de ce document, numéro ERN 548089. Un

 16   agrandissement sur l'écran, s'il vous plaît.

 17   Q.  Monsieur Anttila, les renseignements qui étaient adressés à Zagreb

 18   évoquent 540 maisons incendiées, en tout cas, partiellement endommagées ou

 19   totalement détruites. Mais les nombres que vous avez compilés dans cette

 20   période dépassent largement 13 000 ?

 21   R.  Oui, c'est exact. Les rapports de situation et les extraits de rapport

 22   de situation regroupent tous les cas d'incendie constatés par les

 23   observateurs militaires des Nations Unies et ce nombre dépassent 13 000.

 24   C'est un nombre qui correspond aux constatations faites sur le terrain,

 25   alors que personne ne savait ce qui allait se passer par la suite.

 26   Q.  Donc, la différence c'est qu'il y avait des maisons en feu et des

 27   maisons déjà calcinées, déjà brûlées ?

 28   R.  Des maisons calcinées et des maisons en feu sont deux choses

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  1   différentes.

  2   Q.  Donc, si la maison brûlait pendant que vos observateurs étaient sur

  3   place, vous ne la comptiez pas dans les maisons calcinées, incendiées ?

  4   R.  Mais si, elles figuraient dans la liste de données concernant les

  5   villages.

  6   Q.  Bien. Revenons à la pièce P78 et parlons des premières références. Le 6

  7   à 10 heures 30, dernière ligne de la première entrée, je cite : "Le siège

  8   précédent de l'équipe des observateurs militaires des Nations Unies." Là,

  9   il est question d'une maison qui a été incendiée, totalement détruite par

 10   le feu ?

 11   R.  Hm-hm.

 12   Q.  Voyons maintenant deux ou trois entrées supplémentaires correspondant à

 13   la journée du 7, à peu près au milieu de la page. Nous lisons, je cite :

 14   "Ils ont vu que tous les bâtiments et le QG de Lika étaient incendiés et

 15   que des maisons de famille étaient également souvent brûlées."

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Passons à la page 3, troisième entrée avant la fin de la page. Vous

 18   voyez, trois entrées avant la fin de la page, à la dernière ligne, nous

 19   lisons que la patrouille a également -- a observé à peu près le même nombre

 20   de maisons déjà calcinées.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Anttila, je pense que si nous

 22   passons ce document en revu, et nous en sommes à peu près aux dernières

 23   pages, nous y trouvons souvent mention de maisons incendiées ou, en tout

 24   cas, de ce qu'on peut définir comme étant des maisons en feu, ainsi que des

 25   maisons déjà calcinées, déjà brûlées, en nombre quelques fois plus

 26   important. C'est la raison pour laquelle Me Kehoe vous pose les questions

 27   qu'il vous pose par rapport à votre dernière réponse.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

Page 2605

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, je pense que vous avez des

  2   questions à poser au témoin, mais nous n'allons pas passer en revue de

  3   façon détaillée l'ensemble du document.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Les rapports sont des rapports dans lesquels

  5   les observateurs militaires des Nations Unies déclarent avoir vu des

  6   maisons réellement en feu. C'est ce qui est dit parfois textuellement. Mais

  7   quand il dit que les maisons ont été incendiées, cela signifie qu'elles ne

  8   brûlaient plus au moment de l'observation. Il faut bien lire ce qui est

  9   écrit dans le texte.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais ce que je crois que M. -- ce à

 11   quoi je crois que Me Kehoe s'intéresse principalement en ce moment, c'est

 12   de déterminer si vous avez défini un nombre supérieur de maisons

 13   correspondant à cette définition dans cette étude par rapport au rapport

 14   antérieur. Est-ce que vos premières explications ne consistaient pas à dire

 15   que le nombre inférieur que l'on trouve dans ce rapport s'explique par le

 16   fait que les observateurs militaires des Nations Unies ont vu des maisons

 17   en train de brûler et qui n'étaient pas déjà calcinées ? Et cette

 18   explication ne semble pas satisfaire Me Kehoe.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord, d'accord, d'accord. Ce qui se

 20   passait sur place à l'époque, c'était que l'on rendait compte

 21   journalièrement -- tous les jours grâce aux rapports de situation

 22   quotidiens et que parfois, certaines choses étaient constatées par exemple,

 23   des incendies dans un lieu déterminé ou une maison qui était incendiée et

 24   qui n'avait pas trouvé sa place dans le rapport de situation. Donc,

 25   l'appréciation, c'était une mission différente de cette qui consistait à

 26   rédiger les rapports quotidiens. Il fallait se rendre dans les villages,

 27   entrer dans les différents quartiers et rendre compte de la façon la plus

 28   détaillée possible de l'étendue des dégâts en différents lieux.

Page 2606

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais essayer de comprendre et voir si

  2   je vous ai bien compris. Est-ce que vous êtes en train de dire que les

  3   maisons incendiées n'étaient pas mentionnées systématiquement dans les

  4   rapports de situation ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Exactement.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors qu'un effort était fait pour en

  7   rendre compte systématiquement dans l'étude ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder.

 10   M. KEHOE : [interprétation]

 11   Q.  Monsieur, l'équipe chargée des droits humains à l'époque était dirigée

 12   par M. Edward Flynn, est-ce que vous vous souvenez de lui ?

 13   R.  Oui, je me rappelle son nom.

 14   Q.  Oui, il a témoigné ici le 11 avril 2008, page 1314, ligne 4 du compte

 15   rendu d'audience. Je cite:

 16   "Question : On vous a demandé d'estimer le nombre de maisons détruites."

 17   Et vous avez répondu : En citant l'estimation de 500 maisons

 18   détruites, je veux parler de maisons qui ont été détruites durant une

 19   semaine ou deux ou trois semaines après l'opération Tempête.

 20   Réponse : Oui.

 21   Question : Je crois comprendre que le chiffre n'est pas un chiffre précis,

 22   c'est le nombre général des maisons dont vous avez le souvenir pendant le

 23   mois d'août qui ont été incendiées.

 24   Réponse : Eh bien."

 25   J'essaie de rattraper, Monsieur le Président. J'essaie de ne pas aller trop

 26   vite.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, non.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, je pensais que j'avais reçu le

Page 2607

  1   signal de redémarrer.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le signal a été donné, mais je n'avais

  3   pas réalisé que l'interprète B/C/S était en train d'essayer de reprendre

  4   son souffle. Et elle a certainement besoin de le faire.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Donc, la réponse se trouve à la ligne 12 de

  6   cette page du compte rendu d'audience, je cite :

  7   "Réponse: D'après mon évaluation, c'est cela. Et je crois avoir dit aussi

  8   que j'essayais d'avoir une conservatrice pour ce qui est de mes évaluations

  9   parce que j'avais conscience du fait que si j'exagérais, cela influerait

 10   négativement sur ma propre crédibilité ainsi que sur la crédibilité des

 11   autres. Mais lorsque j'ai fait cette déclaration où il était question de

 12   500 foyers, 500 maisons, j'ai estimé que c'était tout à fait réaliste comme

 13   chiffre conformément à une approche conservatrice pour ce qui est de

 14   l'évaluation du nombre de bâtiments détruits avant la fin ou jusqu'à la fin

 15   de la troisième semaine."

 16   Donc, à la fin de la troisième semaine, ça nous fait revenir à la fin

 17   septembre.

 18   Q.  Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre --

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, c'est déjà presque 1996,

 20   n'est-ce pas ? On -- 4 et 5 plus 21, ça nous ramène à 25, 26.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez continuer.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Je crois qu'il était en train de parler de la

 24   fin août.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais vous avez dit que c'était la

 26   troisième semaine ou que c'était pratiquement le tout début du mois de

 27   septembre, c'est une façon de le dire. Nous sommes en train de parler du

 28   25, 26 août.

Page 2608

  1   M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez.

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  Vers le 25 ou 26 août, Monsieur Anttila, n'est-ce pas,

  5   M. Flynn a considéré que cette évaluation devait être chiffrée à peu près à

  6   500 maisons. Alors, pouvez-vous à l'intention des Juges de la Chambre

  7   pourquoi et en quoi ce nombre diverge-t-il à tel point de ce chiffre de

  8   plus de 13 000 que vous avez avancé dans la pièce P98 ?

  9   R.  M. Flynn n'avait pas eu l'occasion de visiter tous les secteurs à

 10   l'époque et comme il l'a dit lui-même, il a eu une approche plutôt

 11   conservatrice. Il a parlé de chiffres dont il a eu connaissance. Et dont il

 12   savait qu'il pourrait les étayer. Je ne sais pas comment il en est arrivé à

 13   ce chiffre-là, parce que je ne peux pas me placer dans sa peau.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président --

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je continue à croire que le chiffre

 16   rapporté par les observateurs militaires des Nations Unies se trouve à être

 17   exact parce que je pense qu'à l'époque, ce sont des données exactes qui ont

 18   été recueillies par 50 personnes qui ont visité le secteur dans le cadre de

 19   leur étude et c'est plus fiable que les renseignements recueillis par une

 20   seule personne.

 21   M. KEHOE : [interprétation]

 22   Q.  Mais lorsque vous avez avancé ce chiffre de 13.000, dites-nous si vous

 23   avez eu des réunions avec les membres des équipes HRAT, donc les équipes

 24   chargées des droits de l'homme et les équipes de la mission d'observation

 25   des Nations Unies. A la fin de cette journée, avez-vous dit à M. Flynn

 26   quels sont ces chiffres ?

 27   R.  Nous avons parlé - nous lui avons parlé de ce nombre de maisons

 28   endommagées, nous avons parlé de choses différentes et nous avons parlé

Page 2609

  1   également de maisons endommagées et de maisons calcinées. Il y a eu

  2   également une façon différente de formuler -- de phraser -- de formuler ces

  3   phrases. Mais je crois que toutes les équipes -- ces équipes d'observation

  4   des Nations Unies sont allées au village et ont constaté qu'il y a eu en

  5   partie ou entièrement détruites 13 000 maisons.

  6   Q.  Est-ce que vous avez convoyé cette information à M. Flynn ?

  7   R.  Je ne me souviens pas de lui avoir personnellement transmis cette

  8   information. Toutefois, ce rapport a été mise à la disposition des équipes

  9   chargées des droits de l'homme également.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, alors, je vais aller --

 11   je vais passer à un autre domaine et je vois l'heure.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, l'heure justement. Il n'y a pas

 13   d'autre Chambre à siéger cet après-midi. Peut-être pourrions-nous dire que

 14   nous ne sommes pas si pressés, mais toutefois, faudrait-il conduire à son

 15   terme cette audience d'aujourd'hui.

 16   Monsieur Anttila, nous allons vous demander de revenir demain.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est bon.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, ce sera le 2 mai à

 19   9 heures dans le même prétoire.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Pas de problème pour ce qui me concerne.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, je convierais Mme la Greffière --

 22   ou plutôt, Mme l'Huissière à vous escorter hors du prétoire. Mon

 23   instruction est de ne pas oublier que vous n'avez pas à parler avec qui que

 24   ce soit de votre témoignage d'aujourd'hui, pas plus que du témoignage que

 25   vous allez faire demain.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est compris.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, allez-y.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

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  1   [Le témoin quitte la barre]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, avant que de lever l'audience

  3   d'aujourd'hui, la Chambre voudrait rendre une décision qui a été adoptée.

  4   Nous allons le faire assez rapidement. Il y est présenté quelles sont les

  5   raisons données par la Chambre de première instance pour ce qui est de la

  6   première requête présentée par l'Accusation au sujet des mesures de

  7   protection et c'est daté du

  8   22 février 2008.

  9   A la date de ce 22 février 2008, l'Accusation a demandé des mesures

 10   de protection, l'attribution d'un pseudonyme et de déformation des traits

 11   du visage pour le premier témoin qui devrait être appelé à témoigner en

 12   cette affaire. D'après l'Accusation, les appréhensions du témoin se

 13   trouvent être objectivement fondés sur une ambiance d'hostilité qui existe

 14   en Croatie à l'égard des témoins de l'Accusation ainsi qu'à l'égard de

 15   cette minorité serbe de Croatie. Les trois équipes de la Défense ont

 16   répondu et requis de la part de la Chambre un rejet de cette requête. Le 29

 17   février 2008, l'Accusation a demandé l'autorisation à adresser une réplique

 18   et cela a été accordé par la Chambre. A la date du 6 mars 2008,

 19   l'Accusation a présenté une réponse à la réponse faite par l'équipe de

 20   Défense de Gotovina. A la date du 13 mai 2008, la Chambre a entendu le

 21   témoin sur la question des mesures de protection. Le même jour, la Chambre

 22   a approuvé la demande présentée par l'Accusation pour ce qui est de

 23   l'attribution d'un pseudonyme et la déformation des traits du visage. Le

 24   témoin s'est vu donc attribué un pseudonyme qui est celui de "Témoin 136."

 25   Aux fins d'accorder des mesures de protection telles que le veut la

 26   pratique judiciaire devant ce Tribunal, le fait d'exprimer des

 27   appréhensions par une personne n'est pas un élément suffisant. La partie

 28   requérant des mesures de protection pour un témoin doit démontrer qu'il y a

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  1   -- qu'il existe des risques objectifs pour la sécurité ou le bien être du

  2   témoin ou pour la famille du témoin pour le cas où l'on finirait par

  3   apprendre que ce témoin a témoigné devant ce Tribunal. Alors, cette norme

  4   peut par exemple remplie ou réalisée si l'on démontre qu'il y a eu des

  5   menaces d'adressées au témoin ou à la famille du témoin.

  6   Le témoin 136 a informé les Juges de la Chambre qu'il ne résidait pas

  7   en Croatie, mais qu'il voyageait régulièrement vers la Croatie et par la

  8   Croatie et qu'elle possède un bien immobilier non loin de Knin.

  9   Elle a également de la famille résidant en Croatie. Le témoin 136 a

 10   également informé les Juges de la Chambre de commentaires dont elle a eu

 11   vent de la bouche d'un autre témoin de l'Accusation qui est celui qui est

 12   considéré comme étant le témoin 55 par l'Accusation, au sujet des témoins

 13   potentiels en cette affaire. Le Témoin 136 et le Témoin 55 étaient des

 14   collègues à l'époque. Des commentaires ont été faits et des témoins à - des

 15   voisins à ce Témoin 55 en Croatie avant le début de ce procès, et d'après

 16   le Témoin 136, les dits commentaires ont décrit le fait que les voisins du

 17   Témoin 55 se demandaient quels seraient les témoins serbes à avoir

 18   suffisamment de courage pour témoigner dans cette affaire et pour savoir si

 19   ces témoins auront le toupet de retourner par la suite en Croatie.

 20   D'après le Témoin 136, en raison de ces commentaires, le Témoin 55

 21   n'était plus disposé à témoigner devant ce Tribunal et c'est ce qui a causé

 22   des appréhensions auprès du témoin 136 pour ce qui est de sa propre

 23   sécurité étant donné qu'elle avait tiré un appui émotionnel du fait que le

 24   Témoin 55 allait témoigner également. Le Témoin 136 a déclaré qu'elle

 25   n'avait pas été menacée, mais qu'elle croyait bien que c'était le résultat

 26   de -- personne n'avait connaissance du fait qu'elle allait témoigner.

 27   La Chambre trouve que l'Accusation a démontré qu'il y a objectivement des

 28   fondements pour ce qui est des appréhensions liées au risque portant sur la

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  1   sécurité du Témoin 136 et sa famille.

  2   Ceci conclut les raisons pour lesquelles la décision rendue par la Chambre

  3   est celle d'accorder des mesures de protection au Témoin 136.

  4   Nous allons donc lever l'audience jusqu'à vendredi 2 mai, à

  5   9 heures, dans le même prétoire.

  6   --- L'audience est levée à 13 heures 52 et reprendra le vendredi 2 mai

  7   2008, à 9 heures 00.

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