Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 24 juillet 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 21.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes présentes

  6   dans le prétoire et aux environs du prétoire.

  7   Monsieur le Greffier, veuillez donner le numéro de l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour à

  9   toutes les personnes dans le prétoire. Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T,

 10   le Procureur contre Ante Gotovina et consorts.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 12   Monsieur Russo, vous êtes debout. Suis-je en droit de supposer que vous

 13   vous apprêtez à faire entrer le témoin suivant ?

 14   M. RUSSO : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et si le témoin est encore dans la salle

 16   de témoin, nous pourrions demander à Mme l'Huissière de ne pas se presser

 17   exagérément de façon à ce que je puisse entre-temps lire une décision ou,

 18   en tout cas, les motifs qui ont conduit à  la décision.

 19   Je tiens à faire connaître les motifs qui ont poussé la Chambre à accepter

 20   et à accorder des mesures de protection au Témoin 86. Le 24 juin 2008,

 21   l'Accusation a déposé une requête demandant à la Chambre d'ordonner des

 22   mesures de protection dans le cours du procès sous forme d'octroi d'un

 23   pseudonyme et de déformation de la voix au Témoin 86.

 24   Le 25 juin 2008, la Défense Cermak a déposé sa réponse dans laquelle elle a

 25   dit ne pas s'opposer à cette demande de mesures de protection. La Défense

 26   Cermak a fait observer toutefois qu'afin d'empêcher que l'identité du

 27   témoin ne soit révélée, il est fort probable que la déposition du témoin

 28   sera entendue intégralement à huis clos. Le lendemain la Défense Markac a

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  1   déposé sa réponse dans laquelle elle ne s'oppose pas à la demande de

  2   mesures de protection tout en n'étant pas d'accord avec les arguments de

  3   l'Accusation à l'appui de la requête.

  4   Le 26 juin 2008 également, la Défense Gotovina a déclaré dans la salle

  5   d'audience quelle ne s'opposait pas à ce qu'il soit fait droit à la requête

  6   mais quelle était également en désaccord avec les arguments présentés par

  7   l'Accusation à l'appui de sa requête. La Défense Gotovina a appuyé les

  8   remarques de la Défense Cermak quant à la nécessité d'entendre la

  9   déposition du témoin à huis clos. Ces thèses de la Défense Gotovina se

 10   trouvent aux pages du compte rendu d'audience 5 225 et 5 226.

 11   En page 5 226 du compte rendu d'audience, l'Accusation a indiqué son accord

 12   avec la Défense quant à la nécessité d'entendre la déposition du Témoin 86

 13   à huis clos.

 14   Le même jour, la Chambre a fait droit à la requête et décidé qu'afin de

 15   protéger l'identité du témoin elle entendrait sa déposition à huis clos

 16   partiel à moins qu'une partie demande qu'une partie de cette déposition

 17   soit entendue en audience publique. Cette décision se trouve aux pages 5

 18   227 et 5 228 du compte rendu d'audience.

 19   Le public a été informé de cette décision aux pages 5 230 et

 20   5 231 du compte rendu d'audience.

 21   La Chambre, au nombre des raisons qui l'ont poussé à accepter les premières

 22   mesures -- la première décision relative aux mesures de protection en

 23   l'espèce indique, aux pages 2 610 et 2 611 du compte rendu d'audience, que

 24   la partie à l'origine de la demande de mesures de protection pour un témoin

 25   doit démontrer qu'il existe des bases objectives prouvant un risque pour la

 26   sécurité ou le bien-être du témoin ou de sa famille dès lors qu'on convient

 27   connu que le témoin a témoigné devant le Tribunal. Cette norme peut être

 28   respectée en montrant par exemple qu'une menace a été proférée contre le

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  1   témoin ou sa famille. L'expression de crainte de la part d'une personne

  2   étant insuffisante à justifier l'octroi de mesures de protection.

  3   Le Témoin 86 est un Serbe résidant en Croatie. Suite à l'opération Tempête,

  4   il a poursuivi ses activités professionnelles en Croatie. La Chambre a

  5   estimé que la déposition prévue du Témoin 86 pourrait créer des sentiments

  6   négatifs chez certaines personnes dans la localité où il réside et

  7   travaille. Le témoin a déjà vécu apparemment en conséquence de la tension

  8   que lui ont consacré les médias des tentatives de la part d'individus non

  9   identifiés pour prendre contact avec lui. En l'absence de la moindre

 10   objection de la part de la Défense, la Chambre a estimé pour les raisons

 11   susmentionnées que l'Accusation avait démontré le risque, l'existence d'un

 12   risque objectivement fondé eu égard à la sécurité du Témoin 86 s'il

 13   devenait connu qu'il avait déposé devant le Tribunal.

 14   La Chambre a estimé par ailleurs que compte tenu de la nature de la

 15   déposition prévue de la part de ce témoin, la seule façon efficace de

 16   protéger son identité consiste à entendre sa déposition à huis clos

 17   partiel.

 18   Ceci met un point final à l'exposé des motifs qui ont incité la Chambre à

 19   rendre une décision favorable vis-à-vis de la requête de demandes de

 20   protection destinées au Témoin 86.

 21   [Le témoin est introduit dans le prétoire] 

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Monsieur Dangerfield,

 23   en tout cas je suppose que tel est votre nom. Avant que vous ne commenciez

 24   à témoigner dans ce prétoire, le Règlement de procédure et de preuve du

 25   Tribunal exige de vous que vous prononciez une déclaration solennelle

 26   indiquant que vous vous apprêtez à dire la vérité, toute la vérité, rien

 27   que la vérité. Vous avez le texte de cette déclaration sur le petit carton

 28   que vous tends Mme l'Huissière à l'instant, et je vous invite à prononcer

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  1   cette déclaration solennelle.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  3   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  4   LE TÉMOIN: ROLAND DANGERFIELD [Assermenté]

  5   [Le témoin répond par l'interprète]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Dangerfield.

  7   Veuillez vous asseoir.

  8   Vous serez d'abord interrogé par M. Russo qui représente l'Accusation.

  9   Monsieur Russo, vous pouvez procéder.

 10   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour, Monsieur

 11   le Président, Madame, Monsieur les Juges. 

 12   Interrogatoire principal par M. Russo : 

 13   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Dangerfield. Je vous demanderais de

 14   décliner vos nom et prénom pour le compte rendu d'audience.

 15   R.  Je m'appelle Victor Roland Charles David Dangerfield.

 16   Q.  Monsieur Dangerfield, vous rappelez-vous avoir fait deux déclarations

 17   devant des représentants du TPIY, la première datant du 21 décembre 1995 et

 18   la seconde des 8 et 9 janvier 2008.

 19   R.  Oui.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Greffier, je demande l'affichage du

 21   document 65 ter 5263.

 22   Q.  Monsieur Dangerfield, je vous invite à regarder l'écran qui se trouve

 23   devant vous sur votre droite.

 24   M. RUSSO : [interprétation] Et je prierais, Monsieur le Greffier, de faire

 25   dérouler le texte jusqu'à la dernière page de ce document.

 26   Q.  Monsieur Dangerfield, reconnaissez-vous ce document comme étant la

 27   déclaration faite par vous au TPIY le 21 décembre 1995 ?

 28   R.  Oui.

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  1   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Greffier, je demande maintenant

  2   l'affichage du document 65 ter 5264. Encore une fois, je demanderais au

  3   Greffier de dérouler le texte jusqu'à la troisième page de ce document.

  4   Q.  Monsieur Dangerfield, reconnaissez-vous ce document comme étant la

  5   déclaration que vous avez faite devant des représentants du TPIY les 8 et 9

  6   janvier 2008 ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Vous a-t-il été donné de relire ces deux déclarations écrites avant

  9   votre entrée dans le prétoire cet après-midi ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Ces deux déclarations sont-elles véridiques et précises pour autant que

 12   vous le sachiez ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Ces deux déclarations rendent-elles compte fidèlement de ce que vous

 15   avez dit aux enquêteurs du TPIY ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Si l'on devait vous demander de répondre aux mêmes questions dans le

 18   prétoire aujourd'hui que celles qui vous ont été posées à l'époque, vos

 19   réponses seraient-elle identiques que celles que l'on trouve dans vos

 20   déclarations ?

 21   R.  Oui.

 22   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je demande l'admission

 23   au dossier des documents 65 ter 5263 et 5264.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Pas d'objection.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection.

 26   Monsieur le Greffier.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document 5263 de la liste 65 ter

 28   devient, Monsieur le Président, la pièce P695; et le document 65 ter numéro

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  1   5264 devient la pièce P696.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les pièces P695 et P696 sont admises au

  3   dossier.

  4   Merci, Monsieur le Greffier.

  5   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Avec l'aide de

  6   Mme l'Huissière, j'aimerais que des copies papier de ces déclarations

  7   soient remises au témoin.

  8   Avec l'autorisation de la Chambre, Monsieur le Président, j'aimerais donner

  9   lecture d'un bref résumé des déclarations recueillies au titre de l'article

 10   92 ter du Règlement.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en prie.

 12   M. RUSSO : [interprétation] Je vous remercie. Je cite : "Roland Dangerfield

 13   était un officier de liaison de secteur au sein du contingent britannique

 14   de la FORPRONU basée à Knin. Avant l'opération Tempête, il a circulé dans

 15   tout le secteur sud dans le but de recueillir des renseignements au sujet

 16   de l'armée de Croatie et des opérations menées par l'ARSK pour le

 17   commandant du secteur sud, le général Forand. Il a constaté qu'après la

 18   mobilisation de l'ARSK le 27 juillet 1995, la ville de Knin était

 19   pratiquement désertée par tous les hommes en âge de combattre et qu'il

 20   n'existait pas de position défensive ou d'armes lourdes dans la ville. Il

 21   était présent à Knin pendant l'attaque d'artillerie qui a eu lieu les 4 et

 22   5 août 1995, et à observer le pilonnage de la ville à raison d'une frappe à

 23   peu près toutes les heures à partir du balcon du QG des Nations Unies.

 24   "Il a entendu des roquettes et des tirs d'artillerie lourde sur la ville au

 25   début de l'attaque le matin des deux jours, qu'il décrit comme une attaque

 26   intense qui a duré à peu près une heure et demie le 4 août et une demi-

 27   heure le 5 août. Il a observé qu'après la première salve tirée chaque

 28   matin, le pilonnage est devenu ponctuel, consistant seulement de tirs à

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  1   l'artillerie lourde. Il a également observé qu'aucun secteur constituant

  2   une cible militaire n'a jamais été visé par plus de trois ou quatre salves

  3   et il a décrit l'attaque d'artillerie en général comme un pilonnage de

  4   couverture de Knin. Il n'a ni entendu ni vu des tirs sortant de la ville de

  5   Knin les 4 et 5 août 1995.

  6   "Après l'opération Tempête, il a vu des soldats de l'armée de Croatie en

  7   train de piller des maisons de Knin, alors que la police faisait rien pour

  8   les arrêter; et que les maisons sur lesquelles figuraient l'inscription en

  9   croate 'maison croate' n'ont pas été pillées.

 10   "Il s'est rendu à Kistanje le 9 août 1995, où il a trouvé une ville

 11   désertée des civils mais des maisons en feu et des soldats de l'armée de

 12   Croatie en train de procéder à des actes de pillage. Il a également circulé

 13   un peu partout dans le secteur sud pendant les mois d'août et septembre

 14   1995, et se rappelle avoir vu la police spéciale de Croatie empêcher

 15   l'accès aux secteurs en feu. Il a estimé que 80 à 90 % des villages qu'il

 16   avait vus avaient subi des incendies volontaires pendant les quelques

 17   premières semaines ultérieures à l'opération Tempête."

 18   Q.  Monsieur Dangerfield, pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre quel

 19   poste et quelle fonction vous aviez dans le secteur sud aux environs du

 20   mois d'août 1995 et au mois d'août 1995 ?

 21   R.  Oui. En août 1995, j'ai été chargé par le QG britannique de Gornji

 22   Vakuf, dans la partie occidentale du secteur sud, de partir -- de déménager

 23   à Knin, le QG du secteur sud afin d'agir en tant qu'officier de liaison.

 24   Ceci largement en raison du fait que les informations faisaient défaut

 25   entre les deux secteurs et qu'il est habituel pour des parties participant

 26   à des opérations d'échanger des officiers de liaison afin d'établir ce qui

 27   se passe le long de la frontière séparant les deux secteurs.

 28   Q.  Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre combien de temps avant

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  1   l'opération Tempête vous avez commencé ce déménagement ?

  2   R.  Je me suis trouvé sur place environ six semaines à deux mois avant le

  3   début de l'opération Tempête.

  4   Q.  Pouvez-vous donner aux Juges de la Chambre une idée du territoire que

  5   vous avez parcouru dans le secteur sud dans cette période ?

  6   R.  Au sein du secteur sud, je connaissais tous les itinéraires principaux.

  7   J'ai beaucoup circulé avec mon chauffeur en dehors des routes principales

  8   où il y avait des postes de contrôle qui restreignaient ma liberté de

  9   circulation. Je me suis assuré de mon obligation, dans le cadre de mes

 10   fonctions, de circuler sur ces itinéraires et d'établir ce qui se passait.

 11   En bref, je connaissais très bien le secteur sud.

 12   Q.  Est-ce que cela comprenait la partie tenue par l'ARSK et par l'armée

 13   croate dans le secteur sud ?

 14   R.  J'ai fait mon travail des deux côtés de la frontière parce que mon

 15   travail consistait à établir ce qui se passait aussi bien du côté tenu par

 16   l'armée de Croatie que du côté tenu par l'armée de la RSK.

 17   Q.  Vous avez parlé de poste de contrôle ou de restriction à votre liberté

 18   de circulation. Pourriez-vous donner une idée aux Juges de la Chambre quant

 19   à la nature de ces restrictions ?

 20   R.  Pourriez-vous répéter votre question, je vous prie.

 21   Q.  Absolument. Vous avez indiqué dans votre réponse précédente qu'il y

 22   avait des postes de contrôle sur les routes et que vous faisiez de votre

 23   mieux pour les contourner. J'aimerais que vous donniez aux Juges de la

 24   Chambre une idée de la nature des restrictions qui affectaient votre

 25   liberté de circulation ?

 26   R.  Des deux côtés, du côté tenu par l'armée de Croatie, et par l'armée de

 27   la RSK, il existait des postes de contrôle composés de barrières, de sacs

 28   de sable, de gravas, de tout ce qui pouvait restreindre la liberté de

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  1   circulation sur les routes. Ces postes de contrôle étaient tenus par un

  2   certain nombre d'hommes et j'étais physiquement arrêté lorsqu'il s'agissait

  3   de me rendre dans certains secteurs par une partie comme par l'autre.

  4   Q.  Je vais vous demander maintenant de vous concentrer sur la partie tenue

  5   par l'armée de la RSK dans le secteur sud. Pourriez-vous donner aux Juges

  6   de la Chambre une idée de la façon dont votre liberté de circulation était

  7   restreinte de façon générale ?

  8   R.  Ma liberté de circulation était restreinte notamment le long des

  9   secteurs frontaliers qui étaient les plus sensibles. Dans le centre du

 10   secteur, la situation était moins mauvaise. Il arrivait qu'il y ait des

 11   difficultés, j'ai été retenu deux heures une fois avec mon chauffeur mais

 12   libéré sans problème particulier. Donc, les restrictions concernaient

 13   principalement la zone sensible frontalière entre les deux parties au

 14   conflit.

 15   Q.  Est-ce que l'armée de la RSK restreignait également votre liberté de

 16   circulation lorsque vous vouliez inspecter ou observer des munitions ou des

 17   sites abritant des armes ?

 18   R.  Les sites abritant les militaires et des armes étaient particulièrement

 19   sensibles. Il était donc régulier que l'on m'interdise l'accès à ces sites

 20   et si la chose était possible on restreignait également y compris ma

 21   possibilité de m'approcher de ces sites.

 22   Q.  Je vous remercie. En dépit de ces restrictions, avez-vous pu néanmoins

 23   vous faire une impression quant à la capacité relative de l'armée de la

 24   Croatie, d'une part, et de l'armée de la RSK d'autre part ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, dire aux Juges de la Chambre quelle a été

 27   votre impression quant à la capacité de l'armée de la RSK de soutenir une

 28   opération telle que l'opération Tempête ?

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  1   R.  Quand j'ai circulé un peu partout dans le secteur sud, j'ai toujours

  2   été surpris. Je crois que c'est le mot qui s'impose quant au faible nombre

  3   d'armes lourdes dont disposait l'armée de la RSK. Effectivement, elle

  4   disposait de chars et de pièces d'artillerie, mais je commandais pour ma

  5   part un détachement chars Challenger et tout au long de mes déplacements

  6   dans le secteur sud, je n'ai jamais vu autant de chars en un seul et même

  7   endroit. Donc, mon appréciation consiste à dire que l'armée de la RSK

  8   n'était pas suffisamment équipée pour faire face à une telle attaque.

  9   Q.  Je vous remercie. J'aimerais maintenant que nous discutions la

 10   situation à Knin, notamment avant l'opération Tempête. Je vous renvoie à

 11   votre première déclaration écrite, le premier intercalaire que vous

 12   trouverez dans votre dossier. Première déclaration donc paragraphe 23 qui

 13   figure en page 6 de la version anglaise dans le prétoire électronique

 14   correspondant à la page 4 en version B/C/S.

 15   Paragraphe 23, dans ce paragraphe, vous indiquez qu'après la mobilisation

 16   de l'armée de la RSK, le 27 juillet 1995, la ville de Knin a pratiquement

 17   été désertée par tous les hommes en âge de combattre.

 18   Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre comment vous avez pu

 19   acquérir ce renseignement ?

 20   R.  Oui, au cours des six semaines à deux mois pendant lesquels je me suis

 21   trouvé dans le secteur sud, et plus particulièrement dans la zone de Knin.

 22   Knin était une ville dynamique vu sa taille où circulaient de nombreux

 23   civils, et un nombre assez important, je pense, que c'est le mot qui

 24   s'impose, de soldats en âge de combattre. Et ceci particulièrement les

 25   jours de relève. Je ne saurais me rappeler exactement quel jour les relèves

 26   avaient lieu, mais ils se trouvaient toujours un grand nombre de soldats

 27   dans les bars et café de Knin et dans les environs ces jours-là. Il était

 28   visible qu'il y avait un nombre beaucoup plus important de soldats que de

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  1   civils en ville.

  2   Q.  Et qu'en a-t-il été après la mobilisation du 27 juillet ?

  3   R.  Après la mobilisation, le 27 juillet, il n'est resté dans la ville que

  4   très peu de soldats. En fait, je dirais qu'il ne restait qu'une poignée de

  5   soldats dans la ville de Knin. Et lorsque j'ai circulé dans la zone de Knin

  6   un peu partout pour voir quels étaient les soldats qui restaient en ville

  7   après la mobilisation, en allant voir notamment les sites abritant des

  8   soldats, j'ai tiré la conclusion qu'il ne restait sans doute pas plus d'une

  9   centaine de soldats en ville.

 10   Q.  Je vous remercie. Passons maintenant au paragraphe 15 de cette même

 11   déclaration, prétoire électronique pages 4 et 5 pour la version anglaise,

 12   et page 4 pour la version B/C/S.

 13   Monsieur Dangerfield, au paragraphe 15, vous indiquez que le 29 juillet,

 14   les civils de Knin se sont rués sur les autobus disponibles pour quitter la

 15   ville et se diriger vers la Bosnie. Je vous demande, encore une fois,

 16   d'expliquer aux Juges de la Chambre pour commencer comment vous avez pu

 17   être informé de cela et quels sont exactement les renseignements que vous

 18   avez recueillis à ce sujet ?

 19   R.  Oui. Dans la ville de Knin en tant que telle, il était visible qu'une

 20   grande partie de la population civile était en train de faire ses bagages,

 21   et de quitter les habitations pour -- avec une valise ou des sacs en

 22   plastique à la main, autrement dit tous les biens que ces personnes

 23   possédaient, il était clair qu'elles quittaient la région.

 24   Q.  Dans ce paragraphe, vous évoquez un itinéraire très précis qui était

 25   emprunté par ces autobus. Pouvez-vous dire aux Juges de la Chambre comment

 26   vous avez appris quel itinéraire ces autobus ont emprunté ?

 27   R.  J'étais fasciné de voir un nombre si important de personnes quitter le

 28   secteur, et j'ai pris sur moi de suivre les autobus pour établir exactement

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  1   ce qu'ils faisaient, et donc j'ai vu que ces autobus ont emprunté

  2   l'itinéraire que je décris dans ma déclaration écrite, dont je donne

  3   également les cotes topographiques.

  4   Q.  Pourriez-vous donner une idée aux Juges de la Chambre quant au fait de

  5   savoir si ces départs semblaient officiellement organisés, ou semblaient

  6   correspondre à un quelconque plan pré-établi ?

  7   M. KEHOE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. S'il ne

  8   sait pas cela, s'il ne dispose pas de renseignement concret à ce sujet, il

  9   ne s'agirait que de simple conjecture de la part du témoin, ce qui serait

 10   différent bien sûr s'il avait des renseignements concrets.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Russo a demandé si le témoin a eu

 12   l'impression que c'était organisé officiellement ou conduit selon un plan

 13   pré-établi.

 14   Et, Monsieur Dangerfield, je vous prie, d'abord d'écrire ce que vous avez

 15   pu observer, et ensuite, sur la base de ces informations, si vous avez tiré

 16   des conclusions à l'époque - donc je ne vous demande pas de tirer des

 17   conclusions maintenant et de nous présenter votre opinion maintenant -

 18   mais, tout d'abord, décrivez-nous ce que vous avez pu observer.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai remarqué que le transport de la

 20   population civile était composé des cars et de camions. Et au milieu se

 21   trouvaient des voitures et ce genre de véhicules, et puis à la fin il y

 22   avait des charrettes tirées par des chevaux ou des ânes. C'est ce que j'ai

 23   pu voir. Et il n'y avait pas d'endroit pour ordonner l'exode de la

 24   population.

 25   M. RUSSO : [interprétation] Merci.

 26   Q.  Monsieur Dangerfield, avez-vous vu les membres de l'ARSK ou les

 27   officiers de la police qui étaient chargés du déplacement de la population

 28   ?

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  1   M. KEHOE : [interprétation] J'imagine qu'il s'agit du

  2   28 juillet.

  3   M. RUSSO : [interprétation] Oui, nous parlons du -- non, nous parlons du 29

  4   juillet.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Ah, 29 juillet, d'accord.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que cela était évident compte

  7   tenu de la question précédente, et, je vous prie, de ne pas intervenir,

  8   Maître Kehoe.

  9   Veuillez poursuivre.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur

 11   le Président, mais compte tenu de ce qui a été dit, je voulais qu'on

 12   précise la date. Je m'excuse.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est la deuxième fois que vous

 14   intervenez entre la question et la réponse donnée. Et, bien sûr, vous

 15   pouvez le faire, si vous devez le faire; sinon, cela présente une entrave à

 16   la conduite de l'interrogatoire.

 17   Veuillez poursuivre.

 18   M. RUSSO : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Dangerfield, j'aimerais que l'on passe maintenant aux

 20   événements du 4 août 1995. Je vous prie, de décrire aux Juges ce que vous

 21   avez pu observer et entendre s'agissant de l'attaque d'artillerie --

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous voulez recevoir une

 23   réponse que vous avez posée au témoin avant l'intervention de Me Kehoe ?

 24   M. RUSSO : [interprétation] Oui, je m'excuse.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas la peine de vous excuser.

 26   C'est vous qui posez des questions, et étant donné que vous avez posé cette

 27   question, j'imagine que vous souhaitez avoir la réponse, de même que la

 28   Chambre le souhaite. Peut-être que vous pourriez répéter la question

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  1   maintenant.

  2   M. RUSSO : [interprétation] Bien sûr.

  3   Q.  Monsieur Dangerfield, une fois encore, donc, parlant de ce que vous

  4   avez pu voir personnellement -- parlant du 29 juillet 1995, est-ce que vous

  5   pourriez dire aux Juges si vous avez vu membres de l'ARSK ou des policiers

  6   qui étaient impliqués dans le déplacement de la population de Knin ?

  7   R.  Je n'ai pas vu de membre de -- je n'ai pas vu qu'il y avait de policier

  8   ou de militaire de l'ARSK qui était impliqué dans le déplacement de la

  9   population.

 10   Q.  Merci. Passons maintenant au 4 août et j'aimerais que vous décriviez

 11   aux Juges ce que vous avez pu voir et entendre s'agissant du pilonnage de

 12   ce jour-là ?

 13   R.  C'était juste avant 5 heures du matin, et j'étais au QG du secteur sud,

 14   je me préparais pour le travail de cette journée-là, et juste avant 5

 15   heures, il y avait un grand bruit autour et par-dessus le QG de l'ONU. Et

 16   cela avait le bruit comme s'il avait une énorme feuille de papier qui était

 17   déchirée. Et au départ je ne savais pas de quoi il s'agissait mais tout de

 18   suite il est devenu évident que, nous ou bien la zone environnante, que

 19   nous étions pris pour cible. Et tout d'abord de la part des roquettes et

 20   puis de la part des pièces d'artillerie. La différence est que le son était

 21   différent des projectiles lancés par l'artillerie parce qu'il y avait un

 22   son de sifflement. A ce moment-là j'ai décidé d'aller avec mon chauffeur et

 23   tout notre équipement dans notre bunker. Un bunker est un bunker, ce n'est

 24   pas un immeuble où il y a une isolation sonore. Et les tirs de roquettes et

 25   d'artillerie se sont poursuivis pendant encore une heure et demie sans

 26   arrêt.

 27   Q.  Pourriez-vous décrire aux Juges ce que vous avez pu voir lorsque vous

 28   êtes sorti de ce bunker et à quel moment vous êtes sorti du bunker ?

Page 7140

  1   R.  Pour autant que je m'en souvienne, il était environ

  2   6 heures et demie du matin ou peu après. Nous sommes sortis du bunker et il

  3   y avait encore des tirs d'artillerie mais ce n'était pas de la même

  4   intensité que lors des 90 minutes précédentes. Il était tôt le matin, et

  5   Knin était couvert de fumée et de poussière.

  6   Q.  Après être sorti du bunker, avez-vous pu regarder -- voir la ville de

  7   Knin et voir où quelle partie de la ville a été touchée ?

  8   R.  Il était très difficile de voir où les obus étaient tombés parce qu'il

  9   y avait beaucoup de fumée et il y avait de la poussière. Et nous étions aux

 10   Balkans du QG de l'ONU et c'était plus ou moins au même niveau que la

 11   fumée, donc vous pouviez voir que c'était en haut. Mais compte tenu des

 12   conditions météorologiques c'était en été et au fur et à mesure que la

 13   température augmentait, la fumée se dissipait, la poussière est tombée et

 14   vers le milieu de la matinée, à partir de ce moment-là, nous avons pu voir

 15   où tombait les tirs et on entendait le son de ces tirs, et moi, j'ai eu une

 16   meilleur idée des endroits qui étaient pris pour cible.

 17   Q.  Merci.

 18   M. RUSSO : [interprétation] Passons maintenant au paragraphe 30 de votre

 19   première déclaration. Dans le prétoire électronique, c'est aux pages 7 et

 20   8; et en B/C/S, pages 5 et 6.

 21   Q.  Monsieur Dangerfield, dans ce paragraphe, vous indiquez quels sont les

 22   endroits où vous avez vu des tirs tombés ce jour-là, et je vais vous

 23   demander si vous vous souvenez avoir indiqué sur des photographies

 24   aériennes; quels étaient les endroits touchés à Knin ?

 25   R.  Oui.

 26   M. RUSSO : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche 5355 de la liste 65

 27   ter.

 28   Q.  Je vais vous expliquer de quoi il s'agit en me référant au paragraphe

Page 7141

  1   30. Vous avez dit dans ce paragraphe que vous avez vu que des tirs étaient

  2   tombés dans des zones résidentiels au nord par rapport au poste Police

  3   militaire, et puis vous avez également indiqué des zones par la lettre, et

  4   cela correspond à la zone que vous indiquez par A sur cette photo, n'est-ce

  5   pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Vous avez également vu des obus tombés à proximité de la guerre, des

  8   chemins de fer. Est-ce que cela correspond à la

  9   lettre B ?

 10   R.  C'est exact.

 11   Q.  Vous avez également dit que les obus sont tombés près du bunker AMO 200

 12   mètres à l'ouest. Est-ce que c'est ce que vous avez indiqué à l'aide de la

 13   lettre C ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Puis il y a le bâtiment du parlement; est-ce que c'est indiqué avec la

 16   lettre D ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Puis près de la base de la forteresse de Knin, vous avez également dit

 19   qu'il y avait des obus qui étaient tombés, est-ce que c'est indiqué avec la

 20   lettre E ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Et le terrain de football c'est la zone indiquée par F ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et le poste Pol c'est indiqué par G ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Monsieur Dangerfield, est-ce que vous avez vu tous ces endroits

 27   pilonnés de vos propres yeux ?

 28   R.  Oui.

Page 7142

  1   M. RUSSO : [interprétation] Je demande le versement au dossier de 5355 du

  2   65 ter.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Je dois soulever une objection. Apparemment,

  4   cette carte a été présentée le 21 décembre 1995 et je vois qu'on l'en fait

  5   état au paragraphe 35 et je vois qu'en fait cette carte a été faite en

  6   2008, le 22 juillet de cette année. Et ce qui m'intéresse davantage est ce

  7   qui a été fait il y a 13 ans. C'est ce qui figure au paragraphe 35 et non

  8   pas ce qui vient d'être fait cette semaine.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous ne savons pas quand cela a été

 10   fait. Nous voyons que la date apparaît ainsi que le nom du témoin et pour

 11   ce qui est de la date, je vois qu'il s'agit de cette année.

 12   Monsieur Russo, sans que vous fassiez des positions vous-même, pourriez-

 13   vous nous préciser de quoi il s'agit ou pas ?

 14   M. RUSSO : [interprétation] Bien sûr.

 15   Q.  Monsieur Dangerfield, pourriez-vous dire aux Juges quand vous avez

 16   apporté des indications sur cette carte ?

 17   R.  S'agissant de cette carte, j'ai apporté des indications le jour où je

 18   l'ai signé.

 19   Q.  Merci.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, la Défense nous a

 21   adressé une question par rapport à la carte qui a été à l'origine annexée à

 22   la déclaration et nous avons à ce moment-là expliqué à la Défense que nous

 23   ne pouvions pas retrouver cette carte et que c'est pour cela que je

 24   demandais entre autres à M. Dangerfield d'indiquer ces endroits sur cette

 25   carte. Et sur la base de ce qui vient d'être dit, je demande le versement

 26   au dossier de cette carte.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour moi, il est clair maintenant que la

 28   déclaration date depuis longtemps et qu'à ce moment-là, une carte avait été

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  1   produite et que maintenant nous avons une carte qui a été produite cette

  2   semaine. Y a-t-il des objections ?

  3   M. KEHOE : [interprétation] Une objection non pas par rapport à son

  4   admissibilité mais par rapport à la valeur probante.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Ce sera quelle pièce, Monsieur

  6   le Greffier ?

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P697.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P697 est versé au dossier.

  9   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Russo.

 10   M. RUSSO : [interprétation] Merci.

 11   Q.  Monsieur Dangerfield, j'aimerais attirer votre attention au paragraphe

 12   26 de votre première déclaration.

 13   M. RUSSO : [interprétation] C'est aux pages 6 et 7 dans le prétoire

 14   électronique et en page 5 en B/C/S. Et j'aimerais que cette image soit

 15   gardée à l'écran.

 16   Q.  Monsieur Dangerfield, je vais vous poser plusieurs questions.

 17   S'agissant des cibles militaires que vous avez indiquées au paragraphe 26,

 18   un grand nombre d'entre eux étaient à proximité ou à côté des endroits pour

 19   lesquels vous avez dit qu'ils étaient pilonnés, et plus précisément

 20   s'agissant des deux endroits que vous avez indiqués avec la lettre A à la

 21   pièce P697, nous pouvons voir que ces endroits sont de l'autre côté de

 22   l'approvisionnement générale de Knin dont vous avez fait état au paragraphe

 23   26 et vous avez dit que c'était une cible militaire. Et l'autre zone est

 24   directement au nord par rapport au poste de police dont vous faites état au

 25   paragraphe 26, et il y a encore un autre directement vers le sud par

 26   rapport à la caserne de l'armée à Knin dont vous faites également état au

 27   paragraphe 26.

 28   Et j'aimerais que vous disiez aux Juges, sur la base de ce que vous avez pu

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  1   observer, si ces obus que vous avez vus tomber dans ces deux zones, et

  2   indiqué à l'aide de la lettre A sur la carte : est-ce que les cibles

  3   militaires qui se trouvaient à proximité étaient touchées ?

  4   R.  Au départ, il y avait plusieurs projectiles qui étaient tombés. Mais au

  5   cours de la journée, je me suis rendu compte qu'il y avait un trop grand

  6   nombre d'obus qui étaient tombés dans ces zones pour qu'on puisse dire

  7   qu'il s'agissait des variations balistiques et que cela pourrait être

  8   expliqué par des conditions météorologiques qui seraient à l'origine du

  9   fait que les obus étaient tombés là-bas. C'est pourquoi j'ai conclu qu'il y

 10   avait trop d'obus qui étaient tombés dans ces zones-là.

 11   Q.  S'agissant de la zone indiquée par la lettre B, cette zone est à

 12   proximité de la gare ferroviaire et vous avez également dit que c'était --

 13   sur une cible militaire, est-ce que la situation est identique à la

 14   situation précédente ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et s'agissant de la zone E, en bas de la forteresse de Knin, est-ce que

 17   cela correspond à la situation précédente et vous avez dit qu'il s'agissait

 18   d'une cible militaire ?

 19   R.  Oui. Je donnerais la même réponse.

 20   Q.  Passons maintenant au paragraphe 32 de votre première déclaration.

 21   M. RUSSO : [interprétation] Dans le prétoire c'est à la page 8 et en B/C/S

 22   c'est à la page 6.

 23   Q.  Au paragraphe 32, Monsieur Dangerfield, vous dites que les réfugiés et

 24   les soldats ont commencé à se retirer de Knin vers 17 heures, et qu'à ce

 25   moment-là, le pilonnage était à son minimum. J'aimerais que vous disiez aux

 26   Juges : quel était ce minimum, s'agissant de l'intensité ?

 27   R.  Il y avait un bombardement pendant les 90 minutes à partir de 5 heures

 28   du matin, et comme je l'ai déjà dit, cela a diminué dans son intensité.

Page 7145

  1   C'était -- il y avait des cas d'attaque d'artillerie sporadiques au cours

  2   de la journée, et lorsque j'ai dit qu'il y avait un minimum, je veux dire

  3   que lorsqu'on dit qu'il y avait un minimum, cela suffisait pour que ce soit

  4   quelque chose qu'on peut remarquer.

  5   Q.  Merci. Avez-vous eu l'impression que les soldats et les véhicules

  6   militaires -- et vous avez dit qu'ils ont fait partie de ce convoi; est-ce

  7   que vous aviez l'impression, en fait, qu'ils escortaient les civils, ou

  8   qu'ils se retiraient eux-mêmes ?

  9   R.  Cette colonne de véhicules militaires et de civils quittait la ville.

 10   Il n'y avait pas d'indication selon laquelle il s'agissait d'un repli et il

 11   n'y avait pas de canon ce char qui était tourné dans la direction de la HV.

 12   En fait, il y avait un nombre minimum de chars qui était présent. Il ne

 13   s'agissait pas d'un repli armé mais il s'agissait plutôt d'un exode rapide.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, j'aimerais que l'on

 15   précise quelque chose. Vous avez dit qu'à votre avis, le minimum est

 16   quelque chose qui est suffisant pour être remarqué. Bien sûr, cela il faut

 17   préciser. D'après vous, qu'est-ce qui peut être remarqué, si vous dites

 18   qu'un obus toutes les heures peut être remarqué, dans ce sens-là, même un

 19   obus toutes les 24 heures serait remarqué. Donc, je ne comprends pas tout à

 20   fait votre réponse.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Deux à trois obus toutes les minutes.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Veuillez poursuivre, Monsieur

 23   Russo.

 24   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Q.  Passons rapidement maintenant à votre deuxième déclaration. Je pense

 26   que c'est P696, au paragraphe 5, dans le prétoire en anglais c'est à la

 27   page 2 et pareil en B/C/S.

 28   Monsieur Dangerfield, au paragraphe 5, vous dites qu'à

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  1   19 heures, l'intensité du pilonnage a diminué considérablement mais qu'il y

  2   avait encore beaucoup d'obus qui tombaient pendant une quinzaine de minutes

  3   dans la soirée du 4 août.

  4   Pouvez-vous dire aux Juges si le pilonnage s'est arrêté à un moment donné

  5   cette nuit-là ?

  6   R.  Non, il ne s'est pas arrêté.

  7   Q.  Pourriez-vous nous dire à quelle heure vous vous êtes retiré ou vous

  8   êtes allé vous coucher ou à quelle heure vous avez remarqué, vous avez

  9   arrêté d'observer le pilonnage ?

 10   R.  C'était tard dans la soirée entre 10 heures 00 et minuit, et je suis

 11   allé me coucher à ce moment-là. Je pensais ne pas aller chercher l'abri. Je

 12   considérais que ce pilonnage sporadique ne présentait pas une menace pour

 13   le QG de l'ONU. Mais à un moment donné entre ces deux heures, l'intensité à

 14   augmenter, il s'agissait des obus d'artillerie. Il y avait plusieurs

 15   roquettes. Et à ce moment-là, moi et mon chauffeur, nous avons cherché

 16   l'abri dans le bunker.

 17   Q.  Merci. Le 4 août, Monsieur Dangerfield, avez-vous envoyé des rapports

 18   s'agissant de ce qui se passait à Knin à la cellule G2 de l'unité

 19   britannique ?

 20   R.  Je n'ai pas pu le faire pendant les 90 minutes lorsque j'étais dans le

 21   bunker. Et, lorsque nous sommes sortis vers

 22   6 heures 30 du matin, nous avons pu recueillir les rapports provenant des

 23   différents bataillons internationaux qui étaient dans le secteur et à

 24   l'aide de mon téléphone satellite, j'ai pu envoyer un rapport à mon QG

 25   britannique qui se trouvait à Gornji Vakuf.

 26   Q.  Merci.

 27   M. RUSSO : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche 4446 de la liste 65

 28   ter -- 446 de la liste 65 ter.

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  1   Q.  Monsieur Dangerfield, est-ce que vous reconnaissez ce document, et

  2   s'agit-il d'un des rapports que vous avez rédigés le

  3   4 août ?

  4   R.  Oui, je le reconnais.

  5   Q.  Et, je pense que vous vous en avez déjà parlé, mais pourriez-vous dire

  6   aux Juges d'où proviennent les informations qui se trouvent dans ces

  7   rapports ?

  8   R.  C'est un document d'ordre général. C'est un résumé que j'ai établi à

  9   partir des rapports que nous avons reçus de la part des bataillons qui se

 10   trouvaient dans le secteur sud.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, sur votre des éléments

 12   de preuve, s'agissant de 446, nous trouvons une autre référence ERN et non

 13   pas la même qui figure sur ce document. Ce n'est pas que j'essaie de

 14   compliquer les choses davantage, parce que les documents qui y figurent se

 15   suivent. Mais, en examinant les déclarations, il paraît que cela a été

 16   annexé aux déclarations et maintenant nous avons une autre référence.

 17   Pourriez-vous nous l'expliquer ou bien il faut l'ignorer et le cas échéant,

 18   je vous prie d'indiquer les références ERN auxquelles vous ferez référence

 19   dans le prétoire. 

 20   M. RUSSO : [interprétation] Oui, je peux vous dire que ce document a été

 21   reçu par le bureau du Procureur de plusieurs sources. L'une des sources est

 22   le général Leslie, vous pouvez voir AL5 indiqué en haut. Nous avons

 23   également reçu ce document en tant que document attaché à la déclaration et

 24   cela a été également attaché à la déclaration complémentaire du témoin, M.

 25   Dangerfield, et à ce moment-là, elle a reçu une autre référence

 26   électronique ERN.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'espère que vous avez la bonne

 28   référence dans la version du prétoire électronique et qu'elle corresponde à

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  1   celle que vous êtes en train d'utiliser dans le prétoire maintenant. Je ne

  2   sais pas si vous avez saisi dans le système l'autre également.

  3   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Cela a été saisi

  4   dans le système avec la première, et nous avons pensé en fait le saisir

  5   également avec la déclaration supplémentaire.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je ne comprends pas comment l'autre

  7   numéro a fini par apparaître sur votre liste 65 ter, mais laissez tomber,

  8   ce n'est pas important. Veuillez poursuivre.

  9   M. RUSSO : [interprétation] Est-ce qu'il a d'objections quant au versement

 10   au dossier de ce document ?

 11   M. KEHOE : [interprétation] Il n'y a pas d'objections.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ça sera la pièce P698.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] P698 est versé au dossier.

 15   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  Monsieur Dangerfield, passons maintenant au 5 août. Encore une fois, je

 17   vous prie de nous expliquer brièvement ce que vous avez pu constater

 18   s'agissant du pilonnage de ce jour-là ?

 19   R.  L'attaque d'artillerie du 5 août a commencé une fois encore peu avant 5

 20   heures 00 du matin, et au départ, son intensité était similaire à celle du

 21   4 août; et cela s'est poursuivi une demi-heure environ.

 22   Q.  Où étiez-vous pendant cette demi-heure ?

 23   R.  Une fois encore, j'étais dans le bunker.

 24   Q.  Et qu'avez-vous fait après être sorti du bunker ?

 25   R.  Cela était comme la veille j'ai essayé de me renseigner et de voir ce

 26   qui s'était passé dans le secteur sud afin de savoir quels étaient les

 27   déplacements de la HV et ainsi que l'ARSK. Et j'ai envoyé mon rapport au QG

 28   britannique comme je l'avais fait la veille.

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  1   Q.  Merci. S'agissant du paragraphe 30 de votre première déclaration, vous

  2   avez dit, je cite : "Le 4 et le 5 août, le matin, il y avait tant

  3   d'attaques d'artillerie qui ne pouvaient pas avoir une cible précise parce

  4   qu'ils avaient tant d'obus et de roquettes qui étaient tombés en si peu de

  5   temps."

  6   J'aimerais que vous expliquiez aux Juges pourquoi vous pensez qu'un tel

  7   nombre d'obus qui étaient tombés dans une zone précise aurait une incidence

  8   sur la capacité de diriger les tirs vers un endroit précis ?

  9   R.  Comme je l'ai dit, il y avait une couverture de fumée et de poussière

 10   partout à Knin pendant ces premières heures, et cela était suffisant pour

 11   comprendre qu'en fait il ne pouvait pas savoir où tombaient les obus. Et

 12   pour ajuster les tirs et avoir une certaine précision, il fallait attendre,

 13   et compte tenu de l'intensité et de ces pilonnages, il était impossible

 14   d'ajuster les tirs.

 15   Q.  Merci. Passons maintenant au paragraphe 33 de cette déclaration - c'est

 16   dans le système du prétoire électronique en page 9, et en B/C/S à la page 6

 17   - vous dites : "A partir de 10 heures 45, vous avez pu entendre qu'il y

 18   avait des tirs de char et d'infanterie légère, il n'y avait pas

 19   d'artillerie et je n'ai pas pu constater qu'il y avait une résistance."

 20   Pourriez-vous dires aux Juges s'il y avait des chars et des tirs

 21   d'infanterie depuis Knin ?

 22   R.  Non, il n'y en avait pas depuis Knin et pendant toute la période où

 23   j'étais à Knin je n'ai jamais vu ni entendu de tir depuis Knin.

 24   Q.  Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre alors d'où venaient les tirs

 25   de petites armes à feu et des chars, le 5 août ?

 26   R.  Bien, de l'autre côté dans le quartier général des Nations Unies,

 27   d'après notre position donc à ce quartier général et d'après le son, il

 28   semblait que ça venait de cette région, de cette localité connue sous le

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  1   nom de Drnis.

  2   Q.  Ceci se trouve au sud de Knin ou pas ?

  3   R.  D'après mon souvenir, c'est plutôt au sud ouest.

  4   Q.  Et le bruit des chars et des petites armes à feu, est-ce que ceci

  5   ressemblait au bruit que font les armes lors d'un combat ?

  6   R.  Non, ceci ne ressemblait pas à un combat. Il n'y avait pas de riposte.

  7   Q.  Et dans ce même paragraphe vous précisez que : "La

  8   7e Brigade de Puma était la première à entrer dans Knin avec leurs chars et

  9   leur équipement de transport de troupes sont arrivés en convoi, ne se

 10   déplaçaient de façon tactique, c'est la raison pour laquelle vous pensiez

 11   qu'ils ne s'attendaient à aucune résistance."

 12   Je souhaite que vous expliquiez aux Juges de la Cour : pourquoi un char

 13   arrivant dans un convoi semblait vous indiquer qu'il n'y aurait pas de

 14   résistance ?

 15   R.  D'après mon expérience des chars, un char qui se déplace le long d'une

 16   route, en fait, se déplace de façon tactique. En fait, ce n'est pas une

 17   zone sûr. Quand on se déplace comme ça en faisant des bonds comme une

 18   grenouille le long des points critiques sur une route, vous faites en sorte

 19   que vous ouvrez la voie pour les troupes.

 20   Et les hommes qui suivent ces véhicules, en fait se déplaçaient en

 21   colonne. Les gens se trouvaient en haut des chars. Il y avait des

 22   véhicules. Il y avait les hommes qui clamaient, chantaient, et c'était tout

 23   à fait qu'ils ne s'attendaient pas du tout à voir des soldats de l'ARSK en

 24   face ou des attaquer à Knin.

 25   Q.  Merci. Je vais placer au paragraphe suivant maintenant. Vous précisez,

 26   et je cite : "Il semblait y avoir peu de contrôle une fois que la HV est

 27   entrée dans Knin. Les troupes ont systématiquement pillé les maisons, tiré

 28   de petites armes à feu, nous avons entendu des détonations mystérieuses ont

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  1   été entendues pendant au moins une semaine après cela."

  2   Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre si. oui ou non, vous avez

  3   vu -- observé vous-même ?

  4   R.  Bien sûr, je ne pouvais pas voir grand-chose ce jour-là puisque j'étais

  5   cantonné et je devais rester à la caserne des Nations Unies, le 7 -- ou

  6   plutôt, plus précisément le 9 août, j'ai pu sortir, je suis parti à bord de

  7   mon Land Rover et de mon chauffeur et j'ai commencé à patrouiller à

  8   nouveau.

  9   Il y avait des soldats de la HV en grand nombre à l'intérieur de Knin, à

 10   Knin même, et il était manifeste qu'il n'y avait pas beaucoup de contrôle.

 11   J'ai vu des soldats rentrer et sortir des maisons avec des appareils

 12   électriques et différentes sortes de choses qui leur semblait bon

 13   d'emmener.

 14   Q.  Est-ce que je peux vous demander de vous préciser quelque chose ? Vous

 15   avez parlé de la date du 7; pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre si

 16   vous êtes sorti de l'enceinte du QG des Nations Unies le 7 et est-ce que

 17   vous avez pu entrer à Knin ?

 18   R.  Oui. Ce jour-là était particulier parce que l'envoie Yasushi est venu

 19   nous rendre visite, c'était l'envoyé spécial des Nations Unies. Je crois

 20   qu'il avait atterri sur la plate-forme d'atterrissage de l'hélicoptère à la

 21   caserne des Nations Unies et le convoi était très long. Nous l'avons

 22   escorté jusqu'à l'hôpital. Il y avait un long convoi qui contrôlait la

 23   presse.

 24   Q.  Et vous avez continué à escorter M. Akashi tout au long de la journée ?

 25   R.  Non. Dès que nous avons pu, sur le chemin du retour moi-même et mon

 26   chauffeur nous nous sommes écartés de la colonne et nous avons regardé un

 27   peu partout et nous avons patrouillé dans Knin, et donc, c'était un récit

 28   de première main fait par moi-même, j'ai pu constater exactement ce qui se

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  1   passait.

  2   Q.  Ce jour-là, le 7 août, que se passait-il en réalité ?

  3   R.  Comme je l'ai dit un peu plus tôt, c'était à ce moment-là que le

  4   pillage a eu lieu. Manque de discipline un petit peu partout manque de

  5   contrôle. Il me semblait tout à fait clair que les soldats faisaient ce que

  6   bon leur semblait.

  7   Q.  Avez-vous vu des officiers ou des commandants qui étaient là au moment

  8   où ceci se passait ?

  9   R.  Non. C'était particulièrement manifeste il n'y avait pas d'officier il

 10   n'y avait personne qui semblait exercer une quelconque autorité, quelqu'un

 11   qui aurait pu contrôler ce qui se passait.

 12   Q.  Un peu plus tôt vous avez dit vous être échappé du convoi de M. Akashi.

 13   Et si quelqu'un s'était écarté de ce convoi, est-ce que ce que vous avez vu

 14   semblait évident à toute personne qui ne suivait pas la colonne ?

 15   R.  Oui. Oui. Ceci était très manifeste, même lorsque nous sommes passés il

 16   ne s'est pas arrêté, je crois que c'était le comportement normal semblait-

 17   il ce jour-là dans la ville.

 18   Q.  Un peu plus tard, je souhaite - je parle toujours du même paragraphe -

 19   vous dites que : "Des camions se sont garés devant la maison et ils ont

 20   volé -- moi, j'ai vu de mes propres yeux que toutes sortes d'équipement

 21   électrique ont été mis à bord des camions ou des voitures par les soldats

 22   alors que la police n'a rien fait pour l'en empêcher. Ceci a duré pendant

 23   au moins deux semaines."

 24   Je souhaite que vous précisiez ceci pour les Juges de la Chambre, à savoir

 25   à quoi vous faites référence lorsque vous dites cette phrase et vous dites

 26   avoir été le témoin oculaire de ce qui s'est passé à Knin.

 27   R.  Ecoutez, dès que j'aurais eu l'occasion et dès j'ai eu la possibilité

 28   d'aller patrouiller à Knin, je l'ai fait, comme je l'avais fait avant le 4

Page 7154

  1   août, j'ai patrouillé le secteur sud, et dans les secteurs où j'ai

  2   patrouillé, ce comportement semblait être de rigueur dans toute la région.

  3   Q.  Et d'après vos propres observations, est-ce que ce pillage s'est

  4   poursuivi à Knin 15 jours après l'opération Tempête ?

  5   R.  Oui, pendant 15 jours au moins et quand c'était dans l'ensemble de la

  6   ville.

  7   Q.  Les camions et les voitures qui étaient utilisés pour piller, est-ce

  8   que vous pourriez nous dire s'il s'agissait en fait de véhicules militaires

  9   ou civils ?

 10   R.  Les véhicules utilisés étaient à la fois des véhicules militaires et

 11   des véhicules civils. D'après ce que je pouvais voir, tout véhicule sur

 12   laquelle on pouvait mettre la main et bien on remplissait ce véhicule de

 13   différents articles.

 14   Q.  Monsieur Dangerfield, est-ce que, dans votre esprit, il peut y avoir un

 15   doute à savoir si ces individus que vous avez vus se comportaient ainsi

 16   étaient en réalité des soldats de la HV ?

 17   M. KEHOE : [interprétation] Objection.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce qu'il dispose des éléments de contexte

 20   s'il s'agit d'une simple conjecture pure et simple ? Cela ne fait pas

 21   l'ombre d'un doute qu'il y avait beaucoup de gens qui portaient des

 22   uniformes de camouflage et l'Accusation essaie simplement de dire que tout

 23   le monde portait des uniformes de camouflage à cet endroit-là.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question n'est pas de savoir si

 25   c'était des soldats mais le témoin n'avait pas de doute dans son esprit.

 26   Mais, avant que cette question-là ne soit posée au témoin, je pense,

 27   Monsieur Russo, que vous devriez détailler un petit peu ce qu'il a évoqué,

 28   il pourrait décrire l'apparence physique des personnes qui prenaient ce

Page 7155

  1   quelles avaient envie de prendre. Et un peu plus tôt, le témoin a dit --

  2   dans sa déposition, il a dit que c'était des militaires et il va falloir

  3   que je retrouve ces éléments, dans le compte rendu, voir si c'est exact ou

  4   pas. Mais je me souviens d'après sa déclaration -- dans sa déclaration, il

  5   fait état de la façon dont les gens étaient habillés - il parle en fait des

  6   militaires et des civils.

  7   Est-ce que vous pourriez -- avant de lui poser cette question-là, c'est une

  8   question de fait si le doute envahit son esprit, si vous posez la question

  9   et s'il peut y avoir un doute, dans mon esprit, c'est simplement un fait.

 10   Mais avant de poser cette question, évidemment il serait bon de voir

 11   quelles sont les observations qui sont à l'origine de ces impressions-là et

 12   quelles sont les circonstances qui ont entouré tout ceci.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Ce que les Juges ont dit à maintes et maintes

 14   reprises, me semble-t-il, c'est que la Chambre de première instance

 15   souhaite entendre les faits et non pas des conjectures, n'est-ce pas,

 16   simplement des faits ?

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, j'ai dit que la question

 18   de savoir si, moi, j'ai eu un doute à propos de quelque chose est une

 19   question de fait.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends comment vous l'interpréter.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, néanmoins je vous

 22   demande de tout d'abord évoquer avec le témoin ce qu'il a pu observer et ce

 23   qui aurait pu semer le doute ou une impression particulière dans son

 24   esprit. Veuillez --

 25   M. RUSSO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   Q.  Monsieur Dangerfield, vous avez précisé au début de votre déposition

 27   qu'avant l'opération Tempête, vous avez eu l'occasion de rendre visite aux

 28   deux camps, la HV et l'ARSK, il y avait une zone de séparation. Est-ce que

Page 7156

  1   je puis d'abord vous demander lorsque vous étiez du côté de la HV, est-ce

  2   que vous avez eu l'occasion de voir quel genre d'uniforme les soldats de la

  3   HV portaient ?

  4   R.  Oui, tout à fait. Je connaissais la différence entre les soldats de

  5   l'ARSK et de la HV en regardant leurs uniformes.

  6   Q.  Pourriez-vous décrire aux Juges de la Chambre un uniforme d'un soldat

  7   de la HV ?

  8   R.  Je crains qu'après 13 ans, ma mémoire ne soit pas suffisamment claire.

  9   Q.  Et à l'époque, lorsque vous étiez du côté HV de la ligne de séparation,

 10   est-ce que vous avez eu l'occasion de voir le type de camions et de

 11   véhicules qui étaient utilisés par l'armée de la HV ?

 12   M. KEHOE : [interprétation] Je soulève une objection. Nous sommes

 13   actuellement en 2008, lorsque le témoin dans sa déposition dit qu'il ne

 14   s'en souvient pas, et pour essayer, en fait, faire en sorte qu'on retrouve

 15   quelque chose en 1995, écoutez, je m'y oppose.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que, bon, ce que ceci lui

 17   rappelle c'était la façon dont les gens étaient habillés et je crois que la

 18   question porte maintenant sur les camions et les véhicules.

 19   M. KEHOE : [interprétation] Dans ce cas, je demande à ce que les Juges de

 20   la Chambre fassent particulièrement attention -- c'est, en fait, la voie

 21   que souhaite emprunter l'Accusation, je souhaite simplement soulever cette

 22   objection en guise de précaution.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Russo.

 24   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 25   Q.  Vous souhaitez que je répète la question ?

 26   R.  Non. Je crois que je peux répondre brièvement.

 27   Lorsque je me déplaçais dans Knin et dans le secteur sud, au cours de ces

 28   journées-là, lorsque j'ai vu le pillage, bon nombre d'individus qui

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  1   emportaient des objets pillés portaient des uniformes de la HV.

  2   Q.  Je vous remercie. Je vais revenir à la question précédente. Lorsque

  3   vous étiez du côté HV de la zone de séparation avant l'opération Tempête,

  4   avez-vous eu l'occasion de remarquer les véhicules qu'utilisait la HV ?

  5   R.  Oui, tout à fait, et avant d'être envoyé dans la région, en raison de

  6   ma formation qui avait été, on m'avait demandé plus précisément au cours de

  7   ma formation de porter mon attention sur les factions -- les parties en

  8   présence, les parties belligérantes, le type de véhicules, uniformes,

  9   grades, insignes, et cetera.

 10   Q.  Donc, les véhicules qui ont été utilisés pour le pillage après

 11   l'opération Tempête que vous avez signalée au paragraphe 34, est-ce que ces

 12   véhicules étaient les véhicules qui étaient les mêmes que vous aviez vus du

 13   côté HV de la zone de séparation ?

 14   R.  Oui. Oui, et les plaques d'immatriculation portaient les lettres HV,

 15   Hector Victor, hôtel Victor.

 16   Q.  Je comprends, maintenant, qu'il vous est difficile de vous remémorer

 17   certaines choses maintenant. Mais lorsque vous avez fait votre première

 18   déclaration en décembre 1995 et vous avez précisé qu'il y avait des soldats

 19   qui faisaient certaines choses, à ce moment-là, vous souvenez-vous bien,

 20   par exemple, des vêtements que portaient les soldats -- un soldat de la HV

 21   ?

 22   R.  Oui, tout à fait.

 23   Q.  Merci. Au paragraphe 13 de votre première déclaration --

 24   M. RUSSO : [interprétation] Ceci se trouve en page 4 en anglais, page 3 en

 25   B/C/S du système électronique du prétoire.

 26   Q.  -- au paragraphe 13, Monsieur Dangerfield, vous avez précisé qu'il y

 27   avait des maisons à Knin qui ont été épargnées qui n'ont pas été pillées,

 28   et que ces maisons avaient des signes dessus ?

Page 7158

  1   R.  Oui. En serbo-croate, très brièvement, on avait inscrit "maison

  2   croate," et ceci avait été peint sur la maison.

  3   Q.  Comment saviez-vous que ceci voulait dire "maison croate" ?

  4   R.  Encore une fois, je faisais partie de l'armée britannique, et l'armée

  5   britannique fait toujours ceci : nous avons reçu ne formation de base en

  6   B/C/S, en fait, c'est toutes les fois le cas lorsque vous vous rendez dans

  7   un pays, vous recevez une formation linguistique.

  8   Q.  Et est-ce que vous maîtrisez aussi bien la langue B/C/S aujourd'hui ?

  9   R.  Non.

 10   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si le

 11   moment est opportun pour faire une pause.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons commencé à

 13   14 heures 15. En général, la première partie de l'audience dure une heure

 14   et demie, donc, vous avez encore 15 minutes.

 15   M. RUSSO : [interprétation] Merci.

 16   Q.  Monsieur Dangerfield, vous avez précisé au paragraphe 9 de votre

 17   première déclaration; ceci est en anglais, pages 3 à 4; et en B/C/S, à la

 18   page 3, au paragraphe 9, vous avez précisé que la première fois que vous

 19   êtes sorti de l'enceinte, vous avez vu, je cite : "Qu'il y avait eu un

 20   changement complet à Knin." Je souhaite que vous expliquiez aux Juges de la

 21   Chambre ce que vous entendiez par là.

 22   R.  Un changement complet à Knin ceci s'appliquait à la population et à

 23   l'état dans lequel se trouvait la ville. Comme je l'ai précisé un peu plus

 24   tôt, cela avait été une ville animée. Compte tenu de sa taille, il y avait

 25   des gens qui fréquentaient les bars et les cafés, qui se déplaçaient au

 26   quotidien. Après les 4 et 5 août, il m'est apparu clairement qu'il y avait

 27   très peu de civils dans la ville. La population avait diminué et lorsque je

 28   me déplaçais en ville, j'ai vu des preuves du bombardement considérable

Page 7159

  1   qu'avait subi cette ville.

  2   Q.  Je souhaite reprendre cette dernière phrase. Avez-vous pu observer des

  3   dégâts provoqués par le pilonnage ?

  4   R.  Oui. C'était clair et ceci venait d'arriver. Nous avions reçu une

  5   formation à cet effet, à savoir dans quelle direction provenait des obus

  6   parce qu'on pouvait retracer le dessin et il était clair que les bâtiments

  7   de la région que j'ai signalés sur la carte avaient également été touchés.

  8   Q.  Est-ce que vous voulez parler des secteurs autour desquels vous avez

  9   dessiné un cercle sur la photo aérienne ?

 10   R.  Oui, tout à fait.

 11   Q.  Et pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre si les dégâts provoqués

 12   par le pilonnage étaient confinés ou limités à un secteur particulier de la

 13   ville ?

 14   R.  C'était sur l'ensemble de la ville.

 15   Q.  Merci. Je souhaite maintenant aborder avec vous vos observations à

 16   propos ce qui s'est passé à l'extérieur de Knin après l'opération Tempête.

 17   Au paragraphe 10 de votre première déclaration et dans le système

 18   électronique du prétoire, cela se trouve à la page 4 en anglais, la page 3

 19   en B/C/S. Au paragraphe 10, Monsieur Dangerfield, vous avez précisé que, le

 20   9 août, c'était donc la première fois que vous êtes parti en patrouille,

 21   vous avez visité la ville de Kistanje. Pourriez-vous décrire aux Juges de

 22   la Chambre ce que vous avez vu de vos propres yeux et ce qui est arrivé là

 23   ?

 24   R.  Je me souviens bien : lorsque nous sommes arrivés aux abords de

 25   Kistanje en voiture, il était clair qu'il y avait beaucoup de personnes qui

 26   étaient habillées ou qui portaient un uniforme militaire croate.

 27   L'atmosphère était tendue. J'étais à bord d'une Land Rover, moi-même et il

 28   est clair que j'étais indésirable.

Page 7160

  1   Autre chose, fait particulièrement marquant, il n'y avait pas de tirs

  2   d'artillerie ni de tirs provenant de chars. Les bâtiments n'étaient pas

  3   endommagés de cette façon-là, et ceci était très visible.

  4   Ce qui était clair en revanche c'est la grande partie de Kistanje était en

  5   feu. Il y avait des soldats sur place qui pillaient, qui fêtaient leur

  6   présence en lançant, en tirant des coups en l'air, la situation est tout à

  7   fait pas contrôlée à Kistanje.

  8   Q.  Pourriez-vous indiquer aux Juges de la Chambre : combien de soldats

  9   croates vous avez vus en ville ?

 10   R.  D'après mon estimation, cela devait être de l'ordre d'une compagnie,

 11   c'est-à-dire 150 à 200 soldats environ.

 12   Q.  Encore une fois, est-ce que vous avez pu remarquer des officiers ou des

 13   commandants dans cette ville ?

 14   R.  Non, c'était la même chose et la même chose s'était produite partout

 15   dans le secteur, lorsque je le patrouillais. Il semblait y avoir un manque

 16   total de contrôle apparent.

 17   Q.  Y avait-il des civils à Kistanje ce jour-là ?

 18   R.  Ce jour-là, je n'ai vu aucun civil.

 19   Q.  Monsieur Dangerfield, est-ce que vous vous êtes rendu dans d'autres

 20   villes de secteur sud après l'opération Tempête ?

 21   R.  Oui, tout à fait.

 22   Q.  Encore une fois, pourriez-vous donner une indication aux Juges de la

 23   Chambre du territoire que vous avez couvert dans le secteur sud au cours de

 24   ces semaines-là ?

 25   R.  Au cours de ces semaines-là, comme je l'avais fait auparavant, avant

 26   les dates du 4 et 5 août, j'ai beaucoup voyagé sur l'ensemble du secteur

 27   sud. Je me souviens j'arrivais à survivre en me dormant que six heures, en

 28   patrouillant 14 heures pendant la journée, et avec le temps qui me restait,

Page 7161

  1   je préparais, je rédigeais mes rapports et je les classais.

  2   Q.  Dans votre deuxième déclaration, je crois que c'est la pièce P696, au

  3   paragraphe 7, la page 2 en anglais et en B/C/S dans la version électronique

  4   du prétoire. Dans ce paragraphe-là, Monsieur Dangerfield, vous dites --

  5   vous estimez que 80 à 90 % des habitants du village que vous avez vus dans

  6   le secteur sud après l'opération Tempête ont souffert de brûlure.

  7   Pourriez-vous me dire si cette estimation se fonde sur vos

  8   observations personnelles ou non ?

  9   R.  Oui, tout à fait, et ce pourcentage -- ce chiffre est un chiffre qui, à

 10   mon sens, est tout à fait exact et précis. Il semblerait que la plus grande

 11   partie de ce secteur était en feu.

 12   Q.  Paragraphe suivant de cette déclaration, vous précisez avoir observé

 13   vous-même que des soldats de la HV se trouvaient, étaient que ces soldats

 14   étaient dans les villes et les villages où les maisons et les récoltes

 15   brûlaient. Pourriez-vous donner une indication aux Juges de la Chambre sur

 16   combien de fois vous avez vu cela ?

 17   R.  Ecoutez, ceci se produisait tous les jours, en réalité on devenait un

 18   petit peu blasé. On voyait cela tous les jours lorsqu'on se déplaçait dans

 19   la région. Et, à une occasion, j'ai visité le village de Cetina, et ce

 20   comportement qui consistait à piller, à brûler, et c'était un comportement

 21   qui était normal.

 22   On ne remarquait pas ma présence. Des camions qui transportaient des

 23   soldats tiraient en l'air, ne me remarquaient pas. Lorsqu'on remarquait ma

 24   présence ou notre présence, nous étions détenus de façon provisoire. Il est

 25   vrai on nous demandait nos papiers d'identité et je dirais que ça n'était

 26   pas plus de cinq à dix minutes. Néanmoins nous avons été retenus et après

 27   quelques échanges nous avons été escortés à l'extérieur et, en fait,

 28   c'était à nous à ce moment-là de retrouver un chemin pour revenir dans le

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  1   secteur pour continuer à faire notre travail; autrement dit les patrouilles

  2   que nous faisons régulièrement.

  3   Q.  Lorsque vous dites escorter à l'extérieur du secteur, cela veut dire

  4   complètement à l'extérieur du secteur sud ?

  5   R.  Tout à fait.

  6   Q.  Et ensuite, dans ce même paragraphe, que la police spéciale croate vous

  7   empêchait d'accéder à des quartiers qui étaient en train de brûler. Je

  8   souhaite que vous nous disiez ceci : est-ce que la police spéciale vous a

  9   vous personnellement empêché d'entrer dans certains secteurs ?

 10   R.  Oui, tout à fait.

 11   Q.  Et à l'époque, est-ce que vous saviez ce qui était un officier de la

 12   police spéciale ? Comment est-ce qu'on le sait ?

 13   R.  Oui, j'ai été formé à cela avant d'être envoyé dans la région et nous

 14   savions quel était l'ordre de combat des soldats de l'armée même des

 15   paramilitaires, pas seulement du côté croate, pas seulement du côté

 16   bosniaque mais du côté serbe. Et, c'était quelque chose de normal pour

 17   toute personne qui suivait cette formation.

 18   Q.  Est-ce que vous souvenez avoir rédigé un article sur ce que vous avez

 19   vécu après l'opération Tempête ?

 20   R.  Oui, tout à fait.

 21   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Greffier, est-ce que nous pouvons

 22   avoir le numéro 65 ter 5265, s'il vous plaît.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous voulez parler de

 24   l'article : "La chute de la République" ?

 25   M. RUSSO : [interprétation] Je crois qu'il y a une objection.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que ce document ne figure pas

 27   sur la liste 65 ter, n'est-ce pas ? 

 28   M. RUSSO : [interprétation] Oui. Je vous prie de m'excuser, c'est

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  1   effectivement le cas.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, vous ne vous opposez pas à ce

  3   que ceci soit versé au dossier.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Non, pas du tout. Ce document nous est parvenu

  5   non pas par M. Dangerfield mais par un autre témoin.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Tout d'abord, commençons par le début.

  7   Il n'y a pas d'objection à ce que ce document soit ajouté sur la liste 65

  8   ter de M. Russo, donc, nous avons fait droit à votre demande. Veuillez

  9   poursuivre, et lorsque le moment sera venu de demander l'admission de cette

 10   pièce, nous entendrons la Défense. Mais, pour ce qui est de ce témoin, il

 11   n'y a pas d'objection.

 12   Veuillez poursuivre.

 13   M. RUSSO : [aucune interprétation]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je regarde la montre, je ne sais pas

 15   combien de temps encore.

 16   M. RUSSO : [interprétation] J'avais demandé le versement et de terminer mon

 17   interrogatoire, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est peut-être préférable de terminer.

 19   M. RUSSO : [interprétation]

 20   Q.  Monsieur Dangerfield, en regardant ce document qui est à l'écran, est-

 21   ce bien l'article que vous avez écrit ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre quand vous avez écrit ceci ?

 24   R.  Oui. Ceci a été ébauché à partir des rapports que j'avais rédigés à ce

 25   moment-là, j'ai ébauché cela dix jours, le 4 août --

 26   4 et 5 août.

 27   Q.  Merci beaucoup.

 28   M. RUSSO : [interprétation] Je demande l'admission du document 65 ter 5265.

Page 7164

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comme un document contemporain rédigé

  2   par le témoin.

  3   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  4   M. KEHOE : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] P699, Madame, Messieurs les Juges.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document est versé au dossier.

  8   M. RUSSO : [interprétation] J'ai terminé mon interrogatoire principal.

  9   Merci, Monsieur Dangerfield.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Etant donné qui vous reste une minute

 11   avant la pause, il y a une précision que je souhaite avoir.

 12   Monsieur Dangerfield, on vous a demandé de décrire le bruit que faisait un

 13   combat. Vous avez utilisé le terme de "représailles," qui a un sens bien

 14   particulier dans un cadre juridique. Je me demandais si en des termes peut-

 15   être plus neutres vous voulez parler de "tir en riposte."

 16   Nous allons faire une pause et reprendre à 16 heures 10.

 17   --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

 18   --- L'audience est reprise à 16 heures 12.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous êtes debout, donc,

 20   j'informe M. Dangerfield. Monsieur Dangerfield, vous allez être interrogé

 21   maintenant par Me Kehoe, conseil de M. Gotovina.

 22   Contre-interrogatoire par M. Kehoe : 

 23   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 24   R.  Bonjour.

 25   Q.  Monsieur Dangerfield, vous avez remarqué, au cours de l'interrogatoire

 26   principal, que vous n'avez cessé de déposer des rapports pendant les

 27   journées des 4 et 5 et je suppose par la suite également. Nous avons reçu

 28   ces rapports dont l'un constitue la pièce P697 en date du 4 août. C'est un

Page 7165

  1   rapport de trois pages. Y en a-t-il d'autres ?

  2   R.  Qui n'existe pas.

  3   Q.  Qu'est-ce que cela veut dire "qu'il n'existe pas" ? Où se trouvent-ils

  4   -- ou plutôt, que leur est-il arrivé ?

  5   R.  Ils ont été déposés, sont conservés pour archivage par mon QG. Quand je

  6   dis mon "QG," je pense au QG britannique dans le secteur sud.

  7   Q.  Lorsque vous dites que ces rapports n'existent plus, pouvez-vous nous

  8   dire qu'a fait votre QG britannique du secteur sud avec ces documents des

  9   Nations Unies ?

 10   R.  Je n'en ai pas la moindre idée. Quand j'ai dit qu'ils n'existaient

 11   plus, ce que je voulais dire c'est que je ne suis plus en possession de

 12   l'un quelconque d'entre eux.

 13   Q.  Donc, pour autant que vous le sachiez, ces rapports devraient toujours

 14   se trouver dans les locaux des Nations Unies ?

 15   R.  Si les Nations Unies ont décidé de les conserver, ma réponse est

 16   affirmative, si ce n'est pas le cas, ma réponse est négative.

 17   Q.  Monsieur Dangerfield, savez-vous avec certitude que vos rapports ont

 18   été détruits ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Lorsque vous nous avez dit que ces rapports n'existaient plus, je vous

 21   demande, si quelqu'un vous aurait dit que ces rapports ont été détruits ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Non ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Vous avez envoyé ces rapports à votre QG à Gornji Vakuf, n'est-ce pas ?

 26   R.  C'est exact.

 27   Q.  Vous les avez également envoyés au QG britannique à Split, n'est-ce pas

 28   ?

Page 7166

  1   R.  C'est exact.

  2   Q.  Ces rapports existeraient-ils au QG britannique à Split ?

  3   R.  Pourriez-vous répéter la question, je vous prie ?

  4   Q.  Vos rapports existent-ils toujours, ces rapports que vous avez envoyés

  5   au QG britannique à Split ?

  6   R.  Ce QG a cessé d'exister il y a pas mal de temps.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais, si je puis me permettre,

  8   j'aimerais appeler votre attention sur le libellé de la question, qui a été

  9   légèrement modifiée dans sa formulation la deuxième fois.

 10   Me Kehoe vous a d'abord demandé si ces rapports existaient au QG

 11   britannique de Split, et lorsqu'il a répété sa question, il a dit, je cite

 12   : "Ces rapports que vous avez envoyés au QG britannique de Split existent-

 13   ils encore" ? Ce qui est un peu différent, car cela implique que ces

 14   rapports peuvent exister quelque part, la nature de ces rapports a été

 15   déterminée, comme étant les rapports qui ont été envoyés à Split. Par

 16   conséquent, le fait de savoir si, oui ou non, le QG de Split existe encore

 17   n'est pas pertinent. C'est l'existence des rapports envoyés au QG dont il

 18   est question.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci de cette précision, Monsieur le

 20   Président. Je ne sais pas si ces rapports existent encore.

 21   M. KEHOE : [interprétation]

 22   Q.  Monsieur, est-ce que ces rapports qui existaient au QG britannique de

 23   Split ont été archivés ?

 24   R.  Je ne connais pas la réponse de cette question.

 25   Q.  Vous avez également envoyé vos rapports au ministère de la Défense de

 26   Londres, n'est-ce pas ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Est-ce que vous les avez vus à Londres ?

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  1   R.  Non.

  2   Q.  Donc les deux seuls endroits dont vous dites que vous y êtes allé ont

  3   été le QG britannique de Gornji Vakuf et le QG britannique de Split ?

  4   R.  Oui, et je pense qu'il est important de préciser que si tout rapport

  5   devait normalement être envoyé au QG de Gornji Vakuf, le fait de décider si

  6   oui ou non ils devaient être envoyés au QG de Split dépendait exclusivement

  7   de ma décision. Donc, je ne crois pas que tous les rapports ont été

  8   adressés au QG de Split.

  9   Q.  Qui est DLC dans la liste des destinataires qui existe dans votre

 10   réseau, le réseau mentionné à la pièce P697 ?

 11   R.  Je crois que ce sigle signifie cellule de liaison des données.

 12   Q.  Et que veut dire "cellule de liaison des données" ?

 13   R.  Je n'en ai pas la moindre idée.

 14   Q.  Vous n'en avez pas la moindre idée ?

 15   R.  En effet. Je crois que ce sigle peut désigner l'entité au sein du QG

 16   qui était responsable de rassembler les documents envoyés par moi. Mais en

 17   dehors de cela je ne saurais être plus précis.

 18   Q.  Monsieur, vous avez envoyé ces rapports à Split, vous envoyez également

 19   à Gornji Vakuf, au DLC, mais vous ne savez pas ce qui signifie DLC ?

 20   R.  Je sais ce que signifient les lettres de ce sigle, mais à quoi ce sigle

 21   correspond exactement du point de vue de la structure de l'organisation, je

 22   ne sais pas.

 23   Q.  Monsieur, quand un renseignement était adressé au DLC, qui recevait ce

 24   renseignement à l'autre bout de la chaîne ?

 25   R.  Je n'en sais rien. En tant que militaire, de temps en temps et même

 26   très souvent vous recevez des ordres, et vous exécutez ces ordres au mieux

 27   de vos capacités. Parfois cela implique que vous faites des choses dont

 28   vous ne savez pas pourquoi vous les faites. Ce n'est pas toujours le cas

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  1   mais cela arrive, et je n'ai pas l'habitude dans ce cas-là de poser la

  2   question de savoir pourquoi. Cela fait partie de mon travail de faire ce

  3   qu'on me demande.

  4   Q.  Monsieur Dangerfield, qui vous a donné l'ordre d'envoyer ces rapports

  5   au DLC ?

  6   R.  Cela devait être mon chef des officiers de liaison qui se trouvait au

  7   QG de Gornji Vakuf.

  8   Q.  Qui était-ce ?

  9   R.  C'était le commandant May des Marins de sa Majesté.

 10   Q.  Quel était le prénom du commandant May ? Est-ce que vous le connaissez

 11   ?

 12   R.  Je ne connais pas son prénom, je le crains.

 13   Q.  Mais il était un marin de sa Majesté ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  La personne qui recevait les renseignements adressés au DLC, faisait-

 16   elle partie du MI6 ?

 17   R.  Je n'en ai pas la moindre idée.

 18   Q.  Mais à l'époque vous travailliez bien pour le MI6, n'est-ce pas ?

 19   R.  Pour autant que je le sache, non.

 20   Q.  Si vous aviez travaillé pour le MI6, est-ce que vous l'auriez su ?

 21   R.  Je ne pense pas.

 22   Q.  Donc, vous êtes en train de dire que lorsque vous étiez sur le terrain,

 23   vous auriez pu travailler en tant que représentant ou agent du MI6, n'est-

 24   ce pas ?

 25   R.  Erroné.

 26   Q.  Monsieur, vous venez de nous dire que : "Pour autant que vous le

 27   sachiez vous ne travailliez pas pour le MI6," lorsque je vous ai interrogé

 28   sur ce point.

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  1   R.  C'est ce qui est écrit au compte rendu.

  2   Q.  Et ensuite, je vous ai demandé : "Si vous aviez travaillé pour le MI6,

  3   est-ce que vous l'auriez su ?" Et vous avez répondu : "Je ne pense pas."

  4   R.  C'est ce qui est écrit au compte rendu.

  5   Q.  Très bien, Monsieur. Alors que vous vous déplaciez dans la zone, ce que

  6   vous vous efforciez de faire c'était recueillir des informations relatives

  7   aux déplacements de l'armée de Croatie et de l'ARSK, n'est-ce pas ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  Et la raison pour laquelle votre QG de Gornji Vakuf vous avait envoyé à

 10   Knin avait pour but de recueillir davantage de renseignements, n'est-ce pas

 11   ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  J'aimerais maintenant appeler votre attention sur vos rapports. Je

 14   parle bien maintenant de vos rapports -- je parle précisément de la pièce

 15   P698.

 16   M. KEHOE : [interprétation] J'espère ne pas me tromper de numéro, Madame la

 17   Greffière, mais, si je ne me trompe, la pièce P698 est le dernier document

 18   envoyé par le témoin dont l'objet était de traiter de la chute de la

 19   République de Krajina serbe. Je crois que c'est peut-être le document 697,

 20   Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que c'est le document P699 mais

 22   dites-moi si je me trompe.

 23   M. KEHOE : [interprétation] 699, bon. Toutes mes excuses.

 24   Alors, le passage qui m'intéresse et dont je demande l'affichage à l'écran

 25   est le deuxième paragraphe de la pièce P699.

 26   Q.  Nous y lisons, je cite : "Depuis le mois de mai de cette année, notre

 27   travail a consisté à surveiller la montée en puissance des forces croates à

 28   l'ouest au sud et au sud-est du secteur sud des Nations Unies. Nous avons

Page 7171

  1   également suivi de près la réaction à cela de la part de la République

  2   serbe de Krajina."

  3   Alors, avant de vous rendre à Knin, vous saviez que les troupes de l'armée

  4   de Croatie, stationnées dans la vallée de la Livno et jusqu'à mont Dinara,

  5   étaient commandées par le général Gotovina, n'est-ce pas ?

  6   R.  Je ne sais pas cela.

  7   Q.  Mais vous avez bien reçu des renseignements au sujet des déplacements

  8   de l'armée de Croatie qui vous indiquait que cette armée remontait la

  9   vallée de Livanjsko Polje avant l'attaque sur Grahovo, n'est-ce pas ?

 10   R.  Pour être précis, je dirais que puisque je recevais des renseignements

 11   j'ai dû être informé de cela en effet.

 12   Q.  Avant de vous rendre à Knin, vous avez reçu des informations et

 13   d'autres renseignements au QG de Gornji Vakuf quant à ce qui se passait

 14   dans la Krajina, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je me rappelle avoir reçu un rapport d'information.

 16   Q.  Et ceci avait pour but de vous permettre de mieux comprendre ce qui se

 17   passait dans la région pour le savoir au moment de votre arrivée à Knin,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.  Je pense que c'est une bonne façon de dire les choses.

 20   Q.  Alors, passons en revue une pièce à conviction et si possible faisons

 21   de notre mieux pour recréer ce rapport d'information.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Je vais essayer d'en donner une cote exacte, il

 23   s'agit de la pièce 1D420015.

 24   Q.  Monsieur Dangerfield, je vais maintenant vous montrer une série de

 25   clichés.

 26   R.  [aucune interprétation]

 27   Q.  Monsieur Dangerfield,  c'est un document qui concerne une série

 28   d'opérations de la part de l'armée croate à partir de l'été 1994,

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  1   opérations qui atteignent leur point culminant à l'automne de 1995, aux

  2   environs du 11 octobre.

  3   Je demande maintenant la diapositive suivante.

  4   Pour vous permettre de vous orienter plus facilement, comme vous le voyez,

  5   ce que l'on voie ici c'est le territoire tenu par le HVO et ABiH ainsi que

  6   bien sûr les différentes régions de Bosnie et de Croatie avec au milieu la

  7   poche de Bihac. Pendant le séjour que vous avez fait dans la région, y a-t-

  8   il eu des attaques sporadiques contre la poche de Bihac de la part des

  9   forces Serbes; il y en a eu n'est-ce pas ?

 10   R.  Je ne surveillais pas la situation à Bihac, donc, je ne saurais

 11   commenter cela.

 12   Q.  Monsieur, vous étiez au point G2, c'est ce que nous savons à la lecture

 13   de votre déclaration écrite, et G2 c'est une entité chargée de recueillir

 14   des renseignements, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je parlerais de recueils d'informations.

 16   Q.  Bien. Je vais utiliser l'expression utilisée par vous. Donc c'est une

 17   entité chargée de recueillir des informations. Lorsque vous participiez à

 18   des réunions d'informations, quant à ce qui se passait du côté de l'armée

 19   de Croatie, est-il permis de dire que l'on vous donnait une idée de ce qui

 20   se passait sur le terrain, qu'on vous disait -- quelle avait été la

 21   situation dans le secteur en 1994 et 1995, n'est-ce pas ?

 22   R.  Vous avez dit que j'ai participé à des réunions d'informations. Je n'ai

 23   jamais reçu d'informations de ce genre. Mon travail consistait à me

 24   concentrer sur le secteur connu sous le nom de secteur sud.

 25   Q.  Mais, Monsieur, vous avez été informé, n'est-ce pas, débriefé ?

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Apparemment, Maître Kehoe, le problème

 27   c'est l'utilisation du terme "débriefé" ou "briefé." Moi, j'ai entendu

 28   quelque chose qui ressemblait au mot "briefing," mais au compte rendu, je

Page 7173

  1   lis "débriefing." Je vous renvoie à la page 46, ligne 22 du compte rendu.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Je vais retirer ma question. Nous ne nous

  3   sommes peut-être pas très bien compris, Monsieur le Président, je fais

  4   faire préciser.

  5   Q.  Je crois vous avoir entendu nous dire que vous aviez été formé à

  6   l'usage de plusieurs langues, et que vous aviez été formé en matière

  7   militaire; que vous aviez été formé quant à la situation des factions

  8   belligérantes en présence, que vous aviez été formé quant à la nature des

  9   uniformes. Est-ce que vous avez également été formé en matière de système

 10   d'armement ?

 11   R.  Quand vous dites "former en matière de système d'armement," pourriez-

 12   vous être plus précis quant à ce que vous avez à l'esprit, Monsieur ?

 13   Q.  Est-ce que vous avez reçu des informations de la part de votre QG

 14   relatifs au système d'armement ?

 15   R.  A la reconnaissance des systèmes d'armement, oui.

 16   Q.  Vous avez été formé à reconnaître les systèmes d'armement en sus des

 17   autres éléments de votre formation que je viens d'évoquer, à savoir la

 18   formation à l'emploi de langues étrangères, à la reconnaissance

 19   d'uniformes, et à la connaissance des factions belligérantes; c'est bien

 20   cela, n'est-ce pas ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  Donc, dans le cadre des informations que vous receviez, j'aimerais

 23   maintenant que nous regardions la diapositive suivante qui concerne

 24   l'opération menée à l'hiver 1994 entre le 29 novembre et le 24 décembre

 25   1994. Alors, lorsque vous avez reçu les informations que vous avez reçues,

 26   vous avez également reçu des informations relatives au déploiement des

 27   forces tant du côté tenu par l'armée croate et quand je dis partie tenue

 28   par l'armée croate, j'y inclus également la partie contrôlée par le HVO que

Page 7174

  1   s'agissant de la partie tenue par -- de la région tenue par la partie

  2   serbe, et là, je parle de la région tenue par l'armée de la RSK et par la

  3   VRS, n'est-ce pas ?

  4   R.  J'aimerais commenter ces diapositives. Ce ne sont pas des diapositives

  5   que j'ai prises moi-même. Ce sont -- ce ne sont pas des diapositives qui

  6   ont servi de base aux informations que j'ai pu recevoir si tant est que des

  7   diapositives aient été utilisées pour m'informer à l'époque. La technologie

  8   informatique ne suffisait pas et le financement disponible au sein de

  9   l'armée britannique ne suffisait pas pour produire de telles diapositives.

 10   Par conséquent, je ne pense pas que je puisse commenter ces diapositives

 11   que vous êtes en train de me soumettre.

 12   Q.  Monsieur, j'aurais aimé disposer de ces diapositives ou des

 13   informations que vous voyez à l'écran au moment où vous avez été briefé

 14   mais, à en juger par la diapositive que vous avez sous les yeux en ce

 15   moment, et à en juger par les informations que vous avez reçues de votre QG

 16   de Gornji Vakuf, je vous demande s'il vous a été expliqué que l'opération

 17   menée par l'armée croate et le HVO sous le commandement du général Gotovina

 18   au cours de l'été 1995 -- ou plutôt, excusez-moi, de l'hiver 1995 -- ou

 19   plutôt, excusez-moi, durant l'hiver 1994-95 -- excusez-moi, durant l'hiver

 20   1994 ou, en tout cas, s'il vous a été expliqué que la zone en bleu sur

 21   cette diapositive était une zone tenue par les forces conjointes de l'armée

 22   croate et du HVO dans la période allant du 29 novembre au 24 décembre 1994

 23   ?

 24   R.  Je pense que nous avions une vague idée de ce que l'on décrivait comme

 25   la zone de séparation entre les parties belligérances. Ce qui apparaît

 26   clairement je crois c'est qu'ils ne disposaient pas de détail suffisant et,

 27   par conséquent, c'est la raison pour laquelle j'ai été déployé en tant

 28   qu'officier de liaison pour le secteur entre les secteurs connus sous les

Page 7175

  1   noms de secteur sud et de secteur sud-ouest.

  2   Q.  Sur la base des informations que vous obteniez à l'époque et des

  3   informations que vous avez reçues par la suite, est-ce qu'en regardant

  4   cette carte aujourd'hui, vous reconnaissez que l'une des premières

  5   offensives menées durant cette série d'offensives conduites par le général

  6   Gotovina, durant l'été 1995 [comme interprété], a permis de prendre

  7   contrôle de cette zone, la zone que nous voyons ici en bleu et qui nous

  8   mène sur les pentes du mont Dinara, en bleu hachuré ?

  9   R. C'était avant que je sois déployé sur place, donc, je ne reconnais pas.

 10   Q.  Monsieur, lorsque vous avez été briefé, vous avez reçu des informations

 11   au sujet de ce qui se passait sur le théâtre des opérations avant votre

 12   arrivée sur place, n'est-ce pas ?

 13   R.  Nous avions eu une idée stratégique de ce qui se passait.

 14   Q.  Et dans cette description stratégique, pour partie, il a été question

 15   de cette opération militaire par l'armée croate et le HVO au cours de l'été

 16   1994, n'est-ce pas -- de l'hiver 1994 ?

 17   R.  Je ne me rappelle pas avoir été briefé au sujet de cette opération

 18   militaire précise, ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas été briefé à ce

 19   sujet ou que je n'ai pas été briefé du tout. Je ne me souviens pas avoir

 20   été briefé à ce sujet.

 21   Q.  Est-ce que vous avez été briefé --

 22   M. KEHOE : [interprétation] Toutes mes excuses, Monsieur le Président, je

 23   vais trop vite.

 24   Q.  Monsieur Dangerfield, puisque nous parlons la même langue, nous avons

 25   besoin de ménager une pause entre questions et réponses.

 26   Est-ce que vous avez été briefé au sujet des opérations militaires de

 27   ce genre menées durant l'hiver 1994 ?

 28   R.  Je ne crois pas avoir été briefé au sujet de cette opération militaire

Page 7176

  1   précise.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield, je suis en train

  3   de passer d'un canal à un autre, pour vérifier si l'interprétation suit

  4   bien le rythme des échanges. C'est pourquoi une petite pause vient d'être

  5   ménagée à l'instant.

  6   Maître Kehoe, à vous, si vous craigniez d'aller trop vite, demande à

  7   quelqu'un d'écouter le canal français ou B/C/S et de vérifier si

  8   l'interprétation est terminée.

  9   M. KEHOE : [interprétation] J'avais chargé M. Akhavan de cette

 10   mission.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, il connaît bien les langues

 12   étrangères, oui, oui, je comprends.

 13   Veuillez procéder.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais Maître Kehoe, j'ai un petit

 16   problème. Vous avez fait apparaître à l'écran une énorme quantité

 17   d'information, et je pense que la première nécessité nous allons y arriver

 18   progressivement est de demander au témoin s'il a été briefé au sujet de

 19   l'opération hiver. Cette question peut lui être posée sans lui soumettre

 20   toute sorte d'informations militaires figurant sur une carte que le témoin

 21   connaît peut-être, mais ignore également peut-être complètement. Par

 22   conséquent, allons de la situation générale au détail si vous voulez bien.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder.

 25   M. KEHOE : [interprétation]

 26   Q.  Sans évoquer une opération précise, Monsieur Dangerfield, je vous

 27   demande si vous avez été briefé au sujet de ce qui se passait dans le

 28   secteur et jusqu'au mont Dinara durant le conflit à l'hiver 94; est-ce que

Page 7177

  1   vous en avez un quelconque souvenir ?

  2   R.  Non. Je n'ai pas été briefé au sujet d'une opération précise. Il est

  3   possible que j'aie été briefé au sujet de la situation général prévalant

  4   entre les factions belligérantes car, bien sûr, lorsque j'ai été déployé

  5   dans la région, je n'ai pas été immédiatement déployé dans ce secteur. Mon

  6   premier travail consistait à travailler ailleurs en tant qu'officier de

  7   liaison chargé d'un autre secteur.

  8   Q.  Je comprends, Monsieur. Voyons d'un peu plus près ce que vous dites

  9   dans votre déclaration écrite à ce sujet. Je pense à la pièce P699; encore

 10   une fois, je ne sais pas si vous l'avez toujours sous les yeux, Monsieur

 11   Dangerfield ?

 12   R.  Est-ce que vous pourriez me donner une description plus détaillée du

 13   document ?

 14   Q.  Oui. C'est le document intitulé : "La chute de la République de

 15   Krajina," l'article dont vous êtes l'auteur.

 16   R.  Merci.

 17   Q.  Et dans l'avant-dernier paragraphe -- ou plutôt, excusez-moi, dans la

 18   troisième phrase du deuxième paragraphe qui commence par les mots "Since

 19   May" en anglais; vous voyez ce paragraphe, "Depuis le mois de mai, les

 20   forces croates" ?

 21   R.  "Depuis le mois de mai de cette année, notre travail à consister à

 22   surveiller la montée en puissance des forces croates;" c'est bien ce

 23   paragraphe-là ?

 24   Q.  Non, c'est le paragraphe qui commence par le "le 21 juillet …"

 25   R.  D'accord. Maintenant, je l'ai.

 26   Q.  Alors, troisième phrase de ce paragraphe, si vous le voulez bien.

 27   R.  Oui.

 28   Q.  "Vous remarquerez que depuis le mois de mai, les forces croates

Page 7178

  1   attaquent le long de la vallée de Livanjsko Polje, c'est ce qui est écrit

  2   dans ce texte, dans la direction est des monts Dinara qui ont une grande

  3   importance stratégique."

  4   Alors, vous avez effectivement été informé au sujet des déplacements de

  5   l'armée croate au printemps 1995, n'est-ce pas ?

  6   R.  Je n'ai pas été briefé à ce sujet. Comme je l'ai dit, j'ai été briefé

  7   sur certains points, ce que j'écris ici correspond aux informations que je

  8   me suis donné moi-même pour tâche de découvrir avant d'être déployé sur les

  9   lieux.

 10   Q.  Donc, vous avez effectivement appris que des offensives étaient lancées

 11   par l'armée croate au printemps 1995, dans la direction des monts Dinara,

 12   n'est-ce pas ?

 13   R.  Je pense que j'ai dû apprendre que l'armée croate était en train de

 14   gagner du terrain, en effet.

 15   Q.  Alors, à ce moment-là, lorsque vous avez pris sur vous de découvrir ce

 16   qui se passait, à ce moment-là, de votre mission auprès du G2, vous saviez

 17   que les forces de l'armée croate étaient commandées par le général

 18   Gotovina, n'est-ce pas ?

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une seconde. Vous pouvez répondre à la

 20   question, Monsieur.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne suis pas sûr d'avoir su cela, non,

 22   Monsieur.

 23   M. KEHOE : [interprétation]

 24   Q.  Examinons rapidement les quelques diapositives suivantes.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Je demande que l'on affiche une nouvelle fois

 26   la pièce 1D420015 et, à présent, je demande l'affichage de la troisième

 27   diapositive de la série.

 28   Q.  Monsieur Dangerfield, j'ai l'intention de vous montrer une série de

Page 7179

  1   diapositives après quoi je vous poserais quelques questions.

  2   Passons maintenant à la diapositive suivante. Ceci est une carte qui

  3   indique la situation sur le terrain immédiatement avant l'opération Saut-1.

  4   Diapositive suivante. Ici, nous voyons l'illustration de

  5   Saut-1, le 7 avril 1995. Donc, on voit sur cette carte les zones qui ont

  6   été prises durant l'opération Saut-1.

  7    Diapositive suivante. Ici, cette carte illustre l'opération Saut-2.

  8   L'opération Saut-2, Monsieur, a eu lieu du 7 au 11 juin 1995. Au mois de

  9   juin, vous saviez, Monsieur, que la VRS attaquait à Srebrenica, n'était pas

 10   à Gorazde, et qu'un surcroît de pression s'exerçait sur Bihac également,

 11   n'est-ce pas ?

 12   R.  Passons à la diapositive suivante qui concerne l'opération Saut-2. Là

 13   encore, Monsieur - et je vous rappelle que vous évoquez dans votre article

 14   les forces croates qui depuis le mois de mai attaquent le long de la vallée

 15   de Livanjsko Polje - on voit sur cette carte les opérations dont vous

 16   parlez dans votre article, n'est-ce pas ?

 17   R.  Je pense avant de poursuivre qu'il importe de bien distinguer entre ma

 18   réponse et les diapositives. Je réponds aux questions relatives aux

 19   informations que j'ai couchées sur le papier dans mon article. Donc, les

 20   informations que je m'apprête à vous donner concerne la chose suivante : je

 21   ne reconnais pas ces diapositives. Elles comportent toutes sortes

 22   d'informations détaillées qui n'ont pas été consignées par écrit par mes

 23   soins. Ceci n'est pas un document britannique. Il n'a pas été vérifié par

 24   moi, donc, je ne saurais le commenter ou en faire quoi que ce soit d'autre.

 25   Donc, lorsque j'écris quelque chose au sujet de quelque chose de

 26   stratégique, je présente une situation globale. C'est le genre de

 27   renseignement que l'on peut lire dans un journal écrit par un correspondant

 28   sur le terrain des combats. Mais sans davantage de détail que cela.

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  1   Q.  Lorsque vous fournissiez des informations à votre QG de Split et à

  2   votre QG de Gornji Vakuf ainsi que DLC, qui que ce soit que soit le DLC,

  3   vous ne leur fournissiez pas les mêmes informations que celles que l'on

  4   peut lire dans le "Daily Telegraph," n'est-ce

  5   pas ?

  6   R.  C'est exact.

  7   Q.  Il importait à vos destinataires selon ce que vous déclarez dans votre

  8   déclaration écrite, qui constitue en la pièce P699, que de se rendre compte

  9   que, je cite : "Notre travail consistait à surveiller la montée en

 10   puissance des forces croates."

 11   R.  Un mot sur les déclarations dont vous parlez comme étant la pièce P699.

 12   Q.  C'est bien l'article de presse, Monsieur ?

 13   R.  Merci. Mon document n'est pas désigné sous ce nom, donc je vous

 14   demanderais d'être précis lorsque vous employez le mot "déclaration," pour

 15   que je sache de quoi vous parlez exactement.

 16   Q.  Absolument.

 17   R.  Merci.

 18   Q.  Il est permis de dire et, Monsieur Dangerfield, si vous avez le moindre

 19   doute à quelque moment que ce soit, je peux vous faire remettre le document

 20   papier, mais ce dont je parlais à l'instant c'était l'article dont vous

 21   êtes l'auteur qui s'intitule : "La chute de la République serbe de

 22   Krajina," et qui constitue la pièce P699. Et, franchement, lorsque je parle

 23   de la pièce P699, c'est davantage pour le compte rendu d'audience qu'à

 24   votre intention.

 25   Ma question, si nous pouvons y revenir, est la suivante : les informations,

 26   que vous fournissiez à votre QG de Gornji Vakuf et à votre QG de Split

 27   ainsi qu'au DLC, étaient des informations qui importaient à vos

 28   destinataires pour mieux comprendre la montée en puissance des forces

Page 7181

  1   croates et l'action des forces croates, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je pense qu'il importe de savoir qu'il n'était pas question uniquement

  3   de la Croatie. Il y avait aussi l'ARSK et toutes les factions belligérantes

  4   qui étaient concernées.

  5   Q.  Si nous parlons de cette opération particulière du printemps, plus tôt,

  6   du mois de juin 1995, et des forces de l'armée croate à cet égard, est-ce

  7   bien le genre d'information que vous transmettiez à votre QG au DLC ?

  8   R.  Je ne saurais commenter ce qui se passait au mois de juin 1995. Ce que

  9   je ne peux pas commenter ce sont les informations relatives à cette

 10   opération particulière de 1995, mais ce que je peux commenter ce sont les

 11   informations qui se trouvent dans les déclarations écrites que j'ai

 12   fournies ainsi que toutes informations que je transmettais à partir du

 13   terrain.

 14   M. KEHOE : [interprétation] J'attends le signal.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, tout à l'heure, je vous ai

 16   demandé de commencer en abordant une image plus globale. N'avez-vous jamais

 17   envoyé un rapport au sujet de l'opération que vous connaissez sous le nom

 18   de Saut-2 ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] N'avez-vous jamais envoyé un rapport au

 21   sujet de l'opération lors de laquelle il y avait un combat, et une bataille

 22   à proximité de la frontière croato-bosniaque et qui se déroulait entre le 4

 23   juin et le 11 juin 1995 ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

 26   M. KEHOE : [interprétation]

 27   Q.  Monsieur Dangerfield, au sujet de quelles opérations vous avez envoyé

 28   des rapports auxquels vous vous êtes référé dans votre article dans

Page 7182

  1   l'avant-dernier paragraphe s'agissant des forces croates qui ont attaqué la

  2   vallée de Livanjsko Polje ?

  3   R.  C'est une information que j'ai apprise dont tout le monde était au

  4   courant et c'est quelque chose que vous pouviez apprendre en lisant un

  5   journal tout simplement.

  6   Q.  Avez-vous rendu compte au sujet de la bataille qui - non, je retire ma

  7   question - dans votre déclaration de 699 --

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous parlez de l'article et non pas de

  9   la déclaration. Vous êtes en train de --

 10   M. KEHOE : [interprétation] Oui, je m'excuse.

 11   Q.  Donc l'article, dans ce même paragraphe il est dit que : "Bosansko

 12   Grahovo est d'une importance vitale pour les Serbes étant donné que c'est

 13   leur route principale de ravitaillement depuis le point fort des Serbes de

 14   Bosnie, à savoir Banja Luka."

 15   Et passons maintenant à la diapositive suivante : avez-vous rendu compte au

 16   sujet de l'attaque ou des combats menés par la HV et le HVO contre Bosansko

 17   Grahovo auxquels vous faites référence dans votre article P699 ?

 18   R.  Je ne m'en souviens pas. Si c'est mentionné quelque part dans ma

 19   déclaration, pourriez-vous me le dire, s'il vous plaît ?

 20   Q.  Mais vous en parlez ici ?

 21   R.  J'en parle dans cet article. Mais si j'en ai rendu compte quelque part

 22   ailleurs, pourriez-vous me l'indiquer, s'il vous plaît ?

 23   Q.  Malheureusement, Monsieur, je n'ai pas d'autre rapport que vous avez

 24   envoyé. C'est pour cela que je vous pose cette question. En avez-vous rendu

 25   compte dans l'article P699 dans les deux derniers paragraphes vous parlez

 26   de l'importance vitale que représente Bosansko Grahovo, et dans le

 27   paragraphe suivant parlant de la dernière  semaine du mois de juillet, vous

 28   dites, je cite : "Dans la dernière semaine du mois de juillet les forces

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  1   croates ont mené une attaque rapide et décisive afin de s'emparer de la

  2   ville de Bosansko Grahovo, et cela a représenté un échec cuisant pour les

  3   Serbes de Krajina étant donné que leur route de ravitaillement a été

  4   coupée."

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, dans votre question, vous

  6   avez dit "Avez-vous --" ensuite, il dit : "D'accord, bon, donc s'agissant

  7   de l'attaque ou des combats menés par les forces de la HV ou du HVO contre

  8   Bosansko Grahovo, et ce, à quoi vous faites référence dans votre article, à

  9   savoir la pièce P699." Et l'article

 10   -- et le témoin vous a demandé : "Où dans l'article il fait état de

 11   l'attaque de la part de la HV et du HVO contre Bosansko Grahovo, où est-ce

 12   que le trouve ?

 13   M. KEHOE : [interprétation] Comme je viens de le dire, c'est en bas de la

 14   première page de la pièce P699. J'aimerais que l'on affiche à l'écran, s'il

 15   vous plaît, et nous pourrons y lire cela.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Ça devrait être en bas de la première page.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, est-ce que vous l'avez compris

 19   maintenant, Monsieur le Témoin ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous en avez parlé. Vous en avez écrit

 22   et maintenant Me Kehoe pose la question à ce sujet.

 23   M. KEHOE : [interprétation]

 24   Q.  J'aimerais maintenant que l'on revienne au document 1D420015, à savoir

 25   la diapositive opération Eté 1995. Et, maintenant, on fait référence, je

 26   fais référence à votre article P699 dans la première phrase vous dites :

 27   "Dans la deuxième semaine du mois de juillet, l'armée serbe des Serbes de

 28   Bosnie a attaqué la zone protégée tenue par l'ONU de Srebrenica et a pris

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  1   le contrôle de Srebrenica."

  2   M. KEHOE : [interprétation] Et passons maintenant à la diapositive

  3   suivante, s'il vous plaît. Voilà maintenant. C'est bon.

  4   Q.  Sur la droite on peut lire : "Qu'au fur et à mesure qu'on avance au

  5   cours du mois de juillet, on voit que les attaques ont été menées contre

  6   Srebrenica et Zepa." Donc, ça devrait être deux diapositives avant celle-

  7   ci, page 8.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, la première phrase dans la

  9   deuxième semaine du mois de juillet, c'est quelle

 10   page ?

 11   M. KEHOE : [interprétation] Toujours la première page.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Première page, d'accord. Paragraphe.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Le troisième.

 14   Q.  Monsieur Dangerfield, nous parlons du mois de juillet 1995, au moment

 15   où il y avait donc Srebrenica et Zepa ont été prises et puis il y avait des

 16   attaques contre Sarajevo et la VRS et les forces de l'armée de la RSK

 17   attaquaient la poche de Bihac où se trouvaient les forces de Fikret Abdic,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.  Je ne me souviens pas précisément qui était responsable de cette

 20   opération.

 21   Q.  Passons maintenant à la diapositive suivante. Pour gagner un peu de

 22   temps, j'aimerais aborder cette diapositive brièvement. Il s'agit de la

 23   zone qui a été prise par les forces HV HVO y compris Grahovo et vous faites

 24   référence à cela dans le dernière paragraphe de P699; est-ce exact ?

 25   R.  Vous faites un lien entre la diapositive et ma déclaration et je dois

 26   faire la distinction entre les deux. Je ne sais pas. Je ne sais pas si cela

 27   est exact ou pas, donc, je ne peux que commenter ce qui est consigné dans

 28   ma déclaration. Et comme je l'ai déjà dit, c'était le genre d'information

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  1   que moi ou vous nous aurions pu la lire dans un journal.

  2   Q.  Monsieur, est-ce que c'était la zone d'après vos souvenirs qui avait

  3   été reprise par les forces de la HV HVO ?

  4   R.  Je ne pourrais pas émettre un commentaire là-dessus parce que je ne

  5   peux pas commenter ce qui n'émane pas de moi.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Passons à la diapositive suivante à savoir

  7   l'opération Tempête. Vous avez envoyé des rapports à ce sujet donc passons

  8   à la diapositive suivante. Nous avons différentes zones qui sont indiquées

  9   puis maintenant passons à la diapositive suivante.

 10   Q.  Monsieur, vous avez compris quelle était l'importance de l'opération

 11   Tempête que ce soit pour l'armée de la RSK et pour la HV, n'est-ce pas ?

 12   R.  J'avais 25 ans et j'avais le grade de capitaine au moment des faits et

 13   vous avez lu cet article et pour moi tout cela était fort intéressant. Je

 14   m'intéressais beaucoup plus sur ce qui se passait là-bas au moment même, ce

 15   qui m'arrivait à moi et à mes patrouilles. J'aurais pu peut-être comprendre

 16   les raisons de ces événements, mais je n'étais pas au niveau de la

 17   planification, de la compréhension stratégique de ces événements.

 18   Q.  Mais vous étiez sur le terrain pour recueillir des informations et pour

 19   les faire suivre, donc, lorsque vous procédiez au recueil des informations,

 20   est-ce que vous vous êtes posé la question de savoir pourquoi il était

 21   nécessaire pour la HV qui était sous le commandement du général Gotovina de

 22   s'emparer de Knin ?

 23   R.  Je n'ai pas posé ce genre de question mais je pense que je le savais à

 24   l'époque sur la base des livres que j'avais lus, que j'avais emprunter à la

 25   bibliothèque ou que --

 26   Q.  Que saviez-vous ?

 27   R.  Knin était la ville la plus grande dans la zone connue sous le nom de

 28   secteur sud; j'étais conscient de son importance.

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  1   Q.  D'accord. Mais, Monsieur, vous saviez que c'était un centre de

  2   transmission, n'est-ce pas ?

  3   R.  Je ne le sais pas.

  4   Q.  C'était un centre du gouvernement pour l'armée de la RSK, n'est-ce pas

  5   ?

  6   R.  Je n'en suis pas sûr.

  7   Q.  Saviez-vous à l'époque s'il y avait des déplacements de soldats à Knin

  8   et autour de Knin ? Je parle des journées de 4 et 5 à savoir pendant

  9   l'opération Tempête ?

 10   R.  Le 4 et le 5, nous étions à la caserne de l'ONU.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Passons à la diapositive suivante rapidement.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield, vous n'avez pas

 13   répondu à la question posée. La question était de savoir si à l'époque vous

 14   saviez que ce soit parce que vous avez vu vous-même ou parce que vous avez

 15   appris cette information de la part d'autrui, ou même si vous étiez à la

 16   caserne et cela ne veut pas forcément dire que vous ne pouviez pas être au

 17   courant de certains événements.

 18   Maître Kehoe, vous pouvez poursuivre.

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  J'essaie de savoir exactement quelles étaient vos connaissances. Nous

 21   parlons maintenant du 8 août et maintenant là en haut vous pouvez voir que

 22   la ligne de confrontation est devenue un peu plus solide, ferme, en date du

 23   8 août ?

 24   R.  Il s'agit d'une carte à grande échelle. Moi, j'avais affaire à des

 25   cartes qui avaient pour échelle 1 contre 50 000, donc, je ne pourrais pas

 26   commenter une carte de cette échelle.

 27   Q.  Mais en haut de la carte, vous voyez la ligne entre la HV, VRS et

 28   l'ARSK et cette ligne est devenue plus ferme autour de Drvar. Et est-ce que

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  1   vous avez pu l'observer lorsque vous avez traversé cette zone en voiture

  2   cette nuit-là ?

  3   R.  Je ne me souviens pas être sur ces lieux à un moment précis. Si vous

  4   pouvez me référer à un rapport, je pourrais peut-être me le rappeler.

  5   Q.  Sur la base de votre déclaration, vous êtes passé par là en voiture

  6   avec votre chauffeur. Et je vous demande si vous avez vu cette ligne de

  7   confrontation le 9.

  8   R.  Je ne pourrais pas commenter ce qui s'était passé le 9. Il faut que

  9   vous me rafraîchissiez ma mémoire pour que je puisse vous dire quelque

 10   chose davantage.

 11   Q.  Passons à la diapositive suivante. Etiez-vous au courant de la contre-

 12   attaque de la part des forces mixtes VRS-ARSK?

 13   Passons maintenant en date du 11 août, diapositive suivante. La

 14   contre-attaque de la part des forces de la HV, sous le commandement du

 15   général Gotovina, qu'il se déroulait le 13. Lorsque vous étiez dans la

 16   zone, étiez-vous au courant de cet événement ?

 17   R.  Je ne pourrais pas commenter cette carte plus en détail. Je pense que

 18   vous êtes en train d'indiquer ce qui s'était passé, je ne pourrais pas vous

 19   dire quoi que ce soit davantage.

 20   Q.  En général, sans entrer dans les détails mais en règle générale, est-ce

 21   que vous saviez ce qui se passait le 12 et le 13 août ?

 22   R.  Je ne pourrais pas commenter.

 23   Q.  Je vous prie de m'accorder un instant s'il vous plaît.

 24   Lorsque vous dites que vous ne pourrez pas émettre de commentaire, est-ce

 25   que cela veut dire que vous ne savez pas ?

 26   R.  Cela ne veut pas dire que je ne sais pas, simplement je ne m'en

 27   souviens pas. Je ne me souviens pas en avoir eu des informations. Vous

 28   voulez que je commentes les informations que j'ai consignées dans un des

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  1   rapports qui sont présentés ici, oui, ça je pourrais, mais là, maintenant

  2   je ne peux pas commenter des dates précises, en droit ou action. A moins

  3   que je n'en aie écrit.

  4   Q.  Passons maintenant à une autre carte. Il s'agit du 18 août et il s'agit

  5   de la contre-attaque menée par les forces de la HV sous le commandement du

  6   général Gotovina. C'est la diapositive suivante.

  7   Vous pouvez voir la ligne de confrontation en date du 18 août après la

  8   contre-attaque. En règle générale, s'agissant de ces événements, tout

  9   d'abord quand est-ce que vous êtes parti de Knin ?

 10   R.  Je pense que c'était début septembre.

 11   Q.  Où est-ce que vous êtes allé ?

 12   R.  Chez moi.

 13   Q.  Début septembre, saviez-vous que la HV avançait, a réalisé une avance,

 14   une percée début septembre, lors d'une opération appelée opération

 15   Maestrale ?

 16   Et passons maintenant à la diapositive suivante, puis la page suivante.

 17   Vous saviez, Monsieur Dangerfield, que les forces mixtes de la HV du HVO

 18   avec l'ABiH ont attaqué les forces des Serbes de Bosnie qui étaient liés à

 19   l'ARSK et avez-vous appris que cette opération, appelée Maestrale, a

 20   commencé le 8 et durait jusqu'au 15 septembre 1995. Et, avez-vous appris

 21   qu'ils ont réussi à conquérir 2 500 kilomètres carrés du territoire et

 22   qu'ils ont pénétré 30 kilomètres en profondeur du territoire de la VRS ?

 23   R.  En septembre 1995, ce qui m'intéressait surtout c'était de rentrer chez

 24   moi en Angleterre parce que ça faisait cinq ans que je n'y étais plus.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Me Kehoe vous a posé une question plutôt

 26   complexe contenant un grand nombre d'informations, et essayons de procéder

 27   par étape.

 28   Tout d'abord, saviez-vous que les forces mixtes de la HV et du HVO avec

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  1   l'ABiH ont attaqué les forces serbes de Bosnie, début septembre ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne le savais pas.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Par conséquent, j'imagine que vous ne

  4   saviez pas qu'ils ont pris le contrôle sur 2 500 kilomètres carrés, qu'ils

  5   ont fait, réalisé une percée de 30 kilomètres ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne le savais pas.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, j'ai parlé à mes collègues

  8   tout à l'heure, et nous nous sommes tous mis d'accord que l'objectif de la

  9   déposition d'un témoin n'est pas de faire apprendre au témoin ce qui

 10   s'était passé pour qu'il puisse dire, oui, j'ai appris quelque chose mais

 11   de présenter à la Chambre de première instance des éléments pour que la

 12   Chambre de première instance puisse apprendre ce qui s'était passé et ce

 13   que le témoin peut nous dire.  Et, je pense que ce n'était pas vraiment le

 14   cas au cours de la dernière demi-heure si ce n'est un peu plus.

 15   Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Je vais poursuivre.

 17   Q.  Mais compte tenu de ce que vous avez dit, Monsieur le Témoin, j'imagine

 18   que vous n'avez pas des renseignements supplémentaires au sujet des

 19   activités menées par la HV après votre départ en septembre 1995 ?

 20   R.  C'est exact.

 21   Q.  Nous allons avancer rapidement au sujet des diapositives qui vont

 22   suivre, après Maestrale.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que c'est parce que le témoin

 24   vient de dire qu'il ne savait rien là-dessus ?

 25   M. KEHOE : [interprétation] Non, c'est juste pour présenter tous les

 26   éléments à la Chambre.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, procédons à la diapositive

 28   suivante.

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  1   M. RUSSO : [interprétation] Je pense que je pourrais aborder ce document

  2   plus tard.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Savoir quelle partie a pris le contrôle

  4   de quel territoire, vous savez si le témoin -- et, en fait, il l'a dit

  5   plusieurs fois que lui ne savait pas ce qui s'était passé, pourquoi ne pas

  6   essayer de vous mettre d'accord avec l'autre partie. Parce qu'il semble que

  7   l'autre partie n'allait pas contester cela. Si, par exemple, Bihac était en

  8   danger, nous avons déjà entendu des dépositions à ce sujet. Puis, nous

  9   avons également entendu des dépositions au sujet de Srebrenica et Zepa, et

 10   le témoin a clairement dit qu'il s'intéressait à d'autres choses -- qu'il a

 11   appris certaines choses en lisant des journaux et pourquoi ne pas essayer

 12   de vous mettre d'accord avec l'autre partie là-dessus plutôt que de passer

 13   40 minutes et d'apprendre du témoin qu'il ne s'intéressait pas à cela et

 14   qu'il ne savait rien là-dessus. Je pense que ces événements ne font pas

 15   l'objet de tant de contestation. Je pense qu'il n'y a pas de désaccord au

 16   sujet de qui a attaqué Srebrenica lorsque cela s'est produit, quel était le

 17   statut de Srebrenica à l'époque; et la même chose pour ce qui est de Bihac.

 18   Et, maintenant, Maître Kehoe, vous dites que vous allez rapidement aborder

 19   les diapositives qui restent et qui semblent contenir un grand nombre

 20   d'information pour lesquelles la base n'est pas tout à fait claire. Peut-

 21   être que cela concerne ce qui s'était passé, quelle opération s'était

 22   passée à quel moment, mais ce n'est pas le genre d'élément de preuve que la

 23   Chambre souhaite recueillir de cette manière.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Je voulais -- nous devons présenter notre thèse

 25   au témoin. Et, si le témoin n'est pas au courant de tous ces événements,

 26   d'accord. Et, le fait qu'il ne puisse pas ajouter quoi que ce soit, c'est

 27   quelque chose dont la Chambre doit être au courant, consciente. Mais ce

 28   témoin indique qu'il ne savait rien au sujet de ce qui s'était passé après

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  1   son départ en septembre. Donc, je ne vais pas en parler. Néanmoins, il est

  2   important de savoir ce qu'il savait à l'époque où il était, où il pouvait

  3   observer ces événements. Et je vais passer à un autre sujet.

  4   Q.  Monsieur le Témoin, lorsque vous parliez de ce que vous aviez observé

  5   sur le théâtre des opérations, et je pense que vous avez dit que vous

  6   considériez l'armée de la RSK comme étant peu équipée, n'est-ce pas ?

  7   R.  Je pense que j'ai employé quelque chose dans ce sens.

  8   Q.  L'armée de la RSK ne vous a pas permis d'examiner leur dépôt de

  9   munitions, n'est-ce pas ?

 10   R.  Je ne me suis jamais rendu dans un dépôt de munitions avant le 5 août.

 11   Q.  Je vais vous montrer une séquence vidéo, je vais vous demander si vous

 12   l'avez déjà vu. Il s'agit d'une séquence vidéo de la HTV, et elle concerne

 13   la saisie des armes à Golubic. Vous connaissez cette ville ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Donc, j'imagine que vous ne saviez pas qu'il y avait un dépôt de

 16   munition de l'ARSK là-bas ?

 17   R.  Est-ce que vous pourriez l'épeler, s'il vous plaît ?

 18   Q.  Vous allez voir comment s'est écrit à l'écran dans un instant, c'est

 19   1D460007 [comme interprété]. C'est une séquence de la HTV en date du 14

 20   août 1995 portant sur Golubic. Tout d'abord, savez-vous où se trouve

 21   Golubic ?

 22   R.  [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin vous a demandé de l'épeler.

 24   Ah, c'est affiché à l'écran.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai jamais vu ce nom auparavant. Ce n'est

 26   pas une vidéo que j'ai faite moi-même.

 27   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que l'on la voit maintenant.

 28   [Diffusion de la cassette vidéo]

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  1   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  2   "Ce n'est qu'un dépôt de munition dans le complexe militaire à proximité de

  3   Knin, que la soi-disant armée serbe de Krajina a laissé en fuyant d'une

  4   manière désespérée. Vous pouvez voir à quel point le peuple serbe est parti

  5   les mains nues et a tout laissé derrière. Rien que pour traverser cette

  6   zone en voiture, il faut plus de 20 minutes, et chacun de ces entrepôts est

  7   plein de munition pour les obusiers, les lance-roquettes multiples, les

  8   chars, les canons, et il y a aussi des roquettes russes de longue portée.

  9   Ce sont d'énorme quantité d'équipement matériel et ils auraient pu mener

 10   une longue, longue, longue guerre pendant au moins cinq ans."

 11   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 12   M. KEHOE : [interprétation]

 13   Q.  Monsieur, vous ne saviez pas qu'ils disposaient de ce genre d'armement,

 14   et lorsque je parle "d'eux," je parle de l'ARSK ?

 15   R.  Quel genre d'armement ?

 16   Q.  Bien, ce genre d'armement qu'on vient de voir, là, les roquettes,

 17   lance-roquettes multiples, et cetera.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 19   M. RUSSO : [interprétation] Je pense qu'il y a un lien entre ce qui est vu

 20   et ce qui a été dit dans cette vidéo.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Supposons que ce qui a été dit a été

 22   effectivement trouvé dans ce dépôt, et supposant que cela est exact, Me

 23   Kehoe demande à M. Dangerfield de nous dire s'il savait qu'il y avait de

 24   tel équipement qui était à la disposition de l'ARSK que ce soit à Golubic

 25   ou ailleurs. Vous pouvez répondre.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pourrais pas faire un commentaire au

 27   sujet de cette zone. Mais comme je l'ai déjà dit avant de me rendre dans

 28   cette zone j'ai suivi une formation s'agissant de la reconnaissance de

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  1   différents armements.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas la réponse à la question

  3   posée, Monsieur Dangerfield.

  4   Dans cette vidéo, je ne sais pas si c'est exact ou pas, je ne sais pas si

  5   vous êtes disposé de connaissance personnelle à ce sujet, on a expliqué que

  6   des roquettes ont été trouvées à Golubic et ainsi que des mortiers, et des

  7   munitions. La question était celle-ci : est-ce que vous saviez que de

  8   grandes quantités de roquettes et de mortiers, et de munition était

  9   entreposée par les forces de l'ARSK ?

 10   Je crois que c'était ça la question de Me Kehoe.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas faire de commentaire sur cette

 12   question-là précisément, je sais que quand ces armées se préparent à faire

 13   la guerre, cela signifie que ces armées disposent d'armes et de munition.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci est une déclaration générale que

 15   vous faites, vous voulez parler des armées en général. Alors, ce qui nous

 16   intéresse c'est que : qui avait-il à Golubic exactement, et la question qui

 17   vous ait posé est : si vous étiez au courant du fait que l'ARSK disposait

 18   dans le secteur dans lequel vous travailliez de quantités importantes de

 19   roquettes et de mortiers, ainsi que de munition. Etiez-vous au courant de

 20   cela ou non ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait des armes et des munitions,

 22   effectivement, on nous a dit qu'il y en avait.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De ce type d'arme lourde ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, je ne pouvais pas m'y rendre parce qu'on

 25   nous a empêché de visiter ces endroits donc je ne pouvais pas vérifier, et

 26   je ne pouvais pas de savoir s'ils disposaient de ces armes ou non.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ils avaient des

 28   dépôts ?

Page 7195

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Kehoe.

  3   M. KEHOE : [interprétation]

  4   Q.  -- disposait l'ARSK également de véhicules, des véhicules à chenille,

  5   n'est-ce pas ?

  6   R.  Je crois que oui, on peut dire de façon générale qu'il s'agissait de

  7   véhicules à chenille, n'est-ce pas ?

  8   Q.  Quels chars disposaient-il ?

  9   R.  Précisément je ne me souviens qu'il y avait des chars T-34, il semble

 10   qu'il y avait également d'autres véhicules à chenille, je pourrais vous

 11   donner différentes descriptions, il y avait des modifications qui avaient

 12   été apportées qui seraient difficiles de reconnaître précisément.

 13   Q.  Et vous voulez parler de quels véhicules à chenille ?

 14   R.  Ecoutez, des véhicules blindés, par exemple, de transport de troupes

 15   qui pourraient disposer en fait de lance-roquettes ou fusils sans recul qui

 16   étaient soudés sur le côté.

 17   Q.  Et vous avez vu des éléments indiquant qu'il y avait des mouvements de

 18   véhicules à chenille avant l'opération Tempête, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, ça figure dans ma déclaration quelque part je me souviens d'avoir

 20   lu cela. Est-ce que vous pouvez m'indiquer lequel, s'il vous plaît ?

 21   Q.  Certainement. P698, paragraphe 10. Il s'agit en réalité de votre

 22   rapport, donc, Aperçu du secteur sud.

 23   R.  Pourriez-vous m'indiquer dans quel paragraphe ?

 24   Q.  Paragraphe 10.

 25   R.  [aucune interprétation]

 26   M. KEHOE : [interprétation] Pendant que le témoin lit ceci je demande le

 27   versement au dossier de la pièce 1D3607 [comme interprété] de la vidéo que

 28   nous venons devoir.

Page 7196

  1   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, dans la déclaration, on lit : "L'officier

  4   de liaison principal la semaine dernière a vu des véhicules à chenille de

  5   l'ARSK."

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de poursuivre, est-ce qu'on peut

  7   demander à Mme la Greffière de donner un numéro de cote, s'il vous plaît ?

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, ce sera la

  9   pièce numéro D715.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il s'agit de la vidéo et de sa

 11   transcription, je suppose. D715 est versée au dossier. Veuillez poursuivre.

 12   M. KEHOE : [interprétation]

 13   Q.  Et où avez-vous vu des preuves attestant de l'utilisation de véhicules

 14   à chenille ?

 15   R.  Ecoutez, je ne me souviens pas d'endroit précis.

 16   Q.  Vous ne vous souvenez pas ?

 17   R.  Non, pas d'endroit précis.

 18   Q.  Et avant l'opération Tempête, vous avez dit à l'Accusation il y a

 19   plusieurs jours, il y a deux jours, que vous avez remarqué que l'ARSK

 20   disposait d'hélicoptères également; c'est exact ?

 21   R.  Ils disposaient certainement de plus d'un hélicoptère.

 22   Q.  Combien en avez-vous vu ?

 23   R.  Je ne me souviens pas du détail.

 24   Q.  Vous avez également dit à l'Accusation qu'ils disposaient de chars,

 25   combien de chars avez-vous vu ?

 26   R.  Je ne me souviens pas de chiffre précis, mais comme je l'ai dit un peu

 27   plus tôt, je n'ai pas vu un regroupage important de ces derniers.

 28   Q.  Vous avez également dit au Procureur avoir vu des véhicules blindés de

Page 7197

  1   transport de troupes; combien en avez-vous vu ?

  2   R.  Si j'avais vu un regroupement important de ces derniers je m'en serais

  3   souvenu. Ceci n'était pas quelque chose de mémorable. Cela ne devait pas

  4   être plus de deux ou trois.

  5   Q.  Pour ce qui est des pièces d'artillerie, avez-vous vu des pièces

  6   d'artillerie ?

  7   R.  Je suppose que j'en ai vu sur l'ensemble du secteur sud. J'en ai vu,

  8   j'en n'ai pas vu plus d'une demi-douzaine.

  9   Q.  Le matin du 4 août où était ces véhicules blindés transport de troupes,

 10   ces chars, ces hélicoptères, ces pièces d'artillerie ?

 11   R.  Je ne me souviens pas des détails. Veuillez me l'indiquer dans le

 12   rapport; à ce moment-là, je pourrai vous le dire.

 13   Q.  Je vous pose la question : Monsieur, savez-vous où se trouvait tout ce

 14   matériel ?

 15   R.  Je ne sais pas.

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  -- je ne m'en souviens pas.

 18   Q.  Pour revenir à votre déclaration vous notez, je veux parler de votre

 19   première déclaration, celle que vous avez faites au mois de mai de façon à

 20   ce que je puisse vous donner une description exacte de ceci. Au paragraphe

 21   22 de la pièce P695, votre déclaration du 12 -- 21 décembre 1995.

 22   Donc, je vais vous demander de vous reporter aux journées qui ont précédé

 23   l'opération Tempête, vous notez au paragraphe 22 qu'il y a une mobilisation

 24   générale de l'ARSK; est-ce exact ?

 25   R.  C'est l'information qui m'a été transmise.

 26   Q.  Et ce serait --

 27   R.  -- le quartier général du secteur sud.

 28   Q.  Et au paragraphe 24 de cette même déclaration, vous notez que : "L'ARSK

Page 7198

  1   a fait cessé tout mouvement entre Knin et l'UNBCP à Strmica."

  2   R.  Effectivement.

  3   Q.  A ce même moment, la bataille de Grahovo venait juste de se terminer et

  4   Grahovo était tombée, n'est-ce pas ?

  5   R.  Je ne me souviens pas la date exacte de cet événement-là.

  6   Q.  Bien, c'était la fin du mois de juillet, c'est à ce moment-là que

  7   Grahovo est tombée ?

  8   R.  C'est le paragraphe 25 où on parle du 29 juillet : "Le colonel Leslie

  9   me dit que les troupes de l'ARSK dans la région de Bosanski Grahovo quel

 10   qu'il soit." C'est l'élément le plus détaillé dont je dispose.

 11   Q.  Avez-vous vu des troupes de l'ARSK et les mouvements de troupes à

 12   travers Knin jusqu'à Strmica dans la deuxième moitié du mois de juillet

 13   1995 ?

 14   R.  Pardonnez-moi, veuillez répéter votre question, s'il vous plaît.

 15   Q.  Alors, j'utilise comme cadre de référence votre paragraphe 43 sur la

 16   limitation et la restriction des mouvements entre Knin et Strmica, avez-

 17   vous vu des mouvements de troupes de l'ARSK déplacé de l'équipement et

 18   traversé Knin et allé jusqu'à Strmica dans la deuxième moitié du mois de

 19   juillet 1995 ?

 20   R.  Je me souviens d'avoir vu du matériel de façon limitée. Je savais qu'il

 21   y avait des combats parce qu'au poste de frontière à Strmica dans les

 22   montagnes au passage de la frontière les troupes montaient là-haut et ceux

 23   qui étaient blessés revenaient. Et lorsque je parle de matériel, ceci

 24   aurait pu être un lance-roquettes, un char.

 25   Pardonnez-moi, je n'ai plus rien sur, je n'ai plus le compte rendu

 26   d'audience, je n'ai plus que mes deux déclarations à l'écran. Merci.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield, une des questions

 28   qui vous a été posée à propos de la bataille de Grahovo est celle-ci, vous

Page 7199

  1   avez répondu en disant : "Je ne connais pas la date exacte, je ne sais pas

  2   quand ceci est arrivé." Et ensuite, Me Kehoe vous a demandé : "Et bien,

  3   ceci s'est passé dans la deuxième moitié du mois de juillet que Grahovo est

  4   tombée, n'est-ce pas ?" Et vous avez répondu ce que le colonel Leslie vous

  5   a dit.

  6   Je vois dans votre article : "Dans la dernière semaine du mois de juillet,

  7   les forces croates sont arrivés rapidement et de façon décisives et ont

  8   pris contrôle de la ville de Bosanska Grahovo." Ceci me surprend un petit

  9   peu car votre article déclare ceci sans ambages vous parlez de troupes de

 10   l'ARSK à Bosanska Grahovo. La question qui vous a été posée était de

 11   demander simplement si la ville est tombée et c'est ce que dit votre

 12   article. Donc, je comprends que vous soyez précis au niveau de vos

 13   réponses, vous ne voulez rien dire -- ne pas avancer une réponse si vous

 14   n'êtes pas tout à fait sûr et certain. Néanmoins, je souhaite que vous

 15   répondiez aux questions.

 16   Maître Kehoe.

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  Lorsque vous avez recueilli des renseignements, saviez-vous que l'ARSK

 19   avait préparé une contre-attaque contre la HV à la fin du mois de juillet

 20   et au début du mois d'août 1995 ? Le saviez-vous ?

 21   R.  Non, je n'ai pas recueilli ce type de renseignements dans le secteur

 22   sud, donc je n'ai absolument aucune idée, je ne sais pas ce qu'il préparait

 23   pour la fin du mois de juillet.

 24   Q.  Est-ce que vous parliez à ce moment-là au personnel de l'ARSK ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Donc, les renseignements dont vous disposiez provenaient uniquement du

 27   secteur sud des Nations Unies et du quartier général des Nations Unies ?

 28   R.  Non, les renseignements que je recueillais étaient des renseignements

Page 7200

  1   que je recueillais sur le terrain par moi-même. En réalité, il y avait

  2   également des renseignements que je recueillais auprès des Bataillons des

  3   Nations Unies dans le secteur sud et auprès des observateurs militaires des

  4   Nations Unies. Donc, je disposais de différentes sources.

  5   Q.  Lorsque vous avez recueilli différents renseignements de différentes

  6   sources, avez-vous jamais entendu parler d'une offensive de l'ARSK qui

  7   s'était appelée Dinara 1995 ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Je souhaite vous demander de vous reporter à la date du 4 août et

 10   l'ensemble de cette opération. Je souhaite diviser ceci en deux parties; la

 11   première le pilonnage et la deuxième l'opération en tant que tel.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, je regarde l'heure et en

 13   même temps j'ai l'impression que nous passons un petit peu à un autre

 14   sujet.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Tout à fait.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant cela, je souhaite faire la pause.

 17   Mais avant de faire la pause, est-ce que je peux demander à Mme l'Huissière

 18   de faire sortir le témoin -- de raccompagner le témoin, s'il vous plaît.

 19   [Le témoin quitte la barre]

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ma question ne vous surprendra peut-être

 21   pas. Maître Kehoe, vous pensez avoir besoin de combien de temps encore,

 22   s'il vous plaît ?

 23   M. KEHOE : [interprétation] Si je regarde -- ou au vu des difficultés que

 24   j'ai eues à recueillir des réponses du témoin, je dirais trois heures

 25   environ.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, les difficultés seraient

 27   moindres peut-être si néanmoins je reconnais que dans une certaine mesure

 28   ce que vous dites est vrai. Mais, dans une certaine mesure, c'est vous qui

Page 7201

  1   est à l'origine du problème compte tenu de la façon dont vous posez vos

  2   questions au témoin. La Chambre de première instance va pour déterminer le

  3   temps quelle vous accordera encore tenir compte de la façon dont vous avez

  4   utilisé votre temps jusqu'à présent. Mais avant de parler du calendrier, je

  5   souhaite entendre les autres conseils de la Défense.

  6   M. CAYLEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je pense avoir

  7   besoin d'avoir 15 à 20 minutes.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Mikulicic.

  9   M. MIKULICIC : [interprétation] Je crois que je peux prévoir deux heures.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, les desiderata de tout un chacun

 11   corresponde à cinq heures et demie : trois heures pour vous, Maître Kehoe;

 12   et vous, Maître Cayley, et ensuite, Maître Mikulicic, deux heures, deux

 13   heures; donc, ceci fait six heures.

 14   La Chambre de première instance va se pencher sur le sujet, le conseil de

 15   la Défense également, et je ne serais pas surpris de constater qu'après

 16   avoir consulté mes collègues, nous souhaitons certainement terminer la

 17   déposition de ce témoin avant les vacations judiciaires.

 18   Nous allons reprendre à 17 heures 55.

 19   --- L'audience est suspendue à 17 heures 32.

 20   --- L'audience est reprise à 17 heures 58.

 21   Le témoin vient à la barre]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, avant de poursuivre, je

 23   souhaite brièvement aborder une question de procédure.

 24   Je comprends que l'Accusation ou la Défense souhaiterait que la Chambre --

 25   de modifier quelque peu les temps accordés aux différentes parties en vertu

 26   de l'article 126 bis. Et, ceci est évoqué à l'article 127, sauf si c'est

 27   précisé, et cetera, la Chambre de première instance -- ou si des justes

 28   motifs sont précisés dans une requête, je suppose que la requête des

Page 7202

  1   parties est celle-ci, à savoir il y a des justes motifs qui permettraient

  2   de modifier le temps à accorder en vertu de l'article 126 bis. Et, il vous

  3   serait très difficile de répondre à cette requête avant les vacations

  4   judiciaires, et c'est bien votre requête, la teneur de votre requête.

  5   M. TIEGER : [interprétation] Tout à fait.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Tout à fait.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons décidé sur la base de cette

  8   requête, requête qui précise que des motifs valables permettraient de

  9   proroger de façon générale le temps accordé conformément à l'article 126

 10   bis, et qu'en réponse à la requête déposée par l'une des parties, celle-ci

 11   devra déposer 14 jours à partir du dépôt de la requête; c'est-à-dire à

 12   partir de lundi prochain qui est le premier jour de la vacation judiciaire,

 13   et donc, nous allons proroger ce délai de trois semaines et non pas de 14

 14   jours, qui portent sur les 15 jours à venir. autrement dit une requête qui

 15   est déposée la dernière semaine avant les vacations judiciaires, la Chambre

 16   de première instance, elle s'attendrait donc à une réponse dans les 14

 17   jours, ce qui signifie que ceci serait la semaine après les vacations

 18   judiciaires. En fait, la vacation judiciaire ne représente pas quatre

 19   semaines mais trois semaines. Nous n'allons pas siéger tout de suite après

 20   la semaine des vacations judiciaires. Si cela vous agrée, à ce moment-là,

 21   je pourrais, en fait, aller jusqu'à trois semaines mais je ne peux pas, en

 22   fait, couvrir la semaine où nous reprenons même si nous ne siégeons pas.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Ecoutez, je vois que nous avons envisagé ceci,

 24   si ceci pouvait porter sur quatre semaines. Je l'ai évoqué avec Me. Waespi

 25   et M. Tieger, nous en avons parlé. Je crois que, sinon --

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela signifie qu'une requête, qui est

 27   déposée la veille des quatre semaines, à ce moment-là, vous auriez trois

 28   semaines à partir de cette date-là. Cela ne nous semble pas être la bonne

Page 7203

  1   solution. Donc, nous allons prolonger cela de trois semaines qui correspond

  2   en fait aux vacations judiciaires officielles du TPY, donc, à partir de

  3   lundi prochain, et donc, ceci porte sur une période de trois semaines.

  4   M. TIEGER : [interprétation] Je n'ai peut-être pas écouté tout ceci et les

  5   différentes modifications et je pense que Me Kehoe s'est entretenu avec M.

  6   Waespi là-dessus. Je crois que nous avons également envisagé que vous

  7   tiendrez compte des requêtes qui sont déposées tout de suite avant les

  8   vacations judiciaires, qu'il y aurait une quelque sorte de prorogation.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, ceci sera effectif à partir

 10   d'aujourd'hui, Maître Kehoe.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Très bien, Monsieur le Président.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si nous nous attendons à une requête

 13   aujourd'hui, un dépôt de requête aujourd'hui, soit.

 14   M. KEHOE : [interprétation] Je crois que nous allons sans doute déposer

 15   demain.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, vous le déposez, donc, ce sera

 17   prorogé.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Déposé.

 19   M. MISETIC : [interprétation] Cela a déjà été déposé.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ça déjà été déposé, donc, en raison de

 21   l'extension du temps accordé.

 22   Je regarde mes collègues, cette décision porte sur le délai de 14

 23   jours inscrits à l'article 126 bis à partir d'aujourd'hui, de façon

 24   générale, ceci sera prorogé de trois semaines. Cette décision prend effet à

 25   partir du moment où la requête est déposée, à partir d'aujourd'hui jusqu'à

 26   la fin des vacations judiciaires officielles du Tribunal, ce qui correspond

 27   à une semaine avant de reprendre nos débats.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Très bien.

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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, nous allons reprendre

  2   l'interrogatoire du témoin.

  3   Je regardais en fait l'article 90(h). L'article 90(h) précise que,

  4   pendant qu'un témoin est contre-interrogé, s'il est en mesure de donner des

  5   éléments de preuve qui sont pertinents pour les moyens de preuve présentés

  6   par la partie qui contre-interroge, le conseil posera au témoin des

  7   questions qui relèvent de la présentation de ses moyens. Je crois qu'on

  8   indique ce qui sera en contradiction avec les éléments de preuve présentés

  9   par le témoin.

 10   Donc, il s'agit d'un cas très limité. Puis-je attirer votre

 11   attention, surtout au paragraphe 90(h)(i) et (ii) ? "Lorsqu'une partie

 12   contre-interroge un témoin qui en mesure de déposer sur un point ayant

 13   trait à sa cause, elle doit le confronter aux éléments dont elle dispose

 14   qui contredisent sa déclaration.

 15   L'INTERPRÈTE : Remplacez ceci par le paragraphe précédent.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Chambre de première instance -- des

 17   questions sur d'autres sujets. Et donc, ici, c'est l'article 90(H)(i) qui

 18   s'applique.

 19   Monsieur Dangerfield, je vous demande de répondre aux questions de la façon

 20   la plus directe possible. Si vous ne savez pas, si vous n'avez pas la

 21   réponse, dites-le-nous; et si vous le savez, dites-le-nous.

 22   Maître Kehoe, je vous demande de poser les questions de la façon la plus

 23   directe possible au témoin.

 24   Le Président va donc, dans les 55 dernières minutes qui nous restent, nous

 25   pencher sur la question de l'affectation du temps qui vous sera accordé.

 26   Comme je l'ai dit précédemment, ceci n'a pas changé. Je souhaite que nous

 27   puissions terminer ce témoin avant les vacances judiciaires, peut-être un

 28   petit peu avant, puisqu'à ce moment-là, nous aurions du temps pour d'autres

Page 7205

  1   sujets. Gardez ceci à l'esprit, la façon dont vous allez contre-interroger

  2   le témoin.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Très bien.

  4   Q.  Monsieur Dangerfield, je souhaite vous demander de porter votre

  5   attention à votre rapport de synthèse du 4 août, pièce P698; est-ce que

  6   vous l'avez sous les yeux ?

  7   R.  Tout à fait.

  8   Q.  Donc, je vais parcourir toute une série de sujets qui figurent dans ce

  9   document. Avant de vous poser des questions, je souhaite commencer par le

 10   paragraphe 2, document page 1. On note ici : "Cela est que la HV ou le HVO

 11   a commencé à avancer sur le terrain, et ensuite, les différents axes

 12   d'attaque." Excusez-moi, paragraphe 10 de ce même document, et vous vous

 13   penchez sur ce qui s'est passé à la date du 4, et vous notez l'évaluation

 14   de G2 et que Knin pourrait tomber avant la tombée de la nuit le 5 août.

 15   "Pour ce faire, je crois que le HV aura besoin d'un jour davantage

 16   coordonné de succès que celui-ci. Les troupes qui s'approchent, venant du

 17   sud, doivent faire face à une opposition féroce."

 18   Ensuite, dans la même phrase, vous parlez des véhicules à chenille. Je vous

 19   demande de vous reporter au paragraphe 11, s'il vous plaît : "A l'ouest, la

 20   HV avance, rencontre des problèmes au niveau des routes principales qui ne

 21   sont pas directes et des difficultés au niveau du terrain."

 22   Au paragraphe 12, encore une fois : "Knin fait l'objet d'attaques lourdes

 23   de la part de l'artillerie. Encore, il y a une présence très importante des

 24   forces de l'ARSK dans cette région. Il faudra un certain temps avant qu'ils

 25   puissent être touchés directement par les tirs des chars de la HV."

 26   Donc, différents éléments que je souhaite aborder avec vous, même en

 27   parlant du paragraphe 2, votre évaluation. Donc, les forces qui se trouvent

 28   sur le territoire de la HV et du HVO ont du mal et des difficultés

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  1   lorsqu'ils rencontrent les forces de l'ARSK ?

  2   R.  Il s'agit, bien sûr, d'évaluation des bataillons nationaux qui se

  3   trouvaient sur le terrain, et la vérification des troupes sur le terrain,

  4   ceci n'a pas été vérifié par moi-même.

  5   Q.  Mais, il serait juste de dire, n'est-ce pas, Monsieur Dangerfield,

  6   qu'il y avait des combats lourds entre la HV et les troupes de l'ARSK,

  7   n'est-ce pas, sur l'ensemble de ce secteur, au début de l'opération

  8   Tempête, n'est-ce pas ?

  9   R.  Les récents mémos que j'ai fournis sont fondés sur des rapports. Je ne

 10   peux pas vous dire avec certitude que c'était le cas.

 11   Q.  Bien, alors, en vous fondant sur les renseignements que vous avez

 12   reçus, c'est en tout cas ce que vous avez consigné, vous vous êtes décidés

 13   de vous diviser, de vous scinder, et d'aller à Gornji Vakuf, n'est-ce pas,

 14   à la date du 4 ?

 15   R.  C'est exact. Mais je n'ai jamais réussi pendant tout le temps que j'ai

 16   passé dans le secteur sud, suffisant de forces. Donc, mon évaluation

 17   tendait à dire qu'ils ne disposaient pas de forces aussi importantes, mais

 18   les renseignements venant d'autres nations semblaient indiquer le

 19   contraire, d'autres pays.

 20   Q.  Donc, les rapports des autres pays qui étaient sur le terrain et qui

 21   étaient à des postes d'observation étaient contraires aux renseignements

 22   que vous avez recueillis vous-même, n'est-ce pas; c'est exact, c'est cela ?

 23   R.  Non, parce qu'il s'agit de sources d'information différentes à des

 24   jours, à des dates différentes.

 25   Q.  Donc, les renseignements que vous rapportiez, si ces renseignements

 26   indiquaient, en fait, ceci a trait aux différents bataillons aussi, ces

 27   renseignements indiquaient qu'il y avait des combats lourds entre la HV et

 28   le HVO et le reste. D'où provenait ce renseignement, où venaient ces

Page 7207

  1   soldats de l'ARSK ?

  2   R.  Dans le rapport en question, ces éléments d'information, en fait,

  3   c'était basé sur les rapports qui nous avaient été communiqués par les

  4   Bataillons des Nations Unies qui se trouvaient dans le secteur.

  5   Q.  Ceci n'est pas ma question. Ma question --

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous avez posé deux

  7   questions, la première : d'où provenait ces renseignements ? Et sans

  8   attendre la réponse du témoin, vous avez demandé : d'où venaient les

  9   soldats de l'ARSK ? Donc, telles étaient les deux questions que vous avez

 10   posées.

 11   M. KEHOE : [interprétation] En fait, c'est vrai qu'il y avait deux

 12   questions en même temps, mais ceci n'était pas approprié.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En tout cas, il n'est pas aisé d'y

 14   répondre, mais il faudrait évidemment sondé le témoin, savoir ce qu'il

 15   savait. Il peut dire qu'il savait qu'il n'était pas là, mais, en tout cas,

 16   peut-être qu'il sait d'où venaient ces hommes. Essayons, en tout cas, de

 17   procéder pas à pas.

 18   Veuillez poursuivre.

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Monsieur Dangerfield, vous avez consigné -- ou, en tout cas, remarqué -

 21   - vous avez noté que les informations que vous receviez de la part des

 22   Bataillons des Nations Unies indiquaient qu'il y avait des combats lourds

 23   entre le HV et l'ARSK, n'est-ce pas ?

 24   R.  Les rapports indiquaient cela.

 25   Q.  Il s'agit des rapports que vous receviez.

 26   R.  Les rapports en provenance des autres bataillons indiquaient cela,

 27   qu'il y avait peut-être des combats lourds.

 28   Q.  Moi, je vous soumets cette idée-ci. S'il y avait des soldats de l'ARSK

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  1   qui combattaient les soldats de la HV, d'où venaient ces soldats de l'ARSK

  2   ?

  3   R.  Ecoutez, moi, je n'ai pas vu de mes propres yeux. Je ne sais pas d'où

  4   ils venaient.

  5   Q.  Et, il y avait une présence très importante des forces de l'ARSK dans

  6   tout le secteur, n'est-ce pas ?

  7   R.  Lorsque vous voulez parler du secteur, est-ce que vous pouvez préciser

  8   s'il vous plaît.

  9   Q.  Alors nous allons nous reporter à votre déclaration, comme ça vous

 10   pourrez préciser. Au paragraphe 12, à Knin, l'attaque de l'artillerie était

 11   une attaque lourde. La présence très importante des forces de l'ARSK dans

 12   le secteur signifie qu'il faudra davantage de temps. Ils ne seront pas

 13   touchés directement par les chars de la HV tout de suite.

 14   Je reviens à ma question précédente, ceci se trouve à la page 14. Je vous

 15   ai dit qu'il y avait une présence très importante des forces de l'ARSK dans

 16   le secteur, n'est-ce pas ?

 17   R.  Non, ce n'était pas le cas.

 18   Q.  Dans ce que vous avez dit considérant ce rapport ne soit pas vrai, soit

 19   inexact ?

 20   R.  Non, ça n'est pas ce que je dis à propos de ce rapport, pas du tout.

 21   Q.  Vous nous avez dit que vos supérieurs à Gornji Vakuf et également à

 22   Split, qu'il y avait une présence très importante des forces de l'ARSK dans

 23   le secteur et, par là, vous vouliez parler du secteur de Knin, n'est-ce pas

 24   ?

 25   R.  Non, je ne le pense pas.

 26   Q.  Donc, essayons de nous pencher là-dessus. D'après vous, vous vouliez

 27   parler de quel secteur ou de quel secteur parliez-vous en réalité?

 28   R.  Ecoutez, ça fait, cela remonte à 13 ans maintenant. Je crois que c'est

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  1   peut-être un emploi malheureux de la langue anglaise, enfin, en tout cas la

  2   façon dont ça a été consigné.

  3   Q.  Alors, d'après vous, ce qui est arrivé, Monsieur Dangerfield, c'est

  4   qu'il vient d'avoir en fait une confrontation sanglante à Knin, n'est-ce

  5   pas ?

  6   R.  Pourriez-vous me reporter à ma déclaration. Je crois que -- quels sont

  7   les termes que vous avez utilisés.

  8   Q.  Paragraphe 15.

  9   R.  Très bien.

 10   Q.  Dans votre conclusion, au paragraphe 15, la requête à des assistances

 11   pour les femmes et les enfants qui s'en allaient et qui laissaient derrière

 12   elles les troupes de l'ARSK montrait qu'il y avait une confrontation

 13   définitive et très perturbante. Donc, avant d'avancer, je vous posais cette

 14   question, donc vous saviez que l'ARSK disposait de ressources très

 15   importantes et Knin allait être défendu jusqu'à la fin et que ce serait

 16   sanglant, n'est-ce pas ?

 17   R.  Ici, je parle, je ne parlais pas ici des civils qui ont quitté Knin.

 18   Q.  Retournons au paragraphe 13, peut-être que vous pouvez répondre à la

 19   question.

 20   Donc, en rencontrant le personnel des Nations Unies, du secteur sud du

 21   quartier général des Nations Unies, le personnel de l'ARSK, qui se trouvait

 22   là, a demandé à obtenir de l'aide humanitaire. Le personnel de l'ARSK était

 23   décrit comme étant tout à fait hébété. Ils ont demandé un appui des Nations

 24   Unies pour leur permettre d'évacuer 32 000 personnes dans la Krajina y

 25   compris 15 000 personnes du secteur de Knin. Il y avait des femmes et des

 26   enfants jusqu'à l'âge de 15 ans. Ceux qui resteront seront simplement,

 27   purement et simplement les troupes de l'ARSK.

 28   Donc, il s'agit là de votre propre déclaration. L'évacuation allait

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  1   avoir lieu comme vous dites au paragraphe 12, il y avait une présence très

  2   importante des forces de l'ARSK dans le secteur. Et, vous pensiez, à la fin

  3   de la journée du 4, que ceci montrait qu'il y aurait une confrontation qui

  4   était un sujet de préoccupation et qui serait définitive; autrement dit une

  5   dernière confrontation sanglante, n'est-ce pas ?

  6   R.  Je crois que vous voulez parler des soldats que j'ai évoqués un

  7   peu plus tôt qui représentent moins de 100 soldats.

  8   Q.  Lorsque vous parlez de ces centaines de soldats, est-ce qu'il

  9   s'agit là de la présence très importante des forces de l'ARSK dans le

 10   secteur dont vous voulez parler et que vous évoquez au paragraphe 12 ?

 11   R.  En fait, sur un plan géographique et sur le plan de la taille, ceci

 12   n'est pas précisé -- le terme de secteur n'est pas défini de façon précise

 13   sur un plan géographique.

 14   Q.  Je vais vous poser maintenant une autre question à propos de ce

 15   document. Avez-vous rencontré quelqu'un d'autre hormis le bureau du

 16   Procureur pour évoquer votre déposition dans le cadre de cette affaire ? Je

 17   ne veux pas parler du bureau du Procureur mais d'autres personnes.

 18   R.  Non.

 19   Q.  Vous n'avez rencontré aucun représentant du gouvernement britannique,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Je vais vous poser une question. Ça fait combien de temps

 23   -- vous avez passé combien de temps dans l'armée ?

 24   R.  16 ans.

 25   Q.  Et, en fait, vous connaissez bien le fonctionnement des combats dans

 26   des zones construites ?

 27   R.  Je comprends cela.

 28   Q.  Vous comprenez que lorsqu'on se bat dans des régions ou dans des

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  1   secteurs très habités --

  2   R.  Oui.

  3   Q.  -- vous comprenez que lorsqu'on se bat dans des secteurs très habités,

  4   il s'agit, en fait, des combats les plus sanglants pour un soldat

  5   d'infanterie, n'est-ce pas ?

  6   R.  Je crois que oui.

  7   Q.  Il y a une chose en tant que militaire que vous voulez éviter, c'est de

  8   vous battre justement dans ces zones très construites, parce qu'il y a --

  9   en général, il en résulte en carnage.

 10   R.  Dans certaines circonstances, je pense qu'on peut s'exprimer ainsi.

 11   Q.  Mais lorsque vous faites référence à ce dernier affrontement --

 12   excusez-moi, Monsieur le Président, excusez-moi, Monsieur Dangerfield.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pourrez poursuivre mais faites une

 14   pause de temps en temps. 

 15   M. KEHOE : [interprétation]

 16   Q.  Donc, lorsque vous évoquez ce dernier affrontement, cette dernière

 17   ruée, comme vous le dites au paragraphe 15, vous parliez de votre

 18   conviction qu'il faudrait se battre dans un secteur habité qui entraînerait

 19   un énorme carnage avant d'obtenir la chute de Knin; n'est-ce pas cela que

 20   vous pensiez, et n'est-ce pas, ce que vous avez transmis à votre QG ?

 21   R.  Je crois que nous nous attendions à ce que les rares soldats de l'armée

 22   de la ARSK qui restaient sur les lieux retournent à Knin. Je ne pense pas

 23   que nous nous attendions à ce qu'ils aillent directement traverser la ville

 24   de Knin pour sortir du secteur.

 25   Q.  Donc, à en juger par votre réponse, vous vous attendiez à voir les

 26   forces de l'armée de la RSK battent retraite. Il y a une autre question que

 27   je vais vous poser d'abord.

 28    Quelle heure était-il lorsque vous avez déposé votre rapport ? Est-ce que

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  1   vous le savez ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Alors, à la fin de la journée du 4, vous vous attendiez à voir les

  4   forces de l'armée de la RSK battre en retraite pour aller vers Knin et ils

  5   menaient un dernier combat désespéré destiné à défendre la ville, n'est-ce

  6   pas ?

  7   R.  Selon mon appréciation personnelle, c'est ce que j'aurais fait mais ce

  8   n'est pas nécessairement ce qu'ils ont fait ou ce que j'ai fait.

  9   Q.  Etant donné que vous l'auriez fait en votre qualité de militaire, vous

 10   conviendrez avec moi qu'il était plus que raisonnable pour le général

 11   Gotovina de conclure comme vous l'avez fait, que l'armée de la RSK agirait

 12   de cette façon, c'est-à-dire qu'elle mènerait un dernier combat désespéré à

 13   Knin, n'est-ce pas ?

 14   R.  Je ne sais pas ce qui est raisonnable que pense le général Gotovina ou

 15   je ne sais pas ce qu'il considère comme raisonnable. Je ne sais pas de

 16   quelle façon il fonctionne dans le détail, donc, je ne saurais le commenter

 17   -- ou plutôt, je ne sais pas comment ils fonctionnaient.

 18   Q.  Les forces de l'ARSK se sont retirées pour assurer la défense de Knin

 19   dans les heures de la soirée du 4, n'est-ce pas ?

 20   R.  Je ne crois pas qu'elles l'aient fait.

 21   Q.  Revenons à la pièce D713 que j'aimerais vous soumettre. C'est un

 22   article, en fait, c'est une interview émise par Radio Belgrade et qui

 23   commence à 22 heures -- 20 heures GMT, le 4 août. C'est une émission

 24   reprise par Radio Belgrade à partir de la BBC anglaise.

 25   Je demande le défilement du texte jusqu'au milieu de la page à

 26   l'écran, encore un peu, merci. Voilà. Très bien.

 27   Au milieu de la page, on voit une question adressée au général

 28   Mrksic, je cite :

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  1   "Est-ce que cela signifie qu'ils ont enfoncé le front ?

  2   Réponse : "Non. La ligne de désengagement n'a pas bougé, nos forces

  3   se sont retirées sur les positions susceptibles d'assurer la défense

  4   directe de Knin."

  5   Est-ce que vous avez des informations, Monsieur, indiquant que ce

  6   qu'a dit le général Mrksic était inexact ?

  7   R.  Je ne saurais commenter des éléments tirés des médias ou de la presse.

  8   Q.  N'est-ce pas ce qu'a dit le général Mrksic, Monsieur, et cela ne

  9   correspond-t-il pas au contenu du rapport que vous avez vous-même rédigé le

 10   4 août lorsque vous parliez du fait qu'il y aurait un dernier combat

 11   désespéré et un bain de sang ? Est-ce que cela ne correspond pas à ce que

 12   vous avez écrit à votre QG ?

 13   R.  Je ne saurais commenter les propos du général Mrksic.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On ne vous demande pas de commenter les

 15   propos du général Mrksic. On vous demande ce que vous lisez comme étant ce

 16   qu'aurait dit le général Mrksic correspond à ce que vous avez écrit dans

 17   votre rapport. Voilà quelle est la question qui vous est posée.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne crois pas, Monsieur.

 19   M. KEHOE : [interprétation]

 20   Q.  Pourquoi ?

 21   R.  Parce que je ne sais pas que c'est ce qu'a dit le général Mrksic. C'est

 22   un morceau de papier qui reprend une transcription.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield, vous n'êtes pas

 24   appelé à commenter le fait de savoir si oui ou non ces mots sont bien ceux

 25   du général Mrksic. Ce qui vient de vous être dit c'est que le général

 26   Mrksic a prononcé ces mots. Et en partant de l'hypothèse que c'est bien ce

 27   que le général Mrksic a dit, vous êtes appelé à vérifier si ces propos

 28   correspondent ou ne correspondent pas à ce que vous avez vous-même écrit

Page 7215

  1   dans votre rapport. Pourriez-vous, je vous prie, répondre à cette question

  2   ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne crois pas que cela corresponde,

  4   Monsieur.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Me Kehoe avait ensuite l'intention de

  6   ménager une pause avant de vous demander, pourquoi ? Pourriez-vous vous

  7   expliquer sur ce point ?

  8   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield, pourriez-vous vous

 10   expliquer quant à la raison pour laquelle vous estimez que les propos qui

 11   vous ont été présentés comme les propos tenus par le général Mrksic ne

 12   correspondent pas à ce que vous avez écrit dans votre rapport ? J'apprécie

 13   que vous ayez ménagé une pause mais elle a été assez longue.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] La langue anglaise est très complexe. Et je ne

 15   pense pas - non, je reviens en arrière - des mots différents, des

 16   expressions différentes ont un sens différent. Et je ne suis pas sûr que ce

 17   qu'il dit corresponde à ce que je dis. Par conséquent, je ne saurais dire

 18   si cela correspond ou pas.

 19   Ce texte est une traduction qui n'émane pas de moi, donc je ne suis

 20   l'auteur, donc cela ne veut pas nécessairement dire la même chose. Donc, je

 21   ne suis pas prêt à dire que cela corresponde, non.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes en mesure de nous expliquer de

 23   quelle façon vous comprenez ces propos, à savoir si c'est bien ce qu'a dit

 24   M. Mrksic est une question totalement différente. Mais les mots qui vous

 25   ont été présentés, vous ont été présentés, et vous avez compris ces mots

 26   sur la base de votre compréhension de la langue anglaise, qui encore une

 27   fois peut être assez différente de la mienne. Mais pourriez-vous nous

 28   expliquer, eu égard aux mots apparemment prononcés par M. Mrksic et en vous

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  1   fondant sur la compréhension que vous en avez, si ces mots correspondent à

  2   ce que vous avez écrit dans votre rapport ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord. Le paragraphe commence par les mots

  4   : "Non, la ligne de désengagement;" est-ce bien le paragraphe auquel vous

  5   faites référence ?

  6   M. KEHOE : [interprétation] Oui, en effet, Monsieur.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] D'accord, je vais lire ce que j'ai écrit moi-

  8   même. Et bien, voilà, je crois que Mrksic est en train de dire que : "Ces

  9   hommes se sont retirés sur leur position et qu'ils tiennent un certain

 10   nombre de secteurs sur leur contrôle." Je parle de secteur car je ne suis

 11   pas sûr de ce qu'il en était exactement de Kordun. Quant aux mots, je cite

 12   : "Nous allons créer des positions, et cetera. Je ne pense pas que ceci

 13   s'applique à la réalité. Et les mots relatifs au fait que des hommes de

 14   l'ARSK demeurent sur place je ne suis pas précis quant au nombre. J'ai dit

 15   que Milan Martic serait contraint à se rendre à moins de vouloir faire face

 16   à un bain de sang dans la capitale de la Krajina." Et c'est mon avis.

 17   Ce qui est dit au sujet de la reddition ne correspond pas au passage

 18   relatif aux propos du général Mrksic. Moi, j'ai écrit : "Faire face à un

 19   bain de sang." Et "faire face à un bain de sang," ne contient aucune

 20   mention du nombre d'hommes qui auraient pu être mentionnés en rapport avec

 21   la défense directe de Knin.

 22   M. KEHOE : [interprétation]

 23   Q.  Mais, Monsieur, où est-ce que vous avez obtenu vos informations eu

 24   égard à l'ultime bain de sang, et au dernier combat désespéré dont vous

 25   parlez par écrit dans votre rapport ?

 26   R.  A partir de diverses sources dans le QG du secteur sud.

 27   Q.  Mais de qui ?

 28   R.  Il peut s'agir des observateurs militaires des Nations Unies présents

Page 7217

  1   dans la salle des opérations ou de l'une ou l'autre de ces deux sources.

  2   Q.  Mais, Monsieur, je vais faire une petite pause. Des combats étaient

  3   encore en train de se dérouler dans la soirée du 4 entre l'armée de la

  4   Croatie et l'ARSK, n'est-ce pas ?

  5   R.  Je ne sais pas.

  6   Q.  Permettez-moi de vous donner lecture d'un extrait constituant la pièce

  7   D123 en date du 4 août 1995 à 23 heures 40. Vous souvenez-vous du colonel

  8   Leslie, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, en effet.

 10   Q.  Je cite : "A votre avis, les Croates sont-ils sur le point de s'emparer

 11   de la ville ?" Il est question de Knin.

 12   Et la réponse est : "De s'emparer de Knin, non, nous n'avons reçu

 13   aucun rapport émanant des Croates qui indiquerait qu'ils sont soumis à des

 14   tirs directs de Knin et il y a encore de nombreux Serbes à Knin et sur les

 15   collines environnantes. Donc, voilà où nous en sommes."

 16   Est-ce que tel était bien la situation dans la soirée du 4, Monsieur

 17   ?

 18   R.  C'est l'interprétation du colonel Leslie de la situation, n'est-ce pas

 19   ?

 20   Q.  Mais est-ce que vous êtes d'accord avec l'interprétation du colonel

 21   Leslie ?

 22   R.  Je ne serais pas d'accord pour dire qu'il y avait encore de nombreux

 23   Serbes dans la ville de Knin.

 24   Q.  Etiez-vous dans la ville de Knin, le 4 ?

 25   R.  Non. Mais je m'y étais trouvé précédemment.

 26   Q.  A la date du 5, les combats se poursuivent le 5 et je vais maintenant

 27   vous renvoyer à votre article intitulé : "Chute de la République serbe de

 28   Krajina," pièce P699, paragraphe 4 -- ou plutôt, page 4, troisième

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  1   paragraphe de la page 4. Je cite : "J'ai appris de diverses sources que

  2   dans le sud les forces croates avançant à partir de Knin ont conquis

  3   beaucoup plus de terrain que nous ne nous y étions attendus au départ. Les

  4   services de Renseignements ont révélé qu'ils avaient effectué une avance de

  5   dix kilomètres plein. Par la suite, nous devions apprendre que les Croates

  6   avaient contre-attaqué et avaient été deux fois repoussés par les Serbes.

  7   Dans le reste du secteur, les Croates remportent des succès bien inférieurs

  8   et semblent faire face à une opposition beaucoup plus ferme."

  9   Donc, il y avait encore des combats importants et violents entre l'armée de

 10   la Croatie et l'armée de la RSK le 5 août, n'est-ce pas ? 

 11   R.  Ces rapports étaient des rapports provenant des autres bataillons, mais

 12   ils n'ont pas été vérifiés précisément pas plus que je ne les ai confirmés,

 13   ce qui est encor plus important.

 14   Et le mot "heavy," en anglais que l'interprète a traduit par

 15   important est un mot relatif.

 16   Q.  Mais vous avez admis ces rapports, Monsieur Dangerfield, et vous avez

 17   fait remarquer que les Croates remportaient beaucoup moins de succès et

 18   semblaient faire face à une opposition beaucoup plus ferme. Ce sont bien

 19   des mots utilisés par vous, n'est-ce pas ?

 20   R.  Ce sont les mots émanant de l'interprétation que je faisais des

 21   rapports provenant des bataillons. Comme je l'ai dit, je n'ai pas vérifié

 22   précisément. Je n'ai pas confirmé que ces actions avaient bien eu lieu ou

 23   que ces opérations ou que ces combats avaient bien lieu. Donc, rien de tout

 24   cela n'a été confirmé par moi.

 25   Q.  Avez-vous utilisé ces rapports pour envoyer des informations à jour à

 26   vos supérieurs ?

 27   R.  Je ne m'en souviens pas.

 28   Q.  Est-ce que vous avez utilisé ces rapports pour rédiger l'article dont

Page 7219

  1   vous êtes l'auteur qui constitue la pièce P699 ?

  2   R.  J'ai sans doute utilisé certains d'entre eux.

  3   Q.  Donc, lorsqu'ils vous ont parlé d'opposition et de combat, vous avez

  4   admis que c'était vrai, n'est-ce pas ?

  5   R.  J'ai admis cela comme étant l'opinion des personnes qui m'avaient

  6   transmis des informations. Est-ce que cela était vrai ou pas ? Il ne

  7   m'appartient pas de le dire.

  8   Q.  Avançons.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Je vous demande un instant, Monsieur le

 10   Président.

 11   Q.  Je voudrais revenir sur un certain nombre d'éléments qui ont été

 12   abordés au cours de votre interrogatoire principal et qui concernent vos

 13   rapports.

 14   Au paragraphe 33 -- et excusez-moi, Monsieur, le rapport dont je parle

 15   c'est votre déclaration écrite qui constitue la pièce 695, votre

 16   déclaration écrite du 12 décembre 1995. Au milieu du paragraphe 33, vous me

 17   suivez, Monsieur.

 18   R.  Oui.

 19   M. KEHOE : [interprétation] J'en demande l'affichage.

 20   Q.  Si je vais trop vite, n'hésitez pas à m'arrêter. Je cite : "La 7e

 21   Brigade Puma était la première à pénétrer dans Knin. Tous les véhicules

 22   militaires de l'armée croate avaient des autocollants qu'ils faisaient

 23   remarquer. Les premiers véhicules à entrer dans la vaille ont été les chars

 24   et les blindés transport de troupes. Ils sont arrivés en convoi, et se sont

 25   tactiquement immobilisés. C'est la raison pour laquelle je ne pense pas

 26   qu'ils s'attendaient à la moindre résistance. Aux environs de 13 heures,

 27   des camions et des jeeps sont arrivés."

 28   A quelle heure est-ce que la 7e Brigade Puma est arrivé à Knin, Monsieur ?

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  1   Si vous l'avez vue puisque vous en parlez dans votre déclaration.

  2   R.  Je ne sais pas. C'était sans doute à peu près à l'heure que j'ai

  3   indiquée dans ma déclaration, à cette heure-là le 5 août.

  4   Q.  Mais vous faites remarquer que des jeeps sont arrivées à

  5   13 heures ?

  6   R.  Des camions et des jeeps, oui.

  7   Q.  Est-ce que la Brigade Puma est arrivée à peu près au même moment ?

  8   R.  A la lecture de ce texte, je suspecterais que la Brigade des Puma est

  9   arrivée un peu avant, mais pas longtemps avant.

 10   Q.  Mais à peu près à quelle heure ?

 11   R.  Je ne sais pas. Dans les quelques heures qui ont précédé.

 12   Q.  Donc, à peu près entre 11 heures et 13 heures peut-être ?

 13   R.  Je n'ai pas de problème à accepter cette heure approximative.

 14   Q.  Quand avez-vous écrit cela ?

 15   R.  Je ne sais pas quand j'ai écrit cela.

 16   Q.  Excusez-moi, je fais une petite pause. Lorsque vous l'avez écrit,

 17   Monsieur, saviez-vous que la HV était déjà à l'hôpital et à l'intérieur à

 18   11 heures du matin ?

 19   R.  Non, je ne le savais pas.

 20   Q.  S'ils étaient en contact radio et s'ils étaient déjà à l'hôpital, on

 21   pourrait dire que la HV, en conduisant -- en passant par là, pourrait

 22   conclure qu'il n'allait pas avoir à faire face à la résistance, n'est-ce

 23   pas ?

 24   R.  Non, parce que je pense que l'hôpital est éloigné du centre de Knin.

 25   Q.  Mais à quelle distance ?

 26   R.  Il faudrait que je me renseigne.

 27   Q.  Est-ce qu'ils avaient des équipements radio ?

 28   R.  Qui ?

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  1   Q.  La HV, avait-il des équipements radio ?

  2   R.  Ceux qui étaient à l'hôpital ?

  3   Q.  Ceux que vous avez vus ?

  4   R.  S'agissant de ceux que j'ai vus sur les chars, ou sur les jeeps, ou sur

  5   les camions ?

  6   Q.  Partout.

  7   R.  Je ne sais pas.

  8   Q.  Dans ce cas-là, parlons maintenant du pilonnage de Knin. Dans votre

  9   déclaration, c'est la pièce P699 -- excusez-moi, il ne s'agit pas de votre

 10   déclaration mais de votre article, le dernier paragraphe, il est dit :

 11   "Lorsque cela est arrivé, c'était un choc. C'était terrifiant."

 12   Et dans la dernière phrase : "Et en juste l'espace de quelques

 13   secondes mes agissements correspondaient aux agissements de quelqu'un qui

 14   était terrifié, qui était en état de panique."

 15   Je pense que vous nous avez dit que vous y êtes allé la première

 16   heure et demie -- les premières 90 minutes, n'est-ce pas, dans le bunker,

 17   n'est-ce pas ?

 18   R.  J'y suis resté de 5 heures à 6 heures 30.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est le dernier paragraphe de

 20   quoi, Maître Kehoe ?

 21   M. KEHOE : [interprétation] Le dernier paragraphe de l'article -- oui,

 22   excusez-moi, c'est 699 : "La chute de la République serbe de Krajina," la

 23   deuxième page, le dernier paragraphe.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 25   M. KEHOE : [interprétation]

 26   Q.  Pendant les premières 90 minutes, vous ne saviez pas exactement ce qui

 27   était pris pour cible de la part de la HV ?

 28   R.  A Knin, de manière générale ?

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  1   Q.  L'avez-vous vu ?

  2   R.  Oui, c'était Knin en général. Il y avait des roquettes et des obus qui

  3   tombaient.

  4   Q.  Est-ce que vous saviez ce qui était pris pour cible entre

  5   5 heures et 6 heures et demie du matin ?

  6   R.  Je ne pourrai pas dire rien de plus précis étant donné que j'étais dans

  7   le bunker.

  8   Q.  Une fois sorti du bunker, vous avez pu constater qu'il y avait beaucoup

  9   de fumée, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui, c'est ce que j'ai dit.

 11   Q.  Et, dans votre déclaration --

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield,

 13   Me Kehoe vous a demandé si cela était exact. Il a cité vos propos et il

 14   demande votre confirmation, c'est-à-dire qu'est-ce que vous avez dit, que

 15   vos propos étaient bien cités; qu'est-ce que vous vouliez dire ? Et,

 16   lorsque vous dites : "Oui, c'est ce que j'ai dit," ce n'est pas la

 17   formation que souhaite solliciter Me Kehoe de votre part. 

 18   En même temps, Maître Kehoe, le témoin a déjà parlé de l'exactitude de ses

 19   propos. Donc, si vous commencez en posant la question, est-ce que c'est

 20   exact, et cetera, vous pourriez avancer un peu plus vite en fait.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est exact.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 23   M. KEHOE : [interprétation]

 24   Q.  Dans votre déclaration P695, c'est votre déclaration de 1995, en page

 25   7, de la pièce P695, au milieu de la page, passons à la page suivante.

 26   M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est la bonne page, et au milieu -- non,

 27   un peu en bas, c'est bon comme ça.

 28   Q.  Au milieu de ce paragraphe 30, il est dit : "La ville de Knin;" le

Page 7223

  1   voyez-vous ? "La ville de Knin a été couverte de poussière."

  2   R.  Oui, je le vois.

  3   Q.  "La ville de Knin a été couverte de poussière et de fumée émanant suite

  4   au pilonnage, de sorte que personne ne pouvait voir où les obus tombaient à

  5   moins qu'il ne soit à proximité de l'endroit touché par l'obus."

  6   Où est-ce que, dans cette déclaration, vous dites que la fumée s'est

  7   dissipée à un moment et que vous avez pu voir les endroits touchés ? Si

  8   vous le savez tout de suite comme ça, dites-le-moi; mais si vous souhaitez,

  9   vous pouvez examiner la déclaration.

 10   M. RUSSO : [interprétation] Excusez-moi. Si le conseil sait que cela n'y

 11   figure pas --

 12   M. KEHOE : [interprétation] Oui, cela n'y figure pas, n'est-ce pas ?

 13   M. RUSSO : [interprétation] Je l'accepte.

 14   M. KEHOE : [interprétation]

 15   Q.  Je vais vous montrer une photographie qui a été versée au dossier.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Je vais vous expliquer de quoi il s'agit. C'est

 17   10569, mais j'aimerais que Mme l'Huissière l'affiche à l'écran en tant que

 18   document 1D380203; cela est une des photographies qui avaient été

 19   présentées par le truchement du logiciel Sanction. Et, je ne sais pas si,

 20   entre-temps, la photographie a été saisie dans le système du prétoire

 21   électronique.

 22   J'aimerais que l'on agrandisse un peu.

 23   Q.  Monsieur, sur la gauche, c'est une photographie prise de la part du

 24   bureau du Procureur au mois de novembre de l'année dernière. Je ne sais pas

 25   exactement quelle date, et puis l'autre est prise à l'époque des faits et

 26   les deux ont été prises depuis le balcon où se trouvait le QG du secteur

 27   sud de l'ONU.

 28   Examinons d'abord celle qui est sur la droite, on voit la fumée au loin, et

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  1   c'était ce que vous voyez lorsque vous regardiez la ville de Knin à

  2   l'époque, n'est-ce pas ?

  3   R.  Je ne reconnais pas cette photographie. Je ne sais pas à quel moment de

  4   la journée cette photographie a été prise.

  5   Q.  Cela a été pris au début de la matinée, lors de l'attaque et elle a été

  6   en fait, elle émane d'une séquence vidéo présentée par le bureau du

  7   Procureur.

  8   Mais s'agissant maintenant de la photographie sur la gauche, c'était

  9   ce que vous pouviez voir en direction de Knin, n'est-ce pas ?

 10   R.  Je ne me souviens pas de ce que je pouvais voir depuis le balcon

 11   lorsque je regardais vers Knin, et je ne reconnais pas d'ailleurs ce qui

 12   figure sur cette photographie.

 13   Q.  Ce matin, lorsque vous avez parlé des zones touchées par les obus à

 14   Knin, vous n'aviez aucune idée de ce qui était touché, n'est-ce pas ?

 15   R.  Si, parce que depuis le balcon, j'observais ce qui se passait avec les

 16   jumelles.

 17   Q.  Les jumelles, mais ce n'est pas ce que vous avez dit tout à l'heure.

 18   Donc, vous aviez les jumelles et la fumée s'est dissipée un moment, n'est-

 19   ce pas ?

 20   R.  Je pense que vous avez dit, Monsieur, que cette photographie avait été

 21   prise tôt le matin. Mais, moi, je me souviens très bien où que j'ai été au

 22   QG, que j'ai pu remarquer que la fumée s'était dissipée et, à l'aide des

 23   jumelles, j'ai pu voir les zones. Je n'ai pas pu voir les endroits précis

 24   touchés mais je pouvais voir les zones que j'avais indiquées sur la carte

 25   où les projectiles tombaient. Donc, je pouvais dire que les projectiles

 26   tombaient dans ces zones résidentielles, et je l'affirme, je le maintiens

 27   catégoriquement.

 28   Q.  Catégoriquement, d'accord. Je vous prie d'afficher la pièce P62.

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  1   Monsieur, dans votre déclaration 695, vous avez évoqué six différentes

  2   cibles, et je parle du paragraphe 26 de votre déclaration. Et vous avez

  3   omis -- ou vous n'avez pas indiqué : "Le QG de l'ARSK;" où était-ce ?

  4   R.  Il y a quelque chose qui ne va pas très bien au sujet -- quelque chose

  5   qui n'est pas correcte au sujet de cette photographie.

  6   Q.  C'est la photographie que vous avez utilisée ce matin sur laquelle vous

  7   avez apporté des indications.

  8   R.  Mais elle ne correspond pas à ce que j'avais vu au préalable.

  9   Q.  Bien, revenons dans ce cas-là à 697. Vous reconnaissez celle-ci, n'est-

 10   ce pas ?

 11   R.  Il se peut qu'elle soit similaire.

 12   Mais j'ai l'impression que la résolution n'est pas identique, donc du

 13   moins elle apparaît différente.

 14   Q.  Mais qu'est-ce qui apparaît différent ?

 15   R.  Mais les deux photographies diffèrent.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il se peut que le témoin ait des

 17   difficultés à agrandir, et vous savez, quand vous voyez quelque chose à

 18   l'écran, cela ne correspond pas forcément à ce que vous aviez en main

 19   propre. Veuillez poursuivre.

 20   M. KEHOE : [interprétation]

 21   Q.  Où se trouvait le QG de l'ARSK ?

 22   R.  Je ne pourrais pas le dire. Je ne peux que faire des commentaires au

 23   sujet des indications indiquées sur la carte que j'ai signée, ainsi que les

 24   zones résidentielles.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Dangerfield, une question a été

 26   posée et si vous dites que vous ne pouvez pas commenter cela, la question

 27   n'est pas de savoir si vous pouvez commenter ou pas mais si vous connaissez

 28   la réponse à la question.

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  1   La question était : Où se trouvait le QG de l'ARSK ? Le savez-vous ou

  2   vous ne le savez pas ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ignore.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

  5   M. KEHOE : [interprétation]

  6   Q.  Examinons les cibles que vous avez indiquées au paragraphe 26. Je vous

  7   prie, d'examiner le paragraphe 26. Vous avez indiqué une série de sites

  8   avec une grille de six chiffres, et d'autres témoins nous ont expliqué que

  9   cela veut dire que c'est une grille de 100 mètres par 100 mètres, n'est-ce

 10   pas ?

 11   R.  C'est exact.

 12   Q.  J'aimerais que l'on affiche 1D420001. C'est ce que vous avez indiqué au

 13   point "C" pour l'entrepôt de ressources générales et à la référence 363775

 14   --

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 16   M. RUSSO : [interprétation] Oui, en examinant cette série d'éléments de

 17   preuve - corrigez-moi si je ne m'abuse - mais je dois dire que les zones

 18   indiquées par le témoin ne correspondent pas forcément aux références de

 19   grille qui figurent sur cette photographie, et qui sont utilisées à l'aide

 20   de Google "map" Google "earth." Je dois dire que les références de grille

 21   utilisées par le témoin lorsqu'il a examiné la carte, en fait, ce que je

 22   veux dire c'est qu'on veut dire que ce que le témoin a présenté comme

 23   réponse n'est pas exact. Alors que j'aimerais qu'on aille des références

 24   précises.

 25   M. KEHOE : [interprétation] Les références de grille sont identiques quelle

 26   que soit la carte. Et lorsque vous avez des grilles avec six chiffres sont

 27   des grilles où vous avez 100 mètres sur 100 mètres. Et il suffit de voir la

 28   référence de grille donnée par le témoin et la comparer avec celle qui

Page 7227

  1   figure sur la carte. Et j'affirme qu'il a commis une erreur.

  2   M. RUSSO : [interprétation] Ceci n'est pas une carte. Nous avons une

  3   photographie prise à l'aide d'un satellite et nous ne pouvons pas comparer

  4   les deux. Nous n'avons pas l'attitude.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'agissant des références de grille,

  6   elles correspondent aux carrés de la surface terrestre. Si vous avez une

  7   carte plus grande, cela veut dire que l'échelle où vous avez des chiffres

  8   allant de 1 par rapport 5 000, ou 1 par rapport à 10 000; dans ce cas-là,

  9   les références de grille paraissent plus grandes sur la carte, de même que

 10   tout paraît plus grand. Et dans ce sens-là, lorsque vous avez une carte

 11   plus grande les références de grille sont plus grandes, plus importantes,

 12   et si vous voulez avoir une carte qui est plus précise, dans ce cas-là,

 13   l'échelle est plus petite, et il faut d'adapter. Donc, cela ne dépend pas

 14   de la carte. La référence de grille est toujours identique quelle que soit

 15   la carte; sinon, vous auriez un problème parce que vous pourriez, dans ce

 16   cas-là, avoir Rome tout d'un coup à New York, vous savez. Veuillez

 17   poursuivre.

 18   Monsieur Russo, si vous n'êtes pas d'accord avec mon avis, dites-le-moi,

 19   mais j'hésite d'habitude à présenter mes opinions à la légère. Mais si vous

 20   n'êtes pas d'accord, veuillez me corriger, ou vous pouvez y réfléchir,

 21   étant donné qu'il est déjà 7 heures, puis vous me direz demain.

 22   M. RUSSO : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons poursuivre avec les

 24   références de grille demain matin. Mais avant de ce faire, Monsieur

 25   Dangerfield, je vous donne la consigne de ne pas parler à qui que ce soit

 26   au sujet de votre déposition que ce soit celle que vous avez déjà faite ou

 27   celle que vous ferez demain. Nous allons lever l'audience jusqu'à demain

 28   matin, à 9 heures dans ce même prétoire.

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  1   --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le vendredi 25 juillet

  2   2008, à 9 heures 00.

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