Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 2 septembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes présentes

  7   dans le prétoire.

  8   Monsieur le Greffier, veuillez citer l'affaire.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Madame et Messieurs les Juges.

 10   Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre Ante Gotovina et

 11   consorts.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 13   Bonjour, Monsieur Berikoff.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais vous rappeler que vous êtes

 16   toujours lié par la déclaration solennelle que vous avez prononcée hier au

 17   début de votre déposition.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends bien.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, êtes-vous prêt à

 20   poursuivre votre contre-interrogatoire.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

 23   LE TÉMOIN: PHILIP ROY BERIKOFF [Reprise]

 24   [Le témoin répond par l'interprète]

 25   Contre-interrogatoire par M. Kehoe : [Suite]

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Berikoff.

 27   R.  Bonjour.

 28   Q.  Hier en fin de séance, nous avons parlé brièvement des photos que vous

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  1   aviez prises aux alentours de Knin conformément à la requête du colonel

  2   Leslie, je crois que vous nous avez dit que vous ne connaissiez pas les

  3   emplacements exacts de ces photos; est-ce exact ?

  4   R.  Oui, c'est exact sur le fond. Je connaissais certains emplacements,

  5   mais pour d'autres je connaissais juste l'endroit général.

  6   Q.  En prenant ces photos pour le colonel Leslie, avez-vous pris des photos

  7   des cibles militaires ?

  8   R.  Non, il s'agissait surtout de zones résidentielles. C'est ce que l'on

  9   m'avait demandé de faire.

 10   Q.  Ainsi Leslie vous a dit de ne pas photographier les cibles militaires ?

 11   R.  On ne m'a pas dit de ne pas prendre de photos militaires, mais ce qui

 12   l'intéressait surtout, c'étaient les zones résidentielles, donc ce sont les

 13   zones que le bombardier chef Parlee et moi-même avons prises en photo

 14   prioritairement.

 15   Q.  En prenant ces photos, avez-vous tenté de savoir à quelles fins ces

 16   bâtiments avaient été utilisés pendant l'opération Tempête, les 4 et 5 août

 17   ?

 18   R.  Non. Nous avons circulé dans différentes rues et nous avons pris des

 19   photos des bâtiments qui étaient endommagés.

 20   Q.  Je vais donner lecture d'un passage avant d'en venir à une de ces

 21   photos. Il s'agit du témoignage que cette Chambre a entendu la semaine

 22   passée par un représentant des Nations Unies, de la police civile des

 23   Nations Unies, --

 24   M. RUSSO : [interprétation] Pardon de vous interrompre. Je crois que nous

 25   étions convenus d'une procédure.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, en effet, nous étions convenus

 27   d'adopter une certaine procédure d'après les grandes lignes fixées par la

 28   Chambre. Je ne sais pas si la question couverte par le témoignage de M.

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  1   Widen a déjà été évoquée. Est-ce que vous avez posé des questions au témoin

  2   à ce propos ? Je ne sais pas.

  3   Monsieur Kehoe, les grandes lignes que nous avions fixées énonçaient

  4   qu'avant de présenter à un témoin ce qu'un autre témoin a dit, il faudrait

  5   d'abord s'enquérir auprès du témoin des connaissances qu'il a des

  6   événements ou la situation, avant de lui soumettre la déclaration de

  7   l'autre témoin.

  8   Je ne sais pas quelle question vous souhaitez poser, dans quelle

  9   direction vous souhaitez aller; donc je ne peux pas encore me prononcer sur

 10   le point de savoir si vous étiez sur le point d'enfreindre ces

 11   orientations, ces grandes lignes ou non, mais je vous rappelle ces grandes

 12   lignes.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Très bien.

 14   Q.  Avant de vous poser cette question, j'aimerais que nous étudiions

 15   la pièce P750 et la photo que l'on voit à la page 6.

 16   Monsieur Berikoff, il s'agit là d'une photo que vous avez prise.

 17   Dites-moi pour quelle raison vous avez pris cette photo ?

 18   R.  Nous étions en voiture. Nous nous sommes approchés de la zone

 19   résidentielle. Je crois qu'il s'agit d'un entrepôt ou d'une usine. Je ne me

 20   souviens plus exactement. Nous étions sur la route qui menait vers la zone

 21   résidentielle. J'ai vu que le toit de cet immeuble avait été endommagé et

 22   c'est la seule raison pour laquelle j'ai pris cette photo.

 23   Q.  Il s'agit d'un immeuble qui se trouve immédiatement à côté du poste de

 24   police, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Un immeuble qui, pendant l'année scolaire, avait été utilisé comme

 27   école, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Saviez-vous, Monsieur, que cet immeuble, pendant l'opération Tempête, a

  2   été utilisé pour cantonner 500 soldats de l'ARSK ?

  3   R.  Je ne le savais pas à l'époque, Monsieur.

  4   Q.  Connaissez-vous M. Widen ?

  5   R.  Non, je ne connais pas M. Widen.

  6   Q.  Vous est-il arrivé de parler à qui que ce soit -- enfin, M. Widen a

  7   parlé de cet emplacement à la Chambre : "Cette école dans laquelle les 500

  8   soldats dont nous avons parlé et dont la Chambre a parlé ?

  9   La réponse qu'il a donnée était : "Oui."

 10   M. KEHOE : [interprétation] C'est à la page 7 339.

 11   Q.  La question était : "Ils se sont trouvés à cet endroit lorsqu'il n'y

 12   avait plus d'école dans ce bâtiment, n'est-ce pas ?

 13   La réponse était : "Oui, lorsque les enfants sont partis en vacances pour

 14   l'été, les soldats ont occupé l'école."

 15   Ainsi, Monsieur Berikoff, lorsque vous avez pris les photos de ces

 16   différents endroits, ne croyez-vous pas qu'il était important d'élucider

 17   l'usage qui avait été fait de tel ou tel immeuble pendant l'opération

 18   Tempête ?

 19   R.  L'on m'avait demandé de prendre des photos des dégâts dans la ville de

 20   Knin. C'est ce que j'ai fait. J'avais peu de temps, et je ne m'intéressais

 21   pas particulièrement à l'usage exact qui avait été fait des différents

 22   immeubles.

 23   Si M. Widen a dit que tel était le cas, ce sont des renseignements dont il

 24   disposait et dont je n'avais pas connaissance.

 25   Q.  Pourquoi aviez-vous peu de temps à disposition ?

 26   R.  En raison de la tâche qui m'avait été confiée, bien souvent nous étions

 27   suivis par des soldats de la HV lorsque nous prenions des photos. A une

 28   occasion, nous avons même été poursuivis par des gens qui avaient des

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  1   fusils et ils voulaient s'emparer de notre appareil photo.

  2   Q.  Etait-ce le colonel Leslie qui vous a dit qu'il avait besoin de ces

  3   renseignements rapidement ?

  4   R.  Ce n'était pas le colonel Leslie, mais par l'intermédiaire du colonel

  5   Tymchuk, que le colonel Leslie avait appelé, et il nous a demandé de

  6   prendre autant de photos que possible des dégâts infligés aux zones

  7   résidentielles ainsi qu'à d'autres immeubles. D'après notre pouvoir

  8   d'appréciation, nous avons choisi les immeubles qui se présentaient.

  9   Q.  Etait-ce le colonel Tymchuk qui vous a dit qu'il fallait que vous

 10   meniez à bien cette tâche rapidement ?

 11   R.  Je crois que cela a peut-être été le colonel Tymchuk. On nous a demandé

 12   de rentrer à la base aussi vite que possible, pour des raisons de sécurité.

 13   Q.  Et comme vous l'avez dit, c'était Tymchuk qui s'entretenait avec Leslie

 14   ?

 15   R.  Pour autant que je m'en souvienne, oui.

 16   Q.  Vous savez qu'il est important dans de telles circonstances

 17   d'identifier l'usage qui avait été fait de telle ou telle installation

 18   pendant l'opération Tempête, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, et je l'aurais sans doute fait s'il n'était pas prévu que je sois

 20   déployé à Sarajevo. L'on m'avait demandé de remettre ces photos dans les

 21   meilleurs délais au colonel Leslie.

 22   Q.  Ainsi, sur toutes les photos que vous avez présentées à cette Chambre,

 23   vous ne pouvez pas dire à la Chambre si oui ou non des unités militaires se

 24   trouvaient dans ces installations, à ces endroits, ou s'il y avait eu ou

 25   non des combats autour de ces emplacements. Vous ne pourriez rien nous dire

 26   à ce sujet car vous n'avez pas étudié la question plus avant, après avoir

 27   pris les photos, n'est-ce pas ?

 28   M. RUSSO : [interprétation] Pardon, Monsieur le Président. Pourrions-nous

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  1   savoir de quelle période il s'agit pour ce qui est des combats, les 4 et 5

  2   précisément ?

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que nous parlons de photos qui

  4   ont été prises à un moment donné; et si le témoin a cherché à savoir si à

  5   ces endroits à un moment donné des combats avaient eu lieu ou avait cherché

  6   à savoir s'il y avait eu d'autres circonstances qui auraient pu

  7   raisonnablement laisser penser que ces dégâts avaient une raison d'être

  8   militaire.

  9   Veuillez poursuivre.

 10   M. KEHOE : [interprétation]

 11   Q.  Pendant cet examen -- ou plutôt, je recommence.

 12   Saviez-vous que les observateurs militaires des Nations Unies avaient

 13   évalué le pilonnage le 17 août 1995 ou aux alentours de cette date ? Est-ce

 14   que vous le saviez ?

 15   R.  Non, je ne le savais pas.

 16   [Le conseil de la Défense se concerte]

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  Permettez-moi de revenir à la question que je vous ai déjà posée, à la

 19   ligne 2. Donc à la page 6, ligne 2, je reprends la question.

 20   Pour ce qui est de toutes les photos que vous avez présentées à cette

 21   Chambre, vous ne sauriez dire à la Chambre si oui ou non il y avait des

 22   unités militaires à ces endroits ou si des combats avaient eu lieu ou non à

 23   ces endroits. Vous ne sauriez nous le dire parce que vous n'avez pas mené

 24   de recherches à ce propos après avoir pris les photos, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est exact. Non seulement n'ai-je pas effectué de recherches

 26   après avoir pris les photos, mais cela faisait peu de temps que je me

 27   trouvais dans le pays et je n'avais pas eu l'occasion de parcourir les rues

 28   de Knin avant l'offensive. La tâche qui m'avait été confiée était de

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  1   parcourir différentes zones du secteur sud, et Knin ne constituait pas une

  2   de mes priorités.

  3   Donc la réponse est non, je ne sais pas s'il s'agissait d'installations

  4   militaires ou non à l'époque. Je connaissais les installations militaires

  5   sur la route principale et dans les zones principales, mais pas à d'autres

  6   endroits.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, votre question ne se

  8   limitait pas aux photos prises dans la ville même de Knin, mais le témoin

  9   semble avoir compris ainsi votre question.

 10   Monsieur Berikoff, dans votre réponse, vous avez mis l'accent sur la ville

 11   de Knin, lorsque la question était de portée plus large. Sauriez-vous nous

 12   dire quoi que ce soit concernant l'utilisation faite par les installations

 13   dont vous avez pris des photos ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque j'ai pris les photos, non.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Même à l'extérieur de la ville de Knin ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, même à l'extérieur de la ville de Knin,

 17   sauf pour les zones où il y avait indubitablement une présence de l'ARSK ou

 18   d'anciens soldats de l'ARSK.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, cette réponse ne fait que semer

 20   une plus grande confusion dans mon esprit. Vous dites vous ne sauriez rien

 21   dire "sauf pour ces zones où il y avait une présence indubitable de

 22   l'ARSK."

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] A l'extérieur de Knin, même avant l'offensive,

 24   il y avait certaines zones qui étaient sans aucun doute occupées par

 25   l'ARSK, telle qu'Oklaj et d'autres, donc je savais qu'il y avait une

 26   présence militaire. Je savais aussi de façon générale qu'il y avait une

 27   présence militaire dans la ville de Knin à certains endroits tels que la

 28   caserne et le ministère de la Défense. Je ne connaissais pas la présence

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  1   militaire dans les zones où se trouvaient les entrepôts, les usines ou les

  2   écoles.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites, de certaines zones, que vous

  4   étiez certain qu'il y avait une présence militaire.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour ce qui est d'autres secteurs, vous

  7   ne saviez pas ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est cela, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 10   Veuillez poursuivre, Monsieur Kehoe.

 11   M. KEHOE : [aucune interprétation]

 12   [Le conseil de la Défense se concerte]

 13   M. KEHOE : [interprétation]

 14   Q.  Monsieur Berikoff, j'aimerais passer à un autre sujet et en venir à

 15   l'incident de mortier du 5 août. Vous avez témoigné que vous-même et

 16   d'autres membres du contingent des Nations Unies avaient été récupérer les

 17   cadavres. Vous les avez mis dans des housses.

 18   Je pense en avoir parlé hier à la page 76 [comme interprété], lignes 4 et

 19   5. L'impact de la salve était ressenti aux alentours de 8 heures et demie,

 20   9 heures, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Vous n'avez pas la moindre idée de qui était à l'origine de cette salve

 23   ?

 24   R.  Non, étant donné que les deux parties belligérantes utilisaient le même

 25   type d'armes.

 26   Q.  Lorsque nous parlons de cette salve ou rafale de mortier, vous avez dit

 27   hier que vous avez essuyé une attaque de mortier plus tard dans la journée

 28   lorsque vous êtes sorti. Là encore, vous ne savez pas qui a tiré cette

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  1   salve ?

  2   R.  Non, je ne le sais pas.

  3   Q.  Et en partie, vous expliquez cela, si je me réfère à votre témoignage

  4   d'hier, nous disant qu'il est difficile d'évaluer qui tire lorsqu'il y a

  5   des troupes, des soldats qui avancent et d'autres qui battent la retraite,

  6   n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Je crois que cela se trouve dans votre calendrier. Je crois que mon

  9   confrère a tenté d'expliciter cela hier. Cela se trouve dans la pièce P744.

 10   Est-ce que vous avez votre classeur ?

 11   R.  Oui, je l'ai devant moi.

 12   Qu'est-ce que je dois chercher, Monsieur Kehoe ?

 13   Q.  Je ne suis pas sûr de l'intercalaire, mais il s'agit de la chronologie

 14   que vous avez élaborée avec Rob Williams. Je crois que c'est la pièce 744.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Le numéro 65 ter est 1702.

 16   Q.  Monsieur Berikoff, vous voyez cela à l'écran. Ce serait peut-être plus

 17   facile de simplement vous reporter à l'écran.

 18   R.  Très bien.

 19   M. KEHOE : [interprétation] A la troisième ou à la quatrième page, au haut

 20   de la page.

 21   Q.  On voit à 9 heures et demie vous êtes sorti pour commencer à rassembler

 22   les cadavres. Est-ce que vous voyez cela ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Donc l'heure était aux alentours de 9 heures et demie ?

 25   R.  Oui, à peu près.

 26   Q.  Oui, je sais que ce sont des heures approximatives.

 27   Lorsque vous êtes sorti, le colonel Leslie s'était dit préoccupé. Il était

 28   préoccupé par le fait que vous sortiez, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Le colonel Leslie se faisait du souci. Il craignait que les cadavres ne

  2   se décomposent et que la maladie se propage.

  3   Q.  Il vous en avait parlé ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Et cette conversation, a-t-elle eu lieu avant que vous ne sortiez pour

  6   la première fois ?

  7   R.  Oui. C'est la raison pour laquelle nous sommes sortis pour déjà

  8   identifier le nombre de cadavres et dans la mesure du possible les écarter

  9   de la route s'ils se trouvaient sur le carrefour.

 10   Q.  Lorsque vous êtes sorti, vous avez dit avoir examiné les corps et vous

 11   avez dit que vous avez pris la décision de retourner à la base pour

 12   solliciter l'aide d'un ingénieur qui pouvait examiner les cadavres.

 13   R.  Oui, c'est bien le cas.

 14   Q.  Est-ce que vous avez consulté le colonel Leslie à ce sujet ?

 15   R.  Je ne suis pas sûr d'avoir parlé au colonel Leslie, mais j'ai parlé à

 16   quelqu'un au niveau d'opérationnel pour demander l'assistance d'un

 17   ingénieur qui nous aiderait au carrefour pour tenter d'identifier des

 18   pièges éventuels.

 19   Q.  Si l'attaque de mortier se situait entre 8 heures et demie et 9 heures

 20   et que vous êtes sorti vers 9 heures et demie, à peu près à quel moment

 21   avez-vous eu cet entretien avec le colonel Leslie ?

 22   R.  Quelle conversation, en ce qui concerne le fait d'être sorti pour la

 23   première fois ?

 24   Q.  Oui.

 25   R.  Peu après que le carrefour ait été touché par la salve.

 26   Q.  Est-ce que vous en avez parlé avec lui alors que l'opération était en

 27   cours ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Pourriez-vous nous en dire plus ?

  2   R.  Je me souviens que le mortier a frappé le carrefour. Je me trouvais

  3   dans la base. J'ai vu un certain nombre de cadavres au carrefour. Je suis

  4   rentré à l'intérieur. J'ai parlé au colonel Leslie. Je lui ai rapporté

  5   qu'il y avait un certain nombre de cadavres au carrefour et je lui ai qu'il

  6   me semblait qu'il y avait des personnes qui avaient été tuées. Il m'a dit

  7   qu'il se faisait du souci. Il craignait qu'en raison de la très forte

  8   chaleur ces corps pourraient se décomposer assez rapidement. Il m'a donc

  9   demandé d'aller voir ce que nous pourrions faire pour mettre ces cadavres à

 10   l'abri dans des housses mortuaires.

 11   Je suis sorti avec certains collègues qui se trouvaient à la base, et

 12   c'est moi qui ai pris la décision de revenir à la base et de solliciter

 13   l'assistance d'un ingénieur.

 14   Q.  Vous l'avez fait. Vous nous avez dit que vous êtes sorti. Vous avez mis

 15   ces cadavres dans des housses mortuaires.

 16   R.  [aucune interprétation]

 17   Q.  Est-ce que vous êtes rentré vous entretenir de nouveau avec le colonel

 18   Leslie ?

 19   R.  Je ne me souviens pas si c'était le colonel Leslie ou non. J'ai parlé à

 20   quelqu'un, mais je ne sais pas si c'était le colonel Leslie lui-même ou un

 21   autre membre du secteur opérationnel, puisqu'il y avait plusieurs activités

 22   en cours simultanément.

 23   Q.  Monsieur, pourquoi est-ce que vous avez vérifié s'il n'y avait pas des

 24   engins piégés ou explosifs sur ces corps ?

 25   R.  Parce que, de par mes expériences précédentes lors de combats, je sais

 26   que parfois il y a des gens qui sont tués ou qui sont blessés et qui

 27   peuvent avoir des grenades. Lorsque vous retirez les corps, vous pouvez

 28   appuyer sur le déclencheur à l'intérieur de la grenade, ce qui fait que la

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  1   grenade peut exploser et vous pouvez vous-même devenir victime de la

  2   situation.

  3   Q.  Pour ce qui était de rassembler ces corps et de les mettre dans des

  4   housses mortuaires, combien de temps est-ce que cela vous a pris ?

  5   R.  Je pense que nous sommes restés sur le carrefour jusqu'à 11 heures, 11

  6   heures 30, Maître.

  7   Q.  Et je pense que vous nous avez dit -- ou plutôt, il y a quelque chose à

  8   propos duquel j'aimerais obtenir une précision pour ce qui est de ces

  9   corps.

 10   Par la suite, au cours de la même journée, lorsque vous êtes sorti et

 11   revenu, vous avez remarqué qu'il y avait un véhicule qui était passé sur un

 12   des corps, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Il s'agissait d'un corps en fait ?

 15   R.  Oui, il s'agissait d'un corps.

 16   Q.  Et quelqu'un avait tiré sur le corps qui se trouvait à l'intérieur de

 17   la housse mortuaire; c'est cela ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Donc une référence faite à des corps multiples n'est pas exacte dans ce

 20   cas de figure ? Il ne s'agissait que d'un corps ?

 21   R.  Je ne me souviens que d'un corps.

 22   Q.  Après que vous avez ramené les corps, cela correspond à l'heure où vous

 23   indiquez dans votre journal de bord, cela s'est passé peu de temps après

 24   que ce médecin arrive à la grille d'entrée, n'est-ce pas ?

 25   R.  Maître Kehoe, est-ce que vous pourriez préciser, parce que nous n'avons

 26   pas ramené les corps à l'intérieur de la base. Nous les avons déplacés le

 27   long du bas-côté.

 28   Q.  Je m'excuse. Je n'étais probablement pas clair.

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  1   Vous avez déplacé les corps le long de la route. Vous êtes repartis à la

  2   base, et c'est à ce moment-là que le docteur serbe est arrivé à la grille

  3   d'entrée pour demander votre aide ?

  4   R.  Vous parlez du 5 ?

  5   Q.  Du 5.

  6   R.  Oui, je pense que cela s'est passé peu de temps après.

  7   Q.  Il s'agit de la conversation au cours de laquelle le médecin vous a

  8   dit, ainsi qu'au colonel Leslie, que seulement sept personnes avaient été

  9   tuées pendant l'offensive ?

 10   R.  C'est exact.

 11   Q.  A quelle heure cela s'est passé, environ ?

 12   R.  Cela s'est passé peu de temps après que la HV était venue à la grille

 13   d'entrée, donc à un moment donné de cet après-midi, Maître.

 14   Q.  Donc la HV était déjà venue se présenter à la grille d'entrée ?

 15   R.  Pour autant que je me souvienne, parce que nous avons terminé de mettre

 16   les corps dans les housses mortuaires à la fin de la matinée. Ensuite, la

 17   HV est arrivée à la grille d'entrée à 12 heures 10. Et pour autant que je

 18   m'en souvienne, le reste s'est passé après, bien que je n'en sois pas

 19   absolument sûr et certain, Maître.

 20   Q.  Alors, nous allons consulter quelque chose, un de vos documents.

 21   Je vous prie de bien vouloir consulter la pièce 748 de votre journal de

 22   bord. Il s'agit de la pièce 748. Il s'agit de la journée du 5 août.

 23   M. KEHOE : [interprétation] C'est bien cela, le 748.

 24   Q.  Alors vous voyez ce qui correspond à ce que vous avez écrit pour le 5

 25   août au milieu de ce paragraphe. Cela devrait être à la page 7. Il y a 17

 26   pages. C'est la septième page.

 27   R.  Je l'ai trouvé.

 28   Q.  Voyez, il est indiqué : "Un médecin serbe" -- non, il s'agit de la page

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  1   suivante pour l'écran.

  2   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir la page

  3   suivante. Mais la page suivante correspond toujours à la date du 5.

  4   Q.  Au milieu de ce paragraphe, vous verrez que la phrase commence comme

  5   cela : "Un médecin serbe." Vous voyez cela ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  "Un médecin serbe - il s'agissait du même médecin qui avait refusé

  8   notre offre d'aide 24 heures plus tôt - est arrivé à la grille d'entrée

  9   juste avant que les Croates ne le fassent."

 10   R.  Si c'est ce que j'ai indiqué dans mon journal de bord, Maître Kehoe,

 11   cela correspond à la réalité de cette journée-là. Il ne faut pas oublier

 12   qu'il se peut que je n'aie plus une mémoire aussi acérée maintenant puisque

 13   13 ans se sont écoulés depuis ce jour.

 14   Q.  Dans votre déclaration qui correspond à la pièce D284, page 14 --

 15   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez afficher cela à

 16   l'écran.

 17   Q.  A la ligne 11, vous faites référence au médecin. C'est sur votre écran.

 18   Cela sera peut-être plus facile.

 19   R.  Je peux le voir dans mon journal.

 20   Q.  "Il a indiqué que seulement sept personnes avaient péri pendant

 21   l'offensive, ce qui fait que le colonel Leslie et moi-même, en quelque

 22   sorte, nous nous sommes esclaffés."

 23   Donc Leslie était présent lorsque le médecin est arrivé ?

 24   R.  Il était dans la base. Pour ce qui est de savoir si quelqu'un est allé

 25   chercher le colonel Leslie pour qu'il parle au médecin ou s'il se trouvait

 26   juste à la grille d'entrée, je n'en suis pas sûr, Maître. Mais oui, il a

 27   parlé au médecin.

 28   Q.  Comme vous le dites, juste avant que les Croates n'arrivent ?

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  1   R.  Si c'est ce qui est indiqué dans mon journal, je pense que c'est ce qui

  2   s'est passé.

  3   Q.  Vous indiquez - et c'est la chronologie des événements - que les

  4   Croates sont arrivés à environ 12 heures 05 ?

  5   R.  Oui, à 12 heures 05 ou 12 heures 10.

  6   Q.  J'aimerais maintenant vous montrer un document.

  7   M. KEHOE : [interprétation] Je souhaiterais que le document 5394 de la

  8   liste 65 ter soit affiché à l'écran.

  9   Q.  Il s'agit de votre journal de bord qui correspond aux journées

 10   suivantes : 30 juillet au 20 août 1995. C'est le journal que l'Accusation

 11   n'a pas présenté. J'aimerais attirer votre attention sur la page numéro 3,

 12   qui correspond à la date du 5 août.

 13   Vers le haut de cette page, voilà ce qui est écrit : "Les Croates avaient

 14   investi l'hôpital et ils voulaient que nous aidions à évacuer de nombreuses

 15   victimes. Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital, il y avait entre 300 et

 16   400 civils morts ainsi que des militaires qui gisaient par terre."

 17   M. RUSSO : [interprétation] Si vous me permettez d'apporter une correction,

 18   à la page 16, ligne 7. Me Kehoe a indiqué : "…et il voulait que nous

 19   l'aidions à évacuer de nombreuses victimes lorsqu'il est arrivé à

 20   l'hôpital." Alors que dans le journal il est indiqué lorsque "nous" sommes

 21   arrivés à l'hôpital.

 22   M. KEHOE : [interprétation] Bien.

 23   Q.  Donc "Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital…"

 24   Mais "vous" vous n'êtes jamais arrivé à l'hôpital, n'est-ce pas ?

 25   R.  Le 5, je vous ai déjà dit, fourni une explication à ce sujet hier, je

 26   ne suis plus sûr. Je sais que nous sommes allés à l'hôpital ou que nous ne

 27   sommes pas allés à l'hôpital après l'arrivée de la HV à la grille d'entrée,

 28   Maître.

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  1   Q.  Mais est-ce que vous êtes allé à l'hôpital le 5 août ?

  2   R.  Je ne m'en souviens plus. Je sais que j'y suis allé deux fois. Je sais

  3   que j'y suis allé avec le colonel Leslie, je suis resté dans le parking, le

  4   colonel Leslie est entré dans l'hôpital.

  5   Q.  Monsieur, mais quand est-ce que vous y êtes allé avec le colonel Leslie

  6   ?

  7   R.  Comme je vous l'ai déjà dit hier lors de notre conversation dimanche

  8   après-midi ainsi qu'hier, je n'en suis plus sûr, Maître.

  9   Q.  Alors, j'aimerais attirer votre attention sur le document P741. Il

 10   s'agit de votre document.

 11   Il s'agit du bas de la page, Monsieur, paragraphe 5, voilà ce qui

 12   m'intéresse.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Alors au bas de cette page, au paragraphe 5.

 14   Voilà ce que vous indiquez, je le répète, il s'agit de la pièce P741.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne la vois pas sur l'écran, cette pièce.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Il ne semble pas que ce soit la pièce P741 qui

 17   soit affichée à l'écran. Je vois qu'il faut attendre un petit moment.

 18   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il va falloir attendre 30 secondes pour

 20   que votre document ne soit affiché à l'écran, Maître Kehoe, du fait d'un

 21   petit problème technique.

 22   M. KEHOE : [interprétation] La page suivante, je vous prie.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une petite seconde, Maître Kehoe.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Le greffier semble indiquer qu'il faudrait que

 25   cela soit montré sur le système Sanction.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous en avons besoin pour

 27   d'autres pièces donc voyons si nous pouvons…

 28   M. KEHOE : [interprétation]

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  1   Q.  C'est le paragraphe 5 qui m'intéresse, Monsieur.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous indiquez que dans votre journal : "La description des 300 à 400

  4   civils morts dans l'hôpital n'est pas précise."

  5   Je pense que vous avez obtenu ce chiffre de 300 à 400 de la part de Leslie,

  6   n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, tout à fait. Si vous me permettez de vous indiquer, Maître, ce qui

  8   suit, je vous dirais que je consignais ces informations dans mon journal

  9   quotidiennement. Donc j'aimerais dire que les informations qui figurent

 10   dans mon journal de bord sont certainement plus exactes, peut-être pas les

 11   chiffres, mais en tout cas les informations, les faits et la chronologie

 12   des événements.

 13   Q.  Nous reviendrons là-dessus plus tard.

 14   Je cite : "Je ne peux pas dire exactement combien de cadavres j'ai vus le 5

 15   août, mais il y avait un grand nombre de cadavres, à la fois des civils et

 16   des militaires."

 17   R.  C'est exact.

 18   M. RUSSO : [interprétation] J'aimerais obtenir une précision car la

 19   citation exacte est comme suit : "Je ne peux pas dire exactement combien de

 20   cadavres j'ai vus là le 5 août," et je pense que "là" il s'agit de

 21   l'hôpital.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous nous dite que la situation n'est

 23   pas exacte, vous pouvez la rectifier, la corriger, Monsieur Russo, mais il

 24   faut que vous expliquiez également ce qui est entendu par la citation.

 25   M. RUSSO : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe.

 27   M. KEHOE : [interprétation]

 28   Q.  "Je ne peux pas dire exactement combien de cadavres j'ai vus là le 5

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  1   août." Est-ce exact ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous n'êtes pas allé à l'hôpital le 5 août ?

  4   R.  Si cela figure dans mon journal, comme je vous l'ai déjà dit, Maître,

  5   je rédigeais mon journal tous les jours, et je m'en tiens aux faits qui se

  6   trouvent dans mon journal de bord, à l'exception de certaines corrections

  7   qui ont été faites par le Procureur.

  8   Q.  Est-ce que vous avez votre journal manuscrit avec vous ?

  9   R.  Oui, tout à fait, Maître.

 10   Q.  J'aimerais attirer votre attention sur le document 1D48-0021.

 11   R.  Est-ce que je peux consulter mon journal ?

 12   Q.  Oui, votre journal manuscrit, oui.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de pièce 1D48-0001.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] De quelle date s'agit-il, Maître Kehoe ?

 15   M. KEHOE : [interprétation]

 16   Q.  Il s'agit de la page 21 qui correspond au 4 août.

 17   Voyez-vous cela maintenant, Monsieur ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Voilà ce qui est indiqué le 4 : J'y suis allé un certain nombre de

 20   fois, j'ai essayé d'aller à l'hôpital, j'y suis arrivé, mais les Serbes ont

 21   refusé toute aide.

 22   Sur le chemin du retour, vous indiquez que vous êtes allé voir le chef de

 23   poste.

 24   Nous allons passer à la page 25 qui correspond au 5 août, au milieu de la

 25   page, voilà ce qui est indiqué : "Lorsque les Nations Unies sont arrivées

 26   là-bas, il y avait quelque 300 à 400 personnes qui gisaient mortes à

 27   l'extérieur. Il y avait de nombreux cadavres dans toute la ville."

 28   R.  Oui, je vois.

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  1   Q.  Vous avez écrit cela au moment de ces événements, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui, tout à fait.

  3   Q.  Il n'est pas indiqué ou précisé que vous y êtes allé le 5 ?

  4   R.  Non, pas précisément, effectivement. Mais je me souviens, comme je vous

  5   l'ai dit hier, qu'une fois le colonel Leslie ou le général Leslie ou

  6   colonel, à l'époque, est venu avec moi, et lui est entré dans l'hôpital et

  7   moi, je suis resté dans le parking.

  8   Q.  Bien, nous allons parler du 5. Il y a eu un obus qui est tombé entre 8

  9   heures 30 et 9 heures et vous avez parlé à Leslie, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  A partir de 9 heures 30 jusqu'à environ 11 heures, vous avez aidé à

 12   récupérer les corps, n'est-ce pas ?

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Puis la HV s'est présentée à la grille d'entrée à 12 heures 05 ?

 15   R.  Oui, entre 12 heures 05 et 12 heures 10.

 16   Q.  Et entre le moment où vous avez récupéré ces cadavres et le moment où

 17   la HV s'est présentée à la grille d'entrée, ce médecin serbe est arrivé

 18   pour vous demander l'aide, n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Quand est-ce que vous êtes allé à l'hôpital le 4 ou plutôt, je retire

 21   cette question. Mais après l'arrivée de la HV à la grille d'entrée à 12

 22   heures 05, vous ne vous êtes plus déplacé dans la ville de Knin pendant le

 23   reste de cette journée; est-ce exact ?

 24   R.  Oui, c'est exact. Il n'y a plus de déplacement après 12 heures 05 dans

 25   la ville de Knin ou après 12 heures 10.

 26   Q.  Donc quand est-ce que vous êtes allés à l'hôpital le 5 août ?

 27   R.  Je ne m'en souviens pas, Maître.

 28   Q.  Est-ce que vous y êtes allé ou vous n'y êtes pas allé ?

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  1   R.  J'y suis allé deux fois, et je sais que lors d'un de ces déplacements,

  2   le général Leslie se trouvait avec moi. Voilà ce dont je me souviens. Et je

  3   ne me souviens de rien d'autre.

  4   Q.  Ces 300 ou 400 corps, il s'agit d'une information que vous avez obtenue

  5   de Leslie, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Et vous a-t-il dit si ces corps se trouvaient à l'intérieur ou à

  8   l'extérieur ?

  9   R.  C'était une combinaison des deux. Lorsque je suis allé à l'hôpital,

 10   j'ai vu des blessés et des corps à l'extérieur de l'hôpital alors que le

 11   général Leslie est entré dans l'hôpital et il m'a fourni des renseignements

 12   supplémentaires, Maître.

 13   Q.  Pour revenir ce que vous avez écrit qui se trouve à l'écran, il est

 14   indiqué que les 300 ou 400 civils gisaient à l'extérieur.

 15   R.  Il s'agit d'une information erronée.

 16   Q.  Il s'agit d'information erronée que vous avez écrite --

 17   R.  Sur la base de renseignements que j'avais obtenus.

 18   Q.  Excusez-moi. Je disais donc qu'il s'agit d'information erronée que vous

 19   avez écrite au moment où les événements se déroulaient. Cela se fonde sur

 20   les renseignements que vous avez reçus ?

 21   R.  Oui, mais cela se fondait sur les renseignements que j'avais reçus à ce

 22   moment-là.

 23   Q.  Et la personne qui vous a transmis ces renseignements, c'est le colonel

 24   Leslie, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Nous allons maintenant prendre la pièce 744, il s'agit de la

 27   chronologie des événements que vous avez établie conjointement avec le

 28   capitaine Williams. Cela va être affiché à nouveau sur l'écran, et

Page 7724

  1   j'aimerais que nous parcourions la chronologie du 5 août, je pense qu'il

  2   s'agit de la troisième page.

  3   Voilà, page numéro 3, puis cela se poursuit sur deux autres pages. Ce que

  4   j'avance, Monsieur, c'est que dans cette chronologie des événements, c'est

  5   une chronologie des événements que vous avez établie avec le capitaine

  6   Williams, il n'est indiqué nulle part que vous êtes allé à l'hôpital le 5;

  7   est-ce que cela n'est pas exact ?

  8   R.  Oui, c'est exact, d'après ce rapport, Maître.

  9   Q.  Donc, si Leslie était avec vous, peu de temps après l'attaque au

 10   mortier vers 8 heures, 8 heures 30 et qui se trouvait dans la base lorsque

 11   vous avez récupéré les corps et qu'il était présent lorsque le médecin

 12   serbe est arrivé, qui était présent lorsque la HV s'est présentée à la

 13   grille d'entrée, quand est-ce que --

 14   M. RUSSO : [interprétation] Je m'excuse.

 15   M. KEHOE : [interprétation] Je n'ai pas terminé ma question.

 16   M. RUSSO : [interprétation] Je m'excuse.

 17   M. KEHOE : [interprétation]

 18   Q.  Donc, quand est-ce que Leslie est allé à l'hôpital le 5 ?

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Russo.

 20   M. RUSSO : [interprétation] A la page 22, ligne 2, il est indiqué : "Si

 21   Leslie était avec vous, peu de temps après l'attaque au mortier à 8 heures

 22   et 8 heures 30 et qu'il se trouvait à la base pendant l'opération

 23   d'assainissement…"

 24   Je pense que le témoin a indiqué un peu plus tôt que cette opération

 25   d'assainissement avait duré environ deux heures. J'aimerais savoir sur

 26   quelle base il indique que le général Leslie se trouvait dans la base à ce

 27   moment-là et comment est-ce que le témoin pourrait le savoir d'ailleurs.

 28   M. KEHOE : [interprétation]

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  1   Q.  C'est une question que j'ai posée à M. Berikoff.

  2   Est-ce que Leslie est sorti à ce moment-là --

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, je pense que vous devez

  4   poser des questions précises au témoin.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

  7   M. KEHOE : [interprétation]

  8   Q.  A votre connaissance, Monsieur, est-ce que Leslie est sorti de la base

  9   pendant le moment où vous lui avez parlé peu de temps après l'attaque au

 10   mortier et entre ce moment-là et le moment vous lui avez parlé lorsque le

 11   médecin serbe est arrivé avant l'arrivée de la HV ?

 12   Q.  C'est tout à fait possible, Maître Kehoe, parce qu'il y avait beaucoup

 13   de choses qui se passaient. Il y avait de nombreuses personnes qui avaient

 14   différentes missions. C'est possible. Je m'occupais des cadavres qui se

 15   trouvaient au carrefour à ce moment-là.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites : "A votre connaissance, est-

 17   ce que Leslie est sorti de la base pendant le moment où vous lui avez parlé

 18   peu de temps après l'attaque au mortier…"

 19   Qu'entendez-vous par là, alors est-ce que -- ce n'est pas très clair pour

 20   moi cette question.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Je vais préciser tout cela.

 22   Q.  Après l'attaque au mortier, après que cela s'est passée vers 8 heures

 23   30 ou 8 heures, vous avez parlé à Leslie, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, je pense que je l'ai fait.

 25   Q.  Quand est-ce que vous lui avez parlé la fois suivante ?

 26   R.  Je n'en sais pas.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin a répondu trois, quatre fois -

 28   -

Page 7727

  1   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est votre question qui n'est pas

  3   claire, Maître. Lorsque vous lui parlez, nous ne pouvons pas savoir si vous

  4   faites référence à une conversation qui a eu lieu avant qu'il ne sorte ou à

  5   une conversation qui a eu lieu après qu'il est retourné à la base, alors on

  6   ne sait pas si le témoin, enfin le témoin a dit qu'il ne savait pas s'il

  7   avait parlé à Leslie ou à une autre personne.

  8   Donc c'est votre question qui n'est pas claire, ce n'est pas la peine de

  9   poser d'autres questions au témoin pour préciser votre question.

 10   Passez à autre chose et poursuivez.

 11   M. KEHOE : [interprétation]

 12   Q.  Est-ce que vous savez si Leslie est sorti entre le moment où vous lui

 13   aviez parlé après l'attaque au mortier et le moment où vous vous trouviez à

 14   la grille d'entrée avec Leslie lorsque ce médecin serbe est arrivé; vous le

 15   savez cela ?

 16   R.  Non, je ne le sais pas, Maître.

 17   Q.  Donc, si Leslie est sorti pendant le moment où vous procédiez à cette

 18   opération d'assainissement avec les corps ou s'il est allé à l'hôpital,

 19   mais il n'est pas allé avec vous ?

 20   R.  Non, il n'y est pas allé. Si vous essayez d'insinuer, Maître, que j'y

 21   suis allé à l'hôpital avec lui le 5 ainsi que le 4, je vous ai déjà dit que

 22   je ne m'en souviens pas et je ne me souviens pas d'y être allé le 5.

 23   Toutefois, je me souviens être allé avec le général Leslie deux fois à

 24   l'hôpital.

 25   Q.  Mais vous ne vous souvenez pas -- je ne vais pas formuler cette

 26   question.

 27   Donc vous êtes en train de nous dire que vous êtes allé à l'hôpital deux

 28   fois avec le colonel Leslie ?

Page 7728

  1   R.  Cela est possible. Je sais que j'y suis allé deux fois à l'hôpital, et

  2   je sais que le colonel Leslie, puisque c'était son titre à l'époque, son

  3   grade, était avec moi une fois lorsque je suis allé à l'hôpital, et qu'il y

  4   est allé dans l'hôpital.

  5   Q.  Est-ce que dans vos journals de bord vous avez en fait consigné

  6   l'horaire de ces déplacements avec le colonel Leslie ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Et c'est une information qui aurait inclus le 4 ou le 5, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui. Cela aurait été le cas.

 10   Q.  J'aimerais maintenant que nous réfléchissions à la journée du 4.

 11   Le 4, et je pense à votre déplacement vers l'hôpital, vous indiquez dans

 12   votre journal de bord, alors il s'agit du numéro 4, je suis en train de

 13   chercher le lieu exact.

 14   [Le conseil de la Défense se concerte]

 15   M. KEHOE : [interprétation] Pièce P744. Est-ce que vous pourriez afficher

 16   la pièce P744 et nous allons voir la deuxième page, c'est le bas de la page

 17   qui m'intéresse. Je m'excuse. En fait, il s'agit de la page précédente. Il

 18   s'agit de ce qui correspond à 10 heures 10. Je pense que c'est la page

 19   suivante. Page suivante, ce qui correspond à 10 heures. Non, je m'excuse,

 20   c'est la page précédente ce n'est pas la page suivante.

 21   Q.  Vous voyez le bas de la page ?

 22   R.  Oui, je le vois.

 23   Q.  Vous voyez ce qui correspond à 10 heures 10 ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Il est indiqué : "Capitaine Berikoff à l'hôpital de Knin avec

 26   l'officier médical supérieur."

 27   C'est cela ?

 28   R.  Oui. L'officier médical supérieur.

Page 7729

  1   Q.  Il n'est absolument pas question du colonel Leslie ?

  2   R.  Non, il n'en est pas question.

  3   Q.  Si vous parcourez cela, si vous regardez ce qui correspond aux autres

  4   horaires, toujours pour le 4 août, est-ce qu'il est question d'une visite à

  5   l'hôpital avec le colonel Leslie ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  J'aimerais maintenant que nous examinions la pièce P740. Il s'agit de

  8   votre déclaration du mois de mai 1997, 21 mai 1997. Examinons le paragraphe

  9   2-g.

 10   C'est vers le milieu de la page : "Vers 13 heures, je suis allé à l'hôpital

 11   de Knin avec l'officier médical supérieur, SMEDLO."

 12   Est-ce que cela est consigné dans ce rapport ?

 13   R.  Non, Maître Kehoe.

 14   Q.  Est-ce que dans ce rapport il est consigné quelque part que vous êtes

 15   allé avec le colonel Leslie ?

 16   R.  Non.

 17   Q.  Est-ce qu'il y a un rapport quelconque que vous avez écrit à l'époque

 18   où il est dit que vous êtes allé à l'hôpital avec le colonel Leslie le 4 ou

 19   le 5 ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Seriez-vous surpris d'apprendre, Monsieur Berikoff, que le colonel

 22   Leslie a déposé dans ce prétoire - page 1 958 jusqu'à la page 1 959, ligne

 23   4 - où il a dit que le 4 août il n'est jamais allé à l'hôpital ?

 24   R.  Comme je l'ai déjà dit, Maître Kehoe, je sais que le général Leslie y

 25   est allé au moins une fois avec moi.

 26   Q.  Quand ?

 27   R.  Je n'en suis pas sûr. Je ne me souviens pas quand. Il est allé à

 28   l'hôpital et moi j'étais dans le parking.

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  1   Q.  Vous dites que ce déplacement a eu lieu, et néanmoins cela n'est

  2   consigné nulle part dans aucune des déclarations ou journaux de bord de

  3   cette époque-là ?

  4   R.  C'est exact, cela n'y figure pas.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, vous avez posé la question

  6   au témoin de savoir si nous pouvons le trouver dans le document A, puis

  7   dans un document B, et si cela apparaît dans quelconque de ces documents et

  8   maintenant vous répétez la question au témoin.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Oui, je comprends tout à fait, Monsieur le

 10   Président.

 11   Q.  Dans la pièce D248, page 14, dans ce paragraphe, ligne 18 : "En allant

 12   à l'hôpital, il y avait encore -- nous avons vu encore un certain nombre de

 13   cadavres lors de la route."

 14   Nous parlons, bien entendu, du 5 août.

 15   Mais vous n'êtes jamais sorti le 5 août, n'est-ce pas ?

 16   R.  Pas dans l'après-midi. Pour ce qui est de la matinée, je ne m'en

 17   souviens pas.

 18   Q.  Est-ce qu'il est exact, ce qui est consigné dans cette déclaration,

 19   qu'il y a eu des cadavres dans la rue ?

 20   R.  Oui, c'est exact. J'en suis sûr pour le 4, et pour ce qui est du 5, je

 21   ne me souviens pas si je suis sorti. Je suis allé à plusieurs reprises dans

 22   la ville de Knin, et oui, il y avait des corps gisant dans la rue.

 23   Q.  S'agissant de ces cadavres qui gisaient dans la rue, vous l'avez

 24   remarqué le 4 ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous avez pris des photos ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Est-ce que vous avez pris des photos des cadavres ?

Page 7731

  1   R.  J'ai pris une photographie à l'extérieur du transporteur de troupes

  2   blindé, et c'est une photo où l'on voit la fumée à l'arrière. C'est la

  3   seule photographie que j'ai prise dans le centre de la ville le premier

  4   jour. Le pilonnage était trop intense pour que j'y reste et pour que je

  5   prenne d'autres photos.

  6   Q.  Vous étiez dans une écoutille pendant ces déplacements au centre de la

  7   ville, sauf au moment où vous avez pris des photos dans l'usine Tvik,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Non, cela n'est pas exact. Nous étions dans un transporteur de troupes

 10   blindé et nous n'étions pas souvent -- trop souvent dans une écoutille, ou

 11   bien uniquement pendant très peu de temps.

 12   Q.  Vous n'avez pas pris de photos ?

 13   R.  J'ai pris juste une photo.

 14   Q.  Lors de ce déplacement à l'hôpital avec l'officier médical supérieur,

 15   vous avez dit que vous avez remarqué 15 ou 20 personnes blessées, certains

 16   étaient à l'extérieur, certains à l'hôpital, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et certains étaient soldats, n'est-ce pas ?

 19   R.  Certains, oui.

 20   Q.  Et certains portaient des uniformes de camouflage ?

 21   R.  Oui, c'était une combinaison de l'uniforme de camouflage et de

 22   vêtements civils.

 23   Q.  Est-ce que vous savez d'où ces gens étaient venus ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  S'agissant des cadavres que vous avez observés, revenons maintenant à

 26   votre journal de bord manuscrit, 1D48-0021, page 21. J'aimerais que vous

 27   examiniez cette page dans son intégralité.

 28   M. KEHOE : [interprétation] Qu'on passe ensuite à la deuxième page. La page

Page 7732

  1   suivante. Je vous prie de défiler vers le haut de la page.

  2   Q.  En fait, vous n'avez rien écrit au sujet des cadavres que vous auriez

  3   vus ?

  4   R.  C'est exact.

  5   Q.  Vous avez mentionné cette photographie que vous aviez prise.

  6   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que nous l'examinions maintenant.

  7   Q.  Est-ce que cette photographie a été prise pendant votre premier

  8   déplacement ?

  9   R.  Oui, pendant le premier ou le deuxième. Je ne suis pas tout à fait sûr.

 10   Mais c'était tout au début.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Je pense que c'est P750, si je ne m'abuse --

 12   non, 749. Page 6.

 13   Q.  Nous reviendrons plus tard, une fois la photographie retrouvée.

 14   S'agissant du premier déplacement qui est consigné dans votre journal de

 15   bord, c'est le déplacement lorsque vous êtes allé aider les gens lors de la

 16   collecte de certains employés des Nations Unies, n'est-ce pas ?

 17   R.  C'est exact.

 18   Q.  Le deuxième déplacement est lorsque vous êtes allé avec l'officier

 19   médical supérieur, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui, c'est exact. Probablement.

 21   Q.  Le troisième déplacement a été celui avec le général Forand, n'est-ce

 22   pas ?

 23   R.  Oui, dans l'après-midi, pour la conférence.

 24   Q.  Vous êtes allé pour assister à la conférence de presse, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est exact.

 26   Q.  Vous nous avez dit qu'à la conférence de presse -- ou plutôt,

 27   dans votre déclaration, je pense que c'est P740, paragraphe 2-h.

 28   Vous êtes allé chercher l'interprète local, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui. Cela était une des tâches qui m'était assignée.

  2   Q.  Et vous êtes allé le chercher avec M. Roberts ?

  3   R.  Pour autant que je m'en souvienne, c'était avec M. Roberts.

  4   Q.  Est-ce que vous êtes allé avec M. Roberts chercher --

  5   L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas sais le nom.

  6   R.  Je ne me souviens plus du nom de cette personne que nous sommes allées

  7   chercher, mais je suis allé l'escorter. J'étais armé, parce qu'il n'était

  8   pas armé.

  9   Q.  Vous avez ramené Predrag Sare à la conférence de presse ?

 10   R.  Je ne me souviens plus du nom de cette personne. C'était un homme ou un

 11   interprète que M. Roberts connaissait.

 12   Q.  C'était le même interprète qui, plusieurs jours plus tard, a eu une

 13   sorte de confrontation avec les membres de la HV ?

 14   R.  Oui, j'ai appris que c'était la même personne.

 15   Q.  Quand est-ce que vous avez appris que c'était Predrag Sare que l'on

 16   soupçonnait d'être un espion ?

 17   R.  Je pense que cela c'était au moment de l'incident qui concernait le

 18   capitaine Hill. Il y avait un certain nombre de militaires, membres de la

 19   section de la police militaire, qui étaient impliqués dans cet incident, et

 20   je pense que c'était la première fois que j'ai appris qu'il y avait de

 21   telles allégations à l'encontre de cette personne.

 22   Q.  Est-ce que vous en avez parlé au général Forand ?

 23   R.  Je pense que le général Forand en a été informé, mais quelqu'un lui en

 24   avait parlé.

 25   Q.  Mais ce n'est pas vous qui lui en avez parlé ?

 26   R.  Non, ce n'était pas moi.

 27   Q.  En tant qu'officier chargé des renseignements, Monsieur Berikoff, si

 28   avant votre arrivée on savait aux Nations Unies que Predrag Sare était un

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  1   espion serbe, vous auriez dû le savoir, n'est-ce pas ?

  2   R.  J'aurais dû le savoir, mais je ne le savais pas. Il y avait un manque

  3   de communication à plusieurs niveaux.

  4   Q.  Dites-moi, pourquoi le secteur sud de l'ONU allait envoyer l'unité du

  5   Bataillon canadien le 4 août, au début de l'après-midi, évacuer son

  6   personnel qui se trouvait à l'hôpital de Knin ? Pourquoi ?

  7   R.  Je ne pourrais pas répondre, mais probablement c'était parce que le

  8   général Forand était le commandant du secteur et il a demandé de l'aide. A

  9   mon avis, c'était pour cela.

 10   Q.  Le 4 août, est-ce que l'ONU a évacué son personnel, donc son personnel

 11   blessé qui se trouvait à l'hôpital de Knin ?

 12   R.  Je ne sais pas s'il y avait des gens qui étaient ramenés de l'hôpital,

 13   mais je sais qu'ils ont été ramenés dans la zone du Bataillon canadien,

 14   Monsieur.

 15   Q.  J'aimerais vous montrer maintenant la pièce P314.

 16   Il s'agit d'un rapport émanant du Bataillon canadien en date du 31 août,

 17   chronologie des événements.

 18   M. KEHOE : [interprétation] Puis maintenant passons à la page suivante.

 19   Q.  Examinons ce qui est consigné au paragraphe 16, le 4 à 14 heures, août

 20   1995 : "Une section de la compagnie A a été envoyée avec deux transporteurs

 21   de troupes blindés au QG du secteur sud à Knin pour assister, lors de

 22   l'évacuation, des personnes blessées et des réfugiés. La section a évacué

 23   36 personnes blessées qui se trouvaient à l'hôpital de Knin et on les a

 24   transportées au QG du secteur sud ainsi qu'un grand nombre de réfugiés

 25   pendant la bataille de Knin."

 26   Dès le 4 août, dans l'après-midi du 4 août, l'ONU transportait les

 27   personnes blessées depuis l'hôpital au QG du secteur sud ?

 28   R.  J'ai déjà dit que je ne savais pas s'il y avait des gens qui étaient

Page 7736

  1   transportés depuis l'hôpital, mais je sais qu'un certain nombre de réfugiés

  2   et de personnes blessées avaient été ramenés dans la zone où se trouvait la

  3   base.

  4   Q.  Est-ce qu'il y avait des soldats ?

  5   R.  Je ne pourrais pas le dire.

  6   Q.  Est-ce qu'il s'agissait de jeunes hommes ?

  7   R.  C'était les deux. Il y avait des personnes aptes pour le service

  8   militaire ainsi que d'autres.

  9   Q.  En tant qu'officier chargé des renseignements, est-ce que vous avez

 10   cherché à établir si c'était des soldats ?

 11   R.  Je n'étais pas officier chargé de la sécurité.

 12   M. RUSSO : [interprétation] Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 14   M. RUSSO : [interprétation] Le témoin a déjà répondu à la question.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais il se peut que le témoin ait des

 16   connaissances au sujet des activités des officiers de sécurité.

 17   Maître Kehoe, vous pouvez poursuivre.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'étais pas officier chargé de la

 19   sécurité; j'étais officier militaire chargé des renseignements. Le

 20   capitaine Hill, officier chargé de la sécurité, ainsi que les membres de la

 21   section de la police militaire s'occupaient d'accueil des réfugiés et de

 22   toutes personnes qui étaient ramenées à la base.

 23   M. KEHOE : [interprétation]

 24   Q.  Est-ce que vous avez cherché à apprendre si ces personnes étaient des

 25   soldats ?

 26   R.  Non. Le capitaine Williams a agi au fond en tant que G2 ou MOI. Pour ce

 27   qui est de ce que je faisais, j'ai travaillé en grande partie à la base et

 28   je m'occupais des tâches qui m'étaient assignées.

Page 7737

  1   Q.  P55, il s'agit d'un autre témoin de l'Accusation, Mira Grubor. Elle a

  2   dit qu'ils ont pris des cars et des camions, qu'il y avait des soldats dans

  3   ces camions ainsi que des personnes blessées de la veille.

  4   Compte tenu de ces circonstances, Monsieur Berikoff, est-ce que, compte

  5   tenu de la mission de l'ONU, est-ce que l'ONU pouvait déplacer les soldats

  6   de l'ARSK depuis l'hôpital de Knin dans la base ?

  7   R.  Je ne pourrais pas vous répondre, Monsieur. Tout ce que je sais c'est

  8   que j'avais reçu un certain nombre d'ordres et que selon ces ordres nous ne

  9   pourrions pas permettre aux combattants d'être dans la base. Je ne sais pas

 10   si cela correspond aux règles de l'ONU.

 11   Q.  Dans votre journal de bord le soir du 4, pages 6 à 17, vous avez dit

 12   qu'il y avait un certain nombre de grenades, de pistolets, de fusils, et

 13   donc ces gens étaient des soldats ?

 14   R.  Non, il y avait des personnes âgées, des personnes jeunes, des femmes.

 15   Les femmes avaient des armes dans leurs sacs. Les personnes âgées portaient

 16   des fusils obsolètes. Donc, il y avait les deux.

 17   Q.  Et il y avait également un couteau ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Passons maintenant à la pièce D514.

 20   [Le conseil de la Défense se concerte]

 21   [La Chambre de première instance se concerte]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, la Chambre ne comprend

 23   absolument pas de quoi il s'agit. Je vois que vous essayez d'obtenir un

 24   certain nombre de faits du témoin, mais s'agissant de l'importance et de la

 25   pertinence de ces faits, nous ne comprenons pas.

 26   M. KEHOE : [interprétation] J'espère que lors du contre-interrogatoire vous

 27   allez saisir la portée de mes questions.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

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  1   M. KEHOE : [interprétation]

  2   Q.  A la deuxième page, en fait, vous vous souvenez du commandant Bellerose

  3   ?

  4   R.  Oui.

  5   M. KEHOE : [interprétation] Passons à la deuxième page de ce document, un

  6   peu plus bas où il dit que des personnes venaient :

  7   Q.  Il dit : "Oui. C'étaient des civils." C'est M. Bellerose qui parle.

  8   "Nous avons permis aux personnes déplacées d'entrer et un certain nombre de

  9   soldats serbes sont arrivés, ils ont cherché refuge dans notre camp.

 10   "Et nous leur avons dit si vous voulez entrer, vous devez vous

 11   désarmer parce que si on vous laisse entrer armés, on s'expose au risque.

 12   Donc si vous voulez entrer, il faut vous désarmer et ensuite vous serez

 13   traités comme tous les autres. Certains Serbes ont refusé de se désarmer et

 14   ils sont restés devant le camp, et ce sont des gens qui ont été tués par

 15   tirs d'obus qui sont tombés devant le camp."

 16   Est-ce que c'est une évaluation précise au sujet de la permission d'entrer

 17   aux soldats dans le camp ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Dans la dernière phrase, il est dit : "Certains Serbes n'ont pas voulu

 20   se désarmer, ils sont restés devant le camp, et c'est eux qui ont été tués

 21   par obus."

 22   R.  S'agissant des gens qui ont été tués par obus, c'est exact. Ils n'ont

 23   pas refusé à se désarmer. Je leur ai dit qu'ils ne pouvaient pas entrer

 24   parce qu'ils étaient soldats. On savait qu'ils étaient combattants, ils ne

 25   pouvaient pas entrer.

 26   S'agissant du reste de la déclaration du commandant Bellerose, je ne sais

 27   pas si c'est exact ou pas.

 28   Q.  Donc vous ne dites pas que ce n'est pas exact; vous dites que vous ne

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  1   le savez pas ?

  2   R.  Je ne dis pas que ce n'est pas exact.

  3   Q.  Etant donné que vous étiez là-bas, vous connaissez le colonel Bellerose

  4   ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  C'était un officier camarade ?

  7   R.  Oui, du génie.

  8   Q.  Est-ce qu'il a mené à bien toutes les missions qui lui étaient

  9   assignées ?

 10   R.  Pour autant que je le sache, oui, il faisait bien son travail.

 11   Q.  Est-ce que vous pourriez peut-être remettre en question sa crédibilité

 12   ?

 13   R.  Je ne pourrais pas le faire, mais sa déclaration n'est pas précise au

 14   sujet des informations que j'avais reçues et des ordres que j'avais reçus.

 15   Q.  Avant la pause, j'aimerais que l'on aborde maintenant la pièce 1D48-

 16   0025 -- en fait, c'est 1D48-0001, page 25.

 17   C'est votre journal manuscrit de l'époque, vous dites que : "Lorsque vous y

 18   êtes arrivé, il y avait 300 à 400 civils qui gisaient à l'extérieur. Ainsi

 19   qu'il y avait un grand nombre de cadavres partout dans la ville."

 20   M. KEHOE : [interprétation] Revenons maintenant à la pièce P748, page 7.

 21   Q.  C'est votre journal de bord en date du 5, vers le milieu. Est-ce que

 22   vous voyez la phrase qui dit :

 23   "Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital, il y avait un grand nombre

 24   de civils et de soldats qui gisaient."

 25   R.  Oui, je le vois.

 26   Q.  Et il n'est pas fait état de 300 à 400 civils ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Quand est-ce que vous avez changé cela ?

Page 7740

  1   R.  Comme je vous l'ai déjà dit hier, et je l'ai dit aux membres de

  2   l'Accusation, le journal a été écrit, en fait la version électronique a

  3   commencé à être compilée dès mon arrivée à Sarajevo et c'était un projet en

  4   cours.

  5   Q.  Donc, Monsieur, vous avez omis de citer la référence de 300 à 400

  6   civils.

  7   R.  C'est exact.

  8   Q.  Pourquoi ?

  9   R.  Parce que je pense qu'à l'époque je ne pensais pas qu'il y en avait

 10   tant, et je croyais que cette information était erronée.

 11   Q.  Quand est-ce que vous avez appris que c'était une information erronée ?

 12   R.  C'était ma propre évaluation parce que je n'avais pas vu tant de

 13   cadavres, Monsieur.

 14   Q.  A l'époque, Monsieur, est-ce que vous avez fini par ne pas croire aux

 15   propos du colonel Leslie ?

 16   R.  Il ne s'agissait pas de ne pas y croire. Un grand nombre de personnes,

 17   y compris moi-même, tentait à exagérer certaines informations. Et lorsque

 18   j'ai commencé à compiler la version électronique, j'ai réévalué cette

 19   information.

 20   Q.  Donc vous nous dites que cette information s'agissant du nombre de

 21   cadavres était erronée, était une exagération ?

 22   R.  C'est exact.

 23   Q.  Est-ce qu'il y a d'autre chose qui était exagéré ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Vous avez également changé une autre information, vous avez dit :

 26   "Lorsque nous sommes arrivés à l'hôpital."

 27   R.  J'ai dit que je suis allé deux fois à l'hôpital; une fois avec cet

 28   officier médical supérieur et la deuxième fois avec le général Leslie.

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  1   Q.  Quand est-ce que vous avez modifié cela ou plutôt, pourquoi l'avez-vous

  2   modifié plutôt que de dire : "Lorsque l'ONU est arrivée," vous dites

  3   maintenant : "Lorsque je suis arrivé là-bas," alors que vous n'êtes même

  4   pas sûr si vous y êtes allé ?

  5   R.  Je ne m'en souviens pas, Monsieur.

  6   Q.  S'agissant des 300 à 400 cadavres, vous avez dit que c'était une

  7   exagération ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  S'agissant du pilonnage arbitraire, vous avez changé votre avis là-

 10   dessus depuis votre première déclaration faite en 1995, n'est-ce pas ?

 11   R.  Ce n'est pas parce que j'ai changé mon avis; je pensais que la portée

 12   du pilonnage était toujours la même, rien n'avait changé. Les cibles

 13   étaient toujours les mêmes. Mon évaluation était qu'il ne s'agissait plus

 14   d'un pilonnage arbitraire, mais plutôt d'un pilonnage qui n'était pas

 15   nécessaire.

 16   R.  Donc s'agissant du pilonnage arbitraire, c'est quelque chose dont vous

 17   avez parlé dans le secteur sud et c'était une exagération également, n'est-

 18   ce pas ?

 19   R.  A l'époque, cela semblait arbitraire. Et vous-même vous auriez dit la

 20   même chose à l'époque parce qu'on avait l'impression que les tirs

 21   provenaient de partout.

 22   Q.  Et hier, nous avons dit que l'information portant sur le nombre d'obus

 23   était une information qui provenait de Leslie et de Parlee, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, parce qu'ils étaient experts en la matière d'artillerie.

 25   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais maintenant aborder un autre sujet,

 26   donc je pense qu'il est temps de faire la pause.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons la pause, mais avant de ce

 28   faire, j'aimerais que Mme l'Huissière fasse sortir M. Berikoff hors du

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  1   prétoire.

  2   [Le témoin se retire]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, votre dernière question

  4   portait sur l'exagération, et vous avez dit au témoin : Seriez-vous surpris

  5   d'apprendre que M. Leslie avait déposé et qu'il avait dit qu'il ne s'était

  6   jamais rendu à l'hôpital ?

  7   M. KEHOE : [interprétation] Le 4.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, le 4.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Exact.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   Mais d'après ce que j'ai pu lire dans la partie de sa déposition à

 12   laquelle vous vous référez, M. Leslie décrit son départ de la base, il a

 13   dit qu'il est sorti plusieurs fois. Mais on ne lui a jamais posé la

 14   question -- ou plutôt, il n'a jamais dit qu'il ne s'était jamais rendu à

 15   l'hôpital. Donc vous auriez dû dire au témoin la chose suivante : Seriez-

 16   vous surpris que M. Leslie, lorsqu'il décrivait comment il était sorti de

 17   la base ce jour-là, n'avait jamais mentionné le fait qu'il était allé à

 18   l'hôpital ? Ce qui n'est pas la même chose que de dire qu'il ne s'était

 19   jamais rendu à l'hôpital. Donc vous avez formulé cela d'une manière qui

 20   laisse à désirer. Ce n'était pas suffisamment précis.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président, mais j'ai

 22   dit que Leslie avait dit qu'il ne s'était jamais rendu à l'hôpital le 4.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais je ne parle pas du 4. Dans la

 24   référence que vous avez faite, il n'est pas fait état du fait qu'il n'a pas

 25   dit qu'il s'était pas rendu à l'hôpital, il parle de ses déplacements, et

 26   je dis que vous auriez dû dire au témoin la chose suivante : Seriez-vous

 27   surpris d'apprendre que M. Leslie, lors de son interrogatoire et lorsqu'on

 28   a parlé de ses déplacements du 4, n'avait jamais dit qu'il s'était rendu à

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  1   l'hôpital ? C'est ainsi que vous auriez dû procéder.

  2   Egalement, à la ligne 15, page 38, vous dites : "Vous n'étiez pas sûr si

  3   vous y étiez," alors que moi, j'ai entendu le témoin dire à plusieurs

  4   reprises que, même s'il ne se souvient pas de certaines choses, il sait

  5   qu'il y est allé au moins une fois avec M. Leslie.

  6   Si cela est crédible, si l'on peut faire confiance à cette information,

  7   c'est une autre chose. Mais dire au témoin : "Vous n'êtes même pas sûr si

  8   vous y êtes allé" ne reflète pas exactement les propos du témoin.

  9   Et vos dernières questions portaient sur l'exagération. Et parfois, vous

 10   formulez vos questions d'une manière qui n'est pas suffisamment précise et

 11   cela n'aide pas la Chambre.

 12   Nous allons faire la pause et nous allons reprendre nos travaux à 11

 13   heures.

 14   --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.

 15   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 16   [Le témoin vient à la barre]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, pour ce qui est du

 18   temps, vous nous aviez dit hier qu'il vous serait possible de conclure

 19   pendant la deuxième séance.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Oui, je sais. Je vais essayer d'être aussi

 21   efficace que possible, aussi rapide que possible. Je n'irai pas au-delà de

 22   la fin de la séance.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. En fait, la Chambre s'attend à ce

 24   que vous en terminiez à peu près au milieu de la séance, compte tenu de ce

 25   que vous avez dit hier et aussi la vitesse à laquelle vous avez procédé. Il

 26   vous a fallu un certain temps pour démontrer ce que vous souhaitiez

 27   démontrer. Donc, la Chambre s'attend à ce que vous ayez terminé au milieu

 28   de cette séance.

Page 7745

  1   M. KEHOE : [interprétation] Si je puis me le permettre, effectivement, cela

  2   prend un certain temps, notamment en raison des impératifs de

  3   l'interprétation. Mais je vais faire du mieux possible, et je compte sur

  4   l'indulgence de la Chambre pour pouvoir mener à bien mon contre-

  5   interrogatoire, et je vous assure que je serai aussi rapide que possible.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, je comprends bien que vous

  7   ferez de votre mieux pour tenter d'en avoir terminé même avant le milieu de

  8   cette séance, mais la Chambre s'attend en tout cas à ce que vous en ayez

  9   terminé d'ici le milieu de la séance. Evidemment, je ne serai pas

 10   excessivement rigoureux. Vous aurez une ou deux minutes de plus ou de

 11   moins, mais cela se base aussi sur la manière dont vous avez mené le

 12   contre-interrogatoire jusqu'à présent.

 13   M. KEHOE : [interprétation]

 14   Q.  J'aimerais vous montrer quelques photos, à commencer par 65 ter 1520.

 15   Je vais vous montrer une série de photos concernant des questions que je

 16   souhaitais déjà aborder auparavant.

 17   Cette première photo montre de la fumée émanant de l'usine Tvik, n'est-ce

 18   pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Est-ce que l'on voit un car qui passe devant l'usine ?

 21   R.  Oui, qui passe devant ou à côté duquel nous passions.

 22   Q.  Photo suivante, page 128 de la pièce 65 ter 1520.

 23   On voit également sur cette photo de la fumée émanant de l'usine Tvik ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Toujours la pièce 65 ter 1520, à la page 98, maintenant.

 26   Il s'agit également de l'usine Tvik ?

 27   R.  Oui, simplement sous un autre angle.

 28   Q.  Passons à la page 90 [comme interprété].

Page 7746

  1   Est-ce que cela représente toujours la même chose ?

  2   R.  Oui. Je crois que c'est vu depuis le complexe ou la base.

  3   Q.  Passant à un autre sujet.

  4   Vous avez dit lors de l'une de vos déclarations, qu'après l'alerte rouge

  5   donnée dans la matinée du 4 août, l'on vous a dit de vous replier, n'est-ce

  6   pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Cela veut dire que l'on vous a enjoint -- ou plutôt, on vous a dit que

  9   l'alerte n'était plus en vigueur, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  C'est le colonel Leslie qui vous a dit de vous replier ?

 12   R.  Il ne me l'a pas dit personnellement, il l'a dit aux officiers

 13   responsables de l'opération.

 14   Q.  Après qu'on l'ait avisé qu'une offensive allait commencer à 5 heures du

 15   matin ?

 16   R.  C'est ce que je présume.

 17   Q.  [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe.

 19   Ça ne va pas vous gagner du temps en éliminant toute pause.

 20   M. KEHOE : [interprétation] Oui, je suis un peu pris entre le marteau et

 21   l'enclume. J'essaie de me conformer aux souhaits exprimés par la Chambre,

 22   mais évidemment je ne veux pas rendre la vie trop difficile aux interprètes

 23   non plus.

 24   Q.  Monsieur Berikoff, est-ce que l'on vous a expliqué à un moment donné

 25   que compte tenu du fait qu'une offensive avait été annoncée pour 5 heures

 26   du matin, savez-vous pourquoi Leslie vous a dit de vous replier ?

 27   R.  Non, on ne me l'a pas dit.

 28   Q.  Maintenant, Monsieur Berikoff, j'aimerais en venir à l'entrée de votre

Page 7747

  1   journal de bord datée du 31 août.

  2   M. KEHOE : [interprétation] La pièce P748. Cela se trouve aux pages 15 à 17

  3   de cette pièce 748.

  4   Q.  Il y est dit que : "Le colonel Leslie de l'ONURC avait appelé le

  5   lieutenant-colonel Tymchuk, avait demandé si je serais prêt à rendre un

  6   service même si c'était illicite et potentiellement dangereux."

  7   M. KEHOE : [interprétation] Maintenant, à la page 44 de la pièce D284,

  8   ligne 12.

  9   Q.  A la ligne 12, il est question du même sujet : "Autant que j'ai pu

 10   comprendre, le colonel Leslie formulait des protestations concernant le

 11   pilonnage arbitraire de Knin."

 12   Lorsqu'on vous a demandé ce service, Monsieur Berikoff, vous aviez compris

 13   que quelqu'un au QG à Zagreb était parvenu à la conclusion que le pilonnage

 14   n'était pas arbitraire et que Leslie s'insurgeait contre une telle

 15   conclusion.

 16   R.  Je n'étais pas parvenu à une conclusion concernant le caractère

 17   aléatoire ou non. Je ne savais pas ce que le siège ou le QG de l'ONURC

 18   estimait à Zagreb. Je n'ai fait que me conformer au mandat qui avait été

 19   confié par le colonel Tymchuk à la demande du général Leslie.

 20   Q.  A l'encontre de quoi Leslie protestait-il ?

 21   R.  Autant que j'ai pu le comprendre, il protestait contre le pilonnage

 22   aléatoire. Tout au début de l'offensive, il avait formulé l'opinion d'après

 23   laquelle cette offensive était aléatoire.

 24   Q.  Pardonnez-moi, Monsieur, mais je ne parle pas de protestation. Vous

 25   avez utilisé le terme "protester".

 26   Quelqu'un avait-il dit à Leslie qu'il ne s'agissait pas d'actes

 27   arbitraires, et est-ce qu'il vous demandait de mener une enquête afin d'en

 28   savoir plus ?

Page 7748

  1   R.  Je ne sais pas si on lui avait reporté quelque chose.

  2   Q.  Mais dans votre journal, vous dites -- en fait, à qui Leslie

  3   s'adressait-il en protestant ainsi ?

  4   R.  Je n'en ai aucune idée.

  5   Q.  En vous entretenant avec Leslie, lorsqu'il vous parlait de l'ampleur du

  6   pilonnage, est-ce qu'il vous a dit que lorsqu'il parlait de l'ampleur des

  7   tirs et du rythme des tirs qu'il ne fallait pas prendre cela au sens strict

  8   ou littéral ?

  9   R.  Non.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Je me reporte à la page 2 055, lignes 5 à 9.

 11   Q.  Vous avez dit que cela avait un caractère illicite  uniquement en

 12   raison des photos que vous deviez prendre. Mais il vous a demandé de lui

 13   rendre un service, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce qu'un ordre écrit émanait du QG de l'ONURC et donc était adressé

 16   au secteur sud de l'ONU ?

 17   R.  Je n'ai pas connaissance d'un ordre écrit. Je sais que le colonel

 18   Tymchuk a reçu un appel, un coup de fil de Leslie me demandant de faire

 19   cela.

 20   Q.  En fait, c'est un service qu'on vous a demandé sans passer par la

 21   filière hiérarchique, n'est-ce pas ?

 22   R.  Ce n'est pas ainsi que je l'ai perçu.

 23   Q.  Avez-vous parlé à Forand et est-ce que vous avez sollicité un ordre de

 24   sa part avant de vous promener à Knin et ailleurs, mettant votre vie en

 25   danger alors que vous preniez des photos ?

 26   R.  Non, je ne l'ai pas fait. Je recevais mes ordres du colonel Tymchuk et

 27   je ne me référais pas au général.

 28   Q.  Mais le colonel Tymchuk ne vous a pas donné d'ordre ?

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  1   R.  Non. Il m'a demandé si j'étais disposé à le faire et je lui ai dit que

  2   oui, sans hésitation.

  3   Q.  Avez-vous eu une discussion avec Forand, lui avez-vous dit que vous

  4   alliez faire cela à la demande de Leslie ?

  5   R.  Oui, je l'ai dit au général Forand.

  6   Q.  Est-ce que cela a été consigné par écrit ?

  7   R.  Non. Simplement, il était entendu que j'avais la permission du général

  8   Forand, que cela ne posait pas de problème et qu'il fallait que j'essaie de

  9   rester en sécurité.

 10   Q.  Pourquoi est-ce qu'aucun ordre en ce sens n'a été donné par l'ONURC ?

 11   R.  Je n'ai pas la moindre idée.

 12   Q.  Avant de recevoir cette demande le 31 août, saviez-vous que les

 13   observateurs militaires de l'ONU avaient effectué une évaluation d'après

 14   laquelle ils s'étaient rendu compte que le pilonnage visait des cibles

 15   militaires, que la police civile des Nations Unies était parvenue à la même

 16   conclusion et qu'une évaluation définitive avait été envoyée à l'ONURC

 17   attestant du fait que le pilonnage se concentrait sur des cibles militaires

 18   ?

 19   Est-ce que vous aviez connaissance de tout cela avant de recevoir

 20   cette requête de la part de Leslie par l'intermédiaire de Tymchuk ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Pour ce qui est du caractère illicite, cela se rapportait à la prise de

 23   photos, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, au sens strict, le fait de prendre des photos que ce soit du côté

 25   des Serbes à Knin ou du côté de la HV lorsqu'elle était à Knin.

 26   Q.  Est-ce que le général Forand vous a demandé de faire quelque chose

 27   d'illicite également ?

 28   R.  Ce n'était pas illicite.

Page 7751

  1   Q.  Est-ce qu'il vous a demandé de prendre des photos ?

  2   R.  Non, il ne m'a pas demandé de prendre des photos. Je lui ai dit qu'on

  3   m'avait demandé de me rendre au centre-ville de Knin et de prendre des

  4   photos à la demande du général -- ou du colonel Leslie par le biais du

  5   colonel Tymchuk.

  6   Q.  Est-ce que l'on voit où que ce soit dans vos documents une description

  7   de cette décision entre vous-même et le général Forand ?

  8   R.  Non.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, veuillez en venir aux

 10   faits, s'il vous plaît.

 11   M. KEHOE : [interprétation] Oui, j'avance.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 13   M. KEHOE : [interprétation] Mais lorsque le témoin ne sera plus dans le

 14   prétoire, je reviendrai sur ce en quoi consiste l'objet de mes questions.

 15   Q.  Passons à la pièce P742.

 16   C'est un document en date du 22 novembre 1995 rédigé par vous-même,

 17   n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  C'est un autre document qui a été rédigé suite à un coup de fil du

 20   colonel Leslie ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Avez-vous reçu un ordre écrit de l'ONURC vous demandant de rédiger ce

 23   rapport ?

 24   R.  Je ne me souviens pas d'avoir reçu un ordre écrit à cet effet. L'ordre

 25   était oral.

 26   Q.  Les seules communications que vous avez eues en l'espace de quelques

 27   mois, que ce soit la requête initiale au mois d'août ou en novembre,

 28   étaient avec Leslie, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Vous n'étiez plus au sein de l'ONURC à l'époque, n'est-ce pas ?

  3   R.  Non, j'y n'étais plus. J'étais à Sarajevo, au QG de la FORPRONU.

  4   Q.  Passons à autre chose puisque le temps m'est compté.

  5   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  6   [Le conseil de la Défense se concerte]

  7   M. KEHOE : [interprétation]

  8   Q.  J'aimerais en venir à quelques questions abordées pendant

  9   l'interrogatoire principal et se rapportant à vos déclarations décrivant le

 10   pillage.

 11   A plusieurs reprises, vous avez décrit des personnes en uniforme de

 12   camouflage, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Et à maintes reprises, lorsque vous décrivez des personnes en uniforme

 15   de camouflage, vous ne saviez pas s'il s'agissait de forces régulières de

 16   la HV ou non, s'il s'agissait ou non de la police militaire, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et vous conviendrez avec moi qu'au moins lorsque les soldats entrent

 19   pour la première fois à un endroit comme Knin, ils doivent se rendre de

 20   maison à maison pour chercher des armes et tenter de déceler des situations

 21   dangereuses, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, c'est logique.

 23   Q.  Et cela s'impose d'autant plus dans un contexte urbain, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Donc cela s'imposerait parce qu'ils essaieraient de tout faire pour se

 26   protéger ?

 27   R.  Oui, c'est exact. Comme je l'ai dit hier, des combats en ville sont

 28   particulièrement dangereux et difficiles.

Page 7753

  1   Q.  J'aimerais aborder une question particulière par le biais de la pièce

  2   P352.

  3   M. KEHOE : [interprétation] Un rapport de situation du secteur sud des

  4   Nations Unies en date du 6 août 1995, je me réfère à la dernière page de ce

  5   document.

  6   Q.  Vous voyez la date, le 6 août 1995.

  7   M. KEHOE : [interprétation] A la dernière page.

  8   Q.  A peu près au milieu du paragraphe F, ou vers la fin de ce paragraphe,

  9   vous voyez la phrase qui commence par : "Plus de civils."

 10   Vous voyez cela ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Du 6 août : "De nombreux civils, y compris des voitures immatriculées à

 13   Split ont été vues à Knin. Un sentiment de normalité se rétablit."

 14   Est-ce ainsi votre évaluation que dès le 6 août la population civile

 15   retournait à Knin ?

 16   R.  Je ne pense pas que ce rapport de situation était rédigé par moi-même,

 17   mais plutôt par un membre de l'état-major opérationnel, le commandant

 18   Balfour.

 19   Q.  Mais cela se fondait sur des renseignements qu'il recevait de la part

 20   de personnes telles que vous-même qui circulait, se déplaçait ?

 21   R.  Des individus tels que moi-même et d'autres sources auxquelles il avait

 22   accès.

 23   Q.  Ainsi, sur la base des informations qui étaient communiquées à Zagreb,

 24   les Nations Unies, en fait, voyaient de plus en plus de civils retournés en

 25   ville dès le 6.

 26   R.  Je ne sais pas si c'est exact, parce que le 6 août, nous étions encore

 27   dans le complexe des Nations Unies.

 28   Q.  Vous n'avez pas de raison de remettre en doute cela ?

Page 7754

  1   R.  Non, je n'ai pas de raison de remettre en cause cela puisque cela se

  2   fondait sur des sources variées auxquelles les membres du personnel

  3   responsable des opérations avaient accès.

  4   Q.  Maintenant, pour revenir aux détails du pillage.

  5   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais me référer à la pièce D284.

  6   Q.  A la page D248, page 48, ligne 29, vous dites que vous avez commencé à

  7   voir certaines personnes qui voulaient profiter de la guerre, commencé à

  8   les voir donc entrer en ville, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  De qui s'agissait-il ?

 11   R.  Des gens qui vendaient dans des petits kiosques des cigarettes, par

 12   exemple, à des prix exorbitants.

 13   Q.  Et à la page suivante, donc 49, et vous en avez parlé lors de votre

 14   témoignage, vous avez parlé de chefs de guerre locaux, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et d'après votre évaluation, ces chefs de guerre locaux auraient très

 17   bien pu agir sans que quiconque ait le pouvoir de mettre un terme à leurs

 18   activités ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Et ces chefs de guerre arboraient la plupart du temps des uniformes de

 21   camouflage ainsi que d'autres objets ayant un caractère militaire, n'est-ce

 22   pas ?

 23   R.  Oui, c'est exact.

 24   Q.  Vous êtes parvenu à la conclusion qu'en ce qui concerne les chefs de

 25   guerre, ils n'avaient pas forcément les mêmes objectifs que les autorités

 26   constitutionnelles de la République de Croatie puisqu'ils souhaitaient

 27   avant tout la vengeance ?

 28   M. RUSSO : [interprétation] Pardon de vous interrompre. Est-ce que nous

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  1   pourrions savoir quel est le fondement de la question ?

  2   M. KEHOE : [interprétation] Nous passons à la page suivante, alors. Page

  3   50, ligne 19. Pardon. J'essaie peut-être d'avancer trop rapidement.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais en revenir à votre question

  5   précédente, Monsieur Kehoe.

  6   Vous parlez de chefs de guerre et que personne n'avait le pouvoir de les

  7   contrer.

  8   Où voyez-vous cela ?

  9   M. KEHOE : [interprétation] Page 49.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, à quelle ligne ?

 11   M. KEHOE : [interprétation] De la ligne 25 à la page suivante.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons. Où est-ce qu'on voit le terme

 13   "chefs de guerre" ? Ligne 38 ?

 14   M. KEHOE : [interprétation] Ligne 31. 

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ligne 31.

 16   M. KEHOE : [interprétation] Ou 32. Donc, on voit aux lignes 38 et 39 qu'il

 17   est écrit que : "Ces chefs de guerre avaient peut-être leurs propres

 18   objectifs qu'ils poursuivaient de leur côté."

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, puis cela continue à la page

 20   suivante.

 21   M. KEHOE : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez présenté une partie seulement

 23   de la déclaration au témoin.

 24   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais parler avec le témoin déjà de

 25   l'existence même de ces chefs de guerre, ou qu'il y ait un doute dans son

 26   esprit quant au fait que ces chefs de guerre obéissaient à quelque autorité

 27   que ce soit qui aurait pu mettre un terme à leurs activités.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais ce n'est pas ainsi que vous avez

Page 7756

  1   présenté les choses au témoin. Cela n'est pas utile pour la Chambre de vous

  2   focaliser sur une demi-phrase.

  3   Je n'ai pas d'objection à l'encontre du terme même de chefs de guerre ou de

  4   seigneurs de guerre, mais il faut présenter les choses de manière à ce que

  5   ce soit utile à la Chambre.

  6   Veuillez poursuivre.

  7   M. KEHOE : [aucune interprétation]

  8   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  9   M. KEHOE : [interprétation]

 10   Q.  A la page suivante, 50, lignes 19 à 21, vous avez écrit : "Pour revenir

 11   aux chefs de guerre, ils avaient également leurs propres objectifs,

 12   voulaient peut-être se venger et étaient indifférents à ce qu'il disait."

 13   Ainsi, vous avez observé ces chefs de guerre. Est-ce qu'à votre avis ils

 14   étaient animés par un désir de vengeance ?

 15   R.  Dans certains cas, oui, mais dans d'autre cas, ils collaboraient avec

 16   la HV, d'après mon évaluation.

 17   Q.  Quand vous dites "HV," vous entendez par là des personnes que vous avez

 18   pu observer qui portaient des uniformes de camouflage ?

 19   R.  C'est exact.

 20   Q.  Lorsque vous avez pu observer ces actes d'incendie, vous avez estimé

 21   que cela n'avait aucun sens, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Je vous renvoie au 13 août 1995, donc toujours

 24   le journal du témoin, P748.

 25   Q.  Cela vous paraissait illogique parce que vous saviez que les autorités

 26   croates, en raison du problème auquel ils étaient confrontés en matière de

 27   réfugiés, avaient besoin de ces maisons pour abriter les réfugiés, n'est-ce

 28   pas ?

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  1   R.  En effet. Et je suis toujours tout à fait ahuri que cela ait été fait,

  2   parce que ces maisons auraient pu être utilisées pour abriter les réfugiés

  3   et à d'autres fins.

  4   Q.  Vous saviez donc qu'à l'époque que la République de Croatie était

  5   confrontée à un très gros problème de réfugiés, n'est-ce pas ?

  6   R.  C'est exact, en raison des déplacements qui ont eu lieu en 1991.

  7   Q.  Donc, dans le contexte de ce problème, grave problème de réfugiés, vous

  8   saviez que la République de Croatie devait résoudre ce problème, vous avez

  9   observé ces maisons incendiées et vous avez dit que cela n'avait aucun sens

 10   ?

 11   R.  En effet. Mais pour en revenir à ce que j'ai dit hier et la remarque

 12   faite par Ivan Juric concernant le fait qu'il fallait se débarrasser de

 13   tous les Chetniks dans la zone afin que personne ne revienne, c'est aussi

 14   le contexte dans lequel il faut examiner cela.

 15   Q.  Cela dit, cela n'avait aucun sens à vos yeux étant donné qu'il y avait

 16   un énorme besoin d'abris au sein de la République de Croatie, n'est-ce pas

 17   ?

 18   R.  Oui, c'est exact. Cela n'était pas logique.

 19   Q.  Vous parlez de Juric. Juric ne parle pas l'anglais, n'est-ce pas ?

 20   R.  Il parlait tout de même un anglais limité. Il est suffisant pour que

 21   nous puissions nous entretenir avec lui.

 22   Q.  Aviez-vous un interprète lorsque vous parliez avec lui ?

 23   R.  Dans la plupart des cas, pas forcément un interprète, mais une personne

 24   qui parlait anglais.

 25   Q.  Il était tout à fait clair pendant cette période, lorsque vous avez

 26   constaté ces actes de pillage et d'incendie, qu'il y avait un vide au

 27   niveau du pouvoir, n'est-ce pas ?

 28   R.  A l'origine, oui.

Page 7759

  1   Q.  Et est-ce que vous aviez connaissance des mesures entreprises par la

  2   République de Croatie pour tenter de mettre un terme à ces actes de pillage

  3   et d'incendie ?

  4   R.  Je sais que des mesures out été prises suite à une réunion entre le

  5   général Cermak et le général Forand. Je sais que le général Cermak avait

  6   dit au général Forand qu'il y avait en fait des actes d'incendie et de

  7   pillage dans tout le secteur, qu'il voulait y mettre fin. Le général Cermak

  8   avait indiqué que l'on allait veiller à ce que ce soit le cas.

  9   Q.  Plus précisément, avez-vous connaissance des efforts consentis par la

 10   police militaire et la police civile pour endiguer ces comportements ?

 11   R.  Non, parce qu'à plusieurs reprises j'ai vu la police militaire et la

 12   police civile s'adonner elle-même à de tels actes de pillage.

 13   Q.  Mais aviez-vous connaissance de mesures prises par les autorités à

 14   Zagreb pour tenter de mettre un terme à cette activité ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Lorsque vous vous discutiez avec M. Juric, qui était votre interprète ?

 17   R.  Je ne m'en souviens pas.

 18   Q.  Etait-ce M. Sare ?

 19   R.  Je ne sais pas. Je ne pense pas que nous avions un interprète avec

 20   nous. Je crois qu'il s'agissait de personnes qui travaillaient pour le

 21   ministère de la Défense ou le poste de police ou le QG de la police où

 22   Jovic se trouvait, des personnes qui pouvaient parler anglais.

 23   Q.  Je vous ai montré une série de cartes concernant les opérations

 24   militaires. Vous en souvenez-vous ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Je crois que vous nous avez dit qu'à l'origine, avant d'aller à Zagreb

 27   ou en ex-Yougoslavie, vous travailliez pour la Défense nationale au sein de

 28   la cellule de Crise s'occupant de la Yougoslavie ?

Page 7760

  1   R.  Oui.

  2   Q.  A quelle date ?

  3   R.  Entre 1994 et 1995. Avant d'être déployé, j'étais l'officier

  4   responsable d'un département des renseignements à Ottawa, puis j'ai été

  5   déployé à Knin en juillet 1995.

  6   Lorsque j'étais officier responsable, l'on me tenait informé de tout ce qui

  7   se passait en ex-Yougoslavie.

  8   Q.  Et justement à ce sujet, je pense que vous avez été déployé en

  9   septembre 1995 à Sarajevo à la FORPRONU ?

 10   R.  Oui, au QG de la FORPRONU. Et en janvier 1996, j'ai été muté député

 11   adjoint des services de Renseignements canadiens au QG du complexe des

 12   Nations Unies.

 13   Q.  Et pendant toute cette période, vous avez continué à suivre de très

 14   près les événements qui se déroulaient dans l'ex-Yougoslavie, et ce,

 15   jusqu'à la fin des combats pendant l'automne 1995 ?

 16   R.  Oui, je me suis tenu au courant de la situation dans le secteur sud

 17   jusqu'au 6 septembre, là je suis allé à Sarajevo. Pendant que je me

 18   trouvais à Sarajevo, je m'intéressais en règle générale à ce qui se passait

 19   dans le secteur sud, mais je dois dire que je n'étais plus -- enfin, le

 20   centre de mes préoccupations était devenu la Bosnie-Herzégovine.

 21   Q.  J'aimerais vous montrer la carte dont nous avons parlé pendant ce week-

 22   end.

 23   M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 1D42-0015.

 24   Et je vais essayer de faire aussi rapidement que faire se peut,

 25   Monsieur le Président, puisque le témoin a déjà vu ce document, nous

 26   l'avons étudié avec lui. Il s'agit des opérations de l'armée croate ou des

 27   forces armées croates.

 28   Et c'est la page suivante qui m'intéresse.

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  1   Q.  Monsieur Berikoff, il s'agit de l'hiver 1994, comme vous le voyez --

  2   M. KEHOE : [interprétation] Je souhaiterais que soit affichée la page

  3   suivante.

  4   Q.  Cela correspond à votre connaissance générale ?

  5   R.  Oui.

  6   M. KEHOE : [interprétation] Nous allons passer maintenant à la page

  7   suivante, avril 1995. Page suivante, encore.

  8   Q.  Vous remarquerez, il s'agit de la page suivante, qu'en avril 1995, nous

  9   passons à l'opération Saut 2.

 10   M. KEHOE : [interprétation] Page suivante, s'il vous plaît.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Maître Kehoe, je peux vous dire d'emblée que

 12   je pourrais très certainement accélérer la procédure en vous disant que

 13   j'ai discuté de cela avec les membres de votre équipe ce week-end. Nous

 14   avons donc examiné les différentes opérations qui se sont déroulées pendant

 15   cette période, et je peux vous dire qu'en règle générale, d'après mes

 16   souvenirs, bien entendu, tout cela est exact.

 17   M. KEHOE : [interprétation] Donc, pour accélérer la procédure, nous

 18   n'allons pas examiner les documents page par page, et nous souhaiterions le

 19   versement au dossier de ce document 1D42-0015.

 20   M. RUSSO : [interprétation] Je voudrais --

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Russo.

 22   M. RUSSO : [interprétation] Je voudrais tout simplement demander d'où

 23   proviennent ces cartes.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Premièrement, je dirais que ces cartes

 25   proviennent de sources différentes. Nous avons examiné ces informations

 26   avec le témoin, afin de vérifier l'exactitude de ces renseignements, compte

 27   tenu de ce qu'il a vu à ce moment-là.

 28   M. RUSSO : [interprétation] Je pense que le témoin a juste indiqué que les

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  1   détails généraux donnés par ces cartes étaient exacts. Ce qui ne signifie

  2   absolument pas que les informations précises retenues dans les cartes sont

  3   exactes. Je voulais tout simplement savoir d'où venaient ces documents, sur

  4   quoi l'on s'était basé. Parce que je vois qu'il y a plusieurs documents.

  5   Nous avons le centre de la responsabilité opérationnelle qui se trouve

  6   juste en dessous de Gracac, ce qui ne correspond pas à ce qui était

  7   indiqué, puisque Gracac se trouve dans la région militaire de Split. Donc

  8   nous aimerions savoir d'où émane cela.

  9   M. KEHOE : [interprétation] Si vous m'y autorisez, Monsieur le Président,

 10   je dirais que l'Accusation, si elle a des problèmes vis-à-vis de cette

 11   pièce à conviction, pourra présenter des éléments de preuve pour

 12   contrecarrer ce que je dis. La Défense, pour le moment, est en train de

 13   demander le versement au dossier de ce document et, bien entendu,

 14   l'Accusation pourra réfuter cela pour ce qui est du poids qui lui sera

 15   accordé.

 16   Le témoin peut dire si cette information est en règle générale exacte. S'il

 17   a des problèmes précis, ils pourront présenter une carte pour contrecarrer

 18   tout ce qui est dit.

 19   M. RUSSO : [interprétation] Ce n'est pas une objection que je soulève vis-

 20   à-vis de l'admissibilité de la pièce à conviction, parce que je pense qu'il

 21   s'agit visiblement de cartes, mais je voudrais savoir sur quoi s'est-on

 22   fondé sur dessiner ces cartes ?

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quelle que soit leur provenance, quelle

 24   que soit la base utilisée pour ces informations, je crois comprendre,

 25   Monsieur Berikoff, que vous êtes en mesure de confirmer l'exactitude des

 26   éléments qui se trouvent sur ces cartes, parce que d'après ce que je

 27   comprends, il s'agit d'opérations précédentes, et non pas de l'opération

 28   Tempête.

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  1   M. RUSSO : [interprétation] Non, cela inclut l'opération Tempête.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes allés très vite en besogne,

  3   puisque maintenant nous sommes déjà à l'opération Saut 2.  Qu'en est-il,

  4   est-ce que l'opération Tempête, est-ce qu'elle va être présentée maintenant

  5   ?

  6    M. KEHOE : [interprétation] Oui. Nous allons continuer. Voyez, vous avez

  7   cela va de l'opération Saut 2 à l'été 1995. Nous allons continuer à

  8   examiner cela page par page.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Les cartes que l'on m'a montrées couvraient la

 10   période à partir de 1991 jusqu'à l'opération Tempête. Il s'agit

 11   d'opérations différentes qui ont eu lieu pendant que j'étais l'officier

 12   chargé du renseignement à Ottawa, au Canada, donc j'étais au courant de

 13   façon générique, quand même, de ces opérations.  C'est ce que j'ai dit,

 14   j'ai dit que cela correspondait aux aperçus généraux des différentes

 15   opérations. Pour ce qui est des frontières exactes entre le nord et le sud,

 16   et cetera, tout cela est exact, mais pour ce qui est de savoir si ces

 17   frontières sont exactes, là je ne suis pas certain, mais je dirais que la

 18   veine générale des documents, pour ce qui est de cet aperçu général, je

 19   peux marquer mon accord.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 21   Bien sûr, Monsieur Russo, si vous nous dites que l'opération Tempête est

 22   incluse, le fait est qu'il y a 21 pages et que nous n'en sommes qu'à la

 23   sixième ou la septième page. Mais je comprends qu'il s'agit d'un jeu de

 24   cartes qui décrivent de façon générale l'évolution des différentes

 25   opérations jusqu'à l'opération Tempête, qui est incluse dans ces cartes. Et

 26   puisque vous nous dites que vous n'avez pas de problème par rapport à la

 27   recevabilité dudit jeu de cartes, la Chambre, ayant entendu le témoin

 28   confirmer l'exactitude des cartes, ne pense pas qu'il est important de

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  1   savoir comment ces cartes ont été composées, à savoir est-ce qu'elles ont

  2   été composées après une excellente nuit de sommeil, et cetera, et cetera,

  3   cela n'a aucune importance. Si le témoin nous dit que les cartes décrivent

  4   de façon exacte ce qu'elles sont censées décrire, c'est un renseignement

  5   qui nous suffit.

  6   M. RUSSO : [interprétation] Mais je suis d'accord, si ce n'est qu'il a été

  7   dit : "Je crois comprendre qu'il s'agit d'un jeu de cartes qui décrivent de

  8   façon exacte l'évolution des opérations." Pour ce qui est de l'emplacement

  9   des frontières, pour ce qui est des positions des unités, je suis d'accord

 10   avec vous.

 11   Le témoin, certes, en règle générale, a admis que telle opération s'était

 12   bien produite à ce moment-là. D'ailleurs, il n'a marqué son désaccord avec

 13   absolument rien.

 14   Ce que je voulais tout simplement savoir, c'était l'origine de ce jeu

 15   de cartes. On nous fait des promesses. D'ailleurs, je ne comprends pas

 16   pourquoi cela pose un tel problème.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Par conséquent, la recevabilité du

 18   document ne semble pas poser problème pour le moment.

 19   Monsieur le Greffier, auriez-vous l'amabilité de nous donner une cote pour

 20   ce jeu de cartes.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la cote D728.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D728. Donc ce document est accepté.

 23   Nous prendrons en considération vos préoccupations, Monsieur Russo.

 24   M. KEHOE : [interprétation] Mais Gracac ne faisait pas partie de la région

 25   militaire de Split pendant l'opération Tempète.

 26   M. RUSSO : [interprétation] Si tel est le point de vue de la Défense, que

 27   cela ne tienne. Là, visiblement, cela va faire l'objet de litige.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

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  1   M. KEHOE : [interprétation] Nous aimerions également demander le versement

  2   au dossier du journal de bord de M. Berikoff, qui n'avait pas été admis

  3   jusqu'à présent. Il s'agit de la pièce 5394 de la liste 65 ter. Ce n'est

  4   pas le journal de bord. C'est un journal de bord mais qui n'a pas été

  5   présenté par l'Accusation, le journal de bord qui porte sur la période 30

  6   juillet à 20 août 1995.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

  8   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Monsieur le Greffier.

 10   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D729.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D729 est versée au dossier.

 12   M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais maintenant demander le versement au

 13   dossier du journal manuscrit de M. Berikoff. C'est un document à plusieurs

 14   pages. Il y a 67 pages, pour ce qui est de l'ensemble du journal de bord.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Russo.

 16   M. RUSSO : [interprétation] Pas d'objection.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela devient D730.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D730 est versée au dossier.

 20   M. KEHOE : [interprétation]

 21   Q.  Monsieur Berikoff, nous allons maintenant parler du général Gotovina.

 22   Quand est-ce que vous avez vu le général Gotovina pour la dernière fois ?

 23   R.  J'ai vu le général Gotovina un certain nombre de fois. Je l'ai vu à la

 24   suite du décès du président Milosevic, car à la suite du décès du président

 25   Milosevic au quartier pénitentiaire des Nations Unies, j'ai fait partie du

 26   groupe qui a mené à bien l'enquête à propos de son décès. J'ai eu la

 27   possibilité d'interroger le général Gotovina eu égard au décès du président

 28   Milosevic.

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  1   Q.  Ce n'est pas ma question, mais j'aimerais préciser davantage à votre

  2   intention la question.

  3   Pendant l'opération Tempête et jusqu'à la fin de votre mission dans le

  4   secteur sud, quand est-ce que vous l'avez vu pour la dernière fois ?

  5   R.  Pendant l'opération Tempête, je pense que je n'ai vu le général

  6   Gotovina qu'une fois. Je ne me souviens pas de la date exacte. Il faudrait

  7   que je consulte mes notes, mais je pense que je l'ai vu une fois. Il s'agit

  8   d'une réunion avec le général Forand, et c'est la seule fois que je l'ai vu

  9   pendant l'opération Tempête.

 10   Q.  Cela ne serait pas passé vers le 6 août ?

 11   R.  Je pense que c'était peut-être le 6 août, il y avait eu une réunion à

 12   la base avec le général Forand.

 13   Q.  Vous n'avez jamais vu le général Gotovina après, pendant le reste de

 14   votre déploiement dans le secteur sud ?

 15   R.  Je n'en ai pas de souvenir, en tout cas.

 16   Q.  Vous n'avez pas le souvenir d'avoir parlé avec le général Gotovina

 17   après cette réunion ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Si je pouvais avoir un petit moment, Monsieur Berikoff ?

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous demanderais de bien vouloir

 21   consulter votre écran, Maître Kehoe, pendant une seconde.

 22   [Le conseil de la Défense se concerte]

 23   M. KEHOE : [interprétation] Je n'ai plus de questions à vous poser. J'ai

 24   tout dit.

 25   Q.  Je vous remercie, Monsieur Berikoff.

 26   R.  Je vous remercie.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 28   Vous avez pris moins de la moitié de la séance.

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  1   M. KEHOE : [interprétation] Est-ce que vous me donnez un bon point pour ce

  2   faire ?

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez --

  4   M. KEHOE : [interprétation] Non, je pense qu'en fait je dois vous dire que

  5   Me Higgins m'a demandé si elle pouvait changer de place parce qu'elle

  6   souhaitait montrer certaines choses à M. Berikoff. Je ne sais pas s'il

  7   faudrait que nous fassions une petite pause ou si tout le monde peut rester

  8   dans le prétoire.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne pense pas que cela prendra

 10   beaucoup de temps. Je peux d'ores et déjà annoncer aux parties que nous

 11   allons mettre un terme à l'audience aujourd'hui non pas à 13 heures 45,

 12   mais à 13 heures 30. Voilà pour votre gouverne personnelle.

 13   Maintenant qu'à cela ne tienne, changez de places.

 14   Monsieur Berikoff, c'est maintenant Me Higgins qui va vous poser des

 15   questions. Me Higgins est le conseil de M. Cermak.

 16   Mme HIGGINS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en prie.

 18   Contre-interrogatoire par Mme Higgins : 

 19   Q.  [interprétation] Monsieur Berikoff, je vais vous poser quelques

 20   questions au nom de M. Cermak. Vous me comprenez ?

 21   R.  Oui, tout à fait.

 22   Q.  Pour que je puisse bien comprendre vos fonctions et votre profession,

 23   je vais commencer pour vous poser quelques questions à ce sujet. Nous vous

 24   avons entendu dire que vous étiez un officier chargé du renseignement

 25   militaire aux Nations Unies, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, c'est exact.

 27   Q.  Donc votre mission consistait à évaluer qui faisait quoi dans le

 28   secteur sud ?

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  1   R.  Oui, c'était ma mission initiale, certes.

  2   Q.  Et nous savons de par votre troisième déclaration que le général Forand

  3   vous a confié des missions à plusieurs reprises et vous a demandé d'obtenir

  4   autant de renseignements que faire se peut à propos de la situation qui

  5   prévalait en Krajina et dans le secteur sud notamment; est-ce exact ?

  6   R.  C'est exact.

  7   Q.  Je remarque que vous avez une spécialisation, vous étiez officier

  8   chargé du renseignement militaire.

  9   R.  Oui. Pour ce qui est de la terminologie, je dirais qu'à l'époque les

 10   Nations Unies n'utilisaient pas la terminologie "officier chargé du

 11   renseignement." Ils utilisaient plutôt la terminologie "officier chargé du

 12   renseignement," mais c'est ce que j'étais. Les Nations Unies parlait

 13   d'"officier chargé de l'information," mais en fait c'est ce que j'étais,

 14   j'étais un officier chargé du renseignement.

 15   Q.  Pour que je comprenne et pour que la Chambre comprenne, auriez-vous

 16   l'amabilité de nous expliquer la différence entre le renseignement et

 17   l'information ?

 18   R.  Lorsque l'on parle d'information, il s'agit de renseignement brut;

 19   alors que lorsque l'on parle de renseignement, il s'agit de renseignements

 20   qui ont été analysés.

 21   Q.  Puis-je avancer qu'il y a, en règle générale, deux sources :

 22   premièrement, ce que l'on appelle la source humaine; et deuxièmement, la

 23   source des documents ?

 24   R.  Oui, il s'agit bien de deux sources, mais il y en a d'autres, Maître.

 25   Q.  Quelles sont-elles ?

 26   R.  Vous avez les informations électroniques que vous pouvez recevoir, vous

 27   avez toute l'imagerie que vous pouvez recevoir, vous avez également

 28   plusieurs façons d'écouter ce que racontent les gens. Donc il y a une

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  1   variété de sources, Maître.

  2   Q.  Vous étiez donc officier chargé de l'information. Je suppose que cela

  3   signifiait que vous deviez parler aux personnes du cru notamment, puisque

  4   vous vous trouviez sur un territoire que vous ne connaissiez pas ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Nous allons passer directement à M. Cermak et aux renseignements que

  7   vous avez obtenus.

  8   Avant que je vous pose la première question, j'aimerais savoir ce qui suit

  9   : Avant que M. Cermak n'arrive à Knin, est-ce que vous saviez qui il était,

 10   qu'il s'agissait d'un homme d'affaire qui avait connu beaucoup de succès

 11   dans sa vie civile ?

 12   R.  Avant son arrivée, non, je ne savais absolument rien de M. Cermak. A la

 13   suite de son arrivée sur ce territoire, j'ai appris, effectivement, qu'il

 14   s'agissait d'un homme d'affaires dans le domaine du pétrole en Croatie.

 15   Q.  Est-ce que vous saviez qu'il avait été nommé par le président Tudjman à

 16   Knin le 5 ?

 17   R.  Cela, je l'ai appris pendant la journée du 5 août, effectivement.

 18   Q.  Par souci d'équité envers vous, puis-je avancer que vous n'avez pas eu

 19   de séance de prédéploiement et que vous ne saviez pas donc qui était M.

 20   Cermak avant qu'il n'arrive à Knin ?

 21   R.  Non. Vous avez raison en avançant cela, Maître. Le général Cermak n'a

 22   absolument pas été mentionné.

 23   Q.  Puis j'aimerais également dire que vous n'avez jamais eu de réunion en

 24   bilatéral avec le général Cermak ?

 25   R.  Je n'ai pas eu de réunion bilatérale avec le général Cermak. Je l'ai

 26   accompagné dans la base, j'ai participé à des réunions où il se trouvait,

 27   mais je n'ai jamais eu de réunion bilatérale.

 28   Q.  Je reviendrai un peu plus tard sur cette réunion. Mais puis-je avancer

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  1   qu'il y avait quand même une certaine confusion qui régnait dans l'esprit

  2   des membres des Nations Unies à Knin vis-à-vis M. Cermak, ils ne savaient

  3   pas exactement qui était M. Cermak ?

  4   R.  Lorsque M. Cermak a dans un premier temps été nommé à cette fonction,

  5   je ne dirais pas que la confusion régnait, mais il s'agissait d'une entité

  6   inconnue. La plupart, la majorité des personnes de la base des Nations

  7   Unies ne connaissaient même pas son nom.

  8   Q.  Puisqu'il s'agissait d'une entité inconnue et au vu de votre rôle au

  9   sein des Nations Unies, puisque vous étiez officier chargé de

 10   l'information, avez-vous jamais présenté une demande pour pouvoir prendre

 11   langue vous-même avec M. Cermak, pour que vous puissiez ainsi apprendre

 12   davantage qui il était ?

 13   R.  Cela ne faisait pas partie de ma fonction; toutefois, si on m'avait

 14   confié cette mission, je l'aurais fait. Mais pour répondre à votre

 15   question, je répondrais par non, Maître.

 16   Q.  Bien. J'aimerais maintenant vous poser des questions à propos de

 17   différents titres que vous avez attribués à M. Cermak.

 18   Je vais procéder par étapes, et je vais dans un premier temps prendre

 19   votre première déclaration, votre déclaration de l'année 1996, et je vous

 20   le dis pour que vous n'oubliez pas cette déclaration, Monsieur Berikoff.

 21   R.  Bien.

 22   Q.  Le premier titre est le titre de maire. Est-ce que vous vous souvenez

 23   avoir fait cette référence lorsque vous avez parcouru ou revu votre

 24   déclaration ?

 25   R.  Oui, certes. Il y a un certain nombre de titres qui ont été attribués

 26   au général Cermak --

 27   Q.  Bien --

 28   R.  -- dont le titre ou la fonction de maire.

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  1   Q.  Nous allons étudier ces titres, mais j'aimerais que vous m'indiquiez

  2   d'où émanait cette information suivant laquelle il était maire.

  3   R.  La source de l'information passait par notre centre opérationnel qui

  4   vraisemblablement l'avait obtenu de la direction, à savoir le général

  5   Tymchuk ou le général Forand.

  6   Q.  Vous nous dites que cela avait dû certainement passer par le centre

  7   opérationnel. Je vais vous poser une question très simple à laquelle vous

  8   pourrez répondre tout simplement par oui ou par non, et voilà quelle est ma

  9   question : est-ce que vous pouvez me donner le nom de personnes qui ont

 10   fait référence au général Cermak comme étant un maire ou le maire ?

 11   R.  Non, je ne peux pas vous donner de nom.

 12   Q.  Comment est-ce que vous avez appris qu'il n'était pas maire et qu'il

 13   n'avait pas été nommé ?

 14   R.  Je ne le savais pas.

 15   Q.  Est-ce que vous saviez qu'il y avait un commissaire du gouvernement

 16   dans ce secteur ? Vous saviez cela ?

 17   R.  Non, je ne le savais pas.

 18   Q.  Est-ce que le nom de Petar Pasic vous dit quelque chose ?

 19   R.  Non, je ne connais pas ce nom, Maître.

 20   Q.  Vous étiez officier chargé de l'information, Monsieur Berikoff, avez-

 21   vous jamais dressé une liste des noms de personnes avec leurs fonctions

 22   professionnelles, et je pense à la police civile, à la police militaire ou

 23   à l'armée. Est-ce que vous avez dressé ce genre de liste ?

 24   R.  Personnellement, je n'ai pas compilé ce genre de liste. Toutefois, j'ai

 25   donné les noms au personnel chargé des opérations, qui ont compilé, eux,

 26   une liste, me semble-t-il.

 27   Q.  Donc vous répondez par la négative ?

 28   R.  Oui, tout à fait. Je réponds par la négative. Je ne l'ai pas fait, moi.

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  1   Je me suis contenté de leur fournir les renseignements.

  2   Q.  Le second titre, Monsieur Berikoff, et vous comprendrez que je n'essaie

  3   pas de jeter la confusion à votre esprit ou je n'essaie absolument pas de

  4   vous contrarier. Vous comprenez que ma tâche consiste à vous poser des

  5   questions ?

  6   R.  Mais je ne suis absolument pas contrarié.

  7   Q.  Le second titre que vous utilisez est le titre de commandant de Knin,

  8   et nous le voyons dans votre deuxième et votre troisième déclaration.

  9   En 1997, lorsque vous faites cette deuxième déclaration, vous vous

 10   souviendrez qu'il s'agissait plutôt d'une lettre par opposition à une

 11   déclaration. Vous savez de quel document je parle ?

 12   R.  Je pense que vous faites référence à cette lettre portant sur la

 13   liberté de mouvement.

 14   Q.  Nous allons dans un premier temps voir cette lettre.

 15   Cette lettre qui date du 21 mai 1997, c'est cette lettre que vous

 16   avez rédigée au Canada et qui se trouve dans votre classeur, me semble-t-

 17   il. C'est ce qu'on appelle votre deuxième déclaration, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Est-ce qu'il est exact que vous l'avez rédigée au Canada ?

 20   R.  Cette déclaration, oui, tout à fait.

 21   Q.  Lorsque vous avez rédigé cette déclaration, est-ce que vous avez

 22   demandé conseil à quiconque ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Lors de votre troisième déclaration -- il y a un entretien, un

 25   troisième entretien, et le Procureur vous a demandé d'authentifier certains

 26   documents, et il me semble que parmi ces documents il y avait cette lettre.

 27   Il y avait en fait deux lettres. Est-ce que vous vous en souvenez de cela ?

 28   R.  Je me souviens avoir authentifié plusieurs documents.

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  1   Q.  C'est le Procureur qui vous avait remis ces documents, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui. Je pense que si vous parlez de la lettre qui porte sur la liberté

  3   de mouvement, j'avais mon propre exemplaire de cette lettre, Maître.

  4   Q.  Nous allons les examiner rapidement.

  5   Mme HIGGINS : [interprétation] La première est la pièce P405, et il s'agit

  6   d'une lettre qui porte la date du 8 août 1995.

  7   Q.  Est-ce que cette lettre est affichée sur votre écran, Monsieur Berikoff

  8   ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Bien que les caractères ne soient pas très lisibles, vous voyez que

 11   cela est signé par le général Ivan Cermak. Vous voyez en bas de page ?

 12   R.  Oui.

 13   Mme HIGGINS : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous étudions d'un

 14   peu plus près la deuxième lettre, qui est la lettre du 11 août. Il s'agit

 15   de la pièce P390. Je souhaiterais que cette pièce soit affichée à l'écran.

 16   Q.  Vous l'avez sur votre écran ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce que vous voyez que cette lettre a été écrite et signée par le

 19   "commandant de la garnison de Knin, colonel Ivan Cermak" ? Vous voyez cela

 20   ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  J'aimerais vous demander de remonter dans le temps à l'époque où sont

 23   déroulés ces événements, et est-ce que quelqu'un vous a expliqué, Monsieur

 24   Berikoff, ce que signifiaient les initiales "ZM" ?

 25   R.  Non, on ne nous a pas fourni une explication intégrale. On nous a tout

 26   simplement dit que le général Cermak s'occupait fondamentalement de tout le

 27   secteur sud.

 28   Q.  Je vais en venir à cela, mais pour répondre à ma question, votre

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  1   réponse est négative ?

  2   R.  [aucune interprétation]

  3   Q.  Vous êtes Canadien. Est-ce que vous êtes Canadien francophone ?

  4   R.  Je comprends le français. Je le parle, mais je suis Canadien

  5   anglophone.

  6   Q.  Donc vous le comprenez, vous le parlez, mais est-ce qu'on ne vous a

  7   jamais indiqué qu'il s'agissait que les initiales ZM correspondaient aux

  8   termes "zone militaire" ?

  9   R.  Cela est possible, mais on ne m'a pas fourni cette explication.

 10   Q.  Mais est-ce qu'on vous avait dit que cela correspondait au terme qui

 11   signifie "garnison" en anglais ?

 12   R.  Ça, c'est plus précis.

 13   Q.  Est-ce qu'on vous l'a expliqué ? Est-ce qu'on vous l'a dit à l'époque ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Est-ce que vous avez posé des questions pour comprendre ce que

 16   signifiait "ZM" ?

 17   R.  Non, je n'ai pas posé de questions. On nous a dit oralement que c'était

 18   le général Cermak qui avait la responsabilité de ce territoire.

 19   Q.  J'arrive à cela justement. Il s'agit du troisième titre que vous avez

 20   attribué au général Cermak. Il s'agit du titre de gouverneur militaire.

 21   Mme HIGGINS : [interprétation] C'est votre troisième déclaration, page 50.

 22   Q.  Je sais que vous avez eu la possibilité d'étudier de façon assez

 23   détaillée vos déclarations, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui, vous pouvez le dire.

 25   Q.  Donc conviendrez-vous que la première fois que vous avez utilisé le

 26   terme de "gouverneur militaire" dans vos déclarations, c'est lorsque Thomas

 27   Elfgren, enquêteur des Nations Unies, vous a dit que d'après ce qu'il avait

 28   compris, le général Cermak avait été nommé gouverneur militaire ?

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  1   Vous vous en souvenez ?

  2   R.  Je me souviens avoir parlé avec Thomas Elfgren du fait que le général

  3   Cermak était gouverneur. Il faut savoir que c'est une terminologie qui

  4   avait également été utilisée par différentes personnes du secteur sud dans

  5   la base des Nations Unies. Mais certes, Thomas Elfgren, l'a mentionné.

  6   Q.  Il ne s'agit pas de savoir si Thomas Elfgren l'a mentionné. Pendant la

  7   pause, j'aimerais que vous étudiiez à nouveau vos déclarations, car ma

  8   question est très différente.

  9   Ce que j'aimerais savoir c'est si la première fois que vous utilisiez

 10   ce terme dans votre déclaration, c'est après qu'on vous a suggéré ce terme

 11   et après que l'on a suggéré à votre attention qu'il s'agissait de son titre

 12   et que c'est Thomas Elfgren qui vous l'a suggéré. Donc si vous n'êtes pas

 13   en mesure de répondre à ma question maintenant, prenez votre temps pour y

 14   répondre, pour y réfléchir et je vous reposerai cette question après.

 15   R.  Oui, je préfère prendre mon temps pour ce faire, Maître.

 16   Q.  Bien. Nous reviendrons là-dessus.

 17   Mais je pense qu'il est important que vous preniez votre temps pour

 18   répondre à cette question, mais n'est-il pas exact qu'il ne vous a jamais

 19   dit pendant cet entretien sur quoi se fondait-il pour avancer ce titre ?

 20   Mais vous reviendrez là-dessus pendant la pause, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Je comprends les difficultés, et je pense qu'il faut avancer que vous

 23   n'avez été dans cette région que pendant sept semaines, n'est-ce pas, sept

 24   semaines et un jour, en tout ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Donc ce n'est pas véritablement beaucoup de temps pour vous

 27   familiariser avec tout cela, n'est-ce pas ?

 28   R.  Je pense que j'ai pu me familiariser avec le secteur. J'ai pu me

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  1   déplacer dans le secteur, connaître différentes personnalités. Mais en

  2   fait, je n'ai pas eu suffisamment de temps.

  3   Q.  Est-ce que c'est peut-être la raison qui explique pourquoi vous avez

  4   attribué à M. Cermak trois titres ? En fait, vous n'étiez pas tout à fait

  5   sûr et certain de son titre exact ou de la fonction qu'il avait dans ce

  6   secteur ?

  7   R.  Comme je l'ai déjà dit, il y avait une certaine confusion qui régnait

  8   au sujet de certaines personnes. Différents titres avaient été attribués au

  9   général Cermak. Et oui, j'accepte.

 10   Q.  Donc vous l'acceptez ?

 11   R.  Oui, vous avez raison. Mais en même temps, le général Cermak était la

 12   personne chargée de la zone, d'après ce que je savais à l'époque.

 13   Q.  Je serai très précise, la Défense ne l'accepte pas. Mais je vais

 14   explorer maintenant la base de cette conclusion.

 15   R.  D'accord, je comprends.

 16   Q.  Nous reviendrons là-dessus.

 17   Est-ce que quiconque vous a jamais dit, y compris le Procureur, qu'à un

 18   moment donné ce titre de gouverneur militaire n'existait pas au sein de la

 19   HV ?

 20   R.  Pour autant que je m'en souvienne, non.

 21   Q.  En tant qu'officier chargé de renseignements, l'avez-vous appris à un

 22   moment donné lors de vos enquêtes ?

 23   R.  Non, Madame.

 24   Q.  Vous nous avez dit que vous n'avez pas eu de rencontre tête-à-tête avec

 25   le général Cermak ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Vous avez dit que vous avez eu deux rencontres avec lui ?

 28   R.  Oui.

Page 7779

  1   Q.  Oui, je reviendrai là-dessus. Mais est-ce qu'il est exact que le

  2   général Cermak ne vous a jamais dit qu'il était gouverneur militaire ?

  3   Est-ce exact ?

  4   R.  C'est exact. Je n'ai jamais parlé en tête-à-tête avec le général

  5   Cermak.

  6   Q.  Il est exact qu'il ne vous a jamais dit qu'il était gouverneur

  7   militaire ?

  8   R.  C'est exact.

  9   Q.  Du fait que vous coopériez très étroitement avec le général Forand,

 10   vous saviez qu'il y avait des réunions entre le général Forand et le

 11   général Cermak ?

 12   R.  C'est exact.

 13   Q.  Et qu'il y avait également une correspondance entre les deux ?

 14   R.  Oui, je pense que c'est exact. En fait, j'ai lu plusieurs lettres qui

 15   avaient été envoyées dans le secteur sud.

 16   Q.  Compte tenu de ces lettres et compte tenu du fait que vous coopériez

 17   très étroitement avec le général Forand, avez-vous jamais appris que dans

 18   cette correspondance entre ces deux messieurs, le général Cermak n'avait

 19   jamais signé ses lettres en tant que "gouverneur militaire" ? Le saviez-

 20   vous ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Avez-vous jamais vu le document selon lequel le général Cermak avait

 23   été nommé à ce poste ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  J'aimerais maintenant vous poser plusieurs questions à ce sujet.

 26   Mme HIGGINS : [interprétation] Tout d'abord, j'aimerais que l'on affiche la

 27   pièce D31.

 28   Q.  Monsieur Berikoff, vous voyez la décision émanant du président Franjo

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  1   Tudjman en date du 5 août 1995. Et au premier paragraphe, l'on fait état de

  2   la nomination du général de division de réserve Ivan Cermak, au nom du

  3   commandant de la garnison de Knin.

  4   Le voyez-vous ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  En tant qu'officier chargé des renseignements, avez-vous vu ou examiné

  7   les articles de la presse à l'époque ?

  8   R.  Après l'offensive, j'avais beaucoup de choses à faire et ce n'était pas

  9   tellement l'une des tâches qui relevait des priorités, mais oui.

 10   Q.  J'aimerais maintenant que vous examiniez la pièce D36.

 11   Mme HIGGINS : [interprétation] Et qu'elle soit affichée à l'écran.

 12   Q.  Voyez-vous l'article affiché à l'écran ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  L'avez-vous vu à l'époque ? Il s'agit de l'article de Slobodna

 15   Dalmacija en date du dimanche le 6 août 1995.

 16   R.  C'est la première fois que je le vois.

 17   Q.  [aucune interprétation]

 18   R.  [aucune interprétation]

 19   Q.  J'aimerais que vous examiniez le premier paragraphe. Dans la troisième

 20   ligne, l'on fait état du document que nous venons de voir, c'est-à-dire que

 21   le commandant suprême de la République de Croatie, Dr Franjo Tudjman, a

 22   pris la décision de nommer le général Cermak au poste du commandant de la

 23   garnison de Knin.

 24   R.  Oui, je le vois.

 25   Q.  J'aimerais insister un peu plus au sujet des informations que vous

 26   aviez au sujet de M. Cermak afin de mieux comprendre les titres que vous

 27   lui avez attribués.

 28   Tout d'abord, est-ce que vous êtes jamais allé au bureau de M. Cermak

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  1   ?

  2   R.  Non

  3   Q.  En fait, vous ne saviez pas exactement où se trouvait son bureau ?

  4   R.  C'est exact. Je pensais que c'était dans la citadelle de Knin, mais je

  5   ne savais pas où exactement.

  6   Q.  En fait, avez-vous appris que ce n'était pas dans la citadelle de Knin,

  7   mais dans le centre de Knin ?

  8   R.  Oui, je l'ai appris par la suite, mais je ne m'y suis jamais rendu.

  9   Q.  Donc on peut dire que vous ne saviez pas du tout quelle était la taille

 10   de son bureau ni ce qui s'y trouvait ?

 11   R.  C'est exact.

 12   Mme HIGGINS : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche la pièce D34

 13   [comme interprété].

 14   Q.  J'essaierai d'observer la pause entre la question et la réponse parce

 15   que je sais que j'ai tendance à accélérer.

 16   Tout d'abord, j'aimerais que l'on examine la page de garde de ce document.

 17   Mme HIGGINS : [interprétation] J'aimerais que l'on examine la page 5 de la

 18   version originale dans le système du prétoire électronique, et dans sa

 19   traduction, c'est en page 9. Non, ce n'est pas la page. C'est la page L002-

 20   1425. Merci.

 21   Q.  J'essaie d'examiner quelles étaient les limites de vos connaissances,

 22   Monsieur Berikoff, et j'aimerais savoir si vous l'avez déjà vu, ce document

 23   ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Pour les besoins du compte rendu d'audience, je vais dire qu'il s'agit

 26   d'un rapport portant sur le nombre des effectifs dans la garnison de Knin

 27   ou plutôt qui se trouvaient dans le QG de la garnison de Knin en date du 31

 28   août. Il s'agit d'un document qui a été rédigé par Drago Juric, par le

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  1   soldat de première classe Drago Juric.

  2   Le voyez-vous ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et vous voyez que le chiffre total s'élève à neuf ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  A l'époque où vous travailliez en tant qu'officier chargé des

  7   renseignements ou par la suite en tant que témoin potentiel en l'espèce,

  8   avez-vous jamais appris qu'en fait le nombre de personnes qui étaient

  9   subordonnées à M. Cermak s'élevait à neuf personnes, à lui en tant que

 10   commandant de la garnison de Knin ?

 11   R.  Non, je n'étais pas au courant de ces informations. C'est la première

 12   fois que je l'apprends.

 13   Q.  D'accord.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document porte sur le QG de la

 15   garnison de Knin, et compte tenu des documents précédents, vous avez dit

 16   qu'il était commandant de la garnison de Knin, et ce document ne porte que

 17   sur le QG.

 18   Est-ce que vous allez nous présenter des documents selon lesquels le QG

 19   était la seule partie de la garnison de Knin qui était subordonnée à M.

 20   Cermak, parce que c'est ce que vous êtes en train de nous suggérer d'une

 21   manière implicite.

 22   Mme HIGGINS : [interprétation] C'est notre position. Ici, l'on fait état du

 23   QG de la garnison de Knin, mais c'est en fait la garnison de Knin parce que

 24   c'est tout ce qu'il y avait au sujet de la garnison.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord, je comprends. Mais --

 26   Mme HIGGINS : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- je voulais que vous le précisiez dans

 28   la mesure du possible.

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  1   Mme HIGGINS : [interprétation] Oui, je vous comprends.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

  3   Mme HIGGINS : [interprétation]

  4   Q.  Monsieur Berikoff, avez-vous jamais appris qu'en fait, si l'on se

  5   concentre sur la position de commandant de garnison au sein de la HV, il

  6   s'agissait d'une position non opérationnelle ?

  7   R.  Non, à l'époque de l'offensive, je ne le savais pas. Par la suite, j'ai

  8   appris, non seulement de la part des Croates mais à l'époque où je

  9   travaillais pour le bureau du Procureur, que c'était le terme employé. Mais

 10   cela n'avait rien à voir avec cette enquête.

 11   Q.  Je voulais vous montrer maintenant le contexte de ce document.

 12   Le terme qui était employé au sujet de ce poste, parce que j'aimerais que

 13   vous compreniez la fonction qu'il avait.

 14   R.  Oui, je vous comprends.

 15   Q.  A l'époque où vous étiez dans la zone et étant donné que vous étiez

 16   très proche du général Forand, avez-vous jamais appris à un moment donné

 17   que le travail de M. Cermak portait sur trois choses avant tout : tout

 18   d'abord, aider l'ONU, la communauté internationale, les membres de l'ONU,

 19   portant sur leurs problèmes ?

 20   Le saviez-vous ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Deuxièmement, de normaliser la vie à Knin après le conflit. Saviez-vous

 23   que cela relevait de ses fonctions ?

 24   R.  Oui. Cela concernait Knin et la zone à l'extérieur de Knin. C'est ce

 25   qu'on m'avait dit à l'époque où j'étais dans le secteur.

 26   Q.  Saviez-vous que son travail consistait à aider les personnes déplacées

 27   dans la zone ?

 28   R.  Oui, je le savais.

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  1   Q.  Lors des conversations que vous aviez avec le général Forand, est-ce

  2   qu'il vous a jamais dit que le général Cermak lui avait dit que sa

  3   responsabilité consistait à rénover la vie normale aussi vite que possible

  4   ?

  5   R.  Oui. Le général Forand me l'a dit, Madame.

  6   Q.  Et, en fait, saviez-vous que M. Cermak, à plusieurs reprises, a demandé

  7   au général Forand de l'aider afin de normaliser la vie à Knin ? Le saviez-

  8   vous ?

  9   R.  Je savais qu'il y avait un grand nombre de réunions entre les deux

 10   messieurs, mais je ne sais pas quel était le sujet de leurs conversations.

 11   Mme HIGGINS : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche maintenant la pièce

 12   D298.

 13   Q.  Vous avez dit aujourd'hui que vous étiez au courant de certaines

 14   lettres qui avaient été échangées entre ces deux messieurs ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Avez-vous vu cette lettre dans laquelle le général Cermak demande au

 17   général Forand de l'aider afin de rétablir l'approvisionnement en eau à

 18   Knin afin de normaliser la vie et le travail et le retour des réfugiés ?

 19   R.  Je ne sais pas si j'ai vu cette lettre, mais je sais que le général

 20   Forand avait donné au commandant Bellerose de fournir de l'aide aux

 21   autorités locales.

 22   Q.  Donc vous saviez que cela se déroulait ?

 23   R.  Oui.

 24   Mme HIGGINS : [interprétation] La pièce D299, s'il vous plaît.

 25   Q.  Examinez cette lettre et dites-nous si vous l'avez jamais vue, Monsieur

 26   Berikoff.

 27   Vous voyez que l'on fait état du fait que le général Cermak demande de

 28   l'aide afin de récupérer les véhicules endommagés, et ceci, afin de

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  1   normaliser la vie dans la ville de Knin. Le voyez-vous ?

  2   R.  Oui, je le vois, Madame, mais je ne me souviens pas avoir vu cette

  3   lettre et je ne me souviens pas que le général Forand avait confié à qui

  4   que ce soit au QG de les aider afin de déplacer les véhicules.

  5   Q.  Mais le fait que vous ne vous souveniez pas de cet événement ne veut

  6   pas dire que ça n'a jamais eu lieu ?

  7   R.  Oui, c'est exact, parce que les véhicules avaient été récupérés et

  8   déplacés derrière les lignes.

  9   Q.  Merci beaucoup.

 10   Mme HIGGINS : [interprétation] Et, en dernier lieu, j'aimerais que l'on

 11   examine maintenant la pièce P388.

 12   Q.  J'aimerais que vous examiniez ce document et que vous nous disiez si

 13   c'était une des lettres que vous avez examinées.

 14   Mme HIGGINS : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu d'audience,

 15   je vais dire qu'il s'agit d'une lettre du 8 août 1995, envoyée par M.

 16   Cermak au général Forand, dans laquelle on demande qu'une liste complète de

 17   réfugiés se trouvant dans le camp soit dressée et que les problèmes portant

 18   sur la vie soient réglés afin de normaliser la vie.

 19   Q.  Connaissiez-vous cette lettre ?

 20   R.  C'est la première fois que je vois cette lettre. En majorité, la

 21   correspondance passait par M. Tymchuk; mais probablement j'étais au courant

 22   du fait qu'il y avait des discussions entre les généraux portant sur les

 23   réfugiés.

 24   Q.  Peut-on dire que M. Cermak s'est rendu plusieurs fois au camp de l'ONU

 25   et qu'il avait des rencontres portant sur les personnes déplacées à

 26   l'intérieur des frontières, et ce, afin de les aider ?

 27   Peut-on le dire ?

 28   R.  Oui, vous pouvez le dire. C'est exact. Il est vrai également qu'il

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  1   s'est promené au sein de la base, où il a parlé avec des réfugiés.

  2   Q.  Merci.

  3   Revenons maintenant à votre première déclaration. Vous n'avez pas dit dans

  4   cette déclaration qui étaient les personnes qui connaissaient très bien le

  5   général Cermak.

  6   R.  Certains le connaissaient et certains ne le connaissaient pas.

  7   Q.  Vous avez dit dans vos déclarations que M. Cermak relevait d'une

  8   certaine autorité qui allait d'un nombre limité de villages et allant

  9   jusqu'à l'ensemble du secteur au sud. Vous souvenez-vous l'avoir dit ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Lors de vos conversations que vous avez eues avec le général Forand et

 12   suite aux informations que vous avez pu apprendre, est-ce que vous savez

 13   qu'il y avait des rapports dans lesquels il était dit qu'il n'avait pas

 14   cette autorité et que l'on niait même son existence ?

 15   R.  Je ne dirais pas que l'on niait son autorité, et je suis d'accord avec

 16   vous lorsque vous parlez de son existence. Il y avait plusieurs points de

 17   contrôle où j'ai été arrêté et où l'on reconnaissait le nom de "Cermak."

 18   Q.  On connaissait son nom, mais on ne reconnaissait pas son autorité ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Et, en fait, c'était le nom du commandant Juric qui était le plus

 21   important ?

 22   R.  Que ce soit dans n'importe quelle partie du secteur, c'était surtout le

 23   nom du commandant Juric qui était le nom le plus connu.

 24   Q.  D'accord. J'aimerais maintenant que l'on examine une autre pièce. Il

 25   s'agit d'un rapport du général Forand, pour que vous puissiez comprendre le

 26   contexte de mes questions.

 27   Mme HIGGINS : [interprétation] Il s'agit d'un document présenté par

 28   l'Accusation par le truchement de votre déposition. Et j'aimerais que l'on

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  1   affiche, c'est 0090-1503. C'est la deuxième page qui m'intéresse. Merci.

  2   Q.  Examinez le paragraphe C, s'il vous plaît.

  3   Mme HIGGINS : [interprétation] C'est la troisième page du document. Merci.

  4   Q.  Paragraphe C que vous voyez à l'écran. Comme je l'ai déjà dit, il

  5   s'agit d'un rapport présenté par le général Forand, envoyé au QG de

  6   l'ONURC, en date du 9 août 1995. Et vous pouvez lire ce que le général

  7   Forand a écrit, il a dit : "L'autorité totale du général Cermak -- le

  8   général Cermak revendique l'autorité totale sur toute la zone du secteur

  9   sud et accorde la liberté de circulation. Les unités de la HV dans la zone

 10   de responsabilité du Bataillon canadien, en particulier à Benkovac, renient

 11   au général Cermak cette autorité, même son existence."

 12   Le voyez-vous ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Nous reviendrons aux questions des points de contrôle, mais je pourrais

 15   dire, n'est-ce pas, que vous n'avez jamais vu un document, à cette époque

 16   où vous étiez dans la zone, portant sur l'autorité de M. Cermak, que ce

 17   soit de l'autorité qu'il avait sur les gens ou sur les zones, n'est-ce pas

 18   ?

 19   R.  C'est exact. Nous avons reçu une lettre portant sur la liberté de

 20   circulation, et j'avais l'impression que nous avions le droit de circuler

 21   librement dans tout le secteur.

 22   Q.  Avez-vous compris qu'en fait dans cette lettre le général Cermak

 23   voulait par cette lettre aider la communauté internationale dans la zone ?

 24   R.  Oui, c'est ainsi que je l'avais compris. Nous étions l'ONU et j'ai

 25   compris qu'il voulait nous aider et que cette lettre devait nous permettre

 26   la liberté de circulation pour mieux comprendre les activités et le dégât

 27   causé.

 28   Q.  Même si votre impression était que c'était une lettre qui était un

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  1   document qui relevait de l'autorité, en fait, avec le temps, vous avez

  2   compris que cette autorité ne correspondait pas à la réalité sur le terrain

  3   ?

  4   R.  Oui, vous avez raison. A un grand nombre de points de contrôle, le

  5   général Cermak n'était pas reconnu en tant que personne en charge.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Higgins, je vois l'heure.

  7   Pourriez-vous faire la pause maintenant ?

  8   Mme HIGGINS : [interprétation] Excusez-moi, je vous tourne le dos, mais

  9   compte tenu de la position où se trouve le témoin il m'est difficile de me

 10   tourner vers vous.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous comprenons tout à fait. Avant

 12   de faire la pause, j'aimerais poser une question.

 13   Les deux premières lettres que vous aviez fait afficher, dans la première

 14   l'on parle des cartes de la zone, et je ne me souviens pas, du moins je ne

 15   pouvais pas trouver dans le système du prétoire électronique, si ces cartes

 16   avaient été jointes en annexe à ce document, et si ces cartes sont mises à

 17   notre disposition.

 18   Mme HIGGINS : [interprétation] Nous n'avons pas à notre disposition ces

 19   cartes, mais peut-être que le Procureur pourrait nous aider.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo.

 21   M. RUSSO : [interprétation] Je vous en informerai.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Nous allons faire la pause

 23   jusqu'à 1 heure moins quart.

 24   --- L'audience est suspendue à 12 heures 26.

 25   --- L'audience est reprise à 12 heures 50.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Higgins, veuillez poursuivre.

 27   Mme HIGGINS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 28   Q.  Monsieur Berikoff, pour en revenir à une chose, avez-vous pu parcourir

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  1   vos déclarations pendant la pause ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Ai-je raison de dire que la première fois que ce terme "gouverneur

  4   militaire" est utilisé est à la page 350 de votre troisième déclaration ?

  5   R.  C'est exact.

  6   Q.  Cela vous a été suggéré par Thomas Elfgren, un membre de l'Accusation,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, pendant l'entretien avec Thomas Elfgren.

  9   Q.  Merci. Et ai-je raison de dire qu'il ne vous a pas présenté de

 10   fondement pour ses dires avec lesquels vous étiez d'accord ?

 11   R.  En effet, il ne m'a pas présenté de tels fondements.

 12   Q.  Merci.

 13   Pour en revenir au pouvoir de M. Cermak, dont vous avez parlé,

 14   serait-il juste et exact de dire que vous n'avez ni vu ni entendu M. Cermak

 15   donner des ordres à quelque soldat que ce soit en activité, que ce soit la

 16   police ou l'armée ? Est-ce exact ?

 17   R.  Oui, votre thèse est exacte.

 18   Q.  Cela dit, vous aviez vu le commandant Juric, vous aviez vu le

 19   commandant Juric donner des ordres, et vous l'aviez entendu donner des

 20   ordres sur le terrain, n'est-ce pas ?

 21   R.  Très souvent.

 22   Q.  Merci. Je ne vais pas parler de façon détaillée de la liberté de

 23   circulation, eu égard à ce que vous avez déjà dit.

 24   Mais saviez-vous, en tant que responsable des renseignements, que la

 25   liberté de circulation faisait l'objet de négociations à Zagreb et faisait

 26   l'objet de l'accord d'Akashi ?

 27   R.  Oui, je le savais.

 28   Q.  Et la lettre que M. Cermak vous a envoyée, n'était-elle pas la lettre

Page 7792

  1   visant à faciliter les choses qui reflétaient la teneur d'un accord conclu

  2   à un niveau plus élevé ? Serait-il juste de le dire ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et pour bien planter le décor, serait-il exact de dire que vous avez

  5   décrit cette lettre de M. Cermak comme étant une blague ?

  6   R.  Oui, parce que lorsqu'on présentait cette lettre à un point de contrôle

  7   ou lorsqu'on essayait de l'utiliser pour favoriser la liberté de

  8   circulation, les gens n'en tenaient pas compte.

  9   Q.  Est-il aussi exact de dire que le général Forand vous a demandé de ne

 10   pas utiliser la lettre, dans toute la mesure du possible, mais d'essayer

 11   simplement de faire avancer les choses ? Est-ce exact ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  J'aimerais maintenant venir à ce que vous avez décrit comme étant un

 14   démenti par M. Cermak de crimes, et votre thèse d'après laquelle il aurait

 15   pu faire cesser ces crimes. Je vais vérifier auprès de vous ces dires et

 16   vous demander si vous connaissiez certains documents qui décrivent le

 17   contexte.

 18   R.  Très bien, je comprends.

 19   Q.  D'après vos déclarations, vous avez dit que l'on avait informé M.

 20   Cermak des incendies et du pillage et du fait qu'il fallait y mettre un

 21   terme. C'est le général Forand qui vous avait informé de cela ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Dans votre troisième déclaration, à la page 31, à plusieurs reprises,

 24   vous dites que vous étiez présent lorsque le général Cermak s'entretenait

 25   avec le général Forand.

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Pourriez-vous nous dire quand ?

 28   R.  Je ne me souviens pas des dates exactes, mais je me souviens d'avoir

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  1   été plusieurs fois dans la salle lorsqu'ils s'entretenaient de la question.

  2   A d'autres occasions, j'étais à l'extérieur de la salle et je me trouvais

  3   donc aux côtés des gardes du corps du général, et je n'ai pas eu

  4   connaissance de la teneur des discussions.

  5   Q.  Le problème, c'est que nous ne retrouvons pas votre nom. Nous avons de

  6   nombreux rapports, mais si vous pouviez nous donner un nom, nous pourrions

  7   essayer de retrouver votre nom.

  8   R.  Mais je ne me souviens pas de la date, Madame.

  9   Q.  Vous dites dans votre troisième déclaration que lors de cet entretien

 10   dont vous avez eu connaissance, vous n'avez prêté aucune attention à ces

 11   discussions. Mais pourquoi cela, puisque vous étiez responsable des

 12   renseignements ?

 13   R.  C'était à un échelon bien plus élevé. Je ne m'y intéressais pas. Je

 14   m'intéressais à la situation sur le terrain. Mais cet entretien dont vous

 15   parlez concernait les hauts responsables et ce n'était pas de mon ressort.

 16   Q.  Je sais que 13 années se sont écoulées depuis, mais serait-il possible

 17   que lorsque vous dites que vous étiez présent lors d'un entretien, en fait,

 18   vous avez plutôt été informé de la teneur de ces discussions ? Est-ce

 19   possible ?

 20   R.  Non, Madame. J'étais présent dans le bureau, à plusieurs reprises, aux

 21   côtés du général Cermak, du général Forand et d'autres, mais la plupart du

 22   temps, comme je l'ai dit, je me trouvais à l'extérieur dans le couloir ou

 23   ailleurs, avec son garde du corps personnel.

 24   Q.  Pour revenir aux détails de ce que vous dites concernant les démentis

 25   au sujet de ces crimes.

 26   Je vais essayer de résumer en deux mots ce que vous avez dit  et,

 27   bien entendu, Monsieur Berikoff, si vous souhaitez vérifier l'exactitude de

 28   ce que je dis, vous pouvez le faire, je vous donnerai les références

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  1   exactes.

  2   R.  Non, je vous fais confiance.

  3   Q.  Tout d'abord, dans votre première déclaration, vous dites que : "Cermak

  4   a démenti avoir eu connaissance de pillages ou d'incendies commis par ses

  5   soldats. Je ne suis pas d'accord avec l'argument d'après lequel ceux qui

  6   étaient responsables des actes criminels étaient des criminels qui

  7   n'étaient soumis à aucun contrôle. Certains souhaitaient peut-être se

  8   venger, mais ils étaient peu nombreux."

  9   Est-il exact, dans cette déclaration, Monsieur Berikoff, que vous

 10   n'identifiez pas les personnes que vous qualifiez de "soldats" ?

 11   R.  C'est exact.

 12   Q.  Maintenant, pour être tout à fait juste, pour planter le décor,

 13   j'aimerais vous donner l'occasion d'examiner ce qui a été consigné

 14   concernant ces actes de vengeance à l'époque.

 15   Mme HIGGINS : [interprétation] Est-ce que nous pourrions voir à l'écran la

 16   pièce D56.

 17   Q.  Et pour situer le contexte, c'est un rapport daté du 18 août 1995,

 18   rédigé par M. Al-Alfi.

 19   Vous le connaissez, n'est-ce pas ?

 20   R.  Je ne me souviens pas du nom, mais si vous me dites quelles étaient ses

 21   fonctions, je m'en souviendrai peut-être.

 22   Q.  On le qualifiait de PHAC, P-h-a-c ?

 23   R.  Je n'en ai pas connaissance.

 24   Q.  Il a participé à la rédaction des rapports, transmis du QG de l'ONURC à

 25   Zagreb. Il était présent lors de nombreuses réunions auxquelles assistait

 26   le général Forand.

 27   Mme HIGGINS : [interprétation] Je vous demanderais d'afficher à l'écran la

 28   troisième page du document.

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  1   Q.  Et pour être claire, l'acronyme PHAC se réfère au directeur des

  2   affaires civiles des Nations Unies.

  3   Au deuxième paragraphe, il est question d'une réunion avec le général

  4   Cermak dont d'autres participants étaient Tymchuk, Flynn et Roberts. Vous

  5   connaissiez toutes ces personnes, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, Monsieur.

  7   Q.  Monsieur ?

  8   R.  Pardon, Madame. Toutes mes excuses.

  9   Q.  Reportons-nous au deuxième paragraphe, où il est dit : "J'ai également

 10   attiré l'attention du général Cermak sur le fait que nous étions préoccupés

 11   par les nombreux rapports concernant des maisons et fermes incendiées."

 12   Voyez-vous cela ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  "…le pillage, et lui ai demandé de prendre des mesures de son côté pour

 15   faire cesser ces activités. Le général Cermak partageait nos préoccupations

 16   et a exprimé son mécontentement au sujet du fait que de tels actes se

 17   poursuivaient. Il a promis de sévir contre ceux qui commettaient de tels

 18   actes. Il a également expliqué que certains de ces actes pouvaient être

 19   commis par des civils qui étaient retournés dans ce secteur et cherchaient

 20   à se venger, profitant du fait que leurs déplacements dans la zone

 21   n'étaient pas entravés."

 22   Compte tenu du contexte dans lequel s'inscrivent ces remarques,

 23   conviendriez-vous avez moi qu'il ne s'agit pas en fait de démenti, mais que

 24   ce document, à l'époque, reflète le fait que le général Cermak partageait

 25   ces préoccupations, disait qu'il était très mécontent, et promet de prendre

 26   des mesures ? Etes-vous d'accord ?

 27   R.  Oui, je vois cela dans le rapport.

 28   Mme HIGGINS : [interprétation] Je souhaiterais que le document D151 soit

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  1   affiché à l'écran. C'est un document qui va nous permettre d'étudier

  2   davantage ces allégations de refus ou ces démentis allégués.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Higgins, nous avons vu, pour ce

  4   qui est de ce document, la première page. Cela n'a pas attiré mon attention

  5   un peu plus tôt, tout comme, par exemple, dans le cas de Cermak par

  6   opposition au maire de Knin. Je ne sais pas d'où vient ce document. Peut-

  7   être que cela a déjà été expliqué préalablement.

  8   Mme HIGGINS : [interprétation] Je crains que cela ne soit pas versé au

  9   dossier. C'est une note qui a été faite sur un document, et ce, de par la

 10   Défense. Mais c'est un document que nous avons reçu de l'Accusation.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors cela reste un mystère

 12   pour le moment.

 13   Mme HIGGINS : [interprétation] Oui.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

 15   Mme HIGGINS : [interprétation] D151.

 16   Q.  Il s'agit d'un rapport établi à nouveau par M. Al-Alfi, un rapport

 17   destiné au QG de l'ONURC de Zagreb, qui porte la date du 24 août 1995. Il

 18   s'agit d'un rapport qui a trait à une réunion entre le général Forand et le

 19   général Cermak, et vous verrez quelle est la référence par rapport au

 20   général Cermak de la part du général Forand.

 21   Mais ce qui m'intéresse, c'est la deuxième page.

 22   Mme HIGGINS : [interprétation] Paragraphe 5.

 23   Q.  Regardez le contexte. Voilà ce qui est indiqué. "Nous avons attiré son

 24   attention sur le fait qu'il continue à avoir des maisons incendiées et des

 25   pillages dans la zone. Nous avons attiré l'attention du général Cermak là-

 26   dessus et nous lui avons demandé de mettre un terme à ce genre d'actes." 

 27   Il a accepté ce fait en indiquant qu'il considérait, à propos de la

 28   poursuite de ces incidents, qu'il attribuait ces incidents à des personnes

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  1   qui revenaient dans la zone et qui portaient les uniformes de la HV, ainsi

  2   qu'à des civils qui voulaient se venger.

  3   Il a également attribué ce genre d'actes aux efforts en cours déployés par

  4   l'armée croate qui est en train de nettoyer le terrain et de capturer les

  5   rebelles.

  6   "Le général Cermak nous a indiqué de façon très claire qu'à son avis

  7   il s'agissait d'une zone très, très vaste et qu'il serait en train de nous

  8   mentir s'il affirmait que rien de la sorte n'avait lieu ou ne continuait à

  9   se passer. Mais il nous a informés qu'il avait déjà donné des ordres très

 10   stricts destinés au personnel militaire et civil afin de mettre un terme à

 11   ce genre d'actes."

 12   Conviendrez-vous, Monsieur Berikoff, maintenant que vous avez étudié ce

 13   document qui date de l'époque, que dans ce contexte M. Cermak admettait en

 14   fait que ces crimes avaient lieu ?

 15   R.  Au vu du contexte, je suis d'accord avec vous, mais j'ai appris de la

 16   part du général Forand, qui avait indiqué qu'en fait le général Cermak

 17   avait dit que cela se poursuivait, qu'il n'était pas en mesure de mettre un

 18   terme à tout cela, et cela figure dans le rapport.

 19   Mme HIGGINS : [interprétation] D59, je vous prie.

 20   Q.  Je pense que nous pouvons dire que vous avez été informé de certains

 21   articles de presse, mais vous avez expliqué que vous avez passé l'essentiel

 22   de votre temps sur le terrain, n'est-ce pas ?

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Vous avez le document D59, et j'aimerais savoir si vous l'avez déjà vu,

 25   cet article. C'est un article qui date du 7 septembre 1995, dont le titre

 26   est : "Cermak, il n'y a pas de place dans l'armée croate pour les

 27   pilleurs."

 28   Vous vous souvenez de l'avoir vu ?

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  1   R.  Je ne me souviens pas avoir pris connaissance de cet article, mais j'en

  2   ai été informé.

  3   Q.  Si vous prenez le contexte du premier paragraphe, parce que c'est ça

  4   qui m'intéresse. D'après le général de division, Ivan Cermak, commandant de

  5   Knin : "Une vaste opération a été lancée pour résoudre les problèmes

  6   relatifs à l'appropriation illicite d'appartements ainsi qu'aux pillages et

  7   à l'incendie de maisons, qui sont autant d'actes malheureusement commis la

  8   plupart du temps par des membres de l'armée croate. Dix mandats d'arrêt ont

  9   été délivrés, mandats d'arrêt de comparution pour que les personnes se

 10   présentent au tribunal militaire de Split, et qui, comme a indiqué le

 11   général Cermak, concernent des soldats qui avilissent l'armée croate, qui

 12   n'a pas de place pour eux."

 13   Alors, Monsieur Berikoff, il ne s'agit pas de démenti de crimes là, n'est-

 14   ce pas ?

 15   R.  Oui. D'après cet article, je peux marquer mon accord avec vous.

 16   Q.  Il y avait des articles de presse. Je suppose que vous avez peut-être

 17   été informé de certains reportages à la télévision, par exemple ?

 18   R.  Non, Maître. Je ne regardais pas la télévision pendant que je me

 19   trouvais là-bas. Nous n'avions pas accès à la télévision à partir du moment

 20   où l'offensive a commencé.

 21   Q.  J'aimerais vous montrer un extrait vidéo.

 22   Mme HIGGINS : [interprétation] En fait, il  s'agit d'un extrait vidéo qui a

 23   été présenté par l'Accusation. Cela a fait l'objet d'une communication

 24   récente. Il s'agit de la pièce 2D05-0001. Je dirais, pour ce qui de la

 25   provenance de cet extrait vidéo, que d'après son contexte, nous croyons

 26   comprendre que cela a été filmé un mois peut-être après l'opération

 27   Tempête. Nous estimons que cela a été filmé pendant la première semaine du

 28   mois de septembre, et c'est une vidéo du HRAT, donc l'équipe d'action des

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  1   droits de l'homme. Il s'agit d'une vidéo qui a été présentée par

  2   l'Accusation le mois dernier.

  3   Des traductions ont été données aux cabines d'interprètes.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, nous allons maintenant visionner

  5   cela.

  6   [Diffusion de la cassette vidéo]

  7   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix] "Lors de leur séjour à Knin, tel que cela

  8   est indiqué par le commandant de la garnison, le général Cermak, les choses

  9   ne fonctionnent pas comme elles devraient. Il faut savoir qu'à propos de la

 10   situation actuelle à Knin, le général Cermak a dit : "Malheureusement, il y

 11   a de nombreux actes illicites qui se sont produits, tels que, par exemple,

 12   des entrées par effraction dans les appartements, même lorsqu'il s'agit

 13   d'appartements de l'armée croate ou d'entreprises; dans des appartements

 14   civils. Nous en avons informé la police, qui va agir. Certains membres de

 15   l'armée croate auraient dû être sévèrement sanctionnés parce que ce genre

 16   d'actes est une honte pour l'armée croate. Cela ne peut pas se passer en un

 17   mois. Il y a eu certains pillages, certaines maisons sont encore

 18   incendiées, et nous devons de toute urgence agir pour prévenir cela. 

 19   Le ministre de la Santé, le Dr Andrea Ibram [phon], a rendu visite à

 20   l'hôpital de Knin aujourd'hui où il s'est familiarisé avec le travail

 21   accompli au cours des derniers mois. J'insisterais pour dire que l'hôpital,

 22   au cours du premier mois, a fonctionné de façon provisoire. Vous avez des

 23   médecins serbes et croates qui travaillent ensemble ainsi que les

 24   infirmières. Le personnel hospitalier qui est resté s'est adapté au système

 25   et montre ainsi au monde que fondamentalement il y a une différence entre

 26   l'hôpital de Knin et l'hôpital de Vukovar. Il faut savoir que l'hôpital

 27   fait maintenant partie du système de financement, du système de santé

 28   publique de la Croatie."

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  1   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

  2   Mme HIGGINS : [interprétation] J'aimerais dire que je n'ai rien entendu

  3   dans mes écouteurs, mais je souhaiterais que cet extrait vidéo soit versé

  4   au dossier avec la transcription de la vidéo pour que nous puissions savoir

  5   de quoi il s'agit.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je dois vous dire que je n'ai pas écouté

  7   l'interprétation. Je me suis contenté de lire la traduction. Mais l'un des

  8   problèmes -- en fait, je ne sais pas si l'interprétation française a suivi.

  9   L'INTERPRÈTE : Oui.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Par conséquent, je vois qu'il n'y a pas

 11   eu de transcription de la version anglaise. Nous pourrons régler le

 12   problème de plusieurs façons. Soit vous pouvez verser au dossier le script

 13   anglais et si nous avons l'interprétation française, cela signifie qu'une

 14   transcription de l'interprétation française sera fournie bientôt, parce que

 15   d'après ce que je crois comprendre - et corrigez-moi si je me trompe,

 16   Monsieur le Greffier - il me semble que le compte rendu d'audience en

 17   français est effectué sur la base des cassettes audio qui sont envoyées à

 18   une agence spécialisée, ainsi nous aurons un dossier complet, et du fait

 19   que je viens de fournir l'explication, tout sera absolument complet.

 20   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Pour que tout le dossier soit

 22   complet, les différents comptes rendus d'audience, nous avons le texte

 23   B/C/S, le texte anglais. Il n'y a pas eu de lecture en anglais.

 24   Donc les comptes rendus d'audience B/C/S et anglais seront versés au

 25   dossier et feront partie du dossier. Et pour le français, nous aurons

 26   l'interprétation de la cabine française, ce qui fait que nous aurons un

 27   dossier complet.

 28   Vous pouvez poursuivre, Maître Higgins.

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  1   Mme HIGGINS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. 

  2   Je souhaiterais que la vidéo soit versée au dossier.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Russo, je suppose que cela a

  4   été obtenu récemment dans le cadre d'une demande d'entraide judiciaire, si

  5   je ne m'abuse ?

  6   M. RUSSO : [interprétation] Oui, c'est exact. Il n'y a pas d'objection.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection. Alors, vous avez donc

  8   la vidéo avec le compte rendu d'audience anglais et le compte rendu

  9   d'audience B/C/S. Monsieur le Greffier ?

 10   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela deviendra la pièce D731.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D731 est versée au dossier.

 12   Mme HIGGINS : [interprétation] Je vous remercie infiniment.

 13   Q.  Monsieur Berikoff, pour replacer tout cela dans le contexte de

 14   l'époque, vous avez vu un certain nombre d'extraits vidéo, vous avez pu

 15   étudier des documents établis à l'époque, et vous avez entendu le général

 16   Cermak dire ce qu'il avait à dire à propos de ces crimes sur lesquels son

 17   attention avait été apportée.

 18   Mais par ailleurs, il serait exact de dire que vous-même, à quatre

 19   reprises, lorsque vous avez fourni vos déclarations - et je vais attirer

 20   votre attention sur ces déclarations - il est exact de dire que vous étiez

 21   un tant soit peu sceptique pour ce qui est de sa capacité à mettre un terme

 22   à ces crimes.

 23   R.  Oui, je suis d'accord avec vous, parce que lors de mes déplacements

 24   dans le secteur, même après ces extraits vidéo que vous venez de montrer,

 25   même après les différents rapports - je dois vous dire que je me suis

 26   déplacé considérablement dans le secteur - le pillage continuait à être de

 27   mise, ne s'était pas arrêté et continuait à être effectué par la police

 28   spéciale, entre autres.

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  1   Q.  Vous avez exprimé ces doutes, et ces doutes, nous les trouvons dans

  2   votre première déclaration, votre troisième déclaration à deux occasions,

  3   et dans votre dernière déclaration lorsque vous dites : "Je pense que le

  4   général Cermak soit n'avait pas le pouvoir de mettre un terme à ce pillage

  5   et à ces incendies ou ne voulait pas le faire."

  6   R.  C'est exact, Maître. Car je pense qu'à cette époque-là, les gens ne

  7   tenaient absolument pas compte de son autorité bien souvent.

  8   Q.  A propos du fait que l'on faisait fi de cette autorité, j'aimerais

  9   maintenant que vous examiniez le tableau que vous avez préparé. Vous en

 10   souviendrez peut-être.

 11   Mme HIGGINS : [interprétation] Il s'agit de la pièce P745, dont je demande

 12   l'affichage à l'écran.

 13   Q.  Pour situer ce tableau dans le contexte, peut-on dire que vous n'avez

 14   pas reçu un entraînement spécifique relatif à l'armée croate ou à la

 15   structure de police pendant que vous y étiez, dans la zone ?

 16   R.  Non. Pendant que j'y étais, non. Ma tâche consistait à aller voir les

 17   unités qui étaient dans la zone avant l'offensive, et après, de voir

 18   quelles étaient les activités qui étaient en cours et qui en était

 19   responsable.

 20   Q.  Pour résumer ce que vous m'avez déjà dit, vous vouliez vous concentrer

 21   plutôt sur le territoire, et non pas sur les personnes qui agissaient,

 22   n'est-ce pas ?

 23   R.  C'est exact. La question des personnes n'a été abordée qu'une fois que

 24   je suis parti à Sarajevo.

 25   Q.  Mais vous avez fait ce tableau à l'époque en 1996 ?

 26   R.  Oui, c'est exact.

 27   Q.  Dans votre déclaration, on fait état de Cameron Troy Hillier. Qui

 28   était-il ?

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  1   R.  C'était un caporal de la police militaire canadienne, si je ne m'abuse.

  2   A l'époque, on demandait la présence de la police militaire.

  3   Q.  Est-ce que ce tableau a été fait à la fin de l'entretien ?

  4   R.  Non, il a été fait au moment de l'audition, et non pas après.

  5   Q.  Donc c'était lors de cet entretien ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Et qui était la personne qui a fait ce tableau ?

  8   R.  Il n'y a que moi qui l'ai fait.

  9   Q.  D'accord. Pourriez-vous m'expliquer quelque chose ? Au moment où vous

 10   avez fait cet organigramme, c'était au moment de votre première

 11   déclaration, moment où vous avez dit que M. Cermak était un maire, et c'est

 12   une fonction civile. Vous êtes d'accord avec moi que cela est tout à fait

 13   différent par rapport à ce qu'on voit à cet organigramme où vous écrivez

 14   qu'il était probablement à la tête de l'unité militaire dans le secteur

 15   sud.

 16   Alors, Monsieur Berikoff, comment se fait-il qu'il y ait cette différence ?

 17   Je ne veux pas savoir quelle est la base sur laquelle vous vous fondez,

 18   mais comment se fait-il qu'il y ait ces différences ?

 19   R.  A l'époque, on le connaissait sous le nom du général Cermak. C'était la

 20   personne la plus haut placée dans la zone, pour autant que je le sache,

 21   donc c'est pourquoi j'ai dit que c'était la personne qui était en charge de

 22   l'armée, qu'on l'appelle maire, pape ou quoi que ce soit d'autre.

 23   Q.  Mais vous comprenez que tous ces titres ne relevaient pas de l'armée,

 24   n'est-ce pas, qu'il soit maire, gouverneur ou pape ? N'est-ce pas, Monsieur

 25   Berikoff ?

 26   R.  Oui, c'est exact. Mais il est également général, donc c'est militaire.

 27   Q.  Mais --

 28   R.  Vous savez, je le voyais porter l'uniforme. C'est pourquoi je voyais

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  1   qu'il était un soldat.

  2   Q.  D'accord, mais il faut faire la différence entre l'uniforme et le titre

  3   qu'il avait.

  4   R.  [aucune interprétation]

  5   Q.  Le problème que j'ai est que vous faites la différence entre les

  6   différentes déclarations.

  7   R.  Oui, mais vous savez, il avait le grade du général, il portait un

  8   uniforme, et c'est pourquoi j'ai tiré la conclusion qu'il était en charge

  9   de l'armée.

 10   Q.  A l'époque, vous aviez très peu d'informations s'agissant des sources

 11   documentaires, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  Avant d'aborder ce document plus en détail, j'aimerais que vous me

 14   disiez si, lors de vos contacts avec le bureau du Procureur, vous avez eu

 15   l'occasion de retirer ce document étant donné qu'il n'était pas précis ou

 16   qu'il y avait une contradiction par rapport à la thèse de l'Accusation ?

 17   R.  Non. Parce qu'une fois que j'ai commencé à travailler au Tribunal, mes

 18   contacts avec l'équipe d'enquête qui travaillait en l'espèce, les contacts

 19   étaient très limités, et je n'ai eu que deux contacts avec cette équipe en

 20   l'espèce.

 21   Q.  Je comprends. Conviendrez-vous qu'il s'agit d'un organigramme pas très

 22   réfléchi, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  C'est quelque chose qu'on pourrait, par exemple, rédiger sur un bout de

 25   papier, juste comme ça, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, c'est exact.

 27   Q.  Hier, vous avez dit que les informations portant sur la hiérarchie se

 28   fondent sur ce que vous avez appris vous-même et ce que vous avez appris de

Page 7807

  1   l'ONURC, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Mais est-ce que vous pourriez me donner le nom de n'importe quelle

  4   source humaine sur laquelle vous vous êtes basé en faisant cet organigramme

  5   ?

  6   R.  Le capitaine Williams, il était G2 canadien à Zagreb. C'est lui qui m'a

  7   fourni certaines informations pendant que j'étais dans le pays, il a essayé

  8   d'établir l'ordre de bataille.

  9   Egalement, le colonel Tymchuk, le général Forand et ainsi de suite, le

 10   général Leslie.

 11   Q.  Juste un instant. Vous employez un terme, "would have", en anglais,

 12   mais vous savez, Monsieur Berikoff, ce qui nous intéresse ici, ce sont des

 13   faits sûrs. Donc je ne veux pas de suppositions. J'aimerais connaître les

 14   noms précis des personnes qui vous ont fourni cette information. Si vous ne

 15   pouvez pas me le dire, dites-le-moi.

 16   R.  Je ne peux pas vous la donner, je ne peux pas vous donner ces noms.

 17   Q.  Et encore un point, je pense avoir abordé cette question avant,

 18   conviendrez-vous qu'il n'y ait pas de sources documentaires, qu'il n'y en a

 19   pas du tout, qu'il s'agisse d'ordres ou quoi que ce soit d'autre, qui

 20   présentent la base pour ce que vous avez écrit dans ce document ?

 21   R.  Non, il n'y en a pas. Il ne s'agit que de mes propres évaluations

 22   datant de l'époque.

 23   Q.  Est-ce que vous pourriez me citer le nom d'une source croate, donc je

 24   parle des personnes, donc des personnes croates auxquelles vous avez parlé

 25   qui vous ont fourni des informations que vous avez insérées dans ce

 26   document ?

 27   R.  Non, je ne pourrais pas.

 28   Q.  Parlons maintenant brièvement d'Ivan Juric et de Cermak.

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  1   Tout d'abord, s'agissant de Juric, vous avez écrit ici, "police spéciale",

  2   mais dans vos déclarations, vous avez néanmoins dit qu'il vous avait dit

  3   qu'il était à la tête de la police militaire. Etes-vous d'accord que ce qui

  4   est confiné dans ce document ne correspond à ce que vous avez dit ?

  5   R.  Oui. J'ai noté "police spéciale", mais j'ai vu Ivan Juric en uniforme

  6   de camouflage, et j'ai supposé qu'il était membre de la police spéciale, et

  7   chaque fois que nous parlions, il était chargé de la police spéciale et de

  8   la police militaire.

  9   Q.  Donc, vous dites c'est une supposition que vous avez faite, n'est-ce

 10   pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Est-ce que vous savez qui a nommé le commandant Juric ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  En tant qu'officier chargé du renseignement, avez-vous pu, avez-vous

 15   essayé d'établir qui il était ?

 16   R.  Je n'ai pas pu le faire. Il n'y a que le capitaine Hill qui aurait pu

 17   le faire, parce qu'il avait des contacts avec le commandant Juric.

 18   Q.  [aucune interprétation]

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   Q.  [aucune interprétation]

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   Q.  Donc, vous avez tiré une ligne entre le général Cermak et le commandant

 23   Juric. Mais on peut dire, n'est-ce pas, qu'il n'existe pas de document qui

 24   pourrait servir de support pour cette ligne tracée là ?

 25   R.  C'est exact.

 26   Q.  Vous avez subordonné à Juric, d'après ce que vous avez dit hier et

 27   d'après ce que vous avez tracé ici, vous lui avez subordonné la police

 28   croate locale et la police spéciale. Le voyez-vous ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Qui était le chef du poste de police à Knin; le connaissez-vous ?

  3   R.  Je l'ignore.

  4   Q.  Et s'agissant du chef de l'administration de police Kotar-Knin, le

  5   savez-vous ?

  6   R.  Je ne le sais pas.

  7   Q.  Et s'agissant de l'administration de la police à Zadar ?

  8   R.  Je l'ignore.

  9   Q.  Et l'adjoint du ministre de l'Intérieur ?

 10   R.  Je ne pourrais pas vous aider.

 11   Q.  Et le ministre de l'Intérieur ?

 12   R.  Je l'ignore.

 13   Q.  Je vais m'arrêter là.

 14   J'aimerais que l'on examine maintenant l'organigramme de l'Accusation, il

 15   s'agit de la pièce P500. Donc j'aimerais que vous l'examiniez à l'écran

 16   pour voir quelle est la thèse de l'Accusation parlant de la hiérarchie.

 17   M. RUSSO : [interprétation] Si vous me le permettez, Monsieur le Président,

 18   je ne vois pas quelle est la pertinence d'expliquer au témoin quelle est la

 19   théorie de l'Accusation s'agissant de la hiérarchie. Il a clairement

 20   indiqué quelles étaient ses suppositions. On en a parlé plus en détail.

 21   Je ne vois pas dans quelle mesure il serait utile pour la Chambre de

 22   montrer au témoin quelle est l'opinion de l'Accusation.

 23   Mme HIGGINS : [interprétation] Ce n'est pas ce que j'envisage de faire,

 24   Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Higgins a situé le contexte pour

 26   les questions qu'elle souhaite poser au témoin. Alors maintenant, de savoir

 27   s'il était pertinent de dire que l'on voulait permettre au témoin de

 28   commenter la thèse de l'Accusation, il faut d'abord que l'on voit quelles

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  1   sont les questions posées par la Défense, Monsieur Russo, ensuite nous

  2   verrons si vous aurez des objections.

  3   Mais avant de ce faire, tout d'abord, j'aimerais attirer votre attention

  4   sur le fait qu'il faut faire la pause, et vous pouvez lire ce message à

  5   l'écran, Maître Higgins.

  6   Ensuite, j'ai dit que nous allions finir aujourd'hui à 13 heures 30. Donc

  7   avant de commencer avec la nouvelle série de questions, peut-être qu'il

  8   vaudrait mieux s'arrêter là pour aujourd'hui.

  9   Et il faut que je vous dise, Monsieur Berikoff, comme d'habitude, que donc

 10   nous avons fini pour aujourd'hui, et je vous ordonne de ne parler à

 11   personne au sujet de votre déposition déjà faite ou qui sera faite, et il

 12   faut que vous reveniez demain, mercredi le 3 septembre à 9 heures, dans ce

 13   même prétoire.

 14   L'audience est levée jusqu'à demain à 9 heures, dans le même prétoire.

 15   --- L'audience est levée à 13 heures 29 et reprendra le mercredi 3

 16   septembre 2008, à 9 heures 00.

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