Page 12500
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tout le monde.
7 Monsieur le Greffier, veuillez citer l'affaire.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
9 Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-06-90-T, le Procureur contre
10 Ante Gotovina et consorts.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.
12 Bonjour, Monsieur Theunens. Monsieur Theunens, j'aimerais à nouveau vous
13 rappeler que vous êtes tenu de respecter la déclaration solennelle que vous
14 avez prononcée au début de votre déposition.
15 Me Kehoe va poursuivre le fil de son contre-interrogatoire.
16 M. KEHOE : [interprétation] Je vous remercie.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais vous inviter, Monsieur, à
18 vous concentrer sur les questions qui vous sont posées. Si de plus amples
19 détails, de plus amples explications sont nécessaires, Me Kehoe vous les
20 demandera.
21 Je vous en prie.
22 M. KEHOE : [interprétation] Justement pour en terminer assez vite avec
23 cela, après la pause, M. Waespi et moi avons examiné un certain nombre de
24 ces rapports portant sur le renseignement qui sont cités par M. Theunens
25 dans son rapport. J'ai fourni les références de la liste 65 ter au
26 Greffier, et nous aimerions -- en fait, nous allons poser une ou deux
27 questions, et nous aimerions pouvoir les présenter comme moyen de preuve,
28 et je ne pense pas que l'Accusation ait quelque objection que ce soit à
Page 12501
1 soulever.
2 M. WAESPI : [interprétation] C'est tout à fait exact, Monsieur le
3 Président.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous apprécions votre initiative et les
5 résultats obtenus.
6 M. KEHOE : [interprétation] Juste une précision.
7 Il y a un document qui ne figure pas dans le rapport de M. Theunens dont
8 j'ai parlé hier donc il a déjà été présenté hier. Mais par souci d'équité à
9 l'égard du témoin je voulais juste préciser ce qui fait partie de son
10 rapport et ce qui n'en fait pas partie.
11 LE TÉMOIN: REYNAUD THEUNENS [Reprise]
12 [Le témoin répond par l'interprète]
13 Contre-interrogatoire par M. Kehoe : [Suite]
14 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, si je pose une ou deux
15 questions, est-ce que je dois citer les références ou les cotes 65 ter, ou
16 est-ce que je serais plus efficace --
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez, l'efficacité elle dépend de
18 vos questions.
19 M. KEHOE : [interprétation] Non, non, non, c'est à propos des documents. Je
20 n'ai pas l'intention de présenter tous les documents, mais j'aimerais poser
21 une ou deux questions à propos de quelques-uns de ces documents.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Visiblement vous avez déployé des
23 efforts pour rationaliser votre contre-interrogatoire et pour le rendre
24 d'autant plus efficace. Donc je m'en remets à vous, Maître Kehoe, faites ce
25 qui vous semblera le plus opportun dans le cadre de votre approche.
26 M. KEHOE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
27 Q. Est-ce que nous pourrions brièvement aborder certains de ces documents
28 que nous avons présentés, Monsieur Theunens, et je souhaiterais demander
Page 12502
1 l'affichage du document 2924 de la liste 65 ter ?
2 Monsieur Theunens, il s'agit d'un rapport qui porte la date du 18 juillet
3 1995, rapport du renseignement.
4 J'aimerais que nous nous reportions à la deuxième page de ce document. Le
5 document fait référence à différentes positions, et au bas de la deuxième
6 page et cela se poursuit à la page suivante, voyez ce qu'il est dit :
7 "Après la libération positive de la zone occupée en Slavonie occidentale,
8 ayant utilisé l'infanterie, les rebelles serbes du front de la Dalmatie du
9 nord ont renforcé leur ligne de défense, ont occupé toutes les positions
10 abandonnées dans la zone de désengagement, à savoir après la signature de
11 l'accord de Zagreb, ils ont intensifié les activités pour pouvoir retirer
12 la plupart de l'artillerie des brigades."
13 M. KEHOE : [interprétation] Il y a une explication qui est fournie à ce
14 sujet. Est-ce que vous pourriez afficher la page suivante de la version
15 anglaise ? Je ne sais pas exactement où cela se trouve dans la version
16 B/C/S, mais je sais que cela se trouve dans la deuxième page.
17 Il y a une explication et il est question du repositionnement de
18 l'artillerie et puis ensuite il est question du repositionnement des unités
19 blindées.
20 Q. Monsieur Theunens, j'aimerais que vous nous indiquiez ce que cela
21 signifie. Qu'est-ce que cela signifie dans un rapport ou dans des rapports
22 du renseignement, qu'est-ce que cela signifie lorsqu'il est indiqué : "Ils
23 ont retiré l'artillerie de la brigade à Oganj," par exemple ?
24 R. Bien, en fait, le plan de Vance avait stipulé que cette zone devait
25 être démilitarisée et que les forces armées devaient être démobilisées, ce
26 qui signifiait que les armes devaient être placées sous bonne garde, sous
27 double garde, et ce, sous la garde -- enfin, assurer par la FORPRONU. Il
28 faut savoir que, bien entendu, il y a eu des -- bon, vous avez eu, par
Page 12503
1 exemple, l'accord de Zagreb, l'accord de Zagreb qui stipulait des zones de
2 séparation d'un, dix, et 20 kilomètres et il y avait eu accord. Alors ce
3 n'est pas un au compte rendu d'audience, mais deux - je m'excuse. Donc pour
4 la première zone, deux kilomètres pour l'infanterie, dix kilomètres pour
5 les chars, et 20 kilomètres pour l'artillerie, ce qui signifie que la HV et
6 puis la SVK devaient faire en sorte que ces armes devaient être sorties de
7 cette zone qui avait été définie par ces distances.
8 D'après donc ce rapport secret, la SVK est en train fondamentalement
9 d'enfreindre cet accord en redéployant ces biens -- enfin, ces pièces
10 d'artillerie, et je comprends, d'après la page précédente, qu'ils les
11 redéployaient dans la zone de séparation de 20 kilomètres.
12 Q. Est-ce que nous pourrions maintenant aborder, je vous prie, le document
13 de la liste 65 ter 115 ?
14 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, vous voyez que ce
15 document n'a pas de chronologie, ce qui est le cas dans la plupart des
16 autres documents. Toutefois, vous voyez qu'il est indiqué août 1995, donc
17 8/1995, 1/17.
18 Q. Donc apparemment, il semblerait que ce soit un ordre qui ait été
19 exécuté le 1er août 1995; c'est cela ?
20 R. Oui, je suis d'accord, car dans la première ligne il y a une référence
21 à Ljeto, Ljeto cela a été conclu le 30 juillet 1995.
22 Q. Est-ce que nous pourrions, je vous prie, afficher la page suivante du
23 document, et au troisième paragraphe vous voyez qu'il est question du poste
24 de commandement du 7e Corps de Knin à Knin. C'est le bas de ce paragraphe
25 qui m'intéresse parce qu'il y est : "Question du 2e Corps de la Krajina de
26 Drvar qui se trouve au centre-ville."
27 Ce 2e Corps de la Krajina de Drvar en fait il s'agit de l'armée Serbe de
28 Bosnie, n'est-ce pas, ou de la VRS en d'autres termes ?
Page 12504
1 R. Oui, Monsieur le Président.
2 Q. A ce moment-là, le 1er août 1995, la VRS, les Serbes de Bosnie donc
3 planifiaient des opérations conjointes avec l'armée des Serbes de la
4 Krajina, n'est-ce pas ?
5 R. Je n'ai absolument aucune information à ce sujet.
6 Q. Est-ce que vous saviez qu'à la fin du mois de juillet, ils se sont mis
7 d'accord à propos d'un pacte mutuel de défense et que cela avait été conclu
8 entre la Republika Srpska et la République de la Krajina serbe ?
9 R. Il y a eu plusieurs accords politiques conclus au fil du temps mais je
10 ne connais pas en fait celui dont vous me parlez. Si vous me le montrez, je
11 pourrais vous faire des observations à ce sujet.
12 Q. Bien. Nous allons faire défiler cette page vers le bas et vous voyez
13 qu'il est question d'un déploiement d'obusiers de la part du 7e Corps de la
14 Krajina, et ce qui est important c'est qu'il est question du déploiement de
15 chars toujours de la part du 7e Corps de la Krajina, mais ce qui
16 m'intéresse c'est ce qui est écrit : "Pour ce qui est du Groupe d'appui feu
17 du corps et ce à partir du 2e Corps de la Krajina, il est question de H155
18 millimètres; de quoi s'agit-il ?
19 R. Il s'agit de 155 obusiers.
20 Q. Pour ce qui est des T130, et vous voyez il est question de T130
21 millimètres et de lance-roquettes multiples autopropulsés Oganj.
22 Qu'est-ce que cela indique pour vous ?
23 R. Bon, il s'agit tout simplement de renseignements qui ont été obtenus et
24 d'après leur renseignement, les renseignements qu'ils ont obtenus ce sont
25 ces armes qui ont été déployées dans cette zone, il n'est pas du tout
26 indiqué s'il s'agit d'un déploiement offensif ou défensif d'ailleurs, il
27 n'y est absolument pas fait état de munitions.
28 Q. Je comprends. Ces armes sont déployées pour apporter un soutien et
Page 12505
1 elles sont déployées par le 2e Corps de la Krajina pour accorder son
2 soutien à l'ARSK ?
3 R. D'après le document, je ne peux pas me permettre de tirer cette
4 conclusion moi.
5 Q. Bien.
6 M. KEHOE : [interprétation] Nous allons passer à la pièce 4505 de la liste
7 65 ter.
8 Q. Il s'agit de ce rapport du renseignement secret; vous en avez parlé
9 d'ailleurs. Vous l'avez étudié en tout cas, il s'agit du 2 août 1995. C'est
10 une évaluation qui a été faite et ce : "Du fait des conséquences de
11 l'effondrement des forces du 2e Corps de la Krajina de la VRS dans la zone
12 de Bosansko Grahovo et Glamoc. Les chefs ou les dirigeants des para Etats
13 serbes des zones occupées de la HR et de la RBiH ont intensifié leur
14 coopération mutuelle afin d'obtenir des résultats militaires précis qui
15 devraient en fait redonner le moral qui a été fort laminé et mettre un
16 terme à la panique parmi les civils.
17 L'état de guerre a été déclaré dans la zone des deux para Etats, le but
18 étant d'armer tous les hommes aptes au service militaire et d'organiser la
19 défense de la Serbitude dans toutes les institutions et organisations."
20 Je saute un paragraphe et je poursuis ma lecture : "Les forces spéciales du
21 corps, dont la mission principale est d'effectuer la défense décisive de
22 Knin et la RSK, ont été transmis de Slunja vers la zone de Crvena, Zemlja
23 et Strmica."
24 Ce qui m'intéresse en fait, Monsieur, c'est ce qui suit. Vous voyez qu'il
25 est question de défense décisive de Knin. Vous, en tant qu'analyste
26 militaire auprès des Nations Unies, vous avez également conclu que l'ARSK
27 avait l'intention de défendre Knin au cas où Knin venait à essuyer une
28 attaque de la part de la HV, n'est-ce pas ?
Page 12506
1 R. J'aimerais apporter une légère correction. J'ai travaillé comme
2 officier chargé du renseignement militaire.
3 Q. Je m'excuse.
4 R. Non, non, mais c'est pour que, c'est pour vous préciser la terminologie
5 que nous utilisions. Lorsque je parle de notre évaluation, l'évaluation qui
6 avait été dégagée par le bureau d'information militaire, cette évaluation a
7 été comme suit : la SVK du fait du terrain favorable essaierait de défendre
8 la zone de la Dalmatie qui inclut Knin, mais je ne pense pas qu'il se
9 concentrait précisément sur Knin. Nous voyons en fait Knin comme le symbole
10 de l'Etat qui avait été déclaré par les Serbes pour les Serbes dans la
11 zone, mais nous n'avions pas d'informations précises sur la nature de la
12 défense de Knin et encore moins du renseignement nous permettant de mener à
13 bien une évaluation précise pour ce qui est de la défense de cette ville.
14 Q. Une toute dernière chose avant que nous passions à autre chose.
15 M. KEHOE : [interprétation] Je souhaiterais que le document D156 soit
16 affiché. C'est un document qui a déjà été versé au dossier d'ailleurs.
17 Q. Je pense que vous en avez parlé. J'aimerais savoir en fait quel est de
18 quoi il s'agit dans ce document, document signé par le général Gotovina en
19 date du 20 juillet 1995 ?
20 Est-ce que vous pourriez, je vous prie, faire défiler la version anglaise ?
21 R. Il s'agit d'un rapport qui a été compilé par le commandant du District
22 militaire de Split, rapport qui a été envoyé à l'assistant du chef de
23 l'état-major de la HV pour le secteur du combat, à savoir le colonel ou le
24 général plutôt Petar Stipetic et en fait il contient des informations qui
25 ont été mises à la disposition du District militaire de Split suivant
26 lesquelles un certain nombre d'armes de la SVK se trouvent dans la zone de
27 séparation.
28 Donc il s'agit du renseignement du District militaire de Split. Moi,
Page 12507
1 je ne suis pas en mesure de vous dire si ces renseignements sont exacts ou
2 non. Je sais que les Nations Unies gardaient et archivaient également des
3 dossiers de ces infractions et violations. Là, nous avons le type d'armes,
4 le numéro de ces armes, le lieu où se trouvait ces armes ainsi que les
5 références, les coordonnées donc vous avez X, Y, si vous avez une carte,
6 vous pouvez du fait du nombre de chiffres qui sont utilisés, vous pouvez
7 retrouver exactement la position alléguée de ces armes sur la carte si vous
8 en avez une.
9 M. KEHOE : [interprétation] Je vais changer de sujet, Monsieur le
10 Président. Je ne sais pas si vous souhaitez attendre la pause pour ce qui
11 est des cotes des documents que j'ai déjà fournis au greffier.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être que nous pourrions faire
13 tout cela ensemble pour toutes les cotes.
14 M. KEHOE : [interprétation] Oui, nous avons déjà fourni les cotes, donc
15 nous pourrions tout simplement traiter cela comme ça.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier. Donc préparez
17 une liste à moins que M. Waespi n'ait de gros problèmes à ce que nous
18 procédions de la sorte.
19 M. WAESPI : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
20 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez, Maître Kehoe.
22 M. KEHOE : [interprétation] Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous
23 dire que mon problème en fait c'est que si quelqu'un lorsque quelqu'un lira
24 ce compte rendu d'audience, il faudra en fait qu'il trouve les références
25 de différents documents.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'est le cas de temps à autre mais
27 alors nous allons pouvoir régler le sort de ces documents.
28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Alors nous avons sept documents.
Page 12508
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12509
1 Nous avons le document 609 qui devient le document D962; le document
2 807 de la liste 65 ter devient le document D963; le document 115 de la
3 liste 65 ter devient le document D964; le document 3126 devient le document
4 D965; le document 4505 de la liste 65 ter devient le document D966; le
5 document de la liste 65 ter 5777 devient le document D967 et le document
6 2924 devient le document D968.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Waespi, je suppose que vous
8 n'avez aucune objection à soulever à propos de ces documents, ce qui
9 signifie que la Chambre verse au dossier les documents à commencer par la
10 cote D962 jusqu'à la cote D968 incluse.
11 Etant donné que nous parlons de ce sujet, je pense qu'hier je vous avais
12 accordé un délai de grâce de 24 heures. Alors le délai de grâce n'est pas
13 terminé mais presque.
14 M. WAESPI : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je n'ai pas
15 d'objection pour ce qui est de la carte ou des cartes plutôt.
16 J'ai oublié en fait, oui, oui, il s'agissait de l'audio --
17 M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais dire en fait que M. Waespi et moi-
18 même en avons parlé. Il se peut qu'il y ait une confusion que j'ai créée
19 moi-même à propos de la source de la cassette. En fait, c'était un extrait
20 de la cassette qui fait partie des cotes de la liste 65 ter que nous venons
21 de verser au dossier. Donc c'est une cassette qui nous a été donnée.
22 Donc je pense que vous avez entendu ma précision et je pense que les
23 préoccupations de M. Waespi vont disparaître.
24 M. WAESPI : [interprétation] Oui et non, parce que, bien entendu, cet
25 extrait que vous nous avez montré ou fait entendre plutôt fait partie d'un
26 extrait beaucoup plus important.
27 M. KEHOE : [interprétation] C'est exact.
28 M. WAESPI : [interprétation] Il s'agit de la pièce 4467 de la liste 65 ter,
Page 12510
1 nous aimerions présenter ou verser au dossier l'extrait plus important.
2 M. KEHOE : [interprétation] La Défense n'a absolument aucune objection.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection, bien.
4 Alors ce qui signifie que nous aimerions quand même savoir quel est
5 l'extrait qui a été diffusé. Donc nous aimerions savoir ce qui est versé au
6 dossier exactement ce qui a été présenté à notre intention, pour savoir de
7 quel extrait exact qu'il s'agit.
8 M. KEHOE : [interprétation] Oui, tout à fait.
9 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
10 M. KEHOE : [interprétation]
11 Q. Monsieur Theunens alors maintenant nous avons parlé des ordres qui
12 émanaient de l'état-major, du général Gotovina, des mesures prises par le
13 général Gotovina avant l'opération Tempête. Nous avons les rapports du
14 renseignement secret, et j'aimerais en fait que nous nous penchions sur les
15 rapports concernant l'opération Tempête qui en fait est devenue ensuite
16 Kozjak, comme vous le savez ou qui a été renommée après le 1e août comme
17 nous en rendrons compte.
18 Le document en fait est le document 2614 de la liste 65 ter. C'est un
19 document signé par le général Gotovina, un ordre d'attaque tout simplement
20 du 1er août 1995. Si vous regardez la page de garde, vous le verrez.
21 R. Maître Kehoe, j'aimerais vous poser une question brève : est-ce que
22 cela fait l'objet d'analyse dans mon rapport ?
23 Q. Oui, je vais vous donner la référence.
24 M. KEHOE : [interprétation] Si vous m'accordez un petit moment, je vais
25 vous donner la référence.
26 [Le conseil de la Défense se concerte]
27 M. KEHOE : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Nous
28 essayons de retrouver la référence dans le rapport.
Page 12511
1 Q. Monsieur Theunens, il s'agit de la page deuxième partie de votre
2 rapport, page 97, note en bas de page 364.
3 R. Merci.
4 Q. Vous le voyez ?
5 R. Oui, tout à fait.
6 M. KEHOE : [interprétation] Il s'agit d'un ordre du général Gotovina, ordre
7 du 1er août 1995.
8 Q. Dans le coin supérieur droit, vous voyez que le nom c'est Kozjak 1995.
9 Alors je pense que le premier document où l'on trouve cette référence. Est-
10 ce que vous pourriez nous dire pourquoi le nom a changé, si vous le savez ?
11 R. Je sais que Kozjak est le nom d'une montagne qui se trouve dans cette
12 zone. C'est un mont qui fait partie de la chaîne Dinara, mais je ne sais
13 pas précisément pourquoi le nom Oluja a été remplacé Kozjak.
14 Q. Alors est-ce que nous pourrions donc conserver cet ordre et prendre la
15 page 12, il s'agit donc de tout ce qui a fait référence à l'appui
16 artillerie.
17 Alors nous avions parlé, vous voyez plutôt qu'il y a mission des Groupes de
18 roquettes. Il est indiqué -- je ne sais pas, est-ce que vous pourriez peut-
19 être faire remonter le document ? Il y a cinq Groupes d'artillerie, de un à
20 cinq. Ça, c'était une modification par rapport aux ordres précédents, à
21 propos de Tempête ?
22 R. Je ne le sais plus exactement, mais je suppose que oui.
23 Q. Parce que cet ordre pour la première fois fait référence à un Groupe
24 d'artillerie et prend en considération les renforts en quelque sorte du HVO
25 ?
26 R. Alors voilà comment je comprends cela, il y avait trois Groupes de
27 roquettes d'artillerie et deux Groupes d'artillerie qui ont organisé
28 l'artillerie d'après les armes dont il disposait au niveau du District
Page 12512
1 militaire de Split; ce qui fait que les unités qui composaient ces groupes
2 disposaient de leur propre arme, de leur propre pièce d'artillerie.
3 Alors le document ne le précise pas, mais effectivement il est fait
4 référence à un certain nombre de pièces qui sont fournies par le HVO.
5 Q. Mais ces Compagnies de Roquettes et ces groupes ont ensuite été
6 déployés au niveau des Groupes opérationnels, n'est-ce pas ?
7 R. Oui, oui, c'est exact.
8 Q. Alors est-ce que nous pourrions donc voir ce qu'il en est des missions
9 et voir ce qu'indique le général Gotovina rassembler et organiser TOUS;
10 alors TS c'est un Groupe d'artillerie, et TRS-2, TRS-2 c'est une Compagnie
11 de Roquettes d'artillerie, il dit : "Le long des principaux axes d'attaque
12 en se ciblant sur la fourniture d'appui d'artillerie aux forces principales
13 qui vont œuvrer lors des opérations d'attaque, en lançant un assaut
14 puissant contre la première ligne de l'ennemi du poste de contrôle et le
15 poste de commandement, les centres de Transmission et Communication, les
16 positions de tir d'artillerie, et en ciblant les villes de Drvar, Knin,
17 Benkovac, Obrovac et Gracac avec des tirs d'artillerie."
18 C'est en fait fondamentalement ce que vous avez cité dans votre rapport à
19 la page 180, lorsque vous expliquez qu'il pensait en fait qu'il n'y avait
20 pas d'information précise sur le ciblage de ces villes.
21 J'aimerais maintenant que vous prenez la page suivante de cet ordre page
22 13, en haut de cette page, donc je voudrais avoir le haut de cette page. En
23 haut de la page en anglais, si nous pouvons voir le haut de la page.
24 M. KEHOE : [interprétation] Pardonnez-moi, d'après la pagination que j'ai,
25 ce serait en bas de la page précédente.
26 Q. Au milieu de cette page, voyez-vous l'endroit où il est indiqué : "Les
27 chefs de l'artillerie dans les Groupes opérationnels élaboreront des plans
28 d'artillerie d'emploi et des plans d'actions adaptés pour les groupes
Page 12513
1 formés, chacun pour leur propre TS et TRS." Encore une fois, TS étant des
2 Groupes d'artillerie et TRS des Compagnies d'Artillerie.
3 Monsieur, le général Gotovina donne des ordres aux chefs d'artillerie de
4 chaque groupe pour mettre au point des plans d'artillerie; est-ce correct ?
5 R. Oui. Gotovina, comme nous l'avons vu, le général Gotovina, nous l'avons
6 vu dans les ordres précédents faisant référence à Oluja il s'attend à ce
7 que l'on fasse référence aux catégories spécifiques d'objectifs qui vont
8 être engagés par l'artillerie. Ici le général Gotovina s'attend à ce que
9 les commandants qui lui sont subordonnés déterminent les cibles qui doivent
10 être visées sur la base des catégories qu'il a définies.
11 Q. Je sais que dans votre rapport, vous ne faites pas particulièrement
12 référence à cette phrase, et de même vous n'en parlez pas dans votre
13 rapport, cette demande du général Gotovina adressée aux chefs d'artillerie
14 des Groupes opérationnels pour qu'il fasse cela.
15 R. Oui, Monsieur le Président, mais j'ai examiné les ordres d'artillerie
16 aux commandants subordonnés, et j'aimerais attirer votre attention sur le
17 contexte de la deuxième partie du rapport, page 110 en anglais, où je
18 prends l'exemple du Groupe opérationnel Zadar; c'est sur la liste 65 ter le
19 document 2209, qui reprend littéralement l'ordre du général Gotovina
20 l'ordre Kozjak, en indiquant, je cite : "Mettre les villes suivantes sous
21 feu d'artillerie Benkovac, Obrovac, et Gracac."
22 Q. Très bien, j'en tiens compte. Je note que nous allons reprendre les
23 informations concernant le ciblage.
24 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, à ce moment, je voudrais
25 communiquer une autre pièce à la liste 65 ter.
26 M. WAESPI : [interprétation] Pas d'objection.
27 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D969.
Page 12514
1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D969 est admis.
2 M. KEHOE : [interprétation]
3 Q. Si vous regardez la pièce 3124 de la liste 65 ter, il y fait référence
4 à une attaque du 2 août, cette fois-ci un ordre d'attaque donné par le chef
5 d'artillerie Marko Rajcic, et c'est la pièce pour Kozjak 5 pour
6 l'artillerie. Quand on descend, nous avons à nouveau les cinq groupes
7 séparés, trois groupes, et cinq Groupes d'artillerie et Unités de Roquette.
8 Sur la page suivante, s'il vous plaît, nous avons les emplacements des TRS
9 et des TS et les points de tir de ces armées.
10 Si nous passons à la page suivante, qui est en fait la page 7. Encore une
11 fois, l'ordre donné par Rajcic qui était le chef de l'artillerie, il s'agit
12 -- si on peut y aller de la page 4 de la version anglaise : "Les chefs
13 d'artillerie et les Groupes opérationnels prépareront à leurs propres
14 niveaux tous les documents nécessaires pour la mise en œuvre d'opérations
15 offensives."
16 Alors ce que Rajcic ordonne à ce stade conformément à l'ordre du général
17 Gotovina c'est que ces chefs d'artillerie produisent des informations sur
18 les cibles toutes les cibles qu'ils ont l'intention de viser; est-ce votre
19 compréhension ?
20 R. Ce que vous fournissez c'est une description assez vague de ce qui
21 devrait être fait.
22 Il est exact que plus vous descendez dans la chaîne de commandement, plus
23 les ordres sont spécifiques. Cela s'applique à tous les ordres. Néanmoins,
24 lorsque nous parlons de ciblage, et comme vous l'avez dit lors de mon
25 contre-interrogatoire, vous avez besoin de renseignement, vous avez
26 l'information sur l'emplacement des cibles. Il n'y a aucun doute sur le
27 fait que plus on remonte dans la chaîne de commandement, plus d'organes de
28 collectes d'information nous avons. Cela explique que le général Gotovina
Page 12515
1 reçoive des rapports de renseignement de l'état-major principal de la HV,
2 des équipes de renseignement.
3 Donc ce que je dis c'est que les commandants d'artillerie et les
4 commandants d'artillerie assistants dans les Groupes opérationnels ont
5 besoin d'information précise de leur commandant supérieur, c'est-à-dire du
6 général Gotovina, pour déterminer les cibles, c'est-à-dire pour cibler au
7 lieu d'avoir simplement une ligne qui dit : "Bombardez Drvar, Knin,
8 Benkovac, Obrovac et Gracac," comme nous le voyons à la page précédente du
9 document 3124 65 ter.
10 C'est non seulement une question d'emplacement des cibles mais également
11 une question de priorité car, en général, il y aura trop de cibles. Donc il
12 y a un programme pour déterminer quelles sont les cibles à viser, pas
13 uniquement pour les priorités, mais également en terme de lieu car on
14 s'attend à ce que les forces sur le terrain, les blindés avancent, et tout
15 ça ne peut se produire sans que l'on vise une cible qui est dans la zone
16 dont on a déjà pris le contrôle.
17 Donc les assistants commandants de l'artillerie du Groupe opérationnel ont
18 besoin d'information plus précise concernant les cibles pour viser ces
19 villes.
20 Q. Monsieur Theunens, nous avons dit qu'on rassemblait des informations
21 sur le déploiement des troupes de l'artillerie, et les quartiers généraux,
22 les outils de communication, et vous faites référence dans votre rapport,
23 et corrigez-moi si je me trompe, que le rassemblement de ces informations
24 était un processus en cours ?
25 R. Tout à fait.
26 Q. Est-il raisonnable de penser pour quelqu'un comme vous de penser que
27 les renseignements ont été transmis à la base aux Unités d'Artillerie afin
28 qu'elles puissent sélectionner les cibles ?
Page 12516
1 R. Oui. Mais la façon de transférer l'information est la suivante : c'est
2 la pièce d'artillerie ou l'ordre d'attaque qui est inclus dans l'ordre
3 d'attaque Kozjak 95.
4 J'espère que vous comprenez qu'une ville n'est pas une cible militaire pour
5 le personnel militaire. Cela ne se dit pas pour des tirs d'artillerie.
6 Quand on dit "bombarder les villes de Drvar, Knin, Benkovac, Obrovac et
7 Gracac," il y aura probablement des cibles militaires dans ces lieux, mais
8 ces cibles d'un point de vue offensif ont une importance différente.
9 Certaines auront plus d'importance que d'autres en fonction du plan
10 d'artillerie et c'est ce que j'ai dit, et je vous prie de m'excuser de le
11 répéter. Un plan d'artillerie non seulement identifie de façon très précise
12 les lieux mais fournit également des priorités car il y a trop de cibles et
13 nous n'avons pas suffisamment d'actifs ou de munitions pour viser toutes
14 ces cibles. C'est encore une fois une question pour le commandement et la
15 procédure de contrôle par laquelle le commandant dans la procédure de
16 planification établit l'importance de la mission en fonction de ce qu'il a
17 reçu de son supérieur pour la zone sous sa responsabilité.
18 Q. Nous reviendrons à ces plans additionnels dans un instant, Monsieur
19 Theunens.
20 Très rapidement avant que nous laissions ce document, Monsieur le
21 Président, je voudrais le verser au dossier 65 ter 3124, si ça n'a pas déjà
22 été fait.
23 M. TIEGER : [interprétation] Pas d'objection.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D970, Monsieur le Président.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce est admise au dossier.
27 M. KEHOE : [interprétation]
28 Q. Oui, nous avons besoin de revenir au document, mais en page 2 de ce
Page 12517
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12518
1 document, nous avons des dispositions de tir concernant ces unités
2 particulières. Je voudrais faire référence à la pièce 1D63-0082 --
3 M. KEHOE : [interprétation] Je dirais à la Chambre et à mon éminent
4 confrère que cette information a déjà été prise en compte, ces dispositions
5 de tir.
6 Q. Monsieur Theunens, nous avons pris la liberté d'utiliser cette
7 information et de la placer sur cette carte. Je fais apparaître les trois
8 Unités TRS et les Unités TS, TS-3 sont déployées près de Drvar et TS-2 --
9 TRS-2 et TRS-1 sont déployés dans le district de Tomislav, encore une fois
10 vers la Bosnie. Tandis que TS 3 et TS 4 sont concentrés sur Knin et
11 d'autres localités.
12 Alors je sais que vous n'aviez pas cette carte, mais comme vous aviez
13 étudié les informations, était-il clair, Monsieur, que dans le plan
14 d'artillerie le bombardement de Knin, était également un plan de
15 bombardement vers la VRS ou l'armée des Serbes bosniaques; est-ce que le
16 cas ?
17 R. C'est probablement le cas, je n'ai pas, je veux dire c'est la première
18 fois que je vois cette carte.
19 Q. Je comprends, Monsieur.
20 R. Je ne sais pas si ça peut aider, mais j'ai simplement essayé
21 d'expliquer ma réponse précédente, afin de démontrer que quand on fait une
22 planification précise également en ce qui concerne les priorités de cibles
23 et pour déterminer comment les engagements.
24 Car lorsque vous regardez TS 4 au sud-ouest de Knin et TS 3 qui est
25 en Bosnie-Herzégovine, vous voyez qu'il y a un enchevêtrement; ce que je
26 veux dire c'est que Knin peut être atteint si je comprends bien la carte
27 bien et ce que font les deux Groupes d'artillerie.
28 En tout cas, dans le militaire, s'il y a un tel enchevêtrement, vous voulez
Page 12519
1 déterminer en termes très précis qui va faire quoi et quand. Il faut des
2 cibles précises, c'est ce qu'on observe et c'est pourquoi il faut un plan
3 d'artillerie qui va couvrir plusieurs pages et très spécifiques, c'est
4 important à mon avis de visualiser cette carte.
5 Q. Compte tenu de ce que vous venez de dire en ce qui concerne ces
6 observations, je pense que vous avez remarqué que vous parliez sur votre CV
7 que vous êtes allé à l'école d'observateur sur un point.
8 L'information dont vous disposiez ou dans le cadre de l'OTP des
9 éclaireurs, vous permettait d'observer ou corriger le tir.
10 R. Bien sûr, il faut engager les -- je ne suis pas suffisamment
11 précis.
12 Il faut engager ces cibles. L'observateur sait et s'il ne le sait pas
13 il faut qu'il parle de la correction de tir. Si je vois bien sur cette
14 carte, telle qu'elle est sous mes yeux, il y a deux Groupes d'artillerie,
15 TS 4 et TS 3, qui peuvent viser Knin. Peut-être les deux ont-ils des
16 observateurs. Il y aura au moins un éclaireur --
17 L'INTERPRÈTE : Pardon, au lieu d'observateur, l'interprète se reprend : --
18 qui doit savoir si c'est TS 3 ou TS 4. Il doit transmettre les informations
19 concernant l'efficacité des tirs. Il ne peut pas les envoyer au deux. Il
20 faut -- c'est comme ça que fonctionne le militaire, en ce qui concerne les
21 tirs encore une fois, il faut une planification détaillée.
22 M. KEHOE : [interprétation]
23 Q. Monsieur Theunens, en page 700 du rapport, vous communiquez des
24 informations selon lesquelles TS-1 ne communique pas avec TS-3 ou que les
25 éclaireurs ne communiquaient pas avec les Groupes d'artillerie individuels;
26 avez-vous des informations à cet égard ?
27 R. Non, je n'ai pas étudié cette carte pour mon rapport. On me demande là
28 de commenter cette carte. Si je la prends telle qu'elle est, telle qu'on me
Page 12520
1 la soumet, je présume que je comprends ce que la carte nous montre. C'est
2 la base de mon témoignage.
3 Q. Bien, mais vous aviez D970, qui est l'ordre d'attaque dont nous venons
4 de parler, ordre de Marko Rajcic qui fixe les dispositions de combat de ces
5 cinq Groupes d'artillerie et de roquettes. Sur cette base et des autres
6 informations dont vous disposiez vous n'avez pas eu accès à des données
7 indiquant que ces deux groupes à Knin ne communiquaient pas l'un avec
8 l'autre, est-ce le cas ? Mettons la carte de côté, simplement sur la base
9 des documents que vous avez, et j'aimerais que vous nous disiez si vous le
10 pouvez si c'est le cas.
11 R. C'est correct. Je n'ai pas eu d'information sur le degré de
12 communication entre les Groupes d'artillerie. Mais encore une fois la
13 réponse que je donne actuellement est sur la base de mon expérience dans le
14 domaine militaire et de la formation que j'ai eue au niveau de brigade,
15 quant à l'organisation du feu d'artillerie, à l'occasion de ma formation en
16 Belgique.
17 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, à cet stade, je voudrais
18 verser aux débats la pièce 1D63-0082.
19 M. WAESPI : [interprétation] Pas d'objection.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, cette pièce porte
22 le numéro D971.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D971 est versé aux débats.
24 M. KEHOE : [interprétation] Je vous demande un instant, Monsieur le
25 Président.
26 [Le conseil de la Défense se concerte]
27 M. KEHOE : [interprétation]
28 Q. Monsieur Theunens, je voudrais attirer votre attention sur l'ordre
Page 12521
1 d'attaque du 3 août 1995 et du Groupe opérationnel de Sibenik.
2 Maintenant, Monsieur Theunens, pour être juste, je vais vous dire que c'est
3 un document en B/C/S que nous avons reçu du bureau du Procureur, qui
4 n'avait pas été traduit et nous l'avons traduit. Je ne pense pas que ce
5 soit couvert par votre rapport.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de continuer, Monsieur Kehoe, vous
7 indiquez que, sur cette carte, ce type de tirs pour les T130. Bien sûr, ce
8 sont tous les mêmes.
9 Quelle est l'amplitude de tirs maximum -- la portée de tirs ?
10 M. KEHOE : [interprétation] Je vais vérifier précisément quelle est la
11 portée des tirs sur la base des données, je ne veux pas donner de mauvaises
12 informations à la Chambre.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour être précis, le Groupe d'artillerie et
14 les Groupes d'artillerie de roquette avaient également d'autres armes; ils
15 avaient d'autres obus notamment.
16 M. KEHOE : [interprétation]
17 Q. C'était des pièces de la SVK ?
18 R. Mais sur la page, à la page 109 de la partie 2 de mon rapport, par
19 exemple, je fais référence au Groupe opérationnel nord, et on fait
20 référence au moins à des obusiers de 203 millimètres, des obusiers de 353,
21 355 millimètres à des fuzités [phon] 130, et à des lance-roquettes et le
22 tout est inclut à la pièce 3124 de la liste 65 ter.
23 Alors peut-être avez-vous une carte qui montre d'autres portées de tir pour
24 d'autres armes, mais ce n'est qu'un élément de la situation.
25 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, nous pouvons trouver
26 plus de précision concernant ces armes.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je pense que nous le pouvons.
28 Mais pour que nous comprenions la signification de cette carte, disons en
Page 12522
1 gros que la moitié des armes sont représentées ici et l'autre moitié n'est
2 pas représentée, y a-t-il une raison précise pour lesquelles vous avez
3 incorporé les T10 [comme interprété] et pas les autres armes ?
4 M. KEHOE : [interprétation] Ce que nous avons tenté de faire, Monsieur le
5 Président, et je m'en excuse si je ne l'ai pas clairement indiqué, c'est
6 que nous avons tenté de prendre la pièce 3124 de la liste 65 ter, c'est-à-
7 dire D9730 et d'identifier le remplacement et les directions dans
8 lesquelles elles étaient censées tirer et les postes à partir desquels ces
9 armées étaient utilisées sur cette carte en particulier. Ce que l'on voie
10 ce sont, c'est l'emplacement de ces Groupes TS et TRS, deux sont sur Knin
11 et trois sont formés sur le 2e Corps de Krajina, ce sont les armes. Comme
12 M. Theunens l'a déjà dit - et c'est juste - il s'agit de clarifier les
13 dispositions de ces armes.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais cela nous donne une indication
15 de la portée de tir maximum, mais y a-t-il des armes plus grandes ou plus
16 petites avec une portée différente ?
17 M. KEHOE : [interprétation] Oui. Je peux vous dire, je peux parler au
18 témoin et expliquer les armements.
19 Q. Les armes, Monsieur Theunens, étaient utilisées à certaines occasions
20 pour des cibles opérationnelles mais également tactiquement au soutien des
21 brigades, n'est-ce pas ?
22 R. Je ne suis pas sûr comprendre votre question mais je vais essayer de
23 vous répondre. Lorsque le commandant civil pour l'artillerie établit les
24 ordres pour organiser l'artillerie, par exemple, ici dans un certain nombre
25 de Groupes d'artillerie ou Groupes de roquettes d'artillerie, il va
26 également déterminer la composition de ces unités ad hoc car, en temps de
27 paix, ces Groupes d'artillerie et ces Groupes de roquettes d'artillerie
28 n'existent pas. Il va donc utiliser des critères différents. Tout d'abord,
Page 12523
1 le lieu, ensuite la nature, c'est-à-dire la distance, la nature des cibles
2 à viser car chaque arme peut être utilisée pour des cibles différentes. On
3 ne va pas utiliser un lanceur de roquettes pour viser un quartier général
4 militaire dans une zone urbaine, par exemple. Vous allez utiliser des
5 lance-roquettes pour de l'infanterie ou des positions renforcées en
6 première ligne.
7 Encore une fois, c'est toute une procédure entreprise par le
8 commandant d'artillerie avant qu'il donne des ordres pour établir
9 l'emplacement et déterminer les missions spécifiques des Groupes
10 d'artillerie et des Groupes de roquettes d'artillerie.
11 Q. Alors si nous allons encore un peu plus loin, vous faisiez brièvement
12 référence à ces Groupes d'artillerie, à ces Groupes de roquettes qui
13 soutiennent les brigades.
14 Mais, ils n'intervenaient également pas uniquement pour bombarder,
15 par exemple, Knin, mais également ils intervenaient pour soutenir les
16 brigades qui évoluaient, par exemple, dans les tranchées de l'ARSK, n'est-
17 ce pas ?
18 R. Monsieur le Président, dans la partie 1 de mon rapport, il y a une
19 section intitulée : "Soutien de feu," où je fais référence à l'artillerie,
20 l'emploi de l'artillerie qui est manifestement utilisée contre des cibles
21 qui comme je l'ai expliqué ont été déterminées par le commandements Suprême
22 et ont été considérées comme importantes par le commandement Suprême pour
23 éliminer et détruire ou pour parvenir à d'autres objectifs quant à ces
24 cibles afin de mettre en œuvre -- de réaliser la mission qu'il a reçue de
25 son commandement supérieur.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, je reviens à votre
27 réponse. Lorsque je vous ai demandé quelles étaient les raisons pour
28 lesquelles, vous avez inclus sur la carte les T 130 et pas les autres, et
Page 12524
1 vous m'avez dit : "Ce que nous avons essayé c'est de montrer sur cette
2 carte ce que nous avons trouvé dans la liste 65 ter; vous avez fait
3 référence à un document."
4 Mais si je regarde ce document, ce document ne nous dit pas
5 simplement où sont censés être les T 130, mais si je ne me trompe, ils
6 précisent que pour les T 130 -- pardon, pour le Groupe TS 3, ils indiquent
7 les positions de tir de toutes les armes y compris les obusiers 155. Alors
8 quand je vous ai demandé quelles étaient les raisons pour lesquelles vous
9 n'avez présenté que les T 130 sur la carte, vous, vous êtes limité à une
10 explication portant sur les dispositions de combat, telles que décrites
11 dans ce document au numéro 2.
12 Il semble que vous n'ayez pas répondu à ma question. Ma question :
13 pourquoi avez-vous -- n'avez-vous mentionné que la moitié ou je ne sais pas
14 quelle est la proportion, mais une partie des armes, des armes qui sont --
15 c'est très subjectif et vous m'avez répondu : "Nous nous sommes limités à
16 ce document et j'ai du mal à comprendre cette réponse parce que le document
17 fait référence à tout."
18 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, la raison pour laquelle
19 nous sommes limités au T 130, c'est parce que ce sont ceux qui ont la plus
20 grande portée des tirs.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors si tel est le cas, M. Theunens,
22 pourrait-il nous confirmer que les T 130 sont les armes qui ont la portée
23 de tir la plus grande parmi toutes les armes qui figurent sur cette liste,
24 sur cette liste d'armes et de positions où nous trouvons outre les T 130,
25 et là, je me limite au TS 3 -- les obusiers 3 155 millimètres, des obusiers
26 233, ont-ils tous une portée de tir inférieur ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, ce sont des courtes portées parce qu'en
28 fait le canon des obusiers est plus court. Il y a deux commentaires que je
Page 12525
1 voudrais faire, en fait. C'est une information qu'il faudrait vérifier et
2 aussi vérifier quelle est l'échelle de la carte ici de façon à pouvoir voir
3 quelle est la portée de tir maximum, et s'assurer que ce que nous avons
4 reproduit ici sur la carte est exacte.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai demandé quelles étaient les portées
6 qui avaient été utilisées ou reportées sur la carte.
7 M. KEHOE : [interprétation] Oui, j'ai l'information. Le T 130 a une portée
8 maximum de 274 kilomètres. Le 203 a une portée maximum de 16,8 kilomètres.
9 Le T 155 a une portée maximum de 14,9 kilomètres, et le T 152 a une portée
10 maximum de 17,4 kilomètres.
11 C'est quelque chose que nous pourrions soumettre à la Chambre, à savoir
12 toutes les informations qui étaient et ce que nous avons ici et qui
13 proviennent des Nations Unies.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je m'en tiens à ce que vous nous dites,
15 si vous nous dites que vous avez vérifié, bien, nous vérifierons cela sur
16 la carte, le premier je ne l'ai pas eu. Le T 130 27 kilomètres ?
17 M. KEHOE : [aucune interprétation]
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est de loin celui qui a la plus longue
19 portée de tir, n'est-ce pas ?
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je suis tout à fait d'accord. En fait, je
21 crois qu'il faudrait aussi de façon être tout à fait complet, rajouter le
22 lance-roquettes 130 --
23 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
24 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est quelque chose que nous avons aussi dans
25 le 3124 de la liste 65 ter, d'ailleurs dans le 3119 aussi, et dans le 3131
26 de la liste 65 ter, ce sont là tous des documents. Nous avons les mêmes
27 informations.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous connaissez la portée de
Page 12526
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12527
1 ce genre de lance-roquettes par coeur ? De façon à ce qu'on ne doit pas
2 aller dans plus de détail.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] J'imagine que c'est moins de 27 kilomètres. Je
4 pourrais vous vérifier.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si c'est plus, vous nous le direz.
6 Donc une réponse simple et claire, c'est que les armes qui étaient
7 reportées ici sur la carte étaient celles qui avaient la plus longue portée
8 de tir, ce qui aurait été très simple.
9 M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est vrai, mais je ne me -- en fait, je
10 ne suis pas concentré sur le type d'arme mais plutôt sur l'orientation de
11 la portée de tir afin de démontrer justement ce que nous avions dans ce
12 document, puisque finalement on ne voyait pas trop bien à la lecture de
13 cette carte à première vue quelle était l'orientation des tirs.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'était pas ma question.
15 M. KEHOE : [interprétation] Oui, en fait, c'est vrai que je n'ai pas
16 reporté sur la carte la portée de tir précise de chacune de ces armes.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'y ai pensé. C'est vrai que
18 l'orientation du tir est aussi en fonction par le profile du terrain, les
19 obstructions éventuelles, la position des armes, et cetera. Ça c'est
20 quelque chose qu'on devrait donner à M. Theunens parce que c'est à lui
21 finalement de témoigner en la matière. Est-ce que tout cela qui finalement
22 influence la portée ou l'orientation d'un tir ? Bon, ce n'est pas 360
23 degrés. L'angle de tir est fonction de la position du profile du terrain.
24 Si vous êtes en aval d'une vallée, vous ne pouvez pas tirer n'importe
25 comment ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça dépend de votre position. C'est vrai que
27 les tirs d'artillerie peuvent aller dans tous les sens, il n'est pas
28 nécessaire de voir la cible, et ça c'est ce qui est spécifique à
Page 12528
1 l'artillerie. Les canons ont une trajectoire plus directe, plus droite que
2 les obusiers, mais vous pouvez facilement être derrière une colline ou une
3 montagne, bon, bien sûr, si vous avez une montagne d'un kilomètre devant
4 vous.
5 En tous les cas, le commandant adjoint va choisir d'une telle manière de
6 façon bien cibler. Il y a, bien sûr, des limites techniques en fonction des
7 armes, toutes les armes ne peuvent pas être mises n'importe où, mais le
8 facteur principal qui va déterminer l'orientation c'est la cible et la
9 situation de l'arme. Le terrain, le profile du terrain entre les deux n'a
10 pas du moins dans ce contexte-ci, il n'a pas vraiment d'importance.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, sur cette carte, les
12 orientations elles proviennent des mêmes documents ?
13 M. KEHOE : [interprétation] Elles viennent du document D970 qui reflétait
14 les positions au combat.
15 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
16 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
17 [Le conseil de la Défense se concerte]
18 M. KEHOE : [interprétation] Si vous me le permettez, Monsieur le Président,
19 et avec l'aide du témoin, je voudrais rappeler que nous avons comme sources
20 reprises ici en bas à gauche les références ERN.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Là, nous avons donc la direction du tir.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai une petite question, les angles qui sont
23 dessinés ici, sont-ils déterminés en fonction du fait que ces angles
24 couvraient la cible telle qu'identifiée dans le plan de l'artillerie, et
25 l'ordre de l'artillerie -- ou l'ordre d'artillerie, en d'autres termes,
26 nous avons des cibles qui sont situées dans ces rayons d'action, et afin de
27 visualiser cela on a dessiné l'angle, ou bien vous avez simplement mesuré
28 la portée et puis vous avez dessiné un angle pour montrer ce que vous
Page 12529
1 pouviez toucher parce que là ça va avoir une différence importante, donc
2 c'est une carte qui a été dessinée sur base de la portée des armes, ou une
3 carte qui a été dessinée sur base des informations disponibles dans
4 l'opération Tempête pour déterminer les cibles ?
5 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, il est clair que nous
6 avons ici une carte qui donne la portée. Les cibles que nous avons sur les
7 documents étaient ce que nous avons repris dans le rapport du témoin, à
8 savoir les cibles spécifiques qui devaient être reprises sur la grille.
9 C'est une carte qui a comme objet de montrer à la Chambre quelle est la
10 portée maximum leur disposition en fonction des différentes unités, et les
11 Unités TRS ainsi que les Unités TS.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Nous allons retrouver toutes ces
13 informations, de toute façon, quand on voit les chiffres-là que nous avons
14 en bas de la carte, ce sont des informations que nous pourrions vérifier
15 afin de voir quelle est la direction de tir.
16 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous les avez trouvées.
18 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
19 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
20 M. KEHOE : [interprétation]
21 Q. On pourrait peut-être reprendre le document que je venais d'aborder le
22 D63-001 [comme interprété]. C'est un ordre d'attaque qui date du 3 août
23 1995, pour attaquer le Groupe opérationnel Sibenik.
24 C'est un document qui a été reçu donc par le bureau du Procureur en B/C/S
25 et qui n'a pas été traduit, Monsieur Theunens. Aussi je ne pense pas que
26 vous l'ayez dans votre rapport.
27 R. En effet. Si je me souviens bien, la seule chose que j'avais consulté
28 c'était les ordres d'attaque pour l'OG Zadar et un autre repris en page
Page 12530
1 110, du rapport aussi le deuxième étant l'OG Sinj.
2 Q. Oui. En fait, je voulais simplement vous faire remarquer que cet ordre
3 n'a pas été traduit, il date du 3 août, et je vous invite à prendre la page
4 4 de ce document. S'il est vrai que ce n'est pas quelque chose qui nous a
5 été transmis par le bureau du Procureur, c'est le seul document que nous
6 avons sous les yeux et nous voyons ici qu'il y a là en fait des annexes à
7 envoyer au commandement de Sibenik entre autres un plan d'artillerie pour
8 l'offensive et une carte.
9 Nous n'avons pas cette carte et nous n'avons pas le plan. Cependant, quand
10 je vois ce document, on peut en conclure en toute logique qu'il y avait un
11 plan d'artillerie avec des cibles qui avait été élaboré par le Groupe
12 opérationnel Sibenik avec une carte à l'appui. Etes-vous d'accord là-
13 dessus, Monsieur le Témoin ?
14 R. Oui, je suis d'accord.
15 M. KEHOE : [interprétation] J'aimerais que ce document 1D63--0010 soit
16 versé au dossier comme élément de preuve.
17 M. WAESPI : [aucune interprétation]
18 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Celui portera la cote de D972.
20 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
21 M. KEHOE : [interprétation]
22 Q. Dans le document précédent, nous avions parlé du besoin d'un plan
23 d'artillerie avec des informations à la fois cartographiques et
24 contextuelles, textuelles et littéraires. Puis-je vous inviter à prendre le
25 document de la liste 65 ter, le 5819 ?
26 Nous avons un tableau qui fait partie de ce plan d'artillerie en date du 3
27 août 1995 pour la 2e Brigade. Nous avons ici les missions et l'artillerie
28 ainsi que les cannons qui devront être utilisés pour dans ce cas-là; est-ce
Page 12531
1 exact ?
2 R. Oui. Une petite correction, c'est la 7e Brigade et non pas la 5e et le
3 commandement.
4 Q. [aucune interprétation]
5 R. Le commandant donne des ordres sur ses propres avoirs d'artillerie qui
6 sont différents de ceux que nous venons d'aborder précédemment.
7 Q. S'agissant des ordres donnés à cette 6e [comme interprété] Brigade, ce
8 que nous avons dans ce document de la liste 65 ter, peut-on conclure
9 raisonnablement que chaque unité d'artillerie recevait le même genre de
10 plan et de tableau pour tout engagement militaire ?
11 R. C'est en effet ce que la doctrine prescrit, ce que nous avons
12 d'ailleurs dans le rapport en anglais en page 187 en deuxième page.
13 M. KEHOE : [interprétation] Je voudrais que ce document 5819 de la liste 65
14 ter soit versé comme preuve.
15 M. WAESPI : [interprétation] -- objection.
16 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce devient l'élément de preuve
18 D973.
19 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
20 M. KEHOE : [aucune interprétation]
21 Q. [aucune interprétation]
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'essaie de suivre tout ça de manière
23 très précise et toutes ces preuves.
24 L'enjeu que nous avions précédemment c'était qu'on citait à plusieurs
25 reprises des villes sans pour autant citer des cibles bien spécifiques. Je
26 n'ai, à l'évidence, pas eu le temps de parcourir tout ce document, ces
27 cibles spécifiques dans ce document définissent pour les cinq villages
28 Drvar, Gracac et les autres ? Bon. Est-ce qu'il y a eu des cibles qui ont
Page 12532
1 été définis dans ces villes, ou s'agit-il simplement d'un exemple visant à
2 illustrer comment les choses se faisaient par ailleurs et que dès lors on
3 pouvait imaginer que la même démarche était utilisée pour ces villes-là,
4 ces villes ayant été citées comme étant les villes à soumettre à un tir
5 d'artillerie sans objectif précis ?
6 M. KEHOE : [interprétation] C'est un peu les deux. Puis-je reprendre ce
7 document en première page ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Avec toutes mes excuses, Monsieur le
9 Président, ce document ne faisait peut-être pas la liste des cibles, c'est
10 une page qui en termes très généraux décrit quel type de tir doit être
11 utilisé, quelles seront les tâches de ces feux d'artillerie aux différentes
12 phases de l'opération. Il ne s'agit pas d'une liste de cibles.
13 J'ai repris une liste des cibles en page 187 dans la deuxième partie
14 de mon rapport, alors là nous avons des identifications de cibles et leurs
15 coordonnées, on a ainsi c'est ordonné, donc est, ouest, et nord, sud, et
16 aussi en altitude.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Il y a deux choses ici
18 visiblement.
19 Vous nous dites que ce document donne les instructions sur le mode
20 d'utilisation de l'artillerie, quelle sera la fonction des différentes
21 étapes de l'opération, des uns et des autres, sans pour autant citer les
22 cibles. Cela ne répond pas pour autant à l'autre question que je me posais,
23 à savoir est-ce que nous avons ici aussi une réponse à ce que vous aviez
24 dit précédemment, à savoir qu'il n'y avait pas de cibles spécifiques à
25 l'intérieur des cibles ?
26 Est-ce que c'est repris ou pas ? J'essaie de digérer cette --
27 M. KEHOE : [aucune interprétation]
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- masse d'informations que je reçois.
Page 12533
1 M. KEHOE : [interprétation] Ici c'est pour la 7e Brigade. Comme vous pouvez
2 le voir, nous sommes ici au début du document et il s'agit d'un document
3 qui ne parle que de Knin et pas des autres villes. Par exemple, prenez la
4 nouvelle entrée, c'est neutralisé les postes de commandement de "garrison"
5 et le centre de Communication dans la zone de Knin.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document précise spécifiquement en
7 fait ceci et cela, et puis donc telle et telle et telle ville. Bon. Je
8 crois que je comprends un peu plus.
9 M. KEHOE : [aucune interprétation]
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Si vous me permettez. Si on regarde ce
11 document, qu'est-ce qu'on voit, la Brigade TS 7. Ce que j'essaie
12 d'expliquer c'est que le District militaire de Split ait un arsenal
13 d'artillerie à sa disposition, alors que les autres villes ont aussi un
14 arsenal d'artillerie.
15 Ce que nous avons ici dans ce tableau sur ce document, ce sont les tâches
16 et missions de la 7e Brigade d'Artillerie indépendamment de l'Unité
17 d'Artillerie dont nous avons discuté précédemment, à savoir les trois TRS
18 et les deux TS qui avaient été mis sur pied au niveau du commandement
19 militaire de Split, et cela va certes avoir un impact sur le ciblage.
20 M. KEHOE : [interprétation] Si vous me le permettez, revenons à l'autre.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous savez parfois ces documents ont
22 plusieurs pages, ils sont à l'écran de façon à pouvoir suivre les éléments
23 de preuve, je voulais simplement vérifier que j'avais bien saisi.
24 M. KEHOE : [interprétation]
25 Q. Monsieur Theunens, sur base de votre explication quand Kozjak a été
26 pensé, le général Gotovina a repris les Groupes d'artillerie et des
27 roquettes et les a organisés en cinq groupes, leur a dit de se déployer et
28 leur a dit : si nous avons besoin de vous au niveau opérationnel, on vous
Page 12534
1 le dira. Mais le déploiement et les plans de tir étaient fixés au niveau du
2 Groupe opérationnel et donc on les utilisait à la fois au niveau
3 opérationnel et au niveau tactique. C'était la grande différence justement
4 pour Kozjak, n'est-ce pas ?
5 R. Je n'arrive pas à la même conclusion que M. Kehoe sur base des
6 documents que j'ai parcourus et examinés. Sur cette base-là, nous avons
7 discuté des ordres d'attaques au niveau du District militaire de Split ce
8 matin. Que voyons-nous ? C'est que l'artillerie -- les
9 -- d'artillerie au niveau du commandement de Split sont organisés en TS et
10 TRS, qui sont là en appui aux Groupes opérationnels.
11 De surcroît les éléments qui composent les Groupes opérationnels, par
12 exemple, la 7e Brigade, ceci dispose également de leur propre arsenal
13 d'artillerie. C'est comme cela que l'on va finalement penser aux différents
14 tirs que ce soit un tireur d'appui, et cetera, en fonction de qui va donner
15 l'appui et qui va déterminer les cibles.
16 Certaines cibles devront être déterminées par le haut commandement,
17 dans ce cas-ci par le commandement de la 7e Brigade, qui peut en fonction
18 de son arsenal déterminer ses propres cibles.
19 Q. Dans le document D969, le général Gotovina nous dit très clairement que
20 les plans d'artillerie doivent être renvoyés au niveau des Groupes
21 opérationnels et que le Groupe militaire du District militaire de Split
22 doit envoyer ces ordres au niveau opérationnel de façon à ce que ceux-ci
23 puissent élaborer un plan d'artillerie pour chaque groupe individuel. Ce
24 qui était un grand changement au niveau de Kozjak, et donc à partir du 1er
25 août 1995, n'est-ce pas ?
26 R. Je crois que j'ai déjà répondu à la question. Monsieur le Président --
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, donc vous n'êtes pas d'accord avec
28 la conclusion à laquelle M. Kehoe est arrivée.
Page 12535
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12536
1 M. KEHOE : [interprétation]
2 Q. Bien, laissons de côté cette 7e Brigade. Passons maintenant aux
3 informations sur les cibles dans le document auquel vous avez fait
4 référence, le 4678 de la liste 65 ter, pour commencer --
5 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, nous avons ici plusieurs
6 de ces tableaux dans le rapport du témoin. Je ne vais pas tous les
7 reprendre par le détail.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Prenons-en un pour voir ce qui se
9 passera.
10 M. KEHOE : [interprétation]
11 Q. Monsieur Theunens, nous avons ici une explication détaillée des cibles
12 réelles qui devaient être visées par le TRS-2. Nous avons les positions de
13 tir que nous avons repris des tableaux. Ici, nous avons les coordonnées
14 détaillées. Donc nous avons un numéro de cible avec les coordonnées de la
15 cible.
16 Il y a toute une série de cibles et cela nous montre qu'ils voulaient
17 cibler un lieu bien précis avec les coordonnées X et Y, et c'est par
18 excellence ce à quoi on s'attend quand on a une unité d'artillerie avec un
19 plan d'artillerie, qu'est-ce qu'on est censé faire, qui, quoi, quand,
20 comment avec les coordonnées X et Y, pour savoir ce que l'on va viser et
21 puis on décide qui va essayer de toucher les cibles; c'est exact, n'est-ce
22 pas ?
23 R. Oui, mais quant au choix et la hiérarchisation de ces cibles par
24 priorité pour Sibenik, sera en fonction de l'ordre reçu du commandement
25 supérieur et c'est ceci est également le cas. Ici, nous avons le TRS-2,
26 pour le Groupe opérationnel de Sibenik. Ce n'est pas le TRS-2 que nous
27 avions vu précédemment créer par le général Gotovina parce que celui-là
28 était en appui à OG nord.
Page 12537
1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Kehoe, le témoin nous dit donc
2 que le TRS-2 que nous avions vu sur la carte n'est pas le même que ce TRS-2
3 ci, donc pas le même groupe, puisque nous sommes à un niveau différent.
4 L'un est au niveau du District militaire de Split, si je vous ai bien
5 compris, et ici, nous avons le Groupe opérationnel Sibenik.
6 Alors essayons d'aborder d'établir où on en est par rapport à cela.
7 M. KEHOE : [interprétation] Mais oui, c'est justement l'enjeu et tout le
8 litige.
9 Q. Ici, nous avons un groupe de tir de roquettes qui a été créé pour le
10 Groupe opérationnel de Sibenik; c'est bien ça ?
11 R. En effet, le TRS-2, un arsenal d'artillerie qui dépend du Groupe
12 opérationnel de Sibenik.
13 Q. C'est donc pour répondre, réagir à l'ordre du général Gotovina dans le
14 P969, en page 13, à savoir que le Groupe opérationnel va penser, concevoir
15 les plans d'artillerie et utiliser cela pour chacun des groupes.
16 Donc le premier ordre du général Gotovina dans Kozjak, quand il arrive au
17 niveau de l'artillerie, il dit aux Groupes opérationnels, faites-moi un
18 plan d'artillerie. Le document nous dit, ces documents nous disent, voilà
19 c'est ce que nous avons, nous avions des cibles bien spécifiques qu'il
20 fallait viser, en disant qui allait tirer et quelles étaient les
21 coordonnées de ces cibles. Tout cela dans le droit fil de l'ordre donné par
22 le général Gotovina dans le D969; est-ce que ce n'est pas une évidence ?
23 R. En effet, mais ce que j'essaie de vous faire remarquer c'est qu'il y a
24 un arsenal d'artillerie au niveau du District militaire de Split, et que le
25 général Gotovina l'organise d'une certaine manière, il détermine les cibles
26 pour cet arsenal. Il va aussi déterminer les cibles pour les arsenaux
27 d'artillerie des Groupes opérationnels.
28 Alors c'est vrai que ces arsenaux, que ces Groupes opérationnels qui
Page 12538
1 comprennent différentes unités, on a, par exemple, le Groupe opération nord
2 avec la 7e et la 4e Brigade, en temps de paix, ils ont leur propre arsenal
3 d'artillerie. Cette artillerie dans le cas du Groupe opérationnel de
4 Sibenik sera organisée de telle manière à pouvoir mettre en œuvre la
5 mission qui leur était donnée par leur commandement supérieur, et ce que
6 nous voyons ici c'est la mise sur pied du TRS-2 pour loger de Sibenik. On a
7 vu un peu plus tôt le TRS-7 pour la 7e Brigade. Par ailleurs le
8 commandement du District militaire de Split a également décidé, par
9 exemple, pour la 7e Brigade, pour la partie du Groupe opérationnel nord,
10 cette 7e Brigade peut compter sur l'appui de la TRS-1, TRS-2 et TRS-3
11 puisque ces trois Groupes d'artillerie ad hoc sont constitués au niveau des
12 Groupes d'artillerie du District militaire de Split.
13 Q. Monsieur, est-ce que nous parlons de la même chose ? Vous dites
14 Gotovina a mis donc des pièces d'artillerie et les a placées, les a
15 transférées au niveau du Groupe opérationnel, après il leur appartient de
16 présenter des plans. En fait, si c'est le général Gotovina qui décide, il a
17 besoin d'eux, à un niveau opérationnel. Il leur dirait, mais si cela ne se
18 fait pas, est-ce que les Groupes opérationnels sont censés présenter leur
19 propre plan de ciblage et leur propre méthodologie ?
20 R. Oui, vous avez l'ordre, l'ordre de cette attaque pour Kozjak. Moi, j'ai
21 le numéro 3119 de la liste 65 ter, et là, il y a un ordre d'attaque pour
22 l'artillerie. C'est la pièce jointe numéro 4. Cela correspond d'ailleurs au
23 titre numéro 7, donc vous avez, je m'excuse de me répéter, vous avez donc
24 l'appui d'artillerie qui figure dans l'ordre d'attaque, en fait il
25 détermine ce qu'il a organisé pour ces pièces d'artillerie qui existent à
26 son niveau, à savoir au niveau du District militaire, et il donne également
27 des instructions pour tout cet arsenal d'artillerie à son niveau ainsi
28 qu'au niveau de ces unités subordonnées. Bien entendu, dans le cadre de
Page 12539
1 l'opération l'artillerie, les pièces d'artillerie, tout l'arsenal
2 d'artillerie au niveau du District militaire seront engagées avec toutes
3 les pièces d'artillerie qui existent à un niveau subalterne.
4 Cela dépend, en fait, de ce qui est requis pour l'opération. Mais
5 c'est le général Gotovina en fonction des instructions et des orientations
6 qu'il reçoit de son commandant adjoint responsable de l'artillerie qui
7 donnera les ordres pour les pièces d'artillerie qui existent au niveau du
8 commandement du District militaire de Split, et je pense, par exemple, aux
9 unités qui composent, par exemple, la 4e Brigade des Gardes et la 7e Brigade
10 des Gardes et je pense aux autres unités du District militaire de Split.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je veux voir si je comprends votre
12 réponse parce que je pense que cela a son importance il ne faut pas qu'il
13 n'y ait de malentendu qui se glisse là-dedans.
14 Est-ce que vous êtes en train de nous dire que cette indication précise
15 puisqu'il est question du Groupe opérationnel Sibenik ne permet pas de
16 combler la lacune que vous avez remarquée dans les documents qui prévoie --
17 document qui prévoie les cibles pour l'artillerie du District militaire,
18 parce qu'il faut savoir que lorsqu'il y est fait référence à certaines
19 villes, je pense qu'elles sont au nombre de cinq. Là, ce n'est pas très
20 précis. Alors vous nous dites : "Il se peut qu'il s'agisse d'information de
21 cible très, très précise, mais elles sont utilisées à un niveau différent
22 et cela ne permet pas de combler la lacune que vous avez remarquée pour
23 l'artillerie du District militaire, parce que des renseignements bien
24 précis font défaut pour ce qui est des pièces d'artillerie qui doivent être
25 utilisées contre les villes.
26 Ai-je bien compris votre réponse ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président. C'est tout
28 à fait exact. C'est justement ce que j'ai essayé d'expliquer.
Page 12540
1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Que la réponse soit la bonne réponse, ou
2 non, en tout cas, je l'ai compris. Je m'en remets maintenant à Me Kehoe
3 pour qu'il vous pose d'autres questions mais après la pause.
4 M. KEHOE : [aucune interprétation]
5 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président, mais
7 j'aimerais faire une observation. J'ai essayé de vous fournir des
8 explications à propos de ces différents échelons aux pages 110 et 112 de la
9 deuxième partie de mon rapport, dans sa version anglaise. Je m'excuse --
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Cela est toujours affiché sur mon
11 écran, donc je peux tout à fait les lire et les relie.
12 Je vous remercie de cette précision.
13 Nous allons faire une pause, et nous reprendrons à 11 heures.
14 --- L'audience est suspendue à 10 heures 35.
15 --- L'audience est reprise à 11 heures 04.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, poursuivez.
17 M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, et j'ai essayé de
18 rationaliser mon contre-interrogatoire et je vous dirais que le document
19 4678 de la liste 65 ter, qui est affiché à l'écran en ce moment et qui fait
20 l'objet d'observations dans le rapport de M. Theunens, c'est un document
21 que nous souhaiterions verser au dossier avec un autre document assez
22 semblable. Ce n'est pas la peine que j'en parle. Nous en avons parlé
23 pendant la pause avec M. Waespi, il s'agit des documents 4679 et 5769 de la
24 liste 65 ter.
25 Ce sont deux cotes que j'ai données à M. Monkhouse et nous souhaiterions
26 les verser au dossier.
27 M. WAESPI : [interprétation] Pas d'objection.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.
Page 12541
1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le document 4679 devient le document
2 D974, et le document 5769 devient le document D975, et le document 4779
3 devient le document D974, et le 5769 de la liste 65 ter devient le document
4 D976.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Les pièces D974, D975 et D976 sont
6 versées au dossier. Il me semble qu'il y a une partie du compte rendu
7 d'audience qui n'a pas été, ah voilà très bien parfait.
8 Le compte rendu d'audience est complet maintenant.
9 Poursuivez.
10 M. KEHOE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
11 Q. J'aimerais revenir, Monsieur Theunens, sur une question que vous aviez
12 abordée juste avant la pause. Il s'agit de votre document 3119 de la liste
13 65 ter.
14 M. KEHOE : [interprétation] Je pense que le Procureur l'a déjà versée au
15 dossier sous la cote P1125. Je souhaiterais que ce document soit affiché à
16 l'écran, je vous prie.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'ailleurs, Maître Kehoe, j'aimerais
18 savoir si vous seriez en mesure de communiquer avec le Procureur car je
19 vois sur cette liste de temps à autre des références. Ce n'est pas très
20 clair, je ne sais pas s'il s'agit d'un pont, d'un hameau, par exemple,
21 Vukovar, là on ne sait pas quelle arme va être utilisée pour cibler.
22 Lorsque c'est une route, c'est clair; lorsque c'est un carrefour c'est
23 clair; lorsque c'est un pont, c'est clair; lorsque c'est une position
24 militaire, c'est clair. Mais un nom, cela peut être tout et n'importe quoi.
25 M. KEHOE : [interprétation] Oui, oui.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc si vous pouviez, je ne sais pas
27 vous mettre d'accord avec M. Waespi à propos de ces noms pour que nous
28 voyions à quoi ils correspondent.
Page 12542
1 M. KEHOE : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
3 M. KEHOE : [interprétation] Nous nous consulterons à ce sujet.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.
5 M. KEHOE : [interprétation]
6 Q. Avant que nous nous penchions sur ce document, outre les informations
7 relatives aux cibles, vous faites remarquer dans la deuxième partie de
8 votre rapport, à la page 86 que : "Les Unités d'Artillerie du District
9 militaire de Split compilaient des rapports de renseignements secrets qui
10 décrivaient les activités de localités correspondant à la période qui
11 faisait l'objet du rapport, et qu'il y avait également le nombre de salves
12 qui étaient tirées sur ces cibles ainsi qu'une description très succincte."
13 Donc d'après ces informations, nous voyons qu'à un autre niveau nous avons
14 également ces renseignements relatifs aux cibles avec les lieux des sites,
15 les références des coordonnées et en fait vous remarquez que ce qu'il
16 indique est exact, n'est-ce pas ?
17 R. Oui, c'est exact. Mais j'ai quand même été un tant soi peu surpris de
18 l'utilisation du terme "renseignements secrets," dans ce document parce
19 qu'il s'agit en fait d'opérations, d'informations opérationnelles plutôt
20 mais cela ne change en rien la nature de ma réponse.
21 M. KEHOE : [interprétation] Alors nous allons maintenant aborder le
22 document P1125 dont nous avons parlé juste avant la pause et je
23 souhaiterais que la page suivante soit affichée. Encore une autre page, je
24 vous prie. La page suivante parce qu'il faut -- voilà c'est cette première
25 page qui m'intéresse.
26 Donc là, il s'agit d'un ordre général. Vous avez des annexes. Vous voyez
27 que c'est le 1er août 1995, mais est-ce que nous pourrions passer à la page
28 14 de la version anglaise qui correspond à la page 12 de la version B/C/S
Page 12543
1 et qui est la page où nous avons le chapitre pour l'artillerie de l'appui.
2 Q. Alors c'est ce à quoi vous avez fait référence juste avant la pause,
3 Monsieur Theunens et nous voyons une fois de plus que le déploiement des
4 Groupes d'artillerie et des Groupes de roquettes sont déterminés et ce
5 jusqu'au niveau des Groupes opérationnels; est-ce exact ?
6 R. C'est exact.
7 Q. Pour ce qui est de ce chapitre intitulé appui ou artillerie d'appui, il
8 n'est pas dit en fait que pour ce qui est -- il n'est pas dit en fait que
9 le District militaire de Split avait un groupe ou des Groupes d'artillerie
10 indépendamment de ces groupes qui sont au nombre de cinq, n'est-ce pas ?
11 R. Non. Mais j'ai essayé de vous expliquer cela avant la pause car le
12 général Gotovina a essayé par ses ordres d'établir ces Groupes d'artillerie
13 et ces Groupes de roquettes d'artillerie pour qu'un appui soit apporté aux
14 différentes unités ou différents Groupes opérationnels, comme cela a été
15 expliqué. Puis en plus les unités qui composent ces Groupes opérationnels,
16 et je peux attirer votre attention sur la page 110 qui est de la deuxième
17 partie de mon rapport car, par exemple, là, nous voyons le Groupe
18 opérationnel nord; nous avons deux TRS et un TS.
19 Puis pour la 4e Brigade des Gardes, et cela nous le voyons au document 2217
20 de la liste 65 ter, il y a un TRS 4 qui a été établi au vu des pièces
21 d'artillerie que détenait la 4e Brigade des Gardes.
22 Q. Excusez-moi, Monsieur Theunens, je vous interromps.
23 M. KEHOE : [interprétation] Mais je souhaiterais que nous affichions la
24 page suivante en B/C/S.
25 Q. Mais je m'excuse car je ne souhaitais pas vous interrompre. Mais
26 poursuivez, Monsieur.
27 R. Oui. Le TRS 4 qui, d'après le document 2217 de la liste 65 ter, a été
28 établi par la 4e Brigade des Gardes, n'est pas mentionné dans l'ordre du
Page 12544
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12545
1 District militaire de Split. Donc j'en conclus qu'il s'agit de différentes
2 pièces d'artillerie qui existent et qui sont utilisées à différents
3 niveaux.
4 Il en va de même pour le Groupe opération de Sibenik. Dans le
5 document précédent, et je n'ai que le numéro de la liste 65 ter, il s'agit
6 du document 4682, et là il est question d'un TRS-1 et d'un TRS-2, pour le
7 Groupe opérationnel Sinj, en fait, il ne s'agit pas de Sibenik, et dans
8 l'ordre du District militaire de Split, il ne prévoie ces deux Groupes de
9 roquette d'artillerie pour le Groupe opérationnel de Sinj; et c'est
10 justement la différence que j'ai essayé de mettre en exergue.
11 Q. Alors nous allons donc en venir à l'essentiel, Monsieur, si votre
12 hypothèse de départ est erronée, à savoir vous avez dit que l'artillerie
13 d'appui existait au niveau du District militaire de Split, mais si cette
14 hypothèse de travail est inexact, cela signifie que les informations
15 précises à propos des cibles n'étaient pas exactes non plus ?
16 R. Je ne comprends pas votre question.
17 Q. Voilà quelle est ma question : vous prenez comme prémisse le fait que
18 ces Groupes d'artillerie existent au niveau du Groupe opérationnel, vous
19 nous dites - enfin, moi, c'est que j'avance - vous, votre prémisse c'est
20 que les Groupes d'artillerie existaient au niveau du District militaire de
21 Split. Vous indiquez que les Unités d'Artillerie au niveau District
22 militaire de Split ne disposaient pas de renseignement précis sur les
23 cibles.
24 Mais la question que j'aimerais vous poser est comme suit : si votre
25 prémisse est erronée, cela signifie en fait qu'il n'y avait pas de pièce
26 d'artillerie au niveau du District militaire de Split parce qu'aux pages
27 180 à 182 de votre rapport, il n'est pas question de cibles précises, il
28 n'est pas question d'information relative à des cibles précises, donc votre
Page 12546
1 prémisse elle est erronée, n'est-ce pas ?
2 R. Ecoutez, je pense, Monsieur le Président, qu'il s'agit de deux
3 questions différentes et séparées. J'ai répondu à la première question, et
4 je m'en tiens à la conclusion que j'ai dégagé au vu des documents que j'ai
5 analysés.
6 Pour ce qui est du deuxième aspect de votre question, Maître, je ne peux
7 conclure que sur la base des documents que j'ai vus, et que j'ai pu
8 compulser. Je n'ai pas vu de document qui m'indiquant quelles étaient les
9 cibles précises qui devaient être attaqués à Benkovac, à Knin, à Drvar, à
10 Obrovac, et à Gracac, à la suite des instructions ou compte tenu des
11 instructions qui se trouvent au titre 7, appui d'artillerie du District
12 militaire de Split ordre donné pour l'opération Kozjak qui indique :
13 "Ouvrir le feu ou pilonner les villes," ce que j'entends c'est les cinq
14 villes mentionnées préalablement.
15 Q. Nous avons examiné toutes les informations relatives aux cibles
16 précises, il y a donc une liste de ces cibles qui fait l'objet des pièces
17 D974, D975, et D976. Au vu des documents que vous avez analysés, ne pensez-
18 vous pas qu'il était logique et judicieux de supposer que pour chaque cible
19 sur laquelle tirait la HV il y avait une liste détaillée des cibles avec
20 les coordonnées et les numéros des cibles qui avaient été établis par
21 l'entremise du Groupe opérationnel, Groupes opérationnels qui opéraient
22 sous le commandement du général Gotovina ?
23 R. Monsieur le Président, Me Kehoe nous décrit la situation qui aurait dû
24 prévaloir. Mais comme je l'ai déjà indiqué lors de ma réponse précédente,
25 je n'ai vu aucun document qui précise et détermine quelles sont les cibles
26 qui doivent être attaquées à la suite des instructions données sur le
27 pilonnage de villes telle que Knin, Benkovac, Obrovac, et Gracac.
28 Q. Vous avez mentionné lors de votre déposition --
Page 12547
1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, avant que vous ne
2 poursuivez, j'aimerais poser une question.
3 Le document que nous avons vu avant la pause, dans ce document, il y avait
4 une référence au TRS-2 je pense, et le témoin nous a dit ce n'est pas le
5 TRS-2 dont nous parlons maintenant ou dont nous avons parlé préalablement.
6 Alors vous avez trois documents et M. Waespi est d'accord pour dire que ces
7 documents présentent une certaine utilité pour nous, donc j'aimerais savoir
8 à qui étaient adressés ces documents ? Est-ce que nous avons donc un accord
9 à ce sujet entre ce qui est avancé par la Défense et ce qui est avancé par
10 l'expert ? Alors, bien entendu, le problème, si vous versez au dossier des
11 documents que vous n'avez pas examinés par le menu, pour commencer je ne
12 sais pas quelle est la longueur de ces documents, je ne peux les regarder
13 qu'à l'écran.
14 Monsieur le Greffier, je ne sais pas s'ils ont déjà été --
15 M. KEHOE : [interprétation] Monsieur le Président, je peux vous fournir une
16 explication. Par souci d'équité, envers l'Accusation, mais je pense que je
17 préfèrerais le faire en l'absence du témoin.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que, si nous commençons à
19 fournir des explications, je pense, en effet, qu'il faudrait peut-être le
20 faire en l'absence du témoin expert.
21 Monsieur Theunens, est-ce que vous pourriez rester dans les parages,
22 Monsieur Theunens ?
23 [Le témoin quitte la barre]
24 M. KEHOE : [interprétation] Je dirais que par souci d'équité vis-à-vis du
25 témoin, il se peut qu'il soit difficile d'étudier tous ces renseignements
26 et les présenter par son entremise, mais ce qui s'est passé en fait c'est
27 que le témoin n'a pas pris en considération les changements de numérotation
28 pour les TS et les TRS parce qu'il y a des documents qui étaient présentés
Page 12548
1 dans le cas de l'opération Tempête et puis il a les documents de
2 l'opération Kozjak.
3 Moi, je pourrais en parler avec lui, en débattre avec lui, pour savoir ce
4 qui était quoi. Mais il faut savoir que vous avez le document Oluja, puis
5 ensuite c'est devenu le document Kozjak et, par exemple, ce qui a été signé
6 le 1er août est devenu le TS-2. Lorsque l'on étudie le rapport du témoin,
7 on se rend compte qu'il n'a pas pris en considération ce changement de
8 numérotation pour la Chambre et cela a suscité une plus grande confusion.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous êtes en train de nous dire que
10 le témoin s'est trompé parce qu'il y avait artillerie ou Groupes
11 d'artillerie à différents niveaux, il y a eu des changements
12 d'organisation, des changements de noms --
13 M. KEHOE : [interprétation] C'est exact.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- alors peut-être que, dans votre
15 système, vous pourriez commencer à compter, par exemple, 130, et cetera, et
16 cetera, alors, bon, il se peut qu'il y aura quelques pièces qui seront
17 perdues ici et là - ce n'est pas très facile à faire - mais je pense que
18 pour le -- en fait, on devrait se retrouver plus ou moins avec le même
19 nombre d'armes et de pièces puisqu'il s'agit, d'après ce que vous nous
20 dites, des mêmes armes.
21 M. KEHOE : [interprétation] Oui, C'est le "same" système. Ce que je voulais
22 dire c'est qu'au départ avec l'opération Tempête, il n'avait pas incorporé
23 les Unités du HVO qui avaient été déployées vers Drvar, et puis dans la
24 zone de Tomislavgrad également. Lorsque le général Gotovina les a placées
25 dans le dernier ordre de l'attaque, les numéros ont changé, et là, cela n'a
26 pas été pris en considération --
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je vois. Je vois pourquoi vous avez
28 souri lorsque j'ai dit : lorsque vous en avez acheté de nouveaux. Non, je
Page 12549
1 ne pensais pas à ce qu'il ait mis dans un ordre du 2 août des acquisitions
2 d'armes, armes qui auraient livrées le 3 août. Donc vous avez dit que
3 d'autres armes avaient été ajoutées à l'arsenal du District militaire de
4 Split et de ces unités subordonnées, et que, par conséquent, lorsqu'il nous
5 dit qu'il s'agit de deux pièces d'artillerie différentes, par exemple, il
6 s'agit des mêmes mais avec peut-être un nombre un peu plus important, mais
7 avec peut-être un autre nom, une autre structure, mais fondamentalement il
8 s'agit des mêmes T 130, par exemple, ce sont les mêmes pièces d'artillerie.
9 M. KEHOE : [interprétation] Tout à fait, ce sont les mêmes pièces
10 d'artillerie.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Waespi, j'ai posé cette
12 question parce que je ne savais pas, moi, si dans les documents D974 à
13 D976, le même problème que vient de nous expliquer Me Kehoe se pose, alors
14 moi je ne sais pas si l'Accusation ou dans quelle mesure l'Accusation est
15 tributaire du rapport d'expert pour faire la différence entre ces deux
16 niveaux.
17 M. WAESPI : [interprétation] Oui, nous le faisons. Je pense que par souci
18 d'équité envers le témoin, il faudrait peut-être lui présenter cette
19 interprétation de Me Kehoe. Je suis sûr que, compte tenu de son expertise,
20 compte du travail qu'il a fait pour analyser les documents, ce genre
21 d'explication il pourra comprendre ce genre d'explication, au moins pour
22 l'un des trois documents, le 4678.
23 M. KEHOE : [interprétation] Le témoin pourra nous donner son avis à ce
24 sujet.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai essayé de vérifier pour voir si
26 j'avais bien compris sa réponse puisqu'en fait, je dirais il a essayé de
27 regrouper ou de faire référence à ce regroupement d'armes et au fait que
28 les noms ont changé. Mais je pense que cela devrait être expliqué de façon
Page 12550
1 absolument claire et transparente. Puis nous verrons d'ailleurs s'il nous
2 fournira une explication. Nous verrons en fait s'il aura une autre réponse
3 à nous fournir. Je suppose que les parties comprendront que la tâche de la
4 Chambre est loin d'être aisée lorsqu'il y a un désaccord quasiment
5 fondamental à propos de l'interprétation à donner des documents que nous
6 étudions parce qu'il faut que la Chambre puisse dans un premier temps
7 comprendre mais assimiler tous ces documents.
8 Je pense que nous pouvons inviter le témoin à revenir dans le prétoire.
9 M. KEHOE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
10 [Le témoin revient à la barre]
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, oui, je vous en
12 prie, poursuivez. Essayez de poser la question au témoin de la façon la
13 plus claire possible. Je ne sais pas si enfin si cela n'est pas assez clair
14 ou si j'ai l'impression que ce n'est pas assez clair, j'essaierais de vous
15 prêter main forte. Je ne sais pas si cela sera apprécié.
16 M. KEHOE : [interprétation] Oui, votre assistance est toujours
17 absolument appréciée. Mais je vais essayer d'être aussi clair et
18 transparent que faire se peut, si cela n'est pas le cas --
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, poursuivez.
20 M. KEHOE : [interprétation]
21 Q. Monsieur Theunens, à propos du niveau donc pour les TS et les
22 TRS, est-ce que vous avez compris que, lorsque l'opération Oluja est
23 devenue l'opération Kozjak, les TS-4 de l'opération Oluja sont devenus les
24 TS-2 de l'opération Kozjak ? Est-ce que vous avez compris cela, Monsieur
25 Theunens ?
26 R. Je comprends votre question, mais, moi, je n'en ai pas tiré cette
27 conclusion à la lecture des documents que j'ai analysés.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, bien entendu, la question
Page 12551
1 suivante qu'il convient de poser est comme suit : est-ce que les documents
2 que vous avez analysés excluaient cette possibilité ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez donc nous
5 expliquer pourquoi cette interprétation qui vient d'être donnée serait
6 contraire à ce que vous avez trouvé dans les documents ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Parce que lorsque j'ai analysé les documents,
8 j'ai pris en considération la structure du District militaire de Split, qui
9 est composé de brigades, les brigades sont composées de bataillons, et
10 cetera, et cetera. Je comprends, j'ai une certaine connaissance de la
11 structure militaire. En temps de paix, le District militaire de Split
12 dispose de ses propres unités d'artillerie, à savoir il s'agit d'Unités
13 d'Artillerie, qui est placées sous le commandement direct du commandant
14 militaire du District militaire de Split.
15 Il en va de même pour les commandants subordonnés. Une Brigade des Gardes
16 aura des pièces d'artillerie, ce qui fait que le commandant de la Brigade
17 des Gardes décide de la façon d'utiliser ces pièces d'artillerie, puis les
18 artilleries qui sont placées sous son commandement direct et ce en fonction
19 des ordres qui lui sont donnés par son commandant supérieur.
20 Alors, moi, j'ai utilisé cette logique lorsque j'ai analysé les documents,
21 notamment les ordres d'attaque ou l'ordre d'attaque qui fait l'objet de la
22 pièce 3119 de la liste 65 ter. Je n'ai pas la cote P, mais conformément à
23 la doctrine, le commandant du District militaire de Split, à savoir le
24 général Gotovina, donne un ordre pour que soit établi un certain nombre de
25 TS, donc de Groupes d'artillerie et de Groupes de roquettes d'artillerie.
26 Ils doivent apporter leur appui à des Groupes opérationnels spécifiques.
27 Lorsque j'ai consulté les ordres des unités subordonnées, j'ai vu que ces
28 unités subordonnées, vous avez les Groupes opérationnels, mais vous avez
Page 12552
1 également les unités qui composent les Groupes opérationnels. Le Groupe
2 opérationnel nord, par exemple, est composé de la 4e Brigade des Gardes, de
3 la 7e Brigade des Gardes ainsi que d'autres unités. Il faut savoir que ce
4 sont ces unités qui déterminent de leur propre formation d'artillerie. Cela
5 bien entendu en fonction de la structure organique des formations
6 d'artillerie.
7 Alors cela peut prêter à confusion parce que parfois vous voyez les mêmes
8 numéros. Vous voyez deux fois le même TRS-2, alors qu'à mon avis, il s'agit
9 de deux unités différentes parce qu'elles existent à des échelons
10 différents.
11 Alors parfois, il y a le document par exemple qui a été présenté par Me
12 Kehoe qui établit les missions du Groupe numéro 7, du Groupe de roquettes.
13 Il s'agit d'une brigade qui appartient à la 7e Brigade des Gardes, donc. Il
14 faut savoir que là, cela n'est pas mentionné dans l'ordre donné par le
15 général Gotovina. A mon avis, et compte tenu de mon expérience, cela ne
16 fait que confirmer le fait que nous parlons de différentes unités qui
17 existent à différents échelons.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors juste pour ergoter, bon supposons
19 que l'artillerie a été organisée comme vous nous le dites maintenant, et
20 qu'il y a cinq Unités TS et TRS, comme nous l'avons vu. Vous nous dites que
21 l'artillerie était structurée et organisée au niveau des Groupes
22 opérationnels. Alors est-ce qu'il se pourrait qu'au fil du temps en fait,
23 les mêmes pièces d'artillerie qui faisaient partie des TS et TRS
24 d'artillerie au niveau du District militaire de Split ont été restructurées
25 et ont été déplacées ou plutôt en fait, ont été intégrées par les unités
26 d'artillerie au niveau des Groupes opérationnels ? Donc il s'agissait
27 plutôt de déplacer les pièces d'artillerie et de les placer dans une
28 structure différente.
Page 12553
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12554
1 Parce que la réponse que vous avez apportée jusqu'à présent d'après ce que
2 j'en ai compris, n'exclut pas cette possibilité. Par exemple, si je voyais
3 un document, artillerie au niveau du District militaire de Split, et si je
4 vois qu'il y a une référence précise qui est faite aux pièces d'artillerie
5 qui se trouvent au niveau du Groupe opérationnel, alors là, vous me direz,
6 cela ne peut pas être les mêmes parce qu'il figure dans le même document.
7 Mais il y a quand même l'élément temporel qui va peut-être ou qui joue
8 peut-être un rôle. Ce qui semblerait à un moment, faire partie d'un certain
9 niveau et qui se trouve sous un nom précis aurait pu faire l'objet d'une
10 réorganisation, et nous retrouverons donc ces mêmes pièces d'artillerie à
11 d'autres niveaux, avec d'autres noms, un ou deux jours plus tard.
12 Est-ce que vous voyez où je veux en venir, Monsieur ? Est-ce que c'est une
13 possibilité que l'on peut tout à fait exclure ou que l'on ne peut pas
14 exclure, compte tenu donc des documents que vous avez analysés, parce que -
15 -
16 Maître Kehoe, est-ce que j'ai posé la question d'une façon --
17 M. KEHOE : [interprétation] --
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- oui, est-ce que vous pourriez peut-
19 être vous concentrer sur cet aspect lorsque vous répondrez à ma question,
20 puisque je vous ai demandé si on pouvait exclure cette possibilité sur la
21 base des documents où l'on trouve les mêmes pièces.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, sur la base des
23 documents que j'ai étudiés, j'exclus que des pièces d'artillerie existant à
24 un moment en temps de paix à différents échelons, d'après ce que j'ai
25 compris de votre question, aient pu rassembler dans une unité qui ensuite a
26 été placée sous commandement d'un commandant subordonné.
27 Dans ma formation et de mon expérience, je n'ai jamais vu de pièces
28 d'artillerie ainsi transférée en un commandant de brigade subordonné et ce
Page 12555
1 dernier décidant de les utiliser pour des missions durant une période
2 indéterminée.
3 Ce qui se passe c'est que le commandant subordonné reçoit un soutien
4 d'artillerie d'une unité qui existe, une unité séparée qui est en général
5 sous commandement supérieur de ce fait dans notre doctrine; ce n'est pas la
6 même dans la HV, mais dans notre doctrine, il y a différentes possibilités.
7 Tout d'abord, il y a une possibilité selon laquelle c'est le commandant à
8 l'échelon supérieur qui décide de la mission de cette unité d'artillerie et
9 du soutien accordé en termes d'artillerie. Il y a l'unité au niveau du
10 corps qui, durant une période déterminée, fournit un soutien à la brigade.
11 La mission a donc été définie par le corps, le commandant de corps.
12 Autre option, le commandant de corps décide que cette unité
13 d'artillerie qui est sous commandement du corps, durant une période
14 déterminée cette artillerie est mises à la disposition du commandement de
15 la brigade qui décide de la mission.
16 Alors, maintenant, j'en reviens à la HV et à mes conclusions sur la base de
17 l'examen des documents, je maintiens que l'artillerie -- les pièces
18 d'artillerie, qui en temps de paix étaient sous commandement du commandant
19 du District militaire de Split, ont son échelon, et en même temps, il y a
20 des pièces d'artillerie dans les unités qui la compose; ces pièces n'ont
21 pas été mélangées mais comme on l'a vu dans l'ordre d'attaque, le
22 commandant du District militaire de Split a établi des formations de
23 support ad hoc pour les pièces et les TRS pour soutenir les GO sur la base
24 de son évaluation, les Groupes opérationnels dont il a considéré que
25 pendant une certaine période ils avaient besoin d'armes et ensuite nous
26 voyons que les unités, composant les Groupes opérationnels, ont créé -- ont
27 leur propre type d'artillerie.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maintenant, quand cela se passe-t-il ?
Page 12556
1 Je fais référence à l'ordre d'attaque. Je vous demande de vous concentrer
2 sur le calendrier.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc j'ai donné une réponse théorique
5 sur les différentes options, maintenant l'une consiste à dire que durant
6 une période donnée, un commandant de brigade affecte un certain nombre de
7 pièces; il décide ensuite de leur emploi. Alors en termes de facteurs
8 temps, pouvez-vous exclure que cela se soit produit ? Vous parlez de temps
9 de paix et semble-t-il de temps de guerre, est-ce que cela a pu se produire
10 entre Oluja et Kozjak parce que --
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Les documents que j'ai étudiés, Monsieur le
12 Président, en particulier les documents sur l'emploi et les pièces
13 d'artillerie dans l'opération Tempête, j'ai conclu, sur la base de ces
14 documents, les documents qui commencent à parler de la situation à partir
15 du 4 août, montrent que les pièces d'artillerie, les TS et les TRS existent
16 à différents échelons, et qu'ils sont subordonnés à différents commandants.
17 Bien sûr, les TS et les TRS ont pu être établis dans une brigade,
18 probablement un commandant de brigade, il y a ceux qui ont été établis au
19 niveau des GO.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que de fait qu'il n'y a pas de
21 différend quant au niveau, il y a un différend quant au temps. La question
22 est de savoir si ces Unités d'Artillerie aux différents niveaux existaient
23 simultanément ? Dans ce cas, on exclut l'hypothèse d'une réorganisation des
24 pièces qui aurait été sous un commandement différent avec un nom différent.
25 Mais sur la base des documents, avez-vous trouvé des pièces qui
26 étaient simultanément décrites quant à des opérations à des plans
27 d'utilisation de ces pièces d'artillerie à différents niveaux ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, c'est ce que je
Page 12557
1 décris aux pages 110 et 111. J'indique qu'en plus du soutien fourni par les
2 TS et les TRS, au niveau du commandement du District militaire de Split,
3 c'est-à-dire le GO nord, et ensuite nous avons l'information à l'écran :
4 les unités subordonnées établissent leur propre formation d'artillerie ou
5 formation d'artillerie ad hoc. Comme je l'ai dit plus tôt, ces unités
6 existent à différents échelons à un même moment sur la base des
7 informations que j'ai étudiées.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a une différence d'un jour, entre
9 le 2 août, le 3 août, mais nous essayons de déterminer avec beaucoup de
10 précision et en détail ce qui a pu se passer sur la base de ce que nous
11 savons et de ce que nous ne savons pas.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Sur la base de mon examen des documents, je ne
13 pense pas que cette différence d'un jour soit importante en tout cas je ne
14 suis pas parvenu à cette conclusion.
15 Je ne veux pas détourner votre attention, mais à la page 184, je
16 parle d'un document, document D281, dans lequel nous voyons qu'un phénomène
17 identique, c'est-à-dire dans le cadre d'un ordre émis par le général
18 Gotovina, trois TS sont créés sur la base des Unités d'Artillerie du
19 District militaire de Split.
20 Donc ça montre qu'il y a une réorganisation dans le temps, il faut
21 garder à l'esprit l'élément essentiel. Les commandants à chaque échelon
22 veulent garder les pièces ou leur contrôle. Chacun veut prendre les
23 décisions correspondant aux pièces qu'il détient. Bien sûr, le commandant
24 du District militaire va décider des principaux éléments de son ordre
25 d'attaque. Alors il aura probablement planifié et prévu que l'essentiel des
26 pièces disponibles à son échelon vont soutenir les unités, qui
27 entreprennent l'effort principal, et qui sont indépendantes des pièces
28 d'artillerie dont disposent ces unités. Encore une fois sur la base de mon
Page 12558
1 examen, au même moment, des différentes Unités d'Artillerie existent à
2 différents échelons.
3 M. KEHOE : [interprétation]
4 Q. Deux questions. Tout d'abord, artillerie au niveau des Groupes
5 opérationnels, comme vous l'avez indiqué, mais ensuite les brigades
6 disposaient également de leur propre feu, n'est-ce pas ?
7 R. Oui, tout à fait c'est l'essentiel de ce que j'ai tenté d'expliquer.
8 Q. Excepté, et revenons à votre prémisse.
9 Est-ce que TS-2 dans Tempête, c'était la même chose que TS-2 dans Kozjak ?
10 R. Parlons-nous de TS-2 qui existaient ou de TS-2 créés par le commandant
11 du District militaire de Split ?
12 Q. Quand nous avons eu l'ordre initial dans Tempête. Dans Tempête, les
13 Unités TS-2 étaient-elles les mêmes que dans les TS-2 dans Kozjak ? Quand
14 vous avez étudié les documents, avez-vous tranché ce point ?
15 R. Monsieur le Président, pardonnez-moi, mais la question n'est pas claire
16 pour moi car il peut y avoir un TS-2 au niveau du commandant du District
17 militaire de Split, c'est-à-dire je vais être plus précis, un TS-2 créé par
18 le commandement du District militaire de Split. Il peut également s'agir
19 d'un TS-2 créé, une unité différente créée à partir des pièces d'artillerie
20 par le commandant de brigade.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Kehoe, bien sûr, la question est
22 formulée sur la base d'un postulat que ne partage pas le témoin. En
23 conséquence, pourriez-vous formuler la question en faisant référence au
24 document afin que le témoin sache exactement ce dont vous parlez lorsque
25 vous parlez de TS-2 dans Tempête. Je crois que ce n'est pas là la
26 difficulté principale, mais dire ce que vous entendez précisément dans TS-2
27 dans Kozjak.
28 M. KEHOE : [interprétation]
Page 12559
1 Q. Si nous pouvons passer à la page 110 dans la partie 2.
2 Là, vous dites et je parle du petit chiffre IV en plus du soutien apporté
3 par les TS et les TRS au commandement du District militaire de Split, vous
4 faites référence à TRS-1, et TRS-2.
5 Alors ma question est la suivante : TRS-2, dont le premier ordre Tempête
6 était-il le même que le TRS-2 dans Kozjak ?
7 R. Il faudrait comparer les deux documents, mais ma compréhension est la
8 suivante : dans le document le plus récent c'est ce document qui a le plus
9 d'autorité, c'est-à-dire qu'un ordre ancien est remplacé par un ordre plus
10 récent.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce une réponse à la question ?
12 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous voyons le point IV.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Le premier ordre Tempête est plus ancien que
15 l'ordre Kozjak, peu importe ce que dit le premier ordre tempête sur le TRS-
16 2, dans mon rapport, j'ai considéré TRS-2 tel que définit dans l'ordre
17 Kozjak qui est l'ordre d'attaque, et le seul ordre qui a autorité.
18 M. KEHOE : [interprétation]
19 Q. Dans les unités précises, avez-vous étudié quelles étaient les unités
20 qui composaient les Unités TS-1 dans Oluja/Tempête par opposition aux
21 Unités TS-2 dans Kozjak ?
22 R. Monsieur le Président, les ordres que j'ai étudiés indiquaient les
23 armes qui composaient les Groupes d'artillerie et les Groupes de roquette
24 d'artillerie. Mais ne disait pas quelle unité avait fourni ces armes.
25 Q. Si nous observons le document affiché à l'écran à Sibenik, il y a une
26 référence à TS-4; la voyez-vous ?
27 R. Oui, je la vois.
28 Q. Si nous allons maintenant dans votre document, vous observez que le
Page 12560
1 Groupe d'artillerie de Sibenik est le TS-4.
2 R. Oui. C'est le groupe d'artillerie créé en application du District
3 militaire de Split GO Sibenik. Cela termine ma réponse.
4 Q. Si je peux avoir ce document --
5 [Le conseil de la Défense se concerte]
6 Q. Si nous regardons le D974, si nous regardons cette liste de cibles qui
7 figure en haut de la page, il est indiqué TRS-2, Sibenik -- ou je me
8 reprends, pardon, Groupe opérationnel de Sibenik.
9 Ceci, dans Kozjak, c'est TRS-4, n'est-ce pas ?
10 R. Ce que je comprends c'est que l'ordre pour Kozjak créé TS-4 pour
11 Sibenik ou GO Sibenik, or là, on parle d'un autre groupe, TRS-4 qui est
12 basé sur les unités subordonnées ou les pièces des unités subordonnées du
13 GO Sibenik.
14 Q. Monsieur, dans l'examen des documents, et on peut peut-être clarifier
15 ainsi, supposons que vous n'ayez pas éclairci les changements de structure
16 d'Unité dans Oluja et dans Kozjak, et comme je l'ai dit, vous n'avez pas
17 déterminé si TS-2 dans Tempête était composé des mêmes unités que TS-1 et 2
18 dans Kozjak ?
19 R. Non, je ne l'ai pas fait pour deux raisons, car Kozjak, à mon avis, est
20 l'ordre qui a le plus d'autorité car c'est le plus récent; deuxièmement, en
21 ce qui concerne la question dont nous avons débattue ce matin, j'avais des
22 documents du District militaire de Split dans lesquels je voyais que le
23 général Gotovina a organisé l'artillerie à son niveau au soutien des GO, et
24 j'avais également des documents d'unités subordonnées, et nous avons vu ce
25 matin, par exemple, un document de la 7e Brigade de Garde, faisant
26 référence à TS-7 qui n'est absolument pas mentionné dans les ordres que
27 j'ai vus, ordres du général Gotovina, et plus important encore dans cette
28 échange, dans ce débat toutes ces unités sont dans la chaîne de
Page 12561
1 commandement subordonnée au commandant du District militaire de Split, et
2 cela implique également le choix de cibles, car il faut qu'il y ait
3 cohérence dans la mise en œuvre des ordres dans la chaîne de commandement
4 et il faut également qu'il y ait cohérence, pardon, subordination quant à
5 la façon dont les ordres sont mis en œuvre pour attaquer les cibles, et je
6 pense que c'est la question essentielle.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Que ce soit le cas ou non, Monsieur
8 Theunens, la question-clé pour la Chambre à ce stade est de savoir s'il y a
9 une possibilité que ce que nous voyons décrit comme étant les cinq groupes
10 d'artillerie dans le document Oluja, et ce que nous trouvons à un niveau
11 postérieur à un niveau différent, la question de savoir s'il peut s'agir
12 des mêmes actifs qui étaient auparavant inclus dans le document Oluja.
13 Quand vous expliquez qu'il serait toujours de la responsabilité du
14 commandement le plus haut, que l'on soit au niveau le plus élevé ou à un
15 niveau plus bas, nous avons étudié une question qui est de savoir quel est
16 le degré de spécificité de la définition des cibles.
17 Si une description assez générale des cibles est donnée dans le document
18 Oluja, et si cette différence n'a jamais été comblée, il y aurait vraiment
19 une grande différence non comblée, si les Unités d'Artillerie existaient à
20 ces différents niveaux. Si en revanche, disons, que les cinq Groupes
21 d'artillerie étaient transformés, réorganisés, peut-être même
22 réapprovisionnés de l'extérieur avec d'autres pièces, et si on trouve
23 ensuite des cibles précises, dans ce cas, cette différence a pu être
24 comblée puisque nous parlons des mêmes pièces mais des cibles et de cibles
25 définies; tandis qu'ils explicitaient simultanément à des niveaux
26 différents et que cela est éclairci par les documents de planification ou
27 des rapports, peu importe, dans ce cas, il y a une possibilité que cette
28 différence n'ait pas été comblée.
Page 12562
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12563
1 Je pense - mais corrigez-moi si je me trompe, Maître Kehoe - que
2 telle est la question qui se pose à ce stade. Donc dans quelle mesure les
3 documents font-ils référence à une coexistence simultanée au niveau du
4 District militaire de Split et à des niveaux inférieurs, de Groupes
5 d'artillerie et de Groupes opérationnels d'artillerie et d'unité, donc
6 quelles sont les indications positives ou quelles sont les indications
7 négatives selon lesquelles elle n'aurait pas pu exister simultanément ?
8 Je vous prie d'expliciter cette question qui est l'une de mes plus
9 longues questions.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Votre question couvre trois points. Tout
11 d'abord, bien sûr, il peut y avoir une différence d'organisation des pièces
12 d'artillerie au niveau du district, du commandement de District militaire
13 de Split entre les ordres de Tempête et les ordres de Kozjak, car c'est
14 c'était une des prérogatives qu'il s'agisse d'infanterie ou d'artillerie,
15 le commandant peut les organiser comme il le souhaite.
16 Deuxième point, il y a effectivement une différence dans la mesure ou
17 dans l'ordre, nous, dans Kozjak, nous avons une référence à sept groupes
18 d'artillerie : "Pilonner les villes de Drvar, Knin, Benkovac, Obrovac, et
19 Gracac," et pour moi, c'était inhabituel car je m'attendais à des
20 informations plus précises.
21 Je n'ai pas trouvé d'information plus précise. Il est vrai que je
22 n'ai pas tous les documents d'artillerie disponibles. Si on avait eu des
23 informations plus précises, l'ordre du commandement District militaire de
24 Split eut été plus logique, on aurait ainsi déterminé quelles étaient les
25 unités subordonnées qui devaient attaquer ces villes, car les unités
26 subordonnées, nous les avons vues sur la carte et je vais essayer d'être
27 bref, nous avons vu deux types d'artillerie différents qui pouvaient
28 couvrir ou attaquer Knin. Ces unités avaient besoin de savoir ce qu'elles
Page 12564
1 devaient faire, qui le faisait, et quand. Il y avait un besoin de
2 coordination également.
3 J'en reviens à votre question maintenant, cette co-existence
4 simultanée de groupes d'artillerie au niveau du District militaire de Split
5 et au niveau des groupes opérationnels, dans l'ordre de Kozjak, le District
6 militaire de Split crée des groupes d'artillerie, des Groupes de roquettes
7 d'artillerie qui vont soutenir les GO.
8 Au même moment, c'est-à-dire pour traiter de la simultanéité, sur la
9 base des documents que j'ai examinés, il y a également des pièces
10 d'artillerie dont les unités qui composent ces GO, par exemple, dans le GO
11 nord, vous avez la 4e Brigade de Gardes, et cette 4e Brigade de Gardes
12 décide elle-même de l'organisation de ces pièces d'artillerie et, bien sûr,
13 tout cela doit être cohérent avec l'ordre initial, l'ordre Kozjak, c'est-à-
14 dire l'ordre le plus élevé car c'est la façon dont fonctionne la chaîne de
15 commandement à uniquement dans l'exécution mais également dans la
16 planification de l'ordre.
17 Si, au niveau du commandement du District militaire de Split, il est
18 indiqué : attaquer la cible X, il y aura des unités ou des commandants des
19 unités qui sauront qu'ils ont besoin, ils doivent attaquer la cible X et
20 qui vont organiser leurs forces en ce sens. Je ne sais pas si j'ai répondu
21 à votre question, mais j'essaie d'être aussi précis que possible.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une question qui s'adresse à vous,
23 Maître Kehoe. Quand vous nous avez présenté cette carte avec les portées de
24 tir, votre intention était-elle de refléter ce qui s'est passé sur le
25 terrain ou ce qui avait été planifié ?
26 M. KEHOE : [interprétation] Ce qui était planifié, Monsieur le Président,
27 car nous montrions un redéploiement dans Kozjak et les terrains
28 potentiellement couverts, et non pas la réalité. Il ne s'agissait pas de
Page 12565
1 dire qu'ils avaient tiré à gauche plutôt qu'à droite et, bien sûr, la
2 portée de tir maximale des T-130.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors pour savoir ce qui s'est passé
4 actuellement, cette carte ne nous aide pas.
5 M. KEHOE : [interprétation] La Chambre étudie cet ordre sur la disposition
6 des pièces d'artillerie. Ce que cela signifie, si vous vous demandez où se
7 situe telle localité, tel village, quelles sont les coordonnées ? Ce que
8 nous avons essayé de faire, c'est de prendre les pièces, les mettre, par
9 exemple, s'il y a un groupe de 130, le placer dans une location exacte,
10 pour le premier ordre de l'officier Rajcic, voir si les 130 tirés dans
11 telle direction, jusqu'où ils pouvaient aller.
12 C'est pour voir, Monsieur le Président, quels sont les changements
13 dans Kozjak et orienter la Chambre.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
15 Monsieur Theunens, une dernière question sur ce sujet.
16 Nous avons parlé de cinq villes y compris Knin et Benkovac. Vous avez
17 remarqué que les ordres étaient assez généraux quant à l'utilisation de
18 l'artillerie pour ces villes.
19 Quel que soit le nom, quelle que soit la structure, quelles que
20 soient les différences de couleur, avez-vous, à quelque moment que ce soit,
21 vu des listes de cibles plus précises ou des documents de ciblage ou des
22 rapports portant précisément sur ces villes quels que soient les noms, TS-
23 1, TS-2, tel commandement ou un autre niveau de commandement ? Avez-vous
24 trouvé des informations qui combleraient cette différence en ce qui
25 concerne l'artillerie au niveau du District militaire de Split ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, à la page 188 de la
27 version deux, deuxième partie du rapport, cela correspond à la note de bas
28 de page 799, je fais référence à un rapport général sur la mise en œuvre
Page 12566
1 des tâches de combat par le commandant du Régiment, du 134e Régiment des
2 "Home Guards," adressé au commandant du District militaire de Split en date
3 du 23 août, dans lequel Cerinje [phon] a parle de l'utilisation de
4 l'artillerie. C'est intéressant parce qu'il parle de la situation à
5 Benkovac. Le titre est : "Corrections sur les moyens de support
6 d'artillerie ont été faites au bon moment."
7 Je continue à citer : "Dans les premières heures, nous n'avions pas
8 de soutien du GO de Zadar à l'exception du bombardement de la zone générale
9 de Benkovac, sans suivi, et le message à 3 heures 05 heures est le suivant
10 : est-ce que quelque chose tombe sur Benkovac ?
11 J'ai juste repris quelques extraits du journal de la 4e Brigade couvrant le
12 bombardement de cibles sur Knin à la page 185 dans la partie anglaise de ce
13 rapport. Je ne sais pas si techniquement on pourrait peut-être l'afficher
14 parce que si je continue à lire des extraits.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Moi, je l'ai sur mon écran parce que
16 nous, nous avons accès à ces documents. Peut-être cela pourrait-il être
17 affiché sur le prétoire électronique, donc c'est le document de la liste 65
18 ter 4581 ?
19 Alors, à 7 heures du matin, il y a une note : "Nos forces attaquent les
20 casernes à Knin et font un bon travail."
21 Puis à 9 heures 20. Cette fois-ci on est encore toujours au 4 août --
22 M. KEHOE : [interprétation] Non, c'est le 5.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le même ordre a été répété par le
24 commandant de la 4e Brigade le 5 août; et ces entrées dans le journal de la
25 4e Brigade ne précisent pas en fait …"
26 Ce n'est pas très clair si c'est le 4 ou le 5.
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Prenons le début du paragraphe.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, on voit donc à 7 heures le 4 août
Page 12567
1 et c'est ce à quoi vous faites référence visiblement dans le premier
2 encadré.
3 LE TÉMOIN : [interprétation]
4 Donc nous avons l'entrée à 7 heures du matin pour le 4 août. Bon. Il n'y a
5 pas de numéro de pages c'est vrai. Je crois que, dans un sens, ce carnet de
6 bord est chronologique --
7 Ensuite l'entrée suivante porte sur le 5, à 9 heures 20. Il y a référence
8 d'un ordre reçu du GO pour ne plus attaquer Knin à l'artillerie. Les autres
9 unités, la 7e Brigade doit -- se doit de respecter, et le 5, encore une
10 fois à 10 heures 38, le commandant de la brigade demande de ne plus
11 bombarder Knin puisque nos troupes sont déjà sur place.
12 C'est donc l'information que j'ai analysée que j'ai reprise dans mon
13 rapport pour arriver à une réponse qui se rapproche autant que faire se
14 peut de votre question. Je n'ai rien vu de plus précis.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.
16 Monsieur Kehoe, poursuivez.
17 M. KEHOE : [interprétation]
18 Q. Un dernier thème, pendant votre témoignage, vous avez parlé de la
19 précision du tir. Alors prenons le P64.
20 M. KEHOE : [interprétation] Si l'on peut l'afficher.
21 Q. Je sais que cela n'est pas repris dans votre rapport.
22 Il s'agit d'une évaluation provisoire qui a été faite en date du 18 août
23 par les Nations Unies, paragraphe 2.
24 M. KEHOE : [interprétation] Bon. La, je crois que pour le moment les deux
25 versions sont en B/C/S.
26 Q. Donc une évaluation provisoire, bon, la dernière évaluation était la
27 même, en général, donc je crois le deuxième alinéa, en général le
28 bombardement était concentré sur les cibles militaires.
Page 12568
1 Si je comprends bien cela n'était pas repris dans votre rapport mais dans
2 nos discussions au mois de janvier cette année, la Défense de Gotovina vous
3 a présenté un exemplaire de ce rapport. J'imagine que vous l'avez lu, vous
4 l'avez envisagé, n'est-ce pas ?
5 R. En effet. C'est quelque chose que j'ai reçue au mois de janvier et que
6 j'ai lu et que je n'ai pas repris dans les annexes de mon rapport.
7 Q. Même après vous, ne l'avez pas repris dans les annexes ?
8 R. Parce que cela ne répondait pas aux critères qui s'appliquent aux
9 annexes, à savoir les documents qui sont présentés après la présentation du
10 rapport, à savoir après décembre 2007, où d'autres documents qui donnent
11 des informations en toile de fond à "ces documents."
12 Q. Vous serez d'accord avec moi pour dire que, quand on voit ce genre
13 d'évaluation, quand on lit en général le bombardement s'est concentré sur
14 les cibles, les objectifs militaires, il serait quand même logique de
15 supposer que donc c'était bien les objectifs militaires qui étaient visés
16 par l'opération Tempête et par le HV ?
17 R. Je ne peux pas répondre à cette question directement parce qu'il faut
18 qu'il y ait un lien entre la planification du tir, l'exécution du tir et le
19 choix de cibles.
20 Ici nous avons un rapport qui donne l'avis d'une équipe MONU des Nations
21 Unies. Moi, pour pouvoir l'analyser, il faudrait que je puisse voir la
22 liste des cibles, voir la grille, les références, et voir la cohérence,
23 alors, par exemple, telle cible située à l'endroit X, Y, et dans la ligne
24 de feu, dégâts collatéraux de manière systématique. C'est la seule chose
25 que je pourrais dire par rapport à ce document-ci.
26 Q. Une dernière question, il est clair que, même après avoir reçu ce
27 document, vous n'avez pas pris d'autres initiatives pour confirmer ce que
28 nous avons ici en date du 18 août ?
Page 12569
1 R. Non, Monsieur le Président, parce que, dans mon ordre de mission, il
2 n'était pas prévu d'analyser la précision de tir ou la précision
3 d'utilisation de l'artillerie par les forces sous le commandement du
4 général Gotovina. Comme nous l'avons déjà dit précédemment, je ne suis moi-
5 même pas expert en artillerie. Je me suis donc limité à ce sur quoi je
6 pouvais me limiter, à savoir l'organisation du tir d'artillerie --
7 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
8 M. KEHOE : [aucune interprétation]
9 Q. [aucune interprétation]
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je me demande si vous attendiez à avoir
11 affaire à un expert qui n'aurait pas analysé de manière systématique ce
12 genre de documents, et malgré tout, d'en tirer des conclusions. C'est un
13 peu ce que vous -- il me semble que vous semblez induire dans votre
14 question et il me semble que c'est quand même la dernière chose à laquelle
15 on s'attend d'un expert dans ce genre.
16 M. KEHOE : [interprétation] Moi, je m'attendais à ce qu'un expert qui
17 reçoit ce document au mois de janvier et bien qu'il le suive, qu'il revoie
18 les positions qui avaient été défendues antérieurement. C'est la raison
19 pour laquelle d'ailleurs l'équipe de la Défense l'a donné à l'expert lors
20 d'une réunion des mois avant que cela ne soit abordé ici.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas donné tous les
22 documents. C'était juste celui-ci.
23 M. KEHOE : [interprétation] Oui, c'est celui-ci.
24 Alors il nous avait dit qu'il ne l'avait pas reçu, qu'il l'avait pas
25 considéré et alors c'est pour cela que nous avions pensé que c'était
26 important qu'il le voit et on s'attendait à ce qu'il le reprenne d'une
27 manière ou d'une autre, ou qu'il en fasse état mais ce ne fut pas le cas.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.
Page 12570
1 Monsieur Misetic.
2 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
3 Contre-interrogatoire par M. Misetic : [Suite]
4 Q. [interprétation] Bonne après-midi à vous, Monsieur Theunens.
5 R. [aucune interprétation]
6 Q. Je voudrais d'emblée commencer mon contre-interrogatoire sur quelque
7 chose qui je crois recevra notre accord à l'un et à l'autre. Alors en page
8 317 de votre rapport, nous avons un chapitre qui commence à cette page, et
9 qui porte le titre : "Avis de crimes graves supposés dans la zone de
10 responsabilité du District militaire de Split pendant et après l'opération
11 Oluja."
12 R. [aucune interprétation]
13 Q. Pouvons-nous conclure l'un et l'autre qu'après avoir procédé à l'examen
14 des documents que le Procureur vous avait présentés, il n'y avait pas de
15 preuve que vous aviez trouvé que le général Gotovina avait eu connaissance
16 à l'avance de quelques meurtres que ce soit par quelques membres des HV que
17 ce soit, aucune information plutôt ?
18 R. Soyons précis, c'est vrai que j'ai procédé à l'examen des documents qui
19 m'avaient été transmis par le bureau du Procureur, entre autres
20 principalement des documents HV.
21 Ceci étant, je n'ai pas reçu d'information spécifique sur le fait que le
22 général Gotovina avait reçu information sur quelques meurtres que ce soit
23 commis par les membres du HV, mais je voudrais ajouter comme je l'ai déjà
24 dit : que l'importance de cette mise de conscience de la situation.
25 Q. Oui, j'en suis tout à fait conscient, Monsieur Theunens, et c'est pour
26 cela que je vous posais la question.
27 R. Oui, mais c'est important d'un point de vue militaire de façon à
28 pouvoir voir quelles sont les missions qui sont accomplies par le
Page 12571
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12572
1 commandement.
2 Q. Je vous poserai ces questions et ce qui m'intéresse, c'est justement de
3 pouvoir se concentrer sur la réponse aux questions --
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question était : peut-on être
5 d'accord sur le fait que vous avez procédé à l'examen des documents du
6 Procureur, et que vous en êtes arrivé à la conclusion selon laquelle, pour
7 vous, vous n'aviez pas, dans ce document, la réponse en question ?
8 Monsieur le Témoin, dans la réponse que vous aviez donnée à M. Kehoe - mais
9 corrigez-moi si je me trompe - que vous n'aviez pas analysé tous les
10 documents en possession du bureau du Procureur et que vous étiez concentré
11 sur certain type de documents seulement. Première question : est-ce que
12 c'est le cas ? A savoir avez-vous procédé à l'examen des documents sur les
13 crimes rapports sur les crimes ?
14 M. MISETIC : [interprétation] Oui, c'est justement le domaine que je
15 voudrais aborder, Monsieur le Président.
16 J'aimerais bien justement arriver plus en détail dans ce que vous
17 êtes en train d'aborder maintenant.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, vous pouvez poursuivre, parce
19 que c'est justement votre première question qui a déclenché cette réflexion
20 chez moi.
21 M. MISETIC : [interprétation]
22 Q. Monsieur Theunens, dans ce chapitre, vous parlez donc des crimes graves
23 supposés, et je crois qu'on peut être d'accord sur la hiérarchie des
24 crimes, que vous avez repris en haut de la liste, n'est-ce pas ?
25 R. Moi, je ne suis pas criminologue. Quand on parle d'un avis, je crois,
26 sans vouloir me lancer dans une analyse juridique, il est clair qu'il y a
27 d'autres crimes graves, le pillage, provoquer un incendie, et cetera. Cette
28 section porte sur des documents que j'ai analysés, qui sont des documents
Page 12573
1 surtout HV, du District militaire de Split et ces unités subordonnées, et
2 qui indiquent que les commandants des unités subordonnées ainsi que les
3 commandants du District militaire de Split sont informés et au courant du
4 fait que de tels incidents se dont déroulés dans leur zone de
5 responsabilité.
6 Q. O.K. Merci, Monsieur Theunens. Je suppose que vous êtes tout à fait
7 conscient du fait comment je me concentre sur les meurtres, je ne veux pas
8 partir dans d'autres domaines et je reviens sur ce que vous venez de dire.
9 A la page 323, paragraphe 5, nous avons un rapport de la MOCE des
10 observateurs lors d'une réunion, et nous avons également d'autres documents
11 du MUP; correct ?
12 R. Oui, c'est vrai, mais j'ai dit surtout des documents HV, je n'ai pas
13 fait de statistique, mais je dirais que 80 % et là je joue la prudence ce
14 sont des documents militaires.
15 Q. En fait, vous aviez accès à des documents de la MOCE, vous aviez accès
16 à des documents du MUP, alors je vais vous poser une question plus précise
17 : il me semble que vous aviez dit précédemment, la semaine passée, que si
18 vous aviez une question sur quelque chose ou si vous aviez besoin de
19 document supplémentaire, vous pouviez toujours demander des documents
20 supplémentaires, et que ceci vous serait transmis, est-ce exact, s'ils
21 étaient en effet disponibles au bureau du Procureur ? Vous pouviez demander
22 que ce soit Dai Morris ou quelqu'un d'autre ?
23 R. C'était une question de traduction. Vous savez, ce sont des recherches
24 que j'ai réalisées moi-même, et quand je contactais Dai Morris ou Andrei
25 Shakhmetov, quand j'entendais, par exemple, qu'ils partaient en mission en
26 Croatie, et allaient fouiller les archives de l'Etat, quand il y avait des
27 documents que je ne trouvais pas moi-même, je leur demandais, à ce moment-
28 là, s'ils pouvaient mettre la main sur ces documents dans les archives.
Page 12574
1 Donc je crois qu'il faut être plus précis ici.
2 Q. Alors fouillons un peu. Quand vous préparez une section qui porte sur
3 les crimes supposés pour le District militaire de Split, alors quand vous
4 lancez dans la recherche sur ce thème, vous aurez probablement cherché et
5 pris note de toutes les preuves portant sur les meurtres qui auraient eu
6 lieu et dont le général Gotovina aurait été informé; exact ?
7 R. Oui, mais pas exclusivement les meurtres. J'ai essayé d'expliquer.
8 Q. Je n'ai pas dit exclusivement. Mais si vous aviez trouvé des
9 informations sur ces meurtres, ceci serait repris dans votre rapport ?
10 R. Oui, ce serait le cas.
11 Q. Est-ce que vous auriez demandé à quelqu'un au bureau du Procureur : je
12 n'ai pas trouvé d'information sur le fait que le général Gotovina avait
13 reçu information de ces crimes graves supposés, est-ce que quelqu'un peu
14 m'aider ?
15 R. Non, je ne l'ai pas demandé, et la question ne m'a pas même pas
16 effleuré puisque j'ai abordé tout cela sous l'angle militaire, certes, le
17 meurtre est un crime grave, mais il y a d'autres crimes graves. Or
18 l'intention qui était la mienne avec cette section-là était de vérifier si
19 l'aspect juridique de jure, la doctrine qui fait que le commandant est au
20 courant de la situation sous -- dans la zone sous sa responsabilité est
21 également appliquée à l'aspect la dimension des crimes graves, sans pour
22 autant rentrer dans la nature même de ces crimes graves.
23 Q. Vous l'avez analysé du point de vue militaire, et c'est exactement le
24 point de vue que je vais aborder moi-même.
25 A savoir quelles sont les mesures que devrait prendre un commandant, dans
26 ce cas-là, et donc vous avez analysé les documents qu'un tel commandant
27 recevrait au quotidien, voire plus fréquemment, que ce soit les rapports
28 des affaires politiques, le rapport des SIS, des différents journaux de
Page 12575
1 bord opérationnels du District militaire, et cetera; correct ?
2 R. Encore une fois, n'oublions pas que pour un commandant militaire, il ne
3 s'agit pas simplement de recevoir l'information; il s'agit également de
4 s'informer de son propre chef. Ce n'est pas une attitude passive, il doit
5 aller chercher l'information, il doit pendre les initiatives pour pouvoir
6 se familiariser avec la situation. Il ne doit pas attendre que quelqu'un
7 lui dise : "Bien, voilà ce qui se passe."
8 Q. Alors à ce moment-là, lorsque nous avons ici un témoignage normalement
9 vous auriez pu me dire, bien, si le général Gotovina avait été informé, il
10 aurait dû agir, s'il n'avait pas eu d'information, il n'aurait pas dû agir.
11 C'est un peu pile ou face finalement ?
12 R. Ma conclusion, encore une fois sur base de la doctrine dans les forces
13 armées croates, c'est que le commandant doit être informé de la situation
14 pour la zone dont il est responsable. Cela ne s'applique pas seulement sur
15 la situation des forces de l'ennemi ou de l'ennemi mais également de ses
16 propres forces.
17 Q. Je reviens à la question que je vous avais posée. Vous n'avez pas
18 trouvé de preuve, dans les rapports sur les affaires politiques, les
19 rapports SIS, ou sur dans les journaux de bord du District militaire de
20 Split, faisant état de meurtre qui aurait été commis par quelques membres
21 des forces HV; vrai ou faux ?
22 R. Je ne pourrais pas répondre directement. Je devrai d'abord vérifier mon
23 rapport pour voir si les documents que j'ai repris dans cette section que
24 j'appelle information, si ces documents portent sur les meurtres ou pas.
25 Q. Bien, écoutez, nous aurons une petite pause dans quelques minutes et je
26 vous propose dès lors de procéder à cet examen de vos documents pendant la
27 pause de façon à pouvoir nous donner notre réponse quand nous reprendrons.
28 Je vais aborder autre chose. Je prends la page 387 de votre rapport --
Page 12576
1 pages 387 et 388 de votre propre rapport, section qui commence avec des
2 statistiques.
3 R. [aucune interprétation]
4 Q. Je lis : "Un total de quelques 1,481 mesures disciplinaires furent
5 prises dans le District militaire de Split entre juillet et septembre 1995,
6 les trois mois sont revus. Ce qui représente une augmentation de 30 % par
7 rapport aux chiffres qui couvrent la période janvier à juin qui portait sur
8 six mois puisque nous avions à ce moment-là 1,138 mesures disciplinaires
9 instruites."
10 Bon, je sais que nombreux sont ceux qui sont bien meilleurs mathématiciens
11 que je ne le suis moi-même, mais enfin si on prend une période de six mois
12 et que vous la divisez par deux, et on obtient la moyenne sur trois mois
13 pour la période entre janvier et mars, et puis mars à juin. La moyenne, à
14 ce moment-là, est de 569 mesures disciplinaires prises pour ces deux
15 périodes de trois mois. Quand on passe au troisième trimestre, on lit dans
16 le rapport que nous avons une augmentation de mesures disciplinaires et
17 nous arrivons à 1,431 mesures, si je calcule bien cela veut dire que pour
18 le premier trimestre en août et en septembre, nous avons eu une
19 augmentation de 151 % des mesures disciplinaires qui furent prises pendant
20 ce trimestre par rapport à la moyenne des deux premiers trimestres.
21 Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?
22 R. Je dois revoir ces documents, je suis d'accord, et je présente mes
23 excuses pour cette erreur dans ce rapport.
24 Q. Je ne pense pas que ce soit une erreur. J'ai simplement refait mes
25 calculs et il s'agit simplement en fait du fait que c'est l'armée croate,
26 qui elle-même, qui a changé la période sur revue.
27 R. [aucune interprétation]
28 Q. Ce que j'essaie de vous expliquer c'est que, si l'on voit d'un point de
Page 12577
1 vue statistique, nous avons une augmentation de 151 % des mesures
2 disciplinaires prises dans le troisième trimestre par rapport à la moyenne
3 des deux premiers trimestres ?
4 R. D'un point de vue quantitatif, oui.
5 Q. [aucune interprétation]
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin vous dit : je m'excuse pour
7 l'erreur, et puis vous dites qu'il n'y a pas d'erreur, mais l'erreur est de
8 30 %.
9 M. MISETIC : [interprétation] Bon, c'est vrai qu'il avait pris les chiffres
10 1,138 sur six mois, mais sur trois mois.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous dites qu'il n'a pas -- Le
12 témoin présente ses excuses pour une erreur, et vous dites qu'il n'y a pas
13 d'erreur.
14 M. MISETIC : [interprétation] J'avais mal compris ce qu'il avait dit.
15 Q. Monsieur Theunens, je voudrais revenir sur ce que vous nous avez dit
16 lors de l'interrogatoire. Quand vous avez préparé votre témoignage, vous
17 avez rencontré M. Waespi, et avec lui -- vous avez discuté avec lui les
18 thèmes que vous aviez abordés; est-ce exact ?
19 R. En effet. Il y a eu des réponses avec M. Waespi et M. Du-Toit, en
20 effet, et pendant ces réunions, c'est M. Waespi qui a décidé des thèmes qui
21 allaient être abordés pendant mon interrogatoire.
22 Q. Est-ce que vous saviez également quels étaient les documents qui
23 allaient être appelés et sur lesquels vous seriez interrogé pendant
24 l'interrogatoire ?
25 R. Quelques semaines avant d'avoir commencé à préparer ce témoignage, j'ai
26 moi-même pré sélectionné et choisi les documents que je pensais être des
27 plus pertinents et que j'ai transmis à M. Waespi et M. Du-Toit, et c'est
28 une liste qui a été utilisée, et M. Waespi a rajouté ses documents et donc
Page 12578
1 je savais quels serait les documents qui me seraient présentés par le
2 Procureur pendant ma déposition.
3 Q. Merci.
4 M. MISETIC : [interprétation] Pouvons-nous appeler la pièce P1119 à l'écran
5 ?
6 Q. Monsieur Theunens, voici donc ici une pièce que nous avons déjà abordée
7 lors de votre interrogatoire; est-ce que c'était un des documents que vous
8 vous aviez choisi comme étant un des documents les plus importants ? Il
9 s'agit d'un ordre sur intervention sur mesures disciplinaires, la police
10 militaire et vous aviez là un code postal et vous aviez justement fait des
11 commentaires sur l'origine de ce document. Ma première question : est-ce
12 que c'est vous qui avez choisi ce document comme étant d'un des plus
13 importants ?
14 R. C'est un document que j'ai choisi comme étant un document important
15 parce qu'à mes yeux, cela illustre la mise en œuvre du système de
16 discipline militaire par le commandant du District militaire sur ses
17 unités, et ce, avant l'opération Tempête.
18 Q. Lors de votre interrogatoire, passons à la page suivante d'abord. Lors
19 de votre interrogatoire, vous avez justement insisté sur l'importance de
20 ces codes postaux militaires; pouvez-vous nous rappeler quels sont ceux que
21 vous aviez identifiés, et pourquoi ?
22 R. Le 2233. Vous pouvez le voir dans la version en B/C/S, c'est le
23 cinquième dans la première colonne et le 2233 le code militaire du 22e
24 [comme interprété] Bataillon.
25 Q. Pourquoi avez-vous pensé que c'était très important de faire état du
26 fait que ce bataillon avait reçu ce document du général Gotovina ?
27 R. Parce que M. Waespi m'avait demandé, pendant la phase préparatoire, si
28 la liste couvrait toutes les unités donc les destinataires étaient tous
Page 12579
1 repris, tous les destinataires du District militaire. J'ai répondu : oui,
2 sur la base de ma compréhension du District militaire de Split telle que
3 décrite dans la première partie de mon rapport, et j'ai vérifié ces codes
4 postaux militaires et donc ces références de poste militaire reprennent,
5 entre autres, ce 72e Bataillon de la Police militaire.
6 Q. Ma question est justement : pourquoi est-ce que c'était important,
7 pourquoi est-ce pertinent ?
8 R. Demandez à M. Waespi. Je ne me souviens pas. C'est à lui peut-être de
9 dire pourquoi c'était important pour lui.
10 Q. [aucune interprétation]
11 R. Puis pour ce qui est des liens entre le 72e Bataillon de la Police
12 militaire au sein du District militaire de Split par rapport à la situation
13 qui prévalait avant l'opération Tempête, ce qui figure dans la première
14 partie de mon rapport --
15 Q. [aucune interprétation]
16 M. MISETIC : [interprétation] Madame la Greffière [comme interprété], est-
17 ce que je pourrais avoir la pièce 3349 de la liste 65 ter à l'écran ?
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons donc étudier un nouveau
19 document, Maître Misetic ?
20 M. MISETIC : [interprétation] Oui, j'espère pouvoir régler le sort de ce
21 document en trois minutes.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Trois minutes. Je vous donne la
23 possibilité de le faire.
24 M. MISETIC : [interprétation]
25 Q. Donc il s'agit d'un document qui émane de M. Lausic, document destiné
26 au 72e Bataillon de la Police militaire, entre autres, vous voyez que la
27 date est le 16 août, et c'est le suivi en fait d'un document que vous avez
28 étudié, que vous avez -- qui a été versé au dossier pendant votre
Page 12580
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12581
1 interrogatoire principal.
2 M. MISETIC : [interprétation] Alors j'aimerais que l'on affiche la page
3 suivante de la version anglaise.
4 Q. Et voyez ce qui est dit : "Conformément aux règlements, vous devez
5 répertorier les mesures disciplinaires imposées à la SP-2."
6 Ensuite il est indiqué : "L'administration des Affaires judiciaires
7 du ministère de la Défense de la République de Croatie a donné son aval
8 pour que les Unités de la VP ne présentent pas leur formulaire SP-2 pour la
9 période de trois mois au commandement du District militaire mais à
10 l'administration de la Police militaire."
11 Alors je remarque en fait que c'est un document auquel vous faites
12 référence dans votre rapport. Page 179, note 614 en bas de page. J'aimerais
13 savoir et c'est ma question : s'il y a une raison qui vous a poussé à ne
14 pas indiquer à la Chambre de première instance le fait que ce document
15 avait été choisi et retenu pour votre interrogatoire principal pour montrer
16 d'ailleurs la subordination du 72e Bataillon de la Police militaire au
17 District militaire de Split, et cela d'ailleurs a été changé, modifié en
18 fonction d'une directive du ministère de la Défense dont fait rapport M.
19 Lausic.
20 Pourquoi est-ce que vous n'avez pas indiqué clairement pendant
21 l'interrogatoire principal ?
22 R. Ce n'est pas la peine de l'indiquer clairement parce que d'après ce que
23 je comprends, cela n'a aucune pertinence pour la subordination de la police
24 militaire parce qu'en fait, le général Lausic indique dans cet ordre : nous
25 n'allons pas utiliser la procédure qui a été établie mais il y a une
26 disposition spéciale qui est prise. Il part tout simplement de la
27 présentation d'un formulaire. Il ne parle absolument pas des aspects de la
28 subordination ou des aspects relatifs au contrôle et au commandement.
Page 12582
1 Q. Mais nous allons y arriver justement, mais ce que j'aimerais vous dire
2 c'est qu'il y a un document qui a été présenté pendant l'interrogatoire
3 principal et qui montre en fait qu'il est demandé que des rapports soient
4 établis à propos des mesures disciplinaires, au plus tard 30 jours après,
5 puis cela a été modifié de telle sorte que le 72e Bataillon de la Police
6 militaire envoie ses rapports à M. Lausic et non pas au commandant du
7 District militaire de Split; est-ce que vous pouvez en convenir ?
8 R. Oui, oui, pour cette période, oui; mais nous ne savons pas si par la
9 suite la situation régulière ou la situation classique ou normale a été de
10 vigueur à nouveau, mais là, oui, effectivement il y a un changement à ce
11 qui est normalement fait.
12 M. MISETIC : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au
13 dossier de cette pièce.
14 M. WAESPI : [interprétation] Pas d'objection.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Madame la Greffière.
16 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce D977.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce D977 est versée au dossier.
18 Maître Misetic, c'est le moment de faire une pause.
19 M. MISETIC : [interprétation] Oui.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc nous allons faire une pause et nous
21 reprendrons à 12 heures 55.
22 --- L'audience est suspendue à 12 heures 35.
23 --- L'audience est reprise à 13 heures 00.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez, Maître Misetic.
25 M. MISETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
26 Madame la Greffière, je souhaiterais que soit affichée la pièce P880 à
27 l'écran, page 5, pour les deux versions, version croate et version
28 anglaise.
Page 12583
1 Q. Monsieur Theunens, je vais vous montrer le règlement de la police
2 militaire. Vous en avez parlé lors de l'interrogatoire principal.
3 M. Waespi avait indiqué à la Chambre que c'était vous qui avez attiré son
4 attention sur cette question de la traduction idoine dans le texte croate.
5 Vous avez les mots, "upravljane zapovjedanje."
6 Alors est-ce que vous pouvez me dire pourquoi vous avez estimé qu'il était
7 utile que vous attiriez l'attention de M. Waespi là-dessus ?
8 R. Je considère que cela est important parce que, personnellement, pour ce
9 qui est de la traduction de l'article 8 et de l'article 9, je pense que le
10 libellé n'est pas tout à fait clair. Alors évidemment du fait de mon
11 expérience préalable ici et de tout mon parcours professionnel précédent,
12 je sais que pour l'armée les définitions exactes et les utilisations
13 exactes de la terminologie sont extrêmement importantes.
14 Je connais l'expression croate pour commandement et contrôle, pour ce
15 qui est de l'utilisation militaire des termes "commandement et contrôle."
16 Alors cela correspond au sigle ViZ, "vodjenje i zapovjedanje," et lorsque
17 vous voyez l'article 8, en anglais, il est question de sous commandement et
18 contrôle mais à l'article 8 justement, vous ne voyez pas l'utilisation de
19 ViZ, vous voyez à la place "upravljane zapovjedanje," alors "zapovjedanje,"
20 cela correspond au commandement mais "upravljane," cela ne correspond pas
21 au terme contrôle comme dans l'expression commandement et contrôle parce
22 que, sinon, vous auriez eu "vodjenje."
23 Je me souviens j'avais expliqué cela lors de l'interrogatoire principal. Il
24 y avait d'autres questions qui avaient été posées dans d'autres affaires,
25 j'ai vérifié le lexique militaire de la JNA, il y a la définition pour
26 upravljane, je sais pertinemment que le serbe et le croate ne sont pas la
27 même langue. Mais il n'empêche que la définition que j'ai trouvée montre
28 que "upravljane" correspond à gestion - "management," en anglais - donc
Page 12584
1 gestion dans le sens d'organisation, de fournir de l'équipement,
2 d'entraînement, de formation, comme cela est défini dans le lexique. Vous
3 avez, par exemple, les aspects des soins de santé ainsi que d'autres tâches
4 administratives. Je pensais qu'il était important d'attirer l'attention de
5 M. Waespi là-dessus parce que je considérais qu'il était extrêmement
6 important de bien comprendre ce qui fait l'objet des articles 8 et 9.
7 Q. C'est la dernière partie de votre phrase qui m'intéresse, je
8 souhaiterais que vous étoffiez un peu votre propos. Vous avez attiré
9 l'attention de M. Waespi là-dessus, puis vous en avez parlé. Vous avez
10 attiré l'attention de la Chambre là-dessus; moi, j'aimerais savoir :
11 pourquoi est-ce que vous pensez que cette question est si importante que
12 vous deviez attirer l'attention de M. Waespi là-dessus et encore plus
13 l'attention de la Chambre de première instance ?
14 Pourquoi est-ce que vous pensez qu'en l'espèce, dans le contexte de cette
15 affaire, cette question est si importante ?
16 R. Parce que pour un militaire tel que moi-même, les articles 8 et 9,
17 plutôt la traduction peut prêter légèrement à confusion, à première
18 lecture. Comme je l'ai indiqué dans chaque langue, il existe une
19 définition, une description du commandement et du contrôle. C'est un
20 concept ce n'est pas un groupe de trois mots, de trois substantifs. C'est
21 le concept militaire du commandement et du contrôle, c'est ce que
22 j'essayais d'ailleurs d'expliquer dans mon rapport. Je m'excuse de répéter
23 ce que j'ai déjà dit, mais dans la traduction anglaise, vous avez, sous le
24 commandement et le contrôle du chef de l'administration de la Police
25 militaire; moi, si ces commandements et contrôles du point de vue
26 militaire, du commandement et du contrôle, cela aurait été exprimé de façon
27 différente dans l version en B/C/S --
28 Q. Je m'excuse de vous interrompre, mais là, je dois être un peu plus
Page 12585
1 précis, et je m'excuse. Ce que j'entends exactement c'est que signifie
2 cette différence dans le contexte de l'opération Tempête du District
3 militaire de Split et de savoir qui avait le commandement et le contrôle de
4 la police militaire pendant l'opération Tempête dans le District militaire
5 de Split; comment est-ce que vous interprétez cet article 8 dans ce
6 contexte bien précis ?
7 R. Comme cela est expliqué à l'article 9, cela signifie que pour
8 l'exécution des missions classiques de la police militaire, les unités de
9 la police militaire du District militaire de Split, à savoir le 72e et 73e
10 Bataillons de la Police militaire, qui avaient été rattachés au District
11 militaire de Split, recevaient leurs ordres du commandant opérationnel, ce
12 qui signifie le commandant du District militaire de Split ou d'un
13 commandant d'une unité subordonnée parce que nous voyons que les Compagnies
14 du 72e Bataillon de la Police militaire sont subordonnées aux Groupes
15 opérationnels.
16 Mais cela signifie également que l'article 9, et je pense en fait à
17 l'aspect administratif, c'est ce que j'appelle aspect administratif, mais
18 je n'utilise pas le terme négatif de façon négative. Il s'agit donc de
19 savoir comment exécuter, dans la pratique et au quotidien ces tâches, ces
20 missions traditionnelles. Cela signifie que les instructions ou les
21 consignes sont données par le chef de l'administration de la Police
22 militaire.
23 Q. A votre avis, j'aimerais savoir : à votre avis, qui assurait le
24 commandement et le contrôle du 72e Bataillon de la Police militaire pendant
25 l'opération Tempête ? Je ne parle pas seulement du commandement, je parle
26 du commandement et du contrôle.
27 R. Commandement et contrôle au sens de ViZ, comme je l'ai déjà expliqué,
28 vous avez la filière opérationnelle à laquelle plutôt je fais référence à
Page 12586
1 l'article 9, et vous avez également la voie professionnelle, la hiérarchie
2 professionnelle qui est stipulée par l'article 8.
3 Alors d'aucuns parlent de double commandements et contrôles mais je
4 ne pense pas que c'est la bonne façon de voir les choses parce que l'unité
5 est l'un des principes du commandement et du contrôle de la plupart des
6 armées. Effectivement, les Unités de la Police militaire qui faisaient
7 partie du 72e Bataillon recevaient des instructions de la part de
8 l'administration de la Police militaire mais ils s'occupaient également
9 d'autres choses, autres qu'est-ce qu'on appelle l'aspect traditionnel
10 opérationnel.
11 Q. Je vais reformuler ma question. Je vais faire des références précises.
12 J'aimerais savoir pendant et après l'opération Tempête, j'aimerais savoir
13 qui assurait le commandement et le contrôle du 72e Bataillon de la Police
14 militaire; est-ce qu'il s'agissait de l'administration de la Police
15 militaire qui assurait ce commandement et contrôle ou du général Gotovina,
16 ou des deux ?
17 R. Des deux. Lorsque l'on -- vous avez les articles 8 et 9, en vertu de
18 ces articles, le général Gotovina ou un commandant opérationnel subordonné
19 confie des missions qui relèvent de l'exécution des missions classiques de
20 la police militaire, et vous avez le général Lausic ou le commandant Juric
21 qui donne des instructions, non pas des missions. Donc des instructions,
22 qui donne des instructions sur la façon dont ils doivent exécuter ces
23 missions de la police militaire qui leur sont confiées, qui sont des
24 missions de type classique. Ceci étant dit, il y a des documents qui sont
25 inclus dans mon rapport et si on les compare avec les articles 8 et 9,
26 Lausic a donné des instructions qui, à mon avis, dépassent le niveau de ce
27 qui est précisé à l'article 8. Par exemple, je ne me souviens pas du
28 document exact, mais je peux tout à fait le trouver; il y a un ordre qui
Page 12587
1 émane de Lausic pour l'établissement ou la mise sur pied de sections de la
2 police militaire et ce dans des domaines bien précis, Knin, Benkovac et
3 d'autres.
4 Là, je me serai attendu à ce que ce soit le général Gotovina qui le fasse.
5 Mais vous avez ce document, cet ordre de Lausic qui ne nous permet pas en
6 fait de conclure si le général Lausic ou Gotovina avec la participation
7 d'ailleurs du commandant Juric ont été consultés à propos de cela.
8 Q. Mais est-ce que vous êtes surpris par ce document, vous semblez être
9 surpris donc, votre surprise, elle vient du fait que vous ne croyez pas que
10 l'article 8 confère au général Lausic le commandement et le contrôle du 72e
11 Bataillon de la Police militaire ?
12 R. Je ne pense pas avoir utilisé le mot "surpris." Pour répondre à votre
13 question, je dirais que je considère le déploiement d'Unités de la Police
14 militaire dans une zone bien précise qui se trouve dans la zone de
15 responsabilité d'un district militaire, je considère que ce déploiement
16 donc relève de l'autorité du commandement opérationnel et que cela est
17 traité par l'article 9. Mais c'est mon interprétation.
18 Q. Donc nous allons essayer d'être clair et précis.
19 Est-ce que le 72e Bataillon de la Police militaire était placé à votre avis
20 sous le commandement et le contrôle du général Mate Lausic ?
21 R. Monsieur le Président, j'ai l'impression que l'on me pose plusieurs
22 fois la même question. Comme vous le voyez d'après la doctrine, moi, ce que
23 j'ai pu conclure à partir des documents que j'ai analysés que la doctrine
24 n'établit pas ce que j'appellerai une double filière mais elle établit une
25 filière, une voie hiérarchique opérationnelle à l'article 9 et une autre
26 filière, la filière ou la voie professionnelle, la hiérarchie
27 professionnelle à l'article 8. D'après les documents que j'ai étudiés et
28 qui traitent de la situation avant, pendant et après l'opération Tempête,
Page 12588
1 ma conclusion c'est que les articles 8 et 9 vont être mis en vigueur et
2 vont être respectés.
3 M. MISETIC : [interprétation] J'aimerais vous demander des consignes,
4 Monsieur le Président, parce que je pensais que ma question était
5 relativement simple et directe. Alors à propos du commandement et du
6 contrôle, il a répondu normalement à ma question. S'il pense que l'article
7 8 et l'article 9 lui confèrent le commandement et le contrôle, c'est une
8 deuxième question que j'ai posée là; il répond par l'affirmatif. Puis ce
9 qu'on lui demande si à la fois le général Gotovina et le général Lausic
10 exerçaient le commandant et le contrôle, j'ai obtenu une autre réponse.
11 Donc je ne sais plus où j'en suis.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense qu'à l'une de vos questions, le
13 témoin a répondu les deux.
14 M. WAESPI : [interprétation] Non.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il s'agit de la page 82, ligne 16.
16 Voilà ce que vous demandez : "Est-ce qu'il s'agissait de l'administration
17 de la Police militaire ? Est-ce qu'il s'agissait du général Lausic, du
18 général Gotovina, ou des deux ?"
19 Il a répondu : "Des deux," et le témoin vous a fourni une explication.
20 M. MISETIC : [interprétation]
21 Q. Donc la réponse c'est les deux ?
22 R. Oui, mais il ne faut pas oublier les explications complémentaires que
23 je viens de vous fournir, parce que c'est important. C'est valable pour la
24 police militaire. C'est valable pour le SIS également comme l'établit la
25 doctrine, et je l'ai expliqué dans la première partie de mon rapport, là où
26 j'étudie justement la hiérarchie professionnelle et la hiérarchie directe
27 ou opérationnelle, c'est la page 130 de la première partie de mon rapport.
28 Si nous parlons "d'Unités spécialisées," là, il se peut qu'il y ait une
Page 12589
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12590
1 double chaîne de commandement et contrôle, la chaîne opérationnelle et la
2 chaîne professionnelle. Cela est également valable pour le commandement et
3 le contrôle et pour le commandement et la gestion de la police militaire.
4 Q. Comment se fait-il qu'à votre avis, ils avaient, tous les deux, le
5 commandement et le contrôle ? Comment est-ce que cela n'enfreint pas le
6 principe d'unités du commandant ?
7 Je vais vous donner un exemple. Le général Lausic, parce que nous allons y
8 revenir, le 9 août le général Lausic donne un ordre. Je pense que cela vous
9 a déjà été présenté pendant l'interrogatoire principal; il s'agit de
10 retirer l'Unité contre-terroriste du 72e Bataillon, ils ne peuvent plus
11 participer aux opérations de combat. Vous vous souvenez de ce document ?
12 C'est l'ordre du 9 août.
13 R. Je préférais voir le document parce que, moi, je connais mieux les
14 ordres qui ont été donnés avant l'opération, là, il y a une Compagnie du
15 72e Bataillon de la Police militaire qui a été retiré ainsi que l'Unité
16 antiterroriste, et ce, afin de -- dans le cadre des opérations de combat.
17 Q. Là, maintenant, vous êtes en train de nous dire que vous ne savez pas
18 que le général Lausic a émis un tel ordre le 9 août ?
19 R. Je pense que je suis tout à fait en droit de demander à voir l'ordre.
20 Je ne suis pas en train de vous dire que je ne connais pas. J'aimerais que
21 l'on me rafraîchisse la mémoire.
22 Q. Je vais vous poser cette question : à titre d'hypothèse, le général
23 Lausic dit les forces antiterroristes ou contre-terroristes du 72e
24 Bataillon de la Police militaire doivent être retirés des activités de
25 combat en Bosnie. Il donne l'ordre en question. Le général Gotovina, à la
26 suite de cet ordre, donne son propre ordre à Budimir, et lui dit : "Ne
27 tenez pas compte de ce qu'a dit M. Lausic, vous restez ici en Bosnie."
28 Qui c'est qui gagne entre les deux ?
Page 12591
1 R. C'est justement la situation qui se posera -- qui surviendra plutôt, si
2 vous avez des personnes qui sont à même de donner des ordres par rapport au
3 rattachement, et qui en plus n'interprète pas la doctrine de façon exacte.
4 Vous me dites : qui des deux remportent la cause ? Moi, je dirais que ce
5 sont des problèmes qui en règle générale sont élucidés lorsque l'on
6 consulte le supérieur hiérarchique commun aux deux personnes, mais je sais
7 que l'administration de la Police militaire fait partie du ministère de la
8 Défense et ne relève pas du chef de l'état-major principal, mais
9 l'hypothèse en fait, enfin c'est très hypothétique mais le chef de l'état-
10 major principal devrait devenir partie prenante et il va essayer de faire
11 la médiation entre les deux.
12 Q. Donc vous êtes en train de nous dire que période l'opération Tempête,
13 s'il y a eu des ordres conflictuels entre le commandant du District
14 militaire et le chef d'administration de la Police militaire, il fallait
15 qu'il y avait une médiation organisée entre les deux pour savoir qui des
16 deux allait pouvoir donner l'ordre; c'est ce que vous nous dites ?
17 R. Vous m'avez posé une question hypothétique. J'ai donné une réponse, qui
18 à mon sens, s'applique à cette question hypothétique. En revanche, si
19 maintenant vous me soumettez un exemple concret sur la base des documents,
20 je pourrais vous répondre et vous donner une réponse plus concrète.
21 Q. J'essaie simplement de comprendre votre méthodologie, et votre
22 compréhension dont la façon le système fonctionne.
23 Donc encore une fois, ma question est de savoir si la façon des articles 8
24 et 9 sont structurés, et s'il y avait des ordres concurrents entre le
25 commandant et le chef de la police militaire et son administration,
26 quelqu'un aurait dû organiser une séance de médiation pour résoudre ces
27 ordres qui se contredisent. C'est votre compréhension des articles 7 [comme
28 interprété] et 9 ?
Page 12592
1 R. Monsieur le Président, quand on m'a posé une question hypothétique, je
2 n'ai pas fait référence aux articles 8 et 9.
3 A mon sens, les articles 8 et 9 sont clairs, en tout cas en ce qui concerne
4 la version croate. Maintenant on ne peut jamais exclure qu'en pratique des
5 erreurs aient été commises et que certaines personnes agissent au-delà de
6 leur autorité, et adressent des ordres qui n'auraient pas dû adresser, et
7 si l'on se tourne vers les supérieurs en principe, cette question doit être
8 tranchée.
9 Mais l'objet de 8 et 9, les articles 8 et 9, est précisément de prévenir ce
10 type de conflit. Les articles sont clairs.
11 Q. Très bien. Mais on ne peut jamais exclure qu'en pratique il puisse y
12 avoir des erreurs et qu'une personne [imperceptible] son autorité, et vous
13 me répondez : les article 8 et 9 sont clairs.
14 Donc ma question est : le général Lausic adresse un ordre en disant que les
15 Unités antiterroristes du 72e Bataillon ne vont pas et bien Bosnie. Le
16 général Gotovina lui adresse un ordre suivant après qui indique à M.
17 Budimir : ignorez l'ordre du général Lausic, et restez en Bosnie.
18 Selon votre formule, lequel des deux a agi au-delà de son autorité en
19 application des articles 8 et 9 ? Le général Gotovina ou le général Lausic
20 ?
21 R. C'est une question hypothétique.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, Monsieur Theunens.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Alors ma réponse à cette question hypothétique
24 est la suivante : Lausic excède, va au-delà de son autorité, mais la
25 question est de savoir pourquoi il adresse un ordre sachant que celui-ci
26 outrepasse son autorité.
27 M. MISETIC : [interprétation]
28 Q. C'est exactement ce que je voulais entendre de votre part.
Page 12593
1 Maintenant pourrions-nous passer à la pièce D35, s'il vous plaît ?
2 Monsieur Theunens, c'est probablement un document que vous n'avez pas
3 encore vu, à moins que quelqu'un vous l'ai remis depuis le début du procès.
4 Je ne pense pas que ce document ait été en possession du bureau du
5 Procureur.
6 C'est un ordre du ministre Susak du 6 juillet 1994, qui a été émis après
7 l'adoption des règles relatives à la police militaire. Il dit -- il cite
8 ses pouvoirs en application de l'article 22 de la loi sur la Défense, et il
9 dit : "Dans le but de supprimer toute ambiguïté dans le système du
10 commandement et de contrôle - si vous regardez le texte original, il y est
11 fait référence à ViZ, "vodjenje zapovjedanje" - et des Unités de la Police
12 militaire et en ce qui concerne l'information sur le non-respect du système
13 dans le domaine de responsabilité du 72e Bataillon de la Police militaire,
14 et en ce qui concerne --"
15 Est-ce qu'on peut défiler vers la droite le texte en anglais ? Car je ne
16 peux pas voir.
17 "En ce qui concerne les Sections VP du sud, du front sud, j'ordonne à
18 toutes --"
19 "J'ordonne à toutes les Unités de la Police militaire, Bataillon VP --
20 section VP, pardon, Bataillons de la 74e Section VP attachés à cette
21 brigade et subordonnés à l'administration de la Police militaire sous
22 commandement et sous contrôle," - dans l'originale, "vodjenje zapovjedanje
23 - "du chef de la police militaire tel que spécifié à l'article 8 des règles
24 de l'organisation et de travail de la police militaire."
25 Maintenant M. Susak est -- je ne sais pas si je peux le formuler ainsi,
26 l'auteur de ces règles de police militaire. Ces règles ont été émises par
27 le ministère de la Défense en application de la loi; est-ce que c'est
28 correct ?
Page 12594
1 R. Oui.
2 Q. M. Susak a également le pouvoir d'adresser des ordres en application de
3 la loi sur la défense ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc les règles et les ordres qui sont émis par la même personne et il
6 dit que l'article 8 signifie que le chef de l'administration de la police
7 militaire s'engage dans le "vodjenje zapovjedanje" en application de
8 l'article 8, c'est-à-dire commande et contrôle; est-ce exact ?
9 R. Oui. Mais je vois également dans un document antérieur du ministre
10 Susak un document qui date de décembre 1992 qui est la pièce 65 ter 2406,
11 il fait référence à un commandement et contrôle en tant que ViZ, mais
12 ensuite le contrôle est défini et finalement ce que l'on entend par
13 contrôle c'est l'administration.
14 Q. Vous faites référence à 1992, alors passons à la dernière entrée dans
15 cet ordre.
16 R. Oui.
17 Q. Sur la page suivante : "Tous les ordres relatifs au système de commande
18 des Unités de VP ou à la supervision des Unités de VP contraire aux règles
19 de l'organisation et de travail des OS de la RH doivent -- ne doivent plus
20 avoir d'effet."
21 Les ordres applicables en 1994 et suivant sont des règles -- sont les
22 règles et les ordres, n'est-ce pas ?
23 R. C'est exact. Je n'ai pas essayé de dire que le document de 1992
24 s'appliquait encore pour éclaircir le document du ministre Susak de 1992
25 définissant commande et contrôle, il dit que ce document inclut, qu'il
26 devrait inclure pour la liste de contrôle des sections qui sont sous
27 l'administration, mais je reconnais que ce n'est pas le point-clé.
28 En ce qui concerne ce document, j'aimerais revenir à la page précédent et
Page 12595
1 revoir l'article 3.
2 Oui, l'article 3 confirme l'article 9, et selon moi, est cohérent avec mon
3 témoignage, avec l'article 8 et l'article 9.
4 Q. Vous venez de dire que dans l'article 8, "vodjenje zapovjedanje" ne
5 signifiait pas article 8. Maintenant vous voyez un document du ministère du
6 ministre de la Défense, un ordre sur l'interprétation exacte; est-ce que
7 c'est bien ce que vous nous avez dit ?
8 R. Monsieur le Président, je n'ai pas dit que l'article 8 ne permettait
9 pas au général Lausic d'avoir autorité pour émettre des ordres à
10 l'attention de la police militaire. J'ai simplement voulu éclaircir la
11 terminologie et dire que, selon moi, la version originale en B/C/S n'était
12 pas traduite correctement et que cela pouvait lier, mener à des
13 incompréhensions pour les gens qui ne regardaient que la version anglaise.
14 Je n'ai jamais tenté de dire que l'original de la version B/C/S vers la
15 version croate était selon moi la version qui faisait autorité.
16 Q. Ce qui me préoccupe plus c'est la conclusion, votre conclusion, semble-
17 t-il, selon lesquels les article 8 et 9 signifient qu'en pratique il y a
18 une coalition entre le général Lausic et le général Gotovina. Je voudrais
19 attirer votre attention sur le 65 ter 2487 ?
20 R. Je pense que l'article 5 traite sur -- de la collusion potentielle mais
21 je n'ai pas pu lire la deuxième partie de l'article 5.
22 Q. [aucune interprétation]
23 R. [aucune interprétation]
24 Q. Pouvons-nous regarder 65 ter.
25 M. KAY : [interprétation] Une question pour être aussi précis que possible.
26 Je viens de regarder la pièce 65 ter 2406. Et ce n'est pas un document qui
27 émane du ministre Susak; c'est un document qui émane du général Lausic, un
28 ordre daté du 17 décembre 1992. Je ne sais pas si le témoin faisait
Page 12596
1 référence à cet ordre ou un autre ordre qui n'a pas été correctement
2 décrit.
3 Peut-être que pourrions-nous avoir une explication.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Theunens, Me Kay vous donne une
5 occasion peut-être de vous reprendre ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Effectivement, Monsieur le Président, je
7 vérifierai à nouveau le document, mais je présume que le général Lausic
8 fait référence à une décision de M. Susak, mais je vérifierai.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation]
10 M. MISETIC : [interprétation]
11 Q. Ça c'est un rapport de la UMM [phon] sur le travail de 1995 qui a été,
12 donc rapport de janvier 1996, préparé par l'administration de la police
13 militaire et qui porte sur le travail de 1995.
14 M. MISETIC : [interprétation] Pourriez-vous regarder la dernière page en
15 anglais qui je crois porte le numéro 3.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Pourriez-vous me redonner le numéro sur la
17 liste 65 ter ?
18 M. MISETIC : [interprétation] 2487.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
20 M. MISETIC : [interprétation]
21 Q. Alors j'attire votre attention sur ce qui apparaît en caractère gras à
22 l'écran tel que préparé par M. Lausic et il dit : "Le contrôle et
23 commandement ou le système de contrôle et de commandement au niveau de
24 l'administration VP."
25 Encore une fois, si vous regardez à gauche, il utilise lui-même cette
26 formulation "vodjenje zapovjedanje."
27 "Au niveau de l'administration de la VP et des opérations quotidiennes et
28 du commandement au niveau des commandants de districts militaires de la HV,
Page 12597
1 et cetera, fonctionne parfaitement et ont reçu la plus haute note
2 d'évaluation dans "Flash" été 1995, Tempête, offensive au sud, et cetera."
3 Il continue.
4 Alors reconnaissez-vous comme moi que M. Theunens que M. Lausic lui-même
5 dit que commandement et contrôle sur la police militaire durant l'opération
6 Tempête était au niveau de l'administration de la VP tandis que le
7 commandement opérationnel quotidien était au niveau du District militaire ?
8 R. Oui. C'est ce que je dis depuis le début.
9 Q. Si c'est ce que vous dites depuis le début, comment se fait-il que son
10 ordre de commandant opérationnel au quotidien remplace celui de quelqu'un
11 en charge du commandement et du contrôle de la force ?
12 R. Est-ce que votre question porte à nouveau sur la question hypothétique
13 ou faites-vous référence à un exemple concret ?
14 Q. Je pense que vous avez parfaitement compris. Je vous pose maintenant la
15 question d'un point de vue militaire : comment se fait-il que quelqu'un qui
16 a simplement le commandement quotidien opérationnel ? Comment se fait-il
17 que son ordre soit supérieur à celui d'une personne qui dispose du
18 commandement et du contrôle sur ces unités ? Comment est-ce possible ?
19 R. Je ne comprends pas la question. Comment pouvons-nous conclure que,
20 quand nous faisons référence à l'usage des Unités antiterroristes du 72e
21 Bataillon de la Police militaire, qu'il s'agisse du général Lausic ou du
22 général Gotovina, savoir qui a le dernier mot quant à l'utilisation de
23 cette unité; j'ai compris qu'il s'agissait d'une question hypothétique et
24 ma réponse reposait sur le fait que participer à des opérations de combat
25 conformément à l'article 10 est l'une des tâches de la PM, bien que ça ne
26 soit pas la première tâche et ça c'est l'article 1110, 2 de la P880.
27 Q. Donc vous êtes en train de me dire que soit le général Gotovina ou le
28 général Lausic, aucun n'avait le commandement et le contrôle sur le 72e
Page 12598
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12 Page blanche insérées d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Page 12599
1 Bataillon de la Police militaire. Est-ce que vous avez des raisons de
2 contester ce qu'il y a dans le rapport rédigé par M. Lausic lui-même ?
3 R. Je suis d'accord que le commandement au quotidien, cette notion de
4 contrôle et de commande au niveau de la chaîne professionnelle, on a un
5 combat, Lausic ou ses représentants est que le -- commandait le contrôle au
6 niveau opérationnel, à savoir l'article 9, à savoir le -- ce que je venais
7 dire portait sur l'article 8, ici sur l'article 9, au niveau opérationnel
8 le contrôle et le commandement appartenaient au général Gotovina.
9 Q. Une fois de plus, vous envoyez le contrôle et le commandement au
10 général Gotovina --
11 M. MISETIC : [interprétation] Aussi je demande que l'on verse cette pièce à
12 la 2487 au dossier comme élément de preuve.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection
14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera le numéro D978.
15 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
16 M. MISETIC : [interprétation] Madame la Greffière, pourrais-je avoir la
17 pièce D567, et pourriez-vous afficher le bas de la deuxième page ?
18 Q. Ce que je vous présente ici, Monsieur Theunens, est l'évaluation du
19 général Lausic sur le travail qui a été fait par la police militaire lors
20 de l'opération Tempête. C'est quelque chose que vous avez déjà consulté
21 lors de l'interrogatoire. Ce rapport date du 16 septembre 1995. Pouvez-vous
22 regarder la fin du paragraphe que nous avons en page 2 ?
23 Pourriez-vous peut-être --
24 M. MISETIC : [interprétation] Veuillez afficher la fin du document en
25 anglais ?
26 Q. "L'association de la préparation lors des -- et du commandement par
27 l'administration VP ainsi que le commandant au quotidien des commandements
28 du HV ZP et du HV OS ont permis que toutes les tâches soient réalisées, et
Page 12600
1 ce, par la police militaire en utilisant les Unités VP pour les opérations
2 d'assaut."
3 Pourquoi est-ce que le général Lausic fait la différence entre "commandez
4 par l'administration VP," et puis "le commandement opération au quotidien"
5 ? Pourquoi n'a-t-il pas tout simplement dit : "Commander par
6 l'administration VP et les commandants de la HV ZP" ? Pourquoi faire ces
7 différences entre le commandement et le commandement au quotidien ?
8 R. On parle de la préparation, et de la planification de la direction, et
9 du commandement; ça c'est l'article 8. Puis il parle du commandement
10 opérationnel au quotidien par les commandements du District militaire.
11 Q. Si vous prenez l'original, nous avons l'acronyme ViZ, "vodjenje
12 zapovjedanje," "commandement et contrôle," dans l'administration VP; vous
13 le voyez ?
14 R. Non, je ne suis pas sûr que j'ai vraiment le paragraphe qui correspond.
15 Q. Le paragraphe juste au-dessus du petit 2.
16 R. [aucune interprétation]
17 Q. On peut lire juste après la virgule, "vodjenje zapovjedanje." Donc
18 c'est "contrôle et commande," par l'administration et le commandement
19 opérationnel au quotidien. Qu'est-ce que ça veut dire justement ce
20 commandement opérationnel au quotidien au jour le jour, si ce sont les
21 généraux Lausic et Gotovina qui ont le commandement ?
22 R. Parce que c'est justement ce que l'on a dans les articles 8 et 9. Nous
23 avons la chaîne de commandement professionnelle et la chaîne de
24 commandement opérationnel. La chaîne de commandement professionnel s'occupe
25 de la préparation à la planification, la direction et du commandement.
26 Alors que la chaîne de commandement opérationnel s'occupe du commandement
27 opérationnel au jour le jour. C'est ce que vous avez dans la page 130. Si
28 vous souhaitez, on peut l'appeler à l'écran, mais c'est ce que nous avons
Page 12601
1 d'ailleurs dans le règlement HV, et si vous avez des Unités spéciales, ou
2 la police militaire ou un personnel spécialisé tel que les SIS, il y aura
3 pour cela une double chaîne de commandement, et ils dépendront d'une double
4 chaîne. Je me répète, et j'en suis conscient, mais le commandement
5 opérationnel se charge du commandement au quotidien, donc au quotidien; il
6 dit en termes très simples ce qui doit être fait.
7 Tandis qu'au niveau professionnel, on va expliquer. On va déterminer
8 comment ça doit être fait, le commandement dépend de l'administration de la
9 Police militaire, ça ne se fait pas au quotidien, par exemple, sur les
10 règles, l'utilisation de la police militaire, et cetera. Ils vont
11 déterminer la structure de la police militaire avec les différents
12 services, ils vont également, par exemple, préciser comment organiser le
13 contrôle du trafic et du trafic opérationnel et tout cela ne peut pas être
14 renvoyé au niveau du commandement opérationnel. Lui, le commandement
15 opérationnel, s'il devait le faire, il y aurait des incohérences, en tout
16 cas, c'était un risque au niveau de l'utilisation de la police militaire.
17 C'est ce que nous avons ici aussi. Cette différence c'est simplement la
18 mise en œuvre de l'article 8 et de l'article 9 dans le document que vous
19 nous présentez ici, c'est simplement qu'une illustration, une précision,
20 une clarification des articles 8 et 9, mais ça ne change en rien les
21 articles eux-mêmes. Parce que, sinon, il y aurait aussi eu une référence
22 dans les documents que vous nous présentez, et qui viennent ici amender la
23 règle de 1994 sur la police militaire et vient remplacer donc les anciens
24 articles par les nouveaux.
25 Q. Permettez-moi de vous donner une définition alternative.
26 Le commandement opérationnel prévoit que le commandant de zone peut
27 avoir recours à la police militaire pour accomplir sa mission, et
28 s'agissant des unités antiterroristes, tout combat ou toute action qui est
Page 12602
1 menée par la police -- ces policiers sont subornés et peut les utiliser à
2 sa discrétion, et utiliser la police militaire dans la mesure où cela lui
3 permet de réaliser sa mission.
4 R. Monsieur le Président, à la lumière des documents que j'ai parcourus,
5 je ne peux pas confirmer cet avis.
6 De surcroît, m'inspirant de mon expérience militaire, je ne comprends pas
7 comment où j'éprouve des difficultés à comprendre comment ce système
8 pourrait être mis en application, parce que cela reviendrait à dire que
9 l'administration de la Police militaire, devrait organiser, donner l'ordre,
10 et planifier. L'utilisation de la police militaire des bataillons et des
11 compagnies, et ce, pour chaque District militaire.
12 Or je n'ai vu aucun document de l'administration de la Police militaire qui
13 m'amène à penser que ce soit le cas.
14 Q. Bien, je vais reprendre tout ça, parce que si j'ai bien compris les 40
15 dernières minutes, vous nous avez dit, bien, voilà c'est le général Lausic
16 qui a émis l'ordre de façon à déplacer les unités de police militaire de
17 Knin vers les autres villes, et que votre avis se fondait sur
18 l'interprétation de ce document. Puis vous nous dites qu'à vos yeux le
19 général Lausic n'avait pas au vu de l'article 8 l'autorité pour donner cet
20 ordre.
21 Donc quand vous rencontrez ce genre de document rédigé par le général
22 Lausic, vous vous dites, je peux l'écarter parce qu'il ne respecte pas
23 l'autorité qui lui est donnée.
24 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]
25 M. WAESPI : [interprétation] Objection.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est clair. Tout avis d'expert peut
27 être remis en question. Ce n'est pas la confirmation d'un fait. C'est un
28 avis d'expert, et cet avis peut être remis en question.
Page 12603
1 M. MISETIC : [aucune interprétation]
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ici il est clair que ce que l'on
3 cherche, à savoir c'est si l'expert a ignoré ou a donné une certaine
4 interprétation de ce document dans le cadre de l'autorité de l'un et de
5 l'autre, et voir sur quoi il se fonde pour déterminer cette autorité un peu
6 plus à gauche un peu plus à droite, et où il met la limite, et c'est ce que
7 nous sommes en train de faire.
8 Alors parallèlement, on fait appel à d'autres notions qui pourraient
9 susciter autant de problèmes, tel que vous pouvez utiliser quelqu'un pour
10 qu'il réalise la mission qui est la vôtre pour autant que vous sachiez
11 quelle est votre mission au départ, à savoir, par exemple, vous vous
12 occupez de la police militaire dans votre zone. Ce que je veux dire c'est
13 que la question que vous avez amenée entraîne d'autres questions.
14 M. MISETIC : [interprétation] Je vais vous dire ce que, moi, je pense que
15 c'est que le général Gotovina a reçu un ordre qu'il doit exécuter de ses
16 supérieurs. S'il reçoit un ordre pour, par exemple, contrôler les postes de
17 contrôle et contrôler toute la région, évidemment, ça va tomber
18 automatiquement dans sa mission plus générale. Il faudra peut-être pour ce
19 faire attaquer certaines positions, toucher certains points. Enfin, tout ça
20 peut être discuté en long et en large.
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il ne nous reste que deux minutes tout
22 au plus.
23 M. MISETIC : [interprétation] Je vais en utiliser une.
24 Q. Je reviens, Monsieur le Témoin, à ce que j'avais dit au départ, et
25 corrigez-moi si je me trompe. Donc quand vous rencontrez un document qui
26 est un ordre de M. Lausic, qui établit de manière très spécifique où une
27 unité de police militaire doit se déplacer en disant, il y en aura une à
28 Knin et d'autres dans d'autres sites, votre conclusion a été, sans doute,
Page 12604
1 que ça tombe sous son autorité aux termes de l'article 8, et donc je dois
2 repenser l'article 8; ou le général Lausic a émis cet ordre qu'il n'avait
3 pas l'autorité pour ce faire.
4 Exact ?
5 R. Non. J'ai comparé cet ordre avec la doctrine ainsi qu'avec les autres
6 documents que j'avais de la police militaire et du District militaire de
7 Split sur l'utilisation de la police militaire, et qui sont ceux que j'ai
8 repris d'ailleurs dans la section sur la police militaire pendant et après
9 l'opération Tempête, à mes yeux, sur cette base, je me reprends :
10 Lausic a donné des ordres qui dépassent l'autorité que lui confère
11 l'article 8. Je ne connais pas la raison de cet ordre, je ne sais pas s'il
12 l'a consulté, le général Gotovina, s'il avait de bonnes raisons pour le
13 faire. Ça, je ne peux pas moi tirer des conclusions sur ce point.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Theunens, nous allons lever la
15 séance. Connaissant votre manière de fonctionner, vous savez que vous ne
16 devriez pas parler avec qui que ce soit qui va témoigner ou qui est sur le
17 point de témoigner, donc comme vous le savez, c'est quelque chose qui
18 s'applique à vous aussi.
19 On se retrouvera demain mercredi, le 26 novembre à 9 heures, dans
20 cette même salle d'audience.
21 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le mercredi 26
22 novembre 2008, à 9 heures 00.
23
24
25
26
27
28