Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le vendredi 8 février 2013

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tout un chacun dans la

  6   salle d'audience et autour.

  7   Monsieur le Greffier, pourriez-vous citer l'affaire.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il s'agit

  9   de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Les présentations, je vous prie, en

 11   commençant par l'Accusation.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. M. Stringer

 13   pour l'Accusation, Rachel Friedman et Thomas Laugel.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 15   Maître Zivanovic, pour la Défense.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour la

 17   Défense de Goran Hadzic, Me Zivanovic, Christopher Gosnell et notre

 18   stagiaire, M. Alastair Livesey.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer, je sais que la

 20   Défense a un sujet à soulever, mais tout d'abord une question du côté du

 21   Procureur. Il s'agit du compte rendu d'audience 92 ter qui a été versé hier

 22   sans version expurgée. Est-ce que la version expurgée, entre-temps, a été

 23   mise à disposition ? C'est peut-être quelque chose que j'aurais dû demander

 24   à Mme Clanton.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Nous pensons qu'elle est en cours

 26   d'expurgation, enfin, tout du moins hier matin. Si j'avais bien compris, il

 27   s'agissait de quatre segments en huis clos partiel dont il fallait traiter,

 28   et je crois que ceci pourrait être parachevé, et ce, sans doute dans


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  1   l'heure qui vient.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] J'aimerais vous rappeler que les

  3   Juges de la Chambre ont une ordonnance du 5 décembre 2012 où nous avons

  4   demandé au Procureur de fournir la chose alors en cours soit lorsque le

  5   témoin arrive ou avant qu'il n'arrive.

  6   M. STRINGER : [interprétation] Désolé de ce différé.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

  8   M. STRINGER : [interprétation] Si je pouvais prendre un instant pour

  9   soulever cette question que je souhaitais soulever, d'ailleurs. En audience

 10   publique, peut-être.

 11   Je crois qu'à la fin de l'an dernier, nous avons soulevé la question de

 12   l'accès public aux déclarations relevant de 92 ter en ce qui concerne les

 13   témoins car les déclarations arrivaient à l'époque, et c'est la raison pour

 14   laquelle nous avons des versions expurgées, pour donner davantage

 15   d'informations au public. Et j'ai reçu une requête de l'une des agences de

 16   presse qui font des comptes rendus sur ce procès, puisque nous marquons les

 17   versions expurgées et que nous les versons donc en qualité de pièces au

 18   dossier, donc avec l'étiquetage conforme, le Greffe -- c'est peut-être la

 19   politique du Greffe de retenir la pièce et de ne pas la mettre à

 20   disposition intégralement au public.

 21   Et, bien sûr, je sais qu'il s'agit d'un document spécifique ou une photo,

 22   certes; mais puisque nous avions compris que les versions expurgées

 23   publiques de ces déclarations seraient réalisées pour donner davantage

 24   d'accès au grand public, la question que nous avions à poser est la

 25   suivante : est-ce que les Juges de la Chambre pourraient soit accepter que

 26   le Greffe les mette à la disposition des médias ou du grand public si la

 27   demande en est faite ?

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vois le problème, je le comprends.


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  1   La question est de savoir quand est-ce que ces déclarations ou ces comptes

  2   rendus seront mis à disposition, et, de fait, la politique est bien de

  3   faire en sorte que les pièces ne soient pas mises à disposition du public

  4   avant la fin du procès. Comme vous le dites, ces déclarations et ces

  5   comptes rendus, donc, sont considérés comme étant des pièces.

  6   Je crois que le Greffe souhaite --

  7   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  8   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] J'aimerais ajouter qu'il nous

  9   faudrait nous pencher sur la question pour voir quelle était notre position

 10   antérieure, car je ne me souviens pas exactement de la chose, mais le

 11   Greffe a bien sûr une meilleure mémoire que moi. Et, de fait, ce que nous

 12   avons décidé, c'est qu'en règle générale, nous n'allons pas mettre ces

 13   déclarations à la disposition du public, mais s'il y avait une demande de

 14   toute déclaration ou de compte rendu de cette sorte en particulier, nous

 15   nous pencherions sur la question, et ce, au cas par cas.

 16   M. STRINGER : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur le Président. Je

 17   m'assurerai que les membres du public et des médias qui s'en enquièrent

 18   soient renvoyés à la décision des Juges de la Chambre.

 19   J'aimerais peut-être soulever une question sans relation. Nous avons

 20   entendu donc la réponse de la Défense hier. C'est une petite rectification

 21   du compte rendu de M. Berghofer, c'est-à-dire de sa déposition dans

 22   l'affaire Mrksic. Les Juges de la Chambre se souviendront qu'en écoutant la

 23   bande sonore de cette déclaration, il s'est révélé qu'il y avait une

 24   rectification à apporter en termes d'interprétation du compte rendu

 25   officiel. Donc, la Défense nous a informés qu'elle en convient, et donc

 26   nous allons envoyer la chose au service d'interprétation pour rectifier la

 27   version officielle de ce compte rendu.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.


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  1   Maître Zivanovic. Ou, Monsieur Gosnell.

  2   M. GOSNELL : [interprétation] Nous n'avons pas grand-chose à ajouter sur

  3   cette question, à savoir quand est-ce que -- en ce qui concerne, donc, le

  4   calendrier de la communication des pièces, y compris les déclarations de 92

  5   ter. Vous comprendrez que ce récapitulatif produit peut produire

  6   éventuellement une -- et tout à fait biaiser la Défense, et donc nous

  7   n'allons pas ajouter quoi que ce soit.

  8   Donc, il n'y a rien qui puisse arrêter le Procureur, par exemple,

  9   d'expurger des récapitulatifs de ce témoin et de les mettre à la

 10   disposition de la presse. Donc, il n'est pas nécessaire que la presse ait

 11   davantage d'antécédents sur un témoin, et donc nous pourrions fournir ces

 12   informations ainsi.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Autre chose de la part de la Défense

 14   ?

 15   M. GOSNELL : [interprétation] Désolé. Je pensais qu'on me posait la

 16   question sur cette question particulière.

 17   Les questions que nous voulions soulever sont doubles. Tout d'abord - pas

 18   d'objection quant à la transcription - et je propose également que madame

 19   dispose de la chose devant elle, donc, en copie imprimée.

 20   Ensuite, deuxième demande -- et c'est une proposition. Nous allons demander

 21   de verser les deux déclarations antérieures. Nous avons débattu de ces deux

 22   déclarations antérieures de par le passé, et je comprends tout à fait la

 23   position des Juges de la Chambre en la matière. Mais là c'est une situation

 24   exceptionnelle, j'ajouterais, car il semble que nous ayons un témoin ici à

 25   la barre qui est un témoin sensible, vulnérable à certains égards, et ce

 26   que je ne voudrais pas, c'est repasser sur chaque détail dichotomique de sa

 27   déclaration dans sa déposition, ce qui serait d'abord extrêmement

 28   laborieux, et ensuite -- je ne veux pas utiliser le terme "traumatisant",


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  1   mais je ne vais pas me détourner du fait de toute dichotomie, bien sûr,

  2   importante, je m'attacherai à ça, il faut que ça soit présenté au témoin.

  3   Mais je ne veux pas taxer ce témoin davantage que nécessaire, et nous

  4   pourrions l'éviter tout simplement en versant ces déclarations au dossier.

  5   M. LE JUGE HALL : [interprétation] Maître Gosnell, alors que votre

  6   sensibilité pour le témoin et sa situation est tout à fait compréhensible,

  7   et ce que vous proposez semblerait à première vue tout à fait délicat, mais

  8   est-ce qu'il n'y a pas un problème de probatoire qui perdure, car si vous

  9   ne remettez pas en question le témoin sur tout détail qui est une

 10   dichotomie, à l'évidence cela laissera les Juges de la Chambre en position

 11   très difficile car le témoin -- si ces pièces sont effectivement versées au

 12   dossier, ceci laisse les Juges de la Chambre dans une position où ils

 13   n'auront pas eu les explications du témoin sur ce que, d'après votre

 14   versement au dossier, serait une contradiction, et contradiction

 15   importante. Alors, y aurait-il un moyen pratique de contourner la chose ?

 16   M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, je suis tout à fait

 17   d'accord, c'est vrai que cela pose quelque problème par rapport à l'article

 18   90(H). Je suggérerais, toutefois, que les Juges de la Chambre seraient en

 19   mesure, non seulement dans les questions que je vais présenter au témoin et

 20   que je ne présenterai pas au témoin, de supposer la chose en conséquence.

 21   Car, je l'ai dit auparavant, nombre d'autres jugements ont été l'inquiétude

 22   que vous avez soulevée, et des questions extrêmement importantes, parfois,

 23   qui n'ont pas été présentées au témoin relevant de l'article 90(H), et

 24   toutefois, les Juges de la Chambre les auront supposées d'une façon ou

 25   d'une autre. Sans doute en atteignant la valeur de récusation de cette

 26   dichotomie. Donc, c'est ce que les Juges de la Chambre pourraient faire en

 27   supposant la chose encore une fois.

 28   Autre aspect de la question, si je le puis, c'est que la forme de ce


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  1   document est assez importante pour votre évaluation à savoir si ce sont des

  2   comptes rendus et des pièces viables de qui aura été dit par le témoin. En

  3   regardant, par exemple, la formule de la déclaration de 2000, par exemple,

  4   voir qui était présent, la façon dont elle l'a déclaré, la nature de son

  5   attestation en fin de compte, la nature de l'attestation en 2012, je

  6   suggérerais que toutes ces questions peuvent vous permettre de formuler une

  7   idée sur la qualité de récusation de ces documents. Donc, il serait assez

  8   utile que vous  en disposiez.

  9   Mais, Monsieur le Juge Hall, je comprends tout à fait ce que vous

 10   venez de dire, mais s'il y a un problème à cet égard, il pourrait sans

 11   doute être diminué, si vous voulez, en évaluant le témoignage et la valeur

 12   de récusation.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [aucune interprétation]

 14   M. STRINGER : [interprétation] Monsieur le Président, en réponse, si

 15   vous pouvez l'entendre. C'est une question qui a déjà été abordée

 16   auparavant et j'aimerais l'aborder.

 17   La position du Procureur a été, et il y a souvent des motifs pour ce

 18   raccourci en quelque sorte, la position du Procureur est que les

 19   déclarations antérieures des témoins sont admissibles si les conditions

 20   pertinentes de versement ont été satisfaites de par l'article 92 ter, 92

 21   bis, 92 quater. Ces conditions sont rappelées ici. Et d'ailleurs, alors que

 22   le témoin l'a dit aux Juges de la Chambre hier, dans la déclaration de 2000

 23   déposée devant les autorités croates, elle ne l'a pas vue. Elle l'a signée,

 24   certes, et elle a été très honnête en disant aux Juges de la Chambre

 25   qu'elle ne l'avait pas passée en revue. Donc, elle a eu la possibilité,

 26   certes, d'apporter des ajustements, d'ajouter d'autres éléments pertinents

 27   ou encore de rectifier toute erreur, mais elle ne s'en est pas prévalue.

 28   Donc, la Défense -- c'est vrai, c'est une déclaration, avec sa


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  1   signature, c'est approprié encore une fois de procéder à un contre-

  2   interrogatoire en la matière, mais là on parle d'une récusation d'un témoin

  3   en se fondant sur une déclaration où il y a doute, où l'on ne sait si

  4   l'exactitude est totale ou s'il y a exhaustivité. Donc, c'est un petit

  5   injuste en quelque sorte que de tenir le témoin quant à cette déclaration

  6   et de le prendre comme base pour l'étape suivante et de le comparer à une

  7   autre déclaration qui aura été faite devant les enquêteurs de ce Tribunal

  8   bien plus tard et de le comparer à un témoignage dans cette affaire. Et il

  9   s'agit de récusation, il s'agit de la crédibilité du témoin, et donc nous

 10   comprenons tout à fait la sensibilité de la Défense. Il est nécessaire dans

 11   cette situation, encore une fois, de ne pas prendre de raccourci, mais en

 12   fait, de procéder de façon à ce que ce soit approprié, c'est-à-dire par un

 13   contre-interrogatoire.

 14   Il y a une autre question, c'est-à-dire que les deux déclarations, si

 15   elles sont versées, il y a des informations qui ne font pas partie des

 16   éléments directs de preuve. Il y a des déclarations que le Procureur, dans

 17   ces déclarations, trouverait utiles, mais ce n'est pas encore versé. Et si

 18   ces déclarations sont prises, les Juges de la Chambre se demanderont

 19   quelles sont les dichotomies, encore une fois, qui auraient pu être

 20   soulevées en contre-interrogatoire, comme M. le Juge Hall vient de le

 21   signaler, mais il y a également la question à savoir si la Chambre est en

 22   mesure de considérer d'autres déclarations qui ne sont pas exculpatoires

 23   [phon] et donc, je crois, qui se trouvent dans ces déclarations.

 24   Donc, c'est un autre aspect où les Juges de la Chambre seraient

 25   restés ou laisseront peut-être sans lumière, et donc c'est des éléments où

 26   on aurait pu se demander si elle aurait pu être récusée, s'il y a d'autres

 27   éléments de la Défense qu'on aurait pu poser comme question et, donc, s'il

 28   y a d'autres éléments contre l'accusé en cette matière. Donc, c'est vrai,


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  1   c'est une situation où le témoin, on le voit, est prise par les émotions,

  2   et en dépit du fait nous pensons qu'il convient de procéder comme on le

  3   devrait être, c'est-à-dire de poser ces questions en contre-interrogatoire

  4   au témoin. C'est-à-dire, faire en sorte que sa déposition soit les éléments

  5   de preuve plutôt les déclarations préalables elles-mêmes.

  6   M. GOSNELL : [interprétation] Ce dernier point qui a été soulevé par

  7   le Procureur, à savoir si, une fois versées, ces déclarations antérieures

  8   sont accusatoires. Alors, lorsqu'une déclaration -- et c'est clair de la

  9   part des Juges de la Chambre, lorsqu'il y a dichotomie de la déclaration

 10   antérieure pour contredire et récuser le témoin, c'est le seul objectif du

 11   versement de ces déclarations antérieures, et nous pensons que ceci est

 12   approprié.

 13   M. STRINGER : [interprétation] Un dernier élément. Il y a une raison

 14   pour laquelle le bureau du Procureur n'accepte pas ni n'utilise les

 15   déclarations préparées par des autorités nationales comme étant des

 16   déclarations de 92 ter, car les circonstances très souvent, c'est lorsque

 17   ces déclarations ont été déposées et consignées par les autorités locales

 18   il y a nombre d'années.

 19   Les déclarations sont utiles, effectivement, pour trouver les

 20   témoins, savoir quels sont les éléments de preuve, mais les déclarations

 21   antérieures elles-mêmes ne seront pas la base unique des éléments de preuve

 22   du témoin et ne seront pas versées au dossier en qualité de substantives.

 23   Et donc, c'est pourquoi il y a une déclaration du TPI, et ce, par

 24   l'enquêteur de notre bureau. Ce témoin n'a même pas confirmé les

 25   déclarations antérieures. La présomption de la Défense est que c'est

 26   effectivement sa déclaration. Oui, elle l'a signée, mais elle nous a dit

 27   qu'elle n'avait pas eu la possibilité de le lire et de le rectifier, qui

 28   sont des procédures qui sont exigées pour d'administration des déclarations


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  1   selon nos articles.

  2   Ce n'est pas suffisant. Sa valeur de récusation est intéressante,

  3   certes, mais n'est pas établie parce que le témoin elle-même déclare que ce

  4   n'est pas sa déclaration de la façon dont nous considérons, en tout cas,

  5   les déclarations ici-même, en ces Chambres.

  6   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

  7   M. GOSNELL : [interprétation] Désolé, Monsieur le Président. Si vous voulez

  8   bien m'accorder votre patience. Une petite rectification quant au

  9   Procureur.

 10   Dans ce cas - et d'ailleurs, le Procureur, j'en suis surpris, ont dit

 11   qu'ils ne s'appuieraient pas sur une déclaration nationale pour remplir les

 12   conditions d'admissibilité - et nous l'avons versée au titre de l'article

 13   92 ter.

 14   Cette déclaration ici, Monsieur le Président -- ce n'est pas celle-ci

 15   uniquement tout d'un coup. En 2012, les enquêteurs ont revu paragraphe par

 16   paragraphe cette déclaration avec le témoin et le témoin a dit : Oui, le

 17   paragraphe 1 est exact; le paragraphe 2, effectivement, ça s'est passé en

 18   1971; ce paragraphe 3 est bon et exact, et cetera.

 19   Donc, le Procureur a d'ailleurs versé cette déclaration de 2012 en

 20   vertu de l'article 92 ter, et ce n'est que ces derniers jours que le

 21   Procureur a décidé qu'ils le refuseraient.

 22   Donc, le concept selon lequel ceci ne remplit pas les règles

 23   d'admissibilité, je crois que ceci ne se conforme pas aux déclarations

 24   précédentes.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Il serait sans doute injuste pour la

 27   Défense de demander de poursuivre et de terminer le contre-interrogatoire,

 28   et ce, sans savoir quelle est la décision finale, que nous prendrons après


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  1   des délibérations plus longues.

  2   Donc, la solution la moins inique serait, Monsieur Gosnell, de rejeter

  3   votre demande et de vous demander d'organiser votre contre-interrogatoire

  4   dans le droit fil de ce que je viens de dire.

  5   M. GOSNELL : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Je

  6   comprends.

  7   Puis-je demander de distribuer la déclaration antérieure du témoin. J'ai

  8   une copie pour chacun des Juges.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je présume qu'il n'y a pas

 10   d'objection de la part du bureau du Procureur ?

 11   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Pas d'objection.

 12   M. GOSNELL : [interprétation] Et j'ai également une copie de ces deux

 13   déclarations pour le témoin en B/C/S. Ceci, pour le témoin. Voici pour les

 14   Juges. La déclaration de 2002, et voici la déclaration de 2012. 

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Peut-on faire venir le témoin.

 16   [Le témoin vient à la barre]

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Madame. Si vous voulez bien

 18   vous asseoir.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame, nous sommes désolés de ce

 21   retard, pour commencer un peu tard votre déposition. Nous avions des

 22   questions de procédure et d'administration qu'il nous a fallu aborder et

 23   régler. Et je vous rappellerais que vous relevez de la déclaration

 24   solennelle.

 25   Maître Gosnell, si vous voulez bien poursuivre.

 26   LE TÉMOIN : SAMIRA BARANJEK [Reprise]

 27   [Le témoin répond par l'interprète]

 28   Contre-interrogatoire par M. Gosnell : [Suite]

 


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  1   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Baranjek.

  2   R.  Bonjour.

  3   Q.  Je vais vous rappeler de l'étape où nous nous sommes arrêtés hier. Nous

  4   avons parlé des propos que vous avez entendu M. Hadzic prononcer au moment

  5   où il se servait de la radio. Et ce que vous avez déclaré hier - et je cite

  6   une page du compte rendu d'audience, c'est la page 108 [comme interprété] :

  7   "Oui, il criait, il riait, il s'écriait avec euphorie : 'Belgrade, Mladjo,

  8   envoie les réservistes par ici. Vukovar est tombée. Je peux avoir Osijek

  9   demain.'"

 10   Vous souvenez-vous de cette déclaration que vous avez faite hier ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et à la fin de la journée hier, je vous ai demandé pour quelle raison

 13   dans votre déclaration que vous avez donnée en l'an 2000 aux autorités de

 14   la police croate -- et je vous signale, par ailleurs, que les deux

 15   déclarations que vous avez fournies, vous en trouverez un exemplaire

 16   imprimé devant vous. Donc, il y a une déclaration de l'année 2000 et une

 17   autre déclaration de l'année 2012. Donc, vous trouverez sur votre droite

 18   une déclaration de l'année 2000, et sur votre gauche, la déclaration de

 19   2012. Et je vous serais reconnaissant de bien vouloir consulter votre

 20   déclaration de l'an 2000 et de vous pencher sur le paragraphe numéro 7.

 21   R.  [aucune interprétation]

 22   Q.  Madame, vous voyez bien que les différents paragraphes portent des

 23   numéros dans votre version de la déclaration ?

 24   R.  Oui. Mais le dernier numéro que je trouve, c'est le numéro 6.

 25   M. GOSNELL : [interprétation] L'huissier pourrait-il me montrer la

 26   déclaration qui a été fournie au témoin, s'il vous plaît.

 27   En fait, nous venons de découvrir que dans la version originale en B/C/S il

 28   n'y a pas de numéros de paragraphe, tandis que ces numéros existent dans la


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  1   traduction anglaise.

  2   Q.  Madame, nous allons vous redonner la déclaration. Donc, le paragraphe

  3   qui nous intéresse se trouve à la page 3, c'est le paragraphe du milieu à

  4   peu près. Et donc, dans ce paragraphe, vous indiquez que :

  5   "Au moment où nos noms étaient enregistrés, Goran Hadzic est entré

  6   dans la salle, habillé d'un uniforme de camouflage avec une chemise qui

  7   n'était pas boutonnée, sans porter d'insigne, et il s'est approché d'un

  8   appareil radio. Il a contacté la ville de Novi Sad, d'après ce que j'ai pu

  9   entendre. Mais, en fait, tout ce que j'ai pu entendre clairement, c'étaient

 10   les mots : 'Nous allons en discuter plus tard.'"

 11   Est-ce que vous le voyez dans votre déclaration ?

 12   R.  Oui. Ceci s'est passé au moment où je venais d'entrer dans la salle.

 13   C'est alors qu'il s'est servi de cet appareil radio.

 14   Q.  Reconnaissez-vous que ce que vous avez déclaré hier est très différent

 15   par rapport à ce que vous indiquez dans cette déclaration préalable ? Hier,

 16   en déposant, vous avez déclaré qu'il était en train de crier,

 17   qu'apparemment il était en contact avec Belgrade, qu'il s'adressait à une

 18   personne surnommée Mladjo, que le sujet qu'il abordait concernait la chute

 19   de Vukovar et qu'il a parlé de l'envoi de réservistes et de départ pour

 20   Osijek. Donc, ma question serait la suivante : tous ces éléments-là ne

 21   manquent-ils pas dans votre déclaration de l'année 2000 ?

 22   R.  Oui, mais c'est parce que tous les détails n'ont pas été consignés dans

 23   cette déclaration. Donc, ce qui est écrit ici, c'est ce qui s'est passé au

 24   moment où je venais juste d'entrer dans la salle. Mon nom n'a pas encore

 25   été consigné dans le registre par la dame qui s'en occupait. Ce que je vous

 26   ai raconté concerne un moment plus tardif, lorsqu'il a contacté Belgrade,

 27   cet individu qui s'appelle Mladjo, et puis après il a appelé un certain

 28   Braco pour s'approvisionner en véhicules. Mais tout ceci n'est pas consigné


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  1   dans cette déclaration.

  2   Q.  En fait, moi j'ai examiné votre déclaration écrite dans sa totalité, je

  3   parle de la déclaration de l'année 2000, et ces événements-là ne sont

  4   évoqués nulle part. Vous pouvez l'examiner en profondeur si vous le

  5   souhaitez. Est-ce que vous y trouvez ces éléments ?

  6   R.  J'ai déjà revu cette déclaration. Je sais ce qui y est indiqué. Mais je

  7   répète que tous mes propos n'y ont pas été consignés.

  8   Q.  Donc, est-ce que vous êtes en train de nous dire que lors de

  9   l'entretien que vous avez eu avec la police, vous avez évoqué cet événement

 10   dans tous les détails, mais votre compte rendu n'a pas été consigné dans la

 11   déclaration ?

 12   R.  Eh bien, il y a eu beaucoup de détails que j'ai mentionnés, et non

 13   seulement moi, mais toutes les femmes qui ont été interrogées par la police

 14   à ce moment-là. Et eux, ils ne notaient que ce qui leur paraissait

 15   important, j'imagine. Je ne sais pas.

 16   Q.  Je ne pense pas que vous ayez répondu à ma question, donc je vais

 17   essayer de la reformuler. Lors de l'entretien que vous avez eu avec la

 18   police, vous souvenez-vous d'avoir évoqué tous ces détails supplémentaires,

 19   ou alors faut-il comprendre que vous ne les avez jamais évoqués et que

 20   c'est la raison pour laquelle ils ne figurent pas dans votre déclaration ?

 21   R.  Mais j'ai évoqué un grand nombre de détails lors de cet entretien. Mais

 22   tout simplement, ils n'ont pas été consignés dans la déclaration. Et par la

 23   suite, j'ai fourni une autre déclaration préalable où j'ai présenté la

 24   chose comme je le fais aujourd'hui.

 25   Q.  Au moment où votre déclaration a été recueillie, est-ce que quelqu'un

 26   prenait des notes, est-ce que quelqu'un dactylographiait ce que vous disiez

 27   ? Comment la procédure s'est-elle déroulée ? Comment votre déclaration a-t-

 28   elle été enregistrée ?


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  1   R.  Il y avait un agent de police qui ne portait pas d'uniforme, c'était

  2   l'enquêteur. Il y avait une madame qui l'accompagnait et un troisième

  3   monsieur. Et, en fait, c'est la dame qui était assise avec eux qui

  4   rédigeait ma déclaration.

  5   Q.  Est-ce qu'elle prenait des notes à la main, est-ce qu'elle

  6   dactylographiait en se servant d'une machine à taper ou est-ce qu'elle a

  7   appliqué une autre méthode de transcription ?

  8   R.  Elle écrivait à la main. Nous étions plusieurs femmes à nous trouver

  9   dans une même salle, plusieurs femmes qui avaient été enfermées ensemble

 10   dans cette école, et elle consignait ce que nous disions en se servant d'un

 11   stylo.

 12   Q.  Et comment se fait-il que vous ayez signé ce document que vous avez

 13   sous les yeux ? Comment la signature a-t-elle eu lieu ?

 14   R.  Le document nous a été apporté quelques jours plus tard pour que nous

 15   le signions.

 16   Q.  Et avez-vous relu le document avant de le signer ?

 17   R.  Oui, je l'ai parcouru en vitesse, mais je n'ai pas relevé de graves

 18   erreurs. Tout ce que j'ai repéré, c'était une erreur que j'avais faite,

 19   moi, en citant le nom d'un monsieur à la place d'un autre. C'est tout ce

 20   que j'ai remarqué à ce moment-là.

 21   Q.  Et vous souvenez-vous d'avoir lu le passage que je viens de citer et

 22   vous souvenez-vous de vous être dit : "Mais ce n'est pas tout à fait ce que

 23   j'ai dit, mais je vais signer quand même" ? Ou alors, avez-vous lu le

 24   paragraphe sans rien remarquer de particulier pour signer la déclaration ?

 25   R.  Mais je ne me souviens plus de ce que j'ai pu penser à l'époque. Cela

 26   ne me paraissait pas important. L'objectif que je visais à remplir en

 27   déposant cette déclaration, c'était de retrouver mon mari. Pas autre chose.

 28   Ce que j'espérais à ce moment-là, c'est que cette déclaration leur soit


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  1   utile pour retrouver mon mari.

  2   Q.  Je le comprends, Madame, et c'est justement la raison pour laquelle il

  3   me semble étrange que vos souvenirs soient plus précis 20 ans plus tard et

  4   que c'est maintenant que vous vous re-souveniez d'un petit détail comme ce

  5   nom de Mladjo qui aurait été évoqué dans la conversation. Y a-t-il des

  6   raisons pour lesquelles vous vous souviendriez de ce petit détail 21 ans

  7   plus tard ?

  8   R.  Mais il  y a de nombreux détails dont je me souviens parfaitement. Je

  9   parle de choses qui se sont passées au cours cette nuit, parce qu'au cours

 10   de cette nuit, ce qui me préoccupait le plus, c'était la question de savoir

 11   si je vais survivre, moi et mes enfants. Et donc, tout ceci est gravé dans

 12   ma mémoire.

 13   Q.  A cette occasion, quels étaient les vêtements portés par M. Hadzic ?

 14   Pourriez-vous les décrire en détail.

 15   R.  Il portait un pantalon de camouflage assez large et une chemise, mais

 16   qui était plus claire que les chemises de camouflage qu'on voit d'habitude.

 17   Q.  Portait-il une veste ?

 18   R.  Je n'ai pas vu de veste. Il n'en portait pas quand il se trouvait dans

 19   l'école, mais sans doute en portait-il une quand il sortait dehors. Parce

 20   qu'il faisait froid.

 21   Q.  Compte tenu du fait qu'il s'agissait du 19 novembre et que la chute de

 22   Vukovar a eu lieu le jour précédent, et que c'était quelque chose qui était

 23   notoire dans le monde entier, savez-vous pour quelle raison M. Hadzic

 24   crierait au téléphone en annonçant cette nouvelle que la chute de Vukovar a

 25   eu lieu et qu'il fallait envoyer des réservistes ?

 26   R.  Le 19 et le 20, nous nous trouvions dans un abri à Komerc, donc je ne

 27   savais pas que la chute de Vukovar avait eu lieu. Nous n'avions pas

 28   d'informations, nous n'avions pas de radio ni de télé. Les gens racontaient


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  1   toutes sortes de choses. Et dans la matinée, on nous a dit qu'il fallait

  2   sortir. C'est ce qu'on a entendu quelqu'un dire en se servant d'un haut-

  3   parleur. On nous a invités à sortir de notre abri.

  4   Q.  Dans votre déclaration de 2000, et ensuite dans votre déclaration de

  5   2012, vous indiquez que vous avez vu M. Hadzic pour la première fois dans

  6   cette pièce où il y a eu des appareils radio. Or, dans votre déposition

  7   d'hier, aux pages 68 à 70 du compte rendu provisoire, vous dites que vous

  8   l'avez vu dans le couloir lorsque vous êtes arrivée dans l'école pour la

  9   première fois.

 10   Alors, qu'en est-il, vous en souvenez-vous ? L'avez-vous vu pour la

 11   première fois dans le couloir ou dans la pièce où il y a eu des appareils

 12   radio ?

 13   R.  Mais je vous ai déjà expliqué. Je l'ai vu à plusieurs reprises. Je

 14   l'avais déjà vu, mais en passant dans le couloir, dans une autre pièce

 15   aussi, dans la salle de sport. Mais ce n'était qu'en passant. Il ne faisait

 16   que de marcher à côté de moi.

 17   Q.  Vous avez décrit son comportement dans la salle en haut d'une façon

 18   très pittoresque. Vous dites qu'il donnait des ordres aux gens -- en fait,

 19   qu'il les interrogeait, qu'il criait. Il aurait dit que tout le monde

 20   devrait être soumis à un interrogatoire et que les personnes qui ne sont

 21   pas coupables, qu'on devrait leur permettre de rentrer chez elles. Et

 22   ensuite, il a dit aux membres de la "milicija" qu'ils doivent sortir de la

 23   salle et ne pas se mêler de son travail.

 24   Alors, Madame, j'ai examiné vos déclarations, les situations où vous

 25   parlez de ce qui se passe en haut dans le couloir, de ce qui se passe en

 26   bas dans la salle où se trouvent les appareils radio, et, en fait, nulle

 27   part je n'ai trouvé de description semblable à celle que vous avez fournie

 28   hier. Etes-vous d'accord avec moi ?


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  1   R.  Mais je vous l'ai déjà dit. C'est en passant qu'il criait en

  2   s'adressant à son personnel. Il forçait les membres de la police de sortir

  3   dehors et de ne pas se mêler de ses affaires. Mais je ne sais pas trop,

  4   est-ce que j'étais censée décrire tout ceci ? Est-ce que tout ceci aurait

  5   dû être noté ? La question que vous me posez est plutôt vague.

  6   Q.  Veuillez vous pencher sur votre déclaration de 2000 et veuillez

  7   vous pencher aussi sur votre déclaration de 2012, et dites-nous, s'il vous

  8   plaît, si vous y trouvez une trace quelle qu'elle soit de ces détails très

  9   précis concernant le comportement de M. Hadzic.

 10   R.  Mais je vous l'ai déjà expliqué, j'ai relu les deux déclarations

 11   et j'ai constaté que tous les détails n'ont pas été consignés. Or, mes

 12   souvenirs quant à ce qui s'est passé au cours de cette nuit sont très

 13   vivaces.

 14   Q.  En 2012, vous avez travaillé ensemble avec un enquêteur de

 15   l'Accusation, et justement vous avez étudié votre déclaration de 2000 pour

 16   y ajouter des modifications, des rectifications, pour ajouter quelques

 17   détails dans le cas où ceci serait nécessaire. Et vous avez, en effet,

 18   profité de cette occasion en rectifiant ou en ajoutant un grand nombre de

 19   détails, et pourtant vous ne parlez pas de cette situation où Goran Hadzic

 20   serait entré dans le bâtiment en ordonnant aux membres de la police ou de

 21   la "milicija" de sortir pour procéder à des interrogatoires, pour

 22   vociférer, pour donner des ordres. Tout ceci n'est pas évoqué lorsque vous

 23   expliquez l'enchaînement successif des événements. Comment l'expliquez-vous

 24   ?

 25   R.  Je ne sais pas comment l'expliquer. Je n'ai aucune raison de

 26   mentir 22 ans plus tard.

 27   Q.  Lorsque vous avez vu M. Hadzic pour la première fois dans les

 28   locaux de l'école, l'avez-vous reconnu tout de suite en vous disant :


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  1   "Voilà un ami qui a été un ami proche de mon mari" ? Ou, non, plutôt, je me

  2   corrige. Vous n'avez jamais dit qu'il s'agissait d'un ami proche, mais est-

  3   ce que vous l'avez reconnu tout de suite en vous disant : "Voilà un homme

  4   que mon mari connaissait" ?

  5   R.  Oui, et je me suis dit qu'il allait peut-être sauver mon mari

  6   comme ils se fréquentaient et qu'ils se connaissaient.

  7   Q.  Et votre mari le fréquentait parce que M. Hadzic, comme lui,

  8   aimait la poésie. C'est pourquoi M. Hadzic venait chez vous, pour lire de

  9   la poésie, pour admirer des peintures. Ai-je raison de l'affirmer ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Au cours de votre déposition d'hier, à la page 61 du compte rendu

 12   d'audience provisoire, vous dites :

 13   "M. Hadzic est venu à plusieurs reprises dans son studio, et c'est là

 14   que nous avons lu des poèmes et admiré des peintures."

 15   Quand vous dites "nous", faut-il en conclure que vous étiez présente

 16   lors de ces visites et que vous avez participé à la lecture de poèmes et à

 17   l'étude des peintures avec M. Hadzic et votre mari ?

 18   Mme FRIEDMAN : [interprétation] En fait, je regarde la version

 19   révisée du compte rendu d'audience, puisque la Défense indique qu'elle se

 20   sert du compte rendu d'audience d'hier. Et, en fait, il est indiqué que :

 21   "M. Hadzic est venu au studio à plusieurs reprises et que c'est là

 22   qu'ils regardaient les peintures et lisaient des poèmes."

 23   M. GOSNELL : [interprétation] Merci de me l'avoir signalé.

 24   Q.  Alors, je reformule ma question sur la base de cette rectification :

 25   avez-vous jamais rejoint votre mari et M. Hadzic ?

 26   R.  Chaque fois que mon mari était dans son studio, je venais de temps en

 27   temps pour apporter une tasse de café ou un verre de jus de fruits et puis

 28   je ressortais. Je ne passais jamais du temps avec lui quand il était avec


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  1   ses amis, avec ses connaissances ou avec ses clients dans son studio.

  2   Q.  Et avez-vous eu l'occasion d'entendre M. Hadzic lorsqu'il récitait des

  3   poèmes ?

  4   R.  Non. Cela ne m'intéressait guère. J'avais mes travaux domestiques à

  5   faire à la maison. Je ne sais même plus si je l'ai entendu réciter ou non.

  6   Q.  Mais vous savez que votre mari s'est adressé au directeur de la Radio

  7   Vukovar et qu'il a réussi à ce que les poèmes de M. Hadzic soient lus à la

  8   radio ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Avez-vous jamais pu entendre ces poèmes à la radio personnellement ?

 11   R.  J'écoutais la radio tout le temps, mais je ne vous dirais pas que la

 12   poésie est quelque chose qui me passionne tout particulièrement. De toute

 13   façon, ce n'est pas M. Hadzic qui lisait ces poèmes. Ils étaient lus par

 14   les journalistes qui travaillaient à la radio.

 15   Q.  Vous avez déjà plus ou moins fourni la réponse, mais je tiens néanmoins

 16   à vous reposer la question en la formulant d'une façon très, très précise :

 17   avez-vous entendu M. Hadzic lire ses poèmes à la radio ou avez-vous entendu

 18   ses poèmes lus par quelqu'un d'autre à la radio ?

 19   R.  Oui. Parce qu'à chaque fois qu'à la radio on lisait de la poésie, on

 20   annonçait au préalable de quel poète il s'agissait.

 21   Q.  Donc, on disait, par exemple : "Voilà maintenant un poème rédigé par

 22   Goran Hadzic" ?

 23   R.  Oui, et la même chose valait pour les autres auteurs, qu'il s'agisse de

 24   poètes ou d'auteurs de récits. Voilà.

 25   Q.  Et votre mari vous a-t-il dit que M. Hadzic avait l'ambition de devenir

 26   mieux connu en sa qualité de poète ?

 27   R.  Oui. Il disait qu'il aimait ça, que la poésie l'intéressait. Quant à

 28   ses ambitions sur ce plan, je n'en sais rien. En tout cas, il aimait la


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  1   poésie.

  2   Q.  Votre mari vous a-t-il dit que M. Hadzic avait déjà un recueil de

  3   poèmes de publié ?

  4   R.  Je ne me souviens plus exactement si ce recueil de poèmes a été publié

  5   immédiatement après le moment où ses poèmes ont été lus à la radio ou si le

  6   recueil avait déjà été publié avant. Je ne suis pas sûre à quel moment son

  7   recueil a été publié.

  8   Q.  Mais vous pensez qu'un recueil de poèmes rédigés par M. Hadzic a bien

  9   été publié à un moment donné ?

 10   R.  Mais je ne sais pas s'il s'agit vraiment d'un recueil à proprement dit

 11   ou s'il s'agit de - comment dit-on ? - quelques poèmes isolés. Mais en tout

 12   cas, un livre a été publié.

 13   Q.  S'agit-il d'un seul recueil, d'un seul livre, ou votre mari a-t-il

 14   évoqué plusieurs recueils de ce type ?

 15   R.  Je ne sais pas si M. Hadzic a publié un seul livre ou plusieurs. Je

 16   sais que mon mari, lui, avait déjà publié trois recueils différents à cette

 17   époque-là. Et pour ce qui de M. Hadzic, je ne sais pas s'il s'agissait d'un

 18   recueil de poèmes ou si on se préparait tout simplement à imprimer des

 19   poèmes ou si des poèmes isolés ont été imprimés. Vraiment, je ne saurais le

 20   préciser.

 21   Q.  Je sais qu'il s'agit d'une question difficile, mais je vais vous

 22   demander de fouiller dans votre mémoire et de repartir en arrière, s'il

 23   vous plaît : avez-vous jamais vu des recueils ou des pamphlets chez vous,

 24   ou est-ce que votre mari vous a peut-être montré ces derniers ?

 25   R.  Je n'ai jamais rien vu. Je n'ai vu que les livres de mon mari. Pour ce

 26   qui est du reste, les documents et papiers qu'il avait dans son studio, eh

 27   bien, je n'ai jamais parcouru ces éléments-là. Cela ne m'intéressait pas.

 28   Q.  Et si je vous dis que je suis très perplexe quant à votre description


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  1   de Goran Hadzic. Vous dites que c'est un poète, et à ma connaissance, il

  2   n'a jamais écrit un seul poème, il n'était pas poète, il ne faisait pas

  3   partie d'un cercle de poèmes, il n'a jamais rédigé de poèmes et il n'a

  4   jamais participé à des groupes de discussion sur la poésie, sur la culture,

  5   sur l'art pictural avec votre mari. Donc, est-ce que -- je suis sûr que

  6   vous n'êtes pas en train de monter ceci de toutes pièces. Est-ce que vous

  7   pouvez, d'une manière ou d'une autre, peut-être nous dire quand il rendait

  8   visite à votre mari ? Peut-être que votre esprit est un petit peu confus.

  9   R.  Non, je ne suis absolument pas confuse au niveau du nom et de son

 10   visage. Tout ce que je vous ai dit sont les choses qui m'ont été dites par

 11   mon mari. J'ai vu cet homme dans le studio de mon mari.

 12   M. GOSNELL : [interprétation] Alors, est-ce que nous pouvons afficher 1D32,

 13   s'il vous plaît, qui figure sur notre liste de documents.

 14   M. LE JUGE MINDUA : Excusez-moi, Maître Gosnell.

 15   Madame le Témoin Baranjek, vous venez de dire que vous aviez vu l'homme

 16   dans le studio de votre mari. L'homme, c'est qui ? Vous parlez bien de M.

 17   Hadzic ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 19   M. LE JUGE MINDUA : Vous l'aviez déjà rencontré avant les événements de

 20   Vukovar dans le studio de votre mari ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Je l'ai vu pour la première fois

 22   lorsqu'il est arrivé dans le studio, même si mon mari m'avait parlé de lui

 23   avant ce moment-là.

 24   M. LE JUGE MINDUA : Merci beaucoup. Merci. C'est très clair.

 25   M. GOSNELL : [interprétation]

 26   Q.  Est-ce qu'il peut s'agir de l'homme que vous avez vu dans le studio de

 27   votre mari qui vous a dit que c'était M. Hadzic ?

 28   R.  Non.


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  1   Q.  Savez-vous qui est cet homme ?

  2   R.  Je ne sais vraiment pas. Je ne me souviens ni de son prénom, ni de son

  3   nom de famille, ni de son visage. Je ne me souviens vraiment pas de lui.

  4   M. GOSNELL : [interprétation] Pouvons-nous déplacer la page en B/C/S, s'il

  5   vous plaît.

  6   Q.  Ceci semble être quelque chose qui semble ressembler à une invitation

  7   ou à un [imperceptible] à la mémoire du poète de Pacetin. Ai-je raison de

  8   dire que l'homme que vous avez décrit comme étant Goran Hadzic, d'après ce

  9   que vous a dit votre mari, était originaire de Pacetin également ?

 10   R.  Pardon, est-ce que vous pourriez répéter votre question, s'il vous

 11   plaît ?

 12   Q.  Votre mari vous a dit que l'homme qui vous rendait visite et qui était

 13   dans le studio de votre mari était originaire de Pacetin, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui.

 15   M. GOSNELL : [interprétation] Est-ce que nous pouvons afficher le 1D331,

 16   s'il vous plaît.

 17   Q.  Cet homme qui porte un complet blanc, se peut-il qu'il s'agisse là de

 18   l'homme qui est venu vous rendre visite chez vous, qui était dans votre

 19   studio, et qui parlait de poésie et d'art avec votre mari ?

 20    R.  Non.

 21   Q.  Savez-vous que cet homme qui se trouve sur la photographie travaillait

 22   avec votre mari à l'hôpital de Vukovar ?

 23   R.  C'est peut-être le cas, mais je ne connais pas toutes les personnes

 24   avec lesquelles travaillait mon mari, notamment les médecins et les

 25   infirmiers ou infirmières.

 26   Q.  Le nom de Dr Branko Kovacevic évoque-t-il quelque chose pour vous ?

 27   R.  Non, cela ne m'évoque rien du tout. Je ne sais pas. Je ne me souviens

 28   pas qu'il ait évoqué cet homme-là. Vraiment pas.


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  1   Q.  Est-ce que vous vous souvenez du fait que votre mari a évoqué le nombre

  2   de médecins qui étaient à l'hôpital de Vukovar entre 1989 et 1991 ?

  3   R.  Combien de médecins il y avait dans l'hôpital, c'est ça que vous voulez

  4   dire ?

  5   Q.  Oui. Je vous demande si votre mari vous a jamais dit combien de

  6   médecins il y avait à l'hôpital.

  7   R.  Il n'a pas donné de chiffres précis, mais il a parlé de certains

  8   médecins au cours de nos conversations et j'en connaissais un certain

  9   nombre. Je ne vois pas pourquoi il se verrait obligé à me donner le nombre

 10   total de médecins qui travaillaient à l'hôpital.

 11   Q.  Mais il y avait très peu de médecins, n'est-ce pas ?

 12   R.  Je ne sais vraiment pas. Il se peut qu'il y ait un, deux ou cinq

 13   médecins par service. Je ne sais pas, je ne les ai jamais dénombrés. Je ne

 14   sais pas.

 15   M. GOSNELL : [interprétation] J'en ai terminé avec ce document.

 16   Q.  Madame, je souhaite revenir maintenant sur la chronologie des

 17   événements que vous avez décrite, et dans votre déposition hier - et si

 18   nous nous fondons sur le compte rendu d'audience provisoire, page 73 - il y

 19   a une femme aux cheveux roux qui vous a fait quitter la salle où se

 20   trouvaient les postes radio, avec les émetteurs-récepteurs, et qui vous a

 21   raccompagnés jusqu'à l'entrée ?

 22   R.  Oui, nous avons traversé l'entrée et nous nous sommes rendus dans la

 23   salle de classe où se trouvaient les femmes et les enfants. C'est là

 24   qu'elle nous a emmenés.

 25   Q.  Et vous étiez là en présence d'une vingtaine d'autres femmes, et c'est

 26   un soldat de la JNA qui montait la garde, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui. Au début, il y avait un soldat de la JNA.

 28   Q.  Dans votre déclaration de l'an 2000, vous dites -- vous le décrivez en


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  1   disant qu'il s'agissait d'un gitan. Qu'est-ce que vous entendez par là

  2   lorsque vous dites gitan ?

  3   R.  Il ressemblait à un Rom. Il avait le teint mat. Sa peau était en tout

  4   cas plus foncée que la nôtre.

  5   Q.  Et au moment où vous vous déplaciez de la pièce où il y avait les

  6   émetteurs-récepteurs radio pour aller dans la salle de classe, qu'est-ce

  7   que vous avez vu, pour autant que vous ayez vu quelque chose ?

  8   R.  Il y avait d'autres personnes dans l'entrée qui venaient des autocars

  9   et qui sont entrées dans le bâtiment. Il y avait quelques personnes qui

 10   étaient assises dans l'entrée. Il y avait des personnes qui portaient des

 11   uniformes de camouflage, il y avait des personnes en habits civils, et les

 12   gens se déplaçaient. De toute façon, il y avait une foule à cet endroit-là.

 13   Q.  Et ce que vous dites dans votre déclaration de l'an 2000, et cela se

 14   trouve au niveau de la dernière phrase du paragraphe 7, qui se trouve

 15   environ -- je sais que vous n'avez pas de numérotation de paragraphe, mais

 16   cela commence à l'endroit où on peut lire : "Nous étions debout dans le

 17   couloir, devant les escaliers…"

 18   Et vous dites que :

 19   "Après nous avoir enregistrés, cette femme nous a ramenés à l'endroit où il

 20   y avait des escaliers jusque dans la cour, et en chemin et j'ai vu une

 21   porte entrebâillée sur la droite correspondant au foyer et c'est là que

 22   j'ai vu mon mari. Ivan était debout dans la salle de sport, et derrière

 23   lui, il y avait l'inévitable Hajrudin [phon], l'enquêteur gris."

 24   Tout d'abord, cette personne que vous décrivez comme étant l'enquêteur aux

 25   cheveux gris incontournable, dois-je comprendre qu'il s'agissait de la

 26   personne qui portait un ceinturon blanc et qui portait un brassard, et, par

 27   conséquent, vous affirmez qu'il s'agissait d'un membre de la police

 28   militaire de la JNA ?


Page 3153

  1   R.  Oui, c'était l'enquêteur qui était là au moment où la maison de mon

  2   mari a été fouillée en 1971.

  3   Q.  Et dans ce paragraphe, le paragraphe 7, vous venez de parler des propos

  4   tenus par Goran Hadzic et de ses propos au niveau de la radio. Et vous ne

  5   parlez pas du tout du fait d'avoir vu Goran Hadzic dans le gymnase ici,

  6   n'est-ce pas ?

  7   R.  Je ne comprends pas. Ce que j'ai dit, c'est qu'il est entré dans le

  8   gymnase. Je n'ai pas dit que je ne l'ai pas vu. Je n'étais pas là. J'étais

  9   dans l'entrée.

 10   Q.  Et vous avez pu voir votre mari dans le gymnase.

 11   R.  Oui, la porte était ouverte et il se tenait debout de telle façon que

 12   je pouvais le voir.

 13   Q.  Et à cet endroit-là, vous n'avez pas vu Goran Hadzic ?

 14   R.  Je ne l'ai pas vu, lui, mais j'ai entendu sa voix. On entendait tout,

 15   même si on ne pouvait pas voir l'ensemble du gymnase. On ne pouvait voir

 16   que ce que l'on pouvait voir à travers la porte.

 17   Q.  Donc, vous dites dans votre déposition que vous n'avez pas vu Goran

 18   Hadzic à cette occasion-là mais que vous pouviez entendre sa voix; c'est

 19   exact ?

 20   R.  Oui. Lorsqu'il a conduit les policiers et les membres de la JNA, il

 21   leur a demandé de sortir en leur disant que ces hommes-là ne devaient pas

 22   se mener de ce qu'il faisait.

 23   Q.  Alors, c'est la première fois que vous dites que vous identifiez M.

 24   Hadzic dans ce gymnase en vous fondant sur sa voix.

 25   R.  Oui. Il est entré dans le gymnase et il a fait sortir les membres de

 26   l'armée régulière et les policiers. Peut-être qu'il y avait plusieurs

 27   policiers. Je n'ai pas vu les policiers. Mais je l'ai entendu dire qu'ils

 28   devaient partir et ne pas se mêler de son travail. Il a dit aux gens qui


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  1   étaient là : "Vous allez tous être interrogés, et si vous n'êtes entaché

  2   d'aucune faute, vous pourrez rentrer chez vous." Tels étaient ses propos,

  3   et j'en ai déjà parlé.

  4   Q.  Vous n'avez pas évoqué ceci dans votre déclaration de l'an 2000 ?

  5   R.  Si, Monsieur. Dans la déclaration que vous avez citée, on ne sait même

  6   pas combien de médecins il y avait dans l'hôpital, et pourtant vous m'avez

  7   posé une question à ce sujet.

  8   Q.  Donc, vous répondez par la négative ?

  9   R.  Veuillez répéter votre question et je répondrai.

 10   Q.  Vous n'avez pas évoqué ceci, à savoir le fait d'entendre la voix de

 11   Hadzic criant, donnant des instructions demandant aux hommes de sortir,

 12   vous n'avez pas évoqué ceci dans votre déclaration de l'an 2000 ? Et plus

 13   particulièrement, au paragraphe 7, où vous parlez de cela, vous dites avoir

 14   regardé à l'intérieur du gymnase ou de la salle de sport et vous dites

 15   avoir vu votre mari.

 16   R.  Oui. J'ai vu mon mari et j'ai vu M. Hadzic entrer. Après quoi, j'ai

 17   entendu sa voix.

 18   Q.  Pardonnez-moi, Madame. Telle n'était pas ma question. Mais je vais

 19   passer à autre chose.

 20   R.  Peut-être que vous pourriez raccourcir votre question.

 21   Q.  Je vais vous poser une question différente. Lorsque vous avez donné

 22   votre déclaration en 2012, vous aviez ce paragraphe sous les yeux. Vous

 23   vous entreteniez avec les enquêteurs. Vous avez apporté des corrections. Et

 24   vous n'avez pas ajouté ces détails, même s'il est tout à fait clair que

 25   pendant cet entretien, l'enquêteur souhaitait avoir des informations sur

 26   les actions de Goran Hadzic, n'est-ce pas ?

 27   R.  J'ai dit ce qui s'était passé de façon générale. Peut-être que tout ce

 28   que j'ai dit n'a pas été consigné dans ma déclaration. Je ne sais pas. Vous


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  1   me posez des questions à propos d'autres détails que je peux vous fournir.

  2   Peut-être que tout n'a pas été consigné. J'ai expliqué ce qui s'est passé

  3   de façon générale, et maintenant que vous me posez ces questions, vous

  4   souhaitez que j'explique tout ce qui s'est passé.

  5   Q.  Est-ce que, d'après vous, vous avez évoqué tout ceci lorsque vous avez

  6   eu un entretien avec l'enquêteur du bureau du Procureur et que l'enquêteur

  7   n'a pas tout consigné; ou, d'après ce dont vous vous souvenez, est-ce que

  8   c'est simplement le fait que vous n'avez pas évoqué tous ces éléments lors

  9   de cet entretien ?

 10   R.  Je ne me souviens pas des détails que j'ai évoqués et qui n'ont peut-

 11   être pas été consignés, mais je sais que lorsque vous me posez une

 12   question, j'explique comment les choses se sont passées. Je ne sais pas

 13   pourquoi certaines choses n'ont pas été couchées sur le papier. Vous m'avez

 14   demandé beaucoup de choses qui ne sont même pas citées dans le document et

 15   j'ai fourni les réponses.

 16   Q.  Madame, ce que j'essaie de comprendre, c'est si, oui ou non -- c'est

 17   une question simple. C'est de savoir si, oui ou non, vous vous souvenez

 18   avoir évoqué ces éléments-là à l'enquêteur et ces éléments n'ont été

 19   consignés ou si vous n'avez pas évoqué ces éléments, vous les avez oubliés,

 20   vous avez omis d'en parler parce que vous avez estimé qu'il s'agissait des

 21   détails.

 22   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Objection. La question a été posée et la

 23   réponse a été fournie, non seulement au niveau des questions précédentes.

 24   Elle a dit :

 25   "Je ne me souviens pas des détails que j'ai peut-être évoqués et qui n'ont

 26   pas été consignés."

 27   Je crois que cela n'est pas utile de poser davantage de questions là-

 28   dessus.


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  1   M. GOSNELL : [interprétation] Sauf votre respect, c'est précisément

  2   l'ambiguïté de la réponse qui pose problème, parce que la réponse semble

  3   fournir deux réponses différentes.

  4   Mme FRIEDMAN : [interprétation] La réponse qui a été donnée, que le témoin

  5   vient de dire :

  6   "Je ne me souviens pas des détails que j'ai évoqués qui n'ont peut-

  7   être pas été consignés."

  8   M. GOSNELL : [interprétation] Cette citation, Monsieur le Président,

  9   semble ne pas exclure le fait qu'elle n'ait pas évoqué ou le fait qu'elle

 10   ait évoqué mais que cela n'ait pas été consigné. Elle semble vouloir dire

 11   les deux choses, et dans la mesure du possible je souhaite recueillir une

 12   réponse claire, mais peut-être que cela n'est pas possible.

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez essayer de recueillir

 14   cette information en posant une seule question, une simple question.

 15   M. GOSNELL : [interprétation] Alors, je vais essayer d'aborder ceci

 16   sous un autre angle et peut-être que cela s'avérera plus utile.

 17   Q.  Madame, vous avez utilisé le terme de "détails" à plusieurs reprises

 18   pour décrire le comportement de M. Hadzic dans votre déposition devant ces

 19   Juges. Se peut-il que vous estimiez qu'il s'agissait là de détails et que

 20   vous n'en ayez pas parlé ? Je ne vais pas dire "se peut-il", mais est-ce

 21   que vous vous souvenez si, oui ou non, ce comportement de M. Hadzic

 22   constituait un détail que vous n'avez pas évoqué lors de votre entretien

 23   avec le bureau du

 24   Procureur ?

 25   R.  Je ne sais pas. Vous vous attendez à ce que je dise quelque chose sur

 26   les choses qui se sont déroulées pendant toute une nuit et vous souhaitez

 27   que je dise ceci en une seule phrase. Je vous ai expliqué combien de fois

 28   j'ai vu M. Hadzic, où il s'est rendu, ce qu'il a dit, comment était son


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  1   comportement.

  2   Q.  A la page 74 du compte rendu provisoire d'hier, lorsque nous parlions

  3   de l'ordre chronologique des événements, il semblerait qu'il s'agisse là du

  4   moment où vous avez été emmenée dans la salle de classe où l'officier de la

  5   JNA montait la garde. Vous avez parlé d'un soldat qui montait la garde

  6   devant cette salle de classe et vous avez dit que ce soldat de la JNA était

  7   un gitan. Et la question qu'on vous a posée hier était la suivante :

  8   "Avez-vous vu Hadzic à un autre moment lorsque vous étiez dans

  9   l'école primaire ?"

 10   Et vous avez répondu en disant :

 11   "Oui, je l'ai vu deux ou trois fois encore lorsqu'il traversait le

 12   couloir et qu'il entrait dans la salle de classe où se déroulait

 13   l'interrogatoire."

 14   Je vais m'arrêter là. Lorsque vous parlez du fait qu'il entrait dans

 15   la salle de classe où se déroulait l'interrogatoire, que voulez-vous dire

 16   par là ?

 17   R.  Je vous ai déjà dit que ces hommes étaient là dans la salle de classe

 18   et qu'ils interrogeaient les gens. Et la personne dont on appelait le nom

 19   devait aller dans cette salle de classe pour y être interrogée, que ce soit

 20   des hommes ou des femmes. Il sortait, il donnait sans doute des ordres. Je

 21   ne sais pas ce qu'il faisait à l'intérieur, mais il ne cessait d'entrer et

 22   de sortir. On entendait sa voix quand on était dans la salle de classe,

 23   même si nous étions dans un espace fermé. Il criait à ses hommes, il leur

 24   disait ce qu'ils avaient à faire.

 25   Q.  Maintenant, je reprends votre déclaration de l'an 2000. Et je laisse de

 26   côté l'ordre chronologique. Mais ce que vous dites, c'est ceci :

 27   "A un moment donné, la porte a été ouverte, elle avait été fermée à

 28   clé, et un homme portant une grande barbe et portant un uniforme du SMB a


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  1   ouvert la porte et nous a crié : 'Ah, Oustachis, et il y a des enfants.'

  2   "Et il était suivi par un homme qui avait environ 25 ans et qui était

  3   en habit civil, et j'ai appris par la suite que cet homme était venu de

  4   Suisse. Il portait une chemise comportant des documents sur lesquels

  5   figuraient mes coordonnées ainsi que les coordonnées de mon mari. Cet homme

  6   a appelé les femmes en leur demandant de sortir et les a emmenées pour être

  7   interrogées aux étages supérieurs."

  8   Ensuite, vous avez parlé des femmes qui sont revenues dans la salle

  9   de classe où vous vous trouviez, et vous aviez constaté que ces femmes

 10   portaient des traces de coups.

 11   Est-ce que vous suivez la partie de la déclaration que je suis en

 12   train de vous lire ?

 13   R.  Je n'ai pas besoin de suivre. Je sais tout ça. J'ai vécu tout cela.

 14   Q.  J'ai parcouru toutes vos déclarations, cette déclaration-ci ainsi que

 15   la déclaration de 2012, et ce que vous dites, c'est que ces individus ont

 16   été emmenés aux étages supérieurs. Est-ce que vous vous souvenez du fait

 17   que c'est bien là où ont été emmenées ces femmes qui étaient avec vous ?

 18   R.  Oui, mais il n'y avait que deux ou trois marches à gravir par rapport à

 19   l'endroit où nous étions, nous, dans la salle de classe. Ce n'était pas aux

 20   étages supérieurs. Il y avait juste quelques marches, deux ou trois, mais

 21   je ne les ai pas comptées.

 22   Q.  Vous n'avez jamais dit dans vos déclarations antérieures ce que vous

 23   venez de nous dire maintenant, à savoir qu'on entendait la voix de Goran

 24   Hadzic pendant ces interrogatoires.

 25   R.  On entendait la voix de Goran Hadzic ainsi que la voix d'autres

 26   personnes qui passaient par là, y compris les voix des femmes. Il s'agit

 27   d'une école, on pouvait tout entendre. On entendait ce qu'il y avait dans

 28   la rue. On pouvait entendre des voix.


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  1   Q.  Moi, j'ai vu une photographie de ce bâtiment. Ce n'est pas un petit

  2   bâtiment. Ce bâtiment comporte au moins deux étages et un sous-sol. Vous

  3   dites que l'on pouvait tout entendre dans ce bâtiment quel que soit

  4   l'endroit où on se trouve ?

  5   R.  Je n'ai pas dit que je me suis trouvée dans toutes les parties de ce

  6   bâtiment. J'étais dans la salle de classe. Pas loin de l'endroit où il y

  7   avait les femmes, il y avait une autre salle de classe où on emmenait les

  8   gens, et les gens y étaient roués de coups et interrogés. Cela, je

  9   l'entendais. Je ne pouvais pas entendre ce qui se passait à l'étage

 10   supérieur, mais on entendait le bruit, on entendait les gens passer, on

 11   entendait les gens courir, crier. Bien sûr qu'on pouvait entendre cela.

 12   Q.  Pourquoi jamais auparavant n'avez-vous dit que vous pouviez entendre la

 13   voix de Goran Hadzic pendant ces interrogatoires ?

 14   R.  Je ne comprends pas. Ce n'est pas le cas. J'ai rapporté tout ce qu'il a

 15   dit par rapport à ce que je pouvais entendre.

 16   Q.  Vous vous rendez compte du fait que vous n'avez jamais mentionné dans

 17   vos déclarations antérieures avoir vu Goran Hadzic dans le couloir et se

 18   rendant quelque part ?

 19   R.  Ce que j'ai dit, c'est que je l'ai vu au moment où le gardien nous a

 20   fait sortir pour que nous puissions fumer une cigarette. Je l'ai vu passer.

 21   J'ai entendu sa voix.

 22   Q.  Avec tout le respect que je vous dois, Madame, ceci ne figure pas dans

 23   votre déclaration de 2000, et vous ne l'avez pas évoqué non plus -- vous

 24   n'avez pas apporté de correction à votre déclaration de 2012 non plus.

 25   R.  Je vous l'ai déjà dit, tout n'a pas été consigné. L'on m'a présenté des

 26   questions et j'ai donné les réponses de façon aussi brève que faire se

 27   peut. Toutefois, j'ai toujours mentionné M. Hadzic, et j'ai mentionné

 28   plusieurs rectifications quant aux personnes que je ne connaissais pas et

 


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  1   dont les noms m'ont été donnés par la suite. Que souhaitez-vous que je

  2   fasse maintenant ? Que je répète tout ce qui est dans le document ?

  3   M. GOSNELL : [interprétation] Je vois le temps qui avance.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Certes. Merci.

  5   Madame Baranjek, nous allons faire notre première pause. Nous allons

  6   revenir à 11 heures. L'huissier va vous raccompagner. Merci.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  8   [Le témoin quitte la barre]

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous suspendons l'audience.

 10   --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

 11   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 12   M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, je comprends que j'en

 13   arrive à l'issue du temps qui m'a été accordé par défaut. Pourrais-je

 14   demander que l'on me donne davantage de temps ? La déposition du témoin est

 15   davantage incriminante que nous ne le pensions au départ, et étant donné le

 16   temps qui a été accordé pour l'interrogatoire au principal - et même s'il

 17   ne s'agit pas d'un paragraphe précis de l'acte d'accusation en termes

 18   d'événement - il est à l'évidence important que je vous demande, avec tout

 19   le respect qui vous est dû, 30 minutes de plus.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Une position ?

 21   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Dans la mesure où les questions sont

 22   répétées, le témoin reçoit la même question réitérée, donc il convient d'en

 23   tenir compte.

 24   [Le témoin vient à la barre]

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Combien de temps vous faudra-t-

 26   il pour les questions supplémentaires, pensez-vous ?

 27   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Je crois que, pour l'heure, quelque

 28   15 minutes.

 


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Merci.

  2   Nous faisons droit à votre demande, Maître Gosnell.

  3   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Si vous voulez bien poursuivre.

  5   M. GOSNELL : [interprétation]

  6   Q.  Madame, si j'ai bien compris, dans votre déposition, ce jeune homme

  7   venant de la Suisse appelait des noms dans la salle où vous étiez retenue,

  8   et ensuite les femmes dont les noms avaient été appelés étaient emmenées à

  9   l'étage et rouées de coups; est-ce exact ?

 10   R.  Oui. Le jeune homme avait une liste et il lisait des noms. Une dame en

 11   uniforme emmenait les femmes dans la salle où elles étaient questionnées.

 12   Certaines d'entre elles sont revenues rouées de coups, d'autres pas, elles

 13   ne portaient aucune trace de coups. Et d'autres encore n'ont même pas été

 14   emmenées pour être questionnées.

 15   Q.  Ce jeune homme suisse rentrai et sortait de la salle une fois, deux

 16   fois, plusieurs fois ? Vous souvenez-vous à quelle fréquence il est venu

 17   dans la salle de classe ?

 18   R.  Il était avec nous dans la salle de classe ou devant la salle de

 19   classe, et ce, en constance. Il était celui qui est venu monter la garde --

 20   qui a remplacé l'autre soldat. Il est venu la nuit.

 21   Q.  La nuit entre le 19 et le 20 ?

 22   R.  Oui. Cela a commencé le soir, tard. Peut-être à 23 heures le 19 ou à 1

 23   heure du matin le 20. Quoi qu'il en soit, cela a duré toute la nuit.

 24   Q.  Ce jeune homme de la Suisse avait-il un écusson ou avait-il d'autres

 25   insignes ? Portait-il un uniforme ?

 26   R.  Il portait une sorte d'uniforme. Je ne sais pas de quel uniforme il

 27   s'agit. En fait, cela semblait être un complet civil, car il n'avait aucun

 28   des écussons, et il était de plusieurs couleurs. Quoi qu'il en soit, il


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  1   avait une liste des toutes les personnes qui se trouvaient dans la salle.

  2   Q.  Etait-il un ressortissant suisse, un Serbe, ou d'une autre nationalité,

  3   pour autant que vous puissiez le dire ?

  4   R.  Non, il était Serbe. Il nous a parlé et il a dit qu'il était venu au

  5   village en lieu et place de son père, qui avait dû rester en Suisse parce

  6   qu'il était souffrant.

  7   Q.  Je voudrais être tout à fait équitable avec vous quant à ce qui est

  8   comporté dans votre déclaration précédente, et j'aimerais maintenant

  9   attirer votre attention sur le paragraphe 8 de votre déclaration de 2012.

 10   Ce que vous y dites, c'est que vous décrivez l'événement où M. Hadzic entre

 11   dans la salle de classe et s'adresse à vous. Et ce que vous dites dans

 12   cette déclaration de 2012, c'est qu'après que M. Hadzic ait appelé votre

 13   nom et ait posé des questions de savoir où se trouvait votre époux, vous

 14   avez dit que vous n'aviez pas répondu :

 15   "'Il était dans la salle de gymnastique,' comme je l'ai dit dans ma

 16   déclaration, mais en fait, je lui ai dit : 'Vous l'avez vu.'"

 17   Est-ce là une référence implicite de ce que vous avez décrit tout à l'heure

 18   quand vous avez dit que vous avez regardé dans la salle de gym et que vous

 19   avez entendu la voix de M. Hadzic ?

 20   R.  Je ne comprends pas à nouveau votre question. J'ai dit que lorsqu'il

 21   est entré dans la salle de classe où les femmes et les enfants se

 22   trouvaient, il a demandé : "Qui est Baranjek ?" J'ai dit : "Moi." Il m'a

 23   demandé : "Où est votre mari ?" Je lui ai répondu : "Vous l'avez vu dans la

 24   salle de gym." Ce que je voulais dire, c'est la salle dans l'école. Et

 25   c'est tout l'échange de propos que nous avons tenu.

 26   Q.  Dans votre déclaration de 2000, ce que vous avez dit, en revanche,

 27   c'est :

 28   "Lorsqu'il m'a demandé où se trouvait mon mari, j'ai répondu : 'Il


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  1   était là dans la cour.'"

  2   Au paragraphe 9.

  3   Madame, j'essaie tout simplement d'être équitable. Je ne vous accuse

  4   d'aucune erreur. J'essaie tout simplement de comprendre. Est-ce que vous

  5   voulez dire que dans la déclaration de 2012, lorsque vous dites qu'il était

  6   dans la salle de gym, vous l'avez vu --

  7   R.  Pas dans la cour.

  8   Q.  Très bien. Et quand vous dites "Je lui ai dit : Il était dans la

  9   salle de gym. Vous l'avez vu," est-ce que vous parlez du moment où on vous

 10   a emmenée dans la salle où se trouvaient les émetteurs et ensuite emmenée

 11   dans la salle de classe ?

 12   R.  Oui. Parce que c'était la dernière fois que je l'ai vu, de fait.

 13   Q.  Et lorsque M. Hadzic est venu dans la salle, lui avez-vous dit :

 14   "Monsieur Hadzic, vous êtes un bon ami de mon mari. Pourriez-vous

 15   faire quoi que ce soit pour le faire libérer ?"

 16   R.  Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.

 17   Q.  Dans votre déposition, hier, à la page 75, vous avez décrit des

 18   événements qui se sont déroulés après le moment où M. Hadzic soit entré

 19   dans la salle de classe, et le Procureur vous a posé une question : 

 20   "Autre que ce que vous avez vu, y a-t-il quoi que ce soit d'autre que

 21   vous avez entendu des femmes qui étaient avec vous quant aux actions de

 22   Hadzic ou ce qu'il avait dit ce soir-là ?"

 23   Vous avez répondu :

 24   "Oui, il y avait une vieille dame, une grand-mère, qui était assise

 25   dans le couloir. Et elle a dit que -- de fait, nous avons toutes entendu

 26   des gémissements venant de cette pièce."

 27   J'aimerais m'arrêter ici et revoir cette phrase, "d'ailleurs, nous

 28   avons toutes entendu des gémissements venant de cette pièce." Quand était-


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  1   ce ?

  2   R.  Pendant la nuit. Il n'y avait pas autant de personnes dans le

  3   couloir ou dans l'entrée. Les gens avaient été envoyés dans différentes

  4   salles de classe ou dans la salle de gym. Nous nous trouvions dans la salle

  5   de classe, et, bien sûr, nous avons entendu les gémissements. On entend des

  6   gémissements.

  7   Q.  Au paragraphe 8 de votre déclaration de 2000 - et à cet égard

  8   vous n'avez apporté aucune rectification lorsque vous vous êtes adressée à

  9   l'enquêteur du bureau du Procureur en 2012 - c'est ce que vous avez déclaré

 10   :

 11   "Le 20 novembre 1991, immédiatement après 0 heures 30" -- et, Madame,

 12   si vous voulez bien suivre le document, ceci est à la moitié du paragraphe

 13   8 de votre déclaration de 2000, et c'est le paragraphe qui commence par :

 14   "Nous étions debout dans le couloir devant l'escalier…" Et vers la moitié

 15   de ce paragraphe, ce que vous dites est la chose suivante :

 16   "Le 20 novembre 1991, immédiatement après 0 heures 30, j'ai entendu

 17   quelqu'un s'approcher du garde et insister qu'il déverrouille la porte pour

 18   lui avec les termes : 'Déverrouillez la porte pour qu'on égorge les

 19   Oustachis.' Et le soldat a répondu : 'Cela n'est pas possible. Des

 20   ordres.'"

 21   R.  Oui.

 22   Q.  "A 2 heures, Zorana Vitic et moi-même avons demandé la permission

 23   d'aller aux toilettes et de fumer une cigarette. Et le soldat gitan, qui,

 24   nous avons découvert, était de Vajska, nous a répondu que nous pourrions

 25   fumer une cigarette devant la porte. Depuis ce moment-là jusqu'à l'aube,

 26   puisque j'étais près de la porte, près du couloir, j'ai entendu des gens

 27   hurler, gémir, le son de tirs d'armes et de fête et des voitures qui

 28   s'arrêtaient. Je dirais que ces tirs étaient une expression de joie dans


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  1   cette fête et que tout ces sons venaient de l'extérieur du bâtiment, selon

  2   moi."

  3   Ceci est votre description dans votre déclaration de l'an 2000. Vous n'avez

  4   apporté aucune rectification en 2012. Aucune indication, n'est-ce pas, que

  5   vous avez entendu des gémissements et des séances de passages à tabac dans

  6   l'école, n'est-ce pas ?

  7   R.  La déclaration en 2012 était là pour venir s'ajouter à la déclaration

  8   que j'avais présentée auparavant. Je ne vois pas ce que vous voulez que je

  9   fasse maintenant.

 10   Q.  Tout ce que je vous présente, je ne vous demande de rien faire en

 11   particulier, sauf de revoir votre déclaration, de la regarder et de prendre

 12   ces deux déclarations ensemble.

 13   R.  Je sais exactement ce que j'ai déclaré et je confirme chaque mot.

 14   Maintenant, il y a quelque chose sur l'un des documents et ça ne se trouve

 15   pas dans l'autre, mais je ne vois pas ce que vous souhaitez. Est-ce que

 16   vous voulez que tout ce qui s'est passé cette nuit-là se trouve sur le

 17   papier ? Pourquoi est-ce que je suis venue à ce moment-là ? Qu'est-ce que

 18   vous voulez que je fasse ? Vous voulez que je répète ce qui se trouve

 19   couché sur le papier sans ajouter un seul terme ? Je ne comprends pas.

 20   Q.  Est-ce que l'enquêteur du bureau du Procureur, quand vous l'avez

 21   rencontré en 2012, vous a indiqué que ce n'était pas important que ça soit

 22   complet, tout particulièrement en ce qui concerne votre déposition

 23   concernant M. Hadzic ou des actions violentes qui se déroulaient dans

 24   l'école ?

 25   R.  La déclaration que j'ai présentée antérieurement m'a été lue. J'ai posé

 26   des questions, j'ai dit immédiatement que j'avais des rectifications à

 27   apporter, que ça n'était pas le nom de cet homme-là, que ce n'était pas la

 28   façon dont ça s'était déroulé, et c'est ce que j'ai déclaré. C'est ainsi


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  1   que j'ai procédé. Je ne comprends pas ce que vous signifiez maintenant.

  2   Est-ce que vous voulez que tout ce qui s'est passé cette nuit-là se trouve

  3   dans ces deux documents ? Et mes émotions et les sentiments de mes enfants,

  4   qu'en est-il ? Ceci ne saurait se trouver dans ces documents.

  5   Q.  Est-ce que cette vieille femme vous a indiqué quel était le sort de

  6   votre mari ? Vous en a-t-elle parlé alors que vous étiez à l'école ?

  7   R.  Non. Je n'ai pas eu la possibilité de lui parler de l'école. Je ne sais

  8   même pas si elle avait vu quoi que ce soit. C'était à Zagreb, lorsque nous

  9   nous sommes revues après un certain temps dans un hôtel. Je savais qu'elle

 10   se trouvait assise dans le couloir. Je l'avais vue. C'était une femme âgée.

 11   Et c'est à ce moment-là qu'elle m'en a parlé. Je crois que c'était vers la

 12   mi-1992 qu'elle me l'a dit.

 13   Q.  Madame, j'ai l'obligation en vertu du Règlement de ce Tribunal de vous

 14   dire exactement quelle est notre position. Notre position est que M. Hadzic

 15   n'a été à aucun moment à l'école élémentaire de Borovo, ni le 19, ni le 20

 16   novembre 1991.

 17   R.  Eh bien, je ne sais pas. Il y avait nombre de personnes dans l'école et

 18   je n'étais pas la seule à l'y avoir vu.

 19   Q.  Vous déposez en qualité de témoin public. A l'évidence, les gens savent

 20   que vous êtes ici. Est-ce que quelqu'un vous a parlé de votre témoignage ou

 21   de votre déposition avant que vous ne veniez, autre que les représentants

 22   du bureau du Procureur ?

 23   R.  De qui voulez-vous parler ? Mes amies qui étaient avec moi dans

 24   l'école, cependant, savent que je suis ici pour déposer. Je ne sais pas de

 25   qui d'autre vous parlez. Mes enfants ? De qui voulez-vous parlez ?

 26   Q.  Est-ce qu'un responsable officiel de la Croatie vous a contactée

 27   concernant votre témoignage ?

 28   R.  Non. Personne ne m'a contactée.


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  1   Q.  Et ce serait également vrai qu'aucun responsable officiel de Serbie ne

  2   vous aurait contactée ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Diriez-vous, et c'est une question d'ordre général que je vous pose,

  5   pourriez-vous dire qu'il y a des sentiments négatifs très fort à l'encontre

  6   de M. Hadzic dans l'opinion publique en Croatie aujourd'hui ?

  7   R.  Vous savez, j'ai parlé à mes amies de M. Hadzic, comme je viens de vous

  8   le dire. Dans l'ordre général, je ne m'intéresse pas à la politique et je

  9   ne regarde pas les actualités. Ce qui m'intéresse simplement, c'est les

 10   prévisions météo. Qu'il soit acquitté ou condamné, peu m'importe. Mon mari

 11   n'est plus ici…

 12   [Le conseil de la Défense et l'Accusé se concertent]

 13   M. GOSNELL : [interprétation]

 14   Q.  J'aimerais vous poser un éclaircissement ou un détail supplémentaire.

 15   Si vous pouvez vous en souvenir, vous nous avez dit comment M. Hadzic était

 16   habillé le 19, mais vous souvenez-vous comment il était habillé le 20 au

 17   matin ?

 18   R.  Je vous ai dit combien de fois je l'ai vu. La dernière fois est, je

 19   pense, après minuit le 20, mais je ne suis pas sûre, lorsqu'il est passé

 20   dans le couloir. Je crois qu'il était habillé de la même façon. Enfin, je

 21   ne sais pas. Je l'ai simplement vu passer. Je ne crois pas qu'il portait

 22   quoi que ce soit d'autre. Je ne l'ai vu -- je ne l'ai que de dos et j'ai

 23   entendu sa voix.

 24   Q.  Désolé. Ce n'est pas de cela dont je parle. Dans vos déclarations,

 25   c'est très clair à cet égard, même si votre déposition, elle, n'a pas été

 26   sans équivoque. Dans ces déclarations précédentes, vous l'avez dit

 27   clairement, et je consulterai le paragraphe 9 de votre déclaration de 2000,

 28   qui à cet égard n'a pas été rectifié dans votre déclaration de 2012, où


Page 3169

  1   vous dites que Goran Hadzic est entré dans la salle de classe à 10 heures

  2   du matin et ce serait le 20 novembre. Vous en souvenez-vous ?

  3   R.  Lorsqu'il est entré dans la salle de classe où les femmes et les

  4   enfants se trouvaient ? C'est cela dont vous parlez ?

  5   Q.  C'est exact.

  6   R.  Il était habillé de la même façon qu'il l'était lorsque je l'ai vu dans

  7   la salle où se trouvaient les radios.

  8   Q.  Madame le Témoin, merci de votre patience et de vos réponses.

  9   M. GOSNELL : [interprétation] Monsieur le Président, je renouvelle notre

 10   demande de versement de ces deux déclarations préalables. Mais nous pouvons

 11   attendre après les questions supplémentaires, si vous le souhaitez.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce là une demande de révision de

 13   cette demande ?

 14   M. GOSNELL : [interprétation] Je présume -- je ne sais pas si cette

 15   décision antérieure était finale ou s'il s'agissait tout simplement d'une

 16   orientation que vous m'apportiez pour mon contre-interrogatoire étant donné

 17   que le temps nous était compté et qu'il fallait poursuivre. Mais, Monsieur

 18   le Président, si vous considérez que c'est une décision finale, je

 19   demanderais qu'elle soit révisée.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien.

 21   Madame Friedman.

 22   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je vais tout

 23   d'abord procéder aux questions supplémentaires que nous escomptions plutôt

 24   que --

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] A moins que vous ne souhaitiez

 26   répondre ou intervenir dans la requête de M. Gosnell, oui, effectivement,

 27   j'escomptais que vous alliez commencer vos questions supplémentaires.

 28   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur le Président.

 


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  1   Nouvel interrogatoire par Mme Friedman :

  2   Q.  [interprétation] Madame Baranjek, j'ai quelques questions à vous poser

  3   tout d'abord sur votre mari et la connaissance entre lui et M. Hadzic avant

  4   Borovo Selo, lorsqu'il parlait de poésie. Est-ce que vote mari estimait que

  5   M. Hadzic était un poète de talent ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Pensait-il qu'il aurait un avenir dans la rédaction de poèmes ?

  8   R.  Non. Il ne le pensait pas. Mais il appréciait lorsque les gens

  9   s'intéressaient à la poésie et se penchaient sur la question, donc peu lui

 10   importait.

 11   Q.  Pourquoi pensez-vous qu'il l'aidait à rédiger des poèmes ?

 12   R.  Comme je l'ai dit, tout simplement parce qu'il appréciait le fait que

 13   d'autres aimaient la poésie comme lui-même, et également parce que la

 14   poésie de tout un chacun était lue à la radio et il s'en réjouissait.

 15   Q.  Savez-vous par hasard -- je reprends. Est-ce que M. Hadzic a continué à

 16   venir dans le studio de votre époux jusqu'à l'éclatement du conflit à

 17   Vukovar ?

 18   R.  Non. C'était avant.

 19   Q.  Vous souvenez-vous quand il n'est plus venu environ ?

 20   R.  Cela s'est passé avant 1990. Pas après. Il n'est plus venu après.

 21   Q.  Quand est-ce que vous avez appris qu'il s'était impliqué dans la

 22   politique ?

 23   R.  Eh bien, l'on a entendu des anecdotes qui circulaient dans la ville,

 24   les gens disaient ce genre de choses, et c'était l'époque avant la guerre.

 25   Donc, c'était de ce que les autres disaient, c'était dans les années 1990,

 26   1991, au début 1991, la Révolution des rondins, lorsqu'elle a commencé.

 27   C'est ce qu'on l'appelait.

 28   Q.  Est-ce que vous et votre époux en avez discuté entre vous de cet homme


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  1   qui venait dans son studio et qui s'était maintenant investi dans la

  2   politique ?

  3   R.  Plus précisément, à ce moment-là je n'ai rien entendu sur M. Hadzic de

  4   la part de mon époux car il parlait d'événements qui se déroulaient à

  5   l'hôpital. Il n'y avait pas beaucoup de conversation sur M. Hadzic. C'était

  6   davantage le fait que les gens dans la rue, les voisins et ceux qui le

  7   connaissaient parlaient de lui.

  8   Q.  Lorsque vous l'avez vu dans cette école de Borovo Selo, était-ce la

  9   première fois que vous l'avez vu en uniforme de camouflage ?

 10   R.  Oui. Enfin, peut-être l'ai-je vu avant à la télévision. Peut-être que

 11   oui, peut-être que non. Vraiment, je ne suis pas sûre. Mais j'avais entendu

 12   dire qu'ils avaient des uniformes, on le disait.

 13   Q.  Je vais maintenant vous donner lecture d'une question qui vous a été

 14   posée hier par le Président et je vous lirai aussi la réponse que vous avez

 15   fournie, parce qu'après je souhaite poser une question qui en découle.

 16   Alors, je cite :

 17   "Madame Baranjek, je souhaite vous poser une question. Vous nous avez

 18   dit que M. Hadzic a demandé après votre mari et où il se trouvait à trois

 19   reprises, dans la salle de gym, dans la salle de classe et dans la pièce où

 20   il avait des appareils radio."

 21   Alors, je vais m'arrêter là pour le moment. Vous avez déclaré que lors de

 22   l'une de ces occasions, à savoir dans la salle de classe, il a lu votre nom

 23   qui figurait sur une liste. Il vous a appelée par votre nom. J'aimerais

 24   savoir si dans les deux autres occasions où vous l'avez vu il vous a

 25   appelée par votre nom aussi ?

 26   R.  Non.

 27   Q.  Croyez-vous qu'il vous a reconnue à l'école parce qu'il vous avait déjà

 28   rencontrée à l'époque où il fréquentait votre mari ?


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  1   R.  Non, il ne m'a pas reconnue. Tout simplement, il m'a appelée par mon

  2   nom parce que mon nom figurait sur la liste, et, par ailleurs, mon mari se

  3   trouvait dans la salle. Et il a dû voir la liste des membres de famille qui

  4   lui eut été fournie avant d'entrer dans la salle de classe, et c'est

  5   pourquoi il a demandé qui est Baranjek ?

  6   Q.  Et savez-vous s'il a trouvé votre mari à un moment donné ?

  7   M. GOSNELL : [interprétation] Objection. Ceci sort du cadre du contre-

  8   interrogatoire, à moins que je ne me trompe.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Friedman, qu'en dites-vous ?

 10   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Oui. Je demande votre indulgence sur ce

 11   point. En fait, nous déduisons de ce que le témoin vient de dire qu'elle ne

 12   savait pas pourquoi il le cherchait, et donc on se demande tout simplement

 13   si elle sait qu'il l'a retrouvé.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je pense que Me Gosnell a bien

 15   raison. Passez à une autre question, s'il vous plaît, Madame Friedman.

 16   Mme FRIEDMAN : [interprétation]

 17   Q.  Eh bien, savez-vous si M. Hadzic a appris que votre mari a été tué ?

 18   M. GOSNELL : [interprétation] Même objection.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'objection est retenue.

 20   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Je vais quand même poser une question qui

 21   découle de la réponse précédente du témoin.

 22   Q.  Savez-vous pour quelle raison il souhaitait l'aider ?

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Toujours la même objection, Monsieur le

 24   Président.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je pense qu'il vaut mieux laisser ce

 26   sujet de côté.

 27   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Très bien. Je le ferai.

 28   Q.  Une dernière question. Madame, savez-vous qu'un article a été publié


Page 3173

  1   avant l'arrivée de M. Hadzic à La Haye et que dans cet article on décrit sa

  2   rencontre avec sa mère, et il est indiqué qu'il lui a récité un poème lors

  3   de cette rencontre ? Le savez-vous ?

  4   M. GOSNELL : [interprétation] Objection. Rien ne m'a été communiqué sur ce

  5   point. On ne demande pas le versement au dossier de l'article en question,

  6   mais j'aurais dû être prévenu. On devrait au moins savoir quelle est la

  7   base, quel est le fondement de cette question.

  8   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Oui. Nous pouvons verser ce document au

  9   dossier, si nécessaire. La question découle directement du contre-

 10   interrogatoire. Mon estimé confrère a insisté auprès du témoin que d'après

 11   les informations dont il disposait, M. Hadzic n'a jamais vraiment aimé la

 12   poésie. L'article que je mentionne n'a pas encore été traduit. Nous l'avons

 13   en B/C/S. Donc, je ne peux demander son versement que plus tard. Mais c'est

 14   la base sur laquelle je pose cette question au témoin si elle savait qu'il

 15   a donné lecture de ce poème.

 16   [La Chambre de première instance se concerte]

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je dois répondre ?

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous voulez ajouter quelque chose

 21   avant que nous ne rendions notre décision, Madame Friedman ?

 22   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Nous pouvons, dans quelques instants,

 23   télécharger la version originale de l'article dans le système si vous le

 24   souhaitez.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'objection est rejetée. Vous pouvez

 26   poser votre question si vous le souhaitez.

 27   Mme FRIEDMAN : [interprétation]

 28   Q.  Madame Baranjek, saviez-vous qu'un tel article a été publié ou avez-


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  1   vous lu autre chose dans les médias indiquant que M. Hadzic a lu de la

  2   poésie à sa mère ?

  3   R.  Je vous ai déjà dit que non, je ne le savais pas. Et, par ailleurs, je

  4   ne suis pas les médias. J'ai appris que M. Hadzic a été arrêté parce que ma

  5   fille me l'a dit quelques jours plus tard. Mais à part ça, je ne peux rien

  6   dire sur le point.

  7   Q.  Merci, Madame Baranjek.

  8   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Un instant de patience, Messieurs les

  9   Juges, s'il vous plaît.

 10   Je n'ai plus de questions à poser.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 12   Madame Baranjek, votre déposition vient de toucher à sa fin. Nous

 13   comprenons à quel point il vous a été pénible de déposer et nous vous

 14   remercions chaleureusement d'être venue déposer devant le Tribunal en

 15   contribuant à ses travaux. Vous pouvez maintenant disposer. Nous vous

 16   souhaitons un bon retour chez vous. L'huissier vous raccompagnera en dehors

 17   de la salle d'audience. Merci beaucoup.LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à

 18   vous.

 19   [Le témoin se retire]

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Gosnell, votre requête

 21   relative au versement au dossier des deux déclarations préalables, c'est

 22   une question qui n'a pas encore été réglée. Nous allons revenir sur ce

 23   point.

 24   M. GOSNELL : [interprétation] Est-ce vous souhaitez que je vous

 25   présente d'autres arguments maintenant ou est-ce que vous préférez que je

 26   le fasse par écrit, ou il n'y a pas besoin de soumettre d'autres arguments

 27   ?

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Peut-être que ce ne serait pas

 


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  1   une mauvaise idée de rédiger quelques arguments par écrit, Maître Gosnell.

  2   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] J'imagine que vous n'avez pas

  4   d'autres témoins de prévus, Madame Friedman ?

  5   Mme FRIEDMAN : [interprétation] Non.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous levons la séance.

  7   --- L'audience est levée à 11 heures 40 et reprendra le lundi 4 mars 2013,

  8   à 9 heures 00.

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