Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 12 septembre 2013

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes dans le

  6   prétoire et en dehors.

  7   Madame la Greffière, veuillez citer l'affaire.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

  9   Il s'agit de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 11   Nous allons entendre les parties, en commençant par l'Accusation.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 13   Douglas Stringer; Muireann Dennehy; notre commis à l'affaire, Thomas

 14   Laugel; et notre stagiaire, Simona Onicel.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 16   La Défense, Maître Zivanovic.

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges.

 18   Pour la Défense de Goran Hadzic, nous avons Zoran Zivanovic,

 19   Christopher Gosnell et notre stagiaire, Maria Jellinek.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 21   Passons à huis clos, s'il vous plaît.

 22   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos, Messieurs les

 23   Juges.

 24   [Audience à huis clos]

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 13  Pages 8528-8529 expurgées. Audience à huis clos.

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 15   [Audience publique]

 16   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes de la cabine anglaise : Le témoin

 17   pourrait-il parler plus fort et s'approcher du micro, s'il vous plaît.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Dennehy, avons-nous une

 19   feuille de pseudonyme ?

 20   Mme DENNEHY : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Il s'agit de

 21   l'intercalaire 1, document 6493 de la liste 65 ter.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Peut-on l'afficher, s'il vous plaît.

 23   Madame, devant vous à l'écran, vous voyez une fiche informative

 24   reprenant votre nom et votre date de naissance…

 25   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez confirmer que ces

 27   informations sont exactes. Il n'y a pas d'erreur sur cette feuille ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Les informations sont exactes.

 


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  2   Madame, dans un instant, je vais vous demander de prononcer la déclaration

  3   solennelle par laquelle les témoins s'engagent à dire la vérité. Et je dois

  4   attirer votre attention sur le fait que, ce faisant, vous vous exposez au

  5   parjure en cas de fausses informations données aux Juges de la Chambre.

  6   Je vais vous demander de vous lever à présent et de lire à haute voix

  7   la déclaration solennelle que vous remet l'huissier.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  9   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 10   LE TÉMOIN : GH-085 [Assermentée]

 11   [Le témoin répond par l'interprète]

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir.

 13   Mme DENNEHY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'aimerais que

 14   le document 6493 de la liste 65 ter soit versé sous pli scellé, s'il vous

 15   plaît.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Il est admis et il reçoit une cote.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 6493 reçoit la cote P2991,

 18   sous pli scellé.

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 20   Allez-y, Madame Dennehy.

 21   Mme DENNEHY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   Interrogatoire principal par Mme Dennehy

 23   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame. Est-ce que vous m'entendez dans une

 24   langue que vous comprenez ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Madame, comme le Président vient de vous l'expliquer, vous bénéficiez

 27   de la mesure de protection de pseudonyme dans cette affaire et je vais

 28   donc, lorsque je vous adresse la parole, vous dire Madame ou Madame le

 


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  1   Témoin pendant toute la déposition.

  2   Madame, est-ce que vous vous souvenez avoir donné une déclaration aux

  3   représentants du Tribunal au mois de février 1996 ?

  4   R.  Oui, oui, je m'en souviens.

  5   Mme DENNEHY : [interprétation] J'aimerais que l'intercalaire numéro 3,

  6   document 2241.1 de la liste 65 ter, soit montré au témoin mais ne soit pas

  7   diffusé au public.

  8   Q.  Madame, reconnaissez-vous le document devant vous et est-ce bien la

  9   déclaration que vous avez faite en février 1996 ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Reconnaissez-vous la signature qui se trouve dans le coin inférieur

 12   gauche de ce document ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Avant votre déposition aujourd'hui, est-ce que vous avez eu l'occasion

 15   de passer en revue ce document dans votre langue ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Et lorsque vous avez relu cette déclaration, vous avez indiqué qu'il y

 18   avait quelques corrections à apporter. Je vais les passer en revue.

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 23   Q.  Passons au paragraphe suivant, le paragraphe 19. A la ligne 1, on nous

 24   dit:

 25   "Lorsque je suis arrivée à Sid, nous avons été emmenés à la

 26   frontière."

 27   Est-ce que vous aimeriez apporter une modification à cette partie de la

 28   phrase ?


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  1   R.  Oui. On ne nous a pas emmenés à la frontière. Nous nous sommes arrêtés

  2   à Sid. Je me suis rendu compte plus tard que nous étions à une vingtaine de

  3   mètres du poste de police.

  4   Q.  Et pour le mot "nous" dans cette phrase-là, qui exactement a été emmené

  5   à la frontière ?

  6   R.  Toutes les autres personnes capturées à Opatovac sont allées à la

  7   frontière. J'entends par là les Croates seulement. Tous ceux qui n'étaient

  8   pas Serbes ont été expulsés d'Opatovac, et les femmes ont été emmenées à la

  9   frontière dans ce camion.

 10   Q.  Au paragraphe 23, vous nous dites :

 11   "Pendant mon séjour au camp en 1991, au mois d'octobre."

 12   Quelle est la date que vous voulez modifier là ?

 13   R.  Le texte dit le 2 octobre, et, en fait, c'était le 26 octobre.

 14   Q.  Dernière correction. Aux paragraphes 21 et 22, vous parlez du capitaine

 15   Zoric -- non, désolée, Zivkovic. Est-ce que vous aimeriez modifier ce nom ?

 16   R.  Zivkovic et Zivanovic sont en fait la même personne. Cela fait 20 ans,

 17   vous savez. Certains se souviennent de lui sous le nom de Zivkovic, et

 18   d'autres, sous le nom de Zivanovic.

 19   Q.  Madame, maintenant que vous avez apporté ces modifications, si je vous

 20   posais les mêmes questions que celles que l'on vous a posées en février

 21   1996, est-ce que vous répondriez en l'essence de la même façon ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  A présent que vous avez prononcé la déclaration solennelle, pouvez-vous

 24   nous confirmer la véracité et la fidélité de votre déclaration ?

 25   R.  Oui.

 26   Mme DENNEHY : [interprétation] Messieurs les Juges, à ce stade-ci,

 27   l'Accusation demande le versement du document 2241.1 de la liste 65 ter

 28   sous pli scellé. Et le document 2241.2 de la liste 65 ter est une version


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  1   publique expurgée du même document.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le document est admis. Quelle sera sa

  3   cote ?

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 2241.1 reçoit la cote

  5   P2992, sous pli scellé. Et le document 2241.2 de la liste 65 ter reçoit la

  6   cote P2993.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  8   Mme DENNEHY : [interprétation]

  9   Q.  Madame, au paragraphe 5 de votre déclaration, vous décrivez les

 10   rassemblements du HDZ à Vukovar. Quelle était votre participation dans ces

 11   rassemblements à l'époque ?

 12   R.  Je devais maintenir l'ordre. J'étais membre de la force de supervision

 13   du HDZ. Donc, en d'autres mots, j'étais comme un videur.

 14   Q.  Et est-ce que vous avez utilisé une arme pendant le conflit armé en ex-

 15   Yougoslavie à un moment ou un autre ?

 16   R.  Une arme ? Que voulez-vous dire ?

 17   Q.  Est-ce que vous avez jamais participé au conflit armé en ex-Yougoslavie

 18   ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Aux paragraphes 7 et 8 de votre déclaration, vous décrivez la reddition

 21   de votre village d'Opatovac à la JNA. Combien de temps est restée la JNA à

 22   Opatovac, les soldats de l'armée régulière ?

 23   R.  De 9 heures du matin jusqu'à environ 14 heures.

 24   Q.  Donc la JNA y est restée environ cinq heures ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et après le départ des soldats de la JNA d'Opatovac, quels étaient les

 27   soldats qui sont restés dans le village ?

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Dennehy, un instant, s'il vous

 


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  1   plaît. Passons à huis clos partiel un instant, s'il vous plaît.

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  3   [Audience à huis clos partiel]

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 16   [Audience publique]

 17   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

 18   Mme DENNEHY : [interprétation]

 19   Q.  Madame le Témoin, je vais à nouveau vous poser la question. Pourriez-

 20   vous nous dire quels sont les soldats qui sont restés dans le village après

 21   le départ des soldats de la JNA ?

 22   R.  Les réservistes serbes sont entrés avec la JNA. Ils avaient des

 23   cocardes sur leurs couvre-chefs. C'est un emblème de l'armée des Chetniks.

 24   Q.  Pourriez-vous nous dire comment se comportaient avec vous ces

 25   réservistes serbes que vous venez de décrire ?

 26   R.  Ils étaient violents.

 27   Q.  Vous avez décrit dans votre déclaration le couvre-feu. Pourriez-vous

 28   nous dire si vous savez pour quelle raison vos maisons devaient avoir la


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  1   porte ouverte ?

  2   R.  Sans doute pour permettre aux réservistes et à la police d'accéder aux

  3   maisons à tout moment de la nuit ou de la journée.

  4   Mme DENNEHY : [interprétation] Je vais demander à passer à huis clos

  5   partiel.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous passons à huis clos partiel,

  7   s'il vous plaît.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  9   [Audience à huis clos partiel]

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  9   [Audience publique]

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.

 11   Mme DENNEHY : [interprétation]

 12   Q.  Madame le Témoin, dans les paragraphes 17 et 18 [comme interprété],

 13   vous décrivez que l'on vous a emmenée à Sid le 24 octobre 1991. Que vous a-

 14   t-on demandé de faire avant de monter à bord de ce camion, à vous et aux

 15   autres non-Serbes ?

 16   R.  Ils nous ont appelés ce matin, nous demandant de nous rassembler le

 17   plus rapidement possible devant le foyer culturel. Là où il y avait une

 18   table, autour de la table, il y avait beaucoup de réservistes de la police,

 19   et il fallait que l'on signe des documents préparés à l'avance; à savoir

 20   que tous les biens que l'on possédait, qu'on allait léguer ces biens à la

 21   SAO Krajina, nos maisons de toute façon aussi. Ça, on était obligé. Moi,

 22   j'ai refusé de le signer, et ce même Mundjara m'a poussée vers la table et

 23   j'ai été obligée de signer.

 24   Q.  Avez-vous signé ce document, donc ?

 25   R.  Oui, oui. J'étais obligée de le signer, donc je l'ai fait.

 26   Q.  Après avoir signé le document, le camion s'est dirigé en direction de

 27   Sid. Que s'est-il produit à partir du moment où vous arrivez à Sid ?

 28   R.  En arrivant à Sid, le camion s'est arrêté. Ils ont enlevé la bâche, et

 


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  1   là, un homme en uniforme, un uniforme de réserviste de l'armée serbe, s'est

  2   approché. Ils étaient deux, deux policiers donc. J'en ai reconnu un -- j'ai

  3   reconnu les deux, Zeljko Marjanovic et Lazo Tanasic.

  4   Q.  Et le camion, où s'est-il arrêté en arrivant à Sid ?

  5   R.  On était déjà entré à Sid. Je ne sais pas quelle partie de Sid.

  6   Toujours est-il que le camion s'est arrêté à la proximité du poste de

  7   police de Sid, parce que c'est là qu'on m'a emmenée par la suite.

  8   Q.  Et plus tard, quand on vous a emmenée pour la première fois au poste de

  9   police, est-ce que vous pouvez nous dire dans quelle partie du poste de

 10   police on vous a emmenée ?

 11   R.  Quand on est entré, on a traversé une petite cour et ensuite on est

 12   entré dans une grande salle. Sur la droite, il y avait l'entrée qui menait

 13   vers le sous-sol. Je ne l'ai appris que plus tard. Et sur la gauche, il y

 14   avait des bureaux. Je l'ai compris plus tard aussi.

 15   Q.  Vous avez dit qu'il y avait aussi une entrée qui menait vers le sous-

 16   sol. Vous a-t-on emmenée au sous-sol ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et que s'est-il passé quand on vous a emmenée au sous-sol ?

 19   R.  Deux femmes policiers sont venues. Elles avaient aussi des ceinturons

 20   blancs, uniformes verts. C'étaient les réservistes. (expurgé)

 21   (expurgé). Il y avait trois

 22   colonnes. Il fallait que je me déshabille complètement devant une colonne,

 23   et là ils ont vérifié si on avait des armes ou non.

 24   Après cet examen, on s'est rhabillé et on s'est assis sur les bancs.

 25   Il n'y avait pas de dossier. Il fallait que nos mains soient dans le dos,

 26   nos têtes devaient être penchées, et il fallait qu'on regarde par terre et

 27   nulle part ailleurs.

 28   Q.  Au paragraphe 19 de votre déclaration, vous avez dit que ces


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  1   prisonniers ont été torturés. Pourriez-vous décrire les sons, les bruits

  2   que vous avez entendus venant du sous-sol du poste de police de Sid ?

  3   R.  Ils emmenaient les prisonniers croates dans le sous-sol. Je faisais

  4   partie de ces prisonniers. Ils les passaient à tabac, bien sûr. J'ai vu les

  5   policiers descendre au sous-sol, et ils avaient des battes, des matraques

  6   dans les mains. Et on entendait des cris. Et quand ils revenaient, on les

  7   voyait en pleurs. Ils se tenaient par la tête, par l'endroit où ils ont été

  8   frappés.

  9   Q.  Dans votre déclaration, vous décrivez un homme de Bapska. Est-ce que

 10   vous pourriez nous décrire son apparence quand vous l'avez vu pour la

 11   première fois au poste de police ?

 12   R.  A un moment donné, la porte de la salle s'est ouverte. Un homme de

 13   taille moyenne, jeune, blond, est entré. On lui avait coupé un morceau

 14   d'oreille et il était tout ensanglanté. Comme la porte s'est ouverte, on a

 15   regardé dans sa direction. On était complètement choqué. Il s'est assis à

 16   côté de nous sur le banc, mais là, on avait plus le droit de regarder. On

 17   l'a sans doute emmené dans le dispensaire. Après, il est revenu avec un

 18   bandage autour de sa tête.

 19   Q.  Madame le Témoin, maintenant je voudrais parler de l'époque que vous

 20   avez passée dans le camp de Begejci. Pourriez-vous nous décrire ce que vous

 21   avez vu en arrivant dans ce camp ?

 22   R.  C'était une grande ferme. Il y avait une clôture et il y avait aussi un

 23   gardien, un réserviste, armé. Il a ouvert le porche. Il nous a laissé

 24   entrer. C'était une Stojadin [phon] du vieux type. Il y avait le réserviste

 25   et le chauffeur qui portaient des uniformes de police et on était trois

 26   derrière, et on est entré en voiture dans l'enceinte de cette ferme. Il y

 27   avait trois rangs de barbelés qui entouraient la ferme.

 28   Q.  Vous venez de nous dire qu'il y avait donc trois rangées de barbelés


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  1   autour de Begejci. Pourriez-vous nous dire quelle en était la hauteur ?

  2   R.  Trois ou 4 mètres, je dirais. En tout cas, c'était plus haut que la

  3   taille d'un homme. Personne ne pouvait passer par-dessus. Et tous les 2

  4   mètres, il y avait une guérite de gardien. Il y avait des réservistes et

  5   ils avaient un chien de garde, un grand chien de garde. Ils étaient armés,

  6   ils avaient des fusils et ils avaient des bergers allemands.

  7   Q.  Et on vous a emmenée où quand vous êtes arrivée pour la première fois à

  8   Begejci ?

  9   R.  Je suis sortie de la voiture. C'est le capitaine Zivkovic ou Zivanovic

 10   qui m'a accueillie. Il m'a emmenée dans une pièce. Il était écrit que

 11   c'était le "poste de police" là aussi. Donc je suis entrée et là ils m'ont

 12   interrogée. Les deux autres sont restés dans la voiture. Je ne sais pas ce

 13   qu'ils ont fait à l'extérieur, parce que j'étais à l'intérieur.

 14   Q.  Madame le Témoin, vous avez mentionné le nom d'un homme qui vous a

 15   interrogée, et cela ne se trouve pas au compte rendu d'audience. Pourriez-

 16   vous répéter son nom à nouveau, s'il vous plaît.

 17   R.  C'était M. Zivkovic, capitaine et chef du camp. Après, un commandant

 18   est venu, je ne connaissais pas son nom. J'ai bien vu leurs grades, leurs

 19   uniformes, et puis aussi, ils se sont présentés. Ils disaient : Je suis le

 20   capitaine Zivkovic, le chef de votre camp. Et c'est comme cela qu'on a pu

 21   se rappeler leurs noms.

 22   Q.  Tout à l'heure, vous nous avez dit qu'on a utilisé aussi bien le nom de

 23   Zivkovic que le nom de Zivanovic; est-ce exact ?

 24   R.  Oui, c'est exact. Mais il s'agit de la même personne. Il y en a qui

 25   pensaient qu'il s'appelait Zivanovic et d'autres qui pensaient qu'il

 26   s'appelait Zivkovic.

 27   Q.  On vous a demandé de vous changer, on vous a demandé de mettre quoi en

 28   arrivant ?


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  1   R.  Ils m'ont proposé un uniforme de la JNA, pantalon vert et veste verte.

  2   J'ai refusé. Bien sûr, cela les a mis en colère. Moi, j'ai demandé à garder

  3   mon pantalon noir parce que c'était un pantalon chaud, j'avais froid, et

  4   j'ai voulu le garder.

  5   Q.  A un moment donné, vous êtes entrée dans le bâtiment où se trouvait

  6   l'étable. Qu'avez-vous vu là-bas en entrant ?

  7   R.  J'étais complètement choquée. Il y avait des gens qui étaient alignés

  8   comme des sardines, couchés par terre, et leurs têtes couvertes. Ils m'ont

  9   emmenée jusqu'à un endroit tout près du mur. Donc Borko, Vojo, Zare, les

 10   trois policiers de réserve, m'ont emmenée là-bas, et c'est plus tard que

 11   j'ai appris leurs noms. Quand ils m'ont emmenée jusqu'à l'endroit près du

 12   mur, ils m'ont dit de tourner la tête vers eux et j'ai pensé : Ils vont me

 13   tuer là. J'en étais sûre, mais cela ne s'est pas produit.

 14   Q.  Quel était le troisième nom que vous avez mentionné ? Vous avez parlé

 15   de Vojo, Zare, et le troisième nom c'était ?

 16   R.  Borko.

 17   Q.  Donc, quand vous êtes entrée dans cette étable pour la première fois,

 18   on vous a demandé de vous coucher où exactement, près de qui ?

 19   R.  Ils ont poussé un homme qui s'est levé. J'étais choquée de voir qu'il

 20   était vivant. C'était un policier, un prisonnier croate. Ils ont dit à une

 21   femme de se déplacer pour que je puisse me coucher à côté d'un homme, et ça

 22   encore, c'était une humiliation pour moi.

 23   Q.  Maintenant, on va parler du travail que vous étiez censée et obligée

 24   d'effectuer dans le camp. Que deviez-vous faire là-bas ?

 25   R.  Il fallait qu'on aille dans les bois, cueillir du bois. Le matin, quand

 26   on appelait notre nom, il fallait courir, et ensuite ils couraient derrière

 27   moi. Et pendant que je courais, au fur et à mesure que je courais, ils

 28   m'infligeaient des coups où ils pouvaient. Ensuite, on arrivait à l'endroit


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  1   devant l'enseigne "police". Ensuite, à nouveau, ils nous envoyaient dans la

  2   forêt, escortés par des policiers barbus. Ils avaient aussi des balles

  3   autour de leurs baudriers, en bandoulière, et ils étaient armés jusqu'aux

  4   dents. Ils n'utilisaient pas leurs pistolets, mais ils faisaient vraiment

  5   peur.

  6   On allait dans le bois, et tous les 2 mètres, il y en avait un avec

  7   un chien de garde. Et puis, au fur et mesure qu'on avançait dans le bois,

  8   ils nous infligeaient des coups. Donc, moi, je me rendais dans le bois, je

  9   ramassais du bois, je retournais et puis je recevais des coups. Alors, je

 10   pensais qu'il fallait que je prenne une bûche plus lourde, que je n'allais

 11   peut-être pas être frappée, mais c'était pareil. Ils nous frappaient tout

 12   le temps.

 13   Le deuxième jour, un prisonnier marchait devant moi. Il saignait de

 14   la tête; c'était sûr qu'ils lui avaient fracturé la tête. Et en arrivant,

 15   j'ai appelé le commandant, je suis entrée dans son bureau pour lui dire

 16   qu'il y avait un homme qui saignait énormément. Il est sorti - ah, c'était

 17   Milas Stjepan - et, effectivement, on lui a bandé la tête, et ils ont donc

 18   soigné sa blessure. Mais moi, j'ai continué à travailler.

 19   Q.  Madame le Témoin, à quelle fréquence deviez-vous travailler, vous et

 20   les autres détenus ?

 21   R.  Moi, j'y suis allée trois ou quatre fois seulement. Mais les hommes y

 22   allaient pratiquement tous les jours. Cela dépendait. Quand il n'y avait

 23   plus de bois de chauffe, il fallait y aller. Parce qu'ils se chauffaient

 24   avec des bois. Donc les bureaux des policiers, leurs dortoirs, et cetera,

 25   tout cela était chauffé avec du bois.

 26   Q.  Maintenant, je voudrais vous montrer un document.

 27   Mme DENNEHY : [interprétation] 65 ter 2916.5, je vais montrer ce document

 28   au témoin, mais je vais demander qu'il ne soit pas diffusé au public.


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  1   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pourriez-vous répéter le nombre.

  2   Mme DENNEHY : [interprétation] 65 ter 2916.5. C'est à l'intercalaire 8 du

  3   dossier de la Chambre.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous n'avons pas retrouvé ce document.

  5   Mme DENNEHY : [interprétation] Excusez-moi. Nous n'avons pas encore rendu

  6   ce document disponible, même si nous l'avons téléchargé. Donc c'est le

  7   document 65 ter 29161. A présent, il a été diffusé.

  8   Mais je vais montrer un autre document. 65 ter 6414. Mais je pense que

  9   maintenant on peut montrer le document précédent aussi.

 10   Merci, Madame la Greffière.

 11   Q.  Madame le Témoin, le document que vous voyez n'est pas montré au

 12   public. Est-ce que vous reconnaissez ce document ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que vous reconnaissez la signature en bas du document ?

 15   R.  Oui. C'est bien ma signature.

 16   Mme DENNEHY : [interprétation] Pourriez-vous nous montrer la deuxième page

 17   de ce document.

 18   Q.  Madame le Témoin, vous voyez un nom qui est encerclé là. Pourriez-vous

 19   nous le lire.

 20   (expurgé)

 21   (expurgé).

 22   Q.  Madame le Témoin, vous avez encerclé d'autres noms dans le document.

 23   Pourquoi l'avez-vous fait ?

 24   R.  J'ai reconnu les noms de ces femmes et de ces gens qui étaient avec moi

 25   à Begejci.

 26   Mme DENNEHY : [interprétation] Monsieur le Président, le Procureur souhaite

 27   verser ce document sous pli scellé.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Nous le versons sous pli

 


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  1   scellé.

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, 2916.5 va

  3   devenir la pièce P2994.

  4   Mme DENNEHY : [interprétation] Maintenant, je voudrais passer à huis clos

  5   partiel.

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Le huis clos partiel, s'il vous

  7   plaît.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  9   [Audience à huis clos partiel]

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 25   [Audience publique]

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.

 27   Mme DENNEHY : [interprétation]

 28   Q.  Madame le Témoin, vous avez été échangée le 10 décembre 1991. Et

 


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  1   vous avez dit dans votre déclaration que vous avez promis de retourner dans

  2   le secteur de Vukovar. Pourquoi n'êtes-vous pas retournée à Vukovar ?

  3   R.  Je suis rentrée à Vukovar. Nous avons rénové notre maison et nous avons

  4   essayé (expurgé)

  5   (expurgé) j'avais laissé. Ce n'était plus la même chose. Et les mêmes

  6   personnes n'y vivent non plus, car de nombreuses personnes ont été tuées ou

  7   de nombreuses personnes ont été portées disparues. Leurs parents ont

  8   vieilli et leurs enfants sont devenus adultes, et j'aimais ces enfants,

  9   mais eux et moi, nous ne passons pas du temps ensemble. Et, de surcroît, la

 10   situation économique est mauvaise. Le taux de chômage est élevé. La vie

 11   difficile à cet endroit-là. Et nos amis, nos amis serbes, ont plus de

 12   droits que nous, les Croates, et cela est douloureux pour moi car je

 13   souhaite que chacun ait les mêmes droits.

 14   Q.  Madame le Témoin, avez-vous des enfants ?

 15   R.  Oui. Je n'en ai pas parlé lorsque j'ai parlé du camp. J'étais enceinte

 16   de deux mois et demi lorsque les réservistes sont entrés dans mon village

 17   et m'ont emmenée à Sid et ensuite à Begejci. J'ai passé un mois à Begejci -

 18   - après les deux mois à Begejci, après l'échange, quatre mois et demi, j'ai

 19   donné naissance à un fils, qui est en bonne santé, et c'est un étudiant en

 20   droit en deuxième année aujourd'hui. Dieu merci. Et que Dieu me préserve,

 21   lorsque j'ai donné naissance à mon enfant, je me suis concentrée là-dessus

 22   beaucoup. Je suis très heureuse d'avoir ce fils. Je suis la femme la plus

 23   heureuse du monde.

 24   Mon mari savait que j'étais enceinte de deux mois et demi lorsque

 25   j'ai dû partir, et dans le camp j'ai perdu beaucoup de poids, donc les

 26   réservistes ne savaient pas que j'étais enceinte. De nombreux habitants de

 27   Vukovar, lorsque je suis retourné --

 28   L'INTERPRÈTE : Le témoin peut-elle répéter ce qu'elle a dit précédemment,


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  1   s'il vous plaît.

  2   Mme DENNEHY : [interprétation]

  3   Q.  Madame le Témoin, les interprètes ont du mal à vous entendre. Ce qui a

  4   été consigné au compte rendu d'audience est comme suit :

  5   "De nombreux habitants de Vukovar, lorsque je suis retournée…" Veuillez

  6   répéter ce que vous avez dit après cela, s'il vous plaît.

  7   R.  Lorsque je suis retournée à Vukovar, on m'a demandé comment il était

  8   possible de survivre dans le camp après tous ces mauvais traitements et

  9   passages à tabac. Parce qu'ils avaient appris d'autres détenus ce qui leur

 10   était arrivé. Et j'ai dit : Oui, j'ai survécu. L'homme est plus fort que

 11   l'acier.

 12   Q.  Vous dites que vous étiez enceinte lorsque vous étiez au camp. Comment

 13   cette détention à Begejci a-t-elle eu une incidence sur votre relation avec

 14   votre fils ?

 15   R.  Non -- ou, plutôt, je ne comprends pas votre question. Qu'est-ce que

 16   vous voulez dire ?

 17   Q.  De quelle manière votre détention a-t-elle modifié la perception que

 18   vous aviez de votre fils et la relation que vous avez avec lui ?

 19   R.  Cela n'a pas eu une grande incidence sur la relation avec mon fils. Je

 20   serais fière de mon enfant et heureuse même si je n'avais pas traversé tout

 21   cela. Lorsqu'une femme est enceinte, elle a besoin de soins, et moi, j'ai

 22   traversé ce même moment très difficile. C'est la raison pour laquelle je

 23   suis encore plus fière d'avoir pu donner naissance à un enfant en bonne

 24   santé, sans parler des conséquences.

 25   Q.  Merci, Madame le Témoin.

 26   Mme DENNEHY : [interprétation] J'en ai terminé avec mon interrogatoire

 27   principal.

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Madame Dennehy.


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  1   [La Chambre de première instance se concerte]

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je regarde l'heure.

  3   Madame le Témoin, nous allons avoir une pause de 30 minutes

  4   maintenant, et nous reviendrons à 11 heures. M. l'Huissier va vous

  5   raccompagner.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  7   [Le témoin quitte la barre]

  8   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est levée.

  9   --- L'audience est suspendue à 10 heures 34.

 10   --- L'audience est reprise à 11 heures 01.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Stringer.

 12   M. STRINGER : [interprétation] Oui Monsieur le Président, Messieurs les

 13   Juges.

 14   Avant que le témoin n'entre dans le prétoire, j'ai une question, qui

 15   n'a rien à voir avec ce témoin, que je souhaite aborder avec vous. Je

 16   souhaite m'excuser par avance à vous, Messieurs les Juges, ainsi qu'à la

 17   Défense car il s'agit d'une demande quelque peu tardive.

 18   Nous avons -- peut-être que les Juges de la Chambre ont peut-être

 19   l'impression, et ce serait exact, que nous avons eu un certain nombre de

 20   difficultés quand à l'organisation de notre calendrier (expurgé)

 21   (expurgé)

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 28   (expurgé). Je pense

 


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  1   que les Juges de la Chambre ne s'opposent pas à l'audition…

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis

  3   clos partiel pendant une minute, s'il vous plaît.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, nous sommes à huis

  5   clos partiel.

  6   [Audience à huis clos partiel]

  7   (expurgé)

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 14   (expurgé)

 15   [Audience publique]

 16   M. STRINGER : [interprétation] Donc, avec l'autorisation de la Chambre,

 17   nous souhaitons retarder l'audition du GH-169 à une date ultérieure.

 18   C'est ce témoin qui était censé commencer sa déposition après le témoin

 19   actuel. Ce témoin est ici. Nous avons un ou deux problèmes, mais le

 20   problème essentiel en ce qui nous concerne, c'est que, comme nous avons vu

 21   avec le témoin précédent, M. Olmsted, qui va interroger ce témoin-là, ne

 22   pourra pas être ici au moment d'auditionner ce témoin, et sur toute

 23   l'audition du témoin. Ceci a une incidence sur le témoin. Nous n'aimons pas

 24   commencer avec un avocat et ensuite avoir un autre avocat qui termine

 25   l'interrogatoire principal ou les questions supplémentaires, et c'est ce

 26   qui va se passer avec le Témoin GH-169.

 27   Donc nous pourrions -- pour être tout à fait transparents, nous pourrions

 28   commencer l'audition de GH-169, car ceci aurait notre préférence. Car

 


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  1   sinon, nous arriverons au mois d'octobre, et nous préférons dans ce cas

  2   faire revenir le témoin et le faire témoigner dans des conditions qui

  3   seraient meilleures, à la fois pour le témoin et pour l'Accusation.

  4   Donc cela signifie que nous n'allons pas siéger aujourd'hui, Monsieur

  5   le Président, après que la déposition de ce témoin-ci soit terminée.

  6   Ensuite, le mardi suivant, nous allons avoir GH-061. Il ne s'agit pas d'un

  7   témoin que nous allons entendre pendant l'intégralité de l'audience, peut-

  8   être un volet d'audience, peut-être deux volets d'audience. Et ensuite,

  9   mercredi de la semaine prochaine, nous aurons GH-063. Nous ne pouvons pas

 10   commencer trop tôt parce que son arrivée est réglementée.

 11   Nous sommes entre les mains des Juges de la Chambre, et si nos

 12   confrères ont des problèmes avec cela, en tout cas, voici notre demande.

 13   Donc nous souhaiterions entendre le Témoin GH-169 à une date ultérieure.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie.

 15   Maître Zivanovic.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous n'avons pas d'avis sur la question,

 17   Messieurs les Juges.

 18   [La Chambre de première instance se concerte]

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous faisons droit à votre demande,

 20   Monsieur Stringer. Donc vous pouvez agir en conséquence.

 21   M. STRINGER : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Monsieur le

 22   Président, Messieurs les Juges.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Faites entrer le témoin, s'il vous

 24   plaît.

 25   M. STRINGER : [interprétation] Avons-nous besoin de passer à huis clos ?

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je ne le pense pas.

 27   [Le témoin vient à la barre]

 28   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, contre-

 


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  1   interrogatoire pour vous.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.

  3   Contre-interrogatoire par M. Zivanovic : 

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame. Je m'appelle Zoran Zivanovic. Je suis

  5   l'avocat de Défense de Goran Hadzic en l'espèce, et je suis ravi de vous

  6   rencontrer.

  7   R.  Je suis ravie de vous rencontrer.

  8   Q.  J'ai lu votre déclaration. Vous l'avez sans doute sous les yeux ou vous

  9   êtes sur le point de voir votre déclaration à l'écran. Le numéro, c'est le

 10   2241.

 11   Tout d'abord, je vais vous poser cette question-ci --

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Dennehy.

 13   Mme DENNEHY : [interprétation] Je demande à ce que ceci ne soit pas diffusé

 14   à l'extérieur. Je n'ai pas entendu le conseil de la Défense dire cela. Je

 15   voudrais seulement protéger ce document.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous avez raison, Madame Dennehy.

 17   Merci.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 19   Q.  Dans votre déclaration, vous dites que le 30 mai 1990, vous êtes

 20   devenue membre actif de la Communauté démocratique croate. Qu'est-ce que

 21   cela veut dire, membre actif du HDZ ?

 22   R.  Cela veut dire que j'ai rejoint volontairement la Communauté

 23   démocratique croate. Que veut dire Communauté démocratique croate ? Pour

 24   moi, cela veut dire que tous les citoyens qui vivent en Croatie et qui

 25   appartenaient à l'époque à la Yougoslavie devaient être traités sur un pied

 26   d'égalité.

 27   Q.  Ce qui m'intéressait, c'était le terme "membre actif".

 28   R.  Ce n'est pas important.


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  1   Q.  Pourriez-vous nous expliquer la chose suivante. Vous nous avez dit que

  2   vous étiez membre de la force chargée du maintien de l'ordre et de la

  3   supervision. Quelles étaient exactement les tâches de ce groupe ?

  4   R.  Lors des rassemblements publics à Vukovar, lorsque le HDZ s'est

  5   présenté publiquement pour la première fois sur la Place Franjo Tudjman,

  6   c'est son nom aujourd'hui, des gens se sont rassemblés - vous savez comment

  7   ce genre de rassemblement se passe - et des barrières en métal ont été

  8   placées. De l'autre côté de ces barrières, beaucoup de Serbes qui vivaient

  9   à Vukovar s'y trouvaient et, bien sûr, ils étaient contre ce rassemblement.

 10   Et moi-même, en ma qualité de membre du HDZ, je portais un brassard. Je

 11   crois qu'on le voit sur les bandes vidéo également. J'étais chargée de leur

 12   dire : S'il vous plaît, circulez. Et ces personnes étaient libres de

 13   manifester en dehors de ce périmètre.

 14   Q.  Vous dites que ces personnes, en général, protestaient et que c'était

 15   normal. Que veut dire "normal", pour vous ?

 16   R.  Peut-être que ces personnes n'aimaient pas notre programme. Je ne sais

 17   pas pourquoi elles manifestaient.

 18   Q.  Pourriez-vous nous expliquer pourquoi la police ne se trouvait pas à ce

 19   rassemblement pour maintenir l'ordre ?

 20   R.  Eh bien, c'est pareil que pour tout autre rassemblement. Lorsque le

 21   parti serbe organisait un rally ou un rassemblement, une force de maintien

 22   de la paix ou une milice était présente aussi.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, je vois que votre

 24   question était la suivante : pourriez-vous expliquer pourquoi la police

 25   n'était pas à ce rassemblement ? Est-ce que vous êtes sûr que la police

 26   était au rassemblement ?

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, non. Mais je vois que c'était le

 28   service du HDZ qui s'occupait de l'ordre. Donc je suppose qu'il n'y avait


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  1   pas de forces de police --

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Demandons-le au témoin, alors.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Très bien.

  4   Q.  Madame, pouvez-vous nous dire s'il y avait des policiers sur cette

  5   place ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Vous nous avez dit que vous faisiez circuler les personnes qui

  8   manifestaient et que vous les éloigniez des barrières. Pourquoi la police

  9   ne s'est pas occupée de cela ?

 10   R.  La police le faisait aussi. Mais moi, j'étais volontaire du HDZ, donc

 11   je les ai aidés. Je me souviens très bien de ce que j'ai dit, j'ai dit :

 12   Circulez, s'il vous plaît, pour que le programme puisse continuer. Parce

 13   que ces personnes faisaient beaucoup de bruit.

 14   Q.  Je comprends de votre réponse que vous avez participé à plusieurs

 15   rassemblements et pas uniquement à celui de Vukovar en 1990. Est-ce que

 16   vous pourriez nous dire quand et où vous avez participé à d'autres

 17   rassemblements ?

 18   R.  Non, je ne l'ai plus jamais refait. Je n'étais qu'à Vukovar.

 19   J'ai participé fièrement aux rassemblements du HDZ qui ont eu lieu dans

 20   notre village, et aussi à Tovarnik, Lovas, Opatovac.

 21   Q.  En d'autres mots, il y a une erreur dans votre déclaration. Vous dites

 22   :

 23   "Pendant les rassemblements, par exemple, à Vukovar en 1990, je maintenais

 24   l'ordre en tant que membre de la police du HDZ."

 25   R.  Non, c'est juste. Certaines personnes appelaient ce groupe la police,

 26   et d'autres, le service de maintien de l'ordre. Mais en essence, c'est ce

 27   que la police est censée faire.

 28   Q.  Vous avez également dit que certains rassemblements avaient eu lieu à


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  1   Opatovac, au centre culturel. J'aimerais savoir la chose suivante : quel

  2   était le sujet des réunions qui avaient eu lieu dans ce centre culturel à

  3   Opatovac ?

  4   R.  Le sujet, c'est ce qui m'a poussée à rejoindre la Communauté

  5   démocratique croate, à savoir que nous serions traités sur un pied

  6   d'égalité, que toutes les populations, quelle que soit son appartenance

  7   ethnique, mais qui avaient la nationalité yougoslave, seraient traitées sur

  8   un pied d'égalité et vivraient bien.

  9   Si le peuple serbe avait présenté le même programme, j'aurais rejoint le

 10   parti serbe. Je voulais juste que toute la population cohabite dans de

 11   bonnes conditions.

 12   Q.  Mais qu'est-ce qui n'allait pas à ce moment-là pour vous ? Qu'est-ce

 13   qu'il fallait changer par le HDZ ?

 14   R.  Qu'est-ce qu'il fallait changer, qu'est-ce qu'il fallait corriger ? Eh

 15   bien, je pense qu'il y avait énormément de torture (expurgé)

 16   (expurgé) l'ex-Yougoslavie. Mais plus

 17   particulièrement à Vukovar, le directeur de l'hôpital était Serbe. Le

 18   directeur de l'école était Serbe. Le chef de la police était Serbe. Et les

 19   Croates occupaient des postes de rang inférieur, ils étaient les servants.

 20   En fait, nous étions les serviteurs des Serbes. Et cela ne nous convenait

 21   pas, évidemment. Nos salaires étaient moins importants, nos conditions de

 22   travail étaient pires. Donc nous voulions jouir de meilleures conditions

 23   pour nos vies.

 24   Q.  Vous avez dit que vous aviez eu l'honneur de contacter Branimir Glavas,

 25   Tomislav Mercep et un certain M. Gilja. D'après vos informations, est-ce

 26   que vous pourriez nous dire ce que ces personnes faisaient à l'époque à

 27   Vukovar et dans les environs ?

 28   R.  Ces hommes représentaient -- ou, plutôt, présentaient le programme du


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  1   HDZ qui visait à améliorer la vie et à garantir un meilleur avenir à la

  2   population.

  3   Q.  Est-ce que vous êtes au courant du fait que certains d'entre eux ont

  4   été accusés de certains crimes et mêmes condamnés ?

  5   R.  Oui, aujourd'hui je le sais. Branimir Glavas et Tomislav Mercep ont été

  6   accusés, malheureusement. Je dis "malheureusement" parce que ces personnes

  7   voulaient le bien de tous. Je ne crois pas aux accusations et aux chefs

  8   d'accusation qui ont portés contre eux. Mais je vous parle, là, tant que

  9   citoyen lambda.

 10   Q.  Est-ce que vous savez si certaines peines ont été appliquées ?

 11   R.  Je ne sais pas. J'ai regardé la télévision. Je les ai vus parfois aux

 12   informations, mais je ne connais pas les détails.

 13   Q.  Après votre départ du camp de Begejci vers la fin de l'année 1991 --

 14   R.  C'était le 10 décembre 1991. Cette date est gravée dans ma mémoire à

 15   jamais. C'est en fait la date qui a marqué ma renaissance.

 16   Q.  Oui, je voulais vous poser la question suivante. Une fois que vous êtes

 17   arrivée en Croatie, et ensuite vous êtes repartie à Opatovac, mais

 18   j'aimerais savoir si les autorités croates vous ont jamais invitée à

 19   raconter ce qu'il vous est arrivé à Begejci, à Opatovac et à Sid ? Est-ce

 20   que vous avez eu l'occasion de raconter votre histoire à des organes

 21   officiels ?

 22   R.  Oui, on m'a convoquée au poste de police. J'ai été interrogée, j'ai

 23   fait ma déclaration. A Zagreb aussi, à l'Association des prisonniers de

 24   camp, j'ai fait mes déclarations qui ont été enregistrées, et on les a

 25   reprises également par écrit.

 26   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la date ?

 27   R.  Non, désolée, je ne me souviens pas de la date. C'était il y a plus de

 28   21 ans. Je ne m'en souviens pas, non.


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  1   Q.  Essayons de resituer cela. Est-ce que cela a eu lieu avant votre

  2   déclaration au bureau du Procureur ?

  3   R.  Oui. Pour l'Association des prisonniers de camp, ma déclaration a été

  4   faite dès ma libération du camp, parce que c'est cette association qui

  5   s'est occupée de moi. Ça, je m'en souviens. Pour le reste, non, je ne peux

  6   pas vous donner de dates.

  7   Q.  Et l'Association des prisonniers de camp est basée à 

  8   Zagreb ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Et c'est à ce moment-là que vous avez fait votre déclaration ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et ensuite, vos autres déclarations, elles ont été faites à Zagreb ou

 13   ailleurs ?

 14   R.  A Zagreb.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic et Madame, pourrais-

 16   je vous demander de ménager une pause entre les questions et les réponses

 17   pour permettre aux interprètes de terminer d'interpréter vos propos, s'il

 18   vous plaît. Merci.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 20   Q.  Oui, effectivement, cela était assez rapide. Je vais répéter ma

 21   question.

 22   Je vous ai demandé si vous avez également fait les mêmes déclarations

 23   à la police de Zagreb, ou est-ce que cela a eu lieu ailleurs ?

 24   R.  Je l'ai fait à Zagreb.

 25   Q.  Est-ce que vous avez entendu dire, et si la réponse à cette question

 26   est oui, dites-moi quand, est-ce que vous avez entendu dire que des

 27   poursuites pénales ont été entamées au motif de crimes commis à Begejci,

 28   poursuites à l'encontre du commandant du camp qui s'appelait Zivanovic ?


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  1   R.  Oui, j'en ai entendu parler à la télévision. Je crois que c'est passé

  2   aux informations. Je ne suis pas sûre. Mais j'en ai entendu parler à un

  3   moment ou l'autre.

  4   Q.  Et est-ce que vous pourriez nous dire quand vous en avez entendu parler

  5   ?

  6   R.  Je ne sais pas. Je ne me souviens pas des dates. Désolée. J'en ai

  7   entendu parler… attendez, j'essaye de m'en souvenir. Il y a quatre ans

  8   peut-être. A mon domicile à Split, j'ai reçu une lettre me demandant de

  9   déposer dans l'affaire Zivanovic, parce qu'il était commandant du camp à

 10   Begejci. Et, bien sûr, j'ai accepté.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, est-ce que le

 12   compte rendu est exact ? Avez-vous bien parlé de crimes commis à Begejci

 13   contre le commandant du camp ?

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, non. Des poursuites contre le

 15   commandant du camp.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Très bien. Je comprends à présent.

 17   Merci.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 19   Q.  Et lorsqu'on vous a invitée à faire cette déclaration, est-ce que vous

 20   vous êtes exécutée ?

 21   R.  Non. On m'a dit qu'on m'en informerait par écrit. Mais jusqu'à

 22   aujourd'hui, je n'ai rien reçu.

 23   Q.  J'ai lu votre déclaration, voyez-vous, qui a été consignée en 1996 et

 24   j'ai également lu la déclaration - comment dire ? - que vous avez donnée au

 25   bureau du Procureur lorsque vous avez rencontré les représentants du bureau

 26   les 9 et 10 septembre. Etant donné que nous n'avons pas de traduction, je

 27   ne peux pas vous montrer ce document, mais je vais vous donner lecture

 28   d'une partie en anglais et vous entendrez l'interprétation.


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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il s'agit de l'intercalaire 3, du document

  2   1D789, paragraphe 15.

  3   Q.  C'est la note que le bureau du Procureur nous a envoyée pour nous

  4   informer de ce que vous avez passé en revue pendant les deux journées :

  5   "Le capitaine Zivkovic auquel elle fait référence au paragraphe 22

  6   était le commandant du camp de Begejci. Le témoin a fait remarquer qu'il

  7   s'agissait de la même personne que le lieutenant-colonel Miroslav

  8   Zivanovic, le commandant du camp de Begejci, après y avoir réfléchi."

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Dennehy.

 10   Mme DENNEHY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'aimerais

 11   demander que l'on ne diffuse pas ce document. Et j'aimerais également

 12   consigner au compte rendu qu'il s'agit d'une note de récolement qui est

 13   entrain d'être citée, qui a été envoyée par l'Accusation lundi soir. Cette

 14   note contient le nom du témoin et plusieurs détails, et je pense que nous

 15   devrions passer à huis clos et qu'il ne faudrait pas diffuser, en tout état

 16   de cause, ce document.

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Eh bien, passons à huis clos partiel. Je ne

 18   pense pas avoir révélé quoi que ce soit…

 19   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, mais ce document porte

 20   l'identité du témoin --

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, le texte, c'est exact.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ne diffusons pas le document.

 23   Veuillez continuer, Maître Zivanovic.

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 25   Q.  Et j'ai vu dans cette note pour la première fois que vous déclariez que

 26   ce capitaine Zivkovic - et ensuite, vous avez corrigé son nom en disant

 27   qu'il s'agissait de Zivanovic - que c'était lui le commandant du camp de

 28   Begejci.


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  1   Mais vous n'en aviez pas parlé lors de votre déclaration de 1996. Ma

  2   question est donc la suivante : est-ce que vous pourriez nous expliquer

  3   pourquoi vous n'avez pas dit à l'époque que ce commandant, quel que soit

  4   son nom, Zivkovic ou Zivanovic, que ce commandant était à la tête du camp ?

  5   R.  Personne ne me l'a demandé. Je ne pensais pas que son rang était

  6   important. Il était commandant. Il était là-bas. Et plus tard, j'ai appris

  7   que, entre autres, il avait été aussi commandant du camp.

  8   Q.  J'ai lu dans votre déclaration à plusieurs reprises que vous mentionnez

  9   ce nom de Zivkovic - appelons-le comme cela - et qu'il est capitaine. Est-

 10   ce que vous êtes capable de faire la distinction entre les différents rangs

 11   dans la JNA ?

 12   R.  Bien sûr. Je n'étais pas une enfant. J'étais déjà une adulte à

 13   l'époque. Trois étoiles, un uniforme vert, un calot, c'est ce qu'il

 14   portait. Et les gens disaient qu'il portait cela aussi. Il est lui-même

 15   venu au camp de Begejci et s'est présenté. Il m'a dit : Je suis le

 16   capitaine Zivanovic. Vingt ans plus tard, comme je l'ai dit, les choses

 17   sont un petit peu confuses. Mais quel que soit le nom que j'ai donné, c'est

 18   la même personne. Et je serais aujourd'hui, 21 ans plus tard, capable de le

 19   reconnaître, de vous décrire son apparence. Si vous me montriez sa photo en

 20   uniforme, je pourrais vous dire si c'est lui ou pas.

 21   Q.  Malheureusement, je n'ai pas de photographie, donc je ne peux pas vous

 22   les montrez. Mais j'aimerais vous posez une autre question. Vous nous avez

 23   dit qu'il portait trois étoiles sur son épaulette --

 24   R.  Oui, terminez votre question. J'ai voulu vous interrompre, mais allez-

 25   y.

 26   Q.  Savez-vous, par exemple, combien d'étoiles a un colonel ?

 27   R.  Je ne sais pas. Vous savez par quoi je suis passée. Je n'ai, ce jour-

 28   là, remarqué son uniforme qu'à son arrivée à Begejci. Je ne pouvais pas

 


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  1   faire la distinction entre les différents grades. Désolée.

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Dennehy.

  3   Mme DENNEHY : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais soulever

  4   une objection à cette question. Le témoin a déjà éclairci à plusieurs

  5   reprises lors de sa déposition que cette personne était le commandant du

  6   camp. Je pense que cette question a déjà obtenue une réponse.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez continuer, Maître Zivanovic.

  8   Voyons où vous voulez en venir.

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 10   Q.  En d'autres mots, vous saviez que trois étoiles correspondaient au

 11   grade de capitaine ?

 12   R.  Les étoiles n'importaient pas. Il est allé au camp, il s'est présenté

 13   et il m'a dit : Je suis le capitaine Zivkovic ou Zivanovic. Il s'est

 14   présenté avec ce grade-là. Et tous les prisonniers, nous tous qui étions

 15   présents, lorsque nous avons été échangés, et nous étions 500 ou plus,

 16   savions que c'était lui. Il s'est présenté en nous donnant son nom.

 17   Q.  Vous avez dit Zivanovic ou Zivkovic ?

 18   R.  Eh bien, ne m'embrouillez pas avec le nom de famille. Je pense que j'ai

 19   répondu à votre question.

 20   Q.  Merci.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Passons à huis clos partiel, s'il vous

 22   plaît.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, passons à huis clos partiel.

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

 25   Messieurs les Juges.

 26   [Audience à huis clos partiel]

 27   (expurgé)

 28   (expurgé)


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 13  Pages 8570-8573 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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  1   (expurgé)

  2   (expurgé)

  3   (expurgé)

  4   [Audience publique]

  5   Nouvel interrogatoire par Mme Dennehy :

  6   Q.  [interprétation] J'ai une question pour vous, Madame. Le conseil de la

  7   Défense a suggéré qu'il y avait une erreur dans votre déclaration. Il

  8   s'agissait de rassemblements qui ont eu lieu à l'époque. Est-ce qu'il y en

  9   a eu plusieurs qui se sont déroulés à l'époque ?

 10   R.  Pourriez-vous répéter la question. Mais lentement.

 11   Q.  Je voudrais vous poser une question au sujet des rassemblements qui ont

 12   eu lieu autour Vukovar. Vous en avez parlé dans la première page de votre

 13   déclaration préalable.

 14   Est-ce qu'il y a eu plus qu'un rassemblement ? Je parle de toute la

 15   région, pas seulement de la région de Vukovar. Est-ce qu'il y en a eu

 16   plusieurs ou un seul ?

 17   R.  Je ne sais pas…

 18   Q.  [aucune interprétation]

 19   R.  Je ne comprends toujours pas la question. De quoi parlez-vous, quel

 20   genre de rassemblement ?

 21   Q.  Vous avez parlez des rassemblements organisés par le HDZ, vous en avez

 22   parlé dans votre déclaration. Mais je peux vous donner lecture de cela, ça

 23   va être plus clair. Vous avez dit dans le paragraphe 5 de votre déclaration

 24   :

 25   "Au cours de ces rassemblements, par exemple, à Vukovar en 1990, je

 26   me suis occupée de l'ordre."

 27   Et donc, le conseil de la Défense a suggéré qu'il y a eu une erreur

 28   qui s'est glissée dans la phrase. Et je voudrais vous poser la question

 


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  1   suivante : est-ce qu'en tout le HDZ a organisé plus d'un rassemblement dans

  2   la région ?

  3   R.  Il y a une erreur. Il y a eu un rassemblement à Vukovar, à Lovas, à

  4   Tovarnik, à Opatovac. D'ailleurs, le SDS organisait leurs rassemblements

  5   aussi. Moi, je n'étais pas intéressée par leurs rassemblements à eux. Mais

  6   tous les partis ont présenté leur programme. J'espère que j'ai bien compris

  7   votre question.

  8   Q.  Oui, Madame le Témoin, vous avez répondu à la question posée.

  9   Mme DENNEHY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   [La Chambre de première instance se concerte]

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame le Témoin, à la page 27 - là,

 12   je m'adresse aux parties - vous avez dit que vous êtes retournée à Vukovar,

 13   mais vous n'avez pas daté cela. Pourriez-vous --

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis retournée à Vukovar après la

 15   réintégration paisible, après que nos maisons aient été rénovées.

 16   J'ai rénové ma maison, nous pensions rester vivre là-bas, mais il n'y

 17   a pas d'avenir là-bas, ni pour moi, ni pour mon enfant. Et aujourd'hui, les

 18   Serbes ont bien davantage de droits que les Croates, alors que moi

 19   j'aimerais bien vivre chez moi et j'aimerais bien que la situation soit la

 20   même pour tout le monde. Et j'espère que je vais retourner un jour là-bas

 21   et que je vais passer ma vieillesse là-bas.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Vous ne pouvez pas nous donner la

 23   date, mais peut-être que vous pouvez nous donner l'année ou peut-être même

 24   le mois ? Mais si vous ne pouvez pas, ce n'est pas grave, vous pouvez nous

 25   le dire.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Ma mémoire est bloquée. Je n'y arrive

 27   pas.

 28   Je vais essayer de m'en souvenir. Mon fils avait à peu près -- il


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  1   avait commencé à aller à l'école déjà. C'était avant qu'il ne commence à

  2   aller à l'école. C'était à peu près en 1997 ou 1996. Entre 1995 et 1996.

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien. Merci, Madame le Témoin.

  4   Avec ceci --

  5   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Avec ceci se termine votre

  7   déposition. Vous pouvez disposer en tant que témoin. Nous vous remercions

  8   d'être venue à La Haye pour aider le tribunal. Nous comprenons à quel point

  9   cet exercice a été difficile pour vous. Nous vous souhaitons un bon voyage

 10   de retour.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 12   [Le témoin se retire]

 13   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est levée.

 14   --- L'audience est levée à 11 heures 52 et reprendra le mardi 17

 15   septembre 2013, à 9 heures 00.

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