Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 9 septembre 2014

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour à tous dans le prétoire et

  6   autour de celui-ci.

  7   Madame la Greffière, veuillez, je vous prie, citer le numéro de

  8   l'affaire. 

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Il s'agit

 10   de l'affaire IT-04-75-T, le Procureur contre Goran Hadzic.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 12   Les présentations, à commencer par l'Accusation, s'il vous plaît.

 13   M. STRINGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Messieurs

 14   les Juges. Pour l'Accusation, Douglas Stringer; Lisa Biersay; notre commis

 15   à l'affaire, Thomas Laugel, et un stagiaire, Moritz von Normann.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 17   La Défense.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Pour la

 19   Défense de Goran Hadzic, Zoran Zivanovic, Christopher Gosnell, notre

 20   stagiaire --

 21   L'INTERPRÈTE : Dont l'interprète n'a pas saisi le nom.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 23   Monsieur Stringer, vous vouliez dire quelque chose.

 24   M. STRINGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. C'est une

 25   question d'intendance. Hier, en page 11 105 du compte rendu d'audience, la

 26   Chambre a accordé une cote MFI à un document dans l'attente de la

 27   traduction de note de bas de page. Ce document était le 65 ter 1939.13, et

 28   le MFI était le 3252. Nous sommes maintenant en mesure d'informer la


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  1   Chambre que la traduction a été terminée, il y a une révision de la

  2   traduction et téléchargement au prétoire électronique, ce qui fait que nous

  3   demanderions maintenant un versement au dossier.

  4   [La Chambre de première instance se concerte]

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ce sera admis et annoté.

  6   Maître Zivanovic, est-ce que votre témoin suivant est prêt ?

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je l'espère, Monsieur le Président.

  8   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Biersay.

  9   Mme BIERSAY : [interprétation] Je me suis levée parce qu'il y a une partie

 10   complémentaire dans ce prétoire. Il s'agit de M. Terzic. Et je crois que sa

 11   présence devrait également être consignée au compte rendu d'audience.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Eh bien, je voulais le faire une fois

 13   que je me serais adressé à M. Seselj, mais ce n'est pas une mauvaise

 14   suggestion que de le faire tout de suite, Madame Biersay.

 15   Alors pour les besoins du compte rendu d'audience, je précise que nous

 16   avons ici M. Terzic.

 17   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Terzic, est-ce que vous

 19   voulez bien vous présenter. Vous êtes Milan Terzic, n'est-ce pas, vous êtes

 20   conseiller juridique de M. Seselj, n'est-ce pas ?

 21   M. TERZIC : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Seselj. Est-ce que

 23   vous m'entendez dans une langue que vous êtes à même de comprendre ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous entends.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pouvez-vous nous donner votre nom et

 26   votre date de naissance pour les besoins du compte rendu d'audience, s'il

 27   vous plaît.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Vojislav Seselj. Je suis docteur

 


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  1   ès sciences. Je suis né le 11 octobre 1954. 

  2   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. Monsieur Seselj, vous allez

  3   maintenant donner lecture de la déclaration solennelle par laquelle un

  4   témoin s'engage de dire la vérité. Et je tiens à vous préciser que la

  5   déclaration solennelle que vous allez faire vous expose à des poursuites

  6   pour parjures dans le cas où vous induiriez qui que ce soit dans l'erreur

  7   en témoignant de façon non conforme à la vérité devant ce Tribunal.

  8   Est-ce que je peux vous demander maintenant de donner lecture de cette

  9   déclaration solennelle.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 11   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 12   LE TÉMOIN : VOJISLAV SESELJ [Assermenté]

 13   [Le témoin répond par l'interprète]

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Seselj, avant que de

 15   commencer à témoigner, bien que je crois bien que vous êtes tout à fait

 16   conscient de la chose, je me dois tout de même d'attirer votre attention

 17   sur l'article 90(E) du Règlement de procédure et de preuve de ce Tribunal.

 18   En vertu de cet article, vous pouvez faire objection pour ce qui est de

 19   répondre à une question posée par la Défense, l'Accusation, et même par les

 20   Juges, si vous estimez que cette réponse est susceptible de vous

 21   incriminer.

 22   Dans ce contexte, "incriminer" signifie dire quelque chose qui

 23   correspondrait à une reconnaissance de responsabilité ou de culpabilité

 24   pour un délit au pénal ou dire encore quelque chose qui pourrait fournir un

 25   élément de preuve pour abonder dans le sens d'une allégation au terme de

 26   laquelle vous auriez commis un délit au pénal. Mais si vous estimez que

 27   votre réponse est susceptible de vous incriminer et, qu'en conséquence,

 28   vous refuseriez de répondre à la question, ce Tribunal a quand même

 


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  1   l'autorité de vous y contraindre, de contraindre à répondre à la question,

  2   mais dans ce type de situation, le Tribunal s'assurera du fait que ce

  3   témoignage fourni par vous sous la contrainte ne puisse pas être utilisé à

  4   votre encontre, et ce, même dans une autre affaire qui pourrait être

  5   diligentée contre vous pour tout délit, si ce n'est, exception faite, du

  6   délit de faux témoignage. 

  7   Est-ce que vous -- enfin, si répondre à une question aurait des risques

  8   d'auto-incrimination, la Chambre vous a assuré les services d'un conseil

  9   juridique, M. Milan Terzic, ici présent, à qui je tiens de dire bienvenue

 10   dans ce prétoire.

 11   Maître Zivanovic, le témoin est à vous.

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges, Monsieur le

 13   Président.

 14   Interrogatoire principal par M. Zivanovic : 

 15   Q.  [interprétation] Monsieur Seselj, nous avons déjà fait connaissance. Je

 16   vais me présenter pour les besoins du compte rendu d'audience. Je m'appelle

 17   Zoran Zivanovic. Je suis le conseil de la Défense de Goran Hadzic dans ce

 18   procès.

 19   Je vais d'abord vous demander de nous dire quelles sont les écoles que vous

 20   avez faites.

 21   R.  J'ai fait une école primaire et un lycée, une faculté, enfin des études

 22   à la faculté de droit, des études de troisième cycle, et j'ai d'abord été

 23   maître ès conférence, et ensuite docteur ès science.

 24   Q.  Veuillez nous indiquer où est-ce que vous avez travaillé jusqu'à

 25   présent ?

 26   R.  J'ai d'abord travaillé à la faculté des sciences politiques à Sarajevo.

 27   J'ai été chargé de conférence dans la matière des relations

 28   internationales, mais comme j'ai été exclu de la Ligue des Communistes, et


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  1   déclaré non approprié comme enseignant avec les étudiants, j'ai été éloigné

  2   de la chaire, et j'ai été transféré vers un institut chargé des recherches

  3   sociales, et j'avais pour titre, assistant scientifique, ce qui correspond

  4   au titre de maître conférence.

  5   En 1981, j'ai été à Pristina comme enseignant à la faculté de droit,

  6   et en 1999, j'ai été nommé professeur à titre permanent à la faculté de

  7   droit de Belgrade, suite à quoi le régime mafieux de Zoran Djindjic, de ce

  8   traître de Zoran Djindjic, m'a éloigné après un putsch de mafieux le 5

  9   octobre 2000.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Zivanovic, un petit instant.

 11   Monsieur Seselj, puis-je vous demander de faire une petite pause entre la

 12   question qui vous a été posée et votre réponse parce que c'est le laps de

 13   temps nécessaire aux interprètes pour ce qui est de terminer d'interpréter

 14   la question qui vous a été posée. Merci.

 15   Maître Zivanovic, à vous.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 17   Q.  J'ai remarqué une petite erreur au compte rendu d'audience. Au tout

 18   début, vous avez dit que vous étiez à la faculté de droit de Sarajevo.

 19   R.  Non, j'ai été à la faculté des sciences politiques. J'ai fait des

 20   études à la faculté de droit de Sarajevo, mais j'ai d'abord été assistant,

 21   puis ensuite j'ai été chargé de conférence à la faculté des sciences

 22   politiques.

 23   Q.  Est-ce que vous pouvez nous décrire votre carrière politique, je vous

 24   prie.

 25   R.  Après avoir été expulsé du parti qui était le seul parti au pouvoir à

 26   l'époque, c'était en 1981, je me suis édifié comme étant -- enfin, j'ai

 27   édifié ma personnalité comme étant un dissident anticommuniste. Ça a duré

 28   jusqu'à l'an 1984, date à laquelle on m'a mis aux arrêts, et ce, pour un


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  1   texte que je n'avais même pas fait publié, une étude qui était intitulée

  2   "Que faire", j'ai été condamné à huit années de prison dans un procès qui

  3   est devenu fameux à Sarajevo. La cour suprême a réduit la peine à quatre

  4   années d'emprisonnement, et la cour fédérale à un an et huit mois, ce que

  5   j'ai fait comme prison. J'ai d'abord été condamné pour mise en péril de

  6   l'ordre sociopolitique et, par la suite, le jugement a été requalifié pour

  7   être qualifié de propagande hostile au pays.

  8   Q.  Je vais vous demander de répéter une fois de plus. A quelle peine vous

  9   avez été condamné par cette cour fédérale ?

 10   R.  La cour fédérale en 1986 a réduit ma peine à un an et dix mois, et

 11   c'est la peine que j'ai purgée en prison.

 12   Q.  Vous nous avez dit que vous étiez devenu un dissident anticommuniste.

 13   Est-ce que vous pouvez nous décrire les circonstances dans lesquelles ça

 14   s'est passé et comment se présentait la situation à l'époque dans le pays,

 15   et qu'est-ce qui vous a dirigé dans ce sens-là ?

 16   R.  C'était encore un régime de dictature titoiste et communiste non

 17   dissimulé, où l'on poursuivait les libres-penseurs, où il n'y avait pas de

 18   liberté de la presse et il n'y avait pas de système politique

 19   parlementaire. Il n'y avait pas de possibilité de créer des partis

 20   politiques. Et, qui plus est, il n'y a même pas pu y avoir de libres

 21   associations de citoyens. On a poursuivi, par conséquent, toute personne

 22   qui s'opposait à ce régime, qui était idéologiquement sur des positions

 23   différentes, toute personne qui dirait, ne serait-ce qu'une parole ou un

 24   mot contre un régime de ce genre.

 25   Q.  Est-ce que vous pouvez brièvement nous dire si avant votre arrivée ici

 26   au Tribunal, vous avez été condamné et, si oui, pourquoi ?

 27   R.  On m'a condamné plusieurs fois mais je n'ai jamais été condamné pour

 28   des délits déshonorables. Quand je dis cela, j'entends par là que j'ai été


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  1   condamné pour des raisons politiques. La première fois, c'était à Sarajevo

  2   en raison d'un manuscrit non publié que la police se prête à confisquer

  3   dans un train; ensuite, du temps du régime de Milosevic en Serbie, on m'a

  4   condamné quatre fois au total avant que Milosevic ne vienne au pouvoir. En

  5   1984, j'ai été arrêté dans le cadre d'un groupe qui avait assisté à une

  6   conférence Milan Djilas à la libre Université de Belgrade, illégalement

  7   organisée à Belgrade. Et la police a fait irruption et nous a tous arrêtés.

  8   Trois jours après, on nous a relâchés, et là, je n'ai pas été condamné. Le

  9   régime à Milosevic --

 10   Q.  Excusez-moi de vous interrompre. Je vous demande de parler un peu plus

 11   lentement pour que les choses soient bien consignées de façon exacte au

 12   compte rendu d'audience.

 13   R.  Je vais m'efforcer, bien que je me sois déjà efforcé.

 14   Le régime de Milosevic m'a mis aux arrêts et condamné quatre ou cinq fois.

 15   Les deux premières fois -- la première fois, ça été en septembre 1990 pour

 16   avoir organisé la signature d'une pétition afin que le mausolée de Josip

 17   Broz Tito soit déménagé hors de Belgrade et en raison de l'inscription de

 18   volontaires pour un départ de Knin aux fins de défendre la Krajina de

 19   Serbie. Là, j'ai été condamné à 15 jours. Ensuite, en raison de

 20   l'organisation de certains meetings politiques que la police a mis en

 21   débandade, d'abord on m'a condamné à 20 jours, puis à 25 jours, et j'ai

 22   purgé ces deux peines d'un coup. Mon parti a été déclaré hors-la-loi. Je ne

 23   dirais pas proclamé illégal, mais le régime a refusé de l'enregistrer, ce

 24   qui fait qu'un groupe de citoyens, mes collaborateurs les plus proches, a

 25   déposé ma candidature pour les fonctions de président de la république, et

 26   c'est la raison pour laquelle, une fois que je suis devenu candidat

 27   officiel, le régime m'a libéré de prison.

 28   Et on a transformé les peines purgées comme peine de simples polices. Donc,


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  1   j'ai été jugé pour des simples délits de police, cela relève des autorités

  2   exécutives. En 1984, j'ai été mis aux arrêts du fait d'un incident au

  3   parlement fédéral dont je n'avais pas assumé la responsabilité, mais le

  4   président du parlement. Et partant de faux témoignages, en simple police

  5   une fois de plus, j'ai été condamné à un mois de prison.

  6   J'ai été député fédéral et vous savez, dans un monde civilisé, le pouvoir

  7   exécutif n'a pas le droit de sanctionner les membres qui font partie de

  8   l'autorité législative. Donc, un tribunal de simple police ne peut en

  9   aucune façon juger un député, un membre du parlement. Il n'y a que les

 10   tribunaux réguliers qui peuvent le faire. Mais à l'époque, on a enfreint,

 11   on a piétiné cette règle.

 12   Et, par la suite, j'ai été condamné alors que je purgeais déjà ma peine de

 13   prison, j'ai été condamné à trois mois de prison, qui avaient auparavant

 14   fait l'objet d'un sursis, qui a été supprimé, et ce, en raison d'un

 15   incident à l'intérieur du parlement fédéral, où les effectifs de sécurité

 16   du parlement avaient essayé d'expulser de la salle un membre du Parti

 17   radical serbe et, nous autres, nous nous sommes tous opposés à ce fait. Et

 18   comme je faisais partie du reste et comme j'étais l'homme numéro un parmi

 19   les autres, j'ai été le seul avoir été condamné. Et, en tout et pour tout,

 20   j'ai fait quatre mois de prison.

 21   La fois passée, la dernière fois, on m'a arrêté début juin 1994 à Gnjline,

 22   où la police a interdit un rassemblement politique organisé par le Parti

 23   radical serbe, sans qu'il y ait de fondement juridique à cela. Puis, on a

 24   fait une mise en scène d'un incident. Un policier s'était habillé en civil,

 25   il a occasionné un incident, et c'est la raison pour laquelle une unité

 26   spéciale de la police a arrêté toutes les personnes présentes. Et là, j'ai

 27   été condamné en simple police à deux mois de prison. J'ai purgé cette peine

 28   à Gnjline, ça se trouve sur le territoire du Kosovo serbe.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, un instant, s'il

  2   vous plaît. En page 7, ligne 2, on fait état d'une année, en début de la

  3   ligne 12. Et dans la phrase suivante, on parle de délits mineurs, et ce, de

  4   simple police, qui étaient jugés par une branche appartenant à l'exécutif,

  5   au gouvernement. Et : "J'ai été ensuite arrêté suite à un incident au

  6   parlement fédéral."

  7   Quelle était cette année, Monsieur Seselj ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] 1994.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, c'est ce que je pense avoir

 10   entendu. Or, le compte rendu a consigné 1984, et cela devait être corrigé.

 11   Veuillez continuer, Maître Zivanovic.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] En 1984, c'est à Sarajevo que j'ai été

 13   condamné à huit ans de prison.

 14   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 15   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire au sujet du procès qui est diligenté

 16   contre vous devant ce Tribunal, pouvez-vous nous dire pourquoi est-ce que

 17   vous êtes poursuivi par ce Tribunal-ci ?

 18   R.  Eh bien, ce Tribunal-ci a diligenté un procès dû à de fausses

 19   accusations. Ça dure 12 ans. De toutes les façons possibles et imaginables,

 20   on s'est efforcés de me condamner, mais ils ne sont pas à même de le faire.

 21   Et je m'attends prochainement à un jugement d'acquittement et à une

 22   compensation à titre de dommages non- matériels, à concurrence de 12

 23   millions d'euros. J'ai été mis en accusation pour crimes de guerre et je

 24   n'avais rien eu à voir avec. On m'a condamné en raison de choses inventées

 25   de toutes pièces par de faux témoins qui ont été instruits pour que je sois

 26   mis en accusation.

 27   Et les Juges de la Chambre n'ont pas de fondement pour ce qui est d'une

 28   condamnation. Ça fait 12 ans que j'attends. On ne peut pas me laisser


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  1   partir à Belgrade parce que je suis un homme dangereux pour ces autorités

  2   traîtres à Belgrade et ils ne peuvent pas me condamner parce qu'ils n'ont

  3   pas pourquoi me condamner. Donc, je suis là en attente. Et c'est la

  4   première fois que je me retrouve dans un prétoire du Tribunal de La Haye au

  5   bout de deux ans. Dans un monde civilisé, ça ne se produit nulle part, ce

  6   genre de choses.

  7   Et ensuite, ici, au Tribunal de La Haye, j'ai été condamné à trois reprises

  8   pour un délit au pénal inventé de toutes pièces, qui est outrage au

  9   tribunal. Dans un monde civilisé, une fois de plus, ce type de peine fait

 10   l'objet de peines pécuniaires ou de peines disciplinaires au cours du

 11   procès. Mais dans un monde civilisé, jamais il ne s'est passé ou il n'est

 12   jamais arrivé qu'un accusé mis en accusation pour les pires des délits au

 13   pénal, au cours du procès, se voient à trois reprises mis en accusation

 14   pour outrage au tribunal. Ça n'a pu arriver qu'au Tribunal de La Haye, ce

 15   genre de choses.

 16   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire, je vous prie, comment se fait-il que

 17   vous vous soyez trouvé dans l'Unité de détention du Tribunal de La Haye ?

 18   R.  Le 24 février 2003, j'ai pris l'avion de la ligne aérienne normale

 19   entre Belgrade et les Pays-Bas. Je suis arrivé à La Haye, j'ai payé mon

 20   billet d'avion moi-même, et j'avais envisagé d'accomplir une tâche avec la

 21   reine néerlandaise. Lorsque l'avion a atterri, la police hollandaise a

 22   insisté pour que je sois le premier à quitter l'avion.

 23   Je suis sorti en m'attendant à un accueil avec des honneurs, et la police

 24   m'a amené de l'avion jusqu'à la piste de l'aéroport. Je m'étais dit qu'à

 25   [inaudible], on allait organiser une haie d'hommes à titre de cérémonie

 26   officielle, mais ils m'ont mis dans une voiture de la police et ils m'ont

 27   conduit jusqu'à Scheveningen, et depuis qu'on m'a amené dans cette prison à

 28   Scheveningen, on ne m'a plus relâché. Ils avaient voulu me relâcher, mais


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  1   ils voulaient que j'aille à Belgrade pour être à domicile en garde à vue.

  2   Et j'étais censé, donc, passer 12 ans ici puis encore quelques années là-

  3   bas, à la maison, en garde à vue et ne jamais être condamné. C'était cela

  4   l'intention, on m'envoie d'ici là-bas, je ne suis plus à La Haye, le régime

  5   là-bas doit me garder assigné à résidence, et on s'attendrait à ce que je

  6   sois assigné à résidence jusqu'à ma mort. J'ai deviné ce qu'ils voulaient

  7   et j'ai refusé, j'ai refusé d'y aller sous quelle que limitation que ce

  8   soit.

  9   Q.  Lorsque cette fois-là, le 24 février 2003, vous êtes arrivé ici à La

 10   Haye, est-ce que vous saviez qu'il y avait eu un acte d'accusation à votre

 11   encontre ?

 12   R.  Oui, j'ai appris qu'il y avait un eu un acte d'accusation avant

 13   que cela n'ait été divulgué au public. Je l'ai appris le 25 janvier, et

 14   cela m'a été dit par un homme à moi qui travaillait au bureau du Procureur

 15   de La Haye et me fournissait des informations à cet effet, ce qui fait que

 16   j'ai tout de suite tenu une conférence de presse et j'ai rendu la chose

 17   publique. Et l'acte d'accusation a été déballé rien que 20 jours plus tard.

 18   Et lorsque les journalistes, après ma conférence de presse, ont

 19   officiellement posé la question aux représentants du Tribunal de La Haye

 20   pour demander si c'était vrai, à savoir qu'il y avait un acte d'accusation

 21   de dressé à mon encontre, ils ont obtenu des réponses indéfinies : "On ne

 22   sait pas, on ne sait encore rien", et cetera, et ainsi de suite. Donc, j'ai

 23   été, moi, informé presque 20 jours avant que le bureau du Procureur ne

 24   l'ait rendu public à titre officiel.

 25   Q.  Est-ce que vous avez déposé dans d'autres affaires auprès du TPIY

 26   jusqu'à ce jour ?

 27   R.  J'ai déposé dans l'affaire contre Slobodan Milosevic pendant 14 jours

 28   et puis j'ai déposé dans l'affaire Karadzic. Je crois que cela a duré deux


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  1   jours, si ma mémoire est bonne.

  2   Q.  Aujourd'hui, vous avez déclaré notamment que vous étiez membre d'un

  3   parti qui n'était pas illégal mais que le régime avait refusé de

  4   reconnaître. Est-ce que vous pourriez nous dire quel était le nom de ce

  5   parti ?

  6   R.  Le nom de ce parti était le Mouvement chetnik serbe. Notre premier nom,

  7   en janvier 1990, était Mouvement de libération ou de liberté serbe.

  8   Ensuite, lorsque Vuk Draskovic a été exclu du Renouveau serbe, nous nous

  9   sommes unis en un parti qui s'est appelé le Mouvement de Renouveau serbe.

 10   Draskovic a été limogé de son poste en qualité de président, mais il n'a

 11   pas reconnu ce fait. Il a rassemblé ses partisans et il a agi comme s'il

 12   s'agissait du Mouvement de Renouveau serbe, mais cela a duré environ un

 13   mois, presque un mois.

 14   Il y a donc eu deux partis qui portaient le même nom, mais

 15   l'inscription des partis politiques n'avait pas encore commencé à l'époque,

 16   et nous nous étions dits qu'il était inutile de concentrer tous nos efforts

 17   et notre énergie sur cette compétition avec Draskovic, pour savoir quel

 18   parti était le vrai, celui d'origine. Le régime avait refusé d'enregistrer

 19   le mouvement, particulièrement parce que Draskovic était soutenu par le

 20   régime à l'époque et par les médias qui étaient gérés par le régime.

 21   Donc, nous avons décidé de changer le nom du parti en Mouvement

 22   chetnik serbe. Le régime communiste de l'époque avait beaucoup de préjugé

 23   contre le Mouvement chetnik, et cela découlait de la Deuxième Guerre

 24   mondiale, mais c'était un mouvement de libération tout de même. Draza

 25   Mihajlovic était à sa tête. Donc c'était le premier mouvement antifasciste.

 26   Ensuite, lorsque Hitler a commencé ses activités, ce parti-là a agi depuis

 27   Londres.

 28   Et, à cause de cela, le régime communiste de l'époque a refusé


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  1   d'enregistrer ce Mouvement chetnik serbe. Mais nous avons continué à être

  2   actif en tant que parti non officiel, nous avions plusieurs membres et

  3   partisans. Et, puis en février 1991, nous avons rejoint la plupart des

  4   conseils municipaux du Parti radical national pour former le Parti radical

  5   serbe.

  6   Ce Parti radical serbe est devenu l'un des plus grands partis

  7   politiques en Serbie. Malheureusement, nous avons été vicieusement attaqués

  8   par les services de renseignements occidentaux, et au sein du Parti radical

  9   serbe, il y a eu une nouvelle aile de formée, un parti progressiste a été

 10   créé, qui a été financièrement et politiquement soutenu par le régime qui

 11   avait été affaibli par le Parti radical serbe, dans une certaine mesure.

 12   Et aujourd'hui, nous ne sommes plus représentés au parlement. Mai

 13   j'espère que lorsque je retournerai à Belgrade, une fois que j'aurai été

 14   acquitté devant ce Tribunal, j'espère que le parti renaîtra de ses cendres

 15   et sera l'un des plus importants du parti du pays.

 16   Q.  Je pense qu'il y a eu une omission dans le compte rendu. Vous avez

 17   parlé de Drazan Mihaljlovic, et puis vous avez parlé de Londres, mais je

 18   pense que tout n'a pas été consigné. Dans quel contexte avez-vous parlé de

 19   Londres ?

 20   R.  Le colonel Draza Mihajlovic a commencé un soulèvement contre les

 21   occupants allemands en Serbie en mai 1941 en formant le Mouvement chetnik

 22   serbe et en lançant les premières attaques contre les Allemands. L'un de

 23   mes proches, Veselin Misita, était l'un des commandants de Draza, et il a

 24   libéré le 31 août 1941 la ville de Loznica. Il a libéré des Allemands. Ça a

 25   été la première grande victoire alliée sur les Allemands sur la totalité du

 26   territoire occupé en Europe.

 27   Bien sûr, les Communistes, le même jour ont tué le lieutenant-colonel

 28   Misita. Et, pour ce qui est de Draza Mihajlovic, dès qu'il a commencé à


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  1   lutter contre les Allemands, il a été reconnu par le gouvernement

  2   yougoslave exilé qui avait son siège à Londres à l'époque. On l'a promu au

  3   rang de général de l'armée, on l'a nommé ministre de la Défense et, en

  4   fait, ça été l'un des commandants principaux de la coalition anti-Hitler.

  5   Mais à cause des différents tours que Churchill a joué et à cause des

  6   accords qu'il avait passés avec Stalin, les alliés occidentaux ont retiré

  7   leur soutien à Draza Mihajlovic en 1943 et ont commencé à aider les

  8   Communistes ouvertement. Donc la trahison de Churchill vis-à-vis de Draza

  9   Mihajlovic nous a mis dans une situation où nous avons dû passer 50 ans

 10   sous une dictature communiste sanglante et nous n'en sommes toujours pas

 11   sortis aujourd'hui.

 12   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, alors si je

 13   regarde cette question d'éclaircissement que vous avez posée à M. Seselj et

 14   sa réponse, j'aimerais lui donner un "avertissement" sur les mots qu'il

 15   utilise. Quelles que soient les leçons à tirer de l'histoire et de

 16   l'histoire serbe, n'oubliez pas que tous ses propos et ses réponses seront

 17   retirés du temps qui vous avait été imparti. Vous en faites ce que vous

 18   voulez.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Q.  Je vais encore vous poser une chose s'agissant de votre dernière

 21   réponse. Est-ce que vous pourriez nous dire brièvement si le général

 22   Mihajlovic était le dirigeant de ce mouvement, et c'est en qualité de

 23   dirigeant les alliés occidentaux l'ont remercié de sa contribution à la

 24   victoire dans la Deuxième Guerre mondiale ?

 25   R.  Le général Mihajlovic a reçu la plus haute distinction américaine, la

 26   médaille d'honneur de la part du Congrès américain. Et ce n'est qu'après

 27   environ 40 ans que l'ambassadeur américain à Belgrade lui a décerné cette

 28   médaille, et c'est à la fille du général Mihajlovic qu'il l'a décernée.


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  1   Après la guerre, les Communistes ont réussi à capturer Draza Mihajlovic. Il

  2   y a eu un faux procès, il a été tué. Et à ce jour, sa tombe est inconnue,

  3   sa sépulture est inconnue.

  4   Q.  Autre question, est-ce que vous savez si après la guerre, un grand

  5   nombre de membres de ce mouvement, c'est-à-dire un grand nombre de

  6   Chetniks, se sont réfugiés dans des pays occidentaux ?

  7   R.  Beaucoup de Chetniks ont trouvé refuge en France, en Angleterre, aux

  8   Etats-Unis d'Amérique, au Canada, en Australie, et dans d'autres pays, mais

  9   dans une moindre mesure. Cependant, plus de Chetniks ont été abattus par

 10   les Communistes à la fin de la guerre, juste après la fin de la guerre. Il

 11   y a eu des fosses communes de Chetniks qui avaient été abattus en Serbie

 12   dans presque toutes les villes.

 13   Même si le régime de Tadic était un régime de traîtres, ces fosses

 14   communes ont été excavées, et lorsque Tomislav Nikolic et Aleksandar Vucic

 15   sont arrivés au pouvoir, cette excavation a été immédiatement arrêtée et le

 16   processus de la réhabilitation juridique de Draza Mihajlovic a été ralenti.

 17   Tout cela conformément à l'annonce de Tomislav Nikolic selon laquelle il

 18   fallait continuer la politique de Tito.

 19   Q.  Encore une question s'agissant de cela, et puis nous passerons à

 20   un autre sujet. Est-ce que vous savez si l'un des peuples du Mouvement

 21   chetnik qui ont obtenu asile dans des pays occidentaux ont été poursuivis

 22   pour crimes commis pendant la Deuxième Guerre mondiale ?

 23   R.  Non, jamais. Ils étaient respectés dans ces pays. Ils ont été honorés.

 24   Ils ont eu le droit de former leurs propres organisations de vétérans et

 25   ces organisations ont été actives jusqu'à l'extinction des mouvements

 26   chetniks. Je ne sais pas s'il y en reste encore aujourd'hui. Peut-être

 27   qu'ils sont tous morts depuis.

 28   Q.  Vous avez dit que le Parti radical serbe a été formé au bout du compte.


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  1   Est-ce que vous l'avez présidé pendant toute sa vie ?

  2   R.  Oui, et je continue à être le président du Parti radical serbe encore

  3   aujourd'hui.

  4   Q.  Pourriez-vous nous dire quel était le programme politique du Parti

  5   radical serbe ?

  6   R.  Eh bien, nous prônions l'unification. Nous voulions que la Yougoslavie

  7   survive, bien sûr, mais lorsque nous nous sommes rendu compte que cela

  8   n'allait pas fonctionner, lorsque les Slovènes et les Croates ont commencé

  9   leur soulèvement séparatiste, nous défendions la formation de la Grande

 10   Serbie, qui inclurait toutes les terres serbes, ce qui veut dire la Serbie

 11   d'aujourd'hui, incluant le Kosovo-Metohija, dont l'indépendance ne sera

 12   jamais reconnue par nous. Et puis la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine, le

 13   Monténégro, Dubrovnik, la Dalmatie, Lika, Banja, Kordun, la Slavonie et la

 14   Baranja.

 15   Q.  Et ce concept de la Grande Serbie incluait-il l'idée de nettoyage

 16   ethnique, c'est-à-dire nettoyer les territoires des membres d'autres

 17   groupes ethniques ou de groupes religieux ?

 18   R.  Absolument pas. Nous n'avons pas pensé à une nouvelle Grande Serbie.

 19   L'idée de concept existait déjà depuis des centaines d'années auprès du

 20   peuple serbe. Le premier qui a défini ce projet d'unification de toutes les

 21   terres serbes était le despote serbe, le comte Brankovic, au moment du

 22   siège de Viennes lorsque les Turcs tenaient Vienne. Il s'est adressé au

 23   tzar austro-hongrois et lui a proposé que toutes les terres serbes soient

 24   libérées des Turcs et qu'une Serbie soit créée, qui ferait partie de

 25   l'Empire autrichien.

 26   Le tzar austro-hongrois a accepté. Il a confirmé ce titre de despote à

 27   Brankovic. Et il l'a adoubé comte autrichien, et il l'a aidé à mener à bien

 28   ce plan. Donc, tout allait dans le bon sens au début. Il était aidé par les


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  1   Serbes qui avaient commencé le soulèvement et les Serbes qui vivaient sur

  2   le territoire de l'Empire autrichien.

  3   Le dirigeant de l'armée autrichienne a mené les combats contre les Turcs.

  4   Il a été tué au combat. Un nouveau général l'a remplacé, mais il a été

  5   incapable de les battre.

  6   Voilà, je vous ai dit tout cela pour vous raconter le contexte et

  7   l'historique de tout cela.

  8   Q.  Un instant. Je vais vous demander de ralentir car nous ne pouvons pas

  9   consigner vos propos totalement, vous parlez trop rapidement.

 10   Alors, vous nous avez déjà parlé de l'historique de ce projet. Mais ce qui

 11   m'intéresse, c'est autre chose. L'idée de la Grande Serbie, est-ce qu'elle

 12   a été promue par un autre parti politique en Serbie dans les années 1990 ou

 13   au cours du siècle dernier ?

 14   R.  Non, absolument pas. Seul le Parti radical serbe défendait ce projet,

 15   qui comprenait tous les territoires que j'ai déjà mentionnés. Tous les

 16   documents, que ce soit au sein du Mouvement de liberté serbe ou au sein du

 17   Parti radical serbe, défendaient directement et clairement l'unité et la

 18   fraternité entre les Serbes de foi orthodoxe, les Serbes de foi catholique,

 19   et les Serbes de confession musulmane, ainsi que les Serbes protestants.

 20   Et vous savez que sur le territoire que je vous ai mentionné, seul le serbe

 21   était parlé pendant des décennies. Les Croates ont essayé de corrompre

 22   cette langue en inventant de nouveaux mots, mais ils ne peuvent pas

 23   modifier cette langue totalement. Les Musulmans de Bosnie parlent serbe

 24   aussi. Je sais que le Tribunal de La Haye a créé ce terme "B/C/S", mais en

 25   fait, c'est du serbe. Et la linguistique reconnaît la langue serbe comme

 26   étant la seule.

 27   Mais les Croates disent qu'ils ont leur langue. En fait, cette langue est

 28   le croate de 1850, à la demande de Vuk Karadzic, il a été décidé que le


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  1   serbe deviendrait également une langue officielle. C'était le fondement de

  2   tout cela, où tous les catholiques serbes devaient devenir partie

  3   intégrante de l'organe croate. Et cette guerre qui a eu lieu dans les

  4   Balkans a été la guerre entre Serbes, les Serbes orthodoxes, les

  5   catholiques, les Musulmans. Nous n'étions qu'un seul et même peuple. Et

  6   beaucoup de vies ont été perdues, beaucoup de sang a coulé pour soutenir

  7   l'Amérique, l'Europe occidentale, nous sommes devenus des ennemis, des

  8   frères ennemis.

  9   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire quelle était la position du Parti

 10   social serbe, le SPS, dans les années '90 ?

 11   R.  Le Parti socialiste serbe a hérité ses pouvoirs de la Ligue des

 12   Communistes. Du jour au lendemain, le nom a changé. Ils sont devenus ce

 13   nouveau parti. La Ligue des Communistes a fait une alliance avec les

 14   socialistes, Parti travailliste, et est devenu le Parti socialiste. Seul le

 15   nom a changé. Tout le reste a perduré. Milosevic était toujours dirigeant

 16   du parti. Ils avaient toujours le pouvoir entre les mains. Et, en décembre,

 17   les élections présidentielles et parlementaires ont eu lieu et ils les ont

 18   gagnées. Il y a aussi eu des élections locales et ils ont fait carton plein

 19   presque partout.

 20   Q.  En décembre de quelle année ?

 21   R.  1990. Le Parti radical serbe n'a pas reçu la permission de se présenter

 22   à ces élections. J'étais le candidat à la présidence au nom d'un groupe de

 23   citoyens. Je n'ai pas obtenu des résultats très extraordinaires, mais je

 24   suis devenu très populaire grâce à mes apparitions à la télévision. C'est

 25   le seul moment où j'ai pu passer à la télévision avant les élections. Il y

 26   avait eu une censure auprès des médias auparavant, mon nom ne pouvait pas

 27   être mentionné, et je ne pouvais rien dire à la télévision.

 28   Q.  Quel était le lien entre le Parti radical serbe, d'une part, et le


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  1   Parti socialiste de Serbie, d'autre part ?

  2   R.  Nous étions extrêmement opposés les uns aux autres. Nous étions en

  3   conflit constant, en conflit constant avec le régime de Milosevic. Lorsque

  4   je regardais d'autres partis d'opposition, à l'exception de Vuk Draskovic,

  5   Milosevic ne faisait confiance à personne. Draskovic a été arrêté à deux

  6   reprises lorsqu'il a tué ou il a fait tuer, il a fait couler le sang dans

  7   les rues de Belgrade. Il n'y avait jamais eu de sang qui coulait dans nos

  8   rassemblements. Moi, j'étais toujours ciblé par ce régime. On disait que

  9   j'étais l'ennemi le plus sérieux, l'opposant le plus redoutable.

 10   Q.  Vous avez dit, entre autres, que vous aviez été arrêté à une reprise

 11   parce que vous étiez chargé d'une action visant à l'inscription de

 12   volontaires qui allaient être envoyés en Croatie et en Krajina.

 13   R.  Non, non, je n'avais pas compris votre question alors. Nous ne voulions

 14   pas envoyer de volontaires en Croatie, jamais. Même si cela fait partie de

 15   ma propagande, je disais souvent je vais envoyer des Chetniks pour capturer

 16   Tudjman, et cetera, et cetera, mais en fait nous n'avons jamais envoyé

 17   personne en Croatie. Nous avons envoyé nos volontaires exclusivement sur le

 18   territoire de la Krajina serbe pour défendre le peuple serbe et pas pour

 19   attaquer le peuple croate. Ces volontaires se sont simplement rendus pour

 20   défendre ce qui était la Serbie. C'est tout.

 21   Q.  Pourriez-vous nous dire si à l'époque où vous avez réuni ces

 22   volontaires, si le système étatique yougoslave fonctionnait encore en tant

 23   qu'institution qui était chargée de la défense de tous les citoyens, du

 24   respect de leur religion, de leur culte, et cetera. Pourriez-vous nous

 25   expliquer pourquoi vous avez fait ce que vous avez fait, étant donné que la

 26   police, l'armée, et d'autres institutions étaient chargées déjà de cela ?

 27   R.  Tudjman a repris pouvoir en Croatie et, à ce moment-là, il a expulsé

 28   immédiatement ou il a retiré le peuple serbe de la constitution, même si le


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  1   peuple serbe était un peuple sur un pied d'égalité avec le peuple croate en

  2   Croatie, mais il a voulu les transformer en minorité nationale, donc il y a

  3   eu beaucoup de confrontation. Les Croates ont commencé à poursuivre les

  4   Serbes déjà en 1990. Déjà en 1990, des réfugiés serbes ont commencé à

  5   arriver en Serbie. Il y a eu des heurts sur le terrain, parce que des

  6   Croates voulaient désarmer de force les postes de police serbe. Plusieurs

  7   Serbes ont été arrêtés, roués de coups, et beaucoup ont été tués également.

  8   L'armée populaire yougoslave, qui avait l'obligation de protéger

  9   l'intégrité territoriale de la souveraineté, et l'intégrité de l'Etat, tel

 10   que repris dans la constitution, n'a pas pu le faire. Au début, la JNA

 11   était neutre, était passive. Et les Serbes de la Krajina serbe ne pouvaient

 12   rien faire.

 13   Et puis, nous avons commencé nos activités depuis la Serbie de façon

 14   illégale, à partir du mois d'avril 1991 jusqu'à la fin du mois d'août 1991.

 15   Et ce n'est qu'au tout début du mois de septembre 1991, lorsque la JNA a

 16   commencé à participer à des activités armées, que nous avons passé un

 17   accord avec l'état-major général de la JNA selon lequel nos volontaires

 18   seraient incorporés à des unités de la JNA.

 19   Avant le 1er septembre, nous avions des formations parlementaires, nous

 20   avions nos propres forces armées qui combattaient pour défendre les

 21   villages serbes en Slavonie orientale et en Srem occidental. Nos

 22   volontaires ont remporté une énorme victoire à Boro Selo le 2 mai 1991, à

 23   ce moment-là ils ont combattu la police spéciale croate. Par exemple, nous

 24   avons envoyé ces volontaires, mais nous l'avons fait à l'insu du régime de

 25   Belgrade.

 26   La JNA et la police serbe ont essayé de nous empêcher de le faire. Le

 27   bureau du Procureur de La Haye avait à sa disposition beaucoup de

 28   documents, et il les a encore, qui prouvent comment la police a réagi à nos


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  1   tentatives. Cependant, étant donné que les volontaires étaient de très bons

  2   combattants et étant donné que la JNA s'est rendu compte finalement qu'elle

  3   était dans une situation assez délicate, elle a dû accepter de se rendre en

  4   Croatie. Les Croates avaient déjà bloqué les casernes de la JNA à plusieurs

  5   endroits et avaient mis en mal les vies d'officiers et leurs familles. Nous

  6   sommes tout de même arrivés à un accord avec la JNA selon lequel il n'y

  7   aurait plus de formations paramilitaires; en lieu de cela, nos volontaires

  8   seraient envoyés sous le commandement de la JNA. En d'autres mots, avant le

  9   1er septembre, j'étais le numéro un, le commandant, mais je n'étais pas le

 10   commandant de facto sur le terrain. J'étais le dirigeant de ces formations

 11   militaires.

 12   Après cela, nous avons envoyé tous les volontaires dans ces unités de la

 13   JNA, et nous n'avions plus d'unités dans la Krajina serbe. Plus en

 14   Republika Srpska non plus. Nulle part.

 15   Q.  Veuillez me dire quand vous avez rencontré Milan Babic pour la première

 16   fois ?

 17   R.  J'ai rencontré Milan Babic pour la première fois en 1990.

 18   Q.  Et quand avez-vous rencontré Milan Martic ?

 19   R.  En même temps que Milan Babic. Milan Babic était président de la

 20   municipalité de Knin. Il était également le président de l'association des

 21   municipalités de la Dalmatie du sud et de Lika, si je me souviens bien,

 22   mais bon, ça n'a pas d'importance, alors que Milan Martic était chef du

 23   poste de police de Knin. C'était avant la création de la Krajina serbe, qui

 24   est devenue par la suite la République de la Krajina serbe.

 25   Q.  Savez-vous quand le Parti démocratique serbe a été créé ?

 26   R.  Cela a été créé au début de l'année 1990 je crois, ou peut-être avant,

 27   je n'en suis pas certain. Cependant, une majorité de la population serbe

 28   dans la République fédérale de Croatie d'alors n'a pas voté en faveur du


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  1   Parti démocratique serbe. Ils ont voté pour un Croate, Ivica Racan, et son

  2   parti, le Parti des changements démocratiques. C'était l'ancien parti de la

  3   Ligue des Communistes, et ils pensaient que si Racan gagnait les élections,

  4   la Croatie allait rester au sein de la Yougoslavie et que le peuple serbe

  5   et le peuple croate resteraient égaux. Ils étaient contre Tudjman, et ils

  6   ne souhaitaient pas soutenir le Parti national serbe.

  7   Ce n'est qu'au moment où ils se sont rendu compte que tout avait été mis en

  8   scène en Croatie, l'Eglise catholique s'en est mêlée, et Ivica Racan et

  9   d'autres éléments pour asseoir Tudjman, ils se sont rendu compte de ce que

 10   représentait le régime de Tudjman. Le peuple serbe a continué, à ce moment-

 11   là s'est tourné vers le Parti démocratique serbe, et c'est à ce moment-là

 12   que cela a été créé sur toutes les terres serbes, sur l'ensemble des

 13   territoires habités par les Serbes.

 14   Par exemple, le maire de Vukovar, Slavko Dokmanovic, a été élu en 1990 en

 15   tant que candidat du Parti démocratique serbe parce qu'il pensait que

 16   c'était ce parti-là qui allait garantir l'égalité, mais tout ceci n'était

 17   qu'un gros mensonge.

 18   Q.  Savez-vous quand le Conseil national serbe a été créé ?

 19   R.  Le Conseil national serbe de SBSO, c'est cela que vous voulez dire ?

 20   Q.  Non, le Conseil national serbe de Krajina.

 21   R.  Cela, je ne pourrais pas vous le dire, pas de façon précise. Je sais

 22   quand le Conseil national serbe en SBSO a été créé. Alors croyez-moi ou

 23   non, je ne connais pas, je ne sais même pas si le Conseil national serbe en

 24   SBSO a jamais existé.

 25    La personne à la tête du Conseil national serbe était Koncarevic, et

 26   ensuite Petrovic. Il y en avait un qui était président de l'assemblée, et

 27   l'autre était président du conseil exécutif. Et cela a pu se passer début

 28   de l'année 1991, le premier semestre de 1991. Ilija Koncarevic, Ilija


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  1   Petrovic, je les connaissais tous deux fort bien.

  2   Q.  Vous souvenez-vous de votre première visite en Slavonie orientale

  3   ?

  4   R.  Cela, c'était le 9 mars 1991. Je me souviens de la date, parce

  5   que ce jour-là, Vuk Draskovic a créé le chaos, il était à la tête de partis

  6   politiques et il était à l'origine d'une effusion de sang. J'étais au Srem

  7   occidental et je me suis rendu dans sept villages, où j'ai tenu des

  8   rassemblements politiques, Bobota, Boro Selo, Mirkovci, Sodolov [phon],

  9   également. Je ne me souviens pas de tous les noms de ces villages parce par

 10   la suite je me suis rendu dans un nombre important d'autres villages. Donc,

 11   je ne me souviens pas des noms lors de cette visite-là.

 12   Q.  Vous souvenez-vous des personnes que vous avez rencontrées en 1991 ? Je

 13   veux parler des dirigeants politiques en Slavonie orientale.

 14   R.  J'ai rencontré Ilija Koncarevic, Ilija Petkovic, et un peu plus tard,

 15   Suskocanin, qui commandait la Défense territoriale de Borovo Selo. Vous

 16   savez, j'ai rencontré beaucoup de gens. Je ne me souviens pas de tous ces

 17   gens. Je suis un homme politique, et je rencontre des milliers des gens et

 18   si je ne rencontre par certaines personnes plusieurs fois à des occasions

 19   particulières, eh bien, je les perds de vue et je les oublie.

 20   Q.  Vous avez au cours de votre déposition parlé du fait que vos

 21   volontaires étaient à Borovo Selo. Veuillez nous dire, s'il vous plaît, qui

 22   souhaitait que les volontaires soient à cet endroit-là ?

 23   R.  C'était au mois d'avril, où, dans la première moitié du mois d'avril de

 24   l'année 1991, je me suis rendu à Borovo Selo et j'ai rencontré Vuska

 25   Suskocanin. C'était lui qui commandait la Défense territoriale dans ce

 26   village. Et c'est lui qui m'a demandé d'envoyer des volontaires du Parti

 27   radical serbe. J'ai nommé un de mes gardes du corps - il y en avait un qui

 28   était déjà là, Denis Baret, qui était là de son plein gré --


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  1   L'INTERPRÈTE : Le nom du garde du corps est inaudible.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] -- pour être les commandant et commandant

  3   adjoint pour ces volontaires pour que les conditions soient réunies et pour

  4   que leur hébergement soit organisé. Ensuite, j'ai envoyé un groupe

  5   important de volontaires de Belgrade.

  6   Il y avait beaucoup de tensions entre le régime de Tudjman et les habitants

  7   des villages serbes. Il y avait des barrages sur les routes. Il y avait des

  8   fusillades. Et à un moment donné avant le 2 mai, un accord a été conclu

  9   entre les Serbes locaux et les Croates aux fins de réduire les tensions,

 10   aux fins de normaliser la situation, de retirer les barrages, de façon à

 11   créer un climat pacifique qui permettrait de négocier un plan politique.

 12   Les Serbes pensaient que les barrages routiers allaient être enlevés. De

 13   nombreux volontaires sont repartis en Serbie, il n'y a que 16 ou 17

 14   volontaires qui sont restés. Il y en a un ou deux qui appartenaient au

 15   Parti du Renouveau serbe et les autres appartenaient au Parti radical

 16   serbe.

 17   Et en sachant fort bien que les Serbes se sont détendus, sont allés

 18   travailler dans les champs, c'était au début du mois de mai, et c'était

 19   l'époque de l'ensemencement, c'est des choses qui se faisaient

 20   manuellement, les volontaires rentraient en Serbie. Un petit groupe est

 21   resté.

 22   Et les Croates se sont organisés. Et ils sont montés à bord d'un autocar et

 23   de voitures. Et le 2 mai, c'était vers midi, ils ont fait irruption dans

 24   Borovo Selo et ont commencé à tirer avec des armes automatiques. A cette

 25   occasion-là, ils ont tué une personne qui n'était pas armée, Vojislav

 26   Milic, qui était un volontaire du Parti du Renouveau serbe, qui venait de

 27   Valjevo. Et il était assis devant le centre culturel. Il lisait son

 28   journal. Il ne portait aucune arme. Les Croates ont simplement tiré sur lui


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  1   et ils l'ont tué.

  2   Les autres volontaires ont été pris de court; cependant, ils se sont

  3   emparés de leurs armes, ils ont riposté. Les Croates étaient pris de

  4   panique. En conséquence, il y a eu de nombreuses victimes. Et 12 de leurs

  5   policiers ont été tués; d'après nos informations, le nombre de morts était

  6   beaucoup plus élevé. Ils n'ont jamais dénombré parmi les victimes les corps

  7   des policiers qui gisaient dans les champs et ainsi que ceux des

  8   mercenaires étrangers. Il s'agissait de membres de formations

  9   paramilitaires. Ils jonchaient les champs de blé.

 10   Q.  Alors, question encore concernant votre visite. Vous souvenez-vous de

 11   vous êtes rendu en Baranja ?

 12   R.  J'ai visité la Baranja pour la première fois en avril 1991, un ou deux

 13   jours après m'être rendu à Borovo Selo. Je suis allé à Belgrade après

 14   Borovo Selo, j'y ai passé quelques jours, et ensuite je suis allé dans la

 15   Baranja. Je ne me souviens pas de la date exacte, mais le bureau du

 16   Procureur dispose de toutes ces informations. Le bureau du Procureur

 17   dispose de l'ensemble du texte de mon allocution à Jagodnjak près de Bali

 18   Manastir. En raison de cette allocution, le régime croate, dirigé par

 19   Tudjman, m'a condamné à quatre ans d'emprisonnement par contumace et

 20   lorsqu'une amnistie a été accordée, j'ai été amnistié également. Donc, la

 21   peine était de quatre ans et demi.

 22   Q.  Y avait-il un endroit particulier où, dans les jours qui ont précédé

 23   cet accord que vous avez conclu avec la JNA, y a-t-il eu un moment où les

 24   volontaires ont été entraînés ?

 25   R.  Oui, à Prigrevica, près du Danube et de la rive du Danube, dans une

 26   ferme abandonnée, nous nous sommes installés dans un endroit où les

 27   volontaires ont été hébergés. Nous avons mis sur place un camp

 28   d'entraînement, qui était dirigé par Jovo Ostojic. Par la suite, je l'ai


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  1   proclamé voïvode, duc.

  2   Ensuite, donc, nous avons créé ce centre avec l'association des Serbes de

  3   Croatie. Il s'agissait de personnes qui vivaient dans différentes régions

  4   de la République fédérale d'alors de Croatie, qui faisait encore partie de

  5   la Yougoslavie à ce moment-là. Il s'agissait essentiellement d'officiers

  6   dirigés par Dusan Pekic.

  7   Et dans le courant de l'été de l'année 1991, nous nous sommes mis d'accord

  8   pour dire que les volontaires de différents partis politiques n'allaient

  9   pas se rendre de façon séparée sur le front. Au lieu et place de cela, nous

 10   avons décidé qu'il fallait nous unir et envoyer nos volontaires en même

 11   temps et de façon conjointe, de façon à ce que ces volontaires portent les

 12   mêmes insignes. Nous avons donc, à ce moment-là, introduit l'insigne qui

 13   porte le drapeau serbe parce que nous savions que nous devions enlever

 14   l'étoile à cinq branches, qui était l'insigne d'avant, parce qu'ils

 15   n'allaient pas se battre sous l'emblème ou avec l'emblème de la

 16   Yougoslavie. Certains partis politiques l'ont accepté mais n'ont rien fait,

 17   d'autres ont refusé, mais nous, le Parti radical, nous avons commencé à

 18   envoyer des volontaires de façon importante et nous les avons, à l'origine,

 19   entraînés de façon illégale à Prigrevica.

 20   Pendant les premiers mois, la police n'a pas pu découvrir cela. Nos

 21   volontaires ont traversé le Danube de façon illégale en habits civils et,

 22   de l'autre côté, ils recevaient des uniformes ou des parties d'uniformes,

 23   et ils avaient une très bonne réputation en tant que combattants au front.

 24   Le peuple serbe avait beaucoup d'estime et de respect pour ces hommes-là.

 25   L'armée populaire yougoslave s'est rendu compte de cela, et lorsque

 26   ladite armée n'avait plus le choix, l'armée s'est tournée vers le Parti

 27   radical serbe et, en août 1991, de nombreux officiers de haut rang de la

 28   JNA de l'état-major général sont venus me voir dans mon bureau et nous nous


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  1   sommes mis d'accord sur tout. Et à partir du 1er septembre de cette année-

  2   là, nous avons commencé à envoyer des volontaires exclusivement par le

  3   truchement de la JNA.

  4   Nous avons même décidé de renvoyer les volontaires qui avaient déjà été

  5   renvoyés en Serbie, et l'ordre a été donné que les volontaires devaient

  6   rentrer en Serbie et être ensuite redéployés par le truchement de la JNA.

  7   Cet accord a été parfaitement respecté, et à partir de ce moment-là il n'y

  8   avait plus aucune unité que l'on pouvait appeler paramilitaire. Ils étaient

  9   placés sous le commandement de l'armée de l'Etat.

 10   Q.  Est-ce que nous pourrions préciser un point, s'il vous plaît, parce que

 11   le compte rendu d'audience ne reflète pas tout de façon précise. Vous avez

 12   cité le nom de quelqu'un qui était à ce moment-là le commandant de l'état-

 13   major général, me semble-t-il.

 14   R.  Le chef d'état-major.

 15   Q.  Veuillez répéter son nom, s'il vous plaît. Qu'a-t-il demandé aux

 16   volontaires qui étaient déjà sur le terrain ?

 17   R.  C'était Ljubisa Petkovic. Et il a exigé dans une lettre dont dispose le

 18   bureau du Procureur, que tous les volontaires retournent immédiatement à

 19   Belgrade. Il y avait peut-être même un délai pour leur retour qui avait été

 20   fixé. Il y a des volontaires qui ont refusé de repartir, un groupe de

 21   Trpinje, par exemple a refusé, et cela a donné lieu à des problèmes.

 22   L'adjoint de Ljubisa Petkovic s'y est rendu, c'était Zoran Rankic, ou

 23   quelqu'un d'autre, je ne sais plus. Et, en tout cas, il a remis un rapport

 24   sur le manque de discipline, et cetera. Nous les avons tous rassemblés,

 25   nous avons imposé des mesures disciplinaires lorsque c'était nécessaire, et

 26   nous les avons intégrés aux unités de la JNA. Il fallait convaincre, il

 27   fallait déployer des efforts sur le plan diplomatique, et moi je les ai

 28   convaincus personnellement qu'il ne s'agissait plus de l'armée communiste,


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  1   c'était la seule armée que nous avions.

  2   Q.  Les gens qui n'avaient pas fait leur service militaire, ont-ils été

  3   acceptés en tant que volontaires ?

  4   R.  Non. Nous n'avons admis que les hommes qui avaient plus de 18 ans, qui

  5   avaient fait leur service militaire, qui avaient un casier judicaire

  6   vierge, et qui ne buvaient pas ou qui ne prenaient pas de drogue. La seule

  7   exception au service militaire était des femmes. Les femmes ont été

  8   intégrées parce que c'étaient des infirmières, et très souvent des

  9   combattants fort capables.

 10   Q.  Vos volontaires ont-ils jamais été envoyés dans un centre

 11   d'entraînement à Tara ?

 12   R.  Cela devait être en 1992 ou 1993; certainement pas avant cette date. A

 13   l'époque des combats pour la République de la Krajina serbe, je pense que

 14   ce centre n'existait encore pas. Je crois que Laki y est allé avec un

 15   groupe, mais lorsqu'il a vu que la police serbe, elle tentait d'intégrer

 16   nos volontaires dans leur service d'active en tant qu'unité complémentaire,

 17   ils ont abandonné.

 18   Q.  Alors, avez-vous pu ou saviez-vous pour quelle raison ces officiers de

 19   haut rang de la JNA souhaitaient avoir parmi eux vos volontaires ?

 20   R.  Ils n'avaient pas de choix, en fait. La mobilisation n'avait pas

 21   fonctionné. Au Monténégro, la réponse à la mobilisation était de 100 %,

 22   mais en Serbie, beaucoup moins. Pourquoi ? Parce que Slobodan Milosevic et

 23   son régime a essayé d'empêcher cette mobilisation, a essayé de l'entraver,

 24   car il y avait encore le risque suivant, les généraux communistes pouvaient

 25   encore organiser un putsch, ce qui aurait balayé Milosevic et Tudjman, et

 26   donc ils ont créé leur gouvernement avec l'aide de l'Occident pour

 27   préserver l'intégrité de la Yougoslavie et, en tout cas, c'est ce qu'ils

 28   avaient à l'esprit.


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  1   Drako Mamula le démontre très bien dans son livre qui a été publié à

  2   nouveau. Et Mamula a ajouté des éléments juste avant sa mort, et moi j'ai

  3   lu des extraits dans les journaux, de son livre, et il avoue qu'il avait

  4   pour idée de renverser Tudjman et Milosevic en même temps. Et Milosevic

  5   était au courant, et donc il ne leur a pas permis de mener à bien la

  6   mobilisation générale. Mais d'un autre côté, Milosevic soutenait l'envoi

  7   des volontaires, bien sûr, après notre accord avec la JNA, pas avant. Et,

  8   avant cela, sa police nous a persécutés. Ils savaient que la JNA ne

  9   pourrait jamais utiliser nos volontaires pour renverser le gouvernement,

 10   pour organiser un putsch, un coup d'Etat, étant donné que Branko Mamula

 11   dirigeait ce mouvement en faveur de la Yougoslavie, cela comprenait

 12   Kadijevic, Blagoje Adzic, Aleksandar Kadijevic, Petar Simic, et de

 13   nombreuses autres personnes.

 14   Et les échelons supérieurs de l'armée, après la Ligue des Communistes, eh

 15   bien, ces hommes-là avaient moins d'importance mais ils étaient tellement

 16   convaincus de leur idéologie, qu'ils ont créé leur propre parti qui

 17   comprenait des généraux, et ont demandé des officiers, des sous-officiers

 18   de la JNA d'en devenir des membres. Cela s'appelait la Ligue des

 19   Communistes - Mouvement pour la Yougoslavie. Et lorsque nous sommes

 20   parvenus à cet accord avec la JNA, mon animosité envers ces généraux n'a

 21   pas cessé. Nous avons donc envoyé nos volontaires pour défendre le peuple

 22   serbe. Mais, en même temps, au sein du parlement fédéral, je parlais

 23   ouvertement et de façon très véhémente contre Veljko Kadijevic et les

 24   autres généraux. Et j'ai même demandé à ce qu'il soit exécuté lors de mes

 25   allocutions, le cas échéant, bon vous avez toutes ces allocutions entre les

 26   mains du bureau du Procureur qui en dispose.

 27   Q.  Lorsque vous avez parlé de ce parti de généraux, la Ligue des

 28   Communistes - Mouvement pour la Yougoslavie, vous avez cité certains noms,


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  1   et je crois que l'un de ces noms a été omis. Donc je vais le répéter.

  2   R.  Aleksandar Vasiljevic n'est pas consigné au compte rendu d'audience.

  3   Q.  Vous avez dit que cet accord a été conclu avec la JNA au sujet de la

  4   participation de vos volontaires, les volontaires du Parti radical serbe au

  5   sein de la JNA. Cet accord a-t-il vraiment été appliqué ?

  6   R.  Il a été mis en œuvre de façon très stricte. Mais quelle que soit la

  7   haine des généraux de la JNA à notre égard, les hauts dirigeants de ce

  8   parti, les généraux, ont néanmoins respecté notre accord au pied de la

  9   lettre. Et nos volontaires ont reçu tout de suite l'équipement, les

 10   uniformes dernier cri, et ils ont été entraînés à Bubanj Potok, la caserne

 11   de la JNA, quelquefois dans d'autres casernes de la JNA. Et là, on leur a

 12   remis des armes, des uniformes, et ils ont quitté Belgrade pour aller sur

 13   le front. Ils recevaient également des soldes de soldats. Ces soldes

 14   n'étaient pas très élevées, néanmoins ils recevaient des soldes, et leur

 15   service militaire était inscrit dans leurs livrets militaires.

 16   Et lorsqu'un volontaire était tué, l'armée versait une petite

 17   retraite à la famille du soldat en question. L'armée s'occupait sur un plan

 18   financier de l'enterrement du soldat. Et lors de l'enterrement, l'armée

 19   nommait une garde d'honneur et des officiers qui portaient des baïonnettes

 20   qui accompagnaient, qui portaient le cercueil. L'armée envoyait une unité

 21   pour tirer depuis les canons, parce que c'était pour honorer le combattant

 22   qui était tombé. Et, ensuite l'armée a également chargé des coûts médicaux

 23   de l'académie médicale militaire de Belgrade.

 24   Et l'armée a respecté cet accord de Milosevic également. Alors, le régime

 25   de Milosevic appuyait l'envoi de volontaires. Et mêmes quelques policiers

 26   professionnels du régime de Milosevic sont allés au front, y compris Badza,

 27   par exemple.

 28   En parlant de volontaires, je peux vous dire, en fait, pour sûr que nos


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  1   volontaires, je ne vais pas aborder la question des autres volontaires, nos

  2   volontaires pouvaient partir en permission et être payés, quitter leur

  3   emploi et avaient même un salaire plus élevé, quelquefois, sur le front.

  4   Quelques fois, ils nous remettaient des éléments et des approvisionnements

  5   pour la famille et remettaient des choses pour la famille pour l'hiver.

  6   Quelques fois, nous soutenions ces familles et nous leur donnions des

  7   allocations. Lorsque les volontaires étaient envoyés au front, nous devions

  8   soutenir à la fois les dirigeants d'armée et le régime de Milosevic.

  9   Q.  Alors, juste une chose. Ces volontaires qui ont été envoyés et qui

 10   faisaient partie des unités de la JNA devaient répondre à qui dans le cas

 11   où ils commettaient des crimes ?

 12   R.  Alors, ils étaient responsables devant des tribunaux militaires. Et

 13   lorsqu'il y avait un danger imminent de guerre, les tribunaux militaires

 14   étaient les seuls tribunaux compétents. Et même en temps de paix, les

 15   tribunaux militaires étaient les seuls tribunaux compétents pouvant juger

 16   des militaires de carrière ou des hommes qui faisaient leur service

 17   militaire régulier. Et ces tribunaux militaires ont été abolis après l'an

 18   2000.

 19   Cependant, nous n'avons jamais reçu un quelconque rapport de la JNA. Un tel

 20   document n'existe pas, disant que nos volontaires avaient commis des crimes

 21   à quelque endroit que ce soit. Les officiers de l'armée ne tarissaient

 22   d'éloges envers eux, il s'agissait de gens très courageux et de très

 23   disciplinés. A chaque étape, à chaque moment, je n'ai entendu que de telles

 24   éloges.

 25   En 20 ans, même le bureau du Procureur n'a pas réussi à trouver un seul

 26   volontaire ou n'a pu identifier un seul volontaire envoyé par moi au front

 27   qui aurait commis un crime, un délit. Cela n'existe tout simplement pas.

 28   Q.  Encore une chose. Alors, vos volontaires combattaient en arborant quel


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  1   insigne ? Parce que la JNA arborait pendant un certain temps l'étoile à

  2   cinq branches.

  3   R.  Alors, à un moment donné - je ne me souviens pas exactement quand - la

  4   JNA a renoncé à l'étoile à cinq branches et a introduit un nouvel insigne

  5   avec le drapeau yougoslave. Mais après notre accord avec la JNA, nous nous

  6   sommes mis d'accord également pour dire que nous n'allions pas insister sur

  7   l'étoile à cinq branches. Et n'avons pas dit que nos volontaires

  8   préféreraient mourir plutôt que d'arborer l'étoile à cinq branches rouge

  9   des Communistes. Et on s'est mis d'accord. Et la JNA s'est mise d'accord

 10   pour dire que nos volontaires allaient arborer la cocarde chetnik sur leurs

 11   couvre-chefs. Et lorsqu'ils le recevaient, en fait, cet insigne avec une

 12   étoile à cinq branches, ils allaient l'enlever et la remplacer par notre

 13   blason. Et de la même manière, nos volontaires ont cessé d'accuser et de

 14   critiquer les officiers qui arboraient l'étoile à cinq branches et parce

 15   qu'ils les appelaient des cocos, et cetera et des traîtres. Donc, nous

 16   avons mis tous nos désaccords de côté et nous nous sommes unis pour

 17   défendre le peuple serbe.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, je crois qu'il

 19   convient de faire la pause.

 20   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Zivanovic.

 21   Nous allons avoir notre première pause, pause de 30 minutes, et nous

 22   reviendrons à 11 heures. L'audience est levée.

 23   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 24   --- L'audience est reprise à 11 heures 02.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, veuillez continuer.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 27   Q.  Monsieur Seselj, avant la pause, nous étions en train de parler du

 28   remplacement de l'étoile à cinq branches par un drapeau tricolore sur les


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  1   uniformes de la JNA. Je vais vous montrer un document ou plutôt un article

  2   des journaux de l'époque. Le 1D579, s'il vous plaît.

  3   R.  Je ne l'ai toujours pas sur mon écran.

  4   Q.  Ça ne va pas tarder.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Zivanovic, comme vous le

  6   savez, il serait utile de nous donner l'intercalaire.

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, l'intercalaire est le numéro

  8   4.

  9   Alors, j'aimerais qu'on zoome un petit peu éventuellement, si possible,

 10   l'original.

 11   Q.  Ici, il est question, justement, de ce nouveau symbole, ce nouvel

 12   insigne, qui est censé remplacer l'étoile à cinq -- rouge. Et c'est

 13   clairement indiqué dans la dernière phrase. On voit que la décision a été

 14   prise par la présidence de la RSFY le 16 octobre. Etant donné que nous

 15   n'avons pas mentionné jusqu'à présent cette institution, est-ce que vous

 16   savez nous dire quelle était la relation qui existait entre la présidence

 17   de la RSFY et la JNA ?

 18   R.  La présidence de la République socialiste fédérative de Yougoslavie

 19   était le commandement Suprême de l'armée populaire yougoslave. Elle

 20   exerçait sa souveraineté pour la prise de ce type de décision suite à la

 21   prise d'une proclamation de danger de guerre imminent. Et s'il n'y avait

 22   pas eu ce danger de guerre imminent, il aurait été nécessaire d'adopter une

 23   loi fédérale. Mais dans une situation de danger de guerre imminent, la

 24   présidence de la RSFY avait l'autorité et les compétences nécessaires pour

 25   promulguer une loi ayant force d'obligation.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je demanderais un versement au dossier.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Ce sera admis au dossier et annoté.

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce D186, Messieurs les Juges.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  3   Q.  Monsieur Seselj, vous avez parlé des volontaires envoyés par le Parti

  4   radical serbe au théâtre de combat dans les rangs de la JNA, et que vous

  5   nous indiquiez de façon précise sous le commandement de qui ces volontaires

  6   se sont trouvés là-bas ?

  7   R.  Ils étaient placés sous le commandement des commandants de ces unités

  8   dans les rangs desquels ils sont allés se battre. Par exemple, à Vukovar,

  9   dans le Groupe opérationnel sud, ils faisaient partie de la Brigade

 10   motorisée de la Garde; dans le Groupe opérationnel nord, ils faisaient

 11   partie du Corps de Novi Sad, donc c'était selon les endroits où ils étaient

 12   envoyés. En Slavonie occidentale, ils ont été placés sous le commandement

 13   d'un colonel d'active. Il s'appelait Trbojevic, cet homme. Il était

 14   commandant de la Défense territoriale de la Slavonie occidentale. Voilà.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Zivanovic, un instant, je

 16   vous prie.

 17   Monsieur Seselj, puis-je vous demander une fois de plus de faire une pause

 18   entre la question posée par M. Zivanovic et le début de votre réponse. Ça

 19   peut être utile de compter jusqu'à dix avant de commencer à répondre parce

 20   que ça fournira aux interprètes la possibilité de terminer leur

 21   interprétation. Si ce n'est pas le cas, une partie de votre réponse sera

 22   perdue. Merci.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'efforce véritablement, je vous le dis de

 24   façon sincère, je m'efforce de faire des pauses et de parler le plus

 25   lentement possible, mais des fois j'oublie, et c'est peut-être un signe de

 26   vieillesse que d'oublier.

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 28   Q.  Est-ce que cela signifie que les volontaires envoyés par le Parti


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  1   radical serbe étaient en fait sous le commandement d'officiers d'active de

  2   l'armée populaire yougoslave ?

  3   R.  Oui. A compter du 1er septembre et au-delà, ils n'ont été que sous le

  4   commandement des officiers d'active de la JNA.

  5   Q.  Est-ce que cela a duré pendant toute la durée de leur séjour au champ

  6   de bataille, c'est-à-dire pour ce qui est des périodes qui ont été

  7   inscrites dans leurs livrets militaires respectivement ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Est-ce que vous savez nous dire si l'un quelconque des hauts gradés

 10   dans l'armée avait précisé que les volontaires du Parti radical serbe se

 11   trouvaient sous son commandement ?

 12   R.  C'est le bureau du Procureur de La Haye qui m'a fourni un document

 13   officiel montrant que le commandant de la 1ère Région militaire, le général

 14   Zivota Panic, a fait une déclaration disant que les volontaires du Parti

 15   radical serbe faisaient partie des effectifs de la JNA; c'est-à-dire qu'ils

 16   étaient placés sous leur commandement. Je l'ai reçu, ce document. Je ne

 17   l'ai pas sous la main en ce moment.

 18   Q.  On va le voir, justement.

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il s'agit du P2715, intercalaire 2. Il

 20   s'agit de la page 25 en version anglaise. L'original, c'est la page 26, et

 21   ça déborde un peu sur la page 27. Si on peut nous montrer ou zoomer la

 22   partie inférieure de l'original, je crois que c'est justement dans cette

 23   partie de la page que ça se trouve.

 24   Q.  Est-ce que vous êtes à même de voir cette partie où on parle --

 25   R.  Je ne sais pas de quel document il s'agit ici. C'est peut-être la

 26   déclaration de Panic. Je vois dans la version anglaise le nom de "Panic".

 27   On le voit un peu dans la version serbe.

 28   Q.  Est-ce qu'on peut déplacer un peu l'original vers la droite de l'écran,


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  1   et vous allez voir l'abréviation. Voilà.

  2   R.  Oui. Il s'agit probablement d'une interview effectuée par l'Accusation

  3   avec le général Zivota Panic. Enfin, je le suppose, compte tenu de la forme

  4   du texte ici.

  5   Q.  Il s'agit d'une interview accordée aux médias étrangers, mais nous

  6   allons nous pencher sur la teneur de ce qui est dit.

  7   Et je vous renvoie vers le bas de la page en langue serbe. Il est dit ici

  8   que : "Ces volontaires étaient les Tigres d'Arkan et les Chetniks de

  9   Seselj. Ce n'étaient pas de gros groupes." Et je vous prie de nous montrer

 10   la page suivante, s'il vous plaît. Il est dit, donc : "Toutefois, tous ces

 11   effectifs-là, je les ai placés sous mon commandement et ils ont accompli

 12   les missions confiées à l'unité dans laquelle ils se trouvaient."

 13   Est-ce que ce sont des propos tenus par le général Panic ici et est-ce que

 14   c'est vrai ?

 15   R.  C'est tout à fait vrai. Et je préciserai, qui plus est, que nous avons

 16   eu des volontaires qui ont été envoyés par formations de 100 ou 120 hommes,

 17   donc ça correspondait aux effectifs d'une compagnie. Ces volontaires

 18   avaient à leur tête l'un d'entre eux qui avait fait ses preuves au combat

 19   déjà, qui avait montré qu'il était apte à combattre. Nous n'avions pas

 20   constitué de formations plus grandes parce que pour des formations plus

 21   grandes, il était indispensable d'avoir des officiers scolarisés à cette

 22   fin. Donc, nos volontaires qui se trouvaient là-bas étaient à même de

 23   commander des effectifs qui étaient de la taille d'une compagnie au plus.

 24   Q.  Est-ce que vous pouvez, je vous prie, nous dire si les volontaires du

 25   Parti radical serbe avaient participé aux opérations de Vukovar en 1991 ?

 26   R.  Oui, de façon très active, ils ont de gros mérites pour la libération

 27   de Vukovar. Ils ont participé aussi dans les effectifs du Groupe

 28   opérationnel sud et du Groupe opérationnel nord.


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  1   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire une chose encore au sujet de ces

  2   volontaires du Parti radical serbe qui ont été dans le Groupe opérationnel

  3   sud ? Dans quelle unité ont-ils été au final affectés ?

  4   R.  Suite à ordre du commandant de la Brigade motorisée de la Garde,

  5   colonel Mile Mrksic, qui est devenu par la suite général, tous les

  6   volontaires du Parti radical serbe ont été intégrés dans le détachement de

  7   la Défense territoriale qui s'appelait Leva Supoderica, qui, lui, a fait

  8   partie intégrante de la Brigade motorisée de la garde. Il n'y avait pas que

  9   nos volontaires à nous; il y avait des volontaires d'autres partis, et des

 10   volontaires qui étaient venus de leur plein gré pour se porter volontaire à

 11   titre individuel. Donc, la plupart des membres de cette unité avaient été

 12   envoyés par le Parti radical serbe.

 13   Q.  Pouvez-vous nous dire qui était le commandant de cette unité appelée

 14   Leva Supoderica ?

 15   R.  C'était un capitaine de la réserve, un capitaine de réserve, Milan

 16   Lancuzanin, surnommé Kameni.

 17   Q.  Est-ce qu'à l'époque c'était un membre du Parti radical serbe ?

 18   R.  Non. A cette époque-là, Milan Lancuzanin, Kameni, n'était pas membre du

 19   Parti radical serbe. Par la suite, il en est devenu membre, oui. Il a

 20   d'abord été un sympathisant puis quand il a vu nos volontaires à l'œuvre,

 21   il s'est affilié au parti. Je crois que pendant les tous premiers mois de

 22   l'année 1992, il est devenu membre de notre parti. Et de nos jours encore,

 23   il en est membre.

 24   Q.  Est-ce qu'au fil des opérations de Vukovar, vous vous êtes déplacé dans

 25   le secteur de Vukovar ou vers le secteur de Vukovar ?

 26   R.  Oui. Je suis allé des deux côtés, et je suis allé deux fois du côté

 27   sud, une fois en octobre et la dernière fois, le 8 novembre. Mais j'ai fait

 28   mon apparition à Borovo Selo et dans les autres parties du nord, à Trpinja.


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  1   Je suis allé voir des positions avancées de Tenja, il y avait là des

  2   volontaires du Parti radical serbe qui ont pris part aux combats là-bas.

  3   Q.  Je vais commencer par votre premier déplacement vers Vukovar. Est-ce

  4   que vous pouvez nous dire combien de temps vous y êtes resté ?

  5   R.  Eh bien, la première fois, je suis arrivé le matin et je suis reparti

  6   tard le soir. J'ai rendu visite à toutes les lignes du front, et le soir,

  7   le commandant de la Brigade de la Garde, le colonel Mrksic, a organisé un

  8   dîner dans son QG de Negoslavci. Je m'en souviens bien, on a mangé des

  9   haricots avec des saucisses, comme le reste de l'armée. Le casque que je

 10   portais était trop petit pour ma tête, je n'ai pas su bien le placer sur ma

 11   tête et on a fait des blagues à mes dépens. Et le chef de l'état-major de

 12   la Brigade de la Garde, le lieutenant-colonel de l'époque et général de nos

 13   jours, Milorad Panic, m'a offert son casque.

 14   Pourquoi je vous le dis ? Pour vous faire savoir et comprendre que ce sont

 15   des choses qui me sont restées gravées dans la mémoire de façon très

 16   profonde.

 17   Q.  Est-ce qu'à ce moment-là vous auriez rencontré des responsables

 18   politiques ou des responsables des autorités civiles lorsque vous êtes allé

 19   pour la première fois à Vukovar, à savoir lorsque vous avez rendu visite à

 20   cette Brigade motorisée de la Garde ?

 21   R.  Je ne me souviens d'aucun responsable politique que j'aurais

 22   éventuellement pu rencontrer. Je n'ai été en compagnie que de militaires -

 23   officiers, soldats, volontaires, membres de la TO. Et lors de l'inspection

 24   des premières lignes du front, il y avait un commandant à mes côtés,

 25   Borivoje Trajkovic. Et il y a une photo de nous deux où on déambule dans

 26   une grande rue de Vukovar, ça été repris par plusieurs journaux. Et

 27   Trajkovic s'était plaint, il est devenu général au sein des effectifs de la

 28   gendarmerie en Serbie, et il m'a dit que cette photo en ma compagnie lui a


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  1   porté bien des torts dans la vie parce que quand nous nous sommes

  2   confrontés au régime de Milosevic, ça a perturbé sa carrière militaire, qui

  3   était une carrière militaire brillante, autrement dit.

  4   Q.  Autre chose. Est-ce qu'on peut --

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Biersay.

  6   Mme BIERSAY : [interprétation] Excusez-moi d'interrompre. Je voudrais

  7   rectifier quelque chose au compte rendu. Je crois que c'est en page 36,

  8   lignes 9 à 10, je crois que la réponse a été jointe à la question, ce qui

  9   fait qu'on n'a pas fait la distinction. Et il faudrait séparer la réponse

 10   du texte de la question au niveau de cette ligne. Je crois que la réponse

 11   commence par : "Que le commandant de la Brigade motorisée de la garde a

 12   donné l'ordre…" et cetera.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Il y a un ordre écrit du colonel Mrksic

 14   qui dit que les volontaires du Parti radical serbe doivent être intégrés à

 15   l'Unité de Leva Supoderica. Et le bureau du Procureur dispose du texte de

 16   l'ordre en question.

 17   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Zivanovic, vous êtes

 18   d'accord avec ce que Mme Biersay vient de dire ?

 19   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, je suis d'accord avec l'Accusation,

 20   Monsieur le Président. La question et la réponse ont été collées l'une à

 21   l'autre.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Est-ce que vous êtes aussi d'accord

 23   avec la solution qui a été proposée ?

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, oui.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien, merci.

 26   Continuons. On en a pris bonne note.

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 28   Q.  Veuillez nous décrire votre deuxième déplacement vers Vukovar lors des


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  1   opérations de Vukovar.

  2   R.  Lorsque je suis allé pour la deuxième fois à Vukovar, ça s'est passé le

  3   8 novembre, j'imagine. Je n'aurais pas gardé en mémoire cette date, mais je

  4   l'ai retrouvée dans les écrits de l'Accusation. Là, je suis resté deux

  5   jours. J'ai passé à nuit à Vukovar. Et j'ai inspecté toutes les premières

  6   lignes du front une fois de plus. Je me suis entretenu avec les

  7   volontaires, avec leur comandant, M. Lancuzanin, certains officiers que

  8   j'ai rencontrés sur la ligne de front.

  9   Cette fois-là, je ne suis pas allé à Negoslavci, chez Mrksic, pour ne pas

 10   qu'il s'imagine que je me suis invité moi-même à dîner. J'ai dormi dans la

 11   maison de Mile Lancuzanin, Kameni. Et dans le courant de la nuit, un avion

 12   de l'aviation agricole croate, à proximité immédiate de la maison, a jeté

 13   ou a lancé un chauffe-eau plein d'explosifs. L'explosion a été très forte.

 14   Ça m'avait réveillé, il y avait dans ma chambre Mico Bianic [phon], qui

 15   était l'un des présidents d'une association serbe de Pristina. On s'est

 16   réveillés tous les deux, il n'a pas pu se rendormir, lui et moi, je me suis

 17   retourné de l'autre côté et je me suis rendormi tout de suite.

 18   Le matin, je suis sorti vers 6 heures ou 7 heures du matin, assez tôt. Et

 19   l'un de nos volontaires -- enfin, moi je m'étais mis torse nu et l'un des

 20   volontaires m'avais versé de l'eau dans mes paumes de main pour que je me

 21   lave la figure. Et il y avait Tomislav Peternek, un journaliste, un

 22   photographe célèbre chez nous, qui m'a pris en photo pendant que je me

 23   lavais la figure et il a publié cela dans le journal Nin, et ça a été

 24   repris comme photo par d'autres journaux encore.

 25   Q.  Est-ce que pendant ou suite à la fin des opérations de Vukovar, à

 26   savoir après le 18 novembre 1991, vous êtes allé à une fête qui aurait été

 27   organisée sous une tente dans Vukovar, et où, à vos côtés, il y aurait eu

 28   des officiers de la Brigade de la Garde ? Et il y aurait eu le général


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  1   Adzic, le général Petar Gracanin, Mihajl Kertes, Franko Simatovic, Goran

  2   Hadzic ?

  3   R.  Ça, c'est une invention pure et simple. A l'époque de la libération de

  4   Vukovar, moi j'étais à Knin. Et le bureau du Procureur dispose aussi d'une

  5   vidéo avec moi de l'époque, et le conflit que j'ai eu avec le capitaine

  6   Dragan à la première ligne de Benkovac et les entretiens que j'ai eus avec

  7   les volontaires à ce moment-là. Je me trouvais donc à 400 ou 500 kilomètres

  8   de là.

  9   Mais je suis allé à Vukovar au premier anniversaire de la libération --

 10   non, au deuxième anniversaire de la libération. J'y suis allé avec mon

 11   épouse, Jadranka. Et là, il y avait eu plusieurs officiers, mais il n'y

 12   avait aucun des officiers que vous avez énumérés. Zivota Panic n'y était

 13   pas. Je ne le connaissais d'ailleurs pas. Kadijevic, Adzic n'y étaient pas

 14   non plus. Il n'y avait pas Kertes. Il n'y avait pas Franko Simatovic,

 15   Frenki. Pour la première fois de ma vie, j'ai rencontré Franko Simatovic,

 16   Frenki, ici dans l'Unité de détention du Tribunal de La Haye. Je ne l'ai

 17   jamais rencontré auparavant, et je ne savais même pas de quoi il avait

 18   l'air, cet homme.

 19   Q.  Est-ce que en 1991, à Vukovar, vous auriez à quelque moment que ce soit

 20   rencontré Goran Hadzic ?

 21   R.  Non. Enfin, il a peut-être été là-bas. Moi je ne me souviens pas d'une

 22   rencontre avec lui en 1991, aucune.

 23   Q.  Vous avez déjà répondu ou presque à la question que j'allais poser. Ma

 24   question était celle -- enfin, j'avais voulu vous poser une question

 25   relative aux contacts que vous auriez eus en 1991 avec lui.

 26   R.  Absolument aucun contact.

 27   Q.  Pouvez-vous nous dire si, et si oui quand, il y a eu création du Parti

 28   radical serbe dans la République de la Krajina serbe ?


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  1   R.  Quelques mois après la guerre. Je ne saurais vous donner de date

  2   exacte, mais ça a été enregistré en bonne et due forme dans la République

  3   de la Krajina serbe, donc il est plutôt facile de vérifier la date. Le

  4   premier président là-bas s'appelait Rade Leskovac.

  5   Q.  Quand vous dites "quelques mois après la guerre", de quoi parlez-vous

  6   au fait ? Qu'entendez-vous ?

  7   R.  Après la libération de Vukovar, après la promulgation du plan Vance,

  8   après la mise en œuvre de ce plan Vance. C'est là que pratiquement la

  9   guerre était terminée, ensuite les Croates ont organisé plusieurs

 10   agressions armées avec l'aide des Américains et se sont emparés du

 11   territoire et ont occupé le territoire de la République de la Krajina

 12   serbe. Mais nous, Serbes, en tant que peuple, nous ne renoncerons jamais à

 13   la libération de la République de la Krajina serbe. Un jour, nos fils ou

 14   nos petits-fils vont certainement libérer la République de la Krajina serbe

 15   et toutes les autres terres serbes.

 16   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire quelles avaient été les relations

 17   entre le SDS dans la République de la Krajina serbe et le Parti radical

 18   serbe ? Est-ce que c'étaient des partis qui étaient ensemble au pouvoir, ou

 19   est-ce qu'il y avait un parti au pouvoir et un parti dans l'opposition ?

 20   R.  Ecoutez, en 1991, ça ne se ramenait pas les relations entre partis. Il

 21   n'y a peut-être aucun contact. Mais en 1993 --

 22   Q.  Excusez-moi. Je n'ai peut-être pas été très précis. Je parle des

 23   relations du Parti radical serbe dans la République de la Krajina serbe et

 24   le SDS dans la République de la Krajina serbe. Donc, on parle de 1992 ici.

 25   R.  En 1992, si mes souvenirs sont bons, le Parti démocratique serbe avait

 26   fait l'objet d'une scission. Il y a une aile qui s'est séparée sur le

 27   territoire de la République de Croatie, a été créée par Jovan Raskovic en

 28   1990. Ce parti, par la suite, s'est scindé en deux. Une aile a créé le


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  1   Parti démocratique serbe de la Krajina, dont le siège se trouvait à Knin. A

  2   la tête de ce Parti démocratique serbe, il y avait Ljubica Solaja. Elle est

  3   passée ensuite au Parti radical serbe.

  4   Comment les choses se sont passées à l'est, je ne sais pas vous le dire. Je

  5   crois que le Parti démocratique de la Krajina s'est élargi sur le

  6   territoire entier, et l'aile à l'est était restée avec Jovan Raskovic, mais

  7   je n'en suis pas tout à fait certain.

  8   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les souvenirs immédiats qui

  9   vous reviennent pour ce qui est de Goran Hadzic et de la rencontre que vous

 10   avez eue ?

 11   R.  En mai 1993, suite à une initiative du régime en Serbie, il y a eu un

 12   rassemblement pan serbe qui a été organisé dans la grande salle du palais

 13   des congrès Sava à Belgrade. Ce n'était peut-être pas la plus grande des

 14   salles mais disons celle qui était juste après la plus grande salle. Il y

 15   avait des députés fédéraux du Parlement de Serbie, du Parlement du

 16   Monténégro, de la Krajina serbe et de la Republika Srpska.

 17   Et étant donné que Slobodan Milosevic ne pouvait pas convaincre la

 18   direction de la Republika Srpska de la nécessité d'accepter le plan Vance-

 19   Owen de partage de Bosnie-Herzégovine, il a convoqué cette assemblée

 20   conjointe pour mettre en minorité les autres et mettre en œuvre sa

 21   politique à lui. Les partis pro-occidentaux de l'opposition en Serbie ont

 22   boycotté ce rassemblement, et l'assemblée nationale de la Republika Srpska

 23   ainsi que le parlement fédéral de la République fédérale de Yougoslavie,

 24   sans les députés du Parti radical serbe, ne pouvaient pas assurer un

 25   quorum.

 26   Et lorsque lors du discours d'introduction on a proposé d'accepter le plan

 27   Vance-Owen comme étant la meilleure des solutions ou la seule possible des

 28   solutions à envisager, l'un des premiers intervenants à prendre la parole


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  1   était Goran Hadzic qui, de façon véhémente, avait apporté son soutien à

  2   l'acceptation du plan. Goran Hadzic était déjà le président de la

  3   République de la Krajina serbe à ce moment-là.

  4   Et comme j'ai estimé qu'il était encore trop tôt de me confronter de façon

  5   décisive et déterminée avec Milosevic, j'ai pris la parole et je ne sais

  6   plus quels ont été les arguments que j'ai utilisés, mais je ne me suis

  7   attaqué à Goran Hadzic et, nous autres, députés du Parti radical serbe, on

  8   s'est levés et nous avons quitté la session tous ensemble. Après notre

  9   départ, ce rassemblement pan serbe ne pouvait plus décider de rien du tout.

 10   Donc, Goran Hadzic, je l'ai utilisé comme prétexte pour procéder à des

 11   tirades d'orateur pour justifier notre départ de cette session. Je vous dis

 12   une fois de plus qu'il était trop tôt pour moi de m'attaquer à Slobodan

 13   Milosevic, mais nos relations avaient été déjà fort tendues.

 14   Q.  En fait, Milosevic était favorable à cette possibilité. Il voulait

 15   adopter le plan Vance-Owen.

 16   R.  Oui. Milosevic était favorable à cela. Le président du Monténégro,

 17   Momir Bulatovic, et tous les dirigeants de la République de Yougoslavie, du

 18   gouvernement fédéral de la République de Yougoslavie étaient tous

 19   favorables, Goran Hadzic également. Il n'y a pas eu de vote. Je ne sais pas

 20   comment les députés de la RSK auraient voté. Mais Goran Hadzic était très

 21   favorable à cela. Mais nous, les radicaux serbes et les dirigeants de la

 22   Republika Srpska ont empêché ce vote, ont empêché que cela n'arrive.

 23   Q.  Encore une chose. Quelles étaient vos relations après Goran Hadzic,

 24   après cela ?

 25   R.  Nous n'avions pas de relation du tout. Alors, si je dois vous dire

 26   qu'il y avait une relation, je dirais qu'elle était très mauvaise. En fait,

 27   je l'ai souvent attaqué. Slobodan Milosevic et le Parti socialiste avaient

 28   signé une déclaration disant que nous étions des criminels, mais nous


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  1   l'avons attaqué.

  2   Donc, je dirais que nos relations étaient très hostiles jusqu'au

  3   moment où nous nous sommes rencontrés à La Haye. Et vous savez, ici,

  4   quelles qu'aient été mes dissensions précédentes avec Milosevic, une fois à

  5   La Haye, nous avons noué une amitié très sincère. Et quelles qu'aient été

  6   mes dissensions avec Goran Hadzic, je dirais que mes relations avec lui

  7   aujourd'hui sont normales. Même chose pour les autres personnes avec qui

  8   j'étais en conflit auparavant. Vous savez, nous sommes dans le même bateau

  9   aujourd'hui. Et, notre ennemi conjoint, notre ennemi commun aujourd'hui,

 10   c'est le Tribunal de La Haye. Cela ne fait aucun doute.

 11   Q.  Quand avez-vous entendu parler pour la première fois du crime qui a été

 12   commis, des crimes qui ont été commis à Ovcara ?

 13   R.  Bien plus tard que les crimes, ou soit peut-être un an plus tard, peut-

 14   être quelques mois plus tard, peut-être plus d'un an. Je ne sais plus

 15   vraiment.

 16   Mais dès que j'en ai entendu parler, j'ai appelé Milan Lancuzanin,

 17   Kameni. Il ne parlait pas beaucoup. Franchement, il ne m'a pas dit grand-

 18   chose. Il m'a juré qu'il n'avait pas participé à cela et qu'aucun des

 19   volontaires du Parti radical serbe ne l'avait fait.

 20   Après l'exhumation qui a eu lieu en 1993, si ma mémoire est bonne, on

 21   a beaucoup écrit à ce propos dans la presse serbe, et les médias ont donné

 22   leur version, à savoir que la Brigade de la Garde avait remis les

 23   prisonniers aux autorités civiles et que c'était elle qui avait exécuté ces

 24   prisonniers. Par la suite, j'ai appris que ce n'était pas cela, au

 25   contraire, et je m'en suis rendu compte lorsque je suis venu ici au

 26   Tribunal à La Haye.

 27   Q.  Vous êtes en train de nous dire, entre autres, que dans l'affaire

 28   Milosevic, dans laquelle vous avez déposé, vous avez abordé la question du


Page 11193

  1   crime commis à Ovcara. Est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez

  2   déclaré à l'époque ?

  3   R.  Je me souviens plus ou moins bien de ce que j'ai dit. Mais à l'époque,

  4   je pensais vraiment que les prisonniers avaient été remis aux autorités

  5   civiles, et j'étais dans cet état d'esprit-là à l'époque. Je n'avais pas de

  6   contacts privilégiés avec mes conseils juridiques, avec l'équipe qui m'a

  7   aidé pour ma défense.

  8   Et puis, plus tard, mes enquêteurs sur le terrain ont pu dénicher la

  9   vérité, qui a été corroborée par les documents à disposition du bureau du

 10   Procureur. Je sais que pendant cette période-là, le général Vasiljevic se

 11   trouvait aussi à Vukovar. Mais, nous nous concentrions à ce moment-là sur

 12   le vol de plusieurs millions de marks allemands de la banque de Vukovar, et

 13   pas sur l'exécution d'Ovcara, même si j'avais quelques réticences à ce

 14   sujet également. Mais je crois que vous pouvez retrouver mes propos de

 15   l'époque dans le compte rendu d'audience. Je pense que c'est plus ou moins

 16   ce que j'ai dit. Je ne me souviens pas mot pour mot de ce que j'ai déclaré,

 17   c'était il y a neuf ans.

 18   Q.  Alors, j'aimerais vous rafraîchir la mémoire en vous redonnant le

 19   paragraphe en question. Il s'agit de l'intercalaire 19 du document 120805,

 20   pages 61 et 62.

 21   Je vais vous donner lecture du compte rendu d'audience, et vous entendrez

 22   l'interprétation --

 23   Mme BIERSAY : [interprétation] Excusez-moi.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, Madame Biersay.

 25   Mme BIERSAY : [interprétation] Je ne comprends pas vraiment où mon confrère

 26   veut en venir. Je pense qu'il a demandé à M. Seselj ce qu'il se souvenait

 27   de sa déposition, donc je ne vois pas quel est l'objectif de montrer cette

 28   page à présent.


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  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] J'aimerais rappeler au témoin ce qu'il a

  3   déclaré lors de sa déposition dans l'affaire Milosevic. Je pense qu'il

  4   s'agit là d'une pratique légitime.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'entends plus l'interprétation.

  6   Je n'ai pas entendu l'intervention de Mme Biersay. Je suis sûr que son

  7   commentaire était très à propos, elle est tombe toujours à point nommée,

  8   mais je n'ai pas compris ce qu'elle a dit, et je crois que je suis en droit

  9   de savoir.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, bien sûr, Monsieur Seselj, vous

 11   devriez recevoir l'interprétation de tout ce qui est dit dans le prétoire.

 12   Est-ce que vous entendez l'interprétation de ce je suis en train de vous

 13   dire ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je l'entends à présent.

 15   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Biersay, pourriez-vous répéter

 16   votre objection ou votre intervention.

 17   Mme BIERSAY : [interprétation] Je disais qu'il n'y avait d'indication

 18   montrant que M. Seselj ne se souvenait pas de ses propos. En conséquence,

 19   il n'est pas nécessaire de lui montrer les pages du compte rendu y

 20   afférentes.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Si ma mémoire est bonne, M. Seselj a

 22   déclaré qu'il ne se souvenait pas exactement de ce qu'il avait déclaré,

 23   qu'il s'en souvenait dans les grandes lignes.

 24   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui. Pour rependre ces mots, je crois

 25   qu'il a dit qu'il ne se souvenait pas "mot à mot" de ce qu'il avait

 26   déclaré.

 27   Essayez de rafraîchir la mémoire de M. Seselj sans lui montrer le compte

 28   rendu d'audience, et puis nous verrons ce qu'il en est.


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  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur Seselj, est-ce que vous vous souvenez si lors de votre

  3   déposition à l'époque, vous avez déclaré que vos demandes s'agissant des

  4   faits à Ovcara étaient suivies ?

  5   R.  J'ai parlé au conditionnel, j'ai dit que je crois que les enquêteurs

  6   étaient toujours sur le terrain. Je pense que c'est ce que j'ai dit à

  7   l'époque. Mais j'aimerais que vous me donniez lecture du passage. Je ne

  8   peux pas revenir sur mes propos à l'occasion.

  9   Mme BIERSAY : [interprétation] Je suis contente de constater que Me

 10   Zivanovic et M. Seselj sont sur la même longueur d'onde, mais je maintiens

 11   mon objection.

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Quelle était l'objection. D'après ce que

 13   j'ai compris, l'objection a été acceptée par les Juges de la Chambre.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pas vraiment, Maître Zivanovic. Nous

 15   vous avons demandé de poser davantage de questions à M. Seselj pour savoir

 16   s'il se souvenait de sa déposition dans l'autre affaire. Vous lui avez posé

 17   une question, et sa réponse, sur la même longue d'onde, comme pour

 18   reprendre les termes de Mme Biersay, est qu'il avait du mal à s'en

 19   souvenir. Donc la balle est dans votre camp.

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Dans ce cas-là, je vais rafraîchir la

 21   mémoire de M. Seselj, et je vais lui donner lecture du passage de sa

 22   déposition.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Et Mme Biersay a soulevé une

 24   objection à ce sujet.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'objection est accordée, Maître

 27   Zivanovic. Nous pensons qu'il n'est pas important de revenir sur les propos

 28   exacts de M. Seselj dans l'autre affaire. L'important, c'est qu'il se


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  1   souvienne des faits sur lesquels vous voulez l'interroger.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.

  3   Q.  Monsieur Seselj, vous vous souvenez également qu'il y a deux ans et

  4   demi dans votre propre procès, vous avez procédé à des plaidoiries.

  5   R.  Ce n'étaient pas vraiment des plaidoiries. On ne m'a pas autorisés à

  6   faire une plaidoirie dans mon procès.

  7   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez déclaré lors de ces

  8   plaidoiries s'agissant des événements à Ovcara ?

  9   R.  Bien, dans cette affaire-là, dès le début, j'ai procédé à une

 10   déclaration, et puis à la fin du procès, j'ai eu dix heures pour apporter

 11   mes commentaires. Et ces commentaires étaient très différents de ceux que

 12   j'avais apportés au début, à l'ouverture du procès, et en effet, entre-

 13   temps, grâce à mes enquêteurs sur le terrain, j'avais acquis davantage de

 14   connaissances. Et ma plaidoirie à la fin du procès a tenu compte des

 15   résultats de ces enquêtes.

 16   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce que vous avez déclaré à la fin de

 17   votre procès sur l'exécution des prisonniers d'Ovcara ? Quels étaient les

 18   éléments à votre connaissance à ce moment-là ?

 19   R.  Grâce à mon propre travail, grâce au travail de mes enquêteurs, et

 20   grâce à l'étude d'énormément de documents, j'ai pu établir que l'exécution

 21   d'Ovcara avait été organisée par Aleksandar Vasiljevic, le chef des

 22   services de sécurité de la JNA, et que toute cette opération d'exécution

 23   avait été menée par des officiers du service de sécurité avec la

 24   participation de certains membres de la Brigade de la Garde et de la

 25   Défense territoriale pour les exécutions elles-mêmes.

 26   J'ai acquis des informations selon lesquelles le général Aleksandar

 27   Vasiljevic avait repris trois colonels qui avaient pris leur retraite. Ce

 28   n'étaient plus des officiers d'active. Il les a réintégrés. Ils étaient


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  1   réservistes. Il les a réintégrés - Bojan Vujic, Slavko Tomic et un certain

  2   Bogdan qu'il a envoyés à Ovcara pour mener à bien ces exécutions. Mais les

  3   documents ne disent pas qu'ils ont été réincorporés. Rien n'a été inscrit

  4   dans leur carnet militaire à ce sujet.

  5   Ils sont arrivés à Vukovar en même temps que Vasiljevic, c'est-à-dire le 19

  6   novembre, le soir du 19 novembre. Ils ont logé au commandement de la

  7   Brigade motorisée de Negoslavci. Et à partir du 18 jusqu'au soir du 19, ils

  8   sont restés là pendant deux journées. Aucun des soldats ou des officiers de

  9   la JNA n'est entré dans l'hôpital de Vukovar. Il y avait des patients à

 10   l'hôpital de Vukovar. C'étaient des hommes blessés. Mais il y avait

 11   également un grand nombre de soldats croates qui avaient revêtu les pyjamas

 12   des patients de l'hôpital pour éviter d'être fait prisonniers, et cela en

 13   soi était étrange. Si Vukovar tombait, l'hôpital de Vukovar aurait été

 14   repris immédiatement, d'après le règlement militaire.

 15   Deux jours plus tard, lorsque Vasiljevic est arrivé avec son adjoint,

 16   qui ensuite a été promu au rang de général, un émissaire spécial du

 17   gouvernement croate, Marin Vidic, connu sous le nom de Bili, était là

 18   également. Le Dr Vesna Bosanac était également présente. Et le Dr Bosanac,

 19   ainsi que des officiers de la JNA, ont établi une liste des personnes qui

 20   se trouvaient à l'hôpital de Vukovar et qui devaient être exécutées. Deux

 21   cent personnes ont été exécutées. C'est le général Vasiljevic qui avait

 22   organisé cela avec le gouvernement croate, 200 personnes. Je ne sais pas

 23   quels étaient leurs intérêts. Je vous donne les faits uniquement.

 24   Le lendemain, toutes les personnes qui se trouvaient sur la liste ont été

 25   transportées en autocars à Sremska Mitrovica. Une grande prison civile se

 26   trouve là-bas, et une partie de la prison a été transformée en camp de

 27   prisonniers de guerre.

 28   Tous ont été déplacés là-bas à l'exception de 207 personnes qui ont d'abord


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  1   été emmenées par Sljivancanin à la caserne de Vukovar, et ensuite

  2   transportées à Ovcara. Je ne peux pas affirmer que Sljivancanin a participé

  3   aux exécutions mais en tout cas c'est lui qui les a emmenés là-bas. Il ne

  4   les a pas remis. Il ne voulait les remettre à personne. Il n'y a pas de

  5   documents qui prouvent qu'ils aient été remis aux autorités civiles ni à

  6   quiconque. Il s'est contenté de les emmener là-bas et les a laissés aux

  7   autres officiers qui se trouvaient sur le terrain.

  8   Une fois que tout cela a été organisé, la JNA a organisé de creuser la

  9   fosse commune, et une excavatrice de l'armée a été utilisée à cet effet. En

 10   fait, c'était l'excavatrice d'une entreprise de Vukovar que l'armée avait

 11   réquisitionnée. Un des officiers a supervisé personnellement cette

 12   opération. Elle a eu lieu en pleine journée, c'est-à-dire dans l'après-midi

 13   du 20. Et les exécutions par l'escadron ont commencé cette nuit-là.

 14   D'après mes informations, on a également utilisé des camions. Je ne sais

 15   pas quel véhicule exactement mais ce véhicule était couvert d'une bâche. Il

 16   y avait des remorques, et ces remorques en général ne portaient pas de

 17   bâches, mais dans ce cas-là, oui.

 18   Avant le début de l'exécution, les listes ont fait l'objet d'une

 19   comparaison, et il a été établi que 207 prisonniers s'y trouvaient. Sept

 20   ont été séparés et libérés. Cinq autres, je ne me souviens pas des noms,

 21   mais l'Accusation s'en souvient probablement, ont été libérés juste parce

 22   qu'on dépassait le nombre de 200. On a fixé 200 personnes.

 23   Et pendant toute cette période de temps, les officiers de la sécurité se

 24   trouvaient sur le terrain, les officiers de la sécurité qui avaient été

 25   amenés par Aleksandar Vasiljevic. Ce n'est que vers la fin de l'exécution

 26   que les officiers sont rentrés à Belgrade.

 27   Donc, 200 personnes ont été exécutées et, le lendemain, rien. Pas un mot.

 28   Je ne peux pas accuser Sljivancanin d'avoir participé à l'exécution, mais


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  1   qu'a-t-il fait le lendemain en qualité d'officier responsable de la Brigade

  2   de la Garde motorisée et de l'officier en charge de la sécurité du Groupe

  3   opérationnel sud ? Il aurait dû savoir ce qu'il était advenu de ces 200

  4   prisonniers qui avaient été amenés à Ovcara, mais personne n'a rien dit.

  5   Deux jours plus tard, la Brigade de la Garde est retournée à Belgrade. Le

  6   colonel Vojnovic est nommé commandant de la défense à Vukovar. C'était le

  7   commandant de la 19e Brigade motorisée. Pendant l'exécution à Ovcara, ce

  8   colonel Vojnovic était le commandant local d'un endroit qui regroupait

  9   trois villages à Ovcara. Qu'a-t-il, en qualité de commandant de Vukovar,

 10   fait pour enquêter sur le sort de ces prisonniers ? Qu'ont fait les

 11   services de la sécurité de l'armée ? Qu'a fait le général Vasiljevic ? Eh

 12   bien, ils se sont contentés de dissimuler ce crime.

 13   Après la libération de Vukovar, une grande équipe spéciale est arrivée,

 14   composée de pathologistes, de médecins légistes de l'Académie militaire de

 15   Belgrade. Le colonel Stankovic était l'un d'entre eux. Il est devenu

 16   ensuite général. Il a même été ministre de la Défense de Yougoslavie

 17   pendant une période. Et toutes ces personnes, ce groupe d'officiers,

 18   d'experts en médecine, ont procédé à une autopsie des dépouilles. Des

 19   exhumations ont eu lieu, on a trouvé des corps. Certaines personnes étaient

 20   mortes de causes naturelles; d'autres à cause des bombardements. Vous

 21   savez, en cas de conflit armé, on n'a pas le temps d'enterrer les gens au

 22   cimetière. On les enterre là où on peut.

 23   Donc, tous ces corps ont été exhumés, et après les autopsies, un rapport a

 24   eu lieu, chaque dépouille a été enterrée convenablement au cimetière de

 25   Vukovar. Il n'y a qu'Ovcara qui est restée intacte. Les exhumations à

 26   Ovcara n'ont eu lieu qu'en 1993.

 27   Un pathologiste croate, qui a déposé dans mon affaire, Davor Strinovic, a

 28   confirmé, lorsque je lui ai posé la question, qu'exactement 200 corps ont


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  1   été exhumés, en fait, des squelettes. Exactement 200. Les Croates ont

  2   réussi à identifier 193 personnes. C'étaient en fait des prisonniers

  3   croates. Sept sont encore, jusqu'à ce jour, non identifiés. Pourquoi ?

  4   Parce que c'étaient des étrangers, que personne ne les a recherchés. Je

  5   suppose que c'étaient des Kurdes parce que beaucoup de Kurdes avaient été

  6   recrutés dans les formations paramilitaires et le faisaient pour l'argent.

  7   Alors, comment les a-t-on payés, je ne sais pas, c'est une longue histoire.

  8   Je peux vous en parler. Mais je pense que nous devrions nous concentrer sur

  9   les faits portant sur l'exécution.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Un instant, Maître Zivanovic.

 11   J'aimerais demander à M. Seselj de répéter, afin que cela soit consigné au

 12   compte rendu, lentement les noms des trois colonels qui ont pris leur

 13   retraite et qu'il a cités au début de sa réponse. J'espère que vous voyez

 14   de quoi je parle, Monsieur Seselj.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Les trois noms, s'il vous plaît.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Le colonel Bogdan Vujic, le colonel Bogoljub

 18   Kijanovic et le colonel Slavko Tomic. Slavko Tomic était tellement âgé

 19   qu'il avait même été officier chez les partisans. Lorsqu'il est devenu

 20   commandant de la Brigade de la Garde, il a déclaré qu'il avait déjà une

 21   bonne expérience dans la gestion des Croates, et des documents écrits

 22   l'attestent.

 23   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Mes enquêteurs --

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci, Monsieur Seselj. Je voulais

 26   juste consigner les noms au compte rendu.

 27   Veuillez continuer, Maître Zivanovic.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation]


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  1   Q.  Je vais vous demander d'éclaircir deux choses à propos de votre

  2   réponse. Première demande d'éclaircissement, page 50 du compte rendu

  3   d'aujourd'hui. Vous avez dit que les autorités croates et le général

  4   Vasiljevic avaient organisé ces exécutions. J'aimerais savoir d'où vous

  5   avez obtenu ces informations ?

  6   R.  Grâce aux travaux de mes enquêteurs. Mes enquêteurs ont contacté nombre

  7   d'officiers chargés de la sécurité militaire, des officiers qui étaient à

  8   la retraite, et bon nombre d'autres personnes qui avaient un lien avec cela

  9   également. J'en ai parlé avec le général Mrksic à plusieurs reprises parce

 10   qu'il a été poursuivi ici en raison d'Ovcara. Il a été intimidé à Belgrade

 11   et on lui a dit qu'il ne devait pas dire un mot, sinon ils allaient

 12   liquider l'ensemble de sa famille. C'est ce que m'a dit le général Mrksic.

 13   Quelle en était la raison ? Je pense que le général Vasiljevic a fait

 14   l'objet d'un chantage. Tous les indices semblent l'indiquer, et ensuite il

 15   y a les éléments de preuve. Dès que Tudjman est arrivé au pouvoir, il avait

 16   ses propres groupes opérationnels et il a organisé le placement d'une bombe

 17   dans le quartier juif de la municipalité. Il a également organisé le minage

 18   du cimetière juif à Zagreb, de façon à ce que la communauté internationale

 19   attribue ceci au régime de Tudjman.

 20   Cependant, les services de sûreté de Tudjman ont réussi à découvrir à la

 21   fois l'arme et les groupes, et de nombreux officiers chargés de la sécurité

 22   ont alors été arrêtés. Il y avait beaucoup de Croates parmi eux. Et Tudjman

 23   les a gardés en prison. Et avec leur aide, il a fait subir un chantage à

 24   Vasiljevic. Et Vasiljevic a fui avec un groupe de prisonniers croates à

 25   Zagreb, il s'est rendu à l'aéroport pour qu'il y ait un échange avec les

 26   officiers qui avaient été arrêtés.

 27   Il s'agit d'informations fiables que j'ai recueillies en raison des travaux

 28   de mes enquêteurs. Et donc, avec les Croates, il avait été décidé que 200


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  1   prisonniers seraient exécutés par un peloton d'exécution, de sorte que la

  2   Croatie ait des arguments forts à présenter à l'Union européenne contre la

  3   RSFY, c'est-à-dire que les Croates étaient dépeints comme étant les

  4   victimes de la guerre, d'autant que les paramilitaires croates, par le

  5   passé, avaient tué un nombre très important de civils serbes, près de

  6   Gospic, 150 Serbes environ. Telles étaient les informations dont on

  7   disposait à l'époque.

  8   Le rôle de Vesna Bosanac consistait à choisir ou sélectionner les personnes

  9   qui devaient être exécutés. Et qui a été exécuté ? Seulement les personnes

 10   qui n'étaient pas utiles au régime de Tudjman. Donc, la pagre, les petits

 11   criminels, le "lumpenprolétariat", les pauvres et ceux qui étaient des

 12   opposants connus de l'Union démocratique de Tudjman. Ces personnes-là ont

 13   été exécutées parce que c'était la façon la plus simple pour les Croates de

 14   s'en débarrasser, de les sacrifier, et c'était le rôle qu'a endossé Vesna

 15   Bosanac.

 16   Moi-même, j'étais disposé à interroger Vesna Bosanac à ce sujet, et le

 17   colonel Vojnovic également; cependant, ces personnes étaient des témoins 92

 18   bis ou 92 ter dans mon procès et ces personnes ne sont pas venues témoigner

 19   dans le prétoire. La déclaration qui a été compilée par le bureau du

 20   Procureur en leur nom a été incluse au compte rendu d'audience comme

 21   représentant leur déclaration. C'était une question de principe, je ne

 22   souhaitais pas interroger les témoins alors qu'il n'y a pas eu

 23   d'interrogatoire principal dans le prétoire, car de telles procédures sont

 24   contraires à tout standard habituel de droit pénal et de procédure pénale.

 25   Et c'est la raison pour laquelle je ne les ai pas déplumés de leurs plumes

 26   lorsque les éléments de preuve sont si criants.

 27   Vasiljevic a fait ce sale travail. Il est retourné à Belgrade, et il a

 28   rapidement été remplacé à son poste et la présidence de la RSFY l'a mis à


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  1   la retraite. Différents arguments ont été avancés et l'un d'entre eux

  2   consistait à dire que de l'argent avait été volé dans l'hôpital de Vukovar.

  3   Et je pense que là on pensait également aux exécutions.

  4   Et Boskovic était à ce moment-là à la tête de service de Sûreté. Il a

  5   ordonné l'arrestation de Vasiljevic ainsi que son exécution. Mais

  6   l'influence de Vasiljevic sur les structures du gouvernement était

  7   tellement importante que ceci n'a pas abouti, et que Nedjo Boskovic ensuite

  8   a été remplacé, il a fui, il a quitté la Serbie pour se rendre en

  9   Monténégro. Et jusqu'au jour d'aujourd'hui, Aleksandar Vasiljevic exerce

 10   beaucoup d'influence sur les structures militaires chargées de la sécurité

 11   en Serbie.

 12   Très souvent, je montre du doigt le régime à cause d'Ovcara. Il y a

 13   un procès qui s'est tenu à Belgrade, plusieurs procès du reste, où les

 14   bourreaux ont été poursuivis mais ainsi que des personnes tout à fait

 15   innocentes. Certaines de ces personnes innocentes ont été condamnées, comme

 16   Dragan Milivojevic, Kinez. D'autres ont été acquittés, des membres du Parti

 17   radical serbe ont également été jugés, mais Marko Ljuboja, Slobodan Katic,

 18   one Ceca, et cetera, toutes ces personnes-là ont été acquittées, elles

 19   étaient membres du Parti radical serbe. Vojislav Kostunica avait organisé

 20   ou mis en scène un procès pour protéger Vasiljevic et les services de

 21   sécurité militaire.

 22   Et mon équipe avait demandé à ce que les services de Sûreté de l'Etat

 23   serbe, ainsi que la sécurité militaire, lui remettent tout document qui

 24   mentionnait mon nom, et les services de Sûreté de l'Etat ont remis certains

 25   documents. Je ne sais pas s'il s'agissait de l'ensemble des documents

 26   existants, peut-être qu'ils ont dissimulé quelque chose et détruit quelque

 27   chose, mais il y avait tellement de documents que j'ai publié quatre

 28   ouvrages, quatre livres qui représentaient 4 000 pages, en petits


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  1   caractères d'imprimerie. Et les services de la sécurité militaire m'ont

  2   précisé qu'il n'y avait pas un seul document qui mentionnait mon nom, et

  3   donc c'était un mensonge éhonté puisque le bureau du Procureur dispose d'un

  4   certain nombre de documents militaires, y compris ceux qui comportent mon

  5   nom, bien sûr, qu'il s'agit de documents confidentiels qui ont été fournis

  6   par les services de la sécurité militaire.

  7   Quels étaient les autres mobiles derrière la commission de ces crimes

  8   ? La Ligue des Communistes - Mouvement de la Yougoslavie avait un autre

  9   mobile. Ils attendaient toujours une intervention étrangère, et l'appui

 10   étranger pour renverser à la fois Milosevic et Tudjman, pour remettre en

 11   place la Fédération yougoslave et de l'armée pour pouvoir -- ils

 12   attendaient une aide de l'Occident, et qui a également tenté de préserver

 13   la Yougoslavie jusqu'à la chute du mur de Berlin.

 14   Et donc, ils avaient pour objectif de renverser Tudjman et Milosevic,

 15   et ils souhaitaient accuser à la fois les Oustachi et les Chetniks, en

 16   parallèle de tous les crimes de guerre commis. Et le crime d'Ovcara devait

 17   faire partie de cela, et c'est les Chetniks qui devaient en porter la

 18   responsabilité, que ce soit les volontaires ou les membres de la TO de

 19   Vukovar, en tout cas c'était une idée perfide. Et ceci a été en partie

 20   utilisé lors du procès à Belgrade, aucun représentant du régime à Belgrade

 21   à l'époque ne s'intéressait à la vérité, et encore aujourd'hui, Aleksandar

 22   Vasiljevic reste un homme protégé.

 23   Lorsque j'ai parlé de ce que je sais au sujet du général Vasiljevic

 24   au cours de mon propre procès, le ministre de la Justice à l'époque a dit à

 25   des députés du Parti radical serbe que Seselj avait tout à fait raison,

 26   mais que c'était impossible de poursuivre qui que ce soit ici, et c'est

 27   encore le cas aujourd'hui. On ne peut toujours pas le poursuivre

 28   aujourd'hui. Aleksandar Vasiljevic contrôle encore certaines personnes


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  1   parmi les rangs de l'armée, des cercles politiques. Parfois il s'agit de

  2   vrais documents; parfois il s'agit de documents falsifiés. Comme vous le

  3   saviez, à l'époque communiste, les services de Sûreté étaient considérés

  4   comme étant un organe beaucoup plus dangereux et beaucoup plus perfide que

  5   les services de sécurité civile. Les services de la sécurité militaire

  6   étaient capables de faire endosser à certaines personnes des choses qui

  7   sont inimaginables. Tout ce que vous avez pu lire au sujet de régime

  8   totalitaire est loin de ce qui pouvait être fait à l'époque.

  9   Q.  Comme vous l'avez dit et comme vous avez, à maintes reprises,

 10   évoqué le nom du général Vasiljevic, puis-je vous demander depuis quand

 11   vous le connaissiez, et quel rapport aviez-vous avec lui avant ces

 12   événements ?

 13   R.  Je ne le connais que très peu. Je l'ai interrogé lors d'une

 14   séance de l'assemblée fédérale lorsque je présidais le comité d'enquête qui

 15   était chargé d'enquêter sur Pavle Bulatovic, qui était ministre de la

 16   Défense, et j'ai publié toutes les informations dans un ouvrage qui porte

 17   le même titre.

 18   J'ai entendu beaucoup de choses négatives à son égard, et même avant,

 19   et j'ai commencé à le critiquer déjà avant. Et lui, pour sa part, il a même

 20   donné la monnaie de ma pièce. Par exemple, il y avait Srpska Rec, qui était

 21   dans un magazine de Draskovic, il a diffusé l'information comme quoi

 22   j'avais été violé dans la prison de Zenica, ainsi que d'autres détails tout

 23   à fait ragoûtant. Et ensuite, j'ai compris que Draskovic entretenait des

 24   liens très étroits avec Aleksandar Vasiljevic déjà depuis 1990, et que

 25   Aleksander Vasiljevic l'a amené dans sa voiture pour se rendre à une

 26   réunion avec le général Blagoje Adzic. Vuk Draskovic a publié ça dans son

 27   livre, "Meta", je crois que c'est le titre de l'ouvrage en serbe, donc il a

 28   avoué cela, "Target", "Meta".


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  1   Et à ce moment-là déjà, Vuk Draskovic avait des liens avec les

  2   services de la sécurité militaire. Et c'est la raison pour laquelle il

  3   était tellement en colère contre Milosevic, parce que les services de la

  4   sécurité militaire avaient tenté de renverser Milosevic, et ce, jusqu'au

  5   mois de mai 1992. Et ce n'est que lorsque 40 généraux sont partis à la

  6   retraite avec Adzic parmi eux, Blagoje Adzic, que Milosevic s'est senti

  7   pour la première fois un petit peu soulagé. Il a commencé à penser qu'il

  8   n'était plus en danger, en tout cas, pas de ce côté-là, pas du côté de

  9   l'armée. Mais jusqu'à ce moment-là, c'était l'épée de Damocles qui était

 10   au-dessus de sa tête, que cette armée.

 11   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, c'est

 12   l'heure. Je souhaite vous rappeler encore une fois que le témoin, M.

 13   Seselj, va au-delà du champ de votre question, surtout s'agissant de cette

 14   dernière question que vous avez posée, la réponse qu'il a donnée. Il va

 15   bien au-delà de la question lorsqu'il parle des relations qu'il entretenait

 16   avec les généraux, avec le général. Encore une fois, c'est votre temps.

 17   Monsieur Seselj, nous allons avoir une deuxième pause, 30 minutes, et

 18   nous reviendrons à 12 heures 45.

 19   L'audience est levée.

 20   --- L'audience est suspendue à 12 heures 15.

 21   --- L'audience est reprise à 12 heures 48.

 22   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, c'est à vous. Je

 23   crois qu'il vous reste 40 minutes.

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] D'après ce que j'avais compris, c'était 45

 25   minutes.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Nous n'allons pas argumenter au sujet

 27   de cinq minutes. Ce sera donc 45 minutes, Maître Zivanovic.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci.


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  1   Q.  Monsieur Seselj, veuillez-nous dire ceci, quand avez-vous rencontré

  2   Radovan Stojicic, Badza ?

  3   R.  J'ai rencontré Radovan Stojicic, Badza, en 1991 à Erdut. A l'époque,

  4   c'était le commandant de la Défense territoriale du SBSO placé sous le

  5   commandement du Corps de Novi Sad. Et il dirigeait un camp d'entraînement à

  6   Erdut. A un moment donné, c'est là que nous avons envoyé nos volontaires

  7   après avoir commencé à coopérer avec la JNA. Les volontaires avaient pour

  8   habitude d'y rester quelques jours pour recevoir une formation de base et

  9   ils ont ensuite été déployés vers différentes parties du front. Je me suis

 10   un jour rendu dans cet endroit. Et j'étais là lorsqu'un groupe de nos

 11   volontaires est arrivé à bord de différents autocars. Je suis resté dîner à

 12   cet endroit et j'y ai passé la nuit. C'est la première fois de ma vie que

 13   j'ai rencontré Radovan Stojicic, Badza.

 14   Q.  Savez-vous où il avait travaillé avant de commander la Défense

 15   territoriale du SBSO ?

 16   R.  Il travaillait au sein de la police serbe. Je crois qu'il commandait

 17   une unité spéciale ou quelque chose comme ça. Il s'est ensuite enrôlé en

 18   tant que volontaire. Il est allé au front. Et il a conservé ses droits au

 19   sein de la police, comme tout un chacun. Il est devenu une personne assez

 20   en vue, et lorsqu'il est rentré en Serbie, il a d'ailleurs rapidement été

 21   promu au poste de ministre adjoint. C'était un homme très capable, c'était

 22   un homme courageux, et par la suite, il a fait preuve d'autres tendances et

 23   c'est la raison pour laquelle je l'ai critiqué. Cela n'est pas important

 24   aujourd'hui car nous parlons actuellement de l'année 1991.

 25   Q.  Savez-vous si au centre d'Erdut, Zeljko Raznjatovic, Arkan, était là

 26   aussi ? Et avez-vous eu l'occasion de le voir à cet endroit aussi lorsque

 27   vous y êtes rendu vous-même ?

 28   R.  Oui, il était là avec son unité, et nous nous sommes rencontrés à


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  1   l'époque. J'étais surpris lorsque Badza m'a amené, moi, et ainsi que

  2   d'autres personnes à dîner. Les hommes d'Arkan avaient déjà dîné et Arkan

  3   les a interrompus. Il leur a ordonné de se mettre debout et de prier, ce

  4   que j'ai trouvé surprenant parce que dans l'ex-JNA, dans l'ancienne JNA, on

  5   n'avait pas pour habitude d'interrompre les soldats lorsqu'ils étaient en

  6   train de dîner ou de déjeuner, à moins qu'il y ait une alerte. Il

  7   souhaitait simplement montrer que son unité était religieuse et nous avons

  8   tous trouvé cela étrange, je crois que quelqu'un en a même ri.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Biersay.

 10   Mme BIERSAY : [interprétation] Pardonnez-moi si je vous interrompt, mais

 11   effectivement cela pourrait attendre le contre-interrogatoire, mais je ne

 12   souhaitais pas perdre de vue le compte rendu d'audience. Il a dit, il leur

 13   a ordonné de se lever, et ce n'était pas clair au niveau du compte rendu à

 14   qui faisait référence "il". Je me demande si cela peut être précisé.

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, je vais préciser cela avec le témoin.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous remercie, Maître Zivanovic.

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 18   Q.  Lorsque vous avez dit qu'il avait ordonné à ses hommes d'interrompre

 19   leur dîner et prier, qui entendiez-vous ?

 20   R.  Vous voulez parler de son unité. Je ne sais pas s'il s'agissait de

 21   l'ensemble de l'unité, mais il y avait beaucoup d'hommes dans cette pièce,

 22   dans cette salle, c'était le mess des officiers. Je ne sais pas exactement

 23   à quoi cela correspondait, mais je me souviens du fait que c'était une

 24   grande pièce. Donc, il a ordonné à ses soldats -- il ne pouvait ordonner

 25   quelque chose à personne d'autre. Et donc, nous étions tous en rangs et

 26   nous voulions servir parce que c'était un système de self-service. On

 27   portait des plateaux et on se servait comme tout autre soldat. C'était le

 28   dîner, et nous n'avions pas de faveur particulière, nous n'étions pas


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  1   traités de façon particulière. De toute façon, nous n'aurions pas accepté

  2   cela, nous ne souhaitions pas être traités différemment des soldats.

  3   Q.  Alors, je souhaite préciser parce que vous avez parlé de Zeljko

  4   Raznjatovic, Arkan, et Radovan Stojicic, Badza. Cela n'est pas clair au

  5   compte rendu qui a ordonné aux soldats d'arrêter de dîner et de se mettre à

  6   prier. Etait-ce Radovan Stojicic, Badza, ou Zeljko Raznjatovic, Arkan ?

  7   R.  Alors, j'ai dit que c'était Zeljko Raznjatovic, Arkan, qui commandait

  8   son unité ou une partie de son unité ou partie de l'unité qui était là. Je

  9   ne les ai pas dénombrés, mais ils étaient assez nombreux. Même Badza a

 10   commenté et a dit que c'était inconvenant ou quelque chose comme ça. Et

 11   vous savez qu'Arkan est un homme qui n'a aucune éducation, mais il était

 12   assez intelligent et fort dangereux.

 13   Q.  Je vais vous poser des questions à son sujet également un peu plus

 14   tard.

 15   Veuillez maintenant nous dire ceci, s'il vous plaît : lorsque vous étiez à

 16   Erdut cette fois-ci, avez-vous recueilli une impression quelconque des

 17   relations entre Radovan Stojicic et Arkan ? Est-ce que l'un était

 18   subordonné à l'autre ou est-ce qu'ils étaient subordonnés à quelqu'un

 19   d'autre ?

 20   R.  Radovan Stojicic, Badza, était l'homme important et Arkan devait

 21   l'écouter. Il y avait également un volet privé associé à leur relation. Ils

 22   pouvaient faire des blagues entre eux. Mais la position de Badza en tant

 23   que commandant n'était mise en doute par personne. Je crois qu'Arkan était

 24   assez proche de son niveau - j'entends niveau hiérarchique.

 25   Q.  Alors, à quel moment environ êtes-vous allé à Erdut ?

 26   R.  Alors, c'était à l'automne de l'année 1991. Je ne me souviens pas de la

 27   date exacte. Il se peut que cela ait été consigné quelque part, mais je ne

 28   m'en souviens pas. Nous y avons passé la nuit, et le lendemain j'étais à


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  1   Borovo Selo et à Trpinja. Je suis allé à Tenja, et j'ai dû être transporté

  2   à bord d'un tracteur -- non, d'une remorque d'un tracteur. On m'a

  3   transporté dans un champ de blé qui avait été moissonné jusqu'à Tenja parce

  4   que les Croates prenaient pour cible la route principale et c'étaient des

  5   tireurs d'élite qui avaient pris cela pour cible, et le blé avait été coupé

  6   pendant l'été. Mais il m'est difficile de vous donner la date exacte.

  7   Q.  Et pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, même si cela est une suite

  8   logique de votre réponse, s'il y avait toujours des combats à ce moment-là

  9   ou si les combats avaient cessé ?

 10   R.  Non, non, il y avait toujours des combats. Cela a dû être avant ma

 11   visite à Vukovar, donc les combats faisaient rage. Et moi j'étais sur le

 12   front avant à Tenja, et j'ai même tiré à partir d'un mitrailleur Browning

 13   sur les positions ennemies. Je ne peux pas vous dire avec certitude si j'ai

 14   touché quelqu'un, mais j'ai fait de mon mieux.

 15   Q.  Alors, veuillez nous dire ceci maintenant, s'il vous plaît. Depuis

 16   quand connaissiez-vous Zeljko Raznjatovic, alias Arkan ?

 17   R.  Alors, personnellement, je l'ai rencontré en 1992. Mais je l'ai

 18   critiqué publiquement dès 1996. J'ai rédigé des rapports au pénal que j'ai

 19   envoyés au procureur fédéral contre Stane Dolanc, qui était membre de la

 20   présidence -- non, à l'époque, il dirigeait tous les services de la

 21   sécurité de la police, services du renseignement et contre-renseignement,

 22   en tant que membre de la présidence de la RSFY.

 23   Et moi, j'ai accusé Stane Dolanc, je l'ai accusé de meurtre de l'émigré

 24   Stjepan Djurekovic, et l'homme qui était à la tête des services de

 25  sécurité, Zdravko Mustac. J'ai entendu dire qu'il a été extradé récemment en

 26   Allemagne depuis la Croatie en raison du meurtre de Djurekovic. Je

 27   disposais d'information qui précisait qu'Arkan était un des exécutants et

 28   que Stane Dolanc lui avait remis un pistolet en guise de cadeau, "A Zeljko


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  1   de la part de Stane". Ça, c'était l'inscription sur le pistolet qui avait

  2   été remis à Arkan. Ça, c'était dans les années 1980. Et donc moi, j'avais

  3   ma propre guerre à mener contre Stane Dolanc.

  4   En 1990, tous ceux qui étaient les supporters du club de football Red Star,

  5   l'Etoile rouge, ont rejoint le Mouvement chetnik serbe, et donc à un moment

  6   donné au mois d'octobre 1990, par le truchement de médiateurs, Arkan a

  7   demandé à me rencontrer. Et j'ai dit que nous pouvions effectivement

  8   regarder à cela, à Ruski Tsar. C'était le nom du restaurant. Moi je ne

  9   souhaitais pas aller dans un endroit secret quelque part ou quelqu'un

 10   aurait pu me tuer trop facilement. Donc, Arkan est venu accompagné d'un

 11   autre homme qui était aussi grand que moi mais beaucoup plus fort que moi.

 12   Il y avait un tireur qui était un des nôtres mais qui a ensuite rejoint le

 13   groupe d'Arkan. C'était un colonel dans la Garde des Volontaires serbe

 14   d'Arkan.

 15   Arkan était très courtois au début de la conversation. Il m'a dit que

 16   : "Je vous respecte en tant qu'homme, en tant qu'homme politique. La

 17   politique ne m'intéresse pas, mais je ne vais permettre à personne de

 18   reprendre Zvezda et Delija", qui étaient les supporters du club de

 19   football. "Et je vais vous demander de quitter Delija be." Mais je lui ai

 20   dit qu'ils avaient rejoint le Mouvement chetnik serbe. "Vous ne pouvez pas

 21   le changer. Ils sont là maintenant." Et ensuite, il a dit : "Bon, moi j'ai

 22   tué beaucoup de gens. Vous n'avez encore tué personne. Donc, alors faites

 23   attention à ce que vous faites." Donc, j'ai rétorqué en disant qu'il était

 24   vrai que je n'avais encore tué personne, "mais en tout cas que vous, vous

 25   seriez le premier."

 26   Et le lendemain, donc, la presse quotidienne, "Novosti Plus", a publié un

 27   article qui comprenait une page entière et qui rapportait l'événement.

 28   Arkan était armé. Moi, j'avais un Browning de 75 millimètres. S'il


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  1   s'agissait de régler nos comptes, je pense que je n'avais aucune chance.

  2   Mais, en tout cas, je lui ai montré qu'il n'allait pas pouvoir me traiter

  3   ainsi.

  4   Moi je ne suis pas en train de fanfaronner, mais c'est réaliste. Je

  5   souhaitais vous montrer simplement quel pouvoir avait Arkan. J'étais le

  6   seul homme en Serbie qui était capable, ouvertement et publiquement, de

  7   m'opposer à Arkan. Personne d'autre n'osait le faire, y compris Milosevic

  8   lui-même. C'est à tel point qu'Arkan était dangereux.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, un instant.

 10   Est-ce que nous avons bien consigné les choses ? En début de page 63,

 11   ligne 1, M. Seselj a répondu : "Je l'ai rencontré en personne en 1990.

 12   Toutefois, je m'étais attaqué à lui en public dès 1996."

 13   Or, je crois qu'il fallait entendre 1986, n'est-ce pas, Monsieur

 14   Seselj ? Est-ce que vous avez bien dit que vous l'aviez critiqué en public

 15   dès 19…

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] 1986, donc quatre ans avant que nous ne nous

 17   rencontrions pour la première fois.

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci. C'est clairement consigné au

 19   compte rendu.

 20   Maître Zivanovic, vous pouvez continuer.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 22   Q.  Pouvez-vous me dire encore ceci, vous avez dit qu'en 1996 vous avez

 23   déposé une plainte au pénal en raison de l'assassinat de Stjepan Djurekovic

 24   contre Stane Dolanc. Est-ce que dans la plainte au pénal il y avait le nom

 25   de Zeljko Raznjatovic, Arkan ?

 26   R.  Non, mais il a été englobé par la teneur du dépôt de plainte parce que

 27   du fait -- enfin, la participation d'Arkan et la relation qu'il avait avec

 28   Stane Dolanc, pour moi, la cible, ce n'était pas Arkan, c'était Dolanc. Je


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  1   voulais, en parlant d'Arkan, illustrer l'envergure du crime commis par

  2   Dolanc. Toujours est-il qu'Arkan, même à l'époque, était très dangereux. La

  3   police en Serbie ne pouvait rien faire à son égard. Il était capable de

  4   tabasser des policiers, de tirer en public, de se faire arrêter et de se

  5   faire relâcher suite à instruction du service fédéral de la Sûreté de

  6   l'Etat.

  7   Q.  Dans ce dépôt de plainte au pénal, vous avez bien indiqué son nom pour

  8   dire qu'il avait pris part à l'assassinat ?

  9   R.  Oui, il y avait son nom, prénom et son surnom, Zeljko Raznjatovic,

 10   Arkan. Et j'ai rendu la chose publique dans un livre qui a eu plusieurs

 11   tirages par la suite, et je crois que le bureau du Procureur dispose de

 12   copies de ces plaintes au pénal déposées par moi.

 13   Q.  Vous avez mentionné une personne ici surnommée Suca. Je crois que ça

 14   n'a pas été consigné au compte rendu. Mais j'aimerais que vous répétiez,

 15   s'il vous plaît, dans quel contexte vous l'avez mentionné ?

 16   R.  Il s'appelait Nebojsa. Et pour être tout à fait sincère, j'ai oublié

 17   son nom de famille. Son surnom était Suca, et c'était l'un des chefs des

 18   supporters de l'équipe de l'Etoile rouge. Il a accédé au Mouvement chetnik

 19   serbe en été 1990. Et quand j'ai eu mon conflit avec Arkan, il est passé

 20   chez Arkan.

 21   Je vais vous dire encore que j'ai été mis aux arrêts au mois

 22   d'octobre 1990, j'ai passé 23 jours en prison, et c'est là qu'Arkan a

 23   réussi à reprendre les Delije, les supporters de l'Etoile rouge, avec

 24   l'assistance de quelqu'un du régime, parce qu'il a offert du travail à des

 25   personnes à qui il fallait, dans l'Etoile rouge, pour qu'ils vendent des

 26   souvenirs, et cetera. Il a repris, donc, ces gens-là, entre autres, Suca.

 27   Ce Nebojsa, dit Suca, est par la suite devenu colonel de la Garde des

 28   Volontaires serbes à Arkan. Ce grade lui a été accordé, décerné par Arkan.


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  1   Il a par la suite été tué dans un règlement de comptes, et jamais l'on a

  2   tiré au clair les circonstances de sa mort.

  3   Q.  Est-ce que vous savez nous dire quelque chose à ce sujet. Je

  4   crois que dans votre affaire aussi et dans notre affaire également, on

  5   mentionne souvent une formation répondant au nom de Bérets rouges. Savez-

  6   vous ou que pouvez-vous nous dire au sujet de cette ou de ces formations-là

  7   ?

  8   R.  Il y a eu pas mal de formations que la population avait appelé

  9   les Bérets rouges. Il n'y en a pas eu une seule à avoir porté cela à titre

 10   officiel, comme nom. Si mes souvenirs sont bons, une première fois, on

 11   avait qualifié de Bérets rouges les gens qui passaient par le centre de

 12   formation de Golubic, près de Knin, à la tête duquel se trouvait à titre

 13   formel le capitaine Dragan.

 14   Ensuite pendant la guerre sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine,

 15   en Republika Srpska, il y a eu des Bérets rouges qui avaient été la police

 16   militaire de l'armée de la Republika Srpska, ou alors des détachements de

 17   reconnaissance de la Republika Srpska. Par exemple, la Brigade de Bratunac

 18   avait eu une unité de reconnaissance que tous les soldats et la population

 19   de là-bas appelaient les Bérets rouges, parce qu'ils portaient des bérets

 20   rouges sur la tête.

 21   Ensuite, dans une brigade de montée légère, une brigade de Konjic,

 22   avait également été qualifiée de membres de Bérets rouges du MUP de Serbie.

 23   Or, il s'est avéré que c'étaient des gens du cru qui avaient mis ce genre

 24   de couvre-chefs.

 25   Ensuite en 1996, à titre officiel, il y a eu création d'une unité

 26   d'opération spéciale de l'unité de la Sûreté de l'Etat, que la population a

 27   appelé les Bérets rouges.

 28   Donc, quand on dit les "Bérets rouges", ça ne veut rien dire en soi.


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  1   Il faut clairement dire et préciser de quelle unité on est en train de

  2   parler.

  3   Q.  Vous avez mentionné tout à l'heure le capitaine Dragan. Est-ce

  4   que vous pouvez nous dire quelles avaient été vos relations avec lui ?

  5   R.  En 1991, je ne l'ai rencontré qu'une seule fois aux premières

  6   lignes de front près de Benkovac. J'étais en train d'inspecter les

  7   positions tenues par les Serbes. Il est venu de quelque part, il a entamé

  8   une conversation avec moi, et on a eu un conflit devant les soldats même.

  9   Alors, comment en suis-je arrivé là ? Eh bien, à la mi-novembre,

 10   j'étais allé rendre visite aux volontaires et aux premières lignes de front

 11   de la Slavonie occidentale. J'y suis allé en hélicoptère de la JNA qui m'a

 12   été attribué ou confié en compagnie de deux officiers pilotes, et ce, par

 13   les soins du commandant de l'aviation de guerre et de la défense

 14   antiaérienne, le général Bozidar Stefanovic.

 15   Je suis arrivé donc à Banja Luka, et de Banja Luka, en voiture, je

 16   suis allé en Slavonie occidentale. Quand j'ai inspecté toutes les lignes de

 17   front et nos volontaires là-bas, je suis revenu à Banja Luka. J'ai eu un

 18   meeting, il y a eu une grande salle qui s'appelait Bonik [phon], qui était

 19   pleine à craquer. Après le meeting, je suis allé à l'hôtel Bosna pour

 20   passer la nuit, et le lendemain je devais prendre l'hélicoptère pour

 21   rentrer à Belgrade.

 22   Il est venu ensuite deux responsables du Parti démocratique serbe,

 23   originaires de Banja Luka; l'un s'appelait Vukic, l'autre, je ne me

 24   souviens plus de son nom. Ils m'ont dit qu'ils avaient parlé à Milan Babic,

 25   et que Milan Babic avait supplié que je vienne le plus vite possible à

 26   Knin, et il a dit que le capitaine Dragan était venu là-bas pour organiser

 27   une rébellion des soldats aux lignes de front, et que son intention était

 28   de réaliser un putsch.


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  1   Alors, cette nuit-là, je suis monté à bord de la voiture qu'ils

  2   avaient avec eux et je suis allé à Knin. Je portais un uniforme militaire

  3   parce que j'étais en Slavonie occidentale à inspecter les lignes de front

  4   en uniforme. Et lorsque j'ai rencontré Milan Babic pour la première fois,

  5   je suis allé voir les combattants aux différentes lignes de front, et

  6   j'avais une émission radio à Radio Knin et à la radio des jeunes. Ça avait

  7   duré plusieurs heures, ces émissions. Et j'ai complètement mis en morceau

  8   ce que faisait le capitaine Dragan. Il voulait faire démettre de ses

  9   fonctions, Milan Babic. Il n'était pas aimé par le régime en Serbie, pas

 10   plus que dans la Krajina.

 11   Et j'ai accompli ma mission, et puis il y a eu des conflits verbaux,

 12   et ça a été filmé. Et suite à l'agression de la Krajina serbe par les

 13   Croates, il y a un enregistrement vidéo, et je l'ai vu pour la première

 14   fois lorsque le bureau du Procureur de La Haye me l'a montrée ici dans le

 15   prétoire. Ça s'est passé en même temps qu'il  y a eu la libération, vers la

 16   période de la libération de Vukovar.

 17   Je suis rentré à Belgrade, en hélicoptère via Mostar, puis je suis

 18   allé à Podgorica, et de Podgorica j'ai pris l'avion de la ligne régulière

 19   jusqu'à Belgrade, parce que ce petit hélicoptère qui s'appelait Gazelle, ne

 20   pouvait pas faire un vol direct de Knin à Belgrade. Donc j'ai dû prendre

 21   deux hélicoptères. J'ai atterri à l'aéroport de Mostar, on a changé

 22   d'hélicoptère et de pilote, et je suis allé ensuite à Podgorica.

 23   Q.  Vous avez mentionné dans votre réponse précédente la Slavonie

 24   occidentale, est-ce que vous pouvez nous dire parce que je pense que vous

 25   l'avez déjà dit cela, à savoir que vous aviez eu des volontaires là-bas

 26   aussi. Est-ce que très brièvement vous pouvez nous dire ce qui se passait

 27   là-bas en Slavonie occidentale avec vos volontaires ? Combien de temps ont-

 28   ils passé là-bas ? Et comment tout ceci s'est-il terminé ?


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  1   R.  Nous avions eu plusieurs centaines de volontaires là-bas. Je ne me

  2   souviens plus du chiffre exact, mais nos volontaires ont été les plus

  3   nombreux parmi les volontaires venus de Serbie, ils se trouvaient aux

  4   premières lignes du front. Ils ont été déployés là-bas. Ils ont été

  5   commandés ou placés sous les ordres du colonel Trbojevic. Et lorsque je

  6   suis allé les voir, j'ai rencontré Trbojevic à son QG de Zvecevo, et

  7   il n'avait eu que des louanges pour ce qui est de la discipline et des

  8   courages de nos volontaires.

  9   La Slavonie occidentale était défendue par la Défense territoriale, mais

 10   cette Défense territoriale avait été sous l'autorité du corps de la JNA à

 11   Banja Luka. Je ne sais plus comment s'appelait le corps d'armée, mais

 12   c'était le Corps de Banja Luka.

 13   Alors, vers le mois de novembre, début décembre même, il y a eu la présence

 14   d'Aleksandar Vasiljevic là-bas. Et à chaque fois qu'il fait son apparition,

 15   c'est un bouleversement, il y a des problèmes --

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic, est-ce que vous

 17   pouvez voir, est-ce que vous pouvez voir le compte rendu d'audience.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, je ne l'ai pas remarqué à temps.

 19   Q.  Monsieur Seselj, la personne qui est chargée du compte rendu

 20   d'audience, la sténotypiste, vous demande de parler plus lentement. On

 21   n'arrive pas à consigner tout ce que vous dites.

 22   R.  Je vais m'efforcer de le faire. Par moment, il m'arrive de garder le

 23   contrôle, et puis parfois je perds le contrôle de ma rapidité de début.

 24   Alors, cet Aleksandar Vasiljevic est venu, il a été en Slavonie occidental.

 25   Et là où il était présent, les unités ont commencé à se retirer. La

 26   population a commencé à paniquer. La population a commencé à se retirer

 27   avec l'armée, et il y a eu une débandade. Il n'y avait eu aucune raison

 28   militaire pour cette débandade. Les Croates, bien sûr, ont foncé avec leurs


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  1   effectifs militaires et policiers et le Corps de Banja Luka, a été les bras

  2   croisés à regarder tout cela.

  3   Les volontaires du Parti radical serbe ont défendu les colonnes des

  4   réfugiés serbes au village de Masicka Sargovina. En un jour, il y a 11

  5   volontaires du Parti radical serbe qui se sont fait tuer là-bas. Il y en a

  6   eu qui ont été blessés et capturés par les Croates. Et indépendamment des

  7   mauvais traitements subis à l'occasion de leur emprisonnement, ils ont fini

  8   par être échangés au final, tous. Mais les Serbes ont eu beaucoup de mal

  9   pour consolider leurs effectifs sur le territoire d'Okucani et de Pakrac.

 10   Tout le reste était tombé.

 11   Vasiljevic est venu là-bas dans l'intention de semer le trouble parmi les

 12   soldats serbes et de faire en sorte que les Croates reprennent la Slavonie

 13   occidentale.

 14   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de ce qui s'était passé avec les civils

 15   serbes qui résidaient dans la Slavonie occidentale ?

 16   R.  Il y a eu beaucoup de civils serbes de tués. J'ignore quel est le

 17   nombre, mais ils ont été nombreux. Les Croates ont frappé avec tout ce

 18   qu'ils avaient en leur possession. Ils ont tiré sur les colonnes de

 19   réfugiés dans l'intention de tuer les civils. Les routes par lesquelles se

 20   retiraient les civils étaient jonchées de morts et pleines de sang.

 21   Q.  Pouvez-vous dire quelque chose au sujet de la police de la République

 22   de la Krajina serbe, à savoir la police qu'on appelait la police à Martic ?

 23   Que savez-vous nous dire à ce sujet ?

 24   R.  Ce qu'on a qualifié de police à Martic, c'était la police municipale de

 25   Knin. Lorsqu'on a proclamé l'existence d'une Région autonome de la Krajina,

 26   ça a couvert le territoire entier de la Krajina. Cette police à Martic n'a

 27   jamais englobé la totalité du territoire de la République de la Krajina

 28   serbe, jusqu'à ce qu'il y ait eu proclamation en 1992 de la République de


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  1   la Krajina serbe. Ça a englobé la Dalmatie, la Lika, la Banja et le Kordun,

  2   le reste de la Slavonie occidentale, la Slavonie orientale, la Baranja et

  3   le Srem. Donc, pendant qu'il y a eu des activités de combat, ces effectifs

  4   de la police étaient tout à fait autonomes et subdivisés par régions.

  5   Q.  Est-ce que vous avez eu des contacts à l'époque où il y a eu des

  6   activités de combat, est-ce que vous avez contacté Milan Martic, voire ses

  7   unités à lui, ses unités de police ?

  8   R.  Lorsque j'ai inspecté les positions, j'ai rendu visite aux soldats, aux

  9   policiers, aux volontaires. Je ne faisais aucune différence. J'étais en

 10   très bons termes avec Milan Babic et avec Milan Martic aussi.

 11   Par la suite, les relations avec Martic se sont détériorées parce que

 12   Martic, avec Goran Hadzic, avait signé ce communiqué contre moi et le Parti

 13   radical serbe en automne 1993. Mais, en 1994, suite à une initiative de la

 14   part de Martic, nous avons eu une rencontre secrète à Beli Manastir, et

 15   nous nous sommes réconciliés là-bas. Il s'est excusé de l'avoir fait, il a

 16   dit qu'il le regrettait, et voilà.

 17   Q.  Est-ce que vous vous souvenez que vers la fin de l'année 1993, en

 18   République de la Krajina serbe, des élections présidentielles ont eu lieu ?

 19   R.  Oui. Si je ne m'abuse, il y avait quatre candidats : le premier était

 20   Milan Babic, il représentait le SDS de Krajina; ensuite, Goran Hadzic, il

 21   représentait le Parti des Pays serbes; Milan Martic et Rade Leskovac pour

 22   le Parti radical de la Krajina serbe.

 23   Babic et Martic sont passés au second tour. Nous, les extrémistes, nous

 24   supportions Milan Babic au deuxième tour, mais plusieurs autres partis

 25   politiques serbes ont soutenu Martic. Je crois que c'était le cas de

 26   Karadzic, de Milosevic, des groupes d'intellectuels de Belgrade et d'autres

 27   intellectuels et universitaires qui avaient participé à sa campagne

 28   électorale. Martic avait obtenu beaucoup plus de soutien que Babic et puis,


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  1   au dernier tour, c'est Babic qui a gagné.

  2   Q.  Et au premier tour des élections, le Parti radical serbe soutenait qui

  3   ?

  4   R.  Nous avions notre propre candidat au premier tour, Rade Leskovac.

  5   Q.  En qualité de député au parlement de la République de Serbie et au

  6   parlement fédéral, est-ce que vous vous souvenez, est-ce que vous savez si

  7   la Fédération ou la République de Serbie avait financé d'une façon ou d'une

  8   autre la République de la Krajina serbe ?

  9   R.  La République de Serbie a soutenu la RSK et la Republika Srpska,

 10   soutenu financièrement, en nature, de toutes les façons possibles. Ce n'est

 11   pas un secret. La Serbie devait aider les Serbes là où ils se trouvaient.

 12   Et l'Etat fédéral également, il a aidé, il a fourni un appui, des fonds.

 13   Q.  Est-ce que cela s'est fait au moyen du budget de financement officiel

 14   ou est-ce que ce financement était illégal ?

 15   R.  C'est passé par les canaux officiels. Peut-être qu'il y a eu aussi un

 16   financement illégal, mais je ne sais pas. Je n'ai pas participé directement

 17   à cela. Mais tout le monde en Serbie savait qu'un appui était fourni à la

 18   RSK et à la Republika Srpska, et personne ne s'est opposé à cela. Même

 19   l'opposition pro-occidentale n'a pas osé attaquer le régime. Certains

 20   partis de l'opposition ont même jeté la pierre à Milosevic parce qu'il

 21   n'aidait pas suffisamment.

 22   Q.  Je vais vous poser encore une question. Non, désolé, ce ne sera pas une

 23   seule question. J'en aurai deux.

 24   Vous avez probablement entendu lors de votre procès et, en l'espèce, --

 25   Mme BIERSAY : [interprétation] Objection. Question directrice.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais reformuler.

 27   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Je vous en prie.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation]


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  1   Q.  Est-ce que vous avez jamais entendu dire lors de votre procès --

  2   Mme BIERSAY : [interprétation] Même objection, Monsieur le Président. Me

  3   Zivanovic est en droit de poser une question au témoin à laquelle il

  4   répondra, mais lui demander s'il a entendu dire quelque chose est une

  5   question directrice.

  6   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pour moi, ce n'est pas une question

  7   directrice. Je lui demande simplement de me dire s'il a entendu dire

  8   quelque chose ou pas.

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'objection est rejetée.

 11   Veuillez continuer, Maître Zivanovic.

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 13   Q.  Avez-vous entendu dire lors de votre procès que des Chetniks, les

 14   hommes de Seselj, ou les volontaires du Parti radical serbe avaient commis

 15   des crimes sur le territoire de la Krajina serbe ?

 16   R.  Le bureau du Procureur a essayé au début d'étiqueter tous les hommes de

 17   Seselj comme étant des criminels, et après la présentation des moyens à

 18   charge, le bureau du Procureur l'a abandonné. Les éléments de preuve

 19   recueillis par l'Accusation montraient que les Chetniks étaient clairement

 20   séparés des hommes de Seselj. Oui, tous les Chetniks étaient les hommes de

 21   Seselj mais l'inverse n'était pas forcément vrai.

 22   Et l'Accusation a fait référence aux forces serbes, notamment les hommes de

 23   Seselj, et les hommes de Seselj n'étaient pas clairement identifiés où que

 24   ce soit d'ailleurs comme étant des auteurs de crimes. Ils ont voulu nous

 25   attribuer plusieurs groupes, plusieurs personnes comme étant les hommes de

 26   Seselj, mais il n'y avait absolument aucune preuve à cet égard. Donc,

 27   l'Accusation n'a pas un seul faisceau de preuve montrant qu'un volontaire

 28   du Parti radical serbe ait été envoyé par nous sur la ligne de front et ait


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  1   jamais commis un crime. Cela n'existe pas, tout simplement. Alors, bien

  2   sûr, il y a la formulation de l'entreprise criminelle commune --

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Pouvez-vous recadrer votre témoin,

  4   s'il vous plaît, sur votre question.

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  6   Q.  Monsieur Seselj, j'aimerais que vous vous contentiez de nous dire si

  7   vous avez connaissance du fait que des volontaires du Parti radical serbe

  8   ont commis des crimes dans la région de Slavonie, Baranja et Srem

  9   occidental ou en République de Krajina serbe ?

 10   R.  Non, non, pas un seul rapport ne le montre. Si cela avait été le cas,

 11   j'aurais été le premier à réagir. Je ne pouvais pas les traduire en

 12   justice, mais j'aurais pu les mettre sur la place publique, et je n'ai

 13   jamais rechigné à le faire lorsqu'il s'agissait d'un certain comportement,

 14   quelle qu'aient été les responsables.

 15   Et cela n'existait pas chez les volontaires du Parti radical serbe, mais il

 16   faut aussi garder à l'esprit autre chose, à savoir qu'il y avait beaucoup

 17   de renouvellement parmi les volontaires. Par exemple, un homme pouvait

 18   aller sur la ligne de front et était volontaire de notre parti. Il

 19   assurerait une garde, revenait, et ensuite, sa prochaine garde se ferait au

 20   nom d'un autre groupe de volontaires. Par exemple, quelquefois Arkan et

 21   moi-même nous rencontrions, lors des funérailles de quelqu'un qui, au

 22   début, avait été notre volontaire et puis, qui plus tard, avait rejoint les

 23   hommes d'Arkan et était mort dans le cadre de la garde d'Arkan. Mais comme

 24   nous savions qu'à l'origine cet homme était notre volontaire, par décence,

 25   je me sentais obligé de me rendre à ses funérailles.

 26   Q.  Alors, je voudrais vous poser la question suivante. Est-ce que vous

 27   savez si parmi les hauts représentants et les commandants de la JNA, tels

 28   que Kadijevic, Adzic, ou des représentants politiques, tels que Martic,

 


Page 11225

  1   Milosevic, Milan Babic, Goran Hadzic, est-ce que vous savez si un plan ou

  2   un accord a été conclu ou quelque sorte d'arrangement que ce soit ait été

  3   conclu pour procéder à un nettoyage ethnique des non-Serbes de Slavonie,

  4   Baranja et Srem occidental ?

  5   R.  Non, cela n'a pas eu lieu. Absolument pas. Je vous le garantis. Toutes

  6   les instructions demandaient systématiquement de protéger la population

  7   civile.

  8   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur Seselj. Je n'ai plus de

  9   questions.

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Madame Biersay, êtes-vous prête pour

 11   votre contre-interrogatoire ?

 12   Mme BIERSAY : [interprétation] J'aurais besoin de quelques minutes pour

 13   m'organiser.

 14   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Bien sûr.

 15   Mme BIERSAY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Contre-interrogatoire par Mme Biersay : 

 17   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Seselj.

 18   R.  Est-ce que je suis censé dire quelque chose ? Je suis là pour répondre

 19   à vos questions. Vous n'avez pas posé de question. Vous venez juste de

 20   remarquer que c'était une bonne après-midi. En tout cas, c'est

 21   l'interprétation que j'ai reçue. Vous avez fait remarqué que l'après-midi

 22   était belle. Est-ce que vous m'avez posé une question ? Je n'ai pas

 23   compris. Je n'ai pas compris qu'il s'agissait d'une question.

 24   Q.  Non, ce n'était pas une question, vous avez tout à fait raison. Et

 25   j'aimerais vous dire que lors de votre contre-interrogatoire, je vais vous

 26   demander de répondre plus brièvement que lors de votre interrogatoire

 27   principal par Me Zivanovic. Cela aiderait également les interprètes.

 28   Est-ce que vous comprenez cela ?


Page 11226

  1   R.  Oui. Je vais essayer d'être le plus bref possible, mais quelques fois

  2   il faut être clair et précis. Sinon, les Juges de la Chambre ne

  3   comprendront pas le tout, et c'est quelque chose qui me tient à cœur.

  4   Q.  C'est quelque chose qui nous tient à cœur à tous. Très bien.

  5   Alors, je voudrais revenir sur quelque chose que vous avez dit à propos

  6   d'Ovcara. Vous avez dit, je pense que c'était à la page 55 du compte rendu

  7   d'audience, je ne suis pas sûre de la formulation exacte, mais ce que j'ai

  8   noté reprend vos propos : "A plusieurs reprises, j'ai montré du doigt le

  9   régime à cause d'Ovcara."

 10   Est-ce que vous vous souvenez avoir dit cela ?

 11   R.  Sur Ovcara ? Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. A mon avis, j'ai tout

 12   éclairci sur Ovcara ici à La Haye, lorsque j'ai travaillé pendant mon

 13   procès, lorsque j'ai envoyé mes propres enquêteurs sur le terrain, lorsque

 14   j'ai analysé plusieurs documents.

 15   Q.  Nous allons y venir, Monsieur Seselj. Nous ne parlons pas de cela pour

 16   le moment.

 17   Il y a quelques instants, vous avez dit que vous n'aviez pas peur de mettre

 18   les gens sur la place publique. Est-ce que vous avez bien dit cela ?

 19   R.  Je crois que j'ai dit précisément accuser publiquement. Je n'ai pas

 20   utilisé le mot anglais que vous avez utilisé "stigmatise". J'ai dit

 21   "accuser publiquement" parce que ce mot, "stigmatise" en anglais, a une

 22   connotation légère plus négative que le terme accuser, du moins dans notre

 23   langue.

 24   Q.  Monsieur Seselj, s'il vous plaît. J'ai compris votre réponse, et je

 25   vais à présent vous poser une question.

 26   Ma question est la suivante : en vous fondant sur ce que vous avez déclaré

 27   aux Juges de la Chambre aujourd'hui, j'aimerais savoir si vous êtes revenu

 28   sur Vesna Bosanac et si vous l'avez accusée pendant votre procès d'avoir


Page 11227

  1   préparé une liste de 200 personnes qui devaient être exécutées à Ovcara ?

  2   R.  Vous ne m'avez pas laissé le faire.

  3   Q.  Nous pourrons y venir, mais ma première question est : est-ce que vous

  4   l'avez fait ?

  5   R.  Comment j'aurais pu le faire, si vous ne l'avez même pas interrogé

  6   pendant l'interrogatoire principal. En fait, vous avez automatiquement

  7   inclus sa déclaration et avez demandé un versement au dossier de cette

  8   dernière, et vous saviez à l'époque que j'avais refusé de contre-interroger

  9   des témoins qui étaient dans le prétoire, -- laissez-moi terminer, s'il

 10   vous plaît, Madame, les interroger directement et pas sur la base de ce que

 11   vous aviez rédigé.

 12   Q.  Un instant. Dois-je comprendre par ce que vous venez de dire, qu'étant

 13   donné que c'était un témoin au titre de l'article 92 ter, vous aviez décidé

 14   de ne pas lui poser de questions ?

 15   R.  Je n'ai pas décidé de ne pas lui poser de questions. J'ai décidé de ne

 16   pas poser de questions à quiconque comparaissait dans le prétoire au terme

 17   de l'article 92 ter du Règlement, parce que je continue à estimer que cet

 18   article est illégal. Il a été adopté contre tous les principes juridiques.

 19   Il est totalement arbitraire, et a été rédigé par les Juges du Tribunal de

 20   La Haye. Il a été adopté dans une version ultérieure du Règlement. Il

 21   n'existait pas au début, et ils se sont rendu compte qu'il était très utile

 22   d'y avoir recours dans le procès Milosevic.

 23   Vous ne semblez pas satisfaite de mes réponses, mais écoutez-moi jusqu'au

 24   bout.

 25   Q.  Vos réponses sont vos réponses. Ce qui m'intéresse, c'est que vous

 26   répondiez à la question de façon concise, et ensuite je vous poserai des

 27   questions supplémentaires.

 28   Donc, si je vous ai bien compris, ce que vous êtes en train de dire et


Page 11228

  1   confirmer-le-moi, c'est que vous avez demandé Vesna Bosanac, les 5 et 6

  2   novembre 2008, si elle avait ou non ordonné d'exécuter 200 personnes à

  3   Ovcara ?

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic,

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je pense que le témoin a répondu à cette

  6   question. Il a dit que non.

  7   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Seselj, s'il vous plaît,

  8   lorsque des objections sont soulevées et que nous essayons de nous

  9   prononcer sur l'objection, je vous demanderais de bien vouloir de ne pas

 10   intervenir à moins que les Juges de la Chambre ne vous le demandent.

 11   Madame Biersay, veuillez continuer.

 12   Mme BIERSAY : [interprétation] M. Seselj a bien sûr expliqué son objection

 13   quant à l'article 92 ter du Règlement qui est utilisé dans ce Tribunal, et

 14   j'aimerais obtenir une réponse claire de sa part pour savoir si, oui ou

 15   non, il a jamais avancé à Bosanac, les 5 et 6 novembre 2008, qu'elle a

 16   participé à l'exécution de 200 personnes à Ovcara.

 17   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 18   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Monsieur Seselj, est-ce que vous

 19   m'avez entendu ?

 20   Maître Zivanovic, c'est à vous.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] D'après ce que je comprends, M. Seselj a

 22   déclaré qu'il n'a pas contre-interrogé quelque témoin que ce soit qui avait

 23   été convoqué au titre de l'article 92 ter du Règlement, car les

 24   déclarations avaient été versées directement au dossier et, d'après ce que

 25   j'ai compris, Mme Bosanac faisait partie de ces témoins.

 26   [La Chambre de première instance se concerte]

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je dire quelque chose, Monsieur le

 28   Président, je pense que cela vous aiderait.


Page 11229

  1   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Oui, je vous en prie.

  2   [La Chambre de première instance se concerte]

  3   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] La question a été posée, la réponse a

  4   été recueillie.

  5   Veuillez poursuivre, Madame Biersay.

  6   Mme BIERSAY : [interprétation]

  7   Q.  Vous avez lancé ces accusations contre Vesna Bosanac lorsqu'au mois de

  8   mars 2012, vous avez présenté votre plaidoirie; c'est exact ?

  9   R.  Vers la fin de la déposition de Vesna Bosanac, je me suis opposé de

 10   façon véhémente contre la décision rendue par la Chambre de première

 11   instance, et je précisais que la Chambre de première instance avait

 12   autorisé le monstre de l'hôpital de Vukovar de sortir du prétoire libre, et

 13   non sanctionné. Je ne peux pas vous répéter mot pour mot le compte rendu,

 14   je vous renvois à la documentation. Et, lorsque j'ai interrogé d'autres

 15   témoins comme Vukasinovic, par exemple, le colonel Ljubisa Vukasinovic et

 16   d'autres témoins par exemple, il en va de même.

 17   Q.  Donc, la question que je vous pose est celle-ci : avez-vous lancé ces

 18   accusations contre Vesna Bosanac lors de la présentation de votre

 19   plaidoirie en mars 2012 ?

 20   R.  Si je me souviens bien, oui.

 21   Q.  Savez-vous que le Dr Bosanac a témoigné dans l'affaire contre Goran

 22   Hadzic ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Donc, vous ne savez pas qu'elle a témoigné au mois d'avril 2013 ?

 25   R.  Si elle a témoigné, le bureau du Procureur aurait eu l'obligation de me

 26   communiquer le compte rendu d'audience de sa déposition, parce que cela

 27   porte sur mon procès. Je n'ai jamais reçu ce compte rendu, même si vous

 28   prétendez que oui, vous devriez dans ce cas me montrer un récépissé. Et


Page 11230

  1   dans le cas où je l'ai reçu, je ne l'ai pas lu, mais vous devez m'envoyer

  2   des preuves, car vous avez l'obligation de le faire.

  3   Q.  Savez-vous que la question n'a jamais été posée au Dr Bosanac ou, en

  4   tout cas, qu'on ne lui a jamais présenté ces accusations, à savoir qu'elle

  5   a sélectionné 200 personnes qui devaient être exécutées à Ovcara ?

  6   R.  Pourquoi ne lui avez-vous pas soumis cela ? Pourquoi m'avez-vous

  7   empêché de lui poser la question ?

  8   Q.  Alors la Défense n'a pas posé ces questions au Pr Bosanac en l'espèce;

  9   le saviez-vous ?

 10   R.  Non, je ne le savais pas. Mais comment puis-je être informé de ce que

 11   fait l'équipe de Défense dans ce procès-ci ou de ce que l'équipe de Défense

 12   avait ? J'ai eu une séance de récolement avec Me Zivanovic, et moi j'ai

 13   parlé des choses à propos desquelles je pouvais témoigner. Je ne lui ai pas

 14   parlé de ce qu'il a fait avant, ni de la manière dont il a interrogé tel ou

 15   tel témoin. Il ne m'a pas parlé non plus des témoins qui ont comparu ici,

 16   et surtout pas les témoins à charge. Je ne m'en souviens pas d'un seul. Il

 17   a insisté pour que je lui donne un récit le plus complet possible des

 18   connaissances que j'avais, plutôt que de partager avec la connaissance

 19   qu'il a en se fondant sur l'interrogatoire de témoins précédents.

 20   Q.  Vous et M. Hadzic, vous êtes ensemble au quartier pénitentiaire depuis

 21   2011, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, effectivement, mais nous ne nous voyons que très rarement, car

 23   nous sommes dans des ailes différentes. Nous n'avons jamais été dans la

 24   même aile du quartier pénitentiaire. Quelquefois, nous avions l'habitude de

 25   nous rencontrer si quelqu'un venait nous rendre visite ou lorsque quelqu'un

 26   venait me demander, par exemple, quelqu'un qui se trouve sur un autre

 27   étage, venait me voir et me demander, s'agit-il de Hadzic, de Lukic, de

 28   Tolimir. Et à ce moment-là, on m'invitait à une célébration dans une aile


Page 11231

  1   différente, et à ce moment-là, je rencontrais ceux qui habitaient ou qui

  2   logent dans cette aile-là.

  3   Mais nous n'avons pas l'occasion de nous rencontrer tous les jours.

  4   Et si nos femmes viennent nous rendre visite, peut-être que dans ce cas

  5   nous nous trouvons dans la même partie du quartier pénitentiaire. Et si je

  6   change d'étage, nous échangeons quelques mots, mais nous ne sommes jamais

  7   ensemble à proprement parler.

  8   Q.  Et, comme vous le dites, M. Hadzic et vous, vous êtes dans le même

  9   bateau au quartier pénitentiaire, n'est-ce pas ?

 10   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Maître Zivanovic.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pardonnez-moi, est-ce que l'on peut

 12   préciser la question, qu'est-ce que cela signifie "être dans le même

 13   bateau" ?

 14   Mme BIERSAY : [interprétation] Bon, c'est une expression utilisée par M.

 15   Seselj lui-même. C'est exactement ce que je souhaite savoir.

 16   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Madame Biersay.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, si ma mémoire ne me fait pas défaut, je

 18   n'ai jamais parlé de bateau. J'ai dit que nous étions maintenant dans le

 19   même, et je n'ai pas prononcé le terme suivant parce qu'en serbe, c'est un

 20   juron. C'est un mot à quatre lettres. Tout Serbe sait de quoi je parle et,

 21   si vous insistez, je peux vous le dire, Monsieur le Juge.

 22   (expurgé)

 23   (expurgé)

 24   (expurgé)

 25   (expurgé)

 26   (expurgé)

 27   (expurgé)

 28   Mme BIERSAY : [interprétation]


Page 11232

  1   Q.  Aujourd'hui, vous avez longuement parlé de ce qui est arrivé à Ovcara

  2   d'après vous.

  3   R.  Oui. Ce n'est pas ce que je pense. C'est ce que je maintiens. C'est ce

  4   que je sais.

  5   Q.  Et vous le savez en dépit du fait que vous n'étiez pas vous-même à

  6   Ovcara, n'est-ce pas ?

  7   R.  Je n'étais pas à Ovcara. Je ne peux pas pondre un œuf, mais si je mange

  8   un œuf je peux vous dire si l'œuf est bon ou pas. J'ai pris connaissance

  9   des crimes par la suite. Mais lorsque je me suis trouvé à La Haye, j'ai

 10   commencé à enquêter de façon sérieuse sur la question, d'autant que cinq

 11   ans plus tard, le Tribunal de La Haye a enregistré le nom de mes

 12   conseillers juridiques de façon à ce que je puisse leur parler sans que

 13   l'on me mette sur écoute. Pas avant que je ne fasse la grève de la faim

 14   pour protéger mes droits et pour me débarrasser du conseil qui avait été

 15   commis d'office et qui m'avait été imposé.

 16   Q.  Oui, j'entends bien. Donc, lorsque vous avez témoigné dans l'affaire

 17   Milosevic, votre point de vue était différent de celui des éléments

 18   présentés dans les éléments de preuve; c'est exact ?

 19   R.  Non, on ne peut pas dire que le point de vue était différent parce que

 20   j'ai également parlé d'Aleksandar Vasiljevic et d'autres choses. Mais je me

 21   souviens bien qu'à l'époque, j'ai dit que mes enquêteurs travaillaient

 22   dessus et travaillaient toujours dessus, et je suis sûr que ceci a été

 23   consigné quelque part.

 24   Les informations dont je disposais à l'époque étaient que l'armée a

 25   vraiment remis les prisonniers aux autorités civiles. Et la presse serbe en

 26   a beaucoup parlé. Personne au niveau du grand public serbe n'a parlé d'une

 27   autre version des choses. Je n'avais aucune idée en tout cas sur ce sujet.

 28   Lorsque j'ai préparé ma défense, une fois que mes conseillers juridiques


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  1   ont été enregistrés, j'ai pu faire la clarté dans mon esprit à ce sujet et

  2   je peux vous parler de ce que j'ai appris depuis. Et donc, il s'agit

  3   d'informations qui me venaient de différentes sources. Et mon état d'esprit

  4   était d'une certaine façon à l'époque et est différent aujourd'hui.

  5   Q.  Alors, quelle était votre principale source, votre source

  6   d'information, lorsque vous avez témoigné dans l'affaire Milosevic ?

  7   R.  Je n'avais pas de source à l'époque alors je parlais spontanément de ce

  8   que je savais à l'époque et ce qui, à mon sens, était vrai. Je n'avais pas

  9   de sources à l'époque. Et je n'ai appris de la presse serbe ce que je

 10   savais sur cela.

 11   Q.  Dans la déclaration que vous avez remise à l'équipe de Défense Hadzic,

 12   au paragraphe 78, et je vais vous lire l'extrait en anglais :

 13   "Lors de ma déposition dans l'affaire Milosevic, je disposais d'autres

 14   informations qui provenaient essentiellement des sources de la JNA qui, à

 15   mon sens, étaient vraies. C'est la raison pour laquelle j'ai déclaré que le

 16   gouvernement de la Région autonome du SBSO avait pris à leur charge les

 17   prisonniers qui ont été exécutés à Ovcara."

 18   R.  Comment se fait-il que l'on voie Hadzic au niveau du compte rendu

 19   d'audience ? Moi je ne vous ai pas entendu parler de Hadzic et ici on lit

 20   Hadzic.

 21   Q.  Alors, je vais préciser. Dans la déclaration que vous avez remise à

 22   l'équipe de Défense Hadzic, la déclaration que vous avez signée cette

 23   année, moi je vous lis un paragraphe extrait de cette déclaration. Donc, ce

 24   que je viens de vous lire correspond à quoi, c'est l'anglais, c'est le

 25   paragraphe 78 de la version anglaise.

 26   R.  Oui. Madame Biersay, le premier nom que l'on voit ici est celui de

 27   Hadzic, alors qu'on lit ici "la Région autonome du SBSO". Maintenant, cela

 28   a été supprimé depuis mon intervention. Ici, à l'écran, au niveau du compte


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  1   rendu d'audience. Pas dans ma déclaration.

  2   Madame Biersay, l'ensemble de la presse serbe a publié des informations en

  3   vertu desquelles --

  4   Vous ne souhaitez pas entendre mes réponses.

  5   Q.  Si, si, bien sûr. Mais ce que je dis, c'est que vous avez dit que vous

  6   n'aviez pas de sources, et au paragraphe 78, vous dites que cela provenait

  7   des sources de la JNA. Donc, j'essaie de concilier ces deux déclarations.

  8   R.  Je trouve qu'il est étrange que vous ne m'ayez pas bien compris, Madame

  9   Biersay, parce que d'après moi, vous êtes une femme intelligente. Mes

 10   informations me provenaient des sources de la JNA. Alors, ce que la JNA a

 11   relaté au grand public, c'est la seule chose qui était disponible et qu'a

 12   entendue le grand public serbe.

 13   Au niveau de l'enquête menée par un tribunal militaire de Belgrade, Veselin

 14   Sljivancanin, Mrksic et d'autres, eh bien, ont été interrogés. A la fin de

 15   l'enquête, ils n'ont pas été déclarés coupables mais les prisonniers leur

 16   ont été remis et un peloton d'exécution les a abattus. Vous disposez de

 17   documents importants pour mener votre enquête. Vous voyez que les services

 18   de sûreté de la JNA, services de sécurité militaire de la JNA, ont inventé

 19   de toutes pièces certaines informations pour décevoir le grand public et

 20   n'étaient pas disposés à venir à La Haye pour venir en parler.

 21   Q.  Alors, j'en suis sûre. Maintenant, je vais vous lire un extrait de

 22   votre déposition dans l'affaire Milosevic.

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pardonnez-moi si je vous interromps, mais

 24   la dernière phrase de M. Seselj n'a pas été consignée ou n'a pas été

 25   traduite. Il a parlé du général Mrksic.

 26   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Après que l'on mentionne "les

 27   services de sécurité de la JNA qui ont inventé de toutes pièces les

 28   informations et s'en sont servies pour tromper le grand public".


Page 11235

  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est à la ligne 8, après la dernière

  2   phrase, à la ligne 8. C'est une phrase entière qui n'a pas été consignée au

  3   compte rendu d'audience.

  4   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] "…a inventé de toutes pièces des

  5   informations pour tromper le public. C'est à contrecoeur que je suis venu à

  6   La Haye. Je n'avais aucune idée au sujet de cela", et ensuite il manque

  7   quelque chose, Maître Zivanovic.

  8   Monsieur Seselj, est-ce qu'il manque quelque chose ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais sur le point de dire que j'ai eu

 10   plusieurs réunions avec le général Mrksic, et de parler de la manière dont

 11   le général Mrksic m'a parlé en détail sur ce qui s'était passé, et ce qui

 12   est encore plus important, le général Mrksic m'a non seulement parlé de

 13   menaces proférées contre sa famille, mais m'a dit également que pendant

 14   quasiment un mois on l'avait emmené à Dobanovci. C'était un terrain

 15   militaire, il pouvait aller à la chasse, mais pendant quatre heures des

 16   officiers chargés de la sécurité travaillaient avec lui, et leur objectif

 17   c'était qu'il ne mentionne rien d'important ici.

 18   Tout d'abord, ils souhaitaient lui servir une version qui leur était

 19   davantage favorable. Et ensuite, ils ont décrété qu'il était préférable

 20   qu'il ne témoigne jamais, donc il n'a jamais témoigné dans son propre

 21   procès.

 22   Mme BIERSAY : [interprétation] Je ne sais pas s'il a répondu à la question,

 23   en tout cas la réponse était longue. Je regarde l'heure, et je pense que je

 24   peux conclure pour aujourd'hui.

 25   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Fort bien.

 26   Monsieur Seselj, nous en avons terminé pour aujourd'hui. Nous allons tous

 27   revenir demain à 9 heures. Vous êtes toujours un témoin, et puisque vous

 28   êtes encore à la barre, vous êtes encore un témoin, vous ne pouvez aborder


Page 11236

  1   la question de votre déposition avec quiconque, et vous ne pouvez

  2   communiquer ni avec l'une ni avec l'autre partie, que ce soit la Défense ou

  3   le bureau du Procureur; est-ce bien clair ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  5   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] Merci.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais j'aimerais contacter Mme Biersay, si

  7   c'est possible, parce que je la trouve vraiment agréable. C'est une petite

  8   plaisanterie, j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur.

  9   M. LE JUGE DELVOIE : [interprétation] L'audience est levée.

 10   [Le témoin quitte la barre]

 11   --- L'audience est levée à 14 heures 00 et reprendra le mercredi, 10

 12   septembre 2014, à 9 heures 00.

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