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1 Le jeudi 25 mars 2004
2 [Audience publique]
3 --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
6 l'affaire, s'il vous plaît.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit de
8 l'affaire IT-01-47-T, le Procureur contre Enver Hadzihasanovic et Amir
9 Kubura.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Je demande aux représentants de l'Accusation de bien
11 vouloir se présenter.
12 M. WITHOPF : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
13 Monsieur les Juges. Bonjour aux conseils -- les conseils de l'Accusation,
14 Ekkehard Withopf, Daryl Mundis et Ruth Karper.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur Withopf.
16 Je me tourne aux Défenseurs.
17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour la
18 Défense d'Enver Hadzihasanovic, Me Edina Residovic et Stéphane Bourgon, co-
19 conseil. Merci.
20 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour la
21 Défense de M. Kubura, M. Fahrudin Ibrisimovic, Me Rodney Dixon et M. Nermin
22 Mulalic, assistant juridique.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Je salue à toutes les personnes présentes, les
24 représentants du Procureur, les avocats, les accusés, ainsi que tout le
25 personnel de cette salle d'audience.
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1 Comme vous le savez, nous aurons, à la demande de l'Accusation, une
2 prolongation de l'audience d'aujourd'hui. Il m'a été indiqué par le Greffe
3 que nous pourrons reprendre nos travaux à 14 heures 45, après le break qui
4 interviendra à 13 heures 45. Il y aura une heure d'interruption, et nous
5 reprendrons à 14 heures 45, mais nous n'aurons qu'une heure et demie compte
6 tenu de la charge de travail des interprètes. J'espère que ce temps vous
7 permettra de terminer l'audition du témoin que nous avons et de commencer
8 l'audition du second témoin.
9 Je ne saurais trop inviter les parties, dans les questions qu'elles posent,
10 à aller, dans la mesure du possible, à l'essentiel car c'est ce qui est
11 important puisque vos questions ont pour objet d'éclairer le Tribunal sur
12 les faits et, à partir de là, poser les questions essentielles. Dans le
13 fond des questions, parfois, il y a des questions qui, manifestement, ne
14 servent pas à grand-chose. Mais c'est un effort qui doit être fait afin
15 justement de permettre aux uns et aux autres de poser des questions à
16 l'appui soit de l'Accusation, soit de la Défense. Bien entendu, si les
17 Juges estiment qu'il y a des trous dans les questions, nous interviendrons,
18 dans l'intérêt de la justice, compléter les questions qui ont été posées.
19 Mais il vaut mieux que cela vienne des parties plutôt que des Juges.
20 Si les Juges, à ce moment-là, posent des questions, cela ne vienne qu'une
21 absence de questions pertinentes.
22 Sans perdre de temps, nous allons introduire le témoin.
23 Je vais demander à Mme l'Huissière de bien vouloir procéder à
24 l'introduction de ce témoin dans la salle d'audience.
25 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
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1 LE TÉMOIN: CAMERON KIGGELL [Reprise]
2 [Le témoin répond par l'interprète]
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. J'espère que vous entendez bien
4 la traduction des propos des uns et des autres dans vos écouteurs. Votre
5 témoignage va se poursuivre aujourd'hui, et je pense vous serez, dans la
6 journée, en mesure de regagner votre pays.
7 Je donne la parole à M. Withopf -- non, c'était déjà -- nous étions déjà au
8 contre-interrogatoire. Je donne la parole à la Défense. Je pensais tout de
9 suite aux questions supplémentaires, mais la Défense n'avait pas terminé
10 ses questions.
11 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.Contre-
12 interrogatoire par Mme Residovic : [Suite]
13 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Kiggell.
14 Hier, vers la fin des questions que je vous ai posées, nous avons parlé de
15 certaines raisons qui, selon vous, pouvaient expliquer le fait que vous
16 ayez eu besoin d'une autorisation du commandement du 3e Corps pour franchir
17 les postes de Contrôle, soit parce qu'ils étaient proches des lignes de
18 front, soit parce que cela permettait d'assurer la sécurité de la FORPRONU.
19 Vous souvenez-vous avoir évoqué ces questions-là avec moi hier ?
20 R. Oui.
21 Q. Mais, en plus des cas de figures que nous avons évoqués, je suis sûre
22 que vous pourriez être d'accord avec moi pour dire que, parfois, les
23 soldats aux postes de Contrôle n'étaient satisfaits de voir que vous aviez
24 cette autorisation et ils exigeaient également une autorisation de la part
25 de leurs commandants locaux. Avez-vous été dans de telles situations ?
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1 R. Oui. Très souvent, je devais obtenir l'autorisation du commandant de
2 brigade locale.
3 Q. Cela montrait, de façon évidente, que l'ABiH était en train de se
4 mettre en place avec peine et que certains commandants locaux détenaient
5 véritablement le pouvoir, en réalité.
6 R. Oui.
7 Q. En réalité, pendant votre séjour à Zenica, il a ressorti clairement que
8 l'ABiH, malgré tous les efforts qu'elle a déployée, n'a pu mettre en place
9 une structure conformément à la structure de subordination habituelle dans
10 une armée qui est bien organisée. Est-ce exact ?
11 R. Oui. Il existait des problèmes de communication, qui entraînait des
12 retards dans le déplacement dans la zone.
13 Q. En tant que soldat de métier, vous savez certainement qu'en temps en
14 temps, pour constituer un corps d'armée, il faut quelques années. Or, le 3e
15 Corps s'est créé dans des conditions très difficiles où deux guerres
16 devaient être menées.
17 R. Oui, c'est exact.
18 Q. A ce moment-là, pendant le temps que vous avez passé à Zenica, vous
19 saviez que le 3e Corps tenait la ligne de front contre les Serbes, longue
20 de quelques centaines de kilomètres, qu'il était engagé dans des opérations
21 de combats constantes. Par ailleurs, vous saviez également qu'en 1993, un
22 autre front s'est ouvert, contre les forces du HVO. Saviez-vous cela ?
23 R. Oui.
24 Q. Vous avez pu également vous trouver dans une situation où vous avez pu
25 constater que le commandant ou le commandant adjoint, pour assurer votre
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1 sécurité, négociait parfois avec les commandants locaux, plutôt que de
2 donner des ordres. Est-ce exact ?
3 R. Oui, c'est exact.
4 Q. Mais, comme vous l'avez dit hier dans votre déposition, le commandant
5 du 3e Corps était un officier de carrière et, devant vous, devant des
6 collègues, il était difficile de reconnaître que le système de commandement
7 et de contrôle au sein de l'ABiH ne fonctionnait pas encore. Par
8 conséquent, il a essayé de justifier, de différentes manières, les actions
9 de ses soldats.
10 R. Oui, on peut dire cela.
11 Q. Pendant l'interrogatoire principal hier, mon collègue de l'Accusation
12 vous a demandé pourquoi un officier de liaison vous a été affecté. Vous
13 avez répondu la chose suivante : le commandant Hadzihasanovic s'est plaint
14 auprès du colonel Duncan. Il y a dit que vous étiez en train de rassembler
15 trop de renseignements, et il vous avait dit que, selon vous, il s'agissait
16 peut-être d'une mesure de représailles, quelques reprises, par le 3e Corps.
17 Est-ce le cas ?
18 R. Oui, cela semblait être le cas. J'étais en train de rassembler
19 énormément de renseignements. Le commandant du 3e Corps a riposté en
20 m'affecter un officier de liaison.
21 Q. Une fois de plus, je m'adresse à vous en tant que militaire de
22 carrière. Etant donné que vous avez subi un entraînement avant d'arriver en
23 Bosnie-Herzégovine, vous savez certainement qu'il y a une différence entre
24 différentes missions des Nations Unis, dont celles mises en place en vertu
25 du chapitre 6 de la chartre des Nations Unis, et celles exécutées
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1 conformément au chapitre 7 de la chartre des Nations Unis ?
2 R. Je ne peux vous le dire avec exactitude quelle est la différence entre
3 les missions en vertu de ces différents chapitres, mais je sais quelle
4 était notre mission à l'époque.
5 Q. En vertu du chapitre 7, il s'agissait du rétablissement de la paix, et
6 il s'agissait de faire en sorte que les forces des Nations Unis aient
7 recours à la force pour rétablir la paix, alors qu'en vertu du chapitre 6,
8 votre mission à vous, il s'agissait uniquement d'aider à fournir une aide
9 humanitaire, est-ce exact, à savoir que votre mandat ne consistait pas à
10 rétablir la paix, mais uniquement à fournir une aide humanitaire ?
11 R. Oui, c'est exact. Notre rôle, c'était de faire en sorte que les
12 conditions d'acheminement de l'aide humanitaire soient favorables.
13 Q. Vous saviez que cette mission, à savoir, soutenir les actions
14 d'acheminement d'aide humanitaire, consistait à faire en sorte que les
15 mesures que vous preniez n'aient pas d'influence sur l'action des parties
16 en conflit. Est-ce exact ?
17 R. Oui, notre but s'était d'aider l'acheminement d'aide humanitaire sur le
18 terrain, mais nous n'étions pas partie du conflit.
19 Q. Vous saviez également que ce soutien des forces des Nations Unis a été
20 décidé avec l'accord de toutes les parties au conflit, et avec l'accord de
21 l'état de la Bosnie-Herzégovine, sur le territoire duquel vous étiez
22 déployé. Saviez-vous cela ?
23 R. Oui.
24 Q. De même, comme vous nous l'avez dit hier dans votre témoignage, en tant
25 que soldat, vous deviez encadrer et escorter les convois d'aide
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1 humanitaire, mais vous ne pouviez avoir recours à la force qu'en cas de
2 légitime défense. Est-ce exact ?
3 R. Oui.
4 Q. Même pour ce qui est du recours à la force pour la légitime défense, un
5 certain nombre de règles étaient en vigueur, selon lesquels l'usage de la
6 force ne pouvait être envisagé qu'en dernier recours. Est-ce exact ?
7 R. Oui, ce sont les règles connues sous le nom de règles d'engagement.
8 Q. Par conséquent, étant donné que vous connaissiez bien les limites de
9 votre mission, vous saviez que l'ABiH n'était pas de laisser les officiers
10 de liaison ou d'autres membres de la FORPRONU de circuler librement en
11 proximité des lignes de front. Est-ce exact ?
12 R. Notre mission consistait à nous déplacer librement dans le secteur et,
13 pour autant que je puisse m'en souvenir, nous nous arrivions à franchir les
14 barrages routiers, les postes de Contrôle. Parfois, nous subissions des
15 retards, souvent parce que des opérations de combat s'y déroulaient, parce
16 qu'ils ne souhaitaient pas que la FORPRONU aille plus loin. Ils nous
17 disaient que c'était pour notre sécurité qu'ils nous empêchaient de passer.
18 Q. Je vous prie de m'excuser. J'arrive à suivre vos propos en anglais,
19 mais je dois tout de même mettre mes écouteurs parce qu'avec
20 l'interprétation en B/C/S, cela sera plus précis.
21 Mais, pour autant que vous ayez pu le savoir, le FORPRONU s'était forcé
22 d'éviter toutes actions qui auraient pu être interprétés comme la gérance
23 dans le conflit.
24 R. Oui, c'est exact.
25 Q. Dans le cadre de la mission qui était la vôtre, votre bataillon n'a pu
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1 pas obtenir des éléments de renseignement de la même manière que des
2 bataillons qui auraient été engagés dans le conflit armé ?
3 R. Oui.
4 Q. Hier, devant la Chambre de première instance, vous avez dit que votre
5 rôle était d'obtenir des renseignements sur l'ABiH, les positions des
6 unités de cette armée, de rassembler des renseignements sur les officiers
7 hauts gradés, ainsi que sur les opérations de combat présentes ou à venir.
8 R. Oui.
9 Q. Mais vous avez dit, également, que vous étiez chargé de cette mission
10 pour la raison suivante : assurer la sécurité du passage des convois
11 humanitaires et la sécurité des soldats britanniques.
12 R. Oui, c'était uniquement pour obtenir une image précise de ce qui se
13 passait dans notre zone de responsabilité
14 Q. Mais, tout le même, ces activités définies de cette manière auraient pu
15 donner lieu à des soupçons auprès des forces en conflit, et elles auraient
16 pu interpréter votre action comme allant au-delà de votre mandat. Est-ce
17 exact ?
18 R. Oui, c'est tout à fait possible.
19 Q. Etant donné que l'armée britannique fait partie des forces de l'OTAN,
20 vous savez certainement que l'officier de liaison au sein de l'OTAN doit
21 également établir un contact entre les deux armées engagées dans un
22 conflit. Après quoi, les armées parviennent à des accords et des contacts
23 et s'efforcent de mettre en œuvre ces accords. Est-ce exact ?
24 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf.
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1 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation s'oppose
2 à cette dernière question. Le témoin se trouvait en Bosnie centrale dans le
3 cadre de la FORPRONU. Cette question porte sur les usages en vigueur au
4 sein de l'OTAN. Cela nous semble déborder le cadre du contre-
5 interrogatoire. Il ne s'agit pas d'une question qui a été évoquée au cours
6 de l'interrogatoire principal.
7 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit d'une
8 question parmi d'autres dans une série de questions qui visent à préciser
9 une réponse qui a été donnée hier par le témoin, à savoir, déterminer
10 pourquoi le commandant du 3e Corps a affecté un officier de liaison. Je ne
11 pense pas que la réponse du témoin à cette question soit véritablement
12 nécessaire, parce que le témoin a déjà précisé les choses. Je vais retirer
13 cette question pour ne pas prolonger inutilement le débat.
14 Q. Par conséquent, Monsieur le Témoin, vous serez d'accord avec moi pour
15 dire, d'ailleurs vous l'avez déjà confirmé, que votre action dans le cadre
16 de votre mission élargie, pouvait aboutir à la désignation d'un officier de
17 liaison par le commandant du 3e Corps. D'ailleurs, cela aura été conforme
18 aux décisions prises dans une position comme la sienne.
19 R. Oui.
20 Q. Hier, dans vos réponses, vous nous avez expliqué comment vous avez
21 rassemblé un certain nombre de renseignements. Etes-vous d'accord pour dire
22 que les méthodes que vous avez utilisées pour rassembler ces
23 renseignements, au sein du Bataillon britannique, étaient réduites par
24 rapport aux méthodes que vous auriez utilisées si vous aviez fait partie
25 d'un bataillon engagé dans les combats.
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1 R. Oui, parce que tout ce que nous pouvions faire, c'était de parler aux
2 personnes concernées ou faire en sorte que les observateurs présents sur le
3 terrain nous livrent leurs observations sur ce qui se passait.
4 Q. Par conséquent, tout ce que vous auriez fait si vous aviez été membre
5 d'un bataillon engagé dans les combats pour obtenir ces renseignements,
6 vous auriez utilisé un certain nombre de moyens et vous auriez procédé à un
7 certain nombre de vérifications. Vous, vous n'avez pas procédé de cette
8 manière. Vous n'aviez pas ces moyens à votre disposition et vous ne les
9 avez pas utilisés.
10 R. Oui, effectivement.
11 Q. A part le fait que vos activités aient pu être interprétées comme
12 débordant du cadre de votre mandat, défini au sens strict, vous nous avez
13 confirmé hier que le commandant du corps, le commandant adjoint et
14 l'officier de liaison se sont efforcés de vous faciliter l'accès à tous les
15 renseignements qui vous intéressaient.
16 R. Oui.
17 Q. Par ailleurs, dans le bâtiment du commandement du 3e Corps, vous avez
18 pu accéder à toutes les sections du commandement qui vous intéressaient.
19 Est-ce exact ?
20 R. Oui. Un officier de liaison m'a été affecté, et c'est par son
21 intermédiaire que j'ai pu obtenir ces renseignements.
22 Q. Vous nous avez dit hier que vous avez passé environ trois mois et demi
23 à Zenica avant de partir pour Tuzla. Est-ce exact ? Du 21 mai jusqu'au 31
24 août.
25 R. Oui, c'est exact.
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1 Q. Vous nous avez parlé également des réunions quotidiennes qui étaient
2 organisées au quartier général du bataillon. Je vais vous poser la question
3 suivante : Peut-on dire que très souvent, au cour de ces briefings
4 quotidiens qui avait lieu à 18 heures à Vitez, de nombreux collègues, de
5 nombreux officiers du Bataillon britannique qui auraient dû assister à ces
6 réunions, n'y assistaient pas, parce qu'ils étaient engagés dans d'autres
7 missions opérationnelles à ce moment-là.
8 R. Oui, effectivement. Parfois, tout le monde n'était pas présent en
9 raison de certaines opérations.
10 Q. Quant au milinfosum, ou synthèse de renseignements militaires, il
11 reprenait tous les éléments importants qui avaient été exposés par les
12 personnes présentes à ces réunions, n'est-ce pas ?
13 R. Non, ce n'est pas tout à fait cela. Ce document a été rédigé sur la
14 base des rapports de toutes les personnes présentes sur le terrain, qui
15 faisaient rapport à l'officier chargé du renseignement. Il fournissait un
16 briefing sur les renseignements qu'il avait pu obtenir à la réunion de 18
17 heures. Par ailleurs, les officiers qui étaient présents à la réunion,
18 résumaient, de leur côté, quels avaient été leurs activités au cours de la
19 journée.
20 Q. Ces rapports qui étaient établis de cette manière n'étaient pas fournis
21 aux parties au conflit. En d'autres termes, les milinfosums n'étaient pas
22 envoyés au commandement du 3e Corps.
23 R. Effectivement, parce qu'ils contenaient des renseignements sur les
24 activités de toutes les parties au conflit.
25 Q. Les rapports du BritBat avec les parties au conflit, intervenaient par
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1 le biais de réunions avec les parties au conflit qui donnaient lieu à des
2 comptes rendus. Est-ce que c'était la façon dont vous étiez en contact avec
3 les différentes parties au conflit.
4 R. Je n'ai pas bien compris votre question.
5 Q. Oui, vous nous dites que les renseignements dont vous disposiez
6 n'étaient pas transmis aux parties au conflit, à savoir, le HVO et l'ABiH.
7 Pour vous entretenir avec les parties au conflit, vous passiez, soit par
8 des réunions avec différents officiers, soit par le biais de compte rendus
9 écrits. Est-ce que c'est de cette manière-là que vous aviez coutume de
10 communiquer avec le 3e Corps ou le HVO ?
11 R. Oui. Des réunions étaient organisées. Nous leur adressions des lettres,
12 ou alors nous pouvions les appeler par téléphone. Nous communiquions de
13 toutes ces manières-là.
14 Q. Le 3e Corps de l'ABiH et le HVO ne fournissaient non plus leurs plans,
15 leurs militaires, leurs ordres et autres au BritBat, à moins qu'il y ait eu
16 des rapports directs avec une requête de la FORPRONU, n'est-ce pas ?
17 R. Oui.
18 Q. J'aimerais à présent que nous passions à un autre domaine que vous avez
19 évoqué avec le représentant de l'Accusation. Au cours de l'interrogatoire
20 principal, vous avez dit que vous avez eu l'occasion de rencontrer des
21 Moudjahiddines, à savoir, des combattants étrangers qui étaient présents en
22 Bosnie centrale pendant votre période d'affectation. Est-ce exact ?
23 R. Oui.
24 Q. Pendant cette période, vous avez pu constater qu'un certain nombre de
25 Musulmans parmi la population locale ont rejoint les rangs de ces
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1 combattants étrangers. Est-ce que cela correspond bien à ce que vous avez
2 constaté ?
3 R. Oui. Il semble que les locaux musulmans aient rejoint les rangs des
4 Moudjahiddines.
5 Q. Par ailleurs, vous avez pu observer, personnellement, que certains
6 membres de la population locale imitaient ces étrangers soit dans la tenue
7 vestimentaire, soit dans la barbe qu'ils portaient, soit dans le fait
8 qu'ils obéissaient à des préceptes religieux plus stricts.
9 R. Oui, nous avons pu constater que certains Musulmans locaux se
10 montraient plus intégrés en quelque sorte dans l'exercice de leur foi.
11 Notamment, dans la barbe qu'ils portaient et dans les vêtements qu'ils
12 portaient.
13 Q. Pour la plupart des habitants locaux, ils avaient peur des
14 Moudjahiddines, ils n'approuvaient pas leur comportement et leur présence.
15 Est-ce exact ?
16 R. Oui.
17 Q. Si j'ai bien compris, lorsque vous nous avez expliqué comment vous avez
18 rencontré ces combattants étrangers, les Moudjahiddines, vous avez dit que,
19 pour la première fois, vous les avez vus dans un café. Ils n'étaient pas
20 armés. Vous avez vu que c'étaient des étrangers. La deuxième fois que vous
21 les avez rencontrés, c'est quand vous avez rencontré un groupe d'entre eux
22 qui vous ont dit venir de Turquie, et la troisième fois que vous les avez
23 vus, c'était dans le village d'Arnauti. Est-ce que j'ai bien compris la
24 façon dont vous avez décrit les choses ?
25 R. Oui. Peut-être que je les ai rencontrés à d'autres reprises également,
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1 mais il s'agit là des occasions dont je me souviens avec certitude.
2 Mme RESIDOVIC : [interprétation] J'aimerais demander maintenant qu'on
3 montre au témoin le milinfosum du 30 mai 1993, pour que je lui pose un
4 certain nombre de questions.
5 Je m'excuse. J'entendais le 31 mai 1993 et non pas le 30 mai.
6 Q. Pourriez-vous nous dire si, au paragraphe 3 de ce milinfosum, il est
7 fait référence à vos propres renseignements en tant qu'officier de liaison
8 de Zenica.
9 R. L'officier de liaison de Zenica, c'était effectivement moi-même à
10 l'époque.
11 Q. Ce jour-là, vous avez parlé à trois Moudjahiddines qui vous ont dit
12 qu'ils étaient originaires de Turquie. Est-ce bien exact ?
13 R. Oui.
14 Q. Ils ne vous ont pas parlé de leur appartenance militaire. Ils ne vous
15 ont pas non plus parlé des liens qu'ils avaient avec l'ABiH.
16 R. Non.
17 Q. Vous en avez déduit qu'ils n'étaient pas sous le contrôle du 3e Corps.
18 Est-ce bien ce qui est indiqué ici ?
19 R. Cela semble, en effet, en être le cas.
20 Q. Je vous demanderais de prendre le paragraphe 4. Ce paragraphe 4 est un
21 paragraphe afférent à vos contacts à Zenica, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Ce jour-là, vous avez rencontré Jasmin Saric, commandant du quartier
24 municipal de la Défense territoriale de Zenica. Est-ce bien exact ?
25 R. Oui.
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1 Q. Le commandant Saric vous a expliqué, de façon très claire, que les
2 Moudjahiddines n'étaient pas placés sous le contrôle de l'armée. Est-ce
3 bien exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Etant donné qu'il s'agit d'un milinfosum, et que l'information qui a
6 été obtenue personnellement par ce témoin, ce qu'il vient d'ailleurs de
7 confirmer, étant donné tous ces paramètres, je souhaiterais que ce
8 milinfosum soit versé au dossier comme pièce à conviction de la Défense.
9 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai aucune
10 objection.
11 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, aux fins du compte
12 rendu d'audience, je dirais que la Défense souhaite verser ce document du
13 fait de la véracité des éléments contenus dans les paragraphes 3 et 4 de ce
14 milinfosum.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, vous pourriez nous donner un
16 numéro, s'il vous plaît.
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, la cote sera la
18 cote DH108.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Poursuivez.
20 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
21 Q. Monsieur Kiggell, est-il vrai, et j'interprète la déclaration que vous
22 avez présentée pour l'Accusation. Est-il vrai, disais-je, que le 14 juin,
23 vous avez assisté à une réunion qui s'est tenue entre le lieutenant-colonel
24 Duncan et le général Hadzihasanovic ?
25 R. Oui.
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1 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait montrer au témoin
2 le document DH72/ID afin que je puisse lui poser quelques questions à
3 propos de ce document.
4 Q. Je vous demanderais de vous concentrer sur le premier paragraphe de ce
5 document.
6 Comme vous l'avez expliqué hier, lorsque vous participiez à ces réunions,
7 vous teniez -- vous preniez des notes et vous prenez le compte rendu de ces
8 réunions. Est-ce bien exact ?
9 R. Oui.
10 Q. Vous vous souviendrez que, lors de cette réunion, la question des
11 Moudjahiddines a été soulevée et que le commandant adjoint, Dzamal Merdan,
12 a indiqué, de façon très claire, à cette réunion que les Moudjahiddines
13 n'étaient pas sous le contrôle du 3e Corps. Est-ce bien exact ?
14 R. Oui.
15 Q. En fait, cela est indiqué à l'avant dernière phrase du paragraphe
16 premier de ce milinfosum. Est-ce bien exact ?
17 R. Oui.
18 Q. Le commandant Hadzihasanovic a dit au lieutenant-colonel Duncan qu'il
19 avait envoyé une lettre au chef d'état major et il lui a montré la dite
20 lettre afin de le convaincre que des mesures avaient été prises par le 3e
21 Corps pour que les Moudjahiddines puissent se placer sur leur contrôle ou
22 puissent être expulsés de la zone. Est-ce bien exact ?
23 R. Oui.
24 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Auriez-vous l'amabilité de montrer au
25 témoin un document en date du 13 juin, le document DH73/ID. Il s'agit d'une
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1 lettre écrite par Enver Hadzihasanovic en date du 13 juin.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le témoin a maintenant la pièce à
3 conviction DH73/E-ID.
4 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
5 Q. Monsieur Kiggell, êtes-vous en mesure de vous souvenir qu'il s'agit de
6 la lettre qui a été montrée au lieutenant-colonel Duncan par le commandant
7 Hadzihasanovic lors de cette réunion du 14 juin ?
8 R. Je ne peux pas me souvenir précisément qu'il s'agit effectivement de la
9 lettre.
10 Q. Mais vous savez, toutefois, que la lettre a trait aux Moudjahiddines et
11 que cette lettre était adressée au chef d'état major et que la dite lettre
12 a été montrée au lieutenant-colonel Duncan car cela figure dans votre
13 milinfosum.
14 R. Oui, il est indiqué qu'une lettre a effectivement été montrée et, de
15 toute évidence, il s'agit de la dite lettre puisque nous avons la date et
16 l'heure, ainsi que la personne à qui cette lettre est destinée.
17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, compte tenu du fait
18 que le témoin était présent lors de la réunion mentionnée au premier
19 paragraphe du milinfosum, qui porte la date du 14 juin, je souhaiterais que
20 ce document soit finalement versé au dossier et qu'une cote lui soit
21 attribuée. Le témoin a également confirmé que ce jour-là une lettre avait
22 été adressée, envoyée au commandant suprême -- que la dite lettre avait été
23 montrée au lieutenant-colonel Duncan. C'est la raison pour laquelle je
24 souhaiterais que ce document soit versé au dossier.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de donner la parole à M. Withopf, la Chambre
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1 rappelle que nous avions donné un numéro provisoire à ces deux documents,
2 DH72 et DH73, au motif que ces documents avaient un lien direct avec le
3 lieutenant-colonel Duncan dont l'audition est programmée. C'est pour cela
4 que nous avions mis un numéro provisoire. Le témoin reconnaît la teneur du
5 paragraphe 1 du document, daté du 14 juin. Il estime que la lettre doit
6 correspondre certainement à la lettre mentionnée dans ce document, mais il
7 ne dit pas qu'il l'a lue lui-même cette lettre.
8 Alors, quelles sont les observations de M. Withopf concernant le versement
9 définitif de ces deux documents ?
10 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
11 Juges, compte tenu de ce que nous a dit le témoin, l'Accusation n'a aucune
12 objection à soulever.
13 [La Chambre de première instance se concerte]
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, compte tenu du fait que l'Accusation ne fait
15 pas obstacle, les numéros 72 et 73 deviennent définitifs. Monsieur le
16 Greffier, vous mentionnez que ces deux documents sont définitivement
17 attribués comme des numéros définitifs 72 et 73.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, je peux confirmer
19 que les documents sont marqués et versés au dossier. Il s'agit de DH72,
20 DH73 et DH73/E.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Poursuivez.
22 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
23 Q. Monsieur Kiggell, en tant qu'officier de liaison qui allait au
24 commandement du 3e Corps quotidiennement, vous saviez certainement que
25 l'état major a commencé à prendre des dispositions contre les
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1 Moudjahiddines en leur demandant soit qu'ils se placent sous le contrôle du
2 3e Corps ou soit qu'ils quittent la région. Savez-vous quelles sont les
3 mesures qui ont été prises ?
4 R. Je ne me souviens pas des dispositions prises.
5 Q. Merci. Hier, mon estimé confrère de l'Accusation vous a montré le
6 milinfosum qui porte la date du 20 mai 1993.
7 Mme RESIDOVIC : [interprétation] J'aimerais que vous puissiez montrer au
8 témoin la pièce à conviction P99 qui porte la date du 29 mai 1993.
9 Q. Au paragraphe 3 --
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Posez votre question.
11 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
12 Q. Je vous demanderais de reprendre le paragraphe 3, à propos duquel vous
13 avez déjà fait quelques observations hier. Alors, sur la base de la
14 référence de carte indiquée au paragraphe 3(a), vous avez indiqué la
15 position de Fazlici. Est-ce bien exact ?
16 R. Oui.
17 Q. J'aimerais vous demander de consulter une carte que nous allons vous
18 montrer. Il s'agit de la pièce à conviction de la Défense DH98. Il s'agit
19 d'une carte à l'échelle de 1 à 25 000.
20 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Pourriez-vous placer cela sur le
21 rétroprojecteur.
22 Q. Pourriez-vous nous indiquer, sur la carte, où se trouve Fazlici où,
23 supposément, les Moudjahiddines ont été vus ?
24 R. [Le témoin s'exécute]
25 Q. Merci.
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1 Savez-vous qu'au nord de Fazlici, à plusieurs kilomètres au nord, la
2 dernière région habitée vers la ligne de front avec les Serbes était Gluha
3 Bukovica ?
4 R. Je ne m'en souviens pas.
5 Q. Cependant, si je devais vous dire que cette localité était encore et
6 toujours sous le contrôle de l'armée, seriez-vous d'accord avec moi pour
7 dire que Fazlici n'était pas proche de la ligne de front, parce que vous
8 pouvez voir où se trouve Gluha Bukovica.
9 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf.
11 M. WITHOPF : [interprétation] l'Accusation a des objections à ce que cette
12 question soit posée. Il s'agit d'une question tout à fait théorique : "Si
13 je devais vous dire…". Ma consoeur, de toute évidence, essaie de faire en
14 sorte que le témoin présente des observations à propos d'une situation tout
15 à fait théorique. Personne ne sait si cette situation correspondait à la
16 réalité.
17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, ce genre de
18 question peut être tout à fait posée, d'autant plus que je souhaite faire
19 état aux observations qui se trouvent dans le milinfosum. Mais, hier,
20 l'Accusation, à plusieurs reprises, a demandé au témoin de faire des
21 observations à propos des observations qui se trouvent dans le milinfosum.
22 Le témoin est soldat. Les localités n'ont pas été modifiées, et le témoin
23 est tout à fait en mesure de répondre à ces questions. Si le témoin avait
24 été en mesure de trouver le village de Gluha Bukovica, qui se trouve
25 véritablement derrière la ligne de front, je souhaitais lui poser la
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1 question suivante : est-il vrai, dans ce cas d'espèce, que Fazlici n'est
2 pas proche de la ligne de front, de la ligne de front avec les forces
3 serbes.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce serait mieux de lui demander de situer la ligne
5 de front. Posez-lui la question : à sa connaissance, où est la ligne de
6 front ? A partir de là, deuxième question.
7 Monsieur le Témoin, vous avez une carte sous les yeux. Comme vous vous êtes
8 déplacé dans la région, pouvez-vous nous indiquer, en fonction des
9 paramètres de la carte, où se trouvait la ligne de front ? Montrez la ligne
10 de front avec la baguette, si vous en souvenez. Si vous ne vous en souvenez
11 pas, dites-le. Allez-y.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas exactement de la
13 position de la ligne de front. La ligne de front des Serbes se trouvait à
14 l'ouest. Il y avait une zone de conflit avec les Croates dans cette région.
15 Je ne suis pas, ceci étant donné, en mesure de vous indiquer exactement où
16 se trouvait la ligne de front.
17 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas été
18 en mesure de voir ce qu'avait indiqué le témoin sur la carte.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Avec le bâton, indiquez-nous, approximativement, où
20 se trouvait la ligne de front avec les Serbes, si vous vous en souvenez.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'en souviens pas exactement. Je me
22 souviens, tout simplement, que la ligne de front se trouve à l'ouest sur
23 cette carte. Je ne serais pas en mesure de la dessiner. Il en va de même
24 pour ce qui est de la ligne de front avec les forces du HVO. Je ne peux pas
25 m'en souvenir précisément.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers la Défense. Il dit qu'il est
2 incapable de dire où se trouve la ligne de front. Dans sa mémoire,
3 concernant la ligne de front des Serbes, il dit que c'est à l'ouest de la
4 carte, mais il ne porte aucun élément supplémentaire. Poursuivez.
5 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
6 Q. Monsieur Kiggell, si vous indiquez que la ligne de front avec les
7 forces serbes se trouvait sur le mont Vlasic, seriez-vous alors en mesure
8 d'exprimer votre avis ?
9 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, mon estimée consoeur
10 continue à poser des questions qui commencent par : "Si je devais vous
11 dire…". Ma consoeur peut seulement poser des questions compte tenu de la
12 déposition du témoin. Le témoin n'est pas un expert et, en fait, ce que
13 fait mon estimée consoeur, c'est qu'elle témoigne véritablement.
14 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vais retirer cette question pour éviter
15 tout débat supplémentaire à ce sujet.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre vous remercie pour cela.
17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Est-ce que vous pourriez enlever la carte,
18 je vous prie ? Est-ce que vous pourriez montrer au témoin la pièce à
19 conviction P98, où les lignes de front ont été indiquées. Je ne vais pas
20 lui poser des questions à propos des lignes de front. Je vais lui poser une
21 question tout à fait différente. Alors, est-ce que vous avez l'amabilité
22 d'enlever cette carte et de montrer maintenant au témoin la carte qu'il a
23 consultée hier. Il s'agit de la pièce à conviction de l'Accusation P98.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Il a la carte sous les yeux.
25 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
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1 Q. Monsieur Kiggell, hier, sur cette carte, vous avez indiqué le village
2 de Fazlici, compte tenu de la référence du milinfosum. Alors, vous avez, en
3 haut -- dans un coin en haut, les lignes de front qui sont indiquées au
4 nord-ouest. Alors, est-ce que l'on peut indiquer, Monsieur Kiggell, que
5 Fazlici était assez loin de la ligne de front ?
6 M. WITHOPF : [interprétation] L'Accusation a de très sérieuse objections à
7 ce que cette question soit posée. Dans un premier temps, cette carte ne
8 comporte aucune date, ce qui fait que personne n'est en mesure de dire
9 quand est-ce que les repères ont été indiqués et quelle était la situation
10 au moment où les indications ont été faites. L'Accusation a présenté cette
11 carte au témoin et l'a versée au dossier tout simplement afin d'avoir un
12 contexte géographique. Il s'agit d'une interprétation de la Défense, qui
13 indique que les indications montrent une ligne de front. Je le répète,
14 l'Accusation a des objections.
15 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je suis surprise de
16 voir que l'Accusation ne nous donne pas de carte qui correspond à la
17 période couverte par l'acte d'accusation. J'aimerais juste poser une
18 question au témoin.
19 Q. A votre connaissance, Monsieur, est-ce que les lignes indiquent les
20 lignes de front qui étaient valables en 1993 ?
21 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, une fois de plus, j'ai
22 une objection à ce que cette question soit posée. L'Accusation souhaiterait
23 que les Juges prennent une décision en la matière. Bien entendu, si la
24 Défense était autorisée à continuer à poser ces questions, il faudrait
25 savoir à quelle ligne fait référence ma consoeur, car il y a de nombreuses
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1 lignes sur cette carte. Pour ce qui est de l'observation faite par ma
2 consoeur, à savoir, observation suivant laquelle l'Accusation n'a pas
3 montré de carte qui présente la situation en 1993, nous pensons que les
4 villages tel que Fazlici se trouvent exactement dans la même région en
5 1993, et à toutes autres périodes après 1993, où avant 1993. Quoi qu'il en
6 soit, l'Accusation souhaiterait, où serait extrêmement reconnaissante aux
7 Juges, s'ils étaient en mesure de prendre une décision sur la question pour
8 éviter des plus amples discussions.
9 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Le témoin pourrait peut-être lui-même nous
10 dire s'il est en mesure d'identifier la ligne de front avec les Serbes sur
11 cette carte. C'est peut-être la seule solution, c'est la seule façon de
12 poursuivre pour moi, et de retirer ma question.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre constate que ce document a été produit
14 hier par l'Accusation au témoin qui, à l'époque, était militaire de
15 carrière, puisqu'il avait le grade de capitaine. Ce témoin était un
16 officier de liaison. Dans le cadre de sa mission, il se déplaçait dans la
17 zone. Il a, d'ailleurs, expliqué qu'il venait de Vitez, qu'il se rendait
18 dans cette zone. Il a formellement identifié hier ce village, grâce aux
19 coordonnées qui sont sur cette carte, que dans la mesure où il se
20 déplaçait, bien entendu, il ne devait pas non plus se trouver sous le feu
21 de tir ennemi. Il apparaît qu'on peut lui demander, à sa connaissance, est-
22 ce qu'il y avait sur la carte, qui est quand même une carte utilisée par
23 les militaires, est-ce que, Monsieur le Témoin, il y avait à partir de
24 cette carte, des positionnements de forces antagonistes ? Qu'est-ce que
25 vous pouvez dire ? Dans votre mémoire, parce que sa remonte à plus de dix
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1 ans. La Chambre peut très bien comprendre que vous êtes dans l'incapacité
2 aujourd'hui de vous souvenir d'éléments qui peuvent être de nature très
3 précise. Est-ce qu'au vu de cette carte utilisée par des militaires, vous
4 pouvez nous dire s'il y avait des forces antagonistes ? Si c'est le cas,
5 lesquelles, et où étaient-elles grosso modo situées ? A partir de là, on
6 peut peut-être aborder la question de ligne de front.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Les Serbes se trouvaient à l'ouest. C'est là
8 que se trouvait la ligne de front.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Avec la baguette, montrez l'ouest de la carte et la
10 zone géographique sous le contrôle des Serbes.
11 Montrez avec votre baguette où se trouvaient les Serbes, si vous vous en
12 rappelez.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas donner la position exacte des
14 Serbes. Je me souviens que c'était à l'ouest de Travnik. Le mont Vlasic
15 était, en fait, sur la ligne de confrontation avec les Serbes.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Le mont Vlasic, où vous le voyez sur cette carte ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pense pas pouvoir le voir. Je ne crois
18 pas qu'il s'agisse du mont Vlasic, je pense qu'il se trouve plus à l'ouest.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Les Serbes étaient à l'ouest. Les autres forces, les
20 Croates, ils étaient où, le HVO ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils étaient basés autour de Vitez. Je pointe
22 sur la carte l'endroit dont je me souviens en gros où ils se trouvaient.
23 [Le témoin s'exécute]
24 Tout à fait en gros.
25 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Kiggell.
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1 Monsieur le Président, Puis-je poursuivre ?
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, poursuivez.
3 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
4 Q. Monsieur Kiggell, je vous demande maintenant de regarder le commentaire
5 qui se trouve dans le milinfosum, sous le numéro 3 que je vous avais déjà
6 mentionné; là où il est fait mention de Fazlici. Il y a un commentaire un
7 peu lourd "qu'il est assez évident qu'un grand nombre de soldats de l'ABiH
8 sont encore déployés sur la ligne de front."
9 Sur la base de la carte dont vous disposez, pouvez-vous confirmer que
10 Fazlici n'est pas la ligne de front avec les forces serbes, elle se trouve
11 au voisinage de la ligne de front avec les forces croates, elle est entre
12 ces deux zones. Est-ce exact ?
13 R. Je ne peux pas exactement le dire, parce qu'il est plus probable que ce
14 soit la ligne de front du HVO, plutôt que la ligne avec les Serbes.
15 Q. Vous avez pointé, indiqué l'emplacement de Vitez. A l'époque, ces
16 combats avec les forces bosniennes se trouvaient en cet endroit. Est-ce
17 exact ? Cependant, Fazlici ne se trouve pas sur la ligne de front. Est-ce
18 exact ?
19 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, juste au bénéfice du
20 compte rendu de l'audience, mon estimée consoeur a demandé : "Est-ce
21 correct ?" Le témoin n'a eu aucune chance à répondre à cette question.
22 C'est juste aux fins du compte rendu d'audience que je demande cette
23 précision.
24 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Kiggell, je vous demande pardon, je n'ai pas attendu votre
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1 réponse. Pouvez-vous poursuivre ?
2 R. Je suis désolé, je ne peux pas me souvenir exactement que la ligne de
3 front se trouvait là.
4 Q. Merci. Nous pouvons maintenant rendre ce milinfosum. J'ai d'autres
5 questions pour le témoin.
6 Hier, vous avez également déclaré que, comme vous l'avait demandé
7 l'organisation non gouvernementale norvégienne, vous êtes allé à Arnauti.
8 Est-ce exact ?
9 R. Oui.
10 Q. Les informations que vous avez obtenues lorsque vous vous êtes rendu à
11 Arnauti, ont été mentionnées dans le milinfosum en date du 5 juin, que
12 l'Accusation vous a montré hier. Est-ce exact ?
13 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Peut-on montrer au témoin de nouveau la
14 pièce P100. Pourrait-on également montrer au témoin la carte une l'échelle
15 1,025, qui porte la cote pièce de la Défense 106.
16 Q. Monsieur Kiggell, pouvez-vous nous indiquer Arnauti sur cette carte.
17 R. [Le témoin s'exécute]
18 Q. Monsieur Kiggell, pouvez-vous, s'il vous plaît, nous montrer
19 l'emplacement de Zenica sur cette carte ?
20 R. Elle se trouve à l'ouest de cette carte. Zenica ne figure pas sur cette
21 carte.
22 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, confirmer qu'Arnauti était éloigné, en
23 fait, se trouve à l'est de Zenica, et qu'il n'est pas si facile d'atteindre
24 Arnauti ?
25 R. C'est exact.
Page 5079
1 Q. Je vous remercie.
2 D'après ce qui est dit dans le milinfosum au point 10B, vous avez déclaré
3 que, ce jour-là, vous avez confirmé qu'il y avait un camp d'entraînement
4 des Moudjahiddines à Arnauti. Est-ce exact ?
5 R. Oui.
6 Q. Ce jour-là, vous n'avez pas vu les personnes qui étaient en cours de
7 formation dans ce camp. Est-ce exact ?
8 R. Je crois et, d'après le milinfosum, il se peut que je les aie
9 rencontrées ce jour-là. C'est pour cela que j'ai utilisé le mot
10 "confirmer". "Ils confirmaient qu'ils avaient un camp d'entraînement à cet
11 emplacement là."
12 Q. En fait, vous avez rencontré les Moudjahiddines, et ce sont les
13 Moudjahiddines qui ont consigné ce fait. Est-ce exact ?
14 R. Oui, c'est exact.
15 Q. Cependant, vous n'avez pas rencontré les personnes qui, peut-être,
16 étaient en train de s'entraîner dans ce camp. Est-ce exact ?
17 R. Je n'en suis pas sûr. Je ne pourrais pas vous dire exactement. J'ai eu
18 toute une série de réunions. J'ai rencontré plusieurs personnes. Je ne sais
19 pas si je les ai rencontrées ce jour-là ou un autre jour. Je ne me souviens
20 pas exactement.
21 Q. Cependant, vous n'avez pas d'information sur l'identité des personnes
22 envoyées au camp et sur qui les envoyait s'entraîner dans ce camp, n'est-ce
23 pas ?
24 R. C'est exact. La seule chose que nous savions, c'est que les
25 Moudjahiddines avaient installé là un camp d'entraînement, peut-être pour
Page 5080
1 entraîner d'autres Moudjahiddines.
2 Q. Monsieur Kiggell, ne serait-il pas exact de dire qu'à l'époque, en tant
3 qu'officier de liaison, vous saviez que l'armée avait une académie
4 militaire, une école d'officiers, avait sa propre académie pour former et
5 entraîner ses commandants. Le saviez-vous ou non ?
6 R. Je ne le savais pas pour l'ABiH. J'étais sûr que la JNA disposait d'une
7 académie militaire, mais je n'en étais pas sûr pour l'ABiH.
8 Q. Pendant la guerre, en 1993, saviez-vous qu'une académie militaire avait
9 été créée à Zenica, qui se proposait de former des commandants afin de
10 former, de développer l'ABiH ? Etiez-vous au courant ?
11 R. Je ne me souviens pas.
12 Q. Je vous remercie.
13 Je vous demanderais maintenant de regarder le point numéro 1. Je me
14 reprends. En fait, il s'agit du point numéro 5 sous l'intitulé "Zenica". Le
15 paragraphe 5 du milinfosum. Maintenant on peut enlever la carte.
16 Hier, vous nous avez fait le commentaire suivant au sujet des faits
17 mentionnés sous ce paragraphe, faits qui avaient été évoqués par le
18 commandant de votre bataillon. On avait attiré votre attention sur une
19 certaine phrase qui disait qu'il était possible de conclure que la Bosnie-
20 Herzégovine, en fait, je paraphrase. Il s'agit de la dernière phrase. Que
21 les membres de l'ABiH n'étaient plus du tout prêts à faire preuve de
22 retenue et qu'il n'était pas probable qu'ils prennent l'initiative
23 militaire. Est-ce cela la phrase qu'on vous a citée hier ?
24 R. Oui.
25 Q. C'était le 5 juin 1993. En tant que personne présente au
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1 3e Corps, vous étiez conscient du fait que le 4 juin 1993, les forces du
2 HVO postées du côté de Travnik avaient attaqué la ville de Travnik. Est-ce
3 exact ?
4 R. Cela semble être indiqué dans le milinfosum.
5 Q. Vous saviez également que Velika Bukovica avait été attaqué, qu'il y
6 avait eu un nombre important de victimes ce jour-là. Est-ce des faits dont
7 vous êtes au courant ?
8 R. Je ne m'en souviens pas vraiment. Il faudrait vraiment que je regarde
9 le milinfosum pour avoir une description de ce qui est survenu ce jour-là.
10 Q. Ce fait est mentionné au point 3. Il a dit que : "Alagic et Merdan
11 représentaient l'ABiH et que Leutar avait dit que 18 Musulmans avaient été
12 massacrés dans le village de Bukovica." Ce sont là les informations qui
13 figurent dans ce milinfosum. Est-ce exact ?
14 R. Oui.
15 Q. En tant que soldat, qui est tout à fait conscient des conditions
16 difficiles dans lesquelles opérait l'ABiH, qui se trouvait prise entre deux
17 ennemis, il était relativement normal qu'un commandant, qui avait été
18 attaqué les deux jours précédents, c'est normal qu'il lance une contre-
19 offensive afin de libérer le passage et d'ouvrir un passage entre Travnik
20 et Zenica, d'un point de vue militaire n'est-ce pas ? Tout à fait logique à
21 votre avis ?
22 R. Oui.
23 Q. Je vous remercie.
24 Etes-vous au courant du fait qu'après ces attaques contre Travnik et
25 Bukovica et d'autres localités de la vallée de la Bila, l'armée a poursuivi
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1 sa contre-offensive et a lancé des activités militaires dans tout le
2 secteur dans la vallée de la Bila. Etiez-vous au courant de ces éléments ?
3 R. Oui.
4 Q. En conséquence de quoi, du 6 au 9 juin 1993, vous n'avez pas pu
5 rencontrer qui que ce soit, qui faisait partie du commandement du 3e Corps
6 étant donné qu'il y avait des combats à ce moment-là.
7 R. Oui, c'est exact.
8 Q. Hier, l'Accusation vous a montré un milinfosum daté du 23 juin 1993 et
9 il s'agit de la pièce P101.
10 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, la montrer
11 au témoin afin que je lui pose des questions au sujet de cette pièce P101.
12 M. LE JUGE ANTONETTI : Sur le transcript, il y est écrit 501. Il faut
13 corriger, 101.
14 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous remercie.
15 Q. Je vous demanderais d'examiner le point numéro 7. Mais avant de vous
16 poser une question au sujet de ce paragraphe, j'aurais peut-être d'autres
17 questions. Monsieur Kiggell, serait-il exact de dire que personnellement,
18 vous n'avez jamais vu des Moudjahiddines participant à des opérations de
19 combat aux côtés de l'ABiH ?
20 R. Je ne les ai pas vus physiquement procéder à une attaque mais je les ai
21 peut-être rencontrés à un point de contrôle lorsque je me déplaçais.
22 Q. Dans le même ordre d'idée, pour autant que vous vous en souveniez, vous
23 ne vous souvenez pas que l'un quelconque de vos collègues ait dit, lors de
24 vos réunions, qu'ils avaient vu la manière dont des Moudjahiddines
25 participaient aux activités sur la ligne de front lors des opérations de
Page 5083
1 combat qui étaient menées. Personne n'a dit qu'il avait vu personnellement
2 pareils événements.
3 R. Je pense que cela peut avoir été mentionné mais je ne me souviens pas
4 de l'incident elle-même. Le commentaire était qu'ils étaient en fait
5 utilisés comme des troupes d'élite sur la ligne de front.
6 Q. Mais tout ce dont vous vous souvenez c'est que quelqu'un a fait un
7 commentaire, des collègues ont fait un commentaire.
8 R. Oui, c'est exact.
9 Q. En juin à Zenica, et en particulier à partir du 14 juin, lorsque vous
10 êtes allé participer à une réunion avec le général Hadzihasanovic et le
11 lieutenant-colonel Duncan, et jusqu'au 23 juin, vous n'avez vu aucune
12 attaque lancée par les Moudjahiddines sur Zenica elle-même. Vous n'avez pas
13 observé d'attaque militaire menée par les Moudjahiddines à Zenica ?
14 R. Non, je n'ai observé aucune attaque militaire par les Moudjahiddines
15 contre Zenica.
16 Q. Vous pouvez confirmer que le commentaire qui figure dans le milinfosum
17 au paragraphe 7, et d'après lequel la campagne de la vallée de la Bila, et
18 là nous parlons de combats qui se sont déroulés du 6 au 9 juin, et ces
19 combats et les événements de Zenica ne permettaient de faire la conclusion
20 qui figure dans ce paragraphe. On vous a montré ce paragraphe. Vous ne
21 pouvez pas conclure que ces événements montrent que les Moudjahiddines
22 étaient sous le contrôle du 3e Corps. Est-ce exact ? Les informations que
23 vous aviez, le fait que vous n'avez pas vu d'attaque de Moudjahiddines à
24 Zenica, le fait que vous n'aviez pas d'information directe sur la
25 participation de ces personnes à ce qui s'est passé à Bila, tout ceci est
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1 contraire à la conclusion, selon laquelle --
2 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, je dirais que cette
3 question, de mon estimé consoeur, que cette question fait 10 ou 11 lignes.
4 Je note également qu'elle y fait référence à "ces événements". L'Accusation
5 ne comprend pas à quels événements ma consoeur de la Défense renvoie, autre
6 que le fait que le témoin n'a pas vu une opération de combat des
7 Moudjahiddines à Zenica. Je demanderais à ma consoeur de poser au témoin
8 une question précise. Je vous remercie.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Posez une question précise sur ce point.
10 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
11 Q. Monsieur Kiggell, le commentaire dit que la campagne récente dans la
12 vallée de la Bila montre clairement que c'est le cas. Quand je dis "c'est
13 le cas" cela signifie que le 3e Corps disposait d'un contrôle sur les
14 Moudjahiddines. Ma question est la suivante. Sur la base de votre
15 expérience personnelle, de ce que vous avez vu et vous-même avez vécu, ce
16 que vous avez vu à Zenica et sur la base de ce que vous avez vu dans le
17 village de Bila, de ce que vous avez entendu à ce sujet, serait-il exact de
18 dire, compte tenu de tous ces facteurs ? On ne peut pas tirer la conclusion
19 que l'on fait ici.
20 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf.
22 M. WITHOPF : [interprétation] Le témoin, on lui a posé hier, lors de
23 l'interrogatoire principal, une question extrêmement similaire.
24 L'Accusation avait demandé, sur la base de ce qu'il avait vu, de ce qu'il
25 avait appris lors des réunions qui se tenaient à 18 heures, ce qu'il avait
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1 appris lors de ces conversations avec les diverses personnes qu'il a
2 mentionnées hier, on lui a demandé s'il était en mesure de confirmer cette
3 conclusion qui figure au paragraphe 8 du milinfosum, qui se trouve devant
4 le témoin. L'Accusation est d'avis que le témoin a déjà répondu à cette
5 question.
6 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Aujourd'hui, qu'il dise le contraire, c'est le
8 but de la question.
9 Mme RESIDOVIC : [interprétation] L'objectif de ma question, Monsieur le
10 Président, est de faire en sorte que le témoin nous dise ce qu'il sait.
11 Ici, il est dit qu'ils avaient participé à la compagne de la vallée de
12 Bila. Le témoin a répondu à ma question et il m'a dit qu'il n'avait jamais
13 rien dit de la sorte. Il a dit qu'il avait seulement entendu ce
14 commentaire. Ici, il est dit que cette conclusion était tirée sur la base
15 d'une attaque contre Zenica. Le témoin dit qu'il n'y avait aucune attaque
16 d'aucune sorte contre Zenica. Ce sont là les faits dont le témoin a
17 connaissance. Compte tenu de ces faits, ma question pour le témoin est la
18 suivante. Maintenant qu'il s'est référé aux événements dont il a été témoin
19 oculaire, pourrait-il dire que cette conclusion ne peut pas être tirée sur
20 la base des faits dont il était au courant ?
21 M. LE JUGE ANTONETTI : C'est un problème de présentation de question. Il
22 fallait, par le biais des questions, aboutir au constat que vous faites et,
23 ensuite, lui dire : hier, à la page X, ligne Y, vous avez dit ceci. Est-ce
24 qu'aujourd'hui, vous maintenez ce que vous avez dit hier ou vous
25 relativisez vos propos ? A ce moment-là, il n'y avait pas de problèmes. Le
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1 Procureur ne pouvait pas faire d'objection.
2 Je vais vous poser la question, qui est importante. Hier, sur la questions
3 du Procureur, vous avez dit, confirmant le paragraphe 8 du document, que
4 les Moudjahiddines étaient subordonnés au 3e Corps. La Défense, par une
5 série de questions, vous a fait dire que certains éléments, vous ne pouvez
6 pas les attester formellement parce que vous n'étiez pas là, ou ce sont des
7 témoignages d'ouï-dire, et que votre vision n'était pas aussi précise
8 qu'elle pouvait apparaître de prime abord. A partir de là, aujourd'hui,
9 jeudi, 10 heures 30, est-ce que vous maintenez ce que vous aviez dit
10 concernant les Moudjahiddines ? Sont-ils, à votre connaissance, en fonction
11 de tous les éléments -- c'est ce que la Défense vous a dit. Sont-ils, pour
12 vous, qui êtes militaire, capitaine, officier de liaison, qui a eu des
13 contacts avec les uns et les autres -- sont-ils, pour vous -- mais vous,
14 vous n'êtes qu'un élément, il y a d'autres éléments subordonnés, à
15 l'époque, au 3e Corps, et cela vous l'affirmez à 100 % ou vous
16 dites : je ne peux pas l'affirmer. Que pouvez-vous dire alors qu'hier, vous
17 avez confirmé la teneur du paragraphe 8 ? Que pouvez-vous dire,
18 aujourd'hui, compte tenu des questions qui vous ont été posées et qui ont
19 pu vous rappeler certains événements ou certains faits ? Si vous savez,
20 vous répondez. Si vous ne savez pas, vous dites : "I do not know." Ce n'est
21 pas compliqué. Que pouvez-vous dire ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] En raison des informations dont je disposais à
23 l'époque, j'étais d'avis que les Moudjahiddines étaient utilisés lors des
24 attaques en tant que peut-être des forces d'élite parce qu'ils étaient plus
25 courageux. C'était là mon opinion, et je l'estime toujours valable
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1 aujourd'hui.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense a entendu la réponse qui figure à la
3 ligne 15, de la page 33.
4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Merci.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez.
6 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
7 Q. Lors de la réunion, qui s'est tenue le 14 juin, en présence du
8 lieutenant-colonel Duncan et le commandant Hadzihasanovic, comme vous
9 l'avez déjà dit --
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Il est 10 heures 30. Il vaudrait mieux interrompre
11 pour que les interprètes puissent se reposer, à moins que M. Withopf
12 veuille intervenir. Autant préciser que l'Accusation a des questions à
13 poser. Vous voulez intervenir pour quelle raison ?
14 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
15 Juges, je voudrais seulement, respectueusement, demander à mon estimée
16 consoeur de la Défense combien de temps elle entend poursuivre cette série
17 de questions. L'Accusation est d'avis qu'un nombre important de questions,
18 posées aujourd'hui au témoin, sont tout à fait dénuées de pertinence, voir
19 totalement dénuées de pertinence, et je voudrais seulement savoir combien
20 de temps on entend poursuivre cette ligne de questions.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Sans porter une appréciation sur la pertinence
22 ou le fait qu'elles n'ont aucune pertinence, combien de temps vous faut-il
23 encore ?
24 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je dirais encore 15 minutes.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : 15 minutes.
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1 Monsieur Dixon ?
2 M. DIXON : [interprétation] Nous n'aurions que quelques questions. Cela ne
3 durera pas plus de 15 minutes.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense nous dit 30 minutes. Les Juges auront
5 aussi des questions, mais, comme les Juges synthétisent leurs questions,
6 cela ne prendra pas 30 minutes. Vous aurez également la parole pour les
7 questions supplémentaires. Alors, nous allons faire le "break" et nous
8 reprendrons à 10 heures 55.
9 --- L'audience est suspendue à 10 heures 32.
10 --- L'audience est reprise à 10 heures 59.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : L'audience est reprise. Je donne la parole à la
12 Défense.
13 Mme RESIDOVIC : [interprétation]
14 Q. Monsieur Kiggell, vous nous avez dit précédemment que le
15 14 juin, lors d'une réunion, le commandant Hadzihasanovic a montré une
16 lettre au lieutenant-colonel Duncan, lettre qui a été versée au dossier.
17 Est-il vrai que le lieutenant-colonel Duncan, à ce moment-là, ne s'est pas
18 exprimé là-dessus, et n'a pas contesté la lettre qui lui a été présentée
19 par le commandant Hadzihasanovic ?
20 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne peux vous dire s'il a contesté la teneur
21 de cette lettre ou non.
22 Q. Pour ce qui est de la situation militaire au sein du
23 3e Corps pendant votre période d'affectation, j'aurais aimé que vous
24 répondiez à quelques questions. Est-il vrai qu'à ce moment-là, le
25 3e Corps défendait des lignes de front sur plusieurs centaines de
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1 kilomètres contre les forces serbes ?
2 R. Oui, c'est exact.
3 Q. Est-il vrai qu'au cours de cette période, des conflits intenses étaient
4 en cours contre les forces du HVO ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-il exact que le HVO a utilisé comme une arme puissante contre
7 l'ABiH, le blocus des axes routiers principaux qui empêchaient
8 l'acheminement d'une aide quelconque en Bosnie centrale ?
9 R. Oui, c'était le cas.
10 Q. Est-il vrai que dans la zone du 3e Corps en 1993, sont arrivés plus de
11 100 000 réfugiés de Bosnie orientale, de Krajina, de Bosnie du Nord, ainsi
12 que des territoires contrôlés par le conseil croate de défense ? Est-ce
13 exact ?
14 R. Je savais, effectivement, qu'un grand nombre de réfugiés étaient
15 arrivés dans le secteur, mais je ne connaissais pas leur nombre exact à
16 l'époque.
17 Q. Est-il vrai qu'en 1993, la population et l'armée ont été confrontées à
18 une pénurie cruelle de médicaments, de denrées alimentaires et d'autres
19 denrées, qu'ils dépendaient grandement de l'aide humanitaire ?
20 R. Oui, c'est vrai.
21 Q. Est-il vrai que des combats se sont déroulés sans interruption à Gornji
22 Vakuf, combats avec les forces du HVO ?
23 R. Oui, les combats étaient particulièrement intenses dans ce secteur.
24 Q. Est-ce exact que l'ABiH ne disposait, en suffisance ni de matériel, ni
25 de moyens pour se livrer à de telles opérations de combat, des opérations
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1 de combat d'une telle ampleur ?
2 R. Oui, c'est exact.
3 Q. Est-il vrai que fin juin, un nouveau front s'est ouvert au nord de
4 Zenica du côté de Zepce ? Au cours de ces combats, le HVO a fait
5 prisonniers plus de 2 500 civils musulmans ?
6 R. Je savais que des combats avaient lieu à cet endroit-là. Quant au fait
7 de savoir si 2 500 civils ont été capturés, je ne m'en souviens pas.
8 Q. Saviez-vous qu'à l'époque, le HVO coopérait ouvertement avec les forces
9 serbes, et leur a cédé une partie du territoire qu'il contrôlait
10 précédemment ?
11 R. Peut-être que cela s'est produit, mais je ne peux m'en souvenir avec
12 exactitude.
13 Q. Est-ce qu'en tant que militaire expérimenté sur tous ces faits-là et
14 sur d'autres faits que je ne vais pas évoquer ici, sur la base de cela,
15 pouvez-vous confirmer que le commandant du corps, compte tenu, de ces deux
16 guerres dans lesquelles il était engagé, et compte tenu du fait que cette
17 armée était en train de constituer, se trouvait dans une situation
18 impossible ?
19 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, peut-être qu'il s'agit
20 d'une question de traduction, mais cela me paraît quelques peu curieux. Ma
21 collègue de la Défense semble demander au témoin la chose suivante :
22 "Compte tenu de tous ces faits et d'autres faits que je ne vais pas évoquer
23 ici…" Là, je me pose une question très simple. Comment le témoin peut-il
24 s'exprimer sur des faits qui n'ont pas été mentionnés ?
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, vous avez tout à fait raison. La question peut
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1 être posée, mais il faut la limiter aux faits dont il a connaissance parce
2 que, si on dit "d'autres faits", évidemment des faits, parce que là, c'est
3 une opinion que vous demandez à quelqu'un qui a été en contact avec le
4 commandant du 3e Corps. Vous lui demandez son opinion, mais il ne peut
5 témoigner que sur les faits dont il a connaissance. L'Accusation a bien
6 fait de sortir ce point.
7 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser. Je présente
8 également mes excuses au témoin et aux membres de l'Accusation. Je vais
9 reformuler ma question.
10 Q. Je vous ai exposé un certain nombre de faits. Sur la base de ces faits-
11 là et sur la base de vos observations pendant votre séjour à Zenica dans la
12 zone de responsabilité du 3e Corps, sur la base de cela, en tant que soldat
13 de carrière, pouvez-vous me confirmer que le commandant du 3e Corps, se
14 trouvait en 1993, dans une situation pratiquement intenable ?
15 R. Oui. A ce stade de l'affrontement, les forces de l'ABiH avaient subi
16 des pertes importantes, et ils étaient en train de se ressaisir pour
17 essayer de combattre l'ennemi. C'était un moment particulièrement difficile
18 pour l'ABiH.
19 Q. Merci. Encore une autre question que j'aimerais vous poser très
20 brièvement. En réponse à une question du président de la Chambre de
21 première instance, vous vous êtes exprimé sur le commentaire que je vous ai
22 soumis précédemment. Ma question est la suivante, pour que les choses
23 soient parfaitement claires pour moi. Est-il exact, qu'à l'époque, une
24 certaine confusion régnait quant aux positions des Moudjahiddines ?
25 R. Oui, d'où le commentaire contenu dans le milinfosum, à savoir que sur
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1 la base des renseignements dont nous disposions à l'époque, nous pensions
2 qu'ils travaillaient pour le 3e Corps.
3 Q. Pour que les choses soient parfaitement claires, j'aurais aimé que très
4 brièvement, vous répondiez à un certain nombre de questions que je vous ai
5 déjà posées, qui ont trait à vos connaissances personnelles. Est-il vrai
6 que la première fois que vous avez vu ces Moudjahiddines, c'était dans un
7 café. Est-il vrai qu'ils n'étaient pas armés, à ce moment-là. Est-ce que
8 c'est bien ce que vous avez dit dans votre réponse ?
9 R. Oui, je pense qu'ils n'étaient pas armés dans ce café.
10 Q. La deuxième fois que vous les avez vus, c'était quand vous avez vu ce
11 groupe de trois Turcs qui ont dit qu'ils n'étaient pas sous le contrôle de
12 l'ABiH. Est-ce exact ?
13 R. Oui, je pense que c'est effectivement ce qui est repris dans le
14 milinfosum.
15 Q. Le 31 mai, vous avez donné votre point de vue, à savoir qu'ils ne
16 relevaient pas du contrôle de l'ABiH.
17 R. Je ne me souviens pas. Je crois que c'était le résultat d'un entretien
18 que j'ai eu avec Merdan.
19 Q. Nous vous avons présenté ce milinfosum. Il est d'ailleurs versé au
20 dossier. Le commandant Saric vous a dit qu'il ne relevait pas de leur
21 contrôle. Est-ce exact ?
22 R. Oui.
23 Q. A la réunion du 14 juin, le commandant adjoint, Merdan, vous a dit
24 clairement qu'il ne relevait pas du contrôle de l'ABiH. Est-ce exact ?
25 R. Oui, il s'agit de la réunion à laquelle a participé également le
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1 général Hadzihasanovic.
2 Q. C'est à ce moment-là que la lettre que je vous ai présentée tout à
3 l'heure a été montrée. Est-ce exact ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous n'avez pas vu de Moudjahiddines impliqués dans une quelconque
6 opération de combat ?
7 R. Je ne les ai pas vus participer à une attaque concrètement, mais j'ai
8 pu en voir à des postes de Contrôle.
9 Q. Vous les avez vus à Arnauti, au camp d'entraînement ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous saviez qu'il s'agissait de bons combattants. C'est sur cette base
12 que vous en avez conclu qu'ils pouvaient relever du contrôle du 3e Corps.
13 R. De nombreux renseignements indiquaient que les Moudjahiddines se
14 trouvaient sur place pour aider le 3e Corps dans ses efforts. Tous les
15 renseignements rassemblés par mes collègues semblaient l'indiquer. Par
16 conséquent, c'était notre point de vue, à ce moment-là.
17 Q. Vous n'avez pu faire état de ces éléments à la Chambre de première
18 instance, parce qu'il s'agissait de commentaires faits par d'autres
19 personnes. Est-ce exact ?
20 R. Dans le milinfosum, l'officier chargé du renseignement se livrait à une
21 analyse des renseignements qu'il recevait. Par conséquent, c'est lui qui a
22 rédigé ces commentaires. Peut-être que ce commentaire venait des
23 débriefings qu'il avait eus avec les personnes sur le terrain.
24 Q. Cette opinion personnelle, vous n'en avez jamais trouvé confirmation
25 dans des événements que vous auriez pu vous-même observer personnellement ?
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1 R. Non. Je pense qu'il s'agissait de commentaires qui ont été faits à
2 l'époque.
3 Q. Merci, Monsieur Kiggell.
4 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas
5 d'autres questions à poser au témoin.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie Maître. Je me tourne vers les
7 autres Défenseurs qui ont des questions.
8 M. DIXON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
9 Contre-interrogatoire par M. Dixon :
10 Q. [interprétation] Monsieur Kiggell, j'ai quelques questions à vous poser
11 en tant que Défenseur de M. Kubura. Vous nous avez dit hier, en réponse à
12 l'interrogatoire principal, que vous avez vu
13 M. Kubura à différentes reprises, que vous l'avez vu au quartier général du
14 3e Corps. Est-ce exact ?
15 R. Oui.
16 Q. Vous ne l'avez jamais rencontré au cours d'une réunion officielle. Vous
17 ne vous êtes jamais vraiment entretenu avec lui.
18 R. Je l'ai vu au quartier général du 3e Corps, mais non pas à son quartier
19 général.
20 Q. Vous l'avez vu en passant, en quelque sorte, au quartier général du 3e
21 Corps.
22 R. Oui, effectivement.
23 Q. Une fois, il vous a invité à vous rendre à son quartier général, le
24 quartier général de la 7e Brigade.
25 R. Oui.
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1 Q. Comme vous nous l'avez dit, cette réunion ne s'est jamais concrétisée
2 quelle qu'en soit la raison, comme vous nous l'avez dit hier. Par
3 conséquent, en fin de compte, vous ne vous êtes jamais rendu au quartier
4 général de la 7e Brigade pour une rencontre avec lui.
5 R. Non.
6 Q. Vous n'avez jamais rencontré quelqu'un d'autre au quartier général de
7 la 7e Brigade ?
8 R. Non.
9 Q. Vous ne vous occupiez pas des lignes de front. Votre zone de
10 responsabilité ne couvrait que la zone de Zenica et des environs.
11 R. Oui, c'est exact. Pendant une certaine période, j'ai également été
12 affecté à Vitez, mais nous avions coutume de nous entraider entre officiers
13 de liaison.
14 Q. Vous ne vous êtes jamais rendu sur les lignes de front pour effectuer
15 des observations ?
16 R. Pas dans la zone de Zenica, parce que nous utilisions l'axe de
17 communication principal qui traversait la montagne et qui traversait le
18 col. Voilà ce que j'ai pu effectuer comme observation.
19 Q. Vous n'avez jamais observé la 7e Brigade sur les lignes de front sur le
20 terrain ?
21 R. Non. Je pense que la seule fois que j'ai vu des membres de cette
22 brigade, c'était à des postes de Contrôle.
23 Q. Pourriez-vous être d'accord avec moi pour dire que votre connaissance
24 directe de la 7e Brigade était, par conséquent, relativement limitée quant
25 à la structure de la brigade et quant à sa composition ?
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1 R. Oui.
2 Q. Vous nous avez dit, dans votre déposition hier, qu'à la fin du mois de
3 mai, vous avez dit dans un rapport que M. Kubura commandait la 7e Brigade,
4 ce qui figure dans un milinfosum également.
5 R. Oui.
6 Q. C'est la première fois que vous avez appris qu'il était commandant ?
7 R. Oui.
8 Q. C'est ainsi que vous lui avez accordé sa position en tant que
9 commandant ?
10 R. Oui.
11 Q. Savez-vous s'il était commandant adjoint ou commandant par intérim ?
12 R. Non.
13 Q. Les renseignements sur lesquels vous vous êtes fondé pour arriver à
14 cette conclusion, c'est une fois de plus les personnes avec lesquelles vous
15 vous êtes entretenues sur le terrain ?
16 R. Oui.
17 Q. Ce que d'autres personnes vous ont dit.
18 R. Oui. On m'a présenté à M. Kubura comme étant le commandant de la 7e
19 Brigade. Je crois que c'était au moment où je me trouvais au quartier
20 général du 3e Corps.
21 Q. Pour ce qui est des combattants étrangers, des Moudjahiddines, vous
22 n'avez pas reçu d'information sur leur présence en Bosnie centrale et leur
23 existence avant votre arrivée fin avril ?
24 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne sais pas si nous en avons été informés.
25 Q. Quand vous êtes arrivé, vous n'aviez pas de renseignements détaillés à
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1 leur sujet ?
2 R. Non.
3 Q. Dans votre déposition, vous nous avez dit que vous les avez rencontrés
4 à trois reprises. Je ne vais peut-être pas répéter tous les détails de ces
5 rencontres, mais je pense qu'il vaut la peine de rappeler les dates.
6 Premièrement, dans un café dans les faubourgs de Zenica. Est-ce exact ?
7 R. Oui.
8 Q. Là, vous avez pu voir un certain nombre de ces combattants étrangers
9 qui n'étaient pas armés et c'était vers la fin du mois de mai.
10 R. Oui.
11 Q. Cela faisait environ un mois que vous étiez déjà sur place?
12 R. Cela me faisait qu'une semaine que j'étais à Zenica même parce que
13 j'arrivais de Tuzla.
14 Q. La deuxième fois que vous les avez vus, c'était aux camps à Arnauti.
15 R. Oui, effectivement.
16 Q. Là, c'était le début de juin ?
17 R. Oui, effectivement.
18 Q. La troisième fois que vous les avez vus, en tous cas, c'est ce que vous
19 nous avez dit, c'était le 31 mai, ou une date
20 avoisinante ?
21 R. Oui.
22 Q. Au moment où vous les avez rencontrés, ils ne vous ont jamais parlés de
23 la 7e Brigade ?
24 R. Je crois que, lors d'une de ces rencontres, ils ne souhaitaient pas me
25 fournir des renseignements militaires, mais je ne sais pas si, par la
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1 suite, ils ont souhaités dire qu'ils étaient membres de la 7e Brigade, ou
2 non.
3 Q. Mais vous ne vous souvenez pas s'ils vous ont dit de qui ils
4 relevaient.
5 R. Non.
6 Q. En réalité, dans les milinfosums que vous avez pus examiner ici dans le
7 prétoire et dans vos rapports, vous n'avez pas remarqué
8 -- vous ne dites pas que, généralement, comme vous le dites, ils relevaient
9 du contrôle de la 7e Brigade?
10 R. Non.
11 Q. Dans un rapport qu'on vous a soumis à plusieurs reprises, celui du 31
12 mai, il s'agit de la pièce de la Défense DH108 dans cette pièce.
13 Apparemment, vous en avez retiré l'impression qu'ils ne relevaient pas du
14 contrôle du 3e Corps.
15 R. Effectivement.
16 Q. Monsieur Kiggell, pouvez-vous me confirmer que, vers la mi-juillet,
17 selon des rapports reçus, il y avait eu une tentative d'assassinat visant
18 M. Kubura de la part d'un groupe de Moudjahiddines, de la part d'un groupe
19 de combattants d'étranger.
20 R. Oui, un rapport a fait état de cela.
21 Q. Dans votre journal, vous l'avais inscrit, vous tenez un tel journal ?
22 R. Oui.
23 Q. La date étant celle du 14 juillet.
24 R. Je ne me souviens pas de la date exacte.
25 Q. Mais c'était vers la mi-juillet ?
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1 R. Oui, je crois.
2 Q. A l'époque, on pensait que cette incident confirmait le fossé qui
3 existait entre les Musulmans locaux et les Musulmans étrangers ?
4 R. Oui.
5 M. DIXON : [interprétation] Merci, Monsieur Kiggell, je n'ai pas d'autres
6 questions à vous poser.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais donner la parole à M. Withopf pour les
8 questions supplémentaires. Les Juges poseront leurs questions après.
9 Nouvel interrogatoire par M. Withopf :
10 Q. [interprétation] Monsieur Kiggell, j'aurais un certain nombre de
11 questions à vous poser, pour préciser un certain nombre de points qui ont
12 été évoqués par mes collègues de la Défense au cours de leur contre-
13 interrogatoire.
14 Hier, la question de la fiabilité des milinfosums -- ou plus précisément la
15 question de la fiabilité des sources, sur la base desquels étaient rédigés
16 ces synthèses de renseignements militaires
17 -- cette question de la fiabilité a été évoquée. La question était la
18 suivante. A chaque fois qu'un renseignement était discutable ou à chaque
19 fois qu'une source d'information pouvait être discutée, est-ce que cela, à
20 votre connaissance, était dit clairement dans les milinfosums ?
21 R. Oui. Lorsque nous avions quelconque doute sur un renseignement que nous
22 avions reçu, nous essayions de procéder à une vérification par d'autres
23 moyens.
24 M. WITHOPF : [interprétation] Pourrait-on montrer, je vous prie, la pièce
25 P100 de l'Accusation au témoin ? Pourrait-on également montrer la pièce
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1 P101 au témoin.
2 Q. Je tire votre attention tout d'abord sur le milinfosum numéro 37, du 5
3 juin 1993. Il s'agit de la pièce de l'Accusation P100. En première page, au
4 paragraphe 2, de ce document, vers la fin du paragraphe, on trouve la
5 partie "commentaire". Il s'agit d'une partie longue de cinq lignes, et qui
6 dit, je cite : "Le fiabilité de ces renseignements ne peut être évalué."
7 Par ailleurs, je tire votre attention, Monsieur, sur le milinfosum numéro
8 55, du 23 juin 1993. En page 3, de ce document, paragraphe 6, au (b), on
9 trouve un commentaire qui se lit comme suit, je cite : "La patrouille a
10 essayé de vérifier ces affirmations, se rendant dans les zones concernées."
11 Le document se poursuit, et je cite : "Une enquête supplémentaire n'a pas
12 été possible."
13 Sur la base de votre expérience des milinfosums, pourriez-vous dire que ces
14 milinfosums reprenaient toujours des déclarations remettant en question la
15 fiabilité des renseignements, le cas échéant, lorsque c'était nécessaire ?
16 Pourriez-vous dire que ces deux exemples sont typiques de cela ?
17 R. Oui, effectivement. En général, c'était le cas.
18 M. WITHOPF : [interprétation] Nous n'avons plus besoin de ces deux
19 milinfosums.
20 Q. Monsieur Kiggell, dans le milinfosum du 31 mai, pour ce qui est du lien
21 de subordination des Moudjahiddines, vous avez déclaré un certain nombre de
22 choses. On en a parlé, à maintes reprises, pendant l'interrogatoire
23 principal et pendant le contre-interrogatoire. Pourriez-vous, je vous prie,
24 dire à la Chambre de première instance à quel moment vous êtes arrivé, et
25 quand vous avez été affecté en tant qu'officier de liaison pour le 3e
Page 5101
1 Corps ?
2 R. J'ai été nommé officier de liaison autour du 22 ou 23 mai, et j'ai
3 continué occuper ces fonctions jusqu'au 31 août.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense s'élevé, alors que la question n'est pas
5 terminée. La question, c'est -- on lui demande simplement quand il est
6 arrivé.
7 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Je vous prie de m'excuser, mais, à la page
8 46, ligne 4, il y a une erreur. Alors, peut-être que c'est une erreur du
9 compte rendu de l'audience, ou alors c'est mon collègue qui s'est trompé,
10 parce qu'il cite le milinfosum en question comme ayant été utilisé dans
11 l'interrogatoire principal. Or, il s'agit du milinfosum qui a été utilisé
12 au cadre du contre-interrogatoire. C'est uniquement pour que les choses
13 soient bien précises aux fins du compte rendu de l'audience.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : De document, qui est P108, était produit par la
15 Défense dans le cas du contre-interrogatoire, il a été utilisé dans le cas
16 du contre-interrogatoire.
17 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
18 Juges, ma collègue a entièrement raison. Ma question n'insinuait rien de
19 différent. Ce que je souhaitais uniquement faire, c'est dire que cette
20 question-là avait été évoquée pendant l'interrogatoire principal et pendant
21 le contre-interrogatoire.
22 Mais, si vous me permettez, je poursuivrais et je poserais une autre
23 question dans la foulée.
24 Q. Vous avez été affecté en tant qu'officier de liaison le 22 ou 23 mai
25 1993. Vous avez ensuite présenté ce rapport qui a repris dans le milinfosum
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1 du 31 mai 1993. Sur la base de cela, êtes-vous d'accord avec moi pour dire
2 qu'il s'agit là d'une évaluation préliminaire ou précoce ?
3 R. Oui.
4 Q. Pouvez-vous, je vous prie, dire aux Juges de la Chambre, sur la base de
5 quels renseignements, que vous avez pu obtenir à titre préliminaire,
6 c'était fondé ?
7 R. Sur la base de mes rencontres et discussions avec différents membres
8 des Moudjahiddines et du 3e Corps.
9 Q. Pour que les choses soient bien claires, Monsieur Kiggell, peut-on dire
10 que ce rapport était fondé sur des renseignements que vous avez reçus de
11 l'ABiH ?
12 R. Oui.
13 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, par cette question,
14 l'Accusation est en train de restreindre ce qui a été dit par le témoin. Il
15 a dit : "Sur la base de différents entretiens et discussions avec les
16 Moudjahiddines et avec le 3e Corps."
17 M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre constate que l'Accusation fait ressortir
18 le fait que témoin a pris ses fonctions 22, 23 mai. Huit jours après, alors
19 qu'il arrive, il mentionne, au paragraphe 3, du rapport du 31 mai, cette
20 question. L'Accusation lui demande, sur la base, alors qu'il vient
21 d'arriver, il mentionne ces éléments. L'intéressé dit : c'est par les
22 entretiens que j'ai eus tant au sein de son unité qu'avec d'autres
23 personnes. L'Accusation lui demande si les autres personnes n'ont pas des
24 membres de l'ABiH, et il répond : oui. Cela précise.
25 Continuez, Monsieur Withopf. C'est de savoir - et la Défense aime bien
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1 connaître les contextes - dans quel contexte ce paragraphe a été rédigé.
2 Nous attachons, comme vous le savez, de l'importance au contexte, ainsi que
3 l'Accusation.
4 Monsieur Withopf.
5 M. WITHOPF : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
6 Q. Monsieur Kiggell, la déclaration du paragraphe 8 du milinfosum, qui
7 porte la date du 23 juin 1993, il s'agit de la pièce à conviction P101, et
8 je cite : "Pensons qu'ils sont placés sous un contrôle efficace". Il
9 s'agit, en fait, des Moudjahiddines. De toute évidence, c'est une
10 déclaration qui est différente. Compte tenu de l'information que vous avez
11 reçue entre le 31 mai 1993 et le 23 juin 1993, et sur la base des
12 renseignements que vous avez reçus, non seulement de la part de l'ABiH,
13 mais également sur la base des renseignements reçus par le BritBat,
14 renseignements obtenus lors de vos déplacements dans la région de Zenica,
15 et compte tenu du fait que vous vous êtes entretenu avec un certain nombre
16 de personnes - ce que vous avez indiqué hier - est-ce qu'au fil du temps,
17 cela vous a permis de modifier l'évaluation que vous aviez présenté le 31
18 mai 1993 ?
19 R. Oui, à la suite des rapports portant sur les renseignements et à la
20 suite des conversations que j'ai eues avec mes collègues, nous étions
21 d'avis que les Moudjahiddines étaient utilisés pour les offensives.
22 Q. Ils étaient utilisés dans le cadre des offensives et ils étaient placés
23 sous un contrôle effectif, ce qui est indiqué dans le milinfosum du 23 juin
24 1993. Est-ce bien ce que vous nous dites ?
25 R. Oui.
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1 Q. Nous allons passer maintenant à la dernière série de questions que je
2 souhaiterais formuler à votre égard. Il s'agit d'Arnauti. Une carte vous a
3 été montrée. Vous avez été en mesure d'identifier l'emplacement connu -- la
4 localité connue sous le nom d'Arnauti. A combien de kilomètres se trouve
5 Arnauti de Zenica ?
6 R. Je pense qu'il s'agit d'une vingtaine de kilomètres peut-être.
7 Q. Monsieur, vous êtes-vous, vous-même rendu à Arnauti ?
8 R. Oui.
9 Q. Combien de temps vous a-t-il fallu, depuis Zenica, pour parvenir à
10 Arnauti ?
11 R. Environ une demi-heure, je pense.
12 Q. Quel type de véhicule avez-vous utilisé ?
13 R. Un Land Rover.
14 Q. Je vous remercie beaucoup, Monsieur Kiggell.
15 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
16 Juges, l'Accusation n'a plus de questions à poser pour le moment.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Les Juges ont des questions à poser.
18 Questions de la Cour :
19 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Bonjour, Monsieur Kiggell. J'ai
20 quelques questions à vous poser. Je ne souhaiterais surtout pas abuser de
21 votre temps. Mes premières questions porteront sur la patrouille qui s'est
22 vue refuser l'accès, et ce, dans les environs de Fazlici. Ils n'ont pas pu
23 franchir le poste de Contrôle qui y avait été établi. Vous souvenez-vous de
24 quelle compagnie, de quelle unité il s'agissait ?
25 R. Je ne me souviens pas exactement de l'unité dont il s'agissait. Nous
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1 avons, au sein du Bataillon britannique, une section de Reconnaissance et,
2 ensuite, il y avait le Régiment des Dragons légers, qui était attaché à la
3 section de Reconnaissance, mais cela peut être trouvé dans le registre.
4 Nous pouvons y voir le véhicule et le commandant.
5 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Mais vous ne vous souvenez pas,
6 personnellement, de quel officier il s'agissait.
7 R. Non.
8 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Très bien. Je vous remercie. J'aimerais
9 vous poser quelques questions à propos d'Arnauti. Il a beaucoup été
10 question d'Arnauti. On vous a beaucoup posé de questions à propos
11 d'Arnauti, et j'ai quelques questions supplémentaires à formuler. Je vous
12 ai entendu dire, ce matin, que vous avez vu les Moudjahiddines dans un camp
13 à Arnauti, ce qui signifie que vous vous êtes trouvé dans ce camp.
14 R. Non, il s'agissait, en fait, du camp de l'organisation NPA, l'Aide du
15 peuple norvégien.
16 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Il ne s'agissait pas du camp des
17 Moudjahiddines ?
18 R. Non.
19 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Vous vous y êtes rendu à plusieurs
20 reprises, d'après ce que je crois comprend, parce qu'il y a eu des
21 discussions qui ont eu lieu entre eux.
22 R. Oui, je pense que j'y suis allé deux fois. Je ne me souviens pas,
23 d'ailleurs, des résultats de cela. Peut-être que nous sommes venus et nous
24 avons en parlé à deux reprises.
25 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Est-ce que vous vous êtes rendu dans le
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1 camp vous-même ?
2 R. Non.
3 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Combien de représentants du camp avez-
4 vous rencontrés ?
5 R. J'en ai rencontré trois ou quatre.
6 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Il s'agissait de personnes ayant un
7 grade supérieur ou inférieur ?
8 R. Je ne sais pas quel était leur grade, mais ils disaient qu'ils géraient
9 le camp.
10 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Les discussions que vous avez eues
11 étaient des discussions qui portaient sur les Moudjahiddines et le 3e
12 Corps. J'aimerais vous poser question à propos d'Arnauti. Les personnes que
13 vous avez rencontrées, ces officiers ou ces soldats qui, d'après vous,
14 seraient des Moudjahiddines, est-ce qu'elles se considéraient comme faisant
15 partie du 3e Corps ? Est-ce qu'il y avait des signes qui prouvaient qu'ils
16 appartenaient au 3e Corps ?
17 R. Je ne pense pas. Je ne pense pas, d'ailleurs, que nous ayons abordé
18 cette question pendant la conversation, mais, étant donné qu'ils se
19 trouvaient en secteur du 3e Corps, je pense qu'ils devaient avoir conclu
20 avec eux.
21 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Mais ils ne portaient pas d'insigne,
22 par exemple ?
23 R. Je ne me souviens pas.
24 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Je vous remercie.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai une question à la suite de la question qui
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1 vient de vous être posée. Vous avez discuté avec ces trois ou quatre
2 Moudjahiddines. Vous discutiez en anglais ou avec un interprète ?
3 R. J'étais aidé par un interprète.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : En tant qu'officier, vous ne leur avez pas demandé
5 d'aller visiter les lieux, puisqu'il y avait un problème. Est-ce qu'on leur
6 avait demandé de les accompagner à l'endroit où ils étaient ?
7 R. Non. Je souhaitais véritablement régler le problème avec le problème de
8 l'organisation de bienfaisance norvégienne. Je ne voulais surtout pas
9 contrarier les Moudjahiddines. Je souhaitais que les Norvégiens puisque
10 continuer leur travail.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Ces Moudjahiddines avec qui vous avez discuté, ils
12 étaient armés ou pas.
13 R. Je ne m'en souviens pas précisément. Je ne sais pas s'ils étaient armés
14 à cette occasion.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : S'ils avaient été armés, est-ce que vous en auriez,
16 à ce moment-là, référer à vos supérieurs, compte tenu du fait, que des
17 éléments armés se trouvaient dans une zone qualifiée quand même de zone
18 sensible.
19 R. On pouvait de temps à autre voir des personnes armées qui travaillaient
20 là où se trouvaient les organismes caritatifs ou les organismes de
21 bienfaisance, et ce, à Zenica. Au cas, ils avaient porté des armes, cela
22 n'aurait pas été inhabituel. Il n'y avait pas besoin de présenter un
23 rapport à ce sujet.
24 M. LE JUGE ANTONETTI : Ce matin, suite à une question de la Défense, vous
25 avez indiqué, que pendant quelques jours, au mois de juin, vous n'avez eu
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1 aucun contact avec les responsables du 3e Corps. Pendant ce laps de temps,
2 qu'était devenu votre officier de liaison qui vous avait été affecté par le
3 3e Corps ? Il n'était pas présent, non plus ?
4 R. Je ne me souviens pas, si je suis entré dans le 3e Corps, si j'ai parlé
5 à l'officier de liaison pendant ces trois jours.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Dernière question. Vous nous aviez dit que vous
7 teniez des réunions à 18 heures, vous étiez une vingtaine. Dans le
8 bataillon, vous aviez, vous, le grade de capitaine. Au-dessus de vous, il y
9 avait combien d'autres officiers supérieurs ? Il y avait combien de
10 commandants, combien de capitaine ? Puisque nous savons qu'il y avait le
11 lieutenant-colonel Duncan. Entre lui et vous, y avait-il d'autres
12 officiers ?
13 R. Je présentais directement mes rapports au lieutenant-colonel Duncan. Il
14 y avait avec lui, l'officier du renseignement qui travaillait pour lui.
15 C'étaient nos deux principaux points de contact. Il y avait des commandants
16 qui s'occupaient de compagnies, qui étaient placés sous le lieutenant-
17 colonel Duncan. Il y avait également d'autres officiers qui représentaient
18 le secteur logistique du bataillon. Il y avait également d'autres
19 capitaines qui étaient des officiers de liaison qui jouaient des rôles de
20 spécialiste au sein du Bataillon britannique. Il y avait un officier chargé
21 des mortiers et un officier chargé des blindés. En règle générale, il
22 s'agissait d'un capitaine.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : L'officier de renseignement, il avait quel grade ?
24 R. Le grade de capitaine.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans son activité, puisqu'on sait que c'est lui qui
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1 rédigeait les milinfosums, dans son activité, est-ce qu'il y avait auprès
2 de lui d'autres officiers, sous-officiers militaires, ou en tant que
3 spécialiste du renseignement, il travaillait tout seul, ou il avait une
4 unité avec lui ?
5 R. Il avait une petite équipe avec lui. Il avait ce que l'on appelle un
6 sergent-major. Il avait également un ou deux sous-officiers.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : Si vous estimez que ma question touche à des
8 questions de secret, n'y répondez pas, mais, si vous pouvez répondre,
9 répondez-y. Cet officier de renseignement, qui joue un rôle important,
10 comme on le voit, est-ce qu'il avait à sa disposition des moyens financiers
11 pour rétribuer des informateurs ou des moyens techniques permettant de
12 collecter des renseignements ? Si vous ne voulez pas répondre, n'y répondez
13 pas.
14 R. Je ne pense pas qu'il disposait de ces moyens.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.
16 Est-ce que la Défense veut poser d'autres questions ? Oui. Maître Bourgon.
17 M. BOURGON : [interprétation] Bonjour, Madame la Juge. Bonjour, Monsieur le
18 Juge. Bonjour Monsieur le Président. Quelques questions qui découlent,
19 Monsieur le Président, des questions posées par la Chambre. J'aimerais tout
20 d'abord revenir rapidement sur l'objection qui a été soulevée par ma
21 collègue, sur laquelle la Chambre a fait une observation à la page 47,
22 ligne 18. J'aimerais revenir sur le sujet, Monsieur le Président, pour
23 préciser ou obtenir du témoin une précision. L'objection qui avait été
24 soulevée par la Défense, à ce moment-là, c'était qu'en réponse à la
25 question de l'Accusation, le témoin a dit que l'information dont il
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1 disposait pour faire son évaluation, à ce moment-là, provenait du 3e Corps.
2 Le témoin a répondu, en effet, que l'information venait du 3e Corps.
3 L'objection de la Défense, à ce moment-là, c'était que l'information dont
4 il disposait, à ce moment-là, provenait non pas d'une source, mais de deux
5 sources. J'aimerais simplement confirmer avec le témoin si l'information,
6 dont il disposait, à ce moment-là, venait seulement du 3e Corps, ou si
7 l'information venait à la fois du 3e Corps et de ses rencontres avec les
8 Moudjahiddines.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Répondez.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Au départ, lorsque je suis arrivé dans la
11 région, nous avons évalué que les Moudjahiddines n'étaient pas passés sous
12 un contrôle véritable. Ensuite, notre opinion a évalué au fil du temps.
13 C'est pour cela que nous avons eu ce deuxième commentaire.
14 Nouvel interrogatoire par M. Bourgon :
15 Q. [interprétation] Je vais vous poser une question, plutôt que deux.
16 Cette évaluation, dont vous parlez, vos informations émanaient de deux
17 sources. Vous avez entendu cette information de la part du 3e Corps, ainsi
18 que dans le cadre de vos réunions avec les Moudjahiddines. Est-ce bien
19 exact ?
20 R. Oui. Cela est venu de plusieurs personnes.
21 Q. Je voulais juste préciser une petite chose. Seriez-vous d'accord avec
22 moi, Monsieur Kiggell, pour dire - et vous l'avez mentionné - pour dire que
23 toutes questions importantes figuraient au milinfosum ? Vous avez déjà
24 répondu à cette question un certain nombre de fois.
25 R. Oui.
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1 Q. Les Juges vous ont posé des questions à propos de votre visite à
2 Arnauti. Vous avez répondu à une question posée par la Chambre de première
3 instance, qui vous a demandé ce que vous faisiez à ce moment-là. Votre
4 réponse a été que vous souhaitiez régler le problème de l'organisation
5 norvégienne NPA, pour en faire sorte qu'ils puissent leur travail. Est-ce
6 bien exact ?
7 R. Oui.
8 Q. Pour qu'ils puissent continuer leur travail, c'était au centre de votre
9 intérêt, et leur problème était les Moudjahiddines.
10 R. C'est exact.
11 Q. Les Moudjahiddines étaient leur problème. Pourtant vous n'avez jamais
12 soulevé cette question auprès du 3e Corps.
13 R. Je ne me souviens pas si j'en ai parlé ou si j'ai mentionné cela au 3e
14 Corps.
15 Q. Si vous aviez mentionné ce problème au 3e Corps, cela aurait figuré
16 dans le milinfosum, ce qui n'est pas le cas.
17 R. Il se peut que je l'aie fait, mais je ne me souviens pas exactement si
18 cela a été consigné.
19 Q. Une question rapide à propos de votre officier de liaison, question
20 d'ailleurs qui a également été soulevée par le Juge de la Chambre de
21 première instance. Cet officier de liaison qui vous a été affecté, un homme
22 qui répondait au nom Edo --
23 R. Hm-hm.
24 Q. -- à votre connaissance, cet homme était votre officier de liaison,
25 mais il avait également une autre fonction. Etre votre officier de liaison
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1 signifie qu'il était votre point de contact. Est-ce bien exact ?
2 R. Tout à fait.
3 Q. Une toute dernière question, parce que les Juges de la Chambre de
4 première instance ont abordé avec vous le rôle de votre commandant, le
5 lieutenant-colonel Duncan, pour ce qui est du renseignement. Vous avez
6 confirmé aujourd'hui que le lieutenant-colonel Duncan participait au
7 processus de collecte de renseignements.
8 R. Oui.
9 Q. Le capitaine Harrison travaillait pour lui ?
10 R. C'est exact.
11 Q. Le lieutenant-colonel Duncan participait à la plupart des réunions
12 d'information qui avaient lieu à 18 heures parce qu'il s'agissait de son
13 groupe.
14 R. Oui.
15 Q. Vous souvenez-vous si le lieutenant-colonel Duncan a écrit au général
16 Hadzihasanovic ou a mentionné au général Hadzihasanovic qu'il y avait un
17 certain doute à propos de la véracité de sa lettre, lettre qui a été écrite
18 au QG, afin de demander que les Moudjahiddines soient expulsés de la zone.
19 R. Je ne m'en souviens pas qu'il ait réfuté cela.
20 Q. S'il l'avait réfuté, je suppose que cela aurait été inclus dans le
21 milinfosum.
22 R. Vraisemblablement.
23 Q. Je vous remercie.
24 M. DIXON : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions à poser.
25 M. WITHOPF : [interprétation] L'Accusation n'a pas d'autres questions à
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1 poser non plus, Monsieur le Président.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Monsieur Kiggell, nous vous remercions d'être
3 venu témoigner. L'audience a duré deux jours. Je pense que, pour vous,
4 comme c'était la première fois que vous témoigniez en justice, cela vous a
5 amené à vous remémorer des faits assez anciens. Vous avez répondu aux
6 questions posées par l'Accusation, la Défense et les Juges. Nous vous en
7 remercions. Nous vous souhaitons un beau voyage de retour. Je vais demander
8 à
9 Mme l'Huissière de bien vouloir vous raccompagner à la porte de la salle
10 d'audience. Nous vous souhaitons évidemment une excellente carrière dans
11 vos fonctions d'enseignant.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
13 [Le témoin se retire]
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf, pour le dernier témoin de la
15 semaine, le témoin est-il présent ?
16 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
17 Juges, d'après les informations que je détiens, le témoin est présent.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez prévu combien d'heures d'interrogatoire de
19 ce témoin ? Car, comme vous le savez, nous allons faire des prolongations
20 cet après-midi et, demain, nous arrêterons impérativement à 13 heures 45.
21 Pouvez-vous nous dire la durée prévisible de l'interrogatoire principal,
22 s'il n'y a pas d'objections de la part de la Défense, ce qui nous ferait
23 perdre du temps ? En temps utile, vous estimez que vous aurez besoin de
24 combien d'heures ?
25 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
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1 Juges, pour ce qui est du temps net des questions, et c'est justement ce
2 que vous venez d'évoquer, ce temps net ne dépassera pas deux heures.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.
4 Je vais demander à Mme l'Huissière d'aller chercher le témoin.
5 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Bonjour, Monsieur. Est-ce que vous m'entendez ? Est-
7 ce que vous pouvez entendre la traduction dans les écouteurs ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Vous avez été cité en qualité de témoin par
10 l'Accusation. Comme vous devez témoigner dans le cadre d'une procédure dont
11 nous sommes saisis, vous devez prêter serment. Avant de prêter serment, je
12 me dois de vous identifier. Pour ce faire, vous devez me donner votre nom
13 et prénom.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'appelle Mark Bower.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre date de naissance ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Le 2 octobre 1964.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans quelle ville ou village ?
18 LE TÉMOIN : [interprétation] A York.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous connaissons cette localité. Dites-moi, dans
20 quel pays ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] En Grande-Bretagne.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelles sont actuellement vos fonctions ou
23 activités ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis commandant dans l'armée britannique,
25 et je suis, en ce moment, en service aux Etats-Unis.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : En 1993, quel était votre grade, votre affectation à
2 l'époque ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais capitaine dans le
4 1er Bataillon du Prince de Galles dans l'Yorkshire. J'étais officier de
5 liaison.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Avez-vous déjà témoigné en justice ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que vous avez témoigné devant une juridiction
9 internationale ou des juridictions nationales ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était ici au Tribunal international.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que vous vous souvenez des cas dans lequel
12 vous avez témoigné, et à combien de reprises ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai témoigné pour l'Accusation dans l'affaire
14 Blaskic et, une fois de plus, pour l'Accusation dans l'affaire Kordic.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez déjà témoigné dans deux dossiers.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Effectivement.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous êtes venu à La Haye deux fois de suite, et
18 c'est la troisième fois aujourd'hui.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme vous avez déjà témoigné, vous connaissez la
21 procédure. Dans le cadre de cette procédure, vous devez prêter serment. Je
22 vous demande de bien vouloir lire le texte du serment. Mme l'Huissière va
23 vous le présenter.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
25 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous pouvez vous asseoir.
2 LE TÉMOIN: MARK WILLIAM BOWER [Assermenté]
3 [Le témoin répond par l'interprète]
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Comme vous avez une pratique du témoignage devant
5 une juridiction internationale, les éléments d'information vont être très
6 courts. Vous devez répondre à des questions qui vont vous être posées par
7 le représentant de l'Accusation. Il est à votre droite derrière le pupitre
8 en plastique transparent. A la suite de ses questions, les avocats des
9 accusés, qui sont situés à votre gauche, vous poseront des questions dans
10 le cadre du contre-interrogatoire. Les trois Juges, qui sont devant vous,
11 pourront vous poser également, à tout moment, des questions, qui auront en
12 lien direct avec les questions posées par l'Accusation ou la Défense, ou
13 des questions qui viendraient éclairer la manifestation de la vérité, et
14 des questions qui n'auraient pas été posées par les parties.
15 Quand une question vous est posée, réfléchissez avant de répondre parce
16 que, parfois, les questions sont complexes. Essayez de répondre de manière
17 limpide et concise. Si vous ne comprenez pas le sens d'une question,
18 demandez à celui qui vous la pose de la reformuler car, parfois, les
19 questions peuvent comporter plusieurs éléments. Répondez "yes" ou "no",
20 cela ne peut pas restituer exactement la question. Je sais que les parties
21 s'astreignent à bien poser les questions, mais, parfois, on peut oublier
22 ces règles.
23 Par ailleurs, je dois vous rappeler deux autres éléments, mais on a dû déjà
24 vous les indiquer. Le premier élément c'est que, comme vous avez prêté
25 serment de dire toute la vérité, il ne faut pas mentir car un faux
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1 témoignage peut exposer le témoin, qui fait un faux témoignage, à des
2 poursuites. Les peines prévues sont des peines d'amende ou des peines
3 d'emprisonnement. Par ailleurs, il y a également une autre disposition,
4 mais qui ne doit pas s'appliquer à vous. Cela concerne, lorsqu'on répond à
5 une question en indiquant des éléments qui pourraient se retourner contre
6 le témoin, car ces éléments pourraient constituer des charges, le témoin
7 peut refuser de répondre. Cela existe dans le droit anglo-saxon et dans
8 certains pays continentaux, mais vous pouvez ne pas répondre à la question.
9 Dans cette hypothèse, la Chambre peut vous demander de répondre et, si vous
10 répondez, à ce moment-là, sur l'injonction de la Chambre, vous bénéficiez
11 en quelque sorte d'une forme d'immunité car ces éléments ne peuvent pas
12 être utilisés ultérieurement contre vous. Voilà, grosso modo, en général,
13 des modalités selon lesquelles va se dérouler votre témoignage.
14 L'audience se poursuivra dans le courant de l'après-midi, et vous
15 reviendrez également demain matin. Nous espérons que votre témoignage se
16 termine en début d'après-midi demain afin que vous puissiez regagner les
17 Etats-Unis.
18 Monsieur Withopf, nous avons une demi-heure avant le "break."
19 M. WITHOPF : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
20 Interrogatoire principal par M. Withopf :
21 Q. [interprétation] Bonjour, mon commandant.
22 R. Bonjour.
23 Q. Commandant, pourriez-vous résumer brièvement votre carrière militaire à
24 l'intention des Juges.
25 R. C'est en 1983 que j'ai rallié les rangs de l'armée. Je suis devenu
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1 officier en 1985. Je faisais partie d'un bataillon d'infanterie. Je suis
2 resté dans ce bataillon pendant toute ma carrière. J'ai été en service au
3 Canada, en France, au Pays-Bas, en Allemagne, et j'ai participé à de
4 nombreuses missions en Irlande du nord. J'ai participé également à la
5 première guerre du Golfe ainsi qu'à une mission en Bosnie en 1993. De toute
6 évidence, j'ai participé également à une opération au Kosovo en 1999. Je
7 suis instructeur, en ce moment, aux Etats-Unis.
8 Q. Commandant, pourriez-vous, rapidement, nous parler des différents
9 postes de commandement que vous aviez dans ces différentes phases de votre
10 carrière ?
11 R. Au départ, pendant six ans, j'ai commandé une section de 26 soldats
12 d'infanterie. J'ai passé 18 mois ou deux ans, en fait, de cette époque,
13 dans une opération en Irlande du nord. J'ai commandé, pendant une période
14 de deux ans et demi, 120 soldats, une fois de plus, lors d'opérations en
15 Irlande du nord, ainsi qu'en Afrique.
16 Q. Je crois comprendre, Monsieur, que vous êtes commandant en ce moment.
17 R. C'est tout à fait exact, je suis commandant.
18 Q. Vous l'avez déjà indiqué, mais je vous demanderais d'en informer les
19 Juges de la Chambre de première instance, quel était votre grade militaire
20 en 1993 lorsque vous avez été envoyé dans l'ex-Yougoslavie ?
21 R. J'étais capitaine, commandant d'une section pour ce qui est de l'armée
22 d'appui. Ensuite, j'ai été nommé officier de liaison.
23 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire, Commandant, quand est-ce que vous
24 avez été déployé dans l'ex-Yougoslavie ?
25 R. Je suis arrivé dans la vallée de la Lasva, le 24 avril 1993 et j'en
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1 suis parti le 6 ou le 7 novembre. Je ne me souviens pas exactement de la
2 date.
3 Q. Il s'agit de l'année 1993, si vous êtes en mesure de préciser.
4 R. C'est tout à fait exact, Monsieur.
5 Q. Dans quel contexte est survenue votre arrivée dans la secteur de la
6 vallée de la Lasva ?
7 R. Je ne comprends pas le mot "contexte".
8 Q. Quelle était la mission d'ensemble ?
9 R. On avait chargé le bataillon de remplacer le régiment du Cheshire, qui
10 était le premier Bataillon britannique qui avait été envoyé sur les lieux.
11 Il avait pour fonction de soutenir les Nations Unies et, plus
12 particulièrement, le Haut-commissariat aux Réfugiés des Nations Unies,
13 conformément au mandat qui nous avait été donné. La mission était la
14 suivante : il s'agissait de fournir une assistance humanitaire à la demande
15 du HCR. Ensuite, le mandat a changé et il s'agit de sauver des vies. Cette
16 mission a été ajoutée au mandat.
17 Q. Vous avez mentionné le secteur de la vallée de la Lasva. Pouvez-vous
18 informer les Juges de la Chambre exactement où se trouvait votre quartier
19 général ?
20 R. Le quartier général du bataillon se trouvait dans une vieille école à
21 Stara Bila, près de Vitez. Il y avait une compagnie basée à Gornji Vakuf,
22 et une autre était basée à Tuzla.
23 Q. Là encore, aux fins de clarification, Monsieur le Commandant, est-ce
24 que votre unité militaire faisait partie de la FORPRONU ?
25 R. Oui, le bataillon faisait partie de la mission de la FORPRONU.
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1 Q. Avant votre arrivée en Bosnie centrale, avez-vous reçu des briefings,
2 avez-vous été informé concernant la situation dans cette région ?
3 R. Dans notre base, en Allemagne, on nous a donné des informations très
4 générales sur le contexte et une vue d'ensemble, je dirais relativement
5 large, concernant la situation à l'époque. Nous avons reçu très peu
6 d'information spécifique et précise puisque nous nous concentrions sur la
7 formation au déploiement. Mais à notre arrivée, nous sommes passés par
8 Split. On nous a donné des informations beaucoup plus détaillées, mais la
9 plupart des informations nous les avons reçues lors de la passation de
10 pouvoir, lorsque le commandant du bataillon précédent nous a donné le
11 commandement.
12 Q. Ces informations, les informations plus détaillées, quelles étaient
13 leur teneur ?
14 R. On nous a parlé des personnalités en jeu, des endroits à mentionner,
15 des groupements ethniques, de leurs capacités, de leurs systèmes
16 d'armement. Egalement, quel était notre rôle au sein de la mission de la
17 FORPRONU et du mandat de la FORPRONU.
18 Q. Vous avez déjà mentionné cette question, mais pouvez-vous donner plus
19 détails à la Chambre concernant vos responsabilités précises à l'époque ?
20 R. On m'a chargé d'être l'officier de liaison de G-5 ou 5e Bureau
21 britannique, c'est-à-dire que je devais me charger des questions
22 humanitaires. Je n'étais pas chargé d'établir la liaison avec aucun
23 quartier général militaire, qui ce soit du HVO ou de l'ABiH. Mon rôle
24 principal était de tisser des liens avec le CICR et les organisations non
25 gouvernementales qui fonctionnaient de la vallée de la Lasva. Egalement, je
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1 devais évaluer l'efficacité de l'effort d'aide humanitaire afin d'être,
2 moi-même, un observateur supplémentaire de l'efficacité de ce que faisait
3 le HCR et toutes les campagnes menées par les ONG pour essayer de les
4 coordonner afin que les zones, qui avaient besoin d'être visitées le
5 soient, et afin de fournir des informations aux organismes d'aide pour
6 qu'ils règlent les problèmes.
7 Q. Pour la Chambre de première instance, pouvez-vous expliquer ce qu'est
8 un officier de liaison du G-5 britannique ?
9 R. Le G-5 est un terme militaire qui désigne le domaine de l'aide
10 humanitaire et de l'assistance non militaire. Il s'agit d'un bureau chargé
11 de la liaison avec les autorités civiles plutôt qu'avec l'armée, le
12 militaire.
13 Q. Commandant, dans vos responsabilités d'officier de liaison pour le G-5,
14 pouvez-vous nous décrire à quoi ressemblait une de vos journées typiques en
15 Bosnie centrale ?
16 R. Nous ne pouvions opérer que pendant la journée parce que nous avons
17 découvert qu'il était trop risqué de conduire nos véhicules la nuit puisque
18 nous ne pouvions pas garantir l'identification de nos véhicules. Nous
19 commencions dès la levée du jour. Nous allions à Zenica, au quartier
20 général du CICR. Je les briefais sur les opérations des 24 heures
21 précédentes. Ensuite, je leur donnais des informations qui pouvaient leur
22 servir à assurer leur sécurité dans leur zone d'opérations. Ensuite, je les
23 écoutais. J'utilisais toutes les informations qu'ils me donnaient sur leurs
24 inquiétudes pour essayer de leur fournir une assistance. Cette réunion
25 durait à peu près une heure.
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1 Ensuite, je me rendais dans les hôpitaux locaux, commençant par Zenica.
2 Ensuite, j'ai continué vers Travnik, Stara Vitez, Vitez, Novi Bila. Là
3 encore, j'ai demandé quels étaient leurs besoins en terme d'assistance ou,
4 là encore, essayant de voir le résultat du travail des 24 heures
5 précédentes, et s'ils avaient besoin d'assistance. J'ai été en
6 communication radio en permanence avec la base de Stari Bila. Ces activités
7 se poursuivaient jusqu'à la tombée de la nuit. Là je retournais pour le
8 briefing qui se tenait à 18 heures au quartier général du Bataillon
9 britannique.
10 Q. Qui, à l'époque, était votre supérieur ?
11 R. Mon officier commandant était le lieutenant-colonel Alistair Duncan.
12 Q. Qui était le supérieur du lieutenant-colonel Alistair Duncan ? Quelle
13 était la chaîne de commandement plus haut que lui?
14 R. Il suivait la chaîne de commandement vers le haut, vers le commandement
15 de la FORPRONU. Il signalait également écrivait également des rapports au
16 quartier général britannique à Split, mais là il s'agissait de questions
17 administratives plutôt que de questions ayant trait à la mission de la
18 FORPRONU.
19 Q. Ayant donné à la Chambre de première instance une description exacte de
20 ce que vous faisiez, de votre journée de travail, lors de la période visée
21 par l'acte d'accusation, pouvez-vous nous dire si vous déplaciez beaucoup ?
22 R. Chaque jour, je passais mon temps dans les voitures à me déplacer. Il
23 nous arrivait très rarement de passer une journée au siège du BritBat, du
24 Bataillon britannique, en attendant que quelque chose survienne. Il y avait
25 toujours quelque chose à faire, et de toute façon, nous devions à chaque
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1 fois aller nous enquérir de l'état de la population, quelles étaient leurs
2 opinions, et s'ils avaient des besoins ou des inquiétudes.
3 Q. Pouvez-vous, en termes géographiques, décrire ce qu'on pourrait
4 qualifier de votre zone de responsabilité ?
5 R. Elle s'étendait de Zenica à Travnik, incluant Novi Travnik, Vitez, et
6 ensuite, elle continuait plus d'une vingtaine de kilomètres, plutôt 30, au
7 nord et vers le sud, sur la route principale reliant Travnik et Zenica, et
8 en une ou deux occasions, je devais aller même plus loin, à Maglaj ou
9 Kakanj, mais là, cela s'est passé sur la requête spécifique de certaines
10 organisations humanitaires. Règle générale, je restais sur l'axe Zenica-
11 Travnik.
12 Q. Lors de vos déplacements dans ces secteurs, que vous venez de
13 mentionner, à quel genre de personnes vous adressiez la parole ? Avec qui
14 aviez-vous les conversations aux fins de remplir votre mission6
15 R. Au départ, je parlais toujours aux médecins et aux organisations d'aide
16 humanitaire. Au fur et à mesure que le temps passait, j'ai systématiquement
17 commencé à avoir besoin de l'autorisation délivrée par le commandant
18 militaire, de nommer mes activités, si bien qu'invariablement je devais
19 systématiquement rechercher l'autorisation de divers commandements
20 militaires, qu'ils soient HVO, ABiH, afin de pouvoir travailler dans mon
21 secteur.
22 Q. Plus tôt, vous avez mentionné qu'une journée typique pour vous,
23 s'achevait à 18 heures, l'heure d'un briefing à Vitez. Pouvez-vous, pour
24 les Juges de cette Chambre, expliquer en quoi consistaient ces réunions, et
25 qui y participaient ?
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1 R. Le briefing de 18 heures était quotidien. Il était présidé par le
2 lieutenant-colonel Duncan, et tous les commandements principaux du
3 commandement du bataillon, tous les officiers de liaison, tous les chefs de
4 compagnie, et tous les officiers d'opérations y participaient. L'objectif
5 de cette réunion consistait à ce que tout le monde soit informé de ce que
6 toutes les unités avaient fait ce jour-là. L'officier du renseignement
7 militaire donnait une évaluation de ce qui était à être fait, la teneur de
8 la journée qui venait de s'écouler. Il nous fournissait son analyse, il
9 essayait de faire des projections, pour essayer de nous aider à déterminer
10 où nous devions nous rendre le lendemain, et nous dire ce que peut-être
11 nous devions faire le lendemain. Ensuite, l'officier commandement donnait
12 son opinion. Il pouvait, par exemple, donner des exemples spécifiques pour
13 certaines actions et mesures. Ensuite, il résumait, vers la fin de la
14 réunion, une réunion qui durait environ 45 minutes à une heure. Il résumait
15 ce qu'il pensait avoir été les questions importantes de la journée.
16 Q. Lors de votre affectation, qui a duré plus de six mois dans le secteur,
17 dans la région de Bosnie centrale, avez-vous systématiquement participé aux
18 réunions qui se tenaient à 18 heures ?
19 R. J'ai participé à toutes ces réunions, sauf pendant mes deux semaines
20 de récupération en Allemagne, c'est-à-dire, je pense, vers la fin août,
21 début de septembre.
22 Q. A votre connaissance, est-ce que d'autres membres du Bataillon
23 britannique ont régulièrement participé aux réunions de 18 heures ?
24 R. C'était les mêmes personnes, chaque jour, qui participaient à cette
25 réunion. C'est ce que nous appelions le "groupe de réunion." Il s'agissait
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1 des commandants des sous unités des formation, c'est-à-dire les gens qui
2 dirigeaient les personnes qui effectivement rédigeaient les ordres et
3 donnaient des ordres aux soldats, dans le cadre des opérations qui devaient
4 être menées. Si bien qu'il s'agissait des chefs de compagnie, des officiers
5 de liaison, et de toutes personnes qui avaient une responsabilité au titre
6 de la prise de décisions.
7 Q. Ayant participé à quasiment toutes ces réunions lors de votre
8 affectation, qui a duré six mois dans la région, pensez-vous que la vision
9 que vous avez dégagée de la situation était complète et détaillée ?
10 R. L'objectif de ces missions était de veiller à ce que tout le monde ait
11 la même vision afin de pouvoir déterminer les objectifs à fixer pour le
12 lendemain. Très clairement, je pensais que j'étais tout aussi bien informé
13 que tous les autres de l'état de la situation, et des évaluations qui
14 avaient été faites de la situation, les 24 heures précédentes, et de la
15 manière dont nous avions obtenu cette évaluation.
16 Q. Ce qui était discuté lors de ces réunions, est-ce que c'était résumé
17 par écrit ?
18 R. L'officer du renseignement militaire rédigeait ce qu'on appelle une
19 synthèse de renseignements militaires, en abrégé, un milinfosum. Il
20 s'acquittait de cette tâche chaque jour. Il ne s'agissait pas
21 nécessairement d'un compte rendu de la réunion, mais très certainement, ce
22 milinfosum détenait la majorité des informations, les informations les plus
23 remarquables qui avaient été discutées lors de la réunion du 18 heures. Le
24 milinfosum était produit par tous les soldats, tous les hommes qui avaient
25 été sur le terrain ce jour-là. Ces gens se rendaient chez l'officier du
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1 renseignement militaire pour lui dire ce qu'ils avaient vus et ils
2 faisaient leurs commentaires sur la question, ensuite il compilait
3 l'ensemble des informations. Plus tard, beaucoup plus tard dans la soirée,
4 il produisait le milinfosum et rajoutait des commentaires sur la base de
5 son analyse des informations qu'il avait reçues.
6 Q. Pourquoi est-ce qu'on compilait ce milinfosum, je vous prie ?
7 R. Il y avait deux raisons. Premièrement, il s'agissait d'un document
8 externe qui pouvait remonter la chaîne de commandement des Nations Unies,
9 et également qui pouvait être transmis aux unités voisines, des autres
10 bataillons internationaux pour leur faire savoir ce qui se passait dans
11 notre secteur, à mesure que leurs convois transitaient par notre secteur.
12 Je pense que la principale raison était ce qu'on appelle l'analyse de
13 tendances. C'est-à-dire que nous essayions d'identifier des tendances dans
14 les opérations pour avoir un document de référence qui nous permettrait
15 d'identifier l'ensemble des tendances, pour pouvoir prévoir ce qui allait
16 arriver, afin de donner les meilleurs conseils possibles aux agences, aux
17 organismes que nous étions chargés d'aider.
18 Q. Ces milinfosums, tels que vous les avez décrits, puisqu'ils
19 comportaient des analyses de tendances, pouvez-vous dire aux Juges le degré
20 de fiabilité des informations qu'ils comportaient ?
21 R. Les informations, c'était tout ce que les gens, qui avaient été sur le
22 terrain, les officiers de liaison ou les patrouilles, avaient vu de leurs
23 propres yeux ou avaient appris par le truchement des interprètes,
24 lorsqu'ils parlaient à la population locale, ou à chaque fois qu'ils se
25 rendaient quelque part. Ensuite, ils revenaient et transmettaient cette
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1 information. Il s'agissait tout à fait d'avis, d'informations qu'on
2 obtenait en face-à-face avec des personnes. Il s'agissait des données
3 brutes qu'il était difficile de confirmer systématiquement, d'obtenir une
4 deuxième, troisième, ou quatrième source en mesure de confirmer ce que nous
5 avions obtenu en face-à-face, puisque nous n'avions pas de moyens humains
6 de renseignements, ou de moyens électroniques déployés. Nous ne disposions
7 de rien d'autre que nos contacts directs. Les informations concernaient ce
8 qu'on avait vu ce jour-là, et c'est pour cela qu'on appelait cela des
9 informations militaires. Le document en anglais indique "information and
10 intelligence."
11 Q. Pour passer à une autre question, Monsieur le Commandant, plus tôt,
12 vous avez informé la Chambre de première instance que vous vous déplaciez
13 beaucoup au sein du secteur que vous étiez affecté. Etiez-vous libre de vos
14 mouvements ?
15 R. La plupart du temps, j'étais assez libre de mes mouvements, mais il y a
16 eu des moments où mes déplacements le long d'axes principaux ou de routes
17 de traverses a été bloquée lors des passages à des postes de Contrôle. En
18 majorité, ces postes de Contrôle étaient à la ligne de front entre deux
19 actions opposées. Mais, à l'occasion, certains postes de Contrôle se
20 matérialisaient derrière les lignes de front et ces gens-là,
21 systématiquement, nous demandaient de nous rendre au commandement respectif
22 -- au commandement militaire respectif du HVO et de l'ABiH pour obtenir
23 l'autorisation de les franchir.
24 Q. Quelle était la chaîne de commandement compétent aux fins de l'ABiH qui
25 vous permettait d'obtenir ces autorisations ?
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1 R. Systématiquement, on m'envoyait au quartier général du 3e Corps afin
2 d'obtenir l'autorisation de franchir les postes de Contrôle que je souhaite
3 franchir.
4 Q. Qui était de vous délivrer ces autorisations ? A qui les demandiez-
5 vous ?
6 R. La plupart du temps, je m'adressais -- j'avais affaire au colonel
7 Merdan et je me souviens qu'une fois, il n'était pas là et j'ai rencontré
8 le général Hadzihasanovic.
9 Q. Quel était le poste occupé par le général Hadzihasanovic, à l'époque, à
10 votre connaissance ?
11 R. J'ai cru comprendre que le général - et je le pense - était le
12 commandant du 3e Corps.
13 Q. Quel était le poste du colonel Merdan, à l'époque, à votre
14 connaissance ?
15 R. J'ai conclu que le colonel Merdan était l'assistant militaire, c'est-à-
16 dire, qu'il coordonnait ces rapports, les rapports du général, avec
17 l'extérieur, quelqu'un qui travaillait étroitement, qui collaborait
18 étroitement avec le général, et qui donnait des autorisations au nom du
19 général.
20 Q. Vous êtes-vous déjà rendu dans le bureau du général Hadzihasanovic au
21 sein du bâtiment du 3e Corps ?
22 R. Je me souviens d'une occasion, lors de laquelle le colonel Merdan
23 n'était pas là, je suis rentré dans un office. Je pense que c'était -- je
24 suis entré dans un bureau. Je pense que c'était celui du général parce que
25 le général s'y trouvait, mais je ne peux pas vous dire honnêtement s'il
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1 s'agissait effectivement de son bureau à lui.
2 Q. Ce bureau dans lequel vous avez rencontré M. Hadzihasanovic, comment le
3 décririez-vous ?
4 R. Je dirais qu'il s'agirait d'un bureau typiquement typique d'un général
5 trois étoiles. Il avait des meubles de qualité et il avait les objets que
6 l'on trouve habituellement autour d'un commandant de ce rang, un grand
7 nombre de cartes, ce qui est typique d'une salle d'opération, ce que
8 j'appellerais aussi un bureau intelligent dans la mesure où il y avait tout
9 ce qu'il fallait. Il y avait aussi des fauteuils pour que les visiteurs --
10 ou que les invités puissent s'asseoir. Il y avait aussi, en mon souvenir,
11 une carte sur le mur, mais ce n'était pas exactement une salle d'opération.
12 Q. Lorsque vous dites qu'il s'agissait d'un bureau appartenant typiquement
13 à un général trois étoiles, est-ce que vous nous dites que cela ressemble à
14 ce que vous avez vu au sein des forces de l'OTAN ?
15 R. Lorsque j'ai travaillé dans un quartier général de l'OTAN, j'ai
16 travaillé avec un général trois étoiles. C'était très similaire. Il
17 s'agissait d'une espèce de grand bureau, d'une anti-chambre d'abord, suivie
18 par le bureau lui-même, le bureau du général, qui, en fait, serait
19 similaire au bureau d'un directeur d'une grande entreprise, ce qu'on
20 attend, en fait, d'un bureau militaire et de haut rang.
21 Q. Si on revient à la question des autorisations de franchissement des
22 postes de Contrôle, est-ce que ces autorisations vous étaient
23 systématiquement délivrées lorsque vous les demandiez ?
24 R. En général, on obtenait l'autorisation, parfois, ce n'était pas
25 immédiat. Il pouvait arriver qu'on ait à négocier, à marchander, qu'il
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1 pouvait y arriver qu'on nous retarde. Mais de temps en temps, on nous a
2 refusé l'autorisation de passage.
3 Q. A votre connaissance, d'après ce que vous vous souvenez, avez-vous
4 appris pourquoi en certaines occasions, on vous a refusé l'autorisation de
5 franchir les postes de Contrôle.
6 R. On ne nous a jamais expliqué pourquoi on ne pouvait pas franchir
7 certains postes de Contrôle ou accéder à certaines régions. Nous pouvions
8 deviner de manière, par déduction, si vous voulez, pourquoi nous ne
9 pouvions pas aller dans ces endroits, et ceci sur la base des informations
10 détenues par les unités ou d'autres patrouilles. Nous arrivions à la
11 conclusion suivante : c'est qu'il n'était pas pratique que la FORPRONU se
12 trouve dans le secteur parce qu'il se passait quelque chose que ces forces
13 ne voulaient pas que nous voyons.
14 Q. Les forces, qui ne voulaient pas ce que vous voyez ce qu'elles
15 faisaient, s'agit-il également du 3e Corps de l'ABiH ?
16 R. Oui. C'est comme cela que j'ai interprété l'autorisation de nous
17 laisser accéder à certains itinéraires que normalement j'utilisais
18 régulièrement pour évacuer des blessés ou des civils agonisants.
19 Q. Puisque vous étiez affecté, d'avril à novembre 1993, dans le secteur du
20 3e Corps de l'ABiH, de quelle manière est-ce que vous décririez le rapport
21 entre le Bataillon britannique et le 3e Corps de l'ABiH, à l'époque ?
22 R. En fait, l'officier commandant m'a laissé une excellente impression et
23 qu'il avait, en général, la volonté de résoudre tous les problèmes et de
24 m'en tenir des rapports de qualité. Je ne peux pas m'exprimer au nom du
25 colonel Duncan, mais je crois me souvenir qu'il n'avait pas de problèmes
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1 particuliers lorsqu'il se rendait au 3e Corps. Ce n'est pas quelque chose
2 qui le faisait de repousser ou des rencontres qu'il trouvait pénibles. Il
3 s'agissait d'une bonne relation, d'un bon contact professionnel.
4 Q. En avril et novembre 1993, avez-vous eu vous-même le sentiment qu'il
5 s'était passé, qu'il avait eu des changements dans les rapports entre vous
6 et les officiers du 3e Corps de l'ABiH ?
7 R. Je dirais que les rapports se sont modifiés vers la mi-septembre ou la
8 fin septembre 1993. Jusque-là, dans le secteur où je travaillais, le HVO
9 semblait avoir l'ascendance et c'étaient eux qui étaient à l'origine de la
10 majorité des victimes que l'on pouvait trouver du côté des Musulmans de
11 Bosnie. En majorité, j'avais à m'occuper des victimes musulmanes de Bosnie,
12 mais, en septembre, il semblerait que la fortune des deux parties
13 belligérantes a commencé à changer. En fait, il semblerait que le HVO avait
14 perdu la main, c'est le moins qu'on puisse dire, et c'est à cette époque
15 que nous essayons -- que nous sommes retrouvés à mettre une majeure partie
16 de notre effort du côté des victimes croates de Bosnie. J'ai réalisé qu'à
17 l'époque, je ne pouvais pas obtenir là toute l'assistance dont j'avais
18 besoin.
19 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, détailler davantage ?
20 R. L'un des hôpitaux, que je visitais régulièrement, était un hôpital de
21 fortune installée à Novi Bila dans un monastère. En raison du changement du
22 rapport de forces dans le secteur, en septembre, il y a eu une importante
23 augmentation du nombre de victimes, de blessés que recevait cet hôpital. Il
24 n'avait pas les ressources, il était débordé, il n'avait ni les médecins,
25 ni l'équipent, ni les médicaments pour faire face à la situation, c'est-à-
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1 dire, pas seulement les personnes blessées aux combats, mais également les
2 personnes qui étaient malades de manière chronique, comme du cancer, ou des
3 gens qui s'étaient peut-être faits mal dans le cours de leur journée. Il y
4 avait une très, très grosse demande d'évacuation de blessés, c'est-à-dire,
5 il s'agissait de demandes comportant 50 à 60 requêtes, plutôt que deux ou
6 trois par jour. Je me suis retrouvé à avoir à déplacer 50 à 60 personnes
7 gravement blessées, et l'idée c'était d'essayer de les déplacer vers
8 Kiseljak et de là, à Split. Les problèmes, il fallait que la coopération de
9 toutes les parties parce que cela impliquait de traverser une route et qui
10 était sur la ligne de front, entre l'ABiH et les forces du HVO, entre
11 Cajdras et Vitez. Il a fallu un grand nombre de négociations pour pouvoir
12 obtenir les autorisations d'accès et alors que l'autorisation nous avait
13 été donnée. Des fois, l'accès nous a été refusé, et je me souviens une
14 instance spécifique où, en fait, nous avions chargé -- embarqué les
15 victimes aux dos des camions et, ensuite, le 3e Corps nous a refusé
16 l'autorisation.
17 Q. A votre connaissance, Monsieur le Commandant, quelle unité militaire du
18 3e Corps opérait dans la zone de responsabilité que l'on peut décrire comme
19 correspondant à votre secteur de responsabilité ?
20 R. Je me souviens très clairement de la 325e Brigade de Montagne parce
21 qu'il s'agissait-là du principal itinéraire que j'utilisais pour aller vers
22 Zenica sur la route de montagne qui traversait ce secteur. C'était la
23 principale unité avec laquelle j'avais affaire, à l'époque.
24 Q. A votre connaissance, quelle Unité du 3e Corps de l'ABiH opérait dans
25 les alentours de Zenica ?
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1 R. Je ne me souviens pas exactement du nom de l'unité qui opérait à Zenica
2 elle-même, mais je sais que, près du quartier général du CICR, juste un peu
3 plus haut, dans la direction de la route de montagne et vers la route de
4 montagne qui conduit au poste de Contrôle, et à la hauteur de l'école de
5 musique, il y avait le quartier général de la 7e Brigade musulmane.
6 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
7 Juges, je pense qu'il serait bon de prendre une pause maintenant avant de
8 passer à un différent type de questions.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons faire une pause. Nous reprendrons
10 l'audience à 1 heures moins 5 jusqu'à 13 heures 45. Ensuite, une pause
11 d'une heure et on reprendra à 14 heures 45. Nous nous retrouvons à 1 heure
12 moins 5.
13 --- L'audience est suspendue à 12 heures 28.
14 --- L'audience est reprise à 12 heures 58.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf, nous avons trois-quarts d'heure.
16 M. WITHOPF : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
17 Q. Commandant, avant la pause, vous avez dit à la Chambre qu'à l'école de
18 musique de Zenica se trouvait la 7e Brigade musulmane. Pendant votre
19 période d'affectation en Bosnie centrale, entre les mois d'avril et
20 novembre 1993, qu'avez-vous pu apprendre de la 7e Brigade musulmane ?
21 R. Les renseignements qui nous ont été fournis, qu'ils émanaient de
22 briefings militaires, de milinfosums ou encore sur la base de mes
23 observations, au moment où j'ai inspecté les environs de Zenica ou au
24 moment j'y suis allé dans les différents quartiers généraux, c'est que j'ai
25 vu qu'il s'agissait d'une unité militaire relevant du 3e Corps. C'est l'une
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1 des unités opérationnelles qui pouvait être déployée dans le cadre des
2 activités du 3e Corps.
3 Q. Sur la base des éléments que vous avez pu recueillir, Commandant, la 7e
4 Brigade musulmane revêtait-elle une importance particulière quelconque pour
5 le 3e Corps ?
6 R. L'évaluation qui a été faite par le Bataillon britannique, c'était que
7 la 7e Brigade musulmane était, en quelque sorte, un indicateur de combats.
8 Q. Qu'entendez-vous par là ?
9 R. A chaque fois qu'un effort était engagé, à chaque fois qu'une action
10 particulière était d'une importance cruciale, alors la 7e Brigade musulmane
11 se trouvait à l'endroit concerné et ne se contentait pas d'agir en qualité
12 de force d'appui. Il s'agissait d'une unité de premier plan, qui n'était
13 pas forcément une unité permettant de tenir du terrain conquis ou qui
14 aurait tenu des postes de contrôle, qui serait restée en position statique,
15 non. Il s'agissait d'une unité qui était plutôt chargée des manœuvres au
16 sein du 3e Corps.
17 Q. Commandant, pourriez-vous, je vous prie, nous expliquer ce que vous
18 entendez par "indicateur de combats" ? Qu'entendez-vous par là ?
19 R. Par cette expression "indicateur de combats", nous avions coutume, au
20 sein de l'armée, dans le cadre de l'évaluation des renseignements, de
21 procéder à une analyse des tendances, et nous prenions différents incidents
22 rassemblés au sein de registres qui, pris isolément, pouvaient ne pas
23 relever une importance particulière mais qui, pris ensemble, permettaient
24 de dégager une tendance qui, ensuite, risquait de déboucher sur telle ou
25 telle action. Si nous pouvions observer une telle tendance et si cette
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1 tendance se représentait par la suite, cela nous permettait éventuellement
2 de prédire quelles étaient les opérations qui risquaient de se passer. Nous
3 avons constaté que la 7e Brigade musulmane était un indicateur de ce type.
4 Il s'agissait d'une unité importante qui se trouvait toujours à l'endroit
5 des combats principaux. Par conséquent, si nous pouvions retrouver la trace
6 d'une unité, indicateur de combats, en l'occurrence, la 7e Brigade
7 musulmane, cela nous aidait à identifier l'endroit où se déroulerait la
8 bataille suivante. Evidemment, suite à cette bataille, on aurait besoin,
9 dans cet endroit-là, d'aide humanitaire ou d'aide médicale, notamment liée
10 à l'évacuation des blessés.
11 Q. Sur la base de ce que vous avez pu observer et sur la base de ce que
12 vous saviez, compte tenu du fait que vous participiez régulièrement aux
13 réunions de 18 heures, qui étaient organisées chaque jour, et compte tenu
14 des entretiens que vous avez eus avec différents interlocuteurs, comme vous
15 nous l'avez rappelé, compte tenu de tout cela, y avait-il des combattants
16 étrangers au sein de la 7e Brigade musulmane ?
17 R. On savait que, même avant notre arrivée en Bosnie centrale, des
18 mercenaires étaient présents, c'est le terme qu'on a utilisé au départ. Des
19 mercenaires se trouvaient en Bosnie centrale. En effet, on nous a donné des
20 instructions au cas où nous serions tombés sur des mercenaires britanniques
21 qui auraient demandé notre aide. Très rapidement, au cours de notre période
22 d'affectation, nous avons pu comprendre, qu'au sein de la 7e Brigade
23 musulmane, certains éléments adhéraient à des règles islamiques plus
24 strictes. On les a désignés sous le nom de Moudjahiddines au sein de la 7e
25 Brigade musulmane. J'ai pu les rencontrer. Je suit tombé sur eux au début
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1 du mois de mai, au début de ma période d'affectation. Très clairement, ils
2 venaient du Moyen-Orient. Au moins l'un d'entre d'eux venait de Grande-
3 Bretagne. C'est ce que nous avons pu constater. Un certain nombre venait
4 d'Afrique du nord. En tout cas, c'était là l'estimation que nous avons
5 faite.
6 Q. Commandant, sur la base de ce que vous saviez, sur la base de ce que
7 vous avez vu personnellement et sur la base des entretiens que vous avez
8 eus avec différentes personnes dont vous nous avez parlé tout à l'heure, je
9 parle là du début de votre période d'affectation en Bosnie centrale. Ces
10 combattants étrangers, désignés sous le nom de Moudjahiddines, faisaient-
11 ils partie de la 7e Brigade musulmane ?
12 R. La conclusion à laquelle je suis arrivé, je dirais que, de façon
13 générale, c'est ce qu'on pensait. C'est qu'ils faisaient partie, de façon
14 générale, de la 7e Brigade musulmane. Il s'agissait, en tout cas, d'une
15 unité bien constituée. Les "Moudjahiddines", les combattants étrangers,
16 n'avaient pas coutume d'agir en petits groupes au sein de la Brigade
17 musulmane. Il s'agissait d'une unité bien constituée. Ils restaient
18 ensemble, ils agissaient de concert et n'agissaient pas de façon dispersée
19 dans la zone qui était la nôtre, à savoir la vallée de la Lasva.
20 Q. Vous nous avez dit, Commandant, qu'on pouvait penser que les
21 Moudjahiddines venaient de pays arabes. Sur quoi vous fondez-vous pour
22 affirmer cela ?
23 R. J'ai servi au Koweït, en Irak et en Arabie Saoudite. C'est la raison
24 pour laquelle j'ai pu les identifier comme tels. Mais, généralement, vu
25 leur apparence, on pouvait dire également que certains venaient aussi
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1 d'Afghanistan, de par les vêtements qu'ils portaient, de par la barbe
2 qu'ils portaient et de par leur attitude vis-à-vis de nous, qui se
3 distinguait nettement de l'attitude et de l'apparence des membres de l'ABiH
4 ordinaire que nous voyions au quotidien. Parfois, ils se montraient très
5 intimidants, nous nous en méfions parce que nous avons pu retenir
6 l'impression que leurs réactions étaient imprévisibles. Certains
7 refusaient, par exemple, de s'entretenir avec nous par le truchement
8 d'interprètes femmes. Ils exigeaient que ce soit des hommes qui
9 interprètent.
10 Q. Pourriez-vous, je vous prie, nous dire ce que vous avez pu observer en
11 terme d'armement pour ces Moudjahiddines.
12 R. J'ai vu qu'ils avaient des AK47s classiques, également les lance-
13 roquettes, certains portaient des couteaux, des couteaux assez importants,
14 type de couteaux de chasse, et ils brandissaient, ils avaient la coutume de
15 les brandir. Ils semblaient bien équipés. Ils étaient très sûrs d'eux,
16 presqu'arrogants. Il s'agissait d'éléments avec lesquels il était difficile
17 de traiter lorsque nous tombions sur eux. En effet, très souvent, nous
18 tombions sur eux, ce n'était pas prévu parce qu'ils étaient constamment
19 engagés dans des manœuvres. Nous ne pouvions pas prévoir leurs déplacements
20 et nous ne pouvions prédire où ils allaient se trouver.
21 Q. Pouvez-vous dire, je vous prie, à la Chambre, s'ils portaient un
22 quelconque uniforme à l'époque, si ces Moudjahiddines portaient un
23 quelconque uniforme ?
24 R. Au moment où j'ai vu ces Moudjahiddines, c'était au mois de mai. Le
25 temps n'était pas très bon. La plupart d'entre eux portaient une sorte
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1 d'uniforme de camouflage, ils ne portaient pas forcément un gilet de
2 camouflage et un pantalon de camouflage, c'était soit l'un soit l'autre.
3 Mais une majorité d'entre eux portaient un keffieh autour de la tête, qui
4 dissimilait leurs visages. Un certain nombre d'entre eux portaient
5 également une sorte de turban, de couvre-chef en feutre, mou. Ils avaient
6 une longue barbe pour la plupart. Certains d'entre eux, ne portaient pas un
7 pantalon de camouflage ni des gilets de camouflage. Certains portaient des
8 insignes sur la poche de leur uniforme ou sur leurs manches. Ils semblaient
9 bien équipés et leurs possibilités de réapprovisionnement ou de déplacement
10 dans la zone ne semblaient pas être entravées.
11 Q. Commandant, vous nous avez dit, qu'au début de votre période
12 d'affection en Bosnie centrale, qui a commencé en avril 1993, vous nous
13 avez dit que vous avez appris que les Moudjahiddines, que vous venez de
14 décrire, agissaient de concert avec la 7e Brigade musulmane. Comment peut-
15 on dire que ces Moudjahiddines, au sein de la 7e Brigade musulmane, étaient
16 "des indicateurs de combat," pour reprendre l'expression que vous avez
17 utilisée plus tôt ?
18 R. Des prisonniers, parmi ces Moudjahiddines, qui nous avaient été
19 signalés par le HVO, parce qu'il souhaitait les échanger, et nous avons pu
20 constater qu'ils avaient été impliqués dans les opérations de combat. Il se
21 trouvait qu'ils avaient toujours été présents à l'endroit où les combats
22 étaient les plus intenses. Nous avons eu l'impression qu'au sein de la 7e
23 Brigade musulmane, les Moudjahiddines étaient une force mobile qui était en
24 première ligne, et qui était, en quelque sorte, le fer de lance de
25 l'attaque principale, de l'assaut principal. Ils n'étaient pas engagés dans
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1 des opérations statiques à tenir des postes de contrôle ou autre. Voilà
2 les éléments principaux dont nous disposions. Dans les contacts que j'ai pu
3 avoir avec eux, j'aurais pu dire, qu'il s'agissait de l'équivalent de
4 Djukara p81 [phon] chez le HVO. A chaque fois qu'ils se trouvaient un
5 endroit, alors quelque chose risquait de se passer à cet endroit-là.
6 Q. Quelque chose risquait de se passer. Qu'entendez-vous par là ?
7 R. Nous imaginons que s'ils se trouvaient à proximité de la ligne de
8 front, alors c'est probablement là que l'attaque principale allait se
9 produire. C'est probablement là que tout le matériel et tout l'équipement
10 allaient être acheminés. C'est également là qu'on aurait besoin le plus
11 d'aide humanitaire, ce qui nous concernait, nous.
12 Q. Vous nous dites que quelque chose risquait de se passer. Est-ce que
13 vous voulez parler ici d'attaques de la part de l'ABiH ?
14 R. Oui. Je parle d'une opération offensive, une attaque visant à conquérir
15 du terrain ou à détruire des positions ennemies.
16 Q. Il y a quelques instants de cela, Commandant, vous avez dit que les
17 Moudjahiddines étaient le fer de lance des attaques. Pourriez-vous, je vous
18 prie, donner plus de détails aux Juges de la Chambre, de ce que vous
19 entendez par là, à savoir Moudjahiddines comme fer de lance des attaques de
20 l'ABiH ?
21 R. Ce que je voulais dire c'était que, là où se trouvaient les
22 Moudjahiddines de la 7e Brigade musulmane, c'est certainement là où le
23 combat serait le plus intense. C'est certainement là que les efforts de
24 combat duraient le plus longtemps. Comme je l'ai dit, il s'agissait d'un
25 indicateur de combat et la localisation de cette unité revêtait une
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1 importance particulière. A un certain nombre de reprises, nous avons pu le
2 constater. Nous avons estimé que cela s'était produit à tellement de
3 reprises que ce n'était pas un simple hasard. Pendant les six mois que nous
4 avons passés sur place, nous avons constaté que c'était le cas à chaque
5 fois. Cela ne pouvait être un pur hasard. Nous pensions que c'était un
6 effort coordonné qui faisait que, cette unité se trouve juste au bon
7 endroit au bon moment sur le champ de bataille, et que cela n'est pas
8 arrivé que quelques fois.
9 Q. Commandant, j'aimerais que vous me précisiez quelque chose. Quand vous
10 parlez de cette unité au sein de la 7e Brigade musulmane, est-ce que vous
11 voulez dire les Moudjahiddines au sein de la 7e Brigade musulmane ?
12 R. Oui. C'est exact. Par "cette unité," je fais référence à la 7e Brigade
13 musulmane et aux Moudjahiddines.
14 Q. Commandant, vous nous avez dit précédemment que personnellement, vous
15 avez participé à des opérations d'échange, impliquant des soldats qui
16 étaient des Moudjahiddines. Comment de tels échanges étaient-ils
17 organisés ? Est-ce que le commandement de l'ABiH y participait ?
18 R. La requête initiale provenait des officiers de liaison militaire, soit
19 le HVO nous informait qu'il y avait un certain nombre de prisonniers de
20 l'ABiH ou de corps de soldats de l'ABiH et souhaitait procéder à un
21 échange. A ce moment-là, je prenais contact avec le CICR qui se chargeait
22 de coordonner des opérations de ce type. En fin de compte, tout cela
23 dépendait d'un accord de cessez-le-feu entre les belligérants parce que
24 cela se ferait à proximité des lignes de front dans le "no-man's-land"
25 entre les lignes de front. A chaque fois, le CICR se chargeait de
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1 coordonner les opérations. Ils attendaient de nous que nous puissions créer
2 des conditions favorables pour autoriser, pour permettre cet échange de
3 prisonniers ou encore le processus de vérification des corps, car nous ne
4 pouvions nous contenter de procéder à cet échange de corps. Nous devions
5 faire en sorte de procéder à une vérification indépendante de l'ABiH et du
6 HVO pour voir qu'il s'agissait bien des corps en question. Si ce n'était
7 pas le cas, alors parfois, l'échange était annulé. Il fallait recommencer.
8 Q. Commandant, à titre de précision, est-ce que cela signifie que le
9 commandant du 3e Corps de l'ABiH participait à l'organisation de tels
10 échanges de soldats Moudjahiddines ?
11 R. Oui. Nous utilisions la chaîne de commandement de l'ABiH. Parfois
12 l'ABiH nous informait qu'ils voulaient récupérer certains Moudjahiddines,
13 soit qu'il s'agisse de prisonniers ou de personnes mortes. Il y avait, à
14 titre de réciprocité, un mort du HVO ou des prisonniers du HVO qui devaient
15 être libérés également bien que le HVO pouvait détenir des personnes à un
16 niveau inférieur et ce, sur la ligne de front. Il était évident que les
17 personnes, qui pouvaient prendre les décisions sur la libération de
18 prisonniers du HVO ou de personnes décédées du HVO, étaient les personnes
19 qui avaient l'autorité pour la libération de ces personnes. Nous devions
20 toujours passer par la chaîne de commandement. C'était un processus
21 continuel. Il faut savoir qu'en fin de compte, tout cela nous ramenait
22 toujours au 3e Corps.
23 Q. Commandant, est-ce que vous connaissez M. Vaughan Kent-Payne ?
24 R. Je connais Vaughan Kent-Payne. Il était officier de notre bataillon.
25 C'était le commandant de la Compagnie C pendant cette période d'affectation
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1 de six mois en Bosnie centrale. Je le connaissais avant d'être en Bosnie.
2 Je suis toujours ami avec lui.
3 Q. Commandant, vous souvenez-vous d'une situation au cours de laquelle
4 vous-même ainsi que Vaughan Kent-Payne, vous êtes rendus dans le secteur
5 plus large de Bandol et de Guca Gora ?
6 R. Je me souviens de cet incident. Au mois de mai ou au mois de juin,
7 quoique je ne me souvienne pas de la date exacte. Je sais que cela s'est
8 passé au début de mon affectation, parce que le climat n'avait pas
9 véritablement changé. Ce n'était pas encore les chaleurs estivales. J'avais
10 reçu une demande de la part de Thomas Osario, qui travaille pour les
11 Nations Unies, pour le Haut commissariat des Réfugiés. Je pense qu'il était
12 en quelque sorte enquêteur. Un vendredi ou un samedi, il a pris contact
13 avec moi. Il avait une carte très mal dessinée qui lui avait été donnée par
14 un réfugié. Ce réfugié avait assisté au massacre de civils. La carte,
15 d'après lui, indiquait l'emplacement d'un charnier. Thomas Osario m'a
16 demandé, en tant qu'officier chargé de l'aide humanitaire, de me rendre
17 dans le secteur de Guca Gora et de Bandol afin de voir si je pouvais
18 trouver ce charnier. Le problème vient du fait que cela s'est passé après
19 une attaque importante de l'ABiH sur Guca Gora. La situation était assez
20 tendue encore dans ce secteur. Je n'ai pas pu me déplacer dans mon propre
21 véhicule. J'avais besoin de la protection d'un blindé pour m'y rendre. J'ai
22 utilisé les véhicules de Vaughan Kent-Payne. Il a utilisé ses deux
23 véhicules blindés pour m'emmener avec l'interprète, ainsi que Randy Rhodes
24 qui était le représentant des Nations Unies auprès du bataillon. Nous
25 sommes partis un dimanche. Je me souviens que c'était un dimanche, parce
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1 que le dimanche était normalement une journée d'entretien et de maintenance
2 pour le matériel et l'équipement pour les jours à venir. C'est ainsi que je
3 me souviens que c'était un dimanche. J'étais à l'arrière du véhicule de
4 Vaughan Kent-Payne avec l'interprète et Randy Rhodes. Nous nous sommes
5 arrêtés à Guca Gora. Nous nous sommes arrêtés, parce que la route était
6 obstruée par les Moudjahiddines. Il y en avait une douzaine environ qui
7 étaient rassemblés autour d'une église à Guca Gora. Nous avions les trappes
8 pour les mortiers qui étaient ouvertes à l'arrière du véhicule. Je
9 regardais par là, Je pense que ma tête était au même niveau que l'herbe qui
10 se trouvait autour de l'église, parce que la route était affaissée du côté
11 de l'église. Les Moudjahiddines, ou en tout cas, certains de ces
12 Moudjahiddines sortaient de l'église. Il y avait des meubles à l'extérieur
13 de l'église. Ils semblaient très agités lorsqu'ils se sont rendus compte de
14 notre présence. Ils étaient bien armés. Il y avait un lance-roquette RPG 7.
15 Il y avait également une mitraillette lourde. La majorité avait des AK47.
16 Au départ, ils n'ont pas voulu entamer la conversation avec nous, parce
17 qu'ils n'ont pas voulu parler par le truchement de l'interprète qui était
18 une femme, ce qui a posé quelques problèmes assez considérables, puisque
19 nous avons essayé de négocier soit notre retrais, soit le fait que nous
20 voulions poursuivre notre mission. Nous avons remarqué qu'il y en avait un
21 qui avait un accent anglais, notamment un accent d'Yorkshire occidental.
22 C'était de là que venaient les recrues de mon bataillon. Il n'a pas voulu
23 engager la conversation avec nous non plus. A un moment, l'un des
24 Moudjahiddines, par inadvertance a déchargé son fusil. Très heureusement,
25 cela ne s'est pas fait dans notre direction. La balle est passée au-dessus
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1 de nos têtes. Cela a provoqué une certaine tension. Nous étions prêts, nous
2 attendions, nous pensions que quelque chose allait se passer. Très
3 heureusement, rien ne s'est passé. Il y a eu une très longue pause. Je
4 pense, que cela finalement, a forcé la négociation. Ils avaient perdu la
5 face. Ils ont commencé à entamer les négociations avec nous. Ils ont refusé
6 de laisser nos véhicules continuer vers Maljine. Vaughan Kent-Payne a
7 réussi à les persuader de nous prendre dans un véhicule. Lorsque je dis
8 "nous", j'entends Randy Rhodes, moi-même, Vaughan. Nous avons laissé nos
9 fusils. Nous n'avions pas de radio non plus. Nous avions juste cette
10 ébauche de carte. Ils nous ont emmené le long d'une route vers un village.
11 Je ne sais pas vers quel village ils nous ont emmené. Je me trouvais à
12 l'arrière de leur 4 X 4. Tout ce que nous avions, c'était cette carte qui
13 n'avait aucune orientation. Le nord n'était pas indiqué. Il s'agissait tout
14 simplement d'une route. Il y avait l'endroit qui était indiqué par une
15 croix. Pendant que nous nous déplacions le long de la route, nous avons vu
16 des Moudjahiddines qui marchaient dans différentes directions. Ils se
17 saluaient suivant la façon traditionnelle. Il était tout à fait apparent
18 que nous étions au milieu de Moudjahiddines. Nous sommes arrivés dans un
19 village où la plupart des maisons étaient encore habitables, mais faisaient
20 l'objet de fouilles. Les animaux avaient été tués. On nous a autorisé à
21 déambuler dans le village avec nos guides. J'utilise le mot de guide, parce
22 que je ne sais pas quelle autre expression utiliser d'ailleurs. Nous
23 n'avons pas pu véritablement établir la correspondance entre la carte qui
24 nous avait été donnée et le village dans lequel nous nous trouvions. Je
25 pense que Vaughan avait dit à ceux qui étaient restés que nous serions
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1 absents pendant une heure. Il avait dit que si nous n'étions pas revenus,
2 les autres étaient censés venir nous chercher. Comment est-ce qu'ils
3 l'auraient fait, je n'en sais rien d'ailleurs. Toujours est-il que nous
4 sommes revenus à nos véhicules, nous avons communiqué avec Guca Gora.
5 Ensuite, nous sommes arrivés dans un village d'où s'échappait de la fumée,
6 qui s'appelait Bandol.
7 Q. A Guca Gora, Commandant, qu'avez-vous vu à Guca Gora pendant que vous
8 vous y êtes trouvés ?
9 R. Lorsque nous nous trouvions en route vers Guca Gora, je me trouvais à
10 l'arrière du véhicule. Ce n'est que lorsque nous sommes arrêtés à l'église
11 que je suis sorti de l'arrière. Je n'ai pas vu l'ensemble du village. Ce
12 que j'ai pu voir, c'est qu'il y avait certaines maisons qui avaient fait
13 l'objet de fouilles. Les meubles se trouvaient déjà à l'extérieur. Je n'ai
14 pas vu les gens sortir ces meubles. Je ne sais pas si cela s'est passé
15 pendant les combats. Je n'en sais rien. Il était absolument manifeste qu'il
16 y avait beaucoup de mouvements dans ce secteur, et cela j'ai pu le voir. Je
17 pense notamment à l'église, parce que pendant l'évacuation de la population
18 croate de l'église, il y avait de toute façon, les meubles se trouvaient
19 déjà à l'extérieur, lorsque nous sommes arrivés.
20 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'aimerais
21 juste faire une remarque d'ordre technique. Je fais état à la question
22 posée par mon collègue de l'Accusation. Le témoin a dit que c'était la
23 première fois qu'il avait eu des contacts avec les Moudjahiddines. La
24 réponse du témoin n'a pas été reprise dans le compte rendu d'audience.
25 Peut-être que le témoin pourrait confirmer ou préciser la réponse qu'il
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1 avait apportée.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, cet incident a été un incident où c'est
3 la première fois que j'ai rencontré des Moudjahiddines. Je pense que c'est
4 la première fois que le commandant Vaughan Kent-Payne rencontrait également
5 des Moudjahiddines.
6 M. WITHOPF : [interprétation]
7 Q. Ce jour-là, j'entends par cela le jour où vous avez vu les
8 Moudjahiddines dans la zone de Guca Gora, lorsque vous avez quitté ce
9 secteur, avez-vous vu également des soldats de la 7e Brigade musulmane ?
10 R. Il était difficile de faire le part des choses et de faire la
11 différence entre les deux. Nous avons quitté Guca Gora et, pour sortir de
12 ce secteur, nous sommes ensuite passés par ce qui était une zone où se
13 trouvaient des membres réguliers de l'ABiH par opposition aux étrangers.
14 C'était un peu comme une zone tampon avant les lignes de front. Ensuite,
15 nous sommes repartis vers l'endroit où se trouvait le Bataillon
16 britannique. Je ne sais pas s'il s'agissait de la
17 7e Brigade musulmane ou des unités régulières de l'ABiH, très honnêtement,
18 je ne suis pas en mesure de vous le dire. Il s'agissait d'un secteur où
19 nous avons vu des Moudjahiddines. Il y avait également des soldats de
20 l'ABiH. Ensuite, nous sommes passés en territoire du HVO.
21 Q. Mon Commandant, j'aimerais aborder avec vous une autre question. Compte
22 tenu de votre expérience, et compte tenu de l'expérience acquise lorsque
23 vous vous trouviez en Bosnie centrale entre avril 1993 et novembre 1993,
24 comment décririez-vous les capacités de communication et de transmission
25 avec le 3e Corps ?
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1 R. J'ai eu l'impression qu'il y avait une bonne communication. Parce que
2 je travaillais à Stari Vitez, une enclave musulmane au sein de la poche
3 croate détenue par le HVO. Je savais qu'ils avaient des possibilités de
4 communication vers la 325e Brigade à Cajdras. Il y avait également
5 quelqu'un qui répondait à Kulestra. Je pense, qu'il était de la 327e [comme
6 interprété] Brigade. Lorsque ces soldats me disaient que je ne pouvais pas,
7 par exemple, passer, je ne sais pas comment ils communiquaient. Je ne sais
8 pas s'ils communiquaient par radio mais, visiblement, il semblait qu'il y
9 avait des communications, des capacités ou des possibilités de transmission
10 entre les différents éléments du secteur où je me déplaçais fréquemment.
11 Q. Commandant, est-ce que cela signifie que cela est valable pour toute la
12 période d'affectation en Bosnie centrale ?
13 R. D'après ce dont je me souviens, il y avait des jours où la
14 communication n'était pas possible. On ne nous a pas donné de raison autre
15 que celle-ci. Je dirais qu'en général, pendant toute cette période, il
16 pouvait y avoir des moments où la communication n'était pas possible.
17 Q. Je vous remercie, Monsieur le Commandant.
18 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
19 Juges, l'Accusation, pour le moment, n'a pas d'autres questions.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Si je comprends, vous avez terminé l'interrogatoire
21 principal.
22 Il nous reste un quart d'heure avant le "break". Je vais utiliser ce quart
23 d'heure en donnant tout de suite la parole à la Défense.
24 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais à la
25 Chambre de nous dire si nous allons travailler aujourd'hui selon les
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1 horaires habituels, compte tenu du fait qu'il est relativement clair
2 qu'aussi bien à notre équipe, que nos collègues de l'autre équipe peuvent
3 finir leur contre-interrogatoire demain assez rapidement, si bien que peut-
4 être nous devrions ne pas travailler cet après-midi.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : L'Accusation a demandé à ce que nous siégions cet
6 après-midi. Le Greffe a fait en sorte qu'une équipe d'interprète serait
7 présente à partir de 14 heures 45. Nous ferions 14 heures 45 à 16 heures
8 15. Demain, on recommence à 9 heures, en non-stop jusqu'à 13 heures 45.
9 Si, en l'état, vous estimez que vous n'avez pas besoin d'autant de temps,
10 et que demain c'est largement suffisant, mais il y a également les autres
11 et, l'Accusation, il n'est peut-être pas utile de faire cette séance de
12 l'après-midi. Il n'y a que vous qui le savez. Si vous nous dites : je n'ai
13 besoin que d'une heure demain, je n'ai besoin que d'une heure ou moins, et
14 l'Accusation un quart d'heure ou pas du tout, il n'y aura aucun problème.
15 C'est pour éviter que le témoin soit contraint et forcé à rester un
16 "weekend" de plus. Alors --
17 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai jamais eu
18 l'intention de demander plus de deux heures pour le contre-interrogatoire
19 de ce témoin, puisque l'Accusation nous a évoqué ce temps hier. Comme le
20 Procureur a raccourci son interrogatoire principal, je raccourcirai mon
21 contre-interrogatoire en conséquence, si bien que je crois qu'il n'est pas
22 nécessaire d'avoir plus d'une heure et demie pour ce contre-interrogatoire.
23 Si mes collègues n'ont pas trop de questions à poser, eux non plus, à ce
24 moment, nous sommes presque sûrs que nous pourrons conclure le contre-
25 interrogatoire de ce témoin à midi au jour demain, si bien que le témoin
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1 sera en mesure de quitter le Tribunal sans que nous ayons à travailler cet
2 après-midi.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Demain, vous faites 9 heures à
4 10 heures 30. Ensuite, on fera le "break". On recommencera à
5 10 heures 55. Je me tourne vers les autres Défenseurs.
6 M. DIXON : [interprétation] Monsieur le Président, nous ne demanderons pas
7 plus d'une demi-heure demain matin.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers Monsieur Withopf, puisque nous
9 travaillons avec un chronomètre. Pouvez-vous nous dire, demain, est-ce que
10 vous avez des questions supplémentaires éventuelles ?
11 M. WITHOPF : [interprétation] C'est exactement la question. Cela dépendra
12 de l'étendue du contre-interrogatoire de la Défense et, bien sûr, des
13 questions qui seront posées dans ce cadre. Simplement, il semble qu'il
14 serait possible de conclure le témoignage de ce témoin, si nous ne
15 poursuivons pas l'audience aujourd'hui et si nous nous contentons de siéger
16 aux heures régulières demain.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans ces conditions, le mieux c'est, évidemment, de
18 tout cadrer demain. Ce n'est pas nécessaire de poursuivre cet après-midi.
19 Ce qui permettra, évidemment, à la Défense de prendre contact avec ses
20 clients. Effectivement, je pense que nous terminerons demain comme prévu.
21 Vous préférez, à ce moment-là, aborder vos questions demain. De toute
22 façon, nous étions à huit minutes de la fin. Je vous remercie.
23 Monsieur le Témoin, vous reviendrez demain matin à 9 heures parce qu'on
24 avait prévu de continuer cet après-midi. Vu le "planning", votre audition
25 se poursuivra demain matin et, soyez assuré, ce sera terminé à 13 heures
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1 45. Je vais demander à Mme l'Huissière de bien vouloir vous raccompagner,
2 en vous invitant de revenir demain matin pour 9 heures.
3 [Le témoin se retire]
4 M. LE JUGE ANTONETTI : A ce stade, est-ce qu'il y aurait, de la part de la
5 Défense, quelques observations ? Maître Bourgon.
6 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Puisque nous avons quelques
7 minutes avant la fin des heures normales de travail, j'aimerais simplement,
8 à ce stade-ci, vous parler de la pièce DH1, qui était une cassette vidéo
9 VHS, qui a été utilisée au tout début du procès. J'attendais le moment
10 d'avoir quelques minutes disponibles, simplement pour vous dire, Monsieur
11 le Président, que lorsque cette pièce a été introduite suite à un quid pro
12 quo entre la technique et la Défense, la cassette complète a été laissée en
13 preuve. La cassette qui est présentement en preuve et la cassette complète,
14 c'est-à-dire, qu'elle est beaucoup plus longue que les quelques 45 secondes
15 qui ont été visionnées lors du premier jour du procès. A cet effet,
16 Monsieur le Président, avec l'assistance du Greffe, nous avons pu isoler la
17 scène exacte qui a été visionnée au cours de la première journée des
18 audiences. Une copie de la cassette a été donnée à nos confrères de
19 l'Accusation, qui ont pu consulter le contenu, et sont d'accord que la
20 scène qui est maintenant contenue dans la nouvelle pièce, ne représente que
21 celle qui a été visionnée lors de la première journée de ce procès. En
22 conséquence, Monsieur le Président, j'aimerais simplement demander à la
23 Chambre de bien vouloir substituer la nouvelle pièce avec l'ancienne pièce
24 qui représentait une scène plus longue, de façon à confirmer que la pièce
25 DH1 ne représente que ce qui a été visionné lors de la première journée du
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1 procès. Merci, Monsieur le Président.
2 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf ou Monsieur Mundis, sur cette
3 substitution.
4 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, M. Bourgon nous a
5 fourni une copie. J'ai examiné cette copie. Je l'ai visionnée. Puisqu'il
6 s'agissait d'un témoin que j'ai interrogé en interrogatoire principal,
7 l'Accusation n'a aucune objection à la substitution proposée par mon
8 collègue de la Défense.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : La Chambre qui en a délibéré, ordonne qu'il y ait
10 une substitution de la cassette qui, à l'époque, avait été versée sous le
11 numéro DH1, que le Greffe remette cette cassette et la remplace par la
12 nouvelle cassette, qui a été contrôlée et visionnée par l'Accusation. Cette
13 cassette, nous l'avons ? C'est la nouvelle cassette qui sera DH1.
14 Monsieur Withopf.
15 M. WITHOPF : [interprétation] Puisqu'il nous reste cinq minutes, je
16 voudrais utiliser cette occasion pour informer la Chambre de Chambre de
17 première instance qu'aujourd'hui, nous avons communiqué la traduction en
18 B/C/S du rapport d'expert modifié du général Reinhardt. Nous l'avons
19 communiqué à la Défense, aujourd'hui.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : La Défense a eu en B/C/S le rapport modifié du
21 général Reinhardt. Comme le général Reinhardt est prévu au mois de mai, le
22 Défense aura largement le temps d'étudier les documents.
23 Y a-t-il d'autres points ? Pas d'autres points, Maître Bourgon.
24 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Nous avons également une pièce
25 additionnelle qui avait été déposée, sans qu'elle ne soit traduite dans son
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1 entièreté de la langue B/C/S à la langue anglaise. C'est une pièce qui a
2 été utilisée lors du témoignage, je dois passer à huit clos partiel,
3 Monsieur le Président, parce qu'il s'agit d'un témoin avec des mesures de
4 protection.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, nous passons à huis clos
6 partiel.
7 M. LE GREFFIER [interprétation] : Nous sommes maintenant à huis clos
8 partiel.
9 [Audience à huis clos partiel]
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7 [Audience publique]
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. S'il n'y a plus de
9 questions, j'invite tout le monde à se retrouver ici pour
10 9 heures demain matin.
11 --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le vendredi 26 mars
12 2004, à 9 heures.
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