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1 Le vendredi 26 mars 2004
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.
5 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, voulez-vous appeler le numéro
7 de l'affaire.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, affaire numéro IT-
9 01-47-T, le Procureur contre Enver Hadzihasanovic et Amir Kubura.
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier.
11 Je me tourne vers les représentants de l'Accusation pour leur demander de
12 bien vouloir se présenter.
13 M. WITHOPF : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
14 Monsieur les Juges. Bonjour, conseils de la Défense. Ekkehard Withopf,
15 Daryl Mundis pour l'Accusation, et Ruth Karper, assistante.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers la Défense qui est au complet
17 cette fois-ci.
18 Mme RESIDOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,
19 Monsieur les Juges, pour la Défense de
20 M. Hadzihasanovic, Edina Residovic, conseil principal; Stéphane Bourgon,
21 co-conseil; et Alexis Demirdjian, assistant juridique.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. Les autres Défenseurs.
23 M. IBRISIMOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Pour la
24 Défense de M. Kubura, Rodney Dixon, Fahrudin Ibrisimovic et Nermin Mulalic,
25 assistant juridique.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci. La Chambre salue toutes les personnes, en
2 premier, le témoin qui est présent, les représentants de l'Accusation, les
3 avocats, les accusés, ainsi que tout le personnel de cette salle
4 d'audience.
5 Avant de commencer la suite de l'interrogatoire du témoin, deux petits
6 points : le premier point concerne le problème que nous avons eu sur les
7 objections élevées par l'une ou l'autre des parties lors de la production
8 d'un document aux fins qu'il soit versé dans la procédure. La règle, c'est
9 qu'on fait une objection, et l'autre partie réplique. Il peut y avoir une
10 duplique et, le cas échéant, une nouvelle duplique de l'autre partie. On
11 arrête là parce que, sinon, cela peut durer des heures.
12 La Chambre, qui a délibéré hier sur cette question, estime qu'il convient,
13 quand on fait une objection, d'expliquer les raisons de droits, notamment,
14 de l'objection, de permettre à l'autre partie d'y répondre. Si, à ce
15 moment-là, la partie, qui a fait l'objection, estime qu'il convient de
16 rajouter quelque chose, à ce moment-là, elle le fait. On donne
17 définitivement la parole à l'autre partie et on clos le débat. Sinon, à
18 chaque fois, chacun peut reprendre la parole. C'est une légalité pratique
19 de l'audience que je tenais à rappeler.
20 Le second point. Nous avons constaté, lors de la production d'un document
21 intitulé "milinfosum", que l'Accusation nous avait joint une traduction
22 supplémentaire en français. La Chambre, évidemment, remercie l'Accusation
23 d'avoir joint cette traduction car cela permet plus facilement, à ce
24 moment-là, de comparer entre le B/C/S anglais et le français.
25 C'étaient les deux points que je voulais aborder. Est-ce que nous pouvons
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1 continuer l'interrogatoire ?
2 LE TÉMOIN: MARK WILLIAM BOWER [Reprise]
3 [Le témoin répond par l'interprète]
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers les Défenseurs. Je leur donne la
5 parole pour le contre-interrogatoire.
6 M. BOURGON : Bonjour, Madame, Monsieur les Juges. Bonjour, Monsieur le
7 Président.
8 Contre-interrogatoire par M. Bourgon :
9 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Commandant Bower.
10 R. Bonjour.
11 Q. Commandant Bower, nous avons eu l'occasion de nous voir cette semaine.
12 Vous me connaissez déjà, mais je me présente aux fins du compte rendu
13 d'audience, Me Stéphane Bourgon, avec, ce matin,
14 Mme Edina Residovic et M. Alexis Demirdjian, mes deux collègues. Nous
15 représentons, nous trois, les intérêts de M. Hadzihasanovic.
16 Je saisis cette occasion, commandant Bower, pour vous remercier d'avoir
17 trouvé le temps de nous rencontrer cette semaine. Je crois que cela devrait
18 nous aider à avancer plus rapidement ce matin.
19 J'aimerais également, avant de commencer mon contre-interrogatoire, vous
20 demander de confirmer que vous avez déposé à la fois dans l'affaire Blaskic
21 et dans l'affaire Kordic. Dans les deux cas, vous avez été cité à
22 comparaître en tant que témoin de l'Accusation ?
23 R. Oui, effectivement. J'étais cité à comparaître par l'Accusation dans
24 les deux cas.
25 Q. Est-il exact que, compte tenu de ces deux occasions lors desquelles
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1 vous avez déposé devant le TPIY, étant donné de la procédure qui a précédé
2 votre venue ici aujourd'hui, peut-on dire que vous avez eu un certain
3 nombre de discussions sur votre expérience en Bosnie, avec les
4 représentants de l'Accusation.
5 R. Qui vous voulez dire par là ?
6 Q. Les enquêteurs de l'Accusation.
7 R. Oui, effectivement. J'ai parlé de mes expériences en Bosnie avec un
8 certain nombre d'enquêteurs de l'Accusation et un certain nombre de
9 substituts du Procureur.
10 Q. Ai-je besoin de dire que la dernière fois que vous avez rencontré les
11 enquêteurs du bureau du Procureur, c'était en 2001 où vous leur avez donné
12 une déclaration que vous avez signée comme correspondant à votre meilleur
13 souvenir ?
14 R. Oui.
15 Q. Avant de commencer, j'aimerais également préciser quelque chose. Vous
16 avez dit que vous avez servi en tant qu'officier de l'armée du Canada. Moi
17 aussi, j'étais commandant, j'étais officier d'infanterie au Canada. Par
18 conséquent, j'aurais aimé avoir plus de précisions.
19 R. Medicine Hat, au centre de Formation de l'armée britannique
20 Q. Vous nous avez dit qu'au moment où vous êtes arrivé en Bosnie, vous
21 étiez membre d'une Compagnie d'armes d'appui. Quel était votre rôle
22 exactement ?
23 R. J'étais commandant d'une section anti-char.
24 Q. Peut-on dire que vous n'avez pas participé à l'action d'une section de
25 mortiers ou d'une autre unité d'appui de feu indirect ?
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1 R. Non.
2 Q. Merci. Vous nous avez dit hier que vous êtes resté en Bosnie du 24
3 avril 1993, jusqu'au 6 ou 7 novembre ?
4 R. Oui, c'étaient environ les dates de ma période d'affectation.
5 Q. Vous reconnaîtrez que la mission de la FORPRONU était essentiellement
6 humanitaire.
7 R. Oui, c'est ce qu'on nous a dit. Dans la définition de notre mission, on
8 insistait sur le fait que la FORPRONU se devait de fournir une aide
9 humanitaire.
10 Q. Vous-même, commandant Bower, en tant que membre de l'armée britannique,
11 pouvez-vous nous confirmer que le nom de code utilisé pour l'utilisation
12 était Opération Grapple II ?
13 R. Oui, c'était le nom de notre déploiement.
14 Q. Quant à Grapple I, c'est le nom de code de l'opération qui était
15 conduite par le Bataillon du Cheshire qui vous a précédé.
16 R. Oui.
17 Q. Pour ce qui est de la chaîne de commandement, pour un officier de
18 l'armée britannique en tant que tel, vous releviez tout d'abord de
19 l'officier commandant de votre unité, qui lui, relevait de ses supérieurs
20 au sein de la chaîne de commandement britannique.
21 R. Vous voulez parler de la période de déploiement ou de façon générale ?
22 Q. Pendant votre déploiement.
23 R. Cela dépend de qui vous parlez. Si c'était un officier d'une Compagnie
24 de fusiliers, alors il faisait rapport à son commandant de compagnie qui,
25 ensuite, faisait rapport au commandant du bataillon. En tant qu'officier de
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1 liaison, je faisais rapport directement au commandant du bataillon, qui
2 devait faire rapport, à la fois, à ses supérieurs au sein des Nations Unies
3 et au sein de l'armée britannique.
4 Q. Commandant, reconnaissez-vous qu'il existe une différence entre le
5 contrôle des opérations et le commandement opérationnel ?
6 R. Oui, nous avions un élément d'appui national à Split. Nous avions un
7 général de brigade britannique qui contrôlait le mandat qui nous avait été
8 attribué par le gouvernement britannique.
9 Q. Peut-on dire que, dans le cadre de votre mission au sein de la
10 FORPRONU, vous releviez du contrôle opérationnel des Nations Unies, basé à
11 Kiseljak, mais en même temps, vous releviez du commandement opérationnel de
12 l'armée britannique par le biais du quartier général à Split ?
13 R. Oui, c'est exact.
14 Q. Pour ce qui est des questions de discipline au sein de votre unité,
15 peut-on dire que toute question liée à la discipline, pendant votre période
16 d'affectation en Bosnie, était traitée par le biais du commandement
17 opérationnel qui était la chaîne de commandement de l'armée britannique ?
18 R. Vous parlez des questions de discipline se rapportant aux soldats
19 britanniques ?
20 Q. Oui.
21 R. Oui, effectivement. Cela se faisait avec le commandement du bataillon
22 en vertu des pouvoirs qui lui étaient conférés. Sinon, il en référait à son
23 officier supérieur basé à Split.
24 Q. Les droits applicables pour ce qui est de votre mission militaire,
25 était le droit du Royaume-Uni. Est-ce exact ?
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1 R. Oui.
2 Q. Pendant votre période d'affectation en Bosnie-Herzégovine, le droit
3 applicable en Bosnie-Herzégovine ne vous préoccupait pas outre mesure car
4 vous saviez de quel droit, vous, vous releviez ?
5 R. Nous avons reçu un certain nombre de conditions dans le cadre
6 desquelles nous devions opérer. On nous en a informé. Je ne sais pas si
7 elles ont été créées uniquement aux fins de notre déploiement, qui était à
8 l'origine de ces conditions mais, malheureusement, je n'ai pas de
9 comparaison quant au droit local, je ne peux pas m'exprimer.
10 Q. Commandant, ai-je raison de dire que, pendant votre affectation en
11 Bosnie, vous ne connaissiez pas particulièrement le droit applicable aux
12 parties belligérantes, l'ABiH et le HVO ?
13 R. Non. Nous avons reçu très peu de renseignements sur le droit local.
14 Q. Quant à vous personnellement, commandant Bower, le statut légal du HVO
15 et de l'ABiH, conformément au droit en vigueur au sein de la République de
16 Bosnie-Herzégovine, ne vous préoccupait pas outre mesure à l'époque ? Vous
17 n'y aviez pas prêté une attention particulière ?
18 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, nous aurions aimé
19 demander à notre collègue de la Défense de bien vouloir expliquer la
20 pertinence de cette série de questions.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Bougon. Dans la question que vous
22 formulez, pouvez-vous amorcer déjà la pertinence de la question, pour qu'on
23 saisisse le sens de votre question, parce que sinon, l'Accusation et la
24 Chambre peut avoir l'impression qu'on s'égare. Si vous posez la question,
25 c'est que vous avez un objectif, et vous pouvez déjà l'induire dans la
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1 question l'objectif. Comme cela, l'Accusation comprend et la Chambre le
2 comprend aussi. Je vous redonne la parole.
3 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Si mon confrère m'avait permis
4 de poser ma prochaine question, tout aurait été très clair. Dans ce cas-ci,
5 Monsieur le Président, je peux ajouter que le témoin, comme nous le verrons
6 au cours du contre-interrogatoire, et comme nous l'avons entendu hier,
7 occupait la position de G-5, qui est une position de liaison avec les
8 organismes civils. C'est pour cette raison que les questions suivantes sont
9 posées.
10 Q. [interprétation] Commandant Bower, une dernière question là-dessus.
11 Pendant votre séjour en Bosnie, étiez-vous au courant du lien légal qui
12 existait entre l'ABiH et les autorités civiles ?
13 R. Non, je n'étais pas conscient d'un quelconque lien de cette nature.
14 Q. Commandant Bower, je passe à une autre série de questions ayant trait
15 aux préparatifs de votre déploiement en Bosnie-Herzégovine. Hier, vous nous
16 avez dit qu'on vous a fourni des renseignements d'ordre très général sur le
17 contexte. On vous a donné un aperçu très général de la situation qui
18 prévalait sur le terrain à ce moment-là. Est-ce exact ?
19 R. Au moment où nous sommes arrivés à Split, on nous a donné un aperçu
20 général de la situation. Quant aux détails, nous en avons été informés au
21 moment où la passation de pouvoir est intervenu entre Grapple I et Grapple
22 II. Nous avons eu des contacts face à face avec les différentes personnes
23 dont nous avons repris la mission.
24 Q. Vous nous avez dit que vous aviez peu d'éléments précis avant votre
25 déploiement, parce que vous vous êtes concentrés sur votre formation et
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1 votre entraînement avant le déploiement. Lorsque vous êtes arrivés, on vous
2 a donnés des renseignements plus détaillés. Avant, vous n'étiez informé que
3 des règles d'engagement, du scénario d'autodéfense, de légitime défense, et
4 cetera.
5 R. Oui, au départ, on nous a fourni des scénarios et des cas de figure
6 très généraux. On nous a informés de la géographie, et cetera. Ce n'est que
7 par la suite que nous avons eu des renseignements plus précis.
8 Q. Vous saviez que la République de Bosnie-Herzégovine était devenue
9 indépendante en 1992, et vous saviez qu'elle était devenue membre des
10 Nations Unies, n'est-ce pas ?
11 R. Je me souviens avoir reçu des renseignements sur la situation générale.
12 Je ne me souviens pas des détails, mais cela pourrait correspondre à des
13 renseignements d'ordre général qu'on nous aurait donnés avant le début de
14 cette opération Grapple II.
15 Q. Saviez-vous que le jour où la Bosnie-Herzégovine a été reconnue en tant
16 qu'état, le même jour, elle a été attaquée par l'armée yougoslave et par
17 les forces serbes ? Est-ce que vous avez reçu ces renseignements-là ?
18 R. Je ne peux m'en souvenir maintenant. J'ai vu des émissions là-dessus
19 depuis, et je ne sais vraiment pas si on nous l'a dit ou si c'est par la
20 suite que je l'ai appris.
21 Q. A Split, au moment de votre arrivée, on vous a informés sur les
22 caractéristiques des parties belligérantes, les personnes impliquées,
23 l'emplacement des unités, les moyens à leur disposition et également leurs
24 armes.
25 R. Oui.
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1 Q. J'imagine, également, qu'on vous a fourni des organigrammes montrant
2 quelle était la structure des armées impliquées dans le conflit ?
3 R. Ce n'était pas à Split. On nous a informés de la composition ethnique
4 des différentes parties de la région. On nous a dit quelle était l'action
5 des agences humanitaires, les accès aux approvisionnements, quelle était la
6 mission de la FORPRONU de façon générale, alors que les détails plus précis
7 que vous venez d'évoquer, nous ont été communiqués à Vitez au moment où
8 nous avons repris le flambeau du Régiment du Cheshire.
9 Q. Lorsque vous êtes arrivés à Vitez avec le régiment, est-ce qu'on vous a
10 fourni ces organigrammes ?
11 R. Pas des organigrammes comme nous l'entendons vous et moi, mais des
12 diagrammes plus généraux qui étaient accompagnés d'information orale sur
13 quelle unité était déployée à quel endroit.
14 Q. Au moment où vous avez été déployé en Bosnie, Commandant Bower, vous
15 aviez déjà une certaine expérience en tant qu'officier militaire.
16 R. J'avais participé à plusieurs opérations de déploiement mais, pour
17 savoir si j'étais expérimenté, il faudrait poser la question à mon
18 commandant.
19 Q. Aujourd'hui, vous êtes instructeur au sein d'une école d'infanterie,
20 cela fait plus de 20 ans que vous êtes un militaire. Nous ne pouvons pas
21 comparer votre connaissance maintenant par rapport aux connaissances qui
22 étaient les vôtres précédemment.
23 R. Je pense que j'avais certainement plus d'expérience opérationnelle que
24 mes pairs, étant donné mon déploiement précédent lors de la guerre du Golfe
25 et les plusieurs années que j'ai passées en Irlande du nord.
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1 Q. Pour ce qui est de votre expérience opérationnelle, vous aviez déjà été
2 déployés en Irlande de nord. Vous aviez une certaine expérience, mais c'est
3 la première fois que vous êtes arrivés dans une zone où vous ne connaissiez
4 pas le territoire, vous ne connaissiez pas la langue et vous n'aviez
5 énormément d'éléments sur les parties en conflit ?
6 R. Oui, effectivement. Je pense qu'on pourrait dire cela. C'était
7 entièrement différent de tout ce que nous avions connu jusque là, parce que
8 nous n'avons pas été impliqués, à proprement parler, dans les opérations.
9 Nous étions plutôt des observateurs que des parties prenantes. Je pense que
10 pour la plupart d'entre nous, pour nous tous, c'était la première fois que
11 nous nous trouvions dans une telle situation. D'ailleurs, y compris notre
12 commandant.
13 Q. Votre commandant, le lieutenant-colonel Duncan, vous a nommé officier
14 de liaison G-5, c'est cela ?
15 R. Oui. C'est deux mois avant le déploiement, au moment où les rôles ont
16 été répartis, qu'on m'a affecté à ce poste.
17 Q. Pour que les Juges de la Chambre comprennent bien, peut-être pourriez-
18 vous nous redire à quoi correspond le terme G-5. Peut-être pourriez-vous
19 nous rappeler quelle était la signification de G-1, G-2, G-3, G-4, G-5, et
20 quel est le sens de ces abréviations au sens militaire.
21 R. Les abréviations, G-1 à G-9, au sein de l'armée, identifient différents
22 domaines : (1) discipline, (2) renseignements, (3) opérations, (4)
23 administration, (5) à présent, liaison pour les affaires humanitaires au
24 plan locale, et cetera, jusqu'à G-9. Il s'agit d'un code composé d'une
25 lettre et d'un chiffre, qui montre quel est le domaine concerné au sein du
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1 quartier général.
2 Q. Quant à ces abréviations, G-1, G-5, et cetera, il s'agit des codes qui
3 sont utilisés dans de nombreuses armées dans le mode, n'est-ce pas ?
4 R. Il s'agit d'abréviations qui proviennent de la terminologie en vigueur
5 au sein de l'OTAN. Peut-être que cela ne correspond pas. Peut-être que,
6 parfois, il à J-1 ou de G-1, mais, en gros, c'est la même chose.
7 Q. Quant au G-5, il s'agit de la coopération entre le pouvoir civil et les
8 autorités militaires. Est-ce exact ?
9 R. Oui.
10 Q. Quant à votre rôle en tant qu'officier de liaison en G-5, au sein du
11 BritBat, vous deviez vous occuper des affaires humanitaires, du traitement
12 des blessés, des malades, et d'autres activités de liaison avec des
13 organisations comme le CICR, le HCR et les ONGs ?
14 R. Je n'ai pas eu énormément de contact avec le HCR à part quelques cas
15 parce qu'ils avaient leurs propres officiers de liaison, mais, pour le
16 reste, oui, effectivement c'était le cas.
17 Q. Commandant Bower, est-il exact que, compte tenu de la nature de votre
18 travail, si quelqu'un au sein du Bataillon britannique était conscient des
19 conséquences dévastatrices du conflit au sein du BritBat, c'était bien
20 vous.
21 R. Je dirais que, personnellement, j'ai pu voir quel était l'impacte
22 humanitaire, l'impact sur les civils de cette guerre qui faisait rage.
23 Q. En tant qu'officier G-5, si je me souviens bien ce que vous nous avez
24 dit hier, votre zone de responsabilité englobait la zone allant de Zenica à
25 Travnik ?
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1 R. Oui, le long d'une ligne est-ouest, et allant d'une trentaine de
2 kilomètres au nord et au sud de cette ligne.
3 Q. Vous avez dit qu'au départ, vous avez des contacts avec des médecins,
4 avec les organisations humanitaires, mais, avec le temps, vous avez
5 également dû avoir des contacts avec les commandements militaires. Les buts
6 de tels rencontres étaient de vous assurer de leur coopération pour que les
7 activités humanitaires puissent avoir lieux ?
8 R. Oui, effectivement, mais c'était des contacts au cas par cas, plutôt
9 qu'une contact régulier avec ces commandants.
10 Q. Pour ce qui est de l'ABiH, c'était essentiellement le colonel Merdan
11 que vous rencontriez et, une fois, vous avez dû traiter directement avec le
12 général Hadzihasanovic.
13 R. Oui, effectivement, c'était le colonel Merdan, mais ce n'est plus la
14 fois, pour autant que je puisse m'en souvenir, que j'ai rencontré monsieur
15 Hadzihasanovic.
16 Q. Vous avez dit hier aux Juges de la Chambre que, pour le commandant --
17 pour le lieutenant-colonel Duncan, les rapports entre l'ABiH et les
18 Bataillons britanniques étaient excellents, et ces rapports de travail
19 étaient extrêmement professionnels. Est-ce exact ?
20 R. Oui, pour autant que je puisse le savoir, c'était le cas.
21 Q. Vous --
22 R. Pouvez-vous répéter la question ?
23 Q. Nous parlons anglais tout les deux et, parfois, il est difficile de se
24 retrouver pour les interprètes. Je prie aux interprètes de m'excuser, je
25 reprends.
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1 Nous étions en train de parler des rapports entre l'ABiH et le commandement
2 du 3e Corps et, d'autre part, le Bataillon britannique. Vous avez dit que
3 le lieutenant-colonel Duncan a dit que ces rapports étaient professionnels
4 et étaient très satisfaisantes. Alors, ma question était la suivante : est-
5 ce que le lieutenant-colonel Duncan, à un quelconque moment, parlait d'un
6 éventuel jeu de cache-cache avec le commandement du 3e Corps, qui aurait
7 caché des choses du Bataillon britannique ?
8 R. Je ne me souviens pas.
9 Q. La plupart des fois, vous-même, Monsieur le Commandant Bower, aviez
10 reçu l'autorisation de circuler librement, et la coopération que vous
11 aviez, dont a fait preuve le 3e Corps, à votre égard, du moins jusqu'en
12 septembre, lorsque le rythme du conflit a changé, et que l'ABiH a pris
13 l'avantage militaire. Est-ce qu'on peut dire que la coopération que vous
14 avez reçue du 3e Corps a été très bonne ? Est-ce exact ?
15 R. Je dirais que, dans l'ensemble, la coopération était excellente. Il a
16 pu y avoir un ou deux occasions, lors desquelles j'ai eu -- on m'a posé
17 quelques obstacles à mon passage, mais, en général, oui, je dirais que,
18 pendant les deux premiers tiers de mon affectation, la coopération était
19 excellente.
20 Q. Jusque-là, commandant, vous étiez en position de reconnaître que l'ABiH
21 était en très mauvaise passe puisqu'elle avait besoin et appréciait
22 l'assistance et la coopération qui pouvaient lui être apportées et que,
23 pour cette raison, cette armée coopérait mieux que le HVO avec vous. Est-ce
24 exact ?
25 R. Lors de mon affectation, mon emploi du temps dépendait beaucoup du fait
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1 de savoir qui était la force la plus efficace, si je peux dire, qui créait
2 le plus de victimes lors des affrontements. C'est bien qu'au départ,
3 c'était le HVO, lors des deux premiers tiers de mon affectation, qui
4 faisait le plus de victimes puisque, à l'époque, je m'occupais
5 majoritairement de victimes musulmanes de Bosnie. Par conséquent, je pense
6 que les gens souhaitaient l'aide des personnes qui étaient de leur propre
7 environnement ethnique. Lorsque j'avais besoin de leur coopération, on l'a
8 donnée. Il y eu des moments où je n'ai pas eu cette coopération, mais
9 c'était assez rare.
10 Q. Lorsque vous avez témoigné dans les procès Blaskic et Kordic, vous avez
11 mentionné un certain nombre d'incidents avec le HVO, d'incidents lors
12 desquels le HVO vous avait refusé la coopération. Etait-ce bien ce que vous
13 avez déclaré ?
14 R. Oui, il y a eu des occasions lors desquels le HVO ont délibérément
15 entravé mon travail.
16 Q. Commandant, même lorsque l'avantage militaire est passé de l'autre
17 côté, plus tard dans votre période d'affectation, le HVO a continué à
18 mettre des obstacles à votre travail et n'a pas fait preuve de tant de
19 coopération que le 3e Corps. Est-ce exact ?
20 R. Lors des huit dernières semaines, lorsque l'équilibre des forces a
21 changé sur le terrain, le rapport des forces est modifié, le HVO a tout de
22 même continué à se mettre tout à fait imprévisible quant à savoir s'il
23 coopérait ou non, et il y a eu des moments où nous n'avons pas pu obtenir
24 d'assistance du 3e Corps non plus.
25 Q. Commandant, lors de votre affectation, en tant que membre du G-5, une
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1 activité à laquelle vous êtes beaucoup livré, c'est bien la navette
2 diplomatique, pour reprendre vos propres termes. Etait-ce réellement une
3 expérience frustrante ?
4 R. Oui, c'était très frustrant parce que cela prenait beaucoup de temps et
5 beaucoup d'efforts et, au départ, on -- et elles se perdaient dans les
6 méandres diplomatiques.
7 Q. Malgré cela, Monsieur le Commandant, vous m'avez dit que les forces
8 britanniques, dans leurs activités de G-5, en étaient venues à réaliser
9 l'importance de ce travail humanitaire.
10 R. J'étais tout à fait conscient de l'effet que je pouvais avoir sur le
11 terrain, mais je n'étais que le représentant d'une petite équipe qui
12 essayait de faire du mieux qu'elle pouvait. Une équipe de huit personnes,
13 au sein d'un bataillon de 600 personnes, qui essayait d'opérer avec les
14 maigres ressources qu'elle avait, mais c'était, de toute façon, une aide
15 supplémentaire que recevaient les organisations qualitatives, qui étaient
16 sur le terrain, par qu'elles avaient leurs propres mandats.
17 Q. Commandant, est-ce vous pouvez confirmer -- et vous avez dit que vous
18 avez vu beaucoup de souffrance à l'époque. Est-ce que vous pouvez confirmer
19 que c'était une expérience extrêmement difficile de travailler au sein du
20 G-5 et que, très souvent, vous n'étiez pas en mesure de comprendre toute la
21 misère dont vous étiez témoin.
22 R. Oui, je suis tout à fait d'accord. Cela est un bon résumé, mais je n'y
23 étais que pendant six mois. Je n'ai pas passé plus de temps là-bas, mais
24 cela a été quand même très difficile pour moi de comprendre certaines des
25 actions qui se déroulaient sur le terrain.
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1 Q. Commandant Bower, c'était un travail très éprouvant sur le plan
2 affectif émotionnel et, parce que vous vous occupiez surtout de civils, il
3 y a eu des moments où vous étiez si dégoûté, si déprimé, que vous n'avez
4 pas participé aux réunions de 18 heures.
5 R. Non, je ne me souviens pas ne pas y avoir participé. La présence était
6 obligatoire. Il y avait, effectivement, des journées où nous nous sentions
7 frustrés parce que nous n'avions réussi à rien faire de bon. A ce moment-
8 là, nous annulions la fin des activités de la journée, mais la présence aux
9 réunions de 18 heures était obligatoire.
10 Q. Cela m'amène, Commandant, à la question des milinfosums. La préparation
11 de ces milinfosums a été discutée hier. Ai-je raison de dire que le nom que
12 l'on donne à ce document, milinfosum, à savoir, synthèse d'information
13 militaire, repose sur le fait que les Unités de la FORPRONU n'étaient pas
14 censées réunir du renseignement puisqu'il s'agissait d'une mission qui leur
15 a été confiée en vertu du chapitre 6 de la charte des Nations Unies ?
16 R. Je ne me souviens pas vraiment de ce que couvre le chapitre 6, les
17 missions humanitaires. Tout ce que je peux vous dire c'est que nous
18 n'étions pas sur le terrain pour réunir du renseignement militaire parce
19 que nous n'étions pas actifs au sein de la campagne. Tout ce que nous
20 étions censés faire, c'était trouver des informations pour essayer de
21 comprendre ce qui se passait autour de nous. C'est pourquoi je crois qu'en
22 anglais on a utilisé le terme "information" plutôt qu'"intelligence",
23 c'est-à-dire, "information" plutôt que "renseignements".
24 Q. Pour clarifier les choses, au bénéfice des Juges, ces termes
25 d'"intelligence", "renseignements", seriez-vous d'accord avec moi pour dire
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1 que ces termes de "renseignements", "intelligence" auraient recouverts des
2 activités beaucoup plus importantes et actives, c'est-à-dire, impliquant le
3 recourt à des moyens du type électronique ou interception de communication
4 radio et déploiement d'agents sur le terrain ?
5 R. Oui, je suis d'accord. Je pense qu'il aurait fallu déployé, au sein du
6 bataillon, beaucoup plus de personnel. Il y avait, en fait, un seul
7 officier et un seul sous-officier qui étaient au sein de cette cellule
8 militaire. En fait, nous n'obtenions que très peu d'information parce que
9 nous ne recouvrions qu'un petit secteur autour de notre quartier général.
10 Q. Commandant, êtes-vous d'accord avec moi pour dire que le recourt à des
11 moyens additionnels -- des moyens électroniques auraient permis à votre
12 bataillon de déterminer où des attaques allaient se dérouler, quand et par
13 quelles unités elles allaient être lancées ? Est-ce exact ?
14 R. Je crois qu'avec les moyens qui sont disponibles aujourd'hui, si nous
15 en avions disposés il y a 11 ans, nous aurions été en mesure de mieux
16 suivre le mouvement des troupes et nous aurions pu mieux déterminer de
17 quelles unités ils provenaient. A ce moment-là, sur la base du
18 renseignement, on aurait pu savoir de quelle unité précisément il se serait
19 agi. Je ne sais pas si nous aurions été en mesure de le faire, à l'époque,
20 mais je sais qu'aujourd'hui nous le pourrions.
21 Q. La raison pour laquelle, Commandant Bower, de tels moyens n'ont pas été
22 utilisé, c'était probablement parce que, soit premièrement, ils n'étaient
23 pas disponibles, soit deuxièmement, ils n'étaient pas nécessaires aux fins
24 de votre mission. Comme vous l'avez dit, ce n'était pas permis pour ce
25 genre d'opération. Est-ce exact ?
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1 R. Pour autant que je m'en souvienne, on n'a jamais parlé du fait de
2 collecter du renseignement -- "intelligence", en anglais -- puisque ce
3 n'était pas quelque chose qui était à notre disposition. Même si nous
4 demandions de tels renseignements, nous ne les avions pas.
5 Q. Commandant Bower, là encore, pour permettre aux Juges d'avoir une
6 meilleure compréhension de fonction d'information, êtes-vous d'accord avec
7 moi pour dire que, sur la base de votre expérience, bien sûr, et de vos
8 connaissances, êtes-vous d'accord pour dire que, lors des situations de
9 guerre, les mouvements de troupes se déroulent surtout la nuit ?
10 R. Cela dépend réellement du terrain et des forces que vous utilisez et
11 des opérations que vous allez mener, et aussi des moyens dont dispose
12 l'ennemi et que vous avez identifiés et détectés.
13 Q. Je suis désolé de vous interrompre. Je vais essayer d'être plus précis.
14 Les préparatifs finaux au combat, le ravitaillement final avant une attaque
15 et le fait qu'une attaque est, en général, lancée une heure avant l'aube,
16 tous les militaires sont au courant de ces éléments-là. Ai-je raison ?
17 R. Je dirais qu'il s'agit là d'une doctrine à laquelle on a adhéré, mais
18 qui n'est pas courante actuellement.
19 Q. L'idée qu'une attaque soit menée au moins une heure avant l'aube vient
20 de l'idée qu'il faut réussir un effet de surprise totale et de créer une
21 confusion maximale afin d'en profiter.
22 R. C'est certainement l'un des avantages à ceci -- au fait de lancer une
23 attaque à ce moment-là de la journée. Mais, maintenant, comme tout le monde
24 s'attend à ce qu'on attaque à cette heure, il n'y plus d'effet de surprise.
25 Q. Monsieur le Commandant, êtes-vous d'accord pour dire que, pour obtenir
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1 ce genre d'information concernant les mouvements de troupes, les
2 préparatifs au combat et les opérations de ravitaillements, ces éléments
3 permettent à l'observateur de déterminer quand l'attaque va se produire, où
4 et quelle unité va la lancer ?
5 R. Très certainement, le suivi des mouvements des troupes et des moyens
6 clés, les déplacements, non seulement des corps, mais aussi des
7 équipements, ce sont là des éléments qui permettent de découvrir où et
8 quand une opération va se dérouler, si bien que le suivi des batailles est
9 -- des préparatifs de bataille est un outil important dans la collecte
10 d'information.
11 Q. Dans le cadre de votre affectation auprès de la FORPRONU, et compte
12 tenu du fait que vous ne collectiez pas de renseignements et que vous ne
13 travailliez que pendant la journée, ce type d'information n'était pas à
14 votre disposition. Ce n'était pas quelque chose que vous pouviez découvrir.
15 Est-ce exact ?
16 R. Je ne dirais pas que ce n'étaient pas des informations que nous ne
17 pouvions pas découvrir. Je dirais plutôt que les choses se déroulaient à un
18 rythme beaucoup plus lent. Ce n'était pas une guerre de mouvements rapides,
19 du type auquel je suis habitué. Cela prenait du temps de déplacer les
20 ressources d'un endroit à un autre. Mais je dirais qu'il y a quand même eu
21 des occasions où il y a eu des mouvements et cela nous a pris beaucoup plus
22 de temps pour se construire une image d'ensemble. Alors qu'aujourd'hui,
23 avec les moyens dont nous disposons aujourd'hui, nous aurions disposé d'une
24 image plus claire beaucoup plus vite. Je dirais que le processus était
25 beaucoup plus long et prolongé, à l'époque. Peut-être que c'était aussi dû
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1 au fait que les événements que nous identifions n'étaient -- en fait, ce
2 n'étaient pas le genre d'événements que vous voyez sur CNN aujourd'hui.
3 Q. En ce qui concerne le type d'information que vous obteniez -- que les
4 officiers de liaison obtenaient, soit sur la base de leurs observations
5 personnelles, soit sur la base de leurs conversations avec la population
6 locale, pouvez-vous confirmer que votre quartier général, qui se trouvait à
7 Vitez, se trouvait sur le territoire contrôlé par le HVO ? Est-ce exact ?
8 R. Je dirais que jusqu'en septembre, nous étions en territoire contrôlé
9 par le HVO, mais l'ABiH contrôlait la hauteur qui était immédiatement
10 avoisinant, qui dominait le camp, parce qu'ils avaient l'habitude -- ces
11 deux forces avaient l'habitude de se tirer dessus et nous étions pris entre
12 les deux, au milieu. Nous étions bien en territoire HVO, mais nous étions,
13 en fait, plutôt entre les deux lignes de front. Après une offensive du HVO
14 en septembre, nous nous sommes retrouvés complètement en territoire tenu
15 par le HVO.
16 Q. J'en reviens maintenant à ce que vous avez dit lors des procès Blaskic
17 et Kordic, ainsi que sur la base de vos connaissances personnelles. Serait-
18 il juste de dire que le HVO utilisait la propagande comme une arme
19 extrêmement efficace ?
20 R. C'était une propagande dirigée vers la FORPRONU ou d'un autre type ?
21 Q. Je vais préciser. Je voulais dire la propagande, en général, en
22 particulier, à l'encontre de sa propre population.
23 R. Je pense qu'on peut sûrement dire qu'ils nous ont donné l'impression --
24 qu'ils ont donné l'impression aux civils, avec lesquels j'étais en contact,
25 qu'ils étaient bien meilleurs sur le terrain qu'ils ne l'étaient en réalité
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1 et que la situation était bien meilleure qu'elle ne l'était. Je ne peux pas
2 vraiment dire autre chose sur ce type de propagande, je suis désolé.
3 Q. Monsieur le Commandant, pouvez-vous -- sur la base de quelques exemples
4 de votre témoignage précédent, pouvez-vous confirmer que les médias, aux
5 mains du HVO, ont signalé que le monastère de Guca Gora avait été incendié,
6 qu'après avoir vérifié ces informations sur les terrains, il a été
7 déterminé que non seulement le monastère n'avait pas été incendié, mais que
8 le village de Bandol, un village musulman, avait été complètement réduit en
9 cendres. Etes-vous au courant de ce fait ?
10 R. Je ne me souviens pas de références spécifiques du HVO à ce sujet. Je
11 sais qu'il y avait beaucoup d'exagérations, beaucoup de rumeurs qui
12 circulaient sur différents crimes, sur l'idée de savoir qui avait fait quoi
13 à qui, quelles atrocités avaient été commises. Cela nous poussait à
14 enquêter et à essayer de vérifier ces informations. Je peux vous dire,
15 effectivement, que l'église de Guca Gora n'avait pas été détruite. Je sais
16 que Bandol l'avait été, puisque j'y suis allé.
17 Q. Pouvez-vous confirmer, Commandant Bower, juste au sujet de la
18 propagande, que des questions de ce type étaient largement relayées dans
19 l'opinion que, finalement, on découvrait que ce n'était pas vrai. Par
20 exemple, on disait que des prêtres et des sœurs, des bonnes sœurs avaient
21 été tués à Brajkovici ?
22 R. Je me souviens d'une rumeur en ce sens pendant l'été, mais je ne me
23 souviens pas exactement de quel village il s'agissait. Je me souviens qu'on
24 avait dit, qu'on avait allégué qu'un prêtre et deux nonnes, avaient été
25 crucifiés sur la porte d'une église ou quelque chose du même genre, que
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1 cette rumeur s'était répandue dans le secteur tenu par le HVO.
2 Q. Finalement, on a prouvé que ce n'était pas vrai ?
3 R. D'après ce que je me souviens, je n'ai rien trouvé qui puisse confirmer
4 cela. Je ne me souviens pas qu'on ait dit que cette atrocité était
5 confirmée.
6 Q. Qu'en est-il de la propagande relayée par les médias HVO au sujet du
7 fait que des Croates auraient été pendus devant une église de Zenica ?
8 Avez-vous entendu pareilles allégations ?
9 R. Non, je ne me souviens pas de telles allégations.
10 Q. Vous souvenez-vous d'allégations de la part du HVO concernant
11 l'arrestation de 12 000 Croates à Zenica ?
12 R. Je me souviens seulement là encore, que des rumeurs circulaient à
13 l'époque, selon lesquelles des Croates à Zenica étaient empêchés de quitter
14 un tout petit secteur, qu'ils étaient mal traités, qu'ils étaient
15 inéquitablement traités, puisqu'on ne les laissait pas partir s'ils le
16 souhaitaient. Cela semble refléter une espèce de paranoïa générale, si je
17 peux me permettre. Lorsque vous avez des enclaves, elles-mêmes situées au
18 sein d'enclaves, une espèce de mentalité d'otage qui se développe, otage ou
19 ville assiégée. A moment-là, le secteur musulman de Bosnie et de Stari
20 Vitez se trouvait au sein du secteur croate de Vitez, qui lui-même, ce
21 secteur croate se trouvait au sein d'une plus grande poche contrôlée par
22 l'ABiH, et ainsi de suite. Je crois que c'était une paranoïa générale qui
23 se propageait entre amis et proches, qui perdaient contact avec la réalité.
24 Il n'y avait pas beaucoup de moyens de communiquer. Les rumeurs circulaient
25 très vite.
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1 Q. Mon Commandant, est-il exact de dire que de pareilles propagandes dans
2 le secteur, ont probablement eu une influence sur la situation et que, de
3 nature, a réduit la fiabilité des informations que vous pouviez obtenir
4 auprès de cette population ?
5 R. Je dirais que très certainement les informations que nous recevions ne
6 devaient être prises avec un grain de sel. Cela dépendait de la source.
7 Cela dépendait de la personne qui vous informait, si elle était stressée ou
8 pas, dans quelle situation elle se trouvait. Il fallait savoir si les amis,
9 les proches de ces personnes qu'ils voulaient évacuer, ils étaient souvent
10 enclins à exagérer les blessures de leurs proches et à exagérer
11 l'importance de l'assistance dont ils avaient besoin.
12 Q. Commandant, sur la base de votre expérience militaire, pouvez-vous
13 confirmer que la création de la 8e Brigade musulmane a été confirmée dans
14 un milinfosum, qu'ensuite, il a été déterminé que jamais il n'avait été
15 crée de 8e Brigade musulmane.
16 R. Je suis désolé, mais je ne me souviens absolument pas d'une quelconque
17 8e Brigade musulmane.
18 Q. S'il y a quelque chose dont vous ne vous souvenez pas, cela ne pose
19 aucun problème.
20 Commandant Bower, pouvez-vous confirmer au sujet des milinfosums, puisque
21 vous avez dit un certain nombre de choses hier, en réponse à des questions
22 sur ces milinfosums que vous avait posées l'Accusation. Vous avez dit qu'il
23 ne s'agissait pas d'un compte rendu des réunions de 18 heures, mais plutôt
24 d'une synthèse de ce qui avait été observé le même jour et une synthèse
25 d'échange de points de vue qui s'était déroulée en tête-à-tête entre deux
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1 personnes.
2 R. Oui, je dirais que c'est un bon résumé de ce en quoi consistait ce
3 milinfosum, parce que les réunions de 18 heures, lors de ces réunions, on
4 discutait toute sorte de questions administratives et de questions qui ne
5 concernaient que le Bataillon britannique, qui n'avaient aucune importance
6 pour les autres unités. Il ne s'agissait pas d'un compte rendu de ces
7 réunions.
8 Q. Vous avez également dit hier que ces opinions qui étaient exprimées
9 lors des réunions, qui parfois, transparaissaient dans le résumé écrit,
10 dans le milinfosum, que ces informations étaient difficiles à confirmer
11 soit par une deuxième, troisième ou quatrième sources. Est-ce exact ?
12 R. Oui. La collecte de ces informations, en général, était faite par un
13 soldat individuel, principalement un commandant de patrouille ou un
14 officier de liaison. C'étaient des choses qu'il avait apprises par le
15 truchement de son interprète lors de discussions avec les gens qu'il avait
16 pu rencontrer ce jour-là. C'étaient des discussions en tête-à-tête. Vous
17 n'obteniez une deuxième source capable de confirmer que par chance.
18 Q. Passons maintenant à un autre sujet. Vous avez mentionné que vous aviez
19 des contacts avec des brigades de l'ABiH. Vous avez mentionné
20 spécifiquement la 325e Brigade, puisque vous aviez des contacts avec celle-
21 ci. Est-ce exact ?
22 R. Oui, c'est exact.
23 Q. Vous avez également dit, si je ne m'abuse, qu'on vous a donné des
24 informations, selon lesquelles la 7e Brigade était une unité de manœuvre
25 qui en était devenue à être utilisée comme un indicateur de combat. Est-ce
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1 exact ?
2 R. Je dirais qu'après un certain temps, ce n'était pas une décision qui,
3 initialement nous a été confirmée, mais c'est une conclusion à laquelle
4 nous sommes arrivés après un certain temps, après avoir observé la manière
5 dont la situation se développait et la manière dont la campagne globale
6 était menée.
7 Q. Vous avez expliqué qu'un indicateur de combat, c'est lorsqu'une
8 certaine unité, on la rencontre à un certain endroit, on peut anticiper
9 qu'une attaque va se dérouler, parce qu'à plus d'une occasion, on a observé
10 cette unité à un endroit juste avant une attaque. Est-ce exact ?
11 R. Oui, il peut s'agir soit d'une unité, soit de ressources, de moyens
12 particulièrement importants. Par exemple un équipement qui n'est pas
13 habituellement trouvé dans un secteur. Cela permet de déterminer une
14 tendance qui est en train de se mettre en place. Si cela arrive plus d'une
15 fois, alors on peut déterminer qu'il s'agit d'une tendance, que cela permet
16 de conclure qu'un certain événement va survenir.
17 Q. Vous avez également mentionné qu'on vous a briefé sur la présence de
18 mercenaires en Bosnie centrale. Est-ce exact ?
19 R. Oui, c'est exact. A Split, lors de nos briefings, on nous a informés de
20 la présence de mercenaires dans l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine.
21 Q. On vous a, à un certain moment, également appris, qu'au sein de la 7e
22 Brigade, il y avait des éléments qui adhéraient strictement au précepte de
23 l'Islam.
24 R. Je ne me souviens pas si on me l'a dit exactement dans ces termes. Très
25 certainement, on nous a informés qu'il y avait un élément, peut-être pas
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1 une grosse structure, il s'agissait peut-être de 100 à 150 personnes. Je
2 n'ai pas le nombre exact. On nous a dit qu'il y avait un certain nombre de
3 mercenaires qui adhéraient au précepte islamique strictement.
4 Q. Commandant Bower, vous avez également dit qu'on vous a informés à un
5 certain moment que les Moudjahiddines en Bosnie centrale, fonctionnaient en
6 tant qu'unité constituée, et n'intervenaient pas en petits groupes
7 individuels. Est-ce exact ?
8 R. Oui. Je ne me souviens pas si c'était une information qu'on nous a
9 donnée ou si c'est une conclusion à laquelle nous sommes arrivés. Très
10 certainement, c'est là le souvenir que j'ai de ces éléments mercenaires.
11 Q. Vous-même, Commandant Bower, vous avez rencontré les Moudjahiddines
12 pour la première fois en tant qu'unité, en tant que semblant d'unité,
13 équipés d'armes. Vous les avez rencontrés pour la première fois seulement
14 le 13 juin, à Guca Gora. Est-ce exact ?
15 R. Je ne suis pas sûr de la date exacte. Juin, c'est tout à fait possible,
16 mais je ne me souviens pas de la date exacte. Je dirais que la première
17 fois que j'ai rencontré les Moudjahiddines, c'était en cette occasion à
18 Guca Gora, en compagnie du major Vaughan Kent-Payne.
19 Q. Nous reviendrons à ces événements plus tard. Je voudrais maintenant
20 juste passer en revue avec vous ce que vous avez dit hier, au sujet des
21 caractéristiques des Moudjahiddines. Comme vous l'avez dit hier, on pouvait
22 les reconnaître à leurs traits, le fait qu'ils portaient la barbe longue,
23 le fait qu'ils avaient une attitude
24 vis-à-vis de la FORPRONU assez négative, que vous les reconnaissiez
25 également aux vêtements qu'ils portaient, par le fait que les gens avaient,
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1 à juste titre, d'ailleurs peur d'eux, qu'ils étaient imprévisibles, qu'ils
2 avaient plus d'armes, qu'ils avaient des couteaux, qu'ils avaient des
3 lance-roquettes, qu'ils étaient arrogants, que vous ne les rencontriez que
4 par hasard, parce que vous ne saviez pas où ils étaient basés. Tout ce que
5 je vous ai dit là, s'agit-il d'un résumé exact des caractéristiques des
6 Moudjahiddines ?
7 R. Je dirais que c'est exact. Le fait qu'ils n'étaient pas européens à
8 premier avis, où du moins, la majorité de ceux qu'on avait vus, avait l'air
9 de venir du Moyen-Orient, plutôt que d'être des Européens.
10 Q. S'agissant des uniformes, vous avez mentionné que beaucoup d'entre eux
11 portaient des vestes d'uniforme, mais que certains d'entre eux portaient
12 des pantalons larges, qu'il s'agit néanmoins, d'un mélange de vêtements
13 civils et militaires. Est-ce exact ?
14 R. C'est certainement vrai au sujet de ce que j'ai observé ce jour-là.
15 Q. Est-il exact de dire que les Moudjahiddines avaient la réputation
16 d'être prêt à mourir pour l'islam contrairement aux soldats habituels ?
17 R. Je ne dirais pas que c'était une caractéristique dominante à l'époque.
18 C'était là notre première rencontre avec ces éléments particuliers. Ce
19 n'était pas quelque chose qui ressortait de manière évidente.
20 Q. Vous avez mentionné qu'il ne s'agissait pas du type de troupes qu'on
21 aurait utilisé pour tenir des postes de Contrôle. Ma question est la
22 suivante : Vous n'avez jamais rencontré de Moudjahiddines aux nombreux
23 postes de Contrôle que vous aviez à franchir. Est-ce exact ?
24 R. Je ne me souviens pas d'avoir jamais rencontré ce que j'appelle les
25 Moudjahiddines. Il y avait des personnes qui faisaient semblant d'être des
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1 Moudjahiddines. Nous les appelions des pseudo- Moudjahiddines ou des
2 Moudjahiddines plastique. Vous pouviez en voir un ou deux aux postes de
3 Contrôle. Nous, nous ne les considérions pas comme des éléments
4 mercenaires, comme des Moudjahiddines.
5 Q. Etes-vous en mesure de confirmer certains des faits suivants ? Je pense
6 aux caractéristiques des Moudjahiddines. Dans un premier temps,
7 l'emplacement des unités de l'ABiH. C'est quelque chose qui était
8 parfaitement connu au sein de votre bataillon ?
9 R. Autant que je m'en souvienne, les officiers de liaison militaire qui
10 s'occupaient du quartier général, avaient de nombreux détails sur les
11 éléments qui se trouvaient dans ce secteur particulier. Je crains ne pas
12 m'en souvenir, car ce n'est pas un aspect de la question que vous devez
13 connaître.
14 Q. La plupart des soldats de l'ABiH ne portaient pas la barbe, en règle
15 général ?
16 R. Autant que je m'en souvienne, non. Il ne s'agissait pas de quelque
17 chose d'habituel. Les barbes que portaient les Moudjahiddines étaient des
18 barbes très longues. Il ne s'agissait pas de barbes bien taillées telle que
19 la vôtre, par exemple.
20 Q. Commandant Bower, vous savez que la situation relative aux armes pour
21 l'ABiH, était critique. Il y avait une telle pénurie d'armes, qu'ils
22 avaient environ une arme pour trois hommes. Pensez-vous que cela est
23 exact ?
24 R. Je ne me souviens pas. Je pense que nous pouvons avancer le fait
25 suivant : Les armes n'étaient effectivement pas abondantes. Il y avait
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1 parfois des postes de Contrôle où tout le monde n'était pas armé.
2 Q. Si vous prenez les soldats de l'ABiH, en règle général, sur la base de
3 votre expérience des rencontres que vous avez avec ces soldats, ils avaient
4 établi une bonne relation avec les Nations Unies, et ils avaient un
5 comportement tout à fait acceptable avec le Bataillon britannique ?
6 R. D'après l'expérience que j'ai acquise, nous avons forgé des relations
7 avec les soldats qui détenaient le territoire, parce que nous les voyions
8 régulièrement, qu'ils apprenaient à nous connaître. Bien entendu, cela
9 dépendait de ce qui se passait en règle générale. Ce jour-là, s'ils avaient
10 beaucoup souffert, ou s'ils savaient que des civils musulmans de Bosnie
11 souffraient, de toute évidence, ils étaient frustrés. Ils essayaient
12 d'évacuer leurs frustrations auprès de personnes tel que nous. Avec un
13 certain sens de la rétrospective, et c'est toujours merveilleux de pouvoir
14 compter sur le recul, je peux comprendre la façon dont ils réagissaient. A
15 l'époque, je ne le pouvais pas. J'étais beaucoup plus ciblé sur ce que
16 j'essayais de faire. Il faut savoir qu'au fils du temps, nous avons su
17 établir de bonnes relations avec certaines personnes.
18 Q. Commandant Bower, la population locale n'avait pas peur. Elle se
19 trouvait auprès des postes de Contrôle, lorsque ces postes de Contrôle
20 étaient détenus par des soldats réguliers de l'ABiH ?
21 R. La majorité des postes de Contrôle par lesquels je suis passé, c'est
22 vrai qu'il y avait de la population civile autour. Je me souviens, par
23 exemple, du poste de Contrôle de Cajdras. Si vous vous rapprochez de la
24 ligne de front, s'il s'agit d'un poste de Contrôle très proche de la ligne
25 de front, il y avait beaucoup moins de civils. C'est tout à fait
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1 compréhensible.
2 Q. Vous avez indiqué qu'il y avait une certaine imprévisibilité autour des
3 Moudjahiddines. Vous avez donné l'exemple d'un Moudjahiddine qui, lorsque
4 vous l'avez rencontré à Guca Gora, a refusé de parler à votre interprète,
5 qui était une femme. Est-ce bien exact ?
6 R. C'est exact. Au départ, quand nous sommes arrivés, ils ont refusé de
7 nous parler par le truchement de notre interprète qui était une femme. De
8 toute évidence, après l'incident avec l'arme à feu, ils ont bien dû parler.
9 Une fois de plus, lorsque nous nous rapprochions du village pour trouver ce
10 charnier que nous étions censés de trouver, il y a eu d'autres
11 Moudjahiddines qui ont refusé de nous parler. Nous avons dû improviser une
12 conversation à trois.
13 Q. Le fait qu'un Moudjahiddine refusait de parler à une interprète, peut
14 indiquer un certain comportement religieux, mais ce n'est pas une
15 caractéristique telle, qui vous permet de dégager des conclusions portant
16 sur le commandement ou le contrôle ?
17 R. Non. Cela nous permet de dégager des conclusions sur cet incident
18 particulier portant sur cette personne.
19 Q. A une question posée par mon confrère, vous avez indiqué que les
20 Moudjahiddines pouvaient être vus dans des endroits où il y avait ensuite
21 des combats. C'est la raison pour laquelle vous en avez tiré la conclusion
22 suivant laquelle ils étaient des indicateurs de combat. Est-ce bien exact ?
23 R. Oui. Normalement après un événement, après un combat, dans le cadre
24 d'un échange de prisonniers ou d'une récupération de cadavres, par exemple,
25 les Moudjahiddines étaient présents. En cas d'échange de prisonniers ou en
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1 cas d'échange de cadavres, vous aviez, par exemple, 25 personnes du HVO, 30
2 personnes de l'ABiH, dont 5 étaient des Moudjahiddines. C'est une référence
3 qui nous a permis de tirer ces conclusions.
4 Q. Nous aborderons le temps des échanges ultérieurement. Mais, pour le
5 moment, êtes-vous en mesure de marquer votre accord avec moi à propos du
6 fait suivant ? Vous avez indiqué qu'ils faisaient d'indicateurs de combats.
7 Si l'un de vos collègues, un officier de liaison -- ou deux d'entre eux,
8 d'ailleurs, discernaient la présence de Moudjahiddines, je suppose qu'il
9 présentait immédiatement un rapport au capitaine Harrison, l'officier du
10 renseignement, pour que cette information puisse être consignée dans le
11 milinfosum, car cela indiquait -- ou pouvait indiquer qu'il y avait une
12 planification ou un plan d'attaque.
13 R. Leur présence et les endroits, où ils se trouvaient, faisaient l'objet
14 d'un rapport lorsque nous rentrions à la base. Mais leur seule présence ne
15 pouvait pas indiquer l'imminence d'une attaque car je pense qu'il y avait
16 d'autres paramètres, d'autres facteurs qu'ils devaient indiquer --
17 identifier. Il ne pouvait pas seulement s'agir d'un seul véhicule. Il
18 fallait qu'il y ait un certain nombre de facteurs qui dessinent une
19 tendance et qui permettent d'indiquer qu'une attaque était sur le point de
20 se dérouler. Mais il est évident que nous essayions, ensuite, d'obtenir
21 d'autres informations afin d'identifier -- essayer d'identifier ce qui
22 était sur le point de se passer.
23 Q. Commandant Bower, ai-je raison de dire que vous-même n'avez jamais
24 indiqué au capitaine Harrison qu'une attaque était sur le point d'être
25 effectuée parce que vous aviez rencontré des Moudjahiddines ?
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1 R. Non, je ne l'ai jamais fait.
2 Q. Si vous preniez le milinfosum que vous consultiez au quotidien, ce
3 genre d'observation n'a jamais figurée dans les milinfosums. Est-ce exact ?
4 R. Très honnêtement, je ne me souviens pas. Cela fait plusieurs années que
5 je n'ai plus consulté ces milinfosums.
6 Q. Les milinfosums, à proprement parler, est-ce qu'ils n'étaient pas
7 communiqués aux parties belligérantes ? Puis-je avancer cela ?
8 R. Autant que je le sache, ils n'étaient pas communiqués. Il s'agissait
9 d'un outil de briefing. Je ne sais pas comment ils étaient classés par
10 rapport à la confidentialité. Ils étaient utilisés pour fournir des idées -
11 - des instructions, aux différentes agences, mais je ne sais pas, en fait,
12 si des exemplaires papier étaient fournis.
13 Q. Mais ils n'étaient pas censés être fournis aux parties belligérantes.
14 R. Très honnêtement, je ne suis pas en mesure de vous le dire.
15 Q. Si un milinfosum était envoyé au commandement militaire par le
16 truchement de la chaîne de commandement et, ce, jusqu'à Kiseljak, le but
17 était d'informer les autres unités qui opéraient dans d'autres secteurs.
18 R. C'est exact, parce que nous voulions savoir -- les agences caritatives
19 voulaient savoir quelles itinéraires ils pouvaient utiliser, mais il
20 fallait savoir que chaque bataillon indépendant, au sein de la FORPRONU,
21 voulait également savoir s'ils pouvaient procéder au ravitaillement des
22 convois jusqu'à Split, par exemple. Ils voulaient savoir, par exemple,
23 s'ils pouvaient conduire jusqu'à Gornji Vakuf, par exemple.
24 Q. Du fait de la nature de votre fonction, vous vous êtes déplacés dans
25 votre secteur et, en fait, est-ce que vous lisiez quotidiennement les
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1 rapports de situation publiés par le commandement de la Bosnie centrale à
2 Kiseljak, qui contenaient, par exemple, des informations sur d'autres
3 secteurs de la Bosnie centrale et qui vous permettaient de savoir ce que
4 faisaient les canadiens à Visoko ou les français à Kakanj, par exemple ?
5 R. Non. Dans le cadre de mes fonctions d'officier de liaison général, il y
6 avait -- je n'ai jamais lu ces rapports -- il y avait une synthèse qui
7 était fournie à la réunion de 18 heures et qui nous permettait d'avoir une
8 vue d'ensemble de la situation, mais je les lisais en fait -- je ne les ai
9 lus que pendant deux semaines où j'ai fait office d'officier des opérations
10 dans la salle des opérations.
11 Q. Il en va de même pour les synthèses d'information militaire
12 hebdomadaires qui étaient également préparées par le commandement de la
13 Bosnie centrale à Kiseljak.
14 R. C'est exact.
15 Q. Je vais passer maintenant à un autre thème que vous avez d'ailleurs
16 évoqué brièvement hier et aujourd'hui. J'aimerais vous poser quelques
17 questions à propos de l'échange des prisonniers et des morts. Alors, ma
18 première question -- et je pense que je vais suivre votre exemple -- ma
19 première question, disais-je, est la suivante. Vous êtes arrivé sur le
20 théâtre des opérations à la fin du mois d'avril et il y avait un commandant
21 d'une Brigade du HVO qui avait été kidnappé à Zenica par des éléments
22 étrangers, et je vous parle du général -- de M. Totic. Etiez-vous au
23 courant de cela ?
24 R. C'est un nom que je connais certes, mais je ne me souviens pas de cet
25 événement.
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1 Q. Saviez-vous qu'une demande a été présentée par des combattants
2 étrangers à la Mission de contrôle de la Communauté européenne, et cette
3 requête a été présentée pour que soient libérés ces étrangers en échange de
4 membres du HVO. Etes-vous conscient de cette situation ?
5 R. Je ne me souviens pas.
6 Q. Je vais passer à d'autres questions. J'aimerais savoir si vous savez
7 que l'échange, à proprement parler, a eu lieu à Zenica le 17 mai ?
8 R. Il se peut que cela se soit passé, mais, à cette époque-là, en mai,
9 j'étais encore en train de forger des relations avec la Croix rouge, avec
10 la Mission de contrôle de la Communauté européenne. Cela faisait seulement
11 un mois que j'étais présent sur le terrain. Il y avait déjà des personnes
12 qui avaient déjà su tisser des relations, et ils ne voulaient pas les
13 nouveaux venus interviennent parce que, potentiellement, des erreurs
14 auraient pu être commises. Nous sommes intervenus beaucoup plus tard, à la
15 fin du mois de mai, au début du mois de juin, pour ce qui est de l'échange
16 des prisonniers. Je m'excuse, mais je ne suis pas en mesure de répondre à
17 cette question.
18 Q. Votre unité -- le contrôle opérationnelle, de votre unité, a été
19 transféré, si je ne m'abuse, le 11 mai.
20 R. Oui, je pense que c'est plus ou moins la date exacte, une semaine ou
21 dix jours après notre arrivée.
22 Q. Dans l'un des milinfosums, qui porte sur cet incident à propos de M.
23 Totic, il est indiqué que le 3e Corps avait indiqué qu'ils n'avaient
24 absolument pas participé à cet échange. Sur la demande de la Mission de
25 contrôle de la Communauté européenne à Zenica, ils ont accepté d'assurer la
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1 sécurité de l'échange de prisonniers.
2 R. Je m'excuse, je suis navré, mais je ne suis pas en mesure de répondre à
3 cette question.
4 Q. Vous ne saviez pas non plus que votre bataillon a participé à
5 l'échange, au transport des personnes concernées ?
6 R. Je me souviens que l'on nous a demandé fréquemment d'assurer le
7 transport et la sécurité dans le cadre des différents échanges, mais, pour
8 ce qui est de ces détails, au début de mon affectation, je dirais que c'est
9 un peu flou dans mon esprit.
10 Q. Pour ce qui est de cet événement précis, même s'il y avait des
11 Moudjahiddines qui étaient intéressés, cet événement précis, vous ne vous
12 en souvenez pas ?
13 R. Non, je ne m'en souviens pas.
14 Q. Le fait que cela a été consigné dans le milinfosum, parce que vous nous
15 dites que vous ne le savez pas --
16 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président.
17 M. BOURGON : [interprétation]
18 Q. Vous ne seriez pas surpris que cela se trouve dans les milinfosums ?
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf.
20 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
21 Juges, j'ai remarqué fréquemment que mon estimé confrère de la Défense fait
22 état des milinfosums et il parle de la teneur de milinfosums qu'il ne
23 présente pas. Il n'est pas possible, ni pour l'Accusation, ni pour les
24 Juges de la Chambre de première instance, de vérifier si les extraits de
25 ces milinfosums, auxquels il est fait allusion, font véritablement partie
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1 desdits milinfosums. Par conséquent, j'aimerais demander à mon confrère la
2 chose suivante : lorsqu'il fera référence à un milinfosum et lorsqu'il pose
3 des questions au témoin, il doit montrer ou indiquer de quel milinfosum il
4 s'agit au témoin.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Maître Bourgon, vous avez effectivement fait
6 référence à des milinfosums, notamment, sur le général Totic. On n'a pas le
7 numéro de ce document et peut-être, si vous l'aviez eu, on aurait pu --
8 vous auriez pu le présenter au témoin. Mais l'observation de l'Accusation
9 est fort pertinente, dans la mesure où vous faites référence à des
10 documents que la Chambre n'est pas en mesure d'apprécier parce qu'on ne l'a
11 pas, encore moins l'Accusation et encore moins le témoin. Poursuivez.
12 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. J'aimerais simplement indiquer à
13 la Chambre que c'est le choix de la Défense, à ce stade-ci, puisque nous
14 parlons des milinfosums, en générale, et non pas de façon spécifique,
15 d'éviter pour des pertes de temps avec des débats qui vont impliquer des
16 documents. C'est une question de valeur probante. Il est certain, Monsieur
17 le Président, que, si je pose une question au témoin sans lui montrer un
18 document, cela diminuera d'autant plus le poids que vous pourrez accorder à
19 cette information, mais nous ne croyons pas que cela se fasse au détriment
20 de la Défense des accusés puisque nous nous en tenons à des généralités et
21 des types d'information qui sont contenus dans les milinfosums.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Continuez.
23 Hier, vous nous aviez dit que vous termineriez à 10 heures 30.
24 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.
25 Q. [interprétation] Commandant Bower, j'ai perdu l'endroit où me trouvais
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1 sur mon document. Alors, êtes-vous en mesure de marquer votre accord avec
2 moi à propos de l'événement suivant ? Si, lorsque vous étiez en Bosnie,
3 vous receviez une demande émanant du 3e Corps et portant sur l'échange d'un
4 Moudjahiddines ou une demande faite pour récupérer le cadavre d'un
5 Moudjahiddines. Etes-vous d'accord pour dire qu'il s'agissait d'une
6 question si importante qu'elle faisait l'objet d'un rapport et qu'elle
7 était consignée dans le milinfosum.
8 R. Après 11 années, je suis désolé, mais je ne peux pas véritablement vous
9 dire si cela était consigné dans le milinfosum. Mais ce que je peux vous
10 dire, toutefois, c'est que, compte tenu de notes et journaux que j'ai, et
11 d'après ce dont je me souviens, cela est devenu véritablement une question
12 importante à la fin de mon affectation. Mais je peux vous dire que, plus
13 tard, pendant mon affectation, j'ai accordé une importance plus importante
14 à ce genre d'événements parce qu'à partir du mois de septembre, l'ABiH a
15 plus été tant sur la défensive et a pris de l'ascendant. C'est à partir de
16 ce moment-là que j'ai véritablement commencé à consigner ce genre de
17 choses. Ce qui s'est passé auparavant, je vous dirais que je ne me souviens
18 pas s'il y a eu, lors de l'échange de prisonniers ou de cadavres des
19 Moudjahiddines, mais cela est valable pour le début de mon affectation.
20 Q. Commandant Bower, je ne remets pas en doute le fait que vous avez
21 obtenu des demandes portant sur l'échange de prisonniers ou la récupération
22 du cadavre d'un Moudjahiddine. Mais ce que je vous dis, ce que j'avance,
23 c'est que vous n'avez jamais reçu de requêtes. C'est pour cela que vous
24 n'êtes pas en mesure d'en parler aujourd'hui. Vous n'avez jamais reçu,
25 disais-je, une requête en vertu de laquelle le 3e Corps demandait l'échange
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1 d'un Moudjahiddine ou la récupération d'un cadavre de Moudjahiddine.
2 R. Alors, plus tard pendant ma période d'affectation, je peux me souvenir
3 qu'il y a eu un échange de quelques 50 à 60 cadavres avec un échange de
4 victimes de Stari Vitez et Nova Bila. Il y a eu une demande qui a été
5 présentée afin de libérer un Moudjahiddine et je ne me souviens pas s'il
6 était mort ou vivant. Il s'agissait d'échanger des membres du HVO en
7 échange de cela et il a fallu faire en sorte que l'officier de liaison
8 militaire prenne contact avec -- je ne me souviens pas d'ailleurs s'il
9 s'agissait de Beba ou de Beba Salko à Travnik. En fait, ce fut une
10 opération extrêmement complexe et c'était en effet les différents maillons
11 de la chaîne dont je parlais tout à l'heure. Mais je ne sais pas si nous
12 sommes allés nous-mêmes au QG du 3e Corps. Je ne me souviens honnêtement
13 pas. Je n'étais pas l'officier de liaison du 3e Corps, mais je suppose que
14 quelqu'un a dû le faire.
15 Q. Ce genre de requête était adressé au BritBat directement par les
16 Moudjahiddines. Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire ?
17 R. Alors qu'il y ait eu des requêtes directes de la part des
18 Moudjahiddines, je n'en sais rien. En général, je recevais les informations
19 de la part de la Croix rouge. Pour ce qui est de l'échange des prisonniers,
20 l'échange de cadavres, ils étaient des requêtes qui émanaient des hôpitaux
21 civils parce que, dès que nous arrivions, la population civile nous
22 demandait de le faire ou exerçait des pressions sur nous. Mais toujours
23 est-il que c'étaient les officiers de liaison militaire qui obtenaient les
24 demandes officielles émanant des QG des deux parties ? En fait, nous
25 obtenions des renseignements -- des requêtes de la part des hôpitaux civils
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1 ou des agences caritatives. Très, très honnêtement, je ne me souviens pas
2 d'où émanaient ces demandes.
3 Q. Commandant Bower, vous avez mentionné le nom d'un individu qui répond
4 au nom de Beba Salko. Vous saviez que M. Salko avait un rôle à jouer dans
5 le cadre de l'échange des prisonniers. C'est la personne qui traitait avec
6 la Croix rouge et avec les autres organisations humanitaires et ce à cette
7 fin. Est-ce bien exact ?
8 R. Autant que je m'en souvienne, lorsque je l'ai rencontré ou lorsque j'ai
9 entendu son nom, c'était toujours effectivement l'officier de liaison de
10 Travnik ou la Croix rouge qui en parlaient.
11 Q. Commandant Bower, j'aimerais maintenant parler ou revenir sur
12 l'incident du 13 juin. Vous vous trouviez à Guca Gora avec le commandant
13 Payne. Dans ce cas d'espèce, je me permets de vous suggérer, compte tenu ou
14 sur la base d'un milinfosum, que la date était la date du 13 juin.
15 M. BOURGON : [interprétation] Je demanderais que l'on donne au témoin la
16 pièce à conviction DH71.
17 Q. Commandant Bower, je vous demanderais de consulter la première page, le
18 paragraphe 1, alinéa A à G.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf.
20 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
21 Juges, je suppose que mon estimé confrère de la Défense va poser au témoin
22 des questions relatives à ce milinfosum 45 en date du 13 juin 1993. Hier,
23 le témoin avait déjà dit et quelque chose qu'il a confirmé aujourd'hui, à
24 savoir qu'il ne se souvient pas de la date exacte où il se trouvait dans
25 les environs de Guca Gora. Mon confrère suggère au témoin que cette date
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1 était la date du 13 juin. Toutefois, le témoin n'est pas en mesure de le
2 dire et il l'a confirmé au moins deux fois. Il n'est pas en mesure de
3 confirmer que c'est bien ce jour-là qu'il se trouvait dans ce secteur. Par
4 conséquent, l'Accusation est d'avis que toutes les questions relatives à ce
5 milinfosum sont véritablement problématiques et l'Accusation souhaite
6 soulever une objection à ce que ces questions soient posées.
7 M. BOURGON : Monsieur le Président, l'objectif, au cours d'un contre-
8 interrogatoire, de montrer un document à un témoin est justement de lui
9 rafraîchir la mémoire et le témoin peut très bien répondre qu'il ne se
10 souvient toujours pas de la date, qu'il est possible que ce soit la bonne
11 date. C'est le but d'un contre-interrogatoire de suggérer des informations
12 à un témoin à l'aide de questions suggestives ou à l'aide de documents que
13 le témoin peut ou non confirmer. C'est là tout l'objectif d'un contre-
14 interrogatoire. Je ne comprends pas du tout l'objection formulée par
15 l'Accusation.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, pour la rafraîchissement de la mémoire, on a
17 rendu une décision d'ailleurs à la requête des parties, disant qu'il était
18 possible, pour rafraîchir la mémoire d'un témoin, de présenter un document.
19 C'est dans ce but que vous présentez le document. Posez votre question
20 puisque le témoin a eu le temps de se plonger dans ledit document.
21 M. BOURGON : Monsieur le Président, ce document appelle, de la part de la
22 Défense, environ cinq à six questions. J'en ai encore pour 15 minutes avec
23 le témoin et j'aurai terminé.
24 Est-ce que vous voulez faire la pause tout de suite et reprendre pour les
25 15 minutes après ?
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : On va faire la pause. Ensuite, vous reprendrez pour
2 vos 15 minutes, voilà.
3 Alors, nous allons nous arrêter. Nous reprendrons à 10 heures 55.
4 --- L'audience est suspendue à 10 heures 27.
5 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.
6 P42M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de donner la parole à M. Bourgon, sur
7 l'objection de l'Accusation, nous avons indiqué à la Défense qu'elle peut
8 poser la question. La problème était la suivante : le témoin ne se souvient
9 pas exactement d'une date. A partir de là, l'Accusation veut lui présenter
10 un document pour lui rafraîchir la mémoire, et que l'intéressé puisse --
11 ou, en fait, la Défense, pour lui rafraîchir la mémoire. Ce document, qui
12 émane de son bataillon, peut, à ce moment-là, être authentifié par
13 l'intéressé, mais ce document doit aussi s'interpréter par rapport à
14 d'autres témoignages qu'on a entendus. D'autres personnes ont pu
15 authentifié déjà ce document par la date du 13 juin. Comme ils n'étaient
16 pas seuls sur place, peut-être qu'à ce moment-là, l'intéressé peut se
17 souvenir, d'où l'utilité de lui poser la question.
18 Maître Bourgon, vous avez la parole pour lui poser les questions.
19 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.
20 Q. [interprété] Commandant Bower, un document vous a été montré peu de
21 temps avant la pause. La seule question que j'aurais à vous poser sur la
22 base de ce document, car ce qui m'intéresse c'est ceux dont vous vous
23 souvenez, et non pas ce qui figure dans ce document. Ma seule question est
24 la question suivante : A la lecture de ce document, peut-on dire que ce
25 document ait été rédigé sur la base de votre visite à Guca Gora en
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1 compagnie du commandant Payne.
2 R. Les événements, qui sont repris au premier paragraphe, me semblent
3 faire référence à cet événement-là, Oui, effectivement. Tout ce qui figure
4 au petit 1, à part l'avant-dernier alinéa F, tout cela correspond aux
5 événements qui se sont déroulés ce jour-là, quant à la date,
6 malheureusement…
7 Q. Aucun problème, commandant Bower. Merci beaucoup pour cette réponse.
8 J'aimerais, à présent revenir sur les événements et votre souvenir de ces
9 événements, au moment où vous vous êtes rendu à Guca Gora avec le
10 commandant Payne. Pouvez-vous nous confirmer qu'à l'origine, vous avez reçu
11 une demande de Thomas Osario -- d'une personne du nom de Thomas Osario ?
12 R. Oui. D'après mes souvenirs, effectivement, c'est ainsi qu'il
13 s'appelait. Nous avions eu des contacts avec lui plusieurs fois avant cela
14 parce qu'il n'était pas sans cesse présent à l'endroit où nous nous
15 trouvions. C'était nouveau qu'il s'y trouve. Il était à l'origine de cela.
16 Je crois que cela relevait des Nations Unies.
17 Q. Il s'est adressé à vous. M. Osario s'est adressé à vous parce que vous
18 étiez officier G-5. Il vous a montré une carte qu'il avait obtenue d'un
19 réfugié avec, apparemment, une fausse commune. Il vous a demandé d'essayer
20 de vous rendre sur place pour enquêter.
21 R. Oui, c'était essentiellement cela. Ce n'était pas très détaillé. Il
22 s'agissait essentiellement de se rendre dans le secteur pour voir ce qu'il
23 en était. Il ne souhaitait pas ou ne voulait pas assurer le suivi, et il
24 nous a demandé d'intervenir.
25 Q. Commandant Bower, il s'agissait là d'un problème nouveau en quelque
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1 sorte, parce que vous ne vous attendiez pas à participer à des enquêtes
2 relatives à d'éventuels crimes de guerre. Si je ne m'abuse, vous n'aviez
3 pas d'expérience préalable en la matière. Pourtant, vous-même ainsi que le
4 commandant Payne, avaient décidé d'y aller à l'aide de deux Warriors, parce
5 que vous pensiez que des véhicules non-blindés ne seraient pas appropriés,
6 vous vous êtes rendus à Guca Gora. C'est la deuxième fois que vous vous
7 rendiez dans le secteur de Guca Gora. Est-ce exact ?
8 R. Je ne sais pas si c'était la deuxième visite que j'ai effectuée à Guca
9 Gora. C'était la deuxième fois, en tout cas, que j'y allais dans le cadre
10 d'une mission spécifique, plutôt que par opposition à des patrouilles
11 générales. C'était la deuxième fois que je m'y rendais en véhicule blindé.
12 Q. La première fois que vous vous y êtes rendu, vous nous l'avez dit, je
13 crois, c'était lié à l'évacuation des Croates qui se trouvaient dans le
14 monastère.
15 R. Oui, c'est exact.
16 Q. Au moment de votre arrivée à Guca Gora, des Moudjahiddines vous ont
17 arrêtés, 12 à 15 d'entre eux. Est-ce exact ?
18 R. Oui. D'après mon souvenir et d'après ce que j'ai pu voir, parce que
19 j'étais à l'arrière du véhicule. Nous avons dû attendre que nous arrêtions.
20 Il était évident qu'il fallait sortir et commencer à négocier. C'est là que
21 je suis sorti du véhicule.
22 Q. Au moment où vous avez vu les Moudjahiddines, d'après ce que vous nous
23 avez dit hier, ils portaient des armes. Ils disposaient d'armes lourdes, de
24 lance-roquettes. Vous nous avez également dit qu'ils portaient une tenue
25 vestimentaire particulière. Vous avez également dit que leur visage était
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1 recouvert.
2 R. Certains avaient le visage couvert. Celui qui a parlé avec nous, qui a
3 négocié avec nous, n'avait pas le visage couvert. La majorité d'entre eux,
4 la majorité de ceux qui se trouvaient à proximité de l'église, on ne
5 pouvait pas voir leur visage.
6 Q. Celui avec qui vous avez eu des contacts, avec qui vous avez négocié,
7 c'était quelqu'un qui était originaire de la même région que vos soldats,
8 qui avaient le même accent que vos soldats. Est-ce exact ?
9 R. Non, le Moudjahiddine avec lequel nous avons négocié, n'était pas le
10 Moudjahiddine britannique. Il s'agissait plutôt d'un Moudjahiddines
11 originaire du Moyen-Orient. Nous avons entendu une voix qui parlait anglais
12 et qui avait un accent britannique. Cela a attiré notre attention, parce
13 que nous avons retenu son accent qui était le même que la région d'où était
14 originaire nos recrues. Il ne souhaitait pas entrer dans les pourparlers
15 avec nous. Il estimait que c'était celui qui était originaire du Moyen-
16 Orient qui devait le faire.
17 Q. Celui avec qui vous avez négocié venait du Moyen-Orient à votre avis,
18 était étranger et son visage n'était pas couvert ?
19 R. Oui.
20 Q. Il ne souhaitait pas parler avec vous par le truchement de votre
21 interprète, qui était une femme ?
22 R. Au départ, oui, effectivement, mais à un moment donné, nous nous sommes
23 retrouvés face à face, deux groupes face à face, nous essayions de nous
24 adresser à eux. Ils ont refusé. Nous nous demandions ce que nous allions
25 faire. A ce moment-là, il y a eu cet incident, un coup de feu qui est parti
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1 d'une arme.
2 Q. Commandant Bower, vous nous avez dit que vous ne vous souveniez pas de
3 quelconque journaliste qui vous aurait accompagné à ce moment-là. Est-ce
4 que c'est exact ?
5 R. Malheureusement, je ne m'en souviens pas exactement. Je sais que les
6 médias s'intéressaient généralement à ce type d'incident. On les appelait
7 parfois "les chasseurs d'ambulance." Lorsqu'ils voyaient des véhicules
8 blindés, ils accouraient invariablement, parce qu'ils pensaient que cela
9 leur donnerait de la matière pour leurs reportages. Je ne me souviens pas
10 s'ils nous suivaient ou s'ils étaient dans le deuxième Warrior.
11 Q. Si je devais décrire cette rencontre, on pourrait dire que cela a
12 commencé par le fait qu'un tir est parti d'une arme. Heureusement, la balle
13 est passée au-dessus de votre tête, personne n'a été blessé, mais les
14 trappes des véhicules ont été ouvertes immédiatement. La position de tir a
15 été adoptée. On a armé les fusils, et les Moudjahiddines ont également
16 réagi. C'était un
17 face-à-face très tendu. Est-ce que c'est exact ?
18 R. Oui.
19 Q. Si je me souviens bien de ce que vous nous avez dit, vos deux Warriors
20 se trouvaient en contrebas par rapport à l'église. Du point de vue
21 militaire, cela vous mettait dans une position extrêmement délicate, si
22 vous aviez dû riposter.
23 R. Nous ne nous trouvions pas dans une position idéale, loin de là. En
24 effet, les Moudjahiddines disposaient d'armes lourdes qui étaient
25 positionnées en hauteur par rapport à nous, par rapport aux véhicules. Ils
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1 se trouvaient sur une hauteur, ce qui rendait notre position difficile, et
2 qui n'a fait que rendre la position plus tendue.
3 Q. La situation, la tension a pu être désamorcée grâce à quelqu'un qui se
4 trouvait sur place, nous ne savons pas qui exactement. Les choses se sont
5 calmées. C'est à ce moment-là que le commandant Payne a pu négocier pour
6 pouvoir se rendre dans le village.
7 R. Oui, les négociations se sont poursuivies. On a essayé de marchander
8 pour pouvoir passer.
9 Q. A ce moment-là, M. Osario n'était pas avec vous, mais Randy Rhodes, un
10 civil, vous a accompagnés. C'était le conseiller chargé des affaires
11 civiles auprès du lieutenant-colonel Duncan. Est-ce exact ?
12 R. Oui, M. Randy Rhodes était à l'arrière du blindé avec moi.
13 Q. A ce moment-là, le marché était le suivant : vous deviez monter dans ce
14 tout-terrain Toyota avec trois ou quatre Moudjahiddines, laisser vos hommes
15 derrière vous. Le commandant Payne a donné comme instructions à ses troupes
16 la chose suivante : à savoir que, si vous n'étiez pas rentrés au bout d'une
17 heure, ils devaient essayer de vous retrouver. Vous ne disposiez pas de
18 moyens de communication radio vous permettant de communiquer avec eux. Vos
19 hommes sont restés en arrière. On vous a demandé de laisser vos armes, mais
20 vous avez gardé vos pistolets sous votre veste. Est-ce exact ? D'ailleurs,
21 il pleuvait.
22 R. Oui, c'est exact.
23 Q. A ce moment-là, vous aviez une carte ou plutôt un croquis, que
24 quelqu'un vous avait donné, mais vous n'aviez pas de carte militaire. Vous
25 vous souvenez que le commandant Payne, avant de partir, étant donné qu'il
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1 savait qu'il s'agissait là d'un événement important, il savait ce qu'il
2 fallait penser de cela, il a laissé une chevalière à quelqu'un pour qu'on
3 prévienne, le cas échéant, sa fiancée.
4 R. Oui, je me souviens de quelque chose de cet ordre.
5 Q. Au moment où vous êtes montés dans le véhicule tout-terrain Toyota,
6 Randy Rhodes était assez contrarié. Il a dit que vous étiez en train de
7 prendre un risque que vous auriez pu éviter.
8 R. Je me souviens que Randy pensait que cela dépassait les limites de
9 l'action qui devait être la nôtre, selon lui.
10 Q. Aujourd'hui, rétrospectivement, vous pouvez comprendre que ce qui a été
11 décidé sous le commandement du commandant Payne, à savoir, laisser les
12 hommes derrière vous, partir avec des hommes inconnus, sans armes, sans
13 moyens de communication radio, en donnant des ordres stricts selon lesquels
14 les hommes devaient passer en force après une heure si vous n'étiez pas
15 rentrés, vous n'aviez pas de cartes par ailleurs, et vous ne saviez pas
16 exactement où on vous emmenait. Vous comprenez maintenant que cette façon
17 de procéder n'était pas entièrement appropriée pour des militaires
18 professionnels.
19 R. Je ne pense pas que cela ne correspond pas à la façon dont devait
20 procéder un officier de carrière. Je dirais que nous avons fait preuve de
21 naïveté sur le plan militaire, en l'occurrence. Je pense que l'armée
22 britannique, comme toujours, essaie de trouver une solution.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Withopf.
24 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
25 Juges, mon confrère de la Défense est en train de poser des questions qui
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1 exigent du témoin qu'il se prononce sur le professionnalisme de ses anciens
2 collègues. L'Accusation ne voit pas dans quelle mesure ces questions sont
3 pertinentes et dans quelle mesure la réponse à ces questions peut être
4 importante dans le cadre de la décision qui sera prise au cours de ce
5 procès. Nous émettons une objection.
6 M. BOURGON : Monsieur le Président, l'objectif derrière les questions
7 posées au témoin, est seulement d'obtenir son appréciation de comment lui a
8 perçu la situation dans laquelle il était engagé, et que cette façon aurait
9 pu influencer sur les observations qu'il a faites à ce moment. J'en ai
10 terminé avec cette ligne de questions. Je vais continuer, puisque je n'ai
11 pas du tout l'intention de miner, en quoi que ce soit, le travail de ce
12 témoin ce jour-là. C'est seulement pour obtenir un aperçu de ce qu'il a pu
13 ressentir ce jour-là.
14 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. De ce fait, l'objection est réglée par le
15 fait que vous ne posez plus de questions là-dessus. Poursuivez.
16 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.
17 Q. [interprétation] Commandant Bower, au moment où vous êtes arrivés à
18 l'endroit où vous souhaitiez vous rendre ce jour-là, vous n'avez rien
19 trouvé. Vous avez pu voir que de la fumée s'échappait d'un village du nom
20 de Bandol, et vous êtes revenus vers ce village, à savoir, Bandol.
21 R. Oui, je dirais que 40 à 45 minutes plus tard, après ces recherches
22 infructueuses pour localiser les endroits décrits sur le croquis, nous
23 avons décidé d'abandonner. Etant donné que nous avons constaté de la fumée
24 à proximité d'un village, nous ne savions pas encore que c'était Bandol
25 avant d'y arriver, nous avons décidé d'utiliser notre temps de façon plus
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1 productive. Nous sommes revenus vers nos blindés et nous sommes allés en
2 direction de ce village, et c'est là que nous avons constaté qu'il
3 s'agissait de Bandol.
4 Q. Commandant, avant de passer à ce que vous avez pu voir à Bandol,
5 j'aimerais revenir à la question de ce que vous avez appelé naïveté, sur le
6 plan militaire, quant à la façon dont cette opération a été menée; pas
7 l'opération à proprement parler, mais cette semaine, vous m'avez fait part
8 d'un élément. Le Bataillon britannique dont vous faisiez partie, comprenait
9 la nature de la situation dans laquelle vous vous trouviez au moment où a
10 eu lieu l'incident du convoi de la joie. De quoi s'agissait-il exactement ?
11 R. Voilà ce que j'entends par naïveté militaire. Nous essayions
12 d'insuffler une logique militaire et d'appliquer une logique militaire à
13 une situation qui nous paraissait incompréhensible. Personnellement, je ne
14 comprenais pas comment autant de gens étaient tués, comment le marchandage
15 pour faire en sorte que des blessés soient rapatriées vers les hôpitaux,
16 même les femmes et les enfants pouvaient l'emporter sur tous les autres
17 problèmes [comme interprété]. Nous avons essayé de comprendre quelle était
18 la situation dans laquelle nous devions opérer parce que, jusque-là, nous
19 étions une partie prenante essentielle, alors que là, ce n'était pas le
20 cas. Nous avions des directives très strictes que nous devions respecter.
21 Voilà ce qui a entraîné cette idée de naïveté. La question du convoi de la
22 joie a abouti à un sentiment de frustration pour le bataillon, parce qu'un
23 convoi humanitaire souhaitait arriver jusqu'à Tuzla, mais étant donné la
24 composition ethnique des membres du convoi, on ne souhaitait pas qu'ils
25 traversent la vallée de la Lasva. Etant donné que cela ne relevait pas du
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1 mandat des Nations Unies, nous n'avons pas été chargés de protéger ce
2 convoi. Malgré des protestations répétées pour insister sur le passage de
3 ce convoi, même si sa sécurité n'était pas garantie, il a emprunté la route
4 dans la vallée de la Lasva, il a été attaqué. Les chauffeurs ont été tués.
5 Un certain nombre de personnes ont été passés au tabac. Une partie de
6 l'aide humanitaire a été dérobée, et tout cela parce que notre mandat ne
7 nous permettait pas de nous impliquer, ce qui a été le point culminant de
8 ce sentiment de frustration, qui nous a forcé à réévaluer notre action.
9 C'est à ce moment-là que nous avons commencé à prendre une part active aux
10 questions liées aux combattants tués au combat, et aux questions liées à la
11 légitime défense.
12 Q. Merci, commandant Bower. J'imagine que ces questions-là ne vous
13 rappelle pas des souvenirs trop agréables. Mais pouvez-vous me confirmer
14 que les combattants impliqués dans cet incident du convoi de la joie était
15 des combattants du HVO ?
16 R. Oui, c'est exact.
17 Q. Commandant Bower, je serais bref, pour respecter le temps qui m'a été
18 fixé, mais, au moment où vous êtes arrivés à Bandol ce jour-là, vous avez
19 pu constaté que le village avait été complètement détruit, que les
20 bâtiments avaient été réduits en cendres. Est-ce exact ?
21 R. Oui. Nous avons estimé que c'était un exemple de nettoyage ethnique
22 parce que les toits avaient complètement été détruits, et on voyait mal
23 comment tout cela pouvait -- on n'aurait pu en donner vie à ce village.
24 Q. Mais, si vous comparez cela à l'expérience qui avait été la vôtre
25 précédemment, on ne peut pas dire qu'une telle destruction aurait pu être
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1 la conséquence de combat ?
2 R. Je pense qu'on ne peut pas dire que dans tous les cas, les maisons ont
3 été détruites de façons délibérées. Peut-être que certaines ont pu être
4 détruites suite à des combats. Mais je dirais que l'anéantissement était si
5 complet que cela ne pouvait résulter uniquement de combat.
6 Q. Pendant votre période d'affectation, vous vous êtes rendu dans le
7 village d'Ahmici, au début de votre affectation. Dans ce village, certaines
8 maisons étaient encore là, mais vous avez estimé qu'il ne s'agissait pas
9 des dégâts dus au combat. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
10 R. En Ahmici, il y avait encore un certain nombre de maisons intactes à
11 l'ouest de la route, où des locaux se trouvaient encore, alors que de
12 l'autre côté de la route, il semblait que les maisons ont été complètement
13 détruites. Par conséquent, il semblait qu'on a détruit les maisons de façon
14 sélective.
15 Q. Commandant Bower, une dernière question au sujet de Guca Gora. Au
16 moment où vous avez traversé Guca Gora, au mois du juin - je ne veux pas
17 revenir sur la question de la date exacte, mais - vous n'avez rien vu dans
18 ce village -- ou dans les villages croates avoisinants qui se rapprochait,
19 même de loin, de ce que vous avez vu à Ahmici ou à Bandol ?
20 R. Ce que j'ai pu voir de Guca Gora, je l'ai vu de l'arrière du blindé,
21 mais j'ai pu voir un certain nombre de choses, toutefois, et je dirais que
22 la destruction n'était pas aussi totale ou aussi systématique. Cela ne
23 pourrait être comparé a ce qui s'était passé à Bandol.
24 Q. Merci, commandant Bower.
25 J'aurais à présent un certain nombre de questions liées à la situation
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1 militaire, telles que vous l'avez pu l'observer quand vous étiez sur le
2 terrain, notamment, la situation militaire du 3e Corps. Saviez vous que le
3 3e Corps se trouvait dans une situation militaire où il devait défendre une
4 ligne de front contre les Serbes de plusieurs -- de plus de 100
5 kilomètres ?
6 R. Malheureusement, je ne me souviens pas de tous les détailles.
7 Q. Commandant Bower, saviez-vous que l'ABiH était engagée dans un front
8 contre les Serbes sur une longue distance ?
9 R. Je ne me souviens pas de la trace exacte des lignes de front, mais,
10 effectivement, la ligne de front était importante entre l'ABiH et le HVO,
11 et les Serbes de Bosnie.
12 Q. Pouvez-vous confirmer, commandant Bower, que, par cela, le HVO et
13 l'ABiH combattaient des Serbes, ensemble, au début du conflit ?
14 R. Je sais, d'après les briefings que nous avons reçus au moment nous
15 sommes arrivés, que le conflit opposait deux parties et, qu'au moment ou
16 nous sommes arrivées, au début 1993, pour une raison ou pour une autre, le
17 conflit impliquait trois belligérants. Mais je ne me souviens plus
18 exactement des raisons ou du moment où cela est intervenu.
19 Q. Seriez-vous d'accord avec moi pour en dire que l'ouverture d'un
20 deuxième front, contre les Serbes, mais également contre le HVO pour le 3e
21 Corps, faisait que le 3e Corps se trouvait dans une situation militaire
22 très difficile ?
23 R. Ce n'était certainement pas une situation idéale qui mettait à mêle
24 leurs capacités.
25 Q. Pouvez-vous être d'accord avec moi pour en dire, Commandant, d'après ce
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1 que vous avez vu, que le HVO utilisait le blocus des routes, et des axes de
2 réapprovisionnement comme une arme puissante contre le 3e Corps ?
3 R. Je ne sais pas si cela concernait le 3e Corps, mais je sais que les
4 convois humanitaires ne pouvaient franchir certaines postes de Contrôle, ce
5 qui avait des répercussions sur la population civile. Quant aux axes de
6 réapprovisionnement militaire, je ne peux pas m'exprimer.
7 Q. Si les convois d'aide humanitaire étaient interceptés, cela avait des
8 répercussions pour la population civile, mais cela aurait certainement eu
9 un impact sur le commandant du 3e Corps parce qu'il devait consacrer
10 davantage des ressources pour assurer le passage de ces convois d'aide
11 humanitaire pour nourrir la population locale ?
12 R. Une fois de plus, je ne sais pas dans quelle mesure la question de
13 l'aide aux civils et la question du 3e Corps étaient liées. Je me
14 concentrais sur l'impact sur le plan humanitaire et le fait que le blocus
15 des routes avait un impact humanitaire.
16 Q. Pour ce qui est de Zenica - je vais maintenant passer brièvement à
17 Zenica - les denrées alimentaires et le matériel militaire faisaient
18 cruellement défauts, n'est-ce pas ?
19 R. Pourriez-vous répéter la question, s'il vous plait ?
20 Q. Etes-vous d'accord pour dire qu'à Zenica, les denrées alimentaires et
21 le matériel médical faisaient cruellement défauts ?
22 R. Je peux vous parler surtout de l'hôpital principal de Zenica, avec
23 lequel je travaillais. Ils n'avaient pas énormément de
24 -- ils n'étaient pas bien approvisionnés, mais ils en avaient assez pour
25 que j'en aie apporté une partie jusqu'à Stari Vitez.
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1 Q. Saviez-vous, Commandant, qu'un nouveau front s'est ouvert vers Zepce au
2 mois de Juin ?
3 R. Oui, je crois me souvenir d'opérations dans ce sens, au nord.
4 Q. Saviez-vous, commandant Bower, que le HVO, jusqu'en 1993, tenait la
5 ligne contre les Serbes, et s'est retiré, ce qui entraînait des problèmes
6 majeures pour le 3e Corps ?
7 R. Une fois de plus, je ne sais pas si -- si elle a été fait référence au
8 3e Corps -- je ne sais pas si c'était le 3e Corps ou le 1er Corps, et je ne
9 me souviens plus exactement qui était là parce que cela n'était pas dans ma
10 zone de responsabilité.
11 Q. Encore une dernière question. Saviez-vous que le HVO et les Serbes ont
12 commencés à agir de concerte contre l'ABiH, et saviez-vous que cela a été
13 repris dans les milinfosums ?
14 R. Malheureusement, je ne m'en souviens pas.
15 Q. Commandant Bower, sur la base de tout ce que vous avez vu, et sur la
16 base de votre expérience militaire, pouvez-vous être d'accord avec moi pour
17 en dire que le commandant du 3e Corps se trouvait dans une situation
18 extrêmement difficile ou, d'ailleurs, il aurait été difficile d'imaginer un
19 scénario plus difficile pour un commandant sur le plan militaire ?
20 R. Etant donné qu'il s'agit ici d'une guerre civile, sa position était
21 très difficile, surtout compte tenu des conditions humanitaires qui
22 prévalaient car je m'occupais de l'aspect humanitaire. Les souffrances ont
23 été considérables et tout le monde a été touché par ce non-acheminement de
24 l'aide humanitaire et par le fait que les besoins de base au quotidien
25 n'étaient pas assurés.
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1 Q. Commandant Bower, nous avons parlé du fait que les milinfosums
2 n'étaient pas transmis aux belligérants, mais pouvez-vous nous confirmer
3 que les ordres, soit du HVO, soit du 3e Corps, ne vous étaient pas
4 transmis ? En d'autres termes, vous n'aviez pas accès aux documents
5 militaires et aux ordres qui étaient données par les deux parties
6 belligérantes.
7 R. Pour autant que je m'en souvienne, les officiers de liaison militaire
8 étaient informés dans une certaine mesure des opérations futures, mais,
9 généralement, ils se faisaient une idée sur la base de ce qu'ils pouvaient
10 apprendre au cours de leur discussion plutôt que sur la base de documents
11 officiels qu'ils auraient reçus des belligérants. Mais je sais qu'on
12 donnait des indications. On nous conseillait, par exemple, de ne pas nous
13 trouver à tel endroit à tel moment. Lorsqu'on donnait ce type d'indication
14 c'était essentiellement à des fins humanitaires, mais je dirais que les
15 ordres officiels ne nous étaient pas transmis à proprement parler.
16 Q. Il me reste seulement deux questions. Sur la base de tous les combats
17 que vous avez dans le secteur, seriez-vous d'accord avec moi pour dire
18 qu'il serait impossible au 3e Corps de disposer seulement d'une seule
19 Brigade de manoeuvre ?
20 R. Honnêtement, je ne pourrais pas répondre à cette question. Je ne
21 connaissais pas les capacités militaires de l'ensemble du corps. Je n'ai
22 rencontré ce corps qu'en face-à-face sur le terrain je le crains.
23 Q. C'est là ma dernière question, Commandant. Nous nous sommes rencontrés
24 cette semaine en compagnie de mon collègue, Me Dixon, qui représente
25 l'accusé Kubura, et vous souvenez-vous qu'à ce moment-là, vous nous avez
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1 dit que les Moudjahiddines étaient un élément qui était au sein de la 7e
2 Brigade et que c'était là votre opinion, mais que vous n'étiez pas sûr de
3 cette conclusion.
4 R. C'est l'opinion à laquelle je suis arrivé sur la base des informations
5 que j'avais, soit parce que j'avais observé certains faits moi-même ou que
6 j'avais discuté avec d'autres officiers de liaison lors de briefings, mais
7 c'est là l'impression que j'ai finie par avoir.
8 Q. Mais vous avez dit -- vous nous avez dit que vous ne pouvez pas être
9 sûr de la véracité de cette conclusion ?
10 R. Je ne me souviens pas qu'on m'ait spécifiquement dit ceci lors d'un
11 briefing, mais tout ce dont je me souviens, c'est que cette opinion nous y
12 avons abouti, mais je ne me souviens pas exactement comment elle a élargi
13 lors de notre discussion.
14 Q. Je vous remercie, commandant Bower. J'ai dépassé le temps.
15 M. BOURGON : Je m'excuse, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, les
16 Juges. Ceci conclut mon contre-interrogatoire.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Je me tourne vers les autres Défenseurs.
18 M. DIXON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,
19 Madame, Monsieur les Juges.
20 Contre-interrogatoire par M. Dixon :
21 Q. [interprétation] Commandant Bower, j'ai quelques questions au nom de
22 l'accusé Kubura -- au nom de la Défense de l'accusé Kubura.
23 Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que votre engagement en
24 Bosnie centrale était de nature réactive, c'est-à-dire que vous deviez vous
25 occuper des questions humanitaires causées par ce conflit -- par les
Page 5212
1 opérations militaires ?
2 R. Oui, tout à fait. C'était le résultat, soit de l'impossibilité de
3 livrer l'aide humanitaire, soit de l'effet d'opérations de combat
4 spécifiques qui causaient des problèmes humanitaires. C'était plutôt
5 réactif qu'actif.
6 Q. Vous n'avez pas vous-même observé des opérations militaires sur le
7 terrain. Vous n'avez pas vu de près des opérations militaires sur le
8 front ?
9 R. Vous voulez dire que j'ai personnellement participé à des combats sur
10 la ligne de front ?
11 Q. Vous n'avez pas été pris sur -- dans la ligne de tir lors de -- sur la
12 ligne de front.
13 R. Si vous voulez dire qu'on m'a tiré dessus, oui, on m'a tiré dessus.
14 Q. Mais vous êtes-vous jamais trouvé sur les lignes de front pour observer
15 les opérations militaires ?
16 R. La seule fois où j'ai observé les opérations, c'était lorsque le HVO a
17 attaqué les hauteurs, qui se trouvaient derrière le camp où nous nous
18 trouvions, où nous vivions. Cela a duré quelques jours. C'est la seule
19 opération que j'ai physiquement observée.
20 Q. Vous, bien sûr, vous vous intéressiez beaucoup à l'endroit où se
21 déroulaient les opérations militaires parce que cela vous permettait de
22 planifier vos efforts humanitaires. A cet effet, vous utilisez ce qu'on
23 appelle les indicateurs de combat pour essayer de découvrir où il y aurait
24 des opérations. Est-ce exact ?
25 R. Oui, c'est exact pour deux raisons : premièrement, pour essayer d'aider
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1 les agences d'aide à prévoir ce qui allait se passer et à essayer de
2 déterminer quels seraient les besoins à l'avenir, et aussi, également, pour
3 essayer de prévoir les mouvements ethniques -- les migrations ethniques,
4 qui allaient résulter de ces opérations parce qu'en fait, nous ne pouvions
5 pas au milieu d'une guerre civile nous déplacer en véhicules non blindés.
6 Q. Vous avez évité de vous rendre sur les lignes de front lorsqu'il y
7 avait des opérations militaires ?
8 R. Oui. Il s'est juste trouvé que parfois nous nous sommes trouvés au
9 mauvais endroit au mauvais moment.
10 Q. Lorsque vous avez parlé d'indicateurs de combat, ce que vous voulez
11 dire c'est qu'en fait, ces éléments vous indiquent ou vous permettent de
12 prévoir où des opérations militaires se déroulent sur le moment.
13 R. Oui, cela nous indique -- ou plutôt cela nous dit que le combat se
14 déroule à un certain endroit à un certain moment.
15 Q. Vous avez mentionné que la 7e Brigade était l'un de ces indicateurs.
16 R. Oui, c'est exact.
17 Q. Il y avait d'autres indicateurs, c'est-à-dire, d'autres brigades,
18 d'autres facteurs dont vous teniez compte.
19 R. Oui, il y avait un certain nombre de choses que nous devions essayer
20 d'identifier, des informations que nous devions évaluer pour déterminer les
21 intentions futures.
22 Q. Étiez-vous au courant qu'il y avait d'autres unités de manœuvre dans
23 votre secteur, y compris, la 314e Brigade du 3e Corps, la 17e Brigade de
24 Krajina et la 303e Brigade du 3e Corps.
25 R. Je ne me souviens pas de leurs numéros respectifs exactement, mais je
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1 me souviens de la Brigade de Krajina. Quant aux numéros que vous avez
2 indiqués, je crains fort de ne pas pouvoir les confirmer.
3 Q. Mais vous saviez qu'il y avait d'autres Unités de manœuvre, n'est-ce
4 pas ?
5 R. Oui, il y en avait, mais nous étions aux aguets pour essayer
6 d'identifier certains véhicules spécifiques, qui nous donnaient de
7 meilleures indications ou nous essayions de suivre la situation au niveau
8 des routes bloquées et aussi la position d'un certain nombre d'équipements,
9 de moyens. Cela constituait un ensemble d'indicateurs de combat. Quant aux
10 noms des unités formées impliquées, je ne peux pas m'en souvenir.
11 Q. Pour avoir une image exacte de la situation, êtes-vous d'accord avec
12 moi pour dire qu'à cet effet, c'était souvent une combinaison de facteurs
13 et non pas un seul facteur ?
14 R. Oui, tout à fait.
15 Q. Est-il exact de dire que vous n'avez jamais observé la 17e Brigade lors
16 de combats sur la ligne de front. Vous avez mentionné plus tôt que vous
17 avez observé un combat du HVO, mais pas la 17e Brigade, n'est-ce pas ?
18 R. Non, je ne l'ai pas observée.
19 Q. Saviez-vous que la 7e Brigade a participé à des opérations militaires à
20 Ovnak qui se trouvait sur votre secteur au début de juin 1993 ?
21 R. Je ne me souviens pas du nom de cette localité.
22 Q. Saviez-vous que, par la suite, la brigade a participé à des opérations
23 militaires dans un secteur -- à Kakanj, qui ne se trouvait pas dans votre
24 secteur. Mais savez-vous qu'elle a dû participer à ces observations après
25 juin 1993 ?
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1 R. Non, là encore je ne peux pas vous confirmer ces informations.
2 Q. Saviez-vous que cette brigade a participé à des opérations militaires,
3 vers la fin du mois de juillet, à Fojnica et Kiseljak ?
4 R. Là encore, je crois qu'après 11 ans, je ne suis pas vraiment en mesure
5 de m'en souvenir. Cela fait un certain temps que je n'ai pas lu un
6 milinfosum.
7 Q. Au sujet d'août et septembre, sur le mont Igman, saviez-vous que la 7e
8 Brigade a participé à des opérations à cet endroit-là ?
9 R. Sarajevo se trouvait si loin que nous ne pouvions même pas y accéder,
10 si bien que nous ne nous intéressions pas vraiment à ce qui s'y passait.
11 Q. Mais saviez-vous ce qui s'y est passé ?
12 R. Je pense qu'on nous a peut-être informé, mais je ne m'en souviens pas
13 vraiment.
14 Q. Qu'en est-il du mois de novembre à Vares ?
15 R. Novembre, je pense que j'étais sur le point de partir. Je crois que je
16 suis parti le 6 ou le 7 novembre, si bien que je ne pense pas me souvenir
17 de quoi que ce soit à ce sujet.
18 Q. Vous avez dit que le QG de la 7e Brigade à votre connaissance se
19 trouvait à l'école de musique. Est-ce exact ?
20 R. Oui, c'est exact.
21 Q. Vous ne vous êtes jamais rendu à l'école de musique, n'est-ce pas ?
22 R. Non, jamais.
23 Q. Vous n'avez jamais rencontré les commandants de la 7e Brigade, n'est-ce
24 pas ?
25 R. Non.
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1 Q. Avez-vous jamais rencontré M. Amir Kubura ?
2 R. Je ne me souviens pas. Je ne crois pas.
3 Q. Saviez-vous à l'époque qui il était ?
4 R. A l'époque, je crois que j'aurais su qui il était, mais, maintenant, je
5 ne peux pas dire quel poste il occupait.
6 Q. Mais vous ne l'avez jamais rencontré à l'époque où vous étiez là-bas ?
7 R. Non.
8 Q. Savez-vous qu'il y a eu une tentative d'assassinat sur sa personne par
9 les mercenaires étrangers que vous avez décrits plus tôt.
10 R. Non, je n'étais pas au courant. Je ne me souviens pas de cet incident.
11 Q. Saviez-vous que le quartier général de la 7e Brigade se trouvait, en
12 réalité, en un endroit qui se trouvait à Bilmiste ? Le saviez-vous ?
13 R. Non. Pour autant que je le sache, il se trouvait à l'école de musique.
14 Q. Connaissez-vous le nom "Bilmiste" ? Est-ce que cela vous rappelle
15 quelque chose ?
16 R. Non, je ne pourrais même pas vous dire où il se trouve sur une carte.
17 Q. Vous ne savez pas qu'il se trouve à environ un kilomètre de l'école de
18 musique ?
19 R. Non, je crains fort qu'après 11 ans, je ne sois pas en mesure de
20 retrouver mon chemin du CICR au HCR.
21 Q. Onze ans après, si on évalue la situation avec le recul, serez-vous
22 d'accord pour nous dire que votre connaissance de la
23 7e Brigade, à l'époque, était relativement limitée ?
24 R. Je vous dirais que, s'agissant de l'effet que cela a pu avoir sur mon
25 travail, c'est encore très clair. Quant à la campagne dans son effet, je ne
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1 me souviens pas réellement de tous les détails. Je ne me souviens que de
2 l'effet que cela a eu sur mon travail, si cela a créé du travail ou pas,
3 pour moi de même que pour les autres unités. Je ne peux pas me souvenir de
4 la majorité des noms ou des autres unités auxquelles j'ai eu affaire, qui
5 étaient les personnes en charge, leurs prisonniers, les résultats de leurs
6 affrontements.
7 Q. Vous n'avez pas de détails sur les liens de subordination ou la
8 composition de la brigade, n'est-ce pas ?
9 R. Non, pas spécifiquement. Je n'étais pas l'officier de liaison militaire
10 qui en était chargé.
11 Q. Vous mentionnez que vous avez rencontré pour la première fois, des
12 combattants étrangers. Dans votre témoignage, vous les avez mentionnés
13 comme étant des mercenaires. C'est au mois de mai, il semble que ce soit
14 plutôt en juin, en compagnie du commandant Kent-Payne. A l'époque, vous
15 n'avez pas rencontré des membres de la 7e Brigade le jour où vous avez
16 rencontré ces mercenaires que vous avez décrits.
17 R. Je ne m'en souviens pas si la brigade avait été spécifiquement
18 identifiée ou non, à part les insignes qu'ils portaient sur le bras, à part
19 leur apparence et à part le fait qu'ils se comportaient comme des
20 Moudjahiddines. Je n'ai pas d'autres détails.
21 Q. C'étaient tous des étrangers, n'est-ce pas ?
22 R. Les seuls que j'ai vus et ceux auxquels j'ai eu affaire étaient très
23 certainement des étrangers.
24 Q. Vous avez dit plus tôt lors de votre témoignage, que lorsque vous vous
25 êtes retirés de ce secteur, vous êtes arrivés dans une espèce de zone
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1 tampon. Ensuite, vous avez rencontré des soldats de l'armée de Bosnie. Est-
2 ce exact ?
3 R. Oui. Lorsque nous avons quitté le secteur de Guca Gora où se trouvaient
4 les Moudjahiddines, nous sommes ensuite entrés dans cette zone tampon, où
5 il y avait des membres de l'ABiH, parce que c'étaient eux qui tenaient les
6 postes de Contrôle qui se trouvaient dans cette zone. Ensuite, on est passé
7 en contrôle [comme interprété] contrôlé par le HVO.
8 Q. Les étrangers que vous avez rencontrés à Guca Gora, ils n'ont jamais
9 mentionné le 7e Brigade, n'est-ce pas ?
10 R. Ils n'étaient pas si bavards que cela.
11 Q. Il n'a pas été question de cela. Vous n'avez parlé que de la
12 possibilité d'avoir accès au secteur ?
13 R. Nous avons découvert qu'il valait mieux essayer de ne pas envenimer la
14 situation. Il fallait essayer de garder les choses très simples en ayant
15 des demandes simples.
16 Q. Vous n'aviez aucune information sur ces combattants étrangers, n'est-ce
17 pas ?
18 R. Nous avions des informations selon lesquelles il y avait des éléments
19 des mercenaires étrangers combattant des deux côtés. Nous ne savions pas
20 spécifiquement qui étaient ces gens et dans quelle région ils se
21 trouvaient. Les informations dont nous disposions étaient très faibles.
22 Q. Vous n'aviez pas d'information sur la partie qui contrôlait ces
23 personnes ?
24 R. Personnellement, non.
25 Q. Il n'y a pas de rapport de renseignement. Il n'y a pas de document qui
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1 établisse sous le contrôle de qui ils se trouvaient, n'est-ce pas ?
2 R. Je ne m'en souviens pas vraiment. Peut-être que Simon Harrison,
3 l'officier de renseignement militaire en sait plus. Je n'ai pas participé
4 aux éléments de cette compagne.
5 Q. Vous n'avez rien vu vous-même, n'est-ce pas ?
6 R. Non, pas moi-même.
7 Q. Je vous remercie, Major Bower.
8 M. DIXON : [interprétation] Je n'ai plus de questions.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur Dixon.
10 Je me tourne vers Monsieur Withopf.
11 Nouvel interrogatoire par M. Withopf :
12 Q. [interprétation] Commandant, j'aurais quelques questions à vous poser
13 sur un certain nombre de problèmes. Toutes ces questions résultent du
14 contre-interrogatoire de la part de mes estimés collègues de la Défense.
15 Commandant, vous avez décrit vos rapports avec le HVO en réponse à une
16 question de la Défense. Vous avez parlé de navette diplomatique en quelque
17 sorte. Y a-t-il eu un moment, lors de votre affectation en Bosnie centrale,
18 lors duquel vous avez eu à décrire les difficultés que vous avez eues face
19 au 3e Corps de l'ABiH ? Est-ce que vos difficultés avec eux auraient
20 impliqué la même navette diplomatique ?
21 R. Oui. Je dirais qu'à la fin de mon affectation, lors des huit dernières
22 semaines, lorsque l'ascendance sur le terrain a changé de mains, oui, il en
23 était question.
24 Q. Pouvez-vous, s'il vous plaît, expliquer ces difficultés à la Chambre de
25 première instance, ces difficultés qui vous obligeaient à une navette
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1 diplomatique ?
2 R. Au départ, il pouvait y avoir une requête, une demande d'évacuation,
3 généralement, de civils qui allaient mourir si nous ne réussissions pas à
4 les faire sortir d'une poche normalement totalement encerclée.
5 Invariablement, il se serait s'agit de Croates à faire sortir de l'hôpital
6 de Nova Bila ou de Musulmans à faire sortir de Stari Vitez, de la poche de
7 Stari Vitez. Au départ, on aurait une demande et on conduirait une
8 négociation soit avec le HVO, soit avec l'ABiH, parce que nous devions, aux
9 fins de cette opération, traverser la ligne de front pour aller du côté de
10 la faction opposée. Il fallait l'autorisation afin de déplacer des civils
11 dans notre véhicule. C'était un moyen pour eux de vérifier que nous ne
12 transportions pas de combattants. Nous commencions la négociation. Dès que
13 nous nous rendions à la partie opposée pour dire, par exemple : "J'aurais
14 besoin de transporter trois blessées, leur faire franchir ce poste de
15 Contrôle. Je ne voudrais pas que vous les capturiez ou que vous nous les
16 preniez", alors, à ce moment-là, on nous disait : "Bon, d'accord, mais…" Il
17 y avait toujours une condition attachée à la requête initiale. Ce qui nous
18 obligeait à retourner à la partie requérante et à leur expliquer, ces
19 personnes qui risquent de mourir, nous ne pouvons les déplacer que si nous
20 consentons à certaines conditions. On perdait de vue le fait que des
21 personnes devaient être évacuées d'urgence, et les négociations
22 s'enlisaient.
23 Q. Passons maintenant à la deuxième question. A votre connaissance, est-ce
24 que la propagande et la désinformation de la population vous semblent, en
25 temps de guerre, un outil servant à toutes les parties belligérantes ?
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1 R. Oui, je suis d'accord pour dire que c'est un élément, que la
2 désinformation est un élément auquel ont recourt toutes les parties
3 belligérantes pour essayer d'obtenir un avantage.
4 Q. Est-ce que cette affirmation générale s'applique également au 3e Corps
5 de l'ABiH à l'époque où vous étiez en Bosnie centrale en 1993 ?
6 R. Je dirais que les rumeurs prospéraient des deux côtés. Pour être tout à
7 fait honnête, je dirais que, sauf si les allégations étaient tout à fait
8 outrancières et, à ce moment-là, nous ne prenions pas la peine d'enquêter.
9 En général, nous essayions de confirmer. Si ce n'était pas spécialement
10 extraordinaire, nous ne pouvions pas toujours vérifier, confirmer. Nous
11 nous contentions d'essayer de vérifier certaines rumeurs, mais pas toutes.
12 Q. Passons maintenant à la troisième question sur les quatre que je
13 voulais vous poser.
14 M. WITHOPF : [interprétation] Je demanderais qu'on fournisse, au témoin, la
15 pièce P100 ainsi que la pièce P101. La première de ces pièces est le
16 milinfosum numéro 37 du 5 juin 1993; la deuxième pièce est le milinfosum
17 numéro 55 du 23 juin 1993.
18 Q. Commandant, avant que vous ne lisiez ces milinfosums, je voudrais
19 attirer votre attention sur certains passages. Dans le cadre de la collecte
20 d'information, ou lorsque la personne qui est à l'origine des informations
21 détectait ces informations et les intégraient au milinfosum, lorsque la
22 source n'était pas crédible ou dans les situations où la source demandait à
23 être confirmée. Est-ce que les milinfosums précisaient qu'il fallait
24 confirmer par d'autres sources ?
25 R. La pratique standard consistait à essayer d'identifier les sources et
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1 déterminer si les informations avaient été confirmées. On confirmait si
2 elles étaient fiables ou non. Si une certaine personne était un informateur
3 régulier, alors, peut-être que leur nom apparaissait sur le milinfosum. Je
4 ne sais pas si c'était une condition bien précise de citer la source de
5 chaque information dans les milinfosums.
6 Q. Je ne parle pas nécessairement du fait de citer certains noms. Si
7 cependant, Commandant, vous voudriez bien examiner le milinfosum du 5 juin
8 1993, en page 1, au paragraphe 2, vers la fin, il y a un passage qui
9 commence par "comment", commentaire, qui est le suivant : "La fiabilité de
10 cette information ne peut être évaluée."
11 Je vous demande également d'examiner l'autre milinfosum du 23 juin 1993, en
12 page 3, juste tout en haut sous le "b", il y a un passage "commentaire". Il
13 y a un commentaire de cinq lignes où on peut lire : "La patrouille a essayé
14 de vérifier ces allégations en visitant les secteurs mentionnés."
15 D'après ce que vous avez appris, d'après ce que vous savez des milinfosums,
16 diriez-vous qu'il s'agit d'une formulation typique, qu'il était habituel
17 d'évaluer la fiabilité des informations mentionnées dans ces synthèses de
18 renseignement ?
19 R. Je dirais que oui, tout à fait. Il y avait le souhait de confirmer les
20 informations. Si une information était considérée comme importante,
21 systématiquement, on essayerait d'essayer de trouver des moyens de la
22 confirmer ou de l'infirmer. Je ne pense pas qu'il était possible de le
23 faire systématiquement et à chaque fois. Je pense que c'était un avantage
24 et que c'était pour le mieux lorsqu'on pouvait le faire.
25 Q. Etait-ce habituel, était-ce typique afin d'améliorer la fiabilité des
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1 autres informations qui figurent dans le milinfosum ? Etait-il de bon aloi
2 d'inclure de tels commentaires afin de pouvoir bien indiquer les
3 informations qui, peut-être, n'étaient pas si fiables ?
4 R. Oui, c'était là l'objectif. Je veux dire que le bataillon, récemment,
5 avant ce déploiement, venait de Belfast Ouest où nous avions un important
6 rôle de renseignement militaire. C'était une pratique standard qui
7 consistait à essayer d'évaluer la fiabilité de nos synthèses.
8 M. WITHOPF : [interprétation] Est-ce que l'on peut maintenant reprendre ces
9 deux milinfosums. Le témoin n'en a plus besoin.
10 Q. Commandant, j'en viens maintenant à la quatrième et dernière question
11 que je voulais vous poser lors de cet interrogatoire supplémentaire. Il
12 s'agit de l'échange des prisonniers et des cadavres. Vous avez dit hier,
13 lors de l'interrogatoire principal, et vous l'avez confirmé aujourd'hui
14 lors du contre-interrogatoire, que les Moudjahiddines étaient échangés en
15 même temps que d'autres soldats de l'ABiH, qu'on avait l'habitude, lors de
16 ces échanges de parler --
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Bourgon.
18 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. Je ne crois pas que le témoin
19 ait confirmé ce que l'Accusation nous dit à l'instant, à l'effet que des
20 Moudjahiddines auraient été échangés avec des soldats de l'ABiH. Il a
21 certainement parlé d'échanges, mais il peut très bien élaboré sur ce qu'il
22 sait de ces échanges. Il n'a jamais confirmé qu'il y avait eu des soldats
23 d'échangés en même temps. Il a plutôt dit le contraire, où il y avait
24 toujours des questions séparées concernant les Moudjahiddines. Merci,
25 Monsieur le Président.
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, Monsieur Withopf. Vous avez pris note de
2 l'observation. Votre question semble suggérer qu'il y avait des échanges où
3 il y avait des soldats et des Moudjahiddines. Il semble, d'après le
4 transcript et ce qu'il a répondu aux questions, il a effectivement parlé
5 des échanges, mais pas à ce degré de précision.
6 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Monsieur les
7 Juges, je suis tout à fait disposé à reformuler cette question.
8 Q. Commandant, à des moments où vous avez participé à des échanges de
9 prisonniers et de cadavres, y a-t-il eu des occasions lors desquelles des
10 Moudjahiddines ont été échangés contre des soldats du HVO en même temps que
11 d'autres soldats de l'ABiH ?
12 R. Lors de la dernière partie de mon affectation, oui, cela a été le cas.
13 Q. De quelle manière était organisée pareils échanges ? Pouvez-vous donner
14 des détails aux Juges de cette Chambre à ce sujet ?
15 R. J'étais informé, en général, par la Croix rouge. Ils demandaient la
16 protection. Des soldats, les officiers de liaison militaire négociaient des
17 cessez-le-feu locaux. Des zones de protection seraient installées par le
18 bataillon entre les deux lignes de front. Nous établissions un effet de
19 cordon entre les lignes de front afin de protéger l'échange. Nous
20 organisions le recueil des corps, l'enlèvement des corps. Parfois, cela
21 impliquait le fait de devoir creuser pour récupérer les corps. Quant à
22 l'échange de prisonniers, c'était la Croix rouge qui s'en occupait. On nous
23 les ramenait au centre. Après, on procédait à toutes les vérifications
24 jusqu'à ce que les deux parties soient satisfaites. Ensuite, on rompait le
25 cordon, et chacun partait.
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1 M. BOURGON : Monsieur le Président, c'est simplement que la réponse que le
2 témoin donne à la Chambre aujourd'hui, nous l'avons déjà entendue hier.
3 L'organisation de l'échange, de qui venait l'information, que les corps
4 étaient étalés par terre, qu'il y avait des gens qui venaient, nous avons
5 déjà tout entendu cette information-là, hier. Je sais probablement quelle
6 est la question que mon confrère veut poser, soit celle, à savoir, si c'est
7 celle que moi-même, j'ai posé dans le contre-interrogatoire. Est-ce qu'il y
8 avait demande pour des prisonniers ou pour des cadavres de Moudjahiddines,
9 qui ont été faites par l'ABiH ? Je crois que c'est cela la question qu'il
10 faut poser. Le témoin a déjà répondu à cette question. Merci, Monsieur le
11 Président.
12 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, mon estimé collègue de
13 la Défense a eu suffisamment de temps pour avoir des réponses à ses
14 questions lors de son contre-interrogatoire. Il devrait laisser
15 l'Accusation poser des questions supplémentaires, qui résultent de
16 questions qu'il a lui-même posé lors de son contre-interrogatoire. La
17 question de l'échange de prisonniers, c'est exact, a été évoquée hier, lors
18 de l'interrogatoire principal. Elle a été de nouveau discutée. Il a posé
19 des questions à ce sujet aujourd'hui. En raison des réponses que le témoin
20 a donné, en réponse aux questions du contre-interrogatoire, l'Accusation
21 souhaite poser au témoin des questions de suivi.
22 M. LE JUGE ANTONETTI : Posez vos questions de suivie car, de toute façon,
23 la Chambre allait questionner le témoin sur ce problème. Autant que cela se
24 fasse toute suite, allez-y.
25 M. WITHOPF : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,
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1 Madame, Monsieur les Juges.
2 Q. Commandant, pourriez-vous vous venir, aux bénéfices de la Chambre, de
3 décrire la manière dont ces échanges étaient organisés sur le terrain ? Il
4 ressort manifestement de votre réponse que les deux parties au conflit
5 participaient à cette organisation. Est-ce que l'ABiH -- est-ce que des
6 représentants de l'ABiH ont participé aux échanges de prisonniers, y
7 compris à l'échange des soldats de l'ABiH en même temps que de
8 Moudjahiddines, à votre connaissance ?
9 R. D'après mes souvenirs, les groupements étaient faits ensemble en
10 fonction des prisonniers qu'ils détenaient la manière dont les officiers de
11 liaison militaires négociaient avec les différents quartiers généraux pour
12 organiser les échanges, et l'accord sur le nombre de prisonniers à
13 échanger, parce qu'il avait toujours un différence sur la question. Le HVO
14 disait systématiquement que, si on voulait qu'ils libèrent un
15 Moudjahiddine, ils demandaient deux prisonniers du HVO en retour, ce qui de
16 nouveau avait lancé de nouvelles négociations. C'était très difficile
17 d'atteindre à un accord lors de ces négociations. Les échanges
18 s'effondraient, en générale. D'après mon souvenir, je peux juste parler des
19 nombres totaux, et, si on nous informait qu'il y avait des Moudjahiddines
20 dans une groupe, ce nombre était cité au côté du nombre de -- des soldats
21 de l'ABiH. Par exemple, dans un échange on incorporait 25 soldats de l'ABiH
22 et cinq Moudjahiddines. A ce moment-là, le HVO disait combien de soldats du
23 HVO il demandait en échange. Mais, quant à savoir la question de comment on
24 aboutissait à ces nombres, je n'ai pas participé à ces genres de
25 négociations, ce dont s'occupait le CICR, lors de la vérification en face-
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1 à-face.
2 Q. Commandant, pour permettre l'échange des prisonniers sur le terrain, et
3 pour aboutir à des accords de cessez-le-feu, aux fins de ces échanges de
4 prisonniers sur le terrain, à votre connaissance, à quel niveau se prenait
5 ce genre de décision, concernant les deux parties belligérantes.
6 R. Cela dépendait du nombre, et cela dépendait également de ce que nous
7 essayons de faire. Mais, autant que je me souvienne, les cessez-le-feu
8 locaux, décidés par les commandants locaux, pouvaient être organisés pour
9 des évacuations des victimes. Mais, lorsqu'il s'agissait d'évacuation de
10 nombreuses personnes, puisqu'il s'agissait de récupérer les prisonniers qui
11 se trouvaient dans des endroits plus éloignés, plutôt que des prisonniers
12 qui se trouvaient proche de la ligne de front, normalement cela passait par
13 la chaîne de commandement du HVO et de l'ABiH.
14 Q. Juste aux fins de précision, par rapport à une réponse que vous avez
15 fournie, il y a une ou deux minutes, j'aimerais vous demander si l'échange
16 -- vous avez une échange qui portait sur les soldats du HVO, ou sur des
17 cadavres du HVO, et vous aviez de l'autre côté les soldats de l'ABiH et les
18 Moudjahiddines.
19 R. Oui. En général, il y avait les nombres qui étaient regroupés en deux
20 camps.
21 Q. Les soldats de l'ABiH et les Moudjahiddines étaient considérés comme
22 l'une des factions ?
23 R. Oui. Mais, une fois de plus, je répèterais que, lorsqu'il y avait des
24 Moudjahiddines, ils demandaient qu'un Moudjahiddine soit échangé contre
25 deux personnes. Parfois, la valeur numérique, correspondante aux
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1 Moudjahiddines, variait.
2 Q. Je vous remercie, commandant Bower.
3 M. BOURGON : Monsieur le Président, Madame, Monsieur les Juges, je n'ai
4 plus de questions à poser.
5 M. LE JUGE ANTONETTI : Les Juges vont vous poser des questions.
6 Mais est-ce que la Défense, suite aux questions supplémentaires, voulez --
7 non, bien.
8 Questions de la Cour :
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Commandant, cette question d'échange n'est pas
10 absolument claire. Ce que nous voulons savoir, est-ce que vous, vous avez
11 été témoin, et vous avez participé dans un échange, vous, pas sur ce que
12 vous savez, mais votre participation personnelle ? Est-ce que, pendant la
13 période de six mois entre juin et novembre, vous avez participé à une
14 opération de ce type ?
15 R. Oui.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : C'était la seule opération, ou à plusieurs
17 opérations ?
18 R. Il y en avait eu plusieurs, mais pas plus que trois où quatre parce que
19 la Croix rouge aimait le faire seul. Il y avait, en fait, en général, la
20 situation militaire qui était trop dangereuse, et c'était pour cela qu'il
21 demandait une protection militaire. Mais, en général, ils essayaient de
22 s'en occuper tout seule. C'est pendant la fin de ma période d'affectation
23 que j'ai participé à cela et, en général, il s'agissait d'établir les
24 conditions ou de prêter main forte pour ce qui est du transport parce que
25 la Croix rouge n'avait pas suffisamment des véhicules pour procéder au
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1 transport de grandes nombres de personnes. En général, à la fin de ma
2 période d'affectation, on a passé de un à deux prisonniers, à un nombre
3 beaucoup plus important de prisonniers.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez transporté avec vos véhicules des
5 prisonniers. Quand on vous le relatait, quand le HVO vous relatait des
6 prisonniers, est-ce qu'il y avait une liste avec des noms des prisonniers,
7 ou disiez-vous : "voilà, on a 20, prenez les 20," ou vous avez des listes ?
8 R. Cela pouvait dépendre. Mais, en règle général, il souhaitait avoir une
9 liste des noms. Au départ, il y avait -- on donnait des chiffres. Au fur et
10 à mesure que la négociation se poursuivait, des listes de noms étaient
11 requises. Certains noms étaient requis par la Croix rouge et nous, en règle
12 général, nous participions à cela, mais nous avions tendance à les laisser
13 faire, et à faire en sorte que, compte tenu de leur expérience, ils gèrent
14 la situation.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Est-ce que ces listes, qui semblaient exister, ils
16 étaient remises à la Croix rouge, mais est-ce que le Bataillon britannique
17 avait en sa position la liste ? Ou vous vous contentez simplement de mettre
18 des individus dans vos véhicules, et de les transporter d'un point A à un
19 point B, sans savoir qui était dans ces véhicules, à moins que la Croix
20 rouge vous remettait une copie de la liste ? Vous êtes militaire. Ma
21 question est précise. Un militaire doit normalement répondre, de manière
22 précise, sur cette question. C'était effectué de manière empirique ou cela
23 participait dans un processus militaire, ce qui n'est pas la même chose ?
24 Que pouvez-vous nous dire ?
25 R. Le rôle principal était assuré par les organisations caritatives et non
Page 5230
1 pas par le Bataillon britannique. La Croix rouge fournissait la liste. Tout
2 ce que nous devions faire était d'établir les conditions de sécurité, ainsi
3 que de protection, et nous assurions de voir les bonnes personnes aux bons
4 endroits, à savoir, les personnes qui représentaient les organismes de
5 bienfaisance, ainsi que les représentants des commissions, qui se déplaçait
6 sur la ligne de front, afin de vérifier qui était ces personnes. Mais il
7 appartenait à l'agence caritative, ou l'agence d'aide, de s'assurer qui se
8 trouvait dans les véhicules, et d'assurer qu'il s'agissait des personnes
9 d'idoines. Nous, ce n'était pas notre rôle. Nous étions là pour protéger,
10 pour transporter et pour faire en sorte que les conditions soient elles que
11 l'on puisse procéder à l'échange de prisonniers ou de cadavres. Dans le
12 cadre de l'évacuation, dans le cadre de l'évacuation de l'hôpital, c'est
13 seulement ces fois-là que nous avons été partie prenante pour ce qui est
14 des listes.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste une dernière question et je laisserai la
16 parole aux autres Juges. Quand ces personnes rentraient dans vos véhicules,
17 ces véhicules relevaient du Bataillon britannique. Vous avez dit tout à
18 l'heure qu'il y avait des soldats, voir des Moudjahiddines. Qu'est-ce qui
19 vous permettait de dire que c'étaient des soldats ? Qu'est-ce qui vous
20 permet d'exclure que, dans les prisonniers, il n'y avait pas aussi des
21 civils ? Comment faisiez-vous la distinction entre des militaires et des
22 civils ?
23 R. Une fois de plus, je dirais que nous n'étions pas intéressés pour
24 savoir qui se trouvait dans le véhicule. Ce que nous donnions, c'était la
25 protection et les transports, et il appartenait à la Croix rouge
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1 d'identifier les personnes qui, ensuite, étaient acheminées. Nous, ce que
2 nous faisions, c'était d'assurer la protection, et il appartenait à la
3 Croix rouge de gérer son opération. C'était une opération de la Croix
4 rouge. Nous devions fournir les ressources et faire en sorte que les
5 conditions prévalent pour que l'échange puisse être fait. La Croix rouge
6 préférait - et j'en suis absolument sûr - préférait, de loin, de ne pas
7 nous avoir avec eux.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste une dernière question, parce que je pourrais
9 continuer pendant des heures, parce que le sujet est tellement important
10 que cela mériterait beaucoup de questions. Vous aviez dit que, dans votre
11 bataillon, il y avait un officier de renseignements avec une équipe qui
12 était en sous-effectif pour vous, mais cet officier de renseignement
13 existait. Quand il y avait ces prisonniers, est-ce que votre officier de
14 renseignement était présent et faisait-il du débriefing des prisonniers ?
15 R. Pas du tout. Pas du tout. Il ne se trouvait absolument pas là. De toute
16 façon, la Croix rouge ne l'aurait pas autorisé car cela aurait nuit aux
17 opérations menées à bien par la Croix rouge.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci.
19 [La Chambre de première instance se concerte]
20 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Bonjour, Commandant. J'aimerais
21 formuler quelques questions à propos de ce que vous nous avez dit, hier et
22 aujourd'hui. Il s'agit, en fait, du thème des pillages car, hier, vous avez
23 évoqué ce phénomène des pillages auxquels vous avez pu assister à Guca
24 Gora. Vous nous avez également parlé de pillages en général. Vous avez
25 parlé des différentes phases de pillages, si je ne m'abuse.
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1 Pour ce qui est de Guca Gora, vous étiez dans cette ville avec Kent-Payne,
2 avec Randy Rhodes, et vous vous trouviez dans un véhicule en route vers
3 Maljine. Si je me souviens de ce que vous avez dit ce matin, vous nous avez
4 dit que, hormis cet incident au poste de Contrôle, vous n'avez pas quitté
5 votre véhicule. Vous avez traversé Guca Gora. Est-ce bien exact ?
6 R. Oui. Lorsque nous sommes arrivés à Guca Gora, le véhicule s'est arrêté
7 et il était évident que l'interprète qui se trouvait à l'arrière devait
8 sortir. Je suis également sorti moi-même, et c'est là que je me suis rendu
9 compte d'où nous nous trouvons et que nous étions dans une partie du
10 village.
11 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Vous n'êtes pas descendu de votre
12 véhicule, hormis lorsque vous vous trouviez à Guca Gora ?
13 R. Oui. Mais il y a eu la fois où nous avons été arrêtés au poste de
14 Contrôle lorsque nous avons été arrêtés et nous nous trouvions dans le
15 véhicule avec les Moudjahiddines pour aller vers Maljine. C'est à ce
16 moment-là. C'est la seule chose que j'ai vue.
17 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Très bien.
18 R. Lorsque vous avez emprunté la même route -- vous vous trouviez à
19 l'intérieur du véhicule.
20 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Ce que vous avez vu à Guca Gora
21 concernait des pillages, et vous l'avez vu depuis votre véhicule ?
22 R. C'est exact.
23 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Vous avez parlé des pillages. Vous avez
24 dit -- si je me trompe, de grâce, corrigez-moi -- vous avez vu que des
25 objets se trouvaient dans la rue, qu'il y avait beaucoup de circulation.
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1 Vous nous avez dit également que des meubles avaient été sortis de
2 l'église. Est-ce bien exact ?
3 R. Je me souviens qu'il y avait des meubles à l'extérieur de l'église.
4 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Oui.
5 R. Nous avons vu des maisons qui n'étaient pas dans le même état de
6 destruction qu'à Bandol, mais il y avait des meubles, des lits, des
7 matelas, des chaises, ce genre de choses, qui se trouvaient à l'extérieur
8 des maisons. Il est évident que les maisons avaient fait l'objet de
9 fouilles, de perquisitions. C'est ainsi que je peux décrire. Je ne vous dis
10 pas que j'ai vu des personnes qui transportaient des meubles. De toute
11 façon, c'est difficile à dire parce que nous n'avons pas pu nous arrêter et
12 évaluer cela pendant une certaine période de temps parce que nous passions
13 en voiture.
14 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Est-ce que vous avez présenté un
15 rapport à ce sujet au capitaine Harrison ? Est-ce que le capitaine Harrison
16 vous a débriefé sur la question ?
17 R. Le commandant Vaughan Kent-Payne a eu une conversation avec le
18 capitaine Harrison. Je suis même intervenu très rapidement puisqu'il
19 parlait de la même chose, et qui plus est, le commandant Vaughan Kent-
20 Payne, puisqu'il se trouvait au niveau de la tourelle, a pu voir beaucoup
21 plus que moi, de toute façon. Je lui ai parlé du résultat de ce que j'avais
22 vu. Pour être très honnête avec vous, cela ne figure pas sur le milinfosum.
23 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Vous avez vu des personnes qui se
24 livraient activement à des activités de pillage ?
25 R. J'ai vu des personnes qui portaient des objets ménagers --
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1 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Oui.
2 R. -- mais je n'ai pas pu savoir d'où --
3 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Est-ce qu'il s'agissait de pillages ou
4 de --
5 R. Je ne pouvais pas en mesure d'évaluer d'où venaient ces objets et je ne
6 savais pas où ils les amenaient non plus.
7 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Très bien. Qui étaient ces personnes ?
8 Il s'agissait de personnes civiles ou d'autres ?
9 R. Nous étions dans le secteur où opéraient les Moudjahiddines.
10 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Mais les personnes qui transportaient
11 ces objets, est-ce qu'il s'agissait de Moudjahiddines ou de personnes
12 civiles ?
13 R. De ce que nous pouvions voir, à la distance où nous nous trouvions --
14 et n'oubliez pas que nous étions dans un véhicule en marche -- nous nous
15 trouvions dans le secteur d'activité des Moudjahiddines puisque de Guca
16 Gora au village où nous avions commencé. Il s'agissait, en fait, de
17 villages où se trouvaient les Moudjahiddines. Je suppose qu'ils étaient à
18 Guca Gora et c'est une supposition puisqu'il s'agissait de personnes qui se
19 trouvaient dans le secteur des Moudjahiddines.
20 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Mais les personnes, que vous avez vues
21 et qui transportaient ces objets, est-ce qu'elles portaient des uniformes
22 militaires ?
23 R. Autant que je m'en souvienne, oui.
24 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Est-ce qu'il y a eu des tentatives qui
25 ont été faites pour mettre un terme à ces activités de pillages. Alors, je
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1 sais que vous êtes resté un moment très bref, pendant lequel vous êtes
2 passé par ce village.
3 R. Je dirais que la zone était relativement calme. Il ne semblait pas --
4 il y avait beaucoup de personnes, en fait, qui se déplaçaient et qui
5 n'étaient pas visiblement inquiétées par des tirs éventuels contre elles.
6 Je dirais qu'il y avait une atmosphère généralement calme.
7 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Toutefois, vous nous avez dit qu'il y
8 avait beaucoup de circulation.
9 R. Oui, mais il s'agissait de personnes qui se déplaçaient à pied.
10 M. LE JUGE SWART : Circulation à pied ?
11 R. Oui.
12 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Est-ce que vous avez vu des camions ou
13 d'autres véhicules ?
14 R. Je ne m'en souviens pas, mais je ne pense pas.
15 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Hier, vous nous avez parlé de pillages
16 et vous avez décrit, si je ne m'abuse, trois phases de pillages, il me
17 semble. Alors, je suppose, quoique je n'en sois pas sûr, que vous avez
18 assisté à ce genre de phénomènes plusieurs fois.
19 R. Oui, mais --
20 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Alors, à Guca Gora, mais peut-être
21 également dans d'autres endroits.
22 R. Oui. Très souvent, ce que nous voyions, c'est ce qui se passait à
23 l'extérieur de notre camp. En règle générale, on voyait, par exemple, des
24 familles qui aménageaient dans des maisons qui avaient été occupées par
25 d'autres, par exemple. Ou nous voyions des choses qui étaient déplacées
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1 d'une rue à l'autre, dans des brouettes ou dans ce genre de choses. Mais la
2 seule fois que j'ai physiquement vu une activité de pillage, cela s'est
3 passé pendant l'attaque de Grbavica.
4 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Je m'excuse, je ne vous ai pas entendu.
5 La seule attaque sur -- pendant tout l'éventail de ce pillage --
6 R. Oui. La seule fois où j'ai vu ces activités de pillage depuis le début
7 jusqu'à la fin, cela s'est passé près de notre camp durant l'attaque sur
8 Grbavica. Il s'agissait du HVO qui avait attaqué l'ABiH.
9 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Pour ce qui est de vos observations, il
10 s'agissait des observations qui ont été faites avant que cela soit passé en
11 territoire de HVO ?
12 R. Oui.
13 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Est-ce que vous avez vu d'autres
14 activités de pillage sur le territoire de l'armée de la Bosnie ?
15 R. Non.
16 M. LE JUGE SWART : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Bourgon, est-ce que vous voulez faire
18 préciser, suite aux réponses apportées, des éléments ?
19 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. La Défense n'a aucune question
20 concernant la question des échanges, mais juste une clarification pour la
21 question du "looting", qui pourrait peut-être assister la Chambre, Monsieur
22 le Président.
23 Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Bourgon :
24 Q. [interprétation] Commandant Bower, pouvez-vous confirmer lorsque vous
25 vous trouviez à Guca Gora, ce jour-là, que la situation était calme comme
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1 vous l'avez indiqué, mais que les combats s'étaient terminés depuis un
2 certain temps ? Pouvez-vous le confirmer ?
3 R. Oui. Les combats étaient effectivement terminés. Les forces ne devaient
4 pas prendre des mesures de précaution pour se protéger des forces du HVO.
5 Q. Une toute dernière question, parce que c'est une remarque que vous avez
6 faite en début de semaine. Je pense que c'est une excellente illustration,
7 parce qu'en parlant des Bosniens, vous avez essayé d'établir un parallèle.
8 Vous m'avez dit : "Au Royaume-Uni, les gens jouent au football et fument.
9 En Bosnie, les gens portent des parties d'uniformes et portent des armes."
10 Pourriez-vous peut-être expliquer cela aux Juges de la Chambre de première
11 instance ?
12 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation a
13 remarqué à plusieurs reprises que mon confrère de la Défense fait mention à
14 ce qui a été dit pendant des réunions entre les Défenseurs et le témoin.
15 L'Accusation sait pertinemment que ces réunions ont eu lieu. Ce n'est
16 absolument pas sur cela que porte notre objection. Toutefois, il y a quand
17 même des éléments à prendre en considération. Lorsque mon confrère de la
18 Défense fait état à ce genre de réunions, il témoigne tout simplement. Il
19 fournit des preuves ouï-dire à la Chambre de première instance.
20 Deuxièmement, la question qu'il vient de poser au témoin, n'est pas un
21 résultat manifeste des questions qui ont été posées pendant le contre-
22 interrogatoire, l'interrogatoire principal, ou qui porte sur les questions
23 qui ont été posées par les Juges. L'Accusation soulève une objection par
24 rapport à cette question.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Par rapport aux questions qui portaient uniquement
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1 sur le pillage, il est très difficile de voir un lien. Pouvez-vous
2 expliciter ? Quel lien faites-vous entre le pillage et le fait que les
3 Bosniens, certains avaient des armes, alors que les Britanniques
4 préféraient jouer au football et fumer. On a du mal à voir le lien, mais
5 peut-être que nous avons mal compris.
6 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président. La question soulevée par la
7 Chambre était à l'effet de demander si les gens qui transportaient des
8 effets personnels, portaient des uniformes. Pour essayer de clarifier le
9 fait qu'il y a beaucoup de gens qui portent des uniformes en Bosnie. C'est
10 simplement que le témoin m'a dit cela. Mon confrère dit que c'est d'ouï-
11 dire. Je ne crois pas que c'est d'ouï-dire puisque la personne, qui a
12 offert l'information, est là. Je ne trouve pas qu'il y a un problème
13 puisque l'effectif de ces réunions est de permettre au témoin de préciser
14 ce qu'il a mis dans une déclaration. La question vient de la Chambre, alors
15 je ne vois pas le problème, Monsieur le Président.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous pouvez lui poser la question de savoir si les
17 gens qui transportaient des frigidaires, je ne sais quoi, portaient des
18 uniformes. Cela, effectivement, cette question est bien en liaison directe
19 avec les questions. Allez-y, posez la question.
20 M. BOURGON : Merci, Monsieur le Président.
21 Q. [interprétation] Commandant Bower, on vous a demandé si ces personnes
22 portaient des uniformes, et vous avez répondu par l'affirmative. Est-il
23 vrai que de nombreuses personnes en Bosnie portent l'uniforme qu'elles
24 soient soldats ou non ?
25 R. Oui. Je dirais qu'il y avait des personnes qui portaient des uniformes,
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1 ou une veste de camouflage, ou un pantalon de camouflage. Ils ne portaient
2 pas forcément une arme. Cela dépendait parce que nous avions l'impression
3 que l'armée, c'était la population et que la population, c'était l'armée.
4 Cela dépendait de ce qu'ils faisaient dans cette zone particulière. Je
5 dirais qu'en règle générale, les gens portaient l'uniforme ou ne portaient
6 pas l'uniforme.
7 M. BOURGON : Monsieur le Président, la Défense n'a plus de questions.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Dixon, pas d'autres questions ?
9 M. DIXON : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie, je
10 n'ai plus d'autres questions à poser.
11 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation n'a plus
12 d'autres questions à poser.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vous remercie.
14 Monsieur Bower, votre témoignage, qui s'est déroulé sur deux jours, est
15 terminé. Vous avez répondu aux questions de l'Accusation, au contre-
16 interrogatoire des défenseurs, ainsi qu'aux questions des Juges. Nous vous
17 remercions d'être venu des Etats-Unis témoigner pour la manifestation de la
18 vérité. Nous vous souhaitons un bon retour dans le lieu où vous faites
19 office d'instructeur. Nous formulons les meilleurs vœux pour votre carrière
20 militaire.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur.
22 [Le témoin se retire]
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Withopf, le "planning" de la semaine à
24 venir ?
25 M. WITHOPF : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les
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1 Juges, l'Accusation souhaiterait soulever trois questions. Je ne pense pas
2 que cela doit prendre plus de dix minutes. L'une de ces questions porte sur
3 le calendrier prévu pour la semaine prochaine.
4 C'est la raison pour laquelle j'aimerais que nous passions à huis clos
5 partiel.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous passons à huis clos partiel.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes
8 maintenant à huis clos partiel.
9 [Audience à huis clos partiel]
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12 Pages 5241 à 5246 –expurgées– audience à huis clos partiel.
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7 --- L'audience est levée à 12 heures 42 et reprendra le lundi 29 mars 2004,
8 à 14 heures 15.
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