Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 21 mars 2005

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

6 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je prie, Monsieur le Greffier d'audience,

7 d'appeler la cause.

8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il s'agit

9 de l'affaire IT-01-48-T, le Procureur contre Sefer Halilovic.

10 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie.

11 Bonjour à tout le monde dans le prétoire.

12 Bonjour, Monsieur le Témoin. Monsieur le Témoin, s'il vous plaît,

13 levez-vous et donnez lecture de la déclaration solennelle dont le texte

14 figure sur le bout de papier que Madame l'Huissière vous tend.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement de dire la

16 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

17 LE TÉMOIN: NAMIK DZANKOVIC [Assermenté]

18 [Le témoin répond par l'interprète]

19 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie. Vous pouvez vous

20 asseoir.

21 Monsieur Weiner, vous avez la parole.

22 M. WEINER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

23 Interrogatoire principal par M. Weiner :

24 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin, s'il vous plaît, décliner

25 votre identité.

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1 R. Je m'appelle Namik Dzankovic.

2 Q. Pouvez-vous nous dire votre date de naissance.

3 R. Je suis né le 10 octobre 1959. J'ai 45 ans.

4 Q. Je vais vous poser quelques questions directrices pour qu'on puisse

5 parler du contexte après quoi, nous allons commencer par votre déposition.

6 Actuellement, vous habitez la Bosnie, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Vous êtes économiste ?

9 R. Oui.

10 Q. Vous avez eu votre diplôme de maîtrise de troisième cycle en économie ?

11 R. J'ai eu mon diplôme de maîtrise à Sarajevo et à Turin, en Italie. J'ai

12 eu le diplôme de troisième cycle mais mon diplôme n'a pas encore été

13 délivré à cause de la situation en Bosnie-Herzégovine.

14 Q. Vous parlez du diplôme de troisième cycle de l'université de Turin,

15 n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous avez fait votre service militaire dans l'armée, du mois d'avril

18 1992 jusqu'au mois d'août 1994 ?

19 R. Oui.

20 Q. Au mois de février 1993, vous avez été nommé officier, chargé de la

21 Sécurité du commandement Suprême de l'état-major ?

22 R. Oui.

23 Q. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie "officer chargé de la

24 sécurité des opérations" ?

25 R. Il s'agit du militaire qui est chargé des opérations sur terrain.

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1 Q. Compte tenu du fait que vous êtes économiste diplômé, pour pouvoir

2 devenir officer chargé de la sécurité, avez-vous dû suivre une formation

3 particulière ?

4 R. Non. Il n'y avait pas de formation particulière à ce sens-là.

5 Q. Est-ce qu'on vous a dit quelque chose sur la rédaction d'un rapport ?

6 R. Lorsque j'ai commencé à travailler dans la direction chargée de la

7 sécurité, ces tâches concernant les entretiens d'information, la réunion

8 des données, et la rédaction de notes officielles, tout cela je l'ai fait

9 en collaboration avec mes collègues plus expérimentés et c'est comme cela

10 que j'ai appris à travailler.

11 Q. Est-ce qu'on vous a formé quant à la conduite d'une enquête sur le

12 terrain ?

13 R. Non.

14 Q. Est-ce que vous avez eu une formation concernant les techniques

15 d'enquête sur les lieux de crime ?

16 R. Non.

17 Q. Concernant la réunion des pièces à conviction, est-ce que vous avez dû

18 suivre une formation pour cela ?

19 R. Non.

20 Q. Est-ce que vous avez eu une formation concernant la sécurité de la

21 population civile ?

22 R. Non.

23 Q. Est-ce que vous avez eu une expérience quant aux enquêtes et la

24 conduite d'enquêtes ?

25 R. Si vous pensez aux entretiens d'information et la collecte

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1 d'informations par le biais de ces entretiens d'information, oui. C'est ce

2 que je faisais et les autres tâches, non.

3 Q. Avant d'être devenu l'officier chargé de la sécurité des opérations,

4 est-ce que vous avez eu une expérience quant aux enquêtes ?

5 R. Non.

6 Q. Avant et après la guerre, vous avez travaillé comme économiste, n'est-

7 ce pas ?

8 R. Oui.

9 Q. Parlons maintenant de la fin du mois d'août 1993. Pourriez-vous nous

10 dire où vous étiez à l'époque ?

11 R. La fin du mois d'août ?

12 Q. Oui.

13 R. Je me trouvais à Jablanica.

14 Q. Juste avant d'être arrivé à Jablanica, où étiez-vous ?

15 R. J'étais à Mostar.

16 Q. Avez-vous reçu une information pendant que vous étiez à Mostar ?

17 R. J'ai reçu un ordre selon lequel, je devais me présenter à Jablanica en

18 tant que membre de l'équipe chargée de la coordination et de l'inspection

19 de l'état-major général de l'ABiH.

20 Q. Dans cet ordre, est-ce qu'il a été dit qui mènerait cette équipe

21 d'inspecteurs ?

22 R. Oui.

23 Q. Qui était cette personne-là ?

24 R. C'était le général Sefer Halilovic.

25 Q. Dans cette équipe d'inspecteurs, à qui faisiez-vous rapport ?

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1 R. Pendant que j'étais là-bas, pendant tout le temps, je n'ai fait aucun

2 rapport écrit à l'intention de l'équipe d'inspecteurs.

3 Q. Ce que je vous voulais entendre de votre bouche, c'est de savoir à qui

4 vous vous étiez présenté une fois arrivé ?

5 R. Je suis arrivé à Donja Jablanica où il y avait M. Halilovic et les

6 membres de l'équipe d'inspecteurs, et c'est à eux que je me suis présenté.

7 Q. Comment êtes-vous arrivé de Mostar à Jablanica ?

8 R. A pied.

9 Q. Vers quelle heure êtes-vous arrivé à Donja Jablanica, si vous pouvez

10 vous en souvenir ?

11 R. C'était vers 9 heures ou 10 heures du soir.

12 Q. Une fois arrivée à Jablanica, où vous êtes-vous rendu exactement ?

13 R. Je me suis rendu dans la base de l'unité de Zulfikar Alispago à Donja

14 Jablanica.

15 Q. Une fois arrivé là-bas, qu'est-ce que vous avez fait ?

16 R. Je suis arrivé dans la base et j'ai demandé s'il y avait les membres de

17 l'équipe d'inspecteurs. On m'a dit qu'ils étaient là-bas, ils se trouvaient

18 dans une pièce jouxtant la pièce dans laquelle je suis entré. J'ai frappé à

19 la porte, je suis entré en disant que j'ai été envoyé par M. Jusuf

20 Jasarevic, de la direction chargée de la sécurité en tant que membre de

21 cette équipe.

22 Q. Lorsque vous êtes arrivé dans cette pièce, qui était présent dans cette

23 pièce ?

24 R. Pour autant que je m'en souvienne, il y avait Zulfikar Alispago, M.

25 Sefer Halilovic, M. Vehbija Karic, Zicro Suljevic et M. Bilajac.

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1 Q. Tout d'abord, qu'est-ce qu'ils faisaient ?

2 R. Ils étaient assis en train de parler entre eux.

3 Q. Est-ce que vous avez pris place et est-ce que vous avez commencé à

4 parler avec eux ? Est-ce que vous êtes resté là-bas ?

5 R. Non.

6 Q. Après cela, je me suis rendu à Jablanica, et je suis descendu à l'hôtel

7 Jablanica.

8 Q. Pouvez-vous nous décrire l'aspect de cet hôtel ?

9 R. Je ne comprends pas la question, dans quel sens l'aspect de l'hôtel ?

10 Q. S'agissait-il d'un petit hôtel, d'un grand hôtel, est-ce qu'il y avait

11 beaucoup de chambres, ou peu de chambres ?

12 R. C'était un grand hôtel qui a beaucoup de chambres. Il a trois étages et

13 de longs couloirs et des deux côtés du couloir, il y a des chambres; il y a

14 pas mal de chambres, mais je ne sais pas le nombre exact de chambres de cet

15 hôtel.

16 Q. Qui se trouvait dans cet hôtel ?

17 R. Dans l'hôtel, il y avait des clients très différents. Il y avait des

18 réfugiés, qui au début de la guerre sont arrivés à Jablanica et qui sont

19 restés. Ils y habitaient. Il y avait encore des membres de l'armée. Il y

20 avait assez de personnel médical de l'hôpital de Jablanica, des médecins et

21 d'autre personnel médical qui n'étaient pas de Jablanica. Il s'agissait des

22 réfugiés qui sont arrivés au début de la guerre à Jablanica. Ils ont quitté

23 leur domicile et ils sont arrivés à Jablanica. Ils ont été chassés par les

24 Chetniks de leur domicile. Ils sont arrivés à Jablanica et comme parmi eux

25 il y avait des médecins et d'autre personnel médical, ils ont commencé à

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1 travailler à l'hôpital, qui à l'époque avait manqué de personnel médical.

2 Ils habitaient à l'hôtel et ils travaillaient à l'hôpital.

3 Q. Vous avez mentionné qu'à l'hôtel il y avait de réfugiés, est-ce que

4 dans la ville de Jablanica il y avait des réfugiés ?

5 R. Il y avait des réfugiés dans la ville et également un grand nombre

6 d'anciens détenus de camps de détention de Dretelj, d'Heliodrom et c'est

7 ainsi qu'à Jablanica, il y avait un grand nombre de ces anciens détenus et

8 des réfugiés.

9 Q. Pouvez-vous décrire l'aspect de ces gens qui étaient arrivés des camps

10 de détention ?

11 R. Ils étaient exténués. Ils avaient faim. Ils étaient désemparés. C'était

12 terrible.

13 Q. Avez-vous passé une nuit à l'hôtel, cette nuit-là ?

14 R. Oui.

15 Q. Passons au lendemain matin. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait

16 le lendemain matin ?

17 R. Le lendemain matin, comme on me l'avait déjà dit, je suis parti dans la

18 direction de la centrale hydroélectrique de Jablanica, qui se trouvait dans

19 cette direction-là, en face de l'hôtel et où il y avait des bureaux dans

20 lesquels devaient se trouver et travailler, l'équipe d'inspecteurs.

21 Q. Monsieur, est-ce qu'il y avait un poste de commandement avancé à

22 Jablanica ?

23 R. Le poste de commandement avancé, en se basant sur les documents,

24 n'existait pas de façon officielle, mais nous l'appelions le poste de

25 commandement avancé parce que c'était la pratique dans l'armée. Si on avait

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1 plus d'officiers, membres de l'état-major général, tout de suite on

2 appelait cela IKM, c'est-à-dire le poste de commandement avancé de la

3 brigade en question, ou de l'autre unité. C'est comme cela qu'on l'appelait

4 mais je n'ai jamais vu un ordre officiel dans lequel ce poste se serait

5 appelé le poste de commandement avancé.

6 Q. Y avait-il une localité que vous ou les autres appelaient "le poste de

7 commandement avancé" de Jablanica ?

8 R. Nous l'appelions le poste de commandement avancé, oui, cet endroit-là.

9 Q. Ce poste de commandement avancé se trouvait dans la direction de la

10 centrale hydroélectrique ?

11 R. Oui.

12 Q. Lorsque vous vous êtes rendu à ce poste de commandement avancé, qui se

13 trouvait juste en face de l'hôtel, qui avez-vous trouvé là-bas ?

14 R. Là-bas, il y avait M. Vehbija Karic, M. Rifat Bilajac et M. Zicro

15 Suljevic.

16 Q. Quelles étaient leurs postes, est-ce que dans la hiérarchie militaire

17 ils se trouvaient aux échelons supérieurs par rapport aux vôtres ?

18 R. J'étais un simple soldat, et eux ils se trouvaient, dans cette

19 hiérarchie militaire, aux échelons supérieurs.

20 Q. Qu'est-ce qu'ils faisaient dans ce poste de commandement avancé ?

21 R. Lorsque je suis arrivé, ils étaient assis en train de parler de quelque

22 chose. Il y avait des documents sur la table autour laquelle ils se

23 trouvaient. Ils m'ont dit que l'opération pour débloquer la ville de Mostar

24 était en train de se préparer.

25 Q. Est-ce que vous avez pu voir de quels documents il s'agissait, les

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1 documents qu'ils regardaient ?

2 R. Non.

3 Q. Est-ce qu'ils vous ont dit quelle serait la tâche de l'équipe

4 d'inspecteurs ?

5 R. Non.

6 Q. Est-ce qu'ils vous ont dit quel serait votre rôle dans cette opération

7 pour débloquer la ville de Mostar ?

8 R. On m'a dit que je devrais m'occuper du contre-espionnage, c'est-à-dire

9 de faire l'inspection de la ville et de voir quelle est l'ambiance dans la

10 ville. Sinon, on ne m'a pas confié de d'autres tâches.

11 Q. A part le contre-espionnage que vous deviez faire, est-ce qu'on vous a

12 confié d'autres tâches au sein de l'équipe d'inspecteurs ?

13 R. Non.

14 Q. Hormis l'opération pour débloquer la ville de Mostar, est-ce qu'ils

15 vous ont parlé d'autres tâches de l'équipe d'inspecteurs ?

16 R. Non.

17 Q. Est-ce qu'on vous a demandé de faire l'inspection des soldats ou des

18 unités ?

19 R. Non.

20 Q. Est-ce qu'on vous a dit quoi que ce soit sur l'opération militaire ?

21 R. Non, rien de précis.

22 Q. Est-ce qu'on vous a montré des cartes concernant cette opération ?

23 R. Non.

24 Q. Est-ce qu'on vous a dit comment s'appellerait cette opération ?

25 R. Non.

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1 Q. Est-ce que vous n'avez jamais appris par la suite le nom de

2 l'opération ?

3 R. Oui, après être arrivé à Sarajevo.

4 Q. Comment avez-vous appris le nom de l'opération, une fois arrivé à

5 Sarajevo ?

6 R. Au moment où l'opération Trebevic I, au moment où cette opération se

7 déroulait.

8 Q. Est-ce qu'on ne vous a jamais dit à l'époque, quelles unités seraient

9 impliquées dans cette opération ?

10 R. On a dit que des unités de Sarajevo devraient venir, mais je ne savais

11 pas exactement lesquelles. On parlait des éléments de la 9e et de la 10e

12 Brigade, mais par la suite, j'ai pu voir que le 2e Bataillon indépendant de

13 Sarajevo est arrivé.

14 Q. Est-ce qu'on vous a dit où les soldats seraient logés, les soldats qui

15 devaient arriver ?

16 R. Non.

17 Q. Est-ce qu'on vous a dit dans quelle région les combats seraient menés ?

18 R. Non. Il n'y avait pas de discussion là-dessus, mais on savait que les

19 unités devraient être déployées dans la région de Vrdi, en direction de la

20 ville de Mostar.

21 Q. Qu'est-ce que vous avez fait, pendant les jours suivants ?

22 R. Je me déplaçais dans la ville de Jablanica. J'ai rencontré M. Sejo

23 Brankovic, qui était membre du DB de Mostar. Il m'a montré la ville de

24 Jablanica. Il m'a présenté au chef du MUP, à M. Emin Zebic et à son

25 adjoint, Salihamidzic. C'est alors que j'ai rencontré l'officier chargé de

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1 la Sécurité de la Brigade de Jablanica, dont je ne connais pas le nom, même

2 aujourd'hui. J'ai rencontré le commandant de la brigade, M. Kovacevic. Il

3 était commandant de la Brigade de Jablanica. Je marchais dans la ville de

4 Jablanica.

5 Avec le général et les autres membres de l'équipe d'inspecteurs, nous

6 nous sommes rendus à Buturovic Polje le lendemain dans l'unité,

7 c'est-à-dire au QG de l'unité qui se trouvait là-bas.

8 Q. Vous avez dit que vous vous étiez rendu là-bas "avec le général." Quel

9 général ?

10 R. Avec M. Halilovic et les autres membres de l'équipe d'inspecteurs,

11 c'est-à-dire, M. Vehbija Karic, avec Zicro Suljevic et avec Bilajac.

12 Q. Qu'est-ce que vous avez fait à Buturovic Polje ?

13 R. Nous sommes arrivés à Buturovic Polje pour parler avec les membres du

14 QG de cette unité, pour que cette unité soutienne les autres unités, dans

15 l'opération à venir.

16 Q. Avez-vous participé à cette réunion ?

17 R. Non. J'étais à l'extérieur. Je me suis promené autour du lac avec des

18 soldats et l'escorte.

19 Q. Continuons à parler du début septembre. Vous êtes-vous rendu au poste

20 de commandement avancé, en dehors de ce tout premier jour ou du jour

21 suivant votre arrivée ?

22 R. Oui.

23 Q. Avec quelle fréquence vous êtes-vous rendu au poste de commandement

24 avancé de Jablanica ?

25 R. Généralement je m'y rendais tous les jours. Si je trouvais les

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1 messieurs qui étaient membres de l'équipe d'inspection, mais souvent ils

2 n'étaient pas là, ils étaient en opération de reconnaissance ou de

3 planification d'opération, parfois je ne les trouvais pas.

4 Q. Avez-vous participé à des réunions, quelles qu'elles soient, relatives

5 à l'opération militaire ?

6 R. Non. Pendant toute cette période, je n'ai participé qu'à une réunion au

7 moment où on a parlé de l'appui logistique, c'est-à-dire des vivres

8 nécessaires pour les soldats qui étaient venus de Sarajevo. Mais je n'ai

9 participé à aucune autre réunion.

10 Q. Qui participait à cette réunion-là, et combien de temps a-t-elle duré ?

11 R. M. Vhebija Karic, Zicro Suljevic, Rifat Bilajac, le ministre, le

12 ministre de l'Intérieur, dont le nom m'échappe là.

13 Q. Bakir Alispahic, peut-être ?

14 R. Oui, c'est cela, Bakir Alispahic, tout à fait, et il y avait M.

15 Kovacevic, le commandant de la brigade, ainsi que le maire de la

16 municipalité de Jablanica.

17 Q. A-t-on conclu à un accord au sujet des vivres pour les hommes ?

18 R. Oui.

19 Q. Savez-vous à quelle date ?

20 R. Je crois que c'était le jour de l'arrivée des troupes à Jablanica.

21 Q. Comment avez-vous appris l'arrivée des troupes à Jablanica ?

22 R. Lors de cette réunion, M. Vehbija Karic m'a dit - pas à moi

23 personnellement - mais à l'ensemble des personnes rassemblées, que les

24 troupes étaient arrivées et que l'après-midi il fallait que nous allions

25 les voir.

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1 Q. Est-ce que vous êtes allés les voir à Grabovica ?

2 R. Oui.

3 Q. Pouvez-vous nous en parler ?

4 R. Après la réunion qui a duré environ une heure, une heure et demie, M.

5 Karic a dit que les soldats, les troupes étaient arrivées et qu'il fallait

6 aller les voir. Nous nous sommes organisés de façon à trouver deux

7 véhicules, c'était le fils de Vehbija Karic qui conduisait l'un des

8 véhicules, et le chauffeur de l'autre véhicule, c'était quelqu'un dont je

9 connais uniquement le surnom, à savoir Soko.

10 Nous sommes montés à bord de ces voitures, c'était à peu près au

11 moment du déjeuner, et nous sommes allés à Donja Jablanica, sur la base de

12 Zuka, où j'ai personnellement chargé trois ou quatre grandes boîtes avec

13 des tartes à l'intérieur pour les amener aux soldats, afin qu'ils puissent

14 manger, parce qu'ils venaient de Sarajevo, ils avaient passé toute la nuit

15 et une bonne partie de la journée en route, en passant par le mont Igman et

16 Buturovic Polje, jusqu'à Jablanica. On leur amenait à manger.

17 Q. Quand vous êtes allé à Jablanica, quelles unités y avez-vous trouvées ?

18 R. Vous parlez de Jablanica ou de Grabovica ?

19 Q. Excusez-moi, lundi matin bien sûr, en fait je veux parler de Grabovica.

20 R. Quand nous sommes arrivés à Grabovica, il y avait là des éléments de la

21 9e et de la 10e Brigade, ainsi que du Bataillon indépendant, c'était Adnan

22 Solakovic qui commandait ce bataillon. Cette unité s'appelait 1er Bataillon

23 indépendant de Sarajevo.

24 Q. Est-ce que vous connaissiez ces trois unités ou leur réputation ?

25 R. Ecoutez, je ne connaissais que deux hommes. C'était deux de mes amis,

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1 on avait grandi ensemble à Vogosce. Ils appartenaient au 1er Bataillon

2 indépendant. Pour les autres, je ne les connaissais pas personnellement.

3 Que voulez-vous dire par "réputation ?"

4 Q. Ce qui était de notoriété publique, ce qu'on disait à Sarajevo, où vous

5 avez passé l'essentiel de votre vie, où vous avez travaillé, quelle était

6 la réputation qu'avait la 10e Brigade, pour commencer par la 10e Brigade ?

7 R. Pour ce qui est de la 9e et de la 10e Brigade, je dois dire qu'il

8 s'agissait d'unité qui comptait dans leur rangs des combattants

9 exceptionnels, qui ont sauvé la ville de Sarajevo, qui ont tenu certaines

10 parties du champ de bataille des plus difficiles à tenir. Bon, il y avait

11 des éléments dans cette unité qui étaient incontrôlables, mais je ne peux

12 pas parler de la 9e et de la 10e Brigade de cette façon en général, parce

13 qu'il y a seulement certaines parties de ces unités qui avaient une

14 mauvaise réputation, pas la totalité des unités.

15 Q. Mais s'agissant justement des éléments de ces unités qui avaient

16 mauvaise réputation, qu'avez-vous entendu dire exactement à leur sujet ?

17 R. Je vais vous dire que le problème le plus grave, c'était qu'ils avaient

18 emmené des civils pour creuser des tranchées, c'est un problème que je

19 connaissais parce que les gens en parlaient en ville, mais je n'ai pas

20 connaissance d'autres problèmes. Mais il y a eu un incident au cours duquel

21 des membres de la 9e ont désarmé et maltraité des membres de

22 l'administration chargée de la sécurité. J'avais oublié d'en parler.

23 Q. Vous parlez "des civils qu'on emmenait pour creuser des tranchées,"

24 est-ce que ces gens allaient creuser des tranchées de leur plein gré, les

25 civils en question ?

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1 R. Pas de leur plein gré.

2 Q. Où ont-ils trouvé ces civils ?

3 R. En ville.

4 Q. Est-ce que cela concernait des personnes appartenant à toutes les

5 professions ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que les habitants de Sarajevo allaient dans les zones où étaient

8 stationnées ces unités, après les événements dont vous venez de parler ?

9 R. Ceux qui n'avaient rien à y faire évitaient de s'y rendre.

10 Q. Revenons à Grabovica. Vous y trouvez les soldats de ces trois unités.

11 Avez-vous participé à l'organisation de l'hébergement de ces soldats ?

12 R. Oui.

13 Q. De quelle manière avez-vous participé à l'organisation de l'hébergement

14 de ces soldats ?

15 R. Je n'ai pas participé.

16 Q. Qui a participé à l'hébergement, à l'organisation de ces opérations

17 pour trouver à loger tout ce monde.

18 R. Je ne sais pas.

19 Q. Ne vous a-t-on jamais demandé de procéder à une analyse sur le plan de

20 la Sécurité, de l'organisation de l'hébergement de ces soldats à

21 Grabovica ?

22 R. Non.

23 Q. Etiez-vous au courant des dangers que peut poser l'hébergement de

24 soldats chez des civils ?

25 M. MORRISSEY : [interprétation] Objection. Parce qu'on part du principe, à

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1 ce moment-là, qu'il était dangereux de loger des soldats chez des civils.

2 Or, c'est ce que le Procureur essaie de prouver ici, il ne peut pas poser

3 une question directrice ici.

4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

5 M. WEINER : [interprétation]

6 Q. Pouvez-vous nous dire s'il était dangereux de loger ou s'il est

7 dangereux de loger des soldats chez des civils ?

8 M. MORRISSEY : [interprétation] Objection de nouveau. Parce qu'il faut bien

9 faire comprendre s'il s'agit d'une question abstraite sur le principe, ou

10 s'il s'agit d'une question qui est relative à un événement particulier.

11 M. WEINER : [interprétation] C'était une question générale.

12 M. LE JUGE LIU : [interprétation] C'est une question générale,

13 effectivement. Continuez Monsieur Weiner.

14 M. WEINER : [interprétation]

15 Q. La question, Monsieur le Témoin, était la suivante. Est-ce qu'il est

16 dangereux de loger des soldats chez des civils ?

17 R. Je ne sais pas, je ne suis pas expert en la matière, je ne peux pas

18 répondre à cette question.

19 Q. Vous, est-ce que vous auriez logé les soldats de la 9e et de la 10e

20 Brigade chez des civils à Grabovica ?

21 M. MORRISSEY : [interprétation] Objection. En premier lieu, on se lance

22 dans des conjectures. En deuxième lieu, le témoin nous a dit très

23 clairement, en réponse à la précédente question, qu'il n'était pas un

24 expert.

25 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Le témoin a déjà répondu, il n'est pas

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1 nécessaire de lui répéter cette question.

2 M. WEINER : [interprétation] La première question était générale, la

3 deuxième est une question qui est précise au sujet de Grabovica, où il se

4 tenait, et où se tenait également les soldats dont il vient de nous parler,

5 les unités dont certains éléments étaient incontrôlés, et ne traitaient pas

6 les civils de manière très acceptable à Sarajevo. Je pense qu'il peut

7 répondre à cette question.

8 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je ne vois pas de différence entre les

9 deux questions.

10 M. WEINER : [interprétation] Fort bien. Je m'en remets à votre décision.

11 Q. Quand vous êtes allé à Grabovica, ou quand vous êtes arrivé à

12 Grabovica, qu'avez-vous fait, Monsieur ?

13 R. Quand je suis arrivé à Grabovica, j'ai distribué les vivres aux soldats

14 qui s'y trouvaient. Ils étaient étendus dans l'herbe autour des maisons.

15 Chaque fois que je repérais des groupes de soldats si importants, je leur

16 amenais à manger, je leur amenais ces conteneurs qui contenaient ces

17 nourritures. C'est au 1er Bataillon de Sarajevo que j'ai amené cette

18 nourriture en dernier, parce que pour trouver mes deux amis, Cupo et Zoran

19 Kovacevic. Cupo dont j'ignore d'ailleurs le vrai nom, parce que tout le

20 monde l'appelait simplement Cupo.

21 Q. Vos amis, les avez-vous trouvés ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce que vous êtes resté un petit peu avec eux ?

24 R. Tout le temps que l'on a passé là, je suis resté avec eux. J'ai trouvé

25 Cupo qui se trouvait dans le bâtiment, dans la première maison à droite,

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1 c'est une maison endommagée. Il m'a dit que Zoran Kovacevic se trouvait

2 dans la maison au dessus et qu'il dormait. Je suis monté, je l'ai réveillé,

3 on est revenu et on a tous mangé ensemble. On a discuté. Je voulais savoir

4 ce qui se passait à Sarajevo, parce que cela faisait déjà longtemps que je

5 n'y étais pas allé, je voulais savoir si certains de mes amis ou de mes

6 voisins avaient été tués, enfin ce genre de chose. Voilà de quoi on a

7 parlé.

8 M. WEINER : [interprétation] J'aimerais que l'on présente maintenant au

9 témoin, la pièce 7, il s'agit d'une photographie.

10 Q. Vous avez la photo sous les yeux, Monsieur ?

11 R. Oui. Oui, maintenant.

12 Q. Reconnaissez-vous cette zone, Monsieur ?

13 R. Oui.

14 M. WEINER : [interprétation] J'aimerais que l'Huissier se rende auprès du

15 témoin, lui apporter son concours.

16 Q. Comment se fait-il que vous ayez reconnu cette zone ?

17 R. Bien, parce que j'étais là.

18 Q. Qu'est-ce que vous reconnaissez ici ? C'est quoi ?

19 R. Il s'agit du village de Grabovica et de la zone où étaient logés les

20 soldats. Enfin, ils n'étaient pas vraiment logés là.Ils étaient dispersés

21 un peu partout. A l'époque, on ignorait qui était dans quelle maison parce

22 qu'on n'avait pas encore répertorié, fait une liste de la répartition de

23 chacun des soldats.

24 Q. La zone où vous avez discuté avec vos amis, est-ce qu'on la voit sur

25 cette photographie ?

Page 19

1 R. Oui.

2 Q. En utilisant --

3 R. C'est le bâtiment en ruine que l'on voit à droite.

4 Q. Pendant combien de temps êtes-vous resté là, assis à discuter avec vos

5 amis, à proximité de ce bâtiment presque détruit ?

6 R. Excusez-moi. Pendant tout le temps qu'on a passé là, c'est-à-dire une

7 heure, une heure et demie, pendant toute cette période-là, je suis resté

8 assis là à discuter avec eux.

9 Q. Veuillez, je vous prie, tracer un cercle à l'endroit où vous étiez

10 assis avec vos amis à discuter ?

11 R. [Le témoin s'exécuté]

12 Q. Pendant que vous étiez à cet endroit, où se trouvaient Karic, Suljevic

13 et Bilajac ?

14 R. Ils se sont déplacés. Ils sont allés de groupe en groupe pour parler

15 avec les soldats.

16 Q. Pendant que vous étiez à cet endroit, a-t-on aligné les soldats ?

17 R. Non.

18 Q. Est-ce qu'on a appelé les soldats pour qu'ils s'alignent ?

19 R. Non.

20 Q. Avez-vous vu Karic, Suljevic ou Bilajac avec des soldats qui étaient

21 alignés d'une manière ou d'une autre ?

22 R. Non.

23 Q. Pendant cette période d'une heure à une heure trente, avez-vous vu des

24 membres de la police militaire dans cette zone ?

25 R. Non. Je n'ai vu aucun homme portant d'insigne de la police militaire

Page 20

1 dans le village. Personne n'avait d'insigne d'ailleurs, que ce soient les

2 insignes de la brigade ou autres. Je n'ai vu personne porter d'insigne de

3 la police militaire.

4 Q. Pendant cette heure et demie que vous avez passé à cet endroit, que

5 vous discutiez avec vos amis, que d'autres étaient en train de manger, que

6 faisaient les autres soldats, ceux qui n'étaient pas en train de manger ?

7 R. Ecoutez, il y avait là des hommes qui dormaient dans l'herbe de l'autre

8 côté de la route. Dans cette grande maison, j'ai pu voir que quand je suis

9 passé là, qu'il y avait une dame qui se tenait sur les escaliers. Quand je

10 suis passé, alors que je transportais ces espèces de fût, où il y avait la

11 nourriture, je l'ai saluée et je lui ai dit : "Madame, est-ce qu'ils se

12 conduisent bien nos hommes, est-ce qu'ils sont disciplinés ?" Elle m'a dit

13 : "Oui, oui, ils sont formidables. Ils sont en train de couper du bois pour

14 moi et je suis en train de leur préparer une tarte."

15 Il y avait aussi un homme devant la maison, un homme âgé, qui montrait à un

16 autre quelles étaient les figues qui étaient mûres, lesquelles on pouvait

17 cueillir et lesquelles il fallait encore laisser dans l'arbre.

18 M. WEINER : [interprétation] Peut-on demander le versement au dossier de

19 cette photographie, Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE LIU : [interprétation] J'imagine qu'il n'y a pas d'objections.

21 M. MORRISSEY : [interprétation] Non, c'est exact.

22 M. LE JUGE LIU : [interprétation] La pièce est versée au dossier.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction P280,

24 pièce de l'Accusation.

25 M. WEINER : [interprétation] Merci.

Page 21

1 Q. Vous êtes resté à cet endroit pendant une heure, une heure trente,

2 ensuite qu'avez-vous fait ?

3 R. On est monté à bord des véhicules et on est rentré, on est parti de

4 Grabovica.

5 Q. Où êtes-vous allés ensuite, après avoir quitté Grabovica ?

6 R. J'étais dans un véhicule où se trouvait également Soko. Nous sommes

7 allés à Jablanica. Je suis descendu à l'hôtel. Je suis entré dans l'hôtel.

8 Il y avait là M. Brankovic. Ensemble on est allé se promener et après on

9 est allés dîner.

10 Q. Bien. Parlons maintenant de la période suivante, c'est-à-dire de la

11 soirée et plus précisément de la période située entre 9 heures et 11 heures

12 du soir. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ?

13 R. Ce soir-là, M. Brankovic et moi-même étions dans ma chambre à l'hôtel.

14 On était assis là et on était en train de discuter. Dans le couloir, on a

15 entendu des bruits. Il se passait quelque chose, donc, on est sorti pour

16 voir ce qui se passait.

17 Il y avait dans le corridor plusieurs hommes, certains en uniforme,

18 d'autres qui n'en portaient pas, et ils disaient que des civils avaient été

19 tués à Grabovica.

20 Q. Après avoirs entendu dire que des civils avaient été tués à Grabovica,

21 qu'avez-vous fait ?

22 R. M. Brankovic et moi-même sommes rentrés dans nos chambres respectives,

23 nous nous sommes habillés, puis sommes sortis de l'hôtel où s'étaient

24 réunis un assez grand nombre de civils à l'extérieur de l'hôtel. Les gens

25 étaient en train de parler de cette nouvelle qu'ils venaient d'apprendre.

Page 22

1 M. Brankovic et moi-même sommes allés au poste de sécurité publique de

2 Jablanica pour aller voir M. Zebic ainsi qu'un autre personne dont le --

3 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas saisi le nom.

4 M. WEINER : [interprétation]

5 Q. Quel était le deuxième nom de la personne ?

6 R. Salihamidzic, le nom de cette deuxième personne.

7 Q. Parlons du moment où vous êtes sorti de l'hôtel. Vous avez vu qu'à

8 l'extérieur, il y avait beaucoup de personnes qui étaient

9 rassemblées. Est-ce qu'il y avait des personnes en uniforme ?

10 R. Non, la plupart, non. Certains étaient en uniforme, mais la plupart

11 étaient des civils, bien que dans notre région il y avait beaucoup de

12 membres de l'armée qui ne portaient pas d'uniforme, donc, je ne peux pas

13 vous dire exactement qui étaient les soldats, et qui étaient les civils.

14 Q. De quoi parlait-on à l'extérieur de l'hôtel ?

15 R. Les gens parlaient de cet événement, du fait que des membres des unités

16 de Sarajevo avaient tué des civils à Grabovica.

17 Q. A partir de là, où êtes-vous allés ? Vous dites être allé au poste de

18 police de Grabovica [comme interprété]?

19 R. Oui.

20 Q. Nous allons maintenant parler d'un certain nombre de réunions, d'un

21 certain nombre de discussions que vous avez eues pendant les jours

22 concernés, est-ce que vous aviez un journal ?

23 R. Non.

24 Q. Est-ce que vous avez gardé une trace écrite de ces réunions, des

25 documents où se trouveraient inscrits le nom des personnes avec qui vous

Page 23

1 avez parlé, ainsi que la date de ces discussions ?

2 R. Ecoutez. A l'époque j'avais un petit calepin dans lequel je notais un

3 certain nombre de choses. Plus tard, je l'ai utilisé, ce carnet, pour

4 écrire des rapports. Dès que le rapport était fait, je détruisais mes

5 notes.

6 Q. Est-ce que vous avez une sorte d'agenda où figuraient les dates de ces

7 réunions ?

8 R. Comme je vous l'ai dit, il s'agissait d'une sorte de petit carnet, dans

9 lequel je notais non seulement les dates mais également les notes sur des

10 informations qui me paraissaient importantes ou utiles. Dès qu'ensuite

11 j'avais fait mon compte rendu officiel, je détruisais les notes en

12 question.

13 Q. Vous dites avoir rencontré Emin Zebic et Ahmed Salihamidzic. Est-ce que

14 vous avez parlé avec eux au MUP de Jablanica ?

15 R. L'idée c'était de savoir s'ils avaient entendu parler des événements de

16 Grabovica.

17 Q. Et qu'ont-ils dit ?

18 R. Qu'ils en avaient entendu parler.

19 Q. Sur quoi a porté le reste de votre discussion ?

20 R. On a parlé des moyens d'obtenir autant d'information que possible sur

21 ce qui s'était passé et sur ce qu'il convenait de faire.

22 Q. Avez-vous parlé d'autre chose ?

23 R. Non.

24 Q. Qu'avez-vous fait ensuite ? Que vous souvenez-vous d'avoir fait

25 ensuite ?

Page 24

1 R. On a décidé que moi-même, M. Salihamidzic et Brankovic, on devrait

2 aller voir M. Zulfikar Alispago, Zuka. On a décidé qu'il fallait aller à

3 l'endroit où il se trouvait, c'est-à-dire à proximité du poste de sécurité

4 publique. On a décidé qu'il fallait aller lui parler pour voir ce qu'il

5 savait de tout cela et pour voir s'il pouvait nous fournir des informations

6 supplémentaires, en d'autres termes, on voulait savoir ce qu'il savait.

7 Q. Est-ce que vous avez fini par vous rendre à l'appartement de Zuka ?

8 R. Oui.

9 Q. A votre avis, à quel moment vous êtes-vous rendu à cet endroit ?

10 R. Je ne me souviens pas si c'était cette nuit-là ou la suivante, en tout

11 cas, je sais qu'on y est allé.

12 Q. Quand vous êtes arrivé à l'appartement de Zuka, d'abord, qui est allé à

13 l'appartement de Zuka en votre compagnie ?

14 R. M. Brankovic et M. Salihamidzic.

15 Q. Qui y avait-il dans l'appartement de Zuka ?

16 R. Quand on arrivé là-bas, on y a trouvé M. Zuka et M. Edib Saric, qui

17 était le commandant, me semble-t-il, des Loups de Cedo. Je crois que

18 c'était le nom de son unité.

19 Q. Dans cet appartement, est-ce que vous avez eu une discussion ?

20 R. Oui. On a parlé de ce qui s'était passé à Grabovica.

21 Q. Pouvez-vous nous dire précisément de quoi on a parlé, les propos qui

22 ont été tenus ?

23 R. Ecoutez, je ne peux pas vous dire exactement qui a dit quoi, Je ne m'en

24 souviens pas avec précision, mais ce que je peux vous dire c'est la teneur

25 de ce que nous avons dit. On a parlé de ce qui s'était passé là-bas. Zuka a

Page 25

1 dit qu'il avait trouvé deux enfants, qu'il avait sauvés, qu'il les emmenés

2 dans son unité et quand il était allé là-bas, il n'avait pas pu tout voir

3 et qu'il était revenu plus tard et on en a parlé. Dans l'intervalle, Celo,

4 c'est-à-dire Ramiz Delalic, est arrivé dans l'appartement avec Malco, son

5 adjoint, je ne sais pas si c'était son adjoint véritablement, mais en tout

6 cas il était avec lui.

7 Q. Avant de parler de Celo, Zuka a-t-il parlé du sort qui était réservé à

8 ses soldats ?

9 R. Ses soldats étaient à Donja Jablanica, à quelques kilomètres de

10 Grabovica.

11 Q. A-t-il évoqué le fait que certains de ses soldats auraient pu être

12 tués ?

13 R. Il a dit, à ce moment-là, qu'en raison de la disparition d'un de ses

14 soldats croates, il avait supposé que ce soldat faisait partie des soldats

15 qui avaient été tués car il ne le trouvait pas. Il ne savait pas si cet

16 homme avait été tué ou non. C'est une supposition qu'ils ont faite.

17 Q. Vous avez dit qu'à un moment donné, Ramiz Delalic, alias Celo, est

18 entré. Quel était son état d'esprit à ce moment-là ?

19 R. Il n'était de bonne humeur. Il était en colère et il était de mauvaise

20 humeur.

21 Q. Qu'a-t-il dit lorsqu'il est entré dans la pièce ?

22 R. Lorsqu'il est entré, il a tout de suite dit à Zuka qu'il souhaitait que

23 des véhicules soient mis à sa disposition car il souhaitait que ses soldats

24 rentrent à Sarajevo. Il n'avait pas besoin de tout cela, il voulait tuer --

25 ou deux de ses soldats. Il ne souhaitait plus être à cet endroit-là, il

Page 26

1 voulait rentrer à Sarajevo, il voulait que l'on mette des véhicules à la

2 disposition. Suka lui a répondu en disant qu'il fallait attendre, que

3 l'opération allait commencer, "qu'il ne fallait le faire car les gens de

4 Mostar avaient besoin de leur aide." Zuka lui a dit qu'il allait essayer

5 d'entrer en contact avec le général Halilovic, parce qu'il souhaitait le

6 consulter et parce qu'il souhaitait lui demander de venir à Jablanica le

7 plus tôt possible.

8 Q. La discussion a-t-elle porté, à aucun moment-là, sur Bakir Alispahic ?

9 R. Il n'y a pas eu de discussion à son sujet. Ramiz était fou de rage par

10 rapport à tout ce qui s'était passé. Il a dit quelque chose comme "Bakir

11 Alispahic et ses sbires devraient mener cette guerre et c'est eux qui

12 devraient terminer tout ceci," quelque chose de la sorte. C'est ce qu'il a

13 dit.

14 Q. Est-ce que Celo ou Ramiz Delalic, est-ce qu'il s'est calmé au cours de

15 la réunion ?

16 M. MORRISSEY : [interprétation] Bien, Monsieur le Président, il s'agit

17 s'une question directrice et, vous vous souvenez des éléments de preuve

18 présentés par le témoin précédent, qui étaient tout à fait contraire à ceci

19 et je m'y oppose particulièrement.

20 M. WEINER : [interprétation] Ecoutez, je m'y oppose, Monsieur le Président.

21 Il parle d'un autre témoin devant un autre témoin. Cela n'est absolument

22 pas correct.

23 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président --

24 M. WEINER : [interprétation] Cela n'est absolument pas correct, Monsieur le

25 Président.

Page 27

1 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Bien, bien, bien, attendez, nous n'allons

2 pas nous quereller là-dessus, à ce stade.

3 Bien, vous êtes allés peut-être un peu vite en besogne, Monsieur Weiner.

4 Pourriez-vous procéder pas à pas.

5 M. WEINER : [interprétation] Bien.

6 Q. Au cours de l'opération, nous n'avons pas parlé de ces sbires mais de

7 ces hirondelles, terme cité en B/C/S.

8 Q. Combien de temps a duré cette réunion dans la maison de Zuka ?

9 R. Une heure à une heure et demie environ.

10 Q. Pendant combien de temps Celo ou Ramiz Delalic a-t-il assisté à cette

11 réunion ?

12 R. Une demi-heure environ.

13 Q. Vous-même, avez-vous assisté à l'ensemble de la réunion ?

14 R. Effectivement, je suis resté pendant toute la durée de la réunion. En

15 réalité, je suis resté jusqu'au moment ou M. Brankovic, M. Salihamidzic et

16 moi-même, nous sommes restés jusqu'à la fin de la réunion.

17 Q. Lorsque vous êtes partis, les troupes de Celo restaient-elles sur place

18 ou se rendaient-elles à ce moment-là à Sarajevo ?

19 R. La décision n'avait pas été prise; je ne pouvais pas prendre une

20 décision à cet égard. Zuka leur demandait de rester et lui il souhaitait

21 partir. La question n'a pas été tranchée à ce moment-là. Lorsque nous

22 sommes partis, ces deux hommes sont restés ensemble dans cet appartement.

23 Q. Où vous êtes-vous rendus ensuite ?

24 R. Nous sommes retournés au poste de sécurité publique de Jablanica.

25 Q. Qu'avez-vous fait là ?

Page 28

1 R. Rien. Nous avons évoqué la réunion et ensuite chacun est parti de son

2 côté. Brankovic et moi-même, nous sommes rentrés à l'hôtel et lui est

3 reparti enfin dans son bureau et moi-même dans mon bureau et nous avons

4 rédigé des rapports, des notes, et cetera. Nous avons consigné par écrit ce

5 que nous avions entendu. C'est en réalité cela que j'ai fait.

6 Q. Avez-vous rédigé un rapport le soir même ?

7 R. Non, je n'ai pas rédigé l'ensemble du rapport. J'ai rédigé une partie

8 du rapport seulement. J'ai envoyé le premier jet immédiatement après les

9 événements, dès que j'ai eu connaissance des événements, j'ai envoyé le

10 premier rapport à l'administration des services de Sécurité de l'état-major

11 général. Il y a juste quelques phrases que j'ai couchées sur le papier

12 alors que les unités étaient détachées dans la région. C'est ceci que j'ai

13 envoyé au général Jusuf Jasarevic.

14 Q. Quand avez-vous envoyé cela, le jour même ou le lendemain ?

15 M. MORRISSEY : [interprétation] Je m'oppose à cela. Il n'y a pas de liens

16 évidents entre la date et le fait que ceci soit envoyé. Le témoin peut

17 répondre à la question lui-même. C'est pour cela que je m'y oppose.

18 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je ne vois pas en quoi cela pose

19 problème.

20 M. MORRISSEY : [interprétation] Messieurs les Juges, je peux expliquer très

21 bien mon point de vue. Mon éminent confrère sait exactement de quoi il

22 s'agit. S'il souhaite s'opposer au fait que des discours soient prononcés

23 devant le témoin, alors le témoin doit avoir la possibilité de faire une

24 pause maintenant et ensuite j'expliquerai de quoi il en retourne. C'est

25 peut-être plus simple de le faire comme ceci. Si vous entendez ici faire

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1 référence aux notes prises pendant la séance de récolement et que la date a

2 été évoquée à ce moment-là, la date à laquelle le premier rapport a été

3 envoyé, cela figure sur les notes prises pendant la séance de récolement.

4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur Weiner, je crois qu'il s'agit en

5 fait d'une question double.

6 M. WEINER : [interprétation] Très bien.

7 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Peut-être que vous pourriez poser la

8 première partie de la question, et ensuite demander la question à propos de

9 la date.

10 M. WEINER : [interprétation] Très bien.

11 Q. Quand avez-vous envoyé ce rapport ?

12 R. La nuit même des événements lorsque les meurtres ont eu lieu. Le matin

13 j'ai envoyé le premier rapport, après cet événement, lorsqu'il y a eu les

14 meurtres. Ceci c'est passé le soir. Le lendemain matin, j'ai envoyé le

15 premier rapport qui contenait ces quatre ou cinq phrases.

16 Q. Pourriez-vous nous dire exactement, pour autant que vous vous en

17 souveniez, pourriez-vous nous dire ce que vous avez écrit lorsque vous avez

18 rédigé ce premier rapport que vous avez rédigé le lendemain ?

19 R. Je vais répéter ce que j'ai dit : j'ai écrit qu'il y avait eu des

20 massacres de civils dans secteur de Grabovica, meurtres commis par des

21 membres de l'ABiH. Il y avait certains membres des 9e, 10e unités et de

22 l'Unité indépendante qui se trouvaient dans la région; j'ai dit que

23 davantage d'éléments d'information seraient communiqués par la suite. Il

24 fallait que je rassemble les données et dès que ces données étaient en ma

25 possession, je les transmettrais à Sarajevo.

Page 30

1 Q. Qu'avez-vous fait d'autre ce jour-là ?

2 R. Je ne sais pas. Je ne comprends pas votre question.

3 Q. Vous avez dit que vous vous êtes levé, où ce matin-là vous avez envoyé

4 un rapport. Avez-vous vu quelqu'un d'autre ce jour-là ? Vous êtes-vous

5 entretenu avec quelqu'un d'autre ce jour-là ? Il s'agit du lendemain du

6 jour qui a suivi ces meurtres. Vous en souvenez-vous ?

7 R. Le lendemain, le jour qui a suivi ces meurtres, le soir de ce jour-là,

8 nous -- nous étions dans cette pièce moi-même et M. Brankovic, et quelqu'un

9 a frappé à la porte, et M. Sefer Halilovic, le général Sefer Halilovic se

10 trouvait là devant la porte.

11 Q. Avez-vous eu une conversation avec M. Halilovic ?

12 R. Oui.

13 Q. Pourriez-vous dire aux Juges de la Chambre de quoi vous avez parlé ?

14 R. M. Halilovic est venu sur le seuil de la porte. M. Brankovic et moi-

15 même nous étions là et après avoir dit bonjour, M. Halilovic m'a demandé :

16 "Namik, as-tu entendu parler de ce qui c'est passé à Grabovica ?" Je lui ai

17 dit que oui. M. Halilovic m'a dit : "Bien. Namik maintenant, ce n'est pas

18 moi qui est à l'origine de cela. Je ne justifie aucunement cela. Je

19 souhaite que vous rassembliez le plus d'éléments possibles. Je souhaite que

20 ces éléments soient envoyés au commandement de Sarajevo." J'ai répondu en

21 disant que j'étais déjà en contact et en même temps que Brankovic, que je

22 m'étais rendu au poste de sécurité publique, et que j'avais déjà envoyé une

23 brève missive à Sarajevo.

24 Q. Avez-vous eu une autre conversation ?

25 R. Non. Nous n'avons pas vraiment parlé d'autre chose en particulier.

Page 31

1 C'était la teneur de notre conversation.

2 Q. Au cours de la journée, vous êtes-vous rendu au poste de commandement

3 avancé ?

4 R. J'ai essayé, oui, le matin. Je me suis rendu à la centrale

5 hydroélectrique où se trouvaient Vehbija, Karic et un autre homme. C'était

6 peu de temps après le petit déjeuner. Nous étions dans la salle de

7 conférence. Je suis allé les voir et je leur ai dit bonjour, et je leur ai

8 demandé s'ils avaient eu connaissance des événements qui avaient eu lieu à

9 Grabovica. Ils m'ont dit que non; c'est la raison pour laquelle je leur ai

10 expliqué brièvement ce qu'il s'était passé. L'autre homme s'appelait Zicro

11 Suljevic.

12 Q. Que s'était-il passé ?

13 R. En réalité, pas ce qu'il s'était passé, mais des éléments dont j'avais

14 connaissance à ce moment-là.

15 Q. Quelles paroles avez-vous échangées à ce moment-là avec eux ?

16 R. Je leur ai dit que je m'étais rendu au poste de sécurité publique, que

17 j'avais déjà envoyé un premier rapport et ils m'ont dit -- c'est Vehbija

18 Karic qui m'a dit à ce moment-là : "Pourriez-vous faire de votre mieux pour

19 essayer de rassembler le plus d'éléments possibles. Continuez à travailler

20 là-dessus."

21 Q. Au cours de la journée, où vous êtes-vous rendu après vous être

22 entretenu avec les trois généraux qui se trouvaient au poste de

23 commandement avancé ?

24 R. Même avec Sejo Brankovic et moi-même, nous avons essayé d'emprunter un

25 véhicule à M. Emin Zebic pour essayer de nous rendre dans la région de

Page 32

1 Grabovica.

2 Q. Avant d'essayer de vous y rendre, vous aviez dit que vous avez essayé

3 d'emprunter un véhicule. Est-ce que vous aviez vous même votre propre

4 véhicule militaire, alors que vous vous trouviez à Jablanica ?

5 R. Non.

6 Q. Aviez-vous un équipement de transmission à votre disposition alors que

7 vous étiez à Jablanica ? Autrement dit, j'entends une radio ou un Motorola

8 ou quelque chose de ce type.

9 R. Non.

10 Q. Quel type d'uniforme portiez-vous ?

11 R. J'avais un uniforme de -- je portais un uniforme de -- non, je portais

12 un habit de pilote.

13 Q. Il s'agissait d'un uniforme militaire ?

14 R. Non.

15 Q. Pourquoi ne portiez-vous pas un uniforme militaire ?

16 R. Au cours des quatre années que j'ai passées à l'armée, on ne m'a jamais

17 remis un uniforme.

18 Q. Aviez-vous une carte d'identité fournie par les services militaires ou

19 les services de Sécurité de l'armée ?

20 R. Les cartes d'identité avaient été imprimées à Sarajevo, avant mon

21 départ de Sarajevo. Mais étant donné que j'avais quitté Sarajevo, lorsque

22 Igman tombait aux mains des Chetniks, et vu que les Chetniks étaient très

23 près de Sarajevo déjà, je m'y suis rendu pour essayer d'empêcher cette

24 offensive; j'ai laissé ma carte d'identité à Sarajevo, car cela fait une

25 très grande différence. Autrement dit, si vous êtes capturé en tant que

Page 33

1 soldat ou si vous êtes capturé en tant que membre des services de Sécurité

2 de l'état-major général. Donc, vous seriez traité de façon très différente.

3 Je ne portais pas sur moi cette carte d'identité car au cours de cette

4 période, je me trouvais très souvent sur les lignes de front ou les lignes

5 de démarcation, de confrontation.

6 Q. Avez-vous pu emprunter un véhicule de la police lorsque vous étiez à

7 Jablanica ?

8 R. Oui. M. Zebic a mis un véhicule à ma disposition ce jour-là.

9 Q. Qu'avez-vous fait avec ce véhicule ?

10 R. M. Brankovic et moi-même, nous avons pris la voiture, et nous avons

11 essayé de nous rendre à Grabovica.

12 Q. Vous dites que "vous avez essayé de vous rendre à Grabovica." Expliquez

13 aux Juges de la Chambre, s'il vous plaît, ce qui s'est passé ?

14 R. Nous sommes arrivés jusqu'à Donja Jablanica, non loin de la base de

15 l'unité de Zulfikar Alispago. C'est là où se trouvait le poste de contrôle,

16 c'est là où se trouvaient les soldats. Ils ne nous ont pas permis de

17 passer.

18 Q. Pourquoi ne pouviez pas passer ce poste de contrôle ?

19 R. Car ils nous ont dit que nous ne pouvions pas passer car il s'agissait

20 d'une zone de combat.

21 Q. Qu'avez-vous fait alors ?

22 R. Nous sommes retournés.

23 Q. Lorsque vous êtes retourné au poste de sécurité publique, vous êtes-

24 vous entretenu avec quelqu'un à ce moment-là ?

25 R. Lorsque je suis retourné au poste de police, rentré au poste de police

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1 -- en réalité, on s'arrêtait toujours pour parler avec M. Zebic et M.

2 Salihamidzic, car nous souhaitions échanger des éléments d'information et

3 c'est moi qui en profitais davantage, car c'est d'eux que je recevais les

4 informations. C'était des gens qui se trouvaient chez eux. Je pouvais

5 obtenir des éléments de ces personnes, car ils connaissaient les noms des

6 personnes qui avaient été tuées. Moi-même, je n'étais pas en mesure d'avoir

7 ces éléments là. Comme je vous l'ai dit, c'est d'eux que je recevais la

8 plupart des informations que j'ai obtenues à ce moment-là. C'est eux qui

9 m'aidaient.

10 Comme je vous l'ai dit, tous les éléments qui me parvenaient moi-même, je

11 leur communiquais également.

12 Q. Où vous êtes-vous rendu après cela ?

13 R. Je me suis rendu à mon hôtel.

14 Q. Vous nous avez dit que ce qui s'est passé à cet hôtel.

15 Quelqu'un a-t-il essayé de vous aider; un membre de l'équipe d'enquête, M.

16 Karic, Suljevic, Bilajac ? Est-ce que quelqu'un vous a proposé son aide ce

17 jour-là ?

18 R. Personne ne m'a aidé pour la simple raison que les hommes qui faisaient

19 partie de l'équipe d'enquête sont partis très rapidement, le lendemain,

20 peut-être le même jour, pour se rendre dans la zone de combat. Après ces

21 réunions, je n'ai plus eu l'occasion de rencontrer ces hommes qui faisaient

22 partie de l'équipe d'enquête.

23 Q. Après cette date-là, vous ne les avez plus jamais revus ?

24 R. Non.

25 Q. Monsieur, n'avez-vous jamais pris part à une enquête de ce type ?

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1 R. Vous entendez par là, ce qui s'est passé à Grabovica ?

2 R. N'avez-vous jamais participé à une enquête de ce type ?

3 R. Non.

4 Q. N'avez-vous jamais pris part à aucune enquête de type criminel ?

5 R. Non.

6 Q. En tant qu'enquêteur spécialisé des affaires criminelles, aviez-vous

7 une certaine expérience déjà, à ce moment-là ou non ?

8 R. Le peu d'expérience que j'avais à ce moment-là, avant mon départ de

9 Sarajevo, ce peu d'expérience était celle que j'avais acquise en

10 travaillant mes supérieurs hiérarchiques, mes collègues. En fait c'était la

11 seule expérience que j'avais. C'est la raison pour laquelle plus tard, dans

12 mon rapport, j'ai demandé de l'aide de Sarajevo. J'ai demandé que des

13 officiers de police, ou des gens spécialisés sur les enquêtes de lieux de

14 crime et des juges d'instruction m'aident au cours de mon enquête. C'est la

15 raison pour laquelle j'ai demandé à mes supérieurs hiérarchiques à Sarajevo

16 de me fournir une assistance dans le domaine.

17 Q. Aviez-vous reçu une quelconque formation dans le domaine de ces

18 questions assez difficiles et complexes, et qui sont les affaires

19 criminelles ?

20 R. Non.

21 Q. Avez-vous une quelconque formation dans le domaine des enquêtes portant

22 sur les homicides ?

23 R. Non.

24 Q. Vous avez dans votre témoignage, dit que vous n'avez pas pu vous rendre

25 à Grabovica ce jour-là. Ne vous êtes-vous jamais rendu à Grabovica ?

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1 R. Oui.

2 Q. Quand ?

3 R. [aucune interprétation]

4 Q. Excusez-moi, Monsieur.

5 M. WEINER : [interprétation] Nous n'avons pas de traduction.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'y suis rendu deux jours après. J'ai de

7 nouveau emprunté un véhicule à M. Zebic, nous nous sommes rendus à

8 Grabovica.

9 M. WEINER : [interprétation]

10 Q. Pardonnez-moi si je vous ai interrompu. Merci, nous avons maintenant

11 reçu la traduction.

12 Comment vous y êtes-vous rendu à ce moment-là ?

13 R. Lorsque je me suis trouvé au poste de contrôle, j'ai dit que j'allais

14 voir Samir Pezo, qui est un ami. Nous avons grandi ensemble à Velesici et à

15 ce moment-là, ils m'ont laissé passer.

16 Q. Etes-vous arrivé jusqu'à Grabovica ?

17 R. Oui.

18 Q. Qui avez-vous vu lorsque vous êtes arrivé à Grabovica ?

19 R. Lorsque je suis arrivé à Grabovica, étant donné que l'unité de

20 Solakovic, ou le 1er Bataillon de Sarajevo était cantonné dans la vieille

21 gare ferroviaire, à l'entrée de la ville, c'est là où j'ai garé ma voiture.

22 J'ai vu Adnan et Samir qui étaient devant le bâtiment. Je suis sorti de ma

23 voiture, je les salués, je leur ai dit, bonjour. Il y a une table en bois

24 et un banc, et c'est là que je me suis assis en compagnie de Samir Pezo et

25 c'est en me dirigeant vers ce banc que nous avons simplement parlé et j'ai

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1 dit : "Samir, qu'est-ce qui s'est passé exactement ?" Il m'a dit : "S'il

2 vous plaît, ne me posez de questions là-dessus." Il m'a dit : "J'étais de

3 garde, ce jour-là, dans le bâtiment et je craignais pour la vie de mes

4 soldats, ceux qui sont d'une appartenance ethnique différente." C'est à ce

5 moment-là que Solakovic est venu à notre rencontre et lorsqu'il a entendu

6 nos propos, il a simplement dit : "Oublions cela maintenant. Vous voyez

7 quelle est la situation à l'heure actuelle et de toute façon les combats

8 ont commencé."

9 A ce moment-là, une jeep est arrivée depuis Jablanica et la jeep

10 s'est arrêtée et Ramiz Delalic en est descendu, accompagné de Dzeki. Je

11 crois que c'est le commandant de la Division Handzar. Saric est sorti, il

12 est descendu du véhicule également. Il y avait deux commandants de ces

13 unités qui sont descendus de ce véhicule et qui étaient sur le point de

14 mener ces opérations de combat.

15 Lorsque le véhicule s'est arrêté à une dizaine de mètres de nous et à

16 ce moment-là, ces gars là ont commencé, par l'intermédiaire du Motorola, à

17 annoncer qu'ils avaient pris Mali et Veliki Medvjed. Qu'ils avaient réussi

18 à faire une percée et lorsque nous nous sommes rapprochés, pour savoir

19 combien il y avait de blessés et combien de morts, à ce moment-là, il y

20 avait une euphorie car nous avions réussi à faire une percée.

21 Après cela, j'ai dit au revoir à toutes les personnes présentes. Je

22 suis remonté dans ma voiture et je suis retourné à Jablanica.

23 Q. Vous avez parlé des Motorolas. Qu'est-ce qu'un Motorola ?

24 R. Un moyen de communication. Un dispositif nous permettant de

25 communiquer.

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1 Q. Qui disposait de ces radios ?

2 R. D'après ce que je pouvais voir, Ramiz Delalic en avait un et je crois

3 que son Motorola était ouvert et je crois que Dzeki également, mais je n'en

4 suis pas tout à fait sûr. Pour autant que je m'en souvienne, je crois qu'il

5 en avait un aussi et celui dont disposait Ramiz Delalic fonctionnait à ce

6 moment-là. C'est comme cela que nous avons entendu les nouvelles.

7 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que le moment

8 serait opportun pour faire une pause.

9 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Très bien. Nous allons reprendre à 11

10 heures.

11 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.

12 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.

13 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur Weiner, vous pouvez continuer

14 votre interrogatoire principal.

15 M. WEINER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

16 Q. Monsieur le Témoin, je voudrais qu'on revienne encore une fois à votre

17 visite de Grabovica où vous avez rencontré Adnan Solakovic et Samir Pezo.

18 Est-ce que vous avez remarqué quoi que ce soit dans la région, à cet

19 endroit-là concernant le massacre ?

20 R. Non.

21 Q. Vous avez dit que vous étiez parti peu après que les soldats avaient

22 reçu cette bonne nouvelle par la radio. Pourquoi êtes-vous parti ?

23 R. Parce que je ne voyais aucune raison pour que j'y reste. Et parce qu'à

24 ce moment-là, je n'avais personne à parler concernant ma mission. Adnan ne

25 me donnait pas beaucoup de commentaires là-dessus. Adnan et Samir aussi.

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1 Lorsque cette euphorie s'est déclenchée, il n'était pas approprié que je

2 commence à parler de ce qui s'était passé.

3 Q. Très bien. Maintenant je voudrais vous montrer des documents.

4 M. WEINER : [interprétation] Je prie qu'on montre au témoin une pièce à

5 conviction portant le numéro 215.

6 Q. Avez-vous le document sous les yeux, Monsieur ?

7 R. Oui.

8 Q. Reconnaissez-vous ce document ?

9 R. Pouvez-vous continuer à feuilleter le document jusqu'à la fin parce que

10 je ne vois presque rien sur l'écran.

11 M. WEINER : [interprétation] Je prie que le document en entier soit montré,

12 page par page, que cela s'affiche sur l'écran.

13 R. Oui, je le vois maintenant.

14 Q. Qu'est-ce que représente ce document ?

15 R. L'un de mes rapports que j'ai envoyé à la direction chargée de la

16 sécurité militaire, à l'attention du général Jusuf Jasarevic.

17 Q. Vers la fin du document, vous avez écrit cinq propositions, concernant

18 principalement la formation d'une équipe d'enquête. Pourquoi avez-vous

19 rédigé ces propositions ?

20 M. MORRISSEY : [interprétation] Je prie que cela s'affiche sur l'écran,

21 compte tenu du fait que l'on parle de cela.

22 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

23 M. WEINER : [interprétation] Il s'agit de la page numéro 3, dans la version

24 en anglais, et dans la version en B/C/S, il s'agit de la page numéro 2.

25 Q. Pourquoi avez-vous demandé la formation de cette équipe chargée de

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1 l'enquête ?

2 R. J'ai demandé que cela soit formé, parce que tout simplement moi, en

3 tant qu'un individu seul, je ne pouvais rien faire à ce sujet. D'abord,

4 parce que je n'étais pas qualifié de le faire. Dans tel cas, d'après ce que

5 j'ai appris, jusqu'à ce moment-là concernant les enquêtes, demander une

6 enquête complexe et l'implication d'un grand nombre de personnes, c'est-à-

7 dire d'experts, ce que j'ai écrit d'ailleurs dans ce rapport. J'ai demandé

8 l'assistance de mon supérieur hiérarchique, du général Jusuf Jasarevic,

9 pour qu'il m'envoie des personnes qui seraient membres de l'équipe chargée

10 de l'enquête, et qui mèneraient cette enquête. Je réitère encore une fois,

11 moi seul, sans avoir eu le pouvoir de donner des ordres, et ne pas avoir eu

12 assez de qualifications, je ne pouvais faire cela, et c'est pour cela que

13 j'ai demandé de l'aide au général, pour qu'on m'assiste, pour accomplir

14 cette tâche, pour que ces personnes-là procèdent même à cette enquête-là.

15 Mais l'aide n'est jamais arrivée.

16 Q. Maintenant, Monsieur, vous avez témoigné que vous aviez envoyé un

17 rapport initial, très court, daté du 13 septembre. De quel rapport

18 s'agissait-il ? Est-ce qu'il s'agissait du deuxième, du troisième,

19 quatrième, cinquième, ou sixième rapport ? Pour autant que vous en

20 souveniez.

21 R. Pour autant que je m'en souvienne, il s'agissait du deuxième rapport.

22 Q. Je vous remercie.

23 M. WEINER : [interprétation] Je prie qu'on montre au témoin, la pièce à

24 conviction portant le numéro 225.

25 Q. Avez-vous ce rapport ?

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1 R. Oui.

2 Q. Avant d'être arrivé à La Haye, n'avez-vous jamais vu auparavant ce

3 document ?

4 R. Non.

5 Q. N'avez-vous jamais reçu une dépêche ou une réponse concernant ce

6 rapport, une réponse de votre supérieur hiérarchique, Jusuf Jasarevic ?

7 R. Non. Aucune réponse.

8 Q. Avez-vous reçu l'information que vous aviez demandée au jour où ce

9 rapport avait été rédigé, à savoir le 15 septembre ?

10 R. Je n'ai jamais reçu aucune information là-dessus, ni aucun ordre

11 concernant ces événements-là, du personnel de la direction chargée de la

12 sécurité, non plus du "commandement du 6e Corps." Je vois que cela figure

13 dans le document. Ils n'ont jamais pris contact avec moi.

14 Q. Je vous remercie. Est-ce que vous avez soumis d'autres rapports pendant

15 que vous étiez à Jablanica ?

16 R. Il y avait un troisième rapport, dans lequel j'ai réuni les données

17 concernant les noms des personnes assassinées et d'autres données que j'ai

18 réussi à réunir, en collaboration avec le personnel du poste de sécurité

19 publique de Jablanica. Je pense que ce rapport c'était le troisième rapport

20 que j'ai envoyé.

21 M. WEINER : [interprétation] Je prie que l'on montre au témoin la pièce à

22 conviction portant le numéro aux fins d'identification, MFI235.

23 Q. Oui, c'est ce rapport-là.

24 Q. La date de ce rapport est le 29 septembre. Où étiez-vous au moment de

25 la rédaction de ce rapport ?

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1 R. A Jablanica.

2 Q. A qui avez-vous envoyé ce rapport ?

3 R. A M. Jusuf Jasarevic.

4 Q. L'information contenant les noms, vous avez dit que vous les aviez

5 reçus du poste de sécurité publique de Jablanica ?

6 R. Oui.

7 Q. Les deux paragraphes suivants, c'est-à-dire, le paragraphe suivant plus

8 précisément, concernant Pranjics, de qui avez-vous obtenu cette

9 information ?

10 R. Cette information m'a été fournie au poste de sécurité publique de

11 Jablanica. Avant cela, j'ai entendu dire que l'unité d'Adnan Solakovic

12 avait sauvé deux civils, par la suite, j'ai appris leurs noms au poste de

13 sécurité publique de Jablanica.

14 Q. La dernière phrase de ce document, dans cette phrase est mentionnée

15 l'enquête sur place et l'exhumation qui devaient être faites par le MUP de

16 Jablanica, et la police militaire de Jablanica. Y avait-il un accord là-

17 dessus, concernant ces activités ?

18 R. On en a parlé au poste de sécurité publique de Jablanica, mais il n'y

19 avait pas d'accord précis là-dessus. On en a parlé, on a parlé de cela,

20 c'est-à-dire des activités qui étaient possibles à faire à l'époque, mais

21 il n'y avait pas d'accord précis concernant ces activités.

22 Q. Est-ce qu'un ordre a été donné concernant l'enquête sur place et

23 l'exhumation à Grabovica ?

24 R. Hormis l'ordre que j'ai reçu de M. Halilovic cette nuit-là, que je

25 fasse tout ce qu'il était possible de faire et de l'informer, je n'ai reçu

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1 aucun ordre concernant cette enquête.

2 Q. Pendant que vous étiez à Jablanica, est-ce que l'enquête sur place et

3 l'exhumation ont été faites à Grabovica ?

4 R. Je ne sais pas. Je n'étais pas au courant. Je ne savais pas si

5 l'enquête et l'exhumation auraient été faites.

6 Q. Après le rapport du 29 septembre, avez-vous soumis d'autres rapports

7 concernant Grabovica ?

8 R. Non.

9 Q. Est-ce que qui que ce soit aurait demandé un rapport de votre part

10 concernant l'incident à Grabovica ?

11 R. Peu après cela, je suis rentré à Sarajevo. Jamais personne ne m'a

12 demandé de rédiger un rapport concernant Grabovica.

13 Q. Est-ce que quelqu'un de l'équipe chargée de l'enquête,

14 M. Halilovic ou un autre général ou un autre officier haut gradé vous a

15 parlé concernant Grabovica après la date du 9 septembre 1993 ?

16 R. Non.

17 M. WEINER : [interprétation] Je prie qu'on montre au témoin le document

18 portant le numéro aux fins d'identification MFI222. Je pense que cela a été

19 déjà versé au dossier vendredi dernier.

20 Je prie qu'on montre au témoin la page numéro 3 du rapport de M.

21 Salihamidzic.

22 Q. Est-ce que vous voyez le document sous vos yeux ?

23 R. J'ai le début du document, la première page avec le titre du document.

24 Je ne vois pas la troisième page.

25 Q. Oui, c'est exact. Il y a un autre document au début. C'est pour cela

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1 que vous voyez la première page du deuxième document qui commence à la

2 troisième page d'un autre document.

3 Regardez, s'il vous plaît, la page numéro 3 et la page suivante.

4 [La Chambre de première instance et l'Huissier se concertent]

5 M. WEINER : [interprétation] Je pense que sur l'écran est affiché un autre

6 document.

7 [Le conseil de l'Accusation et l'Huissier se concertent]

8 M. WEINER : [interprétation] Monsieur le Président, notre ordinateur est

9 bloqué. C'est la raison pour laquelle nous allons utiliser la version

10 papier du document.

11 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai rien contre

12 le fait qu'on montre au témoin la version papier. C'est parfois utile,

13 comme vous l'avez déjà souligné, Monsieur le Président. M. Salihamidzic a

14 écrit un document intitulé "Note officielle". C'est comme cela qu'on peut

15 reconnaître le document. L'autre document est écrit par Brankovic. Dans ce

16 document ne figure pas ce titre.

17 M. WEINER : [interprétation]

18 Q. Connaissez-vous ce document ?

19 R. Vous me demandez à moi de répondre ?

20 Q. Oui, je demande à vous, Monsieur, de répondre à cette question.

21 R. Non, je ne connais pas ce document. Je le vois pour la première fois.

22 Q. Voyez-vous qu'il s'agit ici d'une note officielle, de la note

23 officielle rédigée par M. Ahmed Salihamidzic ?

24 R. Oui, je le vois.

25 Q. Vous allez remarquer que dans ce document il parle de différentes

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1 réunions auxquelles vous avez participées lui aussi ainsi que d'autres

2 personnes, surtout sur la deuxième page. Il s'agit du paragraphe qui

3 commence par le 10 septembre. Un passage commence par les mots, dans la

4 matinée du 9 septembre, et encore un autre paragraphe commence par les

5 mots, le 10 septembre.

6 R. Oui, je le vois.

7 Q. Il y a un autre passage qui parle de la date du

8 10 septembre. Vous allez voir que les dates des réunions qu'il avait

9 écrites diffèrent par rapport aux dates que vous avez mentionnées. Il y a

10 un décalage de deux journées à peu près.

11 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, je retire mon

12 objection.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Il faut que je vous dise que la possibilité

14 est qu'une erreur se serait produite quant à la date existe ici. Nous avons

15 travaillé tous conformément à nos possibilités. A ce moment-là, les

16 rapports n'ont pas été rédigés le même jour où un événement s'est produit.

17 Cela se faisait d'habitude le lendemain. C'est pour cela qu'une erreur

18 concernant les dates aurait pu se produire. Mon objectif était, à l'époque,

19 de réunir le plus possible d'informations et de les envoyer à Sarajevo.

20 Après

21 12 ans, aujourd'hui je ne peux pas être absolument sûr s'il s'agissait du

22 8, du 9 ou du 10 septembre. La chronologie des événements, comme je l'ai

23 déjà indiqué, c'est exact, mais je ne peux pas vous dire les dates exactes.

24 Je ne voudrais pas induire en erreur ce Tribunal, cette Chambre.

25 M. WEINER : [interprétation] Je vous remercie.

Page 46

1 Pourrait-on montrer au témoin la pièce à conviction portant le numéro

2 214.

3 Q. Voyez-vous le document, Monsieur le Témoin ?

4 R. Oui.

5 Q. Reconnaissez-vous le document ?

6 R. Non.

7 Q. N'avez-vous jamais reçu ce document ?

8 R. Non.

9 Q. Vous souvenez-vous avoir reçu de l'aide du 6e Corps ?

10 R. Non, jamais, aucune assistance. Je vois ici un rapport dans lequel mon

11 nom est mentionné et les paroles que j'aurais proférées. Pourtant, ce n'est

12 pas vrai. Personne ne m'a jamais contacté, et jamais je n'ai dit à personne

13 que Vehbija Karic ou qui que ce soit d'autres, des membres, c'est-à-dire,

14 des membres de l'équipe chargée de l'enquête m'auraient ordonné que

15 l'enquête cesse. Ce n'est pas vrai, ce qui est indiqué dans ce document en

16 question.

17 Q. C'était justement ma question, à savoir, si quelqu'un vous aurait

18 ordonné de terminer l'enquête. Vous avez déjà répondu que cela ne s'est

19 jamais produit.

20 Q. Non.

21 Q. Je vous remercie.

22 M. WEINER : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin la pièce à

23 conviction portant le numéro aux fins d'identification MFI232. Je vous prie

24 de vous reporter à la première page du document qui se trouve maintenant

25 sur l'écran. Je vous remercie.

Page 47

1 Q. Monsieur, n'avez-vous jamais vu ce document avant que ce document ne

2 vous soit montré par le bureau du Procureur ?

3 R. Jamais.

4 Q. Avez-vous reçu ce document à un moment quelconque dans le passé ?

5 R. Non.

6 Q. Etiez-vous au courant de l'incident à Uzdol au cours du mois de

7 septembre pendant que vous étiez à Jablanica ?

8 R. Je l'ai appris une fois rentré à Sarajevo.

9 Q. Est-ce qu'on ne vous a jamais confié une tâche concernant Uzdol ?

10 R. Non.

11 Q. Même après que vous êtes rentré à Sarajevo, est-ce que vous avez reçu

12 des dépêches ou des tâches concernant Uzdol ?

13 R. Non.

14 Q. Je vous remercie.

15 M. WEINER : [interprétation] Pourrait-on montrer au témoin le document

16 concernant l'Article 65 ter. Il s'agit du document portant le numéro 132,

17 et le numéro ERN du document est 0342-9809.

18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera MFI, le numéro aux fins

19 d'identification 281.

20 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agit du livre.

21 Je soulève l'objection. Il y a beaucoup de choses dont il faut parler

22 concernant ce livre. Je ne sais pas s'il vaut mieux que je soulève

23 l'objection maintenant ou qu'on fasse une petite pause pour le témoin. Si

24 on montre le document au témoin maintenant, je pense que je devrais

25 soulever l'objection.

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1 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur le Témoin, nous devons parler de

2 questions procédurales. C'est pour cela que

3 Mme l'Huissière va vous raccompagner hors du prétoire. Après, nous allons

4 vous inviter à revenir dans le prétoire.

5 [Le témoin se retire]

6 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Maître Morrissey, parlons de ce livre.

7 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui. Monsieur le Président.

8 Je pense que ce témoin n'est pas le témoin par le truchement duquel

9 il convient de présenter ce livre. D'après ce que j'ai compris, il n'avait

10 jamais vu ce livre avant que l'Accusation ne lui montre. Cela n'a rien à

11 voir avec ce témoin. Cela n'a rien à voir avec ce qu'il a fait, avec ce

12 dont il se souvient, rien à voir avec lui. Puis, il y a toutes sortes

13 d'objections à caractère précis et technique, si je puis dire. L'objection

14 principale que je présente pour l'instant, c'est qu'il s'agit d'un document

15 qui n'a rien à voir avec ce témoin.

16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Cela, il convient de l'établir en lui

17 posant des questions, en écoutant ses réponses. Peut-être, pourriez-vous

18 accepter que l'Accusation lui pose des questions préliminaires à ce sujet.

19 M. MORRISSEY : [interprétation] Sans doute, mais je pense qu'il convient

20 que je fasse connaître mon objection tout de suite, puisque le Procureur

21 nous a indiqué dans les notes de récolement, ce qu'on attendait de ce

22 témoin à cet égard. Effectivement, il y a des questions préliminaires à

23 poser à ce témoin. En fait, elles n'ont aucun intérêt puisqu'on connaît

24 déjà les réponses. Je crois que mon confrère le sait parfaitement.

25 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur Weiner.

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1 M. WEINER : [interprétation] Oui, le témoin sait que l'accusé a écrit ce

2 livre, et que d'autres généraux ont écrit des livres au sujet de leurs

3 exploits. Il peut parler de quatre passages où son nom est mentionné, il

4 pourra nous dire ce qu'il a à dire à ce sujet.

5 Nous souhaitons présenter ce livre et ces quatre passages, où il est dit

6 qu'on lui a confié certaines missions, qu'il a eu certaines conversations

7 avec l'accusé. Il doit, à ce moment-là, se présenter sur l'exactitude de

8 ces passages. Ce n'est qu'ultérieurement, par l'intermédiaire d'autres

9 témoins, que nous demanderons l'introduction de ce livre au dossier.

10 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, Maître Morrissey.

11 M. MORRISSEY : [interprétation] Ici, on ne répond pas à la question que

12 j'ai posée. Puis, il y a une autre question qui reste sans réponse. Peut-

13 être, M. Weiner pourra-t-il y répondre maintenant. Par l'intermédiaire de

14 quel témoin a-t-il l'intention de produire officiellement ce livre ?

15 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur Weiner ?

16 M. WEINER : [interprétation] Plus tard, nous allons demander le versement

17 au dossier plus tard. Je ne souhaite pas dévoiler notre stratégie, nos

18 projets au conseil de la Défense. Rien ne l'exige de ma part. Je n'ai pas

19 affaire, je n'ai pas l'intention de le faire. Ce livre sera versé au

20 dossier par le truchement d'un autre témoin, ou du moins, nous demanderons

21 le versement au dossier par le truchement d'un autre témoin.

22 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je n'ai pas l'intention de savoir et de

23 demander par le truchement de quel témoin vous allez demander le versement

24 au dossier de ce livre ultérieurement. Je ne suis pas d'accord avec vous

25 quand vous dites que vous ne pouvez pas révéler à la Défense votre

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1 stratégie parce que nous avons entendu plus de la moitié des témoins. Je

2 pense que vous devez présenter votre position à la Chambre et à la Défense

3 pour éviter tout effet de surprise.

4 M. WEINER : [interprétation] Nous avions l'intention de demander le

5 versement au dossier de ce document par l'intermédiaire de M. Hodzic.

6 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.

7 S'agissant de ce document, on voit qui y figure le nom du témoin. Le

8 témoin est en droit de faire des observations au sujet de ces passages du

9 document. C'est la raison pour laquelle, nous décidons que l'Accusation

10 aura le droit de poser des questions sur ces passages.

11 M. MORRISSEY : [interprétation] J'entends bien votre décision, Monsieur le

12 Président, je ne vais pas la contester, mais il y a une autre question qui

13 se pose.

14 L'Accusation nous dit vouloir présenter le livre par le truchement d'un

15 autre témoin qui -- mais cela ne signifie pas pour autant qu'il a le droit

16 de présenter le livre à ce témoin. M. Weiner nous dit qu'il veut présenter

17 le document, le livre par l'intermédiaire de M. Hodzic. Cela ne suffit pas;

18 il doit nous prouver qu'il a la possibilité effective de présenter le livre

19 par l'intermédiaire de M. Hodzic. Il doit nous le démontrer.

20 Comme vous le savez, les déclarations faites par le passé de témoins,

21 parfois d'anciens accusés, sont parfois admis, et peuvent, dans certaines

22 circonstances, une certaine valeur probante. Cela ne suffit pas de nous

23 dire : "Bien, M. Halilovic ou son éditeur a écrit un livre qui a été publié

24 sous la forme originale ou autre." Dans ce qu'il faut montrer, ce sont bien

25 ses propos, et qu'il reconnaît que ce sont bien les siens. Ce que je veux

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1 dire, c'est que M. Hodzic, c'est encore un témoin pire pour présenter ce

2 livre. Cela me gêne tout cela.

3 Je n'essaie nullement d'accuser quiconque de faire preuve de mauvaise foi,

4 mais il me semble qu'on essaie tout simplement par tous les moyens de

5 présenter ce document sans procéder de la manière habituelle que

6 l'Accusation doit suivre, à savoir, citer un enquêteur à la barre. Or, je

7 ne vois aucun enquêteur pour l'instant sur la liste des témoins de

8 l'Accusation.

9 Si vous présentez un enquêteur qui pourrait nous dire : "Nous avons

10 rassemblé un certain nombre d'éléments de preuve", alors dans ce sens, à ce

11 moment-là, la Chambre pourrait éventuellement accepter le versement au

12 dossier du livre ou de documents où figurent des propos qu'il aurait

13 tenus.

14 Mais présenter ce document par le truchement de témoins qui n'ont

15 aucun rapport avec le document, cela n'est pas acceptable à notre avis.

16 Vous avez raison dans un sens, Monsieur le Président, s'il était

17 acceptable de présenter le document par l'intermédiaire de M. Hodzic. Si ce

18 document était admissible à ce moment-là, vous auriez tout à fait raison

19 dans votre décision. Je n'aurais pas d'objection dans ces conditions si ce

20 document était admissible et recevable, à le présenter au témoin

21 d'aujourd'hui. Mais ce qu'on ne nous a pas encore démontré, c'est que ce

22 document doit être présenté par le truchement de M. Hodzic. Il faut que

23 ceci soit établi et démontré, qu'on nous donne des éléments qui le

24 justifient. Or pour l'instant cela n'a pas été fait. Pour l'instant nous

25 savons les témoins de Grabovica qui restent. Et il me semble qu'aucun de

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1 ces témoins n'est approprié. Maintenant on nous donne le nom de M. Hodzic,

2 et ce que je souhaite vous dire, c'est qu'il n'y a aucun élément de

3 justification pour la production de ce livre. Cela ne suffit pas, par

4 exemple, que M. Hodzic ait écrit un livre lui-même, ou qu'il ait vu ou lu

5 une partie de ce livre. Cela n'a rien à voir, parce que sinon on aurait pu

6 présenter ce document ou ce livre au Témoin D pendant la séance de

7 récolement pour lui demander ce qu'il avait pensé.

8 Je pense qu'il est important de présenter ce livre par le truchement du

9 témoin approprié. Vous avez tout à fait raison dans votre décision, mais je

10 pense que vous partez du principe que ce livre est recevable par

11 l'intermédiaire de M. Hodzic. Or, pour l'instant, l'Accusation ne nous a

12 nullement démontré que M. Hodzic est un meilleur témoin pour ce faire.

13 J'estime que cela ne suffit pas de dire que M. Hodzic a lu le livre car

14 l'Accusation, le Procureur, a lu le livre aussi, mais cela ne suffit pas.

15 Voilà ce que souhaitais ajouter.

16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je pense qu'à ce stade de la procédure,

17 il faut bien faire la distinction entre deux éléments. La première chose,

18 c'est l'emploi de ce document dans le cadre du procès et d'autre part, il y

19 a la question de la recevabilité du document. Ce sont deux questions qui

20 certes sont liées, mais qui malgré tout sont distinctes.

21 J'estime que c'est un livre qui a été publié, qui est disponible pour

22 tous ceux qui souhaitent y accéder, et je ne pense pas que le versement au

23 dossier de ce document présente quelques problèmes que ce soit. Mais

24 nonobstant ce fait, la Chambre va se pencher sur la déposition de tous les

25 témoins -- comment dire -- tous les témoins au sujet de ce livre. C'est

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1 après cet examen que nous déciderons s'il convient de le verser au dossier

2 ou pas.

3 M. MORRISSEY : [interprétation] Je m'en tiens à votre décision, Monsieur le

4 Président.

5 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.

6 Veuillez faire revenir le témoin dans le prétoire.

7 M. WEINER : [interprétation] Merci.

8 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

9 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur le Témoin, nous venons de

10 débattre de certaines questions relatives à la procédure. Je vous présente

11 nos excuses. Suite à cette interruption de votre déposition, êtes-vous prêt

12 à poursuivre ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie.

15 Monsieur Weiner.

16 M. WEINER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 Q. Monsieur Dzankovic, savez-vous si l'accusé, M. Halilovic, a écrit un

18 livre ?

19 R. Je le sais.

20 Q. Comment l'avez-vous appris ?

21 R. J'ai appris cela dans les médias.

22 Q. Quel média en particulier ? Je veux dire, est-ce que vous avez entendu

23 parler de cela à la radio, dans un journal, dans un magazine, à la

24 télévision ?

25 R. Si je me souviens bien, j'ai lu cela dans le journal.

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1 Q. Est-ce que vous avez acheté un exemplaire de cet ouvrage ? Est-ce que

2 vous l'avez ?

3 R. Non.

4 Q. L'avez-vous lu ?

5 R. Non.

6 Q. J'aimerais vous présenter un passage de cet ouvrage qui a trait à Uzdol

7 et Grabovica.

8 M. WEINER : [interprétation] j'aimerais que ce passage soit maintenant

9 présenté au témoin. Le document qui porte le numéro ERN 0342-9809, cote 65

10 ter 132.

11 Q. J'aimerais vous montrer quatre extraits. Le premier extrait se trouve

12 sur la page 1 en anglais et dans la version en B/C/S il s'agit de la page

13 114. En anglais page 1.

14 Est-ce que vous avez sous les yeux, Monsieur, la page 114 de la version en

15 B/C/S du document ?

16 R. J'ai une page sous les yeux, mais je ne vois pas le numéro de la page.

17 Mais j'ai le document ici.

18 Q. Non, c'est la deuxième page. Merci. Au milieu de la page, dans le

19 paragraphe qui se trouve au milieu, on peut lire la chose suivante : "Une

20 partie de l'équipe (Balijac, Suljevic et Karic) est sortie le 1er septembre

21 1993 avec Namik Dzankovic et Hasanpasic pour mener à bien les préparatifs

22 relatifs au stationnement d'unités dans les secteur de Jablanica dans le

23 cadre du plan de l'opération envisagée pour leur engagement le long de la

24 ligne Vrdi-Listica."

25 Est-ce que ceci ne s'est jamais produit ?

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1 R. A l'époque j'étais à Mostar.

2 Q. Avez-vous participé au stationnement d'unités dans le secteur de

3 Jablanica ?

4 R. Non.

5 Q. Avez-vous participé à la préparation pour le stationnement d'unités ?

6 R. Non.

7 Q. Poursuivons sur la même page, pages 2 et 3 en anglais. Le matin du 4

8 septembre, on parle ici d'une réunion de Rasim Delic arrivant à Jablanica.

9 L'accusé fait rapport à Rasim Delic, l'informe des détails de l'opération.

10 Ensuite dans les pages suivantes, il est dit : "Tous les membres d'équipe,

11 le commandement du 6e Corps, le commandant de la 46e Brigade, le commandant

12 de la brigade Zulfikar de reconnaissance et de sabotage étaient présents

13 lors de cette réunion."

14 Est-ce que vous avez participé ?

15 R. [aucune interprétation]

16 Q. Etiez-vous au courant de cette réunion ?

17 R. Non. J'étais à Mostar à l'époque.

18 Q. Poursuivons, page 4 en anglais, 3e paragraphe. Page 117 en B/C/S en

19 bas de la page, page 9813.

20 Est-ce que vous avez trouvé ce paragraphe : "D'après le rapport d'une

21 équipe menée par Bilajac, l'incident tragique du village de Grabovica a eu

22 lieu dans la nuit du 7 au 8 septembre 1993. L'équipe a appris cet incident

23 de la bouche d'un de ses membres, Namik Dzankovic, un agent employé par

24 l'administration de la sécurité de l'ABiH, vers 10 heures le 8 septembre.

25 D'après le rapport de Dzankovic, il en avait appris, il en avait entendu

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1 parler au poste de Sécurité de Jablanica, il a immédiatement informé les

2 autres organes de Jablanica, et le SGB a essayé de faire la lumière sur cet

3 incident tragique. Le SVP a donné l'ordre à Dzankovic de participer au

4 travail de l'équipe du MUP, pour essayer d'identifier l'auteur des actes

5 concernés."

6 Est-ce que ceci est exact, Monsieur ?

7 R. C'est ce que j'ai dit précédemment, que j'étais allé voir quelqu'un à

8 la centrale hydroélectrique à Jablanica. Je leur ai demandé s'ils savaient

9 ce qui s'était passé, je les ai informés du fait que j'avais été au poste

10 de Sécurité de Jablanica, et que j'avais envoyé le premier rapport à

11 Sarajevo à l'administration chargée de la sécurité. Ensuite, on m'a dit ce

12 que j'ai déjà dit d'ailleurs, c'est-à-dire ce que M. Karic avait dit que je

13 devais essayer d'obtenir autant d'informations que possible, et que je

14 devais coopérer avec les organes de sécurité de Jablanica, et c'est

15 effectivement ce que j'ai fait. Voilà à peu près tout.

16 Q. Paragraphe suivant : "L'après-midi du 9 septembre, je suis arrivé à

17 Jablanica en provenance de Konjic et de Dobro Polje. Namik m'a

18 immédiatement expliqué ce qui s'était passé. Je lui ai ordonné, à cet

19 instant précis, d'informer l'administration chargée de la sécurité, Rasim

20 Delic, afin d'obtenir une assistance de la part de l'administration, pour

21 participer avec les organes chargés de la sécurité de la 44e Brigade de

22 Jablanica, participer au travail de l'équipe du MUP, et demander

23 immédiatement que le chef de la Sécurité du 6e Corps vienne sur les lieux,

24 parce que cet incident tragique s'était déroulé dans la zone de

25 responsabilité du 6e Corps. Namik a répondu en disant qu'il avait déjà

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1 pratiquement fait tout cela de son propre chef, et du fait de ses

2 responsabilités d'agent chargé de la sécurité. Il a également dit qu'il

3 essaierait de mener à bien toutes les missions que je venais de lui donner

4 dès que possible."

5 Vous souvenez-vous de cette conversation, Monsieur ?

6 R. C'est la conversation dont j'ai déjà parlé précédemment, lorsque le

7 général est venu à la porte de ma chambre à l'hôtel de Jablanica. Il m'a

8 donné un ordre, mais l'ordre n'était pas aussi précis que cela est dit ici.

9 Il a dit : "Namik, je n'ai rien à faire avec tout cela, je voudrais avoir

10 autant d'informations que possible, et je voudrais que le commandement de

11 Sarajevo soit informé." Pour ce qui est dit ici, c'est vrai que j'ai mené à

12 bien une bonne partie des missions qui sont évoquées ici, mais plus tard.

13 Q. Est-ce qu'on vous a donné l'ordre précis de mener à bien ces missions ?

14 Est-ce que Sefer Halilovic vous a donné cet ordre ?

15 R. Pas de manière aussi précise que c'est indiqué ici.

16 Q. Quel ordre vous a donné Sefer Halilovic ?

17 R. Je répète ce que j'ai déjà dit, le général m'a dit : "Namik, je n'ai

18 rien à faire avec tout cela. Je ne veux pas justifier ce qui s'est passé.

19 Je voudrais avoir autant d'informations que possible, et je veux que le

20 commandement à Sarajevo soit informé ou, en tout cas, l'administration

21 chargée de la sécurité," dont moi-même j'étais membre. C'est effectivement

22 ce que j'ai fait.

23 Q. N'avez-vous jamais reçu d'autres ordres venant de Sefer Halilovic

24 s'agissant de Grabovica ?

25 R. Non. Je le répète : ni de lui, ni d'aucun autre des membres de

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1 l'équipe, car ensuite ils sont partis dans la zone des opérations de

2 combat, et je n'étais plus en mesure d'avoir des communications avec eux,

3 parce que je n'avais pas de moyen de transmission. Si bien que pour ce

4 qu'il y a eu comme communication, il s'agit de communication unilatérale où

5 j'ai tout simplement transmis à Sarajevo les informations que j'avais

6 réussi à glaner.

7 Q. Monsieur, j'aimerais maintenant vous montrer un autre document, le

8 dernier document. Il s'agit d'un document de la Défense, qui porte la cote

9 MFI130.

10 Monsieur, première question. Avez-vous le document sous les yeux ?

11 R. Oui.

12 Q. Saviez-vous que l'équipe d'inspection avait établi un rapport ?

13 R. Non.

14 Q. Est-ce que l'on voit votre nom mentionné à la première page ?

15 R. Oui, au numéro 6.

16 Q. A la dernière page, on voit les signataires du document.

17 R. Je ne vois pas. Je n'ai pas la page encore sous les yeux.

18 M. WEINER : [interprétation] Je vais demander au Greffe de bien vouloir

19 laisser à l'écran la dernière page.

20 Q. Est-ce que les personnes qui ont signé ce document sont des membres de

21 l'équipe d'inspection ?

22 R. Oui.

23 Q. Est-ce que ce sont des personnes avec qui vous vous êtes entretenu ?

24 R. Comment voulez-vous dire, "je leur ai parlé ?"

25 Q. Quand vous êtes arrivé au début septembre, pendant les premiers jours

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1 de septembre, est-ce que vous avez parlé avec ces personnes ?

2 R. Oui.

3 Q. Pouvez-vous me dire ce qu'est ce rapport à priori ?

4 R. J'ai vu l'intitulé du document ainsi que la fin du document, j'imagine

5 que, je pense qu'il s'agit du rapport de l'équipe de l'inspection.

6 Q. Avez-vous participé à la rédaction de ce document ?

7 R. Non.

8 Q. En dehors de la première page, est-ce qu'on trouve dans ce document,

9 d'autres mentions d'une éventuelle participation de votre de votre part au

10 travail d'inspection ?

11 R. Vous voulez parler de ce rapport ?

12 Q. Oui.

13 R. D'après ce que j'ai vu, non. Enfin je ne l'ai pas eu, je ne sais pas.

14 A la page 4, on ne mentionne pas mon nom.

15 Q. Vous a-t-on jamais transmis un exemplaire de ce document ?

16 R. Non.

17 Q. Merci. Une question encore : y a-t-il dans ce rapport des informations

18 relatives à la mort ou aux meurtres de civils à Grabovica ?

19 R. Je ne sais pas. Je ne l'ai pas lu, et je n'ai pas participé à la

20 rédaction de ce rapport. Mon nom ne figure pas parmi ceux qui ont signé ce

21 document à la dernière page.

22 Q. Merci. Merci, Monsieur.

23 Revenons maintenant au 29 septembre. Vous nous dites avoir réalisé vous-

24 même le compte rendu, de l'avoir envoyé à Sarajevo, mais vous n'avez, après

25 ce rapport, rédigé aucun autre rapport; c'est ce que vous avez dit. Après

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1 avoir envoyé ce dernier rapport où figuraient les trente noms des habitants

2 de Grabovica, combien êtes-vous encore resté à Jablanica ?

3 R. Quelques jours de plus; je ne sais pas exactement combien. J'étais tout

4 seul, je n'avais pas d'ordre de Sarajevo m'enjoignant de rentrer. Je suis

5 resté sur place pendant quelques jours. Quand j'ai vu que je ne recevais

6 aucun ordre, et que toutes les autres unités rentraient à Sarajevo car

7 l'opération de déblocage de Mostar avait pris fin, de mon propre chef, j'ai

8 organisé mon retour, et je suis rentré à Sarajevo.

9 Q. Avant votre retour à Sarajevo pendant votre séjour à Jablanica, n'y a-t-

10 il eu jamais une enquête digne de ce nom sur les meurtres de Grabovica ?

11 M. MORRISSEY : [interprétation] Objection. On parle "d'enquête digne de ce

12 nom" dans la question. Je crois que c'est plutôt, un commentaire, une

13 observation plutôt qu'un question. Au moment des réquisitoires, le

14 Procureur sera en droit de faire ce genre de commentaire mais pas lorsqu'il

15 pose des questions au témoin.

16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, j'estime que ce mot "digne de ce

17 nom" n'a pas sa place dans votre question.

18 M. WEINER : [interprétation] Merci.

19 Q. Y a-t-il eu une enquête ?

20 R. Je sais ce que j'ai fait. Pour le reste, j'ignore si d'autres membres

21 de l'armée ont procédé à une enquête. Je n'ai vu personne, je n'ai

22 rencontré personne, je n'ai reçu aucune aide dans le cadre de mes activités

23 à moi. J'ai fait ce que je pouvais, et j'ai informé mes supérieurs à

24 Sarajevo de tout ce que j'avais fait.

25 Q. Pendant que vous étiez à Jablanica, est-ce qu'on ne vous a jamais

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1 demandé un rapport intermédiaire sur les meurtres de Grabovica ?

2 R. Non, personne.

3 Q. Maintenant, pour ce qui est de Sarajevo, est-ce qu'on ne vous a jamais

4 demandé un rapport intérimaire, un rapport sur l'état de l'enquête au sujet

5 des meurtres à Grabovica ?

6 R. Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire par "rapport sur la

7 situation".

8 Q. Un rapport sur ce qui se passait, sur ce qui était en train de se

9 passer.

10 R. En dehors du rapport que j'ai envoyé quand j'étais sur place, personne

11 ne m'a jamais demandé d'autres rapports quels qu'ils soient.

12 Q. Quand vous êtes retourné à Sarajevo, est-ce que les membres de l'équipe

13 d'inspection ne vous ont jamais contacté au sujet des meurtres de

14 Grabovica ?

15 R. Non.

16 Q. Quelqu'un vous a-t-il proposé son aide eu égard à ces meurtres qui ont

17 été commis à Grabovica ?

18 M. MORRISSEY : [interprétation] Je crois que c'est la troisième fois que ce

19 type de questions est posé.

20 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Bien, merci.

21 M. WEINER : [interprétation]

22 Q. Une fois que vous êtes rentré à Sarajevo, n'êtes-vous jamais retourné à

23 Grabovica pour une raison quelle qu'elle soit eu égard à ces meurtres ?

24 R. Non.

25 Q. Lorsque vous êtes retourné à Sarajevo, avez-vous parlé à quelqu'un des

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1 événements de Grabovica ?

2 R. Personne ne m'a posé des questions particulières à cet égard. J'ai fait

3 mon rapport auprès de l'administration chargée de la sécurité. Personne ne

4 m'a posé de questions précises là-dessus. Je sais simplement que dans le

5 cas de l'opération Trebevic, certains membres de la 9e et de la 10e avaient

6 pris part à cette opération. On nous a demandé de leur poser des questions

7 par rapport à Grabovica; en tout cas, ceux qui avaient été à Grabovica.

8 Personnellement, je n'ai pas eu l'occasion de m'entretenir avec les soldats

9 qui avaient été à Grabovica.

10 Q. Etant donné que vous avez parlé de l'opération Trebevic, quand pour la

11 première fois avez-vous eu connaissance de cette opération ?

12 R. Lorsque je suis rentré de Jablanica, je n'en ai pas précisément entendu

13 parlé. M. Jasarevic m'a accordé une dizaine de jours pour que je puisse

14 rentrer chez moi et me reposer, car cela faisait plusieurs mois que je

15 n'étais pas retourné à Sarajevo. Par conséquent, je suis rentré chez moi,

16 et l'opération Trebevic a commencé alors que je me trouvais chez moi. J'ai

17 remarqué qu'il se passait quelque chose en ville et que tout était bloqué.

18 Je me suis préparé, je me suis rendu à l'administration chargée de la

19 sécurité. C'est à ce moment-là que j'ai entendu dire que l'opération

20 Trebevic était lancée. Je n'en avais jamais entendu auparavant, et je n'ai

21 pas pris part aux préparatifs. Je ne savais pas que cette opération était

22 sur le point d'être lancée.

23 Q. Lorsque vous vous êtes rendu à l'administration chargée de

24 l'administration [comme interprété], avez-vous appris quel était l'objectif

25 de cette opération à Trebevic ?

Page 63

1 R. Lorsque je suis arrivé à cet endroit, on m'a dit que l'opération à

2 Trebevic 1 avait été lancée, et que cette opération avait été lancée pour

3 permettre à certaines unités qui se trouvaient dans la zone de Sarajevo,

4 qui étaient hors de contrôle et qui ne respectaient pas l'ordre

5 hiérarchique ni les mesures de discipline, qu'il s'agissait de régler la

6 situation eu égard à ces individus ou à ces groupes de personnes.

7 Q. L'opération Trebevic concerne ou porte sur des crimes qui ont eu lieu

8 dans quelle région ?

9 M. MORRISSEY : [interprétation] Messieurs les Juges, pardonnez-moi.

10 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

11 M. MORRISSEY : [interprétation] Je souhaite interrompre ici le témoin. Je

12 m'oppose non pas à la question mais à la réponse.

13 Le témoin n'a pas utilisé le terme de "crimes".

14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Le témoin a dit qu'il s'agissait de

15 mesures disciplinaires ou quelque chose…

16 M. WEINER : [interprétation]

17 Q. L'opération Trebevic portait sur quel type de problèmes, dans quel type

18 de régions, ou concernait des problèmes dans quelles régions ?

19 R. Comme je l'ai dit, un manquement à la discipline, bien que je ne sois

20 pas expert et je ne veuille pas utiliser des termes d'expert, il y avait

21 des personnes qui n'obéissaient pas à l'exercice du commandement, qui

22 n'obéissaient pas aux ordres. Il y avait un manque de discipline, et

23 cetera.

24 Q. J'entends bien, mais où ces manquements se

25 produisaient-ils ?

Page 64

1 R. Je ne comprends pas votre question. Qu'est-ce que vous entendez "où".

2 Est-ce que vous parlez d'emplacements géographiques ou d'unités ?

3 Q. D'abord, à quel endroit ?

4 R. A Sarajevo.

5 Q. Ensuite, quelles unités étaient impliquées, quelles unités avaient été

6 prises pour cibles au cours de cette opération

7 Trebevic 1 ?

8 R. L'objectif de cette opération Trebevic 1 était de se concentrer pour la

9 plupart sur les unités des 9e et 10e Brigades. Cependant, il y avait

10 également d'autres unités qui se trouvaient à Sarajevo qui avaient intégré

11 les soldats qui ne faisaient pas partie du système, si je puis dire. Il y

12 avait quelques personnes qui faisaient partie de l'unité Juka Prazina. Ici,

13 on couvrait l'ensemble de la région de Sarajevo. Cela concernait surtout

14 les problèmes qui avaient lieu au sein des 9e et 10e Brigades.

15 Q. Lorsque vous vous êtes rendu au bureau de l'administration chargée de

16 la sécurité, vous a-t-on donné des missions ou non par rapport à cette

17 opération Trebevic ?

18 R. Oui. J'ai interrogé des membres de la 9e et 10e Brigades. Ceci a eu lieu

19 dans les bâtiments, ou dans les locaux de l'administration chargée de la

20 sécurité.

21 Q. Vous a-t-on donné une quelconque mission, ou vous a-t-on indiqué sur

22 quels sujets devaient portées vos questions lorsque vous interrogiez ces

23 personnes ?

24 R. Tous les matins nous avions une réunion; les membres de

25 l'administration chargée de la sécurité. Avec les membres de cette

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1 administration, il y a également des hommes chargés de la sécurité qui

2 faisaient partie du corps et des brigades. Ces personnes étaient censées

3 assister à ces réunions, car il y avait un nombre très important de

4 personnes qu'il fallait interroger. Nous avons reçu des instructions. On

5 nous a dit que nous devions interroger ces hommes par rapport à ce que je

6 viens d'indiquer, autrement dit, désobéissance, et cetera, des choses qui

7 étaient considérées comme illégales et qui avaient eu lieu au sein de ces

8 brigades, et qui avaient commises par ces soldats. Ces ordres indiquaient

9 également que les soldats qui s'étaient trouvés dans la région de Grabovica

10 à l'époque des événements, devaient également être interrogés par rapport

11 aux meurtres commis à Grabovica. Nous devions recueillir des déclarations

12 par rapport à ces événements-là. Personnellement, on ne m'a pas donné de

13 mission, car c'était nos supérieurs hiérarchiques qui nous ont affectés des

14 personnes qui devaient mener l'interview. Moi-même, je n'ai pas interrogé

15 un quelconque soldat qui s'était trouvé à Grabovica au cours des

16 événements.

17 Q. Après l'opération Trebevic, n'avez-vous jamais rédigé un quelconque

18 rapport ou des rapports en rapport avec Grabovica ?

19 R. Non.

20 Q. Avez-vous reçu les comptes rendus des enquêtes menées par l'équipe des

21 enquêteurs ou quelqu'un d'autres par rapports aux événements de Grabovica

22 après l'opération Trebevic ?

23 R. Non.

24 M. WEINER : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

25 Président.

Page 66

1 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.

2 Nous allons peut-être faire la pause pour permettre au

3 contre-interrogatoire de reprendre après la pause, et que le

4 contre-interrogatoire puisse se faire d'une traite.

5 Nous allons faire une pause de 30 minutes et reprendre à

6 midi 40.

7 --- L'audience est suspendue à 12 heures 10.

8 --- L'audience est reprise à heures 12 heures 41.

9 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Maître Morrissey, vous avez la parole

10 pour le contre-interrogatoire.

11 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.

12 Contre-interrogatoire par M. Morrissey :

13 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Dzankovic. Je souhaite maintenant

14 suivre un ordre chronologique, si c'est possible et je vais commencer par

15 quelques questions à propos de votre expérience, comme l'Accusation vous a

16 posé des questions là-dessus.

17 Vous avez une expérience de première main, au combat, au début de la guerre

18 à un endroit qui s'appelle Kuc; est-ce exact ?

19 R. Un endroit appelé comment ?

20 Q. Pardonnez-moi, j'ai mal prononcé, cela s'appelle Zuc. Zuc ou Zuk,

21 pardonnez-moi.

22 R. Zuc.

23 Q. Ecoutez, sentez-vous libre de corriger la prononciation d'un avocat

24 australien.

25 Quoi qu'il en soit, Monsieur Dzankovic, lorsque vous étiez sur le terrain,

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1 vous avez appris quelque chose au sujet de la manière dont les unités au

2 combat avaient été créées. La question que je souhaite vous poser est

3 celle-ci : avez-vous remarqué qu'un certain nombre d'unités faisant partie

4 de l'ABiH, avaient été créées de façon spontanée ?

5 R. Oui, bien sûr. Il s'agissait d'unités qui avaient été créées

6 spontanément. Nous étions en train de mener une guerre de libération contre

7 une armée que nous avions aidée à mettre sur pied, mais nous n'avions pas

8 notre propre armée.

9 Q. Je comprends bien qu'à ce moment-là, vous étiez un combattant. Vous

10 n'étiez pas un membre de l'état-major général. D'après votre expérience,

11 qu'avez-vous remarqué à propos de la création d'unités locales à Sarajevo,

12 en particulier, comment choisissaient-ils leurs commandants ?

13 R. Au début de la guerre, nous étions organisés nous-mêmes. Nous nous

14 étions rassemblés, nous venions de différents quartiers de la ville, et

15 nous étions organisés à notre manière. Nous nous sommes équipés en armes

16 nous-mêmes, de toutes les manières possibles. Nous avons même utilisé des

17 clous et de la tuyauterie des systèmes sanitaires, pour essayer de créer

18 des armes. Nous n'avions pas une organisation à proprement parler. Après

19 cela nous avons mis en place, quelque chose qui s'est appelé la Défense

20 territoriale. Il s'agissait en réalité des forces de réserve de l'ex JNA.

21 C'est grâce à cela que les unités ont commencé à se mettre en place, unités

22 auxquelles on a alors attribué des tâches particulières. Avant ce moment-

23 là, on courait à droite à gauche, de chaque quartier de la ville, là où on

24 avait besoin de nous. Chaque fois qu'on entendait parler d'une activité de

25 combat, on s'y précipitait, afin de pouvoir empêcher les agresseurs de

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1 rentrer dans la ville.

2 Q. Je vous remercie pour votre réponse. Au cours de ces combats, vous avez

3 appris que Sefer Halilovic dirigeait l'armée et qu'il avait à ce moment-là

4 le titre de chef d'état-major de l'état-major général, n'est-ce pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Bien. A ce moment-là, Sefer Halilovic, était une personnalité reconnue

7 et respectée des citoyens car il menait la défense de la ville de Sarajevo,

8 le combat pour la résistance de Sarajevo contre l'ennemi.

9 R. Non seulement au début de ce conflit, mais après, également.

10 Q. Bien. Sous le commandement de Sefer Halilovic, le chef d'état-major

11 général de l'armée a essayé d'introduire un certain nombre de règles aux

12 fins de transformer ces unités spontanées en armée régulière; est-ce une

13 manière exacte de décrire la situation ?

14 R. Oui.

15 Q. Ceci s'est fait petit à petit ?

16 R. Oui.

17 Q. Ai-je raison de dire -- c'est un commentaire que je vous soumets, mais

18 je souhaite que vous répondiez car vous y étiez, vous-même. Est-il exact de

19 dire que vers le mois de septembre 1993, lorsque ces tristes événements se

20 sont produits, l'ABiH a commencé à s'organiser petit à petit, mais que

21 cette organisation était encore en cours et celle-ci n'était pas terminée ?

22 R. Oui, bien sûr.

23 Q. En particulier, en août et septembre 1993 -- je vais vous poser une

24 question à propos des autres organisations. Une des difficultés à laquelle

25 devait faire face l'armée, en août et septembre 1993, était d'intégrer les

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1 unités sous l'exercice du commandement de l'armée, n'est-ce pas ?

2 R. Oui.

3 Q. Vous avez évoqué des éléments de la 9e et 10e Brigade qui ne se sont pas

4 montrés très coopératifs eu égard de ce système. Encore une fois, je

5 souhaite accueillir votre commentaire : est-il exact de dire que la 9e et

6 la 10e Brigade -- mais je veux reprendre, permettez-moi. Pour ce qui est de

7 la 9e Brigade -- non, je vais encore faire un retour en arrière. Au mois

8 d'août et au mois de septembre, étiez-vous à Sarajevo depuis quelque temps

9 déjà ou étiez-vous sur le terrain dans d'autres régions ?

10 R. La première fois que j'ai quitté Sarajevo est au moment de la chute

11 d'Igman. Mais je ne suis pas parti avant cette date-là.

12 Q. Différents témoins ont témoigné devant ce Tribunal et ont évoqué la

13 question d'Igman. Quand la bataille d'Igman a-t-elle commencé et quand la

14 situation a-t-elle commencé à se stabiliser ?

15 R. Pour autant que je m'en souvienne, je peux vous dire que ceci s'est

16 produit au mois de juin et juillet, au cours de cette période-là et il y

17 avait des combats là-haut. Les combats ont duré une vingtaine de jours,

18 jusqu'au moment où ceci a cessé et à ce moment-là, nous avons mis en place

19 des lignes pour empêcher les agresseurs de pénétrer dans Hrasnica et plus

20 tard, d'entrer dans Sarajevo.

21 Q. Je comprends bien. Est-il exact de dire qu'au mois de juin et juillet

22 1993, il y avait une confrontation autour d'Igman et que vers la fin du

23 mois de juillet, ces conflits dans la région d'Igman se sont résolus ou en

24 tout cas, ceci s'est stabilisé et on a pu, à ce moment-là, définir la ligne

25 de front ? Est-ce un résumé exact ?

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1 R. On peut dire que la situation s'était stabilisée, mais cela il faut le

2 dire entre guillemets parce qu'il y avait encore des combats qui étaient

3 menées, mais la situation était une situation qui était contrôlée. Nous ne

4 permettions plus aux agresseurs d'avancer.

5 Q. Très bien. Une des raisons pour laquelle je vous posais la question,

6 c'est que j'avais commencé à vous poser une question sur votre connaissance

7 ou, en tout cas, de ce que vous saviez à propos de certaines unités à

8 Sarajevo. Votre position est-elle celle-ci : vous vous êtes rendu à Igman,

9 à ce moment-là et ensuite, vous êtes descendu en Herzégovine; est-ce

10 exact ?

11 R. Oui. Je ne suis pas retourné à Sarajevo, après m'être trouvé à Igman.

12 Je me suis rendu directement en Herzégovine.

13 Q. Très bien. Vous avez -- peut-être -- je souhaite vous poser deux

14 questions préliminaires, avant de parler de la situation en Herzégovine.

15 La première question est celle-ci : vous avez indiqué à mon éminent

16 confrère de l'Accusation que vous avez rejoint la SVB vers le mois de

17 février 1993. Etait-ce, à ce moment-là, que vous avez été rattaché à une

18 unité qu'on appelait la 6e Brigade de Montagne ?

19 R. Oui. Après la dissolution de cette 6e Brigade de Montagne, j'ai reçu un

20 ordre m'indiquant que je devais être rattaché à l'administration chargée de

21 la sécurité et de l'état-major général.

22 Q. Je comprends bien. Je vais y venir dans un instant. A ce moment-là,

23 vous faisiez partie de la 6e Brigade de Montagne. Connaissiez-vous un

24 individu qui répondait au nom de Dzevad Tirak ?

25 R. Oui, c'était le commandant adjoint chargé de la logistique.

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1 Q. Est-ce le même Dzevad Tirak qui est devenu un représentant officiel de

2 l'organisation appelée le 6e Corps, au moment où le corps a été créé, vers

3 le mois de juin 1993 ?

4 R. Je crois que oui.

5 Q. Lorsqu'au sein de la SVB, les services de Sûreté et l'administration

6 chargée de la sécurité, à l'origine, lorsque vous avez rejoint cette

7 organisation, Fikret Muslimovic dirigeait cette organisation et son adjoint

8 était Jusuf Jasarevic, est-ce exact ?

9 R. Oui.

10 Q. Votre supérieur était-il un homme appelé Vahid Bogunic à Sarajevo ?

11 Autrement dit, lorsque j'ai dit que vous deviez "rendre des comptes à,"

12 j'entendais par là, qu'il s'agissait de votre supérieur hiérarchique ?

13 R. Lorsque j'ai reçu cet ordre me demandant d'être rattaché à

14 l'administration chargée de la sécurité, la première interview que j'ai eue

15 était menée par Fikret Muslimovic. Après quelques minutes d'entretien, qui

16 ont duré quelques 10 à 15 minutes, il m'a dit que mon supérieur

17 hiérarchique, c'était Vahid Bogunic.

18 Q. Très bien. Jusqu'à ce moment-là, Vahid Bogunic, était-elle la personne

19 avec laquelle vous traitiez le plus souvent au sein de l'UB ?

20 R. Oui.

21 Q. Simplement pour rafraîchir la mémoire des personnes présentes dans le

22 prétoire, l'UB correspond au niveau le plus élevé au sein de la SVB; est-ce

23 exact ?

24 R. C'est à moi que vous posez la question ?

25 Q. Oui. Je m'excuse, je vous pose la question parce que -- oui, c'est à

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1 vous que je la pose.

2 R. Oui. Oui.

3 Q. Oui. Quelquefois, je dois vous soumettre une proposition pour vous

4 permettre de faire la clarté sur certains points. Merci.

5 La question suivante que je souhaite vous poser est celle-ci : lorsque

6 vous vous êtes rendu à Igman, est-ce que vous deviez ou

7 vous étiez envoyé là-bas, en mission, pour essayer de comprendre ce qui

8 s'était passé à Igman ? Je vais reprendre cette question.

9 Lors de cette bataille au mont Igman, il y a eu une retraite

10 importante effectuée par les forces de l'armée de Bosnie, n'est-ce pas, ce

11 qui a permis de stabiliser la situation à la fin de cette bataille, n'est-

12 ce pas ?

13 R. Oui. Lorsque Rogoj est tombée près de Trnovo, l'armée a commencé à se

14 retirer avant ou devant les attaques des agresseurs. Ce n'est qu'au mont

15 Igman que nous avons finalement réussi à établir les lignes et à refouler

16 l'ennemi.

17 Q. Votre mission consistait, entre autres, à aller enquêter sur le terrain

18 pour comprendre ce qui s'était passé, de faire des propositions. Je vais,

19 d'abord, vous poser cette question en premier lieu : vous étiez envoyé sur

20 place pour enquêter et savoir ce qui s'était passé ?

21 R. Oui. Sur les lieux, dans les tranchées, j'ai parlé avec les hommes.

22 Ensuite, je suis descendu à Hrasnica et j'ai rédigé des rapports et je les

23 ai envoyés directement à l'administration chargée de la sécurité à

24 Sarajevo.

25 Q. J'entends bien. Après ce moment-là, vous avez reçu un ordre vous

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1 demandant de vous rendre sur le terrain en Herzégovine ?

2 R. Oui.

3 Q. Je vais maintenant vous montrer un ordre. Je vais vous demander si vous

4 reconnaissez cet ordre ?

5 M. MORRISSEY : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaite que l'on

6 montre au témoin un document qui porte le numéro D450, c'est un document 65

7 ter et son numéro est DD00-2077, numéro MF1282.

8 Q. Je souhaite vous poser cette question. Il s'agit d'un ordre et je vais

9 vous demander si vous avez déjà vu cet ordre.

10 Vous avez un document sous les yeux à l'écran. Je vais vous demander de le

11 lire rapidement et de vérifier ce qui est en haut et en bas du document,

12 s'il vous plaît. Entre-temps, je vais vous dire que je vais vous montrer un

13 certain nombre de documents que vous n'aurez peut-être jamais vus ou dont

14 vous ne vous souvenez peut-être pas, mais, c'est à vous de me dire ce qu'il

15 en est.

16 Eu égard à ces documents-ci, avez-vous eu l'occasion déjà de voir ce

17 document et de le parcourir rapidement ?

18 R. Je n'ai pas vu ce document-ci avant. A Hrasnica, on m'a dit de vive

19 voix que je devais me rendre en Herzégovine. Ce n'est que plus tard, au

20 cours des conversations que j'ai eues avec les enquêteurs du Tribunal de La

21 Haye qu'on m'a montré ce document. Je n'ai jamais eu ce document entre les

22 mains auparavant.

23 Q. Je comprends bien. Mais, eu égard à ce document, est-ce que vous aviez

24 compris les choses ainsi, on vous avait envoyé sous les ordres de Rasim

25 Delic pour remplir une mission qui consistait, pardonnez-moi, la mission

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1 n'est pas clairement définie dans ce document, est-ce ainsi que vous avez

2 compris les choses ? Quand bien même vous n'avez pas vu ce document, est-

3 ce que vous saviez qu'il y avait un ordre qui avait été donné et qui

4 demandait aux unités du SVB, dans les régions où se trouvaient le 4e et 6e

5 Corps, on demandait à ces unités du SVB de vous recevoir et de vous aider.

6 Est-ce exact ?

7 R. D'après ce qu'il est dit ici, oui, c'est ainsi que les choses auraient

8 dû se passer. Mais en réalité, avant de me rendre à Igman, je me suis

9 entretenu avec Jusuf Jasarevic et Vahid Bogunic, et à ce moment-là donné,

10 ils m'ont dit que je pouvais être envoyé dans cette région-là pour la bonne

11 et simple raison que personne, faisant partie de l'administration chargée

12 de la sécurité, personne ne s'était jamais rendu à cet endroit-là. Au cours

13 de mes échanges avec eux, ils m'ont dit que je devais aller sur le terrain

14 pour savoir quelles étaient les difficultés et problèmes rencontrés, et je

15 devais rapporter ceci au commandement, ou plutôt à l'administration chargée

16 de la sécurité.

17 Q. Autrement dit, on vous a envoyé là-bas en qualité d'agent de la

18 sécurité travaillant pour la SVB, pour recueillir des informations et pour

19 faire un rapport sur les organes de la sécurité, -- les organes de sécurité

20 des 4e et 6e corps. Est-ce exact ?

21 R. Cela ne portait pas sur le 6e Corps mais sur l'administration chargée

22 de la sécurité.

23 Q. Pardonnez-moi. C'est ce que je voulais dire, l'administration chargée

24 de la sécurité du 6e Corps et du 4e Corps; est-ce exact ?

25 R. Oui.

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1 Q. Je voudrais que tout soit clair concernant ce document avant que je ne

2 le propose au versement au dossier. Ce document, vous ne l'avez vu

3 auparavant mais à votre connaissance, vos supérieurs hiérarchiques ont

4 envoyé un ordre pour vous faciliter la route et pour assurer que les unités

5 en Herzégovine coopèrent avec vous ?

6 R. Concernant cet ordre-là, je n'étais pas au courant de cela mais il est

7 vrai que du 6e et du 4e Corps d'armée, on m'a aidé. Le 6e Corps, c'est le

8 corps d'armée qui se trouvait à Konjic et ce corps m'a aidé à me déplacer à

9 Jablanica. De Jablanica, je me suis rendu à Mostar à pied et c'est là-bas

10 où je suis resté le plus de temps. A Konjic, je n'ai passé qu'une seule

11 nuit. Après cela j'ai continué mon chemin et je suis resté pendant quelques

12 jours, je pense que c'était pendant une semaine. Je ne sais pas exactement

13 combien de jours j'ai passés là-bas. J'ai parlé avec le personnel de

14 l'administration chargée de la sécurité du 4e Corps, j'ai envoyé le rapport

15 à Sarajevo après avoir parlé avec eux.

16 Q. Est-ce que vous avez rencontré Nermin Eminovic lorsque vous êtes passé

17 par la zone de responsabilité du 6e Corps, compte tenu du fait qu'il était

18 à la tête du département chargé de la sécurité du 6e Corps à l'époque ?

19 R. Non, je n'ai pas eu l'occasion de le rencontrer. A l'époque, j'ai pris

20 contact avec Braco Fazlic. Braco, c'était son surnom et son prénom était,

21 je pense, Behudin. C'est un homme qui était chef du QG de la 6e Brigade de

22 Montagne avec qui j'étais à Sarajevo. A l'époque, il était chef de l'état-

23 major du 6e Corps.

24 Q. Il n'était pas membre de votre organisation, c'est-à-dire du service de

25 sécurité militaire, n'est-ce pas ?

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1 R. Il ne faisait pas partie de ce service.

2 Q. Après cela, vous vous êtes rendu à Mostar. Est-ce que là-bas, vous avez

3 rencontré Sejo Brankovic ou vous le connaissiez depuis longtemps ou est-ce

4 que vous l'avez rencontré pour la première fois à Jablanica plus tard ?

5 R. J'ai rencontré M. Brankovic à Jablanica.

6 Q. Est-ce que c'était sur votre route vers Mostar ou après que vous êtes

7 rentré de Mostar ?

8 R. Pour la première fois je l'ai rencontré à Jablanica et j'ai passé

9 quelques heures en s'apprêtant à partir à Mostar. Lorsqu'en rentrant de

10 Mostar, nous nous sommes revus, nous avons repris contact, et c'est comme

11 cela que notre coopération s'est établie.

12 Q. Je m'excuse, juste un instant, s'il vous plaît.

13 Est-ce que l'on vous a jamais montré la copie ou l'exemplaire de l'ordre

14 par lequel l'équipe d'inspecteurs a été formée, et dont vous faisiez

15 partie, et je ne pense pas là à l'enquête menée par ce Tribunal

16 international, mais plutôt je pense à cette époque-là. Est-ce qu'on ne vous

17 a jamais montré un exemplaire de cet ordre ?

18 R. Non.

19 M. MORRISSEY : [interprétation] Je voudrais qu'on montre au témoin la pièce

20 à conviction de la Défense conformément à l'Article 65 ter. Il s'agit de la

21 pièce à conviction D643, comportant les parties A et B, et je prie qu'on

22 montre au témoin DD00-2128 et la cote MFI283.

23 Q. Cet ordre et l'ordre donné par Jusuf Jasarevic, et dans lequel il a été

24 demandé que vous vous présentiez à Sefer Halilovic. Pouvez-vous voir cet

25 ordre devant vous sur l'écran ?

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1 R. Oui.

2 Q. Vous souvenez-vous quand vous étiez à Mostar

3 si vous avez reçu une convocation, c'est-à-dire qu'on vous a dit "de vous

4 rendre illico au poste de commandement du 6e Corps d'armée, c'est-à-dire au

5 commandement Suprême de l'état-major, plutôt plus particulièrement à

6 l'équipe présidée par Sefer Halilovic, qui était chef de l'état-major du

7 commandement Suprême, où vous devrez représenter l'administration chargée

8 de la sécurité au sein de cette équipe." Est-ce que vous n'avez jamais reçu

9 un tel ordre ?

10 R. J'ai reçu cet ordre et j'ai procédé comme cela a été demandé dans cet

11 ordre-là.

12 Q. Lorsque vous avez reçu cet ordre-là, vous avez compris que vous alliez

13 représenter l'administration chargée de la sécurité au sein de cette

14 équipe, n'est-ce pas ?

15 R. Oui.

16 Q. Je vous remercie.

17 M. MORRISSEY : [interprétation] Je propose ce document au versement au

18 dossier Monsieur le Président.

19 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

20 M. WEINER : [interprétation] Pas d'objection Monsieur le Président.

21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie. La pièce à conviction

22 est versée au dossier.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction de la

24 Défense portant la cote 283.

25 M. MORRISSEY : [interprétation] Je vous remercie.

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1 Q. Vous avez dit que lorsque vous avez reçu cet ordre, vous vous êtes

2 rendu par les montagnes jusqu'à la région de Mostar, et vous êtes arrivé à

3 Jablanica après 18 heures de trajet, n'est-ce

4 pas ?

5 R. Oui.

6 Q. Mon éminent collègue, M. Wiener, vous a posé de nombreuses questions et

7 je ne vais pas parcourir toutes ces questions avec vous, mais il y a des

8 points dont je voudrais parler avec vous. Lorsque vous êtes arrivé à Donja

9 Jablanica, vous êtes arrivé vers la fin de la réunion de l'équipe

10 d'inspection à laquelle Sefer Halilovic en personne assistait ainsi que MM.

11 Suljevic, Bilajac et Karic, n'est-ce pas ?

12 R. Je suis arrivé dans cette pièce dans laquelle ils étaient tous

13 présents. Les soldats m'ont fait entrer dans la pièce. Ils étaient en train

14 de parler. Je ne sais pas à quel moment la réunion avait déjà commencé. Je

15 ne sais pas s'il s'agissait du début, du milieu ou de la fin de la réunion.

16 Tout simplement, je suis entré dans la pièce et je me suis présenté à eux.

17 Q. Très bien. Vous avez dit que depuis ce moment-là, vous n'assistiez qu'à

18 une seule réunion de cette équipe quant aux préparatifs militaires, n'est-

19 ce pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Là-bas il y avait un bureau où se trouvaient les bureaux de la centrale

22 hydroélectrique et que vous avez appelé poste de commandement avancé, et

23 vous vous êtes rendu à plusieurs reprises à ce poste de commandement

24 avancé ?

25 R. Oui, mais il ne s'agissait pas de réunions, il s'agissait des

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1 discussions et des opérations où il fallait discuter de ces opérations avec

2 les commandants des corps d'armée. Tous les matins je me rendais là-bas.

3 S'il y avait quelqu'un de l'équipe d'inspecteurs, je passais un peu de

4 temps avec eux, mais quant aux réunions officielles pendant lesquelles on

5 discutait de combats, d'activités de combat, j'ai déjà dit que je n'y ai

6 pas assisté.

7 Q. Il y a une occasion où vous êtes parti avec les membres de l'équipe

8 d'inspecteurs à Buturovic Polje, mais à cette occasion-là, vous n'avez pas

9 assisté à la réunion qui s'était tenue là-bas; est-ce exact ?

10 R. Oui.

11 Q. Je voudrais qu'on parle de la réunion à laquelle vous avez assisté. Il

12 s'agissait de la réunion lors de laquelle on parlait des choses liées à la

13 logistique et aux unités qui devaient arriver ce jour-là à Jablanica; est-

14 ce vrai ?

15 R. Oui.

16 Q. Cette réunion a eu lieu au poste de commandement avancé, n'est-ce pas ?

17 R. Oui.

18 Q. Lors de la réunion, enfin à cette réunion assistaient Karic, Suljevic

19 et Bilajac, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Et le ministre de l'Intérieur, Bakir Alispahic, n'est-ce pas ?

22 R. Oui.

23 Q. Le président de la présidence de Guerre -- est-ce que le nom de Safet

24 Cibo vous dit quelque chose ?

25 R. J'ai entendu parler de lui, mais il n'a pas assisté à cette réunion.

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1 Q. Vous avez mentionné une personne qui avait participé à cette réunion.

2 J'ai pu supposer qu'il s'agissait de Safet Cibo. Mais qui était cette

3 personne-là, cette autre personne, est-ce qu'il s'agissait d'un habitant de

4 cet endroit-là ?

5 R. Il s'agissait du maire de Jablanica, de la municipalité de Jablanica.

6 C'est comme cela que j'ai compris cela.

7 Q. Je veux que tout soit clair concernant M. Cibo. Il ne s'agissait pas en

8 fait de Safet Cibo ou vous n'êtes pas sûr de cela ?

9 R. Non, il ne s'agissait pas de Safet Cibo.

10 Q. Je vous remercie.

11 A votre connaissance, ce jour-là, Sefer Halilovic n'était pas là-bas, il se

12 trouvait à Konjic, n'est-ce pas ?

13 R. A ma connaissance, il n'était pas à Jablanica.

14 Q. Durant cette réunion, est-ce que Vehbija Karic a annoncé que les unités

15 de Sarajevo étaient déjà arrivées en Herzégovine ?

16 R. Oui.

17 Q. Et est-ce qu'en fait dans ce contexte-là une discussion concernant

18 l'approvisionnement s'est développée ? En d'autres termes, il a été dit que

19 les membres des unités arrivant de Sarajevo, il faudrait les nourrir ?

20 R. Ces unités disposaient de leur propre logistique et le logement et

21 l'alimentation de ces unités ont été assurés.

22 Q. Si j'ai bien compris, vous n'avez pas pris part de façon directe à la

23 planification de tout cela. Vous avez pensé que l'unité de Zuka allait

24 assister les unités arrivées de Sarajevo concernant le logement et d'autres

25 questions liées à la logistique ?

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1 R. On ne peut pas dire comme cela. Il s'agissait d'approvisionnement en

2 nourriture de ces unités, ceux dans la région de Jablanica. Je me souviens

3 que le maire de la municipalité de Jablanica et M. Kovacevic avaient pour

4 tâches d'assurer la nourriture à l'intention des unités qui étaient

5 arrivées de Sarajevo ou d'ailleurs, parce qu'il y avait aussi une unité

6 s'appelant les Loups de Cedo, la Division Handzar qui n'étaient pas de

7 Sarajevo. Il fallait assurer à tous ces soldats qui venaient d'ailleurs,

8 assurer la nourriture, et il a été dit que Laste ou les Hirondelles étaient

9 arrivées aussi, il fallait assurer la nourriture et le logement pour eux

10 aussi.

11 Q. Pour autant que vous en sachiez, est-ce que l'unité Laste ou Hirondelle

12 était une unité civile sous le contrôle -- passait sous le contrôle direct

13 du ministre de l'Intérieur, Bakir Alispahic ? Et l'administration, cette

14 unité appartenait au ministère de l'Intérieur et non pas à l'armée ?

15 R. Oui, il s'agissait d'une unité composée de policiers qui était placée

16 sous le commandement direct de M. Alispahic.

17 Q. Est-ce que de la nourriture destinée aux membres de l'unité Laste ou

18 Hirondelle. Est-ce qu'on a discuté de cela lors de cette réunion ou l'unité

19 Laste avait déjà quitté la région et s'est dirigée dans la direction de

20 Mostar ?

21 R. On a parlé de cela, de logement pour les membres de l'unité Laste, mais

22 à ce moment-là, cette unité était déjà partie à Mostar.

23 Q. Lorsque vous dites "plus tard," est-ce que vous pensez le même jour ou

24 quand ?

25 R. Peut-être le même jour ou le lendemain matin, mais cette unité est

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1 partie très vite et nous avons appris cela au moment où ils étaient déjà

2 sur la route pour Mostar et aucun membre de l'équipe d'inspecteurs n'était

3 pas au courant de cela.

4 Q. Le départ de cette unité a-t-il présenté une sorte de surprise ?

5 D'abord je vais jeter la base pour cette question. Est-ce qu'on s'attendait

6 à ce que les membres de l'unité Laste prennent part aux opérations de

7 combat ?

8 R. Oui.

9 Q. Est-ce que c'était une grande surprise de savoir qu'ils avaient tout

10 simplement disparus ?

11 R. Bien sûr.

12 Q. Dans quelle direction étaient-ils partis ?

13 R. Dans la direction de Mostar.

14 Q. Est-ce qu'ils sont partis à pied ?

15 R. Oui, parce qu'ils n'avaient pas d'autres moyens pour s'y rendre.

16 Q. Quand ce jour-là, c'est-à-dire le 8 septembre, c'est-à-dire le jour de

17 l'arrivée des unités, quand pour la première fois avez-vous vu M. Bakir

18 Alispahic ?

19 R. Une fois cette réunion finie, je ne l'ai plus revu.

20 Q. Je suppose que vous vous déplaciez de la façon que vous avez expliquée

21 à mon éminent collègue, vous vous êtes rendu à Donja Jablanica, vous avez

22 pris des portions de nourriture, et avec ces portions vous vous êtes rendus

23 à Grabovica à bord de -- il y avait deux véhicules à votre disposition,

24 n'est-ce pas ?

25 R. Oui.

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1 Q. Pour que tout soit clair, Sefer Halilovic n'était pas avec vous, ne se

2 rendait pas avec vous à Grabovica, n'est-ce pas ?

3 R. C'est exact.

4 Q. J'ai encore quelques questions concernant les événements survenus à

5 Grabovica. Tout d'abord, quand vous étiez là-bas, je suppose que c'était au

6 milieu de l'après-midi ou tard dans l'après-midi. Vous êtes arrivés à 2

7 heures 30 ou 3 heures, et vous êtes partis vers 4 ou 5 heures, n'est-ce

8 pas ? Est-ce exact ?

9 R. Oui, à peu près. C'était comme cela.

10 Q. Vous avez déjà dit que vous aviez des amis du 2e Bataillon indépendant

11 avec lesquels vous avez parlé.

12 M. MORRISSEY : [interprétation] Je prie qu'on montre au témoin la pièce à

13 conviction du Procureur, P3.

14 Q. Il s'agit d'une photographie, une vue aérienne. On va vous la montrer.

15 M. MORRISSEY : [interprétation] Je m'excuse, j'ai fait une erreur par

16 rapport à la cote du document. Il s'agit du document qui porte la cote P7.

17 Q. On vous a déjà montré cette photo précédemment et vous avez indiqué

18 l'endroit où vous vous étiez arrêtés. J'aimerais qu'on aille un petit peu

19 plus loin maintenant avec vous. Vous avez déjà indiqué sur l'autre

20 photographie l'endroit où vous vous teniez quand vous avez parlé à vos

21 amis, et j'aimerais que vous me le fassiez ici aussi.

22 R. [Le témoin s'exécute]

23 Q. Veuillez s'il vous plaît écrire un "1" à côté de, ou plutôt à

24 l'intérieur de ce cercle.

25 R. [Le témoin s'exécute]

Page 84

1 Q. Je vais vous demander d'inscrire d'autres annotations sur cette

2 photographie. Pouvez-vous nous expliquer si ce bâtiment que vous venez de

3 nous indiquer était un bâtiment habitable ou pas ?

4 R. Non, autant que je m'en souvienne.

5 Q. Quand vous étiez là, avez-vous vu des soldats qui essayaient de

6 s'installer dans cette maison ?

7 R. Non. A ce moment-là, les soldats étaient fatigués. D'après ce que j'ai

8 pu voir, il n'y avait pas d'endroit désigné pour qu'ils s'installent et

9 rien n'avait été prévu. Ils étaient étendus dans l'herbe, là où ils le

10 pouvaient, sur des couvertures. Je me souviens que des hommes de la 9e et

11 de la 10e se trouvaient là. Ils étaient plusieurs et ils étaient assis.

12 Certains étaient allés à la rivière pour essayer de prendre du poisson.

13 Parce qu'à Sarajevo cela faisait des années qu'on n'avait pas vu de viande,

14 ils ont essayé de trouver quelque chose à manger. Ils étaient épuisés à

15 cause du très long trajet qu'ils avaient parcouru depuis Sarajevo jusqu'à

16 Jablanica en passant par le mont Igman. Parmi les soldats, certains

17 dormaient autour des maisons, dans des sacs de couchage ou sur des

18 couvertures.

19 Q. Vous avez indiqué à M. Weiner que vous aviez vu une dame -- enfin, qui

20 vous a parlé d'ailleurs et qui vous a dit que les soldats, avec qui elle

21 avait affaire étaient gentils, et cetera. Pouvez-vous nous indiquer sur

22 cette photographie où se tenait cette femme au moment où vous lui avez

23 parlé.

24 R. Oui.

25 Q. Veuillez inscrire un "2" à cet endroit s'il vous plaît.

Page 85

1 R. [Le témoin s'exécute]

2 Q. Merci. Maintenant, j'aimerais vous poser une question au sujet des

3 hommes de la 10e Brigade que vous avez vus. A votre connaissance, les

4 unités de la 10e Brigade qui sont descendues en Herzégovine étaient

5 hébergées dans la localité de Jablanica n'est-ce pas ? C'est là qu'on les

6 avait hébergées ?

7 R. Je ne sais pas. Je ne connais pas cette information.

8 Q. Avez-vous vu deux ou trois soldats de la 10e Brigade à Grabovica

9 pendant que vous y étiez ?

10 R. A Grabovica ?

11 Q. Oui, c'est ma question. Précédemment, vous nous avez dit et j'ai peut-

12 être mal compris, mais je veux être sûr que nous sommes sur la même

13 longueur d'ondes. Vous nous avez dit avoir vu des soldats de la 9e et de la

14 10e Brigades dans le village. Et j'avais une question à vous poser à ce

15 sujet : comment savez-vous qu'il y avait là des soldats de la 10e Brigade

16 quand vous avez vu les soldats ?

17 R. Je ne sais pas. J'ai dit de la 9e ou de la 10e Brigades, parce que j'ai

18 appris que ces unités se trouvaient dans la zone, mais je ne savais pas qui

19 appartenait précisément à quelle unité. Je connaissais certains des gars

20 qui se trouvaient là, qui appartenaient au 1er Bataillon indépendant. Là où

21 ils étaient assis, c'est l'endroit où se trouvait leur unité, mais je ne

22 peux pas vous dire précisément qui appartenait à quelle unité et c'est la

23 raison pour laquelle j'ai dit "de la 9e ou de la 10e Brigades." Ils étaient

24 tous mélangés. Nous ne portions pas d'insignes sur nos uniformes.

25 Q. J'entends bien. Mais je vous ai posé cette question parce que

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1 précédemment, dans l'interprétation, on vous a entendu dire que vous aviez

2 vu des unités de la 9e et de la 10e Brigade. Or ce que vous dites

3 maintenant, pour préciser votre déposition, c'est que vous avez vu des

4 soldats et qu'ils auraient aussi bien pu appartenir à la 9e qu'à la 10e

5 Brigade et que vous ne le savez pas, n'est-ce pas ?

6 M. WEINER : [interprétation] Objection. Ce n'est pas ce que le témoin a

7 dit, Monsieur le Président.

8 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je crois que la réponse du témoin figure

9 au compte rendu d'audience.

10 M. MORRISSEY : [interprétation] Il me semble que je n'ai pas bien cité et

11 repris correctement les propos du témoin, mais si mon éminent confrère

12 souhaite m'indiquer une autre partie du compte rendu d'audience, je suis

13 tout à fait prêt à faire de même avec cet autre extrait. Je ne veux pas ici

14 procéder de manière détournée. Mais, je reprends ce que j'ai dit il y a

15 quelques minutes; je vais continuer mes questions.

16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur Weiner.

17 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

18 M. WEINER : [interprétation] Non, il a dit : "J'ai dit de la 9e et de la 10e

19 parce que j'ai appris que ces unités se trouvaient dans la zone."

20 M. MORRISSEY : [interprétation] Mon collègue est en train de passer sous

21 silence et d'oublier le mot de "ou".

22 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

23 M. MORRISSEY : [interprétation] C'est justement sur ce point que porte le

24 débat.

25 M. WEINER : [interprétation] Non. Il a dit : "Non, je n'ai pas dit que ce

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1 n'était pas la 9e ou la 10e. Le témoin a indiqué qu'il avait vu des gens de

2 la 9e ou de la 10e, qu'il a vu un grand nombre de gens, il ne sait plus. Il

3 ne connaît personne dans la zone à l'exception de ses deux ou trois amis du

4 2e Bataillon indépendant.

5 M. LE JUGE LIU : [interprétation] C'est le témoin qui a prononcé ces mots,

6 peut-être pourrait-on lui poser à lui directement ?

7 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui.

8 Q. Excusez-moi de vous avoir posé les questions ainsi, Monsieur le Témoin,

9 je vais recommencer. Premièrement, vous avez vu un grand nombre de soldats

10 à Grabovica, n'est-ce pas ?

11 R. Oui.

12 Q. Vous-même, personnellement, ignorez s'il y a un seul de ces soldats qui

13 appartenaient à la 10e Brigade, n'est-ce pas ?

14 R. Je ne sais pas qui était là de la 10e ou qui était là de la 9e.

15 Q. Je vous entends bien mais, j'ai une autre question qui est la suivante.

16 Vous n'êtes pas en train de dire aux Juges de la Chambre qu'il y avait quoi

17 qui ce soit de la 10e au moment où vous étiez présent, n'est-ce pas ? Est-

18 ce exact ?

19 R. Non.

20 Q. Est-ce que ce que vous nous dites, c'est la chose suivante : c'est-à-

21 dire que vous ignorez, vous ignorez s'il y avait des soldats de la 10e sur

22 place, vous ne savez pas ?

23 R. Je n'ai pas pu dire qui était de quelle brigade.

24 Q. Je vous entends bien mais moi, ce que je suis en train de vous dire,

25 c'est qu'il est tout à fait possible qu'il n'y ait eu aucun membre de la

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1 10e Brigade sur place ce jour-là.

2 M. WEINER : [interprétation] On demande au témoin de se lancer dans des

3 conjectures.

4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] C'est tout à fait exact. Vous allez un

5 petit peu loin, là.

6 M. MORRISSEY : [interprétation] Je ne suis pas sûr que cela soit

7 effectivement le cas, Monsieur le Président.

8 Q. Mais, bon. Je repose la question : pour ce qui est des unités qui

9 étaient sur place, vous saviez qu'il y avait des gens du 2e Bataillon

10 indépendant ? Cela vous le saviez, n'est-ce pas ?

11 R. Oui.

12 Q. Vous n'avez reconnu aucun soldat de la 10e Brigade sur place, n'est-ce

13 pas ?

14 R. Oui.

15 Q. Excusez-moi, quand vous dites "oui," il va falloir préciser. Ce n'est

16 pas votre faute, Monsieur le Témoin, ce n'est vraiment pas votre faute. Ce

17 sont les questions qui posent problèmes mais pas les réponses.

18 Je veux simplement être sûr pour la 10e Brigade ? Pour ce qui est de

19 gens de la 10e Brigade, ce que vous nous dites, c'est qu'il y en avait

20 peut-être sur place mais peut-être pas, vous en n'êtes pas sûr ?

21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

22 M. WEINER : [interprétation] Une fois encore, au nom du témoin, se lancer

23 dans des conjectures ?

24 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je ne crois pas. Je pense qu'ici, on

25 traduit bien, on reflète bien la réponse du témoin.

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1 M. MORRISSEY : [interprétation]

2 Q. Excusez-moi, est-ce que vous avez répondu "oui" à ma question, Monsieur

3 le Témoin ?

4 R. Oui.

5 Q. Merci, Excusez-moi de la manière assez maladroite dont j'ai posé mes

6 questions.

7 Poursuivons. D'après ce que vous avez vu dans ce village, les relations

8 entre les habitants du village et les soldats étaient tout ce qu'il y a de

9 plus correct et même assez amicales ?

10 R. Je peux même dire qu'elles étaient "idylliques".

11 Q. Les soldats vous ont paru très soulagés de sortir de l'enfermement de

12 Sarajevo.

13 R. Je ne sais pas s'ils étaient soulagés d'être sortis de Sarajevo mais en

14 tout cas, ils étaient détendus. On voyait bien qu'ils étaient fatigués,

15 mais sinon, tout allait bien.

16 Q. D'après ce que vous avez pu voir, aucun soldat n'a fait des

17 observations déplacées au sujet des Croates, n'a critiqué les Croates, n'a

18 fait preuve d'hostilité envers certaines personnes uniquement parce que

19 celles-ci étaient Croates, n'est-ce pas ?

20 R. Personne n'a critiqué ou dit quoi que ce soit de critique au sujet des

21 Croates, tout était idéal.

22 Q. Et Vehbija Karic était conduit par son propre fils dans ce village.

23 C'est son fils qui l'a conduit au village.

24 R. Oui.

25 Q. Saviez-vous que la femme de Vehbija Karic est Croate et que son fils

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1 est à moitié Croate ?

2 R. Non.

3 Q. Si on parle de Vehbija Karic lui-même, vous ne l'avez pas vu manifester

4 d'impatience ou de sentiments anti-croates, ou d'agressivité pendant tout

5 le temps que vous avez passé avec lui au village ?

6 R. D'après ce que j'ai vu, il n'a pas fait preuve d'intolérance ou

7 d'agressivité. Non, je n'ai rien vu de tel.

8 Q. Quelques questions au sujet des déplacements. Vous nous dites qu'il y

9 avait deux véhicules et que le deuxième chauffeur, le chauffeur du deuxième

10 véhicule était Soko. Si je vous donne le nom de Huso Alic, est-ce que cela

11 peut vous rafraîchir la mémoire, s'agissant du nom de ce deuxième

12 chauffeur ?

13 R. Je n'avais pas rencontré ce monsieur, je ne l'ai jamais rencontré

14 après. Je connaissais uniquement son prénom, son surnom, Soko. Je ne sais

15 pas si c'est vrai prénom ou son vrai nom de famille. Je sais qu'il a été

16 commandant à Igman. Ensuite il est parti à l'étranger, il est revenu. Ce

17 sont des choses que j'ai apprises par la rumeur. Mais, je ne connaissais

18 pas du tout ce Monsieur.

19 Q. Je crois que j'en ai terminé des questions que j'avais à vous poser sur

20 ce point.

21 Pour finir sur la photographie que l'on voit à l'écran. Est-ce que vous

22 voyez une maison assez grande, blanche, en bas à gauche ?

23 R. Oui.

24 Q. Vous souvenez-vous s'il y avait des gens, des civils ou des militaires,

25 dans cette maison au moment où vous étiez sur place ?

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1 R. Vous parlez de la maison qui se trouve en haut à gauche.

2 Q. Non, je parle de la maison en bas, à gauche, celle qui a deux petites

3 cheminées sur le toit.

4 R. Celle qui a une grande terrasse ?

5 Q. Oui.

6 R. Oui. Il y avait pas mal de soldats devant cette maison.

7 Q. Est-ce que vous avez vu ou rencontré un habitant du village dans cette

8 maison, à côté de cette maison ?

9 R. Je n'ai pas vu de civils à cet endroit parce que je leur ai amené une

10 espèce de grande marmite avec de la nourriture, des tartes, et cetera. Mais

11 je n'ai pas vu de civils.

12 Q. Vous nous avez indiqué qu'ultérieurement vous avez rencontré Ramiz

13 Delalic. Je voudrais savoir que si pendant vous étiez au village, vous avez

14 vu Ramiz Delalic à quelque moment que ce soit ? Je parle de cette fois où

15 vous y êtes rendu avec M. Karic.

16 R. Non, je ne lui ai pas vu. Je n'ai pas vu Ramiz Delalic, alias Celo, sur

17 place pendant que j'étais au village moi-même.

18 Q. Je vous entends bien. En haut à gauche, on voit une maison

19 partiellement cachée. La voyez-vous ?

20 R. Je vois deux maisons. A laquelle faites-vous référence ? A celle qui

21 est en brique ou à l'autre qui est complètement à gauche, au coin ? De

22 quelle maison parlez-vous ?

23 Q. Je ne parle pas de celle qui est complètement à gauche, je parle de

24 l'autre, celle qui se trouve à un ou, mettons, à cinq centimètres du coin

25 supérieur gauche.

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1 R. Oui.

2 Q. Avez-vous vu des soldats ou des civils à proximité de cette maison ?

3 R. Je n'ai vu aucun civil à cet endroit. Je suis allé dans cette maison

4 parce que mon ami Zoran Kovacevic était en train de dormir dans cette

5 maison, à la cave. Je suis allé dans cette maison, parce que mon autre ami,

6 Cupo, m'avait dit que Zoka était en train de dormir dans cette maison. J'ai

7 laissé les vivres devant la maison que j'ai encerclée, où j'ai tracé un

8 cercle. Je suis monté là-haut. J'ai trouvé mon ami, Zoran Kovacevic. Je

9 l'ai réveillé. Ensuite, on est retourné à la maison. Il a commencé à

10 manger, puis là, on a continué à discuter. Mais je n'ai vu aucun civil dans

11 cette maison là-haut.

12 Q. Veuillez, s'il vous plaît, inscrire un "3" à côté de la maison où se

13 trouvait Zoran Kovacevic.

14 R. [Le témoin s'exécute]

15 Q. Pour finir, la maison qui se trouve complètement en haut à gauche, y

16 avez-vous vu des soldats ou des civils ?

17 R. Je ne peux pas vous le dire parce que je ne suis pas allé jusque-là. Il

18 y a pas mal d'arbres entre les deux maisons.

19 Sur cette photographie, la végétation se présente de manière différente de

20 dans mon souvenir. Il y avait plus d'arbres quand on était là-bas. Si bien,

21 que je ne me souviens même pas si j'ai vu ou non la maison qui se trouvait

22 complètement en haut. Je ne me souviens pas, avec toute cette végétation.

23 J'ignore s'il y avait des soldats hébergés à cet endroit ou s'il y avait

24 des gens qui vivaient dans cette maison.

25 Q. Bien. Je vais maintenant passer à un autre sujet. Je vois qu'il reste

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1 cinq minutes.

2 M. MORRISSEY : [interprétation] Mais avant, je souhaiterais demander le

3 versement au dossier de ce document.

4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Y a-t-il des objections ?

5 M. WEINER : [interprétation] Il n'y a pas d'objection.

6 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Le document est versé au dossier.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction de la

8 Défense D284.

9 M. MORRISSEY : [interprétation]

10 Q. Il nous reste cinq minutes. Je vais passer à un autre sujet pour lequel

11 je n'ai besoin que de cinq minutes. A la fin de votre interrogatoire

12 principal, le Procureur vous a montré le rapport de l'équipe d'inspections,

13 vous en souvenez-vous ?

14 R. Oui, je m'en souviens.

15 Q. Je ne vais pas vous le remontrer, mais je voudrais savoir une chose.

16 Vous n'avez pas absolument pas contribué à la préparation de ce document,

17 n'est-ce pas ?

18 R. Non.

19 Q. En fait, vous ne l'avez pas signé, vous ne l'avez même pas regardé ce

20 document avant qu'il ne soit envoyé par l'équipe d'inspections dont les

21 membres ont apposé leurs signatures au bas du document ?

22 R. Je n'ai pas lu ce document, et je n'ai pas participé, non plus, à la

23 rédaction de ce document, et je n'ai pas non plus signé.

24 Q. Les rapports que vous avez faits au sujet de l'enquête sur les

25 événements tragiques de Grabovica, ce sont des rapports que vous avez

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1 envoyés le long de la filière hiérarchique, de comptes rendus du SVB à

2 Jusuf Jasarevic, en personne, n'est-ce pas ?

3 R. "N/R", cela signifiait à l'attention personnelle de Jusuf Jasarevic,

4 chef de l'administration chargée de la sécurité de l'état-major général.

5 Q. J'entends bien. Il vous appartenait, c'était votre obligation même,

6 dans le cadre de ces enquêtes sur les notes de Grabovica, vous étiez tenu

7 par le règlement de faire rapport à Jusuf Jasarevic, n'est-ce pas ?

8 R. Oui, c'est ce que j'ai fait parce que c'était ce que je pensais devoir

9 faire et être censé faire.

10 Q. Oui, bien. C'est ainsi que vous avez interprété les consignes de Sefer

11 Halilovic qui vous a dit de faire ce que vous pouviez dans les

12 circonstances et de continuer à rendre compte de ce qui se passait à Jusuf

13 Jasarevic et de lui envoyer des rapports, n'est-ce pas ?

14 R. Oui. C'est ainsi que j'ai compris l'ordre donné par le général et j'ai

15 fait tout ce qui était en mon pouvoir. Ensuite, j'ai demandé à ce que l'on

16 m'aide, et mes correspondances étaient directement avec l'administration

17 chargée de la sécurité dont j'étais membre. J'ai exécuté l'ordre qui m'a

18 été donné par le général tel qu'il me l'a donné.

19 Q. Mais en dehors de ce qui était exigé de vous par le règlement et par

20 l'ordre qui vous avait été donné, vous saviez que c'était le SVB,

21 l'organisation professionnelle dont vous étiez membre, qui avait les

22 compétences requises, et c'est pourquoi vous avez demandé au général

23 Jasarevic de vous donner ces informations ?

24 M. WEINER : [interprétation] Objection. Maintenant on parle du "général

25 Jasarevic," alors que la Défense elle-même avait cessé d'utiliser cela

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1 précédemment. On va semer la confusion dans l'esprit du témoin puisqu'on a,

2 d'autre part, parlé "d'un ordre venant du général," en parlant de

3 Halilovic.

4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

5 M. WEINER : [interprétation] On essaie ici de semer la confusion dans

6 l'esprit du témoin.

7 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

8 M. MORRISSEY : [interprétation] Mon éminent confrère peut lancer à la

9 cantonade des accusations en disant "que j'essaie de semer la confusion

10 dans l'esprit du témoin." Mais c'est complètement faux. C'est plutôt mon

11 éminent confrère de l'Accusation qui essaie de le faire en utilisant le

12 terme de "trois généraux," alors qu'il sait parfaitement, qu'à l'époque, il

13 n'y avait pas de grades de ce type. Je pense qu'on voit ici la preuve de

14 toute son habilité professionnelle.

15 M. WEINER : [interprétation] Objection.

16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Bien --

17 M. WEINER : [interprétation] Ceci ne devrait pas être dit devant le témoin.

18 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.

19 M. WEINER : [interprétation] Mon confrère le sait. Il peut tenir ces propos

20 en dehors de la présence du témoin. Ceci est complètement déplacé.

21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] C'est lundi et nous avons travaillé

22 environ depuis trois heures, donc, le moment est peut-être venu de nous

23 interrompre.

24 Maître Morrissey, peut-être cette question, pourriez-vous y revenir demain.

25 M. MORRISSEY : [interprétation] Je vais poser une question supplémentaire

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1 avant la fin. Je pense que cela mettra un terme aussi à cette petite

2 discussion entre moi et mon confrère parce que je vais poser une question

3 tout à fait ouverte.

4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, sans "général," sans l'utilisation

5 du terme "général."

6 M. MORRISSEY : [interprétation]

7 Q. A votre connaissance, Monsieur Dzankovic, le grade de général est-ce

8 qu'il a surgi, est-ce qu'il a commencé à exister après ces événements,

9 n'est-ce pas ? Je parle de l'armée de Bosnie.

10 R. Oui, effectivement. Jusqu'à ce moment-là, personne ne s'était vu donner

11 le grade de général. Les grades n'ont commencé à exister qu'en 1994, à ma

12 connaissance. C'est à ce moment-là qu'on a commencé à donner des grades

13 suivant les fonctions occupées par chacun dans l'organisation de l'armée.

14 Q. Mais quand vous avez parlé d'un ordre donné par le général, vous

15 parliez de Sefer Halilovic ?

16 M. MORRISSEY : [interprétation] Je souhaite préciser la chose, Monsieur le

17 Président.

18 Q. Vous avez reçu un ordre de Sefer Halilovic le 9 septembre, n'est-ce

19 pas, dans la nuit; c'est ce dont vous nous avez parlé n'est-ce pas ?

20 R. Oui. Quand je parle du "général," quand je dis "général," j'utilise ce

21 terme pour faire montre de respect envers mon chef, envers le général Sefer

22 Halilovic, qui était général, qui est resté un général, et qui, pour moi,

23 restera toujours un général.

24 Q. Merci.

25 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Monsieur le Témoin, nous allons nous

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1 interrompre ici et je vais, comme je le fais à l'intention de tous les

2 témoins, je vais vous rappeler que vous êtes sous serment, et de ce fait,

3 vous ne devriez parler à quiconque de votre déposition et n'autorisez

4 personne à vous en parler. Vous m'avez bien entendu ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai bien compris.

6 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci beaucoup.

7 Nous nous interrompons maintenant pour reprendre demain à 9 heures dans

8 cette même salle d'audience.

9 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mardi 22 mars 2005,

10 à 9 heures 00.

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