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1 Le jeudi 24 mars 2005
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 01.
6 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Veuillez donner le numéro de l'affaire,
7 Monsieur le Greffier.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, affaire IT-01-48-T, le Procureur
9 contre Sefer Halilovic.
10 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci beaucoup.
11 Bonjour Mesdames et Messieurs.
12 Bonjour, Monsieur le Témoin. Avez-vous pu vous reposer hier ?
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Bonjour.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Bien. Nous allons essayer de vous
15 permettre de retourner passer les fêtes de Pâques chez vous.
16 Madame Chana.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
18 LE TÉMOIN: SEFKO HODZIC [Reprise]
19 [Le témoin répond par l'interprète]
20 Mme CHANA : [interprétation] Un instant, je vous prie.
21 Interrogatoire principal par Mme. Chana :[Suite]
22 Q. [interprétation] Oui, excusez-moi. Bonjour, Monsieur Hodzic.
23 R. Bonjour.
24 Q. Hier, avant la pause, nous étions en train de parler de l'offensive qui
25 devait commencer de Bugojno pour aller à Mostar, le 13 septembre. Est-ce
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1 que cette offensive a bien commencé,
2 ce jour-là ?
3 R. Non. Pas dans toute cette zone, uniquement en partie de cette zone,
4 dans la direction de Crni Vrh et venant, également, peut-être de Bugojno
5 mais je ne suis pas sûr.
6 Q. Mais pourquoi ?
7 R. Quand nous sommes revenus à Jablanica, le 12, nous avons compris que
8 les choses n'avaient pas été préparées pour la partie centrale et sud du
9 front et que les lignes de front, les lignes téléphoniques n'étaient pas en
10 place et il n'était pas possible de faire quoi que ce soit.
11 Q. Le 13 septembre, où vous êtes-vous ensuite rendu ?
12 R. Le 13 septembre, au matin, je suis allé voir M. Sefer Halilovic dans
13 l'appartement de Zuka où il résidait et on a pris la direction de Dobro
14 Polje. D'abord, on est allé à Voljevac, ensuite, à Dobro Polje. On pensait
15 qu'il allait y avoir des combats parce qu'on avait entendu des pilonnages.
16 Jablanica était pilonné.
17 Q. Ensuite, où êtes-vous allé ? Qui avez-vous vu ?
18 R. Quand nous sommes arrivés dans la zone de Dobro Polje où se trouvaient
19 les soldats du Bataillon de Prozor, nous les avons trouvés. Ils étaient en
20 train de se reposer, alors qu'ils auraient dû être sur la ligne de front.
21 Il y avait, là, un combattant qui avait le sens de l'humour. On avait
22 beaucoup plaisanté avec lui, la veille. On lui a demandé : "Pourquoi est-ce
23 que vous ne faites rien ?" Il a répondu : "Parce qu'on attend les ordres."
24 Ensuite, on a appris que le Bataillon de Prozor n'était allé nulle part, ce
25 matin-là, alors qu'ils avaient pour mission d'aller au combat.
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1 Q. Pourquoi est-ce qu'ils ne sont pas allés au combat, ce matin-là ?
2 R. Le commandant du bataillon, Enver Buza, est arrivé assez vite et il a
3 dit : "Il y a quelqu'un qui se moque de quelqu'un, ici, parce que je suis
4 arrivé ce matin à 4 heures du matin, je n'avais que deux litres de
5 carburant. Je n'ai pas pu aller aux combats parce que je n'avais pas de
6 carburant." Donc, il ne pouvait pas emmener ses ambulances avec lui au cas
7 où il y aurait eu des blessés.
8 Q. Comment Sefer Halilovic a-t-il réagi à cette nouvelle, la nouvelle que
9 le Bataillon indépendant de Prozor n'était pas allé en opérations ?
10 R. Il était très surpris. Il ne voulait pas que les hommes de Buza
11 entendent, mais il a dit : "Qui l'a nommé commandant du bataillon ?"
12 Q. A-t-il dit quoi que ce soit d'autre ?
13 R. Je crois qu'il a dit que déjà, par le passé, à trois ou quatre
14 reprises, des situations semblables s'étaient présentées. Il n'a pas voulu
15 dire quoi que ce soit de désagréable ou provoquer des scènes devant les
16 combattants, mais il a dit : "Allons dans la direction de Voljevac." Il lui
17 a demandé de venir aussi. Ensuite, Braco Fazlic, qui était l'adjoint du
18 commandant du 6e Corps ou le chef d'état-major du 6e Corps, est venu avec
19 nous. J'ai demandé : "Qui a nommé Buza à ce poste ?" Il a répondu, "Moi.
20 C'est un homme de valeur."
21 Q. Quelle était l'attitude de Sefer Halilovic envers Enver Buza ?
22 R. D'après ce que je me souviens, il n'a pas voulu causer de problèmes
23 devant les soldats, mais il lui a demandé de descendre à Voljevac, le
24 village où nous allions.
25 Q. Est-ce qu'il y a eu d'autres réunions entre Enver Buza et Sefer
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1 Halilovic ?
2 R. Quand on est arrivé à Voljevac.
3 Q. Alors, en ce moment-là ?
4 R. On est arrivé là avant eux et il y avait, là, Bilajac. C'était une
5 maison privée qui appartenait à quelqu'un. Il y avait, là, Bilajac,
6 Suljevic et Karic et Enver Zejnilagic. Plus tard, Buza et Braco Fazlic sont
7 arrivés.
8 Q. De quoi ont-ils parlé ?
9 R. Sefer lui a dit qu'il n'avait pas rempli sa mission, qu'il fallait
10 qu'il parte en opérations, le lendemain et que Suljevic devait
11 l'accompagner.
12 Q. Pourquoi voulait-il envoyer Suljevic avec lui ?
13 R. J'imagine qu'il ne lui faisait pas entièrement confiance, s'agissant de
14 cette opération.
15 Q. Bien. Qu'avez-vous fait après cela ?
16 R. Nous avons passé toute la journée à cet endroit. On suivait les
17 opérations de combat. On est allé au centre de transmission, au sous-sol.
18 Les combats étaient en cours. Nos hommes ont pris Gvozd, le nom d'un
19 endroit.
20 Il y avait des combats. L'après-midi, nous avons appris que l'un des
21 combattants les plus connus de Neretvica était tombé. J'ai été interviewé
22 quelqu'un. On suivait les opérations de combat, puis, ensuite, on est
23 rentré.
24 Q. Avez-vous entendu parlé de ce qui s'était passé à Uzdol pendant ces
25 combats ?
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1 R. C'était avant les combats à Uzdol, avant qu'ils n'aillent à Uzdol.
2 Q. Oui, mais n'avez-vous jamais appris que des crimes avaient été commis à
3 Uzdol ?
4 R. Ce jour-là, il n'y aurait pas pu y avoir des crimes parce que personne
5 n'a quitté sa base. C'est arrivé le lendemain.
6 Q. Que s'est-il passé le lendemain ?
7 R. Le lendemain, devaient commencer les véritables combats dans la
8 véritable zone, dans la zone qui avait été prévue pour prendre la direction
9 de Mostar. Le plan de Sefer consistait à se diriger vers le sud, vers
10 Mostar, et non pas vers Prozor. Moi-même, je souhaitais me trouver à cet
11 endroit. Je souhaitais suivre ce qui était en train de se produire. Mais le
12 matin, nous n'avons rien entendu, pour ce qui était du sud, de la direction
13 de Mostar. Il n'y avait pas de combats à cet endroit.
14 Vers 10 heures, je suis allé à l'appartement de Zuka. Je suis allé voir
15 Sefer Halilovic. Il était là, en train de jouer avec son fils. Il y avait
16 son escorte. Je lui ai dit : "Mais il ne se passe rien là-bas," parce que
17 j'étais logé à Grabovica, plus au sud. J'ai dit : "Mais il y a des combats
18 à Prozor." Il a passé un coup de fil et il a dit : "Oui, c'est vrai. Il n'y
19 a rien qui se passe. Prenons la direction de Prozor."
20 Q. Etes-vous partis ?
21 R. Vers 13 heures, on est parti, on est arrivé à Dobro Polje, où se
22 trouvait la base du Bataillon de Prozor. C'était une sorte de petite
23 baraque, une petite maison qui tenait à peine deux ou trois personnes.
24 C'était le centre de transmission, le centre de liaison.
25 Je ne sais pas comment Sefer l'a appris parce que je n'étais pas là
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1 quand Sefer leur a parlé, mais j'ai entendu que les combattants du
2 Bataillon de Prozor étaient entrés à Uzdol très tôt, qu'ils avaient trouvé
3 les Oustachi endormis - c'est ce qu'ils ont dit - et ils en avaient tué pas
4 mal. Mais ensuite, le HVO avait lancé une contre-attaque. Ils avaient
5 commencé à pilonner et eux, s'étaient retirés ou étaient partis.
6 Q. Ce sont les soldats qui ont raconté cela à Sefer ?
7 R. Non, à moi. C'est ce qu'on m'a dit. Je ne sais pas ce qu'on a dit à
8 Sefer. J'imagine qu'il en a entendu parler, lui aussi.
9 Q. Mais il était là ?
10 R. Il était là, mais je n'ai pas été témoin de la conversation qu'il a eu
11 avec eux. J'imagine qu'il a entendu dire tout cela aussi parce que je suis
12 entré directement dans cette petite maison que j'ai mentionnée. Je ne suis
13 pas allé au centre de liaison, au centre de transmission. On m'a dit ce
14 qu'on m'a dit.
15 Ensuite, je suis allé au centre de transmission. Ils se tenaient à la
16 porte et ils ont dit : "Tout allait bien, mais les soldats étaient en train
17 de retirer." Sefer était avec son escorte et
18 deux ou trois femmes, des personnes âgées. On est monté dans la voiture, on
19 a pris la direction de Voljevac. L'impression, c'était que les combats
20 s'étaient bien passés, mais qu'ils avaient dû battre en retraite. Mais on
21 n'a rien dit d'autre.
22 Q. Mais le fait a été mentionné que des personnes avaient été tuées ?
23 R. Oui, qu'ils les avaient trouvées endormies en pyjamas et ils ont dit
24 qu'ils avaient trouvé leurs combattants endormis dans une école et ils ont
25 dit qu'ils les avaient surpris dans leur sommeil.
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1 Q. Avez-vous rédigé un rapport sur ce point, ce jour-là ?
2 R. Non. Je n'ai préparé aucun rapport, ce jour-là.
3 Q. Avez-vous regardé CNN, ce jour-là ?
4 R. On est descendu à Vojlevac, ensuite, on est revenu à Mostar -- je ne me
5 souviens pas vraiment. Non, ce ne pouvait pas être ce jour-là parce qu'on
6 est allé directement à Donja Jablanica, dans la soirée et moi-même, je suis
7 allé à Dreznica et là, il y avait effectivement des combats quand on est
8 revenu. Je n'y trouvais personne du bataillon de Prozorski, Sefer, Buza ou
9 qui que ce soit d'autre.
10 Je suis allé à Dreznica, je suis resté là encore une journée. Ensuite, je
11 suis rentré et ensuite, je suis allé voir une de mes cousines. Elle a dit
12 qu'elle avait vu à CNN ou sur une autre chaîne de télévision qu'il y avait
13 eu des crimes commis à Uzdol et que des civils avaient été tués. J'ai pensé
14 qu'il s'agissait de ces soldats qui étaient endormis et qui avaient été
15 tués, alors qu'ils étaient en train de dormir en pyjamas. Mais, là-bas,
16 j'ai vu un extrait d'un reportage, je ne sais plus sur quelle chaîne. C'est
17 à ce moment-là que j'ai appris qu'il s'était passé quelque chose.
18 Mais je n'étais vraiment pas sûr, même jusqu'à la fin de la guerre, on ne
19 savait pas vraiment si des crimes avaient été commis à Uzdol, s'il
20 s'agissait d'une opération mise en scène, si on avait placé des cadavres de
21 Bosniaques à cet endroit, parce qu'il y avait de la neige sur place, alors
22 qu'il n'y avait pas de neige. Pendant des années après la guerre, les
23 doutes ont subsisté quant à la véracité de ces crimes, quant au fait qu'ils
24 avaient vraiment été commis ou pas. On a beaucoup écrit là-dessus.
25 Q. Le 14, quand vous étiez dans ce centre de transmission, quand vous avez
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1 appris que des personnes avaient été tuées, à quelle heure cela s'est-il
2 passé ? Combien de temps êtes-vous resté avec Sefer, ce jour-là, si vous
3 n'avez pas passé toute la journée avec lui ?
4 R. Je suis resté avec Sefer pendant tout ce temps-là, on est allé à
5 Voljevac, ensuite, on a pris la direction de Gornji ou Donji Vakuf, je ne
6 m'en souviens pas. Ensuite, nous sommes retournés à Jablanica par Dobro
7 Polje. On est allé à Donja Jablanica tout de suite, là où se trouvait la
8 base de Zuka. On s'est séparés et j'ai pris la direction de Dreznica. On a
9 marché pendant toute la nuit avec les combattants, les hommes de Celo. Il y
10 avait des combats, voilà.
11 Q. Quand vous avez entendu parler de cela, vous n'avez pas rebroussé
12 chemin pour vous rendre où le bataillon indépendant de Prozor était au
13 combat, pour voir ce qui s'était passé ?
14 R. Non. Non. D'ailleurs, ce n'était pas possible parce qu'on nous avait
15 déjà dit que le bataillon de Prozor avait battu en retraite. Ils n'étaient
16 plus à Uzdol, ils étaient partis ailleurs. D'ailleurs, je ne sais même pas
17 vraiment où se trouve cet endroit, où se trouve Uzdol.
18 Q. Au bout de combien de jours, avez-vous vu un reportage à ce sujet, sur
19 CNN ou en avez-vous entendu parler ? Vous nous avez dit que votre cousine
20 avait vu quelque chose sur CNN.
21 R. Je ne sais pas. Il a fallu que j'enregistre toutes ces informations
22 dans mon esprit parce qu'on est allé de Voljevac à Jablanica, Donja
23 Jablanica, je suis allé à Dreznica, j'ai encore passé une nuit et une
24 journée là-bas. Le soir, je suis allé à Donja Jablanica. C'était peut-être
25 le 16, le 17 ou le 18. A peu près, pendant cette période, une de ces
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1 journées, mais je ne peux pas vous dire avec précision laquelle.
2 Q. Qu'avez-vous fait ensuite ?
3 R. Après quoi ?
4 Q. Le lendemain ?
5 R. Le lendemain, j'ai suivi les combattants en direction de Mostar jusqu'à
6 Dreznica. Il y avait un blocus à cet endroit qui a été levé parce que les
7 zones environnantes avaient été libérées; je suis allé au centre, j'ai
8 filmé un petit peu ce qui s'était passé et j'ai envoyé un reportage très
9 court depuis Dreznica.
10 Q. Est-ce qu'à un moment quelconque, vous êtes allé à Grabovica ?
11 R. J'ai traversé Grabovica, ce jour-là. Je suis parti de la base de Zuka,
12 j'ai traversé Grabovica, c'était obligé. Mais il faut se souvenir que
13 c'était la nuit, on était à l'extérieur, je ne sais plus qui il y avait
14 d'autre, je ne sais pas si c'était devant la base d'Adnan ou de Celo. J'ai
15 oublié.
16 En tout cas, je me souviens avoir vu Caco. Je lui ai parlé un petit peu, il
17 avait oublié qui j'étais. Il m'a dit : "Il faut que tu me rappelles qui tu
18 es. Je ne me souviens pas." Ensuite, on a un petit peu discuté de tout et
19 de rien, puis, deux ou trois ou quatre hommes de Celo sont venus - Malco
20 Rovcanin ainsi que Joja, un guide - on est parti jusqu'à Dreznica à pied,
21 cela nous a pris quatre heures; on est passé par les collines, les
22 montagnes, on est arrivé, à peu près, à 1 heure du matin.
23 Q. Est-ce que Sefer Halilovic était avec vous, à ce moment-là ?
24 R. Non, il est resté à Donja Jablanica.
25 Q. Est-ce que vous n'êtes jamais retourné au village de Grabovica avec
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1 Sefer Halilovic ? Est-ce que vous y êtes retourné quelques jours plus
2 tard ?
3 R. Je ne me souviens pas de la date exacte, mais j'imagine que ce devait
4 être le 18 septembre. Les combats se poursuivaient au sud, nous sommes
5 allés sur une position de l'artillerie et de là, Sefer a essayé d'entrer en
6 contact avez Zuka qui était le commandant de cette ligne de front et son
7 adjoint Nihad, je ne sais pas exactement où se trouvait Nihad, mais en tous
8 cas, ils ne sont jamais parvenus à entrer en contact avec eux.
9 Il me semble que j'ai oublié quelque chose, mais j'imagine, sans en être
10 sûr -- enfin ce que je vais vous dire s'est passé, c'est sûr. On a
11 traversé Grabovica, on a emprunté un pont en fer, on est allé près d'une
12 maison, il y avait, là, Caco. Je me souviens de Caco, il y avait pas mal de
13 soldats, de combattants à cet endroit. Plus tard, ils ont commencé à jouer
14 au ballon. Ils ont fini de jouer, c'était sans doute le même jour. Je ne me
15 souviens pas être allé à Grabovica, à l'exception du 19. J'ai l'image dans
16 l'esprit de combattants en train de plonger dans la Neretva, ils étaient en
17 train de pêcher parce que chaque fois qu'ils revenaient à la surface, ils
18 avaient un poisson. Caco était là, il riait, j'ai essayé de le
19 photographier, mais on m'a regardé d'un air peu avenant. Rovcanin a pris
20 mon appareil photo, il a voulu lui prendre une photo également, mais lui
21 aussi, on l'a regardé d'un air assez mécontent; il n'a pas non plus osé
22 prendre de photo.
23 Ensuite, je suis allé à Jablanica, Donja Jablanica et voilà ce dont
24 je me souviens, de la période que j'ai passé avec Sefer, à Grabovica.
25 Q. Bien. Je souhaiterais vous demander d'écouter quelque chose.
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1 Mme CHANA : [interprétation] C'est la pièce 65 ter 177, T0000585, pièce
2 177.
3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce MFI291.
4 L'INTERPRÈTE : Les interprètes s'excusent mais n'avaient pas trouvé le
5 document.
6 [Diffusion de cassette audio]
7 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
8 "Ceux de Sarajevo défendent l'Herzégovine mais le chef d'état-major
9 du commandement Suprême est là. Il est bien organisé. Il a tout cordonné,
10 commandé une opération de grande envergure. Il va nous dire ce qu'il en
11 est. Quelle est son évaluation de la participation, de la contribution des
12 combattants de Sarajevo à cette opération ?
13 "R. Considérable en tout cas, parce que trois unités ont été choisies pour
14 mener les opérations de combat, et ces unités ne sont pas prévalentes parce
15 que la guerre nous a été imposée. Les unités mènent des opérations
16 défensives. Après quelques brefs préparatifs, ils sont arrivés jusqu'en
17 Herzégovine d'urgence. Ils ont rapidement réussi à prendre des positions
18 alors que le terrain est extrêmement difficile. Il s'agit d'un front
19 homogène de l'Etat de Bosnie-Herzégovine dans lequel nous allons nous
20 déplacer, non seulement avec ces unités mais avec d'autres unités. Là où
21 sont les Chetniks et les Oustachi doivent être combattus, nous iront."
22 [Fin de la diffusion de cassette audio]
23 Mme CHANA : [interprétation]
24 Q. Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit Monsieur Hodzic ?
25 R. Il s'agit d'un enregistrement de mes conversations avec un certain
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1 nombre de combattants et de chefs : Celo, Adnan, et cetera -- pendant les
2 opérations de combat -- qui étaient revenus avec moi à Dreznica, des
3 hommes de Celo. Je crois qu'il y avait six personnes qui avaient été tuées
4 à cet endroit.
5 Enfin, on a enregistré cette conversation, on était tous très
6 enthousiastes, et si vous pouviez entendre la totalité de l'enregistrement
7 vous pourriez vous rendre compte de l'atmosphère qui y régnait. Ensuite,
8 nous avons appris que Medvjed avait été libérée, et cetera. On a eu une
9 conversation assez enthousiaste, assez euphorique, et à la fin, j'ai
10 demandé à M. Halilovic de dire quelques mots.
11 Q. C'était M. Halilovic qui vous parlait ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous souvenez-vous de la date ?
14 R. C'était le 19 septembre 1993.
15 Q. Vous nous dites, je cite : "Les gens de Sarajevo défendent
16 l'Herzégovine, le chef d'état-major est ici, le chef d'état-major du
17 commandement Suprême, c'est lui qui a organisé, conçu, et cetera."
18 Halilovic parle des troupes de Sarajevo; à quoi fait-il référence ?
19 R. Je crois que les combattants de l'unité de Sarajevo sont arrivés là; un
20 mois auparavant, ils avaient acquis une certaine renommée en barrant la
21 route aux forces, à l'offensive serbe au mont Igman. C'était les même
22 unités, ils avaient même pu reprendre Tresnjevo Brdo, notamment certaines
23 des positions.
24 Q. Soyons très clairs à ce sujet M. Hodzic. Est-ce que cette interview a
25 eu lieu après les crimes à Grabovica et Uzdol ?
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1 R. Oui, le 19.
2 Q. Est-ce qu'on a parlé à ce moment-là de ce qui s'était passé à
3 Grabovica ?
4 R. Je parlais des gens de Sarajevo qui défendaient l'Herzégovine mais
5 quand j'ai parlé à Sefer de Grabovica, on a parlé de cela et puis on a
6 parlé de ce dont on a déjà parlé hier. Il n'y avait rien d'autre.
7 Mme CHANA : [interprétation] Désolé, Monsieur le Président. Je regarde la
8 question que j'ai posée quand j'ai demandé si on avait parlé de ce qui
9 s'était passé à Grabovica. Je voulais parler également d'Uzdol.
10 Q. Pourriez-vous répondre ? Est-ce que vous répondriez que c'était la
11 même chose pour Grabovica et Uzdol ?
12 R. Non, rien du tout. On a pas fait référence du tout à Uzdol ni à
13 Grabovica.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Madame Chana, est-ce que vous avez la
15 transcription en anglais de cet enregistrement ?
16 Mme CHANA : [interprétation] Oui, cela a été versé au dossier parce qu'elle
17 doit se trouver parmi les pièces.
18 [Le conseil de la Défense se concerte]
19 [La Chambre de première instance se concerte]
20 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie.
21 Mme CHANA : [interprétation]
22 Q. L'autre document que je voudrais qu'on vous montre. Il s'agit de votre
23 journal Monsieur Hodzic. Ce document présenté aux yeux de l'article 65 ter
24 du règlement, il porte le numéro 16 -- non excusez-moi, je reprend ce que
25 je viens de dire, c'est le 106 et il a un numéro ERN 01057700. [comme
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1 interprété]
2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera le numéro MFI292.
3 Mme CHANA : [interprétation]
4 Q. Monsieur Hodzic, je voudrais simplement vous montrer un petit extrait
5 de votre journal. Il va paraître à l'écran dans un instant et il est daté
6 du 1er octobre 1993, Jablanica. Est-ce que cela apparaît maintenant à votre
7 écran, "Jablanica 1er octobre 1993." Est-ce que vous l'avez à l'écran,
8 Monsieur Hodzic ?
9 R. Non.
10 Q. Ce n'est pas à l'écran ?
11 R. Non.
12 Mme CHANA : [interprétation] Est-ce que vous pourriez s'il vous plaît faire
13 défiler pour arriver au chiffre 01057848, c'est la toute dernière partie.
14 Vous descendez jusqu'à 01057849. C'est la dernière partie du journal, et
15 l'entrée, enfin ce qui est écrit concerne le 1er octobre 1993.
16 R. Oui.
17 Q. Vous voyez, cela commence par "Amela est venu et a dit à Sefer qu'au
18 moment où nous étions au camp de Zuka, 'l'un des soldats voulait te serrer
19 la main.'"
20 "Sefer lui a dit de le laisser entrer, il avait un badge avec la
21 photo de Sefer qui était épinglée sur sa poitrine, et il a dit que son nom
22 était Nasko Softic."
23 Je voudrais vous poser la question. En ce qui concerne ce type de Badge,
24 vous avez déjà vu la photo de Sefer épinglée sur la poitrine d'un soldat ?
25 R. Oui.
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1 Q. Est-ce que vous aviez vu un tel badge avant, ou est-ce que c'était la
2 première fois que vous aviez vu un tel badge ?
3 R. Je pense que c'était la première fois, peut-être que j'en avait vu de
4 ce genre avant, mais c'est ce que je me rappelle, c'est ce que j'ai écrit.
5 Q. Est-ce que vous avez entendu dire que des badges, que certains soldats
6 portaient des badges avec la photo de Sefer Halilovic dessus, enfin,
7 excusez-moi.
8 R. C'est possible que j'en aie entendu parler, mais d'autre part, peut-
9 être pas, cela ne signifie pas grand-chose pour moi, je ne peux pas
10 vraiment dire. Je pense que j'ai jeté les yeux sur ce badge-là pour la
11 première fois, et peut-être que je ne l'ai plus jamais revu. Je ne saurais
12 pas vous dire, mais peut-être que j'en ai entendu parler précédemment ou
13 non. Mais c'est à ce moment-là que je m'en suis rendu compte, que je l'ai
14 vu.
15 Q. Pourquoi se fait-il Monsieur Hodzic, que des soldats portaient des
16 badges ?
17 Mme CHANA : [interprétation] Je vois le conseil.
18 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.
20 M. MORRISSEY : [interprétation] Ma consoeur voit que le conseil de la
21 Défense objecte, et je ne voudrais pas de questions spéculatives, je ne
22 voudrais pas qu'on pose des questions spéculatives ou hypothétiques,
23 Monsieur le Président.
24 J'objecte à celle qui en particulier -- le témoin a dit clairement qu'il
25 avait vu ce soldat-là, je crois à la date indiquée dans le journal, comme
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1 étant le 1er octobre 1993, et c'est la seule fois qu'il se rappelle l'avoir
2 fait. Donc, qu'on dise : "Pourquoi est-ce des soldats porteraient un tel
3 badge ?" C'est une question qui appelle des hypothèses.
4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui. Vous pouvez poser la question à ce
5 soldat-là.
6 Mme CHANA : [interprétation] Monsieur le Président.
7 Q. Pourquoi pensiez-vous que ce soldat-là qui est entré dans la base de
8 Zuka portait un badge avec la photo de Sefer dessus ?
9 R. Je ne saurais vraiment dire, je ne sais pas. Comme beaucoup d'autres
10 combattants, il est probable qu'il aimait bien Sefer ou qu'il admirait
11 Sefer. Il y avait des nombreuses mères à l'époque qui appelaient leurs fils
12 "Sefer". Je n'étais pas au courant de ce nom en Bosnie avant cette époque-
13 là, mais la seule interprétation que je puisse donner.
14 Q. Pourquoi est-ce que les circonstances ont fait que -- quel était le but
15 de cette conversation entre ce soldat et Sefer ?
16 R. Je peux voir là, on vous l'a lu. Il dit que son nom est Nasko Softic de
17 Bijelo Polje. Il dit qu'il porte ce badge depuis le premier jour, depuis
18 que le badge a été créé. Il dit : "J'ai écouté la radio et les rapports de
19 Sefko Hodzic." Il poursuit, il dit qu'il a été employé du ministère de
20 l'Intérieur, il a écouté mes émissions et ce que j'ai rapporté à la radio.
21 Ils sont 105 qui sont volontaires pour aller en Herzégovine et combattre,
22 mais ils sont du ministère de l'Intérieur et on leur interdit d'aller au
23 feu, dans le cas où ils iront à Herzégovine. 105 d'entre eux ont néanmoins
24 décidé d'y aller, même au risque de perdre leurs emplois. Ils sont allés
25 voir leur chef et ils ont dit : "Nous sommes ici pour dire au revoir, parce
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1 que nous voulons aller là-bas et nous joindre aux combats." C'est ce qu'ils
2 ont fait éventuellement, c'est ce qu'ils ont fait pour finir.
3 C'est par la suite que j'ai appris que le MUP, le ministère de l'Intérieur,
4 avait engagé des poursuites au pénal contre ces gens. En fait, c'est celui
5 que j'ai rencontré qui m'a dit qu'ils avaient été licenciés, ils avaient
6 été mis à pied.
7 Q. Monsieur Hodzic, je voudrais vous poser une dernière question en ce qui
8 concerne cette partie de votre déposition. C'est beaucoup plus tard. Est-ce
9 que vous avez entendu parler de l'opération Trebevic ?
10 R. Bien sûr.
11 Q. Après cette opération, est-ce que vous avez eu l'occasion de rencontrer
12 M. Sefer Halilovic ?
13 R. Le 28 juillet, ou éventuellement en août, il est possible que ce soit
14 en août, j'ai reçu un appel du chef du poste de sécurité publique à
15 Sarajevo, Munir Alibabic, qui avait un ton menaçant. C'est ce qu'il m'a dit
16 : "Aujourd'hui à 11 heures, tu devras ou devrais aller parler au chef du
17 SJB. Apportez tous vos enregistrements, toutes vos prises de vue, votre
18 journal, tout ce que vous avez fait, de façon à ce qu'on n'ait pas besoin
19 d'aller vous chercher." Pourquoi a-t-il dit cela ? Il a dit : "Vous avez
20 bien parlé des personnes qui ont commis des crimes là-bas." J'ai dit :
21 "Mais ce n'était pas des criminels. C'était nos combattants." Il m'a à
22 nouveau menacé, et il a dit : "Soyez-là à 11 heures." J'ai réuni tous mes
23 enregistrements, toutes mes bandes, et tout ce que j'avais, que je vous ai
24 par la suite remis. Je n'avais plus d'enregistrements magnétiques à un
25 moment donné. J'ai dû utiliser les anciens pour enregistrer ce qui se
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1 passait lors de nouveaux combats. J'ai réuni toutes mes affaires et je m'y
2 suis présenté à 11 heures précises à l'extérieur du bâtiment du SDB.
3 A ce moment même, Sefer est passé dans la rue, est entré dans le même
4 bâtiment. C'était peut-être une coïncidence. Nous sommes entrés ensemble.
5 Je lui ai dit : "Sefer, est-ce que tu as aussi des ennuis ?" Il a dit :
6 "Oui, effectivement. Ils sont en train de faire un coup monté contre moi,"
7 quelque chose dans ce genre. C'est quelque chose dans le genre, du fait
8 qu'il y avait quelque chose derrière ces gens Caco, Celo. Caco avait déjà
9 été tué à l'époque, et il leur a dit : "J'ai créé un état pour vous. J'ai
10 créé une armée. Maintenant, vous voulez m'arrêter. Vous pouvait m'arrêter
11 si vous voulez."
12 Q. Monsieur Hodzic. Il y a une précision. Le compte rendu dit que vous
13 avez dit: "le 28 juillet ou éventuellement au mois d'août." Cela ne
14 pourrait pas être une date exacte ?
15 R. Non, Octobre.
16 Q. Oui.
17 R. Il se peut que j'aie mélangé les dates. C'était 22 ou 23 jours après
18 l'opération Trebevic.
19 Q. Alors, c'était en octobre, de sorte que cette date --
20 R. En octobre, oui, le 27, peut-être le 28 octobre 1993.
21 Q. Maintenant, un dernier document qui porte la cote provisoire MFI --
22 M. MORRISSEY : [interprétation] Excusez-moi. Pourrais-je intervenir une
23 seconde ? Je pense que -- non, excusez-moi.
24 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.
25 M. MORRISSEY : [interprétation] Je pense qu'il y a une erreur dans le
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1 compte rendu. Le compte rendu dit, en ce qui concerne la traduction : "Il
2 se peut que j'aie confondu les dates. C'était 22 ou 23 jours après
3 l'opération Trebevic." Mes instructions de celui qui sais le B/C/S ici,
4 c'est que le témoin a dit deux ou trois jours, non pas 22 ou 23. Pourrions-
5 nous simplement demander les éclaircissements de l'interprète sur ce
6 point ?
7 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui. Peut-être que Mme Chana pourrait
8 reposer cette question au témoin, parce que c'est important.
9 Mme CHANA : [interprétation]
10 Q. Monsieur Hodzic, pourriez-vous s'il vous plaît éclairer les choses pour
11 nous ? Etait-ce 22 ou 23 jours après, ou est-ce que c'était deux ou trois
12 jours après l'opération Trebevic ?
13 Q. Deux ou trois jours après, après que l'opération ait commencé. Le 27 ou
14 peut-être le 28 octobre 1993.
15 Q. Merci, Monsieur Hodzic.
16 Le document suivant porte la cote provisoire MFI281.
17 Il s'agit, Monsieur Hodzic, d'un livre écrit par Sefer Halilovic qui
18 comporte un chapitre où les événements sont relatés. Premièrement, avez-
19 vous lu le livre de M. Halilovic, intitulé : "Stratégie astucieuse",
20 "Stratégie rusée" ?
21 R. Oui. J'étais là lorsque le livre a été publié. Il y a eu une cérémonie
22 à laquelle a participé ou était présent le président de d'aujourd'hui de la
23 République de Croatie, Stipe Mesic, et une des personnes qui avait publié
24 le livre. C'est à ce moment-là que j'ai acheté le livre. Je l'ai lu pendant
25 les deux ou trois jours suivants.
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1 Q. Est-ce que vous avez vu le chapitre qui apparaît maintenant à votre
2 écran ?
3 R. Oui, "La vérité concernant Uzdol," c'est bien cela que je peux voir.
4 Q. Vous connaissez bien les événements sur lesquels M. Halilovic écrit. En
5 particulier ce chapitre, vous l'avez lu ?
6 R. Oui, je l'ai lu.
7 Q. Est-ce que vous diriez qu'il s'agit bien d'un récit ou d'un compte
8 rendu exact des événements tels que vous en avez vous-même été témoin
9 aussi ?
10 R. Il est intéressant de savoir qu'il y a un grand nombre de choses dont
11 je n'ai pas été témoin moi-même, certains documents que je n'ai jamais
12 obtenus, en particulier en ce qui concerne le briefing à Zenica. Ces
13 décisions - il consacre beaucoup de temps à parler à ce que de ce que les
14 commandants ont dit entre eux lors des réunions auxquelles je n'ai jamais
15 participé, auxquelles je n'étais jamais présent.
16 Lorsque j'ai lu ceci, j'ai vu deux ou trois domaines, du point de vue des
17 dates, et c'est tout ce que je peux dire à ce sujet. Je n'ai rien d'autre à
18 dire. C'est le récit ou le compte rendu de Sefer, et il n'y a rien que je
19 puisse y ajouter.
20 Q. Que voulez-vous dire par "du point de vue des dates" ?
21 R. Je ne suis pas sûr. Si on devait réexaminer tout cela, je pense qu'il
22 s'est trompé de date pour ce qui est de la date à laquelle l'offensive a
23 commencée. Il parle du 13, ou plutôt il dit le 12, et d'après mes
24 souvenirs, c'était le 13 en réalité. Pendant que nous avons été ensemble,
25 je pense qu'il parle du 2 octobre et je crois qu'il se peut que ce fût le
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1 31 août. Ensuite, nous sommes allés à Jablanica.
2 Ce ne sont pas des questions techniques, en vérité. Il n'y a rien
3 d'essentiel. Il s'est simplement trompé sur quelques dates, c'est tout.
4 Q. Je voudrais vous demander encore un éclaircissement concernant la date.
5 Le compte rendu dit que vous avez dit le 2 octobre. Vous vouliez
6 probablement dire le 2 septembre ?
7 R. Non, non. Oui, précisément, le 2 septembre. Je pense que c'est cela qui
8 est dit et si nous devions réexaminer cela. Mais je pense qu'il y a
9 quelques erreurs. C'est tout ce que j'ai remarqué.
10 Q. Oui, merci Monsieur Hodzic.
11 Mme CHANA : [interprétation] Monsieur le Président, ceci conclut mon
12 interrogatoire principal. Comme je vous l'ai promis, ceci représente 40
13 minutes.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie.
15 Y a-t-il des questions, Maître Morrissey ?
16 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je voulais
17 simplement évoquer une question avant que nous ne commencions et il s'agit
18 du livre de M. Halilovic.
19 C'est une question que nous devrons réévoquer par la suite, mais c'est une
20 de ces question dont il faut qu'on parle maintenant, parce que, parfois, si
21 le conseil pose des questions dans le cadre du contre-interrogatoire pour
22 un document, ceci devient une base pour qu'on puisse, éventuellement,
23 demander le versement au dossier, pour qu'il puisse être admis comme
24 élément de preuve. Je voudrais simplement savoir où j'en suis,
25 effectivement, en ce qui concerne telle possibilité parce que, pour le
Page 22
1 moment, ce que je vais présenter pour finir, je vais le dire très
2 clairement, il n'y avait pas de base suffisamment pour que ce document
3 puisse être présenté par le biais de ce témoin, pas plus que pour le témoin
4 précédent. Je ne veux pas, ensuite, procéder à un contre-interrogatoire du
5 témoin et mettre tout le monde dans une situation où on pourrait dire,
6 "Maintenant, il y a de nouvelles raisons pour présenter ce document par le
7 biais de ce témoin," parce que j'ai posé des questions dans le cadre du
8 contre-interrogatoire, à ce sujet.
9 Je voudrais demander que l'Accusation veuille bien m'éclaircir les choses
10 parce que j'ai besoin de savoir quelles seront les conséquences, si je pose
11 des questions au contre-interrogatoire. Je voudrais savoir si l'Accusation
12 a encore l'intention d'essayer de tenter de faire déposer ce document comme
13 élément de preuve par le truchement de M. Hodzic, sur la base de ce qu'il
14 vient de dire. J'aurais besoin qu'on m'éclaire.
15 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, Madame Chana.
16 Mme CHANA : [interprétation] Monsieur le Président, nous allons
17 certainement demander que l'on verse toutes les pièces dont nous avons
18 donné la liste par le truchement de ce témoin, mais je peux demander, dès
19 maintenant, que toutes les pièces présentées soient versées en tant
20 qu'éléments de preuve, y compris le livre de
21 M. Halilovic.
22 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie.
23 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, je suis en mesure de
24 répondre maintenant et il serait peut-être approprié de donner un certain
25 répit au témoin, pour le moment, avant que je ne commence mon contre-
Page 23
1 interrogatoire. Certainement, je pourrai répondre à la requête présentée
2 par ma consoeur, visant à déposer maintenant les documents en question.
3 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, peut-être que nous pourrons traiter
4 de cette question de documents à un stade ultérieur, comme nous le faisons
5 à l'habitude. Nous n'avons pas le temps, mais peut-être que nous pourrions
6 avoir des décisions écrites, par la suite.
7 M. MORRISSEY : [interprétation] Bien --
8 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je ne pense pas que le contre-
9 interrogatoire ajoutera du poids pour ce qui est de l'examen par cette
10 Chambre, de ce qu'elle a déjà admis.
11 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui.
12 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je pense que tout le monde est livre
13 puisque c'est un document qu'on peut se procurer sans difficulté en public.
14 Tout le monde est libre de faire des commentaires sur ce document et de
15 présenter une opinion concernant ce document.
16 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, je vous remercie de
17 ces indications. Je suis prêt à poursuivre, à commencer le contre-
18 interrogatoire de M. Hodzic, maintenant.
19 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.
20 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, merci,
21 Messieurs les Juges.
22 Contre-interrogatoire par M. Morrissey :
23 Q. [interprétation] Merci beaucoup Monsieur Hodzic.
24 Je voudrais, tout d'abord, vous poser quelques questions qui découlent des
25 questions des combats qui ont lieu en Herzégovine. Vous avez appris que
Page 24
1 Sefer Halilovic avait été remplacé comme chef des forces armées de Bosnie
2 le 8 juin 1993, remplacé par Rasim Delic. Est-ce exact ?
3 R. C'est exact.
4 Q. Alors, lorsque vous avez appris ceci, à l'époque, que Sefer Halilovic
5 remplissait les fonctions de chef d'état-major de l'armée de Bosnie, bien
6 que Rasim Delic ait été le commandant de l'état-major de l'armée de Bosnie,
7 c'est cela ?
8 R. Oui.
9 Q. Très bien. Vous avez appris que - je ne vais pas rentrer dans les
10 détails, mais il y a facteur temps qui intervient - que le
11 2 juillet, peut-être la nuit du 2, au début de la matinée du
12 3 juillet, il y avait une sorte d'affrontement armé entre les membres de la
13 9e et la 10e Brigade, d'une part et les membres du MUP, certains membres de
14 la sécurité militaire, d'autre part. Est-ce que vous avez appris, d'une
15 façon générale, qu'un tel affrontement avait eu lieu à cette date ?
16 R. Oui, je l'ai appris, mais c'est beaucoup plus tard parce que je n'étais
17 pas à Sarajevo, à l'époque.
18 Q. Je ne vais certainement pas vous demander de faire de commentaires à ce
19 sujet, sur le fond en ce qui concerne ces affrontements. C'était simplement
20 la date qui m'intéressait vraiment.
21 Ceci s'est passé le 2. Maintenant, en ce qui concerne le
22 7 juillet -- non, excusez-moi -- attendez un instant.
23 Vous avez su que cinq jours après le conflit armé, ce conflit armé a eu
24 lieu, celui dont vous avez entendu parler, que l'épouse de Sefer Halilovic
25 et son beau-frère avaient été tués dans une explosion, alors qu'ils se
Page 25
1 trouvaient au balcon de l'appartement de Sefer Halilovic ? En d'autres
2 termes, le 7 juillet, que la femme de Sefer Halilovic avait été tuée par
3 une explosion.
4 R. C'est deux ou trois jours plus tard que j'ai appris cela. J'étais à
5 Igman, à ce moment-là et c'est ce qu'on m'a dit. Quelqu'un du commandement
6 m'a dit ce qui s'était passé et on avait dit qu'ils allaient exprimer leurs
7 condoléances en temps utile.
8 Mme CHANA : [interprétation] Excusez-moi. Excusez-moi conseil. Je ne suis
9 pas sûre que nous ayons l'année. Le 7 juillet de quelle année ?
10 M. MORRISSEY : [interprétation] Excusez-moi. Je présente mes excuses. De
11 temps en temps, on ne dit pas quelle est l'année en question.
12 Q. C'était ce 7 juillet de l'année 1993 ?
13 R. J'ai lu dans le livre de Sefer et j'ai entendu plus tard
14 qu'effectivement, c'est bien cela. Mais j'étais à Igman au moment où j'ai
15 entendu dire que la femme de Sefer avait été tuée; apparemment, c'était
16 vrai.
17 Q. Est-ce que vous avez entendu aussi, en plus du fait que l'épouse de
18 Sefer avait été tuée, que le beau-frère de Sefer avait été tué également,
19 c'était un homme aux cheveux noirs, qui était en uniforme, à l'époque.
20 Avez-vous su qu'il avait été tué par la même explosion, sur le même
21 balcon ?
22 R. C'est ce que j'ai lu dans le livre.
23 Q. Alors, est-ce que la mort de l'épouse de Sefer a suscité un certain
24 intérêt de la presse locale à l'époque où cela s'est passé ?
25 R. J'étais hors de Sarajevo entre le 24 juin et 26 juillet. Il n'y avait
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1 pas de journaux, là, sauf Oslobodjenje qui était publié à Sarajevo, mais
2 rien de l'extérieur. Il y avait des combats qui se poursuivaient et
3 j'étais, moi-même, dans les collines. Je n'ai aucune idée de ce qu'ont dit
4 les médias.
5 Q. Oui. Excusez-moi -- je pense que vous avez répondu à mes questions,
6 vous n'êtes pas revenu à Sarajevo après le 26 juillet; c'est exact ?
7 R. Non.
8 Q. Bien.
9 R. Il y avait des combats qui se poursuivaient à Igman et j'envoyais mes
10 articles ou mes comptes rendus.
11 Q. Ecoutez, dans ce cas, je ne vais pas vous poser de questions concernant
12 cette phase.
13 Alors, pour poursuivre, vous avez connu Sefer Halilovic pendant la guerre,
14 commençant en 1992 et vous avez eu la possibilité de l'observer en tant que
15 chef de l'armée, de très près, à l'époque; est-ce que c'est exact ?
16 R. Oui, c'est exact. Je l'ai rencontré le 28 mai 1995, quelques jours
17 après sa nomination et depuis lors, il était très juste à l'égard des
18 journalistes et la même chose vaut pour moi, à mon égard. Il était réticent
19 pour ce qui est de donner des interviews, mais nous avons eu une
20 coopération satisfaisante dans l'ensemble.
21 Q. Très bien. Excusez-moi. Mais le compte rendu vient de révéler, de
22 montrer que vous dites que vous l'avez rencontré le
23 28 mai 1995 et je me demande si cela ne serait pas une erreur, soit de
24 traduction, soit de --
25 R. 1992. C'était cinq jours après sa nomination, sa désignation.
Page 27
1 Q. Je vous remercie. Il fallait qu'on corrige ceci, ces erreurs, quand
2 elles surgissent, Monsieur Hodzic. Mais je vous remercie de cela.
3 Pendant cette période, ce que vous avez observé de Sefer Halilovic, c'était
4 que c'était un officier très dévoué à une Bosnie unifiée, multiethnique;
5 est-ce exact ?
6 R. C'est exact et la même chose vaut pour tous les patriotes de Bosnie, à
7 l'époque.
8 Q. Bien. Effectivement, il était clair, pour vous, que pendant la période
9 où Sefer Halilovic dirigeait l'armée, pendant la période où il était le
10 chef de l'armée, avant le 8 juin, il avait fait comprendre très clairement
11 que l'armée devait respecter le caractère multiethnique de l'état de
12 Bosnie; est-ce exact ?
13 R. C'était au même moment que la présidence a défini sa propre plateforme;
14 tout allait dans cette direction et Sefer tenait tout à fait sa place, à ce
15 moment-là.
16 Q. Oui. Je voudrais vous poser quelques autres questions précises sur ce
17 que Sefer a dit sur ce sujet, là, en Herzégovine. Je voudrais simplement
18 vraiment vous poser des questions préliminaires, maintenant, concernant ce
19 qu'il a dit précédemment.
20 Est-ce que vous avez observé Sefer mettant en œuvre diverses règles ou
21 règlements dans l'armée qui étaient destinés à faire passer l'armée de
22 Bosnie sous le contrôle et la direction d'un système vraiment organisé ?
23 R. Oui. J'ai vu les documents en ce sens et j'en ai été témoin moi-même.
24 Je sais qu'il était celui qui a mis en place le commandement et la
25 direction, le système de commandement et de direction et qui a fait de
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1 l'armée de Bosnie une organisation véritablement militaire, dans la mesure
2 où il le pouvait, parce qu'après tout, c'était une armée de volontaires,
3 pour l'essentiel.
4 Q. Oui. En particulier -- bien, alors. Je viendrai à des questions
5 précises en ce qui concerne sa position politique -- ou pardon, les
6 objectifs -- quels étaient ses objectifs, lorsque nous en viendrons aux
7 questions concernant l'Herzégovine.
8 Maintenant, d'après cela, vous avez dit que vous aviez rencontré Sefer à
9 Konjic, lorsque vous tentiez de résoudre les problèmes relatifs au voyage
10 de votre mère. Vous avez dit, à l'époque, qu'il avait dit qu'il allait
11 aussi se rendre à Mostar.
12 Est-ce qu'à ce moment-là, il vous a dit qu'il allait coordonner l'opération
13 ou les opérations de combat, devrais-je dire, est-ce qu'il vous a dit qu'il
14 allait coordonner ses actions de combat en Herzégovine et en particulier,
15 est-ce qu'il a employé le mot "koordinacija ?"
16 R. Pour autant que je m'en souvienne, il n'a pas employé ce mot, à
17 l'époque. C'est une fois que nous sommes arrivés - je n'ai pas écrit cela
18 dans mon journal - c'est seulement lorsque j'ai écrit cela dans mes
19 articles. Il se peut qu'il ait parlé "d'exercer le contrôle ou la
20 direction" -- mais il se peut que ce soit une chose un peu différente. Je
21 ne suis pas tout à fait sûr. Il n'a pas véritablement employé le terme de
22 "coordination" parce que plus tard, chaque fois que je lui ai posé des
23 questions sur ceci, "Quel est votre rôle ?" Il répondait, "coordonnateur."
24 Mais il avait utilisé une expression différente, c'est l'impression que
25 j'ai eue. C'est ce que j'ai noté, à l'époque : "Exercer le contrôle ou la
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1 direction." Mais je n'ai pas cela par écrit. Je n'ai rien enregistré à
2 l'époque de ce qu'il avait dit.
3 Q. Bien. Pour les membres de la Chambre, si vous pouvez vous en souvenir,
4 quel était le mot précis qu'il avait utilisé à Konjic ? Est-ce que vous
5 êtes en mesure de dire ce que c'était ? Si vous ne pouvez pas vous
6 souvenir, cela ira.
7 R. Je ne peux pas dire très précisément, mais c'est ce que je me rappelle.
8 Il a dit qu'il exercerait la direction, qu'il assurerait la direction. Il
9 se peut qu'il ait dit autre chose, mais c'est ce que je me rappelle. C'est
10 l'expression qu'il a utilisée.
11 Q. Très bien. Vous avez indiqué qu'en temps utile, vous aviez clarifié
12 cela, en Herzégovine, avec lui. Je me demande, est-ce que vous pourriez
13 préciser au Tribunal à quel moment ceci a eu lieu ? Si vous pouvez vous
14 souvenir de la date, ce serait utile. A quel moment est-ce qu'il a utilisé
15 ce mot, "koordinacija ?"
16 R. C'est ici dans mon journal. Je pense que vous avez un exemplaire.
17 R. Oui.
18 Q. J'étais en train de préparer un article ou un compte rendu particulier
19 et je ne parvenais pas à trouver exactement la date. J'avais du mal à
20 définir la date exacte. Je tournais les pages. Il y a encore des blancs
21 qu'il faut passer. Il se peut que ce qui a été publié, c'est quelque chose
22 qui s'est passé plus tard ou par rapport à ce qui a été enregistré dans mon
23 journal.
24 Je pense que c'était avant le commencement des opérations. C'est
25 l'impression que j'ai, mais je ne l'ai pas écrit. Il se peut que cela ait
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1 été le 12, mais c'était certainement à la veille de l'opération. C'est à ce
2 moment-là que je l'ai interviewé. J'ai dit : "Il y a une opération qui est
3 censé commencer demain." Je lui ai dit : "Qu'est-ce que vous diriez
4 concernant votre propre rôle, mon Commandant ?" Il a répondu :
5 "Coordonnateur." C'est précisément ce que j'ai écrit, à l'époque : "Sefer -
6 coordonnateur." Vous pouvez voir, c'est écrit ici.
7 Q. Bien. Alors, parce que ce journal est votre propre document, est-ce que
8 vous avez un exemplaire de ce journal devant vous, pour le moment ?
9 R. Non.
10 Q. Bien. Alors, je reviendrai peut-être à la question après la suspension.
11 Je vous donnerai la possibilité de retrouver cela. Je vous remercie bien.
12 Merci pour cela.
13 Maintenant, je voudrais faire un saut dans le temps et je voudrais vous
14 poser des questions sur ce qui s'est passé à Konjic. Je voudrais savoir ce
15 qui s'est passé en Herzégovine.
16 Ce que je pourrais également vous indiquer, Monsieur Hodzic, je ne vais pas
17 repasser sur chacune des questions qui vous ont été posées par le bureau du
18 Procureur et qui vous a évoqué toutes ces questions de façon assez
19 complète. Ce sont sur des détails précis que je vais vous poser des
20 questions.
21 Maintenant, lorsque vous êtes allé en Herzégovine, la première nuit, pour
22 autant que vous vous souveniez, Sefer a logé dans l'appartement de Zuka;
23 c'est exact ?
24 R. Oui.
25 Q. Quand il était plus au nord, près du Bataillon indépendant de Prozor
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1 avec la 45e Brigade ou le groupe opérationnel Zapad, où résidait-il
2 habituellement ?
3 R. On est allé rendre visite aux commandements de ces unités. Mais à ma
4 connaissance, on n'a jamais passé la nuit sur place. On rentrait toujours.
5 Q. Nous avons entendu des témoins nous expliquer que
6 M. Halilovic avait passé une nuit, et même plusieurs nuits, dans des
7 installations qui s'appellent la RAK, à Konjic ? Est-ce que ceci vous
8 rafraîchit la mémoire ?
9 R. Cela, c'est quelque chose d'autre. C'était dans la nuit du 4 ou 5. Ce
10 n'était pas dans la direction de Prozor. C'était dans la direction de
11 Konjic. On a passé la nuit là-bas, la nuit du 4 au 5 avec Delic, Cibo,
12 Suljevic, Ranje [phon]. On a dîné, puis, on est resté là assez longtemps.
13 Q. Je vous entends bien. Vous souvenez-vous avoir rencontré un certain
14 Mitke Pirkic, au cours de cette nuit du 4 au 5 à Konjic ?
15 R. Mitke Pirkic était le commandant de la 43e Brigade de Montagne de
16 Konjic. Quand on est arrivé à Konjic le 4, avec Delic -- enfin, pas dans la
17 même voiture avec Delic, mais 10 minutes après,
18 M. Delic et M. Halilovic et les autres ont eu une réunion avec Pirkic au
19 commandement, le commandement de Konjic. Moi-même, je n'étais pas présent à
20 cette réunion, comme d'habitude.
21 Q. Il s'agissait d'une réunion à caractère militaire ?
22 R. Oui. Une réunion à caractère militaire.
23 Q. Très bien. Quand vous êtes arrivés, le 1er septembre 1993, avec Sefer,
24 vous dites qu'il vous a dit, à peu près : "Toi, tu fais ton travail et je
25 fais le mien." Pour vous, qu'est-ce que cela signifiait, quand il vous a
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1 tenu ces propos ?
2 R. Je ne sais pas exactement ce que c'était censé signifier, mais on avait
3 des bonnes relations. Peut-être que cela signifiait tout simplement que je
4 ne devais pas me formaliser, si je n'avais pas le droit de participer à ces
5 réunions. C'est de cette manière que j'ai évalué ce qu'il m'a dit. Mais je
6 ne peux pas vous dire à 100 % que c'est exactement cela qu'il voulait dire.
7 Peut-être parce que je n'assistais pas au réunion, mais c'était déjà comme
8 cela avant. Quand il y avait des combats, je ne participais jamais aux
9 réunions. En tout cas, c'est indéniablement ce qu'il a dit. Il ne s'est pas
10 mêlé de mes activités professionnelles, non plus et moi, bien entendu, je
11 ne pouvais pas me mêler de ce qu'il faisait, non plus.
12 Q. Oui. Merci. Ce qui m'intéressait, c'était de savoir s'il n'était jamais
13 venu, s'il ne s'était jamais ingéré dans vos activités professionnelles
14 pour influencer la nature de vos articles, en particulier en Herzégovine ?
15 R. Non, il ignorait ce que j'écrivais, le sujet de mes articles où
16 j'écrivais, hier j'ai déjà dit que j'écrivais mes articles au poste de
17 police parce qu'ils étaient les seuls à disposer d'une machine à écrire,
18 et ensuite j'envoyais mes articles; lui n'était absolument pas dans les
19 parages quand cela se passait.
20 Q. Vous nous avez également dit hier lors de votre déposition que vous
21 aviez parlé avec Sefer, je ne me souviens pas si c'était le 1er ou le 2
22 septembre, vous pouvez nous le dire vous-même. Vous nous avez dit que vous
23 avez eu une discussion avec lui au sujet du plan Owen-Stoltenberg, au sujet
24 de son opinion sur ce plan. Pourriez-vous donner un peu plus de détails au
25 sujet de cette discussion, et en particulier, au sujet de la position de
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1 Sefer au sujet du plan Owen-Stoltenberg. Peut-être pourriez-vous commencer
2 très brièvement par expliquer au Juge ce que c'était ce plan Owen-
3 Stoltenberg pour vous, et ce que Sefer en pensait.
4 R. Au terme du plan Owen-Stoltenberg qui avait été conclu trois mois
5 auparavant, trois mois auparavant j'avais écrit une série d'articles, une
6 série de 40 articles. J'avais étudié les documents, tous les éléments qui y
7 avaient trait, je connais très bien ce plan. C'était un plan quelque peu
8 modifié de la proposition conjointe offerte par Milosevic et Tudjman à
9 Genève le 14 juin 1993 pour que la Bosnie soit divisés en trois parties.
10 Pour Milosevic, en trois républiques, pour Tudjman en trois provinces. Le
11 président Izetbegovic était présent, mais il est parti en claquant la porte
12 de cette réunion. Dans les jours qui ont suivi, il a continué à résister,
13 il y a eu des réunions à Zagreb, on s'est fait menaçant, il a menacé
14 Izetbegovic et les autres. Il est parvenu à convaincre les autres membres
15 de la présidence ainsi que Fikret Abdic. Le président Izetbegovic, à un
16 certain moment, qui finalement a cédé sous la pression et accepté la
17 division de la Bosnie en trois républiques, à condition que l'assemblée de
18 Bosnie-Herzégovine l'approuve.
19 Q. Au moment de l'opération Neretva -- non, je reviens en arrière, jusqu'au
20 27 septembre 1993, l'assemblée de Bosnie n'avait pas encore approuvé ce
21 plan, n'est-ce pas ?
22 R. Je ne sais pas ce que j'ai écrit là-dessus, je crois que c'est jusqu'au
23 27 septembre, -- non, pas le lendemain.
24 Q. Non. Il faut que les choses soient bien claires, le Tribunal, enfin les
25 Juges de la Chambre, souhaitent avoir certains éléments de base au sujet de
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1 ce point. Au moment où ont eu lieu les meurtre de Grabovica et Uzdol,
2 l'assemblée de Bosnie n'avait pas encore donné sont aval au plan Owen-
3 Stoltenberg, n'est-ce pas ?
4 R. Je crois que le 28 ou le 29 septembre, l'assemblée devait le faire ou
5 l'a fait, en fait, il y avait pas mal de conditions prévues.
6 Q. Ce qui m'intéresse, c'est la chronologie. Je souhaiterais vous poser
7 quelques questions au sujet du plan Owen-Stoltenberg. Ce plan Owen-
8 Stoltenberg prévoyait la division de la Bosnie en cantons, en respectant
9 les délimitations des provinces, ou des cantons locaux, et en trois
10 républiques ou en trois provinces. C'était une division à caractère
11 ethnique n'est-ce pas ? Le long des lignes de divisions ethniques ?
12 R. Oui, pour une grande partie, mais pas en province, en république. La
13 proposition initiale -- pour reprendre la proposition initiale de Milosevic
14 et pas de Tudjman, c'est celle de Milosevic qui a été acceptée, pas celle
15 de Tudjman. C'était le mot clé, effectivement cela suivait une logique
16 ethnique.
17 Q. Avant que l'assemblée de Bosnie n'ait approuvé le plan ou la
18 proposition Owen-Stoltenberg, dont vous nous indiqué que M. Izetbegovic y
19 était favorable, quel était le point de vue de Sefer Halilovic au sujet de
20 cette solution politique ? Quelle opinion a-t-il manifesté à ce sujet en
21 vous parlant, en discutant avec vous ?
22 R. Sefer Halilovic le répétait au moins dix fois par jour dans divers
23 contextes. Cela le gênait beaucoup, il ne voulait pas que la Bosnie soit
24 divisée, il disait qu'il ne fallait pas permettre cela, qu'il fallait que
25 cela reste un seul est unique pays.
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1 Q. Après la réunion de Zenica à laquelle vous n'avez pas participé, est-ce
2 que Sefer Halilovic a manifesté sa satisfaction de voir que l'armée avait
3 décidé de continuer à lutter pour une Bosnie unifiée ?
4 R. C'est vrai quand je l'ai rencontré à Konjic, quand je l'ai interrogé,
5 c'était le 23 août 1993. Je lui ai dit : "Est-ce que vous êtes d'accord
6 Sefer avec ce plan ?" Il a dit : "Pas de division de la Bosnie." Il était
7 très content. La guerre devait se poursuivre jusqu'à la libération du pays.
8 Q. Quand vous êtes allé en Herzégovine, vous avez discuté avec lui, vous
9 l'avez mentionné hier en réponse aux questions du Procureur. Quand vous
10 étiez en Herzégovine, le 1er ou le 2 septembre, qu'a-t-il dit sur ce sujet
11 R. C'était sur la base de Zuka, on y est resté jusqu'à deux heures ou
12 trois heures du matin. Ensuite Cikotic est arrivé avec un groupe de gens.
13 On en a parlé assez longuement, il a dit qu'il n'était pas d'accord avec le
14 président Izetbegovic, qu'il ne fallait pas que la Bosnie soit divisée.
15 Voilà l'essentiel.
16 Q. Oublions un instant Sefer Halilovic. Saviez-vous qu'au sein de la
17 Bosnie à l'époque, se déroulait un débat très vigoureux au niveau politique
18 entre ceux qui étaient favorables à la solution Izetbegovic pour une
19 version modifiée du plan Owen-Stoltenberg, et de l'autre côté ceux qui
20 rejetaient complètement le plan Owen-Stoltenberg ?
21 R. Non, Izetbegovic était d'accord. C'est lui qui parlait en notre nom.
22 Sur le principe, il s'était montré d'accord au sujet de cette division,
23 mais il a donné un certain nombre de principe, parce qu'il était contre le
24 fait qu'on procède à la division en fonction de l'appartenance ethnique.
25 C'est connu, parce qu'il y a eu une séance de l'assemblée nationale qui a
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1 été très vive. Avec un débat au cours duquel Softic, un député, à attaqué
2 le président Izetbegovic, l'accusant du fait de son approbation de cette
3 proposition, l'accusant de vouloir la fin de la Bosnie-Herzégovine et de
4 son peuple. L'opposant le plus vigoureux, c'était Muhamed Filipovic, qui
5 était complètement opposé à la division. Izetbegovic essayait de trouver un
6 équilibre parce qu'il était contre cette division. Il n'était pas favorable
7 à cette division comme cela a été suggéré par Owen -- telle qu'elle était
8 suggérée par Owen.
9 Q. Merci pour cette explication. Parlons toujours du 1er septembre. J'ai
10 quelques questions au sujet du village de Grabovica et de votre première
11 visite dans ce village. Vous souvenez vous être allé à Grabovica avec Sefer
12 Halilovic et Vehbija Karic ainsi que d'autres personnes et vous vous êtes
13 arrêtés sur la rive gauche du village ?
14 R. Oui.
15 Q. Il me semble que vous nous avez dit qu'avant de parler aux Loups
16 d'Igman, il y a eu une discussion avec certains réfugiés qui vivaient sur
17 la rive gauche, n'est-ce pas ?
18 R. Oui. Sur la rive gauche, il y avait des espèces de cabanes où
19 habitaient les ouvriers qui travaillaient à la centrale électrique. Là, se
20 trouvaient également des personnes qui avaient été libérés de Dretelj et
21 d'autres camps du HVO. Il y avait des réfugiés, mais l'essentiel des
22 personnes, c'étaient des gens qui avaient été libérés des camps. Ils
23 étaient épuisés. On leur a parlé, j'ai pris des photographies, ils se sont
24 réunis autour de nous. On a passé quelque temps avec eux, une demi-heure,
25 mais il fallait continuer. Ensuite, on est parti.
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1 Q. Si vous avez été en mesure d'entendre les propos tenus par Sefer
2 Halilovic, à ce moment-là, qu'est-ce qu'il leur a dit à ces gens, à ces
3 gens qui s'étaient réunis autour de vous ?
4 R. Franchement, je ne m'en souviens pas. J'ai écrit cela dans un article.
5 Cela figure sans doute dans un des articles. J'ai enregistré cela,
6 également et cela faisait partie de mes reportages à la radio, mais les
7 gens se sont plaints. Il y en a un qui nous a expliqué, par exemple, que
8 depuis trois jours et trois nuits, ils n'avaient plus d'eau. Il y en a un
9 qui a expliqué qu'il avait été forcé de boire sa propre urine. Ils ont
10 expliqué qu'ils avaient été soumis à des sévices. C'était une atmosphère
11 très lourde. Ces gens étaient vraiment dans un état déplorable. Il leur a
12 donné un certain espoir. Il leur a dit qu'il fallait garder l'espoir, qu'il
13 y avait toujours de l'espoir.
14 Q. Je souhaitais vous demander d'essayer de vous souvenir, parce que
15 certaines des personnes de l'endroit -- je ne peux pas dire leurs noms,
16 certaines des personnes de la région, qui étaient croates, ont dit avoir
17 accueilli certains réfugiés chez eux. A ce sujet, une question : vous
18 souvenez-vous avoir rencontré des Croates, à cette occasion ou avoir
19 rencontré des Bosniaques qui avaient été recueillis par des Croates ?
20 R. Non. Cela, je ne m'en souviens pas. Je ne crois pas, non. Non, on n'est
21 pas allés dans ces maisons, parce qu'on était pressés. On allait très vite
22 d'un endroit à l'autre.
23 Q. Il s'agit simplement d'une espèce d'attroupement au bord de la route,
24 au moment où votre véhicule s'est arrêté à côté des cabanes des Loups
25 d'Igman ?
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1 R. C'était effectivement devant ces cabanes. Il y avait une cour très
2 grande sur la route entre Konjic et Mostar.
3 Q. Merci. Le 2 septembre -- non, peut-être que je ne vais pas parler du 2
4 septembre. Vous souvenez-vous avoir vu M. Cikotic, à un moment quelconque,
5 en Herzégovine, le premier jour où vous étiez dans cette région, à peu
6 près, à cette période ?
7 R. Oui.
8 Q. Je --
9 R. Le premier ou le deuxième jour -- la première nuit ou la deuxième
10 nuit, peut-être. C'était au début, c'est à ce moment-là que je l'ai
11 rencontré.
12 Q. Bien. J'aimerais préciser un certain nombre de choses pour nous faire
13 comprendre ce qui se passait, à l'époque, là-bas. Vous a-t-il parlé d'un
14 canon qu'on avait pris dans un musée, dont on s'était servi ?
15 R. Je ne sais pas si c'est lui qui m'a dit cela. Mais je connais cet
16 histoire, effectivement. C'était un obusier de calibre 115 millimètres de
17 la Deuxième guerre mondiale et des combattants ont été le chercher au
18 musée. Ils l'ont surnommé Nana et ils l'ont remis en état. Je crois que
19 c'est Cikotic qui me l'a dit -- si c'est à ce moment-là que cela s'est
20 passé. Mais je ne sais pas. Mais je sais qu'on a fait une petite beauté à
21 cette Nana, si je puis dire, si c'est ce à quoi vous pensez.
22 Q. J'imagine que vous avez remarqué qu'en Herzégovine, l'armée de Bosnie
23 disposait de peu d'armes d'artillerie, n'est-ce
24 pas ?
25 R. Je n'ai vu qu'une pièce, une pièce de 155 millimètres de calibre ou
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1 peut-être deux. Non, une.
2 Q. Passons à la journée suivante. Vous nous avez expliqué que vous étiez
3 parti en voiture avec Sefer Halilovic, que vous étiez allé à Diva
4 Grabovica, puis, à Kostajnica. A Diva Grabovica, vous nous dites avoir vu
5 des pancartes qui indiquaient la présence de champs de mines. Est-ce que
6 vous avez pu établir, pour vous-même, où se trouvaient ces champs de
7 mines ?
8 R. C'est la première fois et d'ailleurs, la seule fois de ma vie que
9 j'étais à cet endroit. Je crois qu'il y avait des indications au bord et
10 quelqu'un a dit : "C'est un champ de mines." On est sorti de la voiture.
11 "Est-ce qu'on peut continuer ?" "Non." Ensuite, Sefer a dit : "C'est le
12 destin," et il est parti. On l'a suivi. Ensuite, on a continué en voiture
13 vers le village, par la forêt.
14 Q. Ensuite, vous êtes allés à Kostajnica et c'est à ce moment-là que vous
15 avez parlé avec des réfugiés de la région de Capljina, n'est-ce pas ?
16 R. Oui. La plupart venaient de Capljina.
17 Q. Je ne vais pas vous demander de passer en revue les divers passages de
18 votre livre, mais il est exact, n'est-ce pas, que c'est au cours de cette
19 discussion que Sefer Halilovic a dit quelque chose que vous aviez
20 enregistré et il a tenu les propos suivants : "Nous ne sommes pas une armée
21 punitive ou qui se venge."
22 R. Oui.
23 Q. Ce qu'il a dit, ce n'était pas un discours. Mais ces observations qu'il
24 a faites, ce jour-là, c'est le genre d'observations, de propos qu'il
25 tenait, lorsqu'il se trouvait dans ce type de situations, n'est-ce pas ?
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1 R. Oui, c'était assez caractéristique de la manière dont il s'exprimait.
2 J'ai déjà eu l'occasion de l'entendre et je le dis, d'ailleurs, dans mon
3 livre, souvent. Il me semble qu'il respectait la loi et le droit, même
4 trop, trop, vu les circonstances. Au début de la guerre, il y avait un
5 certain Juka Prazina qui était un combattant et en fait, c'était un
6 criminel de droit commun, tout simplement. Il était vraiment très gênant.
7 Certains avaient dit qu'il fallait le liquider, le tuer, s'en débarrasser.
8 Une fois, j'ai parlé de ces rumeurs, de ces observations avec Sefer et il a
9 dit : "Non, non, on ne peut pas faire cela. Il faut respecter la loi. Il y
10 a une loi. Ils peuvent l'arrêter, il peut être sanctionné. Si aux termes de
11 la loi, il faut le libérer, d'accord. S'il doit être pendu, il sera pendu,
12 en fonction de la loi. Mais personne ne doit prendre la justice entre ses
13 mains."
14 Q. Je voudrais, maintenant, passer à une conversation que vous avez eue
15 avec Sefer Halilovic dans la voiture menant à Dobro Polje. Vous lui avez
16 demandé ce qu'il fallait faire au sujet de l'enquête, ce dont il avait
17 parlé avec Bakir Alispahic à Konjic. Vous souvenez-vous de cette
18 conversation ?
19 R. Oui, je m'en souviens.
20 Q. Est-ce que ce qu'il a dit dans cette voiture, à cette occasion,
21 correspondait avec ce que vous venez de nous dire au sujet de Sefer
22 Halilovic et l'enquête sur des questions criminelles --
23 R. Oui.
24 Q. -- à savoir qu'il était important que tout acte criminel fasse l'objet
25 d'une enquête par les instances compétentes sans aucune interférence ?
Page 41
1 R. C'est tout à fait cela et pour moi, c'était clair. Il était clair qu'il
2 était comme cela et qu'il était content comme cela.
3 Q. Revenons un instant à cette conversation. Est-il exact qu'il vous a dit
4 qu'il avait déjà donné à Namik Dzankovic, l'officier chargé de la sécurité
5 au sein de l'équipe d'inspection. Il lui a donnée la mission de faire
6 exactement cela, c'est-à-dire, d'enquêter sur les crimes.
7 R. Il ne m'a donné aucun nom à ce moment-là, mais il a effectivement dit
8 qu'il y avait des gens qui étaient chargés d'enquêter sur les crimes et que
9 c'était leur mission.
10 Q. Dans le cadre de vos activités journalistiques, quelque temps plus
11 tard, est-ce que vous avez parlé avec Namik Dzankovic, en personne, pour
12 voir ce qu'il avait à dire à ce sujet ?
13 R. Oui, j'ai parlé à Dzankovic quand je travaillais à cette série
14 d'articles et je lui ai téléphoné, je lui ai demandé si je pouvais le
15 rencontrer, je lui ai demandé s'il avait reçu des ordres de Sefer Halilovic
16 au sujet de ces crimes. Il a répondu que oui. Il est venu avec Nedzad et
17 Brankovic, il est venu me voir. Il a dit : "Non, je ne peux pas accepter
18 cela, vous devez enquêter et voir ce qu'il faut faire."
19 Q. Quand vous dites cela, vous nous dites qu'en fait, Halilovic était en
20 train de dire à Dzankovic que, lui-même, Halilovic, ne cautionnait pas ces
21 crimes, qu'il n'y était pas associé ?
22 R. Oui, qu'il n'avait absolument rien à faire avec ces crimes. Il n'avait
23 rien à faire avec tout cela, cela n'avait aucun rapport avec lui.
24 Q. Bien. Revenons au 3 septembre, la réunion à Kostajnica. Où se trouve
25 Kostajnica ? Pouvez-vous nous indiquer quelle est l'unité militaire la plus
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1 proche de Kostajnica, à l'époque ?
2 R. Oui, à Kostajnica ou plutôt, Buturovic Polje, c'est là où se trouvait
3 la 45e brigade et la 46e brigade.
4 Q. C'est là que se trouvait le QG de Haso Hakalovic, n'est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. Merci. Certains des réfugiés de Kostajnica étaient bouleversés, ils
7 parlaient de "vengeance," au cours de leurs discussions, n'est-ce pas ?
8 R. Oui, je me souviens, par exemple, qu'il y a une femme qui a dit qu'il y
9 avait 11 membres de sa famille qui avaient été tués, puis, il y avait
10 pleins d'autres choses, beaucoup plus que je n'aie été en mesure
11 d'enregistrer, si je puis dire; l'atmosphère était très menaçante.
12 Q. C'est dans ce contexte que Sefer Halilovic a prononcé les propos que
13 vous avez enregistrés et dont vous nous avez parlé à l'instant, n'est-ce
14 pas ?
15 R. Oui. J'ai rapporté ces propos de manière exacte, je n'ai changé aucun
16 mot à cette déclaration. J'ai enregistré cela sur une cassette et même
17 quand il y avait une phrase qu'il -- qu'il ne finissait pas une de ses
18 phrases, je les laissais telles quelles.
19 Q. Maintenant, je souhaiterais qu'on parle du
20 4 septembre 1993.
21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Le moment est peut-être bien choisi pour
22 faire une pause.
23 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
24 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Nous allons faire une pause et reprendre
25 à 11 heures.
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1 --- L'audience est suspendue à 10 heures 29.
2 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.
3 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, Maître Morrissey.
4 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, merci. Nous avons,
5 maintenant, retrouvé la page du journal dont parlait le témoin.
6 Q. Merci Monsieur Hodzic. Ce que je vais faire, c'est vous montrer cette
7 page dont vous avez parlé, puis, peut-être --
8 M. MORRISSEY : [interprétation] -- nous réussirons à retrouver la date.
9 Est-ce que cette page pourrait être montré à l'écran ? Pour le
10 journal, la cote provisoire était MFI292. La page que nous voulons vous
11 montrer porte le numéro ERN 01057811, mais parce que c'est manuscrit, c'est
12 écrit à la main, je voudrais également vous demander qu'on aide le témoin
13 afin de pouvoir avoir cet exemplaire papier.
14 Q. Ce que je vais vous demander de faire, lorsque vous l'aurez à l'écran,
15 Monsieur Hodzic, ce sera simplement de le lire dans votre propre langue, le
16 lire à haute voix afin que les interprètes puissent en donner
17 l'interprétation pour les membres de la Chambre.
18 R. Ce que j'ai écrit, ici, mais je ne vois pas la date,
19 je lis : "Sefer Halilovic coordonne les opérations militaires de Bugojno à
20 Mostar."
21 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas un mot
22 d'interprétation, je regrette de le dire.
23 Q. Excusez-moi, Monsieur Hodzic, c'était un problème d'écouteur, je crois.
24 Maintenant c'est réglé. Pour être complet, pour que le membre de la Chambre
25 ait une idée bien claire, je pense qu'on peut lire ce qui est au-dessus et
Page 44
1 si vous voulez simplement lire les notes qui se trouvent dans la partie
2 haute de la page, expliquer ce dont il s'agit.
3 R. Ici en haut de la page j'ai écrit : "Caco - la 10ème de Montagne. Celo
4 - le 9ème Motorisée. Adnan - le 2ème Bataillon indépendant de Sarajevo."
5 J'ai tiré une ligne en-dessous, puis il y a un tiret : "Sefer Halilovic
6 coordonne les opérations militaires entre Bugojno et Mostar." Ceci est
7 manuscrit, vous voyez c'est mon écriture. Ensuite, j'ai pris certaines
8 notes au cours de l'action, juste avant que les activités de combat ne
9 commencent, de façon à savoir plus tard dans mes articles comment j'y
10 ferais référence. Sefer m'a dit à ce moment-là: "Je suis le coordonnateur."
11 C'est la première que j'ai entendu dire cela.
12 Q. Pour ce qui est de retrouver la date précise, je comprends que vous
13 disiez que cela a été fait avant le commencement des opérations de combat.
14 Est-ce qu'il serait possible, si on vous fournissait un exemplaire de votre
15 journal, sous sa forme originale -- seriez-vous prêt à jeter un coup d'œil
16 à cette page, et les pages qui l'entourent, pour voir si vous réussissez à
17 retrouver la date précise ? Est-ce que vous pourriez faire cela de façon à
18 ce que nous puissions -- peut-être si vous voulez lors de la prochaine
19 suspension ?
20 R. Oui, mais j'ai déjà regardé cela, et je sais exactement ce qui est dit
21 là.
22 Q. Bien.
23 R. Comme je vous l'ai déjà dit, dans mon journal, je commençais simplement
24 une page, c'était une période difficile, j'avais moi-même été victime d'un
25 traumatisme. Les dates sont peut-être un peu confuses, et ici, il se peut
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1 qu'il y ait quelque chose d'antidaté ou de postdaté. D'autant que je me
2 souvienne, la page précédente parle de Dreznica, de combats à Dreznica, et
3 je ne suis pas tout à fait certain de cela, mais je pense que cela devrait
4 être après Dreznica. Un certain temps après, mais je ne peux pas être
5 absolument certain. Je pense, en fait, que c'était avant. Je me rappelle
6 que lorsque nous avons parlé, j'ai trouvé que c'était assez surprenant, et
7 même choquant, lorsqu'il ma dit ce qu'il ma dit concernant le fait qu'il
8 était coordonnateur. J'ai pensé en mon for intérieur : Il doit vouloir dire
9 commandant ou chef, mais il a dit coordonnateur, et c'est ce que j'ai à ce
10 moment-là noté.
11 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Madame Chana, y a-t-il des objections à
12 fournir ? Un exemplaire papier du journal pendant la prochaine suspension
13 de façon à rafraîchir la mémoire du témoin.
14 Mme CHANA : [interprétation] Certainement pas, Monsieur le Président, elle
15 sera fournie.
16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.
17 M. MORRISSEY : [interprétation] Je suis reconnaissant à ma consoeur de
18 cela.
19 Mme CHANA : [interprétation] Excusez-moi conseil. En fait, je peux aider
20 les membres de la Chambre parce que je l'ai directement sous la main.
21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je vois, mais non, pas maintenant, peut-
22 être qu'on risquerait de perdre du temps.
23 M. MORRISSEY : [interprétation] Ce que j'ai à l'esprit, c'est que le témoin
24 pourra examiner cela, à ce moment-là, il aura tout le loisir de regarder le
25 texte, mais je suis reconnaissant à l'Accusation en tout état de cause et
Page 46
1 c'est cela qu'on fera.
2 Q. Très bien.
3 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
4 je demande que cette page soit présentée comme pièce à conviction
5 distincte, compte tenu du mot qui y est employé.
6 [Le conseil de la Défense se concerte]
7 M. MORRISSEY : [interprétation] Nous pensons que non -- est-ce que je
8 pourrais demander un petit peu d'aide ?
9 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la cote MRI293.
10 M. MORRISSEY : [interprétation] 293. Merci, je vous suis reconnaissant.
11 Q. Merci Monsieur Hodzic. Avant la suspension, nous nous trouvions au 4
12 septembre. Ce jour-là, vous avez dit que vous étiez assis juste devant la
13 résidence du Dr Cibo, que vous aviez eu un télégramme urgent, en fait, qu'à
14 cette occasion, on vous a dit qu'il y avait un télégramme urgent qui est
15 arrivé de Mostar, plus particulièrement, c'était un télégramme d'Arif
16 Pasalic, qui indiquait qu'il était probable qu'il y aurait une très forte
17 offensive du HVO à un moment donné la semaine d'après.
18 R. C'est cela que j'ai dit. J'ai vu ce télégramme plus tard dans les
19 dossiers, dans les archives de Bosnie Herzégovine, et je l'ai inclut dans
20 mon livre.
21 Q. A votre connaissance à l'époque, les dirigeants du HVO avaient dit très
22 clairement et publiquement leur intentions de créer une capitale, d'un
23 nouvel état d'Herceg-Bosna, en l'occurrence, cela devait être la ligne de
24 Mostar. Est-ce que exact ?
25 R. Oui. Cela serait la capitale. C'est comme cela qu'ils l'ont appelée.
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1 Q. Je ne veux pas vous poser pour le moment de questions concernant le
2 tableau général de la situation à Mostar. Je vais simplement vous poser
3 deux questions très brèves. Si vous voulez répondre de votre mieux pour
4 autant que vous sachiez la réponse à la question. Quelle était la situation
5 du point de vue humanitaire, pour ce qui est des civils dans l'état de
6 Bosnie, dans la ville de Mostar à l'époque ?
7 R. Je n'étais pas là moi-même à ce moment-là; toutefois, sur la base de ce
8 que j'ai pu glaner comme information dans les médias et les documents que
9 j'ai eu l'occasion d'examiner en ce qui concernait une série différente que
10 j'ai publié, la situation était critique, elle était tout simplement
11 épouvantable. Le HVO ne permettait à aucun convoi humanitaire de passer,
12 c'était la situation à l'époque, c'était épouvantable, c'était horripilant.
13 Pour la première fois, je suis entré dans Mostar, je crois en septembre
14 1994, mais la ville avait été entièrement détruite. Je n'avais aucune idée
15 d'où les habitants de la partie orientale de la ville vivaient. Il n'y
16 avait plus de toit au-dessus de leurs têtes, c'était une catastrophe.
17 Q. Tenant compte du fait que vous n'avez pas vu la ville vous-même à ce
18 moment-là en septembre 1993, je ne vais pas vous poser d'autres questions à
19 ce sujet mais je voudrais savoir, il vous est apparu, au moment où vous
20 étiez avec Sefer Halilovic que, personnellement, il était très préoccupé et
21 inquiet du sort des civils à Mostar; est-ce exact ?
22 R. Oui. Je crois que cela a été une période très perturbée à Mostar aussi.
23 Autant que je le sache, il y avait passé très longtemps comme officier.
24 Deuxièmement, il avait à faire fasse à une situation dramatique. En temps
25 de guerre, il est entré à Mostar comme chef d'état major, et il y avait
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1 comme une sorte de lien imperceptible, si je peux l'appeler comme cela,
2 entre lui et les soldats.
3 Q. Je voudrais qu'on reprenne à la date du 4 septembre. A cette occasion,
4 vous avez dit qu'il y avait eu une réunion entre le commandant Delic et son
5 groupe sur la route et Sefer Halilovic et son propre groupe. Vous avez dit
6 qu'après cette réunion, il avait été convenu -- je vais reposer la question
7 autrement. Après cette réunion sur la route, il y avait eu ensuite une
8 conférence qui a eu lieu à la base de Zuka à Donja Jablanica; est-ce
9 exact ?
10 R. Oui.
11 Q. Il y avait un accord qui a été fait -- enfin non, je vais recommencer.
12 Cette réunion à Donja Jablanica -- vous vous étiez mis d'accord lorsque
13 vous vous êtes séparés de Delic, lors de cette réunion au bord de la route
14 ou sur la route; est-ce exact ?
15 R. Oui. Lorsque nous étions là, pas plus tôt, mais nous avons pris des
16 directions différentes, mais nous nous étions mis d'accord concernant cette
17 réunion.
18 Q. Ensuite dans la voiture, après cette réunion sur le bord de la route,
19 mais avant d'être à la réunion de Donja Jablanica, c'est à ce moment-là que
20 Sefer a fait son commentaire au Dr Cibo concernant Delic; est-ce exact ?
21 R. Oui. Bien qu'il ait fait ce commentaire pour moi aussi.
22 Q. Le contexte de ce commentaire était que vous étiez déjà -- peut-être
23 que vous étiez déjà en train d'aller en voiture pour vous rendre à une
24 réunion avec le commandant Delic, un peu plus tard, dans la matinée; est-ce
25 exact ?
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1 R. Nous étions en route vers Neretvica, nous devions revenir de Neretvica
2 et aller à la réunion. Sur la route près de Here, nous avons cherché à voir
3 le commandant du 6e corps et d'une autre brigade, mais nous n'avons pas pu
4 les trouver.
5 Q. Selon vos observations, le commandant du 6e corps -- non, je retire ma
6 question. Je vous poserai des questions à ce sujet par la suite.
7 J'ai une question rapide sur le commentaire que Sefer Halilovic à fait au
8 Dr Cibo ainsi qu'à vous-même, concernant ce qu'il avait allégué, concernant
9 Delic. Il vous a dit que Delic avait, effectivement, limité ses compétences
10 ou ses fonctions à un rôle de gestion. Est-ce que vous êtes capable de vous
11 rappeler les termes précis qu'il a employés ? Si vous ne pouvez pas, vous
12 ne pouvez pas. Mais qu'est-ce que vous pouvez nous dire en ce qui concerne
13 les mots précis qu'il a employés ?
14 R. Je pense qu'il a dit quelque chose dans ce genre : "Delic a reçu une
15 mission qui était de m'enlever autant de pouvoir qu'il le pourrait, autant
16 de compétence qu'il le pourrait," et que lui-même --il s'agissait de
17 Halilovic - n'aurait plus sous son autorité, que quelques questions peu
18 importantes, comme un département d'administration, quelque chose de ce
19 genre. Rien d'important.
20 Q. Oui, je comprends. A cet égard, je vais passer rapidement à autre
21 chose. Vous avez mentionné qu'à Hrasnica, lorsque vous êtes revenus de
22 Sarajevo, par la suite, dans la nuit du 7 septembre, à cette occasion,
23 Sefer a eu du mal à faire en sorte que des camions puissent être
24 disponibles, il a eu du mal à convaincre Caco de venir sur ce trajet. Est-
25 ce que vous vous rappelez de cet incident ?
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1 R. Oui, oui.
2 Q. Est-il vrai que Sefer Halilovic vous a donné l'impression d'avoir à
3 convaincre des soldats de coopérer aux actions de combat ? Enfin, non, je
4 retire ma question, pas les soldats. Que Sefer Halilovic avait eu à
5 convaincre des officiers de l'aider pour des opérations de combat dans
6 lesquelles il était parti prenante en Herzégovine, à ce moment-là.
7 R. A l'évidence, oui.
8 Q. Vous avez vu, à ce moment-là, que Sefer avait à traiter avec des
9 officiers, plus tard, en essayant de les convaincre plutôt qu'en leur
10 donnant des ordres, comme un commandant le ferait normalement; est-ce
11 exact ?
12 R. C'est exact. Mais c'est ce qui était surprenant, mais ceci ne m'a pas
13 surpris, à l'époque, parce que c'était la situation jusqu'à la fin de la
14 guerre dans l'armée. Il n'y avait pas de différence notable entre un
15 commandant, d'une part et un soldat, de l'autre.
16 Q. Oui. Monsieur Hodzic, nous avons entendu des dépositions concernant la
17 théorie selon laquelle les ordres militaires sont censés être donnés par un
18 commandant et qu'ils doivent, en théorie, parvenir jusqu'à un subordonné et
19 de subordonné en subordonné et ainsi de suite. Mais dans la réalité, dans
20 ce qui était, à ce moment-là, l'armée de Bosnie, ceux qui lançaient une
21 opération devaient œuvrer en convainquant les plus jeunes qu'il fallait
22 faire ce qu'on leur demandait de faire, que ce soit d'aller au combat ou de
23 remplir d'autres fonctions de mission; est-ce exact ?
24 R. C'était souvent le cas, pas seulement dans cette situation
25 particulière. C'était le cas dans d'autres combats ou batailles, aussi. Le
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1 commandant essayait de convaincre les gens, mais les gens refusaient tout
2 simplement de faire quoi que ce soit et le commandant se retrouvait
3 absolument sans pouvoir dans de telles situations.
4 Q. Oui. Certainement dans le cas de deux personnes - je vais en parler,
5 Zuka et Celo - vous n'avez pas vu Sefer Halilovic émettre directement des
6 ordres à l'un ou à l'autre, à l'époque où vous vous trouviez en
7 Herzégovine; est-ce exact ?
8 R. J'ai toujours dit qu'ils tenaient leurs propres réunions. Je l'ai vu
9 dire à Zicro Suljevic d'aller avec Buza. C'est une chose dont j'ai été
10 personnellement témoin, mais je ne l'ai pas vu exactement donner des ordres
11 à qui que ce soit. Si cela avait été le cas, je l'aurais noté, j'aurais
12 même fait des prises de vue et je pourrais vous les montrer maintenant.
13 Mais je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé, de ce qui se passait à huis
14 clos, à l'époque, dans les coulisses.
15 Q. Bien sûr. Je ne vous demande pas de faire des hypothèses et des
16 spéculations en ce qui concerne ces questions, mais simplement de faire vos
17 commentaires sur que vous avez vu, vous-même, de vos propres yeux.
18 Je voudrais vous poser la question suivante : est-ce que vous avez jamais
19 vu une personne donner directement un ordre à Ramiz Delalic, Celo ? Enfin,
20 je vais vous poser cette question en premier lieu, ensuite, j'ai une autre
21 question après cela.
22 R. Non, certainement, pas question.
23 Q. Simplement sur la base de ce que vous avez observé, est-ce que cela
24 aurait été des choses très réalistes, compte tenu de ce vous saviez de
25 Ramiz Delalic, Celo
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1 R. Je regrette, mais je ne comprends pas votre question. Qu'est-ce que
2 exactement vous voulez dire qu'il aurait été réaliste pour quelqu'un dans
3 les ordres de Ramiz Delalic ? Est-ce ce que vous avez à l'esprit ?
4 Q. Oui.
5 R. Je n'ai absolument aucune idée de qui cela aurait pu être. Il était
6 subordonné au 1er Corps, je l'ai rencontré ici une ou deux fois, mais il
7 venait là et je n'avais absolument aucune idée de ce qu'il faisait. De
8 façon précise, il a demandé des renforts, que des officiers soient envoyés.
9 Je suis allé à sa brigade deux ou trois fois, en ma qualité de journaliste,
10 j'ai vu des soldats qui partaient pour le front. La situation était
11 critique, mais je n'ai rien entendu de particulier concernant Celo, à
12 l'époque. Tout ce que j'ai entendu le concernant de péjoratif, par la
13 suite, c'était par rapport à un serbe qu'il avait tué au début de la guerre
14 et ceci se passait au beau milieu d'une cérémonie de mariage. Si vous
15 pouviez, s'il vous plaît, préciser ou expliquer ce que vous demandez parce
16 que je crois que je n'ai toujours pas compris votre question.
17 Q. C'était une question vraiment très impressionniste, mais je pense que
18 vous avez fait deux tentatives de bonne foi pour essayer d'y répondre. Je
19 ne vais pas insister.
20 J'aimerais vous demander -- vous avez mentionné le fait que vous avez vu
21 Sefer Halilovic donner un ordre à Zicro Suljevic d'aller avez Buza. Est-ce
22 que vous avez jamais vu l'ordre créant l'équipe d'inspection ?
23 R. Oui.
24 Q. Je vois. Quand est-ce que vous avez vu cela ? Est-ce que vous l'avez vu
25 lorsque vous étiez en Herzégovine ou par la suite ou lorsque vous
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1 effectuiez des recherches ?
2 R. Non. Je n'avais aucune idée de cet ordre. C'est par la suite que j'ai
3 obtenu un exemplaire, une copie des archives.
4 Q. Bien.
5 R. Pendant mes recherches.
6 Q. Je ne vais pas vous poser davantage de questions sur ce point, si tel
7 est bien le cas aussi.
8 Maintenant, j'avais fait un saut en avant, mais je reviens au
9 4 septembre. Vous avez dit que vous n'aviez pas participé à la réunion à
10 Donja Jablanica, mais c'est un fait, n'est-ce pas, que Delic, Sefer et un
11 certain nombre d'autres commandants ont participé à une réunion à Donja
12 Jablanica, plus tard, le 4 et qu'il sont restés pour cette réunion pendant
13 plus d'une heure à discuter différentes questions; est-ce que c'est exact ?
14 R. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils ont discuté. Je n'ai rien entendu à ce
15 sujet. Ils se trouvaient là, ils ont parlé, ils ont tenu une réunion. Une
16 fois que cette réunion a été terminée, j'ai noté une brève déclaration de
17 Delic, puis, nous nous sommes mis en route.
18 Q. Pourrais-je vous demander si vous vous rappelez de ceci; peut-être que
19 non. Est-ce que vous avez jamais vu une carte qui était signé, à la fois,
20 par le commandant Delic et le chef d'état-major Halilovic, après cette
21 réunion ?
22 R. Non, je n'ai pas vu de carte. La première fois que je l'ai vue, c'était
23 après la guerre. Elle a été publiée dans un journal de Sarajevo. Juste
24 après le titre, ils ont montré peut-être la moitié de la carte.
25 Q. Bien. Alors, peut-être que nous allons pouvoir gagner un petit peu de
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1 temps pour plus tard. Il y a juste quelques documents. Je voudrais vous
2 demander si vous ne les avez jamais vus, à l'époque. Il se peut que ce soit
3 le cas ou non. Vous pouvez nous le dire. Est-ce que vous avez vu, pendant
4 que vous étiez encore en Herzégovine, un ordre de combat ayant pour titre
5 "Défense des droits de l'homme, Vrdi 1993," ordre de combat daté du 11
6 septembre et signé par Zulfikar Alispago ?
7 R. Je ne me souviens pas avoir lu cela. Je ne crois pas l'avoir jamais
8 obtenu à aucun stade, par la suite. Certainement, je ne l'ai pas
9 actuellement.
10 Q. Non, non, ça va bien. Je ne suis pas en train de suggérer que vous
11 devriez l'avoir eu. Mais en pratique, est-ce que c'était la pratique des
12 commandants en Herzégovine, lorsque vous étiez là-bas, de vous montrer des
13 ordres de combat ou pas ?
14 R. Personne ne m'a jamais rien montré, ni Sefer, ni personne d'autre. Je
15 ne suis pas sûr de savoir qui aurait eu le droit de me montrer quoi que ce
16 soit, y compris Karic et tous les autres. Sefer m'a montré quelque chose
17 deux ou trois fois. Mais je n'ai jamais tenu ces documents dans -- je ne
18 les ai jamais eus à la main, aucun de ces ordres.
19 Q. Par rapport à cela, vous n'avez pas vu la carte -- je pense que vous
20 avez répondu à cette question déjà -- excusez-moi.
21 Très bien. Je passe maintenant à la journée du 5 septembre.
22 Approximativement, à quelle heure est-ce que vous êtes partis pour
23 retourner à Sarajevo, après la réunion de Dobro Polje dont vous avez parlé
24 dans votre déposition ?
25 R. Je ne peux pas dire exactement quand nous sommes repartis. C'était dans
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1 la soirée. Je ne saurais vous dire quel était l'heure, mais nous sommes
2 arrivés à une fontaine près d'un village croate. Je ne suis pas sûr du nom
3 de ce village. On s'arrêtait toujours à cet endroit-là, entre Jablanica et
4 Sarajevo et également, dans le sens inverse. L'eau qui s'y trouvait était
5 excellente et fraîche. Il y avait un pommier avec des pommes qui étaient
6 mûres. A une vingtaine de mètres de là, il y avait un groupe de maisons,
7 toutes regroupées. Nous sommes arrivés de Dobro Polje, nous nous sommes
8 arrêtés là comme nous le faisions toujours. J'ai vu qu'il y avait une
9 lumière qui brillait dans l'une des maisons. C'était une lampe à huile, en
10 l'occurrence. Nous sommes partis de Dobro Polje pour Sarajevo très
11 rapidement et nous avons toujours essayé de ramener des aliments, des
12 vivres à Sarajevo parce que cela coûtait les yeux de la tête, à Sarajevo,
13 pour avoir quoi que ce soit, tandis qu'à cet endroit-là, tout était à bon
14 marché. J'ai essayé d'obtenir du fromage parce que la différence entre les
15 prix était énorme. A Sarajevo, cela pouvait coûter entre 30 et 40
16 deutschemarks, tandis que là, c'était seulement 2 deutschemarks. J'ai dit à
17 Sefer : "Est-ce que tu pourrais attendre une minute, s'il te plaît ? Je
18 vais à cette maison, là où on voit qu'il y a une lampe qui brille, je vais
19 leur demander s'ils ont un peu de fromage à vendre." Il a dit : "Mais
20 qu'est-ce qui te prend ? Il est passé 10 heures. On n'a pas le temps pour
21 cela."
22 Je portais une veste de camouflage et il a dit : "Si tu te présentes en
23 uniforme, à leur porte, comme cela et que les gens qui sont là-bas sont des
24 Croates, tu va terrifier ces malheureux et on ne parviendra absolument à
25 rien. Ils ne te donneront rien pour rien, mais je te conseille de ne pas y
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1 aller. Laisse ces gens dormir, ne les dérange pas."
2 Nous nous trouvions à ce puits, à cette fontaine, il était passé 10 heures.
3 Je ne parviens à me rappeler exactement quand nous sommes partis, mais j'ai
4 décidé de ne pas aller à cette maison et nous nous sommes hâtés en
5 direction de Sarajevo.
6 Q. Bien, je vous remercie. Je ne vais pas vous poser de questions sur ce
7 qui s'est passé à Sarajevo. Je veux simplement qu'on passe rapidement à la
8 journée du 7 septembre à Hrasnica et vous poser quelques questions,
9 quelques éclaircissements sur ce qui s'est passé là-bas.
10 La procédure était de parvenir à Hrasnica. Lorsque vous êtes venu, vous
11 avez rencontré Sefer au QG; c'est exact ?
12 R. On se rencontrait au QG à Sarajevo, puis, ensuite, on est allé à
13 Hrasnica ensemble.
14 Q. Bien.
15 R. Ensuite, on est reparti ensemble.
16 Q. Oui. J'ai dû mal vous poser la question.
17 Vous l'avez rencontré à cet endroit ? Est-ce que vous avez vu Ramiz
18 Delalic au QG ?
19 R. Oui. Je lui ai demandé s'il partait aussi. C'est là que j'ai appris que
20 lui-même et son unité partaient aussi.
21 Q. Est-ce que Ramiz Delalic est allé jusqu'au tunnel avec vous, est-ce
22 qu'il a emprunté un autre itinéraire ?
23 R. Je ne crois pas. Je ne suis pas sûr.
24 Q. En passant, bien qu'on dise beaucoup de choses au sujet de Ramiz
25 Delalic, le fait est qu'il a été un combattant très courageux dans la
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1 défense de Sarajevo. Il a défendu une partie considérable de la ligne de
2 front, n'est-ce pas ?
3 R. C'est exact. Ses hommes et lui-même aussi, se trouvaient le long d'une
4 ligne d'une très grande importance, à partir de Miljacka et en continuant
5 vers le nord, au nord-est de la ville. Je dois dire que j'ai eu l'occasion
6 de me rendre à cet endroit et de voir comment ces combattants, à une
7 période critique, au moment où cette zone se refermait, où les lignes
8 serbes et les forces serbes avançaient, il y a eu une percée dans ces
9 lignes et il a envoyé ces gens très courageux sur ce point-là. L'atmosphère
10 était très bonne. Ils ont serré les rangs et ils ont défendu cette zone.
11 Puis, il avait une très bonne relation avec ses hommes, avec ses gens. Il
12 leur parlait gentiment. Je n'ai rien vu de répréhensible le concernant.
13 Ensuite, j'ai entendu dire des choses, mais, je n'ai rien vu, moi-même, qui
14 parle contre lui.
15 Q. Une dernière question à ce sujet. Il est manifeste que Ramiz Delalic
16 s'intéressait au sort de ses soldats, de manière très concrète, très
17 pratique. Il intervenait directement, n'est-ce pas ?
18 R. Oui. Je crois que Caco était l'un des meilleurs, aussi, à ce titre. Ils
19 prenaient très soin de leurs soldats. Je ne sais pas ce qu'il en est de
20 Celo, mais pour Caco, je sais, j'avais des parents qui habitaient par là.
21 Mais il faisait cela de manière un petit peu bizarre. Mais c'est vrai que
22 cela le tenait beaucoup à cœur.
23 Q. Parlons de Hrasnica. Vous êtes allé jusqu'au tunnel, vous avez emprunté
24 le tunnel et à ce moment-là, vous étiez au poste de commandement avancé du
25 1er Corps. Vous étiez sorti de Sarajevo et vous vous trouviez dans la zone
Page 58
1 de Hrasnica.
2 Une question : Fikret Prevljak était le commandant de la brigade locale qui
3 se trouvait à l'extérieur de Sarajevo, à Hrasnica et dans les environs,
4 n'est-ce pas ?
5 R. Oui, c'est exact. La 4e Brigade motorisée. Il en était le commandant.
6 Q. Je vois. Je voudrais préciser un élément, suite à une question qui vous
7 a été posée, hier, par l'Accusation. Vous nous avez dit que lorsque vous-
8 même et Sefer êtes arrivés à cet endroit, on a appris que Caco n'allait pas
9 venir ou plutôt, qu'il refusait de venir en Herzégovine.
10 R. Oui.
11 Q. Bien. A ce moment-là, Sefer Halilovic a essayé de persuader Ramiz
12 Delalic d'aller l'aider à tenter de persuader Caco de venir aussi, n'est-ce
13 pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Sefer Halilovic est parvenu à convaincre Caco et ils sont partis
16 ensemble, tous les deux ?
17 R. Oui.
18 Q. Mais ils n'ont pas eu à retourner à Sarajevo en empruntant le tunnel.
19 Ils sont simplement allés quelque part dans la zone de Hrasnica afin de
20 trouver Caco, n'est-ce pas ?
21 R. Oui, oui. C'est cela.
22 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Madame Chana.
23 Mme CHANA : [interprétation] Je signale au conseil de la Défense que
24 lorsqu'il dit, dans la question précédente, le nom de "Caco," il voulait
25 parler de Celo. Il me semble que vous avez confondu les deux, ligne 20, à
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1 11 heures 34.
2 M. MORRISSEY : [interprétation] J'ai peut-être un système de numérotation
3 différent.
4 Mme CHANA : [aucune interprétation]
5 M. MORRISSEY : [interprétation] Vous avez tout à fait raison, effectivement
6 Madame. Je m'excuse. J'ai fait une petite erreur. Vous avez sans doute
7 compris correctement la nature de ma question, mais je vais quand même la
8 répéter, Monsieur le Témoin.
9 Vous nous avez déjà dit que Sefer avait essayé de persuader Ramiz Delalic
10 de venir l'aider à convaincre Caco de venir, et ensuite Sefer Halilovic a
11 persuadé Celo de l'aider, et ils sont partis ensemble. C'est cela, n'est-ce
12 pas ?
13 R. C'est exact.
14 Q. Une fois qu'ils sont partis -- donc, nous avons Sefer et Ramiz Delalic
15 qui s'en vont et qui vont chercher Caco. A votre connaissance, ils sont
16 allés chercher dans la zone de Hrasnica, là où se trouvait déjà Caco,
17 n'est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Pour vous, la situation à laquelle Sefer Halilovic essayait de trouver
20 une issue était la suivante : il y avait déjà des soldats qui étaient venus
21 de Sarajevo avec Caco. Ils étaient arrivés à Hrasnica, mais à ce moment-là,
22 à la veille du départ, Caco parlait de rebrousser chemin, de retourner à
23 Sarajevo, n'est-ce pas ?
24 R. C'est ce qu'on pourrait en conclure, sur la base de ce qu'on avait
25 entendu à cet endroit.
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1 Q. Bien entendu, je sais que vous vous reposez uniquement sur ce qu'on
2 vous a dit.
3 Combien de temps a-t-il fallu à Ramiz Delalic -- mais avant, est-ce que
4 Sefer Halilovic et Ramiz Delalic sont revenus ensemble ou séparément ?
5 R. Je ne sais pas vraiment. Je ne sais pas s'ils étaient ensemble ou pas.
6 En tout cas, ils sont partis ensemble. Cela, c'est vrai.
7 Q. Pendant combien de temps se sont-ils absentés ? J'imagine que vous ne
8 serez pas en mesure de nous donner un minutage précis. Mais ils sont partis
9 -- ils étaient absents pendant 20 minutes ? Une heure ? Pouvez-nous nous
10 donner un ordre d'idée ?
11 R. Difficile à dire. Je n'y ai pas vraiment fait attention. Peut-être 20
12 minutes, 15 minutes, une demi-heure, je ne sais pas. Ce serait une pure et
13 simple conjecture de ma part. Je ne sais pas. Mais au bout d'un certain
14 temps assez court, Sefer est revenu, et ensuite Celo aussi, j'imagine.
15 Q. Merci. J'imagine que -- je sais effectivement que mes questions sont un
16 petit peu difficile, vu le niveau de détail sur lequel je vous interroge.
17 Je ne vais pas vous poser de questions maintenant au sujet du déplacement
18 jusqu'à Jablanica. Je vais passer au moment où vous avez vu Sefer
19 Halilovic, après avoir entendu ces rumeurs atroces au sujet de Grabovica.
20 Vous nous avez dit avoir vu Sefer Halilovic alors que vous étiez assis sur
21 une chaise. C'était sur la base de Zuka, me semble-t-il, n'est-ce pas ?
22 R. J'y suis arrivé avant lui. Il m'a rejoint peu après. Il s'est assis à
23 côté de moi.
24 Q. La situation était telle que vous n'avez pas été en mesure d'avoir une
25 véritable conversation avec lui sur ce point, puisque vous étiez entourés
Page 61
1 de très nombreux soldats ?
2 R. C'est exact. C'était une pièce très petite.
3 Q. D'après ce que vous avez pu voir, Sefer Halilovic paraissait vraiment
4 choqué, bouleversé par ces informations que vous veniez tous deux de
5 recevoir au sujet de Grabovica, n'est-ce pas ?
6 R. C'est un petit peu difficile à dire maintenant. Mais il était absent.
7 Comment vous dire cela ? J'ai trouvé le mot exact quand Mme Chana m'a posé
8 la question. Il était très calme, silencieux. Mais il y a encore une chose
9 que je voulais dire, une description plus précise. Il était plus que calme.
10 Il était pensif.
11 Q. Combien de temps êtes-vous resté avec lui à cette occasion ? Deux
12 minutes ? Cinq minutes ? Plus longtemps ?
13 R. Très peu de temps. Il a simplement dit qu'il était dans la direction de
14 Konjic. Puis on a parlé de ce qu'on avait entendu dire. Je l'ai interrogé à
15 voix basse. Il a répondu : "Oui." Je lui ai demandé s'il pensait que cela
16 pouvait être les réfugiés qui avaient tué ces gens. Il a répondu : "Oui." A
17 ce moment-là, les autres nous ont rejoint. C'était toujours la même chose
18 quant il venait.
19 Q. Je voudrais maintenant passer au 10 septembre au matin, au sujet de
20 l'arrivée de Ramiz Delalic ce matin-là. Si j'ai bien compris, vous nous
21 avez dit que vous cherchiez à trouver quelqu'un pour vous transporter,
22 parce que vous n'aviez pas de véhicule. Donc, vous étiez assis là, et vous
23 espériez que quelqu'un allait passer par là.
24 R. Oui.
25 Q. Quand la voiture s'est arrêtée, la voiture conduite par Ramiz Delalic,
Page 62
1 vous souvenez-vous où elle s'est garée ? Elle s'est garée devant les
2 maisons de la base de Zuka ou est-ce que la voiture s'est garée à distance,
3 un peu plus loin ?
4 R. Juste devant le bâtiment, au milieu de la route. Cela n'aurait pas gêné
5 la circulation parce qu'il y avait très peu de voitures. Une voiture toutes
6 les heures ou toutes les demi-heures. C'était juste en face de la base de
7 Zuka.
8 Q. Je sais que mes questions sont un peu difficiles, mais est-ce que vous
9 pourriez nous dire à peu près à quelle distance en mètres cette voiture
10 était garée ? A quelle distance des marches qui montaient à la base de
11 Zuka ? Essayez au mieux de vos possibilités de donner une estimation.
12 R. Je ne pense pas que c'était à plus de cinq mètres.
13 Q. Pouvez-vous nous dire de quelle type de véhicule il s'agissait ? Est-ce
14 que c'était une Audi, une jeep ?
15 R. Je ne sais pas, je n'en souviens pas. Je ne peux pas vous dire.
16 Q. Vous souvenez-vous s'il s'agissait d'un véhicule militaire ou d'un
17 véhicule civil ?
18 R. Cela non plus, je ne peux pas le dire.
19 Q. Vous avez vu Ramiz Delalic descendre du véhicule. Au moment où il a
20 descendu du véhicule, y avait-il quelqu'un d'autre là, en dehors des deux
21 jeunes garçons ? Y avait-il quelqu'un d'autre dans le véhicule, d'après ce
22 que vous avez pu voir ?
23 R. Il y avait le chauffeur, parce que ce n'était pas Celo qui était au
24 volant.
25 Q. Vous souvenez-vous du nom du chauffeur ?
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1 R. Je ne peux pas dire si c'était lui ce jour-là, mais celui qui était le
2 plus souvent son chauffeur. D'ailleurs, je le rencontre tout le temps à
3 Sarajevo, parce qu'il est chauffeur de taxi à Sarajevo en ce moment. Mais
4 je ne me souviens pas -- Arnautovic, Arnatalic -- je ne sais pas. Je le
5 connais. Je lui dis bonjour, mais je ne connais pas son nom.
6 Q. Si je vous rafraîchis la mémoire en vous donnant le nom d'Erdin
7 Arnautovic, c'est lui, n'est-ce pas ?
8 R. Je crois qu'effectivement c'était son chauffeur attitré; il avait dû
9 être là ce jour-là.
10 Q. Si on parle de cette journée-là, vous nous avez dit précédemment que
11 vous n'étiez pas sûr que c'était lui son chauffeur ce jour-là. Est-ce que
12 vous souvenez précisément que c'était lui qui était au volant ce jour-là ou
13 pas ?
14 R. Je ne sais pas. Je ne m'en souviens pas. Je n'ai pas vraiment fait
15 attention à cela. Mais il y avait un chauffeur. Cela, oui.
16 Q. Pendant combien de temps les jeunes garçons sont-ils restés dans la
17 voiture avant que Ramiz ne revienne pour les chercher ?
18 R. C'est difficile à dire. Celo n'est pas revenu tout de suite. Il a parlé
19 à l'adjoint, au commandant adjoint et à Nihad Bojadzic. Ils n'ont pas parlé
20 très longtemps. Je les ai vus, ils parlaient. Je ne peux pas dire, je
21 commettrais une erreur si je vous donnais une approximation de la durée de
22 leur conversation. Je ne voudrais pas faire une erreur.
23 Q. Fort bien. Je pense que vous avez expliqué très clairement la
24 situation.
25 Je précise à l'attention des Juges, qui était Nihad Bojadzic. C'était
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1 l'adjoint du commandant de l'unité de Zulfikar Alispago, n'est-ce pas ?
2 R. Oui, c'est exact.
3 Q. C'est quelqu'un qui a joué un grand rôle dans les combats à Dreznica
4 dans la semaine qui a suivi, n'est-ce pas ?
5 R. Oui, je crois qu'il était à la tête de cela, enfin qu'il était en
6 charge.
7 Q. Avez-vous pu observé l'attitude, le comportement de ces deux hommes
8 Ramiz Delalic et Nihad Bojadzic pendant cette courte conversation ?
9 R. Non, je n'ai pas eu la possibilité de le faire. J'étais assis à
10 l'extérieur sur une chaise, je regardais vers la rue. Eux, ils étaient à
11 l'intérieur. Il y avait une sorte de bar, un comptoir. J'étais pressé, je
12 cherchais Celo. Je suis entré, et j'ai vu qu'il parlait toujours. Ensuite,
13 il est sorti du bâtiment.
14 Q. Merci. Ensuite, M. Ramiz Delalic vous a transporté, mais à ce moment-
15 là, vous ignoriez qui étaient ces jeunes garçons.
16 R. Non. Je pensais que c'étaient des réfugiés, des pauvres malheureux
17 qu'ils amenaient à Jablanica.
18 Q. De l'endroit où vous vous teniez assis à l'extérieur du restaurant,
19 non, en fait, ce n'était pas un "restaurant". Je ne sais pourquoi, cela me
20 colle à l'esprit.
21 Excusez-moi. Vous étiez assis à l'extérieur. Là où vous étiez, vous n'avez
22 pas été en mesure d'entendre la conversation de Nihad Bojadzic et de
23 Delalic, n'est-ce pas ?
24 R. Non, absolument pas. Je n'ai entendu aucune parole qu'ils ont
25 prononcée.
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1 Q. Pendant qu'ils étaient à l'intérieur, le chauffeur est resté assis dans
2 le véhicule avec les deux jeunes garçons ?
3 R. Je crois qu'il est resté dans la voiture. En tout cas, il n'est pas
4 entré à l'intérieur.
5 Q. Oui.
6 R. Très franchement, je ne m'en souviens pas. Je ne crois pas qu'il soit
7 entré.
8 Q. En tout cas, il n'est pas venu s'asseoir à vos côtés vous rejoindre à
9 l'endroit où vous étiez assis ?
10 R. Non.
11 Q. Merci. Il y a un autre sujet que je souhaite aborder avec vous. C'est
12 le suivant : je vous ai déjà posé une question à ce sujet précédemment.
13 Maintenant, je voudrais qu'on parle du moment où vous étiez dans la voiture
14 en train de parler avec Sefer Halilovic de ce qu'il fallait faire au sujet
15 de cette enquête. Je vous ai déjà posé des questions à ce sujet
16 précédemment, ce sera très bref maintenant.
17 Quand vous étiez dans ce véhicule, et au moment où cette conversation a eu
18 lieu, qui d'autre y avait-il dans la voiture ? Est-ce que le Dr Cibo était
19 dans la voiture, ou est-ce qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la voiture
20 à ce moment-là ?
21 R. Le Dr Cibo, le chauffeur Mesar. Mesar celui qui conduisait et puis
22 l'escorte.
23 Q. Oui.
24 R. Le frère de Sefer et son fils, je crois. En dehors de ces gens, Cibo et
25 moi-même.
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1 Q. On a parlé beaucoup du fils de Sefer. Peut-être pourriez-vous préciser
2 un élément à ce sujet. A votre connaissance, quand Sefer est descendu en
3 Herzégovine, est-ce qu'il a amené avec lui son fils qui s'appelle Semir ?
4 R. Oui, il l'amenait toujours avec lui, il ne s'en séparait jamais. Il
5 refusait de s'éloigner de lui. C'était un petit peu un mystère. Encore
6 aujourd'hui d'ailleurs, parce que parfois on faisait des déplacements qui
7 étaient extrêmement dangereux. On risquait notre vie. On aurait très bien
8 pu être touché par un tir ou bien sortir de la route sur ces routes de
9 montagne. Mais il amenait toujours son fils avec lui.
10 Q. Peut-être pourriez-vous maintenant, nous apporter vos observations au
11 sujet du point suivant : a votre connaissance, est-ce que vous avez appris
12 que Semir Halilovic, le fils de Sefer, se trouvait dans l'appartement au
13 moment où sa mère est morte dans l'explosion ?
14 R. Je l'ai appris en le lisant dans son livre; le livre de Sefer.
15 Q. D'après ce que vous avez vu, Sefer voulait toujours rester en contact
16 visuel avec son fils, il voulait toujours l'avoir sous les yeux.
17 R. Je n'ai jamais posé de questions à ce sujet; je dois le reconnaître.
18 Parce que cela me gênait. Je me sentais gêné à l'idée de lui poser des
19 questions à ce sujet. Cela me paraissait un petit peu mystérieux. Pourquoi
20 insistait-il pour amener avec lui ce jeune garçon de 13 ans. Pourquoi
21 insistait-il pour l'amener dans ces déplacements aussi dangereux. Il est
22 manifeste qu'il voulait rester avec son fils. Je ne pouvais pas vraiment
23 deviner ce qu'il avait à l'esprit. En tout cas, c'était surprenant. Parce
24 que je n'avais jamais rien vu de tel. Au cours de la guerre, il y avait
25 certes des commandants qui étaient accompagnés de leurs fils qui leur
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1 servaient d'escorte. Par exemple, Delic le faisait, Sefer était accompagné
2 de son frère, et Karic avait également son fils la plupart du temps à ses
3 côtés, au cours de l'opération. Quand on parle d'un jeune garçon de 12 à 13
4 ans, c'est toujours un mystère pour moi. Ce l'était, et ce l'est encore.
5 Q. Pour en rester sur le même sujet, un sujet que vous venez d'évoquer
6 d'ailleurs. Est-ce que vous avez rencontré le fils de Vehbija Karic pendant
7 la période que vous avez passée en Herzégovine ?
8 R. Oui, souvent. C'est justement à lui, le 8 novembre, que j'ai donné les
9 photographies, quand on est revenu, qu'on est allé à Donja Jablanica, qu'on
10 était devant la base, et quand Karic, Bilajac, Zicro et Sokolo [phon]
11 également était là aussi. Je leur ai donné les photographies que j'avais
12 amenées. J'ai donné ces photographies à cet homme, enfin plutôt ce jeune
13 homme. Il m'a dit que cela allait être quelque chose, qu'ils étaient en
14 train de préparer l'opération. Il était toujours en compagnie de son père.
15 Je le connaissais déjà avant du temps de Sarajevo. Je crois que je l'avais
16 rencontré en juin.
17 Q. Bien. Est-ce que vous saviez que la femme de Vehbija Karic et la mère
18 de ce jeune homme était Croates ?
19 R. J'ai appris cela de manière un petit peu étrange. Il n'est pas
20 inhabituel de voir des mariages mixtes chez nous. J'ai appris cela trois
21 semaines après mon retour, quelques jours après le début de l'opération
22 Trebevic.
23 Q. Oui.
24 R. J'étais chez Karic, si cela vous intéresse.
25 Q. Non. Enfin, je veux savoir simplement si vous le saviez ou pas. Je ne
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1 vais pas vous demander de nous raconter tout le contexte.
2 R. C'est important.
3 Q. Non. Excusez-moi, si vous pensez que -- de poursuivre cette série de
4 questions. Il faut qu'on regarde -- qu'on pense à l'heure qui tourne. Je
5 suis un petit peu -- j'ai du mal à choisir. Il faut que je continue. Enfin,
6 si vous estimez que c'est vraiment important, peut-être vaut-il mieux nous
7 le dire ?
8 R. Je suis allé chez Karic le jour même où une organisation internationale
9 a fait savoir et a diffusé l'information, selon laquelle, Sefer Halilovic
10 était placé en résidence surveillée. Je crois que cela a déjà été mentionné
11 à la radio. Le chef d'état-major disait que ce n'était pas le cas, mais
12 nous on savait que c'était le cas. Je suis allé chez Karic, et je lui ai
13 demandé : Est-il vrai que Sefer a été placé en résidence surveillée, qu'il
14 y a eu des mauvais traitements par les services de sécurité publique. Je
15 lui ai dit : Il y avait eu des problèmes, et il a répondu qu'il y avait eu
16 des problèmes. Il a dit que Jusuf Jasarevic avait demandé à faire une
17 déclaration à cause de tout cela. Enfin, je ne veux pas utiliser les termes
18 qu'il a utilisés. Je me trompe peut-être. En tout cas, il a dit que ceux
19 qui avaient tué les gens à Grabovica avaient dit que je leur avais dit :
20 Que si vous ne leur donnez pas un logement, il faudra les jeter dans la
21 Neretva." Je n'aurais jamais pu dire quoi que ce soit de ce genre. D'abord,
22 il y avait mon fils sur place. En plus, ma femme est Croate. C'est là que
23 j'ai appris qu'il était Croate. Il a continué en disant qu'il était à
24 moitié Croate, que c'était impossible qu'en face de son fils il tienne des
25 propos pareils puisque ses grands-parents étaient Croates. Donc, il
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1 n'aurait jamais pu dire ce genre de choses. Voilà comment j'ai appris cela.
2 J'imagine que -- je trouve que c'est quand même important.
3 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui, effectivement, je crois que vous avez
4 raison. Merci de cette explication. Une petite question de traduction que
5 je souhaite porter à l'attention des Juges,
6 ligne 5, dans l'interprétation. Je cite : "Il y avait des informations
7 selon le chef d'état-major qui ne l'étaient pas." Notre locuteur bosniaque
8 qui est notre collaborateur bosniaque ici, nous signale, qu'en fait, ce
9 n'était pas le chef d'état-major, mais l'état-major principal. Je souhaite
10 simplement que ceci soit précisé si possible.
11 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Vous pouvez poser une question au témoin.
12 M. MORRISSEY : [interprétation] Le problème, c'est que parfois je parle
13 trop, et les phrases que je prononce disparaissent de l'écran.
14 Q. Monsieur le Témoin, un point de précision au sujet de votre déposition.
15 Vous nous avez dit : "Je suis arrivé chez Karic le jour même où une
16 organisation internationale a diffusé l'information selon laquelle Sefer
17 Halilovic était en résidence surveillée. Je crois que cela a également été
18 diffusé à la radio. Puis, il y avait des informations du chef d'état-major
19 selon lesquelles ce n'était pas le cas." Or, nous, a l'écran, nous avons --
20 on parle du chef d'état-major. Est-ce que vous vouliez parler
21 d'informations venant du chef d'état-major ou de l'état-major principal ?
22 R. Non, ce n'était pas le chef d'état-major; cela venait de l'armée. Ils
23 ont apporté un démenti. Ils ont dit que Sefer Halilovic n'était pas en
24 résidence surveillée. Cela nous a fait bien fait rire, parce que, bien
25 entendu, on le savait que c'était le cas. Karic lui avait parlé au
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1 téléphone le même jour.
2 Q. Si on précisait deux points à ce sujet : les gens qui accusaient Karic,
3 est-ce que Karic a dit qui ils étaient, qui l'accusaient d'avoir tenu ces
4 propos, ou bien est-ce qu'il ne vous a pas fait part de cette information ?
5 R. Non. Je dois répéter que j'utilisais sans doute les termes qu'il n'a
6 pas utilisé lui-même. Je vais paraphraser. Il m'a dit : Qu'il avait aussi
7 des problèmes, qu'il avait eu un appel du général, enfin du Jusuf
8 Jasarevic. Il n'était pas général, pour préciser un certain nombre de
9 choses, pour faire une déclaration. Ensuite, il avait appris que ceux qui
10 avaient commis les crimes de Grabovica, l'accusaient lui, de leur avoir dit
11 : Si jamais on ne vous fournit pas un hébergement, jetez ces gens à la
12 rivière. Il me l'a dit d'ailleurs qu'il n'y avait pas eu de problème
13 s'agissant de l'ébergement, que tout s'est bien passé, que tout allait
14 bien, que Bilajac était là-bas, que tout le monde était assis, que Bilajac
15 s'était procuré de l'ail auprès des Croates, que tout le monde parlait. Les
16 Croates parlaient aux soldats, et cetera, qu'il n'y a pas eu de problème.
17 Il est impossible qu'il ait tenu ces propos. Ensuite, il m'a dit : Mon fils
18 était assis juste à côté de moi. Il est à moitié Croate et à moitié
19 Bosniaque, parce que ma femme, sa mère est Croate, ses grands-parents sont
20 Croates. Comment est-ce que j'aurais pu dire quelque chose comme cela.
21 Q. Très bien, merci beaucoup de cette clarification. Je souhaite
22 maintenant vous poser quelques questions au sujet d'un document que Sefer
23 Halilovic vous a lu.
24 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
25 je souhaite savoir à quel moment vous souhaitez faire une pause. Je pense
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1 que probablement j'aurais besoin d'une session supplémentaire si
2 nécessaire, et probablement je terminerai lors de cette session. Mais je
3 souhaite savoir quand vous souhaitez faire une pause.
4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je suis à votre disposition. Si vous
5 pensez qu'il vaut mieux prendre une pause maintenant, nous pouvons le faire
6 maintenant.
7 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui, peut-être cela me permettra de
8 m'organiser mieux.
9 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Le prétoire est déjà réservé pour cet
10 après-midi, il n'y a pas de problème s'agissant de cela. Nous allons
11 reprendre notre travail à midi trente.
12 --- L'audience est suspendue à 12 heures 01.
13 --- L'audience est reprise à 12 heures 31.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, Monsieur Morrissey.
15 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
16 Q. Merci, Monsieur Hodzic. J'ai, maintenant, quelques questions concernant
17 la conversation que vous avez eue avec Sefer Halilovic, lorsqu'il vous a
18 parlé d'un télégramme qui vous a été envoyé. Il vous a lu une partie de ce
19 télégramme.
20 Tout d'abord, ma question concerne un document particulier, notamment, le
21 document que le bureau du Procureur vous a montré, vous indiquez que ce
22 document vous a été donné, à vous, dans les archives, beaucoup plus tard.
23 Je souhaite vous poser quelques questions au sujet de ce document, mais
24 peut-être on peut déjà le présenter.
25 M. MORRISSEY : [interprétation] Il s'agit du document MFI259, je pense.
Page 72
1 Excusez-moi.
2 [Le conseil de la Défense se concerte]
3 M. MORRISSEY : [interprétation] Non, finalement, cela n'a rien à voir avec
4 celui-ci, mais D157. Excusez-moi.
5 Q. Le document que je vais vous montrer est, apparemment, un ordre du
6 commandant Rasim Delic, en date du 12 septembre 1993. Veuillez nous dire
7 simplement, lorsque vous verrez le document sur l'écran, s'il vous plaît.
8 R. Je le vois.
9 Q. Avant de traiter du texte de cela, je vais vous dire honnêtement que
10 j'ai quelques questions concernant le temps qui figure au fond de ce
11 papier. Mais tout d'abord, voici ma question.
12 Pour autant que vous le sachiez, vous avez indiqué que
13 M. Halilovic a sorti un papier dans la voiture et il a lu quelques mots de
14 ce papier, mais vous n'aviez pas de lunettes et vous n'avez pas pu le lire.
15 Ai-je raison de dire cela ?
16 R. Ce n'était pas à ce moment-là. C'était devant la base de Zuka.
17 Q. Je m'excuse.
18 R. Lorsqu'on s'approchait du véhicule avant d'y entrer. Mais il vrai de
19 dire que je ne pouvais pas le lire, je n'avais pas mis mes lunettes, tout
20 simplement.
21 Q. Très bien. Ce que je vais faire, maintenant, c'est que je vais vous
22 demander, lorsque vous avez vu ce document, pour la première fois, le
23 document qui est versé au dossier ici. Je vais essayer de voir avec vous ce
24 que vous avez vu, ce jour-là, le 12.
25 Ce que vous avez vu dehors, devant la base de Zuka, c'était un papier,
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1 puis, vous avez entendu la lecture d'une partie de ce document faite par M.
2 Halilovic; est-ce exact ?
3 R. Oui.
4 Q. Ce qu'il vous a lu, c'était un paragraphe où il a été dit :
5 "Réexaminer la décision dans le sens d'une estimation de la liste des
6 forces et possibilités d'accomplir les tâches conformément à cela. Modifier
7 la décision pour qu'elle soit conforme aux possibilités réelles." Est-ce
8 que c'est la partie qu'il vous a lue ?
9 R. Oui, c'est la partie qu'il m'a lue, à peu près.
10 Q. Oui, je comprends cela, bien sûr.
11 R. Car je ne me souviens pas de chaque mot.
12 Q. Cependant, à ce moment-là, Sefer Halilovic n'a rien lu contenant la
13 vérification de l'exactitude des informations concernant un génocide commis
14 contre la population civile par les membres du
15 1er Corps de la 9e Brigade de Montagne. Au moment où il vous a lu ce papier,
16 Sefer Halilovic ne vous a rien dit concernant Grabovica; est-ce exact ?
17 R. Non, il n'a rien dit.
18 Q. Je comprends. Puis, je souhaite voir ce que vous avez vu d'autre, ce
19 jour-là.
20 Est-ce que vous avez revu ce papier que M. Sefer Halilovic avait ?
21 R. Non, je ne l'ai plus revu.
22 Q. Cependant, lorsque vous êtes allé à la partie au nord de la ligne du
23 front, vous avez vu Vehbija Karic et lui aussi, il l'a mentionné à Sefer
24 Halilovic qu'il avait reçu une sorte de télégramme lui aussi; est-ce
25 exact ?
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1 R. Oui, c'est exact.
2 Q. A ce moment-là, vous n'avez pas vu de papier entre les mains de Vehbija
3 Karic; est-ce exact ?
4 R. Non, il n'y avait pas de papier.
5 Q. Très bien. Puis, après la discussion entre Vehbija Karic et Sefer, à ce
6 moment-là -- je vais m'arrêter là.
7 La raison pour laquelle je vous demande cela est que simplement je
8 souhaite vous suggérer la possibilité que le document qu'on vous a montré
9 après, émanant des archives, n'était peut-être pas l'original et je
10 souhaite vous le montrer, vous donner la chance de faire un commentaire. Je
11 ne souhaite pas vous tendre un piège, mais je vais vous montrer le
12 document. Est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, vous pencher sur les
13 annotations, les cachets qui figurent en bas du document, concernant le
14 moment où le document était reçu, et cetera.
15 [Le conseil de la Défense se concerte]
16 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
17 vous pouvez voir, maintenant, dans la version en anglais, sur l'écran.
18 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je ne pense pas --
19 M. MORRISSEY : [interprétation] Je vais demander qu'on présente la version
20 en langue bosniaque.
21 [Le conseil de la Défense se concerte]
22 M. MORRISSEY : [interprétation] Excusez-moi. Je vais demander qu'on montre
23 la version bosniaque à tout le monde dans ce prétoire pour que vous
24 puissiez suivre ce que je demande.
25 Q. Je souhaite vous poser une question concernant le temps qui figure ici
Page 75
1 car le document que j'ai, moi-même, apparemment, a été envoyé à Jablanica
2 seulement beaucoup plus tard, au cours de la journée et c'est la raison
3 pour laquelle je souhaite vous demander déjà, si vous avez des
4 commentaires. Puis, est-ce que vous avez vu, à gauche, un cachet portant
5 sur le fait que ce document est arrivé le 12 septembre 1993, à 14 heures
6 14 ? Est-ce que vous voyez cela, en bas, à gauche ?
7 R. Oui, je vois.
8 Q. Très bien. D'après vos souvenirs, vous êtes parti de Jablanica avant 14
9 heures 14; est-ce exact ?
10 R. Oui, dans la matinée, peut-être à 10 heures.
11 Q. Oui, je comprends.
12 R. Peut-être, même plus tôt.
13 Q. Oui. Justement par rapport à cela, lorsque ce document vous a été
14 donné, lorsque vous êtes rentré aux archives, comment est-ce que vous
15 l'avez eu ? Est-ce que la personne chargée des archives vous l'a remis ou
16 bien est-ce que vous avez dû écrire une lettre ? Est-ce que vous pouvez
17 nous l'expliquer ?
18 R. J'ai soumis une demande par écrit et j'ai reçu les documents. J'ai
19 cherché ces documents lorsque je préparais une série d'articles. On m'a dit
20 qu'ils allaient me les accorder et le chef du cabinet de Rasim Delic m'a
21 dit que cela allait être acceptable, mais qu'il avait d'autres choses pour
22 moi. Finalement, ils ne me les ont pas donnés pour ma série d'articles.
23 C'est seulement plus tard que j'ai réussi à les convaincre de me les
24 remettre. Mais en ce qui concerne mon expérience avec les archives, ce
25 document est, apparemment, exact.
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1 Q. Très bien. Est-ce que vous vous souvenez s'il s'agissait de l'original
2 du document ? Est-ce que vous avez reçu l'original ou une copie ?
3 R. Je ne peux pas le savoir, mais je suppose que c'est une copie, cela ne
4 peut pas être l'original. Je ne pourrais pas sortir un quelconque document
5 original des archives.
6 Q. Très bien. Je vais me fier à vous et je vous crois bien par rapport à
7 tout ce que vous dites au sujet de la procédure. Je n'essaie pas de vous
8 critiquer, mais est-ce que vous avez une éventuelle explication concernant
9 la manière dont ceci a pu arriver ?
10 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.
11 Mme CHANA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je pense que le
12 conseil est conscient de mon objection. Le témoin a dit clairement qu'il
13 n'a jamais vu ce document et on ne peut pas lui demander d'examiner les
14 cachets. On peut lui demander, effectivement, à quel moment il est parti,
15 c'est acceptable et ceci est reflété sur le document. Mais le témoin ne
16 peut pas répondre à ces questions-là.
17 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, peut-être que le témoin n'est pas en
18 mesure de faire des commentaires concernant ces cachets.
19 M. MORRISSEY : [interprétation] Je pense, malheureusement, que mon éminente
20 collègue a raison et je pense, effectivement, que ce témoin ne peut pas
21 faire ce type de commentaire.
22 Q. Mais je vais peut-être poser une question au sujet de cela. Lorsque
23 vous avez pu inspecter ce document, lorsque vous prépariez votre livre,
24 vous ne vous êtes pas penché sur les cachets, n'est-ce
25 pas ?
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1 R. Effectivement, non. Je n'allais pas perdre mon temps sur ce genre de
2 détails. Mais effectivement, j'ai utilisé certains petits détails et
3 souvent je les comparais, mais je ne suis pas sûr en ce qui concerne la
4 copie que j'ai reçue.
5 Q. Très bien. Je comprends. Mais lorsque vous avez reçu ce document,
6 lorsque vous avez reçu cette copie, c'était la première fois que vous avez
7 vu ou entendu parler du paragraphe 2, la partie qui contient la référence à
8 Grabovica; est-ce exact ?
9 R. Je ne me souviens pas. C'était des années plus tard, mais j'ai une
10 explication concernant le malentendu. Je pense que je me suis trompé au
11 sujet de la date car j'ai écrit mon ouvrage sur la base de mes souvenirs et
12 je pense qu'il y a un écart qui s'est glissé car je pense que le lendemain,
13 Karic dit, et c'est dans mon
14 livre : "Il y a quelque chose pour vous." Probablement, Sefer m'a montré
15 cela le 13. Je vous suis reconnaissant car vous m'avez montré une erreur
16 que j'ai faite. Si mon explication est effectivement la bonne.
17 Q. Très bien. Je vous remercie de cela. Je souhaite simplement vous poser
18 une question concernant la nouvelle que vous avez reçue, les informations
19 que vous avez reçues concernant les événements d'Uzdol. Nous allons nous
20 éloigner de la date du 13. Vous avez répondu aux questions posées par le
21 Procureur.
22 Vous avez dit que les combats ont commencé le 13, dans la région et que
23 Sefer Halilovic a donné l'ordre à Suljevic d'accompagner Buza, après qu'il
24 a appris que Buza n'est pas allé dans la bonne direction.
25 Puis, vous avez dit que le 14, vous êtes allé avec Sefer au centre de
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1 communication et vous avez reçu certaines informations. Le Procureur vous a
2 posé quelques questions et je souhaite qu'on clarifie quelque chose. Au
3 moment où vous étiez au centre de communication et lorsque vous avez
4 entendu parler des combats à Uzdol, personne ne mentionnait le fait que
5 tous les civils ou les enfants ont été tués, n'est-ce pas ?
6 R. Non. Absolument, non.
7 Q. Car si de telles informations étaient arrivées, vous auriez
8 certainement lancé une enquête supplémentaire au sujet de cela.
9 R. Oui. Je suppose que oui. Personne n'a mentionné cela.
10 Q. Je comprends. Quelques jours plus tard, vous êtes devenu conscient des
11 récits apparus dans la presse - puis, vous avez décrit que vous étiez chez
12 quelqu'un lorsque les médias ont commencé à parler de cela, des crimes
13 commis à Uzdol. Voici ma question : à quel point ces récits parus dans la
14 presse, dans les médias étaient crédibles ?
15 Tout d'abord, lorsque vous avez appris ou entendu parler de ces rumeurs ou
16 de ces récits apparus dans les médias, concernant les crimes à Uzdol, est-
17 ce qu'on vous a dit que les médias croates ont montré la photographie des
18 cadavres gisant dans la neige, dans les champs recouvert par la neige ?
19 R. Je me souviens de quelque chose au sujet de cela, mais je ne me
20 souviens pas si j'ai vu la neige, moi-même, à la télévision ou si quelqu'un
21 m'en a parlé, mais je sais que quelqu'un m'en a parlé et m'a dit que -- je
22 ne sais pas comment dire. Le crime, il a eu lieu, mais certaines personnes
23 disaient que peut-être, c'était un coup monté, qu'on montrait peut-être des
24 cadavres, peut-être même des Bosniaques et des cadavres de personnes tuées,
25 auparavant.
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1 Il s'agissait d'un récit du massacre qui était tout à fait différent et au
2 moment où mon ouvrage a été publié en 1999, certaines personnes de l'armée
3 réagissaient, mais ils ne pouvaient pas vraiment dire si, effectivement, un
4 crime à Uzdol avait été commis. Ils ne donnaient pas de précisions au sujet
5 de cela. Jusqu'au moment où le livre sur le crime a été publié, je n'étais
6 pas sûr, moi-même --
7 Q. Est-ce que vous pouvez répéter la dernière partie de ce que vous avez
8 dit car les interprètes n'ont pas pu vous suivre ?
9 R. Jusqu'il y a trois, quatre ans, lorsque le livre sur le crime à Uzdol a
10 été publié avec les photographies, le public en Bosnie-Herzégovine
11 continuait à avoir des doutes par rapport à ce crime. Il n'était pas sûr si
12 le crime avait effectivement eu lieu. C'est seulement au moment où j'ai
13 publié mon livre qu'on a réalisé l'ampleur de ce crime.
14 Q. Le livre auquel vous faites référence, c'est la publication concernant
15 Uzdol avec les précisions portant sur les victimes, et cetera; est-ce
16 exact ?
17 R. Oui. Pas seulement cela.
18 Q. Je comprends.
19 Vous avez mentionné au cours de votre déposition que le fait de
20 mentionner "la neige" avait une importance.
21 Mais quel était le rôle de la neige dans le contexte de ces rumeurs ?
22 R. Soi-disant, puisqu'il s'agissait du mois de septembre, il ne
23 pouvait pas y avoir de neige. Il faisait beau au moment de ce crime.
24 C'était une journée ensoleillée et soi-disant, il y avait des photographies
25 où on voyait la neige et on disait que c'était fabriqué de toutes pièces,
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1 d'après les rumeurs. Les gens disaient qu'il n'y avait jamais eu de crime.
2 Cela, c'était le contenu de ces rumeurs.
3 Puis, je pense que Zicro Suljevic a accordé une interview et
4 justement, il confirmait cela. Il disait qu'il n'y avait pas eu de crime.
5 Q. Très bien. En tant que journaliste et quelqu'un qui a travaillé pour
6 les médias, à l'époque, pour autant que vous le sachiez, est-ce que les
7 médias de la partie d'Herceg-Bosna, pour ne pas dire, partie croate de
8 Bosnie, est-ce que parfois, ils exagéraient, même inventaient des atrocités
9 qui auraient été commises par l'armée de Bosnie-Herzégovine ou par les
10 Musulmans en général ?
11 R. Ecoutez, je ne peux pas vous le dire. Il y avait de la propagande. Je
12 ne peux pas vous en parler. Vous savez, j'étais surtout sur les lignes de
13 front. Je ne suivais pas vraiment les médias. Tout simplement, en raison du
14 fait que j'étais surtout sur le terrain et je ne pourrais vous le dire.
15 Mais bien sûr que c'était le cas, je le suppose. Mais je ne saurais pas
16 vous donner de détails car si vous me demandez si j'ai des exemples, je
17 devrais dire que non, car je ne suis pas au courant des détails.
18 Q. Je comprends. Merci d'avoir dit cela. Je ne vais plus insister
19 concernant ce sujet-là.
20 Je souhaite vous poser une autre question s'agissant de ce qui se
21 passait avant les combats à Uzdol et les combats sur ce front-là. Est-ce
22 que vous étiez présent lorsque Sefer Halilovic s'est adressé aux soldats du
23 Bataillon indépendant de Prozor avant les combats, à Uzdol ?
24 R. J'ai assisté à cela. J'étais présent lors de toutes ces interventions,
25 lorsqu'il s'est adressé aux soldats du Bataillon de Prozor, puis du
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1 Bataillon de Neretva, Neretvica. J'étais présent; à chaque fois, il a parlé
2 à ces jeunes-là, deux ou trois fois.
3 Q. Très bien. En ce qui concerne le discours qu'il a prononcé -- en
4 général, puis après, je vous demanderai concrètement. Dans ces discours,
5 est-ce que Sefer Halilovic a fait référence au fait qu'ils ne devaient pas
6 tuer de civils et qu'ils devaient faire attention aux civils et prisonniers
7 de guerre, au cours de leurs opérations ?
8 R. Oui. C'est que j'ai dit hier. Il l'a dit clairement, mais maintenant,
9 je ne me souviens pas. Il y avait beaucoup de personnes, au moins une
10 dizaine de personnes s'en souviennent et quelqu'un de ce groupe de soldats
11 l'a dit clairement. Ceci a été transmis, ce qu'il a dit à Kostajnica, en
12 septembre 1993 et il a dit : "Il ne faut pas toucher aux civils." C'était
13 le 3 septembre. Il a dit : "Nous luttons contre les Oustachi, et cetera."
14 Il a dit cela, il l'a répété. Mais malheureusement, je n'ai pas
15 d'enregistrement de cela, alors que j'ai gardé de nombreuses cassettes et
16 de nombreux enregistrements. Mais à l'époque, je n'ai pas pensé à
17 enregistrer cela.
18 Q. Oui, je comprends. Puis, lorsqu'il disait qu'il ne fallait pas toucher
19 aux civils, et cetera --
20 R. Oui, précisément.
21 Q. Vous avez parlé de sa position politique et lorsqu'il disait qu'il ne
22 fallait pas toucher aux civils, c'était une déclaration qui était
23 particulièrement conforme à l'engagement de Sefer Halilovic, selon lequel
24 il fallait absolument trouver une solution politique concernant une Bosnie
25 multiethnique, unifiée; est-ce exact ?
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1 R. Je ne sais pas si on peut placer cela dans ce contexte-là. Comme vous
2 le savez, j'ai pu examiner les archives qui contiennent de nombreux ordres
3 du général, du commandant Halilovic où il est dit qu'il faut respecter cela
4 et puis, Delic aussi. Il s'agissait d'une tendance respectée par l'ensemble
5 de l'armée de Bosnie-Herzégovine, du début à la fin.
6 Q. Oui. Je comprends ce que vous dites. Très bien. Vous avez déjà déposé,
7 de manière assez détaillée, concernant ce qui s'est passé après cette
8 période-là et je souhaite qu'on traite de cela brièvement pour qu'on puisse
9 tenir compte de la chronologie, ici.
10 Après que le Bataillon indépendant de Prozor est rentré, après Uzdol et
11 tout cela, est-ce que vous vous souvenez que vous étiez à Voljevac, après
12 ce moment-là, lorsque les soldats d'autres unités faisaient preuve d'un
13 certain ressentiment par rapport à Buza à cause du fait que le Bataillon
14 indépendant de Prozor est arrivé trop tard ? Là, je parle de l'après-midi
15 du 14.
16 R. Oui, je l'ai décrit en détail. Ils étaient vraiment en colère, furieux.
17 L'un de leur commandant préféré de leur bataillon a été tué, Seid Padalovc.
18 Ils ont tous quitté la ligne à cause de cela, ils voulaient tous assister à
19 son enterrement. Ils se sont regroupés sur un plateau. Ils exprimaient
20 tellement de colère vis-à-vis de Buza, je pense que la première question
21 qu'ils ont posée à Sefer était : Quand est-ce qu'on va être fusillé --
22 Buza, quand est-ce qu'il va être fusillé ? D'après une certaine logique, je
23 l'ai écrit d'ailleurs, on s'attendait à ce que Buza vienne à Voljevac pour
24 qu'il fasse un rapport sur ce qu'il avait fait.
25 Toutes les voitures qui y passaient, j'avais peur que cela allait
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1 être Buza. A mon avis, certainement il n'aurait pas survécu malgré Sever et
2 sa présence, et la présence de Haso. C'était mon impression, et c'est ce
3 que j'ai publié. Il n'y a rien de nouveau à ajouter à cela. C'était
4 l'impression. Heureusement, il n'est pas venu ce jour-là. Ce jour-là, nous
5 ne l'avons pas vu. Nous avons quitté Voljevac vers 3 heures, et nous sommes
6 repartis.
7 Q. Oui, je comprends. Dans le compte rendu d'audience, il le dit Haso
8 Sakovic, mais vous avez dit Haso Hakalovic; est-ce exact ?
9 R. Oui, Haso Hakalovic.
10 Q. Merci.
11 Mme CHANA : [interprétation] Il existe un autre point. Je pense qu'il a dit
12 : "done him," et non "done any more" en anglais.
13 M. MORRISSEY : [interprétation] Je vais clarifier cela.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, s'il vous plaît.
15 M. MORRISSEY : [interprétation]
16 Q. Excusez-moi. Vous avez fait un commentaire vers la fin par rapport à
17 Haso. Je pense que c'était Sefer -- "Haso Sakovic n'aurait pas pu le
18 sauver", "done any more right" en anglais. Est-ce que vous pouvez expliquer
19 cela ?
20 R. Ces soldats étaient tellement furieux. Hakalovic essayait de les calmer.
21 Sefer aussi les calmait. Il a réussi dans une certaine mesure. Par
22 conséquent, la situation était totalement choquante. Encore une fois, les
23 gens de Zejnilagic, de l'autre unité, sont revenus. Tout est rentré à la
24 case de départ.
25 Q. D'accord. Je vais vous poser une question concernant les questions
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1 militaires. Je vais vous poser la question, vous nous le direz si vous ne
2 le savez pas.
3 Est-ce que vous saviez si Vehbija Karic, par la suite, si Sefer Halilovic a
4 confirmé cela, donc si Vehbija Karic a donné un ordre sur lequel, à partir
5 de ce moment-là, les opérations de combat de ce jour-là devaient être
6 menées par M. Zejnilagic ?
7 R. Non. C'est la première fois que j'entends parler de cela.
8 Q. Très bien. Je ne vais pu insister à ce sujet alors.
9 Lorsque vous étiez engagé dans cette partie au nord de la zone d'opération
10 à Voljevac-Dobro, est-ce qu'à cette époque-là, vous avez remarqué que Braco
11 Fazlic était fréquemment présent, l'adjoint du
12 6e Corps d'armée ?
13 R. Oui. C'était l'adjoint, je l'ai vu là-haut. Je ne sais pas, je l'ai
14 certainement vu une fois ou deux fois, où nous étions ensemble à Voljevac
15 puis à Dobro Polje aussi. Puisque je connais très bien Braco de Sarajevo,
16 peut-être je l'ai vu encore à de nombreuses reprises, mais cela je l'ai
17 retenu, ces deux fois-là, on était ensemble.
18 Q. Je voudrais clarifier un point. Au moment où vous avez vu Fazlic, je
19 vous parle du jour où les combats ont commencé. Vous avez vu Braco Fazlic.
20 Il s'agit du 11, 12 et 13 septembre. Est-ce que vous vous rappelez si vous
21 avez vu Braco Fazlic un de ces jours, ou si vous avez vu Salko Gusic dans
22 le secteur de Voljevac, Dobro Polje, et d'une façon générale sur le front
23 de l'entrée nord?
24 R. Gusic ?
25 Q. Gusic, oui.
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1 R. Je ne me rappelle pas qu'il ait été là ce jour-là. Peut-être qu'il y
2 était, mais je n'en suis pas sûr. Je ne sais pas.
3 Q. Très bien. Je vous remercie.
4 Madame, nous allons passer, je l'ai promis, à la journée du
5 16 septembre et les jours suivants. Après ces problèmes de l'après-midi du
6 14 dont vous avez parlé, est-ce que vous avez su que des opérations de
7 combat commençaient finalement à l'extrême sud de l'opération à Vrdi,
8 Dreznica, dans ces secteurs à peu près ?
9 R. Je suis allé là-bas. J'y étais moi-même. J'ai suivi les opérations de
10 combat tout au long de la nuit. Le jour suivant, j'ai parlé aux combattants
11 qui revenaient, et j'ai fait les enregistrements en question. J'ai entendu
12 les ordres qui étaient donnés par le centre de liaison de Zuka et les
13 autres. Donc, j'ai suivi tous les événements de très près depuis Dreznica.
14 Q. Oui, je comprends. Vous avez déjà indiqué quelles étaient parties
15 pertinentes dans la déposition. Je voudrais simplement vous posez la
16 question suivante : ces activités de combat, tout au moins les activités
17 d'offensive ont cessé de façon très soudaine à la fin de la journée du 19
18 septembre, et ont été suivies par le retour -- excusez-moi, je suis en
19 train de vous poser deux questions à la fois. Peut-être que je pourrais
20 vous demander simplement la première question. Les activités de combat ont
21 cessé le 19 septembre; c'est exact ?
22 R. C'est exact.
23 Q. Pour autant que vous le sachiez, immédiatement, des unités de Sarajevo
24 sont retournées à Sarajevo ?
25 R. Je ne sais pas si elles sont retournées là-bas, mais Sefer est reparti
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1 et moi aussi. Pour autant que je le sache, les choses ont peut-être
2 continué, mais je ne suis pas sûr; cela dépend des documents. Je n'en suis
3 pas certain.
4 Q. Bien. Non, mais je vous remercie.
5 Je veux juste préciser quelque chose, clarifier quelque chose. Est-ce
6 que vous savez si les unités de Sarajevo, celles qui étaient -- qui
7 constituaient les 9e, 10e, le 2e Bataillon indépendant, si c'est les
8 éléments de ces unités à Herzégovine sont retournés à Sarajevo ou non du
9 côté du 20 ? Est-ce que vous vous rappelez de cela ?
10 R. Non, je n'en sais rien au sujet du retour des unités.
11 Q. Merci. Outre le fait que Sefer Halilovic soit retourné à
12 Sarajevo, à votre connaissance, est-ce que Suljevic, Bilajac et Karic sont
13 également retournés à Sarajevo vers cette date, peut-être un jour plus
14 tôt ?
15 R. Ils étaient dans la partie septentrionale, je ne sais pas. Je ne les ai
16 pas vus là-bas; je les ai vus à Sarajevo quelques jours plus tard. Nous
17 nous sommes rencontrés. En fait, je ne sais pas exactement quand.
18 Q. Bien. La dernière fois, pour être bien au clair, que vous les avez vus,
19 ils étaient dans la partie septentrionale du front, et c'est quand vous
20 êtes allé à Dreznica; est-ce exact ?
21 R. Oui.
22 Q. Bien.
23 R. C'est vrai.
24 Q. Vous êtes allé vous-même à Sarajevo à quelle date ?
25 R. Nous y sommes retournés le 19. Donc, le 20, c'était probablement après
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1 minuit lorsque nous sommes passés par le tunnel pour gagner Sarajevo. Nous
2 avons quitté donc le 19, probablement dans les petites heures dans la
3 matinée. Juste après minuit, nous y sommes parvenus.
4 Q. Je comprends. Pouvez-vous expliquer qui était avec vous lorsque vous y
5 êtes retourné ?
6 R. Nous y sommes retournés trois fois. Une fois, je suis retourné avec
7 Cibo. Il y avait foule d'une certaine manière là-bas. Puis, j'y suis allé
8 avec Sefer. De là, je ne sais pas si c'était à ce moment-là ou plus tôt,
9 c'est possible. Cibo était avec nous. J'étais un peu troublé. Enfin, c'est
10 probablement très clair en lisant le livre, mais pour le moment je ne suis
11 pas au clair.
12 Q. Cela va. Ce n'est qu'une question de détail. Je ne vais pas poursuivre.
13 Très bien. Merci.
14 Est-ce que vous avez eu l'occasion, ou est-ce qu'on vous a donné l'occasion
15 de regarder le rapport rédigé par l'équipe d'inspection, à savoir, Sefer,
16 Suljevic, Karic et Bilajac, ce qu'ils ont rédigé le 18 septembre ? Est-ce
17 qu'on vous a montré ce rapport à cette époque-là ou pas ? Je ne dis pas
18 qu'on aurait dû vous le montrer, mais je vous demande simplement si on vous
19 l'a montré.
20 R. Non, non.
21 Q. A l'époque, à ce moment-là -- excusez-moi. Donnez-moi un instant, s'il
22 vous plaît.
23 Bien. Est-ce qu'à ce moment-là, peut-être au cours des deux derniers jours
24 du moment où vous vous trouviez à Dreznica, suivant les combats, lorsque
25 vous étiez là-bas, est-ce que quelqu'un vous aurait montré un ordre de
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1 cessez-le-feu à ce moment-là, un ordre qui aurait été désigné par Stjepan
2 Siber en tant que adjoint de Rasim Delic ?
3 R. Personne ne m'a montré d'ordre ou renseignement.
4 L'INTERPRÈTE : L'interprète demande que l'orateur veuille bien parler un
5 peu plus fort, parce qu'on ne peut pas l'entendre.
6 M. MORRISSEY : [interprétation] Excusez-moi. Je crois qu'il faut que je
7 parle un peu plus fort. Est-ce que le témoin pourrait également --
8 Q. Excusez-moi, Monsieur Hodzic.
9 Alors, excusez-moi un instant. Les interprètes m'ont demandé si vous
10 voudriez parler un peu plus fort, Monsieur Hodzic.
11 R. Très bien.
12 Q. Maintenant, je voudrais vous parler de quelque chose qui n'est plus au
13 moment de l'opération Trebevic -- nous nous rapprochons de l'opération
14 Trebevic. Cela s'est passé à cette occasion-là.
15 Est-ce que vous étiez là en -- où vous trouviez-vous lorsque les nouvelles
16 de l'opération Trebevic ont été portées à votre connaissance ?
17 R. Le 26, dans la matinée, je me trouvais dans un appartement, et j'en ai
18 entendu parlé dans la matinée à la radio. C'était alarmant. Peut-être que
19 je ne devrais pas dire "alarmant", mais ces renseignements, cet avis venant
20 de la présidence de Bosnie-Herzégovine que Caco et Celo avaient été
21 destitués de leurs unités, et ce qui était recommandé à la population de ne
22 même pas sortir de leurs maisons, de ne pas aller dans les rues, et qu'il
23 fallait pas qu'ils n'aillent au travail ce jour-là.
24 Je crois que mon journal m'a appelé à un moment donné, m'a demandé
25 d'essayer d'obtenir une déclaration de quelqu'un sur ce qui se passait.
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1 J'ai téléphoné à Sefer, il n'était pas disposé à faire une déclaration. Je
2 ne sais pas dans quelle situation il se trouvait. J'ai appelé Delic, et on
3 m'a dit qu'il était sur le terrain.
4 Le journal, à un moment donné, dans l'après-midi, m'a demandé d'essayer
5 encore une fois de faire quelque chose, d'aller au
6 1er Corps. Vers la fin de l'après-midi, au début de la soirée, je suis allé
7 au 1er Corps. Je pourrais dire que c'était comme d'aller rendre visite à mes
8 amis, à Karavelic, et cetera. J'ai été arrêté aux barrières. On m'a dit :
9 Attendez un instant. On va leur dire quelque chose un moment. Deux
10 policiers sont arrivés. Ils ont dit : Celo est en train de se rendre. Nous
11 devons trouver des menottes. Ils n'avaient pas de menottes. Alors,
12 quelqu'un a essayé d'apporter un bout de corde ou de ficelle. Ils ont dit :
13 Bien. Nous pourrons lui lier les mains ainsi qu'à celui-ci.
14 Caco ne s'était pas encore rendu. On m'a dit -- enfin, le garde m'a dit :
15 Personne ne veut vous voir, vous savez. Allez-vous en, s'il vous plaît.
16 J'ai eu, effectivement, des problèmes deux jours plus tard, mais peut-être
17 que ceci ne vous intéresse pas pour le moment.
18 Q. Non. Franchement, cela nous intéresse, mais pour cette question, vous
19 étiez-vous simplement en train de faire votre travail de journaliste en
20 allant au 1er Corps, comme vous l'avez dit.
21 R. [réponse inaudible]
22 Q. Après cela, vous avez été invité - j'utilise le terme "invité" entre
23 guillemets, de façon assez lâche. On vous a demandé de venir à un poste de
24 police. Est-ce que vous pourriez nous expliquer quand ceci a eu lieu, et
25 quand vous avez été interrogé vous-même ?
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1 R. Vous savez ce qui s'est passé déjà. Munir Alibabic m'a appelé, et j'ai
2 rencontré Sefer à l'entrée. On m'a dit d'entrer très rapidement. Ensuite,
3 le reste vous le savez; j'ai rencontré Sefer. Cela, vous le saviez déjà.
4 C'était tout à fait par hasard. C'était dans les bureaux de la sécurité
5 d'Etat. Il m'a dit : Ils veulent me blâmer pour -- ils veulent me faire
6 porter de la responsabilité de ce qui cette bande a fait et leurs méfaits.
7 Alors, j'ai dit : D'accord. Ils ont dit : J'ai créé pour vous cet état.
8 J'ai créé pour vous cette armée, mais maintenant vous avez toute liberté
9 pour m'arrêter.
10 Ils ont appelé Mujezinovic qui était le chef du centre SDB. Je n'arrive pas
11 à me rappeler son nom, mais je suis allé -- il a commencé à crier quelque
12 chose dans ma direction. Il disait : Qu'est-ce que c'est que Sefer et toi
13 vous avez encore fait ? Emmenez-le. Ensuite, j'ai été emmené dans une autre
14 pièce de l'autre côté du couloir. Il y avait un inspecteur qui se trouvait
15 debout à côté d'une table. Dès que je suis rentré, il a dit : Ce à quoi
16 vous avez participé, est quelque chose qui pourrait vous valoir 20 ans de
17 prison ou même la peine de mort.
18 Après cela, j'ai eu une longue conversation avec lui pendant
19 16 heures.
20 Q. Bien. Maintenant, je voudrais qu'on reprenne tout cela élément par
21 élément. Pour commencer, vous vous êtes trouvé en bas de l'escalier. Vous
22 avez vu Sefer Halilovic, vous lui avez parlé. Après cela, Sefer a été
23 emmené ailleurs; c'est exact ?
24 R. Oui. Il est allé pour avoir d'autres entretiens dans le même bâtiment.
25 Q. Est-ce que Sefer portait une arme à ce moment-là ? Est-ce que vous
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1 l'avez vu ?
2 R. Je ne pense pas. Je n'ai pas fait très attention. Je ne sais pas.
3 Q. Bien. On vous a fait monter à l'étage pour rencontrer quelqu'un.
4 Pourriez-vous tout simplement nous expliquer qui était la personne que vous
5 avez vue à l'étage ?
6 R. D'après ce que j'ai appris par la suite de certaines personnes, cet
7 inspecteur s'appelait Jasmin Sendijarevic, mais c'était Munir Alibabic et
8 il y avait ce Jasmin --
9 Q. Munir Alibabic est la personne qui a passé l'appel téléphonique -- qui
10 vous a appelé à l'origine. Maintenant, nous parlons d'Enver Mujezinovic.
11 Qu'est-ce que vous avez compris, qu'Enver --
12 R. Oui.
13 Q. Qu'est-ce que vous avez compris, qu'étaient les fonctions d'Enver
14 Mujezinovic ?
15 R. Mujezinovic était le chef du centre SDB, le service de sécurité de
16 l'Etat de la ville de Sarajevo.
17 Q. Maintenant, bien que je comprenne que vous ne soyez pas un témoin
18 expert pour ce qui est de la structure des organes de sécurité, le SDB,
19 c'était un organe du MUP, du ministère de l'Intérieur, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q Censément, il était censé l'être.
22 Q. Le ministre de l'Intérieur, à l'époque, était une personne du nom de
23 Bakir Alispahic; est-ce exact ?
24 R. C'est exact. Je le connaissais aussi.
25 Q. Oui, je comprends. Mujezinovic était une personne à propos duquel vous
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1 avez eu des discussions avec Sefer, lorsque vous vous trouviez sur la route
2 en Herzégovine; est-ce exact ?
3 R. C'est exact. C'était la première fois que je l'ai vu de ma vie.
4 Q. Oui, je comprends. Qu'est-ce que Sefer Halilovic vous a dit de ses
5 rapports avec Mujezinovic pendant la période où vous étiez en Herzégovine ?
6 R. Il a mentionné Mujezinovic plusieurs fois comme étant un homme qui
7 travaillait à ce KOS. Il a dit qu'il était arrivé là tardivement et qu'il
8 rendait compte aux forces de l'ABiH. Sa conclusion était qu'il était
9 possible qu'il puisse aller par Bijeljina et -- enfin quelque chose dans ce
10 genre. Pour la plus grande partie, il était en quelque sorte contre lui. Il
11 le considérait comme un ennemi pour ainsi dire.
12 Q. Est-ce que Sefer vous a dit que dans le passé Mujezinovic avait tenté
13 de ternir la réputation de Sefer, en fournissant des documents concernant
14 les relations de Sefer à l'époque de la JNA, ses rapports avec les services
15 secrets ?
16 R. Je ne peux pas me rappeler cela, je ne me rappelle de cela.
17 Q. En tout état de cause, sur la base de ce que Sefer vous a dit, les
18 relations entre Sefer Halilovic et Enver Muzeninovic n'étaient pas amicales
19 du tout; est-ce exact ?
20 R. Non.
21 Q. Je vais traiter de Mujezinovic maintenant. Personnellement vous n'aviez
22 eu jamais affaire avec M. Mujezinovic jusqu'alors, c'était la première fois
23 que vous le voyiez face à face. Jusqu'à ce jour-là, vous ne l'aviez jamais
24 vu. Parlez-nous de cette première rencontre que vous avez eue avec lui,
25 quelle est la conversation que vous avez eue avec lui ? Quelles ont été les
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1 menaces ou les choses désagréables qui ont été dites au cours de cet
2 entretien ?
3 R. Je vous l'ai déjà dit. En tout état de cause, c'était indépendamment du
4 fait que j'ai dû y aller et qu'il a commencé à crier contre moi -- je l'ai
5 dit. Je ne comprends vraiment pas où vous voulez en venir.
6 Q. Excusez-moi. J'ai posé la question --
7 R. J'ai écrit à ce sujet. Il a commencé à me menacer, il a dit : "Qu'est-
8 ce que vous êtes en train de préparer là ?"
9 Oui, il y avait autre chose : "Allons voir qui va crever l'estomac de
10 l'autre," ou quelque chose comme ça. Je n'avais absolument aucune idée de
11 ce qu'était censé vouloir dire. Il a dit quelque chose comme : "Bon, et
12 bien, nous allons attendre et nous allons voir qui va crever la panse de
13 l'autre," apparemment. Je n'avais absolument aucune idée des choses qu'ils
14 voulaient parler.
15 Q. C'était en fait la vraie question. C'était en quelque sorte de savoir
16 et d'essayer d'obtenir une réponse. Mais qui a fait cette remarque sur la
17 question de crever l'estomac ou crever la panse ? Est-ce que c'était M.
18 Mujezinovic ?
19 R. Oui, Mujezinovic était en train de me menacer. Il n'attendait même pas
20 mes réponses. Il a simplement dit: "Emmenez-le."
21 Q. Lorsqu'on vous a emmené, vous avez à ce moment-là été interrogé par une
22 autre personne, un inspecteur, pendant environ 16 heures; c'est exact ?
23 R. 16 heures. C'est exact.
24 Q. Pendant ce temps-là, est-ce que vous avez eu la possibilité de
25 consulter un avocat ou de vous mettre en rapport avec un membre de votre
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1 famille ?
2 R. Absolument pas. Bien sûr que non. Je pensais même que je ne reverrais
3 plus jamais mes enfants et ma femme. Un avocat, non.
4 Q. Il y a eu d'autres menaces qui vous ont été faites par cet inspecteur
5 dont vous avez parlé ?
6 R. Oui, encore une fois, une fois de plus. Je ne sais pas à quel stade de
7 l'entretien, mais la façon dont il me parlait, il disait qu'il
8 m'interrogeait pendant deux heures et puis il écrivait des choses, et puis
9 au bout de deux heures il commençait à dicter. Il dictait, puis il écrivait
10 ou il dictait des choses que j'entendais pour la première fois. J'ai essayé
11 de discuter avec lui, et avec pas mal d'énergie, plus d'une fois. Je le lui
12 ai dit de la façon dont personnellement j'appréciais la situation, à un
13 moment donné c'était que peut-être je ne saisissais pas très bien, mais
14 j'ai compris quel jeu il était en train de jouer par la suite, c'est-à-dire
15 quoi que j'ai dit de positif concernant Sefer, il n'allait pas l'écrire.
16 Même si je faisais une déclaration neutre, il la retournait en quelque
17 chose d'horrible.
18 J'ai dit: "Bien, quoi ? Est-ce que vous voulez essayer d'organiser un
19 procès contre -- à travers -- par mon truchement ? Bien, ce n'est pas
20 quelque chose que vous pourrez faire. Je suis un homme religieux et je
21 crains Dieu." Je sais que je peux être tué par les Oustachi et les Chetniks
22 et d'autres, je peux mourir de leurs mains, mais je ne veux pas mourir en
23 ayant un tel péché sur le cœur." Il s'est un peu calmé, mais il avait déjà
24 monté toute l'opération. C'était un peu tard. Il avait déjà écrit son
25 rapport, et je crois vraiment -- je me suis dit que je n'allais jamais
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1 signer ce document.
2 Ensuite, lorsque j'ai regardé le texte plus tard au cours de l'entretien,
3 de ce qu'il avait été écrit -- je ne sais pas s'il s'agissait d'un coup
4 monté complètement. Je ne me rappelle même pas exactement ce que j'ai
5 entendu. Il y avait quand même deux points précis : premièrement,
6 apparemment que Sefer Halilovic m'avait interdit d'écrire quoi que ce soit
7 concernant ces crimes, et puis il y avait une autre phrase qui disait que
8 j'avais été un témoin oculaire des deux massacres.
9 J'ai consacré pas mal de temps à réfléchir pour savoir comment j'aurais pu
10 signer de tels papiers. Pour commencer, j'ai perdu la foi. Je me suis dit,
11 bon, alors ce procès va se dérouler et je serai à ce moment-là en mesure de
12 dire la vérité. Cela n'avait plus d'importance. A un moment donné, il m'a
13 regardé et il a dit : "Ne sais-tu que nous sommes en guerre et que des gens
14 sont tués pour ce genre de chose ?"
15 Par la suite, je veux dire à un moment donné, cette personne, puis
16 quelqu'un d'autre avec qui j'avais eu un peu de sympathie, le gars qui me
17 menaçait est parti, et il a pu dire quelque chose comme, "Bon. Allez, on
18 l'oublie. C'est un imbécile. Mais il faudra que tu acceptes de reconnaître
19 tout." Qu'est-ce que je pouvais reconnaître, je me trouvais en détention,
20 je pense que j'étais en prison pendant à peu près 26 heures. J'étais
21 convaincu que -- je me suis dit, bien, si je suis envoyé en prison, cela
22 pourrait bien se passer. Si je suis envoyé en prison pour dix ans, on sera
23 peut-être très mauvais. Le gars qui était très dur, très rigide est parti.
24 J'ai commencé à lire le texte et j'ai essayé de faire quelques corrections.
25 Il a dit : "Non, ne fais pas de corrections."
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1 Ensuite, l'autre était derrière et a dit : "A quoi tu penses ? Il faut
2 signer les papiers. Ma famille m'attend -- ta famille t'attend." J'étais
3 surpris. Je savais parce que j'avais travaillé à la radio que deux minutes
4 suffisaient à parcourir une page. J'ai signé chaque page en une minute.
5 Quand j'ai eu fini, ils ont dit : "Merci beaucoup. Vous pouvez rentrer chez
6 vous." Je suis rentré chez moi et je ne savais pas quoi faire. Est-ce que
7 j'étais censé me suicider ? Je ne savais pas ce qui se passait --
8 Q. Je ne veux vous interrompre dans votre récit, c'est simplement qu'il y
9 a une question que je souhaite évoquer avec vous, et le moment est bien
10 choisi pour le faire.
11 Quand vous étiez avec ces policiers, est-ce que vous aviez déjà entendu
12 parler de ce qui était arrivé à Caco, Musan Topalovic ?
13 R. Oui. Cela avait déjà été annoncé, on avait déjà annoncé qu'il avait été
14 tué.
15 Q. Pour vous, est-ce que Musan Topalovic s'était rendu à la police,
16 s'était constitué prisonnier après un certain temps, mais qu'ensuite il
17 avait été tué. Est-ce que c'est ce que vous avez entendu dire ?
18 R. J'ai entendu dire la même chose; qu'il avait effectivement été tué.
19 Q. Après son meurtre, est-ce qu'il a été enterré dans le cimetière des
20 héros, à votre connaissance ?
21 R. Pas au début. Je sais qu'il y avait plusieurs possibilités. Je n'en
22 suis pas sûr. Au départ chez Zuc. Il a été exhumé et envoyé ailleurs, et
23 ensuite je ne sais pas exactement quand après la guerre, il a été enterré
24 dans le cimetière le plus prestigieux de Bosnie-Herzégovine, le cimetière
25 central pour les combattants tombés au combat à Kovaci. C'est le principal
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1 cimetière.
2 Q. A votre connaissance, vous avez vu Sefer Halilovic aller à la police.
3 Quand vous l'avez vu, est-ce que quand vous-même avez été interrogé, est-ce
4 qu'il vous a paru être en détention ?
5 R. Bien sûr, il faisait jour.
6 Q. A partir de ce moment-là, Sefer Halilovic n'a plus joué aucun rôle en
7 Bosnie dans l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
8 Mme CHANA : [interprétation] Je ne pense pas que le témoin soit en mesure
9 de parler du rôle de Sefer dans l'armée de Bosnie.
10 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Le témoin peut peut-être nous parler de
11 nature générale de cela. Il n'est pas membre de l'armée; il était
12 journaliste.
13 M. MORRISSEY : [interprétation]
14 Q. Veuillez nous répondre de la manière dont cela était indiqué par
15 Monsieur le Président. A votre connaissance, est-ce que Sefer Halilovic a
16 joué un rôle quel qu'il soit dans l'armée de Bosnie, après que vous l'avez
17 vu, après la période pendant laquelle vous l'avez vu en détention ?
18 R. Il était suspect et il était en détention.
19 Q. Oui.
20 R. En résidence surveillée, plutôt.
21 Q. Est-ce que vous savez qu'il a été officiellement démis de ses fonctions
22 de chef d'état-major par un ordre du 1er novembre 1993, donné par Alija
23 Izetbegovic ?
24 R. Ceci a été annoncé peu après. On a annoncé qu'il avait été démis de ses
25 fonctions et remplacé par Enver Hadzihasanovic, alias Dzedo, au poste de
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1 chef d'état-major.
2 Q. Ensuite, à votre connaissance, est-ce que Sefer Halilovic, plus tard,
3 plusieurs mois, plusieurs années plus tard, est-ce que Sefer Halilovic a
4 fondé un parti politique ?
5 R. Oui. Il m'a proposé d'en devenir le secrétaire général mais j'ai
6 refusé.
7 Q. Comment s'appelait ce parti ?
8 R. Le Parti patriote bosniaque.
9 Q. Comment s'appelle ou comment s'appelait le parti dont Alija Izetbegovic
10 et Bakir Alispahic étaient des membres éminents ?
11 R. Alija était président du Parti de l'action démocratique. Je ne sais pas
12 pour Bakir Alispahi, s'il était membre du même parti ou pas.
13 Q. Un instant -- je retire ma question -- un instant, Monsieur Hodzic.
14 [Le conseil de la Défense se concerte]
15 M. MORRISSEY : [interprétation] J'en ai terminé du contre-interrogatoire,
16 mais je souhaiterais pouvoir m'entretenir deux minutes avec mon client.
17 Inutile de faire une pause, un instant, Monsieur Hodzic.
18 M. LE JUGE LIU : Oui, s'il vous plaît.
19 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci.
20 Excusez-moi, Monsieur Hodzic. Nous avons pratiquement terminé.
21 [Le conseil de la Défense et l'accusé se concertent]
22 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci beaucoup, Monsieur le Président.
23 Merci de m'avoir donné ces quelques minutes. Je m'excuse auprès du témoin.
24 Il y avait un point sur lequel je n'étais pas tout à fait sûr, maintenant
25 j'ai eu des instructions à ce sujet.
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1 Q. Dernier point avant que j'en termine de mon contre-interrogatoire.
2 Pendant que Sefer Halilovic ou plutôt après la fin de l'interrogatoire, une
3 fois qu'on l'a mis en résidence surveillée, est-ce que vous êtes allé le
4 voir chez lui quand il était en résidence surveillée ?
5 R. Très souvent. J'ai passé beaucoup de temps avec lui.
6 Q. Est-ce qu'il vous a dit qu'à son avis, la raison pour laquelle on
7 l'avait mis dans cette situation, c'était tout simplement son désaccord
8 avec Alija Izetbegovic, désaccord de nature politique sur la façon dont il
9 convenait d'aborder l'avenir de la Bosnie ?
10 R. Oui. Il a d'ailleurs été très explicite. C'était son impression. Pour
11 lui, c'était la raison qui expliquait le fait qu'il a été démis de ses
12 fonctions.
13 Q. Je ne vais pas poser de questions sur les détails de cet article, mais
14 vous savez qu'en 1995, dans l'Oslobodjenje est paru un article dans lequel
15 Sefer Halilovic a demandé une réouverture de l'enquête sur les crimes de
16 Grabovica, et il a lancé un appel très public dans cet article; est-ce
17 exact ?
18 R. C'est exact. Quand on en parlait, on était très surpris que personne ne
19 soit revenu sur cette question. Il y a eu une espèce de confrontation avec
20 Caco et Celo précédemment, mais personne ne semblait rien faire à ce sujet.
21 Q. Dernière question : quand cet inspecteur vous a interrogé pendant ces
22 16 heures, est-ce qu'il a montré un intérêt quelconque, montré qu'il était
23 intéressé qu'il souhaitait découvrir qui étaient les véritables meurtriers
24 de Grabovica ?
25 R. Non.
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1 Q. Merci.
2 R. Non, non.
3 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci de votre patience, je n'ai plus de
4 questions.
5 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.
6 Questions supplémentaires ? Madame Chana ?
7 Mme CHANA : [interprétation] Très brièvement quelques questions, quelques
8 précisions.
9 Nouvel interrogatoire par Mme Chana :
10 Q. [interprétation] Monsieur Hodzic, je ne veux pas vous poser des
11 questions très longues, cela ne va pas durer très longtemps.
12 Le conseil de la défense vous a interrogé au sujet du comportement correct
13 de Halilovic qui souhaitait s'en tenir aux règles juridiques et agir dans
14 le cadre de la légalité, n'est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 Q. S'agissant de cette réunion, de ce rassemblement au bord de la route,
17 une des choses qu'a dit Halilovic, c'est que Delic lui avait pris ses
18 pouvoirs, et qu'il voulait le cantonner à des tâches purement
19 administratives. D'après ce que vous avez pu voir vous-même, Monsieur le
20 Témoin, quand vous étiez à ses côtés pendant ces opérations de combat, est-
21 ce que Halilovic remplissait des tâches administratives ou des fonctions
22 administratives ?
23 M. MORRISSEY : [interprétation] Excusez-moi, il faut que j'intervienne
24 parce qu'il vaudrait mieux tout de suite préciser si on interroge le témoin
25 en tant qu'expert à ce sujet. Je ne m'oppose pas, bien entendu, à ce que
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1 mon éminente consoeur demande des précisions si elle l'estime utile. Mais
2 peut-être faudrait-il préciser s'il s'agissait de fonctions administratives
3 techniques au sein de l'armée ou s'il s'agit d'une question tout à fait
4 générale. Je ne m'y oppose pas à ce moment-là.
5 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, effectivement Madame le Procureur
6 peut-être faudrait-il préciser cette question.
7 Mme CHANA : [interprétation] Mais c'est une sorte de question générale, il
8 s'agit de ce qu'il a vu, de ses observations sur la perception qui était la
9 sienne. Sur la manière dont il voyait les fonctions qui étaient celles de
10 Halilovic sur le terrain.
11 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, vous pouvez continuer.
12 Mme CHANA : [interprétation]
13 Q. Monsieur Hodzic, ma question est la suivante : Halilovic se plaignait
14 auprès de vous, du fait qu'on le cantonnait à des fonctions purement
15 administratives. Vous, alors que vous le suiviez comme une ombre pendant
16 toutes ces journée en Herzégovine, quelle a été votre impression sur ce
17 point ?
18 R. Ecoutez, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je ne sais pas
19 très bien comment vous expliquer cela. Ce n'était pas un quartier général
20 ou un état-major. C'était simplement un groupe d'hommes qui était là. Il
21 n'y avait pas vraiment d'administration, ce qu'on aurait pu appeler une
22 administration. On était constamment en mouvement, on allait d'un endroit à
23 l'autre, -- les membres de cette équipe et, moi, je suivais le mouvement.
24 Il n'y avait pas véritablement d'état-major digne de ce nom, rien de tel.
25 Q. Merci, Monsieur Hodzic. Revenons au 9. C'est le moment où Halilovic est
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1 venu, vous lui avez demandé en chuchotant s'il avait entendu parler des
2 meurtres de Grabovica. Est-ce qu'il vous a jamais dit à ce moment-là :
3 "J'ai pris des dispositions pour ouvrir une sorte d'enquête" ou "J'ai dit à
4 Dzankovic d'enquêter sur cela" ? Est-ce qu'il vous a dit cela quand vous
5 avez parlé, quand vous avez discuté de cela le 9 septembre ?
6 R. Comme je l'ai déjà dit cette conversation n'a duré qu'une ou deux
7 minutes, une conversation très brève. Le lendemain, il m'a dit alors que
8 nous étions en chemin pour Dobro Polje, il m'a dit qu'il y avait des gens
9 dont la mission était d'enquêter sur ces questions. Il n'a pas parlé
10 précisément de Dzankovic, mais il a dit qu'il y avait des gens qui étaient
11 en train d'examiner la question.
12 Q. Monsieur Hodzic, j'aimerais préciser grâce à vous la date à laquelle
13 Halilovic a quitté l'Herzégovine. Vous nous aviez dit que c'était --
14 R. Le 19.
15 Q. Quand vous êtes parti vous vous êtes séparés sur la partie nord du
16 front à Dreznica. C'était à quelle date ?
17 R. C'était le 14, quand on est rentré de Dobro Polje et Prozor, on est
18 tous les deux arrivés à Donja Jablanica. J'ai demandé à ce qu'on m'emmène à
19 Dreznica parce qu'il y avait des combats là-bas. Quelqu'un devait
20 m'emmener, mais Celo a dit qu'il pourrait venir avec nous parce que ses
21 hommes y allaient. Je suis allé avec eux à Grabovica et Sefer est resté sur
22 place, c'est là qu'on s'est quitté.
23 Q. En réalité, vous ignorez la date du retour de Sefer Halilovic à
24 Sarajevo, n'est-ce pas ? Est-ce que vous le savez ?
25 R. Qu'est-ce que vous voulez dire ? Je le sais. Bien sûr, que je le sais.
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1 Le 19. Le 19 septembre 1993.
2 Q. Etiez-vous en sa compagnie quand il est rentré ?
3 R. Oui, j'étais avec lui.
4 Q. Merci de cette précision.
5 Dernière question, Monsieur Hodzic : le conseil de la Défense vous a
6 interrogé au sujet de la coordination de l'opération. Vous vous souvenez de
7 cette série de questions sur ce point ? Au sujet du rôle de Halilovic ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous nous avez dit avoir été surpris, choqué quand il a dit qu'il était
10 le coordonnateur. Pourquoi cette surprise ? Pourquoi avoir été choqué
11 ainsi ?
12 R. Tout d'abord, c'était la première fois qu'il me disait cela, qu'il me
13 disait qu'il y avait quelqu'un chargé de la coordination, parce qu'il n'y
14 avait pas de coordonnateur. En deuxième lieu, il y avait -- donc Sefer
15 était un commandant, commandant du point de vue symbolique qui soudain
16 devenait coordonnateur. Qu'est-ce que cela voulait dire ? A cette époque,
17 je ne connaissais pas l'ordre. J'ignorais ce qui se passait, j'ignorais la
18 nature, la substance de l'ordre. Ce n'est que plus tard que j'ai vu cet
19 ordre qui désignait l'équipe d'inspection qui devait être dirigée par Sefer
20 Halilovic. Plus tard, quand j'ai enquêté sur l'affaire d'Igman, un mois
21 plus tard, j'ai trouvé un autre ordre de Delic en date du 3 août 1993 qui
22 ressemblait beaucoup à l'autre ordre, mais qui avait été donné un peu plus
23 tôt. Donc Delic avait ordonné qu'une équipe soit mise sur pied, que cette
24 équipe soit envoyée à Igman pour stabiliser la situation, et cetera. Zicro
25 Suljevic était, avec Rifat Bilajac et d'autres, membre de cette équipe.
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1 Cette équipe devait être placée sous la direction de Sefer Halilovic. Je
2 crois que c'est de cela qu'il s'est inspiré quand il a écrit l'ordre
3 suivant.
4 Je constate qu'il y a un parallélisme entre ces deux ordres qui m'ont
5 semblé semblables. Si j'avais connu cet ordre le 19 septembre 1993 quand
6 j'essayais de penser aux questions et à la manière de le présenter; si
7 j'avais su tout cela, je n'aurais jamais dit qu'il était commandant de
8 cette opération. J'ai parcouru les dossiers. Il existe peut-être un
9 document dans ce sens. Pas moi, je n'ai pas de tel document, mais personne
10 ne l'a jamais "commandant".
11 Mme CHANA : [interprétation] Merci, je n'ai plus de questions à poser au
12 témoin.
13 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.
14 Est-ce qu'il y a ce stade des documents que vous souhaiteriez verser au
15 dossier par le truchement de ce témoin.
16 [Le témoin se retire]
17 Mme CHANA : [interprétation] Oui, je souhaiterais demander le versement au
18 dossier de tous les documents qui figurent sur la liste de pièces à
19 conviction que nous vous avons remis.
20 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Veuillez avoir l'amabilité de donner
21 leurs cotes pour le comte rendu d'audience.
22 Mme CHANA : [interprétation] Oui, il s'agit de MFI161.
23 Permettez-moi de donner une explication au sujet de ce document, c'est un
24 document qui devait être versé au dossier parle truchement du témoin Gusic,
25 je l'ai utilisé dans le cadre de mes questions supplémentaires. Donc, il
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1 était un peu passé entre les mailles du filet et n'avait pas été versé au
2 dossier. Je souhaiterais maintenant qu'il soit versé au dossier.
3 Ensuite, il y a les documents 288, 289, 291, 292 et 281. [comme interprété]
4 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.
5 Des objections ?
6 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui, j'ai un certain nombre d'objections.
7 Je me demande s'il est nécessaire de garder le témoin dans le prétoire,
8 s'il a besoin d'écouter nos débats à ce sujet. Je regarde l'heure aussi,
9 parce qu'avec la meilleure volonté du monde, je ne pense pas pouvoir
10 répondre en cinq minutes. Je me demande si ce ne serait pas une bonne idée
11 de faire partir -- de laisser partir le témoin. Je suis tout à fait prêt à
12 revenir travailler cet après-midi. A ce moment-là je pourrais répondre.
13 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Si --
14 M. MORRISSEY : [interprétation] Je ne suis pas --
15 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Si on pouvait en terminer en un quart
16 d'heure, ceci nous permettrait d'éviter une séance cet après-midi. Comme
17 cela, tout le monde pourrait partir en vacances.
18 M. MORRISSEY : [interprétation] Je suis d'accord.
19 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Nous allons avoir --
20 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui.
21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Vous avez déjà exprimé vos objections au
22 sujet de ces documents.
23 M. MORRISSEY : [interprétation] Oui.
24 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Veuillez donc être, cette fois-ci, un peu
25 plus concis.
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1 M. MORRISSEY : [interprétation] Je peux m'exprimer en dix minutes. Si vous
2 voulez que le témoin reste, je peux parler pendant que le témoin est là.
3 C'est simplement que je vais me lancer dans une espèce d'intervention, de
4 discours alors que le témoin est là. M. Weiner a déjà signalé que c'était
5 quelque chose qui le préoccupait. Je me remets entre les mains de la
6 Chambre. C'est à elle de décider. Moi, je peux commencer tout de suite,
7 dites-le moi.
8 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Madame Chana, est-ce que vous pensez que
9 nous pouvons laisser partir le témoin ?
10 Mme CHANA : [interprétation] Oui. Je pense qu'on peut laisser partir le
11 témoin à moins que vous n'estimiez que sa présence soit requise.
12 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.
13 Mme CHANA : [interprétation] Oui.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci, Monsieur le Témoin. Merci beaucoup
15 d'être venu déposé à La Haye. Mme la Greffière va vous raccompagner, et bon
16 retour.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie moi aussi. Cela a été un
18 honneur pour moi que de pouvoir témoigner dans cette enceinte.
19 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci.
20 [Le témoin se retire]
21 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui, Maître Morrissey.
22 M. MORRISSEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
23 Je m'oppose au versement au dossier des articles de presse puis du livre
24 "Enveloppe décachetée", écrit par ce témoin, également le livre de
25 Halilovic. En ce qui concerne le journal, je n'ai rien à dire à ce sujet,
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1 compte tenu des circonstances.
2 Je vais tout d'abord traiter des articles et du livre au cours du contre-
3 interrogatoire dont on n'a jamais interrogé le témoin en ce qui concerne
4 ces documents. La Chambre peut décider de cela, mais je pense qu'il a donné
5 des éléments de preuve extrêmement détaillés. Il a dit qu'à aucun moment il
6 ne devait rafraîchir sa mémoire sur la base du journal. Il n'a jamais dit
7 qu'il avait besoin de ces détails. Il s'agissait toujours des questions
8 marginales. Je n'ai pas insisté et mon éminent collègue de l'Accusation non
9 plus.
10 Je souhaite également dire que le témoin a bien répondu de vive voix. Dans
11 ce cas-là, cela doit être sa déposition. Les documents, les livres, les
12 articles sont vraiment problématiques. Je vais vous dire de quoi il s'agit
13 tout à l'heure.
14 Même si c'était parfait, ceci correspondrait à la valeur de sa déclaration
15 préalable. Il a déposé devant ce Tribunal; personne n'a contesté sa
16 crédibilité. Le seul moment où on a posé une question au cours du contre-
17 interrogatoire concernant une controverse au sujet du document et des
18 dates, il l'a très bien clarifié. Il a dit : Oui, en fait j'ai fait une
19 erreur. Donc, je pense que ces documents ne nous sont pas du tout
20 nécessaires et serviraient à détourner notre attention.
21 Je pense qu'au moment du réquisitoire, des plaidoiries, nous aurons, par le
22 biais du logiciel Sanction, des morceaux de journal et du livre, alors que
23 ce qui est important, c'est ce que ce témoin a dit ici.
24 Cela c'est pour ce qui concerne le livre. Si ce document était parfait,
25 mais ce n'est pas le cas puisque ces ouvrages ont été rédigés des années
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1 après les événements.
2 Deuxièmement, ceci ne se fonde pas sur ses souvenirs, sa mémoire, mais cela
3 se fonde sur sa mémoire mais également sur les documents et sur ses
4 conversations avec certaines personnes; avec éventuellement l'accusé, mais
5 aussi avec Delic, Suljevic, et cetera. Nous ne critiquons pas cela. C'est
6 un bon journaliste, il a tout à fait le droit de faire cela. Cependant, le
7 livre et les articles ne sont pas du tout parfaits. Ils ne se fondent pas
8 sur ses souvenirs, mais il s'agit d'une reconstruction faite par lui, une
9 reconstruction tout à fait légitime, néanmoins, une reconstruction. En
10 raison de cela, ils ne représentent pas du tout un très bon élément de
11 preuve; loin de là.
12 J'ai déjà dit qu'il était important de savoir de quelle manière ceci peut
13 être utilisé dans le contre-interrogatoire effectivement. Le journal qui
14 correspond au temps des événements a une autre valeur. Pour ces raisons-là,
15 je considère que ces documents ne devraient pas du tout être versés au
16 dossier.
17 Puis, il y avait quelques problèmes de détail. Avec votre permission, si
18 vous êtes, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, contre ce point de
19 vue je souhaite dire que --
20 L'INTERPRÈTE : Est-ce que le conseil peut ralentir.
21 M. MORRISSEY : [interprétation] On m'a averti qu'il fallait que je
22 ralentisse, donc je suis sous deux pressions opposées, mais je vais essayer
23 d'abréger ce que j'ai à dire.
24 Les documents que le Procureur souhaite verser au dossier, sont une
25 sélection de documents. Je ne dis pas que ceci ait été fait sans bonne foi,
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1 mais il s'agit cependant d'une sélection de documents, alors que dans
2 l'original, il existe d'autres documents qui nous permettraient d'avoir une
3 image plus complète. Là, il s'agit de documents qui existent dans le livre.
4 Cependant, je ne lui ai pas posé de questions concernant le livre. Je pense
5 que si nous nous penchons sur la déposition du témoin Hodzic, nous aurons
6 une image cohérente, et je pense que si le Procureur dit un jour : Je pense
7 qu'il faut se pencher sur un article en 1999, je pense que ceci n'est pas
8 du tout utile. Le seul but est de détourner notre attention et ceci portera
9 préjudice à la Défense. Nous n'allons pas maintenant perdre notre temps à
10 expliquer pourquoi certaines pages du livre reflètent des années qui ne
11 nous intéressent pas directement. Je vais vous donner quelques exemples : A
12 la page 161, une partie de la page 165 en langue bosniaque manque. Puis,
13 les pages 178 à 199 manquent, de même que 202 à 214 et de 217 à 227.
14 Nous avons également les chapitres, les noms de chapitres que nous n'avons
15 pas reçus, par exemple, "Sauvez Mostar en dix jours", puis un autre, "Qui a
16 tiré sur Haso Hakalovic", puis un autre intitulé, "Nous ne sommes pas en
17 train de venger l'armée". Tout cela a été omis.
18 Ou bien, "Nous avons également crié ensemble". C'est le quatrième chapitre
19 qui manque. Ou bien, "Pourquoi Caco est en colère". Je souhaite dire que
20 nous ne considérons pas que le Procureur n'agisse pas de bonne foi. Il
21 n'est pas du tout nécessaire que Mme Chana répondre, bien sûr. Elle aura le
22 si nécessaire, mais il faut savoir qu'il s'agit, là, d'une sélection tout à
23 fait partielle, qui provoque de nombreux problèmes.
24 Puis, nous avons les articles de presse -- j'ai déjà fait mon
25 commentaire.
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1 En ce qui concerne le livre de M. Halilovic, il a été présent. Puis,
2 il y a eu une nouvelle évolution concernant cela. Je souhaite avancer un
3 argument, compte tenu des raisons que j'ai déjà énoncées, que le Procureur
4 a effectivement présenté certains nouveaux éléments de preuve concernant
5 cela et il faut éventuellement tenir compte de cela, du fait qu'il avait
6 des connaissances plus directes que le témoin précédent. Mais cependant, je
7 m'y oppose encore car le seul lien de Hodzic à cela est le fait qu'il l'a
8 lu. Peut-être il est plus en mesure de faire des commentaires.
9 Effectivement, il les a faits. Il revient, bien sûr, à la Chambre d'évaluer
10 cela.
11 Mais je m'oppose fortement au versement au dossier du livre et des
12 articles.
13 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci. Une réponse très brève, s'il vous
14 plaît, Madame Chana.
15 Mme CHANA : [interprétation] Je souhaite simplement réitérer les arguments
16 que j'ai déjà avancés à ce sujet, préalablement, à savoir, lorsque le
17 conseil de la Défense parle d'une traduction sélective, c'est absolument
18 vrai, Monsieur le Président et nous, en tant que bureau du Procureur, nous
19 aurons pu demander une traduction de l'ensemble du livre de la part du
20 service de traduction et nous pourrons verser cela au dossier
21 ultérieurement. Ceci peut être une solution au problème. Nous avons fait un
22 tri et j'ai déjà expliqué que ceci a été fait à un stade assez avancé dans
23 le temps. Puis, je tenais compte du fait que la Chambre nous a donné des
24 instructions d'éviter d'encombrer la Chambre avec des documents qui ne sont
25 pas nécessaires.
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1 Le témoin est venu déposer ici. La Défense a pu le contre-interroger. Puis,
2 je souhaite, encore une fois, faire référence à vos instructions, Monsieur
3 le Président, s'agissant que la règle va en faveur de l'admissibilité et
4 les critères sont la valeur probante. Bien sûr, la Chambre décidera quel
5 est le poids à donner à ce document.
6 Je pense que le conseil a confondu deux concepts, encore une fois :
7 l'admissibilité et le poids à accorder au document. Dans ses arguments, il
8 dit que ces documents-là ne sont pas admissibles du tout. Mais au fond, il
9 conteste le poids donné au document.
10 Je souhaite simplement réitérer mes positions déjà exprimées et je pense
11 qu'il faudrait les verser au dossier.
12 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci beaucoup.
13 [La Chambre de première instance se concerte]
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Après avoir consulté mes collègues, je
15 souhaite répéter les instructions portant sur l'admission des éléments de
16 preuve donnés par cette Chambre de première instance, en vertu de l'Article
17 89 du Règlement de procédure et de preuve. Cette Chambre de première
18 instance souhaite rappeler aux parties qu'il faut faire une différence
19 entre l'admissibilité des documents et le poids des documents.
20 L'admission même d'un document, son versement au dossier ne signifie pas,
21 nécessairement, que les déclarations contenues dans ce document seront
22 considérées comme reflet exact des faits. La pratique devant ce Tribunal
23 va, par conséquent, dans le sens en faveur de l'admissibilité, en règle
24 générale.
25 En ce qui concerne les documents qui sont publiquement disponibles, en
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1 termes généraux, ces documents-là sont admissibles, s'ils sont pertinents
2 pour cette affaire et s'ils contiennent une valeur probante dans leur
3 contenu.
4 Bien sûr, le conseil de la Défense a soulevé certaines objections qui ont
5 été consignées au compte rendu d'audience et qui concerneront le poids à
6 accorder à ces éléments de preuve, admis à un stade ultérieur.
7 Cette Chambre de première instance a déjà déclaré que nous ne souhaitons
8 pas que tout un livre soit traduit en anglais et versé au dossier à ce
9 stade, si ceci n'est pas absolument nécessaire. Nous avons besoin seulement
10 des parties pertinentes de ce livre. Nous avons besoin seulement de leur
11 versement au dossier.
12 En même temps, la Défense a également la possibilité de contester la
13 traduction de ce livre ou, si nécessaire, ils peuvent également verser au
14 dossier certaines parties du livre dans le cadre de la présentation des
15 éléments de preuve de la Défense à un stade ultérieur.
16 Par conséquent, la Chambre de première instance prend la décision suivante
17 : ces documents vont être admis en tant que pièces à conviction de
18 l'Accusation. Voici notre décision.
19 M. MORRISSEY : [interprétation] Comme il plaira à la Cour.
20 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Oui.
21 M. MORRISSEY : [interprétation] Monsieur le Président, s'il vous plaît, je
22 souhaite soulever un certain nombre de points avant la pause, même si je
23 sais que nous sommes déjà à un moment avancé.
24 Mais on m'a dit que la proposition s'agissant de la semaine prochaine, il
25 est prévu de citer à la barre, les témoins Tirak, Okic et Mujezinovic. Or,
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1 nous ne sommes pas prêts pour Mujezinovic et nous demandons au Procureur de
2 s'arranger par rapport à cela. Nous ne nous sommes pas prêts pour plusieurs
3 raisons, mais je pense qu'il n'est pas nécessaire d'entrer dans ces détails
4 en ce moment. En termes généraux, je peux dire que nous sommes en train de
5 mener certaines enquêtes.
6 Je crains que la même chose vaut pour les témoins qui vont venir plus tard
7 et peut-être le Procureur pourrait prendre en considération la possibilité
8 de commencer à citer à la barre les témoins liés à Uzdol. Mais pour le
9 moment, nous ne sommes pas prêts pour traiter des témoins Mujezinovic,
10 Alispahic et Delalic car nous avons besoin de mener certaines enquêtes
11 supplémentaires. Je sais que ceci ne convient pas du tout au Procureur. Je
12 sais que ceci leur provoque un désagrément. Nous nous en excusons, mais
13 notre situation réelle est telle que je viens de décrire.
14 En ce qui concerne ces personnes, nous souhaitons soulever un autre point,
15 à savoir que par rapport à ces trois personnes, il doit y avoir des
16 document disponibles, en vertu de l'Article 68, contenu de ce qui est
17 publiquement connu par rapport à ces personnes et à leur statut actuel.
18 Nous demandons au Procureur de faire preuve de l'assiduité dans la
19 recherche des documents en vertu de l'Article 68 et de nous présenter ces
20 documents d'ici quelques jours.
21 Pour terminer - je m'excuse de prendre aussi longtemps - je souhaite
22 soulever un certain nombre d'autres points. Je pensais que nous allions
23 pouvoir le faire cet après-midi.
24 Nous souhaitons verser au dossier un document, à savoir MFI283 [comme
25 interprété], une page du journal que j'ai oublié de verser au dossier,
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1 puis, même si nous ne l'avons pas encore dit, il faut savoir que le témoin
2 Okic, qui vient la semaine prochaine, viendra peut-être avec une pièce à
3 conviction. Le Procureur souhaite clarifier, par le biais du témoin Okic et
4 lui demander de relater une déclaration qui aurait été faite par Halilovic
5 au moment où il a été interviewé par les enquêteurs de Trebevic.
6 Nous sommes contre l'admissibilité de cet entretien. Il n'est pas
7 correct de nous lancer cela à la dernière minute. S'agissant de la
8 déclaration d'Okic ou de Halilovic. Nous souhaitons annoncer le fait que
9 nous allons nous opposer au versement au dossier de ce document-là.
10 Finalement, la déposition de M. Karic est préoccupante, à notre avis.
11 Il faut soulever cette question et nous allons soulever cela, de nouveau.
12 M. Re l'a déjà souhaité et je pense qu'il faudra en traiter.
13 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci. M. Weiner, brièvement.
14 M. WEINER : [interprétation] Très brièvement. La semaine prochaine,
15 nous ne pouvons pas changer de programme ou faire venir un autre témoin au
16 lieu de M. Mujezinovic, vendredi. Cela est la première chose. Si nous
17 allons avoir seulement deux témoins, la semaine prochaine, je propose qu'on
18 ne siège pas mercredi et dans ce cas-la, nous pouvons voir le contenu de
19 cette requête. Nous allons voir le premier témoin mardi, seulement et si
20 nous n'allons pas faire venir M. Mujezinovic, il va falloir procéder à
21 certaines modifications de programme par le biais de l'unité chargée des
22 témoins et des victimes.
23 Mais nous considérons que ces témoins doivent déposer. Nous pouvons
24 éventuellement les déplacer pour la fin de la présentation des éléments de
25 preuve de l'Accusation, c'est-à-dire, en avril, mais il n'y a pas de raison
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1 pour renoncer à leur déposition.
2 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Merci beaucoup.
3 Je pense que cette Chambre de première instance a pris sa décision
4 concernant des enquêtes supplémentaires concernant certains témoins. Je ne
5 vais entrer dans les détails de cette décision parce qu'elle a été rendue
6 ex parte et de manière confidentielle.
7 Cependant, nous considérons que la demande de la Défense concernant
8 le report de la déposition de Mujezinovic est raisonnable. Nous faisons
9 droit à la requête de la Défense.
10 En même temps, je crois que le bureau du Procureur a des obligations
11 en continu visant à divulguer tout document lié à l'Article 68, s'il y a de
12 tels documents.
13 M. WEINER : [interprétation] Oui, s'il y en a.
14 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Bien sûr.
15 M. WEINER : [interprétation] Puis, nous allons continuer à ce faire.
16 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Très bien. Mais je souhaitais vous
17 rappeler cette obligation.
18 En ce qui concerne le document versé au dossier par la Défense, je ne vois
19 pas d'objection de la part du bureau du Procureur. Il s'agit d'une question
20 de traduction.
21 Mme CHANA : [interprétation] Non, pas du tout. En ce qui concerne cela, je
22 souhaite dire également que l'ensemble du journal existe en "ringtail" et
23 nous avons besoin des deux dernières pages, également.
24 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Très bien.
25 Mme CHANA : [interprétation] Encore une fois, pas pour être un fardeau pour
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1 la Cour.
2 M. LE JUGE LIU : [interprétation] Je comprends cela. Le document est versé
3 au dossier.
4 Je pense que c'est tout ce que j'ai à dire, à ce stade. Je souhaite
5 remercier tout le monde, les interprètes, les sténotypistes, les
6 techniciens, vous avez tous travaillé un peu plus longtemps, ce matin, mais
7 au moins, nous n'aurons pas besoin de siéger cet après-midi. Je vous
8 souhaite à tous Joyeuses Pâques et l'audience est levée.
9 --- L'audience est levée à 14 heures 10 et reprendra le mercredi 30 mars
10 2005, à 14 heures 15.
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