Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 565

  1   Le mercredi 7 mars 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 22.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience, veuillez

  6   citer l'affaire.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il

  8   s'agit de l'affaire IT-04-84-T, le Procureur contre Ramush Haradinaj et

  9   consorts.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup, Madame la Greffière

 11   d'audience.

 12   Avant de vous donner la possibilité de poursuivre l'interrogatoire

 13   principal du témoin, Monsieur Re, j'aimerais brièvement revenir sur un

 14   certain nombre de questions de procédure.

 15   Premièrement, la Chambre a été informée il y a une heure de cela que vous

 16   aviez déposé une requête pour ajouter des pièces à la liste des pièces à

 17   conviction. J'aimerais vous poser une question. Il s'agissait là d'une

 18   copie adressée à la Chambre. Est-ce que la Défense a reçu cette requête ?

 19   M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois les deux autres conseils qui

 21   semblent être du même avis.

 22   Est-ce que vous souhaitez répondre, Maître Emmerson ?

 23   M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas

 24   d'objection à ce que ces documents soient ajoutés à la liste des pièces.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Il en va de même pour les

 26   autres conseils de la Défense ? Une fois de plus je vois deux hochements de

 27   tête affirmatifs. Ce qui veut dire que trois conseils de la Défense n'ont

 28   pas d'objection. Cette question est donc réglée.


Page 566

  1   J'aimerais commencer par rendre une décision. Il s'agit d'une décision

  2   suite à une suggestion ou une proposition que nous avons entendue hier de

  3   la part de M. Re, à savoir entendre le Témoin 19 plus tôt que prévu. Il

  4   était prévu que le Témoin 19 dépose à une date ultérieure lors de ce

  5   procès. Or, vous aviez suggéré que nous entendions ce témoin vendredi. La

  6   Défense a émis une objection, car elle n'a pas été informée à temps de la

  7   déposition du Témoin 19. Par conséquent, la Défense n'était pas en mesure

  8   de se préparer de façon appropriée.

  9   A la lumière de ces arguments, la Chambre a estimé que la Défense serait

 10   désavantagée si le Témoin 19 devait être entendu vendredi. Par conséquent,

 11   la proposition de l'Accusation est rejetée.

 12   Je vous propose de passer à huis clos partiel quelques instants.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, nous sommes à

 14   huis clos partiel.

 15   [Audience à huis clos partiel]

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


Page 567

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Pages 567-568 expurgées. Audience à huis clos partiel.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 

 26 

 27 

 28 


Page 569

  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9   [Audience publique]

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière d'audience.

 11   Voilà, pour ma part, les questions de procédure que je souhaitais régler. A

 12   ce stade, l'Accusation est-elle prête à poursuivre l'interrogatoire

 13   principal de Mme Andjelkovic ?

 14   M. RE : [interprétation] Concernant la modification de la liste des pièces

 15   à conviction, la Défense, semble-t-il, ne s'y oppose pas.

 16   [La Chambre de première instance se concerte]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Effectivement, vous avez raison. La

 18   Chambre aurait dû rendre une décision avant de vous inviter à poursuivre

 19   l'interrogatoire de Mme Andjelkovic.

 20   Compte tendu de votre requête et étant donné que la Défense ne s'oppose pas

 21   à que nous fassions droit à votre requête, il en est ainsi décidé.

 22   M. RE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   J'aimerais indiquer qu'en termes de procédure, nous aimerions dire la chose

 24   suivante aux fins du compte rendu d'audience : l'Accusation s'est penchée à

 25   nouveau sur la question de la traduction des carnets de notes. Nous avons

 26   été en contact avec le Juriste de la Chambre et avec les conseils de la

 27   Défense hier soir et cet après-midi. Nous avons découvert que le volume 2 a

 28   été traduit de façon groupée, ensuite tout cela n'a pas été mis ensemble.


Page 570

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il y avait à la fois la question

  2   des textes en B/C/S et des textes en caractères latins.

  3   M. RE : [interprétation] Oui. Hier, un traducteur les a comparés et a

  4   établi une correspondance entre les numéros ERN.

  5   Les traducteurs travaillaient sur la base de l'autre volume, le

  6   volume 1, le premier carnet de notes. Le problème c'est que lorsque la

  7   traduction a été réalisée en interne, nous avons utilisé un spécialiste des

  8   caractères cyrilliques pour cette partie-là et des caractères latins pour

  9   l'autre partie. Ces deux parties n'ont pas été réunies avant la date

 10   d'aujourd'hui.

 11   A présent, ils ont été rassemblés en un seul volume. Les numéros ERN

 12   ont été comparés. Le traducteur a été en mesure de recenser les parties qui

 13   n'avaient pas été traduites, là où il y avait des lacunes. Par conséquent,

 14   nous demandons votre autorisation pour procéder au remplacement nécessaire

 15   dans le système e-court.

 16   Par ailleurs, la traductrice nous a informés, il y a quelques heures

 17   de cela, que certaines pages n'ont pas été photocopiées dans l'ordre exact.

 18   Il y a parfois des problèmes d'ordre. Par conséquent, il y a certes eu

 19   toutes les copies qui ont été faites, mais l'ordre n'a pas été respecté.

 20   La traductrice est en train d'essayer de voir comment remettre tout

 21   cela dans l'ordre.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois, compte tenu des

 23   préoccupations exprimées par la Défense en matière de chronologie, je crois

 24   pouvoir dire que s'il s'agit là d'une page qui n'aurait pas été abordée

 25   dans la déposition. J'imagine que cela n'entraînerait pas de difficultés

 26   majeures. Cela dépend de l'ampleur du problème. Si c'est simplement une

 27   page qui a été déplacée, qui s'est retrouvée ailleurs et si cela apparaît

 28   de façon évidente à la lecture du contenu de la page, j'imagine que vous-


Page 571

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 572

  1   même, les conseils de la Défense et les Juges de la Chambre pourront s'en

  2   accommoder. Par contre, si c'est comme si on avait simplement jeté toutes

  3   ces pages par terre, ensuite si on les avait ramassées et si on les avait

  4   remises dans un ordre aléatoire, alors c'est un autre problème.

  5   M. RE : [interprétation] Notre commis à l'affaire nous a indiqué que

  6   nous avons communiqué la version remise dans l'ordre telle qu'elle apparaît

  7   dans les carnets de notes. Il y avait une certaine confusion ce matin. Je

  8   crois que nous avons obtenu les deux versions de la part de la traductrice,

  9   mais le message n'a pas été divulgué à ce moment-là. Je crois qu'à présent,

 10   la Défense et les Juges de la Chambre disposent de deux versions du

 11   deuxième volume avec une version dans l'ordre exact et également la version

 12   originale.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Alors la copie que nous devrions

 14   consulter de façon prioritaire est celle où les numéros ERN ne se suivent

 15   pas, parce que lorsque les numéros ERN se suivent, eux, cela veut dire que

 16   dans l'original, en réalité, l'ordre n'est pas respecté.

 17   M. RE : [interprétation] Oui, effectivement, c'est cela.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour ce qui est de la traduction, il y a

 19   une traduction ultérieure qui a été réalisée, où la chronologie est

 20   respectée mais où les numéros ERN ne se suivent pas, ne respectent pas

 21   l'ordre initial.

 22   M. RE : [interprétation] Oui, effectivement.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous avez deux versions, la version

 24   qui respecte la chronologie, ne comprend pas de numéros ERN qui se suivent.

 25   M. RE : [interprétation] Oui.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Souhaitez-vous vous exprimer là-dessus,

 27   Maître Emmerson.

 28   M. EMMERSON : [interprétation] La version réorganisée du premier carnet,


Page 573

  1   non pas du deuxième carnet, comme l'a dit M. Re, a été divulguée et

  2   communiquée aujourd'hui. Le deuxième cahier a été communiqué hier soir.

  3   Pour ce qui est du premier il a été communiqué aujourd'hui, et nous pensons

  4   que la première version est dans l'ordre chronologique. Elle a été

  5   communiquée par voie électronique à

  6   14 heures 11 cet après-midi. Etant donné que vous nous avez indiqué que

  7   nous aurons suffisamment de temps entre l'interrogatoire principal et le

  8   contre-interrogatoire pour passer en revue tous ces éléments, nous n'avons

  9   pas d'objection.

 10   J'aimerais ajouter une chose. Compte tenu de la façon dont cette question a

 11   été traitée, j'espère que vous nous pardonnerez pendant le contre-

 12   interrogatoire d'utiliser uniquement les traductions même si évidemment, en

 13   principe, c'est plus facile pour le témoin d'utiliser la version originale.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. S'il apparaît absolument nécessaire

 15   que le témoin puisse consulter l'original, nous aviserons.

 16   Je crois qu'il s'agit là d'un épisode qui nous permet à tous

 17   d'apprendre quelque chose et de tirer des enseignements.

 18   M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Merci.

 20   M. EMMERSON : [interprétation] M. Re a suggéré de remplacer les pièces

 21   existantes pour les traductions originales. Si j'interviens, c'est qu'il y

 22   a un hyperlien entre la référence à la pièce P1 et le passage concerné qui

 23   pourrait être utiliser lors de l'interrogatoire, et si l'on modifiait la

 24   nature des pièces, cela risque de poser des problèmes au moment de

 25   l'interrogatoire.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je crois que la cote aux fins

 27   d'identification ne modifie pas le statut. Nous saurons donc quelle est la

 28   pièce concernée et nous n'allons pas remplacer la pièce par une autre


Page 574

  1   traduction. Nous allons suivre la bonne chronologie.

  2   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, effectivement.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons nous efforcer de résoudre ce

  4   problème ultérieurement. Etes-vous prêt à poursuivre l'interrogatoire

  5   principal.

  6   M. RE : [interprétation] Oui. Si vous me permettez d'expliquer très

  7   brièvement comment je propose d'achever l'interrogatoire principal de ce

  8   témoin. Je propose de procédure de la façon

  9   suivante :

 10   Avec les amendements qui ont été approuvés à la liste des pièces - en

 11   qualité, nous aurions dû procéder de façon inverse et de commencer par les

 12   rapports "spotlights" et les rapports relatifs aux incidents qui ont

 13   alimenté le rapport "spotlight" - et le cas échéant, nous aurions dû

 14   procéder de façon inverse. Par conséquent, je ne peux que m'excuser pour la

 15   confusion que nous avons suscitée auprès de nos collègues et auprès des

 16   Juges de la Chambre. Cela étant dit, je crois que nous avons rectifié la

 17   situation et je vous propose de demander au témoin d'examiner les rapports

 18   sur les incidents, d'identifier les siens pour que cela figure au compte

 19   rendu d'audience, ensuite je lui demanderai d'examiner les rapports

 20   "spotlights" et dire quelles sont les parties de ces rapports-là qui

 21   découlent de ces rapports sur les différents incidents.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci de nous avoir informés

 23   de la façon dont vous comptez procéder. Si la Défense a des objections,

 24   j'imagine que la Défense interviendra.

 25   Madame l'Huissière, je vous demanderais de faire entrer le témoin dans le

 26   prétoire, Mme Andjelkovic.

 27   M. RE : [interprétation] J'aimerais également indiquer la chose suivante :

 28   le système e-court est, bien sûr, une invention technologique précieuse qui


Page 575

  1   fonctionne à merveille pour le versement au dossier de pièces. Par contre,

  2   si l'on montre un volume important de documents, il est parfois préférable

  3   de l'avoir sous forme d'un jeu de documents. Nous avons préparé un tel

  4   classeur, un tel jeu de documents, des rapports "spotlights" et des

  5   rapports sur les incidents que nous pourrons distribuer au témoin, aux

  6   Juges de la Chambre et à la Défense pour que tout se passe de façon plus

  7   aisée.

  8   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La seule chose qui me préoccupe, c'est

 10   la question de l'écran, de savoir si le témoin a bien à l'écran ce que nous

 11   voyons nous-mêmes. Mais je crois que la gestion de l'écran est relativement

 12   simple. Par conséquent, je vous exhorte à utiliser l'écran dans la mesure

 13   du possible car l'écran est le même pour tout le monde.

 14   M. RE : [interprétation] Le problème, c'est qu'une certaine traduction ne

 15   figure pas dans le système e-court, par contre les rapports sur les

 16   incidents y figurent.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons donc travailler sur la

 18   base de copies papier. Je n'ai pas été très poli lorsque vous êtes entrée

 19   dans le prétoire, Madame Andjelkovic. En effet, nous étions encore en train

 20   de finir une conversation précédente.

 21   Bonjour, Madame le Témoin. Vous restez liée par votre déclaration

 22   solennelle que vous avez prononcée hier.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous remercie.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est M. Re qui va poursuivre son

 25   interrogatoire principal.

 26   Je vous en prie, veuillez faire distribuer tout ce qui s'avère

 27   nécessaire.

 28   M. RE : [interprétation] Merci.


Page 576

  1   LE TÉMOIN: MARIJANA ANDJELKOVIC [Reprise]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   Interrogatoire principal par M. Re : [Suite]

  4   Q.  [interprétation] Bonjour, Madame Andjelkovic. Hier, vous nous avez

  5   communiqué des éléments au sujet de vos voyages au Kosovo au mois de mars

  6   et au mois d'avril 1998 en tant que travailleur humanitaire du terrain pour

  7   le Centre du droit humanitaire de Belgrade. Vous nous avez dit que vous

  8   aviez interrogé un bon nombre de personnes sur le terrain, essentiellement

  9   des personnes d'origine ethnique serbe. Vous avez consigné tout cela dans

 10   des carnets de notes, notes que vous avez ensuite dactylographiées, qui ont

 11   pris la forme de rapports, rapports qui ont, par la suite, été utilisés par

 12   le Centre du droit humanitaire pour des publications.

 13   Depuis hier soir, nous avons pu retrouver un certain nombre de rapports

 14   d'incidents publiés par le Centre du droit humanitaire. J'aimerais vous

 15   remettre ce classeur qui comporte les traductions anglaises de vos carnets

 16   de notes, volumes 1 et 2, les rapports "spotlight" 26 et 27 et les rapports

 17   sur ces incidents. J'ai ouvert ce classeur à la page du rapport sur les

 18   incidents, et pendant que je suis en train d'en remettre un exemplaire aux

 19   autres parties présentes dans le prétoire, je vous demanderais d'examiner

 20   ce classeur et d'essayer de retrouver ce que vous avez vous-même rédigé.

 21   Pendant que le témoin est en train d'examiner le classeur, j'aimerais que

 22   l'on distribue des classeurs identiques à la Défense et aux Juges de la

 23   Chambre.

 24   Q.  Madame Andjelkovic, je vais juste vous donner quelques petits collants

 25   jaunes ou des post-it qui peuvent vous permettent à mettre des marques dans

 26   les documents, dans vos documents.

 27   R.  Merci. Q.  Bien.

 28   M. EMMERSON : [interprétation] Avant que M. Re ne continue, Monsieur


Page 577

  1   le Président, en regardant rapidement les rapports d'incidents contenus

  2   dans le dossier qui, bien entendu, ne sont pas paginés, donc je ne suis pas

  3   en mesure de vous dire quelles sont les pages en question, vous verrez

  4   qu'il y a à mi-chemin à peu près, une page qui dit : "Ce travail exige plus

  5   de mémoire qu'il y en a dans l'imprimante." Ce qui s'est passé c'est que ce

  6   rapport précède immédiatement --

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous pourriez essayer de nous

  8   guider ? Ce n'est pas facile. Je le comprends. Mais vous dites dans la

  9   première moitié, la deuxième moitié ?

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je vais voir.

 11   Est-ce que vous voyez le feuillet vert qui sépare les diverses parties ?

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 13   M. EMMERSON : [interprétation] C'est la dernière partie du rapport. Vous

 14   avez une séparation exacte. Puis, avant cela, ce qui précède immédiatement

 15   le feuillet vert sont les rapports concernant les incidents.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 17   M. EMMERSON : [interprétation] Je voudrais dire qu'à environ un quart ou un

 18   tiers vous allez trouver un rapport d'incidents qui porte le numéro de

 19   référence. Ce n'est pas probablement pas la chose la plus facile à

 20   retrouver. Ils se ressemblent tous. Mais vous allez peut-être trouver une

 21   page qui a l'air de ceci; une page qui suit, qui a cette apparence-ci.

 22   Maintenant, je ne sais pas si ce problème est très étendu, mais

 23   l'exemplaire papier, tout au moins, n'est pas de ce point de vue.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je vois la page ici, au milieu. Je

 25   vois effectivement cette phrase entre guillemets. "Ce travail nécessite

 26   plus de mémoire qu'il y en a de disponible. Essayez une fois de plus.

 27   Essayez à nouveau."

 28   M. EMMERSON : [interprétation] Si vous dites la page qui est juste avant,


Page 578

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 579

  1   elle est coupée en deux. Voilà la partie que nous avons.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est une déclaration. Oui, la page

  3   contient une déclaration.

  4   M. EMMERSON : [interprétation] Qui s'arrête au milieu de la phrase.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  6   M. EMMERSON : [interprétation] A l'évidence, le système e-court et la

  7   Défense ont la déclaration complète. Il se peut qu'il y ait d'autres

  8   documents dans ce lot pour lesquels le problème se pose à nouveau. Je ne

  9   sais pas.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   M. RE : [interprétation] C'est en train d'être réassemblé pendant que nous

 12   sommes en train d'en parler. Vous avez peut-être remarqué que la commis à

 13   l'affaire est arrivée un peu tard avec tout ceci.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 15   M. RE : [interprétation] Cela n'avait pas été correctement vérifié avant

 16   qu'on ne l'apporte ici. Nos exemplaires sont là avec les numéros ERN tout

 17   en haut, donc nous allons les avoir très, très rapidement.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons. Tout au moins, nous savons que

 19   certaines pages contiennent des renseignements techniques qui sont

 20   pertinents aux fins de la présente affaire.

 21   Là encore, Madame Andjelkovic, vous êtes encore une fois un peu la

 22   victime des ces problèmes techniques. M. Re vous demandera, je crois, si

 23   vous êtes en mesure de retrouver ce qu'il vous a prié de rechercher.

 24   M. RE : [interprétation]

 25   Q.  Madame Andjelkovic, est-ce que vous avez eu la possibilité de jeter un

 26   coup d'œil. Tout ce que je souhaite que vous fassiez pour le moment, c'est

 27   voir si vous avez bien des petits collants jaunes pour les documents qui

 28   sont devant vous, et je souhaiterais premièrement que l'on parle aux


Page 580

  1   membres de la Chambre du premier rapport d'incidents. Il devrait y avoir

  2   une date. Excusez-moi.

  3   Pour bien placer le fondement de la question, je reviens en arrière.

  4   Hier, vous avez parlé dans votre déposition d'un incident et de rapports

  5   qui ont été rédigés à la suite de vos enquêtes sur le terrain. Est-ce que

  6   ce sont des rapports que vous-même et vos collègues avez dactylographiés

  7   après avoir interrogé sur les gens sur le terrain ?

  8   R.  Oui. Cela ressemble effectivement à cela, sauf que je dois dire que je

  9   ne m'en rappelle plus ceci, ce logo. Mais c'est la seule modification. Pour

 10   le reste, ceci est très ressemblant à ce que je connais. C'était bien la

 11   forme en question.

 12   Q.  Ils sont en anglais. Est-ce que vous les avez rédigés en anglais à

 13   l'époque ?

 14   R.  Non, Monsieur.

 15   Q.  La première que l'on trouve dans ce lot de documents porte le numéro

 16   ERN K0577171 dans l'exemple que j'ai, mais pas pour l'exemplaire que vous

 17   avez. Il y a une date du rapport qui est du

 18   22 avril 1998.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Est-ce que c'est bien celui-là que vous avez pris ?

 21   R.  Oui, c'est bien cela.

 22   Q.  Quel est le suivant ?

 23   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit du 22 ou du 27 ?

 24   M. RE : [interprétation] Du 27.

 25   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Qu'avez-vous dit ?

 26   M. RE : [interprétation] Le 27.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. La date était le 22. Je pense que

 28   le rapport est daté du 27 et que l'incident qui est décrit comme ayant lieu


Page 581

  1   le 22 --

  2   Votre microphone, s'il vous plaît.

  3   M. EMMERSON : [interprétation] Juste pour être vraiment complet, Monsieur

  4   le Président, lorsque nous voyons ici une liste de renseignements, là c'est

  5   la date de l'interview qui apparaît comme étant le 25. Ce document se

  6   réfère à une interview qui était faite le 25 concernant l'incident du 22 et

  7   un rapport a été rédigé et déposé le 27. C'est, je crois, le schéma qui est

  8   suivi tout au long.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. C'est clair.

 10   Monsieur Re, veuillez poursuivre.

 11   Monsieur Re, si vous parlez des documents, vous avez identifié un

 12   document par sa date, à savoir du 27 avril; la date de l'incident étant le

 13   22 avril. D'après ce que je vois, le document suivant porte la date du 22

 14   avril, incident dont il est question intégralement,

 15   22 avril. Pourriez-vous être simplement plus précis pour identifier vos

 16   documents, soit en donnant des noms, des titres ou tout autre moyen.

 17   Je vois ici également qu'il y a une sorte de numéro de dossier en

 18   haut, tout en haut, le premier étant 320 Glodjane; le troisième 318

 19   Glodjane [comme interprété]. Il se peut que ce soit une meilleure façon de

 20   citer les rapports d'incidents.

 21   M. RE : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que je vais devoir

 22   attendre jusqu'à ce que les exemplaires de ces documents soient fournis

 23   avec les numéros ERN dans l'ordre. Je vais passer à autre chose et vous

 24   présente mes excuses.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Faites cela comme vous pensez

 26   qu'il conviendra.

 27   M. RE : [interprétation] J'y reviendrai.

 28   Q.  Madame Andjelkovic, pendant que nous attendons l'autre exemplaire, je


Page 582

  1   voudrais vous demander de regarder deux rapports phares, l'un qui est tout

  2   à fait à la fin du lot que vous avez ici. Le premier c'est le rapport

  3   numéro 26. Si vous voulez jeter un coup d'œil rapide à cela, s'il vous

  4   plaît.

  5   Le rapport numéro 26 a pour titre "Droits de l'homme au Kosovo pendant une

  6   période de conflit armé." Ceci a été publié par le "Humanitarian Law

  7   Centre" à Belgrade en mai 1998. J'aimerais que vous regardiez la première

  8   partie de ce rapport.

  9   La première partie a pour titre "Opération de police à Cirez le 28 février

 10   et 1er mars 1998."

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Est-ce que vous avez participé à des investigations concernant ceci ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  La deuxième partie, qui se trouve sur la troisième [comme interprété]

 15   page est intitulée "Opération de police à Donji Prekaze et 6 mars 1998."

 16   Est-ce que vous avez participé aux enquêtes qui ont conduit à la rédaction

 17   de ce rapport ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Le troisième a pour titre à la page 11, "Glodjane, l'affrontement de

 20   mars et ses conséquences," et on dit : "Sur la base de ses recherches

 21   relatives aux événements du village de Glodjane du 24 mars au 22 avril

 22   1998, le HLC a consigné différentes violations graves dans cette période

 23   concernant les droits humains fondamentaux et le droit international

 24   humanitaire." Cette déclaration est faite au HLC par 28 témoins, Albanais

 25   de souche, Serbes et Monténégrins de souche," et ainsi de suite.

 26   Est-ce que vous avez participé aux enquêtes relatives à cet

 27   incident ?

 28   R.  Oui.


Page 583

  1   Q.  Très brièvement, il se peut que vous ayez abordé ceci hier  mais très

  2   brièvement, pourriez-vous dire aux membres de la Chambre quelle a été votre

  3   propre participation dans la préparation de cette partie du rapport.

  4   R.  J'ai interrogé une partie des habitants de ces villages du secteur de

  5   Decane.

  6   Q.  Ce dont il est question avec vos interviews, est-ce qu'on parle d'eux

  7   dans vos rapports d'incident et dans votre journal ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Je reviendrai à cela dans un moment lorsque nous aurons un meilleure

 10   exemplaire du rapport d'incident.

 11   Passons au suivant. Je voudrais vous présenter le rapport suivant qui

 12   fait partie de ce lot. C'est le rapport "Numéro 27 "Spotlight," qui a pour

 13   titre "Disparitions au Kosovo en une période de conflit armé," 15 janvier

 14   au 30 juillet 1998, publié par "Humanitarian Law Centre" du 5 août 1998.

 15   La première partie à la page 1 du rapport a trait - porte un titre.

 16   "Disparition d'Albanais attribuable à la police."

 17   Ma question est: est-ce que vous avez participé ou est-ce que vous avez

 18   apporté une contribution quelconque à la rédaction de ce rapport pour ce

 19   qui est du point numéro 1 ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Le deuxième rapport "Disparitions de Serbes attribuables à l'Armée de

 22   libération du Kosovo." Là encore, est-ce que vous avez contribué à cela ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Le troisième rapport "Disparitions d'Albanais attribuables à l'Armée de

 25   libération du Kosovo." Avez-vous contribué à sa rédaction ?

 26   R.  Non. Je ne me rappelle pas cet élément d'information. Je ne vois pas

 27   cela dans l'une quelconque de mes interviews.

 28   Q.  Numéro 4, juste en dessous c'est "Disparitions de Serbes et de Rom dans


Page 584

  1   des circonstances non éclaircies." Quelle a été votre participation, si

  2   vous avez participé, en ce qui concerne ce rapport ?

  3   R.  J'ai interrogé des familles, un certain nombre de personnes dont la

  4   liste est donnée dans cette section.

  5   Q.  Le dernier rapport porte pour titre "Disparitions d'Albanais dans des

  6   circonstances non éclaircies." On voit que ceci porte le numéro 5. Je vous

  7   pose la même question.

  8   R.  Je ne me rappelle pas, Monsieur, avoir participé à l'une quelconque de

  9   ces interviews. Je ne crois pas.

 10   Q.  Bien. Les documents que je souhaite que vous puissiez voir vont bientôt

 11   arriver, mais je vais vous demander de reprendre le premier rapport

 12   "spotlight" à la partie à propos de laquelle vous avez dit que vous aviez

 13   contribué en ce qui concerne Glodjane. Pourriez-vous, s'il vous plaît,

 14   regarder les rapports d'incidents et identifier quels sont ceux, s'ils

 15   figurent bien là, qui ont trait au rapport du "Humanitarian Law Centre."

 16   R.  Excusez-moi, mais les incidents dont j'ai parlé, où j'ai parlé à des

 17   gens ? Est-ce que vous pourriez me guider un petit peu pour me dire, je ne

 18   sais pas comment les citer, par témoin ou par --

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation] Si je peux faire une suggestion par rapport

 20   à ce que vous aviez fait précédemment en ce qui concerne le numéro de

 21   dossier tout en haut, ce serait peut-être une bonne façon de procéder.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, bien entendu, je ne sais

 23   pas s'il y a des doubles ici, mais je pense que - enfin j'espère que les

 24   dossiers d'habitude ne portent pas le même nom. Pourriez-vous, en parlant

 25   du dossier, dire, par exemple, le premier "E20Glodj.doc," si vous voulez

 26   les citer de cette manière. A ce moment-là, j'espère que nous serons en

 27   mesure de vous suivre.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je répondre maintenant ?


Page 585

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 586

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agirait de E20Glodj; le suivant serait

  3   E19; ensuite E10.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, citer

  5   l'ensemble du titre du document parce qu'il se peut qu'il y ait un E19.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai bien compris que vous aviez parlé

  8   de E20Glodj.doc.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] E19Glodj.doc.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maintenant vous passez ensuite à E10.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Puis, E4Glodj.doc et E3Glodj.doc.

 14   M. RE : [interprétation] Pour le compte rendu, j'ai un exemplaire avec les

 15   numéros ERN. E20Glodj porte le numéro ERN qui est K0577193; E19 porte le

 16   numéro ERN qui est le K057791, E10 a pour numéro ERN le même 7171; le E4,

 17   7209; le E3, 7206.

 18   Q.  Y en a-t-il d'autres qui ont trait à Glodjane ici ?

 19   R.  Pas que j'ai pu voir dans ces documents-ci.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour notre information pour le moment,

 21   les rapports d'incidents sont triés de telle sorte qu'on va dans le sens

 22   dégressif depuis E20, ensuite il y a une deuxième partie qui commence par

 23   E23, E22 et E21. Il y en a au moins trois dans ce classeur. Est-ce que vous

 24   les avez vérifiés aussi, est-ce que vous avez vu si c'est vous qui les avez

 25   rédigés ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce ne sont pas mes rapports, Monsieur le

 27   Président.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, c'est clair. Je vous


Page 587

  1   remercie.

  2   Veuillez poursuivre, Monsieur Re.

  3   M. RE : [interprétation]

  4   Q.  Je voudrais vous demander de regarder maintenant le premier dont vous

  5   avez parlé, à savoir le E10 - non, excusez-moi. Ce que je voulais dire, je

  6   l'ai pris dans le mauvais ordre. Ce que je voulais dire c'était E20. Il

  7   s'agit du rapport qui est tout en haut.

  8   La date du rapport est le 27 avril 1997. La date de l'incident est le

  9   22 avril 1998 et il est question d'une déclaration faite par un certain

 10   Novak Stijovic. Pour que les choses soient bien claires, est-ce que c'est

 11   une déclaration que vous avez recueillie vous-même auprès de cette

 12   personne ?

 13   R.  Oui, c'était une déclaration de M. Stijovic.

 14   Q.  C'est cela que vous avez noté dans le journal qui se trouve maintenant

 15   dans le prétoire ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Est-ce que vous êtes en mesure de retrouver dans quel cahier cela se

 18   trouve ?

 19   M. RE : [interprétation] Uniquement si ceci peut aider la Chambre pour

 20   suivre ce que nous faisons. Je me rends compte que ceci aurait dû être fait

 21   en dehors du prétoire de façon à ce qu'on puisse le présenter directement

 22   mais c'est juste une question d'emploi du temps.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre. S'il y a trop de

 24   confusion, nous interviendrons. Veuillez poursuivre.

 25   Vous pouvez répondre à la question.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Excusez-moi, mais pourrait-on répéter la

 27   question. Je ne suis pas sûre d'avoir compris la question.

 28   M. RE : [interprétation]


Page 588

  1   Q.  Vous avez ici votre journal. C'est un exemplaire de votre journal, le

  2   journal que vous teniez, la traduction anglaise qui est ici. Si vous voulez

  3   bien regarder à la page 13 de celui qui porte, inscrit en bas "Volume 2."

  4   Après le premier feuillet vert, le premier papier vert, je voudrais vous

  5   demander de regarder la page 13. Est-ce que c'est la note que vous avez

  6   prise dans votre journal qui a trait à ce rapport d'incident ?

  7   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Est-ce que vous pourriez être un peu

  8   plus précis, de quoi voulez-vous parler ?

  9   M. RE : [interprétation] Il s'agit de la page 13 --

 10   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Page 13, ensuite quel paragraphe ?

 11   M. RE : [interprétation] Tout en haut de la page, on lit : "Stijovic Novak

 12   et puis cela dit : "Le 22 avril 1998" --

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, vous avez parlé de la

 14   première partie après le feuillet vert et ceci c'est la première partie

 15   après la deuxième page verte. Tout au moins, c'est clair pour nous

 16   maintenant, parce qu'il y a bien une page verte qui sépare les premier et

 17   deuxième textes dans l'ordre.

 18   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Oui, je le vois aussi maintenant.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous l'avons trouvé.

 20   Est-ce que vous l'avez trouvé ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je l'ai trouvé, Monsieur le Président.

 22   M. RE : [interprétation]

 23   Q.  Je voudrais maintenant parler du E19, rapport d'incident suivant.

 24   Rapport du 22 avril 1998 [comme interprété] alors que l'incident lui-même a

 25   eu lieu ce même 22 avril.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, je ne crois pas qu'on vous

 27   ait répondu. Je parle de la dernière question que vous avez posée. La

 28   question que vous avez posée était la suivante : "J'aimerais que nous


Page 589

  1   examinions la page 30 [comme interprété]. Est-ce qu'il s'agit d'une entrée

  2   dans votre journal qui a trait au rapport d'incident ?" Ensuite nous allons

  3   essayer de trouver exactement la page à laquelle vous avez fait référence.

  4   Moi-même, j'ai demandé au témoin si elle avait trouvé la page; elle me l'a

  5   confirmé. Mais on ne peut pas vraiment dire qu'elle ait répondu à votre

  6   question. En tout cas, je ne retrouve pas cela dans le compte rendu

  7   d'audience. Est-ce que vous pourriez essayer de demander au témoin de

  8   répondre à votre question.

  9   M. RE : [interprétation] Oui.

 10   Q.  Madame Andjelkovic, je me suis trompé. Quand vous avez dit que vous

 11   aviez trouvé le passage concerné, j'ai cru que vous aviez confirmé que

 12   c'était bien de votre main.

 13   Pouvez-vous confirmer à la Chambre de première instance qu'il s'agit

 14   bien là de la transcription d'une conversation avec M. Novak Stijovic, une

 15   conversation qui a eu lieu le 27 avril 1998 ?

 16   R.  Oui, c'est une traduction de ce compte rendu.

 17   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Quelle page, s'il vous plaît ?

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La première page.

 19   [La Chambre de première instance se concerte]

 20   M. RE : [interprétation]

 21   Q.  Pages 13, 14 et 15 de cette traduction ?

 22   R.  Oui.

 23   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Vous voulez dire 13, 14, puis les

 24   trois premières lignes de la page 15 ?

 25   M. RE : [interprétation] Oui, c'est tout à fait exact, Monsieur le Juge.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

 28   M. RE : [interprétation]


Page 590

  1   Q.  Quelle était l'appartenance ethnique de M. Novak Stijovic ?

  2   R.  Je ne pense pas qu'il ait précisé quelle était son appartenance

  3   ethnique. Je ne crois pas que je le lui ai d'ailleurs demandé.

  4   Q.  Je voudrais maintenant parler de ce que vous avez mentionné

  5   précédemment, numéro E19, qui a trait à Kostadin Stijovic. Il est indiqué

  6   ici, je cite : "J'ai été fait prisonnier dans mon village, le village de

  7   Pozar, puis j'ai été emmené au QG de Glodjane. Ma belle-fille et ma voisine

  8   Popovic ont été emmenées avec moi. Ils nous ont fait monter dans une

  9   voiture après nous avoir fouillés. Ils ne nous ont posé aucune question.

 10   Quand nous sommes arrivés au QG à Glodjane, ils m'ont interrogé. Ils ont

 11   farfouillé autour de mon chapeau. J'ai répondu que je n'étais plus en

 12   guerre."

 13   Page 15 de votre journal. Est-ce que cela correspond à cette conversation ?

 14   R.  Oui, cela correspond à l'entretien que j'ai eu avec ce monsieur.

 15   Q.  Quand ce M. Kostadin Stijovic dit qu'on l'a fait prisonnier dans son

 16   village et que des gens l'ont fait prisonnier, "ils" m'ont emmené au QG de

 17   Glodjane, est-ce qu'il vous a dit à qui il faisait référence ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Est-ce que vous disposiez d'information, vous, pertinente d'en arriver

 20   à une conclusion quant à l'identité de ce dont il parlait ?

 21   R.  A ce moment-là, la plupart des habitants du village parlaient de "ils"

 22   entre guillemets. Quand ils utilisaient ce vocable, ils faisaient référence

 23   soit à des hommes armés, soit à des gens qu'ils ne connaissaient pas mais

 24   qu'ils voyaient circuler aux alentours dans les villages concernés.

 25   Q.  Quelle était l'appartenance ethnique de ces hommes armés ?

 26   R.  Il ne le dit pas dans ces notes. Non, ce n'est pas indiqué dans le

 27   compte rendu de cet entretien.

 28   Q.  Vous en parlez ensuite de E10, numéro ERN K0577171, rapport du 27 avril


Page 591

  1   1998. Ceci a trait à un incident qui a eu lieu le

  2   18 avril 1998 à la maison de Dragoslav Stojanovic à Dubrava, municipalité

  3   de Decani, au Kosovo. Que pouvez-vous dire aux Juges au sujet de cet

  4   entretien, de cette déclaration que vous avez recueillie dans quelles

  5   circonstances ?

  6   R.  Je me suis entretenu avec l'un des membres de la famille Stojanovic qui

  7   était du village de Decani, à Dubrava.

  8   Q.  J'aimerais que nous examinions la page 9 du deuxième volume de vos

  9   cahiers. Cela se trouve après le deuxième intercalaire vert. En fait, il

 10   s'agit du même volume de notes que vous aviez consultées précédemment,

 11   numéro ERN U00-30624, Stojanovic, Mijat, Dragoslav. Pages 9 à 12. Ce

 12   passage semble avoir trait à M. Mijat Stojanovic. J'ai évoqué la chose

 13   brièvement hier. Est-ce que c'est l'entrée de votre journal qui correspond

 14   justement à ce rapport d'incidents ?

 15   R.  Oui. Oui, c'est cela. C'est une transcription de l'entretien que j'ai

 16   eu en avril 1998.

 17   Q.  Dans votre journal vous parlez d'un incident qui a eu lieu avant

 18   Pâques. Mijat Stojanovic, j'imagine que c'est un Serbe, vu son nom ?

 19   R.  Si je me souviens bien, ils se présentaient comme étant des

 20   Monténégrins.

 21   Q.  Ici, il est question d'un incident au cours duquel dix à

 22   15 soldats sont entrés chez lui dans sa maison. Ils se sont constitués

 23   prisonniers. Les soldats se sont mis à rouer de coups un certain D. D,

 24   c'est qui ? Dragoslav ?

 25   R.  Oui. D, c'est Dragoslav.

 26   Q.  "Ils se sont mis à frapper avec les crosses de leurs fusils, à lui

 27   donner des coups de pied avec leurs rangers. Nous sommes deux," je continue

 28   à citer "donc, avoir reçu l'ordre de nous allonger par terre à côté de


Page 592

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 593

  1   Dragoslav. Ils nous ont battus nous aussi, ensuite Nasim Haradinaj est

  2   entré et les sévices se sont poursuivis. Le QG se trouvait à 800 mètres, à

  3   1 kilomètre de là dans la maison de Nasim Haradinaj, une maison qui était

  4   vide depuis les années 90."

  5   A quel quartier général faites-vous référence ou M. Stojanovic fait-

  6   il référence dans ce passage de votre journal ?

  7   R.  D'après les dires de M. Stojanovic, il s'agissait d'un quartier général

  8   de l'UCK.

  9   Q.  L'incident suivant auquel vous faites référence c'est le E4, avec un

 10   rapport en date du 9 avril 1997. Il s'agit d'un enlèvement qui a eu lieu le

 11   14 septembre 1997. Ce n'est pas ce qui m'intéresse.

 12   Ce qui m'intéresse c'est le 24 mars 1998, Dubrava, Kosovo. Ceci a

 13   trait à Dragoslav Stojanovic. Il déclare, ou il est indiqué ici

 14   que : "C'est une déclaration recueillie auprès de Dragoslav Stojanovic le

 15   mardi 24 mars --" Il parle de sa mère et de son frère qui étaient à

 16   Dubrava. Il dit que : "Dans la maison voisine, on a ouvert le feu avec des

 17   lance-roquettes à cinq ou six reprises ainsi qu'avec des mitraillettes. Les

 18   tirs ont duré 15 minutes. La police est arrivée, est entrée dans notre

 19   jardin. Ils ont ouvert le feu sur la maison des Haradinaj où il y avait des

 20   OVK." On indique ici qu'il s'agit des membres de l'UCK.

 21   Incident donc dans la maison des Haradinaj le 24 mars 1998 ?

 22   R.  Oui, c'est ce dont il s'agit.

 23   Q.  J'aimerais qu'on passe maintenant au volume 1. C'est la première liasse

 24   de documents que vous trouvez dans ce classeur. Veuillez vous reporter à la

 25   page numéro 10. Pouvez-vous nous dire si le passage concerné qui se trouve

 26   au milieu de la page où on peut lire "9 avril, D. Stojanovic," un passage

 27   qui se poursuit --

 28   R.  Oui, il s'agit de la traduction de cet entretien. On la trouve à la


Page 594

  1   page 10.

  2   Q.  Incident suivant, c'est le E3. Rapport du 9 avril 1998 et qui a trait à

  3   un incident ayant eu lieu le 24 mars 1998, intitulé "Déclaration de Ljubisa

  4   Stojanovic," qui dit : "Je n'avais pas encore été encore attaqué par les

  5   Albanais jusqu'à présent. J'espère pouvoir entrer chez moi bientôt, jusqu'à

  6   ce que la police arrive. J'étais avec eux, avec les Albanais tous les

  7   jours. Notre maison était la seule maison serbe du village. Ils ont pris

  8   mon fils Dragoslav à la fin du mois de février, ils l'ont arrêté. Ils ont

  9   pris son pistolet, ensuite, ils le lui ont rendu," et cetera. M. Ljubica

 10   Stojanovic, est-ce que c'est un Serbe, ou plutôt est-ce que c'est une

 11   Serbe, cette dame ?

 12   R.  Si je me souviens bien, elle estimait être Monténégrine. C'est ainsi

 13   qu'elle se décrivait.

 14   Q.  J'aimerais qu'on passe à la page 11 du volume de documents auquel je

 15   viens de faire référence à l'instant, le volume 1. Tout en bas de la page,

 16   on peut lire la chose suivante : "LJS sont dans le pays depuis 75 ans. 65

 17   ans [comme interprété]. Ils ne m'ont pas attaqué. J'ai l'intention de

 18   retourner," et cetera, et cetera.

 19   Est-ce que c'est dans votre journal le passage qui correspond à ce dont

 20   nous venons de parler ?

 21   R.  Oui, c'est la traduction de ce qu'on retrouve dans une partie du

 22   cahier.

 23   Q.  Deuxième rapport, deuxième rapport "Spotlight" numéro 2 -- ou plutôt

 24   numéro 27.

 25   Première partie, "Disparition des Albanais pouvant être attribuée à la

 26   police."J'aimerais que nous procédions exactement au même exercice. Il y a

 27   un post-it qui va vous indiquer l'emplacement du rapport "spotlight" numéro

 28   27. Je voudrais ensuite que dans les rapports relatifs aux incidents vous


Page 595

  1   nous indiquez quels sont ceux qui ont permis de préparer le rapport

  2   "Spotlight" numéro 27 qui ont servi d'information de base à la préparation

  3   de ce rapport 27.

  4   R.  Si j'ai bien compris, vous voudriez que je fasse le lien entre les

  5   résumés qui figure dans le rapport "spot" et les rapports que j'ai moi-même

  6   établis et qui portaient sur un certain nombre d'incidents ?

  7   Q.  C'est tout à fait cela.

  8   R.  Je ne pense pas que vous disposiez de ces rapports.

  9   Q.  En vous reportant au journal que vous avez sous les yeux, aux

 10   différents journaux, est-ce que vous pouvez indiquer les passages de ce

 11   journal ou de ces journaux qui ont été utilisés pour préparer ce rapport ?

 12   R.  Je peux, si cela ne vous gêne pas, consulter certaines notes que j'ai

 13   prises quand j'ai entendu pour la première fois parler d'un certain nombre

 14   de personnes âgées qui avaient disparu et de leurs noms.

 15   Q.  Certainement.

 16   R.  Oui, c'était M. Labovic qui m'en a parlé pour la première fois. C'est

 17   lui qui m'a déclaré qu'il y avait un certain nombre de personnes âgées dont

 18   on n'avait plus aucune nouvelle. On ignorait totalement où elles se

 19   trouvaient.

 20   M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

 21   J'hésite à interrompre les débats, mais je suis un petit peu perdu. Le

 22   témoin nous dit qu'elle a consulté des notes. Je ne sais pas de quoi il

 23   s'agit.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame, on vous a demandé si dans votre

 25   journal, dans votre cahier, vous étiez en mesure de trouver des notes

 26   correspondantes, puisque vous n'avez pas trouvé d'incidents, des rapports

 27   d'incidents correspondants. Est-ce que vous pourriez nous dire exactement

 28   ce à quoi vous venez de faire référence ?


Page 596

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais essayer de trouver cela dans la

  2   traduction des cahiers. Là où j'ai trouvé une référence à celle-ci, c'est

  3   dans une copie de ma première déclaration faite il y a quatre ans.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous l'avez sous les yeux à ce moment.

  5   Aucun problème. Rassurez-vous. C'est simplement que j'essayais de voir ce

  6   qu'il en était.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez la traduction sous les yeux,

  9   n'est-ce pas ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois qu'elle a également sous les yeux

 13   sa déclaration, il me semble. Enfin, je n'en mettrais pas ma main au feu,

 14   mais il me semble que c'est à ce document-là que le témoin vient de faire

 15   référence.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame le Témoin, surtout il ne faut pas

 17   que vous consultiez des documents dont on ne vous demande pas expressément

 18   de consulter.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis confuse.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Surtout ne vous excusez pas. Personne ne

 21   vous l'a dit. Surtout ne vous laissez pas déstabiliser. Nous essayons tout

 22   simplement de faire en sorte que les débats se déroulent de la meilleure

 23   manière possible. Je ne sais pas exactement quels documents vous avez sous

 24   les yeux, mais je regarde le compte rendu, vous nous avez parlé d'un

 25   certain monsieur dont le nom figure dans votre première déclaration.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Uros Labovic.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est en consultant cette première

 28   déclaration que vous vous êtes souvenue de cela.


Page 597

  1   Monsieur Re, ici on est en train de chercher des références dans certains

  2   documents. Je ne sais pas si la Défense en a été informée, si elle aurait

  3   quelque objection que ce soit que vous aidiez le témoin à s'y retrouver.

  4   M. EMMERSON : [interprétation] Aucune objection. Si M. Re a des références,

  5   je suis tout à fait prêt à accepter qu'il les utilise.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, pourra aider le témoin à

  7   s'y retrouver.

  8   M. RE : [interprétation]

  9   Q.  On en a parlé hier. Il s'agit des Serbes enlevés, Milos Radunovic, et

 10   cetera. Page 17 du volume 2. Deuxième liasse de documents.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Andjelkovic, avez-vous trouvé le

 12   passage concerné qui se trouve à la page 17 dans le deuxième jeu de

 13   documents ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, merci.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re.

 16   M. RE : [interprétation]

 17   Q.  Vous souvenez-vous avoir, oui ou non, établi un rapport d'incident au

 18   sujet de cet incident particulier, celui dont vous parlez dans votre

 19   journal à cet endroit ?

 20   R.  Je crois que oui. Je crois qu'à ce moment-là j'ai préparé tous les

 21   rapports correspondants. Mais une fois que ces rapports je les avais

 22   déposés, ils cessaient de m'intéresser. Je n'y ai pas accès. Forcément, il

 23   a dû y avoir un rapport qui a suivi mon entretien avec M. Labovic.

 24   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Afin de vérifier la chose, pourrais-

 25   je vous demander si vous avez, dans votre journal ou dans vos notes, porté

 26   une indication quelconque indiquant que vous aviez déposé un rapport

 27   correspondant au passage en question ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Malheureusement, non. Permettez-moi de vous


Page 598

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 599

  1   expliquer que ces notes c'étaient des notes personnelles. Elles n'avaient

  2   aucun objectif particulier au départ. Si bien qu'on y trouve parfois des

  3   informations qui sont présentées de manière très télégraphique. Il

  4   s'agissait pour moi de prendre des notes rapidement, ensuite ces

  5   informations-là, je les transformais en un autre document.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Nous y reviendrons peut-être plus

  7   tard.

  8   M. RE : [interprétation]

  9   Q.  Dans ce rapport "Spotlight" numéro 27, j'aimerais que nous nous

 10   reportions à la deuxième partie qui a trait à : "La disparition des Serbes

 11   imputable à l'UCK." Vous aviez précédemment expliqué à la Chambre de

 12   première instance que vous aviez réuni des informations ayant permis

 13   l'élaboration de ce rapport.

 14   Au point 2.1, nous avons un passage qui a trait à : "La disparition

 15   inexpliquée de Dara et Vukosava Vujosevic ainsi que Milovan et Milka

 16   Vlahovic de Gornji Ratis." On peut y lire que : "Lorsque l'UCK a pris

 17   contrôle de cette zone, des personnes se sont réfugiées au centre de

 18   vacances de jeunes dans la ville de Decani à proximité du monastère

 19   médiéval de Decani."

 20   On peut lire ensuite que : "La fille des Vlahovic, qui avait quitté

 21   le village avec son frère le 21 avril, a expliqué qu'ils avaient essayé de

 22   rentrer le lendemain pour voir leurs parents, mais que des membres de l'UCK

 23   les avaient fait rebrousser chemin."

 24   De quelle manière avez-vous contribué à l'élaboration de cette partie-là du

 25   rapport ?

 26   R.  J'ai parlé avec des gens du coin.

 27   Q.  Ce qu'ils vous ont dit, cela correspond à ce qu'on voit dans ce

 28   rapport ?


Page 600

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Point suivant, 2.2. "Slobodan Radosevic et Radunovic Milica." Il est

  3   indiqué que :

  4   "L'UCK s'est emparée de cette zone en avril, que la plupart des

  5   Serbes ont quitté la zone. Sauf Slobodan Radosevic est resté avec les gens

  6   de la famille Markovic, Milica Radunovic, et cetera - on a essayé de

  7   rentrer le lendemain - qu'ils ont été interceptés par des membres de l'UCK

  8   et emmenés au quartier général de l'UCK à Glodjane où on leur a dit que

  9   Stanisa avait été victime d'une agression. Ils ont été libérés le

 10   lendemain, mais on ne leur a pas permis de rentrer à Dasinovac," et cetera.

 11   De quelle manière avez-vous contribué à l'élaboration de cette partie du

 12   rapport ?

 13   R.  Bon. Déjà les gens du village m'ont donné les noms. Il y avait un

 14   certain nombre de personnes dont on ignorait totalement ce qu'il leur était

 15   arrivé. Cela, c'est une chose. En deuxième lieu, j'ai parlé avec la fille

 16   de Radunovic, plutôt, sa belle-fille. Seulement, je ne me souviens pas,

 17   c'était plus tard. Franchement, je ne sais pas si c'était en mai, à Peje,

 18   ou si c'était plus tard. Je ne sais pas.

 19   Q.  Ensuite, il est indiqué que : "Des proches ont entendu qu'ils avaient

 20   été enterrés au bord de la route à Glodjane, mais personne n'a vu ce lieu

 21   d'inhumation."

 22   C'est ce qu'on lit dans le rapport. Comment se fait-il que cela

 23   figure dans le rapport, à partir de quelles informations ?

 24   R.  Il faut savoir que j'avais une collègue qui est allée s'entretenir avec

 25   d'autres membres de ces familles. Si je ne me trompe, la belle-fille des

 26   Radunovic a déclaré que les membres de la famille essayaient, par

 27   l'intermédiaire de certains de leurs voisins et de leurs amis albanais,

 28   d'obtenir des informations, des informations relatives à ce qui était


Page 601

  1   arrivé à ce couple, à ce couple Radunovic, parce que les membres de la

  2   famille en question, ils avaient peur de retourner au village en personne.

  3   Mais il est possible qu'il y ait d'autres informations qui aient été

  4   communiquées par d'autres sources. Il faut savoir que ce rapport, cela

  5   rassemble plusieurs sources. Je ne suis pas la seule à avoir contribué à

  6   son élaboration. C'est un assistant juridique du HLC qui a été chargé

  7   d'élaborer ce rapport.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Guy-Smith.

  9   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'ai une

 10   question qu'il faudrait peut-être poser à huis clos partiel. Il a été

 11   question d'un collègue ou d'une collègue du témoin. Je ne sais pas s'il

 12   conviendrait d'en donner le nom. Je me dis que ceci pourrait être évoqué

 13   soit lors du contre-interrogatoire, soit tout de suite peut-être. Peut-être

 14   serait-ce la meilleure solution, puisque le témoin nous dit qu'elle s'est

 15   appuyée sur des informations fournies par un collègue. Mais si ce ou cette

 16   collègue bénéficie de mesures de protection, je ne voudrais surtout pas

 17   m'aventurer à exiger son nom.

 18   [La Chambre de première instance se concerte] 

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Guy-Smith, je ne suis pas sûr

 20   d'avoir parfaitement compris ce que vous avez dit, mais si le témoin

 21   souhaite citer le nom d'un ou d'une collègue, alors vous nous suggérez de

 22   proposer au témoin de passer à huis clos partiel, n'est-ce pas ?

 23   M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est uniquement parce qu'il y a peut-être

 24   un certain flou quant à la façon de procéder en l'espèce, je pensais

 25   intervenir au préalable.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame le Témoin, nous en avons parlé

 27   hier, si vous hésitez à citer des noms parce que vous avez des craintes

 28   relatives à la sécurité de ces personnes ou autres, étant donné que vous


Page 602

  1   n'avez pas eu la possibilité de les consulter au préalable, alors adressez-

  2   vous à moi et je verrai s'il est opportun de passer à huis clos partiel ou

  3   non.

  4   Avant de le faire, je vois que l'heure tourne. Monsieur Re, hier je

  5   vous ai indiqué que vous disposeriez d'une heure au maximum. Cela fait

  6   maintenant 60 minutes que ce témoin est entré dans le prétoire. Par

  7   conséquent, si je déduis le temps que nous avons consacré aux questions de

  8   procédure avant que le témoin n'entre dans le prétoire, cela nous amène au

  9   temps que j'ai indiqué. Par ailleurs, il y a eu un certain temps qui a été

 10   perdu suite à une confusion. Enfin, je ne vois pas de partie à qui on

 11   pourrait imputer le temps que nous avons perdu, ce qui m'amène à conclure

 12   qu'il vous reste huit à dix minutes pour achever votre interrogatoire

 13   principal. Veuillez poursuivre.

 14   M. RE : [interprétation]

 15   Q.  Madame Andjelkovic, j'aimerais vous demander d'examiner le point 2.1

 16   qui dit : "Disparitions des Serbes imputables à l'Armée de libération du

 17   Kosovo." Le point 2.1 -- oui, je viens de le dire, je vous prie de

 18   m'excuser.

 19   J'aimerais vous demander d'examiner le point 2.24 en page 13, intitulé --

 20   ou plutôt le 2.24 : "Enlèvement d'un officier de police, Nikola Jovanovic

 21   et Rado Popadic."

 22   Où l'on parle des sources qui sont les médias de Belgrade, mais avez-

 23   vous joué un rôle quelconque dans la compilation de ce rapport ?

 24   R.  Non, je ne me souviens pas avoir interrogé quiconque.

 25   Q.  Pourriez-vous nous dire aux fins du compte rendu d'audience, compte

 26   tenu du temps qu'il nous reste, quel est le numéro et l'intitulé de la

 27   partie du rapport à laquelle vous avez contribué ? Si vous parcourez ce

 28   rapport depuis le début, est-ce que vous pourriez nous dire, aux fins du


Page 603

  1   compte rendu d'audience, quelle est la partie où vous avez aidé à trouver

  2   la source ?

  3   R.  Il s'agirait du 2.1 que nous avons déjà évoqué, du 2.2, du 2.5, -- non

  4   je vous prie de m'excuser. Non pas de 2.5 mais 2.6 : "Détention arbitraire

  5   de trois femmes de Veliki Djurdjevak," je crois que c'est l'autre nom. Le

  6   2.7, 2.8, 2.10 --

  7   M. EMMERSON : [interprétation] Désolé, de me lever à ce stade, je n'ai pas

  8   d'objection, mais ce rapport couvre une région plus vaste que la région

  9   couverte par l'acte d'accusation, et les passages auxquels elle fait

 10   référence le témoin à présent sont des passages qui ont été traités dans le

 11   cadre de sa déclaration de témoin dont l'Accusation a indiqué qu'ils

 12   n'étaient pas pertinents en rapport avec ce procès et que l'Accusation

 13   n'avait pas l'intention de présenter. Je n'ai pas d'objection, mais je

 14   souhaitais vous en informer.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, peut-être pouvez-vous

 16   réagir ultérieurement à cette objection.

 17   M. RE : [interprétation] J'essaie de demander au témoin d'identifier les

 18   parties pertinentes.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est 2.11, 2.12, 2.15. Est-ce que vous

 20   souhaitez que je poursuive avec le dernier paragraphe, avec la dernière

 21   partie ?

 22   La dernière partie intitulée : "Disparitions de Serbes et de Rom dans

 23   des circonstances non éclaircies," c'est le 4.5.

 24   M. RE : [interprétation] Le point 4.5.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, le 4.5.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Etant donné que vous avez donné lecture

 27   de l'intitulé d'un des paragraphes précédents, pouvez-vous nous redonner

 28   lecture de cet intitulé pour que nous soyons bien sûrs que nous examinons


Page 604

  1   le même paragraphe.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Le paragraphe 4, Romain (iv) : "Disparitions

  3   de Serbes et de Rom dans des circonstances non éclaircies.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et le 4.5 se lit ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] "Radomir et Dragutin Vostic de Jelovac."

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Y en a-t-il d'autres dans ce

  7   paragraphe ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne pense pas.

  9   M. RE : [interprétation]

 10   Q.  Madame Andjelkovic, il y a encore deux choses dont j'aimerais parler

 11   avant de finir. Tout d'abord, j'aimerais que vous examiniez le reste des

 12   rapports d'incidents et que vous en identifiiez d'autres éventuellement où

 13   vous avez aidé à la compilation du rapport. Vous avez identifié Glodjane

 14   uniquement précédemment. J'aimerais que vous nous communiquiez ces

 15   rapports-là aux fins du compte rendu d'audience, puis je vous poserai

 16   quelques questions au sujet de vos observations générales, ce qui m'amènera

 17   au terme de mon interrogatoire principal.

 18   Est-ce que vous pouvez reprendre les rapports d'incidents ? Est-ce qu'il y

 19   en a certains que vous n'avez pas mentionnés précédemment, parce que

 20   précédemment vous avez uniquement mentionné ceux en rapport ave Glodjane ?

 21   R.  Je n'en vois pas ici.

 22   Q.  Très bien. Vous nous avez dit que vous vous êtes rendue au Kosovo à

 23   différentes reprises en tant que travailleur humanitaire et que vous vous

 24   êtes entretenu avec des Serbes qui vous ont dit qu'ils avaient dû quitter

 25   leurs maisons et qui se sont retrouvés pris dans des affrontements armés

 26   avec l'UCK et avec des Albanais armés; ce qui figure dans les rapports

 27   d'incidents. Est-ce que sur la base de ce qu'ils vous ont dit, il y avait

 28   un quelconque élément qui vous a permis de tirer des conclusions sur ce qui


Page 605

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 606

  1   se passait sur place, sur la base de votre expérience, sur la base de vos

  2   observations, sur la base de ce que vous avez pu entendre ou ce que vous

  3   avez pu voir ?

  4   M. EMMERSON : [interprétation] Je vous prie de m'excuser. Je pense que les

  5   Juges de la Chambre comprennent la nature de ma préoccupation. Il s'agit

  6   précisément de ceux que vous aviez évoqués.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Re a formulé sa question de façon

  8   attentive, il n'a pas demandé au témoin de tirer des conclusions, mais

  9   uniquement de parler de faits.

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Je crois qu'à la ligne 16, il dit : "Est-ce

 11   que cela vous a permis de tirer des conclusions ?"

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'a pas demandé au témoin de donner

 13   ces conclusions, mais uniquement s'il y avait des faits qui --

 14   M. EMMERSON : [interprétation] Je m'excuse.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Andjelkovic, vous êtes invitée à

 16   nous dire ce que vous avez pu observer, ce qui a attiré votre attention et

 17   qui vous a permis de tirer des conclusions.

 18   Les conclusions que vous avez tirées ne nous intéressent pas à ce stade,

 19   mais uniquement les observations que vous avez pu faire, qui vous donnaient

 20   des raisons de penser que telle ou telle chose s'était passée.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien, je comprends. Les observations que

 22   j'ai pu faire -- tout d'abord, il y avait une tension accrue dans des

 23   localités de moindre importance, comme Decane ou alors Peje/Pec, une ville

 24   dans l'ouest du Kosovo. Il y avait davantage de présence policière et tout

 25   le monde était très nerveux. Ensuite, sur la base de mes entretiens avec un

 26   certain nombre d'habitants de ces villages, j'ai pu constater qu'il y avait

 27   des craintes de plus en plus marquées. Après Pâques cette année-là, les

 28   gens que j'ai pu interroger m'ont dit que la plupart des villageois


Page 607

  1   d'origine ethnique serbe ou monténégrine étaient partis et s'étaient rendus

  2   dans des villes plus importantes comme Gjakova, Decane ou ailleurs,

  3   retrouver des membres de leur famille.

  4   M. RE : [interprétation]

  5   Q.  De façon générale, quelles sont les raisons qu'ils vous ont données

  6   pour expliquer leur départ et où se sont-ils rendus ?

  7   R.  Les villageois à qui j'ai pu parler -- avant la mi-avril, les premiers

  8   à partir étaient généralement ceux qui avaient des enfants en bas âge. Par

  9   conséquent, ils souhaitaient se rendre dans un endroit plus sûr --

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je me permets de vous interrompre un

 11   instant. Vous ont-ils dit : Ma femme est partie ou ma famille est partie

 12   parce que nous avons des enfants en bas âge ? Ou  avez-vous pu observer

 13   cela et est-ce que vous avez interprété que c'était la raison qui les avait

 14   poussés à partir ? Est-ce que c'est ce qu'ils vous ont dit ou est-ce que

 15   c'est ce que vous avez observé ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a deux cas qui me viennent à l'esprit

 17   maintenant où des gens m'ont dit : J'ai des enfants en bas âge, je ne peux

 18   pas rester. Il y avait ceux-là, puis comme je l'ai dit, aux postes de

 19   contrôle de la police les gens étaient nerveux, il y avait une tension

 20   accrue. Effectivement, j'ai été arrêtée à différentes reprises.

 21   M. RE : [interprétation]

 22   Q.  Sur la base de tout ce que vous avez pu voir et entendre dans cette

 23   partie du Kosovo en mars et avril ainsi qu'au mois de

 24   mai 1998, qu'est-ce qui se passait, selon vous ?

 25   R.  Mon sentiment était qu'il y avait des hommes armés dans certains

 26   villages, dans la zone de Dukagjin, et que les deux raisons principales qui

 27   expliquaient que certaines personnes quittent ces villages était soit une

 28   insécurité générale, soit plus tard, aux alentours de Pâques, qu'elles


Page 608

  1   avaient été arrêtées par des hommes armés ou qu'elles avaient été

  2   interrogées.

  3   Q.  Sur la base de tout ce que vous avez pu voir et entendre, qui étaient

  4   ces hommes armés, selon vous ?

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, pourriez-vous, je vous

  6   prie, plus précisément demander au témoin quelles étaient ces sources ? Car

  7   la question est vague et l'on peut dire que l'on peut avoir un certain

  8   point de vue, parce qu'un certain nombre d'éléments me permettent de tirer

  9   telle ou telle conclusion, ou alors on peut adopter une approche

 10   analytique. Je crois qu'il faut être extrêmement précis ici.

 11   Peut-être, pourrions-nous aider le témoin. Madame Andjelkovic, M. Re

 12   vous a demandé qui étaient ces hommes armés ? Si vous répondez à cette

 13   question, je vous demanderais de nous dire très précisément si vous pensiez

 14   cela sur la base de ce qu'on vous avait dit; ensuite qui vous l'avait dit;

 15   et ainsi que ce qu'ils vous ont dit exactement.  C'est une question

 16   générale, mais je vous demanderais d'être aussi précise que possible dans

 17   votre réponse quant aux sources, quant aux fondements qui vous ont permis

 18   d'être de cet avis.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que j'ai cru comprendre sur la base des

 20   entretiens que j'ai pu avoir avec différentes personnes, c'est qu'ils

 21   avaient peur de groupes armés qui parlaient albanais. Certains villageois à

 22   qui j'ai parlé ont parlé d'hommes qui portaient un uniforme, d'autres

 23   parlaient d'hommes en civil, mais armés. Je dois avouer que je n'ai vu

 24   personne, que cela repose uniquement sur ce que certaines personnes avec

 25   qui j'ai pu parler m'ont dit. Il y avait également ce que la police disait

 26   aux postes de contrôle --

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il s'agissait là de la langue

 28   que parlaient ces hommes armés ? Est-ce que c'est cela que vous essayez de


Page 609

  1   dire ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Pour ce qui est de la police ?

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Vous nous dites que c'est sur la

  4   base de ce que disait la police.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous avez dit qu'il y en avait en

  7   uniforme, d'autres qui ne portaient pas d'uniforme. Mais il y avait la

  8   question de la langue. Que disait la police exactement à ce sujet ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Sur ce point-là, la police disait que ces

 10   gens-là étaient des terroristes, rien de plus.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ils ne disaient rien au sujet de la

 12   langue ou autres ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Mais ils les désignaient toujours sous

 14   cette appellation-là.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous avez dit que les villageois

 16   avaient peur de gens qui parlaient albanais ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que cette référence à la langue

 19   qu'ils parlaient revenait dans toutes les déclarations de ces personnes ou

 20   uniquement la moitié ? J'essaie de savoir combien de personnes sur les

 21   personnes à qui vous avez parlé ont mentionné la langue que parlaient ces

 22   hommes armés ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Après Pâques, à Decane, j'ai parlé à un petit

 24   nombre de villageois qui ont évoqué cette question de la langue et qui ont

 25   dit qu'ils parlaient albanais, mais également en serbe si eux ne

 26   comprenaient pas. Par ailleurs, au préalable, je ne me souviens plus

 27   exactement, mais j'ai vu ici que cet entretien a été traduit. Un jeune

 28   garçon à qui j'ai pu parler à l'hôpital de Peje a également indiqué qu'un


Page 610

  1   groupe de personnes l'a arrêté et qu'ils lui ont adressé la parole en

  2   albanais. Quand ils ont vu qu'il ne comprenait, ils leur ont parlé en

  3   serbe.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous dites "un petit nombre,"

  5   quelques personnes. Que faut-il entendre par là, 5, 10, 50 ?

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Je dirais une demi-douzaine.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Sur la totalité des personnes que vous

  8   avez interrogées ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Pendant toute la période ou à ce moment-là ?

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] A ce moment-là.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Vingt personnes, je dirais, 20 villageois.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, avez-vous d'autres

 13   questions ? Parce que vous avez déjà épuisé les huit à dix minutes que je

 14   vous avais accordées.

 15   M. RE : [interprétation] J'aimerais peut-être préciser quelque chose à ce

 16   sujet si vous m'y autorisez.

 17   Q.  Ces hommes armés, est-ce qu'on vous a dit que ces hommes armés étaient

 18   Serbes, s'il s'agissait de la police militaire serbe ou de quelqu'un

 19   d'autre ?

 20   R.  Non. Lorsque les villageois parlaient de la police, ils disaient

 21   toujours "la police."

 22   Q.  Quelle était l'origine ethnique de ces personnes qui vous disaient

 23   qu'elles craignaient ces hommes armés qui n'étaient pas la police serbe, et

 24   cetera, quelle était leur origine ethnique ?

 25   R.  Je vous prie de m'excuser.

 26   Q.  Ceux qui craignaient ces hommes armés, de quelle appartenance ethnique

 27   étaient-ils ?

 28   R.  La plupart des gens avec qui j'ai pu parler à ce moment-là se


Page 611

  1   décrivaient comme des personnes d'origine ethnique serbe ou alors des

  2   Monténégrins, des Chrétiens orthodoxes, mais au Kosovo parfois les gens se

  3   disent Serbes ou Monténégrins.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, j'imagine que cela nous

  5   amène au terme de votre interrogatoire principal ?

  6   Madame Andjelkovic, nous espérions pouvoir achever l'interrogatoire

  7   principal en une heure, mais cela n'a malheureusement pas été possible.

  8   Je me tourne vers Me Emmerson pour nous dire de combien de temps il a

  9   besoin pour se préparer ?

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Je ne pense pas que nous ayons besoin de

 11   trop longtemps. Par contre, il y a quelques questions où j'aurais besoin de

 12   précisions pratiques de la part des Juges de la Chambre. 

 13   Par exemple, j'avais l'intention de contre-interroger le témoin sur la base

 14   des documents électroniques dans le système e-court plutôt que sur la base

 15   du classeur papier. Mais j'ai pu constater que les Juges de la Chambre ont

 16   apporté des annotations pendant la déposition de ce témoin. Par conséquent,

 17   je m'en remets à vous. Il semblerait que M. Re n'ait pas chargé ce document

 18   dans le système e-court, mais je n'ai pas de références croisées avec les

 19   copies papier.

 20   [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La greffière d'audience, elle non

 22   plus n'a pas parfaitement compris quels sont les documents pertinents.

 23   Peut-être pourriez-vous travailler sur la base de la version papier et

 24   peut-être qu'à titre exceptionnel, nous pourrions le faire étant donné que

 25   c'est la première fois que je siège dans une affaire où il y a le système

 26   e-court qui est utilisé.

 27   M. EMMERSON : [interprétation] Mais cela exige un certain temps pour que

 28   nous établissions des correspondances. Par ailleurs, nous devrons parcourir


Page 612

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 613

  1   tous ces documents dans le classeur en papier, par conséquent, cela exigera

  2   plus de temps.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De combien de temps avez-vous besoin.

  4   Nous allons faire une pause pendant le temps dont vous avez besoin.

  5   M. EMMERSON : [interprétation] Je serai certainement prêt à

  6   17 heures, j'espère même être prêt avant.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas, je crois que nous pouvons

  8   reprendre à 17 heures. Ce serait plus pratique.

  9   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, je serai prêt à 17 heures et je ne vais

 10   pas être trop long.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] Pour être bien sûr de la façon dont nous

 12   allons procéder, je me demande si nous ne pourrions pas utiliser ce

 13   classeur que nous avons tous reçu et le désigner aux fins d'identification

 14   comme pièce P3 parce que j'étais sur le point de contre-interroger sur la

 15   base des pièces P1 et P2, et je souhaite être certain d'avoir bien compris.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que le matériel que vous

 17   souhaitez utiliser figure également dans le classeur que nous avons reçu

 18   aujourd'hui.

 19   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, je pense.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience même s'il

 21   y a différents documents dans ce classeur, peut-être pourrions-nous nous

 22   consulter pendant la pause pour voir comment nous allons enregistrer ce

 23   document à ce stade. Je suis d'accord avec Me Guy-Smith, nous sommes dans

 24   la confusion la plus totale, mais nous allons néanmoins essayer de nous en

 25   sortir.

 26   Maître Harvey.

 27   M. HARVEY : [interprétation] Je ne vais pas pour ma part, ajouter à la

 28   confusion.


Page 614

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Harvey pour cette

  2   contribution particulièrement utile.

  3   Nous allons suspendre l'audience et nous reprendrons à

  4   17 heures. Nous allons faire une pause de 50 minutes.

  5   Madame Andjelkovic, après quoi c'est les conseils de la Défense qui

  6   vont vous contre-interroger.

  7   --- L'audience est suspendue à 16 heures 11.

  8   --- L'audience est reprise à 17 heures 08.

  9   M. RE : [interprétation] Monsieur le Président, avant que le contre-

 10   interrogatoire ne commence, il y avait une question dont je souhaiterais

 11   vous entretenir en audience à huis clos pour commencer. Je devais vous

 12   répondre peut-être que je pourrais vous donner la réponse en audience

 13   publique.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela dépend de la réponse, d'après ce

 15   que je comprends, si vous pouvez. J'ai aussi une toute petite question de

 16   procédure que je souhaiterais régler de façon à ce que tout un chacun soit

 17   à même de poursuivre sur ce qu'il faut faire.

 18   C'est-à-dire qu'il y avait une requête pour avoir une vidéoconférence

 19   et cette requête est rejetée et je donnerai les raisons par la suite. Cela

 20   c'était en bref. Quant à savoir si je donnerai les raisons verbalement ou

 21   par écrit, c'est une autre question. Mais nous essayons de formuler les

 22   choses d'une façon aussi précise que possible. Pour votre information,

 23   cette requête est rejetée.

 24   L'autre question, voyez si vous pouvez être tout aussi bref que je

 25   l'ai été sur cette question.

 26   M. RE : [interprétation] Si je peux demander qu'on aille en audience à huis

 27   partiel pour un moment. Ce n'est pas un problème que le témoin soit là.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Emmerson.


Page 615

  1   M. EMMERSON : [interprétation] Je pense que j'ai une idée de la façon dont

  2   M. Re va répondre et lorsqu'il répondra --

  3   M. RE : [interprétation] Excusez-moi.

  4   M. EMMERSON : [interprétation] Il voudrait peut-être mieux qu'on traite de

  5   cette question à la fin de l'audience à moins que ce ne soit terriblement

  6   urgent.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On en traitera à la fin de l'audience.

  8   Je dois par ailleurs vous affirmer qu'il y a une autre décision,

  9   laquelle nous devons rendre. Ceci nous le ferons également après avoir

 10   entendu la déposition du témoin.

 11   Du point de vue pratique, je dirais que la situation à l'heure

 12   actuelle, en ce qui concerne les pièces à conviction, est la

 13   suivante : nous avons examiné le contenu du classeur d'aujourd'hui. Nous

 14   voyons qu'il y a une traduction provisoire du cahier numéro 1, avec une

 15   séquence qui n'est pas une séquence ERN des numéros mais suivant une

 16   chronologie qui est exacte pour l'original. Cela c'est la première partie.

 17   Ensuite, il y a une page de couverture qui semble être sans lien avec la

 18   question. Il faudra lui attribuer un numéro.

 19   Puis, nous avons une traduction provisoire d'un deuxième cahier avec

 20   les numéros ERN qui se suivent. Ceci recevra également un numéro.

 21   Puis, il y a une troisième partie du classeur dont on n'a pas parlé

 22   aujourd'hui, d'après ce que j'ai compris, et qui est, d'après ce que nous

 23   avons également compris, qu'une copie de l'original a été présentée. Celui-

 24   ci ne sera pas attribué de nouveau numéro. On n'en a pas parlé aujourd'hui.

 25   Ensuite, nous avons la partie suivante, à savoir une série de rapports

 26   d'incidents qui ont été traduits. Je les définirai de façon plus détaillée

 27   un peu plus tard. Ceci recevra un nouveau numéro aussi.

 28   Puis, nous avons une autre section qui concerne deux rapports dit


Page 616

  1   rapports "Spotlight" qui recevront un numéro distinct aussi. 

  2   Cela veut dire que nous aurons en plus quatre pièces à conviction

  3   aujourd'hui. Comme nous ne le savons pas exactement si ce  sont des

  4   versions définitives de ces cahiers, il se peut bien que par la suite une

  5   version exacte du point de vue chronologique ou peut-être un choix aussi,

  6   cela serait une possibilité mais au moins ces parties entièrement traduites

  7   puissent être présentées au fin de versement au dossier. La teneur serait

  8   exactement la même.

  9   Mais quelle est la raison pour laquelle la Chambre de première

 10   instance ne souhaite pas avoir ces versions antérieures qui seraient

 11   remplacées ? C'est parce qu'il serait pratiquement impossible en lisant le

 12   compte rendu de savoir exactement de quoi nous parlons. Il se pourrait bien

 13   que ce qui est pour le moment P1 et P2, et qui serait probablement P3 et

 14   P4, ne soient jamais présentés comme éléments de preuve, mais seulement un

 15   choix bien traduit dans le bon ordre chronologique qui serait versé comme

 16   élément de preuve au dossier; ceci reste encore à voir.

 17   Pour autant que la série des rapports d'incidents, il est plus que

 18   probable qu'ils seront présentés aux fins de versement au dossier, et c'est

 19   à ce moment-là que nous devrons décider si nous les acceptons comme

 20   éléments de preuve. La même chose serait vraie pour les rapports

 21   "Spotlight."

 22   C'est ce que la Chambre entend faire du point de vue de la

 23   numérotation pour le moment en permettant qu'une reconstruction complète de

 24   ce qui s'est passé au cours de ces journées puisse être faite en audience.

 25   M. EMMERSON : [interprétation] Pourrais-je indiquer des éclaircissements

 26   sur un point mineur ?

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Emmerson.

 28   M. EMMERSON : [interprétation] Quand cela était possible de le faire, nous


Page 617

  1   avons fait charger sur le logiciel e-court et nous avons communiqué aux

  2   juristes de la Chambre, sur le côté public du système, ces documents que je

  3   vais utiliser lors du contre-interrogatoire. Ils figurent également dans le

  4   classeur, dans le lot de documents, de sorte qu'on peut simultanément les

  5   voir à l'écran. Mais à l'évidence, ce seront des documents avec un numéro

  6   d'identification de la Défense également.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous suggère qu'à un stade

  8   ultérieur nous voyions s'il est nécessaire de les faire verser au dossier

  9   comme éléments de preuve.

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Exactement.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] A ce stade, ils seront ou bien versés

 12   aux fins d'identification ou pas admis. Tout au moins, ceci nous permet de

 13   suivre clairement ce qui est au compte rendu.

 14   M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Etant donné que la numérotation ne pose

 16   pas de problème puisque ce seront des numéros D, il n'y aura pas de

 17   problème.

 18   M. EMMERSON : [interprétation] Ceci n'est pas possible en ce qui concerne

 19   les cahiers, parce qu'ils n'ont pas été téléchargés dans le système.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien. Alors veuillez poursuivre.

 21   Maître Emmerson, conseil pour M. Haradinaj, va commencer le contre-

 22   interrogatoire. Vous avez la parole, Maître Emmerson.

 23   LE TÉMOIN: MARIJANA ANDJELKOVIC [Reprise]

 24   [Le témoin répond par l'interprète]

 25   Contre-interrogatoire par M. Emmerson : 

 26   Q.  [interprétation] Madame Andjelkovic, je voudrais, si vous me permettez,

 27   vous poser quelques questions sur certains points sur lesquels je souhaite

 28   des éclaircissements. Vous avez été très prudente dans votre déposition et


Page 618

  1   je dois dire que vous vous êtes limitée à donner des réponses précises à

  2   des questions précises. Je voudrais suivre ceci et vous poser des questions

  3   très précises et directes.

  4   Pour commencer, est-ce que je pourrais avoir la chronologie de vos visites

  5   au Kosovo, au Kosovo occidental en particulier, pour que ce soit absolument

  6   clair pour la période ? Est-ce que je pourrais vous dire que je pense

  7   quelle est la position, vous demandez des éclaircissements pour savoir si

  8   j'ai raison ou si je me trompe.

  9   Pour commencer, votre première visite a commencé le 28 février. Vous avez

 10   passé environ une semaine dans la région de Drenica et ensuite --

 11   R.  Non, ce n'est pas cela, non. En fait, je suis arrivée le

 12   28 février. Je me rappelle exactement, c'était un dimanche.

 13   Q.  Oui.

 14   R.  Le jour suivant, je l'ai passé avec des collègues dans la région

 15   Drenica --

 16   Q.  Oui.

 17   R.  -- et pour être tout à fait honnête et dire que j'ai entendu qu'il y

 18   avait peut-être eu un incident mais je n'étais pas --

 19   Q.  A Likoshan ?

 20   R.  Les villages de Cirez et Likoshane.

 21   Q.  Oui.

 22   R.  Mais à ce stade, je ne sais pas exactement où j'allais et ce que

 23   j'allais voir là-bas. Vous savez, ma participation de ce point de vue était

 24   vraiment incidente et probablement pas très prudente.

 25   Q.  Je reviendrai sur ce point pour vous poser quelques questions sur ce

 26   que vous savez --

 27   R.  Oui.

 28   Q.  -- en ce qui concerne Qirez et Likoshan dans un moment. Je voudrais


Page 619

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 620

  1   juste avoir une chronologie exacte.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous arrivez au Kosovo environ le 28 février ou autour de cette date ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Ensuite, vous allez dans la région de Decane, au Kosovo occidental, et

  6   vous dites que vous y arrivez, je crois, cinq ou six jours plus tard; c'est

  7   bien cela ?

  8   R.  Oui. Je pense que c'était dans la semaine où je me trouvais là au

  9   début; c'était la première semaine de mars.

 10   Q.  Il y a une période, un certain nombre de jours, pendant lesquels vous

 11   vous trouvez dans la région de Drenica avant de vous diriger vers Peje et

 12   Decane.

 13   R.  Un jour seulement.

 14   Q.  Cela se trouve pour l'ensemble au début de mars que vous vous êtes mise

 15   en route pour le Kosovo occidental ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Par exemple, le 5 mars, la date de l'incident de Prekaz qui impliquait,

 18   je ne sais plus, une famille, vous vous trouvez dans la région de Decane ?

 19   R.  Oui, je pense que oui.

 20   Q.  Je crois que vous faites une deuxième visite à la fin du mois de mars,

 21   au début avril ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  A cette occasion, vous êtes allée à Decane, ensuite à Ratishe.

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Je pense que vous nous avez dit comment vous êtes allée là-bas, j'y

 26   reviendrai dans un moment. Maintenant, nous savons d'après vos rapports que

 27   vous avez questionné un certain nombre de personnes le 9 avril.

 28   R.  Oui.


Page 621

  1   Q.  Et que vous questionniez également des personnes à la fin du mois

  2   d'avril ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Mais nous supposons que vous n'étiez pas continuellement dans la région

  5   alors, à partir du début d'avril jusqu'à la fin ?

  6   R.  Non, je ne l'étais pas.

  7   Q.  Bien.

  8   R.  J'allais et je venais.

  9   Q.  Donc, il y a un certain groupe d'auditions qui représentent des visites

 10   séparées ?

 11   R.  Oui, tout à fait.

 12   Q.  Oui.

 13   R.  Il y a eu certains groupes et d'autres qui constituent ces visites

 14   distinctes.

 15   Q.  Ce n'est peut-être pas beaucoup, mais le groupe d'interviews qui a eu

 16   lieu le 9 avril, est-ce que vous saviez que vous alliez retourner à

 17   Pristina ou à Belgrade, entre le début d'avril et le 9 ?

 18   R.  Je dirais que oui.

 19   Q.  Vous pensez que oui ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  C'est utile. Revenons à la première visite. Je pense que vous avez dit

 22   il y a un moment que peut-être que ce n'était pas très prudent, parce que

 23   vous aviez entendu parler des incidents de Likoshane et Qirez et il est

 24   vraisemblable que vous vous déplaciez dans le secteur de Drenica, dans le

 25   sillage de ce qui venait de se passer.

 26   R.  Oui. C'était avant que les funérailles des victimes n'aient lieu.

 27   Q.  Oui, et je pense que vous avez rencontré des Albanais pendant cette

 28   période, alors que vous étiez enfin le premier jour ou les deux premiers


Page 622

  1   jours que vous étiez dans la région de Drenica ?

  2   R.  Oui, absolument.

  3   Q.  Est-ce que vous avez réussi à savoir d'eux s'il y avait un niveau de

  4   tension dans la communauté albanaise à la suite de ces attaques ?

  5   R.  Oui, absolument. Il y avait de longues queues de personnes qui

  6   attendaient pour pouvoir exprimer leurs condoléances aux familles qui

  7   avaient perdu des personnes chères à l'époque.

  8   Q.  Je pense que vous n'avez pas fait d'investigation à Likoshan ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Mais il y avait quelqu'un du HLC qui l'a fait. Je ne demande pas de

 11   nom, mais c'était quelqu'un qui l'a fait, n'est-ce

 12   pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Qui, en fait, est allé là-bas et a parlé aux familles et aux gens qui

 15   se trouvaient dans la région avoisinante ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Il s'agit de quelqu'un avec qui vous avez travaillé. Vous avez voyagé

 18   avec cette personne ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Là encore, pour qu'on soit absolument au clair : je ne vais vous

 21   demander de noms. Dans ce groupe d'incidents et de ce groupe de rapports

 22   sur ces incidents que vous avez vus, en fait, il y une façon très facile de

 23   travailler pour -- vous avez ces rapports ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Il y a les initiales MA, les initiales de l'autre personne qui

 26   s'occupait des autres rapports ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Maintenant, vous avez exprimé quelques préoccupations pour ce qui était


Page 623

  1   de donner les noms de personnes. Je voudrais être absolument clair que nous

  2   parlons bien de la même personne. Je ne veux pas à l'évidence utiliser le

  3   nom à la lumière de ce que vous avez dit. Est-ce qu'il serait plus

  4   confortable pour vous qu'on utilise les initiales ou est-ce que cela pose

  5   les mêmes problèmes ?

  6   R.  Je --

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous avez des doutes, nous pouvons

  8   aller en audience à huis clos partiel. Cela nous prend deux secondes, et à

  9   ce moment-là, vous pouvez ou bien donner les initiales ou bien les noms.

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous êtes plus confortable, nous

 12   pouvons faire cela.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je serais plus confortable. Je ne sais pas si

 14   cette personne est témoin ou non. Vous devez me comprendre.

 15   M. EMMERSON : [interprétation] Je comprends parfaitement. Audience à huis

 16   clos partiel.

 17   M. LE GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos

 18   partiel.

 19   [Audience à huis clos partiel]

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


Page 624

  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18   [Audience publique]

 19   M. EMMERSON : [interprétation] 

 20   Q.  Je vous posais des questions concernant votre première visite. Vous

 21   nous avez dit que vous aviez rencontré les Albanais et que vous aviez d'une

 22   certaine façon obtenu des renseignements de leur part. Votre collègue qui

 23   était une personne qui travaillait sur le terrain et qui parlait albanais

 24   pour le "Humanitarian Law Centre," avait procédé pour ce centre à une

 25   enquête sur les conséquences de incidents de Qirez et Likoshan ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je veux dire, est-ce que vous vous êtes parlé de ceci respectivement ?

 28   R.  Oui.


Page 625

  1   Q.  Naturellement.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Il est probable que vous avez obtenu certains renseignements, même si

  4   c'était quelque chose qu'on lui avait dit concernant la tension et les

  5   craintes de la communauté albanaise à la lumière de ces attaques ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Là encore, de façon très générale, pouvez-vous nous donner une idée de

  8   la réaction des communautés albanaises immédiatement après ces attaques,

  9   dans le secteur où ils se sont produits ?

 10   R.  Oui. Les personnes étaient très agitées. Comme je l'ai dit, il y avait

 11   une queue très longue littéralement devant chaque enceinte parce que les

 12   gens voulaient exprimer leurs condoléances. Là également, il y avait un

 13   autre personne, je ne peux pas dire qui  était un "hôte" c'est peut-être

 14   pas le mot qui convient ou "invité," mais une personne qui était du Conseil

 15   de la défense des droits de l'homme et des libertés, qui nous emmenaient

 16   dans ces différentes maisonnées et familles, elle m'avait avertie qu'il

 17   vaudrait mieux que je ne parle pas serbe, parce que les personnes étaient

 18   très agitées et certains évidemment avaient des sentiments de très grande

 19   frustration, parce que des personnes étaient mortes. Donc je ne l'ai pas

 20   fait. J'ai gardé le silence. Je n'ai fait que suivre cet homme là où il

 21   nous emmenait.

 22   Q.  Vous avez vu les villages ?

 23   R.  Oui, je les ai vus.

 24   Q.  Pour nous aider, si vous pouvez, dans le rapport "Spotlight," je ne

 25   vous demande pas de le regarder pour le moment, mais dans ce rapport il y a

 26   une référence à un chercheur du HLC qui a fait le tour de la propriété

 27   Ahmeti le 2 mars, et qui a vu sur les murs les mots : "Voici ce qui

 28   arrivera la prochaine fois aussi."


Page 626

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 627

  1   Est-ce que vous avez vu ces mots sur les murs ? Vous rappelez-vous ?

  2   R.  Je ne peux pas m'en souvenir vraiment.

  3   Q.  Très bien. Très bien. Maintenant, d'une façon générale, je pense que

  4   bien que plus tard vous ayez enquêté sur des crimes qui auraient eu lieu

  5   contre les Albanais aussi ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  A l'origine, à ce moment-là, il y avait un partage des responsabilités

  8   entre vous, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, tout à fait.

 10   Q.  Votre tâche était essentiellement de vous concentrer sur les Serbes,

 11   les civils serbes ?

 12   R.  Oui. C'était bien le cas.

 13   Q.  Votre collègue qui parlait albanais avait pour tâche de se concentrer

 14   sur les victimes albanaises qui auraient été victimes de crimes ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  A l'évidence, pour que nous ayons un tableau complet à ce moment-là,

 17   d'une idée de la tension de deux côtés des communautés,  il pouvait être

 18   nécessaire d'avoir un sentiment de ce qui était dit, non pas seulement à

 19   vous mais également à elle.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Toutes deux, ensuite, vous présenteriez vos rapports.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Dans certains des rapports "Spotlight," à ce moment-là ils étaient

 24   réunis ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Comme nous verrons dans un moment, parfois vous aviez le récit d'un

 27   événement --

 28   R.  Hm-hm.


Page 628

  1   Q.  -- il y avait donc un compte rendu tout à fait différent --

  2   R.  Oui.

  3   Q.  -- et le HLC qui pouvait réunir le tout dans un rapport et dire : Telle

  4   partie dit ceci ou tel groupe de personnes a dit ceci et ils se

  5   contredisent les uns et les autres ?

  6   R.  Oui, tout à fait.

  7   Q.  Je vais vous poser la question suivante : d'après vos observations

  8   d'après ce que les gens vous dit à l'époque des tensions qui étaient plus

  9   fortes après, Likoshan et Qirez, Prekaz, pouvez-vous confirmer qu'une

 10   grande partie de la communauté des deux côtés portaient des armes, avaient

 11   des armes à leurs domiciles ou portaient des armes, des fusils de chasse,

 12   et ainsi de suite ?

 13   R.  Je dirais que oui, parce que je suis de la ville, et j'étais surprise

 14   de voir le nombre de personnes qui avaient des fusils de chasse.

 15   Q.  Je veux dire, nous pouvons voir, d'après vos notes, qu'il y avait

 16   beaucoup de personnes serbes à qui vous avez parlé qui avaient des armes

 17   chez eux.

 18   R.  Oui.

 19   R.  Le niveau de tension était tel qu'il s'accroissait. De façon générale,

 20   les Albanais avaient des armes ainsi que leurs voisins serbes qui vivaient

 21   à ses côtés ?

 22   R.  Je suppose --

 23   Q.  [aucune interprétation]

 24   R.  Je suppose que ce sont ceux que j'ai mentionnés. Je pourrais dire :

 25   Oui, des personnes ont dit cela. Est-ce que tout le monde en avait, je ne -

 26   -

 27   Q.  Je ne peux pas vous demander de donner une estimation comme cela.

 28   R.  Je vous remercie.


Page 629

  1   Q.  D'après les questions que vous avez posées, vous avez trouvé des gens

  2   qui ont dit : J'ai une arme à la maison, mon voisin qui est Albanais a des

  3   armes dans sa maison.

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous avez des exemples de personnes qui vous aient dit que :

  6   Mon voisin m'a tiré dessus, et j'ai tiré, j'ai riposté. Dans un cas, je

  7   pense.

  8   R.  Je pense que oui, mais je ne peux pas me rappeler maintenant.

  9   Q.  Je vous présentais cela comme exemple.

 10   R.  Je ne suis pas vraiment au courant.

 11   Q.  Je ne veux pas créer de la confusion dans votre esprit. Pour être juste

 12   à votre égard, je vous donnerai des exemples précis. Je me réfère à des

 13   passages de ce que M. Re a déjà évoqué devant vous. J'en viens maintenant à

 14   la deuxième visite à la fin du mois de mars, au début du mois d'avril.

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Maintenant que vous vous êtes rendue, vous nous avez dit à Ratis et

 17   vous avez décrit un certain nombre de cas dans lesquels des personnes vous

 18   ont parlé d'un coup de feu, d'incidents où il n'y a pas eu de victimes, et

 19   les personnes en question, les personnes avec qui vous avez parlé, ne

 20   savaient pas d'une façon générale qui était responsable parce que ces

 21   choses s'étaient passées la nuit.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et là encore, dans ce contexte, pourrions-nous regarder, revoir un ou

 24   deux exemples qu'a évoqués M. Re.

 25   Pour commencer, et pour ceci, je crains que nous ayons besoin de nous

 26   servir du classeur.

 27   Pourrait-on regarder, s'il vous plaît, le cahier numéro 1 aux pages

 28   32 et 33.


Page 630

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Emmerson, je considère que nous

  2   sommes en train de regarder la première section maintenant peut-être.

  3   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent] M. LE JUGE

  4   ORIE : [interprétation] Est-ce que c'est bien dans la première partie juste

  5   après la page de couverture où il y a un grand nombre de noms, puis

  6   ensuite; c'est bien cela?

  7   M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Parce que nous avons quelque chose de

  9   différent ici, il y a des numéros ERN qui sont en grisé.

 10   M. EMMERSON : [interprétation] Oui, c'est ce que l'on trouve tout à fait en

 11   bas et il est question d'un cahier bleu, volume 1. Puis, il y a des numéros

 12   ERN. C'est la première page, c'est la page de la première section.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, ceci a déjà un

 14   numéro P parce que, Madame la Greffière, je pense que ceci était très

 15   clair. La première section que nous trouvons dans le classeur sera le

 16   cahier numéro 1, traduction provisoire, sans séquence ERN. Mais d'après ce

 17   que nous avons compris de l'Accusation, c'est quand même dans le bon ordre

 18   chronologique pour les originaux. Ceci donc recevrait pour nos numéros --

 19   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ceci sera la pièce à conviction numéro

 20   P3, marquée pour identification.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, de façon à éviter toute confusion.

 22   En bas, on lit cahier bleu, volume 1. Ceci n'est pas précédé par le nom

 23   Andjelkovic, comme nous le trouvons dans la troisième section où c'est

 24   précédé par ce nom. C'est bien clair.

 25   M. EMMERSON : [interprétation]

 26   Q.  Pourriez-vous jeter un coup d'œil à la page 32. Il y a là les notes des

 27   questions que vous avez posées, qui ont été évoquées par M. Re. Ce sont des

 28   questions posées avec M. et Mme Culafic --


Page 631

  1   R.  Culafic.

  2   Q.  Corrigez ma prononciation, parce que je vais certainement faire des

  3   erreurs. A Ratis, et ils décrivent un incident qui s'est passé - je veux

  4   juste vérifier - vous voyez, il y a un passage qui commence par "épouse."

  5   Immédiatement après cela, vous avez souligné des mots qui se trouvent en

  6   haut de la page 32. Vous avez cela ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc, vous étiez en train de parler à Mme Culafic.

  9   R.  C'est ce qu'elle a dit.

 10   Q.  Alors, nous avons un passage qui commence par " Nastadin," et je pense

 11   que vous parlez de son mari.

 12   R.  Oui, c'est le mari.

 13   Q.  Puis, de l'autre côté de la page, au bas de la page 33, le dernier

 14   paragraphe, on voit comme titre "Epouse," et là encore, vous parlez à

 15   nouveau de l'épouse.

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Est-ce que je pourrais vous demander de lire à voix basse, ou vous-

 18   même, en regardant à la page 32, le premier paragraphe à mi-chemin vers le

 19   bas, pouvez-vous voir la phrase au milieu du paragraphe qui dit : "Mes fils

 20   voulaient les tuer …" C'est à la

 21   page 32, le premier gros paragraphe.

 22   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Ligne 6.

 23   M. EMMERSON : [interprétation] Ligne 6, la phrase "Mes fils voulaient les

 24   tuer."

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 26   Q.  Donc, lisez simplement pour vous-même les trois ou quatre lignes

 27   jusqu'aux mots : "Il a dit que c'est son pays". Je pense que vous avez

 28   rédigé un peu plus loin, juste à l'endroit où il est dit : "On se réfère au


Page 632

  1   fait que quelqu'un revendique ses biens, son pays ou sa terre." Vous avez

  2   cela ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Si nous passons maintenant à cette page, à la page suivante, un passage

  5   où il est question de l'épouse, il y a un nom qui est donné, une référence

  6   où du fait que des cailloux ont été jetés pendant la nuit ou des pierres

  7   ont été jetées, puis un nom est donné "Lulaj." On dit : "C'était son pays.

  8   Nous avons acheté

  9   1 hectare et 24 acres. Nous avons la forêt depuis la monarchie," ainsi de

 10   suite.

 11   En regardant ces deux passages, en les comparant, qu'est-ce que  Mme

 12   Culafic vous disait en ce qui concernait la personne qu'elle estimait

 13   responsable de ces attaques ?

 14   R.  Pour être honnête, je ne suis même pas sûre qu'elle se référait à la

 15   personne qui, en fait, était responsable de l'attaque. Je pense que c'est

 16   plus général. Tel que j'ai compris les choses à ce moment-là et de la façon

 17   dont elle l'a dit, je pense que c'était plus général. Je pense qu'il

 18   s'agissait peut-être d'une personne qui était propriétaire du terrain du

 19   côté des années 1940 ou bien --

 20   Q.  Je vois.

 21   R.  Je pense que ceci montre que - je ne suis pas sélective, mais je

 22   pourrais poser la question.

 23   Q.  J'essaie de comprendre l'importance de ceci, de ce qui est décrit par

 24   cette personne, parce qu'elle semble dire dans ce passage que vous avez

 25   inscrit, elle semble se référer à un incident qui s'est produit, que ce

 26   soit un problème ancien entre elle et son voisin.

 27   R.  Je pense, mais je ne suis pas sûre, comme si c'était hier ou à un

 28   moment quelconque, je ne sais pas à quel moment s'était, j'étais là


Page 633

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 634

  1   simplement pour noter ce qui a été dit. J'allais sur le terrain pour noter

  2   ce que disaient les gens, je ne procédais pas à des vérifications.

  3   Q.  J'y reviendrai. Vous n'étiez pas là pour enquêter sur le point de

  4   savoir si on disait ou non la vérité ?

  5   R.  Non. Je n'étais pas là pour enquêter, pour savoir qui était la personne

  6   mentionnée ou s'il avait eu des difficultés avec des voisins pour des

  7   questions de terrain. Excusez-moi de causer cette confusion.

  8   Q.  Pas du tout, c'est un point qui est parfaitement clair. En fait, cela

  9   ne faisait pas partie de vos fonctions, vous parliez aux personnes et --

 10   R.  Oui.

 11   Q.  -- des personnes qui en plus étaient troublées.

 12   R.  Oui, beaucoup.

 13   Q.  Dans une période de tension accrue des deux côtés, avec beaucoup de

 14   personnes qui avaient des armes, et vous parliez de ce que les personnes

 15   vous ont dit. Vous preniez cela pour argent comptant, tout à fait correct,

 16   mais --

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Maintenant, si nous passons à la page 38, le passage suivant, je crois

 19   que M. Re vous a montré une interview de la famille Delic. Vous l'avez

 20   retrouvé ? Juste en haut de la page 38, le

 21   3 avril.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Excusez-moi pour la conversation du village, je le dis avant que vous

 24   ne puissiez. Peut-être vous pourriez nous dire comment le prononcer.

 25   R.  Je crois que c'est prononcé Lug Buna.

 26   Q.  Oui, c'est encore un exemple. Nous avons ici quelqu'un avoir entendu

 27   des chiens, il est sorti immédiatement dans le verger. Il a vu des hommes

 28   dans le verger, ils ont tiré - c'est ce que vous avez écrit - trois ou


Page 635

  1   quatre obus ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  "Il a pris son fusil de chasse, il a tiré dans leur direction," C'est

  4   ce que vous avez dit, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, c'est ce qu'il m'a dit.

  6   Q.  Quand vous parlez d'obus, en fait, je pense que c'est une erreur de

  7   traduction, en fait, il s'agit de balles.

  8   R.  Oui, c'est la traduction. Enfin, c'était plutôt des balles qui ont été

  9   tirées.

 10   Q.  C'est juste un exemple que je voulais vous donner. On voit que des tirs

 11   ont été échangés, les gens ont des armes et se tirent dessus. Vous dites un

 12   peu plus bas "qu'on a trouvé des douilles." Donc, il est clair qu'on est en

 13   train de parler de balles ici.

 14   R.  Oui, effectivement.

 15   Q.  Un peu plus bas, page 39 et 40, Fatic, Radenko Fatic est mentionné. Il

 16   vous a parlé, il vous a dit que c'était son voisin qui était responsable.

 17   R.  Oui, il a dit que c'était son voisin immédiat.

 18   Q.  Il vous a dit qu'il l'avait vu.

 19   R.  Oui, mais il m'a dit qu'il n'allait pas le raconter.

 20   Q.  Il n'allait pas le raconter, il n'allait pas donner son nom, il vous a

 21   dit qu'il ne savait pas s'il y avait quelqu'un d'autre avec son voisin ?

 22   R.  Non, je ne me souviens pas.

 23   Q.  Donc, c'est tout au bas de la page 39. "Je ne sais pas s'il y avait

 24   d'autres personnes on n'a vu que lui. Je ne sais pas s'il y avait d'autres

 25   personnes on n'a vu que lui." Ensuite, vous mentionnez un nom tout en haut

 26   de la page 40, toujours dans le même contexte. Je me demande quelle est

 27   l'importance de ce nom, le nom de Sacir Bekir dans le contexte précis de

 28   ces événements ?


Page 636

  1   R.  Très franchement, je ne me souviens pas.

  2   Q.  Est-il possible que quelqu'un d'autre vous ait donné le nom du voisin ?

  3   R.  Je ne m'avancerai pas, il faudrait que je consulte mes notes. Il

  4   faudrait que je voie exactement de quoi il s'agit et à quel moment je l'ai

  5   écrit.

  6   Q.  En fait, cela pourrait se révéler fort utile si vous pouviez vous

  7   livrer à cet exercice.

  8   M. LE JUGE HOEPFEL : [aucune interprétation] 

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je ne peux pas vous promettre que je

 10   trouverai quoi que ce soit.

 11   M. EMMERSON : [interprétation] 

 12   Q.  Non, bien entendu. Ce n'est pas la question.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez un exemplaire de

 14   vos notes ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que ceci a été transféré dans

 17   le système e-court avec un numéro, une cote P, je crois.

 18   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Ce document a déjà une cote ERN.

 19   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] U0030209.

 20   M. EMMERSON : [interprétation] Peut-être le mieux serait-il, par souci

 21   d'efficacité, que je poursuive

 22   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 23   M. EMMERSON : [interprétation] -- mon contre-interrogatoire, et pendant ce

 24   temps même nous essayons de retrouver le passage concerné.

 25   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Page suivante, 210.

 26   M. EMMERSON : [interprétation] C'est vers la fin du cahier, les deux

 27   dernières pages.

 28   Q.  Peut-être pourrez-vous le trouver vous-même ? Non ?


Page 637

  1   R.  [aucune interprétation]

  2   Q.  Bien, dans ces conditions, on va essayer de retrouver le passage pour

  3   vous et je pourrai revenir à cette question.

  4   J'aimerais vous informer des recherches qui ont été entreprises pendant que

  5   vous-même, vous vous entreteniez avec ces personnes, les recherches qui

  6   étaient entreprises par votre collègue albanaise. Vous savez, nous avons le

  7   rapport, donc la chronologie, nous pouvons la reconstituer.

  8   Mais il me semble que pendant que, vous-même, vous vous renseigniez

  9   de la sorte, elle, votre collègue, elle recueillait des déclarations auprès

 10   d'habitants de Gllogjan au sujet de l'opération de police qui avait eu lieu

 11   à cet endroit le 24 mars; c'est bien exact, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Vous n'étiez pas à Gllogjan, mais elle s'y trouvait. Et c'était à cela

 14   qu'elle était occupée, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Nous allons voir en temps utile qu'il existe de très nombreuses

 17   déclarations dont dispose le HLC, des déclarations d'Albanais qui, disons-

 18   le, de manière générale, ont été victimes de la police ce jour du 24 mars.

 19   Puis, il y a également un nombre de déclarations inférieures que vous avez

 20   recueillies auprès de la famille Stojanovic.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Le HLC pour préparer ce rapport au "spotlight" numéro 26 avait à sa

 23   disposition 28 déclarations ?

 24   R.  Je ne m'en souviens pas exactement.

 25   Q.  Cela figure dans le rapport. Si je me trompe, on ne manquera pas de

 26   corriger mon erreur. En fait, elle, dès le 24 mars, bien avant vous, elle

 27   avait commencé à enquêter sur les événements dans cette région ?

 28   R.  Oui.


Page 638

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, permettez-moi de vous

  2   rappeler une chose. Vous parlez tous deux la même langue, donc il convient

  3   que vous fassiez une pause. Je m'adresse aussi bien au témoin qu'à vous-

  4   même.

  5   M. EMMERSON : [interprétation] Tout à fait.

  6   Q.  J'imagine que quand vous êtes retournée à Pristina avec votre collègue,

  7   vous avez évoqué ce qu'elle avait elle-même trouvé comme information au

  8   cours de son travail de recherche ?

  9   R.  C'est un peu plus tard, au moment où nous avons préparé nos rapports.

 10   Donc, on n'a pas discuté de cela tout de suite.

 11   Q.  Pendant cette période que vous avez passée à travailler avec votre

 12   collègue albanophone [phon], j'imagine que vous avez pu vous faire une idée

 13   de ce qu'elle a pu recueillir comme information au sujet du 24 mars ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Bien entendu, je ne veux pas passer en revue, en détail, le rapport

 16   "spotlight" avec vous, mais simplement examinez le passage qui a trait à

 17   ces événements.

 18   M. EMMERSON : [interprétation] Pour cela nous aurons besoin d'une nouvelle

 19   cote commençant par un P pour le passage qui commence à la fin de ce jeu de

 20   documents avec les deux rapports "spotlight".

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il convient d'abord d'examiner la

 22   deuxième partie du classeur, de lui donner d'abord une cote, parce que

 23   c'est dans la suite si on regarde le numéro ERN.

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4 qui reçoit

 25   une cote aux fins d'identification.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ensuite, nous avons une série de

 27   traductions, ou de versions en anglais des rapports d'incidents qui

 28   commencent à e20glodj jusqu'à ensuite, E19, et cetera, jusqu'à e2glodj.doc.


Page 639

  1   Nous avons également e22glodj.doc et e21. Pour tout cela, il nous faut une

  2   cote, Madame la Greffière.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ces pièces se voient octroyer la cote

  4   suivante, P5, toujours une cote aux fins d'identification uniquement.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci beaucoup.

  6   Nous en arrivons maintenant à ce que vous souhaitez examiner, Maître

  7   Emmerson, à savoir deux rapports "spotlight" 26 et 27 en anglais. Il s'agit

  8   des pages 1 à 24, numéro ERN 00649667. Ensuite, le numéro ERN, le même

  9   jusque 690. Je donne ici les trois derniers chiffres du numéro ERN. Puis,

 10   nous avons le rapport "spotlight" 27, page 1 à 24, numéro ERN K0078701

 11   jusqu'à 713. Ce sont les derniers chiffres du numéro ERN. Il faut savoir

 12   que pour ces rapports, pour une page ERN, nous avons deux pages du rapport.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ces deux rapports se voient

 14   attribuer la cote P6, cote aux fins d'identification.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, vous êtes en train de

 16   traiter du document P6.

 17   M. EMMERSON : [interprétation] Peut-être serait-il utile d'afficher ce

 18   document à l'écran.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas si ceci a été transféré

 20   dans le système de prétoire électronique.

 21   M. EMMERSON : [interprétation] Nous nous en sommes chargés. Il s'agit du

 22   document qui porte la cote aux fins d'identification 1D978, page 11.

 23   Excusez-moi, je me suis trompé. Il s'agit de la page 1D988, donc 1D978 à

 24   1D988.

 25   J'aimerais que l'on zoome sur le paragraphe qui est tout de suite après le

 26   titre -- non -- si, c'est la bonne page. Excusez-moi.

 27   Q.  On fait référence au 24 mars, deuxième paragraphe : Les déclarations

 28   faites par 28 témoins indiquent que le 24 mars les forces serbes ont tué


Page 640

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 641

  1   trois Albanais du Kosovo qui fuyaient. On pilonnait des maisons où

  2   s'étaient réfugiés des civils non armés, ont mis en danger la vie d'hommes,

  3   de femmes, enfants, et cetera, et ont utilisé la maison de la seule famille

  4   non albanaise comme installation militaire."

  5   Est-ce que vous savez à quoi ils font référence quand ils parlent de la

  6   maison de la seule famille non albanaise qui a été utilisée comme une

  7   installation militaire ?

  8   R.  La seule maison dont il est peut-être question c'est la maison de la

  9   famille Stojanovic.

 10   Q.  Merci. Page suivante. Page suivante donc mais un peu plus haut. Au

 11   deuxième paragraphe ici, on voit qu'il est fait référence à un récit qui a

 12   été fait à votre collègue albanophone, n'est-ce pas; oui, c'est cela ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Au troisième paragraphe, il est mention d'un récit qui a été fait par

 15   un témoin avec qui vous vous êtes entretenue vous-même. Puis, au quatrième

 16   paragraphe, nous trouvons mentionnée une déclaration du ministère serbe des

 17   Affaires intérieures, n'est-ce

 18   pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Il s'agit là d'informations contradictoires, me semble-t-il, au sujet

 21   de l'origine de l'incident, et cetera. Toutes ces informations, elles ont

 22   été fournies au HLC et vous vous en êtes servie, enfin le HLC s'en est

 23   servi pour préparer ce rapport ?

 24   R.  Je répète que les rapports de synthèse de ce type repose sur les

 25   entretiens menés par des gens comme moi sur le terrain tant bien que mal.

 26   Ensuite, tout ceci est synthétisé et présenté avec d'autres informations

 27   reçues par le HLC et ce sont des juristes au sein de l'organisation qui se

 28   chargent de préparer les rapports.


Page 642

  1   Q.  Merci. Information très utile. Plutôt que de passer en revue les

  2   différentes rubriques que nous voyons à l'écran, je pense que le mieux

  3   c'est encore d'examiner non pas à l'écran, mais sur le classeur les

  4   différentes rubriques, les différents titres que l'on voit de la page 11 à

  5   la page 16.

  6   Je vais parler de classer ces différentes rubriques par catégories :

  7   les gens qui se sont entretenus avec votre collègue albanophone - nous

  8   avons les rapports, inutile de les passer en revue un à un - ce qu'ils

  9   disaient se ramenaient autour de deux ou trois choses : d'abord, la police

 10   commencé à tirer sur deux hommes. C'est globalement ce qu'on dit les

 11   témoins albanais à votre collègue albanophone. C'est à peu près ce qu'ils

 12   lui ont dit, n'est-ce pas ?

 13   R.  Une fois encore, je suis désolée je ne m'en souviens pas.

 14   Q.  Dans ces conditions, je ne vais pas insister. Nous pourrons nous-mêmes

 15   prendre connaissance des synthèses réalisées.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je précise pour le compte rendu

 17   d'audience, Maître Emmerson, que vous vous servez ici de la pièce P6, mais

 18   que vous êtes en train de faire référence au rapport numéro 26. Je le

 19   rappelle cette pièce comporte deux rapports.

 20   M. EMMERSON : [interprétation] Tout à fait.

 21   Q.  Une chose Madame le Témoin : d'après ce que vous a dit votre collègue

 22   albanophone, est-ce que vous en êtes arrivée à la conclusion qu'au village

 23   l'impression générale c'est qu'il y avait eu une agression, une attaque

 24   massive et générale dirigée contre le village de Gllogjan.

 25   R.  Dans les interviews qu'elle a menée.

 26   Q.  Oui.

 27   R.  Oui, je crois que c'est ce qui en ressort.

 28   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qu'elle vous ait parlé d'affirmations


Page 643

  1   selon lesquelles les forces serbes s'étaient déchaînées dans le village ?

  2   R.  Ce serait peut-être allé un peu trop loin à ce stade des événements. Je

  3   ne me souviens pas que quiconque ait fait ce genre de descriptions.

  4   Q.  Pourtant, il a été dit qu'un groupe d'adolescents, trois ou quatre,

  5   avait été abattus alors qu'ils s'enfuyaient n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, c'est ce qui ressort effectivement de ces récits.

  7   Q.  Il a été question également d'hélicoptères serbes qui ont ouvert le feu

  8   alors qu'ils étaient en vol sur des civils. Si vous ne vous en souvenez

  9   pas, ne dites rien, cela figure dans le rapport.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous rappelez à tout deux que

 11   non seulement vous parlez extrêmement vite, mais que parfois vous-même,

 12   Maître Emmerson, vous parlez alors que le témoin n'a pas fini de répondre,

 13   parce que sa réponse vous convient. Quant à vous Madame, vous interrompez

 14   parfois Me Emmerson. Or, si nous avons deux intervenants qui parlent en

 15   même temps, notre sténotypiste est incapable de faire son travail

 16   correctement.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 18   M. EMMERSON : [interprétation]

 19   Q.  Il a été également dit qu'un grand nombre de personnes ont été arrêtées

 20   et ont subi de mauvais traitements de la part de la police serbe tout de

 21   suite après les événements, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui, je me souviens qu'effectivement cela figurait dans le rapport,

 23   c'est ce que m'a dit également ma collègue. Un grand nombre de personnes

 24   ont été arrêtées.

 25   Q.  Les forces serbes se sont servies des écoliers comme boucliers

 26   humains ?

 27   R.  Je sais qu'on a parlé effectivement de l'école, mais franchement --

 28   Q.  On pourra le lire dans le rapport. Il y a un certain nombre de maisons


Page 644

  1   du village qui ont été bombardées, n'est-ce pas ?

  2   R.  Comment cela "bombardées" ?

  3   Q.  Elles ont été attaquées avec un armement lourd, je parle des maisons du

  4   village de Gllogjan.

  5   R.  Je ne me souviens pas de l'emploi d'armement lourd. Je sais qu'il y a

  6   eu des combats. La police a envoyé des renforts, mais franchement je ne

  7   sais pas.

  8   Q.  Pour l'instant c'est tout ce que je souhaite vous demander. Je

  9   reviendrai peut-être à cette question un peu plus tard.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais vous mettre en garde une

 11   fois encore, je ne veux pas dire que vous ayez pris un mauvais pli. C'est

 12   difficile de se retenir, faites attention.

 13   M. EMMERSON : [interprétation]

 14   Q.  Je reviens aux entretiens que vous avez eus le 9 avril. Il me semble

 15   que ce jour-là vous avez dit que vous vous être rendue à Gjakova en autocar

 16   depuis Prishtina, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Oui ?

 19   R.  Oui, je suis allée à Gjakova.

 20   Q.  Cet autocar vous a emmené à Gjakova par quel itinéraire ?

 21   R.  Il faut que je vous dise que je ne me souviens pas exactement. Je ne

 22   sais pas si j'ai pris un bus direct ou si je suis passé par Peje, parce que

 23   cela c'était aussi possible.

 24   Q.  Il est possible que vous soyez passée par Peje ?

 25   R.  Il possible que je sois passée de Prishtina à Peje, puis pour Gjakova

 26   après un changement de bus.

 27   Q.  Vous auriez emprunté la route principale qui vous aurait fait passer

 28   par Decani ?


Page 645

  1   R.  Oui, par Decani, cela c'est indéniable. En fait, maintenant je ne peux

  2   pas vous dire si je suis allée à Gjakova ou si je suis descendue à Decani.

  3   Parce qu'à Decani, je me suis entretenue avec un certain nombre de

  4   personnes.

  5   Q.  En tout cas, le long de la route vous n'avez pas constaté que celle-ci

  6   ait été bloquée ou fermée par l'UCK ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Ce jour-là, ce 9 avril, vous vous êtes entretenu avec Vladimir

  9   Stojanovic ainsi que sa mère. Si je massacre son nom, corrigez-moi, il

 10   s'agit de Ljubica, n'est-ce pas ?

 11   R.  Ljubica.

 12   Q.  Ljubica.

 13   C'est à ce moment-là que l'on vous a raconté comment avait débuté cet

 14   incident, c'était contradictoire avec ce qui avait été dit à votre collègue

 15   albanaise, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  J'aimerais que nous nous penchions sur les documents que vous avez

 18   préparés suite à votre entretien avec M. Stojanovic. Document qui porte la

 19   référence ID1255. Dans le dossier, ce document porte la référence

 20   E4glodj.doc

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela fait partie de la pièce P5 ?

 22   M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

 23   Q.  D'abord ces noms de fichiers glodj.doc

 24   R.  Effectivement, c'est pas nous qui avons donné ces noms.

 25   Q.  C'est les gens du HLC qui s'en sont chargé ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  A l'écran, nous pouvons voir et sur la version papier également que

 28   c'est un entretien qui a eu lieu de 9 avril. Le rapport a été déposé le 9


Page 646

  1   avril et portait sur un incident dont on a dit qu'il s'est déroulé le 14

  2   septembre 1997. Oui, je sais déjà ce que vous allez dire. Dans cette

  3   déclaration, vous parlez de deux choses. Vous parlez d'événements qui ont

  4   eu lieu le 11 septembre 1997, mais vous évoquez également les événements du

  5   24 mars.

  6   R.  Oui, c'est bien cela.

  7   Q.  J'aimerais vous interroger au sujet de ce qui s'est passé le 24 mars.

  8   M. EMMERSON : [interprétation] J'aimerais que nous nous reportions à la

  9   deuxième page où se trouve l'essentiel de la déclaration de la personne

 10   concernée.

 11   Q.  Est-ce que vous pouvez repérer le troisième paragraphe, je cite : "Nous

 12   avons appelé Decan, par radiotéléphone que nous avons à la maison. Mais,

 13   ils étaient déjà informés de ce qui se passait." Oui ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  En deux mots, ce que disait Vladimir Stojanovic c'est qu'on avait

 16   d'abord ouvert le feu sur la police ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Quant aux Albanais, ils affirmaient que c'était la police qui avait

 19   ouvert le feu sur deux hommes, et que c'était ainsi que l'incident avait

 20   débuté ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Examinons ce premier passage. Je cite : "Nous avions appelé Decan avec

 23   le radiotéléphone que nous avions à la maison, mais ils avaient déjà été

 24   informés de ce qui se passait." Ensuite, on mentionne 10 heures 30, on

 25   parle de "la maison voisine" d'où on a tiré des roquettes. Je poursuis la

 26   lecture : "Les tirs ont duré environ 15 minutes, ensuite la police est

 27   arrivée et est venue dans notre cour et de là ils ont ouvert le feu sur la

 28   maison des Haradinaj."


Page 647

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 648

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, quand on lit on va tout

  2   de suite plus vite. Attention.

  3   M. EMMERSON : [interprétation]

  4   Q.  Vous avez vu le passage concerné, Madame le Témoin ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  M. Stojanovic vous a raconté que la police a tiré sur la propriété des

  7   Haradinaj à partir de sa propriété à lui, de M. Stojanovic ?

  8   R.  Ce que j'ai compris, si je ne me trompe, si je me souviens bien, quand

  9   je lui ai parlé, il a affirmé qu'ils étaient dans la maison. Je crois que

 10   sa mère m'a dit quelque chose d'approchant, c'est-à-dire que, quand ils ont

 11   entendu les tirs il a fait entrer tout le monde dans la maison. Ensuite, la

 12   police est entrée dans sa cour.

 13   Q.  C'est tout à côté de la propriété des Haradinaj ?

 14   R.  Il me semble.

 15   Q.  Mais vous ne savez pas parce que vous n'y êtes jamais allée. Vous les

 16   avez interrogés à Decan ?

 17   R.  Oui, il était à Decan lorsque je me suis entretenue avec lui.

 18   Q.  Enfin, il y a un chose qu'il vous a dit très clairement, c'est que la

 19   police a tiré sur la maison des Haradinaj à partir de sa propriété à lui,

 20   n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui. C'est ce qu'il a dit. C'est ce qu'il a dit, du moins si l'on en

 22   croit le rapport qui a été réalisé ensuite.

 23   Q.  Il parle de roquettes qui ont été tirées sur la police à partir de la

 24   propriété familiale des Haradinaj, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est ce qui est écrit ici.

 26   Q.  Est-ce qu'il vous a dit que la police avait tiré des roquettes sur la

 27   maison des Haradinaj ou est-ce qu'il a omis de le dire ?

 28   R.  Je ne m'en souviens pas. Je l'aurais sans doute noté. Il faut que je


Page 649

  1   répète que la plupart des notes que j'ai prises c'étaient des notes

  2   verbatim.

  3   Q.  Si cela ne figure pas dans vos notes, c'est que délibérément il a

  4   choisi de ne pas vous le dire ?

  5   R.  Sans doute, oui.

  6   Q.  Un peu plus bas, il est indiqué qu'un hélicoptère a survolé les lieux,

  7   n'est-ce pas ? Est-ce que vous voyez le passage concerné, vers le bas de ce

  8   paragraphe que nous avons à l'écran ? Si on reprend le début du paragraphe

  9   où il est question d'un radiotéléphone. Est-ce que vous avez compris ce

 10   qu'il voulait dire en parlant de radiotéléphone ?

 11   R.  Je n'en suis pas sûre. Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris ce

 12   qu'il voulait dire. Je ne suis pas sûre de savoir de quel type de téléphone

 13   il s'agissait, s'il s'agissait d'une radio. Très franchement, je l'ignore.

 14   Q.  Mais s'il s'était agi d'une radio, est-ce que d'après ce que vous avez

 15   pu constater sur place dans l'ouest du Kosovo les civils avaient souvent

 16   accès à des radios ?

 17   R.  Je ne sais pas. Je ne me suis pas rendue dans tellement de foyers.

 18   Q.  Ce monsieur ou sa mère, est-ce qu'ils vous ont dit d'une manière ou

 19   d'une autre si des membres de leur famille travaillaient pour la police ?

 20   R.  Oui. Il y avait un des frères qui était fonctionnaire de police d'après

 21   ce que j'ai compris, à Gjakova. Je crois que c'était à Gjakova, mais je ne

 22   mettrai pas ma main au feu.

 23   Q.  Pouvez-vous confirmer que lorsque vous avez parlé avec Mme Stojanovic

 24   il y a quelque chose qu'elle souhaitait ardemment vous dire. C'est qu'au

 25   village ainsi que dans les journaux, on avait l'impression que les

 26   Stojanovic et elle-même avaient régulièrement donné des informations à la

 27   famille Haradinaj et que ce n'était pas vrai ?

 28   R.  Excusez-moi…


Page 650

  1   Q.  Je vais couper ma question en deux : est-ce que vous vous souvenez

  2   avoir entendu de la part de Mme Stojanovic que les journaux avaient dit que

  3   leur maison était utilisée par la police comme un lieu d'observation pour

  4   surveiller la propriété familiale des Haradinaj et pour s'informer sur ce

  5   qui s'est passé ?

  6   R.  [aucune interprétation]

  7   Q.  Oui, effectivement, je vous en prie. Je vous donne la possibilité

  8   d'examiner le rapport. C'est immédiatement après le dernier paragraphe de

  9   la page 2. C'est un résumé. Il s'agit de quelques lignes. "Les journaux ont

 10   écrit que les premiers tirs étaient venus de ma maison et que c'est moi qui

 11   avait dit à la police ce qui se passait dans le village," et elle le

 12   conteste ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Sur la base de ce que vous ont dit les Stojanovic ou sur la base des

 15   entretiens que vous-même ou votre collègue albanophone avez pu avoir, est-

 16   ce que vous avez pu en déduire que dans le village on croyait que les

 17   Stojanovic étaient en partie responsables de cette attaque contre le

 18   village ?

 19   R.  Je ne peux pas me prononcer dans un sens ou dans l'autre en réalité.

 20   Mme Stojanovic m'a dit que l'on croyait cela, mais elle affirmait dans le

 21   même temps qu'elle avait de bons rapports avec ses voisins et que c'était

 22   le cas depuis des années.

 23   Q.  Je ne vous demande absolument pas de vous exprimer sur la véracité de

 24   cette affirmation. Vous n'êtes pas en mesure de le faire. Mais elle vous a

 25   dit, et vous venez de le confirmer, que l'on avait tendance à penser que la

 26   maison des Stojanovic était un endroit d'où on livrait des renseignements à

 27   la police; et c'est de là que l'on a attaqué pour la première fois la

 28   propriété des Haradinaj. C'est ce que l'on croyait.


Page 651

  1   R.  Est-ce que nous sommes en train de parler de manière générale ou d'un

  2   incident isolé ?

  3   Q.  C'est de ma faute. Je me suis mal exprimé. Je vais procéder en

  4   plusieurs étapes. Vous nous avez confirmé il y a quelques instants que

  5   "c'était là ce que l'on croyait."

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Par conséquent, ce que les gens pensaient - corrigez-moi si je me

  8   trompe - c'est que la maison des Stojanovic était utilisée par la police

  9   comme poste d'observation de la propriété familiale des Haradinaj. C'est

 10   une première chose.

 11   R.  Oui. D'après ce qu'elle a dit, c'était le cas. Mais je ne sais pas si

 12   c'est ce que j'ai pu constater, moi.

 13   Q.  Deuxièmement, est-ce qu'ils pensaient que leur maison a été utilisée

 14   pour lancer cette attaque contre la propriété des Haradinaj parce que les

 15   officiers de police tiraient sur la propriété des Haradinaj - d'après ce

 16   que vous nous avez dit et d'après ce que vous a dit, M. Stojanovic - donc

 17   ont utilisé leur maison pour tirer sur la propriété des Haradinaj ?

 18   R.  Oui. C'est depuis leur propriété. Je ne sais pas si c'était exactement

 19   leur maison, mais en tout cas leur propriété.

 20   Q.  Bien.

 21   R.  Leur propriété.

 22   Q.  Vous nous avez dit qu'un des membres de la famille faisait partie de la

 23   police. J'aimerais vous reposer une question au sujet de ce radiotéléphone.

 24   Est-ce que, d'après vous, il s'agissait d'un instrument qui avait été remis

 25   aux Stojanovic, qui leur avait été fourni spécialement ?

 26   R.  Je ne peux pas vous répondre, je ne sais pas.

 27   Q.  Enfin, sur cette déclaration, il est exact de dire, n'est-ce pas, que

 28   Vladimir Stojanovic vous a dit - c'est dans l'avant-dernier paragraphe de


Page 652

  1   la première page de cette déclaration, le corps du texte qui commence par :

  2   "Après l'affrontement…" est-il exact de dire que Vladimir Stojanovic vous a

  3   dit qu'immédiatement après la famille revenait sur une base quotidienne ?

  4   R.  Oui, c'est ce qu'il m'a dit.

  5   Q.  Parce qu'à ce moment-là, bon nombre de personnes étaient parties,

  6   avaient évacué Gllogjan après le 24 mars ?

  7   R.  En réalité, je ne pense pas. C'était un mois plus tard.

  8   Q.  Bien. Nous y reviendrons. Enfin, je ne vais pas vous parler au sujet de

  9   la fin du mois de mai. Vous ne pensez pas que les gens ont quitté Gllogjan

 10   le 24 mars, après l'attaque de la police ?

 11   R.  Vous voulez dire quitter Glodjane ? Mais qui ?

 12   Q.  La communauté albanaise de Gllogjan.

 13   R.  Ils ont été déplacés, oui, c'est ce que j'ai cru comprendre, c'est ce

 14   qui s'est passé à l'époque, mais je ne sais pas où, parce que je n'ai pas

 15   interrogé ces personnes à ce moment-là.

 16   Q.  Mme Stojanovic vous a dit --

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une précision. Vous nous avez dit que :

 18   "Ils ont été déplacés, j'ai cru le comprendre à l'époque…" Que vouliez-vous

 19   dire par là, exactement ? Parce que, Me Emmerson a fait référence à une

 20   date précise, à savoir le 24 mars.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous nous dites qu'ils ont

 23   déjà été déplacés avant cette date, ou à cette date précise, ou après ? Ce

 24   n'était pas parfaitement clair.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Désolée de n'avoir pas été parfaitement

 26   claire, parce que cela remonte à un certain nombre d'années premièrement.

 27   Deuxièmement, il y avait énormément de choses qui se passaient pendant

 28   cette période. Par conséquent, cela affecte peut-être la façon dont je


Page 653

  1   réponds, parce que c'est la première fois que je procède à cet exercice.

  2   Il y avait des gens qui ont quitté leurs maisons parce qu'il y avait

  3   des tirs, parce qu'il y avait des incidents; puis quand les choses se

  4   calmaient, ils revenaient. C'est quelque chose que l'on a pu observer

  5   pendant plusieurs mois au Kosovo.

  6   M. EMMERSON : [interprétation]

  7   Q.  Je crois que ce que vous êtes en train de nous confirmer c'est que

  8   suite à l'attaque de la police sur le village de Gllogjan, bon nombre de

  9   membres de la communauté albanaise sont partis et ont été déplacés pendant

 10   un certain temps.

 11   R.  Oui. D'après ce que j'ai pu comprendre, d'après les rapports de mes

 12   collègues c'était le cas.

 13   Q.  Bien. Mme Stojanovic, Ljubica Stojanovic, je vous demanderais

 14   d'examiner très brièvement sa déclaration de témoin, ou alors le rapport

 15   que je lui ai présenté sur la base.

 16   M. EMMERSON : [interprétation] Est-ce que vous aviez le document enregistré

 17   aux fins d'identification D11252 et 1253.

 18   Q.  Une question, si vous examinez le passage qui commencer à la troisième

 19   ligne, le document n'a pas fini, le chargement n'est pas terminé.

 20   Est-ce que vous avez la copie papier pendant que le chargement se

 21   poursuit. Je vais vous demander quelque chose sur la base de la copie

 22   papier. M. Re vous a posé une question au sujet d'un groupe d'hommes qui,

 23   d'après elle, ont arrêté son fils Dragoslav. Oui, c'est la page suivante.

 24   Au premier paragraphe, troisième ligne à partir du haut, elle vous a dit

 25   que son fils Dragoslav avait été arrêté fin février par un groupe d'hommes

 26   qui étaient armés et qui lui ont pris son pistolet, puis qu'ils lui ont

 27   rendu. Je crois qu'elle vous a dit qu'après l'avoir fouillé, ils lui ont

 28   fait signé un papier disant qu'ils lui avaient bien rendu l'arme, n'est-ce


Page 654

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 655

  1   pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous a-t-elle dit si les autres hommes de la famille portaient des

  4   armes ?

  5   R.  Non, je ne m'en souviens pas.

  6   Q.  J'aimerais passer, à présent si vous me le permettez, à la fin du mois

  7   d'avril, et on vous a posé une question au sujet de cette visite et d'un

  8   certain nombre de déclarations que vous avez recueillies le 20 avril ou aux

  9   alentours de cette date. Puis-je vous demander d'examiner, s'il vous plaît,

 10   dans votre journal.

 11   M. EMMERSON : [interprétation] Il s'agira là de la pièce P3, c'est-à-dire

 12   le cahier numéro 1, peut-être que c'est moi qui me trompe. Je vous prie de

 13   m'excuser. En réalité, c'est la pièce P4, le cahier 2, page 15.

 14   Q.  On vous posé une question au sujet d'un homme âgé qui vous a dit qu'il

 15   avait été détenu à Gllogjan ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  J'aimerais que nous reprenions ce que vous avez enregistré dans votre

 18   cahier. Il s'agit là de la page 15, vers le milieu de la page : Qu'est-ce

 19   qui se passe ? Si j'ai fait quelque chose de mal, où sont vos fils pour se

 20   battre ? Nous aimerions que notre village soit libéré. Ils nous ont

 21   libéré." Voilà ce que dit la traduction. Ensuite, le texte se poursuit :

 22   "Ils n'ont rien fait aux femmes. Ils ont dit qu'ils n'allaient rien faire

 23   aux personnes âgées. Ils nous ont transféré à Irzniq par tracteur. Nous

 24   avons rencontré une patrouille. Mon fils s'est rendu au village. Ils ne

 25   m'ont pas frappé."

 26   C'est ce qu'on vous a dit à ce moment-là ?

 27   R.  Oui, c'est ce que cet homme âgé, M. Stijovic m'a dit à l'époque.

 28   Q.  J'aimerais que nous essayions de voir comment cela est en rapport avec


Page 656

  1   le rapport d'incident, parce que vous dites clairement qu'ils ne l'ont pas

  2   frappé.

  3   R.  Ce n'est pas ma déclaration, mais je n'ai fait qu'enregistrer ce qu'il

  4   m'a dit.

  5   Q.  Dans sa déclaration, il vous a dit très clairement qu'il n'a pas été

  6   frappé et qu'on l'a même assuré que cela ne sera pas le cas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Pourrions-nous examiner très brièvement, je vous prie, la partie

  9   correspondante du rapport que vous avez enregistré, le e19glodj, qui n'est

 10   pas dans le système, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas de cote aux

 11   fins d'identification pour la Défense parce que ce document nous a été

 12   communiqué hier soir, à peine.

 13   J'aimerais vous demander la chose suivante : il s'agit là d'un entretien

 14   qui a été réalisé le 25 avril en rapport avec un incident qui s'est déroulé

 15   le 22 avril, et qui a fait l'objet d'un rapport déposé le 27 avril. Est-ce

 16   que vous pourriez examiner la deuxième page ?

 17   R.  Est-ce que vous pouvez m'indiquer précisément quelle partie je dois

 18   consulter ?

 19   Q.  La partie du classeur qui contient les rapports d'incident et il s'agit

 20   là du document e19glodj.doc, c'est-à-dire la partie correspondant à vos

 21   notes que nous venons d'examiner. Si vous prenez le troisième paragraphe en

 22   partant du haut, nous voyons un passage qui ressemble au passage que nous

 23   avons examiné précédemment.

 24   Pour ce qui est des erreurs qui se glissent de temps à autre dans le

 25   texte, est-ce qu'au deuxième paragraphe vous voyez le passage qui dit :

 26   "Ils m'ont donné plusieurs coups sur la tête" c'est environ vers la moitié

 27   du texte.

 28   R.  Oui, et cela dit : "Et ma casquette est tombée."


Page 657

  1   Q.  Est-ce que vous comprenez ?

  2   R.  Je ne suis pas sûre de pouvoir vous répondre, parce que vous devez bien

  3   comprendre qu'il s'agit là d'une traduction.

  4   Les rapports sont donc une traduction, et je n'ai pas eu accès à mes

  5   rapports une fois que je les ai transmis. Enfin si, mais c'était en 1998.

  6   Il a utilisé un terme particulier pour dire qu'il avait perdu son couvre-

  7   chef, et je me souviens qu'il a utilisé un mot si particulier que je m'en

  8   souviens encore. C'est comme s'il avait dit "qu'ils avaient blessé son

  9   couvre-chef" et c'est la raison pour laquelle je m'en souviens encore

 10   aujourd'hui.

 11   Q.  Merci pour cette précision.

 12   Lors de cette même visite, vous avez interrogé Mijat Stojanovic ?

 13   R.  Oui.

 14   M. EMMERSON : [interprétation] Est-ce que nous pourrions examiner le

 15   document enregistré aux fins d'identification pour la Défense ID1008, et

 16   nous l'avons sous forme de copie papier comme document e10glodj.doc.

 17   Q.  J'aimerais que nous précisions un certain nombre d'éléments parce que

 18   vous nous avez dit un certain nombre de choses dans votre déposition hier

 19   sur lequel j'aimerais revenir. Nous n'avons pas manifestement tous vos

 20   rapports d'incident, mais avons-nous tous vos carnets de note, tous vos

 21   cahiers, pour autant que vous puissiez en juger ?

 22   R.  Je ne sais pas honnêtement.

 23   Q.  Mais à un moment donné, vous nous avez dit que vous aviez peut-être

 24   interrogé le cousin en rapport avec cet incident et que vous aviez peut-

 25   être interrogé Dragoslav mais bien plus tard ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  J'aimerais vous poser des questions au sujet de cet entretien-là, qui

 28   est le seul pour lequel nous avons une trace à la fois dans vos carnets de


Page 658

  1   note et dans les rapports que vous avez soumis.

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous nous avez dit hier que la première fois que vous avez entendu le

  4   nom de Haradinaj, c'était en rapport avec cet incident-là où les deux

  5   frères Stojanovic et leurs cousins avaient été emmenés d'une maison vers

  6   une autre maison et avaient été battus et interrogés et qu'un homme au nom

  7   de Haradinaj, qui semblait être en position d'autorité, entrait et sortait

  8   de la salle.

  9   R.  Oui, c'est la première fois que j'ai entendu ce nom.

 10   Q.  Donc, c'était en rapport avec ce rapport-ci, qui est le premier, n'est-

 11   ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Bien. Comme cela les choses sont claires, et comme cela nous savons au

 14   moins quelle est la source qui vous a permis de dire cela.

 15   Je vous demanderais d'examiner une chose. Vous avez énuméré

 16   l'identification des victimes en première page de ce rapport avec Mijat

 17   Stojanovic, la personne que vous avez interrogé, Dragoslav Stojanovic et

 18   Veselin Stojanovic, n'est-ce pas ? Stijovic, je vous prie de m'excuser.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Ensuite, vous avez dit qui étaient les auteurs éventuels de ces actes;

 21   Nasim Haradinaj, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Un instant, je vous prie. Ensuite, on peut lire autre chose, du nom de

 24   Nemonaj, me semble-t-il, puis des membres non identifiés de l'Armée de

 25   libération du Kosovo.

 26   R.  Oui.

 27   Q.  J'aimerais que nous examinions le corps de cette déclaration, et les

 28   deuxième et troisième paragraphes de la première page du corps du rapport,


Page 659

  1   où l'on dit ce qui s'est passé. Si vous prenez le passage, 7 ou 8 lignes en

  2   partant du bas, est-ce que vous pouvez lire un passage qui commence par

  3   "lorsque Nasim Haradinaj est arrivé…" ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  "Lorsque Nasim Haradinaj est entré, ils ont arrêté de nous passer à

  6   tabac. Il leur a dit de ne pas nous frapper, mais ils ont continué

  7   néanmoins."

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Le paragraphe suivant : "Ils nous ont emmené en haut. Ils nous ont fait

 10   allonger à même le sol, sur le béton. Nasim a ordonné qu'on nous permette

 11   de nous relever. Ils nous a offert des cigarettes et du café."

 12   R.  Oui.

 13   Q.  [aucune interprétation]

 14   R.  [aucune interprétation]

 15   Q.  J'aimerais que nous examinions à présent la page suivante, la deuxième

 16   page, le troisième paragraphe. "Ensuite Nasim est intervenu et il a dit

 17   qu'ils allaient nous laisser partir parce que j'étais Monténégrin." Est-ce

 18   que vous avez cela ? Le troisième paragraphe de la deuxième page, première

 19   phrase. C'est à l'écran devant vous. Apparemment, la présentation est

 20   différente sur l'écran.

 21   Est-ce que vous voyez un paragraphe qui commence par : "Ensuite Nasim

 22   Haradinaj est revenu…" ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Pour résumer la suite en gros, Nasim Haradinaj a dit à ses hommes de le

 25   relâcher à Baballoq, là où il y avait des forces serbes.

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je vous demanderais d'examiner le dernier paragraphe, où on décrit ceux

 28   qui étaient présents. "90 % d'entre eux portaient l'uniforme, et portaient


Page 660

  1   des armes de petit calibre."

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut passer à la page suivante.

  3   M. EMMERSON : [interprétation]

  4   Q.  "Ils ont retiré leurs masques. Ils ne les ont pas conservés. Il

  5   s'agissait essentiellement de mes voisins, des gens avec qui j'étais allé à

  6   l'école, avec qui j'avais des contacts. J'en connaissais donc 95 %. Les 5 %

  7   restant, je ne les connaissais pas parce qu'ils venaient d'ailleurs."

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Donc, lors de cet entretien avec Mijat Stojanovic, de cet entretien il

 10   ressort clairement qu'il n'a nullement suggéré que Ramush Haradinaj aurait

 11   participé d'une quelconque manière à ces incidents ou alors qu'il aura été

 12   présent ?

 13   R.  J'ai simplement entendu le nom Haradinaj.

 14   Q.  Mais il est important de savoir de qui nous parlons, parce que

 15   Haradinaj est un nom extrêmement répandu dans cette région, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Il ne parlait pas de Ramush Haradinaj, n'est-ce pas ? Il s'agissait

 18   manifestement de Nasim Haradinaj.

 19   R.  Non, il a dit Nasim Haradinaj.

 20   Q.  Et il savait qui étaient tous les autres impliqués ?

 21   R.  Oui. C'est ce qui apparaît effectivement dans ce compte rendu.

 22   Q.  Pour finir, pourrions-nous voir la page 17 de votre deuxième cahier,

 23   s'il vous plaît, où vous avez énuméré un groupe ou les noms de ce qui a été

 24   décrit comme étant des Serbes enlevés ? Vous aviez obtenu ces

 25   renseignements de quelqu'un qui s'appelle Uros Labovic, n'est-ce pas ?

 26   R.  [aucune interprétation]

 27   Q.  Juste pour être bien au clair, vous aurez la possibilité de regarder

 28   votre déclaration de témoin de tout façon. Non, non, ne vous excusez pas.


Page 661

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23   

24  

25  

26  

27  

28  


Page 662

  1   Si on ne vous a pas posé la question, ce n'est certainement pas de votre

  2   faute.

  3   Mais dans cette déclaration de témoin, vous avez dit très clairement que

  4   vous n'avez jamais rencontré ni parlé à qui que ce soit qui avait été

  5   témoin de l'enlèvement de ces personnes ?

  6   R.  Non. Non.

  7   Q.  Donc, lorsque vous avez employé le mot "Serbes enlevés," c'était vos

  8   notes personnelles, n'est-ce pas ?

  9   R.  Tout le monde parlait de personnes enlevées. Personne ne disait

 10   enlèvement, on parlait de kidnapping. C'est toujours kidnapping.

 11   Q.  On ne vous a pas parlé d'enlèvement.

 12   R.  Non. Là encore, je crois qu'il faut que j'explique. Lorsque je prenais

 13   des notes, j'essayais de noter de la façon la plus simple de noter les

 14   choses, parce que les gens parlaient parfois vite, et je notais rapidement.

 15   Vous ne trouvez pas des belles phrases. Les noms semblaient connus d'à peu

 16   près tout le monde, parce que c'est une petite communauté, mais je les ai

 17   entendu de ce M. Labovic.

 18   Q.  Comme les personnes qui à ce stade en fait n'avaient pas été

 19   retrouvées, étaient portées disparues ?

 20   R.  Oui.

 21   M. EMMERSON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît, Monsieur le

 22   Président. Il y a juste un point qu'on avait laissé en ce qui concerne le

 23   cahier, pour savoir par rapport à l'original, je ne sais pas s'il a été

 24   possible de retrouver ce passage dans les notes originales.Nous avons un

 25   numéro ERN pour l'original.

 26   [La Chambre de première instance se concerte]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Essayons de le retrouver.

 28   M. EMMERSON : [interprétation] Cela devrait être U0030210.


Page 663

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'on pourra voir cela à l'écran,

  2   s'il vous plaît ? C'était dans le classeur P1, donc –

  3   M. EMMERSON : [interprétation] Voilà, nous l'avons. Il serait peut-être

  4   utile de regarder la page qui précède, afin que le témoin puisse voir le

  5   contexte. Au bas de la page qui précède.

  6   Q.  Est-ce que vous avez pu retrouver là où il est question de Sacir

  7   Bekir ?

  8   M. EMMERSON : [interprétation] On passe maintenant à la page suivante pour

  9   que le témoin puisse voir le haut de la page suivante.

 10   Q.  Vous avez cela maintenant ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Savez-vous, en regardant le contexte, les mots entre parenthèses,

 13   qu'est-ce que c'est ?

 14   R.  Cela dit "stiganin," cela veut dire tzigane.

 15   Q.  Donc que quelqu'un se référait à cet homme d'une façon péjorative ?

 16   R.  Oui. C'était quelqu'un qui était un Rom. Je ne sais pas si c'était

 17   péjoratif, parce qu'il était utilisé de façon très courante. C'est une

 18   façon de parler, comme c'est dit en certaines zones. C'est peut-être les

 19   personnes moins bien élevées.

 20   Q.  Donc, de toute façon, c'est parce que ce n'est pas dans votre langue.

 21   C'est quelque chose qu'il a été dit ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Non. Ma question était : qu'est-ce qui vous a été dit ? C'était Sacir

 24   Bekir ? Est-ce que c'est l'homme qui était le voisin dont on parlait ?

 25   R.  Je ne peux pas dire.

 26   Q.  Est-ce que c'est l'autre, en regardant le contexte, qui serait l'auteur

 27   de cela, est-ce que vous voyez une autre raison pour laquelle vous auriez

 28   parlé de ce Rom au milieu d'un passage concernant un voisin ?


Page 664

  1   R.  Non, je ne peux pas le dire vraiment. Excusez-moi.

  2   Q.  Je vous remercie beaucoup.

  3   M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

  4   questions.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je regarde la pendule, et je voudrais

  6   tout d'abord savoir pendant combien de temps d'autres conseils de la

  7   Défense il faut pour le contre-interrogatoire, je dis ceci parce que nous

  8   avons maintenant consacré à peu près une heure et demie par rapport à ce

  9   qui a été évalué. Je pense que pour les trois conseils, c'était une heure

 10   et quinze minutes. Donc je suis un peu troublé dans mon emploi du temps.

 11   Maître Guy-Smith.

 12   M. GUY-SMITH : [interprétation] Mais je suppose que nous n'allons pas avoir

 13   de nouvelle suspension de séance ?

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous devons avoir une suspension de

 15   séance de toute façon, parce qu'il faut bien qu'on change les bobines. Il

 16   faut qu'on change les cassettes. Nous ne pouvons pas continuer au-delà de

 17   deux heures, puis il y a les interprètes.

 18   M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien.

 19   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

 20   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je pense que je pourrais terminer mon

 21   contre-interrogatoire comme je l'ai dit. Je pense en 15 ou 20 minutes. Je

 22   pense que c'est toujours le cas.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 24   Maître Harvey.

 25   M. HARVEY : [interprétation] Je serais très surpris si j'avais des

 26   questions à poser à ce témoin. Je ne pense pas.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 28   Je sais à quel point c'est difficile, Monsieur Re, d'apprécier combien de


Page 665

  1   temps il vous faudrait, maintenant, si vous avez l'intention de poser des

  2   questions supplémentaires au témoin, et combien de temps cela prendrait

  3   sans avoir entendu les contre-interrogatoires. Mais pourriez-vous nous

  4   donner une indication ?

  5   M. RE : [interprétation] Il y a une seule que je voudrais faire pour donner

  6   les éclaircissements pour le moment. C'est une question qu je souhaite

  7   évoquer et qu'il y a un autre témoin qui attend à l'extérieur dans la pièce

  8   réservée aux témoins.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Certainement, aujourd'hui, il n'y

 10   aucune possibilité. Je veux dire, nous pouvons continuer jusqu'à 19 heures,

 11   mais je me demande même, si nous pouvons terminer l'interrogatoire

 12   aujourd'hui ou si nous avons besoin d'un peu plus de temps.

 13   Beaucoup dépend de vous, Maître Guy-Smith.

 14   M. GUY-SMITH : [interprétation] Je comprends, Monsieur le Président. Si je

 15   peux aider, il y a deux domaines dans lesquels je vais poser des questions.

 16   Je sais précisément quelles questions je vais poser dans chaque domaine, et

 17   je vais demander qu'on puisse aller en huis clos partiel pendant environ 30

 18   secondes pour m'assurer qu'aucun nom n'est révélé. Peut-être qu'on pourra

 19   faire encore plus vite. Je vais faire de mon mieux, je verrai pour qu'on

 20   puisse terminer à la fin de l'audience de ce soir. Cela dépendra de la

 21   durée de la suspension.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Le problème, c'est que le plus tôt

 23   on fera la suspension, nous aurons un peu plus de temps, mais il faut un

 24   minimum.

 25   Est-ce que cela pourrait être 15 minutes, Madame la Greffière ?

 26   Gardant à l'esprit que nous avons déjà eu une suspension de 50 minutes

 27   parce que j'ai déjà une assez mauvaise réputation qui est de poursuivre au-

 28   delà de 7 heures du soir et je ne voudrais pas la confirmer.


Page 666

  1   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut que je demande aux interprètes.

  3   Je crois que le problème des cassettes d'enregistrement en soi n'est pas un

  4   problème majeur. En même temps, je ne veux pas continuer sans vous avoir

  5   permis de vous reposer assez longtemps.

  6   Maître Guy-Smith, pensez-vous que vous pouvez interroger en dix minutes et

  7   finir en dix minutes ?

  8   M. GUY-SMITH : [interprétation] L'espoir fait vivre, mais je ne voudrais

  9   pas m'engager à me limiter à dix.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je demande aux interprètes s'ils sont

 13   fortement contre l'idée de continuer. Vous avez une échappatoire qui est

 14   qu'à partir de maintenant, en 28 minutes, il n'y aura plus de cassettes ou

 15   de rubans. Vous n'avez pas de risques au-delà de 19 heures. En même temps,

 16   je sais que c'est vous demandez beaucoup. Je voudrais avoir une réponse

 17   honnête et je ne voudrais que vous vous sentiez forcés dans une situation

 18   dans laquelle vous souhaiteriez ne pas vous trouver.

 19   L'INTERPRÈTE : Monsieur le Président, ce n'est pas un problème pour les

 20   interprètes de continuer.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 22   Maître Guy-Smith, vous aussi, vous savez que nous allons manquer de ruban

 23   pour enregistrer si nous prenons trop longtemps. Et par conséquent, cela

 24   voudrait dire qu'on ne pourrait pas terminer aujourd'hui.

 25   Alors, allez-y.

 26   M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Est-ce que

 27   brièvement on pourrait en audience à huis clos partiel ?

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos


Page 667

  1   partiel.

  2   [Audience à huis clos partiel]

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


Page 668

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 668 expurgée. Audience à huis clos partiel.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23  

 24 

 25 

 26 

 27 

 28 


Page 669

  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13   [Audience publique]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Madame la Greffière.

 15   Veuillez poursuivre, Maître Guy-Smith.

 16   M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Q.  Pour que nous soyons bien au clair ici, vous avez employé le terme

 18   "police" ou "policier," vous vouliez parler de policiers serbes, n'est-ce

 19   pas ?

 20   R.  Oui. Ce qu'on appelle le ministère de l'Intérieur ou le MUP comme on

 21   les appelait, les MUP.

 22   Q.  Ce n'était pas des policiers albanais pendant cette période dans la

 23   région, n'est-ce pas ?

 24   R.  Je ne peux pas soutenir cela. Je ne peux pas affirmer cela, Maître. Je

 25   n'en ai rencontré aucun. Mais je ne peux pas dire s'il y en avait ou s'il

 26   n'y en avait pas.

 27   Q.  Très bien.

 28   M. GUY-SMITH : [interprétation] Si nous pouvions maintenant voir à l'écran,


Page 670

  1   s'il vous plaît, dans P6, le rapport "Spotlight" numéro 26, je vais me

  2   référer à la page 13, les renseignements qui figurent sous le numéro 4 :

  3   "Accalmie avant le nouvel affrontement."

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le P6 n'est pas enregistré dans le

  5   système e-court.

  6   M. GUY-SMITH : [interprétation] Excusez-moi. Dans ce cas-là, 1D978 - je

  7   vous présente mes excuses, Madame la Greffière - à la page 13.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

  9   M. GUY-SMITH : [interprétation]

 10   Q.  A la page 13 dudit rapport, on trouve ceci. "On a appris à Gramacelj

 11   d'une attaque sur Glodjane et près de là. Les professeurs ont cessé de

 12   faire la classe et quelque 300 écoliers se sont trouvés sur la route au

 13   moment où une colonne de véhicules de la police, de transports de personnel

 14   blindés et de camions passait par là. NV, 14 ans, dit qu'il était terrifié

 15   quand il a vu quatre véhicules se détacher de la colonne et foncer vers les

 16   enfants."

 17   Il y avait là les renseignements écrits en très grand : "La police

 18   nous avait pris en joue. Nous avons crié pensant qu'ils allaient tous nous

 19   tuer. Nous nous sommes égaillés dans les rues. Les plus jeunes tournaient

 20   dans tous les sens, ils étaient tellement terrifiés qu'ils ne savaient pas

 21   où s'enfuir, ils continuaient de crier et de pleurer. J'étais horriblement

 22   effrayé et j'avais tellement peur, je pensais que je n'arriverais jamais à

 23   rentrer chez moi. Dès que la colonne de policiers a traversé Gramacelj, de

 24   nombreux habitants du village ont fui leurs maisons pour chercher refuge

 25   chez des parents dans les villages voisins."

 26   Est-ce que vous voyez ce passage ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Maintenant ce passage vous savez, c'est un passage qui provient de


Page 671

  1   renseignements qui ont été obtenus de la personne dont on parlait tout à

  2   l'heure, la personne désignée par A. Il s'agit là de E21glodj.doc qui est

  3   un rapport du 30 mars 1998 ?

  4   R.  Il semblerait que ce soit le cas. Si c'est avec ces initiales-là, il

  5   semble que ce soit le cas.

  6   Q.  Si vous pouviez maintenant regarder la page suivante, la deuxième page,

  7   je pense que ce qui est dit dans ce rapport que je viens de lire, le

  8   rapport "Spotlight" numéro 26, c'est quelque chose qui fait partie du

  9   deuxième paragraphe complet sur la deuxième page du rapport et qui dit :

 10   "Il y avait environ 300 écoliers dans l'école, 300 enfants."

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  Cela poursuit, je me réfère maintenant au dernier paragraphe. Il dit :

 13   "Trois jours avant l'attaque sur Glodjane, trois Niva, une noire et deux

 14   blanches, sont venues dans notre village. Il y avait cinq policiers dans

 15   les voitures, ils avaient leurs fusils automatiques braqués par les

 16   fenêtres des voitures. Dans la Niva noire, il y avait cinq hommes qui

 17   portaient des masques, des bas noirs de laine et ils avaient des fusils

 18   automatiques. Ils sont arrêtés à l'école. Seuls les hommes masqués sont

 19   sortis du véhicule. Ils portaient des uniformes noirs avec des aigles

 20   blancs sur les manches." 

 21   Avez-vous vu ces renseignements ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Est-ce que vous avez obtenu des renseignements concernant les hommes

 24   masqués avec des aigles blancs sur la manche ?

 25   R.  Non.

 26   Q.  Maintenant, parlons de l'autre rapport préparé par votre collègue E5,

 27   on y trouve les mêmes éléments d'information, les mêmes préoccupations y

 28   sont exprimées. Ici, cela va un peu plus loin parce qu'on peut lire : "Dans


Page 672

  1   la jeep noire, il y avait cinq hommes d'un uniforme noir avec un aigle

  2   blanc sur la manche. L'un d'entre eux avait un appareil photo. Il a pris

  3   des photographies du village. Je l'ai vu de mes propres yeux."

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous avez jamais obtenu des informations au sujet de ces

  6   hommes cagoulés ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  J'imagine, comme l'a dit Me Emmerson, c'est parce que vous êtes

  9   intéressée au volet serbe des entretiens, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui, à l'époque c'est vrai, pour l'essentiel c'est vrai à l'époque.

 11   M. GUY-SMITH : [interprétation] Les deux documents que je viens d'évoquer,

 12   Monsieur le Président, ont les retrouve dans la pièce P5.

 13   Q.  Je vais passer à autre chose maintenant et évoquer un autre sujet.

 14   Hier, vous vous souviendrez que M. Re vous a interrogé au sujet du meurtre

 15   d'un dénommé Prascevic --

 16   R.  Prascevic.

 17   Q.  Prascevic, oui, merci.

 18   R.  Prascevic.

 19   Q.  Vous vous êtes entretenue avec plusieurs personnes au sujet de cette

 20   mort, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  A quelle date ?

 23   R.  Au début mars.

 24   Q.  Oui. Il s'agit là d'informations que vous avez reçues personnellement;

 25   il ne s'agit pas de rumeurs ou de ragots, quelqu'un vous avait dit que ce

 26   M. Prascevic avait une relation avec une Albanaise qui l'avait trahi pour

 27   se sauver ?

 28   R.  Oui, cela semblait être le cas, mais ce n'était pas très clair, toute


Page 673

  1   cette histoire.

  2   Q.  J'aimerais vous renvoyer à une traduction de vos propres notes. Je

  3   crois que maintenant c'est un document qui porte une cote provisoire P3,

  4   page 19. Volume 1, du cahier bleu. Ici, j'imite le Juge Hoepfel, je

  5   m'inspire de sa pratique, je vous indique ce que cela se trouve dans les

  6   trois dernières lignes de la page 19.

  7   Voilà les informations qui vous ont été communiquées par l'épouse de

  8   M. Prascevic, si je ne m'abuse. Page 19, en fait ce sont les premières

  9   lignes de la page, deuxième, troisième et quatrième. Est-ce que vous avez

 10   trouvé le passage ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  On vous a également expliqué que M. Prascevic, qui était fonctionnaire

 13   de police avait été suspendu; c'est bien exact ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  "M. Prascevic apparemment avait menacé de mort le chef, quand je parle

 16   de chef," c'est le chef de la police. Ici, je parle de la page 20, de ce

 17   qui figure à la page 20, première et deuxième  lignes de cette page 20,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Avant de vous rendre en mission, avez-vous reçu des informations selon

 21   lesquelles, de manière générale, la police serbe, le MUP avait entrepris de

 22   s'emparer des armes possédées par les Albanais, les gens tout à fait

 23   normaux qui vivaient sur leurs terres.

 24   R.  Je ne me souviens pas si c'est quelqu'un ou si c'est un de mes

 25   collègues qui me l'a dit. Je ne me souviens pas du nom des villages, mais

 26   il y a des familles dont on a fouillé les maisons pour y trouver des armes.

 27   Q.  A quelle époque ?

 28   R.  Je ne m'en souviens pas. C'était dans la région de Dukagjin. Je ne sais


Page 674

  1   pas vraiment. Cela n'a pas été évoqué lors de mes entretiens. C'est à peu

  2   près à cette époque, mais je ne me souviens pas du nom des villages.

  3   Q.  Je pense que je vais arriver à être plus rapide que je ne l'avais cru.

  4   J'ai encore une question à vous poser, une dernière question.

  5   Vous savez que cette femme, cette Albanaise, "elle a trahi des Albanais,

  6   elle a trahi sa propre famille." Ce M. Prascevic "s'est emparé de

  7   nombreuses armes dans la famille de cette femme. Cette femme lui a donné

  8   des informations. Son mari est mort l'été dernier, il a été tué," c'est ce

  9   qu'on vous a dit n'est-ce pas ?

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   Q.  C'est ce qui figure à la page 29, volume 1, cahier bleu. Je m'excuse

 12   tout ceci nous prend vraiment beaucoup de temps. C'est le 3e paragraphe où

 13   est intitulé : "Epouse…"

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Vous ignorez qui a tué M. Prascevic, n'est-ce pas ? Vous n'avez reçu

 16   aucune information dans ce sens ?

 17   R.  Non, non, je répète, je n'étais détective -- je n'étais pas la police,

 18   je n'étais pas là pour enquêter.

 19   Q.  J'entends bien. Pendant cette période, si je ne m'abuse, cette femme

 20   Albanaise a essuyé des tirs, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, elle a affirmé qu'on lui avait tiré dessus, et d'ailleurs quand je

 22   lui ai parlé, elle était à l'hôpital.

 23   Q.  Est-ce que vous avez été en mesure de déterminer si ce qu'elle

 24   affirmait correspondait à la réalité ?

 25   R.  Pas vraiment, parce que je suis allée à l'hôpital; je lui ai parlé et

 26   il y avait un interprète qui traduisait pour moi, mais je ne sais pas

 27   exactement qui faisait office d'interprète. Je me souviens qu'il y avait

 28   quelqu'un d'assis à côté de moi, mais je ne sais pas qui. Parce que cette


Page 675

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11  

12  

13  

14   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

15   versions anglaise et française

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 676

  1   femme, elle ne parlait pas serbe, enfin pas très bien serbe. A l'époque --

  2   enfin au jour d'aujourd'hui, je ne parle toujours pas albanais, mais je

  3   comprends quand même pas mal cette langue. Mais à l'époque, je ne

  4   comprenais rien. C'était tout au début du mois de mars. Donc, je me suis

  5   entretenu avec cette femme par l'intermédiaire de quelqu'un qui assurait la

  6   traduction, mais je ne me souviens pas de l'identité de cette personne.

  7   Q.  Vous avez fait de votre mieux vu les circonstances, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Merci beaucoup de votre patiente.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Harvey, est-ce que vous avez

 11   changé d'avis ?

 12   M. HARVEY : [interprétation] Non, pas de surprise de notre côté.

 13   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 14   M. HARVEY : [interprétation] Je n'ai pas de questions à poser à ce témoin.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

 16   [La Chambre de première instance se concerte]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de donner l'occasion à M. Re de

 18   poser une question afin de préciser un point précis avec le témoin, je vais

 19   d'abord permettre au Juge Hoepfel de poser une question au témoin.

 20   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

 21   Questions de la Cour :

 22   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] J'aimerais que vous nous permettiez

 23   de comprendre le contexte dans lequel s'inscrit cet élément de preuve que

 24   représentent vos cahiers, votre journal, vos différents journaux. On vous a

 25   demandé si tous ces cahiers avaient été remis au Tribunal. Il y en a quatre

 26   cahiers qui ont été remis au Tribunal. Est-ce que c'est le nombre de

 27   cahiers dont vous vous souvenez ?

 28   R.  Oui, je me souviens de ce nombre-là. Il est possible que lorsque je me


Page 677

  1   suis entretenu avec d'autres personnes, j'aie consigné la chose sur des

  2   bouts de papier qui ont ensuite été archivés à l'organisation HLC. Pour ce

  3   qui est des cahiers, c'est le nombre total de cahiers dont je disposais. A

  4   un moment donné, je ne me souviens pas exactement quand, j'ai remis tout

  5   cela à un collègue de l'OSCE. C'était mon supérieur immédiat quand je

  6   participais à la Mission de vérification au Kosovo. C'est elle, mon

  7   supérieur qui disposait de ces cahiers et c'est elle qui les a remis au

  8   tribunal.

  9   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci. Donc, vous êtes dans

 10   l'impossibilité de nous dire à quel moment on a commencé à traduire

 11   certains extraits de ces cahiers.

 12   R.  Je l'ignore totalement. Je sais simplement que le Tribunal est entré en

 13   contact avec moi en 2002, me semble-t-il, mais je ne sais pas ce qui s'est

 14   passé entre-temps avec ce cahier.

 15   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

 16   J'aimerais me faire une idée de la démarche suivie. Il semble qu'il y ait

 17   des annotations qui, parfois sont portées. Si on regarde l'original, qui

 18   porte le numéro ERN U0030320. Ce n'est qu'un exemple. La même chose se

 19   reproduit partout. Il y a des annotations, mais on ne les retrouve pas dans

 20   la traduction. Donc, j'imagine que tout ceci a été ajouté plus tard, ces

 21   annotations, par quelqu'un d'autre peut-être ou par plusieurs autres

 22   personnes. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que vous en pensez ? Est-

 23   ce que c'est affiché à l'écran enfin ?

 24   R.  Est-ce que là je suis censée regarder l'écran ?

 25   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Est-ce que c'est affiché à l'écran ?

 26   Oui. Oui, la page en question est à l'écran. Est-ce que vous l'avez ? Voilà

 27   une page qui est manuscrite.

 28   R.   [aucune interprétation]


Page 678

  1   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Au bout de quelques lignes, on voit

  2   le mot "Otoc," et au-dessus de "Otoc" au-dessus de cette ligne, on voit la

  3   chose suivante : "NNLOKAN2.doc," ensuite il y a un W.

  4   R.  Non, c'est juste un signe.

  5   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Pouvez-vous nous donner des

  6   explications ?

  7   R.  Au bout d'un certain temps, je ne sais pas exactement quand, c'était

  8   sans doute au courant de l'automne de l'année 1998, on nous a expliqué, au

  9   sein de l'organisation HLC comment il fallait archiver des documents pour

 10   qu'ils soient archivés, classés de la même manière systématiquement. Je

 11   crois que "NN" signifie ici que la personne en question refusait de

 12   dévoiler son identité ou ne voulait pas qu'on dévoile son identité.

 13   Ensuite, ce que vous voyez ensuite, c'est le nom du village. Le chiffre 2

 14   qui suit "LOCAN" c'est le numéro de l'entretien qui a été réalisé. C'est

 15   donc un système qui était utilisé tout du long, peu importait l'auteur de

 16   l'entretien en question. Ce qui importait, c'était de savoir où cet

 17   entretien avait été réalisé.

 18   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Ensuite, c'était saisi à

 19   l'ordinateur, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Parfois, voire même souvent, on voit

 22   la mention "MA." Ce sont vos initiales ?

 23   R.  Oui.

 24   M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Bien. Maintenant nous comprenons un

 25   peu mieux la méthode suivie et la façon dont ces documents ont été

 26   préparés. Merci beaucoup.

 27   J'en ai terminé mes questions.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, vous aviez dit que vous


Page 679

  1   aviez une question de précision à poser au témoin, enfin c'était ce que

  2   vous avez dit à peu près une demi-heure.

  3   M. RE : [interprétation] Oui.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y. Posez votre question, parce que

  5   nous sommes pressés par le temps.

  6   M. RE : [interprétation]

  7   Nouvel interrogatoire par M. Re :

  8   Q.  [interprétation] Me Emmerson vous a interrogé au sujet des déplacements

  9   de personnes. Enfin, il vous a interrogé au sujet de l'attaque menée par la

 10   police contre le village de Glodjane. A la page 85, vous avez déclaré, je

 11   cite :

 12   "Il arrivait que des gens soient déplacés, parce qu'il y avait des échanges

 13   de tirs ou un incident. Ensuite, quand les choses s'apaisaient, les gens

 14   rentraient chez eux. C'est ce qui s'est déroulé de manière assez

 15   systématique sur tout le territoire du Kosovo."

 16   Voilà votre réponse. Quand vous avez donné cette réponse, est-ce que vous

 17   parliez des Serbes, des habitants d'origine serbe ou des autres ?

 18   R.  Moi, ce dont je me souviens en tout cas, c'est que ceci s'est passé

 19   dans les deux communautés parfois. Là, ce qui me vient à l'esprit, au

 20   débotté, c'est Orahovac, un incident qui a eu lieu plus tard et qui se

 21   situait à un autre endroit au centre du Kosovo.

 22   Q.  Je vous interromps, parce que la seule chose que je veux savoir, c'est

 23   si vous parlez de manière générale ou bien des Albanais ou des Serbes ?

 24   Vous pouvez répondre en quelques mots seulement.

 25   R.  Je parlais de la population civile quand j'ai fait cette réponse. Je ne

 26   parlais pas d'une communauté particulière.

 27   Q.  Deuxième chose que je souhaiterais vous entendre préciser. Vous avez

 28   dit que : "Lorsque les choses s'apaisaient, les gens rentraient. C'était


Page 680

  1   quelque chose qui se produisait pratiquement systématiquement sur

  2   pratiquement tout le territoire du Kosovo à l'époque." Ma deuxième

  3   question, c'est de savoir si cette configuration des événements, elle a

  4   évolué plus tard ?

  5   R.  Oui. Oui, lorsque les villages entiers ou des maisons étaient

  6   incendiés.

  7   Q.  Cela concernait quelles régions ?

  8   R.  Là il faudrait vraiment que vous soyez précis, que vous me donniez une

  9   date précise, parce que le conflit, peu à peu, s'est généralisé.

 10   Q.  Est-ce que cela a trait à quelque chose dont vous auriez fait mention

 11   soit dans le rapport, soit dans vos rapports, soit dans vos cahiers, ces

 12   déplacements de population ?

 13   R.  Vous voulez parler de la période qui vous intéresse plus

 14   particulièrement ?

 15   Q.  Oui.

 16   R.  Je ne pense pas que dans mes notes j'aie dit à quelque moment que ce

 17   soit que c'était permanent.

 18   Q.  Oui, mais est-ce que vous saviez vous-même la situation ? Vous dites

 19   que les gens, quand la situation s'apaisait, rentraient chez eux, mais

 20   qu'au bout d'un certain temps, les choses ont évolué puisque ces

 21   déplacements n'ont pas été suivis d'un retour. On a pu, à ce moment-là,

 22   parler de déplacements permanents ?

 23   R.  Je me suis entretenu avec des gens à Decan en avril. Je ne crois pas me

 24   souvenir que ces gens-là soient rentrés chez eux, soient rentrés dans leurs

 25   villages respectifs. Bien entendu, à l'époque, on n'était pas en mesure de

 26   dire si ce déplacement était permanent ou pas.

 27   Q.  Mais à ce moment-ci, ce n'était pas permanent --

 28   R.  En avril 1998.


Page 681

  1   Q.  Merci.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a de la part de la

  3   Défense de nouvelles questions à poser. Non. Je vois que dans les trois

  4   équipes, on m'a dit que c'est non.

  5   Les Juges de la Chambre n'ont pas non de questions à vous poser,

  6   Madame Andjelkovic. Nous en sommes donc arrivés au terme de votre

  7   déposition. Je souhaiterais vous remercier d'avoir bien voulu venir à La

  8   Haye pour déposer devant cette Chambre. Merci d'avoir répondu aux questions

  9   de la Défense, de l'Accusation et des Juges, et merci d'avoir accepter et

 10   d'avoir subi toutes les difficultés logistiques qui ont été les nôtres.

 11   Merci beaucoup.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci de votre patience.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous n'avons pas le temps de traiter de

 14   questions de procédure, parce qu'il n'y a plus de cassette, plus de bande

 15   pour enregistrer nos débats. La seule chose que je veux dire, c'est que la

 16   Chambre s'est penchée sur une demande de mesures de protection et cette

 17   demande est acceptée. Les motifs de la décision de la Chambre seront donnés

 18   quand nous aurons plus de temps.

 19   M. RE : [interprétation] S'agissant du calendrier, vous m'avez interrogé

 20   précédemment.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

 22   M. RE : [interprétation] La Chambre [comme interprété] a besoin de deux

 23   heures pour traduire les documents de la Chambre. Puis, il n'y a pas de

 24   documents relatifs au déplacement. Donc, c'est toujours 24 heures.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que cela vous gênerait si la

 26   Défense, le personnel de la Chambre et l'Accusation entraient en contact au

 27   sujet de tout problème pratique qui pourrait se poser ?

 28   Bien, c'est ce qu'on va faire, ceci n'entraînera pas de retard dans la


Page 682

  1   décision.

  2   Audience suspendue jusqu'à demain, 14 heures 15, Chambre II.

  3   --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le jeudi

  4   8 mars 2007, à 14 heures 15.

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12  

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28