Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 18 avril 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 14 heures 18.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, de quelle affaire

7 s'agit-il ?

8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Il s'agit

9 de l'affaire IT-04-84-T, le Procureur contre Ramush Haradinaj et consorts.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière. Merci

11 beaucoup.

12 Bonjour à tous et à toutes.

13 Maître Emmerson, vous êtes déjà debout.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, simplement --

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous voulez poursuivre le contre-

16 interrogatoire; c'est cela ?

17 M. EMMERSON : [interprétation] En effet.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] De combien de temps allez-vous encore

19 avoir besoin ? Pouvez-vous nous donner une idée ?

20 M. EMMERSON : [interprétation] Vous m'entendez ou pas ?

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Nous avons reçu un message de la Chambre de

23 première instance nous indiquant que la première partie de la journée nous

24 servirait à conclure le contre-interrogatoire.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

26 M. EMMERSON : [interprétation] Après avoir consulté mes confrères de la

27 Défense, je peux vous assurer que ce sera possible.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Il restera sans doute encore un

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1 peu de temps pour les questions supplémentaires.

2 A ce stade, Monsieur Dutertre, de combien de temps pensez-vous avoir

3 besoin ? Bien sûr, c'est une estimation simple.

4 M. DUTERTRE : Un quart d'heure, mais je peux essayer de m'adapter en

5 fonction des besoins de l'audience.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, les besoins de l'audience et les

7 besoins des parties, bien sûr également.

8 Monsieur Kearney, s'agissant de la vidéoconférence qui va avoir lieu

9 cet après-midi pour le témoin suivant, comment cela se présente-t-il ?

10 M. KEARNEY : [interprétation] Ce n'est pas mon témoin, Monsieur le

11 Président --

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Kearney.

13 M. KEARNEY : [interprétation] -- mais M. Di Fazio me dit que

14 l'interrogatoire principal devrait être terminé en une heure, quoi qu'il en

15 soit, en une heure et demie au plus.

16 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

17 M. KEARNEY : [interprétation] J'ai parlé avec la Défense avant le début de

18 cette séance. La Défense m'a indiqué que le contre-interrogatoire devrait

19 être limité à une heure.

20 M. EMMERSON : [interprétation] Même moins.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Parfait. Commençons.

22 Maître Emmerson, dans la mesure du possible, je vous invite à

23 conclure le contre-interrogatoire au cours de la première séance

24 d'aujourd'hui. N'hésitez pas même à être plus bref.

25 M. EMMERSON : [interprétation] Je ferai mon possible.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'abord, je veux m'adresser au témoin.

27 Témoin 21, j'aimerais vous rappeler que vous êtes toujours tenu de

28 respecter la déclaration solennelle que vous avez prononcée au début de

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1 votre déposition, déclaration selon laquelle vous direz la vérité, toute la

2 vérité et rien que la vérité. Je vous rappelle également que ce qui s'est

3 passé hier, au moment où vous avez exprimé quelque résistance à donner un

4 certain nombre de noms -- sommes-nous en audience publique ? Oui. Vous avez

5 hésité à donner un nom ou plusieurs noms. Dites-le nous, plutôt que de nous

6 dire que vous ne savez pas quel est le nom de telle ou telle personne,

7 puisque vous êtes tenu par le serment que vous avez prononcé. Vous devez

8 dire la vérité. Je comprends pourquoi vous aviez quelques hésitations. Mais

9 quoi qu'il en soit, faites-le nous savoir, même si vous êtes à même de nous

10 dire quelque chose que vous ne souhaitez pas dire.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Repassons en audience à huis clos

12 partiel.

13 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous y sommes.

14 [Audience à huis clos partiel]

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3 [Audience publique]

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons à présent entamer

5 l'interrogatoire principal du témoin suivant de l'Accusation.

6 M. Di Fazio êtes-vous prêt à appeler votre prochain témoin ?

7 M. DI FAZIO : [interprétation] Je le suis, en effet.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je ne me trompe, il n'y a pas de

9 mesures de protection.

10 M. DI FAZIO : [interprétation] Tout à fait. Si vous êtes d'accord, Monsieur

11 le Président, je vais appeler Qaush Sadikaj.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

13 Monsieur Sadikaj, enfin je présume que vous êtes M. Sadikaj.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pouvez-vous me voir ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pouvez-vous m'entendre dans une langue

18 que vous comprenez ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous entends, mais je ne sais pas qui

20 me parle à cet instant.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Celui qui vous parle --

22 LE TÉMOIN : [interprétation] En tout cas, je vous entends très bien.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que vous pouvez me voir à

24 l'écran ?

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Le Juge, oui.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, c'est le Juge qui vous adresse la

27 parole en cet instant. Puis-je avoir confirmation du représentant du greffe

28 que le lien vidéo est bien en place ? Est-ce qu'il y a quelqu'un du greffe

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1 ?

2 Je vous remercie.

3 M. LE GREFFIER : [à Pristina] [interprétation] Oui, Monsieur le Président,

4 bonjour. Je m'appelle Ram Doraiswamy. Je suis le Greffier présent pour la

5 conférence vidéo.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur Doraiswamy. Y a-t-il

7 quelqu'un d'autre présent à part vous et le témoin ?

8 M. LE GREFFIER : [à Pristina] [interprétation] Il y a aussi avec moi

9 quelqu'un de l'ITSS, celle qui gère les questions techniques quand elles se

10 présentent.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

12 Monsieur Sadikaj, avant que vous fassiez votre déposition, le Règlement

13 exige que vous fassiez une déclaration solennelle selon laquelle vous direz

14 la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité. Ce texte vient de vous

15 être remis. Je vous demande de faire cette déclaration.

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je déclare solennellement que je dirai la

17 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

18 LE TÉMOIN: QAUSH SADIKAJ [Assermenté]

19 [Le témoin répond par l'interprète]

20 [Le témoin dépose par vidéoconférence]

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. Vous allez d'abord

22 être interrogé par M. Di Fazio, qui est le conseil de l'Accusation. Ecoutez

23 bien ses questions et répondez-y de façon la plus concise possible.

24 Monsieur Di Fazio, vous pouvez poursuivre.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

26 Interrogatoire principal par M. Di Fazio :

27 Q. [interprétation] Monsieur Sadikaj, je vous demanderais de faire des

28 réponses par oui et par non. Je vais vous poser quelques questions vous

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1 concernant.

2 R. Oui.

3 Q. Vous vous appelez Qaush Sadikaj. Vous êtes né le 7 juillet 1947 ?

4 R. Oui.

5 Q. Vous êtes Albanais. Vous êtes né à Dashinoc, municipalité de Decane --

6 R. Oui.

7 Q. Je finis ma question d'abord, puis je vous demande votre réponse. Vous

8 pouvez confirmer tout en même temps. Je poursuis et je vous demanderai

9 quand il sera temps de me dire oui ou non, si vous voulez bien.

10 Je continue sur les questions vous concernant. En tant que personne, vous

11 avez quatre fils et deux filles. Vous avez fréquenté l'académie de police

12 de Brigade. Vous avez été diplômé en 1968. Vous avez d'abord été posté

13 comme policier à Gjakove au Kosovo. En 1973, vous avez été muté à

14 Mitrovica. En 1978, vous êtes devenu chef d'équipe à la prison de Dubrava.

15 Vous êtes resté en poste jusqu'en 1991, où vous avez pris votre retraite.

16 Est-ce que ces détails vous concernant sont tous corrects ?

17 R. Oui.

18 Q. Merci. Je vais maintenant vous poser quelques questions rapides

19 concernant le village où vous viviez. En 1998, résidiez-vous dans le

20 village de Dashinoc ?

21 R. En 1998, oui.

22 Q. Vous souvenez-vous du début, je veux dire le tout début, la première

23 moitié du premier mois de janvier 1998, combien de Serbes vivaient dans le

24 village ?

25 R. Je ne me souviens d'aucune date.

26 Q. Je ne vous demande pas de vous souvenir d'une date. Je vous donne une

27 fourchette de temps. Je répète ma question. Pendant la première moitié du

28 mois de janvier de 1998, combien de Serbes vivaient dans votre village ?

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1 R. Je ne sais pas, je ne peux pas vous donner de chiffre exact. Il y avait

2 une douzaine peut-être 13 foyers, vous voulez dire avant la guerre; c'est

3 cela ?

4 Q. Oui, très bien. Avant la guerre, en janvier 1998, combien de Serbes

5 vivaient dans votre village ? Je crois que vous nous dites 12 ou 13

6 familles; c'est bien cela ?

7 R. Oui, c'est cela, il s'agit de foyers.

8 Q. A ce moment-là, combien vivaient-ils d'Albanais dans votre village ?

9 R. Une cinquantaine de foyers.

10 Q. Merci. Connaissez-vous Milos Radunovic et Slobodan Radosevic ?

11 R. Oui.

12 Q. En 1998, étaient-ils des Serbes qui vivaient dans votre village ?

13 R. En 1998, oui tout à fait.

14 Q. Depuis quand les connaissiez-vous à ce moment-là ?

15 R. Je les connaissais depuis mon enfance. Je les connaissais parce qu'ils

16 vivaient dans mon village.

17 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

18 M. DI FAZIO : [interprétation]

19 Q. Merci. Je voudrais que vous jetiez un coup d'œil sur le 65 ter 3, s'il

20 vous plaît.

21 M. DI FAZIO : [interprétation] Je crois savoir que sur place on dispose

22 d'une version papier de document. J'aimerais que ce document soit montré au

23 témoin. Il s'agit spécifiquement d'une photo.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Milos et Mika ou Milica, sa femme que nous

25 appelions Mika.

26 M. DI FAZIO : [interprétation]

27 Q. Merci. Vous avez identifié les deux personnes que vous voyez sur cette

28 photo. Il s'agit de Milos Radunovic et de son épouse Mika ou Milica. C'est

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1 bien cela ?

2 R. Oui.

3 Q. Merci.

4 M. DI FAZIO : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais que nous

5 versions cette photo au dossier.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs le Juges, il s'agira de la

8 pièce P68, versée au dossier pour identification.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

10 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie.

11 Q. Ces deux hommes dont je viens de vous parler, Radunovic et Radosevic,

12 étaient-ils propriétaires de leurs maisons et vivaient-ils dans le village

13 de Dashinoc ?

14 R. Oui.

15 Q. Quand avez-vous vu ces deux hommes pour la dernière fois ?

16 R. Je les voyais pratiquement tous les jours avant la guerre. Ils

17 passaient devant chez moi. Ils vivaient dans mon village et mon village

18 n'est pas très grand. Nous nous voyions régulièrement.

19 Q. Je vous remercie. Les voyiez-vous de cette façon au début de l'année

20 1998, c'est-à-dire juste avant le début de la guerre et au début de la

21 guerre ?

22 R. Non, pas à ce moment-là. A ce moment-là nous étions séparés. Les choses

23 avaient changées à cause de la politique anti-albanais. A l'époque, ils

24 étaient armés et ils faisaient des choses qu'ils n'avaient jamais faites

25 auparavant ?

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Permettez que j'intervienne un instant.

27 S'il y a vraiment la possibilité d'égaliser le son entre ce que dit le

28 témoin et ce que disent les interprètes, ce serait une bonne chose. Je

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1 constate que c'est une erreur de ma part, j'aurais pu égaliser le son moi-

2 même.

3 M. EMMERSON : [interprétation] Veuillez m'excuser. Sur cette dernière

4 réponse, j'aimerais que l'on clarifie. Lorsqu'il dit : "Ils étaient armés

5 et ils faisaient des choses qu'ils n'avaient jamais faites avant." Je me

6 demandais si l'on pourrait clarifier de quel "ils" il s'agit.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio.

8 M. DI FAZIO : [interprétation] C'est une question que M. Emmerson pourra

9 clarifier dans son contre-interrogatoire. Je dois poursuivre mon

10 interrogatoire principal.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En effet. Dans un même temps vous

12 devriez comprendre, Monsieur Di Fazio, que si c'est quelque chose qui n'est

13 pas clair, il serait utile pour la Chambre de comprendre. Cela facilitera

14 la compréhension du reste du témoignage.

15 M. DI FAZIO : [interprétation] Je vous remercie.

16 Q. Qui était armé ? De qui parliez-vous quand vous disiez "ils étaient

17 armés" ?

18 R. En général, tous les Serbes étaient armés. Tout le monde avait au moins

19 une arme et parfois deux.

20 Q. Merci. Quand avez-vous vu pour la dernière fois Milos Radunovic et

21 Slobodan Radosevic ? Quand les avez-vous vous, l'un ou l'autre, pour la

22 dernière fois ?

23 R. Une semaine avant ces événements, les arbres près de ma maison ont été

24 incendiés. Slobo et Milos sont venus. Slobo a dit après que nos arbres

25 aient brûlé : voilà un territoire propre. Milos lui a dit : tais-toi, ne

26 dis rien le voisin est là. C'est la dernière fois que je les ai vus.

27 Q. Quand vous avez commencé votre réponse, vous avez dit : "Une semaine

28 avant les événements…" Quels événements ?

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1 R. Une semaine, une dizaine de jours, peut-être.

2 Q. Que s'est-il passé une semaine ou dix jours après ? Vous nous parlez

3 d'un événement, de quelque chose qui s'est passé une semaine.

4 R. Mes arbres ont été incendiés.

5 Q. Que s'est-il passé une semaine après que vos arbres ont été incendiés ?

6 C'est cela qui m'intéresse, non pas vos arbres. Que s'est-il passé une

7 semaine après cet épisode ?

8 R. La question était : Quand les ai-je vus pour la dernière fois. Je vous

9 ai répondu quand était la dernière fois que je les ai vus. Ce qui s'est

10 passé après, vous le savez très bien.

11 Q. Etes-vous en train de dire à la Chambre, aux trois Juges qui vous

12 écoutent, que la dernière fois que vous avez vu ces deux hommes, l'un ou

13 l'autre de ces hommes, environ une semaine après que vos arbres ont été

14 incendiés ? Est-ce que c'est cela que vous êtes en train de dire ? Pouvez-

15 vous expliquer la chose aux trois Juges qui vous écoutent ?

16 R. Que cela ait été une semaine ou dix jours, cela je n'en suis pas sûr.

17 Q. Vous nous avez dit que vos arbres avaient été incendiés. C'est bien

18 cela ? Dites-moi oui ou non. Est-ce que c'est vrai ?

19 R. Oui, tout à fait.

20 Q. Bien. Par rapport au jour où vos arbres ont été incendiés, quand avez-

21 vous vu Slobodan Radosevic ou Milos Radunovic par rapport à cet épisode ?

22 La dernière fois que vous les avez vus, était-ce une semaine après ? Dix

23 jours après ? Une semaine avant ? Dix jours avant ? Veuillez l'expliquer

24 aux Juges qui ont envie de le savoir.

25 R. C'était le même jour où mes arbres ont été incendiés.

26 Q. Vous avez vu Milos Radunovic et Slobodan Radosevic le jour où vos

27 arbres ont été brûlés. C'est bien cela ?

28 R. Oui.

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1 Q. Les avez-vous jamais revus ?

2 R. Oui, tout à fait.

3 Q. Je vous demande si vous les avez revus après cet épisode ?

4 R. Non, non.

5 Q. Je vois. Vous en êtes sûr ?

6 R. J'en suis sûr.

7 Q. Quand vous les avez vus pour la dernière fois, étaient-ils accompagnés

8 de quelqu'un d'autre ?

9 R. Bon, ne nous méprenons pas. Ils passaient. Je les ai vus de loin, je

10 n'étais pas tout près, je n'étais pas à proximité quand je les ai vus.

11 Q. Parlez-vous du jour où vos arbres ont été incendiés ?

12 R. Oui.

13 Q. Bien. Vous dites que vous les avez vus passer dans le lointain.

14 Etaient-ils à ce moment-là accompagnés, ces deux hommes, Milos Radunovic ou

15 Slobodan Radosevic ? Vous les avez vus avec quelqu'un d'autre quand vous

16 les avez vus de loin ?

17 R. Non, non. Je crois que vous mélangez. Slobodan venait de sa maison vers

18 les bois. Il voulait voir les arbres qui avaient brûlé. Milos, quant à lui,

19 il venait de sa propre maison. Leurs maisons sont dans deux directions

20 opposées. Ils n'étaient accompagnés de personne à ce moment-là.

21 Q. C'était la dernière fois que vous les avez vus ?

22 R. Oui, c'est la dernière fois que je les ai vus de près. De près, c'est

23 la dernière fois.

24 Q. Je vous remercie de clarifier. Quelle est la dernière fois que vous les

25 avez vus, que ce soit de près ou de loin ?

26 R. Je ne me souviens même pas de la dernière fois que j'ai vu mon propre

27 père, sans parler d'eux. Tout était très difficile à cette époque. Tout

28 était dangereux. Nous ne sortions plus.

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1 Q. Je ne vous demande pas la dernière fois où vous avez vu votre père, ni

2 si c'était une époque dangereuse. Je vous demande la chose suivante :

3 parlez-nous de la dernière fois où vous les avez vus, que ce soit de près

4 ou de loin.

5 R. Je les ai vus à peu près tous les jours. Il y avait des jours où je ne

6 les voyais pas. Pendant quelque temps, je ne les voyais pas. Puis je les ai

7 vus avec des fusils sur l'épaule. Où ils sont partis, je ne sais pas. Je ne

8 sais pas quoi vous dire maintenant.

9 Q. Avez-vous fait une déclaration au bureau du Procureur, à un enquêteur

10 auprès du bureau du Procureur, en octobre 2005 ? Avez-vous fait une telle

11 déclaration ?

12 R. Oui.

13 Q. Vous nous dites que vous ne vous souvenez pas des choses très claires.

14 C'est en gros ce que vous nous dites maintenant. Est-ce que cela vous

15 faciliterait les choses, Monsieur Sadikaj, si je vous montrais votre

16 déclaration ? Est-ce que cela rafraîchirait votre mémoire ? Est-ce que vous

17 aimeriez y jeter un coup d'œil ?

18 R. Il y a des erreurs, des erreurs de traduction dans cette déclaration.

19 Q. Je ne vous demande pas s'il y a des erreurs dans cette déclaration. Je

20 vous demande si vous aimeriez y jeter un coup d'œil pour rafraîchir votre

21 mémoire; est-ce que cela vous serait utile ?

22 R. Oui, je veux bien y jeter un coup d'œil.

23 Q. Merci.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Di Fazio.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] Messieurs les Juges, l'Accusation va être

26 obligé -- je préfère que l'on enlève le casque du témoin. Je vais

27 maintenant vous parler d'une question sur laquelle il convient qu'il ne

28 nous écoute pas.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais demander au représentant du

2 Greffe de -- je vois qu'on lui a enlevé ses écouteurs.

3 M. DI FAZIO : [interprétation] Donnez-moi un instant, s'il vous plaît,

4 Monsieur le Juge. Je vais devoir m'entretenir avec mon commis à l'affaire.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

6 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

7 [Le conseil de l'Accusation se concerte]

8 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

9 Messieurs les Juges, si vous permettez, il me semble assez clair que

10 notre témoin est à présent hostile à l'Accusation. Par ailleurs --

11 M. GUY-SMITH : [interprétation] Absolument pas.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Guy-Smith, nous allons peut-être

13 donner à M. Di Fazio l'occasion de terminer sa phrase.

14 Monsieur Di Fazio.

15 M. DI FAZIO : [interprétation] En gros, ce qu'il nous dit maintenant, c'est

16 qu'il ne se souvient plus de rien de ce dont il nous a parlé dans la

17 déclaration qu'il a faite.

18 Par ailleurs, l'Accusation a déjà fait une séance de récolement avec

19 ce témoin, et il nous a confirmé le gros de ce qui était dans sa

20 déclaration. En fait, je pense qu'il sera nécessaire pour moi de faire un

21 contre-interrogatoire.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

23 Puis-je avoir une réponse de la Défense --

24 M. DI FAZIO : [interprétation] Je comprends bien que, dans la pratique,

25 cela pourrait être totalement impossible aujourd'hui, même si vous êtes

26 favorable à cette demande, dans la mesure où il n'a pas sa déclaration sous

27 les yeux, là-bas. Je comprends que cela n'a pas été --

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En effet. J'aimerais que la Défense

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1 fasse toute remarque opportune quant à la possibilité que ce témoin, peut-

2 être, ne soit pas à proprement parler hostile, mais soit simplement un peu

3 troublé par la situation, et qu'il serait peut-être préférable de lui poser

4 des questions directives, plutôt que de le traiter comme un témoin hostile.

5 M. EMMERSON : [interprétation] Permettez que je réponde. Tout d'abord, il y

6 a plusieurs étapes avant de décider s'il s'agit bel et bien d'un témoin

7 hostile. La première consisterait à clarifier avec le témoin s'il pense

8 qu'il a du mal à s'en souvenir. Ce qui pourrait être effectivement facilité

9 en lui rafraîchissant la mémoire.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

11 M. EMMERSON : [interprétation] Si je ne me trompe, telle est la question

12 que M. Di Fazio vient de poser et à laquelle il a obtenu une réponse. Cela

13 ne me pose aucun problème en ce qui me concerne. Je ne peux pas parler pour

14 les autres conseils de la Défense, mais cela ne me pose pas de problème que

15 l'on montre à ce témoin sa déclaration pour rafraîchir sa mémoire.

16 Par ailleurs, cela ne me gênerait pas non plus qu'on lui pose

17 quelques questions brèves et directives qui orientent son attention vers un

18 incident, sans pour autant l'encourager à nous dire de quoi il s'agit. Le

19 fait est que ce n'est pas parce que ce témoin frustre l'interrogatoire

20 qu'il est nécessairement hostile.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

22 M. DI FAZIO : [interprétation] Ce n'est pas une question de frustration

23 ici. Vous, Messieurs les Juges --

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'aimerais d'abord avoir la réponse de

25 tous les conseils de la Défense.

26 Maître Guy-Smith.

27 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, je pense qu'il est toujours important

28 quand on réfléchit à la meilleure façon de gérer un témoin qui ne répond

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1 pas de la façon dont l'interrogatoire aurait aimé qu'il réponde de

2 réfléchir à la méthode. La première façon, à mon avis, serait de savoir

3 s'il y a moyen de rafraîchir sa mémoire.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

5 M. GUY-SMITH : [interprétation] Cela exigerait naturellement qu'on lui

6 montre sa déclaration et peut-être qu'on lui pose des questions directives;

7 l'un ou l'autre. Si je ne me trompe, M. Di Fazio a le problème des

8 contraintes de temps. Mais, très franchement, rien de ce qui s'est passé

9 pour l'instant ne démontre que ce monsieur est hostile. S'il y a une série

10 d'étapes par lesquelles nous devons passer, je pense qu'on ne peut pas

11 décider tout de suite de ce que sera la conclusion. Je suis tout à fait

12 satisfait que nous passions par ces étapes qui peuvent amener le Tribunal à

13 déterminer si c'est un témoin hostile ou non.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En effet. Quand je cherchais ma réponse,

15 je faisais déjà allusion à cela -- ce que nous pouvons peut-être un peu

16 moins --

17 M. HARVEY : [interprétation] Moins dans la coercition.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Harvey, est-ce que c'est là votre

19 contribution, ou est-ce que vous aimeriez dire encore quelques mots ?

20 M. HARVEY : [interprétation] Je suggèrerais en tout cas qu'il y ait des

21 façons moins coercitives que celles que nous pourrions adopter au moment où

22 nous arrivons au seuil de l'hostilité. Pour l'instant, le témoin n'a pas

23 encore fait preuve d'hostilité.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

25 Monsieur Di Fazio, je comprends, d'après les conseils de la Défense,

26 qu'ils sont ouverts par rapport à la situation à laquelle vous êtes

27 confronté. En même temps, ils ne seraient pas contre l'adoption d'une

28 approche peut-être un peu moins coercitive, quelque chose qui nous aiderait

Page 2887

1 à remettre le témoin sur le droit chemin.

2 M. EMMERSON : [interprétation] En ce qui me concerne, cela ne me

3 dérangerait pas du tout que l'on soumette au témoin ses propres mots en lui

4 disant : Vous souvenez-vous que vous disiez qu'il y avait eu un échange de

5 feu à partir de la maison de Slobodan Radosevic, par exemple. Cela lui

6 faciliterait peut-être la tâche.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Di Fazio, insistez-vous pour

8 obtenir une décision de la Chambre s'agissant du caractère hostile du

9 témoin ?

10 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, je ne le retrouve plus, mais je l'ai

11 entendu dire que sa déclaration contenait des inexactitudes. Je l'ai

12 entendu dire cela.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais j'ai compris par cela qu'il

14 faisait peut-être référence à une séance de récolement au cours de laquelle

15 il aurait pu apporter des corrections à certaines parties de la

16 déclaration.

17 M. HARVEY : [interprétation] Page 82, ligne 17.

18 [La Chambre de première instance se concerte]

19 M. DI FAZIO : [interprétation] Vous voyez …

20 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, puisque vous insistez

22 pour obtenir une décision de la Chambre, la Chambre ne fait pas droit à

23 votre requête et vous invite à remettre le témoin sur le droit chemin en

24 recourant éventuellement à des questions un peu plus directives ou en lui

25 rafraîchissant la mémoire, mais pas dans le cadre d'un contre-

26 interrogatoire de votre part, pour l'instant.

27 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-on demander au témoin de remettre

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1 ses écouteurs.

2 Monsieur Sadikaj, M. Di Fazio va continuer à vous poser des questions.

3 Essayez de les écouter attentivement et de répondre à la question qui vous

4 est posée.

5 Veuillez procéder, Monsieur Di Fazio.

6 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

7 Avant cela, il y a une ou deux questions sur lesquelles j'aimerais

8 poser des questions au témoin à propos de sa déclaration.

9 Q. Témoin, je vous ai demandé si vous aviez fait une déclaration au bureau

10 du Procureur en octobre 2005. Vous avez répondu que oui. Ensuite, je vous

11 ai dit qu'apparemment vous aviez du mal à vous souvenir des événements en

12 question. Je vous ai vous demandé s'il vous serait utile de consulter cette

13 déclaration si ceci vous rafraîchirait la mémoire ? Vous avez répondu qu'il

14 y avait des erreurs de traduction dans cette déclaration.

15 De quelles erreurs s'agit-il ? Pouvez-vous le dire à la Chambre ?

16 Pourriez-vous présenter une liste de ces erreurs à la Chambre, ou nous dire

17 sur quel sujet ces erreurs ont été commises ?

18 M. EMMERSON : [interprétation] Si vous me permettez.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis désolé.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux regarder ma déclaration,

21 s'il vous plaît.

22 M. EMMERSON : [interprétation] Il me semble, si je puis dire, que M. Di

23 Fazio essaie de rendre la vie compliqué à ce témoin plutôt que de lui

24 faciliter la tâche. Nous avons proposé une solution simple, poser une

25 question directive au témoin. Nous avons, je crois, présenté une solution

26 tout à fait simple qui permet de tester le témoin. Là, il essaye de le

27 contre-interroger.

28 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, je ne le contre-interroge pas. Me

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1 Emmerson devrait le savoir. C'était une question tout à fait simple, qui

2 n'était pas directive mais qui consistait simplement à demander au témoin

3 de présenter à la Chambre de première instance une liste d'erreurs telle

4 qu'il les a vues dans la déclaration. C'est tout ce que je voulais savoir.

5 Je voulais simplement savoir au départ ce qui figurait déjà clairement dans

6 sa déclaration. Ce n'est pas un contre-interrogatoire.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, peut-être que ceci

8 pourrait vous aider. La Chambre en réalité préférerait que essayiez d'abord

9 de remettre le témoin dans le droit chemin, à savoir que vous attiriez son

10 attention sur les événements qui constituent le cœur de sa déposition. S'il

11 y a des problèmes de traduction, nous allons nous en rendre compte au fur

12 et à mesure.

13 Poursuivez.

14 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci beaucoup.

15 Q. Monsieur Sadikaj, y a-t-il eu un moment ou un autre dans votre village

16 où vous avez vu Milos Radunovic se rendre vers la maison de Slobodan

17 Radosevic en compagnie d'hommes armés. Au cours de ce même moment ou peu de

18 temps après, y a-t-il eu échange de coups de feu provenant de la maison de

19 Radosevic ? Avez-vous souvenir qu'un tel incident s'est produit ?

20 R. Oui, je me souviens de cela. Cela ne s'est pas passé comme cela.

21 J'étais dans la cour à 200 ou 300 mètres d'eux. Maintenant, pour la suite,

22 posez-moi d'autres questions pour savoir ce qui s'est passé ensuite.

23 Q. Maintenant, j'aimerais que vous disiez aux Juges de la Chambre de

24 première instance très précisément ce que vous avez vu à ce moment-là.

25 Commençons par le moment vous avez vu M. Radunovic se diriger en direction

26 à pied de la maison de Slobodan Radosevic. Essayez, s'il vous plaît, de

27 fournir aux Juges de la Chambre qui vous écoutent le plus de détails

28 possibles. Dites-leur par qui M. Radunovic était accompagné. Dites-leur qui

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1 étaient ces hommes si vous les aviez reconnus. Dites aux Juges de la

2 Chambre de première instance si ces hommes étaient armés ou pas et s'ils

3 portaient des uniformes.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Peut-être …

5 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais dans ma cour. J'ai entendu des gens

6 parler. Je me suis tourné vers l'endroit d'où venait le bruit. J'ai vu une

7 voiture blanche qui s'était arrêtée là. Il y avait cinq ou six personnes

8 dont trois portaient des uniformes de camouflage, trois à peu près, des

9 uniformes de l'armée yougoslave. Je le sais parce que j'ai fait mon service

10 militaire. Je connais cet uniforme.

11 Ils ont parlé avec Milos en albanais et en serbe. Ensuite, ils sont

12 partis en direction de la maison de Milos. Quelques instants plus tard, ils

13 sont revenus. Ils sont allés chez Slobo et ils continuaient à parler les

14 uns avec les autres. C'était une conversation normale, sans menace ou

15 autre.

16 Qui étaient-ils, je ne peux pas vous le dire parce qu'ils étaient à

17 200 ou à 300 mètres de là. Je ne peux pas vous le dire et personne d'autre

18 ne le pourra.

19 M. DI FAZIO : [interprétation]

20 Q. Merci. Avez-vous entendu les sujets abordés au cours de cette

21 conversation entre les hommes et Milos ?

22 R. Non. Je n'ai pas entendu parce que, comme je vous l'ai dit, ils étaient

23 à 200 ou à 300 mètres de là. C'était un échange normal. Ils ne criaient

24 pas. J'ai entendu un mot par-ci par-là, mais je ne pourrais pas vous dire

25 ce qu'ils se sont dits.

26 Q. Merci. Avez-vous entendu quoi que ce soit dit à propos de l'endroit où

27 se trouvait la maison de Slobodan Radosevic dit par ces hommes, ce jour-

28 là ?

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1 R. Lorsqu'ils se sont rapprochés, j'ai entendu qu'ils prononcer le nom de

2 Slobodan. Je les ai vus se diriger vers chez lui, c'est-à-dire, à environ

3 800 mètres de chez moi. Je ne les ai pas vus de près parce qu'il y a un mur

4 qui bloquait la vue. Je n'ai entendu que quelques mots. Cela étant dit,

5 j'avais peur de sortir et de les regarder de près.

6 Q. Vous êtes en train de nous dire que vous ne les avez pas vus du tout,

7 n'est-ce pas ?

8 R. Non, non. Je ne les ai pas vus.

9 Q. Merci. Avez-vous entendu des tirs d'armes dans votre village ce jour-

10 là ?

11 R. Après une dizaine de minutes, alors qu'ils étaient partis en direction

12 de la maison de Slobodan, j'ai entendu cinq à six coups de feu. Ensuite,

13 cela s'est arrêté.

14 Q. Pendant combien de temps --

15 R. Ensuite, la voiture blanche est partie en cette direction.

16 Q. Pendant combien de temps avez-vous entendu les tirs ?

17 R. Environ une demi-heure. En une demi-heure deux bataillons peuvent

18 facilement s'affronter. Cela a duré trois ou quatre minutes.

19 Q. Quelle est la bonne période ? Est-ce que c'est une demi-heure ou est-ce

20 que c'est trois ou quatre minutes. Pourriez-vous préciser ?

21 R. Enfin, j'ai dit qu'après une demi-heure, je n'ai pas dit que les tirs

22 avaient duré une demi-heure. C'est cela que je voulais dire. C'est arrivé

23 le même jour. Peut-être qu'ils ont compris que je disais une demi-heure,

24 mais je ne parlais pas d'une demi-heure parce que cela fait long pour

25 échanger quelques tirs seulement.

26 Q. C'est qui "ils" ? Vous avez dit qu'ils ont compris. "Ils," c'est qui ?

27 R. Les personnes dont vous me parlez. Je ne sais pas pourquoi elles sont

28 allées là-bas. J'ai entendu six, sept, huit coups de feu, pas plus.

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1 Q. Avez-vous revu Milos ou Slobodan par la suite ?

2 R. Non, non, non. Que dites-vous ?

3 Q. Ce que je dis, c'est la chose suivante. Ecoutez bien. Je le répète, ce

4 que j'ai déjà dit.

5 R. Oui, Monsieur.

6 Q. N'avez-vous jamais revu Milos ou Slobodan par la suite ?

7 R. Non.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, j'aimerais obtenir du

9 témoin une précision.

10 Monsieur Sadikaj, un peu plus tôt - je vais vous donner lecture de ce que

11 vous avez dit - un peu plus tôt, vous avez dit la chose suivante : "Après

12 dix minutes, après un moment, ils sont partis en direction de chez

13 Slobodan. J'ai entendu cinq ou six coups de feu, et ensuite cela s'est

14 arrêté."

15 Quelques lignes plus bas, vous dites les tirs ont commencé après une

16 demi-heure.

17 Une fois que vous les avez vus se rendre vers la maison de Slobodan, après

18 ce moment-là, combien de temps s'est écoulé avant que vous n'entendiez les

19 cinq ou six coups de feu ? Dix minutes ou plus ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Plus d'une demi-heure après.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien.

22 Poursuivez, Monsieur Di Fazio.

23 M. DI FAZIO : [interprétation]

24 Q. Qui que ce soit dans votre secteur vous a-t-il dit ce qu'ils leur

25 étaient arrivés ? Au cas où vous ne savez pas de qui je parle lorsque je

26 dis "ils," il s'agit de Slobodan et de Milos.

27 R. Ce jour-là, lorsque cela leur est arrivé, nous ne savons pas qui était

28 à l'origine de ce qu'ils leur étaient arrivés, à qui ils avaient affaire.

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1 Nous savions qu'il y avait un accord avec la police et l'armée consistant à

2 les défendre. Ce jour-là, nous avons fui le village, nous tous, les vieux,

3 les jeunes et les enfants parce que nous savions qu'il y avait un accord.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Sadikaj, s'il vous plaît --

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- concentrez-vous sur la question. La

7 question était de savoir si qui que ce soit avait dit quoi que ce soit sur

8 ce qui était arrivé à Slobodan et Milos. Qui que ce soit de votre région,

9 est-ce que quelqu'un vous a dit ce qui était arrivé à ces hommes ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Après deux ou trois jours, nous avons entendu

11 un homme qui était venu en tracteur dire qu'il avait vu deux cadavres. Il

12 ne savait pas qui c'était. Par la suite, nous avons entendu à la télévision

13 de Pristina qui étaient ces personnes mortes, également à la télévision de

14 Belgrade. Nous n'osions pas sortir de chez nous.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous a-t-on dit que les corps étaient

16 ceux de Slobodan et Milos ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez procéder, Monsieur Di Fazio.

19 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci.

20 Q. Mais à part les médias, y a-t-il eu quelqu'un d'autre, une personne qui

21 ait dit ce qui était arrivé à Milos et à Slobodan ?

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, s'il vous plaît,

23 regardez la page 92, lignes 20 à 21, et 22 --

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous parliez, n'est-ce pas, de "d'autres

26 sources que les médias" ?

27 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez.

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1 M. DI FAZIO : [interprétation]

2 Q. Témoin, vous avez dit que quelqu'un en tracteur est venu et vous a

3 parlé de ces deux cadavres et qu'il ne savait pas de qui il s'agissait.

4 C'est intéressant. Ensuite, vous nous avez dit que vous avez entendu ce qui

5 était arrivé à Milos Radunovic et à Slobodan Radosevic dans les médias. Ma

6 question est la suivante : à part les médias, est-ce qu'il y a quelqu'un

7 d'autre qui vous a donné des informations sur le sort de Milos Radunovic et

8 de Slobodan Radosevic ?

9 R. Non. Je n'ai fait qu'entendre des rumeurs, mais cela ne m'intéressait

10 pas. Je ne cherchais pas à apprendre quoi que ce soit. Je ne sais pas qui a

11 lancé la rumeur. Je n'ai fait qu'entendre cette rumeur dans le village.

12 Q. Une rumeur à propos de quoi ?

13 R. J'ai juste entendu dire qu'il y avait deux cadavres. C'étaient les

14 cadavres des deux personnes à propos desquelles vous m'interrogez. Parce

15 que la personne en tracteur ne les a pas reconnus. Il ne les connaissait

16 pas.

17 Q. Bien. Merci. Je crois que vous avez un souvenir assez net de cette

18 information qui vous a été donnée faisant d'état de l'existence de deux

19 cadavres. Pouvez-vous répondre à ma question, s'il vous plaît.

20 R. Je n'ai pas entendu la question.

21 Q. Je vais la répéter. Vous avez un souvenir net de cet épisode au cours

22 duquel quelqu'un vous a parlé de ces deux cadavres ?

23 R. Ce n'est pas qu'il me l'a dit à moi personnellement. Il l'a dit dans le

24 village. Il a dit qu'il y avait deux cadavres qui avaient été trouvés dans

25 le village de Kodralija, à environ 200 kilomètres de Dashinoc, où j'étais.

26 Q. Bien. Je crois que vous avez que vous aviez en mémoire du moment où

27 l'on vous a informé de cela.

28 L'INTERPRÈTE : Correction, 2 kilomètres.

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1 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci de la correction. Je poursuis ma

2 question.

3 Q. Vous êtes sûr que l'on ne vous a pas donné la moindre information

4 concernant l'identité de ces deux personnes mortes ?

5 R. Il n'avait pas besoin de me dire qui c'était. Pourquoi alors l'a-t-il

6 fait ?

7 Q. Dois-je comprendre de votre réponse que l'on ne vous a communiqué

8 aucune information sur l'identité de ces deux personnes décédées ?

9 M. EMMERSON : [interprétation] Avant que le témoin réponde à cette

10 question, je crois que cet échange pourrait amener à une certaine

11 confusion. Le témoin a décrit un homme sur un tracteur qui a parlé de ces

12 deux cadavres qui avaient été trouvés à proximité, à deux kilomètres de là.

13 Il dit également --

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin va entendre tout cela. Je ne

15 sais pas si c'est approprié.

16 M. DI FAZIO : [interprétation] Oui, j'aimerais qu'on lui retire ses

17 écouteurs.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je demande au représentant du Greffe de

19 bien vouloir les retirer. C'est fait.

20 M. EMMERSON : [interprétation] Il a aussi parlé de rumeurs. Je n'ai pas

21 fait objection lorsque M. Di Fazio a commencé à tester la rumeur, même si

22 la pratique, de manière générale dans ce Tribunal, c'est d'éviter toute

23 question relative à de pures rumeurs. Mais quoi qu'il en soit, s'il

24 souhaite poser des questions au témoin pour savoir qui a dit quoi, à qui,

25 et quand, il est très important que les questions soient les plus précises

26 possible. Or, la dernière question était extrêmement circonvenue. La

27 question était : Etes vous certain de ne pas avoir reçu la moindre

28 information sur l'identité de ces deux personnes mortes ? Par qui aurait-il

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1 reçu ces informations ? Est-ce qu'il parle de l'homme sur le tracteur dans

2 le village ?

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je crois que nous avons compris

4 votre argument.

5 Monsieur Di Fazio, effectivement, les Juges de la Chambre vous

6 seraient reconnaissants si vous pouviez tirer au clair la situation. Je

7 sais que vous essayez d'obtenir des réponses claires. Pouvez-vous, s'il

8 vous plaît, intensifier vos efforts dans ce sens ?

9 J'aimerais que l'on remette les écouteurs au témoin.

10 Monsieur Di Fazio, poursuivez.

11 M. DI FAZIO : [interprétation]

12 Q. Est-ce qu'on ne vous a jamais fourni l'identité de ces deux corps, je

13 pense soit à l'homme du tracteurs, soit à ces rumeurs, à ces bruits, qui

14 couraient ?

15 R. A un moment donné, j'ai appris de qui il s'agissait, mais pas à ce

16 moment-là, parce que nous sommes partis la même nuit, nous sommes tous

17 partis du village, et nous sommes allés à Vranoq.

18 Q. Quand est-ce que vous avez appris de qui il s'agissait et comment

19 l'avez-vous appris, d'ailleurs ?

20 R. Après trois jours, j'ai entendu dire qu'il y avait deux personnes

21 mortes sur le territoire de Kodralija, loin de notre village, mais je ne

22 savais pas de qui il s'agissait.

23 Q. Merci.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Sadikaj, M. Di Fazio vous a

25 demandé de nous dire quand est-ce que vous avez appris que les corps

26 étaient les corps de ces deux hommes. Est-ce que vous pourriez nous le

27 dire, je vous prie ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour vous dire la vérité, je ne m'en souviens

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1 pas.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Oui.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne me souviens pas du moment où je l'ai

4 appris, parce que c'était un évènement vague, une situation qui était

5 floue.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous vous souvenez qui vous a

7 dit, ou comment vous avez appris, que les deux corps qui avaient été

8 trouvés étaient les corps de Milos et de Slobodan.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a un passant qui est arrivé. Je ne sais

10 pas s'il venait de Bardhaniq ou d'un autre village, mais il avait vu les

11 deux corps et il en a parlé à quelqu'un dans la rue, et c'est ainsi que la

12 rumeur s'est propagée immédiatement dans le village entier. C'est ainsi que

13 cette rumeur s'est propagée à propos de quelqu'un qui était mort.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. La personne qui avait vu ces

15 corps, est-ce qu'elle a indiqué de qui il s'agissait ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas vu cette personne personnellement.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai juste entendu la rumeur qui se propageait

19 dans le village.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cette rumeur, elle portait sur les corps

21 qui avaient été trouvés, ou sur le fait que les corps qui avaient été

22 trouvés étaient les corps de Slobodan et de Milos ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] A ce moment-là, nous ne savions pas de qui il

24 s'agissait. Je vous ai dit que nous étions dans un autre village, à une

25 distance de 10 kilomètres. Nous nous étions réfugiés dans ce village. C'est

26 après que nous avons entendu cette nouvelle, à savoir qu'il y avait deux

27 personnes mortes. C'est par la suite que nous avons appris de qui il

28 s'agissait.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Vous dites que c'est par la suite

2 que vous avez appris de qui il s'agissait. Mais est-ce que vous vous

3 souvenez du moment où vous avez appris de qui il s'agissait, et est-ce que

4 vous vous souvenez de la façon dont vous l'avez appris ?

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'en souviens pas véritablement.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que cela s'est passé une semaine

7 après l'évènement, deux semaines après l'évènement ? L'INTERPRÈTE : Les

8 interprètes n'ont pas entendu la réponse du témoin.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Sadikaj, est-ce que cela s'est

10 passé une semaine après, deux semaines après, une année après ? Ou est-ce

11 que vous n'avez appris que récemment que ces corps étaient les corps de

12 Milos et de Slobodan ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit que je dirais la vérité, donc je ne

14 peux pas vous dire si je l'ai appris hier. Je ne peux pas vous dire à

15 quelle date je l'ai appris. Je n'en sais rien. J'ai dit aux enquêteurs du

16 Tribunal exactement la même chose. Je leur ai dit qu'il ne s'agissait que

17 d'idées approximatives.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais c'est tout ce que je vous demande.

19 Je vous demande de me dire si vous avez appris grosso modo

20 approximativement une semaine après ? Deux semaines après ? Une année après

21 ? Cinq ans après ? Est-ce que vous pourriez nous le dire ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Peut-être deux semaines plus tard, trois

23 semaines plus tard, peut-être un mois après, parce que la télévision de

24 Belgrade fonctionnait à l'époque, la chaîne B1, B2, et la presse écrite

25 également.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez appris cela par les médias ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, essentiellement par les médias, parce que

28 nous n'osions pas quitter nos foyers. C'est un petit village qui est très

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1 éloigné.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, poursuivez, je vous

3 prie.

4 M. DI FAZIO : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

5 Q. Qu'avez-vous dit exactement aux enquêteurs du Tribunal, lorsque vous

6 dites que vous leur avez parlé de façon approximative ? Sur quoi est-ce que

7 cela portait ?

8 R. Je ne comprends pas votre question.

9 M. EMMERSON : [interprétation] Puis-je intervenir ? Il se peut si

10 vous prenez les paragraphes 17 et 18 de la déclaration de ce témoin, et

11 notamment la première phrase du paragraphe 18, pensez-vous que cela soit

12 utile ?

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

14 M. DI FAZIO : [interprétation] Je souhaiterais que le témoin ôte ses

15 écouteurs.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que le témoin pourrait

17 enlever ses écouteurs ?

18 Voilà une chose de faite. Oui.

19 Monsieur Di Fazio, Me Emmerson a attiré notre attention sur les paragraphes

20 17 et 18.

21 M. DI FAZIO : [interprétation] Me Emmerson peut poursuivre, mais je ne

22 voulais tout simplement pas que cela soit entendu par cette personne.

23 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, c'est juste que M. Di Fazio voulait

24 savoir à propos de quoi il y avait un manque de certitude. Je voulais tout

25 simplement attirer votre attention sur ce paragraphe.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

27 Est-ce que le témoin peut remettre ses écouteurs.

28 M. DI FAZIO : [interprétation]

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1 Q. Monsieur, je voulais juste mettre un terme à quelque chose. Vous avez

2 dit à la Chambre de première instance, aux trois Juges, que l'on ne vous

3 avait rien communiqué à propos de l'identité des corps qui ont été trouvés

4 près de votre village à Kodralija, que ce soit la rumeur, que ce soit

5 l'homme du tracteur, ou que ce soit d'autres sources. Vous ne voulez rien

6 dire à ce sujet ?

7 R. Oui. Non. C'est exact.

8 Q. Personne ne vous a jamais rien dit à propos de l'identité de ces

9 corps ?

10 R. Non.

11 Q. Vous vous souvenez de l'émission télévisée ou de la diffusion à la

12 télévision dans laquelle il avait été question de la découverte des corps

13 de Milos Radunovic et Slobodan Radosevic ? Vous vous souvenez de cela ?

14 R. Oui, je m'en souviens.

15 Q. Bien.

16 M. DI FAZIO : [interprétation] Je n'ai plus de questions à poser -- ou

17 plutôt, je vais reformuler ce que je souhaite dire. Je réitère ma requête,

18 la requête que j'avais présentée un peu plus tôt. Je pense que j'aimerais

19 vous en parler en l'absence du témoin.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que le témoin peut enlever

21 ses écouteurs ?

22 Monsieur Di Fazio, vous avez été invité à rafraîchir la mémoire du témoin.

23 Je ne sais pas exactement ce qui vous perturbe ou ce qui vous gêne. Est-ce

24 que vous pourriez faire référence aux paragraphes, car vous avez

25 l'impression -- vous me dites que le témoin s'écarte de sa déclaration

26 originale, parce que nous l'avons cette déclaration. Est-ce que vous

27 pourriez faire référence aux paragraphes ?

28 M. DI FAZIO : [interprétation] Il nous donne force détails dans le

Page 2902

1 paragraphe 16.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

3 M. DI FAZIO : [interprétation] Il a dit qu'il a entendu des tirs en

4 provenance de la direction de Decani.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais c'est lendemain de l'incident,

6 oui ?

7 M. DI FAZIO : [interprétation] Il est en mesure de dire que, soit le

8 lendemain ou le surlendemain, les villageois de Dasinovac sont venus et ont

9 dit qu'ils avaient vu les corps, et que, d'après ces villageois, les

10 personnes avaient été tuées, parce qu'ils avaient vu des traces de balles

11 sur les corps.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais est-ce qu'il y a un problème

13 si l'on indique au témoin ce qu'il a dit à propos du fait qu'il n'avait pas

14 été en mesure d'identifier le corps.

15 M. EMMERSON : [interprétation] Non, mais il faut que cela soit fait de

16 façon équitable.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

18 M. EMMERSON : [interprétation] Je veux attirer votre attention, ainsi que

19 l'attention de M. Di Fazio, sur les paragraphes 17 et 18, parce que

20 lorsqu'on lui a demandé de plus amples informations, il est évident que le

21 témoin, lorsque l'on voit les paragraphes 17 et 18, n'est pas sûr de la

22 source des informations. Si vous voyez le paragraphe 18 --

23 M. DI FAZIO : [interprétation] Ce n'est pas vrai.

24 M. EMMERSON : [interprétation] Ne m'interrompez pas.

25 M. DI FAZIO : [interprétation] On est en train de vous induire en erreur.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, ce que je vois dans

27 le paragraphe 18, c'est qu'il y a deux choses différentes. Pour le moment,

28 ce qui m'intéresse, c'est la date. Dans le paragraphe 18, il s'agit d'idées

Page 2903

1 approximatives et d'idées qui sont avancées.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, il y a une certaine incertitude dans

3 l'esprit du témoin à propos de qui a dit quoi, et sur quelle base ? Cela on

4 le retrouve dans sa déclaration. On peut vous présenter les paragraphes de

5 sa déclaration pour lui rafraîchir la mémoire, je n'ai aucune objection,

6 mais on ne peut pas dire que s'il ne souhaite pas le faire, cela signifie

7 que c'est un témoin hostile. S'il n'est pas en mesure de se souvenir des

8 détails, vous ne pouvez pas dire qu'il s'agit d'un témoin hostile.

9 [La Chambre de première instance se concerte]

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La requête visant à déclarer le témoin

11 hostile est rejetée.

12 Je souhaiterais poser quelques questions au témoin. Je souhaiterais donc

13 qu'il remette ses écouteurs.

14 Monsieur Sadikaj, est-ce que vous vous souvenez si quelque chose s'est

15 passé le lendemain de l'incident avec Slobodan ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'en souviens pas. J'étais à Vranoq,

17 c'est un village qui se trouve à dix kilomètres de mon village. Nous sommes

18 partis pendant la nuit, parce que nous avions peur. Nous avions peur de la

19 police serbe et de l'armée serbe. Nous avions peur qu'ils nous attaquent à

20 cause de ce qui s'était passé.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais le lendemain, après votre départ,

22 est-ce que vous avez remarqué s'il y avait des tirs à un moment donné ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, pas le lendemain. Le même jour, j'ai

24 entendu à un ou deux kilomètres de là, il s'agissait d'une distance de un

25 ou deux kilomètres de ma maison. J'ai entendu différents types de tirs et

26 je les ai entendus depuis ma maison.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous vous souvenez de quelle

28 direction provenaient les tirs que vous avez entendus ?

Page 2904

1 LE TÉMOIN : [interprétation] De Decane. Decane se trouve au-dessus de mon

2 village, à une certaine distance de mon village.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Est-ce que vous vous souvenez

4 d'autres détails à propos de ces tirs ? Quelle était l'intensité des tirs ?

5 Ou vous avez parlé des différents types d'armes. Comment est-ce que vous

6 pouviez remarquer qu'il y avait différents types d'armes qui étaient

7 utilisés ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Les armes plus lourdes ont un son qui est

9 différent de celui des fusils plus légers. Je peux faire la différence

10 entre un tir de fusil, un tir de mitraillette, j'ai été dans l'armée.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que cela s'est passé le jour où

12 vous avez appris que les corps avaient été trouvés ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Deux ou trois jours après -- deux ou

14 trois jours après que nous en avons entendu parler, parce que comme je l'ai

15 déjà dit, nous n'étions pas là, nous étions partis pendant la nuit. Nous

16 avons quitté notre village cette nuit-là.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Lorsque vous avez entendu parler de ces

18 cadavres, est-ce que vous avez appris quoi que ce soit à propos de ce qui

19 aurait pu provoquer la mort de ces personnes ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Parce que je n'ai pas vu la personne qui

21 a relaté cela. Je n'en sais rien. C'était à cause de l'armement. Mais il a

22 dit qu'ils avaient été tués.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La personne qui a relaté cela, est-ce

24 que cette personne a fourni des indications à propos de la façon dont ces

25 personnes avaient été tuées ?

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Comment est-ce qu'il aurait pu le

27 savoir ? Il ne faisait que passer par là. Il a tout simplement vu les corps

28 dans la rue ou quelque part. Je vous ai déjà dit que, moi personnellement,

Page 2905

1 je n'avais pas rencontré cette personne.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, mais vous semblez quand même être

3 informé de certains détails. Par exemple, la personne passait par là.

4 Lorsqu'il y a un accident de la route, par exemple, une victime d'un

5 accident de la route n'a pas du tout le même aspect qu'une personne qui

6 meurt dans d'autres circonstances. Est-ce que cela ne vous semble pas

7 vrai ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, bien sûr. C'est exact.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, est-ce qu'il y avait une

10 indication qui aurait pu permettre de savoir comment ces deux personnes

11 avaient été tuées ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, -- [chevauchement] -- pas vu moi-même. Je

13 répète à nouveau, ce passant a vu les corps. Il faut bien savoir que

14 quelqu'un qui voit des corps morts a peur, et je suis sûr que la personne

15 essaie de se sauver aussi rapidement que possible. Enfin, je me livre à des

16 conjectures, certes, mais je ne lui ai pas parlé. Il l'a dit à d'autres

17 personnes, j'ai entendu cela de la part d'autres personnes.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans la déclaration que vous avez faite

19 en octobre 2005, je vais lire une ligne de cette déclaration, il est dit :

20 "D'après les villageois, Milos et Slobodan ont été tués parce qu'ils

21 avaient vu des traces de balle ou des impacts de balle sur les corps."

22 Ensuite vous avez ajouté : "Je n'ai pas vu les corps moi-même."

23 C'est ce que vous avez dit. En tout cas c'est ce qui est écrit dans

24 votre déclaration, et d'après ce que je crois comprendre, vous avez signé

25 ladite déclaration en octobre 2005. Donc vous venez de nous dire que vous

26 n'avez eu aucune information à propos de la façon dont ces personnes sont

27 mortes. Est-ce que vous pourriez peut-être nous dire pourquoi est-ce qu'en

28 octobre 2005, dans le cadre de votre déclaration, vous avez avancé des

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1 faits qui semblent différents de ceux que vous nous relatez maintenant ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y a aucune différence. C'est eux qui ont

3 rédigé les choses de façon différente. Voilà ce que j'avais dit : J'ai

4 appris après la guerre qu'ils avaient été tués par balles. Ce qui est

5 rédigé dans la déclaration c'est ce qui est écrit, en fait, c'est que je

6 l'ai vu le même jour. Mais ce n'est pas vrai, la phrase a été modifiée ou

7 la teneur, le sens de la phrase a été modifié.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

9 Monsieur Di Fazio, est-ce que vous avez d'autres questions à poser au

10 témoin ?

11 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, je n'ai plus de questions à poser au

12 témoin.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Sadikaj, vous allez maintenant

14 répondre aux questions dans le cadre du contre-interrogatoire, questions

15 qui vous seront posées par Me Emmerson qui représente les intérêts de M.

16 Haradinaj.

17 M. EMMERSON : [interprétation] Puis-je vous demander, est-ce que je

18 dois terminer à 19 heures ? Parce que je ne devrais pas dépasser de

19 beaucoup l'heure limite de 19 heures.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien entendu, si nous pouvions en

21 terminer avec cette conférence vidéo, ce serait très bien. Ainsi nous

22 n'aurions plus besoin d'avoir cette vidéoconférence demain. Mais j'aimerais

23 savoir si les interprètes et la régie pourraient rester quelques minutes de

24 plus ? Je vois qu'ils ont hoché du chef.

25 Merci beaucoup.

26 M. EMMERSON : [interprétation] Je remercie par avance les interprètes et la

27 régie.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre.

Page 2907

1 Contre-interrogatoire par M. Emmerson :

2 Q. [interprétation] Monsieur Sadikaj, j'aimerais dans un premier temps

3 vous poser quelques questions à propos de Slobodan Radosevic et de Milos

4 Radunovic qui étaient vos voisins. Vous avez dit à l'Accusation qu'à une

5 époque vous aviez des relations cordiales avec eux, que vous vous entendiez

6 bien avec eux, mais qu'à un moment donné cette relation s'est détériorée.

7 Vous avez également dit à l'Accusation que cette relation s'est détériorée

8 au moment où les deux hommes se sont ralliés à la police de réserve.

9 J'aimerais vous poser quelques questions à ce sujet, je vous prie.

10 Premièrement, est-ce que vous saviez si Slobodan Radosevic ou Milos

11 Radunovic portait des armes dans le village ? Est-ce que vous le saviez ou

12 non ?

13 R. Oui.

14 Q. Est-ce que vous les avez jamais vus porter leurs armes ?

15 R. Je les ai vus avec des armes et j'ai vu le type de fusils qu'ils

16 avaient.

17 Q. Quel type de fusils avaient-ils ?

18 R. Slobo avait un fusil, une mitraillette russe, un Zastava, deux armes

19 automatiques, deux fusils à lunette. Il y en avait un qui était de

20 fabrication russe, l'autre qui était un Zastava. Voilà, je crois que j'ai

21 fait le tour.

22 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent] M. EMMERSON

23 : [interprétation]

24 Q. Vous --

25 R. J'essaie de parler rapidement, parce que nous voulons terminer à 19

26 heures, comme vous l'avez dit.

27 Q. Je vous en remercie beaucoup. Vous avez dit à l'Accusation - je pense

28 que je n'induis personne en erreur en disant cela - accordez-moi une petite

Page 2908

1 seconde. Oui. Vous avez dit à l'Accusation que Slobodan Radosevic avait

2 construit une casemate ou un bunker dans la cour de sa maison. Est-ce que

3 vous pourriez peut-être nous parler un peu plus de ce bunker ? De quoi

4 s'agissait-il et pourquoi l'utilisait-il ?

5 R. Il avait un bunker juste en face de sa maison, puis il y en avait un

6 autre dans sa cour. C'est là qu'il mettait ses armes, ses fusils.

7 Q. Pouvez-vous nous dire ce qu'il en est d'une observation que vous êtes

8 censé avoir faite devant l'Accusation ce mois-ci, vous avez dit, d'après

9 votre déclaration, que Milos Radunovic et Slobodan Radosevic avaient

10 rejoint la réserve, la police de réserve. Pourriez-vous nous préciser les

11 choses ? Etaient-ils effectivement membres de la police réserve ou cela

12 est-il l'objet d'un malentendu ?

13 R. Oui, ils l'étaient pendant toute cette période et ils avaient des

14 uniformes de la police. Ils étaient armés. Je ne sais pas qui leur a donné

15 ces armes, si c'était la police ou quelqu'un d'autre.

16 Q. Vous nous avez dit auparavant quand vous répondiez aux questions du

17 bureau du Procureur, qu'il y avait eu une période où les rapports étaient

18 bons, puis leurs relations étaient devenues difficiles avec ces hommes.

19 Puis-je vous demander, en termes généraux, comment ces gens avaient

20 tendance à traiter leurs voisins albanais pendant les mois et les années

21 qui avaient précédé ces incidents ?

22 R. A partir du discours tenu par Milosevic à Gracanica, les Serbes ont

23 changé leurs opinions. Tout le monde a commencé à s'armer et ils ont

24 commencé à tenir leurs distances par rapport à nous. Il y a eu aussi des

25 menaces.

26 Q. Pouvez-vous concentrer sur ces deux hommes, en tant qu'individu, sans

27 réfléchir aux autres Serbes du village, je parle simplement de ces deux

28 hommes-là. Les avez-vous entendu à un moment ou à un autre menacer ou les

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1 avez-vous vous entendu menacer d'autres personnes ?

2 R. Il a dit à mon père, mais mon père n'est aujourd'hui plus vivant pour

3 en témoigner, ce qu'il a dit à mon père c'était : Si je vois quelqu'un dans

4 la rue dont je soupçonne qu'il a un rapport avec l'UCK, je le tuerai. Voilà

5 ce qu'il a dit.

6 Q. Vous souvenez-vous de quand il a dit cela à votre père ?

7 R. Deux ou trois mois auparavant. Il me l'a dit à moi aussi d'ailleurs,

8 parce qu'en fait, j'étais là.

9 Q. Quand vous dites "il" vous parlez de qui ? Qui parlait à votre père et

10 devant vous ? C'était Slobodan ou c'était Milos ?

11 R. Milos.

12 Q. Vous nous avez dit tout à l'heure que vous avez été brûlé. Alors, je

13 vous pose la question et je vous demanderais de répondre par oui ou par

14 non. J'ai vu les notes de la discussion que vous avez eue avec l'Accusation

15 et je ne veux pas que vous rentriez dans le détail. Je vous demande

16 précisément si vous savez qui a brûlé vos arbres; oui ou non ?

17 R. Non, je n'ai pas vu la personne qui a brûlé mes arbres.

18 Q. Je vous remercie. Dans votre déclaration auprès de l'Accusation, dont

19 le Juge vous a lu un passage, vous avez décrit les coups de feu la nuit où

20 vous avez vu Milos marcher avec des hommes. Vous avez décrit l'incident

21 comme un échange de coups de feu qui se serait produit peu après que vous

22 ayez vu Milos depuis votre maison. Je vous demande maintenant pourquoi

23 avez-vous décrit cet incident comme un échange de coups de feu ? Comment

24 pouviez-vous savoir qu'il s'agissait d'un échange de coups de feu ?

25 R. A mon avis - et c'est ce que j'ai dit aux enquêteurs - quand Milos y

26 est allé, il savait que Slobodan y serait. Il le savait. Slobodan était

27 armé, il avait un bunker. Je pense qu'ils y sont allés pour lui parler,

28 qu'ils n'ont pas pu, et qu'ils ont échangé des coups de feu.

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1 Q. Je ne vous demande pas de réfléchir et de me dire ce que vous imaginez

2 qui s'est passé. Quand vous l'avez décrit dans votre déclaration, vous avez

3 parlé d'un échange de coups de feu. Alors, vous suggérez donc qu'il y avait

4 une partie qui tirait sur l'autre et que l'autre répondait ? Est-ce que

5 c'est ce que vous pensez, qu'il y avait deux parties dans cet échange de

6 coups de feu ? C'est ce que vous entendez par un "échange" ?

7 R. C'est ce que je pense, oui.

8 Q. Maintenant, je vous demande si dans ce que vous avez entendu vous aviez

9 des raisons de penser qu'il s'agissait effectivement d'un échange de coups

10 de feu ?

11 R. Par la suite, nous avons entendu dire qu'il y avait des morts. Mais

12 cela n'était que plus tard, comme je vous l'ai dit. Qu'ils aient été morts

13 ce jour-là ou plus tard, je n'en sais rien.

14 Q. Excusez-moi, je me suis mal exprimé. Ce soir-là, vous avez entendu des

15 coups de feu. Y avait-il quoi que ce soit dans le son de ces coups de feu

16 qui vous a donné des raisons de penser qu'il s'agissait de coups de feu

17 tirés de part et d'autre, qu'il ne s'agissait pas de coups de feu venant

18 tous du même côté ?

19 R. C'est bien comme cela que cela s'est passé.

20 Q. Pourriez-vous avoir la gentillesse de préciser un peu votre réponse ?

21 R. C'était à distance de chez moi. Le terrain est - je peux vous le

22 décrire - il est assez ouvert.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Témoin, Monsieur Sadikaj, pouvez-vous

24 nous dire exactement ce que vous avez entendu qui vous donne des raisons de

25 penser que des coups de feu avaient été tirés de part et d'autre et pas

26 seulement d'un côté vers l'autre ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est fondé sur les coups de feu, ceux qui

28 étaient là portaient des armes légères, et j'entendais des coups de feu

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1 tirés par des armes lourdes, d'où j'ai conclu qu'il y avait eu échange de

2 coups de feu. Je n'étais pas là. C'est une supposition de ma part que c'est

3 ainsi que cela s'est passé.

4 M. EMMERSON : [interprétation]

5 Q. Arrêtons-nous là un instant. Qui ne disposait que d'armes légères ?

6 R. Ces gens qui étaient allés avec Milos dans cette direction. Ils ne

7 disposaient que de fusils automatiques.

8 Q. Qu'était-ce dont dans le son des coups de feu qui vous donnait

9 l'impression que vous entendiez une arme autre que celle que portaient ces

10 hommes ?

11 R. Je l'entendais très bien. N'importe qui aurait pu l'entendre. C'était

12 tout à fait évident à l'oreille. Cela ne s'est passé qu'à un kilomètre et

13 demi.

14 Q. Très bien.

15 R. C'est à 800 mètres de chez moi. Je ne peux pas vous dire de quoi ils

16 ont parlé, ce qu'ils se sont dits.

17 Q. Très bien. Très bien. Dans votre déclaration vous disiez également,

18 vous disiez : "J'ai présumé, à cause de l'intensité des coups de feu, qu'il

19 y avait un certain nombre de morts."

20 M. EMMERSON : [interprétation] Je vois cela dans le

21 paragraphe 13.

22 Q. Vous avez dit à l'Accusation, qu'à l'oreille, vous avez présumé, après

23 avoir entendu les coups de feu, qu'à cause de cette intensité il y avait eu

24 plusieurs morts. Pouvez-vous nous dire ce que vous entendez au juste par

25 "l'intensité" de cet échange de coups de feu ?

26 R. C'était un échange de coups de feu qui avait une certaine intensité, et

27 j'en ai présumé qu'il y avait sans doute eu des victimes. Pour être franc,

28 je n'aurais pas osé m'approcher de cet endroit. Nous avions peur de la

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1 police serbe, nous avions peur qu'ils viennent au village.

2 Q. Enfin, vous nous avez répondu il y a quelques instants à des questions

3 du Juge portant sur d'autres coups de feu qui avaient été tirés plus tard

4 dans la soirée et qui provenaient de Decane, à environ, d'après vous, 1 à 2

5 kilomètres de distance. Vous avez dit aux Juges que vous reconnaissez le

6 son des différentes armes et qu'une arme plus grosse fait un son différent.

7 Puis-je en déduire que les coups de feu que vous avez entendus

8 provenaient de Decane ce soir-là, plus tard, provenait d'artillerie ?

9 S'agissait-il de mitrailleuses ? S'agissait-il d'armes légères ? De quelles

10 armes s'agissait-il ce soir-là ?

11 R. D'armes légères. On entendait l'artillerie toute la nuit depuis Decane

12 dans cette région.

13 Q. Excusez-moi. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris ni bien entendu la

14 totalité de votre réponse.

15 Vous nous dites qu'il y a eu des tirs provenant de la région de

16 Decane ce soir-là. Je vous demande très simplement de nous dire si, à ce

17 moment-là, ce que vous entendiez c'était de l'artillerie ou des tirs

18 provenant d'armes légères qui venaient de Decane ?

19 R. De l'artillerie.

20 Q. Quand vous avez dit aux Juges que des armes plus grosses font un autre

21 son, vous entendiez par là des canons, de l'artillerie; c'est bien cela ?

22 R. Non, je parlais d'armes lourdes, d'armes plus lourdes.

23 Q. Je pense que nous avons une confusion. Ces tirs --

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Permettez, cela est tout à fait cohérent

25 par rapport au témoignage antérieur du témoin. Il est clair qu'il a sa

26 propre perception de --

27 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- de ce qu'il entend par des armes

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1 lourdes et quand il en parlait tout à l'heure il parlait des mitrailleuses.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Je cherche simplement à comprendre ce qu'il

3 a entendu au juste plus tard. Si les Juges sont satisfaits, je le serai

4 aussi.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, alors je vais moi-même poser une

6 question sur ce sujet.

7 Quand vous avez entendu ces coups de feu cette nuit-là en direction de

8 Decani, étiez-vous toujours à Dasinovac ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, c'est une distance

11 tenue à main portante.

12 M. EMMERSON : [interprétation] Oui.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je me demande si cela est véritablement

14 utile que la Chambre poursuive cet interrogatoire ?

15 M. EMMERSON : [interprétation] Je suis tout à fait satisfait que vous

16 preniez cette position. Je n'ai pas d'autres questions pour le témoin.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Di Fazio, avez-vous d'autres

18 questions pour le témoin ?

19 M. HARVEY : [interprétation] Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Harvey.

21 M. HARVEY : [interprétation] Messieurs les Juges --

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez m'excuser, Monsieur Harvey.

23 M. HARVEY : [interprétation] Il se trouve que c'est assez tard. Le témoin

24 n'a rien à dire concernant ces aspects, mais j'ai, moi-même, une question

25 ce qui risque de vous stupéfier.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis désolé. Je ne veux pas que cela

27 devienne une mauvaise habitude.

28 M. HARVEY : [interprétation] C'est ce que l'on attend de moi.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Me Harvey a une question pour vous. Il

2 est le conseil de M. Brahimaj.

3 Veuillez poursuivre.

4 Contre-interrogatoire par M. Harvey :

5 Q. [interprétation] Une question, Monsieur Sadikaj, la suivante : Un peu

6 plus tôt cette après-midi, là on vous a posé une question et vous avez

7 donné la réponse suivante --

8 M. HARVEY : [interprétation] Messieurs les Juges, page 79, ligne 15 du

9 compte rendu.

10 Q. Voici ce que vous avez répondu : "Une semaine avant que tout cela soit

11 arrivé, les arbres près de ma maison ont été incendiés."

12 Voilà ce sur quoi je vous demande que vous vous concentriez : "Slobo

13 a dit qu'après ces arbres aient été brûlés, voici un territoire propre. Et

14 Milos lui dit : Tais-toi. Ne dis rien. Le voisin est là."

15 Je voudrais savoir ce que vous pensez qu'il voulait dire quand il a

16 dit : Voilà un territoire propre. Un territoire propre, c'est-à-dire,

17 dégagé ?

18 R. Un territoire propre, c'est-à-dire, dégagé, dégagé pour tirer, pour

19 tirer des coups de feu.

20 Q. Excusez-moi. J'écoutais votre réponse. Vous vouliez dire dégager, qui

21 permettait de tirer depuis Decane ? Je ne vous ai peut-être pas bien

22 entendu.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez peut-être mal entendu la

24 traduction, Monsieur Harvey.

25 M. HARVEY : [interprétation] C'est bien possible.

26 Q. Permettez que je vous repose la question ?

27 R. De près, pas de Decane.

28 Q. Dégagé pour tirer d'où et vers où ?

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1 R. Depuis Decane ou de près, bien sûr, mais de près, c'est dégagé à partir

2 de là, il n'y a plus d'obstacle. C'est pour cela qu'ils ont brûlé la forêt

3 --

4 Q. Cela aurait un territoire dégagé pour tirer vers le village ?

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Harvey, vous trouverez la réponse

6 complète en page 114, ligne 1.

7 M. HARVEY : [interprétation] Si la réponse est complète, Messieurs les

8 Juges, je n'ai pas d'autres questions à poser. Je vous remercie.

9 M. EMMERSON : [interprétation] Veuillez m'excuser. Quant à moi, un dernier

10 sujet que j'aimerais évoquer. J'aurais dû poser la question auparavant au

11 témoin, mais il faut absolument la lui poser et cela ne prendra pas

12 longtemps, avec votre autorisation, Messieurs les Juges.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Emmerson.

14 M. EMMERSON : [interprétation] Ce ne sera pas long, je vous promets.

15 Contre-interrogatoire supplémentaire par M. Emmerson :

16 Q. [interprétation] Monsieur Sadikaj, y a-t-il eu un moment plus tard dans

17 l'année où des maisons dans votre village ont été brûlées et pillées ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous étiez là à ce moment-là ?

20 R. Non, j'étais à Irzniq, un autre village.

21 Q. Merci.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

23 M. DI FAZIO : [interprétation] Je n'ai rien du tout --

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Di Fazio. Je vous

25 traite aussi mal que certains conseils de la Défense, et j'en suis tout

26 gêné.

27 M. DI FAZIO : [interprétation] Non, je vous en prie, Monsieur le

28 Juge. Je n'ai d'ailleurs pas de questions supplémentaires.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous en remercie.

2 Monsieur Sadikaj, voici qui conclut votre déposition devant la Cour. Je

3 vous remercie d'avoir bien voulu répondre aux questions, et vous pouvez

4 disposer. Ceci termine également la vidéoconférence.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur.

6 [Fin de la déposition du témoin par vidéoconférence]

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson.

8 M. EMMERSON : [interprétation] Monsieur le Président, il y a une question

9 que je voudrais évoquer rapidement. J'en ai discuté avec M. Re au téléphone

10 ce matin. Il s'agit du témoin qui viendra demain.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous le permettez, j'aimerais dire

12 quelques mots à ce sujet tout d'abord pour voir s'il reste des questions

13 non traitées.

14 Tout d'abord, en ce qui concerne les mesures de protection, conformément à,

15 si je ne me trompe, l'article 75(F), mesures spéciales accordées par

16 d'autres chambres --

17 M. EMMERSON : [interprétation] Non, je n'ai pas d'objections en ce qui me

18 concerne.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quoi qu'il en soit, ces autres règles

20 continuent de s'appliquer. Donc, tout le monde doit en être conscient.

21 En ce qui concerne maintenant 92 ter, la Chambre désire faire

22 remarquer ce qui suit : Nous avons reçu le compte rendu de Limaj, et pour

23 autant que nous en soyons conscients, nous n'avons pas reçu les pièces à

24 conviction auxquelles se réfère le témoignage, et ces pièces sont

25 nombreuses. Nous avons reçu, cependant, une liste de ces pièces avec les

26 numéros qui leur sont attribué.

27 Nous sommes en possession d'une déclaration provenant de ce témoin,

28 mais nous n'avons pas reçu de notes de récolement. La Chambre est toutefois

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1 informée qu'une séance de récolement a bel et bien eu lieu. Nous en avons

2 été dûment informés. C'était il y a un certain temps, donc je pense que la

3 Chambre avait été informée que l'on avait l'intention de rédiger une

4 déclaration 92 ter consolidée, mais celle-ci n'est pas parvenue à la

5 Chambre. Ce qui met la Chambre pour l'instant dans une situation où la

6 Chambre n'est tout simplement pas en position de prendre une décision sur

7 une demande 92 ter.

8 Nous suggérions aux parties - naturellement, si nous nous trompons,

9 vous nous le direz - mais nous suggérons aux parties qu'elles discutent de

10 la meilleure façon de procéder demain. Peut-on supposer qu'enfin -- je ne

11 peux pas imaginer que la Défense s'y oppose -- ne nous oppose pas quelques

12 éléments du 92 ter, que ces certains éléments du 92 ter puissent être

13 versés au dossier. En même temps, il ne serait pas risqué de poursuivre

14 demain dans la mesure où la Chambre peut suivre cet accord entre les

15 parties.

16 La Chambre ne peut pas, n'ayant vu tous ces éléments, prendre une

17 décision, mais la règle générale est que lorsque les parties sont d'accord,

18 la Chambre peut décider plus facilement. Dans la mesure où les parties ne

19 seraient pas d'accord sur la façon de procéder demain, la liste du mois de

20 mars indique que deux heures de vive voix seraient nécessaires pour le

21 prochain témoin. La Défense a fait savoir - si c'est bien cela - qu'elle

22 aurait besoin d'une durée assez généreuse pour son contre-interrogatoire.

23 Les deux jours devraient suffire.

24 La Chambre présume que l'Accusation va utiliser ces deux heures, puis

25 ensuite si elle demande plus de temps -- naturellement, nous aurons les

26 contraintes parce que le témoin ne sera disponible que pour deux jours,

27 alors, bien sûr, il faudrait en faire la demande demain. Je ne sais pas si

28 les Juges, à ce moment-là, seront en mesure d'accorder plus de temps. Mais

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1 quoi qu'il en soit, la Chambre, telle qu'elle est aujourd'hui, ne prévoira

2 pas plus de deux séances, en tout, trois heures, si une demande était faite

3 pour obtenir plus de temps que les premières trois heures, ce qui

4 laisserait beaucoup de temps pour le contre-interrogatoire et même du temps

5 pour les questions des Juges.

6 Simplement, je désire informer les parties que ce qui nous préoccupe

7 --

8 M. EMMERSON : [interprétation] Puis-je vous dire ce dont M. Re et

9 moi-même avons discuté sur ce même thème.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

11 M. EMMERSON : [interprétation] La demande de l'article 92 concernant le

12 compte rendu en ce qui concerne la défense de

13 M. Haradinaj ne sera pas opposée. Comme vous l'avez bien fait remarquer,

14 Monsieur le Président, il n'y a pas de demande formalisée relative à

15 l'article 92 ter quant à la déclaration consolidée. Le fait est qu'il n'y a

16 pas de déclaration consolidée. L'intention notifiée de l'Accusation est de

17 relever certains paragraphes dans l'ancienne déclaration du témoin auprès

18 du bureau du Procureur, déclaration faite, je crois, en 2006. Certains

19 paragraphes sectionnés doivent être admis sous l'article 92, et nous allons

20 certainement y réfléchir cette nuit.

21 Il y a une nouvelle déclaration qui reflète les notes de récolement,

22 et celle-ci est signée par le témoin. Il y a un certain nombre de

23 déclarations provenant de ce témoin, et il a déjà témoigné dans trois

24 affaires antérieures.

25 Je dirais simplement qu'en ce qui concerne le temps, car nous en

26 avons également parlé entre parties ce matin.

27 Je crois que M. Re est d'accord que même avec tous les avantages

28 fournis par les décisions ou par un accord selon

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1 l'article 92, qu'il ne sera pas possible pour lui de se limiter à la durée

2 qui a déjà été proposée. Il est tout à fait probable qu'il aura besoin de

3 beaucoup plus de temps que cela.

4 Je me contenterai de dire en ce qui concerne la Défense, c'est un

5 témoin dont l'importance et la pertinence potentielle ne doit surtout pas

6 être sous-estimée. Il a fait des rapports réguliers pendant toute son

7 époque au Kosovo occidental, et si les comptes rendus de Limaj traitent une

8 partie de ces rapports, cela ne se concentre pas sur les parties du rapport

9 qui concernent la zone pertinente pour notre acte d'accusation. Il a

10 d'ailleurs beaucoup d'informations sur le commandement et les systèmes de

11 contrôle du côté serbe et les déploiements, et beaucoup d'éléments sur la

12 scène du canal où il a lui-même été présent.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

14 R. Oui.

15 M. EMMERSON : [interprétation] Je pense que ce qui nous préoccupe, c'est

16 tout simplement ceci, Monsieur le Président, que le moment peut venir où

17 nous ne serions pas sûrs de pouvoir conclure en deux jours.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, je vais devoir vous

19 arrêter. Nous ne pouvons pas demander aux interprètes ni aux techniciens de

20 rester plus longtemps. La Chambre invite les parties à la mettre au courant

21 d'ici demain matin, et pas plus tard que, disons, 10 heures 15 -- 10 heures

22 30, de points d'accord trouvés entre eux et des points de désaccord, le cas

23 échéant, et de leurs souhaits respectifs sur les points sur lesquels ils ne

24 sont pas en accord, de façon à ce que la Chambre puisse anticiper et

25 réfléchir à ce que nous pourrons faire et dire également ce que nous

26 pourrions faire si nous n'étions pas en mesure - et tout le monde semble

27 penser que nous ne serons pas en mesure de terminer en deux jours. Il

28 convient que nous commencions à y réfléchir, mais nous y avons déjà

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1 réfléchi.

2 M. EMMERSON : [interprétation] Il arrive ce soir, et nous allons lui

3 demander s'il peut rester lundi éventuellement ou s'il peut revenir lundi,

4 sinon quel jour il pourrait éventuellement revenir.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est exactement le genre d'information

6 dont j'ai besoin. Toutes nos excuses aux techniciens et aux interprètes.

7 Nous allons clore et nous nous retrouvons demain à 14 heures 15 dans ce

8 même prétoire.

9 --- L'audience est levée à 19 heures 22 et reprendra le jeudi

10 19 avril 2007, à 9 heures 00.

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