Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 7 mai 2007

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 23.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tout le monde.

6 Madame la Greffière, pouvez-vous, s'il vous plaît, citer l'affaire.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour. Il s'agit de l'affaire IT-04-

8 84-T, le Procureur contre Ramush Haradinaj et consorts.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Je tiens à vous dire que nous

10 commençons un petit peu en retard, parce que nous avons attendu un des

11 Juges et cela nous permet ainsi de commencer tous ensemble plutôt que

12 d'attendre et de devoir revenir sur le 15 bis.

13 M. Emmerson aussi est en retard.

14 M. DIXON : [interprétation] Tout à fait, je suis désolé.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas de sa faute si son avion

16 qui est en retard.

17 M. DIXON : [interprétation] Je tiens à vous remercier aussi de lui

18 permettre de rentrer lors de la première séance pendant que le témoin sera

19 déjà en train de témoigner et je vous remercie aussi, parce que le contre-

20 interrogatoire de ce témoin ne commencera pas avant demain matin, ce qui

21 permet de peut-être traiter d'autres problèmes dans l'intervalle.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc nous allons commencer

23 l'interrogatoire principal de ce témoin et s'il reste du temps, nous

24 pouvons peut-être -- cette liste.

25 Monsieur Re, êtes-vous prêt pour votre prochain témoin ?

26 M. RE : [interprétation] Tout à fait.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, je -- qu'il n'a pas besoin

28 de mesures de protection, et cela va donc être Rrustem Tetaj ?

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1 M. RE : [interprétation] Oui. Il n'y a pas eu, comme je vous -- mesures de

2 protection.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, juste…

4 M. RE : [interprétation] En effet.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est pour en être certain. Donc, madame

6 l'Huissière, pouvez-vous faire rentrer le témoin dans le prétoire.

7 M. HARVEY : [interprétation] Monsieur le Président, s'il vous plaît.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y, Monsieur Harvey.

9 M. HARVEY : [interprétation] Monsieur le Président, M. Brahimaj ne reçoit

10 pas la traduction en albanais.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-il sur le bon canal ? Sinon, nous

12 allons demander à un technicien de venir l'assister.

13 M. HARVEY : [interprétation] Merci.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il a essayé de régler son

15 volume ? Est-ce qu'il reçoit les autres langues déjà ? Je dois continuer à

16 parler pour savoir…

17 M. HARVEY : [interprétation] Il semble recevoir l'albanais sur un canal

18 qu'il n'employait pas jusqu'à présent, en tout cas, il entend maintenant.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

20 M. HARVEY : [interprétation] Merci.

21 M. RE : [interprétation] C'est un témoin qui va très certainement déposer

22 au titre de l'article 92 ter.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

24 M. RE : [interprétation] Nous avons donné à la Chambre une copie de la

25 déclaration le 19 avril en disant que nous allons, bien sûr, l'utiliser

26 dans le cadre du 92 ter. Nous n'avons rien entendu de la part de la Défense

27 jusqu'à maintenant pour savoir donc -- contre l'admission de 38 paragraphes

28 pour cette déclaration …

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas toujours très simple, parce

2 que sur la première page on trouve toutes sortes de dates. Donc, c'est le

3 17 avril. C'est un document qui commence au paragraphe de la façon suivante

4 : "Depuis 1981 c'est le régime à Belgrade," voici le premier paragraphe de

5 la page 2, et ceci va jusqu'à la page ce qui est la page 20, je pense,

6 puisque c'est juste après la page 19. La page 19, bien sûr, n'est pas

7 numérotée. Ensuite, il y a une autre signature sur une page qui porte la

8 numérotation 12, qui est tout à fait étrange après 20. Mais il s'agit là de

9 la page portant sur la certification qui a été demandée à l'interprète.

10 M. Re, c'est bien cela - parce que tout ceci est en date du

11 17 avril. Donc, nous avons à la fois la déclaration du témoin et la

12 certification de l'interprète, et toutes les pages sont contresignées par

13 le témoin et toutes ces pages sont du 17 avril.

14 M. RE : [interprétation] Oui, tout à fait, c'est bien du

15 17 avril 2007.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Pour ne pas se tromper, je vais

17 vous lire le cachet qui se trouve en haut de la page de garde de ce

18 document. C'est le U0160890, il s'agit de la première page. Ce document est

19 numéroté de cette façon-là jusqu'à la dernière page qui porte le U0160901.

20 Maintenant, pour essayer de comprendre comment 890 plus 20 arrive 901, j'ai

21 un peu de mal en mathématique. Il y a quelque chose qui me parait bizarre.

22 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je viens de vérifier avec

24 M. Dixon et avec M. Harvey. Nous travaillons à partir d'un document qui n'a

25 rien à voir. C'est un document qui est le U0160848. J'ai compulsé

26 rapidement différents passages -- j'ai plutôt compulsé à différents

27 endroits. Je pourrais trouver ce document auquel on fait référence, mais je

28 ne l'ai pas visiblement.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant de continuer, Monsieur Guy-Smith,

2 il serait peut-être plus poli de se présenter au témoin.

3 Il faudrait peut-être lui demander de faire sa déclaration solennelle.

4 Bonjour, Monsieur le Témoin, je suis désolé que nous ne nous soyons pas

5 interrompus de parler lorsque vous êtes entré dans le prétoire. Nous

6 n'avons pas vraiment été extrêmement polis. Monsieur Tetaj - j'imagine que

7 vous êtes bel et bien Monsieur Tetaj - donc avant de témoigner en l'espèce,

8 Monsieur Tetaj, le Règlement de procédure et de preuve exige que vous

9 fassiez une déclaration solennelle comme quoi vous allez dire la vérité,

10 toute la vérité et rien que la vérité. Avant de faire cette déclaration

11 solennelle, je tiens à vous demander si vous m'entendez dans une langue que

12 vous comprenez ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le texte de la déclaration solennelle va

15 vous être donné par Mme l'Huissière. Pourriez-vous le lire, s'il vous

16 plaît.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

18 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

19 LE TÉMOIN: RRUSTEM TETAJ [Assermenté]

20 [Le témoin répond par l'interprète]

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Vous pouvez vous asseoir.

22 Avant de commencer votre interrogatoire principal, Monsieur Tetaj, j'ai

23 quelques points à résoudre avec les deux parties.

24 Si j'ai bien compris, Monsieur Guy-Smith, les pages auxquelles vous

25 faites référence sont les pages de la déclaration complète du témoin qui a

26 été imprimée le 17 avril 2007, il s'agit d'un document portant plus d'une

27 centaine de paragraphes. L'Accusation a sélectionné 38 paragraphes qui

28 viennent de cette déclaration pour en faire une déclaration en application

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1 de l'article 92 ter, et ces

2 38 paragraphes vous ont été envoyés le 19 avril 2007.

3 M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est bien ce que j'ai cru

4 comprendre. Je suis tout à fait prêt d'ailleurs à le croire. Mais

5 évidemment il y a une petite erreur, car nous ne trouvons pas ce document

6 et nous ne pouvons travailler qu'à partir du document auquel je viens de

7 faire référence précédemment. Enfin, en ce moment, mes équipes sont en

8 train de vérifier à fond, peut-être que je l'ai raté, mais je ne le vois

9 absolument pas.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois un e-mail qui a été envoyé

11 par M. Re adressé à M. Guy-Smith, entre autres, le 19 avril à 20 heures 20,

12 commençant de la façon suivante : "Les témoins pour la semaine du 23

13 avril." Ensuite, à la fin de cet e-mail il est écrit et je cite : "Vous

14 trouverez ci-joint la déclaration préparée au titre de l'article 92 ter

15 concernant le témoignage de Rrustem Petaj. Ce témoin a signé une

16 déclaration beaucoup plus étoffée le 17 avril, qui sera envoyée dès demain

17 au conseil de la Défense. Donc la déclaration au titre de l'article 92 ter

18 est un résumé, un extrait de la déclaration plus étoffée. Je vois que,

19 enfin jointe à cet e-mail, il y a cette déclaration 92 ter.

20 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc cette déclaration 92 ter porte les

22 numéros de U016078 [comme interprété] à U0161901.tif. C'est bien cela,

23 n'est-ce pas ?

24 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je viens justement de le trouver. Je n'ai

25 absolument pas remis en cause l'honnêteté de M. Re. Je ne l'ai absolument

26 pas accusé de quoi que ce soit; évidemment il y a une autre erreur de notre

27 part.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est qu'un extrait, en fait, de la

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1 déclaration plus étoffée. Et ce qu'il vient préparer sur la déclaration

2 étoffée, cela ne va pas vous porter préjudice, vous serez mieux préparé.

3 Donc, Monsieur Tetaj, je suis vraiment désolé. Nous devions absolument

4 clarifier ce problème avant de pouvoir procéder à votre interrogatoire

5 principal. C'est tout d'abord M. Re qui va vous poser des questions.

6 M. DIXON : [interprétation] Oui. Je tiens d'abord à dire pour le

7 compte rendu que M. Haradinaj n'a aucune objection à propos de la demande

8 qui a été faite, mais nous voudrions que l'application de la Règle 92 ter,

9 particulièrement le sous-paragraphe A(ii) soit clarifié avec le témoin.

10 C'est d'ailleurs le fait qu'il va falloir confirmer que le témoin va bel et

11 bien être disponible après que les déclarations aient été admises au

12 dossier et que donc que le témoin sera là pour qu'on lui pose des questions

13 lors du contre-interrogatoire.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais cela c'est dans le cas

15 du 92 ter.

16 M. DIXON : [interprétation] Oui, mais j'ai levé cela, parce qu'il y a

17 eu des problèmes avec sa présence ici, besoin d'une injonction. Donc nous

18 voulons que le témoin comprenne bien comment cela va fonctionner.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

20 M. DIXON : [aucune interprétation]

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, êtes-vous prêt à procéder à

22 votre interrogatoire principal ?

23 M. RE : [interprétation] Tout à fait.

24 M. GUY-SMITH : [interprétation] Puis-je prendre la parole ?

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

26 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui. Je voudrais dire exactement la même

27 chose que mon collègue.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

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1 M. HARVEY : [interprétation] Moi aussi, bien sûr.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, nous ne pouvons pas décider pour

3 l'instant sur le versement de cette déclaration 92 ter avant de l'avoir

4 vue. C'est pour ceci que je ne vous ai encore rien demandé à ce propos. Il

5 faut quand même que le témoin confirme certains points.

6 Monsieur Re, vous avez la parole.

7 Interrogatoire principal par M. Re :

8 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Tetaj. Vous vous appelez bien

9 Rrustem Tetaj ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous êtes né le 27 avril 1953 à Donja Luka au Kosovo ?

12 R. Oui.

13 Q. Habitiez-vous à Strumica en Macédoine de 1978 à 1998 -- non 1999, en

14 tant que membre de la JNA ? Donc vous étiez logé à la caserne de la JNA de

15 Strumica; c'est bien cela ?

16 R. Oui.

17 Q. En 1978, vous avez reçu votre diplôme de l'académie militaire de la JNA

18 à Zadar en tant que sous-lieutenant ?

19 R. Oui.

20 Q. Et--

21 R. [aucune interprétation]

22 Q. -- en 1984 [comme interprété] vous étiez commandant adjoint en

23 matière d'artillerie dans le cadre de cette caserne de Strumica de la JNA

24 avant de devenir capitaine première classe en 1989; c'est bien cela ?

25 R. Oui.

26 Q. [aucune interprétation]

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne me souviens trop où est-ce que

28 vous avez vu, mais à la page 8, ligne 20, vous avez corrigé 1998 à 1999.

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1 Alors, je pense que c'est 1989 que vous vouliez dire, n'est-ce pas ? Vous

2 voulez vérifier.

3 M. RE : [interprétation]

4 Q. Monsieur Tetaj, vous avez résidé dans la caserne de JNA à Strumica de

5 1978 à 1989; c'est bien cela ?

6 R. Oui.

7 Q. Pour être rapide, en décembre 1989 vous avez décidé de quitter la JNA.

8 L'avez-vous fait parce que vous avez été obligé de le faire, parce que vous

9 étiez un officier de la JNA d'appartenance ethnique albanaise et le

10 commandement Suprême de la JNA était en train d'éliminer tous les officiers

11 d'origine albanaise ainsi que les soldats d'origine albanaise des rangs de

12 la JNA, parce qu'il y avait trop de tension au Kosovo avec les autorités

13 yougoslaves. C'est bien la raison qui vous a forcé à quitter la JNA ?

14 R. Oui.

15 Q. Maintenant, je vais vous montrer votre déclaration.

16 R. C'est exactement ce qui s'est passé.

17 Q. Je vais vous donner une déclaration manuscrite portant votre signature

18 et datant du 17 avril 2007, document 65 ter 1328.

19 Pourriez-vous rapidement lire ce document à voix basse. Je crois

20 qu'on vous a donné un exemplaire de ceci après que vous l'ayez signé,

21 n'est-ce pas, donc c'est bien le document, ce document ?

22 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Monsieur Re, vous faites référence à

23 un document que nous n'avons pas. Vous parlez d'un "document manuscrit."

24 M. RE : [interprétation] Je suis absolument désolé. Je voulais dire signé,

25 contresigné et non pas manuscrit.

26 M. LE JUGE HOEPFEL : [aucune interprétation]

27 M. RE : [interprétation]

28 Q. Ce document porte bien votre signature sur telles pages. Est-ce bien la

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1 déclaration que vous avez faite le 17 avril 2007 au bureau du Procureur ?

2 R. Oui, oui, oui.

3 Q. Ce qui est écrit dans ce document reflète bien la vérité, n'est-ce pas

4 ?

5 R. Je pense que oui. Il y a certaines choses qui sont consignées

6 exactement comme je l'ai dit, d'autres choses reprennent ce que j'ai

7 entendu. Tout d'abord, si les Juges me le permettent, j'aimerais clarifier

8 ma position. Messieurs les Juges, pourrais-je le faire ?

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tetaj, nous sommes en train de

10 nous pencher sur votre document, votre déclaration.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] J'aimerais quand même que ma position soit

12 claire et c'est pour cela que je demande la parole. Jusqu'à présent vous ne

13 m'avez pas encore donné le temps. Pourriez-vous, s'il vous plaît,

14 m'accorder un petit moment ?

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tetaj, si vous voulez ajouter

16 quoi que ce soit à la fin de votre témoignage, s'il y a quelque chose qui,

17 à votre avis, est important pour la Chambre, nous vous donnerons l'occasion

18 de le dire à la fin de votre témoignage. Jusqu'à présent, nous ne sommes en

19 train uniquement que de nous pencher sur votre déclaration, puisqu'on ne va

20 pas vous demander de tout répéter, tout répéter ce qui est contenu dans

21 cette déclaration. M. Re va ensuite vous posez des questions

22 supplémentaires peut-être sur certains points qui ne sont pas encore très

23 clairs ou qui ne sont pas compris dans cette déclaration. Si à la fin de

24 cette série de questions vous considérez que vous devez absolument nous

25 dire quelque chose de plus, vous aurez droit de le faire à ce moment-là.

26 Mais c'est à M. Re maintenant de poser des questions. Vous ne pourrez vous

27 adresser à la Chambre qu'après cet exercice.

28 Monsieur Re, vous pouvez poursuivre.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ceci n'a rien à voir avec ma déclaration,

2 ceci a voir avec ma présence en ce prétoire.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] On m'a enjoint de venir. On m'a enjoint de

5 venir, il fallait que je vienne absolument. Je ne savais pas que je devais

6 venir. Enfin, énormément de pression a été exercée sur moi de la part du

7 bureau du Procureur et tout cela a été envoyé aussi sous forme écrite. Je

8 suis venu ici pour dire la vérité, rien que la vérité. Vous savez

9 qu'énormément de temps s'est écoulé depuis tout ceci. Je vais essayer de

10 m'en rappeler du mieux que je peux, bien sûr. Mais je tiens quand même dire

11 que je suis ici contre mon gré.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes ici parce que l'on vous a

13 enjoint de venir comparaître. Tout le monde le sait, nous le savons, bien

14 sûr, les Juges le savent, puisque c'est la Chambre qui a justement enjoint

15 de donner cet ordre. En tant que témoin, vous êtes tenu de nous aider à

16 essayer de dégager la vérité. C'est votre devoir.

17 Monsieur Re, vous pouvez poursuivre.

18 M. RE : [interprétation]

19 Q. Monsieur Tetaj, revenons maintenant à la déclaration du

20 27 avril. Je voudrais vous demander d'apporter quelques précisions aux

21 Juges de la Chambre, de nous dire si ce que vous avez déclaré et ce que

22 vous avez signé est bel et bien une version exacte de vos propos.

23 R. Oui.

24 M. RE : [interprétation] Je demanderais que ce document soit versé au

25 dossier.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne sais pas s'il y a des objections ?

27 J'imagine que c'est une question double. Le témoin vient de préciser que la

28 déclaration reflète la vérité, ensuite j'imagine que le deuxième volet de

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1 cette question porte sur la question à savoir si on avait demandé les mêmes

2 questions au témoin, est-ce qu'il dirait la même chose ?

3 M. DIXON : [interprétation] En fait, il n'y a pas d'objection. Je vais

4 simplement répéter ce que j'ai déjà dit. Le témoin nous a confirmé, en

5 fait, qu'il répondrait aux questions posées par les parties.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci. Est-ce qu'il y a des

7 objections d'autres conseils ?

8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

9 M. HARVEY : [aucune interprétation]

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Est-ce que le document

11 pourrait être versé au dossier.

12 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Certainement. Le document portera la

13 cote P265 et il s'agira du document 92 ter.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors voilà.

15 Vous avez demandé le versement au dossier de l'original de la

16 déclaration de M. Tetaj. C'est la traduction en anglais qui a été vue et

17 lue par le témoin ?

18 M. RE : [aucune interprétation]

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Poursuivez, je vous prie.

20 M. RE : [interprétation] J'ai un résumé, si vous voulez.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tetaj, vous avez fait une

22 déclaration et un résumé a été tiré, en a été fait. Nous n'allons pas

23 parler de tous les faits que vous avez donnés dans votre déclaration, et

24 afin que le public puisse comprendre et savoir ce qui se trouve dans votre

25 déclaration, M. Re a fait un résumé succinct de votre déclaration.

26 Poursuivez, je vous prie.

27 M. RE : [aucune interprétation]

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci. J'imagine que la

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1 Défense a également un exemplaire.

2 M. DIXON : [interprétation] Non, Monsieur le Président, nous n'avons pas

3 reçu le résumé.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas un élément de preuve, mais

5 c'est simplement le document qui vous sera remis dans quelques instants.

6 M. DIXON : [aucune interprétation]

7 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

8 L'INTERPRETE: Les interprètes demandent d'obtenir un exemplaire

9 également du résumé.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il nous faut plus d'un exemplaire,

11 alors je vous prie, Madame la Greffière, d'aller faire des photocopies.

12 En fait, c'est qu'il y a plusieurs interprètes, j'imagine que vous

13 avez besoin de plus d'une copie.

14 Il semblerait que chacune des cabines a obtenu un exemplaire.

15 M. RE : [interprétation] Le témoin est un Albanais du Kosovo, un officier

16 de l'ancienne JNA qui a quitté la JNA en 1989. Après avoir quitté la JNA,

17 il a travaillé en tant qu'enseignant à l'école secondaire jusqu'en 1992.

18 C'est à ce moment-là qu'il est parti à cause d'une distribution

19 systématique par les autorités serbes contre les Albanais, les enseignants

20 albanais.

21 En 1993, le témoin s'est fait arrêter et il a été jugé par les

22 autorités serbes pour avoir commis des activités subversives. Il a passé

23 deux ans en prison.

24 Il a d'abord entendu parler de l'UCK en 1996 ou en 1997 par les

25 médias. Son premier contact avec l'UCK était lors de funérailles auxquelles

26 il était présent à Lausa en 1997. Le témoin a d'abord entendu parler de la

27 présence de l'UCK à Dukagjin, lorsque le MUP a mené une attaque sur

28 l'enceinte de la famille Haradinaj vers la fin du mois de mars 1998. Avant

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1 ceci, certains officiers du MUP avaient été tués à Ratis et à Gllogjan.

2 Le témoin était à Donja Luka, à 6 kilomètres de Gllodjan, lorsque le

3 MUP a attaqué l'enceinte Haradinaj. Il a également vu des attaques

4 aériennes menées contre les hélicoptères du MUP. Le témoin a estimé que sa

5 vie était en danger après ceci à cause de son implication avec la JNA

6 auparavant. Il est parti du village. Il est retourné à Gllogjan quelques

7 jours plus tard après l'attaque pour être présent aux funérailles de

8 certaines personnes qui avaient été tuées dans le cadre de cette attaque.

9 Après que le MUP se soit retiré de Gllogjane, les Albanais habitants

10 de l'endroit ont contrôlé le village. Plusieurs jours plus tard après les

11 funérailles, il a appris que l'UCK avait établi, avait organisé la défense

12 et la garde du village. Son frère lui a dit qu'il avait vu des soldats

13 armés avec des insignes de l'UCK, qui tenaient un point de contrôle par

14 l'UCK, et qu'il y avait un point de contrôle tenu par l'UCK tout près du

15 village.

16 Le témoin a vu le point de contrôle de l'UCK à Gllogjan environ une

17 semaine après les funérailles tenues par les soldats de l'UCK qui portaient

18 des uniformes de camouflage. Il s'y est rendu parce que cet endroit-là

19 était devenu l'endroit où se rassemblait l'UCK.

20 Vers la fin du mois d'avril 1998, Dubrava, Babaloc, Gramocelj,

21 Shaptej et Lumbardh ont commencé à créer leur propre QG de l'UCK dans leur

22 village. L'UCK a employé des méthodes assez douteuses pour recruter des

23 volontaires, telles que leurs soldats se rendaient pendant la nuit dans les

24 maisons de ces derniers et leurs donnaient l'ordre de les suivre après

25 avoir tiré quelques coups de feu.

26 Le témoin est allé à Gllogjan et a rejoint les rangs de l'UCK pour

27 discuter de la situation, car les gens du village attendaient sa décision

28 pour joindre les rangs de l'UCK où ils voulaient s'organiser. Un très grand

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1 nombre de personnes avaient été placées sur une liste noire par Faton

2 Mehemetaj et Fitnete Ramosaj, parce que ces derniers n'étaient supposément

3 pas loyaux à l'UCK ou parce qu'ils sympathisaient avec l'opposition, le

4 LDK, ou parce qu'ils travaillaient pour les autorités du MUP ou autres

5 autorités. Une liste de leurs noms avait été distribuée par la garde de

6 l'UCK qui avait refusé l'accès au village des personnes qui portaient ces

7 noms et qui se trouvaient sur cette liste.

8 Le nom du témoin était également sur les listes début du mois de mai

9 1998. Il avait été interrogé pendant deux heures par Faton Mehemetaj à

10 Pozar et il était accusé d'avoir travaillé au MUP. Il n'avait pas encore

11 rejoint les rangs de l'UCK à l'époque. Le témoin avait entendu parler de

12 l'enlèvement de plusieurs Serbes à Dukagjin, dans la zone de Dukagjin au

13 mois de mai 1998.

14 La FARK avait environ 500 soldats qui étaient dans trois brigades.

15 Elle opérait seule de l'UCK, elle ne fonctionnait pas avec l'UCK. Chaque

16 organisation avait sa propre organisation et structure militaire. Les

17 commandants de la brigade étaient Nazif Ramabaja à Barane, Shemsedin Cekaj

18 à Zebejl et Tahir Zemaj à Prapaqan, et c'était ce dernier qui était le

19 commandement du FARK.

20 Cela met fin à la lecture de ce résumé.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Re.

22 Q. Je vais maintenant vous poser une question concernant d'autres

23 questions qui se trouvent dans la déclaration que vous avez donnée au

24 bureau du Procureur mais qui ne fait pas partie du résumé. Alors d'abord,

25 je vais vous demander, Monsieur Tetaj, de nous parler de votre visite au QG

26 de l'UCK à Gllogjan en avril 1998. Dans votre déclaration 92 ter, aux

27 paragraphes de 19 à 20, vous avez dit que vous êtes allé plutôt au QG de

28 l'UCK pour rencontrer les membres de l'UCK à Gllogjan. Vous y êtes allé

Page 3612

1 avec qui ?

2 R. Je voulais savoir après ce qui s'était passé, de savoir après l'attaque

3 menée sur la famille Haradinaj, cela avait causé une certaine situation

4 pour ce qui est de leur famille et des villages avoisinants. Je voulais

5 aller à Gllogjan pour rencontrer les personnes qui pouvaient savoir quelque

6 chose sur ce qui s'était passé. Notre intention était de rejoindre les

7 rangs de l'UCK afin d'assurer notre défense, c'est-à-dire de protéger les

8 gens qui habitaient dans la région. Donc je suis allé là-bas avec mon

9 cousin et mon frère. Nous avons pris la voiture et nous avons voyagé

10 pendant le jour.

11 Q. Est-ce qu'il y avait un point de contrôle à l'entrée du village lorsque

12 vous y êtes présentés ?

13 R. Oui, il y avait un point de contrôle qui était improvisé. C'était un

14 point de contrôle assez ordinaire, assez simple, tenu par trois personnes.

15 L'une de ces personnes portait un uniforme, les autres personnes ne

16 portaient pas d'uniforme. C'était ce que nous avons vu lorsque nous nous

17 trouvions là.

18 Q. Est-ce qu'ils portaient des uniformes de l'UCK ?

19 R. L'un d'eux portait un uniforme, et pour les autres je ne me souviens

20 pas très bien. Je sais que certains portaient des uniformes, mais je ne

21 sais pas de quel type d'uniforme il s'agit exactement.

22 Q. A quelle organisation les militaires appartenaient-ils ? Est-ce que

23 vous savez à quelle armée appartenaient-ils ?

24 R. C'était au début de la guerre, et je ne savais rien quant aux armées ou

25 aux formations militaires; mais à juger de l'endroit, c'étaient des gens de

26 l'UCK.

27 Q. Pourquoi vous ont-ils arrêtés ?

28 R. Ils nous ont arrêtés -- je leur ai dit que je voulais rencontrer

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1 certaines personnes qui avaient une autorité, qui étaient chargées de la

2 défense du village. Ils nous ont donc arrêtés et nous ont demandé d'où nous

3 venions. Je leur avais dit que je voulais rencontrer des personnes et que

4 je voulais leur parler de ce qui se passait.

5 Q. [aucune interprétation]

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, je voudrais demander une

7 question en guise de précision.

8 Monsieur Tetaj, M. Re vous a demandé si --

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] -- si les hommes que vous avez vus au

11 point de contrôle portaient des uniformes de l'UCK. Vous lui avez répondu

12 que : "L'un d'eux portait un uniforme." Pourriez-vous nous dire de quel

13 type d'uniforme il s'agissait ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un uniforme de camouflage. C'était un

15 uniforme militaire qui arborait un insigne de l'UCK. Cet insigne était

16 situé au niveau du bras.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

18 Veuillez poursuivre, je vous prie, Monsieur Re.

19 M. RE : [interprétation]

20 Q. Vous souvenez-vous si ces soldats ou si l'un quelconque de ces soldats

21 était armé ?

22 R. Oui. Ils avaient des fusils automatiques. Chacun d'eux avait un fusil

23 automatique sur lui.

24 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous écoute, Monsieur Guy-Smith.

26 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois que la question qui avait été

27 posée par M. Re est quelque peu inexacte ou elle induit le témoin en erreur

28 lorsqu'on pose la question de cette façon-ci : "Est-ce que vous vous

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1 souvenez si l'un quelconque des soldats portait des uniformes ?"

2 Je ne crois pas que nous pouvons vraiment maintenant ici déterminer

3 si la personne, enfin, que si les autres personnes qui ne portaient

4 d'uniforme étaient en fait des soldats. Donc, nous savons pour l'instant

5 qu'il y avait une personne qui portait un uniforme.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Guy-Smith [comme interprété] a attiré

7 notre attention sur le paragraphe 19 de la déclaration 92 ter, qui est déjà

8 versée au dossier, où l'on parle de soldats qui tenaient le point de

9 contrôle. Donc, je crois que nous avons les bases suffisantes pour pouvoir

10 permettre que cette question soit posée.

11 Vous pouvez poursuivre, Monsieur Re.

12 M. RE : [interprétation]

13 Q. Est-ce qu'ils avaient un équipement qui leur permettait de communiquer

14 entre eux ?

15 R. Oui, ils avaient un équipement de communication. C'était un équipement

16 assez simple qui leur permettait de communiquer entre eux.

17 Q. De quoi s'agissait-il ?

18 R. Nous les appelions des talkies-walkies.

19 Q. Très bien. Donc, un équipement portable ou de tout petits équipements ?

20 R. Oui. Ils se sont servis de cet équipement pour parler entre eux,

21 ensuite après ils nous ont permis de passer.

22 Q. Est-ce qu'ils ont vérifié votre identité avant de vous permettre

23 d'aller plus loin ?

24 R. Oui, ils ont vérifié mon identité. Ils m'ont demandé de leur remettre

25 mes papiers. Quelques-unes de ces personnes me connaissaient déjà, donc ils

26 m'ont permis de passer.

27 Q. Est-ce que vous saviez qui ces personnes qui vous ont arrêté étaient au

28 moment où ils vous ont arrêté ?

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1 R. Je ne les connaissais pas personnellement, mais plus tard je les ai

2 entendu dire que l'un d'entre eux s'appelait Daut Haradinaj.

3 Q. Je vous prie de relater aux Juges de la Chambre quelles étaient les

4 circonstances dans lesquelles vous avez appris qu'il s'agissait de Daut

5 Haradinaj, que l'un d'eux était Daut Haradinaj ?

6 R. Lorsque je les ai vues, je ne pouvais pas les reconnaître. Ils m'ont

7 dit qu'ils me connaissaient, et plus tard j'ai appris que l'une des

8 personnes qui était là s'appelait Daut Haradinaj.

9 Q. De quelle façon est-ce que vous avez appris qu'il s'agissait de Daut

10 Haradinaj ? Comment avez-vous appris son identité, son nom ?

11 R. Plus tard, j'ai demandé à certaines personnes, à mes contacts, de qui

12 il s'agissait.

13 Q. Quand est-ce que vous avez revu cette personne plus tard, si vous

14 l'avez revu, M. Daut Haradinaj ?

15 R. Je ne me souviens plus. Cela fait très longtemps que les événements se

16 sont passés. Plus tard, je l'ai revu. Je ne sais pas où et je ne sais plus

17 où. Je suis sûr que j'ai dû le rencontrer lors d'une réunion dans la rue,

18 mais je ne me souviens pas où exactement, à une réunion ou dans la rue.

19 Q. Lorsque vous l'avez revu de nouveau, est-ce qu'il portait un uniforme

20 de l'UCK ?

21 R. Il ne portait pas d'uniforme assez souvent. Il lui arrivait de porter

22 un uniforme, mais il pouvait aussi ne pas en porter.

23 Q. Après que l'on vous ait laissé passer le point de contrôle, où aviez-

24 vous le droit d'aller ?

25 R. Je suis allé au centre du village. C'est là que j'étais reçu. Quelqu'un

26 nous a accueilli et il nous a amené à un certain endroit.

27 Q. La personne qui vous a reçu, est-ce que c'était un civil ou un soldat ?

28 R. C'était un civil. Si je me souviens bien, il ne portait pas d'uniforme.

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1 Q. Où vous a-t-il emmenés ?

2 R. Il nous a laissé passer, il nous a introduits par une porte dans une

3 maison qui était composée de deux étages. Il y avait une chaise à

4 l'intérieur de la maison. Nous nous sommes assis, nous avons pris place et

5 nous avons attendu d'être appelés.

6 Q. C'était la maison de qui ?

7 R. J'ai appris plus tard que c'était la maison d'Ismail Haradinaj. C'était

8 le nom du propriétaire.

9 Q. Vous avez dit que vous avez attendu jusqu'à ce que vous ne soyez

10 appelés. Qui vous a appelés ?

11 R. On nous a dit d'entrer plus tard, et c'est là que j'ai vu le père de

12 Ramush Haradinaj. Je le connaissais déjà et on nous a dit d'attendre un

13 certain temps, et après un certain temps on nous a appelés. Je ne me

14 souviens plus qui nous a appelés. Nous sommes montés à l'étage et c'est là

15 que nous avons rencontré Ramush et Dolija [phon]. C'était la première fois

16 que nous nous rencontrions.

17 Q. Lorsque vous parlez de "Ramush," est-ce que vous faites allusion à

18 Ramush Haradinaj ?

19 R. Oui.

20 Q. Vous dites qu'on vous a demandé d'attendre. On vous a demandé

21 d'attendre qui exactement lorsque vous étiez assis sur cette chaise ?

22 R. Le commandant est arrivé, ensuite il nous a fait entrer.

23 Q. Alors, je souhaiterais revenir sur le sujet que j'ai abordé il y a

24 quelques instants. Lorsqu'on vous a demandé d'attendre, est-ce que vous

25 pouvez expliquer pourquoi vous attendiez et qu'est-ce que vous deviez

26 attendre ?

27 R. On nous a demandé d'attendre pour que le commandant arrive. Je ne sais

28 plus qui nous a dit d'attendre exactement.

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1 Q. A ce moment-là, est-ce que vous saviez qui était le commandant. C'est-

2 à-dire que pendant que vous étiez assis sur cette chaise et que vous

3 attendiez quelqu'un, est-ce que vous attendiez que le commandant vienne

4 vous voir ?

5 R. Non.

6 Q. Qui pensiez-vous rencontrer ?

7 R. Je pensais que j'allais rencontrer quelqu'un, mais je ne savais pas qui

8 était cette personne. On nous a dit à ce moment-là que c'était le

9 commandant. Je ne sais pas exactement qui était cette personne, mais j'ai

10 compris qu'on s'adressait à lui comme étant le commandant, mais je ne sais

11 pas du tout qui était cette personne.

12 Q. Vous nous avez dit qu'après avoir attendu l'arrivée du commandant, on

13 vous a amenés à l'étage et vous avez rencontré Ramush Haradinaj. Il était

14 accompagné de qui ou avec qui était-il à ce moment-là ?

15 R. Nous sommes entrés dans la pièce. Nous avons attendu quelques instants,

16 et deux personnes sont entrées par la suite dans la pièce. Je ne les

17 connaissais pas d'auparavant, mais nous nous sommes salués. Je leur ai dit

18 que mon nom était Rrustem Tetaj, que j'étais un soldat et que j'étais venu

19 pour parler de l'UCK.

20 Q. Il y avait deux personnes avec Ramush Haradinaj, vous avez dit. Est-ce

21 que c'étaient des soldats de l'UCK ?

22 R. Non. Il y avait deux personnes. C'était Ramush et Togeri. C'étaient

23 deux personnes qui étaient entrées dans cette pièce, mais je ne les

24 connaissais pas d'auparavant, C'est ce que je voulais dire.

25 Q. Que portaient-ils ?

26 R. Ils portaient des uniformes militaires, des uniformes de camouflage,

27 avec des bottes. Pour l'un d'entre eux, il avait également un couvre-chef.

28 Ils étaient armés. Nous avons parlé très brièvement. Je leur ai donné mon

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1 opinion, et par la suite ils nous ont dit quoi faire.

2 Q. Lequel d'entre eux avait un couvre-chef, Ramush ou Togeri ?

3 R. Si je me souviens bien, Ramush portait un couvre-chef, mais Togeri

4 n'avait rien dit, il n'avait pas parlé.

5 Q. C'était les uniformes qui arboraient ces insignes de l'UCK dont vous

6 nous avez parlé un peu plus tôt ?

7 R. Non. Je n'avais pas entendu parler de cela. Ils étaient présents.

8 Q. Vous nous avez dit un peu plus tôt, pour être plus précis, que ces

9 certaines personnes arboraient des insignes de l'UCK. Est-ce que vous vous

10 souvenez si Ramush ou Togeri arborait ces insignes de l'UCK ?

11 R. Je ne me souviens pas de cela.

12 Q. Ils portaient quel type d'armes ?

13 R. Des fusils automatiques de 7,62. C'étaient des fusils

14 automatiques assez courts, et ils avaient également de la munition

15 accrochée à la ceinture. Ils portaient des bottes militaires.

16 Q. Quelle était la réaction de Ramush Haradinaj lorsque vous lui

17 avez dit que vous étiez soldat, que vous avez obtenu un diplôme de l'armée

18 et que vous étiez venu parler avec eux de l'UCK ? Que vous a-t-il dit ?

19 R. Je leur ai dit que mon désir était d'entrer en contact avec eux et de

20 rejoindre les rangs de l'UCK afin que je puisse leur prêter main-forte. Je

21 leur ai demandé s'il y avait un état-major où mes collègues se trouvaient.

22 Ramush m'a dit : Je sais qu'il y a un état-major qui existe, mais nous ne

23 le reconnaissons pas, nous ne savons pas grand-chose sur eux. C'est tout.

24 Q. Pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre ce que vous voulez dire

25 lorsque vous avez dit que vos collègues étaient à l'état-major et qu'il y

26 avait certains QG ou états-majors qui existaient, mais que lui ne savait

27 pas de quoi il s'agissait ? Qu'est-ce que cela veut dire exactement ?

28 R. J'ai pensé qu'il y avait certainement un quartier général pour

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1 l'ensemble de l'UCK, avec tous les pouvoirs lui permettant d'être engagé

2 directement dans les opérations, mais j'ai l'impression, lorsque j'y suis

3 arrivé qu'il n'y ait pas de tel quartier général. Il y a mes collègues qui

4 s'intéressaient à aider dans les efforts de la guerre, et je pensais que je

5 souhaitais les rencontrer afin de me permettre de venir et nous contacter.

6 Q. Quelle était votre impression lorsque vous avez rencontré Ramush

7 Haradinaj concernant la question de savoir si vous étiez dans le quartier

8 général de l'UCK, cette première fois lorsque vous l'avez rencontré ?

9 R. Ma première impression était que c'était le seul endroit où les gens se

10 rencontraient, mais ce n'était pas un véritable quartier général dans le

11 sens réel du terme. Mais Ramush m'a informé et m'a présenté à Togeri. Il

12 m'a dit que cette personne était une personne expérimentée. A l'époque, je

13 ne savais pas qu'on l'appelait Toger. Je pensais que c'était un titre

14 militaire et je pensais que lui il était l'un des militaires là-bas.

15 Q. Ramush, qu'est-ce qu'il vous a dit au sujet de Togeri cette première

16 fois que vous l'avez rencontré ?

17 R. Il a dit : C'est Togeri, c'est une personne qui a beaucoup d'expérience

18 de guerre, puis c'était tout. Cette réunion a été très brève.

19 Q. Est-ce qu'il vous a dit quoi que ce soit au sujet de l'expérience de

20 guerre de Togeri, par exemple, où il avait combattu et pour qui ?

21 R. Comme je l'ai déjà dit, il m'a dit qu'il avait beaucoup d'expérience

22 dans la guerre depuis la guerre en Croatie.

23 Q. Pour qui se battait-il ?

24 R. Il s'était battu du côté des Croates.

25 Q. Autrement dit, contre les Serbes ?

26 R. Oui.

27 Q. Avez-vous remarqué des signes de grade militaire sur l'uniforme de

28 Toger ?

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1 R. Non. Il ne portait pas d'insigne de grade, mais le mot "Toger"

2 signifiait pour moi, au moins, que c'était un véritable officier militaire;

3 c'était au moins mon impression.

4 Q. Quelles questions vous a posées Ramush Haradinaj concernant vous-même

5 lors de cette première réunion et concernant votre expérience ?

6 R. Il m'a demandé où j'avais fait mes études dans l'académie militaire et

7 je lui ai expliqué que j'avais terminé à l'Académie militaire de Belgrade

8 et que j'avais fait des études l'artillerie.

9 Q. Quelle était la réaction générale de Ramush Haradinaj face au fait que

10 vous êtes venu le voir à Gllogjan ?

11 R. Très modeste. Et bonne. C'était mon impression. Je n'ai pas d'autres

12 souvenirs.

13 Q. Qu'en est-il de l'organisation de la suite des activités militaires.

14 Est-ce que vous avez parlé de votre rôle éventuel avec Ramush Haradinaj

15 cette fois-ci ?

16 R. Non. Je voulais savoir ce que je pouvais faire, et il a dit que je

17 pouvais rentrer dans mon village et essayer d'organiser les gens là-bas.

18 Mais le fait est qu'à cette époque-là mon village et les villages aux

19 alentours n'étaient pas encore engagés. J'ai dit que je pouvais faire un

20 travail concernant l'organisation militaire, mais que je ne disposais pas

21 d'armes. Il me manquait des armes.

22 Q. Ramush -- je retire cela.

23 Qu'est-ce qu'il vous a dit lorsque vous lui avez dit que les armes vous

24 manquaient ? Quelle était sa réponse à cela ?

25 R. Il a dit que je devais retourner dans mon village et organiser les gens

26 là-bas, réunir des jeunes qui pouvaient venir et aller à Gllogjan, et de là

27 ils pouvaient aller en Albanie pour se procurer en armes là-bas. C'est ce

28 que j'ai fait.

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1 Q. Lorsque vous dites "c'est ce que j'ai fait," vous voulez dire que vous

2 êtes rentré dans votre village ou que vous êtes allé en Albanie ? Ce

3 n'était pas très clair.

4 R. Je suis rentré dans mon village. J'ai organisé le village, c'est ce qui

5 s'est passé. J'ai nommé des membres du personnel d'urgence. Certains jeunes

6 hommes se sont présentés, ils m'ont contacté, et je leur ai dit d'aller à

7 Gllogjan. Par la suite ils sont allés porter des armes légères.

8 Q. Tout à l'heure, vous avez dit que Ramush vous avait dit que des jeunes

9 gens pouvaient aller à Gllogjan et de là en Albanie pour se procurer en

10 armes. Est-ce que certains de ces jeunes hommes ont été envoyés par vous à

11 Gllogjan afin de se procurer en armes ?

12 R. Oui, ils l'ont fait.

13 Q. Est-ce que vous pourriez raconter cela à la Chambre de première

14 instance ? Quand est-ce qu'ils sont allés en Albanie et dans quelles

15 circonstances ? Comment est-ce qu'ils sont arrivés là-bas ?

16 R. Comme je l'ai déjà dit, il y avait un groupe de jeunes hommes que nous

17 avons nommés de notre village. Ils sont allés à Gllogjan. De Gllogjan, ils

18 sont allés vers la frontière avec l'Albanie. Ils y sont restés pendant

19 quelques jours. Ils ont ramené des armes légères, ils les ont ramenées avec

20 eux dans des circonstances fort difficiles à l'époque.

21 Q. Comment ont-ils payé les armes ?

22 R. Oui, ils les ont payées, d'après ce qu'ils m'ont dit, environ 300 marks

23 allemands pour une arme légère.

24 Q. Y a-t-il eu des mortiers ? Est-ce qu'ils ont ramené des mortiers ?

25 R. Ceci s'est produit par la suite, plus tard. A l'époque, dans le

26 village, ce n'était que le début, et au début, il n'y avait que trois,

27 quatre personnes, et ils ont ramené certaines armes. Puis je pense qu'ils

28 avaient un mortier à main, si mes souvenirs sont bons, de 300-millimètres.

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1 Q. Lorsqu'ils sont rentrés de l'Albanie, est-ce qu'ils sont allés par

2 Gllogjan pour retrouver votre village avec ces armes automatiques légères ?

3 R. Non. Ils sont allés en Albanie et ils sont rentrés de directions

4 différentes, d'après leurs possibilités, car les forces serbes étaient

5 alignées le long de la frontière. Donc ils ont choisi une route différente

6 et sont entrés dans le village.

7 Q. Vous avez décrit des armes automatiques légères. Est-ce qu'il y a eu

8 des munitions ou d'autres types d'armes comme des grenades à main ?

9 R. Ils ont eu des munitions, quelques grenades à main, mais très peu. Il

10 s'agissait des armes et des munitions obsolètes.

11 Q. Est-ce que vous savez où ils les ont obtenues en Albanie et dans

12 quelles circonstances est-ce qu'ils ont pu le faire ?

13 R. Non, je ne le sais pas. Tout ce que je sais c'est qu'ils sont passés de

14 l'autre côté de la frontière pour aller en Albanie, mais je ne sais rien

15 d'autre à ce sujet. Ce sont les gens qui me l'ont dit ?

16 Q. Vous voulez dire les gens qui y sont allés ?

17 R. Il s'agissait des gens qui sont allés de l'autre côté de la frontière

18 en Albanie, qui ont rencontré certaines personnes de l'autre côté, et ce

19 sont eux qui les ont approvisionnés en armes. Ils ont dû contacter ces

20 personnes en Albanie afin d'obtenir les armes qu'ils ont achetées.

21 Q. Je souhaite maintenant que l'on donne un peu plus de détails à la

22 Chambre de première instance concernant votre organisation des jeunes

23 hommes du village après votre première réunion avec Ramush Haradinaj.

24 Qu'avez-vous fait et comment est-ce que vous les avez organisés ?

25 R. C'était la première phase. Donc ces jeunes hommes ils ont traversé la

26 frontière, ils sont allés en Albanie pour amener des armes. Il s'agissait

27 de braves jeunes hommes qui avaient décidé de rejoindre les efforts dans le

28 village, et le village a accepté de leur fournir de l'argent. Ils leur ont

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1 donné aussi des armes légères afin qu'ils puissent se protéger. C'est ce

2 qui s'est passé, mais ceci s'est produit par la suite.

3 Q. S'agissant de l'UCK au moment où ces jeunes hommes du village sont

4 allés en Albanie et au moment où vous les avez organisés dans le village,

5 après votre réunion avec Ramush, quel était le lien avec l'UCK ?

6 R. Il n'y avait pas de liens avec eux, mais par la suite la situation

7 s'est détériorée et les forces serbes avaient leurs positions plus près de

8 nous. Les gens se sont retrouvés dans une situation très difficile et ils

9 étaient encerclés. Donc chaque personne essayait d'une forme ou d'une

10 manière ou d'une autre de protéger sa maison, son village et les alentours

11 avec tous les moyens du bord. Après un certain moment, les villages aux

12 alentours se sont organisés de manière semblable. Donc il y avait une

13 nouvelle organisation à Gllogjan, et un état-major régional a été établi à

14 Gllogjan.

15 Q. Est-ce que vous faites référence à l'UCK lorsque vous dites "l'état-

16 major régional."

17 R. Oui, l'UCK. Il était constitué, il était en cours d'être constitué à

18 l'époque.

19 Q. Je souhaite que vous parliez à la Chambre de première instance d'une

20 personne appelée Faik Gecaj de Donja Luka.

21 R. Oui, Faik Gecaj était un villageois de mon village. Il vivait à

22 l'étranger, il est rentré. Pendant la première réunion que nous avons eue

23 dans le village, Faik Gecaj a affirmé qu'il pouvait voyager en Albanie et

24 qu'il pouvait ramener des armes aux villageois, et c'est ce qui s'est

25 passé. Il est parti, et au bout de deux semaines il est rentré. Il est le

26 seul à savoir comment il a organisé cela avec les mules et les chevaux, et

27 c'est lui qui a ramené les armes au village. Il s'agissait des armes

28 simples, pas du tout sophistiquées, rouillées.

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1 Q. Combien d'argent avait-il apporté avec lui ?

2 R. Il n'avait pas d'argent. C'était organisé depuis l'Albanie. Il y avait

3 des gens du village qui avaient collecté l'argent. Il a eu une réunion avec

4 certaines personnes en Albanie. Il s'agissait d'environ 25 000 marks

5 allemands. Le village l'a accepté.

6 Q. Combien de temps après votre première réunion avec Ramush Haradinaj

7 est-ce que Faik Gecaj est allé en Albanie afin de chercher ces armes ?

8 R. C'était bien après. Car au cours de la première phase quatre personnes

9 sont allées et ils ont ramené une petite quantité d'armes. Mais Faik Gecaj

10 y est allé, il y est allé un mois à peu près après la réunion que j'ai eue

11 avec Ramush.

12 Q. Ceci nous ramène vers la mi-mai 1998, n'est-ce pas ?

13 R. Oui. Je ne me souviens pas de la date exacte.

14 Q. Je souhaite --

15 R. C'était à peu près à ce moment-là.

16 Q. Je souhaite que vous expliquiez et que vous décriviez à la Chambre de

17 première instance le niveau de l'organisation des villages aux alentours,

18 des villages autour du vôtre, et de Gllogjan vers la fin du mois de mai

19 1998 ?

20 R. Ecoutez, c'était le début à l'époque. Les villages aux alentours

21 faisaient l'objet du harcèlement de la part des forces serbes au jour le

22 jour. Une partie des villages ne s'était pas engagée auprès de l'UCK, mais

23 chaque village s'était organisé de sa propre manière. Comme je l'ai déjà

24 dit, ils ont fait cela de manière semblable à ce que nous avions fait nous-

25 mêmes dans notre village. Ensuite cela s'est répandu grâce à la volonté des

26 jeunes hommes. Dans d'autres villages il y avait des petites cellules qui

27 ont été établies, ce qui a permis l'extension de l'Armée de libération du

28 Kosovo à Dukagjin.

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1 Q. Veuillez décrire à la Chambre de première instance le harcèlement

2 effectué par les forces serbes. De quelles forces s'agissait-il et que

3 faisaient-ils ?

4 R. Il s'agissait de la police qui venait dans le village, ils soumettaient

5 des gens aux interrogatoires. Il y avait un grand nombre de personnes qui

6 étaient engagées sur le plan politique avec des partis politiques ou

7 autrement. Il s'agissait de ce genre de harcèlement auquel les gens étaient

8 assujettis. Et compte tenu de tout ce qui se passait à cet égard le village

9 a décidé de s'organiser.

10 Q. Qu'a fait votre village pour s'organiser ?

11 R. Comme je l'ai dit, nous avons eu une réunion. Nous avons décidé de

12 mener certains gardes de nuit, qui n'avaient au début pas du tout d'armes.

13 Je leur ai dit de m'informer de tout. Nous avons créé un système improvisé

14 afin de permettre que les routes menant dans le village et du village

15 soient gardées.

16 Q. Aviez-vous des points de contrôle ou avez-vous organisé des points de

17 contrôle sur la route menant dans votre village ?

18 R. Oui, c'est ce que j'ai dit. Mais un point de contrôle est un terme trop

19 important par rapport à ce que nous avons fait. Il s'agissait d'une

20 opération simple. Il y avait un seul garde. Donc, il ne s'agissait pas d'un

21 véritable point de contrôle, dans le sens réel militaire du terme.

22 Q. Est-ce que ce garde arrêtait les gens qui voulaient venir dans le

23 village ou est-ce qu'il vérifiait ce qu'ils faisaient ? Est-ce qu'il les

24 fouillait ? Que faisait-il ?

25 R. S'agissant des gens que l'on connaissait, il n'était pas du tout

26 nécessaire de les arrêter car les gens se connaissaient dans le village.

27 Mais s'il y avait une personne suspecte qui s'approchait, nous l'arrêtions

28 et nous vérifiions son identité.

Page 3627

1 Q. Est-ce que le garde était armé ou en uniforme ?

2 R. Non, pas au début, mais par la suite, oui. Cependant, ils ne portaient

3 pas d'uniformes. Il n'y avait pas suffisamment d'uniformes à l'époque.

4 Q. Etaient-ils armés ?

5 R. Comme je l'ai dit au début, certains d'entre eux ne l'étaient pas, mais

6 par la suite, oui.

7 Q. Par la suite, c'était quand ?

8 R. Par exemple, dans mon village, au début pendant le premier mois, nous

9 n'avions rien. Au bout d'un mois, nous avons eu certaines armes et les

10 armes que nous avons obtenues nous les avons passées aux gardes, mais il

11 n'y avait pas d'uniformes. Les gardes étaient des civils.

12 Q. Deux choses m'intéressent ici. De quel mois parlez-vous et de quelles

13 armes parlez-vous ?

14 R. Ecoutez, au début, pendant le premier mois, lorsque nous nous sommes

15 organisés nous n'avions pas du tout d'armes et pas du tout d'uniformes. Par

16 la suite, nous avons obtenu des armes légères, des fusils semi-

17 automatiques, des grenades à main. Il y avait un canon de 20-millimètres,

18 et ainsi de suite.

19 Q. S'agissant du mois auquel vous faites référence, lorsque vous dites que

20 c'était au début pendant le premier mois, nous avons entendu des

21 dépositions au sujet du mois de mars, avril et mai 1998. Donc quel est le

22 premier mois dont vous parlez, lorsque vous vous êtes organisé ?

23 R. Je parle du début de l'organisation de notre village. C'est cela le

24 premier mois. Je ne me souviens pas de la date, mais je fais référence à la

25 période pendant laquelle j'ai organisé le village pour la première fois.

26 Q. Combien de temps après l'attaque du MUP contre la famille Haradinaj et

27 son enceinte est-ce que vous avez commencé à organiser votre village ?

28 R. Pour autant que je m'en souvienne, nous n'avons pas eu d'armes dans le

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1 village. C'était à peu près deux semaines plus tard, et il a fallu un peu

2 plus longtemps pour que les armes arrivent, donc probablement c'était vers

3 la mi-mai.

4 Q. Tout à l'heure, vous avez parlé de petites cellules qui ont été

5 établies dans d'autres villages, ensuite vous avez dit que ceci a provoqué

6 une extension de l'Armée de libération du Kosovo à Dukagjin. Que vouliez-

7 vous dire par ce terme "extension de l'UCK" à Dukagjin. Que s'est-il passé

8 et comment ?

9 R. Ecoutez, la situation à Gllogjan et dans les villages aux alentours

10 était très sérieuse. Les forces serbes et l'armée serbe, les forces de

11 l'armée serbe établissaient leurs positions à des endroits cruciaux. Par

12 conséquent, pratiquement tous les villages là-bas étaient encerclés et

13 placés sous la surveillance des forces serbes. La population était dans une

14 situation extrêmement pénible. Conformément à la volonté de la population,

15 chaque village a commencé à constituer ses propres états-majors -- ou

16 plutôt, unités qui ont rejoint les rangs de l'Armée de la libération du

17 Kosovo.

18 Q. Est-ce que Ramush Haradinaj a organisé une réunion avec les

19 représentants du village ?

20 R. Oui, cela s'est passé à un moment donné vers la fin du mois de mai. Je

21 ne me souviens pas de la date exacte. Nous avons reçu une invitation, et

22 tous les représentants des villages de la région de Dukagjin l'ont reçue,

23 mais c'était plus précis que cela. Il s'agissait des représentants des

24 villages autour de Gllogjan. Donc, nous avons reçu une invitation de nous

25 réunir afin de parler de la suite de nos actions.

26 M. RE : [interprétation] Pourrions-nous montrer au témoin la pièce P123,

27 s'il vous plaît.

28 Q. Je suis désolé, parce que visiblement sur l'écran l'exemplaire n'est

Page 3629

1 pas très visible. J'ai une copie papier qui sera peut-être un peu plus

2 lisible.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si l'imprimé est plus clair -- enfin,

4 j'aimerais bien le voir. J'aimerais bien voir ce document papier pour voir

5 s'il est plus lisible.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est bien cela.

7 M. RE : [interprétation]

8 Q. Il s'agit donc bien de ce document qui vous a été envoyé par M.

9 Haradinaj, convocation à la réunion; c'est bien cela ?

10 R. Oui.

11 M. RE : [interprétation] Cette pièce a-t-elle été versée au dossier ? Il me

12 semble que oui.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que c'est sur la liste très

14 étoffée de cotes pour identification, et nous allons d'ailleurs passer un

15 moment pour essayer d'y voir clair dans une minute.

16 M. RE : [interprétation] Très bien.

17 Q. Donc qu'avez-vous su à propos de la personne qui avait préparé cette

18 convocation ?

19 R. Par la suite, j'ai appris que Faton Mehemetaj, qui habitait à Pozhare,

20 avait préparé cette convocation parce qu'il avait une machine à écrire.

21 C'est donc lui qui a écrit cette convocation.

22 Q. Occupait-il un poste au sein de l'UCK ?

23 R. Je ne savais pas quel était son poste à l'époque, mais plus tard, après

24 cette réunion qui a eu lieu ce jour-là, j'ai appris quel était son poste

25 exact. Il était responsable de l'information et des contacts avec la

26 presse.

27 Q. Où était-il basé ?

28 R. Chez lui, dans sa maison, à Pozhare.

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1 Q. Qu'en est-il de Fitnete Ramosaj ?

2 R. Fitnete Ramosaj était une femme qui habitait un village qui s'appelait

3 Carrabreg, mais elle habitait à l'époque à Pozhare. Je ne sais pas quels

4 étaient ses liens de parenté avec Faton Mehemetaj.

5 Q. En ce qui concerne ces convocations, à votre connaissance, a-t-elle eu

6 quoi que ce soit à voir avec ces convocations ?

7 R. Oui, très certainement.

8 Q. Quel était son poste ?

9 R. Elle travaillait avec le jeune Faton Mehemetaj. Ils s'occupaient

10 ensemble des contacts avec la presse.

11 Q. Vous nous dites qu'elle faisait aussi partie de l'UCK ?

12 R. Oui.

13 Q. Vous êtes-vous rendu à cette réunion ?

14 R. Oui.

15 Q. Où a eu lieu cette réunion ?

16 R. A Gllogjan, dans la maison de Mehemetaj, dans une pièce. La réunion

17 s'est tenue vers 20 heures.

18 Q. Combien de personnes y ont assisté ?

19 R. Un grand nombre de personnes. Je ne peux pas donner de chiffre exact.

20 Il y avait les représentants de tous les villages environnants. Il y avait

21 sans doute un, deux ou trois représentants par village. Je ne sais pas

22 exactement combien nous étions dans cette pièce, mais c'était une grande

23 pièce. La pièce était pleine. La plupart d'entre eux n'étaient pas en

24 uniforme. La plupart d'entre eux étaient en civil. Ils n'avaient pas

25 d'armes.

26 Q. Mais ils étaient plus de 50 ? Au moins de 50 ? Plus de

27 100 ? Moins de 100 ? Pour avoir un ordre d'idée.

28 R. A dire vrai, entre 50 et 100. Je ne sais pas exactement combien.

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1 Q. Qui a présidé cette réunion ?

2 R. C'était Ramush Haradinaj qui a présidé la réunion.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, je pense que vous allez

4 bientôt aborder le sujet du contenu de la réunion. Je regarde la montre et

5 je pense qu'il vaudrait mieux faire la pause. Puisque vous avez déjà parlé

6 de cette réunion, nous savons déjà donc que la réunion a eu lieu.

7 Monsieur Tetaj, nous allons faire la pause de 25 minutes et nous

8 reprendrons à 4 heures 20.

9 Monsieur Re, avant de faire la pause, je tiens à vous dire que j'ai

10 reçu un message selon lequel vous aviez besoin de trois heures et demie,

11 mais que ceci serait réduit à une heure et demie étant donné qu'il s'agit

12 maintenant d'un témoin 92 ter. C'est bien ce que j'ai compris, n'est-ce pas

13 ?

14 M. RE : [interprétation] Oui, mais ce n'est pas moi qui vous ai envoyé ce

15 message.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, je vérifierai d'où vient cette

17 information.

18 M. RE : [interprétation] Je pense que cela vient d'une conversation que

19 j'ai eue avec M. Emmerson ce matin. Mais j'ai en effet besoin d'encore une

20 heure, une heure 10.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

22 Nous reprendrons donc à 4 heures 20.

23 M. EMMERSON : [interprétation] Je voudrais m'excuser de mon retard.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes excusé.

25 M. EMMERSON : [interprétation] Vous avez donc -- vous m'avez fait parvenir

26 le message comme quoi vous étiez -- vous me permettiez de commencer mon

27 contre-interrogatoire le cas échéant et je vous en remercie.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez lire de toute façon le

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1 compte rendu pour commencer votre contre-interrogatoire dès demain matin.

2 Nous reprendrons donc à 4 heures 20.

3 --- L'audience est suspendue à 15 heures 54.

4 --- L'audience est reprise à 16 heures 23.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, vous pourrez

6 poursuivre.

7 Mais tout d'abord pour, Monsieur Tetaj, j'ai quelque chose à vous

8 dire. Je vois que vous avez des documents devant vous. Si à un moment où à

9 un autre vous aimeriez consulter ces documents, pourriez-vous, s'il vous

10 plaît, tout d'abord m'en demander l'autorisation en me disant quel est le

11 contenu de ces documents et pourquoi vous avez un besoin en temps utile de

12 les consulter.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais c'est exactement la même chose que ce que

14 vous m'avez donnée. C'est la convocation que vous m'avez envoyée,

15 l'injonction de venir témoigner.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

17 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ce qui est écrit ici. Vous pouvez me

18 poser les questions que vous voulez et j'essayerai d'y répondre dans la

19 mesure de mes moyens.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur Re.

21 M. RE : [interprétation] J'étais peut-être un petit peu optimiste dans mon

22 estimation du temps qui m'était nécessaire, mais cela dit, j'espère quand

23 même finir à temps.

24 Q. En tout cas, avant la pause, Monsieur Tetaj, nous parlions de cette

25 réunion présidée par M. Haradinaj, qui s'est tenue dans la maison de Faton

26 Mehemetaj à Gllogjan. J'ai une question à vous poser. Tout d'abord :

27 pourquoi la réunion a-t-elle eu lieu dans cette

28 maison ?

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1 R. Je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que les forces serbes

2 étaient arrivées à Gllogjan. Donc, Gllogjan était quasiment encerclée par

3 les forces serbes. Je ne sais pas, sinon pourquoi on a choisi cette maison.

4 Q. Pouvez-vous nous dire pourquoi M. Haradinaj a présidé cette réunion ?

5 R. Il était de Gllogjan. Sa résidence a été attaquée une fois. Sa famille

6 d'ailleurs a été attaquée. Il protégeait sa résidence, et son village aussi

7 a été attaqué. C'est sans doute pour cela qu'il a présidé la réunion.

8 Enfin, c'est mon opinion.

9 Q. Savez-vous qui a organisé la réunion ?

10 R. D'après la convocation, cette réunion était censée être indispensable.

11 Il fallait que tous les chefs de village se rencontrent pour parler de la

12 situation et pour parler aussi de l'évolution de la situation. C'est pour

13 cela que cette réunion a été organisée à Gllogjan.

14 Q. Savez-vous qui a été la personne qui a organisé la réunion, qui a lancé

15 les convocations au moins ?

16 R. C'était l'initiative de tous ceux qui étaient là, mais d'après la

17 convocation c'était Ramush et Mehemetaj qui étaient les personnes qui

18 avaient pris l'initiative d'organiser la réunion.

19 Q. Y a-t-il eu un procès-verbal de cette réunion ?

20 R. Oui. D'abord Ramush a pris la parole. Il a parlé de la situation qui

21 avait cours à Gllogjan et dans les environs. Ensuite, il a parlé de

22 Dukagjin, de la région. Ensuite, un compte rendu a été pris par une

23 personne qui s'appelait Kompjuteri. C'est cela.

24 Q. C'est une personne qui s'appelait Kompjuteri.

25 R. Oui, il y avait en effet une personne. C'était son alias, Kompjuteri.

26 C'est lui qui a fait le PV. Je n'ai pas vu le PV d'ailleurs. Je ne sais pas

27 exactement ce qui a été noté dans ce compte rendu.

28 Q. Quel est le véritable nom de ce Kompjuteri ?

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1 R. J'ai appris bien plus tard ce qui s'était passé, très longtemps après.

2 J'ai appris très longtemps après que ce fameux Kompjuteri était Emrush

3 Xhemajli.

4 Q. D'où venait-il ?

5 R. De Ferizaj.

6 Q. Que portait-il lors de cette réunion ?

7 R. Il était en uniforme, en tenue de camouflage.

8 Q. Y avait-il Togeri aussi ?

9 R. Togeri a participé à la réunion. Il s'est éclipsé à un moment, puis

10 après je ne l'ai plus revu.

11 Q. Que portait-il ?

12 R. Il était présent, mais pas très longtemps. Ensuite, je ne l'ai plus

13 revu.

14 Q. Que portait-il ?

15 R. Il était sans doute en civil, des habits civils foncés, mais pas en

16 camouflage.

17 Q. Qu'en est-il de Ramush ? Que portait-il ?

18 R. Ramush était en tenue de camouflage.

19 Q. Qu'a-t-il dit lors de cette réunion à propos de son bilan de la

20 situation qui avait lieu à l'époque à Gllogjan et aux

21 environs ?

22 R. Il a dit à tout le monde que la situation était difficile, et c'est

23 vrai, la situation était très difficile. Il a dit à tous les participants

24 que nous étions encerclés par les forces serbes et que toutes les routes

25 qui reliaient cette zone à Decane et à Gjakove, c'étaient des routes où il

26 y avait beaucoup de mouvements avec des colonnes d'équipement extrêmement

27 lourdes de l'armée serbe, qu'ils ont transigé sur ces routes. Les Serbes

28 avaient déjà pris positions. Ils s'étaient postés dans les endroits-clés de

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1 la région, à Suka et Baballoq. La situation était difficile. Donc Ramush a

2 parlé avec beaucoup de sang-froid, et de façon abrupte d'ailleurs, en

3 disant qu'il fallait qu'on se défende, qu'on défende nos villages et qu'on

4 sache exactement ce qui se passait. Il n'a pas enrobé la vérité. C'est

5 ainsi qu'il s'est adressé aux participants.

6 Q. Combien de temps a-t-il parlé ?

7 R. Assez longtemps. D'ailleurs, on a attendu assez longtemps aussi. On a

8 attendu assez longtemps que tout le monde se rassemble, mais je ne me

9 souviens pas exactement pendant combien de temps il a parlé.

10 Q. Vous dites que c'était "long." Pouvez-vous nous le dire en heures ?

11 R. Oui, oui, en heures. En heures, cela a duré des heures. Cela a commencé

12 vers 20 à 21 heures et cela a duré des heures.

13 Q. Lors de la réunion, a-t-il parlé de l'UCK ?

14 R. Oui, il a dit que l'armée avait été créée et qu'il était maintenant

15 temps de coordonner tous les villages entre eux. Il a dit qu'il fallait que

16 nous structurions pour avoir une structure de commandement.

17 Q. Qui était envisagé comme commandant en chef ?

18 R. Ecoutez, Gllogjan devait être une zone subordonnée. Lors de la réunion,

19 j'ai proposé que l'on divise la zone en sous-zones par village. Donc, j'ai

20 proposé que l'on crée quatre sous-zones. Ramush et les autres ont accepté

21 la proposition.

22 Q. C'était quoi cette proposition exactement ?

23 R. Je n'ai pas compris votre question.

24 Q. Vous avez proposé qu'il y ait quatre sous-zones. Mais c'était quoi ces

25 quatre sous-zones qui allaient être créées ?

26 R. Très bien. Oui, j'étais là, donc j'ai proposé que Dukagjin soit divisée

27 en quatre sous-régions. J'ai aussi dit que les personnes qui avaient

28 l'expérience militaire soient en poste de commandement. Donc, j'ai proposé

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1 que l'on crée la zone numéro 1 avec Gllogjan; la zone 2, ce sera avec

2 Irzniq; la zone 3, ce serait la zone de Pozhare; et la zone 4, la zone qui

3 est divisée par la rivière Bistriz et qui comprend aussi les villages

4 d'Isniq.

5 Q. Très bien. Passons à la zone numéro 1. Qui devait commander cette zone,

6 cette zone de Gllogjan ? Pouvez-vous nous donner le nom de la personne qui

7 devait être commandant de cette zone ?

8 R. On a décidé que cette zone numéro 1, étant donné que c'était Gllogjan,

9 on a dit que Ramush Haradinaj devait être le commandant de cette zone.

10 Shemsedin Ceku aurait été commandant de la zone 2, puisqu'il avait une

11 expérience militaire. J'aurais le commandement de la zone numéro 3, et pour

12 ce qui est de la zone numéro 4, qui est plus grande, c'était Skender

13 Rexhahmetaj.

14 Q. Très bien. Nous allons prendre les choses en détail. D'abord la zone

15 numéro 1, la première zone. C'était Gllogjan et c'était Ramush Haradinaj à

16 sa tête --

17 R. Oui, on appelait cela des sous-zones, des sous-régions. C'était la

18 plaine de Dukagjin qui devait être divisée en sous-régions.

19 Q. Quelles étaient les frontières physiques de cette plaine de Dukagjin,

20 s'il vous plaît ?

21 R. Vous voulez dire --

22 Q. Oui.

23 R. Vous parlez de Dukagjin ou de sous-zones et des villages qui

24 appartiennent aux sous-zones ?

25 M. EMMERSON : [interprétation] Je suis désolé d'interrompre, mais je me

26 demande si M. Re est en train de demander au témoin de nous dire quelles

27 sont les frontières du territoire qui est couvert par ces quatre sous-

28 zones. Donc, je pense que ce serait utile d'avoir une carte. Puisqu'on est

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1 en train de parler de territoires, peut-être si on avait une zone ce serait

2 plus simple.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En effet, Monsieur Re, je crois qu'on a

4 parlé de la plaine de Dukagjin, c'est un mot que l'on voit dans la

5 déclaration du témoin, donc pour l'instant il n'y a pas de confusion à

6 propos de votre question portant sur la zone de Dukagjin. Mais c'est la

7 plaine de Dukagjin, c'est ce que je vois écrit au compte rendu, à la page

8 41, ligne 7. Peut-être la carte numéro 10 nous aiderait. On pourrait

9 demander au témoin de délimiter le territoire.

10 M. RE : [interprétation] Oui, oui. Enfin, d'ailleurs, c'est plutôt la carte

11 D32 qui nous serait utile parce qu'elle est plus étendue, on voit mieux la

12 zone.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Pouvons-nous, s'il vous

14 plaît, afficher la carte D32. Je pense qu'il faudra quand même par moment

15 faire des zooms, parce que c'est quand même une carte qui n'est pas très

16 détaillée. Et vous savez, qu'une fois qu'on a fait un zoom, -- en fait, une

17 fois qu'on a un cliché d'une carte à une certaine échelle, il est très

18 difficile de faire des zooms.

19 M. RE : [interprétation] Ce serait peut-être plus efficace d'avoir une

20 carte papier en format A3 et de faire les marquages sur cette carte papier.

21 Bien sûr, je sais qu'il y a le prétoire électronique, nous sommes sensés

22 utiliser les fichiers électroniques, mais le papier serait peut-être

23 pratique.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Comme on l'a à l'écran, est-ce que cela

25 ira ? Puisqu'on voit -- est-ce que ça vous -- ça va ?

26 M. RE : [interprétation] Je vais demander au témoin.

27 Monsieur Tetaj, voyez-vous cette carte à l'écran ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Je vois la carte, mais elle n'est pas

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1 très détaillée. Enfin, tout est écrit en tout petit, en plus. Mais bon, je

2 vais indiquer les frontières dans le territoire.

3 M. RE : [interprétation] Pour délimiter la plaine de Dukagjin -- vous avez

4 une carte sur laquelle on est en train de zoomer.

5 M. EMMERSON : [interprétation] Je suis désolé, mais M. Re sait exactement

6 quelle est la question qu'il veut poser au témoin avec ces quatre sous-

7 zones, mais je pense qu'il faudrait que ne sachions exactement de quoi il

8 parle dès le départ.

9 M. RE : [interprétation] Je ne comprends ton objection. Je demande au

10 témoin d'envisager les quatre sous-régions qui, entre elles, on voit

11 assemblées dans une région plus grande, mais --

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Commençons par ces quatre

13 sous-régions, donc. On va demander au témoin de marquer ces sous-régions

14 sur la carte, ensuite au cours de votre contre-interrogatoire vous pourrez

15 lui demander tout ce que vous voulez à propos des quatre sous-régions.

16 Maintenant, Monsieur le Témoin, cette carte est-elle assez détaillée pour

17 procéder à l'exercice consistant à identifier les quatre sous-zones ?

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Messieurs les Juges, je ne vois qu'une partie

19 du territoire. Cela s'arrête juste à mon village, on ne voit pas Gllogjan

20 alors que Gllogjan devrait être sur la carte.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faut que nous passions dans un plan

22 plus large, ensuite on va dérouler la carte vers le haut ou vers le nord.

23 Arrivez-vous vraiment à vous orienter sur cette carte, Monsieur le Témoin ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas inscrit très clairement.

25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je crois que si vous prenez Peje, puis que

26 vous allez au nord, on arrive, à mon avis, dans l'endroit en question.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais il faut qu'on trouve

28 exactement la bonne portion de carte, parce qu'une fois qu'on aura fait un

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1 cliché on ne pourra plus se déplacer dans la carte.

2 M. RE : [interprétation] Je n'arrive pas à voir quoi que ce soit moi-même.

3 Mais nous avons des papiers -- nous avons des cartes papier, ce serait

4 quand même beaucoup plus simple.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Combien de copies papier

6 avez-vous ?

7 M. RE : [interprétation] Nous en avons quatre, et nous n'en avons besoin

8 que d'une.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que nous allons la poser sur le

10 rétroprojecteur et que nous pourrons faire les marques ainsi.

11 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui. Moi aussi j'ai une carte. J'ai fait

12 exactement le même exercice. Donc sur ma carte à moi, j'ai marqué chaque

13 sous-zone de couleur différente. Cela pourrait peut-être vous aider à un

14 moment ou à un autre.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Donc si vos sous-zones sont les

16 mêmes que les sous-zones de M. Re, vous pourriez peut-être lui montrer vos

17 deux cartes, voir si vous êtes d'accord, ensuite demander au témoin de

18 confirmer les frontières de ces zones. Ce serait pratique.

19 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je pense en effet que ce serait très

20 pratique.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, Madame l'Huissière,

22 pouvez-vous, s'il vous plaît, aider M. Guy-Smith avec sa carte.

23 M. RE : [interprétation] C'est assez grossier. Je préférerais montrer une

24 carte vierge au témoin et lui demander de marquer lui-même les zones, les

25 sous-zones. Alors, je ne suis pas en train de remettre en question les

26 annotations de M. Guy-Smith à propos de ces zones, mais il a déjà un code

27 couleur qui n'est pas tout à fait identique au nôtre. Non, je pense que

28 cela ne va peut-être pas aider finalement.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Madame l'Huissière, pouvez-

2 vous, s'il vous plaît rendre la carte à M. Guy-Smith et nous allons essayer

3 de procéder à un marquage plus fin de la carte.

4 Pourriez-vous, s'il vous plaît, Madame l'Huissière, mettre la carte

5 au rétroprojecteur, ainsi tout le monde pourra suivre l'exercice.

6 Monsieur Emmerson.

7 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, si je peux vous aider, je n'ai aucune

8 objection si M. Re était très directif pour ce qui est des villages

9 auxquels il est fait référence dans les paragraphes 44 et 45 de la

10 déclaration totale du témoin. Je ne sais pas quels sont les paragraphes

11 correspondant dans le 92 ter.

12 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

13 M. EMMERSON : [interprétation] Les villages ici sont écrits dans le

14 paragraphe 44. Cela pourrait être extrêmement utile.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Très bien. Monsieur Re, vous

16 avez beaucoup d'aide qui vous est offerte par équipe de la Défense, je

17 pense que vous devriez en profiter.

18 M. RE : [interprétation] Très bien. Merci. Je les remercie. Q. Monsieur

19 Tetaj, en zone 1, vous avez les villages de Gllogjan, Shaptej, Gramocelj,

20 Dubrava, Babaloc, Prilep, Rastavica. Pourriez-vous, s'il vous plaît, les

21 entourer, enfin entourer la

22 zone 1 et la marquer avec un 1.

23 R. Donc on parle de sous-régions. Là, c'est la sous-région numéro 1. Vous

24 parlez de zones. Alors la zone, ce n'est pas la même chose. La zone, c'est

25 plus grand que la sous-zone. Donc il s'agit de quatre sous-zones.

26 Q. J'aimerais juste que vous marquiez tout ceci sur la carte, s'il vous

27 plaît.

28 R. La sous-zone numéro 1 de Gllogjan, cela comprend Gllogjan, Shaptej,

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1 Dubrava, Babaloc, Prilep, Rastavica. Voilà. C'était la région.

2 Q. Pourriez-vous, je vous prie, tracer un cercle autour de chaque sous-

3 zone ou de chaque village -- en fait, désigner la sous-zone 1 comme étant -

4 - donc tracer un cercle autour de tous ces villages constitués de sous-

5 zones et englober tous ces villages par un cercle.

6 R. Très bien. Merci. Je comprends maintenant.

7 Q. Bien. Donc le prochain c'est numéro 2 qui, dans votre déclaration,

8 comprend les villages de Rznic, Gornji, Donji Ratis, Beleg et Kodralija.

9 R. Irzniq, Ratishe, oui.

10 Q. La sous-zone 3, selon votre déclaration, comprend les villages de

11 Gornja et Donja Luka, Pozar, Ljumbarda, Dasinovac et Vranoc, c'étaient les

12 zones qui étaient sous votre commandement.

13 R. Voilà la zone numéro 3. On peut l'appeler sous-zone

14 numéro 3.

15 M. EMMERSON : [aucune interprétation]

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Maître Emmerson.

17 M. EMMERSON : [interprétation] Brièvement, je crois que M. Re a omis deux

18 villages qui figurent au paragraphe 48 où le témoin parle de Carrabreg et

19 Luka i Eperme. Ces villages aussi font partie de cette zone.

20 M. RE : [interprétation] De nouveau, je remercie Me Emmerson de son aide.

21 Bien.

22 Q. Donc, Carrabreg et Luka i Eperme font partie également de la sous-zone

23 3, n'est-ce pas, et si oui, pourriez-vous, je vous prie, faire un cercle

24 autour de ces villages ?

25 R. Non, en fait, Carrabreg, non. Mais Luka i Epreme, oui.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mme l'Huissière pourrait peut-être vous

27 aider afin de mieux voir ces villages sur le rétroprojecteur.

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Numéro 3 ?

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1 M. RE : [interprétation]

2 Q. Oui, numéro 3.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais demander au témoin de bien

4 vouloir confirmer que ce qu'il a dessiné, ce qu'il a tracé à l'intérieur de

5 la zone 3, à savoir Luka i Eperme, est-ce qu'il fait déjà partie de la

6 sous-zone en question ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, c'est juste ici.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Voilà, c'est ici.

10 M. RE : [interprétation]

11 Q. C'est à l'intérieur de la sous-zone 3. Est-ce que c'est exact ?

12 R. Oui.

13 Q. Passons maintenant à la sous-zone 4 qui comprend Istinic, Papracani,

14 Gornji et Donji Strepc, Dubovik, Krusevac et Rasic qui étaient leurs zones

15 sous le commandement de Skender Rexhahmetaj.

16 R. Et également Gani Gjukaj.

17 Q. Et Gani Gjukaj se trouve également dans la zone numéro 4, celle autour

18 de laquelle vous venez de tracer un cercle.

19 M. EMMERSON : [interprétation] Ce n'est pas un endroit, c'est une personne

20 et Gani Gjukaj était le commandant de cette zone.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est cela.

22 M. RE : [interprétation] Pourrait-on demander que la carte soit annotée, je

23 vous prie.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

25 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les

26 Juges, cette carte recevra la cote P266, pièce qui est annotée et qui est

27 maintenant versée au dossier.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.

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1 Je vais demander au greffier de prendre cette page qui sera

2 téléchargée et placée sur le prétoire électronique.

3 Le témoin a ajouté quelque chose à l'intérieur de la zone numéro 1.

4 Monsieur le Témoin, qu'est-ce que vous avez ajouté dans cette zone, s'il

5 vous plaît ? En fait, je ne sais pas comment le dire en anglais, et le

6 témoin a fait des tirets.

7 M. RE : [interprétation] Oui, c'est la zone hachurée.

8 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, c'est la zone hachurée.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Monsieur le Témoin, pouvez-vous

10 nous dire ce que cette zone hachurée représente. C'est la zone qui se

11 trouve à l'est de Dubrava et de Shaptej. Monsieur, qu'est-ce que vous venez

12 d'annoter là.

13 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

14 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Et bien voilà, ces sous-zones et toutes les

16 sous-zones devaient avoir plus de sous-zones spécialement lorsque l'on

17 parle de la zone de mise en śuvre. La sous-zone 1 et le quartier général

18 était à Gllogjan. Enfin pour la sous-zone 1, cela incluait Gllogjan,

19 Shaptej, Gramaqel, Dubrave, Baballoq, Prilep, mais pas Bitesh, puisque

20 c'étaient les forces serbes qui avaient leur position à cet endroit-là.

21 Non, j'ai fait une petite erreur et cette zone aussi que j'ai hachurée se

22 trouve à l'extérieur de la zone numéro 1.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame l'Huissière, veuillez, je vous

24 prie, montrer cette carte avec la zone hachurée, enfin remettre la carte à

25 la greffière d'audience. La zone hachurée elle se trouve à l'extérieur donc

26 de la zone numéro 1.

27 M. EMMERSON : [interprétation] En fait, je suis vraiment désolé. Si j'ai

28 bien compris le témoignage du témoin, la zone hachurée représente la zone

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1 où il y avait des forces, une présence serbe, des troupes serbes étaient

2 déployées dans cette zone-là, n'est-ce pas, pour être tout à fait précis.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je crois que le témoin a également

4 dit que cette zone comprend Gllogjan, Shaptej, Gramaqel, Dubrave, Baballoq,

5 Prilep, mais non pas Bitesh. Si j'ai bien compris, cette zone comprend …

6 M. EMMERSON : [interprétation] Je crois que le témoin a dit --

7 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

8 M. EMMERSON : [aucune interprétation]

9 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

10 M. EMMERSON : [interprétation] --que Bitesh était une zone où il y

11 avait une présence serbe. Les forces avaient une position à cet endroit-là.

12

13 LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, si je puis apporter un complément

14 d'information, les forces serbes étaient également à Bitesh.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est ce que vous appelez "Bektesh" --

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Le sommet de Baballoq était également occupé

17 par les Serbes. Baballoq est un village qui se trouve au sommet de

18 Baballoq. Puis là, il y avait aussi une concentration de forces serbes. Il

19 ne faut pas faire de conclusion entre le sommet de Baballoq et le village

20 de Baballoq. Des forces serbes se trouvaient sur les collines, sur les

21 hauteurs de Baballoq. Donc, il ne faut pas mélanger le village de Baballoq

22 avec le sommet de la montagne de Baballoq. Le village, c'est le village et

23 le sommet de la montagne, c'est le sommet.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons déjà entendu certains

25 éléments de preuve apportés par d'autres témoins qui sont venus témoigner,

26 qu'à certaines hauteurs, il y avait une présence serbe et que les forces

27 serbes se trouvaient sur certaines hauteurs. Maintenant, s'agissant de ces

28 hauteurs, par exemple, vous nous avez parlé de la montagne ou de la colline

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1 de Baballoq, est-ce que ceci fait partie de la sous-zone ou bien est-ce que

2 vous l'avez exclu étant donné que les hauteurs de la colline de Baballoq

3 étaient occupées par les forces serbes ? Est-ce que, par exemple, dans

4 votre dessin vous nous dites cela ne fait pas partie de la zone que nous

5 contrôlions puisque les hauteurs étaient dominées par les forces serbes ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien sûr, je comprends votre question. Il n'y

7 a absolument aucun doute là-dessus. C'est là où étaient concentrées les

8 forces serbes. Elles étaient sur des positions élevées sur les hauteurs, et

9 c'est la raison pour laquelle le danger était particulièrement important,

10 le danger présenté par les forces serbes. Il y avait une concentration très

11 forte d'artillerie serbe sur les hauteurs. Et là il y avait non pas une

12 distance de 1 kilomètre entre les hauteurs et le centre de Gllogjan à vol

13 d'oiseau. Cette hauteur-là, par exemple, était dominée par les forces

14 serbes, occupée par les forces serbes.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous connaissez le nom de la

16 côte de cette hauteur qui se trouve à 1 kilomètre de Gllogjan ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, cette hauteur ou cette côte s'appelle

18 Bektesh. Est-ce que vous aimeriez savoir en quelle direction elle se trouve

19 ?

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'après ce que vous venez de nous dire

21 et d'annoter, j'imagine que c'est à l'extrémité est de la sous-zone. Mais

22 la question qui se pose maintenant c'est de savoir, est-ce que c'est

23 l'endroit qu'on appelle également Bitesh dans votre propre langue ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est exact. Bektesh et Bitesh sont le

25 même endroit.

26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. C'est clair maintenant.

27 Merci.

28 Veuillez poursuivre, je vous prie, Maître Re.

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1 Est-ce que la cote a déjà été donnée au document ? Je vois que oui. Bien.

2 Poursuivez, je vous prie, Monsieur Re.

3 M. RE : [interprétation]

4 Q. Revenons maintenant à la réunion que présidait M. Haradinaj Ramush.

5 C'est lors de cette réunion-là que l'on a séparé ou qu'on a désigné ces

6 sous-zones et les commandants des sous-zones. Qu'est-ce qui a été décidé

7 lors de cette réunion concernant le commandant de toutes les zones ? Est-ce

8 qu'on a décidé un commandant pour les zones ou par l'ensemble des zones ?

9 R. Il a été décidé que cette proposition serait adoptée et que les

10 commandants des sous-zones resteraient ceux que j'ai déjà mentionnés, mais

11 il a également été décidé que le premier commandant de la première sous-

12 zone soit le commandant de toutes les zones. Mais c'était en théorie

13 seulement, en pratique c'était impossible. Au moment où les choses étaient

14 en train de se passer, c'était absolument impossible, car un très grand

15 nombre de choses manquaient pour que cela soit possible. Je vais élaborer

16 là-dessus un peu plus tard.

17 Q. Le premier commandant de la sous-zone -- le commandant de la première

18 sous-zone était Ramush Haradinaj. Qu'est-ce que vous vouliez dire lorsque

19 vous avez dit que c'était lui qui devait être le commandant de toutes les

20 zones ?

21 R. Je voulais dire qu'il a été décidé lors de cette réunion que le

22 commandant qui était le commandant de la première sous-zone devienne le

23 représentant de toutes les autres sous-zones, c'est-à-dire que c'est lui

24 qui était chargé de toutes les sous-zones. Donc il a été décrété que

25 Haradinaj serait le chef de l'état-major régional de Gllogjan. C'était

26 l'étape première.

27 Q. A qui les commandants des sous-zones devaient-ils rendre compte ?

28 R. Tous les villages qui faisaient partie de l'une des sous-zones

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1 rendaient compte au commandant de la sous-zone en question. Et dépendamment

2 de la sous-zone et de ses capacités, ils rendaient compte au premier

3 commandant de sous-zone qui était le chef de l'état-major régional de

4 Gllogjan. Mais ce n'était qu'en théorie, et à l'époque c'était ce qui était

5 convenu.

6 Q. Est-ce que cela comprenait également le fait de consulter Ramush

7 Haradinaj avant de mener à bien quelque action que ce soit ? Fallait-il

8 donc le concerter avant une action ?

9 R. Oui, on peut certainement dire cela, mais cela dépendait également des

10 circonstances. C'est ce qui était écrit sur papier, mais dans la vie de

11 tous les jours cela était impossible. Nous n'avions pas suffisamment de

12 C'est la raison pour laquelle il a été décidé de façon unanime que ces

13 sous-zones devaient être placées sous le commandement d'un commandant qui

14 était chargé de sa zone respective.

15 Q. De quelle façon communiquiez-vous avec les commandants de villages se

16 trouvant dans votre sous-zone ? Pourriez-vous, je vous prie répondre

17 brièvement.

18 R. Oui. Par estafette.

19 Q. Qu'est-il d'estafette ou coursier ?

20 R. C'était des personnes qui étaient assignées à cette tâche. Chaque

21 village avait son propre comité local, et dépendamment des circonstances

22 ces personnes, ces membres, ces hommes désignés pour faire ce genre de

23 travail, à ce moment-là, faisaient ce travail.

24 Q. Bien. Maintenant, vous avez fait référence à une réunion qui s'est

25 tenue au mois de mai 1998. Est-ce que vous faisiez déjà partie de l'UCK et

26 de la structure organisationnelle à l'intérieur de l'UCK ? Est-ce que vous

27 étiez déjà commandant d'une sous-zone ?

28 R. Dès que je suis revenu de la réunion et dès que j'ai mis en place mon

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1 propre groupe de soldats, je savais que je faisais partie de l'UCK, que

2 j'avais rejoint les rangs de l'UCK. Et lors de réunion du mois mai, à la

3 suite de la réunion donc, je faisais maintenant partie de l'UCK en tant que

4 commandant de la sous-zone numéro 3.

5 Q. Quelle était la hiérarchie à l'intérieur des sous-zones étant donné que

6 Ramush Haradinaj était le commandant de la sous-zone 1, donc le commandant

7 de l'ensemble des zones, quelle était la subordination ? Comment

8 fonctionnait la hiérarchie ?

9 R. Dépendamment de la situation, nous organisions des réunions nous

10 permettant de parler de ce qui allait se passer, de ce que nous devions

11 faire. Nous discutions de ce que nous devions faire et cela dépendait des

12 situation, cela dépendait des circonstances de la situation. La situation

13 était assez tendue et les gens voulaient savoir ce qui se passait. Tous les

14 villages rendaient compte en passant par leur commandant ou chef de l'état-

15 major régional, donc nous rencontrions Ramush si cela nous était possible

16 et nous discutions de quelle façon nous devions protéger notre propre

17 population. Et ceci pour vous expliquer de façon simple comment les choses

18 fonctionnaient. C'est ainsi que la hiérarchie fonctionnait.

19 Q. Qui avait la décision finale lorsque vous étiez revenus pour en parler

20 à Ramush ou lorsque vous rendiez compte à Ramush lorsque vous lui disiez

21 quelque chose, qui prenait la décision

22 finale ?

23 R. Nous appréciions Ramush en tant que commandant de la zone, et nous

24 tenions compte de ses opinions et de ses décisions, nous les respections,

25 mais toutes les décisions étaient prises au niveau de la sous-zone; et nous

26 faisions référence -- chaque fois que les circonstances le permettaient,

27 nous rendions compte au niveau supérieur et nous disions ce qui se passait,

28 ce que nous avions fait.

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1 Est-ce que je peux ajouter quelque chose ?

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Sur papier, nous avions le pouvoir de nous

4 réorganiser au niveau militaire, mais les circonstances n'étaient pas très

5 favorables à cela. J'ai l'impression qu'on emploie divers termes qui sont

6 un peu mélangés s'agissant de l'état-major ou lorsqu'on parle du

7 commandant. Permettez-moi d'abord de vous expliciter ce que le mot état-

8 major veut dire, ou le quartier général. C'est une entité militaire. C'est

9 un terme militaire, mais on ne peut pas employer ce terme lorsque nous

10 n'avions pas de structure appropriée. Lorsque nous discutions de ces

11 questions, nous avions l'autorité morale de faire ceci, mais lorsqu'on

12 parle de QG ou d'état-major, on ne peut pas vraiment parler de cela en de

13 vrais termes militaires. Ce n'était qu'un QG rudimentaire. Nous étions à

14 nos balbutiements.

15 Je n'essaie certainement pas de diminuer le rôle de Ramush en tant

16 que commandant. Mais le mot "commandant" est un très grand mot. Commandant

17 de forces, d'une force, c'est quelque chose -- une force d'armée, c'est une

18 chose d'assez important. Nous voulions nous organiser à l'interne. Nous

19 voulions nous organiser de façon à pouvoir aider la population pour qu'elle

20 puisse gérer la circonstance. Le QG ou l'état-major dont on parle, ils ne

21 pouvaient pas contrôler la situation à cause des circonstances. Moi-même,

22 par exemple, j'avais des difficultés. J'avais du mal à me rendre à

23 Dashinoc. J'étais en effet commandant, mais j'étais un "commandant" entre

24 guillemets, si vous voulez. Un vrai commandant devrait avoir une structure

25 adéquate, une organisation adéquate. Je vous prierais d'essayer de

26 comprendre la situation dans laquelle nous étions. Nous étions à nos

27 balbutiements. C'était le tout début de quelque chose qu'on essayait

28 d'organiser. Nous essayions simplement de faire en sorte que la situation

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1 ne prenne pas encore plus d'ampleur. Nous voulions éviter d'autres

2 massacres ou des massacres.

3 Regardez la carte, par exemple, Bektesh, Suka, Baballoq, ces villages

4 étaient sous le contrôle des forces serbes qui disposaient d'une artillerie

5 lourde. Ils avaient une armée très bien organisée. Ils avaient également

6 des unités paramilitaires, ils avaient des unités de la police militaire.

7 Nous nous efforcions de contrôler le plus de territoires que nous pouvions,

8 mais nous étions encerclés. Donc, les circonstances étaient

9 particulièrement différentes, et c'est la raison pourquoi nous avions

10 choisi cette méthode pour réagir et agir. Donc, lorsqu'on parle de

11 "commandant" et "d'état-major," ce sont des termes très importants pour ce

12 qui nous concerne. Il ne faut surtout pas confondre les termes.

13 Lorsqu'on parle de "commandant" et "d'état-major," ce sont des termes

14 qui ne peuvent pas s'appliquer à l'organisation que nous avions, car nous

15 n'avions pas les moyens à notre disposition pour nous organiser de la

16 sorte.

17 C'est ce que je voulais ajouter.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, je vous prie,

19 Monsieur Re.

20 M. RE : [interprétation]

21 Q. Je souhaiterais maintenant que l'on parle d'une autre réunion qui s'est

22 déroulée vers le 21 juin à Jablanica. Je vais vous montrer le PV de la

23 réunion. Il s'agit de la pièce P140, et je vous demanderais de confirmer,

24 lorsque vous verrez cette pièce, si vous avez participé à cette réunion.

25 M. EMMERSON : [interprétation] Je crois que M. Re s'est trompé dans quelque

26 chose. En fait, je demanderais au témoin d'enlever ses écouteurs, je vous

27 prie, pour quelques instants.

28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez, je vous prie, enlever vos

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1 écouteurs, Monsieur.

2 Enlevez vos écouteurs. Mais d'abord, dites-moi, est-ce que vous

3 comprenez l'anglais ? Comprenez-vous l'anglais ?

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne comprends pas ce qui se passe.

5 M. EMMERSON : [interprétation] Oui, il les a enlevés.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je voulais simplement savoir

7 si le témoin comprend l'anglais.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Voudriez-vous que j'enlève mes écouteurs ?

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous comprenez la langue

10 anglaise, Monsieur Tetaj ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Pas beaucoup, un petit peu.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Emmerson, je ne sais pas ce que

13 vous voulez dire --

14 M. EMMERSON : [interprétation] Je suis sûr que cela ira.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tetaj, on vous invite à enlever

16 vos écouteurs momentanément.

17 M. RE : [aucune interprétation]

18 M. EMMERSON : [interprétation] Il est important d'être précis. Une question

19 directrice a été posée à la page 11, ligne 55, et l'on confond deux

20 réunions différentes : celle qui a eu lieu le 21 et le 23. Et maintenant,

21 on montre au témoin le procès-verbal de la réunion qui a eu lieu le 21.

22 D'après la déposition du témoin et d'après les éléments de preuve, la

23 réunion de Jablanica a eu lieu le 23. Donc, je ne m'oppose pas à ce qu'on

24 pose ce genre de questions, et je suis sûr que le Procureur ne souhaitait

25 pas le faire, mais je pense qu'il faut être précis lorsque l'on pose de

26 telles questions directrices.

27 M. RE : [interprétation] Absolument. Ce n'était pas dans mes intentions, et

28 maintenant nous sommes en train de perdre le temps.

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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Me Emmerson a déjà admis que

2 probablement ce n'était pas votre intention, mais - Monsieur le Témoin,

3 vous pouvez remettre vos écouteurs.

4 M. RE : [interprétation]

5 Q. Est-ce que vous pourriez examiner le procès-verbal de cette réunion --

6 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Le témoin doit mettre ses écouteurs.

7 M. RE : [interprétation]

8 Q. Monsieur Tetaj, est-ce que vous pourriez examiner le procès-verbal de

9 cette réunion. S'agissait-il de la réunion à laquelle vous avez assisté ?

10 R. Oui.

11 Q. De quoi s'agissait-il dans cette réunion ?

12 R. J'ai participé à cette réunion, c'est exact, et ceci a été fait suite à

13 l'engagement de plusieurs villages environnants et l'expansion du

14 territoire, donc l'idée est venue d'établir une cellule impliquant plus de

15 personnes. L'idée a surgi selon laquelle il fallait organiser un état-major

16 à Dukagjin. La réunion a eu lieu à Jablanica. C'est là qu'elle a eu lieu.

17 Q. Où à Jablanica ?

18 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi. Mais encore une fois on pose

19 une question qui induit en erreur, car il est tout à fait clair que cette

20 réunion - et d'ailleurs si le témoin avait pu lire les deux procès-verbaux

21 dont il a parlé au moment de sa déclaration de témoin, il aurait clairement

22 compris cela. Cette réunion concernant laquelle on lui montre le procès-

23 verbal a eu lieu à Irzniq, d'après sa propre déposition, et la réunion

24 suivante a eu lieu deux jours plus tard à Jablanica. Je pense qu'il est

25 dangereux de soumettre des choses avec aussi peu de précision, car

26 maintenant le témoin répond aux questions concernant la réunion à Jablanica

27 qui a eu lieu deux jours après cette réunion qui concerne le procès-verbal

28 sur lequel vous vous êtes penchés, Messieurs les Juges.

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1 M. RE : [interprétation] Je comprends l'objection, mais pour moi il est

2 difficile de soumettre rapidement les documents sous forme électronique. Il

3 est plus facile de donner des documents, sinon on perd trop de temps.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends qu'il est plus facile

5 d'avoir deux documents l'un à côté de l'autre, mais en ce moment, nous

6 posons des questions concernant la pièce P140. Peu importe ce qui est à

7 l'écran, veuillez poser des questions concernant les réunions dont il est

8 question dans la pièce P140. Mais si vous voulez procéder d'autre manière,

9 vous pouvez le faire, mais n'essayez pas de blâmer le système électronique.

10 Poursuivez.

11 M. RE : [interprétation] Il s'agit tout simplement de la question du temps.

12 Peut-on montrer maintenant au témoin les deux documents, P140 et

13 P141.

14 Q. Il s'agit des procès-verbaux de deux réunions, du 21 juin et du

15 23 juin 1998. Tout d'abord, celui du 21 juin 1998.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Aidez-nous, Monsieur Re, le numéro

17 ?

18 M. RE : [interprétation] 140.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] 140.

20 M. RE : [interprétation]

21 Q. Pour éviter toute confusion, Monsieur Tetaj, s'agit-il de la réunion à

22 laquelle vous avez assisté ?

23 R. Il s'agit de la première fois que je regarde ce document concernant

24 Irzniq; cependant, j'ai participé à cette réunion. Il s'agissait d'une

25 réunion de travail. Il ne s'agissait pas d'une réunion qui constituait un

26 état-major. Je ne suis pas sûr que toutes les personnes dont les noms sont

27 mentionnés ici aient effectivement participé à cette réunion. C'est la

28 première fois que je regarde ce document. Je ne l'ai pas vu avant. D'autre

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1 part, j'ai vu l'autre document concernant la réunion de l'état-major de

2 Dukagjin. C'était la réunion du travail de l'état-major de Dukagjin.

3 Q. Cette réunion a eu lieu le 23 juin 1998 ?

4 R. Oui. Cette deuxième réunion a eu lieu le 21 juin, mais si mes souvenirs

5 sont bons, le 22 juin, la réunion de Jablanica a eu lieu. Donc, ces deux

6 réunions se sont déroulées dans un laps de temps très court. Beaucoup de

7 temps s'est écoulé depuis. Je ne me souviens pas de toutes ces activités

8 qui se déroulaient. Probablement il y a une erreur de date. Probablement le

9 21 est une erreur. Je suppose que c'était effectivement le 21, mais je ne

10 m'en souviens pas du tout.

11 Q. C'était la réunion à Rznic. Où est-ce qu'elle a eu lieu ?

12 R. Les réunions de travail ont eu lieu dans le bâtiment de l'école, de

13 l'école primaire à Irzniq. Cependant, ce document que j'ai entre les mains,

14 je ne me souviens pas l'avoir vu avant. Cependant, je me souviens que

15 toutes les réunions qui ont eu lieu et qui ont concerné la situation ont eu

16 lieu dans le bâtiment de l'école.

17 M. EMMERSON : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, le

18 commentaire que j'ai fait concernant le fait que le témoin avait vu ce

19 document se trouve au paragraphe 50 de la déclaration de témoin consolidée

20 où apparemment il ressort qu'il a vu ce document auparavant.

21 M. RE : [interprétation] S'agit-il maintenant d'un contre-interrogatoire ?

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Il essaie de nous aider, si j'ai

23 bien compris. Mais poursuivons, Monsieur Re.

24 M. RE : [interprétation]

25 Q. La réunion -- ou plutôt, est-ce que Ramush Haradinaj a assisté à cette

26 réunion, celle qui a eu lieu à Rznic ?

27 R. Oui, mais je ne suis toujours pas sûr. C'est la première fois que je

28 vois ce document. Oui certainement, il était là et moi aussi. S'agissant de

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1 certains des noms que je vois ici, je ne me souviens pas que ces personnes

2 ont assisté à la réunion, comme Cina [phon] et major. Je ne sais pas qui

3 étaient ces personnes. Ramush, Shemsedin, Faton, oui, tout le monde les

4 connaissait. Je vois les noms ici. Par exemple, Lahi, il n'a jamais été là-

5 bas. Je ne l'ai pas vu.

6 Q. Veuillez écouter attentivement ma question. Ma question portait sur la

7 question de savoir si M. Haradinaj y était. Veuillez vous concentrer sur ma

8 question, comme cela nous pourrons terminer bien avant.

9 Passons maintenant à l'autre document concernant la réunion qui a eu lieu

10 le 23 juin.

11 R. Oui, oui.

12 Q. Que pouvez-vous dire concernant la précision du procès-verbal que vous

13 avez entre les mains ?

14 R. Oui. Je vois la date ici. La réunion a eu lieu vers la fin du mois de

15 juin. C'était une réunion de travail --

16 Q. Que pouvez-vous dire concernant la précision de ce procès-verbal ?

17 Veuillez le lire et veuillez faire un commentaire concernant la question de

18 savoir si ce qui est enregistré ici est précis ?

19 R. Oui, je comprends maintenant.

20 M. EMMERSON : [interprétation] Pour le compte rendu d'audience, puisque

21 nous ne l'avons pas sous forme électronique, que le compte rendu reflète le

22 fait que M. Re montre au témoin la pièce P141. Vous vous souviendrez,

23 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, qu'il existe un procès-verbal

24 dactylographié de la même réunion. Il s'agit de la pièce 142.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

26 LE TÉMOIN : [interprétation] A la base de ce document, je peux dire qu'il

27 s'agit d'un document portant sur cette réunion. L'état-major original a été

28 transformé en état-major original de Dukagjin. Cependant, s'agissant de la

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1 présence des personnes, la plupart de ces personnes, je peux vous dire,

2 j'en suis pratiquement sûr qu'ils n'y étaient pas. Par exemple, Daut

3 Haradinaj, il n'était pas à la réunion. Vous pouvez voir ici Daut à deux

4 endroits. Ensuite Shemsedin [phon] Tolaj et Cekaj. Je suis sûr que Daut n'y

5 était pas alors que la réunion a réellement eu lieu. Lors de cette réunion,

6 l'état-major original de la région de Dukagjin a été constitué.

7 Q. Où est-ce que la réunion a eu lieu ?

8 R. La réunion a eu lieu dans le village de Jablanica.

9 Q. Où ?

10 R. Dans une maison privée, particulière.

11 Q. [aucune interprétation]

12 R. Si mes souvenirs sont bons, c'était dans la maison de Lahi Brahimaj.

13 Q. Est-ce que vous le connaissiez avant ?

14 R. Lahi Brahimaj ?

15 Q. Oui.

16 R. Je l'ai vu une seule fois avant, au passage.

17 Q. Est-ce que M. Haradinaj présidait cette réunion ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce qu'une personne appelée commandant Sali Veseli y était ?

20 R. Oui.

21 Q. Qui était-il et pourquoi était-il là-bas ?

22 R. Sali Veseli est un officier de carrière. Il est venu donner sa

23 contribution à la guerre. Il était venu deux, trois jours auparavant,

24 ensuite il a rejoint les rangs de l'UCK. Je le connais. Nous étions

25 ensemble dans l'académie militaire, dans la branche de l'artillerie.

26 Q. Rexhep Selimi, qui est-il et est-ce qu'il était présent ?

27 R. La première fois que j'ai entendu parler de Rexhep Selimi était à ce

28 moment-là. Je ne l'avais pas vu avant la réunion. Il a participé à la

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1 réunion, mais je ne sais pas en quelle qualité il a assisté à la réunion.

2 Il est exact que Rexhep Selimi a assisté à la réunion, mais encore une

3 fois, je ne me souviens pas en quelle qualité il y était.

4 Q. Etait-il membre du quartier général ou de l'état-major de l'UCK ?

5 R. Pendant toute cette période, depuis mon entrée dans l'armée et tout au

6 long de mes contacts avec Ramush Haradinaj, je n'ai jamais vu de mes

7 propres yeux le quartier général de l'UCK. J'ai entendu parler de son

8 existence, mais je n'ai pas vu les gens qui appartenaient à l'état-major.

9 Maintenant, au bout de toutes ces années, je ne peux pas dire si Rexhep

10 Selimi était membre du quartier général de l'UCK ou pas. Mais si l'on

11 revient à ce jour-là, il n'a pas déclaré qu'il était membre de cet état-

12 major, donc je ne le savais pas. C'est la raison pour laquelle je vous dis

13 que je ne savais pas en quelle qualité il était à la réunion.

14 Q. Est-ce qu'il y a eu un changement de nom de la zone régionale lors de

15 cette réunion, ou plutôt du quartier général régional, de l'état-major

16 régional ?

17 R. Avant, nous avions l'état-major original de Gllogjan, et lors de cette

18 réunion il a été décidé de transformer cela en état-major original de la

19 plaine de Dukagjin.

20 Q. Est-ce que des commandants ont été nommés ou élus lors de cette réunion

21 ?

22 R. Oui. Des propositions différentes ont été faites. Lors de la réunion,

23 il a été proposé que le commandant de l'état-major de la plaine de Dukagjin

24 et c'est Veseli qui a proposé que Ramush Haradinaj soit le chef. Ensuite

25 Selimi a proposé que Lahi soit le chef de cet état-major. Mais plus tard,

26 il a été décidé de manière unanime que le commandant d'état-major de

27 Dukagjin soit Ramush Haradinaj, compte tenu de son expérience, de tout ce

28 qu'il avait fait, et tous les arguments allant dans ce sens ont été donnés

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1 par Veseli, Sali Veseli.

2 Q. Est-ce que Sali Veseli a reçu un poste ?

3 R. Oui, c'est exact. Sali Veseli a été nommé au poste du commandant de

4 l'état-major.

5 Q. Qu'en est-il de Faton Mehemetaj ?

6 R. L'état-major opérationnel. Oui, Faton Mehemetaj a été nommé au poste du

7 chef de renseignements.

8 Q. Qui était l'adjoint du commandant ?

9 R. L'adjoint du commandant était Lahi Brahimaj lors de cette réunion.

10 Il a tout d'abord été proposé que Lahi Brahimaj devienne le commandant du

11 quartier général, mais ceci n'a pas été accepté. Ensuite, il a été nommé au

12 poste de l'adjoint du commandant de l'état-major.

13 Q. Où était basé ce nouveau quartier général ?

14 R. Il a été décidé que ce nouveau quartier général soit de nouveau

15 stationné à Gllogjan.

16 Q. Est-ce que des activités militaires se déroulaient autour du 28 mai

17 1998 à Vranoc, actions dans lesquelles ont participé le MUP et la VJ depuis

18 la direction de Pec ?

19 R. Oui, il y avait une attaque. C'est vrai. Vers la fin du mois de mai,

20 donc cette réunion a eu lieu plus tard, mais en mai, le 28 mai ou plutôt

21 vers la fin du mois de mai, je ne me souviens pas exactement de la date, il

22 y avait une attaque qui était lancée tôt le matin. L'attaque provenait de

23 Baran à l'encontre du village de Vranoc. Vranoc était sous-zone. J'ai été

24 informé de cela par une estafette qui m'a dit que le village avait été

25 encerclé de tous les côtés. J'ai pris des mesures appropriées afin de

26 mobiliser les gens et afin d'envoyer de l'aide à Vranoc. Ces attaques se

27 sont poursuivies tôt dans la matinée jusqu'à 6 heures du soir.

28 Il y avait des blessés, il y avait des civils qui ont été tués. Les

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1 Serbes ont utilisé toutes les sortes d'artillerie lourde, y compris le

2 pilonnage. La mosquée du village a été ruinée, beaucoup de maisons ont été

3 ruinées, ensuite le village s'est calmé vers 6 heures du soir. Les forces

4 serbes se sont retirées, elles sont rentrées là d'où elles étaient venues.

5 Ensuite, elles ont attaqué Dubovik, ensuite elles sont allées attaquer

6 Isniq. Il s'agissait des attaques extrêmement lourdes. Je me souviens qu'un

7 soldat de la sous-zone a été tué, il s'appelait Avni.

8 Q. Combien de soldats avez-vous eu sous votre commandement à ce moment-là

9 ?

10 R. Nous ne connaissions pas les numéros exacts. Chaque village avait sa

11 propre organisation. Il était difficile de savoir le nombre de soldats dans

12 chaque village. A Vranoc, avec la structure militaire dont ils disposaient,

13 ils ont organisé une certaine résistance.

14 Q. Monsieur, je ne vous demande pas cela. Veuillez écouter attentivement

15 mes questions. La question était de savoir combien de soldats vous aviez

16 sous votre commandement. J'essaie de savoir combien de soldats vous avez

17 envoyés à Vranoc.

18 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, mais avec tout le respect que

19 je vous dois, le témoin était en train de répondre à la question de savoir

20 combien de soldats avaient été placés sous son commandement, et il a

21 répondu : "Nous n'avions pas les chiffres exacts."

22 M. RE : [interprétation] Il ne s'agit pas d'une critique, j'essaie

23 simplement d'accélérer les choses.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Peut-être M. Re, nous le savons

25 d'après la science du comportement, que les instructions positives nous

26 servent mieux que des remarques négatives. Poursuivez, s'il vous plaît.

27 M. RE : [interprétation] Monsieur Tetaj, afin d'aider la Chambre de

28 première instance et nous tous, afin de compléter votre déposition aussi

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1 vite que possible, vraiment, j'apprécierais si vous pouviez nous être utile

2 en répondant aux questions de manière aussi directe que possible. Ce qui

3 m'intéresse est de savoir combien de personnes ont été envoyées à Vranoc.

4 Est-ce que vous pouvez répondre à cela ?

5 R. Je suis prêt à répondre, mais pour moi, il était très difficile de

6 savoir le nombre exact car c'étaient des volontaires. Je peux vous donner

7 un exemple. Par exemple, s'il y avait un camion avec un propriétaire privé

8 et je le rencontrais au pont de Pozhare, je lui ai dit que Vranoc avait été

9 attaqué. Les gens ont surgi de leur propre gré, je n'avais pas une caserne

10 remplie de soldats, nous n'en étions pas à ce stade-là. Nous avons fait en

11 sorte que des gens d'autres villages viennent, donc on parle d'environ 20,

12 30 soldats volontaires, et ils sont allés les aider.

13 Q. Très bien. Merci.

14 R. D'ailleurs, il ne faut pas dire que c'étaient des soldats car ils ne

15 l'étaient pas.

16 Q. Très bien. Le chiffre de 20 à 30 est justement ce qui m'intéressait,

17 prenez cela comme un encouragement positif afin d'abréger vos réponses.

18 R. C'était des volontaires, des volontaires.

19 Q. Ils étaient des volontaires armés ?

20 R. Oui. Dans la mesure dans laquelle ceci leur était possible, mais les

21 gens voulaient venir aider à des moments difficiles lorsqu'il était

22 nécessaire d'avoir de l'aide.

23 Q. Comment étaient-ils armés ?

24 R. Certains d'entre eux avaient des fusils de chasse, certains avaient des

25 fusils semi-automatiques, certains avaient des grenades à main. C'était

26 cela.

27 Q. Portaient-ils des uniformes ?

28 R. A ce moment-là, lorsque j'y suis allé, personne n'avait un uniforme.

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1 Q. Pourquoi ?

2 R. Car ils n'en avaient pas.

3 Q. Lorsqu'ils ont participé à l'action contre les Serbes, et notamment le

4 MUP et la VJ, est-ce qu'ils portaient des uniformes, je parle de l'attaque

5 contre Vranoc.

6 R. Qui ? Vous parlez de notre groupe ?

7 Q. Oui.

8 R. Il n'y a pas eu de traduction.

9 Q. Nous n'avons pas entendu votre réponse.

10 R. Il n'y a pas de traduction.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas entendu la question ou

12 bien vous ne recevez aucune interprétation ?

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas entendu la question.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez répéter la question.

15 M. RE :

16 Q. Est-ce que les 20 à 30 volontaires portaient des uniformes lorsqu'ils

17 sont allés à Vranoc pour combattre les Serbes qui y étaient ?

18 R. Non.

19 Q. Je vais vous demander maintenant une question au sujet des actions

20 militaires que vous avez entreprises. Lorsque vous avez entrepris des

21 actions militaires, est-ce que Ramush Haradinaj vous a jamais donné l'ordre

22 de faire cela, d'entreprendre des actions militaires ?

23 R. Lorsque Vranoc a été attaquée, pendant toute la journée je n'avais

24 absolument pas de contact avec lui. Je souhaitais le contacter mais ceci ne

25 m'était pas possible, car je n'avais absolument pas le temps de ce faire.

26 Q. En général, pendant la période entre mai 1998 et par la suite, lorsque

27 vous étiez le commandant de la sous-zone, est-ce que Ramush Haradinaj ne

28 vous a jamais donné l'ordre d'entreprendre quelque action militaire que ce

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1 soit ?

2 R. Lors de nos réunions de travail, compte tenu du fait que nous risquions

3 de subir les attaques des forces serbes, nous nous sommes mis d'accord pour

4 entreprendre certaines opérations sur la route, par exemple, menant à

5 Decane, et ainsi de suite. Je ne me souviens pas.

6 Q. Avez-vous entrepris ou donné l'ordre d'actions militaires de votre

7 propre gré ?

8 R. Oui, je l'ai fait. C'est exact. Dans la Luka supérieure et à Vranoc,

9 comme je l'ai dit, sans que Ramush sache que je l'ai fait.

10 Q. Lorsque vous avez entrepris d'autres actions militaires, avez-vous

11 consulté Ramush Haradinaj avant ?

12 R. Probablement oui, parfois, mais les possibilités étaient très, très

13 limitées. Avant d'entreprendre une action, je pense qu'en fin de compte, on

14 l'informait à la fin et il faisait des suggestions aussi. Mais on

15 n'attendait pas d'avoir entendu quoi que ce soit de sa bouche avant d'agir

16 puisqu'il fallait se dépêcher et se presser.

17 Q. Est-ce que M. Haradinaj vous a jamais ordonné d'attaquer chaque convoi

18 militaire ou chaque patrouille de police que vous remarquiez sur la route ?

19 R. Les communications entre Peje et Decane étaient plus fréquentes et

20 cette voie de communication était empruntée par les forces serbes, donc on

21 a dû décider à un moment ce qu'il fallait faire. Etant donné qu'une attaque

22 aurait des conséquences certaines, nous avons décidé de ne rien faire.

23 Q. Mais je vous demandais si M. Haradinaj vous avait jamais donné l'ordre

24 d'attaquer chaque convoi militaire, chaque patrouille de police qui

25 empruntait cette route ?

26 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne m'en souviens pas. Peut-être. Mais cela

27 fait longtemps de toute façon. Je ne me souviens pas.

28 Q. Vous dites "peut-être". Est-ce que vous vous souvenez d'avoir fait une

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1 déclaration au bureau du Procureur en 2002 où vous avez fait référence à

2 des ordres de ce type ?

3 R. Peut-être, cela faisait moins longtemps, il y avait moins de temps qui

4 s'était écoulé à ce moment-là, alors peut-être, oui.

5 Q. En 2002, vous pensez que vous vous souviendrez bien de ce qui s'est

6 passé qu'aujourd'hui que quand vous avez fait cette déclaration ?

7 R. Oui, bien sûr. Cela fait dix ans maintenant.

8 Q. Je reviendrai là-dessus. Vos unités et vos soldats n'ont-ils jamais

9 attaqué des patrouilles du MUP ou de la VJ sur cette

10 route ?

11 R. Nous avions des points essentiels d'où nous défendions notre sous-zone

12 contre des attaques éventuelles. Donc, notre point essentiel, si je puis

13 dire, c'était le haut de Luka, et les soldats serbes étaient à une centaine

14 de mètres de poste, et on échangeait des tirs. Mais je ne me souviens pas

15 qu'il y ait eu d'attaque de ce type. Ils nous ont attaqués et, en revanche,

16 nous avons, bien sûr, riposté et nous avons riposté depuis notre propre

17 position, nos positions que nous avions fortifiées nous-mêmes. C'est de là

18 qu'on a riposté.

19 Q. Les soldats sous le commandement de M. Haradinaj ont-ils attaqué des

20 patrouilles ou des convois du MUP ou de la VJ sur cette route ?

21 R. C'est arrivé dans le village de Rastovice. C'est Rastovice, le village

22 dont on a pris le contrôle, là, où on a réussi à couper la route. On a

23 réussi à tenir cette route pendant un bon moment ensuite.

24 Q. Mais je vous parlais des soldats de M. Haradinaj. Est-ce bien à cette

25 question que vous répondez ?

26 R. La route a été coupée et, oui, on m'a dit qu'il y avait une attaque et

27 la route a été coupée.

28 Q. Y avait-il une différence d'approche entre vous et

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1 M. Haradinaj pour ce qui est d'attaque éventuelle de patrouilles ou de

2 convois de la VJ ou du MUP sur cette route ? Vous pouvez répondre par un

3 oui ou par un non. Ce serait très bien. Ce serait parfaitement suffisant et

4 on pourrait passer à une question suivante.

5 R. Oui. Oui, on avait la même approche.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, vous avez dit vous allez

7 passer à la question suivante, mais je regarde la pendule, et je pense que

8 c'est le temps de faire la pause.

9 Avant la pause, j'aimerais demander tout d'abord à

10 Mme l'Huissière d'escorter le témoin en dehors du prétoire.

11 Nous allons avoir une pause de 20 minutes.

12 Avant la pause, Monsieur Re, j'étais un peu perdu entre ces deux réunions,

13 celle du 21 et du 23 juin, la première à Rznic, la deuxième à Jablanica. La

14 deuxième, on n'a pas connu de problème. J'ai recherché désespérément la

15 date de cette réunion sur le P140. Cela m'a pris un petit moment à la

16 trouver -- surtout un moment à trouver où il y avait l'endroit de la date

17 qui était manuscrite sur l'original, alors que dans la traduction

18 provisoire il n'y a pas de traduction de ces mentions manuscrites portant

19 sur la date et le lieu de la réunion.

20 [Le témoin quitte la barre]

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est pour cela que j'ai compris

22 que je m'étais perdu et je ne retrouvais plus ce passage. S'il vous plaît,

23 j'aimerais avoir des traductions parfaitement exhaustives pour que l'on

24 n'ait pas de temps perdu du fait de ce type de problème.

25 Ensuite, vous avez demandé au témoin si en 2002 il se souvenait mieux

26 des choses que maintenant, qu'en 2002 quand il a donné sa première

27 déclaration. Mais elle n'est pas versée au dossier. Je pense que vous le

28 savez, donc on sait maintenant que le témoin se souvenait mieux des choses

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1 en 2002, mais on ne sait pas -- et il a fait référence à quelque chose à

2 l'époque. Mais si vous avez l'intention de nous montrer un passage de cette

3 déclaration de 2002 pour établir et pour l'aider à rafraîchir sa mémoire,

4 là on aura un problème, parce que j'ai peur qu'ensuite la Chambre d'appel

5 dise que ce document n'a jamais été versé au dossier et se serve de ce

6 problème.

7 M. RE : [interprétation] Non, non, mais je voulais obtenir juste

8 l'albanais et le montrer au témoin et c'est tout.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Vous vouliez lui lire peut-

10 être le passage opportun, mais vous avez passé tout à fait à autre chose.

11 M. RE : [interprétation] Tout à fait. Je ne l'ai pas avec moi. C'était cela

12 le problème surtout.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois. Donc, le problème c'est que

14 vous n'aviez pas le document sous la main.

15 Nous allons faire la pause et nous reprendrons à six heures et quart.

16 --- L'audience est suspendue à 17 heures 55.

17 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

18 --- L'audience est reprise à 18 heures 17.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, veuillez poursuivre.

20 M. RE : [interprétation]

21 Q. Monsieur Tetaj, je vais vous poser quelques questions maintenant à

22 propos de Toger. Que pensiez-vous, enfin que saviez-vous des activités de

23 Toger dans la zone de Dukagjin ?

24 R. Tout d'abord, il y a une chose que j'aimerais clarifier. J'ai entendu

25 parler de Toger à partir d'autres personnes et je l'ai lu dans les livres

26 aussi, parce qu'à l'époque je ne savais pas qu'il s'appelait Toger. Nous

27 étions en contact, mais je ne connaissais pas son nom. J'ai appris son nom

28 après la guerre. Ensuite, je l'ai rencontré quand j'ai rencontré Ramush

Page 3669

1 Haradinaj. Troisièmement, Toger n'a jamais assisté aux réunions avec

2 Ramush. Dès que le QG de Gllogjan a été créé, Togeri n'y est resté que

3 quelques minutes, ensuite il s'est éclipsé. Il était à Irzniq. C'est tout

4 ce que je sais à propos de lui.

5 Q. Très bien. Je vais vous poser quelques questions, donc. Connaissez-vous

6 une unité qui s'appelait les Aigles noirs ? Répondez, s'il vous plaît, par

7 oui ou par non.

8 R. Oui, oui.

9 Q. Etaient-ils basés à Rznic ?

10 R. Oui.

11 Q. Qui était leur commandant ?

12 R. Togeri.

13 Q. Que portaient-ils ?

14 R. Des habits civils noirs.

15 Q. C'étaient des habits civils ou des uniformes ?

16 R. Enfin, c'étaient des espèces de vêtements civils. Ce n'était pas des

17 uniformes militaires, mais c'étaient des habits noirs.

18 Q. Portaient-ils des insignes de l'UCK ?

19 R. Oui, à droite. Ils portaient l'insigne de l'UCK.

20 Q. Combien étaient-ils ?

21 R. Au début ils étaient très peu, peut-être 30 à 35. Ils formaient une

22 unité.

23 Q. Vous-même, avez-vous entendu parler de kidnappings ou de meurtres

24 d'Albanais, de Serbes et de Rom [comme interprété] dans la zone de Dukagjin

25 en 1998 ?

26 R. Je n'y ai pas assisté. J'en ai entendu parler. C'était un peu comme un

27 secret, mais un secret public. Tout ce qui se passait à Dukagjin, si cela

28 n'avait pas été prouvé, on le mettait sur le dos de Togeri; mais ce n'était

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1 que des rumeurs, rien n'a été confirmé. C'est ce qu'on entendait. C'étaient

2 les rumeurs et c'était comme cela que cela se passait. Dès qu'il y avait

3 quelque chose d'épouvantable qui était arrivé, on le mettait sur le dos de

4 Toger.

5 J'aimerais rajouter une chose d'ailleurs. Toger n'était pas connu.

6 Les gens ne le connaissaient pas. Il est venu pour aider à faire la guerre,

7 donc les gens parfois mentionnaient son nom mais ne le connaissaient pas

8 personnellement.

9 Q. Pourquoi est-ce qu'on lui mettait toujours tout sur le

10 dos ?

11 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je soulève une objection parce qu'il

12 faudrait -- le témoin ne pourra que faire une spéculation à moins qu'il ait

13 une connaissance personnelle de la chose.

14 M. RE : [interprétation] Je vais reformuler ma question.

15 Q. Pourquoi est-ce que vous avez pensé que tout le monde mettait toutes

16 ces activités sur le dos de Toger ?

17 R. Quand je l'ai dit précédemment, et je le confirme à nouveau ici dans ce

18 prétoire, je ne veux pas aborder ce sujet. C'est vous qui insistez, qui me

19 demandez ce que j'ai entendu d'autres personnes. J'ai entendu parler de ces

20 uniformes noirs, mais comme je l'ai dit, tout ce qui se passait était

21 toujours mis sur le dos de Toger, mais c'étaient des rumeurs et rien que

22 des rumeurs.

23 Q. Mais ce Toger avait un carnet ?

24 R. Oui, en effet. Moi aussi j'avais un carnet. Dans ce carnet certains

25 noms étaient consignés. Faik Gecaj, par exemple, qui était chargé de la

26 logistique et de l'approvisionnement. Toger, c'est un nom que j'ai vu, mais

27 j'ai vu d'autres noms aussi, mais je ne peux pas vraiment confirmer tout

28 cela.

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1 Q. Quels noms sont consignés dans le carnet de Toger ?

2 R. J'ai vu deux ou trois noms, comme cela à la volée, lors d'une réunion

3 spontanée. Nous avons parlé de Faik. J'ai vu les noms de Zek Senani [phon],

4 de Njeta [phon], de Musa Berisha, ce qui est normal, Faik est encore en

5 vie. Cela, c'est les noms que j'ai vus, comme cela à la volée.

6 Q. Pourquoi ces noms figuraient-ils dans le carnet de Toger ?

7 R. Je ne lui ai pas posé la question, mais avant que Toger n'arrive, il y

8 avait des listes qui avaient été établies dans les villages, des listes qui

9 avaient été établies pour différentes raisons personnelles, pour

10 compromettre certaines personnes. Mais ce n'était pas des listes qui

11 avaient été établies par Toger, mais par d'autres, mais elles ont été mises

12 sur le dos de Toger là aussi. Alors, je ne dis pas que c'est Ramush qui

13 avait écrit les listes; mais dans certains villages il y avait des gens qui

14 faisaient partie de partis politiques, qui avaient des avis, des opinions

15 politiques divergentes. C'est peut-être pour cela que ces listes ont été

16 créées.

17 Q. Toger avait-il un carnet dans lequel il inscrivait les noms des

18 personnes qu'il recherchait ?

19 R. Oui, il avait un carnet, je l'ai vu, mais je ne sais pas s'il avait

20 consigné les noms de ces personnes dans ce carnet pour cette raison-là ou

21 pour une autre. Peut-être que c'étaient des noms des personnes qui

22 appartenaient à son unité. Je ne sais pas du tout quelle était la raison

23 qui a fait qu'il a consigné ces noms dans le carnet.

24 Q. [aucune interprétation]

25 R. Mais j'ai vu le carnet, c'est vrai, et j'ai vu ces quelques noms que

26 j'ai mentionnés. Je ne sais pas pourquoi leurs noms étaient dans le carnet.

27 Peut-être qu'ils appartenaient à son unité, aux Aigles noirs.

28 Q. Faik Gecaj, pourquoi ce nom était-il sur la liste dans ce carnet ? Vous

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1 dites que vous l'avez vu spontanément ?

2 R. Faik Gecaj était de mon village, mais il avait été à l'étranger. Il est

3 allé plusieurs fois en Albanie, puis il est revenu, alors je ne sais pas.

4 Quand je lui ai parlé de tout cela, il m'a expliqué quelque chose, mais

5 enfin je ne me souviens vraiment pas. Cela faisait très longtemps.

6 Q. Vous avez fait deux déclarations au bureau du Procureur dans lesquelles

7 vous avez donné les raisons pour lesquelles ces noms étaient conciliés dans

8 le carnet. Alors, pouvez-vous vous rappeler de ce que vous avez dit au

9 bureau du Procureur à l'époque pourquoi Toger vous a-t-il dit que le nom de

10 Faik Gecaj était bel et bien dans les livres, dans ce carnet ?

11 R. Toger n'a rien dit. J'ai juste vu au passage et on était en train de

12 parler. Toger m'a posé une question à propos de cette personne, justement.

13 Q. [aucune interprétation]

14 R. Alors, je lui ai expliqué en disant que c'est une personne compétente.

15 Q. Est-ce que cela vous aiderait si je vous disais que vous nous avez dit

16 qu'il était, que Faik Gecaj était sur la liste des personnes recherchées,

17 parce qu'il était en train de faire de la contrebande d'armes pour son

18 propre compte et non pas pour le compte de l'UCK ? C'est ce que vous nous

19 avez dit quand vous avez fait cette déclaration que vous avez signée.

20 R. J'ai peut-être dit cela, oui, mais c'était juste un nom dans un carnet.

21 Ce n'était pas un nom sur une liste. Enfin, de toute façon, je ne me

22 souviens plus très bien.

23 Q. Vous vous rappelez quand même d'avoir donné dans vos deux déclarations

24 au bureau du Procureur que Toger avait bel et bien un carnet dans lequel il

25 avait consigné des noms, les noms des personnes qu'il recherchait ?

26 R. Je sais que le bureau du Procureur m'a posé des questions à propos de

27 Toger, et je leur ai dit beaucoup de choses, mais je ne sais pas vraiment

28 grand-chose. Cela dit, à propos de toutes ces questions qu'on m'a posées,

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1 quand il m'a posé des questions à propos de Faik, j'ai dit ce que je savais

2 sur Faik. D'ailleurs, j'ai aussi expliqué des choses à propos d'autres noms

3 que j'ai vus par hasard et par accident au carnet.

4 Q. Pouvez-vous nous parler de Hulaj, qui serait un villageois de Prilep ?

5 R. Hulaj, tout à fait.

6 Q. Pouvez-vous nous dire ce que vous savez de Hulaj ?

7 R. Il y a eu un incident à Irzniq. Un paysan qui allait en voiture de

8 Prilep à Irzniq. Donc, il a eu un accident et Hulaj a été blessé par Toger,

9 et par arme à feu. Je n'ai pas vu cela de mes yeux, mais on m'en a parlé.

10 J'en ai informé Ramush et Ramush m'a dit qu'il devrait s'entretenir avec

11 Toger pour savoir ce qui s'était passé exactement.

12 Q. Qu'avez-vous appris à propos de la façon dont Toger aurait blessé cet

13 homme à arme à feu ?

14 R. J'ai entendu dire qu'il avait été arrêté, on lui avait demandé ses

15 papiers d'identité. Puis, il y a eu confrontation, et après il y a eu

16 l'incident quand Hulaj a essayé de sortir de sa voiture. Il a été blessé.

17 Il y avait d'autres villageois de son propre village dans sa voiture. Je

18 n'en sais pas plus. Je ne me souviens pas des noms.

19 Q. Est-ce que vous vous souvenez quand même d'avoir dit au bureau du

20 Procureur et d'avoir signé votre déclaration où est écrit, je cite : "Ils

21 ont été arrêtés par Toger dans le village de Rznic. Hulaj est sorti de la

22 voiture et Toger lui a immédiatement tiré dans la jambe" ?

23 R. C'est ce que je viens de vous dire. C'est exactement ce que je viens de

24 vous dire il y a une seconde, la même chose. Alors, je ne vois pas pourquoi

25 vous me reposez la même question. J'ai bel et bien dit la même chose. Je

26 vous ai dit ce que j'avais entendu, parce qu'il ne s'agit pas de choses que

27 j'ai vues de mes yeux.

28 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Je suis désolé d'interrompre, mais

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1 j'aimerais savoir si le village s'appelait Isniq ou Rznic ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est Irzniq, et non pas Isniq.

3 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Très bien. Donc, il s'agissait d'un

4 villageois, d'un paysan qui allait à bord de sa propre voiture de Prilep à

5 Rznic ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, de Prilep à Irzniq, parce que Irzniq

7 n'est pas loin et il y avait des forces serbes sur la grand-route. Donc, de

8 nombreuses familles n'étaient plus à Prilep, étaient parties vivre à

9 Irzniq. Après, quand la voiture est arrivée au centre d'Irzniq, mais cela

10 j'en ai entendu parler. C'est tout. Je n'y ai pas assisté. Il y a eu cet

11 incident. Je confirme, en effet, c'est un incident qui est arrivé contre

12 notre volonté. C'est désolant que ce soit arrivé. Quant à savoir ce qui est

13 vraiment arrivé, je ne sais s'il est sorti de la voiture à ce moment-là ou

14 à un autre. Je ne sais pas si on lui a tiré dessus délibérément ou pas.

15 Cela, je ne sais pas, mais je me souviens avoir parlé de cet incident avec

16 Ramush et Ramush m'a dit qu'il allait parler à Toger pour savoir exactement

17 ce qui s'était passé.

18 La raison derrière tout cela, je n'en sais rien. Je ne sais pas du

19 tout si c'était délibéré ou non. D'après ce que j'ai entendu il y avait

20 aussi des personnes âgées dans la voiture. Il n'y avait vraiment pas de

21 raison pour que Toger décide de tuer de vieux Albanais. Enfin, cela dit,

22 c'est arrivé.

23 M. LE JUGE HOEPFEL : [interprétation] Merci.

24 Monsieur Re, vous pouvez poursuivre.

25 M. RE : [interprétation] Très bien.

26 Q. Un autre incident qu'implique Musa Berisha, qui était le président du

27 Conseil des droits de l'homme et de la liberté à Decani à peu près à cette

28 même période, en juin 1998. Pouvez-vous nous dire ce que vous savez à

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1 propos de ce M. Berisha qui a été arrêté à Rznic par Toger et ses soldats ?

2 R. Oui. Là encore, Il s'agit de quelque chose dont j'ai entendu parler.

3 C'est Berisha qui m'en a parlé. Il m'a dit qu'il est allé à Irzniq avec sa

4 voiture. Il voulait aller à Gllogjan. Il y avait un incident où personne

5 n'était tué, en fait. Mais il y a eu un échange de tirs. Je ne peux pas

6 confirmer si c'était Toger qui était à l'origine des tirs, mais je sais que

7 c'est arrivé, en tout cas. Cela dit, personne n'a été blessé. Musa Berisha

8 a fait demi-tour avec sa voiture, mais il savait que ses pneus étaient

9 crevés.

10 Q. Vous venez de dire qu'il y a eu un échange de tir et que

11 M. Berisha vous a dit que les gens de sa voiture avaient tiré ou bien est-

12 ce que c'étaient les gens qui accompagnaient Toger qui avaient tiré ?

13 R. Je ne voulais pas dire qu'il y avait un échange de tirs. En fait,

14 Berisha n'avait pas d'arme. Il était un civil et il est allé là-bas.

15 Berisha est revenu; il est retourné dans ma maison. Nous nous sommes

16 retrouvés là, et très brièvement il m'a expliqué ce qui s'était passé. Je

17 n'avais pas estimé que la chose fut tragique puisqu'il n'y avait pas eu de

18 blessés ni de morts. Mais Berisha n'avait rien sur lui, n'avait pas d'arme

19 sur lui. Ce n'était qu'un civil.

20 Q. Est-ce qu'il y avait des villages dans la troisième et quatrième sous-

21 zone auxquelles Toger n'avait pas accès, Toger et ses unités n'avaient pas

22 le droit d'entrer ?

23 R. Oui, c'est tout à fait juste, plus particulièrement lorsqu'on parle

24 d'Irzniq et Bistrica. Il y avait quelques personnes qui n'appréciaient pas

25 trop Toger. Ils avaient peur, puisqu'ils pensaient que si Toger venait les

26 forces serbes suivraient et que plus tard la population serait prise pour

27 cible.

28 Q. S'agissant de Toger et ses hommes, est-ce qu'ils entraient dans les

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1 villages cherchant des peuples qui étaient "recherchés" ?

2 R. Oui.

3 Q. Est-ce que c'est la raison pour laquelle les villageois essayaient de

4 les empêcher d'entrer dans les villages ?

5 R. Je dois expliquer quelque chose, ici. Avant Togeri, il y avait une

6 autre personne dénommée Uka. C'était le prédécesseur de Togeri, et il est

7 parti. Togeri est venu un peu plus tard. Lorsque vous m'avez demandé qui

8 m'avait interrogé, il y avait une autre personne du nom d'Uka, et il y a un

9 certain nombre de choses que l'on attribue maintenant à Togeri, alors que

10 la responsable, ou le responsable, c'était Uka.

11 Q. Est-ce que Toger et ses hommes étaient connus comme étant des hommes

12 brutaux ?

13 M. GUY-SMITH : [interprétation] Enfin, je ne sais pas si on demande au

14 témoin de dire ces choses dont il a connaissance personnelle, ou est-ce que

15 c'est des rumeurs que l'on lui demande de reporter ?

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] L'objection est rejetée. Nous allons

17 voir sous peu ce que le témoin nous dira. Nous entendrons du témoin ce

18 qu'il a dit.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, il était plus dynamique.M. LE JUGE

20 ORIE : [interprétation] Donc la question est de savoir si Toger et ses

21 hommes étaient connus pour être des hommes assez brutaux, connus pour leur

22 brutalité.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Togeri était décrit comme tel à l'époque. Tout

24 ce qui se passait, toutes les atrocités qui se passaient ou les pires

25 choses qui se passaient à l'époque étaient toujours attribuées à Togeri,

26 même s'il ne se trouvait pas sur place forcément. Mais je n'ai rien vu

27 personnellement de mes propres yeux de la sorte. Donc j'aimerais simplement

28 savoir, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je voudrais vous

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1 demander, à vous ainsi qu'au Procureur de me poser des questions sur des

2 choses que j'ai vues moi-même.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous dites que Togeri avait été

4 décrit comme cela. Est-ce que vous pourriez nous dire qui le décrivait de

5 cette façon-là.

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Dans tous les villages, on faisait circuler

7 des rumeurs selon lesquelles c'était Togeri qui était la source de toutes

8 sortes d'événements, de choses, mais je ne peux rien confirmer, puisque je

9 n'ai pas été témoin oculaire de ce genre d'attribution. En fait, je ne le

10 sais pas si c'était la réalité ou pas. Il est vrai qu'il était plus

11 dynamique et il était plus sérieux. Il avait un ton plus sérieux et c'est

12 probablement la raison pour laquelle les gens sont parvenus à cette

13 conclusion. Un très grand nombre de rumeurs circulaient à l'époque selon

14 lesquelles il avait fait certaines choses, mais je n'ai rien vu

15 personnellement et je ne sais rien de la sorte personnellement. Donc, je ne

16 peux pas confirmer ces dires.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Lorsque vous dites qu'il était plus

18 dynamique, est-ce que vous pourriez nous dire ce que vous entendez par là ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Il était plus enthousiaste. C'est sa nature et

20 l'image qu'il donnait de lui qui inspiraient les gens à dire cela de lui.

21 L'image qu'il projetait faisait en sorte que les gens arrivaient à cette

22 conclusion.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, veuillez poursuivre, je

24 vous prie.

25 M. RE : [interprétation]

26 Q. Monsieur, j'aimerais savoir s'agissant de Jablanica et de Skender Kuci,

27 est-ce que vous savez si l'UCK avait une prison à Jablanica vers le milieu

28 de 1998, par exemple, à Jablanica ?

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1 R. Je peux vous dire une chose, et je voudrais expliquer le mot prison. Il

2 faut d'abord que l'on parle du mot prison.

3 Q. Non, en fait, je voulais savoir si vous n'avez jamais entendu dire

4 qu'il y avait eu un camp de prison -- une prison à cet endroit-là, puis je

5 vais passer à autre chose.

6 R. Une prison, quelle prison ?

7 Q. Est-ce que vous avez entendu dire qu'à Jablanica il y avait un endroit

8 où les prisonniers de l'UCK avaient été détenus ?

9 R. Je n'ai pas vu les choses de mes propres yeux. Je n'ai pas vu de camp

10 avec mes propres yeux.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est tout à fait clair. Mais si M.

12 Re vous demande si vous n'avez jamais entendu dire de quelque chose, il

13 vous demande de répondre à cette question au meilleur de votre souvenir, et

14 il vous demandera ensuite d'élaborer sur la façon dont vous aviez

15 connaissance de certaines choses. Il n'est pas nécessaire de dire que vous

16 n'avez pas vu quelque chose de vos propres yeux. Si l'on ne vous demande

17 pas spécifiquement si vous avez vu quelque chose de vos propres yeux, nous

18 pouvons déduire que vous avez entendu parler de certaines choses. Donc, la

19 question était la suivante : M. Re voulait savoir si à Jablanica il y avait

20 un endroit où les prisonniers de l'UCK étaient détenus.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai entendu parler de ceci mais je ne l'ai

22 pas vu.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Re.

24 Oui, Monsieur Emmerson ?

25 M. EMMERSON : [interprétation] En fait, Monsieur le Président, je ne sais

26 pas si vous avez la déclaration du témoin.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

28 M. EMMERSON : [interprétation] Je crois que M. Re se réfère au paragraphe

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1 80, et plus précisément à la première phrase. Il est peut-être important de

2 mentionner ceci et de dire pour M. Re et pour vous, en fait, Monsieur le

3 Président et Messieurs les Juges, qu'au paragraphe 82, trois lignes en haut

4 du paragraphe, on voit une réponse qui est quelque peu contradictoire.

5 M. RE : [interprétation] C'est une question qui peut être posée dans le

6 cadre du contre-interrogatoire.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord avec M. Re.

8 C'est une question, Monsieur Emmerson, que vous pouvez poser dans le cadre

9 du contre-interrogatoire.

10 Veuillez poursuivre, Monsieur Re.

11 M. RE : [interprétation]

12 Q. Est-ce que vous connaissez Skender Kuci ?

13 R. Je n'ai jamais connu, je n'ai jamais rencontré une personne de ce nom,

14 mais je peux vous expliquer ce qui s'est passé.

15 Q. D'accord.

16 R. Je ne le connais pas.

17 Q. Je vais vous poser maintenant une série de questions courtes, une après

18 l'autre.

19 Connaissez-vous une personne du nom d'Imer Jusaj ? Est-ce que le

20 témoin a répondu ?

21 R. Oui.

22 Q. D'accord. Est-ce que c'est une personne qui est originaire de Donji

23 Streoc ?

24 R. Oui.

25 Q. Est-ce que Skender Kuci est un ami à lui ?

26 R. Un ami, oui, c'est ce qu'il m'a dit. Oui, oui. Il m'avait dit que oui.

27 Q. En juillet 1998, est-ce qu'il est venu vous dire quelque chose au sujet

28 de Skender Kuci ?

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1 R. Oui.

2 Q. Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

3 R. Il est venu chez moi et m'a dit que Skender Kuci avait été enlevé par

4 l'UCK et qu'il avait été détenu à Jablanica. Je n'avais pas vu cela, mais

5 j'ai pris note de ce qu'il a dit et je suis entré en contact avec Faton

6 Mehemetaj à ce sujet.

7 Q. Que vous a dit Faton Mehemetaj à ce sujet ?

8 R. Faton Mehemetaj m'a dit qu'il fallait que je parle avec Ramush

9 Haradinaj. Je suis allé voir Ramush. Je lui ai dit que ce qu'on m'a dit, et

10 il n'avait pas entendu parler de cela. Ensemble, nous nous sommes rendus à

11 Jablanica.

12 Q. Etes-vous allés voir Ramush avant d'aller à Jablanica ?

13 R. Nous sommes allés à la maison de Nazmi Brahimaj à Jablanica.

14 Q. Est-ce que c'était le quartier général régional ou local de la région ?

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis un peu étonné, Monsieur Re par

16 votre question. Votre question précédente était : "Où êtes-vous allés voir

17 Ramush avant d'aller à Jablanica." Où avez-vous rencontré Ramush avant

18 d'aller à Jablanica ?" Le témoin a répondu : "A Jablanica nous sommes allés

19 ou nous nous sommes rencontrés dans la maison de Nazmi Brahimaj."

20 M. RE : [interprétation] C'était simplement pour gagner du temps, si vous

21 voulez, mais si vous voulez je peux poser une question plus complète, si

22 vous voulez.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non. Très bien. Ce n'est pas nécessaire,

24 je comprends maintenant où vous voulez en venir.

25 M. RE : [interprétation]

26 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que c'était l'état-major de l'UCK, cette

27 maison à Jablanica ?

28 R. Nous y sommes allés avec Ramush. Il y avait une maison. C'est une

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1 forteresse pour ce qui nous concerne, nous on l'appelle forteresse. C'était

2 le QG régional, local.

3 Q. Qui y avez-vous vu vous et Ramush ?

4 R. Nous sommes allés avec Ramush et nous avons rencontré Nazmi Brahimaj.

5 Q. Est-ce que vous lui avez parlé ?

6 R. Nous sommes allés lui parler mais nous n'avions pas énormément de

7 temps, puisque la situation sur le terrain était très grave. Nous avons dit

8 à Ramush que cette personne devrait être libérée immédiatement et nous

9 sommes revenus.

10 Q. Est-ce que Nazmi Brahimaj vous a dit, vous et Ramush, pourquoi ces

11 personnes avaient été détenues ?

12 R. Ramush Haradinaj ne savait rien à ce sujet jusqu'au moment où je lui en

13 ai parlé. Immédiatement après Ramush a imposé un ultimatum en disant que

14 cette personne devrait être immédiatement libérée et que de telles choses

15 ne devaient jamais se reproduire car ceci lésait nos intérêts.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tetaj, est-ce que vous pouvez

17 écouter attentivement à la question. La question était de savoir si Nazmi

18 Brahimaj vous a dit à vous et à Ramush pourquoi Skender Kuci était détenu.

19 Donc qu'est-ce qu'il vous a dit Brahimaj au sujet de sa raison, la raison

20 de sa détention.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Il nous a dit qu'il avait essayé de fuir

24 lorsque l'un des soldats l'a légèrement blessé, et il a dit qu'il allait

25 être libéré dès qu'il allait se rétablir.

26 M. RE : [interprétation]

27 Q. Est-ce qu'il a été libéré ?

28 R. Nous avons attendu pendant trois à quatre jours et nous avons rencontré

Page 3683

1 Ramush et son oncle, son oncle est venu. Il a dit que Kuci n'est pas rentré

2 à la maison. Ensuite, avec Ramiz, nous sommes allés à Jablanica, et c'est

3 là que nous avons rencontré Ibrahimaj de nouveau.

4 R. Qui est Ramiz ?

5 R. Ramiz Berisha.

6 Q. C'est l'oncle de Skender Kuci ?

7 R. Non, je ne sais pas si Skender est son oncle ou si c'est du côté de sa

8 mère ou de son père, je ne sais pas. Mais ils ont des liens de parenté

9 entre eux.

10 M. EMMERSON : [interprétation] Excusez-moi, mais ce qui est dans la ligne 8

11 de la page 85 me préoccupe quelque peu. Peut-être il y a eu une erreur de

12 traduction. Je me demande si le témoin souhaitait vraiment parler de celui

13 qu'il nomme ici, car on voit qu'au bout de quelques secondes il prononce un

14 prénom qui sonne de manière tout à fait semblable. Peut-être il pourrait

15 répéter cela et apporter de la clarté.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

17 Monsieur le Témoin, vous avez répondu à une question, la question est de

18 savoir si Skender Kuci a été libéré. Vous avez commencé votre réponse en

19 disant : "Nous avons attendu trois à quatre jours et nous avons rencontré

20 …"

21 Est-ce que vous pouvez répéter qui vous avez rencontré ? Qu'avez-vous

22 dit ensuite ?

23 R. Au bout de trois à quatre jours, Ramiz Berisha est venu chez moi, et

24 moi et Ramush, après que nous sommes rentrés de notre première réunion,

25 nous savions qu'il allait être libéré. Mais Ramiz Berisha est venu nous

26 dire qu'il n'avait pas été libéré.

27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends.

28 Poursuivez, Monsieur Re.

Page 3684

1 M. RE : [interprétation]

2 Q. Combien de fois êtes-vous rentrés afin de voir Nazmi Brahimaj

3 concernant Skender Kuci ?

4 R. La première fois, après que nous y sommes allés avec Ramush, lorsque

5 Ramush ne savait rien à ce sujet, ensuite nous y sommes allés avec Ramiz.

6 Et Nazmi Brahimaj a confirmé que Kuci avait été envoyé dans un hôpital de

7 fortune. Cependant, à raison d'une pénurie des moyens médicaux, ils n'ont

8 pas réussi à lui sauver la vie. Ils l'ont, par conséquent, enterré près

9 d'une forêt à Jablanica.

10 Q. Etes-vous allés à cette tombe ?

11 R. Ensuite, avec Ramiz Berisha, nous sommes partis et il a confirmé cela à

12 la famille de Kuci. Ensuite nous avons parlé avec Brahimaj de la

13 possibilité de déterrer le cadavre afin de le transférer à la famille. Il

14 était très difficile de transférer le cadavre à la famille en raison de la

15 situation militaire sur le terrain. Mais nous avons décidé de réenterrer le

16 cadavre à Dobrine [phon], c'était la deuxième fois que j'y suis allé après

17 la première fois avec Ramush.

18 Q. Avez-vous assisté à l'exhumation de son cadavre de la forêt de

19 Jablanica ?

20 R. Non, je n'y ai pas aidé mais j'étais présent. Ils ont dit que oui que

21 j'ai aidé, mais je n'ai pas aidé. J'étais présent lorsque la tombe a été

22 ouverte.

23 Q. Où se trouvait la tombe par rapport au quartier général de l'UCK à

24 Jablanica, à quelle distance ?

25 R. Si vous alliez de Zhabel à Jablanica, ceci se trouve sur la droite à la

26 ligne de la forêt, à une distance d'environ

27 1 kilomètre.

28 Q. Comment saviez-vous où se trouvait la tombe ?

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1 R. On nous l'a dit le jour où nous y sommes allés. Les gens étaient

2 préparés et les gens nous ont avertis car il faisait nuit. Ils ont utilisé

3 une torche électrique afin de nous signaler l'endroit où ils étaient.

4 Q. Pourquoi est-ce que vous êtes allés de nuit ?

5 R. Car nous nous sommes mis d'accord pour déterrer le cadavre et l'emmener

6 à la famille.

7 Q. Pourquoi est-ce que vous y êtes allés pendant la nuit plutôt que

8 pendant la journée et pourquoi est-ce que ces gens-là ont dû vous signaler

9 leur présence avec une torche ?

10 R. Nous allions le faire pendant la journée, mais il y avait beaucoup de

11 pression en raison des attaques contre nous; des attaques sur le terrain,

12 ensuite nous nous sommes mis d'accord pour faire cela plus tard dans la

13 soirée.

14 Q. Que voulez-vous dire lorsque vous dites "les attaques contre nous, les

15 attaques sur le terrain." Qui attaquait et que voulez-vous dire par "nous"?

16 R. Les forces serbes pilonnaient tout le long de la journée. C'était une

17 situation très désagréable et pas du tout souhaitable. Sur le terrain il

18 n'était pas du tout facile de se déplacer.

19 M. RE : [interprétation] Peut-on montrer au témoin dans le numéro 65 ter et

20 3113 [comme interprété] --

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, je regarde quelle heure il

22 est, il est 7 heures moins une minute. J'essaie déjà de savoir combien de

23 temps il vous fallait et vous, vous continuez, comme si vous aviez beaucoup

24 plus de temps, mis à part une question que vous avez retirée, mais vous

25 devez terminer d'ici trois à quatre minutes.

26 M. RE : [interprétation] Oui, je comprends. Mais vraiment, il me faudrait

27 peut-être encore 15 minutes demain matin pour pouvoir terminer. Je veux

28 dire, j'ai presque terminé. J'ai cette pièce à conviction, deux

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1 photographies et juste quelques autres questions liées à la déclaration

2 préalable, ensuite je vais terminer.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

4 M. RE : [aucune interprétation]

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Essayez de faire cela d'ici cinq

6 minutes. La Chambre va prendre en considération la possibilité de vous

7 proroger ce délai. Je veux dire, la Chambre vous a indiqué clairement que

8 nous nous attendions à ce que vous terminez ce témoin aujourd'hui et le

9 temps va être réduit de manière considérable -- allait être

10 considérablement réduit de trois heures et demie à une heure et demie, et

11 maintenant, nous avons passé tout l'après-midi à faire cela. Il ne

12 s'agirait pas de la première fois où votre évaluation sur le plan du temps

13 était erronée. Si c'était la première fois, nous vous accorderions encore

14 15 minutes, donc poursuivez pendant quatre minutes encore.

15 M. RE : [interprétation] 65 ter 1330.

16 Q. Est-ce que vous reconnaissez à l'écran devant vous la photographie de

17 Jablanica que vous avez annotée préalablement avant de venir déposer ici

18 pour marquer le quartier général de l'UCK ?

19 R. Oui.

20 Q. Est-ce que vous pouvez --

21 R. C'était une maison particulière et l'état-major local, seulement pour

22 Jablanica.

23 Q. Est-ce que sur cette carte vous pouvez voir à quel endroit était

24 enterré le cadavre de Skender Kuci, l'endroit où vous avez assisté

25 lorsqu'ils ont ouvert la tombe pour le réenterrer ?

26 R. Vous pouvez voir ici - ce n'était pas ici où se trouve cette petite

27 flèche. Près de la mosquée. Il a été enterré quelque part près de la

28 mosquée, même si les choses ont changé, car beaucoup de nouvelles maisons

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1 ont été construites depuis. Donc, il est difficile de repérer cela. Mais ce

2 n'est pas là où se trouve la flèche, ça c'est sûr. C'était quelque part

3 près de la mosquée, à l'entrée du village sur la droite.

4 Q. Est-ce que vous pouvez nous aider, ou bien l'huissière peut nous aider

5 en agrandissant --

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, la pertinence de ces

7 questions porte sur le fait que le cadavre a été enterré à Jablanica plutôt

8 que plus près de Rznic, et quelle est la pertinence si on doit savoir à

9 l'endroit exact ?

10 M. RE : [interprétation] La pertinence du point de vue de l'Accusation est

11 que cette personne est morte lorsqu'elle était détenue par l'UCK, amenée à

12 l'hôpital et ramenée temporairement enterrée près du quartier général de

13 l'UCK à Jablanica. C'est cela la pertinence.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais nous savons cela déjà. Sans

15 annotations supplémentaires, nous pouvons voir où se trouve le quartier

16 général, la mosquée est clairement visible sur la photographie. Est-ce que

17 nous devons savoir exactement où cela se trouve, car le témoin nous dit

18 c'était près de la mosquée, ça suffit, non ?

19 M. RE : [interprétation] S'agissant de l'emplacement exact, ce n'est pas

20 cela que je cherche, mais simplement je souhaite que vous puissiez

21 réexaminer les pièces à conviction par la suite et que les pièces soient

22 annotées. C'est la raison pour laquelle je souhaite que l'on ait une idée

23 approximative de cela.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, éventuellement par la suite pour la

25 Chambre d'appel. Nous avons entendu la déposition du témoin, mais si vous

26 voulez utiliser votre temps ainsi, faites-le. Peut-on donner au témoin un

27 marqueur, s'il vous plaît ?

28 Est-ce que vous pourriez marquer sur cette photographie l'endroit où était

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1 enterré le cadavre ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Approximativement ici. A peu près ici.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin a apposé une annotation,

4 notamment un point rouge près de la mosquée sur la photographie.

5 M. RE : [interprétation] Oui. Je souhaite que l'on puisse tous voir cela.

6 Q. Est-ce que vous pourriez apposer une grande flèche, Monsieur Tetaj, une

7 grande flèche.

8 R. [Le témoin s'exécute] ?

9 Q. Oui. Merci.

10 M. RE : [interprétation] Peut-on verser cela au dossier.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière d'audience, ceci va

12 être une photographie marquée, prémarquée en noir, ensuite annotée en rouge

13 pendant cette déposition.

14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira, Monsieur le Président, de

15 la pièce P267, marquée aux fins d'identification.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière d'audience.

17 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Re, il est

19 7 heures 05.

20 Monsieur Tetaj, nous allons lever la séance. Nous aimerions vous revoir

21 dans ce prétoire demain matin, 9 heures, dans ce même prétoire. Je tiens à

22 vous dire que vous ne devez parler à personne du témoignage que vous avez

23 fait et que vous vous apprêtez à faire demain. Demain, nous autoriserons

24 peut-être M. Re à poser quelques questions supplémentaires, ce n'est pas

25 sûr. Mais ce qui est certain, c'est que vous serez contre-interrogé par les

26 conseils de la Défense pour les trois accusés.

27 Donc nous levons la séance et nous reprendrons demain à

28 9 heures.

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1 --- L'audience est levée à 19 heures 06 et reprendra le mardi le 8 mai

2 2007, à 9 heures 00.

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