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1 Le jeudi 9 février 2012
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.
7 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'invite le témoin à prononcer la
9 déclaration solennelle.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
11 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
12 LE TÉMOIN : SRBISLAV DAVIDOVIC [Assermenté]
13 [Le témoin répond par l'interprète]
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir.
15 Brièvement, je souhaite passer à huis clos partiel.
16 [Audience à huis clos partiel]
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27 [Audience publique]
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour, Monsieur Davidovic. D'après les
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1 informations que j'ai reçues, vous souhaitez déposer en l'espèce en
2 audience publique, sans mesures de protection.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez la parole, Madame West.
5 Mme WEST : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
6 Interrogatoire principal par Mme West :
7 Q. Est-ce que vous pouvez décliner votre identité, s'il vous plaît ?
8 R. Srbislav Davidovic.
9 Q. Où êtes-vous né, Monsieur ?
10 R. A Bratunac, en Bosnie.
11 Q. Où vivez-vous actuellement ?
12 R. A Bratunac.
13 Q. Monsieur Davidovic, est-ce que vous pouvez confirmer que vous avez eu
14 l'occasion de réécouter votre déposition dans l'affaire Popovic, quelques
15 corrections sont nécessaires et nous y viendrons. Mais est-ce que vous
16 pouvez confirmer que ces dépositions reflètent de manière exacte ce que
17 vous avez dit dans votre témoignage devant le Tribunal ?
18 R. Oui, j'ai eu l'occasion de l'écouter, et je suis d'accord avec ce que
19 j'ai entendu, avec ce que cela contient.
20 Q. Il y a deux corrections à apporter, d'après vous, page 9 183 du compte
21 rendu d'audience, lorsque vous parlez de l'Université populaire de
22 Bratunac, où vous avez travaillé jusqu'au début de la guerre, en 1992. Il
23 dit, dans le compte rendu d'audience, qu'il s'agissait de 1991. Donc il
24 faudrait changer l'année en 1992.
25 R. Oui.
26 Q. Une autre correction, page 9 184 du compte rendu d'audience, lorsque
27 les tâches du Conseil exécutif sont énumérées, entre autres, l'on parle du
28 soutien logistique apporté à la Brigade de Bratunac.
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1 R. Oui.
2 Q. Mis à part ces deux points qui étaient inexacts, est-ce que le reste de
3 la déposition dans l'affaire Popovic reflète de manière fidèle votre
4 déposition ?
5 R. Oui.
6 Q. Si l'on vous interrogeait aujourd'hui sur ces mêmes questions; est-ce
7 que vous fourniriez les mêmes éléments d'information ?
8 R. Oui, il est certain que j'apporterais les mêmes éléments d'information.
9 La substance serait la même, je ne sais pas si j'emploierais exactement les
10 mêmes mots.
11 Q. Je vous remercie.
12 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, nous demandons le
13 versement de la déposition dans l'affaire Popovic, 65 ter, 22305A, et nous
14 n'avons qu'une pièce connexe.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A savoir la feuille comportant le
16 pseudonyme ?
17 Mme WEST : [interprétation] Oui.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les deux seront versés au dossier.
19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce seront les pièces P4371 et 4372.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une autre pièce connexe qui a été versée
21 au dossier, hier, par Mme Sutherland. J'ai demandé s'il y a eu de pièces
22 comparables qui ont déjà été versées, et le greffe m'a informé du fait que
23 cela n'a pas été le cas par rapport à Srebrenica, même si on avait des
24 documents analogues pour d'autres municipalités ou localités, et je le
25 signale uniquement aux fins du compte rendu d'audience.
26 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] La feuille comportant le pseudonyme, à
28 partir du moment où on a annulé toutes les mesures de protection, ne
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1 devrait plus être placée sous pli scellé.
2 Mme WEST : [interprétation] Je suis d'accord.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous avons aussi des parties d'audience
4 à huis clos partiel. Il faudra en fait tout verser au dossier sans
5 expurgation, en tant que document public; est-ce que vous pouvez vérifier
6 cela ?
7 Mme WEST : [interprétation] Oui.
8 Q. J'ai quelques questions à vous poser, Monsieur Davidovic.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez verser le
10 résumé de sa déposition ?
11 Mme WEST : [interprétation] Oui.
12 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
13 Mme WEST : [interprétation] Le témoin était employé en tant que directeur
14 de l'Université des ouvriers de Bratunac, de 1984 à 1992. D'octobre 1994 à
15 mars 1977, il a travaillé en tant que président du Conseil exécutif de la
16 municipalité de Bratunac, et une de ses tâches était de fournir un soutien
17 logistique à la Brigade de Bratunac, pendant la guerre.
18 Le 9 juillet 1995, le témoin s'est rendu auprès du 3e Bataillon de la
19 Brigade de Bratunac, situé à Pribicevac. Son objectif était de voir quelle
20 était la situation sur le plan de la logistique, sur place. Le 11 juillet,
21 le témoin est revenu au 3e Bataillon de la Brigade de Bratunac où il y a eu
22 une rencontre désagréable avec le général Mladic, qui a donné l'ordre au
23 témoin de se rendre au poste de commandement. En route, le témoin a
24 rencontré Miroslav Deronjic, le président du Conseil municipal du SDS.
25 Plus tard, au cours de cette même journée, le témoin a été informé
26 par Miroslav Deronjic qu'il fallait qu'il se rende à une réunion au
27 commandement de la Brigade de Bratunac à 8 h du matin, le lendemain.
28 Le 12 juillet 1995, le témoin s'est rendu au commandement de la Brigade de
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1 Bratunac, où le général Mladic a demandé au témoin de se rendre à la
2 réunion qu'il allait avoir lieu à l'hôtel Fontana, la troisième réunion, à
3 10 h du matin. Le témoin s'est rendu à cette troisième réunion, à l'hôtel
4 Fontana.
5 Hors de cette réunion, le témoin a appris que la population musulmane
6 avait décidé de quitter la région, même si le général Mladic leur aurait
7 offert la possibilité de rester dans la région, à condition qu'ils
8 remettent leurs armes à l'armée, et que ceux, qui avaient du sang sur les
9 mains et qui ont commis des crimes contre les Serbes, fassent l'objet de
10 poursuite. Pendant cette réunion, Mladic a dit également aux Musulmans
11 "qu'ils pouvaient soit survivre soit disparaître."
12 Plus tard, au cours de la journée, le témoin s'est rendu à Potocari,
13 il a distribué des fournitures aux réfugiés musulmans. Pendant qu'il était
14 à Potocari, le témoin a reconnu plusieurs personnes qu'il connaissait, et
15 il a pu aider certains d'entre eux.
16 Le témoin a quitté Potocari et est revenu à Bratunac, plus tard au
17 cours de l'après-midi, il s'est rendu à son bureau, et dans la soirée, il a
18 vu plusieurs autocars garés dans la ville, et il a vu 25 autocars garés à
19 d'autres endroits dans la ville, et chacun était remplis de Musulmans. Le
20 témoin savait que les autocars ont passé la nuit à Bratunac, mais avant la
21 matinée, ils ont quitté Bratunac.
22 Le 14 juillet 1995, vers 7 h du matin, deux hommes, qui étaient directeurs
23 de la coopérative de Kravica, sont venus voir le témoin dans son bureau.
24 Ils lui ont dit -- ils lui ont parlé des meurtre en masses de Musulmans de
25 Kravica qui s'étaient produits dans l'après-midi du 13 juillet 1995. Plus
26 tard de cette matinée, vers 9 h 30, le témoin a été appelé pour se rendre
27 au bureau du SDS. Quand il est arrivé, il a rencontré un officier qui s'est
28 présenté comme Beara. Beara lui a demandé de venir dans un autre bureau
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1 pour parler à deux autres officiers que le témoin ne connaissait, mais l'un
2 d'entre eux était colonel et l'autre lieutenant-colonel. Ces deux officiers
3 ont interrogé le témoin sur l'équipement du bâtiment, et le témoin leur a
4 dit qu'il y avait un engin de terrassement ou de construction appelé ULT à
5 l'usine de briques et qu'on l'utilisait pour charger. Il leur a aussi parlé
6 d'un plus petit engin appelé skip qui était utilisé pour creuser. Ils ont
7 demandé au témoin de leur fournir l'engin ULT et le témoin a contacté le
8 directeur de l'usine de briques à cet effet. Même si les officiers ne lui
9 ont pas dit pourquoi ils avaient besoin de cet équipement, le témoin a
10 supposé que l'équipement serait nécessaire pour creuser des fosses.
11 Q. Monsieur Davidovic, dans l'affaire Popovic vous avez déposé au sujet de
12 la réunion qui s'est tenue le 14, à 9 h 30 du matin, au bureau du SDS et
13 vous avez dit qu'un individu appelé Beara était là ainsi que deux autres
14 officiers et que vous ne connaissiez pas leurs noms. Est-ce que vous pouvez
15 nous dire quelles sont les questions que ces deux officiers vous ont posées
16 ?
17 R. Ces deux hommes m'ont demandé s'il y avait des engins de construction à
18 Bratunac, des engins qui pouvaient être utilisés pour creuser et pour
19 charger. Je savais que notre briqueterie avait cette machine, que cette
20 machine qui s'appelait ULT, et je savais aussi qu'il y en avait une autre à
21 un autre endroit dans l'usine de briques, et je sais qu'il y avait un plus
22 petit engin qui s'appelait Skip, qui était utilisé au niveau de la voirie,
23 et je leur ai dit que j'allais voir si on pouvait mettre à leur disposition
24 cette machine. Que si le directeur me disait qu'elle était en état de
25 fonctionner qu'on allait la leur remettre, mais je ne suis pas sûr, j'ai
26 dit de pouvoir trouver aussi la personne qui sait utilisé la machine, et ça
27 je leur ai dit parce que je connaissais cet homme. Je savais qui était cet
28 homme : Qui en 1992 avait travaillé avec cet engin, et cet opérateur, il
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1 n'aimait pas faire cela. Donc c'est la conclusion à laquelle je suis
2 arrivé, qu'il fallait que j'essaie de le protéger cet opérateur.
3 L'un de ces deux officiers m'a mis en garde de manière très sévère en
4 disant que je n'étais pas celui qui devait décider qui pouvait ou ne
5 pouvait pas diriger ou conduire cet engin, et je me suis excusé. Après ces
6 excuses, j'ai quitté le bureau et j'ai promis que j'allais téléphoner au
7 directeur de l'entreprise et qu'il pouvait continuer de le contacter par la
8 suite, et après, je ne sais pas s'ils ont obtenu cet engin ou pas.
9 En deux mots, c'était ça qui s'est dit pendant cet entretien.
10 Après, brièvement dans un bureau d'à côté, j'ai vu brièvement le colonel
11 Beara. On a échangé quelques mots, et j'ai quitté les locaux du SDS et je
12 ne l'ai plus revu ces individus-là.
13 Q. Est-ce que vous saviez pour quelle raison ces officiers ont voulu la
14 machine, l'engin ?
15 R. Ils ne m'ont pas dit pourquoi. Mais puisque les directeurs de la
16 coopérative m'ont dit, à 7 h du matin, ce qui s'était passé à Kravica la
17 veille dans l'après-midi, j'en ai conclu qu'il était très probable qu'ils
18 avaient besoin de cet engin pour évacuer et assainir les restes des
19 individus qui ont été abattus à Kravica.
20 C'était ma propre conclusion. Ce n'est pas ce qu'ils ont dit.
21 Q. Savez-vous d'où étaient ces deux hommes ?
22 R. Non, je ne le sais pas. J'ai supposé qu'ils étaient du Corps de la
23 Drina. Connaissant ou sachant que colonel Beara était chargé de la sécurité
24 pour le Corps de la Drina, j'ai pensé que cet homme était venu avec lui,
25 qu'il avait emmené avec lui, et qu'ils étaient donc tous du Corps de la
26 Drina.
27 Q. Merci.
28 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé avec mes
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1 questions.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.
3 Monsieur Davidovic, votre témoignage dans l'affaire Popovic a été versé au
4 dossier dans le cadre de cette affaire à la place de votre témoignage
5 principal, et vous serez interrogé par M. Karadzic en contre-
6 interrogatoire.
7 Monsieur Karadzic, vous avez la parole.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour à tous.
9 Contre-interrogatoire par M. Karadzic :
10 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Davidovic.
11 R. Bonjour, Monsieur le président.
12 Q. Je suis l'interprétation pour attendre que l'interprétation soit
13 terminée. Si vous regardez le compte rendu à l'écran, vous voyez que
14 l'interprétation est terminée, nous devons faire une pause. Je vous
15 remercie pour la vidéoconférence qui s'est tenue, et j'espère qu'ainsi nous
16 pourrons terminer ce contre-interrogatoire en temps voulu, et je vous
17 remercie.
18 R. Je n'ai rien en serbe.
19 Q. Oui, ce sera en anglais à l'écran, mais lorsqu'on arrête de voir --
20 lorsque vous ne voyez plus rien à l'écran, à ce moment-là, vous pouvez
21 reprendre la parole.
22 R. Je ferai de mon mieux.
23 Q. Merci. Avant les élections en 1990, vous faisiez partie d'un parti qui
24 était sur la gauche, et vous n'étiez pas membre du SDS; est-ce exact ?
25 R. Oui. C'était le SDP. Le Parti social démocrate.
26 Q. Merci. Toutefois, en 1994, si je ne m'abuse, vous avez été élu à la
27 tête du gouvernement local, et plus précisément à la tête du Conseil
28 exécutif, qui est le gouvernement municipal, non pas parce que vous étiez
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1 membre du SDS, car vous n'étiez pas un membre du SDS à l'époque; est-ce
2 exact ?
3 R. Oui, cela est exact.
4 Q. Vous avez été élu en tant que professionnel.
5 R. Il ne s'agissait pas de mon adhésion à un parti ou à un autre qui a
6 joué un rôle décisif.
7 Q. Merci. J'aimerais vous demander de nous dire le plus rapidement
8 possible quelle était votre vision des événements à Bratunac après les
9 élections et au tout début de la guerre. Conviendrez-vous que le Parti de
10 l'Action démocratique et le Parti serbe avaient gagné et qu'il y avait un
11 partage de pouvoir entre eux conformément au modèle que l'on trouvait
12 partout en Bosnie-Herzégovine ?
13 R. Les deux partis avaient remporté les élections : le SDS avait remporté
14 les votes de la population serbe; le SDA avait remporté les votes de la
15 population musulmane. Mon parti, malheureusement, était toujours un parti
16 minoritaire, et même je dirais très minoritaire. Ce sont donc bien ces deux
17 partis qui ont partagé le pouvoir, le SDA et le SDS.
18 Q. Je vous remercie. Sommes-nous d'accord sur le fait qu'il s'agissait
19 d'une bonne coutume dans notre vie politique même sous l'air Communiste, à
20 savoir que le pouvoir devait être partagé sur la base d'une structure
21 ethnique ? Par exemple, si le président de la municipalité est un Musulman,
22 à ce moment-là, ce sera un Serbe qui serait président du Conseil exécutif,
23 et qu'on procédait à ce type de partage des postes les plus élevés au sein
24 de la police, et que cela s'est poursuivi au-delà de 1990; est-ce exact ?
25 R. Oui. Dans la Ligue des Communiste avant la guerre, l'affiliation
26 ethnique était toujours prise en compte. Si un poste était détenu par un
27 Serbe, par symétrie, un Musulman détenait un autre poste. C'est ainsi qu'on
28 procédait à l'attribution des postes.
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1 C'était vrai également pour les administrateurs et gérants de société,
2 c'est-à-dire moitié/moitié, entre Musulmans, et entre Serbes, donc on
3 tenait bien compte de l'appartenance ethnique. Cela s'est poursuivi après
4 les élections multipartites, après que ces deux partis aient remporté les
5 élections.
6 Q. Je vous remercie. Donc les Serbes et les Musulmans avaient la
7 possibilité de voter pour d'autres partis. Par exemple, les Serbes
8 appartenaient à d'autres parties politiques, tout comme les Musulmans,
9 alors que les Musulmans avaient une organisation purement musulmane
10 bosniaque. Donc ce n'était pas la seule option, n'est-ce pas ?
11 R. Non, ce n'était pas la seule option; cependant, les gens votaient
12 conformément à leur appartenance ethnique.
13 Q. Merci. Peut-on dire que, pendant un certain temps Bratunac, la vie à
14 Bratunac fonctionnait bien ? Je ne veux pas dire pour vous, l'opposition,
15 je veux dire du point de vue de l'harmonie entre les ethnies; pendant un
16 certain temps il semblait que tout se passait bien.
17 R. Si on le dit comme ça, il y a eu d'abord une affaire d'amour entre les
18 deux partis, et par la suite, lorsque la pente est devenue un peu
19 savonneuse, si je puis m'exprimer ainsi, l'amour s'est évaporé.
20 Q. Merci. Sommes-nous d'accord sur le fait que les tensions ont commencé à
21 se faire sentir pendant l'été 1991 lorsque la Slovénie et la Croatie ont
22 déclaré leur indépendance, et qu'auparavant, en ce qui concerne la
23 déclaration de l'indépendance au sein de l'Assemblée de la Bosnie-
24 Herzégovine, il y a eu une recrudescente des tensions ?
25 R. C'est exact. Au fur et à mesure que la tension a commencé à monter en
26 Slovénie et en Croatie, ceci s'est fait sentir de façon très sensible dans
27 la situation sécuritaire en Bosnie-Herzégovine, y compris à Bratunac.
28 Q. Merci. L'organisation musulmane bosniaque d'Adil Zulfikarpasic n'a pas
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1 été reprise dans le parlement municipal ou seulement avec un ou deux
2 délégués ?
3 R. Non, effectivement. Je pense que c'est seulement le SDA et le SDS qui
4 ont remporté des sièges.
5 Q. Vous souvenez-vous qu'à l'été 1991, Zulfikarpasic et Muhamed Filipovic
6 ont proposé un accord serbo-musulman historique en vertu duquel la Bosnie
7 continuerait de faire partie de la Yougoslavie en tant que république à
8 pied d'égalité mais qu'on a renoncé à tout concept de régionalisation en
9 Bosnie-Herzégovine ?
10 R. Oui, je m'en souviens. C'était l'option pour la Yougoslavie, et feu
11 Izetbegovic s'est vu proposer la première présidence d'une nouvelle
12 Yougoslavie sous cette structure.
13 Q. Merci. Est-il exact que la première crise suivie par des troubles a été
14 déclenchée à la fin du mois d'août, et au début du mois de septembre,
15 lorsque la JNA a voulu enlever leurs archives afin d'appeler des soldats ?
16 R. C'est exact. C'était vers la fin de l'été ou au début l'automne, si je
17 m'en souviens correctement. C'est lorsque les membres de l'armée sont venus
18 de Tuzla pour reprendre les archives du ministère de la Défense à Bratunac.
19 A ce moment-là, il y a eu des troubles en ville. Les Musulmans étaient
20 contre cela, et au moins 10 000 personnes se sont rassemblées dans la
21 ville, l'atmosphère était extrêmement tendue. Toutefois, il n'y a pas eu
22 d'étincelle, si je puis m'exprimer ainsi, mais les archives, les dossiers
23 militaires n'ont pas été enlevés de Bratunac à l'époque. Ils sont restés
24 sur place.
25 Q. Merci. Pouvons-nous convenir, quant au fait, que c'était le moment
26 crucial lorsque les Musulmans et les Serbes ont pris des chemins
27 différents, parce que les Serbes étaient favorables à la Yougoslavie et à
28 l'armée fédérale, alors que les Musulmans déjà à la fin de l'été de cette
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1 année-là par le biais de cette action ont montré qu'ils n'étaient pas prêts
2 à se ranger du côté de la JNA et qu'ils allaient s'opposer à la Yougoslavie
3 telle qu'elle était ?
4 R. Je pense que l'entente entre ces deux partis, à ce moment-là, s'est
5 effondrée une fois pour toute. Les Musulmans, dans l'ensemble, ont
6 simplement cessé de répondre à l'appel, à la mobilisation, pour rejoindre
7 les rangs de la JNA. Certains Musulmans ont continué de répondre à l'appel
8 de la mobilisation, mais les familles qui envoyaient leurs fils pour
9 rejoindre la JNA étaient l'objet de pression, étaient en fait harcelées par
10 le voisinage et donc dans certains cas on a vu des personnes qui sont
11 revenues de l'armée, et lorsque la guerre a été déclarée, la JNA s'est
12 retrouvée avec très peu de Musulmans dans ces rangs.
13 Q. Merci. Cet harcèlement que vous citez, le harcèlement des familles des
14 personnes qui ont été mobilisées, ils étaient harcelés par des extrémistes
15 musulmans; est-ce exact ?
16 R. Oui. Il s'agissait de citoyens loyaux, citoyens qui étaient fidèles à
17 l'ancienne Yougoslavie, fidèles à son armée, et ces personnes ont fait
18 l'objet de harcèlement et de mauvais traitements aux mains de ces
19 extrémistes. En fin de compte beaucoup d'entre eux ont succombé à ces
20 pressions craignant pour leur propre sécurité et la sécurité de leurs
21 enfants une fois qu'ils seraient rentrés de l'armée, et dans bien des cas,
22 ils sont tout simplement été retirés de l'armée.
23 Q. Merci. Mais en revanche, personne n'a eu rien à dire aux familles de
24 ceux dont les enfants sont allés en Croatie pour être formés de façon
25 clandestine par la police ou ceux qui ont rejoint les rangs de la ZNG, le
26 Corps de la Garde nationale, en Croatie.
27 R. Oui, il y a des personnes qui sont parties en Croatie. On les appelait
28 les Zengas. Ils y sont allés pour faire un entraînement, mais je ne sais
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1 pas de combien de personnes il s'agissait, mais je sais qu'il y a des
2 personnes qui sont parties en Croatie pour suivre un entraînement, et on
3 les appelait les -- des membres de la ZNG.
4 Q. Merci. Est-ce que ZNG cela signifie en langage ordinaire, un membre du
5 Corps de la Garde nationale en Croatie ?
6 R. En vérité, je ne sais pas quelle est la définition exacte, mais à
7 l'époque, ce terme, ce nom semblait -- était quasiment au même niveau que
8 le terme d'oustacha, pour les Serbes. Pour les Serbes, il s'agissait d'un
9 terme menaçant. Je ne sais pas comment l'exprimer correctement, mais voilà
10 ce que je peux dire.
11 Q. Merci. Est-il vrai que certains de vos collègues citoyens qui faisaient
12 partie des rangs des Croates ont commis certains crimes et des viols, et
13 que les victimes de ces crimes sont réapparues dans les rangs des forces
14 paramilitaires au début ?
15 R. Je me souviens que le 17 avril, le jour où des groupes paramilitaires
16 sont apparus à Bratunac pour la première fois, qui étaient-ils, je ne le
17 savais pas à l'époque. Je savais uniquement qu'ils venaient de Serbie, et
18 une fois qu'ils sont arrivés à Bratunac, le harcèlement, le mauvais
19 traitement et la torture de la population musulmane a commencé.
20 Il s'agissait d'environ 15 hommes. Je me souviens de cette journée --
21 puis-je rentrer dans le détail, donner des explications sur ce qui s'est
22 passé ?
23 Q. Oui, poursuivez.
24 R. Ce matin-là, je suis parti pour me rendre au centre-ville de
25 Bratunac, vers 8 h le matin. Ma maison se trouvait dans la banlieue
26 immédiate. En me dirigeant vers le centre-ville, je me suis arrêté auprès
27 d'un magasin, une épicerie qui avait été -- qui a fait l'objet d'une
28 explosion la nuit d'avant. Cette épicerai appartenait à un Albanais qui
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1 vivait à Bratunac depuis de nombreuses années. Je le connaissais,
2 j'achetais mes fruits et légumes dans son épicerie. Donc je me suis arrêté
3 chez lui pour lui demander ce qui s'est passé.
4 A ce moment-là, une femme est arrivée, une femme du nom de Sida, elle
5 est venue en pleur vers nous. J'ai demandé à Sida : Pourquoi pleurez-vous,
6 que se passe-t-il ? Elle m'a répondu : Buco - c'était mon petit nom - Buco
7 est rempli de Chetniks. Je lui ai dit : Chetniks, qu'est-ce que tu veux ?
8 Qu'est-ce que ça veut dire ? Elle m'a répondu : Tu vas voir, tu viens
9 seulement d'arriver, tu vas voir.
10 J'étais peut-être à 200 mètres du centre-ville, et lorsque je suis
11 arrivé devant le grand magasin, j'ai vu un groupe de personne rassemblé, la
12 plupart des Musulmans, et de l'autre côté de la rue se trouvait l'hôtel
13 Fontana, et là, j'ai vu une quinzaine d'hommes en uniforme avec des
14 mitraillettes automatiques. Ils étaient sur la terrasse, tout le long de la
15 terrasse, sur environ 40 mètres. C'était donc une terrasse très longue.
16 Devant le grand magasin, j'ai vu Miroslav Deronjic, et je lui ai
17 demandé : Miroslav, qui sont ces hommes ? Il m'a répondu : Je ne sais pas.
18 C'est exactement ce qu'il m'a dit : Je ne sais pas, fuck. Je suis désolé
19 d'utiliser ce terme. Quand est-ce qu'ils sont arrivés, il m'a répondu : Je
20 ne sais pas, pas plus que toi.
21 A côté de ces hommes en uniforme, j'ai vu un homme de Bratunac qui
22 les a rejoints, et j'ai dit : Miroslav, va dire à cet homme de partir,
23 qu'est-ce qu'il fait, pourquoi il est avec eux. A ce moment-là, il est
24 parti parler à cet homme, et je pense qu'il lui a dit : Fiche le camp,
25 qu'est-ce que tu fais là ?
26 Je me souviens que c'est la première fois, la première scène où on a
27 vu des volontaires à Bratunac, et quand la crainte et le sentiment
28 d'insécurité ont commencé à régner parmi les Musulmans, et ensuite
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1 augmenté, et ensuite petit à petit, ils ont commencé à sortir et à quitter
2 Bratunac.
3 Q. Donc c'était un tourbillon en fait qui commence en 1991, mais cette
4 spirale en fait s'engage aussi grâce à l'activité des Musulmans, pas dans
5 la ville même, mais dans les villages autour ?
6 R. Il n'y avait pas d'extrémistes musulmans dans la ville même. Je pense
7 que, dans la ville de même de Bratunac, que ce soit des Serbes ou des
8 Musulmans; je pense que la population tolérait l'autre groupe. Je pense que
9 c'est la population qui venait de la campagne, que ce soit les Musulmans ou
10 les Serbes, je pense que ce sont eux qui sont à l'origine de la guerre, que
11 sans eux, dans la ville même, les Serbes et les Musulmans ne se seraient
12 pas fait la guerre. Il n'y avait pas d'extrémistes dans la ville même.
13 Même s'il y en a eu quelques-uns, c'était négligeable, on aurait pu
14 les faire taire et les éliminer facilement.
15 Q. D'accord. Mais est-il exact que les villages, qu'ils soient musulmans
16 ou serbes, se situent très près de la ville, où les uns des autres, et en
17 fait, que ce sont toujours des villages à dominance d'un groupe ethnique,
18 rarement mixte ?
19 R. Oui, c'est vrai. Le soir, ils venaient en ville, les villages sont à
20 côté, ethniquement assez purs, pas mixtes, oui. C'était soit des villages
21 serbes soit des villages musulmans. Donc c'est uniquement dans la ville où
22 qu'il y avait cette mixité au niveau de la population.
23 Q. Donc est-ce que Hranca, qui est une localité musulmane, se situe très
24 près de l'entrée de Bratunac, et il y a Glogova qui suit avec 2 000
25 Musulmans et une dizaine de maisons serbes uniquement.
26 R. Oui, à Hranca, il n'y avait que très peu de maisons serbes, et à
27 Glogova, il n'y en avait pas, c'était ethniquement pur. C'est un grand
28 village musulman, peut-être 2 000 habitants.
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1 Q. Merci. A ce moment-là, vous ne faisiez pas partie des autorités
2 locales, mais Deronjic lui-même non plus, n'est-ce pas, il n'était que le
3 chef du parti politique jusqu'au début de la guerre ?
4 R. Moi, je ne faisais pas partie d'instance dirigeante. J'étais au centre
5 culturel, à l'Université ouvrière, et Deronjic, il était président de la
6 branche locale du SDS, et au niveau régional, il avait quelques fonctions,
7 mais c'était aussi dans le cadre du parti politique. Il ne faisait pas
8 partie des autorités municipales.
9 Q. D'accord, merci. Est-il exact de dire que Deronjic était un homme en
10 vue, professeur, et pendant longtemps membre de l'opposition, un dissident,
11 un opposant de l'ancien régime communiste ?
12 R. Oui, c'est exact. C'était un professeur de littérature. Il travaillait
13 au lycée de Srebrenica, et avant la guerre, c'était un des dissidents
14 connus. Il s'est opposé à la Ligue des Communistes.
15 Q. Merci. Est-il exact de dire que sa réputation reposait sur son attitude
16 à Bratunac, il n'a pas été imposé de l'extérieur. C'était par ses choix,
17 pour ses attitudes, qu'il est arrivé au premier plan au SDS. Ce sont --
18 c'est le peuple qui l'a choisi. Tout le monde s'en ait étonné. Le père de
19 Deronjic était connu comme un communiste rigide, même sa mère.
20 Deronjic c'est vraiment mon premier voisin le plus proche, et ça m'a
21 étonné. Un jour, mon père me dit : Je vais fêter la fête de Miroslav -- la
22 fête orthodoxe de Miroslav. Je dis : Mais comment ? Comment ? Mais ça s'est
23 jamais fait chez eux, mais si Miroslav a commencé à fêter cela. Peut-être
24 que vous ne le saviez pas, Monsieur le président, ce détail non plus.
25 Lorsque la mère de Miroslav Deronjic est décédée, elle a été enterrée
26 sans prêtre. Une étoile à cinq branches a été choisie comme symbole, et
27 Deronjic, trois jours plus tard, est allé cherche le prêtre orthodoxe pour
28 lui rendre hommage dans le cadre de la cérémonie religieuse.
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1 Donc cela montrait que c'était vraiment un opposant radical des
2 Communistes, et c'est peut-être ce qui lui a permis de monter au premier
3 plan dans cet entourage dans la ville, parce qu'il était donc hostile à la
4 Ligue des Communistes, dont la déposition a commencé à être secouée à ce
5 moment-là.
6 Q. Est-ce que vous convenez que c'était la scission la plus importante au
7 sein du peuple serbe, à savoir entre les Communistes, les anti-Communistes,
8 les Chetniks, et les résistants partisans, et que c'étaient des hostilités
9 beaucoup plus importantes entre ces deux courants que face à d'autres
10 groupes ethniques ?
11 R. Oui, nous sommes une localité où quasiment tout le monde se connaît. Il
12 n'y a pas beaucoup -- on est pas très nombreux. On sait qui est qui. On
13 sait qui fait partie de quel parti politique, de quel courant. Je dois vous
14 dire que, moi aussi, j'ai connu des moments un peu désagréables au début de
15 la guerre, et ce, parce que je ne suis pas devenu membre du SDS, parce que
16 j'étais resté membre de la Ligue des Communistes. Je ne peux pas dire que
17 j'ai subi véritablement de grave pression, mais il y a eu des pressions, on
18 n'en m'a tenu rigueur d'avoir fait ce choix.
19 Q. Mais je suppose que cela venait des extrémistes mais vous n'avez pas
20 été remplacé au poste de directeur par les autorités en place, parce que
21 vous avez la compétence pour faire ce travail.
22 R. Oui, effectivement, je n'ai pas été renvoyé.
23 Q. Donc ce comportement très civil des Serbes, des Musulmans dans la ville
24 même de Bratunac, à partir du moment où on commence à comprendre que la
25 Bosnie deviendra indépendante, est-ce que cela a donné lieu aussi à des
26 négociations qui devaient permettent de créer deux municipalités à
27 Bratunac, des négociations qui ont été couronnées de succès ? Est-ce que
28 c'était ça en fait la principale activité politique, à l'époque ?
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1 R. Oui, d'ailleurs, c'est ce qui m'a beaucoup étonné. C'est ce qui s'est
2 passé. Il faut savoir que Deronjic est mon voisin le plus proche, et j'ai
3 eu souvent la possibilité de discuter avec lui à ce sujet. Il n'arrêtait
4 pas de convaincre que nous pouvions coexister à Bratunac en constituant
5 deux municipalités, et moi, je ne lui faisais pas confiance là-dessus. Je
6 lui disais : Miroslav, cela n'est pas possible; et lui, il me disait : Si,
7 si, si, cela est possible. Finalement, c'est effectivement ce qui s'est
8 passé.
9 Donc ils ont d'abord partagé la police. Donc on avait la police musulmane
10 d'un côté qui restait dans l'ancien bâtiment de la police. Les Serbes, ils
11 ont constitué leur poste de police à l'école élémentaire dans une cabane,
12 mais ça n'a pas duré longtemps.
13 Q. Merci. Est-ce que j'ai raison d'affirmer que la population urbaine est
14 le cœur de la ville et les villages serbes constitueraient la municipalité
15 serbe; d'autre part, il y aurait les villages musulmans et la partie
16 municipale de la ville, qui constitueraient la municipalité musulmane, et
17 il n'y aurait pas d'ingérence de police, de part et d'autre, contre l'autre
18 groupe ethnique. C'était ça l'idée ?
19 R. Oui, c'était ça l'idée, et le fait est que les villages sont quasiment
20 ethniquement purs. C'était peut-être la ville d'ailleurs qui aurait posé
21 plus problème là-dessus, Donc un poste de police était prévu musulman qui
22 serait chargé uniquement de surveiller donc l'ordre public dans les
23 villages musulmans et inversement, il y aurait des écoles qui seraient
24 créées séparément : d'un côté pour les enfants serbes, d'autre part pour
25 les enfants Musulmans. Le centre médical serait également scindé. Il y
26 aurait un centre réservé aux Serbes, et d'autre part celui réservé aux
27 Musulmans. Sur le plan politique, les entreprises seraient également
28 divisées. D'un côté, il y aurait des entreprises qui reviendraient aux
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1 Serbes, et d'autre part, celles qui reviendraient aux Musulmans.
2 Je dois vous dire que je n'y voyais pas clair, et j'étais plutôt sceptique.
3 Je ne pensais pas que ça allait pouvoir fonctionner, mais c'était la
4 décision qui a été prise par les instances politiques de l'époque, mais on
5 a vu que ça n'a pas pu fonctionner.
6 Q. Ai-je raison de dire que les infrastructures, les conduites d'eau, la
7 distribution d'électricité, et cetera, que tous ces services municipaux en
8 fait ne seraient pas scindés resteraient conjoints, et qu'on ne se
9 partagerait que ceux qui pouvaient se partager au niveau municipal, et il y
10 aurait encore un niveau central de la ville ?
11 R. Ecoutez, il y aurait quelques structures centralisées au départ parce
12 que les conduites d'eau vous ne pouvez pas diviser ça si rapidement. Ni
13 construire des conduits qui permettraient d'approvisionner séparément les
14 Serbes et les Musulmans, puis l'électricité séparée. Peut-être qu'avec le
15 temps on y arriverait. On y serait arrivés. Mais ça on ne le sait pas. Mais
16 dans un premier temps, oui, ces infrastructures seraient communes, l'eau,
17 évacuation d'eau, l'électricité, et cetera.
18 Q. Est-ce que vous êtes d'accord pour confirmer que la partie serbe
19 préférait -- enfin, était plutôt favorable à cette idée plus que la partie
20 musulmane ?
21 R. Quant à savoir qui l'a souhaité davantage ? Je ne sais pas. Il est
22 possible effectivement que cela a plus davantage dans la partie serbe.
23 Q. Mais sommes-nous d'accord pour dire que les Serbes étaient ceux qui
24 prenaient leur maintien en Yougoslavie, et lorsque cela ne s'est pas révélé
25 possible, bon, il y avait cette alternative; c'était ça qu'ils ont choisi
26 dans un deuxième temps ?
27 R. Oui.
28 Q. Je voudrais vous demander la chose suivante maintenant : Si la Bosnie
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1 s'était réorganisée de cette manière-là -- gardons l'exemple de Bratunac.
2 Si Bratunac était réorganisée de cette manière-là, le plan qui consistait à
3 créer deux municipalités, est-ce qu'il aurait impliqué une nettoyage
4 ethnique, ou est-ce qu'on aurait chassé les Musulmans, ou bien est-ce que
5 les Musulmans se seraient vu donner, conférer les mêmes choses que les
6 Serbes et ils seraient restés sur place ?
7 R. Non, il n'y aurait pas eu de nettoyage ethnique ni d'un côté ni de
8 l'autre. C'était plutôt un plan qui envisageait la cohabitation. Une vie
9 commune. Je ne sais pas comment le dire.
10 Q. Vie commune, cohabitation. C'est ce que vous avez dit. Vous avez bien
11 dit. En fait, ils vivraient les uns à côté des autres mais sans se
12 mélanger. Les municipalités les unes à côté des autres.
13 R. Oui. Personne ne s'opposerait à ce que les gens se mélangent. Je
14 suppose que, dans les entreprises, les Serbes et les Musulmans
15 continueraient de travailler ensemble. Pour ce qui est des instances de
16 pouvoir, au moins en partie, je ne sais pas. On n'a pas exigé, enfin on ne
17 voulait pas mettre fin à la communication, à des échanges, même dans une
18 situation de guerre, ça n'a pas pu s'arrêter. Alors je ne vois pas comment
19 en temps de paix cela aurait eu lieu.
20 Q. Merci. Dites-moi, s'il vous plaît, pendant cette période-là, parmi les
21 personnes en vue ou fonctionnaires dans les institutions, est-ce que vous
22 n'avez jamais pu voir qu'on souhaitait chasser les Musulmans ou que Dieu
23 nous en préserve, de les exterminer ?
24 R. Non, non, je vous ai dit. Il n'y a même pas eu de départ de Bratunac,
25 avant le 17 avril, avant que les paramilitaires n'arrivent, et avant qu'il
26 n'y ait des conflits dans les municipalités voisines. Tout d'abord, dans la
27 municipalité de Bijeljina, et la, un certain nombre de Musulmans sont
28 partis. Puis, à Zvornik aussi, là, la population musulmane est partie
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1 encore plus, et donc ils ont quitté. Ils ont été de plus en plus nombreux à
2 quitter Bratunac, après l'arrivée des paramilitaires.
3 Q. Mais, à ce moment-là, est-ce qu'il y a eu aussi des familles serbes qui
4 ont quitté Bratunac, même avant le conflit ?
5 R. Mais, oui, tout le monde se disait que ça ne présageait de rien de
6 bien, et ceux qui avaient de la famille en Serbie, où ils pouvaient envoyer
7 leurs enfants, ils ont été assez nombreux à quitter Bratunac, parce qu'ils
8 se sont dits que rien de bien ne suivrait de tout cela. Donc des femmes et
9 des enfants serbes surtout ont été nombreux à partir de Bratunac.
10 Q. Donc ce n'était pas tellement à cause de la situation à Bratunac,
11 c'était plus à cause de ce qui se passait en Bosnie, dans le reste de la
12 Bosnie ?
13 R. Oui, je vous ai parlé de Bijeljina, et à d'autres endroits plus
14 éloignés de Bratunac. Mais, là, je vous ai cité ce qui est plus proche de
15 Bratunac.
16 Q. Merci. Toutefois, à Bratunac même. Je ne dis pas dans la ville même,
17 mais dans ce territoire de la municipalité, dans les villages, il y a eu
18 des extrémistes de parts et d'autres ?
19 R. Oui.
20 Q. Sur le plan militaire, est-ce que vous savez comment le SDA s'est
21 organisé ? Je ne vais pas dire comment les Musulmans se sont organisés,
22 parce qu'ils n'étaient pas tous membres du SDA. Donc comment s'est organisé
23 la Ligue patriotique ? Comment se sont organisés les Bérets verts ?
24 R. Oui, on en parlait. On disait que, dans les villages la Ligue
25 patriotique, les Bérets verts avaient commencé à s'organiser. On disait
26 qu'ils montaient la garde, qu'ils gardaient les voies de communication, les
27 maisons. Puis, ça a commencé de l'autre côté également. Les Serbes, ils ont
28 commencé à monter la garde autour de leur maison, comme les Musulmans
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1 faisaient pour les leurs.
2 Q. Merci. A un moment donné, même dans la ville devant les bâtiments de
3 logement, il est arrivé qu'il y ait des gardes mixtes ?
4 R. Oui, on a essayé de faire ça, là où il y avait des bâtiments qui
5 étaient habités tant par les Musulmans que par les Serbes, et ils ont
6 essayé d'assurer la sécurité ensemble, et même dans certains quartiers où
7 il n'y avait des maisons individuelles, mais c'était moins le cas. Tous les
8 Serbes enfin généralement se sont chargés de garder leur maison et les
9 Musulmans, les leurs, d'autre côté.
10 Q. Merci. Est-il exact que Glogova était bien connu pour être sans vouloir
11 dire une place forte, mais un emplacement, un lieu où il y avait beaucoup
12 d'extrémistes, et on disait qu'il y avait des listes de Serbes devant être
13 liquidés, et que l'on s'organisait pour ce faire.
14 R. Je peux vous dire qu'il y avait toute sorte de rumeurs qui circulaient,
15 c'est ce que les Serbes ont entendu, et j'imagine que les Musulmans ont
16 entendu des rumeurs qui allaient tout à fait dans le sens contraire. Je
17 pense que c'était là des manœuvres d'intimidation mutuelle, effectivement
18 il y avait des rumeurs de ce genre.
19 Q. Je vous remercie. Dans les documents de la partie musulmane que nous
20 allons examiner tout à l'heure, qui ont été versés au dossier par le biais
21 d'un autre témoin, nous y viendrons. Avez-vous entendu parler du mois de
22 mars et de Potocari, lorsque les réservistes de la JNA ont été attaqués ?
23 R. Je ne me souviens pas des dates, mais il est certain que les gens
24 parlaient entre eux. Il y a eu un incident dans tel village ou dans tel
25 village, il s'est passé quelque chose sur la route. En effet, il y a eu des
26 incidents de ce genre pendant le printemps 1992.
27 Q. Je vous remercie.
28 R. Et le début.
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1 Q. Merci. Maintenant, j'aimerais passer en revue les événements qui se
2 sont déroulés avant le 17 avril, pour voir exactement ce qui a précédé
3 l'arrivée des paramilitaires.
4 Donc, le 21 mars à Potocari, trois attaques; le 24 mars, une attaque
5 contre Buljim; le 25 mars, des incidents à Orahovac; et à Bukova Glava,
6 avec l'expulsion de Chetniks, et aussi à Bukova Glava; le 25 mars,
7 l'expulsion de Chetniks; le 25 mars, sabotage à Zeleni Jadar, environ dix
8 Chetniks ont été tués.
9 En avez-vous entendu parler ? Je vous prie de m'excuser, j'aurais dû
10 effectivement ralentir.
11 Il y a eu sabotage à Zeleni Jadar, lorsque dix Chetniks ont été tués;
12 s'agit-il d'ouvriers à la mine de Zeleni Jadar ?
13 R. Ils travaillaient pour le service de Foresterie, sur place. Il y
14 a en fait une usine de meubles, et des personnes qui travaillent dans la
15 forêt.
16 Q. Et à Nova Kasaba --
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez voir la question précédente, et
18 répondre. Vous avez lu tous ces noms de lieux; est-ce une déclaration ou
19 une question ? Vous avez donc donné lecture d'une liste de lieux, et vous
20 avez posé des questions en rapport avec ce dernier endroit. Ensuite le
21 témoin a répondu uniquement en rapport avec Zeleni Jadar.
22 A quoi cela sert-il ? Je cherche à tout comprendre, et j'ai du mal. Mais
23 posez une question à la fois.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Je voulais faire un
25 résumé, et entendre de la bouche du témoin ce qu'il a entendu et ce qu'il
26 n'a pas entendu. Effectivement je passe plus de temps à procéder ainsi.
27 Donc je vous présente mes excuses.
28 M. KARADZIC : [interprétation]
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1 Q. Avez-vous entendu ce qui s'était passé à l'entrepôt de la JNA à Nova
2 Kasaba ?
3 R. De toutes les choses que vous avez citées, il y a uniquement Bukova
4 Glava qui se trouve sur le territoire de la municipalité de Bratunac. Quant
5 à ces événements, j'en ai entendu parler, parce que ce n'est pas loin, la
6 municipalité de Srebrenica n'est pas loin du tout. Maintenant, est-ce que
7 je peux dire avec certitude que j'ai entendu telle ou telle chose, eh bien
8 --
9 Q. Qu'en est-il de Konjevic Polje, Bratunac ?
10 R. Oui.
11 Q. Avez-vous entendu dire que le 15 avril, ils ont lancé une attaque et
12 qu'il n'y avait plus de Serbes à Konjevic Polje ?
13 R. Il n'y avait plus de Serbes à Konjevic Polje, mais il y avait la route
14 qui est passée par là. La route entre Milici et Zvornik passait par
15 Konjevic Polje, et c'est là qu'ils ont arrêté des Serbes, et c'est là qu'il
16 y a eu des victimes serbes.
17 Q. Je vous remercie. Vous souvenez-vous qu'ils aient attaqué un convoi de
18 camions qui transportait des minerais en provenance d'une mine et qu'ils
19 ont tué et pris des prisonniers ?
20 R. C'était du minaret d'aluminium qu'on transportait sur Zvornik et il y a
21 eu un incident, comme vous venez de le décrire, oui, et je crois que le
22 chauffeur a été tué.
23 Q. Merci. Pouvez-vous nous parler du juge Goran Zekic ? Qui était-il ?
24 Est-il exact qu'il a été tué le 8 mai dans une embuscade ?
25 R. Goran Zekic était diplômé en Droit. Il était juge au sein de la cour
26 municipal de Srebrenica. Il était le président du Parti démocratique serbe
27 pour Srebrenica, et il était parlementaire. Il a été tué le 8 mai dans une
28 embuscade.
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1 Q. Merci. Il était membre de l'assemblée conjointe, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. Comment est-ce que ceci a affecté l'atmosphère générale à Bratunac ?
4 R. Avec Deronjic, il était la personne la plus importante de cette région.
5 C'est que Miroslav était pour Bratunac, Zekic était pour Srebrenica, et
6 n'oublions pas que c'est très près, à dix kilomètres. Donc il s'agissait
7 des deux personnalités serbes les plus importantes dans la région, et donc,
8 bien sûr, cet incident a été perçu de façon très négative pour les Serbes à
9 Srebrenica et à Bratunac.
10 Q. Merci. Est-il vrai que le 9 mai, donc un jour plus tard, il y a eu une
11 tentative de faite pour désarmer la population de Glogova, ceci ayant été
12 fait par la JNA, en partie le Corps de Nova Kasaba, et la Défense
13 territoriale, ainsi que la police ?
14 R. Je crois que c'était en réponse à l'assassinat de Goran, c'est-à-dire
15 cette tentative pour désarmer la population de Glogova le 9 mai.
16 Q. Merci. Vous vous souvenez que le 3 u le 4 mai, à Hranca, donc à
17 l'entrée de Bratunac, une colonne de la JNA a été attaquée ? Alors qu'elle
18 regagnait la Serbie du centre de la Bosnie.
19 R. Oui. La JNA quittaient le centre de la Bosnie et d'autres parties de la
20 Bosnie, et regagnait la Serbie, et donc passait par Bratunac, et c'est là
21 que la colonne a été attaquée.
22 Q. Merci. Donc il y a eu des incidents, certains qui se sont déroulés
23 avant le 17 avril et d'autres après. Le point culminant a été le 8 et le 9
24 mai; est-ce exact ?
25 R. Oui. L'assassinat de Goran Zekic et le désarmement de Glogova.
26 Q. Merci. Je serais bref maintenant, ces paramilitaires, ce sont-ils tout
27 d'abord présentés comme des réservistes, est-ce que certains étaient en
28 fait des renégats, des rebelles ? Est-ce que certains ont été placés sous
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1 le commandement de l'armée serbe, et d'autres ont été expulsés ? Pouvez-
2 vous nous expliquer comment ça s'est passé ?
3 R. Personne ne pensait qu'ils faisaient partie de l'armée, personne. Je
4 vais répondre brièvement.
5 Il s'agissait d'individus venus de Serbie, des personnes qui avaient été
6 sur le front en Croatie -- je ne sais pas.
7 Pour nous, quel aspect avaient-ils ? Ils voulaient piller. Il y a une chose
8 que je n'ai pas dite. Parmi ces volontaires, il y avait deux femmes
9 également. Une s'appelait Dragana, et il a été allégué que certains des
10 Musulmans qui faisaient l'entraînement là avec les ZNG les avaient violées,
11 et on disait qu'elles étaient venues pour se venger et on disait également
12 qu'elles avaient trouvé les hommes qui avaient commis ces actes. Mais aucun
13 de ces volontaires n'ont pu sortir de Bratunac en vie. Ils ont tous été
14 tués. Ils ont payé de leurs vies.
15 Q. Merci. Donc au moins deux des Musulmans qui ont été tués étaient
16 victimes de vengeance pour les viols qu'ils avaient commis en Croatie ou au
17 camp d'entraînement avec les ZNG; est-ce exact ?
18 R. C'est ce qu'il se disait. On pensait qu'il était normal de voir les
19 hommes, mais on a été surpris de voir des femmes faisant partie des
20 paramilitaires, et ensuite on entend dire que la raison pour laquelle elles
21 avaient rejoint les paramilitaires c'était justement pour venir essayer de
22 trouver les hommes qui les avaient violées en Croatie.
23 Q. Merci. Nous avons entendu des témoins musulmans dirent que des
24 personnalités serbes locales, des responsables du gouvernement, avaient dit
25 aux Musulmans de rester chez eux, de rester à l'abri et d'être patient en
26 attendant que les autorités puissent se débarrasser des formations
27 paramilitaires. Avez-vous des connaissances personnelles quant à cela ?
28 R. Je peux vous dire que les formations paramilitaires ne me donnaient pas
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1 du tout le sentiment d'être en sécurité. J'avais peur également. Je n'ai
2 pas dit aux Musulmans de se mettre à l'abri, même si c'était la bonne chose
3 à faire. Je le dis, parce que ceux qui ont essayé d'aider avec les
4 meilleures intentions, c'était comme -- ça se retournait contre soi, parce
5 qu'il s'avérait que ni bon pour les Musulmans ni pour soi-même. Peut-être -
6 - on ne pouvait pas aider les autres. Si on le faisait, c'était au péril de
7 sa propre vie.
8 Q. Pouvez-vous expliquer la situation -- ou les situations que vous avez
9 connues vous-même qui montreraient clairement que -- et les Serbes et les
10 Musulmans craignaient ces groupes ? Avez-vous connu de telles situations où
11 vous avez essayé de sauver des Musulmans ?
12 R. J'ai voulu aider un ami, un ami proche, qui était aussi un collègue qui
13 s'appelait Resid Sinanovic. J'ai cherché à l'aider en demandant à Deronjic,
14 à la demande de mon ami, de fournir des laissez-passer pour Resid et sa
15 famille car ils voulaient quitter Bratunac, ils voulaient rejoindre son
16 frère qui se trouvait à Skopje, il était capitaine dans la JNA. Il lui a
17 dit que la situation lui semblait ne pouvoir qu'empirer et qu'il voulait
18 partir.
19 C'était le 5 mai. Je m'en souviens, parce que le nom de mon -- ma fête
20 était le 5 mai -- c'était le 6.
21 J'ai essayé d'expliquer à Miroslav. Le lendemain, Miroslav m'a donné des
22 laissez-passer, quatre laissez-passer. Je lui dis : Vous devez les remplir.
23 Je me suis rendu à l'appartement de Resic. Il y avait sa femme, ses deux
24 fils, ainsi que lui-même. Nous avons donc rempli ces laissez-passer, qui
25 étaient en blanc. Il m'a dit qu'il avait l'intention d'aller à Bjelovac où
26 habitaient ses parents. Il était autour de midi, le 6, il allait décider de
27 partir tout de suite ou de partir le lendemain pour Skopje. Sa voiture
28 n'était pas en très bon état, c'était une Fico, F-i-c-o, il a fini par
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1 décider de partir le lendemain, c'est-à-dire le 7.
2 Par la suite, il m'a raconté son histoire. Il a traversé le pont à
3 Ljubovija, c'est-à-dire à environ trois kilomètres de Bratunac, pour
4 traverser la Drina. Il a pénétré en Serbie, à Ljubovija, à côté d'un motel
5 qui se trouve à trois kilomètres du pont. La police de Ljubovija
6 l'attendait, l'arrêtait et l'a contraint à retourner sur Bratunac. Ils
7 l'ont fait retraverser le pont.
8 De Bratunac, il est parti à Bjelovac, et il est passé par les
9 collines pour emmener sa femme et ses enfants, les mettre en sécurité à
10 Zenica.
11 Q. Donc les laissez-passer de Deronjic ne lui ont pas beaucoup aidé pour
12 traverser la rivière.
13 R. Non, pas en Serbie, mais je ne sais pas pourquoi. Notre police ne lui a
14 pas permis de traverser le pont, et le policier en question le connaissait.
15 Il avait été chef de police avant la guerre. Donc notre policier l'a laissé
16 partir, mais c'est le policier à Ljubovija qui l'a contraint à rebrousser
17 chemin.
18 Q. Merci. Vous avez également connu des situations avec votre famille et
19 vos parents. Ils ont essayé d'aider d'autres personnes.
20 R. On vivait là depuis des années. On était voisin, tout le monde
21 cherchait à aider les autres. Mais il y a eu beaucoup de situations où on a
22 voulu aider quelqu'un mais il aurait été mieux de ne pas le faire, parce
23 que ceux qu'on a aidés par la suite ont été tués.
24 Q. Merci. Est-il exact qu'à ce moment-là, il y avait des rumeurs comme
25 quoi chaque Musulman s'était vu désigné un Serbe qu'il devait tuer, alors
26 que vous, dans la ville, vous dites vous vous aidez les uns les autres ?
27 R. Il y avait beaucoup de rumeurs qui couraient, toute sorte de choses. On
28 se disait toute sorte de choses des deux côtés.
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1 Q. Merci. Est-il vrai qu'à l'époque, au mois de mai, les Musulmans dans la
2 région autour de Bratunac non pas à Bratunac, non pas à Bratunac même mais
3 autour, ont érigé des barricades, faisant que Bratunac était complètement
4 séparé du reste du territoire de la Bosnie-Herzégovine, et de la Republika
5 Srpska ?
6 R. Les Musulmans avaient quitté Bratunac. En ce qui concerne les routes,
7 Bratunac ne pouvait communiquer qu'avec la Serbie, parce que, dans la
8 direction de Konjevic Polje, il y avait des Musulmans, en fait, il y avait
9 un village musulman sur la route. Donc, pendant un certain temps, Bratunac
10 n'avait vraiment aucune route ouverte, et celle-ci allait vers la Serbie.
11 Q. Merci. Est-il vrai qu'au début du mois de mai, vous avez reçu quelque 5
12 000 Serbes qui avaient fui Srebrenica, et qu'à ce moment-là, les Serbes
13 venant de Zenica, c'est-à-dire du centre de la Bosnie commençaient à
14 affluer ?
15 R. Oui. Bratunac a absorbé tous les Serbes venus de Srebrenica, c'était je
16 crois près de 5 000 personnes, qui venaient donc de la municipalité de
17 Srebrenica. En même temps, des Serbes venant de certaines municipalités du
18 centre de la Bosnie sont arrivées ainsi que des personnes venant de Zenica,
19 entre autres.
20 Bratunac a dû accueillir entre 5 et 6 000 réfugiés, à ce moment-là.
21 Q. Vers le 1er ou le 2 mai, Gojko Stjepanovic a été tué, n'est-ce pas, et
22 le 8 mai, Zekic, et par la suite, il est devenu évident qu'on éviterait
23 difficilement la guerre ?
24 R. La première victime serbe, ça a été pas Gojko Stjepanovic mais Gojko
25 Jovanovic, du village de Bljeceva, et Milo Zekic et sa femme. C'était ça
26 les premières victimes. Ça s'est passé autour du 1er mai -- 1er, 2 mai,
27 c'étaient les premières victimes serbes, en 1992.
28 Q. Merci. Est-il exact de dire que, pendant cette période-là, les
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1 autorités municipales n'avaient pas la possibilité de se débarrasser de ces
2 paramilitaires, que même des Serbes ont vu se sont faits traîner dans
3 Bratunac, ont été giflés publiquement, et cetera.
4 R. Je l'ai dit, ces paramilitaires étaient, pas seulement difficiles pour
5 les Musulmans, ils l'étaient aussi pour les Serbes, et je vous en parle
6 d'expérience par rapport à mon expérience personnelle. Personne ne pouvait
7 avoir d'influence sur eux. Ils étaient armés, ils prenaient des voitures,
8 et ils circulaient sans arrêt, roulaient partout en voiture. Vu leur
9 comportement, on se dit que ce serait la voiture la principale arme dans
10 cette guerre, mais après, ils ont dû arrêter, ils ont tous perdu la vie, en
11 fait.
12 Q. Dans la police du côté serbe, qui était le numéro 1, était-il prêt à
13 faire quelque chose pour s'opposer à ces gens-là ?
14 R. A l'époque c'était Milutin Milosevic, qui était le commandant de la
15 police serbe de Bratunac. Le connaissant, c'était le seul qui voulait les
16 maîtriser, les contrôler, mais, malheureusement, il a eu une embuscade dans
17 le village de Sandici, en surplomb de Kravica, et il a été tué, lui, et 11
18 autres Serbes, à cette occasion. Je pense que véritablement, il était le
19 seul déterminé à se débarrasser de ces paramilitaires et, malheureusement,
20 il a perdu la vie très tôt; ça a été très mauvais pour nous aussi.
21 Q. Ça a été une embuscade qu'on a tendue, au tout début, en 1992, à
22 Sandici, donc lui et 11 autres Serbes ont perdu la vie, à ce moment-là.
23 R. Oui, je pense qu'il y en a eu 11 autres.
24 Q. D'accord. Après cette arrivée des paramilitaires, enfin, j'aimerais
25 savoir comment ils péri, eux, généralement.
26 R. Mais, écoutez, ils roulaient à fond en voiture, entre Srebrenica et
27 Bratunac, et puis une fois, il y a eu une embuscade tendue à Potocari par
28 les Musulmans. Donc ils en ont tué deux, je pense, ensuite vers Glogova,
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1 vers Kravica. Tout ça s'est passé dans des voitures. Ils ont tous perdu la
2 vie en voiture.
3 Q. Avant cela, il y avait un homme qu'on appelait Makedonac, un
4 Macédonien, ensuite il y en a eu qui sont venus du Monténégro.
5 R. Il y a eu toute sorte de paramilitaires, à Bekija, puis à Mijovic
6 [phon]. Je ne sais pas trop qui ils sont, d'où ils sont.
7 Q. Merci. Est-il exact de dire que même Deronjic a été roué de coups par
8 eux ?
9 R. Oui, oui. Je peux même vous donner des noms de personnes très en vue de
10 Bratunac qui ont reçu des coups, qui ont subi des mauvais traitements.
11 Q. Merci. Donc si vous voulez aider un Musulman, en fait, il fallait lui
12 demander de n'en parler à personne, parce que, sinon, on risquait soi-même
13 de recevoir des coups.
14 R. Ecoutez, il est très difficile de parler de cela. On osait rien. On
15 n'osait même pas imaginer, enfin laissez entendre de loin qu'on envisageait
16 des Musulmans.
17 Q. Merci. Est-ce que, d'après vos souvenirs, Deronjic vous a demandé
18 également à un moment donné ? Est-ce que vous vous souvenez qu'il est venu
19 nous voir quand nous sommes venus à Zvornik, qu'il est venu demander de
20 l'aide pour qu'il se débarrasse de deuxième groupe de rebelles ou de
21 renégats dans la municipalité ?
22 R. Très souvent j'ai eu l'occasion de parler à Deronjic. Je vous ai dit :
23 On habitait à côté, c'était mon voisin le plus proche. Je lui disais : Mais
24 est-ce que vous pouvez maîtriser ces gens-là, mettre fin à ces activités
25 des paramilitaires, moi et son feu père ? Il essayait d'intervenir auprès
26 de lui. Faites quelque chose.
27 Parce qu'il y a eu des Musulmans qui sont venus voir son père, il faut
28 savoir que son père était assez respecté. Il avait été directeur de la
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1 coopérative après l'autre guerre, et il est originaire du village de
2 Magasici, qui jouxte le village de Glogova. Il y avait pas mal de Musulmans
3 qui venaient voir Milan, donc le père de Miroslav, pour qu'il intervienne
4 auprès de Miroslav pour que ces comportements débridés soient terminés.
5 J'ai du mal à vous décrire cette situation.
6 Ces unités paramilitaires il faut savoir que je ne les voyais pas d'un bon
7 œil, et je n'ose même pas imaginer comment se sentaient les Musulmans face
8 à eux.
9 Q. Ils ont roué de coup le commandant de la brigade, n'est-ce pas, et
10 Mauzer est entré en conflit avec eux, parce qu'ils ont arrêté, capturé un
11 de ses soldats et puis il a pris des transporteurs pour les monter contre
12 eux ? Est-ce que vous êtes au courant de ce conflit ?
13 R. Ça a été un conflit avec Mijovic. Je vous en ai déjà parlé. C'est de la
14 Sûreté de l'Etat de Serbie qu'il a été dépêché chez nous, il avait ses
15 hommes à lui. Vous aviez des gens respectés de Bratunac qui ont été emmenés
16 par lui et roués de coup. Branko Obrenovic, par exemple, un homme qui à
17 l'époque avait plus de 50 ans, qui a été roué de coup par lui; puis Dragan
18 Trisic, qui est devenu l'adjoint du commandant chargé de la logistique. Il
19 ne lui donnait pas de carburant, il ne lui a pas donné de carburant, donc
20 il a subi des coups. Puis un autre Radic, Zoran, et je pourrais vous donner
21 d'autres noms d'hommes respectés, battus par Mijovic et par ses hommes.
22 Q. Une autre question : Est-il exact de dire qu'on a scellé des
23 appartements, des logements, des maisons abandonnées par des Musulmans et
24 c'est ce qui a été fait par les autorités locales pour que ce soit restitué
25 aux Musulmans à leur retour, et à ce moment-là, vous avez reçu 7 - 8 000 de
26 réfugiés ?
27 R. Oui, au départ, on les a [inaudible], mais après, vous avez un tel
28 influx de réfugiés de Srebrenica qu'on a rien pu contrôler à partir de ce
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1 moment-là. Les gens y rentraient dans des maisons abandonnées par les
2 Musulmans et ils rentraient dedans de leur propre chef.
3 Q. Je vous remercie.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vois l'heure, Excellences; est-ce que nous
5 continuons, ou nous faisons une pause ? Je vais pouvoir aborder d'autres
6 sujets après la pause.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Trente minutes d'interruption. Nous
8 reprendrons à 11 heures.
9 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.
10 --- L'audience est reprise à 11 heures 02.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Harvey.
12 M. HARVEY : [interprétation] Monsieur le Président, je tiens à présenter
13 Mlle Tatiana Janko -- excusez-moi, je prononce mal, Jancarkova, qui
14 travaille depuis plusieurs mois en tant que conseillère juridique de mon
15 équipe, qui nous aide énormément.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
17 Monsieur Karadzic.
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Excellence.
19 M. KARADZIC : [interprétation]
20 Q. Monsieur le Témoin, je vais essayer d'arriver au plus rapidement aux
21 événements de 1995. Je vais essayer de vous présenter donc les autres
22 questions de telle façon que vous seriez en mesure de répondre par un oui
23 ou un non, si possible; sinon, vous allez nous apporter des explications
24 supplémentaires.
25 Donc début avril, avant l'arrivée de ces guerriers à bord de véhicules de
26 Croatie, de Serbie, est-ce qu'il est vrai que les Bérets verts se sont
27 manifestés également sur les routes, dans les rues ? Est-ce qu'ils ont
28 arrêté des gens, des voitures, et cetera ?
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1 R. Oui.
2 Q. D'accord, merci. Est-il exact de dire que Glogova comptait à peu près 2
3 000 habitants, et qu'après cette action de désarmement, qu'il y a eu entre
4 50 à 60 personnes qui ont été tuées mais que vous ne savez pas comment ?
5 R. Je sais que 60 personnes ont été tuées, mais je ne sais pas les détails
6 de la chose.
7 Q. Merci. Est-il exact de dire qu'en décembre 1992, à Bjelovac, un
8 village, majoritairement peuplé de Serbes, est-ce qu'il est vrai qu'il y a
9 eu plus de 100 civils qui ont été tués ?
10 R. Oui, en une journée.
11 Q. Avant cela, ils ont tué 35 personnes près de Bratunac; c'est bien cela
12 ?
13 R. Oui, dans ce même village de Bjelovac.
14 Q. Merci. Est-il exact de dire que, du temps de l'ancien système, chacune
15 de nos municipalités comptait une Brigade de Défense territoriale, et que
16 le maire était d'office le président du Conseil chargé de la Défense, et
17 pour ainsi dire un commandant en civil de cette brigade ?
18 R. Oui, il est exact de dire que chaque municipalité avait sa Défense
19 territoriale. Quant à savoir si c'était de la taille d'une brigade, je ne
20 le saurais pas, mais ils avaient une Unité de Défense territoriale et je ne
21 sais pas non plus si le président de la municipalité était son commandant,
22 mais effectivement, il y avait une Défense territoriale.
23 Q. Merci. Au niveau municipal, dans les différentes usines, est-ce que la
24 Défense territoriale avait son armement qui était généralement entreposé
25 dans des entrepôts prévus à cet effet ?
26 R. Oui, oui, ils avaient leurs entrepôts, leur dépôt, et ils avaient là
27 leurs uniformes, leurs équipements, leur armement.
28 Q. Est-il exact de dire que le président du Conseil exécutif, c'est-à-dire
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1 du gouvernement municipal, était le chef de la protection civile, sans
2 qu'il soit un militaire ?
3 R. Oui.
4 Q. Merci. Est-il exact de dire que ces Unités municipales de Défense
5 territoriale sont devenues des Brigades municipales par la suite, tout en
6 gardant comme nom, le nom de la municipalité, et que c'est la municipalité
7 qui le plus souvent leur a fourni tout le soutien logistique ?
8 R. Oui. Je ne sais pas à quel moment la Défense territoriale s'est
9 transformée pour devenir militaire. Je ne sais pas à quel moment, par
10 exemple, la Brigade de Bratunac a commencé à s'appeler ainsi. Et autre
11 chose ?
12 Q. Et la municipalité --
13 R. Oui, vous voulez dire la logistique, oui, tout à fait. C'était la
14 logistique, c'était la municipalité, pardon qui devait fournir les vivres,
15 les vêtements, les cigarettes, en fonction de ses moyens par rapport à ses
16 possibilités locales, de ses entreprises locales.
17 Q. Merci. Ai-je raison de dire que, pendant la guerre, j'ai fait
18 comprendre à l'état-major que les municipalités étaient susceptibles de
19 donner davantage, s'il s'agissait de leurs propres enfants, qui étaient
20 enrôlés dans ces brigades, qu'elles seraient susceptibles de donner à un
21 niveau central.
22 R. Oui, je pense que là vous aviez raison de dire cela.
23 Q. Merci. Est-ce que vous êtes d'accord pour confirmer que les cellules de
24 Crise sont quelque chose qui est créé même par exemple en temps
25 d'intempérie ou de neige, comme maintenant, et que c'est simplement une
26 émanation des autorités en place que les membres de cellule de Crise en
27 sont membres d'office de par leur fonction, qui ne constituent pas de
28 nouvelles instances de pouvoir.
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1 R. Mais je pense que ces cellules de Crise se composaient de maire, de
2 chef de gouvernement local, de représentant du ministère de la Défense, de
3 la Protection civile, donc de personnes qui étaient déjà en place,
4 occupaient différents postes. C'était comme ça que ça s'est passé au début.
5 Q. Merci. Donc convenez-vous que ces cellules de Crise ont été constituées
6 pour éviter les délais de 15 jours, pour pouvoir convoquer des réunions
7 lorsque tout délai a été abrogé, et tout horaire régulier de travail, donc
8 où finalement les gens ont dû être de permanence en permanence.
9 R. Oui.
10 Q. Maintenant, comme il y a eu beaucoup de neige, est-ce que vous êtes
11 d'accord pour dire que chez nous, on a de nouveau fait appel aux cellules
12 de Crise qui fonctionnent ?
13 R. Oui, oui, ce sont en fait les cellules qui sont prévues pour
14 fonctionner dans des situations d'intempérie ou de catastrophe naturelle.
15 Ce n'est peut-être pas le même mot, mais le fonctionnement est le même.
16 Q. Merci. Parlons maintenant si vous voulez bien de l'année 1994. A ce
17 moment-là, on a fait appel à vous, en tant qu'expert, même si vous étiez
18 membre de la partie d'opposition pour vous charger du pouvoir local.
19 R. C'est l'assemblée municipale qui nomme le chef du Conseil exécutif. Il
20 y avait un autre candidat, qui s'est présenté, je l'ai emporté, et donc
21 j'ai été nommé par l'assemblée municipale à ce poste.
22 Q. C'est le SDS qui était majoritaire dans cette assemblée ?
23 R. Oui, il y avait la majorité absolue de son côté.
24 Q. Merci. Est-ce que vous vous souvenez que moi-même et d'autres membres
25 du SDS avons demandé pendant la guerre que la question de confiance soit
26 posée à un moment donné, et que même le chef de la police a perdu son
27 poste, non pas parce qu'il se serait mal comporté, mais parce qu'il n'a pas
28 pu empêcher les pillages ? Est-ce que vous vous souvenez, il y a eu un vote
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1 de confiance, et le gouvernement municipal a été modifié partiellement à ce
2 moment-là ?
3 R. Les autorités civiles ont fonctionné pendant la guerre, conformément à
4 la loi, entièrement. On en a nommé des directeurs, des chefs de police, et
5 tout ce qui était normal. Bien sûr, si quelqu'un manquait à ses obligations
6 au niveau de travail ou à son poste, il était remplacé, et cetera. Enfin,
7 les autorités civiles ont fonctionné correctement.
8 Q. Merci. Avez-vous appris à un moment donné que, dans les environs de
9 Srebrenica, il allait y avoir certaines actions ? Est-ce que c'est quelque
10 chose que vous apprenez avant que l'action n'ait lieu ?
11 R. Vous parlez du mois de juillet 1995 ?
12 Q. Oui, tout à fait, on parle du juillet 1995.
13 R. Ecoutez, on était au courant de cette action. L'armée en parlait, et
14 ils étaient au courant, et naturellement, on a tous des proches, quelqu'un
15 à la maison, et on savait qu'il allait y avoir cette opération pour séparer
16 les enclaves, l'enclave de Srebrenica de l'autre.
17 Q. Donc ça, c'était ça l'objectif.
18 R. Oui, qu'il allait y avoir une action dans le but de séparer les
19 enclaves de Zepa et de Srebrenica, et ce pour réduire la taille des
20 enclaves, et pour mieux pouvoir contrôler les enclaves. Parce qu'il y avait
21 des actions de sabotage menées par des Musulmans depuis ces enclaves contre
22 la population civile des villages. Pour pouvoir contrôler cela, il a été
23 question de lancer l'action Srebrenica.
24 Q. [aucune interprétation]
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.
26 Ralentissez, Monsieur Karadzic. Donc il s'agissait de séparer les enclaves,
27 c'était une partie de votre question, ce n'était pas une partie de sa
28 réponse.
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1 Ménagez une pause entre la question et la réponse, s'il vous plaît,
2 et évitez que vos voix ne se chevauchent.
3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais que ce soit traduit au témoin.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Davidovic, vous m'avez entendu.
5 Je souhaite qu'il y ait une pause avant le début de votre réponse, après la
6 question, pour que les interprètes puissent traduire.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ferai de mon mieux.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Avec tout le respect qui est dû, le témoin a
9 été le premier à évoquer la séparation des enclaves, à la dernière ligne de
10 la page 40, et c'est à ce moment-là que j'ai demandé si tel était le but de
11 cette séparation.
12 M. KARADZIC : [interprétation]
13 Q. Donc conviendrez-vous avec moi que l'accord, envisagé selon lequel la
14 route Zeleni Jadar-Podravanje-Skelani, entre les enclaves, tombait sous le
15 coup de l'accord, et que ceci a été séparé à cause de l'élargissement
16 illicite des enclaves ?
17 R. Oui.
18 Q. Merci. A un moment donné, lorsque ces actions -- pardon, je recommence.
19 Etes-vous d'accord avec moi que c'était, à ce moment-là, que ces actions
20 ont commencé entre les enclaves, Zeleni Jadar et ainsi de suite, c'est-à-
21 dire au sud de Srebrenica ?
22 R. Oui, au nord c'était la Serbie et Bratunac. Donc du territoire sous le
23 contrôle serbe au sud, c'est là que se situaient les enclaves musulmanes.
24 Ceci toujours en rapport avec Bratunac.
25 Q. Merci. Vous avez parlé d'actions lancées à partir de Srebrenica. Etiez-
26 vous au courant de l'existence de la 28e Division qui, auparavant, était
27 connue comme étant le 8e Groupe opérationnel ? Saviez-vous qui en était le
28 commandement, et saviez-vous qu'il menait des descentes et des actions
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1 fréquentes dans les territoires serbes ?
2 R. Oui, je le savais. Les gens étaient au courant de leur existence, on
3 savait qu'il y avait environ 7 000 hommes, sous le commandement de Naser
4 Oric.
5 Q. Est-ce qu'il y a eu des tragédies lorsqu'on quittait les enclaves et on
6 s'aventurait dans des villages des Serbes, et qui étaient les victimes dans
7 ces villages pour la plupart ?
8 R. Ils ont quitté les enclaves à plusieurs reprises pour mener des
9 attaques contre les villages serbes, et dans ces villages, c'est surtout la
10 population civile qui s'est trouvé attaquée.
11 Q. Merci. Avez-vous le souvenir d'actions précises de ce genre ?
12 R. Il y en a eu plusieurs, et je me souviens d'une action particulière
13 vers la période de Noël à Kravica en 1993, une autre contre Fakovici, à
14 Skelani. Il s'agissait d'attaques de descente menées à partir des enclaves
15 qui ont fait entre 20 et 60 victimes à chaque fois. Il y avait plusieurs
16 attaques surprises de ce type sur des villages serbes à partir des
17 enclaves.
18 Q. Est-il vrai qu'ils n'ont pas épargné la vie des femmes, des enfants ou
19 du bétail ? S'ils ne pouvaient pas l'emporter, ils se contenaient de tuer ?
20 R. Il s'est passé toutes sortes d'horreur. Meurtre, mise à feu de maisons,
21 pillage, vraiment ce qui a de pire.
22 Q. Est-il vrai qu'il y a un grand cimetière où leurs victimes étaient
23 enterrées et qu'il y a des femmes et des enfants qui sont enterrés dans le
24 cimetière, les victimes de l'Unité d'Oric ?
25 R. La plupart des gens des municipalités de Srebrenica et de Bratunac ont
26 été enterrés dans ce cimetière, parce que Srebrenica a été capturée, et la
27 taille du cimetière de Bratunac est beaucoup plus grande que ce qui serait
28 nécessaire pour une ville de la taille de Bratunac, qui environ 7 000 âmes.
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1 Q. Merci. Vous étiez président du gouvernement local lorsque vous vous
2 êtes rendu à Pribicevac; est-ce exact ?
3 R. Oui.
4 Q. Mme West a dit que vous avez eu une rencontre fort désagréable avec
5 Mladic, qui n'était pas du tout respectueux envers les autorités civiles,
6 et qu'il voulait que vous descendiez dans les tranchées.
7 R. Oui. Il a été très désagréable, et il m'a traité avec beaucoup
8 d'arrogance, même si je lui ai dit qui j'étais. Que je lui ai dit que
9 j'étais président du Comité exécutif de la municipalité de Bratunac, il n'a
10 jamais manifesté le fait qu'il savait qui j'étais. Il l'a manifesté le
11 lendemain seulement, mais il était ainsi. C'est comme ça qu'il traitait les
12 gens, et ce n'était pas uniquement moi qu'il traitait de cette façon. Il
13 traitait ses propres hommes et d'autres personnes de cette façon.
14 Q. Est-ce que vous êtes d'accord que ce n'est pas une attitude personnelle
15 envers vous ? C'était précisément la question que je voulais vous poser,
16 plutôt, nos officiers étaient plus proches des partis de la gauche que du
17 SDS.
18 R. Je ne sais pas si c'est ça qui l'avait agacé. Je n'étais pas en
19 uniforme à l'époque. J'étais en tenue civile, et peut-être que cela l'a
20 agacé également pourquoi j'étais là en tenue civile alors qu'on était en
21 pleine guerre.
22 Q. Merci. Toutefois, est-ce que vous pensez que lui pensait que vous étiez
23 membre du SDS puisque vous faisiez partie du gouvernement ? Etes-vous
24 d'accord que notre armée était plus proche des partis de la gauche ?
25 R. Oui. Alors est-ce qu'il a pensé que j'étais membre du SDS, peut-être
26 qu'on trouvait un peu étrange que je ne faisais pas partie de cette faction
27 politique, et que j'ai été néanmoins en poste, que j'avais un poste
28 politique. C'est peut-être ce qu'il a pensé aussi.
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1 Q. Merci. Est-ce que vous pensiez -- ou est-ce que vous saviez que leur
2 armée s'était retirée de Srebrenica et que notre armée était entrée dans la
3 ville sans faire face à une vraie résistance ?
4 R. Il y a eu un peu de résistance, mais pas ce à quoi on s'attendait. Ce
5 n'est que le lendemain que j'ai compris que l'armée s'était retirée,
6 s'était repliée ailleurs -- ou plutôt, que l'armée ne défendait pas
7 Srebrenica.
8 Q. [aucune interprétation]
9 L'INTERPRÈTE : Microphone.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, votre microphone,
11 s'il vous plaît.
12 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
13 M. KARADZIC : [interprétation]
14 Q. Dans cette conversation, qui a été enregistrée le 25 février et dans
15 d'autres déclarations, vous dites - et vous l'avez dit dans cette entrevue
16 de 15 à 16 000 civils - et plus tard ce chiffre était porté à 20 000 - sont
17 donc arrivés à Potocari. Il s'agit de civils musulmans, qui sont arrivés
18 donc à Potocari; est-ce exact ?
19 R. C'est ce que j'ai pu estimer. C'était très difficile de donner des
20 chiffres exacts, de faire une estimation exacte. C'était des flots de
21 personnes qui arrivaient à un lieu donné. S'agit-il de 16 000 personnes ?
22 S'agissait-il de 20 000 personnes ? Une chose est sûre, c'est qu'il y avait
23 énormément de personnes. En tout cas, ce n'est pas une exagération. Peut-
24 être que le chiffre que j'aie indiqué était inférieur à ce qui s'est passé
25 dans la réalité.
26 Q. Merci. Vous êtes venu donc en tant que représentant des autorités
27 municipales pour voir si les soldats avaient besoin de quoi que ce soit.
28 C'était en liaison avec ce qui se passait à Srebrenica; est-ce exact ?
Page 24404
1 R. La brigade demandait beaucoup de choses, ce qui était inhabituel. De la
2 nourriture, des civils, des uniformes, des bottes, et ainsi de suite.
3 Lorsque je me suis rendu à Pribicevac où il y avait un bataillon, et
4 c'était le 3e Bataillon. Leur emplacement était le plus difficile de tous,
5 et je voulais voir ce qu'il en était du point de vue de la nourriture, des
6 cigarettes, et ainsi de suite.
7 Q. Donc vous, vous êtes rendu là à titre officiel, tout comme vous aviez
8 été informé en raison de vos responsabilités officielles du fait qu'il y
9 avait des civils, beaucoup de civils, à Potocari, et qu'il était nécessaire
10 de s'occuper des malades. Comme vous l'avez dit dans votre entrevue, des
11 personnes étaient sur place et devaient être ravitaillées avec de la
12 nourriture et de l'eau.
13 Pouvez-vous nous dire ce que vous avez fait là, vous en qualité d'officiel
14 ?
15 R. A la réunion à l'hôtel Fontana du 12, on nous avait confié une mission
16 spécifique -- ou plutôt, lorsqu'il est apparu que les Musulmans de
17 Srebrenica ne voulait pas rester dans la zone, c'est à ce moment-là qu'ils
18 ont dit de façon officielle qu'ils voulaient quitter la zone, C'est à ce
19 moment-là que le général Mladic nous a dit : Vous, qui représentez les
20 structures civiles, vous devez déployer tous vos efforts pour aider la
21 population civile de Potocari en termes de logistiques, avec un
22 approvisionnement de l'eau, de la nourriture, prodiguer les soins de santé,
23 et la réunion était presque terminée. Cela devait être entre 11 heures et
24 11 heures 30.
25 Moi-même et le président de la municipalité, M. Simic, nous nous sommes
26 rendus à la municipalité, nous avons dressé un plan pour venir en aide à la
27 population à Potocari. Pour ce faire, nous avons mobilisé deux camions-
28 citernes, l'une dans la municipalité et l'autre des sapeurs-pompiers.
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1 Tout le pain qui avait été produit par notre boulangerie devait être envoyé
2 sur place. A la Croix-Rouge, nous avons trouvé quelques aliments, je crois
3 que c'étaient des gâteaux, et tout devait être envoyé là-bas. Mais nous
4 avons estimé que ce n'était pas suffisant, donc dans la République serbe
5 avoisinante, nous avons demandé à la municipalité de Ljubovija, qui se
6 trouve à six kilomètres de Bratunac, de nous aider. Nous leur avons demandé
7 de nous donner ce qu'ils pouvaient -- selon dont ils pouvaient se passer,
8 donc ils nous ont envoyé du pain, un camion-citerne avec de l'eau, et la
9 municipalité de Zvornik également.
10 Le président Simic devait se mettre en rapport avec le Haut-Commissaire des
11 Etats-Unis pour les réfugiés parce qu'ils étaient déjà en contact, et eux
12 aussi devaient participer à cette opération.Deux heures après la fin de la
13 réunion, on était sur place à Potocari avec cet approvisionnement, et on a
14 pu distribuer des vivres aux gens, même si la délégation qui avait
15 participé à l'hôtel Fontana n'était pas sur place. Mandic, le président de
16 la municipalité, Ibro, et une femme qui s'appelait Camila, devaient nous
17 retrouver une fois qu'on arriverait avec l'aide humanitaire, c'était eux
18 qui allaient distribuer l'aide. Mais ils ne sont pas venus, ils ne nous ont
19 pas retrouvés sur place, donc on l'a fait de notre mieux de façon
20 spontanée. Ils auraient sans doute pu le faire de façon plus organisée
21 s'ils nous avaient retrouvés sur place. Ils auraient su comment, mais quoi
22 qu'il en soit.
23 On a essayé de venir en aide à la population au mieux de nos possibilités,
24 et la vérité que c'est ce qu'on a pu faire n'était pas suffisant, mais on a
25 essayé d'envoyer plus encore que ce qu'on pouvait se permettre, et pourtant
26 ce n'était pas assez, vu le nombre des personnes sur place.
27 Q. Je vous remercie. J'aimerais maintenant vous demander d'être précis. Je
28 voudrais être sûr d'avoir bien compris. Saviez-vous que, dans la soirée du
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1 11, il y a eu deux réunions à l'hôtel Fontana, mais vous n'y étiez pas
2 présent; est-ce exact ?
3 R. Oui. C'est exact. C'est uniquement à la réunion du 12, qui a eu lieu à
4 10 h - que j'ai compris qu'il y avait une autre réunion auparavant, une
5 réunion à laquelle seul Nesib Mandic avait participé, Mandic, qui était le
6 président de la municipalité. Cette réunion qui avait eu, je crois, le 11,
7 au soir, mais je n'en suis pas sûr, et il n'était pas moi de dire ce que
8 les gens voulaient. Il avait accepté, sans doute, avec le général Mladic,
9 qu'il se rendrait à Srebrenica et qu'il reviendrait le lendemain avec les
10 informations plus précises sur ce que l'on voulait. C'est ce que j'avais
11 compris à la réunion, que c'était leur position finale, à savoir qu'ils
12 voulaient quitter la zone.
13 Q. Je vais essayer de tirer ça au clair. Il y a une réunion avec
14 Karremans. Ensuite il y a une deuxième réunion avec Karremans et les
15 Musulmans le 11. Avant cela, on ne savait pas si les civils allaient
16 rentrer chez eux ou s'ils allaient s'en tenir à la décision de quitter la
17 zone, et ça, ça été décidé lors de la réunion à laquelle vous étiez
18 présent, à savoir le 12 à 10 h à Fontana; est-ce exact ?
19 R. Oui.
20 Q. Ai-je raison de dire que, jusqu'à ce moment-là, on ne savait pas s'ils
21 allaient partir, et que jusqu'à ce moment-là des autocars n'avaient pas été
22 mobilisées, et que personne ne savait qu'ils allaient très certainement
23 partir.
24 R. Je ne savais pas que ça allait se produire.
25 Q. Merci. Donc vous étiez à Potocari personnellement lorsque ces vivres
26 étaient distribués; c'est exact ?
27 R. Dans le premier convoi que nous avons fait venir, qui transportait donc
28 du pain et de l'eau, et cetera.
Page 24407
1 Q. Pouvez-vous nous dire qui était présent à la réunion le 12 ?
2 R. A l'hôtel. Il y a le général Mladic, le général Krstic, le commandant
3 du Bataillon néerlandais, son adjoint, l'interprète, la délégation
4 musulmane, c'est-à-dire avec Nesib Mandic, le président de la municipalité,
5 d'Ivan Pavlovic [comme interprété], Ibro Nuhanovic et de Camila des
6 autorités civiles de Bratunac. Il y avait Ljubisav Simic, le président de
7 l'assemblée municipale; ainsi que moi-même; et Miroslav Deronjic. Le chef
8 de la sécurité de Zvornik, Vasic, était présent ainsi qu'un officier, je
9 pense qu'il s'agissait d'un colonel de l'armée de la Republika Srpska.
10 Voici donc les personnes qui étaient présentes à cette réunion.
11 Q. Merci. Quelle était la position de Mladic ? Je pense qu'il a été le
12 seul à prendre la parole. Quelle était sa position ? Est-ce que les
13 Musulmans devaient s'exprimer ? Est-ce qu'on leur imposait quelque chose ?
14 R. La réunion a été présidée par le général Mladic, et il a demandé :
15 Quelle est votre décision ? Il leur avait proposé de rester s'ils le
16 souhaitaient dans les zones où ils avaient habité jusqu'à présent, avec
17 pleines garanties de liberté de mouvement dont jouissaient les autres
18 populations, c'est-à-dire les non-Musulmans. Mais les Musulmans seraient
19 tenus de rendre leurs armes, de déposer leurs armes alors que ceux qui
20 avaient du sang sur leurs mains feraient l'objet de poursuite judiciaire.
21 Tous les autres pouvaient rester sur place, vivre en sécurité avec la
22 jouissance des mêmes droits que les autres membres de la population, c'est-
23 à-dire les non-Musulmans. Ils étaient absolument déterminés à quitter la
24 zone.
25 Q. Merci. En ce qui concerne ces premiers départs en 1992, il était
26 quasiment certain que c'était temporaire qu'ils reviendraient par la suite.
27 Etait-il dit qu'ils leur -- la possibilité de revenir un jour, et si
28 c'était le cas, sont-ils revenus par la suite ?
Page 24408
1 R. On n'en a pas parlé à la réunion, mais la situation était la suivante :
2 ceux qui ont voulu revenir ont pu revenir. Ils sont revenus. Tout le monde
3 s'est vu restituer leurs maisons et leurs biens. Beaucoup de maisons ont
4 été réparées. Toutefois, on n'en a pas parlé le 12 à cette réunion, on n'a
5 pas parlé du fait que c'était temporaire ou permanent. S'ils voulaient
6 partir, ils pouvaient partir, et on n'a pas évoqué le caractère permanent
7 ou non de ce départ.
8 Q. Merci. Lorsque vous étiez à Potocari, avez-vous vu un film qui avait
9 été projeté à Potocari ce jour-là, le 12 juillet ? Est-ce que ce film
10 représente fidèlement ce que vous avez vu, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas
11 de pression, pas de tension, que les gens essayaient de trouver une
12 solution à leurs problèmes ?
13 R. J'ai passé environ deux heures sur place, et pendant ce temps-là, je
14 n'ai vu personne en train d'harceler quelqu'un, personne en train de battre
15 quelqu'un d'autre ou d'infliger des mauvais traitements ou des sévices à
16 une autre personne.
17 Comme je l'ai dit, il y avait des masses de personnes. Il y avait
18 aussi les membres du Bataillon néerlandais. Lorsque nous sommes arrivés,
19 les soldats néerlandais étaient alignés sur environ 40 ou 50 mètres. Ils
20 avaient donc en fait créé un cordon entre les personnes venant de
21 Srebrenica de la route où l'armée et la police de la Republika Srpska se
22 déplaçaient, ainsi que d'autres.
23 J'avais compris que le rôle des soldats du Bataillon néerlandais consistait
24 à empêcher qui que ce soit de venir là où il y avait toutes ces personnes
25 et d'empêcher ces personnes d'aller sur la route.
26 En fait, c'est très difficile de bien décrire ce qui se passait à Potocari.
27 Il y avait des gens un peu partout, et il y avait le fleuve, mais pas
28 possible de s'y rendre de la route.
Page 24409
1 Q. Vous avez dit que ces gens étaient là sans trop rien faire de précis --
2 je vais aider les interprètes. Ce n'est pas Pavlovic, il s'agit d'Ibro
3 Nuhabovic, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Est-ce que les gens étaient régimentés ou est-ce qu'ils pouvaient aller
6 et venir à leur guise ? Est-ce qu'ils pouvaient aller partout ? Vous avez
7 bien vu le film ?
8 R. J'ai vu beaucoup de films. On les voit à la télévision également.
9 Q. Est-il exact que les personnes étaient traitées de façon assez stricte,
10 mais, enfin, elles pouvaient quand même déambuler, comme vous l'avez dit
11 vous-même ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez reconnu certaines personnes, n'est-ce pas ?
14 R. Ou ils m'ont reconnu moi, c'est peut-être mieux dit comme ça.
15 Q. Ils vous disaient bonjour, vous avez échangé quelques mots ?
16 R. Oui. J'ai parlé à des gens là-bas.
17 Q. Cependant, n'est-il pas vrai de dire qu'il y avait là un danger réel, à
18 savoir qu'il y avait un risque de vengeance personnelle par rapport à ce
19 qui s'était passé pendant les trois années et demie qui ont précédé ?
20 R. Ecoutez, à Potocari même, il y avait pas mal de militaires de tous
21 genres. Les seuls qui n'étaient pas là, c'étaient les membres de la Brigade
22 de Bratunac. C'était des gens que je ne connaissais pas, alors que je
23 connais ceux qui sont membres de la Brigade de Bratunac. Là, c'était tous
24 des gens inconnus qui faisaient partie d'autres unités. Etait-ce de Zvornik
25 ou de Milici, je ne les connaissais pas -- ou de Vlasenica, peut-être.
26 Donc, je ne pense pas qu'on serait allé se venger là. Comme je viens de
27 vous dire, il y avait pas mal de soldats du Bataillon néerlandais. Enfin,
28 je n'ai pas vu qu'on ait cherché à se venger. Je n'ai vu personne faire ça
Page 24410
1 -- qui que ce soit a tenté de faire subir de mauvais traitements à
2 quelqu'un.
3 Q. Mais je suppose que, quand ils ont constitué ce cordon, c'était pour
4 cela, même si à l'image dans cette vidéo, l'on voit qu'en dépit de cela, il
5 y a eu des gens qui sont passés de l'autre côté.
6 R. Mais, écoutez, ce cordon, on l'a établi sur 50 mètres peut-être, et là
7 où on pouvait passer, où il y avait un peu d'espace, les gens passaient.
8 Puis après, ils avançaient peut-être sur un tronçon de 1 kilomètre.
9 Q. Merci. Alors, est-ce qu'il est exact de dire que vous avez distribué ce
10 que vous aviez et que les gens se sont empressés à prendre cela, et vous
11 avez dit aujourd'hui que c'aurait été mieux que les représentants des
12 autorités musulmanes vous accueillent sur place et qu'ils s'en chargent ?
13 R. Oui, certainement. Ils auraient établi des priorités. Ils connaissaient
14 les gens. Ils sauraient mieux répartir parce qu'ils connaissaient tous ces
15 gens-là. Vous savez comment ça se passe quand vous distribuez quelque
16 chose, les gens se précipitent, sans parler du fait qu'ils avaient faim et
17 qu'ils avaient soif.
18 Q. Merci. Donc vous aviez pas mal d'eau alors que, pour ce qui est du
19 pain, vous étiez limité par les capacités de la boulangerie et par ce que
20 vous avez reçu de cette municipalité de Ljubija en Serbie.
21 R. Ecoutez, il y avait de l'eau, il y avait des sources dans les parages.
22 Il y avait même une rivière. Alors que, pour le pain, ils ne pouvaient pas
23 se débrouiller tout seul, et pour le reste de la nourriture.
24 Q. Merci. Donc on vous a informé également à ce moment-là qu'en tant que
25 protection civile, vous allez devoir vous charger de 47 [comme interprété]
26 à 50 blessés et malades ?
27 R. Oui. A Bratunac, dans le centre médical, nous avions constitué une
28 espèce de dispensaire où nous pouvions recevoir une vingtaine de personnes.
Page 24411
1 Les gens venaient là-bas, et ils se faisaient soigner.
2 Q. Est-ce que vous avez mis cela à disposition de cette population de
3 Potocari, ou est-ce que vous l'avez constitué pour eux ?
4 R. Oui, oui. Nous l'avons constitué à ce moment-là, parce que, sinon, on
5 avait l'hôpital à Zvornik et on allait se faire soigner à Zvornik. Ici,
6 c'était à titre provisoire que nous avons créé ça, juste pour répondre à
7 cette situation.
8 Q. Merci. Est-il exact de dire qu'à partir du moment où on ne filmait
9 plus, quelqu'un a enlevé aux gens -- a pris des gens ce qu'on leur avait
10 distribué précédemment, le pain, et cetera ?
11 R. Ecoutez, c'est complètement insensé de dire cela. D'une part, ça
12 n'aurait pas été possible -- faisable. D'autre part, qu'est-ce qu'on a
13 distribué ? Ecoutez, tout ce qu'on a donné, ça a disparu immédiatement.
14 Mais non, c'est hors de questions.
15 Q. Merci. Alors ce n'est qu'après cette troisième réunion, dans l'après-
16 midi du 12 juillet, que l'on commence à voir arriver des moyens de
17 transport, des camions et des autocars; exact ?
18 R. C'est quelque chose que j'ai vu vers 20 heures. J'étais dans mon
19 bureau, dans les bureaux municipaux, avec Dragan Mirkovic, qui était le
20 directeur de l'entreprise des transports, et nous étions en train de
21 parler, et puis on a entendu du bruit dehors alors que nous, on était au
22 premier étage. On a regardé donc par la fenêtre de mon bureau, on a vu
23 trois autocars garés dans la rue devant le bâtiment municipal.
24 Q. Donc, avant cette troisième réunion de Fontana, dans la matinée du 12,
25 personne n'a donc été évacué de ces gens-là ?
26 R. Oui, c'est cela. L'évacuation n'a commencé que dans l'après-midi du 12,
27 après la réunion. Je vous ai dit que vers 11 h 30, la réunion s'est
28 terminée, les autocars ont commencé à arriver au début de l'après-midi.
Page 24412
1 L'INTERPRÈTE : L'interprète se corrige : Dans l'après-midi.
2 M. KARADZIC : [interprétation]
3 Q. Je voudrais juste préciser une chose. Est-ce que vous étiez présent
4 pendant qu'il y a eu une conversation par téléphone entre moi et Deronjic
5 le 11 ou le 13 juillet ?
6 R. Non, je n'ai jamais été présent pendant que Deronjic avait un entretien
7 avec vous.
8 Q. Alors je fais -- je n'ai pas bien compris. De quel témoin cela venait ?
9 Mais vous avez entendu dire que le 11, Deronjic a été nommé commissaire
10 chargé des affaires civiles de Srebrenica; c'est ce que vous avez entendu
11 dire ?
12 R. Oui, c'est ce que Deronjic m'a dit, oui.
13 Q. Merci. Est-ce que le 13, vous avez également envoyé de l'eau aux
14 Musulmans capturés pendant la percée, les Musulmans rassemblés au pré de
15 Sandici ?
16 R. Non, non, non, attendez. Les autocars garaient devant la mairie, je
17 vous ai dit il y en avait trois. Nous sommes descendus, et nous avons vu un
18 policier devant ces autocars, devant le premier de ces trois autocars.
19 Alors nous lui avons demandé, mais qu'est-ce que c'est que ces gens, d'où
20 viennent-ils, et on nous dit, on vient de les emmener. Mais où vont-ils
21 aller ? On nous répond : Ils vont être échangés à Batkovic. Puis, vers le
22 milieu de l'autocar, il y avait un homme qui a frappé contre la vitre, et
23 j'ai reconnu cet homme, Omo Jahic était son nom, du village de Bljeceva. Il
24 travaillait dans les mines, et il a été un moment député à l'assemblée
25 municipale avant la guerre.
26 J'ai dit à ce policier-là, il y a un homme qui veut me parler; est-ce
27 que je peux monter un petit peu pour lui parler ? Il faisait très chaud.
28 C'était déjà la nuit, il faisait très, très chaud, on suffoquait. Il me dit
Page 24413
1 : Monte. Je suis monté, et je lui dit : Omo, que se passe-t-il ? Il
2 s'adresse à moi en parlant, en m'appelant par mon surnom : Buco, frère,
3 est-ce qu'on peut nous donner de l'eau ? Et donc j'ai demandé qu'on donne
4 de l'eau.
5 En fait, on avait une réserve à la municipalité, il y avait -- ou
6 plutôt, un réserviste en bas, et on avait des bidons de cinq litres d'eau.
7 Alors ce Mirkovic et moi, nous avons donné de l'eau à tous ceux qui étaient
8 dans cet autocar, et puis, dans l'autre autocar également, plus de 50
9 bidons d'eau ont été distribués, à ce moment-là, par nous.
10 Donc c'est peut-être ça, à ça que vous avez pensé quand vous avez dit
11 qu'on a apporté de l'eau à Sandici. En fait, je n'ai jamais emmené de l'eau
12 à Sandici.
13 Q. D'accord. Mais est-ce qu'il est possible que quelqu'un d'autre qui ait
14 fait partie de la protection civile se soit chargé d'emmener ces citernes
15 d'eau à Sandici ?
16 R. C'est tout à fait possible, parce que la protection civile comptait
17 aussi les sapeurs pompiers. Eux, ils avaient des citernes, donc c'est tout
18 à fait possible qu'ils aient transporté de l'eau.
19 Q. Merci. Alors avez-vous appris des choses sur l'événement de Kravica, du
20 13 juillet vers la fin de l'après-midi. Qu'en avez-vous entendu dire ?
21 R. Ecoutez, c'était à 7 h, du 14, que j'ai appris des choses là-dessus.
22 Deux directeurs de la coopérative, Jovan Nikolic et Dragan Nikolic sont
23 venus me voir, et ils m'ont raconté ce qui s'est passé la veille dans
24 l'après-midi, dans cette coopérative de Kravica. C'est la première fois que
25 j'ai entendu ces choses-là à ce moment-là. Ça m'a choqué, surpris.
26 C'est là que j'ai entendu parler pour la première fois de cet événement de
27 Kravica.
28 Q. Merci. Est-ce que vous voulez ajouter quelque chose.
Page 24414
1 R. Ils sont venus me voir, ils sont restés peut-être pendant une heure à
2 peu près, et ils m'ont raconté des détails sur ce qui s'était produit,
3 comment que, eux, ils ont eu des problèmes avec des gens, des gens qui ont
4 fait cela, des soldats serbes qui étaient là. Ils m'ont dit que plusieurs
5 centaines de personnes ont été tuées à ce moment-là, à Kravica, et que les
6 cadavres sont toujours là-bas.
7 Q. Ils étaient choqués ?
8 R. Oui, oui, choqués, sidérés, ils ont dit mais que peut-on faire, on n'y
9 peut rien. C'est une opération militaire. C'est à l'armée de s'en occuper,
10 nous, on n'y peut rien.
11 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous avez appris sur la manière
12 dont s'est produit cet événement ?
13 R. J'ai appris que ce qui s'est passé c'est qu'il y a eu un Musulman là
14 qui a été détenu, et qu'il avait pris un fusil à un policier, et qu'il
15 l'avait tué, et que c'est ça qui a provoqué la révolte, et qu'ensuite on
16 les a tous massacrés, tous abattus.
17 Q. Merci.
18 R. Je ne sais pas comment ça s'est passé véritablement. Mais c'est
19 l'histoire que j'ai entendue.
20 Q. Merci.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Davidovic, et qui vous a dit
22 cela ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je ne peux pas vous le
24 dire avec certitude. Est-ce que c'est deux-là qui me l'ont dit, à ce
25 moment-là, Nikolic et l'autre, ou peut-être plus tard. Beaucoup de temps
26 s'est passé, maintenant, je ne sais plus certain qui me l'a dit.
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
28 Poursuivez, Monsieur Karadzic.
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1 M. KARADZIC : [interprétation]
2 Q. Mais cette option -- cette version était quelque chose qu'on a répété
3 par la suite, et d'autres l'ont entendu ?
4 R. Oui, et c'est la raison pour laquelle je ne peux plus vous dire qui me
5 l'a relaté pour la première fois, parce que, par la suite, je l'ai
6 réentendu de différentes personnes.
7 Q. D'accord. Merci. Est-ce que, grâce à cette conversation que vous avez
8 eue avec le policier qui montait la garde devant les autocars, et qui vous
9 a dit qu'ils allaient partir pour Batkovic, est-ce que vous avez conclu
10 qu'en fait tous ces prisonniers allaient se retrouver à Batkovic ? Est-ce
11 que vous aviez la sensation qu'un autre sort leur était réservé ?
12 R. Non, non, j'étais absolument convaincu que c'était ça qui allait se
13 passer, parce que jusqu'à ce moment-là, il n'y avait rien eu. Donc j'étais
14 sûr que c'était ça la suite, et puis, à ce moment-là, à Tuzla, il y avait
15 80 soldats serbes qui avaient été fait prisonniers au mont Majevica. Donc
16 je pensais qu'on allait échanger ces gens-là contre ces soldats serbes,
17 tenus, détenus en tant que prisonniers à Tuzla. Donc j'étais convaincu que
18 c'était ça qui allait se passer à la fin.
19 Q. Merci. Vous avez également eu l'impression, n'est-ce pas, que ce qui
20 s'est passé à Kravica, n'avait pas été le résultat d'un plan établi au
21 préalable, mais que c'était parce qu'on s'était emparé d'un fusil qu'on a
22 pris à un soldat, que la situation a échappé, et que ça s'est passé ?
23 R. Ecoutez, j'ai été tellement étonné d'apprendre cela, que je ne savais
24 pas trop quoi en penser. Ça m'a tellement surpris et choqué, parce que,
25 vous savez, à cette réunion, à l'hôtel Fontana, mais je n'aurais jamais pu
26 imaginer une telle chose dans les projections les plus folles. Je pensais
27 qu'on allait respecter les termes de l'accord que la population allait se
28 replacer ailleurs.
Page 24416
1 Je ne comprendrai jamais comment cela a échappé et ni pourquoi cela
2 s'est produit alors qu'apparemment, on dit que c'était ça la cause, donc
3 que ce policier se soit fait prendre son arme et qu'il ait été tué.
4 Q. Est-ce que vous vous souvenez que cet événement de Kravica de 1993 a
5 peut-être attisé le feu, parce que la situation était telle à ce moment-là
6 que, justement, au moment où on s'est emparé de ce fusil, ça n'a fait que
7 raviver les tensions qui étaient déjà là ?
8 R. Ecoutez, ce sont des temps comme ça, le temps de guerre. Je ne sais
9 pas, je ne suis pas certain. Je ne sais pas quoi en penser. C'est probable,
10 c'est possible. Je ne sais pas. Avec tant --
11 Q. Il est difficile de se confronter à un malheur d'une telle ampleur,
12 c'est ça ?
13 R. Oui.
14 Q. Mais dites-nous, savez-vous comment ces cadavres ont-ils été enterrés ?
15 Est-ce que vous en avez entendu parler ? Saviez-vous cela ? Savez-vous si
16 les services municipaux, de manière générale, s'occupaient d'évacuer les
17 corps, d'assainir le terrain ?
18 R. Ecoutez, je ne m'intéressais pas à cela. Ce n'était pas de mon ressort.
19 L'évacuation et tout cela, ça, c'est l'armée qui s'en occupait. Ils ont pu
20 faire appel à la protection civile pour nettoyer, mais personne ne m'a
21 jamais posé de question là-dessus et jamais je n'ai donné d'ordre à qui que
22 ce soit, que ce soit la protection civile ou qui que ce soit d'autre, pour
23 ce genre de tâche -- de mission.
24 Q. Mais l'armée, d'après la loi, pouvait mobiliser la protection civile
25 pour cela.
26 R. Le ministère de la Défense, oui, parce que la protection civile en fait
27 partie. Ce sont eux qui les déploient.
28 Q. Merci. Est-ce que vous étiez au courant de certaines demandes formulées
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1 par des officiers pour que les soldats restent sur place, et que Deronjic
2 et les autorités civiles se sont opposés à ce qu'on les emmène de Bratunac
3 -- à ce qu'on les transporte ailleurs ?
4 R. Oui, c'est ce qui s'est passé le 12 dans la soirée quand ces autocars
5 sont arrivés à Bratunac, ces six autocars devant la mairie. J'ai appris
6 qu'au stade de foot, il y avait 20 à 25 autocars supplémentaires, et ça m'a
7 surpris. Puis, en ville, j'ai croisé vers 21 heures, 22 heures, j'ai croisé
8 Deronjic. Bratunac, c'est une petite localité, une petite bourgade. Vous
9 avez la mairie au centre et tout se passe sur 100, 200 mètres. Je dis :
10 Mais Deronjic, mais qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que c'est que ces
11 autocars qui sont arrivés à Bratunac ? Puis, lui, il me dit, littéralement
12 : C'est Rajko Dukic qui nous a mis dans ce pétrin. Tout ça, ce sont les
13 autocars de Milici, de Kasaba, et c'est lui qui nous a envoyé ça. Je lui ai
14 dit : Mais, Miroslav, essaie, utilise tes relations avec le gouvernement,
15 ou le président, ou quelque chose, essaie de faire quelque chose pour que
16 ces autocars quittent Bratunac et que ces gens -- cette population parte.
17 C'était vers 21 heures, 22 heures, comme je viens de le dire, donc ces
18 autocars, le lendemain matin, dans la matinée du 13, ils sont partis, ils
19 ont quitté Bratunac.
20 Q. Merci.
21 R. Alors je n'ai pas demandé à Miroslav si, oui ou non, il avait appelé
22 quelqu'un pour que des gens interviennent et si ces autocars sont partis en
23 raison de cet ordre ou pas ou d'une intervention. Tout ce que je sais,
24 c'est que ces autocars sont bien partis.
25 Q. Merci. Alors, pour ce qui est des membres appartenant aux autorités
26 civiles qui étaient restés à Bratunac, quel est votre sentiment à propos
27 des événements qui se sont déroulés à Kravica ? Est-ce qu'ils ont été
28 surpris ? Ont-ils été choqués ?
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1 R. Ils étaient tous à la fois surpris et choqués. Pour commencer, les gens
2 ne pouvaient même pas y croire. Ils ne pouvaient pas croire que ce genre de
3 chose avait pu se produire.
4 Q. Merci. Avez-vous entendu parler de personnes que l'on faisait descendre
5 des autocars, des individus ? Tout d'abord, êtes-vous d'accord pour dire
6 que ces civils qui sont partis sont des civils de Potocari et qu'ils sont
7 partis en direction de Kladanj sans qu'on n'ait demandé à quiconque de
8 descendre des autocars ?
9 R. A l'époque, je n'avais pas entendu parler de personnes que l'on faisait
10 descendre des autocars, pas à ce moment-là, pas à cette date-là. Quelques
11 mois plus tard, peut-être, lorsque les gens parlaient une nouvelle fois de
12 ces événements, les racontaient à nouveau, et il y a eu des cas de ce genre
13 mais pas à Bratunac. En direction de Vlasenica et Kladanj, certains récits
14 circulaient, on disait que les autocars étaient arrêtés et que des gens
15 descendaient de ces autocars, mais à Bratunac, ceci n'est pas arrivé à
16 l'époque. En tout cas, je n'étais pas au courant de cela et je n'ai rien vu
17 de ce genre.
18 Q. Merci.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pardonnez-moi si j'interviens. Monsieur
20 Davidovic, vous avez parlé de Rajko Djukic. Vous en souvenez-vous ? Vous
21 souvenez-vous d'avoir prononcé son nom ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Dukic, avec un D.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez dit, en parlant de Deronjic,
24 je cite :
25 "Rajko Dukic nous avait monté le bourrichon. Et tous ces autocars
26 venaient de lui, de Milici et Kasaba. Et il les a tous envoyés à Bratunac."
27 Vous souvenez-vous de vos propos ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Dans l'affaire Popovic, page du compte
2 rendu d'audience 9 217, vous avez dit, dans votre déposition, que :
3 "Rajko Dukic de Milici était en train de nous monter contre eux et de
4 nous monter le bourrichon."
5 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai simplement interprété littéralement les
6 propos de Rajko Dukic. Il a dit qu'il nous montait le bourrichon et il a
7 dit qu'il avait envoyé ces autocars de la municipalité à la municipalité de
8 Bratunac.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il est un petit peu difficile de vous
10 suivre. Veuillez nous dire qui était M. Dukic et ce que Deronjic entendait
11 lorsqu'il disait que Rajko Dukic est en train de monter tout ceci -- ou, en
12 tout cas, de nous monter le bourrichon. Pourriez-vous vous étendre sur la
13 question, s'il vous plaît ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Rajko Dukic est de Milici. Il dirigeait la
15 mine de bauxite, et c'était un homme qui exerçait une très grande
16 influence, à la fois à Milici et dans le secteur au sens large communément
17 appelé Birac. Je crois que, dans ce secteur-là, c'était la personnalité
18 politique la plus importante. Je crois qu'il était l'homme de la situation,
19 l'homme responsable de tout. Il était même au-dessus de Deronjic, me
20 semble-t-il, à savoir s'il y avait des rivalités entre eux sur le plan
21 politique, je ne sais pas. Mais je ne pense pas que ce convoi qu'il dit
22 avoir envoyé en direction de Bratunac, je ne pense pas que ceci soit le
23 reflet de l'animosité entre eux.
24 Alors, à savoir pourquoi Deronjic a dit que Rajko Dukic avait monté
25 ce coup, je ne sais pas pourquoi il a dit cela, pourquoi il nous a [comme
26 inaudible]. J'ai simplement interprété cette parole littéralement.
27 Est-ce que j'ai fait la lumière là-dessus ?
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Je me demande si vous pourriez nous
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1 dire pourquoi ou comment se fait-il que M. Dukic pouvait envoyer les
2 autocars à Bratunac ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Pardonnez-moi, mais je n'entends pas très
4 bien.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ma question était comme suit.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'entends pas.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. M. l'Huissier va vous aider.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous entends bien, vous, mais je n'entends
9 pas les interprètes, ou je les entends à peine.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Davidovic, m'entendez-vous
11 maintenant ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous entends très bien, et je vous
13 entendais auparavant. Maintenant, c'est mieux.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors ma question était la suivante :
15 Comment se fait-il que M. Dukic était en mesure d'envoyer les autocars à
16 Bratunac ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai déjà dit que c'était un homme très
18 important, et qu'il exerçait peut-être une influence sur l'armée également,
19 en tout cas, ça, c'est mon estimation de la situation.
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
21 Monsieur Karadzic, c'est à vous.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Puis-je préciser ceci, s'il vous plaît, est-il exact que les soldats
24 musulmans ont été fait prisonniers dans différents bois à Milici,
25 Vlasenica, Cerska, Zvornik et Kamenica, dans ces municipalités-là, et que
26 tous ces prisonniers de guerre ont été renvoyés à Bratunac à l'époque ?
27 Donc était-ce dans ce sens-là que Deronjic a dit que, s'ils avaient été
28 fait prisonniers à Milici, ils auraient dû les retenir à Milici ?
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1 R. Je crois que la majorité des Musulmans avaient été fait prisonniers à
2 Milici, car la route qu'empruntaient les Musulmans en direction de Kladanj
3 et Tuzla traversait ces municipalités-là.
4 Q. Merci. Donc Deronjic estimait que Dukic estimait, sans doute, que ces
5 personnes ne devaient pas rester dans sa municipalité, même si ces
6 personnes avaient été fait prisonnières à cet endroit-là, et que ces
7 personnes devaient être envoyées et retenues dans les municipalités où --
8 et Deronjic estimait que ces personnes devaient rester à l'endroit où elles
9 avaient été fait prisonnières.
10 R. Oui. Pourquoi le envoyer à Bratunac ?
11 Q. Merci. Je ne sais pas si ceci est clair aux yeux des Juges de la
12 Chambre, mais c'est, en tout cas, ainsi que je l'ai compris. Il estimait
13 qu'il souhaitait se débarrasser de ces prisonniers, de ces prisonniers de
14 guerre, il ne souhaitait pas les voir sur les territoires de leur
15 municipalité; c'est exact ? Est-ce plus ou moins pour l'essentiel le
16 fondement de son soupçon, à savoir qu'il y avait été piégé par Dukic.
17 R. Oui, oui, il est vrai que je souhaite faire porter ce fardeau à
18 quelqu'un d'autre, en quelque sorte.
19 Q. Oui, effectivement, il y a un dicton dans notre pays qui dit cela.
20 R. Oui.
21 Q. Merci. Ensuite vous avez entendu dire que certains prisonniers ont été
22 retenus dans le bâtiment de l'école, et qu'après l'évacuation, il s'est
23 avéré que les personnes ont été tuées, et que les corps ont été retrouvés
24 dans la plupart de ces salles de classe, et que c'était quelque chose qui a
25 choqué la population ?
26 R. Oui.
27 Q. Vous souvenez que la protection civile et les services publics
28 d'approvisionnement en eau s'occupaient également des enterrements et
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1 qu'ils ont enterré ces hommes ?
2 R. Oui.
3 Q. Quand avez-vous appris à l'exception des médias et des rumeurs qui
4 circulaient à l'époque, quand avez-vous appris qu'il y avait eu des
5 meurtres sur la route qui menait à Batkovici ?
6 R. Dix jours environ plus tard, 10 à 15 jours après cela.
7 Q. Est-ce que vous avez cru à ces rumeurs ?
8 R. Malheureusement, oui, car ces rumeurs avaient été rapportées par des
9 personnes compétentes, si je puis dire, que ceci s'était passé.
10 Q. Merci. Pouvez-vous confirmer pour les Juges de la Chambre, que Batkovic
11 était une coopérative et une prison pour les prisonniers de guerre, près de
12 Bijeljina, et que si on voulait se rendre de Bratunac à Batkovic, il
13 fallait traverser Konjevic Polje, Zvornik, et cetera ?
14 R. Oui.
15 Q. Merci. Alors, lorsque les autocars se sont mis en route en direction de
16 Zvornik, en direction de Batkovici, vous et d'autres personnes autour de
17 vous, pensez-vous que ces autocars allaient parvenir pour finir à Batkovic
18 ?
19 R. Ecoutez, je ne sais pas, je ne savais -- je n'ai pas vraiment enquêté
20 là-dessus. Mais cet officier de police me dit que c'était le cas, à savoir,
21 si cela s'est vraiment passé, je ne le sais pas.
22 Q. Merci. Je souhaite Monsieur vous poser la question suivante : Avez-vous
23 jamais entendu dire d'un Serbe, représentant officiel ou autre, que ou
24 avez-vous jamais vu, appris ou avez-vous jamais eu l'impression qu'ils
25 souhaitaient se débarrasser des Musulmans, les éradiquer, les chasser ou de
26 leur faire quelque chose qu'ils ne souhaitaient qu'on leur fasse ?
27 R. Jamais. A la réunion du 12, j'ai appris que ceci serait mené à bien
28 comme il faut, comme cela avait été convenu lors de la réunion, et j'ai
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1 même été agréablement surpris par ce qu'a dit le commandant Bataillon
2 néerlandais, qui a dit qu'il avait reçu un ordre de son commandement ou de
3 son gouvernement, qu'il devait participer à l'organisation de ce transport
4 des Musulmans en direction de Kladanj. La réunion était déjà quasiment
5 terminée, nous étions déjà debout, et à ce moment-là, Mladic a dit qu'il
6 mettrait à disposition les autocars, vous vous occupez du carburant, et
7 donc ceci s'est terminé sur une note plus constructive, si je puis le dire
8 ainsi. J'étais convaincu que c'est ainsi que ceci allait être mené, mais,
9 bien sûr, différents récits ont été entendus depuis.
10 Q. Etes-vous d'accord pour dire que l'ensemble de la population serbe de
11 Kladanj, y compris les autorités et les parties serbes, n'étaient pas
12 d'accord quant à leur position à l'égard de certains Musulmans ? En
13 d'autres termes, il était exact de dire que les Serbes n'avaient pas de
14 problème avec les Musulmans en tant que tels, et qu'ils avaient des liens
15 étroits avec Zulfikarpasic ainsi que d'autres musulmans ?
16 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'a pas entendu le nom des autres personnes
17 citées.
18 M. KARADZIC : [interprétation]
19 Q. Comme vous aviez de bonnes relations avec les Musulmans qui étaient en
20 ville, alors que les extrémistes se trouvaient dans les villages autour ?
21 R. Je suis sûr que Muhamed Filipovic et Adil Zulfikarpasic avaient une
22 ligne moins dure que le SDA, alors qu'à nos yeux, il nous semblait qu'il
23 serait plus facile de parvenir à un compromis avec eux qu'avec le SDA.
24 Q. Merci. Je souhaitais simplement montrer la chose suivante : les Serbes
25 étaient-ils contre les Musulmans ou contre les intégristes -- ou contre
26 l'intégrisme ?
27 R. Oui, tout à fait. A un moment donné -- je n'ai jamais pensé qu'ils
28 étaient contre les Musulmans en tant que groupe ethnique, mais ils étaient
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1 contre l'intégrisme.
2 Q. Merci, Monsieur Davidovic, pardonnez-moi si je n'ai pas été toujours
3 suffisamment précis, mais je vous remercie de vos réponses efficaces aux
4 questions posées dans le cadre de mon contre-interrogatoire.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions, et j'ai terminé
6 mon contre-interrogatoire trois minutes avant l'heure, donc je crois qu'on
7 peut m'applaudir pour cela, parce qu'en général, je dépasse le temps qui
8 m'est imparti.
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
10 Madame West, avez-vous des questions supplémentaires ?
11 Mme WEST : [interprétation] Tout à fait, Monsieur le Président. Je me
12 demande si nous pourrions faire la pause maintenant.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez besoin de combien de temps ?
14 Mme WEST : [interprétation] De 20 minutes au moins.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons faire la pause. Nous allons
16 faire une pause d'une heure et reprendre à 13 heures 20.
17 --- L'audience est suspendue à 12 heures 20.
18 --- L'audience est reprise à 13 heures 27.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame West.
20 Mme WEST : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
21 M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]
22 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Madame West, une simple question.
23 Questions de la Cour :
24 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Monsieur Davidovic, je souhaite vous
25 demander de vous reporter à votre déposition que vous avez donnée juste
26 avant la pause. Le Dr Karadzic vous a demandé ceci :
27 "Vous avez entendu dire que certains de ces prisonniers étaient retenus
28 dans le bâtiment de l'école et qu'après l'évacuation, il s'est avéré que
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1 des gens ont été tués, et il y avait des corps dans quasiment toutes ces
2 salles de classe, et ça aussi les a choqués."
3 Vous avez répondu en disant :
4 "Oui."
5 Vous souvenez-vous ?
6 R. Oui, je m'en souviens.
7 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Pourriez-vous nous dire qui étaient ces
8 personnes qui ont été tuées et dont les corps étaient dans les salles de
9 classe ?
10 R. Les personnes qui ont été tuées étaient des Musulmans, et leurs corps
11 étaient dans des salles de classe.
12 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] S'agissait-il de prisonniers de guerre
13 ?
14 R. Je ne sais pas. Je ne connais pas leurs origines, je ne sais pas
15 comment les classer, mais pour l'essentiel, il s'agissait de personnes qui
16 avaient vécu à Srebrenica et dans cette région, à savoir qui les a fait
17 venir jusque-là et comment ces personnes se sont trouvées là, je ne le sais
18 pas.
19 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Merci.
20 Madame West, c'est à vous.
21 Mme WEST : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Je souhaite maintenant
22 passer à la pièce 65 ter 16205, s'il vous plaît.
23 Nouvel interrogatoire par Mme West :
24 Q. [interprétation] Monsieur Davidovic, à la page 54 du compte rendu
25 d'aujourd'hui, vous nous avez parlé d'un certain Omo Jahic comme étant un
26 homme qui était à bord de l'autocar; vous en souvenez-vous ?
27 R. Oui, je m'en souviens. Son nom n'était pas Omer, mais Omo, O-m-o, trois
28 lettres simplement.
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1 Q. Merci. Pourriez-vous épeler son nom de famille, s'il vous plaît ?
2 R. Vous souhaitez que j'épelle son nom ? J-a-h-i-c. J-a-h-i-c, cinq
3 lettres.
4 Q. Merci. Connaissez-vous le nom de son père ?
5 R. Non.
6 Q. [aucune interprétation]
7 R. Il avait entre 52 [phon] et 55 ans, cet homme.
8 Q. Merci beaucoup. Aujourd'hui, à la page du compte rendu d'audience -- à
9 la page 63, vous avez parlé de meurtre sur la route de Batkovici, et la
10 question qui vous a été posée était celle-ci :
11 "Est-ce que vous croyez à ces rumeurs ?"
12 Vous avez répondu en disant :
13 "Malheureusement, oui, parce que c'est quelque chose que j'ai entendu de la
14 bouche de personnes compétentes, que ceci s'était produit."
15 Pourriez-vous nous dire de qui vous avez appris cela ?
16 R. Je ne sais pas si j'ai dit que c'était sur la route de Fakovici, parce
17 que Fakovici se trouve dans la direction opposée. Cela ne se trouve pas en
18 aval mais en amont, en amont de la Drina, mais cela n'est peut-être même
19 pas important.
20 J'avais entendu parler de cela. En réalité, je ne sais pas très bien ce que
21 vous entendez par Fakovici. Je crois que je n'ai pas parlé de Fakovici dans
22 ce contexte-ci.
23 Q. Vous avez tout à fait raison. C'est mon erreur. Vous avez parlé de
24 Batkovici.
25 R. Oh, pardon. Donc, il s'agit de Batkovici. Batkovici est une ville que
26 l'on peut atteindre par Konjevic Polje et Zvornik, et se trouve dans la
27 municipalité de Bijeljina. Je n'ai pas entendu dire qu'ils avaient été tués
28 à Batkovici mais plutôt entre Zvornik et Batkovici, sur la route, alors
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1 qu'ils se rendaient à Batkovici. C'est quelque chose dont j'ai entendu
2 parler. Il y avait des rumeurs en ville qui circulaient. J'avais entendu
3 cela de personnes qui étaient membres de l'armée et qui avaient dit que ces
4 choses étaient arrivées, mais je ne peux pas vraiment dire si j'ai entendu
5 cela de la bouche de personnes qui répandraient des rumeurs. Il s'agit
6 plutôt de quelque chose qui s'est véritablement passé. On a parlé de
7 Celopek, de Pilica, de Kozluk.
8 Q. Si j'ai raison, vous ne vous souvenez pas du nom précis des personnes
9 qui vous ont rapporté cela, mais d'après vous, ces personnes étaient dignes
10 de confiance.
11 R. Oui, tout à fait.
12 Q. Numéro 65 ter 16205, qui est maintenant sous nos yeux, et je souhaite
13 l'aborder dans le cadre de votre déposition, à la page 48 du compte rendu
14 d'audience aujourd'hui. A la page 48, vous avez indiqué que les autocars
15 n'avaient pas été mobilisés lors de la réunion, la réunion à 10 h à l'hôtel
16 Fontana, le 12. Donc, je souhaite voir ceci avec vous. Il s'agit d'un
17 document daté du 12 juillet, centre de services publics de Zvornik.
18 "Et agissant conformément de votre dépêche, j'ai contacté le commissaire
19 civil de Bratunac, Miroslav Deronjic."
20 Point 2 :
21 "Réunion avec Mladic et le général Krstic au QG de la Brigade de Bratunac
22 au cours de laquelle les missions ont été confiées à toutes les personnes
23 impliquées."
24 Vous étiez là lors de cette réunion avec Mladic à 10 h [phon] au QG de la
25 Brigade de Bratunac, n'est-ce pas ?
26 R. Je crois que ceci n'est pas une référence à cette réunion-là car des
27 missions ne nous ont pas été assignées, à ce moment-là, et le général
28 Krstic n'a pas assisté à cela, même si son nom figure ici.
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1 Q. Bien.
2 R. Je crois qu'il ne s'agit pas de cette réunion, de cette réunion qui
3 s'est déroulée avec Mladic à 8 heures.
4 Q. Nonobstant ces deux faits, vous avez effectivement rencontré Mladic ce
5 matin-là à 8 h au QG de la Brigade de Bratunac ce jour-là, n'est-ce pas ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 Q. Au point 3 :
8 "L'opération militaire se poursuit comme prévu. Les Turcs s'enfuient …
9 alors que les civils s'étaient rassemblés à Potocari au nombre de 15 000
10 environ."
11 Au point 4 :
12 "Consultations sont en cours pour nommer le chef du poste de sécurité
13 publique de Srebrenica et le commandant du poste de police de Srebrenica et
14 trier sur le volet 15 policiers dans leurs rangs qui, avec le président
15 nouvellement élu de Srebrenica, le président du Conseil exécutif de
16 Srebrenica et de ces pairs -- ou prêtres prendront le contrôle de toutes
17 les installations importantes de la ville."
18 Est-ce que, d'après ce texte, les décisions et les plans avaient déjà bien
19 avancé à la date où ce document a été rédigé ?
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait nous montrer un document
21 de meilleure qualité, parce que je ne suis pas tout à fait certain que la
22 traduction soit exacte et je ne suis pas certain que l'anglais coïncide
23 exactement avec ce que dit la version serbe, parce qu'un prêtre ne peut pas
24 prendre le contrôle ou diriger un Conseil exécutif. Il doit y avoir une
25 erreur.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame West.
27 Mme WEST : [interprétation] Je n'ai pas d'exemplaire de meilleure qualité,
28 mais si le problème se pose au niveau du prêtre, je peux simplement retirer
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1 cela.
2 Q. Si nous retirons cette partie-là, est-ce que -- Monsieur Davidovic, je
3 peux vous demander si les plans et les décisions avaient déjà bien avancé à
4 la date où ce document a été rédigé ?
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pardonnez-moi, mais je souhaite également
6 savoir quelles autres erreurs peuvent figurer dans ce texte, outre la
7 question des prêtes, parce que le texte en serbe n'est pas très lisible.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous pouvons avoir le texte sur nos
9 ordinateurs personnels, mais peut-être qu'il serait préférable d'agrandir
10 le texte en serbe.
11 Mme WEST : [interprétation]
12 Q. Est-ce que ceci vous facilite la tâche, Monsieur Davidovic ?
13 R. Oui. C'est un peu mieux, mais je n'ai jamais vu ceci, ou cette lettre
14 auparavant. D'après l'intitulé de cette lettre, ceci a été envoyé par le
15 poste de police de Bijeljina au ministère de l'Intérieur de Pale. Ils font
16 un rapport sur certaines de leurs activités dont je n'avais aucune
17 connaissance, et je n'ai jamais été informé de cela.
18 Q. A ce moment-là, à 8 h du matin à la date du 12, vous saviez que des
19 événements s'étaient déroulés à Potocari et à Srebrenica, n'est-ce pas ?
20 M. ROBINSON : [interprétation] Objection, question directrice.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
22 Mme WEST : [interprétation] Je peux reformuler.
23 Q. Dans la matinée du 12, d'après vous que se passait-il eu égard aux
24 réfugiés de Srebrenica et Potocari ?
25 R. A l'époque, je ne savais même pas qu'il y avait des réfugiés à Potocari
26 à 8 h du matin. Je ne l'ai appris qu'à la réunion qui s'est tenue à l'hôtel
27 Fontana à 10 h, j'ai appris qu'il y avait des réfugiés à Potocari à ce
28 moment-là.
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1 Q. Alors, au point 5, qui évoque cette réunion à laquelle vous assistez :
2 "La réunion commencera à 10 h ce matin-là, en présence de représentants de
3 la FORPRONU, de la Croix-Rouge internationale et des représentants
4 musulmans de Srebrenica, et lors de cette réunion, un accord sera conclu
5 sur l'évacuation de la population civile de Potocari en direction de
6 Kladanj.
7 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise qu'elle ne dispose pas du texte à
8 l'écran.
9 Mme WEST : [interprétation]
10 Q. Alors vous avez effectivement assisté à cette réunion à 10 h du matin ?
11 R. Oui.
12 Q. Vous êtes d'accord pour dire que, d'après ce document, ce document a
13 certainement dû être écrit avant cette réunion qui s'est -- qui a eu lieu à
14 10 h ?
15 R. Je ne peux pas vraiment faire de commentaires là-dessus. Je ne sais
16 rien à ce sujet. C'est la première fois que je vois ce document, et je vois
17 qu'il s'agit du poste de police de Bijeljina et on y parle du ministère. Je
18 ne sais pas vraiment.
19 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, nous disposons d'une
20 version de meilleure qualité de ce document. Nous pouvons déverrouiller --
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous pouvons télécharger.
22 Mme WEST : [aucune interprétation]
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je demander à Mme West de bien vouloir
24 demander au témoin quelle distance il y a entre Bijeljina et Bratunac ?
25 Nous pourrions peut-être établir cela également.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quelque chose que nous pouvons déduire
27 en regardant n'importe quelle carte.
28 Je crois que c'est mieux.
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1 Mme WEST : [interprétation] Je vous remercie. C'est grâce à M. Reid.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Dans ce cas, pourquoi ne demandons-nous
3 pas au témoin de lire le paragraphe 5, et en particulier ce qui figure
4 entre parenthèses, parce que la traduction anglaise précise que cette
5 partie-là est illisible.
6 Mme WEST : [interprétation]
7 Q. Monsieur, allez-y, veuillez lire les paragraphes 4 et 5, s'il vous
8 plaît.
9 R. Le quatrième paragraphe :
10 "Un accord est en cours sur la nomination du chef du poste de sécurité
11 publique de Srebrenica et le commandant du poste de police de Srebrenica,
12 ainsi qu'à 15 officiers de police triés sur le volet de la VRS qui, avec le
13 président nouvellement nommé de la municipalité de Srebrenica ainsi que du
14 Comité de Srebrenica ainsi que les prêtes, prendront immédiatement le
15 contrôle de bâtiments importants de la ville."
16 Le paragraphe 5 :
17 "A 10 h, réunion avec des représentants de la FORPRONU, de la Croix-Rouge
18 internationale, ainsi que la présence de représentants musulmans de
19 Srebrenica, a commencé, et un accord a été conclu sur l'évacuation de toute
20 la population civile de Potocari à Kladanj et un accord a été conclu."
21 Donc, entre parenthèses :
22 "(Pour qu'il y ait plus de problèmes là-bas.)"
23 Ceci n'est pas logique. Ce qu'on peut lire, entre parenthèses, pour qu'ils
24 aient plus de difficultés ou de problèmes là, cela n'est pas logique.
25 -- 100 camions remorques - comment - camions à remorques ont déjà été
26 mis de côté à cet effet.
27 Q. Merci, M. Davidovic. Donc --
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous regardez, la traduction ne parle
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1 pas de la réunion qui a commencé à 10 h. La réunion avait commencé. Avez-
2 vous remarqué la différence d'interprétation ?
3 Mme WEST : [interprétation] Je vais lui demander de le relire encore fois.
4 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Cela peut être interprété de deux
5 façons. A 10 h, la réunion "avait commencé" ou "commencera" en présence de
6 la FORPRONU, de la Croix-Rouge internationale. A 10 h, la réunion commence.
7 Mme WEST : [interprétation]
8 Q. Bien. Ce paragraphe se poursuit de la façon suivante. Donc ils sont à
9 la réunion qui commence, et puis ensuite il est question de l'accord
10 relatif à l'évacuation de la population civile de Potocari. Lorsque nous
11 avons parlé -- ou plutôt, vous avez parlé d'une réunion à 8 h et ensuite
12 vous avez dit que vous aviez -- vous étiez aussi présent à une réunion qui
13 est -- qui a commencé à 10 h, et vous avez dit, à la Chambre, qu'à ce
14 moment-là, l'évacuation des Musulmans de Potocari n'avait pas encore
15 commencé et en fait qu'on allait leur donner un choix, leur proposer un
16 choix. Donc comment est-ce que vous pouvez mettre en parallèle ce que vous
17 avez dit lors de votre position et ce paragraphe ?
18 R. J'ai dit qu'à la réunion de 10 h -- que lors de la réunion de 10 h, je
19 me suis rendu compte qu'il y avait eu une réunion plus tôt, et à cette
20 réunion, seul le président était présent, ce Mandic Nesib, et lors de cette
21 réunion, aucun accord n'a été conclu. A la deuxième réunion de 10 h, une
22 délégation de Musulmans est arrivée. Il y avait beaucoup plus de personnes
23 présentes à ces réunions. Il y avait Nesib, Mandic, il y avait également
24 Ibro Nuhanovic ainsi qu'une troisième personne --
25 L'INTERPRÈTE : Dont l'interprète n'a pas saisi le nom.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Ils sont arrivés armés d'une proposition,
27 proposition qui avait été prise à Srebrenica. Ce qui fait qu'à mon avis,
28 lors de cette deuxième réunion, Nesib ne pouvait ni dire : Nous allons
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1 partir, ni dire, Nous allons rester. Je pense qu'il a dû aller à Srebrenica
2 pour mener à bien des consultations, et ensuite, il est revenu plus tard à
3 cette réunion, tous les trois ils sont revenus d'ailleurs, et ils nous ont
4 dit ce qu'ils avaient décidé.
5 Q. Mais vous nous avez également dit, à la page 48, que les autobus
6 n'avaient pas encore été mobilisés par les autorités. Puis, à une autre
7 page, vous avez dit qu'à la réunion de 10 h, les bus n'avaient pas été
8 mobilisés. Puis ensuite, plus tard, vous avez dit que la réunion s'est
9 terminée à 11 h 30 et que des transports avaient été prévus et que les bus
10 étaient arrivés. Donc vous avez fait référence -- vous voyez dans le
11 document il est question de 100 camions avec des remorques.
12 Donc, Monsieur Davidovic, est-ce que vous convenez à la lecture de ce
13 document qu'il y a quand même un décalage entre ce document et ce que vous
14 avez dit, et convenez-vous que les bus et les modes de transport ou le mode
15 de transport avait déjà été préparé ?
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'aimerais bien comprendre. Est-ce que
17 vous êtes en train d'avancer que ce document avait été écrit avant la
18 réunion ?
19 Mme WEST : [interprétation] Ce que j'entends, c'est qu'il avait été rédigé
20 avant juste au moment où la réunion a commencé à 10 h ou il a été rédigé en
21 même temps pendant la réunion.
22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Immédiatement après la réunion ?
23 Mme WEST : [interprétation] Mais M. Davidovic --
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non. Est-ce que vous pourriez peut-être
25 répéter ce que vous venez de dire juste avant le moment où la réunion s'est
26 déroulée; c'est ce que vous avez dit ?
27 Mme WEST : [interprétation] Si vous -- la question était : Quand est-ce que
28 ce document a été rédigé ? C'est cela la question.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc tout dépend en fait de
2 l'interprétation que l'on accorde au paragraphe 5.
3 Mme WEST : [interprétation] Tout à fait.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais d'après ce que nous a lu M.
5 Davidovic, ce que nous, nous avons entendu par le truchement de
6 l'interprète, c'est qu'un accord avait été conclu à la ligne 21, de la page
7 72. Donc c'est pour cela que je souhaiterais que tout cela soit bien
8 précisé avant que nous n'allions de l'avant.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Si je peux intervenir, je vous dirais que, là,
10 nous -- il s'agit en fait de l'accord qui va être conclu parce qu'il est
11 dit : A 10 h, une réunion commence avec les représentants de la FORPRONU,
12 les représentants de la Croix-Rouge internationale et certains représentant
13 les Musulmans de Srebrenica. Nous, un accord relatif à l'évacuation sera
14 conclu.
15 Donc ce qui est implicite c'est que cet accord était sur le point d'être
16 conclu.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien.
18 Mme WEST : [interprétation]
19 Q. Merci, Monsieur Davidovic. Revenons-en aux 100 camions remorques qui
20 avaient été prévus pour le transport. Convenez-vous à la lecture de ce
21 document que la mobilisation des camions avait déjà commencée ?
22 R. Je vous ai déjà dit que cette réunion s'était terminée vers 11 h, ou
23 juste après 11 h, et cette réunion elle s'est terminée de façon un peu
24 précipitée en quelque sorte. Je vais vous dire pourquoi. Il y a quelqu'un
25 qui est arrivé dans la pièce où la réunion avait lieu et a dit que la
26 population à Potocari commençait à être très agitée et qu'il y avait une
27 menace, ou en tout cas, un crainte qui était une crainte. En fait, ce dont
28 ils avaient peur c'était que les gens partent de Potocari et vers Bratunac
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1 à pied. Ce qui aurait été une véritable catastrophe parce qu'une personne
2 en était venue à marcher entre Potocari et Bratunac, vous pouvez imaginer
3 ce qui se serait passé. Donc la réunion elle s'est véritablement terminée
4 de façon très précipitée pour empêcher que cela se passe. Ils voulaient que
5 la délégation reparte à Potocari pour leur dire que des transports seraient
6 mis à leur disposition.
7 Alors, pour ce qui est de ces 100 camions remorques, écoutez, moi, je
8 ne savais pas. Personne n'en a parlé lors de cette réunion d'ailleurs, et
9 je ne sais pas non plus qui fournissait ou qui a fourni tous ces véhicules,
10 probablement l'armée d'ailleurs. Nous, nous n'avons eu aucune influence à
11 ce sujet, et d'ailleurs, personne ne nous a demandé de faire quoi que ce
12 soit à ce sujet. On nous a tout simplement demandé de faire preuve
13 d'humanité, mais personne ne nous a demandé ni de véhicules ni carburant,
14 ni rien du tout d'ailleurs.
15 Q. Monsieur Davidovic, aux lignes 76 et 77, vous avez dit qu'ils
16 craignaient que les gens partent de Potocari à pied pour se rendre à
17 Bratunac. Vous avez dit que c'est pour cela que la réunion s'est terminée
18 de façon un peu précipitée.
19 Ecoutez, c'est la première fois que j'entends parler de cela donc est-ce
20 que vous en avez déjà parlé lors d'une déposition ?
21 R. Oui.
22 Q. Bien.
23 Mme WEST : [interprétation] Je souhaiterais maintenant demander le
24 versement de ce document.
25 M. ROBINSON : [interprétation] Objection.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Robinson.
27 M. ROBINSON : [interprétation] Le témoin n'a absolument rien confirmé à
28 propos de ce document.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame West.
2 Mme WEST : [interprétation] Le témoin a confirmé qu'il était présent à la
3 réunion du 8 heures avec le général Mladic au QG de la Brigade de Bratunac.
4 Pour [inaudible], c'est le deuxième paragraphe. Ensuite, il a indiqué qu'il
5 pensait en fait que les tâches avaient été affectées par la suite
6 puisqu'une tâche n'avait été prévue ou affectée à quiconque lors de cette
7 réunion de 8 h et je pense que le document porte sur ce sujet. Le témoin a
8 parlé de sa présence à cette réunion, et je pense que le témoin a des
9 documents, et de toute façon, je pense que le témoin est tout à fait --
10 enfin ce qu'il a dit à ce sujet est tout à fait pertinent et qui plus est
11 fiable.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je ajouter quelque chose ?
13 [La Chambre de première instance se concerte]
14 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un petit moment, je vous prie.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Puis-je ajouter quelque chose ?
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, je vous en prie, maintenant.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] A la réunion de 8 h, personnes qui étaient
19 présentes : Simatovic, Aco Tesic et moi-même. Nous avons été présents
20 pendant une vingtaine de minutes, et puis nous sommes partis. Ce qui fait
21 que -- nous étions présents une vingtaine de minutes. Donc nous sommes
22 ensuite partis du commandement, et là, on nous a dit -- enfin Simic et moi-
23 même, en tout cas, de venir à une réunion à 10 h. Alors peut-être que la
24 réunion de 8 h a repris après notre départ, mais le fait est que nous nous
25 n'étions plus présents. Alors peut-être qu'à 8 h 30, Krstic est arrivé
26 effectivement et qu'ils ont poursuivi cette réunion. Mais nous, nous
27 n'étions plus présents.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] M. Davidovic a également parlé, lors de
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1 sa déposition, de la réunion de 10 h, à laquelle il a participé. Ce qui
2 fait que ce document nous permettra de replacer dans le juste contexte
3 cette partie de sa déposition. Donc nous allons le verser au dossier.
4 M. LE GREFFIER : [aucune interprétation]
5 L'INTERPRÈTE : L'interprète dit inaudible. Le Greffier d'audience s'est
6 exprimé sans micro. Les interprètes n'ont pas entendu la cote.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Écoutez, excusez-moi, nous allons verser
8 seulement la première page de ce document et seulement ce document parce
9 que je vois qu'il y a quatre à cinq documents.
10 Poursuivez.
11 Mme WEST : [interprétation] Document de la liste 65 ter 3094A.
12 Q. Monsieur Davidovic, avant que nous passions à autre chose, à
13 propos de ce bus dont vous nous avez dit qu'il n'avait pas été mobilisé au
14 moment de la réunion dans l'hôtel Fontana, j'aimerais vous montrer ceci. Il
15 s'agit d'une conversation interceptée du 12 juillet, à 7 heures 35. Et --
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excusez-moi, mais j'ai une objection.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous en prie.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Vous savez, les formules qu'on utilise sont
20 extrêmement importantes. Si l'on dit que quelque chose a été fourni cela ne
21 signifie pas que cela a été mobilisé. Si l'on fourni quelque chose cela
22 signifie que l'on fournissait des informations à propos de l'endroit où se
23 trouvaient les autobus, mais cela ne signifie pas pour autant que les
24 autobus en question ont été mobilisés. Donc vous pouvez peut-être demander
25 au témoin de faire la différence entre ces deux mots.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, je pense que Mme West pourra tout à
27 fait reformuler sa question.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ah non, mais excusez-moi, cela a également une
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1 incidence pour le document précédent parce que là également il était
2 question de "fournir." En d'autres termes, il savait où trouver ces
3 autobus, par opposition à la mobilisation des autobus.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ecoutez, cela suffit. C'est suffisant
5 comme information.
6 Madame West, poursuivez.
7 Mme WEST : [interprétation] Justement à propos de cette déposition de votre
8 déposition, vous aviez parlé des autobus. Alors regardez cette conversation
9 interceptée le 12 juillet. C'est une conversation entre Krstic, qui était
10 encore à l'époque le chef d'état-major, et le colonel Krsmanovic, qui était
11 le chef des transports. Alors Krstic, voilà ce qu'il dit :
12 "Allô. Est-ce que c'est Kosmanovic au téléphone ?
13 "Réponse : Oui, oui, oui. Allez-y.
14 "Ecoutez. Ecoute ça. Oui, maintenant. Maintenant. Pale, Visegrad, Rogatica,
15 Sokolac, Han Pijesak, Vlasenica, Milici, Bratunac, Zvornik. Maintenant,
16 alors à partir de tous ces endroits, je veux de ces endroits 50 bus en tout
17 qui devront être au stade de Bratunac au plus tard à 17 heures.
18 "A 17 heures, le stade de Bratunac ?
19 Krstic dit :
20 "Tu t'assures que cela sera bien fait, n'est-ce pas ? C'est clair ?
21 Compris ?
22 "C'est compris."
23 J'ai une question à vous poser maintenant, Monsieur Davidovic, à
24 propos de la nuit du 12. Car vous avez indiqué aujourd'hui que plusieurs
25 bus se trouvaient dans la ville de Bratunac. Vous avez dit que vous en avez
26 vus vous-même six et vous avez dit que vous disposez d'information suivant
27 lesquelles il y en aurait eu entre 20 et 25 au stade.
28 Est-ce que vous pouvez dire à la Chambre de première instance, si
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1 tant est que vous le sachiez, quand est-ce que tous ces autobus étaient
2 arrivés à Bratunac ?
3 R. Je pense que cette conversation interceptée ne porte pas sur les
4 autobus que j'ai mentionnés. Les autobus dont je parle sont arrivés devant
5 le bâtiment municipal et ils y sont arrivés entre 20 heures et 20 heures
6 30.
7 Q. Avant cette période, pendant la journée, est-ce que vous avez vu
8 d'autres bus à Bratunac ?
9 R. Non.
10 Q. Vous étiez à Potocari pendant une partie de la journée, n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Oui, je vous en prie, poursuivez.
13 R. Oui, oui, j'étais à Potocari. Bon, je pense que j'y étais entre 14
14 heures et 16 heures.
15 Q. Merci.
16 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, pour ce qui est de ce
17 qui a été dit à propos du terme "mobilisé," j'ai utilisé ce terme parce que
18 c'est le témoin qui l'avait utilisé. Il a dit :
19 "Si je vous dis --"
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quelle page ?
21 Mme WEST : [interprétation] Page 48. Excusez-moi. D'abord, la question.
22 Voilà quelle était la question posée : Puis-je donc avancer que, jusqu'à ce
23 moment-là, on ne savait pas s'ils allaient partir et que, jusqu'à ce
24 moment-là, les autobus n'avaient pas été mobilisés, personne ne savait si
25 cela allait être le cas ?
26 La réponse a été :
27 "Moi je ne savais pas que cela allait se passer."
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous m'avez dit page 48, c'est cela ?
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1 Mme WEST : [interprétation] Page 48 du compte rendu d'audience
2 d'aujourd'hui, lignes 14 à 17.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, bien.
4 Vous dites -- excusez-moi, mais je ne trouve pas cette référence. Mais
5 poursuivons.
6 Mme WEST : [interprétation] Est-ce que ce document pourrait se voir
7 attribuer une cote provisoire ?
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas sûr. Je ne sais pas en
9 fait si grâce au témoin nous avons maintenant une base ou un fondement pour
10 verser ce document au dossier. Je ne sais pas ce que -- vous pourriez peut-
11 être demander ce versement au dossier ultérieurement.
12 Mme WEST : [interprétation] Oui, tout à fait.
13 Q. J'aimerais, maintenant, Monsieur Davidovic, attirer votre attention sur
14 d'autres éléments que vous avez abordés. A la page 15, vous parliez du 17
15 avril 1992, et vous avez évoqué les paramilitaires qui sont arrivés pour la
16 première fois ce jour-là à Bratunac, et vous avez dit :
17 "A partir du moment où ils ont été présents, le harcèlement et les mauvais
18 sévices ont commencé pour les Musulmans."
19 Vous vous souvenez avoir dit cela ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que vous nous dites que ce harcèlement dont étaient victimes les
22 Musulmans pendant cette période était un harcèlement qui était provoqué en
23 fait par les groupes paramilitaires qui étaient arrivés à Bratunac ? C'est
24 ce que vous nous dites ?
25 R. Oui.
26 Q. Est-ce que vous nous dites donc que les dirigeants de Bratunac ne
27 coopéraient pas ou ne coordonnaient pas leurs activités avec ces groupes
28 paramilitaires, ils n'avaient rien à voir avec la présence des
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1 paramilitaires à Bratunac ?
2 R. D'après ce que je sais, c'est exact, ils n'avaient rien à voir.
3 Mme WEST : [interprétation] Document 23611 de la liste 65 ter, je vous
4 prie. Page 5, je vous prie, qui commence par :
5 "Les faits de base."
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Objection. Objection.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourquoi, Monsieur Karadzic ?
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourquoi ? Parce que ce document n'a pas été
9 admis ou retenu comme élément de preuve au titre de l'article 92 quater. Il
10 faisait partie en fait de l'accord de plaidoyer en question, donc je ne
11 vois pas pourquoi on pourrait l'utiliser.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais est-ce que c'est un problème si
13 l'on présente un extrait du document au témoin ?
14 M. ROBINSON : [interprétation] En fait, ils essaient d'utiliser les
15 déclarations de ce témoin. Vous avez déjà indiqué que ces déclarations ne
16 pouvaient pas être utilisées en l'espèce. Donc je ne vois pas pourquoi il
17 serait légitime de présenter une déclaration au témoin.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais elle ne va pas demander le
19 versement au dossier de ce document.
20 M. ROBINSON : [interprétation] Peut-être bien, mais elle utilise le
21 document pour conteste, en quelque sorte, récuser le témoin -- ou plutôt,
22 cette déclaration. Donc elle l'utilise de façon indirecte, certes, mais
23 elle utilise la déclaration en fait.
24 J'aimerais également dire à ce sujet d'ailleurs qu'elle devrait -- là
25 on a l'impression que nous sommes en plein contre-interrogatoire du témoin.
26 Elle devrait, dans un premier temps, avancer sa thèse, et ne pas utiliser
27 de documents qui ont été exclus précédemment. Merci.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous avez quelque chose à dire, Madame
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1 West, en guise de réponse ?
2 Mme WEST : [interprétation] Non. Ce n'est pas un contre-interrogatoire du
3 témoin que je suis en train de faire. J'évite justement d'utiliser des
4 questions qui permettraient d'obtenir des informations à propos d'éléments
5 qui ont été abordés pendant le contre-interrogatoire pour justement voir ce
6 qu'il en est. Je --
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais qu'est-ce que vous souhaitez faire
8 ?
9 Mme WEST : [interprétation] Je vais demander au témoin si les
10 renseignements qui figurent dans ce document correspondent à ses souvenirs.
11 Je suppose qu'au vu de ce qu'il a dit, certains éléments coïncideront.
12 D'ailleurs, je ne sais pas ce que le témoin va dire à ce sujet mais je
13 pense que ce qu'il aura à dire sera certainement très utile pour la
14 Chambre, de toute façon.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien.
16 [La Chambre de première instance se concerte]
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il y a des choses qui ne sont pas
18 toujours très claires, mais la Chambre pense -- enfin, estime que vous
19 voulez poser des questions pour contredire les propos du témoin. Quoi qu'il
20 en soit, la Chambre va vous autoriser à poursuivre et à poser ces
21 questions. Même si le document n'a pas été versé au dossier et ne va pas
22 être versé au dossier, je ne pense pas qu'il y ait problème à ce que vous
23 posiez des questions pour voir si le témoin est d'accord avec certaines
24 parties du document.
25 M. ROBINSON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Si le
26 témoin est d'accord avec certaines parties du document, alors est-ce que
27 l'Accusation ne va pas réussir par la petite porte --
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non, non. Vous pouvez quand même,
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1 au vu de ce qu'a dit le témoin, poser des questions à propos d'éléments
2 présentés lors du contre-interrogatoire, et nous n'allons pas verser au
3 dossier le document.
4 M. ROBINSON : [interprétation] Peu importe si on le verse au dossier ou
5 non, mais le fait est que si quelqu'un -- si quelqu'un, en fait, réagit à
6 propos de la teneur, et bien, dans une certaine mesure, la teneur du
7 document sera admise. Je me demandais, en fait, si nous pourrions peut-être
8 avoir cette conversation hors de la présence du témoin, car je pense qu'il
9 serait utile d'évoquer les possibilités. Donc, j'aimerais savoir quels sont
10 les paragraphes qu'elle souhaite présenter au témoin, Mme West, et s'il
11 confirme les choses, c'est une chose. S'il ne confirme pas et s'il
12 contredit ce qui est dit, ça ce sera une autre chose. Mais je ne pense pas
13 qu'il soit judicieux de discuter de toute cela devant le témoin.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une minute. Une minute.
15 [La Chambre de première instance se concerte]
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Davidovic.
17 Pourriez-vous quitter le prétoire, je vous prie, un petit moment ? La
18 Chambre doit parler de questions de procédures.
19 [Le témoin quitte la barre]
20 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, que faire ? Dans un premier
21 temps, Madame West, pourquoi avez-vous -- pourquoi est-ce que l'accord de
22 plaidoyer de M. Deronjic va avoir une incidence sur les questions que vous
23 allez poser au témoin ?
24 Mme WEST : [interprétation] Le témoin a évoqué certains éléments qui se
25 trouvent dans les faits de base de l'accord de plaidoyer, car cela présente
26 une excellente chronologie des événements de Bratunac à l'époque, ce qui
27 nous donne la base afin de voir avec ce témoin quels sont les véritables
28 faits. C'est un autre document, c'est tout, et ce que je vous dis, en fait,
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1 c'est que c'est un peu comme si je prenais la déclaration d'un autre témoin
2 et que je la présentais à ce témoin-ci.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais pourquoi est-ce que vous ne pouvez
4 pas lui poser ces questions sans lui présenter ce document ?
5 Mme WEST : [interprétation] Je peux tout à fait le faire également, mais je
6 pense que la Chambre a autorisé dans sa décision du 19 mai 2010 les parties
7 à présenter aux témoins qui se trouvent dans le prétoire des déclarations
8 ou comptes rendus de dépositions précédentes d'autres témoins dans d'autres
9 affaires. En fait, ces faits -- ces éléments de base sont ni plus ni moins
10 qu'une autre déclaration d'un témoin.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, vous voulez en fait lui présenter
12 cela et le confronter à ce qui est écrit.
13 Mme WEST : [interprétation] Ecoutez, je ne sais pas ce que va dire le
14 témoin, donc je ne sais pas si le terme de confrontation ou confronter est
15 exact, mais j'aimerais lui demander s'il peut fournir de plus amples
16 informations, car tout cela a été évoqué lors du contre-interrogatoire,
17 absolument pas pendant l'interrogatoire principal, et c'est par rapport au
18 contre-interrogatoire que je réagis.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais quels sont les extraits du document
20 que vous allez présenter au témoin ? Quels sujets, en tout cas ? Sur quels
21 sujets portent-ils ?
22 Mme WEST : [interprétation] Plus précisément sur les paramilitaires dont il
23 a parlé, les paramilitaires --
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que je pourrais avoir un numéro ?
25 Mme WEST : [interprétation] Tout à fait. Paragraphe 14.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Est-ce qu'il peut être affiché ?
27 Mme WEST : [aucune interprétation]
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, 14.
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1 Mme WEST : [interprétation] 14, 15, 16 concernent le sujet qui nous
2 intéresse.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, les paramilitaires. Ensuite, c'est
4 ça ?
5 Mme WEST : [interprétation] Non. Pardonnez-moi. 27, 28, 29. Ces paragraphes
6 concernent l'assassinat de Goran Zekic qui, d'après le témoin, a été tué
7 juste avant l'attaque de Glogova. C'est tout.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] 27 à 29.
9 Mme WEST : [interprétation] 29.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] 29. L'assassinat de Goran Zekic.
11 Mme WEST : [interprétation] Et Glogova.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Robinson.
13 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je crois qu'il y
14 a une façon de résoudre ce problème. C'est de regarder la teneur des
15 paragraphes 14 à 16, qui ne semble pas évoquer les questions que le
16 Procureur -- ou là où veut en venir le Procureur lorsqu'elle pose ces
17 questions au témoin pour que le témoin contredise ces éléments-là. Les
18 paramilitaires travaillent contre ou allaient à l'encontre des souhaits des
19 gens de la ville -- des dirigeants municipaux. C'est donc sa question, pour
20 l'essentiel -- ou plutôt, sa déposition -- c'est sa déposition qu'elle
21 tente de contredire ces paragraphes-là ne me semblent pas du tout porter
22 sur cette question-là. Il en va de même pour les paragraphes 27 à 29, qui
23 évoquent Glogova, qui vont au-delà de la portée de ces questions. Je ne
24 vois rien qui ne soit incohérent avec la déposition du témoin, elle
25 pourrait lui poser une question sur la référence de ce document. Mais si --
26 pour l'essentiel, si on regarde le paragraphe 13 de ce document, par
27 exemple, la teneur de ce témoin est telle que le témoin a déjà dit, en
28 parler lors de l'accord sur le plaidoyer, et elle tentait de négocier une
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1 meilleure position pour présenter sa thèse. Ecoutez, je ne sais pas, il
2 s'agit, je ne pense pas que ceci soit différent que de présenter la
3 déclaration d'un témoin au témoin. Donc je crois que même si l'on a déjà
4 décidé du statut de ce document, il ne doit pas être versé au dossier,
5 parce que ce serait injuste. Donc, pour un avantage négligeable,
6 l'Accusation souhaite indiquer par ce document que le témoin -- souhaite
7 poser les questions au témoin, poser des questions sur la base de ces
8 documents, ensuite, lui soumettre différentes questions qu'elle a
9 identifiées et ce qui pourrait porter un préjudice au Dr Karadzic. Même si,
10 d'après cette discussion, ce document dépasse de loin l'avantage qu'on peut
11 en tirer. Merci.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc vous pouvez poser des questions sur
13 le paragraphe 13.
14 Madame West, est-ce que vous souhaitez répondre ?
15 Mme WEST : [interprétation] Très brièvement, Monsieur le Président, en ce
16 qui concerne les 14, 15 et 16. Le témoin a indiqué à la page 23
17 aujourd'hui, il n'avait pas prôné le fait de chasser les Musulmans. Je sais
18 très peu de chose là-dessus, et plus particulièrement le témoin a parlé de
19 cela, lorsqu'il a parlé du rassemblement politique du 17 avril, ou cette
20 réunion. Je ne sais pas très bien si cela s'appelait les volontaires qui
21 sont entrés à Bratunac, mais cela a également été mentionné ici. Je
22 souhaite voir ce que l'on dit à ce sujet. Si cela va au-delà de ce champ ou
23 plutôt ce que la procédure a utilisé qui permettrait de développer d'autres
24 sujets évoqués lors du contre-interrogatoire. Je trouve simplement que l'on
25 utilise ce document, ce papier. Si une déclaration a été faite par un autre
26 témoin ou un autre document, je suppose que je serai autorisé à le faire.
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Qu'en est-il de Glogova ?
28 Mme WEST : [interprétation] Oui, pardonnez-moi. Le témoin a précisé que
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1 Glogova a été nommé en guise de représailles contre l'assassinat de Goran
2 Zekic, paragraphes 27, 28, 29. Je souhaitais savoir s'il y avait d'autres
3 informations là-dessus. Je vais être très brève, à propos de Glogova.
4 [La Chambre de première instance se concerte]
5 M. LE JUGE BAIRD : [interprétation] Madame West, le fait que ce document
6 ait déjà été déclaré admissible, ceci n'aurait aucune incidence sur la
7 situation ?
8 L'INTERPRÈTE : L'interprète n'est pas sûr si M. le Juge Baird n'a pas dit,
9 inadmissible.
10 Mme WEST : [interprétation] Ecoutez, je ne pense pas, Monsieur le
11 Président, parce qu'il y a des moments où nous pouvons montrer des
12 documents au témoin qui ne sont pas des documents du témoin, qui est à la
13 barre, et que ça n'a rien avec le témoin, et que c'est pertinent. Il peut
14 indiquer ou signaler quelque chose. Je suis d'accord pour dire que cela n'a
15 pas été versé au dossier par cette Chambre.
16 L'INTERPRÈTE : Vérification. Effectivement, le Juge Baird a dit que c'était
17 inadmissible, mais ceci est parfaitement pertinent lorsque cela est
18 présenté pendant le contre-interrogatoire. Encore une fois, je demande son
19 versement au dossier, et je le demande pour pouvoir obtenir de sa
20 déposition quelque chose sur le sujet.
21 M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, écoutez, si on y
22 pense un petit peu, il s'agit d'une confession ou d'un aveu, parce que Mme
23 West a été soupçonnée d'avoir voulu présenter un argument, alors que ceci
24 ne peut pas être versé au dossier. Je souhaite voir que le témoin --
25 souhaite voir ce que le témoin a à dire dessus. Et vous disposez
26 d'informations qui ont été décrétées injustes, qui ne doivent pas être
27 versées dans le cadre de ce procès. Elle essaie simplement d'utiliser ceci
28 comme instrument pour introduire quelque chose à propos duquel vous avez
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1 déjà pris votre décision, parce que ceci doit être exclu. Elle peut poser
2 ses questions sur le sujet, sans faire référence au document. Elle le fait
3 -- elle a décidé de procéder de cette manière par rapport à ces documents
4 simplement parce qu'elle souhaite recueillir des éléments d'information par
5 un autre biais, et cela ne -- sinon, ne pourrait pas être utilisé.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A moins que ce soit nécessaire, oui.
7 M. TIEGER : [interprétation] Je ne sais pas si c'est nécessaire ou pas, je
8 souhaite simplement signaler que Me Robinson est en train de confondre les
9 questions, à savoir, la non recevabilité en vertu de l'article 95, qui est
10 une question complètement différente, et qui nous amène à nous pencher sur
11 les considérations différentes, en terme de l'emploi d'un document et de
12 savoir si un document ou non peut être utilisé conformément à l'article 92.
13 Il s'agit là d'une question tout à fait différente. Je crois qu'il est
14 important de signaler cela. Je suis désolé d'avoir consacré une partie du
15 temps des Juges de la Chambre à cette question-là.
16 M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Ceci ne serait pas arrivé si le Dr
17 Karadzic n'avait pas posé ces questions pendant son contre-interrogatoire,
18 et je crois que tout avocat est en mesure de se rendre compte des
19 conséquences de cela.
20 [La Chambre de première instance se concerte]
21 M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] A la majorité qui exclut M. le Juge
22 Kwon, nous estimons que les documents peuvent être utilisés pour formuler
23 une question, sans pour autant que le document soit utilisé en tant que
24 tel.
25 Madame West, avez-vous besoin de temps pour formuler votre question sans
26 citer le document directement ?
27 Mme WEST : [interprétation] Non.
28 M. LE JUGE MORRISON : [aucune interprétation]
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Faisons entrer le
2 témoin.
3 [Le témoin vient à la barre]
4 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, puis-je reprendre ?
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, tout à fait.
6 Mme WEST : [interprétation]
7 Q. Monsieur Davidovic, je souhaite vous poser des questions à propos des
8 paramilitaires, que j'ai évoqués un peu plus tôt qui se trouvaient dans le
9 secteur de Bratunac, en 1992. Savez-vous d'où venaient ces personnes ?
10 L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]
11 LE TÉMOIN : [interprétation] De Serbie.
12 Mme WEST : [interprétation]
13 Q. Quel était leur objectif, en venant ainsi ?
14 R. Non.
15 Q. Combien de temps sont-ils restés là, environ ?
16 R. Ils ont été tués, jusqu'au moment où ils ont été tués. Il n'y en a
17 aucun qui est parti, reparti vivant. Mais ils ont passé environ un mois à
18 cet endroit.
19 Q. Avant leur arrivée, avant ce mois-là, si vous comparez cela avec le
20 mois qui a suivi; est-ce que c'est un nombre important de Musulmans qui
21 avait quitté la région ?
22 R. Oui, tout à fait.
23 Q. Vous avez également du 17 avril, je crois que vous avez dit que vous
24 étiez en ville et que vous étiez à l'hôtel Fontana et que vous avez vu un
25 certain nombre de volontaires. Vous dites y avoir vu Deronjic également;
26 vous en souvenez-vous ?
27 R. Oui, je m'en souviens. Devant le centre commercial, à l'entrée,
28 Deronjic était là accompagné de nombreuses personnes et surtout des
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1 Musulmans. Les volontaires se trouvaient la terrasse de l'hôtel Fontana.
2 Ils étaient alignés sur trois à 40 mètres.
3 Q. Vous avez parlé d'un échange entre Deronjic, et d'après ce que j'ai
4 compris, une personne musulmane. Avez-vous Deronjic s'entretenir avec ces
5 paramilitaires ou pas du tout ? Pardonnez-moi, je me suis mal exprimée.
6 Vous avez dit que Deronjic avait parlé à quelqu'un qui vivait dans la
7 ville. Voici ma question : Avez-vous vu Deronjic s'entretenir avec l'un
8 quelconque des paramilitaires ?
9 R. Non.
10 Q. Combien de temps avez-vous passé dans cette région ?
11 R. Vous voulez parler du moment où j'ai vu. Dix à 15 minutes.
12 Q. Bien. Après dix à 15 minutes, vous êtes parti ?
13 R. Je suis parti. Je suis sans doute rentré chez moi.
14 Q. Pendant votre contre-interrogatoire, vous avez évoqué un certain nombre
15 d'incidents au cours desquels ces volontaires harcelaient des Musulmans et
16 vous avez également parlé de Serbes. Est-ce que vous êtes au courant
17 d'incidents particuliers d'intimidation ou de meurtre de Musulmans de
18 Bosnie par ces volontaires ?
19 R. Il y avait beaucoup de choses comme ça. Oui.
20 Q. Suite à cela, est-ce qu'un nombre important de Musulmans de Bosnie
21 service militaire s'est enfui de la municipalité de Bratunac ?
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] S'il vous plaît, je dois dire quelque chose et
23 intervenir au niveau du compte rendu d'audience. L'interprétation a dit :
24 Il y avait beaucoup de choses comme ça. Alors que le témoin a dit : Il y
25 avait cela et ce genre de choses se produisaient. -- serait une traduction
26 appropriée.
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Davidovic, veuillez répéter
28 votre réponse, à savoir si vous étiez au courant d'incidents d'intimidation
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1 ou de meurtre de Musulmans de Bosnie par ces volontaires ?
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela a commencé. Ils ont commencé à se rendre
3 dans les maisons de certaines personnes, à les faire venir dans les écoles,
4 à les maltraiter, les piller.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Je vais demander au Service
6 de traduction de réentendre le propos du témoin à la ligne 8 de la page 91.
7 Poursuivons, cela étant dit.
8 Mme WEST : [interprétation]
9 Q. Donc, après cela, est-ce qu'un certain nombre de Musulmans de Bosnie se
10 sont enfuis de la municipalité de Bratunac ?
11 R. Oui, tout à fait.
12 Q. Vous avez également parlé de l'assassinat de Goran Zekic qui a eu lieu
13 le 8 mai 1992, et vous avez parlé de --
14 R. Oui.
15 Q. -- qu'en tant homme respecté de tous il était aimé par tous les membres
16 de la communauté ?
17 R. Oui.
18 Q. Savez-vous si, oui ou non, il y a eu une réunion qui s'est tenue à la
19 cellule de Crise de Bratunac ?
20 R. Non, cela je ne le sais pas. Je n'ai participé ni aux travaux de la
21 cellule de Crise ni à la vie politique de façon générale. Sans doute mais
22 je ne suis pas au courant de cela. Cela paraît logique. Logique qu'il y ait
23 eu des réunions, parce que Goran n'était pas, n'importe qui, et avec
24 Deronjic, c'était un homme important dans la région, et avant la guerre, il
25 était juge devant le tribunal municipal, et les Serbes et les Musulmans le
26 connaissaient. Son avis comptait, et ce, jusqu'au moment où cela est
27 arrivé, il était respecté.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Une autre intervention de ma part. Ça n'est pas
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1 qu'on tenait compte de son avis c'est qu'on l'estimait. Il tenait cet homme
2 en haute estime. Il faudrait demander au témoin ce qu'il entendait par là.
3 Est-ce qu'il voulait dire que l'on respectait ou pas ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est ce que j'avais à l'esprit. J'avais
5 l'intention de parler du respect dont il jouissait. Ils appréciaient son
6 professionnalisme, son intelligence, sa fidélité, et cetera.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, vous pouvez aborder
8 certaines questions concernant l'interprétation. Les Services de traduction
9 du Tribunal se pencheront sur la question à nouveau.
10 Poursuivons, Madame West.
11 Mme WEST : [interprétation] Merci.
12 Q. A la page 28 du compte rendu d'aujourd'hui, vous avez dit que l'attaque
13 de Glogova -- vous avez dit que Glogova était une attaque en représailles
14 par -- et en raison de l'assassinat de Goran Zekic vous souvenez-vous
15 d'avoir dit cela aujourd'hui ?
16 R. Oui.
17 Q. Comment savez-vous cela ?
18 R. Eh bien, je le sais parce que j'en ai parlé à Deronjic.
19 Q. Et l'opération Glogova aurait-elle pu être préparée à l'avance et que
20 ceci a été simplement précipité par l'assassinat de Goran Zekic ?
21 R. Oui, on pourrait le dire ainsi.
22 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, j'en ai terminé avec ces
23 questions, il y a juste un domaine que je souhaite aborder brièvement.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
25 Mme WEST : [interprétation]
26 Q. Donc, aujourd'hui, vers la page 60, vous parliez de Rajko Dukic, qui
27 était un homme de Milici, et il y a eu une discussion à propos des autocars
28 qui devaient arriver à la date du 13 juillet à Bratunac, et que Deronjic
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1 était en colère, parce qu'il pensait que Dukic essayait -- d'après ce que
2 vous avez dit, le décharger et faire porter ce fardeau à quelqu'un d'autre;
3 vous souvenez-vous de ce passage de votre déposition ?
4 R. Oui, tout à fait. Mais ça c'était le 12, l'histoire des autocars
5 c'était le 12, pas le 13.
6 Q. D'accord. Mais et d'après votre souvenir les autocars sont partis le
7 lendemain, quelle que soit la date; c'est ça ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous avez également dit aujourd'hui à la page 58 qu'après avoir eu
10 cette discussion avec Deronjic, vous avez dit que :
11 "Miroslav, essaie d'utiliser les contacts que tu as avec le gouvernement et
12 le président pour faire en sorte que les autocars et ces gens-là quittent
13 Bratunac."
14 Lorsque vous parlez "du président," vous entendez M. Karadzic, n'est-ce pas
15 ?
16 R. Est-ce que je voulais parler de lui en particulier ? Je voulais parler
17 des hauts dirigeants du parti et du gouvernement. Les hauts dirigeants avec
18 lesquels il était en contact, les hauts dirigeants du parti politique et du
19 gouvernement, parce que c'était le seul à être en contact avec eux.
20 Q. Mais le haut dirigeant serait M. Karadzic, n'est-ce pas ?
21 M. ROBINSON : [interprétation] Pardonnez-moi, Monsieur le Président.
22 Deuxième question directrice coup sur coup. Je m'y oppose.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Davidovic, qui était le numéro
24 1 ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Le président Radovan Karadzic.
26 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, je n'ai pas d'autre
27 question.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
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1 Madame West, disposez-vous de l'acte d'accusation -- l'acte d'accusation
2 contre M. Karadzic; est-ce que vous l'avez, oui ou non ?
3 -- 039 différent massacre à Srebrenica au numéro 15.1, page 23, on fait
4 état de meurtres de plus de 50 hommes musulmans à l'intérieur et à
5 l'extérieur de l'école Vuk Karadzic et dans le secteur qui se trouvait
6 autour. Veuillez nous dire ceci : ces meurtres font référence à quoi, dans
7 les grandes lignes, s'il vous plaît ? On parle de meurtres à l'intérieur et
8 à l'extérieur de l'école de Vuk Karadzic et dans la zone alentour. Qu'est-
9 ce que vous entendez par cette zone alentour ?
10 Mme WEST : [interprétation] Monsieur le Président, je suis très précise sur
11 ce point. Je souhaite revenir vers vous.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous pose la question. Je souhaite
13 savoir si les victimes de cet incident, à l'annexe 15.1, comprendraient M.
14 Rasid Sinanovic, que M. Davidovic a cité.
15 Mme WEST : [interprétation] Pour ce qui est de cet exemple-là, non.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je poserai une question à ce sujet.
17 Bien.
18 Monsieur Davidovic, à moins que mes collègues n'aient des questions à
19 vous poser, votre déposition est maintenant terminée. Au nom des Juges de
20 cette Chambre et du Tribunal dans son ensemble, je vous remercie d'être
21 venu à La Haye pour déposer, et je souhaite également faire un commentaire
22 sur votre décision qui consistait à déposer en public. J'espère que tout
23 ira bien pour vous. Je vous souhaite un bon voyage de retour. Merci encore.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'espère également. Merci à vous.
25 [Le témoin se retire]
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame West, je suppose que sa
27 déposition antérieure peut être versée au dossier de façon publique dans
28 son intégralité, n'est-ce pas ?
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1 Mme WEST : [interprétation] Nous sommes encore en train d'essayer de
2 résoudre cette question-là. J'espère que vous m'accordez jusqu'à demain et
3 je reviendrai vers vous et vous donnerai ma réponse là-dessus.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous avons parlé de passages importants
5 en audience publique alors que dans l'affaire précédente, ces éléments ont
6 été abordés à huis clos partiel.
7 Mme WEST : [interprétation] Je crois que la question qui se pose, c'est que
8 la Chambre d'appel n'a rien ordonné en ce sens et n'a pas autorisé que
9 cette partie-là du compte rendu d'audience soit entendue en audience
10 publique.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce qu'il vous convient -- est-ce
12 que c'est possible de faire entrer le témoin suivant ? Est-ce qu'il attend
13 dehors ? Faites-le entrer.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, le témoin suivant est M. Katanic,
15 et il va témoigner au titre de l'article 92 ter, c'est cela ?
16 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour, Monsieur Katanic.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous demande de bien vouloir
20 prononcer la déclaration solennelle.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
22 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
23 LE TÉMOIN : MILENKO KATANIC [Assermenté]
24 [Le témoin répond par l'interprète]
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre
26 place.
27 Madame West, je vous en prie.
28 Mme WEST : [interprétation] Est-ce que le document 90304 de la liste 65 ter
Page 24456
1 pourrait être affiché, je vous prie ?
2 Interrogatoire principal par Mme West :
3 Q. [interprétation] Monsieur, quel est votre nom ?
4 R. Je m'appelle Milenko Katanic.
5 Q. Quel est votre lieu de naissance ?
6 R. Je suis né à Bratunac.
7 Q. Où vivez-vous maintenant ?
8 R. Je vis toujours à Bratunac.
9 Q. Une déclaration consolidée a été préparée et contient donc des extraits
10 pertinents de votre déclaration auprès du bureau du Procureur en novembre
11 2008 et des extraits de votre audition avec le bureau du Procureur au mois
12 de mai 2011, et cette déclaration se trouve maintenant devant vous, et
13 j'aimerais savoir s'il s'agit de la déclaration que vous avez lue, examinée
14 et signée en octobre 2011.
15 R. Oui.
16 Q. Il y a quelques jours, nous avons examiné cette déclaration et vous
17 n'avez indiqué quelques corrections que vous souhaitiez apporter au
18 document; est-ce exact ?
19 R. Oui.
20 Q. Plus précisément, la correction porte sur le paragraphe 26, qui a trait
21 aux événements de Glogova en mai 1992. Donc il s'agit du paragraphe 26, et
22 vous dites que vous ne pouviez pas décrire ces événements comme une
23 "attaque." Vous dites qu'il s'agissait d'une opération dont le but était
24 d'assiéger, d'encercler Glogova et de désarmer la population. Cette
25 opération a été exécutée pour désarmer le village de Glogova.
26 Alors, avec cette correction maintenant qui a été intégrée au texte, est-ce
27 que vous pouvez confirmer que votre déclaration correspond à une
28 compilation de toutes les informations que vous avez fournies au bureau du
Page 24457
1 Procureur ?
2 R. Oui.
3 Q. Si, aujourd'hui, on vous posait les mêmes questions à propos des mêmes
4 sujets, est-ce que vous -- des mêmes sujets qui figurent dans votre
5 déclaration, est-ce que vous apporteriez les mêmes réponses ?
6 R. Oui.
7 Mme WEST : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au
8 dossier de cette déclaration, Monsieur le Président, et il y a également --
9 il n'y a que six documents connexes.
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons dans un premier temps verser
11 la déclaration au dossier.
12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4374, Monsieur le
13 Président.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A propos du document 65 ter 23556, je ne
15 suis pas très sûr de ce qu'il dit à propos de ce document dans le
16 paragraphe 100.
17 Mme WEST : [interprétation] Mais je pourrai tout à fait lui poser la
18 question.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Donc, outre cela, est-ce que vous
20 avez des objections, Maître Robinson ?
21 M. ROBINSON : [interprétation] Non, non, Monsieur le Président. De toute
22 façon, nous n'avons absolument aucune objection à l'ajout de certains de
23 ces documents sur la liste.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie. Donc toutes les pièces
25 connexes seront versées au dossier et recevront en temps voulu une cote.
26 Madame West, je vous en prie.
27 Mme WEST : [interprétation] Je vous remercie. Je vais vous donner lecture
28 du résumé.
Page 24458
1 Milenko Katanic est né à Bratunac. Il y a vécu et travaillé pendant toute
2 la guerre. Il a participé ou assisté à la première réunion du premier
3 Conseil du SDS à Bratunac, le 8 août 1990, avec 50 autres personnalités du
4 cru de Bratunac. Lors de cette réunion, Miroslav Deronjic a été élu
5 président et M. Katanic a été élu trésorier. Pendant la période aboutissant
6 à la guerre, M. Katanic est resté un fidèle membre du SDS. Il était présent
7 lors de la création de la cellule de Crise locale, tel que cela est indiqué
8 dans les Variantes A et B. Pendant cette période, il y avait toujours
9 quelqu'un de présent qui assurait la permanence des bureaux du SDS de
10 Bratunac, jour et nuit. Cela était fait conformément aux consignes du 19
11 décembre afin que si quelque chose se passait, le bureau local pouvait
12 alerter les autres membres du SDS. Le 24 février 1992, M. Katanic a assisté
13 à une réunion du Conseil municipal. Lors de cette réunion, Miroslav
14 Deronjic a dit aux membres du SDS qu'ils devaient maintenant passer au
15 niveau 2 -- à l'étape numéro 2 des consignes, à savoir l'état d'urgence. Il
16 leur a dit que Bratunac devait mettre en œuvre la phase numéro 2 parce que
17 c'était un ordre. M. Katanic a remarqué qu'en avril 1992, en dépit du fait
18 que la cellule de Crise de Bratunac ait émis un ordre général relatif au
19 désarmement, dans la pratique, seuls les Musulmans étaient désarmés.
20 Précédemment, Miroslav Deronjic et le SDS avaient armé la population serbe
21 de Bratunac. M. Katanic, quant à lui, avait reçu un fusil. La décision
22 relative à l'opération menée contre le village musulman de Glogova fut
23 prise avant le décès de Goran Zekic. M. Katanic pense que le décès de Zekic
24 a accéléré le processus et la date de l'attaque. L'opération quant à elle-
25 même avait été planifiée plus tôt. En tant que membre de la Défense
26 territoriale, M. Katanic a participé à l'opération. Au vu de la façon dont
27 l'opération s'est déroulée, M. Katanic s'est rendu compte que toutes les
28 parties de la Défense territoriale et les autres formations avaient reçu
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1 leurs propres affectations et leurs propres tâches pour ce qui était de
2 Glogova. Il convient que des actions telles que celles de Glogova et de
3 Suha auraient pu entraîner le déplacement contraint de la population
4 musulmane. En 1993, M. Katanic est devenu secrétaire technique du SDS de
5 Bratunac et a travaillé au bureau du parti. Par conséquent, il était
6 présent lors des réunions avec Miroslav Deronjic à la suite de la chute de
7 Srebrenica en juillet 1995, et en fait, pendant toute la période jusqu'à la
8 guerre et pendant la guerre, M. Katanic et M. Deronjic étaient des amis
9 intimes. Le 11 juillet 1995, Deronjic a appelé M. Katanic et lui a dit que
10 Deronjic avait été nommé par Karadzic commissaire civil pour Srebrenica. Il
11 a convoqué M. Katanic dans son bureau et lui a dit d'organiser une réunion
12 avec le représentant serbe de Srebrenica qui faisait partie du Conseil du
13 SDS. M. Katanic les a convoqués pour cette réunion dans le bureau du SDS,
14 et là, Deronjic a informé tous les présents qu'il avait été nommé
15 commissaire. Lors de cette réunion où était présent M. Katanic, Deronjic a
16 parlé au téléphone avec Karadzic. L'appel a été placé sur haut-parleur pour
17 que tout le monde puisse entendre. Karadzic a dit : Miroslav, tu es
18 directement responsable de toutes les affaires civiles de Srebrenica et tes
19 hommes seront responsables vis-à-vis de toi. Deronjic s'est tourné vers les
20 membres du SDS présents, notamment M. Katanic, et lui a dit : "Vous avez
21 maintenant les mêmes responsabilités envers moi que celles que j'ai envers
22 Karadzic." Les jours suivant la chute de Srebrenica, M. Katanic a vu Momir
23 Nikolic et Dragomic Vasic dans le bureau du SDS de Bratunac. Ils y étaient
24 présents le 12 juillet et les autres jours qui ont suivi. Lorsqu'ils sont
25 arrivés le 12 juillet, Deronjic était également présent. Les trois hommes
26 ont parlé -- ont eu une conversation. M. Katanic était présent lors de
27 plusieurs appels téléphoniques entre Deronjic et Karadzic. A ce moment-là,
28 Deronjic avait des communications quasi-quotidiennes avec Karadzic à partir
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1 du bureau du SDS et d'ailleurs. Il disait très souvent qu'il parlait avec
2 Karadzic de la situation du moment et des événements. Il avait l'habitude
3 de dire à qui voulait l'entendre : aujourd'hui, j'ai parlé à Karadzic. Cela
4 est vrai de toute la période de juillet à partir du début de l'opération de
5 Srebrenica et jusqu'à la visite de Karadzic à Srebrenica plus tard en 1995.
6 Et plus précisément, M. Katanic pense que Deronjic a indiqué à Karadzic
7 qu'il y avait eu des meurtres et assassinats le 13 juillet dans l'entrepôt
8 de Kravica. D'après ce que M. Katanic a compris au vu de ce qu'il savait à
9 propos de Deronjic, il sait que Deronjic en aurait parlé. M. Katanic lui-
10 même pense qu'il a entendu parler des meurtres et assassinats de l'entrepôt
11 de Kravica de la bouche de Deronjic le soir du 13 juillet. M. Katanic a
12 également entendu de la part de Deronjic qu'il y avait des prisonniers
13 musulmans qui avaient été emmenés de Milici et d'autres municipalités vers
14 Bratunac. Deronjic a eu une conversation à propos de ces prisonniers avec
15 le colonel Beara. M. Katanic a vu Beara dans le bureau du SDS la nuit du 13
16 juillet. Il a passé plusieurs appels téléphoniques et a donné des ordres à
17 des officiers subalternes en leur demandant de prendre du carburant. Le
18 lendemain, M. Katanic a vu Beara qui quittait le bureau de Deronjic.
19 Deronjic a dit à M. Katanic que Beara avait un peu plus tôt commandé à --
20 donné l'ordre à ses subordonnés de fouiller des endroits à Bratunac pour
21 emprisonner les Musulmans de Srebrenica. Il y avait tant de prisonniers
22 qu'il ne pouvait pas tous les avoir à Bratunac. M. Katanic pense que
23 Deronjic et Karadzic ont travaillé de concert pour trouver -- pour replacer
24 les prisonniers de Bratunac pour qu'ils ne soient pas tués là
25 spécifiquement. Lorsque Karadzic est arrivé à Srebrenica en août 1995, lui
26 et Deronjic ont eu une réunion.
27 Q. Monsieur Katanic, j'ai une question à vous poser. Quand est-ce que vous
28 avez rencontré pour la première fois Miroslav Deronjic ?
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1 R. Miroslav Deronjic avait mon âge, donc je le connaissais -- nous nous
2 connaissions depuis que nous étions enfants. Donc, nous étions amis lorsque
3 nous étions enfants. Nous avons plus ou moins le même âge. Nous sommes
4 allés à l'école ensemble, et puis, nous avons grandi, nous avions les mêmes
5 loisirs, nous allions pêcher dans la Drina, nous jouions aux cartes. Donc,
6 oui, je vous dirais que je le connais -- je le connais depuis le début de
7 ma vie, en fait.
8 Q. Quels étaient vos rapports -- vos contacts ?
9 R. Ecoutez, nous étions assez proches. Oui, nous étions amis.
10 Q. Et avec quelle fréquence est-ce que vous vous parliez, par exemple ?
11 R. Il ne s'agissait pas de conversations officielles. Lorsque nous étions
12 libres, comme deux amis, nous sortions et nous parlions.
13 Q. Est-ce qu'il y avait un endroit où vous vous rendiez pour parler ?
14 R. En 1992, j'ai ouvert un café qui s'appelait Caesar. Je l'ai ouvert en
15 janvier. C'était là que nous nous retrouvions la plupart du temps. Nous
16 passions le plus clair de notre temps libre là-bas. Le soir, lorsque nous
17 étions libres, nous nous retrouvions là-bas et là, nous parlions.
18 Q. Avant que vous n'ouvriez ce café, où est-ce que vous le retrouviez
19 auparavant ? Est-ce qu'il y avait un autre endroit, un autre lieu ?
20 R. Bon, pendant l'été, c'était en général au motel près de la Drina que
21 l'on se retrouvait, et l'hiver -- et le soir, c'était à l'hôtel Fontana.
22 Q. Est-ce que vous connaissiez sa famille ?
23 R. Oui.
24 Q. Est-ce qu'il connaissait votre famille ?
25 R. Oui.
26 Q. Est-ce que vous avez un surnom, Monsieur ?
27 R. Oui, j'ai un surnom. C'est Mikan. Toutefois, j'ai un surnom que trois
28 personnes seulement ont utilisé : ma mère, Deronjic - et donc, cela était
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1 très important pour moi. Donc, ces trois personnes, en fait, elles
2 m'appelaient Mice. La troisième personne qui m'appelait comme cela était un
3 voisin, et c'est le surnom qui était utilisé par les gens dont j'étais
4 très, très proche.
5 Mme WEST : [interprétation] Je me demande, Monsieur le Président, si le
6 moment serait venu de lever l'audience.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien.
8 Monsieur Katanic, nous allons lever l'audience et nous reprendrons demain à
9 9 heures.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.
11 --- L'audience est levée à 14 heures 58 et reprendra le vendredi 10 février
12 2012, à 9 heures 00.
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