Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 18 avril 2012

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour tout le monde.

  6   Et bonjour, Maître Robinson. On m'a indiqué que vous souhaitiez soulever

  7   quelque chose.

  8   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'aimerais

  9   demander l'aide de la Chambre de première instance, et je m'excuse de vous

 10   importuner à ce sujet. Hier soir, nous sommes allés au quartier

 11   pénitentiaire, moi-même ainsi que le général Radinovic, afin de nous

 12   préparer au contre-interrogatoire de M. Butler, et M. Karadzic n'a pas été

 13   autorisé à se rendre dans la pièce où nous avons l'habitude et où nous

 14   pouvons le rencontrer en privé. Donc nous l'avons rencontré de toute façon

 15   parce que, bien que nous ayons quand même quelques préoccupations à propos

 16   de la confidentialité et de la violation de la confidentialité, mais pour

 17   ne pas retarder le contre-interrogatoire, nous avons quand même eu notre

 18   entretien avec M. Karadzic.

 19   Et M. Karadzic souhaiterait que la Chambre sollicite l'aide du quartier

 20   pénitentiaire pour demander pourquoi nous n'avons pas pu le rencontrer dans

 21   cette salle qui est prévue pour les entretiens avec les avocats, qui est

 22   prévue spécialement pour cela et où il y a un téléphone. M. Karadzic,

 23   d'ailleurs, avait l'intention de prendre contact avec notre enquêteur au

 24   cours de cette réunion et d'obtenir quelques renseignements, ce que nous

 25   n'avons pas pu faire. Donc nous serions extrêmement reconnaissants à la

 26   Chambre de première instance si elle pouvait s'enquérir auprès du quartier

 27   pénitentiaire afin de savoir pourquoi nous n'avons pas pu avoir cette

 28   réunion confidentielle et pour faire en sorte que cela ne se reproduise


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  1   plus à l'avenir.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais aucune raison ne vous a été

  3   indiquée, n'est-ce pas ?

  4   M. ROBINSON : [interprétation] Non. Le personnel qui était de permanence

  5   hier soir nous a dit qu'ils n'avaient pas été informés d'une information

  6   par rapport aux raisons.

  7   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

  8   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je m'excuse. Mais j'ai une question

  9   à vous poser. Pourquoi est-ce que vous pensez qu'il pourrait y avoir

 10   violation de la confidentialité ? A cause de la présence d'une partie

 11   tierce ?

 12   M. ROBINSON : [interprétation] Non, parce que nous avons été placés dans

 13   une pièce qui était ou qui peut être surveillée. En général, dans la pièce

 14   spéciale, il n'y a aucune surveillance.

 15   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Je vous remercie.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson, la Chambre va

 17   s'enquérir à ce sujet.

 18   J'aimerais que le témoin puisse entrer dans le prétoire.

 19   [Le témoin vient à la barre]

 20   LE TÉMOIN : RICHARD BUTLER [Assermenté]

 21   [Le témoin répond par l'interprète]

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour, Monsieur Butler.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges. Merci.

 26   Je souhaiterais que le document 23703 de la liste 65 ter soit affiché.

 27   Interrogatoire principal par M. Nicholls : [Suite]

 28   Q.  [interprétation] Alors, Monsieur Butler, vous ne trouverez pas ce


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  1   document dans votre classeur. En fait, il s'agit de questions qui vous ont

  2   été posées par M. le Président, le Juge Kwon, à la ligne 27 485 hier, et il

  3   vous a posé une question à propos de la signification du nom Barijera, nom

  4   qui a été évoqué lors de la conversation entre M. Karadzic et le général

  5   Zivanovic que nous avions vue. Il s'agissait en fait de la pièce P4484.

  6   J'aimerais savoir dans un premier temps si les noms de code ont changé

  7   pendant la guerre, si vous le savez, bien entendu ? Je pense à des noms

  8   tels que Badem, Palma, et cetera.

  9   R.  Oui, ils auraient dû être modifiés. Ce qui se passe normalement, c'est

 10   que dans le cadre d'une opération bien précise, les différents QG se voient

 11   attribuer un nouveau nom de code, et sur de nombreux documents que vous

 12   verrez peut-être, lorsqu'il est question, par exemple, de communications

 13   tactiques, vous voyez ces noms de code. Ceci étant dit, la procédure en

 14   matière de sécurité dans le domaine des communications, c'est ainsi que les

 15   choses doivent se passer. Dans de nombreux cas, des personnes ont repris

 16   les noms de code qu'ils avaient auparavant, donc là ils n'ont pas, en fait,

 17   respecté la sécurité en matière de bonnes communications. Donc la réponse

 18   exacte est qu'ils auraient dû être modifiés pour chaque opération, mais

 19   dans la réalité cela ne s'est pas passé.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est un document qui n'a pas de date. Je

 21   l'avais fourni à mes confrères auparavant. Il ne figurait pas sur la liste,

 22   mais vous le voyez maintenant.

 23   Q.  Nous voyons donc en haut de ce document : Secret d'Etat, Défense

 24   nationale, Drina. Regardez le numéro 3. Il est indiqué au numéro 3 : Etat-

 25   major de la Republika Srpska, nom de code Barijera; au numéro 4, Etat-major

 26   de l'armée de Republika Srpska, poste de commandement avancé Barijera-1; et

 27   au numéro 5, vous avez, Etat-major de l'armée de la Republika Srpska, poste

 28   de commandement avancé Barijera-2.


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  1   Alors, bon, cela se passe d'explication, mais il semblerait quand même

  2   d'après ce document que Barijera est le nom de code pour l'état-major

  3   principal, n'est-ce pas ?

  4   R.  Oui, oui, d'après le document, tout à fait. Ce qui est effectivement

  5   indiqué.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander le versement au dossier du

  7   document.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce P4938.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation]

 11   Q.  Alors nous revenons à la date du 12 juillet, Monsieur Butler. Et je

 12   souhaiterais avoir le document 1945 de la liste 65 ter. Intercalaire 60,

 13   premier classeur, Monsieur Butler. Je vais vous dire en fait que, puisque

 14   je n'ai plus beaucoup de temps, je vais vous demander de continuer à me

 15   donner des réponses exhaustives et complètes, mais je vais quand même

 16   essayer d'aller un peu plus vite en besogne et de vous poser des questions

 17   plus succinctes.

 18   Là, nous avons, comme vous pouvez le constater, un autre rapport du MUP

 19   destiné à Tomo Kovac ainsi qu'au chef de la sécurité publique, Dragan --

 20   c'est un document qui émane de Dragan Kijac, et il y est fait référence à

 21   plusieurs sujets, la libération de Srebrenica, par exemple. Ensuite, vous

 22   voyez qu'il est question au bas de la page d'un accord d'évacuation des

 23   civils de Potocari. Au haut de la deuxième page de la version anglaise,

 24   vous remarquez qu'il est indiqué :

 25   "Il faut remarquer que parmi les gens qui restent à Potocari ou qui sont à

 26   Potocari, il n'y a quasiment plus d'hommes en âge de porter les armes."

 27   Donc, est-ce que vous pourriez nous indiquer votre opinion par rapport à ce

 28   document.


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  1   R.  Oui, Monsieur. Premièrement, les organes militaires et les organes de

  2   la Sûreté d'Etat continuent à communiquer l'un avec l'autre. Au deuxième

  3   paragraphe, par exemple, vous voyez qu'ils répètent une information dont

  4   parlaient, en fait, les sources de sécurité militaire. Dans le document, il

  5   est question non seulement de sécurité militaire, mais c'est également ce

  6   dont parle M. Vasic.

  7   Il en va de même pour la situation à Potocari, par exemple. Ils continuent

  8   à collecter des informations par rapport aux différentes ONG. Donc ce

  9   document, pour moi, est un rapport de suivi en quelque sorte, qui porte sur

 10   la situation qui prévalait à ce moment-là. Et ces éléments d'information

 11   sont envoyés par les personnes qui se trouvent sur le terrain, cela est

 12   envoyé à la direction des organes politiques de la VRS ainsi qu'à la

 13   direction de l'armée.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 15   dossier du document.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4939.

 18   M. NICHOLLS : [interprétation]

 19   Q.  Document suivant dans votre classeur. Le document 2016, Monsieur

 20   Butler. Il s'agit du département du Renseignement du Corps de la Drina qui

 21   envoie ceci le 4 juillet [comme interprété]. Donc vous voyez que c'est le

 22   général Tolimir qui envoie cela, et c'est le chef de la sécurité et du

 23   renseignement de l'état-major principal. Regardez la liste des

 24   destinataires, elle est assez intéressante. Donc vous avez les départements

 25   du Renseignement et de la Sécurité, le ministère de l'Intérieur de la

 26   Republika Srpska et le MUP de la Republika Srpska. Quel est votre avis à ce

 27   sujet ?

 28   R.  A quel intercalaire est-ce que je vais trouver ce 


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  1   document ?

  2   Q.  Excusez-moi, à l'intercalaire 61.

  3   R.  Ce document émane du commandement du Corps de la Drina, mais à la

  4   deuxième page nous voyons que c'est le général Tolimir qui signe le

  5   document. Et à ce moment-là, le 12 juillet, le général Tolimir se trouvait

  6   au QG du Corps de la Drina à Vlasenica.

  7   Le général Tolimir indique qu'il est parfaitement informé de la situation

  8   qui prévalait sur le terrain le 12 juillet 1995. Il indique dans ce

  9   document qu'ils obtiennent des informations à partir de conversations

 10   interceptées. Il y est question de la situation de la colonne, des

 11   objectifs également de cette colonne. Il fait référence à d'autres éléments

 12   d'information à propos, d'après eux, de ce que souhaitent les Musulmans

 13   pour Srebrenica ou de la façon dont les Musulmans souhaitent dépeindre et

 14   décrire Srebrenica. Puis finalement, regardez la liste des destinataires.

 15   Le fait est que le général Tolimir veut s'assurer que des personnalités-

 16   clés, telles que le général Krstic et le colonel Popovic, qui se trouvaient

 17   dans d'autres lieux, reçoivent ces informations. Et vous voyez en fait que

 18   le MUP et l'organe de la Sûreté d'Etat font également partie de la liste

 19   des destinataires. Donc, là, nous avons un effort concerté et continu

 20   déployé à la fois par l'armée, le MUP et la Sûreté d'Etat pour s'assurer

 21   que chacun des organes, chacun des éléments, sache le plus exactement

 22   possible ce qui se passe sur les champs de bataille. Donc, là, c'est

 23   l'exemple parfait, s'il en fut, de la façon dont les trois parties

 24   travaillent de concert pour s'assurer que tous les protagonistes qui

 25   prennent les décisions soient au courant de la situation.

 26   Q.  Je vais vous poser une question de suivi. Pas forcément, d'ailleurs, à

 27   propos de ce document, mais il y a les différents rapports que vous avez

 28   examinés dans le cadre de votre travail, et je pense à la VRS, au MUP, à la


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  1   Sûreté d'Etat. En temps réel, cette information, avec quelle rapidité est-

  2   ce qu'elle était partagée entre les différents organes ?

  3   R.  Eh bien, aussi rapidement que possible. Alors, évidemment, il y a

  4   parfois des retards lorsque les informations sont transmises parce que --

  5   bon, vous rédigez un rapport, vous le rédigez physiquement et ensuite vous

  6   le transmettez, physiquement également, en utilisant les systèmes de

  7   transmission et les réseaux de communication qui existaient avec quelques

  8   dysfonctionnements ou quelques, parfois, problèmes de retransmission. Mais

  9   lorsque vous faites le rapprochement entre ceci et les communications

 10   interceptées, vous voyez que dans de nombreux cas, même s'ils rédigent ces

 11   rapports, soit avant que le rapport ne soit rédigé ou en même temps que le

 12   rapport ne soit rédigé, il y a notification téléphonique entre les

 13   correspondants et les différents interlocuteurs. Donc ils ne dépendent pas

 14   seulement de ces rapports écrits pour informer toutes les personnes de la

 15   situation. Ces personnes savent pertinemment que le temps est extrêmement

 16   précieux pour eux par rapport à cette information. Ils font des efforts

 17   supplémentaires pour utiliser le réseau téléphonique pour faire en sorte

 18   que toutes les informations soient relayées grâce au réseau téléphonique.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 20   dossier de ce document.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pourriez peut-être

 22   reprendre la page 5, ligne 10. Donc il va falloir remonter un peu dans le

 23   compte rendu d'audience. Parce qu'il est indiqué que vous avez dit que cela

 24   avait été envoyé du département du Renseignement du Corps de la Drina le 4

 25   juillet.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci. J'espère avoir dit le 12. Enfin, bon,

 27   cela devrait être le 12, effectivement.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Butler, à votre avis, cela a


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  1   été envoyé par le général Tolimir du Corps de la Drina ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je pense qu'à ce

  3   moment-là le général Tolimir se trouvait au Corps de la Drina lorsqu'il a

  4   envoyé ceci, et c'est la raison pour laquelle -- bon, cela vient du général

  5   Tolimir, mais il utilise en fait, pour envoyer ce message, l'en-tête du

  6   Corps de la Drina. Et, en fait, il utilise un numéro qui est extrêmement

  7   confidentiel, 17/897 --

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, est-ce que nous pourrions peut-

  9   être, nous également, voir cette deuxième page. Mais poursuivez.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Cela correspond au numéro d'autres rapports

 11   qui avaient été envoyés par le département du Renseignement du commandement

 12   du Corps de la Drina.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et cette deuxième page, elle est tout à

 14   fait conforme à ce que vous avez déjà observé.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Eh bien, ce sera la pièce P4940.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci. Est-ce que nous pourrions avoir le

 18   document de la liste 65 ter 23519. Il s'agit du recueil de cartes. Et nous

 19   allons nous intéresser à la carte E27, qui dans le système e-court

 20   correspond à la page 34.

 21   Q.  Et en attendant que cela ne soit affiché, Monsieur Butler, je vais vous

 22   dire qu'il s'agit d'une carte que vous avez déjà vue. En fait, vous en avez

 23   vu une partie. Donc il y a des annotations qui ont été faites par le

 24   général Krstic. Alors vous voyez qu'il est écrit en haut 12 juillet, ou

 25   plutôt, la carte du haut est du 12 juillet. "Srebrenica a été serbe et

 26   reste serbe, 12 juillet 1995, général Rad Krstic," et puis vous avez une

 27   autre annotation du 27 juillet 1995 en bas, annotation de la même veine.

 28   Alors, est-ce que vous pourriez nous dire l'importance de ces deux dates, à


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  1   votre avis ?

  2   R.  Alors, pour ce qui est du 12 juillet 1995 et de cette annotation, comme

  3   je l'ai indiqué à propos d'une autre carte du général Mladic, cela a été

  4   fait le 12 juillet 1995 lors de la réunion de planification qui a eu lieu

  5   au QG de la Brigade de Bratunac, et c'est à ce moment-là que la VRS a

  6   commencé à prévoir la phase suivante des opérations militaires à l'encontre

  7   de Zepa. Pour ce qui est de la signature qui correspond au 27 juillet 1995,

  8   je pense que c'est pour cette date-là que la VRS avait prévu la capture de

  9   l'enclave de Zepa. Donc, une fois de plus, le général Krstic prend note de

 10   ces événements.

 11   Q.  Je vous remercie.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 13   dossier de cette carte.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Robinson.

 15   M. ROBINSON : [interprétation] Nous n'avons pas d'objection, Monsieur le

 16   Président.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous souhaitez le versement de

 18   l'intégralité de la carte; c'est cela ?

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui.

 20   Merci, Maître Robinson.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Cela sera versé au dossier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4941.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation]

 24   Q.  Eh bien, Monsieur Butler, c'était le dernier document que je souhaitais

 25   vous montrer pour le 12 juillet. Et nous allons maintenant aborder un

 26   nouveau chapitre, le chapitre des événements du 13 juillet. Donc nous

 27   allons nous intéresser aux événements de cette journée, et je veux vous

 28   présenter des documents qui y correspondent.


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  1   Et le premier document que je vous montrerais est le document de la liste

  2   65 ter, document 1931. Qui correspond à votre intercalaire 66, Monsieur

  3   Butler. Et il s'agit d'un rapport du général Vasic -- ah, excusez-moi, du

  4   chef Vasic. Il est fait référence à une réunion avec le général Mladic. Au

  5   cours de cette réunion, le chef Vasic a été informé que les opérations

  6   allaient se poursuivre en direction de Zepa et qu'il fallait "laisser

  7   toutes les autres tâches au MUP," et il est question donc de l'évacuation

  8   de la population civile qui est encore là et qui vient de Srebrenica. Et au

  9   deuxième paragraphe :

 10   "Du fait que 8 000 soldats Musulmans doivent être tués, Musulmans qui

 11   ont été, en quelque sorte, bloqués ou arrêtés dans les bois près de

 12   Konjevic Polje." Il est indiqué que les combats se poursuivent et que ce

 13   travail est effectué exclusivement par les unités du MUP.

 14   Quels sont vos commentaires à propos de cette journée et de l'heure du

 15   document ?

 16   R.  Alors c'est pendant la soirée du 11 juillet que la première partie de

 17   la colonne avait commencé à traverser, à franchir la route entre Nova

 18   Kasaba et Konjevic Polje, et le soir du 12 juillet, de grandes parties de

 19   la colonne qui n'avaient pas traversées encore essayaient de traverser

 20   cette route. La différence c'est qu'en 24 heures, les forces de la police

 21   militaire des Serbes de Bosnie avaient pu faire venir des renforts dans

 22   cette zone, et en début de soirée du 12 juillet et à l'aube du 13 juillet,

 23   ils ont capturé, je dirais, dans un premier temps, plusieurs centaines de

 24   personnes, et par la suite ce chiffre s'est transformé en des milliers de

 25   prisonniers qui avaient été détenus à des lieux tels que le stade de

 26   football de Nova Kasaba, à Konjevic Polje, à Sandici et dans d'autres lieux

 27   également. Donc, pendant cette matinée, au début de la journée du 13

 28   juillet, on savait de plus en plus que le nombre de prisonniers avait


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  1   augmenté. Ces personnes étaient encore piégées, en quelque sorte, derrière

  2   la route et n'avaient pas réussi à s'échapper vers la zone de Zvornik.

  3   Donc M. Vasic entend de la part de l'armée, par ce document, que la

  4   décision a été prise que l'armée, en fait, va véritablement concentrer

  5   l'essentiel de ses forces mobiles et commencer les opérations militaires en

  6   direction de Zepa. Et alors il indique que l'intégralité du travail est

  7   effectué par le MUP, mais en fait, il y a encore quelques unités de l'armée

  8   qui participent, mais la majorité des forces doivent être des forces du

  9   MUP. Donc il n'est pas tout à fait exact lorsqu'il fait cette observation.

 10   Mais vous savez, je vous dirais que le général Vasic fait exactement ce

 11   qu'il avait la veille, à savoir, de façon diligente, il s'assure que sa

 12   chaîne de commandement est informée non seulement à propos de la situation

 13   militaire qui se passe sur le terrain et ce qui se déroule, mais également

 14   à propos des décisions qui ont été prises par l'armée, et il n'omet pas non

 15   plus l'impact de ces décisions.

 16   Q.  Très brièvement, et je ne voudrais surtout pas que vous vous livriez à

 17   des conjectures, mais la question de tuer 8 000 Musulmans, est-ce qu'il

 18   s'agit de combat ou de crime, ou d'autre chose ?

 19   R.  Non. Je pense avoir déjà témoigné à ce sujet. Le matin du 12 et le

 20   matin du 13 -- bon, là, c'est un contexte très précis, ils font référence à

 21   cette opération menée contre la colonne. Donc ils perçoivent ou ils

 22   présentent cela comme un objectif militaire, il s'agit de combat. Il ne

 23   s'agit pas d'une activité criminelle à proprement parler.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Quelle est votre observation à propos de

 25   ce chiffre de 8 000 hommes ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque l'on essaie de présenter une

 27   estimation à propos de la taille de la colonne, on obtient des chiffres

 28   compris entre 10 000 à 15 000. Et toujours dans la même veine, pour ce qui


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  1   est de la partie de la colonne qui avait pu franchir la route et qui était

  2   passée, donc, de la zone de Bratunac vers la zone de Zvornik, la plupart

  3   des gens font référence à un tiers de la colonne. Donc, si vous prenez le

  4   chiffre de 15 000, ou même le chiffre de 10 000 ou 12 000, un chiffre

  5   inférieur, si vous prenez un tiers de cela, 8 000 correspond à deux tiers

  6   de ce chiffre. Donc ils n'étaient pas en contact direct avec cette colonne.

  7   Pour utiliser ou pour avancer ce chiffre, ils se fondent sur les

  8   interrogatoires des prisonniers qui ont été capturés, mais ce n'est pas un

  9   chiffre exact.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 12   Q.  Et nous allons revenir à ce sujet lorsque nous verrons quelques

 13   documents qui datent du 16 juillet, par exemple, où il est question

 14   d'autoriser la colonne. Mais est-ce que vous pourriez nous dire, au début,

 15   si les estimations des forces des Serbes de Bosnie, je pense à des

 16   estimations par rapport à la taille de la colonne et par rapport à la

 17   menace, est-ce que cela a évolué ou est-ce qu'ils ont compris ce dont il

 18   s'agissait exactement dès le début ?

 19   R.  Non, il y a eu une évolution au fil du temps. Il y a eu des

 20   conversations interceptées qui ont commencé à être interceptées le matin du

 21   12, et dans ces conversations interceptées on se rend compte qu'il y a des

 22   personnes qui se trouvent sur la route et qui fournissent des

 23   renseignements le soir du 11 et le matin du 12. Il y est question d'un

 24   nombre important de soldats qui font partie de la colonne. Ils ont vu ces

 25   personnes dans des lieux où personne ne prévoyait qu'ils allaient être.

 26   Donc les rapports continuaient à arriver pendant toute la journée du 12 et

 27   du 13, et ces renseignements commencent à être collectés par le commandant

 28   Obrenovic, qui était à l'époque le chef d'état-major de la Brigade de


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  1   Zvornik, et qui fait état de ces chiffres importants. Alors, là, bien

  2   entendu, il faut penser au contexte de la direction du Corps de la Drina

  3   qui, tout comme l'état-major principal, n'accepte pas le fait qu'il y ait

  4   une menace militaire posée par la colonne, ou en tout cas ils ne la

  5   considèrent pas aussi sérieuse, aussi grave que cela.

  6   Mais vous avez le point de vue des personnes qui étaient sur le terrain et

  7   qui voyaient la colonne et le point de vue de la direction militaire de la

  8   VRS qui ne concordaient pas, en tout cas pas avant le 14. A ce moment-là,

  9   l'état-major principal et le Corps de la Drina commencent à se rendre

 10   compte que cela représente une menace importante pour Zvornik, ou pour la

 11   municipalité de Zvornik, et ils avaient, en fait, fait fi de ces rapports

 12   qui émanaient du terrain et dans lesquels on retrouvait ces renseignements

 13   exacts.

 14   Q.  Merci.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 16   dossier de ce document.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien.

 18    M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4942.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Est-il possible d'avoir à présent le

 20   document 65 ter 23699.

 21   Q.  C'est quelque chose qui se trouve à l'intercalaire 72, dans le deuxième

 22   classeur, Monsieur Butler.

 23   C'est un rapport du MUP qui date du 13 juillet. Tout à l'heure, vous avez

 24   parlé de la prise de conscience au sujet des prisonniers, et c'est à ce

 25   sujet que je voudrais vous interroger. Nous allons le voir dans le deuxième

 26   paragraphe, où l'on parle de la nuit du 12 au 13. Pourriez-vous donc nous

 27   dire quelque chose au sujet de ce document et surtout de la portion qui

 28   parle des prisonniers.


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  1   R.  Oui, Monsieur, bien sûr. A ce moment-là, donc entre le soir du 12 et le

  2   matin 13 -- donc, là, c'est un document de la RDB -- excusez-moi. Donc ceci

  3   vient du MUP et du RDB, de son troisième secteur. Donc ils reçoivent des

  4   rapports concernant les prisonniers que l'on capture le long de la route.

  5   Et nous avons appris de différentes sources d'informations que ce processus

  6   avait commencé déjà dans la soirée du 12, et le matin du 13 les

  7   prisonniers, qui se comptaient par des centaines, se comptent par des

  8   milliers. Nous avons des conversations interceptées qui parlent de cette

  9   deuxième journée, des différents endroits, de différentes évaluations des

 10   gens, et à chaque fois il s'agit des milliers à chaque localité. Donc ceci

 11   est corroboré par les images qui étaient disponibles à l'époque et qui

 12   montrent des centaines d'individus à ces endroits.

 13   Et au fur et à mesure que la journée avance, donc du matin au soir, le

 14   nombre de prisonniers s'est accru d'une façon incroyable. Il s'agit des

 15   prisonniers de Nova Kasaba, Konjevic Polje, Sandici et en direction de

 16   Kravica.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander le versement de ce

 18   document.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4943.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation]

 22   Q.  Maintenant, je vais vous poser une question de suivi. Parlant de façon

 23   générale, basé sur votre expérience, vous n'avez pas besoin de parler

 24   concrètement de la situation ici le 13, quand la police ou l'armée -- quand

 25   ils ont entendu parler des centaines, des milliers de prisonniers, est-ce

 26   que cela ne veut plus dire qu'il faut s'occuper, du point de vue de la

 27   logistique, du contrôle de ces prisonniers ?

 28   R.  Eh bien, en ce qui concerne le support logistique, il faut vérifier


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  1   auprès de chaque branche de l'armée pour voir comment cela se passe. Par

  2   exemple, les officiers chargés de sécurité ou de la police militaire vont

  3   faire en sorte qu'il y ait suffisamment de soldats pour assurer la sécurité

  4   de ces prisonniers. En ce qui concerne les gens qui s'occupent de la

  5   sécurité des arrières, ils vont se charger de trouver la nourriture et

  6   l'eau pour ces prisonniers. De nombreux prisonniers seront probablement

  7   blessés ou auront besoin de soins médicaux, donc il faut s'occuper aussi de

  8   leur situation de santé. Ensuite, il va y avoir des discussions portant sur

  9   la façon de transporter les prisonniers des points de rassemblement où ils

 10   se trouvent et qui sont exposés au tir des Musulmans puisqu'il y en a

 11   encore dans la zone. Et donc, quand on parle des prisonniers dont le nombre

 12   s'accroît des centaines vers des milliers, la situation devient de plus en

 13   plus dramatique et difficile et plus complexe à résoudre quand il s'agit

 14   des tâches militaires accompagnant la situation, le contexte.

 15   Q.  Nous allons examiner le document plus tard, un document qui parle

 16   plutôt des chiffres et du sort des prisonniers.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Mais à présent, je vais demander à voir la

 18   pièce 23689. Et on va essayer d'examiner un certain nombre de conversations

 19   interceptées.

 20   Q.  Cela se trouve à l'intercalaire 73. Donc, là, nous avons une

 21   conversation interceptée assez brève. A nouveau, en ce qui concerne le

 22   partage de l'information, la communication, pourriez-vous nous dire ce que

 23   l'on voit ici. Parce que c'est quelque chose qui vient du commandement du

 24   Corps de la Drina. Mais à la main, il est écrit que cela vient de l'état-

 25   major, Tomo Kovac, qui a envoyé cela au centre de la CJB de Zvornik et

 26   Bijeljina pour information. Mais c'est un document qui vient du Corps de la

 27   Drina et qui a été même envoyé au MUP.

 28   R.  Le général Tolimir avait indiqué la veille que les conversations


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  1   interceptées par la radio, que d'après cela les unités de la VRS devaient

  2   observer les communications musulmanes, des communications qui viennent de

  3   la colonne. C'est un rapport qui parle d'une de ces correspondances. Et ce

  4   qui est écrit ici, c'est que cela a été envoyé à l'état-major du MUP.

  5   Et ensuite, ils retransmettaient le long de la chaîne de sorte que

  6   tout le monde soit au courant de la situation.

  7   Q.  Je suis désolé, je me suis trompé, parce que ce n'est pas une

  8   conversation interceptée. Mais il s'agit d'un rapport parlant d'une

  9   conversation interceptée.

 10   Et puis, en ce qui concerne l'information qu'ils sont en train de passer au

 11   sujet de la colonne, ils disent :

 12   "Que diable va-t-on faire ?"

 13   Ensuite, ils disent que :

 14   "Les Turcs perdent leur patience. Ils demandent la permission. Ils sont à

 15   bout de leurs forces."

 16   Donc, quelle est la situation ?

 17   R.  Eh bien, la situation, surtout au début de la colonne, est telle qu'ils

 18   demandent désespérément des instructions de leurs dirigeants au niveau du

 19   2e Corps pour voir comment continuer, comment procéder. Ce n'est pas un

 20   groupe de militaires qui essaient de percer les lignes. Et là, c'est une

 21   situation qui demande beaucoup de planification militaire et qui doit être

 22   faite pour pouvoir obtenir cette ouverture des lignes. Et donc, il faut

 23   beaucoup de coordination pour obtenir cela. Et il s'agit de savoir ce

 24   qu'ils doivent faire. Quels sont les objectifs ? Quels sont leurs objectifs

 25   pour sortir de ce territoire occupé par l'ennemi ?

 26   Q.  Merci de cette explication.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation] Est-ce que je peux avoir une cote pour cela

 28   ?


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P4944.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Maintenant, nous allons parler vraiment

  4   d'une conversation interceptée, qui se trouve à votre intercalaire 76. Il

  5   s'agit du document 65 ter 31005.

  6   Q.  Il s'agit de la conversation interceptée le 13 juillet à 17 heures 30.

  7   Je ne veux pas parler de tout. Mais pourriez-vous faire un commentaire à ce

  8   sujet, au sujet de ce document, de ce qui est dit dans ce document, donc le

  9   fait qu'ils savent qu'il y a eu des prisonniers. Est-ce que vous pourriez

 10   nous dire aussi quels sont ces trois points auxquels le Y fait référence un

 11   petit peu plus bas.

 12   R.  En examinant cette conversation interceptée, le premier chiffre qui est

 13   avancé, c'est qu'ils sont conscients qu'à 17 heures 30 le 13 juillet 1995,

 14   il y a au moins 6 000 prisonniers gardés soit par l'armée, soit pour le

 15   MUP, et qui se trouvent sur différentes routes. Et à chaque endroit, ils se

 16   trouvent entre 1 500 et 2 000 prisonniers.

 17   Comme je l'ai dit tout à l'heure, les premiers points de rassemblement se

 18   trouvaient à Nova Kasaba, Konjevic Polje, Sandici. Et à ce moment-là, à peu

 19   près un millier personnes qui se trouvaient à Sandici auparavant étaient

 20   déjà transportées à l'ouest de Kravica et se trouvaient, donc, dans le

 21   dépôt de Kravica. A 17 heures 30, le massacre du dépôt de Kravica commence,

 22   mais il est peu probable que les deux personnes qui parlent le savent déjà

 23   à ce moment-là.

 24   Donc, dans cette conversation interceptée, on a un aperçu de la prise de

 25   conscience quant au nombre de prisonniers gardés par les forces armées.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander de verser cette pièce

 27   aussi.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce qu'on peut le verser en entier ?


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  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Eh bien, c'est comme vous voulez, Monsieur

  2   le Président. On peut le faire comme cela, mais on peut aussi le verser

  3   dans le cadre d'un processus plus large de versement.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Robinson.

  5   M. ROBINSON : [interprétation] Eh bien, je pense qu'il fait déjà partir

  6   d'une déposition portant sur les conversations interceptées, donc je ne

  7   vois pas pourquoi ne pas les verser d'ores et déjà entièrement.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4945.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation]

 11   Q.  A présent, je vais demander à voir le document 30997, encore une

 12   conversation interceptée. Je pense que vous connaissez cette conversation

 13   qui se déroule à 17 heures 45 [comme interprété] le 13. Un certain X

 14   appelle de chez le général Krstic et cherche Ljubisa qui est parti à

 15   Bratunac. Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit là, et puis rappelez-nous

 16   aussi cette référence de faite au "général Krstic".

 17   R.  A ce moment-là, le 13 juillet, le général Krstic est revenu à l'état-

 18   major principal du Corps de la Drina à Vlasenica. Et donc, peu de temps

 19   après cela, le général Krstic va devenir le commandant du Corps de la

 20   Drina. Dans ce contexte, c'est quelqu'un qui se trouve dans le Corps de la

 21   Drina qui cherche Ljubisa Borovcanin qui est aussi parti à Bratunac. Donc,

 22   là, vous avez quelqu'un qui appelle au nom du général Krstic du Corps de la

 23   Drina qui cherche Ljubisa Borovcanin pour prendre connaissance de la

 24   situation, et il parle des questions au sujet de localités à Bijeljina,

 25   Jajce [comme interprété] et Doboj. Il s'agit de localités où ont été

 26   envoyées les unités de police pour renforcer la situation militaire là-bas

 27   sur le terrain.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais demander à verser ce document.


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourquoi sept pages en anglais ?

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Ce sont différentes versions que nous avons.

  3   Cela étant dit, je ne suis vraiment pas sûr pourquoi nous avons les sept

  4   pages dans ce système.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais qu'est-ce que vous versez, juste

  6   cette page-là ?

  7   M. NICHOLLS : [interprétation] Non, je ne vais le verser tout de suite. Je

  8   vais me renseigner et je vais m'en occuper. Je vais le faire correctement.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation]

 11   Q.  Je vais vous poser une question qui peut paraître bizarre, mais je

 12   pense que c'est pertinent par rapport à d'autres dépositions que nous avons

 13   entendues en l'espèce : à partir de la date du 13 juillet 1995, le général

 14   Krstic avait-il des handicaps physiques, des problèmes de santé ?

 15   R.  Oui. Plus tôt au cours de la guerre, je pense que c'était au mois de

 16   novembre 1994 ou au mois d'octobre 1994, le général Krstic a marché sur une

 17   mine alors qu'il assurait le rôle du commandant de la Brigade légère

 18   motorisée de Romanija, et je pense qu'il a perdu son pied. Je ne sais pas

 19   de quel côté. Et donc, il a été amputé jusqu'au genou. Donc il a été envoyé

 20   à Belgrade, il a reçu une prothèse, et ensuite il est revenu reprendre ses

 21   fonctions d'active, et c'est à ce moment-là qu'il était le chef de l'état-

 22   major du Corps de la Drina. Donc c'était un des rares généraux de la VRS

 23   qui avaient un handicap physique mais qui sont restés en fonction et dans

 24   l'active.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Maintenant, je voudrais examiner un autre

 26   document avec vous, il s'agit du document 31008A. Il date aussi du 13

 27   juillet, donc une heure plus tard à peu près que le document précédent.

 28   Donc, là, c'est une conversation entre le général Krstic et M. Borovcanin.


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  1   Q.  Ce qui m'intéresse, c'est d'entendre votre analyse de cette

  2   conversation, surtout à la lumière des événements de Kravica qui, comme

  3   vous l'avez dit tout à l'heure, avaient commencé à peu près cet après-midi-

  4   là.

  5   R.  Eh bien, dans ce contexte, le général Krstic est donc le commandant du

  6   corps. Et ici, il parle avec M. Borovcanin pour recevoir des informations

  7   au sujet de la situation, la situation le long de la route, car il sait que

  8   la police de Borovcanin se trouve là-bas. Le général Krstic est passé par

  9   cette route un petit peu plus tôt, donc il sait personnellement quelle est

 10   la situation. Il sait aussi que Borovcanin est le commandant de la police

 11   là-bas, et donc il l'appelle pour s'enquérir de la situation.

 12   Du côté de Borovcanin, il était présent physiquement dans le dépôt de

 13   Kravica au moment où le massacre a eu lieu. Donc Borovcanin est tout à fait

 14   au courant de ce qui a commencé et ce qui s'est poursuivi jusqu'à un moment

 15   donné tard dans la nuit. Donc ils parlent de la situation militaire, et

 16   Krstic lui demande s'il y a des problèmes. Borovcanin lui a dit qu'il n'y a

 17   pas de problèmes du côté militaire. Donc, en ce qui concerne Borovcanin, le

 18   fait qu'à peu près un millier de personnes aient été massacrées dans le

 19   dépôt de Kravica, eh bien, pour lui, ce n'est pas un problème dont il faut

 20   s'entretenir avec le général Krstic.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, Monsieur Butler. Vous avez

 22   dit que M. Borovcanin était physiquement présent dans le dépôt de Kravica

 23   au moment du massacre. Vous fondez cela sur quoi exactement ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, si mes souvenirs sont exacts, je

 25   parle de différents entretiens avec M. Borovcanin, je sais que dans un

 26   entretien il a dit qu'après le début du massacre, quand il a appris que

 27   plusieurs policiers, y compris un officier, étaient blessés, eh bien, il

 28   s'est précipité dans le dépôt de Kravica. Donc il a pris ses officiers, et


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  1   je pense que M. Kudric était parmi eux, et les a emmenés dans le centre

  2   médical de Bratunac pour les y faire soigner. Donc, si M. Borovcanin a dit

  3   la vérité quand il a dit ce qu'il a fait, qu'il les a emmenés dans le

  4   centre médical, et cetera, eh bien, cela revient à dire qu'il se trouvait

  5   bel et bien dans le dépôt de Kravica au moment du massacre.

  6   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

  7   M. ROBINSON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

  8   [La Chambre de première instance se concerte]

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Allez-y, Monsieur Robinson.

 10   M. ROBINSON : [interprétation] Moi, je vais demander aux Juges de ne pas

 11   tenir compte de cette information concernant Borovcanin et ses

 12   connaissances au sujet de sa participation au massacre ou sa présence

 13   puisque cela dépasse l'expertise du témoin. Et puis, je pense que l'on ne

 14   peut pas vraiment tirer des conclusions des informations qui se trouvent

 15   consignées dans une interview donnée au bureau du Procureur parce que cela

 16   dépasse les limites d'une déposition de témoin expert.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls, qu'avez-vous à

 18   répondre ?

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Eh bien, tout simplement, M. Butler était en

 20   train d'expliquer cette conversation interceptée, et il s'est appuyé sur

 21   toutes ses connaissances recueillies en travaillant dans ce domaine. Et je

 22   pense que c'est à vous de décider ce que vous voulez faire sans pour autant

 23   annuler une partie de la déposition.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vu que M. Butler a dit que c'est une

 25   information qui tient de l'entretien avec M. Borovcanin, et pas de son

 26   expertise, nous n'allons pas tenir compte de cette partie-là de sa

 27   déposition ou de sa réponse.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation]


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  1   Q.  J'ai encore une question. Est-ce que vous êtes au courant d'une vidéo

  2   qui a été tournée par M. Pirocanac alors qu'il était avec M. Borovcanin ?

  3   R.  C'est une vidéo qui est connue en tant que vidéo tournée par un

  4   journaliste de Belgrade. Une grande partie de cette vidéo, comme vous le

  5   savez, a été tournée le long de la route le 13. M. Petrovic était dans la

  6   voiture avec M. Borovcanin. Il était au volant. Et dans cette vidéo, on le

  7   voit passer devant le dépôt de Kravica le 13 juillet à un moment qui se

  8   déroule après que le massacre ait commencé. Donc, si M. Petrovic était

  9   toujours dans la voiture avec M. Borovcanin, et il y était, eh bien, cette

 10   vidéo va corroborer ce que M. Borovcanin a dit lui-même quant à l'endroit

 11   où il se trouvait à ce moment-là.

 12   Q.  Je passe à un autre sujet.

 13   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander à voir la pièce P02987.

 15   Q.  Qui se trouve à l'intercalaire 159. Ici, c'est le rapport écrit par M.

 16   Borovcanin au sujet de la date du 13 juillet 1995.

 17   R.  Pourriez-vous répéter l'intercalaire ?

 18   Q.  159. Donc c'est le rapport de M. Borovcanin qui date du 13 juillet.

 19   Veuillez examiner ce document. A nouveau, dites-nous -- on ne va pas

 20   s'occuper de la partie concernant Potocari. Je vais vous demander

 21   d'examiner la page 2 --

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Entre-temps, Monsieur Robinson, est-ce

 23   que vous avez une objection quant au versement de la conversation

 24   interceptée entre Borovcanin et Krstic ?

 25   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Donc cela va être versé au

 27   dossier.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.


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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4946, Monsieur le

  2   Président.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation]

  4   Q.  A nouveau, je répète la question. Je vais vous demander de nous

  5   expliquer cet avertissement et les questions de logistique dont on parle

  6   dans le rapport de Borovcanin quand il dit que :

  7   "… 1 500 soldats musulmans se sont rendus. Le chiffre s'accroît d'heure en

  8   heure."

  9   R.  Comme je l'ai dit tout à l'heure, Monsieur, il y a toute une série de

 10   facteurs dont il faut tenir compte quand on est commandant et quand il

 11   s'agit d'assurer les conditions de vie pour les prisonniers. Quand il parle

 12   de 1 500, et je ne suis pas sûr à quelle heure exactement il a écrit ce

 13   rapport, mais si on utilise ce chiffre pour déterminer à quelle heure il a

 14   écrit cela le 13 juillet, eh bien, même en faisant cela, c'est toujours les

 15   mêmes questions qui se posent. M. Borovcanin, comme tout commandant

 16   militaire, se pose les questions suivantes : Que faire avec ces prisonniers

 17   ? Comment assurer leur sécurité ? Comment leur fournir de la nourriture, de

 18   l'aide médicale ? Comment les transférer à un endroit plus sûr, un endroit

 19   où il ne va pas y avoir de tirs, parce que pour l'instant ils se trouvent

 20   le long de la route et il y a encore des éléments armés qui peuvent

 21   s'attaquer à la route.

 22   Donc ce sont les questions que se pose M. Borovcanin ou qu'il devrait se

 23   poser à partir du moment où il a pris conscience du grand nombre de

 24   prisonniers.

 25   Q.  Et quand vous parlez de ce grand nombre de prisonniers, et il dit que

 26   "ce nombre s'accroît d'heure en heure," vu que l'armée continue en

 27   direction de Zepa avec la campagne militaire, était-il nécessaire de

 28   transmettre cette information à des échelons plus élevés de l'armée ou de


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  1   la police ?

  2   R.  Oui, surtout en ce qui concerne la police. Puisque la police dépend de

  3   l'armée entièrement. Donc, là, elle dépend parfaitement de l'armée pour

  4   s'occuper de tous ces prisonniers, puisque la police toute seule ne peut

  5   pas s'en occuper. Et le nombre de prisonniers dont on parle ici, eh bien,

  6   si vous les examinez en les comparant au nombre des forces amies de la

  7   police serbe ou bien de la VRS, le nombre de prisonniers est bien plus

  8   important que le nombre de leurs propres policiers ou militaires dans la

  9   zone. Donc c'est pour cela que cette question pose une question de

 10   sécurité, et cela dépasse largement les compétences de M. Borovcanin. Il

 11   doit en informer des échelons supérieurs de l'armée.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Maintenant, je vais demander à voir la pièce

 13   P04618.

 14   Q.  Cela se trouve à l'intercalaire 78, Monsieur Butler. Donc c'est une

 15   conversation interceptée à 8 heures 10 du soir le 13 juillet. C'est une

 16   conversation entre Miroslav Deronjic et le président Karadzic, conversation

 17   qui passe par un intermédiaire.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etant donné que nous n'avons pas reçu la

 19   version expurgée du document, nous n'allons pas le diffuser, car il vient

 20   de m'être dit que ce document est un document sous pli scellé. Je suppose

 21   du fait de certains noms qui figurent sur le document.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Vous avez raison, Monsieur le Président.

 23   Q.  Et j'aurais une ou deux questions à vous poser à ce sujet, Monsieur

 24   Butler, au sujet du document. Nous voyons que l'intermédiaire dit : "Le

 25   président demande combien de milliers, Deronjic." Et la réponse c'est :

 26   "Deux pour le moment." Et puis, l'intermédiaire dit : "Deux, Monsieur le

 27   Président." Puis ensuite, M. Deronjic dit : "Mais il y en aura davantage

 28   pendant la nuit."


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  1   J'ai une seule question à vous poser à ce sujet : quelle est la situation à

  2   Bratunac vers 20 heures à propos de situation ? Attendez, je vois que Me

  3   Robinson…

  4   M. ROBINSON : [interprétation] Oui. Je vais soulever une objection car je

  5   ne vois pas pourquoi le témoin pourrait interpréter cette conversation qui

  6   a eu lieu entre le président Karadzic et un commissaire politique, parce

  7   que je ne pense pas que cela fasse partie de son domaine de spécialisation.

  8   Donc il peut tout à fait, bien entendu, répondre à la question à propos de

  9   ce qui se passait à Bratunac à ce moment-là, mais pour ce qui est

 10   d'interpréter ou de fournir une interprétation ou une observation en tant

 11   qu'expert militaire  à propos de cette conversation, je ne pense pas que

 12   cela soit de la prérogative du témoin.

 13   M. NICHOLLS : [interprétation] Si je puis me permettre de fournir une

 14   explication à Me Robinson, je dirais en fait que ce qu'il vient de dire est

 15   sujet à caution, et je ne suis pas en train de demander à M. Butler

 16   d'interpréter la conversation. Je ne pense pas que -- enfin, bien entendu,

 17   vous pourrez décider de ce que vous retiendrez ou ne retiendrez pas du

 18   témoignage de M. Butler.

 19   Q.  Donc, Monsieur Butler, est-ce que vous pourriez répondre à cette

 20   question : quelle était la situation eu égard aux prisonniers à ce moment-

 21   là à Bratunac ?

 22   R.  Alors à ce moment-là, à cette heure précise, les hommes en âge de

 23   porter les armes, qui avaient été séparés le 12 et le 13 juillet à

 24   Potocari, avaient été pour l'essentiel transportés et détenus à Bratunac

 25   dans un certain nombre d'installations. Alors, on a parlé, par exemple, du

 26   hangar. Ça, c'était un des lieux où ils ont été détenus. Par la suite, ils

 27   ont été détenus à l'école Vuk Karadzic. Donc, à ce sujet, je pense à un

 28   certain nombre de prisonniers qui avaient été capturés sur la route un peu


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  1   plus tôt, qui avaient également été emmenés à Bratunac. Donc M. Deronjic

  2   donne un chiffre, un nombre, 2 000, mais je pense que ce nombre ou ce

  3   chiffre est exact probablement.

  4   Parce qu'il y a certains renseignements où il est question du nombre de

  5   prisonniers à Bratunac qui dépassent le nombre de soldats et de policiers

  6   qui pourraient les garder jusqu'au moment où à telle enseigne que des

  7   civils serbes de Bosnie sont appelés, sont convoqués, on leur remet des

  8   armes et on leur dit de monter la garde auprès des prisonniers, parce que

  9   la situation a continué d'évoluer pendant cette soirée. Il y a une crainte

 10   véritable que le nombre de prisonniers va être supérieur au nombre de

 11   personnes qui les gardent et que cela pourrait représenter un sérieux

 12   problème de sécurité à Bratunac.

 13   Et puis au fil de la soirée, avec le passage du temps, il y a des milliers

 14   de prisonniers qui sont emmenés de lieux tels que Nova Kasaba et Konjevic

 15   Polje. Donc, lorsque les endroits sont pleins, il y a de nombreux

 16   prisonniers qui sont encore dans des autobus, dans des camions et qui sont

 17   garés dans des endroits où la garde peut être montée plus facilement. Dans

 18   certains cas, il y a des autobus, par exemple, qui sont placés devant

 19   l'école de Vuk Karadzic et dans d'autres lieux, par exemple, au centre de

 20   transport de Vihor, par exemple.

 21   Donc Deronjic, lui, il remarque qu'il y a environ 2 000 personnes, 2 000

 22   prisonniers pour le moment. Il indique qu'il va y en avoir d'autres qui

 23   vont arriver le soir, donc cela tient bien compte, fait bien la situation

 24   telle qu'elle évoluait ce soir-là.

 25   Q.  Merci. Donc cette conversation interceptée porte l'horaire suivant : 22

 26   heures 10. Est-ce qu'il y a d'autres déplacements de prisonniers à Bratunac

 27   le 13 ?

 28   R.  Oui, Monsieur. D'après ce que je comprends, le premier convoi de


Page 27559

  1   prisonniers qui viennent de la municipalité de Bratunac et qui sont

  2   conduits dans la municipalité de Zvornik, quitte le hangar ver 20 heures le

  3   13 juillet. Donc ils arrivent à l'école en question, et là il y a une

  4   association avec l'écurie d'Orahovac, bon ils arrivent vers minuit environ

  5   le 13 juillet 1995, donc ils y sont entre minuit et 1 heure du matin le 14

  6   juillet. Ça, c'est le premier convoi pour lequel je sais qu'il est parti.

  7   Q.  Merci. Et d'après votre recherche, que savez-vous de la connaissance

  8   des ONG à l'époque, des organisations internationales ? Les ONG, qu'est-ce

  9   qu'elles savaient à propos des prisonniers à ce moment-là, bien entendu,

 10   qu'est-ce qu'elles savaient à propos des prisonniers à Bratunac ?

 11   R.  Alors manifestement, les Néerlandais étaient au courant. Bon, il y

 12   avait de nombreux soldats néerlandais à Bratunac, pour commencer, et de

 13   toute façon, les Néerlandais étaient à ce moment-là en train de s'occuper

 14   des Musulmans de Bosnie blessés qui se trouvaient dans différents lieux --

 15   en tout cas, dans un endroit à Bratunac. Et puis, toujours dans la même

 16   veine, il faut savoir, par exemple, qu'il y a des informations

 17   internationales [comme interprété] qui sont fournies dans la vidéo de

 18   Petrovic. On voit différentes organisations internationales, on voit les

 19   convois qui sont arrêtés à la frontière internationale et qui essaient

 20   quand même de passer à partir de Zvornik, parce qu'ils essaient, en fait,

 21   de fournir des secours, parce qu'ils pensent qu'il y a une situation

 22   humanitaire grave, un problème humanitaire grave à Potocari, à Srebrenica.

 23   Et ils sont arrêtés par les autorités de la Republika Srpska, qui les

 24   empêchent de franchir la rivière, en partie, parce qu'une fois qu'ils ont

 25   franchi la rivière, ce qui se passe à Bratunac ne pourra pas leur être

 26   dissimulé. Parce qu'ils vont voir, ils vont constater ce qui se passe, et

 27   on suppose qu'ils feront un rapport à leurs supérieurs.

 28   Q.  Mais est-ce que vous savez quand est-ce que ces convois ont finalement


Page 27560

  1   eu accès ? Est-ce que vous savez quand est-ce qu'ils ont commencé à arriver

  2   ?

  3   R.  Ecoutez, je pense qu'à la fin de l'après-midi du 13 [comme interprété]

  4   et le 14 [comme interprété]. A un moment donné le 14 juillet, une décision

  5   a été prise, la décision étant d'autoriser certains des convois des ONG, on

  6   les autorisait à arriver dans la zone.

  7   Q.  Merci.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai plus besoin de ce document.

  9   J'aimerais maintenant que le document 2150 de la liste 65 ter soit affiché.

 10   Q.  Ce qui correspond à votre intercalaire 17, Monsieur Butler. Excusez-

 11   moi, maintenant il s'agit du premier classeur. Alors là, vous voyez qu'il

 12   s'agit -- que l'en-tête c'est la Brigade de Zvornik, et vous voyez il est

 13   indiqué "Carnet de livraison Kp6". Vous y faites référence dans votre

 14   document, à la note en bas de page 381.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Page 8 du document, je vous prie. Je pense

 16   que pour la version serbe il s'agit de la page 116.

 17   Q.  Alors est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous avez indiqué cela

 18   dans votre rapport, et à quoi correspond ce registre ? Qu'est-ce que ce

 19   registre vous permet de déduire ?

 20   R.  Ce registre a été utilisé pour enregistrer les véhicules, le véhicule

 21   de livraison utilisé par la Brigade de Zvornik à des fins de livraison. Et

 22   je l'indique dans mon rapport, parce que c'est un document parmi d'autres

 23   où il est question de la présence policière, et là, il s'agit de police

 24   militaire, d'ailleurs, qui se trouve à un lieu connu comme Orahovac. Donc,

 25   lorsque j'ai mené à bien mon analyse pour comprendre la situation militaire

 26   générale, vous avez, donc voilà, l'un des documents que j'ai utilisés, et

 27   il y est question d'une présence de la police à Orahovac.

 28   Lorsque vous regardez l'heure, vous vous rendez compte que c'est la


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  1   dernière entrée, en fait, pour la période du 14 [comme interprété] juillet.

  2   La version serbo-croate est un peu plus claire, parce qu'il est indiqué

  3   0100. Donc je suppose, enfin pour moi, 0100 à 14 juillet, c'est 1 heure, et

  4   cela correspond à ce que je comprends, à savoir c'est à ce moment-là que la

  5   police militaire est arrivée, et ainsi d'ailleurs que les premiers convois,

  6   donc les premiers bus de Bratunac qui sont arrivés à Orahovac.

  7   M. NICHOLLS : [interprétation] Vous avez une question, Monsieur le

  8   Président ?

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je me demande juste quelle page vous

 10   souhaitez verser au dossier.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Les pages qui correspondent au 13 juillet et

 12   la première page.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Je n'ai pas de problème. Donc la

 14   page qui correspond au 13 juillet et la page de couverture, en quelque

 15   sorte.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrions-nous préciser quelque chose. Est-ce

 17   qu'il s'agit de toute la page où il est indiqué 13, 13 juillet, ou est-ce

 18   que l'entrée qui correspond au 14 juillet va également être incluse et

 19   versée au dossier ?

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, nous allons verser au dossier toute

 21   la page.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Eh bien, dans ce cas, est-ce que la traduction

 23   pourra être révisée, parce que pour le 14, vous avez donc la mention d'un

 24   véhicule utilisé pour les obsèques, une "hearse", et là, par contre, on ne

 25   retrouve pas cette mention dans la traduction anglaise.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Nous ferons en sorte que la traduction soit

 27   révisée.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier, quelle est la


Page 27562

  1   cote ?

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce P4947.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation]

  4   Q.  Une question de suivi pour que tout soit bien clair. Comment est-ce que

  5   vous concluez qu'il s'agissait de police militaire par opposition à la

  6   police du MUP ?

  7   R.  Eh bien, ça fait partie de l'analyse, parce que j'ai examiné d'autres

  8   documents et j'ai examiné les registres de la police militaire pour la

  9   Brigade d'infanterie de Zvornik pour le mois de juillet 1995 - je pense que

 10   ce document, nous allons le voir à un moment donné - et là il y a des

 11   annotations sur ce document où il est question de la présence d'un certain

 12   nombre de membres de la police militaire à Orahovac le 14 juillet. Et

 13   ensuite, cela a été modifié à un moment donné par quelqu'un qui a voulu

 14   dissimuler le fait qu'il y avait présence de la police militaire le 14

 15   juillet à Orahovac.

 16   Q.  Eh bien, nous allons l'afficher, ce document.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Document 2211 de la liste 65 ter.

 18   Q.  Intercalaire 19 pour vous, Monsieur Butler.Voilà le document -- bon il

 19   est un peu compliqué, je ne voudrais pas trop m'attarder, mais j'aimerais

 20   savoir si c'était le document auquel vous venez de faire référence ?

 21   R.  Oui.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Malheureusement, la traduction anglaise

 23   n'inclut pas toutes les en-têtes. Un petit moment, je vous prie. Regardez

 24   l'entrée 37 qui, me semble-t-il, devrait être à la page 3 de la version

 25   serbe.

 26   Q.  Mais écoutez, pour ne pas trop perdre de temps, j'aimerais savoir s'il

 27   s'agit du document auquel vous venez de faire référence, document où les O

 28   et les R ont été biffés et remplacés par des T ?


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ecoutez, je ne pense pas que nous ayons

  2   besoin de la traduction anglaise pour le moment.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, c'est bien ce document.

  5   M. NICHOLLS : [interprétation]

  6   Q.  Eh bien, voilà justement, nous l'avons, le document. Nous avons le

  7   numéro 17. 17, regardez, Stanoje, Stanoje Bireakovic, et regardez, si vous

  8   avez le 14 et le 15, regardez la date du 14 et du date 15, voyez qu'on voit

  9   de grands T. C'est à cela que vous faites référence ?

 10   R.  Dans mon rapport, j'ai énuméré le nom des personnes pour lesquelles

 11   nous avons les marques qui correspondent à l'endroit où cela a été effacé,

 12   et je remarque, en fait, qu'il y a un O ou un R à côté de leur nom, et

 13   j'indique ce que nous avons pour la date correspondante.

 14   Q.  Merci.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Et j'indiquerais, Madame, Messieurs les

 16   Juges, que nous trouvons les explications dans le rapport sur Srebrenica

 17   aux notes en bas de page 370, 372 --

 18   L'INTERPRÈTE : Et deux autre notes en bas de page dont l'interprète n'a pas

 19   saisi le numéro.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Et j'indique que j'ai les documents

 21   d'origine si quelqu'un souhaite les consulter. Sur le document original,

 22   c'est très, très clair.

 23    Puis-je demander le versement au dossier de cela.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4948.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] La Défense souhaiterait pouvoir avoir le

 27   document original, parce que nous ne sommes pas absolument sûrs et certains

 28   que l'on puisse tirer cette conclusion absolument sans équivoque à propos


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  1   de ces suppressions. Seul un graphologue ou un expert en calligraphie

  2   pourrait le déterminer. Pour être très, très franc, moi je ne vois vraiment

  3   pas que quoi que ce soit ait été biffé sur cette page, ou supprimé.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Nicholls.

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] Ecoutez, moi j'ai le document en question,

  6   donc peut-être que je pourrais le remettre pendant la pause ou le remettre

  7   à M.…

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, mais M. Karadzic vient de vous

  9   dire, Monsieur Nicholls, qu'il veut voir le document original.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, mais j'ai le document original, je l'ai

 11   maintenant. On n'a pas besoin d'une analyse d'expert pour constater

 12   qu'effectivement il y a des choses qui ont été effacées, qu'on a écrit par-

 13   dessus, mais ce que j'indique c'est que c'est très, très clair sur le

 14   registre original qui a été saisi à la Brigade de Zvornik. Je lui fournirai

 15   le document pour qu'il le consulte.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Document P04464.

 18   Q.  Intercalaire 86 pour vous, Monsieur Butler. Là, il s'agit du rapport de

 19   l'état-major principal destiné au président Karadzic le 13 juillet. Page 3,

 20   je vous prie, pour la version anglaise, ainsi que la page 3, d'ailleurs,

 21   pour la version serbe originale. J'aimerais que vous nous indiquiez ce que

 22   vous pensez à propos des éléments d'information fournis au président

 23   Karadzic le 13 juillet. Et c'est le numéro 6. Et c'est surtout le Corps de

 24   la Drina qui m'intéresse. Donc le paragraphe 6.

 25   R.  Vous avez le premier sous-paragraphe ou alinéa (a), où il est question

 26   de la situation militaire générale. Il y ait fait mention que l'ennemi de

 27   l'ancienne enclave de Srebrenica se trouve dans un état de désarroi total

 28   et que les soldats se rendent en grand nombre à la VRS. Il est indiqué dans


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  1   la phrase suivante, un groupe de 200 à 300 soldats a réussi à opérer une

  2   percée sur le secteur général du mont Udrc, et à partir de là ils essaient,

  3   en fait, d'opérer une percée sur le territoire passé sous contrôle

  4   musulman.

  5   Donc, là, vous voyez qu'il y a quand même un décalage entre ce que voient

  6   les personnes sur le terrain et les questions des personnes qui ont réussi

  7   à opérer des percées et par rapport à ce qui est indiqué à un niveau

  8   supérieur. Tout à fait franchement, ils ne croient pas les chiffres qui

  9   leur sont donnés et ils ne croient pas qui est indiqué par rapport à la

 10   menace représentée par la colonne ou à la taille de la colonne, et, bien

 11   entendu, cela aboutit à la menace militaire qui commence à être perçue le

 12   14, 15 et 16 juillet.

 13   Et puis, il est indiqué dans l'alinéa B qu'il y a plusieurs unités

 14   militaires qui sont en train d'assainir le terrain de la municipalité de

 15   Srebrenica, il y a des groupes de combat, d'autres unités de corps qui

 16   commencent la phase finale des préparatifs, le but étant de régler une fois

 17   pour toutes le problème dans l'enclave de Zepa.

 18   Q.  Merci. C'est le dernier document pour le 13 juillet, me semble-t-il.

 19   Maintenant, nous allons passer au 14 juillet et aux événements de cette

 20   journée du 14 juillet, dont nous avons déjà commencé à parler puisque nous

 21   avons évoqué Orahovac et l'aube, les premières heures de la matinée du 14

 22   juillet.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Document 4057 de la liste 65 ter.

 24   Q.  Qui correspond à votre intercalaire 90, Monsieur Butler.

 25   Il s'agit d'un rapport du 14 juillet émanant du chef de Zvornik, Vasic, qui

 26   est envoyé jusqu'au ministre de la Republika Srpska du MUP et à son centre

 27   de Bijeljina.

 28   Et j'aimerais en fait que nous parlions des zones de combat dont il est


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  1   question au premier paragraphe, et puis ensuite au paragraphe qui suit le

  2   paragraphe 8, où il est question à nouveau d'un grand nombre de soldats

  3   ennemis qui se rendent.

  4   R.  Oui, Monsieur. Il revient à la charge, c'est exactement ce qu'il a fait

  5   le 12 et le 13 juillet, et le 14 juillet, M. Vasic est toujours, dans la

  6   mesure de ses moyens, de façon diligente, en train de présenter ou

  7   d'envoyer des rapports à propos de la situation dont il est informé,

  8   rapport qu'il envoie jusqu'au QG le plus important. Il y fait référence à

  9   la situation militaire générale. Il indique où ils estiment que les forces

 10   ennemies se trouvent et évoquent les combats qui ont eu lieu. Il parle

 11   également de la taille de la colonne ennemie qui s'étire sur 3 kilomètres

 12   pendant toute la journée. Il fait référence également à des tâches bien

 13   précises qui ont été attribuées à chacune des compagnies des PJP placées

 14   sous son contrôle ainsi qu'aux tâches effectuées par certaines des autres

 15   compagnies des PJP qui sont arrivées dans la zone.

 16   Il remarque que lors des opérations de combat de la veille, à savoir donc

 17   le 13 juillet, l'ennemi a essuyé d'énormes pertes humaines, et il indique

 18   également, et remarquez la phrase, "un grand nombre de soldats ennemis se

 19   sont rendus à nos unités."

 20   Q.  Alors, pour ce qui est du premier paragraphe où il est question des

 21   zones de combat et des activités de combat principales dans les zones

 22   générales de Sandici, de la municipalité de Bratunac, de Konjevic Polje, et

 23   cetera, et cetera, j'aimerais savoir si Kravica se trouvait dans cette zone

 24   générale. Est-ce que des combats se sont déroulés à cet endroit ?

 25   R.  Oui, Kravica se trouve effectivement dans cette zone, mais il n'y a pas

 26   eu d'opérations de combat qui se sont déroulées à Kravica pendant ces

 27   jours-là.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie. Je souhaiterais demander


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  1   le versement au dossier de ce document, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce P4949, Madame, Messieurs les Juges.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Fort bien. Puis-je avoir le document 31050,

  5   et je pense que le document 3150 C est le meilleur.

  6   Q.  Et il se trouve à votre intercalaire 92, Monsieur Butler. Il s'agit

  7   d'une conversation interceptée entre Palma -- Palma, c'est bien Zvornik,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui, Monsieur, c'est exact.

 10   Q.  Donc, entre l'officier de permanence, le commandant Jokic, et Badem;

 11   Badem qui est Bratunac, n'est-ce pas ?

 12   R.  Oui, c'est exact.

 13   Q.  Est-ce que vous pourriez nous rappeler, donc il s'agit toujours de la

 14   journée du 14 juillet, il est 21 heures, lorsqu'il est fait référence à

 15   l'officier de permanence, commandant Jokic, Palma, de qui s'agit-il ?

 16   R.  Le commandant Jokic était l'officier du génie de la Brigade

 17   d'infanterie de Zvornik. Il avait également les fonctions d'officier de

 18   permanence de la brigade au sein du centre des opérations le 14 juillet

 19   1995.

 20   Q.  Merci.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une petite seconde. Nous ne pouvons pas

 22   montrer ce document au public, pour ce qui est de l'original.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Mais je pense que la traduction pourra

 24   être montrée, Monsieur le Président.

 25   Q.  Merci. Donc, nous pouvons voir, d'après cette conversation interceptée,

 26   que le 14 juillet à cette heure-là, Beara se trouve à Bratunac, et le

 27   commandant Jokic l'appelle depuis Zvornik.

 28   Alors, premièrement, regardez le bas de la page parce que je voudrais


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  1   que nous étudiions ce document assez rapidement. Le commandant Jokic dit ce

  2   qui suit, je cite : "Nous sommes ensemble, colonel, le poste 155 vous a

  3   appelé et vous devez le rappeler de toute urgence."

  4   A quoi correspond ce poste 155 ?

  5   R.  D'après ce que je sais, le poste 155 correspond à la ligne téléphonique

  6   qui se trouvait au centre des opérations de l'état-major principal de la

  7   VRS.

  8   Q.  Merci. Alors, je ne vais pas vous demander maintenant de nous dire ce

  9   que veut exactement dire le commandant Jokic, mais Jokic dit : "Oui, hey,

 10   nous avons de gros problèmes ici. Il y a vraiment de gros problèmes, eh

 11   bien, avec les gens -- enfin, je veux dire avec le colis." Et puis ensuite,

 12   il dit : "Drago ne se trouve nulle part."

 13   Un peu plus tôt, il dit en fait qu'il est absolument urgent qu'il parle à

 14   Beara.

 15   Donc, ma question est comme suit : à 21 heures à Zvornik, quelle était la

 16   situation pour la Brigade de Zvornik ? Que se passait-il ? Qu'est-ce qui se

 17   passait qui pouvait être considéré comme urgent ?

 18   R.  Dans ce contexte bien précis, le 14 juillet, à 21 heures, la colonne,

 19   en fait -- et là, il s'agit de la perspective militaire, la colonne avait

 20   déjà opéré une percée par les positions de l'embuscade initiale de la

 21   Brigade de Zvornik, et cela avait été établi la veille, et l'on pense en

 22   fait qu'ils sont en train d'avancer vers le nord-ouest, vers ce qu'ils

 23   appelleraient le territoire libre. Mais la brigade, en fait, elle n'a pas

 24   de véritable contact avec eux parce qu'ils n'avaient pas de forces dans

 25   cette zone à ce moment-là.

 26   Du point de vue des prisonniers qui ont été emmenés dans la zone de la

 27   Brigade de Zvornik, à ce moment-là les prisonniers qui avaient été emmenés

 28   se trouvaient dans l'école et continuaient à être exécutés à Orahovac. Moi,


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  1   je ne pense pas que ces exécutions sont terminées; elles ne se terminent

  2   pas avant minuit le 14 juillet 1995.

  3   Donc vous avez environ un millier de prisonniers qui se trouvaient dans la

  4   vieille école à Petkovci, vous avez des prisonniers qui se trouvaient dans

  5   l'école à Rocevic et vous avez également des prisonniers qui ont été

  6   emmenés dans un autre lieu. Et je ne pense pas qu'à ce moment-là ils

  7   avaient déjà reçu la possibilité de les placer à Pilica dans le centre

  8   culturel.

  9   Q.  Alors vous nous dites en fait que cette école, c'est la même école à

 10   Orahovac, donc qu'elle est associée au lieu d'exécution d'Orahovac, n'est-

 11   ce pas ?

 12   R.  Oui.

 13   M. NICHOLLS : [interprétation] Est-ce que je pourrais demander le versement

 14   au dossier de ce document.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je pense que cela fait partie d'un jeu

 16   de pièces qui, en quelque sorte, a été authentifié par les témoins, n'est-

 17   ce pas ?

 18   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, tout à fait.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Robinson.

 20   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Cela sera versé au dossier.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une petite minute. Cela va être placé

 24   sous pli scellé.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4950, versée sous pli

 26   scellé.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, j'aimerais quand même que vous nous

 28   fournissiez une version expurgée pour la suite.


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  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense que le moment est peut-être venu de

  2   faire la pause.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors nous allons remplacer la version

  4   d'origine par la version expurgée.

  5   Ce n'est pas la peine d'accorder une cote séparée alors. Enfin, à moins que

  6   la Défense ait des objections.

  7   M. ROBINSON : [interprétation] Non, nous n'en avons pas.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons faire une pause d'une demi-

 10   heure et nous reprendrons à 11 heures.

 11   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

 12   --- L'audience est reprise à 11 heures 02.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 15   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, examiner l'intercalaire 94.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Il s'agit du document 31072. C'est une

 17   conversation interceptée. Là, je vous ai donné un numéro en vertu de

 18   l'article 65 ter. Je pense que nous pouvons montrer au public la version en

 19   anglais. En B/C/S, il y a encore des noms, donc pas la version en B/C/S.

 20   Q.  Donc c'est une conversation interceptée à 23 heures 27, et il s'agit

 21   d'une conversation entre le général Vilotic et le général Jokic. Nous

 22   venons de parler de Jokic, vous venez de dire qui c'était. Là, à nouveau,

 23   on parle des problèmes au niveau de ce grand groupe de personnes qui

 24   s'avance vers le goudron que l'on a bloqué, là où se trouvent les bleus.

 25   Tout d'abord, pourriez-vous nous dire de qui parle ici le général Vilotic ?

 26   R.  Vu le contexte, le général Vilotic dont on parle, aussi je pense que

 27   c'est le général Miletic, c'est le chef des opérations de l'état-major

 28   principal de la VRS.


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  1   Q.  Mais comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion ?

  2   R.  Tout d'abord, parce qu'il n'y a pas de général Vilotic ni dans la VRS

  3   ni, parce qu'on a tout vérifié, même pas dans la VJ. Mais il y avait bien

  4   un général Miletic qui était donc au niveau de l'état-major principal de la

  5   VRS. Donc c'est possible qu'il y ait eu un problème quant à

  6   l'identification de la personne, alors que le commandant Jokic sait

  7   exactement à qui il parle. Donc la seule conclusion logique, ça serait de

  8   dire que c'est avec le général Miletic qu'il parle, et il parle donc avec

  9   l'officier de garde de l'infanterie de Brigade de Zvornik.

 10   Q.  Et là où Jokic dit -- il commence par "Colonel", puis finalement il dit

 11   "Général" ?

 12   R.  Le général Milovanovic était un de ces généraux qui avaient été promus

 13   récemment, à savoir au mois de juin 1995 ou fin mai 1995. Donc il est

 14   compréhensible que le commandant Jokic se trompe parce qu'il fait référence

 15   au grade qu'il avait quelque 60 jours auparavant, puisqu'il n'était général

 16   que depuis 60 jours.

 17   Q.  Mais là, vous venez de dire le général Milovanovic --

 18   R.  Miletic, excusez-moi.

 19   Q.  Pourriez-vous nous dire, sur la base de vos connaissances au sujet de

 20   la situation à Zvornik, de quoi s'agit-il, surtout là où Vilotic, pour vous

 21   Miletic, dit : On va voir cela avec Vasic, il faut rassembler tout ce que

 22   l'on a. Vous devez tous les dépêcher. Sonnez l'alerte dans la ville. Tous

 23   ceux qui peuvent porter un fusil doivent être sur pied.

 24   Vous avez déjà parlé de cela, n'est-ce pas ?

 25   R.  Là, du point de vue chronologique, nous sommes à un moment où les

 26   échelons les plus élevés de la VRS comprennent la menace que représente la

 27   colonne à la municipalité de Zvornik en général et en particulier à Brigade

 28   d'infanterie de Zvornik.


Page 27573

  1   Vasic est le chef de la CSB, et ici il essaie de faire comprendre à Vasic

  2   la situation. C'est-à-dire que Vasic doit faire venir davantage de

  3   policiers ou déployer des policiers qui vont aider dans les opérations de

  4   combat. Et donc, il faut sonner l'alarme. Il faut que tous ceux qui sont

  5   capable de porter un fusil, eh bien, qu'ils soient d'attaque.

  6   Q.  Et ensuite, il y a une portion où on dit que : "Obrenovic fait vraiment

  7   son maximum. Tu dois me croire. Ce paquet nous a vraiment détruits." Et là,

  8   il parle du nombre de gens --

  9   Et le général de l'état-major principal dit : "Ecoute, ne m'en parle pas de

 10   cela."

 11   Donc, là, on est dans la soirée du 14, et les exécutions se poursuivent à

 12   Orahovac, n'est-ce pas ?

 13   R.  Oui, exact.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander le versement de ce

 15   document, Monsieur le Président.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ceci fait partie des documents qui ont

 17   fait l'objet d'une authentification, donc des conversations interceptées.

 18   Monsieur Robinson.

 19   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ceci va être versé au dossier.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] P4951, provisoirement sous pli scellé.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La raison de la confidentialité de ce

 23   document, eh bien, c'est à cause des initiaux [comme interprété] que l'on

 24   voit sur le document.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Il faudrait que l'on expurge cela,

 26   puisque normalement nous ne montrons pas au public les noms.

 27   Q.  Le dernier document de la date du 14 juillet qui se trouve à

 28   l'intercalaire 95, je vais vous demander de vous y reporter. Il s'agit du


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  1   document P04457. C'est un rapport envoyé par l'état-major principal au

  2   président. La date, donc, comme je l'ai dit, est le 14 juillet. On parle de

  3   différents corps, mais moi, ce qui m'intéresse, c'est surtout le Corps de

  4   la Drina, qui se trouve à la page 3 aussi bien en serbe qu'en anglais. Et

  5   je vais vous demander de faire un commentaire par rapport à la section

  6   6(b).

  7   R.  En ce qui concerne, donc, ce qui figure ici au petit (b), eh bien, là,

  8   à nouveau, vous avez des informations ou des commentaires qui s'accumulent.

  9   On parle, même si on ne donne pas des chiffres, que, encore le 14, ils sont

 10   en train de nettoyer le terrain. Ils reçoivent un grand nombre de fugitifs

 11   musulmans qui se rendent à leurs forces. Donc ils font état encore d'un

 12   grand nombre de Musulmans qui sont en train de se rendre aux policiers et à

 13   l'armée qui se trouvent à Milici, à Bratunac et à Skelani.

 14   Q.  Et ce rapport très urgent qui date du 14 juillet, il n'est pas envoyé

 15   seulement au président mais aussi aux commandements de tous les corps

 16   d'armée, n'est-ce pas ? Et ensuite, aux différents postes de commandement

 17   avancé ?

 18   R.  Oui. C'était tout à fait l'habitude. Il ne s'agissait pas seulement de

 19   tenir informé le président de la Republika Srpska mais aussi tous les corps

 20   d'armée, de sorte que les dirigeants haut placés de l'armée aient une image

 21   complète de la situation.

 22   Q.  Maintenant, nous allons parler de la date du 15 juillet. Je vais

 23   essayer de vous montrer assez rapidement des documents pertinents.

 24   Pour commencer, je voudrais vous montrer le document qui se trouve à

 25   l'intercalaire 96.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est le document 31091A.

 27   Q.  Et nous allons examiner plusieurs conversations interceptées où l'on

 28   fait mention du colonel Beara. Et là, nous en avons une qui date du 15


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  1   juillet au matin, 0952, le colonel Beara cherche le général Zivanovic. Il

  2   doit l'appeler au poste 139.

  3   Quel est ce poste ?

  4   R.  Ce poste correspond au poste du bureau de sécurité de la Brigade de

  5   l'infanterie de Zvornik. C'est le numéro de téléphone de Drago Nikolic.

  6   Q.  D'après les analyses que vous avez faites et tous les documents que

  7   vous avez examinés, où se trouve le colonel Beara ce matin-là, le matin du

  8   15 ?

  9   R.  Ce matin-là, il se trouve au QG de la Brigade de Zvornik.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Eh bien, nous allons verser cela, Monsieur

 11   le Président. J'ai l'impression qu'on n'a pas besoin de verser sous pli

 12   scellé.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais je vois des noms --

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, effectivement, il faudra le verser sous

 15   pli scellé. Je suis désolé.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] P4952.

 18   M. NICHOLLS : [interprétation]

 19   Q.  Maintenant, veuillez examiner le document qui se trouve à

 20   l'intercalaire 97.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Et ça va être le document 3107C [comme

 22   interprété].

 23   Q.  Donc, là, c'est une conversation qui a eu lieu quelques minutes plus

 24   tard. Le général Zivanovic et le colonel Beara, et ils étaient mentionnés

 25   dans la conversation précédente. Je ne vais pas parcourir le document en

 26   entier, mais dites-moi, s'il vous plaît, de quoi s'agit-il ici ? Et je vous

 27   demande de tirer vos conclusions sur la base de vos connaissances au sujet

 28   de la situation à laquelle devaient faire face la VRS et le MUP ce matin-


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  1   là.

  2   R.  Eh bien, cette conversation interceptée concrètement, surtout si vous

  3   la comparez à la conversation interceptée qui va être enregistrée quelques

  4   minutes plus tard, eh bien, c'est une conversation entre Zivanovic et Beara

  5   concernant l'incapacité d'un des commandants de brigade, le lieutenant-

  6   colonel Furtula, d'envoyer les soldats de son unité à un endroit donné en

  7   accord avec l'ordre du chef. Donc la conversation n'est pas très

  8   compréhensible, mais on voit bien que le général Zivanovic et le colonel

  9   Beara comprennent très bien les ordres du chef, surtout dans ce contexte.

 10   Et donc, ils n'ont pas reçu un peloton comptant à peu près une soixantaine

 11   d'hommes, mais juste deux ou trois hommes.

 12   Q.  Et quelle était la brigade de Furtula ?

 13   R.  C'était la Brigade de l'infanterie légère de Visegrad.

 14   Q.  Merci. Et ici, on parle de Lukic qui attend Blagoje -- Blagojevic. Qui

 15   est ce Lukic d'après vous ?

 16   R.  C'est Milan Lukic.

 17   Q.  Et d'où il vient ?

 18   R.  Milan Lukic est de Visegrad. A ce moment-là, c'était un subordonné --

 19   ou plutôt, un des commandants d'une unité subordonnée à la Brigade de

 20   Visegrad. Différentes personnes ont évoqué le fait que lui-même et son

 21   unité ont reçu l'ordre de venir en partie pour prendre part à l'exécution

 22   de prisonniers.

 23   Q.  A un moment donné, Beara dit : "Demande-lui envoyer au moins la

 24   moitié." Et Zivanovic répond : "Mais je ne peux plus donner cet ordre."

 25   Pourquoi il ne pouvait plus le faire ? On est au 15, là, le 15

 26   juillet.

 27   R.  Le général Zivanovic, qui assurait toujours sa fonction de général au

 28   niveau de la VRS, n'était plus le commandant du Corps de la Drina. Donc ce


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  1   qu'il est en train de faire, ce qui est parfaitement compréhensible, situé

  2   dans un contexte militaire, il dit tout simplement au colonel Beara qu'il

  3   n'est pas autorisé à donner ces ordres. Et après, plus loin dans cette

  4   conversation interceptée, il donne le numéro de poste qu'il doit appeler

  5   pour se mettre en contact avec la personne capable de donner un tel ordre.

  6   Q.  Pourriez-vous nous montrer cela ?

  7   R.  A la fin de la conversation de la première page, il parle donc de ce

  8   poste téléphonique 385.

  9   Q.  Il parle de "Zlatar". Quelle est cette unité ?

 10   R.  C'est le nom de code téléphonique utilisé par le Corps de la Drina.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander que cette conversation soit

 12   versée au dossier. On a besoin de la verser sous pli scellé.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Robinson, il y a des objections

 14   ?

 15   M. ROBINSON : [interprétation] Non.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Ceci va être versé en tant que

 17   pièce P4953, sous pli scellé pour l'instant.

 18   M. NICHOLLS : [interprétation]

 19   Q.  Maintenant, à l'intercalaire suivant, Monsieur Butler, 31086. A

 20   nouveau, des conversations, et le colonel Beara prend part à ces

 21   conversations. Là, nous avons une conversation interceptée de 10 heures du

 22   matin entre le colonel Beara et le général Krstic. Le colonel Beara a reçu

 23   des instructions de Zivanovic. Et puis, la première chose que je vais vous

 24   demander : qui est Boban Indic, le savez-vous ?

 25   R.  Boban Indic, c'est encore quelqu'un qui vient de Visegrad, et à ce

 26   moment, à cette époque-là, c'était l'adjoint de Milan Lukic.

 27   Q.  Pouvez-vous nous dire, en tenant compte des autres conversations

 28   interceptées, la situation qui prévalait le 16 juillet dans la zone de


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  1   Zvornik, de quoi s'agit-il ?

  2   R.  Eh bien, du point de vue militaire, dans la zone de responsabilité de

  3   la Brigade de Zvornik, la colonne continue son chemin vers le nord-ouest,

  4   en se préparant pour lancer une attaque pour essayer de percer les lignes.

  5   Donc cette conversation n'a rien à voir avec la situation militaire

  6   généralement parlant. Cette conversation concerne le fait que le 15

  7   juillet, ou plutôt, c'est quelque chose qui se poursuit encore le 15

  8   juillet, eh bien, ils sont en train d'exécuter des milliers de prisonniers

  9   et ils ont du mal à obtenir suffisamment de personnes pour tuer tous ces

 10   gens, quel que ce soit le temps nécessaire pour mener à bien cette

 11   entreprise.

 12   Q.  Donc, ici, Krstic dit : "Ecoute, je vais voir ce que je peux faire." Il

 13   dit cela quand Beara le demande d'avoir davantage d'hommes. A un moment

 14   donné, on dit : "Demande-lui d'aller chez Drago." De quoi parle-t-on ici ?

 15   C'est à peu près à la moitié de la première page.

 16   R.  Eh bien, dans ce contexte, quand Beara dit : "Ecoute, demande-leur

 17   d'aller chez Drago," il dit qu'il faut qu'ils se rendent chez Drago

 18   Nikolic, qui était l'officier chargé de la sécurité au niveau de la Brigade

 19   de Zvornik, et c'est là que se trouve Beara à ce moment-là.

 20   Q.  Ensuite, quand Krstic dit : "Eh bien, prend ces hommes du MUP qui sont

 21   là-haut," il répond : "Ecoute, il n'y a rien à faire. La seule solution que

 22   nous avons, c'est de prendre ces 15 ou 30 hommes d'Indjic."

 23   Donc vous en parlez dans votre rapport aussi, du fait que ces hommes ne se

 24   sont pas présentés dans la région à cette époque-là ?

 25   R.  Oui, Monsieur, j'en parle. J'ai examiné des documents et j'en arrive à

 26   la conclusion qu'il ne s'agissait pas du fait que Furtula n'ait pas suivi

 27   l'ordre. C'est tout simplement que l'autocar à bord duquel ces soldats se

 28   rendaient sur place est tombé en panne. Donc il y a eu un problème


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  1   mécanique, pour ainsi dire, et ils n'étaient pas en mesure de se rendre sur

  2   place pour faire leur travail.

  3   Q.  Merci. Et tout à fait en bas de la page, Beara dit : "Je ne sais pas

  4   quoi faire. Je le pense vraiment, Krle. Ecoute, il y a encore 3 500

  5   paquets," entre guillemets, "que je dois distribuer et je n'ai pas de

  6   solution."

  7   Je ne vous demande pas nous dire ce qu'il voulait dire par là, mais le

  8   matin du 15 juillet 1995, quelle est la situation concernant les

  9   prisonniers détenus dans la zone de responsabilité de la Brigade de

 10   Zvornik, dans les écoles, et cetera ?

 11   R.  Le matin du 15, le colonel Beara, vu qu'il était à Zvornik, devait

 12   savoir que les prisonniers ont été tués aussi bien à Orahovac que dans

 13   l'école de Petkovci. Il y a encore des prisonniers dans l'école de Rocevic

 14   et à Pilica. Et à ce moment-là, les prisonniers qui ne peuvent pas entrer,

 15   puisqu'ils sont trop nombreux, à Pilica, eh bien, ils les mettent dans la

 16   maison de Culture de Pilica.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander le versement de cela aussi.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Provisoirement sous pli scellé aussi ?

 19   M. NICHOLLS : [aucune interprétation]

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] P4954, sous pli scellé.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais à présent avoir la pièce P00108.

 22   Q.  Là, je vais aborder la question assez rapidement. C'est quelque chose

 23   qui est relatif à votre note de bas de page 414 -- 399, excusez-moi, puis

 24   412, et puis il y a d'autres endroits dans votre rapport où vous parlez de

 25   ça. Donc c'est quelque chose qui concerne la date du 15 et 16 juillet. On

 26   voit les ordres quotidiens enregistrés dans le registre de la Compagnie

 27   d'ingénierie de la Brigade de Zvornik.

 28   Pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez trouvé cela important ? Pourquoi


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  1   c'est quelque chose qui se trouve dans votre rapport ? D'ailleurs, dans

  2   votre classeur, c'est l'intercalaire 99.

  3   R.  Eh bien, le côté de la médecine légale de l'enquête ainsi que les

  4   dépositions des témoins ou des survivants ont indiqué les endroits où se

  5   trouvaient les fosses communes initiales. Une des questions qui s'est

  6   posée, c'était de savoir qui était responsable de l'ensevelissement des

  7   corps de ces individus. Ce document qui vient de la Compagnie d'ingénierie

  8   de la Brigade de l'infanterie de Zvornik nous témoigne de l'équipement et

  9   des localités à la date du 15 juillet à Orahovac et à Petkovci. Ils ne

 10   pouvaient pas s'occuper d'autre chose que de cela, et le fait que cela se

 11   trouve dans le registre des ordres, les ordres quotidiens de cette

 12   Compagnie de l'ingénierie, indique pour moi qu'ils oeuvraient d'après les

 13   ordres militaires et sous le contrôle des militaires. Donc ce qu'ils sont

 14   en train de faire, eh bien, ils étaient en train d'enterrer ces victimes,

 15   les corps.

 16   Q.  Mais pourquoi vous dites que c'est la seule chose qu'ils pouvaient être

 17   en train de faire à ces endroits-là à ces dates-là ?

 18   R.  Eh bien, d'un point de vue militaire, il n'y avait pas de combats ni à

 19   Orahovac ni à Petkovci ces jours-là. Ces deux localités sont très loin des

 20   lignes de front, donc il n'y a pas de raison logique pour avoir fait venir

 21   ces engins, et il n'y a pas de raison militaire, par exemple, creuser des

 22   tranchées. Donc, une fois que vous avez exclu toutes ces possibilités à des

 23   fins militaires, la seule qui vous reste c'est le creusement de fosses

 24   communes. C'est la seule conclusion logique à laquelle vous pouvez arriver.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais maintenant vous demander

 26   d'examiner la pièce P00138.

 27   Q.  C'est à l'intercalaire 101, Monsieur Butler. C'est un rapport

 28   intérimaire de combat de Vinko Pandurevic daté du 15 juillet. Il y a


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  1   beaucoup d'informations là-dedans. Vous le citez dans, pas seulement les

  2   notes de bas de page, mais aussi dans votre rapport et assez souvent.

  3   Pourriez-vous nous dire quelle est l'importance de ce document. Vous pouvez

  4   tout simplement parcourir ce document pour nous aider.

  5   R.  Eh bien, je vais commencer par la fin, et ensuite je vais avancer parce

  6   que ça va nous être plus utile. Tout d'abord, vous pouvez voir qu'il y a un

  7   cachet d'envoi qui figure sur ce document. A 19 heures 25 le 15 juillet

  8   1995, il a été envoyé. Qu'est-ce que cela nous montre ? Eh bien, cela nous

  9   montre que la brigade, et ici nous avons la signature du commandant de la

 10   brigade dans le B/C/S, dans l'original. On voit l'importance et le fait

 11   que, aux yeux du commandant de la brigade, du colonel Pandurevic, donc de

 12   sa prise de conscience au moment de l'envoi du rapport, et c'est important

 13   parce qu'il faut comprendre que le colonel Pandurevic, au début de la

 14   journée du 15 juillet, était avec ses forces dans l'enclave de Zepa, et ce

 15   n'est que tôt le matin du 15, vers 8 ou 9 heures du matin, que ces forces

 16   ont été démantelées, et on a donné l'ordre au colonel Pandurevic de

 17   retourner dans la zone de Zvornik pour s'occuper là-bas de la situation

 18   militaire. Donc le colonel Pandurevic, maintenant, arrive dans la zone de

 19   responsabilité de la brigade pour la première fois depuis qu'il est parti,

 20   et il est parti le 4 juillet, je pense. Donc, alors qu'il a un aperçu

 21   général de la situation, ce document témoigne la compréhension détaillée de

 22   la situation au niveau de la zone de responsabilité de la brigade à

 23   l'époque.

 24   Donc, dans le premier paragraphe, il parle des informations qu'il a au

 25   sujet de la colonne et sa compréhension de la situation. Il parle de 3 000

 26   soldats de forces ennemies, armés ou pas armés. Donc cela vous montre que

 27   le colonel Pandurevic était tout à fait au courant de la gravité que

 28   représentait cette colonne. Et puis, il sait aussi que plusieurs centaines


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  1   de soldats de l'ennemi ont été déjà tués, donc des soldats qui se

  2   trouvaient dans la colonne, des soldats de l'ennemi.

  3   Et puis après, dans le paragraphe suivant, qu'est-ce qu'il fait, eh

  4   bien, il décrit la situation au niveau du 2e Corps d'armée et nous dit ce

  5   qu'il pense que le 2e Corps d'armée fait pour essayer de faire le lien avec

  6   la colonne, et il pense que l'attaque allait venir de là.

  7   Dans le troisième paragraphe, il fait référence à d'autres événements

  8   militaires qui se sont produits dans cette zone militaire, à savoir des

  9   attaques d'artillerie. Il fait référence à d'autres attaques moins

 10   importantes. Il indique qu'il sait quel est le nombre de pertes humaines --

 11   bon, il y quatre morts et une douzaine de soldats blessés. Et puis, il

 12   poursuit, il dit en fait qu'un périmètre de sécurité a été établi autour de

 13   Crni Vrh et de Planici [phon], et il indique qu'ils n'ont plus de forces de

 14   réserve, que toutes les forces de réserve sont occupées.

 15   Il indique également dans le paragraphe suivant qu'il est parfaitement

 16   conscient des prisonniers qui se trouvent dans la zone de la Brigade de

 17   Zvornik. Puis, il indique que :

 18    "Cela représente un fardeau supplémentaire pour nous," pour eux,

 19   dit-il, "parce qu'il y a un grand nombre de prisonniers qui sont repartis

 20   dans différentes écoles dans la zone de la brigade," et il indique quelles

 21   sont "les obligations en matière de sécurité et de restauration du

 22   terrain," ce qui se traduit en serbo-croate par "asanacija".

 23   Dans ce contexte bien particulier, il indique, à mon avis, quel est le

 24   nombre de prisonniers dans les écoles. Il fait référence aux obligations en

 25   matière de sécurité par rapport au nombre minimum pour lequel la garde doit

 26   être montée, et puis je pense qu'il indique qu'ils sont en train d'être

 27   exécutés. Et puis, la dernière partie de la phrase où il est question

 28   d'"asanacija", justement cela indique en fait que les formations militaires


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  1   de la Brigade de Zvornik sont utilisées pour ensevelir les corps.

  2   Et dans le paragraphe suivant, il parle du commandement qui ne peut plus

  3   s'occuper de ces problèmes, qu'il n'a plus les ressources ni matérielles ni

  4   humaines, et puis il indique qu'il a demandé des renforts et que, si

  5   personne n'assume cette responsabilité, il sera obligé de les laisser

  6   partir.

  7   Lors de dépositions précédentes, il m'avait été demandé comment

  8   j'interprétais ou ce que je pensais de ses paroles dans ce contexte. A

  9   savoir, lorsqu'il dit : "Je les laisserai partir," là on m'a demandé : est-

 10   ce qu'il faisait référence aux prisonniers ou à la colonne ? A l'époque, et

 11   je répéterai ce que j'ai déjà dit, je pense que le colonel Pandurevic fait

 12   référence aux prisonniers qui se trouvent dans les écoles qu'il est disposé

 13   à laisser partir, il ne parle pas de la colonne.

 14   Et puis, dans le paragraphe suivant, il indique qu'il a eu une

 15   communication avec son homologue du 2e Corps. Il indique qu'une offre a été

 16   faite pour séparer les civils et pour faire en sorte que les autres se

 17   rendent, mais pour ce qui est de son homologue -- et il parle de cela avec

 18   son homologue de la 24e Division d'infanterie, il est indiqué que cela a

 19   été refusé et qu'il souhaitait que toute la colonne soit soit libérée, soit

 20   puisse partir.

 21   Et dans sa dernière phrase, "La situation est compliquée mais encore

 22   maîtrisée," je dirais qu'à ce moment-là, il a tout à fait raison. La

 23   situation est certes très complexe, mais là encore, il la maîtrise encore.

 24   Il faut savoir qu'il y a encore beaucoup d'événements, beaucoup d'activités

 25   de combat importantes qui ne se sont pas encore déroulées et qui vont avoir

 26   lieu en soirée du 15 juillet et le matin du 16 juillet 1995.

 27   Et puis, il termine son rapport par une demande. Il répète une fois de plus

 28   ce qu'il a déjà demandé, à savoir un renfort supplémentaire.


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  1   Q.  Merci.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Alors j'aimerais maintenant, justement à

  3   propos du nombre de prisonniers, que nous puissions afficher le document

  4   P04460.

  5   Q.  Intercalaire 102 pour vous. Donc c'est le même jour, c'est l'état-major

  6   principal à nouveau qui envoie un rapport au président. Et je souhaiterais

  7   que nous nous intéressions à la page 3, et plus particulièrement au

  8   paragraphe relatif à la zone du Corps de la Drina. Et je voulais en fait

  9   que vous nous indiquiez ce que vous pensez par rapport à la filière

 10   utilisée pour présenter des rapports. Alors nous voyons qu'il s'agit de la

 11   situation qui est décrite par rapport aux prisonniers et par rapport à

 12   l'ancienne enclave de Srebrenica. Le rapport est envoyé d'ailleurs jusqu'à

 13   l'échelon le plus élevé, à savoir le président.

 14   R.  Une fois de plus, il est question d'une partie de la colonne. Il est

 15   indiqué : dans une partie de la colonne, il y a encore des formations de

 16   musulmans qui viennent de l'ancienne enclave de Srebrenica et qui se

 17   déplacent vers Kravica et Konjevic Polje. Il fait référence à plusieurs

 18   groupes ennemis qui se sont rendus aux membres de la VRS, et puis ensuite

 19   il parle de la situation par rapport à Zvornik. Donc, comme pour les jours

 20   précédents, nous voyons que l'état-major principal établit des rapports qui

 21   envoient au président de la république ainsi qu'aux autres commandants de

 22   corps, et il est indiqué en fait que les unités du Corps de la Drina

 23   continuent encore ce jour-là à faire des prisonniers.

 24   Q.  Merci. Alors je vais maintenant passer au 16 juillet. Je vais vous

 25   présenter, pour ce faire, des documents à propos de la situation ce jour-

 26   là, et là nous allons évoquer la situation militaire à nouveau dans la zone

 27   de la Brigade de Zvornik ainsi que la situation des prisonniers.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Document 31128A, je vous prie. Un petit


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  1   moment, je vous prie. Oui, c'est bien cela, 31128A.

  2   Q.  Intercalaire 103 pour vous, Monsieur Butler. Il s'agit d'une

  3   conversation du 16 juillet 1995, à 11 heures 11, entre le colonel Beara et

  4   Cerovic. Est-ce que vous savez, dans un premier temps, qui est Cerovic ?

  5   R.  Oui. Il s'agit du colonel Cerovic, qui est le commandant assistant pour

  6   les questions religieuses, juridiques et questions de morale, et ce, pour

  7   le Corps de la Drina.

  8   Q.  Merci. Alors la conversation porte sur un tri qui doit être effectué au

  9   niveau des prisonniers, et Beara parle à Cerovic. Et Cerovic finit par dire

 10   : "Oui, il me l'a dit, il me l'a dit. 'J'ai eu des consignes pour opérer le

 11   tri.'" Et Beara dit : "Moi, je ne veux pas en parler au téléphone."

 12   Voilà ce que j'aimerais savoir : le 16 juillet, vous avez étudié de

 13   nombreux registres pour la Brigade de Zvornik, donc les registres pour les

 14   véhicules, les registres pour l'arrière-garde, les registres d'hôpitaux,

 15   alors quel type de ressource est-ce qu'il faudrait mobiliser rapidement

 16   lorsque des milliers de prisonniers ont été faits, et je pense à alimenter

 17   ces prisonniers, à s'occuper de leurs problèmes médicaux, à les transporter

 18   vers d'autres centres d'échange, voilà, ce genre de choses ? Est-ce que

 19   vous avez trouvé d'autres documents qui corroboraient en quelque sorte ce

 20   type de tri le 16 juillet à Zvornik ?

 21   R.  Non. Non, Monsieur. La seule référence que j'ai trouvée et qui pourrait

 22   être relative à des fournitures médicales et qui aurait pu avoir un lien

 23   avec Zvornik et aux prisonniers du 16 juillet, c'est à propos justement des

 24   prisonniers blessés qui s'étaient trouvés à Milici, qui ensuite ont été

 25   déplacés au dispensaire de Zvornik et qui finalement ont été transportés au

 26   lieu dit Standard. Donc, là, il s'agissait de 13 prisonniers, en fait. Dans

 27   ce contexte-là, nous parlons de tri et de mille prisonniers, mais il n'y a

 28   absolument aucun document qui permet d'indiquer qu'il s'agissait d'un tri


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  1   dans un contexte médical.

  2   Q.  Mais que fait Beara, si vous le savez, pour les prisonniers le 16

  3   juillet, ou quel est son lien avec ces prisonniers ?

  4   R.  La participation du colonel Beara, elle est quand même liée à

  5   l'exécution des prisonniers à Pilica ce jour-là et des prisonniers qui

  6   trouvaient au Dom, au centre culturel, ainsi qu'à Branjevo ce jour-là. Et

  7   là, pour ce jour-là, il y a des documents -- des documents ainsi que des

  8   conversations interceptées qui font référence à des problèmes logistiques

  9   particuliers, problèmes logistiques qu'il faut régler. Je pense, par

 10   exemple, à un manque de carburant qui est évoqué à un moment.

 11   Q.  Merci. Alors il dit : "Ah oui, mais Trkulja, il était avec moi il y a

 12   un petit moment."

 13   Qui était Trkulja ?

 14   R.  Le colonel Trkulja c'était un officier au niveau -- était un officier,

 15   en fait. Dans ce contexte particulier, lorsque Cerovic parle de Trkulja, de

 16   sa présence, ce qu'il indique -- il ne faut pas oublier que Cerovic, lui,

 17   se trouvait au QG du Corps de la Drina. Donc il est fait référence au fait

 18   que le colonel Trkulja, lui, était présent au QG du Corps de la Drina,

 19   qu'il cherchait Beara, en supposant qu'il était là à ce moment-là.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Je souhaiterais demander le versement au

 21   dossier avec une cote provisoire sous pli scellé.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Robinson.

 23   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien.

 25   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4955, provisoirement

 26   sous pli scellé.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation]

 28   Q.  Alors, pour ne pas trop perdre de temps, je ne vais pas vous présenter


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  1   ce document, mais est-ce que vous vous rappelez qu'il y avait une entrée

  2   qui correspondait, que l'on a trouvée dans le carnet de l'officier de

  3   permanence de la Brigade de Zvornik pour le 16 juillet, par laquelle il est

  4   indiqué que Zlatar avait fait référence au tri des prisonniers et des

  5   blessés, et que cela devait être fait ? Cela est indiqué à Beara. Mais si

  6   vous ne vous en souvenez pas, je vous présenterai le document.

  7   R.  Non, non, je m'en souviens parfaitement.

  8   Q.  Merci.

  9   R.  Je pense que j'en ai déjà parlé lors de dépositions précédentes.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] De toute façon, cela avait déjà été

 11   versé au dossier, n'est-ce pas ?

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, oui, tout à fait. C'est pour cela que

 13   je ne souhaite pas particulièrement l'afficher à nouveau, ce document.

 14   Document 31143 de la liste 65 ter.

 15   Q.  Intercalaire 106 pour vous, Monsieur Butler. Voilà une conversation

 16   interceptée courte. Pourriez-vous me dire ce dont il s'agit. Donc c'est

 17   entre Zlatar, nous savons que c'est le Corps de la Drina, et Palma, qui est

 18   la Brigade de Zvornik.

 19   R.  Dans ce contexte bien précis, ils sont en train -- enfin, Zlatar dit :

 20   "Donne-moi le 01." Normalement, lorsque vous entendez les conversations

 21   interceptées de ce type-là, le 01, le numéro 1, c'est le commandant. Et là,

 22   il indique que le commandant est en train d'écouter mais qu'il ne peut pas

 23   établir de lien direct, et Zlatar dit : Eh bien, qu'il me dise ce qui est

 24   nouveau pour Zlatar 1. Et dans ce contexte bien précis, les responsables

 25   des communications sont en train de demander en fait ce qu'a le colonel

 26   Pandurevic pour le général Krstic. Palma, en fait, est en train de dire :

 27   "Nous avons fait un petit couloir pour que les civils puissent partir."

 28   Ensuite, les mots sont illisibles. Puis ensuite, Zlatar dit : "Au revoir et


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  1   bonne chance à vous tous."

  2   Q.  Et nous voyons que c'est à 13 heures 55. Est-ce que cela a une

  3   importance par rapport au 16 juillet et ce qui se passait au niveau de la

  4   colonne ?

  5   R.  Oui. Comme je viens de vous expliquer, il y a eu pas mal d'informations

  6   qui parlent de cela. A un moment donné tôt dans la matinée du 16 juillet,

  7   entre 1 heure et 3 ou 4 heures, le colonel Pandurevic, en parlant avec

  8   l'officier, son collègue de la 28e -- la 24e Division, ils ont conclu un

  9   cessez-le-feu qui devait être temporaire et permettre à la colonne de

 10   quitter le territoire de la Republika Srpska et de rejoindre les lignes

 11   musulmanes. Il y a eu un grand changement de la situation au point de vue

 12   militaire dans la Brigade de Zvornik, à partir du 25e [comme interprété]

 13   rapport intérimaire que le colonel Pandurevic a écrit le 15 par rapport à

 14   ce qui se passe le 16. Beaucoup de ces informations se trouvent dans le

 15   rapport intérimaire de combat du colonel Pandurevic, mais il y avait

 16   beaucoup de combats, des positions de la VRS qui devaient être incluses

 17   dans les postes de commandement du 4e Bataillon d'infanterie que la colonne

 18   a dépassées, et vu que la situation du côté militaire se détériore, le

 19   colonel Pandurevic a décidé qu'il fallait laisser la colonne passer, que

 20   c'était donc la meilleure décision du point de vue militaire et que cela ne

 21   servait à rien de continuer à l'attaquer.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander que ceci soit versé au

 23   dossier sous pli scellé. Ou peut-être…

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est un document qui a six pages.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Je retire ma demande. Je vais le verser plus

 26   tard de façon séparée.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Attendez, je vais vérifier. Nous avons

 28   trois pages en anglais et six pages en B/C/S. Oui, vous pouvez le faire


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  1   plus tard. Vous faites de l'ordre, et ensuite vous le versez par la suite.

  2   Nous pouvons poursuivre.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation]

  4   Q.  Je vais vous demander d'examiner l'intercalaire 110, Monsieur Butler.

  5   Ici, c'est le document D02002. On va examiner un certain nombre de

  6   conversations interceptées à présent, et pas vraiment dans l'ordre

  7   chronologique. Donc, là, nous en avons une qui se déroule entre l'état-

  8   major principal et le général Mladic, même si on ne peut pas entendre le

  9   général Mladic. En même temps, je ne vais pas tout examiner, mais à un

 10   moment donné l'officier de garde de l'état-major dit :

 11   "Bonjour, Général, c'est comme cela. Je viens d'envoyer un télégramme

 12   à Toso. Le président a appelé il y a un peu de temps et a dit qu'il avait

 13   été informé par Karisik que Pandurevic avait arrangé le passage pour les

 14   Musulmans pour qu'ils traversent le territoire, et vu que je ne communique

 15   pas avec lui, j'ai demandé à l'officier de garde de me le passer de façon

 16   urgente."

 17   Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie par rapport à la situation

 18   à Zvornik, mais aussi au sujet de la capacité du président Karadzic de

 19   communiquer avec l'état-major principal et de recevoir les informations par

 20   le biais du MUP au sujet de la situation dans l'armée et du point de vue

 21   militaire ?

 22   R.  Bien sûr. Comme c'était le cas déjà auparavant, le président Karadzic,

 23   quand il s'agit de questions importantes pour l'Etat, quand de telles

 24   questions se présentent, eh bien, cela ne le dérangeait pas de décrocher le

 25   combiné et de passer les coups de fil en direct à l'état-major principal

 26   pour voir ce qui se passe et pour voir quelles seraient les conséquences.

 27   Et ce document, à première vue, justement, montre que le président

 28   Karadzic, c'est lui qui appelle pour demander des informations, et puis il


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  1   dit aussi qu'il reçoit des informations au sujet de la situation de

  2   Karisik, qui était le chef du MUP -- ou plutôt, de la police à l'époque.

  3   Donc, comme je l'ai déjà indiqué tout à l'heure, il existait de multiples

  4   chaînes de transmission d'informations qui suivent de près la chaîne de

  5   commandement. Ceci, donc, montre que le président Karadzic, même s'il ne

  6   reçoit pas des informations des militaires, il a une autre chaîne de

  7   transmission d'informations du côté du MUP qui l'informe de la situation.

  8   Donc il est très bien informé de ce qui se passe, et à ce moment-là il

  9   appelle l'armée pour recevoir d'autres informations pour préciser la

 10   situation.

 11   Donc, clairement, il a surpris même l'armée là, parce que même si le

 12   général Krstic est peut-être au courant de la décision prise par Pandurevic

 13   d'ouvrir le chemin pour la colonne, l'état-major principal n'était pas

 14   encore au courant de cela, et donc ils étaient un peu surpris et ils

 15   essaient de répondre à la demande du président, et l'unité subordonnée ne

 16   les avait pas encore informés de la situation.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Eh bien, maintenant je vais demander

 18   rapidement d'examiner la pièce 31120.

 19   Q.  A l'intercalaire 109. Donc, là, nous allons essayer de voir quelle a

 20   été la situation à 16 heures 15 le 15, et puis après nous allons voir ce

 21   qui se passe à 15 heures 29 de l'état-major principal à Palma. Et pourriez-

 22   vous nous dire quelles sont les informations que nous fournissent ces

 23   documents au sujet de ce qui se passe sur le terrain, sur l'ouverture du

 24   corridor ?

 25   R.  Ce que signifie ce document, le document qui a été envoyé à l'état-

 26   major principal à Palma, eh bien, cela nous montre qu'eux aussi, ils

 27   entendent des informations et reçoivent des informations. Parce qu'ils ont

 28   dit qu'ils n'ont pas reçu des informations du MUP, mais ils ont reçu des


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  1   informations d'un autre individu qui se trouve à Novi Karakaj. Et ce qu'ils

  2   veulent, eh bien, ils essaient d'entendre du colonel Pandurevic ce qui se

  3   passe exactement. Ils veulent qu'il envoie un rapport qu'il s'agit

  4   d'envoyer le plus rapidement possible à l'état-major principal.

  5   Q.  Merci.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Là, je ne vais pas suivre l'ordre

  7   chronologique, mais je vais demander que l'on voie la pièce 65 ter 31139.

  8   Q.  C'est à l'intercalaire 107 pour vous. C'est encore à la date du 16

  9   juillet, à 4 heures de l'après-midi.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous vouliez verser ce document --

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui. Je vous présente mes excuses. Ou

 12   plutôt, c'est un document qui a déjà été versé -- non. En fait, oui,

 13   j'aimerais bien le verser.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Robinson.

 15   M. ROBINSON : [interprétation] Je n'ai pas vraiment d'objection. Mais je

 16   prends note du fait que cette conversation interceptée, tout comme quelques

 17   autres conversations interceptées, ont deux exemplaires d'une même

 18   conversation interceptée et comportant le même numéro 65 ter. Je me demande

 19   s'il y a une raison pour cela.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est parce que nous avons eu différentes

 21   versions, des versions qui viennent du cahier et bien des versions

 22   imprimées. Et parfois, il ne s'agit de versions tout à fait pareilles. Il

 23   faut parfois revenir et vérifier la date qui figure dans les cahiers. Donc

 24   la situation peut porter à confusion, mais c'est la raison pour avoir les

 25   deux documents à la fois.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous voulez que ceci soit versé de façon

 27   provisoire sous pli scellé ?

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.


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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4956, de façon

  2   provisoire versée sous pli scellé.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation]

  4   Q.  Maintenant, le document 31139. Il s'agit donc, comme je vous l'ai dit,

  5   de l'intercalaire 107. Les Juges ont déjà vu cette conversation

  6   interceptée, ils ont vu aussi les informations concernant la consommation

  7   du carburant dans le registre qui est relatif à la même question. Nous en

  8   avons parlé avec différents témoins. Et je voudrais vous demander de nous

  9   dire pourquoi le colonel Popovic a besoin de 500 litres de diesel ?

 10   R.  Comme le colonel Beara, le colonel Popovic, qui était le chef de

 11   sécurité du Corps de la Drina, se trouve dans la zone de Pilica et il

 12   s'occupe de la question de transport de prisonniers de Pilica à Branjevo

 13   pour qu'ils y soient exécutés. Et le colonel Popovic, dans le cadre de ce

 14   processus, doit s'occuper du manque de carburant pour assurer ce transport,

 15   le transport des prisonniers entre l'école de Pilica et Branjevo. Donc, là,

 16   nous avons toute une série d'événements qui montrent que tous les gens qui

 17   ont dû participer à l'approvisionnement en carburant l'ont fait. Ils ont

 18   pris part à cela.

 19   Q.  Donc vous avez dit qu'il s'agissait de trouver du carburant dans les

 20   sources propres. Mais ce carburant a été utilisé pour faciliter une

 21   opération de meurtre. La façon dont ils ont obtenu ce carburant, est-ce la

 22   façon dont on obtiendrait du carburant pour une opération militaire anodine

 23   ?

 24   R.   Oui.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demande que ceci soit versé au dossier.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pas d'objection, Monsieur Robinson ?

 27   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4957, sous pli


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  1   scellé de façon provisoire.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

  3    Q.  Donc, là, nous avions la conversation interceptée impliquant M.

  4   Popovic le 16, à peu près à 2 heures de l'après-midi. Maintenant, je vais

  5   vous demander d'examiner la pièce 31145A. 111 pour vous, Monsieur Butler.

  6   Le 16 juillet, à 16 heures 43. L'officier de garde de Zlatar appelle, il

  7   cherche Popovic, et il dit : "Ecoute, le chef veut que ce même -- que les

  8   deux aillent voir Vinko pour voir ce qui se passe là-bas."

  9   De quoi s'agit-il là ?

 10   R.  Eh bien, vu les contextes des éléments à Zvornik, vous avez cet

 11   officier de garde à Zlatar qui parle de son chef, et c'était le général

 12   Krstic, le commandant du corps d'armée. Donc il veut que son chef de

 13   sécurité, Popovic, ou bien le chef de sécurité de la Brigade de Zvornik,

 14   Drago Nikolic, eh bien, il veut que l'un des deux se rende à l'endroit où

 15   se trouve le colonel Pandurevic, qui à l'époque était au poste de

 16   commandement avancé de la brigade, et il veut qu'il obtienne des

 17   informations quant à la situation au niveau de la colonne. Pour quelque

 18   raison que ce soit, à ce moment-là personne n'a encore entendu de la bouche

 19   du colonel Pandurevic quelle était la situation autour de la colonne, et

 20   puis pour quelle raison a t-il pris la décision de laisser passer la

 21   colonne, quelle que ce soit la situation. Et ils veulent connaître aussi la

 22   situation du point de vue militaire à Zvornik. Donc, tout simplement, ils

 23   veulent envoyer ces hommes pour voir ce qui se passe avec le colonel

 24   Pandurevic et ensuite recevoir des rapports de leur part.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais verser ceci au dossier.

 26   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4958, sous pli


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  1   scellé de façon provisoire.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Maintenant, deux autres documents sur le

  3   même sujet. Pourrait-on afficher P00180.

  4   Q.  Monsieur Butler, ceci figure parmi les deux documents que vous avez à

  5   l'intercalaire 112. Il s'agit du rapport de combat intérimaire de Vinko

  6   Pandurevic datant du 16 juillet 1995. Pourriez-vous très brièvement établir

  7   un lien entre ce rapport de combat intérimaire avec le sujet qui fait

  8   l'objet de notre discussion.

  9   R.  Eh bien, à cette étape-ci, dépendamment du fait que si vous voyez le

 10   tampon du rapport comme étant envoyé à 18 heures 10 ou 20 heures, donc cela

 11   dépend de la façon dont vous interprétez l'heure qui est indiquée, mais

 12   c'est certainement envoyé entre 6 heures et 8 heures le 16 juillet. Le

 13   colonel Pandurevic obtient le rapport qui est envoyé au Corps de la Drina,

 14   au QG, et il donne une évaluation de la situation générale. Il parle des

 15   attaques qui ont commencé à 0400 heures, donc à 4 heures du matin, et il

 16 parle des zones du 4e, 6e et 7e Bataillons, et note que le 4e Bataillon avait

 17   fait l'objet d'un encerclement total. Et comme il le dit ici dans cette

 18   colonne, il dit : Lorsque l'on compte les soldats et les civils qui étaient

 19   non armés et armés, on parle d'une reddition d'environ 7 000 personnes.

 20   Dans ce rapport, il parle également de l'envergure de l'attaque, et il dit

 21   que des parties de la brigade avaient été encerclées à Baljkovica et dit

 22   également que l'ennemi avait essuyé un très grand nombre de pertes. Mais

 23   malgré cela, malgré les pertes, malgré les victimes, ils, néanmoins, sont

 24   en train de pousser et d'essayer d'arriver dans la partie nord-est

 25   [comme interprété]

 26   afin d'effectuer une percée.

 27   Il note également que les effectifs ont essuyé dix morts, et cinq

 28   personnes manquent à l'appel. Il dit qu'il a du mal à obtenir les denrées


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  1   nécessaires pour évacuer les blessés parce que la route principale qui

  2   permet l'évacuation avait été coupée.

  3   Au paragraphe 3, il parle de sa frustration sur le fait que la brigade se

  4   trouve dans cette situation. Il dit qu'il n'était pas en mesure réellement

  5   de se battre contre la colonne comme il l'aurait voulu et dit que les

  6   Musulmans sont en train de faire tout ce qu'ils peuvent pour essayer de

  7   sauver la colonne. Pandurevic établit sa justification, il établit les

  8   raisons pour lesquelles il avait décidé d'ouvrir un corridor. Dans ce

  9   contexte-ci, il parle du corridor et il dit : Je ne fais que laisser passer

 10   les 5 000 civils. Donc, à ce moment-là, il est en train de justifier ou de

 11   donner les raisons pour lesquelles il a décidé de laisser partir la

 12   colonne.

 13   Il fait remarquer également, au paragraphe 3, qui se trouve à la page

 14   2 en anglais, qu'il permettra à la colonne de sortir. Et il essaie encore

 15   de parler de la question des civils pour qu'ils puissent sortir, mais il

 16   note également qu'un certain nombre de soldats sont en train de sortir.

 17   Mais à la fin, il dit : "Toutefois, toutes les personnes qui sont passées

 18   sont passées sans armes."

 19   Il fait remarquer que les unités d'armes sont séparées en deux petits

 20   groupes.

 21   Et au paragraphe 5, il mentionne que malgré tout ce qui s'est passé,

 22   la ligne de front de la Brigade de Zvornik ne s'était pas déplacée, même

 23   s'ils ont dû se rendre à un certain moment. Et il dit qu'à un certain

 24   moment donné, ils vont pouvoir sceller la région avec des forces

 25   supplémentaires et qu'ils essaieront de commencer à ratisser le terrain

 26   pour essayer de voir s'il y a encore des effectifs qui sont restés

 27   derrière.

 28   Q.  Et qu'en est-il de la dernière phrase ?


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  1   R.  De nouveau, il est en train de parler de ses frustrations ici, car il

  2   comprend que le reste du Corps de la Drina est concentré sur Zepa et

  3   Stupcana 95. Et donc, il fait rappeler le commandant du corps d'armée. Il

  4   dit : "J'estime que Krivaja 95 n'est pas terminée tant et aussi longtemps

  5   qu'il reste encore un soldat ennemi ou un civil derrière la ligne de

  6   front." Et donc, pour ce qui le concerne, il s'agit de la municipalité de

  7   Zvornik. C'est donc à ce moment-là que, même s'il a laissé passer une

  8   grande partie de la colonne, il restait encore des centaines et peut-être

  9   même des milliers de Musulmans bosniens de la colonne qui n'ont pas réussi

 10   à sortir et qui allaient rester bloqués derrière les lignes ennemies.

 11   Q.  Merci.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais maintenant l'affichage du

 13   document 65 ter 31137.

 14   Q.  Il s'agit d'une conversation interceptée du 16 juillet. De nouveau,

 15   elle porte sur la colonne et le fait qu'on ait permis à la colonne de

 16   passer par le corridor qu'a fait ouvrir Vinko Pandurevic. J'aimerais vous

 17   demander nous expliquer un peu ce qui se passe ici compte tenu de la

 18   conversation interceptée que nous avons vue lorsqu'il parle du Corps de la

 19   Drina et lorsqu'il dit vérifier ce qui se passe.

 20   Vous devriez retrouver ce document dans votre intercalaire 112.

 21   R.  Oui, tout à fait, je l'ai. Cette conversation porte sur le fait que,

 22   d'abord, le colonel Popovic avait essayé d'établir un contact direct avec

 23   le général Krstic, et donc il est en train d'informer quelqu'un du service

 24   opérationnel du Corps de la Drina sur la situation. Il lui dit : "Est-ce

 25   que tu sais où je suis ?" L'autre lui répond : "Oui." Il lui dit : "Est-ce

 26   que tu as obtenu le rapport intérimaire ?" Et dans ce contexte-ci, il fait

 27   référence au rapport intérimaire dont nous venons de parler il y a quelques

 28   instants du 16 juillet 1995.


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  1   Popovic dit que la situation, telle qu'il la comprend, est exactement

  2   comme l'a expliqué et écrit le colonel Pandurevic dans son rapport. Il dit

  3   -- vers la fin, il ajoute une phrase qui fait partie de cette même

  4   conversation où, soudainement, Popovic dit : "J'ai terminé la besogne," et

  5   l'autre lui répond : "Tu as tout terminé." Et par la suite, Popovic dit :

  6   "Je vais y revenir demain pour m'assurer que tout est réglé."

  7   Et donc, dans ce contexte bien précis, vous avez deux questions dont

  8   on parle ici. La majeure partie de la conversation porte sur le rôle et sur

  9   les activités de Pandurevic, mais dans la dernière partie de la

 10   conversation, d'après mon évaluation, Popovic laisse passer les gens du

 11   Corps de la Drina entre les mains du colonel Krstic, et donc l'opération de

 12   meurtre est également terminée, et ceci correspond tout à fait au moment

 13   des dernières exécutions de masse dans la région de la Brigade de Zvornik.

 14   Q.  Et où se trouvait-il le 16 ?

 15   R.  Après l'exécution à Branjevo, il y avait de 300 à 500, encore,

 16   personnes au centre culturel de Pilica, et les dernières exécutions de

 17   masse ont eu lieu dans le village de Pilica où les prisonniers Musulmans

 18   avaient été détenus au centre culturel et avaient été exécutés sur place.

 19   Q.  Merci.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je demander quelque chose ? J'aimerais

 21   pouvoir voir la fin de la page en serbe, car je vois en anglais que Popovic

 22   dit que c'était épouvantable et j'aimerais savoir à quoi il fait référence.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Effectivement. Pourrait-on montrer ce texte

 24   à M. Karadzic.

 25   Q.  Je pourrais vous en donner lecture si vous le souhaitez. Alors Popovic

 26   dit : "De façon générale, il n'y avait pas de problèmes majeurs, mais là-

 27   haut il y avait d'horribles crimes. Et cette chose que le commandant a

 28   envoyée, c'était vraiment la bonne chose, c'est ce qu'il nous fallait."


Page 27599

  1   Voilà. "Mais c'était horrible, c'était vraiment affreux."

  2   M. Karadzic a dit qu'il aimerait savoir à quoi l'on fait référence

  3   lorsqu'on parle de ce qui était horrible. Alors, est-ce que c'était la

  4   situation ou bien était-ce la situation concernant la colonne que décrit

  5   Pandurevic dans son rapport de combat ?

  6   R.  Dans ce contexte-ci, je crois qu'ils sont en train de parler de la

  7   situation relative à la colonne.

  8   Q.  Et pourquoi pensez-vous que ce soit le cas ?

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Page précédente en anglais, s'il vous

 10   plaît.

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans ce contexte bien précis, ils sont en

 12   train de parler du fait que pendant toute la journée du 16 juillet, des

 13   unités supplémentaires avaient été envoyées dans la zone de la Brigade de

 14   Zvornik en tant que renforts, et ici on parle de là-haut lorsqu'on fait

 15   référence au lieu. Et donc, la Brigade d'infanterie de Zvornik, tel que

 16   divers officiers de la Brigade de Zvornik me l'ont indiqué, lorsque l'on

 17   fait référence à là-haut et en bas, cela ne fait pas référence au nord et

 18   au sud. Mais plus vous vous éloignez de la rivière de la Drina, vous montez

 19   une colline. Et alors, lorsqu'ils disent là-haut, cela veut dire vous vous

 20   dirigez vers la ligne de front. Et lorsqu'on parle d'en bas, c'est vers la

 21   rivière. Les militaires, normalement, utilisent les mêmes termes. Donc,

 22   lorsqu'on dit là-haut, on parle de la ligne de front, dans les collines, et

 23   lorsqu'on parle du bas, c'est autre chose. Mais lorsqu'on dit : "On les a

 24   tous envoyés là-bas," cela ne veut pas dire du tout que c'est vers le nord

 25   au sens géographique du terme.

 26   Q.  Merci.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je simplement dire quelque chose ? Popovic

 28   dit : "C'était une horreur, c'était une horreur." Alors le mieux serait de


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  1   traduire par le mot "horror" en anglais.

  2   L'INTERPRÈTE : Que l'interprète a traduit en français comme "horreur" ou

  3   "c'était horrible".

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] En fait, la bonne façon de régler cette

  5   question serait plutôt de demander au CLSS d'y jeter un coup d'œil par le

  6   truchement, bien sûr, d'une requête écrite.

  7   Maître Robinson, est-ce que vous êtes d'accord ?

  8   M. ROBINSON : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord, mais il serait

  9   peut-être plus rapide et plus facile et plus précis de demander aux

 10   interprètes d'interpréter sur place ici les propos lus par le Dr Karadzic,

 11   et comme cela, on pourrait obtenir la bonne traduction.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La seule personne à l'instant qui peut

 13   lire cette partie-là, c'est bien M. Karadzic.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Si vous le souhaitez, il pourra certainement

 15   poser cette question dans le cadre de son contre-interrogatoire.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, mais nous pourrions peut-être

 17   demander à M. Karadzic de nous donner lecture de ce passage. Monsieur

 18   Karadzic, est-ce que vous l'avez sous les yeux ?

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Première ligne en serbe : "C'était une

 20   horreur, c'était une horreur." Donc je demande aux interprètes

 21   d'interpréter textuellement.

 22   L'INTERPRÈTE : Alors les interprètes de la cabine française ont interprété

 23   ces propos comme étant : "C'était une horreur, c'était une horreur."

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, lisez lentement afin que les

 25   interprètes puissent interpréter.

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Les interprètes pourront peut-être nous le

 27   dire.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, mais ce n'est pas à eux de nous


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  1   donner lecture du passage.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, Monsieur Karadzic, pourriez-vous

  4   nous donner lecture à partir de la ligne : "Eh bien, de toute façon, en

  5   général, il n'y avait pas de problèmes majeurs." "Well, in general…," en

  6   anglais.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, mais c'est la page précédente en serbe.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien, je vois. Alors, pourriez-

  9   vous, je vous prie, nous donner lecture à partir de "Good," "très bien",

 10   alors. Rasic qui dit "Good" en anglais, donc "Bien" en français. Est-ce que

 11   vous l'avez, Monsieur Karadzic ?

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Je crois que cela sera possible. Je

 13   demanderais -- ah non, non. Très bien, je vois, je vois. Voilà. Alors Rasic

 14   dit : "Très bien" ou "bien", et Popovic -- le premier mot n'est pas très

 15   clair. Et ensuite, après trois points de suspension, il dit : "Horreur…

 16   c'était l'horreur." Rasic lui dit : "Ecoute, Vujadin," et cetera, et

 17   cetera. Donc la première ligne dans cette version en serbe est très

 18   clairement lisible, et on dit "uzes [phon]", "horreur".

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Merci. Ceci est noté au

 20   compte rendu d'audience. Veuillez poursuivre, je vous prie.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur le Président.

 22   J'en demanderai le versement au dossier, s'il vous plaît, Monsieur le

 23   Président.

 24   M. ROBINSON : [interprétation] Aucune objection, Monsieur le Président.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Versé au dossier.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Sous la cote P4959, de façon provisoire

 27   sous pli scellé, Monsieur le Président, Madame, Messieurs les Juges.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation]


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  1   Q.  Pourrait-on maintenant afficher l'intercalaire 19.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] 65 ter 1962, page 3 en anglais et page 3 en

  3   serbe.

  4   Q.  C'est un rapport de Ljubisa Beara [comme interprété].

  5   R.  Excusez-moi. Pourriez-vous, je vous prie, me redonner l'intercalaire,

  6   s'il vous plaît.

  7   Q.  Oui, certainement. Alors, dans votre liasse de documents, il s'agira de

  8   l'intercalaire 119.

  9   R.  Ah, bien, 119. Excusez-moi. Merci.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Non, je suis vraiment désolé. C'est la page

 11   4 en anglais. Nous voilà, page 4. En fait, je cherchais l'entrée du 16

 12   juillet. C'est la page 3 en serbe.

 13   Q.  Le passage qui m'intéresse ici est le passage qui porte sur les

 14   questions suivantes. Il commence : "A 13 heures…" C'est le paragraphe qui

 15   commence avec "At 1300 hours…" Donc M. Borovcanin, dans son rapport, dit :

 16   "Vinko Pandurevic et le commandant du côté musulman, Semso Muminovic, ont

 17   convenu d'ouvrir un corridor d'une longueur de 1 kilomètre dans la région

 18   de Parlog et de Baljkovica pour permettre aux soldats musulmans de sortir."

 19   Donc c'est quelque peu différent de ce qui était indiqué dans le rapport de

 20   Vinko Pandurevic où ce dernier parlait de civils.

 21   R.  C'est tout à fait juste. Ici, c'est M. Borovcanin. Ses effectifs

 22   étaient également engagés dans les opérations militaires dans la zone de la

 23   Brigade de Zvornik et ils faisaient partie des effectifs utilisés par Vinko

 24   Pandurevic pour combattre la colonne. Donc vous pouvez le voir ici, si vous

 25   prenez le premier paragraphe, dernière ligne : "Vers 15 heures, l'ensemble

 26   de la colonne ennemie (environ 2 500 soldats) a réussi à effectuer une

 27   percée jusqu'à Nezuk." Donc le colonel Borovcanin a une façon différente

 28   d'interpréter la composition de la colonne. Son point de vue est bien


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  1   différent de celui de Vinko Pandurevic, qui en fait rapport à ses

  2   supérieurs.

  3   Q.  Merci.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] J'en demanderais le versement au dossier,

  5   s'il vous plaît, Monsieur le Président.

  6   M. ROBINSON : [interprétation] Aucune objection.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il sera versé au dossier.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Sous la cote P4960, Madame, Messieurs les

  9   Juges.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation]

 11   Q.  Très bien. Je passe maintenant au 17 juillet, Monsieur Butler.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Pour ce faire, je demanderais que l'on

 13   affiche la pièce 31265 de la liste 65 ter.

 14   Q.  Il s'agit de l'intercalaire 115 pour vous, Monsieur Butler. Je veux

 15   passer en revue très rapidement une série de documents qui, de nouveau,

 16   portent sur les activités du lieutenant-colonel Vujadin Popovic, et il

 17   s'agit maintenant du 17 juillet.

 18   Alors, très rapidement, pourriez-vous nous dire, que se passe-t-il ici à 12

 19   heures 42 le 17 juillet ?

 20   R.  Ici, quelqu'un du poste de commandement Zlatar s'identifie comme étant

 21   "Zlatar 1", alors c'est soit le général Krstic personnellement qui se

 22   présente comme cela ou c'est quelqu'un qui aimerait savoir où se trouve le

 23   général Popovic. Alors le commandant Golic, qui se trouvait au QG du Corps

 24   de la Drina, dit : Non, il n'est pas encore revenu de Zvornik. Il est

 25   encore là-haut. Ensuite, le message est transmis, et c'est le général

 26   Krstic qui prend le combiné, car il est reconnu par le commandant Golic, et

 27   lui dit : "Ecoute, trouve Popovic et fais en sorte qu'il se présente au

 28   poste de commandement avancé." Et dans ce cas-ci, lorsqu'on parle du poste


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  1   de commandement avancé, on fait référence au poste de commandement avancé

  2   du Corps de la Drina, qui se trouve dans la zone de Zepa et qui fait partie

  3   de Stupcana 90 [comme interprété]. Et il dit : "J'aimerais qu'il vienne ici

  4   immédiatement."

  5   Q.  Je vous remercie.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de ce

  7   document, s'il vous plaît.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Sous la cote P49 --

 10   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais que l'on affiche maintenant

 12   le document 31234. Il s'agit d'une conversation qui a eu lieu environ

 13   autour des mêmes dates entre X et Trbic.

 14   Q.  De qui s'agit-il ? Qui est Trbic ?

 15   R.  Milorad Trbic était un capitaine et il était l'officier de sécurité

 16   adjoint pour la Brigade d'infanterie de Zvornik à cette époque-là.

 17   Q.  X cherche toujours Popovic dans cette conversation, et Trbic lui dit :

 18   "Eh bien, il est allé pour effectuer cette tâche au nord par rapport à

 19   vous."

 20   Est-ce que vous pourriez nous dire, que se passe-t-il ici exactement ?

 21   R.  Il s'agit d'une conversation interceptée qui a eu lieu entre quelqu'un

 22   qui transmet le message du Corps de la Drina à l'échelon inférieur suivant,

 23   c'est la Brigade de Zvornik, et la personne demande où se trouve Popovic.

 24   Dans ce cas-ci, on note la référence géographique "au nord de vous". Et

 25   dans ce cas-ci, c'est Pilica, Branjevo et le centre culturel, et ces trois

 26   lieux se trouvent au nord de la Brigade de Zvornik. Donc ils disent :

 27   "Quittez immédiatement pour Zlatar 1." Et ensuite, plus tard, on dit : "Je

 28   ne sais pas si on peut arriver très rapidement vers lui parce qu'il est


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  1   plutôt isolé à l'endroit où il se trouve."

  2   Q.  Très bien. Nous en parlerons sous peu s'agissant de la situation qui

  3   prévalait au nord de Branjevo et Pilica le 17 juillet, mais est-ce que ceci

  4   fait référence également à Vujadin Popovic ?

  5   R.  Eh bien, le 17, ils étaient en train d'enterrer les corps des personnes

  6   qui avaient été tuées sur le site à la ferme de Branjevo. Ils se servaient

  7   également de camions militaires pour évacuer les corps de ceux qui avaient

  8   été tués au centre culturel de Pilica et les emmenaient à Pilica afin que

  9   ces derniers peuvent être tués [sic] également. Donc il y a une opération

 10   de ratissage à ces deux endroits s'agissant de meurtres qui se sont

 11   déroulés la veille.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrais-je demander le versement au dossier

 13   de ce document.

 14   M. ROBINSON : [interprétation] Aucune objection.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Provisoirement sous pli

 16   scellé.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Sous la cote P4962, provisoirement sous

 19   pli scellé.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Très bien. Je crois qu'avant la pause nous

 21   pouvons certainement passer en revue les deux documents qui suivent, et qui

 22   y sont rattachés d'une certaine façon. Il s'agit de la pièce 31191.

 23   Q.  Cinq minutes plus tard. X et Trbic de nouveau. X lui dit : "C'est

 24   encore changé de nouveau." "Oui," c'est Trbic. "Alors, si tu entres en

 25   contact avec lui, dis-lui qu'il doit terminer son travail et qu'il doit

 26   revenir ici immédiatement."

 27   Que se passe-t-il ?

 28   R.  Quelqu'un a pris la décision qu'étant donné que Popovic avait été


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  1   engagé, que quelqu'un dans ses contacts avait dit que l'ordre avait été

  2   donné par le général Krstic, ceci ne sera pas contré par une autorité

  3   inférieure, et donc maintenant ils ont changé d'avis. Ils disent : "Il

  4   n'est pas nécessaire de le voir maintenant. Je ne veux pas le voir

  5   maintenant. Permettez-lui de faire ce qu'il est en train de faire." Et

  6   donc, lorsqu'on parle de "Golac", je pense qu'on parle du commandant Golic,

  7   qui à ce moment-là se trouvait au QG du Corps de la Drina à Vlasenica.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] J'en demanderais le versement au dossier,

  9   Monsieur le Président.

 10   M. ROBINSON : [interprétation] Aucune objection.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Merci.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Cette pièce sera versée au dossier sous

 13   la cote P4963, de façon provisoire sous pli scellé.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation]

 15   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, prendre l'intercalaire 118.

 16   31223, Monsieur Butler, dans le prétoire électronique. Il s'agit d'une

 17   autre conversation interceptée - donc 31223A - conversation interceptée du

 18   17 juillet, à 16 heures 22. Popovic est finalement en ligne. On ne peut pas

 19   entendre l'autre personne, même si Popovic fait référence à lui comme étant

 20   le "chef". "Tout est correct. Le travail est fait. Tout est correct." Je

 21   saute maintenant quelques lignes. "Voilà, tout est parfait. Tout est

 22   parfait. La note que l'on pourra obtenir est un A. Donc, excellence."

 23   Alors, basé sur votre compréhension de ce qui se passe ici, étant donné

 24   qu'on parle de la Brigade de Zvornik à cette époque-ci, à quoi pensez-vous

 25   que l'on fait référence ici ?

 26   R.  Eh bien, le ratissage et l'enterrement ou l'enfouissement des corps

 27   avaient déjà été terminés. La majeure partie de cette opération est

 28   terminée. Et c'est Popovic qui, dans le contexte de cette discussion, rend


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  1   compte à son chef, qui est le général Krstic, et il parle de la situation.

  2   Il dit qu'il se trouve là-bas "à la base". Et je pense que la base dans ce

  3   contexte-ci est quelque chose que peuvent reconnaître Popovic et Krstic, il

  4   s'agit du QG du Corps de la Drina. Alors Popovic dit qu'il est de retour au

  5   QG du Corps de la Drina et il fait un rapport téléphonique au général

  6   Krstic sur ses activités, donc il dit qu'ils ont terminé le travail qu'ils

  7   étaient censés de faire.

  8   Q.  Je vous remercie.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrais-je demander le versement au dossier

 10   de ce document, s'il vous plaît ?

 11   M. ROBINSON : [interprétation] Pas d'objection.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous sommes en train de

 13   regarder la bonne version en B/C/S à l'écran ?

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je ne crois pas que ce soit la bonne

 15   version.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est tout à fait juste, Monsieur le

 17   Président, ce n'est pas la version correspondante. Le numéro ERN devrait

 18   porter un autre numéro -- le numéro 0080-1468 pour ce qui est de la version

 19   manuscrite. Je crois que nous avons un problème dans le prétoire

 20   électronique.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc ce n'est pas la bonne page qui est

 22   affichée.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Je crois que c'est le cas.

 24   M. ROBINSON : [interprétation] Pensez-vous qu'il serait possible que M.

 25   Butler nous dise ce qu'il entend par ou comment il interprète la note que

 26   nous avons vue tout à l'heure : "Le français est entendu derrière la

 27   conversation." Qu'est-ce que cela pourrait vouloir dire ?

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Aucune objection.


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  1   M. LE JUGE KWON : [aucune interprétation]

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Cette question m'a déjà été posée auparavant,

  3   et je n'ai absolument aucune explication pour cette ligne qui figure sur ce

  4   document. Je ne sais pas du tout à quoi l'on fait référence ici.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Prenons maintenant notre

  6   pause et nous allons donc reprendre nos travaux à 13 heures 30.

  7   --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 30.

  8   --- L'audience est reprise à 13 heures 34.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Où en étions-nous, Monsieur Nicholls ?

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous avons

 11   réglé le problème pour ce qui est du 31223. Donc nous allons demander le

 12   versement de la bonne page en B/C/S.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et dans cette version du B/C/S, il y a

 14   du français qui apparaît.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Ça, je ne le sais pas.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon. Que l'on nous télécharge la bonne

 17   version ce coup-ci. C'est probablement la page suivante. Oui, page

 18   suivante.

 19   Est-ce qu'on peut verser ceci de façon publique ?

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon, ce sera versé au dossier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4969 [comme

 23   interprété], Madame, Messieurs les Juges.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon. Avant que nous ne poursuivions, la

 25   Chambre pourrait peut-être brièvement passer à huis clos partiel.

 26   [Audience à huis clos partiel]

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 25   [Audience publique]

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est le cas. Vous pouvez continuer,

 27   Monsieur Nicholls.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation]


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  1   Q.  Avant que nous ne poursuivions, Monsieur Butler, je voudrais vous poser

  2   une autre question au sujet de la dernière des réponses que vous avez

  3   apportée à la session précédente. Je vous renvoie à la page 71, ligne 17,

  4   où il a été question de Vujadin Popovic et des événements à la ferme de

  5   Branjevo à la date du 17 juillet.

  6   Et je vous avais dit qu'on y viendrait, mais la situation au nord de

  7   Branjevo, à Pilica, comment se présentait-elle à cette date du 17 juillet,

  8   et ce, en corrélation avec Vujadin Popovic ?

  9   Et vous, vous avez répondu en disant que :

 10   "A ce moment-là, le 17, ils ont pour l'essentiel enterré les corps des

 11   individus qui ont été tués sur le site de la ferme de Branjevo et ils se

 12   sont servis de camions militaires pour décharger les cadavres de ceux qui

 13   avaient été tués au Dom de Pilica et leur acheminement à Branjevo pour

 14   exécution."

 15   Alors je vois que vous hochez de la tête. Est-ce qu'ils ont été tués là-bas

 16   ou est-ce qu'il s'est passé autre chose avec les corps de ceux qui allaient

 17   de Dom Pilica vers Branjevo le 17 ?

 18   R.  Eh bien, on devrait entendre, ils sont enterrés là-bas. Les individus

 19   dont on parle ont été tués le 16 et ont par la suite été enterrés le 17.

 20   Q.  Merci.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Nous sommes encore en train de parler de la

 22   date du 17, et à ce titre je voudrais qu'on nous montre le P02989.

 23   Q.  C'est ce qui se trouve à l'intercalaire 117 [comme interprété] dans

 24   votre classeur.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Et il s'agit de la page 16 en version

 26   anglaise, page 17 [comme interprété] en version serbe.

 27   Q.  Nous allons parcourir ceci rapidement, Monsieur Butler. Il s'agit d'un

 28   registre de communications codées.


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  1   Et on voit que le 16 juillet, de la part de l'instance chargée de la

  2   sécurité de l'état-major principal de la Republika Srpska, il a été envoyé

  3   des rapports à l'intention du président de la Republika Srpska, au

  4   ministère de l'Intérieur de la Republika Srpska, au service de la Sûreté de

  5   l'Etat, et parfois c'était adressé à l'intention de M. Kijac, ministre de

  6   la Défense de la Republika Srpska, puis à M. Pereula. Je crois qu'il s'agit

  7   de Spiro Pereula.

  8   Alors ce que je veux laisser entendre, c'est que le 13, 14, 15, 16,

  9   17, pratiquement tous les jours, si l'on parcourait ce registre, on

 10   pourrait voir que les instances chargées de la sécurité de l'armée de la

 11   Republika Srpska ont envoyé des rapports à l'intention de ces trois

 12   individus. Il y a deux questions à ce sujet. 

 13   Que pourriez-vous nous dire au sujet de cette chaîne de présentation

 14   de rapport complémentaire ?

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait voir la

 16   partie B/C/S, s'il vous plaît ?

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Certainement. Ça devrait être la page 7.

 18   Q.  Un exemple pourrait être constitué par le numéro 2351, qui se trouve à

 19   la colonne de gauche, par exemple. Alors, Monsieur Butler, ma question est

 20   celle-ci : pouvez-vous nous dire ce que ceci vous indique au sujet de ces

 21   rapports complémentaires allant de ce secteur de la sécurité de la VRS à

 22   l'intention de Tolimir, Beara, Salapura et du président ainsi qu'autres

 23   instances ? Je crois que c'est la première des questions à laquelle il faut

 24   répondre.

 25   R.  Ceci montre que, bien qu'il y ait eu une image assez complète de

 26   fournie pour ce qui est de ce qui se passait au champ de bataille grâce aux

 27   rapports de combat émanant des différents corps d'armée, les services du

 28   Renseignement et de la Sécurité de l'état-major principal avaient recueilli


Page 27613

  1   en sus des informations et des renseignements qui étaient envoyés au sommet

  2   de la république, c'est-à-dire au président de la Republika Srpska. Non

  3   seulement ceci remontait-il la chaîne d'informations de la VRS pour ce qui

  4   est des questions en provenance du champ de bataille, mais il y avait des

  5   rapports journaliers qui étaient envoyés au jour le jour et qui étaient

  6   envoyés par les instances chargées du renseignement et de la sécurité

  7   elles-mêmes.

  8   Q.  Alors ma question est celle de savoir si, pendant que vous avez

  9   travaillé à Srebrenica, vous aviez retrouvé des rapports de renseignement

 10   et de la sécurité qui auraient été envoyés en direct au président.

 11   R.  Non, pas pour ce qui est du mois de juillet 1995.

 12   Q.  Merci.

 13   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais maintenant que nous passions à

 14   65 ter 02601.

 15   Q.  Ça se trouve à votre intercalaire 120, Monsieur Butler. Et la date est

 16   celle du 19 juillet. Nous allons donc quitter le 17. Rapport du MUP envoyé

 17   par Dragomir Vasic. Ce que je veux vous dire, c'est vous demander de

 18   commenter ce que ceci veut dire pour ce qui est des forces du MUP et de la

 19   VRS qui ont continué à prendre des prisonniers après les exécutions en

 20   masse que vous avez rapportées.

 21   R.  Oui, Monsieur. Mais il n'y a pas que cela. Il y a, auparavant, la

 22   colonne qui avait été autorisée à passer pendant une période de 24 heures -

 23   -

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je demander de nous fournir une

 25   interprétation. Nous n'avons pas d'interprétation dans nos écouteurs.

 26   Et excusez-moi, Monsieur Butler.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Monsieur Butler, je vais vous

 28   demander de répéter votre réponse.


Page 27614

  1   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous entendez maintenant le

  3   B/C/S, Monsieur Karadzic ?

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, maintenant je l'entends.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur. Je vais répéter. Alors, bien

  7   que l'on ait laissé passer cette colonne entre le 16 et le 17 juillet, les

  8   lignes ont été refermées. La police et l'armée ont compris qu'il y avait

  9   des centaines, et peut-être bien plus encore, d'individus qui avaient fait

 10   partie de la colonne mais qui ce sont retrouvés derrière les lignes

 11   refermées, et qu'il fallait envoyer des forces de police et de l'armée pour

 12   nettoyer le terrain et retrouver ces individus. Et il s'agit ici d'un

 13   rapport particulier daté du 19 juillet 1995 à cet effet.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation]

 15   Q.  Merci. Alors, avant que de continuer, partant de votre étude, pouvez-

 16   vous nous dire ce qui s'est produit avec les hommes musulmans qui se sont

 17   trouvés capturés lors de ces fouilles et de ces battues au niveau du

 18   terrain aux dates qui ont suivi le 17 juillet, lorsqu'il y a eu ces grosses

 19   exécutions que vous avez décrites ?

 20   R.  Eh bien la première fois où la Brigade de Zvornik commence à

 21   officiellement présenter des rapports au sujet de ces prisonniers, il me

 22   semble que c'était à partir du 22 juillet 1995, le 22 ou 23, et c'était

 23   l'un des rapports de combat journaliers. Il y a des rapports disant que des

 24   prisonniers ont été capturés le 18, 19, 20, mais il n'y a aucun registre.

 25   Et le fait qu'il n'y ait aucune note à ce sujet, c'est le fait de la

 26   proximité de l'endroit où ils ont été capturés, ils ont été sommairement

 27   exécutés soit par les soldats, soit par les policiers qui les ont capturés.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je demander le versement au dossier de


Page 27615

  1   ce document ?

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Nous allons le verser au dossier.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4965, Madame, Messieurs

  4   les Juges.

  5   M. NICHOLLS : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on nous montre

  6   la pièce 13618, s'il vous plaît.

  7   Q.  Pour ce qui est vous concerne, ça se trouve à l'intercalaire 126,

  8   Monsieur Butler. Alors nous allons pencher rapidement sur ce document, puis

  9   ensuite on en verra un autre.

 10   Il s'agit d'un document daté du 23 juillet. Il est question d'un rapport du

 11   MUP émanant de Dragomir Vasic -- non, non, excusez-moi, de M. Radenko Levic

 12   [phon], du poste de Srebrenica nouvellement créé, et c'est adressé au chef

 13   du CSB de Zvornik. Et la date est celle du 22 juillet. Alors il est dit --

 14   ou il y est décrit des problèmes liés à l'armée. On dit que :

 15   "Deronjic a été mis au courant des problèmes en question. Pendant la

 16   journée, il a été en contact avec le président Karadzic au sujet du

 17   problème rencontré au niveau de ces membres de l'armée de la Republika

 18   Srpska."

 19   Alors, en page 2 de la version anglaise, vers le milieu de cette page, on

 20   peut lire :

 21   "A l'occasion d'une réunion tenue hier soir, Deronjic a pris sur soi

 22   l'obligation de se procurer de la part du président de l'Etat un ordre pour

 23   la compagnie qui a été envoyée au commandement local de la VRS pour

 24   interdire tout vol de bien appartenant aux bases de la FORPRONU sur le

 25   contrôle des forces de la police."

 26   Alors, avant que de vous poser ma question, je voudrais que vous vous

 27   référiez à ce document 13617. Il s'agit de ce qui se trouve à

 28   l'intercalaire 125 de votre classeur, Monsieur Butler. Et un ordre de M.


Page 27616

  1   Karadzic daté du 22 juillet semble traiter de ce même sujet. C'est adressé

  2   à l'état-major principal, au MUP et à la présidence de Guerre de

  3   Srebrenica. Il est interdit toute aliénation de bien, et cetera.

  4   Alors, si l'on compare ces deux documents, si on les place l'un à côté de

  5   l'autre, que nous disent-ils au sujet de cette deuxième possibilité pour le

  6   président Karadzic de se procurer des informations via la filière civile

  7   afin de permettre une solution des problèmes par ce biais-là aussi ?

  8   R.  Oui, Monsieur, en effet. Ces deux documents reflètent exactement ce que

  9   vous venez de nous dire. Les autorités municipales locales avaient la

 10   possibilité d'établir un contact direct avec les plus hauts niveaux du

 11   gouvernement pour évoquer des problèmes de la plus haute importance, et ici

 12   il s'agit de pillage -- de pillage des biens abandonnés des Nations Unies à

 13   Potocari, et cela pouvait revêtir de l'importance. Alors le président de la

 14   république, au fil de ses ordres, donne instruction aux parties concernées,

 15   et dans le cas concret il s'agit de l'état-major, de la police et de la

 16   municipalité, pour réglementer la façon dont cela devrait être tranché et

 17   qui en serait chargé.

 18   Q.  Merci.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais demander le versement au dossier

 20   de ces deux documents. Merci.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Ce sera versé au dossier.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4966 et P4967

 23   respectivement, Madame, Messieurs les Juges.

 24   M. NICHOLLS : [interprétation]

 25   Q.  Pour parler de ces communications survenues les jours d'après. Et là,

 26   je vous renvoie au 65 ter 7686 [comme interprété]. Et c'est ce qui se

 27   trouve à votre intercalaire 127, Monsieur Butler. Il s'agit d'une

 28   notification urgente portant sur des convois envoyés par le commandant du


Page 27617

  1   Corps de la Drina, M. Krstic, et il est fait référence à des instructions

  2   du président Karadzic, un coup de fil personnel. Alors, que pouvez-vous

  3   nous dire pour commenter ?

  4   R.  Eh bien, c'est quelque chose similaire comme pour ce qui est des

  5   conversations interceptées dont on a déjà parlé. Lorsqu'il y avait des

  6   questions particulières qui avaient une importance particulière pour l'Etat

  7   - et dans le cas concret, il s'agit de sujets liés à des convois et des

  8   conséquences de l'interdiction du passage de ces convois - le président

  9   Karadzic, en sa qualité de commandant suprême des forces armées, n'hésite

 10   pas une fois de plus à contacter les commandants d'armée pour donner des

 11   instructions afin que l'on se conforme à ses instructions, à ses ordres.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais demander le versement au dossier de

 13   cette pièce aussi, Monsieur le Président.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Il s'agira donc de la pièce P4967 -

 15   - non, 68. Merci.

 16   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais maintenant sauter un peu plus en

 17   avant. Et je vous demande de vous pencher sur le 65 ter 1908.

 18   Q.  C'est ce qui se trouve à votre intercalaire 133, Monsieur Butler. Il

 19   s'agit une fois de plus d'un ordre émanant du président Karadzic envoyé à

 20   l'état-major principal. Alors je vous demande votre commentaire et je

 21   voudrais que vous nous disiez rapidement comment se présentait la situation

 22   militaire et politique à cette date du 26 juillet 1995.

 23   R.  A ce moment concret en Bosnie de l'Est, il y a un achèvement des

 24   opérations liées à l'enclave de Zepa. La plupart des effectifs militaires

 25   ont été repoussés, et l'enclave n'est plus défendable. Des négociations

 26   sont en cours depuis un moment déjà pour ce qui est de ce qu'il allait

 27   advenir de la population. Et dans ce contexte, le président Karadzic donne

 28   des ordres à l'état-major principal de l'armée de la Republika Srpska pour


Page 27618

  1   dire quelles sont les autorités qui seront chargées de l'évacuation de la

  2   population civile et il explique pourquoi.

  3   Q.  Merci.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais demander le versement au dossier

  5   de cette pièce, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce P4969.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation]

 10   Q.  J'aimerais maintenant que vous vous penchiez sur l'intercalaire 134.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est la pièce P1935.

 12   Q.  Il est question d'une date de deux jours après, à savoir le 28 juillet,

 13   d'un document envoyé par Dragomir Vasic, chef des effectifs à Zvornik.

 14   Alors je vous demanderais de commenter ce document et de nous dire ce qu'il

 15   nous montre pour ce qui est de la poursuite de l'exécution des missions des

 16   unités du MUP et des PJP au regard de la situation militaire. Et je vous

 17   renvoie aussi vers la page 2. Une fois que vous y serez arrivé, il convient

 18   de se pencher sur le sous-paragraphe (a). Veuillez nous indiquer ce que

 19   cette partie du texte vous dit.

 20   R.  Excusez-moi. La première partie de ce paragraphe en page 1 dit que

 21   Dragan Vasic énumère la totalité des missions qui ont été confiées aux

 22   différentes compagnies du MUP. Cela englobe la totalité du mois de juillet

 23   1995. Ils se sont vus confier des missions de combat variées. On voit

 24   ensuite qu'il convient encore de se pencher sur des questions liées à ce

 25   problème de Srebrenica où il y avait encore des fouilles, des embuscades,

 26   des poursuites de groupes de Musulmans. Et le 28 juillet, ces groupes

 27   essayaient encore d'opérer une percée via les lignes de combat pour arriver

 28   au territoire libre ou pour traverser la rivière de Drina et aller à Mali


Page 27619

  1   Zvornik. Alors, dans ce contexte, il se plaint du fait que le chef de la

  2   police, M. Karisik, avait dit qu'il convenait de déployer une compagnie à

  3   un autre endroit, à un autre site, pendant une période de sept jours. Et

  4   partant de là, il énumère tout ce que ces gens-là ont fait et à quel point

  5   ils se trouvent être épuisés, et il indique qu'il commençait à y avoir des

  6   problèmes, des questions de désertion et ce type de choses.

  7   La dernière partie fait référence, et j'en arrive au sous-paragraphe

  8   (a), ce qui montre qu'il saisit l'opportunité pour souligner les graves

  9   pertes subies par la 1ère Compagnie des PJP pendant cette période, parce

 10   qu'il y a eu six hommes de tués et 18 hommes de blessés, et il demande à ce

 11   qu'ils ne soient plus engagés pour des missions. Et il dit aussi qu'en

 12   raison d'une tâche à Konjevic Polje, la compagnie avait besoin d'une

 13   période de repos, sans quoi elle allait être complètement démantelée.

 14   Q.  Je vois que ce boulot dont parle M. Vasic et, entre guillemets, pour ce

 15   qui est des PJP à Konjevic Polje. Alors, c'était quoi ?

 16   R.  Je ne savais pas que cette 1ère Compagnie s'était trouvée à Konjevic

 17   Polje. Le boulot dans ce contexte, je crois que c'étaient deux unités du

 18   MUP qui se trouvaient impliquées à l'entrepôt de Kravica. Il y avait la 2e

 19   de Sekovici et une autre qui était la 1ère Compagnie des PJP.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je demander le versement au dossier de

 21   cette pièce ?

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 23   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4970, Madame,

 24   Messieurs les Juges.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation]

 26   Q.  Fort bien. Nous allons passer maintenant au mois d'août, Monsieur

 27   Butler. Nous allons aborder des questions qui sont liées à des échanges de

 28   prisonniers et ce genre de sujets.


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  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous renvoie donc vers la pièce 31569.

  2   Q.  Pour ce qui est de vos intercalaires, il s'agit du 136. Il est question

  3   d'une conversation interceptée datée du 1er août. J'ai dit qu'il s'agissait

  4   de montrer le 31596B, en réalité. Alors, conversation interceptée datée du

  5   1er août. L'un des intervenants est Beara, qui se trouve à l'état-major

  6   principal.

  7   Nous avons vu dans le rapport Vasic que certains Musulmans étaient

  8   passés par la Drina en Serbie. Et vers le milieu, on peut lire : "Ecoute,

  9   les hommes que tu as attrapés, tu dois les remettre en vie à nos hommes à

 10   nous. Nous n'avons absolument personne pour les échanger, merde. Ils ont

 11   tué les Serbes, et maintenant nous sommes en train de faire déplacer des

 12   personnes là-haut pour les faire passer de l'autre côté en Serbie. C'est ce

 13   que je suis en train de faire, et j'ai remis tout le monde que j'ai pris."

 14   Et : "Il faut maintenant entrer en contact avec Beara."

 15   S'agissant de Beara qui souhaitait reprendre les prisonniers, quelle

 16   est la situation à ce moment-là ?

 17   R.  A ce moment-là précis, l'enclave de Zepa était tombée. Les femmes et

 18   les enfants qui se trouvaient à Zepa étaient évacués, mais les hommes, les

 19   hommes en âge de porter les armes, pour la plupart, souhaitaient traverser

 20   la rivière Drina, qui était une frontière reconnue au niveau international,

 21   située entre la Republika Srpska et la Serbie. S'agissant de cette

 22   conversation, on voit que la VRS est tout à fait au courant que plusieurs

 23   centaines de personnes avaient déjà traversé la rivière Drina. D'autres

 24   sont en train de suivre. Mais de l'autre côté de la rivière Drina, ils sont

 25   faits prisonniers, ils sont remis au MUP serbe, et le MUP serbe les place

 26   sous leur contrôle. Alors c'est simplement la VRS qui est en train de

 27   reconnaître que des centaines de personnes, même plusieurs milliers

 28   d'individus de l'ancienne 28e Division de Zepa étaient en train de


Page 27621

  1   traverser la rivière Drina et ils étaient en train de se rendre aux forces

  2   frontalières et au MUP.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de

  4   cette conversation interceptée, Monsieur le Président, avec votre

  5   permission.

  6   M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, nous avions déjà

  7   indiqué préalablement que nous élevons une objection quant à tout matériel

  8   qui porte sur Zepa sur la base de pertinence, alors nous aimerions élever

  9   une objection quant à ce document-ci également.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais répondre à

 11   ceci. S'agissant de la pertinence, il y a d'autres éléments de preuve,

 12   d'autres documents, qui nous permettent de voir que les rumeurs sur les

 13   meurtres à Srebrenica avaient commencé à se propager. Et vous verrez qu'il

 14   y a d'autres documents, d'autres conversations interceptées, qui nous

 15   démontrent très clairement que Beara était en train de chercher et

 16   d'obtenir des prisonniers musulmans pour les échanger. Vous verrez plus

 17   tard que la VRS est en train de se plaindre dans d'autres documents qu'ils

 18   n'ont personne pour effectuer ces échanges.

 19   Donc, d'une part, les rumeurs s'agissant des meurtres de masse

 20   avaient déjà été envoyées à la communauté internationale, et d'autre part

 21   on dit que : "Des milliers d'hommes musulmans de Srebrenica ont disparu. Il

 22   faut absolument que nous puissions pouvoir voir où se trouvaient les

 23   prisonniers." Et en même temps, la VRS n'a personne pour procéder aux

 24   échanges, alors que s'ils ne les avaient pas tous tués, ils auraient dû

 25   avoir des milliers de personnes afin qu'ils puissent être échangées. Donc,

 26   d'une part, c'est pertinent pour voir ce qui s'est passé à Srebrenica, à

 27   savoir que toutes ces personnes, effectivement, ont été tuées; et

 28   deuxièmement, cela démontre les efforts déployés pour couvrir les crimes,


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  1   c'est-à-dire d'essayer d'obtenir des prisonniers d'autres régions; et

  2   troisièmement, ce sont les mêmes acteurs - Beara, qui est chargé de

  3   l'opération de meurtre et qui cherche d'obtenir des prisonniers pour les

  4   fins que je viens de mentionner. Et donc, dans l'une des conversations

  5   interceptées, si vous me permettrez de la montrer, Beara dit : Eh bien,

  6   pourquoi ne pouvons-nous pas avoir ces personnes-là ? Nous n'allons pas les

  7   tuer, nous allons simplement les échanger. Donc c'est pertinent.

  8   Donc je n'ai pas la précision précise, mais la Chambre a déjà trouvé

  9   que les éléments de preuve concernant Zepa sont bel et bien pertinents, et

 10   que j'estime donc qu'il s'agit d'éléments de preuve pertinents.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Même s'ils sont en train de parler

 12   de personnes de Zepa, le sujet même n'est pas directement lié aux

 13   opérations de Zepa en tant que telles. Je vais consulter mes collègues. Un

 14   instant, s'il vous plaît.

 15   [La Chambre de première instance se concerte]

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La Chambre est d'accord avec les

 17   observations de M. Nicholls, et ce document sera versé au dossier.

 18   Quelle en sera la cote ?

 19   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4961 [comme

 20   interprété], Madame, Messieurs les Juges.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrais-je maintenant demander que l'on

 22   affiche la pièce 31572, une autre conversation interceptée du 1er août,

 23   22.45. De nouveau, c'est le colonel qui est l'un des interlocuteurs, chef

 24   chargé de la sécurité. Et j'aimerais que l'on passe à la page 2 très

 25   rapidement en anglais.

 26   Q.  Il s'agit de l'intercalaire 136 dans votre classeur, Monsieur Butler.

 27   Je suis vraiment désolé, j'ai oublié de vous le dire.

 28   A la deuxième page, S de l'état-major principal parle du HCR des Nations


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  1   Unies -- et ils parlent du fait que les prisonniers musulmans avaient été

  2   enregistrés en Serbie.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne crois pas que la version est bonne

  4   en anglais.

  5   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, nous pouvons la retrouver sous 31572,

  6   mais sans le A.

  7   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Robinson. Très

  8   bien. Merci. Nous l'avons maintenant à l'écran. Page 2, s'il vous plaît.

  9   Q.  Et par la suite, je vais vous demander de nous faire un commentaire sur

 10   l'ensemble du document, Monsieur Butler. Alors nous apercevons ici S,

 11   Stevo, de état-major principal dit, en parlant des unités du HCR en train

 12   d'enregistrer les prisonniers, il dit : "Comment peut-on prendre une

 13   décision alors que nous sommes en train de les enregistrer ?" 

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] La page serbe, s'il vous plaît.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Le texte se trouve à la page 2 en serbe.

 16   Q.  Beara dit :

 17   "Ils sont en train de prendre leurs noms, mais cela ne veut

 18   absolument rien dire. Tu sais comment on peut faire, on peut demander que

 19   le HCR nous escorte, et ils peuvent être échangés ici comme il est indiqué

 20   dans le contrat. Nous n'avons absolument aucun projet de tuer les fils de

 21   putes, mais de les échanger."

 22   Et ensuite, un peu plus loin, on parle de Karadzic.

 23   Alors, voilà, j'aimerais attirer votre attention sur ce passage-ci,

 24   en fait. Mais puisque vous avez lu l'ensemble du document, pourriez-vous

 25   nous faire une analyse de ce document, s'il vous plaît ?

 26   R.  Oui, tout à fait, bien sûr. Tout d'abord, à la première page de ce

 27   document, qui est une conversation interceptée, les deux interlocuteurs

 28   commencent à parler du nombre de personnes qui sont en train de traverser


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  1   la rivière Drina, et ils sont en train de parler du fait qu'on les filme,

  2   ils sont filmés, et qu'ils font déjà partie des observations faites par le

  3   CICR. A la page 2, on parle de la question s'agissant de l'enregistrement.

  4   Dans le but d'essayer de cacher leurs origines et le nombre de

  5   prisonniers, ici on voit qu'ils sont déjà en train d'être préoccupés par le

  6   fait que si les prisonniers sont enregistrés en Serbie comme étant des

  7   personnes venant de Zepa, il sera plus difficile de prétendre qu'il s'agit

  8   de prisonniers de Srebrenica. Mais Beara dit : Non, cela ne sera pas un

  9   problème puisque nous allons les échanger de toute façon. Mais cela rend

 10   les choses un peu plus difficiles parce que leur espoir était que, sans les

 11   enregistrer nulle part, la police serbe et la police serbe frontalière

 12   pourraient en fait les remettre entre les mains de la VRS.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pour être tout à fait clair, comment

 14   êtes-vous arrivé à cette conclusion, à savoir qu'ils ont essayé de

 15   dissimuler ou de cacher l'origine de ces prisonniers, à savoir qu'ils

 16   venaient de Srebrenica plutôt que de Zepa ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, en fait, je me devance un petit peu,

 18   parce que j'ai lu un très grand nombre de documents. Vous verrez un peu

 19   plus tard que dans l'un des documents, on peut lire que plusieurs

 20   représentants officiels sont en train de mettre de la pression, parce

 21   qu'ils sont en train de dire où sont les prisonniers de Srebrenica, et

 22   cetera. Il y a tout un mécanisme qui est en train de se déployer parce

 23   qu'ils sont en train d'expliquer à ces personnes pourquoi les prisonniers

 24   ne sont pas disponibles en ce moment, et cetera, et cetera. Donc, étant

 25   donné que j'ai pu lire un très grand nombre de documents, je me devance un

 26   peu lorsque je fais ma propre conclusion des événements. Je vous demande

 27   pardon, Monsieur le Président.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Merci.


Page 27625

  1   M. NICHOLLS : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier

  2   de ce document, s'il vous plaît.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Versé au dossier.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il sera versé au dossier sous la cote

  5   P4962 [comme interprété], Madame le Juge, Messieurs les Juges.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais l'affichage de la

  7   conversation interceptée du 2 août portant le numéro 31577.

  8   Q.  Monsieur Butler, pour vous, il s'agira de l'intercalaire 138. L'un des

  9   interlocuteurs dans cette conversation est le général Krstic. La

 10   conversation s'est déroulée le lendemain. Alors, pourriez-vous, je vous

 11   prie, nous donner votre interprétation de cette conversation interceptée.

 12   R.  S'agissant de ce document bien précis, je dois vous dire que je ne sais

 13   pas qui est Mandzuka. Je ne suis pas tout à fait sûr si j'ai su qui il

 14   était, mais je l'ai peut-être oublié, je ne le sais pas. De toute façon,

 15   l'une des choses qui est certaine, c'est que le général Krstic parle du

 16   nombre de personnes. Et le contexte de cette conversation porte sur le fait

 17   qu'il y ait une préoccupation, à savoir qu'ils sont inquiets de leur

 18   passage en Serbie. Beara lui-même était allé en Serbie pour essayer de

 19   s'occuper de certaines choses à un moment donné.

 20   Q.  Merci.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, pourrais-je en

 22   demander le versement au dossier ?

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je, s'il vous plaît, vous demander une

 24   précision ? Je crois que le témoin a dit "individuals", "personnes". Moi,

 25   j'ai entendu "individuals" alors qu'au compte rendu d'audience, il est

 26   indiqué "kids", comme si on parlait d'enfants et non pas d'individus. Donc,

 27   pourrait-on simplement préciser ceci au compte rendu d'audience. 

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne le vois pas dans le compte rendu


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  1   d'audience. Je ne crois pas que M. Butler faisait référence aux enfants. Il

  2   n'a pas mentionné "kids", enfants.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois qu'il y a une partie du compte

  4   rendu d'audience qui manque. En fait, si vous prenez la ligne 1 de la page

  5   90, quelque chose manque. Parce que je crois que M. Karadzic a parlé d'un

  6   nombre de -- et, en fait, oui, quelque chose manque, une partie qui n'y est

  7   plus.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation]

  9   Q.  Je vais demander au témoin de bien vouloir répéter son analyse de cette

 10   conversation interceptée.

 11   R.  Oui. Le général Krstic parle avec une personne qui s'appelle Mandzuka.

 12   Il s'appelle Mandzuka. Et donc, dans ce cas-ci, on parle du fait qu'il y a

 13   des milliers de personnes et ils sont inquiets de leur passage de l'autre

 14   côté. Parce que Mandzuka, je crois, dit qu'il y a un très grand nombre de

 15   personnes, et il est également dit que Beara partait en Serbie. Donc on

 16   parle du nombre de personnes en train de traverser la rivière Drina de

 17   l'ancienne enclave de Zepa et qui se plaçaient entre les mains de la police

 18   frontalière serbe.

 19   Q.  Je vous remercie.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de

 21   cette pièce.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, certainement.

 23   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P4973.

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais que le document 31579 soit

 25   affiché à l'écran.

 26   Q.  Et pour vous, Monsieur Butler, il s'agira de l'intercalaire 140. Il

 27   s'agit d'une conversation qui a eu lieu le 2 août entre le général Krstic

 28   et le colonel Popovic. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, s'agissant


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  1   de ce document - et d'ailleurs, vous en avez déjà parlé lors de vos

  2   dépositions précédentes - pourriez-vous nous dire de quoi il s'agit ?

  3   R.  Ils parlent des contacts que dans ce cas-ci le colonel Popovic a eus

  4   avec Beara. Popovic note également que lui, Beara, avait rendu compte au

  5   général Miletic de l'état-major principal. Et ils sont en train de parler

  6   d'un certain nombre de personne. Et l'une des questions qui est en train de

  7   se poser ici, c'est que le MUP serbe ne permettait pas l'accès à la VRS à

  8   ces prisonniers maintenant que ces derniers étaient en leur détention. Et

  9   donc, ceci ne convenait pas au général Krstic qui avait exprimé le désir

 10   que lui, le commandant du Corps de la Drina, souhaitait ravoir ces

 11   prisonniers.

 12   Q.  Merci.

 13   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais en

 14   demander le versement, s'il vous plaît.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ce document a déjà été versé aux fins

 16   d'identification.

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La cote qui lui a été attribuée était la

 19   P4613.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Souhaiteriez-vous alors qu'on laisse

 22   cette cote-là et que ce document reste tel quel dans le dossier ?

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je vous

 24   remercie.

 25   Pourrait-on avoir 65 ter 23195.

 26   Q.  Et, Monsieur Butler, c'est à l'intercalaire 143 de votre classeur. Ce

 27   sujet sort quelque peu du champ de notre discussion, mais la chronologie

 28   est la bonne, c'est le 7 août 1995. Le MUP de la Republika Srpska envoie ce


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  1   document à la RDB de Bijeljina. Dans ce document, on dit que les membres

  2   suivants de la RDB de Bijeljina avaient reçu des sommes d'argent pour une

  3   contribution extraordinaire qu'ils avaient faite lors de la libération de

  4   Zepa et de Srebrenica. Du RDB, de Kijac.

  5   Alors, de quoi s'agit-il exactement ?

  6   R.  C'est une recommandation de M. Kijac. C'est sa reconnaissance, à savoir

  7   que les services fournis principalement dans le but de recueillir des

  8   éléments du renseignement et d'envoyer des rapports à cette fin, il

  9   estimait que les personnes dont les noms sont retrouvés ici ont eu un

 10   apport extraordinaire concernant les opérations de Srebrenica et cherchait

 11   de trouver une façon pour les féliciter.

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] J'aimerais demander le versement au dossier

 13   de ce document.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la P4974, Madame le Juge,

 16   Messieurs les Juges.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Petite intervention. Il s'agit de quelqu'un qui

 18   a signé au nom d'une autre personne. Je suis tout à fait -- enfin, je

 19   voudrais simplement que l'on se mette d'accord sur le fait que c'est

 20   quelqu'un qui a signé au nom de Kijac. N'est-ce 

 21   pas ? On le voit très bien en anglais.

 22   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, tout à fait.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, oui. Mais c'est également traduit

 24   en anglais. On voit "for", pour. Donc, signé pour quelqu'un.

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrais-je avoir 22827.

 26   Q.  C'est l'intercalaire 144 dans votre classeur. Il s'agit donc d'un

 27   document du 12 août du gouvernement de la RS, échange de prisonniers de

 28   guerre, Commission d'Etat pour l'échange de prisonniers de guerre. Le


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  1   document est envoyé à Radovan Karadzic, qui est le président, et à d'autres

  2   membres supérieurs du gouvernement. Le sujet est d'essayer de trouver une

  3   solution sur la question des Serbes détenus dans les prisons musulmanes. Je

  4   n'ai pas le temps de passer en revue l'ensemble du document, mais

  5   j'aimerais vous demander de nous dire de quoi il s'agit. Qu'est-ce que ce

  6   document vous dit ? Quel est le contexte ? Quelle est la situation qui

  7   prévalait tout au début du mois d'août à cet endroit-là ?

  8   R.  Oui. Je crois que ce document porte la date du 12 août 1995. En cette

  9   date et pendant cette période, les dirigeants politiques et militaires de

 10   la Republika Srpska avaient compris que les Musulmans de Bosnie qui avaient

 11   réussi à fuir Zepa n'allaient pas être remis entre les mains de la

 12   Republika Srpska, et surtout ceux qui avaient été enregistrés par le CICR.

 13   Il y avait dans certains cas des personnes qui avaient été capturées,

 14   n'avaient pas été enregistrées et qui avaient été renvoyées. Donc, ici,

 15   c'est la commission d'Etat chargée de l'échange pour crimes de guerre.

 16   Ils sont en train de parler du fait qu'ils avaient certains chiffres

 17   sachant où se trouvaient certaines personnes dans les prisons de Tuzla et

 18   d'autres endroits en Bosnie-Herzégovine, le nombre de prisonniers serbes,

 19   donc, par rapport au nombre de prisonniers qu'ils avaient, eux, en leur

 20   détention, et ils parlent des possibilités d'échange. Ce qui est peut-être

 21   frappant lorsque l'on examine ce chiffre, c'est le fait de voir qu'ils

 22   parlent de dizaines, de vingtaines ou de centaines de personnes alors que,

 23   en réalité, ils savent très bien que des parties très importantes de

 24   l'armée et du MUP, tout du moins, avaient connaissance que les prisonniers

 25   avaient été capturés à partir du 12 juillet 1995 jusqu'au 22 juillet 1995,

 26   et que ces prisonniers dans leur rapport figuraient au nombre de centaine

 27   et de milliers de personnes. Donc ce qui est frappant dans ce document

 28   lorsqu'ils parlent de questions relatives aux échanges de prisonniers,


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  1   c'est qu'ils ne sont pas en train de dire ce qui est tout à fait évident, à

  2   savoir qu'en est-il des 3 500 à 8 000 personnes que nous avions en notre

  3   détention après la chute de Srebrenica, et de quelle façon est-ce que l'on

  4   peut les incorporer dans ce processus ?

  5   Q.  Très bien. Merci.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demanderais le versement au dossier de ce

  7   document.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce 4975, Madame,

 10   Messieurs les Juges.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation]

 12   Q.  J'en ai presque terminé, Monsieur Butler. J'ai une petite question,

 13   simplement pour préciser un document.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Et pour ce faire, je demanderais l'affichage

 15   de 22828 de la liste 65 ter.

 16   Q.  Il s'agit du certificat de décès de Gojko Simic, du 18 août 1995.

 17   Pouvez-vous nous dire, sur la base de votre expérience concernant les

 18   enquêtes menées dans Srebrenica, Gojko Simic était qui exactement et que

 19   faisait-il le 14 juillet 1995 ? Je suis vraiment désolé, la question est

 20   peut-être un peu trop longue.

 21   R.  Alors, voilà, je vais répondre par vous dire que l'un des survivants du

 22   massacre d'Orahovac a déclaré dans sa déclaration, qui a d'abord été faite

 23   auprès des représentants du bureau du Procureur du TPIY, ou peut-être du

 24   MUP bosnien, il avait parlé du fait qu'il avait reconnu la voix de l'un de

 25   ses bourreaux à Orahovac et avait identifié cette personne comme étant

 26   Gojko Simic. Il a également donné des éléments de contexte qui expliquaient

 27   qu'il avait travaillé avec Gojko Simic avant la guerre et qu'il connaissait

 28   très bien cette personne. Et même s'il avait un bandeau sur les yeux, il


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  1   était à même de reconnaître la voix de cette personne.

  2   Lorsque le bureau du Procureur a procédé à une fouille de la Brigade

  3   d'infanterie de Zvornik, un très grand nombre de documents que nous avons

  4   retrouvés de 1995 étaient également des certificats de décès pour certaines

  5   personnes qui avaient été tuées dans le cadre d'opérations de combat

  6   provenant du 4e Bataillon d'infanterie en juillet 1995. Et l'un des noms

  7   que nous avions remarqués lors de cette fouille était le nom de Gojko

  8   Simic.

  9   Donc ce document-ci reflète le fait que Gojko Simic était un

 10   militaire. On nous dit où il vivait dans la municipalité de Zvornik, quelle

 11   était l'unité militaire à laquelle il avait été assigné et où il a été tué.

 12   Et il y a également des informations supplémentaires figurant aux pages 2

 13   et 3 qui disent où il était employé à Belgrade.

 14   Ce document, donc, a une importance dans le sens où, de façon

 15   concrète, il nous aide à corroborer le récit de ce survivant concernant les

 16   circonstances dans lesquelles il a pu reconnaître la voix de Gojko Simic et

 17   de nous donner son identité. Et d'autres fouilles ont permis de voir que la

 18   journée du massacre, qui était le 14 juillet 1995, il travaillait, il était

 19   déployé au sein du 4e Bataillon de la Brigade d'infanterie de Zvornik, et

 20   l'on peut voir qu'il a été tué deux jours plus tard dans le cadre de la

 21   bataille à Baljkovica.

 22   Q.  Je vous remercie.

 23   M. NICHOLLS : [interprétation] J'aimerais maintenant demander le versement

 24   au dossier de ce document.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Il s'agira de la pièce P4976.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, 4976. Je suis désolé.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation]

 28   Q.  Dernier sujet. Maintenant, je saute au mois de septembre 1995.


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  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Et je demanderais que l'on affiche le

  2   document 65 ter 1911. En fait, je suis vraiment désolé, je vois également

  3   P04592.

  4   Q.  C'est votre intercalaire 146, Monsieur Butler, dans votre classeur. Il

  5   s'agit d'un document émanant de l'état-major principal. Il est signé par le

  6   général Mladic. C'est le service de la logistique du Corps de la Drina qui

  7   approuve une grande quantité de carburant, cinq tonnes de diesel

  8   approuvées, et on voit qu'il s'agit du capitaine Milorad Trbic à qui ce

  9   carburant est envoyé.

 10   Donc, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce document. Que se

 11   passait-il en septembre 1995 ?

 12   R.  Eh bien, voilà, ce qui se passait en septembre 1995 et ce qui s'est

 13   poursuivi jusqu'au mois d'octobre 1995 était la situation suivante : après

 14   que la communauté internationale ait publiquement établi les éléments de

 15   preuve qu'ils avaient concernant les exécutions de masse qui s'étaient

 16   déroulées dans la zone de la Brigade de Zvornik, et également dans la zone

 17   de responsabilité de la Brigade de Bratunac, la VRS avait entrepris des

 18   efforts réellement importants pour aller sur ces sites d'enfouissement pour

 19   exhumer les corps et les enfouir à des endroits éloignés de la municipalité

 20   de Bratunac et de Zvornik, dans le dessein de cacher les preuves de ces

 21   exécutions.

 22   Donc, contrairement aux exécutions qui se sont déroulées en juillet

 23   1995 lors desquelles les troupes faisaient état du carburant des véhicules

 24   d'une façon tout à fait normale, l'opération du ré-enfouissement avait été

 25   faite d'une façon beaucoup plus discrète. Bien sûr, il était important de

 26   fournir du carburant à divers engins qui devaient déterrer ces corps et qui

 27   le faisaient pendant la nuit.

 28   Et donc, dans ce cas-ci, le général Mladic est en train de donner un


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  1   ordre à son personnel de logistique et au Corps de la Drina, disant que le

  2   carburant diesel devait être envoyé à la caserne de Standard à Zvornik et

  3   que ceci serait remis entre les mains du capitaine Milorad Trbic, qui est

  4   en fait, comme on l'a dit un peu plus tôt, l'officier de la sécurité pour

  5   la Brigade d'infanterie de Zvornik. Donc, ici, le carburant n'est pas

  6   envoyé au chef chargé de la logistique du Corps de la Drina ou du Corps de

  7   Zvornik, mais à un officier chargé de la sécurité qui doit s'assurer que le

  8   tout peut être fait correctement pour pouvoir exécuter cette opération.

  9   Donc les circonstances entourant ces opérations de ré-enfouissement

 10   n'étaient pas indiquées dans les registres de façon régulière.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demande un versement au dossier, Monsieur

 12   le Président -- oui, c'est déjà le cas. Alors, est-ce qu'on peut nous

 13   montrer le P04593.

 14   Q.  C'est ce qui se trouve à votre intercalaire 147, Monsieur Butler. La

 15   date est celle du 14 septembre 1992. Etat-major du secteur chargé de la

 16   logistique de la VRS, 14 septembre, diesel D2, 5 000 litres. Alors, est-ce

 17   que vous pouvez expliquer le document. C'est la période dont on a déjà

 18   parlé tout à l'heure.

 19   Q.  Oui. C'est placé en corrélation avec le tout premier document. Il

 20   s'agit d'une autorisation émanant du chef de la logistique de l'état-major

 21   qui dit que ce carburant sera mis à disposition pour des travaux du génie,

 22   et il dit que le Corps de la Drina et la Brigade de Zvornik - et dans ce

 23   cas concret, le représentant du Corps de la Drina était censé venir

 24   récupérer le carburant pour assurer son transport. Et on fait savoir quelle

 25   est la quantité de carburant disponible. Alors on dit de venir avec un

 26   camion et d'emporter le carburant.

 27   Q.  Bon. Je crois que je me suis trompé pour ce qui est de la ligne. Il

 28   s'agit du mois de septembre 1995, à la ligne 12. Et non pas 1992.


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  1   Monsieur Butler, nous n'allons pas pouvoir parcourir la totalité de votre

  2   rapport lié aux questions militaires, pas plus que les autres rapports qui

  3   ont été déjà versés au dossier. Mais nous avons déjà examiné des documents

  4   relatifs au déplacement des véhicules, nous nous sommes penchés sur des

  5   conversations interceptées, nous avons fait référence aux ordres liés au

  6   carburant. Vous nous avez parlé des mesures déployées en matière de

  7   logistique pour ce qui est de s'occuper des prisonniers.

  8   Alors, quand vous vous penchez sur les ordres, les éléments de preuve

  9   qui parlent de prélèvement de carburant, des réquisitions de véhicules,

 10   déploiement des effectifs, conversations interceptées, ordres, et cetera,

 11   comment tout ceci - chose que nous pouvons appeler opération d'exécution -

 12   comment tout ceci s'intègre-t-il pour ce qui est de sa similitude avec des

 13   opérations militaires quant à la façon dont c'est exécuté ?

 14   R.  Dans ce contexte particulier, il n'y a aucune différence. Les soldats,

 15   les officiers, les plannings et les procédures militaires, en particulier

 16   au niveau de la VRS, sont celles d'une administration militaire, et c'est

 17   donc des aspects légitimes qui sont abordés en matière d'attaque militaire

 18   de l'opération Krivaja 95, et ceci est analogue à ce qui a été fait aux

 19   exécutions. Nous avons toute une série de cas de figure où les chauffeurs

 20   de véhicules, puisqu'ils étaient conscients du fait qu'ils devaient rendre

 21   des comptes au niveau des kilomètres parcourus avec leur véhicule et au

 22   niveau de la cargaison transportée, qui indiquent qu'il s'agit d'autocars

 23   pleins de prisonniers ou de véhicules qui avaient transporté des

 24   prisonniers à telle date.

 25   Donc il y a eu une répartition habituelle du carburant. Ce qui a déjà

 26   été dit au niveau de ces 500 litres de carburant complémentaires pour

 27   Pilica pour terminer les exécutions et les enterrements qui se sont

 28   produits aux dates du 16 et du 17, on voit que les instances de la


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  1   sécurité, à des grades qui sont ceux du colonel Beara ou du colonel

  2   Popovic, devaient passer par des filières appropriées pour demander du

  3   carburant.

  4   Les munitions devaient également être sollicitées. Ça devait être

  5   prélevé dans les entrepôts de munitions de la Brigade d'infanterie de

  6   Zvornik, ça devait être justifié comme utilisation.

  7   Les gens qui ont conduit les engins lourds pour ensevelir des corps à

  8   Petkovci, Orahovac, et cetera, ces gens-là devaient justifier du temps

  9   qu'ils ont passé en mission et du carburant utilisé à cet effet. Et mis à

 10   part ce fait, la Compagnie du génie a dit de façon précise à quel endroit

 11   les véhicules ou les engins ont été utilisés.

 12   Donc, dans ce contexte concret, c'est la même procédure qui est

 13   suivie au niveau des gens du Corps de la Drina, de la Brigade de Zvornik ou

 14   de la Brigade de Bratunac pour ce qui est des opérations qui étaient celles

 15   du quotidien pour l'armée, et il fallait donc un suivi de ce qui s'est fait

 16   pour le crime en tant que tel.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous voulez dire que les

 18   ordres d'exécution c'est quelque chose qui a suivi une chaîne de

 19   commandement au niveau de la VRS ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais ça devait forcément être le cas. Et,

 21   certainement, cela est le fait de la direction au sommet de la VRS, c'est-

 22   à-dire les officiers de l'état-major et des officiers du Corps de la Drina.

 23   Je parle de commandants ici, les plus hauts gradés des Brigades de Zvornik

 24   et de Bratunac.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Dans ce cas concret, les exécutions ont

 26   dû être formulées de la part de Mladic, du général Krstic ou de Panic

 27   [phon] ou du commandant Obrenovic à l'intention de la police militaire.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur. Non, pas dans le sens où le


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  1   général Mladic aurait personnellement appelé Krstic, qui aurait en personne

  2   appelé Pandurevic, et cetera. Mais les ordres étaient exécutés suivant la

  3   filière normale. Les gens recevaient leurs ordres suivant des modalités qui

  4   permettaient de tirer des conclusions qui seraient celles de dire que les

  5   ordres devaient forcément être exécutés, bien que ce soit illégal. Alors

  6   ceci nous montre que dans un contexte plus large, les hommes ne se posaient

  7   pas de questions au sujet des ordres reçus, qu'ils soient d'accord avec

  8   l'ordre reçu ou pas.

  9   Dans ce contexte, la chaîne militaire du commandement fonctionnait

 10   comme conçue, comme supposée fonctionner.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.Veuillez continuer, Monsieur

 12   Nicholls.

 13   M. NICHOLLS : [interprétation]

 14   Q.  Merci, Monsieur Butler. Je n'ai plus de questions pour vous.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais vous avez dit que vous alliez vous

 16   pencher sur des conversations interceptées. Est-ce que vous allez vous en

 17   occuper dans une phase ultérieure ?

 18   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien. Monsieur Karadzic, êtes-vous

 20   prêt pour ce qui est de commencer votre contre-interrogatoire ?

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Excellence, si vous pensez que les 20

 22   minutes qui nous restent pourraient être utilisées de façon valable.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, allez-y.

 24   Contre-interrogatoire par M. Karadzic :

 25   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Butler.

 26   R.  Bonjour.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Karadzic. Une

 28   petite question encore pour M. Nicholls. Aviez-vous l'intention de demander


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  1   le versement au dossier de la feuille de papier qui fait référence -- où M.

  2   Butler fait référence, plutôt, à des pseudonymes de témoins tels que

  3   mentionnés dans son rapport ?

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Mais je ne sais pas s'il était préférable de

  5   le verser comme une pièce à conviction ou une pièce accessoire, mais je

  6   pense que ce serait utile.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Ce serait préférable de le verser

  8   au dossier sous pli scellé.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] En effet.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon, il faut une référence.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce à conviction 4977, sous pli scellé,

 12   Monsieur le Président.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic.

 14   M. KARADZIC : [interprétation]

 15   Q.  Monsieur Butler, nous n'avons pas beaucoup de temps pour cette journée,

 16   alors j'aimerais qu'on commence par l'année 1992, comme l'a fait M.

 17   Nicholls d'ailleurs.

 18   Vous souvenez-vous du fait - et je crois que vous en avez parlé, au

 19   sujet de Podrinje et du général Morillon. Vous souvenez-vous du fait qu'il

 20   y avait eu des pressions d'exercées pour ce qui est des civils demandant à

 21   être autorisés à partir, et il y avait même des foules qui s'étaient

 22   assemblées pour essayer de monter à bord des camions de l'UNHCR aux fins de

 23   quitter Srebrenica ?

 24   R.  Pour autant que je le comprenne, vous êtes en train de parler de la

 25   situation qui s'est produite vers avril 1993, lorsque différentes agences

 26   et services civils des Nations Unies avaient voulu évacuer la population

 27   bosnienne qui s'était dirigée vers Srebrenica. Oui, mais s'agissant de

 28   cela, il y a eu beaucoup de confusion. Je crois que dans les rapports des


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  1   Nations Unies la chose est documentée dans une mesure assez grande pour ce

  2   qui est de tout ce qui se rapporte à la création des enclaves.

  3   Q.  Merci. Est-ce que vous avez eu à connaître de circonstances analogues

  4   ailleurs en Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire lorsque les effectifs de

  5   l'ennemi s'approchent, la population cherche à se déplacer, à aller

  6   ailleurs ? Et il y a même eu des négociations avec les forces armées

  7   musulmanes pour que la partie serbe autorise le passage des civils ?

  8   R.  Je ne peux pas entrer dans le détail, mais de façon générale, il y a eu

  9   un certain nombre de situations dont j'ai eu à connaître parce qu'il y

 10   avait des opérations de combat qui faisaient rage et on s'est efforcé de

 11   faire passer des populations civiles à l'extérieur de ces zones de combat.

 12   Et normalement, les Nations Unies avaient un rôle crucial à jouer pour ce

 13   qui est de négocier avec les parties en présence, les parties au conflit.

 14   Je ne suis pas au courant de beaucoup de détails de ce type, mais je sais

 15   de façon générale que les Nations Unies étaient primordialement impliquées

 16   pour essayer de faire en sorte que les civils sortent des zones

 17   d'intervention des factions aux fins belligérantes, pour éviter notamment

 18   tout ce qui pourrait constituer un risque du fait des opérations militaires

 19   en cours.

 20   Q.  Merci.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais qu'on montre le D1323 au témoin

 22   maintenant. C'est ce qui se trouve au prétoire électronique.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Ceci se trouve être déjà chose tranchée, Monsieur Butler, et ce, deux

 25   semaines avant la directive numéro 4. Il s'agit de Kotor Varos.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Et j'aimerais, à cet effet, qu'on nous montre

 27   l'avant-dernière page. Je crois que c'est rangé de la sorte. C'est l'avant-

 28   dernière page qu'il nous faut. Il s'agit du 23 octobre. C'est les deux


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  1   dernières pages qu'il nous faut. Il se peut que ce soit 25 plutôt.

  2   J'aimerais qu'on nous montre -- oui, la version serbe, on l'a.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  Alors je vais vous demander de prêter attention à ce qui est fait par

  5   la présidence de Guerre de la municipalité de Kotor Varos qui est en train

  6   de siéger tous les jours. Et tous les jours il y a des procès-verbaux de

  7   consignés. Alors, au paragraphe 2, il est dit que le capitaine Slobodan

  8   Zupljanin a souligné le fait qu'il n'y avait pas eu d'activités de combat,

  9   mais que des activités régulières avaient cours. Il dit qu'on a établi un

 10   contact avec Vecici, et il leur a été fait une proposition, et on dit qu'il

 11   fallait envoyer un courrier au nom de la présidence de Guerre pour proposer

 12   l'évacuation des femmes et des enfants afin qu'ils ne périssent pas.

 13   A ce sujet, au sujet de cette proposition, la totalité des membres de

 14   la présidence de Guerre se sont prononcés à titre individuel et il a été

 15   procédé à l'adoption de conclusions disant qu'il fallait leur lancer un

 16   dernier appel pour laisser partir les femmes et les enfants et la totalité

 17   des prisonniers pour trancher la question de façon militaire.

 18   Alors, saviez-vous qu'en profondeur de notre territoire il y avait

 19   des villages musulmans qui n'avaient pas déposé leurs armes et qui

 20   voulaient se battre, et Vecici est l'un de ces villages-là justement ?

 21   R.  Ce que je peux vous dire, c'est que de façon générale j'ai été au

 22   courant du fait qu'à ce moment-là il y avait des poches telles que celles

 23   que vous venez de décrire. Je n'ai pas eu connaissance de ce site concret

 24   et des circonstances qui se trouvent être celles de cette localité-là.

 25   Q.  Merci.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais qu'on nous montre la page

 27   précédente. Il s'agit de la session qui s'est tenue le 26 octobre.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, la page précédente, donc.


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est la page 11 de la version anglaise. C'est

  2   cela. La version serbe, on l'a.

  3   M. KARADZIC : [interprétation]

  4   Q.  Alors, penchez-vous une fois de plus sur ce paragraphe numéro 3. Ce

  5   paragraphe 3 :

  6   "On a déterminé le texte de l'appel à l'intention des formations

  7   paramilitaires du village de Vecici pour évacuer leurs femmes et enfants à

  8   condition qu'ils relâchent les prisonniers serbes qu'ils détiennent."

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer la page qui

 10   précède à celle-ci. Merci.

 11   M. KARADZIC : [interprétation]

 12   Q.  Alors ça, c'est la session du 27. Il est dit -- paragraphe 2, alinéa 2,

 13   on parle de la situation sur le terrain et on dit que :

 14   "La présidence de Guerre a été informée par le lieutenant colonel

 15   Kovacevic et le capitaine Petrovic.

 16   "Et Zarko Mikic a informé la présidence de Guerre du texte de l'appel

 17   adressé aux formations paramilitaires du village de Vecici. Le texte a été

 18   accepté."

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Montrez-nous, je vous prie, la page précédente.

 20   Elle se rapporte à la date du 28 novembre.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Alors, au paragraphe 2, une fois de plus, il est question de la

 23   situation sur le terrain, et ce paragraphe 2 nous dit que :

 24   "Zdravko Pejic a informé la présidence de Guerre des résultats des

 25   négociations avec le village de Vecici et il a proposé une variante de

 26   solution. On a accepté ce qui a été proposé, à savoir évacuation de la

 27   population civile à condition que les prisonniers soient relâchés, et on

 28   dit que le reste des militaires devaient être bloqués et anéantis. La


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  1   totalité des membres de la présidence de Guerre a soutenu cette option

  2   proposée pour le village de Vecici."

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer la page d'avant,

  4   je vous prie.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Le 29, paragraphe 2 : 

  7   "Zdravko Pejic informe la présidence du fait qu'il a été convenu avec

  8   le village de Vecici de procéder à l'évacuation des femmes et des enfants

  9   ainsi que des Serbes prisonniers dans la journée du dimanche."

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Page précédente maintenant, s'il vous plaît.

 11   On voit qu'il s'agit du 30 octobre. Une fois de plus, au paragraphe 2

 12   :

 13   "Zdravko Pejic informe la présidence de Guerre de ce qui a été

 14   négocié avec le village de Vecici," et on dit qu'il y a eu deux cadavres

 15   d'obtenus.

 16   M. KARADZIC : [interprétation]

 17   Q.  Est-ce que je vais trop vite, Monsieur Butler ? Non ?

 18   R.  Je vous suis parfaitement bien, Monsieur.

 19  Q.  Merci. Est-ce qu'on peut nous montrer la page afférente au 1er novembre,

 20   où il est dit, et c'est Zdravko Pejic. C'est à dix ou 12 lignes plus bas et

 21   c'est souligné : 

 22   "Zdravko Pejic a informé la présidence de Guerre dans le détail du

 23   cours des événements et des détails des négociations avec les gens de

 24   Vecici. Les habitants de Vecici. Et des détails de ce qui était convenu

 25   avec Karadzic et le général Talic."

 26   Puis, on en discute, on accepte les solutions proposées, et c'est le

 27   commandant Trivic, vers le bas de la page, qui souligne que les choses

 28   étaient claires. Il dit qu'il était au courant de la suite des événements


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  1   et, à cet effet, il a donné des ordres par écrit pour informer le

  2   commandant du corps. Il estime qu'une erreur a été commise. Il dit que si

  3   le président Karadzic avait des opinions à lui pour ce qui est de la façon

  4   de trancher la question, il pouvait donner un ordre via Talic et Mladic, et

  5   que l'ordre serait exécuté. Mais il a demandé à ce que les choses restent

  6   telles quelles pour le moment, et il dit que dans le courant de la journée

  7   du lendemain, les choses seraient vérifiées et on en informerait la

  8   présidence de Guerre, mais il fallait empêcher les forces armées d'opérer

  9   une percée de ce village de Vecici vers l'extérieur.

 10   Les autres interventions ne sont pas très importantes.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais qu'on nous montre maintenant la

 12   page précédente, s'il vous plaît.Alors la page précédente est celle qui est

 13   liée au 2 novembre. Non, je pense que ce n'est pas la bonne page en version

 14   anglaise. Il faut tourner d'une page encore pour ce qui est de la version

 15   anglaise. La version serbe, c'était la bonne. C'est la page 3 au prétoire

 16   électronique, quant à la version anglaise. Alors la version serbe, c'est la

 17   bonne page. Et pour ce qui est de la version anglaise, il nous faut la page

 18   3.

 19   Je pense que maintenant c'est -- non. C'est bon maintenant. C'est bon

 20   maintenant.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Alors je vous prie de vous pencher sur "la continuation de la session

 23   de la présidence de Guerre", qui a commencé par les propos du colonel

 24   Blagojevic qui a dit que le général Mladic lui avait donné des ordres

 25   explicites demandant à ce que personne ne puisse sortir de Vecici avant

 26   qu'il n'y ait une reddition inconditionnelle des armes.

 27   "Le président Djekanovic a dit qu'il y avait des choses discordantes

 28   entre ce que Karadzic a dit et les ordres de Mladic. Le commandant Trivic a


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  1   dit que personne ne pouvait quitter Vecici sans que les armes ne soient

  2   rendues, ne soient remises, et il a souligné également que le président

  3   Karadzic devrait faire savoir que ses positions n'ont pas été suivies. Et

  4   le président Djekanovic a dit qu'à deux -- est censé dire à Karadzic que la

  5   seule façon de procéder c'était de faire en sorte que les soldats rendent

  6   leurs armes à Vecici de façon inconditionnelle."

  7   Et puis, dans cet esprit, on dit que l'on avait emmené deux Musulmans

  8   de Vecici pour négocier, et ils les ont ramenés là-bas à Vecici.

  9   Alors la première page, on n'en a probablement pas besoin parce qu'elle ne

 10   voit pas ce problème.

 11   Alors, en somme, est-ce que vous pouvez reconstituer les événements et voir

 12   ou confirmer que mon opinion était celle de dire qu'il fallait relâcher les

 13   civils ? Mladic voulait qu'on ne les relâche pas. Talic disait qu'il ne

 14   fallait pas les relâcher. Et un document montre que Mladic avait accepté ma

 15   proposition. Talic a exécuté les ordres, mais il a émis des réserves et il

 16   a dit qu'il n'était pas d'accord, à savoir faire sortir les civils et

 17   laisser les soldats musulmans armés derrière les civils, c'est-à-dire

 18   laisser sur place les formations paramilitaires musulmanes.

 19   R.  Partant de cette série de documents, il me semble que, premièrement, la

 20   présidence de Guerre avait des positions différentes de celles du 1er Corps

 21   de la Krajina pour ce qui est de la façon dont la question devait être

 22   tranchée. Il y a eu une certaine confusion au sujet des positions de

 23   négociation qui étaient celles des uns et des autres, et au final, comme

 24   ceci nous est décrit ici, et partant de ce que vous avez déclaré vous-même,

 25   une fois que conflit il y a eu entre ce que voulaient le général Mladic et

 26   le général Talic et les positions formulées par la présidence de Guerre qui

 27   vous ont été transmises, c'est vous qui avez pris une décision, et le

 28   général Talic n'avait pas voulu exécuter l'ordre, mais il l'a quand même


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  1   exécuté. Donc, dans ce contexte concret, en novembre 1992, j'imagine que

  2   c'était ainsi que le processus devait se dérouler. Parce qu'au final, c'est

  3   le commandant en chef des forces armées, à savoir vous-même, qui étiez

  4   censé rendre une décision définitive que le personnel militaire, bon gré

  5   mal gré, était censé exécuter.

  6   Q.  Merci. Mais il n'en demeure pas moins, et si nécessaire on pourra

  7   montrer demain un document à cet effet, il demeure donc le fait que les

  8   civils sont partis et que derrière eux il est resté des effectifs armés

  9   dans ce village. Est-ce que c'est ce qui découle de ce qui vient d'être dit

 10   ?

 11   R.  Une fois de plus, je ne puis répéter que le fait que je ne sais pas si

 12   ça s'est passé ou pas. Je ne suis pas au courant de ce qui s'est passé dans

 13   le secteur concret. Si vous dites que c'est le cas, moi je veux bien vous

 14   croire, à savoir que les civils ont été évacués. C'est une chose qui de

 15   façon évidente peut être vérifiée. Je ne suis pas au courant des détails

 16   concrets, mais c'est ce qui est écrit ici, en effet.

 17   Q.  Merci. Demain, on vous montrera un autre document à cet effet, et on

 18   passera à la directive numéro 4, parce que celle-ci se base sur ces

 19   éléments. Je vous remercie.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Et je crois que l'heure est venue d'en terminer

 21   pour aujourd'hui, n'est-ce pas, Excellences ?

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, c'est exact. Nous allons lever

 23   l'audience pour aujourd'hui. Nous allons reprendre demain matin à 9 heures.

 24   --- L'audience est levée à 14 heures 59 et reprendra le jeudi 19 avril

 25   2012, à 9 heures 00.

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