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1 Le mardi 26 février 2013
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Aujourd'hui et demain nous allons donc
6 siéger au titre de l'article 15 bis, le Juge Lattanzi n'étant pas présente.
7 Monsieur Tieger.
8 M. TIEGER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Nous avons
9 deux questions préliminaires que je souhaite soulever, la première étant à
10 huis clos partiel.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Passons à huis clos partiel.
12 [Audience à huis clos partiel]
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5 [Audience publique]
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.
7 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, merci.
8 Les Juges de la Chambre ont donc été saisis de notre demande concernant la
9 question des récapitulatifs 65 ter et des déclarations des témoins. Je
10 souligne la question, enfin la Défense y répondra. Les Juges de la Chambre,
11 bien sûr, prendront leur décision en temps et heure, mais entre-temps, le
12 problème continue à surgir. Donc j'aimerais attirer l'attention des Juges
13 de la Chambre à deux cas ultérieurs où cette question sera soulevée et,
14 plus particulièrement, deux témoins pour la semaine prochaine, et ce serait
15 M. Martic et M. Kicanovic.
16 Dans le cas de M. Kicanovic en premier. Nous venons de recevoir une
17 déclaration en version anglaise à son effet, et ce, hier soir. Et ceci au
18 vu d'un résumé complètement inadéquat selon l'article 65 ter. Donc ce dont
19 ce témoin se propose de déposer se déroule maintenant, puisque maintenant
20 nous venons de recevoir cette déclaration.
21 Nous ferons de notre mieux pour poursuivre notre contre-
22 interrogatoire, si faire se peut, mais cela est loin d'être certain, donc
23 j'aimerais attirer l'attention des Juges de la Chambre sur ce problème. Je
24 l'ai soulevé avec Me Robinson. Il comprend tout à fait la nature du
25 problème et convient absolument que si la nature de cette déclaration est
26 telle que le Procureur n'est pas en mesure de faire un contre-
27 interrogatoire, eh bien, il serait approprié et raisonnable d'avoir un
28 différé pour pouvoir commencer le contre-interrogatoire, et ce, après
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1 l'interrogatoire principal.
2 En ce qui concerne M. Martic, qui est à l'évidence un témoin sur
3 différentes questions importantes, nous n'avons rien d'important et nous ne
4 prévoyons pas de recevoir quoi que ce soit d'intéressant, en fait, jusqu'au
5 moment de l'interrogatoire principal, et ce, est un problème, en partie, en
6 mon sens, qui vient de questions logistiques que la Défense nous a décrites
7 plus tôt, mais quelle qu'en soit la cause, l'incidence pour le Procureur
8 est la même.
9 J'en ai abordé la question avec Me Robinson. Là encore, il convient
10 intégralement que dans ces circonstances un laps de temps utile entre
11 l'interrogatoire principal et le début du contre-interrogatoire devrait
12 être accordé et sera nécessaire pour assurer qu'il y ait suffisamment de
13 temps pour procéder aux préparatifs du contre-interrogatoire. Il est
14 difficile de savoir dans ces circonstances, avec précision, quel est ce
15 laps de temps avant que nous ne soyons saisis des informations sur
16 lesquelles le témoin déposera, mais l'on peut dire que ce sera sans doute
17 d'une longueur suffisante et d'une certaine importance pour qu'il y ait un
18 laps de temps assez important entre l'interrogatoire principal et le
19 contre-interrogatoire. Donc je voulais présenter la chose aux Juges de la
20 Chambre, et ce, à l'avance.
21 Comme mentionné, Me Robinson et moi-même en avons parlé, donc des
22 réglages devront être apportés au calendrier de la Défense, mais en dehors
23 de cela, c'est là un problème que nous continuerons d'aborder et d'essayer
24 de régler jusqu'à ce qu'une résolution plus large soit proposée par la
25 requête, d'une requête du Procureur.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger.
27 Monsieur Robinson.
28 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, nous sommes toujours d'avis que les
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1 Procureurs devraient avoir autant de temps que faire se peut pour se
2 préparer, une fois qu'ils reçoivent les documents. Donc ceci reste notre
3 position concernant ces deux témoins. Donc pour M. Kicanovic, si le
4 Procureur souhaite davantage de temps, eh bien, nous différerons son
5 témoignage ou son contre-interrogatoire, et c'est assez simple.
6 En ce qui concerne M. Martic, là, c'est plus complexe pour la bonne raison
7 que nous étions censés le voir cet après-midi, moi-même et le Dr Karadzic
8 dans une réunion d'introduction pour savoir de sa part s'il souhaite avoir
9 un juriste à ses côtés et s'il peut préparer sa déclaration 92 ter. Le
10 greffier a refusé cette rencontre pour la bonne raison que le Dr Karadzic
11 est sous une ordonnance lui interdisant de rencontrer ce témoin. Donc je
12 vais rencontrer M. Martic moi-même, et je serai en mesure de le rencontrer
13 jeudi parce que je dois lui envoyer une missive, la traduire en sa langue,
14 pour lui demander s'il consent à me rencontrer.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous voulez bien vous arrêter là.
16 Est-ce que la Chambre a interdit à M. Karadzic de faire le récolement de
17 son témoin ?
18 M. ROBINSON : [interprétation] Non, ce n'est pas une séance de récolement à
19 leurs yeux. C'est pour cela qu'il devrait rencontrer M. Martic pour la
20 première fois et savoir comment il souhaite procéder. Donc ce contact a
21 donc été refusé et qu'une seule session de récolement sera permise, et
22 ceci, uniquement après que la déclaration 92 ter ait été préparée. C'est
23 ainsi que je devrais rencontrer M. Martic moi-même et le plan étant de,
24 pour moi, de me préparer à travailler avec lui et préparer cette
25 déclaration 92 ter et la communiquer au Procureur.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc c'est la pratique que le récolement
27 se limite à une seule rencontre.
28 M. ROBINSON : [interprétation] Non, ce n'est pas du tout la pratique mais
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1 le greffier a donc ainsi interprété notre rencontre avec M. Martic et que
2 cela ne fait pas partie d'un récolement.
3 M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Un motif a-t-il été présenté ?
4 M. ROBINSON : [interprétation] Oui, nous avons reçu une missive, et l'on a
5 simplement déclaré que l'on avait ordonné que le Dr Karadzic ne rencontre
6 pas M. Martic autre que pour le récolement, et donc cette réunion ne
7 saurait être permise.
8 M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Oui, mais y a-t-il une explication
9 disant pourquoi cette rencontre n'est pas une rencontre de récolement ?
10 M. ROBINSON : [interprétation] Non. Ce n'est pas essentiel que le Dr
11 Karadzic prenne part à cette première rencontre mais que c'est tout
12 simplement un différé. Donc nous ne prévoyons pas que M. Martic dépose
13 immédiatement, la semaine prochaine, comme nous l'avions prévu. Nous ferons
14 de notre mieux une fois que nous l'aurons rencontré pour tenter d'accélérer
15 la chose, et une fois que nous aurons préparé la déclaration 92 ter, nous
16 la remettrons au Procureur et saurons à ce moment-là quand et le moment, un
17 point nommé, pour qu'il présente sa déposition.
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Etant donné que je me représente en personne et
21 qu'en quelque sorte je suis donc mon défenseur en chef, je ne comprends pas
22 pourquoi je suis soumis à ces restrictions. Je comprends tout à fait après
23 le début de la déposition. J'essaie de comprendre et je ne vois même pas
24 mes témoins par la fenêtre, mais pourquoi est-ce que je ne pourrais avoir
25 qu'une seule rencontre ? Il n'y a absolument pas égalité des moyens, ici.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Me Robinson a dit que ce n'était pas la
27 pratique et que ce n'est pas essentiel. Restons-en là et les Juges de la
28 Chambre en décideront quand la question sera posée à nouveau. J'ai déjà
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1 l'impression que ceci a déjà été réglé d'une certaine façon.
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, avant que nous n'entendions la
4 déposition du témoin suivant, il y a trois questions dont il nous faut
5 traiter. Tout d'abord, ayant trait aux décisions orales, la Chambre va en
6 présenter maintenant.
7 Tout d'abord, la Chambre va maintenant rendre une décision orale ayant
8 trait au témoignage de Desimir Serenac, prévu à titre de sixième témoin à
9 déposer en mars 2013. L'accusé souhaite verser 230 pièces connexes par
10 l'intermédiaire de ce témoin et présume 15 minutes à l'interrogatoire au
11 principal avec ce témoin.
12 La déposition de ce témoin était prévue au départ en janvier, mais a été
13 différée en raison du grand nombre de documents qui n'avaient pas été
14 traduits. Le 15 février 2013, le Procureur a déclaré que les pièces
15 connexes proposées étaient en cours d'examen, mais qu'il y aurait de
16 nombreuses objections quant à leur versement. Le 25 février, la Chambre et
17 l'accusé ont été informés par courriel que le Procureur présenterait des
18 objections au versement des 230 pièces connexes proposées.
19 La Chambre simplement ne peut accepter qu'un grand nombre de documents soit
20 versé en vertu de l'article 92 ter, puisque ce n'est pas une utilisation
21 efficace du temps et des ressources des Juges de la Chambre et du
22 Procureur. A plusieurs reprises pendant la présentation des éléments à
23 charge, la Chambre a donné ordre proprio motu de faire en sorte que
24 certains témoins soient informés pour ce qui est des demandes de versement
25 au dossier de grands volumes de comptes rendus afin que ceux-ci soient
26 cités à comparaître viva voce. Le même raisonnement doit être mis en oeuvre
27 pour ce qui est des pièces connexes de la Défense. Dans ce cas concret, la
28 déclaration du témoin compte 20 pages, mais les pièces connexes sont
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1 listées par blocs avec de brefs commentaires de ce témoin. Alors, à titre
2 d'illustration, le paragraphe 30 de la déclaration du témoin fait référence
3 à 102 documents. Or, c'est inacceptable. Qui plus est, si l'on autorisait
4 l'accusé à verser au dossier un si grand nombre de pièces connexes, cela
5 demanderait aux Juges de la Chambre d'approuver ou de consacrer une
6 quantité énorme de temps pour ce qui est des contre-interrogatoires par
7 l'Accusation, ce qui serait inapproprié ou inadéquat par rapport au temps
8 utilisé par l'accusé, ce qui serait tout à fait contraire à la gestion
9 efficace du procès. Donc, la Chambre convie l'accusé à se concentrer sur la
10 présentation seule des pièces à conviction qui sont vraiment importantes et
11 qui ont de l'importance pour ce qui est des chefs d'accusation dressés à
12 son encontre pour exclure les documents périphériques au travers de ces
13 déclarations en application du 92 ter.
14 La Chambre, donc, rend ordonnance à ce que ce Desimir Sarenac soit
15 interrogé viva voce, et l'Accusation obtiendra le même temps pour son
16 contre-interrogatoire que le temps utilisé par l'accusé pour son
17 interrogatoire au principal.
18 Qui plus est, la Chambre veut également rendre une décision concernant une
19 requête présentée par l'Accusation pour ce qui est d'exclure partiellement
20 le témoignage d'Aleksandar Vasiljevic. Cette requête a été présentée le 13
21 février 2013, et l'Accusation a demandé à ce que soit exclu un certain
22 nombre de paragraphes de la déclaration de Vasiljevic en application du 92
23 ter partant du fait que cela n'était pas pertinent pour ce qui est des
24 chefs d'accusation. L'accusé a présenté sa réponse à la date du 14 février
25 2013, et, une fois que l'Accusation s'est vue faire droit à ce qu'elle a
26 demandé, il y a eu droit à réplique le 19 février 2013.
27 La Chambre a déjà de par le passé estimé que des événements de preuve
28 détaillés pour ce qui est de la campagne militaire pendant le conflit en
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1 Croatie et événements qui ont conduit à l'éclatement de conflits en ex-
2 Yougoslavie à des endroits qui n'ont rien à voir avec l'Accusation du point
3 de vue géographique se trouvent être exclus de l'acte d'accusation, parce
4 que ça ne tombe pas sous la coupe de ce qui est couvert par ce procès.
5 Donc, ces paragraphes se trouvent être dénués de pertinence et seront
6 expurgés : une partie du paragraphe 11 qui commence par la troisième
7 phrase; les paragraphes 12 à 18; la première phrase du paragraphe 23; les
8 paragraphes 29 et 31; les paragraphes 33 à 37, 40 à 46, 50 à 62; le
9 paragraphe 65; les paragraphes 72 à 83, 97 à 111 et 122 à 123.
10 La Chambre rappelle une fois de plus à l'accusé qu'il ne sera pas procédé
11 au versement au dossier d'éléments de preuve détaillés concernant les
12 crimes commis contre les Serbes de Bosnie, s'ils ne sont pas liés aux
13 crimes qui sont cités à l'acte d'accusation. Par conséquent, la Chambre
14 leur rend une ordonnance concernant l'exclusion des paragraphes 137 à 170
15 de cette déclaration. Le reste de la requête de l'Accusation se voit être
16 rejeté.
17 La Chambre donne donc instruction à l'accusé de procéder à ce type
18 d'expurgation et de télécharger au prétoire électronique la version
19 expurgée avant que M. Vasiljevic n'entame son témoignage.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, je sais que vous venez de rendre
21 une décision, mais je voudrais dire quelque chose pour le compte rendu
22 d'audience.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, pas à présent, Monsieur Karadzic.
24 Je voudrais que la Chambre passe à huis clos partiel brièvement.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,
26 Messieurs les Juges.
27 [Audience à huis clos partiel]
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9 [Audience publique]
10 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je suppose que l'Accusation va élever
11 des objections au sujet des pièces connexes pour ce qui est du témoin
12 suivant.
13 Oui, Monsieur Tieger.
14 M. TIEGER : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président. Comme nous
15 l'avons prévu dans la teneur du message que nous avons envoyé à la partie
16 adverse et à la Chambre, il y a un grand nombre de pièces à conviction
17 qu'on demande à verser au dossier en tant que pièces connexes, et la grande
18 majorité de ces pièces, comme nous l'avons indiqué, se trouve être des
19 documents au sujet desquels il n'a pas été apporté de commentaires, et dans
20 le cas où il n'y a pas suffisamment de commentaires, à l'exception d'un
21 seul document, nous pourrions les faire tomber dans le volet des pièces
22 connexes qui constituent un tout inséparable et indispensable avec la
23 déclaration, et c'est ce qui constitue matières à préoccupation, et nous
24 maintenons cette position.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Robinson.
26 M. ROBINSON : [interprétation] Oui. Le Dr Karadzic va en parler.
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellence, comme cela découle clairement de
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1 l'acte d'accusation, certains experts et certains témoins de l'Accusation
2 sont remontés à la bataille de Kosovo, XIVe siècle. Le témoin suivant, lui,
3 a produit un très grand nombre de documents, et ce que la Défense demande à
4 verser au dossier, ce sont des documents émanant de ce témoin-là. C'est
5 ainsi que l'on peut compléter la mosaïque pour avoir une image complète, et
6 ceci, ce sont des événements qui sont datés d'avant mon arrivée sur la
7 scène publique et politique. On peut le voir dans les documents en tant que
8 tels. Ce type de restrictions et ce type de requêtes de la part de
9 l'Accusation sont injustifiés. Ce ne sont pas des documents qui sont
10 injustifiés, parce que ce sont des documents produits par le témoin dans le
11 cadre de ses activités quotidiennes.
12 Alors, s'il faut expliquer cela de façon particulière, il peut l'expliquer
13 au contre-interrogatoire si on le lui demande, mais ce sont des documents
14 qui émanent de ce qu'il a dit dans sa déclaration. Il n'est point
15 nécessaire de les expliquer. Cela ne fait que corroborer les propos qu'il
16 tient dans sa propre déclaration.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, le point évoqué par
18 M. Tieger et que la Chambre est en train d'évoquer elle-même, est le
19 suivant : pour qu'il y ait versement d'un document en tant que pièce
20 connexe, en accompagnement d'une déclaration qui a été faite en application
21 du 92 ter, le document doit constituer un document indispensable et
22 inséparable de ces déclarations. Le problème, c'est que la déclaration peut
23 être comprise même sans le document en question, et dans certains cas de
24 figure il est difficile de comprendre dans quel contexte le témoin est en
25 train de commenter ledit document.
26 [La Chambre de première instance se concerte]
27 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Par conséquent, la Chambre donnera
28 ordonnance pour ce qui est de conduire viva voce votre interrogatoire au
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1 sujet de ces documents, exception faite du document au sujet duquel
2 l'Accusation a été d'accord.
3 Est-ce que vous pouvez nous donner la référence une fois de plus, Monsieur
4 Tieger, pour ce qui est de la liste 65 ter ?
5 M. TIEGER : [interprétation] 11585, Monsieur le Président.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon. Ce sera versé comme pièce connexe,
7 mais pour ce qui est des autres documents ou pièces connexes, je voudrais
8 que vous conduisiez votre interrogatoire viva voce, et cela ne veut pas
9 nécessairement dire que la Chambre va être d'accord pour ce qui est de leur
10 pertinence. La pertinence et la recevabilité seront abordées au cas par
11 cas.
12 Je demanderais à présent que l'on fasse entrer le témoin dans le prétoire.
13 Entre-temps, Monsieur Robinson, est-ce que vous avez trouvé une solution
14 pour ce qui est de la question du document 1D20195, où l'on affirme qu'il
15 s'agit d'un document blanc ?
16 M. ROBINSON : [interprétation] C'est ainsi que nous l'avions décrit, mais
17 c'est un document qui est téléchargé au prétoire électronique. Je ne sais
18 pas s'il sera l'un des documents qui seront abordés viva voce, mais c'est
19 un document qui a été téléchargé au prétoire électronique en tant que
20 document ordinaire.
21 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je voudrais demander au témoin de faire
23 sa déclaration solennelle.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la
25 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
26 LE TÉMOIN : VLADISLAV JOVANOVIC [Assermenté]
27 [Le témoin répond par l'interprète]
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Jovanovic. Veuillez vous
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1 asseoir et vous mettre à l'aise.
2 Oui, Monsieur Karadzic.
3 Interrogatoire principal par M. Karadzic :
4 Q. [interprétation] Bonjour, Excellence.
5 R. Bonjour, Monsieur le Président.
6 Q. Je vais vous demander de faire des pauses entre vos propos et les
7 miens. Il faut que les phrases aussi soient prononcées de façon
8 suffisamment lente pour que tout puisse être consigné. Pour moi, il est
9 fort important que tout soit bien consigné.
10 Alors, Excellence, est-ce que vous avez bien fait une déclaration auprès de
11 mon équipe de la Défense ?
12 R. Oui.
13 Q. Je voudrais que l'on nous affiche le 1D7810 sur nos écrans. 1D7810,
14 s'il vous plaît. Est-ce que vous voyez cette déclaration, Monsieur ?
15 R. Oui.
16 Q. Merci. Est-ce que cette déclaration, vous l'avez relue et signée ?
17 R. Oui.
18 Q. Est-ce que c'est bien votre signature que nous voyons ici ?
19 R. Oui.
20 Q. Merci. Est-ce que la déclaration en question reflète fidèlement ce que
21 vous avez dit à l'équipe de la Défense ?
22 R. Je pense que oui.
23 Q. Merci. Si aujourd'hui je vous posais les mêmes questions, est-ce que
24 vos réponses en substance se trouvent être les mêmes, les mêmes que celles
25 qui figurent dans cette déclaration ?
26 R. Je pense que oui.
27 Q. Merci.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Excellences, je demande à ce que ce paquet de
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1 textes, c'est-à-dire la déclaration et une pièce connexe, soit versé au
2 dossier, et je vais, pour ce qui est des autres pièces, conduire mon
3 interrogatoire viva voce.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous allons donner une cote
5 pour ce qui est de cette déclaration en application du 92 ter ?
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3015, Messieurs les
7 Juges.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic et Monsieur Robinson,
9 j'ai oublié de mentionner qu'il y avait plusieurs pièces qui pourraient
10 être versées au dossier en tant que pièces connexes en application du 92
11 ter, et je vais les énumérer. Le 1D20199, qui est mentionné au paragraphe
12 61, ce sera versé au dossier, et je voudrais qu'on lui attribue une cote.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3016, Messieurs les
14 Juges.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ensuite, il y a la pièce 1D20225 qui est
16 mentionné au paragraphe 40.
17 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 3017, Messieurs les
18 Juges.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Puis le 1D20238, mentionné au paragraphe
20 31.
21 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3018, Messieurs les
22 Juges.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Puis la pièce 1D20257 -- non. On va la
24 laisser telle quelle. Maintenant, on va passer au 65 ter référence 11585,
25 mentionné au paragraphe 72.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ça deviendra la pièce D3019, Messieurs
27 les Juges.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Vous pouvez continuer, Monsieur
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1 Karadzic.
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je me propose à présent de donner
3 lecture d'un résumé de la déclaration de M. Jovanovic en langue anglaise.
4 Son Excellence Vladislav Jovanovic était un diplomate. Au fil de sa
5 carrière, il a été membre de bon nombre d'organes diplomatiques et
6 ambassadeur de la RSFY en Turquie. Il a été ensuite ministre des Affaires
7 étrangères de la Serbie et de la République fédérale de Yougoslavie à
8 compter de juillet 1991 jusqu'à septembre 1995. En septembre 1995, il a été
9 nommé ambassadeur de la République fédérale de Yougoslavie aux Nations
10 Unies.
11 Son Excellence Vladislav Jovanovic estime qu'avant qu'il n'y ait eu début
12 des conflits en Bosnie-Herzégovine, un grand nombre de pays occidentaux
13 avaient élaboré des options éventuelles pour ce qui est de conduire le
14 processus à son terme et à transformer la Yougoslavie en toute une série de
15 petites républiques bananières et à l'occasion de ces réunions avec des
16 ambassadeurs de l'étranger avant la création de l'indépendance de la
17 Slovénie et de la Croatie par la violence, c'est ce qu'il a évoqué de façon
18 ouverte.
19 Les représentants de la Slovénie, de la Bosnie et de la Macédoine ont
20 envoyé des représentants diplomatiques aux côtés de l'ambassadeur de la
21 République socialiste fédérative de Yougoslavie. En décembre 1990, le
22 peuple serbe qui résidait en Croatie a été dépossédé de son statut de
23 peuple constitutif et à la place, on leur a attribué un statut de minorité
24 ethnique. Les autorités croates ont déclaré une guerre politique au peuple
25 serbe. Les Serbes ont été licenciés des services publics, et c'est ce qui a
26 distillé la peur parmi eux et les Oustachi ont commencé à rentrer dans les
27 différentes républiques de la RSFY. En 1991, les formations paramilitaires
28 du nouveau gouvernement croate ont procédé sans justificatif aucun à des
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1 attaques contre la JNA en leur coupant l'électricité, l'eau et
2 l'approvisionnement en vivres dans leurs casernes. La JNA a constamment été
3 provoquée, agressée et provoquée. Des négociations se sont tenues sans
4 résultat. Les Serbes en Croatie ont ressenti le besoin de se protéger eux-
5 mêmes.
6 Vladislav Jovanovic est d'opinion que la conférence de La Haye sur la
7 Yougoslavie, qui a commencé le 7 septembre 1991, avait pour objectif
8 d'achever la Yougoslavie et que le plan Carrington avait pour conséquence
9 la fin de la Yougoslavie. Vladislav Jovanovic a mis en exergue, à
10 l'occasion d'une réunion, le fait que la Yougoslavie devait continuer
11 d'exister et que ceux qui voulaient la quitter pouvaient le faire alors que
12 ceux qui voulaient rester et vivre ensemble devraient pouvoir rester vivre
13 ensemble. Mais ceci a été ignoré. De son avis, cette conférence a permis
14 immédiatement le morcellement de la Yougoslavie en dépit du fait qu'il n'y
15 ait eu aucun argument valable pour justifier la sécession de la Slovénie,
16 et la Slovénie et la Croatie l'ont fait de façon inconstitutionnelle. En sa
17 qualité de ministre dans le gouvernement de la Serbie, il a voyagé dans
18 toute l'Europe pour expliquer les arguments avancés par la partie serbe
19 pour ce qui est de la sécession des différentes républiques. Mais il n'a
20 reçu aucun appui de ce côté-là.
21 En Bosnie-Herzégovine, il a été procédé à une tentative de renier aux
22 Serbes leur statut de peuple constitutif en les mettant au vote par
23 minorité. Cutileiro avait eu des négociations pour essayer d'aboutir à un
24 accord entre les parties. Son plan avait été accepté par les Serbes, mais
25 non pas par les Musulmans. D'autres plans ont été élaborés mais ils n'ont
26 pas été acceptés par les différentes parties.
27 Vladislav Jovanovic a considéré que la conférence de Londres a été
28 organisée contre les Serbes et cette conférence n'était pas intéressée par
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1 l'apport de solutions aux problèmes. A une phase ultérieure, les hommes
2 politiques ne savaient pas quelle était la situation en Bosnie-Herzégovine
3 et bon nombre d'autres n'étaient pas disposés à coopérer. Il y a eu des
4 négociations et des plans d'avancés mais qui n'ont pas été acceptés par la
5 direction serbe.
6 La direction croate et musulmane a appliqué le même modèle que le HDZ en
7 Croatie et a mis sous blocus les casernes de la JNA. Vladislav Jovanovic
8 savait également que les Serbes de Bosnie se voyaient reprocher un certain
9 nombre d'événements qu'ils n'avaient pas causés.
10 Il s'est entretenu à plusieurs reprises avec le président Karadzic, et lors
11 de ces conversations, il n'a jamais entendu parler une seule fois de l'idée
12 même de mettre en place des territoires ethniquement purs qui seraient
13 purement serbes en Bosnie-Herzégovine. Karadzic soutenait le plan Cutileiro
14 aux termes duquel les minorités ethniques devaient demeurer dans leurs
15 cantons et qu'il n'y aurait pas de déplacement. Il a souligné que la
16 politique menée ne consistait à prendre pour cible et à bombarder la ville.
17 Le seul plan que Vladislav Jovanovic ait entendu de la bouche de M.
18 Karadzic était celui visant à assurer la liberté et l'égalité des Serbes en
19 Bosnie. Le fait d'infliger des traitements inhumains et de tuer
20 systématiquement les Musulmans et les Croates ne faisait pas partie de la
21 stratégie de la direction serbe.
22 Son Excellence Vladislav Jovanovic n'était pas au courant de l'existence de
23 camps en Republika Srpska. Il savait que la direction de la Republika
24 Srpska disposait d'informations au sujet d'eux et avait découvert dans un
25 certain nombre d'occasions le fait que la Croix-Rouge et d'autres
26 organisations humanitaires avaient été complices dans l'aide apportée à la
27 partie adverse, notamment sous la forme de contrebande d'armes et de
28 munitions.
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1 Il connaissait également l'existence d'une zone d'exclusion totale mise en
2 place autour de Sarajevo. Lorsque les Serbes ont riposté aux violations des
3 Musulmans, ils ont été bombardés par l'OTAN. Cependant, ceci n'a jamais été
4 infligé à la partie musulmane. La seule façon dont la VRS pouvait mettre un
5 terme aux frappes aériennes de l'OTAN était de capturer des membres de la
6 FORPRONU en qualité de prisonniers de guerre.
7 Les enclaves locales n'ont pas été démilitarisées, contrairement à ce qui
8 avait été demandé, et depuis ces enclaves locales, des attaques ont été
9 lancées visant les militaires et les civils serbes. Vladislav Jovanovic a
10 pour la première fois appris que des crimes avaient été commis à Srebrenica
11 lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies lorsque cette
12 dernière a été convoquée et il a alors ordonné qu'un rapport soit rédigé à
13 Belgrade.
14 Alors c'était donc le bref résumé que je voulais lire. Je voudrais
15 maintenant poser quelques questions au ministre Jovanovic.
16 [Le conseil de la Défense et l'accusé se concertent]
17 M. KARADZIC : [interprétation]
18 Q. Excellence, vous avez participé à la conférence de La Haye sur la
19 Yougoslavie à l'automne 1991, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Est-ce que vous pourriez nous dire ce qui avait été laissé à la
22 commission d'arbitrage comme sujet de discussion ? Quelle était la mission
23 de cette commission d'arbitrage en 1991, le 18 octobre 1991 ?
24 R. Eh bien, tout d'abord, je voudrais rappeler à tout un chacun quelle
25 était l'idée même de cette conférence sur la Yougoslavie. L'idée avait été
26 proposée par le président Mitterrand au président Milosevic. C'était une
27 forme de bons offices qui n'avaient absolument aucun caractère contraignant
28 à l'égard des participants qui allaient venir. L'idée, c'était de trouver
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1 une solution comme à l'intérieur d'une famille où les frères se seraient
2 brouillés. Et si rien n'avait été obtenu, il n'était attendu rien d'autre
3 que le simple fait pour eux de rentrer chez eux. Cependant, cela ne s'est
4 pas concrétisé.
5 Il ne s'est pas agi de bons offices, mais d'une tentative d'imposer une
6 solution qui a effectivement été imposée très rapidement. Donc, dès le 18
7 octobre, Lord Carrington qui présidait cette conférence a présenté ce qui
8 est connu sous le nom du traité portant disposition pour une convention sur
9 la Yougoslavie et, dans ce document, avançait donc des dispositions
10 concernant un accord portant sur la Yougoslavie. Et en substance, cet
11 accord mettait un terme à l'existence de la Yougoslavie et appelait chacune
12 de ses unités fédérées à se prononcer pour sa propre indépendance afin de
13 pouvoir se présenter ensuite au guichet de la Communauté européenne pour
14 pouvoir demander la reconnaissance de son indépendance.
15 Cette décision portant disparition de la Yougoslavie avait été prise avant
16 même le début de la conférence, et le but de cette dernière était tout
17 simplement de prendre acte de cela, d'en prendre acte de façon très rapide.
18 On n'a donné qu'un mois aux différentes républiques pour dire ce qu'elles
19 pouvaient avoir à dire, après quoi une solution a été imposée dans l'esprit
20 de c'est à prendre ou à laisser. Dans d'autres situations de crise partout
21 ailleurs dans le monde au cours des 50 ou 60 dernières années, personne n'a
22 jamais essayé d'imposer une solution en un mois. En Yougoslavie, ceci a été
23 fait parce qu'on souhaitait, on estimait nécessaire de créer un précédent
24 et de mettre en place un modèle qu'on allait pouvoir ensuite imposer à
25 l'URSS également, dont on attendait qu'elle se désagrège. Donc, on a voulu
26 imposer ceci en Yougoslavie avant que ne se désagrège l'URSS.
27 C'est pourquoi nous avons été mis devant le fait accompli et nous avons été
28 contraint d'accepter ce qui avait déjà été décidé sachant qu'au cas où nous
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1 n'accepterions pas des sanctions qui nous seraient imposées, notre position
2 consistait à dire que la Yougoslavie existait en tant qu'Etat, qu'elle
3 était membre reconnu des Nations Unies, membre fondateur de la ligue, de la
4 Société des nations et que personne ne pouvait mettre un terme à cela tant
5 que, au moins, la moitié de ses habitants continuaient à souhaiter à vivre
6 dans cet Etat.
7 Cependant, la conférence a donné raison à ceux qui voulaient quitter la
8 Yougoslavie et a dénié leurs droits à ceux qui voulaient rester dans ce
9 cadre -- donc a dénié le droit à la Yougoslavie de rester un Etat. Je pense
10 que c'était là un double acte de violence à l'égard de l'Etat et à
11 l'encontre de la paix, parce que cela a ouvert la voie à l'éclatement du
12 conflit, à ce qui a finalement résulté tous ces événements.
13 Q. Merci.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, tout d'abord, je voudrais dire que vous
15 avez dit que la Yougoslavie avait en quelque sorte joué le rôle de cobaye
16 en perspective de ce que l'on attendait comme développement en URSS. Et je
17 voulais seulement le dire pour le compte rendu, ligne 16 de la page 20.
18 M. KARADZIC : [interprétation]
19 Q. Alors, Excellence, est-ce que vous avez présenté votre position
20 concernant le droit des peuples à l'autodétermination ?
21 R. Oui, aussi bien le président Milosevic que moi-même et des membres de
22 l'équipe d'experts également ont fait état de façon très claire de ce droit
23 qui était un droit constitutionnel des peuples vivant en Yougoslavie. Ils
24 avaient la possibilité de faire l'usage de ce droit en accord avec les
25 autres peuples vivant en Yougoslavie et non pas de façon unilatérale et
26 violente. La constitution prévoyait des dispositions à cet égard. En fait,
27 il y avait une procédure qui ne faisait pas, à proprement parler, partie de
28 la constitution, mais qui prévoyait un accord entre le peuple souhaitant
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1 éventuellement faire sécession et les autres peuples. Malheureusement, non
2 seulement on n'a pas apporté suffisamment d'attention à cette solution qui
3 était tout à fait constitutionnelle, mais, en plus, il a été fait recours à
4 ces sécessions unilatérales et violentes de l'Etat commun, et ceci a reçu
5 le soutien d'un certain nombre de facteurs internationaux, comme le
6 Vatican, l'Allemagne, l'Autriche, mais également d'autres facteurs et
7 d'autres forces qui n'osaient pas ouvertement affirmer leur position contre
8 la Yougoslavie. N'oublions pas que la CIA a fait circuler un rapport secret
9 en novembre 1990 aux termes duquel la Yougoslavie était censée se
10 désagréger en l'espace de 18 mois, et ce, de façon sanglante.
11 Malheureusement, ceci s'est produit de façon pratiquement littérale.
12 Je ne sais pas si quiconque avait l'intention de pousser la Yougoslavie
13 dans un conflit et dans la violence, ceci reste à déterminer. Mais en tout
14 cas, il est un fait que dans ces rapports et dans toutes ces
15 interprétations, on pouvait constater que nombre de personnes considéraient
16 la Yougoslavie comme un Etat non viable et qui devait donc être rayée de la
17 carte politique de façon rapide et efficace.
18 Q. Merci, Excellence.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Jovanovic, je vais devoir vous
20 demander de bien vouloir ralentir pour permettre l'interprétation.
21 Monsieur Karadzic.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, je m'y efforcerai.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] En ligne numéro 1, page 22, le témoin a parlé
24 de la CIA et ceci n'a pas été consigné au compte rendu.
25 Alors, je voudrais maintenant demander l'affichage du document 1D20215.
26 M. KARADZIC : [interprétation]
27 Q. Excellence, concernant l'autodétermination, la constitution fait-elle
28 une différence entre la population et le peuple au sens ethnique ?
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1 R. La constitution reconnaît un droit à l'autodétermination au peuple,
2 tout comme le fait, d'ailleurs, la Charte des Nations Unies. La Charte des
3 Nations Unies ne reconnaît pas ce droit aux minorités nationales, mais aux
4 peuples en tant que tel. Les six peuples yougoslaves qui s'étaient fédérés
5 à l'intérieur de la Yougoslavie jouissaient de ce droit constitutionnel.
6 Cependant, il n'était pas possible d'appliquer ce droit de façon
7 arbitraire, unilatérale et violente. On ne pouvait y recourir que dans le
8 cadre d'une procédure prévue aux termes de la constitution et en accord
9 avec les autres peuples qui, eux, souhaitaient continuer à vivre au sein de
10 la Yougoslavie. On n'a pas respecté cette procédure. Si on l'avait
11 respectée, tous les événements qui s'en sont ensuivis n'auraient pas eu
12 lieu. Il n'y aurait pas eu ce conflit, il n'y aurait pas eu de conflit
13 sanglant et les milieux internationaux qui ne s'intéressaient absolument
14 pas au maintien de la Yougoslavie n'auraient pas eu la possibilité de
15 prendre une position aussi arrogante et de procéder à une telle ingérence
16 en Yougoslavie pour apporter leur soutien à ceux qui voulaient faire
17 sécession à l'encontre de ceux qui étaient loyaux à la Yougoslavie.
18 Q. Alors, je voudrais que vous portiez votre attention sur le document qui
19 s'affiche à l'écran. Est-ce un document que vous avez envoyé à la
20 conférence sur la Yougoslavie ?
21 R. Oui.
22 Q. Merci.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais que nous affichions la page numéro
24 4 de ce document.
25 M. KARADZIC : [interprétation]
26 Q. Alors, je vous prie de bien vouloir nous dire ce que l'on entend par ce
27 qu'on peut lire aux lignes 5 ou 6, "le droit international relatif aux
28 relations amicales et la coopération entre Etats, et cetera", jusqu'à la
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1 fin de cette phrase ?
2 R. Je n'arrive pas à retrouver cette phrase, excusez-moi.
3 Q. C'est la quatrième ligne à partir du haut, en dessous du sous-titre où
4 il est question de droit à l'autodétermination.
5 R. Oui, à partir du haut, oui. Alors, c'est là la première question que
6 nous, la Serbie, nous avons adressée à la commission d'arbitrage, la
7 commission Badinter en tant qu'organe adjoint à la conférence sur la
8 Yougoslavie. Nous avons adressé en tout trois questions, et celle-ci a
9 trait au droit à l'autodétermination des peuples. Lord Carrington, sur ces
10 trois questions, en a reformulé deux, la première et la troisième, sans
11 nous avoir consultés. De cette façon, il nous a en quelque sorte forcé la
12 main par rapport au texte original que nous avions envoyé. Plus tard, il
13 nous a donné une justification en invoquant son droit de redéfinir les
14 propositions qui lui étaient adressées et, bien entendu, il n'était en fait
15 absolument pas en mesure de justifier le procédé qui avait été le sien.
16 Cependant, de toute façon, le droit à l'autodétermination était au
17 cœur de la crise yougoslave. Il était indubitable et non controversé que
18 certains peuples ne souhaitaient plus vivre dans une communauté étatique
19 avec d'autres. La constitution prévoyait cela. Le seul problème qui se
20 posait, c'était comment concrétiser ceci, allait-on suivre les dispositions
21 prévues par la constitution ou allait-on procéder de façon unilatérale et
22 violente. La constitution mettait l'accent sur le droit des peuples, et non
23 pas sur un droit des républiques ou des territoires, parce que les
24 frontières de ces républiques entre elles étaient tout sauf le résultat
25 d'un processus politique, et n'avait de sens politique, et ces
26 délimitations administratives internes ne représentaient pas une base
27 suffisante sur laquelle des peuples particuliers auraient pu quitter la
28 Yougoslavie dans ces frontières-là. Ils auraient dû et ils devaient au
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1 préalable se mettre d'accord avec les peuples qui souhaitaient rester en
2 Yougoslavie.
3 Les Serbes en Croatie et les Serbes en Bosnie-Herzégovine étaient un
4 peuple constitutif, et ceci avait été confirmé à deux reprises, une fois
5 dans la constitution fédérale et à un deuxième échelon dans les
6 constitutions des républiques de Croatie et de Bosnie-Herzégovine. En tant
7 que tel, ils avaient, ils jouissaient, d'un droit tout à fait égal à celui
8 des autres peuples, les Musulmans et les Croates. Ils avaient le même droit
9 à l'autodétermination si jamais cela devait être soulevé, et ceci leur a
10 été contesté -- cela était contesté au peuple constitutif serbe en Croatie
11 et en Bosnie-Herzégovine sans qu'aucune justification ne leur soit donnée.
12 Il a été dit que les Républiques de Croatie et de Bosnie-Herzégovine
13 pouvaient faire sécession de la Yougoslavie dans leurs frontières
14 administratives de l'époque. Ou en d'autres termes, sur ce cas qui était
15 celui de la Yougoslavie, on a pu voir l'application d'un ancien principe
16 colonial tel qu'il a été appliqué en Afrique, où les anciens colonisateurs
17 avaient tiré des lignes arbitraires pour fixer les frontières, et après que
18 les peuples africains ont été libérés de leurs colonisateurs respectifs, eh
19 bien ces lignes de partage sont restées comme frontières. Dans le cas de la
20 Yougoslavie, il s'agit de délimitations et de frontières administratives
21 qui avaient été fixées par les autorités communistes et socialistes, non
22 pas dans le souhait de voir ces délimitations devenir un jour des
23 frontières internationales, mais dans le but d'avoir en place ce que le
24 président Tito qualifiait de "lignes impossibles à percer."
25 Malheureusement, les dispositions de la constitution fédérale n'ont
26 pas été respectées, et on a lié ce droit à l'autodétermination au
27 territoire. Ces délimitations administratives ont été proclamées frontières
28 internationales, et on a proclamé la disparition de la Yougoslavie telle
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1 qu'elle avait existée jusque-là. C'était là un acte de violence à
2 l'encontre du droit international, à l'encontre de la vie pacifique telle
3 qu'elle avait existé en Yougoslavie, et c'était là le début de toute cette
4 série d'événements qui se sont déroulés au Yougoslavie au sujet desquels un
5 certain nombre de personnes avaient lancé des avertissements.
6 Lord Carrington et Cyrus Vance eux-mêmes avaient adressé des
7 avertissements très sérieux aux termes desquels il convenait de ne pas
8 reconnaître les anciennes républiques yougoslaves avant que ne soient
9 réglées toutes les questions intérieures. Cette position ou cet avis
10 négatif au sujet d'une reconnaissance prématurée de ces entités ayant fait
11 sécession sont venus de toute une série d'acteurs, Christopher Kissinger,
12 et d'autres hommes politiques internationaux, donc Mitterrand y compris.
13 Tous ont mis l'accent sur les conséquences dommageables auxquelles ceci
14 pouvait donner lieu, mais on n'a pas tenu compte de ces avertissements
15 parce qu'on a considéré qu'il était important de mettre un terme dès que
16 possible à la Yougoslavie, et qu'il était important de reconnaître dès que
17 possible ces nouveaux Etats.
18 N'oublions pas que le ministre allemand, Hans-Dietrich Genscher, a
19 fait preuve d'un activisme peu commun lors des réunions de la Communauté
20 européenne, et qu'il a exigé la reconnaissance immédiate de ces deux
21 républiques, remettant même en question l'existence ultérieure de la
22 Communauté européenne, si l'on ne procédait pas à cette reconnaissance. De
23 plus, le Vatican a exercé des pressions. Le Cardinal Sodano, qui était
24 secrétaire d'Etat à l'époque, a déclaré ouvertement que les ambassadeurs de
25 l'Occident devaient immédiatement reconnaître la Slovénie et la Croatie.
26 Q. Merci. Nous n'avons pas besoin de répéter tout ce qui figure dans
27 la déclaration, mais je voulais simplement vous demander ce que
28 représentait ce document. Est-ce que ceci a été pris en compte ? Est-ce que
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1 ceci a produit des résultats, si l'on peut dire ainsi ?
2 R. Comme j'ai déjà dit, la commission a pris ceci en compte et il
3 n'a pas touché le deuxième point, enfin, je parle de Lord Carrington, mais
4 le premier et le troisième point ont été reformulés par lui et ensuite par
5 la commission Badinter durant le premier semestre 1992. Il y a dix ou 11
6 conclusions. Et c'était une sorte de certificat de décès pour la
7 Yougoslavie, qui a ouvert la voie à ce que toutes les anciennes républiques
8 soient reconnues au niveau international.
9 Q. Merci.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je souhaiterais verser ce document au dossier,
11 s'il vous plaît.
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] D'accord.
13 M. LE GREFFIER : [hors micro]
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvez-vous répéter le numéro de la
15 cote, s'il vous plaît.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D3020.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
18 M. KARADZIC : [interprétation]
19 Q. Est-ce que vous avez votre déclaration devant vous ?
20 R. Non, pas devant moi. Mais c'est sur l'écran. En fait, non. Ce n'est pas
21 à l'écran. Je n'ai pas apporté cette déclaration parce que je pensais que
22 je n'ai pas le droit de disposer de documents.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons imprimer un exemplaire. Une
24 seconde, s'il vous plaît.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] En attendant, vous pouvez continuer.
27 M. KARADZIC : [interprétation]
28 Q. Au paragraphe 41, si vous vous souvenez, et vous verrez votre
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1 déclaration dans un instant, vous avez dit que les Bosno-Serbes n'avaient
2 aucune intention de s'engager dans des activités de guerre, donc de
3 participer à la guerre, et qu'ils voulaient rester au sein de la
4 Yougoslavie.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche sur les écrans le
6 document 1D20242, s'il vous plaît.
7 M. KARADZIC : [interprétation]
8 Q. Je voudrais que vous nous expliquiez la position que vous aviez avancée
9 à l'époque.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on agrandir le document.
11 M. KARADZIC : [interprétation]
12 Q. Est-ce que vous vous en souvenez de ce document et de cette position ?
13 Vous étiez ministre des Affaires étrangères à Belgrade le 30 mai lorsque
14 vous avez présenté ces positions. Il est mentionné que vous étiez opposé à
15 toute forme de violence, et puis il y a les deuxième et troisième
16 paragraphes. Pourriez-vous rappeler les positions que vous avez avancées à
17 l'époque.
18 R. Les Serbes en Bosnie avaient un objectif final, à savoir de rester en
19 Yougoslavie comme une partie indissociable de celle-ci. En d'autres termes,
20 ils faisaient part de leur pleine et entière loyauté à un Etat unique.
21 Cependant, leurs droits étaient directement remis en question par deux
22 autres des peuples constitutifs, à savoir les Musulmans et les Croates en
23 Bosnie-Herzégovine qui insistaient pour que la Bosnie quitte la Fédération
24 de Yougoslavie. Bien sûr, les Serbes étaient opposés sur la base du droit
25 qu'ils avaient en tant que peuple constitutif, à savoir que sans leur
26 accord, une importante décision telle que celle-ci ne pouvait pas être
27 prise. Et par conséquent, en ce qui concerne le souhait de la Bosnie-
28 Herzégovine qui était le sien, c'est-à-dire de quitter la Fédération, ceci
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1 devait être abordé dans le cadre d'un débat conforme à la constitution
2 fédérale.
3 Et comme nous le savons, ceci n'a pas été pris en compte parce qu'à
4 la demande la Communauté européenne, le référendum a été mené en Bosnie-
5 Herzégovine et que ce référendum allait à l'encontre du principe de
6 consensus, à savoir qu'aucun des trois peuples constitutifs ne pouvait ne
7 pas être pris en compte. Et donc, le peuple serbe, en tant que peuple
8 constitutif, jouissait d'un droit à l'autodétermination et qu'ils se
9 devaient donc de lutter pour leurs droits dans une situation qui avait
10 changé, qui était différente.
11 Q. Est-ce que vous vous souvenez de la manière dont ceci a été
12 résolu dans les accords de Dayton ?
13 R. Eh bien, si vous voulez, l'accord de Dayton a en fait remis au
14 bout du jours le droit du peuple serbe à l'autodétermination et a renforcé
15 la qualité constitutionnelle de ce peuple constitutif, et ceci a été opposé
16 aux droits des deux autres peuples constitutifs de les mettre en minorité.
17 Et de cette manière, l'accord de Dayton a en fait rectifié une injustice et
18 un haut tribut a été payé en Bosnie-Herzégovine. Nous avons d'ailleurs tous
19 payé un lourd tribut à cela en Yougoslavie. Si le plan Cutileiro avait été
20 adopté par toutes les parties constituantes, rien ne se serait produit.
21 Toutes ces choses horribles ne se seraient pas produites, ni cette guerre
22 terrible en Bosnie-Herzégovine. Donc l'accord de Dayton a permis, en fait,
23 de réinstaurer le principe d'autodétermination et a renforcé le concept de
24 peuple constitutif.
25 La Bosnie-Herzégovine était un Etat indépendant qui était composé de
26 deux entités. En fait, il y avait une troisième entité qui est restée
27 invisible, à savoir Herceg-Bosna, et c'est la raison pour laquelle cet
28 accord a été couronné de succès et c'est la raison pour laquelle il a été
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1 signé par tous ceux qui étaient censés le signer.
2 Mais encore une fois, je dirais que trois ans et demi s'étaient
3 écoulés de manière inutile. Si le plan Cutileiro avait été mené à bien et
4 adopté, l'accord de Dayton n'aurait pas été nécessaire et la guerre aurait
5 été absolument sans objet, ainsi que tout ce qui s'est produit durant cette
6 guerre.
7 Q. Merci.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on verser ce document au dossier ?
9 M. LE JUGE KWON : [interprétation] D'accord.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] D3021.
11 M. KARADZIC : [interprétation]
12 Q. Au paragraphe 47 de votre déclaration, vous mentionnez que vous
13 disposiez d'informations concernant les Bosno-Serbes, à qui l'on reprochait
14 un certain nombre d'incidents. Est-ce que vous vous êtes penché sur cette
15 question plus en détail à l'époque compte tenu du poste que vous occupiez à
16 l'époque ? Est-ce que vous êtes arrivé à obtenir plus d'éléments à ce sujet
17 et est-ce que vous savez si ce qui était avancé était exact ?
18 R. Ce que nous avions appris concernant ces explosions était horrible, et
19 tout le monde était abasourdi par tout cela et donc il y a eu beaucoup de
20 pertes civiles suite à des obus qui étaient tombés, qui venaient de quelque
21 part. Mais pour ce qui est des causes, les opinions étaient divergentes.
22 Pour ce qui est de l'explosion dans la rue Vase Miskina et pour ce qui est
23 des incidents Markale I et Markale II, très rapidement, les Bosno-Serbes
24 ont été considérés comme étant responsables et on a dit que les obus
25 devaient venir de leur territoire. Par conséquent, les Bosno-Serbes ont été
26 condamnés même par la Serbie parce que les sanctions avaient également été
27 imposées par la Serbie en raison de ce qui s'était produit. Et puis, il y
28 avait également d'autres éléments. Il y a eu une explosion devant une
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1 boulangerie, et là, je me suis rendu compte qu'un rapport provenant du
2 secrétariat des Nations Unies stipulait que l'obus provenait de la partie
3 musulmane et non du territoire serbe.
4 Pour ce qui est de l'incident Markale I, M. Akashi, qui était le
5 représentant des Nations Unies en Yougoslavie, a mentionné à un journaliste
6 qu'il était communément considéré que cet obus venait en fait d'un
7 territoire musulman. Et ensuite, Boutros Boutros-Ghali, le secrétaire
8 général des Nations Unies l'a confirmé, a transmis ceci à M. Mitterrand, à
9 savoir qu'il était convaincu que l'explosion était due à un obus qui
10 provenait d'un territoire sous contrôle musulman.
11 Pour ce qui est de l'incident Markale II, contrairement à toutes les
12 pressions provenant des médias et au fait que ceci relatait que c'était dû
13 à un obus provenant de positions serbes, un colonel d'artillerie des
14 Nations Unies, je crois qu'il s'appelait Demurenko, il a, en fait, fait
15 part d'une position qui était diamétralement opposée. Cependant, son
16 opinion n'a pas été prise en compte et on en a toujours conclu que c'était
17 en fait les Serbes qui étaient responsables. Comme nous le savons,
18 l'incident de Markale II a été un prétexte pour que l'OTAN commence ses
19 frappes et, également, ceci a imposé des sanctions supplémentaires sur la
20 Serbie et le Monténégro.
21 Il s'agit de questions sujettes à controverse. J'ai eu différentes
22 informations mais des informations de seconde main. C'est des informations
23 que j'ai obtenues de Bosnie-Herzégovine et je me suis rendu compte qu'il y
24 avait certains éléments qui laissaient penser qu'il y avait suffisamment de
25 soupçons importants concernant ces obus, à savoir on ne pouvait pas
26 déterminer si ces obus provenaient de territoires détenus par les Serbes ou
27 par les Musulmans.
28 Q. Merci. Est-ce que vous avez eu la possibilité de vous renseigner auprès
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1 des dirigeants de la Republika Srpska concernant ces incidents et de savoir
2 de quelles informations ils disposaient ?
3 R. Oui, sporadiquement, j'ai pu le faire lorsque je les ai rencontrés mais
4 je n'étais pas en contact continu avec eux. Mais dans des situations où il
5 y a eu des réunions avec le président Milosevic, bien sûr j'ai posé des
6 questions et on m'a assuré que ce n'était pas les forces serbes qui étaient
7 à l'origine de cela mais que c'étaient plutôt les Musulmans. Et de cette
8 manière, ceci voulait attirer l'attention de la communauté internationale
9 sur les Serbes et voulait en fait que la communauté internationale se monte
10 contre les Serbes, ce qui à terme a mené aux frappes de l'OTAN. C'était une
11 position qui avait été présentée en termes très clairs par les dirigeants
12 de la Republika Srpska à l'époque. J'ai entendu donc ce point de vue mais
13 j'ai également entendu les opinions provenant des Nations Unies, c'est-à-
14 dire celle de M. Akashi, qui avait contesté ou réfuté les allégations
15 laissant penser que ces incidents étaient imputés aux Serbes.
16 Q. Merci.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrait-on maintenant afficher le document
18 1D20243, s'il vous plaît.
19 M. KARADZIC : [interprétation]
20 Q. Voilà donc un entretien que vous avez donné à un journaliste d'une
21 radio hongroise. Je voulais vous poser une question concernant le quatrième
22 paragraphe, où l'on peut lire que peu importe ce que vous pensez ou ce que
23 la Serbie va conclure, ce qui est important c'est qu'ils soient arrivés à
24 un accord.
25 Est-ce que la Serbie a présenté un concept qui leur était propre aux Bosno-
26 Serbes concernant une solution définitive ?
27 R. La Serbie, et principalement le président Milosevic, a insisté pour que
28 tous les peuples constitutifs de Yougoslavie bénéficient de leur propre
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1 droit à l'autodétermination. Ceci a été mentionné lors de la conférence de
2 La Haye et ailleurs. Cependant, cette guerre malheureuse a éclaté en
3 Bosnie-Herzégovine, il a insisté pour que les droits des Serbes soient
4 promus, c'est-à-dire un droit à la liberté et des droits similaires, étant
5 donné que le droit à l'autodétermination avait déjà été remis en question
6 par la guerre et qu'on avait fait fi de ce droit suite au refus de signer
7 le plan Cutileiro. Donc, du côté des Serbes, on avait conseillé aux
8 dirigeants bosno-serbes de défendre leurs droits à la liberté et à des
9 droits équitables et de ne pas insister sur un droit maximum, à savoir le
10 droit de rester au sein d'une Yougoslavie fédérée si ceci n'était pas
11 possible. Mais la déclaration même de guerre a montré que ce droit était
12 difficile à garantir.
13 La Serbie, par le biais de ces négociations avec les médiateurs
14 internationaux, c'est-à-dire Vance, Owen, Stoltenberg, et cetera, a insisté
15 pour qu'une solution soit trouvée au sein de la Bosnie-Herzégovine qui
16 permettrait de garantir la liberté des trois peuples et qui permettrait
17 d'empêcher d'autres affrontements et d'éviter que ceci se transforme en
18 forces antagonistes. Ceci n'était pas facile parce qu'il y avait en fait
19 des opinions diamétralement opposées, d'un côté comme de l'autre, et la
20 guerre avait rendu les positions encore plus extrêmes et il était donc
21 difficile d'arriver à des solutions basées sur des compromis. Cependant, la
22 Serbie a insisté sur sa conduite qui avait toujours été la sienne, et ceci
23 s'est traduit par le plan du Groupe de contact et l'accord de Dayton. Il
24 n'est pas surprenant que le président américain de l'époque, Bill Clinton,
25 ait reconnu les positions du président Milosevic.
26 Q. Dans le troisième paragraphe, vous mentionnez que :
27 "Il ne faut pas mettre fin à cette conférence," et que les trois parties
28 doivent arriver à un accord sur la base de ces principes de base qui ont
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1 déjà été adoptés."
2 Est-ce que vous avez vu des liens entre ces incidents et les
3 interruptions qu'on a observées durant la conférence ?
4 R. Vous voulez dire les conférences organisées par les médiateurs
5 internationaux ?
6 Q. Oui, oui.
7 R. La guerre elle-même était, bien sûr, un obstacle extraordinaire aux
8 négociations de paix. Ces forces qui ne souhaitaient pas trouver une
9 solution politique à un moment donné se sont efforcées de les empêcher en
10 amenant la détérioration de la situation sur le terrain, ce qui fait que
11 Lord Owen a dû avouer son impuissance plusieurs fois, car très souvent,
12 lorsque les lacunes entre les différents côtés ou les écarts
13 s'approfondissaient ou étaient moindres et que l'on pourrait éventuellement
14 résoudre quelque chose, la situation sur le terrain tout d'un coup se
15 détériorait et tout s'arrêtait.
16 Le bord bosno-musulman, qui était plus faible du point de vue
17 militaire au départ, mais mieux équipé et plus fort au fil du temps,
18 souhaitait réellement avoir une intervention étrangère militaire et a
19 adapté le tout à cet objectif, non seulement les activités sur le terrain,
20 mais également les activités de communication avec les autres Etats. Cela a
21 constitué un obstacle dans les négociations internationales qui auraient pu
22 se poursuivre bien plus rapidement si ce n'eut été ces attentes de
23 l'objectif du côté bosno-musulman dans la guerre civile.
24 Toutefois, la Serbie souhaitait véritablement une solution politique,
25 et ce, aussitôt que faire se peut. Et ceci a échoué à Lisbonne où le plan
26 Cutileiro a été présenté et on l'a souhaité à d'autres occasions. Donc, la
27 Serbie a avalisé ces quatre et cinq plans et ainsi démontré que peu lui
28 importait une extension territoriale de la Serbie. Ce qui lui importait,
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1 c'était de faire cesser la guerre et de trouver une solution qui serait
2 satisfaisante pour tous les bords en Bosnie-Herzégovine, une solution qui
3 ne nuirait à personne. Ceci était l'objectif ultime de la Serbie qui
4 souhaitait contribuer à la cessation du conflit dès que faire se peut et
5 trouver une solution reposant sur une acception et le respect des droits de
6 tous les peuples constitutifs, et ce, à l'autodétermination.
7 Q. Pourriez-vous nous parler du paragraphe suivant où vous déclarez :
8 "Nous avons tous condamné cette attaque contre les files d'attente de la
9 boulangerie," et ensuite, vous parlez des sanctions. Pourriez-vous nous
10 dire si le Conseil de sécurité a été en mesure de trouver la vérité, la
11 vraie, et comment s'est-il passé que les sanctions ont été imposées alors
12 que la vérité était quelque peu différente ?
13 R. A l'époque, j'étais dans mon pays, non pas à New York, mais je sais, de
14 ce que j'ai entendu dire, que le secrétariat des Nations Unies a rapporté
15 dans un compte rendu que l'obus n'aurait pu arriver du côté serbe, c'est-à-
16 dire qu'il ne pouvait venir que du côté musulman. Pour autant que je sache,
17 ce compte rendu n'a pas été débattu lors de cette réunion du Conseil de
18 sécurité. J'en ignore la raison. Une chose reste que certains membres du
19 Conseil de sécurité, principalement ceux alignés avec les Etats-Unis,
20 souhaitaient réellement resserrer les vis contre la Serbie et le Monténégro
21 et resserrer les sanctions et accroître l'isolement du pays. Tous ceux qui
22 visaient cet objectif étaient accueillis à bras ouverts, y compris
23 l'explosion devant la boulangerie. Comme nous le savons, les médias ont
24 immédiatement accusé les Bosno-Serbes, et c'était irrévocablement l'opinion
25 et l'on ne saurait en douter. Toutes les conclusions dans le sens contraire
26 ont été tout simplement méconnues.
27 Q. Merci.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pouvons-nous verser ce document.
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1 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
2 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cote D3022.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etant donné l'heure, pourrions-nous
4 faire une pause maintenant, si cela est commode.
5 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Jovanovic, nous allons faire
7 une pause d'une demi-heure et nous reviendrons à 11 heures.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
9 --- L'audience est suspendue à 10 heures 28.
10 --- L'audience est reprise à 11 heures 01.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si vous voulez bien continuer, Monsieur
12 Karadzic.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
14 M. KARADZIC : [interprétation]
15 Q. Monsieur, vous avez indiqué que dans cette tactique musulmane il y a eu
16 une certaine orientation vers l'OTAN, tout était calculé pour entraîner une
17 réaction de l'OTAN. Comment est-ce que l'OTAN a réagi ? Dans quelle mesure
18 l'OTAN a-t-il réagi ?
19 R. Lorsque les représentants du bord musulman, principalement le ministre
20 des Affaires étrangères M. Silajdzic et d'autres ont prôné une intervention
21 militaire étrangère, clairement ils ont déclaré clairement qu'ils le
22 souhaitaient aussi rapidement que possible pour raccourcir la guerre, mais
23 également parce que ce bord souhait atteindre son objectif maximal et
24 l'union de deux communautés ethniques, et la situation a été réajustée sur
25 le terrain, lorsque c'était nécessaire, lorsque ces incidents
26 intervenaient, par exemple, comme la boulangerie Markale I et Markale II,
27 et ils en ont tiré partie pour exercer des pressions sur la communauté
28 internationale pour faire en sorte qu'elle s'investisse et qu'elle réalise
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1 une intervention militaire contre les forces bosno-serbes.
2 Et ce, assez ouvertement. Ça n'a pas été dissimulé, loin de là, et ceci
3 tenait très à cœur aux militants musulmans, et c'était sans doute assez
4 important dans tous leurs contacts avec la communauté internationale.
5 C'est une autre question de savoir quelle réaction a été présentée, mais
6 nous savons, l'intervention s'est déroulée à l'été 1995.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Comment est-ce que l'OTAN a réagi n'est
8 pas pertinent. Il conviendra de poursuivre alors.
9 Est-ce que c'était ce que vous vouliez dire, Monsieur Tieger ?
10 M. TIEGER : [interprétation] Cela était en partie cette question. Et
11 également, j'aimerais tirer la possibilité. Puisque j'avais méconnu
12 quelques questions tendancieuses tout à l'heure, mais celle-ci je l'ai
13 notée -- était une question qui a repris une réponse de tout à l'heure qui
14 portait sur les informations reçues par le témoin de la direction bosno-
15 serbe et reprises comme positives comme étant des informations dont le
16 témoin avait fait allusion en dehors de ce témoignage. Donc c'est pour cela
17 que je me suis levé, mais pour l'instant l'accent sera mis sur la nécessité
18 de faire attention à la formulation des questions.
19 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger.
20 Si vous voulez bien continuer.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je pourrais répondre à la chose maintenant ou
22 plus tard en disant pourquoi c'est pertinent, mais j'y procéderai tout à
23 l'heure.
24 M. KARADZIC : [interprétation]
25 Q. Au paragraphe 47 vous parlez de Markale I et de la relation avec les
26 conférences.
27 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrions-nous voir le document 1D20250.
28 M. KARADZIC : [interprétation]
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1 Q. Quand vous parlez de l'incident de la boulangerie, duquel s'agit-il ?
2 R. Une boulangerie dans la rue Vaso Miskin. C'était une rue où nombre de
3 civils ont été blessés. Ça a fait sensation dans les actualités pour tous,
4 et bien sûr tout le monde a accepté au départ l'interprétation selon
5 laquelle du bord musulman que c'était donc le fait des Serbes. Par la suite
6 des déclarations ont été présentées par des protagonistes internationaux
7 qui venaient contredire cette interprétation. Je l'ai déjà indiqué, le
8 secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, a exprimé l'impression
9 que l'obus ne venait pas du côté serbe, et M. Akashi a concouru dans son
10 entretien accordé à un quotidien allemand.
11 Comme vous voyez, il y a eu nombre d'interprétations et des déclarations,
12 mais la position prise par les gouvernements occidentaux en fin de compte
13 était que ceci était le fait du bord serbe, et à partir de là, les médias
14 et la propagande politique contre les Serbes ont commencé.
15 Q. Le 7 février vous êtes-vous réuni avec le président Milosevic et M.
16 Akashi à Belgrade ? Pourriez-vous regarder ce document et en particulier le
17 troisième paragraphe à partir du bas. "Dimanche…"
18 R. Oui. Si je dois lire ce paragraphe, c'est fait.
19 Q. Non, non. L'intégralité. Si vous voulez bien nous rappeler quel était
20 le sujet de la chose. C'était le lendemain de Markale I. Quel était le
21 sujet de vos conversations ?
22 R. M. Akashi était très précis et il a tenté l'impartialité pour tous les
23 bords en tenant compte de tous les faits, il était minutieux et ceci le
24 distinguait d'autres. Ce qui ne veut pas dire que d'autres n'ont pas tenté
25 de procéder de la même façon, mais il était exceptionnel. Et il
26 s'intéressait à tout ce qui se passait en Bosnie, aux incidents et aux
27 souffrances des habitants, et voulait trouver une façon d'y mettre fin, et
28 dans ses efforts il a reçu la coopération intégrale du bord serbe,
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1 principalement du président Milosevic, car lui aussi souhaitait mettre un
2 terme à cette guerre malheureuse, et ce, pour nos propres motifs serbes, et
3 ce, dans le pays mais également à des fins humanitaires et autres.
4 Et il déclare dans ce paragraphe qu'un plan de l'Union européenne qui a été
5 présenté à Genève antérieurement était analogue à un autre plan, le plan
6 Owen-Stoltenberg, appuyé par l'Union européenne. Et pour autant que je m'en
7 souvienne, les représentants musulmans, y compris feu M. Izetbegovic, si je
8 me souviens bien, était impatient de mettre fin à la chose en vainquant les
9 Serbes, ce qui était impossible sans une intervention militaire. Alors M.
10 Yasushi Akashi a été réaliste et sa position ne lui permettait pas d'être
11 partial en quelle que façon que ce soit, et cet entretien, pour autant que
12 je m'en souvienne, c'était un entretien entre deux parties qui avaient
13 voulu souhaiter une sécession de la guerre et un aboutissement à la paix.
14 C'était ce qu'ils avaient placé au-dessus de toute chose.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Puis-je demander le versement au dossier
16 de cette pièce ?
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Fort bien. Nous allons la verser au
18 dossier.
19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3023, Messieurs les
20 Juges.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Est-ce que vous vous seriez adressé au tribunal, parce qu'au paragraphe
24 47, ici, il s'agit de la Cour internationale de justice au sujet des
25 pressions exercées. Je vous renvoie au paragraphe 47, deuxième moitié du
26 texte. "La partie musulmane en Bosnie…"
27 R. Oui.
28 Q. "…a continué cette politique."
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1 R. Oui, je suis en train de le lire, en effet.
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je demander l'affichage du 1D20203.
3 M. KARADZIC : [interprétation]
4 Q. Est-ce que vous le reconnaissez ? Si oui, dites-nous de quoi il s'agit.
5 R. Ici, la partie yougoslave, et je parle de la République fédérale de
6 Yougoslavie, dans ces échanges avec la communauté internationale, a rédigé
7 un rapport sur les crimes qui ont été commis sur le territoire de l'ex-
8 Yougoslavie et ce rapport a été envoyé par le biais du Conseil de sécurité,
9 mais il n'y a eu aucune réponse de reçue. Il se peut qu'il n'y ait pas de
10 réponse à laquelle il convient de s'attendre mais on ne fait que recevoir.
11 Mais toujours est-il que nous n'avons reçu aucune information au sujet du
12 sort de ce rapport.
13 Q. Est-ce qu'on peut nous montrer la page suivante, 24 février 1994. Donc
14 c'est trois semaines après Markale.
15 R. Quel numéro ?
16 Q. C'est sur votre écran.
17 R. Ah oui, excusez-moi.
18 Q. Est-ce que c'est un document émanant de vous par lequel vous vous
19 adressez à la Cour internationale de Justice au sujet des décisions de
20 l'OTAN ?
21 R. Oui. Ça a été envoyé pour que la Cour internationale de Justice se
22 penche dessus, car il s'agissait d'une opération qui ne pouvait pas être
23 conforme à ce que sont les obligations de l'OTAN. L'OTAN était à l'époque
24 une organisation militaire défensive.
25 Q. Est-ce qu'on peut nous montrer la page 4, s'il vous plaît. Ça se
26 termine par un 015.
27 Alors, paragraphe 2, Boutros-Ghali, qui dit : "Il est évident qu'une telle
28 autorisation n'a pas existé…" Alors est-ce que vous pouvez nous expliquer
Page 34263
1 de quoi il s'agit ?
2 R. Permettez-moi d'abord d'en prendre lecture.
3 Q. Le paragraphe 2, au milieu, on parle ici de la contestation qui est
4 invoquée et j'aimerais que vous nous commentiez ce milieu du paragraphe,
5 s'il vous plaît.
6 R. Moi, ce que je souhaiterais, c'est voir le début de ce texte pour
7 essayer de le caser dans le temps et dans l'espace.
8 Q. Oui, certes. Peut-être pourrait-on montrer au témoin la première page.
9 R. Oui, la première page. Ce serait bien.
10 Q. A vous de nous demander de tourner la page quand vous aurez fini.
11 R. Oui, justement. Est-ce que vous pourrez tourner la page, s'il vous
12 plaît.
13 Page suivante s'il vous plaît. Tournez, je vous prie, la page.
14 Q. Je crois bien qu'ici, vous énumérez les conclusions de l'OTAN mais en
15 page 3, c'est -- ou plutôt en page 4, c'est les positions qui sont les
16 vôtres, que vous exposez.
17 R. Oui. Montrez-la-moi, s'il vous plaît. Oui. Alors, si vous me le
18 permettez, je dirais ici qu'il s'agit d'une décision de l'OTAN, qui est
19 celle de recourir à la force à Sarajevo et dans ses environs sans qu'il y
20 ait autorisation préalable de la part du Conseil de sécurité. L'OTAN est
21 une organisation militaire régionale qui a un statut au sein des Nations
22 Unies. Mais pour l'utilisation ou le recours à la force contre des pays
23 tiers, il faut l'accord du Conseil de sécurité. Cet accord n'a pas été
24 obtenu, et c'est la raison pour laquelle nous avons adressé cette mise en
25 garde et cette demande pour que ceci ne soit plus réitéré, parce que l'OTAN
26 n'avait pas autorisation d'intervenir en soi et pour soi lorsqu'il
27 s'agissait d'un recours à la force dans des pays tiers. Il fallait passer
28 au préalable par la procédure au niveau du Conseil de sécurité.
Page 34264
1 Q. Merci. Est-ce qu'on peut montrer la page suivante pour voir ce qui a
2 été requis de la part de la Cour internationale de justice, et ensuite on
3 verra leur -- dont vous vous souvenez certainement?
4 R. Oui.
5 Q. Quand vous aurez terminé, j'aimerais demander à ce qu'on nous montre la
6 page suivante pour voir la réponse apportée par la Cour internationale de
7 justice.
8 R. [aucune interprétation]
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, j'aimerais demander à ce que ce document
10 soit versé au dossier.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] En termes simples, la Cour n'a pas fait droit
12 à notre demande. Elle a retiré son habilité à se prononcer, et cela a
13 fourni à l'OTAN la voie, cela a ouvert la voie à l'OTAN pour ce qui était
14 de continuer.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Certes. On va le verser au dossier.
16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D3024, Messieurs les Juges.
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
18 M. KARADZIC : [interprétation]
19 Q. Au paragraphe 63 de votre déclaration, vous évoquez une conférence qui
20 s'est tenue à Londres en été 1992, et vous parlez d'une rencontre que vous
21 avez eue avec le premier ministre Major et le ministre Hogg. La dernière
22 phrase de ce passage parle de ce que vous avez évoqué tout à l'heure
23 oralement. Dites-nous si vous en avez informé le public ? Est-ce qu'il a
24 été donc diffusé vers l'opinion publique pour ce qui est des pressions
25 exercées contre vous ?
26 R. Non, ce n'était pas une conférence internationale. C'était une visite
27 bilatérale du président de la République fédérale de Yougoslavie, que
28 j'accompagnais. Il y a eu une entrevue avec M. Major et le ministre Hogg,
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1 et le sujet était la crise en Yougoslavie et tout ce qui s'y passait. Nous
2 avons présenté nos arguments historiques et juridiques pour ce qui était du
3 droit de la Yougoslavie à exister, en particulier dans les segments qui
4 avaient décidé à la faire exister, et on nous a répondu brièvement et
5 sèchement que nous pouvions avoir quelque argument que ce soit, mais que
6 cela pour eux n'importait guère. L'essentiel pour eux, c'est-à-dire pour la
7 Grande-Bretagne et à côté de la Grande-Bretagne, l'Occident, c'était une
8 position adoptée par l'Occident, et que nous étions forcés de l'accepter.
9 Nous avons expliqué tout ceci à l'opinion publique et au premier ministre
10 Panic, qui ne s'attendait pas à cette attitude négative à notre égard, mais
11 c'est ce qui, dès le début, avait été la vérité lorsque la Communauté
12 européenne s'est mêlée de l'apport de solutions à la crise en Yougoslavie.
13 Elle s'était créée une position par avance et avait décidé qu'il soit mis
14 un point final à la Yougoslavie. Tout le reste était une question de
15 technologie. C'était donc une question de technique, et ceci a été une
16 position finale pour ce qui était de l'attitude négative adoptée par la
17 Communauté européenne s'agissant de l'existence de la Yougoslavie en tant
18 qu'Etat.
19 Q. Merci.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer, je vous prie,
21 le 1D20253.
22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pourrez répéter la
23 référence, Monsieur Karadzic ?
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] 1D20253.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic et Monsieur Jovanovic,
26 puis-je vous rappeler une fois de plus que vous devez faire une pause entre
27 la question et la réponse. Veuillez continuer.
28 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, si je puis vous dire,
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1 je ne pense pas que le témoin parle si rapidement, mais c'est qu'il parle
2 des périodes de temps qui sont très longues, et ils devient difficile pour
3 les interprètes de le suivre. Donc, juste à titre de rappel à l'attention
4 du témoin, je ne veux pas lui faire passer le blâme, mais les circonstances
5 dont il parle rendent les choses difficiles aux interprètes.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon. Continuons.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais dire que ce qui figure dans la
8 déclaration n'est pas nécessaire à être répété ici.
9 M. KARADZIC : [interprétation]
10 Q. Alors, vous vous souviendrez d'une interview que vous aviez accordée en
11 1994 au mois de décembre, et l'intitulé était : "Ce que coûtait la Bosnie."
12 Vous souvenez-vous de ceci ?
13 R. Ecoutez, je suis un peu loin de m'en souvenir. J'en ai accordé beaucoup
14 des interviews, et je ne pourrais pas avoir un faisceau interview à cet
15 effet, mais si vous pouviez me montrer la page en question.
16 Q. C'est la page 4 qu'il convient de nous montrer au sujet de ce
17 paragraphe-ci. Alors, passage numéro 4, ou paragraphe numéro 4 ou 5, enfin
18 les alinéas où on parle de l'ex-premier ministre.
19 Est-ce que c'est ce qui correspond aux souvenirs que vous en avez gardé ?
20 R. Oui, c'est bien cela. Au fond de toute chose, la Communauté européenne
21 voulait éviter que l'on se fasse impression qu'elle apportait son soutien à
22 la sécession des ex-républiques yougoslaves. Et pour pouvoir faciliter les
23 choses, il fallait déclarer la Yougoslavie comme étant disparue. Dans ces
24 circonstances, leur soutien aux ex-républiques n'aurait pas constitué un
25 soutien à la sécession, mais une assistance à des parties séparées d'un
26 seul Etat pour que des Etats nouveaux soient créés. Il fallait à cet effet
27 que l'on mette un terme à toute continuité étatique de la Yougoslavie.
28 Notre problème, c'était d'obtenir une acceptation pour ce qui était de
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1 considérer que des peuples voulaient rester en Yougoslavie, et qu'ils
2 pouvaient non seulement rester en Yougoslavie, et aussi continuer à résider
3 dans une Yougoslavie en tant qu'Etat. Lord Carrington a contesté ceci de
4 façon énergique et véhémente. Il a dit : Vous qui souhaitez rester en
5 Yougoslavie, vous pouvez rester. Vous pouvez l'appeler la Yougoslavie, mais
6 ça doit être un nouvel Etat. En aucune façon ça ne peut être la
7 continuation de l'ancien Etat. Et là réside la substantifique moelle du
8 problème.
9 Q. Merci.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Puis-je demander un versement au dossier de
11 cette pièce ?
12 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3025, Messieurs les
14 Juges.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.
16 M. KARADZIC : [interprétation]
17 Q. Excellence, en s'employant en faveur de la paix, et vous avez précisé
18 que la Serbie avait accepté la totalité des plans formulés, est-ce que
19 cette Serbie avait exprimé des aspirations territoriales vis-à-vis de la
20 Bosnie ? Et en quoi a-t-elle apporté un soutien à la partie serbe en Bosnie
21 ?
22 R. A compter du début de la crise, la Serbie a toujours affirmé dès le
23 départ qu'elle n'avait aucune aspiration territoriale. Ça été constamment
24 réitéré, et en particulier par le feu président Milosevic. C'était la
25 vérité. Ce que nous voulions, c'est que l'on ait un traitement égal à
26 l'égard de la totalité des peuples constitutifs, et comme nous n'avions pas
27 réussi à assurer cela parce que les Serbes en Croatie et en Bosnie se sont
28 fait mis en minorité et ils ont été contraints à résister suite à des
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1 solutions non démocratiques, nous avons dû nous employer en faveur d'un
2 traitement égal des Serbes dans cette Bosnie-Herzégovine, parce que nous
3 avions répété que pour la Serbie un accord des trois peuples en présence
4 dans cette république était acceptable, et nous acceptions par avance les
5 accords qu'ils obtiendraient. Lorsque nous avons été sollicités par la
6 communauté internationale s'agissant de déclarations de ce type, nous avons
7 non seulement fait cela, mais nous avons été plus que constructifs. La
8 preuve, c'est qu'elle a appuyé, soutenu la totalité des plans de paix. Elle
9 ne s'est jamais opposée à l'un quelconque d'entre eux. Ça n'a pas été le
10 cas, par exemple, de d'autres pays, comme l'Amérique, qui n'en a pas
11 accepté quatre sur un total de cinq.
12 Q. Moi, je suis mis en accusation ici, entre autres, parce que j'avais
13 souhaité un démantèlement de la Bosnie et son annexion à la Serbie et de
14 faire la même chose pour ce qui est de la Krajina serbe et de la Republika
15 Srpska. Alors, que savez-vous dire au sujet de mes positions et quelles ont
16 été les positions formulées par la Serbie sur ce point ? Est-ce que la
17 Serbie était favorable à une déchirure de la Bosnie ? Est-ce que j'ai
18 exprimé moi-même l'intention de déchirer la Bosnie pour adjoindre à la
19 Serbie certaines parties de cette Bosnie ?
20 R. La Serbie n'a jamais eu la moindre revendication territoriale à l'égard
21 de la moindre république de l'ex-Yougoslavie et certainement pas à l'égard
22 de la Bosnie-Herzégovine. Il revenait à ces peuples de se mettre d'accord
23 entre eux-mêmes quant à ce qu'ils voulaient faire, allaient-ils continuer à
24 vivre dans un état commun ou bien allaient-ils chacun suivre leur chemin et
25 se séparer. C'était là une question qu'ils devaient se poser eux et non pas
26 une question qui se posait à nous. Dans la mesure où j'ai suivi vos
27 déclarations, vous avez toujours exprimé votre loyauté à l'égard de l'état
28 commun et votre souhait de rester dans son cadre en tant que représentant
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1 suprême du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine, c'était votre position;
2 cependant, à mesure que les conditions changeaient et empiraient, cet
3 objectif maximum que vous aviez formulé jusque-là, vous l'avez, au fur et à
4 mesure, remplacé par des objectifs plus pragmatiques, à savoir la poursuite
5 d'une vie commune au sujet d'un Etat de Bosnie-Herzégovine qui serait un
6 sujet international, mais dans le cadre duquel, eh bien, chacun des peuples
7 aurait des droits égaux. Donc, c'était, d'une part, votre position initiale
8 et, d'autre part, la position que vous avez poursuivie au cours du temps.
9 Mais vous avez rencontré des difficultés et il y a eu, dans la
10 rhétorique que vous avez employée, des hauts et des bas, mais vous n'avez
11 jamais exprimé le désir de voir la Republika Srpska faire sécession de la
12 Bosnie-Herzégovine et être annexée à la Yougoslavie. Il n'y a pas
13 d'ailleurs de nécessité de voir quelqu'un être annexé à une identité dont
14 il faisait déjà partie. Cependant, à mesure que les choses évoluaient, vous
15 avez adopté votre position et les dernières années, votre position s'est
16 concentrée sur la nécessité de trouver une solution à l'intérieur du cadre
17 de la Bosnie en tant qu'état indépendant.
18 Q. Merci.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais maintenant que nous examinions le
20 document 1D20195.
21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvez-vous répéter le numéro, s'il vous
22 plaît.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] 1D20195.
24 M. KARADZIC : [interprétation]
25 Q. La première partie concerne le président Bulatovic. Je voudrais que
26 l'on affiche le deuxième paragraphe. Est-ce que vous pourriez nous dire
27 quelle est la position que vous avez communiquée ici ? Si vous pouvez vous
28 reporter à ce paragraphe. La date est celle de juin 1993.
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1 R. En juin 1993, on a obtenu une avancée importante dans le cadre des
2 efforts de Lord Owen et Stoltenberg qui s'efforçait de sortir de l'impasse.
3 Ils ont commencé à exposer à la Serbie, puis ensuite aux autres
4 protagonistes du conflit, cette idée selon laquelle la Bosnie devait être
5 une confédération d'états. Ils ont mis sur la table une proposition quant
6 au pourcentage que les différentes parties de cette future confédération
7 pourraient conserver chacune pour elles-mêmes. Ce plan a reçu le soutien de
8 la Serbie, ensuite il a été présenté à Zagreb, à Sarajevo, et cetera.
9 Et c'était là le début de l'examen de toute une conception qui a pris
10 sa forme finale avec les accords de Dayton. Parce que c'était la première
11 fois que l'on prenait en considération le principe ethnique plutôt que le
12 seul principe territorial et, dans le cadre duquel on permettait un
13 rapprochement, une coopération ultérieure entre des parties au conflit qui
14 étaient dans un antagonisme très fort. C'est la position que j'ai
15 communiquée, là, c'est ce que j'ai essayé d'expliquer.
16 Q. Merci. Alors, concernant la Grande-Serbie, le dernier paragraphe. Juste
17 une confirmation de votre part. Est-ce que chez moi ou chez d'autres
18 dirigeants des Serbes de Bosnie-Herzégovine vous avez senti qu'il existait
19 de telles revendications, est-ce que Belgrade était en position d'accepter
20 de telles pressions de notre part ?
21 R. Eh bien, je crois qu'il s'agissait avant tout d'un instrument de
22 propagande que cette idée de la Grande-Serbie, une propagande imposée aux
23 Serbes, parce que la Serbie a été contrainte à maintenir une position
24 défensive. Et la vérité, c'est que la Serbie n'a jamais voulu devenir une
25 Grande-Serbie. Parce que si elle l'avait souhaité, elle l'aurait fait après
26 la Première Guerre mondiale à l'occasion de la création du Royaume des
27 Serbes, Croates et des Slovènes. Si elle l'avait souhaité, elle l'aurait
28 fait pendant la guerre lorsqu'à la réunion de Jajce cette décision portant
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1 constitution de la RSFY a été prise. Eh bien non, la Serbie est restée dans
2 ses propres frontières. Elle n'avait absolument aucune revendication quant
3 à telle ou telle partie de la Bosnie actuelle ou de quelque autre
4 territoire que ce soit.
5 Et, donc, cette partie qui concerne la Grande-Serbie, je pense cela a
6 occupé beaucoup de temps devant ce tribunal et que, finalement, toute la
7 manipulation à laquelle on s'est livré avec cette notion, eh bien, est
8 venue à son terme. Que vous, vous n'étiez tout simplement pas dans une
9 telle position sur le terrain, vous étiez dans une situation très concrète,
10 vous deviez vous battre pour votre liberté et l'égalité de traitement, en
11 même temps que celle à laquelle avait le droit les autres parties, les
12 autres entités. Et tout désir de rejoindre la Serbie, d'y être annexé,
13 était tout à fait irréaliste et impossible. Ce n'était pas le vôtre et, au
14 début, vous avez déclaré d'emblée que les Serbes de Bosnie-Herzégovine ne
15 considéraient la RSFY comme leur état et exprimaient leur loyauté à son
16 égard. Cependant, avec la reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine en tant
17 qu'état indépendant, les événements ont évolué et, donc, votre loyauté
18 envers la RSFY en tant qu'état commun a cessé d'être d'actualité. Vous avez
19 essayé, pendant toute cette période, de trouver une solution dans le cadre
20 de la Bosnie-Herzégovine, ce dont quoi la Serbie et Slobodan Milosevic ont
21 cessé de vous soutenir.
22 Q. Merci.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on verser ce document.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je crois, Monsieur le Témoin, que vous
25 continuez à parler un petit peu trop vite.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais faire de mon mieux pour corriger ceci.
27 Merci.
28 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Des objections, Monsieur Tieger ?
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1 M. TIEGER : [interprétation] Non, Monsieur le Président.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Nous versons ce document.
3 M. LE GREFFIER : [interprétation] En tant que pièce de la Défense D3026,
4 Messieurs les Juges.
5 M. KARADZIC : [interprétation]
6 Q. Excellence, vous venez de parler du soutien de la Serbie. Est-ce qu'à
7 un moment il y a eu divergence totale entre la direction de la Republika
8 Srpska et la direction de la Serbie et celle de la RFY ? Et, si oui, à
9 l'occasion de quel plan ? Si vous vous en souvenez.
10 R. C'était à l'occasion du plan avancé par le Groupe de contact. Comme
11 cela s'est avéré plus tard, il représentait 90 % de ce qui a été ensuite
12 adopté comme les accords de Dayton. La Serbie considérait que ce plan
13 répondait de façon satisfaisante à tous les besoins des Serbes en Bosnie-
14 Herzégovine et que la partie de ces besoins qui n'était pas couverte par le
15 plan devait être laissée à la suite des négociations en temps de paix, et
16 non plus en temps de guerre. Nous avions convenu que ce plan n'accordait
17 pas un traitement égal, d'une part à la Republika Srpska, et, d'autre part
18 à la Herceg-Bosna, parce qu'il permettait des relations à la Herceg-Bosna
19 avec la Croatie dans le cadre d'une confédération alors qu'ils déniaient
20 cette possibilité à la Republika Srpska. Mais notre position consistait à
21 dire qu'il fallait accepter ceci et laisser les parties non couvertes à des
22 négociations en temps de paix, tout en sachant que ces négociations
23 pourraient prendre du temps mais qu'il serait préférable de les mener en
24 temps de paix.
25 Les Serbes de Bosnie, quant à eux, avaient peur d'être manipulés et trahis.
26 Ils n'avaient pas confiance en la capacité de ce plan de garantir
27 pleinement le traitement égal dont ils voulaient bénéficier. C'est pourquoi
28 ils opposaient une certaine résistance, et Milosevic, lui, ne souhaitait
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1 pas que ceci traîne en longueur trop longtemps. Par conséquent, il est
2 arrivé le moment où il a estimé qu'il fallait réévaluer les rapports avec
3 la Republika Srpska. Moi, je n'étais pas pour cela, mais j'étais en
4 minorité. J'estimais, pour ma part, que les échanges, quels qu'ils soient,
5 étaient toujours préférables à l'absence d'échanges.
6 Cependant, cette rupture totale des relations avec la Republika Srpska a
7 donc été, comme je l'ai dit, totale. On a mis en place ce blocus sur la
8 Drina, bien que sur le plan officiel cela ne se soit pas appelé blocus,
9 mais s'en était bien un. Et en échange de cela, nous avons obtenu la levée
10 d'un très petit nombre de sanctions au regard de ces gestes qui étaient
11 quand même considérables, pendant presque toute une année, à partir de
12 l'été 1994 jusqu'à la fin de la guerre. Les rapports entre la Serbie et la
13 Republika Srpska étaient tout simplement inexistants, à l'exception de ce
14 qui pouvait exister entre Milosevic et les députés du parlement de la
15 Republika Srpska par l'intermédiaire desquels Milosevic a essayé d'obtenir
16 des changements dans la direction des Serbes de Bosnie, ce qui n'a pas
17 marché.
18 Donc nous sommes entrés dans une période de refroidissement considérable
19 des relations. Et cette décision en elle-même, en mon sens, était une
20 mauvaise décision parce qu'un Etat qui est soumis à des sanctions, qui est
21 isolé et qui condamne tant ces sanctions que cet isolement, n'a pas le
22 droit de se comporter exactement de la même manière envers quelqu'un
23 d'autre, parce que cela affaiblit les arguments qui sont précisément les
24 nôtres contre les sanctions. Cependant, la direction de notre Etat a pris
25 cette décision, et cette dernière a été appliquée jusqu'à la toute fin de
26 la guerre, jusqu'à la fin du processus de Dayton.
27 Q. Je voudrais que dans la ligne numéro 13 du compte rendu, on
28 intervienne, parce que le témoin a dit qu'il y avait des "relations qui
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1 s'étaient considérément refroidies", qui étaient tout simplement
2 "inexistantes". Il a parlé de "relations inexistantes".
3 R. Oui.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Oui, oui. Cela figure en
5 ligne 9.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, mais cela a été répété en ligne 13, au
7 sujet du "refroidissement".
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.
9 M. KARADZIC : [interprétation]
10 Q. Indépendamment de la question du respect mutuel et des rapports
11 cordiaux ou non, est-ce que vous pourriez dire aux Juges de la Chambre
12 quels pouvaient être les points communs sur le plan politique entre le
13 président Milosevic et moi-même, ma direction en Bosnie ? Parce qu'on
14 m'accuse ici d'avoir participé à une entreprise criminelle commune dans le
15 cadre de laquelle j'aurais décidé quelque chose conjointement avec le
16 président Milosevic et d'autres.
17 R. Eh bien, pour autant que je le sache, les rapports entre le président
18 Milosevic et vous-même s'apparentaient plutôt à une forme de mariage de
19 raison, parce que sur le plan politique et idéologique, vous étiez aux
20 antipodes l'un de l'autre. Il était tout à fait clair que ceci ne pouvait
21 durer très longtemps. Vous étiez plus libéral que lui. Vous étiez en faveur
22 de l'introduction d'un régime démocratique sans la moindre restriction.
23 Milosevic, quant à lui, prenait une position similaire mais avec quelques
24 réserves.
25 Par ailleurs, bien qu'il ait été issu du Parti communiste, Milosevic
26 n'était pas un extrémiste sur le plan idéologique. Au contraire. Il était
27 très pragmatique. En revanche, son entourage le plus proche était toujours
28 très marqué par ces considérations purement idéologiques, et il est très
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1 probable que cela ait restreint ses capacités d'action dans une certaine
2 mesure. Vous-même, vous étiez donc dans un contexte différent, et,
3 notamment, dès le début, pour autant que je le sache. Je crois que vous
4 étiez avec M. Milosevic dans un rapport qui était avant tout motivé par la
5 nécessité du travail qui était le vôtre, mais ce n'étaient pas des rapports
6 cordiaux. Et vous n'aviez pas une seule et même position ou conception des
7 rapports internationaux, par exemple. Cependant, lorsque Milosevic a pris
8 la décision de mettre en place ce blocus et de rompre les relations avec
9 vous, je pense que cette décision était la conséquence logique de ce qui,
10 pendant plusieurs années, était non pas un manque de sympathie ou de
11 cordialité, mais tout simplement de relations qui n'étaient pas marquées
12 par une très grande sincérité à l'égard l'un de l'autre ou par une très,
13 très grande cordialité.
14 Q. Merci. Vous avez parlé des contacts de M. Milosevic avec nos députés,
15 et vous avez parlé de sa tentative d'obtenir un changement de personnes au
16 sein de la direction de la Republika Srpska. Est-ce que vous vous rappelez
17 qui, lors des élections et dans le cadre des processus démocratiques, était
18 soutenu par le président Milosevic, qui des différents partis en Republika
19 Srpska ? Et notamment, moi et mes proches, ont-ils été soutenus ?
20 R. Eh bien, il ne me l'a jamais dit explicitement, mais il soutenait, je
21 crois, le Parti démocratique serbe parce que c'était le parti le plus
22 important, qui avait la plus grande part dans la lutte du peuple serbe en
23 Bosnie pour améliorer la position des Serbes. Alors, il n'était pas
24 particulièrement enthousiaste à votre égard, et lorsqu'il a essayé de vous
25 écarter par le truchement de ces parlementaires, je dirais que c'était même
26 une forme d'obsession pour lui parce qu'il n'arrivait pas à obtenir le
27 soutien d'une majorité de parlementaires contre vous, alors que c'est avec
28 la plus grande énergie qu'il défendait cette idée, notamment devant Lord
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1 Owen et d'autres, et il disait à chaque fois que c'était chose presque
2 faite ou que cela allait se produire rapidement. Donc il n'avait pas évalué
3 de façon très réaliste l'équilibre des forces au sein de votre parlement.
4 Par ailleurs, je crois qu'il pensait à feu M. Koljevic en tant que candidat
5 à votre succession, dans la mesure où il réussirait à vous mettre à
6 l'écart, mais cela non plus n'a pas été dit très explicitement de sa part.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je voudrais que nous examinions le document
8 1D2032, qui ne doit pas être diffusé hors du prétoire. 1D20232. 1D20232.
9 Nous l'avons à l'écran. Je demande qu'il ne soit pas diffusé.
10 M. KARADZIC : [interprétation]
11 Q. D'abord, j'attire votre attention sur le paragraphe intitulé Serbie-et-
12 Monténégro. On y trouve également votre nom, qui est mentionné. Est-ce que
13 vous pourriez nous dire quel est le lien entre ceci et ce que vous venez de
14 nous expliquer.
15 R. Oui. Ici on voit le vice-président Simic et moi-même. Je crois que le
16 vice-président Simic a souligné la question du remplacement. J'ai également
17 expliqué ce à quoi pensait M. Milosevic, et c'était au moment où les deux
18 parties étaient au niveau le plus bas possible. Il est possible qu'il n'y
19 ait pas eu de contact du tout. Donc, les propos qui sont exprimés ici sont
20 en partie une conséquence de cette situation, à savoir qu'il n'y avait plus
21 de contact entre les deux.
22 Q. Merci.
23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait verser ce document
24 sous pli scellé ? Et j'aimerais que l'on affiche le haut de la page de
25 façon à ce que le témoin puisse voir les institutions dont on parle ici,
26 parce qu'il présente son évaluation de la situation ici, et je voudrais que
27 ce ne soit pas diffusé hors du prétoire.
28 C'est un document qui relève de l'article 70, Monsieur le Président,
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1 Messieurs les Juges. C'est la raison pour laquelle je demande cela.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, d'accord.
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons donc accepter le versement
4 sous pli scellé.
5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce D3027, sous pli scellé.
6 M. KARADZIC : [interprétation]
7 Q. Je vous prie de m'excuser. Autant que vous le sachiez, et d'après votre
8 souvenir, cette rupture dans les relations et la pression exercée par le
9 président Milosevic sur moi, est-ce que cela reflétait la situation en
10 Republika Srpska, plus particulièrement mes contacts, est-ce que ceci a eu
11 des conséquences sur la situation en Republika Srpska ? Est-ce que vous
12 étiez au courant de cela ?
13 R. Je n'avais pas de connaissance de la situation interne en Serbie, et
14 non plus je n'avais pas de relations ou de contacts spéciaux au sujet de la
15 situation en Bosnie-Herzégovine. Tout ce que je savais, cela m'était relaté
16 par les médias ou par le biais de contacts ou de réunions de temps en temps
17 avec des représentants de la Republika Srpska qui se trouvaient dans notre
18 pays. Bien sûr, j'ai découvert certaines choses quelquefois lorsque je
19 parlais avec M. Milosevic. Le blocus était total, du moins c'est
20 l'explication que j'ai reçue, et il n'était pas possible de mettre fin à ce
21 blocus.
22 Maintenant, que quelque chose ait été fait sans que je le sache ou pas, je
23 ne peux pas vous le dire. Je peux dire que toutes les parties du système en
24 Serbie n'étaient pas pleinement en accord avec cela, et peut-être qu'il y
25 avait également quelques légères violations du blocus provenant de la
26 Serbie vis-à-vis de la Republika Srpska. Je ne suis pas au courant de cela.
27 Je peux simplement partir du principe que cela se produisait.
28 En ce qui me concerne, lorsque je me trouvais à New York, et lorsque j'ai
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1 parlé au ministre des Affaires étrangères français, et je crois qu'il
2 s'agissait de M. Juppe à l'époque, lorsqu'il m'a demandé ce qu'il en était
3 de la rupture des relations avec la Republika Srpska, il m'a demandé s'il
4 était approprié que, de leur côté, ils continuent à communiquer avec des
5 représentants de la Republika Srpska. J'ai expliqué notre situation à son
6 attention, et en ce qui concerne les contacts et les négociations. J'ai
7 toujours parlé des négociations plutôt que le fait de couper tous les
8 contacts. Donc de manière indirecte, je l'ai encouragé à renouveler les
9 relations avec les représentants de la Republika Srpska, et ça, M.
10 Milosevic ne voyait pas ça de bon œil, mais c'est ce qui s'est passé.
11 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges de la Chambre ce que vous
12 saviez concernant ma position vis-à-vis des Musulmans dans leur ensemble -
13 bien sûr, avec l'exception des intégristes - en ce qui concerne mes
14 relations et mes tentatives de communiquer avec Zulfikarpasic et avec les
15 autres, Fikret Abdic, et cetera ?
16 R. Dans différents entretiens que vous avez donnés durant la guerre et
17 après celle-ci, il était évident que vous n'aviez pas d'opinion, je dirais,
18 arriérée des Croates ou des Musulmans. Lorsque des actes d'intolérance ou
19 des antagonistes se sont faits jour au parlement, vous avez appelé à la
20 prudence contre le fait qu'il ne fallait pas dépasser cette ligne rouge, et
21 que si l'on abandonnait les pourparlers, on allait entrer dans une période
22 sombre de conflit. Vous avez également utilisé ces métaphores et également
23 des propos très tranchés afin d'attirer l'attention sur ce grand danger qui
24 proviendrait de ce type de prise de position. Et d'après les conversations
25 que j'ai eues avec vous de temps en temps, même s'il ne s'agissait pas de
26 conversations approfondies, vous n'avez jamais fait montre d'opinions très
27 conçues négatives vis-à-vis des Musulmans. Vous avez simplement mentionné
28 qu'en raison de l'expérience difficile que vous aviez eue avec eux de par
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1 le passé, vous vouliez avoir des relations pleinement claires et négociées
2 de façon à ce que tout le monde jouisse de droits égaux.
3 Vous avez indiqué ceci à plusieurs reprises, parce que dans le passé,
4 à l'époque de l'empire Ottoman, également durant la Deuxième Guerre
5 mondiale, et même vers la fin du gouvernement socialiste lorsque les
6 velléités musulmanes se sont faites le plus ressentir en Bosnie-
7 Herzégovine, vous vouliez vous protéger de façon à ce que personne de
8 manière isolée puisse exercer un pouvoir tyrannique ou dominer à quelqu'un
9 d'autre. C'est la position que vous m'avez présentée et probablement que
10 vous avez présentée à d'autres également, tant au sujet des Musulmans que
11 des Croates.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. 1D20191. Est-ce que l'on pourrait
13 consulter ceci.
14 M. KARADZIC : [interprétation]
15 Q. A la première page, nous voyons votre déclaration -- en fait,
16 deux de vos déclarations. Il y a également une lettre. Est-ce que vous vous
17 souvenez de ces déclarations ?
18 L'ACCUSÉ : [interprétation] En fait, est-ce que l'on pourra agrandir
19 un peu.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Pourriez-vous agrandir la police de ce
21 document, s'il vous plaît.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Au paragraphe 72, vous parlez des questions humanitaires. Pourriez-vous
24 nous rappeler quelle était ma position et quelle était celle de la
25 République fédérative de Yougoslavie en ce qui concerne les convois
26 humanitaires, ainsi que l'approvisionnement en aide humanitaire pour toutes
27 les parties en Bosnie-Herzégovine ?
28 R. En ce qui concerne la position de la Serbie, et ceci peut être confirmé
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1 par des représentants internationaux tels que M. Akashi et d'autres, de
2 manière continue nous avons strictement été en faveur d'un mouvement sans
3 entrave des convois humanitaires de façon à ce qu'ils arrivent à leurs
4 destinations prévues. Nous avons également mentionné qu'il était possible
5 que l'on utilise à mauvais escient ces convois humanitaires et que les
6 armes puissent être transportées en leur sein. Cette position a été
7 réitérée à de nombreuses parties, et tous les représentants peuvent
8 confirmer ceci.
9 Pour ce qui est de vous en Bosnie-Herzégovine, vous avez également fait
10 part de votre opinion quant à un mouvement sans entrave de l'aide
11 humanitaire, mais sur le terrain vous avez entendu parler d'autres éléments
12 et vous avez dû faire face à pas mal de surprises, par exemple, ces convois
13 étaient utilisés pour transporter des armes. Donc, elles étaient utilisées
14 à mauvais escient, et vous l'avez mentionné régulièrement à M. Milosevic,
15 ainsi qu'aux représentants internationaux. Autant que je sache, cette
16 situation s'est améliorée peu à peu, mais je pense qu'elle n'a jamais été
17 complètement claire car la partie musulmane était extrêmement tentée
18 d'utiliser ces filières pour faire passer des armes ainsi que d'autres
19 types d'aide.
20 Q. Merci. Est-ce que l'on pourrait avoir la dernière page, s'il vous
21 plaît, même si les deux déclarations sont intéressantes, mais on peut donc
22 les consulter et consulter les deux dernières pages. Est-ce que vous vous
23 souvenez de cette lettre à Willy Claes ?
24 R. Attendez un instant. Je vais la consulter et cela va me revenir.
25 Q. Vous donnez quel type d'information à Willy Claes en ce qui concerne
26 mes activités dans le domaine humanitaire et mes activités avec Abdic ?
27 R. Fikret Abdic était en fait le numéro un chez les Musulmans dans la
28 Krajina de Cazin, et de cette manière, il avait des contacts avec vous et
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1 avec Milosevic. Et vous avez également eu une fois une réunion tripartite à
2 Belgrade, et vous avez conclu un accord avec lui qui permettait en fait de
3 trouver rapidement des solutions et qui permettait de mettre un terme à la
4 guerre. Et contrairement à certaines autres personnalités musulmanes,
5 c'était un homme qui était très pragmatique et qui ne souffrait pas de
6 mégalomanie, et c'est ainsi qu'il est entré en contact avec Milosevic, qui
7 était également très pragmatique et vous avez tous ensemble essayé de vrai
8 pour vous sortir de ce trou noir infernal qu'est la guerre civile.
9 Pour ce qui est des convois et de l'aide humanitaire, je vais répéter
10 ce qui a déjà été dit. Entre autres, lorsque les représentants
11 internationaux se plaignaient de problèmes qu'ils rencontraient pour
12 fournir de l'aide humanitaire à Sarajevo en raison des différents dangers
13 et obstacles qu'ils rencontraient et de l'insécurité dont devaient faire
14 face les escortes, vous avez proposé une approche différente à partir de
15 Bar, c'est-à-dire un passage par un territoire de la Republika Srpska qui
16 permettrait en fait de passer par un territoire où il n'y avait pas de
17 combats et qui permettrait donc de garantir une meilleure sécurité des
18 conducteurs et du personnel de ces escortes. C'était une proposition bien
19 intentionnée mais qui n'a pas été acceptée, et ils ont insisté pour
20 utiliser l'ancien itinéraire à partir de Split en direction de Sarajevo
21 malgré toutes les difficultés que celui-ci présentait.
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on verser ceci au dossier, s'il vous
23 plaît.
24 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] D3028.
26 M. KARADZIC : [interprétation]
27 Q. Au même paragraphe 72, vous parlez des questions humanitaires et vous
28 parlez également de l'approvisionnement en gaz. Quel est le rôle qu'a joué
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1 la Serbie dans l'approvisionnement en gaz dans tout cela ?
2 R. Le problème de l'approvisionnement de toutes les parties durant la
3 guerre civile en Bosnie était à l'ordre du jour au quotidien, car les
4 civils avaient besoin de gaz, entre autres. Et la Serbie faisait l'objet
5 d'un embargo. Elle disposait de ses propres ressources gazières et ceci
6 n'était pas suffisant, et la Serbie a proposé d'être un pays de transit
7 pour fournir du gaz aux populations civiles en Bosnie-Herzégovine. Je crois
8 que la proposition n'a pas été acceptée parce que ceci aurait été en
9 violation avec les sanctions qui avaient été imposées, mais ce que la
10 Serbie a pu fournir en termes d'aide aux civils, principalement aux Serbes
11 en Bosnie-Herzégovine parce qu'elle n'avait pas de contact direct avec les
12 autres groupes ethniques, eh bien, la Serbie l'a fait, mais bien sûr, ceci
13 a été une charge pour l'économie serbe.
14 Q. Qu'est-il advenu du gaz russe en direction de Sarajevo ? D'où venait-il
15 et par où passait-il, et quel rôle la Serbie a-t-elle joué dans tout cela ?
16 R. Je pense que le gaz passait par la Croatie, pas par la Serbie, parce
17 qu'il n'y avait en fait pas de gazoducs qui permettaient de l'acheminer à
18 travers la Serbie, mis à part s'il était transporté par des camions-
19 citernes. Je ne connais pas bien les détails, mais je sais que la Russie a
20 proposé du gaz, pas uniquement à une seule partie mais à toutes les
21 parties, et je sais que la Serbie était disposée à prêter son soutien, mais
22 je ne sais pas comment les choses se sont déroulées.
23 Q. Je vais vous rafraîchir la mémoire en vous proposant le document
24 1D20208. Je vous demande de consulter cette lettre que vous envoyez à Lord
25 Owen.
26 R. Oui. Un instant, s'il vous plaît. Oui, d'accord.
27 Q. Est-ce que l'on peut passer à la signature qui est en bas de la page.
28 R. Oui. Il s'agit d'une des lettres qui abordent cette question
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1 d'approvisionnement en gaz pour Sarajevo via la Hongrie. La Serbie a, bien
2 sûr, accepté cela. Je ne sais pas comment les choses se sont déroulées en
3 pratique. Il est possible que des camions-citernes aient été utilisés. Et
4 vous avez garanti le passage sans entrave par les forces bosno-serbes de
5 ces convois en sécurité.
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Peut-on verser ce document au dossier.
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] D'accord.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] D3029.
9 M. KARADZIC : [interprétation]
10 Q. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, l'acte d'accusation
11 mentionne une entreprise criminelle commune, y compris les persécutions
12 contre les Musulmans et les Croates, et dans le cadre de cette entreprise
13 criminelle commune, tel que ceci est mentionné dans mon acte d'accusation,
14 le président Milosevic y a participé, entre autres. Pourriez-vous me dire
15 si vous avez des informations concernant le traitement des réfugiés en
16 fonction de leur appartenance ethnique ? Est-ce que vous avez reçu des
17 informations à ce sujet, de combien de réfugiés avions-nous affaire ?
18 R. Oui. Nous avions énormément de réfugiés. Autant que je sache, il y
19 avait environ 50 000 -- 150 000 Bosno-Musulmans et environ 20 000 à 30 000
20 Croates qui se sont réfugiés suite aux tirs dont ils faisaient l'objet en
21 Bosnie. Et bien sûr, ils ont été accueillis conformément à nos obligations
22 en vertu des accords internationaux. La Croix-Rouge internationale est
23 arrivée immédiatement. Elles ont demandé à ces réfugiés s'ils voulaient
24 aller ailleurs, où ils voulaient aller. Et bien sûr, nous n'avons créé
25 aucun problème. Entre-temps, on leur a fourni tous les secours de base.
26 Mais ce chef d'accusation de participation à une entreprise criminelle
27 commune est un concept qui est souvent utilisé en prédilection par le
28 bureau du Procureur et n'est pas utilisé que contre les Serbes mais
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1 également contre d'autres, même si certains ont été ensuite acquittés. Mais
2 je pense que ce concept devrait commencer par le début de la crise
3 yougoslave et devrait englober ceux qui sont principalement coupables
4 d'avoir détruit la RSFY, y compris les intervenants internationaux et ceux
5 qui, malgré les avertissements très prononcés de Lord Carrington et de
6 Cyrus Vance concernant une reconnaissance prématurée de la Slovénie et de
7 la Croatie ensuite de la Bosnie-Herzégovine, ont continué à agir de cette
8 matière. Et enfin, celle-ci devrait également englober tout ceux qui ont
9 été responsables de la guerre que l'OTAN a conduit au Kosovo et Metohija,
10 et les personnes qui sont directement responsables devraient être nommées
11 parce que cette guerre a été conduite sans le consentement du Conseil de
12 sécurité des Nations Unies.
13 Q. Merci.
14 L'ACCUSÉ : [interprétation] A la ligne 4, je voudrais une correction. Le
15 témoin a dit 50 000 et non 150 000 Bosno-Musulmans.
16 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic --
17 L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous parlez de "nous". Qu'entendez-vous
19 par "nous" ? Vous voulez dire la Serbie ?
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je n'ai pas dit "nous", j'ai dit "vous".
21 J'ai dit combien de réfugiés avez-vous en Serbie ?
22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Le compte rendu d'audience
23 sera corrigé le moment voulu. Veuillez continuer, Monsieur Karadzic.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je souhaiterais que l'on affiche le document
25 suivant. Le document 1D20246.
26 M. KARADZIC : [interprétation]
27 Q. Comment est-ce que vous considérez le fait qu'il y avait de nombreux
28 réfugiés en Serbie alors que le président Milosevic et moi-même sommes
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1 accusés d'avoir persécuté des Musulmans et des Croates ?
2 R. Ce chef d'accusation repose des motifs politiques car rien de la chose
3 n'a existé en réalité. La Yougoslavie était et restait un pays
4 pluriethnique. Nous avions nos propres Musulmans d'ailleurs. Jusqu'à il y a
5 encore quelques années, nous avions également un nombre d'Albanais qui
6 étaient également des Musulmans. Il n'y a pas de raison de douter ni de
7 soupçonner la Serbie d'être anticatholique ou antimusulmane de quelle que
8 façon que ce soit. C'est un fait. Et, pour autant que je sache, vous,
9 Serbes en Bosnie, vous n'aviez aucun antagonisme ni haine vers les
10 Musulmans ni les Croates. Vous n'avez que recherché des relations nettes
11 dans lesquelles tous jouiraient des mêmes droits, de l'égalité, et de la
12 liberté et vivraient en paix, en coexistence ou tout du moins, coexistence
13 pacifique, côte à côte. Donc, la notion de l'entreprise criminelle commune,
14 certes tentante, à titre d'hypothèque, ne repose sur rien en réalité.
15 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourrions-nous passer à huis clos
16 partiel.
17 [Audience à huis clos partiel]
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
Page 34287
1 (expurgé)
2 (expurgé)
3 (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 [Audience publique]
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Nous sommes en audience
8 publique, Monsieur Tieger.
9 M. TIEGER : [interprétation] Bien sûr, je n'élève pas d'objection quant à
10 l'accusé demandant des faits pertinents auprès de ce témoin, mais il
11 conviendrait de ne pas demander d'opinion juridique sur des questions ne
12 relevant pas de sa spécialisation quant aux modes de responsabilité et, si
13 nous nous écarterions de cette règle. Donc, en ce qui concerne ce que
14 l'accusé considère comme étant factuel, cela relève des connaissances du
15 témoin, bien sûr, pas d'objection, mais si nous passons à son opinion sur
16 l'applicabilité des différents modes de responsabilité, cela semble peu
17 approprié.
18 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Tieger.
19 M. Karadzic en a pris bonne note. Si vous voulez bien continuer.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Si nous pouvions voir le dernier
21 paragraphe, en bas de la page.
22 M. KARADZIC : [interprétation]
23 Q. Et je vous demanderais, Monsieur, de regarder ces chiffres aux lignes 3
24 et 4, à partir de là, et nous dire de quoi il s'agit. De plus, je n'ai posé
25 des questions que sur des faits, que si j'étais contre le fait de recevoir
26 des réfugiés, si je souhaitais que l'on chasse ou que l'on persécute des
27 Musulmans et des Croates, et le témoin a répondu.
28 Est-ce que ces chiffres sont exacts ? En 1993, il y avait déjà 50 000
Page 34288
1 Musulmans et 20 000 Croates.
2 R. Oui, ceci est dans le droit-fil de ce que je viens de dire. Ces
3 chiffres, par la suite, ont augmenté.
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Est-ce que ce document peut être versé ?
5 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous le recevrons sous pli scellé
6 provisoirement, et les parties en décideront par la suite.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] D3030, sous pli scellé à titre
8 provisoire, Monsieur le Président.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Pour l'heure, je n'ai pas d'autres
10 questions pour M. le Témoin Jovanovic.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Karadzic.
12 Monsieur Jovanovic, comme vous l'avez relevé, la plus grande partie de
13 votre déposition lors de l'interrogatoire en chef au principal a été versé
14 sous forme écrite en lieu et place de votre témoignage oral. Et maintenant,
15 le contre-interrogatoire va procéder sous la direction de M. Tieger du
16 bureau du Procureur.
17 M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
18 Contre-interrogatoire par M. Tieger :
19 Q. [interprétation] Monsieur Jovanovic, nous n'avons qu'un laps de temps
20 relativement court avant que nous ne suspendions l'audience pour le
21 déjeuner, mais j'aimerais commencer par noter que nous allons donc changer
22 de vitesse en quelque sorte pour le contre-interrogatoire. On m'a accordé
23 un laps de temps spécifique par les Juges de la Chambre pour poser des
24 questions spécifiques sur les questions qui ont été soulevées dans votre
25 déclaration ou peut-être d'autres questions. Ainsi, les Juges de la Chambre
26 escomptent que je m'axe sur des détails précis ainsi qu'à votre égard.
27 Donc, si je vous pose une question précise, ça n'indique pas que vous
28 développiez le sujet, mais si vous voulez bien vous en tenir à la question
Page 34289
1 qui vous aurait été posée.
2 Je vous le souligne, car j'ai remarqué, par exemple, qu'un moment donné
3 quand on vous a posé la question sur un sujet bien particulier, vous avez
4 présenté des informations sur la notoriété de la personne, ce qui
5 intéressait la personne en question, avec qui il conversait en général, et
6 cetera. Donc, je vous demanderais de répondre de façon pointue à mes
7 questions.
8 Passons au paragraphe 25, tout d'abord, de votre déclaration. Vous y dites
9 qu'à l'instar de la Republika Srpska, dans ce cas vous parlez de la RSK,
10 elle n'était pas reconnue par la Serbie mais elle n'était pas non plus
11 contestée.
12 Je vous dirais que cette description de la position de la Serbie par
13 rapport à la Republika Srpska, c'est-à-dire ne pas contester le statut
14 d'état sans le reconnaître, ne décrit pas intégralement le rapport d'appui
15 que la Serbie entretenait par rapport à la Republika Srpska. Par exemple,
16 cela n'indique pas - ni le restant, d'ailleurs, de votre déclaration - ce
17 dont vous avez témoigné ici en ce qui concerne Slobodan Milosevic. Vous
18 déclarez au compte rendu, page 36 224, et je cite :
19 "Il est certain que les trois bords avaient ce qui venait des complices et
20 ceux qui venaient les aider de l'extérieur, car il n'y a pas de guerre
21 civile sans ladite aide extérieure."
22 Pourriez-vous confirmer que c'est votre position dans l'affaire Milosevic ?
23 R. Oui. Je répéterai, c'est une guerre civile dans laquelle toutes les
24 parties possédaient leurs appuis extérieurs.
25 Q. On vous a également posé la question -- et quand je parle des comptes
26 rendus et des pages, je peux bien sûr les afficher pour que vous les
27 voyiez, mais je le fais principalement aux fins des Juges de la Chambre et
28 de la Défense pour pouvoir y accéder.
Page 34290
1 On vous a également posé la question, page 36 420 du compte rendu lors de
2 votre déposition dans l'affaire Milosevic si, et je cite, "chaque partie
3 avait ses appuis et vous saviez que vous appuyiez l'une des parties, n'est-
4 ce pas ?"
5 Et vous avez répondu, je cite :
6 "Du point de vue politique, financier et diplomatique, oui. Ils étaient des
7 nôtres."
8 Pourriez-vous confirmer que c'était là votre position et que quand vous
9 avez déclaré "ils étaient des nôtres", vous parliez des Serbes de Bosnie ?
10 R. Tout d'abord, en déclarant "qu'ils étaient des nôtres", je voulais dire
11 que nous sommes un seul et même peuple et que nous vivions en deux Etats
12 avoisinants et nos sympathies et l'appui à leur égard était naturel, car
13 une partie du même peuple ne peut ne pas appuyer et avoir des sympathies
14 pour le segment de ces populations dans un autre pays.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourrais-je indiquer la différence en
16 interprétation où l'on voit "les nôtres", "notre peuple." Il s'agit de
17 "notre peuple", "des nôtres," comme ceux qui sont en Serbie, mais il y a
18 également la signification du terme "peuple" dans le sens de nation, donc
19 peuple, et c'est pourquoi des différences dans l'interprétation
20 interviennent.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.
22 M. TIEGER : [interprétation] Bien. Cela ne signifie rien ici, mais je suis
23 conscient du potentiel de ce distinguo et j'essaierai donc de faire la
24 distinction lorsque je parle de nation ou de peuple constitutif ou de
25 nation. Encore une fois, j'essaierai de faire aussi clair que faire se
26 peut.
27 Q. Pendant votre déposition dans l'affaire Milosevic, on vous a également
28 posé la question concernant le degré d'appui militaire fourni par la Serbie
Page 34291
1 à la Republika Srpska. Est-il exact que vous avez répondu - ceci se trouve
2 à la page 36 420 du compte rendu - que c'était un sujet que vous ne pouviez
3 aborder ? Car vous avez répondu :
4 "J'ignore cette partie-là, car comme je vous l'ai dit, je ne savais rien
5 des affaires militaires."
6 C'est ce que vous avez dit dans votre déposition dans l'affaire Milosevic,
7 n'est-ce pas ?
8 R. Oui, c'est exact. C'est ce que j'ai déclaré, car les questions
9 militaires, je les ignorais. Je ne recevais aucune information de quel que
10 service de renseignement que ce soit sur ces questions, ni non plus ne
11 recevais-je des informations sur les situations militaires en Bosnie-
12 Herzégovine. Tout ce que j'apprenais venait de la presse ou de rencontres
13 au pied levé avec d'aucuns.
14 Q. Les Juges de la Chambre ont reçu des éléments de preuve venant de
15 différentes sources quant à la mesure de l'appui militaire des Serbes pour
16 la Republika Srpska ou de la République fédérale de Yougoslavie aux Serbes
17 de Bosnie. Je vous poserais la question suivante : sans être averti des
18 détails, comme vous nous l'avez dit, et étant dans la position où vous vous
19 trouviez néanmoins, étiez-vous averti de la mesure de l'appui militaire
20 fourni par le bord serbe aux Serbes de Bosnie et qu'il était important ?
21 R. Je ne saurais le dire. Tout ce que je pourrais dire, ce serait des
22 conjectures, car je n'ai pas d'informations directes spécifiques en la
23 matière. Ce que j'ai déclaré ne saurait être circonstancié car cela ne se
24 fonde pas sur des sources d'origine, ni des connaissances d'origine.
25 Q. Aux paragraphes 37 à 42 de votre rapport -- déclaration, devrais-je
26 dire. Désolé. Je vois le rapport devant moi.
27 Désolé. Aux paragraphes 37 à 42 de votre déclaration, vous citez le plan
28 Cutileiro. J'aimerais vous poser des questions sur ces citations. Tout
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1 d'abord, par deux fois, vous renvoyez au fait allégué que le plan était
2 "accepté" par les Serbes et qu'ils n'auraient jamais - et je récite -
3 "signé le plan Cutileiro" s'ils avaient des intentions de s'ouvrir une voie
4 en Bosnie-Herzégovine par la force.
5 Tout d'abord, Monsieur Jovanovic, êtes-vous averti du fait que l'accord de
6 principe n'a pas été signé à titre officiel et que de fait, la direction
7 serbe de Bosnie, y compris le Dr Karadzic, a confirmé à ses partisans que
8 ça n'avait pas été signé et ne le serait jusqu'à ce que la direction des
9 Serbes de Bosnie obtienne exactement ce qu'elle souhaitait ? En étiez-vous
10 conscient ?
11 R. J'étais présent lorsque M. le Témoin Cutileiro a présenté son rapport à
12 la conférence internationale sur la Yougoslavie. Il a demandé deux semaines
13 pour y donner les dernières touches et parachever son rapport, mais il a
14 déclaré que les trois bords avaient accordé leur consentement. Tous ceux
15 qui étaient présents à la conférence où les chefs des républiques de l'ex-
16 Yougoslavie avaient appuyé la chose, y compris le président Milosevic, qui
17 avait déclaré que M. Cutileiro devrait recevoir ces deux semaines pour
18 parachever ces rapports et que la Serbie serait parmi les premiers à
19 épauler la Bosnie-Herzégovine restructurée de cette façon. Tous ceux qui
20 voulaient tout simplement mettre à l'épreuve M. Milosevic auraient pu
21 attendre deux semaines pour voir si effectivement, il le signerait. La
22 seule exception était le président Izetbegovic, qui a demandé une
23 reconnaissance immédiate de la Bosnie-Herzégovine. J'aimerais souligner que
24 le consentement des trois bords avait été accordé à ce texte - non pas la
25 signature, mais le consentement, qui est très important - et le seul bord
26 qui a retiré ce consentement sous la pression des Etats-Unis a été le bord
27 musulman. Cela a sonné la fin de ce processus, ce qui a donné lieu au début
28 des événements abominables qui sont intervenus pendant la guerre civile en
Page 34293
1 Bosnie.
2 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une pause, Monsieur Tieger ?
3 M. TIEGER : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons faire une pause de 45
5 minutes, et nous reviendrons à 13 heures 15.
6 --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 29.
7 --- L'audience est reprise à 13 heures 17.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur Tieger.
9 M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
10 Q. Monsieur Jovanovic, nous étions en train de parler de certaines parties
11 de votre déclaration qui abordent le plan de M. Cutileiro. Au paragraphe 39
12 de votre déclaration, il semble que vous ayez insisté sur le fait de dire
13 que la position prise au sujet de l'accord de principe daté du 18 mars se
14 trouvait être en quelque sorte incompatible avec les positions qui étaient
15 celles de la direction des Serbes de Bosnie pour ce qui concerne
16 l'aboutissement à leurs objectifs par des moyens militaires. Parce que vous
17 avez dit :
18 "S'ils avaient eu de telles intentions, ils n'auraient pas signé l'accord
19 de Cutileiro."
20 Et c'est ce qui est dit au paragraphe 39 avec une disposition
21 similaire au paragraphe 49.
22 Alors, Monsieur Jovanovic, est-ce que vous acceptez ou niez le fait,
23 ou dites-vous que vous ne le saviez pas que des positions avaient été
24 prises par la direction des Serbes de Bosnie du point de vue de faire en
25 sorte, au cas où les négociations échoueraient, d'aboutir à ce que l'on
26 souhaitait, faire ce qui était nécessaire pour protéger leurs intérêts, y
27 compris le recours à la force pour s'emparer de territoires ?
28 R. Du fait d'avoir accepté le plan de Cutileiro en Bosnie-Herzégovine, les
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1 Serbes ont montré de façon plus que claire qu'ils ne voulaient pas la
2 guerre mais qu'il --
3 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Jovanovic, je crains fort que
4 nous n'obtenions pas d'interprétation. Ayez l'amabilité de reprendre votre
5 réponse à partir du début.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Par leur acceptation du plan Cutileiro --
7 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais une fois de plus, nous n'obtenons
8 pas d'interprétation.
9 Monsieur Karadzic, est-ce que vous m'entendez ?
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, Excellence. J'entends le serbe.
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez dire quelque chose en B/C/S.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Nous, nous obtenons l'interprétation en serbe.
13 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous ne recevons pas d'interprétation
14 encore.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Il se peut que quelqu'un ait changé de canal.
16 Moi, je suis sur le canal numéro 6 et j'entends le serbe.
17 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non. Ah, ça y est. Maintenant la chose
18 semble être résolue.
19 Veuillez continuer, Monsieur Tieger, ou est-ce que -- peut-être pourriez-
20 vous répéter votre réponse, Monsieur Jovanovic.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Merci. De par leur acceptation du plan
22 Cutileiro, les Serbes de la Bosnie-Herzégovine avaient dit de façon plus
23 que claire qu'ils tenaient plus à la paix qu'à la guerre. Ils avaient
24 redouté la guerre comme tout un chacun et ils ont souffert de grosses
25 pertes parce qu'ils ont renoncé à leur objectif suprême, c'est-à-dire à
26 rester en Yougoslavie pour vivre dans un pays indépendant, parce que ce
27 plan leur assurait l'égalité en droit et la liberté en leur qualité de
28 peuple constitutif. Ce qui fait que l'alternative à la paix, ce n'était pas
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1 une option de guerre aux yeux des Serbes de Bosnie, ils ont été contraints
2 à cela. N'oublions pas qui est-ce qui a commencé à tirer là-bas. D'abord,
3 c'est le HDZ des forces de Croatie qui sont entrées dans Bosanski Brod et
4 ont incendié un village serbe. Puis il y a eu ce mariage à Sarajevo où l'on
5 a tué --
6 M. TIEGER : [interprétation]
7 Q. Monsieur Jovanovic, excusez-moi de vous interrompre. J'essaie de me
8 conformer aux lignes directrices que j'ai énoncées pour ce qui est d'en
9 rester aux questions qui sont posées. Alors, la question était celle de
10 savoir si vous étiez conscient des positions des Serbes de Bosnie, et non
11 pas de l'interprétation du plan ou des événements qui ont suivi. Alors, ai-
12 je bien compris ce que vous avez dit, à savoir que votre avis est celui
13 d'affirmer que les Serbes de Bosnie, comme vous le dites, ont été
14 littéralement forcés à prendre cette option, c'est-à-dire l'option
15 militaire, option de guerre, et comme vous l'avez dit plus tôt en page 29,
16 ils ont été contraints de se battre. C'est bien ce que vous dites ?
17 R. Oui. Et dans ma déclaration, ne l'oubliez pas, j'ai dit que j'ai été
18 présent à une seule entrevue entre le président Milosevic et le président
19 Karadzic pour ce qui est d'une guerre possible en Bosnie-Herzégovine, et le
20 Dr Karadzic était sérieusement inquiété suite à l'échec du plan Cutileiro
21 en se disait qu'il pouvait y avoir une guerre là-bas. Et Milosevic lui a
22 dit : "Mais retirez-vous vers vos territoires, là où vous êtes
23 majoritaires, et ne faites rien."
24 Q. Excusez-moi, Monsieur. Je m'excuse, mais il n'est pas nécessaire de
25 reprendre le texte de vos déclarations. Ce n'est pas tout à fait efficace.
26 R. Fort bien.
27 Q. Alors, vous ai-je bien compris, avez-vous dit que vous n'étiez pas au
28 courant du fait que la direction des Serbes de Bosnie, d'une façon
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1 quelconque, avant et pendant les négociations au sujet du plan de
2 Cutileiro, aurait exprimé quoi que ce soit qui dirait qu'au cas où ils ne
3 pourraient pas réaliser ce qu'ils voulaient réaliser par le biais de
4 négociations, ils feraient ce qui est nécessaire, y compris la prise de
5 territoires par la force ?
6 R. Non, je n'ai jamais entendu ce type de déclaration de la bouche de
7 personne, ni de Milosevic. On n'a pas envisagé cette possibilité parce
8 qu'on était profondément convaincu du fait que ce processus de paix allait
9 aboutir à une solution. Je ne sais pas si quelqu'un avait une chose
10 pareille en tête, mais pour ce qui est des entretiens qui se sont tenus,
11 jamais rien de ce genre n'a été mentionné.
12 Q. Parlons à présent d'une chose à laquelle vous avez fait allusion un peu
13 plus tôt. En pages 46 et 49 de votre témoignage d'aujourd'hui, c'est la
14 question de la totalité des Serbes dans un seul et même Etat, et c'est lié
15 au démantèlement de la Bosnie.
16 Alors, cet accord de principe formulé par Cutileiro avait été
17 conditionné - vous serez d'accord avec moi pour le dire - par la nécessité
18 de maintenir la Bosnie-Herzégovine dans ses frontières existantes ?
19 Répondez par un oui ou par un non.
20 R. Oui.
21 Q. Et la réalité était celle de voir la direction des Serbes de Bosnie
22 jamais tomber d'accord avec ceci parce qu'en partie, leur objectif, leur
23 rêve avait été la réunification de la totalité des Serbes dans un seul et
24 même Etat, que ce soit un seul Etat ou une fédération d'Etats; est-ce bien
25 exact ?
26 R. Moi je sais quel était l'objectif de la Serbie. L'objectif de la Serbie
27 n'était pas du tout celui de faire ou d'exprimer des aspirations
28 territoriales vis-à-vis de qui que ce soit, ni de la Bosnie-Herzégovine. Au
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1 contraire, l'objectif limité était celui de protéger les Serbes en Bosnie-
2 Herzégovine contre les périls possibles encourus pour ce qui est d'une
3 domination ou d'un unitarisme. Il fallait donc respecter leur égalité en
4 droit. Alors, ce que les Serbes en Bosnie ont rêvé et imaginé comme
5 développement potentiel, c'est une chose qui sort du cadre de la réalité
6 rationnelle. Tout un chacun peut avoir des rêves, mais ça n'a pas été la
7 politique officielle de la Serbie, et pas plus que d'ailleurs une telle
8 politique n'a été promulguée auprès des Serbes de Bosnie par la Serbie. Les
9 Serbes ont exprimé des appréhensions énormes pour ce qui est de savoir ce
10 qui pourrait se produire si jamais il ne pouvait pas y avoir d'accord au
11 sujet d'une Bosnie-Herzégovine indépendante de façon pacifique, et c'est à
12 cet effet que M. Milosevic avait eu des entretiens en ce sens, comme
13 j'avais commencé à vous l'expliquer tout à l'heure.
14 Q. Penchons-nous alors sur ce qu'ils ont exprimé à l'égard de leurs
15 suiveurs et à l'égard de vous-même. Permettez-moi de dissocier ceci pour
16 présenter deux facettes. D'abord, il s'agissait de savoir si la Bosnie
17 allait rester ou pas un seul et même Etat, et ensuite on va passer à la
18 question de la totalité des Serbes dans un seul et même Etat.
19 Tout d'abord, cette Chambre de première instance a pu entendre des
20 éléments de témoignage allant dans le sens suivant, et c'est à ce sujet-là
21 que je voudrais vous demander si vous affirmez que vous aviez eu vent de la
22 chose à l'époque, c'est-à-dire s'agissant de la tenue de la 42e Session de
23 l'assemblée en 1994, M. Karadzic a dit - et je précise qu'il s'agit de la
24 pièce P1394, pages 81-82 du prétoire électronique - ce qui suit :
25 "Nous avons remporté la bataille pour notre république le 18 mars. C'est la
26 première fois qu'Alija a dit pour ou en faveur de trois Bosnie sur des
27 bases ethniques, et ça a été fatal pour lui. C'était le moment où la Bosnie
28 s'est effondrée."
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1 Et ensuite, il a dit :
2 "S'ils nous avaient ignorés, s'ils étaient restés muets, et s'ils avaient
3 reconnu la Bosnie, par la suite on aurait pu dire que des rebelles sont
4 allés faire péricliter leur propre Etat et on aurait eu des problèmes
5 graves."
6 Alors, à la 37e Session de l'assemblée, il a été expliqué - et je pense que
7 c'était en 1994 - que pour la première fois de l'histoire un Etat était en
8 train de se décomposer après sa reconnaissance et que la communauté
9 internationale était en train de l'accepter.
10 Alors, est-ce que vous aviez su que le Dr Karadzic et d'autres membres de
11 la direction des Serbes de Bosnie avaient pris des positions en ce sens
12 pour dire que la Bosnie-Herzégovine avait substantiellement pris fin en
13 tant qu'Etat du fait de cet accord de principe ?
14 R. Pour autant que je puisse le voir, cette déclaration du Dr Karadzic est
15 datée de 1994, comme vous venez de le dire, et non pas tout de suite après
16 la formulation du plan de Cutileiro. Ça exprime une situation qui, à ce
17 moment-là, était celle qui se présentait, c'est-à-dire que l'Etat commun de
18 Bosnie-Herzégovine ne fonctionnait pas en tant que tel. La situation
19 factuelle en Bosnie-Herzégovine allait à l'encontre de ce qu'un Etat
20 devrait avoir pour être reconnu et respecté en tant qu'Etat indépendant. Et
21 dans cette déclaration, je ne vois rien de particulier, si ce n'est un peu
22 d'euphorie. Parce que toutes les autres déclarations du Dr Karadzic au
23 niveau de l'assemblée de la Republika Srpska et ailleurs dans des
24 interviews allaient dans le sens opposé, à savoir que le minimum qu'ils
25 demandaient en Bosnie-Herzégovine, c'était la protection de leurs droits
26 fondamentaux en leur qualité de peuple constitutif, et pour avoir une vue
27 d'ensemble, il faudrait se pencher sur la totalité de ces interviews et
28 déclarations pour se faire une image plus complète que celle que vous êtes
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1 en train d'extraire.
2 Q. Monsieur Jovanovic, vous étiez présent, n'est-ce pas, à la date du 21
3 janvier 1993 lors de la tenue de ce conseil de coordination, où M. Cosic a
4 parlé de la reconnaissance par les soins de Lord Owen pour ce qui est de
5 leur intention de créer un Etat dans un Etat et du fait que les débats
6 relatifs à la circonspection d'un territoire serbe des Serbes de Bosnie
7 avait justement traduit les objectifs politiques formulés par Lord Owen.
8 Est-ce que vous vous en souvenez ou vous voulez que je vous le montre sur
9 l'écran ?
10 R. Je ne pense pas m'en souvenir exactement mais Lord Owen avait été le
11 premier à formuler une idée d'organisation de la Bosnie-Herzégovine à
12 l'avenir sur des bases confédérales, et il est parti d'un principe
13 ethnique. Le fait de parler, de prêter ces propos au président Cosic, ça
14 n'avait rien de nouveau. Parce qu'au final, la Bosnie-Herzégovine actuelle,
15 celle de Dayton, est constituée de deux entités. Ce ne sont pas des Etats
16 indépendants, mais ce sont des entités étatiques qui sont reconnues par le
17 contrat de la création ou l'accord de création de cet Etat. Lord Owen était
18 en quelque sorte le père de l'idée en milieu de l'année, enfin en mi-1994
19 et c'était une idée qui était reprise par les accords. Donc cette idée qui
20 est attribuée au président Cosic, moi je n'y vois rien de particulièrement
21 nouveau.
22 Q. M. Cosic a dit à la date du 21 janvier 1993, qu'un Etat, un Etat des
23 Serbes de Bosnie, était "notre objectif et volonté politique principale",
24 et deux semaines plus tôt seulement, à l'occasion d'un conseil précédemment
25 tenu pour l'harmonisation des points de vue ou conseils de coordination, le
26 Dr Karadzic avait dit quelque chose de ce genre aussi : "Nous ne
27 reconnaissons pas la Bosnie-Herzégovine en tant qu'Etat indépendant et
28 souverain. A la place, nous avons créé notre propre Etat sur la base du
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1 droit à l'autodétermination et à l'autogestion." C'était la position des
2 Serbes de Bosnie, création d'un Etat propre et non pas la reconnaissance de
3 la Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?
4 R. La Bosnie-Herzégovine avait été reconnue en avril 1992 sur le plan
5 international. Donc, il n'était point nécessaire de reposer la question a
6 posteriori. Mais pour ce qui est d'un Etat des Serbes de Bosnie en Bosnie-
7 Herzégovine, c'avait été leur objectif, à compter de la mi-1993 et au-delà,
8 et ça s'est réalisé par les accords de Dayton. Ils ont leur Etat, c'est-à-
9 dire leur entité, qui est respecté et c'est l'un des piliers de cette
10 Bosnie-Herzégovine indépendante de nos jours. Ce que M. Cosic a dit, il
11 s'est peut-être exprimé à tort et à travers. Mais cet Etat serbe que nous
12 avions n'était pas contraire au fait de la Bosnie-Herzégovine
13 internationalement reconnue puisque celle-ci était reconnue depuis avril
14 1992 déjà.
15 Q. Je veux parler de certains aspects de cet Etat et également de la
16 question de tous les Serbes au sein du même Etat. Je vous l'ai déjà
17 annoncé, et je voudrais attirer votre attention sur certaines des
18 déclarations qui ont été faites, qui sont donc allées au-delà des simples
19 desideratas ou de ce dont on a pu rêver. Le 25 février 1992, lors de la 8e
20 Session du parlement des Serbes de Bosnie, M. Krajisnik a dit :
21 "Nous avons l'opportunité de maintenir les Serbes au sein d'un seul et
22 unique Etat en Bosnie-Herzégovine, qui pourra devenir une partie de
23 l'empire serbe."
24 Le 9 janvier 1994, lors de la session solennelle du parlement des Serbes de
25 Bosnie, le Dr Karadzic a déclaré :
26 "Notre but est de nous réunir avec la Serbie. Nous ne nous cachons pas de
27 cela."
28 P5525 est le numéro de cote concerné, page 12.
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1 Un peu plus tard en janvier 1994, lors de la 38ème Session, pièce P1387 :
2 "Notre objectif de réunification avec la Krajina et la Serbie est toujours
3 valable."
4 Le 21 août 1994, M. Krajisnik déclare :
5 "Notre objectif est que tout ce pourquoi nous nous battons aujourd'hui
6 devienne un Etat unifié. Que Dieu le permette. Tout le territoire
7 actuellement appelé Republika Srpska ou Krajina serbe sera la Serbie."
8 Monsieur Jovanovic, est-ce que vous nous dites que vous étiez au courant ou
9 que vous n'étiez pas du tout au courant de telles prises de position de la
10 part de M. Karadzic et d'autres personnalités de la direction bosno-serbe,
11 à savoir que l'objectif de long terme était la réunification des Serbes de
12 Bosnie avec la Serbie ?
13 R. Je vous remercie. Tout d'abord, je voudrais vous rappeler que tous les
14 Serbes étaient réunis au sein de la République fédérale de Yougoslavie. Ils
15 ont cessé de l'être à partir du moment où cet Etat a été brisé par d'autres
16 puissances. Le plan de Cutileiro, les Serbes de Bosnie y ont donné leur
17 accord en Bosnie-Herzégovine, à condition qu'il y ait trois cantons. Et
18 malgré l'acceptation des Serbes, et c'est une situation qui est advenue
19 dans le cas --
20 Q. Excusez-moi, je n'ai aucun plaisir particulier à vous interrompre,
21 Monsieur Jovanovic, mais comme vous pourrez le voir à l'écran, je vous
22 demandais simplement si vous étiez ou non au courant de telles prises de
23 position.
24 R. Oui, oui, oui. Et c'est précisément ce que je souhaite vous expliquer.
25 Après cela, après le début de la guerre, cette option d'une Bosnie-
26 Herzégovine indépendante n'était plus d'actualité, d'autres options ont vu
27 le jour et chacun avait la sienne. Chacun voyait les choses de façon
28 différente.
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1 Moi, je n'ai pas nécessairement remarqué tout cela au moment où
2 j'étais en poste parce que tous ces événements et les informations
3 correspondantes ne nous parvenaient pas nécessairement à temps, et ne
4 parvenaient pas certainement pas à moi. Il y a eu, je crois, des
5 dispositions d'esprit qui étaient plus marquées par la rêverie que par le
6 sens des réalités ou le pragmatisme. Leur objectif peut s'être exprimé de
7 différentes façons mais en substance, ce qui compte, c'est que cela leur
8 était suggéré par la Serbie, et l'essentiel, c'était qu'ils devaient se
9 mettre d'accord avec les deux autres parties pour obtenir la liberté et
10 l'égalité de traitement, et c'était là l'objet même de leurs efforts. Quant
11 à des déclarations euphoriques qui ont pu être faites par untel ou untel à
12 certains moments, eh bien, c'est quelque chose qui peut toujours se
13 produire dans le feu de l'action mais cela n'a absolument aucun poids
14 lorsque l'on s'intéresse à une évaluation juste de la situation telle
15 qu'elle a pu se présenter.
16 Q. Eh bien, j'y reviendrai, mais ce n'est pas la première fois dans vos
17 réponses que vous faites une distinction entre les positions prises par les
18 Serbes de Bosnie à l'époque des négociations sous l'égide de Cutileiro
19 d'une part, et les positions qu'ils ont prises après, d'autre part. Donc,
20 concernant ce que je vous ai déjà demandé un peu plus tôt, à savoir la
21 question de savoir si la Bosnie était un Etat, en réalité, Monsieur le
22 Témoin, la première des propositions du plan Cutileiro, des principes
23 avancés, était que la Bosnie était un Etat et il a toujours été affirmé
24 qu'elle était un Etat, mais la direction bosno-serbe, cela, ne l'a jamais
25 accepté. C'est la réalité, n'est-ce pas, qu'on l'envisage plus tard dans le
26 temps ou à l'époque des négociations ?
27 R. Non, je ne saurais pas d'accord avec vous parce que par l'accord qu'ils
28 ont donné au plan Cutileiro, ils ont donné leur accord également à l'idée
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1 d'avoir la Bosnie comme Etat, c'était inséparable l'un de l'autre.
2 Deuxièmement, ils ont accepté les accords de Dayton. Et ils continuent
3 aujourd'hui encore à respecter l'engagement pris, tant que leurs droits
4 sont respectés au sein de cette Bosnie. Par l'éclatement de la guerre en
5 Bosnie-Herzégovine, on est en fait entré dans une situation nouvelle, tout
6 à fait irrégulière et extrêmement dangereuse, situation dans laquelle moi
7 je comprends qu'il ait pu y avoir un certain nombre de prises de positions
8 ou de déclarations complètement illusoires, irréalistes, extravagantes
9 même, de la part des uns comme des autres, y compris de la part des Bosno-
10 Serbes. Je ne vais pas vous décrire -- je n'accorderais pas beaucoup de
11 poids à de telles déclarations et je paierais davantage d'attention, en
12 revanche, au processus de paix de 1992 à 1995 dans lequel les Serbes ont
13 joué un rôle éminent.
14 Q. Vous n'êtes pas d'accord avec ce que M. Karadzic et d'autres ont dit
15 lors de la 49e Session de l'assemblée --
16 M. TIEGER : [interprétation] Pièce P1407, pages 116 à 117.
17 Q. "La première proposition des principes avancés par Cutileiro, si vous
18 vous en souvenez, était que la Bosnie était un Etat constitué de ceci, et
19 cetera, mais il a toujours été dit que la Bosnie était un Etat et nous
20 n'avons jamais accepté cela."
21 Alors, nous parlons du Dr Karadzic et de ce qui a été dit au sujet de tous
22 les Serbes dans le même Etat. Vous avez dit que vous n'étiez pas au courant
23 de cela, et c'est la position que vous avez prise lors de votre déposition
24 dans l'affaire Milosevic, à plusieurs reprises vous avez nié que l'idée de
25 réunir tous les Serbes au sein du même Etat ait pu se trouver à la base
26 même des objectifs poursuivis par tout un chacun, de part et d'autre de la
27 Drina. Je me réfère ici à la page 36 367 de votre déposition dans l'affaire
28 Milosevic. C'était bien votre position à l'époque, n'est-ce pas, et vous la
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1 maintenez lors de la présente déposition ?
2 R. Oui, mais n'oublions pas qu'il n'y a aucun peuple qui ait été partagé
3 et qui n'aspire pas à une réunification. C'est un phénomène universel et
4 fondamental qu'on observe dans tous les peuples qui ont été séparés. Et
5 cette division des Serbes était toute récente, elle est intervenue juste
6 après le démantèlement de l'Etat commun. Donc il n'est absolument pas
7 étonnant d'avoir pu observer une forme de bouillonnement de ces désirs
8 d'unification au sein d'un Etat commun. Ceci dit, cela ne reflète pas la
9 réalité politique et encore moins les objectifs serbes. L'idée d'une
10 Grande-Serbie réunissant tous les Serbes était quelque chose de tout à fait
11 irréaliste qui n'a absolument pas été poursuivi par les dirigeants serbes
12 officiels. Donc, de telles déclarations faites par des individus du côté
13 des Serbes de Bosnie, je les considère davantage comme l'expression d'une
14 certaine forme de désespoir et une façon qu'ils avaient de se consoler par
15 leur propre grandiloquence, en quelque sorte.
16 Q. Alors, peut-être que cela ne correspondait pas à la politique
17 officielle, la politique serbe officielle, mais je voudrais attirer votre
18 attention sur un certain nombre de choses qui ont été déclarées malgré tout
19 et consignées lors de la séance de janvier 1993 du conseil visant
20 l'harmonisation des positions. M. Cosic :
21 "A mon sens, nous devons nous réconcilier et enfin nous mettre d'accord sur
22 le fait que notre objectif politique principal est celui de vivre dans un
23 seul Etat ou dans une fédération d'Etats et que ceci est l'objectif à long
24 terme que nous devons nous efforcer d'atteindre étape par étape".
25 Ensuite, M. Karadzic, lors de la séance du 9 janvier 1993 du conseil de
26 coordination, pièce numéro 0645 sur la liste 65 ter, page 68 en anglais et
27 page 67 en B/C/S, je cite, la teneur est la même :
28 "C'est l'objectif à long terme qui ne peut être atteint qu'étape par étape
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1 et progressivement".
2 Et ensuite, vos propres propos lors de la séance toujours du 9 janvier 1993
3 de ce conseil chargé d'harmoniser les positions :
4 "Nous devons tirer de cela la conclusion suivante : les conditions de la
5 communauté internationale ne permettent pas la réalisation du rêve de
6 réunir tous les Serbes au sein d'un même Etat".
7 Page 25 en anglais et en B/C/S.
8 Alors, Monsieur le Témoin, est-ce que vous vous rappelez cette déclaration
9 qui est la vôtre, et reflète-t-elle fidèlement ce qu'était votre propre
10 position au mois de janvier 1993 ?
11 R. Je ne vois là rien de contesté dans cette partie de ma déclaration que
12 vous avez citée. Parce que le peuple serbe était divisé sous différentes
13 puissances et empires, et c'était un rêve multiséculaire des Serbes que
14 celui de vivre au sein d'un seul et même Etat. Quant au fait que la
15 communauté internationale n'ait pas souhaité que cela puisse advenir,
16 c'était un constat d'où il fallait partir. Et ce n'était certainement pas
17 un objectif politique qu'on pouvait poursuivre. C'était tout à fait
18 dépassé, donc en janvier 1993, c'était la nouvelle étape du processus de
19 paix qui était en préparation, l'étape la plus prometteuse. Et lors de
20 cette réunion, nous avons constaté que chacun avait son propre point de
21 vue. Le président Cosic était un homme de lettres qui avait une
22 interprétation un peu plus libre de tout cela et qui était moins centré sur
23 la réalité. Et moi, ce que j'ai dit à cette occasion était tout à fait à sa
24 place et je n'aurais absolument rien à y ajouter.
25 Q. Vous avez souligné à plusieurs reprises qu'il ne s'agissait pas d'un
26 objectif politique pratique à l'époque, mais en réalité, vous-même, le Dr
27 Karadzic, M. Cosic et d'autres membres de la direction serbe et bosno-serbe
28 ont insisté pour dire que cet objectif était bien réel et qu'il devait être
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1 mis en œuvre progressivement, étape par étape, n'est-ce pas ?
2 R. Eh bien, l'Etat commun dans lequel tous les Serbes et les autres
3 vivaient ensemble avait été détruit. Mais cela ne signifiait pas que le
4 rêve de voir de nouveau advenir la même configuration avait, lui aussi,
5 disparu, cela n'aurait été possible qu'à travers un processus plus large,
6 de plus grande ampleur. Pour nous, il s'agissait de l'intégration
7 européenne, processus en vertu duquel tous auraient de nouveau vécu dans le
8 même cadre. Il restait à voir dans lequel exactement.
9 Donc, cela ne peut être retenu contre ceux qui étaient responsables
10 des différents fragments du peuple serbe à l'époque, et qui avaient en tête
11 la nécessité de créer de nouveau à l'avenir un Etat commun. Parce que tous
12 les Etats ont cet objectif. Les Albanais aujourd'hui rêvent d'un Etat
13 commun. Les habitants de Chypre, les Grecs, les Roumains également, donc
14 c'est quelque chose de tout à fait ordinaire, mais dans le cas qui nous
15 intéresse, ceci a été rejeté en tant qu'objectif irréaliste.
16 L'ACCUSÉ : [interprétation] Juste une correction. Lignes 16, 17 du compte
17 rendu d'audience, le témoin a dit que dans l'ancien Etat commun, tous les
18 Serbes vivaient ensemble et également tous les autres. Il a dit tous les
19 Serbes et les autres.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Et j'ajouterais qu'au sein de cet Etat fédéral
21 conjoint, nous étions tous grands, et que par sa disparition, nous sommes
22 tous devenus petits, et que c'était là l'objectif poursuivi par quelqu'un
23 d'autre.
24 M. TIEGER : [interprétation]
25 Q. Vous dites, Monsieur Jovanovic, que vous avez rejeté ce rêve à cause de
26 l'impossibilité de le réaliser, mais en janvier 1993 vous reconnaissiez
27 tout simplement qu'à ce moment-là ce rêve ne peut être réalisé. C'est en
28 page 25 du compte rendu de cette séance du conseil chargé d'harmonisation
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1 des positions, et en page suivante, 26 en anglais, mais toujours 25 en
2 B/C/S, vous dites, vous décrivez "la première phase de notre combat pour
3 nos objectifs nationaux".
4 Donc, la réalité est que ceci est bien resté votre objectif devant être mis
5 en œuvre étape par étape dans la mesure où la réalité le permettait à un
6 moment particulier.
7 R. Je ne vois rien qui ne soit pas naturel là-dedans. Tout peuple qui est
8 dispersé entre différents Etats a pour objectif naturel de se réunir à
9 l'avenir d'une façon ou d'une autre, mais cela ne signifie pas qu'on entend
10 réaliser cela du jour au lendemain. Cela peut prendre une centaine d'années
11 ou peut-être un millier d'années. Donc, il ne faut pas faire tout un
12 fromage de ceci. Nous voyons qu'il y a une forme d'idéalisme dans ce genre
13 de prise de position, mais que ceci est tout à fait inacceptable du point
14 de vue de la Serbie. Nous n'avons fait aucune concession en la matière.
15 Nous avons systématiquement affirmé notre objectif selon lequel la
16 République de Bosnie-Herzégovine devait être organisée de façon à permettre
17 l'acceptation de cette dernière par chacun des trois peuples. Cela, nous
18 l'avons accepté. Il n'y avait pas de possibilité pour la Serbie de
19 s'étendre au-delà de la Drina sur le plan territorial.
20 Q. Passons à la question du territoire. Vous étiez au courant, n'est-ce
21 pas, qu'il y avait une carte adjointe à l'accord de principe dans le cadre
22 du plan Cutileiro ?
23 R. Oui, j'étais au courant de l'existence d'une carte et je ne m'en
24 souviens pas à cet instant précis, mais j'étais au courant.
25 Q. Est-ce que vous savez également que cette carte donnait les majorités
26 absolues et relatives dans toutes les municipalités de Bosnie et présentait
27 ces rapports de force démographiques en tant que point de départ pour les
28 discussions quant à ce que le territoire de chacune des trois entités
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1 devait être ?
2 R. Excusez-moi. Comment dire ? Je n'ai pas participé à ces pourparlers.
3 Donc, je n'entrais pas dans les détails de la question de savoir qui était
4 majoritaire dans telle ou telle municipalité. Je me suis davantage attaché
5 à la délimitation des cantons dans la version finale du plan, leur
6 délimitation et leur taille.
7 Q. Je vais vous présenter rapidement cette carte. Document D486.
8 Les cantons rouges représentent des cantons à majorité serbe ou à
9 majorité relative serbe. En vert, c'est la même chose pour les Musulmans,
10 notamment donc pour les zones du centre, de l'est et de l'extrême ouest de
11 la Bosnie.
12 Est-ce que vous saviez, Monsieur Jovanovic, que les dirigeants bosno-
13 serbes et le Dr Karadzic en particulier n'aimaient pas cette carte et
14 qu'ils ont été ravis lorsque ceci n'a pas été accepté ?
15 R. Je ne suis pas sûr que les deux autres parties aux négociations
16 aient apprécié cette carte. Chacun avait ses propres préférences. Mais le
17 fait est, cependant, qu'ils avaient accepté cette carte, et ce n'est pas la
18 peine de revenir sur le fait de savoir pourquoi ce n'est pas devenu une
19 réalité en Bosnie. Ici, on peut voir les différentes régions où l'une ou
20 l'autre des parties est en majorité. C'est une carte bien connue.
21 Q. Tout d'abord, ce n'était pas vraiment une carte qui nécessitait
22 d'accepter quoi que ce soit puisqu'il s'agissait du reflet de la
23 répartition démographique à un moment donné suite à un recensement, n'est-
24 ce pas, et je parle de la période de l'éclatement de la Bosnie-Herzégovine,
25 n'est-ce pas ?
26 R. Vous parlez de la carte du plan Cutileiro ? Il est possible que
27 Cutileiro ait commencé par se pencher sur la situation telle qu'elle
28 existait à l'époque, et les trois parties ont accepté cette carte.
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1 Q. Mais comme je vous l'ai dit -- enfin, vous ne saviez pas donc que le Dr
2 Karadzic n'appréciait pas cette carte, et plus particulièrement ce qu'il
3 n'appréciait tout particulièrement pas, c'était la représentation de la
4 partie extrême est de la Bosnie, ainsi que Sarajevo et la vallée de la
5 Neretva. Est-ce que vous étiez au courant de cela ?
6 R. Je n'avais que très peu d'information, et ce peu d'information, je l'ai
7 oubliée, parce qu'une fois que le plan n'a pas été accepté, les pires
8 choses ont commencé à se produire en Bosnie. Il est certain que le Dr
9 Karadzic n'aimait pas certaines parties de la solution, parce que certains
10 des cantons étaient séparés les uns des autres et, par exemple, vous aviez
11 d'autres cantons tels que, par exemple, le canton de la Posavina qui était
12 séparé d'autres, mais cela faisait partie, en fait, des négociations et du
13 compromis. Ils devaient accepter cela. Les couleurs figurant sur cette
14 carte représentent les groupes ethniques majoritaires dans telle ou telle
15 région. Le plan commençait par le principe de co-existence entre les
16 populations majoritaires et les populations minoritaires, et à partir de
17 cela, il semblait que ce soit une bonne solution pour la Bosnie dans son
18 ensemble. Malheureusement, ce plan n'a pas vu le jour, et comme nous le
19 savons, les choses ont évolué différemment, et ceci a modifié du tout au
20 tout l'avenir de la Bosnie-Herzégovine.
21 Q. Mais vous saviez que les dirigeants bosno-serbes avançaient qu'une
22 grande partie du pourcentage de Bosnie-Herzégovine devait leur revenir, et
23 vous saviez qu'ils essayaient de le justifier en partie en mentionnant des
24 registres du cadastre et des cartes de celui-ci. C'est au paragraphe 45 de
25 votre déclaration, n'est-ce pas ? Ainsi qu'au paragraphe 51.
26 R. Oui. Les dirigeants serbes de Bosnie rappelaient très souvent qu'ils
27 pensaient avoir droit à 64 % du territoire sur la base du cadastre. Ceci
28 était en fait un héritage historique, parce que les Bosno-Musulmans et les
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1 Bosno-Catholiques étaient principalement dans les villes, alors que l'autre
2 groupe majoritaire vivait principalement à la campagne, d'où ce que l'on
3 trouvait dans le cadastre, et c'est l'histoire qui a voulu cela.
4 Q. Vous avez mentionné à plusieurs reprises M. Milosevic durant votre
5 déposition d'aujourd'hui et durant votre participation à ce procès de
6 manière générale. Est-ce que vous saviez que M. Milosevic lui-même a en
7 fait tourné en ridicule et a critiqué cette position comme étant évidemment
8 absurde ?
9 R. Désolé. Voulez-vous parler du pourcentage, du 64 %, à la question --
10 Q. Non, que les Bosno-Serbes avaient droit à un pourcentage tellement
11 élevé du territoire de Bosnie en raison des inscriptions cadastrales et du
12 fait qu'ils détenaient ce pourcentage de la Bosnie en termes de terre.
13 R. Pour autant que je sache, M. Milosevic ne comprenait pas vraiment la
14 raison d'être de cet argument. En fait, c'était un homme de ville, et après
15 il s'est rendu compte que cet argument avait un certain poids. Ce n'était
16 pas, en fait, une propriété de l'Etat, mais une propriété terrienne, de
17 personnes ressortissant ou appartenant au groupe ethnique serbe, et que,
18 donc, cet argument avait un poids dans les discussions. Ça ne peut pas être
19 le seul argument à être adopté de manière absolue, mais ceci pouvait être
20 pris en compte et pouvait entrer en considération en ligne de compte dans
21 les négociations.
22 Q. Vous mentionnez ensuite qu'en novembre 1995 il a dit, et vous parlez
23 donc de ce qu'avançaient les Bosno-Serbes, à savoir que l'offre du Groupe
24 de contact consistant à proposer 50 % du territoire était injuste. Et il
25 dit :
26 "C'est injuste pour le peuple serbe, même s'il y a 31 % de Serbes en
27 Bosnie, 31 % obtient la moitié du territoire, alors que 70 % obtient
28 l'autre moitié. Il y en a qui ont, cependant, répondu à l'appel du pied,
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1 parce que les Serbes détiennent 62 % du territoire. Mais il est clair que
2 ce concept de propriété n'est pas une propriété commune du point de vue
3 social, mais il s'agit en fait de propriétaires terriens, puisque les
4 champs, les montagnes, les prés ne sont pas la propriété de qui que ce
5 soit. Quels sont les propriétaires, vraiment, de ce genre de terre ou de
6 parcelle ?"
7 C'est ce que l'on peut trouver à la page 6 en version anglaise et en
8 version B/C/S de la pièce P2604. C'est ce que M. Milosevic a annoncé au
9 Conseil suprême de la Défense lors de sa réunion de novembre 1995.
10 R. A l'époque, je n'étais pas à Belgrade et je n'étais pas au courant de
11 cela. Cependant, je me dois de rajouter quelque chose. La propriété
12 terrienne privée a été en fait transposée en propriété sociale commune,
13 mais les propriétaires terriens, notamment pour les petites parcelles de
14 terre, ces propriétaires sont restés propriétaires de leurs terres. Le
15 titre de propriété n'a pas été converti. Et d'ailleurs, dans une période de
16 transition, les terres ont dû être rétrocédées à leurs propriétaires de
17 départ. Milosevic n'entretenait pas de bonnes relations avec les dirigeants
18 de la Republika Srpska, parce que ceci s'est passé à l'époque de Dayton et
19 il eut le dernier mot, parce que c'est ce qu'il a fait. Et sa déclaration,
20 selon moi, rentre dans le cadre de sa mauvaise opinion des dirigeants de
21 Republika Srpska en tant que négociateurs, parce qu'il pensait qu'il était
22 meilleur dans la négociation qu'eux et il pensait qu'il pourrait atteindre
23 de biens meilleurs objectifs par rapport à des gens qui jouaient le rôle
24 plutôt de défendeurs qu'autre chose.
25 Q. En ce qui concerne les revendications territoriales bosno-serbes au
26 sein de la Bosnie-Herzégovine, est-ce que vous saviez ou pas que les Bosno-
27 Serbes, et plus particulièrement le Dr Karadzic, revendiquaient des
28 territoires en Bosnie-Herzégovine dans des régions où ils représentaient
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1 une minorité en raison des événements de la Deuxième Guerre mondiale ? Est-
2 ce que vous le saviez ou pas ?
3 R. Ce n'est pas ainsi que je comprenais les choses, mais je le savais, je
4 le sais toujours, un certain nombre de Serbes de Bosnie-Herzégovine ont
5 disparu durant la Deuxième Guerre mondiale. Ils ont été tués de manière
6 bestiale ou ils ont été expulsés. Cela signifie qu'il y a eu moins de
7 Serbes vivants en Bosnie-Herzégovine. Il s'agit d'un crime de génocide et
8 on ne peut pas considérer que ceci ne s'est jamais produit. Et c'était le
9 point de vue que je comprenais dans l'argument du Dr Karadzic.
10 Q. En fait, il l'a dit en votre présence le 9 janvier 1993 durant les
11 discussions du conseil pour l'harmonisation.
12 R. C'est possible.
13 Q. Lorsqu'il parlait des territoires qu'il considérait comme étant de
14 droit des territoires bosno-serbes, il mentionnait quelque chose d'assez
15 similaire à ce que vous venez de dire, c'est-à-dire qu'il montrerait le
16 recensement de 1931, et qu'il s'agissait ici de l'histoire qui était en
17 question. Mais quand on lui a dit : "Ceci relève de l'histoire et pas de
18 quelque chose de contemporain", il a dit : "Mais ceci est en fait la
19 continuité de la Deuxième Guerre mondiale".
20 R. Je pense que ce qu'il a dit est assez exact, parce qu'en fait il y a eu
21 un réel génocide qui a été commis contre les Serbes. Ceci n'a pas été
22 inventé. Ceci s'est produit dans l'Etat indépendant de Croatie. Personne ne
23 peut nier cela, puisque les Allemands présentaient des chiffres. Entre 300,
24 400, voire 600 000 personnes ont disparu, ont été tuées de manière sauvage.
25 Q. Je comprends qu'il s'agit d'une question sensible et j'hésite à vous
26 interrompre ici, mais je voudrais me concentrer sur le concept plutôt que
27 sur la toile de fond.
28 Est-ce que vous saviez, qu'entre autres, certaines raisons associées à ces
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1 revendications de territoire en Bosnie-Herzégovine étaient de l'ordre
2 stratégique, parce que les Bosno-Serbes voulaient se concentrer sur des
3 territoires spécifiques au sein de la Bosnie-Herzégovine qu'ils
4 considéraient comme devant appartenir aux Bosno-Serbes et qui, par
5 conséquent, devraient être détenus par les Bosno-Serbes ?
6 R. Je ne sais pas ce que l'on entend précisément par là, mais
7 effectivement il y avait une stratégie de la part des trois parties
8 belligérantes visant à conceptualiser leurs lignes géographiques pour
9 correspondre à leurs intérêts stratégiques. Dans ses propositions, Lord
10 Owen a gardé ceci à l'esprit lorsqu'il a intentionnellement interrompu les
11 lignes de démarcation entre les cantons serbes et les autres. Ceci relève
12 de la politique. Tout le monde essaie d'atteindre ses propres objectifs et,
13 bien sûr, si cela s'avère impossible, il faut abandonner certains
14 objectifs. Les Musulmans ont énormément insisté pour avoir un lien avec la
15 région de Sandzak et la Serbie, et ils avaient probablement également
16 certaines aspirations qui étaient les leurs. Et c'est la raison pour
17 laquelle ils voulaient que cette transversale, que l'on appelait la
18 transversale verte, soit ininterrompue jusqu'à Sarajevo. Maintenant, dans
19 quelle mesure est-ce un rêve --
20 Q. Un rêve ? Eh bien, voyons ce que le Dr Karadzic vous a dit à vous et à
21 d'autres personnes présentes durant les réunions du conseil d'harmonisation
22 en janvier 1993. Page 96 en anglais, et 95 à 96 en B/C/S/, où il est
23 mentionné que :
24 "La Neretva ne peut pas faire l'objet de disputes mais on peut vivre
25 sans Neretva; cependant, on ne peut pas vivre sans Podrinje et sans la
26 Posavina".
27 Cela signifie que :
28 "Il est impossible de constituer un Etat sans les intégrer à
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1 l'avenir".
2 Il s'agit donc d'une réflexion sur les objectifs stratégiques que
3 vous avez mentionnés dans votre réponse il y a quelques instants, n'est-ce
4 pas ?
5 R. Il est évident que les personnes qui sont loin, en fait, du centre de
6 gravité souhaitent s'en rapprocher et, dans la mesure du possible, d'avoir
7 en fait des bandes de terre qui les ramènent à ce centre de gravité. Et les
8 hommes politiques musulmans essayaient de pratiquer exactement la politique
9 inverse pour rendre cette réunion impossible. Mais tout ceci relève des
10 aspirations de chacun. Et dans les négociations, il faut essayer de
11 répondre aux aspirations du plus grand nombre. La politique, elle est
12 toujours composée d'objectifs minimums et d'objectifs maximums.
13 Q. Alors, Monsieur Jovanovic, parlons de ces objectifs qui ont été
14 atteints, parce que vous saviez, n'est-ce pas, que les dirigeants bosno-
15 serbes et le Dr Karadzic voulaient absolument que ce que l'on peut appeler
16 la situation de facto soit mise en œuvre, n'est-ce pas ?
17 R. Cette situation de facto, comme vous l'appelez, elle ne découlait pas
18 uniquement des Serbes, mais également d'autres personnes, Lord Owen a
19 également regardé la situation sur le terrain, la situation de facto, pour
20 voir comment aller de l'avant. Une guerre civile, avec certains aspects
21 d'une guerre de religions, faisait rage depuis trois ans et demie avec
22 toutes ses dimensions terribles et ceci a également amené à des mouvements
23 de populations suite aux activités de guerre.
24 Ceci ne pouvait pas être ignoré dans les négociations et les
25 pourparlers pour la paix. Cependant, ceci est inévitable dans une situation
26 de guerre. Ceci amène toujours à des changements de délimitations de
27 territoires et également tout ceci doit être pris en compte dans le
28 processus de paix.
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1 Q. Donc, nous voyons la répartition démographique de Bosnie-Herzégovine
2 avant le conflit. C'est aux pages 63, ou plutôt 61 à 62 en B/C/S, et 63 en
3 anglais. Le Dr Karadzic attire l'attention sur des exemples sur la Drina,
4 tels que Bratunac et Visegrad. Et en faisant référence à la situation
5 factuelle, on peut voir qu'il s'agissait des zones majoritairement
6 musulmanes. Est-ce que vous saviez qu'avant le conflit Bratunac était
7 composée d'environ 11 400 Serbes et de beaucoup plus de Musulmans, et
8 Visegrad de 13 300 Musulmans et de 7 000 Serbes. Ce sont les évolutions que
9 mentionne le Dr Karadzic, évolutions des derniers mois qui s'étaient
10 écoulés avant cette prise de parole ?
11 R. Je dois dire que j'étais bien loin d'être au courant de ce qui se
12 passait dans les zones urbaines et des répartitions démographiques parce
13 que la Bosnie était une terre inconnue, de ce point de vue-là pour moi.
14 J'en ai ensuite appris beaucoup plus en ce qui concerne la proposition des
15 populations dans différentes zones par le biais des médias, et quelques
16 fois par le biais des représentants de la Republika Srpska lorsque ceux-ci
17 faisaient des commentaires à cet effet. Et donc, je ne peux pas me
18 considérer comme étant un expert en la matière dans le domaine
19 démographique.
20 Q. Mais vous étiez informé du fait que la communauté internationale, en
21 1992 pendant l'année et par la suite également, condamnait l'épuration
22 ethnique des Musulmans et des Croates des zones majoritaires musulmanes et
23 ailleurs par les forces des Serbes de Bosnie, qui entraînaient ou qui
24 aboutissaient à une mouvance de la situation factuelle comme nous venons de
25 le dire. Vous en étiez averti, n'est-ce pas ?
26 R. Bien sûr, j'en ai entendu parler de sources, tant intérieures
27 qu'extérieures, et j'ai posé la question à la direction de la Republika
28 Srpska en demandant de quoi s'agit-il. Et on m'a répondu que c'était une
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1 crainte naturelle des populations qui est encerclée par l'autre bord. On
2 veut éviter d'être avec eux, et se joindre aux territoires majoritaires de
3 leur propre bord, et cette réimplantation s'est faite dans toutes les
4 directions, y compris des Serbes venant de régions qui étaient contrôlées
5 par les Musulmans et les Croates. Voici l'explication que j'ai reçue.
6 Q. Et quand vous êtes venu ici pour votre déposition dans l'affaire de M.
7 Milosevic, vous avez été appelé par ses soins pour venir déposer, vous avez
8 eu des difficultés à indiquer que M. Milosevic et vous-même aviez condamné
9 l'épuration ethnique qui s'était tenue dans ces municipalités.
10 R. C'est exact. Toutes les rumeurs que nous avons entendues, nous avons
11 exprimé une condamnation, tant en public qu'en privé. J'ai également
12 proposé à Milosevic que ces combattants du dimanche, qui venaient de la
13 Serbie à l'autre bord, qui tenaient des combats et qui revenaient lundi
14 chargés de biens volés, que ces personnes soient déférées devant la justice
15 et pas en cour martiale. Des personnes telles qu'Arkan et d'autres
16 devraient être détenues en Serbie orientale ou quelque part, jusqu'à la fin
17 de la guerre, car ils se conduisaient des armées privées. Ce qui n'était
18 pas acceptable, pour autant que je l'ai vu, après quoi les combattants du
19 dimanche ne traversaient plus le fleuve et ne procédaient plus à des
20 pillages. C'étaient donc les combattants qui venaient de Serbie et qui se
21 rendaient en Bosnie.
22 Q. Je voulais simplement que vous confirmiez ce que vous avez dit dans
23 l'affaire Milosevic. Tout d'abord, les Serbes de Bosnie "ont été condamnés
24 de toutes parts, et souvent à juste titre". Ça, c'est T3659.
25 Vous avez dit également :
26 "Nous avons condamné l'épuration ethnique en permanence par le
27 bombardement de civils". Et ça, c'est à la page 36 421.
28 Et vous avez condamné, dites-vous, tous les crimes par la reprise en main
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1 par la force, et des territoires de tous les côtés. Nous appuyons de façon
2 financière, nos peuples, mais --". Ceci se trouve à la page --
3 L'INTERPRÈTE : Une page que l'interprète n'avait pas saisie.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact.
5 M. TIEGER : [interprétation]
6 Q. J'aimerais passer aux paragraphes 53 et 64 de votre déclaration où vous
7 parlez de la rencontre du 21 janvier 1993, donc réunion du conseil pour
8 l'harmonisation des points de vue.
9 Au paragraphe 64, vous déclarez, et je cite :
10 "Ma position était que c'était moins dans l'intérêt stratégique des Serbes
11 que les territoires nationaux soient homogénéisés et davantage qu'ils
12 soient économiquement viables et que cette homogénéisation ne soit réalisée
13 par des moyens violents, mais plutôt par des échanges pacifiques de
14 population si les deux parties en convenaient".
15 Eh bien, ce n'est pas exactement ce dont je me souviens de la façon dont je
16 me souviendrais de vos propos. Si je me souviens bien, vous avez expliqué
17 que l'homogénéisation nationale était un objectif stratégique, un but, et
18 ce, sans aucune référence aux parties qui en auraient convenu. Donc si vous
19 voulez bien consulter ce document, cela se trouve, la partie pertinente, en
20 P00794. Page 2 en anglais et 3 en B/C/S. Je crois que nous pouvons nous
21 appesantir pendant quelques instants.
22 Vous y déclarez, je cite :
23 "Le territoire qui est obtenu doit être homogénéisé du point de vue
24 ethnique dès que faire se peut". Et vous expliquez que c'est parce que "…un
25 but stratégique qui doit être recherché et qui doit être réalisé," et ce,
26 par opposition, dites-vous : "En revanche, si la liberté de déplacement
27 amène la liberté d'implantation et un mélange de population à notre
28 détriment, ce qui aurait été obtenu connaîtra une érosion progressive, et
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1 d'ailleurs, par la suite, nous le perdrons."
2 Donc, vous y soulignez le but stratégique de l'homogénéisation
3 nationale et ethnique, n'est-ce pas ?
4 R. Dans cette déclaration j'ai souligné l'homogénéisation nationale, mais
5 pas l'homogénéisation à tout prix viable. Du point de vue économique, ces
6 territoires doivent exister même aux dépens de l'homogénéisation nationale
7 et, bien sûr, les deux objectifs doivent être réalisés par des moyens
8 pacifiques, et certainement pas par des moyens violents et certainement pas
9 par la criminalité. Cette pratique des échanges de population ou le
10 déplacement de population a été acceptée au niveau international il n'y a
11 que quelques décennies. Prenons la dernière, l'Italie, la Yougoslavie. Ils
12 avaient un accord sur les personnes qui avaient choisi, et les Italiens
13 pouvaient quitter la Yougoslavie et recevoir des dédommagements. Et les
14 Turcs, en 1993 -- qui avaient un accord avec les Turcs qui quittaient la
15 Yougoslavie, la Macédoine et le Kosovo, c'est-à-dire --
16 Q. Monsieur Jovanovic, je ne vous demande pas de nous présenter d'autres
17 exemples d'homogénéisation nationale ou ce que vous considériez comme étant
18 une justification pour soulever la question du but stratégique que vous
19 considérez qui doit être recherché. Je veux simplement que vous confirmiez
20 la réalité de cette déclaration par opposition aux paragraphes 53 et 64.
21 Alors, il n'en reste pas moins que ce n'est pas la première fois que vous
22 aviez soulevé des préoccupations sur la structure démographique de l'Etat
23 bosno-serbe. Deux semaines plus tôt, le 9 janvier 1993, lors du conseil
24 précédent d'harmonisation, vous avez souligné une disposition dans le plan
25 Vance-Owen concernant la liberté de déplacement et exprimé l'inquiétude que
26 ceci pourrait, en fait, aller à l'encontre de la structure démographique
27 qui avait été créée depuis le début du conflit; exact ?
28 R. Je ne me souviens pas du menu détail, car c'était il y a 20 ans, mais
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1 c'est ce que j'ai dit dans le contexte de la préparation du renouvellement
2 du processus de paix qui avait commencé en janvier 2003.
3 Puisque la situation était déclarée telle que sur le terrain, je
4 voulais souligner que tous les moyens violents devaient être évités et que
5 cette homogénéisation, cet échange de population, devrait être réalisée, et
6 ce, seulement de façon volontaire, accompagnée de dédommagement. Et je
7 crois que le texte indique également mon opposition à l'épuration ethnique
8 sous cette forme et à toute forme de violence.
9 Eh bien, voyez-vous, c'était là des préparatifs du renouvellement du
10 processus de paix où différentes idées étaient présentées et où des
11 différents moyens étaient recherchés pour savoir comment procéder à
12 d'autres tractations dans le droit-fil de ce que Lord Owen avait à
13 l'esprit. Il n'a pas prononcé ces propos jusqu'à l'été de cette année,
14 c'est-à-dire que la Bosnie, son avenir, devrait reposer sur des principes
15 ethniques et que ce qui devrait être reconnu c'est qu'il y ait un échange -
16 - non, plutôt, pas un échange, mais des mouvements de population et de
17 différentes directions, ce qui ne pourrait être refusé. D'aucuns par la
18 force, d'autres volontaires. Bref, ce qui était exécuté.
19 Q. Je vais vous montrer la chose, si vous le souhaitez, mais je vais vous
20 la citer, ce n'était pas la reconnaissance ni la constatation de mouvements
21 de population de différentes directions, mais une expression d'une
22 préoccupation que les dispositions du plan Vance-Owen parlant de la liberté
23 de mouvement pourrait perturber la structure démographique en quelque
24 sorte, pourrait la réduire à néant, que l'épuration qui s'était produite il
25 y a quelques mois auparavant. Et vous déclarez à la page 29 en l'anglais,
26 page 25 en B/C/S, 06145, et je cite :
27 "Ensuite, il y a quelque chose que quelqu'un devrait nous expliquer. Est-ce
28 que la crainte justifiée de cette structure démographie ratatinée en Bosnie
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1 pourrait être réalisée en raison de ce texte ? Est-ce que les provinces
2 pourraient être empêchées ou pourrait-il être difficile aux Musulmans, par
3 exemple, de s'implanter librement dans les contrés serbes".
4 Et je me souviens que M. Milosevic a souligné à l'époque, M.
5 Milosevic est intervenu en indiquant de ne pas se préoccuper, que personne
6 ne se précipiterait, mais vous avez persisté et souligné, et je cite :
7 "La liberté de mouvement pourrait inclure le droit d'implantation. Ou,
8 disons-le différemment, l'on aurait à l'esprit donc pour éviter tout
9 malentendu".
10 Une autre expression concernant la préoccupation de tout changement
11 quant au nombre de Musulmans qui se trouvaient sur les territoires serbes,
12 et ce, au désavantage des Serbes; exact ?
13 R. Tout d'abord, le plan Owen-Stoltenberg a été accepté par la Serbie sans
14 aucun changement. C'est l'autre bord qui ne l'a pas accepté. Ce qui indique
15 bien qu'en dépit de tous ces pays où il y aurait déversement des
16 populations, et cetera, la Serbie l'avait accepté, et, bien sûr, cette
17 modification démographique en résultat de différentes migrations
18 économiques, de famille et autres, qui existait dans les Etats qui se
19 trouvaient dans cette situation. En Bosnie-Herzégovine, la situation était
20 particulièrement délicate dans le cas de ceux qui avaient traversé
21 l'horreur de la guerre, et il y a toujours eu un degré plus important de
22 préoccupation que ceux qui étaient venus d'autres communautés ethniques
23 pourraient les menacer à l'avenir. C'est naturel. Mais n'oublions pas que
24 cette rencontre s'est tenue avant le processus de paix régulier. Après
25 cela, la Serbie a appuyé le plan en l'état avec les explications que vous
26 venez de citer.
27 Q. A la page 53 de votre déclaration, vous expliquez votre compréhension
28 présumée des observations du Dr Karadzic lors de la rencontre du 21 janvier
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1 1993, c'est-à-dire le conseil pour l'harmonisation, en indiquant qu'il
2 relevait "les effets indésirables et inévitables de toute guerre civile,"
3 et ce qui ne vous a pas mené, donc, à estimer qu'il y avait de plan de
4 réimplantation par la force.
5 Alors, tout d'abord, Monsieur Jovanovic, soyons clairs en l'état.
6 Vous ne considérez certainement pas que le départ en masse des minorités ou
7 même des peuples majoritaires de régions particulières serait, en tous cas,
8 un effet inévitable de la guerre civile car, ainsi que vous l'avez déclaré
9 dans l'affaire Milosevic, vous avez persisté que l'élimination des Serbes
10 de la Krajina croate résultant de l'opération Tempête était à dessein un
11 acte des forces du président Tudjman, forces croates également. Un acte,
12 comme vous l'avez dit à la page 36 095 et 096, la plus grande épuration
13 ethnique et une expulsion en masse.
14 R. Je le lis, mais avant moi, c'est le président Tudjman qui l'a déclaré.
15 Il a dit que l'objectif de l'opération Tempête c'est qu'il n'y ait plus de
16 3 à 4 % de Serbes en Croatie, et c'est une chose qui s'est trouvée
17 réalisée. Donc, je n'ai rien dit de nouveau. Cela a été la plus grande des
18 épurations ethniques en Europe après la Deuxième Guerre mondiale, parce
19 qu'au total on a eu quelque 400 000 Serbes de Croatie d'expulsés. Toujours
20 est-il que je n'ai rien dit de nouveau. Je n'ai fait que répéter ce que
21 Tudjman avait dit lui-même en tant qu'hypothèse principale avant le début
22 même de l'opération Tempête.
23 Q. Et vous n'avez aucune information concrète au sujet du fait de savoir
24 ce que les gens de Zvornik, c'est-à-dire les Serbes de Bosnie ou les
25 autorités des Serbes de Bosnie de Zvornik, avaient dit au Dr Karadzic une
26 fois que les Musulmans ont quitté Zvornik pour ce qui est de savoir
27 pourquoi et comment ils étaient partis, n'est-ce pas ?
28 R. Je ne sais pas. Ce que j'ai entendu dire, c'est qu'il y avait de
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1 vilaines choses de faites là-bas, et c'est la raison pour laquelle j'ai
2 demandé au président Milosevic de faire en sorte qu'Arkan et sa compagnie
3 se retirent et soient internés quelque part jusqu'à la fin de la guerre.
4 Parce qu'on disait -- il y avait des rumeurs qui couraient pour indiquer
5 que ce groupe d'hommes était à l'abandon et qu'ils étaient prêts à toutes
6 sortes de choses. Cela m'a suffit, quant à moi, pour attirer l'attention de
7 Milosevic pour ce qui est de tout ce qu'il y avait d'indésirable à cela.
8 Mais pour ce qui se passait à Zvornik et dans cette région de la Drina, je
9 n'ai aucune information, si ce n'est ce que j'ai entendu dire ou ce que
10 j'ai pu lire.
11 Q. Le fait est que vous avez à l'occasion de votre témoignage dans
12 l'affaire Milosevic entendu une question à votre encontre pour ce qui est
13 de cette citation, une citation du Dr Karadzic à laquelle vous faites
14 référence dans vos déclarations. Une fois qu'il y a eu citation de faite,
15 le Procureur a dit :
16 "Eh bien, il est en train de décrire des déplacements en masse du point de
17 vue ethnique pour parachever les territoires à domination serbe, n'est-ce
18 pas ? Oui ou non ?"
19 Et à l'époque, vous avez dit, je cite :
20 "C'est la position qui a été présentée par le Dr Karadzic, et je n'ai rien
21 à voir avec." Ça se trouve en page T 36 316.
22 R. Moi, je n'ai pas fait ce type de déclaration. Je ne suis pas non plus
23 habilité à la commenter. Ce n'est pas moi qui ai fait cette déclaration. Je
24 n'ai pas -- et c'est la raison pour laquelle j'ai dit ce que j'ai dit.
25 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous avez bientôt terminé,
26 Monsieur Tieger ?
27 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai à peu près, je
28 pense, trois secteurs relativement courts à aborder et j'essaie de terminer
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1 le plus vite possible afin de terminer avant 2 heures 45. Je ne sais pas si
2 c'est possible. Je ne sais pas ce que les Juges de la Chambre ont à
3 l'esprit lorsqu'ils ont posé la question. J'ai presque terminé. Mais si
4 vous me demandez si je pourrais terminer avant 2 heures 45, là je n'en suis
5 pas tout à fait certain, mais je suis près de la fin.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bon, continuez, je vous prie. Mais, s'il
7 vous plaît, terminez à 3 heures moins le quart.
8 M. TIEGER : [interprétation] Je vais faire de mon mieux, Monsieur le
9 Président.
10 Q. Alors, vous avez dit au paragraphe numéro 52, s'agissant des incidents
11 à Sarajevo, que Karadzic vous a dit que sa politique n'était pas celle du
12 pilonnage, et cetera, et mis à part les références faites précédemment à
13 quelques incidents concrets, c'est tout ce que votre déclaration dit pour
14 l'essentiel au sujet de Sarajevo. Ce qu'elle ne dit pas, et vous avez
15 témoigné et expliqué les choses ailleurs, c'est que vous étiez au courant
16 et que vous avez condamné les pilonnages illégaux de Sarajevo par les
17 autorités de la Republika Srpska, n'est-ce pas ?
18 R. Nous avons condamné tout pilonnage de Sarajevo, indépendamment de leurs
19 auteurs, et sur plusieurs axes. Milosevic et moi l'avons fait à plusieurs
20 reprises. Nous voulions que tous ces conflits prennent fin au plus vite
21 afin que l'on n'aggrave pas la situation plus en avant où la Serbie était
22 l'une des victimes. Ce qui fait que la question de Sarajevo, à mes yeux, a
23 toujours été incontestable. Nous l'avons condamné. Le fait est que le Dr
24 Karadzic a dit --
25 Q. Monsieur Jovanovic, dans l'intérêt du temps qui m'est imparti, je vous
26 prierais de confirmer les éléments de déclaration qui ont été les vôtres
27 dans l'affaire Milosevic. Et je fais référence au compte rendu, page 36
28 169. M. Milosevic vous a demandé si vous vous souveniez de la position qui
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1 était la vôtre au sujet du pilonnage de Sarajevo.
2 Et vous avez dit que vous vous en souveniez, que :
3 "A compter du début, à tous les niveaux, à la présidence de la RSFY
4 et le gouvernement de la république, vous personnellement et moi-même, dans
5 bon nombre de déclarations, avons condamné les pilonnages et demandé aux
6 autorités de la Republika Srpska de faire cesser ce type d'activité."
7 Plus loin, en ligne 3 619, vous dites que : "Milosevic avait condamné
8 ce type de comportement," c'est une citation aussi, à une rencontre avec
9 Douglas Hurd à peu près le 18 juillet 1992. Page du compte rendu 36 331,
10 vous dites, je cite :
11 "Le pilonnage de Sarajevo était quelque chose que nous avons constamment
12 condamné au niveau de notre gouvernement."
13 Vous avez dit au compte rendu 36 322 que vous avez constamment été opposé
14 au pilonnage.
15 Vous avez également affirmé que :
16 "Milosevic l'avait pratiquement mis en œuvre à Dayton, en disant que
17 toute la ville de Sarajevo devrait revenir aux Bosniens, c'est-à-dire à la
18 partie bosnienne de la Bosnie-Herzégovine." Fin de citation. Ça se trouve
19 en 36 332.
20 Et en 36 342, vous dites :
21 "Laissez-moi une fois de plus souligner que nous avons toujours condamné le
22 siège de Sarajevo."
23 Tout ceci est exact, n'est-ce pas, Monsieur ?
24 R. Je maintiens ce que j'ai dit à l'occasion du procès du président
25 Milosevic. Je maintiens aussi ce que le Dr Karadzic m'a dit. Il m'a dit que
26 ce n'étaient pas eux qui tiraient dessus. Ce n'était pas leur objectif
27 militaire. C'était l'œuvre de groupes et d'individus qui avaient perdu
28 leurs familles dans des confrontements [phon] avec les Musulmans et que
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1 c'est par indiscipline qu'ils le faisaient. C'est l'explication qui m'a été
2 avancée.
3 Q. Passons maintenant aux paragraphes 69 à 71 de votre rapport où vous
4 faites référence à Srebrenica et ce que vous décrivez comme étant un
5 rapport envoyé à tort. Il s'agit d'un rapport, comme vous l'avez expliqué
6 dans l'affaire Milosevic, page 36 364 du procès, où il est indiqué que la
7 direction de la Republika Srpska l'a envoyé. Je cite :
8 "J'ai reçu des informations disant que la direction de la Republika Srpska
9 avait envoyé un texte assez long", où il est fait référence au même
10 rapport.
11 Est-ce que vous êtes à même de confirmer ?
12 R. Je crois que c'est une erreur d'expression. Ce n'est pas la direction,
13 c'est le président de l'assemblée municipale de Srebrenica qui avait rédigé
14 cela. Et nous avions obtenu cela par le biais du ministère de l'Intérieur
15 sans commentaire, et comme on était un vendredi, j'ai demandé à mon
16 suppléant -- enfin, j'avais pris lecture du texte, il ne m'avait pas eu
17 l'air convaincant, et je lui ai demandé de sortir de là quelque chose
18 d'utilisable pour --
19 Q. Non, Monsieur Jovanovic. Je n'ai pas le temps pour ce qui est
20 d'explications aussi complètes.
21 R. Fort bien.
22 Q. Alors, vous allez peut-être dire que "la direction" est un mauvais
23 terme utilisé, mais est-ce que vous confirmez ce que vous avez vu et dit à
24 l'époque, à savoir que dans le procès Milosevic, vous aviez obtenu des
25 informations disant que c'était la direction de la Republika Srpska qui
26 l'avait envoyé ?
27 R. Je m'en souviens bien. C'était envoyé à nous par le président de
28 l'assemblée municipale. Peut-être par le biais de la direction, mais c'est
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1 au ministère que nous avons reçu ce document, par fax ou autrement, je ne
2 sais. Il y avait huit à dix pages de document, et ça ne m'a pas semblé
3 convaincant. J'ai donné instruction - pour ne pas me répéter - pour envoyer
4 ceci à Lavrov mais non pas au président du Conseil de sécurité. C'est par
5 erreur allé au président du Conseil de sécurité. C'est ma faute à moi parce
6 que j'ai vite signé sans avoir vu l'intitulé.
7 Q. Quand vous dites que ça ne vous avait pas paru convaincant, c'était
8 parce que vous saviez, comme vous l'avez indiqué à plusieurs reprises
9 depuis, que Srebrenica a constitué un terrible massacre, et cetera. Alors,
10 je vous demande de confirmer certaines de ces citations. Vous avez dit, je
11 cite, ici vous êtes en train de parler de Srebrenica en 1995 :
12 "Ça a été un massacre atroce."
13 Vous l'avez dit dans l'affaire Milosevic, compte rendu d'audience 36 333 à
14 34.
15 Lorsqu'on vous a demandé qui en avait assumé la responsabilité, vous
16 avez dit qu'il y avait eu une interview avec les représentants du bureau du
17 Procureur, et si besoin est je vais vous le montrer, vous l'avez dit en
18 2009, que ça avait été en massacre en masse et que s'agissant des
19 responsabilités, vous avez dit que :
20 "Ceux qui avaient commis ce type de crime, je ne savais pas s'ils le
21 faisaient avec le savoir de leurs supérieurs ou pas."
22 Mais s'agissant de savoir qui étaient leurs supérieurs hiérarchiques,
23 vous aviez mentionné Mladic et Karadzic. Vous l'avez indiqué en page 27 de
24 cette interview. Vous avez dit dans la même interview que :
25 "C'était une très triste chose que de voir des Serbes impliqués dans
26 ce type de crime. C'est terrible. Lorsque quelqu'un est un prisonnier,
27 quand c'est un ennemi, il faut le respecter, et ça a toujours été dans les
28 us et coutumes des forces armées serbes au fil de l'histoire. Donc, c'est
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1 une chose tout à fait vilaine. Je ne pense pas que ce soit un génocide,
2 mais c'est un massacre en masse, ce qui est tout à fait inacceptable comme
3 événement."
4 Et vous avez accordé cette interview à "Slobodna Bosna", pièce 65 ter
5 26449. J'aimerais qu'on nous l'affiche. C'est une transcription d'une
6 interview enregistrée. Vous avez dit --
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais moi ça me paraît être un témoignage ici.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, ce n'est pas un témoignage, mais
9 c'est assez long, en effet.
10 M. TIEGER : [interprétation] Je crois que vous comprenez les circonstances,
11 Monsieur le Président. C'est la toute dernière des questions que j'aurai à
12 poser à présent. Mais ce que j'essaie, c'est de déterminer si le témoin va
13 nous confirmer ce qu'il a déjà dit.
14 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais posez-lui donc la question
15 maintenant.
16 M. TIEGER : [interprétation] Eh bien, justement, je voudrais que l'on nous
17 affiche la pièce 65 ter 24619A.
18 M. ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Président, le témoin devra
19 revenir demain pour les questions supplémentaires, donc peut-être
20 pourrions-nous lever l'audience maintenant plutôt que de poser au témoin
21 des questions complexes qu'on ne saurait gérer à présent.
22 M. LE JUGE KWON : [interprétation] La Chambre a besoin de lever l'audience
23 maintenant. Si vous n'avez rien contre, nous pouvons continuer demain.
24 M. TIEGER : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président. C'est bon
25 pour moi.
26 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Jovanovic, nous allons
27 reprendre demain matin à 9 heures. Il ne vous faut vous entretenir avec
28 personne au sujet de votre témoignage. Merci.
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1 L'audience est levée.
2 --- L'audience est levée à 14 heures 46 et reprendra le mercredi, 27
3 février 2013, à 9 heures 00.
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