Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 15 avril 2013

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  6    M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à tout le monde. Est-ce que le

  7   témoin peut prononcer la déclaration solennelle.

  8   Mme EDGERTON : [interprétation] Si vous permettez, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Edgerton.

 10   Mme EDGERTON : [interprétation] Hier, j'ai échangé des messages

 11   électroniques avec l'autre partie en leur faisant savoir que l'Accusation

 12   voulait présenter des arguments concernant la communication ultérieure des

 13   notes de séance de récolement qu'on avait reçues samedi après-midi avant le

 14   commencement du témoignage de ce témoin. Je me demande si je pourrais le

 15   faire maintenant.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que c'est quelque chose qui

 17   aurait prévenu le témoin de prononcer la déclaration solennelle ?

 18   Mme EDGERTON : [interprétation] Non, Monsieur le Président. J'ai juste

 19   pensé que cela aurait été plus approprié que je le fasse avant le

 20   commencement de la déposition du témoin.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce qu'il faut que vous parliez de

 22   cela en l'absence du témoin ?

 23   Mme EDGERTON : [interprétation] Cela n'importe pas du tout, Monsieur le

 24   Président.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, d'abord, il faut que le témoin

 26   prononce la déclaration solennelle.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 28   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.


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  1   LE TÉMOIN : STANISLAV GALIC [Assermenté]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Général. Veuillez vous asseoir.

  4   Asseyez-vous confortablement.

  5   Et le conseil qui représente le témoin peut-il se présenter à la Chambre.

  6   M. PILETTA-ZANIN : Messieurs les Juges de la Chambre, bonjour à vous. Mon

  7   nom est Stephane Alexandre Piletta-Zanin. Je représente, en effet -- ou,

  8   plutôt, j'assiste le général Galic pour ses quelques heures de déposition

  9   devant votre autorité. Puis-je ajouter ou dois-je ajouter quelque chose ?

 10   Je précise qu'évidemment j'utiliserai comme toujours le français

 11   devant cette Chambre, j'ose espérer que ça ne sera pas un problème pour

 12   aucun d'entre vous. Merci.

 13   M. LE JUGE KWON : Merci, Monsieur Piletta-Zanin.

 14   [interprétation] Monsieur Galic, je suppose que M. Piletta-Zanin vous

 15   a expliqué cela. Pourtant, avant de commencer votre déposition, je dois

 16   attirer votre attention sur -- est-ce que vous m'entendez dans une langue

 17   que vous comprenez, Général ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai entendu, mais pas dans une

 19   langue que je comprends, parce que je parle le serbe. Maintenant je reçois

 20   l'interprétation en serbe. Merci.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Avant de commencer votre

 22   déposition, Général Galic, j'aimerais attirer votre attention sur une Règle

 23   de notre Règlement de procédure et de preuve que nous avons ici au Tribunal

 24   international, l'article 90(E). D'après cet article, vous pouvez ne pas

 25   répondre à des questions de M. Karadzic, de l'Accusation et même des Juges

 26   si vous considérez que la réponse pourrait vous incriminer pour une

 27   infraction pénale. Dans ce contexte, "incriminer" veut dire que vous pouvez

 28   dire quelque chose qui aurait pu être assimilé à des aveux -- des aveux de


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  1   culpabilité pour une infraction pénale ou dire quelque chose qui pourrait

  2   présenter des moyens de preuve selon lesquels vous auriez pu commettre une

  3   infraction pénale. Pourtant, même si vous pensez que votre réponse pourrait

  4   vous incriminer et, par conséquent, vous refusez de répondre à des

  5   questions, je dois vous dire que le Tribunal international a le pouvoir de

  6   vous obliger de répondre à la question. Mais dans une telle situation, le

  7   Tribunal s'assurera que votre déposition faite dans de telles circonstances

  8   ne pourrait être utilisée dans une affaire au pénal qui aurait pu être

  9   intentée à votre encontre, l'exception faite de l'infraction pénale de faux

 10   témoignage.

 11   Est-ce que vous avez compris ce que je viens de vous dire, Général Galic ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, oui.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci, Monsieur Galic.

 14   Maintenant, Mme Edgerton va commencer son interrogatoire.

 15   Mme EDGERTON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'aimerais

 16   que certaines observations soient consignées au compte rendu. Comme je l'ai

 17   déjà dit, cela concerne la communication tardive concernant le document de

 18   15 pages, il s'agit des notes de séance de récolement très détaillées, et

 19   12 documents qui ne sont pas traduits, trois cartes, dont seulement une a

 20   été déjà versée au dossier. Tout cela, on l'a reçu dans le message

 21   électronique qu'on a reçu à 17 heures 27 samedi après-midi. Ce qui veut

 22   dire moins de 48 heures avant la déposition du général Galic, et par

 23   rapport à des lignes directrices concrètes de la Chambre concernant le

 24   déroulement de cette affaire, je peux dire que cela est contraire à ces

 25   lignes directrices.

 26   Ce jeu de documents, Monsieur le Président, qu'on a reçu samedi est le

 27   troisième jeu de documents qui pourrait être utilisé lors de

 28   l'interrogatoire principal du général Galic. Le premier jeu de documents, à


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  1   peu près 65 documents, nous les avons reçus le 27 mars, et ce jeu est

  2   composé de 107 documents. L'autre jeu, on l'a reçu le 9 avril, et ces

  3   documents ne nous disent pas ce que le général Galic pourrait dire lors de

  4   l'interrogatoire principal. Nous avons essayé de travailler sur ces sujets

  5   éventuels de sa déposition, nous avons fait cela puisque nous ne disposions

  6   pas du résumé approprié contenant des faits concrets sur lesquels le

  7   général pourrait témoigner. Le résumé de la déposition du général Galic 65

  8   ter, qui concerne deux années de son commandement au sein du Corps

  9   Sarajevo-Romanija, ne contient que 11 lignes. Lorsque nous avons examiné

 10   ces documents, Monsieur le Président, exception faite de très peu de

 11   documents, les documents qu'on a reçus avant samedi dernier concernaient

 12   principalement le paragraphe qui figure en page 7 de ce résumé, c'est le

 13   deuxième paragraphe entier en page 7, qui concerne les attaques des

 14   Musulmans.

 15   Lorsque vous regardez le grand nombre de ces documents par rapport à ce

 16   résumé, il semble que l'Accusation a travaillé en vain pour se préparer

 17   pour l'interrogatoire principal à l'extérieur du prétoire, ce qui nous a

 18   mis dans une situation très difficile, ou la pire, puisqu'il va s'agir des

 19   questions portant sur certains sujets qui concernent le résumé dont on ne

 20   sait rien. Et le résumé qu'on a reçu samedi, par rapport à ce résumé, on a

 21   pu remarquer qu'il y a des sujets qui n'ont pas été identifiés dans le

 22   résumé 65 ter quand il a été déposé. Il n'a pas de notification concernant

 23   le sujet dont le général Galic parlera concernant l'époque où il est arrivé

 24   au Corps de Sarajevo-Romanija, de sa position dans le cadre de la VRS,

 25   concernant la FORPRONU, les observateurs militaires. Il n'y a pas eu de

 26   mention de médias, des autorités civiles et de ses rapports avec les

 27   autorités civiles et de la proportionnalité des tirs.

 28   Bien sûr, l'Accusation est en mesure de deviner ou d'anticiper


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  1   certains de ces sujets, mais aucun de ces sujets ne figure dans le résumé.

  2   Et les documents qui -- et je peux même dire que parfois les documents nous

  3   ont induits en erreur, et nous aurions pu nous orienter dans une autre

  4   direction pour nous préparer par des informations dont le général va

  5   témoigner. Et c'est comme cela que notre capacité pour nous préparer au

  6   contre-interrogatoire du général Galic a été sapée.

  7   Et vu qu'il y aurait des pauses pendant l'interrogatoire principal

  8   durant cette semaine et vu que nous sommes obligés de procéder de façon à

  9   ce que le temps soit utilisé de façon efficace, j'espère que nous allons

 10   être en mesure de nous préparer pour le contre-interrogatoire concernant

 11   tous les sujets. Mais vu que la notification nous a été communiquée

 12   tardivement, Monsieur le Président, je pense que je devrais m'adresser à la

 13   Chambre concernant certains sujets qui vont être mentionnés pendant

 14   l'interrogatoire principal, et nous devrions peut-être demander du temps

 15   supplémentaire pour pouvoir nous préparer concernant ces sujets.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Robinson.

 17   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, je serai bref.

 18   L'année dernière, nous avons pensé à cela, et à ce moment-là nous avons

 19   demandé à la Chambre de faire venir les témoins qui purgeaient leur peine à

 20   d'autres localités, pas à La Haye, pour qu'ils viennent un peu plus tôt à

 21   La Haye puisque le Greffe n'a pas nommé les conseils de la Défense, et nous

 22   ne pouvions pas avoir les séances de récolement avant leur arrivée ici.

 23   L'Accusation s'est opposée à cette demande et a persuadé la Chambre qu'il

 24   était nécessaire que les témoins ne soient ici seulement une semaine avant

 25   le commencement de leur témoignage. C'est comme cela que nous n'avons pas

 26   pu obtenir des informations du général Galic avant son arrivée ici l'année

 27   dernière. Donc nous avons fait de notre mieux pour communiquer à

 28   l'Accusation les notes de séance de récolement, mais nous ne pouvions pas


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  1   le faire puisque nous ne disposions pas des notes détaillées, mais nous

  2   avons déployé tous les efforts pour les informer des sujets sur lesquels le

  3   général Galic va témoigner.

  4   S'ils ont besoin de plus de temps pour se préparer pour le contre-

  5   interrogatoire, qui ne commencera probablement pas avant le début de la

  6   semaine prochaine, nous n'aurions pas d'objection à ce que cela soit fait,

  7   mais je pense que maintenant il ne faut pas procéder ainsi. Je le pense que

  8   parce que Mme Edgerton était Procureur dans l'affaire Galic et y a

  9   travaillé pendant trois ou quatre ans.

 10   Mme EDGERTON : [interprétation] Non.

 11   M. ROBINSON : [interprétation] Mais elle a assisté à cette affaire.

 12   Mme EDGERTON : [interprétation] Non.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] S'il vous plaît, ne vous chevauchez pas.

 14   M. ROBINSON : [interprétation] Je m'excuse --

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît. Je

 16   pense que maintenant vous comprenez à quel rythme il faut que vous

 17   procédiez. Continuez, Maître Robinson.

 18   M. ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je m'excuse si

 19   j'ai tort, mais l'Accusation a travaillé dans l'affaire général Galic. Il y

 20   avait des milliers de documents qui étaient à la disposition de

 21   l'Accusation, des informations concernant sa conduite. Donc, dire à ce

 22   stade du procès qu'ils ne sont pas prêts à procéder au contre-

 23   interrogatoire, je pense que c'est un peu exagéré. Mais néanmoins, nous

 24   sommes d'accord pour que l'Accusation se prépare pour le contre-

 25   interrogatoire, pour accorder un temps supplémentaire pour que l'Accusation

 26   puisse se préparer pour le contre-interrogatoire. Merci.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît. Oui.

 28   Est-ce que l'Accusation veut ajouter quoi que ce soit ?


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  1   Monsieur Tieger.

  2   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Il faut que je

  3   tire un point au clair, si cela est nécessaire, c'est par rapport à cette

  4   proposition qui n'aurait pu être pas délibérée si l'Accusation avait causé

  5   des problèmes. Lorsque la première fois cette question a été soulevée

  6   concernant l'arrivée des témoins qui avaient déjà été condamnés, elle était

  7   conforme à l'opinion de la Chambre et s'appuyait sur l'idée selon laquelle

  8   les membres de l'équipe de l'Accusation considéraient que le témoin devait

  9   être ici en avance pour préparer le témoin.

 10   Apparemment, selon la procédure habituelle, il faut d'abord nommer un

 11   conseil, au moins lors du procès préalable. J'ai rencontré Me Robinson

 12   après cela pour lui dire qu'à la lumière de ce problème, l'Accusation

 13   allait soutenir cette idée et est prête à trouver des remèdes à des

 14   problèmes qui allaient surgir. Mais entre-temps, rien ne s'est passé pour

 15   saper cette situation, et nous sommes maintenant dans la situation dans

 16   laquelle nous sommes. Nous sommes prêts à soutenir quoi que ce soit pour

 17   qu'une solution soit trouvée.

 18   Maintenant, je m'adresse à la Chambre uniquement concernant cette

 19   suggestion qui disait que nous avons causé cela. Ce qui n'est pas vrai.

 20   C'est un problème significatif, et l'accent est mis sur le volume de

 21   documents dont Me Robinson a parlé. Les préparations peuvent se dérouler

 22   dans de différentes directions et peuvent demander beaucoup de moyens, de

 23   ressources, et c'est précisément pour cela que dans le Règlement il est

 24   prévu qu'il devrait y avoir les résumés détaillés concernant les faits, les

 25   notes de récolement pour avoir des sujets précis qui devaient être

 26   communiqués à l'autre partie. C'est l'essentiel du problème. Mme Edgerton a

 27   déjà dit que néanmoins tous les efforts énormes de Mme Edgerton et d'autres

 28   personnes qui l'assistaient dans ses efforts, nous nous trouvons


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  1   soudainement dans cette situation parce que nous n'avons pas été notifiés

  2   en temps utile concernant les sujets par rapport auxquels nous aurions dû

  3   nous préparer de façon appropriée.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Est-ce que vous voulez

  5   ajouter quelque chose, Maître Robinson ?

  6   M. ROBINSON : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Merci.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je remarque que tous les problèmes sont

  8   les problèmes causés par des résumés qui n'étaient pas suffisamment

  9   détaillés, des résumés de témoins selon l'article 65 ter. J'apprécie

 10   l'engagement de l'Accusation pour ce qui est du temps nécessaire pour se

 11   préparer. Et s'il est nécessaire, la Chambre décidera que le contre-

 12   interrogatoire soit reporté concernant ce témoin et concernant certains

 13   sujets. Merci.

 14   Monsieur Karadzic, vous avez la parole.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour, Madame

 16   et Messieurs les Juges. Bonjour à tout le monde.

 17   Interrogatoire principal par M. Karadzic :

 18   Q.  [interprétation] Bonjour, Général Galic.

 19   R.  Bonjour, Monsieur le Président.

 20   Q.  Monsieur le Général, il faut que je vous rappelle que vous prononciez

 21   vos phrases lentement et il faut que je vous demande que vous ménagiez une

 22   pause entre mes questions et vos réponses pour que tout soit consigné au

 23   compte rendu.

 24   Général, pouvez-vous nous dire brièvement -- pouvez-vous décliner votre

 25   identité, nous dire votre prénom, votre nom de famille et le prénom de

 26   votre père.

 27   R.  Je m'appelle Galic, Stanislav, général de division de la VRS. Mon père

 28   s'appelle Dusan. Je suis retraité, et je suis parti à la retraite le 10 --


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  1   Q.  On en parlera. Pouvez-vous nous dire la date et le lieu de naissance.

  2   R.  Je suis né le 12 mars 1943 au village de Golesa, municipalité de Banja

  3   Luka.

  4   Q.  Merci. Quelle est votre profession actuelle ?

  5   R.  Je purge ma peine à Fribourg, et c'est pour ainsi dire, ma profession.

  6   Ou plutôt, pas ma profession, mais mon occupation. Il faut que je purge ma

  7   peine.

  8   Q.  Vous avez mentionné tout à l'heure que vous êtes parti à la retraite au

  9   grade de général de division, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui. Je suis le général de division à la retraite de la VRS et

 11   commandant, j'ai le grade de commandant de l'armée de Yougoslavie. C'est

 12   quelque peu illogique, mais c'est moi qui suis en mesure de comprendre

 13   cela, et vous aussi.

 14   Q.  Pouvez-vous nous parler un peu de votre scolarisation.

 15   R.  J'ai fini l'école primaire à Banja Luka. Ensuite, je me suis inscrit à

 16   l'école militaire en 1959, et cela a duré plusieurs années, plus de dix

 17   ans. Et pendant différentes périodes de temps, j'ai eu le diplôme de

 18   l'Ecole pour les sous-officiers à Sarajevo, ensuite l'Académie militaire à

 19   Belgrade, ensuite l'Académie pour les officiers de l'état-major à Belgrade,

 20   ainsi que l'Ecole pour la Défense nationale à Belgrade. C'est à peu près

 21   mon parcours concernant ma scolarisation.

 22   Q.  Est-ce que ce sont toutes les écoles que vous devez finir pour obtenir

 23   le grade de général ?

 24   R.  Oui, mais pour devenir général, il faut faire beaucoup plus. Il faut

 25   avoir de bonnes notes de service. Ensuite, il y avait d'autres critères qui

 26   devaient être remplis pour obtenir le grade du général dans la JNA. Pour ce

 27   qui est du grade du colonel, il y avait certaines étapes qu'il fallait

 28   passer. Ensuite, il y avait des critères concernant l'appartenance aux


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  1   groupes ethniques. Ils devaient respecter la composition ethnique de la JNA

  2   pour procéder à l'avancement et pour obtenir dans mon cas le grade de

  3   général.

  4   Q.  Pouvez-vous expliquer à la Chambre en quoi consistaient ces

  5   répartitions des grades selon l'appartenance ethnique ?

  6   R.  Les membres de tous les groupes ethniques étaient présents au sein de

  7   la JNA. A un moment donné, ce critère a permis que certaines personnes

  8   deviennent officiers, qui n'étaient pas vraiment très compétents. Il y

  9   avait le plus de Serbes dans la JNA et, bien, normalement, il y avait le

 10   plus de généraux parmi les Serbes dans la JNA.

 11   Q.  Merci. Pouvez-vous nous dire brièvement ce que vous avez fait durant

 12   votre carrière professionnelle et quelles étaient vos positions avant votre

 13   arrivée au Corps Sarajevo-Romanija ?

 14   R.  J'étais le commandant de peloton et le commandant de la brigade,

 15   régiment de division, et finalement le commandant de corps. Et je suis

 16   parti à la retraite en tant que commandant du corps.

 17   Q.  Merci. Pendant votre carrière, est-ce que vous avez fait l'objet de

 18   louanges, est-ce que vous avez reçu des médailles ou…

 19   R.  Il fallait obtenir tout cela avant de devenir général. J'ai reçu

 20   plusieurs distinctions pendant la guerre.

 21   Q.  Merci, Général. Pouvez-vous nous dire, avant votre arrivée au Corps

 22   Sarajevo-Romanija, pouvez-vous nous dire quelle était votre position, votre

 23   fonction ?

 24   R.  Avant d'être arrivé au Corps Sarajevo-Romanija, j'étais commandant de

 25   la 30e Division d'infanterie dont le QG se trouvait à Mrkonjic Grad, c'est

 26   sur le territoire de la Republika Srpska.

 27   Q.  Quelle était la zone de responsabilité que cette division couvrait ?

 28   R.  Cette zone de responsabilité changeait, cela dépendait de la période de


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  1   temps concernée. Au début, c'était le territoire de Drvar jusqu'à Glamoc et

  2   jusqu'à Kljuc, en profondeur du territoire jusqu'à Petrovac aussi. Ensuite,

  3   lorsque le 2e Corps est arrivé, le 2e Corps a repris cette zone de

  4   responsabilité et la division est restée sur le territoire vers Kupres,

  5   après quoi il n'y avait plus cette zone, et Donji Vakuf, Mrkonjic Grad et

  6   Jajce et Knezevo étaient les municipalités qui se trouvaient sur le

  7   territoire couvert par la division.

  8   Q.  Merci. Dites-nous quand vous êtes arrivé au Corps Sarajevo-Romanija et

  9   à quelle position ?

 10   R.  Je suis arrivé au Corps Sarajevo-Romanija le 10 septembre 1992, à la

 11   position du commandant du corps. Je dois ajouter qu'on accepte ce type de

 12   position de votre propre gré. Vous acceptez cela et avec l'approbation du

 13   général, mais ici, je dois dire qu'il y avait des choses qui n'étaient pas

 14   suffisamment claires.

 15   Q.  Quand votre prédécesseur a quitté cette position et quelle était la

 16   situation dans le corps lorsque vous êtes arrivé et la situation sur le

 17   front ?

 18   R.  Je ne sais pas quand le général Sipcic a quitté la position du

 19   commandant, mais c'était à peu près un mois ou deux mois avant mon arrivée.

 20   Mais je ne suis pas tout à fait certain. A l'époque, une directive avait

 21   été délivrée par le secrétariat fédéral de la Défense nationale de

 22   Yougoslavie avant la formation de la VRS disant que toutes les personnes

 23   qui n'étaient pas nées en Bosnie-Herzégovine ou qui n'avaient reçu aucun

 24   ordre ne devaient pas rester là où ils étaient. Ils pouvaient être

 25   transférés dans d'autres régions, par exemple vers le Monténégro. Et comme

 26   j'étais né en Bosnie-Herzégovine, je suis resté là-bas.

 27   S'agissant de Sipcic, je suppose que lorsqu'il a obtenu le rang de général,

 28   il a décidé de retourner à Belgrade et, que je sache, il n'est jamais


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  1   revenu, et c'est là qu'il a pris sa retraite.

  2   Alors, qu'est-ce que j'ai pu constater ? Eh bien, j'ai trouvé là-bas un

  3   corps sans commandant et sans chef d'état-major. Lorsque vous m'avez

  4   rencontré à l'armée yougoslave et lorsque j'ai pris mes fonctions, vous

  5   vous souvenez probablement que la situation dans le corps était assez

  6   trouble, et je ne pense pas qu'il soit pertinent ici de m'appesantir sur

  7   ces détails-là.

  8   Q.  Nous y viendrons, mais pourriez-vous nous dire si un commandant de

  9   corps a un rang plus élevé qu'un commandant de division ?

 10   R.  Eh bien, le commandant de corps est plus haut gradé que le commandant

 11   de division, même s'ils ont les mêmes prérogatives. Le commandant de

 12   division a moins d'autorité, et le commandant peut être soit colonel ou

 13   général. Donc, ce serait là la différence. Donc, il y a moins de pouvoir;

 14   je parle de la division, bien sûr.

 15   Q.  Donc, si quelqu'un est transféré d'une division vers un corps, est-ce

 16   que l'on peut considérer qu'il s'agit d'une promotion ?

 17   R.  Oui, absolument.

 18   Q.  Vous venez de dire que les gens l'acceptaient sur une base volontaire.

 19   Mais dans votre cas, il semble que vous ne vous y êtes pas rendu de votre

 20   gré. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi le poste de commandant du SRK ne

 21   vous attirait pas autant ?

 22   R.  Alors, il y avait plusieurs raisons à cela, mais la principale était

 23   due à la complexité des différents théâtres de guerre à Sarajevo. C'était

 24   le théâtre de guerre le plus compliqué de toute la Bosnie-Herzégovine. Et

 25   un témoin a déclaré à plusieurs reprises que faire la guerre à Sarajevo,

 26   que ce soit pour un commandant, un soldat ou un civil, était tout

 27   simplement un cauchemar, et je pense que ces paroles parlent d'elles-mêmes.

 28   Peut-être que nous pourrons revenir sur d'autres particularités de ce


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  1   théâtre de guerre plus tard.

  2   Q.  Merci. De quoi se composait le SRK, et combien d'unités subordonnées

  3   s'y trouvaient ?

  4   R.  Alors, quand je suis arrivé nous avions dix brigades légères, un

  5   régiment mixte antiblindé, un régiment mixte d'artillerie, un régiment

  6   d'artillerie légère, un bataillon, un bataillon de communication, un

  7   bataillon médical, et un bataillon de transport; voilà plus ou moins les

  8   unités qui composaient le Corps de Sarajevo-Romanija.

  9   C'était la situation qui a prévalu jusqu'au 1er novembre 1992. Après cette

 10   date, deux brigades ont quitté le corps, donc il y a une restructuration à

 11   la baisse du corps, si je peux m'exprimer ainsi. Voilà donc un résumé de la

 12   composition du corps.

 13   Q.  Merci. Pourquoi ces brigades ont-elles quitté le SRK, et où ont-elles

 14   été transférées ?

 15   R.  Les deux brigades qui sont parties étaient la 1ère Brigade de Romanija,

 16   celle-ci et l'autre ont rejoint le Corps de la Drina qui a été créé à

 17   l'époque. Ah, je me souviens de l'autre; c'était la Brigade de Rogatica.

 18   Une partie des unités blindées et mécanisées sont aussi parties parce qu'il

 19   s'agissait d'une unité nouvellement créée le 1er novembre 1992, et elles

 20   sont devenues opérationnelles à ce moment-là.

 21   Q.  Merci. Y a-t-il eu des modifications dans vos responsabilités dans la

 22   zone de responsabilité suite à cela ?

 23   R.  Oui, la zone de responsabilité a été touchée parce que les zones de

 24   responsabilité de ces brigades allaient jusqu'au fleuve Drina, et vers

 25   Kladanj et Olovo, mais ensuite la zone a été légèrement modifiée mais nous

 26   nous sommes étendus dans un autre sens. Donc après le départ de ces

 27   brigades, nous avons gagné le plateau du Nisic et la partie qui était tenue

 28   par la 2e Brigade de Romanija. Le reste a été maintenu dans notre zone de


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  1   responsabilité, à savoir celle de Sarajevo, la zone allant vers Jahorina et

  2   le mont Igman, et d'autres axes; je peux vous les nommer si vous le

  3   désirez.

  4   Q.  Alors, est-ce que nous vous avez bien compris lorsque vous avez déclaré

  5   qu'après le départ de ces deux brigades, il n'y a pas eu de changement de

  6   zone de responsabilité, et que seules ces deux zones ont été exclues de

  7   votre zone ?

  8   R.  Oui.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, les interprètes ont du mal à vous

 10   suivre, Monsieur Karadzic. Donc, n'oubliez pas de ménager une pause entre

 11   les questions et les réponses, et de ralentir également, s'il vous plaît.

 12   Monsieur Galic, pourriez-vous répéter votre réponse.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Sur les zones de responsabilité de ces deux

 14   brigades, bon, alors, si une unité quitte le SRK, et ça a été le cas, ces

 15   unités deviennent membre du Corps de la Drina, et leurs zones de

 16   responsabilité respectives ne dépendaient plus du SRK évidemment, mais

 17   avaient été transférées au Corps de la Drina. Voilà ma réponse. Et je pense

 18   avoir bien répété les choses.

 19   M. KARADZIC : [interprétation]

 20   Q.  Merci. Vous avez parlé de la Brigade de Rogatica qui porte le nom de sa

 21   municipalité. Pourriez-vous expliquer à la Chambre quelles ont été les

 22   brigades qui sont restées au sein du SRK, de quel type de formations il

 23   s'agissait ? Quelles étaient leurs zones de responsabilité, et quels

 24   étaient leurs liens avec leurs zones de défense respectives ?

 25   R.  Alors, le reste des brigades ou plutôt du corps se fondait pour ces

 26   activités sur le principe de territorialité. A la base, c'est la

 27   municipalité qui s'occupait de ces brigades, les gens s'étaient organisés

 28   eux-mêmes. Et jusqu'au 19 mai, tout faisait partie de la JNA. Nous savons


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  1   que le peuple serbe a préféré la solution consistant à rester au sein de la

  2   Yougoslavie et que l'armée yougoslave était là pour défendre la

  3   souveraineté et l'intégrité de la Yougoslavie et, en conséquence, les liens

  4   étaient plus présents avec la JNA. Ensuite, un nouveau scénario est apparu

  5   à partir du 19 mai.

  6   A ce moment-là, la Brigade d'Ilidza qui était déployée principalement

  7   dans la zone d'Ilidza et qui tenait des positions vers Stupska à Nedzarici,

  8   vers Dobrinja, Alipasino Polje, et bien sûr, cette zone faisait également

  9   face à l'aéroport.

 10   Eh bien, la partie suivante de la ligne de front allait vers le mont Igman,

 11   Stojicevac et d'autres endroits, mais c'est l'ABiH qui tenait le mont

 12   Igman. Et il est intéressant de remarquer que la zone de cette brigade, en

 13   particulier la zone de Nedzarici, était constamment entourée ou semi-

 14   entourrée. Un commandant avait là une tâche très difficile à accomplir.

 15   J'ai dû m'y rendre à plusieurs occasions.

 16   Q.  Eh bien, justement, je voudrais que vous nous localiser cela sur une

 17   carte.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pouvons-nous afficher le document 24947, s'il

 19   vous plaît, de la liste 65 ter.

 20   M. KARADZIC : [interprétation] 

 21   Q.  Vous pouvez également vous servir de la carte qui est à l'écran.

 22   R.  Monsieur le Président, la carte à l'écran est vraiment très petite.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Donc peut-être qu'il serait plus facile d'avoir

 24   un stylet à disposition.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 26   Mme EDGERTON : [interprétation] Je voudrais faire remarquer qu'il s'agit

 27   justement là de l'une des pièces à conviction potentielle qui a été

 28   communiquée samedi.


Page 37159

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne vous comprends pas.

  2   Mme EDGERTON : [interprétation] Il y a eu communication tardive, Monsieur

  3   le Juge.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Jeudi, vendredi, pour moi, ce n'est pas une

  5   communication tardive. Nous avons envoyé cette carte un de ces deux jours,

  6   et nous leur avons demandé de scanner le document.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Alors, quel est le problème que vous

  8   rencontrez, Madame Edgerton, avec cette carte plus particulièrement ? J'ai

  9   du mal à vous suivre, quel est le problème.

 10   Mme EDGERTON : [interprétation] Il n'y a pas de problème pour l'Accusation

 11   à ce stade-ci, Monsieur le Juge, mais je voulais juste vous faire remarquer

 12   que nous reviendrons sur ce sujet au moment du contre-interrogatoire.

 13    M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, continuons. Si nécessaire,

 14   nous pouvons agrandir la carte, mais à vous de décider, Monsieur Karadzic.

 15   Veuillez continuer.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je pense que nous pouvons agrandir la

 17   partie centrale de la carte. Il n'y a pas beaucoup d'annotations sur les

 18   côtés de la carte, donc nous pouvons peut-être nous concentrer sur la

 19   partie au milieu de la carte.

 20   M. KARADZIC : [interprétation]

 21   Q.  Général, vous pouvez également vous aider de la carte qui se trouve

 22   derrière vous, si vous le désirez, pour annoter les différents endroits et

 23   éclairer la Chambre. Les Juges de la Chambre pourront suivre les deux

 24   cartes.

 25   Alors, vous nous parliez de la Brigade d'Ilidza. Je vous demande de bien

 26   vouloir nous montrer où se trouvait sa zone, quelles étaient ses unités

 27   avoisinantes et où se trouvaient les positions ennemies.

 28   R.  [hors micro]


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  1   L'INTERPRÈTE : Inaudible pour les interprètes.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque je vous donnais les positions de la

  3   Brigade d'Ilidza, eh bien, elles se trouvaient ici. Elles sont reprises en

  4   bleu. Nedzarici, Alipasino Polje, la localité d'Aerodromsko, Dobrinja.

  5   Donc, voilà la zone où se trouvait Nedzarici. Les lignes rouges indiquent

  6   les positions de l'ABiH. Les lignes bleues indiquent les emplacements du

  7   Corps de Sarajevo-Romanija. En général, on indique nos propres forces en

  8   rouge --

  9   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes de la cabine anglaise : Veuillez

 10   attendre, Monsieur Karadzic, que la réponse ait été interprétée, s'il vous

 11   plaît.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Messieurs les Juges, je me demande s'il ne

 13   serait pas plus facile que le général utilise un stylo pour indiquer

 14   l'emplacement de ces différentes brigades.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pense pas que cela me faciliterait la

 16   tâche, parce que cette carte n'est pas claire, en fait. Je ne vois presque

 17   rien.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'ai aussi du mal à vous suivre et à

 19   suivre ce que le témoin nous indique sur la carte.

 20   Agrandissons à la carte et, le cas échéant, nous allons apporter des

 21   annotations. Et nous pourrons également admettre cette pièce en plusieurs

 22   parties. Réfléchissez-y. Le général peut aussi donner ses explications en

 23   regardant la carte qui est à l'écran et en l'agrandissant. Pourrions-nous

 24   essayer cette méthode-là ?

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien, Monsieur le Juge. C'est peut-être la

 26   meilleure solution.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  Général, je vous invite à vous rasseoir, et nous allons demander au


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  1   Greffe d'agrandir la partie inférieure gauche de la carte.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pouvons-nous l'agrandir davantage, s'il vous

  3   plaît. Il y a toute une partie inutile. Agrandissons-la encore un petit

  4   peu, s'il vous plaît.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Général, est-ce clair à présent ?

  7   R.  Oui. Je vais vous indiquer exactement où se trouvait la Brigade

  8   d'Ilidza.

  9   Elle avait pourvu en effectifs les positions de la localité

 10   d'Aerodromsko. Nous voyons la ligne bleue. Nedzarici.

 11   Q.  Merci. Est-ce que vous pourriez apposer une lettre A à l'aide de votre

 12   stylet pour indiquer l'aéroport et Aerodromsko ?

 13   R.  En fait, on ne voit qu'une partie ici. Ça ne marche pas bien, ce

 14   stylet.

 15   Q.  Vous pouvez effacer aussi si vous vous trompez, mais je vous demande

 16   d'apposer un A. Ou, si vous préférez, vous pouvez numéroter ces différents

 17   emplacements.

 18   R.  Oui, je pense que des numéros vaudraient mieux.

 19   Q.  Alors, le 1 voudra dire Aerodromsko.

 20   R.  [Le témoin s'exécute]

 21   Q.  Et vers le nord d'Aerodromsko ?

 22   R.  Eh bien, oui, c'est Nedzarici. On peut y placer un 2.

 23   Q.  Oui, allez-y, et expliquez-nous la zone de responsabilité de cette

 24   brigade.

 25   R.  Dans la zone de Nedzarici et du quartier de l'aéroport se trouvait un

 26   bataillon de la Brigade d'Ilidza. L'autre bataillon tenait Stup et le

 27   croisement avec Stup. Donc, c'est la zone qui est ici. Ce serait le numéro

 28   3.


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  1   Q.  Très bien. Numéro 3.

  2   R.  Il tenait également les emplacements autour d'Energoinvest. Donc, ça,

  3   c'est la zone de Stup. Et au fur et à mesure que l'on se rapproche de la

  4   zone d'Otes -- je vais mettre un numéro 4, là ? Cette zone a été tenue

  5   jusqu'au 10 décembre 1992.

  6   Q.  Très bien. Numéro 4.

  7   R.  Je n'arrive pas à bien lire les inscriptions sur cette carte, alors je

  8   vous mets tous ses emplacements de mémoire et il peut y avoir des erreurs.

  9   Donc je disais que jusqu'au 10 décembre 1992, cette région, cette

 10   zone était sous le contrôle de l'ABiH. Ensuite, elle a été sous le contrôle

 11   des forces du SRK, c'est-à-dire de la Brigade d'Ilidza, par le fleuve

 12   Dobrinja. Nous voyons le fleuve ici. Ça, c'est le Dobrinja, qui s'étend sur

 13   presque l'intégralité du front.

 14   Q.  Est-ce que vous pourriez tracer une ligne pour indiquer le sens du

 15   fleuve ?

 16   R.  Très bien. Je crois que vous le voyez de toute façon.

 17   Q.  Merci. Général, pourriez-vous expliquer aux Juges de la Chambre qui

 18   s'opposait à la brigade dans les différentes parties de la ligne ?

 19   R.  Je voudrais d'abord entourer la zone de la brigade, Monsieur le

 20   Président.

 21   Q.  Très bien.

 22   R.  Cette brigade avait également des positions de l'autre côté de

 23   Stojicevac. Ce sera le numéro 5. Alors, si on va vers le sud, la 4e Brigade

 24   mécanisée se trouvait là. C'est Stojicevac, de l'autre côté de l'aéroport,

 25   qui tenait également les positions autour du mont Igman jusqu'à la colline

 26   de Golo Brdo. Mais ça, c'est sur la route d'Otes. Cette zone ne faisait que

 27   800 mètres. Et la brigade se trouvait encerclée ou à moitié encerclée

 28   pendant ce temps-là. Voilà pourquoi il a été nécessaire de sortir de cette


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  1   zone et d'aller vers Otes et sauvegarder les positions à Golo.

  2   Q.  Très bien. Est-ce que vous pourriez indiquer par une flèche le sens

  3   vers le mont Igman, vu que vous avez dit que c'était dans le même sens que

  4   Golo, et y placer un numéro 6.

  5   R.  En fait, Golo Brdo, c'est l'une des collines du mont Igman.

  6   Q.  Oui. Apposez un chiffre 6 et une flèche, s'il vous plaît.

  7   R.  [Le témoin s'exécute]

  8   Q.  Très bien.

  9   R.  Je ne suis pas très doué avec ce stylet, désolé.

 10   Q.  A partir d'Otes, en allant vers l'est, qui était l'ennemi là-bas ?

 11   R.  Ça a changé dans cette zone. Cette carte montre la situation au moment

 12   où j'ai pris mes fonctions. C'est la Brigade mécanisée. Et nous tenions

 13   cette zone d'Alipasino Polje. On pourrait y mettre un chiffre 7 ? Bon, ça,

 14   c'est le quartier d'Alipasino Polje.

 15   Q.  Très bien.

 16   R.  Eh bien, cette zone était tenue par la 101e Brigade mécanisée de

 17   Montagne. Et vers Dobrinja, c'était la 5e Brigade de Montagne qui s'y

 18   trouvait.

 19   Q.  Mettez-y un chiffre 8, s'il vous plaît.

 20   R.  Très bien.

 21   Q.  Général --

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Arrêtons-nous un instant. Nous pourrions

 23   peut-être à ce stade-ci demander au témoin de dater et de parapher la

 24   carte. Nous sommes le 15 avril 2013. Pourriez-vous vous exécuter, apporter

 25   la date et parapher cette carte dans le coin supérieur droit, s'il vous

 26   plaît.

 27   Oui, Madame Edgerton.

 28   Mme EDGERTON : [interprétation] J'aimerais ajouter un chiffre


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  1   supplémentaire. On pourrait peut-être demander au témoin de nous donner la

  2   date de la carte --

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, j'y venais, Madame Edgerton.

  4   J'y venais.

  5   Mme EDGERTON : [aucune interprétation]

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur le Témoin, pourriez-vous

  7   nous donner quelques informations quant au contexte de cette carte, quand

  8   a-t-elle été établie, d'où vient-elle. Mais, Monsieur Karadzic, vous

  9   pourriez peut-être vous-même poser ces questions.

 10   Donc, Monsieur Galic, je vous invite à dater cette carte et à y

 11   apposer votre paraphe.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous voulez la date d'aujourd'hui ?

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Nous sommes le 15 avril. Et

 14   paraphez le document, ou plutôt, signez-le, s'il vous plaît.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci --

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, Monsieur Karadzic. Nous

 17   allons --

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, mais j'aimerais encore demander au témoin

 19   d'apporter une annotation supplémentaire avant l'admission de cette pièce.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Général, pourriez-vous nous expliquer les caractéristiques de cette

 23   Brigade mécanisée ? Quelle était sa population ?

 24   R.  Dans la zone de responsabilité de la 3e Brigade mécanisée pour Ilidza

 25   et dans la région du croisement de Stup, se trouvait un silo, et c'est de

 26   là que la plupart des activités visant Ilidza provenaient. Le reste se

 27   composait principalement de gratte-ciel surtout vers Nedzarici, il y avait

 28   le centre estudiantin d'Alipasino Polje. Nedzarici se compose de maisons


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  1   unifamiliales principalement, alors qu'autour de Nedzarici il y avait ces

  2   gratte-ciel.

  3   De l'autre côté du Miljacka, se trouve la zone sous le contrôle de la 2e

  4   Brigade mécanisée. Et c'est le Brijesce Brdo, c'est-à-dire la colline de

  5   Brijesce. Vous voyez la zone sous le contrôle de la Brigade d'Ilidza à

  6   partir du point de vue de la colline de Brijesce.

  7   Q.  Pourriez-vous indiquer un chiffre 9 pour cette colline Brijesce.

  8   R.  Je ne la vois pas sur la carte, donc je vais vous mettre ce chiffre de

  9   mémoire. Je pense que la colline de Brijesce se trouve ici.

 10   Q.  Pourriez-vous montrer maintenant la colline de Mojmilo et quel est le

 11   lien entre cet endroit-là et les autres quartiers.

 12   R.  Mojmilo se trouve à l'est de la 5e Brigade motorisée de Montagne, et

 13   cet endroit est placé sous le contrôle de la 101e Brigade de Montagne.

 14   C'est là que se trouve Mojmilo.

 15   Q.  Pourriez-vous apposer le chiffre 10.

 16   R.  C'est à peu près là.

 17   Q.  Et puis, la dernière question, Mon Général : cette portion de la carte,

 18   la portion que nous allons verser à présent, elle fait partie de quelle

 19   carte ? Qui a élaboré cette carte, elle appartient à qui, elle vient d'où ?

 20   R.  Cette portion de la carte fait partie --

 21   Q.  Regardez derrière vous.

 22   R.  Mais oui, oui. C'est une carte qui vient du 1er Corps d'armée de l'ABiH

 23   --

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Attendez un instant. Pour l'instant,

 25   nous allons sauvegarder cela en tant que pièce temporaire de la Défense. Je

 26   vais demander que l'on agrandisse le haut à la gauche de la carte. Et puis,

 27   je vais demander que l'on verse cette pièce à titre temporaire. Quel est le

 28   numéro ?


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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] MFI 3381.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pourriez-vous nous montrer ce que l'on voit en

  3   haut à gauche de la carte. On va vous le montrer sur l'écran.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le vois toujours pas sur l'écran.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ça va venir. Allez, montrez-nous, s'il

  6   vous plaît, le coin haut gauche de la carte, la même carte.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est bien. Je le vois.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous n'avons pas besoin du témoin -- il

  9   n'a pas besoin d'apposer quoi que ce soit sur la carte. Mais vous pouvez

 10   aussi agrandir encore un petit peu cette inscription.

 11   M. KARADZIC : [interprétation]

 12   Q.  Mon Général, pourriez-vous identifier le cachet que l'on voit là ?

 13   R.  Oui. C'est le commandement du 1er Corps de l'ABiH.

 14   Q.  Merci.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-il possible de verser cette section-là de

 16   la carte avec la signature du général ? De sorte que l'on sache à l'avenir

 17   que toutes les autres sections de la carte viennent de cette carte-là

 18   justement, font partie de cette carte-là.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, ce n'est pas nécessaire. Nous

 20   pouvons à tout moment agrandir cette partie et vérifier de quoi il s'agit.

 21   Mais en revanche, je vais demander au témoin de nous lire cela.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] "La carte de travail du QG du 1er Corps

 23   d'armée." Ensuite, on voit le cachet du commandement du 1er Corps d'armée.

 24   Et après, on voit : "Début : le 1er décembre 1992, fin, le 4 avril 1993."

 25   C'est tout ce qui est écrit là.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et en bas à gauche, pourriez-vous nous

 27   montrer ce qui est écrit là ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] En bas, à gauche, on voit la légende, on voit


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  1   quelle a été la situation au niveau des différentes périodes, et je vais

  2   vous dire de quelle période il s'agit. Nous allons voir qu'ils dépassent un

  3   peu le cadre temporaire indiqué au-dessus. La première période, le 1er

  4   décembre 1992. Ensuite, le 4 décembre 1992. Ensuite, le 9 décembre 1992.

  5   Ensuite, le 11 décembre 1992, puis le 14 décembre 1992; le 15 décembre

  6   1992; le 18 décembre 1992 --

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cela suffit. Quand avez-vous vu cette

  8   carte pour la première fois ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai vue pour la première fois pendant mon

 10   procès. Je pense que cette carte a été montrée à plusieurs reprises, mais

 11   quand nous avons commencé à présenter nos moyens de preuve, on ne la voyait

 12   plus. Donc c'était un élément de preuve du bureau du Procureur.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous avez des objections

 14   quant au versement de cette carte ?

 15   Mme EDGERTON : [interprétation] Non, non. Nous essayons de voir tout

 16   simplement si c'est vraiment quelque chose qui a été utilisé dans le procès

 17   Galic.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que nous avons besoin d'une

 19   traduction pour cette carte; oui ou non ?

 20   Mme EDGERTON : [interprétation] Je ne pense pas vu que les éléments qui

 21   figurent sur la carte ont été lus à voix haute par le témoin.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Piletta-Zanin, est-ce que vous

 23   avez quelque chose à ajouter ?

 24   M. PILETTA-ZANIN : Très brièvement, Monsieur le Président. Je me considère

 25   comme étant le propriétaire de cette carte que j'ai amenée ici pour

 26   faciliter les choses. Je continue à travailler sur cette carte. Il y a un

 27   problème matériel, j'aurais voulu pouvoir disposer de l'original. Je crois

 28   savoir que les services ont été informés de cela, donc ça devrait


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  1   fonctionner.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Que veut dire l'inscription BBR,

  3   Monsieur Galic, dans l'ABiH ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] BBR, ce sigle signifie la Brigade de Montagne.

  5   MTBR, cela veut dire la Brigade motorisée. Si cela vous intéresse, je peux

  6   vous expliquer tout cela. Donc ensuite, nous avons MBR, cela veut dire la

  7   Brigade mécanisée.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, je pense que nous avons étayé

  9   la base pour verser cette pièce au dossier.

 10   Mme EDGERTON : [interprétation] Et dans l'affaire Galic, il s'agissait de

 11   la pièce P467.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Nous allons verser

 13   l'intégralité de la carte comme pièce de la Défense.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D3382.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et la pièce précédente que nous avons

 16   versée en tant que pièce provisoire, la pièce D3381 va devenir une pièce à

 17   part entière.

 18   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Karadzic.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je vais demander à voir à nouveau

 20   la pièce D3381, de sorte que le général puisse nous parler de la structure

 21   et de la force de la structure de l'ennemi justement sur la base des

 22   informations figurant sur la carte.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  En attendant, Mon Général, pourriez-vous nous dire quelles ont été les

 25   raisons qui vous ont poussé à prendre le contrôle d'Otes?

 26   R.  Eh bien, nous avons pris le contrôle d'Otes pour des raisons

 27   typiquement militaires. Otes, avec Golo Brdo, étaient tenus par l'ABiH, et

 28   ils coupaient pratiquement la sortie, toute possibilité de sortie de la


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  1   Brigade d'Ilidza de cette zone-là. Pour nous, il était important de tenir à

  2   l'esprit le fait que l'aéroport était à l'époque sous le contrôle de la

  3   FORPRONU. Donc, c'est un élément qui est aussi important, sans doute que

  4   vous allez me poser des questions là-dessus, et on pourra peut-être revenir

  5   là-dessus plus tard.

  6   Donc il y avait une raison militaire, si vous le souhaitez, je peux vous

  7   l'exposez. En tout cas, il est intéressant de savoir quelle a été la

  8   période où nous sommes arrivés sur le terrain. Dès que nous sommes arrivés,

  9   nous nous sommes mis en contact avec les gens de l'autre côté, et tous les

 10   éléments ont été informés du fait que nous allions prendre le contrôle de

 11   la ville. Et tous les gens qui voulaient quitter la ville, en général

 12   c'étaient les Croates, je pense la plupart d'entre eux étaient des Croates,

 13   je ne sais pas quelle a été vraiment la composition ethnique, mais toujours

 14   est-il qu'une dizaine d'autocars remplis de civils ont quitté ce territoire

 15   avant que les combats pour Otes ne commencent.

 16   Il s'agissait d'un combat très difficile vu qu'il s'agissait d'un

 17   quartier neuf, bâti en béton avec beaucoup d'habitations, beaucoup

 18   d'immeubles d'habitation, et beaucoup de gens sont morts, y compris le

 19   commandant de la Brigade de Ilidza, Zoran Borovina.

 20   Q.  Pourriez-vous nous dire quelles étaient les forces de l'ennemi au

 21   niveau de la 3e Brigade motorisée, juste en face de la Brigade d'Ilidza ?

 22   Donc quelle a été la composition, quel était l'équipement et les forces de

 23   l'ennemi ?

 24   R.  Eh bien, chaque brigade de l'ennemi comptait à peu près 2 000

 25   personnes. En ce qui concerne l'équipement dont ils disposaient, eh bien,

 26   ils avaient des lance-roquettes, donc il s'agit des armes d'infanterie,

 27   mais ils avaient aussi un appui d'Igman et des autres parties de la ville,

 28   si le besoin se présentait. A partir d'Igman, ce sont les obusiers qui


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  1   pouvaient les soutenir, mais aussi le canon de 130 millimètres. Mais que je

  2   sache, l'ABiH n'a pas tiré avec l'artillerie. Ils ont utilisé des lance-

  3   roquettes mobiles et puis aussi des grenades de fusil parce qu'ils en

  4   avaient beaucoup. On pouvait les utiliser au niveau de l'infanterie.

  5   Puis vous aviez aussi des tireurs embusqués, parce que là il

  6   s'agissait des gratte-ciel, et ils pouvaient agir à partir d'Alipasino

  7   Polje, la cité universitaire jusqu'au carrefour de Stup.

  8   Et à Sarajevo, d'après ce que l'on savait, il y avait à peu près 500

  9   tireurs embusqués. Alors est-ce qu'ils avaient aussi des mortiers, je ne

 10   sais pas. En tout cas, les chiffres n'étaient pas toujours les mêmes parce

 11   que parfois ils faisaient appel à des unités spéciales, les Hirondelles,

 12   les Alouettes et autres. Donc si le besoin se présente, je peux aussi vous

 13   dire quelles ont été ces unités, je peux les mentionner aussi, si vous me

 14   le demandez.

 15   Et puis, ils ont eu un appui des chars de temps en temps, mais je n'ai pas

 16   eu beaucoup de rapports allant dans ce sens. 

 17   Ils étaient en mesure, donc, aussi de renforcer la 3e Brigade avec

 18   une division des obusiers qui se trouvaient quelque part au-dessous de la

 19   colline de Hum. En ce qui concerne le bataillon de blindés, il était

 20   quelque part entre la fabrique de briques et la station ferroviaire, et

 21   puis, ils pouvaient de toute façon manœuvrer, ils pouvaient déplacer leurs

 22   forces de façon rapide et efficace.

 23   Je peux vous dire que l'on a beaucoup agi à partir d'Igman en

 24   direction de la Brigade d'Ilidza. Parfois, ils utilisaient des tonneaux

 25   remplis d'explosifs avec des clous à l'intérieur, et à partir du moment où

 26   cela tombe et explose, vous avez un pouvoir de dévastation assez important.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant.

 28   Mme EDGERTON : [interprétation] Je ne comprends pas très bien. Est-ce qu'on


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  1   parle toujours de la même chose, est-ce qu'on parle toujours la 3e Brigade

  2   motorisée, vu la longueur de la réponse, ou bien, est-ce qu'on parle

  3   d'autre chose. Je ne comprends pas très bien. Parce que la question était

  4   posée au sujet de la 3e Brigade motorisée.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je peux vous expliquer, parce que moi, j'ai

  6   demandé quels étaient les ennemis de la Brigade d'Ilidza.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais posez la question au témoin. Vous

  8   n'avez pas à déposer, Monsieur Karadzic.

  9   M. KARADZIC : [interprétation]

 10   Q.  Mon Général, est-ce que là vous avez parlé uniquement de la situation

 11   qui entourait la 3e Brigade motorisée, ou bien est-ce que vous parlez de

 12   toutes les brigades, la 101e, la 5e, qui se trouvaient face à la Brigade

 13   d'Ilidza ?

 14   R.  J'ai parlé de toutes les brigades se trouvant à Sarajevo. J'ai parlé de

 15   la 3e Brigade motorisée, j'ai dit ce qui était important, et j'ai aussi

 16   parlé des autres unités qui agissaient face à la Brigade d'Ilidza, parce

 17   que vous ne pouvez pas examiner le fonctionnement d'une seule brigade,

 18   parce qu'une brigade n'agit jamais toute seule. Elle fait partie d'un corps

 19   d'armée, d'un système qui agit et qui fait partie, donc, du 1er Corps

 20   d'armée. Et donc, quand on parle des agissements de ces différentes

 21   brigades, eh bien, nous tenons compte de la 101e, la 5e, la 4e, la 8e,

 22   d'Igman. Il s'agissait des activités synchronisées. Vous ne pouvez pas

 23   tenir compte d'une seule brigade. Donc, je vous ai dépeint la situation

 24   telle qu'elle a été.

 25   Q.  Donc, là, vous avez évoqué toutes les brigades qui se trouvaient en

 26   face de la Brigade d'Ilidza : la 8e qui était sur le mont d'Igman, la 3e, la

 27   108e, la 5e qui était à Dobrinja, et la 4e qui se trouvait à Hrasnica ?

 28   R.  Oui. Ils étaient en face de la Brigade d'Ilidza.


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  1   Q.  Pourriez-vous nous dire quelles sont les armes dont ils disposaient à

  2   Hrasnica ?

  3   R.  Eh bien, ils avaient toutes les armes d'infanterie et puis, j'ai

  4   surtout parlé des tireurs embusqués. Ils en avaient pas mal. Ils avaient

  5   leurs nids des tireurs embusqués dans les hauteurs et aussi au niveau de

  6   montagnes. Puis, nous avons des lance-roquettes à Mojmilo. Il y avait des

  7   canons sans recul. Je les ai vus moi-même. Cela faisait partie de la 101e à

  8   l'époque, de la 5e aussi. Puis, à nouveau, ces grenades à fusil.

  9   Quand je me suis rendu à Nedzarici, je ne pouvais y aller que la nuit,

 10   parce qu'on vous tirait dessus par tous les moyens possibles et

 11   imaginables. Et quand j'y suis allé, j'ai vu à quel point leur situation

 12   était difficile, et au jour d'aujourd'hui, il faut vraiment répéter à ces

 13   gens-là que c'étaient de véritables héros.

 14   Q.  Pourriez-vous nous dire d'où venaient les combattants de Nedzarici ?

 15   R.  Eh bien, c'étaient des gens du cru, les gens de Nedzarici, d'Ilidza, ou

 16   peut-être des éléments sortis de Sarajevo. C'était donc la composition des

 17   gens du Corps de Sarajevo-Romanija, dont ceux de Nedzarici aussi.

 18   Q.  Dans quelle mesure il était différent de commander une telle unité par

 19   rapport au commandement classique d'une unité composée de professionnels ?

 20   R.  Eh bien, vous avez beaucoup de différences. Car moi, j'étais un

 21   officier de carrière, mais les objectifs sont toujours les mêmes. Mais les

 22   différences, il faut le noter. Les voici : ces éléments n'étaient pas

 23   formés au combat de rue, pas suffisamment en tout cas. Mais nous tous

 24   d'ailleurs, nous n'étions pas vraiment formés au combat de rue.

 25   Q.  Très bien. Je vais revenir là-dessus plus tard. Mais pourriez-vous nous

 26   dire quelles étaient les armes dont disposaient la 4e Brigade de Hrasnica

 27   de l'ABiH ? Là, je ne parle pas de l'artillerie au niveau du mont d'Igman,

 28   vraiment à Hrasnica même. Quelles ont été les armes dont ils disposaient ?


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  1   Est-ce qu'ils vous ont tiré dessus ?

  2   R.  Oui, on nous a tiré dessus, surtout ils nous ont tiré depuis

  3   Stojicevac. Ils ont tiré sur la Brigade d'Ilidza avec le feu de

  4   l'infanterie, mais aussi avec des lance-roquettes. Et puis, ils avaient

  5   d'autres armes, pas mal de tireurs embusqués là aussi. Donc, la même

  6   configuration que pour les autres brigades.

  7   Q.  Vous avez mentionné des manœuvres. Quelles sont les forces qui venaient

  8   intervenir ?

  9   R.  Eh bien, en général, c'étaient les forces spéciales. Vous aviez des

 10   brigades spéciales qui étaient mises à la disposition du corps d'armée, ou

 11   bien vous aviez des groupes aussi créés comme le groupe de Vikic, ou bien

 12   les Hirondelles et les autres. Donc, ces groupes venaient renforcer de

 13   façon très efficace, et c'était difficile de se défendre contre eux. Ils

 14   leur arrivaient, par exemple, de prendre des éléments d'une brigade pour

 15   les transférer sur la zone de responsabilité d'une autre brigade, si là il

 16   fallait davantage d'éléments.

 17   Q.  A la page 28, vous avez parlé des lance-roquettes, mais vous avez aussi

 18   dit que ces lance-roquettes étaient assez mobiles. Mais de quoi parliez-

 19   vous exactement ?

 20   R.  A Sarajevo, c'est quelque chose qui était très caractéristique pour

 21   l'ABiH. Ils avaient monté les lance-roquettes sur des camions, et ensuite

 22   on les transférait d'un endroit à un autre. Ils tiraient de là, d'un

 23   endroit, et ensuite ils se déplaçaient ailleurs, et c'était très difficile

 24   de les localiser. D'ailleurs, ils ne choisissaient pas tellement la

 25   provenance de leurs tirs et peu leur importait s'il y avait de la

 26   population civile autour ou non, ou bien s'ils se trouvaient sur la zone de

 27   responsabilité d'une brigade ou non. Donc, ces activités étaient vraiment

 28   des activités surprises. Vous ne pouviez pas vous attendre à ce qu'on vous


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  1   tire dessus à partir de cet endroit-là. Parce que quand vous avez un point

  2   de tir, qu'il s'agisse d'un canon sans recul ou autre chose, vous savez

  3   qu'on va vous tirer dessus à partir de cet endroit-là. Mais quand vous ne

  4   vous attendez pas à ce que l'on vous tire dessus à partir d'un endroit, eh

  5   bien, vous avez l'effet surprise, qui garantit le succès, en quelque sorte.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

  7   Juges, est-il opportun de prendre la pause maintenant ? Parce que c'est

  8   vrai qu'on parle assez vite. Mais on peut poursuivre aussi, si vous le

  9   voulez. Parce que là je vais aborder un autre thème, une autre zone de

 10   responsabilité, une autre brigade et puis une autre section de la carte.

 11   Mais bon, si vous insistez, je peux continuer.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Si cela vous arrange, on peut prendre la

 13   pause, une pause d'une demi-heure. On va reprendre nos travaux à 11 heures

 14   moins cinq.

 15   --- L'audience est suspendue à 10 heures 26.

 16   --- L'audience est reprise à 10 heures 59.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Galic. Avez-vous des

 18   problèmes, des problèmes avec votre écran ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Tout va bien maintenant. Mais j'ai

 20   juste posé une question, je voudrais savoir pourquoi je ne pouvais pas voir

 21   le compte rendu d'audience en serbe, puisque je ne le vois qu'en anglais.

 22   J'aurais pu avoir un compte rendu en allemand également parce que j'ai

 23   appris l'allemand, j'ai des notions d'allemand. Mais bon, pour ce qui est

 24   de mon anglais, c'est assez médiocre.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, certes, mais nous n'avons qu'un

 26   compte rendu d'audience en anglais.

 27   Monsieur Karadzic, poursuivez, je vous prie.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


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  1   Q.  Général, alors, toujours à propos de cette carte et à propos de la

  2   Brigade d'Ilidza, pourriez-vous nous dire, je vous prie, quels étaient les

  3   objectifs de la Brigade d'Ilidza, et quels étaient les objectifs de l'ABiH

  4   qui se trouvait en face ?

  5   R.  Toutes les brigades de la VRS qui se trouvaient dans la zone avaient

  6   pour objectif de défendre le territoire où il y avait une majorité serbe et

  7   d'assurer la défense de la population qui y habitait, non pas seulement la

  8   population serbe, mais la défense de tout un chacun. Alors, dans quelle

  9   mesure est-ce que cela a été possible, nous en parlerons plus tard. Et les

 10   buts, les objectifs des forces de l'ABiH dans la zone d'Ilidza, et là je

 11   pense à l'objectif ou au but de la Brigade d'Ilidza du SRK, son objectif

 12   consistait à tenir cette zone, qui était très importante parce qu'il y

 13   avait la société Energoinvest, cette zone était très importante. Donc, avec

 14   la société Energoinvest, il y avait des puits d'eau également, et puis il

 15   faut savoir que hormis cela, la population était essentiellement serbe. Et

 16   avant le mois de juin 1992, époque à laquelle nous tenions l'aéroport, il y

 17   avait, en fait, le lien entre Ilidza et les autres territoires contrôlés

 18   par le SRK. Donc, il y avait l'aéroport, et puis la zone qui allait vers

 19   Lukavica. Et c'est la raison pour laquelle il est extrêmement important de

 20   conserver le contrôle de ces zones, parce que par ces zones vous pouviez

 21   prendre la direction nord-ouest et opérer une jonction avec les autres

 22   forces. Voilà quel était l'objectif de la Brigade d'Ilidza dans cette zone.

 23   Pour ce qui est de l'ABiH, nous constatons qu'ils avaient des forces

 24   importantes qui se trouvaient en face d'Ilidza. Il y avait une 3e Brigade

 25   motorisée, par la suite la 101e Brigade motorisée, puis la 5e, la 4e, la 8e,

 26   la 9e, et cetera. Et en ce qui les concernait, leur objectif était

 27   d'exercer des pressions sur les forces de la Brigade d'Ilidza dans ce

 28   secteur qui était un petit secteur. Ils souhaitaient opérer une progression


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  1   le long de l'axe Dobrinja, Alipasino Polje, et ce, afin d'opérer la

  2   jonction avec la 4e Brigade par le biais de l'aéroport. Ça, c'est la zone

  3   qui va vers le mont Igman, et ils voulaient opérer une jonction avec ces

  4   autres territoires, qu'ils contrôlaient également. Ça, c'était leur but.

  5   Alors, il y avait également de fortes pressions qui étaient exercées sur

  6   nous. A un moment, à partir du carrefour de Stup vers Ilidza, donc il

  7   s'agit de ce qui va vers Stojicevac, et puis lorsqu'on continue, cela va

  8   vers le carrefour de Stup. Pourquoi ? Parce qu'il y avait là des écoles et

  9   des facultés, donc l'objectif était d'investir, de prendre le contrôle de

 10   ces bâtiments et de faire en sorte d'en chasser les Serbes, de chasser les

 11   Serbes de ces zones.

 12   Q.  Bien. Nous allons peut-être oublier pour un moment la carte, et nous

 13   dire où se trouvaient toutes les différentes brigades, quels étaient leurs

 14   objectifs, leurs intentions, ainsi que les tâches des unités qui

 15   appartenaient au SRK par opposition à l'ABiH.

 16   R.  Eh bien, écoutez, je pense qu'il serait peut-être plus judicieux

 17   d'utiliser l'autre carte, parce que la Chambre pourra peut-être suivre

 18   beaucoup plus facilement. Mais bon, si ce n'est pas possible d'utiliser

 19   cette carte --

 20   Q.  Je pense que nous n'avons pas besoin des lignes de démarcation exactes

 21   entre les brigades. Tout simplement, il s'agit tout simplement de savoir

 22   qui se trouvait d'un côté, qui se trouvait en face et quelles étaient les

 23   forces en présence. Et indiquez-nous, je vous prie, quels étaient les

 24   différents points topographiques élevés. Dans la mesure du possible, je

 25   vous demanderais d'avoir l'amabilité de parler lentement et de nous

 26   indiquer sur quelles zones ces différentes brigades étaient déployées pour

 27   que nous puissions avoir une vision d'ensemble.

 28   R.  Nous avons dit donc que la Brigade d'Ilidza se trouvait positionnée


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  1   jusqu'à la rivière Dobrinja, puis ensuite jusqu'à la Miljacka, cette zone.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Etant donné que le témoin est en train

  3   de nous montrer cela sur cette carte, est-ce que nous pourrions, je vous

  4   prie, télécharger cela dans le système e-court pour que nous puissions,

  5   nous, suivre indépendamment.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  Général, point n'est besoin de nous indiquer les limites. Contentez-

  8   vous de nous indiquer les zones sur lesquelles se trouvaient les

  9   différentes brigades.

 10   R.  Alors, vous avez à côté d'Ilidza la Brigade d'Igman, qui couvrait le

 11   secteur de Hadzici et Blazuj, vers le secteur d'Ormanje et vers Kiseljak.

 12   Donc il s'agit de ce secteur-ci.

 13   Ensuite, nous avions une autre brigade, la Brigade de Rajlovac. La

 14   Brigade de Rajlovac tenait le secteur entre Rajlovac et Zabrdje, jusqu'à la

 15   Miljacka.

 16   Et ce secteur extérieur, bien, je ne sais pas si je dois vous en

 17   parler ou est-ce que je dois tout simplement me concentrer sur la direction

 18   qui va vers Sarajevo.

 19   Q.  Non, non, non. Juste à propos du secteur qui va vers Sarajevo. Mais

 20   est-ce que vous pourriez nous parler de la population qui se trouvait dans

 21   le secteur couvert par les Brigades d'Igman et de Rajlovac.

 22   R.  Pour ce qui est du secteur de la Brigade d'Igman, il s'agissait d'une

 23   population essentiellement et majoritairement serbe, donc il s'agit du

 24   secteur de Blazuj et de Hadzici. Et pour ce qui est de la Brigade de

 25   Rajlovac et de ce secteur, c'était à nouveau un secteur essentiellement

 26   peuplé par les Serbes. En face de la Brigade de Rajlovac, j'étais en train

 27   de vous dire où se trouvaient les positions de l'ABiH, qui étaient tenues

 28   d'ailleurs par la 2e Brigade Motorisée, et je dois dire, en fait, que


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  1   c'était un secteur élevé jusqu'à Zuc. Nous pouvons voir en fait quels sont

  2   les efforts déployés par la 1ère Brigade Motorisée pour pénétrer dans le

  3   secteur serbe. Vous pouvez le voir très clairement à la lecture de cette

  4   carte, parce que cette carte vous montre les déplacements de population de

  5   Musulmans par rapport aux positions serbes. Et juste à la périphérie --

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Une petite minute, je vous prie. Madame

  7   Edgerton.

  8   Mme EDGERTON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, mais

  9   est-ce que l'on pourrait encourager le général à diminuer la cadence de son

 10   discours, tout comme le Dr Karadzic, car il serait utile que les temps

 11   d'arrêt soient ménagés entre les questions et les réponses.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Messieurs Karadzic et Galic, je pense

 13   que vous avez certainement compris cette intervention. Et d'ailleurs, c'est

 14   une question que j'adresse maintenant à Mme Edgerton ou à Me Robinson :

 15   est-ce que nous avons une carte qui nous indique où se trouvent les zones

 16   des brigades -- ou se trouve, plutôt, la zone de responsabilité des

 17   brigades du Corps de Sarajevo-Romanija ?

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, je pense. Cela a déjà été versé au

 19   dossier.

 20   Mme EDGERTON : [interprétation] Nous avons donc ce jeu de documents

 21   intitulé les cartes de Sarajevo, et là nous trouvons ces cartes.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Ces cartes qui nous donnent les zones de

 23   responsabilité des différentes brigades du Corps de Sarajevo-Romanija;

 24   c'est cela ?

 25   Mme EDGERTON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Alors, en

 26   commençant par la fin, nous avons la carte numéro 32, qui porte la date de

 27   l'année 1995.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que ces cartes ont toutes été


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  1   versées au dossier ?

  2   Mme EDGERTON : [interprétation] Je vais m'en enquérir auprès de M. Reid,

  3   mais je le pense, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien. Nous pouvons continuer. Poursuivez

  5   -- une petite minute. Oui, Maître. Une minute, Monsieur Karadzic.

  6   L'ACCUSÉ : [aucune interprétation]

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître.

  8   M. PILETTA-ZANIN : Juste une chose. Il est mentionné quelque part, c'est-à-

  9   dire en ligne 16, que M. Galic -- non, mes excuses. C'est en ordre. Mes

 10   excuses.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, cette carte date de l'année 1992, année

 13   au cours de laquelle le général Galic a commencé à commander, et là nous

 14   pouvons voir les modifications, les changements de la ligne.

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, j'avais bien compris, mais je me

 16   demandais tout simplement si nous avions versé au dossier des cartes

 17   séparées qui nous permettent de comprendre quelles sont les zones de

 18   responsabilité des brigades du Corps de Sarajevo-Romanija. Poursuivez.

 19   M. KARADZIC : [interprétation]

 20   Q.  Général, pourriez-vous parler un peu plus lentement et nous dire où se

 21   trouvaient les positions des brigades au moment de votre commandement ?

 22   R.  Les deux brigades, vous voulez dire ?

 23   Q.  Oui, les deux brigades.

 24   R.  [aucune interprétation]

 25   L'INTERPRÈTE : Les interprètes indiquent qu'il est très difficile

 26   d'entendre le témoin, qui se trouve très loin du micro branché.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Galic, vous êtes assez loin du

 28   micro, ce qui fait que les interprètes ne vous entendent pas. Pourriez-vous


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  1   peut-être parler un peu plus fort et plus lentement.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vous remercie. Je vais m'efforcer de

  3   le faire.

  4   Donc il y avait également la Brigade de Vogosca, c'est la brigade suivante

  5   pour le SRK. Elle a été fusionnée par la suite avec la Brigade de Rajlovac

  6   et avec la Brigade de Centar, et elles ont ainsi formé la 3e Brigade de

  7   Sarajevo. Il est important d'indiquer qu'à Vogosca il y avait un potentiel

  8   industriel et commercial très, très important que la brigade était censée

  9   protéger. Et à Rajlovac, nous avions, par exemple, une entreprise qui

 10   s'appelait Pretis, une autre Tas et une autre Orao [phon].

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne sais pas. Je pense -- est-ce que

 12   nous avons un microphone sans fil ? Bon, si nécessaire, nous pouvons faire

 13   une pause. Nous pouvons avoir une interruption courte pour nous procurer ce

 14   microphone.

 15   Entre-temps, nous allons continuer.

 16   Général, pourriez-vous, je vous prie, répéter ce que vous venez de dire.

 17   Vous avez fait référence à plusieurs lieux, plusieurs noms propres.

 18   Pourriez-vous reprendre ce que vous venez de dire à ce sujet.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Il s'agit des brigades du SRK et de la

 20   façon dont elles étaient positionnées. Par exemple, dans Vogosca, disais-

 21   je, il y avait un grand nombre de complexes industriels et militaires,

 22   Pretis et Tas. Et à Rajlovac, il y avait un dépôt de maintenance et de

 23   réparation qui s'appelait Orao. Et puis, j'étais en train de vous dire que

 24   la Brigade de Vogosca et la Brigade de Rajlovac et la Brigade de Centar ont

 25   par la suite été fusionnées en une seule et même brigade qui a été ensuite

 26   appelée la 3e Brigade de Sarajevo.

 27   J'aimerais également vous dire quelque chose à propos de la zone où se

 28   trouvait l'armée de la Bosnie-Herzégovine. Nous pouvons voir par rapport à


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  1   cette position que se trouvait là la 1ère Brigade mécanisée qui tenait la

  2   zone vers Zuc. Là, voilà, c'est ce que je vous montre. Et là, vous

  3   surplombez en quelque sorte toute la zone, et cela couvre Vogosca, Rajlovac

  4   et la vallée de toute la rivière Bosna. Et ils tenaient Orlic, la Brigade

  5   de Vogosca. Alors, je sais qu'il a été question d'autres brigades, telles

  6   que la 112e Brigade et d'autres brigades de l'ABiH, mais fondamentalement

  7   c'était la zone qui était tenue par la Brigade d'Otonj et d'Ugorsko [phon].

  8   Alors, ce qui est intéressant là, c'est que lorsque l'on voit la façon dont

  9   était disposée l'ABiH, nous pouvons voir que leurs zones allaient toutes

 10   vers le centre. Et il n'y avait aucune indication relative à une zone

 11   civile ou à une zone militaire, parce que la zone de la brigade allait

 12   jusqu'à Centar, et ensuite nous avions la zone de la brigade suivante.

 13   Et puis, il y avait une autre brigade là, une autre brigade du RSK

 14   j'entends, il s'agissait de la 1ère Brigade de Romanija. Avec un régiment

 15   antiblindé, ils tenaient la zone de Hresa et toute la zone générale autour

 16   de cela. C'était un terrain assez accidenté, surtout en profondeur, et nous

 17   pouvons voir qu'il n'y a quasiment pas de routes.

 18   Et lorsque nous avons remis l'aéroport, je dois dire que j'ai eu un

 19   grave problème d'accès vers cette zone parce que nos brigades se trouvaient

 20   là-haut et l'accès était possible seulement à partir de Sumlovac [phon] et

 21   de Vejsa [phon] vers Vogosca, et il n'y avait pas de routes là-bas. Ce qui

 22   fait que nous avons dû en construire pendant toute la guerre, ce qui fut,

 23   d'ailleurs, un projet assez important.

 24   Puis, en face de cette brigade, il y avait la 7e Brigade de Montagne,

 25   qui tenait essentiellement Grdonj. La 3e Brigade de Montagne tenait Pasino

 26   Polje. Vous aviez également la 2e Brigade de Montagne qui tenait des

 27   positions entre Pasino Brdo et Cuprija. Et puis, vous aviez également la

 28   1ère Brigade de Montagne qui tenait des positions entre Velika et Mala Colina


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  1   Kapa, et ce, jusqu'à Cuprija.

  2   Vous aviez également la 10e Brigade de Montagne qui tenait les

  3   positions principalement à Debelo Brdo et puis vers le reste de Brijesce.

  4   Ce qui est intéressant là, c'est qu'il y avait dans ce secteur, qui

  5   était tenu et contrôlé par l'ABiH, entre Grdonj, Pasino Brdo, puis Velika

  6   et Mala Kapa, puis ensuite vers Debelo Brdo, ils avaient en fait séparé

  7   cette zone vers Kraca, ce qui signifie que la VRS ne pouvait quasiment pas

  8   voir Sarajevo ou elle ne pouvait, en fait, voir Sarajevo qu'à partir de

  9   certaines positions.

 10   Puis ensuite, nous avions la 1ère Brigade de Romanija qui a tenu tout

 11   le secteur, notamment Grbavica pendant un certain temps. Puis, par la

 12   suite, elle a été déployée vers Grbavica, et puis elle a tenu les positions

 13   du RSK. En face de cette brigade, dans la zone de Grbavica, se trouvait la

 14   1ère Brigade motorisée, et par la suite, et cela à cause de certaines

 15   dispositions qui ont été prises, il y a eu donc la 105e Brigade qui est

 16   arrivée, et d'après les informations dont je disposais, elle avait un nom

 17   différent. Et, en fait, elle a remplacé la Brigade mécanisée.

 18   Pour ce qui est de la 6e -- bon, là, nous avons les positions du

 19   Corps de Sarajevo-Romanija. Il s'agissait de positions qui étaient tenues

 20   par la 1ère Brigade mécanisée de Sarajevo, notamment les positions entre

 21   Vraca, vers Dobrinja, une partie de Dobrinja en tout cas, et puis -- eh

 22   bien, en fonction des différentes phases de la guerre, elle a détenu

 23   différentes positions. Parce qu'au départ elle avait, jusqu'au mois de

 24   juillet 1993, des positions vers Jarohina, parce que c'était là où se

 25   trouvait la ligne de front, et puis par la suite elle s'est concentrée sur

 26   ce secteur que je vous montre maintenant, à savoir Grbavica et Lukavica et

 27   Dobrinja.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, est-ce que vous


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  1   souhaitez que le général continue à nous fournir ses explications à l'aide

  2   de la carte ?

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Puisqu'il est

  4   toujours debout près de la carte, je voudrais tout simplement poser une

  5   question --

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Parce qu'il vient de m'être dit que nous

  7   pouvons, en fait, avoir un microphone sans fil pour que le général puisse

  8   continuer à s'exprimer tout en étant debout.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais nous n'en aurons pas besoin.  Nous avons

 10   terminé.

 11   M. KARADZIC : [interprétation]

 12   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire : à propos de cette ligne de front

 13   interne autour de Sarajevo, j'aimerais savoir quelle était sa longueur, je

 14   parle de la ligne de front tenue par le SRK ?

 15   R.  Ecoutez, cela variait, mais en règle générale, je dirais 65 kilomètres.

 16   Et puis ensuite, pour ce qui est de la longueur de la ligne de front du

 17   corps, elle était comprise entre 240 et 320 kilomètres.

 18   Q.  Merci. Donc nous avons cette ligne de front de 65 kilomètres --

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Le général peut donc revenir se

 20   rasseoir; c'est cela ?

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, oui, tout à fait, il peut se rasseoir.

 22   Mais est-ce que nous allons verser au dossier toute cette carte ? Elle a

 23   été versée au dossier. Donc, très bien. Le général peut tout à fait se

 24   rasseoir.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Edgerton.

 26   Mme EDGERTON : [interprétation] Vous vous étiez interrogé, Monsieur le

 27   Président, pour savoir s'il y avait d'autres cartes qui montraient la zone

 28   de responsabilité de la brigade. Donc, voilà les cartes. Pour 1994, les


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  1   pièces P1021, D718; pour 1995 -- et nous avons également à partir du mois

  2   de juillet 1992, P1842 [comme interprété] et D311, tout comme la pièce

  3   P1494; et puis, pour l'année 1994, nous avons à nouveau cette pièce D2788.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'ai regardé la pièce D718, il

  5   semblerait que puisque la traduction fait défaut, là nous avons -- donc, il

  6   n'y a pas de traduction, nous avons quelque problème à identifier ou à

  7   reconnaître le nom des brigades. Mais je vérifierai avec les autres pièces,

  8   en fait. Poursuivez.

  9   Mme EDGERTON : [interprétation] Je vous remercie.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais demander que l'on affiche une autre

 11   carte.

 12   M. KARADZIC : [interprétation]

 13   Q.  Car il y a une petite minute de cela, vous aviez dit que la zone de

 14   responsabilité s'étendait jusqu'au centre.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Donc, est-ce que nous pouvons avoir le document

 16   1D1502.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de la zone de responsabilité des

 18   brigades de l'ABiH ?

 19   M. KARADZIC : [interprétation]

 20   Q.  Oui. Je disais donc 1D10502. Regardez la légende. La date est la date

 21   que nous voyons dans le coin gauche, c'est la date du 19 décembre 1992;

 22   est-ce que cela est exact ? Merci.

 23   Est-ce que nous pouvons maintenant voir l'intégralité de la carte.

 24   Dans un premier temps, j'aimerais vous poser une première question :

 25   qu'est-ce que cette carte décrit ?

 26   R.  Il s'agit en fait de la disposition des unités du 1er Corps et il s'agit

 27   également de l'état-major de district pour la défense de Sarajevo.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] J'aimerais également vous demander,


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  1   Monsieur Karadzic, de marquer des temps d'arrêt entre les questions et les

  2   réponses.

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, oui. Merci. Nous allons élargir cette

  4   carte.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Alors, est-ce que vous pourriez nous dire ce qu'il en est de ces zones

  7   colorées entre la ligne de confrontation et la ville, à quoi est-ce que ces

  8   zones colorées correspondent et quelle est l'importance de ces parties, et

  9   quelle était l'infrastructure des brigades dans ces zones ?

 10   Mme EDGERTON : [interprétation] Puis-je, Monsieur le Président?

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Edgerton.

 12   Mme EDGERTON : [interprétation] Il y a une légende que nous voyons au bas

 13   de la carte, dans le coin inférieur droit de cette carte, et je pense que

 14   cela -- la légende va nous permettre de comprendre à quoi correspondent ces

 15   parties en couleur.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous pouvez demander au

 17   témoin de nous lire la légende.

 18   M. KARADZIC : [interprétation]

 19   Q.  Général, est-ce que vous pourriez lire à voix haute ce qui est écrit

 20   dans cette légende ?

 21   R.  "Zone de responsabilité des brigades." Ensuite, deuxièmement : "Zone de

 22   responsabilité de l'état-major de district régional pour Sarajevo."

 23   Donc, vous voyez les symboles. Les symboles, en fait, sont

 24   semblables, bien que les couleurs soient différentes. Donc, il parfois

 25   difficile de faire la part des choses.

 26   Mais nous avons ensuite les unités de corps, et là, c'est une

 27   référence aux unités de l'ABiH. Voyez qu'il y a un jaune. Donc, s'il s'agit

 28   d'un bataillon, donc, vous avez deux compagnies à l'avant et deux


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  1   compagnies à l'arrière.

  2   Puis ensuite, vous avez les unités de l'état-major de district

  3   régional de Sarajevo, et là, ces unités, elles se trouvent également sur la

  4   carte, mais en vert, et là je dois dire qu'il va être très difficile de les

  5   distinguer parce que la carte est essentiellement verte. Et voilà, voilà ce

  6   qui est écrit dans cette légende.

  7   Q.  Merci.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Et est-ce que nous pourrions nous intéresser à

  9   la partie centrale de cette carte.

 10   M. KARADZIC : [interprétation]

 11   Q.  Général, est-ce que cela correspond à ce que vous savez de la façon

 12   dont les unités couvraient la ville ? Est-ce que cette carte est exacte, à

 13   votre avis, d'après ce que vous savez ?

 14   R.  Ecoutez, d'après ce que je viens de dire à propos de cette autre carte,

 15   oui, cela correspond de façon générale à la situation qui prévalait. Nous

 16   voyons que nous avons l'état-major de district régional de Vogosca. J'y ai

 17   fait référence. Ensuite, nous voyions la ligne qui se trouve en face de

 18   Jezersko. Bon, nous avions dit que c'était la 7e Brigade. Bon, là, il est

 19   question de Défense territoriale sur la carte, soit. Puis, nous avons dit

 20   qu'il y avait la 10e Brigade depuis la colline de Debelo jusqu'à Colina

 21   Kapa. Et ce, sur l'autre rive de la Miljacka, en direction de Grbavica,

 22   nous avons donc ce qui se trouve en vert. Bon, alors, ça devrait être

 23   l'unité territoriale. Mais nous, nous savons qu'il s'agissait du 10e

 24   Bataillon. Et peut-être qu'à l'époque, à ce moment-là, bon, c'est ainsi que

 25   les choses ont été consignées, mais de façon générale, certes, cela

 26   correspond à la situation que je connaissais et à la situation que j'ai

 27   décrite.

 28   Q.  Merci.


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  1   R.  Est-ce que vous aviez d'autres questions ? Est-ce que je dois continuer

  2   ma réponse ?

  3   Q.  Oui, oui. J'aimerais savoir ce qu'ils avaient dans leurs zones de

  4   responsabilité depuis l'arrière-garde jusqu'à l'avant ?

  5   R.  Eh bien, nous pouvons voir -- bon, nous allons commencer avec les

  6   brigades. C'est quelque chose que je savais à l'époque dans cette zone. Bon

  7   -- et je pense, et j'inclus également la 4e Brigade, ils avaient un total

  8   de 14 brigades et chaque brigade avait trois bataillons. Si nous comptons

  9   les postes de commandement également, nous pouvons voir combien ils en

 10   avaient. Donc, vous avez la première brigade multipliée par trois pour

 11   avoir les postes de bataillons. Puis, ensuite, vous avez le poste des

 12   compagnies qu'il faut également multiplier par trois, à nouveau. Donc, au

 13   vu de la façon dont leurs unités étaient disposées, vous pouvez voir qu'ils

 14   avaient des bataillons et que chacune de ces lignes devrait représenter les

 15   positions de leurs différentes compagnies.

 16   Et je dois dire que, bon, vous n'avez pas donc une ligne avec toutes

 17   les forces en une ligne et absolument rien à l'arrière. Là, vous pouvez

 18   voir que chaque bataillon occupe une certaine profondeur et les brigades,

 19   en fait, sont les éléments qui sont positionnés en profondeur et qui

 20   correspondent à la profondeur du corps.

 21   Il y a cette partie de la carte qui décrit la façon dont nos forces

 22   étaient déployées en face des leurs. Je dois dire que c'est assez exact,

 23   c'est plutôt exact, en effet. Bon, je ne peux pas tout distinguer sur cette

 24   carte. Toutefois, donc peut-être que ce que je suis en train de vous dire

 25   pourrait faire l'objet d'une vérification.

 26   Q.  Pourriez-vous nous dire d'où il y avait des tirs d'infanterie sur la

 27   partie serbe de Sarajevo, d'où des mortiers et d'où des pièces

 28   d'artillerie, en se référant sur cette carte ? Qu'est-ce qu'il arrivait de


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  1   la partie avant ou de la partie arrière du front ?

  2   R.  Pour ce qui est de l'avant du front, comme je l'ai déjà dit, il y avait

  3   des tirs, des installations en béton ou des gratte-ciel, des élévations

  4   qu'ils tenaient presque toutes autour de la ville. Ils opéraient avec les

  5   armes d'infanterie sur la première ligne. Nous pouvons discuter maintenant

  6   de la définition des armes d'infanterie. Les armes d'infanterie, ce sont

  7   toutes les armes jusqu'au calibre de 120 millimètres. C'était ce que nous

  8   prenions comme définition avant. Un mortier de 120 millimètres n'est pas

  9   une arme d'infanterie, c'est déjà une pièce d'artillerie. Toutes les armes

 10   d'infanterie que nous connaissons étaient utilisées par eux, y compris

 11   toutes sortes de tirs et de systèmes de feu ou de tir.

 12   Sur quel axe ils opéraient le plus ? Ils opéraient, ils tiraient le plus

 13   vers Nedzarici et vers Dobrinja. C'est sur ces deux axes qu'il y avait des

 14   tirs incessants, pratiquement, par les forces musulmanes, ou plutôt par

 15   l'ABiH. Ensuite, vers Grbavica, des gratte-ciel qui étaient plus hauts sur

 16   la rive droite de la Miljacka. Egalement de Debelo Brdo, ensuite de Humsko

 17   Brdo, parce qu'ils tenaient une partie de Humsko Brdo. Ces tirs étaient

 18   synchronisés, et le plus de tirs étaient les tirs d'armes d'infanterie. On

 19   peut distinguer, pour ce qui est des tirs d'infanterie des tirs de tireurs

 20   isolés, des fusils à lunette, des grenades à fusil. Toute brigade avait des

 21   mortiers et les brigades soutenaient d'autres forces pour opérer, tirer sur

 22   nos forces.

 23   Ensuite, la zone suivante d'où ils tiraient le plus sur nos forces était la

 24   zone --

 25   Q.  Ralentissez votre débit, s'il vous plaît.

 26   R.  La zone où nos forces étaient le plus engagées était Zuc, Vogosca.

 27   Donc, c'est la partie au nord sur cette carte. Zuc, Rajlovac également.

 28   Nous avons déjà vu sur la carte précédente qu'ils ont eu le plus de


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  1   résultats en prenant un autre territoire dans cette zone.

  2   L'une des parties les plus importantes des deux zones importantes

  3   était de Sedrenik vers Zlatiste. C'était la 10e Brigade de montagne. Sa

  4   zone de responsabilité, ils opéraient sans cesse vers Kresa, des mouvements

  5   de forces --

  6   Q.  Ralentissez, Général, s'il vous plaît.

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît.

  8   Oui, Madame Edgerton.

  9   Mme EDGERTON : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vois pas où

 10   gît la pertinence de cette série de questions et cette partie de la

 11   déposition du général concernant la responsabilité individuelle pénale du

 12   Dr Karadzic concernant n'importe quel aspect de Sarajevo, par exemple. Où

 13   est la pertinence de tout cela ?

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Robinson.

 15   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je pense que

 16   nous avons eu l'occasion d'entendre la plus grande partie de la thèse de

 17   l'Accusation et des moyens de preuve à charge pendant cette présentation.

 18   Ils ont essayé de montrer que les tirs sur Sarajevo n'étaient pas

 19   proportionnés et n'étaient pas sélectifs sur les cibles civiles sans aucune

 20   raison militaire. Donc, le témoignage du général Galic essaie de nous

 21   montrer qu'il y avait des raisons pour lesquelles de tels tirs étaient

 22   essuyés par la ville de Sarajevo, les raisons militaires.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Voudriez-vous ajouter quelque chose à

 24   cela, Madame Edgerton ?

 25   Mme EDGERTON : [interprétation] Non, pour le moment, mais je pense que dans

 26   cette partie de la déposition, et ils ne parlent pas seulement des tirs

 27   dans la direction de Sarajevo, mais cela n'a rien à voir avec les tirs

 28   essuyés par les forces serbes.


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] La Chambre va permettre à l'accusé de

  2   poursuivre cette ligne de questions.

  3   Continuez.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  5   M. KARADZIC : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur le Général, vous avez commencé votre réponse que vous n'avez

  7   pas finie. De quelles armes ils opéraient, ils tiraient sur vous de la

  8   profondeur de leur territoire, de leurs positions ?

  9   R.  De la profondeur de leurs positions, il s'agissait du déploiement de

 10   leurs forces en profondeur où ils avaient les pièces d'artillerie qui se

 11   trouvaient au pied de la colline de Hum à peu près. Je ne peux pas être

 12   précis là-dessus. Il s'agissait des obusiers de 105 millimètres. Ensuite,

 13   ils opéraient en partie avec les projectiles de char, en utilisant des

 14   mortiers également. Et j'ai déjà dit qu'ils utilisaient des armes

 15   d'infanterie. Il ne faut pas que je réitère ce que j'ai déjà dit.

 16   Q.  Merci. Qu'est-ce que vous avez fait au moment où vous essuyiez des tirs

 17   de l'une de ces élévations, de ces positions ? Vous ripostiez dans la

 18   direction de quelle position et dans quelle mesure ?

 19   R.  Pour ce qui est de notre riposte aux tirs de l'ennemi, je pense que

 20   nous voyons d'abord d'où provenaient les tirs, c'est vrai. Pour savoir

 21   quelles armes ont été utilisées, s'il s'agissait des fusils à lunette et

 22   des unités qui disposaient des fusils de lunette, parce qu'ils avaient de

 23   telles unités et au Corps Sarajevo-Romanija, il n'y avait pas de telles

 24   unités. Il y avait quelques fusils à lunette, mais non pas des unités avec

 25   des fusils à lunette et des tireurs isolés. On essayait de riposter de

 26   façon adéquate. Qu'est-ce que cela veut dire ? En utilisant la même pièce

 27   qu'ils ont utilisé pour nous tirer dessus, si nous avions de telles pièces.

 28   S'ils tiraient avec des fusils à lunette, nous ripostions de la même façon


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  1   ou nous utilisions une autre arme d'infanterie si nous ne dispositions pas

  2   de fusil à lunette. S'il y avait des tirs de mortier, on peut neutraliser

  3   un mortier d'une autre façon, mais on utilisait le plus souvent des tirs de

  4   projectiles de mortier.

  5   Le problème qui revenait sans cesse concernant cela est le choix de

  6   la cible, la distinction des cibles entre elles, et la proportionnalité des

  7   tirs. Pourquoi ? Parce que, comme nous pouvons le voir ici, concernant le

  8   déploiement des forces sur la carte et en pratique sur le terrain, c'est

  9   encore plus visible et plus repérable. Les unités de l'armée de BiH se

 10   trouvaient mélangés avec les civils. Donc, on ne pouvait pas distinguer les

 11   positions plus proches du front ou plus loin du front. Il y avait des

 12   civils partout. Et nous nous demandions toujours si notre riposte était

 13   adéquate et si nous respections tous les principes qui s'appliquaient

 14   lorsqu'on ripostait à des tirs, surtout dans des conditions urbaines de

 15   combat. Nous voulions avant tout cibler un objectif qui nous tirait dessus.

 16   Ensuite, nous procédions au choix de la cible et, concernant notre riposte,

 17   nous respections des ordres. Et on devait savoir qui devait respecter quel

 18   ordre.

 19   Il faut que je souligne ici, Monsieur le Président, que nous avons

 20   tout fait pour procéder ainsi, comme je l'ai déjà dit. Avant tout, au sein

 21   du corps, nous avons pris des mesures et des activités qui garantissaient

 22   l'application de cette procédure. Et si vous me le permettez, je pourrais

 23   vous énumérer maintenant toutes les activités en mesure prises par le

 24   corps.

 25   Q.  Pouvez-vous me dire ce que vous avez fait concernant les mesures qui

 26   devaient être prises --

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, s'il vous plaît,

 28   répétez votre question.


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  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Mon Général, s'il vous plaît, dites-nous qui donnait des ordres et

  3   quels étaient les ordres que vous receviez et de quelle façon vous

  4   assureriez l'efficacité, la proportionnalité, la précision des vos tirs de

  5   riposte ? Quel était votre rapport envers leurs civils et d'éventuelles

  6   victimes ? Pouvez-vous nous dire, avant tout, qui pouvait donner des ordres

  7   et quels ordres vous receviez et quels ordres vous donniez ?

  8   R.  Merci. D'abord, je vais vous dire quels ordres nous recevions et

  9   quelles instructions nous recevions. Du commandant supérieur et de vous-

 10   même, nous recevions des ordres selon lesquels nous devions respecter

 11   toutes les conventions de Genève de 1949, ainsi que des protocoles, les

 12   protocoles I et II. Ces instructions, je les transmettais au corps, et je

 13   pense que tous les effectifs connaissaient cela, cette partie des

 14   instructions. Mais comme c'était la guerre, il faut comprendre qu'il était

 15   difficile de former et d'instruire les gens pendant la guerre, mais nous

 16   nous efforcions que tout soldat connaisse les dispositions des conventions

 17   de Genève.

 18   L'ordre suivant que j'ai donné était l'ordre selon lequel les civils ne

 19   devaient être pris pour cible d'attaque. Des civils devaient être cibles

 20   d'attaque ni des installations ou des bâtiments civils, c'étaient les

 21   bâtiments protégés.

 22   Dans de telles situations, qui étaient les situations à Sarajevo, il

 23   fallait savoir dans quelle mesure on pouvait distinguer des soldats des

 24   civils, puisque lors de mon affaire, on a parlé de cela et pendant la

 25   guerre on disait cela à la FORPRONU et à d'autres qu'il était difficile de

 26   distinguer des soldats des civils, puisque tous les combattants ne

 27   portaient pas d'uniformes. Ensuite, ils ne portaient pas toujours d'armes.

 28   Parfois, ils ne prenaient que des armes lorsqu'ils partaient sur la ligne


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  1   du front, sur la ligne du conflit.

  2   Et nous avions des renseignements selon lesquels ils utilisaient des

  3   uniformes des membres de la FORPRONU, en particulier des membres de la

  4   FORPRONU du contingent français. Et j'ai demandé pourquoi. Ils me disaient

  5   qu'ils ne savaient pas. Et je leur ai demandé de voir qui fournissait ces

  6   uniformes de la FORPRONU. Et ils utilisaient également des uniformes de

  7   l'armée de la Republika Srpska.

  8   Dans une telle situation, faire la distinction entre les civils et

  9   les soldats sur le front et demander aux combattants sur le front d'être

 10   certain qui est soldat et qui est civil. C'était difficile. Mais cet ordre

 11   a été donné. J'ai donné l'ordre en question et la plupart des membres de la

 12   FORPRONU ont admis cela, à savoir que lors d'une attaque, lorsque j'ai vu

 13   qu'il y avait des victimes civiles, j'ai donné l'ordre que les tirs

 14   cessent.

 15   Ensuite, nous avons pris des mesures de protection de nos civils,

 16   mais également de leurs civils en leur donnant des avertissements

 17   concernant la non-utilisation des installations, comme des hôpitaux, de la

 18   part de l'armée de BiH, des écoles, des crèches, d'autres bâtiments

 19   scolaires, et cetera. Nous protestions auprès de la FORPRONU. Et je pense

 20   qu'il a été dit que ces protestations ont été faites de la part de la

 21   FORPRONU auprès de l'ABiH, à savoir que ces installations, ces bâtiments ne

 22   devaient pas être utilisés à ces fins. Mais on avait le problème de savoir

 23   comment riposter à ces tirs provenant de ces installations.

 24   Le plus grand problème pour nous était l'hôpital de Kosevo, puisqu'on

 25   sait que de l'enceinte de l'hôpital, il y avait des projectiles de mortier

 26   qui étaient lancés. A plusieurs reprises, on a dit qu'il ne fallait pas que

 27   ces projectiles proviennent de l'enceinte de l'hôpital, mais c'était en

 28   vain. Les installations de la FORPRONU ont été utilisées pour masquer leurs


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  1   activités. Nous avons également protesté là-dessus, mais je ne pense pas

  2   que les membres de l'armée de BiH ont répondu à ces mises en garde.

  3   Ensuite, j'ai donné l'ordre juste après mon arrivée concernant

  4   l'utilisation des pièces d'artillerie. Parce que j'ai toujours demandé que

  5   les rapports et les autorisations concernant l'utilisation de l'artillerie

  6   soient donnés d'un échelon supérieur dans la hiérarchie. Au sein de toute

  7   brigade il y a des pièces d'artillerie, et au sein du corps également. Et

  8   le commandant, par exemple, d'un régiment ne pouvait pas donner l'ordre à

  9   l'artillerie de tirer sur Sarajevo si son commandement supérieur ne lui

 10   avait pas donné l'ordre de procéder ainsi.

 11   Maintenant, on se pose la question pour savoir si cela était toujours

 12   respecté. Il fallait également tenir compte de la vitesse d'échange de tirs

 13   entre les forces qui tiraient sur le Corps de Sarajevo-Romanija et de nos

 14   ripostes. J'ai déjà dit qu'avant toutes ces manœuvres et les déplacements

 15   dans la ville, il fallait d'abord voir si une cible militaire était prise

 16   pour cible ou bien si cette cible militaire, par exemple, un mortier, ne se

 17   trouvait plus à cet emplacement et cet emplacement ne représentait plus une

 18   cible militaire puisque le mortier était déjà parti.

 19   Ensuite, on a pris des mesures pour informer nos forces des réactions de la

 20   FORPRONU. Parce qu'on avait des renseignements concernant des gens qui

 21   passaient de l'autre côté, et cetera, et les membres de la FORPRONU étaient

 22   considérés par nous comme étant la meilleure des sources de renseignements

 23   concernant les événements sur le territoire de l'ABiH, et je pense qu'on

 24   parlera plus tard des protestations auprès de la FORPRONU.

 25   C'étaient les mesures et les activités de base que nous prenions pour

 26   assurer l'aspect légitime des attaques de riposte.

 27   Q.  Merci. Et comment vous avez assuré --

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît. Oui,


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  1   vous pouvez poursuivre.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  Comment saviez-vous, de quelle façon obteniez-vous des informations

  4   concernant les positions de leurs pièces et de quels sites ils tiraient sur

  5   vous ? Et comment procédiez-vous au contrôle de vos ripostes ?

  6   R.  Concernant ces renseignements par rapport à leurs positions, par

  7   rapport aux positions des unités, des points de tir, des pièces et des

  8   armes, nous les obtenions avant tout par nos activités de renseignement et

  9   d'observation. Les meilleures unités observaient les événements sur le

 10   terrain et soumettaient des rapports concernant tout cela.

 11   La façon la meilleure, pour ainsi dire, ou une bonne façon de nous

 12   procurer de ces renseignements était de poser des questions à des gens qui

 13   passaient de l'autre côté sur notre territoire, du territoire contrôlé par

 14   l'ABiH sur notre territoire. Quotidiennement, on avait entre 15 et 20

 15   personnes qui passaient du territoire de Sarajevo contrôlé par l'ABiH sur

 16   le territoire du Corps Sarajevo-Romanija. Ces personnes -- puisque nous

 17   avons toujours procédé à la vérification des renseignements obtenus par ces

 18   personnes, mais dans la plupart des cas ces renseignements étaient exacts.

 19   C'est comme ça qu'on procédait la plupart du temps puisqu'à l'époque

 20   on ne pouvait pas procéder à d'autres méthodes d'observation, par exemple,

 21   électroniques, à savoir de suivre les communications qui étaient diffusées

 22   par les moyens de communication. On utilisait cette méthode un peu, mais

 23   c'était risqué puisqu'on ne pouvait pas confirmer l'authenticité de ces

 24   renseignements puisqu'il pouvait s'agir du fait qu'ils masquaient certaines

 25   communications codées lorsqu'ils communiquaient entre eux, entre leur

 26   commandement. Par exemple, ils disent : "Ouvrez le feu du mortier de ce

 27   site, de cette position." Nous ne savions pas si c'était exact, si c'était

 28   un renseignement auquel nous pouvions nous fier ou si c'était une ruse.


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  1   Q.  Dans quelle mesure vous procédiez à l'observation ? Pendant quel laps

  2   de temps ?

  3   R.  Ou plutôt, en quelle profondeur. J'ai déjà dit que d'après le

  4   déploiement des effectifs à Sarajevo, des effectifs musulmans de l'ABiH à

  5   Sarajevo, nous avons pu conclure que les résultats de nos observations

  6   étaient limités puisque nous ne disposions pas des installations

  7   appropriées à la bonne observation, puisque leurs installations obstruaient

  8   ce territoire que nous devions observer en profondeur.

  9   C'est pour cela que je dis que sur le front, lorsque les forces se

 10   trouvaient près les unes des autres, parfois il n'y avait qu'un mur qui les

 11   séparait, et là on avait aucun problème pour savoir de quels endroits ils

 12   tiraient. A Dobrinja, cela ne posait problème non plus puisqu'on savait

 13   quelles étaient les forces qui opéraient. On pouvait voir cela

 14   immédiatement. Mais pour ce qui est du territoire en profondeur, on avait

 15   toujours le même problème pour savoir où se trouvait le poste de

 16   commandement, est-ce que c'était dans une maison ou dans une autre maison

 17   ou dans une autre installation. Il était toujours difficile de déterminer

 18   cela puisqu'on savait qu'ils se déplaçaient.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît.

 20   Oui, Madame Edgerton.

 21   Mme EDGERTON : [interprétation] Encore une fois, je vous prie de rappeler

 22   le général de parler plus lentement. Et en page 52 du compte rendu, ligne

 23   13, il faut procéder à une correction puisqu'il faudrait qu'il y figure

 24   "wall", le "mur", et non pas "war", la "guerre", et cette erreur s'est

 25   glissée puisque le général parle trop vite.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est mon problème, je le sais. Je parle vite

 27   et il m'est difficile maintenant de m'adapter aux besoins de cette

 28   audience, mais je vais essayer.


Page 37198

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Mon Général, je pense que pour ce qui est de reconnaissance, c'est

  3   "Izvidjane" [phon], et j'ai posé la question pour ce qui est de

  4   "Osmatranje" [phon], l'observation. Est-ce qu'il s'agit de la

  5   reconnaissance ou l'observation ?

  6   R.  De la reconnaissance et de l'observation. La reconnaissance du terrain,

  7   c'est un procédé lorsque des éléments avancent; et l'observation, c'est ce

  8   qu'on observe, ce qu'il y a devant, un élément qui part en observation.

  9   Pour être le plus bref.

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, non. Vous parlez trop vite. Nous

 11   attendions toujours l'interprétation de votre première réponse qui n'était

 12   pas finie. Pouvez-vous répéter, s'il vous plaît, s'il s'agissait de la

 13   reconnaissance ou de l'observation ? Répétez cette partie de votre réponse.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, il s'agissait de la

 15   reconnaissance et de l'observation, des deux. Puisqu'il s'agit de deux

 16   notions différentes. On peut faire la reconnaissance en faisant des

 17   mouvements et par la force. Et concernant l'observation, vous pouvez

 18   procéder à l'observation des positions où vous êtes déployé et vous

 19   observez ce qui se passe devant vous. Nous procédions à la reconnaissance

 20   et à l'observation.

 21   Est-ce que j'ai répondu à la question de façon complète ?

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Merci. J'espère que oui.

 24   Pouvez-vous expliquer à la Chambre où vous procédiez à des ripostes

 25   après avoir fait l'observation ? S'ils tirent sur votre QG, est-ce que vous

 26   ripostez en tirant sur leur QG ? Dans quelle direction vous tirez ?

 27   R.  Monsieur le Président, votre question m'est claire, et je pense que

 28   c'est une bonne question. Vous me la posez d'une bonne façon. Pourquoi ?


Page 37199

  1   Parce que le choix de cibles à Sarajevo était toujours remis en question,

  2   et il n'était pas facile d'arriver à la décision en consultant les

  3   commandants. Nous ripostions à leurs tirs -- par exemple, ils tiraient sur

  4   nos QG à Lukavica, j'étais à l'étage dans le QG, et il y avait parfois 20

  5   obus qui survolaient ce bâtiment. Mais je n'ai jamais ordonné de riposter

  6   sur le QG du 1er Corps ou du commandement Suprême. Jamais. A l'époque, j'ai

  7   protesté la plupart du temps auprès de la FORPRONU pour que les Musulmans

  8   cessent de tirer. Si cela ne réussissait pas, alors on ripostait sur la

  9   source des tirs, la source du feu.

 10   Q.  Est-ce que vous ripostiez toujours à leurs tirs, et comment arriviez-

 11   vous à prendre une décision ? Dans quelles conditions vous preniez cette

 12   décision ?

 13   R.  Il y avait plusieurs facteurs qui influaient sur ma décision de

 14   riposter. Je peux dire qu'il y avait peu de mes décisions concernant

 15   l'ouverture du feu. Mais concernant les éléments qui influaient sur la

 16   prise de décision de riposter, c'était de voir quel était le type d'arme

 17   qui était utilisé pour nous tirer dessus. Si c'étaient les armes

 18   d'infanterie, on ripostait par nos armes d'infanterie. Et il y avait un

 19   problème qui était presque incontrôlable. Par exemple, dans la soirée, on

 20   pouvait avoir les tirs d'armes d'infanterie sur une partie du front, et

 21   tout le front est embrasé, et il n'y aucune raison pour que cela soit

 22   ainsi. Il était difficile de définir des deux côtés ce qui se passait. On

 23   ne savait pas s'il s'agissait des ripostes ou pas, il y avait de diverses

 24   interprétations. I y en a eu qui disaient : "Nous nous saluions comme cela.

 25   C'est notre façon de nous saluer. C'est notre façon d'exprimer notre

 26   bonheur parce qu'on est vivants." Il était difficile de contrôler cela, je

 27   suppose des deux côtés.

 28   Mais principalement, on ripostait à des tirs d'armes d'infanterie en


Page 37200

  1   utilisant les mêmes armes, ou s'il s'agissait des tirs d'artillerie, on

  2   utilisait notre artillerie pour riposter. Concernant les charges qui ont

  3   été retenues contre moi, je peux dire qu'il n'y avait aucune attaque

  4   d'artillerie dans les annexes I et II qui m'ait été reprochée. Tous les

  5   incidents incriminés étaient les incidents avec les mortiers. Il y avait un

  6   incident à Ciglane qui a été retenu par l'Accusation, mais par la suite

  7   cela a été retiré par l'Accusation.

  8   Q.  Est-ce que vous avez riposté à tous les tirs, à toutes les

  9   provocations, et quand décidiez-vous de riposter ?

 10   R.  Je dois dire devant cette Chambre qu'il était difficile de décider dans

 11   de telles situations. Lorsqu'il y avait des trêves, on ne ripostait pas à

 12   des tirs puisque -- s'il vous plaît, permettez-moi de vous dire ici : si

 13   quelqu'un vous tire dessus, vous devez supporter ces tirs. Vous ne devez

 14   pas riposter. Il était difficile de se retenir.

 15   Q.  Est-ce qu'il y avait des ordres par rapport à cela, par rapport à ce

 16   fait que vous ne deviez pas riposter ?

 17   R.  Je pense que oui. Oui. Je pense que vous-même, vous avez donné des

 18   ordres similaires, en particulier lorsqu'il y avait des accords concernant

 19   les cessez-le-feu ou les trêves ou la cessation des opérations. A ce

 20   moment-là, les ordres du plus haut niveau ont été donnés pour ne pas tirer.

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Galic, il y a un instant, vous

 22   nous avez dit, et je cite : "Nous avons réussi dans une certaine mesure."

 23   Qu'entendez-vous par "dans une certaine mesure" ? Pourriez-vous être plus

 24   précis, s'il vous plaît.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous essayions de ne pas riposter.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en prie. Mais pour tout vous dire,

 28   nous ne réussissions pas toujours à arrêter ces attaques, ou plutôt, à


Page 37201

  1   riposter au tir ennemi. Mais en essence, nous réussissions quelquefois

  2   complètement, dans certains cas, à faire suivre cela. Je ne sais pas si je

  3   suis clair.

  4   Je vais vous donner un exemple pour que les choses soient plus claires.

  5   Après l'accord sur la zone d'exclusion totale, un cessez-le-feu a été

  6   appliqué, et ni la FORPRONU ni d'autres sources n'ont déclaré que nous

  7   avions ouvert le feu au moyen d'artillerie à ce moment-là, à l'exception de

  8   quelques tirs isolés. Nous ne pouvions pas contrôler cela.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, restons-en là.

 10   Veuillez continuer, Monsieur Karadzic.

 11   M. KARADZIC : [interprétation]

 12   Q.  Les tirs de calibres plus importants dépendaient de qui, et de qui

 13   dépendaient les tirs d'armes légères ? J'aimerais aussi savoir comment vous

 14   pouviez arrêter l'attaque d'une unité et l'empêcher de riposter ?

 15   R.  Les armes légères étaient contrôlées au niveau des compagnies et des

 16   pelotons, et les tirs de mortiers et d'artillerie étaient contrôlés à

 17   partir du niveau de bataillon, alors que l'artillerie lourde dépendait du

 18   corps.

 19   S'agissant des tirs isolés, et je connais bien cette expression --

 20   Q.  En fait, j'aimerais avoir plus d'information sur les tranchées.

 21   Lorsqu'il y a des tirs d'infanterie, qui contrôle ces tirs, et comment

 22   pouvez-vous faire en sorte que l'unité attaquée ne riposte pas ?

 23   R.  Eh bien, à l'époque, je ne le pouvais pas. Je n'avais aucune influence

 24   là-dessus. Une fois que je recevais les informations concernant ces

 25   événements, il était trop tard déjà. Le commandant de peloton et le

 26   commandant de compagnie pouvaient influencer les choses directement, mais

 27   pas le commandant de bataillon.

 28   Q.  Avant de verser cette carte, j'aimerais que vous nous expliquiez la


Page 37202

  1   chose suivante : que peut-on utiliser à partir des versants sud vers les

  2   versants nord, je parle des versants de Trebevic et des emplacements

  3   serbes, que peut-on utiliser pour cibler les positions musulmanes à Hum et

  4   autour ?

  5   R.  Je comprends votre question. Alors, si nous prenons la zone de défense

  6   du 1er Corps de l'ABiH à Sarajevo, nous constaterons que la zone fait 20

  7   kilomètres sur 10, si ma mémoire est bonne. Et on peut tirer à travers

  8   cette zone. Alors, pour des tirs de fusils, la plupart du temps il

  9   s'agissait de fusils à lunette, mais je dois vous dire qu'en ma qualité de

 10   militaire de carrière, je n'aime pas du tout cette terminologie. Parce

 11   qu'un sniper, un tireur isolé, est un terme défini.

 12   Le tir de fusil peut atteindre une cible jusqu'à 400 mètres. Et vous pouvez

 13   également utiliser des lance-roquettes à main.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les interprètes voudraient que vous

 15   répétiez la distance mentionnée, Monsieur.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai donné les portées générales. Un

 17   fusil monté de lunette dont nous disposions et dont disposait l'ABiH

 18   également, peut-être que leurs fusils étaient plus modernes, pouvait tirer

 19   jusqu'à 400 mètres, parfois même jusqu'à 800 mètres. Mais un fusil

 20   ordinaire avait une portée de 400 mètres. Un fusil automatique a même une

 21   portée plus petite.

 22   A présent, les mortiers, en fonction du calibre 62, 82 et 182 millimètres,

 23   ont une portée allant de 3 à 8 kilomètres. Les lance-roquettes à main ont

 24   une portée de 2 à 300 mètres. Et les grenades à fusil, de 100 à 200 mètres.

 25   Les canons sans recul, environ 800 mètres, je dirais grosso modo de 4 à 800

 26   mètres. Et nous, nous avions ceux de calibre de 82 millimètres.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Est-ce que l'on peut verser au dossier

 28   cette carte, s'il vous plaît ?


Page 37203

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, je vous rappelle

  2   encore une fois de ménager une pause entre les questions et les réponses,

  3   s'il vous plaît. Et faites attention au compte rendu. Nous aurons peut-être

  4   d'une traduction, traduction de la légende et du titre. Cette traduction

  5   pourrait être versée séparément, même si le témoin nous les a traduit en

  6   audience.

  7   Est-ce que vous avez une objection, Madame Edgerton ?

  8   Mme EDGERTON : [interprétation] Non.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Eh bien, nous allons lui attribuer une

 10   cote provisoire en attendant la traduction.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote est MFI D3383, Madame, Monsieur

 12   les Juges.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant d'enlever cette carte de l'écran,

 14   que veut dire BB, Monsieur Galic ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, nous avons utilisé beaucoup

 16   d'acronymes. Je ne me souviens pas de ce que veut dire BB. Je suis au

 17   regret de ne pas pouvoir vous le traduire, Monsieur le Juge. Nous avons

 18   utilisé énormément d'abréviations. Où se trouve-t-elle, cette abréviation.

 19   Est-ce que ce ne serait pas BR, plutôt ?

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Il y a plusieurs BB sur cette carte. On

 21   peut agrandir n'importe quelle partie; je crois que nous en verrons un.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que c'est LR.

 23   L'ACCUSÉ : [interprétation] Regardons la partie est de la carte. Je crois

 24   qu'un BB s'y trouve. Peut-être que c'est une Brigade de montagne.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] L'abréviation pour Brigade de montagne est

 26   BBR.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  Et des unités moins importantes ?


Page 37204

  1   R.  Un bataillon de montagne. Ça, se serait un BB.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, c'est plausible ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, tout à fait. BB veut probablement

  4   dire cela, mais je pense qu'un R manque pour faire BBR et alors là, ce

  5   serait une Brigade de montagne.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais il y a aussi BBR sur la carte. BBR

  7   et BB. Donc, d'après vous, BB veut dire Bataillon de montagne.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Désolé de vous interrompre. Oui, ce sont les

  9   abréviations utilisées pour le bataillon. BB voulait dire Bataillon de

 10   montagne. Ces unités ont été annulées par la suite et on ne les a pas

 11   beaucoup utilisées.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Et MB, sur cette carte, veut dire

 13   Bataillon mécanisé ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] MB peut vouloir dire Bataillon mécanisé, mais

 15   si c'est un Bataillon motorisé, ce serait BCS [comme interprété] pour

 16   marquer la différence.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] J'espère que vous comprenez mes explications.

 19   Si ce n'est pas clair, n'hésitez pas à me reposer des questions.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Nous voyons MTB et MB.

 21   Veuillez continuer.

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Nous allons parler des ripostes. Mais avant cela, je voudrais vous

 24   poser encore une question : outre pour les ripostes, est-ce que vous aviez

 25   préparé des tirs d'artillerie ciblant la ville et dans quel objectif ?

 26   R.  A part pour riposter à des tirs ennemis, à ma connaissance, il n'y

 27   avait aucune activité d'artillerie ciblant la ville. A chaque fois qu'une

 28   action avait été menée, je m'enchérissais des raisons de cela et la réponse


Page 37205

  1   que je recevais à chaque fois me disait qu'il y avait riposte à une action

  2   ennemie.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que la Chambre pourrait passer en

  4   audience à huis clos partiel, s'il vous plaît.

  5   [Audience à huis clos partiel]

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15   [Audience publique]

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur Karadzic.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Est-ce que l'autre côté avait préparé de l'artillerie et quelle était

 19   la différence entre vos tirs d'artillerie et leurs tirs d'artillerie ?

 20   J'entends par là les tirs d'artillerie du RSK.

 21   R.  Contrairement à nos tirs, leurs tirs, lorsqu'ils avaient choisi une

 22   cible précise, leurs tirs étaient répétés et indiscriminés. Ils ne

 23   faisaient pas la distinction entre cibles militaires et cibles civiles. Je

 24   pense qu'ils voulaient cibler des bâtiments militaires, mais ce n'était pas

 25   toujours le cas. Et d'après les informations et les renseignements dont

 26   nous disposions et d'après les ordres que nous avions délivrés, seuls les

 27   bâtiments militaires pouvaient être ciblés. Il était interdit de cibler des

 28   civils.


Page 37206

  1   Q.  Combien d'attaques d'infanterie ont eu lieu dans le but de pénétrer

  2   dans la ville ? Combien d'attaques d'infanterie ont impliqué des

  3   préparatifs d'artillerie et quelle était leur fréquence ?

  4   R.  Nous l'avons vu sur la carte. C'est la grande zone qui va vers la

  5   ville. C'était la zone d'Otes. Et c'est là que nous avons opéré les

  6   préparatifs. Et si vous regardez la carte, vous constaterez qu'il y a eu un

  7   changement de position 11 fois en une année du chef de l'autre camp. Et

  8   pour déplacer leurs positions, ils devaient tirer. Voilà pourquoi leur

  9   travail de préparation prenait plus de temps que le nôtre. Les opérations

 10   les plus actives pour Sarajevo ont eu lieu dans la zone de Zuc après

 11   décembre 1992, et les positions renforcées que je vous ai indiquées tout à

 12   l'heure sur la carte et qui ont été perturbées l'ont été en 1993. Pour les

 13   autres activités, eh bien, elles consistaient à les empêcher de pénétrer

 14   dans les zones, comme je l'ai dit tout à l'heure.

 15   Q.  Est-ce que Zuc était une région urbaine de la ville ?

 16   R.  Non. Orlic, Zuc et d'autres points étaient sous notre contrôle pendant

 17   un moment, et je m'y suis rendu. Il n'y avait pas beaucoup d'habitations

 18   là-bas, en tout cas elles n'étaient pas proches les unes des autres. Et Zuc

 19   en soi n'était pas une zone urbaine. L'autre point était Orlic, plutôt en

 20   hauteur, mais peu de gens connaissent Orlic.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Nous pouvons enlever cette carte de l'écran.

 22   Merci.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Alors, lorsque vous ripostiez à leurs tirs, teniez-vous compte des

 25   dommages collatéraux possibles, des blessures et des pertes infligées chez

 26   les civils, et si oui, comment abordiez-vous cette question ? J'entends par

 27   là la question des pertes civiles possibles et effectives par rapport au

 28   ciblage de bâtiments militaires bien particuliers qui devaient être


Page 37207

  1   détruits ?

  2   R.  Je vous l'ai dit tout à l'heure, régulièrement, à chaque riposte à des

  3   tris provenant de la ville du côté de l'ABiH, nous ripostions en ciblant

  4   principalement des bâtiments militaires qui étaient l'origine des tirs et

  5   qui nous menaçaient. Dans le cas de figure d'attaque en zone urbaine, il

  6   faut savoir comment ou dans quelle mesure un commandant a la discrétion

  7   d'appliquer le droit de proportionnalité. On ne le dit nulle part. Personne

  8   n'explique en détail ce qu'est une riposte proportionnée. Cela dépend de

  9   l'objectif. Si nous voulions détruire ou neutraliser une cible, nous

 10   pouvions essuyer des pertes civiles en conséquence de ces actions.

 11   Q.  Merci. Est-ce que vous avez pris des mesures de précaution afin

 12   d'éviter cela, et comment avez-vous traité de cette question ?

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant.

 14   Madame Edgerton, vous vouliez prendre la parole.

 15   Mme EDGERTON : [interprétation] Oui. Désolée de me répéter, Monsieur le

 16   Juge, mais j'ai passé toute la matinée à écouter l'interprétation provenant

 17   de la cabine française pour voir si les interprètes arrivaient à suivre le

 18   rythme, et j'ai l'impression que le Dr Karadzic et le général sont en

 19   discussion privée en quelque sorte et ne tiennent pas compte qu'il y a des

 20   besoins d'interprétation, et donc j'aimerais encore une fois leur demander

 21   de ménager une pause entre les questions et les réponses.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Piletta-Zanin.

 23   M. PILETTA-ZANIN : [hors micro] Oui --

 24   L'INTERPRÈTE : Micro, s'il vous plaît.

 25   M. PILETTA-ZANIN : Merci. J'ai suivi les trois choses, la langue

 26   originelle, l'anglais et, bien évidemment, le transcript français. Je

 27   trouve que le transcript français fait un travail remarquable. J'ai même pu

 28   voir qu'ils le font directement depuis le serbe et non depuis l'anglais, ce


Page 37208

  1   que vous aviez pu voir. Ce qui ne pose à mon sens aucun problème, mais je

  2   tiens à les féliciter. Merci.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vous comprenez tout à fait dans quelles

  4   circonstances notre consœur Mme Lattanzi est en train de travailler. Donc,

  5   Monsieur Karadzic, veuillez ménager une pause, s'il vous plaît.

  6   Continuez.

  7   M. KARADZIC : [interprétation]

  8   Q.  A votre connaissance, au moment où vous étiez au commandement du SRK,

  9   est-ce que des pertes civiles ont eu lieu et est-ce qu'elles n'étaient pas

 10   pleinement justifiées par les objectifs militaires ? J'aimerais également

 11   savoir dans quelle mesure les civils ont souffert de ces ripostes ?

 12   R.  Dans la mesure où j'en étais informé et en me basant sur les rapports

 13   que je recevais à l'époque, les pertes civiles à Sarajevo, si ces

 14   informations sont exactes, toutes les pertes civiles étaient

 15   proportionnelles par rapport aux cibles visées. Quelquefois, il était

 16   mentionné que l'artillerie avait été utilisée excessivement, mais les

 17   officiers ne pouvaient pas absolument contrôler cela.

 18   Alors, pour les pertes essuyées à Sarajevo, la question est toujours de

 19   savoir qui a provoqué ces pertes. Tout le monde disait que les pertes les

 20   plus importantes, par exemple, celles des événements du marché de Markale,

 21   avaient été provoquées par les forces musulmanes. Je pense que le général

 22   Rose l'a dit lorsqu'il a déposé dans cette affaire.

 23   Q.  Nous reviendrons à Markale --

 24   R.  Eh bien, vous m'avez posé une question sur les pertes en masse, c'est

 25   un exemple de cela, et j'ai estimé pouvoir vous répondre à ce sujet en vous

 26   donnant cet exemple.

 27   Q.  Merci. Est-ce que les observateurs internationaux étaient postés près

 28   de nos éléments ? Combien de postes y avait-il ?


Page 37209

  1   R.  J'ai demandé constamment aux observateurs militaires des Nations Unies,

  2   ce contingent de la FORPRONU, lorsqu'ils venaient de notre côté, d'être le

  3   mieux protégé possible et d'être le mieux traité possible.

  4   Q.  Combien y en avait-il ?

  5   R.  Nous allons y venir. Il y avait 11 postes d'observation, mais je pense

  6   que huit d'entre eux se trouvaient du côté musulman. Chaque pièce

  7   d'artillerie se trouvait à côté d'un observateur militaire, et ces

  8   observateurs pouvaient observer les activités lorsque l'on ouvrait le tir

  9   et ils pouvaient voir ce qu'il se passait.

 10   Et je puis vous dire que lorsque je suis allé voir les observateurs

 11   militaires des Nations Unies, j'avais reçu des lettres de protestation de

 12   la FORPRONU, qui avait relayé le côté musulman, mais les observateurs

 13   militaires de notre côté ne m'avaient jamais informé du fait que nos armes

 14   étaient utilisées sans respecter ce qui avait été prescrit.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Il s'agit de la pièce P01431. C'est la carte

 16   des postes d'observation.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Est-ce que ces 11 postes d'observation couvraient les pièces

 19   d'artillerie et de mortier des brigades et des corps, et est-ce que l'on

 20   aurait pu tirer sans que les observateurs le remarquent ?

 21   R.  Oui. Ils couvraient toutes les positions des différents groupes de

 22   brigades et ils étaient déployés dans les zones de brigade. Ils couvraient

 23   les positions d'autres groupes d'artillerie également. Donc, du moins c'est

 24   ce qu'on m'a dit, ils n'auraient pas pu ne pas remarquer un tir.

 25   Les différents commandants de secteur de Sarajevo et les contingents

 26   des observateurs militaires étaient là, ainsi que les observateurs

 27   militaires qui étaient de notre côté. Ce sont tous des sources fiables

 28   d'informations, contrairement aux autres. Donc il s'agissait des seules


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  1   personnes fiables quant aux informations.

  2   Q.  Est-ce que vous avez reçu des protestations formelles ou informelles de

  3   la part des observateurs qui se trouvaient du côté serbe qui étaient

  4   transmises à l'autre côté ?

  5   R.  Eh bien, moi j'ai parlé à tout le monde. Je fais partie de ceux qui

  6   veulent entendre tous les points de vue dans la mesure du possible. Et si

  7   ma mémoire est bonne, on ne m'a jamais alerté du fait que les forces

  8   d'artillerie du SRK agissaient de façon illégitime. Je n'ai jamais reçu

  9   d'information de la sorte.

 10   S'agissant du SRK de l'autre côté -- ou, plutôt, s'agissant de l'autre

 11   côté, ils recevaient des informations de la FORPRONU et envoyaient des

 12   lettres de protestation à la FORPRONU.

 13   Q.  Si vous receviez des informations de la part des observateurs qui

 14   étaient déployés du côté bosniaque, comment répondiez-vous à ces

 15   informations, informations selon lesquelles le SRK avait ouvert le feu ou

 16   des informations de ce genre ?

 17   R.  Eh bien, je puis vous dire que nous avons pris très au sérieux toutes

 18   les allégations qui nous parvenaient et nous les traitions de façon

 19   responsable. Chaque protestation ou chaque allégation était vérifiée. Et je

 20   me suis assuré que toutes les allégations, que toutes les protestations

 21   provenant de la FORPRONU faisaient l'objet d'une vérification.

 22   Q.  Et dans quelles mesures ces allégations étaient-elles fondées ou pas ?

 23   R.  Eh bien, le niveau de précision ou d'imprécision en temps de guerre est

 24   très difficile à établir, mais je peux vous affirmer que dans la majorité

 25   des cas où j'ai essayé de vérifier ces allégations, la réponse a été qu'il

 26   y avait riposte parce qu'on leur avait tiré dessus auparavant ou qu'il n'y

 27   avait pas eu riposte pendant cette période. Ça, ce serait les deux cas de

 28   figure les plus courants pour les ripostes de nos unités.


Page 37211

  1   Etant donné cela, je pense que la FORPRONU devait également avoir d'énormes

  2   difficultés pour déterminer si l'on avait visé une cible militaire, s'il y

  3   avait eu de l'artillerie utilisée, quel genre de force avait été participée

  4   du côté de l'ABiH. Et il y avait beaucoup de choses qui se passaient à ce

  5   moment-là, je le dis parce que la FORPRONU n'avait qu'une poignée de postes

  6   d'observation du côté de l'ABiH.

  7   Q.  Vous dites "ils", mais de qui sont ces "ils" ?

  8   R.  Je parle de l'ABiH. Je parle des problèmes que nous avons rencontrés

  9   avec certains commandants, certains groupes paramilitaires. Je crois qu'il

 10   y avait des dissensions entre leurs forces, et il y avait eu des pertes

 11   civiles également. C'est à cela que nous étions confrontés pendant la

 12   guerre. Et je me souviens très bien que le 26 octobre 1993, Dusan

 13   Topalovic, Caco, a été tué. Ce jour a été marqué d'une pierre noire pour

 14   tout le monde à Sarajevo. C'était horrible.

 15   Q.  Merci.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, est-il temps de

 17   prendre la pause ?

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Nous allons faire une pause, 45

 19   minutes, et nous allons reprendre à 13 heures 17.

 20   --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 31.

 21   --- L'audience est reprise à 13 heures 20.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Edgerton.

 23   Mme EDGERTON : [interprétation] Eh bien, je voudrais soulever un point par

 24   rapport au document D718 dont nous avons parlé tout à l'heure. M. Reed m'a

 25   dit que les traductions auxquelles ont a fait référence peuvent être

 26   trouvées au niveau des pièces à conviction P5067, 5057 et 5055. Il s'agit

 27   donc des cartes 26, 27 et 28 se trouvant dans le recueil qui réunit toutes

 28   ces cartes. Donc, ils se trouvent donc dans les pages qui se suivent dans


Page 37212

  1   ce dossier.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Non, nous avons la traduction des

  3   légendes des cartes mais je vous demande de nous montrer dans le système de

  4   prétoire électronique la pièce P1021. Donc, c'est l'original du D718. Et il

  5   est difficile de lire la cyrillique, car c'est là qu'on voit le nom des

  6   brigades, et cetera.

  7   Mme EDGERTON : [interprétation] Oui, en effet, Monsieur le Président. Je

  8   vous présente mes excuses. Je ne vous ai pas très bien compris.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Donc, on parle de cela, justement, et je

 10   me demande si à l'aide d'un petit peu de coopération entre les parties, si

 11   le Procureur serait en mesure de nous fournir une carte avec la traduction

 12   en anglais de ce qui est écrit dans la légende. Sinon, je serai obligé de

 13   demander au témoin de nous écrire cela en alphabet latin. Mais si les

 14   partis peuvent nous fournir une autre version en langue anglaise de la

 15   carte, eh bien, c'est finalement le procédé qui serait le meilleur. Je vous

 16   remercie.

 17   Vous pouvez poursuive et à présent, nous n'avons plus besoin de cette

 18   carte.

 19   Oui, vous pouvez poursuivre, Monsieur Karadzic.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Mon Général, je voudrais vous demander de voir comment les choses se

 23   sont déroulées en pratique et comparer cela avec ce qui figure dans le

 24   document. Je parle surtout de ces incidents que nous avons évoqués lors de

 25   deux sessions précédentes, surtout quand il s'agit de tirer en direction de

 26   la ville.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Donc, je vais vous demander de voir la pièce

 28   1D01146.


Page 37213

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Ici, nous avons un document émanant de votre commandement en date du 13

  3   septembre 1992. Dans le premier paragraphe, vous dites qu'il y a des tirs,

  4   qu'on a ouvert le feu. Au deuxième paragraphe, vous dites que vous vous

  5   êtes entretenu avec Grey et que vous avez parlé de la possibilité d'ouvrir

  6   des nouvelles positions concernant l'artillerie lourde. Ensuite, vous avez

  7   exposé les desiderata du côté musulman, et cetera, les vôtres. Et vous

  8   dites : Grey a parlé avec les Musulmans et il a demandé que nos pièces

  9   d'artillerie soient placées sous leur contrôle. Et en même temps, ils ont

 10   parlé de leurs pertes. Ils disent que pour eux, il est plus important de

 11   contrôler les armes à cause de l'aide humanitaire.

 12   R.  Eh bien, cela fait 20 années, et c'est très difficile de se rappeler de

 13   chaque document, mais je me souviens de cet entretien que j'ai eu avec Grey

 14   et je me souviens de la question qu'il m'a posée, et je suis d'accord pour

 15   dire que les choses se sont passées ainsi.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pouvez-vous ralentir, Monsieur Karadzic.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Et ensuite, vous dites :

 19   "Nous pensons que les contacts avec la FORPRONU sont importants et

 20   nécessaires."

 21   Pourriez-vous nous dire quels ont été les rapports que vous aviez

 22   avec la FORPRONU, vous, personnellement ?

 23   R.  Eh bien, moi personnellement, j'ai l'impression que s'ils avaient cette

 24   attitude par rapport à moi, eh bien, j'étais sincère et je les ai toujours

 25   pleinement respectés. Je pensais que là j'avais affaire avec le

 26   représentant de leur pays respectif du point de vue politique et militaire.

 27   Et je savais que leur tâche n'était pas une tâche facile. Leur tâche était

 28   une tâche difficile, et j'ai voulu tout faire pour les aider. C'est pour


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  1   cela que je pense que ce qui est écrit ici est exact, parce que j'ai

  2   toujours pensé que ces contacts étaient très utiles. Surtout quand on pense

  3   qu'une partie des informations qui m'étaient très importants venaient de la

  4   FORPRONU justement. Vous allez vous souvenir je l'ai déjà évoqué.

  5   Q.  Merci.

  6   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais demander que ceci soit versé au

  7   dossier.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D3384, Monsieur le

 10   Président.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on a déjà versé la carte qui montrait

 12   les zones de responsabilité en couleurs différentes ? Je pense que oui. Il

 13   s'agissait de la pièce 1D --

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Mais je pense que nous l'avons

 15   marquée aux fins d'identification, on lui a attribué la cote D3383.

 16   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je vais demander à présent de voir la

 17   pièce 1D01150.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais vous demander d'agrandir un peu le

 19   texte parce que j'ai vraiment du mal à lire ce que je vois sur l'écran.

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-il possible d'afficher sur l'écran pour le

 21   témoin uniquement la version en langue B/C/S et les participants qui ont

 22   besoin de suivre l'anglais pourront le faire sur leurs écrans.

 23   M. KARADZIC : [interprétation]

 24   Q.  Donc ici on a encore un document de votre commandement qui date du 17

 25   septembre et vous y dites :

 26   Il y a eu des provocations et des activités assez fortes. L'ennemi a

 27   exécuté une forte attaque d'infanterie en direction du Square Pero Kosorica

 28   avec l'aide de lance-roquettes et des PAM venus de la caserne Viktor Bubanj


Page 37215

  1   et Velesici. Un combattant a été blessé. Plusieurs civils ont été blessés.

  2   Mais l'attaque de l'ennemi a été repoussée avec succès.

  3   Est-ce que les tirs sont venus vraiment de la direction de la caserne de

  4   Viktor Bubanj ?

  5   R.  Il s'agissait d'une attaque sur Grbavica, et il y a eu vraiment des

  6   activités intenses qui venaient surtout de Velesici et de la caserne de

  7   Viktor Bubanj. Je suis sûr que ces tirs étaient au moins pour une de ces

  8   directions dirigés vers le Corps de Sarajevo-Romanija.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on peut verser ce document ?

 10   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D3385.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais demander à présent de voir la pièce

 13   1D06307. Merci. Est-il possible de mettre à la disposition des autres

 14   parties au procès la version en langue anglaise.

 15   M. KARADZIC : [interprétation]

 16   Q.  Donc, là encore, on a un document venant de votre commandement en date

 17   du 26 octobre 1992, émis à 14 heures.

 18   Pourriez-vous nous dire combien de fois par jour on envoyait les

 19   rapports vers le QG principal ?

 20   R.  Eh bien, vous aviez un rapport opérationnel qui partait le soir et puis

 21   un rapport comportant des informations additionnelles qui partaient vers 14

 22   heures. Je pense que là il s'agit d'un rapport extraordinaire vu qu'il a

 23   été écrit à la date du 26. La date que j'ai déjà mentionnée et qui était

 24   problématique. Donc c'est bien cela.

 25   Q.  Ici on peut voir qu'on a aperçu la concentration des forces d'une

 26   puissance inconnue au niveau de Hrasnica et que quatre chars étaient en

 27   train de descendre d'Igman, en direction de Hrasnica, n'est-ce pas ?

 28   R.  Oui. Ils avaient quelques chars sur le mont d'Igman, quatre ou


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  1   davantage. Ecoutez, je ne connais pas la donnée exacte. Toujours est-il que

  2   nous avons pu observer cela à partir de nos positions. Et c'est surtout au

  3   niveau du rayon d'Osmice qu'on a pu le remarquer. Je suis sûr que cette

  4   information est une information exacte. Donc il s'agit de la zone en

  5   direction de Hrasnica.

  6   Q.  Est-ce que ceux d'Osmice sont les mêmes que celles qui se trouvent à

  7   Trebevic ?

  8   R.  Stijene Baba. Ça, c'est les Osmice dont vous parlez. En revanche, le

  9   rayon d'Osmice dont on parle ici c'est celui qui se trouve en partant de

 10   Hrasnica en direction du sommet d'Igman. Mais pas en empruntant la route

 11   principale qui part vers Bjelasnica. Il s'agit d'une route annexe entre

 12   Krupac, qui relie Krupac et Bjelasnica, vous le savez mieux que moi.

 13   Q.  Il y a eu des morts, des blessés à Ilidza. Ensuite vous dites au niveau

 14   des pertes six morts, 33 blessés, dont 70 % des civils. Est-ce que cela est

 15   exact ?

 16   R.  Ecoutez, les rapports que l'on envoyait vers l'état-major principal

 17   devaient être absolument exacts, on ne pouvait pas maquiller des

 18   informations, on ne pouvait pas inventer des informations. Parce que si on

 19   avait remarqué une telle incidence, eh bien, on appelait immédiatement

 20   l'auteur pour rendre compte. Donc là il s'agissait effectivement de pertes

 21   extrêmement importantes, extrêmement lourdes. En espace d'une journée vous

 22   avez six morts et 33 blessés.

 23   Q.  Jusqu'à 14 heures.

 24   R.  Oui.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais demander que ceci soit versé au

 26   dossier.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D3386.


Page 37217

  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je vais demander la pièce 1D06317.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  Donc là, c'est encore un document de votre commandement du 10 novembre

  4   1992. Il s'agit d'un rapport de combat régulier encore une fois envoyé à 14

  5   heures à l'état-major principal. Et là vous dites que l'ennemi a pilonné le

  6   centre de Hadzici et qu'il a tiré à partir d'Igman Famos avec des canons

  7   sans recul et des ZiS, des canons 76 millimètres à partir de Mojmilo, ils

  8   visaient aussi la caserne.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Madame

 10   Edgerton.

 11   Mme EDGERTON : [interprétation] C'est le quatrième document, et je ne me

 12   suis pas levée, mais là j'ai vraiment besoin d'intervenir, parce que je

 13   vais demander que M. Karadzic ne lise pas le contenu du document au témoin

 14   avant de lui poser la question.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux répondre ?

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Au cours des deux dernières sessions, j'ai

 18   étayé la base pour présenter tous ces documents. Maintenant, à travers ces

 19   documents, je souhaite demander au témoin si c'est bien les tirs qu'ils ont

 20   essuyés, et pourquoi. Parce qu'il a dit qu'ils n'ont pas riposté, et moi je

 21   voudrais savoir pourquoi. Donc je suis obligé de lui présenter les

 22   documents, aussi pour le bien-être du public.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je ne suis pas vraiment sûr que vous

 24   ayez étayé la base suffisante. Et je vais donc consulter mes collègues.

 25   [La Chambre de première instance se concerte]

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que vous souhaitez ajouter quoi

 27   que ce soit, Monsieur Robinson ?

 28   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Moi, je pense


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  1   que M. Karadzic a fait ce que vous lui avez demandé à faire, sauf qu'il ne

  2   l'a pas fait immédiatement avant de montrer le document au témoin. Cela

  3   étant dit, je ne vois pas pourquoi il serait obligé de le faire. Donc je

  4   pense qu'il a vraiment étayé les bases suffisantes pour poser les questions

  5   en utilisant le document qui corrobore les choses soulevées au cours des

  6   premières sessions, et ensuite il a montré le document. Et je ne vois pas

  7   où est le problème. Je ne vois pas dans quelle mesure il dirige le témoin

  8   vu ce que le témoin a déjà dit au cours de sa déposition.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Vu que la question qu'il a posée au

 10   cours des sessions précédentes -- que cette question est de nature

 11   générale, donc nous conseillerons à M. Karadzic de poser des questions plus

 12   précises quand il s'agit d'étayer des bases, mais nous allons voir comment

 13   nous avançons. Vous pouvez poursuivre. 

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 15   M. KARADZIC : [interprétation]

 16   Q.  Mon Général, ici, vous dites donc au point 2:

 17   "Nos unités se trouvent au niveau des lignes auxquelles elles sont

 18   arrivées," et vous dites que vos unités ne ripostent pas.

 19   Pourquoi vous n'avez pas ouvert le feu ?

 20   R.  Je dois tout d'abord me rappeler quelle a été la situation à l'époque.

 21   Est-ce que nous étions dans le cadre d'un cessez-le-feu ? Toujours est-il

 22   qu'au niveau de Hadzici, nous avons un problème ici, parce qu'il leur

 23   souvent arrivé d'ouvrir le feu sur Hadzici en tirant d'Igman avec des

 24   lance-roquettes, et cetera. Et ce canon sans recul avec lequel ils ont

 25   tiré, ils l'ont utilisé là aussi. Mais la question qui se pose, c'est de

 26   savoir s'il est toujours important de répondre, de riposter. Parce que si à

 27   ce moment-là il y avait un cessez-le-feu en cours et en vigueur, il ne

 28   fallait pas riposter.


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  1   Mais de façon générale, nos forces, qu'il y ait un cessez-le-feu ou

  2   non et une cessation des hostilités, un accord là-dessus, nos unités se

  3   sont toujours restreintes d'agir. Pourquoi ? Eh bien, je vais vous le dire

  4   clairement et ouvertement. A chaque fois que nous avons riposté, que nous

  5   avons fait quoi que ce soit, à chaque fois c'était l'alerte générale, et à

  6   chaque fois on disait que ce sont justement les Serbes qui font ceci ou

  7   cela, qui tuent des civils, et cetera. Alors que nous ne faisions rien

  8   d'autre que de tirer sur leurs cibles militaires. C'est pour cela que

  9   pendant cette période-là, et d'ailleurs pendant toute la période, nous nous

 10   sommes restreints d'agir. Je ne sais pas si j'ai été suffisamment clair.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais demander que ce document soit versé au

 12   dossier.

 13   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons le verser.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D3387.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 16   M. KARADZIC : [interprétation]

 17   Q.  Tout à l'heure, vous avez parlé de cessez-le-feu, des différents

 18   accords, et cetera. Pourriez-vous nous dire comment mettiez-vous en œuvre

 19   cela et quelles étaient les actions que vous avez entreprises par rapport

 20   aux unités qui vous étaient subordonnées pour faire respecter le cessez-le-

 21   feu ?

 22   R.  Vous savez mieux que moi qu'il y a eu de nombreux cessez-le-feu au

 23   niveau de Sarajevo. Il y a eu au moins une dizaine de cessez-le-feu et puis

 24   d'autres accords passés pendant ces deux années. Eh bien, moi, je recevais

 25   les ordres presque toujours de l'état-major principal, rarement du

 26   commandement Suprême. En général, ces informations m'ont été transmises par

 27   l'état-major principal de la VRS. Cela étant dit, ces ordres, ces

 28   informations faisaient suite souvent aux directives ou aux ordres venus du


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  1   commandement Suprême.

  2   Q.  Est-ce qu'ensuite vous transmettiez ces ordres et ces informations aux

  3   unités qui vous étaient subordonnées ?

  4   R.  Je dois dire qu'à chaque fois qu'il y avait un tel accord, il y a eu

  5   des préparatifs au niveau politique, militaire, et cetera, pour qu'il soit

  6   viable. Donc, à chaque fois qu'un tel accord était passé, on pouvait mettre

  7   en œuvre le cessez-le-feu, on pouvait arrêter les hostilités, et cetera. Et

  8   donc, moi, je transmettais les ordres aux unités qui m'étaient

  9   subordonnées, et ensuite ces unités informaient tous les soldats de la

 10   teneur de ces accords.

 11   Q.  Merci.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Maintenant je vais demander que l'on voie une

 13   autre pièce, il s'agit de la pièce 1D06311.

 14   Mme EDGERTON : [interprétation] Je voudrais dire quelque chose au niveau du

 15   compte rendu d'audience.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Allez-y.

 17   Mme EDGERTON : [interprétation] A la page 75, ligne 4, on a parlé de niveau

 18   politique, militaire, et cetera, et pas "moral, politique, et cetera."

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 20   M. KARADZIC : [interprétation]

 21   Q.  Pourriez-vous nous dire quels étaient les préparatifs, donc, pour

 22   mettre en œuvre ces accords ?

 23   R.  Il s'agissait des préparatifs militaires et politiques.

 24   Q.  Merci. Ici, dans l'introduction, vous vous référez à une autorisation

 25   du président de la république et vous ordonnez un cessez-le-feu. Je vais

 26   vous demander d'examiner la première phrase : En respectant la ligne du

 27   commandement et du contrôle, faire en sorte qu'un cessez-le-feu entier soit

 28   mis en place par rapport aux forces du HVO et forces musulmanes.


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  1   Etait-ce bien votre pratique, à savoir d'ordonner aux unités subordonnées

  2   de mettre en place le cessez-le-feu ?

  3   Mme EDGERTON : [interprétation] Je suis désolée, Monsieur le Président,

  4   mais nous n'avons pas de traduction.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pour que le témoin puisse voir le

  6   document sur l'écran et le lire, nous n'afficherons pas la traduction

  7   anglaise du document.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-il possible de voir la deuxième page.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-il possible de faire un commentaire au

 10   sujet de la première page.

 11   M. KARADZIC : [interprétation]

 12   Q.  Oui.

 13   R.  Eh bien, ce que j'ai dit là, dans le premier paragraphe, je me réfère à

 14   l'introduction. Parce que je dis clairement que l'ordre émane de l'état-

 15   major principal et aussi de l'ordre émanant de la présidence de la

 16   Republika Srpska. Donc c'est votre ordre. Je ne sais pas si vous l'avez vu,

 17   mais j'ai tenu à le signaler.

 18   Q.  Merci.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-il possible de voir la deuxième page.

 20   M. KARADZIC : [interprétation]

 21   Q.  Le cinquième alinéa en partant d'en haut, vous mettez en garde les

 22   individus contre les activités des tireurs embusqués munis de silencieux.

 23   Et vous dites aussi, plus loin, que ce sont justement les commandants des

 24   brigades et des régiments qui sont personnellement responsables de la mise

 25   en œuvre de l'ordre. Vous dites que les commandants allaient être punis

 26   sévèrement pour toute violation du cessez-le-feu, car il s'agit d'une

 27   importance internationale de l'accord.

 28   Est-ce que, comme vous avez été strict comme cela, est-ce que c'est


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  1   quelque chose que vous faisiez à chaque fois ?

  2   R.  Je ne sais pas si j'ai été strict, mais en tout cas c'est parfaitement

  3   cohérent, car à chaque fois que je recevais un ordre de mon commandement

  4   supérieur, et surtout du commandement suprême, je devais donc faire

  5   respecter par mes subordonnés cet ordre en leur rappelant leur

  6   responsabilité. Et évidemment, il s'agissait aussi de leur rappeler leur

  7   responsabilité quand il s'agit de respecter les autres ordres aussi. Vous

  8   allez vous rappeler des ordres que j'ai donnés quand il s'agissait d'ouvrir

  9   le feu. Donc c'était ma position, qui a toujours été cohérente.

 10   L'ACCUSÉ : [interprétation] Peut-on verser cela au dossier.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 12   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D3388.

 13   M. KARADZIC : [interprétation]

 14   Q.  Vous avez dit qu'il y a eu plusieurs accords. Est-ce que pour chaque

 15   accord vous avez envoyé des ordres aux commandements subordonnés ou bien

 16   est-ce qu'il y a eu un ordre pour tous les cessez-le-feu ?

 17   R.  Non, nous nous étions obligés d'envoyer des ordres pour chaque accord,

 18   et d'ailleurs nous recevions l'ordre pour chaque accord passé. Et

 19   d'ailleurs, comme moi-même je n'ai pas assisté à ces négociations et que je

 20   n'étais pas un facteur dans la signature de ces accords, j'ai été obligé de

 21   suivre vos ordres, et sur la base de ces ordres, je réagissais. Pour chaque

 22   accord, j'écrivais un ordre particulier qui se référait à un accord

 23   particulier qui était parfois limité dans le temps.

 24   Q.  Merci.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-il possible de voir à présent la pièce

 26   1D067319.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  Est-ce que vous pourriez, je vous prie, nous expliquer cette phrase :


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  1   Toutes les unités qui tiennent les positions vers la ville de Sarajevo

  2   doivent respecter le cessez-le-feu…," et cetera, et cetera.

  3   Alors, où se trouvaient les positions où le cessez-le-feu ne s'appliquait

  4   pas ?

  5   R.  Nous ne parlions que des positions du corps autour de Sarajevo, à

  6   savoir en direction du 1er Corps de l'ABiH à Sarajevo. Toutefois, je vous ai

  7   dit que la ligne de front avait une longueur de 65 kilomètres, et le reste

  8   de la ligne de front se trouvait vers Konjic, Visoko, Vares, Olovo et dans

  9   la vallée de Praca. Pendant un certain temps, vers Jahorina également, mais

 10   cela jusqu'au mois de juillet 1993, après l'opération de Lukavac. Après

 11   cela, la ligne de front a été supprimée là-bas.

 12   Q.  Merci. Est-ce que cela signifie que certains cessez-le-feu n'étaient

 13   valables que pour certaines régions, et non pas pour toute la Bosnie-

 14   Herzégovine ?

 15   R.  Oui, oui, tout à fait. Alors, étant donné que j'ai formulé cet ordre de

 16   cette façon, il était absolument manifeste que cela s'appliquait seulement

 17   à Sarajevo et non à d'autres zones. Il y a eu des définitions de ces

 18   accords, mais bon, nous n'allons pas aborder cela maintenant. Peut-être

 19   plus tard aurons-nous la possibilité de le faire. Ce que j'entends, c'est

 20   que -- enfin, ce que j'entends, c'est la question de savoir si les deux

 21   camps respectaient l'accord.

 22   Q.  Et pour ce qui est de la Brigade d'Ilijas, est-ce qu'il leur restait

 23   des positions en face de la ville de Sarajevo ?

 24   R.  Oui, oui. Toutes les autres brigades, Romanija -- ou plutôt, toutes les

 25   autres, la Brigade de Romanija et les autres également. Mais seule la

 26   Brigade d'Ilijas avait ses positions en direction de Visoko et Vares.

 27   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je pourrais demander le versement au

 28   dossier de ce document.


Page 37224

  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

  2   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3383 [comme

  3   interprété], Madame, Messieurs les Juges.

  4   M. KARADZIC : [interprétation]

  5   Q.  Et dites-nous, je vous prie, ce qu'il en était des protestations

  6   auxquelles vous avez fait déjà référence. Vous nous avez dit que la

  7   FORPRONU avait émis des protestations. Alors, dans quelle mesure est-ce que

  8   vous preniez cela au sérieux, et avez-vous réagi face à ces protestations ?

  9   R.  J'ai indiqué par quel niveau passaient les protestations pour arriver

 10   jusqu'à moi. En général, cela passait par le commandant du secteur de

 11   Sarajevo, mais également par des observateurs militaires. Alors,

 12   indépendamment du représentant des Nations Unies qui me présentait ses

 13   protestations ou qui les présentait à l'une de mes unités subordonnées, il

 14   faut savoir que chacune de ces protestations a été prises en considération

 15   de façon sérieuse et il a été envisagé ce qui pouvait être fait.

 16   Q.  Bien.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Document 1D01864, je vous prie. 1D01864. Et je

 18   demanderais que la version anglaise soit également montrée pour les autres

 19   personnes. Est-ce que vous pourriez peut-être élargir cela pour le général

 20   Galic.

 21   M. KARADZIC : [interprétation]

 22   Q.  Donc, le 28 novembre, voilà ce que vous avez répondu au colonel Davout.

 23   Vous lui dites -- après avoir reçu leurs informations, vous indiquez que

 24   vous avez commencé à mener à bien une enquête de façon détaillée, et vous

 25   dites qu'étant donné qu'il n'y a pas de forces ennemies à Colina Kapa, nous

 26   n'avons eu absolument aucune raison de tirer sur cette position avec un

 27   canon antiaérien.

 28   Et puis, il a autre chose que je trouve intéressant. Le paragraphe 3


Page 37225

  1   : A l'heure actuelle, nous n'avons absolument aucune aspiration pour ce qui

  2   est du champ de Vojnic et de ce quartier ou de ce lotissement. Il est

  3   indiqué également au paragraphe 4 que -- ou vous dites que la position de

  4   nos chars était que nous ne pouvons pas tirer à partir de là sur la colline

  5   de Hrasno. Et puis, au paragraphe 5, vous dites : Nous, nous respectons

  6   strictement l'ordre donné par le commandant de l'état-major principal.

  7   Quel était en fait le type de protestation à laquelle vous répondiez

  8   de la sorte ?

  9   R.  Dans leur lettre de protestation, ils énuméraient tous les problèmes

 10   qu'ils avaient eus. Mais j'ai répondu à cette lettre. Mais pour ce qui est

 11   de Vojnicko Polje, au numéro 5, et vous m'avez posé la question, ce que

 12   j'ai dit c'est que nous n'avions absolument aucune aspiration vis-à-vis de

 13   ces zones.

 14   Et dans l'introduction, j'ai indiqué dans quel lieu nous avons mené à

 15   bien des opérations offensives dans la zone du 1er Corps à Sarajevo. Pour

 16   les autres secteurs, nous n'avons jamais participé à aucune opération, et

 17   nous n'avons d'ailleurs non plus jamais voulu faire en sorte que ces zones

 18   soient rattachées à la zone de responsabilité du SRK. Donc je pense que les

 19   choses étaient exprimées de façon très claire, et je ne sais pas pourquoi

 20   il est fait référence à une attaque d'infanterie contre Vojnicko Polje.

 21   Parce que si vous vous dirigez vers Vojnicko Polje et si vous lancez une

 22   attaque d'infanterie sur ces zones, le résultat aurait été un désastre

 23   total. C'est la raison pour laquelle, nous, nous n'avons jamais souhaité

 24   attaquer cette zone.

 25   Pour ce qui est maintenant de ce qui est indiqué à propos de Hrasno Brdo,

 26   certes, il était impossible de tirer à partir de nos chars et surtout à

 27   partir des positions où ils se trouvaient.

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie. Page 2, je vous prie.


Page 37226

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Alors à la page 2, vous présentez vos excuses, et vous dites que vous

  3   aviez l'impression que cette information leur avait été présentée par les

  4   Musulmans, et que cela ne correspondait pas à la vérité, et qu'ils avaient

  5   reçu l'ordre d'ouvrir le feu seulement pour se défendre. Vous vous souvenez

  6   de cela ?

  7   R.  Je pense avoir moi-même rédigé cette lettre. Donc c'est ainsi que je

  8   l'ai rédigé et formulé, c'est l'exemple s'il en fut du document qui vous

  9   permet de comprendre comment je réagissais aux protestations émanant de la

 10   FORPRONU. Et je voulais également les mettre en garde pour qu'ils ne

 11   prennent pas pour argent comptant tout ce que l'ABiH et les représentants

 12   des Musulmans à Sarajevo leur disaient. Par conséquent, après que cette

 13   lettre ait été envoyée, ces commandants sont venus me voir, et je pense que

 14   nous avons poursuivi cette coopération dans la mesure où elle était

 15   nécessaire et possible.

 16   Q.  Merci.

 17   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que ce document pourrait être versé au

 18   dossier.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 20   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3390, Monsieur le

 21   Président.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Edgerton.

 23   Mme EDGERTON : [interprétation] Excusez-moi, mais juste à propos du compte

 24   rendu d'audience, ligne 8 de la page 79, il faudrait que le nom soit

 25   modifié, c'est le colonel Davout alors que ce n'est pas Davor, et qui plus

 26   est, le nom de colonel se termine par un T.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


Page 37227

  1   Q.  Avez-vous été en mesure de notifier la FORPRONU et le cas échéant, est-

  2   ce que vous les informez des violations de cessez-le-feu. Est-ce que vous

  3   les informiez de votre devoir de riposte ? Et est-ce que vous pourriez nous

  4   dire brièvement, nous relater brièvement comment les choses se déroulaient

  5   ? S'il y avait par exemple une violation de cessez-le-feu, quel type de

  6   rapport est-ce que vous envoyez à la FORPRONU ?

  7   R.  Eh bien, à propos donc de la façon dont nous présentions nos rapports

  8   et la façon dont nous coopérions avec la FORPRONU, et je pense donc au

  9   contrôle ou à la supervision des accords de cessez-le-feu, cela s'est

 10   déroulé dans différentes circonstances. Parce que pendant un certain temps,

 11   nous avions une commission, et après le 5 février 1994, cette commission a

 12   œuvré seulement pour déterminer les incidents des violations de cessez-le-

 13   feu.

 14   Q.  Mais nous parlons toujours de l'année 1992 ?

 15   R.  Ah, l'année 1992, fort bien. Donc lorsque nous étions informés de

 16   violation de cessez-le-feu, et en application de vos ordres et des ordres

 17   donnés par l'état-major principal, nous envoyions des rapports à propos de

 18   ces violations. Je ne sais pas dans quelle mesure ces rapports ont été pris

 19   en considération et acceptés, mais ils l'ont été en partie, car à de

 20   nombreuses reprises, en 1992, je suis intervenu parce qu'ils ouvraient le

 21   feu à partir de la zone où se trouvait l'hôtel Holiday Inn, où se trouvait

 22   donc le commandement de la FORPRONU, ils utilisaient cela comme couverture

 23   pour les mortiers. Et j'ai envoyé moult protestations à ce sujet, et à

 24   plusieurs reprises. Donc là il s'agissait en fait d'abus et de la façon

 25   dont cette zone était utilisée. Mais je ne peux pas vous dire que nous

 26   avons reçu des réponses à chaque fois que nous protestions.

 27   Q.  Fort bien.

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir le document


Page 37228

  1   1D1181, je vous prie. 1D01181

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  Vous voyez là que le 6 décembre 1992, vous indiquez que plus de 200

  4   obus sont tombés sur Ilidza et à Hadzici, et qu'il y a des dégâts

  5   importants qui ont été causés notamment à Ilidza, et vous dites également

  6   au point 5 que vous avez informé les représentants de la FORPRONU de la

  7   violation du cessez-le-feu, et que vous avez rétorqué ou riposté en tirant

  8   sur des positions sur le mont Igman.

  9   R.  Alors d'aucuns auraient pu s'attendre à ce type d'opération de temps à

 10   autres. Je ne sais pas si cela s'est passé en 1992, mais je me souviens

 11   qu'un jour, il y a eu entre 18 à 20 obus de mortier qui sont tombés sur un

 12   seul et même secteur. Et notamment pour ce qui est du secteur du mont

 13   Igman, il y avait ou il y a eu de nombreuses opérations, et de nombreux

 14   tirs qui provenaient d'armes déployées à Vojkovici et dans d'autres lieux.

 15   Alors, lorsque je vois ce document, et lorsque je me souviens de tout

 16   ce qui m'a été relaté, cela me semble incroyable. Mais il y a des rapports

 17   qui confirmaient qu'ils disposaient de suffisamment de munition pour une

 18   guerre longue.

 19   Q.  Merci. Cela c'était le 6 décembre 1992, à 16 heures; c'est cela -- à 14

 20   heures ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  J'avais dit 14 heures.

 23   R.  Oui, oui, c'est ce qui est indiqué dans la lettre.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que cela peut être versé au dossier.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3391, Monsieur le

 27   Président.

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir le document


Page 37229

  1   1D01180.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  Donc cela concerne la même journée, mais l'horaire est différent. Il

  4   s'agit de 18 heures cette fois-ci. Voilà votre rapport, et dans ce rapport,

  5   vous indiquez que plus de 300 obus ont été tirés, ce qui signifie qu'il y a

  6   100 obus de plus. Vous dites que les dégâts sont extrêmement importants.

  7   Vous dites que vous n'aviez pas suffisamment de munition de ce calibre.

  8   Vous dites également que deux soldats ont été tués, et que neuf ont été

  9   blessés, et que 15 femmes et enfants ont été blessés à Ilidza.

 10   Est-ce que quiconque a pris en considération la souffrance des Serbes, est-

 11   ce que cela a fait l'objet, a été présenté ?

 12   R.  Vous savez il est difficile de répondre à une telle question, que

 13   beaucoup de temps s'est écoulé. Est-ce que cela a été d'une notoriété

 14   publique ? Bon. Il s'agit tout simplement d'un document qui confirme ce qui

 15   s'est passé. Je ne sais pas pour ce qui est de cet incident particulier.

 16   Là, maintenant je pense à l'arrêt de bus qui avait été ciblé à Ilidza, et

 17   cela s'était soldé par la mort de nombreux civils. Et là je me souviens que

 18   cela n'avait jamais été diffusé ni par la chaîne CNN ni par d'autre chaîne.

 19   Il n'a pas été dit que de nombreux Serbes avaient été tués à un arrêt de

 20   bus. Alors que si la même chose se passait pour l'autre camp tous les

 21   médias en auraient parlé, bien que je n'ai pas toujours été en mesure de

 22   suivre tous les rapports parce que nous n'avions pas toujours l'électricité

 23   ou il y avait d'autres problèmes.

 24   Q.  Je vous remercie.

 25   L'ACCUSÉ : [interprétation] Et je souhaiterais que cela soit versé au

 26   dossier.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bien, cela sera versé au dossier.

 28   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3392, Monsieur le


Page 37230

  1   Président.

  2   M. KARADZIC : [interprétation]

  3   Q.  Est-ce que vous aviez informé l'état-major principal de ce rapport et

  4   de la façon dont vous supervisiez le comportement de notre armée ?

  5   R.  L'état-major principal était informé. Est-ce que vous parlez de ce type

  6   de protestation ? Oui, je les ai informés quasiment régulièrement, parce

  7   que vous voyez que cela est adressé à l'état-major principal. De toute

  8   façon ce que vous voyez là était destiné à l'état-major principal. Ils

  9   étaient donc informés de tout ce qui était fait au sein du Corps de

 10   Sarajevo-Romanija.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Document 1D1189.

 12   M. KARADZIC : [interprétation]

 13   Q.  Mais est-ce que vous vous attendiez à ce qu'ils vous attaquent, est-ce

 14   que vous étiez au courant de leur plan ?

 15   R.  Je n'ai pas le bon document, mais je peux répondre de façon générale à

 16   cette question. Alors lors de cette période nous avons reçu beaucoup de

 17   renseignements secrets à propos du début de nombreux types d'attaques.

 18   Alors certaines correspondaient à des bombardements, bien que j'hésite un

 19   tant soit peu à utiliser ce terme, et je vous ai expliqué comment nous

 20   avions été à même d'obtenir ce type de renseignements.

 21   Alors pour ce qui était de leur plan dans le cadre d'opérations

 22   futures, nous avions de nombreux renseignements donnés par des personnes

 23   qui avaient réussi à s'échapper, qu'il s'agisse de personnes de leur armée

 24   ou de personnes qui se trouvaient près de l'emplacement où se trouvaient

 25   leurs soldats et lorsqu'ils venaient ou passaient de l'autre côté, de notre

 26   côté, ils étaient en mesure de nous expliquer ce qui se préparait, ce qui

 27   se tramait.

 28   Alors, bien entendu, cela passait également par des exercices de


Page 37231

  1   reconnaissance, des exercices de reconnaissance électroniques, et d'autres

  2   moyens permettant d'obtenir des informations à propos d'éventuelles

  3   attaques.

  4   Q.  Je vous remercie. Et au premier paragraphe, il est dit qu'il y a une

  5   attaque planifiée ou prévue qui n'a pas encore été menée à bien. Ce qui me

  6   porte à croire que vous disposiez d'informations préalables. Mais vous

  7   informez l'état-major principal que les forces musulmanes ont tiré sur les

  8   forces croates dans le secteur de Kiseljak et que vous pensez que leur

  9   intention serait en fait de nous faire accuser de cette attaque, vous en

 10   notifiez la FORPRONU, et en dépit du fait que vous avez procédé à quelques

 11   vérifications de nos unités vous avez établi en fait qu'ils n'avaient

 12   ouvert de tir de mortier contre les bâtiments de la FORPRONU et contre le

 13   club des députés à Sarajevo.

 14   R.  Ecoutez, là, je ne peux pas vous répondre de façon succincte. Je vais

 15   procéder par étape pour répondre à votre question.

 16   Q.  Bien, je vais vous aider pour ce faire. Est-ce qu'il y a eu des cas de

 17   Musulmans qui ont attaqué les Croates et ensuite ils nous ont accusés ?

 18   Est-ce que vous avez combattu les Croates en Bosnie centrale dans la zone

 19   de Kiseljak ?

 20   R.  J'avais bien compris votre question. Mais je m'apprêtais à vous fournir

 21   une longue réponse et je n'aime pas cela. Alors à propos des Croates,

 22   pendant mon mandat en quelque sorte je vous ai dit que nous avions réussi à

 23   créer de bons liens, de bonnes relations avec eux et que nous n'avons

 24   jamais été en guerre avec eux dans la zone de Kiseljak, d'après ce que je

 25   sais. Nous avons toujours su dans ce secteur nous étions tout juste sûrs

 26   que le HVO ne nous attaquerait pas à partir de cette zone qui se trouvait à

 27   quelque 18 kilomètres vers Kiseljak. Toutefois, une de leurs brigades, une

 28   brigade croate, j'entends, était déployée à Stupska Petlja, et ce, jusqu'au


Page 37232

  1   moment où le conflit a éclaté en 1993 entre l'ABiH et le HVO. Je dois dire

  2   qu'ils ont fait preuve de tolérance dans la mesure du possible. Moi, j'ai

  3   même essayé de mener à bien certaines enquêtes pour faire en sorte qu'ils

  4   se rallient à notre camp, mais, bon, cela n'a pas abouti.

  5   Q.  Merci. Est-ce qu'il y a eu des cas où ils ont tiré sur leurs propres

  6   soldats ou sur les Croates dans l'intention de faire porter en quelque

  7   sorte le chapeau aux Serbes, de rejeter la culpabilité sur les Serbes ?

  8   R.  Non, il n'y a pas eu une seule fois où cela s'est passé. Cela s'est

  9   passé à de nombreuses reprises. Ils tiraient sur leurs propres soldats et

 10   sur les Croates à Kiseljak. Moi, je peux vous dire que les forces croates

 11   qui se trouvaient à Sarajevo faisaient partie de l'ABiH et par la suite

 12   cette brigade a été transformée. C'est pour cela que je ne vous parle que

 13   de la zone de Kiseljak.

 14   Donc il y a eu des provocations provenant du camp musulman afin de

 15   faire croire que ces attaques étaient menées par nous contre les Croates.

 16   Ils ont même parfois attaqué leurs propres forces. Et nous avions de

 17   nombreux renseignements, beaucoup d'informations à ce sujet. Parfois

 18   d'ailleurs nous avions une pléthore d'informations à propos des tirs contre

 19   leurs propres soldats et contre leurs propres civils.

 20   Si vous lisiez l'ouvrage de M. Lucarevic intitulé "Condamné à la

 21   victoire", vous vous feriez votre propre idée sur la façon dont ils

 22   procédaient et cela d'après ce qu'il avance lui-même.

 23   Q.  Est-ce que vous aviez ces informations à ce moment-là ou est-ce que

 24   vous avez appris cela à la lecture de ce livre ?

 25   R.  Oui ou non. Je le savais à l'époque. Et je vous ai déjà expliqué

 26   comment nous, nous avions obtenu ces renseignements secrets. Mais comme je

 27   vous l'ai dit, il y avait beaucoup trop de renseignements ou d'informations

 28   indiquant qu'ils tiraient sur leurs propres forces et sur leurs propres


Page 37233

  1   civils.

  2   Alors vous m'avez posé une question, vous m'avez demandé si cela

  3   était véritablement probable et possible. Moi, je me contente de vous dire

  4   ce que je pensais de cela à l'époque.

  5   Q.  Ce que vous entendez c'est que cela paraissait absolument incroyable,

  6   n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, oui. C'est cela.

  8   Q.  Merci.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que ce document pourrait être versé au

 10   dossier ?

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, nous allons accepter le versement

 12   au dossier de ce document.

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3393, Monsieur le

 14   Président.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 16   M. KARADZIC : [interprétation]

 17   Q.  Vous avez fait référence à cet arrêt de bus qui avait été ciblé et au

 18   fait que des civils à Blazuj avaient également été ciblés, et pourtant vous

 19   n'avez pas riposté à ces tirs, n'est-ce pas ?

 20   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir le document

 21   1D1190, je vous prie.

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  Est-ce que l'arrêt de bus était visible ? Est-ce qu'il a été ciblé de

 24   façon délibérée ou par inadvertance ?

 25   R.  Nous n'avons pas encore le document. Est-ce que cela pourrait être

 26   élargi, je vous prie ? Est-ce que nous pourrions agrandir le document ?

 27   Q.  Non, non, non. Ce n'est pas à Blazuj. C'est à Hadzici. C'est un

 28   événement différent, n'est-ce pas ?


Page 37234

  1   R.  Oui. Il s'agit d'un autre événement, mais il est également question

  2   d'un arrêt de bus, juste avant le réveillon de la nouvelle année. Alors,

  3   c'est un arrêt de bus qui était parfaitement visible, tout comme celui de

  4   Hadzici. Moi, je pense que quasiment tous les membres de l'ABiH

  5   connaissaient ce secteur, parce qu'il s'agissait essentiellement de

  6   personnes qui venaient de ce secteur. Donc ils savaient fondamentalement où

  7   se trouvaient les arrêts de bus, ils étaient au courant des mouvements de

  8   population.

  9   Dans ce cas, 16 civils ont été blessés. Et moi, je peux vous dire que

 10   Hadzici a souvent essuyé des attaques, tout comme l'église locale

 11   d'ailleurs.

 12   Q.  Merci. Et nous pouvons voir qu'un soldat a été tué, qu'il y a une femme

 13   civile qui a été tuée, et vous dites également que l'ennemi avait fait de

 14   la provocation permanente et tiré avec toutes leurs armes lors de la visite

 15   de M. Boutros-Ghali.

 16   Et quelle est votre expérience à ce sujet ?

 17   R.  Eh bien, lorsqu'il y avait visite de personnalités qui venaient à

 18   Sarajevo, en règle générale, ils se rendaient dans la zone de

 19   responsabilité du 1er Corps de l'ABiH. Parce que c'était là où se trouvait

 20   la présidence avec Alija Izetbegovic. Et toutes ces personnalités, depuis

 21   M. Mitterrand en passant par d'autres, lorsque ces personnalités venaient,

 22   il y avait toujours des provocations, et cela a été également le cas

 23   lorsque M. Boutros-Ghali est venu. Ce qu'il tentait de faire, c'était

 24   d'attribuer ces attaques au SRK, de relayer ce message : "Voyez, voyez quel

 25   est leur traitement, comment ils nous traitent." Et ça, à chaque fois

 26   qu'une délégation importante venait.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] L'interprète n'a pas entendu votre toute

 28   dernière phrase.


Page 37235

  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  La dernière phrase de votre réponse, vous pourriez la répéter, Monsieur

  3   ? Vous étiez en train de nous dire qu'à chaque fois qu'il y avait des

  4   personnalités importantes qui venaient, que se passait-il alors ?

  5   R.  Eh bien, à chaque fois qu'il y avait une délégation importante qui

  6   venait ou de hauts représentants de la scène politique ou des hauts

  7   représentants militaires, ils allaient toujours dans la partie de Sarajevo

  8   contrôlée par l'ABiH. Donc, ce qu'ils faisaient, c'est qu'ils essayaient de

  9   nous attribuer les tirs pour nous présenter -- lorsque je dis nous,

 10   j'entends le SRK, pour présenter le SRK comme étant la force qui causait

 11   des remouds à Sarajevo. Et à ce moment-là, la mise en garde était qu'il

 12   fallait s'abstenir de toute réaction, même lorsqu'il y avait des tirs de

 13   provocation, parce que nous nous attendions à ce qui allait venir.

 14   Q.  Merci. Est-ce que vous pourriez expliquer pourquoi vous aviez donné

 15   l'ordre qu'il n'y ait pas de tirs ? Parce qu'au paragraphe 2, il est dit

 16   que toutes les unités du SRK ont reçu l'ordre qu'au cours de cette journée,

 17   on doit leur interdire d'ouvrir le feu. Pourquoi ?

 18   R.  Lorsqu'il s'agit de visites de délégations importantes, je devais

 19   donner ce type d'ordre. Parce que si un conflit se produit sur la ligne de

 20   front, on se posait la question : quelle serait l'évolution de ce conflit

 21   et quelles seraient les conséquences de ce conflit ? On se posait la

 22   question si cela serait utile pour la VRS en fin de compte, parce que nous

 23   ne voulions pas progresser vers la ville.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Juste un instant. Continuez, s'il vous

 25   plaît.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 27   M. KARADZIC : [interprétation]

 28   Q.  De ma question et réponse du général Galic, il a été consigné : Malgré


Page 37236

  1   les victimes civiles, il fallait s'abstenir de tirs.

  2   R.  Je pense qu'on a déjà dit cela. A savoir que malgré les victimes, je

  3   sais que j'ordonnais qu'il fallait s'abstenir de tirer. Il n'était pas

  4   facile de donner ce type d'ordre. C'était un ordre qui provoquait des

  5   conséquences difficiles concernant les effectifs du Corps Sarajevo-Romanija

  6   ainsi que pour les civils qui se trouvaient dans la zone de responsabilité

  7   du Corps Sarajevo-Romanija.

  8   Q.  Pourquoi c'était difficile ?

  9   R.  C'était difficile puisque vous deviez faire réaliser le plan ou

 10   l'objectif, et l'objectif était clair, de sauvegarder les territoires

 11   serbes dans cette zone. Et il était clair que nous ne devions pas -- à

 12   l'époque, on appelait cela, et dans leur document également, nous appelions

 13   ce type d'opération pas à pas jusqu'à l'intervention. L'essentiel de ce

 14   type de démarche était de provoquer nos effectifs, nos forces, et puisque

 15   l'OTAN et l'aviation de l'OTAN survolaient quotidiennement la zone du Corps

 16   Sarajevo-Romanija, nous savions quelle était la situation politique à

 17   l'époque et l'attitude politique envers l'armée de la Republika Srpska et

 18   vers la Republika Srpska. Il ne fallait qu'un incident mineur dans une

 19   telle situation pour que les avions de l'OTAN soient engagés. Nous savions

 20   comment essuyer les pertes, mais nous vouliez sauvegarder le territoire et

 21   ne pas provoquer d'incident plus important, parce que nous savions qu'il

 22   n'y avait pas de garants sur ce territoire pour les Serbes pour pouvoir se

 23   défendre d'une intervention plus conséquente de l'OTAN ou d'une

 24   intervention combinée de l'OTAN et de l'ABiH.

 25   Q.  Merci. Comment les combattants et le peuple ont réagi à ce type de

 26   situation où vous vous absteniez de riposter ?

 27   R.  Les combattants ont accepté ce type de situation, mais pas avec une

 28   grande joie. Les combattants étaient persuadés que les éventuelles victimes


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  1   représenteraient quelque chose d'important et d'éventuelles pertes

  2   également. Et les civils, également, comprenaient pourquoi on ne ripostait

  3   pas dans de telles situations. Parce que les civils espéraient que la paix

  4   allait s'établir.

  5   Pendant tout ce temps-là à Sarajevo, moi, pendant que j'étais

  6   commandant, je m'attendais à ce que la paix soit rétablie à Sarajevo, que

  7   la démilitarisation de Sarajevo se produise, que les échanges de territoire

  8   se produisent et que Sarajevo soit divisée, puisque les pourparlers

  9   allaient dans ce sens-là. Tous les jours, nous nous attendions à ce que la

 10   paix soit rétablie.

 11   Q.  Merci.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser au dossier ce

 13   document.

 14   Mme EDGERTON : [interprétation] Si vous me permettez, Monsieur le Président

 15   ?

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Madame Edgerton.

 17   Mme EDGERTON : [interprétation] Je crois que quelque chose manque dans le

 18   compte rendu en page 91, les quatre premières lignes. Je crois que le

 19   général Galic a fait référence aux échanges de territoire et a parlé du

 20   fait que Sarajevo devait être divisée. Il pourrait nous confirmer cela

 21   puisque je ne vois pas cela dans le compte rendu.

 22   M. KARADZIC : [interprétation]

 23   Q.  La division n'a pas été mentionnée. C'était Podrinje qui a été

 24   mentionnée.

 25   R.  C'était l'échange qui a été mentionné.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] On peut réécouter l'enregistrement audio pour

 27   vérifier cela.

 28   Mme EDGERTON : [interprétation] J'ai entendu cela dans l'interprétation en


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  1   français.

  2   M. ROBINSON : [interprétation] Je n'ai pas entendu cela dans la traduction

  3   en anglais, donc il y a peut-être quelque chose qui manque, effectivement.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourquoi ne demandons-nous pas au témoin

  5   de répéter sa réponse.

  6   Pouvez-vous répéter votre question mot par mot, Monsieur l'Accusé ?

  7   Ou peut-être c'est moi qui vais répéter la question.

  8   Monsieur Galic, la question était :

  9   "Quelle était la réaction des civils et des combattants en général

 10   concernant le fait qu'il fallait s'abstenir de riposter ?"

 11   Pouvez-vous répéter votre réponse.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. Concernant la réaction des civils et de

 13   combattants par rapport au fait qu'à l'époque on devait s'abstenir de

 14   riposte malgré les victimes, de ne pas riposter aux provocations de l'ABiH,

 15   elle était comme suit : ils ont accepté notre explication pourquoi il ne

 16   fallait pas riposter à telles opérations. Ensuite, j'ai expliqué qu'à

 17   l'époque, c'était au moins ce que je pensais, et tous les membres du Corps

 18   Sarajevo-Romanija, les civils, les combattants, nous pensions que la paix

 19   allait être établie à Sarajevo, que les pourparlers, les négociations

 20   étaient en cours par rapport à Sarajevo pour démilitariser la zone. C'est

 21   ce que j'ai souligné, si vous vous souvenez de cela.

 22   Par rapport aux zones protégées et d'autres choses et par rapport aux

 23   échanges de territoire. Pour Sarajevo, c'est pour cette partie tenue par

 24   l'armée de la Republika Srpska, pour la partie dans la Podrinje. Il y avait

 25   également des pourparlers selon lesquels les accords de paix allaient être

 26   conclus. Et nous pensions que cela serait le plan de Cutileiro. Nous

 27   espérions que cela allait se produire, mais ce n'était pas le cas.

 28   Et c'est pour cela que nous avons accepté d'avoir de telles victimes.


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  1   C'était notre devoir.

  2   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je suis content de la réponse. Est-ce qu'on

  3   peut verser au dossier ce document.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, le document est versé au dossier.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Avec la cote D3394.

  6   M. KARADZIC : [interprétation]

  7   Q.  Général, à plusieurs reprises aujourd'hui vous avez mentionné que le

  8   SRK avait riposté sur des emplacements de tir. Pourriez-vous dire où se

  9   trouvaient la plupart de ces emplacements de tir et où ont atterri ces

 10   projectiles ? Bon, je vous l'ai déjà dit, mais je le répète : j'aimerais

 11   aussi savoir où se trouvaient la plupart de ces emplacements de tir ?

 12   R.  Vous parlez des emplacements de tirs du SRK ?

 13   Q.  Oui. Oui, du SRK et des positions de tir de l'autre partie également.

 14   R.  Eh bien, sur les différentes cartes et sur la carte opérationnelle,

 15   nous pouvions voir les positions et les emplacements de l'ABiH à Sarajevo.

 16   Et nous avons pu voir qu'à droite de la ligne de confrontation se

 17   trouvaient des forces à 1 à 3 kilomètres tout du moins en profondeur du

 18   territoire. Il y avait des forces de bataillon, des forces de représentants

 19   des compagnies, mais aussi des unités subordonnées.

 20   C'est là-dessus que les tirs étaient opérés, mais uniquement s'il y

 21   avait tir sortant à partir de ces emplacements ciblant les forces du SRK.

 22   En d'autres mots, cela est arrivé sur la ligne de confrontation ou au

 23   profond du territoire, mais pas très profondément. Je dirais à une

 24   profondeur approximative. Qu'est-ce que cela veut dire ? Eh bien, jusqu'à

 25   500 mètres. Au-delà de 500 mètres, la profondeur est plus grande, et de par

 26   la disposition et la configuration de la ville, des rues et vu qu'il y

 27   avait aussi des gratte-ciels, nous ne pouvions pas contrôler la situation

 28   au-delà de cette distance-là.


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  1   Quant aux autres positions, nous avons dit qu'il y avait des

  2   positions contenant des canons sans recul. Il y avait également des

  3   emplacements de véhicules blindés de transport de troupes, des positions de

  4   char, et ils tiraient à partir de ces emplacements de temps en temps, même

  5   si ces positions changeaient fréquemment. Nous avons également constaté des

  6   tirs de mortier. Certains mortiers, qui soutenaient les brigades le long

  7   des axes, étaient des mortiers stationnaires. Leurs positions se trouvaient

  8   principalement aux mêmes emplacements que les autres forces, mais ils

  9   avaient aussi des mortiers mobiles.

 10   Ensuite, lorsque nous tirions sur leur artillerie, cela pouvait avoir lieu

 11   dans les zones où ils étaient déployés, c'est-à-dire dans la zone de Hum ou

 12   d'Igman. Très rarement nous ripostions à leur tir d'artillerie là-bas. La

 13   plupart du temps, c'était dans la direction d'Igman.

 14   Q.  Merci.

 15   L'ACCUSÉ : [interprétation] Pouvons-nous afficher le document 1D01443, s'il

 16   vous plaît.

 17   M. KARADZIC : [interprétation]

 18   Q.  Et merci de cette réponse très détaillée. J'aimerais vous montrer à

 19   présent plusieurs documents justement liés à ce que vous venez de nous

 20   raconter.

 21   Le document est daté du 11 janvier 1993 et nous dit : Ils ont tiré

 22   sur les rues Ozrenska et Milenska [phon]." Ces rues sont peuplées par des

 23   Serbes, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Cent dix obus de Mojmilo. Et au point 2, vous voyez qu'ils ont ouvert

 26   le feu sur l'artillerie ennemie à Mojmilo et Hrasnica. Est-ce que c'est à

 27   cela que vous faisiez référence lorsque vous avez dit que vous ripostiez

 28   aux attaques d'artillerie ? Et au point 4, nous voyons également qu'il y a


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  1   eu des pertes qui ne sont pas négligeables. Il y a eu des blessés.

  2   R.  Je pense que c'est comme cela que les choses se sont passées. Nous

  3   voyons là la zone à partir de laquelle on nous tirait dessus, et nous

  4   ripostions en ciblant ces positions. Il n'est pas facile de déterminer s'il

  5   s'agit d'une cible de grande envergure ou plus précise. Voilà pourquoi nous

  6   avons choisi la bonne arme pour notre riposte, afin de ne toucher rien

  7   d'autre que la zone ciblée.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aimerais verser ce document.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, il est admis.

 10   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce D3395, Madame,

 11   Messieurs les Juges.

 12   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Pouvons-nous voir le document 1D01448,

 13   s'il vous plaît.

 14   M. KARADZIC : [interprétation]

 15   Q.  Il est daté du 15 janvier 1993 et nous informe qu'un civil a été tué et

 16   13 ont été blessés par des tirs d'artillerie à Ilidza. Et au point 2, on

 17   nous dit que les unités du corps sont prêtes à riposter mais que, pendant

 18   la journée elles n'ont pas participé à des activités de combat

 19   significatives. Ensuite, au point 3, vous dites qu'il y a des exemples

 20   montrant que la population quittait la zone à cause des bombardements

 21   fréquents. Vous poursuivez en disant que les soldats sont mal à l'aise par

 22   rapport à l'approbation de la délégation serbe d'accepter les principes

 23   constitutionnels.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Très bien. Monsieur Karadzic, pouvez-

 25   vous faire répéter au témoin sa dernière phrase, s'il vous plaît.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, toutes mes excuses. Je me précipite et

 27   finalement, au bout du compte, cela prend deux fois plus de temps.

 28   M. KARADZIC : [interprétation]


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  1   Q.  Ma question est la suivante : est-ce que les soldats ont suivi les

  2   évolutions de la conférence, et comment y ont-ils réagi ? Voilà ma

  3   question, Monsieur.

  4   R.  Merci. J'attendais que les interprètes aient terminé ou un signe pour

  5   commencer à répondre.

  6   Dans ma première réponse, je vous avais dit que vivre la guerre et

  7   faire la guerre à Sarajevo était synonyme d'enfer pour tout le monde, pour

  8   tous les participants. Nous avons suivi toutes ces conférences - et par

  9   nous, j'entends tous les soldats, tous les civils - et nous voulions que

 10   ces pourparlers soient couronnés de succès et mènent à la paix en Bosnie-

 11   Herzégovine, et en particulier à Sarajevo. Les deux parties avaient maille

 12   à partir. Voilà pourquoi j'ai déclaré que les soldats ont suivi les

 13   avancées et les évolutions des accords passés.

 14   Q.  Malgré les pertes et les dommages à Ilidza, vous avez déclaré que vous

 15   étiez prêt à riposter à des attaques probables, mais vous n'avez pas

 16   riposté après tout. Pourquoi ?

 17   R.  Parce qu'à ce moment-là cela n'aurait pas véritablement été très utile.

 18   Tirer sur la provenance ou la source des tirs ennemis. Si nous voyions ce

 19   qui était touché -- il faut savoir qu'il s'agissait d'attaques quotidiennes

 20   et de cibles quotidiennes d'attaque. Ce n'était pas véritablement nouveau.

 21   Les soldats et les civils de la zone contrôlée par le SRK s'étaient déjà

 22   habitués à se protéger contre les attaques ennemies. Il y avait déjà eu un

 23   certain nombre de victimes dans notre camp.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que cela pourrait être versé au dossier.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3396, Monsieur le

 27   Président.

 28   L'ACCUSÉ : [interprétation] Document 1D25061, je vous prie.


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  1   M. KARADZIC : [interprétation]

  2   Q.  Vous voyez que la date est la date du 24 janvier. Et votre adjoint dit

  3   dans cette lettre que les ennemis ont tiré six obus sur Ilidza, qu'il y

  4   avait constamment des tirs de la part de tireurs embusqués. Et au

  5   paragraphe 2, il est dit : Suite à l'approbation donnée par le chef de

  6   l'artillerie, l'artillerie a tiré sur les positions ennemies se trouvant à

  7   Nabozici. Ensuite, il est indiqué que les autres unités ne se sont pas

  8   lancées dans des activités de combat importantes. Alors, où se trouvait cet

  9   endroit, Nabozici ? Est-ce que cela se trouvait en ville, par exemple ?

 10   R.  Oui, l'ennemi tirait de Hrasnica, de Mojmilo et d'autres lieux, nous le

 11   voyons, cela; mais nous, nous tirions en tirant sur Nabozici. Il s'agissait

 12   en fait d'une route -- enfin, c'est assez difficile à vous expliquer cela

 13   sans carte. Je peux vous faire un croquis. Parce que Nabozici, en fait, se

 14   trouve le long de la route reliant Ilijas à Vogosca, puis ensuite vous avez

 15   Vogosca qui va jusqu'à -- puis la route, elle va jusqu'au plateau de

 16   Niksic. Donc il s'agit d'une zone montagneuse connue sous le nom de

 17   Nabozici. Et cela se trouve au-dessus de Vogosca et du mont Cemerska.

 18   J'espère que j'ai pu le décrire, cela.

 19   Q.  Mais en d'autres termes, où se trouve Nabozici ?

 20   R.  A l'extérieur de Sarajevo.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Est-ce que je peux demander le versement au

 22   dossier de ce document.

 23   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui.

 24   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce D3397.

 25   M. ROBINSON : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président. Avant

 26   que nous ne levions l'audience, je voulais juste indiquer à la Chambre de

 27   première instance quelque chose -- bon, vous avez déjà informé le général

 28   Galic de cela, car demain il faudra interrompre sa déposition pour entendre


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  1   M. Ljubislav Simic, et il y aura donc interruption de la déposition du

  2   général Galic. Et nous pensons qu'il pourra revenir demain vers 11 heures

  3   30.

  4   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cela dépend. Peut-être que cela sera

  5   différé ou reporté jusqu'au troisième volet d'audience.

  6   Mais vous comprenez, Monsieur Galic et Maître Piletta-Zanin ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, Madame, Messieurs les

  8   Juges, oui, oui, je comprends tout à fait, et de toute façon je suis

  9   habitué au rythme d'aujourd'hui. Bon, rien de nouveau. Cela est tout à fait

 10   normal lors de ce genre de procès. Mais merci de m'avoir informé.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Maître Piletta-Zanin.

 12   M. PILETTA-ZANIN : Merci. La seule mini question que j'ai, et ce n'est pas

 13   pour être polémocarique [phon] à l'endroit de la Chambre, c'est : me sera-

 14   t-il effectivement possible, le cas échéant, durant les pauses, de voir un

 15   peu le général Galic sans, évidemment, toucher à la substance de son

 16   témoignage ? Puisque j'ai cru comprendre que j'ai déjà été mis en cause par

 17   l'Accusation sur la base d'un principe inquisitoire qui est le leur. Donc

 18   ma question est celle-là : pourrais-je le faire ? Je redis que je connais

 19   le Tribunal, le Tribunal me connaît un peu, jamais je n'irais sur la

 20   substance. Mais sera-t-il possible que je le voie pendant les pauses, si

 21   d'autres pauses interviennent ? C'est ma question. Merci.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Madame Edgerton, souhaitez-vous nous

 23   faire part de vos observations, si vous en avez ?

 24   Mme EDGERTON : [interprétation] Alors, juste pour demander une précision.

 25   Je suppose que Me Piletta-Zanin entend qu'il ne va absolument pas parler de

 26   sa déposition. Il ne va pas parler non seulement de la substance, du fond

 27   de sa déposition, mais il ne va pas du tout en parler.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] C'est ce que j'avais cru comprendre.


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  1   Maître Piletta-Zanin, êtes-vous en mesure de confirmer cela ?

  2   M. PILETTA-ZANIN : Monsieur le Président, j'avais cru être suffisamment

  3   clair, et si vous m'avez compris, j'en suis ravi. Merci.

  4   [La Chambre de première instance se concerte]

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Piletta-Zanin, tant que vous ne

  6   parlez pas de la déposition de M. Galic, la Chambre pense qu'il n'y a

  7   absolument aucun problème.

  8   L'audience est levée.

  9   --- L'audience est levée à 14 heures 47 et reprendra le mardi 16 avril

 10   2013, à 9 heures 00.

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