Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 1er octobre 2014

  2   [Audience publique]

  3   [Plaidoiries]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à tous.

  7   Monsieur Karadzic, vous avez la parole.

  8   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Excellences. Bonjour à tous. Je vous

  9   remercie de me donner la parole.

 10   Je viens d'un système où, pendant 50 ans, il était tout à fait clair que si

 11   quelqu'un est condamné à dix ans, c'est certainement parce qu'il est

 12   coupable de quelque chose, car pour n'avoir rien fait, les gens étaient

 13   déjà condamnés à huit ans. Voilà comment fonctionnait notre justice. Mais

 14   en Occident, ce n'était pas beaucoup mieux. Lorsqu'il y avait des

 15   personnes, comme le Dr Dreyfus, qui étaient totalement innocentes, la peine

 16   à vie a été réduite à dix ans. Donc on a peut-être deux régimes différents

 17   qui aboutissent au même résultat. Ce sont des systèmes particulièrement

 18   dangereux, surtout lorsqu'ils entrent en collision les uns avec les autres

 19   : la justice occidentale et notre destin des Balkans. Et c'est ce qui s'est

 20   produit au début du XXe siècle, lorsque le régime austro-hongrois a jugé

 21   beaucoup de Serbes. Il y a eu, bien sûr, comme vous le savez, les procès de

 22   Banja Luka et de Zagreb qui ont jeté l'opprobre sur ce pays. Il y a eu

 23   Masaryk et puis d'autres personnes bien connues qui étaient pourtant été

 24   des personnes de grande intégrité morale qui se sont retournées contre

 25   l'Etat à cause du comportement de l'Etat. L'affaire Dreyfus et les procès

 26   des régimes austro-hongrois se sont produits à ce moment-là et dans

 27   l'entremise rien d'aussi grave ne s'est produit, si ce n'est cette guerre

 28   qui nous est tombée dessus et les procès qui furent la conséquence de cette


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  1   guerre.

  2   Depuis lors jusqu'à cette affaire-ci, on n'a pas connu de situation

  3   où un grand nombre de personnes honorables, essentiellement des Serbes, ont

  4   été condamnés à de longues peines d'emprisonnement qu'ils purgent dans

  5   différents pays européens, loin de leurs pays; et, en même temps, il y a eu

  6   tellement d'auteurs de crimes contre des Serbes, des assassins, qui sont

  7   libres. Alors, on peut évidemment faire semblant que ça ne s'est pas

  8   produit, mais ça s'est produit et on s'en souviendra bien plus longtemps

  9   encore que l'affaire Dreyfus. Ça fera l'objet d'études; on se tournera sur

 10   les événements et on verra comment la justice a été rendue.

 11   Nous savons très bien pourquoi ça s'est produit ainsi en 1914, suite

 12   au régime austro-hongrois s'est -- est pénétré dans la partie orientale, et

 13   puis nous espérons et nous prions Dieu que ce n'est que pour la crédibilité

 14   de l'OTAN ou en fonction de certaines élections que les choses se passent

 15   ainsi. Mais je crois que c'est plutôt par rapport à quelque chose qui

 16   dépasse tout cela et que le monde entier finira par payer la note et payera

 17   une note encore plus importante.

 18   Tout à fait franchement par rapport à la Chambre de première

 19   instance, même si les jugements et les motivations fournies par les

 20   Chambres devront être lus, et on peut se demander d'ailleurs comment les

 21   gens lisent tous ces raisonnements et comment ils comprennent les

 22   conclusions. Mais moi, je dois dire que les Chambres de première instance

 23   sont peut-être moins coupables, en quelque sorte, car il s'agit en fait de

 24   faire ensuite le travail concret du bureau de l'Accusation. Ici, dans ce

 25   cas, le Procureur remet en cause l'authenticité des craintes serbes d'un

 26   nouveau génocide. Ils nous disent que ceci a plutôt été imposé au peuple

 27   par Karadzic et par le Parti démocratique serbe. Il n'y a pas eu une seule

 28   famille qui n'a pas, en son sein, des témoins ou même la génération


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  1   suivante de descendants de personnes qui ont été tuées pendant la Deuxième

  2   Guerre mondiale. Et il aurait donc été juste que le Procureur dise que s'il

  3   n'y avait pas eu de génocide contre les Serbes en Bosnie-Herzégovine et en

  4   Croatie il y a 50 ans, peut-être même plus encore, mais disons, je dirais

  5   qu'en 1990 il y avait 50 ans de cela, à ce moment-là, des gens comme

  6   Karadzic ou d'autres n'auraient pas eu à se défendre et n'auraient pas eu à

  7   expliquer pourquoi ils n'essayaient pas de convaincre les gens de quelque

  8   chose qui était faux et qui n'était pas réellement fondé.

  9   L'Accusation n'a pas fait preuve d'excès de prudence. Ils en ont fait

 10   plus qu'ils n'auraient dû le faire. Parce que dans notre système,

 11   l'Accusation n'aurait pas pu faire ce qui s'est produit dans ce prétoire,

 12   dans cette affaire-ci en particulier, puisque je la connais

 13   particulièrement bien. On les aurait appelés à la prudence, et peut-être

 14   l'affaire aurait été classée carrément du fait de la manière dont

 15   l'Accusation a présenté les arguments devant la Chambre.

 16   De quoi s'agit-il ? Moi, je connais la vérité. Le Procureur connaît

 17   la vérité. Alors, qui essayons-nous de tromper ? La Chambre. Si je faisais

 18   partie de cette Chambre, franchement, je serais blessé. Avoir falsifié les

 19   faits à ce degré, avoir détourné le sens de certaines phrases où on ne

 20   donne que des portions de phrases en réponse sont ensuite pris en compte,

 21   et ce système assez bâtard est assez établi au rang de fait. Eh bien, j'ai

 22   beaucoup apprécié les appels à la prudence bien intentionnés lancés par la

 23   Chambre en disant que je ne défendais pas le peuple serbe, je défendais

 24   moi-même. Ce n'est pas le peuple serbe qui était accusé, mais ce n'est pas

 25   vrai, c'est le peuple serbe qui est au banc des accusés; ça a été démontré

 26   au cours de ces deux derniers jours de façon flagrante.

 27   Voilà ce qui se produit : l'Accusation ne peut pas mettre le doigt

 28   sur mes motifs, elle ne sait pas ce qui aurait motivé ces actions qu'ils


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  1   m'attribuent, qu'ils imputent à mes amis, à mes collaborateurs, et à la

  2   totalité de la communauté serbe en Bosnie-Herzégovine, communauté qui se

  3   compose de 1 500 000 personnes. Mais je n'avais pas vraiment de raison de

  4   m'engager dans la politique. J'avais une très bonne profession, j'étais

  5   médecin. J'avais une famille très affectueuse. J'avais pas mal d'amis, y

  6   compris des Musulmans et des Croates. Et d'ailleurs, nombre de ceux-ci

  7   restent mes amis. Je suis psychiatre, comme vous le savez. J'ai suivi une

  8   formation en Angleterre, aux Etats-Unis, en Yougoslavie, à Belgrade,

  9   Zagreb, Sarajevo. Je parle le russe, l'anglais. J'aurais pu donc travailler

 10   partout, n'importe où. Je n'étais pas candidat à un poste particulier.

 11   Alors pourquoi est-ce que j'ai fait tout cela ? Peut-être suis-je

 12   fous. Alors, la Chambre devra décider si je suis véritablement responsable

 13   de mes actes. Et s'il s'agit d'une question de patriotisme que l'on

 14   pourrait mettre au même rang que la folie, à ce moment-là la Chambre devra

 15   voir ce que l'Accusation fait. Si je suis fou, est-ce qu'un million et demi

 16   de Serbes sont également fous, ceux qui auraient laissé leurs fils aller

 17   dans des tranchées glacées pour défendre leurs foyers pendant trois ans et

 18   demi, et qui ont ensuite voté lors des référendums en faveur de ce que le

 19   Parti démocrate serbe plaidait et ce que je plaidais personnellement ? Est-

 20   ce qu'ils avaient un motif particulier ? Est-ce que l'Accusation a pu

 21   démontrer devant la Chambre ce qui s'est véritablement produit et comment

 22   se fait-il que autant de personnes avaient marqué leur accord ? Parmi les

 23   12 millions de Serbes qui, de par le monde, 8 millions se sont ralliés à

 24   cette politique ou, en tout cas, étaient contre la politique qui nous a

 25   poussés vers la guerre et qui nous a poussés à défendre nos droits

 26   fondamentaux.

 27   L'Accusation a exagéré, et surtout l'éminent M. Tieger, il a dit que

 28   j'avais dit que le SDS était rempli d'idiots. Le SDS avait en son sein et


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  1   derrière lui toute l'élite du peuple serbe, des professeurs d'université,

  2   des académiciens, des auteurs, des médecins, et il y aurait également un

  3   certain nombre de personnes assez obstinées, on pourrait même dire que

  4   peut-être de telles personnes pourraient être qualifiées d'idiot, mais

  5   franchement, non. Donc, le SDS était composé vraiment de gens

  6   extraordinaires, c'était le parti le plus extraordinaire qui avait un sens

  7   du sacrifice au sein du peuple serbe, même en Europe d'ailleurs. Les

  8   dissidents qui avaient la force morale d'être contre Tito et le communisme.

  9   Alors, ces gens ont voulu s'occuper de leur propre peuple et imposer un

 10   nouvel ordre mondial, sans tenir compte des intérêts des Serbes.

 11   Ceux qui avaient le plus de chance n'ont perdu que leurs biens, mais

 12   ceux qui en ont eu moins ont perdu également leurs êtres chers.

 13   L'Accusation a insulté ces personnes par ce qu'ils ont dit en ayant

 14   fabriqué de toutes pièces cette entreprise criminelle commune, qui touche

 15   ces gens-là aussi, parce que ces personnes doivent également être

 16   représentées de façon honnête et voir leurs objectifs politiques et leur

 17   lutte pour la liberté bien représentée et défendue. Mais personne n'aurait

 18   pu imposer une telle chose aux Serbes. Les Serbes est un peuple très

 19   difficile à diriger, ce ne sont pas des moutons. Ce ne sont pas des gens

 20   obéissants. Il n'est pas facile de leur imposer des choses.

 21   Ces allusions assez lâches lancées par le Procureur essaient d'égarer

 22   la Chambre. Il y a différents termes qui ont été utilisés par des

 23   parlementaires au téléphone ou des conversations, et on en tire toutes

 24   sortes de conclusions. Et puis, tout le dossier, tout le jugement va être

 25   donc fondé sur des conclusions qui s'appuient sur des ouï-dire, sur des

 26   preuves indirectes. Et ce serait là une nouvelle invention, un nouveau

 27   précédent dont on se souviendra. Des allusions, des déductions, plutôt que

 28   des présentations de moyens de preuve, et le jugement sera rendu sur une


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  1   telle base.

  2   Par exemple, d'ailleurs certaines phrases qui ont été prononcées par

  3   des parlementaires ont été déformées ici, même si nous avons entendu deux

  4   premiers ministres, Lukic et Djeric. Il y a eu effectivement des opinions,

  5   parfois extrêmes, exprimées au cours de débats animés par des motifs

  6   politiques, mais ces points de vue extrémistes ne l'ont jamais emporté. Le

  7   parlement n'est pas là pour faire de belles phrases. Le parlement est là

  8   pour sortir des documents qui serviront ensuite de base à un système. Mais

  9   ils ne nous ont pas montré le moindre document émanant de l'assemblée de la

 10   Republika Srpska, qui aurait toléré des crimes ou même abouti ou conduit à

 11   des crimes.

 12   Alors l'éminent M. Tieger, le grand avocat de l'Accusation, étant

 13   donné qu'ils n'ont pas la moindre preuve, il décide de ternir ma

 14   personnalité; il m'appelle menteur, il m'appelle un brigand. Il l'a fait le

 15   tout premier jour, et cela a fait la manchette de nos journaux, et c'était

 16   là le grand argument avancé par l'Accusation. Et je pense que ceci me

 17   permet moi aussi d'avoir recours à certaines impolitesses, mais je ne le

 18   ferai pas. Je crois que c'est aussi le cœur lourd que M. Tieger a décidé de

 19   se lancer dans ce genre d'insultes et de ternir ma réputation. Il ne

 20   l'aurait pas fait, je pense, s'il avait eu la moindre preuve contre Radovan

 21   Karadzic.

 22   Et donc, c'est ainsi, en l'absence de toute preuve, que le bureau du

 23   Procureur espère que la Chambre va prendre des décisions, tirer des

 24   conclusions et fonder son arrêt sur ce qu'avance ainsi le Procureur à titre

 25   de preuve, et il s'agit, en fait, qu'un ensemble d'allusions fondées sur

 26   des petites conversations privées, des témoignages faits par leurs propres

 27   employés que l'on appelle à titre d'experts, et qui ont ainsi présenté

 28   l'acte d'accusation qui sert lui-même de preuve. Alors, nous avons déjà dit


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  1   tout cela, je n'ai pas besoin de répéter ce qui figure dans notre mémoire

  2   en clôture, et comment les employés même du bureau du Procureur ont

  3   témoigné en reconnaissant qu'ils avaient fait en sorte de faire plaisir au

  4   Procureur pour prouver quelque chose que le bureau du Procureur savait

  5   déjà, et cetera. Nous disposons d'une douzaine d'experts de ce type qui, de

  6   toute façon, auraient dû être impartiaux, ce qui ne fut pas le cas.

  7   Alors, qu'y a-t-il derrière toute cette thèse du Procureur, cette

  8   prétendue entreprise criminelle commune ? C'est peut-être quelque chose

  9   qu'ils ont trouvé dans des dispositions juridiques dans des affaires

 10   concernant la Mafia. Il n'y aurait pas eu d'acte d'accusation sans ce type

 11   d'argumentation injuste. Il n'y aurait pas eu d'acte d'accusation si ce

 12   n'est pour les auteurs immédiats. Si vous ne me croyez pas, eh bien,

 13   demandez au Procureur d'écrire, ou d'essayer de monter de toutes pièces un

 14   acte d'accusation contre moi, qui exclurait l'entreprise criminelle

 15   commune. Alors, qu'est-ce qui resterait à retenir contre Karadzic, à part -

 16   - c'était bien rien, si ce n'est les bonnes actions en faveur de mon

 17   peuple, des deux autres peuples, ces bonnes actions se retrouvent dans tous

 18   mes efforts tendant à éviter une guerre, et en essayant d'alléger les

 19   souffrances de ces trois peuples lors de l'éclatement de la guerre. Des

 20   personnes honnêtes, en particulier ceux qui parlent à Dieu, savent que

 21   c'est le cas, des personnes honnêtes des trois communautés.

 22   L'Accusation s'accroche à l'ECC, et ainsi accuse tout le peuple

 23   serbe. Et ce procès - et pas que celui d'ailleurs - les procès en général

 24   sont censés déplacés la responsabilité d'autres personnes et de les

 25   attribuer au peuple serbe, et puis, après le peuple juif, eh bien, voilà

 26   maintenant un autre peuple est déclaré victime et on change ainsi toute la

 27   perception des crimes dans le monde, dans la situation actuelle.

 28   L'Accusation n'a pas pu présenter, même par le biais d'allusions


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  1   approximatives, n'a pas pu donc dire qui et quand on a fondé cette

  2   entreprise criminelle commune, on n'a pas pu nous expliquer qui allait

  3   faire quoi, ce qui était censé se produire. Le bureau du Procureur tire des

  4   conclusions après une guerre civile, après que des crimes aient été commis

  5   au cours de cette guerre civile, et ils nous disent, eh bien, ça s'est

  6   produit ainsi parce que les Serbes avaient formé le Parti démocrate serbe

  7   en 1990. Et puis, ils abandonnent l'idée que c'est là le début de l'ECC, et

  8   la déplace en 1991 au moment où les autorités étaient mises en place après

  9   les élections. Et puis ils feraient passe sur tout notre combat pour la

 10   liberté, pour l'ordre constitutionnel, et pour l'état de droit, comme si

 11   dans tous les autres côtés l'intégrité, l'état de droit, l'honnêteté

 12   régnait en maître, et comme s'il n'y avait pas eu d'armée secrète fondée de

 13   l'autre côté qui allait viser exclusivement les Serbes de Bosnie, une armée

 14   qui était là pour lutter contre la JNA et la Yougoslavie, et ensuite les

 15   Serbes de Bosnie.

 16   Nous avons entendu ici toutes sortes d'accusations contre des actes

 17   parfaitement licites dans la vie parlementaire dans le système de prise de

 18   décision au niveau du parlement. Et l'Accusation m'a décrit comme étant un

 19   autocrate qui détenait toutes les rênes, même s'il y a aussi des preuves

 20   que ce n'est pas moi qui appelait les personnes du ministère de

 21   l'Intérieur; c'est eux qui m'appelaient pour me demander ce qu'il en était

 22   de l'accord passé avec le SDA et le HDZ, et ça leur faisait peur parce que

 23   cet accord menaçait les fondements même de notre Etat et les dispositions

 24   de cet accord étaient incompatibles avec la survie du peuple serbe. Et

 25   j'espère, d'ailleurs, que le procès-verbal sera corrigé quand nous aurons

 26   entendu les bandes.

 27   Le Procureur, donc, sous-entend que le SDS n'aurait pas dû s'intéresser à

 28   la mise en œuvre du programme qui avait été entériné par 50 % des voix,


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  1   même si le Parti démocrate serbe avait mis au pouvoir un certain nombre de

  2   cadres du parti assez minime, et j'avais d'ailleurs été critiqué par

  3   certains témoins de l'Accusation, y compris Neskovic et d'autres, qui

  4   disaient que j'avais remis au pouvoir des anciens cadres alors que pas du

  5   tout j'avais plutôt nommé de jeunes professionnels. Tout ce qui s'est

  6   produit donc en 1990 devient suspect, alors que la Déclaration islamique ne

  7   figure nulle part.

  8   J'avais demandé à M. Izetbegovic de façon explicite, il a dit qu'il

  9   ne renoncerait pas même dans l'intérêt de notre vie politique en Bosnie-

 10   Herzégovine. Ils ont dit qu'ils avaient fait mine qu'il n'a pas eu de

 11   décision d'établir la Ligue patriotique le 30 mars 1991, comme si le 30

 12   avril 1991 cette ligue n'avait pas été créée, et c'est à partir de cette

 13   année-là que leurs années de service se sont comptées comme si le Conseil

 14   de la Défense des Musulmans n'avait pas été créé non plus, qui se composait

 15   de responsables qui, au lieu de défendre la Bosnie et toutes ces

 16   communautés ethniques, avait créé un organe distinct qui était une aile de

 17   la Ligue patriotique. Ils ont prétendu que jusqu'en septembre, ou, disons,

 18   qu'à partir de septembre 1991, comme nous l'avons vu dans les documents de

 19   Sefer Halilovic, cette Ligue patriotique n'avait pas été créée dans 103

 20   municipalités réunies. Ils n'ont même pas osé la créer dans les communautés

 21   croates. Et dans ces communautés, les Serbes constituaient la majorité; les

 22   Musulmans ne représentaient que 8 %. Alors, si tout cela ne s'était pas

 23   produit, les Serbes, en fait, essayaient de faire quelque chose qui était

 24   interdit. Et l'Accusation a totalement fait l'impasse sur cette volonté des

 25   Serbes de faire des compromis. Et l'Accusation n'a pas tenu compte non plus

 26   de nos revendications de former des associations de municipalités de leur

 27   plein gré. A la place de cela, nous entendons qu'il y avait eu des ordres

 28   tendant à constituer des municipalités associées au Kosovo. C'était bien


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  1   sûr le droit du peuple de s'organiser et de constituer des associés, de

  2   mettre en commun leurs ressources pour répondre à leurs besoins. La

  3   régionalisation c'est quelque chose que c'est comme si ça a été fait en

  4   secret. La régionalisation pourtant a été effectuée dans le respect des

  5   lois, et ceci surtout quand on sait que les menaces qui pesaient sur des

  6   menaces de sécession unilatérale de la Yougoslavie.

  7   Et l'Accusation ne tient pas compte du fait que nous avons accepté

  8   d'abandonner cette proposition de régionalisation de M. Zulfikarpasic. La

  9   communauté internationale et nos alliés occidentaux ont trahi les Serbes à

 10   moult occasions lors de cette occasion-là, et ils ont pu plutôt choisir des

 11   Musulmans ouverts à l'Occident. Il y en avait pas mal, il y avait deux

 12   grands partis menés par Fikret Abdic et Zulfikarpasic. Ils ont plutôt

 13   choisi l'aile qui était belligérante qui choisissait la guerre.

 14   L'Accusation dit au paragraphe -- l'Accusation dit que la Bosnie-

 15   Herzégovine avait plutôt favorisé l'indépendance -- le paragraphe 28, alors

 16   que Karadzic intensifiait … et cetera, et cetera.

 17   Alors, la Bosnie n'allait pas du tout en faveur de l'indépendance de

 18   façon inévitable. Ce n'était pas du tout inévitable. Mais c'est ce que dit

 19   l'opinion 4. Ce n'était pas inévitable. Et nous voyons bien d'ailleurs

 20   qu'il y a eu une décision tendant à organiser une conférence sur la Bosnie-

 21   Herzégovine avec Lord Carrington et l'ambassadeur Cutileiro. Mais si ça

 22   avait été inévitable, pourquoi y a-t-il eu toutes ces mesures

 23   supplémentaires pour la mettre en œuvre ? Et même si les Serbes avaient

 24   accepté de rester dans une Bosnie indépendante, à la condition qu'ils

 25   puissent jouir, à tout le moins en tout cas, d'une partie des droits que

 26   leur avait fourni la Fédération yougoslave, c'est une proposition

 27   d'ailleurs qui avait été appuyée par la Communauté européenne. C'était une

 28   condition sine qua non. Sans quoi, la Bosnie n'aurait pas pu prendre son


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  1   indépendance. Cela a été accepté, et dans la semaine une tentative a été

  2   faite de nous avoir, en fait.

  3   Nous avons vu ce que Irfan Ajanovic a déclaré le 18 mars. Et nous

  4   allons voir qui trompe la Communauté européenne, qui est contre la paix.

  5   Etant donné que cela n'a pas eu lieu dans la semaine, c'est le SDA qui a

  6   rejeté l'accord, et puis Ajanovic a déclaré plus tard qu'ils ne devaient

  7   que gagner du temps, et pourquoi avaient-ils besoin de ce temps ? Eh bien,

  8   pour tromper les Serbes. L'Accusation avance que les Serbes avaient pris 65

  9   ou 70 % du territoire de Bosnie-Herzégovine, que les Serbes exigeaient

 10   cela, et l'Accusation se fonde sur différents PV de plusieurs conférences

 11   et sur la compréhension de ceux qui prenaient des notes à ces conférences.

 12   Mais nous n'avons pas encore confirmé, personne n'a confirmé que Cutileiro

 13   ou Akashi, ni aucun témoin que ce soit, cela ne se retrouve nulle part. Au

 14   contraire, Lord Owen a déclaré que cela aurait été la première fois dans

 15   l'histoire qu'une armée qui n'a pas été déchue rende autant de territoire.

 16   Alors, regardons plus avant ces questions territoriales. L'Accusation fait

 17   valoir que nous avons pris le pouvoir à différents endroits et que nous

 18   avons conquis 65 ou 70 % du territoire. Mais les preuves abondent pour

 19   démontrer que nous avions ce territoire même avant la guerre, et même un

 20   plus grand territoire avant la guerre. Et j'ai déclaré à plusieurs reprises

 21   à l'assemblée de Bosnie-Herzégovine : N'essayer pas d'imposer par la

 22   violence un nouvel Etat. Cet Etat ne pourra pas imposer son pouvoir sur 65

 23   % du territoire de Bosnie. Personne n'a remis en question le fait que les

 24   Serbes étaient en majorité sur 65 % du territoire de Bosnie ni que 64 % du

 25   territoire était entre les mains des Serbes en Bosnie-Herzégovine.

 26   Nous avons entendu que feu le président Milosevic contemplait cette idée,

 27   qu'il disait qu'il s'agissait d'une propriété sociale. Si l'Accusation

 28   avait étudié notre législation, elle aurait constaté qu'il ne s'agissait


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  1   pas d'une propriété sociale ou d'Etat. En fait, ce territoire appartenait

  2   aux paysans. Personne d'autre ne pouvait les utiliser. On ne pouvait les

  3   utiliser que comme des pâturages, à moins d'en convenir avec les

  4   agriculteurs. Ces terres n'appartenaient à personne. Cependant, en 1990,

  5   lors des élections, les Serbes ont gagné un pouvoir absolu dans 37 % des

  6   municipalités, des zones rurales, mais plutôt bien développées, et une

  7   bonne partie des voix dans 47 % des municipalités en plus de cela.

  8   L'Accusation avance que l'entreprise criminelle commune impliquait une

  9   prise de pouvoir des municipalités dans lesquelles nous avions déjà le

 10   pouvoir; et dans des municipalités où nous étions en partie minoritaires,

 11   il y avait des conditions qui avaient été mises en place pour former deux

 12   ou trois différentes municipalités. Même lorsque nous avons créé les

 13   frontières provisoires de Republika Srpska, nous avons invité les Croates

 14   et les Musulmans à mettre sur pied leur propre poste de police là où cela

 15   était possible, de ne pas se rendre dans des villages serbes ou vice versa,

 16   les Serbes ne se rendraient pas dans leurs villages pour apaiser les

 17   tensions. Et il est impossible d'éjecter quelqu'un d'une municipalité s'il

 18   y a déjà un poste de police, si une autorité municipale existe déjà. Ce

 19   n'était pas l'objectif. L'objectif était que les Serbes protègent ce qui

 20   leur appartenait déjà, et l'Accusation nous dit ici que Radovan Karadzic

 21   avait déclaré qu'il ne permettrait pas que l'Etat d'Alija fonctionne. Mais

 22   ce genre d'Etat n'aurait pas fonctionné parce que les Serbes ne l'auraient

 23   pas accepté. Mais un Etat où un tiers de la population occupe deux tiers du

 24   territoire et constitue une majorité peut fonctionner et fonctionnera, et

 25   je dois dire, d'ailleurs, que c'est feu M. Izetbegovic qui a suggéré de

 26   diviser la Bosnie et qui a proposer d'appliquer ces idées islamiques

 27   uniquement dans la partie musulmane du territoire. Ensuite, il a été poussé

 28   à la guerre. Quelqu'un l'a poussé à la guerre. Ce complot a été fomenté au


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  1   sein du SDA. Zulfikarpasic a découvert cela, et nous reviendrons là-dessus

  2   dans un instant. Mais Zulfikarpasic a quitté le SDA à ce moment-là.

  3   Mais quoi qu'il en soit, c'est M. Izetbegovic qui a suggéré de

  4   diviser la Bosnie, et j'ai informé le président Milosevic de cela lors

  5   d'une conversation interceptée qui a été enregistrée le 29 mai 1991. Alors,

  6   la pièce que je cherchais est à l'écran à présent.

  7   Nous avons été pris de court et nous n'étions pas préparés, parce que

  8   nous n'avions pas réfléchi à tout cela. Cela étant, lorsqu'il est devenu

  9   évident qu'ils n'abandonneraient pas leur idée d'une indépendance de la

 10   Bosnie et qu'ils voulaient leurs propres territoires en Bosnie sous un

 11   régime qui était inacceptable pour nous, nous avons dû accepter cela à

 12   condition que nous obtenions aussi notre indépendance. Et l'Accusation dit

 13   que c'est Radovan Karadzic qui a diffusé cette idée de menaces contre les

 14   Serbes en Bosnie-Herzégovine, mais ce que l'Accusation ne veut pas montrer

 15   aux Juges de la Chambre, c'est que dans la partie musulmane et dans la

 16   partie tenue par les Croates de Bosnie-Herzégovine, c'étaient les alliés

 17   d'Hitler qui ont pris le pouvoir. Alors, si pas le président Tudjman,

 18   c'étaient ses collaborateurs qui, de retour des pays où ils avaient

 19   émigrés, ont repris le pouvoir. Et M. Izetbegovic et les autres étaient des

 20   membres du Mouvement des jeunes musulmans et ont accueilli al-Husseini, el

 21   mufti, qui est arrivé pour préparer la Division Handzar. Les membres de

 22   l'"intelligentsia" savaient cela, ils voulaient défendre le peuple serbe

 23   plutôt que de conquérir d'autres villages et d'autres territoires.

 24   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, attendez un instant.

 25   Grâce à cet appui visuel, nous savons à présent que ce que vous montrez à

 26   l'écran fait partie de la pièce D1282, mais j'aimerais vous rappeler de

 27   citer vos sources à l'avenir, s'il vous plaît, pour que nous puissions les

 28   consigner au compte rendu et vous suivre. Est-ce que vous avez compris ?


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  1   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, toutes mes excuses. Donc, je parlais de la

  2   pièce D1282 du 29 mai 1991.

  3   Donc, le bureau du Procureur veut à tout prix essayer de montrer qui a

  4   concocté cette entreprise criminelle commune et veut en convaincre les

  5   Juges de la Chambre. Le bureau du Procureur déclare que c'est Karadzic qui

  6   voulait une Republika Srpska pure d'un point de vue ethnique, sur 60 à 70 %

  7   du territoire de Bosnie-Herzégovine, même s'il y a énormément d'éléments de

  8   preuve qui montrent qu'au contraire, nous voulions la création d'un

  9   territoire homogène, en ne prenant pas les endroits qui étaient déjà

 10   peuplés par d'autres et des régions qui appartenaient déjà à d'autres au

 11   sein de la Republika Srpska. Et, à cette époque-là, Radovan Karadzic au

 12   parlement des Serbes de Bosnie, au parlement de Republika Srpska, luttait

 13   contre les territoires convoités, les revendications territoriales

 14   exagérées. Et, là, je viens de citer M. Izetbegovic, qui a déclaré qu'"au

 15   nom de Dieu" -- je vous donne la référence, c'est la pièce P12. Je pense

 16   que c'est la page 38, où M. Izetbegovic nous dit :

 17   "Bon sang. Pendant que nous dessinons ces cartes, faites en sorte qu'un

 18   minimum de vos gens restent chez nous, et qu'un minimum de nos gens restent

 19   chez vous."

 20   Voilà une façon de rendre homogène des territoires à une époque où personne

 21   n'envisageait même la possibilité d'une guerre, parce qu'il y avait un

 22   accord, et que le problème serait pris à bras le corps, sans prendre des

 23   territoires qui appartenaient à d'autres. Mais ce qui s'est passé c'est

 24   qu'en fait, avant la guerre, Dobratici, un groupe de villages croates de la

 25   municipalité de Skender Vakuf, plus tard Knezevo, en présence des

 26   observateurs européens a été séparé de la Croatie parce qu'il y avait une

 27   majorité serbe, et ce, de façon volontaire, et il y a eu annexion à Jajce

 28   qui, elle, avait une majorité croate.


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  1   Cependant, le bureau du Procureur accuse M. Koljevic, quelqu'un

  2   d'exceptionnel, et le taxe d'avoir été un nationaliste serbe, un

  3   extrémiste. Au paragraphe 75, l'Accusation l'accuse, et dit qu'il aurait

  4   déclaré que les Serbes avaient accepté des modifications des frontières

  5   internes afin de pouvoir arranger cette réalité ethnique. Les changements

  6   dans les frontières intérieures voulaient dire que M. Izetbegovic en avait

  7   parlé et, en fait, un accord avait déjà été conclu avant la guerre. Donc,

  8   un groupe ne pouvait pas être retenu de force si c'étaient des Croates, par

  9   exemple, qu'ils étaient dans un village à majorité serbe, s'ils se

 10   sentaient plus à l'aise dans une autre configuration, eh bien, ils avaient

 11   le loisir de le faire.

 12   Ensuite, l'Accusation falsifie des données. Comment ? Eh bien, lorsqu'à

 13   l'assemblée de Republika Srpska, j'ai défendu un plan, lorsque j'ai déclaré

 14   que nous ne devrions pas essayer d'obtenir trop de territoire, ce qui s'est

 15   passé en réalité c'est que l'Accusation essaie de faire croire que j'aurais

 16   dit que je voulais que les Musulmans et les Croates -- ne devaient pas

 17   faire partie de cet Etat. Or, moi, à ce moment-là, je parlais des villages

 18   croates, par exemple, qui voulaient rester en Republika Srpska. Autrement,

 19   il y aurait eu des malentendus, ces personnes seraient devenues des ennemis

 20   d'Etat, ne se seraient pas senties à l'aise dans l'Etat, et nous n'aurions

 21   pas obtenu d'accord.

 22   Vous savez, quand il s'agit de la Yougoslavie, c'est notre mère

 23   patrie, notre foyer commun. Nous avons lutté pour que des ennemis n'entrent

 24   pas dans ce foyer commun à deux reprises au siècle dernier. Et le bureau du

 25   Procureur dépeint tout cela comme si nous parlions à ce moment-là des

 26   Musulmans du cru de Bijeljina, de Srbac, de Janja, ou d'autres endroits, et

 27   que nous les empêchions de vivre une vie normale.

 28   Alors, j'aimerais à présent la pièce P87. Et je vais la citer en


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  1   anglais.

  2   "Lorsque nous sacrifions l'Etat pour préserver un village qui veut le

  3   rejoindre, le ballon gonfle, et il peut facilement exploser, et nous

  4   n'avons pas le droit de faire cela."

  5   Et je dis exactement la même chose s'agissant de l'erreur qu'a

  6   commise en 1980 feu le roi Alexander, lorsqu'il a accepté que les Croates

  7   et les Slovènes intègrent le Royaume de Serbie, et d'en faire un Etat

  8   pluriethnique. On ne peut pas créer un Etat d'une tribu et le moment

  9   n'était pas opportun.

 10   Alors je tiens à apporter un correctif au compte rendu, j'ai parlé de

 11   la pièce P87, il s'agissait de la page 87, et la pièce est la D92.

 12   Alors, donc cette allégation sur la convoitise des territoires

 13   appartenant à d'autres, cet envie de s'approprier des territoires a mal été

 14   expliqué. En fait, ce que je disais c'est que nous devrions expulser les

 15   Croates et les Musulmans de ce que nous avions. Et je crois qu'il y a

 16   énormément d'éléments de preuve montrant que le camp serbe avait accepté

 17   et, en fait, avait même proposé de protéger les minorités dans les cantons

 18   de la république où la Communauté européenne avait, sur la base d'un accord

 19   mutuel, convenu de suivre la voie décente et humaine. Rien du tout ne

 20   montre que les Serbes auraient voulu faire le contraire.

 21   Alors, dans l'affaire Krajisnik, la Chambre de première instance s'est

 22   exprimée, je pense que c'est au paragraphe 109, et a repris mes propos du

 23   14 février 1992, le lendemain du 13 février, lorsque nous avions convenu

 24   qu'il y aurait trois Bosnie, et cela avait été convenu avec Cutileiro, et

 25   j'aurais dit qu'ils devaient savoir qu'ils ne pourraient pas échapper de

 26   nos régions. Et à l'époque, la Chambre de première instance avait conclu

 27   que Radovan Karadzic tenait encore en compte les intérêts des autres, des

 28   Musulmans et des Croates. Alors, si nous nous penchons sur cette décision


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  1   de la Chambre de première instance, nous constatons qu'il n'y avait pas une

  2   entreprise criminelle commune avant cela. En fait, il n'y a eu aucune

  3   preuve de son existence.

  4   Alors, on peut dire qu'il y a eu des meurtres commis selon cette

  5   entreprise criminelle commune. On a parlé de Témoin KDZ240, (expurgé)

  6   (expurgé) et qui était censée, en réalité, ne

  7   pas du tout témoigner sur des choses qu'elle ne connaissait pas, et on a

  8   repris les propos de ce témoin en déclarant : J'ai pensé d'abord que

  9   Karadzic avait une grande capacité analytique, et puis je me suis rendu

 10   compte que ce qu'il était en train de me dire allait véritablement se

 11   passer. Alors, moi, j'affirme que ce n'est pas le cas. Et je vous renvoie

 12   là à mon discours à l'assemblée de Bosnie-Herzégovine du 15 octobre 1991 et

 13   le bureau du Procureur, hier, y a fait allusion et on a parlé comme une

 14   menace, alors qu'il s'agissait en fait d'un discours contre la guerre.

 15   J'ai, en fait, anticipé sur ce qu'il allait se passer si nous choisissions

 16   une séparation de force d'une Bosnie-Herzégovine unitaire. Et j'ai répété,

 17   également le 25 janvier 1992, lors de ce bref échange avec Muhamed Cengic,

 18   que nous avions convenu de reporter le référendum jusqu'au  moment où le

 19   gouvernement aurait mis en place la régionalisation. Je lui ai dit : Nous

 20   savons tous ce qu'il va se passer, il y aura une guerre civile qui va

 21   éclater, il y aura des pertes massives. Les Serbes se rendront chez eux,

 22   les Croates chez eux, et les Musulmans chez eux. Et qu'allons-nous obtenir

 23   ? Qu'allons-nous gagner de tout cela ? Eh bien, la même chose que nous

 24   avons maintenant, mais ce sera beaucoup plus homogénéisé, et nous devons

 25   pour cela, pour arriver à cette homogénéisation, arriver à un accord.

 26   Alors, entre-temps, plusieurs milliers de personnes ont été tuées,

 27   plusieurs villes ont été démolies, et nous devons vraiment arriver à ces

 28   trois signatures. Sans ces trois signatures, il n'y aura pas de Bosnie.


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  1   C'était de la clairvoyance. En fait, j'étais en train de suivre de

  2   près ce qu'il se passait, je suivais ce qu'il se passait en Croatie, et

  3   dans toutes les terres pendant la guerre. Et les témoins du bureau du

  4   Procureur ont confirmé que chaque combat sur les terres de l'ex-Yougoslavie

  5   comprenaient une composante civile, une composante de guerre civile. Nous

  6   étions frères, du même sang, et nous étions en train de nous exterminer.

  7   (expurgé)

  8   (expurgé)

  9   Il y a eu plusieurs actions qui ont également eu lieu impliquant des

 10   échanges d'étrangers, et on a détourné cela en essayant de dire que c'est

 11   Radovan Karadzic qui avouait quelque chose, lors de ces échanges. Non, je

 12   n'ai rien à avouer. Je ne peux rien nier, parce que je ne savais pas. Et je

 13   ne savais pas jusqu'au moment où une enquête a eu lieu. En tout cas, une

 14   enquête au niveau de l'armée qui a eu lieu. Donc, en l'absence d'une

 15   véritable culpabilité et de véritables éléments de preuve, le bureau du

 16   Procureur essaie, en fait, de dépeindre que j'ai avoué les choses.

 17   Le témoin Doyle est également venu déposer et, d'après lui, j'aurais

 18   dit qu'il ne fallait pas ouvrir le tir sur les bureaux de la télévision à

 19   Sarajevo et, en fait, il y avait des forces de la Défense territoriale qui

 20   étaient présentes dans chaque municipalité. Il y avait différentes

 21   personnes qui étaient là, la JNA. Je n'étais pas au commandement de la JNA.

 22   Et le bureau du Procureur, là encore, dit que c'est Radovan Karadzic qui a

 23   commandé les caméras de télévision, qu'il y a eu des tirs qui ont été

 24   ouverts sur le bureau de la télévision de Sarajevo en 1992.

 25   Donc, il s'agit là des manœuvres purement et simplement, Il n'y pas

 26   une seule allégation du bureau du Procureur qui n'ait de fondement et qui

 27   soit étayée.

 28   Hier, on a également parlé de quelque chose dont moi je n'ai jamais


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  1   entendu parler, et je me suis jamais défendu en accusant les autres, et je

  2   n'ai jamais accusé qui que ce soit de Srebrenica, parce que je ne sais pas

  3   ce qu'il s'y est passé. Alors, je vous renvoie également à mes commentaires

  4   lors de l'ouverture du procès. J'ai dit que je ne me défendrais pas en

  5   essayant de rejeter la pierre sur d'autres. Le fait est que la guerre

  6   civile a éclaté. Nous aurions pu la prévoir, mais il y a beaucoup d'autres

  7   paramètres qui sont entrés en jeu. Et je pense que ce que l'on attribue ne

  8   sert pas la justice. Il s'agit là de propos déformés, de phrases déformées.

  9   Hier, le bureau du Procureur a également dit qu'il était faux que la

 10   communication avait été coupée entre Pale, Sarajevo et Banja Luka et que je

 11   n'avais pas d'influence. Une conversation téléphonique a été montrée entre

 12   Brdjanin et moi-même datant de novembre 1991. Personne n'a dit qu'à

 13   l'époque il n'y avait pas de communications. Le Témoin KDZ101, Dragan

 14   Keserovic - je peux citer son nom parce que ce n'était pas un témoin

 15   protégé - a déclaré qu'au lieu d'une centaine de télégrammes par jour, il y

 16   en avait une dizaine au début de la guerre.

 17   Donc, la Chambre de première instance et la Défense ont essayé, même

 18   s'ils étaient dans une position défavorable, la Chambre de première

 19   instance en réalité a essayé de tout vérifier ce que disait l'Accusation.

 20   Ils ont dit hier que Karadzic, au sujet de l'événement Kravica, avait été

 21   provoqué par une mutinerie, qu'il y avait des millions d'hommes qui avaient

 22   été exécutés et tués à Kravica, comme si Karadzic avait dit qu'ils devaient

 23   être exécutés. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un millier; deuxièmement,

 24   il a été établi ici qu'il s'agissait d'un événement.

 25   Je regarde l'heure. Mais il y a des choses qui sont complètement

 26   contraires à la justice, pour ne pas dire justice internationale. Il s'agit

 27   de déclarations générales entre l'entreprise criminelle commune et moi-

 28   même, le président Milosevic, en tout cas, ma participation à cela. Il n'y


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  1   a pas eu d'accord ou quoi que ce soit non plus. Il s'agissait de la

  2   création de la Republika Srpska. Nous étions en faveur de la création de la

  3   Republika Srpska. Il est dit que j'étais contre la création de l'assemblée

  4   du peuple serbe alors, qu'en réalité, j'étais en faveur de cela. Nous

  5   disposons d'éléments de preuve à cet effet, parce qu'il n'y avait plus

  6   d'Etat nation ou de chambre des nations. Il était en faveur de tout cela.

  7   Il fallait accepter le plan de paix. Je n'ai jamais vu un quelconque membre

  8   allégué de l'entreprise criminelle commune de ma vie, mais l'Accusation

  9   pense qu'ils ont l'obligation de mettre le doigt sur un état, et de la

 10   manière dont ceci avait été planifié pour pouvoir me l'attribuer avant que

 11   cela puisse être établi et développé.

 12   Je regarde l'heure.

 13   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Docteur Karadzic, vous êtes en

 14   concurrence avec une perceuse qui fait beaucoup de bruit. Nous allons voir

 15   si nous pouvons faire en sorte que cela cesse, mais nous ne pouvons pas le

 16   garantir.

 17   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons regarder, nous pencher sur

 18   la question. Nous allons avoir une pause pendant 20 minutes, et reprendre à

 19   10 heures 22.

 20   --- L'audience est suspendue à 10 heures 02.

 21   --- L'audience est reprise à 10 heures 23.

 22   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Karadzic, veuillez

 23   poursuivre.

 24   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 25   Alors, pour ce qui est du compte rendu d'audience et à l'intention des

 26   Juges de la Chambre, je demande à ce que les erreurs faites par

 27   l'Accusation qui prouvent l'entreprise criminelle commune, je demande à ce

 28   que ceci soit traduit, s'il vous plaît, et cela pourrait-il être consigné


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  1   au compte rendu d'audience, essentiellement quand l'entreprise criminelle

  2   commune a-t-elle été créée, et ensuite comment, et cetera. Ils vont buter

  3   l'Accusation sur le fait que les Serbes ne cessaient de faire des

  4   concessions pour empêcher une guerre. Nous avons des éléments de preuve

  5   fantastiques ici. Le feu Vance - pas Harland - qui prenait des notes. En

  6   1992, il a informé Genscher que le Dr Karadzic souhaite éviter la guerre à

  7   tout prix. Comment serait-il possible de réaliser une quelconque entreprise

  8   criminelle commune sans guerre ? Une entreprise criminelle commune telle

  9   que représentée par le bureau du Procureur. Cependant, l'Accusation dit, et

 10   ne cesse de dire, que les Serbes n'étaient pas censés avoir de quelconques

 11   revendications territoriales s'agissant de la Bosnie, qu'ils exagéraient,

 12   et cetera. L'Accusation fait référence à des soi-disant interviews données

 13   par Raskovic, un de mes amis et un de mes collègues. Ils disent qu'il a

 14   donné un entretien à Yutel, cette station de télévision qui n'était

 15   franchement pas objective ni juste envers les Serbes. Ils disent qu'il

 16   était différent de moi, qu'il pensait que la Bosnie n'allait pas être du

 17   côté serbe, que les Serbes n'allaient pas supporter un génocide en Bosnie.

 18   Cela se trouve au paragraphe 118, et c'est à la pièce P6617, page 2. Le feu

 19   Raskovic aurait prétendument dit que :

 20   "Il n'y aura pas de génocide. A propos de la Serbie qui était serbophile,

 21   mais pas serbophobe, mais ce ne sera pas un "serbicide" non plus."

 22   Alors pourquoi, pourquoi les Serbes accepteraient-ils que leur pays, la

 23   Bosnie-Herzégovine soit serbophobe ? Et qui peut garantir qu'une Bosnie

 24   serbophobe ne prenne pas le parti de la Serbie à un moment donné ?

 25   Alors, regardons maintenant ceci, alors que dit Vox, Vox a dit en 1990, il

 26   avait prévu ce qui allait arrivé aux Serbes dans une Bosnie islamique,

 27   quelques années après lorsqu'on les a critiqués, ils ont à nouveau publié

 28   ce texte. Ils ont simplement répondu en disant qu'ils plaisantaient, il y a


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  1   un an. De telles plaisanteries sont des plaisanteries que l'on ne fait

  2   jamais en Bosnie, à la manière dont les gens ne parlent pas de cordes non

  3   plus lorsqu'une personne a été pendue. Cela, nous l'avions compris, et nous

  4   avions raison. Alors penchez-vous là-dessus, regardez ce que dit Ganic au

  5   président Tudjman, le D1143. Et Galic dit : Vous savez que le monde entier

  6   va nous permettre de marginaliser les Serbes en Bosnie-Herzégovine. Et dans

  7   cette même pièce à conviction à une autre partie, il dit : Nous allons

  8   marginaliser l'entité serbe en Bosnie-Herzégovine. Ça, c'est l'expression

  9   de cette serbophobie, je suppose. Donc ce n'est pas Vox, c'est le numéro

 10   deux au niveau des autorités musulmanes en Bosnie-Herzégovine qui dit cela.

 11   Il dit qu'il va marginaliser les Serbes et qu'il va marginaliser l'entité

 12   serbe; alors que lui et son peuple sont en train de prévoir l'importation

 13   de 4 millions de Turcs, les soi-disant ancêtres des Musulmans de Bosnie et

 14   font venir régulièrement les Musulmans de Sandzak, et leur seul objectif

 15   consiste à changer la composition ethnique de la Bosnie-Herzégovine, et

 16   l'Accusation dit que c'est Karadzic qui souhaitait changer la composition

 17   ethnique de la Bosnie-Herzégovine. Et, bien évidemment, ils montent de

 18   toutes pièces leurs éléments de preuve, parce qu'il n'y a pas de preuve du

 19   tout de ce genre de chose.

 20   L'Accusation cite ces passages de façon erronée, et ce, sans cesse, paroles

 21   que j'aurais prononcées quelque part à un moment donné. Il s'agit

 22   essentiellement d'allocutions politiques, de discours politiques, donc il

 23   s'agit là d'une confrontation entre différents points de vue, et également

 24   devant le parlement il y avait d'aucuns qui avaient des points de vue qui

 25   n'étaient pas démocratiques, et les experts Donja et Treanor eux-mêmes

 26   admettent que j'étais confronté à des difficultés importantes devant le

 27   parlement; cependant, chaque décision prise par le parlement a été adopté à

 28   l'unanimité, adoptée parce que les choses avaient changé au courant des


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  1   débats. La Chambre de première instance dispose de notre point de vue, ceci

  2   a été versé au dossier. Les démocrates trouvent des solutions, alors que

  3   les communistes prennent des décisions. Cela signifie que la proposition

  4   doit être amendée jusqu'à ce que tout un chacun estime que c'est

  5   acceptable. C'est l'essence même de la démocratie; Donja et Treanor, les

  6   experts de l'Accusation disent, en revanche, qu'ils n'ont vu aucune

  7   proposition émanant des Bosno-Serbes qui n'aurait pas été adoptée par le

  8   parlement. Comment cela est-il possible ? Ceci n'a pas été imposé aux

  9   députés. Bon, rien n'aurait pu leur être imposé, de toute façon.

 10   L'Accusation dit que -- que j'ai -- au paragraphe 43 de leur mémoire en

 11   clôture, l'Accusation dit qu'il s'agit d'un fait connu et qu'il s'est

 12   adressé à ses partisans que les Musulmans ne pouvaient pas vivre avec les

 13   autres et que le transfert de la population était la solution. Le conflit

 14   en Bosnie-Herzégovine…"

 15   Je cite :

 16   "…le conflit en Bosnie-Herzégovine est, en somme, un conflit entre des

 17   peuples, comme cela a été le cas entre l'Inde et le Pakistan et ceci n'est

 18   pas nouveau. La conséquence a été une réinstallation fort importante de ces

 19   peuples."

 20   Voilà le paragraphe en question. Voilà à quoi ça ressemble. Le P938. Voilà

 21   ce que dit ce texte. A la page 36, P12, pages 18 à 20 :

 22   "Imaginez la bêtise…"

 23   Alors, j'ai dit que c'était bête, alors imaginez combien c'est idiot,

 24   combien c'est stupide de créer et de faire la guerre en Bosnie. Voilà ce

 25   que j'ai dit.

 26   "Le conflit en Bosnie-Herzégovine est en réalité un conflit entre des

 27   peuples, comme cela a été le cas en Inde et au Pakistan et ceci n'est pas

 28   nouveau."


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  1   Et ensuite, voilà ce que dit le texte : 

  2   "En conséquence."

  3   Je n'ai pas dit cela.

  4   "Il y a eu une réinstallation en échange de gens forts importants."

  5   Donc, voilà la position qui est la mienne à l'égard de l'incitation à des

  6   guerres ethniques et la réinstallation des peuples. Cependant, ceci a été

  7   complètement massacré par l'Accusation, et ils déforment cela en disant que

  8   le 14 février 1992 -- en réalité, c'était plus tôt -- non, plus tard. Mais

  9   le 14 février également en 1992, c'est à la pièce P12, que j'ai dit que les

 10   Musulmans ne pouvaient pas vivre avec les autres. Cependant, ils omettent

 11   de dire que lorsque l'intégrisme fait son apparition, les gens ne peuvent

 12   pas vivre ensemble, et cela, c'était l'élément-clé, c'était la phrase-clé.

 13   Et l'Accusation a dit qu'un peu plus tôt j'aurais dit que nous avons vécu

 14   ensemble, et cetera. Oui, nous avons vécu ensemble. Cependant, j'ai

 15   encouragé les gens à vivre ensemble et maintenant, ce que j'ai dit à propos

 16   de l'intégrisme. Dans l'intervalle, l'intégrisme s'est développé. Ils ont

 17   pris le pouvoir. Le SDA a abandonné la Yougoslavie. Ils ont opté pour la

 18   sécession unilatérale de la Bosnie-Herzégovine au prix de la paix. Le SDA a

 19   entraîné une armée secrète qui comprenait plus de 100 000 hommes dans 93

 20   municipalités mixtes. Nous avons constaté cela et, en secret, le SDA a

 21   envoyé ses hommes en Croatie pour y être entraînés, à l'instar des Oustachi

 22   avant la Deuxième Guerre mondiale, à Janka Puszta et en Hongrie, où ils ont

 23   entraîné les hommes et leur ont appris à massacrer les Serbes. Ensuite,

 24   après un an d'une expérience fort difficile, il y a eu la tromperie, l'abus

 25   des institutions, des pouvoirs de la police. Et ensuite, les Serbes se sont

 26   rendu compte du fait que lorsque ce type d'Islam politique fait surface, ce

 27   type de gouvernement fait son apparition, la coexistence devient

 28   impossible, vivre ensemble devient impossible. On ne peut vivre que côte à


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  1   côte dans ce cas. Nous étions en faveur de vivre à côté les uns et les

  2   autres, mais non pas au sein du même système politique. Si les Juges de la

  3   Chambre suivent ce qui se passe à l'heure actuelle en Bosnie-Herzégovine,

  4   il n'y a que les Serbes qui sont jugés, et il existe des séquences vidéo

  5   des crimes commis par des généraux musulmans et ces personnes-là ne sont

  6   même pas mises en accusation. Ceci est mis de côté. C'est le même système

  7   politique. Il y a ces mêmes intentions d'abus, de soumettre les autres. Et

  8   ceci n'est pas recommandable et ne permet pas de vivre ensemble. Cependant,

  9   l'Accusation décrit les Serbes comme des vagabonds, qui placent une épine

 10   dans une jambe saine en temps de paix. C'est un vers de Njegos que je viens

 11   de citer. Et Njegos, ici, était maltraité. Et l'Accusation n'a fait aucun

 12   effort pour essayer d'interpréter nos dires, nos allusions, notre ironie.

 13   Et lorsqu'il est dit que d'aucuns nous disent que nous avons tout fait pour

 14   faire sortir les Musulmans, pour les chasser, et vous ne pouvez pas voir

 15   qu'en réalité ils sont en train de critiquer le gouvernement, et ils ne

 16   font rien d'autre, voyez ce qu'ils disent à propos de Zvornik et Bijeljina,

 17   il s'agit d'ironie ou de sarcasme, et l'Accusation présente ceci comme si

 18   nous étions en train de fanfaronner ou de nous vanter.

 19   Lorsque je cite les vers de Njegos, si vous deviez les mettre tous dans un

 20   même récipient, on ne pourrait pas en faire un bouillon. Il s'agit de

 21   poésie qui émane de "Une couronne de montagne" qui a été versée au dossier.

 22   Je ne retrouve pas la page de référence. Il s'agit d'un vers de Njegos. Et

 23   un peu plus tôt, je l'ai cité aussi. Mais dans la langue de quelqu'un

 24   d'autre, on ne peut pas comprendre. Il aurait fallu que l'Accusation fasse

 25   un effort pour interpréter ceci correctement plutôt que de traîner Njegos

 26   dans la boue et devant les Tribunaux.

 27   Au paragraphe 44, l'Accusation dit, s'agissant de pourparlers au sein de la

 28   présidence de Yougoslavie en janvier 1993 et après la déposition du


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  1   ministre Jovanovic ici devant cette Chambre, l'Accusation s'en tient

  2   toujours à leur interprétation complètement erronée de ce qui a été dit à

  3   ce moment-là :

  4   "De déplacer les non-Serbes de zones revendiquées par les Serbes et

  5   de conserver une structure ethnique revue et corrigée après le déplacement

  6   forcé en grand nombre."

  7   Tout d'abord, la structure est restée inchangée, parce que la possibilité

  8   de rentrer avait toujours été garantie et proposée par les Serbes.

  9   L'Accusation se fonde, pour avancer l'entreprise criminelle commune, à

 10   propos de laquelle l'Accusation n'est pas capable de dire qui l'a créée et

 11   à quel moment, l'Accusation en réalité dit que pour l'essentiel, c'est

 12   l'intention serbe de déplacer les Croates et les Musulmans et de la faire

 13   partir des territoires auxquels aspirent les Serbes, car pendant la guerre,

 14   le fait de déplacer des civils des zones de combat constitue une

 15   obligation, un devoir. Et ensuite, l'Accusation a pensé dire qu'il

 16   s'agissait d'un déplacement et ensuite, ils ont ajouté transfert forcé pour

 17   s'assurer qu'il s'agit effectivement dans ce cas-là d'un crime.

 18   Le déplacement des Musulmans et des Croates des territoires que

 19   revendiquaient les Serbes ne constitue pas un crime, ceci n'a jamais été

 20   planifié par les Serbes; ou plutôt, c'était la lutte de Karadzic, Krajisnik

 21   et de tous les autres de ne pas s'emparer de trop de territoires. Nous ne

 22   devions pas prendre cinq villages musulmans simplement pour un village

 23   serbe, qu'il ne fallait pas faire en sorte que les gens soient

 24   insatisfaits, paragraphe 46, c'est du mémoire en clôture de l'Accusation.

 25   L'Accusation a dit que j'aurais dit que la Drina est pure. Et c'est une

 26   discussion au cours de laquelle nous préparons la conférence, parce que

 27   nous ne savons pas ce qui va aboutir, quelle sera l'issue de la conférence.

 28   Cela ne signifiait pas pure dans le sens d'éthiquement pure, cela veut dire


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  1   clairement défini, autrement dit que cela ne sera pas contesté. Ce n'est

  2   pas que les Musulmans ne souhaitaient pas avoir la Drina, mais ils

  3   souhaitaient l'échanger contre Vogosca et Ilijas. Et M. Izetbegovic a

  4   proposé cela aux gens de Srebrenica; cependant, ils ont refusé. Mais

  5   lorsque nous disons "purement serbe", "territoire purement serbe", cela ne

  6   signifie pas que nous voulons parler de territoires nettoyés. Cela veut

  7   dire territoires qui sont sans aucun doute serbes. Nettoyer n'est pas aussi

  8   clair que propre ou pur. Donc, d'après le contexte, vous pouvez constater

  9   que je parle ici de ce qui nous attend à la conférence de Dayton, ce qui

 10   sera accepté, et ce pourquoi nous devrons nous battre.

 11   Alors, pour ce qui est du plan Owen-Stoltenberg en 1993, je défendais ce

 12   plan devant les députés, car ils disaient que certaines villes et

 13   municipales serbes, à 99 % ou 100 % serbes, ne font plus partie du

 14   territoire serbe dans la vallée de la Neretva, et cetera, et donc, je leur

 15   ai dit : Regardez, soyons honnêtes, nous avons également obtenu des

 16   endroits où nous n'étions pas majoritaires. Et l'Accusation dépeint ceci

 17   comme étant le fait que je fanfaronnais au sujet des succès que nous avions

 18   remportés, car nous avons pu nous emparer d'autres territoires; moi,

 19   j'essayais de convaincre l'assemblée d'accepter le plan Owen-Stoltenberg.

 20   Ce qui est en partie injuste envers nous également, mais cela ne peut pas

 21   être juste uniquement envers nous. Et dans les mêmes municipalités le long

 22   de la Drina avant la guerre et lorsque la guerre a éclaté, nous proposions

 23   aux Musulmans d'établir leurs propres municipalités. Bratunac et Vlasenica

 24   avaient signé un accord et avaient dessiné une carte, et en réalité des

 25   cartes. Et ensuite, quelqu'un de Sarajevo a demandé à ce que ceci soit

 26   rejeté.

 27   Donc, rien n'a été dit au sujet de chasser des gens ou de prendre le

 28   pouvoir. Nous avions déjà le pouvoir. A Zvornik, un plan avait été élaboré


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  1   au sujet des deux municipalités qui devaient être créées et ils existent.

  2   Et encore aujourd'hui, ces deux municipalités existent comme elles ont

  3   existé pendant la guerre. Et une grande partie de la municipalité de

  4   Zvornik a toujours été contrôlée par les Musulmans. Nous avons jamais tenté

  5   de leur enlever cela. Cependant, le bureau du Procureur affirme que les

  6   Serbes ont pris le contrôle des municipalités de Zvornik, ce qui n'est pas

  7   exact. Lorsque la guerre a éclaté, à ce moment-là les Serbes ont pris le

  8   contrôle de la ville avec les quartiers serbes, ce qui, en temps de paix,

  9   aurait pu constituer deux administrations différentes.

 10   Par rapport à Bratunac, on dit que quelqu'un a affirmé qu'il n'y

 11   avait plus un seul Musulman à Bratunac. A ce moment-là, les Serbes ne

 12   contrôlaient que la ville et 20 % des municipalités; 80 % étaient entre les

 13   mains des Musulmans, et ce, jusqu'en octobre 1993. Et donc, de la sorte,

 14   vous pouvez condamner qui vous voulez si vous n'avez pas l'obligation de

 15   prouver les faits. Nous devions aller à Bratunac et traverser la Serbie

 16   pour ce faire, parce qu'il n'y avait pas de voie de communication directe.

 17   Tout était occupé. Et Podrinje se trouvait dans la partie musulmane pendant

 18   une année entière, occupée par 30 000 soldats environ. Et ça, ce sont leurs

 19   faits, les faits qui existent et qui figurent au dossier, qui ont été

 20   versées au dossier. Et ça n'a cessé d'être une zone de combat. Les Serbes

 21   ont subi des attaques à Podrinje pendant une année entière et pendant toute

 22   une année, nous avons lancé des appels à leur intention pour leur demander

 23   de faire cesser cela et cette zone allait finalement faire partie de

 24   l'entité musulmane. Dans tous les plans qui ont été élaborés, j'ai toujours

 25   envisagé cette possibilité et ceci a toujours été inscrit dans tous les

 26   plans qui ont été élaborés, que ce soit le plan Vance-Owen ou Stoltenberg,

 27   il a toujours été prévu que les Musulmans auraient 80 % du territoire dans

 28   la vallée de la Drina, ce qui avait été envisagé et c'eût été le cas s'ils


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  1   n'avaient pas opté pour la guerre. Et nous allons parler de Srebrenica

  2   demain.

  3   Excellences, je dois vous parler de la chronologie des événements. Je

  4   dois vous signaler quelque chose d'important. Les Musulmans ont mis le feu

  5   à la vallée de la Drina au début du mois d'avril. La crise a été fomentée

  6   ici à cet endroit le 31 mars. Nous avons vu un document qui émane des

  7   services de renseignement croates qui montrent que le capitaine Taric avait

  8   été envoyé à Bijeljina le 31 mars pour prendre le contrôle de cette ville.

  9   Et ensuite, il a pris Bijeljina, en a pris le contrôle. Ses tireurs

 10   embusqués ont contrôlé toute la ville, du château d'eau jusqu'aux gratte-

 11   ciels. Et depuis les gratte-ciels, les premières victimes sont tombées,

 12   notamment une femme qui se trouvait sur son balcon. Ensuite, la cellule de

 13   Crise de cette municipalité, pas la cellule de Crise de la SDS, s'est

 14   réunie pour aborder la suite des événements. Ensuite, le bureau du

 15   Procureur prétend que le SDS a invité Arkan à Bijeljina. Et dans l'acte

 16   d'accusation et dans le mémoire préalable, ils disent que la crise a

 17   commencé lorsque Arkan a traversé la frontière. Arkan a traversé la

 18   frontière 15 heures après le début des combats. Et ce jour-là, Arkan lui-

 19   même a dit aux journalistes :

 20   "Nous sommes venus après avoir été invités par la Défense

 21   territoriale de Semberija et la population."

 22   Une année plus tard dans un autre entretien, il a dit qu'ils étaient

 23   invités par le SDS, parce que le SDS à l'époque avait été assimilé au

 24   peuple serbe. Il faut que je retrouve la phrase. Mais ce jour-là, Arkan a

 25   déclaré ce qu'il a déclaré, qu'il avait été invité par la Défense

 26   territoriale, la Défense territoriale de Semberija. Et non seulement le

 27   bureau du Procureur a omis de rapporter cela, mais en plus, il l'a falsifié

 28   et a choisi les propos qu'Arkan a tenus deux ans plus tard pour le


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  1   présenter comme étant la vérité, sans rapporter les propos qu'il avait

  2   tenus le jour même. En même temps - et nous parlons toujours du 31 mars -

  3   Karadzic n'a pas de pouvoir. Il existe encore une présidence conjointe, où

  4   Biljana Plavsic et Fikret Abdic seront à l'époque à Bijeljina pour

  5   s'occuper de la situation au nom de la présidence de la Bosnie-Herzégovine

  6   et pas du SDS. Et tout cela s'est produit quelques jours après le massacre

  7   des Serbes à Sijekovac, à Bosanski Brod. Et quel est le rôle de Radovan

  8   Karadzic et du SDS ici ? Et l'on oublie le fait que la cellule de Crise du

  9   parti n'est pas du tout la même chose que la cellule de Crise de la

 10   municipalité. Et après cinq années de procès, l'Accusation continue à dire

 11   que la cellule de Crise du parti est devenue plus tard la cellule de Crise

 12   de la municipalité et est devenue un organe de l'Etat. Oui, effectivement,

 13   les mêmes personnes en faisaient partie, mais ce n'est pas la même entité.

 14   Et à Bijeljina, il ne fait absolument aucun doute d'identité, de ceux qui

 15   ont commencé les hostilités et la crise et quelles étaient leurs

 16   intentions. Un autre fait omis est que parmi les 42 victimes,

 17   approximativement, il y avait moins de dix Serbes, mais c'est simplement

 18   parce que les Serbes s'étaient échappés, avaient fui, et les Musulmans

 19   avaient des postes de contrôle autour de la ville. Ils étaient exposés aux

 20   balles, aux tirs, les tirs de riposte.

 21   Et je vous prie de m'accorder quelques instants, le temps de

 22   retrouver la référence du document.

 23   Et ils continuent à insister pour dire que le SDS s'est emparé du

 24   pouvoir à Bijeljina dans le courant du mois d'avril, le 2 ou le 3 avril,

 25   après le début du conflit. Malgré que des témoins de Bijeljina aient

 26   confirmé ici qu'il n'y avait pas eu de changement de gouvernement, que

 27   personne n'avait pris le pouvoir. C'étaient les mêmes autorités qui étaient

 28   en place le 31 janvier 1991 et le 31 janvier 1995. Il n'y a pas eu de prise


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  1   de pouvoir.

  2   Il est également prétendu ici que Karadzic a décoré Arkan. Arkan n'a

  3   jamais été décoré par Karadzic. Il a été décoré sur une proposition visant

  4   à décorer toute unité consistant en deux détachements, et c'était une unité

  5   qui ne se trouvait pas en Bosnie-Herzégovine en 1995 ni en 1992, et en

  6   1995, lorsqu'elle a offert ses services, ces services ont été acceptés,

  7   cette unité a été placée sous le commandement de l'armée et de la police,

  8   donc il y avait un rapport entre cette unité d'Arkan et l'armée.

  9   L'Accusation prétend que Karadzic tenait le pouvoir judiciaire, les

 10   juges d'instruction, la police, et cetera, qu'il pouvait ordonner des

 11   arrestations et sanctionner des gens. Le président n'avait pas de tels

 12   pouvoirs. Kovac s'est vu poser une question : Si vous aviez les autorités,

 13   les agences, pourquoi est-ce que vous n'avez pas dit au président pour

 14   qu'il agisse ? Il a dit : Non, non, ce n'est pas le travail de président.

 15   Il n'avait pas ces pouvoirs. Il organise le travail au sein des organes de

 16   l'Etat, mais il ne peut pas s'ingérer dans le travail des municipalités si

 17   celles-ci font leur travail; si elles ne le font pas, bien entendu, il peut

 18   chercher à les réorganiser. Mais le Procureur n'a même pas pris la peine

 19   d'examiner la constitution et les règles régissant le comportement et la

 20   conduite du président de la république, mais il accepte une remarque d'un

 21   premier ministre qui disait que les ministres de l'armée, de la police et

 22   de la justice se sont adressés au président. Lorsqu'il y a une guerre, bien

 23   entendu, il est l'obligation de ces ministres de s'adresser au président

 24   pour voir comment ces organes seront resubordonnés à l'armée, parce que

 25   cela requiert le blanc-seing du président.

 26   L'Accusation prétend qu'il existe des preuves démontrant qu'Arkan

 27   avait commis des crimes mais l'Accusation n'a pas produit ces preuves. Ils

 28   voulaient que le président procède à des arrestations et juge des gens sur


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  1   la base de leur réputation. Nous avons eu un témoin ici de Grbavica qui

  2   avait vu Vojvoda Aleksic, qui accompagnait Seselj, et elle a dit : Voici

  3   Vojvoda Aleksic. Et j'ai demandé à ce témoin, qui était une femme : Est-ce

  4   que vous avez connaissance de crime commis par Aleksic ? Elle a dit : Non,

  5   non. Aleksic a une réputation, parce qu'il s'appelle Vojvoda, qu'il a une

  6   longue barbe, mais c'est un homme honnête et modeste. Et c'est ce Vlaske

  7   d'Ilijas qui n'aimait pas la FORPRONU, estimait qu'ils étaient partiaux.

  8   Mais il n'y avait pas de crime. Mais le président aurait dû juger des gens

  9   sur la base de leur réputation. En ce qui concerne Seselj, qui était si

 10   attentionné vis-à-vis des Musulmans, il avait au sein du comité central de

 11   son Parti radical de nombreux Musulmans, et ses députés défendaient sans

 12   cesse les Musulmans. Mais sa réputation est qu'il est contre les Musulmans,

 13   et certains exagèrent toujours une réputation, de la même manière qu'on

 14   parle de Karadzic, même si le haut représentant a dit récemment que les

 15   Musulmans n'avaient jamais eu de meilleur ami que Karadzic, le haut

 16   représentant Imco [phon]. Mais d'une manière ou d'une autre, cela est passé

 17   à la trappe, alors que j'étais véritablement l'ami des Musulmans, et même

 18   de M. Izetbegovic. Mais je ne pouvais pas me soustraire au nom de l'amitié

 19   à mes obligations vis-à-vis de mon propre peuple.

 20   En 1995, l'unité d'Arkan ou Arkan n'a ou n'ont pas commis de crimes à

 21   l'encontre de quiconque, si ce n'est les déserteurs serbes, et le lendemain

 22   leur pouvoir d'arrêter les déserteurs serbes a été supprimé.

 23   J'ai commencé mon allocution avec la Drina. Jusqu'à la fin du mois de

 24   mars, alors que l'état conjoint était encore en poste, la Ligue patriotique

 25   et les Bérets verts mettaient le feu aux municipalités le long de la Drina.

 26   L'objectif était clair, de faire en sorte que les forces de l'ONU entrent

 27   dans la Drina pour isoler la Bosnie de la Yougoslavie. Même si la

 28   reconnaissance internationale avait déjà été promise, on l'attendait le 6


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  1   avril, elle pointait à l'horizon, ils ont proclamé la mobilisation

  2   générale. Quel monde pourrait reconnaître un pays en pleine mobilisation

  3   générale ? Toutefois, c'est ce qu'a fait dans notre cas la communauté

  4   internationale. On dit qu'Izetbegovic était contre une telle Bosnie-

  5   Herzégovine qui s'acheminait vers l'indépendance, et les grands experts de

  6   ce monde ont dit que cette reconnaissance était une erreur, Lord

  7   Carrington, Badinter, Owen, Vance. La Bosnie n'aurait pas dû être reconnue

  8   avant qu'un accord n'intervienne entre ces trois peuples. Donc ils avaient

  9   déjà la promesse d'une reconnaissance et, malgré cela, ils ont mis le feu à

 10   Foca, Zvornik, Bijeljina. Et, bien entendu, ils ont échoué. Ils ont mis le

 11   feu à Bratunac plus tard, vers la fin du mois d'avril, et début mai, le

 12   juge Zekic a été tué, et s'est produit ce qui s'est produit à Podrinje.

 13   Podrinje a été divisé, et plusieurs municipalités sont tombées entre les

 14   mains des Musulmans, comme 80 % des autres municipalités et des forces

 15   armées étaient attaquées tous les jours.

 16   En mai, après le retrait de l'armée populaire de la Yougoslavie, les

 17   municipalités ont été incendiées dans la vallée de la Sana. Et, maintenant,

 18   nous devons faire face à des accusations en raison de nos actes et

 19   intentions dans les municipalités de la Krajina de Bosnie, Kljuc, Sanski

 20   Most, Prijedor, sur la Sana. Et, l'Accusation n'offre aucune explication

 21   quant au fait que la guerre dans ces municipalités n'a éclaté que huit ou

 22   sept semaines plus exactement après le début du conflit en Bosnie-

 23   Herzégovine. L'Accusation n'a même pas cherché à expliquer cela. Pourquoi

 24   est-ce que les Serbes ne se sont pas à ce moment-là mis à exécuter

 25   immédiatement leur plan d'expulsion des Musulmans de la Republika Srpska. A

 26   l'époque, les Serbes offraient à Prijedor et à Sanski Most, aux Musulmans

 27   la possibilité de créer leurs propres municipalités, leurs propres postes

 28   de police, alors que selon l'Accusation la police musulmane avait été mise


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  1   à pied, licenciée. Ceux qui refusaient de signer une déclaration, bien

  2   entendu, ont opté pour leurs propres municipalités, leurs propres postes de

  3   police, mais ils auraient pu rester parmi les Serbes.

  4   Donc jusqu'au 22 mai, jusqu'aux incidents à Hambarine et à Prijedor,

  5   il n'y avait pas de guerre. Le 29 avril, un ordre a été adressé à la police

  6   du MUP de Bosnie-Herzégovine, basé sur les décisions de la présidence de la

  7   Bosnie-Herzégovine, selon lequel il fallait attaquer l'armée et prendre le

  8   contrôle de la municipalité de Prijedor. C'est à ce moment-là que les

  9   Serbes ont consolidé leur propre municipalité et pris le contrôle de cette

 10   partie, tout en offrant aux Musulmans la possibilité de créer leur propre

 11   municipalité. Ils ont essayé, ils se sont rendus à Ljubija pour former leur

 12   propre municipalité et police. Alors est intervenu un ordre disant que cela

 13   ne devrait pas être fait, mais qu'au contraire il fallait prendre les

 14   armes, et les combats n'ont commencé que le 22 mai parce que la JNA s'était

 15   retirée le 19 mai. Et l'incident de Hambarine ou l'événement de Hambarine a

 16   été causé par les Musulmans, et pas les Serbes.

 17   Kozarac était après. La population musulmane de Kozarac est passée

 18   par les lignes serbes et musulmanes, mais s'est abritée à Prijedor, qui

 19   était contrôlé par les Serbes, et les Serbes ont invité les civils à

 20   s'abriter et d'aller trouver refuge auprès de leurs amis et proches à

 21   Prijedor.

 22   Pourquoi est-ce que la guerre a éclaté dans la vallée de la Sana ?

 23   D3904 l'explique très clairement. D3904. Eh bien, parce que c'était un

 24   ordre, parce qu'au QG à Sarajevo ils étaient furieux. Pourquoi y avait-il

 25   des négociations là-bas avec les agresseurs, et les agresseurs étaient

 26   salués depuis la Bosnie, les Serbes, et c'est ce que Sefer Halilovic a dit

 27   le 10 septembre 1992.

 28   "L'armée de la BiH dans la région de Bihac doit être attentive, et doit


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  1   organiser son embryon, la Ligue patriotique, j'étais dans la région

  2   personnellement à six reprises. Et donc la situation dans la région depuis

  3   avant la guerre jusqu'à aujourd'hui m'est totalement connue. J'étais même

  4   en mesure d'attirer l'attention des organes du gouvernement dans cette

  5   région sur le fait qu'un combat armé était bloqué, parce qu'ils attendaient

  6   très longtemps, et tant que la guerre faisait rage dans toute la République

  7   de la BH. Dans cette région, ils négocient encore avec l'agresseur."

  8   Donc effectivement, cela a donné des résultats. A la fin du mois de mai,

  9   après Hambarine et Kozarac le 27 mai, simultanément dans plusieurs

 10   endroits, et notamment à Kljuc, des conflits ont éclaté à Sanski Most. Et

 11   le 30 mai, ils ont attaqué Prijedor depuis cinq directions et sont arrivés

 12   au centre de la ville faisant des morts et causant des dégâts.

 13   Ensuite que s'est-il passé ? Radio Prijedor a annoncé que les civils

 14   devaient se retirer. Et après qu'ils eurent perdus, l'armée a fait à peu

 15   près 2 000 prisonniers, comme cela est écrit. Le 1er Corps de la Krajina a

 16   fait des prisonniers, 2 000 Bérets verts et les a remis aux organes chargés

 17   des enquêtes, parce qu'il fallait bien mettre ces hommes quelque part. Bien

 18   entendu, le gouvernement, les autorités de Pale ne savaient rien de tout

 19   cela. Ils n'avaient aucun contact. Ça a été confirmé par Srdjo Srdjic.

 20   Personne d'ailleurs n'avait informé Karadzic ou Krajisnik. Et qu'ont-ils

 21   fait ? Ils ont demandé à ce qu'un centre de détention soit mis à

 22   disposition, car celui de l'usine d'Omarska était trop petit. Et parfois,

 23   ce centre a accueilli des réfugiés, parfois l'armée, les troupes de

 24   Republika Srpska. Donc, ils ont obtenu ce qu'ils voulaient.

 25   L'Accusation dit que des civils étaient détenus là-bas. Eh bien, ce

 26   centre d'enquête, Omarska et Keraterm, n'a pas été sans vérifications

 27   quotidiennes. Chaque jour, des professionnels menaient des enquêtes pour

 28   voir quels étaient les prisonniers là, qui étaient prisonniers de guerre et


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  1   qui étaient des criminels du droit commun et qui devaient être libérés; 60

  2   % des gens ont été libéré d'Omarska. Beaucoup de gens ont été arrêtés et on

  3   y a retrouvé beaucoup qui avaient participé à des combats. Quarante pour

  4   cent de ces gens ont été transférés à Manjaca. Ed Vulliamy, qui n'a été

  5   qu'une seule fois à Prijedor, a écrit un bon rapport - dont je vous

  6   donnerai la référence dans un instant - il a dit :

  7   "Je suis passé par un village musulman à l'extérieur de Prijedor. Il

  8   était intact. Il y avait tout simplement un tissu blanc qui pendait par la

  9   fenêtre. Les gens allaient au travail, et cetera. J'ai également vu Kozarac

 10   qui était détruit."

 11   Ensuite, il y a des questions qu'il a posées à des Musulmans. Un des

 12   Musulmans a dit :

 13   "Je n'ai pas participé à des combats. Ils m'ont trouvé dans la rue,

 14   ils m'ont emprisonné, m'ont emmené à Omarska. Ils se sont rendu compte que

 15   je n'avais pas participé au combat, ils m'ont libéré. Je voulais aller à

 16   Trnopolje le plus rapidement possible, parce que là-bas, c'est sûr."

 17   Voilà ce qu'il a dit.

 18   Le deuxième Musulman a dit :

 19   "Je me suis battu, et lorsque j'ai vu que nous perdions, je me suis

 20   enfui chez moi, j'ai enlevé mon uniforme et je voulais me rendre à

 21   Trnopolje le plus rapidement possible parce que c'était sûr là-bas."

 22   Et donc, deux Musulmans se sont rendus pour [inaudible] à Trnopolje,

 23   bien entendu, et de leur propre volonté. Pas évidemment avec le sourire.

 24   Mais le bureau du Procureur a déformé les choses. Personne n'a dit qu'ils

 25   étaient heureux de quitter leurs domiciles et de se rendre dans le centre

 26   d'accueil, mais ils sont partis de leur propre gré, deux Musulmans de deux

 27   manières différentes. Dans le rapport d'Ed Vulliamy, on ne peut pas dire

 28   que Ed Vulliamy était pro- Serbe, mais il explique comment les gens sont


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  1   arrivés à Omarska. Il y avait les professionnels qui travaillaient là-bas

  2   tous les jours et personne ne se mêlait de leur travail. La police et les

  3   autorités judiciaires procédaient à un tri pour savoir qui devait être

  4   libéré et qui devait faire l'objet de poursuites et quels étaient les

  5   prisonniers, parce qu'ils avaient trois variantes.

  6   Et le premier jour, le Procureur a dit qu'il y avait des enquêtes.

  7   C'était même peut-être pas le premier jour, mais, bon, quoi qu'il en soit.

  8   Donc, que certains faisaient l'objet d'enquêtes. Ensuite, il dit que s'il

  9   était établi qu'ils n'étaient pas des criminels, qu'ils seraient libérés,

 10   non, ils n'étaient pas libérés. Il y a deux types de prisonniers de guerre;

 11   les captifs qui sont échangés parce qu'ils ne sont pas coupables de délits

 12   criminels; et ceux qui sont détenus mais ont commis des crimes. Ceux-là

 13   font l'objet de poursuites. Pourquoi les libérer ? Parce qu'ils

 14   reprendraient les armes. Il est légitime d'emprisonner les ennemis jusqu'à

 15   la fin des hostilités et jusqu'à ce qu'ils soient procédés à un échange et

 16   jusqu'à ce que les bombardements de l'OTAN cessent. Je n'ai jamais dit que

 17   c'était une condition préalable, pour la fin du conflit, mais aucun échange

 18   ne peut avoir lieu avec la fin des hostilités.

 19   Donc c'est à nouveau des propos qui ont été déformés. Prijedor ne se

 20   trouve pas sur les lignes de confrontation. Les combattants n'étaient pas

 21   une armée. Selon les droits de la guerre, ils n'ont aucun droit, parce

 22   qu'ils ne constituent pas une unité identifiée comme telle. Ce sont des

 23   Musulmans en vêtements civils qui agissent à l'intérieur même de notre

 24   territoire. Partout ailleurs dans le monde, on parle de terroristes pour

 25   cela, mais quoi qu'il en soi, ils ont été traités comme des prisonniers de

 26   guerre. Mais à Prijedor en 1994, il y a eu assez de Musulmans pour

 27   massacrer six policiers serbes et suffisamment pour me demander de laisser

 28   80 camions quitter Prijedor chaque jour. J'ai refusé, j'en ai laissé partir


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  1   cinq par jour. Cela figure également au compte rendu d'audience. Donc,

  2   jusqu'à la fin de la guerre, des groupes terroristes ont des tranchées dans

  3   les bois, dans des cachettes, et dans des maisons abandonnées se trouvaient

  4   et agissaient dans la région, et ont tué Bozo Indjic, ont incendié sa

  5   maison. Nous en avons la preuve. Ensuite, ils ont dit : Nous avons tué

  6   Bozo, nous avons incendié sa maison, et nous voulions également tuer

  7   Grozeda [phon], mais elle a fui par la fenêtre. Nous avons également

  8   incendié sa maison. De quelle armée parle-t-on ici ? Il s'agit de groupes

  9   terroristes qui se trouvent aux tréfonds de notre territoire et qui tuent

 10   les personnes qu'ils veulent tuer.

 11   Nous avons des preuves au sujet de ces cachettes et au sujet des

 12   victimes serbes. Donc, à Prijedor, je l'ai dit à Penny Marshall et à

 13   d'autres journalistes, les choses n'étaient pas comme elles ont été

 14   représentées par l'Accusation. Il y a eu des crimes.

 15   Mais il y a eu des gens qui ont abusé de leurs positions dans des équipes

 16   de gardiens qui n'étaient pas là au moment où des abus se sont produits et

 17   qui s'arrêtaient quand leur supérieur hiérarchique arrivait; lui était

 18   chargé d'empêcher que de tels actes soient commis et l'Etat aussi a

 19   interdit de tels actes. Et donc, mes hommes empêchaient leurs subordonnés à

 20   perpétrer des sévices. Nous avons des centaines d'exemples de ça. Nous

 21   avons une déposition qui dit : Nous étions enfermés dans une municipalité,

 22   et puis des gens sont arrivés, ils ont lancé un gaz jaune, et puis la

 23   police est arrivée et instantanément, ils nous ont fait sortir. Vous

 24   trouverez ce type d'exemples en grand nombre. On sait qu'au niveau

 25   hiérarchique supérieur, les gens ont vraiment veillé aux droits des civils

 26   et des prisonniers et ont lutté contre la perpétration de crimes et les

 27   méfaits de leurs subordonnés. Et puis, il y a eu malheureusement des cas

 28   regrettables comme ça comme il y en a toujours dans des guerres civiles.


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  1   Dites-moi quand je dois m'arrêter. Je peux poursuivre ?

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, si cela peut vous convenir, nous

  3   allons suspendre et reprendre à 11 heures 30 [comme interprété].

  4   --- L'audience est suspendue à 11 heures 21.

  5   --- L'audience est reprise à 11 heures 41.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Karadzic.

  7   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

  8   Au paragraphe 79, l'Accusation dit que la direction des Serbes de Bosnie

  9   lorsqu'on a créé tous ces sigles, ces abréviations, ils ont fait preuve de

 10   plus de créativité encore que les Soviets, ou les auteurs soviétique qui

 11   inventaient tous ces acronymes. BSL ou CBS pour la langue serbo-bosno-

 12   croate, ou BCS en français. Enfin, ils voulaient, en tout cas, garder

 13   autant de territoires que possibles pour assurer leurs frontières de sorte

 14   qu'elles ne soient pas perméables aux Musulmans. Karadzic, lui, il dit

 15   quelque chose de complètement différent :

 16   "Je garantis que tout ce qui pourrait étendre la route [comme interprété]

 17   suite à une tentative de l'Ouest de ramener des territoires aux Musulmans

 18   pour -- mais maintenant c'est la communauté internationale qui doit

 19   supplier les Serbes à rendre des territoires, donc nous devons nous

 20   préparer à ce que les Serbes perdent le moins de territoires possible de

 21   façon responsable et ferme, et que nous obtenions l'essentiel, à savoir

 22   l'Etat en dehors d'une Fédération. Mais surtout, selon nous, nous ne

 23   pouvons accepter à aucun prix qu'il y ait des faiblesses dans nos

 24   frontières extérieures qui doivent être préservées, car elles constituent

 25   le plus grand danger à l'avenir."

 26   Donc vous voyez que je plaide pour la paix et que je suis contre

 27   l'éclatement de la Bosnie et contre l'annexion de divers territoires et que

 28   je plaide en faveur de la modestie et de la modération en ce qui concerne


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  1   les aspirations territoriales. Un territoire peut être consolidé sur le

  2   plan ethnique de différentes façons. Et ce qui avait été proposé avant la

  3   guerre et ce qui avait d'ailleurs été mis en pratique avant la guerre était

  4   ce qu'avait proposé M. Izetbegovic, c'est-à-dire le changement des

  5   frontières des municipalités pour laisser en dehors des villages qui ne

  6   souhaitaient pas relever d'une unité particulière, et qui préféraient

  7   plutôt se raller à une autre unité. Cela a été une méthode ou un moyen qui

  8   était encore plus strict. Et qui était appliqué avant la guerre car avant

  9   toutes ces conférences de paix c'était vraiment la question principale

 10   qu'il soulevait. Alors le bureau du Procureur dit que je n'ai pas accepté

 11   le plan Cutileiro. Mais nous avions accepté les cartes et j'ai dû dire aux

 12   députés que nous n'acceptions pas les cartes sans ça nous nous trouverions

 13   dans une situation fort difficile devant le parlement. Et selon cet

 14   arrangement, où les Serbes avaient le droit à leur propre police et

 15   qu'ensuite nous ne mettrons d'accord sur le reste. Mais le Procureur dit

 16   que même avant le plan Cutileiro, les Serbes se préparaient et demandaient

 17   leur propre MUP. Mais ça faisait partie de l'accord et la communauté

 18   internationale pensait que c'était justifié. Mais nous n'avons pas créé ce

 19   MUP avant que l'on se mette d'accord sur les principes constitutionnels.

 20   C'était une condition que nous avons présentée, et nous avions dit que tout

 21   devait se faire dans un cadre juridique; mais, nous ne l'avons mis en place

 22   qu'une fois que le plan a été adopté.

 23   Dans le même discours, j'ai dit que :

 24   "Si nous devons redéfinir il faut se mettre d'accord pour redéfinir, mais,

 25   croyez-moi, l'on peut décrire et calculer combien nous aurons gagné du fait

 26   que nous n'avons pas combattu les Croates pendant un an et demi. Quand je

 27   vois des jeunes gens dans ces zones-là je me demande s'ils seraient encore

 28   en vie si nous avions fait la guerre aux Croates ? C'est la volonté de


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  1   Dieu, et c'est la vérité avec les Croates. Beaucoup de personnes sont

  2   restées en vie et des moyens matériels énormes ont été épargnés. C'est donc

  3   le moment de mettre un terme à la guerre, et que l'on siffle la fin de la

  4   guerre. Nous avons un excellent score et il est peut-être temps de rendre

  5   quelque chose, même si c'est difficile pour nous et ils maudiront, ils nous

  6   cracherons dessus et ils nous feront beaucoup de choses. Et il vaut mieux

  7   rendre quelque chose plutôt que de redemander des choses."

  8   Donc l'Accusation, comme vous le voyez, ne tient absolument pas compte du

  9   contexte dans lequel je dis que les territoires des autres ne devraient pas

 10   être pris, des vies ne devraient pas être perdues simplement pour des

 11   territoires serbes que nous étions prêts à rendre. Donc je pense qu'il y a

 12   eu un tableau complètement déformé qui a été dessiné. Comme tout ce dossier

 13   monté contre moi est complètement faux.

 14   Alors une autre façon d'aboutir à la pureté du territoire est que l'armée

 15   de la partie adverse prenne le contrôle de cette zone, rassemble la

 16   population et les déporte ailleurs, ou les expulse ailleurs. Mais ça ne

 17   s'est pas produit, les Serbes ne se sont jamais conduits comme ça. Et ça ne

 18   s'est pas produit pour les autres non plus d'ailleurs, et je vais vous dire

 19   pourquoi. Il n'y avait pas d'endroits déclarés comme sans défense. Donc

 20   l'armée ne pouvait rentrer dans une ville ou un village sans devoir

 21   combattre des lignes de défense. Une fois que les lignes de défense étaient

 22   vaincues, la population partaient même avant que l'armée n'arrive. Et

 23   l'armée n'avait pas à attendre que l'armée ennemie rentre dans leur village

 24   ou leur ville. Et dans les zones qui ont été prises par les Serbes, comme

 25   Jajce, ou Odzak, ou Podrinje un peu plus tard, l'armée serbe n'a jamais eu

 26   de contact avec les civils. Parce que les civils étaient partis plus tôt de

 27   tous ces endroits. Voilà ce qu'ont fait les Serbes. Quand Grahovo est

 28   tombé, Glamoc, Petrovac, Sanski Most, Mrkonjic Grad, Sipovo, les gens


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  1   s'enfuyaient dès qu'ils se rendaient compte que les lignes ne pouvaient

  2   être maintenues. Donc ce n'est pas comme ça que l'épuration ethnique s'est

  3   organisée.

  4   Il y a encore une troisième possibilité qui est que l'armée disposant

  5   de son gouvernement dans ce territoire ne devait pas combattre pour

  6   rentrer. Ils pouvaient rassembler les gens et les expulser, mais ça ne

  7   s'est jamais produit. Le Témoin 310 dit avoir vu 300, 400 personnes à

  8   Grbavica, à 6 heures du matin quand ils franchissaient le pont sur la

  9   Vrbanja. Si les gens disent que ces gens ont été rassemblés par la force,

 10   sortis de leurs maisons, mais alors il aurait fallu combien de soldats pour

 11   faire un tel rassemblement ? Ça aurait créé un chaos, et ça aurait dû être

 12   organisé, il y aurait dû avoir des listes. Et les gens devaient se

 13   déclarer, se présenter à l'avance, et ils attendaient le moment où ils

 14   auraient pu traverser ce pont. (expurgé)

 15   (expurgé)

 16   (expurgé)

 17   (expurgé)

 18   (expurgé)

 19   (expurgé)

 20   (expurgé)

 21   (expurgé)

 22 (expurgé). Voilà comment les choses auraient pu s'organiser. Ce n'est pas que

 23   les gens aient dû sortir de leurs maisons, aient été rassemblés, non. Music

 24   a parlé de la situation à Hadzici. A sept reprises, sa famille a participé

 25   à cet échange de civils, et, à chaque fois, c'est le côté musulman qui n'a

 26   pas autorisé cet échange. Alors ils devaient revenir au centre sportif et

 27   attendre l'échange suivant, et ce n'est qu'à la septième reprise que

 28   l'échange a vraiment eu lieu. Voilà ce que les témoins nous ont dit, ils


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  1   nous ont dit que nous disposions d'une heure ou deux pour nous préparer,

  2   oui, eh bien, cela veut dire deux heures s'ils voulaient monter dans ce

  3   bus. Leurs noms figuraient sur une liste, ils s'étaient inscrits sur cette

  4   liste bien avant, et ils avaient même payé toutes leurs dettes à l'état.

  5   Ils avaient réglé leurs affaires, et tous leurs comptes. Et puis, ils

  6   étaient informés du moment où le bus viendrait les chercher. Nous l'avons

  7   vu, mais Kotor Varos n'est pas dans l'acte d'accusation -- je ne sais pas

  8   si nous l'avons accepté. A la présidence, on disait que les Croates de tel

  9   endroit et tel endroit ont payé un montant. Ils n'ont pas fait l'objet d'un

 10   échange, et on les a remboursés. Et puis ils quittaient le territoire sans

 11   qu'il y ait le moindre combat.

 12   Alors regardez ce que l'un des députés a dit, feu Branko Simic,

 13   P1369, à la page 33 et 34. La personne la plus libérale de Banja Luka

 14   demande trois documents pour autoriser quelqu'un à partir. Un grand nombre

 15   de municipalités demandait quelque 14 documents pour autoriser une personne

 16   au départ.

 17   Grgo Stojic, qui est un autre témoin de l'Accusation, nous a parlé de

 18   son village croate à Sanski Most, et comment ils ont dû rendre leurs armes,

 19   qu'ils vivaient, donc, une vie tout à fait normale. Ils ont eu une

 20   institutrice serbe qui venait tous les jours. La municipalité payait les

 21   cours. Les Musulmans allaient au centre de Sanski Most le jour du marché

 22   pour faire leurs emplettes, pour vendre leurs produits, et puis ils

 23   repartaient à la fin. Et un jour, un lundi, nous dit-il : J'ai vu qu'il y

 24   avait deux criminels qui m'attendaient. Et ces deux criminels l'ont emporté

 25   ailleurs où il y avait d'autres Croates, ils les ont tués, mais lui avait

 26   réussi à sauver sa peau. Et à partir de ce moment-là, une fois qu'il a

 27   repris contact avec des Serbes normaux à la police, à l'hôpital, la Croix-

 28   Rouge, et cetera, à ce moment-là il a pu être sauvé. Alors Danilusko Kajtez


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  1   n'est pas la Republika Srpska. La Republika Srpska, ce sont justement les

  2   médecins qui l'ont aidé, qui l'ont traité, et qui ont informé

  3   l'organisation catholique Caritas de son cas, et ils s'en sont occupés, de

  4   sorte qu'il puisse poursuivre son traitement médical. Et il n'est venu ici

  5   comme témoin qu'après la guerre, et c'est pourquoi Danilusko Kajtez n'a pas

  6   pu être poursuivi, parce qu'il n'y a pas de témoins. Tout ça figure dans

  7   notre mémoire en clôture, et j'ai également envoyé à la Chambre, ainsi

  8   qu'au bureau du Procureur tout ce que je viens d'évoquer. Voilà donc notre

  9   réplique à leur mémoire en clôture.

 10   Alors regardez ce que dit Grgo Stojic. Il lui fallait un certain

 11   nombre de documents pour partir. Il fallait payer, régler un certain nombre

 12   de choses. Il y avait des taxes, il fallait payer également ses frais de

 13   transport, les frais de poste, enfin, et cetera.

 14   "Il fallait demander à pouvoir partir, et puis, nous avons reçu une

 15   liste des différents certificats nécessaires. Ensuite s'il y avait encore

 16   des taxes non réglées, il fallait donc les payer, et ensuite ces personnes

 17   étaient inscrites sur la liste du convoi. Et à partir de là, ils étaient

 18   avertis de l'arrivée du convoi suivant. Cette notification concernant

 19   l'arrivée du convoi était communiquée par radio."

 20   Donc ils ont fait partir les gens en utilisant la radio, et on

 21   appelle ça de la purification ethnique ou du nettoyage ethnique. Je crois

 22   qu'il n'y a pas le moindre exemple d'un cas où des autorités officielles

 23   les aient rassemblés et les aient expulsés. Il y avait quelques individus,

 24   des renégats, ou même des réfugiés qui ont été expulsés de leurs maisons

 25   qui ont ensuite été incendiées, ce sont des actes de représailles. Mais là,

 26   il s'agissait d'une agence officielle constituée par l'ARK, Arkan et des

 27   agences privées suivaient. Ces personnes, évidemment, ont quitté leurs

 28   foyers le cœur gros, mais ils l'ont fait de leur plein gré. Alors qu'est-il


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  1   advenu des personnes qui n'avaient pas l'argent pour payer leurs impôts ?

  2   Eh bien, ils ne pouvaient pas partir. Et qu'en est-il aussi des personnes

  3   qui n'ont pas non plus demandé à pouvoir partir, ces personnes-là sont

  4   restées dans ces villes jusqu'à la fin de la guerre. Il n'y a pas un seul

  5   endroit dans lequel il n'y avait plus de Musulmans.

  6   L'Accusation a parlé de Milivoj Milincic, et ceci dans un contexte assez

  7   négatif. Milivoj Milincic était un membre du SDS et un président d'une

  8   municipalité, cette municipalité importante à Srbac. Et, avant la guerre, -

  9   et nous avons une communication téléphonique interceptée - où Milincic dit

 10   qu'il n'accepte pas un poste à l'école Sveti Sava qui porterait ce nom. Et

 11   dans cette conversation interceptée, je lui dis que leurs ancêtres, tout

 12   comme Jacob, Isaac, Abraham, Joseph, ce sont des ancêtres pour les

 13   Musulmans, comme pour les Serbes. Mais ils n'ont accepté, ils ont voulu un

 14   autre nom, Selimovic, qui est un écrivain musulman. Je ne l'ai pas imposé.

 15   Moi, je lui ai juste donné un avis. C'était un auteur important et nous

 16   voulions que le Musulmans à Kovac soient satisfaits. Ils ne sont pas

 17   partis. D'ailleurs, ils ont formée une unité de l'armée de la Republika

 18   Srpska qui s'appelait Mesa Selimovic. Et dans la guerre, ils ont lutté pour

 19   la Republika Srpska, ils n'ont pas combattu pour les Serbes. Mais ils ont

 20   combattu pour les valeurs communes entre les Musulmans et les Serbes : la

 21   démocratie et un Etat laïc.

 22   Et le commandant de cette unité, l'ancien président de Bosanski Brod, voilà

 23   donc des Musulmans qui n'ont pas dû partir. Ils n'ont dû aller nulle part.

 24   Ils ont rejoint l'armée, les rangs de l'armée de leur plein gré. Mais

 25   Milincic l'a reconnu avant la guerre et a demandé que l'école ne soit pas

 26   appelée St-Sava, mais plutôt Selimovic, et l'Accusation donne une

 27   représentation de cet homme honnête d'une façon qui leur appartient à eux.

 28   A l'examen des documents envoyés par le gouvernement musulman à


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  1   l'Accusation début juillet 1996, nous avons vu qu'il y avait une

  2   description de tous les endroits avec le nombre de Musulmans qui y

  3   habitaient avant la guerre. Par municipalité, on indiquait que les Serbes

  4   avaient repris le pouvoir à Laktasi, par exemple, mais ce n'était pas par

  5   les moyens de la guerre, mais c'était par le biais de leurs installations,

  6   parce que le gouvernement était là étant donné que le SDS avait gagné les

  7   élections. Et dans toutes ces municipalités, eh bien, il y avait un nombre

  8   de Musulmans. Et le tableau qui avait été dressé par Ewa Tabeau indiquait

  9   qu'il y avait encore plus de Musulmans qui ont quitté les municipalités

 10   après les accords de Dayton qu'auparavant. Une fois que la guerre s'est

 11   terminée, les gens ont déménagé; avant cela, ils étaient restés, même s'ils

 12   avaient la possibilité de s'inscrire pour des convois et qu'ils aient

 13   choisi de ne pas le faire.

 14   Aux paragraphes 58 à 78, on lit, on prétend qu'il y avait un plan de

 15   purification ethnique et que Karadzic en avait été informé lors d'une

 16   réunion avec les autorités locales à Zvornik. Alors, ce que Karadzic a dit

 17   était limpide. On peut le trouver à la pièce P9937, qui est à l'écran.

 18   "On m'a indiqué que les habitants musulmans de Kozluk à Zvornik

 19   avaient demandé aux autorités d'aller en Hongrie ou en Allemagne, sans quoi

 20   ils auraient été otages."

 21   Et les autorités serbes ont demandé un document signé, y compris une

 22   demande faite les Musulmans. Et les autorités serbes à Zvornik ont donc une

 23   preuve écrite que ces Musulmans sont partis de leur plein gré, liste qui

 24   contenait les noms et qu'ils étaient partis sans que des pressions aient

 25   été exercées et ils pouvaient revenir, du reste, quand ils voulaient,

 26   qu'une copie avait été remise à la Croix-Rouge. Certains sont revenus,

 27   d'autres sont restés dans ces pays étrangers. Mais avant, donc, de partir

 28   ou de faire partie de ce départ organisé, ils vivaient dans une situation


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  1   chaotique et les prêtres orthodoxes ainsi que les responsables religieux

  2   musulmans sont venus et leur ont dit qu'il ne fallait pas qu'ils partent.

  3   Mais quand le conflit est monté en puissance, les autorités n'ont plus pu

  4   garantir la sécurité, même pour ses propres fonctionnaires. Les militaires

  5   les maltraitaient, les dénudaient, les passaient à tabac. Voilà la vérité.

  6   Aux paragraphes 44, 45 et puis 77, 81, 82, on peut lire qu'au cours

  7   de la réunion secrète entre Karadzic, Jovanovic et Milosevic, ces trois

  8   personnes avaient plaidé en faveur de l'établissement de territoires

  9   nationaux homogénéisés et qu'ils étaient contre la liberté de mouvement qui

 10   aurait mis à mal la structure démographique des municipalités et ce qu'ils

 11   avaient appelé cette nouvelle réalité. Vous pouvez d'ailleurs consulter et

 12   vous reporter à ce document.

 13   Et au début de ce discours, Jovanovic dit très clairement que la

 14   purification ethnique est hors de question, et que partant le lien

 15   territorial avec la Serbie et le Monténégro, c'est-à-dire la Yougoslavie,

 16   devait être assuré de façon incontestable et non pas de façon transitoire.

 17   Mais ce qui est le plus important, c'est de faire en sorte le territoire

 18   que nous obtiendrons. Et comment l'obtenir ? Eh bien, au cours de

 19   conférences. C'était une réunion d'ailleurs qui s'est produite juste avant

 20   New York où nous nous étions rendus à une conférence pour discuter du plan

 21   Vance-Owen, et ce que nous obtenions ce n'était pas par les armes, mais en

 22   participant à des conférences. La citation continue :

 23   "Homogène d'un point de vue national, autant que possible, mais pas

 24   au moyen de nettoyage ethnique."

 25   Et cela est tout à fait différent du paragraphe repris dans les mémoires de

 26   l'Accusation où l'on affirme que j'ai prôné un nettoyage ethnique. Je

 27   continue la citation :

 28   "Le nettoyage ethnique est un piège. Nous devrions utiliser une


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  1   procédure pacifique pour l'échange de la population, en d'autres mots, la

  2   migration."

  3   Il s'agit là d'une question qui relève du libre choix et qui prend des

  4   années parfois à se dérouler. Si les gens décident de le faire, cela prend

  5   des années. Et mon soutien à Jovanovic a été le suivant. J'ai dit : Oui,

  6   laissons les choses se faire naturellement. Pourquoi même penser au

  7   nettoyage ethnique alors que les gens décident de le faire eux-mêmes ? Et

  8   nous voyons à présent que les Musulmans sont retournés à Zvornik. Et si

  9   l'Accusation avait regardé la carte, elle se serait rendu compte qu'il y a

 10   des endroits à Zvornik où des municipalités sont musulmanes et qu'il s'agit

 11   d'un territoire musulman. 

 12   Le paragraphe 59 nous dit que les dirigeants de Bratunac s'étaient vantés

 13   du fait qu'il n'y avait plus de Musulmans à Bratunac, qu'un nettoyage

 14   ethnique avait eu lieu, et ce, par les autorités locales. A ce moment-là,

 15   les Serbes contrôlaient moins de 20 % de Bratunac, et cela veut dire que

 16   dans 80 % du territoire, il n'y avait pas un seul Serbe, et dans 20 % du

 17   territoire qui est resté, il n'y avait presque pas de Musulmans. A la pièce

 18   P548, j'ai déclaré nous ne devons pas exercer des pressions sur la

 19   réinstallations de la population. Et cela n'est pas à l'avantage de la

 20   médiation. Cela a été dit lors d'une réunion à huis clos avec les

 21   dirigeants. Nous ne devons pas exercer des pressions sur la population pour

 22   la réinstallation.

 23   Au paragraphe 60 à propos d'Ilidza, l'Accusation avance que les autorités

 24   locales étaient en train d'expulser la population et que cela a eu lieu à

 25   l'initiative de Radovan Karadzic. Des témoins à charge eux-mêmes ont nié

 26   cela, pièce P5065. Le Témoin à charge Prstojevic a déclaré qu'il y avait 55

 27   000 Serbes et 100 000 autres à Ilidza. Prstojevic et Kezunovic ont nié

 28   avoir reçu de telles instructions, et ont nié que Karadzic ait même déclaré


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  1   que l'on ne devait pas toucher à un cheveu des Musulmans ou des Croates.

  2   Glavas l'a confirmé également, et c'était également un témoin à charge. Je

  3   n'ai eu aucun contact avec lui.

  4   Au paragraphe 67, l'Accusation affirme que Radovan Karadzic a soutenu la

  5   destruction des mosquées à Banja Luka. Dans notre mémoire en clôture au

  6   paragraphe 1 143, nous réfutons cela, et nous nous fondons sur la pièce

  7   D106.

  8   (expurgé)

  9   (expurgé)

 10   (expurgé)

 11   (expurgé)

 12   (expurgé)

 13   (expurgé)

 14   (expurgé)

 15   (expurgé)

 16   Au paragraphe 57, l'Accusation affirme qu'il y avait eu une interdiction

 17   sur le retour des réfugiés -- correction, paragraphe 68. Un homme --

 18   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes de la cabine anglaise : M. Karadzic

 19   devrait ralentir et répéter les chiffres qu'il vient de citer.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Les interprètes n'ont pas saisi les

 21   chiffres, Monsieur Karadzic, et je crois qu'ils ne peuvent pas voir ce qui

 22   est affiché à l'écran.

 23   Veuillez continuer. Mais je vais vous demander de bien vouloir répéter les

 24   chiffres que vous avez cités sur les paragraphes repris dans votre mémoire

 25   en clôture.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui. Avant cela, j'avais fait référence au

 27   paragraphe 68 du mémoire en clôture de l'Accusation, et puis notre réponse

 28   se trouve aux paragraphes 989 à 999. Je ne veux pas répéter ce qui est


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  1   repris dans notre mémoire en clôture et dans le mémoire de l'Accusation,

  2   mémoire en clôture, paragraphes 69, 175, et 406 à 428. L'Accusation aborde

  3   des directives, plus particulièrement les directives 4 et 7, et le déni ou

  4   le refus d'aide humanitaire à apporter aux civils musulmans. Nous avons

  5   déjà traité de la question dans notre mémoire en clôture, les paragraphes 1

  6   294 à 1 329 et 3 309 à 3 317.

  7   Je pourrais également ajouter que M. Goulding, en février 1992 -- non, en

  8   décembre 1992, a déclaré que les masses média internationaux étaient en

  9   train de déformer la réalité quant à l'approvisionnement de cette aide

 10   humanitaire, et je pense que cela suffit pour prouver que les médias ne

 11   relataient pas des choses comme elles se passaient.

 12   Concernant la directive 1, et la référence faite dans le mémoire en clôture

 13   de l'Accusation paragraphes 407 à 409, on dit que le 5 juin, Radovan

 14   Karadzic a dit à Mladic de nettoyer les secteurs de Butmir, Hrasnica,

 15   Dobrinja, Sokolovic Kolonija, et peu après la directive du 6 juin 1992 a

 16   été délivrée; pièce D232. Le bureau du Procureur ici semble suggérer que

 17   des actions illégales ont été prises à cet égard. En vérité, en avril et

 18   mai 1992, l'attaque a été lancée contre les Serbes à Ilidza -- à partir des

 19   villages musulmans.

 20   Mais, en fait, l'Accusation ne tient pas compte du fait que les

 21   opérations militaires dans cette partie n'avaient jamais ciblé des civils

 22   serbes et la directive contient elle-même un ordre selon lequel le Corps de

 23   Sarajevo-Romanija devait protéger la population civile pendant l'opération.

 24   Mais l'Accusation n'a pas estimé utile d'en faire référence. Dans son

 25   mémoire en clôture, aux paragraphes 408 et 409, même si elle y a cité le

 26   texte de la directive, alors nous avons également vu un ordre du général

 27   Galic selon lequel la police et l'armée emmenaient les civils de la zone de

 28   combat vers la caserne afin de les y loger. Il s'agit là d'une obligation


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  1   qui suit notre Loi sur la défense. C'est une obligation de faire évacuer

  2   les civils, pas de les réinstaller, comme le bureau du Procureur l'a

  3   interprété dans ce document. La réinstallation est un processus de

  4   transfert permanent, mais l'évacuation est réglementée par la loi et doit

  5   avoir lieu. Alors ici, on dit que Krajisnik a admis qu'un ordre d'Andric du

  6   28 mai 1992 sur les façons d'évacuer les civils de Podrinje constituait un

  7   nettoyage ethnique. Mais cet ordre du 28 mai a, en fait, été rédigé une

  8   semaine après que les parties au conflit aient signé un accord avec la

  9   Croix-Rouge. Je pense qu'il faut se référer là à la pièce P1603 qui date du

 10   22 mai, et tous les accords ultérieurs évoquent cet accord originel,

 11   juillet, au 27 août ou 27 octobre. Dans tous ces documents ultérieurs, on

 12   parle de cet accord originel. La seule chose qu'Andric n'ait pas faite

 13   était de faire référence à cet accord, mais voilà l'esprit de l'accord. La

 14   population et les civils devaient être évacués de la zone de combat.

 15   Dans le mémoire préalable au procès, au paragraphe 70, l'Accusation affirme

 16   que le 31 mai 1992, Radovan Karadzic avait déclaré, et ce, en se fondant

 17   sur les carnets de Mladic, qu'il fallait, et je cite, "nettoyer la Posavina

 18   des Croates". Le carnet de Mladic n'est pas un journal en soi. Il ne s'agit

 19   que de notes prises comme cela et ces notes ne sont pas des conversations

 20   reprises au mot à mot, ce sont des résumés de ce qu'il était en train de se

 21   passer, mais le bureau du Procureur aurait pu le vérifier ou aurait pu

 22   vérifier la mesure dans laquelle cette note concordait avec d'autres

 23   documents et d'autres événements. Est-ce qu'il y a eu des preuves qui ont

 24   été trouvées dans un quelconque document qui aurait été délivré et qui

 25   aurait instruit une autorisation de telles actions contre des civils ?

 26   Malgré les énormes éléments de preuve que le bureau du Procureur a réunis,

 27   non, et la Défense a énormément d'éléments de preuve montrant que des

 28   efforts ont été consentis pour protéger la population civile. Même là, le


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  1   bureau du Procureur essaie d'arriver à une conclusion contradictoire. La

  2   seule conclusion à tirer est de dire que cette phrase fait référence à un

  3   nettoyage des formations militaires ou des unités militaires de Posavina.

  4   Les Juges de la Chambre savent que la Posavina est un corridor, elle ne

  5   fait pas référence aux Croates en tant que tels là, et qu'il y avait des

  6   croates dans nos unités à l'époque. Un colonel était un Croate au sein du

  7   Corps de Sarajevo-Romanija et nous avions un lieutenant-colonel à Pale, le

  8   commandant de la base logistique était également de cette origine. Nous

  9   avions énormément de Croates dans notre armée, donc on ne fait pas

 10   référence aux civils ici. S'il s'était agi de civils, là, aucun d'entre eux

 11   ne serait resté dans notre armée. Alors, je dois encore souligner le fait

 12   que les Croates et les Musulmans qui se trouvaient dans l'armée de

 13   Republika Srpska n'ont pas combattu pour le peuple serbe; ils ont combattu

 14   pour des valeurs communes, la démocratie, la liberté et le caractère

 15   séculier de notre peuple.

 16   Cette directive qui interdit les mauvais traitements à l'égard de

 17   civils et qui instruit d'observer les conventions de Genève est la pièce

 18   D232. L'Accusation déclare que le 8 juin, Radovan Karadzic a lancé un appel

 19   au public et aux organes pour aider la Croix-Rouge, mais, en fait, il n'y a

 20   pas eu d'ordres qui étaient délivrés. C'était un appel qui a été lancé et

 21   pas un ordre. S'agissant de l'ordre du 13 juin que Radovan Karadzic aurait

 22   délivré, eh bien, le Procureur l'appelle des instructions. Et, en fait,

 23   c'est le contraire. Le 13 juin, c'était un ordre, et l'instruction était un

 24   document à l'appui de la procédure à appliquer. L'appel lancé au public

 25   visait à créer une atmosphère beaucoup plus convenable et d'avoir aussi une

 26   position vis-à-vis de la Croix-Rouge et des organisations internationales,

 27   notamment les organisations humanitaires.

 28   J'ai délivré 64 ordres demandant d'observer le droit humanitaire et


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  1   de protéger les civils. Le bureau du Procureur n'a même pas essayé de

  2   réfuter des documents d'une nature confidentielle qui sont des ordres

  3   express envoyés à des organes de l'armée en vue de respecter les

  4   conventions de Genève, la population civile et la vie, en général. Le

  5   bureau du Procureur laisse entendre que cette politique était à deux

  6   vitesses. D'une part, il y avait des ordres qui étaient délivrés; mais

  7   d'autre part, rien n'était fait. En revanche, l'Accusation n'a pas montré

  8   un seul ordre envoyé au camp serbe -- ou au camp musulman.

  9   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes : Les interprètes ne sont pas sûrs de

 10   cette dernière phrase.

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Alors, nous pouvons voir à présent la pièce

 12   D43. Il s'agit de mon ordre du 16 avril demandant une cessation des actions

 13   sur Srebrenica, et afin d'amoindrir l'importance de cet ordre, le bureau du

 14   Procureur déclare que Karadzic l'a fait sous pression. Tout d'abord, cela

 15   ne change rien au faut que j'ai arrêté ces activités. Deuxièmement, il y

 16   avait des pressions qui étaient exercées pendant toute la guerre, et

 17   quelquefois il fallait subir des pressions ou exercer des pressions pour

 18   survivre, mais je n'ai pas cédé à ces pressions lorsqu'elles impliquaient

 19   de lourdes pertes ou de gros dommages. Et tout cela se retrouve dans les

 20   documents. Vous verrez que j'ordonne que les civils doivent être protégés.

 21   Ce n'est pas ce que l'OTAN m'a demandé, l'enquête ne devait pas être menée

 22   pour cela, mais parce qu'il fallait laisser passer les convois. Rien ne

 23   montre qu'il y ait eu des pressions. Mais le bureau du Procureur ne veut

 24   pas que tout cela soit expliqué de la sorte et que je m'étais exprimé sur

 25   la question de l'aide humanitaire.

 26   Le même jour, Sefer Halilovic a délivré un ordre qui est repris dans la

 27   pièce D343. Le premier document dont j'ai parlé était la pièce D43. A

 28   présent, je voudrais le 343, daté du 16 avril.


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  1   Sefer Halilovic nous dit dans ce document --

  2   L'INTERPRÈTE : Note des interprètes : Le document n'est pas à l'écran. 

  3   L'ACCUSÉ : [interprétation] La trêve que nous avons ordonnée oublions-la.

  4   Elle ne sert que des objectifs de propagande. Continuez ce que vous êtes en

  5   train de faire. Et c'est à ce moment-là que j'ai arrêté les activités

  6   autour de Srebrenica. Et Sefer Halilovic a en fait ordonné de continuer les

  7   combats et de ne pas tenir compte de l'ordre précédent. L'Accusation aurait

  8   dû trouver pour contrer cela un seul exemple de mon propre ordre. Mais il

  9   n'y a rien et l'Accusation a préféré écarter cet élément-là.

 10   Aux paragraphes 74 et 541 du mémoire en clôture de l'Accusation, le bureau

 11   du Procureur a fait référence à la déposition d'Okun et a affirmé que

 12   Radovan Karadzic avait exploité les résultats de ce nettoyage ethnique, et

 13   le bureau du Procureur affirme que tous les ordres de Karadzic, et cetera,

 14   et cetera. Passons justement aux propos d'Okum, page 1 818 du compte rendu.

 15   Docteur Karadzic, je suis surpris de vous entendre dire que j'ai affirmé

 16   que vos appels n'aient  pas été sincères. J'ai dit le contraire. J'ai dit

 17   qu'il fallait en tenir compte. J'ai dit qu'il fallait les louer. J'ai dit

 18   qu'ils étaient fondés, et cetera, et cetera. En d'autres mots, Okun pense

 19   que ce que j'affirme est bien arrivé. Mais le bureau du Procureur a avancé

 20   que le président Dodik était venu après sa déposition pour me féliciter et

 21   qu'il m'a embrassé trois fois. Le bureau du Procureur pense que c'est

 22   important, mais au lieu de dire que l'ambassadeur Okun est aussi venu me

 23   féliciter une fois que les Juges de la Chambre avaient quitté le prétoire

 24   et m'a embrassé. Mais rien de tout cela n'est important, ce ne sont que des

 25   relations privées, mais le bureau du Procureur choisit d'en parler, de

 26   parler du premier événement et d'omettre le deuxième.

 27   Au paragraphe 106 du mémoire de l'Accusation, il est affirmé que Radovan

 28   Karadzic aurait déclaré que les Serbes de Bosnie avaient le soutien de la


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  1   Sûreté d'Etat serbe au moment de l'arrivée d'Arkan. Nous faisons référence

  2   à la pièce P1478 page 133 où l'on voit qu'on ne parle nulle part d'Arkan ni

  3   de la Sûreté d'Etat serbe, mais que l'on indique uniquement que la JNA

  4   avait demandé des Serbes avant la guerre de ne pas organiser leur propre

  5   armée qui était soutenue par la Sûreté d'Etat.

  6   S'agissant des relations avec Arkan, je vous invite à lire notre mémoire en

  7   clôture, paragraphes 1 076 à 1 088. De plus, lorsque le bureau du Procureur

  8   a fait référence à la pièce P5888 pour étayer l'allégation selon laquelle

  9   Radovan Karadzic avait orchestré l'armement des Serbes en dehors des

 10   structures de la JNA, le document nous montre en fait que -- et je ne vais

 11   pas citer ce qui est repris. C'est une conversation entre Vukic et moi-

 12   même. Bon, finalement, je vais le citer, oui.

 13   "Vukic : Il y a des problèmes si vous savez. Merde. Ils veulent qu'on

 14   forme les unités paramilitaires.

 15   "Karadzic : Non, non, non, pas question. Pas question.

 16   "Vukic : Qu'est-ce qu'on doit faire ?

 17   "Karadzic : J'ai dit pas question. Pas d'armée serbe. Tout cela est

 18   déraisonnable…"

 19   En outre, de nombreux autres éléments de preuve montrent que Karadzic n'a

 20   jamais encouragé cela et qu'aucun armement ne devait se faire au sein de la

 21   Défense territoriale qui se trouvait sous le commandement de la JNA ou au

 22   sein des compagnies et bataillons réservistes de la JNA.

 23   Aux paragraphes 234 à 242, le bureau du Procureur affirme que le

 24   gouvernement de la RS appartient à Karadzic, qui le contrôlait totalement.

 25   Notre réponse à cela est la suivante, veuillez vous référer aux paragraphes

 26   904 à 933 de notre mémoire en clôture. Le président jouit d'un certain

 27   nombre de pouvoirs, qui, par exemple, porte sur la nomination du premier

 28   ministre. Dans le cadre de ses relations avec les organes d'Etat, le


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  1   président s'assurera également de la mise en œuvre de décisions adoptées

  2   démocratiquement au sein de son parti avant la guerre et après l'arrêt des

  3   travaux du parti pour cause de guerre. Si le premier ministre ne fait pas

  4   bien son travail, le président a pouvoir de le limoger. Il doit pour ce

  5   faire passer devant l'assemblée. L'assemblée est l'organe suprême pour ce

  6   faire. Bien sûr, le président devait faire en sorte que les organes

  7   étatiques effectuaient bien leur travail et harmonisaient leur travail. Si

  8   un ministère ne fonctionnait pas bien, le président ne pouvait pas de son

  9   propre gré remplacer le ministre. Il devait le demander au gouvernement.

 10   Le paragraphe 237 du mémoire de l'Accusation déclare ou reprend que Radovan

 11   Karadzic a réitéré ce point-là en mars 1995 lorsqu'il a dit aux présents

 12   lors d'une réunion du Conseil suprême de la Défense que :

 13   "…chaque armée, chaque structure doit s'y conformer; car c'est moi le

 14   responsable en bout de compte. L'armée est à moi tout autant que le

 15   ministre. Le premier ministre aussi, et l'armée est à moi…"

 16   L'Accusation est en train de surinterpréter mes divergences d'opinions avec

 17   les structures, en particulier les structures militaires, or que tout ce

 18   que j'essaie de faire c'est de les convaincre qu'ils doivent mener les

 19   ordres plus rapidement. Si tout se faisait sans aucune objection, cette

 20   phrase n'aurait pas été là, et, en fait, mes divergences avec les officiers

 21   n'avaient rien à voir avec leurs crimes. Tous les témoins ont déposé et ont

 22   déclaré que mes conflits avec les officiers de la VRS étaient de nature

 23   idéologique parce que nous avions un passé communiste différent. Et je ne

 24   vois pas quels crimes j'aurais pu soutenir.

 25   Alors je pense qu'il est temps de la pause.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Effectivement. Nous ferons une

 27   pause d'une heure et nous reprendrons à 13 heures 40.

 28   --- L'audience est levée pour le déjeuner à 12 heures 42.


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  1   --- L'audience est reprise à 13 heures 40.

  2   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.

  3   M. TIEGER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. J'ai informé la

  4   Défense que je souhaitais très brièvement soulever une question avant que

  5   d'avancer plus avant dans les arguments, et ce, comme suit : même si

  6   l'Accusation et la Défense se sont mis d'accord pour dire qu'il lui

  7   convient que cela était la pratique de cette institution de présenter des

  8   diapositives lors des plaidoiries et réquisitoires, nous sommes inquiets au

  9   sujet d'une discussion que nous avons eue avec la Défense, car cela va au-

 10   delà de ce que nous estimons être les limites convenables. Même si c'est

 11   autorisé et tout à fait pratique que de soumettre ou de montrer aux Juges

 12   de la Chambre des diapositives avec des citations émanant de documents qui

 13   ont été versés au dossier et qui ont été lus lors des présentations orales

 14   ou de ces appuis, ces diapositives qui sont évoquées lors de l'échange,

 15   nous estimons qu'il ne convient pas de présenter des diapositives sur des

 16   textes qui n'ont pas été présentés auparavant aux Juges de la Chambre et,

 17   par conséquent, en fait, de présenter des arguments par la porte de

 18   service, puisque nous sommes limités à 10 heures pour nos présentations

 19   ainsi que des notes en bas de page qui sont très longues et qui sont lues

 20   dans le prétoire. Et il s'agit là d'utiliser le temps qui n'est pas utilisé

 21   pour présenter des arguments écrits.

 22   C'est quelque chose que je voulais présenter aux Juges de la Chambre

 23   avant que M. Karadzic ne développe davantage sa présentation de façon à ce

 24   qu'il puisse les intégrer, et, en tout cas, intégrer les éléments qu'il

 25   juge importants.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Est-ce que la Défense souhaite ajouter

 27   quelque chose ?

 28   Me ROBINSON : [interprétation] Oui, il se trouve que nous n'allons pas


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  1   utiliser toutes les diapositives que nous avons présentées, ce pour un

  2   certain nombre de raisons; le temps, et pour des questions de priorité, et

  3   nous pensons qu'en tant que Juges professionnels, vous allez ignorer ces

  4   diapositives qui vous ont été présentées, qui ne seront pas abordées lors

  5   du débat aujourd'hui.

  6   M. TIEGER : [interprétation] Alors deux questions, je ne vais pas les

  7   analyser trop en profondeur. La Défense souhaite qu'elles soient retirées,

  8   il y a des diapositives qui ont été évoquées, et une partie de la

  9   diapositive seulement est évoquée, alors qu'il y a des commentaires, il y a

 10   un texte qui est important et qui n'a pas été abordé ici oralement, alors

 11   qu'il s'agit de parties importantes de textes et commentaires qui n'ont pas

 12   été lus ou dits ici, alors qu'ils représentent ou correspondent à des

 13   arguments écrits, et cela ne convient pas dans ce contexte.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je confirme que les Juges de la Chambre

 16   ont reçu ces diapositives mais que également nous n'allons absolument pas

 17   les utiliser.

 18   Pouvons-nous continuer ? Oui, Monsieur Karadzic, veuillez poursuivre.

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 20   L'éminent M. Tieger, le 29, le premier jour, c'est quelque chose qui est

 21   cité dans le mémoire en clôture également de l'Accusation, il a dit que

 22   Karadzic contrôlait les dirigeants locaux, et à titre d'exemple, il fait

 23   référence au SDS de Prijedor. Nous avons abordé cette question dans notre

 24   propre mémoire en clôture et nous avons prouvé que le SDS de Prijedor

 25   agissait de façon indépendante du début à la fin et avait des aspirations

 26   qui étaient les leurs, et n'adoptait les décisions qu'ils souhaitaient

 27   mettre en œuvre. Ceci a été dit publiquement; 1163 ainsi que le D4057

 28   également.


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  1   L'Accusation fait valoir que Stakic a avoué que les gens qui étaient venus

  2   à Trnopolje ne sont pas venus de leur plein gré; mais, Stakic a dit quelque

  3   chose de différent en réalité. Bien sûr, on laisse entendre que ces

  4   personnes sont arrivées contraintes et forcées. Ce n'est pas ce qu'a dit

  5   Stakic. Cependant, aux pages du compte rendu d'audience 45 238 à 45 239,

  6   Stakic a dit ce qui suit, je vais vous lire en anglais : 

  7   "Ce qui se passe là-bas, c'est que l'armée lorsqu'elle arrive à la ligne de

  8   front a ouvert un passage", si c'est exact, "et ensuite ils ont permis à

  9   ces gens d'atteindre la ville, parce que ces personnes s'étaient dirigées

 10   vers la ville, Kozarac, et ensuite les gens avec lesquels j'ai marché m'ont

 11   dit qu'ils étaient arrivés pendant la nuit et ils m'ont dit qu'ils

 12   séjournaient dans deux bâtiments en ville. Et on a demandé à la plupart de

 13   ces gens de rester là avec leurs parents, leurs amis. Il y avait des gens

 14   qui étaient issus de mariages mixtes, et cetera. Je ne sais pas qui a fait

 15   entrer ces personnes ou qui les a accueillies et hébergées. A un moment

 16   donné, lorsque la police s'est rendu compte du fait que ces bâtiments

 17   étaient bondés, à ce moment-là ils ont mis à la disposition des autocars.

 18   Encore une fois, ils ont demandé à ces gens s'ils disposaient de biens

 19   privés, de maison et s'ils pouvaient habiter chez quelqu'un, et ensuite,

 20   ils ont fait en sorte que ces autres personnes qui avaient fui de Kozarac,

 21   qui avaient fui les combats, et à ce moment-là, ils les ont dirigés vers

 22   Trnopolje. Je n'ai jamais dit, et je ne souhaite pas le dire aujourd'hui,

 23   je ne souhaite pas que la question me soit posée, à savoir ces personnes

 24   sont parties de leur plein gré. Ce qui leur est arrivé est tout à fait

 25   triste, et je le regrette, mais je ne dis pas que nous n'avons pas pris de

 26   décision au sujet de Trnopolje. Nous n'avons pas planifié Trnopolje."

 27   Donc cela crée l'impression que le Dr Stakic a dit quelque chose qu'il n'a

 28   en réalité pas dit, mais ceci ne permet pas d'établir la vérité, et cela ne


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  1   contribue en rien à la justice internationale. Il est clair que

  2   l'Accusation avait besoin non seulement d'un linguiste mais également de

  3   quelqu'un qui s'y connaisse en sémantique. Ce que ça signifie lorsque

  4   quelqu'un a dit qu'on m'a contraint de quitter tel ou tel endroit, il

  5   aurait pu s'agir de quelque chose ou de quelqu'un qui aurait contraint à

  6   partir. Mais l'Accusation semble être convaincue qu'il s'agit de quelqu'un.

  7   Alors, quand on est contraint par certains événements, cela ne revient pas

  8   à dire que l'on est contrait par une personne en particulier.

  9   La question se pose aussi au niveau du caractère volontaire ou si

 10   quelqu'un part de son plein gré, ou si quelqu'un va quelque part, même si

 11   cette personne a des larmes dans les yeux, et le regrette, cette décision

 12   est la leur. Et dans les options que cette personne avait, eh bien, elle a

 13   choisi celle qui était la mieux pour elle. Et Drljaca, a dit l'Accusation,

 14   a informé les dirigeants sur les 5 000 corps musulmans dans la mine de

 15   Tomasica. Cela a été relevé dans les carnets de Mladic. C'est la preuve, et

 16   le seul témoin qui a témoigné à ce sujet était le général Subotic, qui l'a

 17   expliqué aux pages 4 138 à 4 139. Mais ces carnets lorsqu'il y a

 18   exagération, le général Subotic a témoigné à la page du compte rendu

 19   d'audience T40138 à 40139. Et, le général Subotic a expliqué ici ce que les

 20   gens savaient ou ce dont ils avaient entendu parler.

 21   L'Accusation ici parle d'un nombre très important de victimes tel

 22   qu'il est allégué de Prijedor, alors que moi j'ai une liste de 250 soldats

 23   que l'ABiH avait enregistrés sous l'appellation victimes lors des combats à

 24   Prijedor et autour de Prijedor. Alors, tout ce que dit l'Accusation, eh

 25   bien la Défense s'attend à ce que les Juges de la Chambre vérifient tout ce

 26   qu'a dit l'Accusation car, bien évidemment, le bureau du Procureur souhaite

 27   simplement sortir de cette épreuve victorieuse, il ne s'agit pas d'établir

 28   la vérité.


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  1   Le bureau du Procureur a dit également que le général souhaitait

  2   avoir un Etat sans avoir d'ennemis à l'intérieur du pays, en citant encore

  3   une fois les carnets de Mladic, P1477, page 258. Alors, sur cette page-là,

  4   j'ai dit, encore une fois, il s'agit d'une version abrégée. Ceci n'est pas

  5   littéral. Ceci n'a pas été consigné littéralement. Je vais le lire en

  6   anglais :

  7   "Il s'agit de créer notre propre Etat qui est un rêve millénaire, sans

  8   qu'il y ait d'ennemis internes. Nous sommes sur le point d'y arriver. Nous

  9   nous sommes trompés s'agissant de l'orientation des Musulmans en

 10   Yougoslavie. Izetbegovic est un fanatique religieux qui est en faveur d'une

 11   division de la Bosnie-Herzégovine. Les Musulmans ont formé des Bérets

 12   verts, rouges et bleus. Izetbegovic, souhaite voir une intervention et est

 13   soutenu par le MUP et par Genscher."

 14   Donc, il ne s'agit pas d'expulsion. Cela ne comprend pas des peuples

 15   et des groupes ethniques qui ne souhaitent pas rester à l'intérieur d'un

 16   Etat en particulier. Et c'est la raison pour laquelle les dépositions sur

 17   la création de la Yougoslavie et les documents y afférents étaient

 18   importants. Lorsque la Yougoslavie a été créée, suite à la victoire de la

 19   Serbie et des alliés lors de la Première Guerre mondiale. Les Croates ont

 20   été vaincus. Ils étaient pris de panique. Ils souhaitaient rejoindre à tout

 21   prix l'Etat des Serbes, des Croates et des Slovènes, parce qu'ils pensaient

 22   que la conférence de Londres allait définir les frontières de la ligne

 23   Karlobag, Ogulin, Karlovac et Virovitica. Et le roi Alexandre, qui régnait

 24   alors, a marqué son accord, et cela, je dois dire que nous avons payé le

 25   prix cher pour cette terrible erreur. Un demi million de victimes pendant

 26   la Deuxième Guerre mondiale. Et ceci ne comprend pas les territoires des

 27   autres. Il ne faut pas aider l'ennemi de cette manière, surtout en présence

 28   de l'intégrisme. Il y a des femmes au foyer qui quittent la Bosnie-


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  1   Herzégovine aujourd'hui pour se rendre en Syrie et pour aller se battre

  2   pour défendre l'Islam.

  3   A la page du compte rendu d'audience de lundi, le Procureur a répondu

  4   à ses propres accusations lorsque l'Accusation a dit que la Défense, dans

  5   son mémoire en clôture, a présenté énormément d'éléments de preuve pour

  6   dire que Karadzic avait tout fait pour éviter la guerre. Je vais vous lire

  7   en anglais maintenant :

  8   "Les hommes qui recherchaient de façon active à faire la guerre et

  9   dépeignent à tort Karadzic comme un homme qui ne recherchait que la paix et

 10   son mémoire en clôture est truffé de différentes annonces où il prônait de

 11   façon répétée et sans cesse la paix et qu'il était en faveur de la paix."

 12   Bien sûr que la Défense a cité à la barre de nombreux témoins. Nous n'avons

 13   pas besoin d'interpréter de façon bâtarde tous ces éléments ni de massacrer

 14   les phrases comme l'a fait l'Accusation, qui tente de cette manière

 15   d'induire en erreur les Juges de la Chambre. Pourquoi l'Accusation n'a-t-

 16   elle pas fourni la preuve que Karadzic était en faveur de la guerre ? Et

 17   pourquoi l'Accusation oublie-t-elle que c'étaient les Musulmans qui ont

 18   déclaré la guerre aux Serbes, ce n'était pas l'inverse, ce n'est pas les

 19   Serbes qui ont déclaré la guerre aux Musulmans. Pourquoi oublient-ils que

 20   Karadzic, pendant toute l'année 1992, a publiquement demandé à Izetbegovic

 21   de retirer sa déclaration de guerre ? Et il n'a pas été à l'origine d'un

 22   état de guerre dans la Republika Srpska de façon à ce que la vie du simple

 23   citoyen soit militarisée. Voilà. Nous avons la preuve de cela. Nous

 24   disposons de preuves émanant de M. Vance. Une semaine avant l'accord de

 25   Lisbonne, il déclare que Karadzic souhaitait éviter la guerre à tout prix.

 26   Tout le comportement de Karadzic et des Serbes à partir du début du mois de

 27   septembre 1991 est un comportement pour désamorcer les tensions. Lorsque

 28   l'accord historique serbo-musulman a échoué, parce qu'il a été refusé par


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  1   le SDS, à ce moment-là la Région autonome de la Krajina a été créée. Et

  2   cependant, les Serbes souhaitaient toujours tout sacrifier pour le maintien

  3   de la paix. Et ensuite, en septembre 1991, nous avons adopté des

  4   conclusions qui précisaient que toutes les propositions étaient légitimes

  5   et légales, et que rien n'allait être imposé à qui que ce soit, et que les

  6   décisions ne seraient prises que par la voie consensuelle. Et ensuite, les

  7   14 et 15 octobre, nous nous sommes rendu compte que nous avons été trompés,

  8   parce que l'indépendance avait été déclarée illégalement. Même ce jour-là,

  9   le 15 octobre et jusqu'au 25 mars, les Serbes étaient disposés à faire des

 10   concessions, tout simplement pour éviter la guerre. Et le 18, le 18 mars,

 11   nous avons marqué notre accord avec l'accord de Lisbonne. Le SDA a refusé

 12   de l'entériner, et il y a eu ce massacre à Sijekovac et à Brod et ensuite,

 13   le Conseil de sécurité nationale et le gouvernement et la constitution;

 14   donc il fallait traiter de toutes ces questions-là, et en Croatie, en

 15   Serbie et en Macédoine. Et l'Accusation a retenu cela contre moi, qu'il

 16   était impossible de communiquer avec les minorités et que les droits des

 17   minorités ne pouvaient être appliqués si un tel conseil n'existait pas.

 18   L'Accusation dit également que les dirigeants locaux de Celinac

 19   avaient adopté certaines mesures anti-racistes contre les Musulmans de

 20   Celinac, la population non-serbe, telle que cela a été dit, et omettent des

 21   parties importantes du document P628. P2638.

 22   Et il dit, en raison des combats qui se déroulent sur le territoire

 23   de la municipalité de Celinac, et même au-delà, il y a eu des raisons pour

 24   lesquelles les non-Serbes de Celinac aient un statut particulier avec des

 25   droits et des obligations bien définies. Et le texte se poursuit et énumère

 26   le nom de 34 personnes parmi quelques 1 000 personnes. Il n'y avait que ces

 27   personnes-là qui étaient connues pour leurs activités antimilitaristes qui

 28   pouvaient, dans le cas où l'armée passait par là, donner lieu à des


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  1   comportements agressifs contre ces 34 non-Serbes. M. Kovacevic, le

  2   président de la municipalité, a confirmé que ceci ne s'appliquait qu'à ces

  3   34 personnes qui sont citées nommément, et que c'était pour les protéger

  4   que cela avait été fait ainsi, parce que la municipalité ne pouvait pas

  5   mettre à disposition 34 policiers pour monter la garde devant ces 34

  6   personnes.

  7   L'Accusation, néanmoins, précise pas cela s'appliquait à 34

  8   personnes, et l'Accusation prétend que cela s'appliquait aux non-Serbes.

  9   L'Accusation ne fournit aucun élément de preuve sur le fait qu'Arkan ait

 10   commis des crimes avant d'arriver dans la Republika Srpska, et l'Accusation

 11   fait référence aux documents 2888 et un autre 8, page 4. Tout ce qui est

 12   écrit dans ce document est que certains membres de l'unité d'Arkan ont été

 13   à l'origine d'un certain désordre, mais rien n'est dit dans ce document

 14   s'agissant de crimes commis par Arkan à Brcko. On parle de non-Serbes

 15   également. Et on a appris qu'Arkan avait été arrêté en Croatie avant le

 16   début de la guerre sur nos terres, et outre sa mauvaise réputation, ils

 17   n'ont rien trouvé d'autres et ils l'ont relâché. On ne pas être jugé sur la

 18   base d'une simple réputation et surtout pas par le président de l'Etat.

 19   "Durant le premier mois de la guerre à Brcko, des membres des

 20   formations volontaires de Zeljko Raznjatovic, également connu sous le nom

 21   d'Arkan, étaient là également. Ils ont beaucoup contribué aux combats mais,

 22   d'un autre côté, ils ont causé des problèmes qui étaient causés par la

 23   plupart ou provoqué par la plupart des formations de volontaires."

 24   Peut-être qu'il est temps pour moi de développer ma réponse et de

 25   répondre à la question numéro 2 de l'Accusation. Ce document laisse

 26   entendre que les volontaires posaient problème. Les volontaires étaient

 27   régis par une décision qui avait été prise par la présidence de la

 28   Yougoslavie, qui était un organe légitime. Depuis le moment où ils


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  1   s'engagent dans la Défense territoriale ou une unité militaire, ils ont les

  2   mêmes droits et les mêmes obligations, comme tout autre membre de l'armée.

  3   Cependant, il n'y a pas un seul groupe ou individu qui serait venu dans la

  4   Republika Srpska pour dire que je souhaite être un paramilitaire. Chaque

  5   personne s'est enrôlée pour être volontaire, et cela, ces éléments de

  6   preuve-là sont utilisés contre moi, et l'Accusation dit qu'ils étaient sur

  7   le bulletin de salaire ou sur la fiche de paye de la Défense territoriale

  8   de Zvornik ou de Brcko ou où que ce soit. Ils devaient être sur la fiche de

  9   paye quelque part. Et cet homme n'était pas un paramilitaire. C'était un

 10   membre de l'armée, donc il devait figurer et avoir sa fiche de paye,

 11   également. Personne n'était satisfait des volontaires jusqu'à ce qu'ils

 12   soient placés sous un seul commandement, un commandement unique, ou qu'ils

 13   ont été chassés. C'était le cas de Brcko, Bijeljina et Bratunac, ainsi que

 14   Zvornik. Nous avons entendu dire ici que les unités paramilitaires se sont

 15   multipliées, surtout dans les municipalités prospères, les municipalités

 16   qui avaient des activités florissantes, des usines ou d'industries

 17   importantes. Ils venaient une ou deux fois pour aller se battre au front,

 18   et ensuite devenaient des éléments incontrôlés. Aucune personne ne pouvait

 19   les chasser et ils étaient, à eux seuls, ils représentaient le pouvoir et

 20   on ne pouvait pas retirer leurs noms parce qu'ils faisaient partie -- comme

 21   les employés qui avaient une feuille de paye.

 22   Dans tous les documents de la police et de l'armée, il y a des

 23   preuves que les efforts avaient été déployés pour les resubordonner et les

 24   subordonner à la Défense territoriale, à la police ou à l'armée. A

 25   Bratunac, par exemple, avant le meurtre du juge Zekic, la présidence de

 26   Guerre ou le cabinet de Guerre a même lancé un avertissement en précisant

 27   qu'il y avait un délai au-delà duquel les groupes de paramilitaires

 28   devaient être chassés de Bratunac, et ces groupes de paramilitaires


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  1   s'étaient enrôlés comme volontaires. Et la fille qui a été violée en

  2   Croatie par ces volontaires, qui étaient alors des soldats croates, est

  3   venue ici et on lui a demandé de témoigner. A la pièce P1448, à la page 252

  4   -- le document est le P1478. Encore une fois, il est clair que des

  5   individus appartenant à cette unité ne pouvaient plus être commandés et

  6   qu'aucun commandement ne pouvait leur être imposé, car l'unité de

  7   commandement avec -- l'unité d'Arkan avait commis les crimes :

  8   "-- un succès exceptionnel. Ils étaient dirigés par Arkan et Seselj.

  9   "Des formations de volontaires ont connu un succès exceptionnel. Ils

 10   étaient dirigés par Arkan et Seselj. Arkan s'est retiré de façon

 11   disciplinée, mais il y en a d'autres qui sont restés, et ceux qui sont

 12   restés ont échappé à son contrôle."

 13   Bien évidemment, Arkan n'était pas à Zvornik lors de ces combats-là

 14   et surtout pas Seselj, et Seselj n'a jamais commandé une quelconque unité

 15   parce que ses volontaires étaient disciplinés, avaient été placés sous le

 16   commandement de la JNA.

 17   Document P3056, en particulier le document qui précise que Karadzic a

 18   été informé des crimes commis par Arkan, c'est un document qui est daté du

 19   24 septembre 1995, et qui précise que Karadzic a été informé des rumeurs et

 20   non pas des faits, et déclare : Etant donné que la présence des formations

 21   paramilitaires d'Arkan a provoqué des affrontements armés ainsi que des

 22   incidents auxquels ont participé des individus et une partie de l'armée de

 23   la RS, ainsi que des troubles parmi les citoyens compte tenu de rumeurs qui

 24   avaient précisé qu'il avait arrêté tous les Musulmans de Sanski Most et

 25   qu'il avait liquidé des citoyens musulmans fidèles.

 26   Au vu de ce document, nous constatons un certain nombre de choses.

 27   Arkan et l'armée ne s'aimaient pas particulièrement; qu'il y avait des

 28   rumeurs également, à savoir que le 24 septembre 1995, il y avait


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  1   suffisamment de Musulmans à Sanski Most, et parmi ces Musulmans, il y avait

  2   de nombreux Musulmans fidèles, mais aucune preuve que ces crimes avaient

  3   été commis, il n'y avait que des rumeurs. Et nous nous souviendrons d'un

  4   document, d'un document qui émanait du ministre Kovac du mois de janvier

  5   1994, qui a été présenté ici, document dans lequel il écrit à ses

  6   subordonnés, et il dit : Ne m'envoyez pas du matériel alors que l'enquête

  7   n'est pas terminée. Je ne peux pas ennuyer le président avec des rumeurs et

  8   avec des enquêtes inachevées, envoyez simplement un rapport sur les

  9   enquêtes qui sont terminées et qui ont donné lieu à des dépôts de plaintes

 10   au pénal de façon à ce que je puisse l'informer comme il faut.

 11   L'Accusation fait valoir et a montré quelque chose lundi, a dit que

 12   les Guêpes jaunes faisaient partie du système étatique et qu'ils

 13   persécutaient les non-Serbes, malgré les éléments de preuve indiquant que

 14   la police placée sous le président Karadzic a chassé les Guêpes jaunes et

 15   les a renvoyées en Serbie. C'étaient des ressortissants de Serbie et ils

 16   ont été jugés pour crimes de guerre en Serbie, devant un tribunal de

 17   Slobodan Milosevic. Deux prétendus membres de la soi-disant entreprise

 18   criminelle commune, Karadzic et Milosevic, et parmi ces deux membres, un

 19   les arrête, l'autre les juge. Ça ne colle pas, tout simplement. Nous en

 20   parlons aux paragraphes 1 089 à 1 114 de notre mémoire en clôture. C'est

 21   cela, la vérité. Il a été prétendu ici que nous arrêtions les Guêpes jaunes

 22   parce qu'ils s'en étaient pris au ministre Ostojic. Mais le Procureur ne se

 23   demande pas pourquoi ils s'en étaient pris à ce ministre et aux autorités

 24   civiles de Zvornik et pourquoi Zuca est venu chercher le général Subotic à

 25   Pale, parce qu'ils savaient à l'époque que les autorités allaient les

 26   expulser. Jamais ils n'auraient humilié de la sorte un ministre du

 27   gouvernement de la Republika Srpska si le gouvernement les avait soutenus.

 28   C'est la vérité et il faut le dire clairement. Jamais à Bratunac, Zvornik,


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  1   ou Bijeljina ou Brcko les paramilitaires ne se seraient retournés contre

  2   les autorités si ces dernières ne s'en étaient pas d'abord prises aux

  3   paramilitaires. Ce sont les faits, et c'est la vérité, tout simplement.

  4   L'Accusation utilise également les directives qu'ils jugent comme

  5   étant la base des crimes et ils ne cessent de se référer à la directive

  6   numéro 1, tout en oubliant une partie importante qui ordonne la protection

  7   des civils et les prisonniers de guerre. Il s'agit de la pièce D232. Les

  8   autres directives sont abordées aux paragraphes 1 294 à 1 329 de notre

  9   mémoire en clôture, ainsi que dans le chapitre sur Srebrenica. Mais je dois

 10   également relever ici qu'à la page 75 du compte rendu de l'audience de

 11   lundi, le Procureur dit, au sujet de la directive numéro 4, que Mladic

 12   aurait dit dans une conversation téléphonique interceptée, document P4795,

 13   qu'il fallait tuer tous ceux qui étaient dans l'enclave et que les civils

 14   devaient être expulsés. Mais deux choses importantes ont été omises.

 15   Premièrement, c'était un résumé d'un entretien téléphonique, rédigé par le

 16   service de renseignement des Musulmans ou de l'armée croate; et, ensuite,

 17   Mladic a dit la chose suivante -- Mladic a dit la chose suivante lorsqu'il

 18   a été blessé : A l'arrivée à Srebrenica, tous ceux qui portaient les armes

 19   doivent être tués. Les blessés et les civils doivent être emmenés en dehors

 20   de la ville. Cette directive et les ordres de Mladic, s'agissant de

 21   Srebrenica 93, sont abordés dans notre mémoire en clôture et en fin de

 22   compte personne n'est entré à Srebrenica en 1993.

 23   Le Procureur a mis sur un même pied ceux qui portaient des

 24   armes, qui étaient des combattants, et les civils, ce qui est trompeur et

 25   induit la Chambre en erreur. Le Procureur dit également que Karadzic

 26   s'était vanté auprès de Bob Djurdjevic du fait que la directive 7 était son

 27   propre ordre, mais si Karadzic avait été responsable de cette incitation

 28   aux crimes, Djurdjevic n'aurait pas fait le témoignage qu'il a fait à la


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  1   page 25 957. Voici ce qu'il a dit :

  2   "Je connais le Dr Karadzic, et je me suis fait mon avis à son sujet, et sur

  3   la base de ce que j'ai vu moi-même les 13 et 14 juillet 1995, lors de mes

  4   visites en Bosnie, je ne peux pas imaginer une seule seconde que M.

  5   Karadzic ait trempé dans un quelconque de ces crimes."

  6   Donc, de petites notes, des phrases incomplètes, des séries de mots, des

  7   petites discussions à bâtons rompus sans aucune conséquence entre députés

  8   et qui n'ont jamais été consignées, eh bien, voilà ce que représente le

  9   dossier de l'Accusation, et voilà ce qui sous-tend l'acte d'accusation.

 10   S'il s'agit d'un véritable Tribunal ici, eh bien, cet acte d'accusation

 11   doit être rejeté dans sa totalité.

 12   Et lundi dernier, à la page 15, ce qui a été dit - en tout cas, c'est

 13   l'interprétation qui m'est parvenue - il était dit que quelqu'un a dit les

 14   Musulmans ne sont pas des hommes. Alors, en anglais, peut-être que cela

 15   fonctionne, que cela a du sens. Mais en Bosnie, cela signifie un peuple.

 16   Donc, les Musulmans ne sont pas un peuple en tant que nationalité ou

 17   nation. Les Serbes estiment que les Musulmans sont des Serbes qui se sont

 18   convertis à l'Islam et pas une nation distincte, et tous les vrais

 19   Musulmans sont restés Serbes jusqu'à aujourd'hui. Je reviendrai à cette

 20   première journée d'audience consacrée aux réquisitoires. Mais je voulais

 21   d'abord faire quelques remarques supplémentaires.

 22   Aux paragraphes 484 à 503, l'Accusation, dans son mémoire en clôture,

 23   prétend que Karadzic avait à sa disposition différents systèmes de

 24   communication. Notre réponse est que tous les systèmes de communication

 25   décrits par l'Accusation ont été bien décrits par nous dans notre mémoire

 26   en clôture, aux paragraphes 500 à 540, avec des documents qui sont cités de

 27   manière sélective par l'Accusation, notamment émanant du MUP lui-même, qui

 28   se plaint de l'absence de communication et indique qu'il faut, au XXe


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  1   siècle, faire appel à des messagers.

  2   Je voulais également vous signaler le fait que du début à la fin, le

  3   Procureur procède de manière sélective chaque fois. Il s'abstient de réagir

  4   à certaines parties significatives des moyens de preuve. Par exemple, Ranko

  5   Vukovic a fait un témoignage détaillé au sujet des problèmes touchant les

  6   systèmes de communication. Nous en parlons dans notre mémoire, paragraphes

  7   511 à 513. L'Accusation évoque quelques parties de son témoignage dans son

  8   mémoire en clôture - 484 à 487 - mais le Procureur omet de mentionner un

  9   chapitre total de sa déclaration qui parle précisément de la question du

 10   centre de communication. Et de la même manière, le Procureur traite

 11   partiellement des documents du MUP qui portent sur la communication dans

 12   les paragraphes 488 et 489 de son mémoire en clôture, et évoque même des

 13   rapports du MUP de septembre et avril 1992, paragraphe 489 de son mémoire

 14   en clôture. Il s'agit de deux documents P2760 et 2761.

 15   Et l'Accusation ne reconnaît pas le fait que ces deux rapports prouvent que

 16   les systèmes de communication étaient quasiment inexistants. Le Procureur

 17   poursuit dans la même veine, et au paragraphe 493, qui parle des systèmes

 18   de communication au sein de la Sûreté de l'Etat, de manière sélective, la

 19   même sélectivité qui a été  appliquée au témoignage de M. Kijac, et qui est

 20   cité de manière complète au paragraphe 422 de notre mémoire en clôture. Au

 21   paragraphe 455 du mémoire de l'Accusation, il est prétendu que Karadzic n'a

 22   pas réagi à des informations du MUP du 17 juillet 1992, au sujet des

 23   conditions de détention, et nous répondons aux paragraphes 666 à 679, à

 24   cela. Et pour information, ce n'est pas le travail du président. A partir

 25   du moment où le président a connaissance d'un fait, il informe le MUP, et

 26   c'est suffisant pour le président, le MUP agit. Le président n'est pas la

 27   bonne à tout faire du MUP. Si le MUP est conscient d'une situation, c'est

 28   lui qui la règle.


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  1   Madame, et Messieurs les Juges, toutes les informations obtenues au sujet

  2   des crimes proviennent des sources officielles serbes, et surtout du MUP.

  3   Ce sont des documents qui démontrent que le MUP lutte contre la

  4   criminalité, et le Procureur dit : Ah, ah, ce policier a établi un procès-

  5   verbal au sujet d'un crime à telle et telle rue. Mais son travail,

  6   clairement. Alors, comment peut-on me reprocher cela ou à la Republika

  7   Srpska, ou à tout fonctionnaire serbe ? Le fait que le MUP détectait les

  8   crimes et dressait les procès-verbaux à leur sujet, comment me reprocher

  9   plutôt que d'être reconnaissant vis-à-vis du MUP d'avoir consigné tous ces

 10   crimes qui ont été dénoncés ? Et s'il est possible que les auteurs soient

 11   poursuivis et jugés, ça a été fait. Même aujourd'hui encore, il y a des

 12   procès selon des documents du MUP de Serbie, nous avons des documents de

 13   Sanski Most. Les tribunaux ont hérité de 30 affaires du MUP de Serbie qui

 14   sont des affaires contre des auteurs serbes de délits ou de crimes contre

 15   des Musulmans ou Croates.

 16   Au paragraphe 527, il est indiqué que Karadzic a approuvé à contrecoeur, a

 17   permis à contrecoeur à la Croix-Rouge internationale de se rendre à Manjaca

 18   en juillet 1992. Nous en parlons aux paragraphes 644 et 645, et 583, et

 19   nous expliquons que Karadzic a provoqué la Croix-Rouge avant juin 1992 et a

 20   ordonné qu'ils se voient accorder un libre accès à toutes les prisons et

 21   camps de prisonniers de guerre. Et il s'agit des documents D426 et D477.

 22   Notre attitude vis-à-vis de la Croix-Rouge est bien connue à l'école

 23   secondaire -- en fait, je suis moi-même un ancien de la Croix-Rouge. J'ai

 24   fait en sorte que toute une école adhère à la Croix-Rouge. Et en 1962, j'ai

 25   participé au congrès, j'étais participant au Congrès international de la

 26   Croix-Rouge à Belgrade. On ne peut pas dire que tous les adhérents à la

 27   Croix-Rouge se comportaient de manière irréprochable, mais il faut savoir

 28   que nous avons ouvert toutes grandes les portes à la Croix-Rouge. Ils


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  1   pouvaient circuler librement. Nous les soutenions publiquement, et nous

  2   voulions que tout le monde sache que nous étions en faveur de leur travail

  3   et nous l'avons rendu possible avec nos documents.

  4   Kupresanin a parlé de cela et de Manjaca, il était l'envoyé personnel

  5   de Karadzic lorsqu'il fallait apporter assistance aux Musulmans et aux

  6   Croates qui se trouvaient dans les zones dévastées par la guerre.

  7   L'INTERPRÈTE : Un petit problème technique du côté de l'interprétation. Un

  8   instant, un petit problème technique, il faudrait peut-être demander à

  9   l'accusé de reprendre le temps de régler le problème technique. Excusez-

 10   moi.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Un instant, Monsieur Karadzic. Nous

 12   n'avons pas reçu l'interprétation anglaise pendant un certain temps, est-ce

 13   que vous pourriez répéter ?

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Paragraphe 513 du mémoire de l'Accusation.

 15   Début avril, Karadzic a été personnellement informé par deux observateurs

 16   internationaux des événements de Zvornik. Le journaliste Martin Bell, les 8

 17   et 10 avril, a vu les Tigres d'Arkan qui fournissaient le muscle nécessaire

 18   à l'expulsion des Musulmans de Zvornik et a confronté une colonne de 20 000

 19   réfugiés musulmans qui demandaient de l'aide. Au retour à Sarajevo, il a

 20   invité Colm Doyle à informer Karadzic au sujet du nombre de réfugiés qui

 21   fuyaient Zvornik, ce qu'il a fait. Et d'autres observateurs internationaux

 22   ont également vu des indications de crime, et ont organisé une conférence

 23   de presse pour faire le plus de bruit possible de retour à Sarajevo, après

 24   avoir protesté plusieurs fois, il a rencontré Karadzic, Plavsic et

 25   Koljevic, le 7 [comme interprété] avril. Après avoir reçu ces informations,

 26   Karadzic a convenu que des choses graves, très graves se produisaient, mais

 27   a prétendu que les Serbes souffraient de mêmes violences, et a démenti de

 28   pouvoir contrôler des paramilitaires à Zvornik.


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  1   (expurgé)

  2   (expurgé)

  3   (expurgé)

  4   (expurgé)

  5   (expurgé)

  6   (expurgé). Nous avons vu qu'en fin de compte les autorités sont

  7   finalement parvenues à exercer un contrôle sur les paramilitaires et les

  8   passer en jugement pour crimes de guerre.

  9   Et nous parlons du mois d'avril ici. Que peut faire Karadzic ? La JNA

 10   est toujours là. Les commandements centraux de la Défense territoriale

 11   n'existent plus. Les communications sont interrompues. Et je vous rappelle

 12   que le 16 avril, nous avions un document sur la liste. Radmila Rada [phon],

 13   notre secrétaire au MUP, a appelé Belgrade pour demander au cabinet d'Arkan

 14   qui contrôlait Zvornik. Si la police, avec toutes ses ressources, ne sait

 15   pas qui contrôle Zvornik, comment Karadzic, qui a cent autres choses à

 16   régler et ne réagit qu'à des demandes spécifiques, pouvait-il savoir ce qui

 17   se passait à Zvornik ? Le Procureur ne juge pas opportun de distinguer les

 18   deux choses et parle de l'entreprise criminelle commune. Il faudrait que

 19   l'Accusation trouve quelque chose de concret en dehors de la "JCE", mais il

 20   n'y a rien de concret. Une entreprise criminelle commune, c'est quelque

 21   chose qui relève de la Mafia, que ce soit à Rome ou à Naples. Mais ici, il

 22   y avait un peuple qui attaquait un peuple, des voisins qui attaquait des

 23   voisins. Et nous savions que c'était comme cela que les choses se

 24   produiraient. Lorsque j'explique à des étrangers que tout le monde est

 25   coupable et que c'était le chaos, ils disent que : Karadzic justifiait et

 26   cautionnait cela. Non, non, pas du tout. Il n'y a pas de justification à

 27   des crimes. J'ai dit ce qui s'est produit, mais ça n'a pas été perpétré par

 28   l'Etat, par les autorités. La source des informations du Procureur est


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  1   l'ensemble des critiques des autorités pour donner raison pratique. C'est

  2   la source de l'information au paragraphe 323 du bureau de l'Accusation,

  3   note de bas de page 985, lorsqu'il y avait des problèmes, il voulait

  4   toujours avoir son mot à dire.

  5   Cette citation est effectivement exacte, c'est ce qu'a dit le témoin,

  6   le témoin de l'Accusation. Mais le témoin lui-même a dit que c'était une

  7   erreur, que cela était pris hors contexte. Le président Karadzic a

  8   participé à des accords en tant que président du SDS, dans des nominations

  9   plus exactement. Le but était de faire en sorte que la politique du

 10   personnel au sein de la police soit respectée conformément à l'accord entre

 11   SDS, SDA et le HDZ. Je n'imposais pas le personnel du MUP, mais parfois,

 12   des gens de Serbie m'appelaient. Il disait : Nous avons les mains liées, on

 13   nous laisse pas faire notre travail. Là, j'intervenais. Mais il n'y a pas

 14   un seul exemple où j'ai imposé quoi que ce soit à quiconque, que ce soit

 15   une nomination, un accord ou un arrangement.

 16   Le Procureur a des preuves claires qui montrent que jusqu'au 1er mars

 17   j'ai continué à travailler comme médecin, et je travaillais l'après-midi

 18   pour le parti en tant que bénévole et j'aidais les cadres du parti au

 19   gouvernement pour leur permettre de faire leur travail. Nous avions un

 20   programme spécifique pour notre parti, et le président ne s'ingère pas,

 21   n'impose pas des solutions, des décisions. Le président doit veiller à

 22   l'exécution des décisions légitimement et démocratiquement approuvées et à

 23   des accords convenus avec les deux autres partis et, dans une société

 24   multinationale, le représentant du peuple doit représenter son peuple et

 25   exécuter le mandat qui lui a été conféré pour lequel il a été élu. Parce

 26   que la soi-disant parité ethnique consiste à faire en sorte que chacun

 27   représente son électorat. Les communistes serbes, malheureusement, ne sont

 28   pas parvenus à le faire pendant 50 ans et étaient faciles à manipuler, et


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  1   je voudrais dire à nos voisins : vous avez tort. La démocratie n'est pas

  2   seulement venue à votre porte. Les Serbes ont également vu la démocratie et

  3   donc, ont droit à la pratique démocratique. Prenons le paragraphe 59 du

  4   mémoire de l'Accusation, qui parle de Bratunac et des problèmes avec les

  5   dirigeants locaux, il y avait une réunion. P1478, page 258. Ils informent

  6   Karadzic que les paramilitaires étaient la cause du chaos qui régnait, ce

  7   qui était donc totalement contradictoire à ce que dit l'Accusation au

  8   paragraphe 59.

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Voulez-vous répéter les numéros des

 10   paragraphes ? Vous dites 59 ?

 11   L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, il s'agit du mémoire en clôture de

 12   l'Accusation, paragraphe 59, où on nous a dit que contrairement au document

 13   de l'Accusation P1478, page 258 où l'on voit que Karadzic était informé du

 14   fait que les unités paramilitaires étaient responsables des méfaits. Et à

 15   l'époque, on a dit qu'il n'y avait pas de Musulmans à Bratunac. On dit même

 16   dans la municipalité de Bratunac.

 17   "C'est une ville libérée."

 18   Oui, c'est correct, mais ce n'est que 20 % de la municipalité. Le président

 19   de la municipalité, Ljubisav Simic, a déclaré -- au paragraphe 61, donc, du

 20   mémoire de l'Accusation qui dit que Karadzic avait appuyé la destruction

 21   des mosquées à Bosanska Krupa. Et que notre réponse à cela avait été qu'au

 22   cours des sessions de l'assemblée municipale à l'époque Karadzic avait

 23   rejeté un discours d'un député qui disait que les réfugiés ne pouvaient pas

 24   revenir et que les mosquées avaient été détruites. P1379, page 25.

 25   Et après cette réunion, Karadzic a signé une déclaration indiquant que les

 26   citoyens qui ont quitté le territoire peuvent revenir chez eux s'ils le

 27   souhaitent. C'est la pièce D4807. Et un député peut dire ce qu'il veut,

 28   mais si ça n'est pas consigné dans un document, ça n'a pas d'importance. Le

 


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  1   droit protège les députés. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent, mais ils ne

  2   peuvent être poursuivis pour avoir tenu certains propos.

  3   Je m'en remets à vous concernant l'heure de la pause, Monsieur le

  4   Président.

  5   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant de marquer la pause, est-ce qu'on

  6   peut passer à huis clos partiel, s'il vous plaît.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

  8   le Président.

  9   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 47901-47903 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 20   [Audience publique]

 21   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous allons faire une pause de 20

 22   minutes. Nous reprendrons à 15 heures 10.

 23   --- L'audience est suspendue à 14 heures 51.

 24   --- L'audience est reprise à 15 heures 14.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, veuillez poursuivre.

 26   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Au paragraphe 66 du mémoire en clôture

 27   de l'Accusation, celle-ci a dit que Karadzic avait dit que le SDA avait

 28   l'intention de faire de Foca le centre européen de l'Islam. Et cela a été

 


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  1   annoncé avec force et ce plan a été préparé. Nous en avons traité au

  2   paragraphe 44 de notre mémoire. Et même au cours de l'époque communiste,

  3   avant les élections en août '89, Halis Cengic, le père de Hasan Cengic,

  4   avait établi une formation paramilitaire à Foca, qui s'était armée. Foca

  5   était une ville essentiellement serbe. Bon, la municipalité était sous

  6   majorité musulmane mais ça ne compte pas vraiment. Enfin, ça peut se

  7   produire ainsi, d'avoir même aussi les Serbes et les Musulmans au pouvoir.

  8   Et au paragraphe 357, dans la note en bas de page 1339, on dit que

  9   "Stanisic, le ministre Stanisic, avait reconnu qu'il était en train de

 10   mettre en œuvre les ordres de Karadzic :

 11   "Stanisic, effectivement, reconnaît qu'il mettait en œuvre les ordres

 12   de Karadzic; mais, l'Accusation n'a pas présenté un exemple d'un tel ordre

 13   cité sur la même page concernant l'autorité que chacun avait, et que nous

 14   devions faire de notre mieux pour donner accès à la Croix-Rouge

 15   internationale et vous avez envoyé ceci au ministère de la Justice, au MUP

 16   et à l'armée."

 17   Dans la déposition de Stanisic, pages 46 369 à 46 470 et également à la

 18   page 46 303, le documents 100103. Donc, c'était en fait une activité

 19   permanente, c'était un petit peu comme si vous aviez coupé une partie d'une

 20   plante et il n'y restait que l'épine. Donc, si vous omettez une partie

 21   importante d'un document ou d'une déclaration, ça donne le même effet. Vous

 22   enlevez la fleur, vous enlevez la partie la plus jolie de la plante et

 23   cette plante, tout d'un coup, devient une mauvaise herbe. Et dans notre

 24   système, je crois que cela pose des problèmes pour la Chambre parce que

 25   vous devriez vraiment vérifier tout ce que le bureau du Procureur dit parce

 26   que rien de ça n'est vrai, tout ça a été mutilé, recoupé, ce sont des

 27   formes, des phrases que j'appellerais bâtardisées, qui sont des moitiés de

 28   phrases. La moitié, c'est ce que pense l'Accusation, et l'autre moitié,


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  1   c'est ce qu'a dit le témoin. Donc franchement, il est difficile d'avaler et

  2   d'accepter ce genre de méli-mélo.

  3   Au paragraphe 504, à la note en bas de page 1834, il dit :

  4   "De nombreux témoins ont affirmé qu'il y avait des communications au

  5   cours de la période qui nous intéresse."

  6   Alors, l'Accusation veut maintenant croire les témoins de la Défense. Et à

  7   l'exception de quatre ou cinq ou six étrangers qui ont déposé, il estime

  8   que 234 témoins qui ont déposé ici, qui sont venus à décharge et qui sont

  9   venus mentir devant la Chambre. Alors, si la Chambre accepte ça ou si c'est

 10   bien là la position de l'Accusation, et c'est la position adoptée dans leur

 11   mémoire en clôture, eh bien, les 234 témoins qui sont venus ici pour mentir

 12   en faveur de Radovan Karadzic, alors qu'ils ont également subi un contre-

 13   interrogatoire 20 ans après les faits, faits sur lesquels ils sont venus

 14   déposer ici, alors, il est clair que la justice internationale était mort-

 15   née.

 16   Et je suis vraiment désolé du fait que nous n'avons pas pu amener les

 17   600 témoins que je voulais citer parce que cela aurait été beaucoup plus

 18   difficile maintenant de dire que 600 personnes sont venues mentir devant

 19   vous. J'imagine qu'une personne accusée qui cite 30 témoins de la Défense,

 20   comment se serait produit alors, que tout aurait été effacé, que rien

 21   n'aurait été pris en ligne de compte ? En ce qui concerne le paragraphe

 22   504, les preuves présentées par l'Accusation confirment que des moyens de

 23   communication existaient, mais étaient tout de même grandement limités, ce

 24   qui ne fait que confirmer ce que souhaite entendre l'Accusation et on verra

 25   également dans la déposition T30928 jusqu'à 30, du témoin de Cvoro; D2678,

 26   paragraphe 8; et D4463, paragraphe 268; et la déposition de Djukanovic en

 27   page 36, T36190 --

 28   Je suis tout de même étonné que l'Accusation n'a même pas le courage


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  1   ou même un peu de souplesse d'abandonner des prétentions complètement

  2   ridicules. Alors, le reste de ce qu'ils diraient serait plus convaincant,

  3   alors que s'ils disent que tout cela est faux, ça n'a aucun sens. On sait

  4   très bien comment fonctionnaient les communications ou ne fonctionnaient

  5   pas. Nous savons très bien que ces routes de communication restaient dans

  6   la Fédération musulmane ou croate, mais ils n'arrêtent pas de le répéter,

  7   comme si nous n'avions pas eu ces quatre années de procès et entendu

  8   quelque 500 témoins.

  9   Au paragraphe 86, il y a une allégation que je lis en anglais :

 10   "Dans une partie qui parle de membres de l'ECC, on dit que Mladic, à

 11   l'assemblée, avait dit que sa préoccupation était de les faire disparaître

 12   complètement, en laissant suggérer qu'il y aurait eu un plan d'expulsion de

 13   toute la population non-serbe."

 14   Notre position est que Mladic parlait uniquement de l'armée ennemie en

 15   uniforme et munie d'armes. P1385, page 49. Et voilà comment ceci se

 16   présente : 

 17   "L'ennemi auquel on est confronté se renforce tous les jours, et le fait

 18   que l'ennemi à Zepa, Mostar, Gorazde, Srebrenica, Orasje, Bihac, Kladusa,

 19   Tesanj, Zenica ou Sarajevo n'imagine même pas se rendre signifie qu'ils

 20   sont déterminés à combattre jusqu'au dernier. Ils nous ont déclaré la

 21   guerre. Ils ont fait une déclaration commune et l'ont annoncée en public.

 22   Ils ont déclaré la guerre. Ils mènent cette guerre mais ceci n'est pas ma

 23   préoccupation. Ma préoccupation n'est pas qu'ils créent un Etat. Ma

 24   préoccupation est qu'ils disparaissent complètement."

 25   Nous avons entendu là le général Dzambasovic, et il a déclaré clairement

 26   que l'objectif de guerre de l'ABiH était de libérer la moindre parcelle de

 27   Bosnie-Herzégovine; mais de libérer la Bosnie-Herzégovine des Serbes, quoi

 28   d'autre ? Pas de moustiques. Et donc, les Serbes seraient expulsés, comme


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  1   le président Tudjman l'a déclaré à Holbrooke - malheureusement, cela n'a

  2   pas été admis comme élément de preuve - et comme Ganic l'a dit : Nous

  3   allons les marginaliser. Mladic ne parle pas des aspects politiques ou des

  4   aspects économiques.

  5   L'armée de Republika Srpska a souffert de critiques injustifiées de

  6   ma part. Nous avons entendu un membre de l'état-major principal ici qui a

  7   déclaré que le président, notamment, nous a critiqués pour être si

  8   militants. Mais que peut faire une armée à part être militante ? C'est la

  9   nature même de l'armée. Je suis un commandant qui a, la plupart du temps,

 10   commandé d'arrêter et pas de poursuivre. Nous avions énormément de

 11   territoire, quoi qu'il en soit. Nous avions suffisamment à céder, mais

 12   l'Accusation n'a pas remarqué cela. Donc, il est clair que Mladic parle de

 13   l'ennemi.

 14   Au paragraphe 96 -- désolé. Je dois faire un petit effort parce que je n'ai

 15   pas les bonnes lunettes. C'est écrit très petit. Non, je reviendrai là-

 16   dessus tout à l'heure.

 17   Je voudrais maintenant aborder le paragraphe 199. C'est le 1er Corps

 18   du général Talic qui a expulsé les Serbes de la Krajina. Le document est

 19   daté. Nous l'avons abordé dans les paragraphes 1 668 à 1 025 - dit le

 20   compte rendu - et aux paragraphes 1 206 à 1 209. Nous avons vu la quantité

 21   de documents en réunion ici afin d'arriver à une liste qui ferait partie de

 22   la ribambelle, et il s'agit là d'une déformation totale de la vérité.

 23   Alors, s'agissant de ces paragraphes, ceux dont on traite maintenant,

 24   donc ceux qui reprennent ces allégations, eh bien, il s'agit d'ordres

 25   véritables qui étaient strictement confidentiels et qui ont été délivrés

 26   tels quels aux unités. Ils étaient censés prendre soin des civils, faire

 27   preuve d'humanité, et le général Talic, comme on le voit dans les procès-

 28   verbaux des réunions de la présidence de Guerre de Kotor Varos, donne des


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  1   suggestions et des instructions quant à la communication adéquate à

  2   effectuer --

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Karadzic, pourriez-vous répéter

  4   les paragraphes du mémoire de la Défense.

  5   L'ACCUSÉ : [interprétation] On les lit là, à l'écran. Les paragraphes de la

  6   Défense reviennent sur le paragraphe 199 du mémoire de l'Accusation, et ce

  7   sont les paragraphes 1 668 à 1 205, et ensuite, les paragraphes --

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] S'agit-il de 1 168 ?

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, non. 1668. Excusez-moi -- ah non,

 10   finalement, non, vous aviez raison, c'était 1 168. Merci. Merci, Monsieur

 11   le Président, de l'avoir corrigé. 1 168 à 1 205.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez continuer.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Dans les notes de bas de page de ces

 14   paragraphes, nous retrouvons les documents qui ne sont pas des documents de

 15   propagande parce que ce sont des documents strictement confidentiels, des

 16   ordres visant à protéger. Et je ne connais personne au sein des dirigeants

 17   qui ait voulu faire du mal aux Musulmans ou aux Croates en tant que

 18   communauté, et encore moins aux civils qui vivaient dans notre secteur. Ils

 19   pouvaient rester là jusqu'à la fin de la guerre, du moins, ceux qui ne

 20   voulaient pas combattre. Aux paragraphes 228 et 229, l'Accusation avance

 21   que le SDS distribuait des armes avec la JNA, ce qui suggère que le SDS et

 22   la JNA, ensemble, accomplissaient un plan criminel commun parce que, et

 23   nous voyons là un sous-titre qui fait référence à certains paragraphes du

 24   mémoire en clôture du bureau du Procureur, à savoir que Radovan Karadzic

 25   soutenait le recrutement opéré par la JNA. Nous avons répondu à cette

 26   allégation dans notre document portant la cote P979, plus particulièrement

 27   dans l'une de ses notes de bas de page, qui est un rapport d'une région

 28   militaire. Et je vais donner lecture en anglais :


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  1   "Population au sein de la JNA. Le commandement de la région a reçu des

  2   télégrammes, des lettres et des appels téléphoniques de Musulmans en

  3   majorité pour le remercier d'avoir empêché un bain de sang. Nous avons des

  4   informations selon lesquelles le SDA et des dirigeants d'autres partis

  5   envisagent un plan pour monter les Musulmans contre la JNA. Jusqu'à

  6   présent, cela n'a pas réussi."

  7   Je ne vais pas lire l'intégralité de ce transparent. Vous le voyez à

  8   l'écran. Ce que je veux dire par là, c'est que le Parti démocratique serbe

  9   soutenait l'appel à la mobilisation, à savoir que les conscrits devraient

 10   répondre à l'appel à la mobilisation de l'armée, et c'était une obligation.

 11   Toute personne qui agissait autrement commettait un crime, et M.

 12   Izetbegovic lui-même a déclaré : Oui, oui. C'est la loi, mais il y a lois

 13   et lois. Et à présent, nous avons un rapport de la Région militaire daté de

 14   mars 1992, pour étayer cela.

 15   Alors, si nous regardons les choses dans leur ensemble, les dirigeants du

 16   SDS et le peuple serbe ont embrassé les idées de la JNA, il les a protégées

 17   dans le mesure du possible, a répondu aux appels à la mobilisation de

 18   l'armée, pour rejoindre l'armée et les unités de volontaires, pour coopérer

 19   avec les commandements autant que faire se peut, pour agir équitablement et

 20   de façon responsable dans le cadre des objectifs stratégiques. Mais tout

 21   cela est logique parce que le peuple serbe était menacé. Ensuite, on dit

 22   que les dirigeants du MUP qui se sont exprimés à la télévision ces derniers

 23   jours indiquent que les groupes ethniques de cette république sont bien

 24   armés, conformément aux lignes du parti, pour les Musulmans environ 60 000,

 25   les Croates 35 000, les Serbes 25 000, et cetera. Les Serbes qui ont

 26   répondu à l'appel à la mobilisation de la JNA ont reçu des armes. Ils se

 27   trouvaient dans les forces réservistes; ceux n'étaient pas des

 28   paramilitaires. Mais il y a encore 20 000 personnes qui se sont procurées


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  1   des armes via cette procédure; sinon, la JNA n'aurait pas indiqué ce

  2   chiffre.

  3   Nous avons également entendu que des réservistes en Yougoslavie

  4   avaient toujours le droit de prendre les armes et d'endosser les uniformes

  5   et de les emmener chez eux parce qu'ils étaient toujours de garde. D'après

  6   la législation sur la Défense nationale et l'autodéfense sociale, chaque

  7   conscrit dans l'armée avait pour obligation d'agir en cas d'attaque sur le

  8   pays, sans attendre un appel à la mobilisation. Et cette législation ne

  9   fait pas de distinguo entre les civils et les soldats. Et ce procès a été

 10   entamé aux motifs que nos armées professionnelles vivaient dans des

 11   casernes, qu'elles étaient hautement entraînées, bien équipées, mais nous

 12   parlons ici de population armée, et Tito l'a inscrit dans la législation et

 13   c'est devenu la doctrine du peuple armé. Et ce n'était pas le seul à le

 14   penser. Le général Razek a déclaré que c'était dans la logique de la guerre

 15   lorsque des voisins s'affrontaient entre eux, lorsque des civils

 16   s'affrontaient entre eux, lorsque des soldats s'affrontaient entre eux. Il

 17   n'y avait pas de distinction tant que la population était en âge de porter

 18   les armes. Et l'Accusation devrait examiner nos lois et voir si ce qu'elle

 19   nous reproche était parfaitement légal ou pas.

 20   Dans une des conversations interceptées, celle qui porte le numéro

 21   87, l'un des intervenants, le ministre Mandic, qui, à la pièce P1149 et

 22   P1143, aurait dit que les Turcs devaient rester encerclés, qu'on devait les

 23   faire mourir de faim, qu'ils devaient être expulsés. Alors s'agissant de la

 24   pièce P1149, Mandic informe expressément son interlocuteur que les

 25   conversations sont en cours d'écoute. L'interlocuteur informe Mandic des

 26   évolutions à Visoko, qu'il ne veut attaquer personne, mais que les

 27   Musulmans avaient donné l'assaut en premier, et qu'à cause de cela, 14

 28   personnes avaient été tuées. Mandic parle de la façon dont les Musulmans


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  1   avaient menti lorsqu'ils avaient dit qu'ils n'avaient pas porté d'attaque,

  2   qu'il les avait vus, qu'il les avait vus attaquer subrepticement et tuer

  3   des gens. Mandic cite l'exemple de Koroman, lorsqu'il se trouvait à

  4   Renovica, et lorsque des Musulmans ont tué des personnes lors d'une

  5   embuscade. Ces personnes devraient être expulsées et ne plus pouvoir

  6   revenir. Voilà le contexte de la première conversation interceptée.

  7   Donc, là, il s'agit d'une conversation entre Mandic et une personne

  8   privée, et ce document est utilisé pour appuyer une thèse de plan criminel.

  9   Dans notre pays, il est monnaie courante que les gens disent : Je vais vous

 10   tuer. Je vais te tuer ou [inaudible] ta mère, mais cela n'arrive jamais.

 11   Au document P1143, on ne parle que d'une mission spéciale pour 30 à

 12   40 personnes. On ne parle même pas de boucliers humains ou de travaux sur

 13   le terrain, comme l'Accusation l'affirme. Dans la pièce P1152, on ne parle

 14   pas de civils du tout dans les conversations interceptées. Au lieu de cela,

 15   on fait référence à des femmes musulmanes qui auraient pu être capturées

 16   pendant des combats ou dans des zones de combat. Alors j'ai analysé les

 17   listes des personnes qui ont été tuées dans l'ABiH. Je fais référence là à

 18   la pièce D1115. Et dans l'ensemble, seul 6 % des femmes faisaient partie

 19   des personnes tuées. Donc une Musulmane n'a pu être tuée que par accident.

 20   Et le nombre de femmes tuées correspond au nombre exact de Musulmans qui se

 21   trouvaient dans l'armée musulmane. Il y avait plus de Serbes que de femmes

 22   dans leur armée aussi.

 23   La pièce P1103 est une conversation interceptée entre d'anciens

 24   collègues du MUP, Mandic et des Croates, Kvesic et Stojic, et Mandic a

 25   déposé aux pages du compte rendu 4 609 et 10 à ce propos. Je cite :

 26   "Nous savions que M. Momir Alibabic faisait enregistrer cette conversation.

 27   Elle a été interceptée, donc nous nous sommes moqués de lui, je dirais de

 28   façon serbe typique. En fait, nous essayions de plaisanter de l'avancée de


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  1   la 182e et de la 3e Armée. Donc, il s'agissait plus d'une conversation

  2   humoristique d'anciens camarades, les Croates et d'autres qui étaient

  3   partis avec leur peuple, les Serbes qui étaient partis avez les leurs. Et

  4   j'ai tout fait exprès. J'ai gonflé les choses exprès. Je me moquais de

  5   Munir Alibabic et de son personnel qui écoutaient notre conversation et qui

  6   rédigeaient des rapports, parce que deux jours auparavant, ils avaient fait

  7   passer certaines de nos conversations à la télévision et avaient vraiment

  8   mal parlé de certains de mes camarades. Donc, je pense qu'il s'agissait

  9   d'une conversation intéressante pour nous, mais ce n'était pas quelque

 10   chose qui reflétait la situation réelle sur le terrain ou qui correspondait

 11   à notre état d'esprit à l'époque. Voilà tout ce que cela a représenté."

 12   Et tout cela a eu lieu parce que l'Accusation n'a pas de véritable preuve,

 13   et c'est la raison pour laquelle elle se fonde sur des conversations

 14   interceptées qui ne peuvent même pas constituer un document digne de foi.

 15   Il n'y a même pas d'indication montrant que quelque chose se trame. Cette

 16   conversation nous montre qu'il y a un Serbe et un Croate qui discutent,

 17   qu'ils ont pris chacun leur route, mais que même s'ils appartiennent à des

 18   camps différents, ils sont restés des professionnels. Et puis dans notre

 19   mémoire en clôture, au paragraphe 130, nous décrivons la façon dont Munir

 20   Alibabic a agi pendant qu'il écoutait des dirigeants serbes. En fait, ils

 21   nous écoutaient tous, même avant la guerre. Et dès que nous avons formé des

 22   autorités conjointes, les représentants serbes étaient illicitement sous

 23   écoute. Au paragraphe 290, l'Accusation dans son mémoire cite Mico

 24   Davidovic pour avancer que le SDS poursuivait une politique d'expulsion à

 25   l'égard des Musulmans. Notre réponse est la suivante : Davidovic n'était

 26   pas membre du SDS, et il n'aurait pas pu être au courant de la politique du

 27   SDS. De plus, nous avons vu comment il a retourné sa veste dans le

 28   prétoire, nous avons vu qu'il a versé une larme après que Radovan Karadzic


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  1   lui a montré plusieurs documents sur la protection des non-Serbes. Je me

  2   réfère là aux paragraphes 751, à 1 115 à 1 122 du mémoire de la Défense.

  3   Davidovic a déposé sur cet événement sans en être au courant, et il a dit

  4   que s'il avait été au courant de cela à l'époque, il aurait pris sa

  5   retraite et qu'il nous aurait rejoints pour rétablir l'ordre. Et, je pense

  6   que ceci illustre ou éclaircit davantage sa déposition. Au paragraphe 291,

  7   l'Accusation cite le fait que les autorités serbes avaient restreint les

  8   quantités d'argent que les non-Serbes avaient l'autorisation d'emmener

  9   lorsqu'ils partaient, et elle cite le rapport Hanson. Notre réponse, cette

 10   question était réglementée par la loi de la RSFY sur les opérations de

 11   devise, pièce D1307. Et Hanson a déclaré qu'elle n'avait pas inclus ce

 12   document dans son rapport.

 13   Toute personne qui est en possession de liquidité ou d'argent peut

 14   légalement retirer cet argent dans la banque à concurrence d'un certain

 15   montant, et cela est tout à fait normal. Par exemple, on ne peut pas

 16   arriver aux Etats-Unis avec plus de 10 000 dollars en liquide sans prouver

 17   l'origine des fonds, mais il faut lire ce document pour comprendre que ceci

 18   était parfaitement conforme à la loi. Au paragraphe 94, on dit que la

 19   politique qui consistait à renvoyer les non-Serbes était dictée depuis

 20   Pale. Ce que nous disons, nous, c'est que les allégations de Radic devant

 21   le Tribunal sont réfutées par des documents d'époque de 1992, élément que

 22   nous avons abordé aux paragraphes 1 001 à 1 016. Radic a fourni des

 23   éléments de preuve en vertu du 92 ter, et il s'est efforcé d'expliquer que

 24   Karadzic et Krajisnik l'ont critiqué parce qu'il n'avait pas nettoyé Banja

 25   Luka. Mais il a dit que c'est elle qui a soulevé la question. Je n'ai

 26   jamais parlé de cela moi-même. C'est un homme qui n'était pas en très bons

 27   termes politiques avec nous, mais cet homme était très juste envers les

 28   Musulmans et les Croates. Cette déposition lui a été soustraite par la

 


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  1   force. Vous verrez cela aux paragraphes où Radic a été soumis littéralement

  2   à des mauvais traitements. La personne qui a pris sa déposition à Banja

  3   Luka le considérait comme une vache à lait, et essayait de soutirer de lui

  4   un nombre plus important d'éléments d'information. Et, l'Accusation ici,

  5   dans le prétoire, a dit que finalement il a dit ce qu'eux ils souhaitaient

  6   qu'il dise. Et Radic a dit : Je me suis opposé au remplacement des membres

  7   de l'exécutif et des directeurs qui n'étaient pas des Serbes et j'ai

  8   invoqué l'autorité de Karadzic. J'ai utilisé son nom pour protéger les

  9   directeurs non-serbes, les hommes d'affaires non-serbes, et j'ai également

 10   été critiqué moi-même pour avoir gardé à leur place différents directeurs

 11   dans les entreprises collectives, parce que les sociétés qui appartenaient

 12   à l'Etat n'avaient pas le droit de nommer leur propre directeur. Personne

 13   n'osait toucher aux sociétés, et personne n'intervenait à ce niveau-là.

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 18   Je souhaite que nous passions brièvement à huis clos partiel, s'il

 19   vous plaît.

 20   [Audience à huis clos partiel]

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 18   [Audience publique]

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous sommes actuellement en audience

 20   publique.

 21   Veuillez poursuivre, Monsieur Karadzic.

 22   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci.

 23   Aux paragraphes 444 à 450, à savoir six paragraphes du mémoire en clôture

 24   de l'Accusation, on avance que la JNA faisait la guerre avec le SDS et que

 25   c'était une armée serbe. Nous avons abordé cette question dans notre

 26   mémoire en clôture, aux paragraphes 378 à 383. Et au paragraphe 448 du

 27   mémoire en clôture de l'Accusation, on cite un document, le P6170, qui

 28   évoque une réunion de Izetbegovic avec Adzic et Kostic à Skoplje en avril

 


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  1   1992. L'Accusation tente d'étayer ses arguments et souhaite parler de la

  2   JNA qui est pro-serbe tout en laissant de côté une partie de ce document.

  3   Alors que Adzic dit que la situation est en train de se calmer, tout le

  4   monde, en somme, est en train de combattre l'armée musulmane. A certains

  5   endroits, les Bérets verts, ou la Ligue patriotique, et cetera, et d'après

  6   nos informations, ils ont quelque 50 000 hommes. Dans certains secteurs, on

  7   l'appelle l'armée d'Alija. Et ensuite, il ajoute qu'il y a des forces

  8   paramilitaires qui représentent quelque 35 000 hommes et officiellement

  9   placés sous le contrôle de votre état-major. Il poursuit en parlant de

 10   l'armée croate, d'occupation de la République de Croatie qui était en

 11   Bosnie, quasiment tout le temps, et je ne vais pas lire tout cela, mais

 12   ceci a été versé par l'Accusation. Et Adzic dit ouvertement qu'il y a une

 13   erreur, parce qu'ils ne coopèrent pas et que sur le territoire de la

 14   Bosnie-Herzégovine, il y a moins de 15 % de la population qui se trouve en

 15   dehors du territoire de la BiH et Adzic : C'était une erreur, parce que

 16   vous n'avez pas coopéré avec la JNA et, Monsieur le président, il faut

 17   ouvrir toutes les installations militaires et les casernes si vous

 18   souhaitez réaliser la paix en Bosnie-Herzégovine. Et si cela n'est pas

 19   fait, il y aura la guerre et nous parlons maintenant de la fin du mois

 20   d'avril, le 29 avril. Après cette réunion et après l'accord portant sur le

 21   retrait de la JNA, des ordres ont été donnés. Voici ce que dit Adzic :

 22   Aujourd'hui, cet ordre venait d'Efendic qui souhaite -- et toute personne

 23   qui souhaite voir la paix ne doit pas donner de tel ordre. Voici ce que dit

 24   Adzic et il a montré cet ordre qui est daté du 29 avril et un ordre

 25   analogue a été donné le 12 avril. Il s'agit d'un ordre qui, en réalité, a

 26   été la raison pour laquelle on a pris le contrôle d'une partie de la ville

 27   de Prijedor. Il s'agit d'un document qui a été envoyé par télex à tous les

 28   postes et les Serbes qui travaillaient à ces postes savaient ce qui se


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  1   préparait, compte tenu de cet ordre. Et Adzic parle ici de l'ordre

  2   d'Efendic qui porte la cote D222. Quelques jours après les accords d'Adzic

  3   avec Izetbegovic et les Bérêts verts et la Ligue patriotique, ils ont

  4   massacré la JNA les 2 et 3 mai à Sarajevo et le 15 mai à Tuzla. L'armée

  5   s'est retirée, mais, en réalité, ils n'ont pas pu avoir la vie sauve ou, en

  6   tous cas, ils ont été blessés. C'étaient des victimes inutiles,

  7   l'Accusation doit savoir cela.

  8   Aux paragraphes 451 à 460, on parle du contrôle de Karadzic, des

  9   unités territoriales. Confer nos paragraphes 5 934 à 960 de nos mémoires.

 10   Et pendant la guerre, Karadzic était une personnalité politique. Et en tant

 11   que président de la République, je contrôlais les forces armées. Le

 12   Procureur a pu établir cela, j'étais le président, j'étais le commandant

 13   suprême. Mais cela n'est pas important. J'étais un président capable. M.

 14   Harmon ou M. Tieger, je ne sais plus, ont été les premiers à dresser cet

 15   acte d'accusation contre moi. Il s'agissait de faire respecter les

 16   conventions de Genève. Ici, il est prouvé que Karadzic donne des ordres.

 17   C'est que l'ordre contenait n'était pas important. Et d'après la guerre, la

 18   loi sur l'armée qui avait déjà été cité par l'Accusation, et en vertu d'une

 19   décision sur la création de l'armée datée du 15 juin, en réalité, le

 20   commandement tactique a été donné aux professionnels, le niveau stratégique

 21   de commandement et il s'agissait de conserver le corridor et de protéger

 22   les localités serbes autour de Sarajevo. Il est important de protéger la

 23   population et les territoires. Et il s'agit là de décisions stratégiques,

 24   le reste relève de l'armée ou de ce qui est professionnel. Et Karadzic n'a

 25   pas participé à cela.

 26   Est-ce que nous pouvons avoir quelques minutes de plus, s'il vous

 27   plaît, parce que je souhaite conclure sur ce point ?

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] En réalité, je voulais soulever cette


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  1   question aussi, la question du temps, car je souhaite conclure les

  2   plaidoiries de la Défense demain, dans la mesure du possible. On m'a

  3   précisé que vous avez eu quatre heures et 45 minutes jusqu'à présent, donc,

  4   grossièrement un peu moins que le temps qui vous a été alloué. Donc, 15

  5   minutes supplémentaires, je crois que cela devrait pouvoir se faire.

  6   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  7   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je remercie les personnes qui nous

  8   assistent pour leur indulgence.

  9   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie beaucoup.

 10   Aux paragraphes 461 à 482, l'Accusation évoque la question des volontaires

 11   et des paramilitaires et je peux apporter un complément d'information à la

 12   question numéro 2 posée par les Juges de la Chambre. La question des

 13   paramilitaires est quelque chose que nous avons abordé aux paragraphes de

 14   notre mémoire en clôture, de 384 à 389 et 1 052 à 1 131. Je peux, en fait,

 15   faire valoir quelques faits basiques et faire quelques commentaires pour

 16   expliquer notre position. La Chambre de première instance -- je recommande

 17   aux Juges de la Chambre de regarder l'intégralité du compte rendu

 18   d'audience 6211, au paragraphe 465 du mémoire en clôture de l'Accusation,

 19   le rôle d'Arkan à Bijeljina. Il y est venu, les gens de Semberija et la TO

 20   locale qui était là. Des documents, -- bon, et les Musulmans dirigés par le

 21   SDA et il y avait des mercenaires du Kosovo, il y avait des tireurs

 22   embusqués qui tiraient sur les Serbes de la région Sandzak et Kotor Varos,

 23   ils les massacraient. Et ensuite, les Serbes ont pu rentrer chez eux. Le

 24   compte rendu montre que la délégation à Bijeljina était là pour représenter

 25   la Bosnie-Herzégovine. Il y avait Biljana Plavsic, la ministre de la

 26   Défense, et Fikret Abdic. Et ils ont été surpris. Biljana Plavsic était

 27   surprise par la situation qui était une situation qui n'avait rien à voir

 28   avec la propagande de Sarajevo. C'était tout à fait l'inverse. Et le nombre


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  1   de victimes des Musulmans et des Serbes pris ensemble ne ressemblait en

  2   rien à ce qui avait été dit. De même, numéro du paragraphe [inaudible] le

  3   bureau du Procureur allègue à la pièce P3065 que Mladic et Arkan étaient en

  4   train de tuer la population. Dans le document, il est bien précisé qu'il

  5   s'agit de rumeurs. Au paragraphe 477, il est dit que précédemment Momir

  6   Bulatovic soutenait les unités paramilitaires. Et le document P6165 a été

  7   cité, mais de façon sélective. Nous avons entendu un témoin ici, M.

  8   Bulatovic, qui nous a permis de faire la clarté sur ce point. Et lors d'une

  9   réunion qui est citée, eh bien, c'est quelque chose qui s'est déroulée au

 10   Conseil de défense suprême de la Yougoslavie. C'est ce dont il s'agissait.

 11   Le président Milosevic était furieux lorsqu'il a entendu parler

 12   d'allégations qui disaient que le premier ministre de la Republika Srpska,

 13   Lukic, que Pale et les dirigeants avaient participé à des crimes. Le

 14   président Milosevic a demandé à ce que toutes les unités paramilitaires qui

 15   avaient participé à des actes de mauvais traitements contre la population

 16   non-serbe devaient immédiatement être arrêtés. Et je vais lire ce passage

 17   en anglais maintenant.

 18   "Notre police a arrêté Lukic, et il est maintenant derrière les

 19   barreaux. Nous ne devons pas parler de cela car nous souhaitons arrêter

 20   d'autres personnes également. C'est un meurtrier et un criminel. Les

 21   personnes avec lesquelles nous avons parlé de cela sérieusement, je dois

 22   dire que c'est quelque chose de nouveau pour moi, ceux qui avancent l'idée

 23   que les Musulmans doivent être tués et chassés de cette région. Nous

 24   n'avons rien à dire à de telles personnes. Tout d'abord, l'Etat -- cet Etat

 25   ne comprend pas simplement des gens de Serbie-et-Monténégro. Il y a

 26   également des Croates, des Musulmans et des Hongrois ainsi que 38 autres

 27   nationalités qui vivent dans le pays. Si nous ne cessons de parler de

 28   Serbes et des Monténégrins, à ce moment-là nous ne faisons que prôner


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  1   l'idéologie fasciste en vertu de laquelle tous ceux qui ne sont pas des

  2   Serbes et des Monténégrins sont des citoyens de deuxième rang. Ce qui est

  3   contraire à notre constitution. La Serbie est un Etat démocratique qui

  4   appartient à tous les citoyens. Nous sommes l'Etat de tous les citoyens."

  5   La référence ici est P6165, pages 3 à 5. Il s'agit également de la

  6   référence du Procureur qui a omis de mentionner la nature de ce document.

  7   Qui plus est, il ajoute des paroles par ouï-dire et des accusations selon

  8   lesquelles Lukic, le premier ministre de la Republika Srpska, aurait tenu

  9   des propos inopportuns au sujet de non-Serbes, donc personnes d'autres

 10   nationalités. Mais il est un fait que Lukic n'a jamais eu l'intention de

 11   faire expulser que les non-Serbes. Cela est confirmé par ces documents de

 12   l'époque.

 13   Dans ce document, D3060, il est indiqué :

 14   "Si nos ennemis insistent pour continuer la guerre, nous devons

 15   insister sur les obligations qu'a contractées cette assemblée lorsqu'elle a

 16   adopté sa déclaration de paix. Dès aujourd'hui, nous devons mettre en place

 17   les conditions nécessaires pour que les citoyens qui ont quitté leurs

 18   maisons par insécurité puissent, une fois la paix rétablie, retourner en

 19   Republika Srpska. Nous devons garantir à tous les citoyens de toutes les

 20   nationalités tous les droits au titre de la constitution et des lois. Nous

 21   avons assumé ces obligations et nous avons promis de nous en acquitter."

 22   Le premier ministre Lukic et le programme du gouvernement, et son

 23   allocution devant l'assemblée deux mois avant tout cela. Voilà ce que

 24   c'est. Avant donc ces calomnies de M. Lukic devant la présidence de la

 25   Yougoslavie. Voilà ce que ça dit.

 26   "Et même la répartition d'aide aux Musulmans et les Croates est

 27   quelque chose qui devra attirer l'attention de la commission dont se devra

 28   s'occuper la commission."


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  1   Il s'agit du document D3061, page 8.

  2   Donc les rumeurs qui sont soumises à la Chambre de première instance

  3   sont liées à ce qu'a censément dit Brdjanin, à savoir que seul 3 % des

  4   Croates pouvaient rester ou quelque chose comme cela. C'est ce que le

  5   président Tudjman a dit au sujet des Serbes, mais on ne l'a pas rapporté.

  6   Veljsinovic [phon] a dit qu'il ne connaissait même pas cette personne, ce

  7   Musulman de Rogatica, qui dit avoir entendu ces propos dans sa bouche. Et

  8   nous avons vu ce témoin de Prijedor qui a dit que le programme du Parti

  9   démocratique serbe et des Serbes était qu'il n'y ait pas de coexistence

 10   entre les Serbes orthodoxes et les non-Serbes. C'est l'un des points-clés

 11   de la Déclaration islamique qui nous est attribué au même titre que la

 12   maxime de Tudjman nous est attribuée, à savoir que ce 5 % de ceux qui

 13   n'appartiennent pas la communauté peut rester. Aucun des Serbes n'a tenu de

 14   tels propos. Voilà, c'est ça. Voilà la situation où l'on présente des ouï-

 15   dire, des rumeurs, des calomnies, comme des preuves puisqu'il n'existe

 16   aucune preuve digne de ce nom dans des documents ou dans des actes. Des

 17   plaisanteries, des allusions, des sarcasmes, de l'ironie, cela aussi est

 18   repris, interprété de manière littérale, et soumis à la Chambre de première

 19   instance comme des preuves contre les Serbes. A l'époque, on nous avait

 20   déclaré la guerre, et il y avait deux fois plus de Musulmans et de Croates

 21   que de Serbes en Bosnie-Herzégovine. Et leurs armées étaient engagées et

 22   l'OTAN et leurs services secrets, et l'aide à la reconnaissance dont il

 23   faut tenir compte également, et la force de déploiement rapide, puis les

 24   frappes aériennes qui apportaient également leur concours.

 25   Madame et Messieurs les Juges, les Serbes étaient acculés et ils se

 26   sont conduits mieux que n'importe qui dans une telle situation. Ils étaient

 27   menacés de destruction pure et simple. Et le Procureur dit un Serbe a dû

 28   tenir tel ou tel propos dans un contexte familier, dans un contexte privé.


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  1   Mais voilà l'attaque qui a été menée contre la totalité du peuple serbe, et

  2   nos alliés occidentaux nous ont trahis une fois de plus en optant pour des

  3   variantes non européennes en Bosnie, même s'ils avaient des Musulmans qui

  4   étaient surtout d'orientation européenne. J'ai encore du temps, si j'ai

  5   encore trois minutes, je pourrais peut-être parler du paragraphe 480 du

  6   mémoire en clôture de l'Accusation, qui cherche à dire que la VRS -- en

  7   fait, le Procureur déforme un ordre authentique demandant l'arrestation et

  8   le procès contre des membres des paramilitaires qui ont commis des crimes.

  9   Et le Procureur essaie de nous faire croire que l'armée voulait reprendre

 10   dans ses rangs et dans ses unités ses paramilitaires. Ces paramilitaires

 11   sont organisés, et que du fait qu'ils sont organisés, ce ne sont pas des

 12   criminels. Nous, nous les avons désarmés, nous voulions les poursuivre, et

 13   nous les avons poursuivis. Nous les avons arrêtés, et cetera. Et donc,

 14   c'est une obligation légale dont le chef de l'armée --

 15   L'INTERPRÈTE : L'orateur s'emballe et a dépassé les interprètes.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Veuillez, Monsieur Karadzic, ralentir.

 17   Vous parlez bien trop rapidement.

 18   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Je vais faire de mon mieux.

 19   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous invite à répéter à partir du

 20   moment où vous parliez d'obligation légale de l'armée.

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Le fait que des groupes auto-organisés soient

 22   inclus, oui, ce sont des groupes paramilitaires, mais ça ne signifie pas

 23   qu'ils aient commis des crimes. Et donc, c'est une obligation légale de

 24   l'armée d'inclure les groupes paramilitaires dans l'armée, c'est sur cette

 25   base que j'ai émis cet ordre du 13 juin; à savoir, faire en sorte que les

 26   unités paramilitaires fassent partie de la VRS, sinon, ils seraient

 27   arrêtés. Nous avons désarmé les paramilitaires, tous ceux qui

 28   n'appartiennent pas à la VRS. Et nous les avons arrêtés, avons engagé des


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  1   poursuites contre eux, et cetera, dans toute la Republika Srpska. Et il y a

  2   des documents qui l'attestent. 481, c'est le dernier paragraphe dont je

  3   parlerai. Le Procureur dit que Veljko Milanovic a terrorisé les Musulmans à

  4   Prnjavor avant la guerre. Mais les documents disent que les personnes ainsi

  5   citées ont participé et la police également, et que Karadzic non seulement

  6   n'avait rien à voir avec de telles personnes, mais leur était fortement

  7   opposé. Il existe des preuves qui en attestent, D4077, paragraphes 31 et

  8   32, ainsi que des conversations téléphoniques, D4080 et D4078, au cours

  9   desquelles j'ai dit à mes interlocuteurs : Tout le monde n'est pas

 10   criminel, seulement quelques-uns. Et je disais : Très bien, mais arrêtez

 11   ces quelques personnes. Nous voulons rien à voir affaire avec des

 12   criminels. Si la totalité de l'unité n'est pas criminelle, à ce moment-là,

 13   ceux qui sont des criminels doivent être arrêtés. Après il y a eu des

 14   interventions pour qu'on les libère, et ma réaction a été - c'est dans ce

 15   document - de m'en tenir à la loi, la loi tout simplement. S'il existe des

 16   raisons pour qu'ils soient détenus, eh bien, ils doivent rester en

 17   détention. Et s'il y a d'autres décisions à prendre pour leur maintien en

 18   détention, c'est aux tribunaux de le dire, et ça, c'est avant la guerre. Il

 19   n'y a pas d'exemples du contraire. L'Accusation dit que Karadzic avait

 20   promu une politique d'impunité. Si cela avait été le cas, il eut fallu que

 21   je me mêle du travail de la police et des tribunaux pour leur interdire de

 22   punir quiconque, et ça, ne s'est pas produit. Mais, le Procureur pense que

 23   j'ai un service qui me permet d'arrêter, de menacer, et cetera. Les

 24   présidents ne font pas cela, quel que ce soit le pays. Ce sont les organes

 25   de l'Etat qui le font. Le président, il harmonise, il supervise, et si

 26   quelqu'un fait un pas de côté, à ce moment-là, le président peut chercher à

 27   harmoniser les différentes branches du gouvernement. Merci de m'avoir

 28   accordé ce délai supplémentaire, et j'en ai terminé pour aujourd'hui.


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  1   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci. Nous levons l'audience,

  2   nous reprendrons demain matin à 9 heures.

  3   --- L'audience est levée à 16 heures 19 et reprendra le jeudi, 2

  4   octobre 2014, à 9 heures 00.

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