Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 28 janvier 2015

  2   [Conférence de mise en état]

  3   [Audience publique]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 13 heures 14.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous.

  7   Je souhaite avoir la présentation des parties, s'il vous plaît.

  8   Mme UERTZ-RETZLAFF : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

  9   Du côté de l'Accusation, Katrina Gustafson, Ann Sutherland, Hildegard

 10   Uertz-Retzlaff et M. Reid.

 11   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Madame Uertz-Retzlaff.

 12   Et du côté de la Défense, s'il vous plaît.

 13   L'ACCUSÉ : [interprétation] Bonjour, Excellences. Bonjour à toutes les

 14   personnes présentes dans le prétoire. Au nom de la Défense, nous sommes ici

 15   aujourd'hui, moi-même ainsi que mon conseiller juridique, Me Robinson.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Karadzic.

 17   Tout d'abord, je souhaite vous rappeler que la Chambre de première

 18   instance, dans sa décision rendue le 11 juin 2014, a clairement indiqué que

 19   s'agissant d'une Conférence de mise en état, l'article 65 bis (A) est censé

 20   s'appliquer à la phase préalable au procès, quelque chose qui a été

 21   confirmé par la pratique communément adoptée par les autres Chambres de

 22   première instance qui n'ont pas convoqué de Conférences de mise en état

 23   après le début du procès ainsi que pendant les périodes au cours desquelles

 24   l'accusé n'a pas comparu devant les Chambres après la période de 120 jours.

 25   Je dois vous rappeler qu'après le 9 décembre 2014, l'accusé a demandé à ce

 26   que la Chambre de première instance tienne une Conférence de mise en état

 27   pour aborder les pratiques de communication de l'Accusation ainsi que

 28   certaines questions liées à la santé et aux conditions de détention de


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  1   l'accusé.

  2   Le 8 janvier 2015, la Chambre de première instance a constaté -- la Chambre

  3   a fait droit à la demande de la partie demanderesse et a décidé qu'une

  4   Conférence de mise en état se tiendrait aujourd'hui, mais seulement pour

  5   aborder les questions de santé de l'accusé et des conditions de détention.

  6   La Chambre de première instance a constaté que les obligations de

  7   communication de l'Accusation ont fait l'objet d'amples plaidoiries en

  8   l'espèce et qu'il n'y avait pas de question particulière hormis un argument

  9   présenté par écrit qui justifierait la tenue d'une Conférence de mise en

 10   état.

 11   Cela dit, vous avez maintenant la parole s'agissant de votre santé et de

 12   vos conditions de détention. Si à aucun moment vous souhaitez passer à huis

 13   clos, dites-le-nous, s'il vous plaît.

 14   L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vous remercie, Excellence.

 15   J'ai décidé de prendre la parole ici aujourd'hui pour des questions que je

 16   n'arrive pas à résoudre avec les personnes qui dirigent le quartier

 17   pénitentiaire. Je coopère de façon très professionnelle. Mais il y a

 18   quelques questions qui sont systémiques, qui reviennent toujours et qui

 19   dépendent apparemment d'autre chose.

 20   Tout d'abord, je crois que j'ai permis aux services médicaux de vous

 21   fournir un rapport au sujet de tous mes problèmes de santé ainsi que de

 22   tous les examens de laboratoire qui ont été pratiqués. Lorsque je suis venu

 23   ici j'étais en parfaite santé. Mes examens étaient positifs et j'étais en

 24   bonne santé. Alors, non seulement cela n'est plus le cas, mais de surcroît,

 25   mon étant de santé n'est pas du tout bon. J'ai trop de sucre dans le sang.

 26   Cela ne s'applique pas simplement à moi mais à d'autres personnes

 27   également.

 28   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant que vous ne poursuiviez, je


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  1   souhaite vous précisez que vous n'avez reçu aucun rapport sur votre état de

  2   santé. Lorsque je parle de nous, j'entends les Juges de cette Chambre.

  3   Veuillez poursuivre.

  4   L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci. Les services médicaux m'ont demandé et

  5   j'ai signé l'autorisation leur permettant de vous envoyer tous les

  6   résultats de mes analyses.

  7   Dans mon cas ainsi que dans le cas d'autres détenus, il y a un

  8   problème au sujet de la transformation du sucre dans le sang au niveau du

  9   métabolisme du corps. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une erreur des

 10   services médicaux. Il peut s'agir peut-être du régime que nous avons, de la

 11   nourriture. Et donc, il y a un autre problème qui se pose également qui est

 12   celui de maladies graves. Il y a un pourcentage important de détenus qui en

 13   souffrent, un pourcentage important par rapport à une cohorte de mille

 14   personnes. Cela est un petit peu inhabituel, je suppose que ceci a peut-

 15   être un lien avec la nourriture, les circonstances de notre détention ou

 16   les conditions sanitaires du bâtiment en tant que tel. Je crois que c'est

 17   quelque chose sur lequel on devrait se pencher plus avant, faire une

 18   enquête et y prêter attention pour essayer d'en découvrir les causes.

 19   Alors, voici la question de mon état de santé. Mais il y a d'autres

 20   questions que je souhaitais aborder que je ne pouvais pas résoudre avec la

 21   direction du quartier pénitentiaire. Je souhaite dire que la Chambre de

 22   première instance ainsi que le Président, à plusieurs reprises, ont fait

 23   droit à mes demandes eu égard à mes droits s'agissant de moyens de

 24   communication avec les médias et d'autres questions. Je suis un

 25   professionnel, je suis médecin. Je suis moi-même écrivain. Je ne sais pas

 26   combien de temps je vais encore rester ici et quel sera mon statut. Mais

 27   maintenant j'ai plus de temps, car jusqu'à présent, jusqu'à la fin de la

 28   présentation des moyens à décharge, j'ai consacré tout mon temps à la


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  1   préparation de ma défense. Il fallait que je garde la tête hors de l'eau,

  2   en quelque sorte. Mais maintenant j'ai plus de temps. J'ai plus de temps

  3   pour utiliser internet et des dispositifs audio car je souhaitais parfaire

  4   mes compétences linguistiques. Et la langue serbe a changé, elle n'est plus

  5   la langue parlée par les personnes qui m'ont précédé. Je veux m'assurer de

  6   pouvoir parler une langue serbe qui est une langue correcte. Je sais qu'il

  7   y a des gens qui ont assuré leur propre défense et qui ont été libérés à

  8   titre provisoire. Alors, si j'avais été libéré à titre provisoire avant le

  9   prononcé de mon jugement, de telles restrictions ne me seraient pas

 10   imposées. Alors, mon accès à l'internet est surveillé et ne devrait être

 11   surveillé que lorsqu'il s'agit de communications avec des tiers, mais

 12   lorsque je souhaite accéder à différents documents ou éléments sur

 13   internet, il ne devrait pas y avoir de restrictions imposées là-dessus.

 14   Lorsque nous sommes en détention, nous ne devrions avoir ce type de

 15   restrictions qui ont un caractère punitif. Si j'avais été Seselj et si

 16   j'avais passé 12 années en détention, tout en étant professionnel, je crois

 17   qu'il se serait agi de mesures punitives dans ce cas.

 18   Et s'agissant d'internet, je souhaite entendre la prononciation

 19   exactes termes serbes. Il y a 400 mots répertoriés, il y a sept

 20   conjugaisons, à savoir 2 millions de termes qui doivent être enregistrés

 21   correctement, prononcés correctement. Donc, voilà, ça c'est une autre

 22   question que je souhaitais soulever et pour laquelle je souhaite que l'on

 23   trouve une solution.

 24   Je m'excuse auprès des interprètes.

 25   J'accepte que l'on surveille ce que je fais. Je n'ai pas l'habitude

 26   de me soustraire aux règles et j'accepte toute forme de surveillance liée

 27   aux travaux du Tribunal et à la surveillance dans le quartier

 28   pénitentiaire. Mais je crois qu'il y a une marge de manœuvre suffisamment


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  1   importante, et un professionnel peut continuer à travailler sans

  2   compromettre quoi que ce soit.

  3   Je souhaite également dire que la CPI a son propre quartier

  4   pénitentiaire dans le même bâtiment que le nôtre. Leurs conditions sont

  5   plus libérales et différentes des nôtres. Et surtout s'agissant du régime

  6   alimentaire. Et je me suis posé la question, je pensais que c'était

  7   important que le Tribunal soit informé de cela : il s'agit de deux

  8   Tribunaux des Nations Unies qui n'ont pas les mêmes conditions de

  9   détention. Ce serait à mon sens utile, et je pense que c'est important

 10   d'attirer les Juges de ce Tribunal sur cette question, de façon à ce que

 11   les conditions de détentions puissent être les mêmes dans le quartier

 12   pénitentiaire.

 13   Je souhaite également dire que nous tous qui sommes dans le quartier

 14   pénitentiaire, nous sommes très inquiets au sujet des personnes condamnées

 15   des Balkans qui vont purger leurs peines dans d'anciens pays communistes et

 16   dans des pays où les conditions de détention sont fort différentes des

 17   conditions de détention dans les pays de l'Union européenne. Nous

 18   préfèrerions que ces personnes purgent leurs peines dans des pays européens

 19   plus progressifs car ceci contribue à l'amertume de ces personnes.

 20   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Nous n'allons pas aller au-delà de ce

 21   que vous dites. Cela va au-delà des questions que les Juges de la Chambre

 22   souhaitent aborder pour l'heure.

 23   Pour ce qui est des questions que vous avez évoquées, concernant vos soucis

 24   médicaux et des conditions difficiles en détention, je ne sais pas quel

 25   rôle peuvent jouer les Juges de cette Chambre. Je souhaite donc me mettre

 26   en contact avec les autorités du quartier pénitentiaire, ainsi que le

 27   médecin du quartier pénitentiaire, pour aborder ces questions-là avec eux.

 28   Et vous pouvez dans ce cas revenir vers les Juges de la Chambre, le cas


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  1   échéant, si vous estimez qu'il y a eu enfreinte à vos droits à un procès

  2   équitable.

  3   Souhaitez-vous dire quelque chose, Maître Robinson ?

  4   M. ROBINSON : [interprétation] Oui, effectivement.

  5   Le Dr Karadzic, Monsieur le Président, a été en contact avec le directeur

  6   du quartier pénitentiaire sur ces questions, ainsi que le médecin du

  7   quartier pénitentiaire, car il estimait qu'il était important que les Juges

  8   de la Chambre en soient informés; néanmoins, il ne vous demande pas de

  9   prendre une quelconque mesure. La raison de cette Conférence de mise en

 10   état était de vous tenir au courant de son état de santé et de ses

 11   conditions de détention. C'est la raison pour laquelle il a pris la parole.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

 13   [La Chambre de première instance se concerte]

 14   M. LE JUGE MORRISON : [interprétation] Docteur Karadzic, la réponse à votre

 15   question est peut-être quelque chose que vous souhaitez entendre à huis

 16   clos partiel, c'est à vous d'en décider. Mais la question qui me préoccupe

 17   est celle-ci, en fait : votre état de santé que vous avez évoqué au sens

 18   large, votre situation sur un plan médical, est-ce que ces soucis de santé

 19   provoquent chez vous une certaine détresse ou y a-t-il des symptômes qui

 20   pourraient être considérés comme entravant votre bon fonctionnement ?

 21   L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, il ne s'agit pas d'une situation grave. Ma

 22   santé s'est dégradée, et ma teneur en sucre dans le sang est trop élevée.

 23   Et je ne suis pas le seul. Il y a certaines personnes qui souffrent de

 24   diabète.

 25   J'étais en parfaite santé auparavant, donc il ne s'agit pas seulement

 26   de cet aspect-là du métabolisme qui est mis en cause. Il se peut qu'il y

 27   ait d'autres conséquences que nous constaterons par la suite. La nourriture

 28   que nous recevons est une nourriture congelée qui est réchauffée dans un


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  1   four à micro-ondes dans des récipients en plastic. Le paracétamol est

  2   médicament que nous pouvons utiliser à volonté au quartier pénitentiaire.

  3   Les derniers travaux de recherche ont indiqué qu'il était assez dangereux

  4   d'utiliser le paracétamol de façon systématique. Cela dépend, évidemment,

  5   de chacun. Et le système de détention des Nations Unies est en train de

  6   provoquer des maladies auprès des détenus.

  7   Si vous regardez le résultat de mes analyses lorsque je suis arrivé, ces

  8   analyses étaient très bonnes, et chaque analyse successive était moins

  9   bonne, et donc nous ne connaissons pas encore toutes les conséquences de

 10   tout ceci. Je peux encore travailler, je peux encore exercer ma fonction,

 11   mais mon état de santé n'est pas bon. Je ne souhaite pas sans leur

 12   autorisation mentionner le nom de personnes qui sont actuellement malades,

 13   qui souffrent de diabète ou qui ont une autre maladie. Tout ce que je dis,

 14   c'est que tout ceci semble indiquer qu'il faudrait que le Tribunal se

 15   penche sur ces questions-là.

 16   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui, la Chambre a pris note de ces

 17   informations mentionnées par M. Karadzic.

 18   Y a-t-il d'autres points ?

 19   L'ACCUSÉ : [interprétation] Tout ce que je souhaitais dire c'est que la

 20   question de mes droits, ou de mon droit à travailler dans mon domaine

 21   professionnel en étant, bien entendu, contrôlé, pendant que je suis en

 22   détention, est quelque chose qui ne peut être résolu sans que le Tribunal

 23   adopte une position claire. Je ne peux pas m'attendre à ce que la direction

 24   du quartier pénitentiaire résolve l'ensemble de ces questions concernant

 25   l'accès à internet et l'enregistrement de matériel et de documents.

 26   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Oui. Il y a un régime en place pour

 27   faire face aux différentes questions liées à la détention et aux problèmes

 28   de santé. Donc la Chambre va se pencher sur la question en temps voulu.

 


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  1   A moins qu'il n'y ait d'autres points -- en fait, il y a un point sur

  2   lequel la Chambre souhaiterait se pencher à huis clos partiel.

  3   Est-ce que nous pourrions maintenant passer à huis clos partiel.

  4   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  5   [Audience à huis clos partiel]

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  8   [Audience publique]

  9   M. LE JUGE KWON : [interprétation] A moins qu'il n'y ait d'autres points à

 10   soulever, nous pouvons maintenant lever l'audience.

 11   --- La Conférence de mise en état est levée à 13 heures 38.

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