Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 10 janvier 2000

  2   [Audience publique]

  3   -- L’audience débute à 9 h 35

  4   LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Bonjour, Monsieur

  5   le Président.  Bonjour, Monsieur le Juge.  L’affaire IT-95-

  6   14/2-T, Le Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  7   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice, c’est avec beaucoup de

  8   regret que je dois vous annoncer que l’épouse du Juge Robinson est

  9   décédée il y a peu.  Je suis sûr que nous tous nous tenons à formuler

 10   nos condoléances les plus vives au Juge Robinson.  Étant donné les

 11   circonstances présentes, le Juge Robinson sera absent pendant une

 12   quinzaine encore.  Il reviendra le 24 janvier.

 13   Me NICE (interprétation) :  Nous tous ici présents, Monsieur le Président,

 14   nous voulons adresser nos condoléances au Juge Robinson, peut-être par

 15   votre truchement ou à titre privé.  Je suis sûr que je parle au nom de

 16   chacun et de chacune d’entre nous car nous admirions dans le silence

 17   Monsieur le Juge Robinson pour les souffrances qu’il a subies sans pour

 18   autant être distrait du travail qui était le sien alors qu’il siégeait

 19   dans cette affaire.

 20   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice, nous veillerons à ce que

 21   vos propos soient formulés auprès du Juge Robinson, qu’il en soit informé.

 22         Je voudrais vous parler maintenant du programme qui sera le nôtre au

 23   cours de cette quinzaine.  Nous avons un nouvel article du Règlement,

 24   l’Article 15 bis, lequel stipule que pour une raison particulièrement

 25   urgente, que ce soit pour une cause de maladie ou pour toute autre raison,


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  1   un Juge se trouve dans l’impossibilité de siéger dans une formation, et

  2   ceci pour une période qui sera sans doute courte, les deux autres Juges,  

  3   s’ils sont convaincus que ceci est dans l’intérêt de la justice, peuvent

  4   décider de poursuivre les audiences en l’absence du Juge pour une période

  5   qui n’excédera pas trois jours.

  6         Nous avons examiné cet article du Règlement et nous estimons qu’il

  7   est dans l’intérêt de la justice que les audiences se poursuivent cette

  8   semaine, tout du moins pour une période de trois jours. Mais nous allons

  9   voir ce que chacune des parties va peut-être vouloir nous présenter en

 10   guise d’argument.

 11         S’agissant du jeudi et du vendredi de cette semaine, ils sont, de

 12   toute façon, réservés pour des audiences ex parte. En temps voulu, il

 13   faudra voir s’il est adéquat de poursuivre les audiences, celles-là du

 14   moins, même si pour le moment nous allons peut-être vouloir le faire.

 15         Pour ce qui est de la semaine prochaine, cette affaire est inscrite

 16   au rôle pour quatre jours d’audience et nous verrons ce que les parties

 17   pensent.  Nous verrons s’il est possible de poursuivre les audiences au

 18  cette semaine suivante.  Avez-vous des propositions à nous faire, Me Nice ?

 19   Me NICE (interprétation) :  Pas sur ce point, Monsieur le Président.

 20  Me STEIN (interprétation) :  Merci, Monsieur le Président.  N’est- il pas

 21  vraiment navrant que nous devions commencer ce nouveau millénaire

 22   sur une note aussi sombre. Je vous prierais de remettre nos condoléances à

 23   Monsieur le Juge Robinson.

24   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  J’y veillerai.

25   Me STEIN (interprétation) :  S’agissant de la semaine prochaine, ceci va


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  1   peut-être poser des problèmes, ne serait-ce que parce que ceci

  2   représentera une nouvelle obligation de travail pour le Juge Robinson

  3   qui devra prendre connaissances des comptes rendus d’audience de cette

  4   semaine-ci.  Nous tenons, bien sûr, chacun d’entre nous, à poursuivre ce

  5   procès, mais il n’est peut-être pas dans l’intérêt général de le faire.

  6   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pour ce qui

  7   est de cette semaine-ci, vous n’avez pas d’objection ?

  8   Me STEIN (interprétation) :  Pas la moindre. 

  9   Trois journées d’audience, ça me paraît correct.

 10   M. LE PRÉSIDENT (interprétation):  Que pensez-vous? Est-ce que trois jours

 11   d’audience pendant la semaine prochaine ne sera peut-être trop dur pour le

 12   Juge Robinson ?

 13   Me STEIN (interprétation) :  Vous savez, Monsieur le Président, vous serez

 14   quand même le mieux à même de juger si c’est trop lourd pour le Juge

 15   Robinson.

 16   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Si nous étions d’un avis contraire au

 17   vôtre, auriez-vous des observations particulières à formuler ?

 18   

 19   Me STEIN (interprétation) :  Non, Monsieur le Président.

 20   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice ?

 21   Me NICE (interprétation) :  Pas de remarques à faire, mais évidemment si

 22   nous n’avons pas d’audience la semaine prochaine, je devrai annuler la

 23   comparution de témoins.

 24   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Effectivement, il faudra penser à

 25   cet aspect-là, à la lumière des observations ou des propositions faites.


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  1   Me NICE (interprétation) :  Permettez-moi de vous dire ce qu’il en est

  2   des témoins.  À titre officieux, certaines inquiétudes ont été formulées

  3   la semaine dernière :  Est-ce que nous aurions suffisamment de témoins

  4   pour poursuivre les audiences toute cette semaine ?

  5         Nous avons un témoin qui s’appelle Breljas aujourd’hui.  Il va

  6   nécessiter un certain temps d’audience, mais je pense que nous pourrons, à

  7   l’instar des autres témoins, avoir une comparution rapide.  Puis, nous

  8   avons de Boer et Van der Pluijm.  J’espère qu’aucun de ces deux ne posera

  9   de problème, du moins pour ce qui est de la longueur de leur déposition.

 10         Or cette semaine, nous avions également prévu deux témoins pour

 11   lesquels les injonctions de comparution avaient été décernées.  Rappelez-

 12   vous, Messieurs les Juges, c’était un programme poursuivi de témoins qui

 13   avaient été cités à comparaître par voie d’injonction pour cette semaine-

 14   ci et pour la semaine prochaine.  Il faudra voir ce qu’il en est pour les

 15   dates qu’il faudra prévoir pour ceux- ci.  Ceux de cette semaine-ci n’ont

 16   pas expliqué effectivement pourquoi ils n’ont pas réagi.  Cette semaine,

 17   la Chambre pourra voir si elle peut prendre des mesures supplémentaires

 18   pour veiller à ce qu’ils comparaissent, si vous pensez qu’il est adéquat

 19   1de le faire.

 20       Je préférerais ne pas aborder ce sujet dès maintenant.  Je

 21    préférerais commencer la déposition du Témoin Breljas pour deux

 22    raisons : Tout d’abord, c’est que nous pourrons peut-être explorer

 23   davantage la question puisque c’est la première fois de cette semaine que

 24   nous allons avoir l’équipe au complet et puis, nous voudrions avoir l’avis

 25   du Bureau du Procureur, à titre officiel, au niveau de la structure pour


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  1   que celui-ci nous dise si la Chambre doit faire appel à toutes ses

  2   compétences afin de produire la comparution des témoins.  Bien sûr,

  3   je dois veiller de temps à autre à ce qu’il n’y ait pas d’avis plus

  4   officiel du Bureau du Procureur qui ne vous soit pas soumis. Je pourrais

  5   vous en dire ce qu’il en est demain.

  6         Il y aura peut-être des témoins supplémentaires cette semaine.

  7   Je pense à trois témoins en particulier. Il y a d’abord une vidéo prise

  8   de la vallée de la Lasva depuis les airs.  Ceci a été enregistré quelques

  9   semaines après les faits, mais les dégâts étaient plus visibles, plus

 10   apparents sur le terrain même.  Même si le témoin ne faisait pas partie de

 11   ce vol-là, il connaît très bien la région et il pourrait être présent à

 12   l’audience alors que nous diffusons cette cassette de 40 minutes.  Il

 13   pourra nous dire quels sont tel ou tel village.  Ce ne sera nécessaire

 14   que dans une mesure tout à fait limitée puisque vous verrez apparaître le

 15   nom des villages au fur et à mesure que se déplace l’hélicoptère d’un

 16   village à l’autre. Nous nous pourrons avoir cette déposition, mais

 17   manifestement, nous aimerions que le Juge Robinson soit présent pour qu’il

 18   sionne ce film en même temps que vous.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, je crois que c’est

20   quelque chose tout à fait important.  Il faudrait prévoir une telle

 21   comparution au moment où le Juge Robinson sera parmi nous.

 22   Me NICE (interprétation) :  Parfait !  Puis, nous avons deux témoins

 23   dont les résumés ont été préparés et notifiés la semaine dernière.

 24   Nous avons [expurgée].  Je ne sais pas s’il est vraiment disponible.

 25   Il avait été prévu dans la liste des témoins.


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  1         L’autre témoin s’appelle Beese.  Il n’avait pas été prévu, lui,

  2   et je suppose que ceci entraîne objection de la Défense. Ce témoin

  3   pourrait comparaître mercredi. Il s’appelle Christopher Beese. Il était

  4   adjoint d’un témoin qui a déposé à huis clos, un témoin qui, aussi bien à

  5   titre informel qu’à l’audience, a fait allusion à l’aide extrême que

  6   pourrait fournir ce témoin Beese à la Chambre de première instance.

  7         Vous savez que s’agissant de ce témoin protégé, nous n’avions aucun

  8   accès direct.  Nous n’étions même pas en mesure de nous adresser à lui de

  9   façon informelle jusqu’au moment de sa comparution à l’audience.  Nous

 10   n’avions donc aucune idée de la façon dont nous aurions pu recueillir les

 11   informations utiles et c’est lui qui nous a parlé de la façon dont il

 12   faudrait peut-être contacter Monsieur Beese.  C’est ce que nous avons fait

 13   et ce témoin est particulièrement utile.  Il ne prendra pas beaucoup de

 14   temps.

 15         Il est utile à deux titres :  Il a été observateur vraiment

 16   oculaire, de première main, d’une rencontre téléphonique entre Kordic et

 17   Petkovic, ce qui nous donne une idée des rapports de pouvoir et des

 18   personnes qui détenaient le pouvoir, parce que si nous avions ce type

 19   d’information de seconde main, on ne sait pas l’intérêt que ceci pourrait

 20   représenter, alors que l’intérêt est réel si c’est un témoin de première

 21   main.

 22   L’autre raison de son utilité c’est qu’il a aussi des conclusions tout à

 23   fait fondées, apparemment, quant à la conduite de la guerre, des

 24   hostilités et aux objectifs recherchés.

 25         La Chambre devrait, bien sûr, avoir le résumé sous les yeux.  Vous


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  1   verrez si ce témoin peut être appelé à comparaître aujourd’hui ou demain.

  2   Vous allez peut-être conclure que son opinion ne correspond pas

  3   nécessairement aux opinions déjà formulées, mais ce n’est pas mauvais en

  4   soi, au contraire.

  5         En effet, que veux faire l’accusation ?  Elle ne veut pas se

  6   d’avoir une thèse tout à fait limitée, elle veut essayer de vous soumettre

  7   les meilleurs éléments de preuve provenant de plusieurs personnes qui,

  8   inévitablement, avaient chacun leur avis sur le conflit qui se

  9   produisait et nous sommes convaincus que la Chambre pourra, à partir de

 10   ces opinions et de ces faits, exprimer où se manifeste la vérité.  Ce

 11   témoin sera à votre disposition, mais pour ce qui est de Monsieur Beese,

 12   il faudrait que je lui fasse part de son éventuelle comparution cet

 13   après-midi.  Si ceci n’a pas été déjà fait, Messieurs les Juges, je vais

 14   vous fournir le résumé de sa déposition à lui, qui a été communiquée

 15   à la Défense la semaine dernière, et nous verrons s’il est possible de le

 16   citer cet après-midi après que nous aurons vu quelle est la durée de la

 17   comparution de Monsieur Breljas.

 18   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

 19   Me NICE (interprétation) :  Mais avant la comparution de Monsieur Breljas,

 20   je voudrais vous parler de la cassette vidéo qui avait été communiquée fin

 21   d’année dernière, avec éventuellement une voix et qui concerne Kordic et

 22   Blaskic, mais nous n’avons pas encore eu de réponse à ce propos.  Monsieur

 23   Breljas sera sans doute en mesure de reconnaître telle ou telle voix,

 24   celle de Blaskic ou de Kordic.  Pour des raisons qui tiennent à ce

 25   Tribunal, vous savez que nous avons un service de conservation des


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  1   éléments de preuve auquel nous n’avons pas eu accès la semaine dernière.

  2   Je n’ai pas pu obtenir la cassette.  Je n’ai pas pu la diffuser à Monsieur

  3   Breljas avant sa déposition de ce matin.  J’espère qu’aujourd’hui, nous

  4   aurons l’occasion d’avoir accès à cette cassette et je demanderais à ce

  5   qu’elle soit diffusée à son attention.  Il pourra ainsi nous aider à 

  6   identifier les voix.

  7   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Que pense la Défense?  Y a-t-il litige

  8   à propos de cette cassette ou pas ?

  9   Me STEIN (interprétation) :  Cette cassette pose plusieurs problèmes.

 10   D’abord, c’est une cassette incomplète.  Manifestement, il y a eu une

 11   interception pour cause d’écoute.  Il est impossible d’avoir la totalité

 12   de la cassette ou des cassettes à cause des interceptions.  Ça c’est le

 13   premier problème et puis ceci entraîne un problème juridique, celui de la

 14   recevabilité d’éléments de preuve qui, si je ne me trompe, faisaient

 15   l’objet d’une écoute téléphonique, que ce soit légalement ou illégalement,

 16   avec ou sans mandat à ce propos, et si je lis bien le marc de café, je

 17   pense qu’à l’époque, les écoutes étaient illégales, vu le régime en

 18   vigueur.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais ceci mis de côté, ceci

 20   entraînerait sûrement l’échange d’arguments sur la recevabilité, mais la

 21   question est de savoir plus précisément s’il y a litige ou contestation

 22   sur les voix.

 23   Me STEIN (interprétation) :  Effectivement, il y a litige sur ce point.

 24   Me NICE (interprétation) :  Les choses étant ce qu’elles sont, vous me

 25   permettrez peut-être, en temps utile, dès que j’aurai la cassette ce


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  1   matin, de la diffuser pour Monsieur Breljas pour voir s’il peut nous

  2   aider en matière d’identification. Je vous en saurais gré.  Nous allons

  3   peut-être le faire au moment où nous avons un échange d’arguments sur

  4   l’éventuelle comparution de Monsieur Beese cet après-midi.

  5   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Volontiers !

  6   Me STEIN (interprétation) :  Le problème c’est que cette cassette n’est

  7   pas complète.  Manifestement, elle est un peu sectionnée ou tronçonnée.

  8   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je comprends bien.  Mais qui que

  9   soient les personnes qui s’expriment sur la cassette, c’est là le

 10   problème ?

 11   Me STEIN (interprétation) :  Si vous écoutez la cassette et si vous

 12   comparez la voix de Monsieur Kordic comme elle est enregistrée sur

 13   plusieurs autres cassettes, vous pourrez juger vous-même.  Nous avons

 14   un problème quant à l’exactitude de la cassette elle-même.

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais j’insiste.  C’est important

 16   pour l’audience d’aujourd’hui, en effet.  Est-ce que vous nous dites, Me

 17   Stein, qu’il est accepté que la voix est bien celle de Monsieur Kordic ?

 18   Me STEIN (interprétation) :  Oui, c’est accepté.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Donc, il n’est pas nécessaire de citer

 20   un témoin sur ce problème précis.

 21   Me STEIN (interprétation) :  Effectivement !

 22   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  La question de la recevabilité, bien

 23   sûr, sera abordée autrement.

 24   Me STEIN (interprétation) :  Pour ce qui est, en ordre inverse, de

 25   l’éventuelle comparution de Monsieur Beese, il n’était pas prévu à la


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  1   liste, et qui plus est, il nous est un peu soumis par surprise.  On nous a

  2   fait part de son éventuelle comparution au cours de la pause et nous ne

  3   sommes pas prêts à l’entendre cet après-midi.

  4   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Quand avez- vous été informé de sa

  5   comparution ?  Quand avez-vous reçu sa déclaration ?

  6   Me STEIN (interprétation) :  Eh bien !  Je pense que je l’ai reçu jeudi

  7   à mon retour à La Haye.  Peut-être que ceci m’avait été signifié

  8   auparavant.  De toute façon, j’accepterai la date que pourrait me proposer

  9   Madame Verhaag pour ce qui est de la communication.

 10   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais à toutes fins utiles, vous

 11   ne l’avez pas reçu avant jeudi de la semaine dernière ?

 12   Me STEIN (interprétation) :  C’est exact.

 13   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Eh bien !  Puisque j’ai la parole, je

 15   poursuis.  Apparemment, il y a un rapport fourni par le Procureur sur les

 16   injonctions de produire.  Nous n’avons pas vu ce rapport.  Je ne sais pas

 17   quelles en sont les raisons au niveau de l’institution.  Je ne sais pas

 18   pourquoi ce rapport ne nous a pas été communiqué.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne sais pas si vous avez le droit

 20   de le recevoir.

 21   Me NICE (interprétation) :  Pour ce qui est de Monsieur Beese, nous

 22   n’avons pas de déclaration préalable le concernant.  Nous étions encore

 23   à la recherche de ce Monsieur jusqu’au moment où l’autre témoin l’avait

 24   identifié.  Je l’ai vu la semaine dernière à Londres.  Je crois que dès

 25   que le résumé a été préparé jeudi, il a été faxé à La Haye et puis remis


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 1   dans les différents casiers des avocats de la Défense, sans doute le

  2   même jour.  De toute façon, Messieurs les Juges, lorsque vous verrez le

  3   résumé, vous verrez si les faits qui y figurent étaient nouveaux et si

  4   effectivement, la Défense était surprise de la communication de ce

  5   dossier.

  6         J’aimerais encore évoquer trois points.  Je comprends ce que nous

  7   dit Me Stein.  Il reconnaît qu’effectivement, c’est bien la vois de Kordic

  8   quant aux voix sur le compte rendu, que c’est Kordic qui parle, et

  9   pareil pour Blaskic.  Ceci étant, il ne sera pas nécessaire de diffuser la

 10   cassette à l’intention de Monsieur Breljas. Ce serait superflu.

 11   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Effectivement !

 12   Me NICE (interprétation) :  Vous savez que jeudi, il y a une ordonnance

 13   contraignante qui a entraîné beaucoup d’échanges de courrier.

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pour revenir rapidement sur la

 15   question de Monsieur Beese pour que vous puissiez en tenir compte, comme

 16   le dit le Juge Bennouna, il faudrat peut-être un peu plus de temps avant

 17   que la Défense soit en mesure de procéder au contre-interrogatoire de ce

 18  

 19   témoin. 

 20    Me NICE (interprétation) :  Tout à fait !

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il ne serait sans doute pas adéquat

 22   de le citer cette semaine.

 23   Me NICE (interprétation) :  Je comprends parfaitement.  Prenons ceci un

 24   pas à la fois.  Si vous voyez le résumé, si la Défense soulève des

 25   arguments qui sont nouveaux par rapport à ce témoin, par rapport à


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  1   d’autres témoins, nous pourrons effectivement l’entendre à un autre

  2   moment que cette semaine.  Je voulais simplement vous le soumettre en

  3   tant que témoin potentiel face aux inquiétudes que vous aviez formulées,

  4   Messieurs les Juges.

  5         Encore deux points.  Il y a donc des éléments qui relèvent de

  6   cette ordonnance contraignante jeudi.  Ceci a donné lieu à beaucoup

  7   d’échanges de lettres, de courrier depuis l’année dernière, sur la

  8   question de savoir qui devrait comparaître à l’audience.  Je ne pense pas

  9   que nous voulions aborder ce sujet maintenant puisque nous allons

 10   commencer la déposition de ce témoin, mais malheureusement, le sujet

 11   demeure, n’est pas évacué.

 12         Je peux vous dire ceci, Messieurs les Juges : Tous ces documents,

 13   toutes ces pièces jointes sont volumineuses.  Vous voyez combien ça donne,

 14   même s’il y a répétition de certains documents.  C’est un dossier

 15   volumineux.  Je suis en train de préparer une chronologie sous forme

 16   tabulaire qui fait quelques quatre pages et qui pourra vous guider au fil

 17   de ce dossier.  J’espère que ceci permettra que vous fassiez l’économie

 18   d’une lecture complète.  En tout cas, ceci vous guidera et vous

 19   permettra de mieux gérer votre temps pour la lecture de ce dossier.

 20         Nous attendons une ossature d’argumentation pour ce qui est de la

 21   recevabilité ou non-recevabilité du Témoin Cigar.  Je pense que la Chambre

 22   avait formulé quelques inquiétudes, à titre officieux, à propos des

 23   documents de base.

 24         Je peux vous dire que nous avons pratiquement terminé tout cet

 25   exercice qui consiste à savoir quels sont les éléments de preuve que nous


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  1   allons vouloir retenir, y compris les éléments importants et ainsi que

  2   cette bibliothèque de documents auxquels les parties voudront peut-être

  3   faire référence au moment des plaidoiries et réquisitoires. Il faudrait

  4   que ces documents soient disponibles, même si on ne va pas les consulter.

  5   Nous avons besoin de l’accord de la Défense, accord de principe, et je

  6   pense que le reste va être communiqué à la Défense avant la fin de ce 

  7   mois. 

  8         Je me tourne vers Monsieur Lopez-Terres.  D’ici la fin du mois, ce

  9   sera communiqué et il reste à espérer… ou même avant, avant la fin de ce

 10   mois et nous espérons que la grosse majorité des documents que nous

 11   voudrions vous soumettre, Messieurs les Juges, afin de mettre à votre

 12   disposition cette bibliothèque, se fera par consentement et que seul un

 13   nombre limité de documents devra faire l’objet d’un échange d’arguments ou

 14   d’exposés.

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il faut opérer une distinction entre

 16   cette bibliothèque de documents… je suppose que par là, vous entendez la

 17   totalité des éléments de preuve, ce qui constitue déjà une masse

 18   considérable. Évidemment, ce n’est pas facile de faire référence à ce

 19   grand nombre de documents et je vous encourage à produire, disons, une

 20   liasse de documents de base que nous pourrons utiliser et qui contiendra

 21   des documents des deux parties.

 22         Il n’est pas nécessaire que ce soit unilatéral.  Et puis je suppose

 23   qu’à la fin de la présentation des éléments de preuve à charge, il faudra

 24   procéder à un exercice complet de vérification pour être sûr qu’il y a

 25   bien entrée dans le dossier de tous les éléments de preuve, que toutes les


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  1   pièces à conviction sont bien numérotées et que nous pouvons procéder

  2   par ordre ou avec ordre.

  3   Me NICE (interprétation) :  Je crois que vous avez déjà un recueil des

  4   pièces déjà produites, recueil exact, précis, et si nous ajoutons à ces

  5   documents des documents qui vont être communiqués à la Défense, pourquoi

  6   ne serions-nous pas en mesure de vous donner un bon répertoire de cette

  7   bibliothèque ?  Pourquoi utiliser ce que nous avons appelé ces « core

  8   bundles », ces liasses de documents de base ?  Je pensais que vous faisiez

  9   référence aux documents déjà communiqués au moment de l’ouverture du

 10   procès.  Effectivement, c’est un excellent argument que le vôtre, Monsieur

 11   le Président.  Nous allons y réagir comme il se doit.

 12   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.

 13   Me STEIN (interprétation) :  Il y a un petit problème s’agissant de

 14   Monsieur Van der Pluijm.  Il y a une annexe qui figure donc en annexe à

 15   sa déclaration. Nous aimerions en disposer avant la comparution du témoin.

 16   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin peut-il être appelé

 17   dans le prétoire ?

 18               [Le témoin entre dans la Cour]

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je demanderais à Monsieur le Témoin

 20   de prononcer la déclaration solennelle.  Oui ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :   Je déclare solennellement que je dirai

 22   la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 23   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous prierais de vous asseoir,

 24   Monsieur.

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

 


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  1   TÉMOIN :  ANTO BRELJAS (ASSERMENTÉ)

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Je précise à l’attention de la Chambre que la

  3   Défense nous a communiqué la liste des paragraphes sur laquelle

  4   elle souhaite que les questions soient posées de façon

  5   traditionnelle et non pas de façon directive, si je peux dire.

  6         Vous êtes bien Monsieur Anto Breljas né le 18 janvier 1940

  7   à Sarajevo ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Le 18 avril.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, vous êtes croate de Bosnie ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 11   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, avez-vous été condamné

 12   pour des faits délictueux dans le passé ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, je n’ai pas été gravement

 14   condamné, mais effectivement, une fois, en 1971,

 15   quand j’ai quitté Zagreb pour aller sur le territoire croate, j’ai dû

 16   fuir en direction du Canada et au Canada, il y avait un homme qui

 17   pillait le peuple croate et qui m’a provoqué. C’était un prêtre soi-

 18   disant mais en fait, c’était un voyou.  Et donc, c’est suite à ces

 19   faits qu’il est allé au Tribunal pour dire que je l’avais lésé, que

 20   je l’avais agressé physiquement.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  [Hors microphone] …de la prison à ce moment-là ?  

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, trois mois.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Pour des faits de violence sur cette personne?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 25   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, vous avez


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  1   appartenu à l’unité spéciale des Vitezovis, ce qui signifie

  2   les Chevaliers, je crois, dans votre langue ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Depuis le 3 ou

  4   le 4 mars 1993 jusqu’à la fin de la guerre, effectivement.

  5   Me LOPEZ-TERRES :  Jusqu’en avril 1994 ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Aux environs

  7   du 15 avril, j’ai quitté les Vitezovis.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, à la fin mars 1993, vous avez

  9   rencontré l’accusé Dario Kordic à Tisovac, à l’extérieur de Busovaca,

 10   et vous lui avez demandé s’il pouvait vous attribuer un poste au

 11   sein des forces du HVO : Est-ce exact ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation):  Pas un poste mais simplement, je me suis

 13   fait connaître auprès de lui, je lui ai dit que j’étais arrivé, je

 14   lui ai demandé si je pouvais aller quelque part, entrer quelque part,

 15   dans une unité.

 16   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Kordic vous a dit à ce moment-là d’aller

 17   voir le chef des Vitezovis, le nommé Darko Kraljevic, en vous

 18   expliquant que celui-ci…

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  [Suite de la question

 21   précédente] …vous trouverait un emploi au sein du HVO ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

 23   Me LOPEZ-TERRES : Pouvez-vous indiquer à la Chambre en quelle qualité

 24   vous avez intégré le groupe des Vitezovis et quelles ont été vos

 25   fonctions ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  J’ai d’abord passé quatre à cinq jours

  2   sans aucun poste particulier.  J’étais simplement observateur.  Et

  3   ensuite, je suis devenu le représentant politique des Vitezovis.

  4   Me LOPEZ-TERRES :  C’est ce que l’on appelle habituellement dans le

  5   langage qui était utilisé à l’époque l’officier, propagande et

  6   information, au sein de l’unité ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

  8   Me LOPEZ-TERRES : Quel grade avez-vous reçu lorsque vous avez intégré

  9   les Vitezovis ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation): Je n’ai pas reçu ce grade immédiatement.

 11   Je l’ai reçu une dizaine de jours plus tard et c’était le grade de

 12   lieutenant.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Pouvez-vous, en quelques mots, indiquer en quoi

 14   consistaient vos fonctions d’officier de propagande et d’informations

 15   - en quelques mots ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Selon les règles en vigueur dans les

 17   organisations internationales et selon les diverses conventions, eh

 18   bien, ce représentant devait faire attention à faire la différence

 19   entre ce qui était bien fait et ce qui était mal fait.  S’il

 20   réussissait à empêcher que quelque chose qui devait se faire mal se

 21  

 22   fasse mal, c’était bien.  Il devait aussi récompenser ce qui se

 23   faisait bien.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Vous étiez également chargé des problèmes

 25   sociaux concernant les soldats de l’unité ?


Page 11690

  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, en effet, j’étais également

  2   responsable.  Puisque Jozo Buha était le responsable de la logistique

  3   et qu’il volait de toutes les manières possibles, j’ai empêché cela.

  4   Je l’ai renvoyé de son poste de responsable à la logistique, ce que

  5   Kraljevic a accepté, et ensuite, j’ai également dû m’occuper de la

  6   logistique de l’unité puisqu’il n’y avait personne pour le remplacer.

  7   Me LOPEZ-TERRES :  Étiez-vous également chargé des relations avec les

  8   familles des soldats tués ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’est moi qui leur faisais

 10   parvenir des vivres lorsque c’était possible, c’est-à-dire que

 11   lorsque nous recevions des paquets des organisations internationales,

 12   je les apportais aux blessés et aux familles des soldats tués aux

 13   combats, et si nous recevions de l’argent, je faisais la même chose

 14   avec l’argent.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Vous vous occupiez également du traitement des

 16   prisonniers de l’unité ?

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  J’avais la responsabilité des

 18   prisonniers.  Je devais m’occuper d’eux.

 19   Me LOPEZ-TERRES :  Au cours de vos fonctions, vous avez été amené à

 20   jouer le rôle d’officier de liaison avec les organisations

 21   internationales et comme vous parliez anglais, on vous a donné ce

 22   surnom de UNPROFORac, qui était lié au nom des forces avec lesquelles

 23   vous traitiez, donc, la FORPRONU ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  À plusieurs reprises, j’ai été

 25   convoqué pour servir d’interprète car il n’y avait pas beaucoup de

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  1   gens qui parlaient à la fois notre langue et l’anglais.

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Pouvez-vous indiquer, Monsieur Breljas, quel

  3   a été, selon vous, le nombre total de soldats qui ont fait partie

  4   de l’unité des Vitezovis au cours de tout le conflit ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était variable. Il y a eu beaucoup de

  6   morts.  Il y avait aussi beaucoup de blessés qui étaient expulsés des

  7   unités et remplacés par de nouveaux venus.  Je n’étais pas le seul à

  8   m’en occuper.  Marinko Plavcic, mon adjoint, s’occupait de cela avec

  9   moi.  Nous devions décider qui était apte et qui était inapte au

 10   combat.  Mais en tout cas, les chiffres variaient.  Au

 11   maximum, 180 et au minimum, 90.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Et ces 180 soldats dont vous nous parlez étaient

 13   stationnés à l’école Dubravica, dans les casernes qui avaient

 14   été installées à l’école Dubravica ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ils n’étaient pas tous stationnés à

 16   l’école Dubravica.  Il y en avait qui venaient de Dubravica même, de

 17   Krizancevo Selo en particulier, et ceux-là logeaient chez eux mais

 18   ils se rendaient à la caserne.  Et il y en avait d’autres de

 19   l’extérieur tels des réfugiés de Travnik, par exemple, et d’autres.

 20   Ces hommes-là passaient tout leur temps à la caserne.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Vous nous avez indiqué que le commandant de

 22   l’unité était Darko Kraljevic.  Qui était son adjoint ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Son adjoint était Dragan Vinac.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Pouvez-vous nous indiquer rapidement combien il y

 25   avait de groupes qui constituaient cette unité et avec le nom de ces

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  1   groupes?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Excusez-moi, je n’ai pas compris votre

  3   question.  À quoi pensez-vous lorsque vous dites les noms des

  4   groupes ?  Vous pensez aux combattants ?

  5   Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone] …au combat,

  6   il y avait des surnoms ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il y avait trois groupes

  8   importants :  les Pumas, les Loups et les Renards, Pumas, Vukoves,

  9   Licices (ph.).  Les noms changeaient de temps en temps

 10   mais ce n’était que temporairement.  Pour l’essentiel, il

 11   y avait tout le temps ces trois grands groupes.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez constaté, au cours de vos fonctions, que

 13   les soldats de l’unité portaient deux types d’uniformes, l’un qui

 14   était un uniforme noir, l’autre qui était un uniforme camouflé : 

 15   C’est exact ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Pas tous.  Certains portaient

 17   l’uniforme noir et ces uniformes noirs, il fallait qu’ils les fassent

 18   eux-mêmes.  Quant à l’uniforme de camouflage, c’était l’uniforme que

 19   l’on recevait.  Donc, cela s’est passé pas seulement dans mon unité.

 20   J’ai vu Monsieur Blaskic en uniforme noir, j’ai vu Monsieur Mario

 21   Cerkez en uniforme noir et j’ai vu des membres de la brigade de Vitez

 22   en uniforme noir.  Donc, il y en avait beaucoup qui avaient à la fois

 23   l’uniforme noir et l’uniforme de camouflage.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Est-il exact que vous avez constaté que les

 25   personnes considérées comme les plus extrémistes au sein de l’unité


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  1   des Vitezovis avaient apposé sur les uniformes noirs la lettre « U »

  2   qui correspondait au signe des Ustashas de la Deuxième Guerre

  3   mondiale ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Soit ils

  5   portaient la lettre « U » sur la manche ou sur le couvre-

  6   chef.  Certains l’avaient même sur le ceinturon.  Je veux

  7   dire la boucle du ceinturon représentait un « U ».  Il y

  8   avait certaines boucles qui étaient faites de cette façon.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Il y avait également, au sein

 10   de l’unité, un insigne officiel qui portait la mention

 11   « Vitezovi », « Chevalier », et un deuxième insigne qui

 12   portait les lettres du « HOS » avec un éclair stylisé ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact. Les premiers membres

 14   du HOS, ceux qui étaient membres du HOS créé en 1990 avaient tous

 15   l’insigne du HOS et tous les emblèmes du HOS.  Mais ceux qui sont

 16   arrivés à la fin de 1992, en décembre 1992 dans le HOS, ils n’avaient

 17   pas ces insignes.  Ils avaient les lettres « PPN Vitezovi », donc,

 18   unité spéciale des Vitezovis, et l’éclair sur la manche.

 19   Me LOPEZ-TERRES :  Merci.  Je voudrais vous présenter deux documents

 20   qui représentent des insignes.  Je voudrais que vous les examiniez et

 21   nous indiquer s’ils correspondent aux insignes qui étaient portés par

 22   certains membres de l’unité ou par tous les membres de l’unité. Il

 23   s’agit des pièces à conviction Z1530 et Z2790.  Il s’agit de deux

 24   photographies.

 25   Monsieur Breljas, cet insigne était l’insigne officiel


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  1   des Vitezovis, les PPN dont vous venez de nous parler ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Il y a l’éclair

  3   qui est absent, qui manque.

  4   Me LOPEZ-TERRES :  Y avait-il un autre insigne

  5   avec le signe du HOS qui apparaissait ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Mais cet insigne avait

  7   un damier blanc, fond blanc et carrés rouges et pas comme ici,

  8   le fond rouge et carrés blanc.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Le fond était inversé ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 11   Me LOPEZ-TERRES :  Voulez-vous présenter au témoin le deuxième

 12   document ? 

 13         Est-ce que cet insigne correspond à la lettre

 14   « U » des Ustashas dont nous parlions précédemment ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui.

 16   Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie.  Monsieur Breljas, nous allons

 17   parler maintenant de la nuit du 15 au 16 avril 1993.  Pouvez-vous

 18   nous indiquer ce que vous avez vu ce soir-là, au cours de cette nuit,

 19   alors que vous vous trouviez à la caserne de l’école Dubravica ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Dans la soirée, je revenais de

 21   Zenica et en route, j’ai appris que Totic avait été enlevé.  Je suis

 22   arrivé dans l’après-midi et tard le soir, ils sont arrivés à la

 23   caserne en voiture et ils se sont tous assis.  Moi, je faisais le

 24   café.  Il y avait Kraljevic, Vinac et Kordic et puis il y avait une

 25   autre personne que je ne pourrais pas vous décrire parce que je ne


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 1   l’ai vue qu’une seule fois.

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Combien de personnes avez-vous vues exactement ce

  3   soir-là ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation): Cinq ou six. Cinq ou six, je ne sais plus

  5   exactement. Je ne pourrais pas vous dire le chiffre exact, mais cinq

  6   en tout cas.

  7   Me LOPEZ-TERRES :  En dehors de l’accusé Kordic, toutes les personnes

  8   présentes appartenaient-elles aux Vitezovis ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  À part cet homme que je ne connais pas,

 10   la deuxième fois qu’il est venu, il est venu soi-disant comme membre

 11   des Vitezovis pour inspecter des prisonniers, mais moi, je n’avais

 12   pas son nom sur mes listes.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, est-ce que le nom de Miso Mijic

 14   vous dit quelque chose ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Miso Mijic, oui. Moi, j’ai toujours

 16   pensé qu’il était adjoint au SIS, service d’information et de

 17   sécurité de Darko Kraljevic. Mais finalement, je me suis rendu compte

 18   que c’était Darko Kraljevic qui était son adjoint pour le SIS.  Il

 19   était colonel comme Darko Kraljevic.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que Monsieur Miso Mijic était présent cette

 21   nuit-là, lorsque vous avez…

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui, il était présent aussi.  Je

 23   l’avais oublié.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Au cours de cette rencontre avec les personnes que

 25   vous venez de nous indiquer, c’est- à-dire Kordic, Kraljevic, Dragan


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  1   Vinac, Miso Mijic et une autre personne dont vous ne vous rappelez

  2   pas le nom, vous avez pu constater que ces personnes discutaient

  3   entre elles ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

  5   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que vous pouvez nous indiquer de quoi elles

  6   discutaient ou à propos de quoi elles discutaient ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne peux pas vous dire de quoi ils

  8   parlaient exactement.  Tout ce que je peux vous dire c’est que

  9   Monsieur Kordic a dit : « Ça, ça doit aller jusqu’au bout », et

 10   quelqu’un lui a répondu à ce moment-là : « Ne crains rien, le vieux,

 11   tout ira bien. » Mais qui a répondu cela, je ne pourrais pas le dire

 12   avec certitude.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Y avait-il, à l’endroit où ces personnes

 14   discutaient, des documents qui apparaissaient et que vous avez

 15   pu remarquer ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Il y avait un morceau de papier

 17   avec quelque chose de dessiné dessus, je ne sais pas exactement quoi,

 18   une espèce de carte.  Soit ils l’ont dessinée sur place au moment

 19   de la rencontre, soit ils l’ont apportée avec eux déjà toute prête.

 20   Ça, je ne pourrais pas le dire.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Je voudrais vous présenter un document, Monsieur

 22   Breljas.  Vous venez de nous parler d’un nommé Miso Mijic comme

 23   participant à cette rencontre dans la nuit du 15 au 16 avril.  Je

 24   voudrais vous présenter un document qui porte la référence de pièce

 25   à conviction Z1075.1A, 1075.1, « A » pour la version anglaise.


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  1         Monsieur Breljas, ce document, qui est en date du 18 juin 1993

  2   et qui émane du centre de sécurité et d’information pour la zone

  3   opérationnelle de Bosnie centrale, est signé par un nommé Miso Mijic,

  4   qui apparaît comme étant le chef de ce centre.  À votre avis, s’agit-

  5   il de la même personne que celle dont vous nous parlez, et dans ce

  6   document, vous constatez que c’est Monsieur Darko Kraljevic qui est

  7   désigné comme son adjoint ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je vois cela, mais je répète que

  9   j’avais toujours pensé que c’est lui qui était l’adjoint de Kraljevic

 10   et pas Kraljevic qui était son adjoint, et je me rends compte ici

 11   aujourd’hui que je n’avais pas raison et que c’était l’inverse, et

 12   voilà.  Je ne sais pas comment j’ai pu arriver à cette conclusion

 13   parce que Monsieur Kraljevic était représentant de l’unité spéciale

 14   des Vitezovis et chaque fois que j’avais une liste, j’avais d’abord

 15   le nom de Darko Kraljevic et ensuite celui de Miso Mijic.  C’est

 16   comme ça que j’en ai déduit que Miso Mijic était son adjoint.  Mais

 17   ici, je me rends compte que c’était une erreur.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Ce service…

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Lopez-Terres,

 20   je vous prierais d’obtenir un éclaircissement quant à

 21   l’identification de ce centre SIS pour la Bosnie centrale.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie, Monsieur le

 23   Président, de faire cette remarque. Monsieur Breljas, pouvez-

 24   vous nous indiquer encore une fois très rapidement en quoi

 25   consistait, d’après vous, le SIS?  Qu’est-ce que c’était que le SIS?


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 1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, je ne pourrais pas vous dire

  2   de façon tout à fait certaine quel est le sens de ce sigle.  Je sais

  3   simplement que c’était la police de l’armée croate.  

  4   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Miso Mijic était donc,

  5   auprès de Blaskic, pour la Bosnie centrale, le chef de ce

  6   service de renseignement de l’armée croate ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était la police secrète mais je ne

  8   pourrais pas confirmer avec une absolue certitude que c’était lui. Je

  9   n’ai vu aucun contact particulier entre lui et Blaskic, mais je sais

 10   qu’il était avec les Vitezovis, qu’il était tout le temps avec les

 11   Vitezovis, qu’il est allé partout avec Kraljevic. Maintenant, est-ce

 12   que je pourrais confirmer avec certitude qu’il avait des contacts

 13   quelconques avec Blaskic ?  Ici dans ce document, je vois que c’était

 14   le cas, mais moi, je ne peux pas le confirmer.  Je sais qu’il était

 15   dans les Vitezovis et qu’il était membre permanent des Vitezovis,

 16   qu’il était tout le temps avec Kraljevic, qu’il était au commandement

 17   avec Kraljevic, mais je ne peux rien vous dire de plus.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Merci.

 19         Merci, Monsieur l’Huissier.

 20         Dans le cadre de vos fonctions d’officier de

 21   propagande et d’information, vous assistiez aux conférences

 22   de presse hebdomadaires qui étaient données par Dario Kordic.

 23   Pouvez-vous nous parler de cela ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Toutes les semaines, il y avait

 25   une conférence qui était organisée avec l’IPD du responsable de la


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 1   zone de combat, c’est-à- dire Blaskic, et une fois par semaine

  2   également, il y avait une conférence de presse avec Dario Kordic,

  3   Blaskic et d’autres hommes qui venaient ou qui ne venaient pas,

  4   et cætera.

  5   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que le nommé Ignac Kostroman participait

  6   habituellement à ces conférences de presse ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, plusieurs fois, mais il y avait

  8   aussi des occasions où il n’était pas là.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Où avait lieu ces conférences de presse,

 10   Monsieur Breljas ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je sais où se trouve le bâtiment mais

 12   moi, je suis de Sarajevo, je ne suis pas de cette ville.  Donc, je ne

 13   connais pas très bien.  Mais je sais que c’est la municipalité de

 14   Busovaca, au premier étage, dans une petite salle, la mairie de

 15   Busovaca.

 16   Me LOPEZ-TERRES :  Une salle de la mairie de Busovaca.  Je vous

 17   remercie.

 18         Vous avez pu remarquer au cours de ces conférences de presse

 19   que les propos qui étaient tenus par l’accusé Kordic étaient la

 20   plupart du temps les mêmes.  Est-ce que vous pouvez nous indiquer si

 21   vous avez gardé le souvenir de ces propos ou mots d’ordre utilisés

 22   par l’accusé ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Le plus souvent, il disait :

 24   « Nous sommes ici depuis 1000 ans. C’est ici que se trouvent les

 25   tombes de nos ancêtres et nous allons défendre ces tombes à tout


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 1   prix, jusqu’à la fin. »

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Vous souvenez-vous quelle était la tenue de

  3   Monsieur Kordic au cours de ces conférences de presse ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il était léger.  Il ne répondait jamais

  5   à la provocation et il ne se laissait jamais aller à la provocation.

  6   De mon avis personnel, ce que je pense c’est qu’il essayait de créer

  7   la plus grande haine possible entre les Croates et les musulmans…

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Mais vous n’avez pas tout à fait répondu à…

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  …de Bosnie- Herzégovine.

 10   Me LOPEZ-TERRES :  Mais je vais profiter de ce que vous venez de nous

 11   indiquer.  Dans les discours qui étaient tenus par Kordic à

 12   l’occasion de ces conférences de presse, faisait-il régulièrement

 13   référence à la lutte contre les musulmans ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais oui.  Il le faisait tout le temps,

 15   je l’ai déjà dit.  Il le faisait tout le temps, la lutte contre les

 16   musulmans :  « Nous, les Croates de Bosnie-Herzégovine, nous devons

 17   nous battre pour survivre dans notre pays qui est croate depuis

 18   1000 ans et nous devons garder les tombes des Croates. » Voilà !

 19   C’est exactement ce qu’il a dit et ce que j’ai déjà dit.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  Les musulmans étaient désignés comme des

 21   agresseurs, si j’ai bien compris ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Je reviens à ma précédente question.  Je vous

 24   demandais simplement quelle était la tenue que portait Monsieur

 25   Kordic.  Était-ce une tenue civile ou une tenue militaire ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, non.  Il avait un uniforme, une

  2   grande croix au bout d’une chaîne et il portait toujours un uniforme

  3   de camouflage.  Quand il faisait chaud, il portait uniquement la

  4   chemise de l’uniforme de camouflage et quand il faisait froid, il

  5   avait aussi la veste.

  6   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez indiquez qu’habituellement, il y avait

  7   deux personnes avec lui lors de ces conférences de presse, Monsieur

  8   Blaskic, Monsieur Kostroman parfois.  Qui présidait ces conférences

  9   de presse ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Eh bien !  D’après ce que j’ai vu et

 11   d’après ce que je sais, c’est Monsieur Kordic qui présidait.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Avez-vous rencontré, à l’occasion de ces

 13   conférences de presse, de temps à autre, Monsieur Anto Valenta ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il a été présent trois fois ou

 15   deux fois, je ne pourrais pas le dire avec certitude, mais deux fois,

 16   c’est sûr parce qu’il y a une fois, en tout cas, où je l’ai provoqué

 17   moi-même.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Anto Valenta tenait-il d’autres

 19   conférences de presse dans un autre lieu ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Ça commencé un peu plus tard, au

 21   mois de juin ou même peut-être au mois de juillet.  À partir de ce

 22   moment-là, chez lui, à l’Hôtel Vitez où se trouvait le siège de la

 23   zone de combat de Vitez, donc, dans son bureau à lui, il tenait aussi

 24   des conférences de presse et c’était ses conférences de presse

 25   personnelles à lui.


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 1   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, aux environs du mois de mai

  2   1993, est-ce que vous vous êtes rendu à Tisovac à nouveau, en

  3   compagnie du nommé Zvonimir ou Zvonko Cilic – c’était votre

  4   équivalent au sein de la brigade de Vitez – accompagné d’un cameraman

  5   de la brigade de Vitez? Est-ce que vous vous souvenez de ce

  6   déplacement?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact. Je me rappelle, oui.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  L’objet de ce déplacement était de procéder à une

  9   interview de l’accusé Kordic ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui et l’objet de ce déplacement était

 11   que le responsable à l’information et la propagande de la brigade de

 12   Vitez puisse avoir une interview de Monsieur Kordic.  C’est pour cela

 13   que nous sommes partis.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Je voudrais vous présenter un document, Monsieur

 15   Breljas, qui pourrait avoir un lien avec ce que vous nous indiquez,

 16   en particulier, ce cameraman dont vous nous parlez.  Il s’agit du

 17   document Z1153-1, 1153-1.  Comme vous pouvez le constater, Monsieur

 18   Breljas, ce document comporte une liste de noms de personnes qui

 19   étaient mises à la disposition de la brigade de Vitez et qui

 20   appartenaient toutes à Radio ou Télé Vitez ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.  Je connais la

 22   majorité des hommes dont les noms figurent ici.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Justement dans cette liste qui apparaît sur

 24   le document, est-ce que vous pouvez identifier le cameraman de la

 25   brigade de Vitez dont vous nous parliez ?


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 1   LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, Monsieur Stipovic, Srecko Stipovic.  

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Vous aviez parlé préalablement d’un prénommé

  3   Marijan.  Est-ce qu’il y a eu une confusion de votre part ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, mais plus tard, j’ai… parce que…

  5   écoutez, là-bas, la majorité des gens ont les mêmes noms et

  6   quelquefois même les mêmes prénoms, et moi, je suis de l’extérieur

  7   et c’est cela qui a causé une erreur.  En fait, il s’agit de

  8   Stipo [sic].  Je sais avec certitude qu’il s’agit de Stipovic, mais

  9   je n’étais pas sûr parce que Marijan Marijanovic était le chef,

 10   Marijanovic, et moi, d’une certaine façon, j’ai fait un lien entre

 11   Marijanovic et Stipovic et donc, j’ai parlé de Marijan Stipovic.  En

 12   fait, c’est une erreur. Ce qui est exact c’est Srecko Stipovic.

 13   Je le connais bien.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Bien. Je vous remercie, Monsieur l’Huissier.

 15   En juillet 1993, en tout cas, au cours de l’été 1993, vous avez

 16   rencontré à nouveau l’accusé Dario Kordic à Busovaca après une

 17   conférence de presse, au cours d’une cérémonie de remise de pistolet?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’était pas après

 19   la conférence mais pendant la conférence.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  Étaient également présents le

 21   Colonel Blaskic ainsi qu’un procureur militaire…

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  [Suite de la question

 24   précédente]… sous son prénom de Marinko ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne sais pas si le procureur


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  1   militaire était présent à ce moment-là ou plus tard ou même avant.

  2   Je ne saurais pas vous le dire.  Mais il est vrai que Monsieur

  3   Kordic, le Colonel Blaskic et puis il y avait encore quelqu’un

  4   d’autre.   Je ne pourrais pas véritablement me porter garant

  5   et vous dire que lui, il y était.  Mais Marinko était procureur

  6   militaire, mais je ne sais pas s’il y était en ce moment même.

  7   Me LOPEZ-TERRES :  L’objet de cette cérémonie était de remettre,

  8   donc, des armes et des pistolets qui venaient de Croatie, qui

  9   portaient des inscriptions gravées de la part du Président Boban ?

 10  

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Vous aviez vous-même désigné deux membres

 13   des Vitezovis pour recevoir ces armes à titre de récompense ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il s’agissait des unités légales

 15   auxquelles on avait remis des pistolets pour les remettre aux soldats

 16   qui étaient les meilleurs. C’était le poste que j’occupais, mes

 17   fonctions, et c’est la raison pour laquelle j’en ai désigné deux.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  La brigade de Vitez elle-même

 19   avait des récipiendaires au cours de cette cérémonie ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ils étaient beaucoup plus nombreux

 21   parce qu’ils étaient plus nombreux en général par rapport à nous.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  Un petit peu plus tard au cours de cette année

 23   1993 et en fin d’année 1993, je crois, Monsieur Breljas, vous avez eu

 24   l’occasion de rencontrer l’accusé Dario Kordic à Vitez.  Est-ce que

 25   vous pouvez nous rapporter dans quelles circonstances vous avez vu


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  1   Dario Kordic ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne sais pas de quelle période vous

  3   parlez parce que je l’ai rencontré deux fois.  La première fois, je

  4   l’ai rencontré comme j’étais en quelque sorte un Vitezovi. J’étais

  5   pratiquement… tous les gens quittaient Vitez et j’ai appris qu’il y

  6   aurait une attaque à Zabrdze, et compte tenu du fait que les soldats

  7   qui étaient véritablement des soldats qui étaient honnêtes, qui ne

  8   voulaient pas de la munition – ils n’en avaient pas suffisamment à ce

  9   moment-là – je me suis adressé, vers minuit à peu près, à l’unité où

 10   il y avait Sliskovic qui était de permanence et il y avait également

 11   un officier de permanence…

 12   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Excusez-moi, je vais vous

 13   interrompre.  Monsieur Breljas, je ne suis pas tout à fait de près

 14   ce que vous venez de dire.  Est-ce que vous voulez nous répéter

 15   ce que vous venez de dire ?  À quel moment ça s’est passé ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était au mois de juillet, je pense.

 17   La deuxième fois, je l’ai rencontré au mois d’août.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Avez-vous eu l’occasion de rencontrer l’accusé

 19   Dario Kordic dans les locaux de l’usine Impregnacija ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, effectivement. C’était la deuxième

 21   moitié du mois de décembre, au moment où l’armée de Bosnie-

 22   Herzégovine avait attaqué Krizancevo Selo.  Alors, Monsieur Blaskic

 23   se trouvait à Mostar et c’est Monsieur Kordic en personne

 24   qui défendait Krizancevo Selo et Buhine Kuce.  C’est à Impregnacija

 25   que je l’ai rencontré.  J’étais avec les 10 soldats où je suis arrivé


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  1   pour établir une ligne et je l’ai rencontré à Impregnacija avec les

  2   membres du commandement de la brigade de Vitezovi, enfin, Viteska

  3   brigade… Vitez.

  4   Me LOPEZ-TERRES :  De quoi discutait Kordic avec les représentants

  5   de la brigade de Vitez à ce moment-là ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne saurais pas vous le dire parce que

  7   moi, j’étais à cinq, six mètres de distance.  J’avais quelques

  8   problèmes et je ne peux pas vous le dire.  Je sais qu’il était un des

  9   commandants de la zone.  Il y avait un autre qui lui était supérieur.

 10   Je ne sais pas de quoi ils ont parlé, puis je n’ai pas entendu et ça

 11   ne m’intéressait pas.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Discutaient-ils… pouvaient-ils discuter de la

 13   contre-attaque contre l’offensive musulmane ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, probablement qu’ils en ont

 15   parlé.  C’est probablement vrai parce qu’ils ont regardé une carte et

 16   c’est fort possible qu’ils aient discuté comment contre-attaquer,

 17   comment se défendre.

 18   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Qui a regardé la carte, s’il

 19   vous plaît ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est le commandant de la zone qui

 21   a regardé la carte.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  Il nous semble que le mot de « Kordic » a été

 23   omis dans la traduction française.  Il y avait Kordic et le

 24   commandant de la zone, et pas uniquement le commandant de la zone.

 25   L’INTERPRÈTE :  Il ne l’a pas dit.  Le témoin ne


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  1   l’a pas dit.  [NOTE DE L’INTERPRÈTE :  Le Témoin Kordic et

  2  le commandant de la zone.]

  3   Me LOPEZ-TERRES :  Je voudrais vous présenter un document, Monsieur

  4   Breljas, qui est un document qui a été rédigé en février 1994 par

  5   l’adjoint de l’unité à laquelle vous apparteniez, le Major Dragan

  6   Vinac dont vous nous avez parlé.  Il s’agit de la pièce à conviction

  7   Z1380.

  8         Pouvez-vous regarder la dernière page de ce document, celle qui

  9   porte la signature de Monsieur Vinac ? On fait référence dans la

 10   dernière partie à la journée du 22 décembre 1993.  Est-ce que vous

 11   voyez ce passage ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Attendez un petit peu, s’il vous plaît.

 13   Il faudrait que je jette un coup d’œil pour lire.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Le paragraphe au-dessus de la

 15   signature.  Il est indiqué « le 22 décembre 1993 ».

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne le vois pas ici… oui, là.  Oui,

 17   d’accord.  C’est le 22 décembre 1993, oui.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que…

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je viens de le lire.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  [Hors microphone] …de ce document qui est

 21   fait de l’envoi de renforts, le 22 décembre 1993, correspond à

 22   la période dont vous venez de nous parler, à cette rencontre de

 23   Impregnacija que vous venez d’évoquer ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je pense que ce n’était pas ce jour-là.

 25   C’était quelque peu plus tard, une journée ou deux jours plus tard.


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  1   Me LOPEZ-TERRES :  Il s’agit bien de la période où vous avez dû

  2   fournir des renforts provenant des Vitezovis pour contre-attaquer les

  3   musulmans de Krizancevo Selo ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’était le jour de l’attaque,

  5   si mes souvenirs sont bons.  Deux jours plus tard, les Vitezovis

  6   ont été complétés, restitués pour être envoyés en renfort à Viteska

  7   brigade à y faire une partie des activités.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie, Monsieur l’Huissier.

  9         Le jour où vous avez rencontré, donc, Dario Kordic et des

 10   représentants de la brigade de Vitez dans cette usine Impregnacija en

 11   décembre 1993, était-ce la première fois que vous constatiez que

 12   l’accusé Dario Kordic pouvait être impliqué dans des opérations de

 13   nature militaire ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’était pas la première fois.

 15   Moi, je supposais… même avant, je savais que sur un plan stratégique,

 16   il n’avait pas beaucoup de connaissances. Moi, j’étais un stratège et

 17   je connaissais les règles de guerre.  Mais moi, j’ai compris qu’il

 18   n’avait pas véritablement une expérience stratégique et pas

 19   d’expérience en général mais qu’il avait de l’influence sur le plan

 20   militaire en ce qui concerne les opérations des Vitezovis.  

 21   Me LOPEZ-TERRES :   À votre connaissance, l’accusé

 22   Dario Kordic a-t-il été amené à une occasion ou une autre à

 23   donner des ordres à Darko Kraljevic, votre commandant d’unité ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il ne pouvait pas véritablement

 25   délivrer des ordres à Darko Kraljevic.  C’était quelqu’un qui avait


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  1   beaucoup de force mais il était quelqu’un qui était reconnu.  Il

  2   pouvait tout simplement souligner à Darko Kraljevic, lui demander ce

  3   qu’il devait faire et Darko Kraljevic, à ce moment-là, l’acceptait.

  4   Me LOPEZ-TERRES :  Votre impression est que Darko Kraljevic ne

  5   discutait pas les demandes que Kordic lui faisait ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Il n’a pas parlé.  Ce qui était

  7   important pour lui c’était d’avoir un fusil et puis d’attaquer, pas

  8   le reste.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  À votre connaissance, est-ce que des Vitezovis

 10   ont été envoyés dans la zone de Busovaca pour combattre les

 11   musulmans, à la demande de Dario Kordic ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’était la première fois au

 13   mois de juillet. Ils sont allés non pas pour une opération militaire,

 14   plutôt pour provoquer les musulmans de Kacuni où cinq de nos soldats

 15   ont été tués.

 16   Me LOPEZ-TERRES :  Sur le document que je vous ai présenté il y a

 17   quelques instants, Monsieur Breljas, qui émane donc de Dragan Vinac,

 18   il y a un passage que je voudrais que vous examiniez.  Il s’agit

 19   toujours de la pièce à conviction Z1380.  Je précise que le passage

 20   auquel je m’intéresse sur la version anglaise est situé à la page 7.

 21         On fait référence dans ce document, Monsieur Breljas, à l’envoi

 22   – page 6, pardon, de la version anglaise – à l’envoi de forces des

 23   Vitezovis dans la région de Prosje, Kacuni, Busovaca, le 5 juillet

 24   1993, opération au cours de laquelle les Vitezovis ont subi des

 25   pertes, notamment le nommé Miskovic, Vidovic, Kristo et Kukic, qui


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  1   ont été tués.

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact. C’est à ce moment-là

  3   qu’ils ont été tués, mais à ce moment- là, Kacuni a contre-attaqué

  4   Busovaca.

  5   Me LOPEZ-TERRES :  Le passage de ce rapport de Monsieur Vinac fait

  6   référence au fait dont vous nous parliez de l’envoi de Vitezovis

  7   dans la région de Kacuni à la demande de Kordic ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Merci.  Au cours de l’été 1993 toujours, vous

 10   avez rencontré l’accusé Dario Kordic à l’Hôtel Vitez.  Vous

 11   deviez le voir et vous vouliez lui parler de certains problèmes

 12   que vous aviez.  Vous vous souvenez de cette rencontre ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je n’avais pas à le rencontrer mais

 14   c’est tout à fait par hasard que je l’ai rencontré.  J’ai demandé

 15   quelque chose que j’ai déjà demandé depuis bien longtemps,

 16   j’ai demandé qu’on me transfère ailleurs et j’ai même demandé

 17   d’aller lutter sur la ligne de front parce que je ne pouvais

 18   plus rien faire. Ils ont déjà détruit les Vitezovis.

 19   Me LOPEZ-TERRES :  Que vous a répondu Dario Kordic ce jour-là ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il a dit : « Laisse- moi tranquille,

 21   j’ai mes propres soucis. »  Quand j’ai demandé qu’on me transfère,

 22   il a dit : « Mais laisse-moi tranquille, j’ai des problèmes. »

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Avez-vous pu savoir quelle était la source ou

 24   l’origine de ses problèmes ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, plus tard, j’ai appris qu’il y


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  1   avait une attaque de Kacuni.  Kacuni répondait aux provocations et

  2   puis il y avait également une autre attaque sur Busovaca et il avait

  3   demandé, à ce moment-là, car Monsieur Blaskic était commandant de la

  4   zone et il a demandé à Blaskic justement qu’un tel ordre soit délivré

  5   parce que ce n’est que lui qui aurait pu donner de tels ordres et il

  6   a dit : « Si vous avez provoqué, à ce moment-là, il faut également

  7   savoir se défendre. » Et il n’a pas véritablement entrepris des

  8   démarches dans ce sens- là.  Je parle de Blaskic.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Si j’ai bien compris ce que vous nous indiquez,

 10   Monsieur Kordic a demandé à Blaskic des renforts et Blaskic les a

 11   refusés en lui répondant : « Vous avez provoqué à Kacuni, réglez

 12   ce problème vous-même », quelque chose comme ça ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est tout à fait ça.  C’est tout à

 14   fait ça.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Bien !  Nous allons revenir un petit peu dans le

 16   temps, Monsieur Breljas, à la journée du 16 avril 1993.  Ce jour-là,

 17   vous avez passé la plus grande partie de la journée au poste de

 18   commandement de votre chef direct qui était le Major Marinko Plavcic?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  La zone de responsabilité du Major Plavcic

 21   couvrait Krizancevo Selo, Dubravica et Rijeka ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Pas Rijeka tout à fait.  C’est à partir

 23   de Rijeka que les musulmans attaquaient et lui, il contre-attaquait.

 24   Mais lui couvrait Dubravica et Krizancevo Selo.  En ce qui concerne

 25   Rijeka, ils s’y sont rendus et c’est qu’ils ripostaient.


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  1   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez pu constater ce jour- là, le 16 avril,

  2   que non seulement les Vitezovis participaient aux opérations

  3   militaires mais qu’il y avait également des soldats de la brigade

  4   de Vitez ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’est tout à fait normal parce

  6   que si à ce moment-là, il y avait 100, 120 Vitezovis et plus

  7   de 300 soldats, à ce moment-là, il n’y avait que la brigade de Vitez,

  8   Viteska brigade, qui pouvait y être.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez remarqué qu’il y

 10   avait une action concertée entre des Vitezovis, des Jokeris

 11   et la brigade de Vitez sur la zone de Stari Vitez le 16 avril ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne saurais pas

 13   véritablement vous parler de Jokeris mais je peux vous dire

 14   que la brigade de Vitez et Vitezovis également, oui.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Ils ont eu la responsabilité de

 16   l’attaque sur Stari Vitez ?

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  À votre connaissance, Monsieur

 19   Breljas, des membres de votre unité des Vitezovis ont-ils

 20   participé à l’attaque de Ahmici le 16 avril ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, sauf quelques exceptions, des

 22   individus, des particuliers.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Vous dites : « Non, sauf exceptions. » Il y a donc

 24   eu des Vitezovis qui sont allés se battre à Ahmici ce jour-là ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne peux pas l’affirmer.


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  1   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Juste un

  2   moment.  Nous avons une objection.

  3   Me STEIN (interprétation) :  Je pense que maintenant, ce sont des

  4   spéculations et c’est la raison pour laquelle je lève l’objection.

  5   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Lopez-Terres, auriez-

  6   vous l’amabilité de poser la question concernant les connaissances

  7   réelles du témoin et dire où véritablement se trouvaient des unités.

  8   Je pourrais également moi-même poser la question éventuellement.

  9         Où, Monsieur le Témoin, se trouvait le poste de

 10   commandement de Monsieur Blaskic là où vous étiez ce jour-

 11   là ?  Je pose la question au témoin directement.

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Le poste de commandement se trouvait au

 13   -dessus de la station d’essence dans une maison d’un particulier.

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Et c’était

 15   quelle région plus particulièrement ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était exactement à Krizancevo Selo.

 17   Me LOPEZ-TERRES :  [Hors microphone] …les informations que vous avez

 18   obtenues ou les conversations que vous avez entendues de la part de

 19   membres des Vitezovis, y a-t-il eu certains soldats de l’unité des

 20   Vitezovis qui ont participé à l’attaque du village de Ahmici ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne saurais pas l’affirmer ni

 22   le dire avec certitude, mais à mon avis, il y en avait peut-être

 23   deux qui habitaient en contrebas par rapport à Ahmici.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Comment avez-vous eu ces informations ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Quelles informations ?


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  1   Me LOPEZ-TERRES :  Selon lesquelles peut-être deux soldats des

  2   Vitezovis ont participé à Ahmici.

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il y avait un soldat qui habitait

  4   en-dessous de Ahmici.  Il n’était pas à Dubravica le jour même. 

  5   L’autre, je ne l’ai pas vu non plus ce jour-là, alors que

  6   normalement, il était sous le commandement de Monsieur Marinko

  7   Plavcic.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Avez-vous le nom de ces soldats?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  Excusez-moi mais je ne souhaite pas

 10   parler des soldats car ce ne sont pas les soldats qui sont coupables,

 11   c’est le commandement.  D’après tous les règlements et d’après

 12   la politique et la stratégie, ce ne sont pas les soldats qui

 13   sont coupables mais ceux qui les commandent.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  J’avais cru comprendre de ce que vous nous

 15   indiquiez qu’il s’agissait d’une initiative personnelle de ces

 16   soldats.

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Vous avez bien compris.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Au cours de cette journée du 16 avril, vous avez

 19   donc reçu pour instructions de quitter ce poste de commandement de

 20   Krizancevo Selo pour vous rendre à l’école de Dubravica pour vous

 21   occuper des personnes qui y étaient retenues comme prisonnières ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  En vous rendant à l’école à Dubravica, vous avez

 24   pu constater qu’il y avait de nombreux cadavres et qu’il y

 25   avait de nombreuses maisons musulmanes qui brûlaient dans Vitez ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Excusez-moi, je ne suis pas de

  2   Vitez et je ne suis pas de là-bas.  Par conséquent, il y avait des

  3   maisons qui ont été incendiées.  Je ne sais pas s’il y avait des

  4   maisons musulmanes uniquement.  Je sais que Marinko Plavcic avait

  5   demandé que sa maison soit détruite parce qu’il y avait un tireur

  6   d’élite qui y était.  Par conséquent, je me souviens de ces

  7   conversations.  Il a vu sa maison qui a été incendiée.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Il y avait un tireur d’élite musulman dans la

  9   maison de Marinko Plavcic ce jour-là ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est ce qu’il avait supposé.

 11   Me LOPEZ-TERRES :  En vous rendant à l’école, en arrivant à

 12   l’école, vous avez constaté qu’il y avait plusieurs centaines de

 13   personnes, des musulmans, qui étaient prisonniers dans cette école ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Ces prisonniers étaient des femmes et des enfants?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il y avait des hommes également.

 17   Me LOPEZ-TERRES :  Il y avait entre 300 et 400 prisonniers

 18   à ce moment-là ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ils n’étaient pas au nombre de 400,

 20   ça, j’en suis sûr, mais il y en avait un peu plus que 350.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Ces prisonniers étaient détenus dans le gymnase

 22   de l’école, dans la cave et dans quatre salles de classes ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Les femmes et les enfants étaient

 24   dans les classes.  Les hommes et quelques femmes qui ne voulaient

 25   pas se séparer de leur mari et de leurs enfants étaient dans le


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  1   gymnase, enfin dans la salle de gym, et ceux qui se trouvaient dans

  2   la cave, ce n’était pas des prisonniers, n’importe lesquels, c’était

  3   des soldats qui étaient séparés et qui ont été arrêtés bien avant.

  4   Me LOPEZ-TERRES :  Ces prisonniers militaires dont vous nous parlez,

  5   vous pouvez nous indiquer un chiffre ? Combien étaient-ils environ ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ils ont été arrêtés à plusieurs

  7   reprises.  Je pourrais vous dire qu’au total, ils étaient au nombre

  8   de 20 qui sont passés par cette cave. Mais à ce moment-là, ils

  9   étaient quatre au total.

 10   Me LOPEZ-TERRES :  Les personnes dont vous nous parlez, ces 350

 11   prisonniers ou un peu plus, sont restés détenus dans l’école jusqu’à

 12   la moitié du mois de mai 1993 ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Après également, tant qu’ils n’ont pas

 14   été tués.  Avant d’être tués, ils y étaient.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Vous dites qu’ils étaient détenus jusqu’à ce

 16   qu’ils soient tués.  Qu’est-ce que vous voulez dire?  Des prisonniers

 17   ont été libérés, tous n’ont pas été tués.  Nous allons en reparler

 18   un peu plus loin. Vous vous êtes occupé de prêter assistance…

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous pourrions peut-être

 20   éclaircir quelque peu ce point.  Quels prisonniers ont été tués ?

 21   Je ne vous demande pas les noms.  Est-ce qu’il s’agissait

 22   d’un type de prisonnier très concret, s’il vous plaît ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  C’était les prisonniers qui ont

 24   été arrêtés à un endroit du côté de Bobasi.  Il y avait d’abord les

 25   trois civils et ces trois civils, au fond, voulaient rejoindre Vitez


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  1   comme des soldats, mais au fond, c’était des civils et je l’ai

  2   constaté.  Ils voulaient tout simplement s’approvisionner en vivres.

  3         Ensuite, il y avait également un maître de l’hôtel car il y

  4   avait là-bas des opérations militaires qui ont eu lieu et lui

  5   également, il était parmi ces prisonniers.

  6   Me LOPEZ-TERRES :  Nous allons reparler de certains détenus qui ont

  7   été tués par la suite, Monsieur Breljas, un peu plus loin.

  8   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Lopez- Terres, je pense que

  9   nous pouvons lever la séance maintenant. C’est le moment propice pour

 10   la pause.  Nous allons faire une pause jusqu’à 11 h 30. 

 11   (Suspension de l’audience à 11 h 02, Reprise de l’audience à 11 h 38)

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, nous allons revenir sur les

 13   conditions de détention des prisonniers à l’école de Dubravica.  Vous

 14   avez indiqué que ces personnes, donc, étaient détenues dans le

 15   gymnase, dans quatre salles de classe et dans la cave.  Vous avez

 16   essayé d’apporter de l’aide, avec les moyens dont vous disposiez, à

 17   ces personnes.  Vous leur avez fourni des vêtements, vous leur avez

 18   fourni de la nourriture, des bouteilles d’eau et également du foin,

 19   je crois, pour qu’elles puissent dormir. Cela étant, vous convenez

 20   que les conditions de détention de ces personnes n’étaient pas du

 21   tout bonnes ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Effectivement, les conditions n’étaient

 23   pas bonnes au sous-sol.  Les conditions étaient vraiment exécrables.

 24   Toutefois, dans le gymnase, il y avait de nombreuses personnes et pas

 25   assez d’aération.  Pour ce qui est de l’eau, je ne leur ai pas donné


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  1   de bouteilles d’eau, mais de l’autre côté du couloir, il y avait des

  2   toilettes et les détenus pouvaient utiliser l’eau du robinet.  Les

  3   femmes et les enfants avaient des conditions quelque peu meilleures

  4   puisqu’ils ont été déplacés du gymnase pour être installés dans des

  5   pièces où la situation était un peu plus tolérable et supportable.

  6   Me LOPEZ-TERRES :  Les détenus dont nous parlons ne pouvaient pas

  7   recevoir de soins médicaux et avaient une nourriture très

  8   insuffisante, n’est-ce pas ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 10   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez été amené à désigner certains des

 11   prisonniers pour qu’ils creusent des tranchées et vous l’avez fait

 12   sur la demande, soit de votre propre hiérarchie au sein des

 13   Vitezovis, soit à la demande de représentants de la brigade de Vitez?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Ils sont venus chercher des

 15   personnes afin de les amener creusées des tranchées.  Marinko Plavcic

 16   et moi-même le faisaient.  Parfois c’était lui, parfois c’était moi.

 17   Nous disions que nous avions besoin de 10 hommes afin de creuser des

 18   tranchées.  Nous leur disions de réunir ces 10 personnes qui étaient

 19   alors envoyées sur les lieux.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  En ce qui concerne les instructions pour la

 21   désignation de ces prisonniers que vous receviez de la brigade de

 22   Vitez, elles émanaient de plusieurs personnes.  En particulier, vous

 23   avez cité le nom d’une personne qui s’appelait Mile Vinac qui

 24   appartenait au commandement de la brigade et vous avez évoqué

 25   également un officier de la brigade qui était surnommé Zabac, ce qui


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  1   veut dire « grenouille », je crois, dans votre langue ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Il est exact.  Vinac

  3   venait aussi.  Pour ce qui est de Zabac, lui, ne le faisait pas.  Il

  4   ne venait pas chercher des hommes.  Il se contentait de venir et de

  5   les emmener, mais il ne les sélectionnait pas.  Il n’y avait pas

  6   d’ordre qu’il pouvait nous donner.  Il disait simplement : « J’ai

  7   besoin de 10 hommes pour travailler » et il les emmenait.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que vous avez reçu des ordres écrits de la

  9   brigade de Vitez concernant la désignation de ces prisonniers ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, non, non.  Ce n’était pas

 11   possible.  La brigade de Vitez n’était pas en mesure de donner de

 12   tels ordres à Kraljevic.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Les prisonniers dont nous parlons, qui

 14   ont dû creuser des tranchées, ceux dont vous vous souvenez en

 15   tout cas, ont dû creuser ces tranchées dans les régions de Buhine

 16   Kuce, Bobasi, Kula, Krizancevo Selo, Zabrdze ?

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais vous voyez, à l’époque, j’étais

 18   encore assez nouveau.  Je sais de façon certaine qu’ils sont allés à

 19   Buhine Kuce et à Krizancevo Selo, mais à l’époque, je ne savais pas

 20   qu’ils allaient à Bobasi.  Je l’ai appris par la suite. J’ai appris

 21   qu’ils sont allés à Bobasi et Zabrdze, entre autres endroits, mais à

 22   l’époque, je n’étais au courant que pour ce qui est de Buhine Kuce et

 23   Krizancevo Selo.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez constaté que ces prisonniers recevaient

 25   eux-mêmes peu de nourriture.  Vous savez également qu’ils ont été


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  1   parfois maltraités et battus par les gardes ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Oui, c’est exact.  Je m’y suis

  3   opposé.  Lors de nos réunions, j’ai souvent manifesté cette

  4   opposition.  L’alimentation et les nourritures étaient limitées pour

  5   tout le monde, mais eux étaient vraiment privés de nourriture.  Ils

  6   devaient, en fait, partager une boîte de conserve pour deux

  7   prisonniers.  Je ne sais pas comment la brigade de Vitez nourrissait

  8   ses prisonniers.  Moi, je sais que je leur ai donné certaines boîtes

  9   de conserve de temps à autre. Il y a eu des cas de mauvais traitement

 10   infligé à certaines personnes.  Si j’avais pu, j’aurais voulu traîner

 11   ces personnes en justice.  Ici, je ne veux pas citer le nom de ces

 12   soldats qui enchaînaient les prisonniers, les forçaient à aboyer et à

 13   mordre un autre prisonnier, en réponse de quoi cet autre prisonnier

 14   donnait des coups à celui qui l’avait mordu.

 15   Me LOPEZ-TERRES : Vous avez également été informé que certains de ces

 16   prisonniers étaient utilisés comme boucliers humains sur les lieux

 17   des tranchées ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne pourrais pas qualifier cela de

 19   bouclier humain même si d’après toutes les règles en vigueur c’était

 20   effectivement un bouclier humain, à moins, bien sûr, que les soldats

 21   ne se trouvent devant les travailleurs.  Ce qu’ils ont fait c’est, en

 22   fait, de placer les travailleurs devant la ligne des soldats, ce qui

 23   veut dire qu’il n’y avait pas de véritable intention de les utiliser

 24   en tant que boucliers humains, mais en vertu des lois et coutumes de

 25   la guerre, eh bien, ces pratiques étaient contraires à ces lois


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  1   puisque normalement, c’est d’abord les soldats et puis les ouvriers

  2   ou les travailleurs, mais dans ce cas-ci, c’était l’inverse.

  3   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez protesté à plusieurs reprises contre ces

  4   pratiques et apparemment, cela n’a pas eu beaucoup d’effet ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  Effectivement, personne n’a accordé

  6   d’importance à mes protestations.  Ils ont même été jusqu’à me

  7   qualifier de fou et que je faisais vraiment des choses qu’il ne

  8   fallait pas faire.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Auprès de qui est-ce que vous vous êtes plaint de

 10   ces pratiques et des mauvais traitements des prisonniers en général ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  La seule occasion qui m’ait été donnée

 12   a été de me plaindre auprès du commandant de la zone opérationnelle

 13   de Vitez à l’officier IPD, information et propagande.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Nous avons évoqué ce sujet avant la pause.  Il

 15   s’agit des prisonniers qui ont été tués au cours de leur détention

 16   par votre unité.  Vous avez indiqué qu’à votre connaissance, environ

 17   une quinzaine de prisonniers qui étaient sous la responsabilité des

 18   Vitezovis ont été tués ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez eu connaissance également qu’il existait

 21   une pratique chez certains soldats de votre unité qui consistait à

 22   couper des oreilles aux membres de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui

 23   avaient été tués.  Vous avez entendu parler de cela ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ceci s’est pratiqué dans toutes les

 25   unités de la région de Vitez.  Il y a des soldats qui ont eu recours


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  1   à ce type de pratique, effectivement.

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Vous vous souvenez que l’un des membres des

  3   Vitezovis vous a remis un jour deux oreilles, en vous disant :

  4   « Tiens, vous pourrez amener cela comme casse-croûte à Kraljevic » ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  Effectivement, c’est

  6   exact, pas deux oreilles toutefois mais une.  Il m’a dit : 

  7   « Eh bien, amène-la à Kraljevic pour qu’il déjeune. »

  8   Me LOPEZ-TERRES : Il y avait un autre membre des Vitezovis don’t vous

  9   avez dit également qu’il arborait de temps en temps un collier

 10   d’oreilles humaines ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il ne la portait pas, il la

 12   confectionnait.  J’essaie de me souvenir s’il était là.  Je pense que

 13   son groupe de combat ne se trouvait pas à cette position à l’époque. 

 14   Ils étaient en train d’effectuer des préparatifs en vue de combat.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Dans la période du 17 au 20 avril 1993, Darko

 16   Kraljevic, votre commandant, a donné l’ordre, dans l’hypothèse où

 17   l’offensive de l’Armija se poursuivait, de faire sauter les locaux de

 18   l’école de Dubravica avec les prisonniers qui s’y trouvaient ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il ne s’est pas contenté de me dire

 20   cela.  Il faut dire que ceci avait été préparé.  On avait miné

 21   l’école.  On devait faire exploser effectivement l’école de Dubravica

 22   avec toutes les personnes qui s’y trouvaient à l’intérieur.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Il y avait environ 200 kilos d’explosifs qui

 24   avaient été placés autour de l’école ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne pourrais pas vous donner un


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  1   chiffre précis, mais effectivement, il y avait beaucoup d’explosifs,

  2   effectivement.

  3   Me LOPEZ-TERRES :  Aux environs du 20 avril, l’Armija a donc lancé

  4   une offensive contre l’école, les Vitezovis ont mis en place une

  5   ligne de défense, la zone a été bombardée et vous avez constaté

  6   qu’à un certain moment, l’Armija s’est retirée ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, l’armée de Bosnie-Herzégovine.

  8   Oui, c’était l’armée de Bosnie- Herzégovine de Poculica qui a

  9   attaqué de Poculica et d’autres endroits.  Ils sont arrivés jusqu’

 10   à 100 ou 150 mètres de l’entrée de l’école de Dubravica.

 11   C’est alors que les Vitezovis ont réussi à les repousser

 12   une fois de plus et ils ont battu en retraite.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Avez-vous eu le sentiment à l’époque que si

 14   l’armée de Bosnie-Herzégovine avait stoppé son offensive, c’est parce

 15   qu’elle connaissait la présence de ces prisonniers dans l’école,

 16   le risque que ces bâtiments soient détruits ?

 17   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin ne peut pas parler des

 18   actions engagées par l’armée de Bosnie- Herzégovine.  Ce que celle-ci

 19   avait pour intention est un sujet qui lui reste à elle mais pas

 20   au témoin.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, à votre avis, la résistance

 22   opposée par les Vitezovis autour de l’école est-elle la seule

 23   explication à l’interruption de l’offensive de l’Armija ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Je ne pourrais pas dire ce

 25   genre de chose.  D’après mon expérience militaire, les Vitezovis


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  1   étaient trop faibles pour repousser une telle offensive.  Je pense

  2   que c’était soit le gouvernement de la Bosnie-Herzégovine qui a donné

  3   des instructions de ne pas lancer cette attaque ou la raison en était

  4   peut-être qu’effectivement, des explosifs aient été placés tout

  5   autour de l’école et que ceci pourrait entraîner une catastrophe.

  6   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin ne peut pas vous

  7   parler des intentions de l’armée de Bosnie- Herzégovine.  C’est

  8   l’armée seule qui pourrait en parler.  Passons à autre chose.

  9   Me LOPEZ-TERRES:  Aux environs du mois de mai 1993, Monsieur Breljas,

 10   des membres de votre unité Nikola et Jako Krizanac, notamment, ont

 11   fait prisonnier le nommé Kemal Poricanan – c’était un juge de la

 12   région de Travnik – avec son chauffeur, qui était nommé Jasenko. Vous

 13   vous rappelez de cela ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je m’en souviens.

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il n’y a aucun litige sur ce

 16   point.  Vous pouvez donc être rapide sur ce point.

 17   Me LOPEZ-TERRES :  Le Juge Poricanan et son chauffeur ont

 18   été tués au cours de leur détention, Monsieur Breljas ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

 20   Me LOPEZ-TERRES :  À votre connaissance, leurs

 21   corps ont été jetés… [hors microphone].

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Vous vous souvenez également qu’il avait été prévu

 24   que le Juge soit filmé par un cameraman et que ce film soit présenté

 25   ensuite.  Compte tenu de l’état du Juge qui avait été battu, vous


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  1   avez demandé à votre supérieur un délai pour qu’il puisse être

  2   présentable devant une caméra.  Vous vous rappelez de cela ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact. Il se trouvait dans

  4   la cave et effectivement, il avait été gravement battu, il avait les

  5   côtes cassés, et j’ai dit à Darko Kraljevic que cet homme allait

  6   effectivement mourir dans ce sous-sol, qu’il fallait l’emmener pour

  7   qu’il soit alité et qu’il soit soigné.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Vous rappelez-vous de la personne qui devait

  9   filmer le Juge avec cette camera ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne le connais pas.  Je l’ai vu au

 11   moment où il filmait, lorsqu’ils sont venus, mais je ne sais pas

 12   comment il s’appelle.  Je ne le connais pas non plus.  C’était

 13   simplement un homme qui était venu filmer, ce qu’il a fait.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Appartenait-il à l’équipe des cameramen de la

 15   zone de Vitez mise à la disposition de la brigade de Vitez ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Il ne faisait pas partie de

 17   l’équipe que je connaissais.  Il se peut que ç’ait été quelqu’un que

 18   je ne connaissais pas.

 19   Me LOPEZ-TERRES :  Le 1er novembre 1993, vous avez organisé une

 20   cérémonie en mémoire des membres des Vitezovis qui étaient morts ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’était la Toussaint.  J’ai prévu

 22   une cérémonie de commémoration pour ceux qui étaient morts parmi les

 23   Vitezovis.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Messieurs Kraljevic et Cerkez ont participé à

 25   cette cérémonie ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Pour pouvoir prendre une décision, j’ai

  2   allumé trois grandes chandelles.  Sur l’un, j’ai mis commandant des

  3   Vitezovis, l’autre, commandant de la zone opérationnelle de Vitez, la

  4   troisième pour le commandant de la brigade de Vitez pour que chacun

  5   de ces commandants viennent allumer une chandelle.  Mario Cerkez est

  6   venu allumer la sienne mais Monsieur Blaskic a dépêché pour le

  7   remplacer un officier IPD, de la propagande et de l’information.

  8   Me LOPEZ-TERRES :  Mario Cerkez, à votre connaissance, n’a plus

  9   exercé des fonctions de commandant de brigade à Vitez après la fin

 10   octobre 1993 ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Plus tard, après cette date, il était

 12   commandant… il a été commandant pendant un certain temps par la

 13   suite.  Il a cessé ses fonctions lorsqu’à Grobcic, l’armée de

 14   Bosnie-Herzégovine s’est infiltrée et a détruit ou a tué 32 soldats.

 15   C’est à ce moment-là que ses fonctions de commandement lui ont été

 16   retirées.

 17   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que vous pouvez situer dans le temps plus

 18   précisément cette période ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je pense que ça s’est passé au cours de

 20   la première semaine de décembre.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Décembre 1993 ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  À votre connaissance, Mario Cerkez et Darko

 24   Kraljevic avaient fréquenté la même école et s’entendaient très

 25   bien ?  Ils se connaissaient très bien tous les deux ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Quant à savoir s’ils ont fréquenté

  2   la même école ou se trouvaient dans la même classe, je ne sais pas.

  3   Ce que je sais c’est qu’ils se connaissaient très bien puisqu’ils

  4   étaient originaires du même endroit, du même village.

  5   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce qu’à votre connaissance, ils se

  6   rencontraient souvent ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est certain.  Il est certain qu’ils

  8   se voyaient souvent, mais au moment de la guerre, il y avait quand

  9   même un certain contentieux entre ces deux hommes pour ce qui est de

 10   savoir qui était le commandant le plus important.  C’était le seul

 11   point de désaccord entre eux.  Tout le reste marchait très bien.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez constaté à plusieurs reprises que c’est

 13   Monsieur Cerkez qui a fourni du carburant à Darko Kraljevic lorsqu’il

 14   en manquait ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je l’ai remarqué, mais qui plus est,

 16   j’étais présent au moment où Darko Kraljevic a pris le téléphone, il

 17   s’est entretenu avec Cerkez et lui a dit à la fin :  « Nous sommes de

 18   vieux amis.  Donne-moi du carburant puisque je n’en ai plus. » 

 19   L’autre lui a répondu qu’il le ferait.  J’étais à proximité.  J’ai pu

 20   entendre leur conversation.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez indiqué qu’à votre connaissance, l’unité

 22   des Vitezovis n’était pas formellement subordonnée à la brigade de

 23   Vitez mais qu’il y avait un accord selon lequel, pour des raisons

 24   logistiques, l’unité des Vitezovis était parfois appelée 4e bataillon

 25   de la brigade de Vitez ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Avec votre permission, je vais devoir

  2   vous donner une réponse plus détaillée et plus circonstanciée pour

  3   être tout à fait clair.  Les Vitezovis et la brigade de Vitez étaient

  4   identiques.  C’était la même unité, la seule différence étant que les

  5   Vitezovis étaient la troupe d’assaut d’élite, alors que les Vitezovis

  6   étaient une force défensive et il y avait un certain litige au niveau

  7   du commandement.  Le commandement n’était pas uni, était assez

  8   désuni.  Mais pour ce qui est des effectifs, effectivement, les

  9   Vitezovis, c’était les unités chargées de l’attaque, d’assaut par

 10   rapport à la brigade de Vitez.

 11   Me LOPEZ-TERRES :  Je pense qu’il s’est glissé une petite erreur dans

 12   le transcript.  Il y a la distinction : « Les Vitezovis étaient les

 13   unités d’assaut, les troupes spéciales », tandis qu’on nous a

 14   indiqué : « Les Vitezovis étaient à nouveau des forces de défense. »

 15   Je pense que c’est les membres de la brigade de Vitez que l’on

 16   veut mentionner au lieu des Vitezovis dans le transcript.

 17         Vous avez constaté à plusieurs reprises que les Vitezovis et la

 18   brigade de Vitez agissaient de concert dans le secteur de Vitez et

 19   que dans ces occasions-là, dans ces opérations militaires, les

 20   Vitezovis recevaient des instructions de Mario Cerkez qui lui-même

 21   les recevait du centre opérationnel de Bosnie centrale, c’est-à-dire

 22   en fait du Colonel Blaskic ?

 23   Me KOVACIC (interprétation) :  Je crois que les questions son trop

 24   dirigistes.

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Breljas, dite-nous


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  1   comment vous, vous avez compris la structure de commandement

  2   s’agissant de ces personnes.  Je pense ici surtout au Colonel

  3   Blaskic et à Monsieur Cerkez.

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je n’ai jamais dit que le Colonel

  5   Blaskic avait participé à cela mais leur seule différence c’est

  6   qu’ils ne se battaient pas ensemble et ils ne pouvaient pas le faire

  7   parce qu’il y avait les Vitezovis, une unité spéciale qui était une

  8   unité d’assaut et qui était distincte.  Mais de toute façon, il ne

  9   pouvait pas commander aux Vitezovis parce que Kraljevic ne le

 10   permettait pas mais simplement déterminer l’endroit où les Vitezovis

 11   devaient se battre et cet endroit devait être réservé, respecté et

 12   cet emplacement se trouvait dans la zone opérationnelle, zone de

 13   combat de Vitez.

 14         C’est seulement de ce point de vue que je peux dire qu’il y

 15   avait des contacts entre le Colonel Blaskic et les Vitezovis du point

 16   de vue de la détermination de cet emplacement.

 17   M. LE JUGE BENNOUNA :  Pour compléter la question qui a été posée par

 18   le Président, Richard May, est-ce que vous pouvez dire à la Chambre

 19   quelle était la position dans cette structure de commandement de

 20   Monsieur Cerkez ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Monsieur Cerkez avait la position

 22   suivante à savoir que dans la première moitié de la période, c’est

 23   lui qui était le commandant de tout le monde à Vitez et sa zone

 24   opérationnelle décidait ce qui allait se passer, ce qui n’allait

 25   pas se passer et où cela allait se passer, alors que les Vitezovis


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  1   ont été dirigés vers un endroit où il fallait attaquer et cela se

  2   passer dans les cas où l’ordre venait de Darko.  C’était le seul qui

  3   pouvait donner cet ordre.

  4   M. LE JUGE BENNOUNA :  Donc, est-ce que Monsieur

  5   Cerkez pouvait donner des instructions pour les Vitezovis

  6   ou bien est-ce que cela était réservé uniquement… ils ne

  7   recevaient d’instructions que de Monsieur Kraljevic ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact car les Vitezovis ne lui

  9   auraient pas obéi et n’auraient pas fait ce qu’il leur disait de

 10   faire.  Mais la seule chose que je ne sais pas, c’est si Kraljevic et

 11   lui s’entendaient au sujet d’une attaque mais le fait de pouvoir

 12   donner des ordres directs aux Vitezovis, ça, c’était impossible pour

 13   lui parce que s’il l’avait fait, il aurait été tué par les Vitezovis.

 14   M. LE JUGE BENNOUNA :  Merci.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, lorsqu’une action militaire

 16   était organisée dans la zone de commandement de Mario Cerkez, il

 17   s’agissait de répartir les secteurs entre les unités, qui indiquait à

 18   Darko Kraljevic dans quelle zone les Vitezovis devaient se déployer ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Darko Kraljevic avait un adjoint au

 20   commandement qui était le responsable d’une autre unité spéciale et

 21   dans des cas de ce genre, c’est lui qui recevait des ordres et Darko,

 22   en 1993, avait déjà laissé tomber.  Il avait vu que la guerre était

 23   illégale.  C’était un bon soldat.  Il avait déjà un peu abandonné et

 24   c’est Dragan Vinac qui avait repris le commandement.  Mais

 25   officiellement, tout passait par Darko Kraljevic, c’est-à-dire que


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  1   tous ses amis… tous les commandants étaient ses amis et Plavcic, par

  2   exemple, a été tué sur ordre de Vinac comme Monsieur Sidi, comment

  3   est-ce que nous l’appelions, le Commandant Sidi lui aussi a été tué.

  4   Donc, il était déjà le chef de Darko Kraljevic mais il essayait de

  5   porter le chapeau à Darko Kraljevic.

  6   Me LOPEZ-TERRES :  Une rectification, je pense, dans la question que

  7   j’avais posée.  C’est d’indiquer qui pouvait donner des instructions

  8   à Darko Kraljevic et non pas à Dario Kordic comme c’est précisé sur

  9   le transcript.

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mario Cerkez pouvait donner les

 11   ordres au cours de la première moitié de 1993. La deuxième moitié

 12   de 1993, c’était seulement Blaskic qui pouvait donner ces ordres.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Vous savez par votre expérience sur le terrain

 14   qu’au cours des opérations militaires dont nous parlons, les

 15   Vitezovis avaient pour habitude de procéder au pillage de certaines

 16   maisons et dans ces maisons, ils s’emparaient des objets de valeur de

 17   petite dimension.  Ensuite, lorsque les unités de la brigade

 18   arrivaient, c’était des objets de dimension plus importante qui

 19   étaient emportés par les soldats ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Les Vitezovis, comme je l’ai déjà dit,

 21   étaient une unité d’assaut.  C’était les premiers qui pénétraient

 22   dans une localité.  Ils étaient toujours en première ligne, toujours

 23   devant.  Donc, s’ils ramassaient quelque chose, eh bien, ils

 24   ramassaient les petits objets qu’on peut mettre dans la poche ou dans

 25   un sac à dos ou quelque chose de ce genre.  Et les autres, quand ils


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  1   arrivaient, eh bien, ils transportaient différents objets et ceux qui

  2   qui arrivaient en dernier enlevaient même les briques des toits.

  3   Me STEIN (interprétation) :  Page 16, Monsieur le Président, ligne

  4   13 et ligne 15 au compte rendu d’audience, c’est le nom Darko

  5   Kraljevic qui devrait figurer et non celui de Dario Kordic.

  6   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui. 

  7   Me LOPEZ-TERRES :  Je l’ai indiqué déjà.  Vous indiquez qu’il y

  8   avait donc plusieurs vagues, si je peux dire, d’attaques et de

  9   pillages ensuite.  Lorsque vous dites que les Vitezovis emportaient

 10   des petits objets et que les autres emportaient des objets plus

 11   importants, qui visez-vous lorsque vous dites « les autres » ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je pense aux membres de la brigade de

 13   Vitez, à cette unité d’arrière qui avait un autre rôle parce que le

 14   rôle des Vitezovis, c’était de traverser en flèche l’endroit en

 15   question et de réaliser la première étape de l’attaque, la première

 16   vague de combats de rue, et ensuite, c’était la brigade de Vitez qui

 17   arrivait, qui était un peu plus régulière, un peu plus normale et

 18   c’est cette brigade qui pénétrait ensuite dans la localité pour

 19   instaurer l’ordre ou bien non, je ne dirais peut-être pas l’ordre

 20   mais enfin, d’une certaine façon, l’ordre tout de même, oui, et eux,

 21   ils ramassaient tout ce qu’ils trouvaient.  Et ensuite, c’était les

 22   réfugiés qui arrivaient et selon leur bon plaisir, ils prenaient les

 23   maisons qui leur convenaient le mieux.

 24   Me LOPEZ-TERRES :  Lorsque les soldats de Vitez dont vous parlez

 25   emportaient des réfrigérateurs, des meubles, je suppose qu’ils


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  1   utilisaient des véhicules pour cela ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) : Les Vitezovis n’emportaient pas ce genre

  3   d’objets.  C’était ceux-là, les hommes de la brigade de Vitez qui

  4   emportaient cela.  Les Vitezovis, ils emportaient les petits

  5   ordinateurs portables, de l’or, des bijoux, de l’argent, ce qu’ils

  6   pouvaient emporter dans leurs voitures, ce qui était tout à fait

  7   facile à déplacer.  Sinon, c’était les membres de la brigade de Vitez

  8   qui pillaient avec des camions.

  9         Une fois, j’étais là, je l’ai vu.  Quand les Vitezovis sont

 10   passés, eux sont arrivés avec un camion, ils ont rempli tout le

 11   camion et ils sont partis et la guerre n’était même pas encore

 12   terminée.  Enfin, je veux dire le combat en question n’était même

 13   pas terminé.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Vous avez établi, le 18 décembre 1993, Monsieur

 15   Breljas, une liste des membres des Vitezovis qui ont été tués au

 16   cours du conflit, en tous cas à cette date-là.  Je voudrais vous

 17   présenter ce document qui est donc signé par vous et qui porte

 18   la référence Z1335.1.  Ce document a bien été rédigé par vous,

 19   Monsieur Breljas ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact et ce n’est pas le document

 21   complet.  Il y manque deux pages.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  Je n’ai qu’une seule page avec 33 noms qui y

 23   apparaissent. 

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ma liste était plus importante parce

 25   qu’à chaque fois que je dressais un rapport, j’inscrivais le nom des


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  1   morts, des blessés et des hommes en bonne condition physique qui

  2   pouvaient se battre.  Ici, nous avons effectivement la liste des

  3   hommes décédés mais il n’y en a ici que 33, alors qu’au total, ils

  4   étaient plus nombreux.  Je pense qu’ils étaient 80 à peu près.

  5   Me LOPEZ-TERRES :  Est-il vrai, Monsieur Breljas que votre

  6   signature et le tampon de votre unité figurent au bas de la page ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact. Ça, c’est exact.

  8   C’est le tampon de notre unité et c’est bien ma signature.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Je voudrais que vous examiniez également un autre

 10   document qui est en date du 10 mai 1993 et qui porte la référence

 11   Z8711.  C’est un document qui est daté du 8 mai 1993 et qui signé

 12   par le Major Dragan Vinac. Vous voyez ce document ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.  C’est Vinac

 14   qui l’a signé.  Je vois ici la signature de Vinac.

 15   Me LOPEZ-TERRES :  Je voudrais enfin vous présenter un troisième

 16   document qui porte la référence Z808.  Il s’agit d’une liste qui a

 17   été établie le 24 avril 1993 par votre homologue de la brigade de

 18   Vitez, l’officier d’information et propagande, Zvonimir Cilic, dont

 19   vous nous avez parlé précédemment.

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact. Je vois des noms

 21   d’ailleurs ici qui sont bien des noms de la brigade de Vitez.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  En ce qui concerne ces trois documents, Monsieur

 23   Breljas, vous constatez comme nous- mêmes qu’il y a plusieurs noms

 24   qui apparaissent sur la liste des membres de la brigade de Vitez

 25   établie par Monsieur Cilic comme étant des soldats de la brigade de


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  1   Vitez et que ces mêmes noms figurent également sur les deux listes

  2   de l’unité des Vitezovis.  Je peux vous donner ces cinq noms.  Il

  3   s’agit des nommés Lovro Kolak, Anto Franjic, Ivan Zuljevic, Vlado

  4   Frankjovic, Zoran Ramljak.

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  S’agissant des quatre premiers noms que

  6   vous avez cités, pour autant que je le sache, ils étaient membres des

  7   Vitezovis mais pour le cinquième, je ne suis pas sûr parce que je ne

  8   l’ai retrouvé nulle part.  Mais pour l’un des hommes dont vous venez

  9   de parler, il est mort à Mahala, à Stari Vitez lors de l’attaque.

 10   J’ai rédigé son certificat de décès. 

 11         Mais quand je suis arrivé dans la région militaire chez les

 12   hommes les plus importants, je me suis effectivement posé la

 13   question.  On m’a demandé comment il pouvait être à deux endroits

 14   différents dans la brigade et chez les Vitezovis.  Moi, j’ai dit que

 15   je ne savais pas qu’il était chez nous, qu’il avait lancé des obus

 16   avec des mortiers et j’ai inscrit son nom comme ayant été présent à

 17   tel et tel endroit à tel et tel moment.  Or, il s’est avéré qu’il

 18   était aussi dans la brigade de Vitez.  Alors, apparemment, il était

 19   aux deux endroits.  Qu’est-ce que je peux dire ?

 20   Me LOPEZ-TERRES :  Il résulte à l’analyse de ces documents…

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Son nom est Ninko.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  [Suite de la question précédente] …qu’il

 23   apparaît une certaine confusion entre l’appartenance à l’une

 24   ou l’autre des deux unités de ces soldats ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Eh bien, apparemment, oui.  Oui, tout


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  1   semble l’indiquer.

  2   Me LOPEZ-TERRES :  Sur le document qui a été établi par Monsieur

  3   Dragan Vinac, Monsieur Breljas, qui est le document Z8711, vous

  4   l’avez ce document ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je l’ai.

  6   Me LOPEZ-TERRES :  Vous voyez en position numéro 2 et en position

  7   numéro 3 deux soldats qui figurent comme étant des soldats tués.

  8   Il s’agit du nommé Blaz Plavcic et du nommé Goran Blazevic.

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  Blaz Plavcic, oui,

 10   et Goran, oui.  Oui, c’est exact.

 11   Me LOPEZ-TERRES :  Ces deux soldats, je le

 12   précise, figurent également sur votre liste.

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

 14   Me LOPEZ-TERRES :  Vous constatez qu’ils sont mentionnés comme étant

 15   tués le 23 octobre 1992 tous les deux.  Avez-vous eu connaissance des

 16   circonstances au cours desquelles ces deux soldats de l’unité ont été

 17   tués ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ça, je n’en sais rien parce qu’à ce

 19   moment-là, je n’étais pas sur place mais quand je suis arrivé, il

 20   y avait des désordres au sein des Vitezovis.  Donc, je recueillais

 21   toutes les informations et chaque fois que je découvrais que

 22   quelqu’un avait été tué, je l’inscrivais comme étant mort

 23   en tant que membre de l’unité spéciale des Vitezovis.

 24   Donc moi, je ne peux rien dire pour ce qui s’est passé avant que je

 25   ne commence à dresser les listes des blessés, des morts, et cætera.


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  1   Me LOPEZ-TERRES :  Savez-vous dans quel secteur

  2   ils ont été tués tous les deux ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je sais pour feu Blav Plavcic puisqu’il

  4   était le frère de mon commandant, je sais qu’il est mort un peu au-

  5   dessus de Novi Travnik, dans un village dont je ne connais pas

  6   exactement le nom. Je sais que c’était au-dessus de Novi Travnik mais

  7   c’est un endroit où je n’allais pas personnellement.  Donc, je ne

  8   peux pas vous dire exactement le nom du hameau mais je sais que

  9   c’était au-dessus de Novi Travnik.  On dit qu’il est parti pour Novi

 10   Travnik et que c’est là haut, sur ces territoires, dans ces hameaux

 11   environnants qu’il est mort.

 12   Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie. Monsieur l’Huissier, je voudrais

 13   présenter au témoin un dernier document qui porte la référence Z1279.

 14   Monsieur Breljas, est-ce que vous pouvez vous reporter à la page 5 de

 15   ce document ?  Il y a un paragraphe6 qui s’appelle : « Mesures prises

 16   par l’administration ».  Vous voyez ce paragraphe ?

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je le vois.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Et dans ce même paragraphe 6, il y a, je dirais,

 19   un alinéa 5 qui concerne les Vitezovis. 

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, ce texte est en anglais.

 21   J’aimerais qu’on me le traduise parce que… ah, je vois, oui, je vois.

 22   Me LOPEZ-TERRES :  C’est la version originale en serbo-croate.  Page

 23   5, paragraphe 6, sous-paragraphe 5 encore.  Vous voyez ce passage ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 25   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que vous vous souvenez que votre unité


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  1   a reçu pour instructions de ramener sur la ligne de front des

  2   soldats de la brigade de Vitez qui ne voulaient pas se battre ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ça, je m’en souviens.  Je ne le trouve

  4   pas dans le texte ici mais je me rappelle cela très bien et j’ai même

  5   protesté contre cela.  Je suis tout de suite allé à la zone

  6   opérationnelle de Vitez pour demander que cela s’arrête le plus

  7   rapidement possible parce que j’ai dit que les Vitezovis n’avaient

  8   pas compétence d’aller attraper des gens chez eux à la maison.  C’est

  9   simplement quelque chose qui était destiné à détruire la r réputation

 10   des Vitezovis. Les Vitezovis avaient une très bonne réputation jusque

 11   là et ce qu’on voulait c’est que le peuple commence à les haïr. Je me

 12   rappelle très bien.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que vous vous souvenez de l’ordre lui-même

 14   qui vous a été donné à l’époque et de qui émanait cet ordre ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, non, il n’y a pas d’ordre. Je sais

 16   seulement que c’est la brigade de Vitez qui a ordonné cela.  Elle a

 17   dit que ceux qui avaient fui le front, il fallait que les Vitezovis

 18   aillent immédiatement les chercher dans les maisons et les ramènent

 19   sur le front, sur les lignes.  C’était simplement des instructions

 20   orales.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Monsieur Breljas, ce document est du 31 octobre

 22   1993.  Je veux simplement attirer votre attention sur le fait qu’à

 23   cette date, d’après ce que vous nous avez indiqué il y a quelques

 24   instants, Mario Cerkez était encore le commandant de la brigade.

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui, c’est exact.


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  1   Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie.  Nous en avons

  2   terminé en ce qui concerne les documents.

  3         Monsieur Breljas, un dernier point en ce qui

  4   concerne votre intervention en qualité d’interprète, à la

  5   demande de Kraljevic, alors qu’un convoi d’aide humanitaire

  6   avait été bloqué dans la région du carrefour de Dubravica. 

  7   Est-ce que vous vous souvenez de cet événement?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je me rappelle.  Je me rappelle.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que vous pouvez indiquer ce qui s’est

 10   produit lorsque vous avez été sollicité pour faire fonction

 11   d’interprète ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation):  Un soldat est venu me voir à la caserne.

 13   Il m’a dit qu’il avait besoin d’un interprète sur le pont menant à

 14   Vitez.  Je suis descendu. 

 15   J’ai trouvé Mario Cerkez en bas.  Il y avait beaucoup d’hommes qui

 16   sortaient des camions, un très grand nombre.  J’ai vu un char et un

 17   transport de troupes, des britanniques, enfin, des Nations unies,

 18   et à ce moment-là, Mario Cerkez m’a dit :  « Kraljevic est arrivé

 19   aussi. »  Moi, je voulais écouter Kraljevic et Kraljevic m’a dit de

 20   lui dire qu’il était impossible d’aller plus loin.

 21         Je me suis tourné vers le major, le commandant qui était

 22  

 23   commandant de l’unité, et j’ai dit :  « Commandant, mon commandant

 24   exige que vous vous arrêtiez, que vous n’alliez pas plus loin.  Si

 25   vous poursuivez votre chemin, vous serez pris pour cible. »  À ce


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  1   moment-là, mon commandant, Darko Kraljevic, a dit cela et j’ai ajouté

  2   que je demandais à fouiller les chars.  J’ai demandé si c’était

  3   possible, il m’a donné l’autorisation, la fouille a eu lieu, et quand

  4   la fouille s’est achevée, il a dit au commandant de la brigade de

  5   Vitez, Mario Cerkez, il a dit : « Qu’est-ce qu’il faut faire

  6   maintenant ?  On les laisse ou qu’est-ce qu’on fait avec eux ? » 

  7   Mario Cerkez a dit : « Pas question de les laisser partir. »  Il a

  8   répondu :  « Bon, mais diplomatiquement, je vais perdre la partie »

  9   et il a répondu :  « Ne donne aucun ordre de retrait tant que cet

 10   ordre n’est pas donné par moi. »

 11         J’ai transmis cela au commandant.  Le commandant est parti

 12   dormir. Moi, je suis parti – c’était déjà la nuit – dans des voitures

 13   et le lendemain matin, jusqu’à 3 h 00 ou 4 h 00 du matin, j’ai passé

 14   mon temps dans une voiture, je dormais de temps en temps, et à ce

 15   moment-là, un soldat est venu me voir et m’a dit que je pouvais

 16   laisser partir le transport de troupes et le char.  J’ai donc appelé

 17   le commandant et j’ai dit :  « Commandant, maintenant, vous êtes

 18   libre.  Vous pouvez partir. »

 19   Me LOPEZ-TERRES :  Ce convoi de véhicules était un convoi qui était

 20   à quelle destination ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était le Convoi du Salut qui

 22   avait été constitué à Split et devait se rendre à Tuzla.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Savez-vous ce qui est arrivé à un grand

 24   nombre des véhicules de ce convoi ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il n’existe personne


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  1   qui pourrait vous expliquer cela.  Il vous faudrait au moins un 30 ou

  2   40 hommes pour vous l’expliquer, 30 ou 40 hommes qui se seraient

  3   trouvés à des endroits différents du convoi parce que ce convoi, à un

  4   moment, il a été détourné.  On ne sait pas où il est parti, dans

  5   quelle direction.  Il y a 150 à 200 camions, à un certain moment, qui

  6   sont partis vers l’usine d’explosifs en bas et le reste a été

  7   éparpillé un peu partout dans tous les sens.  Donc, on ne sait pas ce

  8   qui s’est retrouvé où. Moi, j’ai trouvé des éléments dans ma caserne.

  9   ma caserne.  Dans ma caserne, j’ai trouvé sept camions, et le reste,

 10   eh bien, il y en avait partout, dans tout Vitez, dans tous les

 11   villages environnants, partout.  Comment est-ce que je peux vous

 12   expliquer ?  Je ne vois vraiment pas.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Après les faits dont vous venez de nous parler, en

 14   septembre 1993, vous avez pu constater que Mario Cerkez et le Colonel

 15   Blaskic participaient ensemble à la prise du village de Grbavica ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Mario Cerkez et Monsieur

 17   le Colonel Blaskic se trouvaient là-haut au-dessus de Mosunj dans une

 18   église.  L’artillerie qui a réalisé l’attaque était sur une colline

 19   au-dessus de l’usine d’explosifs.  C’est là que l’attaque contre

 20   Grbavica devait commencer et c’est la seule et unique attaque qui a

 21   été réalisée dans le respect des règles de la stratégie et des règles

 22   militaires.  Il y a seulement un civil qui est mort là-haut et

 23   encore, il a trouvé la mort en raison d’une balle perdue, mais

 24   c’était le seul civil qui a été tué par les Jokeris, qui ont aussi

 25   sauté sur une mine.


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  1   Me LOPEZ-TERRES :  Les unités qui ont participé à cette attaque,

  2   d’après vous, étaient donc les Vitezovis, la brigade de Vitez et les

  3   Jokeris ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Peut- être qu’il y

  5   en avait d’autres aussi, mais je ne suis pas au courant.

  6   Me LOPEZ-TERRES :  C’est à la fin du mois de décembre 1993 que le

  7   Colonel Blaskic a demandé la dissolution de l’unité des Vitezovis ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation):  Oui. Cela s’est passé après Noël, un peu

  9   avant le Nouvel An. Nous avons reçu l’ordre. D’abord, nous avons reçu

 10   des félicitations de Monsieur Ante Roso, le commandant de l’Herceg-

 11   Bosna.  Il était nouveau à son poste.  Il nous a envoyé des vœux pour

 12   Noël et le Nouvel An, et tout de suite après, on nous a dit que s’il

 13   y avait pillage, s’il y avait ceci, s’il y avait cela, tous les

 14   soldats seraient punis et que les sanctions pouvaient aller jusqu’à

 15   la peine de mort.  Donc, il était interdit de faire ceci, ceci, ceci,

 16   et les Vitezovis devaient être dissous.

 17   Me LOPEZ-TERRES :  C’était la première fois que vous entendiez ce

 18   type de menace à l’encontre de soldats qui se comportaient mal ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.  C’est la première

 20   fois depuis que je suis entré dans cette formation. C’est la première

 21   fois qu’il y a eu un ordre strict et d’ailleurs, un ordre des plus

 22   stricts.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Un certain nombre des anciens membres de l’unité

 24   des Vitezovis a intégré la nouvelle brigade qui a été constitué alors

 25   à Vitez et qui est devenue la 3e brigade des gardes, dont le chef est

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  1   devenu Dragan Vinac, autre ancien commandant adjoint :  C’est bien

  2   cela ? 

  3   LE TÉMOIN (interprétation): Ce n’est pas lui qui était le commandant.

  4   Il était le commandant adjoint.  Quant au commandant, il s’agissait

  5   de… je connais son nom, mais à l’instant même, je ne me rappelle pas.

  6   Lui était commandant adjoint et il a été fondateur de la brigade de

  7   Vitez en tant que commandant adjoint.  Quant au commandant, je ne

  8   sais pas quand et où il a été nommé.

  9   Me LOPEZ-TERRES :  Je vous remercie, Monsieur Breljas.  Monsieur le

 10   Président, j’en ai terminé avec l’interrogatoire principal du témoin.

 11   Me STEIN (interprétation) :  Monsieur Breljas, je m’appelle Bob Stein

 12   et je défends Dario Kordic.  Si lorsque je vous pose une question que

 13   vous ne comprenez pas, n’hésitez pas à me le dire.

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Entendu.

 15   Me STEIN (interprétation) :  Grâce aux documents qui nous ont

 16   été communiqués par le Bureau du Procureur, j’ai cru comprendre que

 17   vous compreniez l’anglais :  Est-ce bien exact ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 19   Me STEIN (interprétation) :  Vous parlez également le grec ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Un petit peu le

 21   grec, c’est exact également.

 22   Me STEIN (interprétation) :  L’italien ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Un petit peu, pas

 24   tellement bien, mais je le parle un peu.

 25   Me STEIN (interprétation) :  Bien sûr, votre langue maternelle,


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  1   le croate ou ce qu’on appelle ici, le « B/C/S » ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ça me paraît normal.

  3   Me STEIN (interprétation) :  Vous vous êtes

  4   entretenu avec des représentants du Bureau du Procureur,

  5   n’est-ce pas, et précisément, vous l’avez fait en mars 1998 ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  7   Me STEIN (interprétation) :  Vous avez passé huit jours en tout,

  8   n’est-ce pas, avec ces représentants du Bureau du Procureur ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est ça.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Et au cours de cette période, vous

 11   avez utilisé tant la langue de Bosnie que l’anglais ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, la langue bosnienne

 13   n’existe pas, c’est le serbo-croate.  Mais si vous le voulez,

 14   si vous insistez, moi, je veux bien parler du bosnien.

 15   Me STEIN (interprétation) :  D’accord.  Quoi qu’il en soit, au cours

 16   de ces huit journées d’entretien, huit journées que vous avez passées

 17   avec des représentants du Bureau du Procureur, ceux-ci vous ont dit

 18   qu’ils allaient vous poser toute une série de questions et que

 19   certaines de vos réponses allaient peut-être faire de vous un 

 20   criminel de guerre, n’est-ce pas ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 22   Me STEIN (interprétation) :  Ils vous ont mis en garde s’agissant

 23   des droits que vous ayez à ne pas vous incriminer ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ils me l’ont dit, mais moi, j’ai

 25   dit, de toute façon, que je n’avais absolument peur de rien et que

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  1   je n’avais peur de rien tout simplement parce que je vais parler

  2   ce qui est vrai et je vais dire la vérité.

  3   Me STEIN (interprétation) :  Donc, vous demandez ceci :  À la fin de

  4   votre déclaration préalable, déclaration que j’aimerais vous remettre

  5   maintenant, il y a un espace réservé à votre signature.  Veuillez

  6   examiner la dernière page de votre déclaration préalable.  On y voit,

  7   n’est-ce pas, ce qui serait votre signature, n’est-ce pas ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Mais si vous me permettez,

  9   je vais juste en prendre connaissance.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Vous n’avez pas signé

 11   cette déclaration, n’est-ce pas ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, je ne sais pas, moi.

 13   On m’avait demandé de signer quelque chose et moi, je l’ai signé.

 14   On m’a fait la traduction à vue et j’ai signé.  Je ne sais pas de

 15   quel document exactement il s’agit.  Si vous voulez bien me donner

 16   des explications plus précises, à ce moment-là, je vous le dirai.

 17   Il y a un certain nombre de documents que j’ai signés, mais

 18   ce que j’ai sous les mains, je ne le sais pas.

 19   Me STEIN (interprétation) :  Voyez la première page.  C’est bien le

 20   document à l’élaboration duquel vous avez contribué en mars 1998, au

 21   moment de ces entretiens? Examinez la première page, s’il vous plaît.

 22   LE TÉMOIN (interprétation):  C’est exact.  Je ne sais pas pourquoi je

 23   n’ai pas signé.  De toute façon, ce qu’on m’a donné à signer j’ai

 24   signé.  Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas signé ce document.

 25   Je ne peux pas vous le dire.  Je ne comprends rien.


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  1   Me STEIN (interprétation) :  En tout état de cause, on vous a donné

  2   l’occasion de lire cette déclaration avant votre déposition

  3   d’aujourd’hui, n’est-ce pas ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  5   Me STEIN (interprétation) :  Et tout ce qui figure dans cette

  6   déclaration est bien authentique et correspond à la vérité, n’est-ce

  7   pas ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne sais pas si dans ce texte ça

  9   correspond à la vérité, mais ce qu’on m’a lu c’était vrai.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Bien.  Avant votre déposition

 11   d’aujourd’hui, vous avez rencontré le Bureau du Procureur, n’est-ce

 12   pas?  Est-ce que le représentant du Bureau du Procureur ne vous a pas

 13   donné l’occasion de lire et de corriger ce texte s’il fallait le

 14   faire ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’était au moment de l’enquête.

 16   Ce n’était pas devant le Tribunal, mais c’était devant, donc, les

 17   investigations, devant l’enquête.  Ils m’ont dit de corriger.  Par la

 18   suite, on m’a dit que tout a été corrigé.  Tout ce que j’ai dit c’est

 19   contenu dans la déclaration.  Moi, j’ai signé cette déclaration.  Je

 20   ne peux pas dire plus.

 21   Me STEIN (interprétation) :  Si j’ai bien compris votre réponse,

 22   Monsieur le Témoin, lorsque ces enquêteurs du TPIY en a eu terminé en

 23   mars 1998, ils vous ont donné l’occasion de parcourir ce document

 24   et donc, comme vous n’avez pas apporté de correction, ce

 25   document correspond --


Page 11747

  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est vrai.

  2   Me STEIN (interprétation) :  Dans la même veine,

  3   en novembre 1996, le 7 novembre 1996 pour être plus précis,

  4   vous avez là aussi fourni une déclaration préalable ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  Vous avez raison.

  6   Me STEIN (interprétation) :  Et vous l’avez faite aux autorités

  7   de Bosnie ?  J’aimerais vous donner copie de cette déclaration.

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  9   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  S’il y a un élément important

 10   concerné par ce document, nous aurons besoin de copies.

 11   Me STEIN (interprétation) :  Nous avons ces copies

 12   à votre intention, Monsieur le Président et Monsieur le Juge.

 13         Ce que vous avez dit aux autorités de Bosnie est

 14   également exact, correspond bien à la vérité, Monsieur ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’était vrai, c’est vrai.

 16   Me STEIN (interprétation) :  Et enfin, vous avez comparu devant la

 17   commission d’état de la présidence de Bosnie-Herzégovine chargée du

 18   recueil de faits concernant des crimes de guerre et là aussi, vous

 19   avez dit la vérité, ceci s’étant passé en février 1998, n’est-ce pas?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’est pas vrai. Il y a un certain

 21   nombre de choses dont j’ai parlées, mais j’ai parlé pendant deux

 22   heures.  Il y a quelque chose qui les a intéressé.  Ce qui les

 23   intéressait c’était le pillage du convoi.  Il n’y avait que deux

 24   pages.  Il n’y en avait pas beaucoup.  Il n’y a pas beaucoup

 25   d’éléments dans cette déclaration.


Page 11748

  1   Me STEIN (interprétation) :  Voici d’ailleurs, ces deux pages,

  2   Monsieur le Témoin. Ce que je veux vous demander si le contenu de ces

  3   deux pages est bien exact, correspond bien à la vérité?  On voit bien

  4   votre signature apposée à la dernière page, n’est-ce pas ?

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact, mais c’est là où

  6   justement, j’ai constaté que j’allais donner une déclaration.  J’ai

  7   été en contact par la suite avec le Tribunal et j’ai arrêté mes

  8   contacts et je ne suis jamais allé pour donner cette déclaration.

  9   Me STEIN (interprétation) :  Mais cette

 10   déclaration de deux pages est bien exacte, n’est-ce pas ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Les deux pages, oui,

 12   c’est la réalité.  Ça correspond à la réalité.

 13   Me STEIN (interprétation) :  Suis-je en lieu de comprendre que vous…

 14   je supprime ce que je viens de dire.  Pour comprendre que le Colonel

 15   Robert Stewart vous a dépassé alors qu’il était en route vers Vitez

 16   et puis par la suite, il vous a emmené dans un de ses véhicules, est-

 17   ce que ceci s’est bien passé en avril 1993 ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’est… une fois, je me suis rendu

 19   à Zenica et en rentrant de Zenica, il m’a pris dans son véhicule. 

 20   C’est l’époque où Zivko Totic a été enlevé.  C’était le jour même. 

 21   C’est ce jour-là qu’il m’a pris dans son véhicule.

 22   Me STEIN (interprétation) :  Est-ce que j’ai bien

 23   compris :  Le Colonel Stewart vous a-t-il emmené dans un de

 24   ses véhicules après être passé devant vous et vous aurait

 25   dit d’attendre à cet endroit où vous étiez ?  Est-ce exact ?


Page 11749

  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.  Mais c’est à ce

  2   moment-là qu’on a commencé déjà à échanger des coups de feu.  Il y

  3   avait également des obus qu’on avait jeté et moi, je me suis trouvé

  4   tout au sommet de Sljivcica.  C’était le territoire musulman. Je suis

  5   resté sans essence.  Donc, j’étais en civil et c’est tout à fait par

  6   hasard.  J’ai dit :  « Monsieur le Colonel Stewart, je vais vous

  7   demander de bien vouloir me prendre dans votre véhicule.  Moi, je

  8   suis croate et si vous voulez bien m’y emmener. »  Il avait accepté

  9   et à 16 h 00, je l’ai aidé pour enlever quelques mines, puis je suis

 10   retourné à l’endroit où nous nous sommes vus la première fois et

 11   sinon, d’ailleurs, si je m’étais déplacé, j’aurais été tué et quand

 12   il a fait marche arrière, il m’a pris sur la route.  Moi, j’étais

 13   dans son véhicule et il m’a ramené.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Il vous a ramené à

 15   Vitez, c’est bien cela, le Colonel Stewart en personne ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 17   Me STEIN (interprétation) :  Vous vous trouviez à

 18   ses côtés dans la jeep ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 20   Me STEIN (interprétation) :  Je voulais vous reposer la question :

 21   Était-ce bien le 16 avril, le lendemain de l’enlèvement de Totic ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation):  Ce n’est pas exact. C’était le 15 avril.

 23   Me STEIN (interprétation) :  Pour faciliter le contre-interrogatoire,

 24   j’aurais voulu avoir la pièce Z2781.2.  C’est une carte.

 25         Vous pourriez, Monsieur l’Huissier, utiliser notre


Page 11750

  1   carte et la placer sur le rétroprojecteur.

  2         Pourriez-vous nous indiquer sur cette carte où se trouve Vitez,

  3   dans le coin inférieur gauche, je pense ?  Si vous regardez à droite,

  4   la carte même, Monsieur, plutôt que l’écran, ce sera plus facile sans

  5   doute.

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  À Vitez, oui.  Là,

  7   oui, je vois Vitez [indication du témoin].

  8   Me STEIN (interprétation) :  Et vous, vous vous étiez rendu à

  9   Zenica, n’est-ce pas ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Vous avez raison. C’est le matin.  J’y

 11   étais le matin entre 10 h 00, 10 h 30. J’étais, par conséquent, à

 12   l’endroit où était le passage entre Nova et Stare Zenica, où les

 13   unités du HVO avaient déjà pris la ligne.  Ils ne m’ont pas permis de

 14   passer cette ligne, mais moi, je l’ai dépassé en marchant à pied et

 15   je suis arrivé jusqu’à Sljivcica où il y avait des échanges de coups

 16   de feu déjà qui ont commencé.

 17   Me STEIN (interprétation) :  Vous étiez allé à

 18   Zenica.  Est-ce que vous redescendiez la route de montagne

 19   pour essayer de parvenir à Vitez ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Jusqu’à Vitez.

 21   Me STEIN (interprétation) :  Vous avez arrêté à

 22   Poculica :  C’est bien cela ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est vrai.

 24   Me STEIN (interprétation) :  Et c’est là que vous avez vu le

 25   Colonel Stewart passé pour la première fois, n’est-ce pas ?


Page 11751

  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  2   Me STEIN (interprétation) :  Et lui venait de

  3   Vitez et il allait à Zenica ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, de Vitez à Zenica.  C’est exact.

  5   Me STEIN (interprétation): Et d’après vous, il vous a emmené dans son

  6   véhicule et vous a emmené jusqu’à Vitez :  C’est bien cela ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  8   Me STEIN (interprétation) :  Et vous dites que

  9   ceci s’est produit le 15 avril ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Si c’était le 14, le 15 ou le 16, je ne

 11   sais pas, mais je sais que c’était le jour où Zivko Totic a été

 12   enlevé.  Je ne peux pas vous dire exactement, mais je vais vous

 13   demander véritablement de ne pas poser des questions au sujet des

 14   journées et notamment des dates parce qu’à ce moment-là, je ne

 15   pensais pas aux dates, je ne pensais pas aux jours.  Mais je connais

 16   les fêtes.  L’enlèvement de Zivko Totic a eu lieu ce jour-là.

 17         Stewart est parti à Zenica et il devait intervenir.  Donc, deux

 18   heures plus tard, il m’a retrouvé à l’endroit où je me suis trouvé.

 19   C’était 15 h 00, 16 h 00 à peu près où je me suis rendu à Vitez. 

 20   C’était entre 15 et 16 h 00.

 21   Me STEIN (interprétation) :  Fort bien, Monsieur.  

 22   Le Colonel Stewart toutefois, dans la déclaration

 23   qu’il a fournie au bureau du Procureur…

 24   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ceci ne va pas nous aider du

 25   tout.  Nous venons de passer un temps assez considérable sur ce


Page 11752

  1   point.  Nous pourrons sans doute établir la date d’une façon ou

  2   d’une autre.  Mais à quoi voulez-vous en venir ?

  3   Me STEIN (interprétation) :  Eh bien, selon le

  4   Colonel Stewart, il a passé la nuit à Zenica le 15 avril et

  5   est rentré le 16 avril.  D’après la déposition du témoin et

  6   si l’on recoupe ceci avec le journal intime du Colonel

  7   Stewart, ceci s’est passé avant 9 h 00 du matin le 16 avril.

  8   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Quelle que

  9   soit la journée, le témoin rappelle qu’il ne se souvient

 10   plus exactement de la date.  Qu’est-ce qui vient de là ?

 11   Me STEIN (interprétation) :  Eh bien, lors de la nuit du 15 au 16,

 12   aux premières heures du matin, il aurait entendu des conversations

 13   avec Monsieur Kordic et d’autres à propos d’un certain plan.  Nous

 14   contestons ceci et nous disons que cet homme-ci, le témoin, ne se

 15   trouvait pas à Vitez, ni dans les alentours le 15 avril.  Il est

 16   rentré seulement le 16 à Vitez.

 17   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous dites

 18   « lui ».  C’est bien le témoin ?

 19   Me STEIN (interprétation) :  Oui.  Et je le

 20   rappelle aux fins du dossier, je crois que le dossier est

 21   très clair là-dessus, l’enlèvement de Totic s’est passé

 22   dans les premières heures du 15 avril.

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Est-ce que, Monsieur le Président,

 24   vous me permettez de donner la réponse maintenant ?

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, vous

Page 11753

 
  1   pouvez répondre si vous le voulez.

  2   LE TÉMOIN (interprétation):  Tout premièrement, il n’est pas vrai que

  3   Monsieur Stewart allait de Zenica à Vitez et qu’il a passé la nuit à

  4   Vitez.  Le Colonel Stewart est passé le matin en direction de Zenica.

  5   Moi, j’étais dans un caniveau et je lui ai posé la question de

  6   m’emmener et il m’a dit : « Au retour, je vais te prendre. »  Trois à

  7   quatre heures plus tard, il m’a dépassé et il m’a pris.  Et c’est

  8   sous la plus grande responsabilité, sous le serment que je le redis,

  9   plus de trois heures ne se sont pas passées depuis qu’il était parti

 10   en direction de Zenica et qu’il était retourné car moi, je l’ai aidé,

 11   je me souviens, à enlever quelques mines et ce n’est que par la suite

 12   que je me suis rendu à Sljivcica.  Mais c’est au retour qu’il m’avait

 13   emmené dans son véhicule, trois à quatre heures plus tard.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Indépendamment de ceci, j’aimerais,

 15   Monsieur, que vous vous penchiez sur la déclaration fournie au TPIY

 16   le 4 mars.

 17   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que

 18   nous pouvons avoir copie de ce texte ?

 19   Me STEIN (interprétation) :  Volontiers, Monsieur le Président.

 20   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous demandez

 21   que ceci soit versé au dossier ?

 22   Me STEIN (interprétation) :  Non.  C’est uniquement à titre

 23   d’information. Veuillez consulter la page 5 de la version anglaise.

 24   Nous avons des copies supplémentaires pour les interprètes.  Page 4

 25   de la version croate que nous allons peut-être poser sur le


Page 11754

  1   rétroprojecteur, même si nous allons fournir des copies aux

  2   interprètes au moment de la pause. Mais j’enchaîne sur votre

  3   réponse, Monsieur le Témoin, et votre déclaration.

  4         À votre paragraphe 5 avant la fin, on dit – je

  5   cite : « Dix jours après avoir rejoint les Vitezovis avec

  6   deux éclaireurs Vitezovis, je suis allé, envoyé par Darko

  7   Kraljevic, à Zenica pour recueillir des renseignements sur

  8   l’Armija, l’armée de Bosnie-Herzégovine.  J’ai passé

  9   quelques trois jours à cette fin à Zenica et j’ai repris ma

 10   route vers Dubravica-Vitez le jour où Zvonko Totic a été

 11   fait prisonnier, le jour où ses gardes du corps ont été

 12   tués.  Je crois que ceci s’est passé le 14 avril 1993. 

 13   Cependant, je n’ai pas pu aller plus loin que Cajdras car

 14   j’ai appris que des conflits avaient éclaté opposant les

 15   Vitezovis et ceux qui défendaient le village musulman de

 16   Poculica, défendaient ce village de l’attaque des Vitezovis. »

 17         Je saute la phrase suivante.  Je poursuis : « À l’arrivée à

 18   Cajdras vers 4 h 00 le 15 avril, j’ai été bloqué là jusqu’à 10 h 00

 19   ou 11 h 00 de la même soirée.  J’ai passé ce temps dans le bâtiment

 20   de l’église dans le village de Cajdras.  J’avais déjà envoyé deux

 21   éclaireurs à Vitez qui ont pris la route à travers les bois et les

 22   collines.  Le soir du 15 avril 1993, je suis parti de Cajdras en

 23   direction de Poculica pour parvenir à Dubravica.  Alors que je

 24   m’approchais de Poculica le haut, quartier appelé Sljivcica où se

 25   trouvait une mosquée, j’ai vu des obus qui étaient tirés. »


Page 11755

  1         Je saute quelques phrases pour parvenir au passage important –

  2   je cite: « Je me suis caché dans un fossé, un caniveau à proximité de

  3   la route pour ne pas être touché par une balle qui serait passée par

  4   là.  Craignant d’être blessé, j’avais pris un morceau de papier et

  5   j’ai écrit :  si je suis trouvé mort, je n’ai pas été tué par

  6   l’« armija » de Bosnie-Herzégovine mais par une balle perdue.  J’ai

  7   passé une nuit dans ce caniveau, dans ce fossé.  Je pense que la

  8   journée suivante, c’était la journée du 15 avril.  Vers 10 h 00 du

  9   matin le 15 avril 1993, j’ai vu une patrouille de la FORPRONU

 10   s’approchant, qui venait de Vitez en direction de Zenica. »

 11   (Fin de citation).

 12         Puis le reste du paragraphe parle de l’évacuation

 13   des mines, du Colonel Stewart et je poursuis en citant :

 14   « Vers 2 h 00 de l’après-midi, la patrouille de la FORPRONU

 15   est revenue.  Cette patrouille m’a emmené à Vitez et là, je

 16   suis allé à la caserne. »  (Fin de citation).

 17   Je vous soumets l’idée suivante.  C’est que dans sa déclaration

 18   aux enquêteurs du TPIY comme dans son journal, le Colonel

 19   Stewart dit avoir passé la nuit à Zenica le 15 et être rentré

 20   aux premières heures du 16 avril 1993.

 21         Donc, je vous soumets l’hypothèse suivante : il était

 22   impossible que vous vous trouviez au quartier général de Dubravica

 23   dans la nuit du 15 avril ou au début, aux toutes premières heures du

 24   16 avril.

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’est pas possible ce que vous


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  1   dites.  D’abord, je n’ai pas passé la nuit dans le caniveau.  Je suis

  2   resté entre trois à quatre heures dans le caniveau.  Il n’est pas

  3   possible, absolument pas possible qu’il ait pu me prendre le matin,

  4   le lendemain matin.  Ça aurait pu être à 1 h 00, donc après minuit et

  5   certainement pas le matin, tôt le matin car tôt le matin, après 10

  6   h 00, je suis parti de Zenica en direction de Vitez pour m’arrêter à

  7   Sljivcica où les coups de feu ont commencé et de manière très

  8   violente.

  9         Je suis resté dans le caniveau entre trois et quatre heures et

 10   c’est déjà beaucoup.  Disons que c’était trois, quatre heures.  C’est

 11   la raison pour laquelle je maintiens que Monsieur Stewart est parti

 12   le jour même à Zenica et il a retourné et sur son chemin de retour,

 13   il m’a pris.  Je me porte garant de ce que je dis car pour que le

 14   lendemain matin, je puisse véritablement me rendre compte que du côté

 15   de la boulangerie où je me suis rendu, où il y avait une rampe, où

 16   j’ai retrouvé les soldats du HVO, que je les vois, ce n’était pas

 17   possible parce qu’ils avaient quitté leurs positions car à Dubravica,

 18   il y avait la guerre déjà qui s’est déclenchée et c’était le 16

 19   avril.  Ça n’a pas pu être le 15.

 20   Me STEIN (interprétation) :  J’attendrai la déposition de Monsieur

 21   Stewart la semaine prochaine pour le renvoyer à la page 5 de cette

 22   déclaration faite aux enquêteurs du TPIY.  Je ne vais donc pas

 23   insister sur cette question maintenant.

 24         Ai-je bien compris, Monsieur, vous dites que vous n’aviez pas

 25   le rang ou le grade de lieutenant en tant qu’officier informations et


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  1   propagande ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  3   Me STEIN (interprétation):  Que ce n’était pas des grades officieux?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il n’y avait pas de grades qui

  5   étaient légaux.  C’était officieux. C’est sur la base d’un certain

  6   nombre d’éléments qu’on avait obtenu le grade.  Moi, j’étais

  7   lieutenant effectivement, sous-lieutenant d’abord et ce n’est que par

  8   la suite que le feu Franjo Tudjman a pu vérifier le grade et

  9   reconnaître le grade.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Messieurs les Juges, sans m’attarder sur

 11   ce point, je vous renvoie à la déposition le 22 novembre de Monsieur

 12   Tuka, pages 16 à 20 de la journée 89, déclaration sur laquelle il n’y

 13   avait pas de grade, il y a aussi une autre déclaration, ligne 81 pour

 14   la déposition de Témoin “Z”.  Il disait aussi qu’il avait eu une

 15   conversation avec Monsieur Blaskic et il avait répété ou elle avait

 16   répété qu’il n’y avait pas de grade officiel.

 17         Est-ce que le moment se prête bien à une pause,

 18   Monsieur le Président ?

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me Stein. 

 20   Nous allons lever l’audience. 

 21         Monsieur Breljas, nous allons avoir une pause, celle du

 22   déjeuner.  Elle durera jusqu’à 14 h 30.  Veuillez vous souvenir de

 23   ceci au cours de la pause, de cette pause- ci ou d’autres

 24   ultérieures.  Veuillez ne vous entretenir avec personne de votre

 25   déposition tant qu’elle ne sera pas terminée et veuillez à ce que


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  1   personne ne vous en parle. Quand je parle de d’autres personnes

  2   susceptibles de vous approcher, je pense aux représentants du bureau

  3   du Procureur. Je vous demanderais d’être de retour à l’audience à 14

  4   h 30.

  5   LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci, Monsieur le

  6   Président.  J’ai compris votre message.

  7   (Suspension de l’audience à 13 h 00, Reprise de l’audience à 14 h 34)

  8   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Stein, 

  9   j’ai une question à poser au juriste de la Chambre. Merci.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Monsieur le Témoin, quelques questions

 11   suite à l’audience de ce matin et aux réponses que vous avez

 12   apportées au Procureur. J’aimerais quelques éclaircissements. Je vous

 13   demanderais de garder sous les yeux la déclaration du 7 novembre 1996

 14   que vous avez donc faite ce jour-là.  L’avez-vous sous les yeux ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 16   Me STEIN (interprétation) :  Voilà l’aspect de cette déclaration. 

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je l’ai.

 18   Me STEIN (interprétation) :  Ce matin, vous nous avez dit qu’à la fin

 19   du mois de mars 1993, vous avez rencontré Dario Kordic à Tisovac à

 20   l’extérieur de Busovaca et que vous lui avez demandé s’il pouvait

 21   vous affecter au sein des forces du HVO.  Cela est écrit en page 19

 22   des notes.  J’aimerais que vous regardiez votre déclaration du

 23   7 novembre 1996, troisième paragraphe entier après le titre

 24   « statement », déclaration.  Vous dites au responsable public en

 25   1996 que – je cite : « C’est seulement le 17 février 1993, après


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  1   plusieurs tentatives infructueuses, que j’ai réussi à atteindre

  2   Kiseljak.  À mon arrivée à Kiseljak, j’ai passé sept jours dans une

  3   caserne et puisque j’ai fait référence au fait que je connaissais

  4   Dario Kordic, je crois que les personnes responsables de la caserne

  5   l’en ont informé, de sorte que le 1er mars 1993, j’ai été affecté à

  6   des tâches de guerre au sein de la force spéciale des Vitezovis à

  7   Vitez. »  (Fin de citation).

  8         En fait, Monsieur, vous n’avez pas du tout

  9   rencontré Monsieur Kordic pour lui demander une affectation

 10   au sein du HVO.  N’est-ce pas exact ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, ce n’est pas exact.  La vérité

 12   c’est que j’ai eu beaucoup de mal à partir pour Sarajevo, ce que je

 13   souhaitais faire après la mort de Darko Kraljevic car je savais que

 14   c’était le seul endroit où se trouvait le HOS.  Et il est vrai que

 15   j’ai passé quelque temps dans la caserne avec les Vitezovis.  Je

 16   n’étais pas ailleurs, j’étais avec les Vitezovis et à ce moment-là

 17   j’étais un simple civil.  J’avais un lit dans une chambre de cette

 18   caserne et c’est seulement plus tard que j’ai rendu visite à Dario

 19   Kordic.

 20         Je ne peux pas affirmer que Monsieur Dario Kordic se souvenait

 21   de moi mais moi, je me souviens de lui.  Je suis photographe, il faut

 22   le dire.  Donc, je l’avais déjà vu une fois en photographie et la

 23   deuxième fois que je l’ai vu, c’est en 1990 ou 1989, lorsqu’il a fait

 24   un discours à Busovaca, à l’église de St. Ante à l’occasion d’une

 25   fête.


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  1   Me STEIN (interprétation) :  Monsieur, j’aimerais

  2   être un peu plus clair.  Sur la base de vos informations

  3   personnelles, des connaissances qui sont les vôtres, vous

  4   ne savez pas si, oui ou non, Dario Kordic vous a aidé d’une

  5   quelconque manière à entrer dans le HVO, n’est-ce pas ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, il m’a aidé et

  7   comment !  Bien sûr, il m’a aidé.  C’est lui qui a décidé

  8   de l’endroit où je devais me rendre.

  9   Me STEIN (interprétation) :  Vous ne savez pas sur

 10   la base de vos connaissances personnelles s’il a passé des

 11   coups de téléphone pour vous, s’il a écrit pour vous.  La

 12   seule chose que vous savez c’est qu’il a simplement dit :

 13   « Allez voir Darko Kraljevic. »  C’est bien cela ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est cela.  C’est cela la vérité.

 15   Me STEIN (interprétation) :  Il y avait un autre point qui me gênait

 16   un peu.  Monsieur Lopez-Terres vous a demandé si vous étiez né le 16

 17   janvier 1940.  Est-ce bien votre date de naissance ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Le 18 janvier. 

 19   Il a dit le 19 et moi, j’ai voulu corriger mais je n’ai pas

 20   eu le temps.  Je suis né le 18 janvier 1940.

 21   Me STEIN (interprétation) :  Mais un peu plus tôt ce matin,

 22   vous nous avez dit que vous étiez né en avril 1940 en fait ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Excusez-moi, Monsieur, vous n’avez pas

 24   pu entendre cela de ma bouche et ce n’est pas 1944 mais 1940.

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Moi, j’ai entendu 1940.


Page 11761

  1   Me STEIN (interprétation) :  Oui, Monsieur le

  2   Président.  Pour 1940, il n’y a pas de doute, pas

  3   d’équivoque mais je vérifiais entre janvier et avril.

  4   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin est sans doute

  5   celui qui peut déposer le plus exactement à ce sujet.

  6   Me STEIN (interprétation) :  Page 18 du compte rendu d’audience,

  7   nous avons la date du 18 avril.  Alors, Monsieur le Témoin,

  8   je vous redemande quelle est votre date de naissance.

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, Monsieur, c’est impossible

 10   que cela soit écrit parce que depuis ma plus tendre enfance,

 11   je sais que je suis né le 18 janvier 1940, c’est-à-dire un jour

 12   après la fête de Ante Pavelic. Voilà !  Cela situe ma date de

 13   naissance et c’est de lui que j’ai reçu mon prénom.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Je vous demanderais de jeter un coup

 15   d’œil au document que vous avez sous les yeux, celui du 7 novembre

 16   1996, qui indique votre numéro d’identification personnel comme

 17   étant 16011940 et ensuite, il y a d’autres numéros.  Donc, vous

 18   pouvez convenir avec moi que le 16 janvier 1940 est bien le

 19   16e jour du mois de janvier 1940, n’est-ce pas ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Quand je suis arrivé en

 21   1996 à Sarajevo, j’ai demandé une correction.  Je suis allé là-bas,

 22   j’ai demandé que cela soit corrigé.  J’y suis allé et on m’a dit :

 23   « Cela sera changé. »  Mais ici, c’est une faute.  C’est une faute,

 24   c’est ce qui était écrit sur ma carte d’identité et d’une certaine

 25   façon, je pensais que c’était une faute volontaire pour me forcer à


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  1   venir chercher une nouvelle carte d’identité ou je ne sais trop quoi.

  2   Mais en tout cas, mon numéro de naissance, c’est le 18 janvier

  3   1980 [sic]. C’est le 18 en tout cas.  Mais pendant la guerre et après

  4   la guerre, chacun faisait ce qu’il voulait.  Je ne sais pas ce qu’ils

  5   ont pu faire.

  6   Me STEIN (interprétation) :  En 1998, votre numéro d’identification

  7   personnel était aussi 16011940 et d’autres numéros identiques à ceux

  8   qui figurent dans votre déclaration du 7 novembre, n’est-ce pas,

  9   Monsieur ?  Jetez un coup d’œil à la note officielle du 16 février

 10   1998, premier paragraphe.

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je n’ai pas besoin de regarder ce

 12   texte parce que j’ai toujours été connu en deux endroits.  J’ai des

 13   documents originaux qui datent de ma naissance et j'ai aussi une

 14   carte d’identité de Dubrovnik et un numéro matricule donc délivré à

 15   Dubrovnik en même temps que mon permis de conduire et là, il est

 16   écrit 18 janvier 1940. Mon numéro personnel est le 18011940.  Ce

 17   sont les premiers numéros qui permettent de m’identifier.

 18   Me STEIN (interprétation) :  Avançons, Monsieur. Les devoirs

 19   d’un responsable à l’information et à la propagande consistaient

 20   à s’occuper des prisonniers, n’est- ce pas ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, ce n’était pas mes seules

 22   responsabilités.  Au sein de l’unité spéciale des Vitezovis,

 23   j’avais des responsabilités diverses parce que Dragan Vinac ne

 24   voulait pas accueillir certains soldats qui avaient été ses chefs

 25   avant la guerre.  Donc, j’avais des responsabilités de logistique,


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  1   des responsabilités vis- à-vis des prisonniers, vis-à-vis des

  2   soldats.  Je ne sais plus, d’ailleurs, tout ce que j’avais à faire.

  3   Me STEIN (interprétation) :  Très bien !  Je ne voulais pas dire que

  4   c’était votre seule responsabilité.  Ce que je voulais dire c’est que

  5   le responsable à l’information et à la propagande, si j’ai bien

  6   compris ce que vous avez dit dans votre déposition et dans votre

  7   déclaration, consistait à s’occuper des prisonniers, à établir la

  8   liaison avec d’autres unités militaires, à s’occuper de la logistique

  9   et à s’occuper également de l’éducation générale des soldats et du

 10   maintien de leur moral à un niveau suffisant, n’est-ce pas ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, ce n’est pas le cas.  Le

 12   responsable à l’information et à la propagande était responsable des

 13   décisions. Il devait décider quelle était la personnalité d’un soldat

 14   et si ce que le soldat avait fait était autorisé ou pas, de sorte que

 15   le représentant à l’information et à la propagande devait avoir un

 16   tableau et rendre compte, dire, par exemple : « Tel et tel soldats

 17   ont commis telle et telle erreurs. » Voilà quelle était la tâche

 18   officielle du responsable à l’information et à la propagande.

 19         Les autres responsabilités n’avaient rien à voir.  Pour les

 20   prisonniers, ils pouvaient simplement dire s’ils étaient traités

 21   correctement ou pas et le problème était qu’il n’y avait que moi pour

 22   faire cela parce que je n’avais pas de frontière avec les médecins,

 23   je parlais l’anglais, je pouvais traduire immédiatement aux

 24   prisonniers ce qui leur était dit puisque, d’une certaine façon, j’ai

 25   accepté cette responsabilité mais ce n’était pas ma responsabilité

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  1   officielle.

  2         Le représentant à l’information et à la propagande a pour tâche

  3   officielle de rendre compte du caractère, de la personnalité des

  4   soldats et des officiers.

  5   Me STEIN (interprétation) :  Eh bien, Monsieur, avec tout le respect

  6   que je vous dois, le représentant à l’information et à la propagande

  7   s’occupait également du moral des unités militaires, n’est-ce pas ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

  9   Me STEIN (interprétation) :  Et vous sensibilisiez les soldats

 10   au contenu des Conventions de Genève, n’est-ce pas ?

 11   LE TÉMOIN (interprétation) : Pas les soldats parce que les soldats ne

 12   comprenaient même pas cela mais je l’ai fait effectivement avec

 13   certains officiers.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Monsieur, je ne voudrais pas être

 15   difficile mais si vous jetez un coup d’œil à la déclaration que vous

 16   avez faite aux responsables du Tribunal Pénal International, en page

 17   15, troisième paragraphe à partir du haut – je cite : « Au sein des

 18   unités, les responsables à l’information et à la propagande étaient

 19   chargés de l’éducation générale et de l’instruction des soldats de

 20   l’unité.  Les responsables à l’information et à la propagande

 21   éduquaient les soldats quant à leurs responsabilités en cours de

 22   combat, à leurs devoirs vis-à- vis des autres et ils les

 23   sensibilisaient vis-à-vis des Conventions de Genève.  Au sein des

 24   unités, les responsables à l’information et à la propagande étaient

 25   également chargés de recevoir les ordres émanant du district


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  1   militaire central de la section d’information et de propagande et

  2   ils devaient communiquer ces ordres aux soldats de l’unité.  Je

  3   m’occupais également des questions liées au moral des troupes. »

  4   (Fin de citation).

  5         C’est ce que vous avez dit dans votre déclaration

  6   aux responsables du Tribunal en 1998.  Êtes-vous d’accord

  7   avec cela ou pas ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  D’ailleurs,

  9   c’est ce que je viens de vous redire ici même aujourd’hui.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Donc, sur la base de la description

 11   que nous venons de lire, nous pouvons convenir que les responsables

 12   à l’information et à la propagande étaient des officiers de l’armée ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’était des officiers de l’armée.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Ce n’était pas des

 15   officiers politiques, n’est-ce pas, responsables ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ils constituaient la passerelle entre

 17   les responsables militaires et les responsables politiques.  Ils

 18   étaient la passerelle, ils permettaient de transmettre ce qui venait

 19   des milieux politiques aux milieux militaires ?

 20   Me STEIN (interprétation) :  Vos responsables à l’information et à la

 21   propagande et vous-même n’aviez certainement pas votre mot à dire

 22   dans les décisions politiques, n’est-ce pas ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Nous ne

 24   pouvions que transmettre les décisions politiques.

 25   Me STEIN (interprétation) :  Et si un ordre

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  1   arrivait entre les mains d’un officier de l’information et

  2   de la propagande, il provenait d’un militaire qui était un

  3   supérieur, n’est-ce pas, sur le plan militaire ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est exact.

  5   Me STEIN (interprétation) :  Les officiers chargés

  6   de l’information et de la propagande rencontraient une fois

  7   par semaine le responsable, le chef de l’information et de

  8   la propagande du district militaire, n’est-ce pas ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 10   Me STEIN (interprétation) :  À plusieurs reprises, en fait, vous avez

 11   rencontré le Colonel Blaskic, commandant du district, n’est-ce pas ?

 12   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Les quatre premiers

 13   mois, d’ailleurs, je l’ennuyais sans arrêt au téléphone

 14   pour l’informer au sujet d’un certain nombre de choses.

 15   Me STEIN (interprétation) :  Nous y viendrons dans quelques instants.

 16   Mais ce que je voulais dire, Monsieur, c’est que lorsque les

 17   officiers responsables de l’information et de la propagande se

 18   rencontraient chaque semaine, il arrivait de temps à autre que le

 19   Colonel Blaskic soit présent en personne.

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, jamais.

 21   Me STEIN (interprétation) :  Il envoyait ses responsables de

 22   l’information et de la propagande à ces rencontres, n’est-ce pas ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui. Son responsable à l’information et

 24   à la propagande était toujours présent.  Il présidait la réunion.

 25   Me STEIN (interprétation) :  Et Dario Kordic n’a jamais participé


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  1   à l’une quelconque de ces rencontres qui traitaient de l’information

  2   et de la propagande, n’est-ce pas ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, non, non.

  4   Me STEIN (interprétation) :  Si je lis bien la déclaration que vous

  5   avez faite aux enquêteurs du Tribunal Pénal International, je lis que

  6   votre unité possédait trois lieutenants, un capitaine, trois

  7   commandants et un colonel, n’est-ce pas ?

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ça, c’était au début. Mais au moment où

  9   j’étais présent, il y avait trois commandants, deux colonels, deux

 10   capitaines, quatre lieutenants et il y avait sûrement cinq ou six

 11   chefs de pelotons, des sergents.  Je ne sais pas exactement combien.

 12   Me STEIN (interprétation) :  Enfin, quel que soit le moment dont nous

 13   parlons, tous ces officiers, tous ceux qui détenaient ces grades

 14   étaient détenteurs d’un grade militaire, n’est-ce pas ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 16   Me STEIN (interprétation) :  Ils avaient tous des

 17   tâches militaires à accomplir, n’est-ce pas ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 19   Me STEIN (interprétation) :  Et Darko Kraljevic vous a nommé

 20   au poste d’officier chargé de l’information et de la propagande

 21   parce que vous connaissez l’anglais, n’est-ce pas ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation) :  Pour cela entre autres mais aussi parce

 23   que j’étais le plus âgé.  J’avais 23 ou 24 ans de plus que le soldat

 24   le plus âgé.  Il pensait que j’avais une expérience, il avait

 25   confiance en moi et moi, j’avais confiance en lui aussi.


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  1   Me STEIN (interprétation) :  Oui.  Il vous faisait

  2   confiance, n’est-ce pas ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, parce que je

  4   lui ai indiqué un certain nombre de choses.  Je lui ai

  5   montré qu’il arrivait que ses commandants lui tendent des pièges.

  6   Me STEIN (interprétation) :  Par ailleurs, il vous

  7   contournait à cause des principes que vous défendiez, de

  8   l’attitude que vous aviez qui était très respectueuse des

  9   principes à chaque fois qu’il avait des actes particuliers à faire ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui.  Ça lui est arrivé et je lui

 11   ai dit d’ailleurs : « Darko, tu n’as pas besoin de me contourner.

 12   S’il y a quelque chose à faire, tu peux m’en parler.  Je te dirai si

 13   c’est moral ou pas moral et si tu peux le faire ou si tu ne peux pas

 14   le faire.  N’écoute pas n’importe qui », parce que j’avais remarqué

 15   qu’au sein de l’unité, il y avait des espions qui voulaient le

 16   détruire, qui voulaient lui nuire. 

 17         Il était une personnalité connue dans la région. C’était un

 18   homme honnête, un homme bon.  La seule chose c’est qu’il n’était pas

 19   très raffiné.  Donc, il ne pouvait pas inventer lui-même, créer lui-

 20   même un certain nombre d’actions qu’il fallait accomplir.  Il n’avait

 21   pas tout à fait assez d’éducation.  Mais il a toujours fait ce qu’il

 22   fallait faire.

 23   Me STEIN (interprétation) :  J’aimerais vous parler des unités

 24   de combat.  Ce matin, vous avez parlé des Pumas, des Loups et

 25   d’autres.  Ai-je raison de penser que vous avez dit également


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  1   que selon les moments, les noms de ces unités de combat changeaient ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  En effet, je l’ai dit.

  3   Me STEIN (interprétation) :  Donc, aujourd’hui, en l’an 2000, il ne

  4   fait aucun doute que vous ne pourriez pas nous dire les dates

  5   auxquelles ces noms ont changé pendant que vous étiez au sein du HVO,

  6   n’est-ce pas ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation):  Mais non, ça, je ne peux pas me rappeler

  8   toutes les dates.  Il arrivait de temps en temps que ces noms

  9   changent.  Ils ont été changés deux fois.  Je crois que les Pumas

 10   ont reçu un nouveau nom.  Quant aux Loups, ils sont restés les Loups

 11   jusqu’au bout.  Mais les Pumas, je crois qu’ils ont reçu une nouvelle

 12   dénomination, de même que les Renards, à moins que ce soit uniquement

 13   le cas des Pumas.  Je ne saurais le dire avec certitude.  Enfin, deux

 14   fois, le nom des unités a été modifié et ensuite, il a été rétabli à

 15   l’identique.

 16   Me STEIN (interprétation) :  Très bien !  Mais

 17   vous ne pouvez pas nous dire quel était le nom de ces

 18   unités avant votre entrée au sein des Vitezovis, n’est-ce pas ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je pourrais vous le dire pour les trois

 20   mois qui ont précédé mon arrivée mais avant, je ne saurais le dire

 21   parce que ces noms, ils les ont gardés, je crois, depuis la création.

 22    Me STEIN (interprétation) :  Merci.  Mais en

 23   dehors du nom des unités, les soldats avaient des surnoms

 24   également, n’est-ce pas, des noms de code ?  N’est-ce pas exact ?

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne comprends pas


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  1   la question.  À quel indicatif d’appel faites-vous référence ?

  2   Me STEIN (interprétation) :  Bien sûr.  Le Colonel

  3   Blaskic, par exemple, avait comme numéro de code 21 à un

  4   certain moment et son commandant d’artillerie avait le

  5   numéro 18 comme numéro de code.  Cela vous rappelle quelque chose ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Ça, je comprends, je vous

  7   comprends.  C’était des codes qui étaient utilisés parce que les

  8   Vitezovis, eux, n’étaient pas tellement instruits à utiliser

  9   ce genre de codes.  Ils avaient des communications à un niveau

 10   inférieur sur le plan opérationnel.  Par exemple, si l’un de ces

 11   groupes se divisait, il utilisait les codes : « Pumas 1 appelle Pumas

 12   2 », ou s’il y avait trois groupes de Pumas, on pouvait entendre :

 13   « Le groupe 1 des Pumas s’adresse au groupe 3 des Pumas. »  Mais le

 14   Colonel Blaskic était le seul stratège à Vitez et lui avait déjà un

 15   niveau supérieur de pratique pour ce genre de choses.  Je ne sais pas

 16   comment on les appelait exactement.

 17   Me STEIN (interprétation) :  Je ne veux pas en faire une grande

 18   affaire mais ce que je voulais dire c’est qu’il y avait des soldats

 19   qui, individuellement, utilisaient des numéros qui leur étaient

 20   affectés individuellement comme un code individuel.  Blaskic avait,

 21   par exemple, le numéro 21, n’est-ce pas ?

 22   LE TÉMOIN (interprétation):  Non, pas des numéros mais ce que je vous

 23   ai expliqué, pendant les attaques, quelquefois, il arrivait qu’ils

 24   aient cela normalement. Ils avaient le numéro de leurs appareils

 25   téléphoniques Motorola pour s’adresser à leur commandant.


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  1   Me STEIN (interprétation) :  Et ces numéros de code, ces noms de

  2   code changeaient selon la période, n’est- ce pas ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’était normal.  J’ai d’ailleurs

  4   proposé une fois à Monsieur le Colonel Darko Kraljevic que… et s’il

  5   ne le faisait pas, il ne le faisait pas, d’ailleurs, et je pensais

  6   que c’était nécessaire.  J’ai proposé que si un membre de ses groupes

  7   de combat était arrêté, que les codes soient immédiatement changés

  8   parce qu’il fallait éviter que ces codes ne soient percés à jour. 

  9   C’est normal.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Eh bien, cela nous amène au point

 11   suivant que je voulais aborder.  Au cours de votre service au

 12   sein du HVO à Vitez, 1 200 membres de la brigade de Vitez du HVO

 13   ont été tués pendant l’année 1993, n’est-ce pas ?

 14   LE TÉMOIN (interprétation):  Je ne sais pas combien ont été tués mais

 15   la dernière information que j’ai date du moment où nous avons

 16   distribué de l’argent aux familles des soldats décédés.  Moi, je

 17   devais rendre visite à 84 familles et eux en avaient 80.  Un membre

 18   de l’information et de la propagande, Cilic, m’a dit: « Mais pourquoi

 19   est-ce que tu en as autant?  Pourquoi tu en as 80?  Pour toi, c’était

 20   facile parce que tu avais dix hommes qui travaillaient avec toi. 

 21   Moi, j’étais tout seul. »

 22   Me STEIN (interprétation): Pour vous aider, Monsieur, je vous demande

 23   de regarder la page 19 de votre déclaration au Tribunal Pénal

 24   International en mars 1998, quatrième paragraphe.  Dans la version

 25   croate, ce passage se trouve… page 16 en version croate, dernier


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  1   paragraphe.  À peu près au milieu du paragraphe, nous lisons: « Mille

  2   deux cents membres de la brigade de Vitez du HVO ont été tués au

  3   cours de l’année 1993 et je sais que parfois, lorsque j’ai reçu de

  4   l’aide pour les familles des soldats tués au combat, j’en ai reçu

  5   pour 180 soldats décédés des Vitezovis, alors que Zvonko Cilic,

  6   responsable à l’information et à la propagande de la  brigade, a

  7   reçu le même type d’aide pour les familles de 1 200 soldats de la

  8   brigade qui étaient tombés au combat. »  (Fin de citation).

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’est pas exact.  Je n’ai jamais dit

 10   cela nulle part. Tout ce que j’ai dit c’est qu’on nous avait donné le

 11   le même montant que celui que nous devions donner et c’était 50

 12   marks.  Ce que j’ai reçu, je l’ai distribué aux familles de soldats.

 13   C’était une somme par soldat tué au combat.

 14   Me STEIN (interprétation) :  Monsieur, la question est très simple.

 15   Mille deux cents soldats ont été tués. Le niez-vous?  Niez-vous

 16   l’avoir dit ?  Je vous demande de regarder la page 16 de la version

 17   croate de votre déclaration, dernier paragraphe sur cette page.

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je n’ai pas besoin de le dire.  Je ne

 19   sais pas combien ont été tués au combat. D’après ce qu’il a dit, je

 20   sais qu’il y a eu 800 morts. Mais moi, je ne le sais pas.  Je n’étais

 21   pas responsable politique.  Je n’avais pas la liste des décédés chez

 22   eux.  J’avais la liste des morts chez moi.  Je peux vous dire

 23   combien sont morts chez moi et chez moi, ce n’est pas 180 mais 90

 24   qui sont morts.  En fait, 84 pour être tout à fait exact.

 25         Me STEIN (interprétation) :  Très bien, Monsieur.  En tout cas,


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  1   reprenons un autre point que vous avez évoqué au cours de

  2   l’interrogatoire principal qui portait sur le rapport entre Darko

  3   Kraljevic et Dario Kordic. Vous n’avez jamais entendu Darko Kraljevic

  4   recevoir un ordre de Dario Kordic, n’est-ce pas ?

  5         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

  6         Me STEIN (interprétation) :  Vous n’avez jamais lu un ordre

  7   émanant de Darko Kraljevic et adressé… excusez-moi, émanant de Dario

  8   Kordic et adressé à Darko Kraljevic, n’est-ce pas ?

  9         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Une fois simplement, j’ai

 10   entendu une conversation téléphonique.  Il était question de quelque

 11   chose.  Je ne peux pas dire de quoi.  Il parlait avec Monsieur Dario

 12   Kordic.

 13         Me STEIN (interprétation):  Donc, Kraljevic a parlé une fois au

 14   téléphone avec Kordic. Vous n’avez pas pu entendre cette conversation

 15   et c’est sur cette base que vous avez conclu que Kordic donnait des

 16   ordres à Kraljevic, n’est-ce pas ?

 17         LE TÉMOIN (interprétation) :  Il ne pouvait pas donner des

 18   ordres à Kraljevic.  Tout ce qu’il pouvait faire, c’était informer de

 19   ce qu’il fallait faire et c’est Kraljevic qui donnait les ordres

 20   parce que Kraljevic, il était impossible de lui donner des ordres.

 21   Ça, je le sais de la façon la plus absolue qui soit.

 22         Me STEIN (interprétation):  Très bien!  Donc, indépendamment du

 23   rapport qui existait entre Kraljevic et Kordic, Kraljevic ne recevait

 24   pas d’ordres de Kordic – je parle d’ordres militaires – n’est-ce pas?

 25         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne peux pas dire qu’il en


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  1   recevait ou qu’il n’en recevait pas.  D’après moi, d’après ce que je

  2   sais, pour l’essentiel, il réalisait des opérations que Kordic était

  3   le seul à pouvoir inventer, déterminer.  Mais est-ce qu’il recevait

  4   des ordres, est-ce qu’ils se rencontraient ?  Il allait à Busovaca. 

  5   Maintenant, est-ce qu’il allait à Busovaca voir Kordic ou voir

  6   quelqu’un d’autre ?  Je ne peux pas le dire.  Mais ce que je sais,

  7   c’est qu’ils se sont rencontrés.

  8         Quant aux opérations principales qu’ils ont réalisées, seul

  9   Dario Kordic pouvait les définir, les déterminer.  Personne d’autre

 10   d’autre que lui ne pouvait le faire dans les six premiers mois de

 11   1993.

 12         Me STEIN (interprétation) :  Et cette conclusion, vous l’avez

 13   tirée sans jamais avoir vu un morceau de papier ou sans jamais avoir

 14   entendu un ordre direct ou la définition d’un plan, n’est-ce pas ?

 15         LE TÉMOIN (interprétation) :  Une feuille de papier sur le

 16   territoire de Vitez, jusqu’au 15 juillet 1993, il n’y en avait pas.

 17   Personne ne donnait de feuille de papier à qui que ce soit.  Personne

 18   ne tenait compte de cela.  Il ne s’agissait que d’ordres oraux et de

 19   demandes d’exécution données oralement.  C’était la débandade la

 20   plus complète, l’irresponsabilité la plus complète au sein de

 21   l’armée. Comment est-ce que je pourrais vous expliquer? Tout le monde

 22   faisait ce qui lui chantait.

 23         Me STEIN (interprétation) :  Écoutez, Monsieur, je vais essayer

 24   de vous interroger différemment.  Vous avez dit que, selon vos

 25   connaissances et à votre avis, Kraljevic réalisait des opérations


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  1   qui ne pouvaient avoir été conçues que par Kordic.  Disposez-vous

  2   de faits sur lesquels vous seriez capable de fonder ces propos ?

  3         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Tout premièrement, Darko

  4   Kraljevic était protecteur d’une trentaine de familles musulmanes.

  5   Il avait tout simplement défendu que qui que ce soit fasse quoi que

  6   ce soit à la rencontre.  À chaque fois quand j’ai parlé avec Darko

  7   Kraljevic, jamais aucune opération n’a été imaginée de sa part, que

  8   ce soit dans la zone opérationnelle ou ailleurs, que nous allons

  9   attaquer d’un côté ou de l’autre, qu’il fallait faire ça et ça.

 10         Tout au contraire, il a toujours été quelqu’un qui exécutait

 11   une telle et telle opération, une partie de cette opération. Ce n’est

 12   pas quelqu’un qui avait conçu une opération, ce n’est pas quelqu’un

 13   qui était un stratège qui avait organisé quoi que ce soit.  Ce n’est

 14   pas vrai, ce n’est pas lui.  Ça n’a jamais été le cas.

 15         Me STEIN (interprétation) :  Est-ce que c’est tout ? 

 16         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 17         Me STEIN (interprétation) :  J’aimerais attirer

 18   votre attention sur un autre point.  En décembre 1993, plus

 19   précisément du 22 au 24 décembre 1993, il y a eu une grande

 20   offensive à Krizancevo Selo.  Est-ce bien exact, Monsieur ?

 21         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 22         Me STEIN (interprétation) :  Les musulmans ont fait une

 23   percée à travers les lignes tenues par les Croates ?

 24         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 25         Me STEIN (interprétation) :  Soixante-dix Croates


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  1   ont été tués au moins ?

  2         LE TÉMOIN (interprétation) :  Ceci n’est pas vrai.  Une

  3   trentaine de soldats ont été tués, pas plus.  Cinq… les trois plutôt

  4   ont été tués dans un accident de circulation.  Ily y avait une

  5   Mercedes, il y avait un commandant qui emmenait deux soldats des

  6   Vitezovis.  Par conséquent, il y avait cet incident de circulation

  7   et ils ont été tués dans cet incident.  Et ensuite, il y avait

  8   Krizanac qui a été tué là-bas, une dizaine éventuellement.  Pas

  9   plus que 30 personnes.

 10         Me STEIN (interprétation) :  Quoi qu’il en soit,

 11   qu’il y ait eu 30 ou 70 vies perdues, Monsieur le Colonel

 12   Blaskic est arrivé aussitôt sur les lieux et il est resté

 13   dans cette vallée de la Lasva jusqu’au 1er janvier 1994 ?

 14         LE TÉMOIN (interprétation) :  Le Colonel Blaskic à

 15   ce moment-là n’était pas dans la zone de commandement de

 16   Stari Vitez.

 17         Me STEIN (interprétation) :  Vous voulez dire qu’il n’est

 18   pas arrivé fin décembre 1993 dans la vallée de la Lasva ?

 19         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Moi, j’ai des

 20   preuves pour dire le contraire.

 21         Me STEIN (interprétation) :  Vous affirmez que

 22   Monsieur Kordic a été vu par vous-même comme étudiant des

 23   ordres militaires pendant ce temps ?

 24         LE TÉMOIN (interprétation): Je ne l’ai pas vu donner des ordres

 25   militaires.  J’ai vu qu’il discutait en regardant la carte.  Il avait


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  1   parlé avec un commandant qui lui était inférieur.  Je n’ai jamais dit

  2   qu’il avait délivré un ordre car le Colonel Kordic n’avait pas de

  3   connaissances militaires pour pouvoir délivrer des ordres.  Il a tout

  4   simplement recueilli un certain nombre d’expériences auprès des

  5   commandants des régions différentes et ensuite, il avait tout

  6   simplement dit qu’il était pour.  Mais il n’avait aucune expérience

  7   personnelle.

  8         Me STEIN (interprétation) :  Oui.  Et vous avez

  9   même dit aux enquêteurs du TPIY que Monsieur Kordic, en

 10   fait, s’était formé et avait fait de lui-même un colonel.

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est comme ça qu’on

 12   l’a appelé.  Il était colonel.  On l’appelait colonel.  Il

 13   était colonel.  Il n’y avait pas un autre grade qui était

 14   supérieur au colonel dans la zone opérationnelle.

 15         Me STEIN (interprétation) :  Mais vous avez dit de façon plus

 16   précise aux représentants du TPIY, à la page 22 de la déclaration que

 17   vous leur avez fournie, je vais vous citer le passage… il s’agit de

 18   la page 19 en version croate.  Au haut de la page, le premier

 19   paragraphe : « En dépit de ses habits de camouflage d’allure

 20   militaire, en dépit du fait que Kordic aimait se présenter en tant

 21   que colonel, il n’y connaissait rien en matière militaire. »

 22         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est tout à fait ça.

 23         Me STEIN (interprétation) : Pendant cette période précise, vous

 24   renvoyez à cet épisode dont vous avez parlé dans l’interrogatoire

 25   principal et vous donnez un exemple du fait que Kordic parcourt une


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  1   carte avec des commandants de groupes et vous dites – je cite :

  2   « J’ai vu Kordic discuter avec certains commandants de groupes de

  3   combat au-dessus d’une carte et le commandant essayait d’expliquer

  4   comment il allait mener une contre-offensive et l’on voyait

  5   parfaitement que Kordic n’y comprenait rien et n’avait pas beaucoup

  6   de questions intelligentes à poser.  Il avait simplement dit :

  7   d’accord, d’accord, poursuivez.  C’était à peu près tout ce

  8   qu’il donnait comme réponses. »  (Fin de citation).

  9         C’est bien ce que vous avez dit aux représentants du TPIY,

 10   n’est-ce pas ?

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Je le répète

 12   également et je l’ai dit tout à l’heure.  Je dis qu’il avait discuté

 13   avec lui quand il a reçu les explications.  Personnellement, je le

 14   connaissais à peu près, pas tout à fait.  Je savais que, de toute

 15   façon, c’est une attaque qui était erronée.  Cette première attaque

 16   sur Krizancevo Selo n’était pas une véritable attaque.  C’était une

 17   provocation plutôt car même avant, quand Monsieur le Colonel Blaskic

 18   est parti à Mostar…

 19         Me STEIN (interprétation) : Excusez-moi, Monsieur le Témoin, ce

 20   n’est pas à cela que je veux en venir.  Ce que je veux dire, c’est

 21   ceci.  Même si on avait donné le titre ou le rang de colonel à

 22   Monsieur Kordic, il n’était pas à votre avis un homme militaire ?

 23         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était un officier.  Il était

 24   militaire.  Mais il était le plus respecté et il avait une grande

 25   réputation dans la région de Vitez.  Il avait occupé ce poste.


Page 11779

  1         Me STEIN (interprétation) :  Mais il ne vous a pas

  2   donné d’ordres militaires, n’est-ce pas ?

  3         LE TÉMOIN (interprétation) :  Normalement, parce

  4   que j’étais à un niveau très bas.  Par conséquent, je ne

  5   pouvais même pas recevoir des ordres de sa part.

  6         Me STEIN (interprétation) :  Et vous n’avez aucune preuve qu’il

  7   ait donné un quelconque ordre militaire à qui que ce soit ?

  8         LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais c’est lui qui avait dirigé

  9   cette opération à Krizancevo Selo.  C’est lui qui la dirigeait.

 10         Me STEIN (interprétation): Et est-ce là la seule preuve du fait

 11   qu’il occupait un poste de commandement et avait donné des ordres

 12   militaires, alors qu’il se penchait sur des cartes pour les examiner?

 13         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui, tout à fait.

 14         Me STEIN (interprétation) :  D’accord.  Si vous vouliez obtenir

 15   la solde de vos hommes, ce n’est pas à Dario Kordic que vous vous

 16   adressiez, n’est-ce pas ?

 17         LE TÉMOIN (interprétation) :  Écoutez, moi, j’avais l’intention

 18   d’aller chez lui au moment où justement, je me suis posé la question

 19   des soldes mais il ne faut pas oublier non plus que lui, bien

 20   évidemment, il aurait pu faire ça, il aurait pu donner de tels

 21   ordres.

 22         Me STEIN (interprétation) :  Excusez-moi, Monsieur, mais je

 23   reviens à votre déclaration faite au TPIY, page 17.  Au bas de cette

 24   page, troisième paragraphe à partir du bas de la page, page 17.  En

 25   version croate, c’est à la page 14.  Vous dites – je cite :


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  1   « Lorsque j’ai demandé ou j’ai essayé d’obtenir la solde des soldats

  2   des Vitezovis, j’ai d’abord contacté le Lieutenant Général Milivoj

  3   Petkovic à Posusje.  Il a eu la gentillesse de réagir immédiatement

  4   vu la situation et à ordonner que des sommes représentant deux mois

  5   de solde me soient fournies en vertu de la liste que je préparais. »

  6   (Fin de citation).

  7         Vous vous souvenez de ce qui s’est passé, de votre

  8   déclaration faite à la page 15 en version croate ?

  9         LE TÉMOIN (interprétation) :  Tout premièrement, ce n’était pas

 10   au moment où j’étais à Vitez.  C’est quand j’ai quitté Vitez, je suis

 11   allé à Posusje et le Colonel Darko Kraljevic a reçu un certain nombre

 12   de soldes et pendant un an, nous ne recevions pas de solde à cause

 13   d’un encerclement.  C’est la raison pour laquelle chacun se rendait

 14   sur place pour prendre des soldes et c’est la raison également pour

 15   laquelle je suis allé sur place.  Je ne suis pas allé chez Monsieur

 16   Petkovic.  Je suis allé chez le ministre de la Défense, Monsieur

 17   Soljic.  J’ai demandé une rencontre.  Il m’a fallu une quinzaine de

 18   jours pour le voir.

 19         J’ai reçu également une liste des membres des Vitezovis et il

 20   y en avait 400 à peu près sur cette liste.

 21         Me STEIN (interprétation) :  Excusez-moi.  La question est

 22   celle-ci : pour obtenir de l’argent pour payer vos hommes, vous avez

 23   été voir Monsieur Soljic puis voir le Colonel Rupcic et puis vous

 24   vous êtes adressé au Général Petkovic.  Est-ce bien exact ?

 25         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.


Page 11781

  1         Me STEIN (interprétation) :  Si j’ai bien compris la

  2   déclaration que vous avez faite au TPIY, Kraljevic a demandé que vous

  3   vous rendiez aux conférences de presse de Kordic pour poser des

  4   questions un peu bizarres pour l’embêter.  Est-ce bien exact ?

  5         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, ce n’est pas ça

  6   qu’il m’avait dit.  Il m’a dit ça pas pour Kordic mais pour

  7   Blaskic, justement qu’il a essayé de provoquer Blaskic.

  8         Me STEIN (interprétation) :  Veuillez examiner votre

  9   déclaration du TPIY, page 35, en anglais, troisième paragraphe à

 10   partir du bas.  En version croate, il s’agit de la page 31 en version

 11   croate.  Je cite : « J’assistais régulièrement aux conférences de

 12   presse qui avaient lieu tous les vendredis.  J’ai assisté à ces

 13   conférences de presse pendant toute l’année 1993 après avoir rejoint

 14   les Vitezovis.  Darko Kraljevic m’a dit d’assister à ces conférences

 15   de presse pour y harceler dans la mesure du possible Blaskic, Kordic

 16   et d’autres.  Darko Kraljevic était ravi lorsque j’irritais Blaskic,

 17   Kordic ou d’autres à l’occasion de ces conférences de presse.  À

 18   chaque fois que je marquais un point par rapport à eux et par la

 19   suite, si la conférence était télédiffusée, je recevais une bouteille

 20   de whisky et des cigarettes de Darko et il disait : mon officier

 21   responsable des renseignements et de la propagande les a bien

 22   secoués », n’est-ce pas ?  C’est bien ce que vous avez dit ?

 23         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Je l’ai dit.  Mais

 24   ceci se rapportait notamment à Monsieur Blaskic.  Valenta également,

 25   une fois, il l’avait provoqué. Ça lui faisait plaisir.  Mais il faut


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  1   dire qu’en ce qui concerne Kostroman, il ne me l’a jamais dit et il

  2   aimait quand même poser des questions également à Monsieur Kordic. 

  3   Mais c’est surtout vis-à-vis de Blaskic.

  4         Me STEIN (interprétation) : Vous avez rapidement évoqué avec le

  5   représentant du Procureur la question de la discipline militaire et

  6   des tribunaux militaires.  Effectivement, un Procureur militaire a

  7   été institué en juin 1993, n’est-ce pas ?

  8         LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.  Le Tribunal et le Procureur.

  9         Me STEIN (interprétation) :  Et quatre Juges ont

 10   été désignés également, n’est-ce pas ?

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne saurais pas vous le dire.

 12   Je sais qu’il y en avait trois qui ont été désignés.  Je ne sais pas

 13   qui était le quatrième.  Il y avait un Procureur, deux Juges.  Je ne

 14   sais plus s’ils étaient trois ou quatre.

 15         Me STEIN (interprétation) :  Je ne veux pas

 16   insister là-dessus.  Ils se trouvaient dans le bâtiment de

 17   la police, du bureau de la police à Vitez, n’est-ce pas ?

 18         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne sais pas tout à fait.  Il

 19   s’agit d’un très grand bâtiment.  Il y avait d’un côté la police

 20   civile.  Je ne sais pas si de l’autre côté également, il y avait la

 21   police civile mais c’est un bâtiment où était abritée la police

 22   civile.

 23         Me STEIN (interprétation) :  Et les officiers de votre brigade

 24   avaient compétence pour imposer des sanctions ?  Par exemple, pour

 25   toute infraction, on pouvait imposer deux jours de détention ?


Page 11783

  1         LE TÉMOIN (interprétation) : Une seule fois, ceci s’est produit

  2   et c’est feu Plavcic qui l’avait fait.  Ce n’est pas à cause des

  3   démarches qui ont été commises par telle et telle personnes.  Ils

  4   ont emmené des fusils et j’avoue qu’à ce moment-là, je voulais, par

  5   une approche assez humanitaire, essayer de transférer les soldats des

  6   Vitezovis dans la zone opérationnelle de Monsieur Blaskic mais ils

  7   ont insisté que ceci soit fait de manière forcée.  Ils ont sorti

  8   beaucoup de fusils.  Il y en avait une trentaine, plusieurs milliers

  9   de munitions, de balles.

 10         Me STEIN (interprétation) :  Excusez-moi, Monsieur, ce n’est

 11   pas ce qui m’intéresse.  Vous, en tant que commandant, vous pouviez

 12   imposer deux jours de détention, deux jours de prison pour toute

 13   infraction, n’est-ce pas ?

 14         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était la lettre

 15   morte sur le papier.  Personne ne m’aurait obéi.

 16         Me STEIN (interprétation) :  Darko, lui, avait l’attitude

 17   d’imposer 30 jours de prison ou faire part d’une infraction si elle

 18   était sérieuse au Colonel Blaskic ?

 19         LE TÉMOIN (interprétation) :  Darko Kraljevic aurait pris le

 20   fusil.  Si véritablement il y avait une infraction, il aurait tué

 21   carrément.  C’est ce qu’il a fait deux fois, à deux reprises.

 22         Me STEIN (interprétation) :  La question que je vous ai posée

 23   est celle-ci : en vertu des règles militaires et des tribunaux

 24   militaires, Darko Kraljevic pouvait imposer 30 jours de prison ou

 25   renvoyer la personne ayant commis une infraction devant Blaskic pour

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  1   qu’il soit victime ou qu’il fasse l’objet de sanctions

  2   supplémentaires, n’est-ce pas ?

  3         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est tout à fait exact.

  4         Me STEIN (interprétation) :  Et quant à Blaskic, lui, il

  5   pouvait imposer trois mois de détention pour toute infraction

  6   grave ou renvoyer pratiquement le soldat ?

  7         LE TÉMOIN (interprétation) :  Excusez-moi, Monsieur, je ne

  8   peux pas vous donner la réponse à cette question-là.  Ce n’est pas

  9   vrai.  Vous parlez d’un certain nombre de comportements qui sont en

 10   dehors du comportement militaire.  En ce qui concerne la loi de

 11   guerre, si le commandant prend la décision de fusiller un soldat, à

 12   ce moment-là, cet ordre est délivré et exécuté.

 13         Me STEIN (interprétation) :  La déclaration que vous avez

 14   fournie au TPIY, page 28, deuxième paragraphe à partir du bas, page

 15   25, premier paragraphe de cette page 25 en version croate – je cite :

 16   « Pour ce qui est des pouvoirs de sanction, moi, mes compétences

 17   s’agissant des soldats Vitezovis signifiaient que je pouvais au

 18   maximum imposer deux jours de détention à la caserne.  Quant à Darko

 19   Kraljevic, il pouvait imposer au maximum un mois de prison.  Si le

 20   commandant avait le sentiment que l’infraction ou la violation était

 21   grave et méritait une sanction plus lourde qu’un mois de détention, à

 22   ce moment-là, le dossier devait être transmis au commandant du

 23   district militaire, en l’occurrence Tihomir Blaskic, dont les

 24   capacités et compétences de sanction comportaient un maximum de 30

 25   jours de détention, sanction au-delà de laquelle il pouvait renvoyer


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  1   le dossier devant le Procureur militaire et les commandants avaient

  2   aussi compétence pour démettre de leurs fonctions des soldats. »

  3         C’est bien ce que vous avez dit aux enquêteurs,

  4   n’est-ce pas ?

  5         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je répète une fois de plus.  Il

  6   s’agissait des règles en temps de paix.  S’il s’agit du temps de

  7   guerre, à ce moment-là, il y a toute une série d’autres mesures et

  8   de sanctions qui sont prévues car en temps de guerre, vous ne pouvez

  9   pas attendre 10 jours, 15 jours.  Il faut procéder tout de suite, à

 10   l’instant même.  Par conséquent, il faut faire la distinction entre

 11   le temps de paix et le temps de guerre.

 12         Moi, je me suis fondé sur la réglementation en vigueur en temps

 13   de paix et pas en temps de guerre, je le répète.

 14         Me STEIN (interprétation) :  De surcroît, nous sommes bien

 15   d’accord sur le fait qu’en vertu des règlements militaires, un

 16   commandant a pour obligation d’engager des poursuites judiciaires

 17   contre des soldats qui sont coupables de crimes ou de délits et de

 18   renvoyer ce dossier devant le Procureur militaire ?

 19         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’était obligatoire.

 20         Me STEIN (interprétation) :  Le Procureur militaire s’appelait

 21   Marinko, n’est-ce pas ?

 22         LE TÉMOIN (interprétation) :  Marinko, oui.

 23         Me STEIN (interprétation) :  Bien !  Et ce monsieur, au niveau

 24   de la hiérarchie, était d’un rang inférieur à celui de Monsieur

 25   Blaskic, n’est-ce pas ?


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  1         LE TÉMOIN (interprétation) :  Son inférieur direct.

  2         Me STEIN (interprétation) :  Je pense que ma question n’était

  3   pas suffisamment claire.  Je veux vous demander si Blaskic avait un

  4   grade supérieur à celui de Marinko.

  5         LE TÉMOIN (interprétation) :  Marinko n’avait aucun grade.  Il

  6   était Procureur militaire et tous les matins, il rencontrait Blaskic

  7   et ils se mettaient d’accord comment ils allaient agir au cours de la

  8   journée.  Donc, il rencontrait Blaskic tous les jours.

  9         Me STEIN (interprétation) :  Bien !  Ce que je veux dire, c’est

 10   ceci.  En 1993, la discipline militaire, elle était appliquée par les

 11   effectifs militaires, que ce soit sur le terrain ou par les

 12   structures que nous venons d’évoquer.  Est-ce bien exact ?

 13         LE TÉMOIN (interprétation) :  Vous parlez de la deuxième moitié

 14   de 1993 et pas de la première moitié de 1993.  Au cours de la

 15   première moitié de 1993, chacun faisait ce qu’il voulait, volait,

 16   tuait.  Vous, vous parlez déjà de la deuxième moitié de 1993 où le

 17   le Colonel Blaskic déjà occupait ce poste du commandant de la zone

 18   opérationnelle.

 19         Me STEIN (interprétation) :  Au cours du second semestre de

 20   1993, ce processus de discipline militaire, de sanctions militaires

 21   était comme je viens de le décrire et c’était des militaires qui

 22   l’appliquaient pour des sujets militaires ?

 23         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 24         Me STEIN (interprétation) :  De ce fait, vous vous êtes plaint

 25   à d’innombrables reprises à l’officier chargé de la propagande et du


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  1   renseignement et à Blaskic pour leur dire que les soldats Vitezovis

  2   quittaient la caserne sans aucune autorisation et pour mentionner à

  3   ces deux personnes le type de sanctions militaires que vous auriez

  4   souhaité ?

  5         LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.  Mais quand j’ai

  6   parlé avec Monsieur Blaskic à ce sujet-là, je ne lui ai pas parlé de

  7   manière officielle.  C’est à son officier que je me suis adressé

  8   officiellement.

  9         Me STEIN (interprétation) : Mais vous avez adressé au moins dix

 10   plaintes sur les écarts de conduite de ces soldats Vitezovis au cours

 11   de ces réunions hebdomadaires des officiers chargés de la propagande

 12   et du renseignement ?

 13         LE TÉMOIN (interprétation) :  Il n’est pas impossible que j’ai

 14   parlé de dix.  Il y en avait trois, quatre, cinq et il y en avait dix

 15   également.  Il y en avait entre cinq et six.  Par moments, il n’y

 16   avait même pas… une fois, je n’ai pas rapporté comme je l’aurais dû

 17   et il n’en était pas content.

 18         Me STEIN (interprétation) :  Et vous vous êtes présenté chez

 19   Blaskic à des dizaines de reprises pour lui expliquer que les

 20   Vitezovis pillaient et tuaient sans aucune autorisation ?

 21         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Les membres de

 22   l’unité de Vitezovis mais quelques particuliers, individus.

 23         Me STEIN (interprétation) :  Je ne vois pas très bien la

 24   différence.  Voyons votre déclaration faite au TPIY, page 29, avant-

 25   dernier paragraphe : « Je suis allé voir Blaskic des dizaines de


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  1   fois.  Je lui ai expliqué que les Vitezovis pillaient, tuaient sans

  2   aucune autorisation mais ceci était en vain.  À la fin de la guerre,

  3   il n’était même plus prêt à me voir et Blaskic n’a jamais une seule

  4   fois imposé de sanction à l’encontre d’un seul de mes soldats même si

  5   je l’avais informé et averti de leur mauvaise conduite à de

  6   nombreuses reprises. »  Fin de citation.  C’est exact, n’est-ce pas ?

  7         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.  Mais il avait

  8   sanctionné une seule fois Darko Kraljevic. C’était au mois d’août. 

  9   Non.  C’est au mois de septembre. Il lui a demandé de remettre sept

 10   fusils et c’était une sanction et Darko Kraljevic m’a tout simplement

 11   appelé pour me demander si je pouvais assurer les sept fusils.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Permettez-moi

 13   d’interrompre.  Je crois que nous progresserons plus rapidement,

 14   Monsieur le Témoin, si vous voulez bien écouter le libellé de la

 15   question et essayer de répondre à ces questions le plus rapidement

 16   possible.  De cette façon-là, nous pourrons peut-être en terminer

 17   plus rapidement de votre déposition.

 18         Me STEIN (interprétation) :  Effectivement.  Le 23 décembre

 19   1993, vous avez reçu un ordre du Général Ante Roso de Mostar, ordre

 20   dans lequel le général disait à peu près ceci : « Tout soldat pris

 21   en flagrant délit de viol, de meurtre, de pillage ou de dégât causé

 22   à tout bien devra être sanctionné par au moins cinq ans

 23   d’emprisonnement et par une peine maximale, la peine de mort. »

 24   C’est bien ce qu’on trouve à la page 30 de votre déclaration en

 25   version croate également, n’est-ce pas ?  Est-ce bien exact ?


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  1         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  2         Me STEIN (interprétation) :  Je poursuis sur le

  3   fonctionnement de ces structures militaires.  Tous les

  4   ordres venant de Blaskic et adressés aux Vitezovis étaient

  5   bien reçus par vous en votre qualité d’officier IPD ?

  6         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il est vrai que la majorité

  7   a été reçue par moi-même.  Il y en a qui ont été reçus ailleurs mais

  8   la majorité, c’est moi qui m’en suis occupé.

  9         Me STEIN (interprétation) :  Ici, nous allons passer à une

 10   autre année.  Les enquêteurs du TPIY vous ont demandé… ou je change

 11   de vitesse si vous voulez (se corrige l’interprète).  Les enquêteurs

 12   vous ont demandé de définir ce qu’est un civil et fort de

 13   l’expérience que vous avez acquise au sein du HVO en 1993, vous avez

 14   éprouvé quelques difficultés à définir ce qu’est une personne civile,

 15   n’est-ce pas ?

 16         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, en quelque sorte.  Mais,

 17   Monsieur le Président, Monsieur le Juge, excusez-moi mais il faudrait

 18   quand même que je vous donne une réponse quelque peu plus précise

 19   parce que sinon, c’est vous qui m’incriminez au lieu de me citer en

 20   témoin.  Il me faut quand même un peu plus de temps pour vous donner

 21   donner des explications plus précises et vous expliquer les raisons

 22   pour lesquelles j’ai dit ce que j’ai dit.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Avant d’en venir à cette

 24   question, est-elle pertinente ?

 25         Me STEIN (interprétation) :  Oui.  Je vais


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  1   enchaîner rapidement.  Je serai beaucoup plus précis.

  2         Ceux qui ont défendu Stari Vitez étaient à la fois

  3   des femmes et des enfants, n’est-ce pas ?

  4         LE TÉMOIN (interprétation) :  D’une certaine façon, oui.

  5         Me STEIN (interprétation) :  Il y avait même des femmes qui

  6   étaient des tireurs d’élite.  Vous avez parlé notamment d’une de ces

  7   femmes qui était tireur d’élite comme vous l’avez décrit dans votre

  8   déclaration préalable.

  9         LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’était pas à Stari Vitez.

 10   C’était une femme de Zenica qui opérait à Poculica et dans la région

 11   de Poculica.

 12         Me STEIN (interprétation) :  Poculica est bien un

 13   village musulman ?

 14         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 15         Me STEIN (interprétation) :  Et il y avait des

 16   tireurs embusqués dans le quartier de Mahala, n’est-ce pas ?

 17         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est vrai.

 18         Me STEIN (interprétation) :  Nous arrivons à la fin de ce

 19   passage.  Je veux m’assurer de ceci.  On vous a demandé de choisir

 20   des prisonniers pour les envoyer creuser des tranchées, n’est-ce pas?

 21         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

 22         Me STEIN (interprétation) :  Vous vous êtes

 23   contenté d’appliquer ces ordres, de les exécuter ?

 24         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Mais pas à la lettre.  Je

 25   pourrais vous donner des explications dans quel sens je l’ai dit.


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  1         Me STEIN (interprétation) :  D’après votre déclaration, vous

  2   dites – je cite : « J’ai envoyé 20 personnes creuser des tranchées.

  3   Je me contentais d’appliquer les ordres de Marinko Plavcic. »  Ce

  4   que je veux dire, c’est qu’il y avait aussi des militaires en sus

  5   des civils qu’on envoyait creuser des tranchées.  Est-ce exact ?

  6   exact ?

  7         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, pas Vitezovis, non, pas du

  8   tout.

  9         Me STEIN (interprétation) :  D’accord, pas les Vitezovis mais

 10   il y avait d’autres membres des forces militaires qui ont participé

 11   à ces efforts de creusement de tranchées ?

 12         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Il y avait des unités

 13   militaires, ceux qui étaient de réserve et qui utilisaient des

 14   tranchées.  Jamais des unités d’assaut ont eu pour tâche de creuser

 15   des tranchées.

 16         Me STEIN (interprétation) :  Vous avez parlé d’un juge au cours

 17   de l’interrogatoire principal. Jamais vous ne vous êtes plaint auprès

 18   de Kordic de ce juge, du fait qu’il ait été emprisonné ?

 19         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

 20         Me STEIN (interprétation) :  Pourtant, vous vous êtes plaint

 21   de cela auprès de Blaskic ?

 22         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est vrai.

 23         Me STEIN (interprétation) :  Monsieur Lopez-Terres vous avait

 24   demandé de venir alors que vous étiez au Canada et que vous aviez des

 25   problèmes avec le droit.  Vous avez dit que votre beau-père vous


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  1   nommait, vous qualifiait de Oustashi.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Tout ceci s’est passé il y

  3   a longtemps et est-ce vraiment utile pour la Chambre ?

  4         Me STEIN (interprétation) :  C’est une question de crédibilité.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ces événements se sont

  6   produits il y a plus de 30 ans, n’est-ce pas ?

  7         Me STEIN (interprétation) :  Nous allons les rendre

  8   contemporains.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne veux pas vous arrêter,

 10   vous empêcher de le faire mais n’oubliez pas que tout ceci s’est

 11   passé il y a longtemps.  Monsieur le Témoin, n’interrompez pas.  Il

 12   n’y a pas de jury ici et je pense que ce que nous avons entendu n’a

 13   pas été particulièrement utile jusqu’à présent, à moins que vous ne

 14   vouliez évoquer quelque chose de tout à fait particulier.

 15         Me STEIN (interprétation) :  Je serai très rapide.

 16         Indépendamment des heurts que vous aviez avec votre beau-père,

 17   je veux revenir à ceci.  Vous étiez officier de police… vous aviez

 18   des problèmes avec un officier de police et vous avez quitté la

 19   Croatie en 1972, n’est-ce pas ?  Est-ce exact ?

 20         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact, oui.  C’était à

 21   l’époque où c’était le printemps, le printemps chaud, comme on

 22   l’appelait.  C’est la révolution en Croatie.

 23  

 24         Me STEIN (interprétation) :  Vous êtes allé au

 25   Canada où là vous avez eu un problème avec un prêtre


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  1   croate, ce qui vous a valu six mois d’emprisonnement ?

  2         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je suis allé d’abord

  3   en Grèce et ensuite au Canada, à Winnipeg.  Je suis resté

  4   entre six et sept mois.  C’est là où j’ai eu ce conflit

  5   avec un prêtre.  C’était à Winnipeg.

  6         Me STEIN (interprétation) :  Puis vous vous êtes

  7   trouvé de 1976 à 1981 aux États-Unis ?

  8         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est exact.

  9         Me STEIN (interprétation) :  Vous y étiez sous

 10   votre propre nom ?

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Mon propre nom, oui.

 12         Me STEIN (interprétation) :  Est-ce que vous avez

 13   reçu un numéro de sécurité sociale ?

 14         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  J’avais un

 15   carton vert également et je pense qu’il se trouve toujours

 16   au même endroit.

 17         Me STEIN (interprétation) :  Dernière question car

 18   ceci a attisé ma curiosité.  Du fait de votre attitude de

 19   principe, vous avez été, avez-vous dit, dégoûté par ce que

 20   vous avez vu au cours de votre mission menée avec les

 21   Vitezovis ?

 22         LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, parce que j’ai

 23   vu des choses et des atrocités qui, malheureusement, ne

 24   devraient pas être commises par des soldats croates.  C’est

 25   des crapauds qui pouvaient les entreprendre, pas les soldats.


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  1         Me STEIN (interprétation) :  En 1992, vous êtes allé au

  2   Ministère de la Défense de la fédération de Bosnie- Herzégovine afin

  3   d’attester de votre statut en tant que membre de l’unité spéciale des

  4   Vitezovis et pour obtenir un supplément de solde.  Est-ce exact ?

  5         LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’est pas exact. Je ne suis

  6   pas allé parler de cela.  Je suis allé rencontrer Palavra et voir

  7   également quel était le statut qui était le mien et comme, de toute

  8   façon, je voulais m’adresser au Tribunal Pénal International, je

  9   voulais également sentir ce qu’eux pensent à ce sujet-là, si

 10   éventuellement ils étaient au courant d’un certain nombre de choses.

 11         Me STEIN (interprétation) :  Et ça n’a pas fait l’objet de

 12   discussion du tout d’argent ?

 13         LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

 14         Me STEIN (interprétation) :  Vous en êtes aussi sûr, aussi

 15   convaincu que pour le reste de votre déposition ?

 16         LE TÉMOIN (interprétation) :  Dans quel sens ? 

 17   Moi, j’ai tout simplement demandé qu’ils me paient ce

 18   qu’ils me devaient.  Ça, je leur ai demandé.

 19         Me STEIN (interprétation) :  Donc, finalement, l’argent a quand

 20   même été évoqué au cours de votre conversation et vous vous trouviez

 21   là en vue d’obtenir compensation, n’est-ce pas ?  Pourquoi ?

 22         LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était une dette,

 23   c’était la dette vis-à-vis de moi.

 24         Me STEIN (interprétation) :  Pour le travail que

 25   vous aviez fait avec les Vitezovis, n’est-ce pas ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Exact.

  2   Me KOVACIC (interprétation) :  Bonjour, Monsieur le Président.

  3   QUESTIONS PAR :  Me KOVACIC (interprétation) :  Bonjour, Monsieur

  4  Breljas.  Je m’appelle Bozidar Kovacic.  Ensemble, avec mon collègue

  5  Mikulicic qui est à mes côtés, nous défendons Monsieur Cerkez.

  6  J’aimerais vous poser quelques questions. Si vous voulez bien, je

  7  vais vous demander de me répondre très brièvement à mes questions et

  8  comme nous parlons la même langue, je vais vous demander également de

  9  ménager des pauses avant de me répondre à la question que je vous

 10   poserai pour faciliter la tâche aux interprètes.

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  D’accord.  Merci.  Je vous ai compris.

 12   Me KOVACIC (interprétation): D’accord.  Monsieur Breljas, à plusieurs

 13   reprises lors de votre déposition, vous avez parlé de votre

 14   expérience, de vos connaissances. Vous avez dit, par exemple, que

 15   vous connaissiez la stratégie, que vous connaissiez le droit de

 16   guerre. Vous avez également parlé de vos expériences et connaissance.

 17   C’est la raison pour laquelle je vais être très bref et je vais vous

 18   demander quelle était votre formation au début, initialement.

 19  Vous avez dit que vous avez fait l’école élémentaire à Sarajevo. 

 20   C’est bien vrai ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 22   Me KOVACIC (interprétation) :  Ensuite, vous étiez à Ruma pour

 23   l’école secondaire ?

 24  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 25  Me KOVACIC (interprétation) : Pourriez-vous nous dire où étiez-


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  1   vous à l’école secondaire et quelle était l’option, votre option ?

  2  LE TÉMOIN (interprétation) :  J’étais dans une école de mine.

  3   On a proféré des injures à mon encontre, des Ustashas, et cætera.

  4   C’est la raison pour laquelle j’ai changé d’école.

  5  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous voulez dire qu’il y avait

  6   beaucoup de Croates et de Serbes à Ruma et en Serbie mais il y avait

  7   beaucoup de Croates également qu’on a proféré des injures à votre

  8   encontre ?  On vous a vexé, on vous a outragé ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était à Sarajevo également le cas.

 10   Me KOVACIC (interprétation) :  Par conséquent, il s’agissait

 11   des deux écoles secondaires, à Ruma et ensuite à Sarajevo,

 12   des écoles techniques ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 14   Me KOVACIC (interprétation) :  Et vous avez fait le lycée ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  J’ai poursuivi ma formation au

 16   lycée mais à titre privé.  J’ai payé ma formation.

 17   Me KOVACIC (interprétation) :  Et ensuite, vous vous êtes inscrit en

 18   sciences politiques à Zagreb mais vous n’avez pas eu votre diplôme ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est vrai.

 20   Me KOVACIC(interprétation):Mais vous n’avez jamais passé de concours?

 21  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  On m’a tout de

 22   suite dit que je n’avais absolument aucune chance pour

 23   m’inscrire à la faculté de sciences politiques.

 24  Me KOVACIC (interprétation) :  Par conséquent,

 25   vous n’avez pas été à la faculté de sciences politiques ?


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  1  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, vous avez

  2   raison, je n’y ai jamais été.

  3  Me KOVACIC (interprétation) :  Ensuite, vous avez

  4   fait votre service militaire ?

  5  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

  6  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous avez fait

  7   votre service militaire à la JNA ?

  8  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

  9  Me KOVACIC (interprétation) :  Et vous étiez où ?

 10  LE TÉMOIN (interprétation) :  J’étais auprès de

 11   l’aviation et j’ai conduit le Général Viktor Bubanj,

 12   Lazarevic et les autres qui se rendaient à l’aéroport.

 13  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous êtes chauffeur, conducteur ?

 14  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 15  Me KOVACIC (interprétation) :  Et c’est là où vous avez acquis

 16   un certain nombre de connaissances du droit militaire ?

 17  LE TÉMOIN (interprétation) : Depuis tout jeune, pour comprendre

 18   quelque chose et pour vérifier mes propres connaissances, j’ai étudié

 19   un certain nombre de manuels d’histoire, stratèges et j’ai étudié

 20   véritablement personnellement l’histoire aussi bien de notre pays que

 21   d’autres pays.  J’ai étudié le droit international pour moi-même.  Je

 22   n’avais pas d’aide.  D’où elle aurait pu provenir ?  Et je ne me suis

 23   pas formé à l’école mais je me suis formé tout seul.

 24  Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous avez été en

 25   contact avec les services de renseignements de l’ex-JNA ?


Page 11798

  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

  2   Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous étiez en contact les

  3   services de renseignements de l’ex-JNA pendant votre séjour à

  4   l’étranger ?

  5  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

  6  Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.  Vous nous avez relaté

  7   un certain nombre de choses.  Vous nous avez parlé de ce que vous

  8   avez fait pendant la guerre.  Vous vous êtes rendu à Sarajevo pendant

  9   la guerre.  Mais vous n’avez pas dit où vous avez passé une année

 10   après la mort de Blaz Kraljevic.  Il y a un an, on ne sait pas où

 11   vous étiez jusqu’au moment où vous vous êtes rendu à Kiseljak.

 12  LE TÉMOIN (interprétation) :  Bien évidemment que je suis au

 13   courant.  Blaz Kraljevic a été tué au cours de la deuxième moitié du

 14   mois d’août, après la sanction et moi, j’étais au mois de mars déjà

 15   à Kiseljak.

 16  Me KOVACIC (interprétation): Vous étiez à Kiseljak à cette époque-là?

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 18  Me KOVACIC (interprétation) :  Et cette période- là, vous

 19   l’avez passée en dehors de Bosnie ?

 20  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 21  Me KOVACIC (interprétation) :  En ce qui concerne Blaz

 22   Kraljevic, qui était Blaz Kraljevic ?

 23  LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était quelqu’un qui avait

 24   une très grande armée croate derrière lui.  Il était de Kosovo.  Il

 25   a mené la guerre à l’encontre des Serbes.  Il a été commandant


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  1   suprême du HOS, qui n’a pas été reconnu mais il a agit au nom du HOS.

  2  Me KOVACIC (interprétation) :  Par conséquent, il a été au sein

  3   du HOS et il a été tué également en Herzégovine ?

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  À Trebinje.

  5   Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous

  6   savez que Darko Kraljevic était en contact avec Blaz Kraljevic ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Ils n’ont pas de lien de parenté.

  8   Tout ce que je peux dire, que Darko Kraljevic a établi le HOS et

  9   ensuite, Blaz Kraljevic a financé et a armé ses unités, son

 10   unité HOS.

 11   Me KOVACIC (interprétation) :  Lors de votre déclaration

 12   préalable en 1996 aux enquêteurs… pardon, excusez-moi, 1998, vous

 13   avez relaté ce que vous venez de dire au sujet de Darko Kraljevic.

 14   Il n’en ressort pas clairement.   Est-ce que vous avez rejoint

 15   l’unité HOS de Darko Kraljevic ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais j’étais à Dalj et Vukovar

 17   en 1991.  Bien évidemment que j’ai rejoint leurs rangs.

 18  Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous

 19   étiez en Bosnie-Herzégovine dans leurs unités ?

 20  LE TÉMOIN (interprétation) :  Je suis allé jusqu’à

 21   Dubrovnik et c’est là où je me suis arrêté.

 22  Me KOVACIC (interprétation) :  À quel moment vous

 23   êtes arrivé, avec quelle armée, avec quelle unité jusqu’à

 24   Dubrovnik ?  Est-ce que vous étiez civil ou bien soldat ?

 25  LE TÉMOIN (interprétation) :  Je suis arrivé à Dubrovnik ou


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  1   plutôt à Kupari car Blaz Kraljevic opérait à Kupari.  Ensuite, je me

  2   suis dirigé vers Trebinje et en avril ou en mai 1992 à près, je ne

  3   pourrais pas vous le dire très exactement, je me suis arrêté.

  4  Me KOVACIC (interprétation): Mais je ne comprends toujours pas.

  5   Quelle était votre fonction ?  Quel était le poste que vous occupiez?

  6  LE TÉMOIN (interprétation) :  Vous savez très bien que le HOS a

  7   été détruit… ne fonctionnait pas de manière structurée jusqu’en 1992.

  8   Moi, j’étais à Vukovar et j’étais ensuite à Zagreb avec Monsieur

  9   Karakas.  Je lui ai dit qu’à Dalj, il y avait un émetteur radio.

 10  Me KOVACIC (interprétation): Mais laissons de côté ce que vous dites.

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais si vous ne voulez pas que je

 12   vous donne des détails, à ce moment-là, ne me posez pas de questions

 13   auxquelles il me faut vous donner des précisions.

 14   Me KOVACIC (interprétation) : Je voulais tout simplement savoir

 15   quel était le poste que vous occupiez, quelle était votre fonction.

 16  LE TÉMOIN (interprétation) :  J’étais ami du peuple croate.

 17  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous avez parlé de

 18   Monsieur Karakas.  Qui était cette personne ?

 19  LE TÉMOIN (interprétation) :  Monsieur Karakas était un des

 20   adjoints du ministre de la Défense de l’époque, Monsieur Spegelj.  Il

 21   était un des adjoints.  Je ne peux pas vous dire exactement lequel.

 22  Me KOVACIC (interprétation) :  On va essayer de surmonter les

 23   confusions.  Est-ce que vous êtes sûr qu’il s’agissait de Karakas ou

 24   bien éventuellement, vous avez parlé de Kikas ?

 25  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Je suis sûr


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  1   qu’il s’agissait de Karakas tout simplement parce qu’on

  2   l’avait cherché en bas et moi, je me souviens très bien.

  3  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous n’étiez pas

  4   content non plus avec les contacts que vous aviez avec lui ?

  5  LE TÉMOIN (interprétation) :  Je n’étais pas

  6   content avec lui mais il m’a donné un numéro de téléphone

  7   et je n’ai jamais pu le joindre à ce numéro de téléphone.

  8  Me KOVACIC (interprétation) :  Et c’est la raison

  9   pour laquelle vous avez rompu cette relation ?

 10  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  J’ai rompu cette relation.

 11  Me KOVACIC (interprétation) :  Et vous êtes parti où ?

 12  LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais j’ai essayé de

 13   rejoindre Glavas et Osijek.

 14  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous parlez de 1992 là maintenant ?

 15  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 16  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous avez parlé de ce téléphone muet.

 17   C’est quelque peu comme entre les officiers de renseignement et

 18   d’information et de propagande qu’on parle de ce genre de téléphone ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Il y avait un certain nombre de choses

 20   que je connaissais, que j’aurais pu ne pas savoir mais comme mon père

 21   a été tué à peu près de la même manière, comme moi, j’aurais pu être

 22   tué, mon père a été tué.  Également, on lui avait tendu le piège, on

 23   l’avait traité de Oustashi, et cætera, moi, j’aurais pu également

 24   tomber dans le même piège.  C’est la raison pour laquelle j’ai étudié

 25   ça de très près et je connaissais, comme je vous l’ai dit, l’histoire


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  1   et le reste.

  2   Me KOVACIC (interprétation): Merci.  Vous avez parlé aujourd’hui d’un

  3   certain nombre de choses qui se rapportaient aux grades.  Vous avez

  4   dit que votre supérieur, le feu Darko Kraljevic, avait le grade du

  5   colonel. Je pense que nous avons même vu un document qui en témoigne.

  6   Est-ce que vous savez s’il y avait des grades également au sein du

  7   HVO et, pour parler très précisément, au sein de la brigade de Vitez?

  8   LE TÉMOIN (interprétation): Ce n’était pas des grades qui étaient des

  9   grades officiels.  Il y avait un certain nombre de grades qui étaient

 10   portés par les commandants, les commandants de groupes et c’était des

 11   insignes ronds, c’était des symboles pour dire major, commandant,

 12   capitaine, sergent, et cætera. Alors que nous, oralement, on nous a

 13   dit: «Toi, tu es lieutenant, sous- lieutenant, l’autre est sergent »,

 14   et cætera.  Mais officiellement, ce n’est que Monsieur Tudjman qui

 15   aurait pu reconnaître un grade et délivrer un grade.

 16   Me KOVACIC (interprétation): Monsieur, vous avez eu l’occasion, vu

 17   les circonstances dans lesquelles vous avez vécu, de voir qu’il y

 18   avait un certain nombre d’ordres écrits qui ont été délivrés et vous

 19   avez dû voir ces ordres écrits qui parvenaient dans votre unité et

 20   provenant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et qui ont été

 21   délivrés par Monsieur Blaskic.  Est-ce que vous avez eu l’occasion de

 22   les voir ces ordres ?

 23  LE TÉMOIN (interprétation) :  Au cours de la deuxième moitié

 24   de 1993, oui.

 25  Me KOVACIC(interprétation): Est-ce que vous avez pu constater sur ces


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  1   ordres écrits que des personnes ont été désignées avec leur grade?

  2  LE TÉMOIN (interprétation) :  Toutes mes déclarations, toutes

  3   informations et les rapports étaient signés avec le grade, y compris

  4   toute demande envoyée, moi, j’ai dit Lieutenant Breljas et l’inverse

  5   était vrai également.

  6  Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur Breljas, je vais vous

  7   demander de vous concentrer sur les questions que je vous pose.  Vous

  8   nous parlez des Vitezovis.  Moi, je vous ai demandé des documents,

  9   des ordres qui émanaient de la zone opérationnelle de Vitez.  Pour

 10   parler très concrètement, est-ce que vous avez vu que Monsieur

 11   Blaskic signait les ordres avec son grade qui suivait ?

 12  LE TÉMOIN (interprétation) :  Je n’ai pas fait

 13   attention véritablement.  Très franchement parlant, moi, je

 14   dois dire que je n’ai pas véritablement fait attention.

 15  Me KOVACIC (interprétation) :  C’est une réponse également. 

 16   Dites-moi s’il vous plaît, est-ce que vous avez vu un ordre écrit qui

 17   a été délivré et signé par Monsieur Cerkez ici présent ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

 19   Me KOVACIC (interprétation) :  Jamais ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

 21   Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous avez eu

 22   l’occasion en revanche d’entendre dire que qui que ce soit

 23   s’adressait à Monsieur Cerkez en utilisant le grade ?

 24   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 25   Me KOVACIC (interprétation) :  Et quel était ce grade ?


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  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Colonel.

  2   Me KOVACIC (interprétation) :  Vous parlez de quelle période ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) : Je parle du 1er novembre 1993. Au moment

  4   où il est arrivé pour brûler ce cierge, moi, je me suis adressé à

  5   lui, j’ai dit : « Monsieur le Colonel, c’est le cierge qui est

  6   réservé pour vous. »

  7   Me KOVACIC (interprétation) :  Jusqu’à maintenant, nous ne

  8   l’avons jamais appris.  C’est bien la première fois.

  9   LE TÉMOIN(interprétation): Je ne sais pas si vous l’avez entendu mais

 10   il est vrai que je me suis adressé à lui comme ça. De toute façon,

 11   vous n’avez pas pu entendre ce que j’ai dit car vous à Zagreb à ce

 12   étiez moment-là.

 13   Me KOVACIC (interprétation) :  Pourrais-je vous poser une

 14   autre question ?  C’était le mois de novembre 1993 ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 16   Me KOVACIC (interprétation):  Mais si vous aviez eu l’occasion…

 17   je reformule la question.  Est-ce que vous avez eu l’occasion avant

 18   le mois de novembre de rencontrer directement Monsieur Cerkez ?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 20   Me KOVACIC (interprétation): C’était quelle période, s’il vous plaît?

 21  LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était au moment où le convoi a

 22   été arrêté.  C’était au mois de juillet.  C’était le Convoi du Salut.

 23  Me KOVACIC (interprétation) :  Et comment vous vous êtes

 24   adressé à lui à cette époque-là ?

 25  LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne me souviens pas.


Page 11805

  1  Me KOVACIC (interprétation) :  Ceci également est une réponse.

  2  LE TÉMOIN (interprétation): Je ne sais pas. Je ne sais même pas si je

  3   me suis adressé à lui.  Oui.  Il m’avait demandé de m’adresser à lui.

  4   Mais de toute façon, je me souviens qu’il y avait Darko Kraljevic qui

  5   était avec nous. Je ne me souviens plus comment je me suis adressé à

  6   lui.

  7   Me KOVACIC (interprétation) :  À ce moment-là, vous ne savez

  8   pas s’il y avait deux grades ?

  9  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.

 10  Me KOVACIC (interprétation) :  Il en ressort de votre déposition que

 11   vous avez obtenu le grade de lieutenant, qui est sur le plan

 12   hiérarchique un grade important, une dizaine de jours après

 13   la date où vous avez rejoint les rangs des Vitezovis ?

 14  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 15  Me KOVACIC (interprétation) :  Et à ce moment-là, vous étiez un

 16   homme tout à fait nouveau, n’est-ce pas, dans la ville de Vitez ?

 17  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, tout à fait.

 18  Me KOVACIC (interprétation) :  Personne ne vous connaissait ?

 19  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, absolument.

 20  Me KOVACIC (interprétation) :  Plus tard, vous avez été chargé

 21   de la logistique ?

 22  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Quand Jozo Buha a commencé

 23   à voler, à piller, moi, je me suis chargé de cette fonction.

 24  Me KOVACIC (interprétation) :  Mais à ce moment-là, vous

 25   n’étiez plus l’officier de l’IPD ?


Page 11806

  1  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  À ce moment-là, j’avais les

  2   deux fonctions.

  3  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous avez parlé également de quelques

  4   autres activités. Vous avez parlé également de ces cierges que vous

  5   avez destinés à chacun. Vous avez parlé également des soldes. Mais il

  6   y a quelque chose qui me tracasse. Je voudrais vous poser la question

  7   suivante.  Est-ce que les Vitezovis avaient également un officier qui

  8   était chargé d’approvisionnement ?

  9  LE TÉMOIN (interprétation): Non, pas au début. Ce n’était qu’au cours

 10   de la deuxième moitié de l’année.  Je parle de la zone opérationnelle

 11   de Vitez.  Vous, vous parlez de la région opérationnelle.

 12   Me KOVACIC (interprétation) :  Vous voulez dire qu’à partir de

 13   la deuxième moitié de cette année, il y avait quelqu’un qui était

 14  chargé d’approvisionnement ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Pas directement pour Vitezovis

 16   mais au niveau de la région opérationnelle.

 17   Me KOVACIC (interprétation) :  Et au niveau des unités ?  

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était l’officier IDP de

 19   l’information et de la propagande.

 20  Me KOVACIC (interprétation) :  On va revenir à ce que vous avez dit

 21   tout à l’heure et ce que vous avez répondu au Procureur.  Vous avez

 22   parlé d’une affaire délictueuse et vous avez dit également que c’est

 23   le Tribunal du Canada qui avait émis une sanction à votre encontre.

 24  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, tout à fait.

 25  Me KOVACIC (interprétation) :  D’après les informations que


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  1   j’ai pu obtenir de mes propres collaborateurs, nous avons appris que

  2   pour la première fois, vous avez pris contact avec l’unité Vitezovis

  3   au moment où l’attaque a été organisée contre la station d’essence

  4   nommée Kalem.  Est-ce que vous vous souvenez de cet incident ?

  5   C’était une station d’essence dénommée Kalem.

  6  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, je m’en souviens.

  7  Me KOVACIC (interprétation) :  C’était le 16 avril 1993 ?

  8  LE TÉMOIN (interprétation) :  C’était avant le 16 avril.  Le

  9   16 avril, c’est une station d’essence qui a été prise définitivement.

 10  Me KOVACIC (interprétation) :  Est-il vrai qu’au moment où les

 11   combats ont été menés pour cette station d’essence, un membre des

 12   Vitezovis, Kozina, avait tiré sur vous ?

 13  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  Moi, j’ai traversé la route

 14   où les coups de feu étaient les plus violents et il m’a dit

 15   ultérieurement : « J’ai failli te tuer. »  C’est ce qu’il m’a dit.

 16   Mais il n’a pas tiré.  S’il avait tiré, il m’aurait tué.

 17  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous avez dit que c’était une attaque

 18   qui avait commencé avant le 16 avril. Qu’est-ce que vous dites avant?

 19   LE TÉMOIN (interprétation) :  Ils se sont préparés clandestinement

 20   pour prendre cette station d’essence.

 21   Me KOVACIC (interprétation) :  Mais d’après ce que vous nous avez

 22   relaté ce matin, vous étiez à Travnik ?

 23   LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, pas à Travnik, à Zenica.

 24   Me KOVACIC (interprétation) :  Oui.

 25   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais je sais qu’ils se sont préparés


Page 11808

  1   pour attaquer cette station d’essence.

  2   Me KOVACIC (interprétation):  Avant que vous partiez à Zenica ?

  3   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, tout à fait car c’était la

  4   première côte qu’il fallait prendre, il fallait s’en emparer.

  5  Me KOVACIC (interprétation) :  Par conséquent, Kozina a failli

  6   vous tuer.  C’est ce qu’il vous a dit ?

  7  LE TÉMOIN (interprétation) :  C’est ce qu’il m’a dit.  Je ne

  8   sais pas si c’est vrai ou non.  C’est ce qu’il m’avait dit.

  9  Me KOVACIC (interprétation) :  Nous avons d’autres informations selon

 10   lesquelles les Vitezovis vous ont arrêté, vous ont détenu à ce

 11   moment-là et que c’était bien la première fois que vous les avez

 12   rencontrés, qu’avant, vous ne les connaissiez même pas?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais comment ?  Ce n’est pas possible

 14   car j’étais interprète ce jour-là.

 15   Me KOVACIC (interprétation) :  D’accord.  Ce n’est pas exact ce que

 16   nous avons appris.  Est-ce que pendant votre séjour à Vitez,

 17   vous avez eu des contacts avec une femme ?

 18  LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai habité chez une certaine

 19   dame qu’on appelait Kata et elle était en face de Dragan Vinac.

 20  Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que c’est Kata Rajic ?

 21  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 22  Me KOVACIC (interprétation) :  Et vous avez logé chez elle ?

 23  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 24  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous êtes en bonne relation

 25   avec cette femme ?


Page 11809

  1   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

  2  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous êtes en relation intime

  3   avec cette femme ?

  4  LE TÉMOIN (interprétation) :  Je pense que je ne dois pas

  5   répondre à cette question.  Ce n’est pas une question à propos.

  6  Me KOVACIC (interprétation) :  Et vous êtes parti de chez elle

  7   en 1994 quand vous avez quitté Vitez ?

  8  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  En avril 1994.  C’était plus

  9   précisément le 15 avril 1994.

 10  Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous l’avez rencontrée

 11   en 1996 et 1997, à deux reprises quand vous êtes passé par Vitez et

 12   au moment où vous avez souhaité régler vos droits ?

 13   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 14   Me KOVACIC (interprétation) :   Tout simplement pour pouvoir

 15   participer également aux titres qui ont été distribués ?

 16   LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, bien évidemment. J’étais chez elle.

 17   Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous avez réussi à

 18   vous inscrire sur les listes qui ont été établies en vertu de la

 19   réglementation en vigueur car il fallait reconnaître l’ancienneté

 20   et puis des soldes, des titres ?

 21   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  J’ai reçu sous une enveloppe

 22   deux soldes qui m’attendaient.  Je ne savais même pas que j’allais

 23   les recevoir.

 24   Me KOVACIC (interprétation) :  C’était les deux soldes qu’on

 25   vous devait ?


Page 11810

  1  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  Je ne sais pas pour quels

  2   mois exactement mais de toute façon, il y avait les deux soldes qui

  3   m’attendaient, comme j’ai dit, dans une enveloppe.

  4  Me KOVACIC (interprétation) :  Et en même temps,

  5   vous avez également essayé de vous inscrire sur la liste

  6   pour pouvoir participer aux titres ?

  7  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, c’est vrai.

  8  Me KOVACIC (interprétation) :  Est-ce que vous avez réussi à

  9   vous inscrire sur ces listes ?

 10  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 11  Me KOVACIC (interprétation) :  Tout à l’heure, vous avez dit

 12   que vous avez logé chez Madame Kata Rajic mais vous nous avez dit

 13   également que quelques jours auparavant, dès que vous êtes arrivé

 14   à Vitez, vous étiez à l’école.

 15  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  C’était au cours des

 16   deux premiers mois.

 17   Me KOVACIC (interprétation) :  Pendant que la guerre se préparait ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 19  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous étiez à l’école au début ?

 20  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 21  Me KOVACIC (interprétation) :  Et ensuite, vous êtes allé

 22   loger chez cette dame ?

 23  LE TÉMOIN (interprétation) :  Mais j’étais pratiquement tout

 24   le temps à l’école et puis j’allais chez cette dame parce que c’est

 25   elle qui s’occupait de mon linge, et cætera.  Mais la plupart du


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  1   temps, je le passais à l’école.

  2   Me KOVACIC (interprétation) :  D’accord.  On s’est compris. 

  3   Mais avant, vous avez habité également chez une dame qui était une

  4   des premières voisines de cette dame dénommée Kata qui s’appelait

  5   Mira Pocrnja, n’est-ce pas ?

  6   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.  J’ai passé 15

  7   jours chez elle et ensuite, je suis allé chez Kata.

  8   Me KOVACIC (interprétation) :  Mais elle vous a

  9   mis à la porte parce que vous lui avez donné des coups ?

 10   LE TÉMOIN (interprétation) :  Monsieur, je pense que ce n’est pas une

 11   question qui vous concerne.  Ça me concerne.  Je ne vais certainement

 12   pas parler de ça.

 13   Me KOVACIC (interprétation) :  D’accord.  Mais de toute façon, vous

 14   avez habité chez elle ?

 15   LE TÉMOIN (interprétation) :  Peut-être que j’ai habité

 16   chez elle.  Je peux vous dire également que je n’ai pas

 17   habité chez elle.  Ceci ne vous concerne pas du tout.

 18  Me KOVACIC (interprétation) :  Entendu !  Est-il exact,

 19   Monsieur Breljas, qu’à plusieurs reprises, vous avez

 20   photographié tous les membres de l’unité des Vitezovis ?

 21  LE TÉMOIN (interprétation) :  Ce n’est pas exact.

 22  Me KOVACIC (interprétation) :  Ou en tout cas, une

 23   majorité d’entre eux ?

 24  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non, c’est inexact.  J’ai

 25   essayé simplement de photographier les soldats tués.  Je les ai


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  1   pratiquement tous photographiés pour pouvoir donner leurs photos

  2   à leurs familles et puis il y en avait deux qui n’avaient pas

  3   leurs documents d’identité et l’un d’entre eux avait perdu

  4   ses documents d’identité.  Donc, je les ai photographiés pour

  5   l’obtention de nouveaux papiers militaires.

  6   Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez dit que c’est

  7   dix jours après votre arrivée que Darko vous a

  8   affecté à l’information et à la propagande ?

  9   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui, oui, en effet.  En tant

 10   qu’adjoint à l’information et à la propagande parce que

 11   le chef de l’IPD était Marinko Plavcic à ce moment-là et moi,

 12   j’ai été affecté au poste d’adjoint de Marinko Plavcic.

 13  Me KOVACIC (interprétation) :  Et c’est ce que vous a dit

 14   oralement Darko Kraljevic ?

 15  LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 16  Me KOVACIC (interprétation) :  Vous n’avez pas eu de

 17   document écrit pour cette affectation ?

 18  LE TÉMOIN (interprétation) :  Que voulez-vous dire ?

 19  Me KOVACIC (interprétation) :  Bien, un document écrit.

 20  LE TÉMOIN (interprétation) :  Bien sûr, j’en ai reçu.  J’ai

 21   reçu un certificat comme quoi j’étais l’adjoint à l’IPD, au sein

 22   des Vitezovis.  Donc, j’ai reçu un papier écrit de Kostroman.  De

 23   Kostroman, j’ai reçu un papier qui signifie de quel moment à quel

 24   moment j’ai occupé ces fonctions parce que Kostroman était chargé

 25   des responsables à l’IPD de plus haut rang.


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  1  Me KOVACIC (interprétation) :  Eh bien, je vous prie de

  2   m’excuser.  Apparemment, je ne vous ai pas posé la bonne question.

  3   Mais ce matin, nous avons examiné le document Z1075.

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

  5   Me KOVACIC (interprétation) :  C’est un document qui date du

  6   18 juin.  Donc, c’était encore l’époque désorganisée où vous dites

  7   qu’il n’existait aucun document mais là, nous avons sous les yeux

  8   un document parfaitement bien rédigé qui nomme le Colonel Darko

  9   Kraljevic au poste de chef adjoint du centre de l’information et de

 10   la sécurité pour la Bosnie centrale.

 11   LE TÉMOIN (interprétation) :  Oui.

 12   Me KOVACIC (interprétation) :  Au début ou disons dans les 10

 13   ou 15 premiers jours après votre arrivée, donc à la fin avril ou au

 14   début du mois de mai, vous avez été nommé par Darko au poste

 15   d’officier chargé de l’information et de la propagande.  À ce moment-

 16   là, au moment de votre nomination ou dans les quelques jours qui ont

 17   suivi, avez-vous reçu un document vous signifiant cette nomination ?

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Bien entendu.  Automatiquement,

 19   je suis allé au quartier général où se trouvait Dragan Vinac,

 20   Kraljevic, Miso Mijic, les commandants et un autre responsable à

 21   l’information et à la propagande.

 22   Me KOVACIC (interprétation) :  Oui, mais vous nous expliquez

 23   tout cela, vous l’avez déjà fait.  Ce que je vous demande, c’est si

 24   vous avez reçu un document lorsque vous êtes devenu commandant.  Vous

 25   nous avez parlé de cette nomination mais avez-vous reçu un document


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  1   vous nommant à ce poste ?

  2   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je ne sais pas ce que vous voulez

  3   dire.  De quel genre de document parlez- vous ?  J’ai été nommé, j’ai

  4   mon nom sur la liste de commandement si j’ai été nommé et j’ai reçu

  5   un document militaire.  Quoi d’autre ?

  6  Me KOVACIC (interprétation) : Écoutez, je dois répéter ma question au

  7   témoin.  Voulez-vous vous tourner vers moi, je vous prie? Pouvez-vous

  8   regarder dans cette direction ?  Ceci est un document qui a été signé

  9   par Miso Mijic et qui nomme Darko Kraljevic à tel et tel postes, à

 10   savoir chef adjoint.  Est-ce que vous avez reçu un document du même

 11   genre par lequel Darko Kraljevic vous nommait à votre poste ?

 12         LE TÉMOIN (interprétation) :  Monsieur, vous êtes en train de

 13   parler de l’officier de rang supérieur, de l’officier le plus

 14   important pour les Croates de Bosnie et maintenant, vous vous

 15   adressez à quelqu’un qui était à un rang tout à fait inférieur.

 16   Alors, bien entendu, je n’ai pas reçu le même genre de document. J’ai

 17   reçu cela de Kostroman et, bien entendu, j’ai ce document parmi mes

 18   documents.

 19   Me KOVACIC (interprétation) : De quel genre de document parlez-vous ?

 20   LE TÉMOIN (interprétation) :  Du document qui m’a été émis

 21   par le responsable à l’information et à la propagande.  Ça, c’est

 22   la vérité et c’est celui qui me nomme au nom de Monsieur Kostroman,

 23   du Colonel Kostroman à mon poste.

 24  Me KOVACIC (interprétation) :  Mais c’était plus tard ?

 25  LE TÉMOIN (interprétation) :  Non.  C’est la


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  1   confirmation de ma nomination.

  2  Me KOVACIC (interprétation) :  Mais vous n’avez

  3   aucun document vous nommant à ce poste ?

  4  M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Excusez-moi, je dois vous

  5   interrompre, Me Kovacic. Nous avons déjà entendu cela plusieurs fois.

  6   Il est 16 h 07 et j’aurais aimé que cette déposition se termine cet

  7   après-midi.  Est- ce que vous en avez encore pour beaucoup de temps ?

  8  Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le Président, je n’ai

  9   pas encore réussi à réorganiser mes notes initiales, ce que j’avais

 10   prévu pour l’audition de ce témoin.  Je n’ai pas réussi à les

 11   réorganiser après la fin de l’interrogatoire principal.  Donc,

 12   j’aurais dû mal à vous répondre mais il me faudra sans doute encore

 13   une heure et demie, pas plus en tout cas.

 14  M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Kovacic, personne pour le

 15   moment n’a eu besoin d’une heure et demie.  Nous allons à présent

 16   suspendre l’audience mais je vous prierais de bien vouloir raccourcir

 17   un petit peu votre interrogatoire.  Le témoin a déjà parlé à peu près

 18   une heure et demie dans le cadre des deux interrogatoires qui ont

 19   précédé et il n’a mentionné votre client qu’une seule fois, à moins

 20   que je ne me trompe.

 21  Me NICE (interprétation) :  Monsieur le Président, puis-je

 22   disposer de quelques minutes ?

 23  Me KOVACIC (interprétation): Excusez-moi, je voudrais répondre.

24   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Bien sûr.

25   Me KOVACIC (interprétation) :  Je vais m’efforcer de faire de mon


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  1   mieux et de me limiter simplement aux passages où le témoin a

  2   fait référence à mon client.

  3   M. LE PRÉSIDENT (interprétation):  Très bien! Merci.  À demain

  4   matin.  Monsieur Breljas, pouvez-vous revenir à 9 h 30 demain matin

  5   pour conclure votre déposition ?  Je suis au regret de vous dire que

  6   la conclusion de votre interrogatoire n’a pas pu être atteinte

  7   aujourd’hui mais nous espérons pouvoir le faire demain.

  8   LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci bien.

  9   M. LE PRÉSIDENT (interprétation): Vous pouvez vous retirer à présent.

 10                     [Le témoin se retire]

 11   Me NICE (interprétation):  Monsieur le Président, j’aimerais quelques

 12   instructions de la Chambre au sujet des témoins que nous entendrons

 13   cette semaine et la semaine prochaine.  Il nous reste quatre jours la

 14   semaine prochaine à notre disposition et nous entendrons le Colonel

 15   Stewart qui ne sera sans doute pas un témoin très court car il parle

 16   des deux accusés.  Nous avons un témoin qui a demandé des mesures de

 17   protection et auquel un témoin antérieur a déjà fait référence. 

 18   Payam Akhavan en a parlé, vous vous en souviendrez.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Lui ne devrait pas durer très

 20   longtemps ?

 21   Me NICE (interprétation) :  En effet.  Nous avons un témoin sur

 22   le fond qui, je crois, demande des mesures de protection mais qui

 23   vient d’une autre partie au conflit.  J’en ai parlé au départ.  Et

 24   ensuite un autre témoin assez court. Donc, la semaine prochaine, pour

 25   les quatre jours prévus, nous aurons sûrement suffisamment de témoins

 


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  1   pour trois jours ou trois jours et quelques, peut-être même pour

  2   les quatre jours.  Et si, en raison de ce qui a été dit ce matin,

  3   il n’y a pas d’audience la semaine prochaine, j’aimerais pouvoir

  4   commencer l’annulation de la venue de ces témoins maintenant.

  5   Mais si la Chambre doit siéger, j’aimerais savoir si je dois

  6   prévoir un témoin supplémentaire en attente au cas où les quatre

  7   témoins en question ne dureraient pas les quatre jours.  Pour

  8   cette semaine, je n’ai pas pu réussir à établir le contact avec

  9   le témoin [expurgée]. Un autre témoin pourra déposer mercredi

 10   sans controverse car la Défense souhaite entendre également ce

 11   témoin.  J’ai parlé avec ce témoin au téléphone.  La Chambre en a

 12   déjà entendu parler. Les deux autres témoins commencer demain et

 13   nous mener jusqu’à mercredi au plus tard.  Donc, il serait sans

 14   doute prudent de ne pas essayer de glisser un nouveau témoin dans

 15   l’après-midi de mercredi car son audition risque de ne pas être

 16   achevée.  Peut-être pourrions-nous consacrer l’après-midi de

 17   mercredi à l’audition d’arguments au sujet des dossiers qui ont

 18   été signifiés si les deux Juges présents dans cette Chambre

 19   peuvent traiter de cette question dans cette configuration.

 20  M. LE PRÉSIDENT (interprétation): J’en doute et je crois qu’il ne

 21   serait pas bon de citer à la barre un témoin si son audition ne

 22   doit pas être achevée.  Monsieur Beese, je parle en mon nom

 23   personnel, je pense que son audition ne devrait pas se dérouler

 24   cette semaine ou la semaine prochaine étant donné les arguments

 25   entendus de la part de la Défense. S’agissant des témoins prévus


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 1   pour la semaine prochaine, nous n’avons pas encore réglé la

  2   question mais nous vous apporterons une réponse le plus tôt

  3   possible.

  4   Me STEIN (interprétation) :  Mais qu’en est-il donc de l’ordre de

  5   bataille pour cette semaine ou la semaine prochaine après tout

  6   ce qui a été dit ?

  7   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous pouvez en

  8   informer la Défense, Me Nice.

  9   Me NICE (interprétation) :  Je le redirai à la Défense.

 10   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, 9 h 30 ici même

 11   demain matin, je vous prie.

 12         --- L’audience est levée à 16 h 15 pour

 13         reprendre le mardi 11 janvier 2000 à 9 h 30

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