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1 Le lundi 10 janvier 2000
2 [Audience publique]
3 -- L’audience débute à 9 h 35
4 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Bonjour, Monsieur
5 le Président. Bonjour, Monsieur le Juge. L’affaire IT-95-
6 14/2-T, Le Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Nice, c’est avec beaucoup de
8 regret que je dois vous annoncer que l’épouse du Juge Robinson est
9 décédée il y a peu. Je suis sûr que nous tous nous tenons à formuler
10 nos condoléances les plus vives au Juge Robinson. Étant donné les
11 circonstances présentes, le Juge Robinson sera absent pendant une
12 quinzaine encore. Il reviendra le 24 janvier.
13 Me NICE (interprétation) : Nous tous ici présents, Monsieur le Président,
14 nous voulons adresser nos condoléances au Juge Robinson, peut-être par
15 votre truchement ou à titre privé. Je suis sûr que je parle au nom de
16 chacun et de chacune d’entre nous car nous admirions dans le silence
17 Monsieur le Juge Robinson pour les souffrances qu’il a subies sans pour
18 autant être distrait du travail qui était le sien alors qu’il siégeait
19 dans cette affaire.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Nice, nous veillerons à ce que
21 vos propos soient formulés auprès du Juge Robinson, qu’il en soit informé.
22 Je voudrais vous parler maintenant du programme qui sera le nôtre au
23 cours de cette quinzaine. Nous avons un nouvel article du Règlement,
24 l’Article 15 bis, lequel stipule que pour une raison particulièrement
25 urgente, que ce soit pour une cause de maladie ou pour toute autre raison,
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1 un Juge se trouve dans l’impossibilité de siéger dans une formation, et
2 ceci pour une période qui sera sans doute courte, les deux autres Juges,
3 s’ils sont convaincus que ceci est dans l’intérêt de la justice, peuvent
4 décider de poursuivre les audiences en l’absence du Juge pour une période
5 qui n’excédera pas trois jours.
6 Nous avons examiné cet article du Règlement et nous estimons qu’il
7 est dans l’intérêt de la justice que les audiences se poursuivent cette
8 semaine, tout du moins pour une période de trois jours. Mais nous allons
9 voir ce que chacune des parties va peut-être vouloir nous présenter en
10 guise d’argument.
11 S’agissant du jeudi et du vendredi de cette semaine, ils sont, de
12 toute façon, réservés pour des audiences ex parte. En temps voulu, il
13 faudra voir s’il est adéquat de poursuivre les audiences, celles-là du
14 moins, même si pour le moment nous allons peut-être vouloir le faire.
15 Pour ce qui est de la semaine prochaine, cette affaire est inscrite
16 au rôle pour quatre jours d’audience et nous verrons ce que les parties
17 pensent. Nous verrons s’il est possible de poursuivre les audiences au
18 cette semaine suivante. Avez-vous des propositions à nous faire, Me Nice ?
19 Me NICE (interprétation) : Pas sur ce point, Monsieur le Président.
20 Me STEIN (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. N’est- il pas
21 vraiment navrant que nous devions commencer ce nouveau millénaire
22 sur une note aussi sombre. Je vous prierais de remettre nos condoléances à
23 Monsieur le Juge Robinson.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : J’y veillerai.
25 Me STEIN (interprétation) : S’agissant de la semaine prochaine, ceci va
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1 peut-être poser des problèmes, ne serait-ce que parce que ceci
2 représentera une nouvelle obligation de travail pour le Juge Robinson
3 qui devra prendre connaissances des comptes rendus d’audience de cette
4 semaine-ci. Nous tenons, bien sûr, chacun d’entre nous, à poursuivre ce
5 procès, mais il n’est peut-être pas dans l’intérêt général de le faire.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pour ce qui
7 est de cette semaine-ci, vous n’avez pas d’objection ?
8 Me STEIN (interprétation) : Pas la moindre.
9 Trois journées d’audience, ça me paraît correct.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation): Que pensez-vous? Est-ce que trois jours
11 d’audience pendant la semaine prochaine ne sera peut-être trop dur pour le
12 Juge Robinson ?
13 Me STEIN (interprétation) : Vous savez, Monsieur le Président, vous serez
14 quand même le mieux à même de juger si c’est trop lourd pour le Juge
15 Robinson.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Si nous étions d’un avis contraire au
17 vôtre, auriez-vous des observations particulières à formuler ?
18
19 Me STEIN (interprétation) : Non, Monsieur le Président.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Nice ?
21 Me NICE (interprétation) : Pas de remarques à faire, mais évidemment si
22 nous n’avons pas d’audience la semaine prochaine, je devrai annuler la
23 comparution de témoins.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Effectivement, il faudra penser à
25 cet aspect-là, à la lumière des observations ou des propositions faites.
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1 Me NICE (interprétation) : Permettez-moi de vous dire ce qu’il en est
2 des témoins. À titre officieux, certaines inquiétudes ont été formulées
3 la semaine dernière : Est-ce que nous aurions suffisamment de témoins
4 pour poursuivre les audiences toute cette semaine ?
5 Nous avons un témoin qui s’appelle Breljas aujourd’hui. Il va
6 nécessiter un certain temps d’audience, mais je pense que nous pourrons, à
7 l’instar des autres témoins, avoir une comparution rapide. Puis, nous
8 avons de Boer et Van der Pluijm. J’espère qu’aucun de ces deux ne posera
9 de problème, du moins pour ce qui est de la longueur de leur déposition.
10 Or cette semaine, nous avions également prévu deux témoins pour
11 lesquels les injonctions de comparution avaient été décernées. Rappelez-
12 vous, Messieurs les Juges, c’était un programme poursuivi de témoins qui
13 avaient été cités à comparaître par voie d’injonction pour cette semaine-
14 ci et pour la semaine prochaine. Il faudra voir ce qu’il en est pour les
15 dates qu’il faudra prévoir pour ceux- ci. Ceux de cette semaine-ci n’ont
16 pas expliqué effectivement pourquoi ils n’ont pas réagi. Cette semaine,
17 la Chambre pourra voir si elle peut prendre des mesures supplémentaires
18 pour veiller à ce qu’ils comparaissent, si vous pensez qu’il est adéquat
19 1de le faire.
20 Je préférerais ne pas aborder ce sujet dès maintenant. Je
21 préférerais commencer la déposition du Témoin Breljas pour deux
22 raisons : Tout d’abord, c’est que nous pourrons peut-être explorer
23 davantage la question puisque c’est la première fois de cette semaine que
24 nous allons avoir l’équipe au complet et puis, nous voudrions avoir l’avis
25 du Bureau du Procureur, à titre officiel, au niveau de la structure pour
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1 que celui-ci nous dise si la Chambre doit faire appel à toutes ses
2 compétences afin de produire la comparution des témoins. Bien sûr,
3 je dois veiller de temps à autre à ce qu’il n’y ait pas d’avis plus
4 officiel du Bureau du Procureur qui ne vous soit pas soumis. Je pourrais
5 vous en dire ce qu’il en est demain.
6 Il y aura peut-être des témoins supplémentaires cette semaine.
7 Je pense à trois témoins en particulier. Il y a d’abord une vidéo prise
8 de la vallée de la Lasva depuis les airs. Ceci a été enregistré quelques
9 semaines après les faits, mais les dégâts étaient plus visibles, plus
10 apparents sur le terrain même. Même si le témoin ne faisait pas partie de
11 ce vol-là, il connaît très bien la région et il pourrait être présent à
12 l’audience alors que nous diffusons cette cassette de 40 minutes. Il
13 pourra nous dire quels sont tel ou tel village. Ce ne sera nécessaire
14 que dans une mesure tout à fait limitée puisque vous verrez apparaître le
15 nom des villages au fur et à mesure que se déplace l’hélicoptère d’un
16 village à l’autre. Nous nous pourrons avoir cette déposition, mais
17 manifestement, nous aimerions que le Juge Robinson soit présent pour qu’il
18 sionne ce film en même temps que vous.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, je crois que c’est
20 quelque chose tout à fait important. Il faudrait prévoir une telle
21 comparution au moment où le Juge Robinson sera parmi nous.
22 Me NICE (interprétation) : Parfait ! Puis, nous avons deux témoins
23 dont les résumés ont été préparés et notifiés la semaine dernière.
24 Nous avons [expurgée]. Je ne sais pas s’il est vraiment disponible.
25 Il avait été prévu dans la liste des témoins.
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1 L’autre témoin s’appelle Beese. Il n’avait pas été prévu, lui,
2 et je suppose que ceci entraîne objection de la Défense. Ce témoin
3 pourrait comparaître mercredi. Il s’appelle Christopher Beese. Il était
4 adjoint d’un témoin qui a déposé à huis clos, un témoin qui, aussi bien à
5 titre informel qu’à l’audience, a fait allusion à l’aide extrême que
6 pourrait fournir ce témoin Beese à la Chambre de première instance.
7 Vous savez que s’agissant de ce témoin protégé, nous n’avions aucun
8 accès direct. Nous n’étions même pas en mesure de nous adresser à lui de
9 façon informelle jusqu’au moment de sa comparution à l’audience. Nous
10 n’avions donc aucune idée de la façon dont nous aurions pu recueillir les
11 informations utiles et c’est lui qui nous a parlé de la façon dont il
12 faudrait peut-être contacter Monsieur Beese. C’est ce que nous avons fait
13 et ce témoin est particulièrement utile. Il ne prendra pas beaucoup de
14 temps.
15 Il est utile à deux titres : Il a été observateur vraiment
16 oculaire, de première main, d’une rencontre téléphonique entre Kordic et
17 Petkovic, ce qui nous donne une idée des rapports de pouvoir et des
18 personnes qui détenaient le pouvoir, parce que si nous avions ce type
19 d’information de seconde main, on ne sait pas l’intérêt que ceci pourrait
20 représenter, alors que l’intérêt est réel si c’est un témoin de première
21 main.
22 L’autre raison de son utilité c’est qu’il a aussi des conclusions tout à
23 fait fondées, apparemment, quant à la conduite de la guerre, des
24 hostilités et aux objectifs recherchés.
25 La Chambre devrait, bien sûr, avoir le résumé sous les yeux. Vous
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1 verrez si ce témoin peut être appelé à comparaître aujourd’hui ou demain.
2 Vous allez peut-être conclure que son opinion ne correspond pas
3 nécessairement aux opinions déjà formulées, mais ce n’est pas mauvais en
4 soi, au contraire.
5 En effet, que veux faire l’accusation ? Elle ne veut pas se
6 d’avoir une thèse tout à fait limitée, elle veut essayer de vous soumettre
7 les meilleurs éléments de preuve provenant de plusieurs personnes qui,
8 inévitablement, avaient chacun leur avis sur le conflit qui se
9 produisait et nous sommes convaincus que la Chambre pourra, à partir de
10 ces opinions et de ces faits, exprimer où se manifeste la vérité. Ce
11 témoin sera à votre disposition, mais pour ce qui est de Monsieur Beese,
12 il faudrait que je lui fasse part de son éventuelle comparution cet
13 après-midi. Si ceci n’a pas été déjà fait, Messieurs les Juges, je vais
14 vous fournir le résumé de sa déposition à lui, qui a été communiquée
15 à la Défense la semaine dernière, et nous verrons s’il est possible de le
16 citer cet après-midi après que nous aurons vu quelle est la durée de la
17 comparution de Monsieur Breljas.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
19 Me NICE (interprétation) : Mais avant la comparution de Monsieur Breljas,
20 je voudrais vous parler de la cassette vidéo qui avait été communiquée fin
21 d’année dernière, avec éventuellement une voix et qui concerne Kordic et
22 Blaskic, mais nous n’avons pas encore eu de réponse à ce propos. Monsieur
23 Breljas sera sans doute en mesure de reconnaître telle ou telle voix,
24 celle de Blaskic ou de Kordic. Pour des raisons qui tiennent à ce
25 Tribunal, vous savez que nous avons un service de conservation des
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1 éléments de preuve auquel nous n’avons pas eu accès la semaine dernière.
2 Je n’ai pas pu obtenir la cassette. Je n’ai pas pu la diffuser à Monsieur
3 Breljas avant sa déposition de ce matin. J’espère qu’aujourd’hui, nous
4 aurons l’occasion d’avoir accès à cette cassette et je demanderais à ce
5 qu’elle soit diffusée à son attention. Il pourra ainsi nous aider à
6 identifier les voix.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Que pense la Défense? Y a-t-il litige
8 à propos de cette cassette ou pas ?
9 Me STEIN (interprétation) : Cette cassette pose plusieurs problèmes.
10 D’abord, c’est une cassette incomplète. Manifestement, il y a eu une
11 interception pour cause d’écoute. Il est impossible d’avoir la totalité
12 de la cassette ou des cassettes à cause des interceptions. Ça c’est le
13 premier problème et puis ceci entraîne un problème juridique, celui de la
14 recevabilité d’éléments de preuve qui, si je ne me trompe, faisaient
15 l’objet d’une écoute téléphonique, que ce soit légalement ou illégalement,
16 avec ou sans mandat à ce propos, et si je lis bien le marc de café, je
17 pense qu’à l’époque, les écoutes étaient illégales, vu le régime en
18 vigueur.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais ceci mis de côté, ceci
20 entraînerait sûrement l’échange d’arguments sur la recevabilité, mais la
21 question est de savoir plus précisément s’il y a litige ou contestation
22 sur les voix.
23 Me STEIN (interprétation) : Effectivement, il y a litige sur ce point.
24 Me NICE (interprétation) : Les choses étant ce qu’elles sont, vous me
25 permettrez peut-être, en temps utile, dès que j’aurai la cassette ce
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1 matin, de la diffuser pour Monsieur Breljas pour voir s’il peut nous
2 aider en matière d’identification. Je vous en saurais gré. Nous allons
3 peut-être le faire au moment où nous avons un échange d’arguments sur
4 l’éventuelle comparution de Monsieur Beese cet après-midi.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Volontiers !
6 Me STEIN (interprétation) : Le problème c’est que cette cassette n’est
7 pas complète. Manifestement, elle est un peu sectionnée ou tronçonnée.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je comprends bien. Mais qui que
9 soient les personnes qui s’expriment sur la cassette, c’est là le
10 problème ?
11 Me STEIN (interprétation) : Si vous écoutez la cassette et si vous
12 comparez la voix de Monsieur Kordic comme elle est enregistrée sur
13 plusieurs autres cassettes, vous pourrez juger vous-même. Nous avons
14 un problème quant à l’exactitude de la cassette elle-même.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais j’insiste. C’est important
16 pour l’audience d’aujourd’hui, en effet. Est-ce que vous nous dites, Me
17 Stein, qu’il est accepté que la voix est bien celle de Monsieur Kordic ?
18 Me STEIN (interprétation) : Oui, c’est accepté.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Donc, il n’est pas nécessaire de citer
20 un témoin sur ce problème précis.
21 Me STEIN (interprétation) : Effectivement !
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : La question de la recevabilité, bien
23 sûr, sera abordée autrement.
24 Me STEIN (interprétation) : Pour ce qui est, en ordre inverse, de
25 l’éventuelle comparution de Monsieur Beese, il n’était pas prévu à la
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1 liste, et qui plus est, il nous est un peu soumis par surprise. On nous a
2 fait part de son éventuelle comparution au cours de la pause et nous ne
3 sommes pas prêts à l’entendre cet après-midi.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Quand avez- vous été informé de sa
5 comparution ? Quand avez-vous reçu sa déclaration ?
6 Me STEIN (interprétation) : Eh bien ! Je pense que je l’ai reçu jeudi
7 à mon retour à La Haye. Peut-être que ceci m’avait été signifié
8 auparavant. De toute façon, j’accepterai la date que pourrait me proposer
9 Madame Verhaag pour ce qui est de la communication.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais à toutes fins utiles, vous
11 ne l’avez pas reçu avant jeudi de la semaine dernière ?
12 Me STEIN (interprétation) : C’est exact.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
14 Me STEIN (interprétation) : Eh bien ! Puisque j’ai la parole, je
15 poursuis. Apparemment, il y a un rapport fourni par le Procureur sur les
16 injonctions de produire. Nous n’avons pas vu ce rapport. Je ne sais pas
17 quelles en sont les raisons au niveau de l’institution. Je ne sais pas
18 pourquoi ce rapport ne nous a pas été communiqué.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne sais pas si vous avez le droit
20 de le recevoir.
21 Me NICE (interprétation) : Pour ce qui est de Monsieur Beese, nous
22 n’avons pas de déclaration préalable le concernant. Nous étions encore
23 à la recherche de ce Monsieur jusqu’au moment où l’autre témoin l’avait
24 identifié. Je l’ai vu la semaine dernière à Londres. Je crois que dès
25 que le résumé a été préparé jeudi, il a été faxé à La Haye et puis remis
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1 dans les différents casiers des avocats de la Défense, sans doute le
2 même jour. De toute façon, Messieurs les Juges, lorsque vous verrez le
3 résumé, vous verrez si les faits qui y figurent étaient nouveaux et si
4 effectivement, la Défense était surprise de la communication de ce
5 dossier.
6 J’aimerais encore évoquer trois points. Je comprends ce que nous
7 dit Me Stein. Il reconnaît qu’effectivement, c’est bien la vois de Kordic
8 quant aux voix sur le compte rendu, que c’est Kordic qui parle, et
9 pareil pour Blaskic. Ceci étant, il ne sera pas nécessaire de diffuser la
10 cassette à l’intention de Monsieur Breljas. Ce serait superflu.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Effectivement !
12 Me NICE (interprétation) : Vous savez que jeudi, il y a une ordonnance
13 contraignante qui a entraîné beaucoup d’échanges de courrier.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pour revenir rapidement sur la
15 question de Monsieur Beese pour que vous puissiez en tenir compte, comme
16 le dit le Juge Bennouna, il faudrat peut-être un peu plus de temps avant
17 que la Défense soit en mesure de procéder au contre-interrogatoire de ce
18
19 témoin.
20 Me NICE (interprétation) : Tout à fait !
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il ne serait sans doute pas adéquat
22 de le citer cette semaine.
23 Me NICE (interprétation) : Je comprends parfaitement. Prenons ceci un
24 pas à la fois. Si vous voyez le résumé, si la Défense soulève des
25 arguments qui sont nouveaux par rapport à ce témoin, par rapport à
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1 d’autres témoins, nous pourrons effectivement l’entendre à un autre
2 moment que cette semaine. Je voulais simplement vous le soumettre en
3 tant que témoin potentiel face aux inquiétudes que vous aviez formulées,
4 Messieurs les Juges.
5 Encore deux points. Il y a donc des éléments qui relèvent de
6 cette ordonnance contraignante jeudi. Ceci a donné lieu à beaucoup
7 d’échanges de lettres, de courrier depuis l’année dernière, sur la
8 question de savoir qui devrait comparaître à l’audience. Je ne pense pas
9 que nous voulions aborder ce sujet maintenant puisque nous allons
10 commencer la déposition de ce témoin, mais malheureusement, le sujet
11 demeure, n’est pas évacué.
12 Je peux vous dire ceci, Messieurs les Juges : Tous ces documents,
13 toutes ces pièces jointes sont volumineuses. Vous voyez combien ça donne,
14 même s’il y a répétition de certains documents. C’est un dossier
15 volumineux. Je suis en train de préparer une chronologie sous forme
16 tabulaire qui fait quelques quatre pages et qui pourra vous guider au fil
17 de ce dossier. J’espère que ceci permettra que vous fassiez l’économie
18 d’une lecture complète. En tout cas, ceci vous guidera et vous
19 permettra de mieux gérer votre temps pour la lecture de ce dossier.
20 Nous attendons une ossature d’argumentation pour ce qui est de la
21 recevabilité ou non-recevabilité du Témoin Cigar. Je pense que la Chambre
22 avait formulé quelques inquiétudes, à titre officieux, à propos des
23 documents de base.
24 Je peux vous dire que nous avons pratiquement terminé tout cet
25 exercice qui consiste à savoir quels sont les éléments de preuve que nous
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1 allons vouloir retenir, y compris les éléments importants et ainsi que
2 cette bibliothèque de documents auxquels les parties voudront peut-être
3 faire référence au moment des plaidoiries et réquisitoires. Il faudrait
4 que ces documents soient disponibles, même si on ne va pas les consulter.
5 Nous avons besoin de l’accord de la Défense, accord de principe, et je
6 pense que le reste va être communiqué à la Défense avant la fin de ce
7 mois.
8 Je me tourne vers Monsieur Lopez-Terres. D’ici la fin du mois, ce
9 sera communiqué et il reste à espérer… ou même avant, avant la fin de ce
10 mois et nous espérons que la grosse majorité des documents que nous
11 voudrions vous soumettre, Messieurs les Juges, afin de mettre à votre
12 disposition cette bibliothèque, se fera par consentement et que seul un
13 nombre limité de documents devra faire l’objet d’un échange d’arguments ou
14 d’exposés.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il faut opérer une distinction entre
16 cette bibliothèque de documents… je suppose que par là, vous entendez la
17 totalité des éléments de preuve, ce qui constitue déjà une masse
18 considérable. Évidemment, ce n’est pas facile de faire référence à ce
19 grand nombre de documents et je vous encourage à produire, disons, une
20 liasse de documents de base que nous pourrons utiliser et qui contiendra
21 des documents des deux parties.
22 Il n’est pas nécessaire que ce soit unilatéral. Et puis je suppose
23 qu’à la fin de la présentation des éléments de preuve à charge, il faudra
24 procéder à un exercice complet de vérification pour être sûr qu’il y a
25 bien entrée dans le dossier de tous les éléments de preuve, que toutes les
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1 pièces à conviction sont bien numérotées et que nous pouvons procéder
2 par ordre ou avec ordre.
3 Me NICE (interprétation) : Je crois que vous avez déjà un recueil des
4 pièces déjà produites, recueil exact, précis, et si nous ajoutons à ces
5 documents des documents qui vont être communiqués à la Défense, pourquoi
6 ne serions-nous pas en mesure de vous donner un bon répertoire de cette
7 bibliothèque ? Pourquoi utiliser ce que nous avons appelé ces « core
8 bundles », ces liasses de documents de base ? Je pensais que vous faisiez
9 référence aux documents déjà communiqués au moment de l’ouverture du
10 procès. Effectivement, c’est un excellent argument que le vôtre, Monsieur
11 le Président. Nous allons y réagir comme il se doit.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
13 Me STEIN (interprétation) : Il y a un petit problème s’agissant de
14 Monsieur Van der Pluijm. Il y a une annexe qui figure donc en annexe à
15 sa déclaration. Nous aimerions en disposer avant la comparution du témoin.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin peut-il être appelé
17 dans le prétoire ?
18 [Le témoin entre dans la Cour]
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je demanderais à Monsieur le Témoin
20 de prononcer la déclaration solennelle. Oui ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare solennellement que je dirai
22 la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous prierais de vous asseoir,
24 Monsieur.
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
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1 TÉMOIN : ANTO BRELJAS (ASSERMENTÉ)
2 Me LOPEZ-TERRES : Je précise à l’attention de la Chambre que la
3 Défense nous a communiqué la liste des paragraphes sur laquelle
4 elle souhaite que les questions soient posées de façon
5 traditionnelle et non pas de façon directive, si je peux dire.
6 Vous êtes bien Monsieur Anto Breljas né le 18 janvier 1940
7 à Sarajevo ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Le 18 avril.
9 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, vous êtes croate de Bosnie ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, avez-vous été condamné
12 pour des faits délictueux dans le passé ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je n’ai pas été gravement
14 condamné, mais effectivement, une fois, en 1971,
15 quand j’ai quitté Zagreb pour aller sur le territoire croate, j’ai dû
16 fuir en direction du Canada et au Canada, il y avait un homme qui
17 pillait le peuple croate et qui m’a provoqué. C’était un prêtre soi-
18 disant mais en fait, c’était un voyou. Et donc, c’est suite à ces
19 faits qu’il est allé au Tribunal pour dire que je l’avais lésé, que
20 je l’avais agressé physiquement.
21 Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone] …de la prison à ce moment-là ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, trois mois.
23 Me LOPEZ-TERRES : Pour des faits de violence sur cette personne?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, vous avez
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1 appartenu à l’unité spéciale des Vitezovis, ce qui signifie
2 les Chevaliers, je crois, dans votre langue ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Depuis le 3 ou
4 le 4 mars 1993 jusqu’à la fin de la guerre, effectivement.
5 Me LOPEZ-TERRES : Jusqu’en avril 1994 ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Aux environs
7 du 15 avril, j’ai quitté les Vitezovis.
8 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, à la fin mars 1993, vous avez
9 rencontré l’accusé Dario Kordic à Tisovac, à l’extérieur de Busovaca,
10 et vous lui avez demandé s’il pouvait vous attribuer un poste au
11 sein des forces du HVO : Est-ce exact ?
12 LE TÉMOIN (interprétation): Pas un poste mais simplement, je me suis
13 fait connaître auprès de lui, je lui ai dit que j’étais arrivé, je
14 lui ai demandé si je pouvais aller quelque part, entrer quelque part,
15 dans une unité.
16 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Kordic vous a dit à ce moment-là d’aller
17 voir le chef des Vitezovis, le nommé Darko Kraljevic, en vous
18 expliquant que celui-ci…
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
20 Me LOPEZ-TERRES : [Suite de la question
21 précédente] …vous trouverait un emploi au sein du HVO ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
23 Me LOPEZ-TERRES : Pouvez-vous indiquer à la Chambre en quelle qualité
24 vous avez intégré le groupe des Vitezovis et quelles ont été vos
25 fonctions ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai d’abord passé quatre à cinq jours
2 sans aucun poste particulier. J’étais simplement observateur. Et
3 ensuite, je suis devenu le représentant politique des Vitezovis.
4 Me LOPEZ-TERRES : C’est ce que l’on appelle habituellement dans le
5 langage qui était utilisé à l’époque l’officier, propagande et
6 information, au sein de l’unité ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
8 Me LOPEZ-TERRES : Quel grade avez-vous reçu lorsque vous avez intégré
9 les Vitezovis ?
10 LE TÉMOIN (interprétation): Je n’ai pas reçu ce grade immédiatement.
11 Je l’ai reçu une dizaine de jours plus tard et c’était le grade de
12 lieutenant.
13 Me LOPEZ-TERRES : Pouvez-vous, en quelques mots, indiquer en quoi
14 consistaient vos fonctions d’officier de propagande et d’informations
15 - en quelques mots ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Selon les règles en vigueur dans les
17 organisations internationales et selon les diverses conventions, eh
18 bien, ce représentant devait faire attention à faire la différence
19 entre ce qui était bien fait et ce qui était mal fait. S’il
20 réussissait à empêcher que quelque chose qui devait se faire mal se
21
22 fasse mal, c’était bien. Il devait aussi récompenser ce qui se
23 faisait bien.
24 Me LOPEZ-TERRES : Vous étiez également chargé des problèmes
25 sociaux concernant les soldats de l’unité ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en effet, j’étais également
2 responsable. Puisque Jozo Buha était le responsable de la logistique
3 et qu’il volait de toutes les manières possibles, j’ai empêché cela.
4 Je l’ai renvoyé de son poste de responsable à la logistique, ce que
5 Kraljevic a accepté, et ensuite, j’ai également dû m’occuper de la
6 logistique de l’unité puisqu’il n’y avait personne pour le remplacer.
7 Me LOPEZ-TERRES : Étiez-vous également chargé des relations avec les
8 familles des soldats tués ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est moi qui leur faisais
10 parvenir des vivres lorsque c’était possible, c’est-à-dire que
11 lorsque nous recevions des paquets des organisations internationales,
12 je les apportais aux blessés et aux familles des soldats tués aux
13 combats, et si nous recevions de l’argent, je faisais la même chose
14 avec l’argent.
15 Me LOPEZ-TERRES : Vous vous occupiez également du traitement des
16 prisonniers de l’unité ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’avais la responsabilité des
18 prisonniers. Je devais m’occuper d’eux.
19 Me LOPEZ-TERRES : Au cours de vos fonctions, vous avez été amené à
20 jouer le rôle d’officier de liaison avec les organisations
21 internationales et comme vous parliez anglais, on vous a donné ce
22 surnom de UNPROFORac, qui était lié au nom des forces avec lesquelles
23 vous traitiez, donc, la FORPRONU ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. À plusieurs reprises, j’ai été
25 convoqué pour servir d’interprète car il n’y avait pas beaucoup de
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1 gens qui parlaient à la fois notre langue et l’anglais.
2 Me LOPEZ-TERRES : Pouvez-vous indiquer, Monsieur Breljas, quel
3 a été, selon vous, le nombre total de soldats qui ont fait partie
4 de l’unité des Vitezovis au cours de tout le conflit ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était variable. Il y a eu beaucoup de
6 morts. Il y avait aussi beaucoup de blessés qui étaient expulsés des
7 unités et remplacés par de nouveaux venus. Je n’étais pas le seul à
8 m’en occuper. Marinko Plavcic, mon adjoint, s’occupait de cela avec
9 moi. Nous devions décider qui était apte et qui était inapte au
10 combat. Mais en tout cas, les chiffres variaient. Au
11 maximum, 180 et au minimum, 90.
12 Me LOPEZ-TERRES : Et ces 180 soldats dont vous nous parlez étaient
13 stationnés à l’école Dubravica, dans les casernes qui avaient
14 été installées à l’école Dubravica ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils n’étaient pas tous stationnés à
16 l’école Dubravica. Il y en avait qui venaient de Dubravica même, de
17 Krizancevo Selo en particulier, et ceux-là logeaient chez eux mais
18 ils se rendaient à la caserne. Et il y en avait d’autres de
19 l’extérieur tels des réfugiés de Travnik, par exemple, et d’autres.
20 Ces hommes-là passaient tout leur temps à la caserne.
21 Me LOPEZ-TERRES : Vous nous avez indiqué que le commandant de
22 l’unité était Darko Kraljevic. Qui était son adjoint ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Son adjoint était Dragan Vinac.
24 Me LOPEZ-TERRES : Pouvez-vous nous indiquer rapidement combien il y
25 avait de groupes qui constituaient cette unité et avec le nom de ces
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1 groupes?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi, je n’ai pas compris votre
3 question. À quoi pensez-vous lorsque vous dites les noms des
4 groupes ? Vous pensez aux combattants ?
5 Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone] …au combat,
6 il y avait des surnoms ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il y avait trois groupes
8 importants : les Pumas, les Loups et les Renards, Pumas, Vukoves,
9 Licices (ph.). Les noms changeaient de temps en temps
10 mais ce n’était que temporairement. Pour l’essentiel, il
11 y avait tout le temps ces trois grands groupes.
12 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez constaté, au cours de vos fonctions, que
13 les soldats de l’unité portaient deux types d’uniformes, l’un qui
14 était un uniforme noir, l’autre qui était un uniforme camouflé :
15 C’est exact ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Pas tous. Certains portaient
17 l’uniforme noir et ces uniformes noirs, il fallait qu’ils les fassent
18 eux-mêmes. Quant à l’uniforme de camouflage, c’était l’uniforme que
19 l’on recevait. Donc, cela s’est passé pas seulement dans mon unité.
20 J’ai vu Monsieur Blaskic en uniforme noir, j’ai vu Monsieur Mario
21 Cerkez en uniforme noir et j’ai vu des membres de la brigade de Vitez
22 en uniforme noir. Donc, il y en avait beaucoup qui avaient à la fois
23 l’uniforme noir et l’uniforme de camouflage.
24 Me LOPEZ-TERRES : Est-il exact que vous avez constaté que les
25 personnes considérées comme les plus extrémistes au sein de l’unité
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1 des Vitezovis avaient apposé sur les uniformes noirs la lettre « U »
2 qui correspondait au signe des Ustashas de la Deuxième Guerre
3 mondiale ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Soit ils
5 portaient la lettre « U » sur la manche ou sur le couvre-
6 chef. Certains l’avaient même sur le ceinturon. Je veux
7 dire la boucle du ceinturon représentait un « U ». Il y
8 avait certaines boucles qui étaient faites de cette façon.
9 Me LOPEZ-TERRES : Il y avait également, au sein
10 de l’unité, un insigne officiel qui portait la mention
11 « Vitezovi », « Chevalier », et un deuxième insigne qui
12 portait les lettres du « HOS » avec un éclair stylisé ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Les premiers membres
14 du HOS, ceux qui étaient membres du HOS créé en 1990 avaient tous
15 l’insigne du HOS et tous les emblèmes du HOS. Mais ceux qui sont
16 arrivés à la fin de 1992, en décembre 1992 dans le HOS, ils n’avaient
17 pas ces insignes. Ils avaient les lettres « PPN Vitezovi », donc,
18 unité spéciale des Vitezovis, et l’éclair sur la manche.
19 Me LOPEZ-TERRES : Merci. Je voudrais vous présenter deux documents
20 qui représentent des insignes. Je voudrais que vous les examiniez et
21 nous indiquer s’ils correspondent aux insignes qui étaient portés par
22 certains membres de l’unité ou par tous les membres de l’unité. Il
23 s’agit des pièces à conviction Z1530 et Z2790. Il s’agit de deux
24 photographies.
25 Monsieur Breljas, cet insigne était l’insigne officiel
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1 des Vitezovis, les PPN dont vous venez de nous parler ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il y a l’éclair
3 qui est absent, qui manque.
4 Me LOPEZ-TERRES : Y avait-il un autre insigne
5 avec le signe du HOS qui apparaissait ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Mais cet insigne avait
7 un damier blanc, fond blanc et carrés rouges et pas comme ici,
8 le fond rouge et carrés blanc.
9 Me LOPEZ-TERRES : Le fond était inversé ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me LOPEZ-TERRES : Voulez-vous présenter au témoin le deuxième
12 document ?
13 Est-ce que cet insigne correspond à la lettre
14 « U » des Ustashas dont nous parlions précédemment ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui.
16 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie. Monsieur Breljas, nous allons
17 parler maintenant de la nuit du 15 au 16 avril 1993. Pouvez-vous
18 nous indiquer ce que vous avez vu ce soir-là, au cours de cette nuit,
19 alors que vous vous trouviez à la caserne de l’école Dubravica ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Dans la soirée, je revenais de
21 Zenica et en route, j’ai appris que Totic avait été enlevé. Je suis
22 arrivé dans l’après-midi et tard le soir, ils sont arrivés à la
23 caserne en voiture et ils se sont tous assis. Moi, je faisais le
24 café. Il y avait Kraljevic, Vinac et Kordic et puis il y avait une
25 autre personne que je ne pourrais pas vous décrire parce que je ne
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1 l’ai vue qu’une seule fois.
2 Me LOPEZ-TERRES : Combien de personnes avez-vous vues exactement ce
3 soir-là ?
4 LE TÉMOIN (interprétation): Cinq ou six. Cinq ou six, je ne sais plus
5 exactement. Je ne pourrais pas vous dire le chiffre exact, mais cinq
6 en tout cas.
7 Me LOPEZ-TERRES : En dehors de l’accusé Kordic, toutes les personnes
8 présentes appartenaient-elles aux Vitezovis ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : À part cet homme que je ne connais pas,
10 la deuxième fois qu’il est venu, il est venu soi-disant comme membre
11 des Vitezovis pour inspecter des prisonniers, mais moi, je n’avais
12 pas son nom sur mes listes.
13 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, est-ce que le nom de Miso Mijic
14 vous dit quelque chose ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Miso Mijic, oui. Moi, j’ai toujours
16 pensé qu’il était adjoint au SIS, service d’information et de
17 sécurité de Darko Kraljevic. Mais finalement, je me suis rendu compte
18 que c’était Darko Kraljevic qui était son adjoint pour le SIS. Il
19 était colonel comme Darko Kraljevic.
20 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que Monsieur Miso Mijic était présent cette
21 nuit-là, lorsque vous avez…
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui, il était présent aussi. Je
23 l’avais oublié.
24 Me LOPEZ-TERRES : Au cours de cette rencontre avec les personnes que
25 vous venez de nous indiquer, c’est- à-dire Kordic, Kraljevic, Dragan
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1 Vinac, Miso Mijic et une autre personne dont vous ne vous rappelez
2 pas le nom, vous avez pu constater que ces personnes discutaient
3 entre elles ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que vous pouvez nous indiquer de quoi elles
6 discutaient ou à propos de quoi elles discutaient ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne peux pas vous dire de quoi ils
8 parlaient exactement. Tout ce que je peux vous dire c’est que
9 Monsieur Kordic a dit : « Ça, ça doit aller jusqu’au bout », et
10 quelqu’un lui a répondu à ce moment-là : « Ne crains rien, le vieux,
11 tout ira bien. » Mais qui a répondu cela, je ne pourrais pas le dire
12 avec certitude.
13 Me LOPEZ-TERRES : Y avait-il, à l’endroit où ces personnes
14 discutaient, des documents qui apparaissaient et que vous avez
15 pu remarquer ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il y avait un morceau de papier
17 avec quelque chose de dessiné dessus, je ne sais pas exactement quoi,
18 une espèce de carte. Soit ils l’ont dessinée sur place au moment
19 de la rencontre, soit ils l’ont apportée avec eux déjà toute prête.
20 Ça, je ne pourrais pas le dire.
21 Me LOPEZ-TERRES : Je voudrais vous présenter un document, Monsieur
22 Breljas. Vous venez de nous parler d’un nommé Miso Mijic comme
23 participant à cette rencontre dans la nuit du 15 au 16 avril. Je
24 voudrais vous présenter un document qui porte la référence de pièce
25 à conviction Z1075.1A, 1075.1, « A » pour la version anglaise.
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1 Monsieur Breljas, ce document, qui est en date du 18 juin 1993
2 et qui émane du centre de sécurité et d’information pour la zone
3 opérationnelle de Bosnie centrale, est signé par un nommé Miso Mijic,
4 qui apparaît comme étant le chef de ce centre. À votre avis, s’agit-
5 il de la même personne que celle dont vous nous parlez, et dans ce
6 document, vous constatez que c’est Monsieur Darko Kraljevic qui est
7 désigné comme son adjoint ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je vois cela, mais je répète que
9 j’avais toujours pensé que c’est lui qui était l’adjoint de Kraljevic
10 et pas Kraljevic qui était son adjoint, et je me rends compte ici
11 aujourd’hui que je n’avais pas raison et que c’était l’inverse, et
12 voilà. Je ne sais pas comment j’ai pu arriver à cette conclusion
13 parce que Monsieur Kraljevic était représentant de l’unité spéciale
14 des Vitezovis et chaque fois que j’avais une liste, j’avais d’abord
15 le nom de Darko Kraljevic et ensuite celui de Miso Mijic. C’est
16 comme ça que j’en ai déduit que Miso Mijic était son adjoint. Mais
17 ici, je me rends compte que c’était une erreur.
18 Me LOPEZ-TERRES : Ce service…
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Lopez-Terres,
20 je vous prierais d’obtenir un éclaircissement quant à
21 l’identification de ce centre SIS pour la Bosnie centrale.
22 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie, Monsieur le
23 Président, de faire cette remarque. Monsieur Breljas, pouvez-
24 vous nous indiquer encore une fois très rapidement en quoi
25 consistait, d’après vous, le SIS? Qu’est-ce que c’était que le SIS?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, je ne pourrais pas vous dire
2 de façon tout à fait certaine quel est le sens de ce sigle. Je sais
3 simplement que c’était la police de l’armée croate.
4 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Miso Mijic était donc,
5 auprès de Blaskic, pour la Bosnie centrale, le chef de ce
6 service de renseignement de l’armée croate ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était la police secrète mais je ne
8 pourrais pas confirmer avec une absolue certitude que c’était lui. Je
9 n’ai vu aucun contact particulier entre lui et Blaskic, mais je sais
10 qu’il était avec les Vitezovis, qu’il était tout le temps avec les
11 Vitezovis, qu’il est allé partout avec Kraljevic. Maintenant, est-ce
12 que je pourrais confirmer avec certitude qu’il avait des contacts
13 quelconques avec Blaskic ? Ici dans ce document, je vois que c’était
14 le cas, mais moi, je ne peux pas le confirmer. Je sais qu’il était
15 dans les Vitezovis et qu’il était membre permanent des Vitezovis,
16 qu’il était tout le temps avec Kraljevic, qu’il était au commandement
17 avec Kraljevic, mais je ne peux rien vous dire de plus.
18 Me LOPEZ-TERRES : Merci.
19 Merci, Monsieur l’Huissier.
20 Dans le cadre de vos fonctions d’officier de
21 propagande et d’information, vous assistiez aux conférences
22 de presse hebdomadaires qui étaient données par Dario Kordic.
23 Pouvez-vous nous parler de cela ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Toutes les semaines, il y avait
25 une conférence qui était organisée avec l’IPD du responsable de la
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1 zone de combat, c’est-à- dire Blaskic, et une fois par semaine
2 également, il y avait une conférence de presse avec Dario Kordic,
3 Blaskic et d’autres hommes qui venaient ou qui ne venaient pas,
4 et cætera.
5 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que le nommé Ignac Kostroman participait
6 habituellement à ces conférences de presse ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, plusieurs fois, mais il y avait
8 aussi des occasions où il n’était pas là.
9 Me LOPEZ-TERRES : Où avait lieu ces conférences de presse,
10 Monsieur Breljas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je sais où se trouve le bâtiment mais
12 moi, je suis de Sarajevo, je ne suis pas de cette ville. Donc, je ne
13 connais pas très bien. Mais je sais que c’est la municipalité de
14 Busovaca, au premier étage, dans une petite salle, la mairie de
15 Busovaca.
16 Me LOPEZ-TERRES : Une salle de la mairie de Busovaca. Je vous
17 remercie.
18 Vous avez pu remarquer au cours de ces conférences de presse
19 que les propos qui étaient tenus par l’accusé Kordic étaient la
20 plupart du temps les mêmes. Est-ce que vous pouvez nous indiquer si
21 vous avez gardé le souvenir de ces propos ou mots d’ordre utilisés
22 par l’accusé ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Le plus souvent, il disait :
24 « Nous sommes ici depuis 1000 ans. C’est ici que se trouvent les
25 tombes de nos ancêtres et nous allons défendre ces tombes à tout
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1 prix, jusqu’à la fin. »
2 Me LOPEZ-TERRES : Vous souvenez-vous quelle était la tenue de
3 Monsieur Kordic au cours de ces conférences de presse ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Il était léger. Il ne répondait jamais
5 à la provocation et il ne se laissait jamais aller à la provocation.
6 De mon avis personnel, ce que je pense c’est qu’il essayait de créer
7 la plus grande haine possible entre les Croates et les musulmans…
8 Me LOPEZ-TERRES : Mais vous n’avez pas tout à fait répondu à…
9 LE TÉMOIN (interprétation) : …de Bosnie- Herzégovine.
10 Me LOPEZ-TERRES : Mais je vais profiter de ce que vous venez de nous
11 indiquer. Dans les discours qui étaient tenus par Kordic à
12 l’occasion de ces conférences de presse, faisait-il régulièrement
13 référence à la lutte contre les musulmans ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais oui. Il le faisait tout le temps,
15 je l’ai déjà dit. Il le faisait tout le temps, la lutte contre les
16 musulmans : « Nous, les Croates de Bosnie-Herzégovine, nous devons
17 nous battre pour survivre dans notre pays qui est croate depuis
18 1000 ans et nous devons garder les tombes des Croates. » Voilà !
19 C’est exactement ce qu’il a dit et ce que j’ai déjà dit.
20 Me LOPEZ-TERRES : Les musulmans étaient désignés comme des
21 agresseurs, si j’ai bien compris ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui.
23 Me LOPEZ-TERRES : Je reviens à ma précédente question. Je vous
24 demandais simplement quelle était la tenue que portait Monsieur
25 Kordic. Était-ce une tenue civile ou une tenue militaire ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non. Il avait un uniforme, une
2 grande croix au bout d’une chaîne et il portait toujours un uniforme
3 de camouflage. Quand il faisait chaud, il portait uniquement la
4 chemise de l’uniforme de camouflage et quand il faisait froid, il
5 avait aussi la veste.
6 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez indiquez qu’habituellement, il y avait
7 deux personnes avec lui lors de ces conférences de presse, Monsieur
8 Blaskic, Monsieur Kostroman parfois. Qui présidait ces conférences
9 de presse ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien ! D’après ce que j’ai vu et
11 d’après ce que je sais, c’est Monsieur Kordic qui présidait.
12 Me LOPEZ-TERRES : Avez-vous rencontré, à l’occasion de ces
13 conférences de presse, de temps à autre, Monsieur Anto Valenta ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il a été présent trois fois ou
15 deux fois, je ne pourrais pas le dire avec certitude, mais deux fois,
16 c’est sûr parce qu’il y a une fois, en tout cas, où je l’ai provoqué
17 moi-même.
18 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Anto Valenta tenait-il d’autres
19 conférences de presse dans un autre lieu ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ça commencé un peu plus tard, au
21 mois de juin ou même peut-être au mois de juillet. À partir de ce
22 moment-là, chez lui, à l’Hôtel Vitez où se trouvait le siège de la
23 zone de combat de Vitez, donc, dans son bureau à lui, il tenait aussi
24 des conférences de presse et c’était ses conférences de presse
25 personnelles à lui.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, aux environs du mois de mai
2 1993, est-ce que vous vous êtes rendu à Tisovac à nouveau, en
3 compagnie du nommé Zvonimir ou Zvonko Cilic – c’était votre
4 équivalent au sein de la brigade de Vitez – accompagné d’un cameraman
5 de la brigade de Vitez? Est-ce que vous vous souvenez de ce
6 déplacement?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Je me rappelle, oui.
8 Me LOPEZ-TERRES : L’objet de ce déplacement était de procéder à une
9 interview de l’accusé Kordic ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui et l’objet de ce déplacement était
11 que le responsable à l’information et la propagande de la brigade de
12 Vitez puisse avoir une interview de Monsieur Kordic. C’est pour cela
13 que nous sommes partis.
14 Me LOPEZ-TERRES : Je voudrais vous présenter un document, Monsieur
15 Breljas, qui pourrait avoir un lien avec ce que vous nous indiquez,
16 en particulier, ce cameraman dont vous nous parlez. Il s’agit du
17 document Z1153-1, 1153-1. Comme vous pouvez le constater, Monsieur
18 Breljas, ce document comporte une liste de noms de personnes qui
19 étaient mises à la disposition de la brigade de Vitez et qui
20 appartenaient toutes à Radio ou Télé Vitez ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Je connais la
22 majorité des hommes dont les noms figurent ici.
23 Me LOPEZ-TERRES : Justement dans cette liste qui apparaît sur
24 le document, est-ce que vous pouvez identifier le cameraman de la
25 brigade de Vitez dont vous nous parliez ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, Monsieur Stipovic, Srecko Stipovic.
2 Me LOPEZ-TERRES : Vous aviez parlé préalablement d’un prénommé
3 Marijan. Est-ce qu’il y a eu une confusion de votre part ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, mais plus tard, j’ai… parce que…
5 écoutez, là-bas, la majorité des gens ont les mêmes noms et
6 quelquefois même les mêmes prénoms, et moi, je suis de l’extérieur
7 et c’est cela qui a causé une erreur. En fait, il s’agit de
8 Stipo [sic]. Je sais avec certitude qu’il s’agit de Stipovic, mais
9 je n’étais pas sûr parce que Marijan Marijanovic était le chef,
10 Marijanovic, et moi, d’une certaine façon, j’ai fait un lien entre
11 Marijanovic et Stipovic et donc, j’ai parlé de Marijan Stipovic. En
12 fait, c’est une erreur. Ce qui est exact c’est Srecko Stipovic.
13 Je le connais bien.
14 Me LOPEZ-TERRES : Bien. Je vous remercie, Monsieur l’Huissier.
15 En juillet 1993, en tout cas, au cours de l’été 1993, vous avez
16 rencontré à nouveau l’accusé Dario Kordic à Busovaca après une
17 conférence de presse, au cours d’une cérémonie de remise de pistolet?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’était pas après
19 la conférence mais pendant la conférence.
20 Me LOPEZ-TERRES : Étaient également présents le
21 Colonel Blaskic ainsi qu’un procureur militaire…
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me LOPEZ-TERRES : [Suite de la question
24 précédente]… sous son prénom de Marinko ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas si le procureur
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1 militaire était présent à ce moment-là ou plus tard ou même avant.
2 Je ne saurais pas vous le dire. Mais il est vrai que Monsieur
3 Kordic, le Colonel Blaskic et puis il y avait encore quelqu’un
4 d’autre. Je ne pourrais pas véritablement me porter garant
5 et vous dire que lui, il y était. Mais Marinko était procureur
6 militaire, mais je ne sais pas s’il y était en ce moment même.
7 Me LOPEZ-TERRES : L’objet de cette cérémonie était de remettre,
8 donc, des armes et des pistolets qui venaient de Croatie, qui
9 portaient des inscriptions gravées de la part du Président Boban ?
10
11 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
12 Me LOPEZ-TERRES : Vous aviez vous-même désigné deux membres
13 des Vitezovis pour recevoir ces armes à titre de récompense ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il s’agissait des unités légales
15 auxquelles on avait remis des pistolets pour les remettre aux soldats
16 qui étaient les meilleurs. C’était le poste que j’occupais, mes
17 fonctions, et c’est la raison pour laquelle j’en ai désigné deux.
18 Me LOPEZ-TERRES : La brigade de Vitez elle-même
19 avait des récipiendaires au cours de cette cérémonie ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ils étaient beaucoup plus nombreux
21 parce qu’ils étaient plus nombreux en général par rapport à nous.
22 Me LOPEZ-TERRES : Un petit peu plus tard au cours de cette année
23 1993 et en fin d’année 1993, je crois, Monsieur Breljas, vous avez eu
24 l’occasion de rencontrer l’accusé Dario Kordic à Vitez. Est-ce que
25 vous pouvez nous rapporter dans quelles circonstances vous avez vu
Page 11705
1 Dario Kordic ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas de quelle période vous
3 parlez parce que je l’ai rencontré deux fois. La première fois, je
4 l’ai rencontré comme j’étais en quelque sorte un Vitezovi. J’étais
5 pratiquement… tous les gens quittaient Vitez et j’ai appris qu’il y
6 aurait une attaque à Zabrdze, et compte tenu du fait que les soldats
7 qui étaient véritablement des soldats qui étaient honnêtes, qui ne
8 voulaient pas de la munition – ils n’en avaient pas suffisamment à ce
9 moment-là – je me suis adressé, vers minuit à peu près, à l’unité où
10 il y avait Sliskovic qui était de permanence et il y avait également
11 un officier de permanence…
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Excusez-moi, je vais vous
13 interrompre. Monsieur Breljas, je ne suis pas tout à fait de près
14 ce que vous venez de dire. Est-ce que vous voulez nous répéter
15 ce que vous venez de dire ? À quel moment ça s’est passé ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était au mois de juillet, je pense.
17 La deuxième fois, je l’ai rencontré au mois d’août.
18 Me LOPEZ-TERRES : Avez-vous eu l’occasion de rencontrer l’accusé
19 Dario Kordic dans les locaux de l’usine Impregnacija ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, effectivement. C’était la deuxième
21 moitié du mois de décembre, au moment où l’armée de Bosnie-
22 Herzégovine avait attaqué Krizancevo Selo. Alors, Monsieur Blaskic
23 se trouvait à Mostar et c’est Monsieur Kordic en personne
24 qui défendait Krizancevo Selo et Buhine Kuce. C’est à Impregnacija
25 que je l’ai rencontré. J’étais avec les 10 soldats où je suis arrivé
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1 pour établir une ligne et je l’ai rencontré à Impregnacija avec les
2 membres du commandement de la brigade de Vitezovi, enfin, Viteska
3 brigade… Vitez.
4 Me LOPEZ-TERRES : De quoi discutait Kordic avec les représentants
5 de la brigade de Vitez à ce moment-là ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne saurais pas vous le dire parce que
7 moi, j’étais à cinq, six mètres de distance. J’avais quelques
8 problèmes et je ne peux pas vous le dire. Je sais qu’il était un des
9 commandants de la zone. Il y avait un autre qui lui était supérieur.
10 Je ne sais pas de quoi ils ont parlé, puis je n’ai pas entendu et ça
11 ne m’intéressait pas.
12 Me LOPEZ-TERRES : Discutaient-ils… pouvaient-ils discuter de la
13 contre-attaque contre l’offensive musulmane ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, probablement qu’ils en ont
15 parlé. C’est probablement vrai parce qu’ils ont regardé une carte et
16 c’est fort possible qu’ils aient discuté comment contre-attaquer,
17 comment se défendre.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Qui a regardé la carte, s’il
19 vous plaît ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est le commandant de la zone qui
21 a regardé la carte.
22 Me LOPEZ-TERRES : Il nous semble que le mot de « Kordic » a été
23 omis dans la traduction française. Il y avait Kordic et le
24 commandant de la zone, et pas uniquement le commandant de la zone.
25 L’INTERPRÈTE : Il ne l’a pas dit. Le témoin ne
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1 l’a pas dit. [NOTE DE L’INTERPRÈTE : Le Témoin Kordic et
2 le commandant de la zone.]
3 Me LOPEZ-TERRES : Je voudrais vous présenter un document, Monsieur
4 Breljas, qui est un document qui a été rédigé en février 1994 par
5 l’adjoint de l’unité à laquelle vous apparteniez, le Major Dragan
6 Vinac dont vous nous avez parlé. Il s’agit de la pièce à conviction
7 Z1380.
8 Pouvez-vous regarder la dernière page de ce document, celle qui
9 porte la signature de Monsieur Vinac ? On fait référence dans la
10 dernière partie à la journée du 22 décembre 1993. Est-ce que vous
11 voyez ce passage ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Attendez un petit peu, s’il vous plaît.
13 Il faudrait que je jette un coup d’œil pour lire.
14 Me LOPEZ-TERRES : Le paragraphe au-dessus de la
15 signature. Il est indiqué « le 22 décembre 1993 ».
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne le vois pas ici… oui, là. Oui,
17 d’accord. C’est le 22 décembre 1993, oui.
18 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que…
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je viens de le lire.
20 Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone] …de ce document qui est
21 fait de l’envoi de renforts, le 22 décembre 1993, correspond à
22 la période dont vous venez de nous parler, à cette rencontre de
23 Impregnacija que vous venez d’évoquer ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que ce n’était pas ce jour-là.
25 C’était quelque peu plus tard, une journée ou deux jours plus tard.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Il s’agit bien de la période où vous avez dû
2 fournir des renforts provenant des Vitezovis pour contre-attaquer les
3 musulmans de Krizancevo Selo ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’était le jour de l’attaque,
5 si mes souvenirs sont bons. Deux jours plus tard, les Vitezovis
6 ont été complétés, restitués pour être envoyés en renfort à Viteska
7 brigade à y faire une partie des activités.
8 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie, Monsieur l’Huissier.
9 Le jour où vous avez rencontré, donc, Dario Kordic et des
10 représentants de la brigade de Vitez dans cette usine Impregnacija en
11 décembre 1993, était-ce la première fois que vous constatiez que
12 l’accusé Dario Kordic pouvait être impliqué dans des opérations de
13 nature militaire ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’était pas la première fois.
15 Moi, je supposais… même avant, je savais que sur un plan stratégique,
16 il n’avait pas beaucoup de connaissances. Moi, j’étais un stratège et
17 je connaissais les règles de guerre. Mais moi, j’ai compris qu’il
18 n’avait pas véritablement une expérience stratégique et pas
19 d’expérience en général mais qu’il avait de l’influence sur le plan
20 militaire en ce qui concerne les opérations des Vitezovis.
21 Me LOPEZ-TERRES : À votre connaissance, l’accusé
22 Dario Kordic a-t-il été amené à une occasion ou une autre à
23 donner des ordres à Darko Kraljevic, votre commandant d’unité ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Il ne pouvait pas véritablement
25 délivrer des ordres à Darko Kraljevic. C’était quelqu’un qui avait
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1 beaucoup de force mais il était quelqu’un qui était reconnu. Il
2 pouvait tout simplement souligner à Darko Kraljevic, lui demander ce
3 qu’il devait faire et Darko Kraljevic, à ce moment-là, l’acceptait.
4 Me LOPEZ-TERRES : Votre impression est que Darko Kraljevic ne
5 discutait pas les demandes que Kordic lui faisait ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il n’a pas parlé. Ce qui était
7 important pour lui c’était d’avoir un fusil et puis d’attaquer, pas
8 le reste.
9 Me LOPEZ-TERRES : À votre connaissance, est-ce que des Vitezovis
10 ont été envoyés dans la zone de Busovaca pour combattre les
11 musulmans, à la demande de Dario Kordic ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était la première fois au
13 mois de juillet. Ils sont allés non pas pour une opération militaire,
14 plutôt pour provoquer les musulmans de Kacuni où cinq de nos soldats
15 ont été tués.
16 Me LOPEZ-TERRES : Sur le document que je vous ai présenté il y a
17 quelques instants, Monsieur Breljas, qui émane donc de Dragan Vinac,
18 il y a un passage que je voudrais que vous examiniez. Il s’agit
19 toujours de la pièce à conviction Z1380. Je précise que le passage
20 auquel je m’intéresse sur la version anglaise est situé à la page 7.
21 On fait référence dans ce document, Monsieur Breljas, à l’envoi
22 – page 6, pardon, de la version anglaise – à l’envoi de forces des
23 Vitezovis dans la région de Prosje, Kacuni, Busovaca, le 5 juillet
24 1993, opération au cours de laquelle les Vitezovis ont subi des
25 pertes, notamment le nommé Miskovic, Vidovic, Kristo et Kukic, qui
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1 ont été tués.
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. C’est à ce moment-là
3 qu’ils ont été tués, mais à ce moment- là, Kacuni a contre-attaqué
4 Busovaca.
5 Me LOPEZ-TERRES : Le passage de ce rapport de Monsieur Vinac fait
6 référence au fait dont vous nous parliez de l’envoi de Vitezovis
7 dans la région de Kacuni à la demande de Kordic ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
9 Me LOPEZ-TERRES : Merci. Au cours de l’été 1993 toujours, vous
10 avez rencontré l’accusé Dario Kordic à l’Hôtel Vitez. Vous
11 deviez le voir et vous vouliez lui parler de certains problèmes
12 que vous aviez. Vous vous souvenez de cette rencontre ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’avais pas à le rencontrer mais
14 c’est tout à fait par hasard que je l’ai rencontré. J’ai demandé
15 quelque chose que j’ai déjà demandé depuis bien longtemps,
16 j’ai demandé qu’on me transfère ailleurs et j’ai même demandé
17 d’aller lutter sur la ligne de front parce que je ne pouvais
18 plus rien faire. Ils ont déjà détruit les Vitezovis.
19 Me LOPEZ-TERRES : Que vous a répondu Dario Kordic ce jour-là ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Il a dit : « Laisse- moi tranquille,
21 j’ai mes propres soucis. » Quand j’ai demandé qu’on me transfère,
22 il a dit : « Mais laisse-moi tranquille, j’ai des problèmes. »
23 Me LOPEZ-TERRES : Avez-vous pu savoir quelle était la source ou
24 l’origine de ses problèmes ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, plus tard, j’ai appris qu’il y
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1 avait une attaque de Kacuni. Kacuni répondait aux provocations et
2 puis il y avait également une autre attaque sur Busovaca et il avait
3 demandé, à ce moment-là, car Monsieur Blaskic était commandant de la
4 zone et il a demandé à Blaskic justement qu’un tel ordre soit délivré
5 parce que ce n’est que lui qui aurait pu donner de tels ordres et il
6 a dit : « Si vous avez provoqué, à ce moment-là, il faut également
7 savoir se défendre. » Et il n’a pas véritablement entrepris des
8 démarches dans ce sens- là. Je parle de Blaskic.
9 Me LOPEZ-TERRES : Si j’ai bien compris ce que vous nous indiquez,
10 Monsieur Kordic a demandé à Blaskic des renforts et Blaskic les a
11 refusés en lui répondant : « Vous avez provoqué à Kacuni, réglez
12 ce problème vous-même », quelque chose comme ça ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est tout à fait ça. C’est tout à
14 fait ça.
15 Me LOPEZ-TERRES : Bien ! Nous allons revenir un petit peu dans le
16 temps, Monsieur Breljas, à la journée du 16 avril 1993. Ce jour-là,
17 vous avez passé la plus grande partie de la journée au poste de
18 commandement de votre chef direct qui était le Major Marinko Plavcic?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
20 Me LOPEZ-TERRES : La zone de responsabilité du Major Plavcic
21 couvrait Krizancevo Selo, Dubravica et Rijeka ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Pas Rijeka tout à fait. C’est à partir
23 de Rijeka que les musulmans attaquaient et lui, il contre-attaquait.
24 Mais lui couvrait Dubravica et Krizancevo Selo. En ce qui concerne
25 Rijeka, ils s’y sont rendus et c’est qu’ils ripostaient.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez pu constater ce jour- là, le 16 avril,
2 que non seulement les Vitezovis participaient aux opérations
3 militaires mais qu’il y avait également des soldats de la brigade
4 de Vitez ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est tout à fait normal parce
6 que si à ce moment-là, il y avait 100, 120 Vitezovis et plus
7 de 300 soldats, à ce moment-là, il n’y avait que la brigade de Vitez,
8 Viteska brigade, qui pouvait y être.
9 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez remarqué qu’il y
10 avait une action concertée entre des Vitezovis, des Jokeris
11 et la brigade de Vitez sur la zone de Stari Vitez le 16 avril ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne saurais pas
13 véritablement vous parler de Jokeris mais je peux vous dire
14 que la brigade de Vitez et Vitezovis également, oui.
15 Me LOPEZ-TERRES : Ils ont eu la responsabilité de
16 l’attaque sur Stari Vitez ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
18 Me LOPEZ-TERRES : À votre connaissance, Monsieur
19 Breljas, des membres de votre unité des Vitezovis ont-ils
20 participé à l’attaque de Ahmici le 16 avril ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, sauf quelques exceptions, des
22 individus, des particuliers.
23 Me LOPEZ-TERRES : Vous dites : « Non, sauf exceptions. » Il y a donc
24 eu des Vitezovis qui sont allés se battre à Ahmici ce jour-là ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne peux pas l’affirmer.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Juste un
2 moment. Nous avons une objection.
3 Me STEIN (interprétation) : Je pense que maintenant, ce sont des
4 spéculations et c’est la raison pour laquelle je lève l’objection.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Lopez-Terres, auriez-
6 vous l’amabilité de poser la question concernant les connaissances
7 réelles du témoin et dire où véritablement se trouvaient des unités.
8 Je pourrais également moi-même poser la question éventuellement.
9 Où, Monsieur le Témoin, se trouvait le poste de
10 commandement de Monsieur Blaskic là où vous étiez ce jour-
11 là ? Je pose la question au témoin directement.
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Le poste de commandement se trouvait au
13 -dessus de la station d’essence dans une maison d’un particulier.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Et c’était
15 quelle région plus particulièrement ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était exactement à Krizancevo Selo.
17 Me LOPEZ-TERRES : [Hors microphone] …les informations que vous avez
18 obtenues ou les conversations que vous avez entendues de la part de
19 membres des Vitezovis, y a-t-il eu certains soldats de l’unité des
20 Vitezovis qui ont participé à l’attaque du village de Ahmici ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne saurais pas l’affirmer ni
22 le dire avec certitude, mais à mon avis, il y en avait peut-être
23 deux qui habitaient en contrebas par rapport à Ahmici.
24 Me LOPEZ-TERRES : Comment avez-vous eu ces informations ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Quelles informations ?
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1 Me LOPEZ-TERRES : Selon lesquelles peut-être deux soldats des
2 Vitezovis ont participé à Ahmici.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il y avait un soldat qui habitait
4 en-dessous de Ahmici. Il n’était pas à Dubravica le jour même.
5 L’autre, je ne l’ai pas vu non plus ce jour-là, alors que
6 normalement, il était sous le commandement de Monsieur Marinko
7 Plavcic.
8 Me LOPEZ-TERRES : Avez-vous le nom de ces soldats?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi mais je ne souhaite pas
10 parler des soldats car ce ne sont pas les soldats qui sont coupables,
11 c’est le commandement. D’après tous les règlements et d’après
12 la politique et la stratégie, ce ne sont pas les soldats qui
13 sont coupables mais ceux qui les commandent.
14 Me LOPEZ-TERRES : J’avais cru comprendre de ce que vous nous
15 indiquiez qu’il s’agissait d’une initiative personnelle de ces
16 soldats.
17 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Vous avez bien compris.
18 Me LOPEZ-TERRES : Au cours de cette journée du 16 avril, vous avez
19 donc reçu pour instructions de quitter ce poste de commandement de
20 Krizancevo Selo pour vous rendre à l’école de Dubravica pour vous
21 occuper des personnes qui y étaient retenues comme prisonnières ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
23 Me LOPEZ-TERRES : En vous rendant à l’école à Dubravica, vous avez
24 pu constater qu’il y avait de nombreux cadavres et qu’il y
25 avait de nombreuses maisons musulmanes qui brûlaient dans Vitez ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Excusez-moi, je ne suis pas de
2 Vitez et je ne suis pas de là-bas. Par conséquent, il y avait des
3 maisons qui ont été incendiées. Je ne sais pas s’il y avait des
4 maisons musulmanes uniquement. Je sais que Marinko Plavcic avait
5 demandé que sa maison soit détruite parce qu’il y avait un tireur
6 d’élite qui y était. Par conséquent, je me souviens de ces
7 conversations. Il a vu sa maison qui a été incendiée.
8 Me LOPEZ-TERRES : Il y avait un tireur d’élite musulman dans la
9 maison de Marinko Plavcic ce jour-là ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est ce qu’il avait supposé.
11 Me LOPEZ-TERRES : En vous rendant à l’école, en arrivant à
12 l’école, vous avez constaté qu’il y avait plusieurs centaines de
13 personnes, des musulmans, qui étaient prisonniers dans cette école ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
15 Me LOPEZ-TERRES : Ces prisonniers étaient des femmes et des enfants?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Il y avait des hommes également.
17 Me LOPEZ-TERRES : Il y avait entre 300 et 400 prisonniers
18 à ce moment-là ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils n’étaient pas au nombre de 400,
20 ça, j’en suis sûr, mais il y en avait un peu plus que 350.
21 Me LOPEZ-TERRES : Ces prisonniers étaient détenus dans le gymnase
22 de l’école, dans la cave et dans quatre salles de classes ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Les femmes et les enfants étaient
24 dans les classes. Les hommes et quelques femmes qui ne voulaient
25 pas se séparer de leur mari et de leurs enfants étaient dans le
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1 gymnase, enfin dans la salle de gym, et ceux qui se trouvaient dans
2 la cave, ce n’était pas des prisonniers, n’importe lesquels, c’était
3 des soldats qui étaient séparés et qui ont été arrêtés bien avant.
4 Me LOPEZ-TERRES : Ces prisonniers militaires dont vous nous parlez,
5 vous pouvez nous indiquer un chiffre ? Combien étaient-ils environ ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils ont été arrêtés à plusieurs
7 reprises. Je pourrais vous dire qu’au total, ils étaient au nombre
8 de 20 qui sont passés par cette cave. Mais à ce moment-là, ils
9 étaient quatre au total.
10 Me LOPEZ-TERRES : Les personnes dont vous nous parlez, ces 350
11 prisonniers ou un peu plus, sont restés détenus dans l’école jusqu’à
12 la moitié du mois de mai 1993 ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Après également, tant qu’ils n’ont pas
14 été tués. Avant d’être tués, ils y étaient.
15 Me LOPEZ-TERRES : Vous dites qu’ils étaient détenus jusqu’à ce
16 qu’ils soient tués. Qu’est-ce que vous voulez dire? Des prisonniers
17 ont été libérés, tous n’ont pas été tués. Nous allons en reparler
18 un peu plus loin. Vous vous êtes occupé de prêter assistance…
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous pourrions peut-être
20 éclaircir quelque peu ce point. Quels prisonniers ont été tués ?
21 Je ne vous demande pas les noms. Est-ce qu’il s’agissait
22 d’un type de prisonnier très concret, s’il vous plaît ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. C’était les prisonniers qui ont
24 été arrêtés à un endroit du côté de Bobasi. Il y avait d’abord les
25 trois civils et ces trois civils, au fond, voulaient rejoindre Vitez
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1 comme des soldats, mais au fond, c’était des civils et je l’ai
2 constaté. Ils voulaient tout simplement s’approvisionner en vivres.
3 Ensuite, il y avait également un maître de l’hôtel car il y
4 avait là-bas des opérations militaires qui ont eu lieu et lui
5 également, il était parmi ces prisonniers.
6 Me LOPEZ-TERRES : Nous allons reparler de certains détenus qui ont
7 été tués par la suite, Monsieur Breljas, un peu plus loin.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Lopez- Terres, je pense que
9 nous pouvons lever la séance maintenant. C’est le moment propice pour
10 la pause. Nous allons faire une pause jusqu’à 11 h 30.
11 (Suspension de l’audience à 11 h 02, Reprise de l’audience à 11 h 38)
12 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, nous allons revenir sur les
13 conditions de détention des prisonniers à l’école de Dubravica. Vous
14 avez indiqué que ces personnes, donc, étaient détenues dans le
15 gymnase, dans quatre salles de classe et dans la cave. Vous avez
16 essayé d’apporter de l’aide, avec les moyens dont vous disposiez, à
17 ces personnes. Vous leur avez fourni des vêtements, vous leur avez
18 fourni de la nourriture, des bouteilles d’eau et également du foin,
19 je crois, pour qu’elles puissent dormir. Cela étant, vous convenez
20 que les conditions de détention de ces personnes n’étaient pas du
21 tout bonnes ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Effectivement, les conditions n’étaient
23 pas bonnes au sous-sol. Les conditions étaient vraiment exécrables.
24 Toutefois, dans le gymnase, il y avait de nombreuses personnes et pas
25 assez d’aération. Pour ce qui est de l’eau, je ne leur ai pas donné
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1 de bouteilles d’eau, mais de l’autre côté du couloir, il y avait des
2 toilettes et les détenus pouvaient utiliser l’eau du robinet. Les
3 femmes et les enfants avaient des conditions quelque peu meilleures
4 puisqu’ils ont été déplacés du gymnase pour être installés dans des
5 pièces où la situation était un peu plus tolérable et supportable.
6 Me LOPEZ-TERRES : Les détenus dont nous parlons ne pouvaient pas
7 recevoir de soins médicaux et avaient une nourriture très
8 insuffisante, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
10 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez été amené à désigner certains des
11 prisonniers pour qu’ils creusent des tranchées et vous l’avez fait
12 sur la demande, soit de votre propre hiérarchie au sein des
13 Vitezovis, soit à la demande de représentants de la brigade de Vitez?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ils sont venus chercher des
15 personnes afin de les amener creusées des tranchées. Marinko Plavcic
16 et moi-même le faisaient. Parfois c’était lui, parfois c’était moi.
17 Nous disions que nous avions besoin de 10 hommes afin de creuser des
18 tranchées. Nous leur disions de réunir ces 10 personnes qui étaient
19 alors envoyées sur les lieux.
20 Me LOPEZ-TERRES : En ce qui concerne les instructions pour la
21 désignation de ces prisonniers que vous receviez de la brigade de
22 Vitez, elles émanaient de plusieurs personnes. En particulier, vous
23 avez cité le nom d’une personne qui s’appelait Mile Vinac qui
24 appartenait au commandement de la brigade et vous avez évoqué
25 également un officier de la brigade qui était surnommé Zabac, ce qui
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1 veut dire « grenouille », je crois, dans votre langue ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Il est exact. Vinac
3 venait aussi. Pour ce qui est de Zabac, lui, ne le faisait pas. Il
4 ne venait pas chercher des hommes. Il se contentait de venir et de
5 les emmener, mais il ne les sélectionnait pas. Il n’y avait pas
6 d’ordre qu’il pouvait nous donner. Il disait simplement : « J’ai
7 besoin de 10 hommes pour travailler » et il les emmenait.
8 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que vous avez reçu des ordres écrits de la
9 brigade de Vitez concernant la désignation de ces prisonniers ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non, non. Ce n’était pas
11 possible. La brigade de Vitez n’était pas en mesure de donner de
12 tels ordres à Kraljevic.
13 Me LOPEZ-TERRES : Les prisonniers dont nous parlons, qui
14 ont dû creuser des tranchées, ceux dont vous vous souvenez en
15 tout cas, ont dû creuser ces tranchées dans les régions de Buhine
16 Kuce, Bobasi, Kula, Krizancevo Selo, Zabrdze ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais vous voyez, à l’époque, j’étais
18 encore assez nouveau. Je sais de façon certaine qu’ils sont allés à
19 Buhine Kuce et à Krizancevo Selo, mais à l’époque, je ne savais pas
20 qu’ils allaient à Bobasi. Je l’ai appris par la suite. J’ai appris
21 qu’ils sont allés à Bobasi et Zabrdze, entre autres endroits, mais à
22 l’époque, je n’étais au courant que pour ce qui est de Buhine Kuce et
23 Krizancevo Selo.
24 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez constaté que ces prisonniers recevaient
25 eux-mêmes peu de nourriture. Vous savez également qu’ils ont été
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1 parfois maltraités et battus par les gardes ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Oui, c’est exact. Je m’y suis
3 opposé. Lors de nos réunions, j’ai souvent manifesté cette
4 opposition. L’alimentation et les nourritures étaient limitées pour
5 tout le monde, mais eux étaient vraiment privés de nourriture. Ils
6 devaient, en fait, partager une boîte de conserve pour deux
7 prisonniers. Je ne sais pas comment la brigade de Vitez nourrissait
8 ses prisonniers. Moi, je sais que je leur ai donné certaines boîtes
9 de conserve de temps à autre. Il y a eu des cas de mauvais traitement
10 infligé à certaines personnes. Si j’avais pu, j’aurais voulu traîner
11 ces personnes en justice. Ici, je ne veux pas citer le nom de ces
12 soldats qui enchaînaient les prisonniers, les forçaient à aboyer et à
13 mordre un autre prisonnier, en réponse de quoi cet autre prisonnier
14 donnait des coups à celui qui l’avait mordu.
15 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez également été informé que certains de ces
16 prisonniers étaient utilisés comme boucliers humains sur les lieux
17 des tranchées ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne pourrais pas qualifier cela de
19 bouclier humain même si d’après toutes les règles en vigueur c’était
20 effectivement un bouclier humain, à moins, bien sûr, que les soldats
21 ne se trouvent devant les travailleurs. Ce qu’ils ont fait c’est, en
22 fait, de placer les travailleurs devant la ligne des soldats, ce qui
23 veut dire qu’il n’y avait pas de véritable intention de les utiliser
24 en tant que boucliers humains, mais en vertu des lois et coutumes de
25 la guerre, eh bien, ces pratiques étaient contraires à ces lois
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1 puisque normalement, c’est d’abord les soldats et puis les ouvriers
2 ou les travailleurs, mais dans ce cas-ci, c’était l’inverse.
3 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez protesté à plusieurs reprises contre ces
4 pratiques et apparemment, cela n’a pas eu beaucoup d’effet ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Effectivement, personne n’a accordé
6 d’importance à mes protestations. Ils ont même été jusqu’à me
7 qualifier de fou et que je faisais vraiment des choses qu’il ne
8 fallait pas faire.
9 Me LOPEZ-TERRES : Auprès de qui est-ce que vous vous êtes plaint de
10 ces pratiques et des mauvais traitements des prisonniers en général ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : La seule occasion qui m’ait été donnée
12 a été de me plaindre auprès du commandant de la zone opérationnelle
13 de Vitez à l’officier IPD, information et propagande.
14 Me LOPEZ-TERRES : Nous avons évoqué ce sujet avant la pause. Il
15 s’agit des prisonniers qui ont été tués au cours de leur détention
16 par votre unité. Vous avez indiqué qu’à votre connaissance, environ
17 une quinzaine de prisonniers qui étaient sous la responsabilité des
18 Vitezovis ont été tués ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
20 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez eu connaissance également qu’il existait
21 une pratique chez certains soldats de votre unité qui consistait à
22 couper des oreilles aux membres de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui
23 avaient été tués. Vous avez entendu parler de cela ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Ceci s’est pratiqué dans toutes les
25 unités de la région de Vitez. Il y a des soldats qui ont eu recours
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1 à ce type de pratique, effectivement.
2 Me LOPEZ-TERRES : Vous vous souvenez que l’un des membres des
3 Vitezovis vous a remis un jour deux oreilles, en vous disant :
4 « Tiens, vous pourrez amener cela comme casse-croûte à Kraljevic » ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Effectivement, c’est
6 exact, pas deux oreilles toutefois mais une. Il m’a dit :
7 « Eh bien, amène-la à Kraljevic pour qu’il déjeune. »
8 Me LOPEZ-TERRES : Il y avait un autre membre des Vitezovis don’t vous
9 avez dit également qu’il arborait de temps en temps un collier
10 d’oreilles humaines ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Il ne la portait pas, il la
12 confectionnait. J’essaie de me souvenir s’il était là. Je pense que
13 son groupe de combat ne se trouvait pas à cette position à l’époque.
14 Ils étaient en train d’effectuer des préparatifs en vue de combat.
15 Me LOPEZ-TERRES : Dans la période du 17 au 20 avril 1993, Darko
16 Kraljevic, votre commandant, a donné l’ordre, dans l’hypothèse où
17 l’offensive de l’Armija se poursuivait, de faire sauter les locaux de
18 l’école de Dubravica avec les prisonniers qui s’y trouvaient ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Il ne s’est pas contenté de me dire
20 cela. Il faut dire que ceci avait été préparé. On avait miné
21 l’école. On devait faire exploser effectivement l’école de Dubravica
22 avec toutes les personnes qui s’y trouvaient à l’intérieur.
23 Me LOPEZ-TERRES : Il y avait environ 200 kilos d’explosifs qui
24 avaient été placés autour de l’école ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne pourrais pas vous donner un
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1 chiffre précis, mais effectivement, il y avait beaucoup d’explosifs,
2 effectivement.
3 Me LOPEZ-TERRES : Aux environs du 20 avril, l’Armija a donc lancé
4 une offensive contre l’école, les Vitezovis ont mis en place une
5 ligne de défense, la zone a été bombardée et vous avez constaté
6 qu’à un certain moment, l’Armija s’est retirée ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, l’armée de Bosnie-Herzégovine.
8 Oui, c’était l’armée de Bosnie- Herzégovine de Poculica qui a
9 attaqué de Poculica et d’autres endroits. Ils sont arrivés jusqu’
10 à 100 ou 150 mètres de l’entrée de l’école de Dubravica.
11 C’est alors que les Vitezovis ont réussi à les repousser
12 une fois de plus et ils ont battu en retraite.
13 Me LOPEZ-TERRES : Avez-vous eu le sentiment à l’époque que si
14 l’armée de Bosnie-Herzégovine avait stoppé son offensive, c’est parce
15 qu’elle connaissait la présence de ces prisonniers dans l’école,
16 le risque que ces bâtiments soient détruits ?
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin ne peut pas parler des
18 actions engagées par l’armée de Bosnie- Herzégovine. Ce que celle-ci
19 avait pour intention est un sujet qui lui reste à elle mais pas
20 au témoin.
21 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, à votre avis, la résistance
22 opposée par les Vitezovis autour de l’école est-elle la seule
23 explication à l’interruption de l’offensive de l’Armija ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je ne pourrais pas dire ce
25 genre de chose. D’après mon expérience militaire, les Vitezovis
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1 étaient trop faibles pour repousser une telle offensive. Je pense
2 que c’était soit le gouvernement de la Bosnie-Herzégovine qui a donné
3 des instructions de ne pas lancer cette attaque ou la raison en était
4 peut-être qu’effectivement, des explosifs aient été placés tout
5 autour de l’école et que ceci pourrait entraîner une catastrophe.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin ne peut pas vous
7 parler des intentions de l’armée de Bosnie- Herzégovine. C’est
8 l’armée seule qui pourrait en parler. Passons à autre chose.
9 Me LOPEZ-TERRES: Aux environs du mois de mai 1993, Monsieur Breljas,
10 des membres de votre unité Nikola et Jako Krizanac, notamment, ont
11 fait prisonnier le nommé Kemal Poricanan – c’était un juge de la
12 région de Travnik – avec son chauffeur, qui était nommé Jasenko. Vous
13 vous rappelez de cela ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je m’en souviens.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il n’y a aucun litige sur ce
16 point. Vous pouvez donc être rapide sur ce point.
17 Me LOPEZ-TERRES : Le Juge Poricanan et son chauffeur ont
18 été tués au cours de leur détention, Monsieur Breljas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
20 Me LOPEZ-TERRES : À votre connaissance, leurs
21 corps ont été jetés… [hors microphone].
22 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
23 Me LOPEZ-TERRES : Vous vous souvenez également qu’il avait été prévu
24 que le Juge soit filmé par un cameraman et que ce film soit présenté
25 ensuite. Compte tenu de l’état du Juge qui avait été battu, vous
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1 avez demandé à votre supérieur un délai pour qu’il puisse être
2 présentable devant une caméra. Vous vous rappelez de cela ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Il se trouvait dans
4 la cave et effectivement, il avait été gravement battu, il avait les
5 côtes cassés, et j’ai dit à Darko Kraljevic que cet homme allait
6 effectivement mourir dans ce sous-sol, qu’il fallait l’emmener pour
7 qu’il soit alité et qu’il soit soigné.
8 Me LOPEZ-TERRES : Vous rappelez-vous de la personne qui devait
9 filmer le Juge avec cette camera ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne le connais pas. Je l’ai vu au
11 moment où il filmait, lorsqu’ils sont venus, mais je ne sais pas
12 comment il s’appelle. Je ne le connais pas non plus. C’était
13 simplement un homme qui était venu filmer, ce qu’il a fait.
14 Me LOPEZ-TERRES : Appartenait-il à l’équipe des cameramen de la
15 zone de Vitez mise à la disposition de la brigade de Vitez ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il ne faisait pas partie de
17 l’équipe que je connaissais. Il se peut que ç’ait été quelqu’un que
18 je ne connaissais pas.
19 Me LOPEZ-TERRES : Le 1er novembre 1993, vous avez organisé une
20 cérémonie en mémoire des membres des Vitezovis qui étaient morts ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était la Toussaint. J’ai prévu
22 une cérémonie de commémoration pour ceux qui étaient morts parmi les
23 Vitezovis.
24 Me LOPEZ-TERRES : Messieurs Kraljevic et Cerkez ont participé à
25 cette cérémonie ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour pouvoir prendre une décision, j’ai
2 allumé trois grandes chandelles. Sur l’un, j’ai mis commandant des
3 Vitezovis, l’autre, commandant de la zone opérationnelle de Vitez, la
4 troisième pour le commandant de la brigade de Vitez pour que chacun
5 de ces commandants viennent allumer une chandelle. Mario Cerkez est
6 venu allumer la sienne mais Monsieur Blaskic a dépêché pour le
7 remplacer un officier IPD, de la propagande et de l’information.
8 Me LOPEZ-TERRES : Mario Cerkez, à votre connaissance, n’a plus
9 exercé des fonctions de commandant de brigade à Vitez après la fin
10 octobre 1993 ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Plus tard, après cette date, il était
12 commandant… il a été commandant pendant un certain temps par la
13 suite. Il a cessé ses fonctions lorsqu’à Grobcic, l’armée de
14 Bosnie-Herzégovine s’est infiltrée et a détruit ou a tué 32 soldats.
15 C’est à ce moment-là que ses fonctions de commandement lui ont été
16 retirées.
17 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que vous pouvez situer dans le temps plus
18 précisément cette période ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que ça s’est passé au cours de
20 la première semaine de décembre.
21 Me LOPEZ-TERRES : Décembre 1993 ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
23 Me LOPEZ-TERRES : À votre connaissance, Mario Cerkez et Darko
24 Kraljevic avaient fréquenté la même école et s’entendaient très
25 bien ? Ils se connaissaient très bien tous les deux ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Quant à savoir s’ils ont fréquenté
2 la même école ou se trouvaient dans la même classe, je ne sais pas.
3 Ce que je sais c’est qu’ils se connaissaient très bien puisqu’ils
4 étaient originaires du même endroit, du même village.
5 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce qu’à votre connaissance, ils se
6 rencontraient souvent ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est certain. Il est certain qu’ils
8 se voyaient souvent, mais au moment de la guerre, il y avait quand
9 même un certain contentieux entre ces deux hommes pour ce qui est de
10 savoir qui était le commandant le plus important. C’était le seul
11 point de désaccord entre eux. Tout le reste marchait très bien.
12 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez constaté à plusieurs reprises que c’est
13 Monsieur Cerkez qui a fourni du carburant à Darko Kraljevic lorsqu’il
14 en manquait ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je l’ai remarqué, mais qui plus est,
16 j’étais présent au moment où Darko Kraljevic a pris le téléphone, il
17 s’est entretenu avec Cerkez et lui a dit à la fin : « Nous sommes de
18 vieux amis. Donne-moi du carburant puisque je n’en ai plus. »
19 L’autre lui a répondu qu’il le ferait. J’étais à proximité. J’ai pu
20 entendre leur conversation.
21 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez indiqué qu’à votre connaissance, l’unité
22 des Vitezovis n’était pas formellement subordonnée à la brigade de
23 Vitez mais qu’il y avait un accord selon lequel, pour des raisons
24 logistiques, l’unité des Vitezovis était parfois appelée 4e bataillon
25 de la brigade de Vitez ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Avec votre permission, je vais devoir
2 vous donner une réponse plus détaillée et plus circonstanciée pour
3 être tout à fait clair. Les Vitezovis et la brigade de Vitez étaient
4 identiques. C’était la même unité, la seule différence étant que les
5 Vitezovis étaient la troupe d’assaut d’élite, alors que les Vitezovis
6 étaient une force défensive et il y avait un certain litige au niveau
7 du commandement. Le commandement n’était pas uni, était assez
8 désuni. Mais pour ce qui est des effectifs, effectivement, les
9 Vitezovis, c’était les unités chargées de l’attaque, d’assaut par
10 rapport à la brigade de Vitez.
11 Me LOPEZ-TERRES : Je pense qu’il s’est glissé une petite erreur dans
12 le transcript. Il y a la distinction : « Les Vitezovis étaient les
13 unités d’assaut, les troupes spéciales », tandis qu’on nous a
14 indiqué : « Les Vitezovis étaient à nouveau des forces de défense. »
15 Je pense que c’est les membres de la brigade de Vitez que l’on
16 veut mentionner au lieu des Vitezovis dans le transcript.
17 Vous avez constaté à plusieurs reprises que les Vitezovis et la
18 brigade de Vitez agissaient de concert dans le secteur de Vitez et
19 que dans ces occasions-là, dans ces opérations militaires, les
20 Vitezovis recevaient des instructions de Mario Cerkez qui lui-même
21 les recevait du centre opérationnel de Bosnie centrale, c’est-à-dire
22 en fait du Colonel Blaskic ?
23 Me KOVACIC (interprétation) : Je crois que les questions son trop
24 dirigistes.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Breljas, dite-nous
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1 comment vous, vous avez compris la structure de commandement
2 s’agissant de ces personnes. Je pense ici surtout au Colonel
3 Blaskic et à Monsieur Cerkez.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’ai jamais dit que le Colonel
5 Blaskic avait participé à cela mais leur seule différence c’est
6 qu’ils ne se battaient pas ensemble et ils ne pouvaient pas le faire
7 parce qu’il y avait les Vitezovis, une unité spéciale qui était une
8 unité d’assaut et qui était distincte. Mais de toute façon, il ne
9 pouvait pas commander aux Vitezovis parce que Kraljevic ne le
10 permettait pas mais simplement déterminer l’endroit où les Vitezovis
11 devaient se battre et cet endroit devait être réservé, respecté et
12 cet emplacement se trouvait dans la zone opérationnelle, zone de
13 combat de Vitez.
14 C’est seulement de ce point de vue que je peux dire qu’il y
15 avait des contacts entre le Colonel Blaskic et les Vitezovis du point
16 de vue de la détermination de cet emplacement.
17 M. LE JUGE BENNOUNA : Pour compléter la question qui a été posée par
18 le Président, Richard May, est-ce que vous pouvez dire à la Chambre
19 quelle était la position dans cette structure de commandement de
20 Monsieur Cerkez ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur Cerkez avait la position
22 suivante à savoir que dans la première moitié de la période, c’est
23 lui qui était le commandant de tout le monde à Vitez et sa zone
24 opérationnelle décidait ce qui allait se passer, ce qui n’allait
25 pas se passer et où cela allait se passer, alors que les Vitezovis
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1 ont été dirigés vers un endroit où il fallait attaquer et cela se
2 passer dans les cas où l’ordre venait de Darko. C’était le seul qui
3 pouvait donner cet ordre.
4 M. LE JUGE BENNOUNA : Donc, est-ce que Monsieur
5 Cerkez pouvait donner des instructions pour les Vitezovis
6 ou bien est-ce que cela était réservé uniquement… ils ne
7 recevaient d’instructions que de Monsieur Kraljevic ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact car les Vitezovis ne lui
9 auraient pas obéi et n’auraient pas fait ce qu’il leur disait de
10 faire. Mais la seule chose que je ne sais pas, c’est si Kraljevic et
11 lui s’entendaient au sujet d’une attaque mais le fait de pouvoir
12 donner des ordres directs aux Vitezovis, ça, c’était impossible pour
13 lui parce que s’il l’avait fait, il aurait été tué par les Vitezovis.
14 M. LE JUGE BENNOUNA : Merci.
15 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, lorsqu’une action militaire
16 était organisée dans la zone de commandement de Mario Cerkez, il
17 s’agissait de répartir les secteurs entre les unités, qui indiquait à
18 Darko Kraljevic dans quelle zone les Vitezovis devaient se déployer ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Darko Kraljevic avait un adjoint au
20 commandement qui était le responsable d’une autre unité spéciale et
21 dans des cas de ce genre, c’est lui qui recevait des ordres et Darko,
22 en 1993, avait déjà laissé tomber. Il avait vu que la guerre était
23 illégale. C’était un bon soldat. Il avait déjà un peu abandonné et
24 c’est Dragan Vinac qui avait repris le commandement. Mais
25 officiellement, tout passait par Darko Kraljevic, c’est-à-dire que
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1 tous ses amis… tous les commandants étaient ses amis et Plavcic, par
2 exemple, a été tué sur ordre de Vinac comme Monsieur Sidi, comment
3 est-ce que nous l’appelions, le Commandant Sidi lui aussi a été tué.
4 Donc, il était déjà le chef de Darko Kraljevic mais il essayait de
5 porter le chapeau à Darko Kraljevic.
6 Me LOPEZ-TERRES : Une rectification, je pense, dans la question que
7 j’avais posée. C’est d’indiquer qui pouvait donner des instructions
8 à Darko Kraljevic et non pas à Dario Kordic comme c’est précisé sur
9 le transcript.
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Mario Cerkez pouvait donner les
11 ordres au cours de la première moitié de 1993. La deuxième moitié
12 de 1993, c’était seulement Blaskic qui pouvait donner ces ordres.
13 Me LOPEZ-TERRES : Vous savez par votre expérience sur le terrain
14 qu’au cours des opérations militaires dont nous parlons, les
15 Vitezovis avaient pour habitude de procéder au pillage de certaines
16 maisons et dans ces maisons, ils s’emparaient des objets de valeur de
17 petite dimension. Ensuite, lorsque les unités de la brigade
18 arrivaient, c’était des objets de dimension plus importante qui
19 étaient emportés par les soldats ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Les Vitezovis, comme je l’ai déjà dit,
21 étaient une unité d’assaut. C’était les premiers qui pénétraient
22 dans une localité. Ils étaient toujours en première ligne, toujours
23 devant. Donc, s’ils ramassaient quelque chose, eh bien, ils
24 ramassaient les petits objets qu’on peut mettre dans la poche ou dans
25 un sac à dos ou quelque chose de ce genre. Et les autres, quand ils
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1 arrivaient, eh bien, ils transportaient différents objets et ceux qui
2 qui arrivaient en dernier enlevaient même les briques des toits.
3 Me STEIN (interprétation) : Page 16, Monsieur le Président, ligne
4 13 et ligne 15 au compte rendu d’audience, c’est le nom Darko
5 Kraljevic qui devrait figurer et non celui de Dario Kordic.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
7 Me LOPEZ-TERRES : Je l’ai indiqué déjà. Vous indiquez qu’il y
8 avait donc plusieurs vagues, si je peux dire, d’attaques et de
9 pillages ensuite. Lorsque vous dites que les Vitezovis emportaient
10 des petits objets et que les autres emportaient des objets plus
11 importants, qui visez-vous lorsque vous dites « les autres » ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense aux membres de la brigade de
13 Vitez, à cette unité d’arrière qui avait un autre rôle parce que le
14 rôle des Vitezovis, c’était de traverser en flèche l’endroit en
15 question et de réaliser la première étape de l’attaque, la première
16 vague de combats de rue, et ensuite, c’était la brigade de Vitez qui
17 arrivait, qui était un peu plus régulière, un peu plus normale et
18 c’est cette brigade qui pénétrait ensuite dans la localité pour
19 instaurer l’ordre ou bien non, je ne dirais peut-être pas l’ordre
20 mais enfin, d’une certaine façon, l’ordre tout de même, oui, et eux,
21 ils ramassaient tout ce qu’ils trouvaient. Et ensuite, c’était les
22 réfugiés qui arrivaient et selon leur bon plaisir, ils prenaient les
23 maisons qui leur convenaient le mieux.
24 Me LOPEZ-TERRES : Lorsque les soldats de Vitez dont vous parlez
25 emportaient des réfrigérateurs, des meubles, je suppose qu’ils
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1 utilisaient des véhicules pour cela ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Les Vitezovis n’emportaient pas ce genre
3 d’objets. C’était ceux-là, les hommes de la brigade de Vitez qui
4 emportaient cela. Les Vitezovis, ils emportaient les petits
5 ordinateurs portables, de l’or, des bijoux, de l’argent, ce qu’ils
6 pouvaient emporter dans leurs voitures, ce qui était tout à fait
7 facile à déplacer. Sinon, c’était les membres de la brigade de Vitez
8 qui pillaient avec des camions.
9 Une fois, j’étais là, je l’ai vu. Quand les Vitezovis sont
10 passés, eux sont arrivés avec un camion, ils ont rempli tout le
11 camion et ils sont partis et la guerre n’était même pas encore
12 terminée. Enfin, je veux dire le combat en question n’était même
13 pas terminé.
14 Me LOPEZ-TERRES : Vous avez établi, le 18 décembre 1993, Monsieur
15 Breljas, une liste des membres des Vitezovis qui ont été tués au
16 cours du conflit, en tous cas à cette date-là. Je voudrais vous
17 présenter ce document qui est donc signé par vous et qui porte
18 la référence Z1335.1. Ce document a bien été rédigé par vous,
19 Monsieur Breljas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact et ce n’est pas le document
21 complet. Il y manque deux pages.
22 Me LOPEZ-TERRES : Je n’ai qu’une seule page avec 33 noms qui y
23 apparaissent.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Ma liste était plus importante parce
25 qu’à chaque fois que je dressais un rapport, j’inscrivais le nom des
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1 morts, des blessés et des hommes en bonne condition physique qui
2 pouvaient se battre. Ici, nous avons effectivement la liste des
3 hommes décédés mais il n’y en a ici que 33, alors qu’au total, ils
4 étaient plus nombreux. Je pense qu’ils étaient 80 à peu près.
5 Me LOPEZ-TERRES : Est-il vrai, Monsieur Breljas que votre
6 signature et le tampon de votre unité figurent au bas de la page ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Ça, c’est exact.
8 C’est le tampon de notre unité et c’est bien ma signature.
9 Me LOPEZ-TERRES : Je voudrais que vous examiniez également un autre
10 document qui est en date du 10 mai 1993 et qui porte la référence
11 Z8711. C’est un document qui est daté du 8 mai 1993 et qui signé
12 par le Major Dragan Vinac. Vous voyez ce document ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. C’est Vinac
14 qui l’a signé. Je vois ici la signature de Vinac.
15 Me LOPEZ-TERRES : Je voudrais enfin vous présenter un troisième
16 document qui porte la référence Z808. Il s’agit d’une liste qui a
17 été établie le 24 avril 1993 par votre homologue de la brigade de
18 Vitez, l’officier d’information et propagande, Zvonimir Cilic, dont
19 vous nous avez parlé précédemment.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Je vois des noms
21 d’ailleurs ici qui sont bien des noms de la brigade de Vitez.
22 Me LOPEZ-TERRES : En ce qui concerne ces trois documents, Monsieur
23 Breljas, vous constatez comme nous- mêmes qu’il y a plusieurs noms
24 qui apparaissent sur la liste des membres de la brigade de Vitez
25 établie par Monsieur Cilic comme étant des soldats de la brigade de
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1 Vitez et que ces mêmes noms figurent également sur les deux listes
2 de l’unité des Vitezovis. Je peux vous donner ces cinq noms. Il
3 s’agit des nommés Lovro Kolak, Anto Franjic, Ivan Zuljevic, Vlado
4 Frankjovic, Zoran Ramljak.
5 LE TÉMOIN (interprétation) : S’agissant des quatre premiers noms que
6 vous avez cités, pour autant que je le sache, ils étaient membres des
7 Vitezovis mais pour le cinquième, je ne suis pas sûr parce que je ne
8 l’ai retrouvé nulle part. Mais pour l’un des hommes dont vous venez
9 de parler, il est mort à Mahala, à Stari Vitez lors de l’attaque.
10 J’ai rédigé son certificat de décès.
11 Mais quand je suis arrivé dans la région militaire chez les
12 hommes les plus importants, je me suis effectivement posé la
13 question. On m’a demandé comment il pouvait être à deux endroits
14 différents dans la brigade et chez les Vitezovis. Moi, j’ai dit que
15 je ne savais pas qu’il était chez nous, qu’il avait lancé des obus
16 avec des mortiers et j’ai inscrit son nom comme ayant été présent à
17 tel et tel endroit à tel et tel moment. Or, il s’est avéré qu’il
18 était aussi dans la brigade de Vitez. Alors, apparemment, il était
19 aux deux endroits. Qu’est-ce que je peux dire ?
20 Me LOPEZ-TERRES : Il résulte à l’analyse de ces documents…
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Son nom est Ninko.
22 Me LOPEZ-TERRES : [Suite de la question précédente] …qu’il
23 apparaît une certaine confusion entre l’appartenance à l’une
24 ou l’autre des deux unités de ces soldats ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, apparemment, oui. Oui, tout
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1 semble l’indiquer.
2 Me LOPEZ-TERRES : Sur le document qui a été établi par Monsieur
3 Dragan Vinac, Monsieur Breljas, qui est le document Z8711, vous
4 l’avez ce document ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je l’ai.
6 Me LOPEZ-TERRES : Vous voyez en position numéro 2 et en position
7 numéro 3 deux soldats qui figurent comme étant des soldats tués.
8 Il s’agit du nommé Blaz Plavcic et du nommé Goran Blazevic.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Blaz Plavcic, oui,
10 et Goran, oui. Oui, c’est exact.
11 Me LOPEZ-TERRES : Ces deux soldats, je le
12 précise, figurent également sur votre liste.
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
14 Me LOPEZ-TERRES : Vous constatez qu’ils sont mentionnés comme étant
15 tués le 23 octobre 1992 tous les deux. Avez-vous eu connaissance des
16 circonstances au cours desquelles ces deux soldats de l’unité ont été
17 tués ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Ça, je n’en sais rien parce qu’à ce
19 moment-là, je n’étais pas sur place mais quand je suis arrivé, il
20 y avait des désordres au sein des Vitezovis. Donc, je recueillais
21 toutes les informations et chaque fois que je découvrais que
22 quelqu’un avait été tué, je l’inscrivais comme étant mort
23 en tant que membre de l’unité spéciale des Vitezovis.
24 Donc moi, je ne peux rien dire pour ce qui s’est passé avant que je
25 ne commence à dresser les listes des blessés, des morts, et cætera.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Savez-vous dans quel secteur
2 ils ont été tués tous les deux ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Je sais pour feu Blav Plavcic puisqu’il
4 était le frère de mon commandant, je sais qu’il est mort un peu au-
5 dessus de Novi Travnik, dans un village dont je ne connais pas
6 exactement le nom. Je sais que c’était au-dessus de Novi Travnik mais
7 c’est un endroit où je n’allais pas personnellement. Donc, je ne
8 peux pas vous dire exactement le nom du hameau mais je sais que
9 c’était au-dessus de Novi Travnik. On dit qu’il est parti pour Novi
10 Travnik et que c’est là haut, sur ces territoires, dans ces hameaux
11 environnants qu’il est mort.
12 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie. Monsieur l’Huissier, je voudrais
13 présenter au témoin un dernier document qui porte la référence Z1279.
14 Monsieur Breljas, est-ce que vous pouvez vous reporter à la page 5 de
15 ce document ? Il y a un paragraphe6 qui s’appelle : « Mesures prises
16 par l’administration ». Vous voyez ce paragraphe ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je le vois.
18 Me LOPEZ-TERRES : Et dans ce même paragraphe 6, il y a, je dirais,
19 un alinéa 5 qui concerne les Vitezovis.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, ce texte est en anglais.
21 J’aimerais qu’on me le traduise parce que… ah, je vois, oui, je vois.
22 Me LOPEZ-TERRES : C’est la version originale en serbo-croate. Page
23 5, paragraphe 6, sous-paragraphe 5 encore. Vous voyez ce passage ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que vous vous souvenez que votre unité
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1 a reçu pour instructions de ramener sur la ligne de front des
2 soldats de la brigade de Vitez qui ne voulaient pas se battre ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Ça, je m’en souviens. Je ne le trouve
4 pas dans le texte ici mais je me rappelle cela très bien et j’ai même
5 protesté contre cela. Je suis tout de suite allé à la zone
6 opérationnelle de Vitez pour demander que cela s’arrête le plus
7 rapidement possible parce que j’ai dit que les Vitezovis n’avaient
8 pas compétence d’aller attraper des gens chez eux à la maison. C’est
9 simplement quelque chose qui était destiné à détruire la r réputation
10 des Vitezovis. Les Vitezovis avaient une très bonne réputation jusque
11 là et ce qu’on voulait c’est que le peuple commence à les haïr. Je me
12 rappelle très bien.
13 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que vous vous souvenez de l’ordre lui-même
14 qui vous a été donné à l’époque et de qui émanait cet ordre ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non, il n’y a pas d’ordre. Je sais
16 seulement que c’est la brigade de Vitez qui a ordonné cela. Elle a
17 dit que ceux qui avaient fui le front, il fallait que les Vitezovis
18 aillent immédiatement les chercher dans les maisons et les ramènent
19 sur le front, sur les lignes. C’était simplement des instructions
20 orales.
21 Me LOPEZ-TERRES : Monsieur Breljas, ce document est du 31 octobre
22 1993. Je veux simplement attirer votre attention sur le fait qu’à
23 cette date, d’après ce que vous nous avez indiqué il y a quelques
24 instants, Mario Cerkez était encore le commandant de la brigade.
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui, c’est exact.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie. Nous en avons
2 terminé en ce qui concerne les documents.
3 Monsieur Breljas, un dernier point en ce qui
4 concerne votre intervention en qualité d’interprète, à la
5 demande de Kraljevic, alors qu’un convoi d’aide humanitaire
6 avait été bloqué dans la région du carrefour de Dubravica.
7 Est-ce que vous vous souvenez de cet événement?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je me rappelle. Je me rappelle.
9 Me LOPEZ-TERRES : Est-ce que vous pouvez indiquer ce qui s’est
10 produit lorsque vous avez été sollicité pour faire fonction
11 d’interprète ?
12 LE TÉMOIN (interprétation): Un soldat est venu me voir à la caserne.
13 Il m’a dit qu’il avait besoin d’un interprète sur le pont menant à
14 Vitez. Je suis descendu.
15 J’ai trouvé Mario Cerkez en bas. Il y avait beaucoup d’hommes qui
16 sortaient des camions, un très grand nombre. J’ai vu un char et un
17 transport de troupes, des britanniques, enfin, des Nations unies,
18 et à ce moment-là, Mario Cerkez m’a dit : « Kraljevic est arrivé
19 aussi. » Moi, je voulais écouter Kraljevic et Kraljevic m’a dit de
20 lui dire qu’il était impossible d’aller plus loin.
21 Je me suis tourné vers le major, le commandant qui était
22
23 commandant de l’unité, et j’ai dit : « Commandant, mon commandant
24 exige que vous vous arrêtiez, que vous n’alliez pas plus loin. Si
25 vous poursuivez votre chemin, vous serez pris pour cible. » À ce
Page 11740
1 moment-là, mon commandant, Darko Kraljevic, a dit cela et j’ai ajouté
2 que je demandais à fouiller les chars. J’ai demandé si c’était
3 possible, il m’a donné l’autorisation, la fouille a eu lieu, et quand
4 la fouille s’est achevée, il a dit au commandant de la brigade de
5 Vitez, Mario Cerkez, il a dit : « Qu’est-ce qu’il faut faire
6 maintenant ? On les laisse ou qu’est-ce qu’on fait avec eux ? »
7 Mario Cerkez a dit : « Pas question de les laisser partir. » Il a
8 répondu : « Bon, mais diplomatiquement, je vais perdre la partie »
9 et il a répondu : « Ne donne aucun ordre de retrait tant que cet
10 ordre n’est pas donné par moi. »
11 J’ai transmis cela au commandant. Le commandant est parti
12 dormir. Moi, je suis parti – c’était déjà la nuit – dans des voitures
13 et le lendemain matin, jusqu’à 3 h 00 ou 4 h 00 du matin, j’ai passé
14 mon temps dans une voiture, je dormais de temps en temps, et à ce
15 moment-là, un soldat est venu me voir et m’a dit que je pouvais
16 laisser partir le transport de troupes et le char. J’ai donc appelé
17 le commandant et j’ai dit : « Commandant, maintenant, vous êtes
18 libre. Vous pouvez partir. »
19 Me LOPEZ-TERRES : Ce convoi de véhicules était un convoi qui était
20 à quelle destination ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était le Convoi du Salut qui
22 avait été constitué à Split et devait se rendre à Tuzla.
23 Me LOPEZ-TERRES : Savez-vous ce qui est arrivé à un grand
24 nombre des véhicules de ce convoi ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Il n’existe personne
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1 qui pourrait vous expliquer cela. Il vous faudrait au moins un 30 ou
2 40 hommes pour vous l’expliquer, 30 ou 40 hommes qui se seraient
3 trouvés à des endroits différents du convoi parce que ce convoi, à un
4 moment, il a été détourné. On ne sait pas où il est parti, dans
5 quelle direction. Il y a 150 à 200 camions, à un certain moment, qui
6 sont partis vers l’usine d’explosifs en bas et le reste a été
7 éparpillé un peu partout dans tous les sens. Donc, on ne sait pas ce
8 qui s’est retrouvé où. Moi, j’ai trouvé des éléments dans ma caserne.
9 ma caserne. Dans ma caserne, j’ai trouvé sept camions, et le reste,
10 eh bien, il y en avait partout, dans tout Vitez, dans tous les
11 villages environnants, partout. Comment est-ce que je peux vous
12 expliquer ? Je ne vois vraiment pas.
13 Me LOPEZ-TERRES : Après les faits dont vous venez de nous parler, en
14 septembre 1993, vous avez pu constater que Mario Cerkez et le Colonel
15 Blaskic participaient ensemble à la prise du village de Grbavica ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Mario Cerkez et Monsieur
17 le Colonel Blaskic se trouvaient là-haut au-dessus de Mosunj dans une
18 église. L’artillerie qui a réalisé l’attaque était sur une colline
19 au-dessus de l’usine d’explosifs. C’est là que l’attaque contre
20 Grbavica devait commencer et c’est la seule et unique attaque qui a
21 été réalisée dans le respect des règles de la stratégie et des règles
22 militaires. Il y a seulement un civil qui est mort là-haut et
23 encore, il a trouvé la mort en raison d’une balle perdue, mais
24 c’était le seul civil qui a été tué par les Jokeris, qui ont aussi
25 sauté sur une mine.
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1 Me LOPEZ-TERRES : Les unités qui ont participé à cette attaque,
2 d’après vous, étaient donc les Vitezovis, la brigade de Vitez et les
3 Jokeris ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Peut- être qu’il y
5 en avait d’autres aussi, mais je ne suis pas au courant.
6 Me LOPEZ-TERRES : C’est à la fin du mois de décembre 1993 que le
7 Colonel Blaskic a demandé la dissolution de l’unité des Vitezovis ?
8 LE TÉMOIN (interprétation): Oui. Cela s’est passé après Noël, un peu
9 avant le Nouvel An. Nous avons reçu l’ordre. D’abord, nous avons reçu
10 des félicitations de Monsieur Ante Roso, le commandant de l’Herceg-
11 Bosna. Il était nouveau à son poste. Il nous a envoyé des vœux pour
12 Noël et le Nouvel An, et tout de suite après, on nous a dit que s’il
13 y avait pillage, s’il y avait ceci, s’il y avait cela, tous les
14 soldats seraient punis et que les sanctions pouvaient aller jusqu’à
15 la peine de mort. Donc, il était interdit de faire ceci, ceci, ceci,
16 et les Vitezovis devaient être dissous.
17 Me LOPEZ-TERRES : C’était la première fois que vous entendiez ce
18 type de menace à l’encontre de soldats qui se comportaient mal ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. C’est la première
20 fois depuis que je suis entré dans cette formation. C’est la première
21 fois qu’il y a eu un ordre strict et d’ailleurs, un ordre des plus
22 stricts.
23 Me LOPEZ-TERRES : Un certain nombre des anciens membres de l’unité
24 des Vitezovis a intégré la nouvelle brigade qui a été constitué alors
25 à Vitez et qui est devenue la 3e brigade des gardes, dont le chef est
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1 devenu Dragan Vinac, autre ancien commandant adjoint : C’est bien
2 cela ?
3 LE TÉMOIN (interprétation): Ce n’est pas lui qui était le commandant.
4 Il était le commandant adjoint. Quant au commandant, il s’agissait
5 de… je connais son nom, mais à l’instant même, je ne me rappelle pas.
6 Lui était commandant adjoint et il a été fondateur de la brigade de
7 Vitez en tant que commandant adjoint. Quant au commandant, je ne
8 sais pas quand et où il a été nommé.
9 Me LOPEZ-TERRES : Je vous remercie, Monsieur Breljas. Monsieur le
10 Président, j’en ai terminé avec l’interrogatoire principal du témoin.
11 Me STEIN (interprétation) : Monsieur Breljas, je m’appelle Bob Stein
12 et je défends Dario Kordic. Si lorsque je vous pose une question que
13 vous ne comprenez pas, n’hésitez pas à me le dire.
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Entendu.
15 Me STEIN (interprétation) : Grâce aux documents qui nous ont
16 été communiqués par le Bureau du Procureur, j’ai cru comprendre que
17 vous compreniez l’anglais : Est-ce bien exact ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
19 Me STEIN (interprétation) : Vous parlez également le grec ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Un petit peu le
21 grec, c’est exact également.
22 Me STEIN (interprétation) : L’italien ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Un petit peu, pas
24 tellement bien, mais je le parle un peu.
25 Me STEIN (interprétation) : Bien sûr, votre langue maternelle,
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1 le croate ou ce qu’on appelle ici, le « B/C/S » ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Ça me paraît normal.
3 Me STEIN (interprétation) : Vous vous êtes
4 entretenu avec des représentants du Bureau du Procureur,
5 n’est-ce pas, et précisément, vous l’avez fait en mars 1998 ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
7 Me STEIN (interprétation) : Vous avez passé huit jours en tout,
8 n’est-ce pas, avec ces représentants du Bureau du Procureur ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est ça.
10 Me STEIN (interprétation) : Et au cours de cette période, vous
11 avez utilisé tant la langue de Bosnie que l’anglais ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, la langue bosnienne
13 n’existe pas, c’est le serbo-croate. Mais si vous le voulez,
14 si vous insistez, moi, je veux bien parler du bosnien.
15 Me STEIN (interprétation) : D’accord. Quoi qu’il en soit, au cours
16 de ces huit journées d’entretien, huit journées que vous avez passées
17 avec des représentants du Bureau du Procureur, ceux-ci vous ont dit
18 qu’ils allaient vous poser toute une série de questions et que
19 certaines de vos réponses allaient peut-être faire de vous un
20 criminel de guerre, n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
22 Me STEIN (interprétation) : Ils vous ont mis en garde s’agissant
23 des droits que vous ayez à ne pas vous incriminer ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils me l’ont dit, mais moi, j’ai
25 dit, de toute façon, que je n’avais absolument peur de rien et que
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1 je n’avais peur de rien tout simplement parce que je vais parler
2 ce qui est vrai et je vais dire la vérité.
3 Me STEIN (interprétation) : Donc, vous demandez ceci : À la fin de
4 votre déclaration préalable, déclaration que j’aimerais vous remettre
5 maintenant, il y a un espace réservé à votre signature. Veuillez
6 examiner la dernière page de votre déclaration préalable. On y voit,
7 n’est-ce pas, ce qui serait votre signature, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Mais si vous me permettez,
9 je vais juste en prendre connaissance.
10 Me STEIN (interprétation) : Vous n’avez pas signé
11 cette déclaration, n’est-ce pas ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, je ne sais pas, moi.
13 On m’avait demandé de signer quelque chose et moi, je l’ai signé.
14 On m’a fait la traduction à vue et j’ai signé. Je ne sais pas de
15 quel document exactement il s’agit. Si vous voulez bien me donner
16 des explications plus précises, à ce moment-là, je vous le dirai.
17 Il y a un certain nombre de documents que j’ai signés, mais
18 ce que j’ai sous les mains, je ne le sais pas.
19 Me STEIN (interprétation) : Voyez la première page. C’est bien le
20 document à l’élaboration duquel vous avez contribué en mars 1998, au
21 moment de ces entretiens? Examinez la première page, s’il vous plaît.
22 LE TÉMOIN (interprétation): C’est exact. Je ne sais pas pourquoi je
23 n’ai pas signé. De toute façon, ce qu’on m’a donné à signer j’ai
24 signé. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas signé ce document.
25 Je ne peux pas vous le dire. Je ne comprends rien.
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1 Me STEIN (interprétation) : En tout état de cause, on vous a donné
2 l’occasion de lire cette déclaration avant votre déposition
3 d’aujourd’hui, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
5 Me STEIN (interprétation) : Et tout ce qui figure dans cette
6 déclaration est bien authentique et correspond à la vérité, n’est-ce
7 pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas si dans ce texte ça
9 correspond à la vérité, mais ce qu’on m’a lu c’était vrai.
10 Me STEIN (interprétation) : Bien. Avant votre déposition
11 d’aujourd’hui, vous avez rencontré le Bureau du Procureur, n’est-ce
12 pas? Est-ce que le représentant du Bureau du Procureur ne vous a pas
13 donné l’occasion de lire et de corriger ce texte s’il fallait le
14 faire ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était au moment de l’enquête.
16 Ce n’était pas devant le Tribunal, mais c’était devant, donc, les
17 investigations, devant l’enquête. Ils m’ont dit de corriger. Par la
18 suite, on m’a dit que tout a été corrigé. Tout ce que j’ai dit c’est
19 contenu dans la déclaration. Moi, j’ai signé cette déclaration. Je
20 ne peux pas dire plus.
21 Me STEIN (interprétation) : Si j’ai bien compris votre réponse,
22 Monsieur le Témoin, lorsque ces enquêteurs du TPIY en a eu terminé en
23 mars 1998, ils vous ont donné l’occasion de parcourir ce document
24 et donc, comme vous n’avez pas apporté de correction, ce
25 document correspond --
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est vrai.
2 Me STEIN (interprétation) : Dans la même veine,
3 en novembre 1996, le 7 novembre 1996 pour être plus précis,
4 vous avez là aussi fourni une déclaration préalable ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Vous avez raison.
6 Me STEIN (interprétation) : Et vous l’avez faite aux autorités
7 de Bosnie ? J’aimerais vous donner copie de cette déclaration.
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : S’il y a un élément important
10 concerné par ce document, nous aurons besoin de copies.
11 Me STEIN (interprétation) : Nous avons ces copies
12 à votre intention, Monsieur le Président et Monsieur le Juge.
13 Ce que vous avez dit aux autorités de Bosnie est
14 également exact, correspond bien à la vérité, Monsieur ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’était vrai, c’est vrai.
16 Me STEIN (interprétation) : Et enfin, vous avez comparu devant la
17 commission d’état de la présidence de Bosnie-Herzégovine chargée du
18 recueil de faits concernant des crimes de guerre et là aussi, vous
19 avez dit la vérité, ceci s’étant passé en février 1998, n’est-ce pas?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas vrai. Il y a un certain
21 nombre de choses dont j’ai parlées, mais j’ai parlé pendant deux
22 heures. Il y a quelque chose qui les a intéressé. Ce qui les
23 intéressait c’était le pillage du convoi. Il n’y avait que deux
24 pages. Il n’y en avait pas beaucoup. Il n’y a pas beaucoup
25 d’éléments dans cette déclaration.
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1 Me STEIN (interprétation) : Voici d’ailleurs, ces deux pages,
2 Monsieur le Témoin. Ce que je veux vous demander si le contenu de ces
3 deux pages est bien exact, correspond bien à la vérité? On voit bien
4 votre signature apposée à la dernière page, n’est-ce pas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact, mais c’est là où
6 justement, j’ai constaté que j’allais donner une déclaration. J’ai
7 été en contact par la suite avec le Tribunal et j’ai arrêté mes
8 contacts et je ne suis jamais allé pour donner cette déclaration.
9 Me STEIN (interprétation) : Mais cette
10 déclaration de deux pages est bien exacte, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Les deux pages, oui,
12 c’est la réalité. Ça correspond à la réalité.
13 Me STEIN (interprétation) : Suis-je en lieu de comprendre que vous…
14 je supprime ce que je viens de dire. Pour comprendre que le Colonel
15 Robert Stewart vous a dépassé alors qu’il était en route vers Vitez
16 et puis par la suite, il vous a emmené dans un de ses véhicules, est-
17 ce que ceci s’est bien passé en avril 1993 ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est… une fois, je me suis rendu
19 à Zenica et en rentrant de Zenica, il m’a pris dans son véhicule.
20 C’est l’époque où Zivko Totic a été enlevé. C’était le jour même.
21 C’est ce jour-là qu’il m’a pris dans son véhicule.
22 Me STEIN (interprétation) : Est-ce que j’ai bien
23 compris : Le Colonel Stewart vous a-t-il emmené dans un de
24 ses véhicules après être passé devant vous et vous aurait
25 dit d’attendre à cet endroit où vous étiez ? Est-ce exact ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Mais c’est à ce
2 moment-là qu’on a commencé déjà à échanger des coups de feu. Il y
3 avait également des obus qu’on avait jeté et moi, je me suis trouvé
4 tout au sommet de Sljivcica. C’était le territoire musulman. Je suis
5 resté sans essence. Donc, j’étais en civil et c’est tout à fait par
6 hasard. J’ai dit : « Monsieur le Colonel Stewart, je vais vous
7 demander de bien vouloir me prendre dans votre véhicule. Moi, je
8 suis croate et si vous voulez bien m’y emmener. » Il avait accepté
9 et à 16 h 00, je l’ai aidé pour enlever quelques mines, puis je suis
10 retourné à l’endroit où nous nous sommes vus la première fois et
11 sinon, d’ailleurs, si je m’étais déplacé, j’aurais été tué et quand
12 il a fait marche arrière, il m’a pris sur la route. Moi, j’étais
13 dans son véhicule et il m’a ramené.
14 Me STEIN (interprétation) : Il vous a ramené à
15 Vitez, c’est bien cela, le Colonel Stewart en personne ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
17 Me STEIN (interprétation) : Vous vous trouviez à
18 ses côtés dans la jeep ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
20 Me STEIN (interprétation) : Je voulais vous reposer la question :
21 Était-ce bien le 16 avril, le lendemain de l’enlèvement de Totic ?
22 LE TÉMOIN (interprétation): Ce n’est pas exact. C’était le 15 avril.
23 Me STEIN (interprétation) : Pour faciliter le contre-interrogatoire,
24 j’aurais voulu avoir la pièce Z2781.2. C’est une carte.
25 Vous pourriez, Monsieur l’Huissier, utiliser notre
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1 carte et la placer sur le rétroprojecteur.
2 Pourriez-vous nous indiquer sur cette carte où se trouve Vitez,
3 dans le coin inférieur gauche, je pense ? Si vous regardez à droite,
4 la carte même, Monsieur, plutôt que l’écran, ce sera plus facile sans
5 doute.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : À Vitez, oui. Là,
7 oui, je vois Vitez [indication du témoin].
8 Me STEIN (interprétation) : Et vous, vous vous étiez rendu à
9 Zenica, n’est-ce pas ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Vous avez raison. C’est le matin. J’y
11 étais le matin entre 10 h 00, 10 h 30. J’étais, par conséquent, à
12 l’endroit où était le passage entre Nova et Stare Zenica, où les
13 unités du HVO avaient déjà pris la ligne. Ils ne m’ont pas permis de
14 passer cette ligne, mais moi, je l’ai dépassé en marchant à pied et
15 je suis arrivé jusqu’à Sljivcica où il y avait des échanges de coups
16 de feu déjà qui ont commencé.
17 Me STEIN (interprétation) : Vous étiez allé à
18 Zenica. Est-ce que vous redescendiez la route de montagne
19 pour essayer de parvenir à Vitez ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Jusqu’à Vitez.
21 Me STEIN (interprétation) : Vous avez arrêté à
22 Poculica : C’est bien cela ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est vrai.
24 Me STEIN (interprétation) : Et c’est là que vous avez vu le
25 Colonel Stewart passé pour la première fois, n’est-ce pas ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
2 Me STEIN (interprétation) : Et lui venait de
3 Vitez et il allait à Zenica ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, de Vitez à Zenica. C’est exact.
5 Me STEIN (interprétation): Et d’après vous, il vous a emmené dans son
6 véhicule et vous a emmené jusqu’à Vitez : C’est bien cela ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
8 Me STEIN (interprétation) : Et vous dites que
9 ceci s’est produit le 15 avril ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Si c’était le 14, le 15 ou le 16, je ne
11 sais pas, mais je sais que c’était le jour où Zivko Totic a été
12 enlevé. Je ne peux pas vous dire exactement, mais je vais vous
13 demander véritablement de ne pas poser des questions au sujet des
14 journées et notamment des dates parce qu’à ce moment-là, je ne
15 pensais pas aux dates, je ne pensais pas aux jours. Mais je connais
16 les fêtes. L’enlèvement de Zivko Totic a eu lieu ce jour-là.
17 Stewart est parti à Zenica et il devait intervenir. Donc, deux
18 heures plus tard, il m’a retrouvé à l’endroit où je me suis trouvé.
19 C’était 15 h 00, 16 h 00 à peu près où je me suis rendu à Vitez.
20 C’était entre 15 et 16 h 00.
21 Me STEIN (interprétation) : Fort bien, Monsieur.
22 Le Colonel Stewart toutefois, dans la déclaration
23 qu’il a fournie au bureau du Procureur…
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Ceci ne va pas nous aider du
25 tout. Nous venons de passer un temps assez considérable sur ce
Page 11752
1 point. Nous pourrons sans doute établir la date d’une façon ou
2 d’une autre. Mais à quoi voulez-vous en venir ?
3 Me STEIN (interprétation) : Eh bien, selon le
4 Colonel Stewart, il a passé la nuit à Zenica le 15 avril et
5 est rentré le 16 avril. D’après la déposition du témoin et
6 si l’on recoupe ceci avec le journal intime du Colonel
7 Stewart, ceci s’est passé avant 9 h 00 du matin le 16 avril.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Quelle que
9 soit la journée, le témoin rappelle qu’il ne se souvient
10 plus exactement de la date. Qu’est-ce qui vient de là ?
11 Me STEIN (interprétation) : Eh bien, lors de la nuit du 15 au 16,
12 aux premières heures du matin, il aurait entendu des conversations
13 avec Monsieur Kordic et d’autres à propos d’un certain plan. Nous
14 contestons ceci et nous disons que cet homme-ci, le témoin, ne se
15 trouvait pas à Vitez, ni dans les alentours le 15 avril. Il est
16 rentré seulement le 16 à Vitez.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous dites
18 « lui ». C’est bien le témoin ?
19 Me STEIN (interprétation) : Oui. Et je le
20 rappelle aux fins du dossier, je crois que le dossier est
21 très clair là-dessus, l’enlèvement de Totic s’est passé
22 dans les premières heures du 15 avril.
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Est-ce que, Monsieur le Président,
24 vous me permettez de donner la réponse maintenant ?
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, vous
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1 pouvez répondre si vous le voulez.
2 LE TÉMOIN (interprétation): Tout premièrement, il n’est pas vrai que
3 Monsieur Stewart allait de Zenica à Vitez et qu’il a passé la nuit à
4 Vitez. Le Colonel Stewart est passé le matin en direction de Zenica.
5 Moi, j’étais dans un caniveau et je lui ai posé la question de
6 m’emmener et il m’a dit : « Au retour, je vais te prendre. » Trois à
7 quatre heures plus tard, il m’a dépassé et il m’a pris. Et c’est
8 sous la plus grande responsabilité, sous le serment que je le redis,
9 plus de trois heures ne se sont pas passées depuis qu’il était parti
10 en direction de Zenica et qu’il était retourné car moi, je l’ai aidé,
11 je me souviens, à enlever quelques mines et ce n’est que par la suite
12 que je me suis rendu à Sljivcica. Mais c’est au retour qu’il m’avait
13 emmené dans son véhicule, trois à quatre heures plus tard.
14 Me STEIN (interprétation) : Indépendamment de ceci, j’aimerais,
15 Monsieur, que vous vous penchiez sur la déclaration fournie au TPIY
16 le 4 mars.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce que
18 nous pouvons avoir copie de ce texte ?
19 Me STEIN (interprétation) : Volontiers, Monsieur le Président.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous demandez
21 que ceci soit versé au dossier ?
22 Me STEIN (interprétation) : Non. C’est uniquement à titre
23 d’information. Veuillez consulter la page 5 de la version anglaise.
24 Nous avons des copies supplémentaires pour les interprètes. Page 4
25 de la version croate que nous allons peut-être poser sur le
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1 rétroprojecteur, même si nous allons fournir des copies aux
2 interprètes au moment de la pause. Mais j’enchaîne sur votre
3 réponse, Monsieur le Témoin, et votre déclaration.
4 À votre paragraphe 5 avant la fin, on dit – je
5 cite : « Dix jours après avoir rejoint les Vitezovis avec
6 deux éclaireurs Vitezovis, je suis allé, envoyé par Darko
7 Kraljevic, à Zenica pour recueillir des renseignements sur
8 l’Armija, l’armée de Bosnie-Herzégovine. J’ai passé
9 quelques trois jours à cette fin à Zenica et j’ai repris ma
10 route vers Dubravica-Vitez le jour où Zvonko Totic a été
11 fait prisonnier, le jour où ses gardes du corps ont été
12 tués. Je crois que ceci s’est passé le 14 avril 1993.
13 Cependant, je n’ai pas pu aller plus loin que Cajdras car
14 j’ai appris que des conflits avaient éclaté opposant les
15 Vitezovis et ceux qui défendaient le village musulman de
16 Poculica, défendaient ce village de l’attaque des Vitezovis. »
17 Je saute la phrase suivante. Je poursuis : « À l’arrivée à
18 Cajdras vers 4 h 00 le 15 avril, j’ai été bloqué là jusqu’à 10 h 00
19 ou 11 h 00 de la même soirée. J’ai passé ce temps dans le bâtiment
20 de l’église dans le village de Cajdras. J’avais déjà envoyé deux
21 éclaireurs à Vitez qui ont pris la route à travers les bois et les
22 collines. Le soir du 15 avril 1993, je suis parti de Cajdras en
23 direction de Poculica pour parvenir à Dubravica. Alors que je
24 m’approchais de Poculica le haut, quartier appelé Sljivcica où se
25 trouvait une mosquée, j’ai vu des obus qui étaient tirés. »
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1 Je saute quelques phrases pour parvenir au passage important –
2 je cite: « Je me suis caché dans un fossé, un caniveau à proximité de
3 la route pour ne pas être touché par une balle qui serait passée par
4 là. Craignant d’être blessé, j’avais pris un morceau de papier et
5 j’ai écrit : si je suis trouvé mort, je n’ai pas été tué par
6 l’« armija » de Bosnie-Herzégovine mais par une balle perdue. J’ai
7 passé une nuit dans ce caniveau, dans ce fossé. Je pense que la
8 journée suivante, c’était la journée du 15 avril. Vers 10 h 00 du
9 matin le 15 avril 1993, j’ai vu une patrouille de la FORPRONU
10 s’approchant, qui venait de Vitez en direction de Zenica. »
11 (Fin de citation).
12 Puis le reste du paragraphe parle de l’évacuation
13 des mines, du Colonel Stewart et je poursuis en citant :
14 « Vers 2 h 00 de l’après-midi, la patrouille de la FORPRONU
15 est revenue. Cette patrouille m’a emmené à Vitez et là, je
16 suis allé à la caserne. » (Fin de citation).
17 Je vous soumets l’idée suivante. C’est que dans sa déclaration
18 aux enquêteurs du TPIY comme dans son journal, le Colonel
19 Stewart dit avoir passé la nuit à Zenica le 15 et être rentré
20 aux premières heures du 16 avril 1993.
21 Donc, je vous soumets l’hypothèse suivante : il était
22 impossible que vous vous trouviez au quartier général de Dubravica
23 dans la nuit du 15 avril ou au début, aux toutes premières heures du
24 16 avril.
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas possible ce que vous
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1 dites. D’abord, je n’ai pas passé la nuit dans le caniveau. Je suis
2 resté entre trois à quatre heures dans le caniveau. Il n’est pas
3 possible, absolument pas possible qu’il ait pu me prendre le matin,
4 le lendemain matin. Ça aurait pu être à 1 h 00, donc après minuit et
5 certainement pas le matin, tôt le matin car tôt le matin, après 10
6 h 00, je suis parti de Zenica en direction de Vitez pour m’arrêter à
7 Sljivcica où les coups de feu ont commencé et de manière très
8 violente.
9 Je suis resté dans le caniveau entre trois et quatre heures et
10 c’est déjà beaucoup. Disons que c’était trois, quatre heures. C’est
11 la raison pour laquelle je maintiens que Monsieur Stewart est parti
12 le jour même à Zenica et il a retourné et sur son chemin de retour,
13 il m’a pris. Je me porte garant de ce que je dis car pour que le
14 lendemain matin, je puisse véritablement me rendre compte que du côté
15 de la boulangerie où je me suis rendu, où il y avait une rampe, où
16 j’ai retrouvé les soldats du HVO, que je les vois, ce n’était pas
17 possible parce qu’ils avaient quitté leurs positions car à Dubravica,
18 il y avait la guerre déjà qui s’est déclenchée et c’était le 16
19 avril. Ça n’a pas pu être le 15.
20 Me STEIN (interprétation) : J’attendrai la déposition de Monsieur
21 Stewart la semaine prochaine pour le renvoyer à la page 5 de cette
22 déclaration faite aux enquêteurs du TPIY. Je ne vais donc pas
23 insister sur cette question maintenant.
24 Ai-je bien compris, Monsieur, vous dites que vous n’aviez pas
25 le rang ou le grade de lieutenant en tant qu’officier informations et
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1 propagande ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
3 Me STEIN (interprétation): Que ce n’était pas des grades officieux?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il n’y avait pas de grades qui
5 étaient légaux. C’était officieux. C’est sur la base d’un certain
6 nombre d’éléments qu’on avait obtenu le grade. Moi, j’étais
7 lieutenant effectivement, sous-lieutenant d’abord et ce n’est que par
8 la suite que le feu Franjo Tudjman a pu vérifier le grade et
9 reconnaître le grade.
10 Me STEIN (interprétation) : Messieurs les Juges, sans m’attarder sur
11 ce point, je vous renvoie à la déposition le 22 novembre de Monsieur
12 Tuka, pages 16 à 20 de la journée 89, déclaration sur laquelle il n’y
13 avait pas de grade, il y a aussi une autre déclaration, ligne 81 pour
14 la déposition de Témoin “Z”. Il disait aussi qu’il avait eu une
15 conversation avec Monsieur Blaskic et il avait répété ou elle avait
16 répété qu’il n’y avait pas de grade officiel.
17 Est-ce que le moment se prête bien à une pause,
18 Monsieur le Président ?
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, Me Stein.
20 Nous allons lever l’audience.
21 Monsieur Breljas, nous allons avoir une pause, celle du
22 déjeuner. Elle durera jusqu’à 14 h 30. Veuillez vous souvenir de
23 ceci au cours de la pause, de cette pause- ci ou d’autres
24 ultérieures. Veuillez ne vous entretenir avec personne de votre
25 déposition tant qu’elle ne sera pas terminée et veuillez à ce que
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1 personne ne vous en parle. Quand je parle de d’autres personnes
2 susceptibles de vous approcher, je pense aux représentants du bureau
3 du Procureur. Je vous demanderais d’être de retour à l’audience à 14
4 h 30.
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci, Monsieur le
6 Président. J’ai compris votre message.
7 (Suspension de l’audience à 13 h 00, Reprise de l’audience à 14 h 34)
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Stein,
9 j’ai une question à poser au juriste de la Chambre. Merci.
10 Me STEIN (interprétation) : Monsieur le Témoin, quelques questions
11 suite à l’audience de ce matin et aux réponses que vous avez
12 apportées au Procureur. J’aimerais quelques éclaircissements. Je vous
13 demanderais de garder sous les yeux la déclaration du 7 novembre 1996
14 que vous avez donc faite ce jour-là. L’avez-vous sous les yeux ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me STEIN (interprétation) : Voilà l’aspect de cette déclaration.
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je l’ai.
18 Me STEIN (interprétation) : Ce matin, vous nous avez dit qu’à la fin
19 du mois de mars 1993, vous avez rencontré Dario Kordic à Tisovac à
20 l’extérieur de Busovaca et que vous lui avez demandé s’il pouvait
21 vous affecter au sein des forces du HVO. Cela est écrit en page 19
22 des notes. J’aimerais que vous regardiez votre déclaration du
23 7 novembre 1996, troisième paragraphe entier après le titre
24 « statement », déclaration. Vous dites au responsable public en
25 1996 que – je cite : « C’est seulement le 17 février 1993, après
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1 plusieurs tentatives infructueuses, que j’ai réussi à atteindre
2 Kiseljak. À mon arrivée à Kiseljak, j’ai passé sept jours dans une
3 caserne et puisque j’ai fait référence au fait que je connaissais
4 Dario Kordic, je crois que les personnes responsables de la caserne
5 l’en ont informé, de sorte que le 1er mars 1993, j’ai été affecté à
6 des tâches de guerre au sein de la force spéciale des Vitezovis à
7 Vitez. » (Fin de citation).
8 En fait, Monsieur, vous n’avez pas du tout
9 rencontré Monsieur Kordic pour lui demander une affectation
10 au sein du HVO. N’est-ce pas exact ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’est pas exact. La vérité
12 c’est que j’ai eu beaucoup de mal à partir pour Sarajevo, ce que je
13 souhaitais faire après la mort de Darko Kraljevic car je savais que
14 c’était le seul endroit où se trouvait le HOS. Et il est vrai que
15 j’ai passé quelque temps dans la caserne avec les Vitezovis. Je
16 n’étais pas ailleurs, j’étais avec les Vitezovis et à ce moment-là
17 j’étais un simple civil. J’avais un lit dans une chambre de cette
18 caserne et c’est seulement plus tard que j’ai rendu visite à Dario
19 Kordic.
20 Je ne peux pas affirmer que Monsieur Dario Kordic se souvenait
21 de moi mais moi, je me souviens de lui. Je suis photographe, il faut
22 le dire. Donc, je l’avais déjà vu une fois en photographie et la
23 deuxième fois que je l’ai vu, c’est en 1990 ou 1989, lorsqu’il a fait
24 un discours à Busovaca, à l’église de St. Ante à l’occasion d’une
25 fête.
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1 Me STEIN (interprétation) : Monsieur, j’aimerais
2 être un peu plus clair. Sur la base de vos informations
3 personnelles, des connaissances qui sont les vôtres, vous
4 ne savez pas si, oui ou non, Dario Kordic vous a aidé d’une
5 quelconque manière à entrer dans le HVO, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, il m’a aidé et
7 comment ! Bien sûr, il m’a aidé. C’est lui qui a décidé
8 de l’endroit où je devais me rendre.
9 Me STEIN (interprétation) : Vous ne savez pas sur
10 la base de vos connaissances personnelles s’il a passé des
11 coups de téléphone pour vous, s’il a écrit pour vous. La
12 seule chose que vous savez c’est qu’il a simplement dit :
13 « Allez voir Darko Kraljevic. » C’est bien cela ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela. C’est cela la vérité.
15 Me STEIN (interprétation) : Il y avait un autre point qui me gênait
16 un peu. Monsieur Lopez-Terres vous a demandé si vous étiez né le 16
17 janvier 1940. Est-ce bien votre date de naissance ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Le 18 janvier.
19 Il a dit le 19 et moi, j’ai voulu corriger mais je n’ai pas
20 eu le temps. Je suis né le 18 janvier 1940.
21 Me STEIN (interprétation) : Mais un peu plus tôt ce matin,
22 vous nous avez dit que vous étiez né en avril 1940 en fait ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi, Monsieur, vous n’avez pas
24 pu entendre cela de ma bouche et ce n’est pas 1944 mais 1940.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Moi, j’ai entendu 1940.
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1 Me STEIN (interprétation) : Oui, Monsieur le
2 Président. Pour 1940, il n’y a pas de doute, pas
3 d’équivoque mais je vérifiais entre janvier et avril.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin est sans doute
5 celui qui peut déposer le plus exactement à ce sujet.
6 Me STEIN (interprétation) : Page 18 du compte rendu d’audience,
7 nous avons la date du 18 avril. Alors, Monsieur le Témoin,
8 je vous redemande quelle est votre date de naissance.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, Monsieur, c’est impossible
10 que cela soit écrit parce que depuis ma plus tendre enfance,
11 je sais que je suis né le 18 janvier 1940, c’est-à-dire un jour
12 après la fête de Ante Pavelic. Voilà ! Cela situe ma date de
13 naissance et c’est de lui que j’ai reçu mon prénom.
14 Me STEIN (interprétation) : Je vous demanderais de jeter un coup
15 d’œil au document que vous avez sous les yeux, celui du 7 novembre
16 1996, qui indique votre numéro d’identification personnel comme
17 étant 16011940 et ensuite, il y a d’autres numéros. Donc, vous
18 pouvez convenir avec moi que le 16 janvier 1940 est bien le
19 16e jour du mois de janvier 1940, n’est-ce pas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Quand je suis arrivé en
21 1996 à Sarajevo, j’ai demandé une correction. Je suis allé là-bas,
22 j’ai demandé que cela soit corrigé. J’y suis allé et on m’a dit :
23 « Cela sera changé. » Mais ici, c’est une faute. C’est une faute,
24 c’est ce qui était écrit sur ma carte d’identité et d’une certaine
25 façon, je pensais que c’était une faute volontaire pour me forcer à
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1 venir chercher une nouvelle carte d’identité ou je ne sais trop quoi.
2 Mais en tout cas, mon numéro de naissance, c’est le 18 janvier
3 1980 [sic]. C’est le 18 en tout cas. Mais pendant la guerre et après
4 la guerre, chacun faisait ce qu’il voulait. Je ne sais pas ce qu’ils
5 ont pu faire.
6 Me STEIN (interprétation) : En 1998, votre numéro d’identification
7 personnel était aussi 16011940 et d’autres numéros identiques à ceux
8 qui figurent dans votre déclaration du 7 novembre, n’est-ce pas,
9 Monsieur ? Jetez un coup d’œil à la note officielle du 16 février
10 1998, premier paragraphe.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’ai pas besoin de regarder ce
12 texte parce que j’ai toujours été connu en deux endroits. J’ai des
13 documents originaux qui datent de ma naissance et j'ai aussi une
14 carte d’identité de Dubrovnik et un numéro matricule donc délivré à
15 Dubrovnik en même temps que mon permis de conduire et là, il est
16 écrit 18 janvier 1940. Mon numéro personnel est le 18011940. Ce
17 sont les premiers numéros qui permettent de m’identifier.
18 Me STEIN (interprétation) : Avançons, Monsieur. Les devoirs
19 d’un responsable à l’information et à la propagande consistaient
20 à s’occuper des prisonniers, n’est- ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’était pas mes seules
22 responsabilités. Au sein de l’unité spéciale des Vitezovis,
23 j’avais des responsabilités diverses parce que Dragan Vinac ne
24 voulait pas accueillir certains soldats qui avaient été ses chefs
25 avant la guerre. Donc, j’avais des responsabilités de logistique,
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1 des responsabilités vis- à-vis des prisonniers, vis-à-vis des
2 soldats. Je ne sais plus, d’ailleurs, tout ce que j’avais à faire.
3 Me STEIN (interprétation) : Très bien ! Je ne voulais pas dire que
4 c’était votre seule responsabilité. Ce que je voulais dire c’est que
5 le responsable à l’information et à la propagande, si j’ai bien
6 compris ce que vous avez dit dans votre déposition et dans votre
7 déclaration, consistait à s’occuper des prisonniers, à établir la
8 liaison avec d’autres unités militaires, à s’occuper de la logistique
9 et à s’occuper également de l’éducation générale des soldats et du
10 maintien de leur moral à un niveau suffisant, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’est pas le cas. Le
12 responsable à l’information et à la propagande était responsable des
13 décisions. Il devait décider quelle était la personnalité d’un soldat
14 et si ce que le soldat avait fait était autorisé ou pas, de sorte que
15 le représentant à l’information et à la propagande devait avoir un
16 tableau et rendre compte, dire, par exemple : « Tel et tel soldats
17 ont commis telle et telle erreurs. » Voilà quelle était la tâche
18 officielle du responsable à l’information et à la propagande.
19 Les autres responsabilités n’avaient rien à voir. Pour les
20 prisonniers, ils pouvaient simplement dire s’ils étaient traités
21 correctement ou pas et le problème était qu’il n’y avait que moi pour
22 faire cela parce que je n’avais pas de frontière avec les médecins,
23 je parlais l’anglais, je pouvais traduire immédiatement aux
24 prisonniers ce qui leur était dit puisque, d’une certaine façon, j’ai
25 accepté cette responsabilité mais ce n’était pas ma responsabilité
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1 officielle.
2 Le représentant à l’information et à la propagande a pour tâche
3 officielle de rendre compte du caractère, de la personnalité des
4 soldats et des officiers.
5 Me STEIN (interprétation) : Eh bien, Monsieur, avec tout le respect
6 que je vous dois, le représentant à l’information et à la propagande
7 s’occupait également du moral des unités militaires, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
9 Me STEIN (interprétation) : Et vous sensibilisiez les soldats
10 au contenu des Conventions de Genève, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Pas les soldats parce que les soldats ne
12 comprenaient même pas cela mais je l’ai fait effectivement avec
13 certains officiers.
14 Me STEIN (interprétation) : Monsieur, je ne voudrais pas être
15 difficile mais si vous jetez un coup d’œil à la déclaration que vous
16 avez faite aux responsables du Tribunal Pénal International, en page
17 15, troisième paragraphe à partir du haut – je cite : « Au sein des
18 unités, les responsables à l’information et à la propagande étaient
19 chargés de l’éducation générale et de l’instruction des soldats de
20 l’unité. Les responsables à l’information et à la propagande
21 éduquaient les soldats quant à leurs responsabilités en cours de
22 combat, à leurs devoirs vis-à- vis des autres et ils les
23 sensibilisaient vis-à-vis des Conventions de Genève. Au sein des
24 unités, les responsables à l’information et à la propagande étaient
25 également chargés de recevoir les ordres émanant du district
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1 militaire central de la section d’information et de propagande et
2 ils devaient communiquer ces ordres aux soldats de l’unité. Je
3 m’occupais également des questions liées au moral des troupes. »
4 (Fin de citation).
5 C’est ce que vous avez dit dans votre déclaration
6 aux responsables du Tribunal en 1998. Êtes-vous d’accord
7 avec cela ou pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. D’ailleurs,
9 c’est ce que je viens de vous redire ici même aujourd’hui.
10 Me STEIN (interprétation) : Donc, sur la base de la description
11 que nous venons de lire, nous pouvons convenir que les responsables
12 à l’information et à la propagande étaient des officiers de l’armée ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était des officiers de l’armée.
14 Me STEIN (interprétation) : Ce n’était pas des
15 officiers politiques, n’est-ce pas, responsables ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils constituaient la passerelle entre
17 les responsables militaires et les responsables politiques. Ils
18 étaient la passerelle, ils permettaient de transmettre ce qui venait
19 des milieux politiques aux milieux militaires ?
20 Me STEIN (interprétation) : Vos responsables à l’information et à la
21 propagande et vous-même n’aviez certainement pas votre mot à dire
22 dans les décisions politiques, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Nous ne
24 pouvions que transmettre les décisions politiques.
25 Me STEIN (interprétation) : Et si un ordre
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1 arrivait entre les mains d’un officier de l’information et
2 de la propagande, il provenait d’un militaire qui était un
3 supérieur, n’est-ce pas, sur le plan militaire ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
5 Me STEIN (interprétation) : Les officiers chargés
6 de l’information et de la propagande rencontraient une fois
7 par semaine le responsable, le chef de l’information et de
8 la propagande du district militaire, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
10 Me STEIN (interprétation) : À plusieurs reprises, en fait, vous avez
11 rencontré le Colonel Blaskic, commandant du district, n’est-ce pas ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Les quatre premiers
13 mois, d’ailleurs, je l’ennuyais sans arrêt au téléphone
14 pour l’informer au sujet d’un certain nombre de choses.
15 Me STEIN (interprétation) : Nous y viendrons dans quelques instants.
16 Mais ce que je voulais dire, Monsieur, c’est que lorsque les
17 officiers responsables de l’information et de la propagande se
18 rencontraient chaque semaine, il arrivait de temps à autre que le
19 Colonel Blaskic soit présent en personne.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, jamais.
21 Me STEIN (interprétation) : Il envoyait ses responsables de
22 l’information et de la propagande à ces rencontres, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Son responsable à l’information et
24 à la propagande était toujours présent. Il présidait la réunion.
25 Me STEIN (interprétation) : Et Dario Kordic n’a jamais participé
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1 à l’une quelconque de ces rencontres qui traitaient de l’information
2 et de la propagande, n’est-ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non, non.
4 Me STEIN (interprétation) : Si je lis bien la déclaration que vous
5 avez faite aux enquêteurs du Tribunal Pénal International, je lis que
6 votre unité possédait trois lieutenants, un capitaine, trois
7 commandants et un colonel, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Ça, c’était au début. Mais au moment où
9 j’étais présent, il y avait trois commandants, deux colonels, deux
10 capitaines, quatre lieutenants et il y avait sûrement cinq ou six
11 chefs de pelotons, des sergents. Je ne sais pas exactement combien.
12 Me STEIN (interprétation) : Enfin, quel que soit le moment dont nous
13 parlons, tous ces officiers, tous ceux qui détenaient ces grades
14 étaient détenteurs d’un grade militaire, n’est-ce pas ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me STEIN (interprétation) : Ils avaient tous des
17 tâches militaires à accomplir, n’est-ce pas ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
19 Me STEIN (interprétation) : Et Darko Kraljevic vous a nommé
20 au poste d’officier chargé de l’information et de la propagande
21 parce que vous connaissez l’anglais, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour cela entre autres mais aussi parce
23 que j’étais le plus âgé. J’avais 23 ou 24 ans de plus que le soldat
24 le plus âgé. Il pensait que j’avais une expérience, il avait
25 confiance en moi et moi, j’avais confiance en lui aussi.
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1 Me STEIN (interprétation) : Oui. Il vous faisait
2 confiance, n’est-ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, parce que je
4 lui ai indiqué un certain nombre de choses. Je lui ai
5 montré qu’il arrivait que ses commandants lui tendent des pièges.
6 Me STEIN (interprétation) : Par ailleurs, il vous
7 contournait à cause des principes que vous défendiez, de
8 l’attitude que vous aviez qui était très respectueuse des
9 principes à chaque fois qu’il avait des actes particuliers à faire ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui. Ça lui est arrivé et je lui
11 ai dit d’ailleurs : « Darko, tu n’as pas besoin de me contourner.
12 S’il y a quelque chose à faire, tu peux m’en parler. Je te dirai si
13 c’est moral ou pas moral et si tu peux le faire ou si tu ne peux pas
14 le faire. N’écoute pas n’importe qui », parce que j’avais remarqué
15 qu’au sein de l’unité, il y avait des espions qui voulaient le
16 détruire, qui voulaient lui nuire.
17 Il était une personnalité connue dans la région. C’était un
18 homme honnête, un homme bon. La seule chose c’est qu’il n’était pas
19 très raffiné. Donc, il ne pouvait pas inventer lui-même, créer lui-
20 même un certain nombre d’actions qu’il fallait accomplir. Il n’avait
21 pas tout à fait assez d’éducation. Mais il a toujours fait ce qu’il
22 fallait faire.
23 Me STEIN (interprétation) : J’aimerais vous parler des unités
24 de combat. Ce matin, vous avez parlé des Pumas, des Loups et
25 d’autres. Ai-je raison de penser que vous avez dit également
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1 que selon les moments, les noms de ces unités de combat changeaient ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet, je l’ai dit.
3 Me STEIN (interprétation) : Donc, aujourd’hui, en l’an 2000, il ne
4 fait aucun doute que vous ne pourriez pas nous dire les dates
5 auxquelles ces noms ont changé pendant que vous étiez au sein du HVO,
6 n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation): Mais non, ça, je ne peux pas me rappeler
8 toutes les dates. Il arrivait de temps en temps que ces noms
9 changent. Ils ont été changés deux fois. Je crois que les Pumas
10 ont reçu un nouveau nom. Quant aux Loups, ils sont restés les Loups
11 jusqu’au bout. Mais les Pumas, je crois qu’ils ont reçu une nouvelle
12 dénomination, de même que les Renards, à moins que ce soit uniquement
13 le cas des Pumas. Je ne saurais le dire avec certitude. Enfin, deux
14 fois, le nom des unités a été modifié et ensuite, il a été rétabli à
15 l’identique.
16 Me STEIN (interprétation) : Très bien ! Mais
17 vous ne pouvez pas nous dire quel était le nom de ces
18 unités avant votre entrée au sein des Vitezovis, n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pourrais vous le dire pour les trois
20 mois qui ont précédé mon arrivée mais avant, je ne saurais le dire
21 parce que ces noms, ils les ont gardés, je crois, depuis la création.
22 Me STEIN (interprétation) : Merci. Mais en
23 dehors du nom des unités, les soldats avaient des surnoms
24 également, n’est-ce pas, des noms de code ? N’est-ce pas exact ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne comprends pas
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1 la question. À quel indicatif d’appel faites-vous référence ?
2 Me STEIN (interprétation) : Bien sûr. Le Colonel
3 Blaskic, par exemple, avait comme numéro de code 21 à un
4 certain moment et son commandant d’artillerie avait le
5 numéro 18 comme numéro de code. Cela vous rappelle quelque chose ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ça, je comprends, je vous
7 comprends. C’était des codes qui étaient utilisés parce que les
8 Vitezovis, eux, n’étaient pas tellement instruits à utiliser
9 ce genre de codes. Ils avaient des communications à un niveau
10 inférieur sur le plan opérationnel. Par exemple, si l’un de ces
11 groupes se divisait, il utilisait les codes : « Pumas 1 appelle Pumas
12 2 », ou s’il y avait trois groupes de Pumas, on pouvait entendre :
13 « Le groupe 1 des Pumas s’adresse au groupe 3 des Pumas. » Mais le
14 Colonel Blaskic était le seul stratège à Vitez et lui avait déjà un
15 niveau supérieur de pratique pour ce genre de choses. Je ne sais pas
16 comment on les appelait exactement.
17 Me STEIN (interprétation) : Je ne veux pas en faire une grande
18 affaire mais ce que je voulais dire c’est qu’il y avait des soldats
19 qui, individuellement, utilisaient des numéros qui leur étaient
20 affectés individuellement comme un code individuel. Blaskic avait,
21 par exemple, le numéro 21, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation): Non, pas des numéros mais ce que je vous
23 ai expliqué, pendant les attaques, quelquefois, il arrivait qu’ils
24 aient cela normalement. Ils avaient le numéro de leurs appareils
25 téléphoniques Motorola pour s’adresser à leur commandant.
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1 Me STEIN (interprétation) : Et ces numéros de code, ces noms de
2 code changeaient selon la période, n’est- ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était normal. J’ai d’ailleurs
4 proposé une fois à Monsieur le Colonel Darko Kraljevic que… et s’il
5 ne le faisait pas, il ne le faisait pas, d’ailleurs, et je pensais
6 que c’était nécessaire. J’ai proposé que si un membre de ses groupes
7 de combat était arrêté, que les codes soient immédiatement changés
8 parce qu’il fallait éviter que ces codes ne soient percés à jour.
9 C’est normal.
10 Me STEIN (interprétation) : Eh bien, cela nous amène au point
11 suivant que je voulais aborder. Au cours de votre service au
12 sein du HVO à Vitez, 1 200 membres de la brigade de Vitez du HVO
13 ont été tués pendant l’année 1993, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation): Je ne sais pas combien ont été tués mais
15 la dernière information que j’ai date du moment où nous avons
16 distribué de l’argent aux familles des soldats décédés. Moi, je
17 devais rendre visite à 84 familles et eux en avaient 80. Un membre
18 de l’information et de la propagande, Cilic, m’a dit: « Mais pourquoi
19 est-ce que tu en as autant? Pourquoi tu en as 80? Pour toi, c’était
20 facile parce que tu avais dix hommes qui travaillaient avec toi.
21 Moi, j’étais tout seul. »
22 Me STEIN (interprétation): Pour vous aider, Monsieur, je vous demande
23 de regarder la page 19 de votre déclaration au Tribunal Pénal
24 International en mars 1998, quatrième paragraphe. Dans la version
25 croate, ce passage se trouve… page 16 en version croate, dernier
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1 paragraphe. À peu près au milieu du paragraphe, nous lisons: « Mille
2 deux cents membres de la brigade de Vitez du HVO ont été tués au
3 cours de l’année 1993 et je sais que parfois, lorsque j’ai reçu de
4 l’aide pour les familles des soldats tués au combat, j’en ai reçu
5 pour 180 soldats décédés des Vitezovis, alors que Zvonko Cilic,
6 responsable à l’information et à la propagande de la brigade, a
7 reçu le même type d’aide pour les familles de 1 200 soldats de la
8 brigade qui étaient tombés au combat. » (Fin de citation).
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas exact. Je n’ai jamais dit
10 cela nulle part. Tout ce que j’ai dit c’est qu’on nous avait donné le
11 le même montant que celui que nous devions donner et c’était 50
12 marks. Ce que j’ai reçu, je l’ai distribué aux familles de soldats.
13 C’était une somme par soldat tué au combat.
14 Me STEIN (interprétation) : Monsieur, la question est très simple.
15 Mille deux cents soldats ont été tués. Le niez-vous? Niez-vous
16 l’avoir dit ? Je vous demande de regarder la page 16 de la version
17 croate de votre déclaration, dernier paragraphe sur cette page.
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’ai pas besoin de le dire. Je ne
19 sais pas combien ont été tués au combat. D’après ce qu’il a dit, je
20 sais qu’il y a eu 800 morts. Mais moi, je ne le sais pas. Je n’étais
21 pas responsable politique. Je n’avais pas la liste des décédés chez
22 eux. J’avais la liste des morts chez moi. Je peux vous dire
23 combien sont morts chez moi et chez moi, ce n’est pas 180 mais 90
24 qui sont morts. En fait, 84 pour être tout à fait exact.
25 Me STEIN (interprétation) : Très bien, Monsieur. En tout cas,
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1 reprenons un autre point que vous avez évoqué au cours de
2 l’interrogatoire principal qui portait sur le rapport entre Darko
3 Kraljevic et Dario Kordic. Vous n’avez jamais entendu Darko Kraljevic
4 recevoir un ordre de Dario Kordic, n’est-ce pas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
6 Me STEIN (interprétation) : Vous n’avez jamais lu un ordre
7 émanant de Darko Kraljevic et adressé… excusez-moi, émanant de Dario
8 Kordic et adressé à Darko Kraljevic, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Une fois simplement, j’ai
10 entendu une conversation téléphonique. Il était question de quelque
11 chose. Je ne peux pas dire de quoi. Il parlait avec Monsieur Dario
12 Kordic.
13 Me STEIN (interprétation): Donc, Kraljevic a parlé une fois au
14 téléphone avec Kordic. Vous n’avez pas pu entendre cette conversation
15 et c’est sur cette base que vous avez conclu que Kordic donnait des
16 ordres à Kraljevic, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Il ne pouvait pas donner des
18 ordres à Kraljevic. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était informer de
19 ce qu’il fallait faire et c’est Kraljevic qui donnait les ordres
20 parce que Kraljevic, il était impossible de lui donner des ordres.
21 Ça, je le sais de la façon la plus absolue qui soit.
22 Me STEIN (interprétation): Très bien! Donc, indépendamment du
23 rapport qui existait entre Kraljevic et Kordic, Kraljevic ne recevait
24 pas d’ordres de Kordic – je parle d’ordres militaires – n’est-ce pas?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne peux pas dire qu’il en
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1 recevait ou qu’il n’en recevait pas. D’après moi, d’après ce que je
2 sais, pour l’essentiel, il réalisait des opérations que Kordic était
3 le seul à pouvoir inventer, déterminer. Mais est-ce qu’il recevait
4 des ordres, est-ce qu’ils se rencontraient ? Il allait à Busovaca.
5 Maintenant, est-ce qu’il allait à Busovaca voir Kordic ou voir
6 quelqu’un d’autre ? Je ne peux pas le dire. Mais ce que je sais,
7 c’est qu’ils se sont rencontrés.
8 Quant aux opérations principales qu’ils ont réalisées, seul
9 Dario Kordic pouvait les définir, les déterminer. Personne d’autre
10 d’autre que lui ne pouvait le faire dans les six premiers mois de
11 1993.
12 Me STEIN (interprétation) : Et cette conclusion, vous l’avez
13 tirée sans jamais avoir vu un morceau de papier ou sans jamais avoir
14 entendu un ordre direct ou la définition d’un plan, n’est-ce pas ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Une feuille de papier sur le
16 territoire de Vitez, jusqu’au 15 juillet 1993, il n’y en avait pas.
17 Personne ne donnait de feuille de papier à qui que ce soit. Personne
18 ne tenait compte de cela. Il ne s’agissait que d’ordres oraux et de
19 demandes d’exécution données oralement. C’était la débandade la
20 plus complète, l’irresponsabilité la plus complète au sein de
21 l’armée. Comment est-ce que je pourrais vous expliquer? Tout le monde
22 faisait ce qui lui chantait.
23 Me STEIN (interprétation) : Écoutez, Monsieur, je vais essayer
24 de vous interroger différemment. Vous avez dit que, selon vos
25 connaissances et à votre avis, Kraljevic réalisait des opérations
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1 qui ne pouvaient avoir été conçues que par Kordic. Disposez-vous
2 de faits sur lesquels vous seriez capable de fonder ces propos ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Tout premièrement, Darko
4 Kraljevic était protecteur d’une trentaine de familles musulmanes.
5 Il avait tout simplement défendu que qui que ce soit fasse quoi que
6 ce soit à la rencontre. À chaque fois quand j’ai parlé avec Darko
7 Kraljevic, jamais aucune opération n’a été imaginée de sa part, que
8 ce soit dans la zone opérationnelle ou ailleurs, que nous allons
9 attaquer d’un côté ou de l’autre, qu’il fallait faire ça et ça.
10 Tout au contraire, il a toujours été quelqu’un qui exécutait
11 une telle et telle opération, une partie de cette opération. Ce n’est
12 pas quelqu’un qui avait conçu une opération, ce n’est pas quelqu’un
13 qui était un stratège qui avait organisé quoi que ce soit. Ce n’est
14 pas vrai, ce n’est pas lui. Ça n’a jamais été le cas.
15 Me STEIN (interprétation) : Est-ce que c’est tout ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me STEIN (interprétation) : J’aimerais attirer
18 votre attention sur un autre point. En décembre 1993, plus
19 précisément du 22 au 24 décembre 1993, il y a eu une grande
20 offensive à Krizancevo Selo. Est-ce bien exact, Monsieur ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
22 Me STEIN (interprétation) : Les musulmans ont fait une
23 percée à travers les lignes tenues par les Croates ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
25 Me STEIN (interprétation) : Soixante-dix Croates
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1 ont été tués au moins ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Ceci n’est pas vrai. Une
3 trentaine de soldats ont été tués, pas plus. Cinq… les trois plutôt
4 ont été tués dans un accident de circulation. Ily y avait une
5 Mercedes, il y avait un commandant qui emmenait deux soldats des
6 Vitezovis. Par conséquent, il y avait cet incident de circulation
7 et ils ont été tués dans cet incident. Et ensuite, il y avait
8 Krizanac qui a été tué là-bas, une dizaine éventuellement. Pas
9 plus que 30 personnes.
10 Me STEIN (interprétation) : Quoi qu’il en soit,
11 qu’il y ait eu 30 ou 70 vies perdues, Monsieur le Colonel
12 Blaskic est arrivé aussitôt sur les lieux et il est resté
13 dans cette vallée de la Lasva jusqu’au 1er janvier 1994 ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Le Colonel Blaskic à
15 ce moment-là n’était pas dans la zone de commandement de
16 Stari Vitez.
17 Me STEIN (interprétation) : Vous voulez dire qu’il n’est
18 pas arrivé fin décembre 1993 dans la vallée de la Lasva ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Moi, j’ai des
20 preuves pour dire le contraire.
21 Me STEIN (interprétation) : Vous affirmez que
22 Monsieur Kordic a été vu par vous-même comme étudiant des
23 ordres militaires pendant ce temps ?
24 LE TÉMOIN (interprétation): Je ne l’ai pas vu donner des ordres
25 militaires. J’ai vu qu’il discutait en regardant la carte. Il avait
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1 parlé avec un commandant qui lui était inférieur. Je n’ai jamais dit
2 qu’il avait délivré un ordre car le Colonel Kordic n’avait pas de
3 connaissances militaires pour pouvoir délivrer des ordres. Il a tout
4 simplement recueilli un certain nombre d’expériences auprès des
5 commandants des régions différentes et ensuite, il avait tout
6 simplement dit qu’il était pour. Mais il n’avait aucune expérience
7 personnelle.
8 Me STEIN (interprétation) : Oui. Et vous avez
9 même dit aux enquêteurs du TPIY que Monsieur Kordic, en
10 fait, s’était formé et avait fait de lui-même un colonel.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est comme ça qu’on
12 l’a appelé. Il était colonel. On l’appelait colonel. Il
13 était colonel. Il n’y avait pas un autre grade qui était
14 supérieur au colonel dans la zone opérationnelle.
15 Me STEIN (interprétation) : Mais vous avez dit de façon plus
16 précise aux représentants du TPIY, à la page 22 de la déclaration que
17 vous leur avez fournie, je vais vous citer le passage… il s’agit de
18 la page 19 en version croate. Au haut de la page, le premier
19 paragraphe : « En dépit de ses habits de camouflage d’allure
20 militaire, en dépit du fait que Kordic aimait se présenter en tant
21 que colonel, il n’y connaissait rien en matière militaire. »
22 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est tout à fait ça.
23 Me STEIN (interprétation) : Pendant cette période précise, vous
24 renvoyez à cet épisode dont vous avez parlé dans l’interrogatoire
25 principal et vous donnez un exemple du fait que Kordic parcourt une
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1 carte avec des commandants de groupes et vous dites – je cite :
2 « J’ai vu Kordic discuter avec certains commandants de groupes de
3 combat au-dessus d’une carte et le commandant essayait d’expliquer
4 comment il allait mener une contre-offensive et l’on voyait
5 parfaitement que Kordic n’y comprenait rien et n’avait pas beaucoup
6 de questions intelligentes à poser. Il avait simplement dit :
7 d’accord, d’accord, poursuivez. C’était à peu près tout ce
8 qu’il donnait comme réponses. » (Fin de citation).
9 C’est bien ce que vous avez dit aux représentants du TPIY,
10 n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Je le répète
12 également et je l’ai dit tout à l’heure. Je dis qu’il avait discuté
13 avec lui quand il a reçu les explications. Personnellement, je le
14 connaissais à peu près, pas tout à fait. Je savais que, de toute
15 façon, c’est une attaque qui était erronée. Cette première attaque
16 sur Krizancevo Selo n’était pas une véritable attaque. C’était une
17 provocation plutôt car même avant, quand Monsieur le Colonel Blaskic
18 est parti à Mostar…
19 Me STEIN (interprétation) : Excusez-moi, Monsieur le Témoin, ce
20 n’est pas à cela que je veux en venir. Ce que je veux dire, c’est
21 ceci. Même si on avait donné le titre ou le rang de colonel à
22 Monsieur Kordic, il n’était pas à votre avis un homme militaire ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était un officier. Il était
24 militaire. Mais il était le plus respecté et il avait une grande
25 réputation dans la région de Vitez. Il avait occupé ce poste.
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1 Me STEIN (interprétation) : Mais il ne vous a pas
2 donné d’ordres militaires, n’est-ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Normalement, parce
4 que j’étais à un niveau très bas. Par conséquent, je ne
5 pouvais même pas recevoir des ordres de sa part.
6 Me STEIN (interprétation) : Et vous n’avez aucune preuve qu’il
7 ait donné un quelconque ordre militaire à qui que ce soit ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais c’est lui qui avait dirigé
9 cette opération à Krizancevo Selo. C’est lui qui la dirigeait.
10 Me STEIN (interprétation): Et est-ce là la seule preuve du fait
11 qu’il occupait un poste de commandement et avait donné des ordres
12 militaires, alors qu’il se penchait sur des cartes pour les examiner?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui, tout à fait.
14 Me STEIN (interprétation) : D’accord. Si vous vouliez obtenir
15 la solde de vos hommes, ce n’est pas à Dario Kordic que vous vous
16 adressiez, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Écoutez, moi, j’avais l’intention
18 d’aller chez lui au moment où justement, je me suis posé la question
19 des soldes mais il ne faut pas oublier non plus que lui, bien
20 évidemment, il aurait pu faire ça, il aurait pu donner de tels
21 ordres.
22 Me STEIN (interprétation) : Excusez-moi, Monsieur, mais je
23 reviens à votre déclaration faite au TPIY, page 17. Au bas de cette
24 page, troisième paragraphe à partir du bas de la page, page 17. En
25 version croate, c’est à la page 14. Vous dites – je cite :
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1 « Lorsque j’ai demandé ou j’ai essayé d’obtenir la solde des soldats
2 des Vitezovis, j’ai d’abord contacté le Lieutenant Général Milivoj
3 Petkovic à Posusje. Il a eu la gentillesse de réagir immédiatement
4 vu la situation et à ordonner que des sommes représentant deux mois
5 de solde me soient fournies en vertu de la liste que je préparais. »
6 (Fin de citation).
7 Vous vous souvenez de ce qui s’est passé, de votre
8 déclaration faite à la page 15 en version croate ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Tout premièrement, ce n’était pas
10 au moment où j’étais à Vitez. C’est quand j’ai quitté Vitez, je suis
11 allé à Posusje et le Colonel Darko Kraljevic a reçu un certain nombre
12 de soldes et pendant un an, nous ne recevions pas de solde à cause
13 d’un encerclement. C’est la raison pour laquelle chacun se rendait
14 sur place pour prendre des soldes et c’est la raison également pour
15 laquelle je suis allé sur place. Je ne suis pas allé chez Monsieur
16 Petkovic. Je suis allé chez le ministre de la Défense, Monsieur
17 Soljic. J’ai demandé une rencontre. Il m’a fallu une quinzaine de
18 jours pour le voir.
19 J’ai reçu également une liste des membres des Vitezovis et il
20 y en avait 400 à peu près sur cette liste.
21 Me STEIN (interprétation) : Excusez-moi. La question est
22 celle-ci : pour obtenir de l’argent pour payer vos hommes, vous avez
23 été voir Monsieur Soljic puis voir le Colonel Rupcic et puis vous
24 vous êtes adressé au Général Petkovic. Est-ce bien exact ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
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1 Me STEIN (interprétation) : Si j’ai bien compris la
2 déclaration que vous avez faite au TPIY, Kraljevic a demandé que vous
3 vous rendiez aux conférences de presse de Kordic pour poser des
4 questions un peu bizarres pour l’embêter. Est-ce bien exact ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’est pas ça
6 qu’il m’avait dit. Il m’a dit ça pas pour Kordic mais pour
7 Blaskic, justement qu’il a essayé de provoquer Blaskic.
8 Me STEIN (interprétation) : Veuillez examiner votre
9 déclaration du TPIY, page 35, en anglais, troisième paragraphe à
10 partir du bas. En version croate, il s’agit de la page 31 en version
11 croate. Je cite : « J’assistais régulièrement aux conférences de
12 presse qui avaient lieu tous les vendredis. J’ai assisté à ces
13 conférences de presse pendant toute l’année 1993 après avoir rejoint
14 les Vitezovis. Darko Kraljevic m’a dit d’assister à ces conférences
15 de presse pour y harceler dans la mesure du possible Blaskic, Kordic
16 et d’autres. Darko Kraljevic était ravi lorsque j’irritais Blaskic,
17 Kordic ou d’autres à l’occasion de ces conférences de presse. À
18 chaque fois que je marquais un point par rapport à eux et par la
19 suite, si la conférence était télédiffusée, je recevais une bouteille
20 de whisky et des cigarettes de Darko et il disait : mon officier
21 responsable des renseignements et de la propagande les a bien
22 secoués », n’est-ce pas ? C’est bien ce que vous avez dit ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Je l’ai dit. Mais
24 ceci se rapportait notamment à Monsieur Blaskic. Valenta également,
25 une fois, il l’avait provoqué. Ça lui faisait plaisir. Mais il faut
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1 dire qu’en ce qui concerne Kostroman, il ne me l’a jamais dit et il
2 aimait quand même poser des questions également à Monsieur Kordic.
3 Mais c’est surtout vis-à-vis de Blaskic.
4 Me STEIN (interprétation) : Vous avez rapidement évoqué avec le
5 représentant du Procureur la question de la discipline militaire et
6 des tribunaux militaires. Effectivement, un Procureur militaire a
7 été institué en juin 1993, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Le Tribunal et le Procureur.
9 Me STEIN (interprétation) : Et quatre Juges ont
10 été désignés également, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne saurais pas vous le dire.
12 Je sais qu’il y en avait trois qui ont été désignés. Je ne sais pas
13 qui était le quatrième. Il y avait un Procureur, deux Juges. Je ne
14 sais plus s’ils étaient trois ou quatre.
15 Me STEIN (interprétation) : Je ne veux pas
16 insister là-dessus. Ils se trouvaient dans le bâtiment de
17 la police, du bureau de la police à Vitez, n’est-ce pas ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas tout à fait. Il
19 s’agit d’un très grand bâtiment. Il y avait d’un côté la police
20 civile. Je ne sais pas si de l’autre côté également, il y avait la
21 police civile mais c’est un bâtiment où était abritée la police
22 civile.
23 Me STEIN (interprétation) : Et les officiers de votre brigade
24 avaient compétence pour imposer des sanctions ? Par exemple, pour
25 toute infraction, on pouvait imposer deux jours de détention ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Une seule fois, ceci s’est produit
2 et c’est feu Plavcic qui l’avait fait. Ce n’est pas à cause des
3 démarches qui ont été commises par telle et telle personnes. Ils
4 ont emmené des fusils et j’avoue qu’à ce moment-là, je voulais, par
5 une approche assez humanitaire, essayer de transférer les soldats des
6 Vitezovis dans la zone opérationnelle de Monsieur Blaskic mais ils
7 ont insisté que ceci soit fait de manière forcée. Ils ont sorti
8 beaucoup de fusils. Il y en avait une trentaine, plusieurs milliers
9 de munitions, de balles.
10 Me STEIN (interprétation) : Excusez-moi, Monsieur, ce n’est
11 pas ce qui m’intéresse. Vous, en tant que commandant, vous pouviez
12 imposer deux jours de détention, deux jours de prison pour toute
13 infraction, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était la lettre
15 morte sur le papier. Personne ne m’aurait obéi.
16 Me STEIN (interprétation) : Darko, lui, avait l’attitude
17 d’imposer 30 jours de prison ou faire part d’une infraction si elle
18 était sérieuse au Colonel Blaskic ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Darko Kraljevic aurait pris le
20 fusil. Si véritablement il y avait une infraction, il aurait tué
21 carrément. C’est ce qu’il a fait deux fois, à deux reprises.
22 Me STEIN (interprétation) : La question que je vous ai posée
23 est celle-ci : en vertu des règles militaires et des tribunaux
24 militaires, Darko Kraljevic pouvait imposer 30 jours de prison ou
25 renvoyer la personne ayant commis une infraction devant Blaskic pour
Page 11784
1 qu’il soit victime ou qu’il fasse l’objet de sanctions
2 supplémentaires, n’est-ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est tout à fait exact.
4 Me STEIN (interprétation) : Et quant à Blaskic, lui, il
5 pouvait imposer trois mois de détention pour toute infraction
6 grave ou renvoyer pratiquement le soldat ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi, Monsieur, je ne
8 peux pas vous donner la réponse à cette question-là. Ce n’est pas
9 vrai. Vous parlez d’un certain nombre de comportements qui sont en
10 dehors du comportement militaire. En ce qui concerne la loi de
11 guerre, si le commandant prend la décision de fusiller un soldat, à
12 ce moment-là, cet ordre est délivré et exécuté.
13 Me STEIN (interprétation) : La déclaration que vous avez
14 fournie au TPIY, page 28, deuxième paragraphe à partir du bas, page
15 25, premier paragraphe de cette page 25 en version croate – je cite :
16 « Pour ce qui est des pouvoirs de sanction, moi, mes compétences
17 s’agissant des soldats Vitezovis signifiaient que je pouvais au
18 maximum imposer deux jours de détention à la caserne. Quant à Darko
19 Kraljevic, il pouvait imposer au maximum un mois de prison. Si le
20 commandant avait le sentiment que l’infraction ou la violation était
21 grave et méritait une sanction plus lourde qu’un mois de détention, à
22 ce moment-là, le dossier devait être transmis au commandant du
23 district militaire, en l’occurrence Tihomir Blaskic, dont les
24 capacités et compétences de sanction comportaient un maximum de 30
25 jours de détention, sanction au-delà de laquelle il pouvait renvoyer
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1 le dossier devant le Procureur militaire et les commandants avaient
2 aussi compétence pour démettre de leurs fonctions des soldats. »
3 C’est bien ce que vous avez dit aux enquêteurs,
4 n’est-ce pas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Je répète une fois de plus. Il
6 s’agissait des règles en temps de paix. S’il s’agit du temps de
7 guerre, à ce moment-là, il y a toute une série d’autres mesures et
8 de sanctions qui sont prévues car en temps de guerre, vous ne pouvez
9 pas attendre 10 jours, 15 jours. Il faut procéder tout de suite, à
10 l’instant même. Par conséquent, il faut faire la distinction entre
11 le temps de paix et le temps de guerre.
12 Moi, je me suis fondé sur la réglementation en vigueur en temps
13 de paix et pas en temps de guerre, je le répète.
14 Me STEIN (interprétation) : De surcroît, nous sommes bien
15 d’accord sur le fait qu’en vertu des règlements militaires, un
16 commandant a pour obligation d’engager des poursuites judiciaires
17 contre des soldats qui sont coupables de crimes ou de délits et de
18 renvoyer ce dossier devant le Procureur militaire ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’était obligatoire.
20 Me STEIN (interprétation) : Le Procureur militaire s’appelait
21 Marinko, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Marinko, oui.
23 Me STEIN (interprétation) : Bien ! Et ce monsieur, au niveau
24 de la hiérarchie, était d’un rang inférieur à celui de Monsieur
25 Blaskic, n’est-ce pas ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Son inférieur direct.
2 Me STEIN (interprétation) : Je pense que ma question n’était
3 pas suffisamment claire. Je veux vous demander si Blaskic avait un
4 grade supérieur à celui de Marinko.
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Marinko n’avait aucun grade. Il
6 était Procureur militaire et tous les matins, il rencontrait Blaskic
7 et ils se mettaient d’accord comment ils allaient agir au cours de la
8 journée. Donc, il rencontrait Blaskic tous les jours.
9 Me STEIN (interprétation) : Bien ! Ce que je veux dire, c’est
10 ceci. En 1993, la discipline militaire, elle était appliquée par les
11 effectifs militaires, que ce soit sur le terrain ou par les
12 structures que nous venons d’évoquer. Est-ce bien exact ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Vous parlez de la deuxième moitié
14 de 1993 et pas de la première moitié de 1993. Au cours de la
15 première moitié de 1993, chacun faisait ce qu’il voulait, volait,
16 tuait. Vous, vous parlez déjà de la deuxième moitié de 1993 où le
17 le Colonel Blaskic déjà occupait ce poste du commandant de la zone
18 opérationnelle.
19 Me STEIN (interprétation) : Au cours du second semestre de
20 1993, ce processus de discipline militaire, de sanctions militaires
21 était comme je viens de le décrire et c’était des militaires qui
22 l’appliquaient pour des sujets militaires ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
24 Me STEIN (interprétation) : De ce fait, vous vous êtes plaint
25 à d’innombrables reprises à l’officier chargé de la propagande et du
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1 renseignement et à Blaskic pour leur dire que les soldats Vitezovis
2 quittaient la caserne sans aucune autorisation et pour mentionner à
3 ces deux personnes le type de sanctions militaires que vous auriez
4 souhaité ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact. Mais quand j’ai
6 parlé avec Monsieur Blaskic à ce sujet-là, je ne lui ai pas parlé de
7 manière officielle. C’est à son officier que je me suis adressé
8 officiellement.
9 Me STEIN (interprétation) : Mais vous avez adressé au moins dix
10 plaintes sur les écarts de conduite de ces soldats Vitezovis au cours
11 de ces réunions hebdomadaires des officiers chargés de la propagande
12 et du renseignement ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Il n’est pas impossible que j’ai
14 parlé de dix. Il y en avait trois, quatre, cinq et il y en avait dix
15 également. Il y en avait entre cinq et six. Par moments, il n’y
16 avait même pas… une fois, je n’ai pas rapporté comme je l’aurais dû
17 et il n’en était pas content.
18 Me STEIN (interprétation) : Et vous vous êtes présenté chez
19 Blaskic à des dizaines de reprises pour lui expliquer que les
20 Vitezovis pillaient et tuaient sans aucune autorisation ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Les membres de
22 l’unité de Vitezovis mais quelques particuliers, individus.
23 Me STEIN (interprétation) : Je ne vois pas très bien la
24 différence. Voyons votre déclaration faite au TPIY, page 29, avant-
25 dernier paragraphe : « Je suis allé voir Blaskic des dizaines de
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1 fois. Je lui ai expliqué que les Vitezovis pillaient, tuaient sans
2 aucune autorisation mais ceci était en vain. À la fin de la guerre,
3 il n’était même plus prêt à me voir et Blaskic n’a jamais une seule
4 fois imposé de sanction à l’encontre d’un seul de mes soldats même si
5 je l’avais informé et averti de leur mauvaise conduite à de
6 nombreuses reprises. » Fin de citation. C’est exact, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact. Mais il avait
8 sanctionné une seule fois Darko Kraljevic. C’était au mois d’août.
9 Non. C’est au mois de septembre. Il lui a demandé de remettre sept
10 fusils et c’était une sanction et Darko Kraljevic m’a tout simplement
11 appelé pour me demander si je pouvais assurer les sept fusils.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Permettez-moi
13 d’interrompre. Je crois que nous progresserons plus rapidement,
14 Monsieur le Témoin, si vous voulez bien écouter le libellé de la
15 question et essayer de répondre à ces questions le plus rapidement
16 possible. De cette façon-là, nous pourrons peut-être en terminer
17 plus rapidement de votre déposition.
18 Me STEIN (interprétation) : Effectivement. Le 23 décembre
19 1993, vous avez reçu un ordre du Général Ante Roso de Mostar, ordre
20 dans lequel le général disait à peu près ceci : « Tout soldat pris
21 en flagrant délit de viol, de meurtre, de pillage ou de dégât causé
22 à tout bien devra être sanctionné par au moins cinq ans
23 d’emprisonnement et par une peine maximale, la peine de mort. »
24 C’est bien ce qu’on trouve à la page 30 de votre déclaration en
25 version croate également, n’est-ce pas ? Est-ce bien exact ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
2 Me STEIN (interprétation) : Je poursuis sur le
3 fonctionnement de ces structures militaires. Tous les
4 ordres venant de Blaskic et adressés aux Vitezovis étaient
5 bien reçus par vous en votre qualité d’officier IPD ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il est vrai que la majorité
7 a été reçue par moi-même. Il y en a qui ont été reçus ailleurs mais
8 la majorité, c’est moi qui m’en suis occupé.
9 Me STEIN (interprétation) : Ici, nous allons passer à une
10 autre année. Les enquêteurs du TPIY vous ont demandé… ou je change
11 de vitesse si vous voulez (se corrige l’interprète). Les enquêteurs
12 vous ont demandé de définir ce qu’est un civil et fort de
13 l’expérience que vous avez acquise au sein du HVO en 1993, vous avez
14 éprouvé quelques difficultés à définir ce qu’est une personne civile,
15 n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en quelque sorte. Mais,
17 Monsieur le Président, Monsieur le Juge, excusez-moi mais il faudrait
18 quand même que je vous donne une réponse quelque peu plus précise
19 parce que sinon, c’est vous qui m’incriminez au lieu de me citer en
20 témoin. Il me faut quand même un peu plus de temps pour vous donner
21 donner des explications plus précises et vous expliquer les raisons
22 pour lesquelles j’ai dit ce que j’ai dit.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Avant d’en venir à cette
24 question, est-elle pertinente ?
25 Me STEIN (interprétation) : Oui. Je vais
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1 enchaîner rapidement. Je serai beaucoup plus précis.
2 Ceux qui ont défendu Stari Vitez étaient à la fois
3 des femmes et des enfants, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : D’une certaine façon, oui.
5 Me STEIN (interprétation) : Il y avait même des femmes qui
6 étaient des tireurs d’élite. Vous avez parlé notamment d’une de ces
7 femmes qui était tireur d’élite comme vous l’avez décrit dans votre
8 déclaration préalable.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’était pas à Stari Vitez.
10 C’était une femme de Zenica qui opérait à Poculica et dans la région
11 de Poculica.
12 Me STEIN (interprétation) : Poculica est bien un
13 village musulman ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
15 Me STEIN (interprétation) : Et il y avait des
16 tireurs embusqués dans le quartier de Mahala, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est vrai.
18 Me STEIN (interprétation) : Nous arrivons à la fin de ce
19 passage. Je veux m’assurer de ceci. On vous a demandé de choisir
20 des prisonniers pour les envoyer creuser des tranchées, n’est-ce pas?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
22 Me STEIN (interprétation) : Vous vous êtes
23 contenté d’appliquer ces ordres, de les exécuter ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Mais pas à la lettre. Je
25 pourrais vous donner des explications dans quel sens je l’ai dit.
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1 Me STEIN (interprétation) : D’après votre déclaration, vous
2 dites – je cite : « J’ai envoyé 20 personnes creuser des tranchées.
3 Je me contentais d’appliquer les ordres de Marinko Plavcic. » Ce
4 que je veux dire, c’est qu’il y avait aussi des militaires en sus
5 des civils qu’on envoyait creuser des tranchées. Est-ce exact ?
6 exact ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, pas Vitezovis, non, pas du
8 tout.
9 Me STEIN (interprétation) : D’accord, pas les Vitezovis mais
10 il y avait d’autres membres des forces militaires qui ont participé
11 à ces efforts de creusement de tranchées ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il y avait des unités
13 militaires, ceux qui étaient de réserve et qui utilisaient des
14 tranchées. Jamais des unités d’assaut ont eu pour tâche de creuser
15 des tranchées.
16 Me STEIN (interprétation) : Vous avez parlé d’un juge au cours
17 de l’interrogatoire principal. Jamais vous ne vous êtes plaint auprès
18 de Kordic de ce juge, du fait qu’il ait été emprisonné ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
20 Me STEIN (interprétation) : Pourtant, vous vous êtes plaint
21 de cela auprès de Blaskic ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est vrai.
23 Me STEIN (interprétation) : Monsieur Lopez-Terres vous avait
24 demandé de venir alors que vous étiez au Canada et que vous aviez des
25 problèmes avec le droit. Vous avez dit que votre beau-père vous
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1 nommait, vous qualifiait de Oustashi.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Tout ceci s’est passé il y
3 a longtemps et est-ce vraiment utile pour la Chambre ?
4 Me STEIN (interprétation) : C’est une question de crédibilité.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Ces événements se sont
6 produits il y a plus de 30 ans, n’est-ce pas ?
7 Me STEIN (interprétation) : Nous allons les rendre
8 contemporains.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne veux pas vous arrêter,
10 vous empêcher de le faire mais n’oubliez pas que tout ceci s’est
11 passé il y a longtemps. Monsieur le Témoin, n’interrompez pas. Il
12 n’y a pas de jury ici et je pense que ce que nous avons entendu n’a
13 pas été particulièrement utile jusqu’à présent, à moins que vous ne
14 vouliez évoquer quelque chose de tout à fait particulier.
15 Me STEIN (interprétation) : Je serai très rapide.
16 Indépendamment des heurts que vous aviez avec votre beau-père,
17 je veux revenir à ceci. Vous étiez officier de police… vous aviez
18 des problèmes avec un officier de police et vous avez quitté la
19 Croatie en 1972, n’est-ce pas ? Est-ce exact ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact, oui. C’était à
21 l’époque où c’était le printemps, le printemps chaud, comme on
22 l’appelait. C’est la révolution en Croatie.
23
24 Me STEIN (interprétation) : Vous êtes allé au
25 Canada où là vous avez eu un problème avec un prêtre
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1 croate, ce qui vous a valu six mois d’emprisonnement ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis allé d’abord
3 en Grèce et ensuite au Canada, à Winnipeg. Je suis resté
4 entre six et sept mois. C’est là où j’ai eu ce conflit
5 avec un prêtre. C’était à Winnipeg.
6 Me STEIN (interprétation) : Puis vous vous êtes
7 trouvé de 1976 à 1981 aux États-Unis ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
9 Me STEIN (interprétation) : Vous y étiez sous
10 votre propre nom ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Mon propre nom, oui.
12 Me STEIN (interprétation) : Est-ce que vous avez
13 reçu un numéro de sécurité sociale ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’avais un
15 carton vert également et je pense qu’il se trouve toujours
16 au même endroit.
17 Me STEIN (interprétation) : Dernière question car
18 ceci a attisé ma curiosité. Du fait de votre attitude de
19 principe, vous avez été, avez-vous dit, dégoûté par ce que
20 vous avez vu au cours de votre mission menée avec les
21 Vitezovis ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, parce que j’ai
23 vu des choses et des atrocités qui, malheureusement, ne
24 devraient pas être commises par des soldats croates. C’est
25 des crapauds qui pouvaient les entreprendre, pas les soldats.
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1 Me STEIN (interprétation) : En 1992, vous êtes allé au
2 Ministère de la Défense de la fédération de Bosnie- Herzégovine afin
3 d’attester de votre statut en tant que membre de l’unité spéciale des
4 Vitezovis et pour obtenir un supplément de solde. Est-ce exact ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas exact. Je ne suis
6 pas allé parler de cela. Je suis allé rencontrer Palavra et voir
7 également quel était le statut qui était le mien et comme, de toute
8 façon, je voulais m’adresser au Tribunal Pénal International, je
9 voulais également sentir ce qu’eux pensent à ce sujet-là, si
10 éventuellement ils étaient au courant d’un certain nombre de choses.
11 Me STEIN (interprétation) : Et ça n’a pas fait l’objet de
12 discussion du tout d’argent ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
14 Me STEIN (interprétation) : Vous en êtes aussi sûr, aussi
15 convaincu que pour le reste de votre déposition ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Dans quel sens ?
17 Moi, j’ai tout simplement demandé qu’ils me paient ce
18 qu’ils me devaient. Ça, je leur ai demandé.
19 Me STEIN (interprétation) : Donc, finalement, l’argent a quand
20 même été évoqué au cours de votre conversation et vous vous trouviez
21 là en vue d’obtenir compensation, n’est-ce pas ? Pourquoi ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était une dette,
23 c’était la dette vis-à-vis de moi.
24 Me STEIN (interprétation) : Pour le travail que
25 vous aviez fait avec les Vitezovis, n’est-ce pas ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Exact.
2 Me KOVACIC (interprétation) : Bonjour, Monsieur le Président.
3 QUESTIONS PAR : Me KOVACIC (interprétation) : Bonjour, Monsieur
4 Breljas. Je m’appelle Bozidar Kovacic. Ensemble, avec mon collègue
5 Mikulicic qui est à mes côtés, nous défendons Monsieur Cerkez.
6 J’aimerais vous poser quelques questions. Si vous voulez bien, je
7 vais vous demander de me répondre très brièvement à mes questions et
8 comme nous parlons la même langue, je vais vous demander également de
9 ménager des pauses avant de me répondre à la question que je vous
10 poserai pour faciliter la tâche aux interprètes.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : D’accord. Merci. Je vous ai compris.
12 Me KOVACIC (interprétation): D’accord. Monsieur Breljas, à plusieurs
13 reprises lors de votre déposition, vous avez parlé de votre
14 expérience, de vos connaissances. Vous avez dit, par exemple, que
15 vous connaissiez la stratégie, que vous connaissiez le droit de
16 guerre. Vous avez également parlé de vos expériences et connaissance.
17 C’est la raison pour laquelle je vais être très bref et je vais vous
18 demander quelle était votre formation au début, initialement.
19 Vous avez dit que vous avez fait l’école élémentaire à Sarajevo.
20 C’est bien vrai ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me KOVACIC (interprétation) : Ensuite, vous étiez à Ruma pour
23 l’école secondaire ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me KOVACIC (interprétation) : Pourriez-vous nous dire où étiez-
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1 vous à l’école secondaire et quelle était l’option, votre option ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : J’étais dans une école de mine.
3 On a proféré des injures à mon encontre, des Ustashas, et cætera.
4 C’est la raison pour laquelle j’ai changé d’école.
5 Me KOVACIC (interprétation) : Vous voulez dire qu’il y avait
6 beaucoup de Croates et de Serbes à Ruma et en Serbie mais il y avait
7 beaucoup de Croates également qu’on a proféré des injures à votre
8 encontre ? On vous a vexé, on vous a outragé ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était à Sarajevo également le cas.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Par conséquent, il s’agissait
11 des deux écoles secondaires, à Ruma et ensuite à Sarajevo,
12 des écoles techniques ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me KOVACIC (interprétation) : Et vous avez fait le lycée ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai poursuivi ma formation au
16 lycée mais à titre privé. J’ai payé ma formation.
17 Me KOVACIC (interprétation) : Et ensuite, vous vous êtes inscrit en
18 sciences politiques à Zagreb mais vous n’avez pas eu votre diplôme ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est vrai.
20 Me KOVACIC(interprétation):Mais vous n’avez jamais passé de concours?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. On m’a tout de
22 suite dit que je n’avais absolument aucune chance pour
23 m’inscrire à la faculté de sciences politiques.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Par conséquent,
25 vous n’avez pas été à la faculté de sciences politiques ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, vous avez
2 raison, je n’y ai jamais été.
3 Me KOVACIC (interprétation) : Ensuite, vous avez
4 fait votre service militaire ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez fait
7 votre service militaire à la JNA ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
9 Me KOVACIC (interprétation) : Et vous étiez où ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : J’étais auprès de
11 l’aviation et j’ai conduit le Général Viktor Bubanj,
12 Lazarevic et les autres qui se rendaient à l’aéroport.
13 Me KOVACIC (interprétation) : Vous êtes chauffeur, conducteur ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me KOVACIC (interprétation) : Et c’est là où vous avez acquis
16 un certain nombre de connaissances du droit militaire ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Depuis tout jeune, pour comprendre
18 quelque chose et pour vérifier mes propres connaissances, j’ai étudié
19 un certain nombre de manuels d’histoire, stratèges et j’ai étudié
20 véritablement personnellement l’histoire aussi bien de notre pays que
21 d’autres pays. J’ai étudié le droit international pour moi-même. Je
22 n’avais pas d’aide. D’où elle aurait pu provenir ? Et je ne me suis
23 pas formé à l’école mais je me suis formé tout seul.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous avez été en
25 contact avec les services de renseignements de l’ex-JNA ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
2 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous étiez en contact les
3 services de renseignements de l’ex-JNA pendant votre séjour à
4 l’étranger ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Merci. Vous nous avez relaté
7 un certain nombre de choses. Vous nous avez parlé de ce que vous
8 avez fait pendant la guerre. Vous vous êtes rendu à Sarajevo pendant
9 la guerre. Mais vous n’avez pas dit où vous avez passé une année
10 après la mort de Blaz Kraljevic. Il y a un an, on ne sait pas où
11 vous étiez jusqu’au moment où vous vous êtes rendu à Kiseljak.
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien évidemment que je suis au
13 courant. Blaz Kraljevic a été tué au cours de la deuxième moitié du
14 mois d’août, après la sanction et moi, j’étais au mois de mars déjà
15 à Kiseljak.
16 Me KOVACIC (interprétation): Vous étiez à Kiseljak à cette époque-là?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me KOVACIC (interprétation) : Et cette période- là, vous
19 l’avez passée en dehors de Bosnie ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me KOVACIC (interprétation) : En ce qui concerne Blaz
22 Kraljevic, qui était Blaz Kraljevic ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était quelqu’un qui avait
24 une très grande armée croate derrière lui. Il était de Kosovo. Il
25 a mené la guerre à l’encontre des Serbes. Il a été commandant
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1 suprême du HOS, qui n’a pas été reconnu mais il a agit au nom du HOS.
2 Me KOVACIC (interprétation) : Par conséquent, il a été au sein
3 du HOS et il a été tué également en Herzégovine ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. À Trebinje.
5 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous
6 savez que Darko Kraljevic était en contact avec Blaz Kraljevic ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Ils n’ont pas de lien de parenté.
8 Tout ce que je peux dire, que Darko Kraljevic a établi le HOS et
9 ensuite, Blaz Kraljevic a financé et a armé ses unités, son
10 unité HOS.
11 Me KOVACIC (interprétation) : Lors de votre déclaration
12 préalable en 1996 aux enquêteurs… pardon, excusez-moi, 1998, vous
13 avez relaté ce que vous venez de dire au sujet de Darko Kraljevic.
14 Il n’en ressort pas clairement. Est-ce que vous avez rejoint
15 l’unité HOS de Darko Kraljevic ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais j’étais à Dalj et Vukovar
17 en 1991. Bien évidemment que j’ai rejoint leurs rangs.
18 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous
19 étiez en Bosnie-Herzégovine dans leurs unités ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis allé jusqu’à
21 Dubrovnik et c’est là où je me suis arrêté.
22 Me KOVACIC (interprétation) : À quel moment vous
23 êtes arrivé, avec quelle armée, avec quelle unité jusqu’à
24 Dubrovnik ? Est-ce que vous étiez civil ou bien soldat ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis arrivé à Dubrovnik ou
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1 plutôt à Kupari car Blaz Kraljevic opérait à Kupari. Ensuite, je me
2 suis dirigé vers Trebinje et en avril ou en mai 1992 à près, je ne
3 pourrais pas vous le dire très exactement, je me suis arrêté.
4 Me KOVACIC (interprétation): Mais je ne comprends toujours pas.
5 Quelle était votre fonction ? Quel était le poste que vous occupiez?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Vous savez très bien que le HOS a
7 été détruit… ne fonctionnait pas de manière structurée jusqu’en 1992.
8 Moi, j’étais à Vukovar et j’étais ensuite à Zagreb avec Monsieur
9 Karakas. Je lui ai dit qu’à Dalj, il y avait un émetteur radio.
10 Me KOVACIC (interprétation): Mais laissons de côté ce que vous dites.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais si vous ne voulez pas que je
12 vous donne des détails, à ce moment-là, ne me posez pas de questions
13 auxquelles il me faut vous donner des précisions.
14 Me KOVACIC (interprétation) : Je voulais tout simplement savoir
15 quel était le poste que vous occupiez, quelle était votre fonction.
16 LE TÉMOIN (interprétation) : J’étais ami du peuple croate.
17 Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez parlé de
18 Monsieur Karakas. Qui était cette personne ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur Karakas était un des
20 adjoints du ministre de la Défense de l’époque, Monsieur Spegelj. Il
21 était un des adjoints. Je ne peux pas vous dire exactement lequel.
22 Me KOVACIC (interprétation) : On va essayer de surmonter les
23 confusions. Est-ce que vous êtes sûr qu’il s’agissait de Karakas ou
24 bien éventuellement, vous avez parlé de Kikas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je suis sûr
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1 qu’il s’agissait de Karakas tout simplement parce qu’on
2 l’avait cherché en bas et moi, je me souviens très bien.
3 Me KOVACIC (interprétation) : Vous n’étiez pas
4 content non plus avec les contacts que vous aviez avec lui ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’étais pas
6 content avec lui mais il m’a donné un numéro de téléphone
7 et je n’ai jamais pu le joindre à ce numéro de téléphone.
8 Me KOVACIC (interprétation) : Et c’est la raison
9 pour laquelle vous avez rompu cette relation ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai rompu cette relation.
11 Me KOVACIC (interprétation) : Et vous êtes parti où ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais j’ai essayé de
13 rejoindre Glavas et Osijek.
14 Me KOVACIC (interprétation) : Vous parlez de 1992 là maintenant ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez parlé de ce téléphone muet.
17 C’est quelque peu comme entre les officiers de renseignement et
18 d’information et de propagande qu’on parle de ce genre de téléphone ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Il y avait un certain nombre de choses
20 que je connaissais, que j’aurais pu ne pas savoir mais comme mon père
21 a été tué à peu près de la même manière, comme moi, j’aurais pu être
22 tué, mon père a été tué. Également, on lui avait tendu le piège, on
23 l’avait traité de Oustashi, et cætera, moi, j’aurais pu également
24 tomber dans le même piège. C’est la raison pour laquelle j’ai étudié
25 ça de très près et je connaissais, comme je vous l’ai dit, l’histoire
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1 et le reste.
2 Me KOVACIC (interprétation): Merci. Vous avez parlé aujourd’hui d’un
3 certain nombre de choses qui se rapportaient aux grades. Vous avez
4 dit que votre supérieur, le feu Darko Kraljevic, avait le grade du
5 colonel. Je pense que nous avons même vu un document qui en témoigne.
6 Est-ce que vous savez s’il y avait des grades également au sein du
7 HVO et, pour parler très précisément, au sein de la brigade de Vitez?
8 LE TÉMOIN (interprétation): Ce n’était pas des grades qui étaient des
9 grades officiels. Il y avait un certain nombre de grades qui étaient
10 portés par les commandants, les commandants de groupes et c’était des
11 insignes ronds, c’était des symboles pour dire major, commandant,
12 capitaine, sergent, et cætera. Alors que nous, oralement, on nous a
13 dit: «Toi, tu es lieutenant, sous- lieutenant, l’autre est sergent »,
14 et cætera. Mais officiellement, ce n’est que Monsieur Tudjman qui
15 aurait pu reconnaître un grade et délivrer un grade.
16 Me KOVACIC (interprétation): Monsieur, vous avez eu l’occasion, vu
17 les circonstances dans lesquelles vous avez vécu, de voir qu’il y
18 avait un certain nombre d’ordres écrits qui ont été délivrés et vous
19 avez dû voir ces ordres écrits qui parvenaient dans votre unité et
20 provenant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale et qui ont été
21 délivrés par Monsieur Blaskic. Est-ce que vous avez eu l’occasion de
22 les voir ces ordres ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Au cours de la deuxième moitié
24 de 1993, oui.
25 Me KOVACIC(interprétation): Est-ce que vous avez pu constater sur ces
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1 ordres écrits que des personnes ont été désignées avec leur grade?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Toutes mes déclarations, toutes
3 informations et les rapports étaient signés avec le grade, y compris
4 toute demande envoyée, moi, j’ai dit Lieutenant Breljas et l’inverse
5 était vrai également.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur Breljas, je vais vous
7 demander de vous concentrer sur les questions que je vous pose. Vous
8 nous parlez des Vitezovis. Moi, je vous ai demandé des documents,
9 des ordres qui émanaient de la zone opérationnelle de Vitez. Pour
10 parler très concrètement, est-ce que vous avez vu que Monsieur
11 Blaskic signait les ordres avec son grade qui suivait ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’ai pas fait
13 attention véritablement. Très franchement parlant, moi, je
14 dois dire que je n’ai pas véritablement fait attention.
15 Me KOVACIC (interprétation) : C’est une réponse également.
16 Dites-moi s’il vous plaît, est-ce que vous avez vu un ordre écrit qui
17 a été délivré et signé par Monsieur Cerkez ici présent ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
19 Me KOVACIC (interprétation) : Jamais ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
21 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous avez eu
22 l’occasion en revanche d’entendre dire que qui que ce soit
23 s’adressait à Monsieur Cerkez en utilisant le grade ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me KOVACIC (interprétation) : Et quel était ce grade ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Colonel.
2 Me KOVACIC (interprétation) : Vous parlez de quelle période ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Je parle du 1er novembre 1993. Au moment
4 où il est arrivé pour brûler ce cierge, moi, je me suis adressé à
5 lui, j’ai dit : « Monsieur le Colonel, c’est le cierge qui est
6 réservé pour vous. »
7 Me KOVACIC (interprétation) : Jusqu’à maintenant, nous ne
8 l’avons jamais appris. C’est bien la première fois.
9 LE TÉMOIN(interprétation): Je ne sais pas si vous l’avez entendu mais
10 il est vrai que je me suis adressé à lui comme ça. De toute façon,
11 vous n’avez pas pu entendre ce que j’ai dit car vous à Zagreb à ce
12 étiez moment-là.
13 Me KOVACIC (interprétation) : Pourrais-je vous poser une
14 autre question ? C’était le mois de novembre 1993 ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me KOVACIC (interprétation): Mais si vous aviez eu l’occasion…
17 je reformule la question. Est-ce que vous avez eu l’occasion avant
18 le mois de novembre de rencontrer directement Monsieur Cerkez ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
20 Me KOVACIC (interprétation): C’était quelle période, s’il vous plaît?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était au moment où le convoi a
22 été arrêté. C’était au mois de juillet. C’était le Convoi du Salut.
23 Me KOVACIC (interprétation) : Et comment vous vous êtes
24 adressé à lui à cette époque-là ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me souviens pas.
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1 Me KOVACIC (interprétation) : Ceci également est une réponse.
2 LE TÉMOIN (interprétation): Je ne sais pas. Je ne sais même pas si je
3 me suis adressé à lui. Oui. Il m’avait demandé de m’adresser à lui.
4 Mais de toute façon, je me souviens qu’il y avait Darko Kraljevic qui
5 était avec nous. Je ne me souviens plus comment je me suis adressé à
6 lui.
7 Me KOVACIC (interprétation) : À ce moment-là, vous ne savez
8 pas s’il y avait deux grades ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Il en ressort de votre déposition que
11 vous avez obtenu le grade de lieutenant, qui est sur le plan
12 hiérarchique un grade important, une dizaine de jours après
13 la date où vous avez rejoint les rangs des Vitezovis ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me KOVACIC (interprétation) : Et à ce moment-là, vous étiez un
16 homme tout à fait nouveau, n’est-ce pas, dans la ville de Vitez ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, tout à fait.
18 Me KOVACIC (interprétation) : Personne ne vous connaissait ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, absolument.
20 Me KOVACIC (interprétation) : Plus tard, vous avez été chargé
21 de la logistique ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Quand Jozo Buha a commencé
23 à voler, à piller, moi, je me suis chargé de cette fonction.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Mais à ce moment-là, vous
25 n’étiez plus l’officier de l’IPD ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. À ce moment-là, j’avais les
2 deux fonctions.
3 Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez parlé également de quelques
4 autres activités. Vous avez parlé également de ces cierges que vous
5 avez destinés à chacun. Vous avez parlé également des soldes. Mais il
6 y a quelque chose qui me tracasse. Je voudrais vous poser la question
7 suivante. Est-ce que les Vitezovis avaient également un officier qui
8 était chargé d’approvisionnement ?
9 LE TÉMOIN (interprétation): Non, pas au début. Ce n’était qu’au cours
10 de la deuxième moitié de l’année. Je parle de la zone opérationnelle
11 de Vitez. Vous, vous parlez de la région opérationnelle.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Vous voulez dire qu’à partir de
13 la deuxième moitié de cette année, il y avait quelqu’un qui était
14 chargé d’approvisionnement ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Pas directement pour Vitezovis
16 mais au niveau de la région opérationnelle.
17 Me KOVACIC (interprétation) : Et au niveau des unités ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était l’officier IDP de
19 l’information et de la propagande.
20 Me KOVACIC (interprétation) : On va revenir à ce que vous avez dit
21 tout à l’heure et ce que vous avez répondu au Procureur. Vous avez
22 parlé d’une affaire délictueuse et vous avez dit également que c’est
23 le Tribunal du Canada qui avait émis une sanction à votre encontre.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, tout à fait.
25 Me KOVACIC (interprétation) : D’après les informations que
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1 j’ai pu obtenir de mes propres collaborateurs, nous avons appris que
2 pour la première fois, vous avez pris contact avec l’unité Vitezovis
3 au moment où l’attaque a été organisée contre la station d’essence
4 nommée Kalem. Est-ce que vous vous souvenez de cet incident ?
5 C’était une station d’essence dénommée Kalem.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je m’en souviens.
7 Me KOVACIC (interprétation) : C’était le 16 avril 1993 ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était avant le 16 avril. Le
9 16 avril, c’est une station d’essence qui a été prise définitivement.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Est-il vrai qu’au moment où les
11 combats ont été menés pour cette station d’essence, un membre des
12 Vitezovis, Kozina, avait tiré sur vous ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Moi, j’ai traversé la route
14 où les coups de feu étaient les plus violents et il m’a dit
15 ultérieurement : « J’ai failli te tuer. » C’est ce qu’il m’a dit.
16 Mais il n’a pas tiré. S’il avait tiré, il m’aurait tué.
17 Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez dit que c’était une attaque
18 qui avait commencé avant le 16 avril. Qu’est-ce que vous dites avant?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils se sont préparés clandestinement
20 pour prendre cette station d’essence.
21 Me KOVACIC (interprétation) : Mais d’après ce que vous nous avez
22 relaté ce matin, vous étiez à Travnik ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, pas à Travnik, à Zenica.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Oui.
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais je sais qu’ils se sont préparés
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1 pour attaquer cette station d’essence.
2 Me KOVACIC (interprétation): Avant que vous partiez à Zenica ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, tout à fait car c’était la
4 première côte qu’il fallait prendre, il fallait s’en emparer.
5 Me KOVACIC (interprétation) : Par conséquent, Kozina a failli
6 vous tuer. C’est ce qu’il vous a dit ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est ce qu’il m’a dit. Je ne
8 sais pas si c’est vrai ou non. C’est ce qu’il m’avait dit.
9 Me KOVACIC (interprétation) : Nous avons d’autres informations selon
10 lesquelles les Vitezovis vous ont arrêté, vous ont détenu à ce
11 moment-là et que c’était bien la première fois que vous les avez
12 rencontrés, qu’avant, vous ne les connaissiez même pas?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais comment ? Ce n’est pas possible
14 car j’étais interprète ce jour-là.
15 Me KOVACIC (interprétation) : D’accord. Ce n’est pas exact ce que
16 nous avons appris. Est-ce que pendant votre séjour à Vitez,
17 vous avez eu des contacts avec une femme ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai habité chez une certaine
19 dame qu’on appelait Kata et elle était en face de Dragan Vinac.
20 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que c’est Kata Rajic ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me KOVACIC (interprétation) : Et vous avez logé chez elle ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Vous êtes en bonne relation
25 avec cette femme ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
2 Me KOVACIC (interprétation) : Vous êtes en relation intime
3 avec cette femme ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que je ne dois pas
5 répondre à cette question. Ce n’est pas une question à propos.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Et vous êtes parti de chez elle
7 en 1994 quand vous avez quitté Vitez ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. En avril 1994. C’était plus
9 précisément le 15 avril 1994.
10 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous l’avez rencontrée
11 en 1996 et 1997, à deux reprises quand vous êtes passé par Vitez et
12 au moment où vous avez souhaité régler vos droits ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me KOVACIC (interprétation) : Tout simplement pour pouvoir
15 participer également aux titres qui ont été distribués ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, bien évidemment. J’étais chez elle.
17 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous avez réussi à
18 vous inscrire sur les listes qui ont été établies en vertu de la
19 réglementation en vigueur car il fallait reconnaître l’ancienneté
20 et puis des soldes, des titres ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai reçu sous une enveloppe
22 deux soldes qui m’attendaient. Je ne savais même pas que j’allais
23 les recevoir.
24 Me KOVACIC (interprétation) : C’était les deux soldes qu’on
25 vous devait ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je ne sais pas pour quels
2 mois exactement mais de toute façon, il y avait les deux soldes qui
3 m’attendaient, comme j’ai dit, dans une enveloppe.
4 Me KOVACIC (interprétation) : Et en même temps,
5 vous avez également essayé de vous inscrire sur la liste
6 pour pouvoir participer aux titres ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est vrai.
8 Me KOVACIC (interprétation) : Est-ce que vous avez réussi à
9 vous inscrire sur ces listes ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me KOVACIC (interprétation) : Tout à l’heure, vous avez dit
12 que vous avez logé chez Madame Kata Rajic mais vous nous avez dit
13 également que quelques jours auparavant, dès que vous êtes arrivé
14 à Vitez, vous étiez à l’école.
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était au cours des
16 deux premiers mois.
17 Me KOVACIC (interprétation) : Pendant que la guerre se préparait ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
19 Me KOVACIC (interprétation) : Vous étiez à l’école au début ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me KOVACIC (interprétation) : Et ensuite, vous êtes allé
22 loger chez cette dame ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais j’étais pratiquement tout
24 le temps à l’école et puis j’allais chez cette dame parce que c’est
25 elle qui s’occupait de mon linge, et cætera. Mais la plupart du
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1 temps, je le passais à l’école.
2 Me KOVACIC (interprétation) : D’accord. On s’est compris.
3 Mais avant, vous avez habité également chez une dame qui était une
4 des premières voisines de cette dame dénommée Kata qui s’appelait
5 Mira Pocrnja, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai passé 15
7 jours chez elle et ensuite, je suis allé chez Kata.
8 Me KOVACIC (interprétation) : Mais elle vous a
9 mis à la porte parce que vous lui avez donné des coups ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur, je pense que ce n’est pas une
11 question qui vous concerne. Ça me concerne. Je ne vais certainement
12 pas parler de ça.
13 Me KOVACIC (interprétation) : D’accord. Mais de toute façon, vous
14 avez habité chez elle ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Peut-être que j’ai habité
16 chez elle. Je peux vous dire également que je n’ai pas
17 habité chez elle. Ceci ne vous concerne pas du tout.
18 Me KOVACIC (interprétation) : Entendu ! Est-il exact,
19 Monsieur Breljas, qu’à plusieurs reprises, vous avez
20 photographié tous les membres de l’unité des Vitezovis ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas exact.
22 Me KOVACIC (interprétation) : Ou en tout cas, une
23 majorité d’entre eux ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, c’est inexact. J’ai
25 essayé simplement de photographier les soldats tués. Je les ai
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1 pratiquement tous photographiés pour pouvoir donner leurs photos
2 à leurs familles et puis il y en avait deux qui n’avaient pas
3 leurs documents d’identité et l’un d’entre eux avait perdu
4 ses documents d’identité. Donc, je les ai photographiés pour
5 l’obtention de nouveaux papiers militaires.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Vous avez dit que c’est
7 dix jours après votre arrivée que Darko vous a
8 affecté à l’information et à la propagande ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui, en effet. En tant
10 qu’adjoint à l’information et à la propagande parce que
11 le chef de l’IPD était Marinko Plavcic à ce moment-là et moi,
12 j’ai été affecté au poste d’adjoint de Marinko Plavcic.
13 Me KOVACIC (interprétation) : Et c’est ce que vous a dit
14 oralement Darko Kraljevic ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me KOVACIC (interprétation) : Vous n’avez pas eu de
17 document écrit pour cette affectation ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Que voulez-vous dire ?
19 Me KOVACIC (interprétation) : Bien, un document écrit.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien sûr, j’en ai reçu. J’ai
21 reçu un certificat comme quoi j’étais l’adjoint à l’IPD, au sein
22 des Vitezovis. Donc, j’ai reçu un papier écrit de Kostroman. De
23 Kostroman, j’ai reçu un papier qui signifie de quel moment à quel
24 moment j’ai occupé ces fonctions parce que Kostroman était chargé
25 des responsables à l’IPD de plus haut rang.
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1 Me KOVACIC (interprétation) : Eh bien, je vous prie de
2 m’excuser. Apparemment, je ne vous ai pas posé la bonne question.
3 Mais ce matin, nous avons examiné le document Z1075.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me KOVACIC (interprétation) : C’est un document qui date du
6 18 juin. Donc, c’était encore l’époque désorganisée où vous dites
7 qu’il n’existait aucun document mais là, nous avons sous les yeux
8 un document parfaitement bien rédigé qui nomme le Colonel Darko
9 Kraljevic au poste de chef adjoint du centre de l’information et de
10 la sécurité pour la Bosnie centrale.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me KOVACIC (interprétation) : Au début ou disons dans les 10
13 ou 15 premiers jours après votre arrivée, donc à la fin avril ou au
14 début du mois de mai, vous avez été nommé par Darko au poste
15 d’officier chargé de l’information et de la propagande. À ce moment-
16 là, au moment de votre nomination ou dans les quelques jours qui ont
17 suivi, avez-vous reçu un document vous signifiant cette nomination ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien entendu. Automatiquement,
19 je suis allé au quartier général où se trouvait Dragan Vinac,
20 Kraljevic, Miso Mijic, les commandants et un autre responsable à
21 l’information et à la propagande.
22 Me KOVACIC (interprétation) : Oui, mais vous nous expliquez
23 tout cela, vous l’avez déjà fait. Ce que je vous demande, c’est si
24 vous avez reçu un document lorsque vous êtes devenu commandant. Vous
25 nous avez parlé de cette nomination mais avez-vous reçu un document
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1 vous nommant à ce poste ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas ce que vous voulez
3 dire. De quel genre de document parlez- vous ? J’ai été nommé, j’ai
4 mon nom sur la liste de commandement si j’ai été nommé et j’ai reçu
5 un document militaire. Quoi d’autre ?
6 Me KOVACIC (interprétation) : Écoutez, je dois répéter ma question au
7 témoin. Voulez-vous vous tourner vers moi, je vous prie? Pouvez-vous
8 regarder dans cette direction ? Ceci est un document qui a été signé
9 par Miso Mijic et qui nomme Darko Kraljevic à tel et tel postes, à
10 savoir chef adjoint. Est-ce que vous avez reçu un document du même
11 genre par lequel Darko Kraljevic vous nommait à votre poste ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur, vous êtes en train de
13 parler de l’officier de rang supérieur, de l’officier le plus
14 important pour les Croates de Bosnie et maintenant, vous vous
15 adressez à quelqu’un qui était à un rang tout à fait inférieur.
16 Alors, bien entendu, je n’ai pas reçu le même genre de document. J’ai
17 reçu cela de Kostroman et, bien entendu, j’ai ce document parmi mes
18 documents.
19 Me KOVACIC (interprétation) : De quel genre de document parlez-vous ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Du document qui m’a été émis
21 par le responsable à l’information et à la propagande. Ça, c’est
22 la vérité et c’est celui qui me nomme au nom de Monsieur Kostroman,
23 du Colonel Kostroman à mon poste.
24 Me KOVACIC (interprétation) : Mais c’était plus tard ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. C’est la
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1 confirmation de ma nomination.
2 Me KOVACIC (interprétation) : Mais vous n’avez
3 aucun document vous nommant à ce poste ?
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Excusez-moi, je dois vous
5 interrompre, Me Kovacic. Nous avons déjà entendu cela plusieurs fois.
6 Il est 16 h 07 et j’aurais aimé que cette déposition se termine cet
7 après-midi. Est- ce que vous en avez encore pour beaucoup de temps ?
8 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le Président, je n’ai
9 pas encore réussi à réorganiser mes notes initiales, ce que j’avais
10 prévu pour l’audition de ce témoin. Je n’ai pas réussi à les
11 réorganiser après la fin de l’interrogatoire principal. Donc,
12 j’aurais dû mal à vous répondre mais il me faudra sans doute encore
13 une heure et demie, pas plus en tout cas.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Kovacic, personne pour le
15 moment n’a eu besoin d’une heure et demie. Nous allons à présent
16 suspendre l’audience mais je vous prierais de bien vouloir raccourcir
17 un petit peu votre interrogatoire. Le témoin a déjà parlé à peu près
18 une heure et demie dans le cadre des deux interrogatoires qui ont
19 précédé et il n’a mentionné votre client qu’une seule fois, à moins
20 que je ne me trompe.
21 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président, puis-je
22 disposer de quelques minutes ?
23 Me KOVACIC (interprétation): Excusez-moi, je voudrais répondre.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Bien sûr.
25 Me KOVACIC (interprétation) : Je vais m’efforcer de faire de mon
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1 mieux et de me limiter simplement aux passages où le témoin a
2 fait référence à mon client.
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation): Très bien! Merci. À demain
4 matin. Monsieur Breljas, pouvez-vous revenir à 9 h 30 demain matin
5 pour conclure votre déposition ? Je suis au regret de vous dire que
6 la conclusion de votre interrogatoire n’a pas pu être atteinte
7 aujourd’hui mais nous espérons pouvoir le faire demain.
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci bien.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation): Vous pouvez vous retirer à présent.
10 [Le témoin se retire]
11 Me NICE (interprétation): Monsieur le Président, j’aimerais quelques
12 instructions de la Chambre au sujet des témoins que nous entendrons
13 cette semaine et la semaine prochaine. Il nous reste quatre jours la
14 semaine prochaine à notre disposition et nous entendrons le Colonel
15 Stewart qui ne sera sans doute pas un témoin très court car il parle
16 des deux accusés. Nous avons un témoin qui a demandé des mesures de
17 protection et auquel un témoin antérieur a déjà fait référence.
18 Payam Akhavan en a parlé, vous vous en souviendrez.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Lui ne devrait pas durer très
20 longtemps ?
21 Me NICE (interprétation) : En effet. Nous avons un témoin sur
22 le fond qui, je crois, demande des mesures de protection mais qui
23 vient d’une autre partie au conflit. J’en ai parlé au départ. Et
24 ensuite un autre témoin assez court. Donc, la semaine prochaine, pour
25 les quatre jours prévus, nous aurons sûrement suffisamment de témoins
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1 pour trois jours ou trois jours et quelques, peut-être même pour
2 les quatre jours. Et si, en raison de ce qui a été dit ce matin,
3 il n’y a pas d’audience la semaine prochaine, j’aimerais pouvoir
4 commencer l’annulation de la venue de ces témoins maintenant.
5 Mais si la Chambre doit siéger, j’aimerais savoir si je dois
6 prévoir un témoin supplémentaire en attente au cas où les quatre
7 témoins en question ne dureraient pas les quatre jours. Pour
8 cette semaine, je n’ai pas pu réussir à établir le contact avec
9 le témoin [expurgée]. Un autre témoin pourra déposer mercredi
10 sans controverse car la Défense souhaite entendre également ce
11 témoin. J’ai parlé avec ce témoin au téléphone. La Chambre en a
12 déjà entendu parler. Les deux autres témoins commencer demain et
13 nous mener jusqu’à mercredi au plus tard. Donc, il serait sans
14 doute prudent de ne pas essayer de glisser un nouveau témoin dans
15 l’après-midi de mercredi car son audition risque de ne pas être
16 achevée. Peut-être pourrions-nous consacrer l’après-midi de
17 mercredi à l’audition d’arguments au sujet des dossiers qui ont
18 été signifiés si les deux Juges présents dans cette Chambre
19 peuvent traiter de cette question dans cette configuration.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation): J’en doute et je crois qu’il ne
21 serait pas bon de citer à la barre un témoin si son audition ne
22 doit pas être achevée. Monsieur Beese, je parle en mon nom
23 personnel, je pense que son audition ne devrait pas se dérouler
24 cette semaine ou la semaine prochaine étant donné les arguments
25 entendus de la part de la Défense. S’agissant des témoins prévus
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1 pour la semaine prochaine, nous n’avons pas encore réglé la
2 question mais nous vous apporterons une réponse le plus tôt
3 possible.
4 Me STEIN (interprétation) : Mais qu’en est-il donc de l’ordre de
5 bataille pour cette semaine ou la semaine prochaine après tout
6 ce qui a été dit ?
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous pouvez en
8 informer la Défense, Me Nice.
9 Me NICE (interprétation) : Je le redirai à la Défense.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, 9 h 30 ici même
11 demain matin, je vous prie.
12 --- L’audience est levée à 16 h 15 pour
13 reprendre le mardi 11 janvier 2000 à 9 h 30
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