Page 11819
1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14/2-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mardi 11 janvier 2000
4 (L'audience est ouverte à 09 heures 30.)
5 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Messieurs les Juges,
6 il s'agit de l'affaire IT-95-14/2-T, le Procureur contre Dario Kordic et
7 Mario Cerkez.
8 M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, vous avez la
9 parole.
10 M. Kovacic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
11 Tout d'abord, je demanderai à l'huissier de bien vouloir placer devant le
12 témoin la traduction en croate de ses déclarations préalables,
13 déclarations qu'il avait devant lui hier.
14 (L'huissier s'exécute.)
15 Et puis, aux fins du dossier, j'aimerais faire remarquer qu'il y
16 avait deux omissions dans le compte rendu d'audience : à la page 72,
17 ligne 25, apparemment il y avait des termes "prviska brigada" qui avaient
18 été omis ; et à la page 105, ligne 17, le témoin avait dit qu'il avait
19 discuté avec le commandant de la région. Le terme "région", ou de la zone,
20 ce terme-là avait été omis.
21 Si vous me permettez de poursuivre, Monsieur le Président ?
22 M. le Président (interprétation). - Oui.
23 M. Kovacic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Témoin.
24 M. Breljas (interprétation). - Bonjour.
25 M. Kovacic (interprétation). - Hier, nous avons parlé de votre
Page 11820
1 affectation au poste de l'officier chargé de la propagande et de
2 l'information, IPD. J'aimerais vous demander, si vous voulez bien me dire
3 qui vous a expliqué, si éventuellement quelqu'un vous a expliqué, quelles
4 étaient les fonctions de l'officier chargé de la propagande et de
5 l'information.
6 M. Breljas (interprétation). - Il n'y avait personne qui avait à
7 m'expliquer quoi que ce soit parce que pratiquement personne n'était au
8 courant de ce que moi je savais à cette époque-là. C'est la raison pour
9 laquelle j'ai donné moi-même des explications aux autres de ce que cela
10 voulait dire d'être officier de l'IPD.
11 M. Kovacic (interprétation). - En ce qui concerne le rôle de
12 Marinko Plavcic qui a été adjoint du commandant des Vitezovi, chargé de
13 l'IPD, vous-même vous étiez par conséquent et également l'adjoint de
14 l'adjoint ?
15 M. Breljas (interprétation). - Oui, j'étais l'adjoint de
16 l'adjoint, et à un moment donné M. Stewart est arrivé pour vérifier un
17 certain nombre de choses au nom de la communauté internationale. Il y
18 avait un certain nombre de journalistes également. Et moi j'ai posé la
19 question pour savoir si c'étaient les journalistes qui l'accompagnaient.
20 Il a dit que ce n'étaient pas les journalistes qui l'accompagnaient. J'ai
21 donc dit à ces journalistes qu'ils n'avaient pas le droit de filmer à la
22 caserne avant d'obtenir l'autorisation des autorités compétentes.
23 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Breljas, excusez-moi,
24 mais nous souhaitons tout simplement apprendre la réponse à la question
25 que je vous ai posée : à quel moment étiez-vous devenu adjoint du
Page 11821
1 commandant ?
2 M. Breljas (interprétation). - Quinze jours plus tard.
3 M. Kovacic (interprétation). - C'était le début du mois de mai ?
4 M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'était pas début mai,
5 mais plutôt la deuxième moitié du mois de mai.
6 M. Kovacic (interprétation). - D'accord. A ce moment-là, vous
7 étiez en relations directes avec l'officier qui était au niveau de la zone
8 opérationnelle, ou de la région opérationnelle, comme vous dénommez ce
9 secteur. Vous étiez chargé de la propagande et de l'information à un
10 niveau supérieur, n'est-ce pas ?
11 M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas dans quel sens
12 vous parlez du niveau supérieur. Vous parlez donc du niveau de
13 l'officier ?
14 M. Kovacic (interprétation). - Oui.
15 M. Breljas (interprétation). - A ce moment-là, je suis d'accord
16 avec vous.
17 M. Kovacic (interprétation). - Et à ce moment-là, qui était
18 l'officier chargé de l'IPD dans la zone opérationnelle ?
19 M. Breljas (interprétation). - Moi, je n'ai pas tout de suite
20 commencé à m'occuper de ces activités au niveau de la région
21 opérationnelle. Je n'ai pas participé aux conférences de presse. Je
22 connaissais mes fonctions, je connaissais ce qu'elles couvraient, mais je
23 ne peux pas véritablement me souvenir du nom de l'officier supérieur. Mais
24 je pense qu'il a été vétérinaire... son nom m'échappe.
25 M. Kovacic (interprétation). - Mais si je vous demande que dans
Page 11822
1 un premier temps c'était M. Marko Prskalo, est-ce que c'était bien lui ?
2 M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'était pas
3 Marko Prskalo. Moi, je le connais, bien évidemment. Ce n'était pas
4 Marko Prskalo, c'était quelqu'un d'autre.
5 M. Kovacic (interprétation). - Nous allons essayer quand même
6 d'éclaircir un petit peu cette question-là parce que je pense que cela
7 intéressera les Juges.
8 En ce qui concerne Marko Prskalo, Marko Prskalo était celui qui,
9 le 17 avril, s'était retrouvé à l'hôtel, il est sorti du véhicule des
10 Warriors et il a été blessé par un tireur d'élite. Est-ce que vous avez
11 entendu parler de cet incident ?
12 M. Breljas (interprétation). - Non, je n'ai pas entendu parler
13 de cet incident.
14 M. Kovacic (interprétation). - Est-ce que c'était
15 Dragan Ramljak ?
16 M. Breljas (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas. Je
17 ne pourrais pas vous donner des noms parce que j'oublie les noms. Je
18 connais la physionomie et le visage, mais j'oublie les noms.
19 M. Kovacic (interprétation). - Merci, de toute façon, c'est une
20 réponse également. Est-ce que vous pouvez me dire si, éventuellement,
21 régulièrement, il y avait des réunions une fois par mois de l'IPD dans la
22 région opérationnelle ?
23 M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'est pas exact, c'est
24 une fois par semaine. Je ne peux pas vous dire si c'était les mercredis ou
25 les vendredis. Il y avait des conférences de presse de l'IPD qui avaient
Page 11823
1 eu lieu régulièrement.
2 M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, une fois par
3 semaine ?
4 M. Breljas (interprétation). - Oui, une fois par semaine. Et une
5 fois par mois il y avait des réunions.
6 M. Bennouna. - Il faudrait que dans votre échange avec le témoin
7 vous marquiez une certaine pause. Je demande cela au témoin aussi, de
8 marquer une certaine pause pour la traduction, parce que la traduction est
9 tellement rapide qu'on a du mal à suivre.
10 M. Kovacic (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Juge.
11 Monsieur Breljas, nous parlons la même langue, c'est la raison pour
12 laquelle nous parlons tellement vite que nous ne ménageons pas de pause ;
13 les interprètes parlent également vite et les Juges ne peuvent pas suivre.
14 Donc je vais vous demander de ménager des pauses.
15 Pour ce qui est des réunions, c'est l'officier de l'IPD qui
16 avait présidé ces réunions, n'est-ce pas ?
17 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'était Ramljak.
18 M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, c'est lui qui a
19 présidé les réunions ?
20 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est lui qui a été officier
21 de propagande et d'information.
22 M. Kovacic (interprétation). - Mais il y avait d'autres
23 officiers qui également se rendaient à ces réunions et qui venaient
24 d'autres secteurs ?
25 M. Breljas (interprétation). - Oui.
Page 11824
1 M. Kovacic (interprétation). - Vous nous avez dit par ailleurs
2 -mais ce n'était pas tout à fait clair, j'aimerais vous demander de bien
3 vouloir quand même me le confirmer-, vous avez dit lors de votre
4 déclaration préalable, hier également, que les Vitezovi étaient en quelque
5 sorte le 4e Bataillon de la brigade de Vitez. Est-ce que je vous ai bien
6 compris ?
7 M. Breljas (interprétation). - Oui, nous avons parlé de
8 quatre parties de la région opérationnelle, et les Vitezovi, par
9 conséquent, appartenaient à une des parties. Les Vitezovi appartenaient à
10 la quatrième partie de la zone opérationnelle.
11 M. Kovacic (interprétation). - Et il n'y avait pas d'autres
12 structures organisationnelles entre les Vitezovi et la brigade de Vitez ?
13 M. Breljas (interprétation). - Du point de vue ordres, non. Mais
14 en ce qui concerne les contacts, il y en avait.
15 M. Kovacic (interprétation). - Vous avez parlé par ailleurs de
16 votre rôle en ce qui concerne le convoi de Salut, le convoi de Tuzla ?
17 M. Breljas (interprétation). - Oui.
18 M. Kovacic (interprétation). - Je voudrais tout simplement
19 attirer votre attention sur le fait que, lors de votre déclaration
20 de 1996, cette première déclaration, qui était assez copieuse et que vous
21 avez donnée aux autorités bosniennes, vous en avez beaucoup parlé ?
22 M. Breljas (interprétation). - C'est tout ce que j'ai dit parce
23 que c'est ce qui les a intéressé.
24 M. Kovacic (interprétation). - C'était le 7 novembre 1996, vous
25 avez ces déclarations sous vous yeux. J'aimerais attirer votre attention
Page 11825
1 sur la page 6, version croate, cinquième paragraphe ; et version anglaise,
2 page 10, deuxième paragraphe. Est-ce que vous avez trouvé ce paragraphe ?
3 M. Breljas (interprétation). - Je n'en ai pas besoin, je le
4 connais par coeur.
5 M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent vous le
6 connaissez ?
7 M. Breljas (interprétation). - Je le connais, je ne l'ai pas vu,
8 mais je sais quelle était la situation sur le terrain. C'était la plus
9 grande honte du peuple croate. Mais je ne veux pas parler du peuple
10 croate, je veux parler plutôt des "crapauds" en Croatie et...
11 M. Kovacic (interprétation). - Vous dites : "Kraljevic a demandé
12 de moi de traduire aux membres des Nations Unies : il les a condamnés de
13 transporter les blessés de Stari Vitez. Ils ont permis également qu'on
14 fouille les chars", mais il est vrai...
15 M. le Président (interprétation). - Un petit moment, s'il vous
16 plaît. Est-ce qu'on traduit ce que vous dites ?
17 M. Kovacic (interprétation). - Il s'agit de la déclaration du
18 témoin qu'il a donnée le 7 novembre 1996. Il s'agit de la page 10, version
19 anglaise, et il y a trois derniers paragraphes qui nous intéressent. Les
20 interprètes ne disposent pas du texte.
21 En effet, il s'agit du paragraphe, avant-dernier paragraphe.
22 M. le Président (interprétation). - Il s'agit du paragraphe qui
23 commence "Kraljevic a demandé de moi de lui faire l'interprétation...". Il
24 serait indispensable que le transcript reprenne la traduction, si vous
25 voulez que le témoin en parle.
Page 11826
1 M. Kovacic (interprétation). - On pourrait peut-être mettre sur
2 le rétroprojecteur le texte en question ?
3 M. le Président (interprétation). - Oui, et vous donnez lecture
4 des paragraphes en question en langue croate, et nous allons écouter la
5 traduction.
6 M. Kovacic (interprétation). - D'accord. Nous voyons le
7 paragraphe sur le rétroprojecteur. Je vais donner lecture en langue
8 croate : "Monsieur Kraljevic m'a demandé de donner l'interprétation aux
9 membres des Nations Unies et de leur dire qu'ils ne peuvent pas poursuivre
10 leur route, qu'ils allaient être condamnés parce que, soi-disant, ils
11 transportent les blessés de Stari Vitez. Ils ont permis également qu'on
12 vérifie les chars et qu'on vérifie ce qui s'y trouve et on ne leur a pas
13 permis le passage.
14 Je suis resté à Dubravica jusqu'à 2 heures du matin, et j'ai
15 bloqué le passage à la Forpronu. C'est à ce moment-là que Kraljevic
16 m'avait ordonné de laisser passer le convoi."
17 Monsieur Breljas, c'est une déclaration que vous avez donnée
18 en 1996, vous avez quand même eu un souvenir qui était plus vif ?
19 M. Breljas (interprétation). - Oui.
20 M. Kovacic (interprétation). - Vous n'avez pas parlé de Cerkez à
21 ce moment-là. C'est bien la première fois que vous en parlez en 1998 ?
22 Auriez-vous l'amabilité de nous dire ce qui est exact des deux choses ?
23 M. Breljas (interprétation). - Il est vrai que Mario Cerkez
24 était sur place, je l'ai retrouvé sur place. C'est lui qui m'a demandé de
25 faire de l'interprétation. J'ai dit que, de toute façon, il n'est pas mon
Page 11827
1 commandant, que c'est mon commandant qui va me donner l'ordre dans ce
2 sens-là. Moi, je connaissais Kraljevic et c'est lui que je reconnaissais,
3 il était l'unique que je reconnaissais en tant que commandant.
4 Et au moment où lui-même est arrivé, il m'avait demandé de
5 poursuivre et de traduire, ce que j'ai fait. Je me suis donc adressé au
6 chauffeur du char et j'ai dit ce qu'on m'avait demandé.
7 M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, vous nous dites
8 que les déclarations en 1998 étaient beaucoup plus détaillées, beaucoup
9 plus précises et beaucoup plus exactes que celles de 1996 ?
10 M. Breljas (interprétation). - Je ne dis pas qu'elles étaient
11 plus exactes, mais de toute façon je ne pensais pas que pour les Bosniens
12 c'était important que je cite Mario Cerkez, qu'il soit présent ou non. Ce
13 qui était important pour eux, c'était de savoir que le convoi a été arrêté
14 et qu'on a bloqué le passage.
15 En revanche, en 1998, il y avait des gens qui étaient beaucoup
16 plus experts, qui m'ont également posé des questions en détail, et c'est
17 la raison pour laquelle j'ai répondu à tous les détails, à toutes les
18 questions parce que je ne veux pas que vous me posiez des pièges, ici.
19 M. Kovacic (interprétation). - En 1996, juste au-dessus de la
20 signature, il y a la constatation selon laquelle vous avez tout dicté et
21 que tout a été apporté dans la déclaration, que, par conséquent, vous
22 signez la déclaration que vous avez donnée. Est-ce que c'est vrai ?
23 M. Breljas (interprétation). - Oui.
24 M. Kovacic (interprétation). - Les deux personnes, au cours de
25 cet incident, étaient Mario Cerkez et Kraljevic ?
Page 11828
1 M. Breljas (interprétation). – Mais Mario Cerkez était le
2 commandant, alors que Darko Kraljevic ne l'était pas. Moi, j'ai dit qu'en
3 ce qui me concerne Darko Kraljevic était le seul à pouvoir me donner des
4 ordres, et avant qu'il arrive, je ne voulais pas faire de
5 l'interprétation.
6 M. Kovacic (interprétation). - Merci.
7 M. le Président (interprétation). - Est-ce que nous avons
8 terminé avec ce document ?
9 M. Kovacic (interprétation). - Oui. J'aimerais demander à
10 l'huissier de bien vouloir remettre la pièce à conviction que nous avons
11 déjà vue hier : Z1380. Il s'agit d'un document assez volumineux, vous
12 l'avez déjà vu, Monsieur Breljas, hier. On va vous le remettre. Il s'agit
13 d'un rapport des Vitezovi qui a été adressé au bureau de l'état-major du
14 HVO à Mostar. Je vais vous demander, si vous voulez bien, vous poser
15 quelques questions à ce sujet-là.
16 Hier, vous n'avez pas été tout à fait clair en répondant à la
17 question concernant ceux qui étaient supérieurs aux Vitezovi. Vous avez
18 donné des explications différentes. J'aimerais vous demander de bien
19 vouloir lire attentivement ce document. Est-ce que vous l'avez ?
20 M. Breljas (interprétation). - Oui.
21 M. Kovacic (interprétation). - Il va sans doute qu'il s'agit
22 d'un rapport des Vitezovi en date du 18 février 1994 qui a été adressé à
23 l'état-major du HVO. Je pense que nous sommes d'accord là-dessus ?
24 M. Breljas (interprétation). - Attendez, je vais lire, je vais
25 voir qui l'avait signé.
Page 11829
1 M. Kovacic (interprétation). - Regardez un petit peu l'en-tête,
2 regardez la signature.
3 M. Breljas (interprétation). - Tout d'abord, il s'agit d'un
4 rapport qui n'est pas correct. C'est un rapport qui a été rédigé au moment
5 où Kraljevic a déjà été destitué car sa réputation était déjà mise en
6 question. M. Vinac a pris le poste de commandement, il y a beaucoup de
7 mensonges là-dessus. Par conséquent, il y a plein de choses qui sont
8 inexactes, il y a un certain nombre de documents auxquels on se réfère. Il
9 s'agit par conséquent d'un document qui date de cette époque-là, quand
10 Vinac a pratiquement pris le poste.
11 M. Kovacic (interprétation). - Est-ce qu'il est vrai que ce
12 document a été adressé au quartier général de Mostar ?
13 M. Breljas (interprétation). - Je ne le sais pas.
14 M. Kovacic (interprétation). - Mais l'en-tête, regardez un petit
15 peu.
16 M. Breljas (interprétation). - L'en-tête, oui, mais moi je ne le
17 sais pas. Ce que je sais, c'est qu'à cette époque-là Darko Kraljevic
18 n'avait pratiquement aucune influence et il y avait des rapports qui
19 avaient été faits soi-disant en son nom. Moi, je n'étais pas à ce moment-
20 là chargé de l'IPD, de la propagande et de l'information. Par conséquent,
21 moi je ne l'ai pas rédigé alors que j'aurais dû le rédiger.
22 M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, vous n'êtes pas
23 au courant ?
24 M. Breljas (interprétation). - Non.
25 M. Kovacic (interprétation). - Etes-vous d'accord avec moi pour
Page 11830
1 dire que les Vitezovi étaient sous le commandement du HVO, du quartier
2 général de Mostar, ou bien vous le niez ?
3 M. Breljas (interprétation). - A un moment donné, avant que
4 Kraljevic soit tué, en 1993, plus précisément début 1993, oui.
5 M. Kovacic (interprétation). - Début 1993, ils étaient sous le
6 commandement du quartier général de Mostar ?
7 M. Breljas (interprétation). - Oui.
8 M. Kovacic (interprétation). - Etaient-ils sous le commandement
9 de la zone opérationnelle ?
10 M. Breljas (interprétation). - Oui.
11 M. Kovacic (interprétation). - Et par conséquent de M. Blaskic ?
12 M. Breljas (interprétation). - A ce moment-là, ce n'était pas
13 M. Blaskic. Il est arrivé à ce poste au mois de juillet 1993, alors qu'il
14 était avant à Vitez, mais personne ne le respectait et tout le monde le
15 mettait en question. Personne ne le respectait et personne n'écoutait ses
16 ordres.
17 M. Kovacic (interprétation). - Vous voulez dire que Blaskic n'a
18 pas véritablement commandé qui que ce soit au cours de la première moitié
19 de 1993 ?
20 M. Breljas (interprétation). - Bien évidemment que non car il y
21 avait des gens qui venaient dans son propre bureau avec des fusils.
22 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, excusez-
23 moi, mais je dois insister sur la transcription, sur le compte rendu. Il y
24 a eu quelques commentaires au cours de ce procès au sujet des ordres et
25 des écrits signés par Blaskic, et nous pouvons en conclure, à partir de
Page 11831
1 ces écrits signés par M. Blaskic, que ces commentaires ont été adressés à
2 toutes les unités qui lui ont été subordonnées. Par conséquent, il a été
3 dit de manière explicite qu'il s'agissait également de l'unité de
4 Vitezovi.
5 Par conséquent, je pourrais, si vous le voulez bien, soumettre
6 ces documents et les soumettre au témoin.
7 M. le Président (interprétation). - Monsieur Kovacic, vous
8 pouvez choisir la manière d'agir comme vous voulez qui correspond à la
9 défense. Et quand ce sera convenable, à ce moment bien évidemment, vous
10 pouvez éventuellement faire des commentaires au sujet de ces écrits.
11 M. Kovacic (interprétation). - Dans ce cas-là, je vais opter
12 pour faire quelques commentaires car je pense que nous ne devons pas
13 abuser de votre temps pour mettre en évidence un certain nombre de données
14 qui ne sont pas exactes.
15 Monsieur Breljas, hier vous avez parlé des prisonniers qui sont
16 allés creuser des tranchées et vous avez parlé également de
17 deux personnes, plus particulièrement d'un certain monsieur dénommé Vinac.
18 Est-ce que vous savez quel était le poste qu'il occupait au sein du HVO ?
19 M. Breljas (interprétation). - Je sais qu'il s'agissait d'un
20 Vinac, je ne sais pas si son prénom était Mile. Je sais qu'il avait
21 travaillé à la brigade de Vitez, et je sais qu'il était également
22 commandant de pelotons de travail. C'est lui qui recueillait les gens, les
23 prisonniers, pour les organiser et les envoyer pour creuser des tranchées
24 et faire des activités différentes. Il était Vinac, mais je ne sais pas si
25 son prénom était Mile.
Page 11832
1 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Breljas, si je vous dis
2 que ce M. Vinac qui était chargé des pelotons de travail, qu'il était
3 chargé également des civils, qu'il travaillait à la municipalité et qu'il
4 avait justement occupé un poste dans ce sens-là, affirmez-vous encore
5 qu'il avait fait partie de la brigade ?
6 M. Breljas (interprétation). - Non, je ne pense pas que lui
7 était chargé du civil.
8 M. Kovacic (interprétation). - Mais vous, vous êtes sûr qu'il
9 était membre de la brigade ?
10 M. Breljas (interprétation). - N'essayez pas de me tendre un
11 piège. Je sais qu'il avait occupé un certain nombre des postes, exercé des
12 activités au nom de la brigade. Moi, je ne sais pas quel était le contrat
13 qu'il avait signé. Moi, j'en avais assez également avec les Vitezovi, je
14 ne pouvais pas encore m'occuper des autres.
15 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Breljas, si on peut
16 éclaircir un autre point. Bien évidemment, vous ne pouvez pas tout
17 retenir, vous ne pouvez pas tout savoir. Vous pouvez dire qu'il y a un
18 certain nombre d'éléments dont vous vous souvenez avec certitude, d'autres
19 vous les connaissez à peu près. Mais je pose la question : est-ce que vous
20 voulez affirmer de manière catégorique que Dragan Vinac était membre de la
21 brigade de Vitez... Mile Vinac était membre de la brigade de Vitez ?
22 M. Breljas (interprétation). - Non.
23 M. Kovacic (interprétation). - Hier, vous avez parlé d'une autre
24 personne, et vous en avez parlé comme quelqu'un qui était membre de la
25 brigade de Vitez. Vous avez dit que son surnom était "Zabac",
Page 11833
1 "grenouille" ?
2 M. Breljas (interprétation). - Oui.
3 M. Kovacic (interprétation). - Nous n'allons pas, une fois de
4 plus, regarder votre déclaration, mais dans aucune déclaration, ni
5 en 1996, ni en 1998 vous n'avez pas parlé de cette personne.
6 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il y a un dilemme que je
7 me pose : je ne sais pas si Zabac a été commandant de la prison de Kaonik,
8 ou éventuellement de la police chargée de la brigade de Vitez. Mais je
9 sais comment il était : il y en avait un qui était d'une taille toute
10 petite, l'autre était beaucoup plus grand, il était mince. Par conséquent,
11 je ne connais pas tout à fait les noms et les prénoms, et c'est la raison
12 pour laquelle, probablement, j'ai fait quelques confusions. Moi, je suis
13 de l'extérieur, je ne les connais pas tout à fait bien. Mais je sais et je
14 reconnaîtrais la physionomie. Je ne connais pas et je ne reconnais pas les
15 noms. L'un deux était surnommé "Zabac".
16 M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, Monsieur Breljas,
17 si je vous dis "Aleksovski", est-ce que, éventuellement, c'est un nom qui
18 vous dit quelque chose ?
19 M. Breljas (interprétation). - A ce moment-là, "Zabac" était
20 commandant de la police de la brigade de Vitez.
21 M. Kovacic (interprétation). - Mais à quelle police militaire
22 pensez-vous ?
23 M. Breljas (interprétation). - La police militaire de la brigade
24 de Vitez.
25 M. Kovacic (interprétation). - Mais ils n'ont pas de police, ils
Page 11834
1 ont un peloton, ils ont une unité de sécurité.
2 M. Breljas (interprétation). - Monsieur, excusez-moi, mais je me
3 souviens qu'il y avait un Musulman qui a été chassé, et je souviens qu'il
4 y avait la police qui était venu lui demander de sortir de chez lui et
5 puis ils l'ont arrêté.
6 M. Kovacic (interprétation). - Merci. Je demanderai à ce que
7 l'on montre au témoin la pièce qui lui a déjà été montrée hier,
8 deux pièces qui lui ont déjà été montrées hier : Z1335.1 et Z808, s'il
9 vous plaît.
10 (L'huissier remet les documents.)
11 Monsieur Breljas, il s'agit des deux listes qui comportent les
12 noms des soldats décédés. L'une est dressée par vous et l'autre par votre
13 collègue Cilic, en date du 24 avril 1993 ; la vôtre datant du
14 18 décembre 1993.
15 Hier, vous avez dit qu'il y avait recoupement entre certains
16 noms. Je vous prierai de bien vouloir prendre la liste de M. Cilic
17 d'abord, c'est-à-dire la pièce Z808, et de regarder les noms n° 2, Lovro
18 Kolak, entre parenthèses Brankov.
19 M. Breljas (interprétation). - Oui.
20 M. Kovacic (interprétation). - Expliquons d'abord aux Juges ce
21 que veut dire ce qui figure entre parenthèses. C'est le prénom du père,
22 n'est-ce pas ? C'est l'habitude chez nous d'inscrire le prénom du père
23 après le nom d'une personne pour mieux l'identifier. C'est exact ?
24 M. Breljas (interprétation). - Oui.
25 M. Kovacic (interprétation). - Ce nom se retrouve sur votre
Page 11835
1 liste au point 9 : Lovro Kolak, entre parenthèses Marko. C'est donc Marko
2 le prénom du père, entre parenthèses. Ce n'est donc pas la même personne
3 ou bien c'est une erreur ?
4 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, à Vitez il
5 existe trois ou quatre noms de famille courants. Maintenant, savoir s'il
6 s'agit de Marko ou de Markov, il est difficile de le déterminer avec
7 précision. La liste que j'ai dressée, moi, comporte les noms des hommes
8 qui sont morts et qui faisaient partie de l'unité spéciale. Mais à un
9 certain moment, lorsque des espions ont été infiltrés dans l'unité
10 spéciale des Vitezovi, ces noms se sont retrouvés parfois parmi les morts.
11 Et finalement, lorsque j'ai tout transmis à la zone
12 opérationnelle, je me suis rendu compte qu'il y avait un homme -celui dont
13 nous parlons-, qui faisait partie à la fois des Vitezovi et, semble-t-il,
14 de la brigade de Vitez. Mais pour moi c'était un membre des Vitezovi. Que
15 pouvais-je faire ? Rien d'autre que ce que j'ai fait.
16 M. Kovacic (interprétation). - Eh bien, il y a deux choses
17 principales que j'ai comprises dans ce que vous venez de dire, Monsieur :
18 dans la région de la vallée de la Lasva, il arrivait souvent que des
19 personnes aient le même prénom et le même nom de famille, n'est-ce pas ?
20 M. Breljas (interprétation). - La moitié de la zone
21 opérationnelle de Vitez -et je ne rentrerai pas dans le détail des prénoms
22 des hommes, des pères, des mères... Vraiment, c'est très compliqué.
23 M. Kovacic (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, c'est tout ce
24 que je voulais vous faire dire de façon à aller plus vite. Mais il
25 existait aussi des cas où un soldat changeait d'unité, n'est-ce pas ?
Page 11836
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11837
1 M. Breljas (interprétation). - Oui, vers la fin, effectivement.
2 M. Kovacic (interprétation). - Exact, merci. Eh bien, je n'ai
3 plus rien d'autre à vous demander à ce sujet.
4 Mais vous avez également parlé de Plavcic hier, qui est mort aux
5 alentours de Novi Travnik et dont le nom figure sur la liste des soldats
6 tués aux combats. J'en déduis donc que les Vitezovi, je vous demande si
7 vous saviez que les Vitezovi agissaient également en dehors des limites de
8 la municipalité de Vitez ?
9 M. Breljas (interprétation). - Où les Vitezovi opéraient, je ne
10 le sais pas parce que je n'étais pas présent à l'époque. Mais ils ont agi
11 en Herzégovine.
12 M. Kovacic (interprétation). - Mais je vous parle de l'unité des
13 Vitezovi dont le siège était à Vitez, celle de Kraljevic.
14 M. Breljas (interprétation). - Oui, quand je suis arrivé j'en ai
15 entendu parler, mais je ne suis pas certain, je ne le sais pas avec
16 certitude.
17 M. Kovacic (interprétation). - Mais au moment où vous êtes
18 arrivé, ils n'étaient pas à Novi Travnik ?
19 M. Breljas (interprétation). - Ils sont allés... le plus loin,
20 jusqu'à Opara. C'est l'endroit où un curé et une religieuse ont brûlé.
21 Cela, je le sais, et aussi jusqu'à un endroit appelé Prosje, quelque chose
22 comme cela.
23 M. Kovacic (interprétation). - Mais en dehors de la municipalité
24 de Vitez, n'est-ce pas ?
25 M. Breljas (interprétation). - Oui, oui.
Page 11838
1 M. Kovacic (interprétation). - Merci beaucoup. Hier, page 68 du
2 compte rendu d'audience, vous nous avez parlé des ordres émanant de la
3 brigade de Vitez et ordonnant aux membres des Vitezovi d'aller à la
4 recherche des soldats qui fuyaient la mobilisation pour les ramener sur la
5 ligne de front. C'est bien cela ?
6 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est cela.
7 M. Kovacic (interprétation). - Je demanderai que l'on montre au
8 témoin la pièce Z1279 qui a également été discutée hier.
9 (L'huissier s'exécute.)
10 Je prierai M. l'huissier de bien vouloir placer la version
11 anglaise du texte sur le rétroprojecteur, page 5, le bas de la page 5...
12 sur le rétroprojecteur, je vous prie.
13 M. Breljas (interprétation). - Je n'ai pas le numéro des pages.
14 M. Kovacic (interprétation). - Effectivement, dans votre version
15 les pages ne sont pas numérotées. Mais je vous demanderai d'abord de
16 vérifier le nom du signataire pour vous le remettre en mémoire. Et je
17 redemande à M. l'huissier de placer la page 5 de la version anglaise de ce
18 document, le bas de la page 5 sur le rétroprojecteur. Dernière page du
19 document, Monsieur l'huissier, ou plutôt, l'avant-dernière page de ce
20 document. Je vous demande de nous montrer le bas de cette avant-dernière
21 page. Plus bas, plus bas, c'est bien, merci.
22 Monsieur Breljas, nous avons constaté qu'il s'agissait d'un
23 document de l'administration chargée de la défense de Travnik, donc d'une
24 structure dépendant du ministère de la Défense, de la communauté croate
25 d'Herceg-Bosna signé par Anto Puljic, chef de l'administration.
Page 11839
1 Et à cette avant-dernière page, je vous prierai de bien vouloir
2 lire le point 4 du paragraphe 6, je cite : "En raison de l'inefficacité de
3 la mobilisation, un ordre a été délivré à la police militaire, qui a
4 permis d'amener un certain nombre de personnes sur le front, mais qui a
5 été inefficace parce que les conscrits ont abandonné leurs positions sans
6 autorisation pour repartir".
7 Ensuite, au point 5 nous lisons : "L'unité spéciale des Vitezovi
8 a réussi à exécuter ces ordres et à ramener tous les conscrits sur le
9 front. Après cela, les conscrits inaptes ont été libérés du service
10 militaire complètement ou engagés ailleurs".
11 Donc, il est tout à fait manifeste que quelqu'un, un organisme
12 autorisé, a émis un ordre écrit à cet effet destiné aux Vitezovi ?
13 M. Breljas (interprétation). - C'est inexact, parce que si un
14 tel ordre avait existé, un tel ordre écrit, j'aurais été le seul à le
15 recevoir, à moins qu'il ne m'ait contourné pour l'adresser à quelqu'un
16 d'autre. Mais, même si quelque chose d'illégal avait été fait, j'en aurais
17 été informé, et je n'ai rien à voir avec cela.
18 M. Kovacic (interprétation). - Mais vous nous avez dit que la
19 brigade de Vitez avait émis un tel ordre à destination des Vitezovi, et
20 vous avez dit également que Cerkez a émis un ordre destiné aux Vitezovi ;
21 mais que s'il l'avait fait, ils l'auraient tué.
22 M. Breljas (interprétation). - Je ne vous comprends pas.
23 M. Kovacic (interprétation). - Vous l'avez dit hier, vous avez
24 été affirmatif quant au fait que la brigade de Vitez avait demandé aux
25 Vitezovi de capturer les soldats qui abandonnaient leurs positions.
Page 11840
1 M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'est pas ce que j'ai
2 dit, Monsieur. Tout ce que j'ai dit, c'est qu'il y avait volonté à ce
3 moment-là de nuire à la réputation des Vitezovi en allant de maison en
4 maison pour ternir l'image des Vitezovi auprès des civils, puisque
5 c'étaient les Vitezovi qui étaient censés rassembler les gens et les
6 emmener au front.
7 M. Kovacic (interprétation). - Je vois. Donc vous ne prétendez
8 pas qu'ils agissaient ainsi sur l'ordre de la brigade de Vitez ?
9 M. Breljas (interprétation). - Non, et je dis également que cet
10 ordre ne pouvait pas venir de Novi Travnik.
11 M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Ce ne sont pas des
12 choses très importantes. Excusez-moi, Monsieur Breljas, nous pouvons
13 avancer plus rapidement.
14 M. Bennouna. - Je voudrais demander au témoin, Monsieur
15 Breljas : qui avait intérêt à ternir l'image des Vitezovi ? Vous dites :
16 "On a essayé de ternir l'image des Vitezovi auprès de la population". Qui
17 voulait le faire ?
18 M. Breljas (interprétation). - Le HVO.
19 M. Bennouna. - Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
20 M. Breljas (interprétation). - Je dis cela parce que les
21 Vitezovi avaient une très, très bonne réputation. En fait, jusqu'au jour
22 d'aujourd'hui, leur nom est encore connu aujourd'hui. Ils étaient peut-
23 être un peu brutaux de temps en temps mais, en tant que combattants, ils
24 faisaient partie des meilleurs combattants de la région. De sorte que,
25 lorsque le commandement d'une unité du HVO a été reprise par le HOS, il a
Page 11841
1 été impossible de détruire le nom des Vitezovi. Mais ce qu'il a fallu
2 qu'ils fassent, c'est d'abord gonfler la réputation des Vitezovi au
3 maximum pour ensuite la détruire d'un seul coup. Et ceux qui ont agi ainsi
4 agissaient dans l'intérêt de ceux qui voulaient que les Vitezovi soient
5 détruits.
6 M. Bennouna. - Donc, pour vous, c'est le HVO qui menait cette
7 opération pour ternir l'image des Vitezovi ?
8 M. Breljas (interprétation). - Oui, dans le but de dissoudre en
9 définitive cette unité, cette formation.
10 M. Bennouna. - Je vous remercie.
11 M. Kovacic (interprétation). - Puis-je continuer ?
12 (Le Président fait un signe affirmatif de la tête.)
13 A côté de Dubravica il y a un endroit où il était courant,
14 dirons-nous, d'installer des postes de commandement temporaires, et
15 c'était dans une station d'essence, une station-service Kolonija, n'est-ce
16 pas ?
17 M. Breljas (interprétation). - Cela, c'était avant mon arrivée.
18 Mais effectivement, c'était en face, de l'autre côté de la rue, là où a
19 été installée l'école par la suite.
20 M. Kovacic (interprétation). - Mais dans le même bâtiment, dans
21 le même immeuble, n'est-ce pas ?
22 M. Breljas (interprétation). - Oui.
23 M. Kovacic (interprétation). - Nous connaissons ce bâtiment tous
24 les deux. En tout cas, il s'agit donc d'un bâtiment dans la ville de
25 Vitez ?
Page 11842
1 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact.
2 M. Kovacic (interprétation). - Darko Kraljevic vivait à Rijeka,
3 dans le quartier de Rijeka, n'est-ce pas ? Au voisinage immédiat de ce
4 poste militaire et de Sumarija ?
5 M. Breljas (interprétation). - C'est là où se trouvait sa
6 maison, mais il avait également un appartement à Vitez.
7 M. Kovacic (interprétation). - Mais il avait effectivement une
8 maison à cet endroit et sa mère y résidait ?
9 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est tout à fait exact.
10 M. Kovacic (interprétation). - Et ses compagnons, ces hommes, se
11 rassemblaient pour garder cette maison ?
12 M. Breljas (interprétation). - Oui, il y avait quelques Vitezovi
13 autour de la maison.
14 M. Kovacic (interprétation). - Donc nous pourrions dire sans
15 trop de risques de nous tromper qu'il y avait trois endroits principaux où
16 les Vitezovi se rassemblaient et communiquaient ?
17 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact.
18 M. Kovacic (interprétation). - Au début de votre déposition,
19 vous ne pouviez pas vous rappeler une date avec certitude. Je vous renvoie
20 à la date du 15 et 16. Vous avez dit que vous associez un certain nombre
21 de choses à ces dates, un certain nombre d'événements. Pourriez-vous peut-
22 être vous rappeler ce qui s'est passé plus précisément le 13 avril 1993,
23 lorsqu'une tentative d'assassinat a été perpétrée contre Darko Kraljevic à
24 Kruscica ? Vous rappelez-vous cela ?
25 M. Breljas (interprétation). - Je n'étais pas là à ce moment-là,
Page 11843
1 mais je me le rappelle. Je n'étais pas présent, je ne peux donc pas en
2 parler avec beaucoup de précision car il me manquera sûrement des détails.
3 M. Kovacic (interprétation). - C'était donc avant votre
4 arrivée ?
5 M. Breljas (interprétation). - Non, j'étais sur les lieux, mais
6 j'étais ce jour-là à Zenica.
7 M. Kovacic (interprétation). - Très bien, merci. Vous avez parlé
8 de ces cierges en hommage aux morts le 1er novembre 1993. Vous avez dit
9 qu'ils avaient été allumés au nom de la brigade et que Cerkez était venu
10 allumer un cierge. C'est exact ?
11 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact.
12 M. Kovacic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce qu'il en
13 est de la Toussaint en Bosnie et dans l'ex-Yougoslavie de façon générale,
14 mais plus précisément en Bosnie ? C'était un jour très important, n'est-ce
15 pas, une tradition importante qui est toujours très respectée, n'est-ce
16 pas ?
17 M. Breljas (interprétation). - Oui.
18 M. Kovacic (interprétation). - Et un prêtre est venu également
19 ce jour-là ?
20 M. Breljas (interprétation). - Oui.
21 M. Kovacic (interprétation). - Que s'est-il passé ?
22 M. Breljas (interprétation). - La sœur du colonel Misko était
23 sur place. J'ai d'abord passé quelque temps avec elle, je l'ai ensuite
24 laissée. En fait, ce n'était pas un prêtre, c'était un moine qui est venu
25 ce jour-là. Il n'y avait pas beaucoup de danger, les gens se cachaient
Page 11844
1 néanmoins quelque peu, compte tenu des risques qui pouvaient exister.
2 M. Kovacic (interprétation). - Vous savez que Cerkez est venu à
3 cet endroit, d'un autre endroit où il avait agi d'une façon similaire
4 avant de partir pour un troisième endroit où il a également agi de la même
5 façon ?
6 M. Breljas (interprétation). - Je ne le sais pas avec certitude,
7 mais je crois que c'est une probabilité, effectivement, parce qu'il se
8 rendait d'un endroit à l'autre.
9 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Témoin, dites-nous je
10 vous prie, vous rappelez-vous si Cerkez, ce jour-là, portait une veste
11 noire ?
12 M. Breljas (interprétation). - Moi, je crois qu'il portait un
13 uniforme de camouflage.
14 M. Kovacic (interprétation). - Mais quel était le protocole en
15 cas de visite au cimetière ? N'était-ce pas de s'habiller de noir mais,
16 bien entendu, dans des vêtements militaires ?
17 M. Breljas (interprétation). - Je ne pourrais pas le dire avec
18 certitude, mais je crois qu'il portait un uniforme de camouflage.
19 M. Kovacic (interprétation). - Très bien, merci. Passons à un
20 autre sujet. Sur la base de ce que vous avez dit jusqu'à présent dans
21 toutes vos dépositions, il apparaît que vous admettez que le seul
22 commandant commun, le seul supérieur commun à M. Kraljevic et à M. Cerkez
23 était le colonel Blaskic.
24 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il avait un poste plus
25 important, il était supérieur officiellement mais personne ne l'écoutait,
Page 11845
1 personne ne lui obéissait, personne n'exécutait ses ordres, et cela a duré
2 jusqu'à la deuxième moitié de l'année 1993.
3 M. Kovacic (interprétation). - Bien, mais pensez-vous qu'il y
4 avait une autre personne qui était un supérieur commun à ces deux hommes ?
5 M. Breljas (interprétation). - C'était Dario Kordic.
6 M. Kovacic (interprétation). - A ce sujet, vous n'avez aucun
7 document, concrètement ?
8 M. Breljas (interprétation). - Evidemment, puisqu'il n'en
9 existait pas à l'époque.
10 M. Kovacic (interprétation). - Donc il ne s'agit que d'une
11 évaluation de votre part, d'une opinion, d'un avis ?
12 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, ce n'est pas une
13 évaluation, c'est une connaissance, une certitude, mais qui ne s'appuie
14 pas sur une preuve.
15 M. Kovacic (interprétation). - Bien, je ne vais pas insister.
16 J'ai un certain nombre d'ordres de M. Blaskic que je pourrais vous
17 soumettre, mais je n'insiste pas. Monsieur Breljas, encore un point, je
18 vous prie.
19 Vous nous avez parlé des effectifs des Vitezovi, et j'aimerais
20 vous poser quelques questions car il me semble que, peut-être par
21 inadvertance un détail vous a échappé. Vous allez nous le dire. Dans votre
22 déclaration au Procureur, cette déclaration d'une trentaine de pages que
23 vous avez faite en 1998, en page 15 -vous pouvez vérifier-, vous dites que
24 les effectifs des Vitezovi à ce moment-là étaient de 367 hommes. Ce
25 chiffre est écrit en lettres et non pas en chiffres.
Page 11846
1 Ensuite, page 13 du texte croate, page 15... Ce que je viens de
2 citer se trouvait page 13 du texte croate, page 15 du texte anglais.
3 M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, j'ai
4 quelques difficultés à suivre.
5 M. Kovacic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser.
6 M. le Président (interprétation). - Vous allez assez vite, si je
7 puis me permettre de vous le dire. Pourriez-vous ralentir un peu ?
8 M. Kovacic (interprétation). - Certainement. La déclaration que
9 vous avez faite au Bureau du Procureur en 1998, page 13 du texte croate,
10 page 15 du texte anglais, dans cette déclaration vous affirmez que les
11 Vitezovi étaient au nombre de 367 hommes lorsque vous êtes arrivé dans
12 cette unité. Ce chiffre est inscrit en lettres dans le texte.
13 Mais hier, au début de votre déposition, vous avez mentionné le
14 nombre de 180. Et un troisième chiffre a été cité, il est cité dans les
15 documents réunis par le Procureur en vue de votre interrogatoire, le
16 8 décembre 1999, et ce texte comporte votre signature en page 5 : il est
17 indiqué que les effectifs des Vitezovi étaient d'environ 350, et ensuite
18 les 180 hommes qui se trouvaient à Dubravica sont mentionnés dans le
19 texte.
20 Alors, finalement, je vous demande de nous dire : au début du
21 conflit, quel était le chiffre exact constituant les effectifs des
22 Vitezovi ?
23 M. Breljas (interprétation). - Monsieur, personne ne pouvait le
24 savoir. Lorsque j'ai parlé de 360 Vitezovi, je parle de ceux dont les noms
25 étaient enregistrés. Quand je suis arrivé à Posusje, j'avais à peu près
Page 11847
1 400 Vitezovi auxquels des soldes étaient versées. Et dans la caserne, le
2 chiffre maximum des Vitezovi logés dans la caserne était de 180, c'est ce
3 que j'ai constaté lorsque j'y ai habité moi-même. Donc, moi j'en ai
4 connu 180.
5 Mais les autres, ceux dont les noms étaient indiqués uniquement
6 pour percevoir une solde, ceux qui restaient chez eux, ceux qui se
7 cachaient pour éviter la mort, ceux-là je ne les connais pas.
8 M. Kovacic (interprétation). - Je vous demande maintenant ce que
9 signifient les propos que vous venez de tenir. Vous dites "en dehors du
10 nombre officiel, il y avait un nombre secret".
11 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il y avait un certain
12 nombre de personnes que j'appellerais des scouts, dont personne ne
13 connaissait officiellement l'existence. Et puis, il y en avait trois ou
14 quatre qui travaillaient illégalement, et personne non plus ne connaissait
15 officiellement leur présence, même pas Blaskic ou Darko Kraljevic, à mon
16 avis. C'étaient des membres des Vitezovi qui se contentaient d'exécuter
17 des actions dans l'intérêt de Darko Kraljevic, jusqu'au moment où Darko
18 s'est rendu compte que tout allait à l'envers et qu'en fait ils allaient
19 contre ses intérêts.
20 M. Kovacic (interprétation). - Vous ne sauriez pas donner un
21 chiffre indiquant combien d'hommes de genres existaient ?
22 M. Breljas (interprétation). - Je pourrais le faire, mais je ne
23 le veux pas.
24 M. Kovacic (interprétation). - Je prierai M. l'huissier de
25 placer sous les yeux du témoin le document dont nous avons déjà parlé
Page 11848
1 hier, document Z1153.1. Vous avez la version croate de ce document, n'est-
2 ce pas ? Vous l'avez sous les yeux ?
3 M. Breljas (interprétation). - Oui.
4 M. Kovacic (interprétation). - Je prierai M. l'huissier de bien
5 vouloir placer la version anglaise de ce texte sur le rétroprojecteur, la
6 première page d'abord. Monsieur Breljas, nous avons déjà examiné ce
7 document hier, qui émane toujours de l'administration de la Défense de
8 Travnik, M. Puljic écrit au chef du bureau de la Défense de Vitez,
9 M. Marijan Skopljak. C'est exact ?
10 M. Breljas (interprétation). - Oui, je le vois moi aussi.
11 M. Kovacic (interprétation). - Et dans ce texte, nous constatons
12 que 8 hommes, pour être précis, 8 hommes qui travaillaient à la télévision
13 de Vitez à ce moment-là sont désormais déployés dans la brigade de Vitez,
14 c'est-à-dire qu'ils sont mobilisés. Ma question est la suivante : avez-
15 vous la moindre connaissance au sujet de cette contrainte professionnelle,
16 obligation de travail qui prévalait à l'époque ?
17 M. Breljas (interprétation). - Evidemment que je suis au
18 courant.
19 M. Kovacic (interprétation). - Est-il manifeste que c'est de
20 cela qu'il s'agit dans ce texte : c'étaient des personnes qui
21 travaillaient à la télévision mais, le 3 août, les besoins de l'armée
22 étaient de plus en plus importants, la situation devenant de plus en plus
23 difficile et, bien entendu, certaines professions qui n'étaient pas
24 indispensables pour satisfaire aux besoins de la vie quotidienne se
25 voyaient désormais mobilisées ?
Page 11849
1 M. Breljas (interprétation). - Là, vous n'avez pas raison. Zutum
2 Zirtum était un homme honnête, c'était vraiment un journaliste, et il ne
3 pouvait pas s'entendre avec tous ces autres, avec les voleurs qui
4 l'entouraient. Il a donc été envoyé commander un groupe. Mais ceux qui
5 étaient dociles, ceux qui se comportaient comme des chiens, eux sont
6 restés à leur poste de travail.
7 M. Kovacic (interprétation). - Mais il y a également une liste
8 de noms et quelques observations qui accompagnent ces noms. Monsieur
9 l'huissier, je vous prierai de bien vouloir placer sur le rétroprojecteur
10 la page 2 du document, c'est-à-dire l'annexe, en montrant si possible le
11 bas du document. Merci.
12 Monsieur Breljas, en haut de la liste, vous avez deux noms
13 écrits à la main ; et en bas du document, à la main, la mention "tous sur
14 le front". Alors, n'est-il pas évident à la lecture de ce texte que les
15 personnes qui jusque-là travaillaient à la télévision se voient répartir
16 des tâches sur le front, c'est-à-dire qu'ils sont mobilisés ?
17 M. Breljas (interprétation). - Monsieur, écoutez, vous me posez
18 des questions au sujet de choses qui, à l'époque, ne m'intéressaient pas
19 et qui ne m'intéressent pas aujourd'hui. Qui a été envoyé sur le front ?
20 Qui venait de Vitez ? Si vous me posez des questions au sujet des
21 Vitezovi, je vous répondrai, cela m'intéresse ! Mais là, qu'est-ce que
22 j'en ai à faire des gens de Vitez qui ont été envoyés sur le front ?
23 Qu'est-ce que j'en ai à faire ?
24 M. Kovacic (interprétation). - Vous avez parlé hier d'un
25 cameraman de Vitez qui était devenu cameraman de la brigade.
Page 11850
1 M. Breljas (interprétation). - Oui.
2 M. Kovacic (interprétation). - Alors, il est soit un soldat,
3 soit cameraman à la télévision ?
4 M. Breljas (interprétation). - Monsieur, je ne vous ai pas dit
5 cameraman de la brigade. Je vous ai dit qu'un cameraman était arrivé, que
6 je ne connaissais pas.
7 M. Kovacic (interprétation). - Donc vous ne le connaissez pas ?
8 M. Breljas (interprétation). - Non, bien sûr que je ne le
9 connais pas ! Comment aurais-je pu le connaître ?
10 M. Kovacic (interprétation). - Merci beaucoup. Point 23 sur
11 cette liste, et vous l'avez dit hier déjà, vous avez dit que Cerkez et
12 Kraljevic étaient amis depuis l'école, et c'est sur cela que vous faites
13 reposer leur coopération.
14 M. Breljas (interprétation). - Ils se connaissaient, ils se
15 connaissaient. Cerkez connaissait Kraljevic, leurs familles se
16 connaissaient depuis longtemps, donc forcément ils se connaissaient aussi.
17 M. Kovacic (interprétation). - Simplement une question encore,
18 Monsieur Breljas. Savez-vous quelle est la différence d'âge entre les
19 deux hommes ?
20 M. Breljas (interprétation). - Darko avait 27 ans, mais Mario
21 Cerkez, je ne sais pas quel âge il avait, je n'ai pas regardé ses papiers
22 d'identité.
23 M. Kovacic (interprétation). - Six ans de différence entre les
24 deux hommes.
25 M. Breljas (interprétation). - Si vous le dites, six ans,
Page 11851
1 d'accord.
2 M. Kovacic (interprétation). - Vous pouvez donc supposer qu'ils
3 ne sont pas allés à l'école ensemble ?
4 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, je n'ai pas
5 dit qu'ils étaient dans la même classe. Mais moi, vous, nous tous sommes
6 allés à l'école et certains étaient en première quand les autres étaient
7 en sixième. Maintenant, est-ce que eux sont allés dans la même école, je
8 n'en suis pas sûr, mais je sais en tout cas qu'ils se connaissaient.
9 M. le Président (interprétation). - Ecoutez, avançons. Ne
10 parlons plus de cette question d'école. Le témoin a dit hier qu'il n'avait
11 pas de certitude au sujet de l'école.
12 M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Merci, Monsieur le
13 Président. Monsieur le Témoin, vous avez évoqué à plusieurs reprises un
14 certain Vlado Krizanac. Est-ce l'homme qui est surnommé Sidi ? Vous avez
15 dit qu'il appartenait aux Vitezovi ?
16 M. Breljas (interprétation). - Oui, en effet.
17 M. Kovacic (interprétation). - Il était de Krizancevo Selo ?
18 M. Breljas (interprétation). - Il avait une maison à
19 Krizancevo Selo et ensuite il a déménagé dans un appartement à Vitez.
20 M. Kovacic (interprétation). - Très bien, donc au début du
21 conflit, le 16 avril ?
22 M. Breljas (interprétation). - Il était à Krizancevo Selo.
23 M. Kovacic (interprétation). - C'est à 500 mètres de votre
24 quartier général de Dubravica ?
25 M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas si c'est
Page 11852
1 500 mètres exactement.
2 M. Kovacic (interprétation). - Mais pas plus d'un kilomètre en
3 tout cas, n'est-ce pas, un kilomètre au maximum ?
4 M. Breljas (interprétation). - Oui, d'accord.
5 M. Kovacic (interprétation). - Savez-vous s'il était à Dubravica
6 le 16 avril, au quartier général, à la caserne, à l'école ou sur le
7 front ?
8 M. Breljas (interprétation). - Oui, Marinko était à l'école,
9 Marinko Plavcic était à la station d'essence... Oui, oui, il était à
10 l'école. Vinac, oui, il était à l'école.
11 M. Kovacic (interprétation). - Très bien, merci. J'aimerais que
12 l'on remontre au témoin deux photographies qui ont déjà été versées au
13 dossier, au sujet desquelles le témoin pourrait sans doute nous apporter
14 une aide supplémentaire.
15 M. le Président (interprétation). - Oui, très bien. On peut
16 montrer ces photographies au témoin et les mettre sur le rétroprojecteur.
17 M. Kovacic (interprétation). - Il s'agit des pièces Z2774
18 et Z2773. Ces photos ont été versées au dossier lors de l'audition du
19 témoin Lee Withworth. Monsieur Breljas, il s'agit de membres de la brigade
20 de Vitez, et je vous demande si vous reconnaissez l'une ou l'autre des
21 personnes représentées sur cette photographie ?
22 M. Breljas (interprétation). - Ante Pripivsak est ici, mais
23 n'est pas membre de la brigade de Vitez mais des Vitezovi.
24 M. Kovacic (interprétation). - Excusez-moi, j’ai fait un lapsus,
25 je voulais parler des Vitezovi. Qui voit-on sur les photographies ?
Page 11853
1 M. Breljas (interprétation). - Anto Tikvic et puis, celui de
2 droite aussi, et celui que l’on voit à peine, en partie, je crois que
3 c'est Vinac. Je n’en suis pas sûr, mais je crois que c’est Vinac. Je
4 connais les quatre en tout cas. Celui-là, c’est Niko Krizanac. Oui, bien
5 sûr, comment est-ce que je ne le connaîtrais pas ?
6 M. Kovacic (interprétation). - Et celui qui tient le fusil ?
7 M. Breljas (interprétation). - C’est Niko Krizanac.
8 M. Kovacic (interprétation). - Tout à fait à gauche, est-ce
9 Jarko Krizanac ?
10 M. Breljas (interprétation). - Que l'on voit de dos ?
11 M. Kovacic (interprétation). - Oui, oui, de profil.
12 M. Breljas (interprétation). - Attendez, oui, je vais le
13 reconnaître. Oui, Niko, Jarko Krizanac et Anto Tikvic.
14 M. Kovacic (interprétation). - On voit bien les uniformes dont
15 vous avez parlé ?
16 M. Breljas (interprétation). - Oui.
17 M. Kovacic (interprétation). - Sur cette photographie, il
18 apparaît clairement que cet insigne ne correspond à aucun des deux que
19 nous avons vus hier. Hier, nous avons vu ces insignes aux pièces à
20 conviction Z1530 et Z2790.
21 M. Breljas (interprétation). - Cela, je crois que c'est
22 l'emblème Oustachi croate, un peu raccourci. En haut, il y a trois carrés.
23 En principe, cela commence par trois, puis quatre, puis cinq et cela
24 s’élargit par le bas.
25 M. Kovacic (interprétation). - Pour raccourcir, nous sommes
Page 11854
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11855
1 d'accord sur le fait que les Vitezovi portaient des insignes très divers ?
2 M. Breljas (interprétation). - Oui, tout à fait.
3 M. Kovacic (interprétation). - Donc pas uniquement les deux que
4 nous avons vus hier ?
5 M. Breljas (interprétation). - Officiellement, il y avait PPN
6 Vitezovi d'une part, et puis l’éclair et le damier croate. C’étaient les
7 deux insignes officiels, pour le reste, les gens portaient ce qu'ils
8 voulaient.
9 M. Kovacic (interprétation). - Peut-on montrer la deuxième
10 photographie au témoin ? Pouvez-vous reconnaître l’une ou l’autre des
11 personnes représentées ici ?
12 M. Breljas (interprétation). - Anto Tikvic est le premier de
13 Cajdas ; l'autre, celui-là, je le connais.
14 M. Kovacic (interprétation). - Qui ?
15 M. Breljas (interprétation). - Celui qui est à côté de lui. Le
16 suivant, je ne le reconnais pas. Celui au bout, le dernier, son visage
17 m’est familier...
18 M. Kovacic (interprétation). - Est-ce Krizanac, celui qu'on
19 voyait de profil et de dos sur la photo précédente ?
20 M. Breljas (interprétation). - Je ne pense pas. Je ne pense pas
21 que ce soit Karko Krizanac. Sur la première photo, j’avais l’impression
22 que c’était Jarko Krizanac, mais ici,...
23 M. Kovacic (interprétation). - Ceux que vous avez reconnus sont
24 bien membres des Vitezovi ?
25 M. Breljas (interprétation). - Oui, pour les deux premiers, je
Page 11856
1 le garantis.
2 M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Monsieur l’huissier,
3 vous pouvez enlever ces photographies du rétroprojecteur.
4 Je vais vous poser encore une question. J'aimerais, si vous
5 voulez bien, identifier un certain nombre de personnes. Si vous pouvez
6 vous souvenir d'un certain nombre de personnes. Ce sont les noms dont il a
7 été question dans cette affaire. De toute façon, s'ils appartenaient à une
8 unité ou à une autre.
9 Dragan Vinac, d'après vous, était membre des Vitezovi, n'est-ce
10 pas ?
11 M. Breljas (interprétation). - Oui, je pense que, au moment les
12 Vitezovi se sont mis sous le commandement du HVO il a été membre des
13 Vitezovi.
14 M. Kovacic (interprétation). - Mais il y avait un autre Dragan
15 Vinac qui était de Veceriska ?
16 M. Breljas (interprétation). - Oui, j'ai entendu parler de
17 Dragan Vinac. Mais c'est là le problème : vous avez pratiquement les mêmes
18 noms, vous avez beaucoup de Dragan, mais je pense que c'est le même.
19 M. Kovacic (interprétation). - Entendu. Je vais signaler
20 quelques noms qui sont de Veceriska. Il y avait un certain Josip Franjic
21 surnommé "Jesus", Jésus. Est-ce que vous le connaissez ? Vous dites oui ou
22 non.
23 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il faut que je
24 réfléchisse, je ne sais pas.
25 M. Kovacic (interprétation). - Bon, mais dites oui ou non.
Page 11857
1 Excusez-moi, je voulais simplement dire qu'il ne faut pas donner
2 d'explications, bref. Vous réfléchissez, vous répondez.
3 M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne me souviens
4 pas de ce monsieur surnommé Jésus.
5 M. Kovacic (interprétation). - Et Zoran Franjic ?
6 M. Breljas (interprétation). - Oui, cela m'est familier, cela me
7 dit quelque chose.
8 M. Kovacic (interprétation). - Et Franjo Sapina ?
9 M. Breljas (interprétation). - Oui, bien sûr.
10 M. Kovacic (interprétation). - Il a été suppléant adjoint de
11 Kraljevic dans un premier temps.
12 M. Breljas (interprétation). - Non, il a été tout simplement un
13 soldat.
14 M. Kovacic (interprétation). - Nous parlons des Vitezovi ?
15 Et Dragan, Darko Drmic ?
16 M. Breljas (interprétation). - C'est le beau-frère de Plavcic,
17 ou c'est Plavcic qui est son beau-frère, mais ils étaient en relations de
18 parenté.
19 M. Kovacic (interprétation). - Il est de Donja Veceriska
20 également ?
21 M. Breljas (interprétation). - Non, il est de Dubravica.
22 M. Kovacic (interprétation). - D'accord, il est de Dubravica. Et
23 Zoran Franjic, surnommé "Garan" ?
24 M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas
25 d'où il est.
Page 11858
1 M. Kovacic (interprétation). - D'accord, vous ne savez pas.
2 Compte tenu du poste que vous occupiez, vous en parliez également dans
3 votre déclaration préalable, vous en avez parlé comme de quelqu'un qui
4 était lieutenant et qui était officier chargé de la logistique.
5 M. Breljas (interprétation). - De qui parlez-vous ?
6 M. Kovacic (interprétation). - De Zoran Franjic.
7 M. Breljas (interprétation). - Non, j'ai parlé de Buha. Franjic,
8 attendez...
9 M. Kovacic (interprétation). - Mais la page 14 de votre
10 déclaration ?
11 M. Breljas (interprétation). - Attendez, il faut que je revois
12 un petit peu où se trouve cette liste... Non, c'était Alilovic qui était
13 chargé de la logistique, ce n'était pas Franjic.
14 M. Kovacic (interprétation). - Moi, j'ai une autre donnée : il
15 paraît qu'il y avait Marko Mlakic, Tasko qui était avec vous ?
16 M. Breljas (interprétation). - Marko Mlakic, il n'était même pas
17 dans les Vitezovi ! Il y avait Stipe Batalija, il était chargé des
18 entrepôts, des approvisionnements ; Josa Buha également.
19 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Témoin, si vous
20 voulez juste jeter un coup d'oeil sur la page 14, version croate, de votre
21 déclaration, où vous avez cité un certain nombre des membres du
22 commandement. Vous avez parlé de Zoran Franjic, vous avez dit qu'il était
23 officier, lieutenant et chargé de la logistique.
24 M. le Président (interprétation). - Un petit moment, il s'agit
25 de la page 15, version anglaise, et je vais vous demander de placer sur le
Page 11859
1 rétroprojecteur ce texte pour que tout le monde puisse suivre.
2 M. Kovacic (interprétation). - D'accord. Version anglaise,
3 page 15. Si vous voulez bien, Monsieur l'huissier, vous pouvez utiliser ma
4 copie.
5 Page 14, si vous voulez bien, Monsieur le Témoin, vous avez
6 commencé à parler de Darko Kraljevic, Dragan Vinac, Borislav Sapina ;
7 c'est le troisième page, 14.
8 M. le Président (interprétation). - Ceci pourrait probablement
9 être très important à un certain niveau du procès. Mais il serait peut-
10 être plus simple, Maître Kovacic, que vous donniez lecture des noms qui
11 figurent sur la liste. Et comme cela, ce sera considéré comme pièce à
12 conviction qui sera versée au dossier.
13 M. Kovacic (interprétation). - Vous avez cité ici un certain
14 nombre de personnes qui faisaient partie du commandement, vous avez parlé
15 de Darko Kraljevic, Dragan Vinac, Borislav Sapina, Marinko Plavici, Dragan
16 Markovic, Zoran Franjic, Ivica Alilovic et, enfin, votre propre nom, Anto
17 Breljas. Etes-vous d'accord avec cela ?
18 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact. En revanche, je
19 n'ai pas parlé de Dragan Markovic, il était membre, et Zoran Franjic
20 également. J'ai parlé d'autres. Je ne sais pas comment se trouve Miso
21 Mijic en dernier, alors qu'il a été en deuxième position.
22 M. Kovacic (interprétation). - Mais Miso Mijic, je n'en ai pas
23 donné lecture, c'est moi-même qui ai rajouté ce nom.
24 M. Breljas (interprétation). - Excusez-moi, à ce moment-là.
25 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur l'huissier, si vous
Page 11860
1 voulez bien maintenant reprendre le document. J'ai encore une question à
2 vous poser, Monsieur Breljas, c'est M. le Juge, au fond, qui m'a quelque
3 peu poussé à poser cette question. Tout à l'heure, vous avez dit que vous
4 étiez en conflit personnel avec M. Dragan Vinac qui était l'adjoint ?
5 M. Breljas (interprétation). - Non.
6 M. Kovacic (interprétation). - Mais pourquoi ?
7 M. Breljas (interprétation). - Mais je n'ai jamais été en
8 conflit, je n'ai jamais dit cela. J'ai simplement constaté que Dragan
9 Vinac n'était pas membre des Vitezovi et qu'il allait tout simplement
10 pousser les Vitezovi pour qu'ils aient des problèmes. Il les considérait
11 un peu comme des voleurs et des crapauds, alors qu'il y avait
12 véritablement des soldats véritablement honnêtes et courageux. Lui, il
13 disait qu'ils étaient tous des voleurs, des gens qui pillaient, etc. C'est
14 la raison pour laquelle j'ai dit : "Dragan Vinac détruit quelque peu la
15 réputation des Vitezovi". Mais moi, j'ai véritablement compris qu'il avait
16 repris pratiquement le commandement de Darko Kraljevic.
17 De toute façon, là, il s'agit des choses qui étaient beaucoup
18 plus importantes, qui auraient pu avoir des implications assez graves sur
19 ma propre position au sein des Vitezovi. C'est la raison pour laquelle je
20 me suis arrêté, je n'ai plus parlé à Darko Kraljevic.
21 Mais il est vrai que Dragan Vinac a tout fait pour détruire la
22 réputation des Vitezovi. C'est lui qui a détruit les Vitezovic, c'est lui
23 qui a coopéré avec Mario Cerkez, c'est lui qui a coopéré avec
24 Dario Kordic. Et plus tard, quand il s'est emparé du pouvoir, il a lui-
25 même rejoint M. Blaskic, c'est lui qui a parlé avec Blaskic.
Page 11861
1 M. Kovacic (interprétation). - C'est votre propre opinion ?
2 M. Breljas (interprétation). - Oui.
3 M. Kovacic (interprétation). - Je n'ai plus de questions.
4 M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, j'ai quelques
5 précisions à demander au témoin après ce contre-interrogatoire.
6 Monsieur le Témoin Breljas, vous avez parlé d'une réunion qui a
7 eu lieu à Dubravica entre Dario Kordic, Darko Kraljevic, Dragan Vinac,
8 Miso Mijic et une autre personne dont vous ne vous rappelez plus le nom.
9 Vous avez dit que cette réunion avait eu lieu au cours de la
10 nuit qui a précédé l'attaque de Vitez et d'Ahmici. Je vous demande si vous
11 confirmez que cette réunion a bien eu lieu cette nuit-là ?
12 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, les deux
13 avocats ont quelque peu abusé hier en me posant des questions. Monsieur
14 l'avocat de Kordic a parlé du 16 avril, il a dit que j'ai soi-disant passé
15 la nuit dans ce fossé. Ensuite, on a dit que c'est le 16 à Dubravica
16 que Osina voulait me tuer.
17 Mais il y a une possibilité toute petite, possibilité que Zivko
18 Totic, Buha, ait été enlevé le 14, ou bien c'était le 16, le matin (le
19 soir, se reprend l'interprètre).
20 Moi, j'avoue que je suis quelque peu confus, je ne l'exclus pas.
21 M. Lopez-Terres. - Monsieur Breljas, cette rencontre dont vous
22 parlez à Dubravica -je ne vous parle pas de dates, je vous demande
23 simplement, je ne vous demande pas de nom de jour, je vous demande
24 simplement si cette rencontre de Dubravica dont vous parlez a eu lieu,
25 dans votre souvenir, la nuit qui a précédé l'attaque de Vitez et
Page 11862
1 d'Ahmici ?
2 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, je ne sais pas si
3 c'était vraiment cette nuit ou bien le jour où l'attaque s'est déjà
4 déclenchée. Là, je suis quelque peu confus, je suis troublé. Mais il y
5 avait la réunion, la réunion a eu lieu effectivement. Si c'était avant
6 l'attaque d'Ahmici ? Il y a une confusion dans ma tête maintenant. Ce sont
7 les avocats qui m'ont rendu confus quelque peu.
8 Il est vrai que M. Stewart n'a pas passé la nuit là-bas. Il est
9 vrai également que je n'ai pas passé la nuit dans le caniveau, dans le
10 fossé. Je suis sûr qu'il m'a pris dans son véhicule le jour même. Mais je
11 ne sais pas s'il s'agissait de la nuit avant l'attaque ou le jour de
12 l'attaque.
13 M. Lopez-Terres. - Une précision à ce sujet encore. Quand vous
14 dites : "Je ne sais pas s'il s'agissait de la nuit ou du jour avant
15 l'attaque", est-ce que vous voulez dire "je ne sais pas s'il s'agissait de
16 la nuit du 15 au 16 avril" ou "du matin du 16 avril" ?
17 M. Breljas (interprétation). - Le 17 avril, donc le jour après
18 cet entretien, je me suis rendu à Ahmici. C'est pour cela que je suis
19 confus. Ahmici était déjà détruit. Par conséquent, j'en déduis...
20 M. Lopez-Terres. - Cela, c'était un jour après la rencontre.
21 M. Breljas (interprétation). - Oui.
22 M. Lopez-Terres. - Nous venons de parler du dénommé Miso Mijic
23 qui appartenait aux services secrets du SIS.
24 M. Breljas (interprétation). - Oui.
25 M. Lopez-Terres. - Vous avez dit que ce monsieur était très
Page 11863
1 souvent en contacts, en relations avec votre commandant d'unité, Darko
2 Kraljevic. Vous n'avez jamais dit qu'il était formellement membre des
3 Vitezovi ?
4 M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il était tout le temps
5 avec Darko, il ne s'est jamais séparé. Ils ont été tout le temps ensemble.
6 M. Lopez-Terres. - Est-ce qu'il portait le signe des Vitezovi
7 sur son uniforme ?
8 M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas, non, je ne sais
9 pas.
10 M. Lopez-Terres. - Avez-vous vu son nom sur les listes de
11 Vitezovi dont vous nous parliez ?
12 M. Breljas (interprétation). - Oui, moi, j'ai tout simplement
13 considéré qu'il était membre du commandement : il y avait Darko Kraljevic
14 et ensuite Miso Mijic. C'est la raison pour laquelle je me disais qu'il
15 était adjoint de Darko Kraljevic. Ce n'est que plus tard qu'on m'a dit
16 que, soi-disant, Darko était son propre adjoint, alors que moi j'ai
17 toujours pensé différemment. Miso Mijic était colonel et chargé du SIS
18 Vitezovi.
19 M. Lopez-Terres. - Vous avez vu le document hier que je vous ai
20 présenté par lequel Miso Mijic nommait Darko Kraljevic comme son adjoint
21 auprès du SIS, ce qui veut dire que l'on pouvait être à la fois membre du
22 SIS et des Vitezovi ?
23 M. Breljas (interprétation). - Oui, car il y en avait d'autres
24 également qui étaient membres du SIS et qui étaient à la fois aux
25 Vitezovi.
Page 11864
1 M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Faites-vous une
2 distinction, Monsieur Breljas, entre ce que l'on appelle la chaîne de
3 commandement administrative et la chaîne de commandement opérationnelle
4 dans toutes les unités militaires ?
5 M. Breljas (interprétation). - Oui, certainement. Il y a une
6 différence très grande.
7 M. Lopez-Terres. - Est-ce que vous conviendrez avec moi que l'on
8 peut dépendre administrativement de Mostar et être dirigé sur le terrain,
9 à Vitez, par le commandant du secteur, lorsqu'il s'agit d'une opération
10 militaire ?
11 M. Breljas (interprétation). - Certainement, c'est normal, c'est
12 comme cela, d'ailleurs.
13 M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. On vous a présenté des
14 documents ce matin, ceux-là même que j'avais utilisés hier. Je voudrais
15 que nous revenions sur l'un d'entre eux, c'est le document Z808 : il
16 s'agit de la liste établie par M. Zvonimir Cilic, officier de la
17 propagande de la brigade de Vitez-Z808. Avez-vous ce document ?
18 M. Breljas (interprétation). - Oui, je vois.
19 M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous vous reporter à la deuxième page
20 et nous lire quel est le nom qui apparaît au n° 45 ?
21 M. Breljas (interprétation). - Vinac Mile, c'est marqué, 45.
22 M. Lopez-Terres. - Cette personne apparaît comme une personne
23 qui a été blessée au cours du conflit et comme étant membre de la brigade
24 de Vitez ? Nous sommes bien d'accord ?
25 M. Breljas (interprétation). - Oui, oui, absolument.
Page 11865
1 M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Je voudrais que vous
2 examiniez maintenant un second document qui vous également été présenté ce
3 matin, à nouveau. C'est le document Z1279. Il s'agit du document en date
4 du 31 octobre 1993 qui a été établi par le bureau de Défense. Est-ce que
5 vous pouvez vous reporter à la page n° 5 de ce document, celle qui a déjà
6 été étudiée ce matin ?
7 Au paragraphe 6, "mesures prises par l'administration..." Vous y
8 êtes, Monsieur, vous voyez ce passage ?
9 M. Breljas (interprétation). - Oui, je vois.
10 M. Lopez-Terres. - Il est indiqué à la quatrième ligne que le
11 bureau de Défense de Vitez a été placé sous le commandement provisoire de
12 la brigade de Vitez. Nous sommes bien d'accord ?
13 M. Breljas (interprétation). - Oui, vous avez raison, je vois.
14 M. Lopez-Terres. - Au moment où les Vitezovi ont reçu l'ordre de
15 ramener sur les fronts des conscrits réfractaires, la brigade de Vitez
16 était en charge du bureau de Défense ?
17 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est cela.
18 M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Deux précisions enfin -je
19 vous remercie, Monsieur l'huissier-, ce matin, on vous a parlé d'un autre
20 document qui concerne les gens de la télévision de Vitez qui étaient
21 affectés à la brigade.
22 M. Breljas (interprétation). - Oui, je m'en souviens.
23 M. Lopez-Terres. - On vous a parlé d'un cameraman ce matin, lors
24 de votre contre-interrogatoire.
25 M. Breljas (interprétation). - Oui.
Page 11866
1 M. Lopez-Terres. - En réalité, dans votre déposition, et vous
2 l'avez confirmé hier, vous avez toujours parlé de deux personnes
3 différentes, deux cameramen ?
4 M. Breljas (interprétation). - C'est cela.
5 M. Lopez-Terres. - Celui que vous avez identifié comme vous
6 accompagnant à Tisovac ?
7 M. Breljas (interprétation). - Oui, M. Stipovic.
8 M. Lopez-Terres. - Stipovic, vous avez pu donner son nom et
9 reconnaître son nom sur le document.
10 M. Breljas (interprétation). - Oui, vous avez raison.
11 M. Lopez-Terres. - Il n'était pas sur le front ce jour-là, il
12 était avec vous pour aller à Tisovac ?
13 M. Breljas (interprétation). - Oui, vous avez raison.
14 M. Lopez-Terres. - Ensuite, vous avez parlé d'un second
15 cameraman qui devait filmer le Juge Poricanin ?
16 M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est un autre homme. Je ne
17 connais pas son nom, mais c'est un autre homme.
18 M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Saviez-vous que M. Cerkez
19 était né à Rijeka, c'est-à-dire à l'endroit où vivait Kraljevic ?
20 M. Breljas (interprétation). - Je sais qu'il est né entre la
21 vieille gare et le centre, je sais que c'est dans ce secteur. Une fois, il
22 m'a même montré la maison. Il a dit : "C'est la maison de Cerkez, c'est de
23 réputation". Mais moi, je ne connaissais pas, c'est ce qu'on m'avait dit.
24 Enfin, on m'avait montré sa maison.
25 Il y avait également quelqu'un qui était chargé de la logistique
Page 11867
1 qui habitait à côté de lui, qui avait sa maison à côté de la sienne.
2 M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Monsieur le Président, je
3 n'ai pas d'autres questions pour le témoin.
4 M. le Président (interprétation). - Maître Lopez-Terres, en ce
5 qui concerne les Vitezovi, on en parle dans un certain nombre de documents
6 comme PPN. Pouvez-vous me donner l'explication, s'il vous plaît, de ce
7 sigle PPN ?
8 M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, bien sûr, je ne parle
9 pas la langue croate, mais vous avez sur le badge qui vous a été présenté
10 hier comme pièce à conviction, la définition. Il s'agit d'une abréviation
11 qui signifie "unité d'affectation spéciale". En anglais, cela a toujours
12 été traduit par "Special Purpose Units".
13 M. le Président (interprétation). - Merci.
14 M. Lopez-Terres. - Je vous en prie.
15 M. le Président (interprétation). - Monsieur Breljas, ceci met
16 un terme à votre déposition. Vous pouvez désormais disposer. Je tiens à
17 vous remercier d'être venu déposer devant ce Tribunal pénal international.
18 M. Breljas (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le
19 Président.
20 M. le Président (interprétation). - Pendant que le témoin quitte
21 le prétoire, je tiens à relever ceci : nous avons reçu plusieurs
22 déclarations qu'il avait fournies. Maître Stein, hier, a dit qu'il ne
23 voulait pas les verser au dossier. Si quelqu'un ne tient pas à les
24 déposer, je peux les remettre à Mme la greffière. Je vous remercie,
25 Madame.
Page 11868
1 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
2 Maître Nice, nous avons reçu un résumé concernant M. Beers ?
3 Avez-vous l'intention de le citer à comparaître la semaine prochaine ?
4 M. Nice (interprétation). - Je vais retarder sa comparution de
5 quelques semaines, mais vous pouvez garder le résumé, Monsieur le
6 Président, dans cette attente. Quelquefois, il est utile d'avoir ces
7 résumés à l'avance.
8 Je pense d'ailleurs vous communiquer le résumé concernant
9 [expurgée]. J'avais espéré pouvoir le citer demain, maintenant, ce n'est
10 plus très certain, je ne pense pas que nous pourrons le faire.
11 M. le Président (interprétation). - Je vais peut-être vous
12 parler de la décision que nous avons prise pour le programme de la semaine
13 prochaine.
14 M. Nice (interprétation). - Mais avant que vous le fassiez, pour
15 autant que ceci ait une incidence, je ne peux pas faire venir tout
16 simplement par un coup de fil [expurgée] pour une audience de demain. Je
17 pense que nous allons poursuivre la déposition du prochain témoin jusque
18 demain, mais ce sera le tout début de la matinée. Nous aurons peut-être un
19 troisième témoin dont je vous fournirai le résumé à la fin de cette pause.
20 Mais ce témoin sera très court. Je pense que nous pourrions terminer juste
21 demain. J'aimerais avoir [expurgée], je l'ai contacté, mais il ne réagit pas
22 aux messages téléphoniques que nous avons laissés. J'ai peu d'espoir.
23 M. le Président (interprétation). - Fort bien. Parlons du
24 programme de la semaine prochaine. La question se pose de savoir si, dans
25 notre formation de deux Juges, nous sommes habilités à recevoir les
Page 11869
1 éléments de preuve en vertu du 15 bis. Maître Stein, au nom de la défense,
2 a soulevé une objection, tout du moins, une inquiétude, celle du fait que
3 le Juge Robinson aurait beaucoup d'éléments dont il devrait prendre
4 connaissance si tel était le cas.
5 J'ai eu l’occasion de m’entretenir avec M. le Juge Robinson qui
6 était en Jamaïque, je lui ai fait part des condoléances formulées à
7 l’audience hier. Je lui ai parlé des inquiétudes formulées par Me Stein :
8 du fait qu'il aurait beaucoup d'éléments de preuve dont il aurait à
9 prendre connaissance. Pour lui, ce n'était pas une source de problèmes
10 énormes. Il serait tout à même de lire les pages supplémentaires du compte
11 rendu d'audience. Nous estimons que sont ainsi évacuées ces préoccupations
12 et autres inquiétudes.
13 Ceci étant, il nous faut voir s'il est dans l'intérêt de la
14 justice, en vertu du 15 bis, de prévoir des audiences la semaine
15 prochaine. Etant donné la durée de ce procès à ce jour, et la durée totale
16 probable, et l'obligation que nous avons de mener des procès rapides, nous
17 estimons qu'il est dans l'intérêt de la justice de recevoir des éléments
18 de preuve la semaine prochaine, pendant trois jours d'audience en
19 formation de deux Juges.
20 Nous estimons qu'il faut appliquer cet article 15 bis. Ce qui
21 veut dire que nous aurons des audiences de lundi à mercredi. Nous
22 entendrons des dépositions de témoins. Jeudi, ce ne sera pas le cas. Ce
23 serait peut-être un bon moment pour prévoir une conférence de mise en état
24 au cours de laquelle nous pourrons traiter des questions pendantes et pour
25 entendre d’éventuels arguments. Nous pourrons en discuter au fil des
Page 11870
1 prochains jours.
2 Une question supplémentaire s'agissant de ce programme : le
3 Juge Robinson ne rentrera pas le 24, un lundi, mais le 25, un mardi. Ce
4 qui veut dire que nous n'aurons pas d'audience le matin du 24. Nous
5 n’avions que le matin de réservé le 24. Nous reprendrons les audiences de
6 ce procès le 25.
7 M. Nice (interprétation). - C'est tout à fait utile. Je ne serai
8 pas ici jeudi prochain, mais je suppose que cette conférence de mise en
9 état se déroulera le matin ?
10 M. le Président (interprétation). - Tout à fait. Fort bien, nous
11 allons faire une pause d'une demi-heure. Nous reprendrons à 11 heures 35.
12 (L'audience, suspendue à 11 heures 07, est reprise à
13 11 heures 40.)
14 M. Nice (interprétation). - Avant l'arrivée du prochain témoin,
15 [expurgée]
16 [expurgée]
17 [expurgée]
18 [expurgée]
19 C’est Me Scott qui va s'occuper du prochain témoin avec plus d'efficacité
20 que moi.
21 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
22 M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il donner
23 lecture de la déclaration solennelle ?
24 M. De Boer (interprétation). - Je déclare solennellement que je
25 dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Page 11871
1 M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir,
2 Monsieur.
3 M. Scott (interprétation). - Je ne sais pas si la Chambre en est
4 déjà informée, le colonel De Boer parle très bien anglais mais, à des fins
5 officielles, il préfère s'exprimer en néerlandais ; ce qui donnera une
6 couche supplémentaire de traduction. Il faudra passer par un relais
7 supplémentaire.
8 Colonel, vous appelez-vous bien Johannes Jacobus De Boer ?
9 M. De Boer (interprétation). - J'attends la traduction.
10 M. Scott (interprétation). - Je croyais qu'il y aurait un
11 interprète pour le néerlandais en cabine française.
12 M. le Président (interprétation). - Qu’en est-il ?
13 M. Scott (interprétation). - Je m'en excuse auparavant mais,
14 apparemment, si le témoin en est d’accord, je lui poserai les questions en
15 anglais. Je peux poser mes questions en anglais, il peut répondre lui en
16 néerlandais. Ses réponses seront interprétées vers les autres langues.
17 M. le Président (interprétation). - (Hors micro).
18 M. Scott (interprétation). - C'est ce que j'entends.
19 M. le Président (interprétation). - On me demande d'utiliser le
20 micro. Nous ne semblons pas trop bien commencer. J'espère que ceci
21 s'améliorera.
22 M. Scott (interprétation). - Je croyais que tout avait été prévu
23 mais, manifestement, ce n’était pas le cas. Je m’en excuse.
24 Si à un moment donné, vous ne comprenez pas bien ma question, si
25 je parle trop vite, n'hésitez pas à le dire.
Page 11872
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11873
1 Est-il exact de dire, Colonel, que vous vous appelez Johannes
2 Jacobus De Boer ?
3 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
4 M. Scott (interprétation). - Vous êtes actuellement colonel dans
5 l'armée néerlandaise, et vous êtes affecté au collège de la défense
6 néerlandaise ?
7 M. De Boer (interprétation). - C’est exact également.
8 M. Scott (interprétation). - Au cours de la période s'écoulant
9 de novembre 1992 à mai 1993, Colonel, vous étiez lieutenant-colonel à
10 l'époque, et vous étiez commandant du 105e Régiment du train néerlandais,
11 n'est-ce pas ?
12 M. De Boer (interprétation). - Oui.
13 M. Scott (interprétation). - De novembre 1992 au 3 mai 1993,
14 vous faisiez fonction de commandant du 1er Régiment du train de la
15 Forpronu qui était cantonné à Busovaca. Est-ce bien exact ?
16 M. De Boer (interprétation). - C'est exact, dans le sens où j'ai
17 cédé ce commandement le 30 avril, et j'ai quitté la région le 3 mai.
18 M. Scott (interprétation). - Je crois comprendre qu'avant votre
19 arrivée pour votre mission effective en Bosnie-Herzégovine, vers
20 juillet 1992, vous êtes parti en mission de reconnaissance sur le terrain
21 pour bien comprendre la situation et préparer le déplacement de votre
22 unité vers cette région. A l'époque, vous avez rencontré le maire de
23 Vitez, un homme répondant au nom d’Ivica Santic, est-ce correct ?
24 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
25 M. Scott (interprétation). - Apportons une précision si vous le
Page 11874
1 voulez bien. Dans votre déclaration fournie en 1995, vous faites état de
2 contacts avec un homme dénommé Skopljak, vous en souvenez-vous ?
3 M. De Boer (interprétation). - Oui, je me le rappelle.
4 M. Scott (interprétation). - Avez-vous toujours été certain du
5 fait que vous aviez affaire à une personne qui était en fait le maire de
6 Vitez ?
7 M. De Boer (interprétation). - J'avais la certitude qu'il
8 s'agissait du maire de Vitez.
9 M. Scott (interprétation). - Et est-ce que vous vous souvenez
10 aussi du fait que le maire de Vitez était Ivan Santic et non pas
11 M. Skopljak ?
12 M. De Boer (interprétation). - Je ne me souviens pas du nom dans
13 le sens où le maire, plutôt mon interlocuteur, s'est présenté en tant que
14 maire de Vitez.
15 M. Scott (interprétation). - Très bien. Progressons. Pourriez-
16 vous dire à la Chambre ce qu'il fut de cette conversation que vous avez
17 eue avec le maire de Vitez, lorsque vous êtes arrivé dans le cadre de
18 cette mission de reconnaissance en Bosnie, en juillet 1992 ? Je ne veux
19 pas que vous soyez trop détaillé sur ce point, mais pourriez-vous faire
20 part à la Chambre de toute conversation que vous auriez eue avec tel ou
21 tel représentant de communauté ethnique ?
22 M. De Boer (interprétation). - Oui.
23 M. Scott (interprétation). - Faites-le, je vous prie.
24 M. De Boer (interprétation). - Au cours de la conversation que
25 j'ai eue avec le maire, il s’est exprimé et a déclaré que les Musulmans,
Page 11875
1 que la partie musulmane de la population de Vitez, avait un comportement
2 hygiéniquement fort inférieur par rapport au reste de la population.
3 M. Scott (interprétation). - Comment avez-vous réagi au fait que
4 M. Santic vous tienne de tels propos ?
5 M. De Boer (interprétation). - J'étais surpris, mais je n'ai pas
6 réagi en m'exprimant.
7 M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu'après cette
8 première réunion que vous avez eue avec M. Santic, le maire de Vitez, au
9 cours de votre mission en Bosnie, vous avez eu d'autres entretiens de
10 temps à autres avec M. Santic ?
11 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
12 M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu’à une
13 reprise, vers la fin de votre mission en Bosnie, vers la fin d'avril 1993,
14 vous vous êtes rendu à la mairie de Vitez à la recherche de M. Santic ?
15 Vous avez vu des soldats du HVO postés à l'extérieur du bâtiment, un canon
16 de 20 millimètres de calibre situé devant l’entrée du bâtiment et vous
17 êtes parti à la recherche de M. Santic que vous avez trouvé au sous-sol du
18 bâtiment ?
19 M. De Boer (interprétation). - C'est tout à fait exact.
20 M. Scott (interprétation). - Monsieur Nice suggère que vous
21 n'écoutiez pas, Monsieur le Témoin, ce qui se traduit par le biais des
22 écouteurs, parce que ceci prête peut-être à confusion. Je n’en suis pas
23 tout à fait sûr, mais c’est ce que suggèrent les interprètes. Je m’en
24 remets à vous, Monsieur le Témoin. Voyez ce qui est le plus facile pour
25 vous.
Page 11876
1 M. le Président (interprétation). - Inévitablement, il y aura
2 toujours un retard au niveau de la traduction. Soyons peu rapides mais
3 soyons précis. Veillons, en particulier, à ce que le témoin se sente tout
4 à fait à l’aise au regard des modalités que nous avons adoptées.
5 M. Scott (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
6 Je termine sur ce point. Lorsque vous avez trouvé M. Santic dans
7 le sous-sol de la mairie de Vitez, il vous a dit, à l'époque, que le
8 conflit entre les Musulmans et les Croates s'était intensifié, est-ce
9 exact ?
10 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
11 M. Scott (interprétation). - Est-il aussi exact de dire que, peu
12 de temps après votre arrivée en Bosnie, vous avez rencontré une autre
13 personne répondant au nom de Zoran Maric ? Cet homme, d'après vous, était
14 le maire de Busovaca, maire qui, à l'époque, portait des vêtements
15 civils ?
16 M. De Boer (interprétation). - C'est correct.
17 M. Scott (interprétation). - Au cours du temps que vous avez
18 passé en Bosnie, avez-vous rencontré Dario Kordic ?
19 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
20 M. Scott (interprétation). - Je ne vais que vous renvoyer à
21 certaines dates. Avez-vous rencontré M. Kordic pour la première fois
22 autour de Noël 1992 ?
23 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
24 M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire à la Chambre, en
25 vos propres termes, quels furent les rapports que vous avez eus à ce
Page 11877
1 moment-là avec M. Kordic ? Pourriez-vous dire à la Chambre comment il vous
2 a été présenté et l'essentiel finalement de votre conversation ?
3 M. De Boer (interprétation). - Vers la Noël 1992, j'ai organisé
4 une réception à Busovaca, au siège de mon quartier général. J'ai rencontré
5 les autorités civiles et militaires des deux côtés, côté bosniaque et côté
6 croate, croate de Bosnie bien sûr, c'est-à-dire les Croates de Bosnie et
7 les Musulmans de Bosnie. Je les ai rencontrés à l'occasion de la fête de
8 Noël. J'ai délibérément invité les deux parties pour montrer que mon
9 bataillon constituait une entité indépendante. Du côté des deux parties,
10 des représentants civils et militaires étaient présents ; du côté
11 musulman, il y avait même des représentants des autorités religieuses.
12 Monsieur Kordic m'a été présenté par mon interprète en tant que
13 colonel Kordic. J'ai pu converser avec lui pendant un certain temps et
14 j’en ai tiré l'impression qu'il était l'autorité militaire, ou qu'il
15 faisait partie de l'autorité militaire du territoire concerné, de la
16 vallée de la Lasva.
17 M. Scott (interprétation). - A ce moment-là, Colonel, vous
18 occupiez le rang, vous aviez le grade de colonel, n'est-ce pas ?
19 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
20 M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire à la Chambre si
21 vous avez eu l'impression, du fait de votre conversation avec M. Kordic,
22 s'il avait réagi ou manifesté une réaction quelconque au fait que vous
23 soyez lieutenant-colonel alors que lui occupait le grade de colonel ?
24 M. De Boer (interprétation). - J'ai eu l'impression qu'en fait
25 cela l'amusait.
Page 11878
1 M. Scott (interprétation). - Avez-vous retiré d'autres
2 observations ? Avez-vous fait des constatations, s'agissant du poste ou du
3 fait qu'il affirmait occuper un poste de commandement, de pouvoir à
4 l'époque ?
5 M. De Boer (interprétation). - Oui, j'avais l'impression qu'il
6 avait cette autorité, et que le fait de détenir cette autorité avait eu
7 comme conséquence qu'il avait peut-être un peu trop confiance en lui-même.
8 M. Scott (interprétation). - Si vous le voulez bien, est-il
9 exact de dire qu'au cours du mois de février 1993, vous avez également
10 constaté un renforcement des effectifs militaires au restaurant hôtel
11 Bungalow qui se trouvaient sur le territoire de Vitez ?
12 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
13 M. Scott (interprétation). - A l'époque, vous avez pensé qu'il y
14 avait peut-être de vingt à trente militaires en tenue, en uniforme,
15 quelques-uns arborant les badges du HVO ?
16 M. De Boer (interprétation). - C'est vrai.
17 M. Scott (interprétation). - J'aimerais attirer votre attention
18 sur la deuxième réunion que vous avez eue avec Kordic. Est-il exact de
19 dire qu'en mars 1993, le général Morillon a rendu visite au bataillon
20 néerlando-belge à Busovaca ; et alors que M. le général Morillon se
21 trouvait sur place, vous avez eu connaissance du fait que le HVO,
22 apparemment, avait détenu, ou détenait trois jeunes Musulmanes dans la
23 région de Busovaca. Est-ce exact ? J'attends d'avoir la traduction
24 officielle.
25 M. le Président (interprétation). - Poursuivez, il a dit que
Page 11879
1 c'était exact.
2 M. Scott (interprétation). - Effectivement. Eh bien, à cette
3 époque-là, est-ce que vous avez eu une réunion avec M. Kordic concernant
4 ces trois jeunes Musulmanes ?
5 M. De Boer (interprétation). - Oui.
6 M. Scott (interprétation). - Comment cette réunion a-t-elle eu
7 lieu ? Est-ce vous qui avez pris l'initiative d'organiser cette réunion ou
8 est-ce que c'est lui qui vous a invité à cette réunion ? Vous en souvenez-
9 vous ? Pourriez-vous relater aux Juges les circonstances entourant la
10 décision de prendre, d'avoir cette réunion ?
11 M. De Boer (interprétation). - Nous -et quand je dis nous, je
12 veux dire moi-même et l'état-major du bataillon-, sur la base de ces
13 bruits, j'ai demandé à mon état-major de prendre contact avec les
14 autorités du HVO à Busovaca, ce qui a incité Kordic à nous inviter à nous
15 rendre dans une salle d'opération dans le bâtiment des PTT.
16 M. Scott (interprétation). - A Busovaca ceci ?
17 M. De Boer (interprétation). - Oui, à Busovaca.
18 M. Scott (interprétation). - Le général Morillon était présent à
19 cette réunion aussi ?
20 M. De Boer (interprétation). - Le général Morillon et moi-même,
21 nous nous sommes rendus à cet endroit.
22 M. Scott (interprétation). - Vous avez donc réagi à l'invitation
23 lancée par M. Kordic. Est-ce que vous vous êtes rendu dans quelque chose
24 qui ressemblait à une salle d'opération ou de contrôle dans le bâtiment
25 des PTT à Busovaca ?
Page 11880
1 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
2 M. Scott (interprétation). - Toujours à ce moment-là et à cet
3 endroit, est-ce que vous et le général Morillon avez mené des négociations
4 avec M. Kordic pour que soit obtenue la libération de ces femmes ?
5 M. De Boer (interprétation). - Oui, c'est exact.
6 M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges, en
7 vos propres termes, ce que vous avez constaté s'agissant de la façon dont
8 se comportait Kordic à cette réunion, comment il a mené la réunion ?
9 M. De Boer (interprétation). - Lorsque nous sommes entrés, le
10 général Morillon et moi-même, nous avons été accueillis par le colonel
11 Kordic. Différentes autres personnes étaient présentes dans cette salle
12 des opérations, toutes ces personnes étaient vêtues d'uniforme de
13 camouflage. J'ai reconnu une de ces personnes en tant que maire de
14 Vitez... Non, ce n'est pas ce que je veux dire, je voulais dire le maire
15 de Busovaca.
16 M. Scott (interprétation). - Qui était-ce ?
17 M. De Boer (interprétation). - Son nom était Zoran Maric,
18 d'après mon souvenir.
19 M. Scott (interprétation). - Une des personnes vêtues d'un
20 uniforme était notamment M. Kordic, n'est-ce pas ?
21 M. De Boer (interprétation). - C'est correct.
22 M. Scott (interprétation). - Au cours de votre mission effectuée
23 en Bosnie, avez-vous appris à reconnaître un écusson du HVO que l'on
24 appelle en général le damier rouge et blanc utilisé souvent par les
25 Croates ou les Croates de Bosnie ?
Page 11881
1 M. De Boer (interprétation). - Oui.
2 M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Kordic arborait un
3 tel écusson sur son uniforme ?
4 M. De Boer (interprétation). - Oui.
5 M. Scott (interprétation). - Qui a mené, qui a conduit la
6 réunion ?
7 M. De Boer (interprétation). - Le colonel Kordic.
8 M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Maric a joué un rôle
9 quelconque à l'occasion de cette réunion ? S'est-il exprimé ?
10 M. De Boer (interprétation). - Il n'a pas parlé, ou n'a
11 quasiment rien dit.
12 M. Scott (interprétation). - Comment caractériseriez-vous son
13 comportement à l'égard de M. Kordic ?
14 M. De Boer (interprétation). - J'avais l'impression qu'il était
15 son subordonné.
16 M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Maric était assis à
17 la table principale avec le général Morillon, vous-même et M. Kordic ? Ou
18 était-il assis à une autre table, ou se trouvait-il ailleurs dans la
19 pièce ?
20 M. De Boer (interprétation). - Il n'était pas assis à la même
21 table, il était assis sur une chaise mise le long du mur.
22 M. Scott (interprétation). - Vous avez participé à cette
23 réunion. Est-ce que vous y avez vu des cartes, des diagrammes, différentes
24 choses de ce genre dans la salle ?
25 M. De Boer (interprétation). - Sur la table centrale de la salle
Page 11882
1 des opérations, la table à laquelle nous étions assis, avait été déposée
2 une carte de la région de la vallée de la Lasva ; des lignes avaient été
3 indiquées sur cette carte, et j'ai eu l'impression que ces lignes, soit
4 correspondaient à la ligne de séparation entre les territoires, soit à
5 l'indication de la ligne la plus avancée des troupes. Sur cette ligne, on
6 avait ajouté des flèches, des flèches dirigées vers ou au-delà d'un
7 certain nombre de petits villages, dont Ahmici.
8 M. Scott (interprétation). - A la suite de cette réunion que
9 vous avez eue avec le colonel Kordic, est-ce que ces trois jeunes
10 Musulmanes ont été libérées plus tard dans la journée ?
11 M. De Boer (interprétation). - A l'issue de la rencontre, ces
12 trois jeunes filles m'ont été remises.
13 M. Scott (interprétation). - Du fait que vous avez participé à
14 cette réunion et que vous y avez fait des observations, pourriez-vous dire
15 aux Juges qui a pris cette décision, qui a rendu ou émis l'ordre
16 permettant de libérer ces femmes ?
17 M. De Boer (interprétation). - Cette décision était celle du
18 colonel Kordic.
19 M. Scott (interprétation). - Fort bien, progressons. Est-il
20 exact de dire que ces trois jeunes Musulmanes, une fois que la décision a
21 été prise d'assurer leur libération, vous ont aussitôt été remises et
22 placées sous votre garde ?
23 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
24 M. Scott (interprétation). - En avez-vous conclu que ces trois
25 jeunes femmes, à l'époque, avaient été détenues à proximité du lieu de la
Page 11883
1 réunion ?
2 M. De Boer (interprétation). - Oui, très près, ou dans le même
3 bâtiment.
4 M. Scott (interprétation). - Ces trois jeunes Musulmanes vous
5 ont été remises. Ont-elles dit qu'elles avaient été prises de chez elles
6 avant que leur maison soit détruite par explosion ? Elles ne se sont pas
7 plaintes de mauvais sévices, notamment de mauvais sévices sexuels, n'est-
8 ce pas ?
9 M. De Boer (interprétation). - C'est exact. C'est ce qu'elles
10 ont déclaré après que j'ai posé la question.
11 M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que les 17
12 et 18 avril 1993, alors que vous vous déplaciez dans la région, vous avez
13 vu quatre corps sans vie sur la route allant de Busovaca à Vitez, qui se
14 trouvaient sur une aire de parking à proximité du cimetière catholique ?
15 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
16 M. Scott (interprétation). - Vous avez également vu de l'autre
17 côté, du côté opposé à ce parking, une femme qui gisait près d'une
18 maison ?
19 M. De Boer (interprétation). - C'est également exact.
20 M. Scott (interprétation). - Ces corps étaient toujours au même
21 endroit lorsque vous êtes passé dans la région trois ou quatre jours plus
22 tard ?
23 M. De Boer (interprétation). - C'est encore vrai.
24 M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que, le
25 20 avril 1993, vous preniez des dispositions pour assurer la relève de
Page 11884
1 votre commandement du régiment du train néerlando-belge, commandement que
2 vous alliez donner à M. Skipper, et vous lui donniez des instructions. Je
3 ne me souviens plus du grade exact de M. Skipper, il était sans doute
4 colonel, et vous lui avez montré la région autour de Vitez et Santici.
5 M. De Boer (interprétation). - C'est exact. Skipper était à
6 l'époque lieutenant-colonel.
7 M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de cette présentation
8 pour le lieutenant colonel Skipper, lui avez-vous montré la région
9 d'Ahmici ? Lui avez-vous donné des explications quant à ce qui s'était
10 passé à Ahmici plusieurs jours auparavant ?
11 M. De Boer (interprétation). - A ce moment-là, nous nous
12 déplacions d'endroits où se trouvait ma compagnie Bravo, de l'endroit où
13 se trouvait ma compagnie Bravo à Santici vers mon quartier général à
14 Busovaca, le quartier général de mon état-major à Busovaca.
15 Au cours de ces déplacements, nous avons traversé le village
16 d'Ahmici. Nous avons vu de nouvelles destructions ainsi que les cinq corps
17 dont j'ai parlé, pas dans Ahmici, mais le long de la route. Et je me suis
18 adressé à Skipper pour lui dire qu'à mon avis ceci était dû à du nettoyage
19 ethnique.
20 M. Scott (interprétation). - Pour vous, c'était du nettoyage
21 ethnique provoqué par une partie plutôt qu'une autre au conflit ?
22 M. De Boer (interprétation). - Je pense que l'opération de
23 nettoyage ethnique était l'oeuvre, en tout cas de la partie bosno-croate,
24 parce que les cinq corps étaient, selon mon impression, des corps de
25 personnes musulmanes.
Page 11885
1 M. Scott (interprétation). - Très bien. Vous avez terminé cette
2 mission, vous avez quitté la Bosnie vers le 3 mai 1993 ?
3 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
4 M. Scott (interprétation). - Aux seules fins du dossier,
5 j'aimerais apporter une précision : est-ce que vous avez signé un résumé
6 qui avait été préparé à votre intention hier et, ce faisant, vous avez pu
7 vérifier que tous les éléments qui se trouvaient dans ce résumé
8 correspondent bien à la vérité ?
9 M. De Boer (interprétation). - C'est tout à fait vrai.
10 M. Scott (interprétation). - Je vous remercie. Je n'ai plus de
11 questions à poser à ce témoin, Monsieur le Président.
12 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, vous avez la
13 parole.
14 M. Sayers (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Colonel, je
15 m'appelle Steven Sayers, je suis un des avocats défendant M. Kordic.
16 J'aimerais vous poser quelques questions et puis, les deux avocats que
17 vous voyez à ma gauche sont Me Kovacic et Me Mikulicic. Ils défendent
18 M. Cerkez. Je ne sais pas s'ils ont l'intention de vous poser des
19 questions.
20 Ai-je bien compris ? A l'exception de cette première mission de
21 reconnaissance effectuée en juillet 1992, vous avez passé en tout quelque
22 sept mois en qualité de commandant du Premier régiment du train néerlando-
23 belge à Busovaca, depuis novembre jusqu'au 3 mai, moment où vous avez
24 quitté la Bosnie. Est-ce exact ?
25 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
Page 11886
1 M. Sayers (interprétation). - Au cours de ces sept mois que vous
2 avez passés à Busovaca, vous ai-je bien compris, au cours de cette période
3 n'avez-vous rencontré que deux fois M. Kordic ?
4 M. De Boer (interprétation). - Rencontré personnellement ? Oui.
5 M. Sayers (interprétation). - Lui avez-vous demandé s'il avait
6 un quelconque pouvoir militaire ?
7 M. De Boer (interprétation). - Non, je n'ai jamais posé cette
8 question moi-même.
9 M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez jamais demandé à
10 M. Kordic quel genre de rapports il avait avec le commandant de la zone
11 opérationnelle de Bosnie centrale, M. Blaskic, n'est-ce pas ?
12 M. De Boer (interprétation). - Non.
13 M. Sayers (interprétation). - Et vous n'avez pas non plus
14 demandé à M. Kordic s'il avait un quelconque rapport avec la brigade
15 cantonnée à Busovaca, la brigade Nikola Zrinski Brigade ?
16 M. De Boer (interprétation). - Personnellement, non.
17 M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez rencontré le
18 colonel Blaskic à plusieurs reprises, n'est-ce pas ?
19 M. De Boer (interprétation). - Je pense l'avoir rencontré à
20 deux reprises.
21 M. Sayers (interprétation). - Et vous avez eu plusieurs
22 entretiens, je suppose, avec le commandant de la brigade Nikola Subic,
23 avec M. Grubesic ?
24 M. De Boer (interprétation). - Je me souviens avoir parlé à
25 d'autres militaires, mais je ne sais pas s'il s'agit de la personne dont
Page 11887
1 vous venez de citer le nom.
2 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer un
3 document, Monsieur le Témoin. Apparemment, c'est une chronologie
4 d'événements établis par le Bataillon néerlandais, DutchBat. Y figurent
5 plusieurs documents que nous avons reçus du Bureau du Procureur, je
6 voudrais simplement que vous puissiez, si vous le pouvez, identifier ce
7 document aux fins du dossier d'audience.
8 M. De Boer (interprétation). - Je ferai de mon mieux.
9 M. Sayers (interprétation). - Grand merci, Colonel.
10 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, est-ce que le
11 témoin dispose de l'original de ce document ?
12 M. Sayers (interprétation). - Je ne sais pas, je vais peut-être
13 lui poser la question, Monsieur le Président.
14 M. le Président (interprétation). - Vous avez uniquement la
15 traduction ?
16 M. Sayers (interprétation). - C’est exact, Monsieur le
17 Président. Malheureusement, nous n'avons pas l'original en néerlandais de
18 ces documents. Je ne sais pas s’ils ont été préparés au départ en
19 néerlandais. J'aimerais simplement vous demander si vous reconnaissez ces
20 documents que je viens de vous soumettre comme étant une chronologie
21 d'événements, réunions et autres tâches accomplies par les unités se
22 trouvant sous votre commandement ? Apparemment, les dates vont du
23 1er avril 1993 à un moment qui se situe vers la mi-mai 1993. Si,
24 effectivement, c'est bien une consignation d'événements, c'est un extrait.
25 M. De Boer (interprétation). - Je me souviens d'avoir vu une
Page 11888
1 partie de ce document dans le fichier renseignement du bataillon. Dans le
2 logbook comme nous disons. Cette partie du document, je l’ai remise au
3 représentant de cette Cour, qui m'a interrogé en 1995. Et ce document a la
4 même apparence. Le document original était en langue néerlandaise. Et dans
5 ce document-ci, je ne trouve nulle part le nom de mon bataillon au sommet
6 d'une page. J'en conclu que ce document a pu être établi sur base du
7 matériel que j'ai remis. Il a pu être établi à l'aide de ce document mais
8 n'a pas nécessairement été établi à l'aide de ce document.
9 M. le Président (interprétation). - Nous allons peut-être
10 trouver une solution de cette façon. Nous allons poser la question au
11 bureau du Procureur. Y a-t-il un litige quelconque au sujet de ce document
12 Maître Scott ?
13 M. Scott (interprétation). - Pas que je sache. Effectivement, ce
14 document est bien constitué des documents que nous avons. Comme la
15 défense, je n'ai pas l'original en néerlandais du document avec moi. Cela
16 se trouve sans doute quelque part dans les voûtes du Bureau du Procureur,
17 quelque part dans les archives.
18 M. le Président (interprétation). - On pourrait peut-être
19 établir une comparution, tôt ou tard, pour s’assurer que c’est bien le bon
20 document. Pour le moment, on pourrait verser ceci au dossier si on demande
21 le versement au dossier.
22 Il n’y a pas d’objection de la part du Procureur. Maître Sayers,
23 voulez-vous demander le versement de ce document au dossier ?
24 M. Sayers (interprétation). - Oui.
25 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira du document D150/1.
Page 11889
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11890
1 M. Sayers (interprétation). - Merci. A l’examen de ce
2 document... Gardez-le à proximité puisque je vais peut-être faire
3 référence à ce document.
4 M. le Président (interprétation). - Peut-on l'appeler logbook ou
5 recueil de documents ?
6 M. De Boer (interprétation). - Oui.
7 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous vous-même tenu un
8 journal intime qui était séparé de ce logbook ?
9 M. De Boer (interprétation). - Pas à titre personnel.
10 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Vous avez fourni une
11 déclaration préalable au Bureau du Procureur, vous en avez déjà fait état.
12 Pour que le compte rendu d'audience soit clair, vous avez fourni cette
13 déclaration le 12 avril 1995, c'est bien cela ?
14 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
15 M. Sayers (interprétation). - Que vous avez réexaminée alors que
16 vous vous prépariez pour votre comparution d'aujourd'hui ?
17 M. De Boer (interprétation). - Je l’ai relue en effet.
18 M. Sayers (interprétation). - Savez-vous si ce logbook contenait
19 les informations concernant les réunions que avez décrites, la première
20 réunion que vous avez eue avec la personne qui s'est présentée comme étant
21 le maire de Vitez, que ce soit M. Santic ou M. Skopljak, ou qui fasse
22 référence à une autre réunion, une des deux réunions que vous avez eues
23 avec M. Kordic il y a quelque sept ans de cela ?
24 M. De Boer (interprétation). - Je ne sais pas si cela figure
25 dans ce logbook. Je ne suis pas l'auteur de ce logbook. C'est en fait la
Page 11891
1 compilation, c'est le travail de l'officier chargé du renseignement du
2 quartier général de mon bataillon.
3 M. Sayers (interprétation). - Mais est-ce qu'en règle générale,
4 vous faisiez rapport de réunions importantes, d'événements importants qui
5 se seraient produits, en faisiez-vous rapport à votre officier responsable
6 des informations ou de renseignements, lequel aurait pour tâche de
7 consigner ceci dans le logbook du régiment ?
8 M. De Boer (interprétation). - Comme j'étais assez fréquemment
9 en déplacement, cet officier se servait bien sûr du résultat de mes
10 voyages et observations, en tant que sources de renseignements et
11 d'informations, comme une des sources de renseignements à sa disposition.
12 Et c'est la raison pour laquelle, il m'interrogeait, faisait un debriefing
13 après un tel déplacement.
14 M. Sayers (interprétation). - Merci Colonel. Mais vous avez eu
15 deux réunions avec M. Kordic, toutes deux se sont déroulées à Busovaca. Ce
16 qui veut dire que vous n'étiez pas, à ce moment-là, en déplacement, vous
17 auriez pu faire rapport de ces réunions ou de l'issue de celles-ci
18 aussitôt à l'officier responsable de votre bataillon ?
19 M. De Boer (interprétation). - La première rencontre, je n'avais
20 pas à lui en faire état, puisqu'il était présent à cette réunion. Il y
21 assistait. Il n'a pas participé à la discussion à laquelle j'ai fait
22 allusion, mais il était présent lors de cette réception. Et, je ne devais
23 pas faire non plus rapport à propos de la deuxième rencontre, puisqu'il
24 était impliqué, au moment de la préparation de la rencontre que j'ai
25 décrite.
Page 11892
1 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Votre officier chargé
2 du renseignement était donc au courant des réunions, des raisons de la
3 tenue de ces réunions. Il était informé aussi de l'issue de cette réunion.
4 Je suppose que vous lui avez fait rapport de cela à l'issue de la réunion.
5 Cette réunion, on ne sait pas exactement quand elle a eu lieu, mais en
6 tout cas au mois de mars 1993, d’après vos souvenirs établis sept ans plus
7 tard.
8 M. De Boer (interprétation). - Sept ans et demi plus tard, en
9 effet.
10 M. Sayers (interprétation). - Vous avez essayé de vous
11 rafraîchir la mémoire en examinant de logbook pour voir s’il y avait des
12 passages qui décrivaient ces réunions ou utilisez-vous vos seuls
13 souvenirs ?
14 M. De Boer (interprétation). - Elle se fonde sur ma mémoire, car
15 je n'ai pas l'original, ni une copie.
16 M. Sayers (interprétation). - Bien.
17 M. De Boer (interprétation). - Je n'ai plus jamais consulté,
18 après avoir fait une sélection dans le logbook.
19 M. Sayers (interprétation). - Deux questions courtes relatives à
20 certaine des observations.
21 M. le Président (interprétation). - Auparavant, est-ce qu’on y
22 trouve la consignation de ces réunions ?
23 M. Sayers (interprétation). - Non, Monsieur le Président. Je
24 dirais même que ce logbook ne commence que le 1er avril 1993, quelques
25 semaines, ou tout du moins, voire un mois après cette réunion.
Page 11893
1 M. le Président (interprétation). - C'est une remarque
2 importante.
3 M. Sayers (interprétation). - Monsieur, pourriez-vous examiner
4 ce qui était consigné pour le 25 avril 1993 ? Ces documents ont été
5 assemblés à la hâte, mais dans le coin inférieur droit, vous avez un
6 numéro. Vous avez 0028440. Au sommet de la page, vous avez une date.
7 Vous saviez, n'est-ce pas, que Busovaca était le siège pour le
8 vice-Président de la communauté croate d’Herceg-Bosna, le siège du vice-
9 Président Dario Kordic ? On y fait allusion vers le milieu de la page ?
10 M. De Boer (interprétation). - Voulez-vous bien répéter votre
11 question ?
12 M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Je me contente de vous
13 donner lecture de ce qui est écrit dans le logbook. "Busovaca est un
14 village avec une population croate à 95 %, lieu où se trouve le siège de
15 la brigade Nikola Subic Zrinski. L’ancien bureau de poste est le siège du
16 vice-Président de la communauté croate d’Herceg-Bosna, M. Dario Kordic".
17 Saviez-vous que M. Kordic était l'un des vice-Présidents de la communauté
18 croate d’Herceg-Bosna ?
19 M. De Boer (interprétation). - Pas à l'époque, selon moi.
20 M. Sayers (interprétation). - Vous vouliez dire quelque chose ?
21 Je m'excuse.
22 M. De Boer (interprétation). - Je disais que je pense que je
23 l'ignorais à l'époque.
24 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez même qu'il
25 existait une entité telle que la communauté croate d’Herceg-Bosna, à
Page 11894
1 l'époque du moins ?
2 M. De Boer (interprétation). - D'après mon souvenir, à l'époque,
3 il s'agissait d'une sorte de tentative du côté des Croates de Bosnie.
4 Quant à la mesure dans laquelle cet objectif avait été réalisé, je ne peux
5 pas apporter de précisions.
6 M. Sayers (interprétation). - Il suffira de dire, Colonel, que
7 vous n'avez pas eu de discussion avec M. Kordic sur ce point, sur la
8 position qu'il occupait au sein de la communauté croate d’Herceg-Bosna.
9 Peut-on le dire dans ce sens là ?
10 M. De Boer (interprétation). - C’est tout à fait correct.
11 M. Sayers (interprétation). - Autre question rapide que je
12 voulais vous poser. Vous saviez que le commandement du HVO, à Busovaca,
13 était Dusko Grubesic. Je vais vous demander simplement de voir ce qui
14 était consigné à Busovaca pour le 20 avril 1993. Il s'agit de la
15 page 00284431.
16 Dans le logbook de votre régiment, on dit : «A 16 heures, le
17 commandant du HVO à Busovaca, M. Grubesic, a autorisé la circulation dans
18 les deux sens mais a averti du fait qu'il ne contrôlait pas tous ses
19 soldats, et que du personnel des Nations Unies pourrait, du coup, se
20 trouver en situation de danger".
21 Une seule question à ce propos : est-ce que ceci vous rafraîchit
22 la mémoire ? Est-ce que vous vous souvenez si vous avez eu des entretiens
23 avec la brigade et son commandant, M. Grubesic, à ce moment-là ?
24 M. De Boer (interprétation). - Comme je l’ai expliqué, il est
25 possible que nous nous soyons parlé. Mais je ne m'en souviens pas avec
Page 11895
1 précision ou avec certitude.
2 M. Sayers (interprétation). - Bien, dernière question en rapport
3 avec ces informations consignées dans le logbook. Veuillez consulter ce
4 qu'il y a pour le 22 avril 1993.
5 Il y a une rubrique qui fait état du commandant de la zone
6 opérationnelle de Bosnie centrale, le colonel Blaskic, qui dit à ses
7 officiers subordonnés qu'il faut veiller à la mise en oeuvre d'un accord.
8 Et si vous voyez l'annexe qui suit aussitôt après, vous avez un ordre
9 signé par le commandant Tihomir Blaskic. La question que je voulais vous
10 poser est celle-ci : vous saviez, n’est-ce pas, que le colonel Blaskic
11 était le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale ?
12 M. De Boer (interprétation). - Affirmatif.
13 M. Sayers (interprétation). - Revenons un peu en arrière. Vous
14 avez dit que vous vous êtes rendu en Bosnie centrale pour une mission de
15 reconnaissance, afin d'assurer le cantonnement de votre bataillon. Vous
16 avez décidé de rencontrer les dirigeants politiques de la ville de Vitez.
17 Vous en souvenez vous ? Dans votre déclaration préalable, vous avez dit
18 qui vous avez rencontré à plusieurs reprises, à savoir M. Pero Skopljak.
19 Je vais demander à l'huissier de placer la première page de votre
20 déclaration sur le rétroprojecteur. Est-ce que vous avez une copie, sinon
21 je vais vous en donner une ?
22 M. Sayers (interprétation). - Cette déclaration a été fournie
23 quelque deux ans après la fin de votre mission en Bosnie. Est-ce là vos
24 meilleurs souvenirs, l'expression de vos meilleurs souvenirs ?
25 M. De Boer (interprétation). - Quand la déclaration a été
Page 11896
1 établie... Tout juste avant l'établissement de cette déclaration, j'étais
2 interrogé par deux messieurs appartenant à ce Tribunal, et je leur
3 signalais avoir rencontré le maire de Vitez. Mais je ne me souvenais plus
4 de son nom et ils m'ont signalé... Ces personnes m'ont signalé que le
5 maire de Vitez aurait porté ce nom.
6 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous aviez avec vous à
7 l'époque un interprète ?
8 M. De Boer (interprétation). - Non.
9 M. Sayers (interprétation). - Et vous ne vous souvenez plus de
10 la personne, ou du nom de la personne que vous avez rencontrée ? Est-ce
11 bien exact ?
12 M. De Boer (interprétation). - La personne que j'ai rencontrée
13 s'est présentée, j'en suis certain. Elle s'est présentée en sa qualité de
14 maire de Vitez. Mais je ne suis pas en mesure de donner un nom à ce
15 fonctionnaire.
16 M. Sayers (interprétation). - Si c'est le cas, passons à autre
17 chose, Monsieur le Témoin. Vous dites avoir eu plusieurs réunions avec le
18 maire, ou du moins la personne dont vous croyez qu'elle était le maire de
19 Busovaca, M. Zoran Maric. Vous dites, à la page 1, de votre déclaration
20 préalable : "Il semblait être le commandant du HVO de la municipalité de
21 Busovaca". Etes-vous toujours de cet avis-là aujourd’hui ?
22 M. De Boer (interprétation). - C'était mon impression, et cette
23 impression, je l’ai gardée.
24 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Quelques questions
25 portant sur les impressions que vous avez eues de ce qu'était la structure
Page 11897
1 de commandement militaire du HVO. Vous saviez que le quartier général
2 principal du HVO était à Mostar. ?
3 M. De Boer (interprétation). - Non, je n’en n’étais pas
4 conscient.
5 M. Sayers (interprétation). - Si c'est le cas, je ne vais pas
6 vous poser d'autres questions sur ce point.
7 En rapport avec... Parlons de Blaskic. Commandant, vous l'avez
8 rencontré le 21 avril 1993, pour négocier la liberté de circulation d'un
9 convoi, afin que celui-ci puisse franchir un barrage routier à Busovaca,
10 n'est-ce pas ? Pour vous aider, veuillez consulter la rubrique concernant
11 le 21 avril 1993.
12 M. le Président (interprétation). - Qui se trouve à quelle
13 page ?
14 M. Sayers (interprétation). - 00284494. Il y est dit que le
15 lieutenant-colonel De Boer était allé à une négociation pour obtenir la
16 liberté de circulation à travers un barrage routier de Busovaca avec le
17 colonel Blaskic, et ceci se produit en avril 1993, le 21 pour être plus
18 précis. Est-ce bien exact ?
19 M. De Boer (interprétation). - Vous pouvez répéter la date ?
20 M. Sayers (interprétation). - Volontiers, excusez-moi, le
21 21 avril 1993. Est-ce que vous avez encore la question à l'esprit, ou
22 voulez-vous que je la repose ?
23 M. De Boer (interprétation). - Un instant, je vous prie.
24 M. Sayers (interprétation). - Mais bien sûr.
25 M. De Boer (interprétation). - Je viens de lire ce passage,
Page 11898
1 pouvez-vous rappeler votre question ?
2 M. Sayers (interprétation). - Oui. Est-ce que vous vous souvenez
3 du fait que, à 9 heures 15 du matin, le 21 avril 1993, vous vous êtes
4 rendu à un endroit pour négocier la liberté de circulation avec le colonel
5 Blaskic, commandant de la zone opérationnelle du HVO ?
6 M. De Boer (interprétation). - Je me souviens qu'à l'époque, je
7 ne sais plus si c'est le 21, c'est indiqué ici et c'est tout à fait
8 possible, j'avais sûrement l'intention, comme c'est indiqué... Je pense
9 que l'interprétation n'est pas tout à fait correcte. Je pense que
10 l'interprétation n'est pas tout à fait précise.
11 M. Sayers (interprétation). - De quelle façon ?
12 M. De Boer (interprétation). - Je vais répéter. Je me souviens
13 que, à cette époque, un certain nombre d'événements se sont produits comme
14 indiqués dans le document. Je me souviens également que j'ai tenté, que
15 j'ai essayé de nouer des négociations afin que nous obtenions la liberté
16 de passage. Il se peut très bien que j'ai eu l'intention de le faire avec
17 M. Blaskic. Je me souviens d'avoir discuté avec un militaire avec comme
18 résultat, avec comme résultat que nous avons en effet obtenu le libre
19 passage. Mais j'ai des doutes quant à la question de savoir si j'ai
20 discuté de cela avec Blaskic.
21 Plus fort, je pense qu'il ne s'agissait pas du tout de Blaskic.
22 Pourtant, ce qui est indiqué dans le texte correspond à la vérité car on
23 précise ici quelle était mon intention.
24 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. La Chambre l'aura
25 remarqué, à plusieurs reprises, ce n'est pas ici un exercice de mémoire.
Page 11899
1 Vous ne pouvez faire part que ce dont vous vous souvenez. Je vais
2 simplement vous poser quelques questions brèves et générales sur les
3 conflits qui ont commencé à se produire au mois de janvier. Vous étiez
4 présent au cours de ces combats en janvier 1993 ?
5 M. De Boer (interprétation). - En effet, j'étais présent dans
6 cette zone, ou à Busovaca, ou auprès d'une de mes autres compagnies. Et
7 l'une de ces compagnies était une compagnie belge qui, en janvier, se
8 trouvait à Pancevo, à proximité de Belgrade. Et c'est ainsi,
9 régulièrement, que je me suis rendu auprès de cette compagnie.
10 M. Sayers (interprétation). - Je ne veux pas vous interrompre,
11 non pas parce que je suis impoli, mais je voulais simplement savoir si
12 vous étiez présent aux combats en janvier à Busovaca ?
13 M. De Boer (interprétation). - Présent, oui, mais où ?
14 M. Sayers (interprétation). - Ce sont simplement des questions
15 de nature générale. Il est certain que, vers la fin du mois de janvier,
16 les forces musulmanes de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont établi des
17 barrages routiers à Kacuni, et au cours des combats ont pris le contrôle
18 d'une partie importante de l'artère de ravitaillement à proximité de
19 Kacuni, à quelques kilomètres de Busovaca, jusqu'à Bilalovac. Est-ce
20 exact ?
21 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
22 M. Sayers (interprétation). - Il est certain que les forces de
23 l'armée de Bosnie-Herzégovine contrôlaient la principale artère juste à
24 l'est du carrefour de Kaonik, à Katani, à Merdani.
25 M. De Boer (interprétation). - D'après mon souvenir, oui.
Page 11900
1 M. Sayers (interprétation). - Bien. Ce qui veut dire que les
2 forces musulmanes contrôlaient les deux parties de la principale artère de
3 ravitaillement, du moins la partie qui allait de Busovaca à Zenica, et la
4 partie du tronçon qui allait de Busovaca à Kiseljak, ce qui veut dire que
5 la seule partie qui se trouvait sous contrôle croate de cette artère
6 allait de Busovaca à Vitez ? Est-ce exact ?
7 M. De Boer (interprétation). - Je pense.
8 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez qu'au nord-
9 est de Busovaca les forces musulmanes avaient déclenché une offensive sur
10 plusieurs villages, dont les villages de Dusina et Lasva ?
11 M. De Boer (interprétation). - Je n'en suis pas certain.
12 M. Sayers (interprétation). - Mais vous n'avez jamais entendu
13 parler d'un incident au cours duquel 12 Croates ont été torturés et tués
14 par des membres de la 7e Brigade musulmane le 26 janvier 1993 ?
15 M. De Boer (interprétation). - Je n'en ai jamais entendu parler.
16 M. Sayers (interprétation). - D'après le recensement de 1991, le
17 village de Oseliste, qui est juste au sud de Kacuni, était croate à 100%.
18 N'est-il pas exact de dire que les Croates ont été expulsés de ce village
19 de Oseliste le 20 janvier 1993, que leurs maisons ont été détruites par le
20 feu ?
21 M. De Boer (interprétation). - Je ne le sais pas.
22 M. Sayers (interprétation). - Je vais simplement vous poser
23 quelques questions dans le cadre des réunions que vous avez eues avec
24 M. Kordic, la première réunion étant la réception que vous avez organisée
25 à l'intention des communautés croates et musulmanes de Bosnie pour
Page 11901
1 Noël 1992.
2 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
3 M. Sayers (interprétation). - Beaucoup de dignitaires, de
4 représentants de diverses municipalités, des représentants des forces
5 armées des deux parties y ont participé, y ont assisté, n'est-ce pas ?
6 M. De Boer (interprétation). - Tout à fait.
7 M. Sayers (interprétation). - Monsieur Kordic faisait partie de
8 ces personnalités, il y était avec sa femme, n'est-ce pas ?
9 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
10 M. Sayers (interprétation). - Monsieur Kordic n'a pas tenu des
11 propos méprisants à l'égard des Musulmans, n'est-ce pas ?
12 M. De Boer (interprétation). - Il ne l'a jamais fait.
13 M. Sayers (interprétation). - Dans la déclaration que vous avez
14 fournie en 1995, on ne fait pas état du fait que M. Kordic, apparemment,
15 vous aurait été présenté par le truchement de vos interprètes comme étant
16 le colonel Kordic ? Veuillez examiner la page 2 de votre déclaration
17 préalable : je crois qu'on fait référence à la réunion que vous avez à ce
18 moment-là à l'occasion de la Noël avec M. Kordic. Peut-être que
19 M. l'huissier pourra la placer sur le rétroprojecteur.
20 M. De Boer (interprétation). - J'ai le texte sous les yeux.
21 M. Sayers (interprétation). - On ne fait pas référence au fait
22 que M. Kordic vous ait été présenté comme étant un colonel ?
23 M. De Boer (interprétation). - Non, en effet.
24 M. Sayers (interprétation). - Fort bien, pas de problème. Vous
25 avez eu une seconde réunion avec M. Kordic, celle que vous avez décrite,
Page 11902
1 qui a eu lieu en mars 1993. Elle a été suscité par une visite effectuée
2 par le premier commandant militaire de la Forpronu, l'officier le plus
3 important, le général Philippe Morillon, n'est-ce pas, en Bosnie-
4 Herzégovine ?
5 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
6 M. Sayers (interprétation). - C'était donc un événement
7 important dans une petite localité comme celle de Busovaca, lorsque vous
8 avez un officier aussi important que le général Morillon qui se rend dans
9 une telle localité ?
10 M. De Boer (interprétation). - C'était la première fois que le
11 général visitait mon bataillon, en effet.
12 M. Sayers (interprétation). - A votre connaissance, Colonel
13 De Boer, c'était la première fois que le général Morillon se rendait à
14 Busovaca, n'est-ce pas ?
15 M. De Boer (interprétation). - Je ne me souviens pas d'une autre
16 occasion où il se serait rendu à Busovaca.
17 M. Sayers (interprétation). - Il serait exact de dire que c'est
18 un événement important et que plusieurs personnes ont participé à la
19 réunion que vous avez décrite, des représentants civils et militaires,
20 dont le maire de Busovaca, M. Zoran Maric, n'est-ce pas, dont vous avez
21 parlé précédemment ?
22 M. De Boer (interprétation). - Non, ce n'est pas exact. Le
23 général Morillon venait voir mon bataillon. Et cette visite avait été
24 préparée de telle façon qu'il se rende au quartier général, à l'état-
25 major, pour qu'il puisse aussi voir différentes compagnies. Initialement,
Page 11903
1 ce n'était pas l'intention d'avoir un contact commun avec des autorités
2 civiles ou militaires.
3 M. Sayers (interprétation). - Je comprends parfaitement ce que
4 vous nous dites. Il n'en demeure pas moins que l'officier du
5 renseignement S3 a contacté Busovaca pour s'informer de ce qui s'était
6 passé à propos de ces trois jeunes Musulmanes. Et c'est M. Kordic qui vous
7 a invité, vous et le général Morillon, ainsi que les personnes vous
8 entourant à venir à la salle d'opération de Busovaca, n'est-ce pas ?
9 M. De Boer (interprétation). - C'est correct.
10 M. Sayers (interprétation). - Il y avait M. Kordic, mais je
11 crois que vous avez dit que M. Maric, le maire de Busovaca, s'y trouvait
12 aussi.
13 M. De Boer (interprétation). - Cela est exact.
14 M. le Président (interprétation). - Je crois que nous devrons
15 lever l'audience sous peu. Est-ce que le moment s'y prête bien ?
16 M. Sayers (interprétation). - Oui.
17 M. le Président (interprétation). - Colonel, nous allons
18 maintenant avoir la pause déjeuner, pourriez-vous être de retour à
19 14 heures 30 ? Nous poursuivrons ainsi votre déposition.
20 M. De Boer (interprétation). - Mais bien sûr, Monsieur le
21 Président, je vous remercie.
22 (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 45.)
23 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, vous avez la
24 parole.
25 M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
Page 11904
1 Bonjour Colonel. Au moment de la pause déjeuner, nous discutions de la
2 remise en liberté des trois jeunes femmes de Busovaca qui ont été placées
3 sous votre garde et celle du général Morillon. Elles vous ont dit qu'elles
4 avaient été bien traitées, elles ne se sont pas contenté de vous dire
5 qu'elles ont été maltraitées, n'est-ce pas ?
6 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
7 M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez pas, en fait, où ces
8 jeunes filles avaient été gardées, n'est-ce pas ?
9 M. De Boer (interprétation). - Je ne le sais pas.
10 M. Sayers (interprétation). - Une question encore en rapport
11 avec la carte que vous avez vue dans la salle des opérations, au quartier
12 général de la brigade. Les lignes que vous avez vues, Monsieur, peut-être
13 souhaiteriez-vous consulter votre déclaration -je crois que cela figure en
14 deuxième page, premier paragraphe complet dans la déclaration que vous
15 avez faite en 1995-, dans cette déclaration vous avez dit penser que les
16 lignes qui figuraient sur cette carte représentaient la perception
17 qu’avait le HVO des lignes de confrontation avec l’armée des Serbes de
18 Bosnie. C’est toujours ce que vous affirmez aujourd’hui, n’est-ce pas ?
19 M. De Boer (interprétation). - La carte était à l'envers de
20 devant moi. A ce moment, je n’étais pas certain de la signification de ces
21 lignes.
22 M. Sayers (interprétation). - Très bien, mais vous avez affirmé,
23 il y a cinq ans, que vous pensiez que ces lignes représentaient la façon
24 que le HVO avait de concevoir les lignes de confrontation, ou en tout cas
25 le sentiment du HVO par rapport aux lignes des Serbes de Bosnie, n'est-ce
Page 11905
1 pas ?
2 M. De Boer (interprétation). - C'est une des possibilités.
3 M. Sayers (interprétation). - Ce matin, vous avez également
4 parlé de flèches que vous avez vues sur la carte, mais il y a cinq ans,
5 vous avez déclaré ne pas être sûr de l'endroit où s’achevaient ces flèches
6 mais vous avez dit que vous pensiez qu'elles pointaient dans la direction
7 d'Ahmici, n'est-ce pas ?
8 M. De Boer (interprétation). - Oui, c'est exact.
9 M. Sayers (interprétation). - Vous ne dites pas aujourd'hui que
10 ces lignes pointaient pas dans la direction d'Ahmici, n'est-ce pas ?
11 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
12 M. Sayers (interprétation). - Quelques questions encore,
13 Monsieur, je vous prie au sujet du carnet ; après quoi, nous en aurons
14 terminé. Saviez-vous que le 14 avril, c'est-à-dire juste avant le début
15 des hostilités, quatre officiers du HVO avaient été enlevés dans la région
16 de Novi Travnik ?
17 M. De Boer (interprétation). - Non.
18 M. Sayers (interprétation). - Je vous prierai de bien vouloir
19 jeter un coup d'oeil, au titre "15 avril 1993", dans le carnet,
20 page 00284425, paragraphe 5. Je vais en donner lecture. Monsieur
21 l'huissier placera sans doute le texte sur le rétroprojecteur dans
22 l'intérêt de tous. Nous en avons un exemplaire supplémentaire qui pourrait
23 peut-être être placé sur le rétroprojecteur pour aider les interprètes. Le
24 paragraphe 5 se lit comme suit, le titre étant "Novi Travnik". "Le HVO et
25 l'armée de Bosnie-Herzégovine s'accusent mutuellement de l’enlèvement
Page 11906
1 allégué des quatre officiers du HVO. Au jour d'aujourd'hui, aucun incident
2 ne s'est produit mais les barrages du HVO empêchent la liberté de
3 circulation aux Musulmans. Selon l'armée de Bosnie-Herzégovine, ceci est
4 une accusation erronée, montée de toutes pièces, destinée à nuire à la
5 réputation des unités musulmanes locales."
6 Vous rappelez-vous cette discussion, la discussion au sujet de
7 cet incident ?
8 M. De Boer (interprétation). - Non.
9 M. Sayers (interprétation). - Très bien, mais serait-il permis
10 de dire qu'il était assez habituel que les Musulmans blâment les Croates
11 pour de tels incidents et vice-versa ?
12 M. De Boer (interprétation). - C'est arrivé fréquemment.
13 M. Sayers (interprétation). - En fait, vous étiez à Busovaca
14 lorsqu'une entité appelée la Commission conjointe de Busovaca a été créée
15 suite aux incidents du mois de janvier. Vous rappelez-vous cela ?
16 M. De Boer (interprétation). - Il s'agissait de l'ECMM.
17 M. Sayers (interprétation). - Cette commission a d'abord été
18 présidée par Jeremy Fleming, si je ne m’abuse, puis par M. Mats Torping
19 et, durant votre service, elle a été présidée par M. Van der Pluijm. Vous
20 rappelez-vous ces trois moniteurs de l'ECMM qui ont présidé aux travaux de
21 la Commission conjointe de Busovaca ?
22 M. De Boer (interprétation). - A mon époque, il s’agissait des
23 deux premières personnes citées.
24 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous participé à l'une
25 quelconque des réunions de cette Commission conjointe, Monsieur ?
Page 11907
1 M. De Boer (interprétation). - Jamais.
2 M. Sayers (interprétation). - Je vous demanderai de prendre la
3 page suivante, le titre étant : "16 avril 1993", paragraphe 5. J’aimerais
4 vous demander simplement si vous vous rappelez un incident au cours duquel
5 le commandant Zivko Totic, commandant de la brigade du HVO de Zenica, la
6 brigade Jure Francetic, a été enlevé et quatre de ses gardes du corps ont
7 été tués, ainsi que des passants. Vous rappelez-vous cela ?
8 M. De Boer (interprétation). - Non je n'en ai même jamais
9 entendu parler.
10 M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez donc aucun avis au
11 sujet des observations figurant dans vôtre logbook quant au fait que la
12 cause directe des combats dans la région de Vitez Santici semblait résider
13 dans l'enlèvement récent du commandant du HVO de Zenica, au cours duquel
14 quatre de ses gardes du corps et des civils ont été tués ? Vous n'avez pas
15 la moindre connaissance au sujet de l'enlèvement allégué d’officiers du
16 HVO de Novi Travnik ? Ceci n’a pas fait partie, dans votre souvenir, de ce
17 qui a été discuté avec les officiers des services de renseignement ou
18 d'information ?
19 M. De Boer (interprétation). - On en a peut-être parlé en
20 interne, au niveau des canaux militaires, mais c'est un sujet dont je n'ai
21 jamais parlé avec d'autres personnes.
22 M. Sayers (interprétation). - Les observations qui figurent dans
23 le logbook du bataillon portent sur quelque chose sur lequel vous n'avez
24 pas d'avis, n'est-ce pas, s'agissant de la cause des combats ?
25 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
Page 11908
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11909
1 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais maintenant que nous
2 prenions la page 00284430, qui porte le titre : "19 avril 1993". Au
3 point 3, nous lisons le mot "Vitez". Dans le logbook de votre bataillon,
4 il est question, à ce niveau, des événements de Gornja Veceriska, du fait
5 que Podbrezje est totalement fouillée et que la plupart des villages
6 croates à l’ouest et au sud-ouest de Zenica ont subi un nettoyage
7 ethnique.
8 Avez-vous vu l’un quelconque de ces villages croates, mentionnés
9 dans ce logbook du bataillon, qui ont subi les le nettoyage ethnique ?
10 M. De Boer (interprétation). - Non, je ne me suis jamais rendu
11 dans ces villages.
12 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais entendu parler de
13 ce genre d’activités dans la zone située au nord de Busovaca et jusqu’à
14 l’ouest de Zenica à la mi-avril 1993 ?
15 M. De Boer (interprétation). - Je n’ai pas davantage de
16 renseignements que ce qui figure ici.
17 M. Sayers (interprétation). - Je vous demanderai maintenant de
18 prendre la page suivante. Nous voyons le titre "Busovaca", correspondant à
19 la date du 20 avril 1993 où il est dit : "A 4 heures de l’après-midi, à
20 peu près, le commandant du HVO de Busovaca, Grubesic, a autorisé le
21 rétablissement de la circulation dans les deux sens". J'en ai déjà parlé
22 avec vous précédemment, et vous avez dit ne pas vous rappeler ce fait.
23 Mais qui, dans votre bataillon, avait des rapports avec le commandant de
24 la brigade de Busovaca, vous en rappelez-vous ?
25 M. De Boer (interprétation). - Je pense que ce travail était
Page 11910
1 plus généralement assumé par mon officier de renseignements.
2 M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur. Nous poursuivons,
3 je crois que nous avons encore cinq minutes de questions. Je vous réfère à
4 la page 00284433 à présent. En haut de cette page, nous trouvons une
5 référence à des discussions de haut niveau tenues le 20 avril 1993 au
6 siège de commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Zenica, entre le
7 général Halilovic, commandant de ce que l’on suppose être le 3ème Corps
8 d'armée de l’armée de Bosnie-Herzégovine et le général Petkovic,
9 commandant du HVO, ainsi qu’avec le colonel Blaskic, commandant de la zone
10 opérationnelle de Bosnie centrale, et le général Morillon, commandant de
11 la Forpronu.
12 Avez-vous été au courant de ces discussions de Zenica qui ont
13 débouché sur un cessez-le-feu, suite aux combats qui avaient éclaté à la
14 mi-avril 1993 ?
15 M. De Boer (interprétation). - Pas au moment où ces contacts ont
16 eu lieu, mais assez rapidement après.
17 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais rencontré le
18 général Halilovic ou le général Petkovic ?
19 M. De Boer (interprétation). - Je ne me suis rendu qu'une seule
20 fois au quartier général du 3ème Corps. Je ne me souviens pas du nom des
21 personnes avec qui j’ai parlé.
22 M. Sayers (interprétation). - Etiez-vous au courant du fait que
23 le général Petkovic était l'officier supérieur du colonel Blaskic ?
24 M. De Boer (interprétation). - Cela semble être très clairement
25 le cas. Mais à ce moment-là, je l'ignorais.
Page 11911
1 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que M. Kordic n'a
2 participé à aucune de ces négociations en vue de cessez-le-feu, à quelque
3 moment que ce soit ?
4 M. De Boer (interprétation). - Je n'en étais pas conscient.
5 M. Sayers (interprétation). - Je vous demanderai de vous pencher
6 sur le texte qui suit la date du 28 avril 1993, page 00284446, en
7 référence à la région de Busovaca, paragraphe 3, le village de Kazagici,
8 il est stipulé que "après que l’armée de Bosnie-Herzégovine ait occupé le
9 village, dans les 24 heures qui ont suivi, des dommages importants ont été
10 causés aux maisons et constatés sur les maisons, pratiquement toutes les
11 maisons étant en feu".
12 Savez-vous ce qui s'est passé dans le village de Kazagici avant
13 le 29 avril 1993, Monsieur ?
14 M. De Boer (interprétation). - Négatif.
15 M. Sayers (interprétation). - Finalement, le dernier titre est
16 celui du "1er mai 1993". Je crois qu’on le trouve deux pages plus loin. On
17 y trouve une référence au commandant Dusko Grubesic lorsqu’il est question
18 de Busovaca.
19 Juste en-dessous, au paragraphe 3, intitulé "Jelinak", nous
20 trouvons une référence au fait que 10 ou 15 maisons du village de Jelinak
21 ont été incendiées. Avez-vous été au courant de cet incident impliquant
22 des incendies, Monsieur ?
23 M. De Boer (interprétation). - Non, je ne l’étais pas.
24 M. Sayers (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur le
25 Colonel. Je n’ai pas d’autres questions à poser.
Page 11912
1 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, nous
2 n'avons pas de question à poser à ce témoin.
3 M. Scott (interprétation). - Quatre questions, Monsieur le
4 Président, pour ce témoin. Colonel, s'agissant des deux réunions que vous
5 avez eues avec M. Kordic, et du souvenir que vous avez de ces rencontres,
6 je crois que nous pouvons tous convenir du fait que la déclaration
7 recueillie en avril 1995, dans laquelle vous parliez de ces réunions,
8 cette date de 1995 était plus proche des événements que nous ne le sommes
9 aujourd'hui, n'est-ce pas ?
10 M. De Boer (interprétation). - C'est exact.
11 M. Scott (interprétation). - Affirmez-vous dans votre
12 déposition, aujourd'hui, que M. Kordic a mené ces rencontres de bout en
13 bout et a décidé de la remise en liberté des jeunes femmes musulmanes ?
14 M. De Boer (interprétation). - Tout à fait exact.
15 M. Scott (interprétation). - Maître Sayers vous a interrogé au
16 sujet d'un barrage routier et du rôle qu'aurait joué le colonel Blaskic
17 dans l'enlèvement de ce barrage, je crois vous avoir entendu dire que ce
18 n'était pas M. Blaskic qui avait agi ainsi. Vous rappelez-vous cela ?
19 M. De Boer (interprétation). - Oui.
20 M. Scott (interprétation). - Avez-vous le moindre souvenir quant
21 à l’identité de la personne qui aurait pu agir ainsi si ce n'était pas le
22 colonel Blaskic ?
23 M. De Boer (interprétation). - Je ne me rappelle pas du nom.
24 M. Scott (interprétation). - S’agissant du logbook, je vous
25 demanderai, avec l'aide de l’huissier, de vous repencher sur le texte qui
Page 11913
1 suit la date du 16 avril 1993.
2 M. le Président (interprétation). - Je vous demande la page.
3 M. Scott (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Les
4 quatre derniers chiffres de cette page sont 4426.
5 M. Scott (interprétation). - Maître Sayers a appelé votre
6 attention sur la première partie du paragraphe 5, où il est fait référence
7 à l'enlèvement. Pourriez-vous, je vous prie, prendre en compte la fin de
8 ce paragraphe 5 également ? Est-ce bien l'évaluation faite par vos
9 opérations opérationnelles stipulant que les tensions entre l'armée de
10 Bosnie-Herzégovine et le HVO en Bosnie centrale ont résulté de tentatives
11 de la part du HVO pour créer une communauté croate d'Herceg-Bosna
12 indépendante ?
13 M. De Boer (interprétation). - Je pense qu'il est plus probable
14 que cette information provienne de la cellule renseignements du BritBat,
15 car cette cellule était utilisée par lui comme une de ses principales
16 sources d'informations.
17 M. Scott (interprétation). - Est-il permis de dire que les
18 différents éléments de la Forpronu partageaient leurs informations ?
19 M. De Boer (interprétation). - Oui, bien sûr.
20 M. Scott (interprétation). - Et je crois que ce sera la dernière
21 question qui porte sur la référence dans le logbook, en date du 19 avril.
22 Je vais vous citer la page dans quelques instants. Ce sera la page 4430,
23 les quatre derniers chiffres sont 4430.
24 J'aimerais appeler votre attention, Monsieur, sur le
25 paragraphe 3, sur cette page. Maître Sayers a fait référence aux villages
Page 11914
1 croates situés au sud-ouest et à l’ouest de Zenica. J'ai deux questions à
2 poser à ce sujet. Vous-même ou l’une quelconque des personnes membres de
3 votre commandement a-t-elle été en mesure de vérifier que ce nettoyage
4 ethnique ne s’était jamais produit ou, pour autant que vous le sachiez,
5 s’agissait-il d'une information provenant d'une source tierce ?
6 M. De Boer (interprétation). - Non, l'officier de renseignements
7 accompagnait à quelques reprises des patrouilles du BritBat.
8 Effectivement, dans certains cas, il a pu constater un certain nombre de
9 choses lui-même, mais je ne peux pas assurer avec certitude que cet
10 incident ait fait l'objet de telles constatations.
11 M. Scott (interprétation). - J'en arrive à ma dernière question
12 à ce sujet, qui est la suivante : avez-vous jamais entendu dire, ou votre
13 attention a-t-elle jamais été appelée sur l'allégation selon laquelle les
14 Croates eux-mêmes auraient agi pour déplacer leur population, c'est-à-dire
15 les Croates, en les faisant quitter cette zone ?
16 M. De Boer (interprétation). - J'ai le souvenir que pendant
17 toute la période où nous étions présents, régulièrement de telles
18 déclarations circulaient, à propos de toutes les parties.
19 M. Scott (interprétation). - Très bien. Je n'ai pas d'autres
20 questions, Monsieur le Président. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.
21 M. le Président (interprétation). - Colonel, merci d'être venu
22 devant ce Tribunal international pour témoigner. Vous pouvez disposer
23 maintenant.
24 (Le témoin quitte le prétoire.)
25 (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)
Page 11915
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 Pages 11915 – 11924 expurgées – audience à huis clos partiel.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11925
1 [expurgée]
2 [expurgée]
3 [expurgée]
4 [expurgée]
5 [expurgée]
6 [expurgée]
7 [expurgée]
8 (La séance se poursuit en audience publique avec le témoin
9 M. Van der Pluijn.)
10 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
11 M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il donner
12 lecture de la déclaration solennelle ?
13 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je déclare solennellement
14 que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
15 M. Nice (interprétation). - Votre identité complète, Monsieur,
16 s'il vous plaît ?
17 M. Van der Pluijn (interprétation). - Cornelius Van der Pluijn.
18 M. Nice (interprétation). - Monsieur Van der Pluijn, nous avons,
19 je pense, toujours avec nous un interprète qui est en mesure d'interpréter
20 à partir du néerlandais vers l'anglais. Malheureusement, nous n'avons pas
21 d'interprète qui soit en mesure d'interpréter de l'anglais vers le
22 néerlandais. Ce qui veut dire que, si vous avez un problème quelconque au
23 moment où je vous pose une question en anglais, n'hésitez pas à me
24 demander de la répéter ou de la reformuler.
25 M. Van der Pluijn (interprétation). - D'accord.
Page 11926
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11927
1 M. Nice (interprétation). - Mais si vous voulez à un moment
2 donné parler en néerlandais pour expliquer davantage, pour apporter des
3 éclaircissements, faites-le sans hésiter, sachant qu'il faudra ménager une
4 petite pause, quelques instants, de façon à ce que nous puissions recevoir
5 l'interprétation.
6 Je crois que vous vous êtes déjà trouvé dans ce bâtiment hier.
7 C'est alors qu'un résumé a été constitué, n'est-ce pas ?
8 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
9 M. Nice (interprétation). - Et vous êtes satisfait du contenu de
10 ce résumé ? Le témoin peut-il l'avoir sous les yeux, Monsieur le
11 Président ? Y a-t-il des objections ?
12 M. le Président (interprétation). - Objection ?
13 M. Sayers (interprétation). - Pas de la part des avocats de
14 M. Kordic.
15 M. Kovacic (interprétation). - Ni non plus de ceux de M. Cerkez.
16 M. Nice (interprétation). - Vous êtes commandant à la retraite,
17 vous étiez responsable de la logistique pour la formation des réservistes
18 à la base de l'armée néerlandaises. Au cours de votre carrière, vous avez
19 travaillé dans l'infanterie, les mortiers, la logistique, n'est-ce pas ?
20 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
21 M. Nice (interprétation). - Vous avez aussi été observateur ou
22 moniteur de l'ECMM du 12 janvier au 7 avril 1993. Vous êtes arrivé sur
23 place à un moment où la situation entre les Musulmans et les Croates de
24 Bosnie, et ceci surtout dans la zone de Busovaca, Kiseljak, Travnik et
25 Novi Travnik, la situation était très tendue ?
Page 11928
1 M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout à fait.
2 M. Nice (interprétation). - Parlez simplement de l'état de
3 confiance qui, selon vous, régnait entre les deux parties.
4 M. Van der Pluijn (interprétation). - J'ai constaté qu’en fait
5 ils ne se faisaient aucunement confiance. Je l'ai vécu en différentes
6 circonstances, plus particulièrement en ce qui concerne les promesses
7 qu'ils se faisaient mutuellement.
8 M. Nice (interprétation). - D'accord, merci. Je reviendrai par
9 la suite à la question des documents de façon plus ordonnée. Je le ferai
10 dans quelques instants. Je vais passer directement au paragraphe 7 et
11 suivants du résumé. Au cours de votre mission, en qualité de moniteur,
12 combien de fois avez-vous rencontré M. Kordic ?
13 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je l’ai rencontré une fois
14 et je l’ai revu une deuxième fois.
15 M. Nice (interprétation). - Vous dites l’avoir revu, en présence
16 de qui ceci s’est produit et où ?
17 M. Van der Pluijn (interprétation). - Autant que je me
18 souvienne, c'était lors d'une réunion auprès du Bataillon britannique à
19 Vitez, en présence d'un colonel britannique, Stewart, un certain nombre de
20 membres de l'ECMM, M. Blaskic et M. Hadzihasanovic.
21 M. Nice (interprétation). - Vous souvenez-vous de la teneur de
22 cette réunion ou pas ?
23 M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, je ne peux qu'émettre
24 des hypothèses. Non.
25 M. Nice (interprétation). - Parlons de l'autre fois où vous
Page 11929
1 l'avez rencontré. Mais auparavant, même si vous avez eu des difficultés à
2 fixer un rendez-vous, pensez-vous que cette réunion s'est produite avant
3 ou après votre permission ? Vous êtes parti en permission le 26 février.
4 M. Van der Pluijn (interprétation). - Avant la permission.
5 M. Nice (interprétation). - Fort bien. Parlons de cette réunion
6 que vous avez eue avec M. Kordic. Est-ce qu’elle portait sur la visite que
7 devait effectuer le général Maars, un général néerlandais, dans votre zone
8 de responsabilité ?
9 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, en effet, le général
10 Maars souhaitait rendre visite au Bataillon néerlandais dans la région de
11 Busovaca.
12 M. Nice (interprétation). - S'agissant des déplacements de ce
13 général, que s'est-il passé ?
14 M. Van der Pluijn (interprétation). - J'ai appris au quartier
15 général du Bataillon britannique qu'il avait été arrêté au point de
16 contrôle sur la route de Kiseljak à Busovaca. J'ai entendu que Kordic
17 demandait que l’on mette fin à ce blocage, pour lui permettre de rejoindre
18 le quartier général du Bataillon hollandais.
19 M. Nice (interprétation). - Reprenons ceci dans le détail.
20 M. Van der Pluijn (interprétation). - Comme vous voulez.
21 M. Nice (interprétation). - Où êtes-vous allé voir M. Kordic ?
22 M. Van der Pluijn (interprétation). - A son quartier général à
23 Busovaca, dans un bâtiment au centre de la localité.
24 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il avait des gardes ?
25 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, il était gardé.
Page 11930
1 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous avez réussi à le voir,
2 était-il seul ou y avait-il des personnes avec lui ?
3 M. Van der Pluijn (interprétation). - Il était accompagné
4 d'autres personnes. Il y avait aussi un interprète anglais.
5 M. Nice (interprétation). - Que portait-il comme vêtement ?
6 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je ne sais pas.
7 M. Nice (interprétation). - En civil, en uniforme ?
8 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je ne sais pas.
9 M. Nice (interprétation). - Est-ce que, vous, vous aviez un ou
10 plusieurs interprètes avec vous ?
11 M. Van der Pluijn (interprétation). - Il y avait deux
12 interprètes qui m'accompagnaient.
13 M. Nice (interprétation). - De la région ?
14 M. Van der Pluijn (interprétation). - Un de la région.
15 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous parler du
16 comportement qu'ils avaient à l'épode ?
17 M. Van der Pluijn (interprétation). - Il y avait une jeune femme
18 musulmane qui était inquiète. Elle a eu des problèmes dès l'accès au
19 bâtiment.
20 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez expliqué ceci à
21 M. Kordic ?
22 M. Van der Pluijn (interprétation). - Ma position...
23 M. Nice (interprétation). - La position du général ?
24 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, je l’ai expliqué.
25 J'ai expliqué que bloquer le général lors d'une visite rendue à des
Page 11931
1 troupes néerlandaises, cela n'allait pas.
2 M. Nice (interprétation). - Quel fut son comportement et puis
3 dites-nous ce qu’il a fait, ce qui s’est passé ? Parlez-nous d'abord de
4 son comportement.
5 M. Van der Pluijn (interprétation). - Il trouvait que c’était un
6 problème pas très important. Il souriait. Quand il a vu que je me fâchais,
7 il a accepté de prendre contact avec le point de contrôle pour laisser
8 passer notre général.
9 M. Nice (interprétation). - Il a passé un coup de fil ?
10 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, un coup de fil en
11 effet, et en ma présence.
12 M. Nice (interprétation). - A qui a-t-il téléphoné, si vous avez
13 pu le savoir ?
14 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je pense au point de
15 contrôle mais je n’en suis pas sûr.
16 M. Nice (interprétation). - Ce fut une conversation courte ou
17 longue ?
18 M. Van der Pluijn (interprétation). - Un bref appel
19 téléphonique, une conversation de quelques minutes. Tout a été réglé.
20 M. Nice (interprétation). - D'après ce que vous avez appris, le
21 problème a été réglé ?
22 M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout a été réglé.
23 M. Nice (interprétation). - Le général a pu franchir ce barrage
24 routier ?
25 M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout à fait.
Page 11932
1 M. Nice (interprétation). - Paragraphe 9, ne relisez pas le
2 résumé, la Chambre préfère vous entendre formuler ceci à votre façon.
3 Quelle idée vous êtes-vous fait du poste qu'il occupait, que ce soit au
4 niveau politique ou militaire ? Peu importe. Qu’avez-vous pensé de lui ?
5 M. Van der Pluijn (interprétation). - J’avais l'impression qu'il
6 était une autorité politique autorisée à Busovaca, qu'il était un leader
7 politique important, un responsable important civil.
8 M. Nice (interprétation). - Savez-vous s'il y avait un rapport
9 quelconque entre le poste qu'il occupait et celui de Blaskic ?
10 M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, je l'ignore. J'ai une
11 opinion, mais je ne sais pas. Je n'ai qu'une impression.
12 M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous remarqué à propos de
13 Blaskic, s'il était en réunion avec vous, à propos du pouvoir qu'il
14 exerçait ?
15 M. Van der Pluijn (interprétation). - Monsieur Blaskic donnait
16 l'impression... Comment dire ?Je vais m'exprimer autrement. Nous avons
17 affaire à M. Hadzihasanovic de l'autre côté qui... Blaskic n'était pas
18 toujours présent à ces réunions. On avait l'impression qu'il devait
19 souvent appeler ses supérieurs, les consulter.
20 M. Nice (interprétation). - Vous a-t-il jamais dit qui étaient
21 ses commandants supérieurs ?
22 M. Van der Pluijn (interprétation). - Bon, il a mentionné le
23 commandant d'un Corps, je ne sais pas lequel, d'un Corps mais je ne sais
24 pas lequel.
25 M. Nice (interprétation). - Dans la zone de Busovaca même, y
Page 11933
1 avait-il des gens supérieurs au niveau politiques par rapport à Kordic ?
2 M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, je ne le sais pas.
3 M. Nice (interprétation). - Avez-vous rencontré l'accusé Mario
4 Cerkez au cours de votre mission ?
5 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, je l'ai rencontré,
6 mais je ne lui ai pas parlé. Disons que je n'ai pas eu de contacts
7 personnels avec lui.
8 M. Nice (interprétation). - Vous êtes-vous fait une opinion de
9 lui, si c'est le cas, laquelle, et pourquoi ?
10 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je l'ai vu au quartier
11 général de Vitez. C'est un ancien militaire lui aussi. Mais la discipline
12 à ce quartier général n'était pas très impressionnante. On pouvait passer
13 là sans aucun problème. Les gardes étaient là, discutaient avec mes
14 interprètes, ils se connaissaient, ils se souriaient, donc manque de
15 discipline.
16 M. Nice (interprétation). - Je vais d'abord évoquer les
17 paragraphes 11 à 13, et m'intéresser aux documents.
18 Avez-vous pu constater quelles étaient les capacités de
19 transmission du HVO ? Si c'est le cas, quel type de transmission avaient-
20 ils ?
21 M. Van der Pluijn (interprétation). - Ils disposaient uniquement
22 de lignes des téléphoniques et de téléphones portables. C'est ce que j'ai
23 pu voir au quartier général de Kordic mais c’est aussi ce que j'ai pu voir
24 lors de nos réunions avec le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.
25 M. Nice (interprétation). - Etait-il facile de prendre contact
Page 11934
1 pour le HVO lorsque c'était nécessaire ?
2 M. Van der Pluijn (interprétation). - Difficile ? Non !
3 M. Nice (interprétation). - En février 1993, je pense que ceci
4 s’est passé à la gare routière de Busovaca, y a-t-il eu un échange qui
5 concernait quelque 200 personnes ? Les Musulmans n'étaient pas en âge de
6 porter les armes pour la plupart, et ils ont été échangés contre des
7 Croates qui avaient été détenus ? Est-ce qu'il y a eu cet échange ?
8 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, il y a eu un échange,
9 en effet.
10 M. Nice (interprétation). - Quel était l'état dans lequel se
11 trouvait les prisonniers, des deux côtés ?
12 M. Van der Pluijn (interprétation). - Des deux côtés, il y avait
13 des personnes blessées, des personnes ayant subi de mauvais traitements.
14 Des personnes en mauvais état.
15 M. Nice (interprétation). - Dans le cadre de votre travail de
16 contrôle sur les échanges de prisonniers, avez-vous découvert que le père
17 du général Merdan avait été soi-disant détenu au poste de police local de
18 Busovaca, même si les forces de police ont nié avoir un tel prisonnier ?
19 N’est-ce pas exact ?
20 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
21 M. Nice (interprétation). - En temps utiles, grâce à
22 l’assistance que vous avez manifestée, est-ce que l’on vous a montré deux
23 cellules vides et une dans laquelle se trouvait le père de Merdan ?
24 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.
25 M. Nice (interprétation). - Que vous a-t-on dit à propos de la
Page 11935
1 qualité de cette personne ?
2 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je n'ai pas compris la
3 question.
4 M. Nice (interprétation). - Que vous a dit le chef de la police
5 au départ, ou quelqu’un en son nom ? Que vous a-t-on dit à propos de la
6 personne détenue dans cette cellule ?
7 M. Van der Pluijn (interprétation). - D'abord, ils ont dit
8 qu'ils n'avaient pas de prisonniers politiques dans leur établissement
9 mais que des délinquants de droit commun. Quand j'ai découvert M. Merdan,
10 il a présenté ses excuses. Il s’est adressé aux gardes en disant : "Mais
11 qu'êtes-vous en train de faire ?".
12 M. Nice (interprétation). - Je pense qu’à l'époque le père de
13 M. Merdan avec quelque 70 ans.
14 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
15 M. Nice (interprétation). - Il a été détenu pendant un certain
16 temps, sans lumière et ce genre de chose ?
17 M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout à fait.
18 M. Nice (interprétation). - Je pense que nous pouvons passer au
19 paragraphe 15. Le 23 février, est-ce qu’une plainte vous a été formulée
20 par Blaskic, qui se plaignait du manque de nourriture pour les Croates ?
21 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, c'est exact.
22 M. Nice (interprétation). - Vous expliquez comment ceci a trouvé
23 une solution dans le résumé. Est-ce que, finalement, des camions ayant des
24 aliments ont été fouillés à un poste tenu par l'armée de Bosnie-
25 Herzégovine ?
Page 11936
1 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
2 M. Nice (interprétation). - Qu’est-ce qu’on y a trouvé ?
3 M. Van der Pluijn (interprétation). - On a trouvé des grenades à
4 main, des munitions, tout cela recouvert par des pommes de terre.
5 M. Nice (interprétation). - Manifestement, là, on avait trompé
6 l'ECMM ?
7 M. Van der Pluijn (interprétation). - Exactement.
8 M. Nice (interprétation). - Paragraphe 18, je crois que vous
9 avez, lors d'une action, participé au fait de retrouver un soldat de
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait été tué derrière les lignes
11 croates. Vous avez été aidé par un interprète d'origine musulmane ?
12 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
13 M. Nice (interprétation). - Vous vous êtes approché des Croates
14 avec un interprète musulman. Que s'est-il passé pour l’interprète ?
15 M. Van der Pluijn (interprétation). - Les Croates l’ont reconnu,
16 ont constaté que c'était un garçon musulman de Jajce, son père avait
17 également un appartement, une maison à Busovaca. Ils l'ont battu.
18 M. Nice (interprétation). - En votre présence ?
19 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, en effet. Et puis
20 j'ai fait prendre l’homme qui battait le garçon. Je lui ai dit d'arrêter.
21 Il s'est arrêté de battre l'interprète.
22 M. Nice (interprétation). - Paragraphe 4 d'un document très
23 court : inutile de faire référence à ce document qui a déjà été produit,
24 même si le témoin en parle dans la première phrase du paragraphe 4.
25 Est-il exact de dire que le 30 janvier, il a été décidé de
Page 11937
1 mettre sur pied la Commission conjointe de Busovaca avec l'accord de
2 Hadzihasanovic et Blaskic ?
3 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.
4 M. Nice (interprétation). - En quelques mots, je vous demande
5 comment cette Commission était censée travailler ?
6 M. Van der Pluijn (interprétation). - Nous avons constaté que se
7 rendre uniquement auprès des commandement locaux était insuffisant. Nous
8 avons créé ce que nous appelions la Commission mixte, afin de rassembler
9 les commandements locaux sous notre supervision, de les encourager à
10 conclure des accords. Cette initiative, c'est nous qui l'avions prise.
11 Nous n'avions pas reçu d'ordre à cet effet.
12 M. Nice (interprétation). - Paragraphe 14, il est question de
13 l'incident suivant dans l'ordre chronologique. Je demanderai que le témoin
14 reçoive un jeu des pièces à conviction documentaires car je vais les
15 passer en revue les unes après les autres.
16 M. Nice (interprétation). - Peut-être le témoin pourrait-il
17 avoir un jeu sous les yeux, et M. l'huissier pourrait placer les documents
18 sur le rétroprojecteur en temps voulu. Je crois que cela faciliterait la
19 tâche de tout le monde.
20 Commençons par le document 471. Comme nous le voyons, il s'agit
21 d'un document interne qui, je crois, se compose d'une série d’ordres
22 négociés sous la présidence de Jeremy Fleming, président de la Commission
23 conjointe, n'est-ce pas ?
24 M. Van der Pluijn (interprétation). - C'était lui le président.
25 M. Nice (interprétation). - Je vous demanderai de passer à la
Page 11938
1 page suivante où nous voyons que, lors de la réunion tenue le 13 février,
2 l'équipe a été constituée, des décisions ont été prises et des ordres
3 conjoints promulgués.
4 Qu'attendiez-vous comme résultat de tout cela, je vous prie,
5 Monsieur le Témoin ?
6 M. Van der Pluijn (interprétation). - En fait, nous faisions
7 pleinement confiance au résultat à obtenir par cette commission, puisque
8 les deux parties souhaitaient participer à notre réunion, au niveau le
9 plus élevé.
10 M. Nice (interprétation). - Donc à quoi vous attendiez-vous, à
11 la conclusion de la paix ?
12 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, oui. Nous pensions
13 avoir mis un terme à la guerre en Bosnie centrale, puisque toutes les
14 parties se retrouvaient dans une même pièce. Elles nous ont dit : "C’est
15 ce que nous allons faire, c'est fou de se combattre ainsi. Nous allons
16 arrêter les hostilité, les combats, les destructions, les incendies".
17 M. Nice (interprétation). - Nous voyons le contenu des décisions
18 officielles prises à ce moment-là, mais les engagements pris ont-ils été
19 respectés ? La paix a-t-elle tenu ?
20 M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, non, pas du tout.
21 Dire pas du tout, c'est peut-être aller trop loin. Mais tous les
22 engagements pris n'ont pas été respectés.
23 M. Nice (interprétation). - Entre Hadzihasanovic, d’une part, et
24 Blaskic d'autre part, y a-t-il eu de bons résultats du point de vue de la
25 façon dont l'un ou l'autre de ces hommes remplissait ses promesses, ou y
Page 11939
1 avait-il une différence dans le comportement de ces deux personnes ?
2 M. Van der Pluijn (interprétation). - J’ai une interprétation
3 personnelle, mais les deux ont pleinement coopéré. C'était la même chose
4 pour les personnes appelées ou envoyées à participer aux travaux de notre
5 Commission conjointe, comme Merdan, Blaskic et les autres représentants.
6 M. Nice (interprétation). - Vous dites que c'est votre
7 interprétation personnelle. C'est exactement ce que je vous demandais : de
8 partager avec nous. Vous étiez sur place, vous avez vu ce qu’ont fait ces
9 hommes.
10 M. Van der Pluijn (interprétation). - Il était plus facile de
11 collaborer avec Hadzihasanovic qu'avec Blaskic.
12 M. Nice (interprétation). - Pourquoi ?
13 M. Van der Pluijn (interprétation). - Hadzihasanovic disait
14 "Bon, je donnerai les ordres", c’est ce qui se passait, alors que Blaskic
15 disait à chaque moment : "Il faut que je parle à mon commandement".
16 M. Nice (interprétation). - Le document suivant est le
17 document 548.2, qui est faussement décrit au paragraphe 4 comme étant le
18 document 548.1., alors qu’il s’agit du 548.2. C'est un document de
19 plusieurs pages qui décrit le contexte qui présidait aux travaux de la
20 Commission conjointe de Busovaca et les objectifs poursuivis par cette
21 commission. Si nous examinons, par exemple, la page 4 de ce document, où
22 l'on voit en haut à droite, le n° 0475826, il est stipulé que "dans la
23 situation actuelle, des dispositions pratiques relatives à la Commission
24 conjointe, celles-ci sont telles et telles".
25 En page suivante, on trouve le nom de ceux qui soutenaient la
Page 11940
1 Commission, et il est question d'un certain nombre d’autres éléments liés
2 à la Commission. Je ne vais pas rentrer dans les détails. Mais suis-je en
3 droit de dire, Monsieur, que c'est bien la description de la façon dont la
4 Commission était censée fonctionner ?
5 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.
6 M. Nice (interprétation). - Nous pouvons passer à la pièce
7 suivante, pièce 556.1, paragraphe 16. Il s'agit, si je ne m'abuse, d'un
8 rapport de mission conjointe et, si nous nous référons à la fin du
9 document, page 475817, je vous demande si l'une des signatures que nous
10 trouvons sur cette page est bien la vôtre ?
11 M. Van der Pluijn (interprétation). - ...
12 M. Nice (interprétation). - C'est ma faute, est-ce bien votre
13 rapport ?
14 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, c’est mon rapport et
15 je l'ai signé.
16 M. Nice (interprétation). - Rendez-vous compte de la façon dont
17 ont été exécutés les ordres délivrés conjointement un peu plus tôt ?
18 M. Van der Pluijn (interprétation). - Je ne sais pas exactement
19 quelle est votre question.
20 M. Nice (interprétation). - Si vous prenez la page 475815, en
21 haut à droite, vous voyez quelles sont les conclusions que vous avez
22 établies quant à l’exécution des ordres conjoints signés le 13 février. Il
23 est rappelé dans ce texte que jusqu'au 19 mars, donc cinq semaines après
24 la prise de ces ordres, ces ordres n'avaient pas été exécutés, même pas en
25 partie. Est-ce exact ?
Page 11941
1 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, oui, c'est correct.
2 M. Nice (interprétation). - Vous voyez que vous rappelez, au
3 milieu de cette page, l'existence toujours présente de méfiance et d'un
4 certain niveau de haine ?
5 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.
6 M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, et nous en
7 trouverons une référence dans le document le cas échéant, à ce moment-là,
8 quelle était la situation du point de vue du démantèlement du barrage
9 routier, de l'échange des prisonniers également ?
10 M. Van der Pluijn (interprétation). - L'échange de prisonniers,
11 dans la mesure où j'ai pu le contrôler personnellement, je pense que dans
12 la zone concernée les échanges de prisonniers ont été réalisés. Ce n'est
13 que dans une seule prison que j'ai trouvé ce qu'ils appelaient des
14 prisonniers de droit commun, alors que les autres prisons étaient vides.
15 Les barrages routiers, la situation changeait chaque jour : certains
16 jours, les barrages avaient disparu, et quelques jours plus tard ils
17 étaient remis en place. Nous avons pu installer des policiers. Dans pas
18 mal de barrages, on a fait appel à la police du côté croate et du côté
19 musulman. Dans la région de Novi Travnik, dans celle de Vitez, trois
20 barrages sont restés en place. Dans les régions de Novi Travnik, de Zenica
21 et de Vitez.
22 M. Nice (interprétation). - Le document suivant est le
23 document 570.1. Il s'agit d'un accord dont le titre est "Comité de
24 coordination de la Commission conjointe de Busovaca". Vous rappelez-vous
25 cet accord ?
Page 11942
1 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, tout à fait.
2 M. Nice (interprétation). - Qu’en était-il ?
3 M. Van der Pluijn (interprétation). - La commission conjointe
4 avait été acceptée à ce moment par l'ECMM. On a reconnu l'importance du
5 rôle de cette commission conjointe, les commandants les plus importants y
6 participaient. Cela avait été le résultat des accords signés à cette
7 époque.
8 M. Nice (interprétation). - Je vous demanderai de vous rendre en
9 page suivante, nous voyons certaines signatures : Hadzihasanovic, Karic,
10 Stewart...
11 M. Van der Pluijn (interprétation). - Jean-Pierre Thébault qui
12 était, à ce moment-là, à la tête de l'ECMM.
13 M. Nice (interprétation). - Ce plan suscitait-il une grande
14 confiance ?
15 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, comme tous les plans
16 que nous avons élaborés. Nous avons souvent été déçus.
17 M. Nice (interprétation). - S'agissant de ce plan particulier ?
18 M. Van der Pluijn (interprétation). - Ceci se situe à la fin de
19 ma mission et, à cette époque, les points les plus importants consistaient
20 à éliminer les barrages. C’est ce que je faisais chaque jour. Ma mission
21 consistait à démanteler les barrages. Cela a été quasiment réalisé, mais
22 tous les barrages n'ont pas disparu.
23 M. Nice (interprétation). - Une part de vos devoirs, dans le
24 cadre de cet accord, consistait à vérifier les plaintes déposées par les
25 Musulmans. Y a-t-il eu un grand nombre de telles plaintes ?
Page 11943
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13 page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la
14 pagination anglaise et la pagination française
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
Page 11944
1 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, cela dépendait des
2 endroits.
3 M. Nice (interprétation). - Y a-t-il eu une plainte
4 particulière, qui avait un rapport avec un Musulman se trouvant sur un
5 pont non loin du camp, dont vous vous souviendriez ?
6 M. Van der Pluijn (interprétation). - Au pont, à proximité de la
7 compagnie néerlandaise.
8 M. Nice (interprétation). - Oui, c’est cela.
9 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, on m'a signalé qu'on
10 avait tiré vers un homme musulman, à proximité du pont. La compagnie
11 néerlandaise m'en a informé et l'homme a été tué.
12 M. Nice (interprétation). - Dernier document, les deux derniers
13 documents en fait, documents 573.1 et 599.1.
14 Mme Ameerali (interprétation). - Je tiens à vous informer que le
15 document 573.1 a déjà reçu une cote, a peut-être déjà été utilisé comme
16 cote, peut-être pourrions-nous parler ici du document 573.2 ?
17 M. Nice (interprétation). - Je vous prie de m'excuser pour ceci.
18 Mais les documents que vous avez sous les yeux, Monsieur le Témoin, nous
19 apprennent-ils quelque chose au sujet de la situation des barrages
20 routiers au moment où vous avez quitté la région ?
21 M. Van der Pluijn (interprétation). - Tous les barrages ?
22 M. Nice (interprétation). - En tout cas, s’agissant des hommes
23 qui tenaient ces barrages routiers.
24 M. Van der Pluijn (interprétation). - Ah les hommes ! L'accord
25 visait justement à ce que, sur les barrages routiers, on y mette des
Page 11945
1 hommes des deux parties. Les barrages routiers, au moment de mon départ,
2 étaient sous la charge des policiers, de policiers civils, autant du côté
3 des Croates que du côté des Musulmans.
4 M. Nice (interprétation). - Si nous examinons ce document 573.1
5 ou 573.2, que vous avez sous les yeux, je vous demanderai de nous dire,
6 Monsieur, de bien vouloir nous dire de quels documents il s'agit. Pour
7 autant que vous le sachiez, quelle est la nature de ce document,
8 Monsieur ?
9 M. Van der Pluijn (interprétation). - Ce document, je l’avais
10 établi à ma propre intention, pour pouvoir procéder à la vérification des
11 barrages routiers.
12 M. Nice (interprétation). - La première référence que l’on
13 trouve dans ce document est "NO2, Biljesevo", il est question de police
14 civile, de police locale de Kakanj. Pouvez-vous nous donner votre
15 interprétation, au sujet de cette référence en tenant compte de ce que
16 vous avez déjà dit ?
17 M. Van der Pluijn (interprétation). - Vous demandez ce que ceci
18 représente ?
19 M. Nice (interprétation). - Oui, veuillez expliquer cette
20 référence.
21 M. Van der Pluijn (interprétation). - Ici, nous parlons de la
22 route à proximité de Kakanj. Là, il y avait un abri qui avait été
23 installé, une petite maison, où ils avaient installé leur quartier
24 général. Comme je l’ai expliqué, deux policiers de chaque côté, et un
25 troisième en réserve dans la maison.
Page 11946
1 M. Nice (interprétation). - Donc, la présence de policiers
2 plutôt que de soldats représentait un progrès aux yeux de la Commission
3 conjointe ?
4 M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.
5 M. Nice (interprétation). - Ceci constitue un exemple.
6 Maintenant, nous pouvons passer à l'examen du dernier document 599.1. Sur
7 la première page de ce document, deuxième paragraphe, nous voyons qu'il
8 est stipulé que "cinq points noirs, tous du côté du HVO", ce sont les mots
9 utilisés. Pouvez-vous nous les expliquer, je vous prie ?
10 M. Van der Pluijn (interprétation). - C’est ce que nous
11 appelions des points noirs, en effet, puisqu'il s'agissait de cas de non-
12 conformité par rapport aux accords, concernant la mobilisation des
13 barrages routiers, certains étant occupés par des hommes portant des armes
14 lourdes.
15 M. Nice (interprétation). - Des progrès ont donc été constatés
16 en ce qui concerne les barrages, mais le succès n'était pas total ?
17 M. Van der Pluijn (interprétation). - Comme vous le dites.
18 M. Nice (interprétation). - Merci beaucoup, c’est tout ce que je
19 voulais demander à ce témoin.
20 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, ne pensez
21 vous pas, si votre interrogatoire doit être un peu plus long, qu’il serait
22 préférable de le commencer demain matin ?
23 M. Sayers (interprétation). - Compte tenu de la déposition déjà
24 faite par ce témoin, je peux être bref, mais je peux néanmoins commencer
25 demain matin en tout état de cause.
Page 11947
1 M. le Président (interprétation). - Très bien. Demain matin
2 donc. Monsieur Van der Pluijn, je vous demanderai de revenir dans ce salle
3 demain matin, à 9 heures 30 pour la fin de votre déposition. Dans
4 l'intervalle, je vous prierai de bien vouloir ne parler de votre
5 déposition à personne. Cela signifie également que vous ne devez pas en
6 parler avec les membres du Bureau du Procureur.
7 (L'audience est levée à 16 heures 10.)
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25