Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 11819

  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                    AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3                     Mardi 11 janvier 2000

  4                     (L'audience est ouverte à 09 heures 30.)

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Messieurs les Juges,

  6   il s'agit de l'affaire IT-95-14/2-T, le Procureur contre Dario Kordic et

  7   Mario Cerkez.

  8   M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, vous avez la

  9   parole.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 11   Tout d'abord, je demanderai à l'huissier de bien vouloir placer devant le

 12   témoin la traduction en croate de ses déclarations préalables,

 13   déclarations qu'il avait devant lui hier.

 14   (L'huissier s'exécute.)

 15   Et puis, aux fins du dossier, j'aimerais faire remarquer qu'il y

 16   avait deux omissions dans le compte rendu d'audience : à la page 72,

 17   ligne 25, apparemment il y avait des termes "prviska brigada" qui avaient

 18   été omis ; et à la page 105, ligne 17, le témoin avait dit qu'il avait

 19   discuté avec le commandant de la région. Le terme "région", ou de la zone,

 20   ce terme-là avait été omis.

 21   Si vous me permettez de poursuivre, Monsieur le Président ?

 22   M. le Président (interprétation). - Oui.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Témoin.

 24   M. Breljas (interprétation). - Bonjour.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Hier, nous avons parlé de votre


Page 11820

  1   affectation au poste de l'officier chargé de la propagande et de

  2   l'information, IPD. J'aimerais vous demander, si vous voulez bien me dire

  3   qui vous a expliqué, si éventuellement quelqu'un vous a expliqué, quelles

  4   étaient les fonctions de l'officier chargé de la propagande et de

  5   l'information.

  6   M. Breljas (interprétation). - Il n'y avait personne qui avait à

  7   m'expliquer quoi que ce soit parce que pratiquement personne n'était au

  8   courant de ce que moi je savais à cette époque-là. C'est la raison pour

  9   laquelle j'ai donné moi-même des explications aux autres de ce que cela

 10   voulait dire d'être officier de l'IPD.

 11   M. Kovacic (interprétation). - En ce qui concerne le rôle de

 12   Marinko Plavcic qui a été adjoint du commandant des Vitezovi, chargé de

 13   l'IPD, vous-même vous étiez par conséquent et également l'adjoint de

 14   l'adjoint ?

 15   M. Breljas (interprétation). - Oui, j'étais l'adjoint de

 16   l'adjoint, et à un moment donné M. Stewart est arrivé pour vérifier un

 17   certain nombre de choses au nom de la communauté internationale. Il y

 18   avait un certain nombre de journalistes également. Et moi j'ai posé la

 19   question pour savoir si c'étaient les journalistes qui l'accompagnaient.

 20   Il a dit que ce n'étaient pas les journalistes qui l'accompagnaient. J'ai

 21   donc dit à ces journalistes qu'ils n'avaient pas le droit de filmer à la

 22   caserne avant d'obtenir l'autorisation des autorités compétentes.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Breljas, excusez-moi,

 24   mais nous souhaitons tout simplement apprendre la réponse à la question

 25   que je vous ai posée : à quel moment étiez-vous devenu adjoint du


Page 11821

  1   commandant ?

  2   M. Breljas (interprétation). - Quinze jours plus tard.

  3   M. Kovacic (interprétation). - C'était le début du mois de mai ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'était pas début mai,

  5   mais plutôt la deuxième moitié du mois de mai.

  6   M. Kovacic (interprétation). - D'accord. A ce moment-là, vous

  7   étiez en relations directes avec l'officier qui était au niveau de la zone

  8   opérationnelle, ou de la région opérationnelle, comme vous dénommez ce

  9   secteur. Vous étiez chargé de la propagande et de l'information à un

 10   niveau supérieur, n'est-ce pas ?

 11   M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas dans quel sens

 12   vous parlez du niveau supérieur. Vous parlez donc du niveau de

 13   l'officier ?

 14   M. Kovacic (interprétation). - Oui.

 15   M. Breljas (interprétation). - A ce moment-là, je suis d'accord

 16   avec vous.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Et à ce moment-là, qui était

 18   l'officier chargé de l'IPD dans la zone opérationnelle ?

 19   M. Breljas (interprétation). - Moi, je n'ai pas tout de suite

 20   commencé à m'occuper de ces activités au niveau de la région

 21   opérationnelle. Je n'ai pas participé aux conférences de presse. Je

 22   connaissais mes fonctions, je connaissais ce qu'elles couvraient, mais je

 23   ne peux pas véritablement me souvenir du nom de l'officier supérieur. Mais

 24   je pense qu'il a été vétérinaire... son nom m'échappe.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Mais si je vous demande que dans


Page 11822

  1   un premier temps c'était M. Marko Prskalo, est-ce que c'était bien lui ?

  2   M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'était pas

  3   Marko Prskalo. Moi, je le connais, bien évidemment. Ce n'était pas

  4   Marko Prskalo, c'était quelqu'un d'autre.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Nous allons essayer quand même

  6   d'éclaircir un petit peu cette question-là parce que je pense que cela

  7   intéressera les Juges.

  8   En ce qui concerne Marko Prskalo, Marko Prskalo était celui qui,

  9   le 17 avril, s'était retrouvé à l'hôtel, il est sorti du véhicule des

 10   Warriors et il a été blessé par un tireur d'élite. Est-ce que vous avez

 11   entendu parler de cet incident ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Non, je n'ai pas entendu parler

 13   de cet incident.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce que c'était

 15   Dragan Ramljak ?

 16   M. Breljas (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas. Je

 17   ne pourrais pas vous donner des noms parce que j'oublie les noms. Je

 18   connais la physionomie et le visage, mais j'oublie les noms.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Merci, de toute façon, c'est une

 20   réponse également. Est-ce que vous pouvez me dire si, éventuellement,

 21   régulièrement, il y avait des réunions une fois par mois de l'IPD dans la

 22   région opérationnelle ?

 23   M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'est pas exact, c'est

 24   une fois par semaine. Je ne peux pas vous dire si c'était les mercredis ou

 25   les vendredis. Il y avait des conférences de presse de l'IPD qui avaient


Page 11823

  1   eu lieu régulièrement.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, une fois par

  3   semaine ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Oui, une fois par semaine. Et une

  5   fois par mois il y avait des réunions.

  6   M. Bennouna. - Il faudrait que dans votre échange avec le témoin

  7   vous marquiez une certaine pause. Je demande cela au témoin aussi, de

  8   marquer une certaine pause pour la traduction, parce que la traduction est

  9   tellement rapide qu'on a du mal à suivre.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Juge.

 11   Monsieur Breljas, nous parlons la même langue, c'est la raison pour

 12   laquelle nous parlons tellement vite que nous ne ménageons pas de pause ;

 13   les interprètes parlent également vite et les Juges ne peuvent pas suivre.

 14   Donc je vais vous demander de ménager des pauses.

 15   Pour ce qui est des réunions, c'est l'officier de l'IPD qui

 16   avait présidé ces réunions, n'est-ce pas ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'était Ramljak.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, c'est lui qui a

 19   présidé les réunions ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est lui qui a été officier

 21   de propagande et d'information.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Mais il y avait d'autres

 23   officiers qui également se rendaient à ces réunions et qui venaient

 24   d'autres secteurs ?

 25   M. Breljas (interprétation). - Oui.


Page 11824

  1   M. Kovacic (interprétation). - Vous nous avez dit par ailleurs

  2   -mais ce n'était pas tout à fait clair, j'aimerais vous demander de bien

  3   vouloir quand même me le confirmer-, vous avez dit lors de votre

  4   déclaration préalable, hier également, que les Vitezovi étaient en quelque

  5   sorte le 4e Bataillon de la brigade de Vitez. Est-ce que je vous ai bien

  6   compris ?

  7   M. Breljas (interprétation). - Oui, nous avons parlé de

  8   quatre parties de la région opérationnelle, et les Vitezovi, par

  9   conséquent, appartenaient à une des parties. Les Vitezovi appartenaient à

 10   la quatrième partie de la zone opérationnelle.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Et il n'y avait pas d'autres

 12   structures organisationnelles entre les Vitezovi et la brigade de Vitez ?

 13   M. Breljas (interprétation). - Du point de vue ordres, non. Mais

 14   en ce qui concerne les contacts, il y en avait.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez parlé par ailleurs de

 16   votre rôle en ce qui concerne le convoi de Salut, le convoi de Tuzla ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Je voudrais tout simplement

 19   attirer votre attention sur le fait que, lors de votre déclaration

 20   de 1996, cette première déclaration, qui était assez copieuse et que vous

 21   avez donnée aux autorités bosniennes, vous en avez beaucoup parlé ?

 22   M. Breljas (interprétation). - C'est tout ce que j'ai dit parce

 23   que c'est ce qui les a intéressé.

 24   M. Kovacic (interprétation). - C'était le 7 novembre 1996, vous

 25   avez ces déclarations sous vous yeux. J'aimerais attirer votre attention


Page 11825

  1   sur la page 6, version croate, cinquième paragraphe ; et version anglaise,

  2   page 10, deuxième paragraphe. Est-ce que vous avez trouvé ce paragraphe ?

  3   M. Breljas (interprétation). - Je n'en ai pas besoin, je le

  4   connais par coeur.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent vous le

  6   connaissez ?

  7   M. Breljas (interprétation). - Je le connais, je ne l'ai pas vu,

  8   mais je sais quelle était la situation sur le terrain. C'était la plus

  9   grande honte du peuple croate. Mais je ne veux pas parler du peuple

 10   croate, je veux parler plutôt des "crapauds" en Croatie et...

 11   M. Kovacic (interprétation). - Vous dites : "Kraljevic a demandé

 12   de moi de traduire aux membres des Nations Unies : il les a condamnés de

 13   transporter les blessés de Stari Vitez. Ils ont permis également qu'on

 14   fouille les chars", mais il est vrai...

 15   M. le Président (interprétation). - Un petit moment, s'il vous

 16   plaît. Est-ce qu'on traduit ce que vous dites ?

 17   M. Kovacic (interprétation). - Il s'agit de la déclaration du

 18   témoin qu'il a donnée le 7 novembre 1996. Il s'agit de la page 10, version

 19   anglaise, et il y a trois derniers paragraphes qui nous intéressent. Les

 20   interprètes ne disposent pas du texte.

 21   En effet, il s'agit du paragraphe, avant-dernier paragraphe.

 22   M. le Président (interprétation). - Il s'agit du paragraphe qui

 23   commence "Kraljevic a demandé de moi de lui faire l'interprétation...". Il

 24   serait indispensable que le transcript reprenne la traduction, si vous

 25   voulez que le témoin en parle.


Page 11826

  1   M. Kovacic (interprétation). - On pourrait peut-être mettre sur

  2   le rétroprojecteur le texte en question ?

  3   M. le Président (interprétation). - Oui, et vous donnez lecture

  4   des paragraphes en question en langue croate, et nous allons écouter la

  5   traduction.

  6   M. Kovacic (interprétation). - D'accord. Nous voyons le

  7   paragraphe sur le rétroprojecteur. Je vais donner lecture en langue

  8   croate : "Monsieur Kraljevic m'a demandé de donner l'interprétation aux

  9   membres des Nations Unies et de leur dire qu'ils ne peuvent pas poursuivre

 10   leur route, qu'ils allaient être condamnés parce que, soi-disant, ils

 11   transportent les blessés de Stari Vitez. Ils ont permis également qu'on

 12   vérifie les chars et qu'on vérifie ce qui s'y trouve et on ne leur a pas

 13   permis le passage.

 14   Je suis resté à Dubravica jusqu'à 2 heures du matin, et j'ai

 15   bloqué le passage à la Forpronu. C'est à ce moment-là que Kraljevic

 16   m'avait ordonné de laisser passer le convoi."

 17   Monsieur Breljas, c'est une déclaration que vous avez donnée

 18   en 1996, vous avez quand même eu un souvenir qui était plus vif ?

 19   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Vous n'avez pas parlé de Cerkez à

 21   ce moment-là. C'est bien la première fois que vous en parlez en 1998 ?

 22   Auriez-vous l'amabilité de nous dire ce qui est exact des deux choses ?

 23   M. Breljas (interprétation). - Il est vrai que Mario Cerkez

 24   était sur place, je l'ai retrouvé sur place. C'est lui qui m'a demandé de

 25   faire de l'interprétation. J'ai dit que, de toute façon, il n'est pas mon


Page 11827

  1   commandant, que c'est mon commandant qui va me donner l'ordre dans ce

  2   sens-là. Moi, je connaissais Kraljevic et c'est lui que je reconnaissais,

  3   il était l'unique que je reconnaissais en tant que commandant.

  4   Et au moment où lui-même est arrivé, il m'avait demandé de

  5   poursuivre et de traduire, ce que j'ai fait. Je me suis donc adressé au

  6   chauffeur du char et j'ai dit ce qu'on m'avait demandé.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, vous nous dites

  8   que les déclarations en 1998 étaient beaucoup plus détaillées, beaucoup

  9   plus précises et beaucoup plus exactes que celles de 1996 ?

 10   M. Breljas (interprétation). - Je ne dis pas qu'elles étaient

 11   plus exactes, mais de toute façon je ne pensais pas que pour les Bosniens

 12   c'était important que je cite Mario Cerkez, qu'il soit présent ou non. Ce

 13   qui était important pour eux, c'était de savoir que le convoi a été arrêté

 14   et qu'on a bloqué le passage.

 15   En revanche, en 1998, il y avait des gens qui étaient beaucoup

 16   plus experts, qui m'ont également posé des questions en détail, et c'est

 17   la raison pour laquelle j'ai répondu à tous les détails, à toutes les

 18   questions parce que je ne veux pas que vous me posiez des pièges, ici.

 19   M. Kovacic (interprétation). - En 1996, juste au-dessus de la

 20   signature, il y a la constatation selon laquelle vous avez tout dicté et

 21   que tout a été apporté dans la déclaration, que, par conséquent, vous

 22   signez la déclaration que vous avez donnée. Est-ce que c'est vrai ?

 23   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Les deux personnes, au cours de

 25   cet incident, étaient Mario Cerkez et Kraljevic ?


Page 11828

  1   M. Breljas (interprétation). – Mais Mario Cerkez était le

  2   commandant, alors que Darko Kraljevic ne l'était pas. Moi, j'ai dit qu'en

  3   ce qui me concerne Darko Kraljevic était le seul à pouvoir me donner des

  4   ordres, et avant qu'il arrive, je ne voulais pas faire de

  5   l'interprétation.

  6   M. Kovacic (interprétation). - Merci.

  7   M. le Président (interprétation). - Est-ce que nous avons

  8   terminé avec ce document ?

  9   M. Kovacic (interprétation). - Oui. J'aimerais demander à

 10   l'huissier de bien vouloir remettre la pièce à conviction que nous avons

 11   déjà vue hier : Z1380. Il s'agit d'un document assez volumineux, vous

 12   l'avez déjà vu, Monsieur Breljas, hier. On va vous le remettre. Il s'agit

 13   d'un rapport des Vitezovi qui a été adressé au bureau de l'état-major du

 14   HVO à Mostar. Je vais vous demander, si vous voulez bien, vous poser

 15   quelques questions à ce sujet-là.

 16   Hier, vous n'avez pas été tout à fait clair en répondant à la

 17   question concernant ceux qui étaient supérieurs aux Vitezovi. Vous avez

 18   donné des explications différentes. J'aimerais vous demander de bien

 19   vouloir lire attentivement ce document. Est-ce que vous l'avez ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Il va sans doute qu'il s'agit

 22   d'un rapport des Vitezovi en date du 18 février 1994 qui a été adressé à

 23   l'état-major du HVO. Je pense que nous sommes d'accord là-dessus ?

 24   M. Breljas (interprétation). - Attendez, je vais lire, je vais

 25   voir qui l'avait signé.


Page 11829

  1   M. Kovacic (interprétation). - Regardez un petit peu l'en-tête,

  2   regardez la signature.

  3   M. Breljas (interprétation). - Tout d'abord, il s'agit d'un

  4   rapport qui n'est pas correct. C'est un rapport qui a été rédigé au moment

  5   où Kraljevic a déjà été destitué car sa réputation était déjà mise en

  6   question. M. Vinac a pris le poste de commandement, il y a beaucoup de

  7   mensonges là-dessus. Par conséquent, il y a plein de choses qui sont

  8   inexactes, il y a un certain nombre de documents auxquels on se réfère. Il

  9   s'agit par conséquent d'un document qui date de cette époque-là, quand

 10   Vinac a pratiquement pris le poste.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce qu'il est vrai que ce

 12   document a été adressé au quartier général de Mostar ?

 13   M. Breljas (interprétation). - Je ne le sais pas.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Mais l'en-tête, regardez un petit

 15   peu.

 16   M. Breljas (interprétation). - L'en-tête, oui, mais moi je ne le

 17   sais pas. Ce que je sais, c'est qu'à cette époque-là Darko Kraljevic

 18   n'avait pratiquement aucune influence et il y avait des rapports qui

 19   avaient été faits soi-disant en son nom. Moi, je n'étais pas à ce moment-

 20   là chargé de l'IPD, de la propagande et de l'information. Par conséquent,

 21   moi je ne l'ai pas rédigé alors que j'aurais dû le rédiger.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, vous n'êtes pas

 23   au courant ?

 24   M. Breljas (interprétation). - Non.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Etes-vous d'accord avec moi pour


Page 11830

  1   dire que les Vitezovi étaient sous le commandement du HVO, du quartier

  2   général de Mostar, ou bien vous le niez ?

  3   M. Breljas (interprétation). - A un moment donné, avant que

  4   Kraljevic soit tué, en 1993, plus précisément début 1993, oui.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Début 1993, ils étaient sous le

  6   commandement du quartier général de Mostar ?

  7   M. Breljas (interprétation). - Oui.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Etaient-ils sous le commandement

  9   de la zone opérationnelle ?

 10   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Et par conséquent de M. Blaskic ?

 12   M. Breljas (interprétation). - A ce moment-là, ce n'était pas

 13   M. Blaskic. Il est arrivé à ce poste au mois de juillet 1993, alors qu'il

 14   était avant à Vitez, mais personne ne le respectait et tout le monde le

 15   mettait en question. Personne ne le respectait et personne n'écoutait ses

 16   ordres.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Vous voulez dire que Blaskic n'a

 18   pas véritablement commandé qui que ce soit au cours de la première moitié

 19   de 1993 ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Bien évidemment que non car il y

 21   avait des gens qui venaient dans son propre bureau avec des fusils.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, excusez-

 23   moi, mais je dois insister sur la transcription, sur le compte rendu. Il y

 24   a eu quelques commentaires au cours de ce procès au sujet des ordres et

 25   des écrits signés par Blaskic, et nous pouvons en conclure, à partir de


Page 11831

  1   ces écrits signés par M. Blaskic, que ces commentaires ont été adressés à

  2   toutes les unités qui lui ont été subordonnées. Par conséquent, il a été

  3   dit de manière explicite qu'il s'agissait également de l'unité de

  4   Vitezovi.

  5   Par conséquent, je pourrais, si vous le voulez bien, soumettre

  6   ces documents et les soumettre au témoin.

  7   M. le Président (interprétation). - Monsieur Kovacic, vous

  8   pouvez choisir la manière d'agir comme vous voulez qui correspond à la

  9   défense. Et quand ce sera convenable, à ce moment bien évidemment, vous

 10   pouvez éventuellement faire des commentaires au sujet de ces écrits.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Dans ce cas-là, je vais opter

 12   pour faire quelques commentaires car je pense que nous ne devons pas

 13   abuser de votre temps pour mettre en évidence un certain nombre de données

 14   qui ne sont pas exactes.

 15   Monsieur Breljas, hier vous avez parlé des prisonniers qui sont

 16   allés creuser des tranchées et vous avez parlé également de

 17   deux personnes, plus particulièrement d'un certain monsieur dénommé Vinac.

 18   Est-ce que vous savez quel était le poste qu'il occupait au sein du HVO ?

 19   M. Breljas (interprétation). - Je sais qu'il s'agissait d'un

 20   Vinac, je ne sais pas si son prénom était Mile. Je sais qu'il avait

 21   travaillé à la brigade de Vitez, et je sais qu'il était également

 22   commandant de pelotons de travail. C'est lui qui recueillait les gens, les

 23   prisonniers, pour les organiser et les envoyer pour creuser des tranchées

 24   et faire des activités différentes. Il était Vinac, mais je ne sais pas si

 25   son prénom était Mile.


Page 11832

  1   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Breljas, si je vous dis

  2   que ce M. Vinac qui était chargé des pelotons de travail, qu'il était

  3   chargé également des civils, qu'il travaillait à la municipalité et qu'il

  4   avait justement occupé un poste dans ce sens-là, affirmez-vous encore

  5   qu'il avait fait partie de la brigade ?

  6   M. Breljas (interprétation). - Non, je ne pense pas que lui

  7   était chargé du civil.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Mais vous, vous êtes sûr qu'il

  9   était membre de la brigade ?

 10   M. Breljas (interprétation). - N'essayez pas de me tendre un

 11   piège. Je sais qu'il avait occupé un certain nombre des postes, exercé des

 12   activités au nom de la brigade. Moi, je ne sais pas quel était le contrat

 13   qu'il avait signé. Moi, j'en avais assez également avec les Vitezovi, je

 14   ne pouvais pas encore m'occuper des autres.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Breljas, si on peut

 16   éclaircir un autre point. Bien évidemment, vous ne pouvez pas tout

 17   retenir, vous ne pouvez pas tout savoir. Vous pouvez dire qu'il y a un

 18   certain nombre d'éléments dont vous vous souvenez avec certitude, d'autres

 19   vous les connaissez à peu près. Mais je pose la question : est-ce que vous

 20   voulez affirmer de manière catégorique que Dragan Vinac était membre de la

 21   brigade de Vitez... Mile Vinac était membre de la brigade de Vitez ?

 22   M. Breljas (interprétation). - Non.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Hier, vous avez parlé d'une autre

 24   personne, et vous en avez parlé comme quelqu'un qui était membre de la

 25   brigade de Vitez. Vous avez dit que son surnom était "Zabac",


Page 11833

  1   "grenouille" ?

  2   M. Breljas (interprétation). - Oui.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Nous n'allons pas, une fois de

  4   plus, regarder votre déclaration, mais dans aucune déclaration, ni

  5   en 1996, ni en 1998 vous n'avez pas parlé de cette personne.

  6   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il y a un dilemme que je

  7   me pose : je ne sais pas si Zabac a été commandant de la prison de Kaonik,

  8   ou éventuellement de la police chargée de la brigade de Vitez. Mais je

  9   sais comment il était : il y en avait un qui était d'une taille toute

 10   petite, l'autre était beaucoup plus grand, il était mince. Par conséquent,

 11   je ne connais pas tout à fait les noms et les prénoms, et c'est la raison

 12   pour laquelle, probablement, j'ai fait quelques confusions. Moi, je suis

 13   de l'extérieur, je ne les connais pas tout à fait bien. Mais je sais et je

 14   reconnaîtrais la physionomie. Je ne connais pas et je ne reconnais pas les

 15   noms. L'un deux était surnommé "Zabac".

 16   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, Monsieur Breljas,

 17   si je vous dis "Aleksovski", est-ce que, éventuellement, c'est un nom qui

 18   vous dit quelque chose ?

 19   M. Breljas (interprétation). - A ce moment-là, "Zabac" était

 20   commandant de la police de la brigade de Vitez.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Mais à quelle police militaire

 22   pensez-vous ?

 23   M. Breljas (interprétation). - La police militaire de la brigade

 24   de Vitez.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Mais ils n'ont pas de police, ils


Page 11834

  1   ont un peloton, ils ont une unité de sécurité.

  2   M. Breljas (interprétation). - Monsieur, excusez-moi, mais je me

  3   souviens qu'il y avait un Musulman qui a été chassé, et je souviens qu'il

  4   y avait la police qui était venu lui demander de sortir de chez lui et

  5   puis ils l'ont arrêté.

  6   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Je demanderai à ce que

  7   l'on montre au témoin la pièce qui lui a déjà été montrée hier,

  8   deux pièces qui lui ont déjà été montrées hier : Z1335.1 et Z808, s'il

  9   vous plaît.

 10   (L'huissier remet les documents.)

 11   Monsieur Breljas, il s'agit des deux listes qui comportent les

 12   noms des soldats décédés. L'une est dressée par vous et l'autre par votre

 13   collègue Cilic, en date du 24 avril 1993 ; la vôtre datant du

 14   18 décembre 1993.

 15   Hier, vous avez dit qu'il y avait recoupement entre certains

 16   noms. Je vous prierai de bien vouloir prendre la liste de M. Cilic

 17   d'abord, c'est-à-dire la pièce Z808, et de regarder les noms n° 2, Lovro

 18   Kolak, entre parenthèses Brankov.

 19   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Expliquons d'abord aux Juges ce

 21   que veut dire ce qui figure entre parenthèses. C'est le prénom du père,

 22   n'est-ce pas ? C'est l'habitude chez nous d'inscrire le prénom du père

 23   après le nom d'une personne pour mieux l'identifier. C'est exact ?

 24   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Ce nom se retrouve sur votre


Page 11835

  1   liste au point 9 : Lovro Kolak, entre parenthèses Marko. C'est donc Marko

  2   le prénom du père, entre parenthèses. Ce n'est donc pas la même personne

  3   ou bien c'est une erreur ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, à Vitez il

  5   existe trois ou quatre noms de famille courants. Maintenant, savoir s'il

  6   s'agit de Marko ou de Markov, il est difficile de le déterminer avec

  7   précision. La liste que j'ai dressée, moi, comporte les noms des hommes

  8   qui sont morts et qui faisaient partie de l'unité spéciale. Mais à un

  9   certain moment, lorsque des espions ont été infiltrés dans l'unité

 10   spéciale des Vitezovi, ces noms se sont retrouvés parfois parmi les morts.

 11   Et finalement, lorsque j'ai tout transmis à la zone

 12   opérationnelle, je me suis rendu compte qu'il y avait un homme -celui dont

 13   nous parlons-, qui faisait partie à la fois des Vitezovi et, semble-t-il,

 14   de la brigade de Vitez. Mais pour moi c'était un membre des Vitezovi. Que

 15   pouvais-je faire ? Rien d'autre que ce que j'ai fait.

 16   M. Kovacic (interprétation). - Eh bien, il y a deux choses

 17   principales que j'ai comprises dans ce que vous venez de dire, Monsieur :

 18   dans la région de la vallée de la Lasva, il arrivait souvent que des

 19   personnes aient le même prénom et le même nom de famille, n'est-ce pas ?

 20   M. Breljas (interprétation). - La moitié de la zone

 21   opérationnelle de Vitez -et je ne rentrerai pas dans le détail des prénoms

 22   des hommes, des pères, des mères... Vraiment, c'est très compliqué.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, c'est tout ce

 24   que je voulais vous faire dire de façon à aller plus vite. Mais il

 25   existait aussi des cas où un soldat changeait d'unité, n'est-ce pas ?


Page 11836

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11837

  1   M. Breljas (interprétation). - Oui, vers la fin, effectivement.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Exact, merci. Eh bien, je n'ai

  3   plus rien d'autre à vous demander à ce sujet.

  4   Mais vous avez également parlé de Plavcic hier, qui est mort aux

  5   alentours de Novi Travnik et dont le nom figure sur la liste des soldats

  6   tués aux combats. J'en déduis donc que les Vitezovi, je vous demande si

  7   vous saviez que les Vitezovi agissaient également en dehors des limites de

  8   la municipalité de Vitez ?

  9   M. Breljas (interprétation). - Où les Vitezovi opéraient, je ne

 10   le sais pas parce que je n'étais pas présent à l'époque. Mais ils ont agi

 11   en Herzégovine.

 12   M. Kovacic (interprétation). - Mais je vous parle de l'unité des

 13   Vitezovi dont le siège était à Vitez, celle de Kraljevic.

 14   M. Breljas (interprétation). - Oui, quand je suis arrivé j'en ai

 15   entendu parler, mais je ne suis pas certain, je ne le sais pas avec

 16   certitude.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Mais au moment où vous êtes

 18   arrivé, ils n'étaient pas à Novi Travnik ?

 19   M. Breljas (interprétation). - Ils sont allés... le plus loin,

 20   jusqu'à Opara. C'est l'endroit où un curé et une religieuse ont brûlé.

 21   Cela, je le sais, et aussi jusqu'à un endroit appelé Prosje, quelque chose

 22   comme cela.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Mais en dehors de la municipalité

 24   de Vitez, n'est-ce pas ?

 25   M. Breljas (interprétation). - Oui, oui.


Page 11838

  1   M. Kovacic (interprétation). - Merci beaucoup. Hier, page 68 du

  2   compte rendu d'audience, vous nous avez parlé des ordres émanant de la

  3   brigade de Vitez et ordonnant aux membres des Vitezovi d'aller à la

  4   recherche des soldats qui fuyaient la mobilisation pour les ramener sur la

  5   ligne de front. C'est bien cela ?

  6   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est cela.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Je demanderai que l'on montre au

  8   témoin la pièce Z1279 qui a également été discutée hier.

  9   (L'huissier s'exécute.)

 10   Je prierai M. l'huissier de bien vouloir placer la version

 11   anglaise du texte sur le rétroprojecteur, page 5, le bas de la page 5...

 12   sur le rétroprojecteur, je vous prie.

 13   M. Breljas (interprétation). - Je n'ai pas le numéro des pages.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Effectivement, dans votre version

 15   les pages ne sont pas numérotées. Mais je vous demanderai d'abord de

 16   vérifier le nom du signataire pour vous le remettre en mémoire. Et je

 17   redemande à M. l'huissier de placer la page 5 de la version anglaise de ce

 18   document, le bas de la page 5 sur le rétroprojecteur. Dernière page du

 19   document, Monsieur l'huissier, ou plutôt, l'avant-dernière page de ce

 20   document. Je vous demande de nous montrer le bas de cette avant-dernière

 21   page. Plus bas, plus bas, c'est bien, merci.

 22   Monsieur Breljas, nous avons constaté qu'il s'agissait d'un

 23   document de l'administration chargée de la défense de Travnik, donc d'une

 24   structure dépendant du ministère de la Défense, de la communauté croate

 25   d'Herceg-Bosna signé par Anto Puljic, chef de l'administration.


Page 11839

  1   Et à cette avant-dernière page, je vous prierai de bien vouloir

  2   lire le point 4 du paragraphe 6, je cite : "En raison de l'inefficacité de

  3   la mobilisation, un ordre a été délivré à la police militaire, qui a

  4   permis d'amener un certain nombre de personnes sur le front, mais qui a

  5   été inefficace parce que les conscrits ont abandonné leurs positions sans

  6   autorisation pour repartir".

  7   Ensuite, au point 5 nous lisons : "L'unité spéciale des Vitezovi

  8   a réussi à exécuter ces ordres et à ramener tous les conscrits sur le

  9   front. Après cela, les conscrits inaptes ont été libérés du service

 10   militaire complètement ou engagés ailleurs".

 11   Donc, il est tout à fait manifeste que quelqu'un, un organisme

 12   autorisé, a émis un ordre écrit à cet effet destiné aux Vitezovi ?

 13   M. Breljas (interprétation). - C'est inexact, parce que si un

 14   tel ordre avait existé, un tel ordre écrit, j'aurais été le seul à le

 15   recevoir, à moins qu'il ne m'ait contourné pour l'adresser à quelqu'un

 16   d'autre. Mais, même si quelque chose d'illégal avait été fait, j'en aurais

 17   été informé, et je n'ai rien à voir avec cela.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Mais vous nous avez dit que la

 19   brigade de Vitez avait émis un tel ordre à destination des Vitezovi, et

 20   vous avez dit également que Cerkez a émis un ordre destiné aux Vitezovi ;

 21   mais que s'il l'avait fait, ils l'auraient tué.

 22   M. Breljas (interprétation). - Je ne vous comprends pas.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Vous l'avez dit hier, vous avez

 24   été affirmatif quant au fait que la brigade de Vitez avait demandé aux

 25   Vitezovi de capturer les soldats qui abandonnaient leurs positions.


Page 11840

  1   M. Breljas (interprétation). - Non, ce n'est pas ce que j'ai

  2   dit, Monsieur. Tout ce que j'ai dit, c'est qu'il y avait volonté à ce

  3   moment-là de nuire à la réputation des Vitezovi en allant de maison en

  4   maison pour ternir l'image des Vitezovi auprès des civils, puisque

  5   c'étaient les Vitezovi qui étaient censés rassembler les gens et les

  6   emmener au front.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Je vois. Donc vous ne prétendez

  8   pas qu'ils agissaient ainsi sur l'ordre de la brigade de Vitez ?

  9   M. Breljas (interprétation). - Non, et je dis également que cet

 10   ordre ne pouvait pas venir de Novi Travnik.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Ce ne sont pas des

 12   choses très importantes. Excusez-moi, Monsieur Breljas, nous pouvons

 13   avancer plus rapidement.

 14   M. Bennouna. - Je voudrais demander au témoin, Monsieur

 15   Breljas : qui avait intérêt à ternir l'image des Vitezovi ? Vous dites :

 16   "On a essayé de ternir l'image des Vitezovi auprès de la population". Qui

 17   voulait le faire ?

 18   M. Breljas (interprétation). - Le HVO.

 19   M. Bennouna. - Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Je dis cela parce que les

 21   Vitezovi avaient une très, très bonne réputation. En fait, jusqu'au jour

 22   d'aujourd'hui, leur nom est encore connu aujourd'hui. Ils étaient peut-

 23   être un peu brutaux de temps en temps mais, en tant que combattants, ils

 24   faisaient partie des meilleurs combattants de la région. De sorte que,

 25   lorsque le commandement d'une unité du HVO a été reprise par le HOS, il a


Page 11841

  1   été impossible de détruire le nom des Vitezovi. Mais ce qu'il a fallu

  2   qu'ils fassent, c'est d'abord gonfler la réputation des Vitezovi au

  3   maximum pour ensuite la détruire d'un seul coup. Et ceux qui ont agi ainsi

  4   agissaient dans l'intérêt de ceux qui voulaient que les Vitezovi soient

  5   détruits.

  6   M. Bennouna. - Donc, pour vous, c'est le HVO qui menait cette

  7   opération pour ternir l'image des Vitezovi ?

  8   M. Breljas (interprétation). - Oui, dans le but de dissoudre en

  9   définitive cette unité, cette formation.

 10   M. Bennouna. - Je vous remercie.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Puis-je continuer ?

 12   (Le Président fait un signe affirmatif de la tête.)

 13   A côté de Dubravica il y a un endroit où il était courant,

 14   dirons-nous, d'installer des postes de commandement temporaires, et

 15   c'était dans une station d'essence, une station-service Kolonija, n'est-ce

 16   pas ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Cela, c'était avant mon arrivée.

 18   Mais effectivement, c'était en face, de l'autre côté de la rue, là où a

 19   été installée l'école par la suite.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Mais dans le même bâtiment, dans

 21   le même immeuble, n'est-ce pas ?

 22   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Nous connaissons ce bâtiment tous

 24   les deux. En tout cas, il s'agit donc d'un bâtiment dans la ville de

 25   Vitez ?


Page 11842

  1   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Darko Kraljevic vivait à Rijeka,

  3   dans le quartier de Rijeka, n'est-ce pas ? Au voisinage immédiat de ce

  4   poste militaire et de Sumarija ?

  5   M. Breljas (interprétation). - C'est là où se trouvait sa

  6   maison, mais il avait également un appartement à Vitez.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Mais il avait effectivement une

  8   maison à cet endroit et sa mère y résidait ?

  9   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est tout à fait exact.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Et ses compagnons, ces hommes, se

 11   rassemblaient pour garder cette maison ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Oui, il y avait quelques Vitezovi

 13   autour de la maison.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Donc nous pourrions dire sans

 15   trop de risques de nous tromper qu'il y avait trois endroits principaux où

 16   les Vitezovi se rassemblaient et communiquaient ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Au début de votre déposition,

 19   vous ne pouviez pas vous rappeler une date avec certitude. Je vous renvoie

 20   à la date du 15 et 16. Vous avez dit que vous associez un certain nombre

 21   de choses à ces dates, un certain nombre d'événements. Pourriez-vous peut-

 22   être vous rappeler ce qui s'est passé plus précisément le 13 avril 1993,

 23   lorsqu'une tentative d'assassinat a été perpétrée contre Darko Kraljevic à

 24   Kruscica ? Vous rappelez-vous cela ?

 25   M. Breljas (interprétation). - Je n'étais pas là à ce moment-là,


Page 11843

  1   mais je me le rappelle. Je n'étais pas présent, je ne peux donc pas en

  2   parler avec beaucoup de précision car il me manquera sûrement des détails.

  3   M. Kovacic (interprétation). - C'était donc avant votre

  4   arrivée ?

  5   M. Breljas (interprétation). - Non, j'étais sur les lieux, mais

  6   j'étais ce jour-là à Zenica.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Très bien, merci. Vous avez parlé

  8   de ces cierges en hommage aux morts le 1er novembre 1993. Vous avez dit

  9   qu'ils avaient été allumés au nom de la brigade et que Cerkez était venu

 10   allumer un cierge. C'est exact ?

 11   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact.

 12   M. Kovacic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire ce qu'il en

 13   est de la Toussaint en Bosnie et dans l'ex-Yougoslavie de façon générale,

 14   mais plus précisément en Bosnie ? C'était un jour très important, n'est-ce

 15   pas, une tradition importante qui est toujours très respectée, n'est-ce

 16   pas ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Et un prêtre est venu également

 19   ce jour-là ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Que s'est-il passé ?

 22   M. Breljas (interprétation). - La sœur du colonel Misko était

 23   sur place. J'ai d'abord passé quelque temps avec elle, je l'ai ensuite

 24   laissée. En fait, ce n'était pas un prêtre, c'était un moine qui est venu

 25   ce jour-là. Il n'y avait pas beaucoup de danger, les gens se cachaient


Page 11844

  1   néanmoins quelque peu, compte tenu des risques qui pouvaient exister.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Vous savez que Cerkez est venu à

  3   cet endroit, d'un autre endroit où il avait agi d'une façon similaire

  4   avant de partir pour un troisième endroit où il a également agi de la même

  5   façon ?

  6   M. Breljas (interprétation). - Je ne le sais pas avec certitude,

  7   mais je crois que c'est une probabilité, effectivement, parce qu'il se

  8   rendait d'un endroit à l'autre.

  9   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Témoin, dites-nous je

 10   vous prie, vous rappelez-vous si Cerkez, ce jour-là, portait une veste

 11   noire ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Moi, je crois qu'il portait un

 13   uniforme de camouflage.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Mais quel était le protocole en

 15   cas de visite au cimetière ? N'était-ce pas de s'habiller de noir mais,

 16   bien entendu, dans des vêtements militaires ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Je ne pourrais pas le dire avec

 18   certitude, mais je crois qu'il portait un uniforme de camouflage.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Très bien, merci. Passons à un

 20   autre sujet. Sur la base de ce que vous avez dit jusqu'à présent dans

 21   toutes vos dépositions, il apparaît que vous admettez que le seul

 22   commandant commun, le seul supérieur commun à M. Kraljevic et à M. Cerkez

 23   était le colonel Blaskic.

 24   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il avait un poste plus

 25   important, il était supérieur officiellement mais personne ne l'écoutait,


Page 11845

  1   personne ne lui obéissait, personne n'exécutait ses ordres, et cela a duré

  2   jusqu'à la deuxième moitié de l'année 1993.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Bien, mais pensez-vous qu'il y

  4   avait une autre personne qui était un supérieur commun à ces deux hommes ?

  5   M. Breljas (interprétation). - C'était Dario Kordic.

  6   M. Kovacic (interprétation). - A ce sujet, vous n'avez aucun

  7   document, concrètement ?

  8   M. Breljas (interprétation). - Evidemment, puisqu'il n'en

  9   existait pas à l'époque.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Donc il ne s'agit que d'une

 11   évaluation de votre part, d'une opinion, d'un avis ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, ce n'est pas une

 13   évaluation, c'est une connaissance, une certitude, mais qui ne s'appuie

 14   pas sur une preuve.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Bien, je ne vais pas insister.

 16   J'ai un certain nombre d'ordres de M. Blaskic que je pourrais vous

 17   soumettre, mais je n'insiste pas. Monsieur Breljas, encore un point, je

 18   vous prie.

 19   Vous nous avez parlé des effectifs des Vitezovi, et j'aimerais

 20   vous poser quelques questions car il me semble que, peut-être par

 21   inadvertance un détail vous a échappé. Vous allez nous le dire. Dans votre

 22   déclaration au Procureur, cette déclaration d'une trentaine de pages que

 23   vous avez faite en 1998, en page 15 -vous pouvez vérifier-, vous dites que

 24   les effectifs des Vitezovi à ce moment-là étaient de 367 hommes. Ce

 25   chiffre est écrit en lettres et non pas en chiffres.


Page 11846

  1   Ensuite, page 13 du texte croate, page 15... Ce que je viens de

  2   citer se trouvait page 13 du texte croate, page 15 du texte anglais.

  3   M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, j'ai

  4   quelques difficultés à suivre.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser.

  6   M. le Président (interprétation). - Vous allez assez vite, si je

  7   puis me permettre de vous le dire. Pourriez-vous ralentir un peu ?

  8   M. Kovacic (interprétation). - Certainement. La déclaration que

  9   vous avez faite au Bureau du Procureur en 1998, page 13 du texte croate,

 10   page 15 du texte anglais, dans cette déclaration vous affirmez que les

 11   Vitezovi étaient au nombre de 367 hommes lorsque vous êtes arrivé dans

 12   cette unité. Ce chiffre est inscrit en lettres dans le texte.

 13   Mais hier, au début de votre déposition, vous avez mentionné le

 14   nombre de 180. Et un troisième chiffre a été cité, il est cité dans les

 15   documents réunis par le Procureur en vue de votre interrogatoire, le

 16   8 décembre  1999, et ce texte comporte votre signature en page 5 : il est

 17   indiqué que les effectifs des Vitezovi étaient d'environ 350, et ensuite

 18   les 180 hommes qui se trouvaient à Dubravica sont mentionnés dans le

 19   texte.

 20   Alors, finalement, je vous demande de nous dire : au début du

 21   conflit, quel était le chiffre exact constituant les effectifs des

 22   Vitezovi ?

 23   M. Breljas (interprétation). - Monsieur, personne ne pouvait le

 24   savoir. Lorsque j'ai parlé de 360 Vitezovi, je parle de ceux dont les noms

 25   étaient enregistrés. Quand je suis arrivé à Posusje, j'avais à peu près


Page 11847

  1   400 Vitezovi auxquels des soldes étaient versées. Et dans la caserne, le

  2   chiffre maximum des Vitezovi logés dans la caserne était de 180, c'est ce

  3   que j'ai constaté lorsque j'y ai habité moi-même. Donc, moi j'en ai

  4   connu 180.

  5   Mais les autres, ceux dont les noms étaient indiqués uniquement

  6   pour percevoir une solde, ceux qui restaient chez eux, ceux qui se

  7   cachaient pour éviter la mort, ceux-là je ne les connais pas.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Je vous demande maintenant ce que

  9   signifient les propos que vous venez de tenir. Vous dites "en dehors du

 10   nombre officiel, il y avait un nombre secret".

 11   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il y avait un certain

 12   nombre de personnes que j'appellerais des scouts, dont personne ne

 13   connaissait officiellement l'existence. Et puis, il y en avait trois ou

 14   quatre qui travaillaient illégalement, et personne non plus ne connaissait

 15   officiellement leur présence, même pas Blaskic ou Darko Kraljevic, à mon

 16   avis. C'étaient des membres des Vitezovi qui se contentaient d'exécuter

 17   des actions dans l'intérêt de Darko Kraljevic, jusqu'au moment où Darko

 18   s'est rendu compte que tout allait à l'envers et qu'en fait ils allaient

 19   contre ses intérêts.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Vous ne sauriez pas donner un

 21   chiffre indiquant combien d'hommes de genres existaient ?

 22   M. Breljas (interprétation). - Je pourrais le faire, mais je ne

 23   le veux pas.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Je prierai M. l'huissier de

 25   placer sous les yeux du témoin le document dont nous avons déjà parlé


Page 11848

  1   hier, document Z1153.1. Vous avez la version croate de ce document, n'est-

  2   ce pas ? Vous l'avez sous les yeux ?

  3   M. Breljas (interprétation). - Oui.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Je prierai M. l'huissier de bien

  5   vouloir placer la version anglaise de ce texte sur le rétroprojecteur, la

  6   première page d'abord. Monsieur Breljas, nous avons déjà examiné ce

  7   document hier, qui émane toujours de l'administration de la Défense de

  8   Travnik, M. Puljic écrit au chef du bureau de la Défense de Vitez,

  9   M. Marijan Skopljak. C'est exact ?

 10   M. Breljas (interprétation). - Oui, je le vois moi aussi.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Et dans ce texte, nous constatons

 12   que 8 hommes, pour être précis, 8 hommes qui travaillaient à la télévision

 13   de Vitez à ce moment-là sont désormais déployés dans la brigade de Vitez,

 14   c'est-à-dire qu'ils sont mobilisés. Ma question est la suivante : avez-

 15   vous la moindre connaissance au sujet de cette contrainte professionnelle,

 16   obligation de travail qui prévalait à l'époque ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Evidemment que je suis au

 18   courant.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Est-il manifeste que c'est de

 20   cela qu'il s'agit dans ce texte : c'étaient des personnes qui

 21   travaillaient à la télévision mais, le 3 août, les besoins de l'armée

 22   étaient de plus en plus importants, la situation devenant de plus en plus

 23   difficile et, bien entendu, certaines professions qui n'étaient pas

 24   indispensables pour satisfaire aux besoins de la vie quotidienne se

 25   voyaient désormais mobilisées ?


Page 11849

  1   M. Breljas (interprétation). - Là, vous n'avez pas raison. Zutum

  2   Zirtum était un homme honnête, c'était vraiment un journaliste, et il ne

  3   pouvait pas s'entendre avec tous ces autres, avec les voleurs qui

  4   l'entouraient. Il a donc été envoyé commander un groupe. Mais ceux qui

  5   étaient dociles, ceux qui se comportaient comme des chiens, eux sont

  6   restés à leur poste de travail.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Mais il y a également une liste

  8   de noms et quelques observations qui accompagnent ces noms. Monsieur

  9   l'huissier, je vous prierai de bien vouloir placer sur le rétroprojecteur

 10   la page 2 du document, c'est-à-dire l'annexe, en montrant si possible le

 11   bas du document. Merci.

 12   Monsieur Breljas, en haut de la liste, vous avez deux noms

 13   écrits à la main ; et en bas du document, à la main, la mention "tous sur

 14   le front". Alors, n'est-il pas évident à la lecture de ce texte que les

 15   personnes qui jusque-là travaillaient à la télévision se voient répartir

 16   des tâches sur le front, c'est-à-dire qu'ils sont mobilisés ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Monsieur, écoutez, vous me posez

 18   des questions au sujet de choses qui, à l'époque, ne m'intéressaient pas

 19   et qui ne m'intéressent pas aujourd'hui. Qui a été envoyé sur le front ?

 20   Qui venait de Vitez ? Si vous me posez des questions au sujet des

 21   Vitezovi, je vous répondrai, cela m'intéresse ! Mais là, qu'est-ce que

 22   j'en ai à faire des gens de Vitez qui ont été envoyés sur le front ?

 23   Qu'est-ce que j'en ai à faire ?

 24   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez parlé hier d'un

 25   cameraman de Vitez qui était devenu cameraman de la brigade.


Page 11850

  1   M. Breljas (interprétation). - Oui.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Alors, il est soit un soldat,

  3   soit cameraman à la télévision ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Monsieur, je ne vous ai pas dit

  5   cameraman de la brigade. Je vous ai dit qu'un cameraman était arrivé, que

  6   je ne connaissais pas.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Donc vous ne le connaissez pas ?

  8   M. Breljas (interprétation). - Non, bien sûr que je ne le

  9   connais pas ! Comment aurais-je pu le connaître ?

 10   M. Kovacic (interprétation). - Merci beaucoup. Point 23 sur

 11   cette liste, et vous l'avez dit hier déjà, vous avez dit que Cerkez et

 12   Kraljevic étaient amis depuis l'école, et c'est sur cela que vous faites

 13   reposer leur coopération.

 14   M. Breljas (interprétation). - Ils se connaissaient, ils se

 15   connaissaient. Cerkez connaissait Kraljevic, leurs familles se

 16   connaissaient depuis longtemps, donc forcément ils se connaissaient aussi.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Simplement une question encore,

 18   Monsieur Breljas. Savez-vous quelle est la différence d'âge entre les

 19   deux hommes ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Darko avait 27 ans, mais Mario

 21   Cerkez, je ne sais pas quel âge il avait, je n'ai pas regardé ses papiers

 22   d'identité.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Six ans de différence entre les

 24   deux hommes.

 25   M. Breljas (interprétation). - Si vous le dites, six ans,


Page 11851

  1   d'accord.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Vous pouvez donc supposer qu'ils

  3   ne sont pas allés à l'école ensemble ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, je n'ai pas

  5   dit qu'ils étaient dans la même classe. Mais moi, vous, nous tous sommes

  6   allés à l'école et certains étaient en première quand les autres étaient

  7   en sixième. Maintenant, est-ce que eux sont allés dans la même école, je

  8   n'en suis pas sûr, mais je sais en tout cas qu'ils se connaissaient.

  9   M. le Président (interprétation). - Ecoutez, avançons. Ne

 10   parlons plus de cette question d'école. Le témoin a dit hier qu'il n'avait

 11   pas de certitude au sujet de l'école.

 12   M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Merci, Monsieur le

 13   Président. Monsieur le Témoin, vous avez évoqué à plusieurs reprises un

 14   certain Vlado Krizanac. Est-ce l'homme qui est surnommé Sidi ? Vous avez

 15   dit qu'il appartenait aux Vitezovi ?

 16   M. Breljas (interprétation). - Oui, en effet.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Il était de Krizancevo Selo ?

 18   M. Breljas (interprétation). - Il avait une maison à

 19   Krizancevo Selo et ensuite il a déménagé dans un appartement à Vitez.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Très bien, donc au début du

 21   conflit, le 16 avril ?

 22   M. Breljas (interprétation). - Il était à Krizancevo Selo.

 23   M. Kovacic (interprétation). - C'est à 500 mètres de votre

 24   quartier général de Dubravica ?

 25   M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas si c'est


Page 11852

  1   500 mètres exactement.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Mais pas plus d'un kilomètre en

  3   tout cas, n'est-ce pas, un kilomètre au maximum ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Oui, d'accord.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Savez-vous s'il était à Dubravica

  6   le 16 avril, au quartier général, à la caserne, à l'école ou sur le

  7   front ?

  8   M. Breljas (interprétation). - Oui, Marinko était à l'école,

  9   Marinko Plavcic était à la station d'essence... Oui, oui, il était à

 10   l'école. Vinac, oui, il était à l'école.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Très bien, merci. J'aimerais que

 12   l'on remontre au témoin deux photographies qui ont déjà été versées au

 13   dossier, au sujet desquelles le témoin pourrait sans doute nous apporter

 14   une aide supplémentaire.

 15   M. le Président (interprétation). - Oui, très bien. On peut

 16   montrer ces photographies au témoin et les mettre sur le rétroprojecteur.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Il s'agit des pièces Z2774

 18   et Z2773. Ces photos ont été versées au dossier lors de l'audition du

 19   témoin Lee Withworth. Monsieur Breljas, il s'agit de membres de la brigade

 20   de Vitez, et je vous demande si vous reconnaissez l'une ou l'autre des

 21   personnes représentées sur cette photographie ?

 22   M. Breljas (interprétation). - Ante Pripivsak est ici, mais

 23   n'est pas membre de la brigade de Vitez mais des Vitezovi.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Excusez-moi, j’ai fait un lapsus,

 25   je voulais parler des Vitezovi. Qui voit-on sur les photographies ?


Page 11853

  1   M. Breljas (interprétation). - Anto Tikvic et puis, celui de

  2   droite aussi, et celui que l’on voit à peine, en partie, je crois que

  3   c'est Vinac. Je n’en suis pas sûr, mais je crois que c’est Vinac. Je

  4   connais les quatre en tout cas. Celui-là, c’est Niko Krizanac. Oui, bien

  5   sûr, comment est-ce que je ne le connaîtrais pas ?

  6   M. Kovacic (interprétation). - Et celui qui tient le fusil ?

  7   M. Breljas (interprétation). - C’est Niko Krizanac.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Tout à fait à gauche, est-ce

  9   Jarko Krizanac ?

 10   M. Breljas (interprétation). - Que l'on voit de dos ?

 11   M. Kovacic (interprétation). - Oui, oui, de profil.

 12   M. Breljas (interprétation). - Attendez, oui, je vais le

 13   reconnaître. Oui, Niko, Jarko Krizanac et Anto Tikvic.

 14   M. Kovacic (interprétation). - On voit bien les uniformes dont

 15   vous avez parlé ?

 16   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Sur cette photographie, il

 18   apparaît clairement que cet insigne ne correspond à aucun des deux que

 19   nous avons vus hier. Hier, nous avons vu ces insignes aux pièces à

 20   conviction Z1530 et Z2790.

 21   M. Breljas (interprétation). - Cela, je crois que c'est

 22   l'emblème Oustachi croate, un peu raccourci. En haut, il y a trois carrés.

 23   En principe, cela commence par trois, puis quatre, puis cinq et cela

 24   s’élargit par le bas.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Pour raccourcir, nous sommes


Page 11854

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11855

  1   d'accord sur le fait que les Vitezovi portaient des insignes très divers ?

  2   M. Breljas (interprétation). - Oui, tout à fait.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Donc pas uniquement les deux que

  4   nous avons vus hier ?

  5   M. Breljas (interprétation). - Officiellement, il y avait PPN

  6   Vitezovi d'une part, et puis l’éclair et le damier croate. C’étaient les

  7   deux insignes officiels, pour le reste, les gens portaient ce qu'ils

  8   voulaient.

  9   M. Kovacic (interprétation). - Peut-on montrer la deuxième

 10   photographie au témoin ? Pouvez-vous reconnaître l’une ou l’autre des

 11   personnes représentées ici ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Anto Tikvic est le premier de

 13   Cajdas ; l'autre, celui-là, je le connais.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Qui ?

 15   M. Breljas (interprétation). - Celui qui est à côté de lui. Le

 16   suivant, je ne le reconnais pas. Celui au bout, le dernier, son visage

 17   m’est familier...

 18   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce Krizanac, celui qu'on

 19   voyait de profil et de dos sur la photo précédente ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Je ne pense pas. Je ne pense pas

 21   que ce soit Karko Krizanac. Sur la première photo, j’avais l’impression

 22   que c’était Jarko Krizanac, mais ici,...

 23   M. Kovacic (interprétation). - Ceux que vous avez reconnus sont

 24   bien membres des Vitezovi ?

 25   M. Breljas (interprétation). - Oui, pour les deux premiers, je


Page 11856

  1   le garantis.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Monsieur l’huissier,

  3   vous pouvez enlever ces photographies du rétroprojecteur.

  4   Je vais vous poser encore une question. J'aimerais, si vous

  5   voulez bien, identifier un certain nombre de personnes. Si vous pouvez

  6   vous souvenir d'un certain nombre de personnes. Ce sont les noms dont il a

  7   été question dans cette affaire. De toute façon, s'ils appartenaient à une

  8   unité ou à une autre.

  9   Dragan Vinac, d'après vous, était membre des Vitezovi, n'est-ce

 10   pas ?

 11   M. Breljas (interprétation). - Oui, je pense que, au moment les

 12   Vitezovi se sont mis sous le commandement du HVO il a été membre des

 13   Vitezovi.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Mais il y avait un autre Dragan

 15   Vinac qui était de Veceriska ?

 16   M. Breljas (interprétation). - Oui, j'ai entendu parler de

 17   Dragan Vinac. Mais c'est là le problème : vous avez pratiquement les mêmes

 18   noms, vous avez beaucoup de Dragan, mais je pense que c'est le même.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Entendu. Je vais signaler

 20   quelques noms qui sont de Veceriska. Il y avait un certain Josip Franjic

 21   surnommé "Jesus", Jésus. Est-ce que vous le connaissez ? Vous dites oui ou

 22   non.

 23   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il faut que je

 24   réfléchisse, je ne sais pas.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Bon, mais dites oui ou non.


Page 11857

  1   Excusez-moi, je voulais simplement dire qu'il ne faut pas donner

  2   d'explications, bref. Vous réfléchissez, vous répondez.

  3   M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne me souviens

  4   pas de ce monsieur surnommé Jésus.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Et Zoran Franjic ?

  6   M. Breljas (interprétation). - Oui, cela m'est familier, cela me

  7   dit quelque chose.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Et Franjo Sapina ?

  9   M. Breljas (interprétation). - Oui, bien sûr.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Il a été suppléant adjoint de

 11   Kraljevic dans un premier temps.

 12   M. Breljas (interprétation). - Non, il a été tout simplement un

 13   soldat.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Nous parlons des Vitezovi ?

 15   Et Dragan, Darko Drmic ?

 16   M. Breljas (interprétation). - C'est le beau-frère de Plavcic,

 17   ou c'est Plavcic qui est son beau-frère, mais ils étaient en relations de

 18   parenté.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Il est de Donja Veceriska

 20   également ?

 21   M. Breljas (interprétation). - Non, il est de Dubravica.

 22   M. Kovacic (interprétation). - D'accord, il est de Dubravica. Et

 23   Zoran Franjic, surnommé "Garan" ?

 24   M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas

 25   d'où il est.


Page 11858

  1   M. Kovacic (interprétation). - D'accord, vous ne savez pas.

  2   Compte tenu du poste que vous occupiez, vous en parliez également dans

  3   votre déclaration préalable, vous en avez parlé comme de quelqu'un qui

  4   était lieutenant et qui était officier chargé de la logistique.

  5   M. Breljas (interprétation). - De qui parlez-vous ?

  6   M. Kovacic (interprétation). - De Zoran Franjic.

  7   M. Breljas (interprétation). - Non, j'ai parlé de Buha. Franjic,

  8   attendez...

  9   M. Kovacic (interprétation). - Mais la page 14 de votre

 10   déclaration ?

 11   M. Breljas (interprétation). - Attendez, il faut que je revois

 12   un petit peu où se trouve cette liste... Non, c'était Alilovic qui était

 13   chargé de la logistique, ce n'était pas Franjic.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Moi, j'ai une autre donnée : il

 15   paraît qu'il y avait Marko Mlakic, Tasko qui était avec vous ?

 16   M. Breljas (interprétation). - Marko Mlakic, il n'était même pas

 17   dans les Vitezovi ! Il y avait Stipe Batalija, il était chargé des

 18   entrepôts, des approvisionnements ; Josa Buha également.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Témoin, si vous

 20   voulez juste jeter un coup d'oeil sur la page 14, version croate, de votre

 21   déclaration, où vous avez cité un certain nombre des membres du

 22   commandement. Vous avez parlé de Zoran Franjic, vous avez dit qu'il était

 23   officier, lieutenant et chargé de la logistique.

 24   M. le Président (interprétation). - Un petit moment, il s'agit

 25   de la page 15, version anglaise, et je vais vous demander de placer sur le


Page 11859

  1   rétroprojecteur ce texte pour que tout le monde puisse suivre.

  2   M. Kovacic (interprétation). - D'accord. Version anglaise,

  3   page 15. Si vous voulez bien, Monsieur l'huissier, vous pouvez utiliser ma

  4   copie.

  5   Page 14, si vous voulez bien, Monsieur le Témoin, vous avez

  6   commencé à parler de Darko Kraljevic, Dragan Vinac, Borislav Sapina ;

  7   c'est le troisième page, 14.

  8   M. le Président (interprétation). - Ceci pourrait probablement

  9   être très important à un certain niveau du procès. Mais il serait peut-

 10   être plus simple, Maître Kovacic, que vous donniez lecture des noms qui

 11   figurent sur la liste. Et comme cela, ce sera considéré comme pièce à

 12   conviction qui sera versée au dossier.

 13   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez cité ici un certain

 14   nombre de personnes qui faisaient partie du commandement, vous avez parlé

 15   de Darko Kraljevic, Dragan Vinac, Borislav Sapina, Marinko Plavici, Dragan

 16   Markovic, Zoran Franjic, Ivica Alilovic et, enfin, votre propre nom, Anto

 17   Breljas. Etes-vous d'accord avec cela ?

 18   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est exact. En revanche, je

 19   n'ai pas parlé de Dragan Markovic, il était membre, et Zoran Franjic

 20   également. J'ai parlé d'autres. Je ne sais pas comment se trouve Miso

 21   Mijic en dernier, alors qu'il a été en deuxième position.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Mais Miso Mijic, je n'en ai pas

 23   donné lecture, c'est moi-même qui ai rajouté ce nom.

 24   M. Breljas (interprétation). - Excusez-moi, à ce moment-là.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur l'huissier, si vous


Page 11860

  1   voulez bien maintenant reprendre le document. J'ai encore une question à

  2   vous poser, Monsieur Breljas, c'est M. le Juge, au fond, qui m'a quelque

  3   peu poussé à poser cette question. Tout à l'heure, vous avez dit que vous

  4   étiez en conflit personnel avec M. Dragan Vinac qui était l'adjoint ?

  5   M. Breljas (interprétation). - Non.

  6   M. Kovacic (interprétation). - Mais pourquoi ?

  7   M. Breljas (interprétation). - Mais je n'ai jamais été en

  8   conflit, je n'ai jamais dit cela. J'ai simplement constaté que Dragan

  9   Vinac n'était pas membre des Vitezovi et qu'il allait tout simplement

 10   pousser les Vitezovi pour qu'ils aient des problèmes. Il les considérait

 11   un peu comme des voleurs et des crapauds, alors qu'il y avait

 12   véritablement des soldats véritablement honnêtes et courageux. Lui, il

 13   disait qu'ils étaient tous des voleurs, des gens qui pillaient, etc. C'est

 14   la raison pour laquelle j'ai dit : "Dragan Vinac détruit quelque peu la

 15   réputation des Vitezovi". Mais moi, j'ai véritablement compris qu'il avait

 16   repris pratiquement le commandement de Darko Kraljevic.

 17   De toute façon, là, il s'agit des choses qui étaient beaucoup

 18   plus importantes, qui auraient pu avoir des implications assez graves sur

 19   ma propre position au sein des Vitezovi. C'est la raison pour laquelle je

 20   me suis arrêté, je n'ai plus parlé à Darko Kraljevic.

 21   Mais il est vrai que Dragan Vinac a tout fait pour détruire la

 22   réputation des Vitezovi. C'est lui qui a détruit les Vitezovic, c'est lui

 23   qui a coopéré avec Mario Cerkez, c'est lui qui a coopéré avec

 24   Dario Kordic. Et plus tard, quand il s'est emparé du pouvoir, il a lui-

 25   même rejoint M. Blaskic, c'est lui qui a parlé avec Blaskic.


Page 11861

  1   M. Kovacic (interprétation). - C'est votre propre opinion ?

  2   M. Breljas (interprétation). - Oui.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Je n'ai plus de questions.

  4   M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, j'ai quelques

  5   précisions à demander au témoin après ce contre-interrogatoire.

  6   Monsieur le Témoin Breljas, vous avez parlé d'une réunion qui a

  7   eu lieu à Dubravica entre Dario Kordic, Darko Kraljevic, Dragan Vinac,

  8   Miso Mijic et une autre personne dont vous ne vous rappelez plus le nom.

  9   Vous avez dit que cette réunion avait eu lieu au cours de la

 10   nuit qui a précédé l'attaque de Vitez et d'Ahmici. Je vous demande si vous

 11   confirmez que cette réunion a bien eu lieu cette nuit-là ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, les deux

 13   avocats ont quelque peu abusé hier en me posant des questions. Monsieur

 14   l'avocat de Kordic a parlé du 16 avril, il a dit que j'ai soi-disant passé

 15   la nuit dans ce fossé. Ensuite, on a dit que c'est le 16 à Dubravica

 16   que Osina voulait me tuer.

 17   Mais il y a une possibilité toute petite, possibilité que Zivko

 18   Totic, Buha, ait été enlevé le 14, ou bien c'était le 16, le matin (le

 19   soir, se reprend l'interprètre).

 20   Moi, j'avoue que je suis quelque peu confus, je ne l'exclus pas.

 21   M. Lopez-Terres. - Monsieur Breljas, cette rencontre dont vous

 22   parlez à Dubravica -je ne vous parle pas de dates, je vous demande

 23   simplement, je ne vous demande pas de nom de jour, je vous demande

 24   simplement si cette rencontre de Dubravica dont vous parlez a eu lieu,

 25   dans votre souvenir, la nuit qui a précédé l'attaque de Vitez et


Page 11862

  1   d'Ahmici ?

  2   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, je ne sais pas si

  3   c'était vraiment cette nuit ou bien le jour où l'attaque s'est déjà

  4   déclenchée. Là, je suis quelque peu confus, je suis troublé. Mais il y

  5   avait la réunion, la réunion a eu lieu effectivement. Si c'était avant

  6   l'attaque d'Ahmici ? Il y a une confusion dans ma tête maintenant. Ce sont

  7   les avocats qui m'ont rendu confus quelque peu.

  8   Il est vrai que M. Stewart n'a pas passé la nuit là-bas. Il est

  9   vrai également que je n'ai pas passé la nuit dans le caniveau, dans le

 10   fossé. Je suis sûr qu'il m'a pris dans son véhicule le jour même. Mais je

 11   ne sais pas s'il s'agissait de la nuit avant l'attaque ou le jour de

 12   l'attaque.

 13   M. Lopez-Terres. - Une précision à ce sujet encore. Quand vous

 14   dites : "Je ne sais pas s'il s'agissait de la nuit ou du jour avant

 15   l'attaque", est-ce que vous voulez dire "je ne sais pas s'il s'agissait de

 16   la nuit du 15 au 16 avril" ou "du matin du 16 avril" ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Le 17 avril, donc le jour après

 18   cet entretien, je me suis rendu à Ahmici. C'est pour cela que je suis

 19   confus. Ahmici était déjà détruit. Par conséquent, j'en déduis...

 20   M. Lopez-Terres. - Cela, c'était un jour après la rencontre.

 21   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 22   M. Lopez-Terres. - Nous venons de parler du dénommé Miso Mijic

 23   qui appartenait aux services secrets du SIS.

 24   M. Breljas (interprétation). - Oui.

 25   M. Lopez-Terres. - Vous avez dit que ce monsieur était très


Page 11863

  1   souvent en contacts, en relations avec votre commandant d'unité, Darko

  2   Kraljevic. Vous n'avez jamais dit qu'il était formellement membre des

  3   Vitezovi ?

  4   M. Breljas (interprétation). - Ecoutez, il était tout le temps

  5   avec Darko, il ne s'est jamais séparé. Ils ont été tout le temps ensemble.

  6   M. Lopez-Terres. - Est-ce qu'il portait le signe des Vitezovi

  7   sur son uniforme ?

  8   M. Breljas (interprétation). - Je ne sais pas, non, je ne sais

  9   pas.

 10   M. Lopez-Terres. - Avez-vous vu son nom sur les listes de

 11   Vitezovi dont vous nous parliez ?

 12   M. Breljas (interprétation). - Oui, moi, j'ai tout simplement

 13   considéré qu'il était membre du commandement : il y avait Darko Kraljevic

 14   et ensuite Miso Mijic. C'est la raison pour laquelle je me disais qu'il

 15   était adjoint de Darko Kraljevic. Ce n'est que plus tard qu'on m'a dit

 16   que, soi-disant, Darko était son propre adjoint, alors que moi j'ai

 17   toujours pensé différemment. Miso Mijic était colonel et chargé du SIS

 18   Vitezovi.

 19   M. Lopez-Terres. - Vous avez vu le document hier que je vous ai

 20   présenté par lequel Miso Mijic nommait Darko Kraljevic comme son adjoint

 21   auprès du SIS, ce qui veut dire que l'on pouvait être à la fois membre du

 22   SIS et des Vitezovi ?

 23   M. Breljas (interprétation). - Oui, car il y en avait d'autres

 24   également qui étaient membres du SIS et qui étaient à la fois aux

 25   Vitezovi.


Page 11864

  1   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Faites-vous une

  2   distinction, Monsieur Breljas, entre ce que l'on appelle la chaîne de

  3   commandement administrative et la chaîne de commandement opérationnelle

  4   dans toutes les unités militaires ?

  5   M. Breljas (interprétation). - Oui, certainement. Il y a une

  6   différence très grande.

  7   M. Lopez-Terres. - Est-ce que vous conviendrez avec moi que l'on

  8   peut dépendre administrativement de Mostar et être dirigé sur le terrain,

  9   à Vitez, par le commandant du secteur, lorsqu'il s'agit d'une opération

 10   militaire ?

 11   M. Breljas (interprétation). - Certainement, c'est normal, c'est

 12   comme cela, d'ailleurs.

 13   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. On vous a présenté des

 14   documents ce matin, ceux-là même que j'avais utilisés hier. Je voudrais

 15   que nous revenions sur l'un d'entre eux, c'est le document Z808 : il

 16   s'agit de la liste établie par M. Zvonimir Cilic, officier de la

 17   propagande de la brigade de Vitez-Z808. Avez-vous ce document ?

 18   M. Breljas (interprétation). - Oui, je vois.

 19   M. Lopez-Terres. - Pouvez-vous vous reporter à la deuxième page

 20   et nous lire quel est le nom qui apparaît au n° 45 ?

 21   M. Breljas (interprétation). - Vinac Mile, c'est marqué, 45.

 22   M. Lopez-Terres. - Cette personne apparaît comme une personne

 23   qui a été blessée au cours du conflit et comme étant membre de la brigade

 24   de Vitez ? Nous sommes bien d'accord ?

 25   M. Breljas (interprétation). - Oui, oui, absolument.


Page 11865

  1   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Je voudrais que vous

  2   examiniez maintenant un second document qui vous également été présenté ce

  3   matin, à nouveau. C'est le document Z1279. Il s'agit du document en date

  4   du 31 octobre 1993 qui a été établi par le bureau de Défense. Est-ce que

  5   vous pouvez vous reporter à la page n° 5 de ce document, celle qui a déjà

  6   été étudiée ce matin ?

  7   Au paragraphe 6, "mesures prises par l'administration..." Vous y

  8   êtes, Monsieur, vous voyez ce passage ?

  9   M. Breljas (interprétation). - Oui, je vois.

 10   M. Lopez-Terres. - Il est indiqué à la quatrième ligne que le

 11   bureau de Défense de Vitez a été placé sous le commandement provisoire de

 12   la brigade de Vitez. Nous sommes bien d'accord ?

 13   M. Breljas (interprétation). - Oui, vous avez raison, je vois.

 14   M. Lopez-Terres. - Au moment où les Vitezovi ont reçu l'ordre de

 15   ramener sur les fronts des conscrits réfractaires, la brigade de Vitez

 16   était en charge du bureau de Défense ?

 17   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est cela.

 18   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Deux précisions enfin -je

 19   vous remercie, Monsieur l'huissier-, ce matin, on vous a parlé d'un autre

 20   document qui concerne les gens de la télévision de Vitez qui étaient

 21   affectés à la brigade.

 22   M. Breljas (interprétation). - Oui, je m'en souviens.

 23   M. Lopez-Terres. - On vous a parlé d'un cameraman ce matin, lors

 24   de votre contre-interrogatoire.

 25   M. Breljas (interprétation). - Oui.


Page 11866

  1   M. Lopez-Terres. - En réalité, dans votre déposition, et vous

  2   l'avez confirmé hier, vous avez toujours parlé de deux personnes

  3   différentes, deux cameramen ?

  4   M. Breljas (interprétation). - C'est cela.

  5   M. Lopez-Terres. - Celui que vous avez identifié comme vous

  6   accompagnant à Tisovac ?

  7   M. Breljas (interprétation). - Oui, M. Stipovic.

  8   M. Lopez-Terres. - Stipovic, vous avez pu donner son nom et

  9   reconnaître son nom sur le document.

 10   M. Breljas (interprétation). - Oui, vous avez raison.

 11   M. Lopez-Terres. - Il n'était pas sur le front ce jour-là, il

 12   était avec vous pour aller à Tisovac ?

 13   M. Breljas (interprétation). - Oui, vous avez raison.

 14   M. Lopez-Terres. - Ensuite, vous avez parlé d'un second

 15   cameraman qui devait filmer le Juge Poricanin ?

 16   M. Breljas (interprétation). - Oui, c'est un autre homme. Je ne

 17   connais pas son nom, mais c'est un autre homme.

 18   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Saviez-vous que M. Cerkez

 19   était né à Rijeka, c'est-à-dire à l'endroit où vivait Kraljevic ?

 20   M. Breljas (interprétation). - Je sais qu'il est né entre la

 21   vieille gare et le centre, je sais que c'est dans ce secteur. Une fois, il

 22   m'a même montré la maison. Il a dit : "C'est la maison de Cerkez, c'est de

 23   réputation". Mais moi, je ne connaissais pas, c'est ce qu'on m'avait dit.

 24   Enfin, on m'avait montré sa maison.

 25   Il y avait également quelqu'un qui était chargé de la logistique


Page 11867

  1   qui habitait à côté de lui, qui avait sa maison à côté de la sienne.

  2   M. Lopez-Terres. - Je vous remercie. Monsieur le Président, je

  3   n'ai pas d'autres questions pour le témoin.

  4   M. le Président (interprétation). - Maître Lopez-Terres, en ce

  5   qui concerne les Vitezovi, on en parle dans un certain nombre de documents

  6   comme PPN. Pouvez-vous me donner l'explication, s'il vous plaît, de ce

  7   sigle PPN ?

  8   M. Lopez-Terres. - Monsieur le Président, bien sûr, je ne parle

  9   pas la langue croate, mais vous avez sur le badge qui vous a été présenté

 10   hier comme pièce à conviction, la définition. Il s'agit d'une abréviation

 11   qui signifie "unité d'affectation spéciale". En anglais, cela a toujours

 12   été traduit par "Special Purpose Units".

 13   M. le Président (interprétation). - Merci.

 14   M. Lopez-Terres. - Je vous en prie.

 15   M. le Président (interprétation). - Monsieur Breljas, ceci met

 16   un terme à votre déposition. Vous pouvez désormais disposer. Je tiens à

 17   vous remercier d'être venu déposer devant ce Tribunal pénal international.

 18   M. Breljas (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

 19   Président.

 20   M. le Président (interprétation). - Pendant que le témoin quitte

 21   le prétoire, je tiens à relever ceci : nous avons reçu plusieurs

 22   déclarations qu'il avait fournies. Maître Stein, hier, a dit qu'il ne

 23   voulait pas les verser au dossier. Si quelqu'un ne tient pas à les

 24   déposer, je peux les remettre à Mme la greffière. Je vous remercie,

 25   Madame.


Page 11868

  1   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

  2   Maître Nice, nous avons reçu un résumé concernant M. Beers ?

  3   Avez-vous l'intention de le citer à comparaître la semaine prochaine ?

  4   M. Nice (interprétation). - Je vais retarder sa comparution de

  5   quelques semaines, mais vous pouvez garder le résumé, Monsieur le

  6   Président, dans cette attente. Quelquefois, il est utile d'avoir ces

  7   résumés à l'avance.

  8   Je pense d'ailleurs vous communiquer le résumé concernant

  9   [expurgée]. J'avais espéré pouvoir le citer demain, maintenant, ce n'est

 10   plus très certain, je ne pense pas que nous pourrons le faire.

 11   M. le Président (interprétation). - Je vais peut-être vous

 12   parler de la décision que nous avons prise pour le programme de la semaine

 13   prochaine.

 14   M. Nice (interprétation). - Mais avant que vous le fassiez, pour

 15   autant que ceci ait une incidence, je ne peux pas faire venir tout

 16   simplement par un coup de fil [expurgée] pour une audience de demain. Je

 17   pense que nous allons poursuivre la déposition du prochain témoin jusque

 18   demain, mais ce sera le tout début de la matinée. Nous aurons peut-être un

 19   troisième témoin dont je vous fournirai le résumé à la fin de cette pause.

 20   Mais ce témoin sera très court. Je pense que nous pourrions terminer juste

 21  demain. J'aimerais avoir [expurgée], je l'ai contacté, mais il ne réagit pas

 22   aux messages téléphoniques que nous avons laissés. J'ai peu d'espoir.

 23   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Parlons du

 24   programme de la semaine prochaine. La question se pose de savoir si, dans

 25   notre formation de deux Juges, nous sommes habilités à recevoir les


Page 11869

  1   éléments de preuve en vertu du 15 bis. Maître Stein, au nom de la défense,

  2   a soulevé une objection, tout du moins, une inquiétude, celle du fait que

  3   le Juge Robinson aurait beaucoup d'éléments dont il devrait prendre

  4   connaissance si tel était le cas.

  5   J'ai eu l’occasion de m’entretenir avec M. le Juge Robinson qui

  6   était en Jamaïque, je lui ai fait part des condoléances formulées à

  7   l’audience hier. Je lui ai parlé des inquiétudes formulées par Me Stein :

  8   du fait qu'il aurait beaucoup d'éléments de preuve dont il aurait à

  9   prendre connaissance. Pour lui, ce n'était pas une source de problèmes

 10   énormes. Il serait tout à même de lire les pages supplémentaires du compte

 11   rendu d'audience. Nous estimons que sont ainsi évacuées ces préoccupations

 12   et autres inquiétudes.

 13   Ceci étant, il nous faut voir s'il est dans l'intérêt de la

 14   justice, en vertu du 15 bis, de prévoir des audiences la semaine

 15   prochaine. Etant donné la durée de ce procès à ce jour, et la durée totale

 16   probable, et l'obligation que nous avons de mener des procès rapides, nous

 17   estimons qu'il est dans l'intérêt de la justice de recevoir des éléments

 18   de preuve la semaine prochaine, pendant trois jours d'audience en

 19   formation de deux Juges.

 20   Nous estimons qu'il faut appliquer cet article 15 bis. Ce qui

 21   veut dire que nous aurons des audiences de lundi à mercredi. Nous

 22   entendrons des dépositions de témoins. Jeudi, ce ne sera pas le cas. Ce

 23   serait peut-être un bon moment pour prévoir une conférence de mise en état

 24   au cours de laquelle nous pourrons traiter des questions pendantes et pour

 25   entendre d’éventuels arguments. Nous pourrons en discuter au fil des


Page 11870

  1   prochains jours.

  2   Une question supplémentaire s'agissant de ce programme : le

  3   Juge Robinson ne rentrera pas le 24, un lundi, mais le 25, un mardi. Ce

  4   qui veut dire que nous n'aurons pas d'audience le matin du 24. Nous

  5   n’avions que le matin de réservé le 24. Nous reprendrons les audiences de

  6   ce procès le 25.

  7   M. Nice (interprétation). - C'est tout à fait utile. Je ne serai

  8   pas ici jeudi prochain, mais je suppose que cette conférence de mise en

  9   état se déroulera le matin ?

 10   M. le Président (interprétation). - Tout à fait. Fort bien, nous

 11   allons faire une pause d'une demi-heure. Nous reprendrons à 11 heures 35.

 12   (L'audience, suspendue à 11 heures 07, est reprise à

 13   11 heures 40.)

 14   M. Nice (interprétation). - Avant l'arrivée du prochain témoin,

 15   [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   C’est Me Scott qui va s'occuper du prochain témoin avec plus d'efficacité

 20   que moi.

 21   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 22   M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il donner

 23   lecture de la déclaration solennelle ?

 24   M. De Boer (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 25   dirai la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.


Page 11871

  1   M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir,

  2   Monsieur.

  3   M. Scott (interprétation). - Je ne sais pas si la Chambre en est

  4   déjà informée, le colonel De Boer parle très bien anglais mais, à des fins

  5   officielles, il préfère s'exprimer en néerlandais ; ce qui donnera une

  6   couche supplémentaire de traduction. Il faudra passer par un relais

  7   supplémentaire.

  8   Colonel, vous appelez-vous bien Johannes Jacobus De Boer ?

  9   M. De Boer (interprétation). - J'attends la traduction.

 10   M. Scott (interprétation). - Je croyais qu'il y aurait un

 11   interprète pour le néerlandais en cabine française.

 12   M. le Président (interprétation). - Qu’en est-il ?

 13   M. Scott (interprétation). - Je m'en excuse auparavant mais,

 14   apparemment, si le témoin en est d’accord, je lui poserai les questions en

 15   anglais. Je peux poser mes questions en anglais, il peut répondre lui en

 16   néerlandais. Ses réponses seront interprétées vers les autres langues.

 17   M. le Président (interprétation). - (Hors micro).

 18   M. Scott (interprétation). - C'est ce que j'entends.

 19   M. le Président (interprétation). - On me demande d'utiliser le

 20   micro. Nous ne semblons pas trop bien commencer. J'espère que ceci

 21   s'améliorera.

 22   M. Scott (interprétation). - Je croyais que tout avait été prévu

 23   mais, manifestement, ce n’était pas le cas. Je m’en excuse.

 24   Si à un moment donné, vous ne comprenez pas bien ma question, si

 25   je parle trop vite, n'hésitez pas à le dire.


Page 11872

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11873

  1   Est-il exact de dire, Colonel, que vous vous appelez Johannes

  2   Jacobus De Boer ?

  3   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Scott (interprétation). - Vous êtes actuellement colonel dans

  5   l'armée néerlandaise, et vous êtes affecté au collège de la défense

  6   néerlandaise ?

  7   M. De Boer (interprétation). - C’est exact également.

  8   M. Scott (interprétation). - Au cours de la période s'écoulant

  9   de novembre 1992 à mai 1993, Colonel, vous étiez lieutenant-colonel à

 10   l'époque, et vous étiez commandant du 105e Régiment du train néerlandais,

 11   n'est-ce pas ?

 12   M. De Boer (interprétation). - Oui.

 13   M. Scott (interprétation). - De novembre 1992 au 3 mai 1993,

 14   vous faisiez fonction de commandant du 1er Régiment du train de la

 15   Forpronu qui était cantonné à Busovaca. Est-ce bien exact ?

 16   M. De Boer (interprétation). - C'est exact, dans le sens où j'ai

 17   cédé ce commandement le 30 avril, et j'ai quitté la région le 3 mai.

 18   M. Scott (interprétation). - Je crois comprendre qu'avant votre

 19   arrivée pour votre mission effective en Bosnie-Herzégovine, vers

 20   juillet 1992, vous êtes parti en mission de reconnaissance sur le terrain

 21   pour bien comprendre la situation et préparer le déplacement de votre

 22   unité vers cette région. A l'époque, vous avez rencontré le maire de

 23   Vitez, un homme répondant au nom d’Ivica Santic, est-ce correct ?

 24   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 25   M. Scott (interprétation). - Apportons une précision si vous le


Page 11874

  1   voulez bien. Dans votre déclaration fournie en 1995, vous faites état de

  2   contacts avec un homme dénommé Skopljak, vous en souvenez-vous ?

  3   M. De Boer (interprétation). - Oui, je me le rappelle.

  4   M. Scott (interprétation). - Avez-vous toujours été certain du

  5   fait que vous aviez affaire à une personne qui était en fait le maire de

  6   Vitez ?

  7   M. De Boer (interprétation). - J'avais la certitude qu'il

  8   s'agissait du maire de Vitez.

  9   M. Scott (interprétation). - Et est-ce que vous vous souvenez

 10   aussi du fait que le maire de Vitez était Ivan Santic et non pas

 11   M. Skopljak ?

 12   M. De Boer (interprétation). - Je ne me souviens pas du nom dans

 13   le sens où le maire, plutôt mon interlocuteur, s'est présenté en tant que

 14   maire de Vitez.

 15   M. Scott (interprétation). - Très bien. Progressons. Pourriez-

 16   vous dire à la Chambre ce qu'il fut de cette conversation que vous avez

 17   eue avec le maire de Vitez, lorsque vous êtes arrivé dans le cadre de

 18   cette mission de reconnaissance en Bosnie, en juillet 1992 ? Je ne veux

 19   pas que vous soyez trop détaillé sur ce point, mais pourriez-vous faire

 20   part à la Chambre de toute conversation que vous auriez eue avec tel ou

 21   tel représentant de communauté ethnique ?

 22   M. De Boer (interprétation). - Oui.

 23   M. Scott (interprétation). - Faites-le, je vous prie.

 24   M. De Boer (interprétation). - Au cours de la conversation que

 25   j'ai eue avec le maire, il s’est exprimé et a déclaré que les Musulmans,


Page 11875

  1   que la partie musulmane de la population de Vitez, avait un comportement

  2   hygiéniquement fort inférieur par rapport au reste de la population.

  3   M. Scott (interprétation). - Comment avez-vous réagi au fait que

  4   M. Santic vous tienne de tels propos ?

  5   M. De Boer (interprétation). - J'étais surpris, mais je n'ai pas

  6   réagi en m'exprimant.

  7   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu'après cette

  8   première réunion que vous avez eue avec M. Santic, le maire de Vitez, au

  9   cours de votre mission en Bosnie, vous avez eu d'autres entretiens de

 10   temps à autres avec M. Santic ?

 11   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire qu’à une

 13   reprise, vers la fin de votre mission en Bosnie, vers la fin d'avril 1993,

 14   vous vous êtes rendu à la mairie de Vitez à la recherche de M. Santic ?

 15   Vous avez vu des soldats du HVO postés à l'extérieur du bâtiment, un canon

 16   de 20 millimètres de calibre situé devant l’entrée du bâtiment et vous

 17   êtes parti à la recherche de M. Santic que vous avez trouvé au sous-sol du

 18   bâtiment ?

 19   M. De Boer (interprétation). - C'est tout à fait exact.

 20   M. Scott (interprétation). - Monsieur Nice suggère que vous

 21   n'écoutiez pas, Monsieur le Témoin, ce qui se traduit par le biais des

 22   écouteurs, parce que ceci prête peut-être à confusion. Je n’en suis pas

 23   tout à fait sûr, mais c’est ce que suggèrent les interprètes. Je m’en

 24   remets à vous, Monsieur le Témoin. Voyez ce qui est le plus facile pour

 25   vous.


Page 11876

  1   M. le Président (interprétation). - Inévitablement, il y aura

  2   toujours un retard au niveau de la traduction. Soyons peu rapides mais

  3   soyons précis. Veillons, en particulier, à ce que le témoin se sente tout

  4   à fait à l’aise au regard des modalités que nous avons adoptées.

  5   M. Scott (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

  6   Je termine sur ce point. Lorsque vous avez trouvé M. Santic dans

  7   le sous-sol de la mairie de Vitez, il vous a dit, à l'époque, que le

  8   conflit entre les Musulmans et les Croates s'était intensifié, est-ce

  9   exact ?

 10   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 11   M. Scott (interprétation). - Est-il aussi exact de dire que, peu

 12   de temps après votre arrivée en Bosnie, vous avez rencontré une autre

 13   personne répondant au nom de Zoran Maric ? Cet homme, d'après vous, était

 14   le maire de Busovaca, maire qui, à l'époque, portait des vêtements

 15   civils ?

 16   M. De Boer (interprétation). - C'est correct.

 17   M. Scott (interprétation). - Au cours du temps que vous avez

 18   passé en Bosnie, avez-vous rencontré Dario Kordic ?

 19   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Scott (interprétation). - Je ne vais que vous renvoyer à

 21   certaines dates. Avez-vous rencontré M. Kordic pour la première fois

 22   autour de Noël 1992 ?

 23   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire à la Chambre, en

 25   vos propres termes, quels furent les rapports que vous avez eus à ce


Page 11877

  1   moment-là avec M. Kordic ? Pourriez-vous dire à la Chambre comment il vous

  2   a été présenté et l'essentiel finalement de votre conversation ?

  3   M. De Boer (interprétation). - Vers la Noël 1992, j'ai organisé

  4   une réception à Busovaca, au siège de mon quartier général. J'ai rencontré

  5   les autorités civiles et militaires des deux côtés, côté bosniaque et côté

  6   croate, croate de Bosnie bien sûr, c'est-à-dire les Croates de Bosnie et

  7   les Musulmans de Bosnie. Je les ai rencontrés à l'occasion de la fête de

  8   Noël. J'ai délibérément invité les deux parties pour montrer que mon

  9   bataillon constituait une entité indépendante. Du côté des deux parties,

 10   des représentants civils et militaires étaient présents ; du côté

 11   musulman, il y avait même des représentants des autorités religieuses.

 12   Monsieur Kordic m'a été présenté par mon interprète en tant que

 13   colonel Kordic. J'ai pu converser avec lui pendant un certain temps et

 14   j’en ai tiré l'impression qu'il était l'autorité militaire, ou qu'il

 15   faisait partie de l'autorité militaire du territoire concerné, de la

 16   vallée de la Lasva.

 17   M. Scott (interprétation). - A ce moment-là, Colonel, vous

 18   occupiez le rang, vous aviez le grade de colonel, n'est-ce pas ?

 19   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire à la Chambre si

 21   vous avez eu l'impression, du fait de votre conversation avec M. Kordic,

 22   s'il avait réagi ou manifesté une réaction quelconque au fait que vous

 23   soyez lieutenant-colonel alors que lui occupait le grade de colonel ?

 24   M. De Boer (interprétation). - J'ai eu l'impression qu'en fait

 25   cela l'amusait.


Page 11878

  1   M. Scott (interprétation). - Avez-vous retiré d'autres

  2   observations ? Avez-vous fait des constatations, s'agissant du poste ou du

  3   fait qu'il affirmait occuper un poste de commandement, de pouvoir à

  4   l'époque ?

  5   M. De Boer (interprétation). - Oui, j'avais l'impression qu'il

  6   avait cette autorité, et que le fait de détenir cette autorité avait eu

  7   comme conséquence qu'il avait peut-être un peu trop confiance en lui-même.

  8   M. Scott (interprétation). - Si vous le voulez bien, est-il

  9   exact de dire qu'au cours du mois de février 1993, vous avez également

 10   constaté un renforcement des effectifs militaires au restaurant hôtel

 11   Bungalow qui se trouvaient sur le territoire de Vitez ?

 12   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 13   M. Scott (interprétation). - A l'époque, vous avez pensé qu'il y

 14   avait peut-être de vingt à trente militaires en tenue, en uniforme,

 15   quelques-uns arborant les badges du HVO ?

 16   M. De Boer (interprétation). - C'est vrai.

 17   M. Scott (interprétation). - J'aimerais attirer votre attention

 18   sur la deuxième réunion que vous avez eue avec Kordic. Est-il exact de

 19   dire qu'en mars 1993, le général Morillon a rendu visite au bataillon

 20   néerlando-belge à Busovaca ; et alors que M. le général Morillon se

 21   trouvait sur place, vous avez eu connaissance du fait que le HVO,

 22   apparemment, avait détenu, ou détenait trois jeunes Musulmanes dans la

 23   région de Busovaca. Est-ce exact ? J'attends d'avoir la traduction

 24   officielle.

 25   M. le Président (interprétation). - Poursuivez, il a dit que


Page 11879

  1   c'était exact.

  2   M. Scott (interprétation). - Effectivement. Eh bien, à cette

  3   époque-là, est-ce que vous avez eu une réunion avec M. Kordic concernant

  4   ces trois jeunes Musulmanes ?

  5   M. De Boer (interprétation). - Oui.

  6   M. Scott (interprétation). - Comment cette réunion a-t-elle eu

  7   lieu ? Est-ce vous qui avez pris l'initiative d'organiser cette réunion ou

  8   est-ce que c'est lui qui vous a invité à cette réunion ? Vous en souvenez-

  9   vous ? Pourriez-vous relater aux Juges les circonstances entourant la

 10   décision de prendre, d'avoir cette réunion ?

 11   M. De Boer (interprétation). - Nous -et quand je dis nous, je

 12   veux dire moi-même et l'état-major du bataillon-, sur la base de ces

 13   bruits, j'ai demandé à mon état-major de prendre contact avec les

 14   autorités du HVO à Busovaca, ce qui a incité Kordic à nous inviter à nous

 15   rendre dans une salle d'opération dans le bâtiment des PTT.

 16   M. Scott (interprétation). - A Busovaca ceci ?

 17   M. De Boer (interprétation). - Oui, à Busovaca.

 18   M. Scott (interprétation). - Le général Morillon était présent à

 19   cette réunion aussi ?

 20   M. De Boer (interprétation). - Le général Morillon et moi-même,

 21   nous nous sommes rendus à cet endroit.

 22   M. Scott (interprétation). - Vous avez donc réagi à l'invitation

 23   lancée par M. Kordic. Est-ce que vous vous êtes rendu dans quelque chose

 24   qui ressemblait à une salle d'opération ou de contrôle dans le bâtiment

 25   des PTT à Busovaca ?


Page 11880

  1   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

  2   M. Scott (interprétation). - Toujours à ce moment-là et à cet

  3   endroit, est-ce que vous et le général Morillon avez mené des négociations

  4   avec M. Kordic pour que soit obtenue la libération de ces femmes ?

  5   M. De Boer (interprétation). - Oui, c'est exact.

  6   M. Scott (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges, en

  7   vos propres termes, ce que vous avez constaté s'agissant de la façon dont

  8   se comportait Kordic à cette réunion, comment il a mené la réunion ?

  9   M. De Boer (interprétation). - Lorsque nous sommes entrés, le

 10   général Morillon et moi-même, nous avons été accueillis par le colonel

 11   Kordic. Différentes autres personnes étaient présentes dans cette salle

 12   des opérations, toutes ces personnes étaient vêtues d'uniforme de

 13   camouflage. J'ai reconnu une de ces personnes en tant que maire de

 14   Vitez... Non, ce n'est pas ce que je veux dire, je voulais dire le maire

 15   de Busovaca.

 16   M. Scott (interprétation). - Qui était-ce ?

 17   M. De Boer (interprétation). - Son nom était Zoran Maric,

 18   d'après mon souvenir.

 19   M. Scott (interprétation). - Une des personnes vêtues d'un

 20   uniforme était notamment M. Kordic, n'est-ce pas ?

 21   M. De Boer (interprétation). - C'est correct.

 22   M. Scott (interprétation). - Au cours de votre mission effectuée

 23   en Bosnie, avez-vous appris à reconnaître un écusson du HVO que l'on

 24   appelle en général le damier rouge et blanc utilisé souvent par les

 25   Croates ou les Croates de Bosnie ?


Page 11881

  1   M. De Boer (interprétation). - Oui.

  2   M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Kordic arborait un

  3   tel écusson sur son uniforme ?

  4   M. De Boer (interprétation). - Oui.

  5   M. Scott (interprétation). - Qui a mené, qui a conduit la

  6   réunion ?

  7   M. De Boer (interprétation). - Le colonel Kordic.

  8   M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Maric a joué un rôle

  9   quelconque à l'occasion de cette réunion ? S'est-il exprimé ?

 10   M. De Boer (interprétation). - Il n'a pas parlé, ou n'a

 11   quasiment rien dit.

 12   M. Scott (interprétation). - Comment caractériseriez-vous son

 13   comportement à l'égard de M. Kordic ?

 14   M. De Boer (interprétation). - J'avais l'impression qu'il était

 15   son subordonné.

 16   M. Scott (interprétation). - Est-ce que M. Maric était assis à

 17   la table principale avec le général Morillon, vous-même et M. Kordic ? Ou

 18   était-il assis à une autre table, ou se trouvait-il ailleurs dans la

 19   pièce ?

 20   M. De Boer (interprétation). - Il n'était pas assis à la même

 21   table, il était assis sur une chaise mise le long du mur.

 22   M. Scott (interprétation). - Vous avez participé à cette

 23   réunion. Est-ce que vous y avez vu des cartes, des diagrammes, différentes

 24   choses de ce genre dans la salle ?

 25   M. De Boer (interprétation). - Sur la table centrale de la salle


Page 11882

  1   des opérations, la table à laquelle nous étions assis, avait été déposée

  2   une carte de la région de la vallée de la Lasva ; des lignes avaient été

  3   indiquées sur cette carte, et j'ai eu l'impression que ces lignes, soit

  4   correspondaient à la ligne de séparation entre les territoires, soit à

  5   l'indication de la ligne la plus avancée des troupes. Sur cette ligne, on

  6   avait ajouté des flèches, des flèches dirigées vers ou au-delà d'un

  7   certain nombre de petits villages, dont Ahmici.

  8   M. Scott (interprétation). - A la suite de cette réunion que

  9   vous avez eue avec le colonel Kordic, est-ce que ces trois jeunes

 10   Musulmanes ont été libérées plus tard dans la journée ?

 11   M. De Boer (interprétation). - A l'issue de la rencontre, ces

 12   trois jeunes filles m'ont été remises.

 13   M. Scott (interprétation). - Du fait que vous avez participé à

 14   cette réunion et que vous y avez fait des observations, pourriez-vous dire

 15   aux Juges qui a pris cette décision, qui a rendu ou émis l'ordre

 16   permettant de libérer ces femmes ?

 17   M. De Boer (interprétation). - Cette décision était celle du

 18   colonel Kordic.

 19   M. Scott (interprétation). - Fort bien, progressons. Est-il

 20   exact de dire que ces trois jeunes Musulmanes, une fois que la décision a

 21   été prise d'assurer leur libération, vous ont aussitôt été remises et

 22   placées sous votre garde ?

 23   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Scott (interprétation). - En avez-vous conclu que ces trois

 25   jeunes femmes, à l'époque, avaient été détenues à proximité du lieu de la


Page 11883

  1   réunion ?

  2   M. De Boer (interprétation). - Oui, très près, ou dans le même

  3   bâtiment.

  4   M. Scott (interprétation). - Ces trois jeunes Musulmanes vous

  5   ont été remises. Ont-elles dit qu'elles avaient été prises de chez elles

  6   avant que leur maison soit détruite par explosion ? Elles ne se sont pas

  7   plaintes de mauvais sévices, notamment de mauvais sévices sexuels, n'est-

  8   ce pas ?

  9   M. De Boer (interprétation). - C'est exact. C'est ce qu'elles

 10   ont déclaré après que j'ai posé la question.

 11   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que les 17

 12   et 18 avril 1993, alors que vous vous déplaciez dans la région, vous avez

 13   vu quatre corps sans vie sur la route allant de Busovaca à Vitez, qui se

 14   trouvaient sur une aire de parking à proximité du cimetière catholique ?

 15   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 16   M. Scott (interprétation). - Vous avez également vu de l'autre

 17   côté, du côté opposé à ce parking, une femme qui gisait près d'une

 18   maison ?

 19   M. De Boer (interprétation). - C'est également exact.

 20   M. Scott (interprétation). - Ces corps étaient toujours au même

 21   endroit lorsque vous êtes passé dans la région trois ou quatre jours plus

 22   tard ?

 23   M. De Boer (interprétation). - C'est encore vrai.

 24   M. Scott (interprétation). - Est-il exact de dire que, le

 25   20 avril 1993, vous preniez des dispositions pour assurer la relève de


Page 11884

  1   votre commandement du régiment du train néerlando-belge, commandement que

  2   vous alliez donner à M. Skipper, et vous lui donniez des instructions. Je

  3   ne me souviens plus du grade exact de M. Skipper, il était sans doute

  4   colonel, et vous lui avez montré la région autour de Vitez et Santici.

  5   M. De Boer (interprétation). - C'est exact. Skipper était à

  6   l'époque lieutenant-colonel.

  7   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de cette présentation

  8   pour le lieutenant colonel Skipper, lui avez-vous montré la région

  9   d'Ahmici ? Lui avez-vous donné des explications quant à ce qui s'était

 10   passé à Ahmici plusieurs jours auparavant ?

 11   M. De Boer (interprétation). - A ce moment-là, nous nous

 12   déplacions d'endroits où se trouvait ma compagnie Bravo, de l'endroit où

 13   se trouvait ma compagnie Bravo à Santici vers mon quartier général à

 14   Busovaca, le quartier général de mon état-major à Busovaca.

 15   Au cours de ces déplacements, nous avons traversé le village

 16   d'Ahmici. Nous avons vu de nouvelles destructions ainsi que les cinq corps

 17   dont j'ai parlé, pas dans Ahmici, mais le long de la route. Et je me suis

 18   adressé à Skipper pour lui dire qu'à mon avis ceci était dû à du nettoyage

 19   ethnique.

 20   M. Scott (interprétation). - Pour vous, c'était du nettoyage

 21   ethnique provoqué par une partie plutôt qu'une autre au conflit ?

 22   M. De Boer (interprétation). - Je pense que l'opération de

 23   nettoyage ethnique était l'oeuvre, en tout cas de la partie bosno-croate,

 24   parce que les cinq corps étaient, selon mon impression, des corps de

 25   personnes musulmanes.


Page 11885

  1   M. Scott (interprétation). - Très bien. Vous avez terminé cette

  2   mission, vous avez quitté la Bosnie vers le 3 mai 1993 ?

  3   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Scott (interprétation). - Aux seules fins du dossier,

  5   j'aimerais apporter une précision : est-ce que vous avez signé un résumé

  6   qui avait été préparé à votre intention hier et, ce faisant, vous avez pu

  7   vérifier que tous les éléments qui se trouvaient dans ce résumé

  8   correspondent bien à la vérité ?

  9   M. De Boer (interprétation). - C'est tout à fait vrai.

 10   M. Scott (interprétation). - Je vous remercie. Je n'ai plus de

 11   questions à poser à ce témoin, Monsieur le Président.

 12   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, vous avez la

 13   parole.

 14   M. Sayers (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Colonel, je

 15   m'appelle Steven Sayers, je suis un des avocats défendant M. Kordic.

 16   J'aimerais vous poser quelques questions et puis, les deux avocats que

 17   vous voyez à ma gauche sont Me Kovacic et Me Mikulicic. Ils défendent

 18   M. Cerkez. Je ne sais pas s'ils ont l'intention de vous poser des

 19   questions.

 20   Ai-je bien compris ? A l'exception de cette première mission de

 21   reconnaissance effectuée en juillet 1992, vous avez passé en tout quelque

 22   sept mois en qualité de commandant du Premier régiment du train néerlando-

 23   belge à Busovaca, depuis novembre jusqu'au 3 mai, moment où vous avez

 24   quitté la Bosnie. Est-ce exact ?

 25   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.


Page 11886

  1   M. Sayers (interprétation). - Au cours de ces sept mois que vous

  2   avez passés à Busovaca, vous ai-je bien compris, au cours de cette période

  3   n'avez-vous rencontré que deux fois M. Kordic ?

  4   M. De Boer (interprétation). - Rencontré personnellement ? Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Lui avez-vous demandé s'il avait

  6   un quelconque pouvoir militaire ?

  7   M. De Boer (interprétation). - Non, je n'ai jamais posé cette

  8   question moi-même.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez jamais demandé à

 10   M. Kordic quel genre de rapports il avait avec le commandant de la zone

 11   opérationnelle de Bosnie centrale, M. Blaskic, n'est-ce pas ?

 12   M. De Boer (interprétation). - Non.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et vous n'avez pas non plus

 14   demandé à M. Kordic s'il avait un quelconque rapport avec la brigade

 15   cantonnée à Busovaca, la brigade Nikola Zrinski Brigade ?

 16   M. De Boer (interprétation). - Personnellement, non.

 17   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez rencontré le

 18   colonel Blaskic à plusieurs reprises, n'est-ce pas ?

 19   M. De Boer (interprétation). - Je pense l'avoir rencontré à

 20   deux reprises.

 21   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez eu plusieurs

 22   entretiens, je suppose, avec le commandant de la brigade Nikola Subic,

 23   avec M. Grubesic ?

 24   M. De Boer (interprétation). - Je me souviens avoir parlé à

 25   d'autres militaires, mais je ne sais pas s'il s'agit de la personne dont


Page 11887

  1   vous venez de citer le nom.

  2   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer un

  3   document, Monsieur le Témoin. Apparemment, c'est une chronologie

  4   d'événements établis par le Bataillon néerlandais, DutchBat. Y figurent

  5   plusieurs documents que nous avons reçus du Bureau du Procureur, je

  6   voudrais simplement que vous puissiez, si vous le pouvez, identifier ce

  7   document aux fins du dossier d'audience.

  8   M. De Boer (interprétation). - Je ferai de mon mieux.

  9   M. Sayers (interprétation). - Grand merci, Colonel.

 10   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, est-ce que le

 11   témoin dispose de l'original de ce document ?

 12   M. Sayers (interprétation). - Je ne sais pas, je vais peut-être

 13   lui poser la question, Monsieur le Président.

 14   M. le Président (interprétation). - Vous avez uniquement la

 15   traduction ?

 16   M. Sayers (interprétation). - C’est exact, Monsieur le

 17   Président. Malheureusement, nous n'avons pas l'original en néerlandais de

 18   ces documents. Je ne sais pas s’ils ont été préparés au départ en

 19   néerlandais. J'aimerais simplement vous demander si vous reconnaissez ces

 20   documents que je viens de vous soumettre comme étant une chronologie

 21   d'événements, réunions et autres tâches accomplies par les unités se

 22   trouvant sous votre commandement ? Apparemment, les dates vont du

 23   1er avril 1993 à un moment qui se situe vers la mi-mai 1993. Si,

 24   effectivement, c'est bien une consignation d'événements, c'est un extrait.

 25   M. De Boer (interprétation). - Je me souviens d'avoir vu une


Page 11888

  1   partie de ce document dans le fichier renseignement du bataillon. Dans le

  2   logbook comme nous disons. Cette partie du document, je l’ai remise au

  3   représentant de cette Cour, qui m'a interrogé en 1995. Et ce document a la

  4   même apparence. Le document original était en langue néerlandaise. Et dans

  5   ce document-ci, je ne trouve nulle part le nom de mon bataillon au sommet

  6   d'une page. J'en conclu que ce document a pu être établi sur base du

  7   matériel que j'ai remis. Il a pu être établi à l'aide de ce document mais

  8   n'a pas nécessairement été établi à l'aide de ce document.

  9   M. le Président (interprétation). - Nous allons peut-être

 10   trouver une solution de cette façon. Nous allons poser la question au

 11   bureau du Procureur. Y a-t-il un litige quelconque au sujet de ce document

 12   Maître Scott ?

 13   M. Scott (interprétation). - Pas que je sache. Effectivement, ce

 14   document est bien constitué des documents que nous avons. Comme la

 15   défense, je n'ai pas l'original en néerlandais du document avec moi. Cela

 16   se trouve sans doute quelque part dans les voûtes du Bureau du Procureur,

 17   quelque part dans les archives.

 18   M. le Président (interprétation). - On pourrait peut-être

 19   établir une comparution, tôt ou tard, pour s’assurer que c’est bien le bon

 20   document. Pour le moment, on pourrait verser ceci au dossier si on demande

 21   le versement au dossier.

 22   Il n’y a pas d’objection de la part du Procureur. Maître Sayers,

 23   voulez-vous demander le versement de ce document au dossier ?

 24   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 25   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira du document D150/1.


Page 11889

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11890

  1   M. Sayers (interprétation). - Merci. A l’examen de ce

  2   document... Gardez-le à proximité puisque je vais peut-être faire

  3   référence à ce document.

  4   M. le Président (interprétation). - Peut-on l'appeler logbook ou

  5   recueil de documents ?

  6   M. De Boer (interprétation). - Oui.

  7   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous vous-même tenu un

  8   journal intime qui était séparé de ce logbook ?

  9   M. De Boer (interprétation). - Pas à titre personnel.

 10   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Vous avez fourni une

 11   déclaration préalable au Bureau du Procureur, vous en avez déjà fait état.

 12   Pour que le compte rendu d'audience soit clair, vous avez fourni cette

 13   déclaration le 12 avril 1995, c'est bien cela ?

 14   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Sayers (interprétation). - Que vous avez réexaminée alors que

 16   vous vous prépariez pour votre comparution d'aujourd'hui ?

 17   M. De Boer (interprétation). - Je l’ai relue en effet.

 18   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous si ce logbook contenait

 19   les informations concernant les réunions que avez décrites, la première

 20   réunion que vous avez eue avec la personne qui s'est présentée comme étant

 21   le maire de Vitez, que ce soit M. Santic ou M. Skopljak, ou qui fasse

 22   référence à une autre réunion, une des deux réunions que vous avez eues

 23   avec M. Kordic il y a quelque sept ans de cela ?

 24   M. De Boer (interprétation). - Je ne sais pas si cela figure

 25   dans ce logbook. Je ne suis pas l'auteur de ce logbook. C'est en fait la


Page 11891

  1   compilation, c'est le travail de l'officier chargé du renseignement du

  2   quartier général de mon bataillon.

  3   M. Sayers (interprétation). - Mais est-ce qu'en règle générale,

  4   vous faisiez rapport de réunions importantes, d'événements importants qui

  5   se seraient produits, en faisiez-vous rapport à votre officier responsable

  6   des informations ou de renseignements, lequel aurait pour tâche de

  7   consigner ceci dans le logbook du régiment ?

  8   M. De Boer (interprétation). - Comme j'étais assez fréquemment

  9   en déplacement, cet officier se servait bien sûr du résultat de mes

 10   voyages et observations, en tant que sources de renseignements et

 11   d'informations, comme une des sources de renseignements à sa disposition.

 12   Et c'est la raison pour laquelle, il m'interrogeait, faisait un debriefing

 13   après un tel déplacement.

 14   M. Sayers (interprétation). - Merci Colonel. Mais vous avez eu

 15   deux réunions avec M. Kordic, toutes deux se sont déroulées à Busovaca. Ce

 16   qui veut dire que vous n'étiez pas, à ce moment-là, en déplacement, vous

 17   auriez pu faire rapport de ces réunions ou de l'issue de celles-ci

 18   aussitôt à l'officier responsable de votre bataillon ?

 19   M. De Boer (interprétation). - La première rencontre, je n'avais

 20   pas à lui en faire état, puisqu'il était présent à cette réunion. Il y

 21   assistait. Il n'a pas participé à la discussion à laquelle j'ai fait

 22   allusion, mais il était présent lors de cette réception. Et, je ne devais

 23   pas faire non plus rapport à propos de la deuxième rencontre, puisqu'il

 24   était impliqué, au moment de la préparation de la rencontre que j'ai

 25   décrite.


Page 11892

  1   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Votre officier chargé

  2   du renseignement était donc au courant des réunions, des raisons de la

  3   tenue de ces réunions. Il était informé aussi de l'issue de cette réunion.

  4   Je suppose que vous lui avez fait rapport de cela à l'issue de la réunion.

  5   Cette réunion, on ne sait pas exactement quand elle a eu lieu, mais en

  6   tout cas au mois de mars 1993, d’après vos souvenirs établis sept ans plus

  7   tard.

  8   M. De Boer (interprétation). - Sept ans et demi plus tard, en

  9   effet.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous avez essayé de vous

 11   rafraîchir la mémoire en examinant de logbook pour voir s’il y avait des

 12   passages qui décrivaient ces réunions ou utilisez-vous vos seuls

 13   souvenirs ?

 14   M. De Boer (interprétation). - Elle se fonde sur ma mémoire, car

 15   je n'ai pas l'original, ni une copie.

 16   M. Sayers (interprétation). - Bien.

 17   M. De Boer (interprétation). - Je n'ai plus jamais consulté,

 18   après avoir fait une sélection dans le logbook.

 19   M. Sayers (interprétation). - Deux questions courtes relatives à

 20   certaine des observations.

 21   M. le Président (interprétation). - Auparavant, est-ce qu’on y

 22   trouve la consignation de ces réunions ?

 23   M. Sayers (interprétation). - Non, Monsieur le Président. Je

 24   dirais même que ce logbook ne commence que le 1er avril 1993, quelques

 25   semaines, ou tout du moins, voire un mois après cette réunion.


Page 11893

  1   M. le Président (interprétation). - C'est une remarque

  2   importante.

  3   M. Sayers (interprétation). - Monsieur, pourriez-vous examiner

  4   ce qui était consigné pour le 25 avril 1993 ? Ces documents ont été

  5   assemblés à la hâte, mais dans le coin inférieur droit, vous avez un

  6   numéro. Vous avez 0028440. Au sommet de la page, vous avez une date.

  7   Vous saviez, n'est-ce pas, que Busovaca était le siège pour le

  8   vice-Président de la communauté croate d’Herceg-Bosna, le siège du vice-

  9   Président Dario Kordic ? On y fait allusion vers le milieu de la page ?

 10   M. De Boer (interprétation). - Voulez-vous bien répéter votre

 11   question ?

 12   M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Je me contente de vous

 13   donner lecture de ce qui est écrit dans le logbook. "Busovaca est un

 14   village avec une population croate à 95 %, lieu où se trouve le siège de

 15   la brigade Nikola Subic Zrinski. L’ancien bureau de poste est le siège du

 16   vice-Président de la communauté croate d’Herceg-Bosna, M. Dario Kordic".

 17   Saviez-vous que M. Kordic était l'un des vice-Présidents de la communauté

 18   croate d’Herceg-Bosna ?

 19   M. De Boer (interprétation). - Pas à l'époque, selon moi.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous vouliez dire quelque chose ?

 21   Je m'excuse.

 22   M. De Boer (interprétation). - Je disais que je pense que je

 23   l'ignorais à l'époque.

 24   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez même qu'il

 25   existait une entité telle que la communauté croate d’Herceg-Bosna, à


Page 11894

  1   l'époque du moins ?

  2   M. De Boer (interprétation). - D'après mon souvenir, à l'époque,

  3   il s'agissait d'une sorte de tentative du côté des Croates de Bosnie.

  4   Quant à la mesure dans laquelle cet objectif avait été réalisé, je ne peux

  5   pas apporter de précisions.

  6   M. Sayers (interprétation). - Il suffira de dire, Colonel, que

  7   vous n'avez pas eu de discussion avec M. Kordic sur ce point, sur la

  8   position qu'il occupait au sein de la communauté croate d’Herceg-Bosna.

  9   Peut-on le dire dans ce sens là ?

 10   M. De Boer (interprétation). - C’est tout à fait correct.

 11   M. Sayers (interprétation). - Autre question rapide que je

 12   voulais vous poser. Vous saviez que le commandement du HVO, à Busovaca,

 13   était Dusko Grubesic. Je vais vous demander simplement de voir ce qui

 14   était consigné à Busovaca pour le 20 avril 1993. Il s'agit de la

 15   page 00284431.

 16   Dans le logbook de votre régiment, on dit : «A 16 heures, le

 17   commandant du HVO à Busovaca, M. Grubesic, a autorisé la circulation dans

 18   les deux sens mais a averti du fait qu'il ne contrôlait pas tous ses

 19   soldats, et que du personnel des Nations Unies pourrait, du coup, se

 20   trouver en situation de danger".

 21   Une seule question à ce propos : est-ce que ceci vous rafraîchit

 22   la mémoire ? Est-ce que vous vous souvenez si vous avez eu des entretiens

 23   avec la brigade et son commandant, M. Grubesic, à ce moment-là ?

 24   M. De Boer (interprétation). - Comme je l’ai expliqué, il est

 25   possible que nous nous soyons parlé. Mais je ne m'en souviens pas avec


Page 11895

  1   précision ou avec certitude.

  2   M. Sayers (interprétation). - Bien, dernière question en rapport

  3   avec ces informations consignées dans le logbook. Veuillez consulter ce

  4   qu'il y a pour le 22 avril 1993.

  5   Il y a une rubrique qui fait état du commandant de la zone

  6   opérationnelle de Bosnie centrale, le colonel Blaskic, qui dit à ses

  7   officiers subordonnés qu'il faut veiller à la mise en oeuvre d'un accord.

  8   Et si vous voyez l'annexe qui suit aussitôt après, vous avez un ordre

  9   signé par le commandant Tihomir Blaskic. La question que je voulais vous

 10   poser est celle-ci : vous saviez, n’est-ce pas, que le colonel Blaskic

 11   était le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale ?

 12   M. De Boer (interprétation). - Affirmatif.

 13   M. Sayers (interprétation). - Revenons un peu en arrière. Vous

 14   avez dit que vous vous êtes rendu en Bosnie centrale pour une mission de

 15   reconnaissance, afin d'assurer le cantonnement de votre bataillon. Vous

 16   avez décidé de rencontrer les dirigeants politiques de la ville de Vitez.

 17   Vous en souvenez vous ? Dans votre déclaration préalable, vous avez dit

 18   qui vous avez rencontré à plusieurs reprises, à savoir M. Pero Skopljak.

 19   Je vais demander à l'huissier de placer la première page de votre

 20   déclaration sur le rétroprojecteur. Est-ce que vous avez une copie, sinon

 21   je vais vous en donner une ?

 22   M. Sayers (interprétation). - Cette déclaration a été fournie

 23   quelque deux ans après la fin de votre mission en Bosnie. Est-ce là vos

 24   meilleurs souvenirs, l'expression de vos meilleurs souvenirs ?

 25   M. De Boer (interprétation). - Quand la déclaration a été


Page 11896

  1   établie... Tout juste avant l'établissement de cette déclaration, j'étais

  2   interrogé par deux messieurs appartenant à ce Tribunal, et je leur

  3   signalais avoir rencontré le maire de Vitez. Mais je ne me souvenais plus

  4   de son nom et ils m'ont signalé... Ces personnes m'ont signalé que le

  5   maire de Vitez aurait porté ce nom.

  6   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous aviez avec vous à

  7   l'époque un interprète ?

  8   M. De Boer (interprétation). - Non.

  9   M. Sayers (interprétation). - Et vous ne vous souvenez plus de

 10   la personne, ou du nom de la personne que vous avez rencontrée ? Est-ce

 11   bien exact ?

 12   M. De Boer (interprétation). - La personne que j'ai rencontrée

 13   s'est présentée, j'en suis certain. Elle s'est présentée en sa qualité de

 14   maire de Vitez. Mais je ne suis pas en mesure de donner un nom à ce

 15   fonctionnaire.

 16   M. Sayers (interprétation). - Si c'est le cas, passons à autre

 17   chose, Monsieur le Témoin. Vous dites avoir eu plusieurs réunions avec le

 18   maire, ou du moins la personne dont vous croyez qu'elle était le maire de

 19   Busovaca, M. Zoran Maric. Vous dites, à la page  1, de votre déclaration

 20   préalable : "Il semblait être le commandant du HVO de la municipalité de

 21   Busovaca". Etes-vous toujours de cet avis-là aujourd’hui ?

 22   M. De Boer (interprétation). - C'était mon impression, et cette

 23   impression, je l’ai gardée.

 24   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Quelques questions

 25   portant sur les impressions que vous avez eues de ce qu'était la structure


Page 11897

  1   de commandement militaire du HVO. Vous saviez que le quartier général

  2   principal du HVO était à Mostar. ?

  3   M. De Boer (interprétation). - Non, je n’en n’étais pas

  4   conscient.

  5   M. Sayers (interprétation). - Si c'est le cas, je ne vais pas

  6   vous poser d'autres questions sur ce point.

  7   En rapport avec... Parlons de Blaskic. Commandant, vous l'avez

  8   rencontré le 21 avril 1993, pour négocier la liberté de circulation d'un

  9   convoi, afin que celui-ci puisse franchir un barrage routier à Busovaca,

 10   n'est-ce pas ? Pour vous aider, veuillez consulter la rubrique concernant

 11   le 21 avril 1993.

 12   M. le Président (interprétation). - Qui se trouve à quelle

 13   page ?

 14   M. Sayers (interprétation). - 00284494. Il y est dit que le

 15   lieutenant-colonel De Boer était allé à une négociation pour obtenir la

 16   liberté de circulation à travers un barrage routier de Busovaca avec le

 17   colonel Blaskic, et ceci se produit en avril 1993, le 21 pour être plus

 18   précis. Est-ce bien exact ?

 19   M. De Boer (interprétation). - Vous pouvez répéter la date ?

 20   M. Sayers (interprétation). - Volontiers, excusez-moi, le

 21   21 avril 1993. Est-ce que vous avez encore la question à l'esprit, ou

 22   voulez-vous que je la repose ?

 23   M. De Boer (interprétation). - Un instant, je vous prie.

 24   M. Sayers (interprétation). - Mais bien sûr.

 25   M. De Boer (interprétation). - Je viens de lire ce passage,


Page 11898

  1   pouvez-vous rappeler votre question ?

  2   M. Sayers (interprétation). - Oui. Est-ce que vous vous souvenez

  3   du fait que, à 9 heures 15 du matin, le 21 avril 1993, vous vous êtes

  4   rendu à un endroit pour négocier la liberté de circulation avec le colonel

  5   Blaskic, commandant de la zone opérationnelle du HVO ?

  6   M. De Boer (interprétation). - Je me souviens qu'à l'époque, je

  7   ne sais plus si c'est le 21, c'est indiqué ici et c'est tout à fait

  8   possible, j'avais sûrement l'intention, comme c'est indiqué... Je pense

  9   que l'interprétation n'est pas tout à fait correcte. Je pense que

 10   l'interprétation n'est pas tout à fait précise.

 11   M. Sayers (interprétation). - De quelle façon ?

 12   M. De Boer (interprétation). - Je vais répéter. Je me souviens

 13   que, à cette époque, un certain nombre d'événements se sont produits comme

 14   indiqués dans le document. Je me souviens également que j'ai tenté, que

 15   j'ai essayé de nouer des négociations afin que nous obtenions la liberté

 16   de passage. Il se peut très bien que j'ai eu l'intention de le faire avec

 17   M. Blaskic. Je me souviens d'avoir discuté avec un militaire avec comme

 18   résultat, avec comme résultat que nous avons en effet obtenu le libre

 19   passage. Mais j'ai des doutes quant à la question de savoir si j'ai

 20   discuté de cela avec Blaskic.

 21   Plus fort, je pense qu'il ne s'agissait pas du tout de Blaskic.

 22   Pourtant, ce qui est indiqué dans le texte correspond à la vérité car on

 23   précise ici quelle était mon intention.

 24   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. La Chambre l'aura

 25   remarqué, à plusieurs reprises, ce n'est pas ici un exercice de mémoire.


Page 11899

  1   Vous ne pouvez faire part que ce dont vous vous souvenez. Je vais

  2   simplement vous poser quelques questions brèves et générales sur les

  3   conflits qui ont commencé à se produire au mois de janvier. Vous étiez

  4   présent au cours de ces combats en janvier 1993 ?

  5   M. De Boer (interprétation). - En effet, j'étais présent dans

  6   cette zone, ou à Busovaca, ou auprès d'une de mes autres compagnies. Et

  7   l'une de ces compagnies était une compagnie belge qui, en janvier, se

  8   trouvait à Pancevo, à proximité de Belgrade. Et c'est ainsi,

  9   régulièrement, que je me suis rendu auprès de cette compagnie.

 10   M. Sayers (interprétation). - Je ne veux pas vous interrompre,

 11   non pas parce que je suis impoli, mais je voulais simplement savoir si

 12   vous étiez présent aux combats en janvier à Busovaca ?

 13   M. De Boer (interprétation). - Présent, oui, mais où ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Ce sont simplement des questions

 15   de nature générale. Il est certain que, vers la fin du mois de janvier,

 16   les forces musulmanes de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont établi des

 17   barrages routiers à Kacuni, et au cours des combats ont pris le contrôle

 18   d'une partie importante de l'artère de ravitaillement à proximité de

 19   Kacuni, à quelques kilomètres de Busovaca, jusqu'à Bilalovac. Est-ce

 20   exact ?

 21   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 22   M. Sayers (interprétation). - Il est certain que les forces de

 23   l'armée de Bosnie-Herzégovine contrôlaient la principale artère juste à

 24   l'est du carrefour de Kaonik, à Katani, à Merdani.

 25   M. De Boer (interprétation). - D'après mon souvenir, oui.


Page 11900

  1   M. Sayers (interprétation). - Bien. Ce qui veut dire que les

  2   forces musulmanes contrôlaient les deux parties de la principale artère de

  3   ravitaillement, du moins la partie qui allait de Busovaca à Zenica, et la

  4   partie du tronçon qui allait de Busovaca à Kiseljak, ce qui veut dire que

  5   la seule partie qui se trouvait sous contrôle croate de cette artère

  6   allait de Busovaca à Vitez ? Est-ce exact ?

  7   M. De Boer (interprétation). - Je pense.

  8   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez qu'au nord-

  9   est de Busovaca les forces musulmanes avaient déclenché une offensive sur

 10   plusieurs villages, dont les villages de Dusina et Lasva ?

 11   M. De Boer (interprétation). - Je n'en suis pas certain.

 12   M. Sayers (interprétation). - Mais vous n'avez jamais entendu

 13   parler d'un incident au cours duquel 12 Croates ont été torturés et tués

 14   par des membres de la 7e Brigade musulmane le 26 janvier 1993 ?

 15   M. De Boer (interprétation). - Je n'en ai jamais entendu parler.

 16   M. Sayers (interprétation). - D'après le recensement de 1991, le

 17   village de Oseliste, qui est juste au sud de Kacuni, était croate à 100%.

 18   N'est-il pas exact de dire que les Croates ont été expulsés de ce village

 19   de Oseliste le 20 janvier 1993, que leurs maisons ont été détruites par le

 20   feu ?

 21   M. De Boer (interprétation). - Je ne le sais pas.

 22   M. Sayers (interprétation). - Je vais simplement vous poser

 23   quelques questions dans le cadre des réunions que vous avez eues avec

 24   M. Kordic, la première réunion étant la réception que vous avez organisée

 25   à l'intention des communautés croates et musulmanes de Bosnie pour


Page 11901

  1   Noël 1992.

  2   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). - Beaucoup de dignitaires, de

  4   représentants de diverses municipalités, des représentants des forces

  5   armées des deux parties y ont participé, y ont assisté, n'est-ce pas ?

  6   M. De Boer (interprétation). - Tout à fait.

  7   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Kordic faisait partie de

  8   ces personnalités, il y était avec sa femme, n'est-ce pas ?

  9   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 10   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Kordic n'a pas tenu des

 11   propos méprisants à l'égard des Musulmans, n'est-ce pas ?

 12   M. De Boer (interprétation). - Il ne l'a jamais fait.

 13   M. Sayers (interprétation). - Dans la déclaration que vous avez

 14   fournie en 1995, on ne fait pas état du fait que M. Kordic, apparemment,

 15   vous aurait été présenté par le truchement de vos interprètes comme étant

 16   le colonel Kordic ? Veuillez examiner la page 2 de votre déclaration

 17   préalable : je crois qu'on fait référence à la réunion que vous avez à ce

 18   moment-là à l'occasion de la Noël avec M. Kordic. Peut-être que

 19   M. l'huissier pourra la placer sur le rétroprojecteur.

 20   M. De Boer (interprétation). - J'ai le texte sous les yeux.

 21   M. Sayers (interprétation). - On ne fait pas référence au fait

 22   que M. Kordic vous ait été présenté comme étant un colonel ?

 23   M. De Boer (interprétation). - Non, en effet.

 24   M. Sayers (interprétation). - Fort bien, pas de problème. Vous

 25   avez eu une seconde réunion avec M. Kordic, celle que vous avez décrite,


Page 11902

  1   qui a eu lieu en mars 1993. Elle a été suscité par une visite effectuée

  2   par le premier commandant militaire de la Forpronu, l'officier le plus

  3   important, le général Philippe Morillon, n'est-ce pas, en Bosnie-

  4   Herzégovine ?

  5   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Sayers (interprétation). - C'était donc un événement

  7   important dans une petite localité comme celle de Busovaca, lorsque vous

  8   avez un officier aussi important que le général Morillon qui se rend dans

  9   une telle localité ?

 10   M. De Boer (interprétation). - C'était la première fois que le

 11   général visitait mon bataillon, en effet.

 12   M. Sayers (interprétation). - A votre connaissance, Colonel

 13   De Boer, c'était la première fois que le général Morillon se rendait à

 14   Busovaca, n'est-ce pas ?

 15   M. De Boer (interprétation). - Je ne me souviens pas d'une autre

 16   occasion où il se serait rendu à Busovaca.

 17   M. Sayers (interprétation). - Il serait exact de dire que c'est

 18   un événement important et que plusieurs personnes ont participé à la

 19   réunion que vous avez décrite, des représentants civils et militaires,

 20   dont le maire de Busovaca, M. Zoran Maric, n'est-ce pas, dont vous avez

 21   parlé précédemment ?

 22   M. De Boer (interprétation). - Non, ce n'est pas exact. Le

 23   général Morillon venait voir mon bataillon. Et cette visite avait été

 24   préparée de telle façon qu'il se rende au quartier général, à l'état-

 25   major, pour qu'il puisse aussi voir différentes compagnies. Initialement,


Page 11903

  1   ce n'était pas l'intention d'avoir un contact commun avec des autorités

  2   civiles ou militaires.

  3   M. Sayers (interprétation). - Je comprends parfaitement ce que

  4   vous nous dites. Il n'en demeure pas moins que l'officier du

  5   renseignement S3 a contacté Busovaca pour s'informer de ce qui s'était

  6   passé à propos de ces trois jeunes Musulmanes. Et c'est M. Kordic qui vous

  7   a invité, vous et le général Morillon, ainsi que les personnes vous

  8   entourant à venir à la salle d'opération de Busovaca, n'est-ce pas ?

  9   M. De Boer (interprétation). - C'est correct.

 10   M. Sayers (interprétation). - Il y avait M. Kordic, mais je

 11   crois que vous avez dit que M. Maric, le maire de Busovaca, s'y trouvait

 12   aussi.

 13   M. De Boer (interprétation). - Cela est exact.

 14   M. le Président (interprétation). - Je crois que nous devrons

 15   lever l'audience sous peu. Est-ce que le moment s'y prête bien ?

 16   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 17   M. le Président (interprétation). - Colonel, nous allons

 18   maintenant avoir la pause déjeuner, pourriez-vous être de retour à

 19   14 heures 30 ? Nous poursuivrons ainsi votre déposition.

 20   M. De Boer (interprétation). - Mais bien sûr, Monsieur le

 21   Président, je vous remercie.

 22   (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 45.)

 23   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, vous avez la

 24   parole.

 25   M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.


Page 11904

  1   Bonjour Colonel. Au moment de la pause déjeuner, nous discutions de la

  2   remise en liberté des trois jeunes femmes de Busovaca qui ont été placées

  3   sous votre garde et celle du général Morillon. Elles vous ont dit qu'elles

  4   avaient été bien traitées, elles ne se sont pas contenté de vous dire

  5   qu'elles ont été maltraitées, n'est-ce pas ?

  6   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

  7   M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez pas, en fait, où ces

  8   jeunes filles avaient été gardées, n'est-ce pas ?

  9   M. De Boer (interprétation). - Je ne le sais pas.

 10   M. Sayers (interprétation). - Une question encore en rapport

 11   avec la carte que vous avez vue dans la salle des opérations, au quartier

 12   général de la brigade. Les lignes que vous avez vues, Monsieur, peut-être

 13   souhaiteriez-vous consulter votre déclaration -je crois que cela figure en

 14   deuxième page, premier paragraphe complet dans la déclaration que vous

 15   avez faite en 1995-, dans cette déclaration vous avez dit penser que les

 16   lignes qui figuraient sur cette carte représentaient la perception

 17   qu’avait le HVO des lignes de confrontation avec l’armée des Serbes de

 18   Bosnie. C’est toujours ce que vous affirmez aujourd’hui, n’est-ce pas ?

 19   M. De Boer (interprétation). - La carte était à l'envers de

 20   devant moi. A ce moment, je n’étais pas certain de la signification de ces

 21   lignes.

 22   M. Sayers (interprétation). - Très bien, mais vous avez affirmé,

 23   il y a cinq ans, que vous pensiez que ces lignes représentaient la façon

 24   que le HVO avait de concevoir les lignes de confrontation, ou en tout cas

 25   le sentiment du HVO par rapport aux lignes des Serbes de Bosnie, n'est-ce


Page 11905

  1   pas ?

  2   M. De Boer (interprétation). - C'est une des possibilités.

  3   M. Sayers (interprétation). - Ce matin, vous avez également

  4   parlé de flèches que vous avez vues sur la carte, mais il y a cinq ans,

  5   vous avez déclaré ne pas être sûr de l'endroit où s’achevaient ces flèches

  6   mais vous avez dit que vous pensiez qu'elles pointaient dans la direction

  7   d'Ahmici, n'est-ce pas ?

  8   M. De Boer (interprétation). - Oui, c'est exact.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous ne dites pas aujourd'hui que

 10   ces lignes pointaient pas dans la direction d'Ahmici, n'est-ce pas ?

 11   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Sayers (interprétation). - Quelques questions encore,

 13   Monsieur, je vous prie au sujet du carnet ; après quoi, nous en aurons

 14   terminé. Saviez-vous que le 14 avril, c'est-à-dire juste avant le début

 15   des hostilités, quatre officiers du HVO avaient été enlevés dans la région

 16   de Novi Travnik ?

 17   M. De Boer (interprétation). - Non.

 18   M. Sayers (interprétation). - Je vous prierai de bien vouloir

 19   jeter un coup d'oeil, au titre "15 avril 1993", dans le carnet,

 20   page 00284425, paragraphe 5. Je vais en donner lecture. Monsieur

 21   l'huissier placera sans doute le texte sur le rétroprojecteur dans

 22   l'intérêt de tous. Nous en avons un exemplaire supplémentaire qui pourrait

 23   peut-être être placé sur le rétroprojecteur pour aider les interprètes. Le

 24   paragraphe 5 se lit comme suit, le titre étant "Novi Travnik". "Le HVO et

 25   l'armée de Bosnie-Herzégovine s'accusent mutuellement de l’enlèvement


Page 11906

  1   allégué des quatre officiers du HVO. Au jour d'aujourd'hui, aucun incident

  2   ne s'est produit mais les barrages du HVO empêchent la liberté de

  3   circulation aux Musulmans. Selon l'armée de Bosnie-Herzégovine, ceci est

  4   une accusation erronée, montée de toutes pièces, destinée à nuire à la

  5   réputation des unités musulmanes locales."

  6   Vous rappelez-vous cette discussion, la discussion au sujet de

  7   cet incident ?

  8   M. De Boer (interprétation). - Non.

  9   M. Sayers (interprétation). - Très bien, mais serait-il permis

 10   de dire qu'il était assez habituel que les Musulmans blâment les Croates

 11   pour de tels incidents et vice-versa ?

 12   M. De Boer (interprétation). - C'est arrivé fréquemment.

 13   M. Sayers (interprétation). - En fait, vous étiez à Busovaca

 14   lorsqu'une entité appelée la Commission conjointe de Busovaca a été créée

 15   suite aux incidents du mois de janvier. Vous rappelez-vous cela ?

 16   M. De Boer (interprétation). - Il s'agissait de l'ECMM.

 17   M. Sayers (interprétation). - Cette commission a d'abord été

 18   présidée par Jeremy Fleming, si je ne m’abuse, puis par M. Mats Torping

 19   et, durant votre service, elle a été présidée par M. Van der Pluijm. Vous

 20   rappelez-vous ces trois moniteurs de l'ECMM qui ont présidé aux travaux de

 21   la Commission conjointe de Busovaca ?

 22   M. De Boer (interprétation). - A mon époque, il s’agissait des

 23   deux premières personnes citées.

 24   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous participé à l'une

 25   quelconque des réunions de cette Commission conjointe, Monsieur ?


Page 11907

  1   M. De Boer (interprétation). - Jamais.

  2   M. Sayers (interprétation). - Je vous demanderai de prendre la

  3   page suivante, le titre étant : "16 avril 1993", paragraphe 5. J’aimerais

  4   vous demander simplement si vous vous rappelez un incident au cours duquel

  5   le commandant Zivko Totic, commandant de la brigade du HVO de Zenica, la

  6   brigade Jure Francetic, a été enlevé et quatre de ses gardes du corps ont

  7   été tués, ainsi que des passants. Vous rappelez-vous cela ?

  8   M. De Boer (interprétation). - Non je n'en ai même jamais

  9   entendu parler.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez donc aucun avis au

 11   sujet des observations figurant dans vôtre logbook quant au fait que la

 12   cause directe des combats dans la région de Vitez Santici semblait résider

 13   dans l'enlèvement récent du commandant du HVO de Zenica, au cours duquel

 14   quatre de ses gardes du corps et des civils ont été tués ? Vous n'avez pas

 15   la moindre connaissance au sujet de l'enlèvement allégué d’officiers du

 16   HVO de Novi Travnik ? Ceci n’a pas fait partie, dans votre souvenir, de ce

 17   qui a été discuté avec les officiers des services de renseignement ou

 18   d'information ?

 19   M. De Boer (interprétation). - On en a peut-être parlé en

 20   interne, au niveau des canaux militaires, mais c'est un sujet dont je n'ai

 21   jamais parlé avec d'autres personnes.

 22   M. Sayers (interprétation). - Les observations qui figurent dans

 23   le logbook du bataillon portent sur quelque chose sur lequel vous n'avez

 24   pas d'avis, n'est-ce pas, s'agissant de la cause des combats ?

 25   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.


Page 11908

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11909

  1   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais maintenant que nous

  2   prenions la page 00284430, qui porte le titre : "19 avril 1993". Au

  3   point 3, nous lisons le mot "Vitez". Dans le logbook de votre bataillon,

  4   il est question, à ce niveau, des événements de Gornja Veceriska, du fait

  5   que Podbrezje est totalement fouillée et que la plupart des villages

  6   croates à l’ouest et au sud-ouest de Zenica ont subi un nettoyage

  7   ethnique.

  8   Avez-vous vu l’un quelconque de ces villages croates, mentionnés

  9   dans ce logbook du bataillon, qui ont subi les le nettoyage ethnique ?

 10   M. De Boer (interprétation). - Non, je ne me suis jamais rendu

 11   dans ces villages.

 12   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais entendu parler de

 13   ce genre d’activités dans la zone située au nord de Busovaca et jusqu’à

 14   l’ouest de Zenica à la mi-avril 1993 ?

 15   M. De Boer (interprétation). - Je n’ai pas davantage de

 16   renseignements que ce qui figure ici.

 17   M. Sayers (interprétation). - Je vous demanderai maintenant de

 18   prendre la page suivante. Nous voyons le titre "Busovaca", correspondant à

 19   la date du 20 avril 1993 où il est dit : "A 4 heures de l’après-midi, à

 20   peu près, le commandant du HVO de Busovaca, Grubesic, a autorisé le

 21   rétablissement de la circulation dans les deux sens". J'en ai déjà parlé

 22   avec vous précédemment, et vous avez dit ne pas vous rappeler ce fait.

 23   Mais qui, dans votre bataillon, avait des rapports avec le commandant de

 24   la brigade de Busovaca, vous en rappelez-vous ?

 25   M. De Boer (interprétation). - Je pense que ce travail était


Page 11910

  1   plus généralement assumé par mon officier de renseignements.

  2   M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur. Nous poursuivons,

  3   je crois que nous avons encore cinq minutes de questions. Je vous réfère à

  4   la page 00284433 à présent. En haut de cette page, nous trouvons une

  5   référence à des discussions de haut niveau tenues le 20 avril 1993 au

  6   siège de commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine de Zenica, entre le

  7   général Halilovic, commandant de ce que l’on suppose être le 3ème Corps

  8   d'armée de l’armée de Bosnie-Herzégovine et le général Petkovic,

  9   commandant du HVO, ainsi qu’avec le colonel Blaskic, commandant de la zone

 10   opérationnelle de Bosnie centrale, et le général Morillon, commandant de

 11   la Forpronu.

 12   Avez-vous été au courant de ces discussions de Zenica qui ont

 13   débouché sur un cessez-le-feu, suite aux combats qui avaient éclaté à la

 14   mi-avril 1993 ?

 15   M. De Boer (interprétation). - Pas au moment où ces contacts ont

 16   eu lieu, mais assez rapidement après.

 17   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais rencontré le

 18   général Halilovic ou le général Petkovic ?

 19   M. De Boer (interprétation). - Je ne me suis rendu qu'une seule

 20   fois au quartier général du 3ème Corps. Je ne me souviens pas du nom des

 21   personnes avec qui j’ai parlé.

 22   M. Sayers (interprétation). - Etiez-vous au courant du fait que

 23   le général Petkovic était l'officier supérieur du colonel Blaskic ?

 24   M. De Boer (interprétation). - Cela semble être très clairement

 25   le cas. Mais à ce moment-là, je l'ignorais.


Page 11911

  1   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que M. Kordic n'a

  2   participé à aucune de ces négociations en vue de cessez-le-feu, à quelque

  3   moment que ce soit ?

  4   M. De Boer (interprétation). - Je n'en étais pas conscient.

  5   M. Sayers (interprétation). - Je vous demanderai de vous pencher

  6   sur le texte qui suit la date du 28 avril 1993, page 00284446, en

  7   référence à la région de Busovaca, paragraphe 3, le village de Kazagici,

  8   il est stipulé que "après que l’armée de Bosnie-Herzégovine ait occupé le

  9   village, dans les 24 heures qui ont suivi, des dommages importants ont été

 10   causés aux maisons et constatés sur les maisons, pratiquement toutes les

 11   maisons étant en feu".

 12   Savez-vous ce qui s'est passé dans le village de Kazagici avant

 13   le 29 avril 1993, Monsieur ?

 14   M. De Boer (interprétation). - Négatif.

 15   M. Sayers (interprétation). - Finalement, le dernier titre est

 16   celui du "1er mai 1993". Je crois qu’on le trouve deux pages plus loin. On

 17   y trouve une référence au commandant Dusko Grubesic lorsqu’il est question

 18   de Busovaca.

 19   Juste en-dessous, au paragraphe 3, intitulé "Jelinak", nous

 20   trouvons une référence au fait que 10 ou 15 maisons du village de Jelinak

 21   ont été incendiées. Avez-vous été au courant de cet incident impliquant

 22   des incendies, Monsieur ?

 23   M. De Boer (interprétation). - Non, je ne l’étais pas.

 24   M. Sayers (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur le

 25   Colonel. Je n’ai pas d’autres questions à poser.


Page 11912

  1   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, nous

  2   n'avons pas de question à poser à ce témoin.

  3   M. Scott (interprétation). - Quatre questions, Monsieur le

  4   Président, pour ce témoin. Colonel, s'agissant des deux réunions que vous

  5   avez eues avec M. Kordic, et du souvenir que vous avez de ces rencontres,

  6   je crois que nous pouvons tous convenir du fait que la déclaration

  7   recueillie en avril 1995, dans laquelle vous parliez de ces réunions,

  8   cette date de 1995 était plus proche des événements que nous ne le sommes

  9   aujourd'hui, n'est-ce pas ?

 10   M. De Boer (interprétation). - C'est exact.

 11   M. Scott (interprétation). - Affirmez-vous dans votre

 12   déposition, aujourd'hui, que M. Kordic a mené ces rencontres de bout en

 13   bout et a décidé de la remise en liberté des jeunes femmes musulmanes ?

 14   M. De Boer (interprétation). - Tout à fait exact.

 15   M. Scott (interprétation). - Maître Sayers vous a interrogé au

 16   sujet d'un barrage routier et du rôle qu'aurait joué le colonel Blaskic

 17   dans l'enlèvement de ce barrage, je crois vous avoir entendu dire que ce

 18   n'était pas M. Blaskic qui avait agi ainsi. Vous rappelez-vous cela ?

 19   M. De Boer (interprétation). - Oui.

 20   M. Scott (interprétation). - Avez-vous le moindre souvenir quant

 21   à l’identité de la personne qui aurait pu agir ainsi si ce n'était pas le

 22   colonel Blaskic ?

 23   M. De Boer (interprétation). - Je ne me rappelle pas du nom.

 24   M. Scott (interprétation). - S’agissant du logbook, je vous

 25   demanderai, avec l'aide de l’huissier, de vous repencher sur le texte qui


Page 11913

  1   suit la date du 16 avril 1993.

  2   M. le Président (interprétation). - Je vous demande la page.

  3   M. Scott (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. Les

  4   quatre derniers chiffres de cette page sont 4426.

  5   M. Scott (interprétation). - Maître Sayers a appelé votre

  6   attention sur la première partie du paragraphe 5, où il est fait référence

  7   à l'enlèvement. Pourriez-vous, je vous prie, prendre en compte la fin de

  8   ce paragraphe 5 également ? Est-ce bien l'évaluation faite par vos

  9   opérations opérationnelles stipulant que les tensions entre l'armée de

 10   Bosnie-Herzégovine et le HVO en Bosnie centrale ont résulté de tentatives

 11   de la part du HVO pour créer une communauté croate d'Herceg-Bosna

 12   indépendante ?

 13   M. De Boer (interprétation). - Je pense qu'il est plus probable

 14   que cette information provienne de la cellule renseignements du BritBat,

 15   car cette cellule était utilisée par lui comme une de ses principales

 16   sources d'informations.

 17   M. Scott (interprétation). - Est-il permis de dire que les

 18   différents éléments de la Forpronu partageaient leurs informations ?

 19   M. De Boer (interprétation). - Oui, bien sûr.

 20   M. Scott (interprétation). - Et je crois que ce sera la dernière

 21   question qui porte sur la référence dans le logbook, en date du 19 avril.

 22   Je vais vous citer la page dans quelques instants. Ce sera la page 4430,

 23   les quatre derniers chiffres sont 4430.

 24   J'aimerais appeler votre attention, Monsieur, sur le

 25   paragraphe 3, sur cette page. Maître Sayers a fait référence aux villages


Page 11914

  1   croates situés au sud-ouest et à l’ouest de Zenica. J'ai deux questions à

  2   poser à ce sujet. Vous-même ou l’une quelconque des personnes membres de

  3   votre commandement a-t-elle été en mesure de vérifier que ce nettoyage

  4   ethnique ne s’était jamais produit ou, pour autant que vous le sachiez,

  5   s’agissait-il d'une information provenant d'une source tierce ?

  6   M. De Boer (interprétation). - Non, l'officier de renseignements

  7   accompagnait à quelques reprises des patrouilles du BritBat.

  8   Effectivement, dans certains cas, il a pu constater un certain nombre de

  9   choses lui-même, mais je ne peux pas assurer avec certitude que cet

 10   incident ait fait l'objet de telles constatations.

 11   M. Scott (interprétation). - J'en arrive à ma dernière question

 12   à ce sujet, qui est la suivante : avez-vous jamais entendu dire, ou votre

 13   attention a-t-elle jamais été appelée sur l'allégation selon laquelle les

 14   Croates eux-mêmes auraient agi pour déplacer leur population, c'est-à-dire

 15   les Croates, en les faisant quitter cette zone ?

 16   M. De Boer (interprétation). - J'ai le souvenir que pendant

 17   toute la période où nous étions présents, régulièrement de telles

 18   déclarations circulaient, à propos de toutes les parties.

 19   M. Scott (interprétation). - Très bien. Je n'ai pas d'autres

 20   questions, Monsieur le Président. Je vous remercie, Monsieur le Témoin.

 21   M. le Président (interprétation). - Colonel, merci d'être venu

 22   devant ce Tribunal international pour témoigner. Vous pouvez disposer

 23   maintenant.

 24                     (Le témoin quitte le prétoire.)

 25               (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)


Page 11915

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12  

 13   Pages 11915 – 11924 expurgées – audience à huis clos partiel.

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  


Page 11925

  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   [expurgée]

  4   [expurgée]

  5   [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   (La séance se poursuit en audience publique avec le témoin

  9   M. Van der Pluijn.)

 10   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 11   M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il donner

 12   lecture de la déclaration solennelle ?

 13   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je déclare solennellement

 14   que je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 15   M. Nice (interprétation). - Votre identité complète, Monsieur,

 16   s'il vous plaît ?

 17   M. Van der Pluijn (interprétation). - Cornelius Van der Pluijn.

 18   M. Nice (interprétation). - Monsieur Van der Pluijn, nous avons,

 19   je pense, toujours avec nous un interprète qui est en mesure d'interpréter

 20   à partir du néerlandais vers l'anglais. Malheureusement, nous n'avons pas

 21   d'interprète qui soit en mesure d'interpréter de l'anglais vers le

 22   néerlandais. Ce qui veut dire que, si vous avez un problème quelconque au

 23   moment où je vous pose une question en anglais, n'hésitez pas à me

 24   demander de la répéter ou de la reformuler.

 25   M. Van der Pluijn (interprétation). - D'accord.


Page 11926

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11927

  1   M. Nice (interprétation). - Mais si vous voulez à un moment

  2   donné parler en néerlandais pour expliquer davantage, pour apporter des

  3   éclaircissements, faites-le sans hésiter, sachant qu'il faudra ménager une

  4   petite pause, quelques instants, de façon à ce que nous puissions recevoir

  5   l'interprétation.

  6   Je crois que vous vous êtes déjà trouvé dans ce bâtiment hier.

  7   C'est alors qu'un résumé a été constitué, n'est-ce pas ?

  8   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Nice (interprétation). - Et vous êtes satisfait du contenu de

 10   ce résumé ? Le témoin peut-il l'avoir sous les yeux, Monsieur le

 11   Président ? Y a-t-il des objections ?

 12   M. le Président (interprétation). - Objection ?

 13   M. Sayers (interprétation). - Pas de la part des avocats de

 14   M. Kordic.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Ni non plus de ceux de M. Cerkez.

 16   M. Nice (interprétation). - Vous êtes commandant à la retraite,

 17   vous étiez responsable de la logistique pour la formation des réservistes

 18   à la base de l'armée néerlandaises. Au cours de votre carrière, vous avez

 19   travaillé dans l'infanterie, les mortiers, la logistique, n'est-ce pas ?

 20   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous avez aussi été observateur ou

 22   moniteur de l'ECMM du 12 janvier au 7 avril 1993. Vous êtes arrivé sur

 23   place à un moment où la situation entre les Musulmans et les Croates de

 24   Bosnie, et ceci surtout dans la zone de Busovaca, Kiseljak, Travnik et

 25   Novi Travnik, la situation était très tendue ?


Page 11928

  1   M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout à fait.

  2   M. Nice (interprétation). - Parlez simplement de l'état de

  3   confiance qui, selon vous, régnait entre les deux parties.

  4   M. Van der Pluijn (interprétation). - J'ai constaté qu’en fait

  5   ils ne se faisaient aucunement confiance. Je l'ai vécu en différentes

  6   circonstances, plus particulièrement en ce qui concerne les promesses

  7   qu'ils se faisaient mutuellement.

  8   M. Nice (interprétation). - D'accord, merci. Je reviendrai par

  9   la suite à la question des documents de façon plus ordonnée. Je le ferai

 10   dans quelques instants. Je vais passer directement au paragraphe 7 et

 11   suivants du résumé. Au cours de votre mission, en qualité de moniteur,

 12   combien de fois avez-vous rencontré M. Kordic ?

 13   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je l’ai rencontré une fois

 14   et je l’ai revu une deuxième fois.

 15   M. Nice (interprétation). - Vous dites l’avoir revu, en présence

 16   de qui ceci s’est produit et où ?

 17   M. Van der Pluijn (interprétation). - Autant que je me

 18   souvienne, c'était lors d'une réunion auprès du Bataillon britannique à

 19   Vitez, en présence d'un colonel britannique, Stewart, un certain nombre de

 20   membres de l'ECMM, M. Blaskic et M. Hadzihasanovic.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous souvenez-vous de la teneur de

 22   cette réunion ou pas ?

 23   M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, je ne peux qu'émettre

 24   des hypothèses. Non.

 25   M. Nice (interprétation). - Parlons de l'autre fois où vous


Page 11929

  1   l'avez rencontré. Mais auparavant, même si vous avez eu des difficultés à

  2   fixer un rendez-vous, pensez-vous que cette réunion s'est produite avant

  3   ou après votre permission ? Vous êtes parti en permission le 26 février.

  4   M. Van der Pluijn (interprétation). - Avant la permission.

  5   M. Nice (interprétation). - Fort bien. Parlons de cette réunion

  6   que vous avez eue avec M. Kordic. Est-ce qu’elle portait sur la visite que

  7   devait effectuer le général Maars, un général néerlandais, dans votre zone

  8   de responsabilité ?

  9   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, en effet, le général

 10   Maars souhaitait rendre visite au Bataillon néerlandais dans la région de

 11   Busovaca.

 12   M. Nice (interprétation). - S'agissant des déplacements de ce

 13   général, que s'est-il passé ?

 14   M. Van der Pluijn (interprétation). - J'ai appris au quartier

 15   général du Bataillon britannique qu'il avait été arrêté au point de

 16   contrôle sur la route de Kiseljak à Busovaca. J'ai entendu que Kordic

 17   demandait que l’on mette fin à ce blocage, pour lui permettre de rejoindre

 18   le quartier général du Bataillon hollandais.

 19   M. Nice (interprétation). - Reprenons ceci dans le détail.

 20   M. Van der Pluijn (interprétation). - Comme vous voulez.

 21   M. Nice (interprétation). - Où êtes-vous allé voir M. Kordic ?

 22   M. Van der Pluijn (interprétation). - A son quartier général à

 23   Busovaca, dans un bâtiment au centre de la localité.

 24   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il avait des gardes ?

 25   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, il était gardé.


Page 11930

  1   M. Nice (interprétation). - Lorsque vous avez réussi à le voir,

  2   était-il seul ou y avait-il des personnes avec lui ?

  3   M. Van der Pluijn (interprétation). - Il était accompagné

  4   d'autres personnes. Il y avait aussi un interprète anglais.

  5   M. Nice (interprétation). - Que portait-il comme vêtement ?

  6   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je ne sais pas.

  7   M. Nice (interprétation). - En civil, en uniforme ?

  8   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je ne sais pas.

  9   M. Nice (interprétation). - Est-ce que, vous, vous aviez un ou

 10   plusieurs interprètes avec vous ?

 11   M. Van der Pluijn (interprétation). - Il y avait deux

 12   interprètes qui m'accompagnaient.

 13   M. Nice (interprétation). - De la région ?

 14   M. Van der Pluijn (interprétation). - Un de la région.

 15   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous parler du

 16   comportement qu'ils avaient à l'épode ?

 17   M. Van der Pluijn (interprétation). - Il y avait une jeune femme

 18   musulmane qui était inquiète. Elle a eu des problèmes dès l'accès au

 19   bâtiment.

 20   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez expliqué ceci à

 21   M. Kordic ?

 22   M. Van der Pluijn (interprétation). - Ma position...

 23   M. Nice (interprétation). - La position du général ?

 24   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, je l’ai expliqué.

 25   J'ai expliqué que bloquer le général lors d'une visite rendue à des


Page 11931

  1   troupes néerlandaises, cela n'allait pas.

  2   M. Nice (interprétation). - Quel fut son comportement et puis

  3   dites-nous ce qu’il a fait, ce qui s’est passé ? Parlez-nous d'abord de

  4   son comportement.

  5   M. Van der Pluijn (interprétation). - Il trouvait que c’était un

  6   problème pas très important. Il souriait. Quand il a vu que je me fâchais,

  7   il a accepté de prendre contact avec le point de contrôle pour laisser

  8   passer notre général.

  9   M. Nice (interprétation). - Il a passé un coup de fil ?

 10   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, un coup de fil en

 11   effet, et en ma présence.

 12   M. Nice (interprétation). - A qui a-t-il téléphoné, si vous avez

 13   pu le savoir ?

 14   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je pense au point de

 15   contrôle mais je n’en suis pas sûr.

 16   M. Nice (interprétation). - Ce fut une conversation courte ou

 17   longue ?

 18   M. Van der Pluijn (interprétation). - Un bref appel

 19   téléphonique, une conversation de quelques minutes. Tout a été réglé.

 20   M. Nice (interprétation). - D'après ce que vous avez appris, le

 21   problème a été réglé ?

 22   M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout a été réglé.

 23   M. Nice (interprétation). - Le général a pu franchir ce barrage

 24   routier ?

 25   M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout à fait.


Page 11932

  1   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 9, ne relisez pas le

  2   résumé, la Chambre préfère vous entendre formuler ceci à votre façon.

  3   Quelle idée vous êtes-vous fait du poste qu'il occupait, que ce soit au

  4   niveau politique ou militaire ? Peu importe. Qu’avez-vous pensé de lui ?

  5   M. Van der Pluijn (interprétation). - J’avais l'impression qu'il

  6   était une autorité politique autorisée à Busovaca, qu'il était un leader

  7   politique important, un responsable important civil.

  8   M. Nice (interprétation). - Savez-vous s'il y avait un rapport

  9   quelconque entre le poste qu'il occupait et celui de Blaskic ?

 10   M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, je l'ignore. J'ai une

 11   opinion, mais je ne sais pas. Je n'ai qu'une impression.

 12   M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous remarqué à propos de

 13   Blaskic, s'il était en réunion avec vous, à propos du pouvoir qu'il

 14   exerçait ?

 15   M. Van der Pluijn (interprétation). - Monsieur Blaskic donnait

 16   l'impression... Comment dire ?Je vais m'exprimer autrement. Nous avons

 17   affaire à M. Hadzihasanovic de l'autre côté qui... Blaskic n'était pas

 18   toujours présent à ces réunions. On avait l'impression qu'il devait

 19   souvent appeler ses supérieurs, les consulter.

 20   M. Nice (interprétation). - Vous a-t-il jamais dit qui étaient

 21   ses commandants supérieurs ?

 22   M. Van der Pluijn (interprétation). - Bon, il a mentionné le

 23   commandant d'un Corps, je ne sais pas lequel, d'un Corps mais je ne sais

 24   pas lequel.

 25   M. Nice (interprétation). - Dans la zone de Busovaca même, y


Page 11933

  1   avait-il des gens supérieurs au niveau politiques par rapport à Kordic ?

  2   M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, je ne le sais pas.

  3   M. Nice (interprétation). - Avez-vous rencontré l'accusé Mario

  4   Cerkez au cours de votre mission ?

  5   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, je l'ai rencontré,

  6   mais je ne lui ai pas parlé. Disons que je n'ai pas eu de contacts

  7   personnels avec lui.

  8   M. Nice (interprétation). - Vous êtes-vous fait une opinion de

  9   lui, si c'est le cas, laquelle, et pourquoi ?

 10   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je l'ai vu au quartier

 11   général de Vitez. C'est un ancien militaire lui aussi. Mais la discipline

 12   à ce quartier général n'était pas très impressionnante. On pouvait passer

 13   là sans aucun problème. Les gardes étaient là, discutaient avec mes

 14   interprètes, ils se connaissaient, ils se souriaient, donc manque de

 15   discipline.

 16   M. Nice (interprétation). - Je vais d'abord évoquer les

 17   paragraphes 11 à 13, et m'intéresser aux documents.

 18   Avez-vous pu constater quelles étaient les capacités de

 19   transmission du HVO ? Si c'est le cas, quel type de transmission avaient-

 20   ils ?

 21   M. Van der Pluijn (interprétation). - Ils disposaient uniquement

 22   de lignes des téléphoniques et de téléphones portables. C'est ce que j'ai

 23   pu voir au quartier général de Kordic mais c’est aussi ce que j'ai pu voir

 24   lors de nos réunions avec le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 25   M. Nice (interprétation). - Etait-il facile de prendre contact


Page 11934

  1   pour le HVO lorsque c'était nécessaire ?

  2   M. Van der Pluijn (interprétation). - Difficile ? Non !

  3   M. Nice (interprétation). - En février 1993, je pense que ceci

  4   s’est passé à la gare routière de Busovaca, y a-t-il eu un échange qui

  5   concernait quelque 200 personnes ? Les Musulmans n'étaient pas en âge de

  6   porter les armes pour la plupart, et ils ont été échangés contre des

  7   Croates qui avaient été détenus ? Est-ce qu'il y a eu cet échange ?

  8   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, il y a eu un échange,

  9   en effet.

 10   M. Nice (interprétation). - Quel était l'état dans lequel se

 11   trouvait les prisonniers, des deux côtés ?

 12   M. Van der Pluijn (interprétation). - Des deux côtés, il y avait

 13   des personnes blessées, des personnes ayant subi de mauvais traitements.

 14   Des personnes en mauvais état.

 15   M. Nice (interprétation). - Dans le cadre de votre travail de

 16   contrôle sur les échanges de prisonniers, avez-vous découvert que le père

 17   du général Merdan avait été soi-disant détenu au poste de police local de

 18   Busovaca, même si les forces de police ont nié avoir un tel prisonnier ?

 19   N’est-ce pas exact ?

 20   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Nice (interprétation). - En temps utiles, grâce à

 22   l’assistance que vous avez manifestée, est-ce que l’on vous a montré deux

 23   cellules vides et une dans laquelle se trouvait le père de Merdan ?

 24   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.

 25   M. Nice (interprétation). - Que vous a-t-on dit à propos de la


Page 11935

  1   qualité de cette personne ?

  2   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je n'ai pas compris la

  3   question.

  4   M. Nice (interprétation). - Que vous a dit le chef de la police

  5   au départ, ou quelqu’un en son nom ? Que vous a-t-on dit à propos de la

  6   personne détenue dans cette cellule ?

  7   M. Van der Pluijn (interprétation). - D'abord, ils ont dit

  8   qu'ils n'avaient pas de prisonniers politiques dans leur établissement

  9   mais que des délinquants de droit commun. Quand j'ai découvert M. Merdan,

 10   il a présenté ses excuses. Il s’est adressé aux gardes en disant : "Mais

 11   qu'êtes-vous en train de faire ?".

 12   M. Nice (interprétation). - Je pense qu’à l'époque le père de

 13   M. Merdan avec quelque 70 ans.

 14   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Nice (interprétation). - Il a été détenu pendant un certain

 16   temps, sans lumière et ce genre de chose ?

 17   M. Van der Pluijn (interprétation). - Tout à fait.

 18   M. Nice (interprétation). - Je pense que nous pouvons passer au

 19   paragraphe 15. Le 23 février, est-ce qu’une plainte vous a été formulée

 20   par Blaskic, qui se plaignait du manque de nourriture pour les Croates ?

 21   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, c'est exact.

 22   M. Nice (interprétation). - Vous expliquez comment ceci a trouvé

 23   une solution dans le résumé. Est-ce que, finalement, des camions ayant des

 24   aliments ont été fouillés à un poste tenu par l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine ?


Page 11936

  1   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

  2   M. Nice (interprétation). - Qu’est-ce qu’on y a trouvé ?

  3   M. Van der Pluijn (interprétation). - On a trouvé des grenades à

  4   main, des munitions, tout cela recouvert par des pommes de terre.

  5   M. Nice (interprétation). - Manifestement, là, on avait trompé

  6   l'ECMM ?

  7   M. Van der Pluijn (interprétation). - Exactement.

  8   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 18, je crois que vous

  9   avez, lors d'une action, participé au fait de retrouver un soldat de

 10   l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait été tué derrière les lignes

 11   croates. Vous avez été aidé par un interprète d'origine musulmane ?

 12   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

 13   M. Nice (interprétation). - Vous vous êtes approché des Croates

 14   avec un interprète musulman. Que s'est-il passé pour l’interprète ?

 15   M. Van der Pluijn (interprétation). - Les Croates l’ont reconnu,

 16   ont constaté que c'était un garçon musulman de Jajce, son père avait

 17   également un appartement, une maison à Busovaca. Ils l'ont battu.

 18   M. Nice (interprétation). - En votre présence ?

 19   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, en effet. Et puis

 20   j'ai fait prendre l’homme qui battait le garçon. Je lui ai dit d'arrêter.

 21   Il s'est arrêté de battre l'interprète.

 22   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 4 d'un document très

 23   court : inutile de faire référence à ce document qui a déjà été produit,

 24   même si le témoin en parle dans la première phrase du paragraphe 4.

 25   Est-il exact de dire que le 30 janvier, il a été décidé de


Page 11937

  1   mettre sur pied la Commission conjointe de Busovaca avec l'accord de

  2   Hadzihasanovic et Blaskic ?

  3   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Nice (interprétation). - En quelques mots, je vous demande

  5   comment cette Commission était censée travailler ?

  6   M. Van der Pluijn (interprétation). - Nous avons constaté que se

  7   rendre uniquement auprès des commandement locaux était insuffisant. Nous

  8   avons créé ce que nous appelions la Commission mixte, afin de rassembler

  9   les commandements locaux sous notre supervision, de les encourager à

 10   conclure des accords. Cette initiative, c'est nous qui l'avions prise.

 11   Nous n'avions pas reçu d'ordre à cet effet.

 12   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 14, il est question de

 13   l'incident suivant dans l'ordre chronologique. Je demanderai que le témoin

 14   reçoive un jeu des pièces à conviction documentaires car je vais les

 15   passer en revue les unes après les autres.

 16   M. Nice (interprétation). - Peut-être le témoin pourrait-il

 17   avoir un jeu sous les yeux, et M. l'huissier pourrait placer les documents

 18   sur le rétroprojecteur en temps voulu. Je crois que cela faciliterait la

 19   tâche de tout le monde.

 20   Commençons par le document 471. Comme nous le voyons, il s'agit

 21   d'un document interne qui, je crois, se compose d'une série d’ordres

 22   négociés sous la présidence de Jeremy Fleming, président de la Commission

 23   conjointe, n'est-ce pas ?

 24   M. Van der Pluijn (interprétation). - C'était lui le président.

 25   M. Nice (interprétation). - Je vous demanderai de passer à la


Page 11938

  1   page suivante où nous voyons que, lors de la réunion tenue le 13 février,

  2   l'équipe a été constituée, des décisions ont été prises et des ordres

  3   conjoints promulgués.

  4   Qu'attendiez-vous comme résultat de tout cela, je vous prie,

  5   Monsieur le Témoin ?

  6   M. Van der Pluijn (interprétation). - En fait, nous faisions

  7   pleinement confiance au résultat à obtenir par cette commission, puisque

  8   les deux parties souhaitaient participer à notre réunion, au niveau le

  9   plus élevé.

 10   M. Nice (interprétation). - Donc à quoi vous attendiez-vous, à

 11   la conclusion de la paix ?

 12   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, oui. Nous pensions

 13   avoir mis un terme à la guerre en Bosnie centrale, puisque toutes les

 14   parties se retrouvaient dans une même pièce. Elles nous ont dit : "C’est

 15   ce que nous allons faire, c'est fou de se combattre ainsi. Nous allons

 16   arrêter les hostilité, les combats, les destructions, les incendies".

 17   M. Nice (interprétation). - Nous voyons le contenu des décisions

 18   officielles prises à ce moment-là, mais les engagements pris ont-ils été

 19   respectés ? La paix a-t-elle tenu ?

 20   M. Van der Pluijn (interprétation). - Non, non, pas du tout.

 21   Dire pas du tout, c'est peut-être aller trop loin. Mais tous les

 22   engagements pris n'ont pas été respectés.

 23   M. Nice (interprétation). - Entre Hadzihasanovic, d’une part, et

 24   Blaskic d'autre part, y a-t-il eu de bons résultats du point de vue de la

 25   façon dont l'un ou l'autre de ces hommes remplissait ses promesses, ou y


Page 11939

  1   avait-il une différence dans le comportement de ces deux personnes ?

  2   M. Van der Pluijn (interprétation). - J’ai une interprétation

  3   personnelle, mais les deux ont pleinement coopéré. C'était la même chose

  4   pour les personnes appelées ou envoyées à participer aux travaux de notre

  5   Commission conjointe, comme Merdan, Blaskic et les autres représentants.

  6   M. Nice (interprétation). - Vous dites que c'est votre

  7   interprétation personnelle. C'est exactement ce que je vous demandais : de

  8   partager avec nous. Vous étiez sur place, vous avez vu ce qu’ont fait ces

  9   hommes.

 10   M. Van der Pluijn (interprétation). - Il était plus facile de

 11   collaborer avec Hadzihasanovic qu'avec Blaskic.

 12   M. Nice (interprétation). - Pourquoi ?

 13   M. Van der Pluijn (interprétation). - Hadzihasanovic disait

 14   "Bon, je donnerai les ordres", c’est ce qui se passait, alors que Blaskic

 15   disait à chaque moment : "Il faut que je parle à mon commandement".

 16   M. Nice (interprétation). - Le document suivant est le

 17   document 548.2, qui est faussement décrit au paragraphe 4 comme étant le

 18   document 548.1., alors qu’il s’agit du 548.2. C'est un document de

 19   plusieurs pages qui décrit le contexte qui présidait aux travaux de la

 20   Commission conjointe de Busovaca et les objectifs poursuivis par cette

 21   commission. Si nous examinons, par exemple, la page 4 de ce document, où

 22   l'on voit en haut à droite, le n° 0475826, il est stipulé que "dans la

 23   situation actuelle, des dispositions pratiques relatives à la Commission

 24   conjointe, celles-ci sont telles et telles".

 25   En page suivante, on trouve le nom de ceux qui soutenaient la


Page 11940

  1   Commission, et il est question d'un certain nombre d’autres éléments liés

  2   à la Commission. Je ne vais pas rentrer dans les détails. Mais suis-je en

  3   droit de dire, Monsieur, que c'est bien la description de la façon dont la

  4   Commission était censée fonctionner ?

  5   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - Nous pouvons passer à la pièce

  7   suivante, pièce 556.1, paragraphe 16. Il s'agit, si je ne m'abuse, d'un

  8   rapport de mission conjointe et, si nous nous référons à la fin du

  9   document, page 475817, je vous demande si l'une des signatures que nous

 10   trouvons sur cette page est bien la vôtre ?

 11   M. Van der Pluijn (interprétation). - ...

 12   M. Nice (interprétation). -  C'est ma faute, est-ce bien votre

 13   rapport ?

 14   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, c’est mon rapport et

 15   je l'ai signé.

 16   M. Nice (interprétation). - Rendez-vous compte de la façon dont

 17   ont été exécutés les ordres délivrés conjointement un peu plus tôt ?

 18   M. Van der Pluijn (interprétation). - Je ne sais pas exactement

 19   quelle est votre question.

 20   M. Nice (interprétation). - Si vous prenez la page 475815, en

 21   haut à droite, vous voyez quelles sont les conclusions que vous avez

 22   établies quant à l’exécution des ordres conjoints signés le 13 février. Il

 23   est rappelé dans ce texte que jusqu'au 19 mars, donc cinq semaines après

 24   la prise de ces ordres, ces ordres n'avaient pas été exécutés, même pas en

 25   partie. Est-ce exact ?


Page 11941

  1   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, oui, c'est correct.

  2   M. Nice (interprétation). - Vous voyez que vous rappelez, au

  3   milieu de cette page, l'existence toujours présente de méfiance et d'un

  4   certain niveau de haine ?

  5   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, et nous en

  7   trouverons une référence dans le document le cas échéant, à ce moment-là,

  8   quelle était la situation du point de vue du démantèlement du barrage

  9   routier, de l'échange des prisonniers également ?

 10   M. Van der Pluijn (interprétation). - L'échange de prisonniers,

 11   dans la mesure où j'ai pu le contrôler personnellement, je pense que dans

 12   la zone concernée les échanges de prisonniers ont été réalisés. Ce n'est

 13   que dans une seule prison que j'ai trouvé ce qu'ils appelaient des

 14   prisonniers de droit commun, alors que les autres prisons étaient vides.

 15   Les barrages routiers, la situation changeait chaque jour : certains

 16   jours, les barrages avaient disparu, et quelques jours plus tard ils

 17   étaient remis en place. Nous avons pu installer des policiers. Dans pas

 18   mal de barrages, on a fait appel à la police du côté croate et du côté

 19   musulman. Dans la région de Novi Travnik, dans celle de Vitez, trois

 20   barrages sont restés en place. Dans les régions de Novi Travnik, de Zenica

 21   et de Vitez.

 22   M. Nice (interprétation). - Le document suivant est le

 23   document 570.1. Il s'agit d'un accord dont le titre est "Comité de

 24   coordination de la Commission conjointe de Busovaca". Vous rappelez-vous

 25   cet accord ?


Page 11942

  1   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, tout à fait.

  2   M. Nice (interprétation). - Qu’en était-il ?

  3   M. Van der Pluijn (interprétation). - La commission conjointe

  4   avait été acceptée à ce moment par l'ECMM. On a reconnu l'importance du

  5   rôle de cette commission conjointe, les commandants les plus importants y

  6   participaient. Cela avait été le résultat des accords signés à cette

  7   époque.

  8   M. Nice (interprétation). - Je vous demanderai de vous rendre en

  9   page suivante, nous voyons certaines signatures : Hadzihasanovic, Karic,

 10   Stewart...

 11   M. Van der Pluijn (interprétation). - Jean-Pierre Thébault qui

 12   était, à ce moment-là, à la tête de l'ECMM.

 13   M. Nice (interprétation). - Ce plan suscitait-il une grande

 14   confiance ?

 15   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, comme tous les plans

 16   que nous avons élaborés. Nous avons souvent été déçus.

 17   M. Nice (interprétation). - S'agissant de ce plan particulier ?

 18   M. Van der Pluijn (interprétation). - Ceci se situe à la fin de

 19   ma mission et, à cette époque, les points les plus importants consistaient

 20   à éliminer les barrages. C’est ce que je faisais chaque jour. Ma mission

 21   consistait à démanteler les barrages. Cela a été quasiment réalisé, mais

 22   tous les barrages n'ont pas disparu.

 23   M. Nice (interprétation). - Une part de vos devoirs, dans le

 24   cadre de cet accord, consistait à vérifier les plaintes déposées par les

 25   Musulmans. Y a-t-il eu un grand nombre de telles plaintes ?


Page 11943

  1

  2

  3

  4

  5

  6

  7

  8

  9

 10

 11

 12

 13   page blanche insérée aux fins d'assurer la correspondance entre la

 14   pagination anglaise et la pagination française

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25


Page 11944

  1   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, cela dépendait des

  2   endroits.

  3   M. Nice (interprétation). - Y a-t-il eu une plainte

  4   particulière, qui avait un rapport avec un Musulman se trouvant sur un

  5   pont non loin du camp, dont vous vous souviendriez ?

  6   M. Van der Pluijn (interprétation). - Au pont, à proximité de la

  7   compagnie néerlandaise.

  8   M. Nice (interprétation). - Oui, c’est cela.

  9   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui, on m'a signalé qu'on

 10   avait tiré vers un homme musulman, à proximité du pont. La compagnie

 11   néerlandaise m'en a informé et l'homme a été tué.

 12   M. Nice (interprétation). - Dernier document, les deux derniers

 13   documents en fait, documents 573.1 et 599.1.

 14   Mme Ameerali (interprétation). - Je tiens à vous informer que le

 15   document 573.1 a déjà reçu une cote, a peut-être déjà été utilisé comme

 16   cote, peut-être pourrions-nous parler ici du document 573.2 ?

 17   M. Nice (interprétation). - Je vous prie de m'excuser pour ceci.

 18   Mais les documents que vous avez sous les yeux, Monsieur le Témoin, nous

 19   apprennent-ils quelque chose au sujet de la situation des barrages

 20   routiers au moment où vous avez quitté la région ?

 21   M. Van der Pluijn (interprétation). - Tous les barrages ?

 22   M. Nice (interprétation). - En tout cas, s’agissant des hommes

 23   qui tenaient ces barrages routiers.

 24   M. Van der Pluijn (interprétation). - Ah les hommes ! L'accord

 25   visait justement à ce que, sur les barrages routiers, on y mette des


Page 11945

  1   hommes des deux parties. Les barrages routiers, au moment de mon départ,

  2   étaient sous la charge des policiers, de policiers civils, autant du côté

  3   des Croates que du côté des Musulmans.

  4   M. Nice (interprétation). - Si nous examinons ce document 573.1

  5   ou 573.2, que vous avez sous les yeux, je vous demanderai de nous dire,

  6   Monsieur, de bien vouloir nous dire de quels documents il s'agit. Pour

  7   autant que vous le sachiez, quelle est la nature de ce document,

  8   Monsieur ?

  9   M. Van der Pluijn (interprétation). - Ce document, je l’avais

 10   établi à ma propre intention, pour pouvoir procéder à la vérification des

 11   barrages routiers.

 12   M. Nice (interprétation). - La première référence que l’on

 13   trouve dans ce document est "NO2, Biljesevo", il est question de police

 14   civile, de police locale de Kakanj. Pouvez-vous nous donner votre

 15   interprétation, au sujet de cette référence en tenant compte de ce que

 16   vous avez déjà dit ?

 17   M. Van der Pluijn (interprétation). - Vous demandez ce que ceci

 18   représente ?

 19   M. Nice (interprétation). - Oui, veuillez expliquer cette

 20   référence.

 21   M. Van der Pluijn (interprétation). - Ici, nous parlons de la

 22   route à proximité de Kakanj. Là, il y avait un abri qui avait été

 23   installé, une petite maison, où ils avaient installé leur quartier

 24   général. Comme je l’ai expliqué, deux policiers de chaque côté, et un

 25   troisième en réserve dans la maison.


Page 11946

  1   M. Nice (interprétation). - Donc, la présence de policiers

  2   plutôt que de soldats représentait un progrès aux yeux de la Commission

  3   conjointe ?

  4   M. Van der Pluijn (interprétation). - Oui.

  5   M. Nice (interprétation). - Ceci constitue un exemple.

  6   Maintenant, nous pouvons passer à l'examen du dernier document 599.1. Sur

  7   la première page de ce document, deuxième paragraphe, nous voyons qu'il

  8   est stipulé que "cinq points noirs, tous du côté du HVO", ce sont les mots

  9   utilisés. Pouvez-vous nous les expliquer, je vous prie ?

 10   M. Van der Pluijn (interprétation). - C’est ce que nous

 11   appelions des points noirs, en effet, puisqu'il s'agissait de cas de non-

 12   conformité par rapport aux accords, concernant la mobilisation des

 13   barrages routiers, certains étant occupés par des hommes portant des armes

 14   lourdes.

 15   M. Nice (interprétation). - Des progrès ont donc été constatés

 16   en ce qui concerne les barrages, mais le succès n'était pas total ?

 17   M. Van der Pluijn (interprétation). - Comme vous le dites.

 18   M. Nice (interprétation). - Merci beaucoup, c’est tout ce que je

 19   voulais demander à ce témoin.

 20   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, ne pensez

 21   vous pas, si votre interrogatoire doit être un peu plus long, qu’il serait

 22   préférable de le commencer demain matin ?

 23   M. Sayers (interprétation). - Compte tenu de la déposition déjà

 24   faite par ce témoin, je peux être bref, mais je peux néanmoins commencer

 25   demain matin en tout état de cause.


Page 11947

  1   M. le Président (interprétation). - Très bien. Demain matin

  2   donc. Monsieur Van der Pluijn, je vous demanderai de revenir dans ce salle

  3   demain matin, à 9 heures 30 pour la fin de votre déposition. Dans

  4   l'intervalle, je vous prierai de bien vouloir ne parler de votre

  5   déposition à personne. Cela signifie également que vous ne devez pas en

  6   parler avec les membres du Bureau du Procureur.

  7               (L'audience est levée à 16 heures 10.)

  8

  9

 10

 11

 12

 13

 14

 15

 16

 17

 18

 19

 20

 21

 22

 23

 24

 25