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1 Le lundi 17 janvier 2000
2 [Audience publique]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 --- L’audience débute à 9 h 34
5 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Bonjour, Monsieur
6 le Président. L’affaire IT-95-14/2-T, Le Procureur du
7 Tribunal contre Dario Kordic et Mario Cerkez.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, Monsieur Nice ?
9 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président,
10 le Colonel Stewart est ici. Il est prêt à être entendu et
11 il aimerait, bien entendu, que son audition s’achève
12 aujourd’hui, si possible.
13 Nous n’avons encore aucune nouvelle s’agissant d’une
14 éventuelle ordonnance émise par la Chambre I, au sujet d’un
15 certain document dont j’ai déjà parlé. Par conséquent, je n’ai
16 pas pu communiquer ce document au témoin en question pour obtenir
17 ses commentaires. Nous espérons que dans le courant de la
18 présente matinée, une notification pourrait nous parvenir de la
19 Chambre numéro I quant à la possibilité de divulguer ce document.
20 Si tel était le cas, je demanderais une pause de courte durée qui
21 permettrait au témoin d’examiner ce document et je demanderais à
22 pouvoir parler au témoin s’il a quelque chose à dire au sujet de
23 ce document, mais bien entendu, dans ce cas, nous ne parlerions
24 que du document et de rien d’autre puisque sa déposition aurait
25 déjà commencé.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous verrons
2 cela en temps utile.
3 Me NICE (interprétation) : Le témoin peut donc
4 entrer dans le prétoire.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Avant de
6 demander que le témoin n’entre dans le prétoire, il y a
7 encore quelques points à régler.
8 Nous sommes deux Juges à siéger ce matin puisque, comme
9 vous le savez, Monsieur le Juge Robinson est absent pour des
10 raisons personnelles de la plus grande importance. Par
11 conséquent, nous proposons de rendre une nouvelle ordonnance dans
12 le cadre de l’application de l’Article 15 bis car nous estimons
13 qu’il est de l’intérêt de la justice que ce procès se poursuive
14 et que le témoin présent ici aujourd’hui et les autres témoins
15 prévus pour cette semaine soient entendus. Donc, nous estimons
16 que nous pouvons rendre cette ordonnance, à moins qu’il y ait
17 objection de la part de quiconque dans ce prétoire.
18 Me STEIN (interprétation) : Non, Monsieur le Président,
19 nous l’avons déjà dit, nous n’avons pas d’objection.
20 Me KOVACIC (interprétation) : Pas d’objection,
21 Monsieur le Président.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien. Eh bien,
23 Monsieur le Juge Robinson aura pas mal de comptes rendus
24 d’audience à lire mais nous en avons déjà parlé ensemble, comme
25 je vous l’ai dit la semaine dernière, et il ne s’y est pas
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1 opposé. Donc, nous rendons l’ordonnance dont je viens de parler,
2 en vertu de l’Article 15 bis du Règlement.
3 Autre point que je voulais évoquer. Nous avons reçu la
4 déposition écrite, le compte rendu d’audience de la déposition du
5 Colonel Stewart dans l’affaire Blaskic. Il s’agit d’une
6 déposition qui s’est faite sous serment et qui a donné lieu à
7 contre-interrogatoire. Nous proposons donc que ce document
8 devienne pièce à conviction de notre procès. Y a-t-il objection
9 à cela ?
10 Me NICE (interprétation) : Non, Monsieur le Président.
11 Me SAYERS (interprétation) : Pas d’objection,
12 Monsieur le Président.
13 Me KOVACIC (interprétation) : Pas d’objection non plus.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Ah, excusez-
15 moi, Me Kovacic, je ne vous ai pas donné la parole et je ne
16 vous avais pas posé la question au sujet de l’ordonnance
17 relative à l’Article 15 bis. Je vous prie de m’excuser.
18 Le compte rendu dont je viens de parler étant versé au
19 dossier et puisque nous avons eu la possibilité d’en prendre
20 connaissance, il suffira sans doute aux conseils de la Défense
21 de se référer, dans ce compte rendu d’audience, aux passages qui
22 les intéressent.
23 J’ai remarqué qu’il y avait de plus nombreuses
24 références à Monsieur Kordic que vous n’en faites état dans
25 votre résumé d’interrogatoire, Monsieur Nice.
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1 Me NICE (interprétation) : Oui, en effet.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais si les conseils
3 doivent utiliser ce compte rendu d’audience, je propose qu’une
4 référence au compte rendu suffise, plutôt que de reposer des
5 questions au témoin. Il suffira, par conséquent, de demander au
6 témoin : « Êtes-vous d’accord sur tel et tel point ? » et le
7 témoin peut éventuellement, dans ce cas, répondre : « Oui, je
8 suis d’accord avec ce que j’ai dit il y a deux ou trois mois. »
9 Donc, cela pourrait nous permettre d’accélérer les choses.
10 Vous avez prévu une heure, Monsieur Nice ?
11 Me NICE (interprétation) : Sans doute moins,
12 Monsieur le Président.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, ce sera très
14 utile. Cela permettra au témoin de quitter La Haye ce soir si
15 son contre-interrogatoire est terminé, ce que j’espère.
16 Si des références sont faites au journal personnel
17 du témoin et au livre qu’il a écrit, les conseils peuvent
18 sans doute nous renvoyer aux passages pertinents et nous
19 pourrons les lire sans rentrer dans les détails.
20 Très bien. Peut-on faire entrer le témoin dans le prétoire?
21 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le Président, un
22 point technique, si vous me permettez. Puisque le compte rendu
23 d’audience reprenant la déposition de ce témoin dans une autre
24 affaire sera – quel terme utilisé – versé au dossier, je ne sais
25 pas très bien techniquement quel terme utilisé…
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il fera partie
2 des pièces à conviction de notre procès.
3 Me KOVACIC (interprétation) : Mais dans ce cas,
4 ne devrait-il pas recevoir une cote ?
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, sans doute.
6 Me KOVACIC (interprétation) : Cela nous permettra
7 de savoir comment y faire référence sur le plan technique.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, je
9 propose que ce soit une pièce à conviction de l’Accusation.
10 Me NICE (interprétation) : Je vous demanderais de
11 nous donner quelque temps pour réfléchir à la cote qui est
12 la plus opportune car nous avons un ordre déterminé pour
13 les cotes de pièces à conviction.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous demanderais de
15 nous proposer une solution dans la journée d’aujourd’hui.
16 Me NICE (interprétation) : Oui, tout à fait.
17 [Le témoin entre dans la Cour]
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le Témoin, je
19 vous demanderais de prononcer la déclaration solennelle.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare solennellement que
21 je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous pouvez
23 vous asseoir.
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
25 TÉMOIN : ROBERT ALEXANDER STEWART
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1 (ASSERMENTÉ)
2 QUESTIONS PAR :
3 Me NICE (interprétation) : Pouvez-vous décliner
4 votre identité ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Je m’appelle Robert
6 Alexander Stewart.
7 Me NICE (interprétation) : Il nous faut ménager
8 une pause entre les questions et les réponses, si vous le
9 voulez bien, ce qui permettra l’interprétation simultanée
10 de se dérouler dans les meilleures conditions.
11 Colonel Stewart, étiez-vous le commandant du 1er bataillon
12 du régiment du Cheshire en Bosnie d’octobre 1992 à mai 1993 ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me NICE (interprétation) : Avez-vous relu la déclaration
15 que vous avez faite et la déposition que vous avez donnée dans
16 l’affaire Blaskic ? Avez-vous des commentaires à faire en vue de
17 corriger l’un ou l’autre de ces deux documents ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai relu ces documents et je
19 n’ai pas de correction ou de commentaire à faire à leur sujet.
20 Me NICE (interprétation) : À combien de reprises
21 environ avez-vous rencontré Dario Kordic pendant la durée
22 de votre mission ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Je crois l’avoir
24 rencontré quatre ou cinq fois à peu près.
25 Me NICE (interprétation) : Nous venons de
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1 confirmer que vous avez eu entre les mains un résumé de
2 votre déposition ici aujourd’hui. Je vous demande si vous
3 êtes également d’accord avec le contenu de ce résumé écrit.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me NICE (interprétation) : Peut-être l’avez-vous entre les
6 mains mais je vous demanderais toutefois de vous efforcer de
7 répondre aux Juges en utilisant les termes qui vous viennent
8 spontanément à l’esprit plutôt que de vous référer à ce résumé.
9 S’agissant des conclusions que vous tirez au sujet de
10 Kordic, et je verrai à ce que toutes les sources d’information
11 nécessaires soient entre vos mains pour vous aider, je vous
12 demande si au nombre de ces sources d’information, vous incluez
13 les rencontres personnelles que vous avez eues avec Kordic ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me NICE (interprétation) : Comment ces
16 renseignements provenant de vos patrouilles vous
17 atteignaient-elles : directement ou indirectement ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Les renseignements émanant de
19 mes patrouilles m’atteignaient directement et il m’arrivait
20 souvent de me former ma propre opinion car j’étais très souvent
21 sur les lieux moi-même. Donc, en tant que commandant, j’avais
22 accès à des sources d’information diverses, multiples.
23 Me NICE (interprétation) : Avant de recevoir des
24 renseignements, ces renseignements allaient-ils à un service de
25 renseignements ou à des responsables chargés de renseignements ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : La réponse à cette question
2 consiste à dire que cela dépendait. Si ces informations étaient
3 considérées comme d’une importance vitale, elles m’arrivaient
4 directement sans intermédiaire, mais le système normal consistait
5 à informer les patrouilles et à leur demander de rendre compte au
6 retour de leur mission. Elles étaient informées avant leur
7 départ et c’était des sections chargées du renseignement qui
8 s’occupaient d’informer les patrouilles avant leur départ,
9 de même que de recueillir leurs informations au retour de
10 leur mission.
11 Me NICE (interprétation) : Receviez-vous
12 également des renseignements émanant des observateurs ou
13 des moniteurs de l’ECMM ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ces reseignements
15 m’étaient très utiles car ces observateurs opéraient dans des
16 secteurs où je ne patrouillais pas toujours et ce pour la raison
17 suivante : En général, ces observateurs travaillaient dans une
18 zone plus pacifique que celle où je souhaitais concentrer mon
19 travail car je me concentrais sur les secteurs qui posaient
20 davantage de problèmes. En effet, les observateurs de l’ECMM ne
21 disposaient pas de blindés pour les protéger, contrairement
22 à moi. Il m’arrivait d’ailleurs de leur prêter ces blindés.
23 Me NICE (interprétation) : Receviez-vous des
24 informations ou des renseignements émanant des personnes
25 employées sur les lieux, y compris d’interprètes ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, mais les
2 renseignements que j’obtenais des interprètes étaient dus
3 au fait que ces interprètes étaient avec moi ou avec les
4 patrouilles qui opéraient sur le terrain le plus souvent.
5 Me NICE (interprétation) : Receviez-vous des
6 renseignements directement du HVO et de l’armée de Bosnie-
7 Herzégovine ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, mais nous avions pour
9 principe de ne pas transmettre les reseignements reçus du HVO ou
10 de l’armée de Bosnie-Herzégovine à la partie adverse. Cela
11 faisait partie des règles tacites que je demandais de respecter,
12 c’est-à-dire que nous ne nous faisions pas les transmetteurs
13 d’information d’une partie à destination de l’autre partie
14 car je pensais que c’était là une façon inopportune de
15 travailler. Cela aurait accru la méfiance à notre égard.
16 Me NICE (interprétation) : Enfin, receviez-vous
17 des renseignements émanant directement des habitants
18 résidant sur les lieux ou de personnes à qui vous parliez ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était notre source
20 d’information la plus importante, puisque j’étais très
21 souvent sur le terrain, lorsque je rendais visite à quelqu’un qui
22 avait vécu à cet endroit toute sa vie, et je pense que les
23 informations que pourrait me fournir cette personne étaient
24 dignes de la plus grande crédibilité. Donc, qu’il s’agisse de
25 musulmans ou de Croates de Bosnie, les renseignements fournis par
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1 ces personnes étaient les renseignements les plus utiles que j’ai
2 jamais reçus et c’est donc pour cette raison principalement que
3 j’ai consacré un temps aussi important à l’écoute de personnes
4 sur le terrain.
5 Me NICE (interprétation) : Je demanderais que l’on remette
6 au témoin la carte qui constitue la pièce 2781.2. Cette carte
7 pourrait être placée sur le rétroprojecteur. Je pense, Colonel
8 Stewart, que vous savez utiliser le rétroprojecteur puisque vous
9 l’avez sans doute déjà fait lors de votre déposition dans l’autre
10 affaire où vous avez été témoin.
11 Colonel Stewart, nous avons fait la liste des rencontres
12 personnelles que vous avez eues avec Monsieur Kordic et
13 auxquelles vous accordez une grande importance. S’agissant de
14 chacune de ces rencontres, je vous demanderais, en quelques
15 phrases, de résumer ce qui a été discuté et d’en tirer des
16 conclusions. D’abord, je vous demande si un incident s’est
17 produit à Novi Travnik le 20 octobre 1992 et si vous pouvez nous
18 en parler.
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en effet. Cela s’est
20 passé à un moment où mon bataillon n’était pas sur le théâtre des
21 opérations. Cet incident a eu lieu lorsque nous étions en
22 reconnaissance en vue de décider comment et à quel endroit nous
23 allions stationner nos troupes en Bosnie centrale. J’étais seul à
24 savoir que je n’avais avec moi qu’une vingtaine de personnes.
25 Notre base était située dans une école de Vitez qui était vide à
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1 à ce moment-là et nous nous servions du gymnase pour y dormir.
2 Ce qui s’est passé le 20 octobre c’est que des combats
3 intenses avaient éclaté à Vitez et dans le secteur environnant et
4 ces combats étaient d’une telle importance que j’ai pensé qu’ils
5 pourraient peut-être mettre un terme au déploiement des troupes
6 des Nations Unies en Bosnie centrale, ce qui, bien entendu,
7 aurait réduit à néant la mission qui m’avait été confiée. C’est
8 donc pour cette raison que j’ai décidé d’agir immédiatement en
9 vue de tenter de résoudre le problème.
10 Je me rappelle que le 20, je suis allé à l’hôtel Vitez où
11 j’avais séjourné quelque temps auparavant pour essayer de
12 déterminer qui était responsable et le commandant que j’ai trouvé
13 à l’hôtel Vitez m’a dit que les raisons qui expliquaient ces
14 combats et l’érection des barrages routiers résidaient dans les
15 troubles provoqués par les musulmans. En fait, des coups de feu
16 étaient tirés aux environs de l’hôtel Vitez, qui était également
17 le quartier général du HVO, et après ma visite, on m’a dit qu’il
18 faudrait que j’aille rencontrer le commandant des musulmans de
19 Bosnie, ce que j’ai fait.
20 Lui se trouvait dans une école et je me rappelle que
21 lorsque je suis allé le voir, il était assis dans ce que je pense
22 être le bureau du directeur, dans lequel les vitres d’une fenêtre
23 avaient éclaté en raison de coups tirés par un lance-roquette
24 multiple ou en raison de l’éclatement d’un missile antichar. On
25 m’avait dit que cette explosion s’était produite au cours de la
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1 nuit.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Colonel Stewart, il y a
3 un point que j’aimerais éclaircir. Je vous prie de m’excuser de
4 vous interrompre.
5 On vous a dit d’aller rencontrer le commandant des
6 musulmans de Bosnie, vous l’avez fait, vous l’avez trouvé
7 dans une école. Je suppose que celle-ci se trouvait à
8 Vitez. Mais qui vous a demandé d’agir de la sorte ? Je
9 vous pose la question au cas où vous vous en souvenez.
10 Sinon, vous pouvez dire que vous ne vous rappelez pas.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je me rappelle qui m’a demandé
12 cela. C’était un certain Nakic. C’est ce que j’ai écrit dans
13 mes notes.
14 J’ai été envoyé dans ce secteur par Cerkez, commandant du
15 HVO, d’après ce qu’il m’a dit. En tout cas, je suis donc allé
16 dans cette école et ensuite, je suis retourné à l’hôtel, ce qui
17 n’était pas chose facile en raison des coups de feu très nombreux
18 qui étaient tirés, mais nous y sommes tout de même parvenus,
19 après quoi je me suis rendu à Novi Travnik dans l’après-midi.
20 C’était extrêmement difficile.
21 J’ai organisé un convoi. J’ai pris le chemin de
22 Novi Travnik et sur le chemin, j’ai été arrêté à un barrage
23 routier par des membres du HVO, après quoi j’ai pénétré
24 dans Novi Travnik. Tout cela était extrêmement dangereux.
25 C’est le moins que l’on puisse dire. Nous étions au volant
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1 d’un Land Rover et il me semblait que nous risquions de
2 tomber dans une embuscade. Je ne sais pas pour quelle
3 raison toutefois aucun de mes véhicules n’a été touché.
4 Nous avons traversé rapidement Novi Travnik, notre
5 premier objectif consistant à nous rendre au quartier
6 général de l’armée de Bosnie-Herzégovine, qui apparemment
7 était commandée par un homme répondant au nom de Lendo.
8 Lorsque nous y sommes arrivés, j’ai parlé à ce Lendo qui
9 était un homme très désagréable. Je lui ai dit que les
10 combats devaient cesser et apparemment, il détenait des
11 prisonniers ou des otages. J’ai exigé que ces prisonniers
12 ou ces otages me soient remis immédiatement, ce qu’il a refusé.
13 Je lui ai dit que je n’étais pas prêt à accepter un refus
14 de sa part mais il a continué à refuser et au moment où j’étais
15 prêt à partir, il m’a présenté un homme qui était terrifié. En
16 fait, cet homme portait une chemise et des chaussures sans lacet,
17 ce genre de chose, et à l’évidence, il était terriblement apeuré.
18 Mais j’ai tout de même pensé qu’un homme c’était mieux que rien.
19 Donc, j’ai redit à Lendo que les combats devaient cesser, que
20 c’était une honte, et j’ai pris le chemin du quartier général du
21 HVO à ce moment-là. Lorsque cet homme dont je crois qu’il
22 s’agissait d’un otage du HVO, lorsqu’il s’est un peu calmé, il
23 m’a indiqué où se trouvait le quartier général du HVO.
24 Les combats se poursuivaient dans la ville à ce moment-là
25 et nous nous sommes rendus dans ce que je crois être le Café
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1 Grand où j’ai rencontré Kordic pour la première fois. Cette
2 rencontre s’est déroulée au bar, qui était au premier étage du
3 Café, et là encore, je concevais ma mission comme consistant à
4 obtenir un cessez-le-feu entre le HVO et l’armée de Bosnie-
5 Herzégovine.
6 Je vous prie de m’excuser pour avoir parlé aussi
7 longuement mais ce que je voulais vous dire c’est que c’est
8 dans ces conditions que s’est déroulée ma première
9 rencontre avec Dario Kordic.
10 Me NICE (interprétation) : Comment était-il
11 habillé ? Pouvez-vous le décrire ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Il portait un
13 treillis militaire dépourvu d’emblème ou d’insigne.
14 Apparemment, le HVO n’avait ni insigne ni emblème à ce
15 moment-là. Il était entouré de plusieurs hommes habillés
16 comme lui et semblait être leur commandant.
17 Me NICE (interprétation) : Vous a-t-il parlé ?
18 Avez-vous négocié avec lui en tant que commandant ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
20 Me NICE (interprétation) : Lui ou une autre
21 personne vous a-t-elle donné le nom du commandant suprême
22 du HVO à Novi Travnik, auquel vous auriez pu vous adresser
23 à ce moment-là ou bien l’entretien s’est-il déroulé dans
24 l’hypothèse que Kordic était le commandant ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, pour être
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1 franc, je pensais rencontrer Blaskic et j’ai donc été un
2 peu surpris de voir Kordic et pas Blaskic car je m’étais
3 rendu à Novi Travnik dans le but de rencontrer Blaskic, en
4 fait, et Blaskic était absent mais Kordic était présent.
5 Me NICE (interprétation) : Vous a-t-il été dit
6 d’une façon ou d’une autre que Kordic rendait compte à
7 Blaskic ou que vous devriez rencontrer Blaskic ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. En fait, je n’ai pas
9 vraiment réfléchi à la question car pour ce qui me concernait,
10 j’avais une priorité urgente, qui était de mettre un terme aux
11 combats, et j’étais prêt à recourir à toute personne susceptible
12 de m’aider dans cette tâche et, à ce moment-là, c’est Kordic qui
13 semblait pouvoir être le plus utile pour moi.
14 Me NICE (interprétation) : Passons au deuxième
15 incident mais dans le résumé, il s’agit du petit (c) pour
16 respecter la chronologie. Y a-t-il eu un incident au cours
17 duquel un soldat danois a été kidnappé par le HVO et pour
18 lequel les Nations unies vous avaient demandé de l’aide ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il est arrivé un moment
20 où le contingent danois basé à Kiseljak avait apparemment perdu
21 un soldat qui s’était trouvé sur la route seul, je crois, et qui
22 avait été enlevé. Je connaissais Dario Kordic. J’ai reçu un coup
23 de téléphone du commandement des Nations unies à Kiseljak qui me
24 demandait si je pouvais aider à la libération de ce soldat.
25 En fait, j’avais dîné avec Dario Kordic la veille au soir,
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1 je crois, à mon quartier général, avec le commandant de l’armée
2 de l’armée de Bosnie-Herzégovine également au cours de ce que
3 nous appelions nos dîners. J’ai demandé au Capitaine Foregrave
4 d’aller rencontrer Dario Kordic pour voir s’il pouvait intervenir
5 dans la libération de ce soldat et apparemment, il a eu une
6 certaine influence car ce soldat a été libéré quatre heures plus
7 tard.
8 Me NICE (interprétation) : Passons au paragraphe…
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Peut-on
10 établir la date de cet incident, Monsieur Nice ?
11 Me NICE (interprétation) : Colonel Stewart,
12 pouvez-vous donner une date pour cet incident ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
14 Me NICE (interprétation) : Mais pouvez-vous situer cet
15 incident en rapport avec le suivant, celui du 4 février 1993 ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Il a eu lieu avant.
17 Me NICE (interprétation) : Donc, parlons maintenant, si
18 vous le voulez bien, du 4 février à Busovaca, le bâtiment de la
19 poste et la carte vous aidera peut-être pour nous dire ce qui
20 s’est passé et quelle a été, à votre avis, l’importance toute
21 particulière de cet incident.
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Je me suis rendu le
23 4 février dans l’immeuble des PTT de Busovaca. À ce
24 moment-là, Kordic était le commandant militaire de Busovaca
25 et, autant que je m’en souvienne, il ne portait toujours
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1 pas de galon, mais en tout cas, il était habillé en treillis. Ça,
2 j’en suis sûr. Il était assez nerveux, assez agité, et j’ai
3 trouvé ça un petit peu bizarre, inhabituel. J’ai eu l’impression
4 qu’il était nerveux du fait de l’avancée de l’armée de Bosnie-
5 Herzégovine qui avait passé les collines et qui s’avançait donc
6 vers Busovaca.
7 Il m’a demandé de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour
8 mettre fin aux combats et moi, j’ai interprété cela comme
9 signifiant que le HVO était peut-être en train de perdre cette
10 confrontation, et je crois que ce jour-là, je suis allé dans la
11 zone de Katici et aussi à un endroit qui n’apparaît pas sur votre
12 carte, qui n’apparaît pas sur la partie de la carte que vous êtes
13 en train de me montrer. Je vais essayer de le trouver.
14 Donc, pour vous donner une idée de la situation des lieux,
15 Vitez se trouve ici [indication du témoin]. Donc, Vitez est ici.
16 Ensuite là, vous avez Busovaca [indication du témoin]. Cette
17 route, c’est la route qui suit la vallée de la Lasva et qui
18 ensuite part vers Zenica. Ce carrefour ici [indication du
19 témoin], un carrefour en forme de T, c’est un carrefour
20 stratégique parce que la forme… l’endroit où d’un côté, vous
21 pouvez partir vers Kiseljak et de l’autre vers Zenica. Busovaca
22 se trouvait ici [indication du témoin] et l’immeuble des PTT,
23 bien entendu, se trouvait au centre de Busovaca.
24 Je m’y suis rendu [indication du témoin] et l’on m’a dit
25 que les combats étaient très intenses à peu près à
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1 cet endroit [indication du témoin]. Je suis allé à Katici
2 et à Merdani dans mon blindé parce qu’on m’avait demandé
3 d’essayer de faire quelque chose et la nuit tombait. Je le
4 répète, les combats étaient intenses et nous avons essuyé
5 des tirs lorsque nous sommes arrivés sur la zone.
6 Me NICE (interprétation) : Qu’avez-vous appris de cette
7 rencontre avec Dario Kordic, agité comme vous nous l’avez décrit,
8 au sujet du niveau du commandement militaire dont il bénéficiait?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : J’en ai conclu que
10 Kordic avait été mis au commandement de Busovaca du fait du
11 poste de dirigeant politique qu’il occupait et on lui avait
12 demandé d’essayer de contrôler la situation. J’en ai conclu
13 qu’à cette époque, il était le commandant du HVO de Busovaca.
14 Me NICE (interprétation) : Nous allons maintenant
15 passer au 22 février. Y a-t-il eu ce jour-là un incident
16 au niveau d’un barrage sur la route de Zenica ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’avais
18 négocié à ce sujet, au sujet de ce barrage. Si on regarde
19 la carte, on voit que ce barrage constituait un problème
20 important parce que c’est l’endroit où la route principale
21 s’approchait de la rivière. Il y avait là une falaise et
22 en fait, au moyen d’explosifs, on avait fait sauter une
23 partie des rochers de la falaise pour bloquer la route.
24 Il faut bien comprendre qu’il y avait seulement des routes
25 qui menaient à Zenica. L’une c’était la route principale et
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1 l’autre c’était l’itinéraire de la vallée, une route où il y
2 avait souvent des combats, où il y avait souvent des barrages, et
3 perdre l’accès à Zenica, c’est-à- dire la route la plus pratique
4 où l’ensemble des agences internationales disposaient de points
5 de contrôle, aurait été extrêmement grave.
6 Me NICE (interprétation) : Vous nous parlez d’une
7 route qui passe par la vallée. Est-ce que vous parlez de
8 la route de montagne ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. La route qui
10 passait par la montagne.
11 Me NICE (interprétation) : Nous allons en parler plus tard.
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Donc, cette question du
13 barrage m’a beaucoup préoccupé et j’ai demandé au Commandant
14 Jennings de s’occuper de cela et de régler le problème. Il n’y
15 est pas parvenu. Donc, moi-même, j’ai essayé de faire en sorte de
16 démanteler ce barrage et je me suis entretenu avec Blaskic. Il a
17 convenu qu’en effet, la route pourrait de nouveau être réouverte
18 et lorsque je suis allé voir Kordic, il n’était pas d’accord. Il
19 ne voulait pas que la route soit réouverte et il a dit que ce
20 qu’avait dit Blaskic à ce sujet n’avait aucune importance et
21 qu’il ne fallait y attacher aucune importance.
22 Me NICE (interprétation) : Est-ce que,
23 finalement, la route a été ouverte ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Pas à ce moment-là.
25 Il a encore fallu deux ou trois jours et j’ai dû garantir
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1 que moi-même, j’assurerais la sécurité de cette route en y
2 installant un point de contrôle permanent avec certains de
3 mes hommes et c’est quelque chose que j’ai fait avec
4 énormément de réticence puisque établir ainsi des points de
5 contrôle, ce n’était pas quelque chose qui me plaisait
6 parce que ça immobilisait beaucoup de mes hommes, ça
7 demandait beaucoup d’hommes et très franchement, je n’avais
8 pas l’impression que c’était extrêmement utile et efficace.
9 Me NICE (interprétation) : Nous avons entendu des témoins
10 et nous avons d’ailleurs vu un film où l’on vous voit découvrir
11 le massacre de Ahmici. Vous en avez parlé dans votre déposition
12 dans l’affaire Blaskic. Je ne vais pas vous demander, donc, de
13 revenir en détail sur cet événement. Mais je voudrais savoir si
14 le 26 avril, après la découverte du massacre, vous avez rencontré
15 Kordic, réunion au cours de laquelle il vous a donné une
16 explication au sujet des événements de Ahmici.
17 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet, et Kordic
18 m’a dit que les incidents de Ahmici avaient été causés par
19 des Serbes de Bosnie qui voulaient tuer des musulmans et
20 faire porter la responsabilité de ces tueries sur le HVO.
21 Me NICE (interprétation) : Quelle a été votre
22 réaction à ce moment-là à ce qu’il vous a dit ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai estimé que
24 cette explication était minable et ridicule et qu’elle
25 n’avait rien à voir avec la vérité.
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1 Me NICE (interprétation) : Le lui avez-vous dit ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, tout à fait.
3 Me NICE (interprétation) : J’en viens maintenant aux
4 conclusions que vous avez tirées au sujet de Kordic et toutes les
5 informations que vous avez obtenues. Je voudrais savoir quels
6 étaient ses liens avec les instances les plus élevées du HVO.
7 LE TÉMOIN (interprétation): Il est sûr qu’il avait un poste
8 avait un poste très important au sein du HVO. Il me l’a dit lui-
9 même. Il était Vice-président. Il était Vice-président politique.
10 Il me l’a dit lui-même. Il en était très fier. Et moi, pour moi,
11 j’ai eu l’impression que c’était un dirigeant politique en Bosnie
12 centrale. « Politique », j’emploie ce mot mais en sachant que
13 j’emploie ce mot en voulant dire qu’il pouvait donner des
14 instructions aux militaires, des orientations.
15 Me NICE (interprétation) : Je reviendrai à ces
16 conclusions ultérieurement mais tout d’abord, quelques
17 points de détail. Quels étaient ses liens avec Valenta ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai eu l’impression que
19 Valenta était son mentor, quelqu’un dont il s’inspirait. Il faut
20 savoir que Valenta avait écrit un ouvrage, que je n’ai jamais lu
21 d’ailleurs parce que moi, je ne lis pas le croate, mais lorsqu’il
22 m’en a fait une exégèse oralement, moi, j’ai eu l’impression que
23 c’était un livre qui s’apparentait beaucoup à Mein Kampf parce
24 que Mein Kampf c’était un livre qui préconisait le nettoyage
25 ethnique. Apparemment, c’était la même chose pour Valenta
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1 dans son ouvrage.
2 Me NICE (interprétation) : Paragraphe (d) puisque
3 nous avons traité du point (c) déjà. Avec le temps, avez
4 pu tirer la conclusion que la participation de Kordic dans
5 les affaires militaires est restée identique ou qu’elle a
6 diminué ou bien qu’elle est devenue plus importante ?
7 LE TÉMOIN (interprétation): Ma réponse est la suivante: Il
8 a commencé dans la région comme dirigeant politique, bien que
9 l’incident du 20 octobre 1992 ait montré qu’il avait aussi son
10 mot à dire dans les décisions prises par l’armée à Novi Travnik,
11 mais il est indéniable qu’il est devenu de plus en plus impliqué
12 dans les affaires militaires, à tel point qu’à la fin de ma
13 mission, il était commandant militaire à Busovaca.
14 Il est indéniable qu’il n’était pas militaire de carrière,
15 au contraire de Blaskic qui lui était un ancien officier de la
16 JNA, qui connaissait personnellement et qui aimait, d’ailleurs,
17 qui avait de la sympathie pour Merdan dans l’armée de Bosnie-
18 Herzégovine, alors que Kordic, lui, était un ancien journaliste.
19 C’était quelqu’un qui avait des activités… un engagement
20 politique.
21 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous avez pu vous
22 faire une idée sur la façon dont les membres du HVO estimaient
23 les capacités ou les aptitudes militaires de Kordic ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai eu l’impression
25 que les soldats du HVO n’avaient pas beaucoup de respect
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1 pour Kordic. Ils estimaient que ce n’était pas un homme
2 qui était fait pour être un commandant militaire. J’ai
3 l’impression qu’ils n’en pensaient pas moins à son sujet.
4 Me NICE (interprétation): Est-ce que cela s’est traduit de
5 la façon suivante: Est-ce qu’il est arrivé qu’il refuse d’obéir à
6 des ordres qu’ils recevaient de lui directement ou indirectement?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je ne pense pas. Non.
8 C’est une impression que j’ai eue. La situation était extrêmement
9 confuse. C’était tout le temps la cas. J’ai l’impression, donc,
10 que Blaskic était le commandant militaire et que Kordic était le
11 commandant politique, et ayant étudié les forces armées
12 soviétiques pendant toute ma carrière pratiquement au sein de
13 l’armée britannique, je n’ai pas été très surpris de voir que les
14 différentes parties belligérantes dans les Balkans soient
15 organisées sur un modèle soviétique, à savoir que vous aviez, au
16 niveau du commandement, un commandant militaire et un commandant
17 politique.
18 C’est la façon dont était organisée la JNA, en suivant
19 donc le modèle soviétique avant que Tito ne s’éloigne du bloc
20 soviétique. Mais en fait, ils ont continué à adopter le même
21 modèle d’organisation. Vous aviez toujours un commandant
22 militaire et un commandant politique et normalement,
23 commandant militaire devait obtenir l’accord du commandant
24 politique pour prendre des mesures, quelles qu’elles soient.
25 Donc, moi, j’avais l’impression, et je suis toujours
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1 convaincu que c’est le cas, que Blaskic a été nommé commandant
2 militaire de Bosnie centrale et que Kordic, lui, a été nommé
3 commandant politique de Bosnie centrale. Mais quand je dis
4 « nommé », il faut bien savoir qu’à ce moment-là, on parlait du
5 HVO qui était un HVO qui se créait, qui en était à ses
6 balbutiements et tout ceci se passait dans la précipitation.
7 Donc, il ne disposait pas de manuels, d’ouvrages, de procédures
8 que l’on suivait à la lettre. En fait, il faisait les choses de
9 façon un peu précipitée suivant les besoins qui se présentaient.
10 Me NICE (interprétation) : Merci. Je crois que nous avons
11 traité des alinéas (e) qui sont les négociations d’octobre 1992,
12 (f), le commandement militaire à Busovaca en 1993, (g), sa
13 position vis-à-vis de Blaskic, la relation dans la hiérarchie et
14 le fait qu’il est passé outre aux ordres de Blaskic le 23 février.
15 Je vais maintenant passer au point (h) et je
16 voudrais vous demander si vous avez vu Kordic participer
17 personnellement à la perpétration de crimes de guerre.
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je dois dire que je ne
19 l’ai jamais vu et je n’ai, d’ailleurs, pas eu l’impression qu’il
20 ait participé personnellement à des crimes de guerre.
21 Me NICE (interprétation): En ce qui concerne l’attaque sur
22 Ahmici, en partant de ce que vous avez dit dans votre résumé, au
23 moment de l’offensive sur Ahmici, disposiez-vous d’informations
24 au sujet de l’évolution de la situation ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Ahmici, ça a eu lieu le 16
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1 avril 1993 et pour moi, il était très clair que la situation en
2 Bosnie centrale se détériorait depuis un certain temps. Je parle
3 des relations entre l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO qui
4 se détérioraient. L’offensive sur Ahmici a dû être planifiée,
5 préparée à l’avance.
6 En tant qu’officier de carrière expérimenté, je peux vous
7 dire que l’on ne peut pas réunir autant de soldats, les soldats
8 nécessaires pour mener une telle opération, sans avoir planifié
9 cette opération d’une façon ou d’une autre. De ce fait,
10 l’offensive sur Ahmici a dû être portée à la connaissance, a dû
11 être souscrite par Monsieur Kordic. Il a dû y donner son accord
12 parce qu’à ce moment-là, il était encore ce que j’appellerais le
13 « commissaire politique » pour la Bosnie centrale.
14 Pour moi, il est inconcevable de penser… (l’interprète se
15 reprend) je ne pense pas que Kordic… (l’interprète se reprend) je
16 ne pense pas que Blaskic ait participé à cette opération ou ait
17 mené cette opération atroce et répugnante sans un accord
18 politique, et cet accord politique, il est venu de Kordic.
19 C’était ce qui se passait en Bosnie centrale.
20 Me NICE (interprétation) : Une question plus générale et
21 dernière question à ce sujet : Est-ce qu’il y avait des
22 stratégies, des politiques qui peuvent intéresser la Chambre de
23 première instance au sujet du nettoyage ethnique et je voudrais
24 savoir dans quelle mesure ce genre de stratégies et ce genre
25 d’opérations nécessitaient une approbation ou une contribution de
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1 la part des dirigeants politiques ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que les décisions
3 relatives aux opérations de nettoyage ethnique venaient de deux
4 sources. Tout d’abord, il y avait la stratégie politique du HVO
5 qui était déterminée, entre autres, par des gens comme Ante
6 Valenta, et comme je l’ai déjà dit précédemment, Kordic me
7 paraissait faire partie de ses disciples, des gens qui suivaient
8 son idéologie, et l’autre raison c’était la suggestion qui était
9 faite que la zone de Bosnie centrale devait être divisée aux
10 termes du Plan Vance-Owen en zones qui étaient un petit peu
11 absurdes si on regardait la situation.
12 Par exemple, Gornji Vakuf, qui était musulmane en majorité,
13 devait revenir aux Croates et Novi Travnik où l’on trouvait aussi
14 beaucoup de musulmans devait revenir également aux Croates et les
15 Croates étaient censés se centrer sur Zenica. C’est l’une des
16 raisons pour lesquelles la situation a explosé. C’est quelque
17 chose qui se préparait déjà depuis longtemps. C’est le désir de
18 changer la situation avant que la communauté internationale
19 réalise qu’elle s’était trompée. Les opérations de nettoyage
20 ethnique en Bosnie centrale ont été menées avec l’accord – ont dû
21 être menées, j’en suis convaincu – avec l’accord des dirigeants
22 politiques du HVO.
23 Me NICE (interprétation) : Donc, pour vous, la situation
24 était la suivante : Est-ce que les dirigeants politiques
25 pouvaient passer outre les ordres des dirigeants militaires ou
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1 est-ce que le contraire était vrai ?
2 Me SAYERS (interprétation) : Je pense qu’il
3 s’agit d’une question tendancieuse.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne pense
5 pas que ce soit le cas. Il s’agit d’une question à
6 laquelle on peut donner une réponse ouverte.
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Ma réponse est la
8 suivante : Je pense que c’est les politiques qui décidaient.
9 Me NICE (interprétation) : Est-il arrivé que les ordres de
10 Kordic soient annulés par des instances militaires ou par des
11 politiques situés à un niveau supérieur au sien ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
13 Me NICE (interprétation) : Nous savons déjà que vous avez
14 demandé à Blaskic d’enquêter sur ce qui s’était passé à Ahmici.
15 Au moment où vous avez formulé cette demande et sur la base de
16 votre expérience d’officier, est-ce qu’à votre avis, il existait
17 des documents écrits relatifs à ce qui s’était passé ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense qu’il devait y avoir
19 des ordres écrits qui avaient été délivrés dans le cadre de la
20 préparation de l’offensif sur Ahmici et j’imagine qu’il y a pu y
21 avoir un document de conclusion, un document rédigé suite à ce
22 qui s’était passé à Ahmici, mais étant donné le caractère
23 répugnant de ce qui s’est passé à Ahmici et ailleurs, il est
24 probable que ces documents ont été cachés ou bien même on été
25 détruits parce que c’était des documents qui étaient explosifs.
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1 Je voudrais ajouter une chose à ce stade. J’ai pu me
2 convaincre qu’il y a eu également des crimes contre l’humanité
3 perpétrés par l’armée de Bosnie-Herzégovine, mais cela ne… du
4 moins dans ma zone, cela n’a jamais été fait à l’échelle où de
5 tels crimes ont été perpétrés dans la vallée de la Lasva.
6 Me NICE (interprétation) : Est-ce que Blaskic
7 vous a jamais fourni des rapports ou des documents
8 quelconques ou est-ce que de tels documents vous ont été
9 fournis par quelqu’un d’autre pour vous expliquer que le
10 HVO n’avait pas participé à l’attaque sur Ahmici ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, j’ai reçu une réponse
12 à la lettre que j’avais envoyée immédiatement après la découverte
13 de ce qui s’était passé à Ahmici. J’avais envoyé cette lettre à
14 Blaskic. Je l’ai vue, d’ailleurs, lorsque j’ai déposé dans
15 l’affaire Blaskic. Je suis tout à fait prêt à reconnaître, donc,
16 qu’on a répondu à ma lettre, mais je suis sûr que rien n’a été
17 fait entre ce moment-là et le moment où j’ai quitté la Bosnie
18 centrale le 10 mai 1993. Absolument rien n’a été fait pour
19 enquêter de façon déterminée pour savoir ce qui s’était vraiment
20 passé dans le village de Ahmici le 16 avril 1993.
21 Me NICE (interprétation) : Afin de rafraîchir la
22 mémoire de la Chambre, je souhaiterais que soit présenté au
23 témoin le document portant la cote D64/1. Je pense que
24 c’est le document auquel il vient de faire référence. Je
25 vous prie de placer ce document sur le rétroprojecteur.
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1 S’agit-il du document auquel vous avez fait
2 référence lorsque vous nous avez dit que vous avez vu une
3 réponse à votre lettre, une réponse que l’on vous a montré
4 lors de votre déposition dans l’affaire Blaskic ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est
6 effectivement ce document.
7 Me NICE (interprétation) : Je pense que Messieurs
8 les Juges ont lu ce document précédemment. Donc, inutile
9 d’en redonner lecture.
10 Je souhaiterais maintenant que nous passions rapidement et
11 pour quelques instants à huis clos partiel puisque nous allons
12 maintenant parler d’un autre témoin potentiel.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
14 [Huis clos partiel]
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20 [expurgée]
21 [Audience publique]
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Quelle est la différence
23 entre session publique et session à huis clos partiel ?
24 Me NICE (interprétation) : Une session à huis
25 clos partiel est une session qui exclut la galerie, c’est-
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1 à-dire qui exclut le public de ce qui est dit à l’intérieur
2 de la salle du prétoire. Donc, le Tribunal a le droit de
3 limiter l’information pour ce qui est du public.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je voudrais savoir
5 cela parce que je parle de choses très importantes.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Si quelque chose vous
7 dérange à ce sujet, nous pouvons vous fournir l’occasion, pendant
8 la pause, de vous entretenir avec Me Nice pendant la pause et
9 donc, cela peut être expliqué, et s’il y a quelque chose sur
10 laquelle vous désirez attirer l’attention du Tribunal, nous
11 pouvons en discuter.
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais c’est une
13 pratique de l’armée britannique que de ne pas identifier
14 les gens qui participent aux opérations spéciales.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Si vous voulez en
16 discuter avec Me Nice, vous pouvez le faire, mais si vous avez
17 besoin d’une ordonnance, nous allons vous en communiquer une.
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Une pratique normale chez nous
19 est de ne pas identifier les gens à tout venant, c’est tout.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien.
21 Me NICE (interprétation) : Avec la carte géographique que
22 vous avez sous les yeux et compte tenu du fait que les Juges
23 n’ont pas eu l’opportunité de visiter la région, est-ce que vous
24 pouvez nous expliquer ou nous dire quelque chose sur cette route
25 de montagne, que vous pouvez aussi nous indiquer sur le plan, et
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1 nous expliquer dans quelle mesure cette route était importante
2 pour vous, à la différence de celle qui passait par la vallée ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Alors, pour vous donner une
4 idée et vous orienter un peu, voici l’emplacement de la ville de
5 Vitez ici [indication du témoin]. Ici se trouve Zenica
6 [indication du témoin] où se trouvait les agences
7 internationales. C’est ici [indication du témoin] que se
8 trouvait mon commandement militaire où j’étais installé moi-même
9 et les deux directions pour Zenica étaient les suivantes : L’une
10 au travers de cette vallée qui passait, donc, par la vallée de
11 la Lasva jusqu’à ce carrefour ici [indication du témoin], puis,
12 la route continuait vers Sarajevo et si l’on prenait à gauche, on
13 pouvait se rendre à Zenica. C’était une route bien entretenue,
14 fort bonne pour tout accès logistique et toute assistance
15 humanitaire. La route passant par la vallée était la meilleure
16 des voies de communication, sauf pour emmener des poids lourds
17 jusqu’à Zenica.
18 Il y avait une route par la montagne qui allait jusqu’au
19 sommet et puis qui redescendait jusqu’à Zenica. Alors, ceci était
20 la voie la plus rapide pour ce qui est de l’éloignement à vol
21 d’oiseaux, mais l’autre route était nettement plus rapide en
22 raison de la facilité de transport puisque vous n’aviez pas de
23 monts et de côtes à escalader. Je prenais personnellement la
24 route de montagne si j’étais en Land Rover et je prenais, par
25 exemple, la route de la vallée si j’étais dans un blindé.
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1 Me NICE (interprétation) : À combien de reprises
2 avez-vous utilisé cette route passant par la montagne, à
3 l’époque des événements de Ahmici ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour ce qui est des
5 événements de Ahmici, de cette période-là, donc, vers le 16
6 avril, je crois m’y être rendu à trois reprises, à Zenica
7 notamment ce jour-là, au moins deux fois, mais probablement
8 trois. Il faut que vous sachiez que j’écrivais mon journal
9 le lendemain parce que le soir, j’étais fatigué et je crois
10 que je n’ai fait que mentionner des données. Cela, donc,
11 n’a pas été un récit tout à fait précis des événements.
12 Me NICE (interprétation) : Pour que tout ceci ait
13 un sens et pour aider la présente Chambre, je voudrais vous
14 demander si vous vous rappelez quelque incident que ce soit
15 lorsque vous aviez reçu de l’assistance pour faire enlever
16 des mines posées sur la route ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Parfois, les
18 gens m’aidaient à enlever les mines qui avaient été posées
19 sur la route, quelle que soit cette route d’ailleurs, et
20 parfois, je le faisais moi-même. Il est évident que nous
21 avions appris de façon relativement rapide que toutes ces
22 mines antichars ne comportaient pas ce qu’on appelle les
23 mines surprises, n’étaient pas encore piégées, et cela
24 était assez fréquent au niveau d’une armée professionnelle.
25 Me NICE (interprétation) : Nous essaierons de
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1 nous souvenir de vos réponses aux questions posées il y a
2 quelque temps et je crois que lorsque vous parliez de la
3 route vers Zenica, pouvez-vous nous dire : En ce qui
4 concerne la date du 16 avril, y a-t-il quelque note que ce
5 soit pour ce qui est de votre déplacement vers Zenica ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Le 15 avril, je suis
7 allé à Zenica mais je ne suis pas revenu.
8 Me NICE (interprétation) : C’est tout ce qu’il nous faut
9 savoir. Si vous n’êtes pas revenu ce jour-même, est-ce que vous
10 pouvez nous dire quelque chose à propos du 14 ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, j’étais à Tuzla.
12 Me NICE (interprétation) : Et le 15 ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Le 15, j’ai passé la
14 matinée dans le quartier général. J’avais de la paperasserie à
15 faire, puis dans le début d’après-midi, je suis allé à Novi
16 Travnik jusqu’à ce qu’on m’appelle pour que j’aille à Zenica.
17 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous avez
18 régulièrement ramassé des gens que vous rencontriez sur la
19 route pour les transporter dans votre véhicule ou cela ne
20 faisait-il pas partie de votre politique ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : La pratique officielle
22 consistait à ne pas embarquer des gens dans nos véhicules, mais
23 cette pratique officielle était complètement dénuée de sens. Ici,
24 l’on savait que les gens étaient en péril. Donc, je n’ai pas
25 obéi aux ordres qui émanaient de l’ONU et j’ai donné instruction
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1 à mes gens que lorsqu’ils voyaient une population menacée,
2 en péril, ou si quelqu’un devait aller se rendre à l’hôpital,
3 par exemple, ou devoir tomber sur un soldat qui était en péril ou
4 blessé, et si nous pouvions lui sauver la vie, eh bien, nous le
5 faisions parce que nous considérions que les soldats étaient
6 aussi des êtres humains, donc, qu’ils méritaient d’être aidés. Je
7 répondrais que je prenais, que j’embarquais volontiers les gens
8 lorsque ceux-ci avaient besoin d’être transportés d’urgence,
9 indépendamment du fait qu’il s’agissait de musulmans, Croates, ou
10 de qui que ce soit d’autre.
11 Me NICE (interprétation) : Deux détails encore et je me
12 propose de terminer. D’abord, cela ne figure pas d’ailleurs dans
13 le résumé, mais nous pourrions le mentionner également. Vous avez
14 vu un ou plusieurs sites qui avaient servi de lieu
15 d’emprisonnement dans la région de Busovaca et de Vitez ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, dans la région de
17 Vitez, j’en ai vu deux, l’une qui s’appelait Kaonik et l’autre
18 qui ne portait pas de nom mais qui se trouvait au sud de
19 Busovaca.
20 Me NICE (interprétation) : Mais est-ce que cela a une
21 importance quelconque de voir que deux emplacements étaient
22 utilisés en tant que lieux d’emprisonnement ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que cela
24 devait être la chose qui leur convenait le plus.
25 Me NICE (interprétation) : Je crois que nous
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1 pourrions voir une pièce à conviction Z306 et je voudrais
2 que celle-ci soit remise à Messieurs les Juges. Il s’agit
3 d’un bulletin d’information militaire datant de 1992, de
4 décembre 1992, et au bas de la page, il y a une partie où
5 l’on mentionne une personne dénommée Marinko. Est-ce que
6 vous avez connu une personne nommée Marinko ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, peut-être mais
8 je ne me souviens plus des noms.
9 Me NICE (interprétation) : D’après ce qui a fait
10 l’objet du rapport, Marinko avait dit qu’il connaissait
11 bien Kordic et vers la fin… non, plutôt vers le début
12 décembre, il avait décrit Kordic et Blaskic comme deux
13 corps et une même âme et que Novi Travnik serait une ville
14 croate qui serait une ville centrale de la nouvelle Herceg-
15 Bosna et que les musulmans devraient quitter Zenica.
16 Comment comprenez-vous cette réponse pour ce qui
17 est de la situation générale de l’époque ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, j’avais compris que
19 cela venait du livre de Monsieur Valenta et je crois que ces
20 données ont été recueillies par l’un de mes officiers de
21 renseignements et je n’avais pas été au courant de ce qui se
22 faisait au niveau de ces bulletins d’information militaire et
23 habituellement, je ne dirigeais pas ces bulletins, à moins que je
24 n’aie donné instructions à mon personnel de porter tel ou tel
25 autre renseignement dans les bulletins de renseignements
Page 12317
1 militaires.
2 Me NICE (interprétation) : Monsieur le Président,
3 il serait peut-être utile de demander au témoin…
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous remercie.
5 Me SAYERS (interprétation) : Je vous remercie,
6 Monsieur le Président.
7 QUESTIONS PAR :
8 Me SAYERS (interprétation) : Bonjour, Monsieur le
9 Colonel Stewart. Je m’appelle Steve Sayers et je suis l’un
10 des avocats représentant Monsieur Dario Kordic dans ce cas
11 et derrière moi, Messieurs Kovacic et Mikulicic représentent et
12 défendent Monsieur Mario Cerkez. Je voudrais…
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais je crois que
14 Monsieur Cerkez est ici.
15 Me SAYERS (interprétation) : Non. Il y a juste
16 Monsieur Kordic ici.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Il y a deux
18 accusés ici dans la même affaire.
19 Me NICE (interprétation) : Justement, j’ai omis le
20 paragraphe 9 et nous pourrions en traiter maintenant ou alors par
21 la suite, lors du contre-interrogatoire, si vous le voulez bien.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous pourrions entamer
23 le paragraphe 9 et par la suite, Monsieur Kovacic sera libre de
24 poser quelques questions dans le cas où il le souhaiterait.
25 Alors, je vous en prie.
Page 12318
1 Me SAYERS (interprétation) : Je vous remercie,
2 Monsieur le Président.
3 Monsieur le Colonel, pour ce qui est de vous-même et de la
4 Chambre, je me propose de vous poser des questions sur trois
5 grands domaines et j’espère que j’aurai la possibilité de
6 terminer aujourd’hui mais cela dépendra de notre rapidité
7 d’avancement. Quelques questions d’abord pour ce qui est du
8 journal que vous teniez à jour, du livre que vous avez rédigé.
9 Ensuite, quelques questions sur les lignes de commandement, les
10 chaînes de commandement du HVO et je me propose de vous poser
11 quelques questions d’ordre général par la suite.
12 Ensuite, je voudrais que nous passions par ordre
13 chronologique au travers des événements dont vous êtes au courant
14 et dont vous avez témoigné dans la matinée d’aujourd’hui et ce
15 sera, si vous voulez, la majeure partie de mon contre-
16 interrogatoire et je me propose de vous poser également quelques
17 questions au sujet de votre opinion au sujet de Ahmici. Je ferai
18 un maximum pour vous indiquer les temps de pause afin que vous
19 puissiez vous préparer.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Je vous remercie.
21 C’est fort prévenant de votre part.
22 Me SAYERS (interprétation) : Si j’ai bien compris, vous
23 avez effectué deux visites de reconnaissance en Bosnie-
24 Herzégovine avant d’avoir amené le premier bataillon de votre
25 régiment pour l’accomplissement de ses tâches en Bosnie. La
Page 12319
1 première visite de reconnaissance se trouvait vers la fin du mois
2 de septembre ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me SAYERS (interprétation) : Et vous aviez visité
5 brièvement la ville de Vitez ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui, oui. Donc, j’ai
7 passé deux semaines. J’ai passé aussi quelques jours en Serbie
8 et puis par la suite, une semaine en Bosnie centrale.
9 Me SAYERS (interprétation) : Et vous étiez passé
10 par Tuzla, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Lors de mon passage en Serbie,
12 j’ai essayé d’arriver jusqu’à Tuzla mais je n’ai pas réussi parce
13 que j’avais été coincé vers Zvornik et lorsque j’étais en Bosnie
14 centrale, j’ai réussi à arriver jusqu’à Vitez.
15 Me SAYERS (interprétation) : Donc, cette deuxième visite a
16 duré du 18 au 22 octobre, lorsque vous étiez revenu vers Split ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela. Je ne suis
18 pas sûr des dates mais c’est exactement ce qui s’est passé.
19 Me SAYERS (interprétation) : Dans l’affaire Blaskic, vous
20 aviez témoigné d’instructions de la part du Général McKenzie pour
21 ce qui était de la tenue de votre journal et je voudrais vous
22 montrer une copie du journal que vous aviez tenu à jour et qui
23 figure ici parmi les pièces à conviction avec l’accord, bien sûr,
24 de la Chambre.
25 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document porte
Page 12320
1 la cote D151/1.
2 Me SAYERS (interprétation) : Je vous remercie.
3 Par conséquent, ce document D151/1, est-ce bien la
4 copie de votre journal ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Cela semble l’être.
6 Me SAYERS (interprétation) : Alors, je crois que vous
7 devriez garder le document parce que nous allons nous référer à
8 ce journal pendant le contre-interrogatoire. Le deuxième
9 document que je voudrais vous montrer c’est un journal qui…enfin,
10 un document qui porte le titre : « Journal du commandant » et je
11 crois que c’est le journal officiel de votre régiment. Je
12 voudrais que vous jetiez également un œil sur ce dernier.
13 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Il s’agit du
14 document D152/1.
15 Me SAYERS (interprétation) : Le document que vous voyez est
16 le journal officiel des événements importants qui avaient été
17 tenu à jour par le premier bataillon du régiment de Cheshire ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était mon
19 commandant qui avait tenu ce journal.
20 Me SAYERS (interprétation) : Et il s’agit des
21 notes officielles, si je puis dire, pendant que vous étiez
22 de service en Bosnie ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est comme
24 mon commandant a vu les choses.
25 Me SAYERS (interprétation) : Et il s’agit du
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1 commandant ou du Major Tim Park, n’est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela.
3 Me SAYERS (interprétation) : Et il avait été remplacé par
4 le Major Brian Watters. Je crois que nous pourrions conclure,
5 Monsieur le Colonel, que vous avez été sollicité par l’armée
6 britannique pour ce qui est de rédiger un livre sur votre séjour
7 en Bosnie et ce livre a été rédigé, enfin, publié par Harper
8 Collins en 1993, qui porte le nom de « Vies brisées » ?
9 LE TÉMOIN (interprétation): Oui. Le directeur des relations
10 publiques de l’armée m’avait demandé de rédiger ce livre et il
11 avait dit que cela aurait beaucoup d’importance que de le faire
12 et que les gens cesseraient donc de m’inciter à le faire.
13 Me SAYERS (interprétation) : Et ce livre a été rédigé dans
14 la même année, enfin, que celle où vous avez séjourné en Bosnie ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me SAYERS (interprétation) : Je voudrais que
17 certaines parties du livre soient marquées par Madame la
18 Greffière, enfin, le greffe afin que nous puissions nous
19 référer à ces parties pendant notre contre-interrogatoire.
20 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document porte
21 la cote D153/1.
22 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le Colonel,
23 nous pourrions commencer avec le livre « Vies brisées ».
24 J’imagine que c’est votre photo en couverture.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Nous
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1 n’allons pas avancer plus vite si nous posons ce type de
2 question. Bien sûr qu’il s’agit de sa photo.
3 Me SAYERS (interprétation) : En page 319 de ce livre, vous
4 avez dit qu’il y avait eu en Bosnie une guerre civile classique,
5 où des civils avaient combattu contre des civils, et je crois que
6 vous serez d’accord avec les vues générales que vous aviez
7 énoncées concernant la situation en Bosnie et auxquelles vous
8 deviez faire face en Bosnie centrale dans la première moitié de
9 1993 et dans les deux ou trois mois qui ont suivi ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est cela.
11 Me SAYERS (interprétation) : En outre, en page 19
12 de ce livre, concernant les informations initiales que vous
13 aviez obtenues pour aller vous rendre avec vos soldats en
14 Bosnie centrale, on vous avait dit que la haine qui
15 existait entre les parties au conflit était telle qu’il
16 était, enfin, presque incroyable d’en croire ses yeux.
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que cela a eu lieu à
18 propos de Sarajevo et je me souviens qu’on me l’avait dit.
19 Me SAYERS (interprétation) : Oui, et vous aviez dit que
20 les relations entre les Croates et les musulmans, en page 6,
21 enfin, qu’elles dataient de siècles, qu’il y avait des rivalités,
22 des guerres, des massacres et que toute cette région était
23 considérée comme un baril de poudre. Je pense que c’est le
24 résultat des informations que vous aviez reçues en vue de vous
25 préparer pour votre service ?
Page 12323
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela.
2 Me SAYERS (interprétation) : Donc, il s’agit seulement non
3 pas de toutes les informations mais de certains renseignements ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais presque tous
5 les renseignements étaient de ce genre.
6 Me SAYERS (interprétation) : Mais vous ne saviez
7 pratiquement rien sur les Balkans avant d’avoir été nommé
8 et envoyé là-bas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Si ce n’est
10 les conditions d’hébergement et quelques données historiques.
11 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le Colonel,
12 vous avez décrit une cellule pour la rédaction des
13 bulletins d’information militaire ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en effet. Les
15 Nations unies m’avaient dit qu’il n’y avait pas de service
16 de renseignements pour les opérations des Nations unies et
17 moi, j’avais dit que je n’étais pas d’accord du tout et je
18 crois que l’on m’avait dit que cela s’appelait un centre
19 d’informations et j’ai dit que les activités de
20 renseignements étaient indispensables afin que les
21 activités militaires soient à même de fonctionner.
22 Me SAYERS (interprétation) : Votre segment chargé du
23 renseignement était commandé par le Capitaine Christian Leyshon ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me SAYERS (interprétation) : Vous le considériez
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1 comme étant un officier jeune et tout à fait responsable ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Il était tout à fait efficace.
3 Me SAYERS (interprétation) : Le conseil a déjà eu
4 l’occasion d’entendre pas mal d’informations pour ce qui est de
5 la rédaction des bulletins d’information militaire. Pouvez-vous
6 nous dire que la tâche du département d’information et de
7 renseignement était aussi de rédiger des résumés concernant les
8 événements importants dans votre zone de responsabilité ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. La tâche de cette
10 cellule de renseignements était de préparer les soldats qui
11 devaient aller sur le terrain afin qu’ils puissent accomplir
12 leurs tâches et recueillir les informations ramenées par les
13 patrouilles de reconnaissance, donc, se pencher et étudier les
14 informations pour être plus efficaces par la suite en nous
15 rendant sur le terrain.
16 Bien sûr, il y avait aussi une tâche d’information mais
17 l’organisation du renseignement avait pour première tâche d’aider
18 les gens qui se rendaient sur le terrain, et parlant de ce sujet,
19 c’est précisément parce que les cellules de renseignement
20 fournissaient des appréciations. Cela ne signifiait pas que
21 des gens comme moi les lisaient toutes.
22 Me SAYERS (interprétation) : Je comprends, Monsieur le
23 Colonel, mais j’essaie seulement d’avoir une idée comment cette
24 information arrive à être rédigée. Je m’excuse de m’être éloigné
25 du sujet. Donc, il est exact que le commandant recevait des
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1 renseignements qui étaient recueillis par des gens qui étaient
2 dans les renseignements militaires ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’était pas
4 général mais cela avait lieu à 5 h 00.
5 Me SAYERS (interprétation) : Et vos officiers
6 vous renseignaient des résultats, enfin, des renseignements
7 recueillis quotidiennement ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais c’est le
9 personnel qui s’en chargeait, pas moi-même.
10 Me SAYERS (interprétation) : Donc, vos officiers
11 de liaison, Monsieur le Capitaine Foregrave ou Dundas-
12 Whatley, étaient efficaces et vous aviez une opinion très
13 haute de leurs aptitudes ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : En réponse, je
15 dirais qu’ils étaient des personnes parfaitement biens mais
16 si maintenant, il fallait individuellement les annoter,
17 bien, ma réponse aurait peut-être été autre.
18 Me SAYERS (interprétation) : Avant que vous ne vous rendiez
19 en Bosnie-Herzégovine, vous avez reçu des informations générales
20 sur ce que vous pouviez trouver là-bas et c’est le Lieutenant
21 Colonel Doyle qui vous avait donné ces informations ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SAYERS (interprétation) : En pages 29 et 30 de
24 votre livre et en page 280 de ce même livre, tout comme
25 dans votre journal en date du 25 septembre 1992, on dit que
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1 le Lieutenant Colonel Doyle vous avait donné instructions
2 d’être très attentif pour ce qui est de l’établissement de
3 la vérité parce que toutes les personnes en Bosnie-
4 Herzégovine avaient un penchant à déformer la vérité ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est ce qu’on
6 m’a dit.
7 Me SAYERS (interprétation) : On vous avait donné
8 aussi instructions de vous préparer à l’attaque, enfin,
9 parce qu’on allait toujours blâmer les autres ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me SAYERS (interprétation) : Il s’agissait d’une
12 routine afin de pointer du doigt vers l’autre partie pour
13 l’accuser pour toutes choses ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela.
15 Me SAYERS (interprétation) : Je vais vous poser quelques
16 questions, mon Colonel, au sujet de la chaîne de commandement.
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois que
18 ce serait un bon moment que de procéder à une pause si vous
19 proposez de changer de sujet.
20 Monsieur Nice, est-ce que vous voulez vous
21 entretenir avec le témoin maintenant ou par la suite ?
22 Me NICE (interprétation) : Je ne sais pas s’il y
23 a eu une ordonnance de la part de la Chambre I. Je vais le
24 vérifier. Mais je crois que sa réponse avait été qu’il
25 n’était pas tenu d’en parler.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, vous pouvez le
2 faire comme ça. Ainsi, nous allons voir s’il y a quelque chose
3 à ajouter. Mais il va falloir que vous fassiez une requête pour
4 ce qui est des documents provenant de la Chambre I et je crois
5 que nous pourrions le faire avant cette pause et cette pause va
6 durer maintenant une demi-heure.
7 --- Suspension de l’audience à 11 h 03
8 --- Reprise de l’audience à 11 h 36
9 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur le Président.
10 Colonel, avant la pause, je vous ai dit que nous allions
11 parler de la chaîne de commandement au sein du HVO. J’aimerais
12 que nous en parlions, donc, maintenant assez rapidement.
13 Je crois que mes questions sont assez simples et si vous avez
14 besoin de donner davantage de détails, faites-le moi savoir.
15 Première question : Vous saviez que le quartier
16 général du HVO, il se trouvait à Mostar, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Le Général de brigade Milivoj
19 Petkovic était commandant en chef du HVO, n’est-ce pas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Exact.
21 Me SAYERS (interprétation) : Le commandement militaire du
22 HVO se répartissait en plusieurs zones opérationnelles, n’est-ce
23 pas, par exemple, la zone opérationnelle de Bosnie centrale qui
24 était sous le commandement du Colonel Tihomir Blaskic et la zone
25 opérationnelle du nord-ouest d’Herzégovine qui, pendant la
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1 durée de votre mission, était sous le commandement du
2 commandant Zeljko Siljeg, n’est-ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me SAYERS (interprétation) : Chacune de ces zones
5 opérationnelles était commandée par un commandant distinct
6 qui rendait compte au commandant en chef du quartier
7 général de Mostar, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est effectivement
9 ce que j’avais compris.
10 Me SAYERS (interprétation) : S’agissant des zones
11 opérationnelles, Colonel, elles étaient divisées en
12 brigades au niveau des municipalités, n’est-ce pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : S’il est permis de
14 les appeler des brigades, effectivement.
15 Me SAYERS (interprétation) : Dans la mesure où il
16 s’agissait de brigades, il y avait, en tout cas, une brigade
17 stationnée à Vitez, une autre à Novi Travnik, une autre à
18 Busovaca, et je ne les cite qu’à titre d’exemple, n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, à titre
20 d’exemple, effectivement.
21 Me SAYERS (interprétation) : Chacune des brigades
22 était commandée par un commandant de brigade qui rendait
23 compte au commandant de la zone opérationnelle, n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour autant que nous
25 ayons pu le constater, effectivement. J’ajouterais, si
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1 vous me le permettez, que nous n’avons jamais vu un ordre de
2 bataille. Il s’agit ici de supposition déterminée par nous. Nous
3 n’avions pas non plus la possibilité de poser des questions
4 exactes pour apprendre ce qu’il en était. Nous ne pouvions pas
5 poser des questions indiscrètes et lorsque je dis indiscrète, je
6 veux dire que je considérais de telles questions comme
7 inopportunes. Nous en étions donc réduits à des suppositions.
8 Me SAYERS (interprétation): Très bien. Donc, vous n’avez,
9 bien entendu, jamais interrogé le Colonel Blaskic quant au
10 rapport qu’il pouvait avoir avec Monsieur Kordic, s’agissant de
11 la chaîne de commandement militaire, n’est-ce pas ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, il est fort possible
13 que je lui aie posé la question, en fait, car je n’avais pas bien
14 compris cette structure qui n’était pas bien définie, à mes yeux.
15 Donc, il est possible que j’ai posé la question mais cela n’est
16 pas inscrit dans mon journal.
17 Me SAYERS (interprétation) : Vous saviez que, par
18 exemple, le Colonel Blaskic avait sous son commandement la
19 brigade Nikola Subic-Zrinjski de Busovaca, n’est-ce pas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Vous saviez qu’il
22 avait la possibilité de délivrer des ordres au 4e bataillon
23 de la police militaire stationnée à Vitez, n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me SAYERS (interprétation) : De même, il avait
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1 sous son commandement ce que l’on appelle des unités
2 spéciales du type Vitezovi qui était commandé par Darko
3 Kraljevic. Vous rappelez-vous cela ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
5 Me SAYERS (interprétation) : Vous ne vous
6 rappelez pas. Très bien. Merci.
7 Vous avez dit dans votre déposition dans l’affaire Blaskic
8 qu’il était possible qu’il y ait eu une chaîne de commandement
9 militaire et une chaîne de commandement politique, que donc, vous
10 suspectiez que ces chaînes de commandement existaient mais
11 qu’elles n’ont jamais été confirmées. Je renvoie les Juges aux
12 pages 23764 et 23749 du compte rendu d’audience. Donc, c’est
13 bien votre impression, n’est-ce pas, Colonel ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
15 Me SAYERS (interprétation) : Le Colonel Blaskic
16 n’a jamais dit devant vous qu’il y avait deux chaînes de
17 commandement, n’est-ce pas ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Le Colonel Blaskic,
19 effectivement, ne m’a jamais dit qu’il y avait une double
20 chaîne de commandement. Mais je reprends la question pour
21 que les choses soient tout à fait claires et je réponds que
22 non, il ne l’a pas fait.
23 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez jamais
24 évoqué le sujet avec Monsieur Kordic, n’est-ce pas ? Vous
25 ne lui avez jamais demandé s’il avait une autorité, un
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1 pouvoir militaire quelconque ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’y ai pas pensé.
3 Je ne crois pas l’avoir fait.
4 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. La même
5 chose est vraie de tous les dirigeants croates de Bosnie
6 auxquels vous avez parlé, y compris le Général de brigade
7 Petkovic et le Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, je pense
9 qu’il est possible que j’en ai parlé au Colonel Blaskic,
10 voyez-vous. Il est possible que je l’ai fait mais je ne
11 peux pas le dire avec certitude. C’est une impression.
12 Me SAYERS (interprétation) : Mais il n’y a aucun doute dans
13 votre esprit, je pense, en tout cas, vous l’avez dit au cours de
14 l’interrogatoire principal et dans l’affaire Blaskic, mais
15 j’aimerais tout de même vous resoumettre cette question. Il n’y a
16 aucun doute dans votre esprit que le Colonel Blaskic était le
17 commandant militaire des forces armées du HVO en Bosnie centrale,
18 dans la zone opérationnelle de Bosnie centrale, n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Il a dit qu’il l’était, je
20 l’ai admis et il m’est apparu comme étant le commandant.
21 Me SAYERS (interprétation) : Vous l’avez toujours
22 considéré comme étant le commandant, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en effet.
24 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez dit à Monsieur le
25 Juge Shahabuddeen qu’à votre avis, le Colonel Blaskic était le
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1 commandant suprême de toutes les forces armées du HVO en Bosnie
2 centrale et que vous n’avez jamais pensé que Monsieur Kordic
3 était commandant de ces forces armées. Vous ne vous êtes jamais
4 adressé à lui comme étant le commandant, n’est-ce pas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet, c’est exact.
6 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous jamais dit
7 à quelqu’un que vous considériez Monsieur Kordic comme le
8 commandant militaire à Busovaca ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Je crois que je l’ai dit.
10 Me SAYERS (interprétation) : À qui ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas. En tout cas,
12 c’est apparemment consigné dans mon journal et donc, je le
13 considérais comme exact à l’époque. Pour compléter ma déposition
14 de ce matin, j’ajouterai que Monsieur Kordic apparaissait comme
15 détenteur du pouvoir de décision militaire à Novi Travnik le 20…
16 au mois d’octobre. Ce n’était peut-être pas permanent mais à
17 l’époque, je pensais qu’il était commandant à Busovaca
18 effectivement. Mais je ne sais plus à qui je l’ai dit,
19 probablement à plusieurs personnes.
20 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous informé
21 vos services de renseignements militaires de cela ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense qu’il le savait.
23 Parfois, il y avait des réunions d’information et de compte
24 rendu, mais je vous l’ai déjà dit, je n’avais pas beaucoup de
25 temps à ma disposition. Donc, elle n’était pas régulière.
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1 M. LE JUGE BENNOUNA : Si Monsieur Kordic avait le
2 commandement de Busovaca, est-ce que cela apparaît à travers des
3 actes de caractère militaire ou des relations de caractère
4 militaire que vous avez eues avec Busovaca et où vous êtes obligé
5 de passer par lui en ce qui concerne toute opération militaire
6 relative à Busovaca ? Est-ce que vous pouvez déduire de certaines
7 opérations qu’il avait vraiment le commandement de Busovaca ?
8 LE TÉMOIN (interprétation): Eh bien, je n’ai jamais appelé
9 Monsieur Kordic. Je ne me suis jamais adressé à lui en l’appelant
10 Colonel, ce qui l’aurait mis au même niveau, bien sûr.
11 Mais pour répondre à votre question, Monsieur le Juge, je
12 le considérais comme le commandant militaire de facto à Busovaca
13 à l’époque où je lui ai rendu visite. C’est ce que j’ai dit dans
14 dans ma déposition car voyez-vous, il y a un certain signe qui
15 indique que quelqu’un est un commandant militaire. Une de ces
16 indications c’est que cet homme est assis dans la pièce des
17 opérations et qu’il est entouré d’un certain nombre d’hommes. Une
18 autre indication c’est que personne ne le contredit. Une autre
19 indication c’est que lorsqu’il donne des instructions, celles-ci
20 sont, en général, respectées. Une autre indication, en fait,
21 c’est qu’il lui est permis de ne pas être d’accord avec un autre
22 commandant militaire de facto en Bosnie centrale tel que Blaskic,
23 et ce matin, j’ai parlé dans ma déposition de ce qui s’est passé
24 sur la route de la vallée de la Lasva.
25 Je ne suis pas sûr que je réponde bien à votre question,
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1 Monsieur, mais je ne peux pas y répondre mieux.
2 Me SAYERS (interprétation) : Colonel, nous allons passer en
3 revue dans quelques instants tous les ordres de bataille que
4 votre régiment élaborait à destination de la zone opérationnelle
5 Bosnie centrale. Mais je vous demande à nouveau de confirmer qu’à
6 votre avis, Monsieur Kordic était commandant militaire à Busovaca.
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne suis pas sûr de l’avoir
8 dit à mes services de renseignement. Mais avez-vous de Kordic ou
9 de Blaskic, excusez-moi? Avez-vous parlé de Monsieur Kordic comme
10 étant le commandant en Bosnie centrale ?
11 Me SAYERS (interprétation) : Je vous ai demandé si vous
12 aviez informé vos services de renseignements militaires du
13 régiment du Cheshire en passant par la cellule chargée de la
14 rédaction des bulletins de renseignements militaires. Je vous ai
15 donc demandé si vous aviez dit à ce service de renseignement qu’à
16 votre avis, Monsieur Kordic était commandant à Busovaca.
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Il est possible que je l’ai
18 fait ou que je ne l’ai pas fait, je ne sais pas exactement.
19 Me SAYERS (interprétation): Eh bien, s’agissant de Monsieur
20 Kordic, j’ai quelques questions générales à vous poser avant que
21 nous n’entrions dans les documents chronologiques. Saviez-vous
22 qu’il existait une entité pendant la durée de votre mission qui
23 s’appelait « communauté croate d’Herceg-Bosna » en Bosnie
24 centrale ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Une espèce
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1 d’organisme politique, n’est-ce pas ? Eh bien, écoutez, il y a
2 plusieurs expressions pour désigner ce dont vous parlez, mais je
3 dis oui, en effet, je me rendais bien compte qu’il s’agissait
4 d’un organisme politique. Maintenant, quel était son nom exact,
5 je ne le savais pas.
6 Me SAYERS (interprétation) : Je vous pose une autre
7 question. Si vous ne savez pas, vous me le dites et tout ira
8 bien. Saviez-vous que le HVO, le conseil croate de Défense,
9 était distinct de la communauté croate d’Herceg-Bosna, que le HVO
10 avait une structure de direction et des responsables différents
11 de ceux qui étaient responsables de la communauté croate
12 d’Herceg-Bosna ?
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Écoutez, avant que vous
14 n’entriez dans ce sujet, je vous indique que certaines questions
15 risquent d’être contestées et ne doivent pas être considérées
16 comme des faits.
17 Me SAYERS (interprétation) : Oui, Monsieur le Président.
18 Je vais vous donner le fondement juridique de mes questions.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Posez vos
20 questions d’une manière plus générale.
21 Me SAYERS (interprétation) : Oui, Monsieur le Président.
22 Colonel, trois entités sur lesquelles j’aimerais que vous
23 concentriez, premièrement, ce qu’on a appelé la HZ-HB, communauté
24 croate d’Herceg-Bosna dont je viens de parler. Saviez-vous qui
25 était le Président de cette entité ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne m’en souviens pas de
2 mémoire mais je crois que cela avait quelque chose à voir avec
3 Valenta et les autres qui étaient tous liés les uns aux autres.
4 C’était une espèce de ligne liée à Kordic, en effet.
5 Me SAYERS (interprétation) : S’agissant maintenant du HVO,
6 conseil croate de la Défense, saviez-vous qui était le Président
7 du conseil de la Défense croate quand vous êtes arrivé en Bosnie-
8 Herzégovine en septembre 1992, Monsieur ?
9 LE TÉMOIN (interprétation): Je n’en ai pas la moindre idée.
10 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous jamais
11 entendu le nom de Jadranko Prlic ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai entendu ce nom mais plus
13 tard. Voyez-vous, tout ça n’avait pas de pertinence pour moi.
14 J’étais sur le terrain et je m’efforçais de résoudre une situation
15 très chaotique. Qui, diable, était le Président de tel ou tel
16 organisme et don’t je ne pensais qu’il était particulièrement
17 honnête, c’était un sujet auquel je ne consacrais pas une minute
18 d’attention à l’époque. Excusez-moi si je vous semble impoli
19 mais j’avais de grandes difficultés à me concentrer sur le chef
20 de tel ou tel état-major alors que je faisais face à d’extrêmes
21 difficultés moi-même.
22 Me SAYERS (interprétation) : Saviez-vous que
23 Monsieur Valenta était en fait Vice-président du HVO, sur
24 nomination du 17 octobre 1992 ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, mais cela ne me
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1 surprend pas. Je pensais qu’il était Vice-président de
2 l’organisation que vous venez de décrire ou son Président,
3 mais en tout cas, un responsable de haut rang.
4 Me SAYERS (interprétation): Saviez-vous que Monsieur Kordic
5 n’a jamais été Vice-président ou Président du HVO et qu’il n’a
6 jamais eu de rôle officiel au sein de cet organisme, en dehors du
7 fait qu’il était membre d’un comité chargé du personnel ?
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est une question très
9 directive encore une fois, Me Sayers. Vous présentez les choses
10 comme étant des faits et je ne crois pas que nous pourrons avancer
11 beaucoup plus. Le témoin a déjà dit ce qu’il savait de Kordic à
12 l’époque. Je vous propose de passer à un autre sujet.
13 Me SAYERS (interprétation): Eh bien, passons à la troisième
14 entité au sujet de laquelle je souhaitais vous poser quelques
15 questions car un certain nombre de références y sont faites dans
16 les bulletins d’information militaire. Saviez-vous que Monsieur
17 Kordic était l’un des cinq Vice-présidents du parti politique HDZ
18 de Bosnie-Herzégovine ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je le savais.
20 C’est ce qu’il m’avait dit.
21 Me SAYERS (interprétation) : Très bien.
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Mais c’est lui qui m’avait
23 dit qu’il l’était, pour que les choses soient très claires.
24 Me SAYERS (interprétation) : Encore une question générale,
25 Monsieur. Est-il permis de dire que vous ne connaissiez pas la
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1 différence qui existait entre le HVO, la communauté croate
2 d’Herceg-Bosna et le HDZ de Bosnie-Herzégovine ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Ma réponse est la
4 suivante : Je savais qu’il existait des organisations et
5 des organismes différents, dont je pensais qu’ils étaient
6 très étroitement liés les uns aux autres.
7 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Une allocution a
8 été prononcée par Monsieur Kordic le 5 novembre, pièce à
9 conviction 129/1A. Au cours de cette allocution, Monsieur Kordic
10 s’identifie comme le Vice- Président de l’Herceg-Bosna. Vous
11 rappelez-vous avoir lu des textes au sujet de cette allocution ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
13 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Je demanderais à
14 présent à Monsieur l’Huissier de vous remettre le bulletin de
15 renseignements militaires 87, daté du 26 janvier 1993, pièce à
16 conviction de la Défense, 106/1. J’en ai un exemplaire pour le
17 témoin et un exemplaire à placer sur le rétroprojecteur. Merci,
18 Monsieur l’Huissier.
19 Colonel, je vous demanderais de lire ce qui figure en page
20 2 et j’appelle votre attention sur les observations formulées par
21 la section de renseignements militaires de votre régiment qui
22 figurent au milieu de la page et qui portent sur un incident où
23 des mines ont été enlevées. Les responsables… l’officier de
24 renseignement dit que Dario Kordic est le représentant local du
25 HDZ et qu’il prétend être adjoint de Mate Boban et il a une très
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1 grande influence localement dans la région. Est-ce bien ce que
2 vous aviez compris de sa situation à partir du 26 janvier 1993,
3 représentant local du HDZ ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Cela me paraît tout
5 à fait correct.
6 Me SAYERS (interprétation) : Très bien, merci.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : En avez-vous
8 terminé avec cette pièce à conviction ?
9 Me SAYERS (interprétation) : Oui.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, dans
11 ce cas, il convient de la restituer au greffe.
12 Me SAYERS (interprétation) : Colonel, et
13 j’appelle l’attention des Juges sur la page 23872 du compte
14 rendu d’audience, vous avez dit à Monsieur le Juge
15 Rodrigues, dans l’affaire Blaskic, que s’agissant du statut
16 de Monsieur Kordic en tant que représentant militaire à
17 Busovaca, vous avez dit – je cite : « C’est une
18 impression. Ce n’est pas un fait. » Fin de citation.
19 Est-ce toujours ce que vous dites aujourd’hui dans
20 votre déposition, à savoir que c’est une impression au
21 sujet du statut de Monsieur Kordic dans la région, rien
22 d’autre qu’une impression ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : J’avais l’impression
24 qu’il était commandant. Je n’ai jamais vu effectivement un
25 ordre de bataille qui l’affecte à ce poste mais mon
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1 impression était que lorsque j’allais le voir, il était
2 responsable. Lorsque j’allais le voir, il était dans la
3 salle des opérations. Donc, un certain nombre d’indices
4 m’ont amené à cette impression, à cette supposition.
5 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Parlons maintenant
6 des bulletins de renseignements militaires qui décrivent le poste
7 de Monsieur Kordic et ce qu’il faisait au moment des faits.
8 Prenons par exemple le 14 décembre 1992, le bulletin de
9 renseignements militaires qui comporte cette date, et je demande
10 le versement au dossier. Donc, j’aimerais qu’une cote soit
11 affectée à ce document dont je voudrais discuter un passage avec
12 vous.
13 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Ce document est
14 enregistré sous la cote D154/1.
15 Me SAYERS (interprétation) : Merci beaucoup.
16 Le passage que j’aimerais discuter avec vous,
17 Colonel, se trouve en pages 3 et 4. Paragraphe 10, nous
18 lisons en titre « Brigade de Busovaca ».
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi, je suis perdu.
20 Me SAYERS (interprétation) : C’est la page que
21 vous êtes en train de regarder.
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Ah, je vois. Page 3 ?
23 Me SAYERS (interprétation) : C’est la page 3/4.
24 Il est vrai, n’est-ce pas, que les commandants du HVO et
25 les adjoints ont leurs noms inscrits sur cette page ainsi
Page 12341
1 que le commandant de la brigade de Busovaca et que le
2 régiment du Cheshire, le 14 décembre 1992, estimait que
3 Zoran Maric était commandant de la brigade de Busovaca ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est ce qui est écrit ici.
5 Me SAYERS (interprétation) : Bien, merci.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas
7 nécessairement ce que je pensais à l’époque. Ce n’était
8 pas mon opinion mais c’est ce qui est écrit ici.
9 Me SAYERS (interprétation) : Très bien.
10 LE TÉMOIN (interprétation) : À mon avis, la
11 réponse que j’apporterais si l’on me posait la question
12 serait : « Je ne sais pas. »
13 Me SAYERS (interprétation) : Merci. J’en ai terminé avec
14 ce bulletin de renseignements militaires. Le prochain que
15 j’aimerais discuter avec vous est un document déjà enregistré
16 sous la cote D102/1, bulletin de renseignements militaires numéro
17 75. Je demanderais à Monsieur l’Huissier de placer la page 1 sur
18 le rétroprojecteur.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Quelle est la
20 date de ce bulletin ?
21 Me SAYERS (interprétation) : Le 15 janvier 1993,
22 Monsieur le Président.
23 Colonel, la seule partie de ce texte que j’aimerais
24 discuter avec vous se trouve au sous-paragraphe (b), où l’on lit
25 les mots suivants : « La brigade Nikola Subic-Zrinjski est
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1 commandé par Niko Jozinovic. » Voyez-vous ce passage ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je le vois.
3 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous jamais…
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi, je suis
5 perdu. Où se trouve ce passage ?
6 Me SAYERS (interprétation) : En haut de l’écran
7 où nous lisons : « La brigade Nikola Subic-Zrinjski est
8 commandée par Niko Jozinovic. » Voyez-vous ce passage ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation): Avez-vous jamais eu le moindre
11 contact avec le commandant Jozinovic au cours de votre mission,
12 pour autant que vous puissiez vous en souvenir ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour autant que je
14 puisse m’en souvenir, je ne sais pas.
15 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. J’en ai terminé
16 avec ce document, Monsieur l’Huissier. Le document suivant est le
17 document Z428, déjà enregistré… (l’interprète se reprend) Z429.
18 Monsieur, veuillez prendre la page 4, paragraphe 7. On voit
19 une analyse de la structure de commandement du HVO.
20 C’est la page précédente, Monsieur l’Huissier.
21 « Une structure de commandement du HVO en Bosnie
22 centrale… »
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Encore une
24 fois, je vous demande la date, Me Sayers.
25 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
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1 Président, la date est celle du 1er février 1993. Il
2 s’agit du bulletin de renseignements militaires 93.
3 Colonel, il est stipulé ici que le Colonel Tihomir Blaskic,
4 au paragraphe (a), donc : « Le Colonel Tihomir Blaskic commande
5 toutes les opérations militaires du HVO dans la région de la
6 Bosnie centrale. La Bosnie centrale se compose de trois zones
7 opérationnelles subdivisées en neuf brigades. » C’est bien ce
8 que vous aviez compris, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Il est dit ensuite
11 que : « Chacune des brigades se divise en un certain nombre
12 de groupes de manœuvre qui, à leur tour, se subdivisent en
13 secteurs opérationnels. » Est-ce bien ce que vous aviez
14 compris de la structure opérationnelle militaire ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur l’Huissier, je vous
17 demande maintenant de présenter la page suivante sur le
18 rétroprojecteur, le haut de la page suivante, où nous lison :
19 « Deuxième zone opérationnelle. » Le commandant de la brigade
20 Nikola Subic-Zrinjski, à partir du 1er février 1993, est nommé
21 dans ce texte comme étant Niko Jozinovic, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est ce qui est écrit sur
23 ce papier mais je me demande si c’était le cas de facto.
24 Me SAYERS (interprétation) : L’adjoint du
25 commandant est Anto Sliskovic, n’est-ce pas ?
Page 12344
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
2 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous jamais
3 rencontré ou avez-vous jamais discuté avec Anto Sliskovic
4 pour autant que vous vous en souveniez ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me rappelle pas.
6 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Merci,
7 Monsieur l’Huissier, je n’ai plus besoin de ce document.
8 Colonel, avez-vous été au courant d’un changement
9 de commandement au sein de la brigade Nikola Subic-Zrinjski
10 qui s’est produit au début de février 1993, c’est-à-dire à
11 peu près au même moment où vous avez eu avec Monsieur
12 Kordic votre rencontre du 4 février 1993 ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’étais pas au
14 courant mais cela ne me surprend pas.
15 Me SAYERS (interprétation) : Je demanderais à Monsieur
16 l’Huissier de vous remettre la pièce à conviction 109/1.
17 Je souhaiterais que vous examiniez la troisième
18 page. Il s’agit d’un bulletin de renseignements militaires
19 numéro 103 du 11 février 1993. Au point 5, on peut lire :
20 « Busovaca. La brigade du HVO à Busovaca est maintenant
21 commandée par Dusko Grubesic. »
22 Saviez-vous qu’il y avait eu un changement au niveau du
23 commandement de la brigade de Busovaca au début février 1993 ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Mes hommes le
25 savaient peut-être. Moi, non.
Page 12345
1 Me SAYERS (interprétation) : Pendant votre
2 mission, est-ce que vous avez eu l’occasion de parler avec
3 le Commandant Grubesic ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas.
5 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur l’Huissier.
6 Je souhaiterais que vous examiniez le document
7 suivant, document portant la cote 108/1. Il s’agit du
8 bulletin de renseignements militaires numéro 96 en date du
9 4 février 1993, Monsieur le Président, Monsieur le Juge.
10 Une question au sujet de la page 1 de ce document. Sur ce
11 document, on peut lire que : « Le Commandant du HVO à Busovaca,
12 Jozinovic, a déclaré que des Mujahedins avaient attaqué le
13 village croate de Kula depuis des positions de l’armée de Bosnie-
14 Herzégovine à Kula. Ils avaient bénéficié d’un soutien de
15 l’artillerie. » On peut également lire que : « Le Commandant
16 Jozinovic a déclaré qu’on lui avait donné l’ordre de retourner à
17 Zepce pour y commander un QG conjoint. »
18 Étiez-vous au courant du changement de
19 commandement ? En fait, vous nous l’avez déjà dit. Avez-
20 vous des détails au sujet du déplacement du Commandant
21 Jozinovic et de son remplacement par Grubesic ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, moi, je
23 m’intéressais aux gens avec qui je parlais, que je
24 rencontrais, effectivement. C’est la façon dont j’opérais.
25 Mais c’est tout à fait concevable ce que vous me dites.
Page 12346
1 Me SAYERS (interprétation): Donc, en d’autres termes, vous
2 êtes allé à Busovaca, vous avez rencontré Monsieur Kordic en
3 février, par exemple, vous l’avez vu dans ce que vous avez estimé
4 être le quartier général et vu les circonstances, vous en aves
5 conclu que c’était lui le commandant ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Absolument.
7 Me SAYERS (interprétation) : Mais vous ne lui
8 avez jamais demandé si c’était lui le commandant ?
9 LE TÉMOIN (interprétation): Non, je ne lui ai pas demandé.
10 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur l’Huissier.
11 Dernier document dans cette série que je souhaiterais vous
12 montrer, c’est le document portant la cote D128/1. Il s’agit là
13 d’un ordre de bataille qui semble être en date du 26 février 1993
14 mais il faut bien admettre que la date est presque illisible. Je
15 ne sais pas s’il s’agit du 25 ou du 26 février à vrai dire. Il
16 s’agit d’un document qui a été rédigé par votre cellule de
17 renseignements, n’est-ce pas ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
19 Me SAYERS (interprétation) : On peut voir que le
20 commandant du HVO dans la zone opérationnelle de Bosnie
21 centrale était Tihomir Blaskic, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SAYERS (interprétation) : On peut voir que le
24 commandant de la police militaire est Dusko Grubesic, je
25 crois. Avez-vous rencontré Monsieur Grubesic ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis pratiquement
2 sûr que oui mais je ne sais pas quand.
3 Me SAYERS (interprétation): On voit que c’est Dario Kordic
4 qui est inscrit ici comme représentant du HDZ ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
6 Me SAYERS (interprétation) : Une fois de plus, en
7 ce qui concerne la structure de commandement de la brigade
8 Nikola Subic-Zrinjski dans la deuxième zone opérationnelle,
9 c’est le Commandant Grubesic qui commande cette brigade et
10 Sliskovic est son commandant en second ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Pour vous, il n’y a aucun
13 doute au sujet du fait que le Colonel Blaskic disposait de
14 l’autorité militaire nécessaire pour donner des ordres à la
15 brigade Nikola Subic-Zrinjski, n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Je n’ai aucun doute
17 au sujet du fait qu’il avait l’autorité pour donner des
18 ordres à toutes les brigades qui se trouvaient dans la zone
19 opérationnelle. Mais quant à savoir si ces ordres avaient
20 été exécutés, ça, je ne peux pas vous le dire.
21 Me SAYERS (interprétation): J’en ai terminé de la première
22 partie de mon contre-interrogatoire et maintenant, je voudrais
23 passer en revue ce qui s’est passé dans l’ordre chronologique
24 lors de votre séjour en Bosnie centrale. Vous n’avez rencontré ni
25 le Colonel Blaskic, ni Monsieur Kordic pendant votre première
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1 opération de reconnaissance à la fin septembre 1992 ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne pense pas que
3 ce soit tout à fait exact. Je crois peut-être avoir
4 rencontré Monsieur Blaskic.
5 Me SAYERS (interprétation) : Mais vous avez dit à
6 la page 23730 du compte rendu d’audience que vous ne l’avez
7 pas rencontré pourtant.
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Moi, ce que je dis
9 c’est que je ne m’en souviens pas. Si je l’ai écrit, c’est
10 exact. Mais il me semble que j’ai rencontré Blaskic très tôt.
11 Me SAYERS (interprétation) : Si on examine la
12 situation militaire générale que vous avez rencontrée
13 pendant votre mission, il est exact, n’est-ce pas, que les
14 forces serbes de Bosnie contrôlaient environ 70 pour cent
15 du territoire de Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me SAYERS (interprétation) : Ils avaient lancé
18 des offensives importantes au nord, à l’ouest, à l’est qui
19 ont eu pour conséquence des flux importants de réfugiés en
20 Bosnie centrale et au nord de l’Herzégovine, n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Il ne s’agissait pas
22 de réfugiés mais il s’agissait de personnes déplacées.
23 Me SAYERS (interprétation) : La capitale du pays,
24 Sarajevo, était encerclée, en fait, assiégée et coupée du
25 reste du territoire depuis avril 1992, n’est-ce pas ?
Page 12349
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
2 Me SAYERS (interprétation) : Et il en est resté
3 de même pendant toute votre mission ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il y avait une
5 voie d’accès et je suis allé une fois à Sarajevo.
6 Me SAYERS (interprétation) : De manière générale, la ligne
7 de front en Bosnie-Herzégovine se présentait de la façon suivante
8 suivante : La principale ligne de front entre les Serbes et
9 l’Alliance musulmo-croate se situait dans la zone de la ville de
10 Jajce et de Turbe au nord-ouest de votre QG à Vitez, n’est-ce pas?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, et ça allait
12 jusqu’à Maglaj également.
13 Me SAYERS (interprétation) : Et à l’est et les
14 lignes de front…
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, on ne peut pas vraiment
16 dire ça. Les lignes de front, ce n’était pas les lignes de front
17 qu’on rencontre dans les guerres classiques parce que les lignes
18 de front, c’était là où on trouvait la majorité des Serbes, des
19 Croates ou et cætera. Mais la ligne de front allait de l’ouest,
20 de Tomislavgrad jusqu’à Gornji Vakuf. Mais en fait, les combats
21 se concentraient autour des villes où il se trouve que la
22 majorité de la population était constituée de personnes
23 appartenant à une autre origine ethnique.
24 Donc, en fait, il y avait des combats à Tomislavgrad, à
25 Gornji Vakuf, autour de Novi Travnik et jusqu’au nord, à Maglaj
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1 et à Zepce, particulièrement à Maglaj d’ailleurs. Donc, on ne
2 peut pas dire que les combats étaient concentrés dans une zone
3 particulière. Voilà ma réponse.
4 Me SAYERS (interprétation) : J’ai bien compris.
5 Est-il exact de dire qu’à votre avis, les combats pendant
6 la durée de votre mission, ces combats se résumaient à des
7 luttes pour contrôler des parties du principal axe
8 d’approvisionnement et de ravitaillement ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Il y a deux choses à
10 dire à ce sujet. D’abord, il y avait les principales zones
11 de combat où les Croates de Bosnie et les musulmans de
12 Bosnie étaient censés lutter ensemble contre les Serbes de
13 Bosnie et puis il y avait des endroits où il y avait des
14 combats internes entre les Croates de Bosnie et les
15 musulmans de Bosnie qui essayaient de prendre le contrôle
16 de lignes de communication qui leur étaient importantes.
17 Me SAYERS (interprétation) : Passons maintenant
18 au détail. Vous êtes arrivé le 18 octobre 1992 en Bosnie
19 centrale, au moment où des combats faisaient rage dans la
20 zone de Vitez et Novi Travnik, n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez rencontré
23 le commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine, Sefkija
24 Dzidic – je crois que c’était son nom – et cet homme vous a
25 dit que les forces musulmanes avaient érigé des barrages
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1 sur les routes à l’est de Vitez, ceci afin d’empêcher les
2 forces croates de Bosnie d’apporter des renforts à Novi
3 Travnik, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SAYERS (interprétation) : Il s’agissait de troupes qui
6 venaient de l’est, de Kiseljak et de Busovaca, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
8 Me SAYERS (interprétation) : Dans le même temps,
9 la ville de Jajce faisait l’objet d’une attaque très dure
10 de la part des forces serbes de Bosnie, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Vous nous dites que
13 vous êtes allé à Novi Travnik, que vous êtes entré à Novi
14 Travnik vers 2 h 00 de l’après-midi le 19 ou le 20 octobre,
15 alors que les combats faisaient rage, n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez rencontré le
18 commandant des forces musulmanes, Refik Lendo, et vous avez exigé
19 qu’il libère immédiatement des prisonniers qu’il détenait et en
20 fait, tout simplement, il vous a ri au nez, n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers, il est
23 inutile de revenir sur la déposition du témoin dans l’affaire
24 Blaskic. S’il y a des questions que vous souhaitez évoquer
25 faites-le directement et s’il y en a d’autres sur lesquelles
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1 vous souhaitez attirer notre attention, vous pourrez le faire
2 ultérieurement, après la déposition du témoin. Mais essayons de
3 nous concentrer sur les questions, sur les thèmes qui n’ont pas
4 été évoqués précédemment.
5 Me SAYERS (interprétation) : Je vais m’efforcer
6 de le faire.
7 Vous êtes allé à Vitez et vous cherchiez le
8 commandant du HVO, le Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Mais vous ne
11 cherchiez pas Monsieur Kordic ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
13 Me SAYERS (interprétation) : En fait, vous ne
14 saviez même pas que Monsieur Kordic existait lorsque vous
15 êtes allé à Vitez en cherchant le Colonel Blaskic ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
17 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur Cerkez vous
18 a dit que le Colonel Blaskic était à Novi Travnik et c’est
19 là que vous êtes allé ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez jamais
22 rencontré le Colonel Blaskic à Novi Travnik, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
24 Me SAYERS (interprétation) : Vous êtes arrivé
25 sans que votre arrivée ait été annoncée et vous êtes arrivé
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1 au Café Grand et vous n’avez pas trouvé le Colonel Blaskic,
2 il n’y avait que Monsieur Kordic ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que le
5 Colonel Filipovic était là ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
7 Me SAYERS (interprétation) : Ensuite, vous avez
8 appris que le Colonel Filipovic avait une position de
9 commandement dans la zone Travnik-Novi Travnik et qu’il
10 relevait directement du Colonel Blaskic, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ensuite, on
12 l’a déplacé. C’était un homme très bien.
13 Me SAYERS (interprétation) : Oui, je crois que
14 vous l’avez dit dans votre livre. Vous avez parlé d’une
15 conversation téléphonique entre Monsieur Kordic et le
16 Colonel Dzemal Merdan à Zenica. Vous avez insisté sur la
17 nécessité de faire appel aux autorités de Sarajevo dans le
18 cadre des négociations sur les cessez-le-feu, n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je m’en
20 souviens très bien.
21 Me SAYERS (interprétation) : Ensuite, on vous a demandé
22 d’aller chercher le Colonel Merdan à Zenica le 20 octobre 1992 ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
24 Me SAYERS (interprétation) : Vous l’avez fait ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, et je n’y étais
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1 jamais allé et ça n’a pas été une tâche facile.
2 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez amené le
3 Colonel Merdan à l’hôtel Vitez, le QG du HVO, et à ce
4 moment-là, le Colonel Blaskic et le Colonel Merdan ont
5 négocié un cessez-le-feu, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
7 Me SAYERS (interprétation) : Qu’ont-ils fait ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Ils ont parlé de 14
9 h 00 jusqu’à… de 2 h 00 à 4 h 00. Ils ne sont pas parvenus
10 à mettre un terme aux combats ce jour-là. Il a fallu
11 plusieurs jours, même une semaine pour qu’on y parvienne et
12 j’ai laissé sur place le Capitaine Simon Ellis.
13 Me SAYERS (interprétation) : Mais le fait est
14 qu’il y a eu des négociations entre le Colonel Merdan et le
15 Colonel Blaskic et Merdan n’a pas insisté pour que Kordic
16 soit présent ? Il n’a d’ailleurs même pas mentionné son nom ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
18 Me SAYERS (interprétation): Un point de détail au sujet de
19 Refik Lendo, du Commandant Refik Lendo. Il s’agit d’un document
20 qui est un bulletin de renseignements militaires, un des premiers
21 bulletins préparé par votre bataillon. Je vais demander que ce
22 document soit versé au dossier et qu’il lui soit attribué une
23 cote et ensuite, je vous le montrerai.
24 Je vous demande de regarder la dernière page. Le Capitaine
25 Leyshon déclare dans ce document que le Commandant Lendo…
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1 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document
2 portera la cote 155/1.
3 Me SAYERS (interprétation) : « On pense que c’est
4 le Commandant Lendo qui est responsable du début du conflit
5 entre le HVO et l’armée de Bosnie-Herzégovine à Novi
6 Travnik qui a entraîné un grand nombre de morts. »
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
8 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que c’est la
9 façon dont vous voyiez les choses à l’époque ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas.
11 Me SAYERS (interprétation) : Vous ne vous
12 souvenez pas que le Capitaine Leyshon vous l’ait dit ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est Leyshon qui a
14 écrit cela, c’est son écriture, n’est-ce pas ?
15 Me SAYERS (interprétation) : Oui.
16 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est un officier de
17 renseignements et il était tout à fait à même de se former
18 sa propre opinion et je ne souhaite pas le mettre en doute.
19 C’est peut-être ce qui s’est passé.
20 Me SAYERS (interprétation) : Il était clair pour vous que
21 le Colonel Blaskic était le commandant du HVO au moment où il a
22 négocié avec Merdan à l’hôtel Vitez le 20 octobre, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était le
24 commandant du HVO à Vitez. Je partais de ce principe et je
25 n’aurais pas permis qu’il participe aux négociations si je
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1 n’avais pas pensé que c’était le cas et qu’il avait l’autorité
2 de participer à de telles négociations.
3 Me SAYERS (interprétation) : Peu après les négociations
4 entre les colonels Blaskic et Merdan, vous êtes parti, comme vous
5 nous l’avez dit, et je crois que vous êtes revenu le 30 octobre
6 1992 en Bosnie centrale, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
8 Me SAYERS (interprétation) : Un jour plus tard,
9 la ville de Jajce est tombée suite à une attaque soutenue
10 de la part des Serbes de Bosnie. Cela se situait au nord-
11 ouest de la base britannique de Nova Bila ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’était assez loin. Mais
13 ce que vous dites est exact. Enfin, les faits sont exacts.
14 Me SAYERS (interprétation) : Ceci a entraîné une
15 arrivée de personnes, de réfugiés croates et musulmans dans
16 votre zone de responsabilité ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Nous avons vu passer au
18 moins 10,000 personnes devant l’école où nous étions stationnés.
19 C’était une vision assez difficile à supporter.
20 Me SAYERS (interprétation) : À ce moment-là, il y
21 avait une sorte de coopération entre les musulmans et les
22 Croates, une espèce d’alliance, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, j’aurais
24 espéré que cette alliance soit plus solide puisqu’ils
25 semblaient lutter contre un ennemi commun et ils semblaient
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1 travailler d’ailleurs ensemble à Travnik jusqu’à Turbe,
2 d’ailleurs. Il y avait un QG militaire. J’y suis allé aussi bien
3 avec des Croates que des soldats musulmans de l’armée de Bosnie-
4 Herzégovine. Je suis allé à Turbe moi-même, donc. Ultérieurement,
5 le fait que les Croates se retirent de Turbe, j’ai interprété
6 cela comme un acte de trahison de leur part puisqu’ils ont laissé
7 les musulmans tous seuls.
8 Me SAYERS (interprétation) : C’est ce qu’on vous
9 a dit, n’est-ce pas ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Enfin, c’est
11 ce que j’ai pu comprendre. Je n’ai vu aucun soldat du HVO
12 dans la zone et puis je ne me suis pas contenté de circuler
13 dans la zone. J’y ai marché, et cætera. J’ai bien vu ce
14 qui s’y passait. Je n’étais pas aussi corpulent à l’époque
15 qu’aujourd’hui. Donc, j’ai bien arpenté la zone.
16 Me SAYERS (interprétation) : Je crois que la fois suivante
17 où vous avez rencontré Monsieur Kordic, c’était le 22 novembre
18 1992 au QG conjoint, mixte dont vous nous avez parlé à Turbe. Je
19 voudrais vous montrer le bulletin de renseignements militaires
20 numéro 22 en date du 22 novembre 1992 et je voudrais savoir si ça
21 vous rafraîchit la mémoire au sujet de cet incident. Donc,
22 j’aimerais que vous examiniez ce document.
23 Il s’agit d’un document, Monsieur le Président,
24 Monsieur le Juge, qui est daté du 22 novembre 1992.
25 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document
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1 portera la cote 156/1.
2 Me SAYERS (interprétation) : Je vais vous demander
3 d’examiner la page 3 de ce document, mon Colonel, et à la page 2,
4 on fait référence à la visite du commandant à Turbe, au QG de
5 Turbe, et à la page suivante, on voit les personnes qui s’y
6 trouvaient. Vous avez rencontré Ante Prkacin…
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Laissez un peu de temps
8 au témoin pour s’y retrouver, s’il vous plaît. Que souhaitez-vous
9 demander au témoin à ce sujet ? Voulez- vous lui poser des
10 questions au sujet de la visite à Turbe ou autre chose ? Bien,
11 cela se trouve au bas de la page 2 : « Visite de l’officier
12 commandant à Turbe. » C’est cela, n’est-ce pas ?
13 Me SAYERS (interprétation) : Si on passe à la
14 page suivante, on voit une description de cette réunion.
15 Donc, il s’agit de la page 3.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Laissez un peu de temps
17 au témoin pour qu’il prenne connaissance de ce document.
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis désolé, excusez-moi.
19 En fait, j’examinais le document en suivant la pagination
20 militaire qui est différente de l’autre. C’est pour ça que je ne
21 m’y retrouvais pas. J’y suis maintenant.
22 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez rencontré Monsieur
23 Kordic qui s’affirmait lui-même comme étant le Président de
24 Herceg-Bosna ainsi que Monsieur Ante Prkacin de Mostar et il vous
25 a sans doute dit qu’il était vice-Président de Herceg-Bosna ?
Page 12359
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Mais je souhaiterais
2 mentionner que le Général était à Turbe lorsque nous nous y
3 sommes rendus. Il m’a dit qu’il assurait la coordination entre
4 l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO.
5 Me SAYERS (interprétation) : Merci. J’en ai fini
6 avec cette pièce à conviction. Je souhaiterais maintenant
7 traiter d’un incident auquel vous faites référence dans
8 votre journal le 19 décembre 1992. Il s’agit du Sergent
9 Gilbert, un de vos hommes, qui avait été arrêté à Vares par
10 la brigade Bobovac, par le commandant de la brigade Bobovac
11 à Bobovac, Emil Hara. Vous en souvenez-vous ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
13 Me SAYERS (interprétation) : Vous êtes intervenu
14 personnellement parce qu’on avait essayé précédemment de
15 construire un pont pour faciliter notamment le passage de
16 l’aide humanitaire et ces opérations de construction du
17 pont ont été interrompues du fait de cet incident dans
18 lequel a été impliqué un de vos subordonnés, n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est un incident
20 extrêmement étrange. Ce sergent, apparemment, il a été arrêté et
21 puis il a été accusé d’avoir transporté des Serbes dans son
22 véhicule. Je n’ai jamais vraiment réussi à aller au fond de
23 l’affaire mais en fait, finalement, peu importait. Ce qui
24 importait véritablement c’était que moi, je voulais ouvrir la
25 route vers Tuzla afin de pouvoir faire passer l’aide humanitaire
Page 12360
1 et nous étions en train de reconstruire à peu près cinq ou six
2 ponts pour faire passer des poids lourds.
3 Je sais où vous voulez en venir. Donc, je peux aller droit
4 au but, oui. Le commandant de Vares m’a dit que la seule personne
5 qui était en mesure de permettre la reconstruction de ces ponts
6 c’était Tihomir Blaskic. Je suis allé voir Blaskic. Il a donné
7 les ordres qu’il a donnés et la reconstruction des ponts a
8 recommencé.
9 Me SAYERS (interprétation) : Oui. Vous avez
10 répondu à la question que j’allais vous poser. Une
11 dernière question à ce sujet. Il est indéniable, n’est-ce
12 pas, que Monsieur Kordic n’avait aucune responsabilité et
13 aucune influence militaire dans la zone de Vares, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation): Pas à ma connaissance. De toute
15 façon, ce n’est pas quelque chose à quoi j’ai vraiment pensé.
16 Me SAYERS (interprétation) : Maintenant, passons au point
17 suivant dans la chronologie. Le 10 janvier 1993, je crois qu’il y
18 a eu un incident, des violences, des combats à Novi Travnik. Vous
19 êtes allé voir le Commandant Malbasic à Novi Travnik, le
20 commandant du HVO, et je crois que vous avez dit de lui
21 précédemment que c’était quelqu’un de bien, ce Commandant
22 Malbasic.
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
24 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez eu aucun
25 contact avec Monsieur Kordic au sujet de cette reprise des
Page 12361
1 combats à Novi Travnik, n’est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, en effet.
3 Me SAYERS (interprétation) : Le point suivant que
4 je souhaiterais évoquer avec vous, c’est des combats très
5 durs qui ont éclaté au milieu ou à la fin janvier 1993 dans
6 la zone de Gornji Vakuf. Vous avez dit dans votre livre à
7 la page 205 que – je cite : « Les combats se sont déclenchés
8 à Gornji Vakuf et nous ne sommes jamais parvenus à découvrir
9 quelle en avait été la cause. » Fin de citation.
10 Est-ce toujours votre opinion aujourd’hui ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Dans votre
13 déposition dans l’affaire Blaskic, mon Colonel…
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi. Je voudrais
15 ajouter quelque chose maintenant que j’y réfléchis. C’est peut-
16 être le Plan Vance-Owen qui a joué le rôle de catalyseur en ce
17 qui concerne ces combats. Je crois l’avoir dit ailleurs. Mais
18 pour répondre à votre question précédente, je dirais non, je ne
19 sais pas quelle était la raison de l’irruption de ces combats
20 mais peut-être était-ce le fait de ce ridicule plan.
21 Me SAYERS (interprétation) : Merci. Maintenant,
22 j’ai quelques questions de détail à vous poser au sujet des
23 combats. Dans votre déposition dans l’affaire Blaskic…
24 [La Chambre discute]
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers,
Page 12362
1 vous pouvez continuer.
2 Me SAYERS (interprétation) : Mon Colonel, dans l’affaire
3 Blaskic, vous nous avez dit qu’à votre avis, Gornji Vakuf se
4 trouvait en dehors de la zone de responsabilité du Colonel
5 Blaskic, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me SAYERS (interprétation) : La zone
8 opérationnelle nord-ouest de l’Herzégovine était sous le
9 commandement de Zeljko Siljeg, quelqu’un dont on peut dire
10 que vous ne vous entendiez pas très bien avec lui ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’est pas quelqu’un
12 que j’aurais aimé rencontrer au coin d’une rue sombre.
13 Me SAYERS (interprétation) : Mais cet homme,
14 Siljeg, commandait, n’est-ce pas, la zone de Gornji Vakuf ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : S’il n’avait pas commandé
16 cette zone, cela m’aurait énormément surpris parce que je suis
17 allé moi-même le chercher pour participer à des réunions à Gornji
18 Vakuf et j’ai eu l’impression qu’il commandait véritablement
19 cette zone. Il n’y avait aucun doute à ce sujet.
20 Me SAYERS (interprétation) : Pendant toute la
21 durée de votre séjour, vous n’avez eu aucun élément à votre
22 disposition vous permettant de dire que Monsieur Kordic
23 avait une influence militaire quelconque dans la zone de
24 Gornji Vakuf en Herzégovine, n’est-ce pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Le conflit de Gornji
2 Vakuf a entraîné des négociations pour obtenir un cessez-
3 le-feu, des négociations qui ont pris beaucoup de temps ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SAYERS (interprétation) : Dans votre livre
6 « Vies brisées », à la page 224, vous avez dit que Mate
7 Boban avait personnellement ordonné la mise en place de ce
8 cessez-le-feu. Saviez-vous que Mate Boban était Président
9 de l’entité qui a été décrite il y a quelque temps ici même
10 comme la Communauté croate de Herceg-Bosna ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : La raison pour laquelle je
12 l’ai dit c’est parce que je n’arrivais pas à obtenir aucun
13 progrès. J’avais perdu mon chauffeur, il avait été tué sans
14 doute par un soldat musulman, et je n’arrivais à rien faire pour
15 protéger la population de Gornji Vakuf et j’étais tellement
16 ulcéré, je me sentais tellement impuissant qu’un dimanche, ce qui
17 est inhabituel pour les Britanniques, un dimanche, j’ai demandé à
18 être mis en contact avec Lord Owen pour exiger qu’il donne des
19 ordres afin de mettre un terme à l’avancée de Siljeg et de ses
20 hommes dans Gornji Vakuf où ils détruisaient les maisons une par
21 une et où ils avançaient avec leurs chars et j’ai appris à ce
22 moment-là, enfin apparemment, que Mate Boban se trouvait à
23 Genève. Enfin, tout cela, je l’ai entendu dire.
24 Apparemment, Owen a fait quelque chose, a dit
25 quelque chose dans une réunion et ensuite, j’ai vu Siljeg
Page 12364
1 changer d’attitude parce que… c’est au moment où je
2 m’apprêtais à lui dire que j’avais pris des contacts au
3 plus haut niveau que lui-même a changé d’attitude. Donc,
4 il semble qu’il a eu des ordres de quelque part, de
5 quelqu’un pour calmer la situation et j’en suis très content.
6 Me SAYERS (interprétation) : Un cessez-le-feu
7 avait été signé à Gornji Vakuf en date du 20 janvier 1993,
8 signé par le Général Petkovic pour le HVO et Monsieur
9 Pasalic pour le 4e corps de l’armée de la Bosnie-
10 Herzégovine. Est-ce que vous vous en souvenez ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je me souviens de la
12 signature de cet accord et je sais que cela était important
13 puisque Petkovic était venu signer l’accord en question.
14 Me SAYERS (interprétation) : Bien ! Je me propose de
15 passer à un autre sujet qui concerne la croissance des tensions
16 entre les deux parties et les conflits de Busovaca en 1993.
17 Chronologiquement parlant, je pense que le premier incident
18 sérieux dans la région de Busovaca avait été la levée du point de
19 contrôle musulman en date du 20 janvier 1993 dans la localité de
20 Kacuni, à quelques kilomètres au sud de Busovaca. Il s’agissait
21 de la mise en place de ce point de contrôle ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SAYERS (interprétation) : Fort bien !
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis désolé. Des fois, je
25 fais de mon mieux, mon cerveau peut ressembler à un ordinateur.
Page 12365
1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais personne ne vous
2 critiquera si vous ne vous souvenez pas exactement des événements
3 qui ont eu lieu il y a sept ans. Si vous ne vous souvenez pas,
4 bien, dites tout simplement que vous ne vous souvenez pas.
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Je vous remercie.
6 Me SAYERS (interprétation) : Je vous remercie, Colonel.
7 Nous allons essayer de rafraîchir votre mémoire si des fois cela
8 vous semble difficile et je crois que vous faites une très fort
9 bonne tâche. Je me propose de demander au greffe de vous
10 présenter le bulletin d’information 103/1 qui est la pièce à
11 conviction 81… (l’interprète se reprend) c’est la pièce à
12 conviction 103/1 qui représente, enfin, le texte du bulletin
13 d’information 81.
14 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
15 Sayers, je crois que vous devriez passer plus rapidement.
16 Me SAYERS (interprétation) : Je crois que vous
17 avez raison. Je vais essayer d’accélérer la chose.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Et nous allons
19 parler de la rencontre du 4 février ?
20 Me SAYERS (interprétation) : Oui, Monsieur le Président.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous pouvons
22 donc nous pencher là-dessus.
23 Me SAYERS (interprétation) : Si vous vous
24 souvenez, mon Colonel, on parle du point de contrôle à
25 Kacuni mis en place en date du 20 janvier par les
Page 12366
1 musulmans. À la page 3, on parle de Busovaca. Est-ce que
2 cela vous rafraîchit la mémoire concernant les dates ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, tout à fait.
4 Me SAYERS (interprétation) : Nous avons donc déterminé que
5 ce point de contrôle avait été mis en place en date du 20 janvier
6 par les musulmans. Je vous remercie, Monsieur l’Huissier.
7 Mon Colonel, est-ce que vous vous souvenez que la
8 7e brigade avait déplacé ses unités au nord de Kacuni
9 quelque peu avant l’éclatement du conflit ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me souviens
11 pas tout à fait. Je me souviens de Kacuni parce qu’un
12 tireur d’élite avait fait sauter mon couvre-chef de ma tête.
13 Me SAYERS (interprétation) : Nous allons demander à
14 Monsieur l’Huissier de vous présenter un autre document histoire
15 de vous aider à vous souvenir des événements. Si vous vous
16 référez à la page 2 de ce compte rendu, au point 4, vous verrez
17 que votre cellule de renseignements informe de plusieurs sources
18 qu’il y avait mise en place au nord de Kacuni de la 7e brigade
19 des musulmans. C’était une brigade mobile dirigée par Zenica en
20 direct et, partant de sources sûres, il s’agirait d’au moins 80
21 soldats déplacés au cours des journées précédentes.
22 Est-ce que vous vous souvenez d’avoir rencontré
23 ces renseignements, enfin, d’en avoir eu connaissance ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je crois avoir
25 rencontré certaines de ces personnes sur le terrain.
Page 12367
1 Me SAYERS (interprétation) : Des membres de la
2 brigade musulmane ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, sur le terrain. Je n’ai
4 pas lu cela mais j’ai vu ce que les gens faisaient sur le
5 terrain. Il y avait certainement des soldats musulmans. Quand
6 vous parlez de brigade, c’est une mauvaise piste que vous suivez.
7 Je voudrais dire que dans une armée normale, une brigade est une
8 unité de 5 ou 6 000 hommes et vous parlez d’une brigade de 50 à
9 60 soldats. Donc, c’est ce qui prête à confusion et il faut que
10 je le dise à l’intention de personnes qui sont au courant comme
11 moi, enfin, qui sont au courant des us et coutumes militaires.
12 Me SAYERS (interprétation) : Je vous remercie. Pour ce qui
13 est des combats qui ont eu lieu, on ne se pose pas de question
14 quant à savoir que les combats avaient été initiés par le meurtre
15 de deux soldats croates à ce point de contrôle. Et vous vous êtes
16 entretenu avec le Général Hadzihasanovic et le Colonel Merdan ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Vous aviez dit au Général
19 Hadzihasanovic et au Colonel Merdan qu’il y avait une partie de
20 leurs responsabilités pour ce qui est des événements du 25
21 janvier, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je crois l’avoir dit.
23 Je ne sais pas s’ils ont été d’accord. Je ne m’en souviens plus.
24 Me SAYERS (interprétation) : À la page 322 de
25 votre livre, vous avez parlé de vos entretiens avec
Page 12368
1 Monsieur Merdan et nous pourrions, si vous le voulez bien,
2 nous pencher sur le texte qui y figure. Vous avez dit, en
3 effet : « Je sentais que les musulmans étaient responsables
4 de la plupart des problèmes puisqu’ils avaient tué deux
5 soldats croates et s’il y avait dans la vallée de Busovaca
6 une guerre véritable, eh bien, c’est la bonne voie d’y
7 arriver. C’est une bonne chose et Merdan est tombé
8 d’accord et il s’est excusé et il s’était déclaré disposé à
9 venir avec moi personnellement pour résoudre le problème. »
10 Est-ce que vous vous en souvenez ?
11 LE TÉMOIN (interprétation): Pas autant dans le détail mais
12 si je l’ai écrit dans le livre c’est que cela s’est effectivement
13 déroulé de cette façon. Mais je n’ai pas eu ce type de problème.
14 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez vu donc des
15 éléments de preuve ? Vous avez vu des maisons brûlées dans la
16 région de Kacuni et des preuves de destruction récente comme vous
17 l’avez décrit à cette page-là de votre livre ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Toute cette
19 zone avait été brûlée.
20 Me SAYERS (interprétation) : Vous vous souvenez
21 que c’était des maisons croates dans le sud de Kacuni ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour être tout à
23 fait sincère, je ne m’en souviens pas.
24 Me SAYERS (interprétation) : Fort bien !
25 LE TÉMOIN (interprétation) : On pouvait
Page 12369
1 éventuellement déterminer s’il s’agissait de maisons
2 croates ou musulmanes si on entrait mais les communautés en
3 présence étaient assez proches l’une de l’autre.
4 Me SAYERS (interprétation): Je voudrais attirer l’attention
5 du Tribunal sur la pièce à conviction D105/1 et on y parle de
6 maisons brûlées, maisons de Croates brûlées par les membres de
7 l’armée bosniaque. Je n’affirme pas que cela est exact mais ce
8 que j’affirme c’est que cela est arrivé tout le temps dans votre
9 zone de responsabilité pendant que vous étiez là-bas, n’est-ce
10 pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela.
12 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez
13 reçu des informations de la part de vos soldats ou d’autres
14 sources pour ce qui est des massacres de Croates dans les
15 villages de Dusina et de Lasva ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que oui. Je pense
17 que j’ai mentionné cela dans certains de mes témoignages. Je me
18 suis notamment efforcé d’étudier tous les comptes rendus qui
19 m’étaient soumis pour ce qui est des Croates massacrés par les
20 musulmans.
21 Me SAYERS (interprétation) : Une question seulement à ce
22 propos. Est-ce que vous avez entendu parler de poursuites pénales
23 quelconques ou de sanctions administratives concernant ces
24 massacres de Dusina et Lasva survenus en date du 26 juin 1993 ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je crois que Merdan m’avait
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1 dit que les personnes qui avaient commis cela passeraient en Cour
2 martiale.
3 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous vous
4 souvenez ? Est-ce que vous êtes allé ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
6 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce qu’avant de
7 quitter cette région, vous avez fait quelque chose pour
8 examiner la véracité des dires ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je regrette
10 beaucoup de ne pas l’avoir fait.
11 Me SAYERS (interprétation) : Permettez-moi de passer à un
12 autre sujet maintenant avant d’arriver à la rencontre qui a été
13 mentionnée par Monsieur le Président de la Chambre. Les combats
14 qui ont eu lieu dans la région de Busovaca ont été résolus par
15 l’obtention de cet accord de cessez-le-feu du 30 janvier 1993…
16 (l’interprète se reprend) le 30 juin. Est-ce que vous vous en
17 souvenez ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Est-ce que
19 vous pouvez m’aider à me rappeler ?
20 Me SAYERS (interprétation): Est-ce que l’huissier pourrait
21 vous montrer les pièces à conviction suivante: D54/1 et Z421/1A?
22 Je voudrais attirer votre attention sur la pièce à
23 conviction D54/1. Il s’agit de la version anglaise de
24 l’accord de cessez-le-feu qui a été signé par six personnes.
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je m’en
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1 souviens maintenant.
2 Me SAYERS (interprétation) : Vous êtes l’un des
3 signataires, mon Colonel ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense avoir
5 rédigé moi-même ce document.
6 Me SAYERS (interprétation) : Le Colonel Merdan,
7 au nom des forces musulmanes, et le Colonel Nakic, au nom
8 des forces du HVO, des forces croates ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est cela.
10 Me SAYERS (interprétation) : En page 21… j’ai peut-être
11 dit 30 juin. Non, il faut me rectifier. C’est le 30 janvier.
12 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai bien compris
13 parce que dans mon journal, c’est le 30 janvier.
14 Me SAYERS (interprétation): Est-ce que vous vous souvenez,
15 mon Colonel, du fait que le Colonel Blaskic avait été convié à
16 Kiseljak mais qu’il ne pouvait pas se rendre de Kiseljak à Vitez
17 puisque cette route principale d’approvisionnement entre Kacuni
18 et Bilalovac avait été bloquée ?
19 LE TÉMOIN (interprétation): Je sais qu’il y était et comme
20 la route était bloquée, il était très difficile de se déplacer
21 entre Kiseljak et Vitez et je l’avais emmené moi-même une fois,
22 ce qui fait qu’il aurait pu faire la route dans l’un de mes
23 blindés.
24 Me SAYERS (interprétation) : Personne n’a jamais
25 suggéré que Monsieur Kordic devrait être présent à ces
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1 négociations, quoique ces négociations auraient été censées
2 résoudre le problème des combats à Busovaca ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
4 Me SAYERS (interprétation) : Et personne n’a
5 insisté sur l’utilité de sa présence ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
7 Me SAYERS (interprétation) : Et personne n’a
8 jamais souligné l’importance clé de sa présence ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
10 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez jamais essayé
11 d’assurer la présence de Monsieur Kordic à ces négociations ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, mais j’aurais
13 accepté la présence de Monsieur Kordic car je souhaitais
14 avoir quelqu’un capable de prendre des décisions et s’il
15 s’agissait d’avoir quelqu’un avec les autorités
16 nécessaires, j’aurais accepté la présence de Monsieur Kordic.
17 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez pas
18 demandé sa présence ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, mais j’avais
20 demandé à chaque fois que Monsieur Blaskic y soit.
21 Me SAYERS (interprétation) : De la même façon, Jeremy
22 Fleming qui avait été représentant de la mission d’observation
23 de la Communauté européenne n’a jamais suggéré qu’il serait utile
24 que Monsieur Kordic assiste à ces négociations ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne m’en souviens pas.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Donc, il n’avait
2 jamais insisté sur l’importance clé de la présence de
3 Monsieur Kordic à ces négociations, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour autant que je m’en
5 souvienne, non, mais je ne peux pas parler en son nom. La réponse
6 à votre question est non mais cela ne met pas en cause la
7 nécessité d’avoir Monsieur Kordic présent à ces négociations.
8 Me SAYERS (interprétation): Je voudrais attirer maintenant
9 votre attention sur le paragraphe 6 de cet accord. Il s’agit de
10 la libération simultanée de détenus dans l’organisation du Comité
11 international de la Croix- Rouge. Il est bien vrai, n’est-ce
12 pas, qu’il n’y a pas eu d’accord concret pour ce qui est de la
13 libération momentanée des prisonniers à l’époque qui aurait été
14 surveillée par le Comité international de la Croix-Rouge ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Si vous pouvez le remarquer,
16 le représentant de la CICR était présent et on peut le voir… le
17 CICR était présent étant donné que Monsieur Whitworth était
18 présent et il y a sa signature sur l’accord. J’avais essayé de
19 prévoir cette clause et c’est la raison pour laquelle la clause
20 figure parce que nous avons convenu à l’avance de la chose entre
21 nous.
22 Me SAYERS (interprétation) : J’en ai conclu avec ce sujet.
23 Nous poursuivons chronologiquement. Il s’agit des camps que l’on
24 appelle les silos à Kacuni que vous aviez visités avec les
25 représentants du CICR en date du 1er février 1993. Est-ce que
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1 vous vous souvenez d’avoir discuté des conditions de détention ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’ai parlé des
3 conditions et cela était très important.
4 Me SAYERS (interprétation) : Il y avait une
5 trentaine de personnes détenues là-bas, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Pour autant que je
7 m’en souvienne, oui, et elles se trouvaient dans une sorte
8 d’étable. Je crois que nous leur avions donné des couvertures.
9 Me SAYERS (interprétation) : Suite à cette
10 visite, vous avez été l’hôte d’une réunion qui avait été
11 présidée par le Général Morillon en date du 1er février
12 dans votre base. Cela est noté dans votre journal.
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous vous souvenez
15 que le Lieutenant Colonel Duncan était présent également ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me SAYERS (interprétation) : Et les représentants
18 des commandements régionaux des deux parties, Monsieur
19 Blaskic et le Général Hadzihasanovic, étaient là-bas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Avec les représentants de
22 la FORPRONU, les accompagnateurs du Général Morillon ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
24 Me SAYERS (interprétation) : Et les représentants
25 de la mission d’observation de la Communauté européenne et
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1 de la Croix-Rouge ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
3 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur Kordic
4 n’était pas là-bas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Monsieur
6 Kordic n’avait même pas été convié à cette réunion. Donc,
7 pour autant que je sache, non.
8 Me SAYERS (interprétation) : Permettez-moi maintenant de
9 traiter des résultats des négociations de paix, c’est-à-dire de
10 la mise en place d’une Commission conjointe de Busovaca qui avait
11 été aussi dénommée, enfin, qui avait été appelée Commission de
12 coordination de Busovaca. En page 238 de votre livre, vous avez
13 dit qu’il s’agissait de l’une des meilleures idées auxquelles
14 vous aviez assisté en Bosnie centrale.
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, pour deux raisons :
16 D’abord parce qu’il me semblait que cela fonctionnait et
17 deuxièmement, c’était une commission qui m’avait privé d’une
18 tâche pénible et c’était peut-être égoïste mais il est exact que
19 cela fonctionnait d’une certaine façon parce qu’il y a des
20 personnes convenables qui se sont mises à table et qui ont essayé
21 donc de faire cesser les combats.
22 Me SAYERS (interprétation) : Le comité exécutif
23 se constituait de Monsieur Fleming, de vous, du Général
24 Hadzihasanovic en tant que commandant des forces musulmanes
25 et le Général Blaskic, représentant du HVO, n’est-ce pas ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Les réunions avaient lieu en
2 général entre moi-même, Monsieur Fleming, Monsieur Merdan et en
3 général, Blaskic ne pouvait pas être présent et il envoyait son
4 représentant.
5 Me SAYERS (interprétation) : Il s’agissait de
6 Monsieur Franjo Nakic, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je pense.
8 Me SAYERS (interprétation) : Vous aviez beaucoup
9 de considération pour lui ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : J’avais beaucoup de
11 considération pour bien des gens là-bas, des deux parties.
12 Me SAYERS (interprétation) : Est-il exact,
13 Colonel, que cette commission siégeait tous les jours
14 pendant plusieurs mois, du moins jusqu’à juin 1993 ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas s’ils se
16 réunissaient tous les jours mais ce que nous avons fait c’est que
17 nous avions créé un bureau juste à côté de ma base, dans une
18 maison à côté de la base et je leur fournissais des denrées
19 alimentaires, des véhicules et j’avais attribué un détachement de
20 soldats pour qu’ils puissent se déplacer. Je ne sais pas s’ils se
21 réunissaient tous les jours mais ils se réunissaient souvent.
22 Me SAYERS (interprétation) : Mais pour être précis, mon
23 Colonel, n’est-il pas vrai que la commission avait au début été
24 sise dans la base du bataillon hollandais de Busovaca puis a été
25 transférée en mars 1993 vers votre base à Vitez, c’est-à-dire
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1 vers le bâtiment de la mission d’observation de la CEE ? N’est-
2 ce pas vrai ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Elle a été
4 transférée parce que nous avions pensé qu’elle serait plus
5 efficace si elle se trouvait plus près de nous.
6 Me SAYERS (interprétation) : Mon collègue me montre qu’il
7 y a une erreur dans le transcript et je voudrais qu’il y soit
8 remédié et en ligne 24, j’avais demandé si Monsieur Kordic avait
9 été invité et le transcript dit que oui, alors qu’en fait, il
10 n’avait pas été invité.
11 Maintenant, nous pouvons poursuivre sur le thème
12 que nous avons entamé. Monsieur Kordic n’a donc assisté à
13 aucune réunion de cette commission de coordination de Busovaca ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, pas pour autant
15 que je le sache.
16 Me SAYERS (interprétation) : Donc, pour autant
17 que vous le sachiez, il n’y a pas été convié ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Nous n’avions
19 pas besoin. Nous avions les commandants militaires et
20 leurs représentants là-bas.
21 Me SAYERS (interprétation) : Et personne n’a suggéré que
22 sa présence pourrait être utile, voire importante ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Personne n’a suggéré sa
24 présence et je n’ai jamais pensé que sa présence aurait été utile.
25 Me SAYERS (interprétation) : Maintenant, je vais
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1 me tourner vers la réunion que vous avez eue avec Monsieur
2 Kordic en date du 4 février 1993 et je vais vous prier,
3 Monsieur, de vous pencher sur votre journal portant cette date.
4 En page 1441, on dit que Kordic voulait vous rencontrer,
5 qu’il se trouvait à Busovaca, que vous êtes allé le voir là-bas
6 avec les représentants du HVO local. Kordic était d’accord pour
7 se rendre à Katici et Merdani où il y avait de sérieux combats.
8 C’est à peu près le résumé de ce qui est inscrit concernant cette
9 réunion du 4 février 1993 ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez dit que
12 Kordic avait une mine plutôt troublée et que cela n’était
13 pas typique pour Monsieur Kordic.
14 LE TÉMOIN (interprétation) : À mon avis, Monsieur
15 Kordic était une personne qui pouvait devenir agitée,
16 c’est-à-dire excitée mais il avait plutôt l’air préoccupé
17 par une chose qui semblait représenter un péril.
18 Me SAYERS (interprétation) : Donc, il était
19 préoccupé par de sérieux combats au nord-est de Busovaca ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Il vous demandait
22 d’essayer de faire quelque chose à ce sujet et vous avez
23 dit que vous alliez entreprendre votre possible ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai dit que j’allais y aller
25 pour essayer de faire cesser les combats puisque j’y étais et que
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1 j’essaierais de négocier avec les deux parties en présence.
2 Me SAYERS (interprétation): Vous ne vous souvenez donc pas
3 que vous vous êtes entretenu avec le commandant de la brigade,
4 Monsieur Jozinovic, ou avec son remplaçant, Monsieur Grubesic,
5 qui avait été commandant de la brigade à cette époque ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
7 Me SAYERS (interprétation) : Quand vous êtes venu dans ces
8 villages de Katici et Merdani – je pense que c’était des petits
9 villages – c’était véritablement un chaos, n’est-ce pas ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Quand je suis arrivé là-bas,
11 il faisait assez sombre. Il était très difficile d’y accéder.
12 Je m’y suis rendu avec mon Warrior, mon blindé, et j’avais le
13 véhicule du Sergent Kudzovinski (ph.) avec moi. La route était
14 glissante. Il était difficile donc d’y accéder et lorsque nous
15 sommes arrivés là-bas, nous avons traversé la voie ferrée et nous
16 sommes arrivés tard. Nous sommes allés directement vers la zone
17 de combat. On a tiré sur nous.
18 J’ai essayé de me rendre à Merdani et j’ai conclu que cela
19 était par trop dangereux et qu’il n’était pas possible d’y aller
20 en véhicule car j’avais perdu un deuxième Warrior au retour,
21 suite à une attaque, et après avoir vérifié que les gens allaient
22 bien, je les ai laissés là-bas.
23 Me SAYERS (interprétation) : Donc, vous êtes allé
24 au commandement britannique de Nova Bila ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
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1 Me SAYERS (interprétation) : La journée suivante, le jour
2 suivant, vous et Monsieur Fleming – vous le dites dans votre
3 journal, vous pouvez vous pencher dessus si vous le voulez – il
4 est exact que Monsieur Fleming avait présidé à cette réunion pour
5 examiner cette situation et faire cesser le feu ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me SAYERS (interprétation) : Il y avait donc le
8 Colonel Blaskic et Monsieur Merdan ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Et vous aviez aussi les
11 représentants de certaines organisations internationales ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
13 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur Kordic
14 n’avait pas été invité à cette réunion non plus ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
16 Me SAYERS (interprétation) : Donc, si nous
17 suivons chronologiquement les faits, est-ce que vous vous
18 souvenez de l’ordre conjoint qui avait été signé dans la
19 ville de Kakanj en date du 13 février 1993 – cela a été
20 signé par le Colonel Blaskic et le Général Hadzihasanovic –
21 pour ce qui est de l’application de ce qu’ils avaient
22 convenu de faire dans l’accord daté du 30 janvier 1993 ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
24 Me SAYERS (interprétation) : Vous ne vous souvenez pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, parce que
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1 j’étais en congé.
2 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous avez
3 vu cet ordre ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Peut-être que oui mais mon
5 remplaçant avait été commandant du bataillon à cette époque.
6 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que nous
7 pouvons continuer ?
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois que nous nous
9 éloignons de ce dont parlait le témoin et si le moment vous
10 semble propice, nous pourrions procéder à une pause.
11 Est-ce que Monsieur Nice a reçu des informations
12 supplémentaires ?
13 Me NICE (interprétation) : Je crois qu’il ne sera pas
14 possible de prévoir l’arrivée de qui que ce soit d’entre eux. Il
15 faudrait une signature pour cela et cela ne sera pas disponible
16 jusqu’à après le déjeuner et ce sont des problèmes de juridiction
17 locale.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais vous
19 pourriez vous pencher sur la voie à suivre.
20 Me NICE (interprétation) : Oui. Je pourrais vous
21 dire quelque chose au sujet d’un autre thème. Le compte
22 rendu pourrait porter la cote de 2791.
23 Je voudrais revenir sur ce que la Chambre avait souligné
24 auparavant, à savoir que je voudrais bénéficier de la coopération
25 du témoin concernant ces documents et je crois que ce serait
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1 d’une grande valeur pour cette Chambre d’instance et je pense
2 qu’il serait utile si nous pouvions retenir le témoin jusqu’à
3 demain.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui, si cela
5 n’est pas dérangeant ou inconvenant pour le témoin.
6 Me NICE (interprétation) : Si la Chambre pouvait
7 siéger un peu plus longtemps aujourd’hui, nous pourrions
8 traiter pleinement du problème en question.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Si nous
10 pouvions terminer aujourd’hui avec ce témoin, nous
11 pourrions siéger un peu plus longtemps.
12 Me Sayers, je crois que vous avancez assez bien et
13 selon votre état d’avancement au travers du fascicule que
14 vous avez devant vous…
15 Me SAYERS (interprétation) : Je crois que
16 j’avance plus vite que je ne le pensais. Je ne vois pas
17 pourquoi cela ne se poursuivrait pas ainsi et j’espère que
18 je finirai d’ici la fin de cette journée.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous prie
20 d’essayer de le faire.
21 Monsieur Kovacic.
22 Me KOVACIC (interprétation) : Si je devais
23 évaluer le temps qui me sera nécessaire, je crois qu’il me
24 suffirait d’une petite demi-heure, pas plus.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice,
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1 si vous désirez vous entretenir avec le témoin concernant
2 ses plans ou plannings, vous pourriez le faire.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Si cela peut aider
4 ce Tribunal, je vais rester aussi longtemps que cela sera
5 nécessaire. Je tiens donc que nous achevions avec ce
6 témoignage.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je voudrais
8 vous dire que le témoin n’a le droit de s’entretenir avec
9 qui que ce soit pendant le témoignage et cela inclut le
10 Procureur et vous pouvez nous parler de vos plannings et
11 s’il y a des documents de présentés, vous pouvez vous
12 entretenir concernant ces documents avec le Procureur.
13 Je vous remercie et je crois que nous allons lever
14 la séance jusqu’à 14 h 30 maintenant.
15 --- Suspension de l’audience à 13 h 03
16 --- Reprise de l’audience à 14 h 36
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice.
18 Me NICE (interprétation) : Je crois que nous
19 sommes toujours en public. Donc, il me faudra parler avec
20 quelques précautions. Mais je voulais parler d’une
21 ordonnance émise par cette Chambre de première instance qui
22 porte sur l’exercice du pouvoir discrétionnaire de la
23 Chambre relativement à l’emploi d’un document particulier.
24 Je demanderais que ce pouvoir discrétionnaire
25 intervienne de façon à ce que ce témoin soit autorisé à
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1 examiner ce document. C’est un document que le témoin espérait
2 pouvoir examiner et de tous les témoins que vous avez entendus,
3 celui-ci est sans doute le plus apte à en évaluer…
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. La
5 Défense en a-t-elle reçu un exemplaire ?
6 Me NICE (interprétation) : La Défense n’a pas encore reçu
7 un exemplaire de ce document parce que nous venons à peine de
8 recevoir l’ordonnance qui porte sur ce document mais elle a vu
9 l’ordonnance en question. J’ai demandé à ce que le témoin puisse
10 examiner ce document sans subir la moindre pression liée au temps,
11 c’est-à-dire qu’il puisse l’examiner en dehors du prétoire et
12 qu’il puisse en parler ensuite brièvement.
13 Ce que je demanderais, avec le respect que je dois
14 à la Chambre, c’est si celle-ci pourrait autoriser donc le
15 témoin à voir ce document et qu’une pause soit ménagée à
16 cette fin car cela aiderait également les interprètes et
17 les Juges que le Colonel Stewart puisse passer ce document
18 en revue avec le temps nécessaire.
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, si
20 c’est plus opportun, nous pouvons continuer le contre-
21 interrogatoire pour le moment et nous verrons par la suite.
22 Me NICE (interprétation) : Merci, Monsieur le Président.
23 Me SAYERS (interprétation) : Colonel, nous allons
24 poursuivre l’examen chronologique des incidents survenus
25 pendant la durée de votre mission et nous en sommes arrivés
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1 en février 1993. Vous avez déjà parlé d’un incident survenu le
2 le 22 février mais en fait, vous n’avez pas rencontré Monsieur
3 Kordic le 22 février. Ce que vous avez dit aux Juges de cette
4 Chambre c’est qu’en fait, un officier commandant de la Compagnie
5 C, le Commandant Jennings, vous avez demandé de le voir,
6 n’est-ce pas ? Si vous voulez vous rafraîchir la mémoire, vous
7 pouvez jeter un coup d’œil à votre journal personnel avant de
8 répondre à la question.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
10 Me SAYERS (interprétation) : Ce que vous avez dit, ce que
11 vous avez raconté, c’était un incident au cours duquel un barrage
12 routier a été érigé dans le cadre d’une opération humanitaire et
13 vous avez dit qu’il y avait déjà eu quelques incidents de ce
14 genre à Busovaca par le passé, dans le passé récent.
15 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est une
16 possibilité mais je n’ai pas dit que c’était certain.
17 Me SAYERS (interprétation) : Je me demandais si l’on
18 pouvait vous montrer deux bulletins de renseignements militaires
19 qui vont peut-être jeter quelque lumière sur ces faits et vous
20 rafraîchir la mémoire. Il s’agit du bulletin de renseignements
21 militaires 115 daté du 22 février 1993 et du bulletin de
22 renseignements militaires 118 daté de trois jours plus tard.
23 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le bulletin de
24 renseignements militaires 115 sera enregistré sous la cote
25 D157/1 et le bulletin de renseignements militaires 118 sous
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1 la cote D158/1.
2 Me SAYERS (interprétation) : Colonel, nous allons parler
3 maintenant du bulletin du 22 février 1993, pièce D157/1, le
4 bulletin de renseignements militaires 115. Je vous demanderais
5 de prendre la page 2. Vous y voyez un rapport qui vient sans
6 doute du Commandant Jennings selon lequel deux barrages routiers
7 ont été érigés sur la base apparemment d’ordres directs de
8 Monsieur Kordic du HDZ et le rapport se poursuit en stipulant
9 que Kordic avait déclaré que Busovaca n’avait reçu qu’une
10 livraison d’aide humanitaire au cours des derniers huit jours…
11 au cours des derniers 39 jours (se reprend l’interprète) et
12 qu’il avait reçu l’ordre de bloquer la route avec un camion afin
13 d’appeler l’attention de toutes les organisations concernées sur
14 ce fait.
15 Cela vous rafraîchit-il la mémoire ? Savez-vous
16 si cet incident a eu lieu ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas si
18 c’est le cas ou pas mais ce document me rappelle
19 effectivement qu’un barrage routier a existé et que Kordic
20 a ordonné la levée de ce barrage. Selon vous, il n’était
21 pas commandant à ce moment-là, n’est-ce pas ? Donc, il
22 n’aurait pas pu donner l’ordre de bloquer la route.
23 Me SAYERS (interprétation) : Eh bien, examinons
24 le bulletin de renseignements militaires suivant, Monsieur,
25 le document D158/1. Page 2, au point 6, nous lisons
Page 12387
1 « Busovaca ». Au milieu du paragraphe à peu près, nous
2 lisons : « La raison pour laquelle ces barrages ont été
3 établis n’est pas très claire mais il est dit que
4 l’érection de ces barrages est liée à une inégalité dans la
5 répartition de l’aide humanitaire. » Vous voyez cela ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me SAYERS (interprétation) : Cela correspond-t-il
8 à votre souvenir ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je ne me
10 rappelle pas cela exactement mais c’est sans doute dû à un
11 défaut de mémoire de ma part. Je n’étais pas, cela étant,
12 nécessairement informé de ce qui se passait à ce moment-là.
13 Me SAYERS (interprétation) : Cela n’est pas un
14 problème. Parlons d’un autre incident survenu peu de temps
15 après. Vous rappelez-vous, Monsieur, qu’un véhicule blindé
16 de marque Mercedes, je crois, appartenant au contingent
17 néerlandais a été détourné par des hommes sur la route
18 entre Vitez et Travnik et empêché de pénétrer dans Vitez ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je me rappelle
20 cela très bien.
21 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Vous
22 rappelez-vous, Monsieur, qu’un officier de police militaire
23 s’en est plaint à l’hôtel Vitez et a demandé l’assistance
24 de l’hôtel Vitez pour organiser la restitution du
25 véhicule ?
Page 12388
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Je suis sûr que je
2 me rappelle.
3 Me SAYERS (interprétation) : Eh bien, je
4 demanderais à Monsieur l’Huissier de vous montrer la pièce
5 D114/1, un bulletin de renseignements militaires. Merci,
6 Monsieur l’Huissier. J’en ai terminé avec les deux
7 documents précédents et je vous prierais de bien vouloir
8 placer celui-ci sur le rétroprojecteur.
9 Je vous parlerai, Colonel, de la page 2 de ce
10 document. Ce document est un bulletin de renseignements
11 militaires en date du 23 février 1993 et il est stipulé ici
12 que : « Le premier régiment du Cheshire et d’autres ont
13 rendu visite au quartier général du HVO à Vitez pour
14 demander la restitution du véhicule et de son contenu. »
15 Vous voyez cela ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me SAYERS (interprétation) : Apparemment, il
18 s’agit ici de vous et de l’un de vos officiers de liaison.
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me suis pas
20 contenté de m’y rendre. J’ai également rendu visite au
21 commandant.
22 Me SAYERS (interprétation) : À savoir à Ivica
23 Santic ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me SAYERS (interprétation) : Très bien, Monsieur.
Page 12389
1 Merci, Monsieur l’Huissier, j’en ai terminé avec ce
2 document.
3 Colonel, vous vous êtes rendu à Novi Travnik.
4 Vous avez parlé au chef de la police et selon votre journal
5 personnel, apparemment, celui-ci avait de bonnes relations,
6 un certain pouvoir ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
8 Me SAYERS (interprétation) : Le lendemain, vous
9 êtes allé voir le Colonel Filipovic à Travnik pour savoir
10 s’il pouvait éclairer un peu la question, jeter quelque
11 lumière sur ce problème et il a réussi à le faire, n’est-ce
12 pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
14 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Vous
15 nous avez dit, n’est-ce pas, il y a quelque temps que selon
16 vous, le Colonel Filipovic était un homme bien, que vous
17 l’appréciez, que vous le considériez comme quelqu’un
18 d’assez impressionnant, n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en effet.
20 Me SAYERS (interprétation) : Très bien, Monsieur.
21 Vous rappelez-vous si le véhicule de marque Mercedes a été
22 restitué au bataillon néerlandais mais que c’est un groupe
23 de la mafia locale qui, apparemment, n’était pas d’accord
24 pour accepter la restitution du véhicule par Monsieur
25 Kordic à Busovaca ?
Page 12390
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. En fait, cela
2 n’est pas consigné dans mon journal mais j’ai rencontré la
3 mafia. Je suis allé voir ce criminel.
4 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Ce
5 criminel était un homme répondant au nom de Zarko Andric,
6 n’est-ce pas, connu également sous un surnom, si je ne
7 m’abuse ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je pense que
9 c’était le cas. C’était un personnage tout à fait
10 désagréable. Excusez-moi, j’aurais quelque chose à
11 ajouter. Je pense que Monsieur Kordic a aidé à la
12 restitution du véhicule et je pense que la mafia a eu un
13 rôle à jouer effectivement dans cette affaire. Je crois
14 qu’une certaine pression a également été exercée sur nous
15 par les responsables municipaux et sur moi en particulier
16 par ce représentant de la mafia.
17 Me SAYERS (interprétation) : Personnellement,
18 vous n’avez rien eu à voir avec Monsieur Kordic sur ce
19 sujet ? Ces tractations se sont déroulées entre le
20 Commandant Jennings et Monsieur Kordic, n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je pense que
22 Monsieur Kordic a eu quelques rapports avec des membres de
23 mon bureau.
24 Me SAYERS (interprétation) : Nous poursuivons
25 l’examen chronologique des faits. Le point suivant
Page 12391
1 concerne la mort de l’un de vos soldats, Monsieur Rock, je
2 crois, le Caporal Rock qui s’est tué en manipulant un fusil
3 chargé, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SAYERS (interprétation) : C’était un accident,
6 n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : J’espère.
8 Me SAYERS (interprétation) : Ce n’était pas un
9 suicide, à votre avis, n’est-ce pas ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense que ce
11 soldat était assez instable. Il était ivre et je crois
12 qu’il a joué avec ce fusil et qu’il est mort de façon
13 accidentelle.
14 Me SAYERS (interprétation) : Le point suivant
15 dont je voulais parler dans l’ordre chronologique est une
16 rencontre de haut niveau à laquelle vous faites référence
17 dans votre journal personnel entre plusieurs représentants
18 politiques à Zenica sous la direction de Monsieur
19 l’Ambassadeur Thebault qui a présidé la réunion. Vous
20 rappelez-vous cette rencontre ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Pouvez-vous me
22 donner la date, je vous prie ?
23 Me SAYERS (interprétation) : Oui. Le 25 mars
24 1993, Monsieur, et je vous prie de m’excuser de n’avoir pas
25 mentionné cette date au moment où j’ai formulé ma question.
Page 12392
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Cela semble
2 possible mais je n’en vois pas de trace ici.
3 Me SAYERS (interprétation) : Merci. Passons
4 maintenant aux événements qui concernent directement un
5 point au sujet duquel vous avez témoigné, à savoir le
6 massacre des civils à Ahmici. Il est vrai, n’est-ce pas,
7 qu’avant le 16 avril, la tension s’était considérablement
8 et régulièrement accrue entre les forces bosniennes,
9 musulmanes et les forces croates dans la vallée de la
10 Lasva, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Par exemple, à
13 Travnik, le 10 avril, une bombe avait été jetée contre le
14 quartier général du HVO. Vous vous rappelez cela ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne suis pas sûr
16 que cela soit consigné dans mon journal personnel et je ne
17 me rappelle pas vraiment. Mais peut-être la source émane-
18 t-elle des services de renseignements militaires.
19 Me SAYERS (interprétation) : En tout cas, il
20 suffira de dire, Monsieur, que les autorités musulmanes de
21 Travnik vous ont dit qu’elles ne pouvaient pas accepter la
22 direction croate dans la province 10 comme le prévoyait le
23 Plan Vance-Owen. Vous vous rappelez cela ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ça, je suis
25 sûr que c’était le cas.
Page 12393
1 Me SAYERS (interprétation) : Je crois, Monsieur,
2 qu’une réception a eu lieu à l’occasion de Pâques, le 12
3 avril 1993, au quartier général du HVO à laquelle ont
4 participé le Colonel Blaskic, Monsieur Kordic et vous y
5 étiez également ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me SAYERS (interprétation) : Dans votre journal
8 personnel, vous parlez de la présence du Président du HVO
9 dont vous dites que vous ne vous rappelez pas son nom.
10 Mais au fil des années écoulées depuis, ce nom vous est-il
11 revenu à l’esprit ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Il pourrait s’agir
13 de Valenta. Je n’en suis pas sûr. Je ne me rappelle pas.
14 Me SAYERS (interprétation) : Très bien !
15 LE TÉMOIN (interprétation) : J’utilise
16 l’expression « Président du HVO » probablement parce que je
17 n’ai aucune certitude à ce sujet.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Les
19 interprètes, Me Sayers, vous demandent de bien vouloir
20 ralentir votre débit.
21 Me SAYERS (interprétation) : Oui, Monsieur le
22 Président, je n’y manquerai pas.
23 Vous n’y êtes pour rien, Colonel. C’est moi le
24 responsable. On me le reproche souvent. Vous rappelez-
25 vous un attentat contre Darko Kraljevic non loin de
Page 12394
1 Kruscica le 13 avril 1993 ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne crois pas me
3 rappeler ce fait.
4 Me SAYERS (interprétation) : Eh bien, parlons
5 maintenant de l’événement suivant, à savoir l’enlèvement
6 des quatre responsables du HVO non loin de Novi Travnik par
7 des Mujahedins membres de la 7e brigade musulmane. Vous
8 avez été informé de cet incident, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez protesté
11 auprès de Monsieur l’Ambassadeur Thebault quant à ce que
12 vous conceviez comme une tentative avortée de la part de
13 l’ECMM d’enquêter à ce sujet et de résoudre le problème,
14 n’est-ce pas ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Si c’est bien
16 l’incident auquel je pense, j’ai proposé des véhicules à
17 l’ECMM qui a refusé d s’en servir et j’ai dû récupérer ces
18 véhicules moi-même. Je crois que c’est probablement de
19 cela qu’il s’agit. J’étais très en colère.
20 Me SAYERS (interprétation) : En fait, dans votre
21 journal personnel, à la date du 15 avril, vous relatez,
22 Monsieur, que vous avez exigé une explication pour
23 justifier cette conduite extraordinaire de la part de
24 l’ECMM et que vous avez pris des mesures importantes auprès
25 des responsables de Novi Travnik, n’est-ce pas ?
Page 12395
1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact et le
2 comportement extraordinaire était un comportement non
3 professionnel face aux problèmes.
4 Me SAYERS (interprétation) : Vous les avez mis
5 dans la situation où ils ont dû demander l’intervention des
6 forces britanniques pour s’extraire de Novi Travnik, n’est-
7 ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, Monsieur.
9 Me SAYERS (interprétation) : Vous rappelez-vous
10 que les musulmans ont prétendu que l’ensemble de cet
11 incident avait pour but de nuire à la réputation des forces
12 musulmanes et notamment à celle de la 7e brigade
13 musulmane ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me rappelle
15 pas avec certitude.
16 Me SAYERS (interprétation) : Je demanderais que
17 l’on vous montre le bulletin de renseignements militaires
18 en date du 14 avril 1993, pièce à conviction D70/1. Je
19 demanderais à Monsieur l’Huissier de placer la page 2 sur
20 le rétroprojecteur, le bas de la page. « La section du
21 renseignement fait observer que l’armée de Bosnie-
22 Herzégovine prétend que cet incident lié à l’enlèvement est
23 monté de toutes pièces par le HVO pour remettre en cause la
24 réputation des forces musulmanes et notamment de la 7e
25 brigade musulmane. »
Page 12396
1 Cela vous rafraîchit la mémoire, Colonel, quant
2 aux allégations proférées par les forces musulmanes ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Mais le seul
4 commentaire que j’aurais à faire à ce sujet consiste à dire
5 qu’à mon avis, ces hommes ont été enlevés par des
6 Mujahedins. Il n’y avait aucun montage. Voilà le
7 commentaire que je souhaite faire mais je n’ai aucune
8 certitude, aucune connaissance certaine.
9 Me SAYERS (interprétation) : Très bien, Colonel.
10 C’est tout à fait exact. Saviez-vous que ces hommes ont
11 ensuite été libérés suite à l’intervention d’une force HVO
12 et armée de Bosnie-Herzégovine agissant conjointement ?
13 Cela s’est passé après la fin de votre mission, le 19 mai
14 1993, mais avez-vous été informé de cela ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je me rappelle cela,
16 oui.
17 Me SAYERS (interprétation) : Merci.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous en avez
19 fini sur ce point ?
20 Me SAYERS (interprétation) : L’incident suivant,
21 Colonel, si je ne m’abuse, s’est produit le matin du 15
22 avril 1993, date de l’enlèvement du Commandant Zivko Totic
23 et de l’exécution de ses gardes du corps ainsi que du
24 meurtre d’un passant. Vous vous rappelez cet incident, je
25 pense ?
Page 12397
1 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’était pas une
2 exécution. C’était un meurtre en bonne et due forme.
3 C’était une attaque destinée à mettre la main sur Totic au
4 cours de laquelle ils étaient prêts à tuer tous ceux qui se
5 trouvaient sur le chemin et ils ont tué les gardes du corps
6 et un passant. Je me rappelle cet incident, effectivement
7 mais je n’étais pas présent.
8 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous reçu des
9 rapports de vos soldats qui ont été témoins des
10 conséquences de cet incident ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai été impliqué
12 personnellement dans les conséquences de cet incident car
13 j’ai été convoqué par l’ambassadeur dirigeant l’ECMM suite
14 à cet incident qui m’a demandé d’aller immédiatement à
15 Zenica, ce que je ne souhaitais pas faire à l’époque, et
16 l’ambassadeur dirigeant de l’ECMM a eu recours à son
17 pouvoir politique pour m’informer qu’il souhaitait que je
18 m’y rende, ce que j’ai fait malgré mes réticences.
19 Je savais qu’un tel geste pouvait être un
20 catalyseur à ce moment-là qui risquait de provoquer de
21 graves problèmes.
22 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Colonel.
23 Vous avez témoigné en disant quel était votre point de vue
24 quant à l’importance de l’enlèvement de Totic. Je cite les
25 pages 23798, 23826, 23827 et 23878 de votre déposition.
Page 12398
1 Nous n’avons pas besoin d’y revenir dans le détail,
2 Monsieur. Mais en tout cas, vous vous êtes rendu
3 directement à Zenica en provenance de Travnik, si je ne
4 m’abuse, en utilisant une route de montagne dès lors que
5 l’ambassadeur responsable de l’ECMM vous a demandé de vous
6 y rendre ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas si
8 c’était une route de montagne ou une route de vallée mais
9 je m’y suis rendu très rapidement.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Un point,
11 Colonel. Pouvez-vous nous aider sur ce point ? Combien de
12 temps fallait-il pour se rendre de Vitez à Zenica par les
13 différentes routes disponibles ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Monsieur le
15 Président, je pense qu’il fallait à peu près une demi-
16 heure. Cela pouvait dépendre un petit peu du véhicule
17 utilisé. Mais si l’on utilisait la route qui traversait la
18 vallée, le voyage pouvait même être un peu plus rapide.
19 Tout dépendait de la situation et du véhicule utilisé.
20 Me SAYERS (interprétation) : En tout cas, vous ne
21 vous rappelez pas si le 15, vous êtes allé à Zenica en
22 utilisant la route de montagne ou la route de la vallée,
23 n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : J’essaie de
25 réfléchir et j’aurais une petite préférence pour la route
Page 12399
1 qui traverse la vallée.
2 Me SAYERS (interprétation) : Bien, en tout cas,
3 lorsque vous êtes arrivé à Zenica, la conférence avait
4 commencé, le Colonel Merdan y participait pour les
5 musulmans, si je ne m’abuse, et vous lui avez dit estimer
6 que cet enlèvement était absolument inacceptable, n’est-ce
7 pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
9 Me SAYERS (interprétation) : Lui vous a dit que
10 la partie musulmane ne pouvait pas être blâmée pour cet
11 incident ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Ce n’est pas tout à
13 fait ça.
14 Me SAYERS (interprétation) : Mais en tout cas, il
15 a nié être responsable de cet incident ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Il a nié le fait que
17 des soldats sous son commandement en aient été
18 responsables.
19 Me SAYERS (interprétation) : Il a déclaré que
20 cette question relevait des autorités civiles et pas de
21 l’armée, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet.
23 Me SAYERS (interprétation) : Et disons, pour être
24 très simple et très bref, que vous n’avez pas été
25 convaincu, n’est-ce pas ?
Page 12400
1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est le moins qu’on
2 puisse dire.
3 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous su que le
4 Commandant Totic a ensuite été libéré par la partie
5 musulmane le 19 mai de la même année dans le cadre de la
6 libération des quatre officiers du HVO ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, j’en ai été
8 informé.
9 Me SAYERS (interprétation) : Dans votre journal
10 personnel, à la date du 15 avril, vous dites estimer que
11 les combats du lendemain matin étaient directement liés à
12 Totic et en fait, c’est ce que le représentant du HVO avait
13 déclaré dans la soirée du 15, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me SAYERS (interprétation) : Il y avait eu
16 éruption de la violence ce soir-là qui s’était répandue
17 dans l’est de la vallée de la Lasva si je ne m’abuse ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me rappelais
19 pas exactement mais je suis d’accord que c’est le
20 représentant du HVO qui en a parlé à ce moment-là.
21 Me SAYERS (interprétation) : Et vous étiez
22 d’accord avec le point de vue exprimé par lui,
23 n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me rappelle
25 pas exactement quel était ce point de vue mais si ce point
Page 12401
1 de vue consistait à dire que l’incident allait provoquer
2 des difficultés, créer des problèmes et que les combats
3 allaient s’élargir, je suis prêt à admettre ce fait.
4 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Je crois
5 que vous avez passé toute la soirée à Zenica après la fin
6 de la conférence présidée par l’ambassadeur à la tête de
7 l’ECMM ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’y suis resté
9 jusqu’à une heure tardive.
10 Me SAYERS (interprétation) : Le lendemain matin,
11 vous avez reçu, je crois, un renseignement de votre
12 commandant adjoint, qui était le Commandant Watters à
13 l’époque, à 5 h 30 du matin environ. Il vous a parlé de
14 l’explosion de la violence dans les environs de la vallée
15 de la Lasva, n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Absolument.
17 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez pris la
18 décision de retourner rapidement à Vitez pour y arriver le
19 plus rapidement possible le matin du 16 ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Vous rappelez-vous
22 que vous avez pris le chemin de Vitez à partir de Zenica
23 aux environs de 7 h 15, 7 h 30 du matin ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me SAYERS (interprétation) : C’est-à-dire au
Page 12402
1 moment où le jour se levait ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, j’étais
3 seul, je voulais partir à 5 h 30 mais il y avait des
4 risques importants pour moi à une heure si tôt le matin.
5 Me SAYERS (interprétation) : Très bien !
6 LE TÉMOIN (interprétation) : D’ailleurs, le
7 numéro 2 de mon commandement m’a donné l’ordre de ne pas
8 partir avant le lever du jour.
9 Me SAYERS (interprétation) : Je crois que vous
10 avez utilisé la route de montagne pour retourner à Vitez
11 suite à la réception du rapport relatif à des combats
12 importants qui avaient éclaté dans la région. Vous avez
13 dit à Monsieur le Juge Shahabuddeen en page 23857 du compte
14 rendu d’audience que vous avez effectué ce voyage très
15 rapidement. En fait, vous avez essayé de regagner Vitez le
16 plus rapidement possible, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
18 Me SAYERS (interprétation) : Il n’y a pas mention
19 dans votre journal personnel du fait que quelqu’un se soit
20 joint à vous pour ce voyage le 16 avril ? Je vous
21 demanderais de consulter votre journal.
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je n’ai pas
23 besoin de le consulter. Sur le chemin du retour, sur la
24 route de montagne, il est certain que personne n’est monté
25 à bord de mon véhicule avec moi ce matin-là. Il y avait
Page 12403
1 trois champs de mines à traverser, plusieurs barrages
2 routiers à franchir et je n’ai certainement demandé à
3 personne de m’accompagner. En fait, je craignais pour ma
4 vie pendant tout le voyage.
5 Me SAYERS (interprétation) : Lorsque vous avez
6 atteint Vitez, Monsieur, il était à peu près 9 h 00 du
7 matin, n’est-ce pas ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Peut-être même un
9 peu plus tôt.
10 Me SAYERS (interprétation) : Vous êtes allé au
11 quartier général du HVO pour voir le Colonel Blaskic,
12 n’est-ce pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai cherché à voir
14 presque immédiatement le Colonel Blaskic.
15 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez pas
16 réussi à le trouver, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, parce qu’il
18 n’était pas là.
19 Me SAYERS (interprétation) : Serait-il permis de
20 dire, Colonel, que vous n’avez fait aucun effort à quelque
21 moment que ce soit pour rencontrer Monsieur Kordic ou
22 l’appeler au téléphone le 16 avril dans la matinée ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Je pense qu’il est
24 tout à fait permis de le dire. Effectivement, je n’ai pas
25 effectué de telles tentatives.
Page 12404
1 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur, vous
2 n’avez pas réussi à trouver le Colonel Blaskic. Je crois
3 qu’à ce moment-là, vous avez repris la route de montagne,
4 vous avez passé à Ahmici et c’est à ce moment-là que vous
5 avez vu des maisons en feu et des corps éparpillés le long
6 de la route, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je pense que
8 j’ai utilisé la route de la vallée. Voyez-vous, ce jour-
9 là, j’ai été à Zenica deux ou trois fois. Lorsque je suis
10 arrivé à Vitez, j’étais à bord de mon véhicule Discovery et
11 j’ai dû faire le voyage Vitez-Zenica le plus rapidement
12 possible. En fait, je crois avoir emprunté la route de la
13 vallée et j’ai vu de nombreux corps éparpillés sur la route
14 au cours de mon voyage. Je pense qu’une patrouille du HVO
15 a d’ailleurs utilisé un lance-roquette multiple pour tirer
16 sur moi.
17 Me SAYERS (interprétation) : Voyons s’il est
18 possible de vous rafraîchir la mémoire puisque apparemment,
19 vous semblez ne pas vous rappeler très bien.
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, cela peut
21 m’aider.
22 Me SAYERS (interprétation) : Eh bien, vous avez
23 relaté dans le compte rendu d’audience de l’affaire Blaskic
24 que le 16 avril, vous étiez passé aux abords du chalet
25 suisse. C’est le bâtiment que l’on appelle le bungalow qui
Page 12405
1 se trouve à Nadioci. Vous rappelez-vous cela ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
3 Me SAYERS (interprétation) : Cela vous
4 rafraîchit-il la mémoire si je vous dis que vous
5 conduisiez…
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Une seconde.
7 Est-ce qu’il s’agit de la route de montagne ou de la route
8 de la vallée ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : De la route de la
10 vallée, Monsieur. Donc, c’est bien ce que j’ai dit, j’ai
11 emprunté la route de la vallée.
12 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Il est
13 donc permis de dire que vous êtes passé devant Ahmici aux
14 environs de 10 h 30 du matin le 16 avril 1993 ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est tout à fait
16 exact mais je ne me rappelle pas exactement l’heure.
17 Me SAYERS (interprétation) : Je suppose que vous
18 saviez que le Lieutenant Dooley et un autre lieutenant
19 étaient présents aux côtés de vos soldats à Ahmici le matin
20 et l’après-midi du 16 avril ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je l’ai su mais
22 ils n’étaient pas à l’intérieur du village. Ils étaient en
23 périphérie du village.
24 Me SAYERS (interprétation) : Vous ont-ils dit
25 qu’ils y ont trouvé un certain nombre de corps aux abords
Page 12406
1 du cimetière, à l’est de Ahmici, entassés et qu’ils ont
2 constaté que des allers et retours s’effectuaient de Ahmici
3 jusqu’à l’hôpital de Travnik le 16 avril ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je me rappelle
5 qu’ils ont travaillé dans le secteur. Je ne me rappelle
6 pas s’ils m’ont parler de corps ou d’aller-retour de
7 véhicules.
8 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Mais
9 avez-vous appris qu’ils avaient vu à peu près 50 corps sans
10 vie dans le voisinage de Ahmici le 16 avril ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, je ne suis pas
12 au courant. Ce que je veux dire c’est que moi-même,
13 j’avais vu 15 à 20 corps sans vie et que je n’étais pas en
14 patrouille officiellement. Donc, ils n’ont pas forcément
15 fait mention du nombre, qui n’avait pas une très grande
16 importance vu les événements.
17 C’est peut-être une façon un peu cruelle de
18 s’exprimer mais ce fait n’avait pas une grande pertinence
19 par rapport à ce que nous faisions. Nous étions absolument
20 abasourdis. Donc, ils ne m’ont pas dit le nombre, non.
21 Me SAYERS (interprétation) : Très bien, Monsieur.
22 Passons maintenant au jour suivant. Avez-vous appris que
23 votre commandant adjoint avait, en fait, mené des
24 négociations de cessez-le-feu à Vitez et qu’au cours de ces
25 négociations, le Colonel Blaskic ainsi que le commandant
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1 local de l’armée de Bosnie-Herzégovine, de la 325e brigade
2 de montage, Monsieur Sefkija Dzidic, avait participé à ces
3 négociations ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me rappelle
5 pas mais le fait aurait été tout à fait normal. J’avais
6 l’habitude de lui confier ce genre de tâches.
7 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Vous
8 rappelez-vous que deux négociateurs du HVO, membres de
9 l’équipe de négociateurs, Monsieur Pilicic et Monsieur
10 Prskalo, ont été la cible de balles tirées par des tireurs
11 embusqués des forces de l’armée de Bosnie-Herzégovine à
12 Stari Vitez ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. J’aimerais me
14 rappeler cela. Mais ont-ils été tués ?
15 Me SAYERS (interprétation) : Je ne crois pas
16 qu’ils aient été tués.
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien !
18 Me SAYERS (interprétation) : Le point suivant sur
19 le plan chronologique dont nous allons parler est la
20 conversation que vous avez eue, je crois, avec le Colonel
21 Blaskic le 18 avril 1993. Vous rappelez-vous cette
22 conversation, Monsieur ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Est-ce qu’il s’agit
24 de l’incident de Cajdras ?
25 Me SAYERS (interprétation) : Oui.
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Je me rappelle.
2 Me SAYERS (interprétation) : Il dit que cela
3 s’est passé à Cajdras, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SAYERS (interprétation) : Vous étiez sur les
6 lieux, vous avez vu près de 1 000 réfugiés, vous leur avez
7 parlé avec l’aide de votre interprète et du représentant du
8 HCR, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’étais
10 perturbé de voir un si grand nombre de personnes réunies
11 qui visiblement avaient été expulsées de leurs domiciles et
12 je leur ai fait la promesse de les aider si je le pouvais.
13 Me SAYERS (interprétation) : Mais il suffira de
14 dire, Monsieur, qu’il s’agissait de personnes déplacées, à
15 votre avis, qui n’avaient pas quitté volontairement leurs
16 domiciles, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Visiblement,
18 certaines de ces personnes avaient quitté leurs domiciles
19 sous l’effet de la peur mais je pense qu’un grand nombre
20 avaient été expulsées parce que je suis allé voir où ces
21 personnes habitaient et leurs maisons étaient en feu.
22 Donc, la réponse est : Je ne pense pas qu’elles aient
23 quitté leurs maisons volontairement.
24 Me SAYERS (interprétation) : À votre avis, ces
25 personnes ont été expulsées volontairement ou
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1 involontairement par les forces musulmanes qui attaquaient
2 les villages croates à partir de Zenica, n’est-ce pas ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! En
5 fait, Monsieur, y avait-il des forces musulmanes qui ont
6 réagi après le 16 avril et l’un des aspects de ces
7 représailles a visé des bâtiments du HVO, en fait, tous les
8 bâtiments du HVO à Zenica ont été pris pour cibles par les
9 forces musulmanes, n’est-ce pas ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
11 Me SAYERS (interprétation) : Les deux sièges des
12 brigades ont été encerclés, cernés et ont dû se rendre
13 finalement aux représentants des brigades du HVO à Zenica,
14 n’est-ce pas ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, Totic était
16 parti, il avait disparu et nous nous inquiétions pour sa
17 sécurité. Les autres membres des brigades, vous avez
18 raison, certains des membres de ces brigades étaient à
19 Cajdras et je m’inquiétais pour eux également.
20 Me SAYERS (interprétation) : J’aimerais à présent
21 que nous consacrions quelques minutes, Colonel, à l’examen
22 des négociations qui se sont déroulées entre les
23 commandants militaires au niveau national et les
24 commandants au niveau local le 18 avril et par la suite.
25 Vous avez appris qu’un accord de cessez-le-feu avait été
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1 conclu entre les représentants politiques croates et les
2 représentants politiques musulmans au plus haut niveau le
3 18 avril, accord signé par le Président Boban pour la
4 Communauté croate de Herceg-Bosna et le Président
5 Izetbegovic pour la partie musulmane, n’est-ce pas ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Eh bien, à
7 l’instant, je ne me rappelle pas mais cela semble possible.
8 Me SAYERS (interprétation) : Pour les Juges, je
9 signale que nous avons la pièce à conviction D83/1 à
10 l’appui de ces dires.
11 Colonel, vous rappelez-vous que suite à cet accord
12 unilatéral de cessez-le-feu, un ordre a été émis par le
13 commandant en chef des forces militaires du HVO, le Général
14 de brigade Milivoj Petkovic, le 18 avril 1993 ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne sais pas. Le
16 problème est toujours le même, à savoir que ce qui se passe
17 au sommet de l’échelle n’atteint pas toujours le bas de
18 l’échelle et, en fait, j’ai vu des cas où les Croates
19 bosniaques, c’est-à-dire les membres du HVO et les forces
20 musulmanes bosniaques, affirmaient ne pas accepter des
21 ordres venant d’en haut lorsque ces ordres concernaient
22 leur localité, comme chacun ici peut le comprendre.
23 Me SAYERS (interprétation) : Je me rends bien
24 compte, Colonel, mais en fait, une tentative a été faite,
25 je crois, et vous avez participé à cette tentative pour
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1 faire en sorte que les ordres venant d’en haut, si nous
2 pouvons nous exprimer ainsi, descendent jusqu’au niveau le
3 plus bas de la hiérarchie. Des visites sur le terrain ont
4 été organisées par les deux commandants, le Général
5 Hadzihasanovic et le Général Petkovic, à la fin du mois
6 d’avril, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, et je les ai
8 accompagnés moi-même.
9 Me SAYERS (interprétation) : En fait, ces visites
10 ont été assez efficaces, n’est-ce pas ? Les ordres ont
11 finalement atteint le bas de l’échelle hiérarchique, le bas
12 de la hiérarchie ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me SAYERS (interprétation) : Reprenons l’ordre
15 chronologique. Vous rappelez-vous que des négociations de
16 haut niveau se sont tenues à Zenica le 20 avril 1993 entre
17 le Général de brigade Petkovic et le Colonel Blaskic qui
18 représentaient la partie croate et le Général Halilovic et
19 le Général Hadzihasanovic qui représentaient la partie
20 musulmane ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Était-ce les
22 négociations auxquelles a participé le Général Morillon qui
23 était présent également ?
24 Me SAYERS (interprétation) : Je crois qu’il
25 s’agissait de Monsieur l’Ambassadeur Thebault.
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Ah oui, je me
2 rappelle.
3 Me SAYERS (interprétation) : En fait, le Général
4 de brigade Petkovic vous avait demandé, selon ce qui est
5 stipulé dans votre journal personnel, de trouver de Colonel
6 Blaskic et vous avez donné votre accord, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je pense que
8 c’est exact.
9 Me SAYERS (interprétation) : Est-il permis de
10 dire que Monsieur Kordic n’a à aucun moment été impliqué
11 dans ces négociations ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, en effet, c’est
13 exact.
14 Me SAYERS (interprétation) : Une nouvelle fois,
15 je vous demande si personne ne vous avait demandé de
16 participer ou n’avait pensé que votre participation à ces
17 négociations était importante, n’est-ce pas ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : En effet.
19 Me SAYERS (interprétation) : Personne du côté
20 musulman ou du côté croate ou du côté des organisations
21 internationales présentes ou des organismes militaires
22 présents n’a prétendu que la présence de Monsieur Kordic
23 était nécessaire d’une quelconque façon, n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
25 Me SAYERS (interprétation) : En fait, Monsieur,
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1 vous rappelez-vous que l’accord officiel signé par le
2 Général de brigade Petkovic et par le Général Halilovic l’a
3 été le 20 avril ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me rappelle
5 pas. Je me rappelle que Morillon était présent. Je me
6 rappelle cette journée. J’étais furieux parce que j’avais
7 passé la plus grande partie de la journée à essayer de
8 retrouver le Général Morillon qui ne cessait de
9 disparaître. C’était toute une histoire.
10 Me SAYERS (interprétation) : J’aimerais que l’on
11 vous présente la pièce D24/1. Nous pouvons la placer sur
12 le rétroprojecteur. Je ne sais pas d’ailleurs si elle est
13 indispensable mais je pensais vous poser une question à ce
14 sujet pour vous rafraîchir la mémoire éventuellement au
15 sujet du fait que l’accord a été signé le 20 avril par les
16 deux hommes dont je viens de parler et contresigné par le
17 Général Morillon et l’Ambassadeur Thebault. Pouvez-vous
18 regarder la page 2, celle où figurent les signatures ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Ah oui, pas de
20 problème.
21 Me SAYERS (interprétation) : Très bien. Dans
22 votre livre, en page 293, vous affirmez que ces deux
23 commandants militaires étaient les deux hommes qui étaient
24 les commandants de plus haut rang, n’est-ce pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Merci,
2 Monsieur l’Huissier.
3 Passons maintenant à la journée du 21 avril. Je
4 crois que de nouvelles négociations se sont déroulées au
5 niveau local entre le Colonel Blaskic et le Colonel Merdan
6 le lendemain à votre quartier général de Vitez. Vous
7 rappelez-vous cela ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
9 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Il
10 n’est pas contestable que…
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Elles ne se sont pas
12 déroulées à mon quartier général. C’était dans le bâtiment
13 de l’ECMM non loin de ma base et Petkovic était présent
14 ainsi que Halilovic.
15 Me SAYERS (interprétation) : Ces négociations se
16 sont déroulées entre les deux commandants locaux, le
17 Colonel Blaskic et le Colonel Merdan, mais le Général de
18 brigade Petkovic pour le HVO et le Général Halilovic pour
19 l’armée de Bosnie-Herzégovine supervisaient leurs efforts,
20 n’est-ce pas ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est exact.
22 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! N’est-
23 il pas exact que le 21 avril 1993, selon l’évaluation faite
24 par l’armée britannique, le HVO a été engagé dans des
25 opérations militaires dues aux brigades de l’armée de
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1 Bosnie-Herzégovine et que le 3e corps d’armée s’est trouvé
2 en position dominante sur le plan militaire dans la vallée
3 de la Lasva, au nord de la vallée ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est ce que j’ai
5 estimé à ce moment-là effectivement.
6 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Nous
7 appelons l’attention des Juges de cette Chambre sur la
8 pièce Z776 qui est un bulletin de renseignements militaires
9 daté du 21 avril 1993 qui précise l’observation qui vient
10 d’être faite en page 2.
11 Maintenant, Colonel, passons à la journée du 22
12 avril et au jour suivant. Est-il permis de dire qu’un
13 grand nombre de représentants de la presse et
14 d’organisations internationales se sont rendus dans la
15 région à cette date-là au cours de nombreuses visites ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Pas avant la
17 découverte du massacre de Ahmici. De toute façon, la
18 période était atroce et je pense qu’un grand nombre de
19 représentants de la presse ont visité la région à ce
20 moment-là.
21 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Vous
22 avez conduit les ambassadeurs de trois pays membres du
23 Conseil de Sécurité dans une visite de Ahmici à la fin du
24 mois d’avril, n’est-ce pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez aussi
2 rencontré deux enquêteurs du Centre des Nations unies pour
3 les Droits de l’Homme ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Osario
5 notamment.
6 Me SAYERS (interprétation) : Ils avaient été
7 envoyés sur les lieux suite à votre demande d’enquête au
8 sujet des événements atroces de Ahmici, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Est-il permis de
11 dire, Monsieur, que dans votre évaluation, dans
12 l’évaluation de l’armée britannique, celle-ci n’avait pas
13 les moyens ou l’expérience nécessaires pour procéder à une
14 enquête de médecine légale du type que vous considériez
15 nécessaire ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Absolument.
17 S’agissant de mon bataillon, nous étions un bataillon de
18 combat, nous n’avions pas d’unité de police mais l’armée
19 britannique aurait pu avoir le savoir-faire nécessaire mais
20 n’était pas représentée sur le terrain.
21 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez adressé
22 une demande au Centre des Nations unies pour les Droits de
23 l’Homme en lui demandant son aide et deux enquêteurs vous
24 ont été envoyés, n’est-ce pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne suis pas sûr
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1 que la demande émanait de moi mais je pense qu’ils sont
2 venus de leur propre gré.
3 Me SAYERS (interprétation) : Au cours de votre
4 première visite à Ahmici le 22 avril, avez-vous
5 effectivement dit à la Chambre d’instance chargée du procès
6 Blaskic que vous vous rappeliez des concentrations
7 importantes de soldats de l’armée de Bosnie-Herzégovine
8 dans les collines surmontant Ahmici, que l’environnement
9 était dangereux ? Vous rappelez-vous cela ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Ce n’était pas
11 des concentrations importantes car les groupes se
12 composaient au maximum de 20 hommes mais voyez-vous, une
13 concentration importante vous fait penser à une centaine
14 d’hommes ou plus. Mais enfin, il y avait un certain nombre
15 de soldats sur les collines entourant le village de Ahmici,
16 suffisamment pour que je me rappelle l’existence d’une
17 ligne de défense.
18 Me SAYERS (interprétation) : Très bien !
19 J’appelle l’attention des Juges de cette Chambre sur la
20 page 23757 du compte rendu d’audience dans l’affaire
21 Blaskic où vous dites – je cite : « À ce moment-là, il y
22 avait des concentrations importantes de soldats de l’armée
23 de Bosnie-Herzégovine sur les collines. » Fin de citation.
24 Mais vous vous êtes expliqué, je crois, quant à la
25 signification de cette expression.
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Vous m’avez eu
2 là. Ce que je voulais dire c’est qu’il y avait des groupes
3 d’une vingtaine d’hommes environ.
4 Me SAYERS (interprétation) : Très bien ! Et
5 c’est à votre retour de cette visite à Ahmici… étiez-vous
6 avec les ambassadeurs des pays membres du Conseil de
7 Sécurité lorsque vous avez écrit votre lettre au Colonel
8 Blaskic ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. J’aimerais
10 m’expliquer sur ce point car les choses sont un peu
11 complexes. Monsieur le Président, Monsieur le Juge, Jean-
12 Pierre Thebault m’avait demandé de faire cesser les combats
13 et il a plaidé auprès de moi pour que je le fasse moi-même,
14 que je n’envoie pas un représentant à ma place. Cela s’est
15 passé le matin du 22 avril.
16 Je n’avais aucune réticence, d’ailleurs, car
17 j’avais tout un bataillon sous mon commandement et je
18 n’étais pas simplement à Vitez. Je pouvais étendre mes
19 activités jusqu’à Tuzla. Mais j’ai fait ce que l’on m’a
20 demandé. J’ai emmené un groupe d’hommes ainsi qu’un
21 certain nombre de blindés suffisant pour assurer notre
22 protection, des chars légers, un véhicule de journaliste et
23 j’étais tenu de respecter les instructions du bataillon
24 britannique. Mais j’ai fait pour la presse tout ce que je
25 pouvais faire.
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1 J’ai emmené ce convoi le long de la route de
2 montagne jusqu’au sommet de la montagne et en chemin, j’ai
3 déjà procédé à des négociations au niveau de deux barrages
4 routiers. L’un était un barrage du HVO en bas et l’autre,
5 un barrage de l’armée de Bosnie-Herzégovine pratiquement au
6 sommet de la colline.
7 Ensuite, nous avons suivi la crête sur la colline
8 entre Zenica et la vallée de la Lasva ou Vitez et je
9 m’arrêtais chaque fois que nous rencontrions un nombre
10 important de soldats, de 20 soldats ou plus. Je descendais
11 de mon véhicule, je parlais à ces soldats, je leur disais
12 qu’il fallait arrêter les combats. En toute équité – je
13 m’en souviens à présent que j’y repense – il y avait un
14 commandant musulman qui était très agressif, l’un de ceux
15 que nous avons rencontrés. Je lui ai dit qu’il devait se
16 taire et faire ce que nous disions, c’est-à-dire cesser les
17 combats.
18 Pardonnez-moi d’être aussi explicite. Mais la
19 majorité des gens que nous rencontrions avaient très peur.
20 Mais ce qui m’a motivé surtout c’est que des soldats, de
21 simples soldats criaient lorsqu’ils nous rencontraient et
22 ils nous disaient qu’ils ne pouvaient pas cesser les
23 combats dans le village de Ahmici où il y avait des femmes
24 et des enfants qui avaient été tués par le HVO.
25 Je leur ai dit : « Le HVO ne peut pas avoir fait
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1 cela. Ce n’est pas le HVO. C’est impossible. Les membres
2 du HVO sont des êtres humains, ils n’auraient pas pu agir
3 de la sorte. » Eux insistaient pour dire qu’ils ne
4 pouvaient pas cesser les combats tant qu’ils ne
5 connaîtraient pas la vérité et je leur ai dit que je
6 découvrirais la vérité.
7 Donc, je suis redescendu de la colline en
8 traversant les lignes encore une fois. J’ai traversé en
9 voiture le village de Ahmici, un endroit où je n’étais
10 jamais allé jusque là parce qu’il n’était pas près de la
11 route. J’ai donc traversé le village de Ahmici qui
12 ressemblait pratiquement à un cimetière. L’endroit était
13 totalement désert. Il n’y avait plus personne.
14 Pratiquement toutes les maisons avaient été détruites. Le
15 minaret de la mosquée, comme vous le savez, avait été
16 démoli et l’endroit ressemblait… le minaret ressemblait à
17 une fusée pointée vers l’espace. Il y avait des chiens
18 morts, des animaux morts un peu partout.
19 Aujourd’hui, on sait ce qui s’est passé. Mes
20 soldats ont trouvé de très nombreux corps sans vie. Mais
21 je n’ai pas immédiatement vu des preuves de l’existence de
22 ces corps sans vie sur le moment et, d’ailleurs, j’en
23 remercie le ciel. J’ai donc traversé le village en voiture
24 et j’ai commencé à monter vers la vallée. C’est un village
25 dont les maisons sont alignées et une route unique traverse
Page 12421
1 le village.
2 Pratiquement au sommet de la colline, je suis
3 descendu de mon véhicule et j’ai dit à mes soldats qu’il
4 fallait qu’ils fouillent tout le village jusqu’à la vallée
5 pour voir s’il n’y avait pas des femmes et des enfants tués
6 et d’ailleurs, j’ai redescendu la route moi-même.
7 À un tiers du chemin, à un tiers de notre
8 traversée du village, des soldats m’ont appelé. Ils
9 étaient malades et d’ailleurs, je le comprends très bien.
10 Nous avions découvert les premières maisons en feu et nous
11 avions vu dans la première maison des corps massacrés. En
12 fait, je connaissais la maison des Ahmic et j’y ai vu le
13 corps d’un homme et d’un petit garçon dont les vêtements
14 étaient calcinés devant l’entrée mais il y avait encore
15 pire à découvrir par la suite parce que derrière la maison,
16 dans la cave, nous avons vu ce qui manifestement était le
17 corps de quatre bébés, les restes de deux femmes également
18 et les soldats qui étaient présents n’ont pas pu supporter
19 le spectacle.
20 C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte
21 que ce que les soldats des collines m’avaient dit était
22 exact. J’avais des représentants de la BBC avec moi et de
23 ITV également, Martin Bell, qui est un correspondant de la
24 BBC très connu et aujourd’hui député. Ils ont filmé tout
25 ce qu’ils ont vu. Je ne pouvais pas en croire mes yeux.
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1 Ensuite, nous avons trouvé d’autres preuves montrant que
2 des gens avaient été assassinés.
3 Voilà ce qui s’est passé ce jour-là. Je n’étais
4 pas certain de l’identité de ceux qui avaient commis ces
5 actes à ce moment-là mais je savais que c’était un crime
6 contre l’humanité et j’ai décidé de faire tout ce qui était
7 en mon pouvoir pour faire en sorte que l’opinion soit
8 informée. Voilà ! Je regrette que la réponse ait été
9 aussi longue.
10 Me SAYERS (interprétation) : Merci, mon Colonel.
11 Donc, une des premières choses que vous ayez faites lorsque
12 vous êtes retourné à votre base, c’est d’écrire une lettre
13 au Colonel Blaskic le 22 avril 1993, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : J’ai également
15 essayé de le contacter par téléphone.
16 Me SAYERS (interprétation) : La lettre a reçu la
17 cote D63/1. Inutile de vous la faire authentifier. Donc,
18 vous avez dit que le Colonel Blaskic vous a immédiatement
19 répondu en disant qu’il était prêt à envoyer une commission
20 d’enquête conjointe à Ahmici ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me souviens
22 pas avoir reçu cette lettre mais je suis tout à fait prêt à
23 admettre le fait qu’effectivement, nous ayons reçu cette
24 lettre le lendemain, le 23 avril. Je ne souhaite pas
25 contester ce fait.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Bien ! Nous
2 traiterons de cet échange de lettres au sujet de l’enquête
3 dans la dernière partie de mon contre-interrogatoire mais
4 si vous le permettez, je vais continuer en suivant la
5 chronologie.
6 Vous avez précédemment identifié Monsieur Akhavan
7 et Monsieur Osario. Vous nous avez dit qu’il s’agissait là
8 des deux enquêteurs qui sont arrivés sur place et qui
9 étaient envoyés par le Centre des Nations unies pour les
10 Droits de l’Homme. En fait, ils sont devenus vos
11 principales sources sur ce qui s’était produit à Ahmici ?
12 C’est eux qui vous ont fourni des faits, n’est-ce pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
14 Me SAYERS (interprétation) : À votre avis, ils
15 ont mené une enquête criminelle en bonne et due forme ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non. À mon
17 avis, ce n’était pas des personnes qualifiées pour le
18 faire. Ils ne disposaient pas des moyens pour le faire.
19 Ils ont recueilli les témoignages, les déclarations des
20 gens. Nous, nous étions sur place. Nous nous efforcions
21 de découvrir ce qui s’était produit. Ainsi, par exemple,
22 sur la base de ce qu’ils nous avaient dit, ces deux hommes,
23 nous sommes allés dans la maison numéro 7 à Ahmici et nous
24 avons trouvé des corps, de nouveaux corps, des corps
25 d’enfants. Nous avons trouvé une famille.
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1 Donc, si je me souviens bien, ils n’étaient pas là
2 pour lancer une enquête qui mènerait à un procès. Ils
3 étaient là pour rédiger un rapport. Mais je me trompe
4 peut-être.
5 Me SAYERS (interprétation) : Vous savez que
6 Monsieur Osario et Monsieur Akhavan ont interrogé un grand
7 nombre de victimes sur ce qui s’est passé à Ahmici. Ils
8 l’ont fait à Zenica, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui, ainsi,
10 d’ailleurs, que les représentants du CICR.
11 Me SAYERS (interprétation) : On vous a informé
12 que les noms de suspects ont été réunis dès le 4 mai 1993
13 et vous avez obtenu de ces personnes, de ces deux hommes,
14 les noms de ces suspects ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez décidé de
17 ne pas donner ces noms au Colonel Blaskic, ni au HVO,
18 n’est-ce pas ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est exact.
20 Me SAYERS (interprétation) : Cette décision
21 figure dans votre journal à la date du 4 mai 1993, n’est-ce
22 pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
24 Me SAYERS (interprétation) : Bien !
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Et la raison est
Page 12425
1 tout à fait évidente.
2 Me SAYERS (interprétation) : Vous en avez conclu
3 que vous ne pouviez pas faire confiance au Colonel Blaskic
4 et lui confier ces informations ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. J’ai conclu
6 qu’il se pouvait que ces hommes disparaissent.
7 Me SAYERS (interprétation) : Je vais attirer
8 l’attention de la Chambre sur les pages 23820 et 23821 du
9 compte rendu d’audience dans l’affaire Blaskic. Cette
10 liste, cependant, a été remise à Monsieur Damon, a été
11 remise à la presse, n’est-ce pas ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne pense pas que
13 ce soit moi qui la lui ai donnée. Vous parlez de Dan Damon
14 de Sky News ?
15 Me SAYERS (interprétation) : Oui, c’est cela.
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Je l’ai peut-être vu
17 mais je ne pense pas que je lui ai donné les noms. J’ai
18 donné les noms à l’ambassadeur de l’ECMM et peut-être que
19 Damon se les a procurés là les noms ou bien peut-être les
20 lui ai-je donnés. Je ne m’en souviens pas.
21 Me SAYERS (interprétation) : Passons aux réunions
22 que vous avez eues suite à l’échange de lettres entre vous-
23 même et le Colonel Blaskic. Le 24 avril, vous avez
24 rencontré les représentants de l’autorité, de ce que vous
25 appelez le gouvernement de Vitez, à savoir Monsieur Santic
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1 et Monsieur Skopljak. Vous en souvenez-vous ? Je crois
2 que cela figure dans votre journal.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je crois que
4 c’est dans mon journal et si vous le permettez, j’aimerais
5 revoir ce passage. Ça me permettrait de mieux vous
6 répondre. Oui, en effet, c’est cela.
7 Me SAYERS (interprétation) : Visite suivante
8 immédiatement après, c’est une réunion avec le Colonel
9 Blaskic. Après avoir rencontré les dirigeants politiques
10 civils, vous avez rencontré les dirigeants militaires ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Il est exact, n’est-
13 ce pas, que le Colonel Blaskic a reconnu sans problème que
14 Ahmici se trouvait dans sa zone de responsabilité ?
15 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
16 Me SAYERS (interprétation) : Il a reconnu
17 également que les soldats qui avaient participé à
18 l’opération de Ahmici étaient sous son commandement ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
20 Me SAYERS (interprétation) : Il n’a jamais
21 affirmé, le 24 avril ou ultérieurement, que les meurtres de
22 ces civils étaient menés par des éléments incontrôlés par
23 lui-même, n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne me souviens
25 pas qu’il ait dit ça. Je ne me souviens pas le 24 avril
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1 avoir dit que s’il était responsable, je le verrais un jour
2 dans un prétoire. Mais je ne sais pas si c’est à ce
3 moment-là que je l’ai dit mais je l’ai dit à un moment ou à
4 un autre.
5 Me SAYERS (interprétation) : Nous y reviendrons
6 ultérieurement mais vous avez dit au Colonel Blaskic qu’à
7 votre avis, s’il reconnaissait que les soldats de Ahmici
8 étaient les siens, dans sa zone de responsabilité, à ce
9 moment-là, qu’il était un criminel de guerre. C’est ce que
10 vous lui avez dit, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Immédiatement après
13 cela, vous êtes allé au service d’information publique de
14 l’armée britannique et vous leur avez dit que le Colonel
15 Blaskic avait convenu, avait reconnu que Ahmici se trouvait
16 dans sa zone de responsabilité, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez déclaré
19 qu’il avait endossé la responsabilité opérationnelle pour
20 les actions de ses soldats dans la zone de Ahmici ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me SAYERS (interprétation) : C’est lui qui vous
23 l’a dit, n’est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me SAYERS (interprétation) : Et ceci, pour vous,
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1 a confirmé le fait que le Colonel Blaskic était commandant
2 des opérations, commandant opérationnel pour ce qui s’était
3 produit à Ahmici, n’est-ce pas ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
5 Me SAYERS (interprétation) : Prenons un peu de
6 recul maintenant. Est-il exact, n’est-ce pas, que le
7 Colonel Blaskic était très choqué par ce qui s’était passé
8 dans sa zone de responsabilité ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, oui. Il était
10 choqué – ça, c’est le moins qu’on puisse dire – et j’ai
11 ressenti une certaine compassion pour lui à ce moment-là.
12 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez jamais
13 eu l’opinion que le Colonel Blaskic ait délibérément
14 ordonné à des hommes sous son commandement d’aller à Ahmici
15 et de massacrer des civils dans ce village, n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Il faudrait que j’y
17 réfléchisse. Le fait est que moi, je pensais que c’était
18 le commandant et que ses soldats l’avaient fait. C’est
19 tout. Je n’ai pas poussé la réflexion plus loin. Il
20 faudrait que je réfléchisse vraiment à ce que signifie
21 votre question pour pouvoir y répondre.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je pense que
23 nous avons traité du sujet autant qu’il convient.
24 Me SAYERS (interprétation) : Je suis d’accord
25 avec vous, Monsieur le Président.
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1 Mais, Monsieur le Colonel, mon Colonel, parlons de
2 la réunion du 23 avril chronologiquement. Savez-vous que
3 dans le village de Miletici, il y a eu un massacre de
4 Croates ? C’est-à-dire que cela se situe au nord de votre
5 base.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me SAYERS (interprétation) : L’incident suivant,
8 l’événement suivant, c’est une réunion qui a eu lieu avec
9 Monsieur Kordic le 26 avril 1993 et ceci est consigné dans
10 votre journal, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : [Réponse inaudible]
12 Me SAYERS (interprétation) : Votre réponse est-
13 elle positive ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Excusez-moi, je suis
15 en train de consulter mon journal.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : De quelle page
17 du journal du témoin s’agit-il ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est la page 44.
19 Il s’agit du lundi 26 avril.
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
21 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le Témoin,
22 ici, on ne voit aucune référence à la déclaration dont vous
23 nous dites que Monsieur Kordic a prononcée au sujet des
24 Serbes qui seraient responsables du massacre de Ahmici ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Donc, quand vous
2 nous avez dit cela, vous vous basez sur vos souvenirs
3 uniquement ?
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Bien, je m’en
5 souviens tout simplement.
6 Me SAYERS (interprétation) : À la page 23812 de
7 votre déposition dans l’affaire Blaskic, vous dites vous
8 souvenir d’avoir ri à chaudes larmes à cette explication
9 qui vous a paru complètement ridicule et qui vous a prouvé
10 que Kordic n’était pas un soldat, n’est-ce pas ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
12 Me SAYERS (interprétation) : Avez-vous jamais
13 entendu le Colonel Blaskic dire ou faire des déclarations
14 allant dans ce sens, affirmant donc que les Serbes étaient
15 responsables de l’assassinat des civils à Ahmici ou que
16 c’était des musulmans déguisés en soldats du HVO qui
17 avaient tué d’autres musulmans ?
18 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non. Il
19 n’aurait jamais dit quelque chose d’aussi stupide parce
20 qu’il savait très bien que je me serais moqué de lui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Après six mois dans
22 la zone d’opération, n’est-ce pas, et beaucoup de réunions
23 avec le Colonel Blaskic, vous avez eu le sentiment de bien
24 le connaître, n’est-ce pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, ce n’est pas
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1 exact. Je ne peux pas dire que j’ai connu ou acquis une
2 connaissance approfondie de qui que ce soit dans la zone
3 puisque je ne parlais pas la même langue. Je me basais
4 uniquement sur mes impressions.
5 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce que, Me
6 Sayers, vous contestez le fait que Monsieur Kordic ait
7 déclaré, comme nous l’a dit le témoin ou comme l’a
8 mentionné le témoin dans sa déposition, que Monsieur Kordic
9 ait donc déclaré que c’était les Serbes qui étaient
10 responsables ?
11 Me SAYERS (interprétation) : Je ne crois pas,
12 Monsieur le Président, que ceci fasse l’objet d’une
13 contestation.
14 Monsieur le Témoin, immédiatement après votre
15 rencontre avec Monsieur Kordic, vous êtes allé voir… je
16 crois que vous avez dit que vous êtes allé voir les
17 offensives musulmanes qui étaient organisées à Putis et
18 Jelinak au nord du carrefour de Kaonik ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
20 Me SAYERS (interprétation) : Et là, vous avez vu
21 des gens qui étaient chassés de chez eux et vous avez vu
22 des gens qui étaient tués, n’est-ce pas ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Putis et Jelinak, ce
24 sont des endroits qui sont situés au nord de Kaonik, au
25 nord-est de Busovaca, dans les montagnes. Ce jour-là donc,
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1 j’ai traversé les lignes du HVO et je suis allé jusque sur
2 les positions de l’armée de Bosnie-Herzégovine et lorsque
3 je suis arrivé là, je suis descendu de mon véhicule et j’ai
4 essayé de persuader l’armée de Bosnie-Herzégovine ou les
5 soldats qui s’y trouvaient de me donner le corps d’un
6 soldat du HVO pour que je le ramène à Dario Kordic. J’ai
7 pensé que c’était la chose à faire. Ils ont refusé. Donc,
8 je l’ai enterré après avoir récupéré ses effets personnels.
9 Me SAYERS (interprétation) : Vous souvenez-vous
10 avoir dit dans votre journal que vous avez vu des éléments
11 vous permettant de dire que certains musulmans avaient
12 procédé à du nettoyage ethnique contre les Croates et
13 avaient incendié leurs maisons ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me SAYERS (interprétation) : Vous vous en
16 souvenez, n’est-ce pas ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : [Réponse inaudible]
18 Me SAYERS (interprétation) : Bien !
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Permettez-moi de
20 consulter mon journal. Oui, ça se trouve ici, au bas de la
21 page 44. Oui. Mais ça ne se trouvait pas au bas de
22 Busovaca. C’était près de la route de montagne.
23 Me SAYERS (interprétation) : Il n’y a aucune
24 contestation à ce sujet. Putis et Jelinak sont deux
25 villages qui sont à quelques kilomètres seulement au nord
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1 du carrefour de Kaonik, c’est cela ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
3 Me SAYERS (interprétation) : Le 28 avril, vous
4 avez décidé de traverser Busovaca pour voir l’état des
5 combats dans la zone et je crois que vous avez écrit
6 quelque chose à ce sujet dans votre journal. Vous êtes
7 vous-même entré dans Busovaca dans votre véhicule, n’est-ce
8 pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Vous ne vous
11 souvenez pas avoir constaté aucun problème avec des convois
12 du HCR, des soldats qui, ce jour-là, la veille ou le
13 lendemain, auraient été arrêtés ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : En fait, à cette
15 époque, il y avait effectivement des problèmes sur la
16 route.
17 Me SAYERS (interprétation) : Mais dans le journal
18 du commandant, on ne fait référence à aucune de ces
19 difficultés. Disposez-vous de ce journal devant vous ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Si vous me le dites,
21 je l’accepte, mais le fait est que cette route entre
22 Kiseljak et Busovaca était souvent bloquée à cette période
23 et il était impossible pour certains convois de passer.
24 Me SAYERS (interprétation) : Mais dans votre
25 journal, vous ne faites nulle part mention de difficultés
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1 avec ces convois, n’est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
3 Me SAYERS (interprétation) : Afin que toutes les
4 choses soient bien claires, j’affirme que dans le bulletin
5 de renseignements militaires du 28 avril ou du 29 avril
6 1993, on ne fait nullement mention de ces difficultés.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je doute que
8 le témoin puisse répondre à cette question. Vous pourrez
9 en temps utile nous faire les observations que vous jugerez
10 utiles à ce sujet.
11 Me Sayers, est-ce que vous approchez de la fin de
12 votre contre-interrogatoire ? Il faut tenir compte de
13 l’heure.
14 Me SAYERS (interprétation) : J’ai dit que
15 j’espérais pouvoir terminer à 16 h 15 et je pense que ce
16 sera toujours le cas.
17 Monsieur le Témoin, vous nous dites que vous
18 n’avez… ou est-il exact de dire que vous ne vous souvenez
19 d’aucune difficulté en ce qui concerne le passage des
20 convois pour la date du 28 avril 1993 ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
22 Me SAYERS (interprétation) : Est-il exact que
23 vous êtes allé à Busovaca le même jour, le 19 avril [sic],
24 avec le Général Halilovic, le Général de brigade Petkovic
25 et l’Ambassadeur Thebault, n’est-ce pas ?
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1 LE TÉMOIN (interprétation) : C’était le 29.
2 Me SAYERS (interprétation) : Le lendemain du 28,
3 bien évidemment. Vous n’avez jamais entendu parler de la
4 possibilité d’une attaque de Busovaca par les troupes
5 britanniques pendant cette période, le 28, 29 avril ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Je ne pense pas.
7 Les soldats, je les voyais constamment et s’il y avait
8 effectivement une offensive prévue, il aurait fallu faire
9 en sorte de se procurer les armes nécessaires.
10 Me SAYERS (interprétation) : Et personne n’a
11 jamais envisagé une telle attaque à la fin avril, n’est-ce
12 pas ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
14 Me SAYERS (interprétation) : Poursuivons. Très
15 brièvement, j’ai quelques questions au sujet du thème
16 suivant.
17 Le Général de brigade Petkovic et le Général
18 Halilovic ont été persuadés de rester dans la zone pendant
19 une période d’environ 10 jours afin d’être sûrs que la
20 nouvelle de la mise en place d’un cessez-le-feu descende
21 jusqu’au niveau des hommes sur le terrain, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SAYERS (interprétation) : Vous souvenez-vous
24 vous être rendu dans le village de Gomionica le 29 avril
25 1993 ? Il y avait là des forces de l’armée de Bosnie-
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1 Herzégovine à peu près à 1,5 kilomètre au nord de la route
2 et le Général Halilovic leur a parlé.
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me SAYERS (interprétation) : Est-ce que vous vous
5 souvenez que le Général de brigade Petkovic, lui, est resté
6 à l’abri du véhicule blindé et il vous a semblé que c’était
7 là une bonne idée ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Il faut bien
9 être conscient du fait qu’à ce moment-là, un officier qui
10 appartenait à l’armée de Bosnie-Herzégovine avait été tué à
11 Sarajevo alors qu’il était sous la garde des Français. Il
12 avait été tué par les Serbes. Donc, moi, j’étais très
13 conscient de la responsabilité que j’avais quand
14 j’emportais des gens dans mes véhicules, quelle que soit
15 leur appartenance.
16 Me SAYERS (interprétation) : En fait, vous faites
17 référence à la mort de Monsieur Hakija qui était vice-
18 président de…
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
20 Me SAYERS (interprétation) : Donc, vous vous êtes
21 rendu avec le Général de brigade Petkovic et le Général
22 Halilovic et chaque fois où vous avez donné des ordres ou
23 ils ont donné les ordres aux troupes d’arrêter de se
24 battre, cela était suivi d’effets, n’est-ce pas ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je crois.
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1 Me SAYERS (interprétation) : Poursuivons la
2 chronologie et parlons d’une réunion que vous avez eue avec
3 Monsieur Anto Valenta le 4 mai 1993. Est-il exact de dire
4 qu’à votre connaissance, c’est la première réunion que vous
5 ayez eue avec Monsieur Valenta ?
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
7 Me SAYERS (interprétation) : En fait, vous
8 n’étiez même pas conscient de son existence jusqu’à cette
9 réunion du 4 mai, n’est-ce pas ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Je me souviens
11 qu’il m’a dit qu’il était arrivé sur la zone très
12 récemment.
13 Me SAYERS (interprétation) : Vous nous dites
14 qu’avant le 4 mai 1993, vous ne saviez rien de lui. C’est
15 ce que vous avez dit dans l’affaire Blaskic. Est-ce
16 toujours ce que vous pouvez nous dire aujourd’hui ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Vous souvenez-vous
19 avoir parlé de Monsieur Valenta avec Monsieur Kordic avant
20 ce jour ?
21 LE TÉMOIN (interprétation) : Peut-être Monsieur
22 Kordic m’en a-t-il parlé mais je ne m’en souviens pas.
23 Me SAYERS (interprétation) : Vous ne vous en
24 souvenez pas. Bien ! Monsieur Valenta vous a dit qu’il
25 était Vice-président du HVO, qu’il était l’un des Vice-
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1 présidents du HVO, n’est-ce pas ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, je crois que
3 c’est exact. Le HVO… je ne sais pas, en tout cas, Vice-
4 président de l’organisation. Je ne dirais pas vraiment le
5 HVO.
6 Me SAYERS (interprétation) : Au cours de votre
7 première rencontre, vous lui avez dit que vous considériez
8 qu’il était au moins complice de génocide ainsi que tous
9 les membres du gouvernement de Vitez ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
11 Me SAYERS (interprétation) : Vous lui avez
12 également dit que vous disposiez d’une liste de noms que
13 vous alliez donner à l’ECMM, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur Valenta
16 vous a dit qu’il ne savait rien, qu’il n’avait rien su de
17 ce qui s’était passé à Ahmici, des tueries de Ahmici
18 jusqu’à deux jours après cet événement ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : C’est possible, en
20 effet.
21 Me SAYERS (interprétation) : C’est ce que vous
22 avez dit à la page 23715 de votre déposition dans l’affaire
23 Blaskic.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Inutile de
25 revenir sans cesse sur la déposition du témoin dans
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1 l’affaire Blaskic. Si vous en avez vraiment besoin
2 ultérieurement, vous pourrez le faire à ce moment-là.
3 Me SAYERS (interprétation) : Bien !
4 Une dernière question au sujet de cette rencontre.
5 Lorsque vous avez dit à Monsieur Valenta que le
6 gouvernement de Vitez était complice de génocide, vous avez
7 dit que Valenta avait affirmé ne rien savoir de Ahmici
8 jusqu’à deux jours après les événements, n’est-ce pas ?
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
10 Me SAYERS (interprétation) : Un jour plus tard,
11 le 5 mai 1993, vous êtes allé dans un centre de détention
12 de l’armée Herzégovine, près du QG de la brigade de l’armée
13 de Bosnie-Herzégovine à Poculica, n’est-ce pas ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me SAYERS (interprétation) : Vous y avez vu
16 environ une vingtaine de Croates qui étaient détenus là ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Parlons maintenant
19 de la réunion que vous avez eue le 7 mai 1993 avec Monsieur
20 Valenta, deuxième réunion en trois jours, et vous y avez
21 également amené le Lieutenant Colonel Duncan. Vous en
22 souvenez-vous ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
24 Me SAYERS (interprétation) : Dans votre journal,
25 à la date du 8 mai, vous affirmez qu’à votre avis, le
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1 commandement suprême du HVO se comportait comme Hitler et
2 que Valenta et Boban avaient donné des instructions aux
3 fins de mettre en place des opérations de nettoyage
4 ethnique. C’est ce que vous avez dit le 8 mai dans votre
5 journal. Mais il s’agit, n’est-ce pas, de pures
6 spéculations de votre part, Monsieur ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non. Moi, je
8 me suis basé sur les théories que m’avait exposées Valenta
9 à partir de son ouvrage, qu’il m’avait expliquées lui-même,
10 et si je regarde mon journal, je peux lire que Valenta nous
11 a donné une leçon, nous a exposé les théories selon
12 lesquelles les Serbes, les Croates et les musulmans
13 devaient être rassemblés chacun dans leurs propres cantons.
14 Il m’a remis son livre qui ressemble beaucoup à Mein Kampf,
15 qui est un guide pour l’action, et on peut dire qu’ils ont
16 mis en place les théories qu’il a exposées dans son livre.
17 Me SAYERS (interprétation) : Mais il ne vous a
18 jamais dit qu’il avait donné des ordres dans ce sens ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Il m’a parlé
20 de ses théories.
21 Me SAYERS (interprétation) : Vous n’avez jamais
22 lu le livre ?
23 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
24 Me SAYERS (interprétation) : Et vous n’avez
25 jamais rien vu qui puisse vous permettre de dire que le
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1 Président Boban ait donné de tels ordres ?
2 LE TÉMOIN (interprétation) : Non.
3 Me SAYERS (interprétation) : De toute façon, il
4 s’agit d’un journal privé, n’est-ce pas ?
5 Passons maintenant à la réunion que vous avez eue
6 avec les Colonels Blaskic et Duncan. Vous avez dit que
7 vous avez organisé une réunion entre Duncan, vous-même et
8 les voyous locaux. C’est la façon dont vous considériez le
9 Colonel Blaskic à l’époque ?
10 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui, c’est
11 l’impression que j’avais de ces gens au fur et à mesure que
12 les événements se développaient.
13 Me SAYERS (interprétation) : Vous avez rencontré
14 le Colonel Blaskic et c’était votre dernière réunion,
15 n’est-ce pas ?
16 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
17 Me SAYERS (interprétation) : Vous aviez déjà
18 décidé que c’était la dernière fois que vous le
19 rencontriez, n’est-ce pas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Duncan et moi-
21 même, nous avions décidé que j’allais le mettre au pied du
22 mur au sujet de Ahmici, que j’allais être extrêmement
23 énergique dans ma façon de le mettre au pied du mur et nous
24 envisagions tout à fait que nous allions nous brouiller
25 avec Blaskic. Mais pour moi, cela n’avait aucune
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1 importance parce que je m’apprêtais à quitter la zone et il
2 valait mieux que les choses soient bien claires pour
3 l’officier qui allait prendre la relève.
4 Me SAYERS (interprétation) : Il y avait avec vous
5 des représentants du CICR, n’est-ce pas, et vous vouliez
6 également les présenter au Colonel Blaskic ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Ils étaient là
8 quand je suis arrivé mais j’ai attendu qu’ils partent avant
9 de lui dire tout cela parce que je ne voulais pas les
10 impliquer là-dedans.
11 Me SAYERS (interprétation) : Donc, les gens du
12 CICR sont partis et vous avez confronté le Colonel
13 Blaskic ?
14 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
15 Me SAYERS (interprétation) : Vous lui avez dit
16 que c’était lui le commandant des troupes du HVO ?
17 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
18 Me SAYERS (interprétation) : Et il a dit que
19 c’était le cas ?
20 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
21 Me SAYERS (interprétation) : Il a confirmé qu’il
22 était le commandant et qu’il était responsable des actions
23 des soldats qui étaient sous son commandement ?
24 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
25 Me SAYERS (interprétation) : C’est à ce moment-là
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1 que vous lui avez dit qu’un jour, vous le verriez dans un
2 prétoire ?
3 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
4 Me SAYERS (interprétation) : Alors que tout le
5 monde s’apprêtait à partir, Monsieur Kordic est arrivé le 9
6 mai, n’est-ce pas ?
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. Est-ce
8 vraiment là ? Oui, apparemment.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Où est-ce que
10 cela se trouve dans le journal ?
11 Me SAYERS (interprétation) : C’est à la date du 9
12 mai, premier paragraphe.
13 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est à peine
14 lisible.
15 Me SAYERS (interprétation) : On peut y lire la
16 chose suivante : « Dario Kordic est arrivé au moment où
17 tout le monde s’apprêtait à partir et nous avons tous bu un
18 verre. » C’est bien exact ?
19 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
20 Me SAYERS (interprétation) : Vous êtes sûr que
21 lors de cette réunion, le Colonel Blaskic n’a jamais dit
22 que les meurtres de civils de Ahmici avaient été commis par
23 des Serbes, des musulmans ou des musulmans déguisés en
24 soldats du HVO ?
25 LE TÉMOIN (interprétation) : Autant que je m’en
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1 souvienne.
2 Me SAYERS (interprétation) : Merci, mon Colonel.
3 J’en ai terminé de mon examen de la chronologie.
4 Maintenant, je voudrais parler de Ahmici et de
5 l’enquête sur ces événements et de la correspondance qui a
6 eu lieu à ce sujet. Ce sera la dernière partie de mon
7 contre-interrogatoire.
8 Vous avez décidé de ne pas donner au Colonel
9 Blaskic la liste de noms des suspects, ceci du fait
10 d’instructions que vous avez reçues du gouvernement
11 britannique, n’est-ce pas ?
12 LE TÉMOIN (interprétation) : Non. Je ne m’en
13 souviens pas exactement. Je me suis entretenu avec le QG
14 de la brigade. Il est possible que j’aie demandé des
15 conseils juridiques mais autant que je m’en souvienne, je
16 pense que j’ai simplement… non. En fait, j’ai beaucoup
17 réfléchi parce que spontanément, j’avais envie de lui
18 donner ces noms mais finalement, quelqu’un m’a persuadé de
19 ne pas le faire pour toutes les raisons que j’ai
20 précédemment mentionnées.
21 Me SAYERS (interprétation) : Bien ! Et j’imagine
22 que vous avez parlé de cette décision avec Monsieur Osario,
23 n’est-ce pas ?
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Mais est-ce
25 que, finalement, cela a une grande importance de savoir
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1 avec qui cette décision a été prise ?
2 Me SAYERS (interprétation) : En effet, peut-être
3 que cela n’a pas autant d’importance que cela, Monsieur le
4 Président.
5 Poursuivons. À votre avis, Monsieur le Témoin,
6 l’opération de Ahmici, est-ce que c’était une opération de
7 ratissage, de nettoyage ?
8 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
9 Me SAYERS (interprétation) : Au vu de votre
10 expérience, il vous est apparu qu’il aurait fallu à peu
11 près un jour et demi pour préparer et monter cette
12 opération ?
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Si vous voulez, mais
14 comment peut-on répondre à une question de cette sorte ?
15 C’est très difficile. Mais bon, mettons une demi-journée.
16 Me SAYERS (interprétation) : Mais vous ne savez
17 pas si le Colonel Blaskic a donné des ordres à aucun de ses
18 soldats afin de faire tuer des civils à Ahmici ?
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous en avons
20 déjà parlé et le témoin nous a déjà dit qu’il ne disposait
21 pas d’information à ce sujet.
22 Me SAYERS (interprétation) : Il est indéniable,
23 n’est-ce pas, Monsieur le Témoin, que le Colonel Blaskic
24 n’était pas en mesure d’aller à Zenica parce que Zenica
25 était contrôlé par les forces musulmanes à ce moment-là,
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1 c’est-à-dire à la fin avril 1993, au moment où les combats
2 se poursuivaient, le cessez-le-feu était en cours de
3 négociations et il ne pouvait pas aller à Zenica, n’est-ce
4 pas, pour s’entretenir avec qui que ce soit là-bas ?
5 LE TÉMOIN (interprétation) : Non, non. À moins
6 que je ne l’y emmène moi-même.
7 Me SAYERS (interprétation) : C’est là-bas, à
8 votre connaissance, n’est-ce pas, que se trouvaient tous
9 les témoins oculaires des événements atroces de Ahmici,
10 n’est-ce pas ? C’est là qu’on les avait emmenés ?
11 LE TÉMOIN (interprétation) : La majorité d’entre
12 eux se sont échappés, ont fui vers Zenica quand ils ont été
13 libérés. Environ 800 personnes étaient emprisonnées par le
14 HVO à Zenica. Ils étaient hébergés dans des prisons qui,
15 en fait, étaient souvent des écoles. Mais il faut bien
16 dire que les musulmans faisaient la même chose à Zenica.
17 Me SAYERS (interprétation) : Mais ce qui
18 m’intéresse ici c’est de savoir si, à votre connaissance,
19 les témoins oculaires des événements de Ahmici se
20 trouvaient à Zenica, près du Centre des Nations unies pour
21 les Droits de l’Homme, n’est-ce pas ?
22 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui.
23 Me SAYERS (interprétation) : Mon Colonel, merci
24 beaucoup. Je n’ai pas d’autres questions à vous poser, à
25 moins que Messieurs les Juges n’en aient eux-mêmes.
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Non, nous
2 n’avons pas de question. Merci.
3 [La Chambre discute]
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Colonel
5 Stewart, il paraît tout à fait réaliste de dire que vous
6 allez être contraint de revenir demain.
7 LE TÉMOIN (interprétation) : Oui. C’est
8 également comme ça que je vois la chose, du point de vue
9 militaire.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Il
11 s’agit d’une évaluation plutôt juridique de la chose.
12 Me Kovacic, vous aurez, je crois, à peu près une
13 demi-heure demain matin. C’est ce que vous pensez, n’est-
14 ce pas ?
15 Me KOVACIC (interprétation) : Oui.
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Merci.
17 Monsieur Nice, vous pouvez vous entretenir avec le
18 témoin au sujet du document dont nous avons parlé mais vous
19 ne pouvez lui parler de rien d’autre.
20 Me NICE (interprétation) : Oui.
21 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je vous
22 propose de procéder de la façon suivante. Nous allons en
23 terminer avec la déposition du témoin sur tous les sujets
24 qui nous intéressent et ensuite, nous retournerons au
25 document. Ensuite, suivra un rapide contre-interrogatoire
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1 au sujet de ce document uniquement.
2 Me SAYERS (interprétation) : Je me demande si
3 nous pourrions avoir à notre disposition un exemplaire de
4 ce document. D’autre part, j’ai une question qui est très
5 rapide à poser à la Chambre, suite au départ du Colonel
6 Stewart du prétoire.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne vois pas
8 pourquoi ce document ne pourrait pas vous être communiqué.
9 Me NICE (interprétation) : Non, en effet. Je
10 pense que la Chambre est en mesure d’ordonner la production
11 de ce document tout autant que la Défense.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous le ferons
13 si cela est nécessaire.
14 Me NICE (interprétation) : Est-ce que vous
15 envisagez de lever l’audience maintenant ou dans 15
16 minutes ?
17 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
18 Me NICE (interprétation) : Je voudrais dire que
19 nous avons deux témoins pour demain et un témoin qui
20 prendra beaucoup plus longtemps, qui nous prendra
21 certainement une journée entière mercredi.
22 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Donc, il y a
23 un témoin pour lequel nous n’aurons pas besoin de beaucoup
24 de temps ?
25 Me NICE (interprétation) : Je pense que c’est le
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1 cas des deux témoins pour demain. Nous n’aurons pas besoin
2 de beaucoup de temps. Il y a deux témoins déjà présents
3 aujourd’hui. Nous les entendrons demain. Il y aura
4 ensuite un témoin que nous entendrons mercredi et qui va
5 arriver à La Haye demain soir.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Eh bien, nous
7 finirons le contre-interrogatoire demain.
8 [La Chambre discute]
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le
10 Juge Bennouna me rappelle que nous n’avons pas rendu
11 d’ordonnance aux fins de protection au sujet du document et
12 nous allons donc le faire immédiatement. Ce document ne
13 doit être communiqué à quiconque en dehors des membres de
14 l’équipe de la Défense. Une ordonnance écrite sera rendue
15 demain et l’ordonnance prend la forme habituelle.
16 Monsieur le Colonel, nous vous prions d’être
17 présent demain matin à 9 h 30 dans ce prétoire.
18 Me NICE (interprétation) : [Hors microphone]
19 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Vous pouvez
20 vous retirer, Colonel. Je vous remercie.
21 [Le témoin se retire]
22 Me SAYERS (interprétation) : C’est un petit
23 point mais j’ai été prié de soulever la question. À la
24 page 11760, ligne 9, on a mentionné par hasard le nom d’un
25 témoin sous protection et nous allons prier le greffe pour
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1 que ce nom soit expurgé du compte rendu.
2 Me NICE (interprétation) : Pendant que nous
3 sommes encore dans le prétoire sans le témoin, je voudrais
4 dire que les deux témoins prévus pour demain avaient
5 demandé des mesures de protection mais la demande a déjà
6 été formulée. J’espère que nous serons en mesure, d’une
7 façon ou d’une autre, de nous consacrer à la question de
8 leur protection dans le cas où cette protection serait
9 accordée afin que ces personnes-là puissent témoigner
10 demain.
11 Pour ce qui est du premier témoin, je crois qu’il
12 avait demandé une pleine protection pour la raison que nous
13 avons avancée et je crois que nous pourrions en discuter
14 avec la Chambre, même si cette Chambre ne compte que deux
15 Juges. Mais je crois que la chose doit être résolue.
16 Le premier témoin est un témoin qui est venu pour
17 contre-interrogatoire de la part de la Défense et il s’agit
18 là d’un témoin dont la Défense a demandé l’assistance.
19 [La Chambre discute]
20 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
21 Sayers, nous avons une demande concernant ce premier témoin
22 de demain où des raisons sont avancées qui diffèrent des
23 raisons habituelles mais nous pensons que cela devrait
24 suffire. Avez-vous des objections ?
25 Me SAYERS (interprétation) : Je n’ai reçu qu’une
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1 seule demande de mesures de protection et je crois que cela
2 concernait le deuxième témoin qui avait demandé à témoigner
3 dans une séance à huis clos.
4 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois que
5 vous pourriez étudier la chose ce soir et nous pourrons
6 nous pencher sur la question ultérieurement et je crois que
7 cela nous prendra assez peu de temps demain matin au
8 départ.
9 Me SAYERS (interprétation) : Oui, Monsieur le
10 Président.
11 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Cela a
12 été communiqué ?
13 Me NICE (interprétation) : Oui. Cela a été fait
14 ex parte, communiqué ex parte, mais je crois que si vous me
15 le permettez, je pourrai ultérieurement découvrir les
16 détails à la Défense et nous pourrions nous pencher, par la
17 suite, là-dessus.
18 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Bien, Monsieur
19 Sayers, je ne voudrais pas vous laisser patauger dans le
20 noir mais vous serez informé en temps utile.
21 Me NICE (interprétation) : Autre chose. (expurgée)
22 (expurgée)
23 (expurgée)
24 (expurgée)
25 (expurgée)
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1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée) Je crois
4 qu’il faudra le faire ex parte. Je sais que cela est assez
5 gênant pour ce qui est des sessions ex parte mais nous
6 pourrions peut-être le faire jeudi.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Ça
8 serait peut-être la meilleure des choses à faire.
9 Me NICE (interprétation) : Je vous remercie.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Pour ce qui
11 est des témoins de demain, tout dépendra de la façon dont
12 procédera le Procureur, le Bureau du Procureur avec ses
13 témoins.
14 Me NICE (interprétation) : Certainement.
15 --- L’audience est levée à 16 h 09
16 pour reprendre le mardi 18 janvier
17 2000 à 9 h 30
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12 Page blanche insérée aux fins d’assurer la correspondance entre la
13 pagination anglaise et la pagination française.
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