Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 26 janvier 2000

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés entrent dans la Cour]

  4   [Le témoin entre dans la Cour]

  5   -- L’audience débute à 9 h 42

  6         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Bonjour, Monsieur

  7   le Président.  L’affaire est IT-95-14/2-T, Le Procureur

  8   contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous en

 10   prie, Monsieur Kovacic.

 11         TÉMOIN :  DZEMAL MERDAN

 12         (SOUS LE MÊME SERMENT)

 13         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me KOVACIC :

 14         Q.    Général, bonjour.  Nous allons poursuivre. 

 15   J’espère que nous n’allons pas être très long.

 16         Me KOVACIC (interprétation) :  Je vais demander de

 17   présenter au témoin le document Z908/1 et puis les pièces à

 18   conviction Z903, 906.1, Z965.1 et 1226.1.

 19         Q.    En attendant les documents, Général, le

 20   premier document que nous allons voir est l’information

 21   concernant le commandement conjoint pour la Bosnie centrale

 22   et le commandement pour Vitez.  La FORPRONU l’appelait la

 23   commission conjointe de Vitez.

 24         908 :  Vous avez déjà vu ce document.  Il était

 25   quelquefois devant vous.  Il s’agit des noms des personnes


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  1   qui ont été nommées au commandement conjoint.  On en a

  2   parlé à plusieurs reprises avant qu’on ne parvienne à un

  3   accord.  On en a déjà parlé.  Lors des réunions, il y a eu

  4   une attitude qui a été adoptée selon laquelle il fallait

  5   proposer les officiers au commandement conjoint qui ne

  6   s’étaient pas compromis dans les conflits et notamment du

  7   point de vue ethnique.  Est-ce que vous êtes d’accord avec

  8   moi ?

  9         R.    Non, et notamment, on n’en a pas parlé lors

 10   des réunions.

 11         Q.    Par conséquent, on n’a pas en quelque sorte

 12   posé des conditions selon lesquelles il fallait faire

 13   attention quelles sont les personnes qui allaient être

 14   membres de ces commandements ?

 15         R.    Non.  On n’a pas parlé de ça.  Nous avons

 16   tout simplement accepté les propositions qui sont venues de

 17   la part des parties.

 18         Q.    En ce qui concerne le commandement de Vitez,

 19   il y avait Mario Cerkez – la fonction n’est pas bonne, tout

 20   au moins en ce qui concerne la période – et puis Marijan

 21   Skopljak également qui était Chef de la Défense à Vitez. 

 22   Est-ce que vous pouvez confirmer que c’était les deux noms

 23   qui ont été proposés du côté de Vitez à ce niveau du

 24   commandement conjoint ?

 25         R.    Le commandement conjoint siégeait dans le


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  1   bâtiment des PTT à Travnik.  Les commissions locales

  2   conjointes étaient formées au niveau des municipalités ou

  3   des brigades.  Pour ce qui est des réunions du niveau

  4   local, Mario Cerkez s’y rendait.  Je pense que Marijan

  5   Skopljak également y était mais je me souviens que Mario

  6   Cerkez était pratiquement tout le temps présent.

  7         Q.    Par conséquent, il s’agissait des deux

  8   personnes et des noms dont on parle ?

  9         R.    Oui, en général.

 10         Q.    Par conséquent, nous parlons maintenant de ce

 11   niveau de Vitez et c’est comme ça qu’on a commencé la

 12   coopération, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui, c’est exact.

 14         Q.    Pourriez-vous maintenant jeter un coup d’œil

 15   sur le document 903, Z903 ?  Si vous voulez bien parcourir

 16   le document et voir quelles sont les signatures.  En

 17   dernière page, vous voyez « Cerkez » et « Kalestura ». 

 18   C’est un ordre qui date du 11 mai, tout de suite après la

 19   mise en place de la commission, cette commission conjointe,

 20   Cerkez et Kalestura, met en place la commission.  Il y a

 21   des noms qui sont cités.  L’objectif c’est de résoudre un

 22   certain nombre de questions qui n’ont pas été résolues, le

 23   statut des blessés, d’autres questions également.

 24         Est-ce que vous serez d’accord avec moi pour dire

 25   que les quatre noms représentent les deux du côté croate et


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  1   deux du côté musulman, enfin, de l’armée ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Par conséquent, c’est une commission qui a

  4   commencé ses activités, n’est-ce pas ?  Elle a commencé à

  5   fonctionner ?

  6         R.    Il y avait un certain nombre de réunions qui

  7   ont été organisées et lors de ces réunions, au nom de la

  8   commission conjointe, Monsieur Franjo Nakic et moi-même

  9   nous y avons siégé.  Il y avait effectivement des réunions

 10   qui ont été tenues au niveau local.

 11         Q.    Nous sommes, par conséquent, d’accord.  Nous

 12   allons être précis.  Nous n’allons pas faire de

 13   commentaires.  On n’en a pas besoin.  La commission a

 14   fonctionné.  Elle a même fait un certain nombre de tâches

 15   qui étaient assez difficiles ?

 16         R.    La commission a effectivement fonctionné sur

 17   le terrain.  Si véritablement elle a effectué tout ce qui

 18   est marqué, je ne peux pas le confirmer.

 19         Q.    Mais vous pouvez quand même dire qu’elle

 20   s’est vraiment donnée beaucoup du mal ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    À titre d’illustration, un autre document que

 23   la commission a élaboré au cours de son travail c’est

 24   Z965.1.  Dans ce document, nous pouvons voir également les

 25   signatures.  Vous êtes bien d’accord qu’il s’agissait bien


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  1   de cette commission, la commission qui est le résultat de

  2   l’ordre que nous avons vu ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Le document en dit suffisamment.  Nous

  5   n’allons pas en donner lecture.  On voit quelles sont les

  6   activités, quelles étaient les compétences de la

  7   commission.  Vous êtes bien d’accord que c’est la

  8   commission dont il s’agit ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Par conséquent, la commission conjointe, par

 11   conséquent, avait fonctionné ?

 12         R.    La commission conjointe a développé ses

 13   activités sur le terrain.

 14         Q.    D’accord.  Est-ce que vous avez vu d’autres

 15   rapports de la commission à cette époque-là ?

 16         R.    Il y avait un certain nombre de rapports.  Je

 17   ne peux pas l’affirmer.  Je ne peux pas vous dire ce que

 18   j’ai vu mais c’est il y a longtemps.

 19         Q.    Entendu.  Donc, vous pouvez mettre à côté, si

 20   vous voulez, les documents que nous avons vus.

 21         Un moment donné lors de votre déposition le

 22   premier jour, vous avez dit que le 15 avril sur la route de

 23   Vitez en direction de Zenica, vous avez vu au niveau de

 24   Kaonik, à côté d’un local dénommé Sunce, le soleil, 350

 25   soldats du HVO qui étaient vêtus des uniformes noirs.  Vous


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  1   vous en souvenez ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Cette localité, étant donné que vous

  4   connaissez cette localité, c’était en dehors de la

  5   municipalité de Vitez ?

  6         R.    Oui, c’est exact.

  7         Q.    Merci.  Lors de votre déposition également, à

  8   un moment donné, vous dites que les patrouilles

  9   villageoises n’étaient pas sous le contrôle de l’armée.  À

 10   ce propos, j’avais quelques petites questions pour

 11   éclaircir quelque chose.  Est-ce que vous considérez que

 12   les patrouilles villageoises étaient organisées de manière

 13   autonome ?

 14         R.    Au niveau du village, oui.

 15         Q.    Entendu, et au-dessus de ce niveau-là,

 16   c’était la Défense territoriale d’une certaine façon qui a

 17   essayé de soumettre les patrouilles villageoises sous son

 18   contrôle ?  Je parle de la Défense territoriale qui a été

 19   actuellement surveillée par la partie musulmane, tout au

 20   moins en ce qui concerne la municipalité de Vitez.

 21         R.    La Défense territoriale ne s’est jamais

 22   véritablement chargée des patrouilles villageoises.

 23         Q.    En ce qui concerne l’initiative pour

 24   organiser les patrouilles villageoises, elle a été donnée

 25   par qui ?  Nous parlons des deux côtés.  Nous parlons


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  1   également du côté croate et du côté musulman.  Qui avait

  2   donné cette initiative ?

  3         R.    Je ne le sais pas.

  4         Q.    Maintenant, une question tout à fait

  5   concrète :  D’après vous, qui a organisé les patrouilles

  6   villageoises au cours de 1992 ?

  7         R.    Je suppose que c’était des villageois eux-

  8   mêmes, compte tenu un certain nombre d’incidents criminels

  9   qui arrivaient à ce moment-là.

 10         Q.    C’est pour se protéger.  C’est pour se

 11   protéger d’un certain nombre d’intrusions et des groupes de

 12   criminels, n’est-ce pas, et pour se protéger ?

 13         R.    Oui, je le pense.

 14         Q.    Général, en ce qui concerne les patrouilles

 15   villageoises, dans un grand nombre de villages, et

 16   notamment en ce qui concerne le secteur de la municipalité

 17   de Vitez, elles étaient mixtes au début.  Au début, tous

 18   les villageois organisaient les patrouilles par, forcément,

 19   uniquement les musulmans d’un côté et les Croates de

 20   l’autre côté :  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi ?

 21         R.    Dans un certain nombre des villages, c’est

 22   vrai, mais par la suite, ces patrouilles se sont séparées.

 23         Q.    Sur la base nationale ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Êtes-vous d’accord :  Est-ce que vous avez


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  1   entendu – pour être très précis – est-ce que vous avez

  2   entendu dire qu’il y avait un certain nombre de cas où les

  3   patrouilles s’étaient séparées, puis ensuite, ils se

  4   rassemblaient encore une fois, puis se reséparaient pour

  5   la deuxième fois, en d’autres termes, qu’ils réagissaient

  6   aux événements qui avaient lieu dans leur milieu

  7   restreint ?

  8         R.    Je n’ai pas de telles informations mais il

  9   n’est pas impossible que ce soit comme ça.

 10         Q.    Un moment donné lors de votre déposition

 11   également, vous avez dit qu’avant le mois d’avril 1993, le

 12   HVO disposait d’artillerie de grande envergure et vous

 13   pensez que cette artillerie a été localisée auprès de la

 14   carrière à côté de Vitez.  Quelques questions à ce sujet-

 15   là.

 16         L’armée de Bosnie-Herzégovine dans la municipalité

 17   de Vitez avait également l’artillerie, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Est-ce qu’en le disant, vous avez pensé aux

 20   obusiers à 152 et 122 millimètres qui, à cette époque-là,

 21   existaient, dont le calibre était connu à cette époque-là ?

 22         R.    Je ne sais pas.  À quelle partie pensez-

 23   vous ?

 24         Q.    Mais est-ce que le HVO disposait de

 25   l’artillerie de ce calibre : des obusiers de 155 et 122


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  1   millimètres ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Est-ce que vous vous souvenez qu’entre le 3e

  4   corps d’armée et la zone opérationnelle – nous parlons de

  5   la période qui a précédé avril 1993 et dont vous avez parlé

  6   également – qu’entre les deux commandements, et ceci pour

  7   appuyer la ligne de front qui se trouvait à Vlasic, il a

  8   été convenu et chaque partie avait mis à la disposition un

  9   obusier pour les placer au niveau de la carrière et à côté

 10   de Mosunj ?  Est-ce que vous vous souvenez de ça ?

 11         R.    En automne 1992, nous avons essayé de former

 12   l’artillerie conjointe mais on n’a pas réussi.

 13         Q.    Par conséquent, vous voulez dire qu’il n’y

 14   avait pas deux obusiers, que chaque partie avait donné un

 15   obusier, et qu’on n’a pas véritablement placé ces deux

 16   obusiers sur la ligne de front à Vlasic entre la zone

 17   opérationnelle et le 3e corps d’armée ?  Donc, vous

 18   affirmez que ceci ne s’est jamais passé ?

 19         R.    Nous nous sommes mis d’accord justement d’y

 20   aboutir mais ce n’était que la lettre morte sur le papier.

 21         Q.    Vous êtes militaire, moi, je ne le suis pas,

 22   et du point de vue exploitation, cette distance de 25

 23   kilomètres à Vlasic a été un endroit, une localité idéale

 24   pour placer les obusiers de 155 et 122 millimètres ?

 25         R.    Au cours des entretiens, nous avons proposé


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  1   d’autres positions.  Le HVO n’a jamais accepté. 

  2   L’artillerie a été déployée.  Comme ceci correspondait au

  3   HVO, ils n’ont jamais entendu nos propositions et accepter

  4   nos propositions.

  5         Q.    Général, pour ce qui est d’artillerie, des

  6   pièces d’artillerie de ce type et de cette force, ces

  7   pièces ne sont pas destinées au combat pour les petites

  8   distances autour du village ou de l’endroit, de la localité

  9   en question ?

 10         R.    Ça c’est vrai.  C’est pour les longues

 11   distances.

 12         Q.    C’est, par conséquent, pas pour la ville ?

 13         R.    Mais je ne suis pas d’accord avec vous parce

 14   que ça dépend également des positions des pièces

 15   d’artillerie.

 16         Q.    Mais vous êtes d’accord avec moi pour dire

 17   qu’il s’agit des pièces d’artillerie qui sont utilisées

 18   pour des combats à longue distance ?

 19         R.    Mais de toute façon, si vous déployez cette

 20   artillerie à Vitez, elle peut également être utilisée pour

 21   les bombardements de Vitez.

 22         Q.    Mais en ce qui concerne ces entretiens, vous

 23   êtes bien d’accord pour dire que ces obusiers étaient sous

 24   le contrôle de la zone opérationnelle de la Bosnie

 25   centrale ?


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  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Êtes-vous en

  2   mesure de répondre à cette question, Général ?  Sous quel

  3   commandement se trouvait cette artillerie qui se trouvait à

  4   l’extérieur ou de l’autre côté plus exactement ou est-ce

  5   que vous ne pouvez mettre que des spéculations à ce

  6   propos ?

  7         R.    Monsieur le Président, je ne sais pas qui

  8   avait commandé ces pièces d’artillerie.  Je pense que

  9   c’était le commandant de l’unité d’artillerie mais je ne

 10   connais pas le nom et je ne connais pas le prénom.

 11         Me KOVACIC (interprétation) :  Merci.  Nous

 12   pouvons poursuivre.

 13         Q.    Le document Z1226.1 :  J’aimerais attirer

 14   votre attention maintenant sur le troisième paragraphe,

 15   « CC Travnik », dans les parenthèses, point (1).  Il

 16   commence avec :  « HC a rencontré Monsieur Merdan. »  Je ne

 17   sais pas si vous voyez le paragraphe dont je parle.

 18         Messieurs les Juges, je pense que j’ai fait une

 19   confusion.  C’est le Procureur qui a versé le document.  Je

 20   pensais qu’il s’agissait de la traduction en croate.  Mais

 21   il faut que je donne quelques explications, Général.  Je

 22   pense qu’il s’agissait véritablement également d’un

 23   document dont vous avez la traduction en croate.

 24         On parle dans ce document d’un entretien qui a eu

 25   lieu entre le représentant de l’ECMM avec vous, et en


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  1   dernière phrase, il est dit que vous avez parlé des

  2   tentatives de Monsieur Abdic de mettre en place une

  3   province autonome en Bosnie occidentale et que cet effort

  4   déployé par Monsieur Abdic avait pour but un certain nombre

  5   d’intérêts personnels et que de toute façon, il était voué

  6   à l’échec.

  7         Qui était Monsieur Abdic, s’il vous plaît ? 

  8   Pourriez-vous nous le dire ?

  9         R.    Je ne sais pas.  À quelle période pensez-

 10   vous ?

 11         Q.    C’était le 30 septembre 1993 et vous en

 12   parlez, par conséquent, avant que Kakanj est tombée.

 13         R.    À mon avis, Monsieur Abdic, à ce moment-là,

 14   se trouvait à Krajina occidentale.

 15         Q.    Par conséquent, c’était tout à fait à l’ouest

 16   de Bosnie, Bihac, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Est-ce que c’est la partie de Bosnie, pour

 19   qu’il n’y ait pas de malentendu, qui s’appelle Cazinska

 20   Krajina ?

 21         R.    Ça fait partie de Bosnie-Herzégovine.

 22         Q.    Mais ça fait partie de Bosnie-Herzégovine

 23   mais en tant que région dénommée Cazinska Krajina ?

 24         R.    C’est effectivement la région de Bosnie-

 25   Herzégovine et c’est la population qui avait dénommé cette


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  1   région Cazinska Krajina.

  2         Q.    Mais vous savez très bien qu’il y avait des

  3   conflits qui se sont déclenchés entre l’armée de Bosnie-

  4   Herzégovine et les forces de Monsieur Abdic :  Est-ce que

  5   c’est exact ?

  6         R.    Oui, c’est tout à fait exact.

  7         Q.    Merci.  Mon confrère vient de me rappeler que

  8   ce que nous savons, tout le monde ne le sait pas.  Fikret

  9   Abdic est un musulman, n’est-ce pas ?

 10         R.    Oui, c’est exact.

 11         Q.    Lors de votre déposition, Général, à un

 12   moment donné, vous dites également que vous avez reçu un

 13   certain nombre d’informations par transmission Paket.  Est-

 14   ce que c’était des liaisons qui étaient primitives ou

 15   éventuellement sophistiquées ?  Au niveau technique,

 16   technologique, à quel niveau on peut dire que transmission

 17   par Paket se trouve ?

 18         R.    À cette époque-là, c’était tout à fait au

 19   sommet.

 20         Q.    Par conséquent, il s’agissait de transmission

 21   sophistiquée, très développée, de pointe ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Est-ce que vous êtes au courant que la zone

 24   opérationnelle de Bosnie centrale avait utilisé également

 25   de tels types de liaisons par rapport aux autres enclaves


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  1   telles Kiseljak et Vares ?  Est-ce que vous étiez au

  2   courant ?  Est-ce que vous l’avez appris ultérieurement ?

  3         R.    Le HVO disposait de mêmes types de

  4   transmission.  Je pense que le HVO avait des types de

  5   transmissions qui étaient de pointe et supérieures par

  6   rapport à l’armée de Bosnie-Herzégovine.

  7         Q.    Merci.  Général, on mentionne le nombre

  8   différent des effectifs du 3e corps d’armée.  Par

  9   conséquent, je parle de la période de mois de juillet-août

 10   1993.  On a également cité 20 000 soldats du 3e corps

 11   d’armée en été 1993.  Est-ce que ce sont les effectifs qui,

 12   d’après vous, sont des effectifs réels ?

 13         R.    Je ne peux pas vous le dire avec précision

 14   mais je pense effectivement qu’ils étaient au nombre de 20

 15   000.

 16         Q.    Pourriez-vous maintenant voir un autre

 17   document ?

 18         Me KOVACIC (interprétation) :  Je vais demander à

 19   l’huissier de distribuer ce document.  Vous avez les deux

 20   textes :  le texte croate et la version anglaise également.

 21         Q.    Les deux premières pages, Général, sont en

 22   langue croate.  Si vous voulez bien parcourir le texte.  Il

 23   y a la signature, la date.  Général, est-ce que vous êtes

 24   d’accord pour dire que c’est le document que vous-même en

 25   personne, vous avez délivré ?


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  1         R.    Si vous permettez, je vais juste lire le

  2   document un petit moment. 

  3         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  La cote sera

  4   D55/2.

  5         Me KOVACIC (interprétation) : 

  6         Q.    Général, je ne vais pas vous interrompre. 

  7   Vous pouvez me dire à quel moment on peut commencer. 

  8         R.    D’accord mais on peut toujours commencer. 

  9   J’ai déjà lu.

 10         Q.    Il s’agit, par conséquent, dans le document

 11   de dire que l’armée était préparée pour la guerre et pour

 12   passer un hiver long et dur :  Est-ce que c’est vrai ?

 13         R.    C’est exact ce que vous dites.  C’est bien

 14   marqué mais j’ai une observation à faire en ce qui concerne

 15   cet ordre.  J’ai normalement signé tous les documents comme

 16   Commandant, ce qui n’est pas marqué ici.

 17         Q.    Général, est-ce que vous voulez dire que ce

 18   n’est pas vous qui avez rédigé le document ?

 19         R.    C’est mon état-major qui l’avait préparé. 

 20   C’est ma propre signature.

 21         Q.    Entendu !  Il s’agissait d’une circulaire

 22   également qui a été destinée à plusieurs commandements et

 23   là ici, c’est l’en-tête « commandement de Vitez », n’est-ce

 24   pas ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Par conséquent, vous l’avez destinée à ces

  2   unités, à la 325e unité et d’autres unités dont il a été

  3   question hier lors de votre déposition ?

  4         R.    Non.

  5         Q.    C’était une autre unité ?

  6         R.    C’était aux états-majors de la Défense

  7   territoriale que cet ordre a été destiné.

  8         Q.    Entendu !  Encore une autre question,

  9   Général.  Hier, vous avez mentionné le 3e corps d’armée à

 10   plusieurs reprises, la structure du 3e corps d’armée.  Mais

 11   qu’est-ce qui se passait avec le 7e corps d’armée qui

 12   également opérait dans cette même région ?  Depuis quand il

 13   opérait en Bosnie centrale ?

 14         R.    Je ne peux pas me souvenir exactement de la

 15   date.  Il y a un ordre archivé en Bosnie centrale.  Le 7e

 16   corps d’armée a été mis en place au moment où le 3e corps a

 17   été séparé en deux.  Par conséquent, c’est une partie du 3e

 18   corps qui a été transformée en 7e corps d’armée et ces deux

 19   corps d’armée ont eu deux zones d’opération différentes.

 20         Q.    Est-il vrai, Général, qu’un certain nombre

 21   d’éléments du 7e corps d’armée était resté sur les points

 22   de contact avec la vallée de la Lasva, l’enclave de la

 23   vallée de la Lasva, Vitez, si vous voulez, plus précisément ?

 24   Est-ce que c’est vrai ?

 25         R.    En partie, oui.


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  1         Q.    Serions-nous d’accord pour dire qu’autour de

  2   l’ensemble de cette enclave, Novi Travnik, Vitez et

  3   Busovaca, se trouvaient des unités du 3e corps d’armée et

  4   plus tard, du 7e corps d’armée de Bosnie-Herzégovine ?

  5         R.    Avant que le 7e corps d’armée n’ait été mis

  6   en place, les unités du 3e corps d’armée ou tout au moins

  7   une partie des unités s’y trouvait.  Une fois que le 7e

  8   corps d’armée a été créé, il y avait également des éléments

  9   du 7e corps d’armée car la majorité des forces du 3e corps

 10   d’armée et du 7e corps d’armée était affectée et déployée

 11   face à l’agresseur sur la Bosnie-Herzégovine.

 12         Q.    Par conséquent, nous parlons du mois d’août

 13   1993, globalement parlant ?

 14         R.    Je ne pourrais pas le confirmer.  Je voudrais

 15   vous demander de consulter les notes, les ordres qui

 16   existent et qui sont consignés dans les archives.

 17         Q.    Vous l’avez déjà dit mais nous sommes quand

 18   même d’accord que ceci était à peu près en été 1993 ?  Vous

 19   ne pouvez pas préciser quelle date, quelle période très

 20   précise mais c’était l’été ?

 21         R.    Je ne pourrais pas l’affirmer.

 22         Q.    Merci.  Général, dites-moi encore une chose à

 23   ce propos, s’il vous plaît.  À la fin de l’été ou début

 24   septembre, pour parler plus précisément, 1993, les

 25   effectifs du 3e et 7e corps d’armée qui encerclaient la


Page 12982

  1   vallée de la Lasva, les forces de l’armée de Bosnie-

  2   Herzégovine qui étaient déployées autour de l’enclave

  3   avaient 30 000 personnes ?

  4         R.    Je ne sais pas si vous pensez au nombre

  5   d’habitants ou au nombre de soldats.

  6         Q.    Mais je pense au nombre de soldats.

  7         R.    Je ne suis pas d’accord avec vous.

  8         Q.    Vous voulez dire qu’il y en avait moins ?

  9         R.    Oui, certainement.

 10         Me KOVACIC (interprétation) :  Je vais terminer

 11   comme ça mon interrogatoire.

 12         R.    Merci.

 13         RÉINTERROGÉ PAR Me NICE

 14         (interprétation) :  

 15         Q.    Général, j’aurai quelques questions à vous

 16   poser encore et pour certaines, vous pourrez répondre très

 17   brièvement.  Tisovac, y êtes-vous allé en personne et si

 18   oui, qui avez-vous vu ?

 19         R.    Je ne suis pas allé à Tisovac en personne

 20   pendant la durée des opérations de guerre mais je connais

 21   très bien Tisovac car je m’y suis trouvé à de nombreuses

 22   reprises.

 23         Q.    En bref, est-ce un lieu assez reculé sur un

 24   terrain boisé et non loin d’un élevage de poissons ?

 25         R.    Oui, c’est exact, à quatre kilomètres de


Page 12983

  1   Busovaca à peu près.  À Tisovac, à ce moment-là, il

  2   existait effectivement un élevage de poissons.

  3         Q.    Vous nous avez dit qu’après avoir été arrêté

  4   et frappé, Glavocevic vous avait transmis des excuses. 

  5   Nous savons que la pièce numéro 100, que nous n’avons pas

  6   examinée, était le document signé par Kordic qui

  7   réglementait votre arrestation.  Nous ne l’avons pas

  8   regardé en détail mais dans ce document, trouve-t-on un

  9   mot, ne serait-ce qu’un mot, d’excuse au sujet de votre

 10   arrestation ?

 11         R.    Non.  Cela ne m’a pas été transmis.

 12         Q.    Que vous a-t-il dit, Monsieur Glavocevic, au

 13   nom de Kordic lorsqu’il est venu vous voir ?

 14         R.    Je ne me rappelle pas tous les détails mais

 15   pour l’essentiel, il m’a dit qu’il regrettait ce qui

 16   s’était passé et qu’un tel événement n’aurait pas dû

 17   survenir.

 18         Q.    Mais il n’y a eu aucune explication pour

 19   justifier votre arrestation ?

 20         R.    Non, je n’ai pas, à ce moment-là, reçu la

 21   moindre explication.

 22         Q.    Vous avez parlé d’un homme dénommé Bruno

 23   Susnja.  Pouvez-vous nous expliquer en un mot de qui il

 24   s’agit et pourquoi vous déclarez qu’il importerait qu’il

 25   soit entendu par la Chambre ?


Page 12984

  1         R.    Bruno Susnja est un habitant de la

  2   municipalité de Busovaca avec lequel j’ai eu à plusieurs

  3   reprises l’occasion de parler avant la guerre.  Je sais que

  4   Bruno Susnja est celui qui a fondé le parti HDZ à Busovaca

  5   et, si je ne me trompe, il en a été le premier président à

  6   Busovaca. Y compris en 1991, j’ai eu plusieurs contacts

  7   avec Bruno Susnja.  Je pense que cet homme avait des

  8   positions très réalistes et lorsque le danger d’une

  9   agression contre la Bosnie-Herzégovine s’est fait jour,

 10   nous en avons parlé à plusieurs reprises.

 11         J’ai également eu une discussion avec lui en 1992. 

 12   Je pense que pendant un certain temps, il exerçait une

 13   certaine influence dans les milieux du HDZ mais plus tard,

 14   il m’a dit que Dario Kordic avait repris tout le pouvoir au

 15   sein de ce parti et que Dario Kordic était donc devenu

 16   l’alpha et l’oméga de ce parti, non seulement localement

 17   mais y compris à un niveau un peu plus large, que c’était

 18   lui qui prenait toutes les décisions.

 19         Q.    S’agissant de ce que vous avez dit à

 20   plusieurs reprises quant au fait que le HVO avait le

 21   contrôle sur des Arabes qui sont entrés sur ce territoire,

 22   pouvez-vous expliquer si le HVO avait le moindre avantage à

 23   autoriser les Arabes à venir à cet endroit, à ce moment-là,

 24   et si oui, de quelle nature était cet avantage ?

 25         R.    Une phrase, si vous me le permettez, encore


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  1   au sujet de Bruno Susnja.  J’ai rencontré encore une fois

  2   Bruno Susnja à Zenica – je m’en souviens maintenant très

  3   bien – un jour où il essayait de s’éloigner de Dario Kordic

  4   qui, selon ses dires à lui, avait essayé de le tuer.  Donc,

  5   il tentait de s’enfuir à Zenica.

  6         Maintenant, pour répondre à votre dernière

  7   question, j’ai toujours été convaincu que le HVO savait

  8   quel était le nombre des Arabes qui pénétraient sur le

  9   territoire de la municipalité de Busovaca.  Je savais, à ce

 10   moment-là, que les Arabes transportaient de l’argent, je ne

 11   sais pas exactement par quel moyen, et qu’ils circulaient

 12   dans des automobiles de grand prix, notamment dans des 4 X

 13   4.  Ils étaient très souvent arrêtés aux barrages routiers

 14   du HVO et volés.

 15         Q.    Mais donc, quel aurait été l’avantage pour le

 16   HVO de leur permettre de pénétrer sur ce territoire ?

 17         R.    Dans mes déclarations précédentes, j’ai déjà

 18   dit que les enlèvements, lorsqu’ils se produisaient,

 19   étaient organisés par un groupe d’Arabes.  Ces Arabes, pour

 20   autant que je le sache, venaient en tant que représentants

 21   d’organisations humanitaires internationales et c’est la

 22   raison pour laquelle ils transportaient de si grosses

 23   sommes d’argent.  Je suis incapable de dire quel était

 24   l’avantage pour le HVO de leur permettre de pénétrer sur ce

 25   territoire mais je suppose que le motif essentiel


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  1   consistait à leur voler l’argent qu’ils avaient sur eux et

  2   les automobiles qu’ils conduisaient.

  3         Q.    La fermeture des communications entre

  4   Busovaca et Kiseljak avant le 25 janvier :  Pouvez-vous

  5   nous dire par quel biais cette coupure des communications

  6   entre les deux villes a eu lieu ?

  7         R.    Avant le 25 janvier 1991, et je crois que

  8   cela s’est passé le 19 janvier 1991, en fait, Dario Kordic

  9   et Ivo Kostroman ont été arrêtés à un barrage routier. 

 10   Pour autant que j’en aie été correctement informé, Dario

 11   Kordic a menacé de tuer les membres de la famille de ceux

 12   qui tenaient le barrage.  Selon les informations dont je

 13   dispose, Kordic et Kostroman ont ensuite été relâchés et

 14   ont pu poursuivre leur voyage jusqu’à Busovaca.

 15         Dans la nuit du 20 au 21, un incident terrible

 16   s’est produit à Busovaca.  En effet, tous les commerces

 17   privés ont explosé en raison d’une action du HVO et le 21

 18   ou le 22, une partie des unités du HVO a pris le chemin de

 19   Kacuni et devant le fameux barrage de Kacuni, ces unités

 20   ont été arrêtées et je crois que des combats ont éclaté et,

 21   ensuite, dans la nuit du 24 au 25, un barrage a été érigé

 22   qui n’a pas pu être démantelé jusqu’à ma venue sur place

 23   avec le Colonel Stewart qui m’a aidé à en obtenir le

 24   démantèlement.

 25         Q.    Un instant, je vous prie.  Un extrait de la


Page 12987

  1   déposition du Colonel Stewart vous a été soumis pour examen

  2   et je suis en train de chercher ce passage exact mais

  3   enfin, j’y reviendrai car, à ce moment-là, vous avez dit

  4   que vous ne pensiez pas qu’il pouvait avoir dit ce qui

  5   figurait dans cet extrait écrit. 

  6         Pour le moment, passons à un autre extrait de

  7   cette même déposition où il est question du Washington

  8   Post.  Vous avez confirmé qu’un journaliste vous avez

  9   parlé, effectivement, mais l’extrait qui vous a été soumis,

 10   dites-vous, repose sur d’autres sources et cet article n’a

 11   pas de commentaires de votre part au sujet des propos tenus

 12   par ces autres sources.

 13         Alors, d’abord, je vous demande si le journaliste,

 14   d’après vos souvenirs, a contesté ce que des sources

 15   tierces avaient dit quant au fait que vous auriez été

 16   l’agent de liaison avec les combattants islamiques

 17   étrangers et des questions de ce genre.

 18         R.    Il est exact que j’ai donné une interview à

 19   un journaliste du Washington Post qui est venu dans mon

 20   bureau.  Il est exact qu’il a vu un petit drapeau iranien

 21   dans mon bureau, pas un grand drapeau, comme il l’a dit

 22   mais un petit drapeau dans mon bureau.  Ce drapeau se

 23   trouvait entre le drapeau des États-Unis d’Amérique et

 24   celui de la République de Turquie et dans mon bureau, à

 25   l’époque, il y avait à peu près 25 drapeaux de très


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  1   nombreux pays.  Ils m’avaient été donnés par des

  2   délégations de ces pays qui m’avaient rendu visite.

  3         Le journaliste n’a pas dit qu’à ce moment-là, il y

  4   avait également dans mon bureau un emblème, un blason de

  5   très grande taille de la République de Bosnie-Herzégovine

  6   et un blason de l’armée de la Bosnie-Herzégovine.

  7         Q.    Je ne vous demandais pas vos commentaires sur

  8   l’article de façon générale mais ce que je souhaitais

  9   savoir c’était si le journaliste vous avait effectivement

 10   parlé de ce qui est contenu dans l’extrait qui a été lu par

 11   le Conseil de la Défense et si oui, est-ce que vous êtes

 12   d’accord ou pas avec ce qui est écrit dans ce passage de

 13   l’article ?

 14         R.    Il est vrai que le journaliste m’a demandé si

 15   j’avais des rapports quelconques avec les combattants

 16   iraniens et le monde islamique.  J’ai dit que je n’avais

 17   aucun rapport avec eux.

 18         Q.    Les Juges constateront que cela ne figure pas

 19   dans l’article mais ce qui figure dans l’article, Général

 20   Merdan, c’est que, selon le journaliste, vous lui avez dit

 21   que le nom des brigades n’était pas important, que vous

 22   pouviez avoir une brigade musulmane ou une brigade croate

 23   ou une brigade serbe dans la nouvelle armée pour autant que

 24   cette brigade combattait en faveur de la Bosnie.  Alors, ce

 25   passage est-il exact, fidèle à la réalité ?


Page 12989

  1         R.    Il est vrai que j’ai discuté de ce sujet avec

  2   le journaliste.  Ce que je voulais dire c’est que le nom de

  3   la brigade n’est pas important mais que ce qui était

  4   important c’était le but poursuivi par les brigades

  5   lorsqu’elles combattaient pour la Bosnie-Herzégovine.

  6         Q.    On vous a interrogé au sujet d’un passage de

  7   la déposition du Colonel Stewart et, en fait, ce qui s’est

  8   passé c’est la chose suivante.  En page 12371, on lui

  9   demande, le Conseil de la Défense lui demande s’il avait

 10   dit que le Général Hadzihasanovic et vous-même étiez au

 11   moins responsables de l’éclatement des combats le 25

 12   janvier.  On lui a demandé si les deux hommes étaient

 13   d’accord et il répond dans sa déposition : « Je pense que

 14   je le lui ai certainement dit.  S’ils étaient d’accord ou

 15   pas, je ne me souviens pas. »  Fin de citation.

 16         Ensuite, on lui soumet un passage de son livre

 17   « Les Vies brisées » où il parle d’un entretien avec vous. 

 18   Cela se trouve en page 12372 et il serait préférable sans

 19   doute que je lise ce passage.

 20         Je cite : « J’avais le sentiment à l’époque que

 21   les musulmans étaient principalement responsables des

 22   troubles qui avaient éclaté parce qu’ils avaient tué deux

 23   soldats croates.  Est-ce que les musulmans bosniens

 24   souhaitaient vraiment voir éclater une guerre de grande

 25   ampleur dans la vallée de Kiseljak ?  Il me semblait qu’ils


Page 12990

  1   étaient sur la bonne voie sur ce sujet.  S’ils l’avaient

  2   souhaité, cela n’était tout simplement pas suffisant et

  3   quelque chose devait être fait à ce sujet.  Merdan a été

  4   d’accord.  Il a présenté ses excuses et a dit qu’il était

  5   prêt à venir en personne pour essayer de résoudre le

  6   problème. »  Fin de citation.

  7         Alors, cette citation est-elle exacte ?  C’est

  8   celle du Colonel Stewart.  Avez-vous un commentaire à faire

  9   quant à son exactitude ?

 10         R.    Au moment que vous venez de citer, Bob

 11   Stewart est venu me voir et il m’a accusé, moi, ainsi que

 12   le Général Hadzihasanovic, d’avoir entraîné la rupture des

 13   communications, d’avoir coupé la route.  C’est ainsi que je

 14   me suis rendu compte que la route devait être rouverte pour

 15   toutes sortes de raisons, la plus importante étant la

 16   nécessité de faire circuler l’aide humanitaire provenant de

 17   la FORPRONU, et comme j’avais des contacts à ce moment-là

 18   avec Bob Stewart, une fois qu’il m’a dit que nous étions

 19   coupables de l’érection de ce barrage, j’ai dit que le

 20   barrage serait levé.  Je l’ai prié de me conduire avec son

 21   blindé jusqu’au barrage, où j’ai donné l’ordre de

 22   démanteler ce barrage, et après une demi-heure ou une

 23   heure, le barrage a effectivement été démantelé et la route

 24   a été rouverte.

 25         Si Bob a dit que nous étions coupables de


Page 12991

  1   l’éclatement des combats dans la vallée de la Lasva, moi,

  2   je ne sais pas exactement tout ce qu’il a dit, mais

  3   globalement, je pense que c’était un homme bien informé et

  4   qu’il savait très bien que nous nous sommes efforcés

  5   d’empêcher l’éclatement du conflit, que nous avons tout

  6   fait pour réduire les incidents au minimum, de façon à

  7   éviter l’éclatement d’un conflit, car nous avions déjà

  8   discuté à plusieurs reprises de ce qui signifierait pour

  9   l’armée de Bosnie-Herzégovine l’ouverture de deux fronts. 

 10   Ni alors ni aujourd’hui, il ne nous convient d’avoir deux

 11   fronts à défendre.  C’est quelque chose qui est négatif

 12   pour tout soldat et c’est de cela que nous avons discuté,

 13   Bob Stewart et moi-même.

 14         Q.    Un très bref extrait d’une pièce qui n’a pas

 15   été versée au dossier au départ mais a fini par l’être plus

 16   tard : la pièce D163/1 qui vous a donc déjà été soumise. 

 17   Ce document porte la date du 4 octobre 1993 et rend compte

 18   donc de la situation à l’époque.

 19         À l’intention des Juges, j’indique que ce passage

 20   a pour numéro de référence 04225.

 21         Je cite :  « Dans la zone sous le contrôle du 3e

 22   corps d’armée, pas un seul village croate n’a été incendié,

 23   selon vous, et pas une seule église n’a été détruite, selon

 24   vous. »

 25         Que dites-vous de cela ?  Est-ce que ces propos


Page 12992

  1   sont fidèles à la réalité et correspondent bien à la date

  2   du 4 octobre 1993, ces propos qui vous sont imputés ?

  3         R.    Oui.  J’ai dit que pas un seul village

  4   n’avait été détruit et que pas une église non plus n’avait

  5   été détruite.

  6         Q.    Était-ce exact ?

  7         R.    Oui, c’est exact.

  8         Q.    Je ne vais pas procéder à un exercice qui

  9   serait trop artificiel et qui consisterait à attirer

 10   l’attention du témoin sur d’autres passages mais la Chambre

 11   constatera que ces mêmes auteurs se sont exprimés sur

 12   beaucoup de sujets, notamment sur les accusés.

 13         On vous a soumis un autre document, le D108/1.  La

 14   Chambre s’en souviendra.  Il s’agit des instructions

 15   destinées aux combattants musulmans, document que la

 16   Chambre a d’abord reçu sous forme d’extrait et que la

 17   Chambre a ensuite reçu dans son intégralité.

 18         Vous avez eu l’occasion de consulter quelques

 19   extraits de ce fascicule.  Est-ce que vous aviez déjà eu

 20   l’occasion de consulter ce livre ou fascicule auparavant ? 

 21   Rappelez-vous, il s’agissait des instructions destinées aux

 22   combattants musulmans.  Quelques pages vous ont été

 23   présentées d’extraits, par exemple, ce qu’il fallait faire

 24   s’il y avait mort de civils.  C’était un livre religieux.

 25         R.    Oui.  C’est la première fois que j’ai vu ce


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  1   manuel, ce livre.  Je n’ai jamais vu des instructions en

  2   question qui ont été données aux combattants musulmans. 

  3   J’ai dit également que l’auteur de ce livre est quelqu’un

  4   qui est formé sur le plan religion.  Par conséquent, il

  5   peut donner une interprétation meilleure des coutumes et

  6   des traditions religieuses.  J’ai dit que moi, je suis un

  7   fidèle mais c’est Dieu qui sait qui est le meilleur.

  8         Q.    Est-ce qu’il était coutumier de distribuer

  9   des manifestes ou fascicules religieux aux soldats de

 10   l’armée de Bosnie-Herzégovine pour leur donner des

 11   instructions ?

 12         R.    Pour ce qui concerne des combattants de

 13   l’armée qui étaient de religion musulmane, nous avons parlé

 14   de la foi et de la religion.  Nous avons permis également

 15   aux autres combattants qui avaient une autre confession de

 16   s’exprimer sur ce plan-là.  On n’a jamais interdit quoi que

 17   ce soit à ce niveau-là, même pas maintenant, ceux qui sont

 18   soldats au sein de l’armée de Bosnie-Herzégovine.  J’ai

 19   toujours dit que la confession doit bien évidemment être

 20   permise au sein de l’armée.  Les imams ont véritablement pu

 21   en parler de manière plus précise, mais je sais qu’ils ont,

 22   entre autres, également propagé les principes de

 23   confession.

 24         Q.    Encore deux questions.  Filipovic a dit qu’il

 25   n’était pas à la hauteur et qu’il ne pouvait pas résister à


Page 12994

  1   Kordic.  Je ne trouve pas exactement le passage pertinent

  2   mais vous souvenez-vous de la réponse que vous aviez alors

  3   fournie ?

  4         R.    Oui, je me souviens très, très bien.  Filip

  5   Filipovic, début 1992, ou mieux encore dès le mois de mai

  6   ou fin avril, début mai, faisait partie de l’état-major du

  7   district de Zenica.  À l’époque, le commandant de Zenica,

  8   le commandant de l’état-major de district était Ramiz

  9   Suvalic, actuellement Général de brigade à la retraite, et

 10   Monsieur Ramiz Suvalic et moi-même, nous nous sommes

 11   entretenus ensemble avec Filip Filipovic.  Nous savions

 12   qu’il était représentant du HVO dans la vallée de la Lasva

 13   de la Bosnie centrale.

 14         Nous nous sommes entretenus au sujet de former un

 15   commandement conjoint.  Filip Filipovic aurait dû être le

 16   commandant et moi, son adjoint.  Filip Filipovic n’était

 17   pas d’accord avec cette… il a dit que Dario Kordic n’était

 18   pas d’accord avec cette proposition et c’est la raison pour

 19   laquelle il ne pouvait pas mettre en œuvre cette idée.  Il

 20   avait également exprimé ses regrets.

 21         À ma connaissance, il a été remplacé par la suite. 

 22   À plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de le contacter

 23   par la suite et un moment donné, je pense qu’on a même… on

 24   lui a attribué un poste qui était tout à fait minimisant. 

 25   Enfin, il était commandant de la compagnie car il avait


Page 12995

  1   occupé un poste beaucoup plus important et au moment où il

  2   y avait des combats très violents, il a travaillé comme un

  3   soldat opérationnel dans la vallée de la Lasva.

  4         Q.    Vous a-t-il expliqué de façon précise

  5   pourquoi il n’était pas en mesure de tenir tête à Dario

  6   Kordic ?

  7         R.    Non.  Il ne m’a pas donné des détails.  Il

  8   n’a pas dit quelles étaient les raisons pour lesquelles il

  9   ne pouvait pas véritablement tenir tête à Dario Kordic.  Il

 10   avait tout simplement précisé qu’il n’était pas d’accord

 11   avec les conceptions de Dario Kordic.

 12         Q.    L’hypothèse vous a été soumise selon laquelle

 13   au cours de votre déposition, vous avez minimisé le degré

 14   de coopération effective qui se produisait sur le terrain

 15   et je pense qu’on impliquait par là que vous aviez

 16   poursuivi des objectifs qui n’étaient pas en faveur de la

 17   paix dans ces combats que vous meniez.  Est-ce que vous

 18   avez, de quelque façon que ce soit, minimisé ce degré de

 19   coopération dont vous auriez bénéficié avec le HVO ?

 20         R.    Non.  Je n’ai jamais minimisé le degré de

 21   coopération avec le HVO.  Au contraire, j’ai fait tout pour

 22   que cette coopération soit élevée à un niveau le plus élevé

 23   possible.  J’ai été même disposé de me subordonner, même

 24   d’être adjoint de Filip Filipovic, et tout ceci pour

 25   pouvoir faire face ensemble à l’agresseur de Bosnie-


Page 12996

  1   Herzégovine.  Je me suis toujours employé pour qu’il y ait

  2   un accord qui convient à deux parties, aussi bien au HVO

  3   que l’armée, et même indépendamment de mes propres

  4   convictions, j’ai essayé d’aboutir à un accord pour que la

  5   paix puisse régner.  Indépendamment de tout ce que ma

  6   famille a vécu également, j’ai toujours appuyé la lutte

  7   pour la paix.

  8         Par conséquent, que de vouloir dire que j’ai

  9   minimisé mon rôle et le degré de coopération avec le HVO

 10   n’est pas absolument exact.  Je considère tout simplement

 11   que ce qui était possible n’a pas été fait en ce qui

 12   concerne la Bosnie centrale et je pense que le HVO n’a pas

 13   fait l’effort comme nous l’avons souhaité.  Je ne sais pas

 14   ce qui s’était passé ailleurs mais je parle de la Bosnie

 15   centrale.

 16         Q.    Des questions vous ont été posées quant à la

 17   perpétration ou la commission de crimes de guerre de la

 18   part de personnes avec qui vous été associés ou par rapport

 19   auxquelles vous aviez un rapport d’autorité.  Pourriez-vous

 20   dire à la Chambre si vous êtes venu déposer ici de plein

 21   gré et si vous avez demandé à bénéficier de mesures de

 22   protection, un moment donné ?

 23         R.    Non, je n’ai pas demandé de mesures de

 24   protection, jamais, même pas au moment où j’étais sur les

 25   lignes de front et même actuellement quand je me déplace,


Page 12997

  1   je ne le demande pas.  Je suis convaincu que la vérité doit

  2   emporter et je suis fidèle.  J’y crois.  Je ne pense pas à

  3   ma propre vie.  Je suis sûr que la vérité doit l’emporter.

  4         Me NICE (interprétation) :  Je n’ai plus de

  5   questions à poser à ce témoin.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous

  7   remercie, Général.  Vous en avez ainsi terminé de votre

  8   déposition.  Vous pouvez disposer.  Merci d’être venu à La

  9   Haye pour comparaître devant nous.  Désolé que nous n’ayons

 10   pas été en mesure de terminer la semaine dernière, ce qui

 11   fait que vous avez dû revenir deux fois, mais je vous en

 12   remercie d’autant plus.

 13         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 14   Président.  Je remercie ce Tribunal honorable.  Je suis

 15   arrivé ici de plein gré et je suis honoré également d’être

 16   cité devant le Tribunal et de pouvoir dire, exprimer ce que

 17   j’ai vu et ce que j’ai vécu, de m’avoir permis également de

 18   faire mes propres commentaires au sujet d’un certain nombre

 19   d’événements dont il a été question devant ce Tribunal.  Je

 20   suis convaincu que ce Tribunal saura apporter un jugement

 21   tel qui est attendu par le monde entier.  Je suis prêt

 22   également à me mettre à votre disposition à être cité en

 23   témoin chaque fois quand il le faudra.  Je vous remercie.

 24         Me NICE (interprétation) :  Le témoin peut quitter

 25   le prétoire en compagnie de l’huissier.


Page 12998

  1                     [Le témoin se retire]

  2         Me NICE (interprétation) :  Je voudrais un passage

  3   à huis clos partiel rapide avant la comparution du témoin

  4   suivant.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  D’accord.

  6                     [Huis clos partiel]

  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15   [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   [expurgée]

 25   [expurgée]


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  1  

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  9  

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 12  

 13   Pages 12999 – 13006 expurgées – audience à huis clos partiel.

 14  

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 20  

 21  

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 23  

 24  

 25  


Page 13007

  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   [expurgée]

  4   [expurgée]

  5   [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15                     [Audience publique]

 16               [Le témoin entre dans la Cour]

 17         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le pseudonyme de

 18   ce témoin sera AD.  Ce sera le Témoin AD.

 19         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur,

 20   veuillez donner lecture de la déclaration solennelle.

 21         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 22   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 23   rien que la vérité.

 24         TÉMOIN :  TÉMOIN AD (ASSERMENTÉ)

 25         INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :


Page 13008

  1         Q.    Témoin AD, ce sera désormais de cette façon-

  2   là que vous serez nommé dans le cadre de cette procédure. 

  3   Je vais vous soumettre une feuille de papier.  Veuillez

  4   confirmer que c’est bien votre nom sans pour autant le

  5   lire.

  6         R.    C’est bien mon nom qui est inscrit.

  7         Me NICE (interprétation) :  Peut-on fournir au

  8   témoin une copie du résumé qui avait été préparé et

  9   communiqué à la Défense il y a de cela un certain temps ?

 10         Me SAYERS (interprétation) :  Dans l’intervalle,

 11   nous serions gré à l’Accusation de ne pas poser des

 12   questions trop dirigistes au paragraphe 6 parce qu’il y a

 13   peut-être un double ou triple ouï-dire, ainsi qu’aux

 14   paragraphes 10, 11, 16 et 17.  Merci. 

 15         Me NICE (interprétation) :  Outre les sujets

 16   évoqués dans le résumé, le témoin nous permettra de

 17   produire plusieurs documents et, dans la plupart des cas,

 18   il s’agira de références courtes.  J’ai des jeux de

 19   documents classés dans l’ordre chronologique.  Je crois

 20   qu’ils ont été communiqués et nous ne sommes pas loin de la

 21   pause du matin, je crois que la Défense pourra ainsi

 22   consulter ces documents.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Effectivement,

 24   il est près de 11 h 00.  Nous allons travailler jusqu’à 11

 25   h 10 si ceci ne vous dérange pas puisque nous venons juste


Page 13009

  1   de commencer la déposition de ce témoin.

  2         Me NICE (interprétation) :   Fort bien, Monsieur

  3   le Président.

  4         Q.    Témoin AD…

  5         Me NICE (interprétation) :  Est-ce que la Défense

  6   dispose de ces pièces ?  Peut-on remettre ces jeux de

  7   documents à la Défense ?  Peut-on aussi prévoir un jeu pour

  8   le témoin ?

  9         Q.    Témoin AD, parlons de votre formation, de vos

 10   premières activités.

 11         R.    J’étais dans les forces d’artillerie de

 12   Manchester et j’étais officier.  J’ai quitté au moment où

 13   j’ai disposé du grade de Capitaine.

 14         Q.    Vous avez travaillé pour l’ECMM entre 1993 et

 15   1995. [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   [expurgée]

 20         R.    Oui. [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23         Q.    Plutôt que d’en parler à la fin, je pense

 24   qu’on peut dire que vous avez reçu certains honneurs pour

 25   le travail que vous aviez fait en ex-Yougoslavie ?


Page 13010

  1         R.    Oui.  J’ai obtenu la médaille de Membre de

  2   l’Empire britannique.

  3         Q.    En 1993, est-ce que vous aviez surtout

  4   affaire avec Blaskic ou Kordic ?

  5         R.    Surtout avec Tihomir Blaskic.

  6         Q.    En ce qui concerne Blaskic, qu’aurait-il dit

  7   à propos de l’autorité dont il disposait en ce qui concerne

  8   Zepce et Vares ?

  9         R.    Lorsqu’il m’a dit quelle était sa zone de

 10   responsabilité, il m’a dit qu’il était le commandant de la

 11   zone opérationnelle de Bosnie centrale qui incluait la

 12   brigade de Vares, la brigade de Bobovac et la brigade de

 13   Zepce mais aussi les brigades de Kiseljak, Vitez et

 14   Travnik, même si Travnik, à ce moment-là où je l’ai

 15   rencontré, était passé à Vitez pour ce qui est de la

 16   brigade, bien sûr.

 17         Q.    Nous verrons ceci au cours de votre

 18   déposition mais peut-on dire que, de façon générale, des

 19   poches occupées par des Croates ont commencé à être de plus

 20   en plus isolées et qu’est-il advenu des personnes qui se

 21   trouvaient dans la position de Blaskic ?

 22         R.    L’isolement s’est fait de plus en plus grand

 23   pour ce qui est de ces commandants qui ne pouvaient plus se

 24   déplacer de ces poches.  Blaskic ne pouvait plus aller à

 25   Zepce ni à Vares, ce qui veut dire que théoriquement, sur


Page 13011

  1   le papier, ces brigades se trouvaient sous son

  2   commandement.  Mais dans les faits, les dirigeants tant

  3   politiques que militaires de ces poches ont commencé à

  4   s’arroger le pouvoir lui-même et à faire preuve de plus en

  5   plus d’indépendance dans les actions qu’ils entreprenaient.

  6         Q.    Est-ce que ceci a modifié la chaîne de

  7   commandement officielle ?

  8         R.    Non.  Quand on voit l’organigramme, ce n’est

  9   pas le cas mais ceci a modifié les commandements, en tout

 10   cas, la façon dont les ordres étaient appliqués.  Ça se

 11   faisait de façon beaucoup moins efficace.

 12         Q.    Je vais prendre la première phrase du

 13   paragraphe 5 puisque l’autre concerne une date ultérieure. 

 14   Est-ce qu’il y a des informations sur la question de savoir

 15   s’il y a eu des participations d’unités de la HV ?

 16         R.    Il y avait des rumeurs persistantes dans ce

 17   sens.  Les dirigeants de ma mission étaient informés à

 18   Vienne, aussi les responsables…

 19         Me SAYERS (interprétation) :  Objection à des

 20   rumeurs de ce type.  Je ne pense pas que ceci contribue à

 21   trouver une solution au problème dont la Chambre est

 22   saisie.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Passons à

 24   autre chose.

 25         Me NICE (interprétation) :  


Page 13012

  1         Q.    Quand avez-vous rencontré pour la première

  2   fois et à quel endroit avez-vous rencontré le Général

  3   Praljak ?

  4         R.    En mars ou avril.  Ce fut une rencontre brève

  5   sur le terrain, sur une crête en surplomb de Prozor.  Je

  6   l’ai rencontré plus tard.

  7         Q.    Nous parlerons de cela plus tard.

  8         Paragraphe 6 :  En juin 1993, avez-vous participé

  9   à l’évacuation de blessés de l’hôpital de Travnik ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Pourriez-vous nous en parler ?  Est-ce qu’il

 12   y a eu un accord ?  Comment y est-on parvenu ?

 13         R.    J’avais rendu visite à l’hôpital de Travnik

 14   et il fallait à tout prix évacuer les blessés les plus

 15   graves.  La situation était particulièrement mauvaise à

 16   l’intérieur de l’hôpital.  L’ECMM et les Nations unies ont

 17   commencé à négocier un accord qui permettrait aux

 18   musulmans, aux dirigeants musulmans et croates de nous

 19   autoriser à assurer l’évacuation de l’hôpital.  Nous avons

 20   eu une réunion avec le Général Blaskic, des réunions avec

 21   le Général Blaskic, avec le Général Merdan du 3e corps

 22   d’armée.  Donc, nous avions un accord théorique de leur

 23   part permettant l’évacuation de l’hôpital de Travnik pour

 24   emmener les blessés dans d’autres hôpitaux, les Croates

 25   devant être emmenés à Nova Bila et les musulmans à Zenica.


Page 13013

  1         L’exécution de cette mission s’est avérée plus

  2   difficile que prévue parce que nous avions prévu le

  3   transport de ces blessés.  Nous avons quitté l’hôpital mais

  4   nous nous sommes approchés à Dolac du premier point de

  5   contrôle tenu par le HVO où nous avons été arrêtés.

  6         Nous avions 14 blessés très graves et c’est à

  7   dessein que j’avais sélectionné ces blessés.  Ça vous

  8   paraîtra peut-être un peu bizarre mais il nous fallait, me

  9   semblait-il, une combinaison de personnes, de femmes,

 10   d’enfants, d’hommes et nous voulions avoir aussi bien des

 11   Croates que des musulmans pour mener cette opération à bien

 12   et pour améliorer le sort de ces malheureux.

 13         Nous avons été arrêtés par le HVO à ce point de

 14   contrôle qui ne nous a pas laissés passer.  J’ai commencé à

 15   négocier avec eux en faisant manifestement référence à

 16   l’accord que nous avions obtenu avec les dirigeants de la

 17   communauté croate mais ceci n’a pas fait changer d’avis les

 18   personnes qui se trouvaient à ce point de contrôle.

 19         Les négociations se sont poursuivies, ont perduré

 20   et j’ai fini par convaincre le commandant du HVO à Dolac de

 21   prendre contact avec ses dirigeants parce qu’il m’a dit

 22   qu’il ne respectait pas les ordres de Tihomir Blaskic, que

 23   Blaskic n’était pas son commandant.  Il a donc quitté

 24   l’endroit.  Il l’a quitté, il n’est pas revenu pendant très

 25   longtemps.


Page 13014

  1         J’ai essayé de voir si ceux qui restaient au point

  2   de contrôle me permettraient de passer sans leur commandant

  3   mais cela n’a pas été le cas.  Ce commandant est revenu. 

  4   Il avait dû voir quelqu’un mais je ne sais pas qui et il a

  5   dit qu’il ne serait pas possible de permettre à la totalité

  6   du convoi de passer, même si moi, je serais autorisé à

  7   emmener uniquement les membres croates du convoi. 

  8         J’ai refusé d’obtempérer.  J’ai repris les

  9   négociations mais la situation s’est envenimée.  Des

 10   menaces ont été proférées contre les personnes qui

 11   m’accompagnaient et j’ai décidé de rebrousser chemin.

 12         Me NICE (interprétation) :  Peut-on remettre au

 13   témoin la carte 2781.2 ?  Désolé de ne pas avoir veillé à

 14   ce que cette carte soit préparée avant le début de cette

 15   déposition.

 16         Q.    En attendant l’arrivée de cette carte, Témoin

 17   AD, dites-moi, aviez-vous la preuve de ce que certains

 18   groupes exerçaient une influence particulière dans cette

 19   région ou preuve des liens qu’ils pouvaient avoir ?

 20         Me SAYERS (interprétation) :  Je m’oppose à la

 21   formulation de cette question et aussi à ce qui est dit au

 22   paragraphe 6.  Apparemment, il y a au moins ici du double

 23   ouï-dire puisqu’on parle de personnes qui, apparemment,

 24   étaient employées par le témoin.  Ce n’était pas d’autres

 25   moniteurs mais c’était d’autres personnes qu’il payait et


Page 13015

  1   je pense que c’est un type de déposition qui est

  2   particulièrement inutile.  Nous nous opposons à ceci en

  3   application de l’Article 89(D).

  4         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice, vous

  5   devez établir la base qui vous permettra de poser enfin

  6   votre question.

  7         Me NICE (interprétation) :  Je vais aborder ceci

  8   en deux volets, en deux étapes.  Voyons d’abord si le

  9   témoin peut retrouver ce point de contrôle.  S’il le

 10   trouve, on pourra montrer cette partie de la carte sur le

 11   rétroprojecteur. 

 12         Q.    Désolé de ne pas vous avoir donné l’occasion

 13   d’examiner cette carte avant votre comparution au prétoire.

 14         R.    Je crois qu’il faudra voir cette partie de la

 15   carte.

 16         Q.    Effectivement.  Utilisez le pointeur.

 17         R.    Travnik n’est pas sur cette carte.  La route

 18   de Travnik à Vitez, vous la voyez [indication du témoin]. 

 19   Il y a un carrefour où il y a une route qui part vers le

 20   nord et par des voies détournées sur Zenica.  C’est ce

 21   qu’on appelait le point de contrôle Dolac chez nous.  Juste

 22   à l’ouest de cette route, c’est là que je suis arrivé au

 23   point de contrôle tenu par le HVO.

 24         Q.    Merci.  Je vous avais d’abord posé une

 25   question que je vais ventiler en deux volets.  Répondez par


Page 13016

  1   oui ou par non.  Est-ce qu’il y avait des preuves de

  2   l’influence que pourraient exercer des groupes – ne les

  3   nommez pas – des groupes qui fonctionnaient dans cette

  4   région ?

  5         Me SAYERS (interprétation) :  Objection.  C’est

  6   sur cela que porte la question parce qu’on parle de

  7   preuves.  Je pense que ce n’est pas de cette façon-là qu’on

  8   va préparer une question posée, le fondement d’une

  9   question.  Il faut dire ce que c’est, quelles étaient les

 10   personnes qui étaient là, quelles étaient les sources

 11   fiables qui avaient été sur place, qui avaient été

 12   utilisées pour conclure qu’il y avait peut-être des preuves

 13   de liens établis avec ces groupes dont nous parlons.

 14         Me NICE (interprétation) :  Eh bien, c’est ce que

 15   je pourrais faire mais je peux le faire d’une autre façon,

 16   comme le suggère Me Sayers.

 17         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Allez-y.

 18         Me NICE (interprétation) :  

 19         Q.    S’agissant de groupes qui détiendraient une

 20   quelconque autorité, était-ce quelque chose que vous saviez

 21   vous-même en personne ou est-ce que d’autres vous

 22   l’ont dit ?

 23         R.    Je savais qu’il y avait des éléments ayant

 24   des liens assez souples avec le HVO.

 25         Q.    Comment le saviez-vous ?  Dites-nous comment


Page 13017

  1   vous l’avez appris.  Est-ce que vous l’avez appris du fait

  2   de vos activités propres ou est-ce que vous avez parlé avec

  3   des gens ?

  4         R.    Nous avons eu des groupements de personnes

  5   armées, souvent très bien équipées en armes et souvent

  6   portant le même uniforme, ce qui n’était pas le cas pour

  7   tout le HVO, et ces personnes ont, bien sûr, attiré notre

  8   attention.  Nous avons essayé de savoir qui ils étaient et

  9   le nom de deux groupes…

 10         Q.    Un instant, un instant.  Ils portaient des

 11   uniformes.  Qu’est-ce qu’il y avait de particulier à propos

 12   de ces uniformes ?

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il y a une

 14   plainte qui émane des cabines parce que vous ne ménagez pas

 15   de pauses entre les questions et les réponses.  Veuillez ne

 16   pas oublier cela, Monsieur le Procureur, Monsieur le

 17   Témoin.  Tout doit être interprété dans le prétoire.  Merci

 18   de ralentir le débit.  Poursuivez.

 19         Me NICE (interprétation) :   Excusez-moi.

 20         Q.    Ils portaient, vous dites, un uniforme

 21   particulier.  Quel était-il ?

 22         R.    Ce n’était pas tellement l’uniforme qui était

 23   particulier mais le fait qu’ils portent tous le même

 24   uniforme qui a attiré notre attention parce que dans

 25   certaines contrées, on constatait que vous aviez un membre


Page 13018

  1   du HVO qui portait un pantalon civil et une vareuse

  2   militaire ou le contraire.  Donc, les choses ont évolué,

  3   les choses établies mais au départ, il était manifeste que

  4   tout le monde ne disposait pas d’un uniforme mais il y

  5   avait des groupes qui semblaient être mieux dotés en

  6   équipements ou en uniformes que d’autres et là, il y avait

  7   une présence d’une unité qui n’existait pas dans d’autres

  8   formations du HVO.  C’est pour cela que ces unités ou ces

  9   personnes nous intéressaient.

 10         Q.    Répondez par un oui ou non.  Est-ce que ces

 11   groupes étaient connus sous une dénomination quelconque ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Et comment avez-vous appris ces noms qu’on

 14   leur avait donnés ?  Ne nous dites pas lesquels ils sont.

 15         R.    Eh bien, nous l’avons appris en demandant aux

 16   gens du coin, aussi par le biais de contacts que nous avons

 17   eus avec les forces de la FORPRONU.

 18         Q.    Est-ce que des soldats vous ont jamais dit

 19   quel était ce nom ou l’auraient utilisé devant vous ?

 20         R.    Non.

 21         Q.    Vous avez reçu des informations de diverses

 22   sources.  Est-ce qu’elles parlaient toutes des mêmes noms

 23   pour ces groupes ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Autre volet de la même question générale : 


Page 13019

  1   Répondez toujours par oui ou par non.  Avez-vous appris

  2   l’existence de liens existant entre ces groupes et telle ou

  3   telle personne ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Sans citer la personne, par quel moyen avez-

  6   vous eu vent de ces informations ?

  7         R.    Eh bien, par le biais de questions posées aux

  8   locaux, aux gens du coin, par des vérifications, par tous

  9   les moyens qui nous permettaient d’obtenir des informations

 10   par un peu la voie dérobée sur la nature de ces groupes et

 11   sur l’identité de ces personnes.

 12         M. LE JUGE ROBINSON (interprétation) :  Qui

 13   étaient ces personnes du coin, ces habitants ?

 14         R.    C’était une question ?

 15         Me NICE (interprétation) : 

 16         Q.    Oui.  Qui étaient ces personnes ?

 17         R.    C’était des employés que nous avions qui

 18   étaient d’origines diverses.  Nous avions des musulmans,

 19   des Croates, des Monténégrins et d’autres, des Slovènes.

 20         Q.    Que faisaient ces personnes qui travaillaient

 21   sous vos ordres ?

 22         R.    Nous avions des interprètes, des chauffeurs,

 23   des personnes chargées de l’administration.  Ils

 24   constituaient une seule source.

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je pense que


Page 13020

  1   c’est recevable.  Je suppose qu’il n’y aura pas

  2   contestation à propos du fait que c’était des groupes qui

  3   fonctionnaient et qui opéraient au niveau local.  Le litige

  4   ne porte pas sur cela, bien sûr, mais sur la deuxième

  5   partie de cet élément, n’est-ce pas ?

  6         Me SAYERS (interprétation) :  Tout à fait.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous acceptons

  8   cette partie comme étant recevable et puis nous allons

  9   procéder à la pause.

 10         Me NICE (interprétation) : 

 11         Q.    Avant de vous poser une question de détails,

 12   en voici une autre.  Vous avez reçu les informations de

 13   différentes sources sur les personnes avec qui ces groupes

 14   avaient des liens :  Est-ce que là aussi il y avait une

 15   cohésion, une uniformité dans ces informations ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Comment s’appelait ces groupes et comment

 18   s’appelaient les personnes avec qui ils avaient des liens ?

 19         R.    Ces groupes c’était les Jokeris et les

 20   Apostolis et la personne qu’on citait le plus souvent en

 21   rapport avec eux c’était Dario Kordic.

 22         Q.    Toujours sur ce même sujet :  Vous étiez sur

 23   le terrain à ce moment-là.  Hormis Blaskic et Kordic, est-

 24   ce que vous étiez au courant de l’existence d’autres

 25   dirigeants locaux, dirigeants à qui pouvait s’adresser


Page 13021

  1   n’importe qui, n’importe quel commandant comme Blaskic

  2   notamment, pour recevoir des instructions ?

  3         R.    Non, pas en Bosnie centrale parce que là, il

  4   y avait une chaîne de commandement qui avait été installée.

  5         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Pause d’une

  6   demi-heure.  Nous reprendrons à midi moins le quart.

  7         --- Suspension de l’audience à 11 h 15

  8         --- Reprise de l’audience à 11 h 50

  9         Me NICE (interprétation) : 

 10         Q.    Paragraphe 7 du résumé de la déposition.  Il

 11   pourrait être bon que l’on remette au témoin la pièce 1031

 12   qui a déjà été versée au dossier et qui n’est pas dans la

 13   pile de documents qui se trouvent sur la table – 1031.

 14         Monsieur, est-il exact que le 8 ou le 9 juin, vous

 15   vous êtes rendu dans un secteur situé au nord de Guca

 16   Gora ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    Nous savons que Monsieur Morsink a élaboré un

 19   rapport en rapport avec cette visite.  Les Juges ont déjà

 20   examiné ce rapport.  Monsieur, aviez-vous un point de vue à

 21   ce moment-là au sujet de la réalité ?  Considériez-vous

 22   qu’elle était minimisée ou surestimée s’agissant des

 23   atrocités imputées aux Croates de Bosnie ?

 24         R.    La direction des Croates de Bosnie avait

 25   laissé entendre qu’il y avait eu des actes de nettoyage


Page 13022

  1   ethnique, des atrocités qui avaient été commises et que des

  2   sites culturels avaient été violés.  Nous avions des

  3   difficultés à accéder à ce secteur mais pour essayer de

  4   déterminer la validité de ces allégations, nous avons

  5   entamé des négociations avec l’armée de Bosnie-Herzégovine

  6   et j’ai finalement réussi à traverser les villages situés

  7   autour de Brajkovici et de Guca Gora, entre Guca Gora et

  8   Zenica.

  9         Nous sommes allés dans l’église et nous avons

 10   découvert qu’elle n’avait subi aucune destruction.  Aucun

 11   lieu de culte n’avait été violé.  Il n’y avait pas de

 12   Croates à cet endroit.  Visiblement, tout le monde avait

 13   quitté le village mais des destructions étaient visibles

 14   dans la mesure où certains lieux avaient été pillés sans

 15   toutefois que les maisons soient détruites.  Notre

 16   évaluation globale lors de cette visite et de visites que

 17   nous avons rendues dans d’autres villages dans la région de

 18   Dolac et à Guca Gora c’est que les allégations au sujet des

 19   destructions étaient exagérées mais il y avait eu de

 20   nombreux déplacements de population.

 21         Q.    À présent, si les Juges ont sous les yeux la

 22   pièce 1031 et si le témoin a ce texte sous les yeux

 23   également, cela lui rappellera sans doute le résumé élaboré

 24   par [expurgée] en page 1.

 25         Si nous prenons le premier paragraphe de la page


Page 13023

  1   2, nous voyons, Témoin AD, n’est-ce pas, que vous faites

  2   référence en particulier au village de Ovcarevo, cinq

  3   lignes à partir du bas dans ce paragraphe ?

  4         R.    Oui, en effet.  Je l’ai trouvé, oui.

  5         Q.    Vous y dites que ce village a été déserté

  6   après avoir été pillé par l’Armija et vous poursuivez en

  7   disant que la FORPRONU a fait savoir que le village de

  8   Dolac était déserté, qu’il y avait encore des maisons en

  9   feu et que plus de 100 maisons avaient été incendiées dans

 10   ce village ?

 11         R.    C’est exact.

 12         Q.    À la troisième et dernière page de ce

 13   document, nous voyons le titre « Commentaires » et il y est

 14   stipulé que :  « Le déplacement des Croates civils »… je

 15   prie les interprètes de m’excuser.  Ce document n’est pas

 16   sur le rétroprojecteur et il ne peut pas l’être en raison

 17   des mesures de protection demandées par le témoin.  Donc,

 18   je vais lire lentement ces quatre lignes.

 19         Je cite :  « Le déplacement des civils croates

 20   vers la zone de Vitez, puis vers la zone de Busovaca et de

 21   Novi Travnik, est important et significatif.  Les motifs de

 22   ce déplacement sont moins clairs mais semblent avoir un

 23   rapport avec le fait que les habitants pensaient que des

 24   Mujahedins avaient commis des atrocités.  Après enquête,

 25   aucun élément de preuve n’a été trouvé pour corroborer ce


Page 13024

  1   fait. »  Fin de citation.

  2         Monsieur, estimiez-vous que certains villages

  3   croates avaient été évacués en raison des allégations liées

  4   aux atrocités des Mujahedins ?

  5         R.    Oui, notamment dans le village de Ovcarevo. 

  6   Il était manifeste que les déplacements des populations

  7   croates avaient été organisés.  Dans le cas de Ovcarevo,

  8   les Croates de Bosnie se sont dirigés vers le nord, vers

  9   les lignes serbes, ce qui nous a intéressé car cela

 10   démontrait les contacts, la confiance et les relations qui

 11   existaient avec les Serbes.  Dans d’autres secteurs,

 12   notamment dans les villages dont j’ai déjà parlé, ceux qui

 13   étaient situés entre Guca Gora et Zenica, il est apparu que

 14   les habitants s’étaient déplacés avant les combats, ce qui

 15   est tout à fait compréhensible, mais nous pensons que dans

 16   certains cas, on a dit à la population de partir et la

 17   raison pour laquelle on leur a dit cela c’est qu’il était

 18   souvent répété que les Mujahedins allaient commettre des

 19   atrocités.  Donc, la population devait partir avant.

 20         Q.    Paragraphe 8.  Compte tenu du grand nombre de

 21   documents qui ont déjà été présentés, je ne traiterai que

 22   d’un point en rapport avec ce paragraphe.

 23         Lors de l’incident lié au convoi de Tuzla le 11

 24   juin, par qui le problème a-t-il été résolu du côté

 25   croate ?


Page 13025

  1         R.    Il a été résolu grâce à des négociations

  2   directes avec Dario Kordic.  Tihomir Blaskic était impliqué

  3   également car c’est lui qui avait donné les premières

  4   garanties pour assurer la liberté de circulation mais

  5   celles-ci n’ont pas été respectées.  Donc, Jean-Pierre

  6   Thebault a entamé des négociations directes avec Dario

  7   Kordic.

  8         Q.    Merci.  Paragraphe 9.  Je vous renvoie à la

  9   première pièce qui se trouve dans la pile que vous avez

 10   devant vous.  Ce document deviendra la pièce à conviction

 11   1076.1.  Il s’agit d’un rapport spécial au sujet de Travnik

 12   en date du 19 juin, élaboré par vous-même et une autre

 13   personne.

 14         Nous voyons à la deuxième page, au paragraphe 4 de

 15   ce rapport, un passage où vous dites que Guca Gora a établi

 16   un modèle de comportement qui devait se retrouver dans

 17   toutes les allégations à venir.  Premier aspect de ce

 18   modèle : un nettoyage ethnique à grande échelle ; deuxième

 19   aspect : des destructions massives ; troisième aspect : des

 20   atrocités généralisées.

 21         Vous poursuivez en parlant de l’enquête et des

 22   déplacements de population.  Avez-vous d’autres

 23   commentaires à formuler à ce sujet ?

 24         R.    J’ai simplement déclaré que l’enquête menée

 25   au sujet de Guca Gora a également permis d’établir un


Page 13026

  1   modèle de comportement, à savoir que la population part,

  2   pour commencer, et ensuite, on constate que les forces

  3   croates ont ordonné l’évacuation des villages avant

  4   l’éclatement des combats.

  5         Je dis également que les dommages subis par les

  6   maisons sont réduits au minimum et qu’à ce moment-là, nous

  7   n’avons qu’une preuve d’atrocités, et je dis donc que les

  8   articles de presse publiés à ce moment-là semblent

  9   grossièrement exagérés.

 10         Q.    La pièce suivante qui, je crois, se trouve

 11   dans la pile est datée du 17 août.  Vous l’avez sous les

 12   yeux ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Au paragraphe 2, nous trouvons un passage qui

 15   reprend ce que vous avez déjà dit.  C’est un résumé des

 16   opérations quotidiennes établies par vous et plutôt que de

 17   lire ce paragraphe, je vous prierais, à l’intention des

 18   Juges, d’en résumer le contenu en disant qui était le

 19   Général Praljak.

 20         R.    J’ai rencontré le Général Praljak lors d’une

 21   longue réunion qui a duré deux heures.  C’est ce qui est

 22   écrit ici.  Nous avons discuté de la situation et de sa

 23   position dans la zone où il opérait.  Le Général Praljak

 24   avait servi dans les forces de l’armée de Croatie à Vukovar

 25   et je crois que son passé n’était pas directement lié à des


Page 13027

  1   actions militaires mais il était réputé comme étant un

  2   soldat compétent.  À ce moment-là, il commandait les forces

  3   situées dans le secteur de Prozor.  Il prétendait avoir eu

  4   des responsabilités beaucoup plus importantes mais s’être

  5   rendu compte que sa présence était nécessaire à cet

  6   endroit, c’est-à-dire à l’endroit où les actions se

  7   déroulaient, dans la région de Prozor-Gornji Vakuf, sur ce

  8   front-là.

  9         Je l’ai interrogé au sujet de son passé, de son

 10   appartenance à l’armée de la République de Croatie, et je

 11   l’ai également interrogé au sujet des allégations que nous

 12   entendions fréquemment au sujet de son implication dans

 13   l’armée de Croatie.  Le Général Praljak a nié tout cela. 

 14   Il a nié avoir fait partie des forces de l’armée de Croatie

 15   opérant en Bosnie-Herzégovine mais a déclaré que des hommes

 16   comme lui, originaires de Bosnie-Herzégovine, étaient

 17   revenus en Bosnie-Herzégovine considérant cela comme leur

 18   devoir de combattre pour la cause croate.

 19         Q.    Dans le passage de votre rapport où nous

 20   trouvons une référence générale quant au fait que l’armée

 21   de Croatie ferait tout pour vaincre les musulmans, y

 22   compris bloquer le passage de l’aide humanitaire pendant

 23   l’hiver et interrompre l’alimentation en eau, il y a un peu

 24   plus bas une référence quant au fait que si ces vallées ne

 25   pouvaient pas être gagnées par voie de négociation, une


Page 13028

  1   alliance militaire avec les Serbes serait constituée afin

  2   de s’en emparer par la force.  Ces citations sont-elles

  3   exactes ?

  4         R.    C’est l’interprétation que j’avais des

  5   événements.  Je n’ai pas mis de guillemets mais il était

  6   clair pour moi que c’était sa position.

  7         Q.    Je n’ai pas encore demandé que toutes ces

  8   pièces à conviction soient conservées sous scellé.  Je vous

  9   prie de m’en excuser mais je le demande maintenant au

 10   greffe.

 11         La pièce suivante, la pièce 1176.2.  La précédente

 12   était la pièce 1172.2.  Alors, Témoin AD, je pense que

 13   cette pièce, la 1176.2, vous l’avez vue pour la dernière

 14   fois hier et vous ne l’aviez pas vue avant ?

 15         R.    C’est exact.

 16         Q.    Il y a un autre document que nous avons

 17   recherché sans succès.  Il y est fait référence dans le

 18   résumé de la déposition du témoin et je crois savoir qu’une

 19   partie de la pièce 1176 correspond au souvenir que vous

 20   avez de cet autre document ?

 21         R.    J’ai eu une rencontre avec Dario Kordic à la

 22   fin du mois d’août.  Cette pièce que nous avons sous les

 23   yeux porte la date du 21 août.  Donc, la rencontre s’est

 24   déroulée avant le document dont j’ai le souvenir mais il a

 25   été impossible de retrouver le document précédent.  En tout


Page 13029

  1   cas, il y avait eu un pilonnage à Zenica et c’était la

  2   cause de notre rencontre.

  3         Q.    Mais parlez-vous de la pièce 1176 ? 

  4   J’aimerais que vous parliez d’abord de la pièce 1176 et

  5   nous parlerons de l’autre rapport en temps utile.

  6         R.    S’agissant de la pièce 1176, il apparaît

  7   clairement à la lecture de ce que j’ai écrit que j’ai eu

  8   une rencontre d’ordre général avec lui pour discuter de la

  9   structure du commandement, des niveaux d’ancienneté de tel

 10   ou tel homme et que je voulais vérifier un certain nombre

 11   d’informations avec ce que j’avais entendu dans les

 12   rencontres avec le Général Praljak.

 13         À la fin de cette rencontre, j’ai estimé que Dario

 14   Kordic avait perdu le contact avec la réalité.  Mon

 15   sentiment au cours de cette réunion est qu’il ne se

 16   comportait pas comme aurait dû le faire un responsable

 17   politique de son importance.  J’ai acquis le sentiment

 18   qu’il semblait relativement isolé, ce qui était peut-être

 19   dû en partie à l’environnement dans lequel cette réunion a

 20   été organisée.

 21         Je me suis rendu dans la maison où se trouvait

 22   Monsieur Kordic mais j’ai acquis l’impression que ce que je

 23   voyais n’avait pas grand rapport avec la réalité sur le

 24   terrain et que lui était davantage influencé par ce que

 25   j’appellerais de la propagande.


Page 13030

  1         Q.    À la lecture de votre rapport du 21 août,

  2   nous voyons qu’il a parlé du Général Merdan comme du

  3   principal criminel de guerre ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Il a évalué les capacités du HVO d’une façon

  6   que vous avez considérée comme non-réaliste ?

  7         R.    Oui.  C’est ce qui m’a amené à penser, comme

  8   je viens de le dire, qu’il n’avait plus de rapport avec la

  9   réalité car au cours de cette réunion, il a estimé que le

 10   HVO allait regagner le terrain perdu et effectué une

 11   jonction entre l’enclave de Kiseljak, l’enclave de Vares et

 12   l’enclave de Busovaca, ce qui était très peu réaliste car à

 13   ce moment-là, le HVO était en position défensive et n’avait

 14   pas pris d’initiative offensive, ou en tout cas, n’en

 15   manifestait pas la capacité.

 16         Donc, une telle évaluation m’est apparue comme

 17   étant celle de quelqu’un qui n’avait guère de rapport avec

 18   la réalité militaire mais j’ai admis qu’il avait une

 19   position à exprimer, une déclaration à faire.  Cela étant,

 20   j’ai continué à considérer que ses propos n’avaient guère

 21   de rapport avec la réalité sur le terrain à ce moment-là.

 22         Q.    Il vous a dit que Boban, Praljak, Petkovic,

 23   Tole, Martic, étaient la hiérarchie, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui, c’est exact.  L’arrivée du Général

 25   Praljak sur ce territoire avait posé le problème de son


Page 13031

  1   lien de supériorité ou d’infériorité par rapport au Général

  2   Petkovic, qui était le commandant du HVO.  Le Général

  3   Petkovic n’avait pas eu de très bons résultats, comme on

  4   peut le voir, à l’extérieur de la Bosnie centrale.  Il

  5   avait perdu des territoires, perdu du terrain, et le

  6   Général Praljak apparaissait comme quelqu’un qui était

  7   destiné à le remplacer.

  8         Donc, il était important d’établir la hiérarchie

  9   et, comme je le dis dans mon rapport, Dario Kordic a

 10   déclaré que la ligne hiérarchique allait de Kordic à Boban

 11   puis à Praljak, Petkovic, Tole et Martic.  Tole était un

 12   commandant à Travnik, je crois, mais il se peut que je me

 13   trompe.

 14         Q.    Avant que nous passions à un autre document,

 15   il importe que nous examinions le paragraphe 8 que j’ai

 16   déjà annoncé lorsque j’ai parlé de l’isolement de plus en

 17   plus grand des enclaves.  En effet, dans ce paragraphe 8,

 18   vous formulez un certain nombre de commentaires que nous

 19   n’allons pas examiner dans le détail mais j’appelle

 20   toutefois votre attention sur l’ensemble de ce paragraphe.

 21         S’agissant du sentiment d’isolement éprouvé par le

 22   commandement à Vares, vous dites que ces hommes étaient

 23   d’abord sous le commandement de Blaskic plus que sous celui

 24   de qui que ce soit d’autre ?

 25         R.    Oui, c’est exact.  C’est ce qui avait été


Page 13032

  1   dit.  L’isolement des enclaves impliquait que les

  2   commandants n’obtenaient pas beaucoup d’informations quant

  3   à ce qui se passait dans les enclaves.  Ils en recevaient

  4   quelques-unes.  Il existe des preuves qui indiquent qu’ils

  5   avaient des liens avec ces enclaves mais ils n’avaient pas

  6   la possibilité de s’y rendre physiquement et c’est la

  7   raison pour laquelle, puisque l’organisation que je

  8   représentais pouvait accéder assez facilement aux enclaves,

  9   n’étant pas une organisation chargée de fournir des

 10   informations mais simplement chargée d’apporter l’aide

 11   qu’elle pouvait aux populations, c’est la raison pour

 12   laquelle il leur importait de me faire savoir quelle était

 13   la hiérarchie qui les reliait.

 14         Nous avons souvent donné des informations pour

 15   avoir l’autorisation d’accéder à la région.  C’est ainsi

 16   que j’ai rencontré des gens comme Dario Kordic et le

 17   Colonel Blaskic qui avaient très envie d’avoir notre avis

 18   sur la situation dans ces enclaves.

 19         Q.    Nous passons rapidement maintenant à la pièce

 20   suivante, la pièce 1178.1, datée du 23 août.  Prenons

 21   d’abord le paragraphe 8 intitulé : « Évaluation ».  Nous y

 22   trouvons vos commentaires quant au fait que l’absence d’une

 23   carte publique, indiquant publiquement quelles étaient les

 24   propositions à Genève, est également une farce.  Cela nous

 25   donne une idée du contexte et vous dites ensuite que les


Page 13033

  1   détails disponibles permettent de penser que Vares et Zepce

  2   sont tombés entre les mains des musulmans.

  3         Nous prenons ensuite le paragraphe 2 intitulé :

  4   « Activités politiques » où nous voyons une référence à

  5   quelqu’un qui a rencontré Pejcinovic.  Était-ce vous ?

  6         R.    Non, mais un membre de mon équipe.

  7         Q.    Et il vous a rendu compte ?

  8         R.    Oui.  J’étais dans mon bureau.  Ils sont

  9   venus me rendre compte.

 10         Q.    Nous voyons qu’à ce moment, des protestations

 11   intenses étaient formulées quant à l’avenir de Vares,

 12   décidé à Genève.

 13         R.    C’est exact.

 14         Q.    Pièce suivante, 1185.1… 1185.3 (se reprend

 15   l’interprète) en date du 28 août.  C’est un rapport élaboré

 16   par vous et en bas de la première page, il est question

 17   d’une rencontre dans ce texte à laquelle vous avez assisté.

 18         R.    Oui.  Le chef adjoint du centre régional

 19   venait d’être nommé et, donc, nous voulions le présenter à

 20   certaines des personnalités les plus importantes de la

 21   région.  J’ai parlé au Colonel Blaskic.  Je lui ai demandé

 22   quel était son point de vue sur les propositions de Genève

 23   et, comme cela a été dit dans le document 1178.1, ce plan

 24   de Genève suscitait la plus grande confusion sur le

 25   terrain.


Page 13034

  1         Lorsque j’ai posé la question au Colonel Blaskic,

  2   il a dit que Dario Kordic était celui qui s’exprimait

  3   lorsqu’il était question d’idées, alors que lui-même ne

  4   parlait que de la réalité concrète.  J’ai ensuite formulé

  5   un commentaire en disant que Dario Kordic, à mon avis,

  6   était la personnalité politique la plus importante du HDZ

  7   en Bosnie centrale et qu’il était considéré comme

  8   contrôlant le HVO depuis longtemps.  Je lui ai dit que son

  9   influence sur Blaskic était considérée comme significative,

 10   sinon complète.

 11         Puis-je ajouter quelque chose ?

 12         Q.    Sur le même sujet ?  Dans ce cas, oui.

 13         R.    C’est sur le même sujet mais il s’agit du

 14   document 1178, la visite des membres de mon équipe à Vares. 

 15   Ces membres de mon équipe ont reçu une lettre du maire de

 16   Vares concernant les propositions de Genève et la

 17   proposition que Vares tombe sous le contrôle musulman. 

 18   Cette lettre a été donnée à l’ECMM.  La lettre était

 19   adressée à Monsieur Tudjman, Monsieur Boban et Monsieur

 20   Kordic.

 21         Q.    Merci.  Nous en avons parlé hier,

 22   effectivement.  Je suis désolé de ne pas en avoir parlé ici

 23   tout à l’heure.

 24         La pièce suivante est en date du 30 août, je

 25   pense… en date du 31 ?  Oui, il s’agit du 31 août et de la


Page 13035

  1   pièce 1178.2, deuxième page, paragraphe 6, alinéa qui

  2   commence par V1 ou Victor 1.

  3         R.    Oui.  Victor 1 était mon équipe qui

  4   fonctionnait dans la région.  Dans la région de Vitez,

  5   Travnik, Busovaca, les membres de cette équipe essayaient

  6   de parvenir à Kruscica, village proche de Vitez, village

  7   occupé par des musulmans.  C’était un village important

  8   parce que tout le ravitaillement de guerre acheminé vers

  9   Zenica et vers la région venait de Kruscica. 

 10         Nous avons souvent essayé de parvenir à ce

 11   village.  Nous y sommes quelquefois parvenus mais nous

 12   n’avons pas pu franchir le point de contrôle du HVO qui

 13   menait au village et nous avons parlé au commandant du HVO

 14   à Vitez à ce propos, l’officier de liaison dont le nom ne

 15   figure pas dans ce paragraphe mais il s’agissait de Darko

 16   Gelic.  Cet officier de liaison nous a dit que le Colonel

 17   Blaskic rencontrait des brigades avec le Commandant Mario

 18   Cerkez, Commandant de la brigade de Vitez qui ne répondait

 19   pas, qui n’obéissait pas plus exactement, à ses ordres.

 20         Q.    Passons au paragraphe 11 du résumé.  Nous

 21   allons aborder un événement qui n’a pas fait l’objet d’un

 22   rapport.  En tout cas, nous n’avons pas de rapport à ce

 23   propos même si nous avons essayé d’en obtenir une copie. 

 24   Il se peut que ce rapport date du 3 septembre.  Est-ce que

 25   vous vous souvenez de ce rapport et ce souvenir que vous en


Page 13036

  1   avez cadre-t-il avec le contenu d’un rapport précédent ?

  2         R.    C’est exact.  À cette occasion-ci, à

  3   l’occasion de cette réunion, ceci s’est produit après un

  4   incident, le pilonnage de Zenica.  Mon organisation était

  5   basée à Zenica.  Dans l’avant-soirée, je ne me souviens

  6   plus de quel jour, un obus est tombé à l’extérieur d’un

  7   café, causant des victimes.  Nous avons décidé de nous

  8   rendre sur place afin de voir s’il était possible de

  9   recueillir des éléments de preuve sur la nature et

 10   l’origine des morts. 

 11         Manifestement, il y avait eu explosion mais on

 12   avait demandé que quiconque disposant d’expérience en

 13   artillerie se rende sur les lieux afin de procéder à une

 14   analyse et de voir s’il était possible d’analyser tel ou

 15   tel cratère causé par les explosions.  La personne qui

 16   s’est chargée de cette enquête était belge, je m’en

 17   souviens.  C’était un observateur belge et il était

 18   officier d’artillerie.

 19         Cet homme a été en mesure de détecter deux éclats

 20   d’obus et quelquefois, il est possible de déterminer

 21   l’angle de la trajectoire par la façon dont l’obus touche

 22   le sol, c’est-à-dire qu’il y a, à ce moment-là, des lignes

 23   qui sont creusées et il a été ainsi possible de déterminer

 24   la trajectoire, l’origine.  Il a aussi trouvé des douilles,

 25   ce qui lui a permis de déterminer le calibre.


Page 13037

  1         Fort de ces deux éléments, il a été en mesure de

  2   déterminer d’où venait l’obus et en traçant une trajectoire

  3   donnant une idée de la portée de l’arme qui avait décoché

  4   ce tir, nous avons eu des informations sur l’origine

  5   possible.  Cet obus pouvait venir d’une région contrôlée

  6   par les forces croates et nous avons, en fait, été capables

  7   d’être un peu plus précis s’agissant du village qui est à

  8   proximité de cette arme.  Je pense qu’il s’agissait du

  9   village qui se trouve au nord de Busovaca et qui s’appelle

 10   Granice.

 11         J’ai saisi cette occasion pour poser des questions

 12   à Monsieur Kordic, pourquoi il pilonnait Zenica.  Il a nié

 13   toute action de ce genre.  Je me souviens fort bien avoir

 14   un certain avantage sur lui puisque nous, nous détenions

 15   ces informations et que j’avais aussi une expérience en

 16   tant qu’officier d’artillerie.

 17         J’ai discuté avec lui.  Je lui ai expliqué

 18   pourquoi, pour nous, il était évident qu’en fait, les tirs

 19   venaient d’un territoire croate et je lui ai même donné le

 20   nom du village, ce sur quoi il a rétorqué qu’il y a une

 21   équipe d’artillerie frustrée par la situation difficile

 22   dans laquelle se trouvaient les Croates, à ce moment-là,

 23   qui avait décidé, de son propre chef, de tirer mais

 24   qu’aucun ordre n’avait été donné dans ce sens.  Ce fut là

 25   un des sujets de discussion de la réunion.


Page 13038

  1         Je me souviens d’autres choses si ceci vous

  2   intéresse.

  3         Q.    Nous n’avons pas encore le texte mais

  4   continuez.

  5         R.    Ceci porte sur l’alimentation en eau, là

  6   aussi pour le village de Kruscica.  Au moment où les

  7   Croates et les musulmans le voulaient, ils coupaient

  8   l’alimentation et ceci a eu des effets très délétères sur

  9   la population croate de Vitez.  Nous avions des pourparlers

 10   incessants qui réussissaient souvent après un ou deux jours

 11   de négociations mais le problème se reposait sitôt après. 

 12         Monsieur Kordic s’inquiétait fort de cette

 13   situation.  Je me suis mis à l’écoute de ses préoccupations

 14   que je comprenais.  Je lui ai expliqué que nous avions

 15   essayé de trouver une solution au problème mais qu’il

 16   fallait pour ça pouvoir accéder au village.  J’ai demandé à

 17   Monsieur Kordic qu’il nous soutienne afin que nous

 18   puissions entrer dans ce village, afin qu’il nous aide

 19   plutôt que de faire obstruction.

 20         Je crois que là, après quelques jours, là aussi,

 21   nous avons réussi à rétablir l’alimentation mais il est

 22   ironique de constater que c’était la même source

 23   d’alimentation que celle qui valait pour Zenica, grosse

 24   ville musulmane.  Les musulmans de Kruscica ne voulaient

 25   sans doute pas trop compromettre leurs congénères de Zenica


Page 13039

  1   mais il se produisait souvent que les deux parties au

  2   conflit coupent l’eau.

  3         Q.    Avant de quitter ce document qui n’a toujours

  4   pas fait surface, quel autre souvenir avez-vous qui

  5   cadrerait avec un rapport précédent ?

  6         R.    Eh bien, il y a ce sentiment d’isolement, ce

  7   sentiment que Monsieur Kordic, en fait, avait un scénario

  8   qu’il lisait mais qui ne correspondait pas à la réalité du

  9   terrain.

 10         Q.    Pièce suivante :  Il s’agit de la pièce 1245

 11   en date du 12 octobre.  Je crois que l’examen de cette

 12   pièce pourra être très bref.  Page 2, me semble-t-il, on

 13   fournit quelques références.  Je pense que vous aurez peut-

 14   être un commentaire s’agissant du paragraphe 8.  Ce n’est

 15   pas votre rapport ?

 16         R.    Non.  Ce n’est pas un rapport que j’ai

 17   élaboré mais qu’une de mes équipes a rédigé et il concerne

 18   une route qui avait été plastiquée par le HVO, cette route

 19   allant de Visoko à Kiseljak.  Ceci s’était produit à

 20   proximité du quartier général de la FORPRONU et a compromis

 21   l’accès de tous les membres de la FORPRONU à la région et

 22   nous tenions absolument à savoir pourquoi on avait placé

 23   des explosifs sur la route et cette route devait aussi être

 24   réparée.

 25         Le Colonel Blaskic avait donné ordre que soit


Page 13040

  1   réparée la route mais, manifestement, cet ordre a été

  2   ignoré.  Il a été ignoré par le Commandant de brigade Ivica

  3   Rajic.  Vous voyez ici le commentaire de l’équipe 3, V3 :

  4   « Le Colonel Blaskic aurait donné directement ordre à Rajic

  5   d’assurer la réfection de la route afin qu’elle soit

  6   ouverte à la circulation ».  Il poursuit en disant que :

  7   « Il ne devrait pas y avoir de lien à établir entre cet

  8   incident et l’incident d’évacuation de l’hôpital. »

  9         Rajic n’a pas obéi à cet ordre et il y a eu

 10   plusieurs jours de pourparlers qui furent nécessaires afin

 11   de savoir à quel moment cette route serait réparée et on

 12   m’a dit à plusieurs reprises que Rajic ne suivait pas les

 13   ordres de Blaskic.

 14         Q.    Pièce suivante :  Il s’agit de la pièce 1246. 

 15   De qui émane ce rapport ?

 16         R.    C’est un rapport de contexte établi par

 17   l’équipe 3.  C’est l’équipe qui s’occupait de la zone de

 18   Kiseljak et aussi, à un moment donné, elle s’est occupée de

 19   Vares.

 20         Q.    Pour insérer ceci dans la chronologie des

 21   événements, nous sommes au 13 octobre.  Vers le milieu de

 22   la première page, est-ce qu’on analyse ce qui s’est passé

 23   au village de Rotilj ?

 24         R.    Oui.  On y parle de la situation qui prévaut

 25   s’agissant des musulmans qui y demeuraient.  On y dit que


Page 13041

  1   pratiquement tous les musulmans qui restaient dans ce

  2   village… on parle de 800 personnes qui avaient été emmenées

  3   plutôt dans le village de Rotilj où elles étaient, à toutes

  4   fins utiles, retenues à titre d’otages en vue d’un échange

  5   futur et on disait que la situation était très mauvaise

  6   pour les musulmans, notamment aussi dans le village de

  7   Palez, que le nettoyage ethnique se poursuivait et que les

  8   musulmans n’étaient pas en sécurité dans la région.

  9         Q.    Pièce suivante :  1284.2 en date du 3

 10   novembre.  Je crois que c’est le premier d’une série de

 11   documents parlant notamment de la position occupée par

 12   Kordic.  Est-ce bien exact ?

 13         R.    Oui, tout à fait.

 14         Q.    Ou, disons, de la situation qu’il commençait

 15   à occuper ?

 16         R.    Oui.  À ce moment-là, je ne suis plus Chef du

 17   Centre de Coordination de Travnik.  Je suis devenu Chef de

 18   la Coordination dans la région de Mostar et je couvrais, à

 19   ce moment-là, une région allant jusqu’à Tomislavgrad,

 20   Jablanica, et puis ce qui m’intéressait c’était l’évolution

 21   de la République croate de Herceg-Bosna, de la façon dont

 22   la Communauté croate de Herceg-Bosna s’était transformée en

 23   République.  Nous tenions vivement à établir la hiérarchie

 24   qui prévalait pour savoir qui détenait les positions de

 25   pouvoir.


Page 13042

  1         À l’occasion de cette réunion-ci, j’ai rencontré

  2   Ivan Bender avec deux de mes équipes.  C’était le Président

  3   du Neum qui se trouve sur la côte dalmate et il m’a donné

  4   une idée des positions-clés.  Il y avait Mate Boban comme

  5   Président et il m’a dit à l’époque qu’un des Vice-

  6   présidents était Dario Kordic.

  7         Par la suite, apparemment, il y a eu certains

  8   doutes sur la position exacte occupée dans cette nouvelle

  9   République par Dario Kordic et nous avons mené une enquête

 10   – la Bosnie centrale l’a fait aussi – pour voir si Monsieur

 11   Kordic avait ou non les faveurs des autorités.

 12         Q.    Parlons du document suivant, le 1289.1. 

 13   C’est un rapport consacré à la République croate de Herceg-

 14   Bosna en date du 8 novembre 1993.  On y trouve les

 15   fonctions officielles.  On voit Mate Boban, Dario Kordic,

 16   Ignac Kostroman.  Est-ce exact ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Là aussi, pour essayer de reconstituer la

 19   chronologie, avec toutes mes excuses pour ne pas vous avoir

 20   signifié ces documents plus tôt qu’hier soir, je crois

 21   qu’on peut examiner maintenant le numéro 13 du résumé. 

 22   Quand s’est produite l’attaque contre Mostar ?

 23         R.    Je pense que ça s’est produit le 9 novembre.

 24         Q.    Vous avez émis un avis sur la nature de cette

 25   attaque ?


Page 13043

  1         R.    Oui.  Nous avions affaire avec Mostar est et

  2   Mostar ouest.  Mostar est, bien sûr, c’était les autorités

  3   musulmanes et à l’occasion d’une visite, nous avions été

  4   avertis du fait qu’une attaque était dirigée contre le

  5   Stari Most, le vieux pont de Mostar qui était un lieu

  6   protégé par les Nations unies.

  7         Pour obtenir une source d’information, je me suis

  8   adressé à la hiérarchie militaire de Mostar ouest pour leur

  9   demander ce qu’il en était et ils nous avaient dit qu’il y

 10   avait une équipe de chars renégate qui avaient été

 11   responsables de cette fête.  Bien sûr, tout ceci était

 12   surveillé par la communauté internationale, cette équipe

 13   dissidente ayant été apparemment l’auteur de cet acte.

 14         Quelques jours plus tard, le pont a été détruit et

 15   là, en guise d’explication, il m’a été dit que c’était là

 16   aussi une équipe dissidente mais la réponse était peu

 17   crédible car nous avions assisté sur plusieurs jours à

 18   cette attaque menée contre le pont et si ça avait été

 19   vraiment des soldats dissidents, je suppose que la

 20   hiérarchie aurait pu enrayer toute action de ce genre, ce

 21   qu’ils n’ont pas fait, et le pont a été finalement détruit. 

 22   Tout ceci, je pense, a été enregistré sur vidéo.

 23         Q.    Revenons à la chronologie des événements

 24   telle que nous la montrent les documents.  Nous avons

 25   ensuite le document 1306.1.  C’est un rapport en date du 16


Page 13044

  1   novembre 1993.  Au bas de la première page, on voit quelle

  2   était votre interprétation des faits, à savoir que Kordic

  3   et Valenta ne détenaient plus des fonctions mais étaient

  4   des délégués.

  5         R.    Oui.  Monsieur Slobodan Lovrenovic, qui était

  6   le conseiller en matière de presse de Mate Boban, m’avait

  7   dit que Valenta et Kordic, même s’ils semblaient détenir

  8   des positions d’autorité dans d’autres réunions, ne les

  9   occupaient plus mais restaient des délégués. 

 10         Quelles étaient leurs fonctions précises, ceci

 11   nous intéressait, bien sûr, nous à Mostar mais nous

 12   n’étions pas les seuls.  Il y avait l’équipe qui restait

 13   toujours en fonction en Bosnie centrale et j’ai dit qu’il

 14   fallait faire des références croisées pour savoir quels

 15   étaient les rapports de force entre Blaskic, Valenta et

 16   Kordic.  Il fallait faire une telle analyse pour savoir

 17   comment se présentaient les rapports de force.

 18         Q.    Ceci nous amène à la pièce 1311.1 qui date du

 19   18 novembre.  Le sujet est quelque peu différent. 

 20   Abordons-le à la page 2 : « Évaluation des hélicoptères ». 

 21         R.    Oui.  La question des déplacements

 22   d’hélicoptères nous préoccupait beaucoup puisque nous

 23   étions censés appliquer cette zone d’interdiction aérienne. 

 24   Il y avait eu des accords selon lesquels il fallait essayer

 25   d’assurer l’évacuation des Croates de l’hôpital de Nova


Page 13045

  1   Bila, qu’il fallait assurer une coordination entre cela

  2   avec l’évacuation des musulmans blessés à Mostar est.

  3         Les négociations étaient ardues mais elles ont

  4   débouché sur un accord selon lequel deux hélicoptères

  5   appartenant aux forces musulmanes allaient se déplacer vers

  6   Medjugorje et moi, je me trouvais à l’hôpital de Mostar

  7   est.  Nous avons réussi à transporter les blessés dans les

  8   ambulances et c’est à ce moment-là que nous avons appris de

  9   nos observateurs de Medjugorje qu’il se produisait un

 10   incident près de la piste d’atterrissage.  Des femmes et

 11   des enfants s’étaient rassemblés auprès des hélicoptères

 12   qui avaient déjà atterri et nous avons reçu des

 13   informations selon lesquelles les hélicoptères ne seraient

 14   pas autorisés à quitter la région.  Nous avons donc annulé

 15   le programme d’évacuation pour cette journée-là.  Les

 16   blessés ont été replacés à l’hôpital.

 17         Q.    Est-ce que c’est uniquement dans cette ville

 18   qu’on a eu ce phénomène de femmes et d’enfants qui se

 19   rassemblaient ?

 20         R.    Ça s’est produit plus d’une fois et ceci

 21   était vrai des deux communautés, musulmane et croate.  À

 22   chaque fois que c’était nécessaire afin de mettre en

 23   exergue un problème particulier, de faire valoir un grief

 24   précis, on utilisait souvent les femmes et les enfants soit

 25   pour empêcher le passage de l’aide ou pour empêcher tout


Page 13046

  1   accès et ceci nous a beaucoup compliqué la vie, à nous,

  2   organisations internationales, parce que si vous avez

  3   affaire à des femmes ou des enfants, la chose est beaucoup

  4   plus sensible, tout le monde est alerté.  Il était

  5   important de savoir ou de veiller, plutôt, à bien réagir à

  6   la situation mais, effectivement, dans ce cas-ci, des

  7   femmes et des enfants ont été utilisés de façon délibérée.

  8         Q.    Vous rappelez dans votre évaluation qu’en

  9   empêchant des hélicoptères d’atterrir, ils avaient, en

 10   fait, immobilisé pratiquement 50 pour cent des forces.

 11         R.    Effectivement.  On se demandait pourquoi ils

 12   ne voulaient pas l’évacuation de cet hôpital, pourquoi les

 13   Croates étaient intervenus pour empêcher une telle

 14   opération.  Il y avait une explication simple pour un

 15   militaire.  C’est qu’une action rapide avait permis à

 16   pratiquement 50 pour cent des hélicoptères appartenant à

 17   l’armée de Bosnie-Herzégovine d’être neutralisés.  C’est

 18   simplement un commentaire que nous fournissons.  Il se peut

 19   qu’il n’y ait pas eu une motivation particulière.

 20         Q.    Je vais revenir plus tard à la question des

 21   hélicoptères.  Nous n’avons plus que trois ou quatre

 22   documents à examiner, trois plus exactement.

 23         Nous avons d’abord le 1330 qui concerne le 13

 24   décembre.  Première page, vous rencontrez une fois de plus

 25   Lovrenovic et cette fois-ci, vous lui posez des questions à


Page 13047

  1   propos de Kordic et il vous répond qu’il est certain que

  2   Kordic n’est plus Vice-président, n’est plus qu’un membre

  3   ordinaire du Parlement, même s’il a une discussion à propos

  4   de cette prise de position.  Puis, il dit que puisqu’il

  5   devait être tout le temps à Mostar et pour sortir de là

  6   quelqu’un qui était un héros de la guerre serait là un

  7   mauvais signe à donner.

  8         R.    Effectivement, c’est ce qu’il m’a dit.  Il

  9   parlait de la qualité des fonctions occupées par Monsieur

 10   Kordic et là, comme je le dis dans mon rapport, il estimait

 11   que si Kordic occupait une position plus élevée, il devrait

 12   quitter son fief pour aller à Mostar et que ceci ne sera

 13   pas bien perçu par la Bosnie centrale.  L’idée a été

 14   abandonnée.  C’est du moins ce que m’a dit Monsieur

 15   Lovrenovic à cette occasion.

 16         Q.    Document suivant :  Il s’agit de la pièce

 17   1342.1.  Première page, vers le milieu de cette page, il

 18   fait état d’un rapport ayant eu lieu entre le HCC et l’ECMM

 19   avec Drago Maric.  On rappelle que Kordic était ancien

 20   Vice-président de la Communauté croate de Herceg-Bosna,

 21   qu’il est parlementaire mais qu’il n’a pas de fonctions

 22   particulières.

 23         R.    C’est exact.  Maric était le Chef du Bureau

 24   d’Information de la République croate de Herceg-Bosna.  Il

 25   travaillait dans le même bâtiment, bâtiment qu’occupait le


Page 13048

  1   gouvernement, donc, dans le même bâtiment que Monsieur

  2   Zubak et Monsieur Prlic.  Là aussi, nous essayions de

  3   déterminer la position exacte occupée par Kordic.

  4         Apparemment, une récompense était donnée à

  5   Monsieur Kordic pour des événements qui s’étaient produits

  6   en Bosnie centrale.  C’est du moins ce que nous pensions

  7   mais on nous a répondu qu’il n’occupait pas de fonctions

  8   ministérielles ou autres mais qu’il était membre du

  9   Parlement.  On fait constamment référence aux informations

 10   qu’obtenait l’équipe de Travnik, informations selon

 11   lesquelles Kordic, qui avait été Vice-président de la

 12   Communauté croate, devait aussi être Vice-président de la

 13   République croate de Herceg-Bosna mais l’information que

 14   j’ai recueillie dans la région de Mostar était qu’il était

 15   délégué sans pour autant avoir de fonctions.  À Travnik, on

 16   estimait qu’il avait encore ces fonctions.

 17         Q.    Paragraphe 14 du résumé :  Veuillez relater

 18   dans vos propres termes ce qui s’est passé en janvier 1994. 

 19   Vous pourrez préciser la date grâce au document si vous ne

 20   vous souvenez pas de cette date vous-même mais en janvier

 21   1994, avez-vous vu une partie d’unités militaires sur la

 22   route de Zenica à Mostar ?

 23         R.    Oui.  En qualité de Chef de la Coordination à

 24   Mostar, j’avais assisté à une réunion à Zenica à laquelle

 25   participaient tous les chefs de centres régionaux.  Martin


Page 13049

  1   Garrod était avec moi lorsque je rentrais de Zenica à

  2   Mostar et sur la route qu’on a appelée la Route du

  3   Triangle, nous avons été retardés.  Nous avons dû arrêter,

  4   nous mettre sur le bas côté pour laisser passer une unité

  5   militaire en formation.

  6         Nous avons vu les véhicules aussi bien que les

  7   soldats arborant des emblèmes ou insignes de la HV et

  8   c’était pour moi la première fois que j’avais des preuves

  9   tangibles, en tant que témoin oculaire, des rumeurs qui

 10   circulaient depuis plusieurs mois selon lesquelles il y

 11   avait une participation ou une implication de la HV.  Le

 12   convoi était de taille assez significative.

 13         Si je m’en souviens bien – j’ai écrit un rapport à

 14   l’époque mais je ne sais pas si vous l’avez – je pense

 15   qu’il y avait environ 50 véhicules.  Nous avons été

 16   retardés d’au moins 20 minutes, voire plus, vu le passage

 17   de ce convoi et le matériel que nous avons vu dans ce

 18   convoi comprenait de l’artillerie transportée.  On avait

 19   des D130 millimètres et d’autres pièces d’artillerie

 20   également.  Il y avait d’autres armements.  Il y avait des

 21   lance-roquettes à canons multiples et nous avons observé

 22   des emblèmes de la HV sur les véhicules, notamment une tête

 23   de tigre, et nous avons pensé qu’il s’agissait là d’une

 24   unité venant de Split, unité de la HV venant de Split.  Un

 25   rapport a été rédigé à cet égard.


Page 13050

  1         Q.    Pourriez-vous nous dire à peu près combien il

  2   y avait d’hommes dans ce convoi ?

  3         R.    Je pense que c’était de taille supérieure à

  4   celle d’un bataillon.  Donc, je dirais de 800 à 1 000

  5   hommes.

  6         Q.    Nous n’avons pas pu retrouver ce rapport mais

  7   je vais vous demander d’examiner le document suivant, le

  8   1361, rapport en date du 19 janvier.  Est-ce que c’est vous

  9   qui l’avez rédigé ou est-ce une de vos équipes ?

 10         R.    C’est une de mes équipes qui a fait ce

 11   rapport, l’équipe Mike 4.  Elle couvrait la zone de

 12   Tomislavgrad, notamment, au nord et à l’est.

 13         Q.    Parlons d’abord de la première page.  Est-ce

 14   que ceci nous donne des indications sur la date à laquelle

 15   vous avez fait ces observations et sur le rapport à

 16   proprement parler ?

 17         R.    Il y est dit que M4, cette équipe confirmait

 18   mes propres observations en tant que Chef du Centre

 19   régional HRC et on parle d’un rapport du 18 janvier.  Donc

 20   là, effectivement, nous savons exactement quand nous avons

 21   fait ces observations.  Eux aussi avaient constaté ces

 22   déplacements de la HV sur la Route du Triangle.  Ils disent

 23   avoir vu quelques 20 véhicules chargés de soldats.  Les

 24   plaques d’immatriculation avaient été enlevées mais on

 25   voyait encore les termes « Hvratska Voijska » qui étaient


Page 13051

  1   écrits sur le côté des véhicules et ces observateurs ont

  2   dit avoir vu des canons d’artillerie, 15 soldats en bons

  3   uniformes qui se trouvaient sur le côté de la route et qui

  4   portaient eux aussi des emblèmes du HVO.  Ces observateurs

  5   tout à fait perspicaces ont même constaté que l’un avait le

  6   grade de lieutenant-colonel et tous ces véhicules et ces

  7   soldats se dirigeaient vers Prozor.

  8         Q.    Est-ce que vous connaissez le croate pour

  9   nous dire ce que veut dire «Hrvatska Voijska  » ?

 10         R.    Armée de Croatie.

 11         Q.    Merci.  Parlons de façon générale des

 12   déplacements d’hélicoptères.  En avez-vous observé ?

 13         R.    Personnellement, j’ai vu un hélicoptère

 14   atterrir ou descendre dans la région de Vitez, vers une

 15   carrière au nord de Vitez, position ou territoire tenu par

 16   le HVO.  Nous avions déjà reçu plusieurs rapports.  La

 17   FORPRONU avait vu un hélicoptère dans la région.  Moi, j’ai

 18   vu cet hélicoptère en descente rapide en direction de cette

 19   carrière.  C’était un hélicoptère de la HV ou du HVO. 

 20   C’était un hélicoptère croate qui transportait des

 21   personnes et sans doute aussi du matériel de ravitaillement

 22   entre des territoires tenus par les Croates en Bosnie-

 23   Herzégovine.

 24         Je sais que deux personnes utilisaient ces

 25   hélicoptères.  Il y avait un certain Jozo Leutar.  Cet


Page 13052

  1   homme, quand je l’ai rencontré pour la première fois, était

  2   commandant de la brigade de Travnik pour le HVO.  Cette

  3   brigade de Travnik était désintégrée à la suite d’un

  4   engagement avec l’armée de Bosnie-Herzégovine, avait battu

  5   en retraite et avait amené, notamment, Monsieur Leutar à

  6   Vitez. 

  7         J’ai revu Monsieur Leutar par la suite.  Il était

  8   assez en mauvaise forme.  Je lui ai demandé ce qu’il

  9   faisait.  Il m’a dit qu’il allait être muté à Mostar et je

 10   lui ai demandé comment il allait aller à Mostar puisque la

 11   route était coupée et je ne peux pas vous dire franchement…

 12   il a répondu qu’il allait utiliser l’hélicoptère. 

 13   Évidemment là, c’est peut-être un peu ironique mais enfin,

 14   je me trouvais à Mostar, j’assistais à une des premières

 15   réunions de la République croate de Herceg-Bosna.  J’avais

 16   été convié par Monsieur Jadranko Prlic, le Premier

 17   Ministre, afin que j’y sois en qualité d’observateur.

 18         Monsieur Mate Boban a pris la parole.  Monsieur

 19   Kostroman a fait son apparition.  Je le connaissais parce

 20   qu’à chaque fois que je rencontrais Monsieur Kordic,

 21   Monsieur Kostroman était toujours présent.  C’était un

 22   conseiller politique mais il semblait également occuper un

 23   poste, je crois que c’était celui de secrétaire, à la

 24   Communauté croate de Herceg-Bosna.  Donc, c’est quelqu’un

 25   dont nous souhaitions vérifier le poste dans la République


Page 13053

  1   croate de Herceg-Bosna.

  2         En tout cas, avant de commencer à s’exprimer

  3   devant cette conférence organisée à Mostar, la personne qui

  4   l’a présenté a dit qu’il était arrivé par des moyens

  5   secrets et de Bosnie centrale.  La Bosnie centrale était

  6   une enclave à l’époque.  Il était donc impossible d’en

  7   sortir en voiture.  Le seul moyen d’en sortir, c’était

  8   grâce à des dispositions particulières avec l’aide de la

  9   FORPRONU pour des réunions extraordinaires, grâce au

 10   transport de la FORPRONU, soit en utilisant un hélicoptère.

 11         Dans ce cas précis, la FORPRONU n’avait pas

 12   participé au transport de Monsieur Kostroman.  Il n’a donc

 13   pas dit qu’il avait utilisé un hélicoptère mais c’est la

 14   conclusion que j’ai tirée quant au mode de transport qu’il

 15   avait utilisé.

 16         Q.    Avant que nous ne parlions d’une rencontre

 17   que vous avez eue avec Monsieur Kordic en novembre 1994,

 18   j’aimerais que vous nous disiez ce que vous pensiez des

 19   positions occupées par Monsieur Blaskic, Monsieur Kordic et

 20   si possible aussi par Monsieur Valenta.  Avant d’en parler

 21   librement, je vous réfère tout de même à votre résumé

 22   s’agissant de ce qui s’est passé à Stari Vitez, un incident

 23   qui pourrait avoir sa place ici et que vous ne vous êtes

 24   rappelé que récemment.

 25         R.    Oui.  Stari Vitez était une enclave dans


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  1   laquelle résidaient des musulmans.

  2         Q.    Oui, oui.  Nous en avons entendu parlé déjà.

  3         R.    Eh bien, nous avions besoin d’accéder jusqu’à

  4   ces communautés isolées, qu’elles soient musulmanes ou

  5   croates, et nous avions des difficultés à nous rendre à

  6   Stari Vitez.  J’avais donc demandé à Blaskic l’autorisation

  7   de m’y rendre pour voir ce qui s’y passait.  Blaskic ne

  8   semblait pas pouvoir me donner immédiatement la possibilité

  9   de m’y rendre mais il m’a dit qu’il discuterait avec

 10   certains et reprendrait contact avec moi.  Le lendemain,

 11   effectivement, nous avons pu entrer dans ce secteur mais,

 12   en tout cas, lui avait dû s’adresser à quelqu’un d’autre.

 13         Puis-je passer à la suite ?

 14         Q.    Oui, je vous en prie.

 15         R.    Ce que moi, j’ai compris de la position

 16   occupée par Monsieur Tihomir Blaskic et, d’ailleurs, c’est

 17   ce qu’il disait très clairement, il disait être le Chef de

 18   la zone opérationnelle de Bosnie centrale et lorsque je lui

 19   ai demandé quelles étaient exactement ses responsabilités,

 20   il m’a répondu que sa zone opérationnelle était divisée en

 21   trois groupes opérationnels et que dans son secteur de

 22   responsabilité se trouvaient Travnik, Kiseljak, Busovaca,

 23   Vares et également Zepce.

 24         Cela ne semblait faire aucun doute et, d’ailleurs,

 25   les habitants de Zepce le considéraient comme leur


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  1   commandant.  D’autres éléments de preuve le prouvent.  Je

  2   crois que sur le papier, il avait également un commandement

  3   à Sarajevo, bien qu’il ait été totalement isolé là où il se

  4   trouvait.  Donc, nous n’avons jamais vérifié exactement

  5   quel était le degré de contrôle qu’il exerçait à Sarajevo,

  6   compte tenu de la situation à ce moment-là.

  7         S’agissant de Monsieur Kordic à présent, celui-ci

  8   utilisait fréquemment le titre de Colonel pour parler de

  9   lui mais à mon avis, il était surtout Vice-président de la

 10   Communauté croate de Herceg-Bosna et un homme politique

 11   très important en Bosnie centrale.  Dans la dernière

 12   période, je l’ai rencontré alors qu’il occupait un poste

 13   différent.  Je crois que nous allons en parler dans

 14   quelques instants.

 15         Maintenant, je voudrais parler de Monsieur Valenta

 16   qui lui aussi occupait un poste au sein de la Communauté

 17   croate de Herceg-Bosna.  Je crois que c’était celui de

 18   Vice-président mais je peux me tromper.  En tout cas, grâce

 19   à mes rencontres avec lui, j’ai pu constater que nous

 20   parlions toujours de sujets politiques, de démographie, de

 21   déplacements de population prévus ou passés, historiques,

 22   déplacements de population à venir.

 23         Il avait son siège au quartier général de la zone

 24   opérationnelle qui se trouvait à Vitez dans un hôtel et, de

 25   temps à autre, il se trouvait avec Monsieur Blaskic lorsque


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  1   je devais rencontrer ce dernier.  Il semblait donc très

  2   certainement être un responsable politique nommé à un poste

  3   déterminé au quartier général.  Voilà, je crois que c’est

  4   tout ce que j’ai à dire au sujet de ces trois hommes.

  5         Q.    Vous avez eu une deuxième rencontre avec

  6   Kordic.  À quelle date ?  Que vous rappelez-vous de ce que

  7   vous vous êtes dit ?  Nous n’avons retrouvé aucun document

  8   écrit pour vous aider à vous souvenir.

  9         R.    Toutes nos discussions jusqu’à présent sont

 10   liées à la mission que j’ai effectuée en Bosnie en 1993

 11   mais plus tard, je suis sorti de Bosnie et j’ai passé

 12   quelques mois en Croatie avant d’être nommé au poste de

 13   Chef du Centre régional de nouveau en Bosnie, ce qui me

 14   donnait autorité sur toutes les activités de l’ECMM en

 15   Bosnie depuis Tuzla en Bosnie centrale jusqu’en

 16   Herzégovine.

 17         Lorsque j’occupais ces fonctions, j’ai rencontré

 18   Monsieur Kordic à Mostar.  À ce moment-là, il ne faisait

 19   aucun doute qu’il était Président du HDZ en Bosnie-

 20   Herzégovine.   Je l’ai donc rencontré à ce moment-là. 

 21   J’étais accompagné par un représentant britannique du

 22   bureau du Commonwealth qui était en visite dans la région. 

 23         Nous avons rencontré Monsieur Kordic et un autre

 24   homme dont je ne me rappelle pas le nom et nous avons parlé

 25   des actions qui se déroulaient, à ce moment-là, car les


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  1   musulmans et les Croates de Bosnie avaient créé une

  2   fédération à cette époque-là et nous souhaitions vérifier

  3   dans quelle mesure cette fédération allait tenir.

  4         J’ai discuté avec Monsieur Kordic, donc, et je me

  5   rappelle qu’il a dit très clairement qu’il considérait que

  6   l’accord des musulmans pour entrer dans cette fédération

  7   était un succès mais qu’il se demandait combien d’autonomie

  8   ils allaient autoriser aux communautés isolées.  Lorsque je

  9   parle de communautés isolées, je veux parler de Zepce,

 10   Usora et de la zone située dans les environs de Tuzla.

 11         Donc, il se posait des questions quant au degré

 12   d’autonomie qu’il se verrait autorisé à exercer, compte

 13   tenu de l’action de la police croate dans cette région et

 14   je l’ai, bien sûr, interrogé au sujet de la position croate

 15   dans cette fédération.  Il a répondu que les Croates

 16   voulaient le succès de la fédération. 

 17         Je me rappelle l’avoir interrogé au sujet d’un

 18   canton particulier qui était exclusivement croate.  J’ai

 19   demandé pourquoi le gouvernement de ce canton n’avait pas

 20   été créé, élu ou mis en place si les Croates étaient tant

 21   désireux de voir la fédération réussir.  Dans ce cas-là,

 22   visiblement, il n’aurait pas eu de difficulté à mettre en

 23   place ce canton.  Il a déclaré qu’il y avait des progrès

 24   mais que ces progrès s’effectuaient pas à pas. 

 25         J’ai également parlé avec lui de son poste en tant


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  1   que Président du HDZ et des rapports qu’il pouvait y avoir

  2   entre le HDZ en Bosnie et le HDZ en Croatie.  Je ne me

  3   rappelle pas franchement le contenu exact de sa réponse

  4   mais je m’en serais sans doute souvenu si sa réponse avait

  5   été particulièrement expressive.  En tout cas, la question,

  6   je la lui ai posée.  Si cela vous intéresse, je me rappelle

  7   que la presse croate m’a demandé une interview par la suite

  8   mais que j’ai refusée.

  9         Q.    Nous allons donc continuer à rechercher ce

 10   document pour tenter de le retrouver, j’espère que nous le

 11   ferons mais vous pensez que c’est au Danemark que ces

 12   rapports peuvent se trouver.  Donc, si nous ne les trouvons

 13   pas au Danemark, nous risquons de ne les trouver nulle

 14   part ?

 15         R.    Oui, je pense que c’est au Danemark.  Ils ont

 16   eu une distribution très large.  Maintenant, qui les

 17   détient en ce moment, je ne sais pas.

 18         Q.    Avez-vous vu Cerkez souvent ?  Avez-vous eu

 19   beaucoup affaire à Cerkez ?

 20         R.    Je l’ai rencontré en de nombreuses occasions

 21   mais en général, je déléguais cette responsabilité à des

 22   membres de mon équipe, de l’équipe Victor 1 qui opérait

 23   dans la zone de Vitez et Cerkez était commandant de la

 24   brigade de Vitez.  Donc, je l’ai sûrement rencontré mais

 25   pas très, très souvent.


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  1         Q.    Encore une question au sujet du pilonnage de

  2   Zenica et de la date de ce pilonnage.  Je vous ai parlé

  3   d’une date en septembre et je crois que vous avez dit ne

  4   pas vous rappeler exactement la date mais vous rappelez-

  5   vous la date au moins approximative de ce pilonnage ou, en

  6   tout cas, la date de l’élaboration du rapport qui en

  7   traitait et que nous recherchons ?

  8         R.    Oui.  Je crois que le pilonnage a eu lieu à

  9   la fin du mois d’août et que la rencontre que j’ai eue

 10   s’est déroulée au début du mois de septembre, première

 11   semaine de septembre, je crois.  Nous essayions également,

 12   à ce moment-là, d’entrer dans Zepce au début du mois de

 13   septembre et j’ai, donc, quelques difficultés à me rappeler

 14   exactement les dates mais c’était à peu près à ce moment-

 15   là.

 16         Me NICE (interprétation) :  C’est la fin de mon

 17   interrogatoire, Monsieur le Président.

 18         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, c’est

 19   le moment de nous séparer.  Suspension jusqu’à 14 h 30.

 20         --- Suspension de l’audience à 13 h 00

 21         --- Reprise de l’audience à 14 h 35

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers,

 23   vous avez la parole.

 24         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

 25   Président.


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  1         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS

  2         (interprétation) :  

  3         Q.    Bonjour, Témoin AD.

  4         R.    Bonjour.

  5         Q.    Je m’appelle Stephen Sayers.  Je suis l’un

  6   des avocats qui représentent Dario Kordic et je vais vous

  7   poser quelques questions cet après-midi.  Derrière moi,

  8   vous voyez Me Mikulicic qui représente l’autre accusé,

  9   Monsieur Cerkez, et je ne crois pas qu’il aura des

 10   questions à vous adresser mais si cela devait être le cas,

 11   elles seront très courtes.

 12         Alors, un point de détail pour commencer si vous

 13   le voulez bien.  J’ai placé sur le rétroprojecteur un

 14   document qui a déjà été enregistré comme pièce à conviction

 15   D52.2 et je vous demanderais de bien vouloir nous montrer

 16   la principale route d’approvisionnement qui va de Travnik

 17   vers le sud-est, c’est-à-dire jusqu’au village de Dolac. 

 18   Vous le voyez ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Est-il exact que c’est là que se trouvait le

 21   barrage routier où vous avez été arrêté en route vers

 22   Travnik en rapport avec le convoi ?

 23         R.    Oui, c’est exact.

 24         Q.    Donc, c’est un endroit beaucoup plus proche

 25   de Travnik que vous ne l’avez dit au cours de


Page 13061

  1   l’interrogatoire principal, n’est-ce pas ?

  2         R.    Je crois que c’est le même carrefour.  Nous

  3   ne regardons pas tout à fait la même carte.  Sur la carte

  4   que nous avons vue ce matin, Travnik n’était pas indiqué. 

  5   Il était un peu à l’ouest de la carte et j’ai placé un

  6   point à l’endroit où je croyais que se trouvait le

  7   carrefour de Dolac.  Pour être tout à fait clair, je dirais

  8   qu’il s’agissait bien du carrefour de Dolac.

  9         Q.    Pour être tout à fait clair, sur la pièce à

 10   conviction 52.2 où j’ai identifié le carrefour de Dolac,

 11   vous voyez le nom de Dolac inscrit, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui, c’est exact.

 13         Q.    Cet endroit se trouvait dans la zone qui

 14   relevait du commandement du Colonel Filip Filipovic, n’est-

 15   ce pas, qui commandait la brigade de Travnik ?

 16         R.    Oui.  Il commandait la brigade de Travnik et,

 17   à ce moment-là, le HVO avait quitté Travnik pour se diriger

 18   vers le nord, vers la ligne qui séparait le HVO des Serbes

 19   et également dans une autre direction vers Vitez où se

 20   trouvait une ligne de front.

 21         Q.    La raison de ce déplacement était due à une

 22   offensive importante des forces musulmanes qui a duré du 8

 23   juin au 12 juin dans la région de Travnik, si je ne

 24   m’abuse.  C’est à ce moment-là également que vous avez pris

 25   vos fonctions de Chef du Centre de Coordination à Travnik,


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  1   n’est-ce pas ?

  2         R.    Je suis arrivé à Travnik juste avant

  3   l’éclatement des combats.  En fait, j’essayais d’obtenir la

  4   conclusion d’un accord entre une structure de commandement

  5   conjoint qui existait à Travnik et dont faisait partie le

  6   Colonel Filip Filipovic.  Cette tentative a échoué et les

  7   forces de l’Armija ont effectué une percée dans la région

  8   de Travnik à ce moment-là.

  9         Q.    Est-il permis de dire, Monsieur, que vous

 10   avez effectué votre premier voyage avec le convoi et que

 11   vous vous êtes trouvé à ce barrage routier que vous avez

 12   décrit au cours de l’interrogatoire principal au moment où,

 13   sur le plan militaire, la confusion la plus grande régnait

 14   sur le terrain ?

 15         R.    C’était sans aucun doute un moment où, sur le

 16   plan des activités militaires, la confusion régnait,

 17   effectivement.

 18         Q.    Vous rappelez-vous, Monsieur,

 19   qu’immédiatement avant l’incident que vous avez décrit,

 20   immédiatement avant le début de l’offensive des forces

 21   musulmanes, le Général Hadzihasanovic avait, en fait,

 22   refusé de participer à une réunion de la commission

 23   conjointe en disant qu’il était trop tard pour des

 24   négociations ?

 25         R.    Je ne me rappelle pas cela avec précision


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  1   mais je puis dire que je n’ai pas rencontré Hadzihasanovic

  2   à Travnik.  Son représentant était le Commandant Mehmed

  3   Alagic qui était mon interlocuteur principal.

  4         Q.    J’aimerais vous montrer un bulletin

  5   d’information militaire qui vous rafraîchira sans doute la

  6   mémoire.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers,

  8   avant de poursuivre, je vous informe que les interprètes

  9   vous demandent à vous et au témoin de bien vouloir parler

 10   un peu moins vite.

 11         Me SAYERS (interprétation) :  Témoin AD, puisque

 12   nous parlons, vous et moi, la même langue, il est important

 13   de ménager une pause entre la question et la réponse.  Je

 14   m’y efforcerai pour ma part.  Merci.

 15         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Ce document est

 16   enregistré sous la cote D164/1.

 17         Me SAYERS (interprétation) :  J’en ai terminé avec

 18   la carte.  Je vous demanderais maintenant de placer la page

 19   numéro 00273957 sur le rétroprojecteur.  Pour le compte

 20   rendu d’audience, j’indique qu’il s’agit d’un bulletin

 21   d’information militaire numéro 38 daté du 6 juin 1993 et

 22   émanant du Régiment du Prince de Galles, Régiment du

 23   Yorkshire.

 24         Q.    Une référence est faite au village de

 25   Ovcarevo où vous vous êtes rendu, où 3 000 personnes


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  1   déplacées ont été trouvées par les troupes britanniques,

  2   ont tiré sur ces personnes à partir des positions

  3   musulmanes de Turbe et c’est la raison qui a été avancée

  4   pour justifier leur demande de déplacement vers Nova Bila. 

  5   Avez-vous été informé de cela par le bataillon britannique,

  6   Monsieur, [expurgée] ?

  7         R.    J’avais des relations étroites avec le

  8   Régiment du Prince de Galles mais je ne me rappelle pas

  9   avoir reçu cette information particulière.

 10         Q.    Page suivante, Monsieur :  Vous y trouvez une

 11   énumération des événements qui ont précédé immédiatement le

 12   début du conflit, notamment aux paragraphes 11 et 12.

 13         Au paragraphe 11, il est observé que les deux

 14   parties souhaitaient que le Colonel Blaskic et le Général

 15   Hadzihasanovic assistent  à une réunion organisée plus tard

 16   et que c’était une demande réitérée.

 17         Au paragraphe 12, il est observé par l’armée

 18   britannique que Blaskic acceptait de participer à cette

 19   réunion mais que Hadzihasanovic, malgré l’intervention du

 20   BHC, a maintenu sa position précédente en disant qu’il

 21   était trop tard pour des négociations.  Il a affirmé qu’il

 22   avait le plein appui du Général Halilovic s’agissant de

 23   l’expression de cette position.  Étiez-vous au courant de

 24   cela ?

 25         R.    Non.  Les négociations se poursuivaient sans


Page 13065

  1   aucun doute à Travnik en présence de représentants de la

  2   commission conjointe, c’est-à-dire et du HVO et de l’Armija

  3   mais, à ce moment-là, je ne savais pas que cela se passait.

  4         Q.    Pour en terminer avec cette série de

  5   questions, je vous demande si vous n’étiez pas au courant,

  6   alors que vous meniez vos investigations dans la première

  7   et la deuxième semaines du mois de juin, du fait que les

  8   forces de l’armée de Bosnie-Herzégovine avaient, en fait,

  9   refusé de négocier avec les représentants supérieurs du

 10   contingent croate.

 11         R.    Non, je n’étais pas au courant de cela

 12   précisément.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers, si

 14   vous passez à un autre document, je constate que celui-ci

 15   porte déjà une cote en Z.  Fait-elle partie des pièces

 16   déposées par l’Accusation ?

 17         Me SAYERS (interprétation) :  Ce document fait

 18   partie de la pile dont j’ai déjà parlé mais n’a pas encore

 19   été versé au dossier, Monsieur le Président, mais cela ne

 20   me dérange absolument pas que ce document soit versé au

 21   dossier en tant que pièce Z1201.2 ou sous une autre cote.

 22         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il serait

 23   peut-être préférable de lui affecter une autre cote, pièce

 24   à conviction de la Défense.

 25         Me SAYERS (interprétation) :  Je me suis trompé de


Page 13066

  1   numéro.  Z1020 était le numéro qui convenait.  Madame la

  2   Greffière, pouvez-vous lui donner une cote en D ?

  3         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Ce document porte

  4   la cote D164/1.

  5         Me SAYERS (interprétation) : 

  6         Q.    Témoin AD, j’aimerais maintenant vous poser

  7   quelques questions générales et je tenterai de vous

  8   renvoyer aux documents.  Vous m’excuserez si je ne trouve

  9   pas immédiatement les bons documents car je ne les ai vus

 10   que ce matin pour la première fois.

 11         Si j’ai bien compris, vous aviez passé huit ans au

 12   sein de l’armée britannique et démissionné en janvier 1993

 13   et vous êtes devenu observateur de la Communauté européenne

 14   un mois plus tard :  Est-ce exact ?

 15         R.    C’est exact.

 16         Q.    Aviez-vous déjà une expérience de l’histoire

 17   et de la politique des Balkans dans la période antérieure ?

 18         R.    Je connaissais l’histoire récente mais je ne

 19   m’étais pas rendu dans la région jusqu’à cette date.

 20         Q.    Est-il permis de dire qu’en dehors de vos

 21   connaissances théoriques, vous ne saviez rien des Balkans

 22   avant d’y arriver ?

 23         R.    Avant d’y arriver, je n’avais pas des

 24   connaissances très étendues sur le sujet, hormis celles

 25   qu’a toute personne éduquée.


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  1         Q.    Très bien !  Est-il exact que la mission

  2   d’observation de la Communauté européenne n’avait pas de

  3   mandat militaire ?

  4         R.    C’est exact.  Son travail reposait sur un

  5   protocole d’accord qui était assez vaste, qui avait une

  6   portée assez vaste.

  7         Q.    L’ECMM ne travaillait pas la nuit, n’est-ce

  8   pas ?

  9         R.    Pourriez-vous répéter votre question ? 

 10         Me SAYERS (interprétation) :  J’aimerais que l’on

 11   montre au témoin le document déjà enregistré sous la cote

 12   Z1012.

 13         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous parlez de

 14   l’ECMM et de son travail la nuit ?

 15         Me SAYERS (interprétation) :  Oui.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ce qui est dit

 17   ici c’est que les observateurs de l’ECMM ne travaillaient

 18   pas la nuit.

 19         Monsieur le Témoin, cela correspond-il à ce que

 20   vous saviez ?

 21         R.    Ils ne circulaient pas dans des véhicules

 22   motorisés la nuit, Monsieur le Président.

 23         Me SAYERS (interprétation) :  

 24         Q.    J’aimerais vous soumettre trois propositions,

 25   Monsieur, qui viennent toutes de documents déjà versés au


Page 13068

  1   dossier et produits par l’ECMM.

  2         Pièce Z1012, en page 2, nous lisons : « L’ECMM ne

  3   travaille pas la nuit. »  C’était la première référence et

  4   la deuxième consiste à dire que les renseignements

  5   militaires sont interdits strictement à l’ECMM.  Êtes-vous

  6   d’accord avec cela ?

  7         R.    Interdits par qui ?  Nous avions des contacts

  8   avec les services de renseignements militaires.  Nous

  9   transmettions ces renseignements mais nous ne recevions pas

 10   des renseignements d’un gouvernement quelconque.  Cela

 11   étant, nous avions des relations avec la FORPRONU et nous

 12   recevions leur évaluation de la situation sur le terrain.

 13         Q.    Un document déjà versé au dossier sous la

 14   cote Z1151.1, daté du 30 janvier 1993 et émanant de l’ECMM. 

 15   C’est un rapport spécial au sujet de l’armée croate

 16   impliquée en Bosnie-Herzégovine.

 17         Nous lisons en page 1 – je cite : « Il est très

 18   difficile pour l’ECMM de répondre de façon définitive quant

 19   aux questions que pose la participation de l’armée croate

 20   dans le sud-ouest de la Bosnie-Herzégovine puisque les

 21   renseignements militaires leur sont strictement interdits

 22   en raison de considérations liées à la sécurité sur le

 23   terrain. »  Fin de citation.

 24         Est-ce une nouvelle pour vous, Monsieur ?

 25         R.    Eh bien, dans nos activités quotidiennes,


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  1   nous nous efforcions toujours d’établir la participation de

  2   l’armée croate et je n’avais pas connaissance d’un grand

  3   nombre d’informations que nous ne recevions pas.  Ce que je

  4   veux dire c’est que j’avais de très bons contacts en tant

  5   qu’organisation avec un certain nombre d’entités.  Comme je

  6   l’ai déjà dit ce matin, la direction du HVO, notamment,

  7   nous informait de ce qui se passait et nous suivions, à la

  8   fois par des conversations avec les habitants et en

  9   regardant ce que nous voyions, ce qui se passait sur le

 10   terrain mais je ne connais pas les informations qui

 11   pouvaient provenir de niveaux supérieurs.

 12         Q.    Très bien !  Il n’y a pas de problème à ce

 13   que certaines informations ne vous soient pas disponibles,

 14   comme vous l’avez déjà dit mais, apparemment, vous n’êtes

 15   pas entièrement d’accord avec ce que dit Jean-Pierre

 16   Thebault dans un document dont il est l’auteur.  Peut-on

 17   dire les choses de cette façon ?

 18         R.    Je ne suis pas tout à fait au clair quant au

 19   sens de ce que vous me demandez lorsque vous parlez de

 20   renseignements militaires, à moins que vous parliez d’un

 21   accès à ces informations sur la base nationale.

 22         Q.    Très bien !  Un autre document, Monsieur, qui

 23   a déjà été versé au dossier, pièce à conviction Z1040. 

 24   C’est un document intitulé : « Extrait de matériel

 25   politique au sujet des rapports de l’ECMM » et je suppose


Page 13070

  1   que vous connaissiez ces documents rassemblés par le

  2   quartier général à Zagreb et distribués à toute personne

  3   qui pouvait en être un bénéficiaire approprié ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Une observation est faite dans ce document du

  6   10 juin, en page 9, à savoir que : « Les objectifs à long

  7   terme de l’armée de Bosnie-Herzégovine pouvaient sans doute

  8   consister à s’emparer de Busovaca et même de Novi Travnik.  

  9   Il ne fait aucun doute que la guerre sévissait dans cette

 10   région, guerre qui a commencé par des combats qui se sont

 11   ensuite étendus, combats qui, au départ, visaient les

 12   Serbes et qui avaient dégénéré en guerre civile

 13   généralisée. »

 14         Je suppose que vous êtes d’accord avec ce

 15   commentaire ?

 16         R.    Oui.  De façon générale, oui.

 17         Q.    Les Juges et moi-même aimerions savoir de

 18   façon très précise où vous vous trouviez à tel ou tel

 19   moment au cours de votre mission en Bosnie-Herzégovine,

 20   Monsieur, et j’ai cru comprendre que vous êtes arrivé le 26

 21   février 1993, après avoir passé deux jours à Zagreb où vous

 22   avez reçu quelques informations de base.  Est-ce exact ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Le premier endroit où vous avez été affecté

 25   en tant que moniteur de base, c’est la région de Gornji


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  1   Vakuf, n’est-ce pas ?

  2         R.    J’étais censé être basé à Tomislavgrad, en

  3   fait, et j’y ai effectivement passé quelque temps mais

  4   l’activité principale de l’ECMM était centrée sur la

  5   création d’une commission à Gornji Vakuf.  Donc, peu à peu,

  6   c’est là que le cœur de notre activité s’est déroulée. 

  7   C’est la raison pour laquelle j’ai été basé à Gornji Vakuf

  8   en me rendant à Tomislavgrad à chaque fois que c’était

  9   nécessaire, disons un jour par semaine à peu près à titre

 10   indicatif.

 11         Q.    Et vous rendiez compte au Centre de

 12   Coordination de Mostar qui était situé à Siroki Brijeg,

 13   n’est-ce pas ?

 14         R.    C’est exact.

 15         Q.    [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18         R.    C’est exact. [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   [expurgée]

 25         Q.    Je crois que vous avez remplacé Monsieur


Page 13072

  1   [expurgée] le 14 juin 1993.  C’est bien cela ?

  2         R.    À peu près à ce moment-là mais je ne me

  3   rappelle pas la date exacte aujourd’hui.

  4         Q.    Je me rends bien compte que pas mal de temps

  5   s’est écoulé depuis, Témoin AD, mais en tout cas, [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   n’est-ce pas ?

  9         R.    C’est exact.

 10         Q.    Vous avez conservé ces fonctions, si je ne

 11   m’abuse, jusqu’au 17 octobre 1993, [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]                                      que se trouvait

 14   le siège du gouvernement de la Communauté croate de Herceg-

 15   Bosna, n’est-ce pas ?

 16         R.    C’est à peu près à cette date.  Moi, je

 17   dirais le 27 octobre mais je ne sais pas si la date est

 18   particulièrement importante et, effectivement, j’ai été

 19   muté au siège de la Communauté croate de Herceg-Bosna

 20   autoproclamée.

 21         Q.    Je vais à présent vous poser quelques

 22   questions au sujet du gouvernement de cette République

 23   croate de Herceg-Bosna.  Que vous le croyez ou non, vous

 24   êtes l’un des premiers témoins qui a déposé dans cette

 25   affaire et qui détient des connaissances importantes sur ce


Page 13073

  1   sujet.  D’ailleurs, je vous félicite pour les études que

  2   vous avez menées sur ce point.

  3         Pour en terminer avec la chronologie de votre

  4   participation dans le cadre de votre mission en Bosnie-

  5   Herzégovine, vous avez quitté vos fonctions [expurgée]

  6   [expurgée]                                le 3 février 1994. 

  7   C’est à peu près cela ?

  8         R.    C’est exact.  C’est à la fin de ma première

  9   année.

 10         Q.    Ensuite, vous avez passé plusieurs mois en

 11   Croatie, d’avril 1994 jusqu’en août 1994.  Après quoi, vous

 12   avez pris les fonctions [expurgée]

 13   [expurgée] en août 1994 et vous êtes resté à Zenica jusqu’en

 14   février 1995.  C’est bien cela ?

 15         R.    Après une restructuration due au Ministère

 16   des Affaires étrangères, j’ai été envoyé à nouveau dans

 17   l’ex-Yougoslavie, comme vous l’avez dit à très juste titre. 

 18   J’y suis arrivé en avril et j’ai [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée].                    Puis, au mois d’août, j’ai été

 22   [expurgée]                                            , plus

 23   tard, ce Centre a changé son nom pour devenir le [expurgée]

 24   [expurgée].

 25         Q.    Dans le cadre de vos fonctions en tant


Page 13074

  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   connaissiez-vous les dispositions du Plan Vance-Owen que la

  4   communauté internationale proposait à ce moment-là ?

  5         R.    L’élaboration du Plan Vance-Owen a eu lieu

  6   pendant la période que j’ai passée à Gornji Vakuf et au

  7   moment où je suis arrivé à Travnik, nous en étions arrivés

  8   à une étape critique dans ce processus.  En effet,

  9   l’élément serbe avait décidé de ne pas accepter le plan. 

 10   Donc, sur le terrain, on nous a dit que des tentatives

 11   devaient être faites pour appliquer le plan à chaque fois

 12   que cela était possible.  C’est ce que nous nous sommes

 13   efforcés de faire à partir du mois de juin mais notre

 14   action a été interrompue quelque peu par les opérations

 15   militaires.

 16         Q.    Ce plan international préconisait la création

 17   de 10 cantons déterminés sur des bases ethniques, n’est-ce

 18   pas ?

 19         R.    C’est exact.

 20         Q.    Est-il exact que dans le canton numéro 10, la

 21   région de Travnik, le gouverneur était censé être un

 22   Croate, le vice-gouverneur, un musulman et il devait y

 23   avoir un gouvernement intérimaire provincial composé au

 24   départ de cinq musulmans, quatre Croates et un Serbe ?

 25         R.    Vous m’avez flatté il y a quelques instants


Page 13075

  1   en parlant des connaissances qui étaient les miennes sur le

  2   plan politique mais j’aurais beaucoup de mal à me rappeler

  3   la répartition exacte de la direction gouvernementale. 

  4   Cela étant, je me rappelle toutefois que le canton dont

  5   relevait Bugojno devait être dirigé par un Croate et je

  6   crois que cet homme répondait au nom de Soljic mais je ne

  7   me rappelle pas exactement les frontières des cantons qu’il

  8   était prévu de créer.

  9         Si Bugojno relève bien du canton numéro 10, je

 10   suis désolé de ne pas me rappeler le nom exact de ce

 11   canton, je peux répondre par l’affirmative à votre question

 12   quant au fait que ce canton devait être dirigé par un

 13   Croate.

 14         Q.    Témoin AD, vous avez une mémoire parfaite car

 15   je crois que Bugojno relevait bien du canton numéro 10. 

 16   Dans la pièce Z1034, qui est un rapport spécial de l’ECMM

 17   daté du 3 juin 1993, il est fait référence à ce fait.  Nous

 18   pouvons vous montrer ce document si vous le souhaitez.

 19         Je cite : « Le maire de Bugojno, Monsieur Soljic,

 20   HVO, vient d’être nommé gouverneur par les Croates de

 21   Bosnie et il apparaît à tous, y compris aux musulmans de

 22   Bosnie, que c’est un bon début. »  Fin de citation.

 23         Il s’agit de la province de Travnik, province

 24   numéro 10 dans le plan Vance-Owen.  Cela vous rafraîchit-il

 25   la mémoire, Monsieur ?


Page 13076

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Très bien !  Avez-vous eu l’occasion de

  3   parler de la mise en œuvre de ce plan avec les autorités

  4   politiques, qu’elles soient du côté croate ou du côté

  5   musulman de Bosnie ?

  6         R.    Oui.  Je me souviens parfaitement avoir

  7   organisé une réunion destinée pour le Chef du Centre

  8   régional, Monsieur Jean-Pierre Thebault, à Bugojno même. 

  9   Nous nous y sommes rendus et nous avons rencontré Monsieur

 10   Soljic.  Je crois que ce jour-là ou la veille, il avait été

 11   nommé à ce poste.  Nous avons également rencontré certains

 12   des dirigeants croates et musulmans de Bugojno.  Dzevad

 13   Mlaco, si je me souviens bien, était le maire musulman de

 14   Bugojno.  Il était présent.  Je me souviens encore d’une

 15   autre personne, un certain Branko Raguz, membre de la

 16   Communauté croate de Bosnie.

 17         Q.    Je suppose que Monsieur Kordic n’avait pas

 18   été invité à cette réunion à laquelle devaient assister les

 19   chefs des centres régionaux, Monsieur Soljic, ce gouverneur

 20   qui venait d’être nommé à ses fonctions et par d’autres ?

 21         R.    Il a peut-être été invité par Monsieur

 22   Thebault.

 23         Q.    Vous savez s’il a reçu une invitation ?

 24         R.    Non, je ne sais pas.

 25         Q.    J’ai une autre question qui porte sur le Plan


Page 13077

  1   Stoltenberg-Owen, lequel avait été approuvé en août 1993

  2   par la communauté internationale.  Ceci cadre-t-il bien

  3   avec vos souvenirs ?

  4         R.    Oui, oui.  Effectivement, je me souviens bien

  5   du HMS l’Invincible et de toutes les négociations qui s’y

  6   sont déroulées.

  7         Q.    Là, selon ce plan, on envisageait la

  8   constitution de trois républiques qui soient basées sur une

  9   base ethnique ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Et ceci avait été accepté par la communauté

 12   internationale ?

 13         R.    Ce matin, je vous avais parlé de discussions

 14   à Genève mais rappelez-vous, je vous avais dit que sur le

 15   terrain, nous disposions de très peu de renseignements

 16   quant aux contours précis que devait prendre cette carte et

 17   sur le terrain, il y avait des spéculations qui circulaient

 18   sur les frontières précises qu’auraient ces trois

 19   républiques qui étaient proposées mais moi, je n’avais pas

 20   les détails.

 21         Q.    Je pense que la Communauté croate de Herceg-

 22   Bosna a été constituée précisément ce mois-là, en août

 23   1993, et c’est en août que la communauté internationale

 24   avait approuvé ce plan, n’est-ce pas ?

 25         R.    Oui, mais j’aimerais ajouter qu’à mon arrivée


Page 13078

  1   à Mostar, lorsque j’ai essayé d’en savoir plus long, ça ne

  2   faisait que prendre forme.  Donc, il se peut,

  3   effectivement, que cette communauté ait été créée en août

  4   mais je ne suis pas… on parlait de république.  Je ne sais

  5   pas à quel point la communauté croate était déjà devenue

  6   République croate de Herceg-Bosna.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Quel est

  8   l’intérêt… quelle est l’utilité de ce point en contre-

  9   interrogatoire ?  Dans la mesure où il y a litige sur des

 10   documents, ne craignez rien, vous aurez amplement

 11   l’occasion d’appeler à la barre vos témoins afin de faire

 12   la preuve du contenu de ces entités politiques croates, du

 13   moment où elles sont entrées en vigueur.  Vous aurez vos

 14   propres témoins.  Vous avez promis 100 témoins de la

 15   Défense.  Je suppose qu’au moins un de ces 100 témoins aura

 16   l’occasion de fournir ces documents.

 17         Le temps passe.  Ce qui m’inquiète c’est ceci : 

 18   Est-il utile de poser des questions à ce témoin sur des

 19   sujets dont il se souvient peut-être ?

 20         Bien sûr, posez-lui des questions sur les

 21   documents qui ont été produits par son truchement ou sur

 22   des points sur lesquels il a déposé mais s’agissant

 23   d’autres questions, je pense qu’il sera préférable d’en

 24   traiter différemment.  Vous savez que le Règlement précise

 25   que le contre-interrogatoire doit porter sur des questions


Page 13079

  1   qui découlent de l’examen principal ou pour les autres

  2   points, il faut demander l’autorisation de la Chambre de

  3   première instance.

  4         Poursuivez.

  5         Me SAYERS (interprétation) :  Bien sûr, à vous de

  6   juger, Messieurs, mais je pense que ces questions portaient

  7   sur le caractère de jure et de facto de ces entités et je

  8   pense qu’ici, on abordait l’aspect juridique.  Je pense

  9   qu’une bonne partie de sa déposition a été consacrée aux

 10   fonctions supposées qu’avait Monsieur Dario Kordic dans la

 11   République croate de Herceg-Bosna.  Je demande au témoin de

 12   se souvenir précisément et que nous pouvons l’aider à s’en

 13   souvenir grâce aux documents.

 14         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ceci ne vous

 15   sera pas autorisé.  Lorsqu’il a parlé de la fonction

 16   occupée par Monsieur Kordic, par contraste avec ce qu’il a

 17   dit sur d’autres points, eh bien, commencez le 3 novembre

 18   en 1993, au moment où il a eu cette conversation avec

 19   Monsieur Bender. 

 20         Libre à vous de poser des questions, certes, sur

 21   des liens éventuels avec les deux groupes, Jokeris et

 22   Apostolis. Vous pouvez poser des questions sur d’autres

 23   sujets qui ont fait l’objet de sa déposition.  En outre, il

 24   avait estimé que votre client était isolé et coupé de toute

 25   réalité mais lorsqu’on parle de la composition de l’armée


Page 13080

  1   de Bosnie-Herzégovine ou plutôt, je me corrige, de la

  2   partie croate au début de l’année, tout ceci ne fait pas

  3   partie de la déposition de ce témoin en interrogatoire

  4   principal.

  5         Veuillez vous en tenir aux éléments de preuve

  6   précis.

  7         Me SAYERS (interprétation) : 

  8         Q.    Témoin AD, vous avez parlé de la Communauté

  9   croate de Herceg-Bosna qui a précédé immédiatement la

 10   création de la République croate de Herceg-Bosna.  Vous

 11   savez que le Président de cette communauté était Mate

 12   Boban, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Je pense que vous avez dit que vous avez,

 15   effectivement, eu l’occasion de rencontrer Monsieur Boban,

 16   alors que vous étiez [expurgée]

 17   [expurgée].  Est-ce exact ?

 18         R.    Oui.  Je me souviens l’avoir rencontré à deux

 19   reprises.

 20         Q.    Et lui, il est devenu le premier Président de

 21   la République croate de Herceg-Bosna ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Vous avez dit que Monsieur Kordic était un

 24   Vice-président de la Communauté croate de Herceg-Bosna. 

 25   Est-ce que vous saviez qu’il y en avait deux Vice-


Page 13081

  1   présidents ?

  2         R.    Oui.  Je pensais qu’il y en avait même plus. 

  3   Beaucoup de vice-présidents ou de personnes s’affirmaient

  4   Vice-président.  Je savais qu’il y en avait plus qu’un.

  5         Q.    Est-ce qu’au sein de la Communauté croate de

  6   Herceg-Bosna, vous avez essayé de savoir quels étaient les

  7   pouvoirs déclarés, les pouvoirs réels de telles personnes

  8   dans ces entités ?

  9         R.    Je ne pense pas l’avoir fait.  Ce que j’ai

 10   fait c’est m’enquérir des raisons pour lesquelles la

 11   communauté croate s’était constituée et m’enquérir aussi

 12   sur les personnes occupant des postes de responsabilité et

 13   je pense qu’à ces occasions, Monsieur Kordic s’était

 14   présenté comme étant un Vice-président de la Communauté

 15   croate de Herceg-Bosna mais quant à savoir quelles étaient

 16   ses attributions précises, je ne sais pas.

 17         Q.    Dans votre rapport du 8 novembre, qui a reçu

 18   la cote 1289.1, vous parlez d’un Monsieur Vladimir Pogarcic

 19   de Mostar.  Est-ce que vous avez discuté avec ce Monsieur

 20   de la nature de cette Communauté croate de Herceg-Bosna

 21   comme étant une entité qui avait été créée à l’occasion de

 22   la guerre, qui était de nature transitoire ?

 23         R.    J’ai eu beaucoup de discussions avec Monsieur

 24   Pogarcic et il est certain que j’ai discuté avec lui de la

 25   façon dont s’était organisée la Communauté croate de


Page 13082

  1   Herceg-Bosna.  Ceci se situait en novembre-décembre mais à

  2   cette époque-là, ce qui m’intéressait davantage c’était des

  3   questions de pouvoir, des personnes de pouvoir, du soutien

  4   qui se manifestait autour de Monsieur Boban.

  5         J’avais sept ou huit interlocuteurs privilégiés

  6   dont Monsieur Pogarcic et je me souviens que la plupart des

  7   discussions que j’ai eues avec lui se concentraient là-

  8   dessus.  Je me souviens aussi avoir discuté avec Monsieur

  9   Pogarcic de l’incident de Stupni Do.  Cet incident et cette

 10   région l’intéressaient tout particulièrement parce qu’il

 11   s’appelle Monsieur Pogarcic, Poga étant un village dans la

 12   région de Stupni Do, et il m’a expliqué que c’était de là

 13   que venaient ses ancêtres et il voulait, bien sûr, savoir

 14   ce que nous pensions de ce qui s’était passé à Stupni Do.

 15         Q.    Certaines questions vous ont été posées à

 16   propos du HVO.  Savez-vous que Monsieur Kordic n’a jamais

 17   eu de poste officiel d’autorité au sein du HVO, que ce soit

 18   en tant que Président ou en tant que Vice-président, par

 19   exemple ?

 20         R.    Je sais qu’il lui est arrivé de se présenter

 21   comme étant le Colonel Kordic et je l’ai vu en uniforme. 

 22   Je me souviens l’avoir vu alors qu’il rendait visite à des

 23   patients à Nova Bila.  Je l’ai vu à la télévision aux

 24   actualités.  J’ai bien compris qu’il n’avait pas de

 25   formation ni d’antécédents militaires mais à des moments


Page 13083

  1   comme ceux-là, il y a des gens qui se proclament militaires

  2   et prennent du grade.

  3         Q.    Vous avez parlé du Dr Jadranko Prlic qui

  4   était Président du HVO, n’est-ce pas ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Étiez-vous au courant du fait que le HVO

  7   comptait trois Vice-présidents :  Stipo Ivankovic, Kresimir

  8   Zubak et Monsieur Anto Valenta ?

  9         R.    Je savais que c’était le cas pour Monsieur

 10   Anto Valenta.  J’ai rencontré Monsieur Zubak mais je ne

 11   connaissais pas ses fonctions et lorsque j’ai rencontré

 12   Monsieur Zubak pour la première fois, il était Ministre

 13   adjoint à la Défense.  Il se peut que je me trompe.  Il se

 14   peut que je le confonde avec Slobodan Bozic.

 15         Q.    Vous avez parlé de Monsieur Valenta et vous

 16   avez dit que Monsieur Kordic était la seule personne vers

 17   qui Monsieur Blaskic pouvait se tourner pour prendre les

 18   décisions qui étaient nécessaires.  Je vais vous demander

 19   ceci : Connaissez-vous l’un des rapports qui auraient été

 20   rédigés par votre supérieur, Monsieur Thebault, ce rapport,

 21   notamment, du 1er mai 1993 ?  Il s’agit de la pièce 1941 où

 22   il était dit que le HVO est une entité politique, que

 23   Monsieur Valenta, Vice-président du HVO, est le numéro 2. 

 24   Vous en souvenez-vous ?

 25         R.    Non, je ne m’en souviens pas.


Page 13084

  1         Me SAYERS (interprétation) :  Peut-on placer ce

  2   document sur le rétroprojecteur ?

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais avoir

  4   un entretien avec le juriste de la Chambre.

  5         Me SAYERS (interprétation) :  Veuillez place la

  6   pièce 895.1. 

  7         Q.    Je vous montre l’extrait qui décrit Monsieur

  8   Valenta comme étant le Vice-président du HVO, le vrai

  9   numéro 2 après Mate Boban, le HVO étant une entité

 10   politique.  Étiez-vous au courant de cette évaluation alors

 11   que vous alliez prendre vos fonctions à Travnik ?

 12         R.    Non, je ne savais pas que cela avait été

 13   écrit.  J’avais compris que Monsieur Valenta était Vice-

 14   président ou un des Vice-présidents du HVO mais ceci,

 15   c’était à un stade ultérieur.  J’ai eu plusieurs réunions

 16   avec Monsieur Valenta.

 17         Q.    Témoin AD, j’allais vous poser une question à

 18   propos du gouvernement de la République croate de Bosnie-

 19   Herzégovine mais vu le commentaire formulé par la Chambre,

 20   je vais passer à autre chose.

 21         Référence est faite… excusez-moi, je reformule ma

 22   question :  Est-ce que vous étiez au courant du fait que

 23   Monsieur Kordic avait été nommé à la commission chargée des

 24   promotions et des désignations au Parlement de la

 25   République de Croatie et désignation qui a pris effet le


Page 13085

  1   1er septembre ou le 3 septembre 1993 ?

  2         R.    Vous l’aurez compris ce matin, je ne

  3   connaissais pas exactement la position exacte qu’il

  4   occupait à l’époque, en cette période de transition. 

  5   C’était intéressant.  Nous essayions simplement de savoir

  6   s’il avait un poste ministériel, par exemple, ou s’il était

  7   simplement parlementaire.

  8         Q.    Pour évacuer toute confusion, est-ce que vous

  9   avez décidé de placer un coup de fil à Monsieur Kordic pour

 10   lui poser la question ?

 11         R.    Je ne pense pas que le téléphone fonctionnait

 12   à l’époque.  Donc, ce n’était pas aussi simple que cela.

 13         Q.    Je comprends.  C’était une époque difficile

 14   mais avez-vous posé la question au Centre de Coordination à

 15   Travnik pour que lui soit relayée cette question à Monsieur

 16   Kordic ?

 17         R.    Je crois qu’en marge d’un des documents que

 18   nous avons examinés ce matin, vous allez voir une note

 19   manuscrite qui dit que Travnik devrait corroborer les

 20   informations dont nous disposons.  Donc, je suppose que

 21   Travnik, comme nous, voulait savoir cela et je crois qu’ils

 22   se sont rendus sur place pour essayer d’en savoir plus.  Je

 23   peux, d’ailleurs, vous en dire plus.

 24         J’ai eu une discussion par communication satellite

 25   avec le Chef du Centre régional, Monsieur Beaumont, et il


Page 13086

  1   était certain, il était convaincu que le poste occupé par

  2   Monsieur Kordic dans le nouveau gouvernement était un poste

  3   ministériel.  Donc, ça veut dire qu’il avait des

  4   informations peut-être contradictoires par rapport à ce

  5   qu’il y avait.

  6         Q.    Donc, il y avait, si vous voulez, un manque

  7   de concordance entre les informations venant de Mostar et

  8   celles venant du Centre de Coordination de Travnik ?

  9         R.    Nous avions une perception différente par

 10   rapport à nos collègues de Bosnie centrale parce que les

 11   dirigeants de Mostar nous donnaient une idée différente de

 12   ce que cette personne était peut-être sur le terrain.

 13         Q.    Avez-vous pu vérifier les informations qui

 14   figurent dans certains de vos rapports, informations selon

 15   lesquelles Monsieur Kordic n’était qu’un parmi 70 délégués

 16   parlementaires à Mostar avant la première fonction

 17   officielle qui lui a été attribuée, ce dont nous parlerons

 18   dans un instant ?

 19         R.    À la lecture des documents ce matin, je me

 20   suis souvenu qu’au moment où j’ai quitté début février la

 21   région, j’avais compris la situation comme celle-ci :  Il

 22   était délégué à partir de Mostar.

 23         Q.    Il a été nommé au poste de Vice-président du

 24   Parlement en février, le 17 février 1994.  Il était l’un

 25   des deux Vice-présidents ?


Page 13087

  1         R.    À cette époque, j’étais de retour en

  2   Angleterre, je ne m’en souvenais pas mais quand je suis

  3   parti, il était… lorsque j’ai refait surface, il était

  4   Président du HDZ.

  5         Q.    Dans certains de vos rapports, on parle d’un

  6   conseil du Président ou un conseil présidentiel.  Vous

  7   souvenez-vous d’avoir discuté de cette entité avec des

  8   représentants de la République croate de Herceg-Bosna à

  9   Mostar ?

 10         R.    Oui.  C’est bien de cette entité que je

 11   parlais lorsque j’avais eu des discussions avec Monsieur

 12   Pogarcic.  J’avais discuté avec Monsieur Pogarcic mais sans

 13   doute avec d’autres personnes, notamment le Premier

 14   Ministre de la République croate de Herceg-Bosna, Monsieur

 15   Prlic.

 16         Q.    À votre connaissance – je suppose que ceci ne

 17   sera pas contesté – Monsieur Kordic n’a jamais été membre

 18   de ce conseil de la présidence ou présidentiel ?

 19         R.    Je ne me souviens pas avoir vu son nom comme

 20   étant le nom d’un des protagonistes principaux.

 21         Q.    Je pense que c’est Monsieur Lovrenovic qui

 22   vous a dit qu’il n’y avait pas de vice-président dans cette

 23   république, à l’inverse de la Communauté croate de Herceg-

 24   Bosna ?

 25         R.    Je ne me souviens pas particulièrement.  Dans


Page 13088

  1   une des déclarations de ce matin, j’ai lu et je me suis

  2   souvenu qu’on nous avait donné une répartition, une

  3   ventilation de la direction au niveau de la présidence.  Il

  4   y figurait le nom de Kordic en tant que Vice-président et

  5   celui de Kostroman en tant que Secrétaire et ces

  6   informations correspondaient tout à fait avec celles que

  7   nous recevions du centre régional ou du Centre de

  8   Coordination de Travnik. 

  9         C’est seulement par la suite, lorsque j’ai été

 10   voir Monsieur, non pas Rozanovic (ph.) mais Lovrenovic,

 11   plutôt.  Effectivement, c’est la première personne qui a

 12   suggéré qu’il y avait d’autres personnes ou qui a peut-être

 13   donné une idée différente de ce que nous avions perçu.

 14         Q.    Je pense que dans la pièce 1330, dans ce

 15   rapport qui date du mois de septembre… pardon, du 15

 16   décembre 1993, apparemment, vous avez discuté de ce conseil

 17   présidentiel avec Monsieur Lovrenovic, lequel vous a

 18   indiqué que c’était des fonctions purement consultatives

 19   mais que ces fonctions devaient être davantage précisées

 20   parce qu’il fallait un mécanisme destiné à appuyer la

 21   république en l’absence du président.  Vous en souvenez-

 22   vous ?

 23         R.    Pouvez-vous me donner la cote ?

 24         Q.    La cote est 1330, document en date du 15

 25   décembre.


Page 13089

  1         R.    Oui.  J’ai le document sous les yeux mais

  2   nous en avions un autre.  Nous avions une liste plus

  3   précise où nous voyions figurer le nom de Kordic en tant

  4   que Vice-président.

  5         Q.    Dernière question sur ce point.  Voici une

  6   hypothèse :  Monsieur Kordic n’a jamais été Vice-président

  7   de la République croate de Herceg-Bosna.  Est-ce que vous

  8   le saviez en tant que fait ?

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous ne pouvez

 10   pas présenter ou soumettre ceci en tant que fait.  Ce n’est

 11   qu’une hypothèse soumise au témoin et le témoin va

 12   simplement donner son avis.

 13         Monsieur le Témoin, êtes-vous informé sur ce

 14   point ?

 15         R.    Évidemment, la discussion d’aujourd’hui me

 16   renvoie aux discussions de l’époque.  On se demandait s’il

 17   avait un poste d’autorité ou pas.  Il a dit aux équipes de

 18   Travnik qu’il était Vice-président.  Nos premières

 19   informations venant de Mostar le confirmaient et ce n’est

 20   que plus tard qu’on s’est écarté de cette hypothèse et ces

 21   différences ont suscité un intérêt qui n’a jamais cessé. 

 22   La question était toujours sans réponse au moment où j’ai

 23   quitté la région.

 24         Me SAYERS (interprétation) :  

 25         Q.    Fort bien !  Je crois que nous ne pourrons


Page 13090

  1   pas aller plus loin sur ce point.  Passons à un autre

  2   sujet.  Nous allons parler de la chaîne de commandement des

  3   forces armées.  Je suppose que vous saviez que le

  4   Commandant suprême des forces armées avant la création de

  5   la République croate de Herceg-Bosna était Mate Boban ?

  6         R.    Oui, même si nous étions intéressés par les

  7   rapports pressés qu’il avait avec le gouvernement croate.

  8         Q.    Et vous n’avez jamais élucidé ces questions ? 

  9   Vous n’avez jamais précisé la relation exacte

 10   qu’entretenait Monsieur Boban avec la Croatie ?

 11         R.    Non.

 12         Q.    Le grand quartier général ou l’état-major

 13   principal de ces forces était à Mostar, n’est-ce pas ?

 14         R.    Je pense que c’était à Posusje, près de

 15   Mostar.

 16         Q.    C’était, effectivement, le quartier général

 17   des forces armées en Herzégovine, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Je pense qu’au départ, le chef de l’état-

 20   major était le Général de brigade Milivoj Petkovic ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Qui fut remplacé par le Général Slobodan

 23   Praljak vers le milieu de l’année 1993, n’est-ce pas ?

 24         R.    Nous n’étions pas trop sûrs du poste ou de la

 25   fonction exacte occupée par Monsieur Praljak parce que


Page 13091

  1   Petkovic, en théorie, est resté commandant et Praljak lui

  2   était subordonné mais Praljak n’était pas de cet avis.

  3         Q.    Et Ante Roso, ce Général est-il devenu

  4   Commandant en chef des forces croates en novembre 1993 et

  5   est-ce que c’est Monsieur Bozic, Ministre de la Défense de

  6   la République croate de Herceg-Bosna, qui vous en a

  7   informé ?

  8         R.    Oui.  Je suis allé le voir pour établir une

  9   relation de travail avec lui.  À ce moment-là, le quartier

 10   général s'était déplacé plus vers l’ouest.  Je ne me

 11   souviens plus de la ville où il s’était installé.

 12         Q.    Fort bien !  Avez-vous essayé de savoir s’il

 13   y avait un code de discipline au sein des forces armées

 14   croates ?

 15         R.    Je n’ai pas particulièrement posé la question

 16   mais ce que j’ai posé comme question c’était celle de

 17   savoir quels étaient les rapports de certains commandants

 18   au sein de la structure de commandement après les combats

 19   qui s’étaient déroulés en Bosnie centrale.  Il apparaissait

 20   clairement que le HVO n’était pas nécessairement très bien

 21   vu.  Il y avait des discussions entre les dirigeants

 22   politiques et militaires et on s’inquiétait que Monsieur

 23   Petkovic et Monsieur Stojic, ministres de la Défense,

 24   allaient peut-être être mutés ou remplacés car c’était une

 25   période tout à fait incertaine et nous étions très


Page 13092

  1   intéressés par la question de savoir qui occupait tel ou

  2   tel poste.

  3         Q.    À cet égard, une dernière question.  Avez-

  4   vous essayé de savoir s’il existait un système de cour

  5   martiale ou de procureur militaire mis en place pour

  6   sanctionner tout soldat qui s’était rendu coupable

  7   d’infractions aux lois et coutumes militaires ?

  8         R.    Je n’ai pas posé la question directement mais

  9   je serais poussé à le croire, ne serait-ce qu’à cause de

 10   l’incident où Stari Most, le vieux pont de Mostar, a été

 11   pilonné soi-disant par des soldats dissidents.  Par la

 12   suite, on nous a dit que des personnes avaient été arrêtées

 13   qui faisaient l’objet d’une procédure militaire. 

 14   Normalement, c’est ce qui se passe dans une structure

 15   militaire.  Il doit y avoir une structure qui s’occupe de

 16   la discipline.

 17         Q.    Mais vous n’avez rien constaté qui vous

 18   pousse à conclure le contraire au cours de votre mission en

 19   Bosnie-Herzégovine ?

 20         R.    La seule chose que je dirais en guise de

 21   commentaire est que la plupart des autorités ne faisait pas

 22   toujours l’objet d’autant de cohésion que ce qu’on pourrait

 23   attendre dans une organisation militaire mieux structurée.

 24         Q.    Parlons un peu de la Bosnie centrale.  Vous

 25   conviendrez avec moi que le Colonel Blaskic était le


Page 13093

  1   Commandant suprême de toutes les forces croates ou du HVO

  2   en Bosnie centrale pendant la durée de votre mission ?

  3         R.    Oui.  Il était le Commandant de la zone

  4   opérationnelle de Bosnie centrale.

  5         Q.    Qui avait un contrôle direct sur toutes les

  6   opérations militaires pour Vitez, Busovaca, pour ces

  7   enclaves-là ?

  8         R.    Oui, mais parfois, l’interface militaire

  9   était très importante et je pense qu’au cours de ma

 10   mission, Monsieur Blaskic a fait des allusions à la

 11   direction politique plutôt que simplement à la direction

 12   militaire.

 13         Q.    Il est exact, n’est-ce pas, que le Colonel

 14   Blaskic ne vous a jamais dit que son pouvoir, ses

 15   attributions militaires étaient limitées et que pour avoir

 16   l’autorisation de faire telle ou telle chose, il devait

 17   demander l’accord de Monsieur Kordic ?

 18         R.    Mais si, il me l’a dit et je crois que nous

 19   avons vu une déclaration tout à fait parlante sur ce point

 20   ce matin.  Il m’a dit, Monsieur Blaskic, s’agissant de ce

 21   qui se passait à Genève : « C’est là un aspect politique »

 22   et que Kordic était l’homme à qui je devais m’adresser.  Je

 23   vous ai dit que cette question de l’interface politique ou

 24   militaire est particulièrement intéressante dans la région.

 25         Q.    Oui, mais moi, je parle de décisions


Page 13094

  1   militaires précises qu’il fallait prendre dans les enclaves

  2   de Vitez et Busovaca.  Blaskic ne vous a jamais dit qu’il

  3   avait besoin de l’accord de Kordic pour faire telle ou

  4   telle chose dans sa zone de responsabilité ?

  5         R.    Non.  Il ne me l’a jamais dit de façon

  6   spécifique mais je sais pourtant que Monsieur Kordic était

  7   la personne qui dirigeait certaines négociations

  8   militaires.

  9         Q.    Le Colonel Blaskic ne vous a jamais dit que

 10   Monsieur Kordic ait le moindre pouvoir militaire ?  Soyons

 11   francs.

 12         R.    Moi, j’ai cru comprendre que Monsieur Kordic

 13   avait le grade de Colonel.  À l’époque, c’était le même

 14   grade que Monsieur Blaskic mais je ne pense pas que le

 15   Colonel Blaskic, qui était un militaire de carrière,

 16   cherchait l’avis de Monsieur Kordic en matière militaire

 17   mais il s’adressait à lui pour des questions plutôt

 18   politiques.

 19         Q.    Tranchons dans le vif.  Vous avez dit que

 20   Monsieur Kordic était le représentant des autorités

 21   politiques dans l’enclave et que Monsieur Blaskic, lui,

 22   était l’incarnation du pouvoir militaire :  Est-ce exact ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Je pense qu’il est exact de dire que vous

 25   n’avez jamais vu le Colonel Blaskic en train de consulter


Page 13095

  1   Monsieur Kordic avant de prendre une décision militaire

  2   particulière.  Est-ce bien exact ?

  3         R.    C’est exact.

  4         Q.    Vous avez aussi parlé d’une occasion ou d’une

  5   réunion où Monsieur Blaskic devait consulter quelqu’un

  6   avant de prendre une décision mais je ne me souviens plus

  7   exactement du contexte.  Vous ne savez pas s’il a

  8   simplement, pour prendre cette décision, consulté les

  9   commandants de sa structure ?

 10         R.    Il s’agissait de l’accès à Stari Vitez mais

 11   je ne sais pas à qui il s’est adressé pour discuter de

 12   cette question militaire.

 13         Q.    Une question à propos du Colonel Siljeg. 

 14   Vous en avez parlé dans votre interrogatoire principal.  Il

 15   était Commandant de la zone opérationnelle de Herzégovine

 16   pour le nord-ouest de l’Herzégovine, alors que vous étiez à

 17   Gornji Vakuf, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.  Il était à Tomislavgrad.  C’était le

 19   Commandant de cette zone.

 20         Q.    Il est indubitable qu’il était aussi le

 21   Commandant du rang le plus élevé dans la région, n’est-ce

 22   pas ?

 23         R.    Oui.  C’est avec lui que nous avions toujours

 24   affaire.

 25         Q.    Serait-il exact de dire que dans la région de


Page 13096

  1   Gornji Vakuf, il ne fallait pas, avant de prendre une

  2   décision, consulter Monsieur Kordic ?

  3         R.    Non.

  4         Q.    En d’autres termes, son influence politique

  5   n’allait pas jusqu’à Gornji Vakuf, pour autant que vous

  6   puissiez en juger ?

  7         R.    La situation n’est pas militaire.  Vous

  8   voyez, en situation militaire, on peut délimiter les zones. 

  9   Ce n’est pas le cas en politique.  Dans la zone de Bosnie

 10   centrale où se trouvait Blaskic, effectivement, cela

 11   n’incluait pas Gornji Vakuf, ni Bugojno et je n’ai jamais

 12   là fait référence à quelque interaction avec Monsieur

 13   Kordic pour cette région.

 14         Q.    Ceci vaudrait aussi pour la période de votre

 15   mission que vous avez passée à Mostar ?  L’influence de

 16   Kordic n’allait pas jusque là, ne s’étendait pas aux

 17   questions militaires qui étaient réglées à Mostar ?

 18         R.    Je suppose qu’il y avait des personnes de

 19   plus haut rang à Mostar qui prenaient les décisions, vu

 20   l’isolement de Monsieur Kordic en Bosnie centrale.

 21         Q.    Vous avez parlé de façon tout à fait

 22   intéressante et précise de l’isolement grandissant de ces

 23   enclaves croates au fil de l’été 1993.  Je pense qu’il est

 24   exact de dire que les Croates étaient coincés dans quatre

 25   enclaves : Vitez-Busovaca pour commencer ; puis dans


Page 13097

  1   l’enclave de Zepce ; et Kiseljak ; la quatrième étant

  2   l’enclave de Vares.  Est-ce exact ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Je suppose que cet isolement grandissait au

  5   fil du temps mais aussi au fil du succès remporté par les

  6   offensives musulmanes contre les forces croates au cours de

  7   cet été, n’est-ce pas ?

  8         R.    C’est exact.

  9         Q.    Par conséquent, en ce qui concerne le rapport

 10   au sujet de cet isolement et la manière dont ceci a été

 11   conçu en août 1993, pratiquement, ceci correspond mieux que

 12   les rapports du mois d’octobre 1993 ?

 13         R.    Non.  En ce qui concerne l’isolement, la

 14   situation s’est renforcée.  On ne pouvait pas circuler

 15   facilement.  C’était beaucoup plus difficile.  Au moment où

 16   moi, j’ai traversé de Bosnie centrale pour passer à Mostar,

 17   c’était beaucoup plus critique et la poche de Vares était

 18   critique.  L’enclave de Zepce était quelque peu plus sûre

 19   mais pour des raisons qui sont autres, on est arrivé à

 20   aboutir à un accord avec les forces serbes.  C’est la

 21   raison pour laquelle la situation à ce niveau-là était

 22   différente.

 23         Q.    Nous allons voir maintenant qu’est-ce qui

 24   s’est passé au niveau de l’enclave de Vares, si vous voulez

 25   bien.  Il y avait un degré de frustration assez important


Page 13098

  1   qui vous a été exprimé par les représentants et la

  2   direction politique à Vares.  Je pense que c’était en août

  3   1993.  Je pense qu’il vous a dit également qu’ils étaient

  4   pratiquement coupés par rapport à la direction politique en

  5   Croatie.  Est-ce que c’est exact ?

  6         R.    Je pense, effectivement, qu’ils étaient très

  7   préoccupés pour tout ce qui se passait à Genève.  Ils

  8   avaient peur qu’on allait les vendre, que leur territoire

  9   allait être remis.  Si je me réfère une fois de plus à un

 10   document qui a été versé au dossier aujourd’hui, le maire

 11   nous a envoyé une lettre dans laquelle on précise qu’ils

 12   ont le sentiment qu’ils ont été en quelque sorte vendus.

 13         Q.    Une dernière question.  Vous avez déposé au

 14   sujet d’un certain nombre d’informations auxquelles on ne

 15   pouvait pas parvenir facilement.  Pourrions-nous dire que

 16   l’ensemble de ceux qui représentaient la direction

 17   politique ou les militaires croates, ils voulaient toujours

 18   obtenir des informations, notamment quand il s’agissait des

 19   régions telles Vares et autres qui étaient isolées ?

 20         R.    Oui, c’est vrai.  Ceci est vrai également

 21   pour la direction musulmane car ils souhaitaient savoir ce

 22   qui se passait dans leurs enclaves qui étaient isolées où

 23   se trouvaient leurs propres minorités.  Effectivement, nous

 24   avions des moyens pour satisfaire à leur information.  On

 25   n’a pas transmis des informations militaires mais je me


Page 13099

  1   souviens qu’à Vares, par exemple, on a parlé avec le

  2   Colonel Blaskic de ce qui se passait au niveau de la

  3   population civile.

  4         Q.    Est-ce qu’on pourrait dire que, du point de

  5   vue du Colonel Blaskic, il lui était extrêmement difficile

  6   de savoir ce qui s’était passé avec les Croates à Vares et

  7   les musulmans également ne pouvaient pas savoir ce qui se

  8   passait avec leur propre population à Stari Vitez ?

  9         R.    Oui.  C’était difficile.  Il y avait une

 10   certaine communication entre ces deux communautés, ces deux

 11   groupes.  Je me souviens, par exemple, que j’ai pu voir

 12   également un certain nombre de papiers que j’ai reçus par

 13   transmission et je pense que c’est par satellite qu’ils ont

 14   communiqué entre Zepce et du HVO.  Il y avait des

 15   possibilités de communiquer mais pas toujours et il n’était

 16   pas possible, notamment, de voyager.

 17         Excusez-moi, je voulais tout simplement rajouter

 18   quelque chose.  Ultérieurement, plus tard, et je parle de

 19   la période qui a commencé début août, il y a une autre

 20   possibilité qui s’est ouverte.  Quand les gens de Kiseljak

 21   pouvaient circuler plus librement et partout où il y avait

 22   la communauté croate qui avait une ligne de front face aux

 23   Serbes, on ne pouvait pas isoler les enclaves croates et

 24   c’est la raison pour laquelle, je l’ai dit, à Zepce, ils

 25   ont essayé d’aboutir à un accord.  Ça s’est passé au niveau


Page 13100

  1   de l’enclave Zepce.  C’est la raison pour laquelle, par

  2   exemple, les gens de Kiseljak pouvaient se rendre à Vares,

  3   alors que de Busovaca jusqu’à Kiseljak, c’était très

  4   difficile pour ne pas dire impossible de s’y rendre.

  5         Q.    Pourrions-nous passer maintenant à un autre

  6   sujet, un sujet qui a été soulevé par le Président ?  On va

  7   parler des Jokeris.  Il y a donc un certain nombre de

  8   questions que j’aimerais vous poser et qui concernent les

  9   moyens de contrôler ces unités.  Est-ce que vous-même, vous

 10   avez parlé personnellement avec les commandants de la

 11   police militaire à Vitez ? 

 12         Je vais vous poser la question au sujet de Zvonko

 13   Vukovic qui a été commandant de la police militaire

 14   jusqu’au 19 janvier 1993.  Est-ce que vous aviez eu

 15   l’occasion de parler avec ce monsieur ?

 16         R.    Je ne m’en souviens pas.  Je ne me souviens

 17   pas des noms.  Je sais que j’ai rencontré un certain nombre

 18   de représentants des deux côtés mais les gens changeaient,

 19   les noms changeaient.  C’est la raison pour laquelle

 20   j’essaie de m’en souvenir et je sais que j’ai rencontré un

 21   certain nombre de personnes.

 22         Q.    De toute façon, je ne vais pas tester votre

 23   mémoire.  Je vais vous proposer quelques noms et ceci va

 24   peut-être rafraîchir votre mémoire.  Est-ce que vous vous

 25   souvenez de Pasko Ljubicic ?


Page 13101

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Il est devenu chef commandant du 4e bataillon

  3   militaire depuis le 19 janvier 1993 et il y est resté

  4   jusqu’à la fin juillet 1994 ?

  5         R.    Je ne me souviens pas exactement de la date

  6   exacte.  Je ne connais pas le nom non plus mais je me

  7   souviens en revanche que je ne faisais pas la différence

  8   entre le chef de police militaire ou un autre poste qu’il

  9   occupait.  Je sais que, de toute façon, il y était à un

 10   moment donné ou l’autre.

 11         Q.    Est-ce qu’on pourrait dire, par exemple, si

 12   vous êtes au courant, que l’ECMM n’avait pas fait un

 13   rapport concernant la structure et la chaîne de

 14   commandement au niveau de la police militaire ?

 15         R.    Non, mais je ne suis pas au courant.  Je ne

 16   sais pas si, effectivement, il y avait des rapports dans ce

 17   sens-là.  Je n’ai pas obtenu une tâche dans ce sens-là et

 18   je n’ai pas demandé à qui que ce soit dans mon équipe de le

 19   faire.

 20         Q.    Si j’ai bien compris, vous n’avez jamais

 21   vous-même rédigé un rapport à ce sujet-là ?

 22         R.    Il n’est pas impossible que j’en aie parlé,

 23   que j’aie parlé de ces noms et qu’ils étaient présents mais

 24   je ne me souviens pas avoir fait un rapport tout spécial. 

 25   En revanche, je me souviens que j’avais écrit des rapports


Page 13102

  1   sur les Mujahedins.

  2         Q.    Et ceci, donc, se réfère au même groupe.  Je

  3   pense que vous en avez parlé.  Est-ce que vous vous

  4   souvenez que ce groupe a été placé à Kiseljak et qu’il a

  5   été en connexion directe avec Monsieur Ivica Rajic dont

  6   vous avez parlé ?

  7         R.    Je ne me souviens pas de la localité concrète

  8   dont vous me parlez.

  9         Q.    En d’autres termes, si je peux dire, vous

 10   n’avez pas vu des notes ou pour mémoire, à ce moment-là,

 11   vous n’avez pas rédigé un document au sujet des Apostolis,

 12   Apôtres, ou Jokeris, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui, vous avez raison.  On en a peut-être

 14   parlé dans le rapport mais personnellement, je n’ai pas

 15   fait un rapport à cette intention.

 16         Q.    Vous n’avez pas parlé avec aucun représentant

 17   de cette unité Jokeris ou Apôtres ?

 18         R.    Si j’ai bien compris, c’était les hommes de

 19   la police militaire qui étaient leurs chefs.  C’est peut-

 20   être avec eux que j’en ai parlé.

 21         Q.    Est-ce que vous avez parlé avec Palavra qui

 22   est venu après Pasko Ljubicic et jusqu’à la fin de la

 23   guerre ?  Est-ce que vous étiez en contact avec lui ?

 24         R.    Je ne m’en souviens pas.  S’il était une

 25   personne-clé, je l’ai rencontré.


Page 13103

  1         Q.    Messieurs Vukovic, Ljubicic, Palavra,

  2   personne n’a dit qu’il a été subordonné à Monsieur Kordic

  3   et qu’il devait recevoir des ordres de Monsieur Kordic ?

  4         R.    Je ne me souviens pas leur avoir posé la

  5   question dans ce sens-là.

  6         Q.    Vous avez parlé d’une source d’information en

  7   parlant de ce lien entre Kordic et ses groupes.  Est-ce que

  8   vos interprètes ou les conducteurs avec lesquels vous étiez

  9   en contact ont eu des relations ou des liens avec ces

 10   personnes-là et avec qui ils ont parlé ?

 11         R.    Comme je l’ai déjà dit, on ne s’appuyait pas

 12   sur une seule source d’information.  La plupart des données

 13   nous parvenaient de la FORPRONU.  Les déclarations ou les

 14   informations qu’on recevait des interprètes c’était tout

 15   simplement pris comme quelque chose qui était un point de

 16   vue, une opinion qui les concernait.

 17         Q.    Mais quand vous parlez de la FORPRONU, est-ce

 18   que vous pensez au BRITBAT qui faisait partie intégrante de

 19   la FORPRONU et qui se trouvait à Nova Bila ?

 20         R.    Oui.  C’était les gens avec lesquels je

 21   coopérais mais la FORPRONU, dans cette région, comprenait

 22   d’autres bataillons des Pays-Bas, ensuite, des Belges, et

 23   nous avons eu un certain nombre de relations entre nous

 24   mais je me suis quand même appuyé un peu plus sur ce que

 25   j’obtenais du côté du bataillon britannique mais ce qui


Page 13104

  1   était intéressant également au niveau de ce groupe c’est

  2   qu’à ce moment-là, il y avait un certain nombre de choses

  3   qui se passaient au moment où il y avait des accords qu’on

  4   négociait.

  5         Par exemple, ceci n’était pas dû parce que

  6   quelqu’un était intervenu ou non mais c’est tout simplement

  7   parce qu’on avait cru qu’il y avait un certain nombre de

  8   groupes qui étaient de hors du contrôle de Blaskic et qui

  9   étaient pratiquement sous le contrôle de Kordic.

 10         Q.    Mais les informations, vos informations,

 11   c’est de seconde main et vous ne savez pas absolument sur

 12   quoi vous basez vos informations ?

 13         R.    On pourrait dire que pratiquement, c’est de

 14   cette manière-là que nous recevions des informations.

 15         Q.    Nous pouvons poursuivre.  Revenons à la

 16   période où vous êtes retourné à Travnik ou plutôt quand

 17   vous êtes venu pour la première fois dans cette région. 

 18   Est-ce que c’était bien la première fois que vous avez pris

 19   connaissance de la Bosnie centrale ?  C’était au mois

 20   d’avril 1993 ?

 21         R.    Non.  J’étais déjà au QG de Monsieur Blaskic

 22   quelque peu avant, au moment où il y avait une enquête qui

 23   a été menée et qui concernait l’enlèvement des Croates

 24   entre Gorniji Vakuf et Travnik.  Il y avait un certain

 25   niveau de personnes qui ont été enlevées, qui ont disparu. 


Page 13105

  1   Il s’agissait des Croates initialement et on avait essayé

  2   d’enquêter, de voir ce qui se passait.

  3         Je me souviens que j’avais emmené avec moi

  4   Monsieur Zivko Totic, qui était commandant de la brigade

  5   Ante Starcevic et de Gornji Vakuf.  Nous sommes allés en

  6   Bosnie centrale.  Nous avons rencontré les gens.  Nous

  7   avons parlé à Opara avec les représentants de l’armée de

  8   Bosnie-Herzégovine et je me suis rendu en Bosnie centrale. 

  9   À ce moment-là, c’est un événement dont je me souviens.  Il

 10   y avait un autre événement également mais c’était une

 11   manifestation qui était autre.  C’est donc à deux reprises

 12   que j’y suis allé.

 13         Q.    Donc, vous êtes allé à Gornji Vakuf d’abord

 14   et vous n’étiez pas expert pour la région de Travnik, de

 15   Busovaca avant de vous y rendre, avant d’aller en avril

 16   1993, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui, tout à fait.

 18         Q.    Au moment où vous êtes arrivé, c’était juste

 19   avant l’offensive entre l’armée de Bosnie-Herzégovine et

 20   c’était bien à cette époque-là où vous êtes revenu ? 

 21   C’était juin 1993 ?

 22         R.    Oui, vous avez parfaitement raison.  C’était

 23   le début des conflits et ensuite, ça s’est transformé en

 24   une offensive.

 25         Q.    Cette offensive a été déclenchée dans un


Page 13106

  1   autre secteur dans la région de Kakanj.  Est-ce que vous

  2   vous en souvenez ?

  3         R.    Oui, je me souviens mais c’était avant

  4   Travnik, dans le secteur de Zenica, au moment où une

  5   brigade croate qui se trouvait à Zenica.  Je pense qu’elle

  6   était commandée par Monsieur Totic.

  7         Q.    Totic ?

  8         R.    Oui, tout à fait, Zivko Totic et je sais

  9   qu’il a été enlevé ensuite.  Nous avons participé également

 10   aux négociations pour sa libération.  Je me souviens que

 11   nous avons essayé également d’aboutir à un cessez-le-feu à

 12   Travnik et ensuite à Kakanj.

 13         Q.    Pour que tout soit clair au compte rendu, en

 14   avril 1993, vous avez compris que les forces du HVO à

 15   Zenica ont subi un échec et que la présence du HVO à Zenica

 16   n’y était plus ?

 17         R.    Oui, tout à fait.  C’était d’un ordre général

 18   et pour des raisons différentes mais ça, c’est vrai.

 19         Q.    Par conséquent, en juin 1993, le HVO n’était

 20   plus à Travnik étant donné que l’armée de Bosnie-

 21   Herzégovine a été victorieuse et le HVO a subi un échec

 22   également à Kakanj ?

 23         R.    Oui, mais il y avait quand même un petit

 24   écart entre Travnik et Kakanj.  C’est à l’ouest de la

 25   vallée de la Lasva qu’il y a eu un certain nombre de


Page 13107

  1   combats qui ont commencé et qui ont été transférés dans le

  2   secteur de Kakanj.

  3         Q.    Pour savoir à peu près combien il y avait de

  4   réfugiés expulsés, est-ce que vous avez une estimation

  5   générale en ce qui concerne le nombre de réfugiés expulsés

  6   à cause de cette offensive à Travnik ?  Nous avons entendu

  7   un chiffre entre 2 000 et 5 000.  Qu’est-ce que vous en

  8   pensez ?  Combien il y en avait qui étaient expulsés parmi

  9   les Croates ?

 10         R.    Je pense que c’était 20 000 plutôt que 5 000

 11   mais je me souviens du nombre qui sont restés à Travnik ou

 12   à Bugojno.  C’est entre 2 500 et 4 000, tout au moins au

 13   début, mais en ce qui concerne Travnik, c’est un nombre

 14   également qui a diminué.

 15         Q.    Est-ce que l’ECMM avait également une

 16   estimation concernant le nombre de réfugiés expulsés à

 17   cause de l’offensive de Kakanj ?  Nous avons entendu un

 18   chiffre de 15 000.

 19         R.    Je ne m’en souviens pas mais je sais que

 20   c’était un grand nombre.

 21         Q.    Une dernière question.  En août et en

 22   septembre, il y a eu une autre offensive qui s’était

 23   déclenchée.  Vous avez parlé de Bugojno.  Est-ce que vous

 24   vous en souvenez ?

 25         R.    Oui, tout à fait.


Page 13108

  1         Q.    Est-ce que vous vous souvenez qu’il y avait

  2   des crimes qui ont été commis à Uzdol en septembre 1993 ? 

  3   Il s’agissait de 35 victimes croates.

  4         R.    Oui, je me souviens mais à cette époque-là,

  5   j’étais en Angleterre.  C’est un crime qui a eu lieu.  Je

  6   m’en souviens.  Notre mission était présente.  Mon équipe

  7   de Gornji Vakuf s’est rendue sur place et je pense qu’ils

  8   ont emmené avec eux également une équipe de BBC.

  9         Q.    Est-ce que vous savez que l’armée de Bosnie-

 10   Herzégovine avait entrepris des investigations d’enquête ? 

 11   Est-ce qu’il y avait quelqu’un qui a été sanctionné ?  Est-

 12   ce qu’un commandant a été remplacé à cause de cet

 13   événement ?

 14         R.    Je ne sais pas.  Je ne sais pas s’il y avait

 15   une enquête officielle.  Je ne me souviens pas non plus

 16   qu’il y ait eu des changements au niveau de la direction.

 17         Q.    Nous avons parlé du Convoi de la Joie.  Je ne

 18   vais pas vous poser des questions car nous avons déjà

 19   obtenu beaucoup d’informations à ce sujet-là.  Vous allez

 20   en être satisfait, j’en suis sûr et certain.

 21         Nous allons passer aux réunions dont vous avez

 22   parlé en interrogatoire principal.  Il y avait eu une

 23   réunion que vous aviez avec Kordic le 1er septembre 1993 –

 24   vous vous en souvenez probablement – au moment où vous avez

 25   dit qu’on avait parlé de cet incident de pilonnage ?


Page 13109

  1         R.    C’était à peu près à cette époque-là.  Je ne

  2   suis pas sûr que c’était le 1er septembre mais c’était à

  3   peu près à cette époque-là, à ce moment-là.

  4         Q.    Nous avons ici un document de l’ECMM du 1er

  5   janvier… septembre (l’interprète se corrige) de 1993.  Je

  6   vais essayer de vous le présenter pour rafraîchir votre

  7   mémoire.

  8         Me SAYERS (interprétation) :  Juste pour informer

  9   le témoin et la Chambre, je vais faire de mon possible pour

 10   terminer d’ici 10 minutes.

 11         Q.    D165/1.  Monsieur le Témoin AD, si vous

 12   voulez bien jeter un coup d’œil sur le document, il s’agit

 13   d’un résumé qui a été fait par le centre régional de

 14   Zenica.  Deuxième page, troisième paragraphe, on parle de

 15   HCR et les représentants, qu’il y a eu des entretiens assez

 16   longs avec Monsieur Kordic qui s’est présenté comme vice-

 17   président de la Communauté croate de Herceg-Bosna.  Il a

 18   été indispensable également de rédiger un rapport. 

 19         Est-ce que c’est bien vous l’adjoint du centre ?

 20         R.    Non.  Il ne s’agissait pas de la réunion à

 21   laquelle j’ai assisté.  C’était Monsieur Jean-Pierre

 22   Thebault et son adjoint.  Je ne me souviens plus qui

 23   c’était.

 24         Q.    Monsieur le Témoin AD, ce n’est pas

 25   indispensable de rester plus longtemps sur ce document.


Page 13110

  1         Encore quelques questions.  Vous avez témoigné du

  2   fait que vous avez remarqué des véhicules portant des

  3   insignes HV, armée croate, ainsi que des personnes qui

  4   étaient vêtues en uniformes portant des insignes armée

  5   croate.  Est-ce que vous avez parlé avec quelques-uns de

  6   ces individus ?

  7         R.    Non.

  8         Q.    Il est vrai, par conséquent, qu’il était fort

  9   difficile de définir si, véritablement, l’armée croate y

 10   était impliquée ou non, s’ils avaient pris part en

 11   Herzégovine du sud ou en Bosnie centrale et que de nombreux

 12   rapports de l’armée de Bosnie-Herzégovine étaient assez

 13   contradictoires en ce qui concerne la présence de l’armée

 14   croate et ça ne s’est pas confirmé ou rarement ?

 15         R.    C’était une région qui était intéressante

 16   mais il est vrai également que ce qui était intéressant,

 17   c’était plutôt de savoir s’il y avait une quantité ou la

 18   qualité.  À mon avis, il s’agissait d’une formation qui

 19   était professionnelle.  Rien de ce que j’ai vu auparavant

 20   en observant le HVO.  Il s’agissait d’une unité qui était

 21   bien équipée, tout à fait différente.

 22         Q.    Je vous comprends parfaitement mais est-ce

 23   qu’on pourrait dire que pendant que vous étiez en Bosnie-

 24   Herzégovine, c’est la première fois que vous avez remarqué

 25   l’armée où il y avait également des forces du HV ?


Page 13111

  1         R.    J’ai vu quelques individus mais pas en nombre

  2   aussi important et je ne pouvais pas véritablement

  3   remarquer si c’était des soldats qui portaient des insignes

  4   du HV ou, éventuellement, des volontaires, mais c’est bien

  5   la première fois où j’ai vu un nombre aussi important de

  6   soldats qui appartenaient à une unité de tel type.

  7         Q.    Mais est-ce que vous vous êtes informé pour

  8   voir quel était le but de cette armée, quelles étaient les

  9   tâches qu’elle devait exercer ou bien vous avez tout

 10   simplement passé dessus ?

 11         R.    Non.  J’ai fait un rapport, un rapport

 12   spécial.  Je pense que c’était mi-janvier.  Je suis rentré

 13   en février mais avec le Chef du Centre, Martin Garrod, nous

 14   avons fait un rapport spécial et c’est à ce moment-là que…

 15   c’est le rapport qui a été examiné par l’équipe mais qui ne

 16   pouvait pas aller plus loin que Prozor à l’époque.  En

 17   effet, le Chef du Centre régional aurait dû étudier le cas

 18   mais je ne sais pas s’il l’a fait.

 19         Q.    Vous voulez dire que vous ne savez pas ce qui

 20   s’était passé par la suite et quel était le résultat

 21   également de ces enquêtes ?

 22         R.    Oui, effectivement.  Je ne suis pas au

 23   courant et je ne sais pas si l’enquête a été faite.

 24         Q.    Vous voulez dire que vous ne savez absolument

 25   pas où se rendaient ses forces, quelle était leur mission,


Page 13112

  1   ce qu’elles devaient faire ?

  2         R.    Non.  Ce serait trop de dire.  Ils se sont

  3   déplacés par la route principale en direction de Prozor et

  4   opposés par rapport à moi, ils se déplaçaient vers la

  5   Bosnie centrale.  Je n’ai jamais vu auparavant de telles

  6   forces personnellement.  J’étais soldat, militaire, et j’ai

  7   compris qu’il s’agissait de quelque chose de tout à fait

  8   autre et différent par rapport à tout ce que j’ai vu

  9   auparavant.

 10         Par conséquent, ils n’ont même pas essayé de

 11   cacher l’identité.  Ils ont tout simplement enlevé

 12   l’immatriculation, les plaques d’immatriculation.  Je ne me

 13   suis pas entretenu avec des soldats.

 14         Q.    Vous n’avez jamais vu des unités de l’armée

 15   croate dans l’enclave Busovaca ou en Bosnie centrale

 16   pendant l’exercice de vos [expurgée]

 17               [expurgée]                          , n’est-ce

 18   pas ?

 19         R.    Oui, vous avez raison.

 20         Q.    Encore deux sujets que nous allons aborder,

 21   Monsieur.  Vous avez rencontré le Colonel Blaskic après la

 22   guerre et il vous a informé que Ivica Rajic avait été exclu

 23   de son commandement, limogé de son commandement et il

 24   serait puni suite à ses activités durant la guerre, n’est-

 25   ce pas ?


Page 13113

  1         R.    Pouvez-vous me rappeler quand cette rencontre

  2   avec le Colonel Blaskic aurait eu lieu ?  Est-ce au moment

  3   où Monsieur Blaskic a pris le commandement du HVO ?

  4         Q.    Oui.

  5         R.    Je ne peux pas vraiment dire mais en raison

  6   de ce qui s’est passé à Stupni Do, c’est une question qui

  7   se pose.  En raison également des allégations relatives aux

  8   personnes impliquées à Stupni Do.

  9         Q.    Une dernière question en rapport avec votre

 10   rencontre avec Monsieur Kordic en novembre 1994.  Il n’a

 11   jamais dit quoi que ce soit qui semblait indiquer que les

 12   Croates n’étaient pas impliqués dans le développement de la

 13   fédération entre les Croates et les musulmans qui résultait

 14   du plan de paix, n’est-ce pas ?  En fait, il a parlé dans

 15   un sens tout à fait contraire en vous disant que les

 16   Croates étaient engagés en faveur de la fédération, n’est-

 17   ce pas ?

 18         R.    Oui, c’est exact.  Il m’a dit qu’ils étaient

 19   engagés en faveur de la fédération.  J’ai demandé des

 20   preuves de cet engagement.  J’ai souligné les disparités

 21   entre ce qu’il disait et les signaux qui étaient envoyés

 22   dans les actes à la communauté internationale mais il ne

 23   m’a certainement donné aucune indication contraire.  Il ne

 24   m’a rien dit d’autres que les Croates soutenaient la

 25   fédération.


Page 13114

  1         Q.    Il vous a dit que des petits pas étaient

  2   nécessaires pour atteindre un objectif plus général, n’est-

  3   ce pas, et que ces petits pas seraient faits ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Merci beaucoup.

  6         Me SAYERS (interprétation) :   Je n’ai pas

  7   d’autres questions.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Mikulicic ?

  9         Me MIKULICIC (interprétation) :  Merci, Monsieur

 10   le Président.  Je n’ai pas de question.

 11         RÉINTERROGÉ PAR Me NICE

 12         (interprétation) :  

 13         Q.    Quelques questions supplémentaires, Témoin

 14   AD, suite à ce que nous venons d’entendre.  Les délégués

 15   qui allaient à Mostar, en général, étaient-ils élus ou

 16   étaient-ils nommés à leurs postes ?

 17         R.    Il n’y avait pas d’élection dans ce cadre. 

 18   Ces hommes étaient nommés.

 19         Q.    On vous a posé des questions au sujet de

 20   fonctions politiques par opposition à un rôle militaire.  À

 21   ce sujet, j’aimerais vous interroger au sujet de Stari

 22   Vitez pour commencer.  À votre avis, était-il nécessaire en

 23   quoi que ce soit que la question qui vous était posée en ce

 24   lieu soit ébruitée en dehors de la Bosnie centrale ?

 25         R.    Je ne pense pas qu’une personne extérieure à


Page 13115

  1   la Bosnie centrale aurait pu avoir une connaissance, enfin,

  2   aurait pu bien connaître la situation sans informations

  3   provenant de tiers.  Je pense que le problème aurait pu

  4   être résolu grâce à la direction de la Bosnie centrale.

  5         Q.    En Bosnie centrale, aucun supérieur à Blaskic

  6   n’existait sur le plan hiérarchique militaire.  C’est bien

  7   ce que vous êtes en train de dire ?

  8         R.    À l’intérieur de la Bosnie centrale, c’est

  9   exact.  Même s’il est possible de dire que Monsieur Kordic

 10   avait un rang égal.  Sur le plan militaire, c’était Blaskic

 11   qui était le supérieur mais Kordic était parfois consulté

 12   sur le plan politique.

 13         Q.    De façon générale, est-il normal qu’un

 14   militaire ne prenne pas une décision lui-même mais consulte

 15   quelqu’un d’autre plutôt que simplement de s’adresser à son

 16   supérieur dans la hiérarchie militaire ?  Y a-t-il une

 17   raison pour qu’il n’agisse pas de cette façon ?

 18         R.    Non.

 19         Q.    Mais dans le cas de Blaskic, lorsqu’il

 20   s’adressait ailleurs, choisissait-il la personne à qui il

 21   faisait appel ?

 22         R.    Non.

 23         Q.    Les dirigeants militaires de Mostar :  Des

 24   questions vous ont été posées à ce sujet ainsi qu’au sujet

 25   de la participation de Kordic et j’aimerais ajouter la


Page 13116

  1   question suivante.  Êtes-vous en train de nous dire d’une

  2   façon ou d’une autre que les dirigeants militaires de

  3   Mostar n’avaient aucune influence ou aucun contrôle

  4   politique auquel ils se pliaient ?

  5         R.    Je pense que les éléments professionnels

  6   parmi les soldats s’adressaient à la direction politique.

  7         Q.    À Mostar, y avait-il des dirigeants

  8   politiques à un niveau supérieur à celui de Kordic, à votre

  9   avis, ou n’y en avait-il pas ?

 10         R.    Oui.  Il y avait des dirigeants supérieurs à

 11   Monsieur Kordic, par exemple, Monsieur Boban et Monsieur

 12   Prlic.

 13         Q.    On vous a interrogé au sujet de la source

 14   d’informations qui était la vôtre, les interprètes, les

 15   chauffeurs, et cætera.  Vous avez parlé de la SFOR et avez

 16   dit également recueillir des informations de la bouche de

 17   vos interprètes et de vos chauffeurs.  De façon générale,

 18   pouvez-vous nous être d’une quelconque utilité en nous

 19   disant éventuellement d’où les interprètes et les

 20   chauffeurs affirmaient tirer, eux, leurs informations ou

 21   est-ce une question trop générale pour que vous puissiez y

 22   répondre ?

 23         R.    En général, les informations provenaient de

 24   sources très générales.

 25         Q.    Entre les interprètes, les chauffeurs et la


Page 13117

  1   SFOR, quelle était votre source d’informations principale

  2   si celle-ci était unique… je vais reformuler :  Quelle

  3   était votre source d’information principale parmi vos

  4   subordonnés si celle-ci était unique ?

  5         R.    Je n’aimerais pas donner l’impression que

  6   nous ne menions pas nos propres investigations.  Donc, la

  7   FORPRONU était notre point de référence et si je devais

  8   dire avec qui je parlais en ayant le moins de doutes quant

  9   aux informations reçues, je dirais sans l’ombre d’une

 10   hésitation que c’était la FORPRONU et pas les interprètes

 11   qui nous traduisaient les propos des commandants de l’armée

 12   de Bosnie-Herzégovine, par exemple.  Dans ce cas-là, les

 13   informations étaient vérifiées.

 14         Q.    Mais dans le cas qui nous intéresse, avez-

 15   vous trouvé qu’il y avait concordance entre plusieurs

 16   sources d’informations ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Quel que soit le nombre de camions qui, selon

 19   vous, se dirigeaient vers Prozor, un tel déplacement

 20   aurait-il dû, à votre avis, être consigné dans un

 21   document ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Indiquant l’État d’origine des camions et

 24   l’État vers lequel ces camions se dirigeaient s’ils

 25   s’apprêtaient à passer dans un autre État, n’est-ce pas ?


Page 13118

  1         R.    Cela aurait fait l’objet d’un document au

  2   niveau de l’organisation militaire.  Maintenant, est-ce que

  3   ce document aurait été élaboré en raison du passage dans un

  4   autre État ?  Compte tenu du lien qui unissait le

  5   territoire dominé par les Croates en Bosnie et l’État de

  6   Croatie, je ne le sais pas avec certitude.  Il y avait des

  7   contacts politiques, des autorisations politiques qui

  8   étaient dispensées mais certainement pas d’actions

  9   militaires, de mouvements militaires d’une telle échelle en

 10   l’absence d’un ordre ou d’un document militaire en bonne et

 11   due forme.

 12         Q.    Donc, un tel déplacement de véhicules

 13   militaires aurait dû être supporté par des documents

 14   indiquant les approvisionnements en essence, en denrées

 15   alimentaires, et cætera, n’est-ce pas ?

 16         R.    Absolument.  C’est une disposition

 17   administrative qui est toujours en vigueur et cela aurait

 18   dû être le cas si des déplacements de véhicules de l’armée

 19   croate avaient été vus en train de se déplacer en si grand

 20   nombre.

 21         Q.    Si nous partons de l’hypothèse que ces

 22   véhicules venaient de Croatie, ce que vous avez dit dans

 23   votre déposition, des documents existent qui prouvent

 24   l’objectif déclaré ou l’objectif réel de ces véhicules,

 25   n’est-ce pas, dans le cas de leurs déplacements ?


Page 13119

  1         R.    Oui, ils existent mais s’ils existent encore

  2   aujourd’hui, je ne le sais pas.

  3         Q.    Très bien !  Ivica Rajic :  Avez-vous un

  4   souvenir de la conversation que vous avez eue avec Blaskic

  5   à son sujet ?

  6         R.    C’est un sujet que j’ai pu avoir discuté.  Je

  7   ne me rappelle pas exactement.

  8         Q.    Par conséquent, vous ne vous rappelez rien au

  9   sujet d’une sanction ou d’une punition qui lui aurait été

 10   infligée ?

 11         R.    Je veux dire que je n’ai qu’un souvenir vague

 12   d’une discussion à ce sujet mais honnêtement, je ne peux

 13   pas vous donner de détails.

 14         Me NICE (interprétation) :  C’est la fin de mon

 15   interrogatoire.

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Témoin AD,

 17   merci.  Vous êtes arrivé au terme de votre déposition. 

 18   Merci d’être venu devant le Tribunal International.  Vous

 19   pouvez maintenant vous retirer.

 20         Nous suspendons jusqu’à demain, à moins qu’il y

 21   ait un sujet à traiter immédiatement.

 22         Me NICE (interprétation) :  Je sais quelles sont

 23   les difficultés que posent les questions administratives

 24   avec un témoin protégé mais il y a deux choses que je puis

 25   dire, même en sa présence.


Page 13120

  1         S’agissant de la possibilité d’une liaison par

  2   vidéo, je pense que je préférerais l’autre alternative au

  3   moins pour le moment.  Je parlerai au témoin concerné et si

  4   je peux obtenir sa présence ici avant la fin de la

  5   présentation de nos témoins, il sera entendu assez

  6   rapidement, si nous pouvons le faire avant le 10 mars. 

  7   Bien sûr, nous ne souhaitons pas aller jusqu’au 10 mars. 

  8   Donc, pour le moment, c’est tout ce que je peux dire.

  9         Il y a un résumé qui a été déposé en rapport avec

 10   ce témoin et par rapport à l’autre témoin, le résumé que

 11   nous utiliserons ne va pas au-delà de ce qui a déjà été

 12   montré sur le rétroprojecteur.  J’ai extrait un certain

 13   nombre de passages que nous utiliserons.

 14                     [Le témoin se retire]

 15         Me NICE (interprétation) :  Maintenant, la Défense

 16   nous a indiqué, s’agissant d’un témoin qui a déjà déposé

 17   dans l’affaire Blaskic le 8 décembre 1997, qu’elle

 18   souhaiterait le citer à la barre dans la présente affaire

 19   également.  Sommes-nous à huis clos partiel en ce moment ? 

 20   Non ?

 21         Je ne suis pas sûr que la Défense soit en mesure

 22   de demander qu’un témoin vienne déposer en s’appuyant sur

 23   la déposition de ce témoin dans une autre affaire.  Peut-

 24   être pourrions-nous nous contenter d’un plan de sa

 25   déposition.  Il pourrait être utile d’examiner ce plan. 


Page 13121

  1   Nous pourrions le faire cette semaine si, par hasard, nous

  2   avons un moment après l’audition de nos témoins.

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vous

  4   interromps, Monsieur Nice.  Il nous faut une copie de ce

  5   compte rendu si vous voulez que nous rendions une décision

  6   à ce sujet.

  7         Me NICE (interprétation) :  Bien sûr.  Je vais

  8   m’enquérir auprès du juriste de la Chambre et veiller à ce

  9   que cela soit fait.  Alors, en style télégraphique, je

 10   dirais qu’une demande a été déposée pour permettre

 11   l’audition d’un autre témoin qui est supérieur à l’avant-

 12   dernier témoin que nous avons entendu ici, supérieur sur le

 13   plan de son grade et de son rôle.  Je ne suis pas sûr qu’il

 14   demandera des mesures de protection mais j’essaie

 15   d’anticiper au cas où il le ferait.

 16         Pourrions-nous traiter de cela si nous en avons le

 17   temps cette semaine ?  Une déclaration préalable et une

 18   déclaration non signée ont été déposées au Tribunal avec un

 19   compte rendu de sa déposition car il a déjà été entendu par

 20   une autre Chambre.  Nous n’aurons besoin de lui que très

 21   peu de temps et il est possible que les Juges de cette

 22   Chambre souhaitent savoir où ils peuvent trouver ces

 23   documents, les documents liés à ce témoin.

 24         Voilà !  C’est sans doute tout ce que j’avais

 25   besoin d’évoquer dans l’immédiat de façon à éviter une


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  1   perte de temps à l’avenir.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien ! 

  3   Merci.  9 h 30 demain matin.

  4         --- L’audience est levée à 16 h 12

  5         pour reprendre le jeudi

  6   27 janvier 2000 à 9 h 30

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