Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 14 février 2000

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés entrent dans la Cour]

  4   --- L’audience débute à 9 h 35

  5   LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Bonjour, Messieurs les Juges.  Il

  6   s’agit de l’affaire IT-95-14/2-T, Le Procureur contre Dario Kordic et

  7   Mario Cerkez.

  8   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me Stein.

  9   Me STEIN (interprétation) :  Merci.  J’ai voulu m’adresser à vous afin

 10   de vous dire quel est le progrès que nous avons fait pendant le week-

 11   end en ce qui concerne la lecture de nos documents.  Nous avons réussi

 12   à analyser les documents de manière qui satisfera, je pense, les Juges.

 13   En haut, vous trouverez les données concernant le conflit armé

 14   international que nous avons dû analyser. 

 15   Nous avons remis un document là-dessus au Procureur.

 16   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Stein, un témoin est ici en ce

 17   moment.  Peut-être nous pourrions d’abord l’entendre avant de parler de

 18   cela.  Est-ce qu’il y a quelque chose d’urgent dans ce contexte qui

 19   nous pousse à en parler maintenant plutôt que plus tard ?

 20   Me STEIN (interprétation) :  La seule raison pour laquelle je propose

 21   ceci est que le dernier vendredi de notre travail, nous avons reçu une

 22   nouvelle liste de témoins et puis ceci s’est reproduit le dernier

 23   vendredi et moi, j’ai effectivement réussi à tracer ces témoins et si

 24   vous le voulez bien, je souhaite simplement dire en gros… vous montrer

 25   les changements qui ont été apportés aux listes du Procureur.


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  1   La liste originale est intitulée par la lettre datée du 4 février et

  2   cette liste a été modifiée.  J’ai informé le Procureur par le biais de

  3   lettre que nous allions faire de notre mieux afin d’être prêts pour

  4   tous les témoins de la liste mais nous étions prêts pour certains de

  5   ces témoins mais non pas tous.

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  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

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 12   [expurgée]

 13   Ce matin à 9 h 20, nous avons reçu le résumé concernant le témoin qui

 14   apparemment va être cité à la barre en ce moment.  Moi-même, j’ai dit

 15   au Procureur que ceci peut présenter une situation dans laquelle nous

 16   ne sommes pas sûrs si nous sommes prêts à procéder au contre-

 17   interrogatoire à cause de tous les changements qui ont été apportés en

 18   ce qui concerne les listes de témoins.Finalement, je ne souhaite pas

 19   m’étendre dans tous les détails mais je souhaite indiquer que nous vons

 20   reçu deux nouveaux dossiers aujourd’hui et bien évidemment, nous

 21   n’avons pas eu le temps de les examiner.  Moi-même, j’ai dit la semaine

 22   dernière, c’est-à-dire le dernier vendredi de travail, que c’est vraiment

 23   suffisant en ce moment en ce qui concerne tous les documents

 24   que nous avons reçus.

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien.  En ce qui concerne le


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  1   premier témoin dont vous avez parlé, je ne sais pas de qui il s’agit.

  2   Me STEIN (interprétation) :  Bien sûr, sur la base de ces documents,

  3   vous ne pouvez pas disposer d’une telle information.

  4   Me NICE (interprétation) :  C’est un témoin qui a demandé lui aussi des

  5   mesures de protection et c’est le témoin numéro 1.

  6   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Mais de quelle liste ?

  7   Me NICE (interprétation) :  De toutes les listes en effet.  C’est le

  8   témoin numéro 1, pas sur la première liste mais sur la deuxième liste

  9   et toutes les autres listes.

 10   Me STEIN (interprétation) :  Je ne crois pas que ce soit le cas.

 11   Me NICE (interprétation) :  Sur la base de la lettre du 4 février, nous

 12   pouvons voir le nom de ce témoin en haut de la liste en annexe de cette

 13   lettre.

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Et qui sera le témoin suivant, le

 15   témoin d’après ?

 16   Me NICE (interprétation) :  C’est le témoin numéro 6 qui est le témoin

 17   qui sera disponible après celui-ci et c’est Me Lopez-Terres qui est en

 18   train de le préparer.

 19   Puis, nous espérons que le témoin numéro 2 sera peut-être disponible

 20   aujourd’hui, mais de toute façon, ce témoignage ne sera pas long.

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il s’agit d’une déposition très

 22   restreinte suite à notre ordonnance ?

 23   Me NICE (interprétation) :  Oui.  Et ensuite, nous arrivons au témoin

 24   numéro 3.  En ce qui concerne toutes les ordonnances et tous les

 25   changements, ces changements apparaissent à cause du fait que parfois


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  1   les témoins ne sont pas disponibles.  En ce qui concerne les autres

  2   témoins pour la journée de demain, il y aura peut-être un et peut-être

  3   deux témoins.  Je vais remettre les noms de ces témoins ainsi que l’ordre

  4   dans laquelle ils seront cités à la barre.

  5   Donc, en ce qui concerne aujourd’hui, nous avons les témoins 1, 6 et 2.

  6   Me STEIN (interprétation) :  Nous n’avons pas de résumé en ce qui

  7   concerne le témoin 1 mais seulement le témoin 2.

  8   Me NICE (interprétation) :  En ce qui concerne le témoin 1, il n’a pas

  9   besoin de résumé parce que sa déclaration elle-même a une forme de

 10   résumé.

 11   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons poursuivre.  Tout

 12   d’abord, je veux savoir si effectivement la Défense a reçu les pièces à

 13   conviction.

 14   Cela dit, je dois dire, Me Nice, que je peux comprendre les plaintes de

 15   la Défense mais est-ce que nous pouvons être sûrs maintenant que vous

 16   avez remis tous les documents à la Défense, tous les documents que vous

 17   avez l’intention de verser au dossier en ce moment ?

 18   Me NICE (interprétation) :  Pour autant que je le sache, tous les

 19   documents ont déjà été remis.  Vous verrez qu’un grand nombre de ces

 20   documents ont déjà été cités à la barre ou montrés à d’autres moments.

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien mais nous pourrons parler

 22   plus en détail de tout cela cet après-midi.  Je pense que vraiment il y

 23   a un moment où il faut s’arrêter, où il faut dire :  Ça suffit

 24   maintenant.Nous allons entendre le témoin maintenant s’il vous plaît.

 25   Me NICE (interprétation) :  Avant l’entrée de ce témoin – et je propose


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  1   d’en parler à huis clos partiel – je souhaite souligner qu’il a demandé

  2   des mesures de protection mais malheureusement hier, je suis rentré

  3   d’un voyage et mon ordinateur était en panne.  Donc, je ne pouvais pas

  4   me pencher sur ce sujet tout de suite mais j’ai pu voir que le témoin

  5   numéro 1 de la liste, et je suis sûr que les Juges se souviendront, en

  6   ce qui concerne sa déposition potentielle, qu’il y a eu un certain

  7   problème qui s’est posé.

  8                           [Huis clos partiel]

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 13                           [Audience publique]

 14                     [Le témoin entre dans la Cour]

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin

 16   peut-il prêter serment s’il vous plaît ?

 17   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare solennellement que je dirai la

 18   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 19   TÉMOIN :  TÉMOIN AE (ASSERMENTÉ)

 20   INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) : 

 21   Q.  Les Juges de la Chambre de première instance vous ont accordé des

 22   mesures de protection.  Donc, nous ne dévoilerons pas votre identité et

 23   votre visage ne pourra pas être vu non plus.  Compte tenu de cela,

 24   est-ce que vous voudriez examiner ce papier que l’huissier

 25   vous remettra et nous dire simplement si oui ou non,


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  1   il s’agit de votre nom qui figure

  2   sur ce papier ?

  3   R.  Non… oui.

  4   Q.  Au cours de votre déposition, nous nous adresserons à vous en tant

  5   que Témoin AE.Témoin AE, est-ce que pendant une certaine période au

  6   début des années 90 ou bien plutôt entre le début et vers le milieu des

  7   années 90, est-ce que vous faisiez partie du peloton de sabotage et de

  8   reconnaissance de la 333e brigade de montagne de l’armée de Bosnie-

  9   Herzégovine ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire

 12   approximativement quand vous avez arrêté avec cela ?

 13   R.  J’ai commencé au mois de décembre… c’est-à-dire le 1er janvier 1993

 14   (se reprend l’interprète) et je suis parti en avril 1995.

 15   Q.  Au début, qui était le commandant de cette

 16   brigade ou bien de ce peloton ?

 17   R.  C’était Dzevad Mekic le commandant de la

 18   brigade et Hamdija, Miralem (ph.) était le commandant du peloton.

 19   Q.  Qui est devenu le commandant par la suite ?

 20   R.  Ekrem Bahalic (ph.) et ensuite, Mirsad Sesic (ph.).

 21   Q.  Au mois de janvier 1993, qui contrôlait

 22   Busovaca après un certain moment ?

 23   R.  Le HVO.

 24   Q.  Et ceci s’est produit à partir de quelle date approximativement ? 

 25   Quand est-ce qu’ils ont pris le contrôle de Busovaca ?


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  1   R.  Au début de la guerre en Bosnie, la guerre contre les Serbes. 

  2   C’est à ce moment-là qu’ils ont pris le contrôle de Busovaca.

  3   Q.  À partir de cette date-là, est-ce que vous

  4   pouviez traverser Busovaca en uniforme ou pas ?

  5   R.  Oui, pendant une certaine période.

  6   Q.  Et après un certain moment ?  Que s’est-il produit ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Est-ce que vous vous souvenez de la date après laquelle il n’était

  9   plus possible de traverser Busovaca en uniforme, approximativement ?

 10   R.  Le 15 janvier 1993.

 11   Q.  Est-ce qu’il y a eu un point de contrôle qui a été érigé à Kacuni

 12   sur la route entre Busovaca et Kiseljak ?

 13   R.  Vous parlez de Kacuni ?

 14   Q.  Oui.

 15   R.  Oui, c’est exact.

 16   Q.  Qui a érigé, c’est-à-dire qui contrôlait ce

 17   point de contrôle, en général ?

 18   R.  C’est la police militaire de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui

 19   contrôlait la route Kacuni-Silos, la route Busovaca-Kiseljak à Kacuni

 20   près de la mosquée jusqu’à la caserne qui s’y trouvait.

 21   Q.  Est-ce que vous-même, vous vous acquittiez de

 22   vos tâches sur ce point de contrôle ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Est-ce que vous étiez de garde le 20 janvier ?

 25   R.  Oui.


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  1   Q.  Et qui étaient les autres personnes qui étaient de garde là-bas

  2   avec vous ce jour-là ?

  3   R.  Il y avait le commandant Miralem, Karaula,

  4   Nedzad, Suad Koluh et Hamdija Katjaz.

  5   Q.  Lorsque vous arrêtiez les véhicules, en général, quelles étaient

  6   les questions que vous posiez aux personnes qui se trouvaient dans les

  7   véhicules ?

  8   R.  Nous leur demandions de nous fournir leurs

  9   documents, leurs pièces d’identité.

 10   Q.  Quel genre de documents ?

 11   R.  S’il s’agissait d’un soldat, nous demandions des livrets militaires

 12   et s’il s’agissait de civils, nous demandions leurs pièces d’identité

 13   personnelles.

 14   Q.  Est-ce que quelqu’un… est-ce que vous aviez

 15   le contact par le biais de téléphone de terrain ou bien par

 16   le biais d’autres moyens de communication avec vos

 17   commandants, avec l’un quelconque de vos commandants ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Quels étaient les gens qui vous intéressaient

 20   particulièrement lorsqu’ils passaient par ce point de contrôle ?

 21   R.  Nous vérifions les papiers de tout le monde

 22   mais surtout des personnes en uniforme.

 23   Q.  Cet après-midi, est-ce qu’un incident s’est produit concernant

 24   plusieurs véhicules qui passaient les unes derrière les autres ?

 25   R.  Incident ?


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  1   Q.  Oui.  Est-ce que vous avez arrêté plusieurs véhicules qui sont

  2   arrivés en même temps ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire à quel

  5   moment ceci s’est produit ?

  6   R.  Dans l’après-midi.

  7   Q.  Combien de véhicules voyageaient ensemble ?

  8   R.  Quatre.

  9   Q.  Est-ce que vous avez reçu une information

 10   concernant le passage de ces véhicules en avance ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Qui se trouvait dans le premier véhicule ?

 13   R.  C’est Grubesic qui se trouvait dans le premier vpremier véhicule

 14   mais je ne sais pas quel était son prénom.

 15   Q.  Quel était le rôle de ce Grubesic ?

 16   R.  Il était le commandant des Jokeris.

 17   Q.  Ce premier véhicule, s’agissait-il d’une voiture, d’un véhicule

 18   militaire ou ne pouvez-vous pas vous en souvenir ?

 19   R.  Un véhicule automobile.

 20   Q.  Quant au deuxième véhicule, de quel type de véhicule

 21   s’agissait-il ?  Qui se trouvait à l’intérieur ?

 22   R.  Pour ce qui est du deuxième véhicule, c’était un Jeep.  C’est comme

 23   ça qu’on l’appelle, nous.  Il y avait le conducteur qui était là-

 24   dedans, Dario Kordic, Vlado Cosic et puis il y avait quelqu’un d’autre

 25   mais je ne me souviens pas de son nom.


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  1   Q.  Quant au troisième véhicule, pouvez-vous nous dire de quel type de

  2   véhicule il s’agissait et pouvez-vous nous parler de ses occupants ?

  3   R.  C’était un véhicule d’un particulier.  Je ne

  4   sais pas quelle marque.

  5   Q.  Pouvez-vous nous parler des personnes qui se trouvaient

  6   à l’intérieur, du nombre de personnes, par exemple ?

  7   R.  Le quatrième véhicule, il y avait quatre

  8   personnes mais je ne sais pas qui y était.

  9   Q.  Le quatrième véhicule, de quel type de véhicule s’agissait-il ?

 10   R.  C’était un véhicule d’un particulier, Ascona. 

 11   Je me souviens qu’il y avait Zeljo Vukadinovic qui y était,

 12   Dragan Vukadinovic et Spomenko Akrap.

 13   Q.  Quelle était la tenue vestimentaire de ces personnes ?

 14   R.  Ils portaient des uniformes militaires.

 15   Q.  Êtes-vous en mesure de nous dire à quelles

 16   unités militaires appartenaient ces personnes ?

 17   R.  Oui.  Nous parlons du quatrième véhicule, n’est-ce pas ?

 18   Q.  Oui.

 19   R.  Oui, je me souviens.  Ils appartenaient à l’unité des Jokeris.

 20   Q.  Avez-vous été en mesure de voir si certains

 21   d’entre eux portaient des emblèmes, des écussons qui

 22   permettaient d’identifier à quelles unités ils appartenaient ?

 23   R.  J’ai vu auparavant ces insignes des Jokeris

 24   mais pas sur le point de contrôle.

 25   Q.  Pouvez-vous nous dire quels étaient les liens


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  1   entre Dragan et Zeljo Vukadinovic ?

  2   R.  C’était des cousins.

  3   Q.  De quel véhicule vous êtes-vous approché en premier ?  Je parle des

  4   personnes qui contrôlaient le point de contrôle.

  5   R.  Le premier véhicule.

  6   Q.  Qu’avez-vous fait, qu’avez-vous demandé aux

  7   occupants de ce véhicule ?

  8   R.  Miralem Delija et moi-même, nous nous sommes approchés, nous avons

  9   demandé les documents, nous avons demandé le livret militaire.  Le

 10   conducteur ne voulait pas donner sa carte d’identité.  Plutôt, il lui a

 11   donné la carte d’identité, alors que Miralem, il lui avait demandé le

 12   livret militaire et, à ce moment-là, Grubesic a commencé à provoquer

 13   Miralem.  Nous avons pointé les armes.  Miralem est venu vers Grubesic

 14   et il lui a confisqué le pistolet.

 15   Q.  Quelle était la tenue vestimentaire de Grubesic ?

 16   R.  Il était en civil.

 17   Q.  Vous nous dites qu’il a provoqué ceux qui étaient autour de lui. 

 18   Pouvez-vous nous en parler un peu plus en détail ?

 19   R.  Il a dit : « Qu’est-ce que vous voulez ? 

 20   Pourquoi vous nous demandez les documents ?  De quel droit ? »

 21   Q.  Quant au deuxième véhicule, que s’est-il passé ?

 22   R.  Au moment où Miralem a confisqué le pistolet, Nedzad Karaula a dit

 23   à Miralem : « Tiens, c’est ton voisin dans le deuxième véhicule » et

 24   Kordic descendait du deuxième véhicule à ce moment même.  Donc, il lui

 25   a posé la question, il a dit : « Pourquoi tu as pris l’arme ? »  Il a


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  1   dit : « Tu me le paieras. » 

  2   Q.  Est-ce que Kordic est sorti du véhicule ou

  3   est-ce qu’il restait dans le véhicule ?

  4   R.  Non, il n’est pas sorti du véhicule.

  5   Q.  Avez-vous été en mesure de bien le voir ?

  6   R.  Oui, très bien.

  7   Q.  À quelle distance de lui vous trouviez-vous quand vous l’avez vu ?

  8   R.  Quatre mètres approximativement, quatre à

  9   cinq mètres approximativement.

 10   Q.  Quelle a été l’attitude de Miralem une fois que Kordic lui a dit :

 11   « Tu me le paieras » ?  Comment a-t-il réagi ?

 12   R.  Il a souri tout simplement, Miralem, mais

 13   bien évidemment, ce n’était pas un sourire comme s’il voulait dire que

 14   ça lui faisait plaisir mais il était plutôt indifférent.

 15   Q.  Est-ce que Miralem s’est approché de Kordic ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Avez-vous été témoin de ce mouvement ?

 18   R.  Non, non.  Je me suis mal exprimé.  Il ne s’est pas véritablement

 19   approché de lui.  Il est resté à un mètre de distance.

 20   Q.  Est-ce que Miralem avait une attitude

 21   agressive vis-à-vis de Kordic quand il s’est rapproché de lui ?

 22   R.  Pas du tout.

 23   Q.  Que s’est-il passé ensuite ?

 24   R.  Au moment où nous avons arrêté la voiture, Suad Koluh a appelé le

 25   QG, tout au moins, je le pense car on avait des téléphones.  On avait


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  1   dit que nous avons arrêté les quatre voitures, quatre véhicules et on

  2   nous a demandé de les laisser passer et c’est à ce moment-là que nous

  3   les avons laissé passer.

  4   Q.  Aviez-vous jamais auparavant confisqué – je parle des gens qui

  5   tenaient le point de contrôle – aviez-vous déjà auparavant confisqué

  6   une arme dans un véhicule que vous aviez contrôlé ?

  7   R.  Moi personnellement, non, mais ceci arrivait. 

  8   Ils nous confisquaient des armes mais l’inverse également à

  9   Busovaca ou ailleurs.  De toute façon, ceci s’est passé à

 10   plusieurs reprises.  On avait même échangé des armes.

 11   Q.  Si vous vous en souvenez, pouvez-vous nous décrire cette arme ?

 12   R.  Nous appelons cette arme TTE.  Je ne peux pas vous en dire plus.

 13   Q.  Est-ce que vous avez gardé cette arme ou est-

 14   ce qu’elle a été rendue à son propriétaire ?

 15   R.  C’est Miralem qui l’avait gardée trois à quatre jours.

 16   Q.  Je vous demande de répondre par oui ou par non à la question

 17   suivante :  Un peu plus tard dans la même journée, est-ce que vous avez

 18   parlé de ce qui s’était passé avec Miralem Delija ?

 19   R.  Après.

 20   Q.  Oui.  Est-ce que vous avez parlé avec lui de sa famille ?

 21   R.  Non.  Vous parlez de Miralem et de la famille de Miralem ?  Non.

 22   Q.  Est-ce que vous avez parlé de la famille Delija ?

 23   R.  Oui.  Nous avons voulu sortir la famille de

 24   Miralem Delija car elle se trouvait en danger.  Nous

 25   n’étions pas nombreux.  Nous étions huit à peu près et nous n’avons pas


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  1   osé faire quoi que ce soit et nous rendre surtout à Busovaca.

  2   Q.  Le lendemain matin, vous êtes-vous présenté à votre poste ?

  3   R.  Oui. Je me suis rendu au poste de travail et

  4   on m’a dit qu’il a été tué.  Je parle de Mirsad, de Soco,

  5   de Delija.  C’est comme ça qu’on l’appelait.

  6   Q.  Quelle est la première personne à vous en avoir parlé ?

  7   R.  C’est le commandant de bataillon Ernest qui m’en a parlé.

  8   Q.  Ce même jour, avez-vous vu Miralem ?

  9   R.  Oui.  Tout de suite, Ernest m’a parlé de ce

 10   qui s’est passé et moi, je l’ai vu.

 11   Q.  Vous a-t-il aussi parlé du meurtre de son frère ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Mirsad, qui était également connu sous un autre nom que…

 14   R.  Le surnom Soco.

 15   Me NICE (interprétation) :  Avant de passer au paragraphe 16, Messieurs

 16   les Juges constateront qu’il y a une erreur au paragraphe 16 pour un

 17   des noms, ce qui s’explique par ce surnom qui était utilisé pour cette

 18   personne et tout s’éclaire si l’on regarde le paragraphe 10.  Le surnom

 19   est exact.  C’est l’autre nom qui ne l’est pas.

 20   Q.  Monsieur le Témoin AE, est-ce que, quelques jours plus tard, vous

 21   vous trouviez au point de contrôle lorsque vous avez vu l’un des hommes

 22   qui se trouvaient dans les quatre véhicules que vous aviez arrêtés

 23   quelques jours auparavant ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Quel jour était-ce ?


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  1   R.  C’était le 25 janvier.

  2   Q.  En utilisant non pas le nom de famille de cette personne mais son

  3   surnom, pouvez-vous nous le dire le nom de cette personne ?

  4   R.  Oui.  Le surnom, c’est Charlie.

  5   Q.  Paragraphe 10, pouvez-vous nous dire quel est le nom de Charlie ?

  6   R.  Spomenko Akrap.

  7   Q.  Le connaissiez-vous bien ?

  8   R.  Très bien.  Il était à l’école avec moi. 

  9   Nous étions également dans une section de l’art dramatique. 

 10   On était dans l’école élémentaire à Kaonik ensemble.

 11   Q.  Dans quel véhicule se trouvait-il ?

 12   R.  C’était une Jeep et c’était indiqué « police ».

 13   Q.  Vous nous avez parlé, je crois, du groupe auquel appartenait

 14   Charlie, Akrap, Spomenko.  Appartenait-il à l’unité des Jokeris ?

 15   R.  Oui, tout à fait.

 16   Q.  Donc, il se trouvait dans un véhicule qui

 17   portait la mention « police ».  Y avait-il là quoi que ce

 18   soit d’inhabituel pour un membre des Jokeris ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Dans quelle direction allait-il ?

 21   R.   Busovaca et Kiseljak.

 22   Q.  L’avez-vous arrêté ou l’avez-vous laissé passer ?

 23   R.  Je l’ai arrêté mais je ne l’ai pas incarcéré. 

 24   Je l’ai laissé passer par la suite.

 25   Q.  Une fois qu’il est passé, est-ce que Miralem


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  1   était dans les parages ?

  2   R.  Il m’a demandé qui j’avais arrêté.  J’ai dit que j’avais arrêté

  3   Charlie et il m’avait demandé par la suite pourquoi je l’avais laissé

  4   partir.

  5   Q.  A-t-il ajouté quoi que ce soit d’autre ?

  6   Me STEIN (interprétation) :  Objection, Monsieur le Président.  Si vous

  7   regardez le paragraphe 16, vous voyez que nous sommes ici en train de

  8   présenter des allégations non fiables.

  9   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Donc, il s’agit ici d’une

 10   déclaration faite par Miralem qui est décédé aujourd’hui ?

 11   Me STEIN (interprétation) :  Oui.  Et la source de

 12   ces informations n’est absolument pas claire.  Donc, il

 13   s’agit peut-être d’ouï-dire au deuxième, troisième ou

 14   quatrième degré, de choses qui ont été rapportées à cette personne.

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Bien, il s’agit de déterminer le

 16   poids à accorder à cela, comme souvent dans ce genre de témoignage.

 17   Me STEIN (interprétation) :  Oui, mais il s’agit aussi également

 18   d’examiner la valeur probante des témoignages pour prendre une

 19   décision.

 20   [La Chambre discute]

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons admettre cet élément de

 22   preuve contre cet homme dénommé Charlie.  Il ne s’agit, bien entendu,

 23   pas d’un élément de preuve d’une grande fiabilité mais nous considérons

 24   que cet élément de preuve est admissible et ensuite, il sera nécessaire

 25   pour nous de lui accorder le poids qu’il convient, l’importance qu’il


Page 13994

  1   convient.

  2   Me NICE (interprétation) : 

  3   Q.  Qu’a dit Miralem au sujet de Charlie ?

  4   R.  À Charlie ou de Charlie ?

  5   Q.  Au sujet de Charlie.

  6   R.  Il m’a demandé tout simplement pourquoi je l’ai laissé partir.

  7   Q.  A-t-il ajouté quoi que ce soit d’autre ?

  8   R.  Oui.  Il a dit : « C’est lui qui a tué Soco. »

  9   Q.  La veille, vous aviez eu une discussion au

 10   sujet d’un éventuel déménagement de la famille Delija ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Pouvez-vous nous donner plus de détails ?  De quelle partie de la

 13   famille Delija s’agissait-il ?  S’agissait-il de la famille de Miralem,

 14   s’agissait-il de Mirsad ou s’agissait-il des parents ?

 15   R.  Il pensait aux parents et puis à son frère. 

 16   La femme se trouvait déjà à Zenica, la femme de Miralem.

 17   Q.  Saviez-vous où résidait Miralem, à ce moment-

 18   là, ou s’il habitait avec ses parents ou ailleurs ?

 19   R.  Miralem avait sa maison mais sa maison n’était pas

 20   très loin par rapport à la maison de ses parents.

 21   Q.  Savez-vous où habitait son frère, celui qui a été tué ?

 22   R.  Je pense qu’il habitait la même maison que ses parents

 23   mais j’avoue que je ne le sais pas à 100 pour cent. 

 24   Je pense qu’il habitait la même maison que ses parents.

 25   Q.  Vous avez donc arrêté Charlie au point de contrôle.  Ensuite,


Page 13995

  1   Miralem a dit ce qu’il a dit.  Est-ce qu’ensuite, vous avez vu surgir

  2   un véhicule blindé au point de contrôle ?

  3   R.  Tout premièrement, il y avait la FORPRONU.  C’était un véhicule

  4   blindé de la FORPRONU qui voulait dépasser, donc, le point de contrôle

  5   et aller vers la caserne, vers le Silos.  On a eu des instructions de

  6   ne pas les laisser passer en direction de la caserne.  Nous nous sommes

  7   alignés, nous avons pointé des armes sur les membres de la FORPRONU et

  8   on n’a pas permis qu’ils passent.  Nous nous sommes alignés du côté de

  9   la prairie et puis du côté de la mosquée également.  Pendant que nous

 10   étions en contact, donc, nous avons négocié avec la FORPRONU.  Il y

 11   avait le véhicule du HVO qui est apparu et qui portait un canon

 12   antiaérien qui commençait à tirer sur nos gens.  Les nôtres ont

 13   riposté.  Le véhicule blindé a profité de la situation pour passer.

 14   Q.  Combien de temps s’est écoulé entre le

 15   passage de Charlie et l’arrivée de ce véhicule blindé ?

 16   R.  Une quinzaine de minutes.

 17   Q.  Est-ce que des gens ont été blessés dans cet échange de tirs ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Je vais maintenant vous demander d’examiner une pièce à conviction

 20   que je souhaite vous présenter.  Il s’agit de la pièce à conviction

 21   portant la cote Z410.2.

 22   Me NICE (interprétation) :  Je vais demander à l’huissier de placer la

 23   version en anglais sur le rétroprojecteur et de présenter au témoin

 24   l’original de ce document.

 25   Q.  Il s’agit d’un document en date du 27 janvier qui a été apparemment


Page 13996

  1   signé par Pasko Ljubicic et on y relate des événements qui ont eu lieu

  2   le 24 janvier et le 25 janvier.  Pour ce qui est du 24 janvier, on peut

  3   y lire que des tirs d’infanterie ont eu lieu sur la route entre

  4   Kiseljak et Busovaca.  On peut également y lire que quelqu’un a été tué

  5   ainsi que la personne civile qui l’accompagnait.  Cela fait donc deux

  6   victimes. On peut y lire – je cite :  « Les forces musulmanes ont

  7   ouvert le feu et les deux personnes ont été massacrées et poignardées.» 

  8   Étiez-vous présent ce jour-là ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Est-il exact que deux personnes aient été tuées ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Pouvez-vous nous dire ce qui s’est produit ?

 13   R.  Il y avait ce véhicule blindé qui s’est arrêté devant nous et un

 14   autre véhicule de marque Toyota est venu après, conduit par Ivica

 15   Petrovic.  Il était en tenue militaire et lui, il a commencé à tirer

 16   sur nous.  Un de nos représentants a tiré une balle de son fusil Zolja

 17   en direction du véhicule et c’est Ivica Petrovic qui a été tué à ce

 18   moment-là.  Un deuxième civil qui l’avait accompagné – moi, je le

 19   connais, je ne sais pas si c’était son surnom ou son nom mais je me

 20   souviens qu’il s’appelait Srecko – il s’est enfui.  Il a réussi à se

 21   sauver et à partir de la voiture et un de nos représentants l’a

 22   accompagné pour qu’il se rende sur le territoire contrôlé par les

 23   Croates.  Il est resté vivant, par conséquent.

 24   Me NICE (interprétation) :  Je voudrais signaler à Messieurs les Juges

 25   que ce qui est relaté dans ce document est en rapport avec une autre pièce


Page 13997

  1   à conviction que vous avez eu sous les yeux il y a quelques

  2   semaines. Je ne vais pas utiliser le paragraphe 18 du résumé.  J’en ai

  3   déjà parlé avec le témoin et cela semble aller au-delà du champ de

  4   question permis par la Chambre.  Merci, Monsieur le Témoin.  On va

  5   maintenant vous poser d’autres questions.

  6   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur le Président.

  7   CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI

  8   (interprétation) : 

  9   Q.  Monsieur le Témoin AE, je voudrais me présenter.  Je m’appelle

 10   Mitko Naumovski, je suis de Zagreb et je suis un des conseils de

 11   Monsieur Dario Kordic.  Je vais vous poser quelques questions et je

 12   vais vous demander de bien vouloir ménager les pauses, étant donné que

 13   nous parlons la même langue alors que les Juges et les autres personnes

 14   dans le prétoire parlent le français et l’anglais.  Ceci est interprété

 15   et pour bien permettre le travail correct aux interprètes, je vous prie

 16   de ménager des pauses.

 17   R.  D’accord.

 18   Q.  Vous avez donné une déclaration aux enquêteurs du Bureau du

 19   Procureur le 16 décembre 1999 ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Est-ce que vous avez donné d’autres déclarations devant d’autres

 22   autorités ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Est-ce que depuis ce temps, depuis cet incident qui a eu lieu en

 25   janvier 1993 jusqu’au 16 décembre 1999, vous avez eu l’occasion de


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  1   parler de cet incident avec qui que ce soit ?

  2   R.  Je ne m’en souviens pas.  Il est possible que

  3   j’en aie parlé mais je ne m’en souviens pas.

  4   Q.  Vous ne vous souvenez pas du tout ou vous ne savez pas si vous en

  5   avez parlé éventuellement à titre officieux ou officiel ?

  6   R.  À titre officieux, privé peut-être, au sein

  7   de ma famille éventuellement.

  8   Q.  Monsieur le Témoin AE, vous avez précisé la période pendant

  9   laquelle vous étiez membre de l’armée de Bosnie-Herzégovine.  Est-ce

 10   qu’avant le 1er janvier 1993, vous étiez membre de la Défense

 11   territoriale ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Ce qui m’intéresse c’est de savoir ce que vous avez fait entre le

 14   mois de mai et juin 1992 jusqu’à la fin de 1992.  Est-ce que vous étiez

 15   membre de la Défense territoriale ?

 16   R.  Depuis le mois d’avril 1992, j’étais membre de la Défense

 17   territoriale.

 18   Q.  À Busovaca ?

 19   R.  À Lugovi et ensuite, à Kacuni.

 20   Q.  Mais Lugovi, du point de vue administratif, était sous le contrôle

 21   de la Défense territoriale de Busovaca et c’est Husein Hadzimejlic qui

 22   était commandant de la Défense territoriale, n’est-ce pas ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Sommes-nous d’accord, Monsieur le Témoin, que le TO, après la prise

 25   du pouvoir du HVO en mai 1992, a poursuivi ses activités et que le


Page 13999

  1   siège était à Kacuni ?

  2   R.  À un moment donné, je l’ai dit, le siège de la Défense territoriale

  3   était à Lugovi et ce n’est que par la suite que le siège a été

  4   transféré à Kacuni.  Je ne peux pas vous dire exactement à quel moment

  5   mais je me souviens que le siège a été transféré.

  6   Q.  Mais nous sommes d’accord que le TO avait

  7   opéré dans la municipalité de Busovaca ?

  8   R.  Oui, dans la municipalité de Busovaca et pas

  9   dans la ville elle-même.

 10   Q.  Mais nous sommes d’accord probablement pour

 11   dire car beaucoup de vos collègues habitaient Busovaca

 12   qu’au cours de 1992, ils se déplaçaient de Busovaca jusqu’à

 13   Kacuni car ils habitaient Busovaca et ils travaillaient à Kacuni ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Encore une autre question qui cette fois-ci concerne 1993, janvier

 16   1993 :  Vous nous avez dit que depuis le 15 janvier 1993, il était

 17   interdit d’être en tenue militaire et de porter les armes ?

 18   R.  Vous pensez à Busovaca ?

 19   Q.  Oui.

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour dire qu’il s’agissait

 22   de l’ordre qui était l’ordre conjoint et délivré par le Colonel Blaskic

 23   et le commandant du 3e corps d’armée Hadzihasanovic qui ne permettait

 24   pas de porter des tenues militaires et des armes mais de toute façon,

 25   que c’était réciproque ?


Page 14000

  1   R.  Je ne suis pas au courant.

  2   Q.  Nous pouvons maintenant parler du mois de janvier 1993 et tout ce qui

  3   s’est passé à ce moment-là.  Si je vous ai bien compris, vous étiez

  4   membre du peloton de reconnaissance de la 333e brigade ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Vous avez dit aujourd’hui lors de votre

  7   déposition que le contrôle sur la route a été assuré par la

  8   police militaire ?

  9   R.  Vous parlez de Kacuni ?

 10   Q.  Oui.

 11   R.  Oui, sur la route menant à la caserne.  Il

 12   s’agit de la route qui mène de la mosquée vers la caserne. 

 13   Cette route a été contrôlée par la police militaire.

 14   Q.  Dans le compte rendu, il n’y a pas votre

 15   réponse.  Je pense que vous avez été d’accord avec moi pour

 16   dire que vous étiez membre du peloton de reconnaissance et

 17   de sabotage qui était attaché à la 333e brigade de montagne

 18   alpine ?

 19   R.  Oui, tout à fait.  C’est ce que j’ai dit.

 20   Q.  La police militaire contrôlait cet axe,

 21   n’est-ce pas ?

 22   R.  Je parle de la route, je ne parle pas de

 23   l’axe principal.  Je parle de la route Kacuni-Kasina.  Ce

 24   n’est pas tout à fait la route nationale.  Busovaca-

 25   Kiseljak n’a pas été contrôlé par nous… par la police


Page 14001

  1   militaire.

  2   Q.  Vous voulez dire que ce sont les membres de

  3   peloton de reconnaissance qui se tenaient sur le point de

  4   contrôle à Kacuni :  C’est bien ça ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Est-ce qu’à ce point de contrôle, il y avait

  7   également une compagnie du 2e bataillon de la 7e musulmane

  8   qui était commandée par Sead Sljivar qui s’y trouvait ?

  9   R.  [Négative – signe de tête]

 10   Q.  Quelle était votre réponse, si vous voulez

 11   bien me répondre en paroles ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Si je vous comprends bien, le point de

 14   contrôle à Kacuni sur cet axe principal Busovaca-Kiseljak

 15   n’a pas été contrôlé par la police militaire ?

 16   R.  Non.  C’est ce que j’ai dit.

 17   Q.  Par conséquent, nous sommes d’accord pour

 18   dire que le peloton de reconnaissance et de sabotage avait

 19   un certain nombre d’autres tâches spéciales concernant ce

 20   point de contrôle ?

 21   R.  Ce n’était pas tout à fait des tâches

 22   spéciales.  Nous avons contrôlé ce point de contrôle. 

 23   C’est nous qui le tenions.

 24   Q.  Lors de votre déposition aujourd’hui, vous

 25   avez décrit les tâches au point de contrôle pour arrêter


Page 14002

  1   tous les véhicules, vérifier les documents :  C’est bien

  2   comme ça que je vous ai compris ?

  3   R.  Oui, vous avez bien compris.

  4   Q.  Mais quel était l’objectif de vérifier les

  5   documents ?

  6   R.  Je ne sais pas.  Je sais qu’on nous a demandé

  7   de regarder les documents, de marquer sur un livre qui

  8   étaient les personnes qui étaient passées.

  9   Q.  Par conséquent, vous avez enregistré

 10   pratiquement tous les noms des personnes qui passaient.  Il

 11   y avait un livre que vous avez tenu ?

 12   R.  Oui, effectivement.

 13   Q.  À quel moment ce point de contrôle a été

 14   érigé et à partir de quel moment vous avez commencé ce

 15   contrôle systématique ?

 16   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Dans sa

 17   déclaration, le témoin a parlé du 15 janvier.  Il a dit que

 18   c’était le 15 janvier.

 19   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi,

 20   Monsieur le Président, je ne l’ai pas entendu mais

 21   j’accepte, bien évidemment.  Je ne vais pas luis poser la

 22   question.

 23   Q.  Mais sinon, Monsieur le Témoin AE, nous

 24   sommes d’accord pour dire que c’était les Croates qui se

 25   déplaçaient sur cette route, en général ?


Page 14003

  1   R.  Oui.  En général, c’était des Croates et en

  2   direction de Busovaca.

  3   Q.  Nous sommes d’accord également pour dire que

  4   les représentants du HVO étaient des personnes d’un intérêt

  5   tout particulier qu’il fallait contrôler ?

  6   R.  Oui, nous sommes d’accord là-dessus

  7   également.

  8   Q.  Vous avez dit également que vous avez utilisé

  9   un téléphone de fortune et que vous avez reçu au moyen de

 10   ce téléphone un certain nombre d’ordres ?

 11   R.  Non.  On ne recevait pas d’ordres pour

 12   fouiller, pour perquisitionner, mais ceux qui nous

 13   paraissaient intéressants, on le faisait si on considérait

 14   que c’était utile à le faire.

 15   Q.  Mais c’est ce que j’ai lu dans votre

 16   déclaration.  C’est le point 5.  C’est marqué :  « De temps

 17   à autre, on recevait les ordres par ce téléphone mobile

 18   pour fouiller les véhicules qui pour nous présentaient un

 19   intérêt. »

 20   R.  Si par exemple, nous, on appelait, on

 21   disait :  « On a arrêté telle et telle personne, il était

 22   en tenue militaire. »  Il y avait un certain nombre de

 23   personnes auxquelles on avait confisqué des armes.  Moi

 24   personnellement, je ne l’ai pas fait mais il y a des

 25   personnes auxquelles on avait confisqué des armes, des


Page 14004

  1   personnes qui étaient membres du HVO, et il est possible

  2   qu’effectivement, on ait fouillé des véhicules.

  3   Q.  Mais la personne qui avait autorisé, qui

  4   avait donné des ordres, c’était qui ?  C’était le

  5   commandant ou quelqu’un d’autre ?

  6   R.  En ce qui concerne notre peloton, il y avait

  7   notre commandant.

  8   Q.  Maintenant, nous allons parler de cet

  9   incident qui avait eu lieu le 20 janvier 1993.  Ma première

 10   question :  Est-ce que vous savez quel était le jour de la

 11   semaine ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Vous ne savez pas, mais un peu plus fort,

 14   s’il vous plaît, pour qu’on puisse vous entendre.

 15   R.  Non, non, je ne sais pas.

 16   Q.  Mais vous avez parlé d’un certain nombre de

 17   personnes qui étaient avec vous sur le point de contrôle. 

 18   Moi, je voudrais savoir si éventuellement Semir Jugovic

 19   était avec vous.

 20   R.  Non.  Semir Jugovic était membre de la police

 21   militaire et il n’était pas avec moi.

 22   Q.  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi pour

 23   dire qu’il y avait plusieurs dizaines de soldats autour du

 24   point de contrôle ?

 25   R.  Non, je ne suis pas d’accord avec vous.


Page 14005

  1   Q.  Il y avait combien de soldats au total ?

  2   R.  Cinq.

  3   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Naumovski,

  4   je suis désolé de vous interrompre mais vous venez de

  5   parler du 23 janvier alors que dans l’interrogatoire

  6   principal, je crois qu’on nous a parlé du 20.  Corrigez-moi

  7   si je me trompe.

  8   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi. 

  9   Moi, je parlais du 20 janvier.  Il y avait peut-être une

 10   erreur de traduction.  Le 20.

 11   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien.

 12   Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 13   Q.  Vous avez contrôlé le passage des véhicules

 14   mais de quelle direction ?

 15   R.  Des deux directions.

 16   Q.  Des deux directions ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Pour ce qui est ce blocus sur la route,

 19   comment vous vous êtes organisés ?  Il y avait des pneus,

 20   il y avait également d’autres sortes de bloquer.  Dans les

 21   deux sens, vous les avez bloqués ?

 22   R.  Oui, tout à fait.

 23   Q.  Mais il n’y avait pas d’autres obstacles ?

 24   R.  Non, absolument pas.

 25   Q.  Mais comment vous avez arrêté à ce moment-


Page 14006

  1   là ?  Vous avez tout simplement montré par un signe de main

  2   que le véhicule devait s’arrêter ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce qu’au bord de la route, il y avait un

  5   grand camion qui était chargé de troncs en bois ?

  6   R.  C’est pour faire un obstacle ?

  7   Q.  Non, non, mais je demande si éventuellement

  8   ce camion était garé le long de la route, au bord de la

  9   route.

 10   R.  Je ne pense pas.  Je ne me souviens pas.

 11   Q.  Mais vous n’êtes pas sûr ?

 12   R.  Non, il n’y était pas.

 13   Q.  Quelques mots au sujet des armes, des armes

 14   que vous possédiez.  Vous étiez membre de ce peloton de

 15   reconnaissance et de sabotage.  Quelles sont les armes que

 16   vous possédiez ?

 17   R.  Nous avions des armes automatiques.

 18   Q.  Vous voulez dire des fusils automatiques ?

 19   R.  Fusils automatiques dénommés Crvena Zastava,

 20   le drapeau rouge.

 21   Q.  Vous aviez des pistolets également ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Est-ce qu’il y avait quelqu’un qui possédait

 24   le RPG ?

 25   R.  C’est dans la petite maison que nous


Page 14007

  1   l’avions.

  2   Q.  Qu’est-ce que ça veut dire « dans la petite

  3   maison » ?

  4   R.  Mais c’est là où il y avait le téléphone.

  5   Q.  Par conséquent, vous avez préparé tout ça ?

  6   R.  Non mais on n’avait pas beaucoup de RPG.

  7   Q.  Mais est-ce qu’il y avait quelqu’un qui a été

  8   chargé pour utiliser cette arme ?

  9   R.  Mais on avait le droit de l’utiliser nous

 10   tous.  On le savait.

 11   Q.  Je vous ai écouté très attentivement mais je

 12   ne sais pas d’où venaient ces deux véhicules.

 13   R.  Kiseljak-Busovaca.

 14   Q.  De Kiseljak ?

 15   R.  Je ne sais pas si c’est vraiment de Kiseljak

 16   mais c’est en provenance de Kiseljak.

 17   Q.  Donc, de cette direction ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Pourriez-vous nous décrire comment

 20   s’approchaient ces véhicules ?  Y avaient-ils d’autres

 21   véhicules, par exemple, des véhicules de la FORPRONU, des

 22   camions ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Mais comment s’approchaient ces véhicules et

 25   quelle était la distance entre les véhicules ?


Page 14008

  1   R.  Mais la distance n’était pas véritablement

  2   très grande.  Je ne peux pas vous dire combien entre trois,

  3   quatre, cinq mètres éventuellement.  C’est comme ça, cette

  4   distance-là.

  5   Q.  Le Procureur vous a demandé à quel moment ça

  6   s’est passé et vous avez dit l’après-midi.  Pourriez-vous

  7   nous préciser à quel moment ?  C’était 5 h 00 de l’après-

  8   midi ?  C’était plus tard ?

  9   R.  C’était un peu plus tôt.  Ce n’était pas la

 10   nuit encore.  La nuit ne tombait pas.  C’était entre midi

 11   et 2 h 00 de l’après-midi.

 12   Q.  C’est ça ce que vous dites :  l’après-midi ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Mais c’était le mois de janvier.  Il faisait

 15   plutôt noir et nuageux ?

 16   R.  Non.  Je ne me souviens pas.

 17   Q.  Vous ne vous souvenez pas ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Je vais vous poser la question différemment : 

 20   Est-ce qu’il faisait nuit déjà ?

 21   R.  Non.

 22   Q.  Quelques questions au sujet des véhicules. 

 23   Pour ce qui est du premier véhicule, vous avez dit qu’il

 24   s’agissait du véhicule de Grubesic et qu’il était en

 25   civil ?


Page 14009

  1   R.  Oui, tout à fait.

  2   Q.  Mais vous vous ne le connaissiez pas ?

  3   R.  Non, je ne le connaissais pas, même pas à

  4   l’époque.

  5   Q.  Mais qui le connaissait ?

  6   R.  Delija, Miralem.

  7   Q.  Mais comme il était en civil, comment saviez-

  8   vous qu’il était commandant des Jokeris alors que vous ne

  9   le connaissiez pas ?

 10   R.  C’est Miralem qui le savait et les autres qui

 11   le connaissaient, ils savaient que c’était lui, ils

 12   savaient qu’il était commandant des Jokeris.

 13   Q.  Mais qui vous l’a dit ?  Vous vous ne le

 14   connaissiez pas.

 15   R.  Mais disons que c’est Miralem.  Quelqu’un me

 16   l’a dit.

 17   Q.  Quelqu’un vous l’a dit ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Si je vous donne le nom, est-ce que ceci

 20   pourrait vous rappeler en souvenir ce nom ?

 21   R.  Je ne connaissais pas ce monsieur-là, je ne

 22   le connaissais pas à l’époque et je ne saurais pas vous le

 23   dire.

 24   Q.  Monsieur le Témoin AE, je dois dire que vous

 25   dites la chose différemment aujourd’hui par rapport à ce


Page 14010

  1   que vous disiez en 1990 en décembre.  Vous avez dit que le

  2   conducteur et Grubesic, les deux étaient en tenue

  3   militaire.  C’est le point numéro 7.

  4   R.  Le conducteur était en uniforme.

  5   Q.  Vous avez dit :  « Le premier véhicule,

  6   Grubesic en tenue de camouflage, le conducteur également en

  7   uniforme de camouflage. »

  8   R.  Le conducteur était en uniforme de camouflage

  9   mais en ce qui concerne Grubesic, je ne me souviens pas et

 10   je ne crois pas l’avoir dit.

 11   Q.  Est-ce que vous pouvez dire ceci un peu plus

 12   haut ?

 13   R.  Oui.  Le conducteur était en tenue de

 14   camouflage – c’est la raison pour laquelle on lui a demandé

 15   les documents – mais en ce qui concerne Grubesic, qui était

 16   à côté de lui, je ne me souviens pas avoir dit ça.

 17   Q.  Mais je viens de vous lire ce que vous avez

 18   dit et ce qui est écrit.  Par conséquent, vous n’êtes pas

 19   d’accord avec ce que moi, je viens de lire, que Grubesic

 20   également portait l’uniforme de camouflage ?

 21   R.  Non, je ne suis pas d’accord avec vous.

 22   Q.  C’est vous-même et Miralem Delija qui vous

 23   vous êtes approchés de ce premier véhicule.  Qui avait

 24   conduit la conversation avec le conducteur ?

 25   R.  Miralem Delija.


Page 14011

  1   Q.  Mais vous avez pointé vos armes en vous

  2   approchant du véhicule :  Nous sommes d’accord là-dessus ?

  3   R.  Non, ce n’est pas vrai.  C’est au moment où

  4   Grubesic a commencé à offenser Miralem que nous avons

  5   pointé des armes.

  6   Q.  Est-ce que vous pouvez nous décrire comment

  7   avez-vous les armes et comment vous les avez tenues avant ?

  8   R.  Sur l’épaule.

  9   Q.  Si je vous ai bien compris, le conducteur

 10   était tout de suite d’accord et il vous a présenté sa carte

 11   d’identité ?

 12   R.  La carte d’identité.

 13   Q.  Par conséquent, vous aviez pu voir de qui il

 14   s’agissait, n’est-ce pas ?

 15   R.  Pour nous, il était un soldat, un militaire,

 16   et il devait porter sur lui un livret militaire et c’est là

 17   où on pouvait également lire dans son livret militaire à

 18   quel bataillon, à quelle compagnie, à quelle brigade il

 19   appartenait.

 20   Q.  C’est ce que je supposais que vous alliez

 21   dire.  Par conséquent, une de vos tâches était également de

 22   constater quel était le déploiement des soldats, quelles

 23   étaient également les grades et l’appartenance des soldats

 24   qui traversaient ?

 25   R.  Oui.


Page 14012

  1   Q.  Au moment où Miralem Delija a pointé son arme

  2   sur Grubesic, il a également ouvert la porte, n’est-ce pas…

  3   la portière ?

  4   R.  Oui, tout à fait.

  5   Q.  Est-ce qu’on a pu constater que les personnes

  6   qui étaient dans le véhicule avaient des armes ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Mais Miralem Delija a quand même demandé

  9   qu’on lui remette les armes si jamais ils en possèdent ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et Grubesic a donné son pistolet ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Comment savez-vous que Delija avait perdu,

 14   égaré ce pistolet plus tard ?

 15   R.  Nous étions ensemble et nous sommes allés le

 16   chercher et nous ne l’avons pas trouvé.

 17   Q.  Combien de jours après cet événement ?

 18   R.  Quatre jours.

 19   Q.  Mais ce n’était pas dans vos prérogatives de

 20   garder les armes, plutôt d’enregistrer et de dire que telle

 21   et telle personne possède telle et telle arme ?

 22   R.  Miralem l’avait gardée quand même.

 23   Q.  Il n’a pas été autorisé pour le faire ?

 24   R.  Il avait le droit.  Il avait le droit.

 25   Q.  Vous voulez dire qu’il avait le droit de ne


Page 14013

  1   pas le remettre et de ne pas prévenir le commandement ?

  2   R.  Mais tout le monde savait qu’il possédait

  3   cette arme.  C’est tout à fait normal qu’un commandant

  4   dispose d’une arme.

  5   Q.  Monsieur le Témoin AE, vous savez que plus

  6   tard, on a demandé que ce pistolet soit remis ?

  7   R.  Oui.  J’ai entendu dire que Kostroman avait

  8   demandé que le pistolet soit remis.

  9   Q.  Que Monsieur Kostroman avait par conséquent

 10   demandé que le pistolet soit remis ?

 11   R.  Oui.  C’était des rumeurs.  C’est ce que j’ai

 12   entendu dire.

 13   Q.  Comme on parle de Monsieur Kostroman…

 14   R.  Je pense que ce n’est pas vrai.  Je pense que

 15   ce pistolet n’a pas été réclamé à être remis.

 16   Q.  Vous avez parlé de Monsieur Kostroman.  Est-

 17   ce que vous savez qui c’était ?

 18   R.  Je sais de ce qu’on a pu entendre dire de

 19   lui, je sais qu’il était le maire à Busovaca.

 20   Q.  Dans la ville de Busovaca ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Monsieur le Témoin AE, maintenant, nous

 23   allons passer aux questions qui concernent le deuxième

 24   véhicule.  Est-ce que vous savez quelque chose sur cette

 25   Jeep, quelle était la marque, quelle était la couleur,


Page 14014

  1   quelles étaient les plaques d’immatriculation ?

  2   R.  Non, je ne me souviens pas.  Je ne me

  3   souviens pas des plaques d’immatriculation de l’époque.

  4   Q.  Vous ne connaissez pas les détails au sujet

  5   de ce deuxième véhicule ou bien la couleur ?  Vous vous en

  6   souvenez ?  Si vous ne savez pas, ce n’est pas grave.  Vous

  7   dites que vous ne savez pas.  Ce n’est pas grave.

  8   R.  Je ne peux pas m’en souvenir véritablement.

  9   Q.  Il y avait combien de personnes dans ce

 10   deuxième véhicule ?

 11   R.  Quatre personnes.

 12   Q.  Où se trouvait la personne que vous avez

 13   reconnue comme Monsieur Kordic ?

 14   R.  Il était assis à côté du conducteur.

 15   Q.  Comment étaient habillés les civils ?  Les

 16   quatre étaient en civil, les quatre personnes ?

 17   R.  Oui, tout à fait.

 18   Q.  Est-ce que vous connaissez un détail ?  Est-

 19   ce que Monsieur Kordic portait une cravate ?  Il était en

 20   tenue civile.  Il était cravaté ?  Vous ne savez pas ?

 21   R.  Probablement.

 22   Q.  Mais vous ne savez pas exactement ce qu’il

 23   portait ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Un détail.  Il avait un manteau ?  Il était


Page 14015

  1   comment ?

  2   R.  Il aurait dû porter un manteau parce que

  3   c’était l’hiver.

  4   Q.  Ne tirez pas de conclusion.  C’est votre

  5   conclusion.  Est-ce que vous avez vu le manteau ?

  6   R.  Non, je ne me souviens pas vraiment.

  7   Q.  Est-ce qu’il portait un couvre-chef ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  De quelle longueur étaient ses cheveux ?

 10   R.  Ils étaient coupés assez courts.

 11   Q.  Il avait des moustaches, il avait une barbe ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Non ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Il avait des lunettes ?

 16   R.  Non, je ne me souviens pas.

 17   Q.  Vous avez dit que pour ce qui est de ce

 18   deuxième véhicule, c’est Nedzad Karaula qui l’avait

 19   approché.  Il vient d’où ?

 20   R.  De Bukovci.  C’est un village, Bukovci, et

 21   c’est la municipalité de Busovaca.  C’est un village qui se

 22   trouve au-dessus de Kacuni.

 23   Q.  Au-dessus de Kacuni ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Au moment où il a appelé Miralem Delija, il


Page 14016

  1   se trouvait à quelle distance par rapport à vous ?

  2   R.  Quatre mètres, trois, quatre mètres.  Lui, il

  3   était également à cette distance comme moi.

  4   Q.  Mais quand vous, vous étiez à côté du premier

  5   véhicule et ensuite, il y avait ce deuxième parce que vous,

  6   vous avez, par conséquent, vu ce deuxième véhicule du

  7   devant, n’est-ce pas ?

  8   R.  Oui, tout à fait.

  9   Q.  Miralem Delija a fait quelques pas pour

 10   s’approcher de ce deuxième véhicule ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Vous, vous êtes resté auprès du premier

 13   véhicule ?

 14   R.  Oui, tout à fait.  Je suis resté auprès du

 15   premier véhicule.

 16   Q.  Monsieur le Témoin AE, vous avez dit

 17   aujourd’hui que la personne que vous avez reconnue comme

 18   Monsieur Kordic était sur le point de descendre de la

 19   voiture et qu’il s’est adressé à Miralem ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Vous avez dit également qu’il avait fait un

 22   reproche au sujet de l’arme qui a été prise ?

 23   R.  Il a dit : « Pourquoi tu le fais ?  Tu vas me

 24   le payer. »  C’est ce qu’il avait dit.

 25   Q.  Monsieur le Témoin AE, quand vous avez donné


Page 14017

  1   votre déclaration il y a deux mois, deux mois et demi

  2   approximativement, vous avez dit que Monsieur Kordic a

  3   ouvert la portière de la voiture et qu’il avait crié, qu’il

  4   avait dit quelque chose à Miralem et que vous n’avez même

  5   pas reconnu les paroles.

  6   R.  Ce n’est pas vrai.  Moi, j’ai dit ce qu’il

  7   avait prononcé car moi, j’ai entendu ce qu’il avait

  8   prononcé.

  9   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 10   Président, tout ce que je peux c’est de montrer en langue

 11   croate la déclaration au témoin.

 12   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, montrez-

 13   la lui.

 14   Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 15   Q.  Le point numéro 12, si vous voulez bien nous

 16   donner lecture de ce qui est surligné.  Est-ce que vous

 17   êtes bien d’accord avec moi pour dire que c’est bien

 18   contenu dans la déclaration ?

 19   R.  C’est marqué « Kordic ».

 20   Q.  La première partie, qu’il lui avait crié

 21   après, est-ce que c’est bien marqué ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Ce n’est pas marqué ce qu’il avait dit, ce

 24   qu’il avait prononcé ?

 25   R.  Oui.


Page 14018

  1   Q.  Vous voulez une fois de plus répéter ce que

  2   vous avez dit ?

  3   R.  Ce n’est pas écrit, effectivement.

  4   Q.  C’est bien la première fois aujourd’hui que

  5   vous dites qu’il y avait quand même quelque chose qui a été

  6   prononcé ?

  7   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ce n’est pas

  8   une manière très juste de présenter les questions.

  9   Je vais moi-même donner lecture de ce document –

 10   je cite : « À ce moment-là, Kordic a ouvert la porte de la

 11   voiture et il a crié quelque chose en direction de Miralem. 

 12   Miralem s’est rapproché de Kordic.  À ce moment-là, Kordic

 13   a menacé Miralem en lui disant : ‘Tu vas me le payer.’ 

 14   Miralem a ri. »  Fin de citation.

 15   Donc, voici ce qu’on peut lire au paragraphe 12 de

 16   la déclaration préalable du témoin.

 17   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 18   Président, je suis parfaitement d’accord avec vous.  C’est

 19   la question que je pose.  Si le témoin n’a pas entendu les

 20   premiers mots qui ont été criés, à ce moment-là, je lui

 21   pose la question pour savoir comment il a pu entendre le

 22   contenu de ce qui a suivi.

 23   R.  C’est marqué ici : « Il a crié quelque chose

 24   à Miralem. »

 25   Q.  C’est vrai, Monsieur le Témoin, mais ce


Page 14019

  1   quelque chose, vous ne savez pas de quoi il s’agissait.  De

  2   toute façon, vous auriez dit les mots qui ont été prononcés

  3   mais, de toute façon, c’est aux Juges d’en tirer la

  4   conclusion.  Quel était le ton sur lequel Monsieur Kordic

  5   avait prononcé ce que vous avez entendu, les mots qu’il

  6   avait prononcés ?

  7   R.  À cinq, six mètres, comment vous voulez que

  8   j’entende ?

  9   Q.  Il a crié ou bien il a parlé normalement ?

 10   R.  Il n’a pas crié mais il a été dur en le

 11   prononçant.

 12   Q.  Miralem Delija venait de s’approcher de

 13   Monsieur Kordic.  C’est ce que nous avons dit ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Ensuite, il avait également son arme

 16   automatique, le fusil dans ses mains ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Cette arme a été pointée devant ?

 19   R.  Non.  Le fusil automatique était baissé vers

 20   le bas.

 21   Q.  Vous dites qu’il y avait un certain nombre de

 22   noms qui ont été prononcés et que Miralem a ri ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Vous dites aujourd’hui que Miralem Delija, à

 25   la fin de cette journée, quelques heures plus tard, avait


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  1   exprimé sa crainte pour sa propre famille, de ce qui

  2   pouvait lui arriver ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Comment, quelques heures plus tard, il a été

  5   préoccupé, alors que sur-le-champ, il a ri ?

  6   R.  Moi, je l’ai dit tout à l’heure.  Vous ne

  7   l’avez peut-être pas entendu.  Ce n’était pas un rire de

  8   plaisir.  Miralem était quelqu’un qui se maîtrisait très

  9   bien et il ne voulait pas tout simplement réagir à cette

 10   provocation.  Ce n’est pas plusieurs heures par la suite

 11   qu’il a été préoccupé.  Il a été probablement préoccupé

 12   tout de suite.

 13   Q.  Dans votre déclaration, vous avez dit :

 14   « Plus tard dans la journée. »

 15   R.  Mais plus tard dans la journée, on en a

 16   parlé.  On s’était mis également d’accord comment se rendre

 17   dans la maison de chez Miralem pour sa famille.

 18   Q.  Oui.  Vous l’avez précisé aujourd’hui.  Pour

 19   ce qui est du troisième véhicule, vous avez dit également

 20   que c’est un véhicule civil.  Vous avez dit que vous ne

 21   reconnaissiez personne ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  C’était des soldats, c’était des militaires

 24   ou c’était des civils ?

 25   R.  C’était des militaires.


Page 14021

  1   Q.  Qui s’est approché de leur véhicule ?

  2   R.  Personne.

  3   Q.  Pourquoi, parce que c’était votre tâche,

  4   c’était votre tâche de vérifier les documents ?

  5   R.  Tout simplement parce qu’on a reçu les

  6   instructions de les laisser passer.

  7   Q.  Cette conversation au téléphone a été faite

  8   par un de vos collègues.  Avec qui il avait parlé ?

  9   R.  Husein Hadzimeljic n'était pas commandant à

 10   cette époque-là.

 11   Q.  Par conséquent, il n’a pas parlé avec lui à

 12   ce moment-là ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Juste pour éclaircir le détail en ce qui

 15   concerne le quatrième véhicule et les personnes qui étaient

 16   dans le quatrième véhicule.  Il y a une différence entre la

 17   déclaration que vous avez donnée et celle d’aujourd’hui. 

 18   Vous parlez du surnom de Charlie pour les deux personnes

 19   différentes.  Probablement qu’il y a une erreur qui n’est

 20   pas intentionnelle.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Donc, Charlie c’est Akrap, Spomenko ?

 23   R.  Oui, tout à fait.

 24   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Naumovski,

 25   le temps maintenant est venu de faire une pause.  Avez-vous


Page 14022

  1   encore beaucoup de questions à poser à ce témoin ?

  2   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Une quinzaine,

  3   une vingtaine de minutes, pas plus.

  4   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Fort bien ! 

  5   Nous allons, donc, maintenant faire une pause mais puisque,

  6   justement, vous êtes en train de parler de l’incident qui a

  7   eu lieu au point de contrôle, je voudrais que vous

  8   m’apportiez un éclaircissement au sujet du point suivant. 

  9   Est-ce que vous contestez le fait que Monsieur Kordic ait

 10   dit : « Tu me le paieras » ?

 11   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Oui.  C’est tout

 12   à fait contestable.  Nous affirmons que Monsieur Kordic

 13   n’était même pas au point de contrôle, qu’il y avait une

 14   erreur de personne.

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, il

 16   faut présenter ceci au témoin directement.  Laissez-moi

 17   finir, s’il vous plaît.  Donc, il faut le dire au témoin,

 18   affirmer cela au témoin afin qu’il ait la possibilité d’y

 19   répondre.  Il faut dire au témoin qu’il se trompe quand il

 20   affirme que Kordic était à cet endroit.  Je vous demande de

 21   le lui dire tout de suite, maintenant.

 22   Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 23   Q.  Monsieur le Témoin AE, vous avez entendu ce

 24   que j’ai dit au Juge.  Monsieur Kordic n’était pas présent

 25   à ce moment-là.  C’était Monsieur Kostroman.  C’est ce que


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  1   nous affirmons.

  2   R.  Non, je ne suis pas d’accord avec vous.

  3   Q.  Ils ne venaient pas de Kiseljak.  Ils

  4   allaient de Busovaca à Kiseljak.  Par conséquent, le sens

  5   de déplacement des véhicules n’est pas exact, non décrit,

  6   enfin, ce n’est pas exact ?

  7   R.  Je ne sais pas ce que vous dites.  Moi, ce

  8   que j’ai vu, je l’ai décrit.  Je connais Monsieur Kordic et

  9   je le connaissais à l’époque et je l’ai vu.

 10   Q.  Seriez-vous d’accord avec moi pour dire que

 11   vous connaissiez, car il s’agissait de personnalités qui

 12   étaient connues, Blaskic et Monsieur Kostroman et Anto

 13   Valenta et les autres ?  Je pense que vous les avez tous

 14   connus ?

 15   R.  À cette époque-là, le Colonel Blaskic, je ne

 16   le connaissais pas du tout.

 17   Q.  Vous ne l’avez jamais vu à la télévision ?

 18   R.  Après, oui, mais pas à ce moment-là.

 19   Q.  Il y a encore autre chose qui n’est pas exact

 20   que vous venez de dire.  Monsieur le Témoin AE, j’ai parlé

 21   avec beaucoup de personnes qui sont au courant de cet

 22   incident.  Tout le monde m’a dit qu’il s’agissait du 21 ou

 23   22 mais, de toute façon, pas le 20 janvier 1993.  C’est la

 24   raison pour laquelle je vous ai demandé quel était le jour

 25   de la semaine.


Page 14024

  1   R.  Je ne sais pas quel était le jour de la

  2   semaine mais je sais que c’était en date du 20 mais moi, je

  3   ne l’aurais pas su si Soco n’était pas tué le 21 et ça

  4   s’est passé un jour avant.  Donc, c’est dans la nuit qu’il

  5   a été tué et nous, on l’a appris le 21 janvier.

  6   Q.  Par conséquent, vous êtes sûr que ce n’était

  7   pas le 21 ?

  8   R.  C’était le 20.

  9   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le moment est

 10   peut-être bien choisi pour faire une pause.  Donc, nous

 11   allons maintenant lever l’audience pour une demi-heure.

 12   --- Suspension de l’audience à 11 h 05

 13   --- Reprise de l’audience à 11 h 39

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, Me

 15   Naumovski.

 16   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 17   Président, tout à l’heure lorsque j’indiquais quelle est

 18   notre attitude au témoin, j’ai oublié d’ajouter un petit

 19   détail.  Permettez-moi d’ajouter ceci, s’il vous plaît.

 20   Q.  Témoin AE, nous pouvons poursuivre.  Lorsque

 21   je vous parlais de la différence entre ce que nous

 22   affirmons et ce que vous avez dit aujourd’hui, j’ai un

 23   détail à ajouter.  Vous avez dit que Monsieur Kordic était

 24   assis à côté du chauffeur ?

 25   R.  Oui.


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  1   Q.  Il n’a jamais été assis à côté du chauffeur. 

  2   Il a toujours été derrière dans une voiture.  Est-ce que

  3   vous êtes sûr qu’il était à côté du chauffeur ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Très bien, merci.  Nous pouvons poursuivre.

  6   Puisque nous sommes en train de parler de ce

  7   document qui d’après vous s’est produit le 20 janvier 1993,

  8   vous serez d’accord avec moi pour dire que vous avez dit

  9   aux enquêteurs que par la suite, vous avez appris que

 10   Blaskic et Kostroman étaient dans les autres véhicules ?

 11   R.  Oui.  J’ai dit que j’ai entendu parler de

 12   cela.

 13   Q.  Mais vous-même vous ne les avez pas

 14   reconnus ?

 15   R.  Non.  Moi, je ne connaissais pas ces

 16   personnes.

 17   Q.  Vous avez dit aujourd’hui que la première

 18   personne qui vous avait dit que le frère de Miralem Delija

 19   a été tué était votre commandant ?

 20   R.  commandant de bataillon, pas mon commandant à

 21   moi mais le commandant de bataillon alors que nous nous

 22   appartenions à la 9e brigade.

 23   Q.  Son nom était Koluh ?

 24   R.  Ernest Koluh.

 25   Q.  Ernest ?


Page 14026

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Il vous a dit le lendemain de cet événement ?

  3   R.  Oui, le lendemain.

  4   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire un peu plus

  5   précisément comment avez-vous travaillé cette semaine-là,

  6   en quelle relève, à commencer par le 20 janvier ?  Quelle

  7   était votre équipe ?  Quelle était votre relève ?

  8   R.  J’ai travaillé jusqu’au soir.

  9   Q.  Donc, pendant la journée ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et le 21 ?

 12   R.  Pareil.

 13   Q.  Tous les jours ?

 14   R.  Jusqu’au soir, oui.

 15   Q.  Et vous avez travaillé comme ça tous les

 16   jours jusqu’au début du conflit ?

 17   R.  Au moment du début du conflit, il n’y a pas

 18   eu de point de contrôle.  Je ne sais pas.  Le 25, il n’y

 19   avait plus de point de contrôle.  Peut-être qu’il a été

 20   abandonné le 23.  Donc, il a été abandonné le 23 mais la

 21   police militaire s’y trouvait.  La police militaire se

 22   trouvait juste au-dessous de nous.

 23   Q.  Excusez-moi mais je n’ai pas compris ce que

 24   vous dites.  Est-ce que vous voulez dire que votre peloton

 25   de sabotage et de reconnaissance était sur ce point de


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  1   contrôle uniquement pendant deux jours ?

  2   R.  Non, pas deux jours mais peut-être cinq

  3   jours.

  4   Q.  Et au bout des cinq jours, c’est la police

  5   militaire qui vous a rejoint ?

  6   R.  Oui, c’est-à-dire c’est nous qui avons

  7   rejoint la police militaire.

  8   Q.  Très bien.  Donc, le 24 janvier 1993, qui

  9   tenait le point de contrôle ?

 10   R.  La police militaire mais personne sur la

 11   route.  Le 24, personne ne détenait le point de contrôle

 12   sur la route.

 13   Q.  Aujourd’hui, vous avez parlé de ce que vous

 14   savez concernant les événements qui se sont produits le 20

 15   janvier 1993, c’est-à-dire le 24 janvier 1993 lorsque comme

 16   vous le dites, Ivica Petrovic a été tué ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Est-ce que vous savez quelle était la journée

 19   de la semaine lorsque ceci s’est produit ?

 20   R.  Non, je ne sais pas.

 21   Q.  Vous avez décrit la manière dont il a été

 22   tué.  Est-ce que vous avez été le témoin oculaire de cet

 23   événement ?

 24   R.  Est-ce que je l’ai vu ?

 25   Q.  Oui.  Est-ce que vous avez regardé l’incident


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  1   se produire ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  De quelle distance et à quel endroit très

  4   exactement est-ce que les coups de feu ont commencé ?

  5   R.  Je ne peux pas vous le dire exactement.

  6   Q.  Est-ce que vous étiez près de la route ?

  7   R.  Oui.  En partant de Busovaca, nous étions sur

  8   la droite vers le champ.  On était plusieurs là et puis

  9   plusieurs personnes étaient au point de contrôle et puis la

 10   FORPRONU qui essayait de passer jusqu’à la caserne.

 11   Q.  Vous parlez du 24 là ?

 12   R.  Vingt-quatre, 25 lorsque le conflit a

 13   commencé.

 14   Q.  Mais je vous prie de bien vouloir être tout à

 15   fait précis et de réfléchir avant de répondre.  Je souhaite

 16   parler de deux événements avec vous.  L’un s’est produit le

 17   24 et vous dites que le second s’est produit le 25.  Donc,

 18   réfléchissez bien s’il vous plaît.  Nous parlons maintenant

 19   de cet événement lorsque Petrovic, Ivica a été tué, n’est-

 20   ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Et cet événement s’est produit le 24 janvier

 23   1993 vers 3 h 05 de l’après-midi ?

 24   R.  Je ne sais pas à quelle heure ceci s’est

 25   produit.


Page 14029

  1   Q.  Donc, c’est l’événement qui m’intéresse. 

  2   Est-ce que vous avez vu personnellement cet événement ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Si j’ai bien compris vos propos, donc, il n’y

  5   avait plus de barrage sur la route ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Donc, est-ce que ça veut dire que Petrovic a

  8   commencé à tirer sans aucune raison ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Ensuite, quelqu’un a tiré de l’obusier contre

 11   lui ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Vous avez dit qu’un certain civil, Srecko, y

 14   était lui aussi ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et qu’il a été relâché, qu’il a survécu ?

 17   R.  Il n’a pas été relâché, il s’est échappé du

 18   véhicule et il est allé jusqu’à Busovaca sous escorte d’un

 19   de nos hommes.

 20   Q.  Donc, vous dites qu’il a survécu et qu’il a

 21   quitté les lieux vivant ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Mis à part Ivica Petrovic, lors de cet

 24   incident, Igor Bogdanovic a été tué lui aussi ?

 25   R.  Non.


Page 14030

  1   Q.  Vous êtes sûr de cela ?

  2   R.  À 100 pour cent.

  3   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

  4   Président et Messieurs les Juges, vous avez pu constater

  5   que la Défense n’accepte pas la déclaration du témoin. 

  6   Nous affirmons et nous prouverons aussi que cet Igor

  7   Bogdanovic a été tué lui aussi lors de cet incident et je

  8   peux répéter ceci au témoin.

  9   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Non, je pense

 10   que nous pouvons poursuivre.

 11   Est-ce qu’il y a autre chose qui vous intéresse ?

 12   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci.

 13   Q.  Donc, parlons du jour suivant, le 25.  À ce

 14   moment-là, vous avez dit que cet incident où les véhicules

 15   de la FORPRONU ont participé a eu lieu.  C’est ainsi que ça

 16   a commencé.  Vous avez dit que le 25 janvier, vous avez

 17   bloqué le passage des véhicules de la FORPRONU qui

 18   voulaient aller jusqu’à la caserne à Silos ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Est-ce que vous pouvez dire à quelle heure

 21   ceci s’est produit, vers quelle partie de la journée ?

 22   R.  Après 12 h 00.

 23   Q.  À Busovaca et dans la région plus vaste de

 24   Busovaca, le conflit avait déjà éclaté ?

 25   R.  Non.  C’est ce jour-là que le conflit a


Page 14031

  1   éclaté.

  2   Q.  Ce jour-là ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Oui, mais le conflit avait éclaté au matin de

  5   ce jour du 25 ?

  6   R.  À Kacuni, ça a commencé le 25.  Lorsque le

  7   véhicule blindé est arrivé à Kacuni, ils ont commencé à

  8   tirer et c’est à ce moment-là que nous aussi nous avons

  9   commencé à tirer puisqu’ils ont tiré de ce véhicule et

 10   c’est à ce moment-là que les lignes de front ont été

 11   établies.

 12   Q.  Vous avez dit dans votre déclaration :  « Le

 13   25 janvier 1993, je me trouvais au point de contrôle au

 14   moment où le conflit à Busovaca a éclaté » et en ce moment,

 15   vous décrivez comment vous avez arrêté ce Charlie.  Donc,

 16   je conclus que le conflit à Busovaca avait commencé.

 17   R.  Écoutez, le conflit n’a jamais commencé à

 18   Busovaca.  Il n’y a pas eu de conflit à Busovaca.  Tout

 19   simplement, ils ont désarmé le peuple.  C’était tout.

 20   Q.  Dites-moi s’il vous plaît :  Combien de

 21   personnes se trouvaient sur ce point de contrôle au moment

 22   où les véhicules de la FORPRONU ont été arrêtés ?

 23   R.  Je ne sais pas.  Nous étions nombreux.

 24   Q.  Vous étiez nombreux et vous avez utilisé vos

 25   armes afin d’empêcher la FORPRONU de passer vers la


Page 14032

  1   caserne ?

  2   R.  Tout au début, nous avions nos armes sur

  3   nous.  Donc, nous n’avons pas employé les armes.  Ensuite,

  4   ils ont refusé et nous avons reçu l’ordre de les arrêter

  5   coûte que coûte.

  6   Q.  Et c’est à ce moment-là que vous avez utilisé

  7   vos armes ?

  8   R.  Oui, mais nous n’avons pas tiré sur eux.

  9   Q.  Très bien.  Vous n’avez donc pas tiré ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Donc, vous avez arrêté à ce moment-là ce

 12   Charlie et vous l’avez laissé passer sans arrêter ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Mais pourquoi est-ce que vous l’avez laissé

 15   passer puisque vous l’aviez vu le 20 dans le véhicule et

 16   puisque vous saviez déjà que le frère de Miralem avait été

 17   tué ?

 18   R.  Je ne sais vraiment pas et encore

 19   aujourd’hui, je le regrette.  Je regrette de l’avoir laissé

 20   passer.

 21   Q.  Aujourd’hui avant la pause, je vous ai posé

 22   la question concernant certaines personnes que j’ai

 23   énumérées que vous voyiez en la télévision et vous avez dit

 24   qu’avant janvier, vous n’avez jamais vu Blaskic à la télé ?

 25   R.  Non.


Page 14033

  1   Q.  Et vous n’avez jamais vu Kostroman avant ce

  2   jour-là en janvier ?

  3   R.  Non, je ne l’ai jamais vu et jusqu’à

  4   aujourd’hui, je ne l’ai jamais vu à la télévision.  Je ne

  5   le connais pas, Kostroman.

  6   Q.  Donc, vous n’avez jamais regardé, n’avez

  7   jamais vu les conférences de presse qui ont été diffusées à

  8   la télévision ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Et la seule personne que vous connaissez,

 11   vous avez dit aujourd’hui, était Monsieur Kordic ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Comment se fait-il que vous le connaissiez ?

 14   R.  Je le connaissais parce que je l’ai vu dans

 15   les médias.  Je le connaissais bien.  Je le connaissais.

 16   Q.  Vous le connaissiez en tant que quoi ?

 17   R.  Parce que je lisais les journaux.

 18   Q.  Vous voulez dire que vous n’étiez pas actif

 19   politiquement ?  C’est ça que vous voulez dire ?

 20   Vous avez dit : « Oui », n’est-ce pas ?  J’ai dit

 21   que vous n’étiez pas actif politiquement.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pour finir l’une des dernières questions

 24   peut-être, dites-nous s’il vous plaît :  Vous avez dit

 25   aujourd’hui donc que vous écriviez dans un registre les


Page 14034

  1   données concernant les personnes et les véhicules que vous

  2   arrêtiez sur le point de contrôle ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et vous les envoyiez, vous les remettiez à la

  5   commande de la 333e brigade ou bien au commandement de

  6   votre peloton de reconnaissance et de sabotage ?

  7   R.  Je vous ai dit que Miralem était le

  8   commandant.  Il était responsable.  Donc, c’est lui qui les

  9   amenait avec lui et je ne sais pas à qui il les donnait.

 10   Q.  Très bien mais ces registres existaient

 11   officiellement, n’est-ce pas ?  Donc, je suppose qu’ils

 12   étaient donnés au commandant de la brigade.

 13   R.  Oui, je suppose, au commandant de la brigade.

 14   Q.  Donc, si j’ai bien compris, ceci doit être

 15   gardé au sein du commandement de la 333e brigade, n’est-ce

 16   pas ?

 17   R.  Oui, si ceci leur a été donné.

 18   Q.  Dites-nous s’il vous plaît :  Qui était la

 19   personne qui écrivait ceci dans le registre pendant, par

 20   exemple, votre relève ?  C’était vous ?

 21   R.  Je l’ai fait deux, trois fois peut-être.

 22   Q.  Et les autres fois ?

 23   R.  Tout le monde le fait, c’est-à-dire la

 24   personne qui en était chargée.

 25   Q.  Donc là, vous parlez des personnes qui


Page 14035

  1   étaient sur place ce jour-là ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Une dernière question :  Est-ce que vous avez

  4   jamais rencontré Dario Kordic à quelque endroit que ce soit

  5   ailleurs, personnellement et directement ?

  6   R.  Oui, je l’ai vu mais ceci s’est produit d’une

  7   certaine distance.  J’ai vu une fois Kordic devant la

  8   municipalité de Busovaca.  Il sortait de son véhicule.

  9   Q.  C’était avant ou après cet événement ?

 10   R.  Avant.

 11   Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 12   Président et Messieurs les Juges, je n’ai plus de questions

 13   à poser.  Je vous remercie de votre patience et je remercie

 14   le témoin aussi.

 15   CONTRE-INTERROGÉ PAR

 16   Me MIKULICIC (interprétation) : 

 17   Q.  Bonjour, Monsieur AE.  Vous ne me voyez pas à

 18   cause des mesures de protection qui ont été appliquées.  Je

 19   vais me présenter.  Je suis l’avocat Goran Mikulicic et je

 20   représente la Défense de Monsieur Mario Cerkez dans cette

 21   affaire.  Je vais vous parler très brièvement.  Permettez-

 22   moi de vous poser juste quelques questions.

 23   Monsieur AE, vous avez dit que vous étiez membre

 24   de la 333e brigade de montagne, à savoir du peloton de

 25   sabotage et de reconnaissance.  Combien de personnes y


Page 14036

  1   avait-il dans votre peloton dans la période entre le mois

  2   de janvier et avril 1993 ?

  3   R.  Treize.

  4   Q.  Vous avez dit que pendant une certaine

  5   période, vous étiez déployé à Kacuni au point de contrôle

  6   mais visiblement, ceci n’était pas la tâche principale de

  7   vous et de votre peloton ?

  8   R.  À ce moment-là, si.

  9   Q.  Et durant d’autres périodes entre janvier et

 10   avril 1993, quelles étaient les tâches du peloton de

 11   sabotage et de reconnaissance ?  Dites-nous brièvement

 12   quelque chose là-dessus.

 13   R.  Est-ce que je dois répondre à cette

 14   question ?

 15   Q.  Si vous pensez que vous violez un secret

 16   militaire, non, mais si vous ne considérez pas que vous

 17   allez dévoiler un secret officiel, je pense que vous devez

 18   répondre dans ce cas-là.

 19   R.  Si vous venez de Bosnie, je suppose que vous

 20   savez ce qu’un tel peloton fait pendant la guerre.  Il faut

 21   vraiment venir de Bosnie pour le savoir.

 22   Q.  Oui, mais moi-même, je ne suis pas de Bosnie

 23   ni les Juges d’ailleurs.  Donc, dites-nous s’il vous

 24   plaît :  Quelles sont les tâches de ce peloton de sabotage

 25   et de reconnaissance ?


Page 14037

  1   R.  Mais le nom lui-même vous l’indique.  Donc,

  2   on est actif dans le cadre de sabotage et de

  3   reconnaissance.

  4   Q.  Très bien.  Donc, si je conclus bien, et

  5   j’indique que je ne suis pas un militaire professionnel, je

  6   peux conclure que la tâche de ce peloton est de faire le

  7   tour et de patrouiller dans la région contrôlée par la

  8   brigade à laquelle il est attaché, n’est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Durant cette période dont nous parlons entre

 11   janvier et avril 1993, combien d’hommes y avait-il au sein

 12   de la 333e brigade de montagne ?

 13   R.  Je ne sais pas.

 14   Q.  Vous ne savez pas même approximativement ?

 15   R.  Environ trois bataillons et puis aussi les

 16   unités qui étaient attachées à la brigade.

 17   Q.  Est-ce que c’était plus ou moins que 1 400

 18   personnes ?

 19   R.  Moins.

 20   Q.  Combien de personnes de moins ?  Est-ce que

 21   vous pouvez nous le dire ?

 22   R.  Cinq cents à 600.

 23   Q.  Vous nous avez dit, Monsieur AE, que vous

 24   vous rendiez sur place, sur le terrain et que vous faisiez

 25   le tour du terrain.  Est-ce que vous pouvez nous dire


Page 14038

  1   quelles étaient les positions détenues par la 333e brigade

  2   dans la région de Busovaca ?  Quels étaient ses

  3   emplacements ?

  4   R.  Tout le territoire de Busovaca était contrôlé

  5   par la 333e brigade de montagne et puis aussi une partie de

  6   la 7e brigade musulmane qui avait le siège à Kacuni et qui

  7   n’appartenait pas à Zenica.

  8   Q.  La 333e brigade dont vous étiez membre, est-

  9   ce qu’elle avait certaines positions dans la municipalité

 10   de Vitez ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Dans la municipalité de Travnik et de Novi

 13   Travnik ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Donc, Témoin AE, vous affirmé que votre

 16   brigade, la 333e brigade de montagne, contrôlait les

 17   territoires uniquement dans la municipalité de Busovaca : 

 18   Est-ce exact ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Très bien.  Dites-nous s’il vous plaît,

 21   Monsieur AE, si vous connaissez Mario Cerkez, si vous

 22   l’avez jamais rencontré.

 23   R.  Non.

 24   Me MIKULICIC (interprétation) :  Monsieur le

 25   Président et Messieurs les Juges, la Défense n’a plus de


Page 14039

  1   questions à poser

  2   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Nice.

  3   Me NICE (interprétation) :  Merci.  J’ai quelques

  4   questions à poser.

  5   RÉINTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) : 

  6   Q.  Comment est-ce que vous avez établi un lien

  7   entre le meurtre de Delija et l’incident qui s’est produit

  8   au point de contrôle ?

  9   Me STEIN (interprétation) :  J’ai une objection à

 10   cette question.  Il s’agirait de spéculation pure.

 11   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Probablement

 12   vous avez raison.  Je pense que ceci ne nous aidera pas si

 13   nous suivons le processus mental qui l’a poussé à cette

 14   conclusion.

 15   Me NICE (interprétation) :  Oui, mais ceci a été

 16   contesté et si nous pouvons suivre ce processus mental qui

 17   l’y a poussé, ceci peut peut-être l’aider à se rappeler des

 18   événements.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Ceci est

 20   plutôt évident quand même.

 21   Me NICE (interprétation) :  Très bien.  Je

 22   passerai à autre chose.

 23   Q.  En ce qui concerne l’incident qui s’est

 24   produit le 24 janvier au cours duquel une personne a été

 25   tuée, combien de véhicules ont été impliqués dans cet


Page 14040

  1   incident au total ?

  2   R.  Le 24 ?

  3   Q.  Oui.

  4   R.  Un véhicule.

  5   Q.  Et combien de personnes y avait-il dans ce

  6   véhicule ?

  7   R.  Deux personnes.

  8   Q.  Qu’est-ce qui s’est passé avec le véhicule

  9   lui-même ?

 10   R.  C’est une Zolja qui a été tirée contre le

 11   véhicule.  Le véhicule a continué à fonctionner mais la

 12   personne à l’intérieur était morte et comme je l’ai déjà

 13   indiqué, le chauffeur était le seul.  Il y avait cet homme

 14   et le chauffeur, personne de plus, dans le véhicule.

 15   Q.  L’autre personne est partie à pied ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Est-ce que les gens qui étaient dans le

 18   véhicule tiraient sur le point de contrôle ou pas ?

 19   R.  Oui.  C’est ce que j’ai déjà dit.

 20   Me NICE (interprétation) :  Merci.  J’ai terminé.

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous avez

 22   terminé maintenant, Témoin AE, avec votre déposition. 

 23   Merci d’être venu devant ce Tribunal afin de déposer.  Vous

 24   pouvez disposer.

 25   Me NICE (interprétation) :  Pendant que nous nous


Page 14041

  1   préparons à ce que ce témoin parte, Me Lopez-Terres va

  2   interroger le témoin suivant.  Une demande de mesures de

  3   protection a été faite à propos de ce témoin mais je

  4   souhaite dire avant que Me Lopez-Terres en parle, je

  5   souhaite simplement indiquer que le troisième témoin,

  6   Monsieur Beese, est ici aujourd’hui et il serait judicieux

  7   que l’on termine avec sa déposition avant la fin de la

  8   journée d’aujourd’hui.  Je dirai peut-être encore quelque

  9   chose à son sujet plus tard, avant la pause-déjeuner.

 10   [Le témoin se retire]

 11   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous venons de

 12   recevoir cette demande, Monsieur Lopez-Terres.  Il s’agit

 13   d’une demande concernant l’attribution d’un pseudonyme et

 14   la déformation de l’image et puis nous pouvons voir dans le

 15   paragraphe 2 de la demande pour quelle raison elle est

 16   faite.  C’est à cause du lieu où réside actuellement cette

 17   personne.

 18   Je me tourne vers la Défense.  Est-ce qu’il y a

 19   des objections à cette demande ?

 20   Me SAYERS (interprétation) :  Non, pas au nom de

 21   la Défense de Monsieur Kordic.

 22   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Mikulicic ?

 23   Me MIKULICIC (interprétation) :  Pas d’objection,

 24   Monsieur le Président.

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien ! 


Page 14042

  1   Nous accordons cette demande de mesures de protection

  2   LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le pseudonyme de

  3   ce témoin sera Témoin AF. 

  4         [Le témoin entre dans la Cour]

  5   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :   Le témoin

  6   peut-il prêter serment, s’il vous plaît ?

  7   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

  8   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

  9   rien que la vérité.

 10   Me LOPEZ-TERRES :  Est-ce que Monsieur l’Huissier

 11   peut présenter au témoin un document sur lequel figure son

 12   nom, de manière à ce qu’il puisse reconnaître ce nom ? 

 13   Monsieur le Président, serait-il possible, pour

 14   les buts de cette audition, de disposer d’un huis clos

 15   partiel simplement pour vérifier les points d’identité du

 16   témoin et sa situation ?

 17   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

 18               [Huis clos partiel]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   [expurgée]

 25   [expurgée]


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  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   [expurgée]

  4   [expurgée]

  5   [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14               [Audience publique]

 15   Me LOPEZ-TERRES : 

 16   Q.  Monsieur le Témoin, le village dans lequel

 17   vous habitiez, Tulica, et dans lequel vous êtes revenu

 18   désormais, était un village qui comptait environ 78 maisons

 19   et une population de 350 habitants ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  En 1992 ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Cette population était exclusivement

 24   d’origine musulmane ?

 25   R.  Tout à fait, oui.


Page 14044

  1   Q.  Vous avez fourni à l’attention de nos

  2   enquêteurs un croquis sur lequel vous avez fait figurer la

  3   localisation de ces maisons avec le nom des familles qui y

  4   résidaient.  Je voudrais que ce document vous soit présenté

  5   puisque vous y ferez référence par la suite. 

  6   Me LOPEZ-TERRES :  Il y a plusieurs documents qui

  7   vont être utilisés à l’occasion de la déposition de ce

  8   témoin.

  9   Monsieur le Témoin AF, est-ce que vous

 10   reconnaissez le croquis sur lequel figurent les maisons du

 11   village comme étant celui que vous avez remis à nos

 12   enquêteurs ?

 13   R.  Oui.

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Lopez-

 15   Terres, si le témoin se réfère à ce document, les

 16   interprètes demandent qu’il soit placé sur le

 17   rétroprojecteur.

 18   Me LOPEZ-TERRES :  Sous la réserve que le nom du

 19   témoin figure sur le document.  Il a été signé aux deux bas

 20   de pages par le témoin.

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous pouvons

 22   en parler sans le placer sur le rétroprojecteur mais

 23   faites-le le plus vite possible, s’il vous plaît, Me Lopez-

 24   Terres.

 25   Me LOPEZ-TERRES : 


Page 14045

  1   Q.  Ce document comporte deux pages sur

  2   lesquelles vous avez fait figurer, sur une partie, la

  3   partie basse du village et sur l’autre partie, la partie

  4   haute du village.  C’est bien cela ?

  5   R.  Oui.  À cause du format du papier, A4, un

  6   seul papier ne suffisait pas.  Donc, ceci se poursuit à la

  7   deuxième page.

  8   Q.  Vous avez également fourni la liste des

  9   propriétaires de ces maisons, liste qui est jointe à ce

 10   document ?

 11   R.  Oui.  D’après les numéros qui indiquent les

 12   propriétaires de maison.

 13   Me LOPEZ-TERRES :  Ce document porte la référence

 14   Z2104.3.

 15   Q.  Monsieur le Témoin, le village de Tulica est

 16   situé à environ 16 kilomètres de Kiseljak ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Vous allez, au cours de votre déposition,

 19   faire référence à plusieurs indications de localités ou de

 20   lieux dits.  Je voudrais vous présenter un autre document,

 21   de manière à ce que la Chambre puisse vérifier dans quel

 22   cadre géographique nous nous situons.

 23   Me LOPEZ-TERRES :  Je demande à ce que soit

 24   présentée au témoin la carte qui porte la référence

 25   Z1891.2.  Bien !


Page 14046

  1   Q.  Vous nous avez indiqué que le village de

  2   Tulica était un village exclusivement musulman situé au sud

  3   de Kiseljak ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Ce village était entouré pour partie par des

  6   villages quasi exclusivement croates, tels les villages de

  7   Azapovici ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Homolj ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  [Hors microphone]

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Il y avait également quelques hameaux qui

 14   étaient occupés par des Serbes autour du village de Tulica

 15   et, notamment, le hameau de Rudnik et de Ostrik.  Au cours

 16   de l’année 1992 et en particulier au mois de juin 1992,

 17   après le déclenchement de la guerre avec les Serbes, la

 18   zone de Tulica s’est retrouvée sur la ligne de front avec

 19   les Serbes et le village était occasionnellement bombardé

 20   par l’artillerie serbe.  Est-ce exact ?

 21   R.  Oui, c’est exact.  Ceci a été pilonné, donc,

 22   depuis Vela, Vocnjak, Cilena, qui n’est pas inscrite dans

 23   cette carte (ceci se trouve sur la droite par rapport à la

 24   carte) ; ensuite, Bare (Bare c’est là [indication du

 25   témoin]) ; la municipalité de Hadzici ; et puis j’ai dit


Page 14047

  1   que Vocnjak, Cilena ne figure pas sur cette carte ;

  2   ensuite, Vela, Rudnik.  Ostrik c’était une position serbe. 

  3   À Ostrik, ils n’ont pas tiré depuis là-bas.  Les lignes

  4   serbes se trouvaient, donc, à Ostrik.

  5   Q.  Pour terminer avec cette présentation de la

  6   localité, je voudrais vous présenter un dernier document

  7   qui concerne la détermination des lignes de front entre les

  8   différentes factions combattantes.  Il s’agit de la pièce à

  9   conviction Z2097.

 10   Vous voyez, Monsieur le Témoin, où se trouve

 11   Tulica ?

 12   R.  Tulica ?  Un instant, s’il vous plaît. 

 13   Q.  Juste à l’extrémité, à la rencontre des zones

 14   de l’armée de la République serbe.

 15   R.  Voilà Tulica [indication du témoin], oui.

 16   Q.  Est-ce que cette implantation des forces

 17   combattantes correspond, à votre connaissance, à la réalité

 18   de la situation en 1993 ?

 19   R.  Oui.  Ceci correspond à la situation réelle. 

 20   Tulica était sous le contrôle du HVO ici [indication du

 21   témoin].  L’armée de la Republika Srpska se trouvait, si on

 22   part de Tulica vers Kiseljak, sur la droite.  Ensuite,

 23   l’armée de Bosnie-Herzégovine à Koscan, l’armée de Bosnie-

 24   Herzégovine en bas dans la partie de Bihac.

 25   Q.  Du fait des hostilités avec les Serbes et de


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  1   ces bombardements, une partie des femmes et des enfants du

  2   village ont quitté Tulica et sont partis pendant quelque

  3   temps en Slovénie ?

  4   R.  Oui.  En 1992, après le premier pilonnage

  5   puissant, les femmes et les enfants se sont réfugiés en

  6   Slovénie.  Au bout de quatre mois, ils sont rentrés parce

  7   que les conditions de logement n’étaient pas suffisamment

  8   bonnes et puis ils n’étaient pas habitués à cela ni à être

  9   séparés de leur famille.

 10   Q.  En juin 1993, la population du village, qui

 11   était à l’origine d’environ 350 personnes, était désormais

 12   d’environ 250 personnes ?

 13   R.  Oui.  Depuis la Slovénie, les familles qui

 14   avaient des membres de la famille en Autriche, en Allemagne

 15   et en Suède sont parties dans ces pays et les autres qui

 16   n’avaient pas de membres de famille dans ces pays-là sont

 17   rentrées.  Donc, le 12 juin 1993, environ 250 personnes se

 18   sont retrouvées dans le village de Tulica.

 19   Q.  Parmi les hommes en âge militaire du village,

 20   certains avaient quitté le village pour être déployés dans

 21   d’autres zones de l’armée de Bosnie ?

 22   R.  Oui.  Les hommes plus jeunes en âge de

 23   combattre sont partis rejoindre les rangs de l’armée de

 24   Bosnie-Herzégovine à Pazarici, Koscan, dans les unités

 25   autour de Sarajevo, donc, dans d’autres unités également


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  1   qui ont été créées à ce moment-là.  Donc, de temps en

  2   temps, ils rentraient à la maison.  Ceci se produisait

  3   jusqu’au 12 juin 1993 et jusqu’à l’attaque contre le

  4   village.

  5   Q.  Y avait-il des formations militaires ou des

  6   installations militaires dans le village de Tulica ?

  7   R.  Absolument aucune formation militaire ne se

  8   trouvait à Tulica, sauf les soldats que j’ai mentionnés qui

  9   appartenaient aux autres unités et qui venaient parfois en

 10   permission.  Il n’y a pas eu d’unité militaire à Tulica. 

 11   Il n’y a eu que des civils, que de la population civile.

 12   Q.  De quel type d’armements disposaient les

 13   villageois dont vous nous parlez ?

 14   R.  Ils disposaient de leurs propres armes et des

 15   armes de chasse, donc, des fusils de chasse et des

 16   pistolets en ce qui concerne les personnes qui avaient les

 17   permis de porter ce genre d’armes.

 18   Q.  Il n’y avait aucune pièce d’artillerie, aucun

 19   armement de gros calibre ?

 20   R.  Non, jamais.  Il n’y a jamais eu de pièce

 21   d’artillerie, sauf quelques fusils automatiques, deux,

 22   trois fusils peut-être que les réservistes, au moment où

 23   ils ont procédé à la séparation de la police, lorsque la

 24   police s’est retirée, ils ont voulu aider la garde

 25   villageoise en leur remettant ces fusils.


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  1   Q.  Vous avez indiqué sur la carte il y a

  2   quelques instants où se trouvaient les lignes de

  3   confrontation entre les trois factions combattantes.  En ce

  4   qui concerne les Serbes et les soldats du HVO dans la zone,

  5   avez-vous pu constater qu’il existait une entente entre ces

  6   deux factions et des relations relativement amicales entre

  7   eux ?

  8   R.  Oui, parce que les lignes étaient là-bas. 

  9   Par exemple, à Kobiljaca se trouvaient les Serbes ;

 10   Batalovo Brdo jusqu’à Pljesevac, les Serbes ; ensuite,

 11   Pljesevac, les Croates ; Ravne Njive, les Croates ; Ostrik,

 12   les Serbes.  Donc, il s’agissait d’une ligne droite et ils

 13   coopéraient les uns avec les autres.  À partir de

 14   Kobiljaca, là il s’agit d’un endroit où trois municipalités

 15   se rencontrent, Kiseljak, Hadzici et une troisième

 16   municipalité, et ensuite, il y avait une frontière qui

 17   passait par la forêt, à environ dix mètres du mont vers

 18   Kobiljaca.

 19   Q.  À votre connaissance, les Serbes et les

 20   soldats du HVO de la zone ont-ils jamais combattu les uns

 21   contre les autres ?

 22   R.  Jamais.  Dans cette zone, jamais, absolument. 

 23   Ils allaient les uns chez les autres.  Ils traversaient les

 24   lignes de front.  Leurs lignes de front étaient l’une à

 25   côté de l’autre et parfois, ils détenaient même des


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  1   positions conjointes.  Par exemple, les Croates ont

  2   participé au transport de matériel par le biais de routes

  3   où il était difficile de passer et puis ils étaient actifs

  4   ensemble dans la propagande et puis, souvent, ils étaient

  5   assis ensemble sur les positions, à leurs emplacements.

  6   Q.  Peut-on parler, à votre avis, de l’existence

  7   d’un pacte de non-agression entre les Croates et les Serbes

  8   de la région ?

  9   R.  Nous ne savons pas s’il y a eu véritablement

 10   un accord, un pacte mais à cause de ce comportement, nous

 11   avons conclu qu’effectivement, il y a eu un tel pacte.

 12   Q.  Le 12 juin 1993, Monsieur le Témoin, c’était

 13   un samedi, c’est un peu avant 12 h 00 que le village a été

 14   bombardé et ce village a été bombardé pendant plus de trois

 15   heures ?

 16   R.  Oui.  Le premier obus est tombé sur le

 17   village de Tulica le 20 juin 1993.  C’était un samedi et

 18   ceci s’est produit vers midi moins 10.  C’est à ce moment-

 19   là que le premier obus a été tiré.  Ensuite, environ dix

 20   minutes plus tard, un pilonnage extrêmement fort a commencé

 21   et l’on tirait de toutes sortes de pièces d’artillerie

 22   contre Tulica et ceci a duré sans cesse pendant trois

 23   heures.

 24   Q.  D’après votre expérience, vous avez pu

 25   déterminer le calibre de certaines de ces pièces, en


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  1   particulier des obus de 120, de 82 et de 60 millimètres ?

  2   R.  Oui, puisque au moment où les Serbes

  3   attaquaient, par exemple, Koscan, ces obus passaient au-

  4   dessus de notre village.  C’est pour cela que, sur la base

  5   de la détonation, nous avons pu conclure et faire la

  6   distinction entre les calibres différents sur la base de la

  7   puissance de détonation de ces explosions qui ont été

  8   provoquées dans le village.

  9   Q.  Au cours de votre service militaire lui-même,

 10   vous avez pu acquérir une certaine expérience en matière de

 11   calibres d’obus ?

 12   R.  Oui.  Moi, j’ai fait mon service militaire

 13   dans l’ex-JNA et j’ai travaillé dans le secteur transport. 

 14   J’étais conducteur et je me souviens avoir eu l’occasion de

 15   manipuler les obusiers de 125 millimètres.  Je les ai

 16   conduits sur les positions où on avait organisé des

 17   manœuvres.  Par conséquent, j’ai l’habitude, si vous

 18   voulez, de ce type d’armes.

 19   Q.  Le bombardement dont vous nous parlez, qui a

 20   eu lieu en fin de matinée le 12 juin 1993, émanait sans

 21   aucun doute pour vous des positions serbes de la région ?

 22   R.  Oui.  C’est des positions serbes et, le plus

 23   probablement, c’était quelque peu un piège pour la

 24   population qu’on tendait car on s’attendait à ce que les

 25   Serbes s’attaquent sur nous mais, par la suite, nous avons


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  1   appris qu’on avait payé les Serbes pour qu’ils pilonnent le

  2   village.

  3   Q.  Ces positions serbes dont vous parlez sont

  4   celles que vous nous avez montrées sur la carte il y a

  5   quelques instants, Bare, Batalovo Brdo ?

  6   R.  Oui, tout à fait.  Vela, Rudnik.

  7   Q.  Vous avez eu également des informations par

  8   la suite comme quoi le HVO lui-même avait participé à ces

  9   tirs d’artillerie et que, depuis sa position dans le mont

 10   Cubren, le HVO lui-même avait tiré ?

 11   R.  Moi, j’avoue que je n’ai pas pu moi-même le

 12   remarquer vu la position où je me trouvais.  Il y avait

 13   toute une série de détonations mais mes voisins me l’ont

 14   appris.  Ceux qui se trouvaient plus près de Lepenica et de

 15   ces positions, ils m’ont précisé que ceci venait de cette

 16   colline, Cubren, et on parle des obusiers, des positions

 17   des obusiers qui, à cette époque-là, se trouvaient sur

 18   cette position.

 19   Q.  Vous n’aviez subi jusqu’à ce jour-là que des

 20   attaques d’artillerie et personne ne s’attendait à ce qu’il

 21   y ait une attaque d’infanterie le 12 juin 1993 ?

 22   R.  Non.  À ce moment-là, on ne s’attendait pas

 23   véritablement à des attaques d’infanterie mais ceci était

 24   quand même clair car c’est bien la première fois que ceci

 25   est arrivé au cours de cette année, qu’on avait


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  1   véritablement pilonné de manière intense.

  2   Q.  Au bout de ces trois heures, trois heures et

  3   demie de pilonnage, vous avez vu des soldats qui entraient

  4   dans le village et ces soldats venaient de plusieurs

  5   directions ?

  6   R.  Oui.  En d’autres termes, les soldats

  7   venaient de Ban Brdo, de Homoljska, Cuprija.  C’est là où

  8   ils étaient déployés, entre la colline Ostrik, en contrebas

  9   de cette colline.  Ils ont été déployés en six groupes. 

 10   C’est un kilomètre, 200 mètres et ils ont été déployés en

 11   six groupes, sept groupes.  Après le pilonnage, les soldats

 12   sont rentrés et c’est avec les pièces d’infanterie et avec

 13   l’infanterie qu’ils ont pu attaquer le village.

 14   Q.  La population du village pensait au début de

 15   cette attaque qu’il s’agissait d’une attaque menée par les

 16   Serbes ?

 17   R.  Oui.  Nous nous étions cachés chez quelqu’un,

 18   dans une maison, et cet homme et nous-mêmes, nous avons

 19   entendu que la maison a commencé à brûler.  Il a pensé que

 20   c’était dû au pilonnage.  Il est allé jusque chez lui,

 21   jusqu’à cette maison pour essayer d’arrêter le feu.  Ils

 22   ont trouvé sur place entre huit et dix soldats en tenue de

 23   camouflage, en noir, des uniformes noirs, qui ont demandé à

 24   ces deux personnes, à cet homme dont je parle chez lequel

 25   j’étais caché, de s’arrêter.


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  1   Lui, il s’est arrêté alors que Safet Katkic, celui

  2   qui était propriétaire de la maison qui était la plus

  3   proche des positions des Serbes, a été arrêté.  Par la

  4   suite, il a été tué.  On nous a dit que les positions

  5   serbes étaient proches et ils ont pensé dans un premier

  6   temps que les Chetniks sont rentrés dans le village, qu’ils

  7   incendiaient les maisons et qu’il fallait qu’on parte le

  8   plus tôt possible.  Au début, on a pensé comme ça.

  9   Q.  Vous avez réalisé ensuite qu’il s’agissait de

 10   soldats du HVO, en fait ?

 11   R.  Oui.  Après un certain temps, une fois quand

 12   nous sommes partis du village, à l’endroit où je me suis

 13   abrité, j’ai contrôlé le côté qui donnait sur Donji

 14   Azapovici, où il y avait des tranchées qui ont été

 15   creusées.  J’ai pu voir qu’un groupe de soldats étaient

 16   déployés en tireurs.  Ils étaient dans un groupe de dix. 

 17   Ils s’approchaient de la partie basse de Tulica et c’est là

 18   où j’ai été au clair et j’ai compris qu’il s’agissait d’une

 19   attaque du HVO.  Il ne s’agissait pas des soldats serbes. 

 20   Ils ne pouvaient même pas s’y trouver, d’ailleurs.

 21   Q.  Au cours de l’attaque, avant que nous

 22   évoquions les différentes phases dont vous avez été le

 23   témoin, vous êtes revenu à votre domicile avec votre frère

 24   récupérer des armes.  Vous pouvez nous parler du type

 25   d’armes dont vous disposiez, vous personnellement ?


Page 14056

  1   R.  À l’endroit où nous nous sommes abrités,

  2   étant donné que ma maison n’était pas loin, je suis allé

  3   prendre des armes que je possédais.  Moi-même, mon frère et

  4   avec deux de nos cousins, nous sommes allés à la maison

  5   pour prendre des armes.  Ensuite, nous nous sommes

  6   déplacés.  À une trentaine de mètres, il y a un moulin et

  7   c’est là que nous nous sommes trouvés tous les quatre. 

  8   Nous nous sommes partagés deux par deux pour essayer de

  9   nous en sortir parce qu’il y avait un espace dégagé devant

 10   nous et ils auraient pu nous voir, les soldats auraient pu

 11   nous repérer.

 12   Ils ont remarqué, d’ailleurs, quand moi, j’ai

 13   commencé à marcher avec mon cousin.  Ils ont tiré mais nous

 14   n’avons pas été touchés, ni l’un, ni l’autre.  Nous avons

 15   réussi à gagner la forêt et c’est de la forêt que nous

 16   avons observé ce qui se passait à Tulica et tout ce qui

 17   s’est déroulé par la suite, au moment où ils ont commencé à

 18   incendier les maisons, quand ils ont arrêté les gens et

 19   puis ils les ont tués également par la suite.

 20   Q.  Nous allons en parler dans quelques instants. 

 21   Ces armes que vous êtes allé récupérer avec votre frère,

 22   avez-vous eu l’occasion de vous en servir ce jour-là ?

 23   R.  Oui.  Non.  Je n’ai pas eu le temps

 24   d’utiliser ces armes.  Ceci aurait provoqué d’autres

 25   souffrances et d’autres massacres vis-à-vis du peuple qui


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  1   était en bas.  Par conséquent, on ne les a pas utilisées.

  2   Q.  Vous venez de nous l’indiquer, vous avez

  3   remarqué que des habitations étaient incendiées par les

  4   soldats avec des munitions incendiaires.  Vous avez vu

  5   l’étable appartenant au nommé Muhamed Huseinovic qui était

  6   ainsi incendiée ?

  7   R.  Comme il y a entre quatre et cinq maisons qui

  8   sont disposées du côté du bord, enfin, de la forêt, ils

  9   n’ont pas osé faire quoi que ce soit parce qu’ils se

 10   disaient que quelqu’un pouvait éventuellement tirer de la

 11   forêt.  C’est pour des raisons de sécurité qu’ils ne se

 12   sont pas approchés de ces maisons et c’est pourquoi ils ont

 13   utilisé des balles incendiaires pour incendier cette étable

 14   et cette maison où il y avait le bétail, enfin, une vache

 15   qui a été incendiée également avec l’étable.

 16   Q.  Au cours de l’attaque, vous avez entendu les

 17   soldats qui chantaient et qui criaient des insultes ?

 18   R.  Oui.  Au moment où ils procédaient à

 19   incendier, ils chantaient.  Ils ne craignaient rien.  Ils

 20   savaient que la population ne pouvait pas résister car

 21   pratiquement tout le monde qui pouvait éventuellement faire

 22   quelque chose ont été arrêtés déjà.  Les enfants, les

 23   femmes sont restés.  Ils chantaient.  Ils chantaient :

 24   « Nous deux, frères, nous menons le combat.  Notre mère, il

 25   ne faut pas qu’elle pleure parce que, de toute façon, c’est


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  1   pour notre objectif qui nous est commun que nous luttons. » 

  2   Ils ont insulté également, proféré des offenses à notre

  3   encontre et ils ont dit qu’ils allaient nous incendier. 

  4   Enfin, il y avait plein de choses qu’ils prononçaient.

  5   Q.  Depuis cette position dans laquelle vous vous

  6   êtes dissimulé avec votre frère dans les bois, vous avez pu

  7   voir ce qui se passait à proximité du cimetière et dans la

  8   partie basse du village.  Vous avez vu les soldats qui

  9   pénétraient dans les maisons et qui faisaient sortir les

 10   villageois et les conduisaient ensuite dans la direction du

 11   cimetière ?

 12   R.  Oui.  Au moment où ils incendiaient les

 13   maisons, ils arrêtaient également les gens qui y étaient

 14   car il y avait le pilonnage et puis comme c’était le 12

 15   juin, c’était une très belle journée d’été.  Il y avait des

 16   gens qui travaillaient dans les champs et après leurs

 17   travaux, ils sont retournés à la maison et c’est là où ils

 18   ont été arrêtés car ceux qui, pendant le pilonnage, étaient

 19   dans les maisons, ils ont essayé de se sauver, alors que

 20   ceux qui étaient dans les champs, ils sont retournés à la

 21   maison. 

 22   Ils les ont arrêtés, ils les ont emmenés vers le

 23   cimetière, ils les ont séparés, les hommes d’un côté, les

 24   femmes et les enfants de l’autre.  Ce n’est qu’une demi-

 25   heure plus tard que j’ai remarqué où ils avaient envoyé les


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  1   femmes.  Autour du cimetière, il y a un groupe d’hommes qui

  2   a été implanté.

  3   Q.  Vous avez vu ce qui est arrivé au groupe

  4   d’hommes.  En ce qui concerne les femmes, certaines d’entre

  5   elles, par la suite, vous ont raconté ce qui leur était

  6   arrivé.  Est-ce que vous pouvez nous rapporter brièvement

  7   ce qu’elles vous ont dit ?

  8   R.  Les hommes ont été emmenés jusqu’au

  9   cimetière.  On les a alignés.  Eux, ils me tournaient le

 10   dos de la position d’où je les observais et comme ça, eux,

 11   ils ne pouvaient pas voir ce qui se passait derrière eux. 

 12   Dans le cas concret, il y avait 35 personnes qui ont été

 13   alignées autour de la maison de Husein et sur les 35

 14   personnes qui me tournaient le dos, il y avait un certain

 15   nombre de personnes qu’ils ont tirées de la file.  On a

 16   commencé à les maltraiter, torturer.

 17   Zijad Huseinovic a été parmi ceux qui ont été retirés de la

 18   file, Aziz également, Kasim Huseinovic, Safet Katkic, Refik

 19   Huseinovic, Ahmed Bajraktarevic et Mufid Tulic.  Tous ont

 20   été tués sur place, je veux dire à côté du cimetière, tous

 21   ceux auxquels on a demandé de sortir de la file, de ce

 22   groupe.  C’est un par un qu’ils devaient sortir de la file

 23   et puis ensuite, on les a torturés pour les tuer enfin.

 24   Q.  Certains d’entre eux ont été, effectivement,

 25   battus avant d’être tués sur place ?  C’est le cas de Kasim


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  1   Huseinovic ?

  2   R.  C’est Kasim Huseinovic qui a été passé à

  3   tabac, qui a subi des tortures les plus graves.  On lui a

  4   donné des coups de crosse.  D’abord, il y avait une

  5   personne qui le battait, ensuite, deux autres qui portaient

  6   des chemises noires et qui le battaient par la crosse dans

  7   la poitrine, sur la tête.  Il est tombé par terre. 

  8   Ensuite, on lui donnait des coups de pied.  On l’a soulevé. 

  9   On lui a demandé de se lever lui-même et il y avait les

 10   trois qui le passaient à tabac et c’est véritablement lui

 11   qui a été torturé le plus.  Je parle de Kasim.

 12   Q.  Le nommé Asiz Huseinovic, avant d’être

 13   exécuté à son tour, a été d’abord blessé aux jambes ?

 14   R.  Oui.  Asiz a été battu par un soldat qui

 15   avait un couvre-chef, une casquette jaune et c’est lui qui

 16   avait tiré dans la direction de ses jambes.  Il l’avait

 17   blessé dans les jambes et je me souviens, j’ai vu Asiz, il

 18   ne pouvait pas marcher car il avait été touché.  Il s’est

 19   assis sur l’herbe et il a pris son maillot de corps pour

 20   essayer de panser sa blessure.  Ce n’est qu’après que le

 21   soldat a pris quelque distance par rapport à Asiz.  Il a

 22   tiré dans sa direction et il l’a tué.  Ça se passait une

 23   fois de plus à côté du cimetière.

 24   Q.  Vous avez vu également certains des hommes

 25   dont vous nous avez donné les noms être obligés de courir


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  1   et de descendre la pente qui se trouvait à proximité du

  2   cimetière et ensuite, être abattus alors qu’ils couraient

  3   le long de cette pente ?

  4   R.  Oui.  Il s’agissait d’un espace qui était

  5   dégagé.  Il y a une pente qui mène vers le ruisseau. 

  6   L’herbe était de 50 centimètres.  C’est là où ils ont

  7   emmené Safet Katkic, Refik Huseinovic et c’est de la même

  8   manière, comme vis-à-vis de Asiz, qu’ils se sont comportés. 

  9   Il y avait Tulic également, il y avait Ahmed Bajraktarevic

 10   et c’est de la même façon qu’ils ont procédé.  Ils

 11   sortaient, donc, l’homme en question, on lui demandait de

 12   s’avancer du côté de la pente.  Ensuite, ils tiraient dans

 13   son dos.  Lui, il roulait parce que c’était une pente et

 14   c’est comme ça que les quatre ont été tués, pratiquement de

 15   la même façon.

 16   Q.  Vous avez décrit le signalement de ces

 17   soldats qui ont abattu ainsi ces hommes à proximité du

 18   cimetière.  Vous vous rappelez en particulier de l’un d’eux

 19   qui portait une veste en cuir noir et dont le surnom était

 20   Pijuk ?

 21   R.  Oui.  Nous l’avons appris plus tard.  Au

 22   moment où ils ont emmené à la caserne de Kiseljak un

 23   certain nombre de personnes, ils les ont échangées.  Trois

 24   jours plus tard, on nous a dit que, comme ils connaissaient

 25   les personnes qu’on avait arrêtées, ils connaissaient


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  1   Pijuk.  C’est un Monténégrin de surnom Pijuk et ce sont eux

  2   qui nous ont raconté qu’effectivement, c’était comme ça que

  3   ça s’est passé.

  4     Ce sont les trois personnes, les trois soldats qui

  5   ont tué les quatre dont j’ai parlé tout à l’heure.  Ils

  6   portaient des uniformes noirs.  Ils avaient une cagoule

  7   également sur le visage.

  8   Q.  Les deux autres personnes, les deux autres

  9   soldats qui ont participé à ces faits, vous avez également

 10   entendu dire qu’ils se prénommaient ou étaient surnommés

 11   Crnogorac et Firga ?

 12   R.  Oui, oui, oui.  Ceux qui étaient à la

 13   caserne, ils les ont reconnus car eux, ils se trouvaient

 14   également à l’endroit où les personnes en question ont été

 15   tirées et ils ont reconnu ces soldats.

 16   Q.  Ces soldats provenaient de Kiseljak ?

 17   R.  Oui.  Tous ces soldats.  Je vous ai dit que

 18   le village est assez dispersé.  Par conséquent, les gens

 19   connaissaient ces hommes.  Il s’agissait de Lepenica, de

 20   Brnjaci, de Kiseljak, de Gromiljak.  Ça s’étend sur un

 21   territoire qui est beaucoup plus grand et tout le monde les

 22   reconnaissait.

 23   Q.  Savez-vous à quelle unité spéciale ces hommes

 24   appartenaient ?

 25   R.  C’était les Maturices et Apostolis, les


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  1   Apôtres.  Ce sont des unités d’intervention.

  2   Q.  Au cours de l’attaque, il n’y avait pas que

  3   des individus portant des uniformes noirs, il y avait

  4   également des soldats en tenue camouflée ?

  5   R.  Il y avait des gens qui portaient des

  6   uniformes de camouflage.  Je suppose que c’était les gens

  7   qui assuraient la sécurité autour du village.  Il y avait

  8   des soldats qui étaient les soldats de sécurité.  Après les

  9   opérations d’incendies, ils ont également commencé à

 10   piller.  Ils ont pris tout ce qui est électroménagers,

 11   voitures.  Enfin, tout a été emporté.

 12   Q.  Vous avez vu personnellement ces scènes de

 13   pillage ?

 14   R.  Oui.  J’ai pu voir quelques voitures.  J’ai

 15   vu qu’ils emportaient un certain nombre d’électroménagers,

 16   des camions également qui ensuite s’acheminaient vers

 17   Lepenica.  J’ai vu également des brouettes, par exemple,

 18   qu’on prenait des villageois de Tulica et on mettait sur la

 19   brouette des postes de télévision, des magnétoscopes. 

 20   Enfin, il y avait toutes sortes d’objets qui ont été

 21   pillés.

 22   Q.  Ces pillages dont vous nous parlez étaient-

 23   ils le fait de soldats du HVO ou de civils ?

 24   R.  C’était des soldats du HVO.  Il n’y avait

 25   pratiquement pas de civils.  C’était un village bosnien


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  1   pratiquement à 100 pour cent.  Une fois que nous sommes

  2   sortis du village, nous ne savons pas, bien évidemment, ce

  3   qui s’est passé, nous ne savons pas qui avait poursuivi ces

  4   opérations.  Au moment où nous sommes partis, c’était le

  5   deuxième ou troisième jour.  Nous ne savons pas ce qui

  6   s’est passé, s’ils ont continué à piller, s’ils ont pris

  7   d’autres objets.

  8   Q.  Vous nous avez indiqué avoir assisté

  9   personnellement à la mort de sept villageois.  Vous avez

 10   été informé qu’un huitième avait été tué et on vous a

 11   indiqué dans quelles circonstances.  Ce sont les femmes du

 12   village, je crois, qui vous en ont parlé ?

 13   R.  Une fois que nous avons quitté le village de

 14   Tulica, nous sommes allés à Bukovica, qui était

 15   majoritairement habité par les musulmans, par les Bosniens,

 16   et la plupart de Tulica se sont rendus à Bukovica.  Nous

 17   avons appris par les femmes, par Fata, par Ramiza

 18   Bajraktarevic, par Safija, que devant la maison de Arif

 19   Bajraktarevic, où il y avait également une boutique, on

 20   avait rassemblé les femmes.

 21   Salko Bajraktarevic qui était retraité et qui

 22   devait avoir dans les 70 ans, entre 65 et 70 ans, est venu

 23   vers ce groupe de femmes et puis il a dit : « Mais qu’est-

 24   ce que vous faites ?  Pourquoi vous faites ça ? »  Et ils

 25   lui ont dit : « Tu n’as qu’à te taire, vieux, parce que


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  1   nous allons te tuer. »  Alors, ce Monsieur-là, il a dit :

  2   « Bien, vous n’avez qu’à me tuer.  Si j’ai fait quelque

  3   chose, à ce moment-là, vous n’avez qu’à me tuer. »  Ce

  4   soldat du HVO qui portait cet uniforme noir, qui avait

  5   cette veste sans manche, cette veste en cuir, il a pointé

  6   le fusil sur le vieillard et il l’a tué devant les femmes

  7   qui étaient rassemblées.  Ensuite, on avait appris qu’il

  8   était le premier qui a été tué dans le village même, à

  9   Tulica.

 10   Q.  Nous parlons de Monsieur Salko Bajraktarevic. 

 11   C’est bien cela ?

 12   R.  Oui.  C’est Salko Bajraktarevic.

 13   Q.  Ces mêmes femmes dont vous venez de nous

 14   parler – je vous avais préalablement déjà posé cette

 15   question – vous ont indiqué ce qui leur était arrivé devant

 16   cette maison de Arif Bajraktarevic.  Ont-elles été obligées

 17   en particulier de remettre leurs biens aux soldats du HVO ?

 18   R.  Il s’agit de Arif Bajraktarevic.

 19   Oui, effectivement.  Les femmes avaient dit que

 20   des soldats mettaient quelque chose sur le sol, je ne sais

 21   pas ce que c’était, un drap ou autre chose.  Donc, on a

 22   demandé aux femmes d’enlever tout ce qu’elles avaient sur

 23   elles, des bagues, des colliers, et cætera, de jeter sur ce

 24   tapis, sur ce drap tout ce qu’elles avaient sur elles.

 25   Ensuite, elles ont été emmenées dans la maison de


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  1   Huseinovic, Dzemal, et c’est là où on les a enfermées. 

  2   Elles n’avaient pas le droit de sortir et au moment où

  3   l’attaque s’est terminée dans le village, on les a laissé

  4   sortir et c’est là où elles sont parties dans les camps de

  5   réfugiés.

  6   Q.  À votre connaissance, Monsieur le Témoin AF,

  7   outre les huit hommes qui ont trouvé la mort ce jour-là, il

  8   y a eu également trois femmes qui ont été tuées lors de

  9   l’attaque du village ?

 10   R.  Oui, oui.  Au moment où nous sommes partis

 11   comme réfugiés, on nous a dit que Safija Tulic, qui avait

 12   atteint l’âge de 80 ans, a été incendiée dans sa propre

 13   maison.  Fatima Bajraktarevic s’est dirigée vers Kulijes. 

 14   Pour le moment, on ne sait pas ce qu’elle est devenue. 

 15   Ensuite, Sifa Tulic également qui s’est acheminée vers

 16   Kulijes, vers un village croate, a été touchée par une

 17   balle. 

 18   Ceux qui étaient plus proches d’elle ont appris

 19   qu’elle était restée à cet endroit-là où elle a été touchée

 20   par une balle et qu’elle ne pouvait pas bouger et qu’elle

 21   pleurait, qu’elle criait, qu’elle sanglotait.  Elle a été

 22   probablement touchée au point à saigner et mourir de

 23   séquelles de cette blessure.  C’était dans un champ.

 24   Q.  Les hommes survivants à l’attaque ont été

 25   conduits, vous l’avez dit, à la caserne de Kiseljak.  Il y


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  1   avait un camion qui les attendait, je crois, pour les

  2   conduire à cette caserne ?

  3   R.  Oui.  Moi, je suis allé de l’autre côté de la

  4   forêt pour vérifier ce qui se passait et devant la maison

  5   de Ibrahim Jahic, il y avait un camion de deux tonnes d’une

  6   société qui s’y trouvait.  Il était bâché.  Il y avait 25

  7   hommes qui ont été rassemblés autour de ce camion.  On les

  8   a fait monter dans le camion et ensuite, on les a

  9   transférés à Lepenica et à Kiseljak, dans la caserne.

 10   Q.  Vous venez de parler du nommé Ibrahim Jahic. 

 11   Est-ce que vous pouvez nous indiquer ce qu’il est advenu de

 12   cette personne ?

 13   R.  Ibrahim Jahic, qui a été arrêté devant chez

 14   lui ensemble avec d’autres personnes, a été transféré dans

 15   un camion du côté de Lepenica mais il y avait une Golf

 16   blanche où se trouvaient des soldats du HVO et ils ont

 17   remarqué qu’il avait jeté quelque chose au moment où il

 18   était sur le camion.  C’était quelqu’un qui avait beaucoup

 19   d’argent et ils ont supposé qu’il avait jeté l’argent dans

 20   le blé, dans le champ de blé, et au moment où ils sont

 21   arrivés à Lepenica, ils l’ont fait descendre du camion, ils

 22   l’ont torturé, ils l’ont battu, ils l’ont mis dans une

 23   voiture et puis ils ont fait marche arrière vers le village

 24   Tulica et depuis, on n’a jamais entendu parler de lui.

 25   Q.  Avez-vous eu des informations selon


Page 14068

  1   lesquelles ce Monsieur Jahic aurait été tué alors qu’il

  2   creusait des tranchées ?

  3   R.  Oui.  Au bout de sept jours, les hommes du

  4   village Tulica ont été échangés mais pendant ce temps-là,

  5   Ibrahim Jahic n’a jamais été aperçu à la caserne et au bout

  6   d’un certain temps, nous avons appris par quelqu’un que

  7   Ibrahim Jahic a été emmené à creuser des tranchées du côté

  8   de Visoko et les personnes qui ont creusé des tranchées se

  9   sont arrêtées à Svinjarevo, dans un établissement de culte,

 10   et ils ont trouvé là-bas des papiers qui appartenaient à

 11   Ibrahim Jahic, des papiers qui étaient en décomposition.

 12   Donc,  la personne en question avait demandé aux

 13   autres d’excaver ce qui se trouvait dans la terre, enfin,

 14   de déterrer et quand nous avons appris qu’il y avait des

 15   papiers, qu’il y avait des restes, et cætera, nous avons

 16   demandé que Jahic, Ibrahim, soit enterré dignement avec les

 17   autres.

 18   Q.  Avant de conclure, Monsieur le Témoin, je

 19   voudrais vous présenter un album photographique qui porte

 20   la référence Z2104.  Vous avez cet album.  Pouvez-vous

 21   m’indiquer si ces photographies représentent des maisons

 22   qui ont été détruites à Tulica ?

 23   R.  Oui.  C’est la partie haute du village qui a

 24   été détruite.  Cette partie haute a été détruite,

 25   incendiée, alors que la partie basse, ce sont des nouvelles


Page 14069

  1   maisons.  Il n’y avait que la maison de Zifet Huseinovic

  2   qui a été incendiée et détruite et l’obus a touché la

  3   maison de Saban Bajraktarevic.  C’était un obusier, le tout

  4   dernier pratiquement, qui l’avait détruite, alors que ces

  5   maisons dans la partie basse de Tulica sont occupées par la

  6   suite par les Croates réfugiés de Vares.

  7   Q.  Monsieur le Témoin, parmi ces photographies,

  8   y a-t-il la photographie du bâtiment religieux que vous

  9   appelez le mektef ?

 10   R.  Oui.  Je vais vous montrer.  Oui, oui.

 11   Me LOPEZ-TERRES :  Je n’ai pas d’autres questions,

 12   Monsieur le Président.

 13   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci,

 14   Monsieur Lopez-Terres, mais je voudrais que les choses

 15   soient bien claires.  Est-ce que l’Accusation affirme que

 16   11 personnes ont été tuées lors de cette offensive, huit

 17   hommes et trois femmes ?  Est-ce bien votre position ?  Il

 18   semble que cela ressorte de la déposition que nous venons

 19   d’entendre mais je voulais être sûr que c’est bien votre

 20   position, la position de l’Accusation.

 21   Me LOPEZ-TERRES :  Les certificats de décès ont

 22   été produits avec le dossier sur Tulica.

 23   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.  Nous

 24   allons maintenant lever l’audience jusqu’à 14 h 30 et nous

 25   passerons, à ce moment-là, au contre-interrogatoire du


Page 14070

  1   témoin

  2   Monsieur le Témoin AF, je vais vous demander de ne

  3   parler à personne au sujet de votre déposition pendant la

  4   pause et ne permettez à personne de vous en parler.  Merci.

  5   --- Suspension de l’audience à 13 h 04

  6   --- Reprise de l’audience à 14 h 37

  7   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers.

  8   Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

  9   Président.

 10   CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS

 11    (interprétation) :  

 12   Q.  Bonjour, Monsieur le Témoin AF.  Je m’appelle

 13   Stephen Sayers et je représente Dario Kordic.  J’ai

 14   quelques questions à vous poser.  Cela me prendra environ

 15   dix minutes. 

 16   En premier lieu, en ce qui concerne les tirs

 17   d’artillerie dont vous nous avez parlé et qui ont eu lieu

 18   au début de l’après-midi du 12 juin 1993, vous nous avez

 19   dit que cela venait de positions serbes, n’est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Vous avez également fait remarquer que vous

 22   aviez entendu dire « que les Serbes avaient été payés »

 23   pour pilonner votre village.  C’est exact ?

 24   R.  J’avais entendu qu’on les a payés pour qu’ils

 25   nous pilonnent.


Page 14071

  1   Q.  Avez-vous jamais vu des documents qui

  2   allaient dans ce sens ?

  3   R.  Non.  Je n’étais pas dans la situation à

  4   prendre connaissance d’une documentation à ce sujet-là,

  5   quelle qu’elle soit.

  6   Q.  Très bien !  Il est bien exact, n’est-ce pas,

  7   que vous n’avez jamais entendu de soldats se servant

  8   d’artillerie ou de commandants d’artillerie serbe affirmer

  9   que l’artillerie serbe avait été « louée » ou engagée par

 10   les Croates ou le HVO, n’est-ce pas ?

 11   R.  Ceci était des choses qu’on avait relatées à

 12   un certain nombre de gens qui habitaient Kobiljaca et un

 13   des voisins des Serbes avait appris que ceci a été payé aux

 14   Serbes, par conséquent, que les Serbes pouvaient pilonner.

 15   Q.  Mais vous-même, Monsieur le Témoin, n’avez

 16   jamais entendu quoi que ce soit allant dans ce sens de la

 17   part soit de soldats serbes, soit de soldats du HVO ?

 18   R.  Non.  On n’a pas entendu dire ça par les

 19   Serbes.  On n’était pas en contact avec les Serbes. 

 20   L’armée était à côté.  C’est notre armée qui combattait

 21   l’agresseur serbe et nous ne pouvions même pas nous mettre

 22   en contact avec un soldat, quel qu’il soit.

 23   Q.  Bien !  Vous n’avez jamais entendu de soldats

 24   du HVO dire que les Serbes avaient été payés pour pilonner

 25   le village, n’est-ce pas ?


Page 14072

  1   R.  Non.  On ne pouvait pas l’entendre.  D’autant

  2   plus que nous ne rencontrions pas les soldats croates après

  3   l’attaque.

  4   Q.  Bien !  Tout ce que je vous dis c’est que

  5   l’information que vous nous avez donnée vient de la rumeur

  6   qui circulait dans les villages de la zone de Tulica,

  7   n’est-ce pas ?

  8   R.  Oui.  C’était des rumeurs mais compte tenu du

  9   fait qu’il y avait cette coopération entre le HVO et les

 10   soldats serbes le long de ce secteur, on avait pu conclure

 11   que ce n’était pas des rumeurs toutes simples mais qu’il y

 12   avait quelque chose qui était vrai.

 13   Q.  On vous a présenté un certain nombre de

 14   photographies.  C’est l’Accusation qui vous a montré, donc,

 15   ces photographies.  Vous avez identifié un certain nombre

 16   de maisons de Tulica.  Savez-vous qui a pris ces

 17   photographies ?

 18   R.  Je ne sais pas.

 19   Q.  Il est exact, n’est-ce pas, que vous ne savez

 20   pas non plus quand ces photographies ont été prises ?

 21   R.  Vous avez raison.

 22   Q.  Il semble que ces photographies portent le

 23   sceau d’une agence musulmane de renseignements.  On peut

 24   voir ces sceaux, ces tampons sur ces photographies.  Savez-

 25   vous qui les a placés sur ces photographies ?


Page 14073

  1   R.  Non.  Je ne sais absolument rien.

  2   Q.  Vous nous dites avoir entendu les soldats qui

  3   attaquaient Tulica chanter des chants et vous avez dit

  4   qu’ils ont également crié un nom serbe et qu’il s’agissait

  5   probablement du nom du soldat qui était en train de

  6   proférer des menaces.  Vous en souvenez-vous ?

  7   R.  Ils sont rentrés à partir de la position

  8   serbe.  Donc, ils ont commencé à prononcer un certain

  9   nombre de prénoms serbes mais c’était un piège parce que,

 10   tout simplement, les civils, soi-disant, devaient croire

 11   qu’il s’agissait des Serbes et que c’était les Serbes qui

 12   l’avaient fait.

 13   Q.  Donc, c’est la conclusion que vous avez

 14   tirée, n’est-ce pas, et à laquelle vous vous maintenez en

 15   pensant aux événements qui ont eu lieu il y a sept ans ?

 16   R.  Oui.  C’est ma conclusion.

 17   Q.  En ce qui concerne la couverture qui a été

 18   placée par terre et où les gens ont été contraints de

 19   placer leurs objets de valeur, cette information, vous la

 20   tenez d’autres personnes ?  Vous n’avez pas assisté vous-

 21   même à cet incident ?

 22   R.  Non.  Moi, je n’ai pas assisté à cet

 23   événement.  Je me suis trouvé à un autre endroit.  Ce n’est

 24   que par la suite, une fois que nous nous sommes trouvés

 25   entre les réfugiés, que toutes les femmes qui étaient avec


Page 14074

  1   nous et qui étaient présentes sur place nous l’avaient

  2   relaté.

  3   Q.  Tout à fait.  Ce que je veux dire c’est que

  4   ce que vous nous avez raconté à ce sujet, c’est ce qu’on

  5   vous a dit ?  Il ne s’agit pas de quelque chose à laquelle

  6   vous ayez assisté vous-même ?

  7   R.  Oui, vous avez raison.  Moi, je n’ai pas vu. 

  8   Je ne pouvais même pas le voir.

  9   Q.  Vous avez également dit avoir vu des gens

 10   abattus par des soldats.  À quelle distance vous trouviez-

 11   vous du lieu où ont eu lieu ces meurtres ?  À 200 mètres, à

 12   300 mètres, plus loin encore ?

 13   R.  À vol d’oiseau, vu la configuration du

 14   terrain, à 150, 200 mètres à vol d’oiseau.

 15   Q.  Vous nous avez parlé du meurtre de Salko

 16   Bajraktarevic.  Je vous prie d’excuser ma prononciation. 

 17   Vous n’avez pas assisté vous-même à cet événement, n’est-ce

 18   pas ?

 19   R.  Non.  Vous ne pouvez pas vous promener sur de

 20   telles positions.  Il y a eu l’armée qui a couvert tout ce

 21   secteur.  Par conséquent, ils ont commencé à arrêter.  Moi,

 22   je ne pouvais pas, bien évidemment, être en même temps à

 23   deux endroits différents, en bas du village et en haut du

 24   village.

 25   Q.  Oui.  Je vous comprends bien mais moi, ce que


Page 14075

  1   j’essaie de déterminer, c’est le fait que ce que vous nous

  2   avez dit au sujet du meurtre de Salko Bajraktarevic, cela

  3   repose sur ce qu’on vous a dit, pas sur ce que vous avez vu

  4   vous-même ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  En ce qui concerne les trois femmes dont vous

  7   nous dites qu’elles ont été tuées ou qu’elles auraient été

  8   tuées, en ce qui concerne Fatima Bajraktarevic, vous n’avez

  9   aucune information sur ce qui lui est arrivé effectivement,

 10   n’est-ce pas ?

 11   R.  Non, mais il y avait un certain nombre de

 12   personnes, de villageois qui sont partis dans la direction

 13   croate.  Ils ont été tués, ils ont été blessés.  Il y avait

 14   cette femme dont les traces ont disparu.  On ne sait

 15   toujours pas ce qu’elle est advenue.

 16   Q.  Bien !  En ce qui concerne la mort de Sifa

 17   Tulic, vous n’étiez pas présent lorsque cela s’est produit ?

 18   Vous n’avez pas assisté à la scène vous-même ?

 19   R.  Non, je n’ai pas vu.  C’est de l’autre côté. 

 20   C’est du côté du village croate Kulis, de l’autre côté mais

 21   d’autres villageois ont entendu ses cris, ses hurlements

 22   qui ont duré pendant une période assez longue.  Donc, nous

 23   avons tout simplement conclu qu’elle a été touchée par un

 24   tir au niveau des jambes, qu’elle a saigné et que c’est

 25   comme ça qu’elle a trouvé la mort.


Page 14076

  1   Q.  Ce que j’essaie d’établir, Monsieur le

  2   Témoin, c’est que vous connaissez les circonstances dans

  3   lesquelles Sifa Tulic a trouvé la mort mais que ce que vous

  4   savez, vous l’avez entendu dire par d’autres.  Vous n’étiez

  5   pas présent vous-même, n’est-ce pas ?

  6   R.  Oui, effectivement.  Ce sont les réfugiés qui

  7   me l’ont raconté le deuxième jour, le lendemain.

  8   Q.  La question suivante, ce sera la dernière

  9   question.  Il s’agit de ce que vous nous avez dit au sujet

 10   de Ibrahim Jahic.  Il s’agit de quelqu’un que l’on a emmené

 11   vers le nord.  Vous-même ne savez pas ce qui lui est arrivé ?

 12   En fait, les conclusions que vous avez tirées sur ce qui

 13   lui est arrivé reposent sur ce que d’autres vous ont dit,

 14   n’est-ce pas ?

 15   R.  C’est moi qui ai trouvé l’information sur la

 16   personne en question.  Je peux même vous dire le nom. 

 17   C’était Enver Fazlibasic qui l’a trouvé et il a été arrêté

 18   par le HVO à Kiseljak lui-même.  Il a creusé des tranchées

 19   du côté des positions de Visoko.

 20   Q.  Je vous comprends bien, Monsieur le Témoin

 21   AF, mais ce que je veux dire c’est qu’en fait, ce qui est

 22   arrivé à Monsieur Jahic, ce que vous en savez, c’est ce que

 23   quelqu’un d’autre vous a dit, n’est-ce pas ?

 24   R.  C’est tout à fait vrai.

 25   Q.  Une dernière question.  Vous avez été en


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  1   mesure de quitter Tulica après avoir assisté aux événements

  2   dont vous nous avez parlé.  Donc, ensuite, vous vous êtes

  3   rendu au village de Josipovici, un village croate, et là,

  4   vous êtes resté chez un ami croate ?

  5   R.  Dans un premier moment, quand on ne savait

  6   pas qui avait organisé l’attaque, nous nous sommes enfuis

  7   car on avait des amis, des copains de ce côté-là.  C’est la

  8   raison pour laquelle nous nous sommes acheminés vers ce

  9   village croate.  C’est une partie de nous qui nous sommes

 10   abrités du côté croate.  C’était dans un premier temps,

 11   quand les tirs ont commencé.  Moi, j’ai pu trouver là-bas

 12   également ma famille.  À partir de cet endroit-là, nous

 13   étions 70, 80 personnes et il y avait des femmes, des

 14   enfants, il y avait des hommes et c’est à partir de cet

 15   endroit-là que nous sommes partis de l’autre côté en exil.

 16   Q.  Vous avez demandé à vos voisins croates de

 17   vous aider et ils vous ont effectivement aidés, n’est-ce

 18   pas ?

 19   R.  Non.  Nous n’avons pas demandé qu’on nous

 20   aide mais mon père…

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais vous

 22   interrompre.  La question est la suivante :  Vous avez

 23   trouvé refuge chez des Croates, vous êtes resté chez des

 24   Croates.  C’est bien exact, n’est-ce pas ?

 25   R.  C’est exact.


Page 14078

  1   Me SAYERS (interprétation) :  Je n’ai plus de

  2   question à poser au témoin, Monsieur le Président.

  3   Me LOPEZ-TERRES :  Quelques clarifications au

  4   témoin.

  5   Excusez-moi, je n’ai pas attendu que Me Mikulicic…

  6   mais comme il n’est pas poursuivi pour les faits commis à

  7   Tulica…

  8   Me MIKULICIC (interprétation) :  Monsieur le

  9   Président, mon collègue a raison de le dire, nous n’avons

 10   pas de question à poser étant donné que mon client n’est

 11   pas incriminé par les faits.

 12   RÉINTERROGÉ PAR Me LOPEZ-TERRES :  

 13   Q.  Monsieur le Témoin AF, à propos de cette

 14   attaque d’artillerie provenant du secteur serbe, vous nous

 15   avez indiqué que vous n’aviez pas personnellement la preuve

 16   que des accords avaient été passés entre le HVO et les

 17   Serbes pour que le village soit attaqué par les Serbes

 18   après avoir reçu une rémunération du HVO mais vous avez

 19   personnellement vu et entendu que les tirs qui ont eu lieu

 20   sur le village le 12 juin 1993 provenaient pour la plupart

 21   de sites sur lesquels se trouvaient des pièces d’artillerie

 22   serbe ?

 23   R.  Oui.  Ça, c’est tout à fait exact car nous

 24   avons passé toute cette année dans le village et c’est à

 25   partir des mêmes positions qu’on avait pilonné nos


Page 14079

  1   positions et chaque tir a été entendu par les villageois là

  2   où nous avons travaillé, où nous avons vécu.

  3   Q.  Un deuxième point lié à cette attaque

  4   toujours.  Est-ce qu’il existe un doute dans votre esprit,

  5   Monsieur le Témoin, que les fantassins qui ont attaqué le

  6   village étaient des Serbes ?

  7   R.  Non.  Il n’y avait absolument pas de Serbes. 

  8   C’était l’armée du HVO qui a attaqué le village.

  9   Q.  Le dernier point concernant cette visite que

 10   vous avez rendue chez un ami croate qui vous a recueilli. 

 11   Je ne vous demanderai pas de donner le nom de cette

 12   personne mais est-ce que vous pouvez…

 13   R.  Entendu.

 14   Q.  [Suite de la question précédente] …rapidement

 15   indiquer ce que vous avez entendu et vu alors que vous vous

 16   trouviez chez cet ami et nous parler de la visite d’un

 17   commandant du HVO local chez cette personne ?

 18   R.  Oui.  J’ai retrouvé ma famille et puis cet

 19   ami croate m’a dit qu’il fallait que je rentre le plus tôt

 20   possible à la maison.  J’ai enlevé mes chaussures.  Mes

 21   chaussures ont été mises à l’intérieur et tout de suite

 22   après, il y avait une voiture Yugo de couleur grise qui

 23   s’est arrêtée.  Le commandant Mirko Kapetanovic, surnommé

 24   Macan, qui a été commandant local, Zuna également Trogrlic,

 25   Zuna, Trogrlic, Vlatko, c’est lui qui est venu.  Il était à


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  1   cinq, six mètres par rapport à la fenêtre et moi, j’ai

  2   entendu la discussion parce que le Croate qui nous

  3   abritait, il est sorti, il lui a demandé si,

  4   éventuellement, il y avait des villageois de Tulica qui

  5   étaient chez lui.

  6   Alors, le Croate avait répondu par la négative

  7   mais il y avait le cousin de Macan – je sais qu’ils sont du

  8   même village car il est le gendre de Josopovic (ph.) – il a

  9   dit : « Il faut arrêter la conversation. »  Il a dit :

 10   « Quelle est cette armée ?  Vous tirez sur les femmes et

 11   sur les enfants », alors que lui, il avait répondu : « Non,

 12   ce n’est pas vrai, nous ne tirons pas.  C’est uniquement

 13   ceux qui résistent sur lesquels nous tirons. »

 14   Pivac a dit qu’il pouvait raconter ce qu’il

 15   voulait mais qu’il ne pouvait pas mentir sur ce qu’il a vu

 16   de ses propres yeux.  Alors, donc, l’autre, il a été fâché,

 17   il est monté dans sa voiture et puis il est parti vers

 18   Lepenica.

 19   Me LOPEZ-TERRES :  Je n’ai pas d’autres questions,

 20   Monsieur le Président.

 21   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Merci.

 22   Monsieur le Témoin AF, vous en avez terminé de

 23   votre déposition.  Je vous remercie d’être venu ici au

 24   Tribunal Pénal International et vous pouvez maintenant

 25   disposer.


Page 14081

  1               [Le témoin se retire]

  2   Me NICE (interprétation) :  Avant de passer au

  3   témoin suivant, je voudrais inviter Messieurs les Juges à

  4   se pencher sur le résumé des déclarations de Monsieur

  5   Beese.  Je crois que vous en disposez.

  6   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.

  7   Me NICE (interprétation) :  La décision de la

  8   Chambre a trait au paragraphe 5(B) et je voudrais vous

  9   demander de réexaminer votre décision en ce qui concerne

 10   également le paragraphe 5(C).  Il s’agit d’une réunion au

 11   cours de laquelle le témoin a rencontré Kordic le 5 mai et

 12   vous vous souviendrez que ce témoin est un des rares

 13   témoins dont la déposition se base sur des notes prises au

 14   moment des faits.

 15   Vous pourrez voir qu’il a pris un certain nombre

 16   de notes, assez volumineuses, d’ailleurs, au sujet de sa

 17   réunion du 5 mai au cours de laquelle il a rencontré

 18   Kordic.

 19   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Sommes-nous en

 20   séance publique ?

 21   Me NICE (interprétation) :  En ce qui concerne la

 22   déclaration de Monsieur Beese, il y a à la fois des faits

 23   dont il a connaissance directement et d’autres pour

 24   lesquels ce n’est pas le cas et Monsieur le Juge Bennouna

 25   avait interrompu mon argumentation en me demandant s’il


Page 14082

  1   s’agissait de nouveaux faits et j’avais dit que c’était le

  2   cas.  Donc, c’est là que la Chambre avait pris sa décision

  3   au sujet du paragraphe 5(B).

  4   En ce qui concerne le paragraphe 5(C), Me Sayers

  5   avait dit que la réunion du 5 mai, c’était une réunion dont

  6   le Témoin AA avait pu nous parler puisqu’il y avait

  7   participé.  Je me réfère à la page 13255 où il a dit que,

  8   apparemment, le Témoin AA était présent.

  9   Je n’étais pas, à ce moment-là, en mesure de

 10   vérifier ce détail et j’étais parti du principe que c’était

 11   exact mais – j’ai d’ailleurs pu le confirmer avec le témoin

 12   ce matin – cette réunion du 5 mai, c’est une réunion à

 13   laquelle ont participé trois ambassadeurs de la Communauté

 14   européenne. 

 15   Donc, ce ne sont pas des témoins que nous avons

 16   cités et que nous serons en mesure de citer car, comme vous

 17   le savez, à de très rares exceptions, ce genre de témoins

 18   ne viennent pas, ce genre de personnes ne viennent pas

 19   témoigner.  Donc, lui, le témoin que nous allons entendre,

 20   était présent lors de cette réunion et il y avait également

 21   un interprète.  Donc, le témoin était présent, il a pris

 22   les notes, des notes extrêmement détaillées dont je vous ai

 23   parlé il y a quelques minutes. 

 24   Le 5 mai, il y a, apparemment, eu une autre

 25   réunion entre le Témoin Kordic et Payam Akhavan.  Vous vous


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  1   souviendrez qu’il y a eu un contre-interrogatoire assez

  2   poussé au sujet de la personnalité, de la nature du

  3   témoignage de Monsieur Akhavan.  Donc, nous estimons que le

  4   témoin que nous allons entendre pourra nous donner des

  5   informations très utiles au sujet de cette réunion.

  6   Vous verrez au point 5(C) différentes choses qui

  7   ont été dites par Kordic et, aux points VI, VII et VIII en

  8   chiffres romains, on voit qu’il a parlé de Ahmici.  Il y a

  9   eu malentendu lorsqu’il a été dit que le Témoin AA était

 10   présent lors de cette réunion mais ce genre de choses se

 11   produisent invariablement.  Nous sommes tous partis du

 12   principe que c’était exact puisque nous n’avions pas eu la

 13   possibilité de vérifier cela.

 14   Cette rencontre, cette réunion peut permettre au

 15   témoin de donner des informations supplémentaires en plus

 16   de la réunion du 28 avril à laquelle a participé le Témoin

 17   AA.

 18   Donc, le point 5(C) ne nécessitera pas un

 19   interrogatoire au principal très long et, si ça se trouve,

 20   ne fait pas l’objet de contestation de la part de la

 21   Défense et je pense que c’est un point qui peut nous donner

 22   des informations très, très utiles.  J’ai communiqué ces

 23   informations à Me Stein ce matin.

 24   [La Chambre discute]

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous avons


Page 14084

  1   étudié la question.  Donc, ce que vous nous demandez, en

  2   fait, c’est de modifier notre décision puisque vous nous

  3   dites que cette décision a été prise alors que tous les

  4   faits n’étaient pas connus.

  5   Je me souviens très bien que nous avons pris cette

  6   décision avec une certaine réticence et uniquement lorsque

  7   l’on nous a dit que c’était une question importante pour

  8   laquelle vous auriez, de toute façon, la possibilité

  9   d’appeler d’autres témoins mais la réponse est non.

 10   Me NICE (interprétation) :  Je m’en tiendrai, bien

 11   entendu, à votre décision mais je voudrais, en effet,

 12   rappeler que la décision précédente avait été prise sur la

 13   base d’informations erronées.

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous aurez la

 15   possibilité d’appeler d’autres témoins à ce sujet.

 16   Me NICE (interprétation) :  Bien !

 17   Me STEIN (interprétation) :  Je voudrais souligner

 18   le fait que Me Sayers n’a donné aucune information qui soit

 19   erronée.  Il suffit pour cela d’examiner le compte rendu

 20   d’audience et les notes qui ont été prises au moment de la

 21   réunion, au premier paragraphe, en tout cas, vont dans le

 22   sens de cette interprétation.

 23   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous n’allons

 24   pas avoir de débat à ce sujet.

 25               [Le témoin entre dans la Cour]


Page 14085

  1   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je vais

  2   maintenant demander au témoin de prononcer la déclaration

  3   solennelle.

  4   LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

  5   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité,

  6   rien que la vérité.

  7   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Veuillez vous

  8   asseoir, s’il vous plaît, Monsieur Beese.

  9   TÉMOIN :  CHRISTOPHER DAVID BEESE

 10    (ASSERMENTÉ)

 11   INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) : 

 12   Q.  Votre nom, s’il vous plaît ?

 13   R.  Christopher David Beese.

 14   Q.  Entre 1973 et 1977, vous avez été membre de

 15   l’armée britannique.  Ensuite, vous avez travaillé dans une

 16   compagnie d’assurance pendant trois ans.  Vous avez été

 17   membre de l’armée de Oman de 1982 à 1996.  Est-ce bien

 18   exact ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Vous avez travaillé dans le secteur de la

 21   sécurité et du gardiennage de 1988 à 1992 et puis vous avez

 22   travaillé pour l’ECMM de janvier 1993 à août 1993 ?

 23   R.  C’est exact.

 24   Q.  En premier lieu, est-ce que vous avez été

 25   nommé à Siroki Brijeg ?


Page 14086

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Étiez-vous à la tête du centre de

  3   coordination de Mostar de février, mars jusqu’à avril

  4   1993 ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Êtes-vous ensuite devenu l’adjoint du

  7   directeur du centre régional de Zenica où vous releviez de

  8   l’Ambassadeur Thebault, ceci ayant eu lieu en avril 1993 ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Vous êtes ici au sujet d’un événement

 11   particulier, un événement qui a eu lieu le 28 avril 1993. 

 12   Disposez-vous de notes relatives à cet événement ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Les avez-vous avec vous ?  Eh bien, vous

 15   pouvez vous y référer.  Nous avons une page qui porte le

 16   titre : « Zenica 28/4 ».

 17   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  De qui parlez-

 18   vous ?

 19   Me NICE (interprétation) :  Je pense que vous

 20   disposez de ce document.  J’ai parlé précédemment des

 21   documents qui se trouvent en annexe du résumé des

 22   déclarations du témoin et vous verrez qu’elles y figurent. 

 23   Il s’agit de la première page manuscrite et il y a

 24   également des documents dactylographiés.

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Bien !


Page 14087

  1   Me NICE (interprétation) : 

  2   Q.  Monsieur Beese, pouvez-vous nous parler de

  3   cet événement afin que nous ayons une idée du contexte ? 

  4   Où est-ce que cela s’est produit, cette réunion du 28

  5   avril ?

  6   R.  À l’hôtel International au centre de Zenica.

  7   Q.  Qui était présent ?

  8   R.  L’objectif c’était d’avoir une discussion

  9   entre le Général Sefer Halilovic et le Général Petkovic,

 10   réunion qui devait être présidée par l’Ambassadeur Jean-

 11   Pierre Thebault afin de parler des accords de cessez-le-feu

 12   qui avaient été signés par les Croates et les musulmans de

 13   Bosnie.  Il s’agissait de parler de ce qui devait être fait

 14   dans la journée qui suivait.

 15   Q.  Quel était le contexte de cette réunion ? 

 16   Pourquoi avez-vous rencontré ces personnes et que voulez-

 17   vous dire par ce qui devait se passer le jour suivant ?

 18   R.  Suite à une réunion à Zagreb entre le

 19   Président de la Croatie Tudjman et le Président Alija

 20   Izetbegovic de Bosnie-Herzégovine ainsi que leurs Généraux

 21   Petkovic et Halilovic, un accord de cessez-le-feu avait été

 22   signé aux fins de mettre en place un cessez-le-feu dans

 23   l’ensemble de la Bosnie et de rétablir la liberté de

 24   mouvement. 

 25   Il s’agissait également de mettre en place un QG


Page 14088

  1   militaire conjoint avec des officiers des deux factions. 

  2   L’objectif de cette réunion c’était de discuter avec ces

  3   deux commandants militaires au sujet de déplacements de

  4   dignitaires importants, militaires également dans la région

  5   et il fallait s’assurer que les combattants sur place

  6   comprennent bien toute l’étendue de l’accord et sa nature.

  7   Q.  Vous releviez de l’Ambassadeur Thebault,

  8   n’est-ce pas, vous étiez son second ?

  9   R.  J’arrivais de Mostar, à la demande de Jean-

 10   Pierre Thebault.  Il avait demandé que je sois son nouvel

 11   adjoint.

 12   Q.  Les notes que nous voyons, quand ont-elles

 13   été prises ?

 14   R.  C’est moi-même qui ai pris ces notes pendant

 15   la réunion.

 16   Q.  Pendant cette réunion, qui s’exprimait de

 17   votre côté ?  C’était vous ou l’Ambassadeur Thebault ?

 18   R.  C’était l’Ambassadeur Thebault, à ce moment-

 19   là, qui présidait la réunion.

 20   Q.  Donc, vous, vous étiez dans quelle position ?

 21   R.  Eh bien, j’étais là en tant qu’observateur. 

 22   J’étais en mesure d’observer ce qui se passait.

 23   Q.  Nous pouvons maintenant parler rapidement de

 24   la première partie de la réunion.  Halilovic a dit, pour

 25   résumer, que l’accord de Vitez n’avait pas fait l’objet de


Page 14089

  1   violation ?

  2   R.  Sefer Halilovic nous a expliqué qu’il avait

  3   donné des ordres pour que le cessez-le-feu soit respecté. 

  4   Les deux commandants ont eu des discussions pour savoir

  5   quelle était exactement la nature des cessez-le-feu, s’ils

  6   étaient, effectivement, respectés.  Le Général Petkovic

  7   n’était pas convaincu que le Général Halilovic avait

  8   transmis des ordres à ses subordonnés et il a stipulé qu’il

  9   y avait encore des conflits dans la région de Busovaca.

 10   Q.  Donc, nous voyons qu’à Busovaca, les choses

 11   étaient différentes ?

 12   R.  Oui. Sefer Halilovic a dit qu’il avait donné

 13   des ordres à ses subordonnés pour respecter le cessez-le-

 14   feu mais le Général Petkovic, lui, a dit que ce qui se

 15   passait à Busovaca montrait le contraire, que Halilovic

 16   n’avait pas donné des ordres à ses hommes pour mettre en

 17   place et respecter le cessez-le-feu.

 18   Q.  Nous voyons ensuite une entrée dans vos

 19   notes.  On peut voir le nom de Monsieur Thebault.  C’est

 20   bien exact ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pouvez-vous nous donner l’explication de

 23   cela ?

 24   R.  Oui.  Eh bien, nous étions en train

 25   d’examiner la nature des cessez-le-feu qui avaient été


Page 14090

  1   pris, qui étaient effectivement faits et là, quelqu’un du

  2   centre de communication de notre côté est venu, est arrivé

  3   dans la pièce.  Il a parlé avec Monsieur Thebault et il lui

  4   a parlé d’un incident qui avait eu lieu au croisement de

  5   Kaonik.

  6   Q.  Que s’était-il passé ?

  7   R.  Eh bien, il y avait un convoi humanitaire de

  8   40 véhicules qui allait de Travnik à Zenica et qui avait

  9   été arrêté, détourné au carrefour de Busovaca par des

 10   soldats du HVO et, d’autre part, les deux Warriors de la

 11   FORPRONU qui escortaient ce convoi avaient été séparés du

 12   convoi.

 13   Q.  Avant de poursuivre et pour que nous ayons

 14   une idée bien claire de la situation, est-ce que l’incident

 15   du convoi a entraîné des échanges de feu, des pertes

 16   humaines ou est-ce que, finalement, la situation a été

 17   résolue de façon différente ?

 18   R.  Eh bien, ça aurait pu très bien se détériorer

 19   mais, fort heureusement, on est parvenu à résoudre la

 20   situation sans que la force ne soit utilisée d’un côté ou

 21   d’un autre.

 22   Q.  Est-ce que, précédemment, vous aviez déjà été

 23   confronté à des incidents de ce type ?

 24   R.  Oui, oui.  Il n’était pas inhabituel que les

 25   convois qui traversaient la Bosnie-Herzégovine soient


Page 14091

  1   arrêtés par une faction ou une autre pour une raison ou une

  2   autre.

  3   Q.  Est-ce que ce genre d’incident constituait en

  4   soi une violation des accords passés entre Halilovic,

  5   Petkovic et les autres ?

  6   R.  Une partie de cet accord, c’était d’assurer

  7   une liberté de mouvement totale, une liberté de circulation

  8   totale et les convois humanitaires escortés auprès du HCR

  9   des Nations unies auraient dû être en mesure de passer

 10   librement et de ne pas être arrêtés du moment qu’ils

 11   étaient escortés par la FORPRONU.

 12   Q.  Dans le passé, si vous étiez confronté à de

 13   telles difficultés, à qui vous adressiez-vous ?

 14   R.  Eh bien, aux responsables des deux côtés.  Du

 15   côté croate, généralement, on s’adressait au responsable de

 16   Mostar qui s’occupait de l’aide humanitaire et des

 17   réfugiés.  C’était un certain Tadic.

 18   Q.  On voit ensuite dans vos notes quelque chose

 19   qui dit qu’on ne respecte plus les ordres.  Qu’est-ce que

 20   ça veut dire ?

 21   R.  La violation de l’accord sur la liberté de

 22   circulation, cet incident, c’était une violation flagrante

 23   de l’accord qui avait été conclu entre les deux parties et

 24   les deux Généraux avaient circulé en Bosnie-Herzégovine, en

 25   Bosnie centrale, justement pour expliquer la nécessité


Page 14092

  1   d’assurer la liberté de circulation pour les deux parties. 

  2   Eh bien, ce type d’incident était inévitablement

  3   un obstacle au développement de la paix dans la région et

  4   bien que ce ne fut pas en soi une violation de l’accord,

  5   c’était un obstacle qu’il fallait absolument surmonter.

  6   Q.  Donc, dans vos notes, on peut lire – je

  7   cite : « …n’acceptent plus ou ne prennent plus d’ordre

  8   de… », fin de citation.  Pouvez-vous nous expliquer de quoi

  9   il s’agit ?

 10   R.  L’Ambassadeur Thebault s’est rendu compte

 11   qu’il fallait faire quelque chose.  Il a demandé au Général

 12   Petkovic de l’accompagner au centre de communication en

 13   affirmant qu’il s’agissait de l’occasion idéale pour

 14   permettre aux deux parties, aux deux factions de coopérer

 15   afin de surmonter des obstacles et s’ils voulaient,

 16   effectivement, coopérer et avoir un commandement conjoint,

 17   il fallait qu’ils prennent des mesures immédiatement.

 18   Donc, l’Ambassadeur Thebault, le Général Petkovic

 19   et moi-même, nous sommes allés au centre de communication. 

 20   Notre intention, c’était de voir le Général Petkovic

 21   appeler les personnes adéquates pour que le convoi soit

 22   libéré.  Il s’agissait, en l’occurrence, de Dario Kordic.

 23   Q.  Un instant, s’il vous plaît.  Combien de

 24   coups de téléphone ont été passés ?

 25   R.  Deux.


Page 14093

  1   Q.  Dans quelle langue s’exprimait Petkovic ?

  2   R.  En serbo-croate.

  3   Q.  Aviez-vous avec vous un interprète ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Cet interprète vous a-t-il ou elle traduit ce

  6   qui a été dit lors de cette conversation téléphonique ?

  7   R.  À la fin de chaque conversation téléphonique,

  8   l’interprète nous a fait savoir ce qui venait d’être dit, à

  9   moi-même et à l’Ambassadeur Thebault.

 10   Q.  Donc, vous pouvez nous le dire maintenant ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Parlez-nous d’abord du premier coup de

 13   téléphone, s’il vous plaît.

 14   R.  Eh bien, au cours de la première conversation

 15   téléphonique, le Général Petkovic a parlé à Monsieur Dario

 16   Kordic, lui donnant l’instruction de libérer le convoi.  La

 17   réponse a été que Kordic n’avait pas d’ordre à recevoir du

 18   Général Petkovic, qu’il n’avait pas à suivre ses ordres,

 19   pas plus qu’il n’avait à suivre les ordres du Colonel

 20   Blaskic et qu’il n’allait pas libérer le convoi.

 21   Le Général Petkovic a communiqué cette information

 22   à l’Ambassadeur Thebault qui lui a dit que cela n’était pas

 23   très satisfaisant vu l’accord qui avait été passé

 24   précédemment et étant donné que le bataillon britannique

 25   avait donné pour avis de récupérer le convoi par la force


Page 14094

  1   si nécessaire, l’Ambassadeur Thebault a conseillé au

  2   Général Petkovic d’essayer de résoudre une fois encore la

  3   situation.

  4   Le Général Petkovic a rappelé Monsieur Kordic et,

  5   lors de cette deuxième conversation, nous avons compris,

  6   d’après ce qu’on nous a dit, qu’il a conseillé à Monsieur

  7   Kordic pour sa propre sécurité et pour celle de ses hommes

  8   de libérer le convoi.

  9   Q.  Encore deux ou trois questions au sujet de

 10   ces conversations téléphoniques.  Au cours de la première

 11   conversation téléphonique, Kordic a dit qu’il n’avait pas

 12   d’ordre à recevoir de Petkovic.  Est-ce que vous vous

 13   souvenez s’il a dit de qui il relevait ?

 14   R.  Je crois qu’à ce moment-là, Kordic a dit

 15   qu’il ne relevait que de Boban.

 16   Q.  Pouvez-vous nous parler du comportement, de

 17   l’attitude de Petkovic pendant cette première conversation

 18   et après cette première conversation ?

 19   R.  Monsieur Petkovic, le Général Petkovic est

 20   apparu un peu gêné, il était gêné de ne pas avoir été en

 21   mesure d’inciter Monsieur Kordic à libérer le convoi. 

 22   C’était la première fois que je voyais qu’un ordre donné

 23   par le Général Petkovic ne soit pas respecté dans son

 24   propre camp.

 25   Q.  À combien de reprises aviez-vous rencontré le


Page 14095

  1   Général Petkovic ?

  2   R.  J’avais affaire avec lui de façon régulière

  3   une fois par semaine en ce qui concernait les cessez-le-feu

  4   de Gornji Vakuf, Mostar et Jablanica.  C’est dans ce cadre

  5   que j’avais à traiter avec lui.

  6   Q.  S’agissait-il de questions de ce genre ? 

  7   Pouvez-vous nous le dire ?

  8   R.  Le Général Petkovic menait généralement les

  9   discussions de cessez-le-feu entre les Croates de Bosnie et

 10   les musulmans de Bosnie.  Ensuite, il donnait des

 11   instructions adéquates à ses subordonnés, aux commandants

 12   de zones, le Colonel Siljeg ou Lasic, qui ensuite

 13   poursuivaient de leur côté les discussions avec leurs

 14   homologues musulmans.

 15   Q.  Parlons maintenant de la deuxième

 16   conversation téléphonique qui a fait suite à l’intervention

 17   de l’Ambassadeur Thebault.  Quelle a été la teneur des

 18   discussions ou qu’est-ce qui s’est produit ?  Enfin, dans

 19   quel contexte Petkovic a-t-il dit à Kordic que la

 20   résolution de la situation était dans son propre intérêt ?

 21   R.  L’Ambassadeur Thebault a fait remarquer au

 22   Général Petkovic que les Britanniques étaient prêts à

 23   récupérer le convoi par la force si c’était nécessaire et

 24   le Général Petkovic, résigné, a dit que si l’usage de la

 25   force était nécessaire, à ce moment-là, que la force soit


Page 14096

  1   utilisée.  « S’il fallait tirer, tirez », c’est ce qu’il a

  2   dit.

  3   Q.  Revenons-en à vos notes et voyons si vous

  4   pouvez nous donner des explications au sujet de certaines

  5   notes.  Ici, on peut voir que vous dites que : « …ne reçoit

  6   plus les notes de Blaskic mais de Kordic. »  Qu’est-ce que

  7   ça veut dire ?

  8   R.  Eh bien, dans la première discussion, lorsque

  9   Monsieur Kordic a dit qu’il n’acceptait aucun ordre de la

 10   part de Monsieur Petkovic ou du Général Petkovic, il a

 11   également dit qu’il n’acceptait aucun ordre de la part du

 12   Colonel Blaskic.

 13   Q.  À la ligne suivante, je vous serais

 14   reconnaissant de lire ce qui est écrit.

 15   R.  Vous faites sans doute référence au fait

 16   qu’une compagnie du bataillon britannique était, à ce

 17   moment-là, en déplacement à partir de la base de Vitez

 18   jusqu’à Kaonik et qu’il avait été suggéré qu’un officier de

 19   liaison vienne du HVO de Vitez pour participer à la

 20   négociation et les Britanniques avaient fait savoir que le

 21   convoi avait été contrôlé.  Il n’y avait aucune raison pour

 22   l’arrêter.

 23   Q.  Donc, le mouvement du bataillon britannique

 24   de cette compagnie avait-il à faire avec le convoi

 25   humanitaire ou non ?


Page 14097

  1   R.  Eh bien, ce qu’on a compris, à ce moment-là,

  2   c’était que la compagnie de Warriors était en mission pour

  3   récupérer le convoi.

  4   Q.  Combien une compagnie de Warriors comporte-t-

  5   elle de véhicules ?

  6   R.  Environ 12.

  7   Q.  Dernière phrase dont nous n’avons pas encore

  8   parlé, ça se trouve à droite.  Êtes-vous en mesure de

  9   déchiffrer ce qui est écrit là ?

 10   R.  De quoi parlez-vous exactement ?  En fait,

 11   j’ai du mal à me souvenir à quoi je faisais référence. 

 12   Moi, je pense qu’il s’agit du fait qu’un officier de

 13   liaison du HVO se trouvait avec le convoi britannique pour

 14   participer à la négociation.

 15   Q.  Est-ce qu’en fin de compte, le convoi

 16   humanitaire qui avait été détourné au carrefour de Busovaca

 17   a été libéré ?

 18   R.  Les forces britanniques sont arrivées.  Le

 19   détachement du HVO qui se trouvait sur le convoi a insisté

 20   pour poursuivre la fouille du convoi.  Le climat était

 21   plutôt électrique, c’est le moins qu’on puisse dire mais il

 22   n’y a eu aucun incident et le HVO a finalement laissé

 23   repartir le convoi.

 24   Q.  Merci beaucoup.  On va maintenant vous poser

 25   d’autres questions. 


Page 14098

  1   Me STEIN (interprétation) :  Avec la permission de

  2   la Chambre…

  3   CONTRE-INTERROGÉ PAR Me STEIN (interprétation) :

  4   Q.  Je m’appelle Bob Stein.

  5   Je représente Dario Kordice.  Si je vous

  6   pose une question et que vous ne comprenez

  7   pas ma question, dites-le moi immédiatement.

  8   R.  Oui.

  9   Q.   Je vais peut-être vous demander de vous

 10   référer à un document qui était placé en annexe du résumé

 11   de vos déclarations.  Il s’agit de deux pages de notes

 12   dactylographiées que, si j’ai bien compris, vous avez

 13   écrites en 1994 à l’intention de votre femme.  Il

 14   s’agissait d’écrire ce que vous aviez vu pendant votre

 15   mission ?

 16   R.  Oui.  Il s’agit d’un récit personnel de ce

 17   qui s’était passé.

 18   Q.  Nous y viendrons.  Bien !  Tout d’abord, je

 19   voudrais être sûr d’une chose.  En avril 1993, vous ne

 20   parliez pas croate, n’est-ce pas ?

 21   R.  En effet, non.

 22   Q.  Donc, vous aviez des interprètes ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Ce jour-là, vous aviez un interprète, n’est-

 25   ce pas, un seul interprète ?


Page 14099

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Cet interprète était musulman ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Aviez-vous déjà travaillé avec cet interprète

  5   précédemment ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Si j’ai bien compris, l’Ambassadeur Thebault lui-

  8   même ne parlait pas croate ?

  9   R.  C’est exact.

 10   Q.  Donc, si j’ai bien compris, vous-même,

 11   l’Ambassadeur Thebault, le Général Petkovic, vous êtes

 12   rendus au centre de communication avec ou sans votre

 13   interprète ?

 14   R.  Avec l’interprète.

 15   Q.  Quelle est la taille du centre de

 16   communication ?

 17   R.  Il s’agit d’une pièce assez petite qui

 18   comporte trois bureaux.

 19   Q.  Vous nous déclarez, donc, que le Général

 20   Petkovic a parlé au téléphone en la présence de vous-même,

 21   de l’Ambassadeur Thebault et de l’interprète ?

 22   R.  Il a parlé au téléphone en présence de

 23   l’Ambassadeur Thebault et de l’interprète.  Moi, j’étais à

 24   l’extérieur de la pièce parce que c’est une pièce qui est

 25   très petite.


Page 14100

  1   Q.  Et ceci pour les deux coups de téléphone ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Bien !  Donc, chacun de ces coups de

  4   téléphone a été passé dans cette pièce réservée aux

  5   communications qui est très petite avec l’Ambassadeur

  6   Thebault, le Général Petkovic et l’interprète ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc, vous ne pouvez pas nous dire vous-même

  9   combien de fois le Général Petkovic a composé un numéro ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  De même pour le deuxième coup de téléphone ? 

 12   Vous ne pouvez pas nous dire combien de coups de téléphone

 13   il a effectivement passés ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce que j’ai bien compris si je dis

 16   qu’après le premier coup de téléphone, vous-même, le

 17   Général et l’Ambassadeur êtes revenus dans la salle où

 18   avait lieu la réunion ?

 19   R.  Non.  Ils sont sortis de la salle des

 20   communications et ont parlé dans le couloir.

 21   Q.  Donc, vous étiez également présent à ce

 22   moment-là ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Combien de temps a duré la première

 25   conversation téléphonique ?


Page 14101

  1   R.  Deux, trois minutes.

  2   Q.  Et la deuxième conversation téléphonique ?

  3   R.  À peu près la même durée.

  4   Q.  Vous-même ne savez pas si, effectivement,

  5   Monsieur Kordic était à l’autre bout du fil pendant la

  6   première conversation et pendant la deuxième, n’est-ce

  7   pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous ne pouvez pas non plus nous dire si le

 10   Général Petkovic a parlé, effectivement, à Kordic ou à

 11   quelqu’un d’autre, n’est-ce pas ?

 12   R.  En effet.

 13   Q.  Apparemment, après le premier appel et avant

 14   le deuxième, d’après vos notes que vous avez préparées pour

 15   votre famille et d’après votre déposition aujourd’hui, il a

 16   dit en général que si vous pouviez reprendre le convoi, il

 17   allait falloir tirer sur eux ?  Il a dit quelque chose

 18   comme : « Allez-y, tirez sur eux », n’est-ce pas ?

 19   R.  C’est exact.

 20   Q.  Vous dites aux Juges que le Général des

 21   forces croates favorisait l’idée selon laquelle les hommes

 22   et les femmes appartenant à son propre groupe ethnique

 23   devaient être tirés dessus.  C’est cela ?

 24   R.  Oui.  En termes généraux, il suggérait que si

 25   les gens ne pouvaient pas suivre, obéir aux instructions


Page 14102

  1   données légitimement, que c’était leur problème, et cætera,

  2   et cætera.

  3   Q.  Il a dit cela en langue croate, n’est-ce

  4   pas ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Donc, vous ne pouvez pas être sûr si ceci a

  7   été dit de manière ironique, sarcastique ou autre, n’est-ce

  8   pas ?

  9   R.  C’est exact.

 10   Q.  Merci beaucoup. 

 11   Me MIKULICIC (interprétation) :  La Défense de

 12   Monsieur Cerkez n’a pas de question à poser.

 13   RÉINTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :

 14   Q.  Est-ce que vous avez eu

 15   des raisons de douter de la précision

 16   des propos relatés par l’interprète ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire depuis

 19   combien de temps cette interprète vous a servi

 20   d’interprète ?

 21   R.  Moi-même, j’ai eu recours à cette interprète

 22   à plusieurs reprises et l’Ambassadeur Thebault a eu recours

 23   à ses services, lui aussi.  Il s’agissait d’une femme

 24   extrêmement bien éduquée et, d’après nous, c’était une

 25   interprète tout à fait compétente.


Page 14103

  1   Q.  Vous avez dit que vous ne saviez pas qui se

  2   trouvait à l’autre bout du fil lors de l’appel

  3   téléphonique.  Est-ce que vous vous souvenez comment ceci

  4   s’est fait, que la suggestion a été faite de passer ce coup

  5   de fil à Monsieur Kordic ?

  6   R.  C’est l’Ambassadeur Thebault qui l’a dit et

  7   le Général a dit que c’était le bureau qui était le plus

  8   probablement le plus capable de résoudre le problème et, si

  9   je m’en souviens bien, l’on a demandé au personnel chargé

 10   des communications d’appeler le bureau de Kordic.  Il

 11   connaissait son numéro.

 12   Q.  Compte tenu de l’endroit où l’enlèvement a eu

 13   lieu, est-ce que vous pouvez nous dire s’il y a eu une

 14   autre personne détenant le pouvoir à qui les forces

 15   britanniques ou vous-même auraient pu s’adresser afin de

 16   résoudre ce problème ?

 17   R.  Non, pas du tout.

 18   Q.  Est-ce qu’il y a jamais eu un autre candidat

 19   pour lequel vous auriez pu croire qu’il pouvait être utile

 20   pour résoudre ce problème ?

 21   R.  Pas du tout.

 22   Q.  Peut-être quelqu’un souhaitera ou bien

 23   souhaitait suggérer que Petkovic vous induisait en erreur

 24   en vous indiquant qu’il était en communication avec Kordic. 

 25   Est-ce que vous pouvez nous donner d’autres exemples de sa


Page 14104

  1   fiabilité ?

  2   R.  Moi, j’avais toujours l’impression que

  3   Petkovic était un militaire responsable, un homme d’honneur

  4   qui parlait ouvertement, qui avait une force de

  5   détermination et qui donnait les ordres conformément à sa

  6   décision.  Donc, c’était une personne extrêmement directe

  7   dans ses contacts avec nous.

  8   Q.  Si on lui demandait de faire quelque chose

  9   qui avait été convenu, est-ce qu’il le faisait ou pas ?

 10   R.  Il choisissait ses propres moyens mais s’il

 11   recevait des instructions, normalement, il les mettait en

 12   œuvre sans faille.

 13   Q.  Je n’ai que deux questions supplémentaires. 

 14   Vous avez entendu la suggestion selon laquelle il aurait

 15   été peu probable que cette personne ait dit : « Tirez si

 16   vous devez le faire », quelque chose allant dans ce sens. 

 17   Est-ce que vous pouvez nous donner une explication de

 18   ceci ?

 19   R.  Le Général était quelque peu en colère, j’ai

 20   l’impression, lorsqu’il a vu que sa demande a fait face au

 21   refus.

 22   Q.  On ne vous a pas demandé de commenter le

 23   récit préparé pour votre famille.  Peut-être les Juges

 24   l’ont vu, peut-être pas mais est-ce que vous pourriez nous

 25   dire, au moment où vous avez écrit ceci, est-ce que vous


Page 14105

  1   vous attendiez à ce qu’un jour, vous devriez l’utiliser

  2   comme une sorte d’aide-mémoire pour une déposition ou pas ?

  3   R.  J’ai écrit cela afin d’enregistrer mon rôle à

  4   l’époque pour que ma famille puisse s’en servir et aussi

  5   pour m’assurer que si jamais, à l’avenir, je devais prendre

  6   en considération cette affaire encore une fois, que j’aie

  7   ce document afin de me rafraîchir la mémoire mais je ne

  8   m’attendais pas à ce que ce soit utilisé devant un

  9   Tribunal.

 10   Q.  Quand est-ce que vous avez écrit cela ?

 11   R.  En 1994.

 12   Me NICE (interprétation) :  Je n’ai plus de

 13   question pour ce témoin.

 14   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 15   Beese, votre déposition est terminée.  Merci d’être venu

 16   déposer devant ce Tribunal International.  Vous pouvez

 17   disposer.

 18   LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

 19                     [Le témoin se retire]

 20   Me NICE (interprétation) :  J’ai terminé les

 21   dépositions en ce qui concerne la journée d’aujourd’hui

 22   mais je peux vous donner une version mise à jour en ce qui

 23   concerne les témoins qui nous restent.

 24   Je pense que les Juges pourraient se pencher sur

 25   le document qui a été remis par la Défense ce matin : la


Page 14106

  1   deuxième feuille, la deuxième page, la lettre en date du 4

  2   février, les témoins qui devraient déposer entre le 14 et

  3   le 21 février.  Effectivement, nous nous sommes trompés

  4   quelque peu.

  5   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous ne devons

  6   pas entrer dans tous ces détails.

  7   Me NICE (interprétation) :  Oui, mais je veux

  8   expliquer les choses.  Il est expliqué dans ce document

  9   également quels sont les témoins qui manquent et je pense

 10   que, mis à part le fait que Monsieur Scott a dû s’absenter

 11   à cause d’une blessure dont l’un des membres de notre

 12   équipe a été victime récemment, je pense qu’il n’y aura pas

 13   d’autres problèmes imprévus.

 14   Penchons-nous de nouveau sur cette lettre du 4

 15   février.  Nous pouvons constater que les témoins 4 et 5 ne

 16   souhaitent pas se présenter ici.  En ce qui concerne le

 17   témoin 7, il n’y a pas de problème et, comme Madame Bauer

 18   l’a dit, nous avons fait tout ce que nous avons pu afin de

 19   remplir cette semaine.

 20   Si nous examinons maintenant la semaine du 21

 21   février, numéro 1, nous avons fait un certain progrès,

 22   notamment, au sujet du témoin numéro 3, à savoir que ces

 23   témoins-là ont été amenés physiquement jusqu’à La Haye.

 24   En ce qui concerne la semaine du 21 février, je

 25   peux dire que, apparemment, le témoin numéro 4 est malade,


Page 14107

  1   donc, il ne souhaite pas comparaître.  En ce qui concerne

  2   le témoin numéro 5, il refuse de venir et nous avons déjà

  3   soumis une demande concernant ce témoin.  En ce qui

  4   concerne les témoins 8 et 9, je crois qu’une ordonnance

  5   contraignante a déjà été délivrée à leur égard.

  6   En ce qui concerne le numéro 2, je pense qu’il a

  7   d’autres raisons de s’absenter.  Il est soit malade, soit

  8   il y a un autre problème.  C’est pour cela qu’il y a un

  9   point d’interrogation à côté de son nom.

 10   Vous pouvez constater vous-même qu’avec un peu de

 11   chance, nous aurons suffisamment de témoins pour toute la

 12   semaine.  En ce qui concerne le témoin numéro 3, c’est un

 13   témoin expert.  Donc, nous aurons besoin d’un peu plus de

 14   temps pour l’interroger.  En ce qui concerne les autres

 15   témoins de la semaine, nous pourrons y aller assez

 16   rapidement et, pour la plupart, leur déposition durera une

 17   heure.

 18   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Voyons de quoi

 19   il s’agit.  Donc, le témoin expert numéro 3 va déposer ici

 20   demain.  Est-ce que quelqu’un sait combien de temps ça

 21   durera ? 

 22   Allez-y, Me Sayers.

 23   Mais dites-nous d’abord :  Est-ce que nous avons

 24   un résumé de cette déposition ?  Est-ce que nous allons le

 25   recevoir ?


Page 14108

  1   Me NICE (interprétation) :  Oui.  Nous pourrons

  2   vous remettre le résumé cet après-midi parce que le témoin

  3   vient d’arriver.

  4   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je pense que

  5   ce sera utile avec un témoin comme cela.

  6   Me SAYERS (interprétation) :  Je pense que nous

  7   aurons besoin des trois quarts de la journée en ce qui

  8   concerne le témoin numéro 3.

  9   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, mais si

 10   nous recevons un résumé de sa déposition, peut-être nous

 11   pourrons raccourcir, vous pourrez raccourcir le contre-

 12   interrogatoire.

 13   Me Nice, est-ce que vous pouvez le faire ou pas ?

 14   Me NICE (interprétation) :  Probablement, oui.  Je

 15   sais que ce qu’il faut faire, c’est d’amener ce témoin à

 16   dire les choses pertinentes pour les Juges mais en même

 17   temps, j’ai dit à mes collègues de le préparer de telle

 18   manière à ce que sa déposition soit aussi brève que

 19   possible.

 20   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Il faut

 21   aller dans ce sens.  De toute façon, il faudrait faire tout

 22   afin de terminer ce témoin demain.  Ensuite, les témoins 4

 23   et 5, vous dites qu’ils refusent de venir ?

 24   Me NICE (interprétation) :  Oui.

 25   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin 6 a


Page 14109

  1   terminé sa déposition ?

  2   Me NICE (interprétation) :  Effectivement.  En ce

  3   qui concerne 7 et 8, je ne sais pas combien de temps ça

  4   durera mais probablement toute la journée.

  5   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Probablement. 

  6   Ça va durer, donc, toute la journée mercredi.  En ce qui

  7   concerne les témoins 4 et 5, quelles sont les mesures que

  8   vous proposez pour remédier à cela, à ce problème ?

  9   Me NICE (interprétation) :  Je suppose que nous

 10   prendrons des mesures appropriées.  Vous avez probablement

 11   reçu déjà le résumé concernant le témoin numéro 4 mais moi-

 12   même, je travaille et j’ai des réunions pratiquement tous

 13   les jours et je vous dirai, je vous informerai par la suite

 14   des témoins dont il va falloir prendre des mesures

 15   spéciales. 

 16   Nous nous pencherons sur la situation concernant

 17   les témoins qui doivent venir témoigner la semaine

 18   prochaine et je crois que nous allons essayer de les faire

 19   venir le plus vite possible. 

 20   Donc, nous parlons maintenant de la journée de

 21   mercredi mais en ce qui concerne les témoins prévus pour la

 22   semaine prochaine, je crois qu’une partie de ces témoins

 23   pourront déposer jeudi.  Il va falloir également prendre

 24   une décision concernant le compte rendu, l’utilisation des

 25   comptes rendus et de d’autres documents, et cætera, et je


Page 14110

  1   peux dire que nous allons essayer d’utiliser toute cette

  2   semaine mais si nous réussissons à travailler un peu plus

  3   rapidement, je crois que certains des témoins prévus pour

  4   la semaine prochaine pourront déposer cette semaine.

  5   En ce qui concerne la semaine prochaine, nous

  6   pourrons également avoir un débat concernant les témoins

  7   morts et les témoins qui refusent de venir.  Moi, j’avais

  8   espéré pouvoir avoir un tel débat tout à la fin mais il y

  9   aura quand même certains autres témoins qui feront l’objet

 10   de demandes du Procureur, demandes spécifiques.

 11   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Ceci me

 12   paraît acceptable et puis j’espère que nous aurons le temps

 13   afin d’en discuter vers la fin de la semaine.  Comme ça,

 14   nous pourrons accélérer la procédure.  Je vous fais

 15   confiance pour travailler deux semaines encore après la

 16   semaine du 21.

 17   Me NICE (interprétation) :  Oui.  Je pense que

 18   nous pourrons procéder ainsi, sauf s’il y a des imprévus,

 19   par exemple, si un témoin tombe malade d’une grippe, là, il

 20   s’agit de quelque chose où je ne peux pas avoir d’influence

 21   mais je dois ajouter la chose suivante également.  De

 22   grands changements politiques ont eu lieu dans l’un des

 23   pays auxquels nous nous adressons afin d’obtenir certains

 24   documents.  Je n’ai aucune idée quant à la question de

 25   savoir si leur attitude vis-à-vis de la communication des


Page 14111

  1   documents changera ou pas.

  2   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Il est

  3   vraiment extrêmement important de terminer avec la

  4   présentation des moyens de preuve de l’Accusation le moment

  5   voulu.  Vous avez un certain avantage étant donné que vous

  6   pouvez compter sur la procédure de réplique.  Donc, nous

  7   essayons d’éviter de compliquer les choses outre mesure.

  8   Me NICE (interprétation) :  Oui, certainement pas. 

  9   Il est sûr que je ne prépare aucune demande générale mais

 10   j’ai pensé qu’il fallait attirer l’attention de tout le

 11   monde ici sur le fait que de grands changements politiques

 12   ont eu lieu dans ce pays et puis j’aimerais, avant

 13   d’oublier de mentionner cela, parler également du

 14   calendrier, du délai donné à l’un de ces pays afin de

 15   répondre à l’ordonnance rendue par la Chambre.

 16   Il s’agissait de délais de 28 et de 14 jours.  Je

 17   crois que le dernier délai prévu était le jour du 10 mars,

 18   qui devrait être le dernier jour de la présentation de nos

 19   moyens de preuve.  Si tel est le cas, je ne serai pas ici. 

 20   Donc, j’espère que nous terminerons la présentation des

 21   moyens de preuve de l’Accusation quelques jours auparavant

 22   mais peut-être un représentant de ce pays pourra venir à La

 23   Haye un jour plus tôt, c’est-à-dire jeudi plutôt que le

 24   jour de la fin de la présentation des moyens de preuve de

 25   l’Accusation.


Page 14112

  1   Peut-être nous nous trompons.  Peut-être les Juges

  2   ont souhaité que ce témoin vienne justement le 10, c’est-à-

  3   dire le vendredi.

  4   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous n’avons

  5   pas encore pris une décision à ce sujet mais moi-même, je

  6   me disais que peut-être cette date pourrait être une date

  7   entre les deux présentations de moyens de preuve mais je ne

  8   suis pas sûr.

  9   Me NICE (interprétation) :  Eh bien, si ce jour

 10   coïncide avec le jour de la fin de notre présentation des

 11   moyens de preuve, ceci ne sera pas très convenable pour

 12   nous mais nous verrons encore ce que nous pourrons faire.

 13   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Stein, vous

 14   avez fait une demande concernant les dossiers.  Vous avez

 15   demandé qu’une ordonnance soit délivrée en vertu de

 16   laquelle vous-même et le Procureur devriez vous rencontrer

 17   afin de discuter de cela ainsi qu’avec un représentant du

 18   greffe.  Vous n’avez pas besoin d’ordonnance pour ça.  Nous

 19   vous encourageons à vous rencontrer et si vous rencontrez

 20   des difficultés pour organiser cette réunion, informez-nous

 21   en mais toutes les parties en présence doivent être prêtes

 22   à se rencontrer pour résoudre les obstacles qui se

 23   présentent.

 24   Me STEIN (interprétation) :  C’est peut-être moi

 25   qui ai mal rédigé cette application parce que non seulement


Page 14113

  1   je suis en faveur de cette réunion mais ayant moi-même

  2   parcouru les dossiers sur les villages cette semaine, en

  3   pensant à votre décision de Tulica, en pensant à ce qui a

  4   été accepté et à ce qui a été rejeté, il m’est apparu très

  5   clairement que quiconque travaille avec les classeurs et

  6   les dossiers doit avoir sous les yeux la décision Tulica et

  7   l’ordonnance relative à chaque chasseur pour savoir quelle

  8   est la situation.

  9   Donc, moi, ce que je disais c’est que s’il y avait

 10   un représentant de chaque partie avec le greffe, nous

 11   pourrions récupérer les rapports, les déclarations et les

 12   éléments de preuve qui sont refusés dans chaque classeur

 13   et, donc, nous aurions à la fin un classeur comprenant

 14   uniquement les éléments de preuve qui sont admis.

 15   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui, c’est

 16   exactement ce que nous souhaitons, sauf que la Chambre

 17   souhaite… et je ne pense pas, d’ailleurs, que ça pose aucun

 18   problème du côté de l’Accusation, ni, d’ailleurs, du côté

 19   du greffe.  Donc, cette semaine ou la semaine suivante, il

 20   pourrait peut-être y avoir une réunion et vous pourriez,

 21   d’ailleurs, prendre du temps sur le temps normalement

 22   consacré aux audiences si c’est nécessaire parce que nous

 23   aurons, apparemment, du temps disponible.

 24   Je serais reconnaissant aux parties en présence de

 25   faire une liste des questions administratives qui doivent


Page 14114

  1   être encore résolues et communiquer cette liste aux

  2   juristes de la Chambre afin que nous sachions exactement ce

  3   qui reste à faire avant le 10 mars.

  4   Me STEIN (interprétation) :  Oui, justement, et

  5   comme je l’ai dit ce matin, nous sommes prêts à présenter à

  6   la Chambre ce que nous avons déjà présenté à l’Accusation,

  7   notre analyse des 46 témoins que l’on souhaite entendre par

  8   voie de lecture de leurs comptes rendus d’audience dans une

  9   affaire précédente.  Nous avons déjà un document à ce sujet

 10   qui présente la position de l’Accusation, notre position et

 11   celle de Monsieur Cerkez.

 12   Nous savions qu’ils s’opposaient à 13 de ces

 13   témoins et, donc, j’ai communiqué notre document à

 14   l’Accusation et nous espérons que cela pourra aider tout le

 15   monde.

 16   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Plus tôt

 17   nous aurons ce document, mieux cela vaudra.

 18   Me STEIN (interprétation) :  Bien entendu !  Donc,

 19   nous avons étudié avec attention les dossiers consacrés aux

 20   villages et nous essayons de déterminer les pièces à

 21   conviction que nous rejetons et celles que nous acceptons.

 22   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le mieux à

 23   faire peut-être c’est d’essayer d’identifier ce qui donne

 24   encore lieu à litige.

 25   Me STEIN (interprétation) :  Oui.  D’autre part,


Page 14115

  1   en ce qui concerne les documents relatifs à l’existence

  2   d’un conflit armé international, on nous a communiqué six

  3   classeurs.  Nous les avons parcourus avec attention mais

  4   c’est très difficile parce que, surtout pour le dernier

  5   classeur, il n’y a pas de sommaire.  C’est un petit peu

  6   mélangé.  Donc, nous nous sommes efforcés de rétablir un

  7   peu l’ordre là-dedans.

  8   Ce qui m’amène au dernier point au sujet de

  9   l’expert en cartographie.  Vous avez dit qu’une carte

 10   indiquant les lignes de front serait particulièrement

 11   utile.  Le problème c’est que le témoin qui a été choisi

 12   par l’Accusation dans ce sens allait bien au-delà de la

 13   détermination des lignes de front mais a parlé également

 14   des rapports de force entre les factions belligérantes,

 15   HVO, armée de Bosnie-Herzégovine, et en le faisant, a

 16   utilisé le témoignage de Blaskic dans son rapport.

 17   Comme nous l’avons fait pour un autre témoin

 18   expert, nous avons surligné les parties du rapport de cet

 19   expert qui sont tirées de la déposition du Général Blaskic.

 20   Donc, nous avons, d’autre part, demandé

 21   précédemment à Monsieur Nice de nous communiquer le CV de

 22   ce témoin.  Or, nous avons reçu une lettre de Monsieur

 23   Lopez-Terres nous indiquant que ça ne serait pas le cas

 24   pour ce démographe qui nous servira d’expert en matière de

 25   cartographie.  Donc, nous vous demandons de vous pencher


Page 14116

  1   sur cette question.

  2   Enfin, je vais parler de l’utilisation que je

  3   viens d’évoquer pour ce qui est du cartographe, de

  4   l’utilisation par l’Accusation de la déposition du Colonel

  5   Blaskic ou du Général Blaskic, plutôt, dont l’Accusation

  6   souhaite utiliser certaines parties.

  7   Nous ne disposons pas de la totalité de ce

  8   témoignage, une déposition qui a duré 30 jours et qui

  9   représente 6 000 pages. 

 10   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Donc, vous

 11   nous dites que 6 000 pages sur 12 000 pages de comptes

 12   rendus d’audience sont occupées par la déposition du

 13   Colonel Blaskic ?

 14   Me STEIN (interprétation) :  C’est exact, à 100

 15   pages près.

 16   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Vous demandez,

 17   donc, que ce document soit admis comme élément de preuve ?

 18   Me STEIN (interprétation) :  L’Accusation souhaite

 19   pouvoir utiliser certaines parties de cette déposition et

 20   cela va, je pense, se concrétiser au fur et à mesure que

 21   nous nous rapprocherons du 10 mars.  Bien entendu, nous ne

 22   sommes pas dans la même position que l’Accusation.  Nous

 23   n’avons pas toute la déposition du Général Blaskic

 24   puisqu’une partie a été faite à huis clos.

 25   Donc, ils ont une position qui est beaucoup plus


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  1   favorable que la nôtre.

  2   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Mikulicic.

  3   Me MIKULICIC (interprétation) :  Si vous me le

  4   permettez, Monsieur le Président, la Défense de Monsieur

  5   Cerkez a exactement la même attitude que celle exprimée par

  6   mon collègue, Me Stein.  Donc, nous n’avons rien à ajouter

  7   à ce sujet.

  8   Vraiment, nous ne souhaitons pas nous plaindre

  9   sans aucune raison, ni être difficiles mais nous croyons

 10   que la Chambre comprend quelle est la disproportion dans

 11   cette affaire dans laquelle est placée la Défense de

 12   Monsieur Cerkez compte tenu de tous les documents reçus

 13   étant donné que nous constituons une petite équipe.

 14   Ce que j’essaie de dire c’est que nous avons

 15   besoin de beaucoup plus de temps que la Défense de Monsieur

 16   Kordic.  Donc, je vous prie de bien vouloir prendre en

 17   considération les problèmes que nous rencontrons. 

 18   Peut-être vous croirez parfois que nous sommes

 19   difficiles avec certaines de nos demandes mais nous nous

 20   trouvons face à certaines limitations simplement physiques. 

 21   C’est tout ce que je souhaitais ajouter.

 22   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Demain et au cours de la semaine,

 23   j’espère que nous pourrons avoir des précisions quant au calendrier et

 24   ce qui va se passer entre la fin de la présentation des témoins de

 25   l’Accusation et ceux de la Défense.  Il y aura une audience au cours de


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  1   laquelle les parties présenteront leurs arguments.  Il faudra penser à

  2   la date de cette audience et puis il y aura aussi les audiences qui

  3   vont avoir lieu pendant l’été.  Nous espérons pouvoir les déterminer.

  4   Me NICE (interprétation) :  Oui.  Une seule question, si vous me le

  5   permettez, relative aux comptes rendus d’audience.  S’il est décidé que

  6   certains témoins doivent venir en personne, en chair et en os, à ce

  7   moment-là, il faut que nous les convoquions.  Donc, peut-être

  8   pourrions-nous y penser cette semaine et ensuite, traiter des témoins

  9   réfractaires et des témoins décédés la semaine d’après.

 10   M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Eh bien, tout le monde travaillera

 11   dans un esprit de coopération pour faire avancer les choses et la

 12   Chambre prendra les décisions qui s’imposent.

 13   Nous nous retrouvons demain matin à 9 h 30.

 14   --- L’audience est levée à 12 h 02

 15   pour reprendre le mardi

 16   15 février 2000 à 9 h 30

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