Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1       Le lundi 6 mars 2000

  2               [Huis clos partiel]

  3               [Les accusés entrent dans la Cour]

  4               --- L’audience débute à 9 h 33

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  8               [Audience publique]

  9         M. LE PRÉSIDENT :  Faites lire au témoin la

 10   déclaration solennelle, s’il vous plaît.

 11         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 12   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 13   rien que la vérité.

 14         M. LE PRÉSIDENT :  Veuillez vous asseoir.

 15         TÉMOIN :  TÉMOIN AN (ASSERMENTÉ)

 16         INTERROGÉ PAR Me SCOTT (interprétation) :

 17         Q.    Monsieur le Témoin, l’huissier va vous

 18   présenter une feuille de papier sur laquelle figure votre

 19   nom.  Surtout ne prononcer pas votre nom à voix haute mais

 20   regarder cette feuille de papier et dites-nous si c’est

 21   bien votre nom qui y figure.

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Je dois également vous dire, Monsieur le

 24   Témoin, qu’on vous a accordé les mesures de protection que

 25   vous aviez demandées.  Donc, les traits de votre visage


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  1   vont être déformés sur l’écran ainsi que votre voix.  Nous

  2   ferons référence à vous-même en utilisant le pseudonyme

  3   « AN ».  Il s’agit là de vous accorder les mesures de

  4   protection que vous avez demandées.

  5         R.    Oui, j’ai compris.

  6         Q.    Avant que nous commencions, je dois vous dire

  7   que je vais vous guider dans la plus grande partie de votre

  8   déposition, c’est-à-dire que dans la plupart des cas, il

  9   s’agira uniquement pour vous de confirmer que les

 10   déclarations que je lis sont bien exactes, mais si vous

 11   souhaitez ajouter quelque chose, si vous estimez qu’il y a

 12   quelque chose que vous expliquiez plus en détail, vous

 13   pouvez tout à fait le faire.  Vous me comprenez ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    [expurgée]

 16   [expurgée] ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    Avant le conflit, vous habitiez avec vos

 19   parents et vos deux frères à Tulica.  Le village de Tulica

 20   se situe à environ 15 kilomètres au nord de Kiseljak. 

 21   Avant l’attaque sur Tulica le 12 juin 1993, ce village

 22   était un village dont la population était à 100 pour cent

 23   musulmane pratiquement puisqu’il n’y avait que 15 Croates

 24   qui habitaient dans le village :  Est-ce bien exact ?

 25         R.    C’est exact.


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  1         Q.    En tout, il y avait environ 600 personnes qui

  2   habitaient dans le village, dont 120 maisons environ ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    À l’exception de Tulica, est-il exact que la

  5   plupart des autres villages se trouvant dans la région,

  6   tels que Lepenica, étaient des villages croates et qu’il y

  7   avait également un petit nombre de villages serbes dans la

  8   région ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    En 1992, vous étiez membre de la Ligue

 11   patriotique et vous étiez également membre des forces de

 12   police dans la municipalité de Kiseljak, qui à l’époque

 13   était à la fois croate et musulmane.  On comptait environ

 14   30 policiers militaires croates et environ six ou sept

 15   policiers militaires musulmans : Est-ce bien exact ?

 16         R.    C’est exact.

 17         Q.    Est-il également exact que le chef des

 18   officiers de police du côté musulman était un homme du nom

 19   de Esef Bajraktarevic ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Vous étiez donc membre des forces de police

 22   militaire, vous travailliez à la caserne de Kiseljak à la

 23   réception, et parfois vous travailliez en tant qu’agent de

 24   la circulation vous avez également eu des activités au

 25   centre de communication :  C’est bien exact ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Ici, je parle de la période qui s’est écoulée

  3   entre avril et mai 1992 : C’est bien exact ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Quatre ou cinq mois avant l’offensive du HVO

  6   du 12 juin 1993, il y a eu un certain nombre d’incidents

  7   mineurs dans la zone.  Le premier a eu lieu près de Brnjaci

  8   où se trouve des villages musulmans entre Kobiljaca et

  9   Kiseljak.  Les Croates y avaient établi des points de

 10   contrôle en 1992 :  C’est bien exact ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Certains des musulmans de Kiseljak ont été

 13   victimes de mauvais traitements, ont été passés à tabac par

 14   des soldats du HVO au point de contrôle et certains

 15   commerces musulmans de Kiseljak ont été pillés par des

 16   soldats du HVO : Est-ce bien exact ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    Vers avril et mai 1992, les Croates ont

 19   commencé à arborer des insignes du HVO et ont établi de

 20   nouveaux points de contrôle, notamment sur la route

 21   principale menant à Ilidza.  Seuls les Croates étaient

 22   autorisés à passer ce point de contrôle.  Ils

 23   communiquaient avec les Serbes qui habitaient à Ilidza et

 24   il y avait des relations d’amitié et de coopération entre

 25   les Croates et les Serbes dans cette région ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    De manière plus générale, je voudrais savoir

  3   si pendant la période dont nous allons parler aujourd’hui

  4   et dans la zone de Tulica, est-ce que vous avez constaté

  5   que les Croates et les Serbes avaient des relations

  6   d’amitié et de coopération ou bien est-ce qu’ils se

  7   combattaient ?

  8         R.    Mais ils coopéraient étant donné que Tulica

  9   est entre Kobiljaca, Lepenica et Han Ploca.  Donc, ils

 10   coopéraient.

 11         Q.    [Hors microphone]  À votre connaissance, au

 12   moment de l’attaque sur Tulica en juin 1993, avez-vous

 13   constaté la poursuite de la coopération entre les Croates

 14   et les Serbes dans la zone ?

 15         R.    Oui.  Nous avons pu constater que le village

 16   était pilonné, même avant le 12 juin 1993.  C’est à partir

 17   de Buhotine et de Vela, au moment où les Serbes tenaient

 18   ces positions.  Ce jour même où le HVO a attaqué Tulica, on

 19   a également pilonné de Vela, de Tulica, des positions

 20   serbes.

 21         Q.    Excusez-moi pour le micro, mais on m’a dit

 22   qu’il fallait que j’éteigne mon micro lorsque le témoin me

 23   donne des réponses un peu plus détaillées, pour des raisons

 24   techniques.  Mais poursuivons.

 25         Est-il exact qu’au cours de l’été 1992, il y avait


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  1   un point de contrôle  au carrefour à Han Ploca ?  Vous-même

  2   ainsi que Muhadis Tulic, Nail Fazlibacic, Sead Sinanbasic,

  3   Nusret Masin et Meho Gruso, ainsi que peut-être deux autres

  4   personnes, vous vous êtes rendus à Kiseljak.  Vous avez

  5   passé le point de contrôle de Han Ploca et à ce moment-là,

  6   vous avez vu un commandant du HVO dont vous saviez qu’il

  7   s’appelait Mato Lucic et il vous a dépassé dans une

  8   Volkswagen Golf : Est-ce bien exact ?

  9         R.    C’est exact.

 10         Q.    Vous alliez tous deux dans la direction de

 11   Brnjaci, vous-même ainsi que le véhicule de Mato Lucic ?

 12         R.    C’est exact.

 13         Q.    Dix minutes plus tard environ vers 20 h 00,

 14   vous-même et vos compagnons avaient été arrêtés par des

 15   soldats du HVO à Brnjaci.  Environ 15 ou 20 soldats du HVO

 16   vous ont désarmé et ont arrêté votre groupe, n’est-ce pas ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    On vous a amené à Kiseljak à la caserne qui

 19   s’y trouvait.  Puisque qu’on savait que Blaskic et Rajic

 20   étaient les commandants du HVO de Kiseljak, vous avez pensé

 21   que c’était Blaskic et Rajic qui avaient ordonné votre

 22   arrestation, n’est-ce pas ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Du fait de votre travail dans la police

 25   militaire à la caserne de Kiseljak, vous saviez que Blaskic


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  1   et Rajic commandaient ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Est-il exact que vous avez non seulement vu

  4   vous-même mais qu’également, un des commandants de la

  5   police militaire du HVO, Steko Marinko, vous a dit que

  6   beaucoup de gens venaient à la caserne de Kiseljak pour

  7   voir, pour rencontrer le Colonel Blaskic et Rajic : Est-ce

  8   bien exact ?

  9         R.    C’est exact, et non seulement qu’il l’a dit

 10   mais moi, j’ai travaillé au standard à Kiseljak et j’ai pu

 11   le voir de mes propres yeux.

 12         Q.    Les bureaux de Monsieur Rajic et de Monsieur

 13   Blaskic se trouvaient à seulement 200 mètres de la

 14   réception, n’est-ce pas ?

 15         R.    C’est cela.

 16         Q.    Vous êtes donc restés à la caserne de

 17   Kiseljak pendant environ 20 minutes et à ce moment-là,

 18   vous-même et les autres musulmans qui étaient avec vous ont

 19   été amenés au commissariat de police de Busovaca :  C’est

 20   bien exact ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Avez-vous compris pourquoi on vous a amené à

 23   Busovaca à ce moment-là, pourquoi on ne vous a pas gardé à

 24   Kiseljak ?

 25         R.    Non.  Je ne sais pas.


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  1         Q.    Est-il exact qu’à ce moment-là, et on parle

  2   de l’été 1992, est-il exact qu’à ce moment-là, les

  3   relations entre Croates et musulmans dans la zone de

  4   Busovaca étaient bien pires que ne l’était la situation

  5   dans la zone de Kiseljak et ceci était reconnu de tous ?

  6         R.    Pendant que j’étais en détention à Busovaca,

  7   j’ai pu constater que les relations se sont détériorées,

  8   que les relations étaient pires qu’à Kiseljak.

  9         Q.    Pour autant que vous vous en souveniez, au

 10   moment où donc vous avez été détenu à Busovaca, est-il

 11   exact que pratiquement tous les musulmans avaient été démis

 12   de leurs fonctions au sein des forces de police de

 13   Busovaca ?

 14         R.    Pendant ma détention, aucun musulman n’était

 15   dans le poste de police de Busovaca.

 16         Q.    Vous-même et les autres avaient été menottés,

 17   on vous a placé ensemble dans une cellule où vous êtes

 18   restés pendant 12 jours, vous aviez les mains menottées

 19   derrière le dos, et ceci pendant pratiquement toute cette

 20   période ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    À plusieurs reprises, vous-même et les autres

 23   avaient été interrogés, certains des membres de la police

 24   du HVO ou des soldats du HVO vous ont dit qu’il y avait un

 25   conflit entre Croates et musulmans à Kacuni et que si les


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  1   Croates étaient attaqués et blessés, vous-même et vos

  2   compagnons seriez tués ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Le quatrième ou le cinquième jour de votre

  5   détention, on vous a amené près du commandant du HVO qui

  6   s’appelait Vlado et on vous a interrogé : Est-ce bien

  7   exact ?

  8         R.    Oui, c’est exact.  C’est un bureau qui se

  9   trouve à l’étage du poste de police à Busovaca.

 10         Q.    Pouvez-vous nous dire si Vlado c’était son

 11   nom de famille ou son prénom ?

 12         R.    C’est son prénom, à ma connaissance.

 13         Q.    Ce Vlado, au moment donc où vous avez été

 14   interrogé, portait un uniforme de camouflage avec des

 15   insignes du HVO : C’est bien exact ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Maintenant, Témoin AN, je vais vous demander,

 18   pour les questions qui vont venir maintenant, d’essayer de

 19   nous raconter ce qui s’est passé en utilisant vos propres

 20   mots.

 21         Donc, le septième jour de votre captivité, est-ce

 22   qu’un policier croate est venu dans votre cellule, la

 23   cellule où vous étiez détenus, vous a ordonnés de quitter

 24   la cellule et vous a fait mettre en ligne à l’extérieur de

 25   la cellule ?


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  1         R.    Oui.  Ce policier, si mes souvenirs sont bons

  2   – je sais qu’il était surnommé Jésus – il était venu dans

  3   ma cellule, c’est vrai, et il m’a dit… il nous a demandé de

  4   sortir, de nous aligner.  Il a dit qu’il y a des messieurs

  5   qui viennent nous voir.  Nous étions sept.  Nous sommes

  6   sortis de cette cellule, nous nous sommes alignés tout de

  7   suite contre le mur dans le couloir dans le poste de

  8   police, et cinq minutes après, c’est Monsieur Kordic et

  9   deux gardes qui sont arrivés.

 10         Je connaissais un des deux gardes car il avait une

 11   cicatrice sur le visage.  Pendant que je travaillais à

 12   Kiseljak à la caserne au bureau d’accueil, ils se sont

 13   rendus une dizaine de fois dans cette caserne et c’est la

 14   raison pour laquelle j’ai pu le reconnaître… les

 15   reconnaître.

 16         Q.    Avant de vous laisser poursuivre, je voudrais

 17   vous poser la question suivante :  Quand l’officier de

 18   police est venu, vous a fait sortir de la cellule, vous a

 19   dit que quelqu’un venait, est-ce que vous vous souvenez

 20   s’il a dit à peu près qu’un monsieur venait vous voir ? 

 21   Est-ce que c’est bien ce qu’il a dit ?

 22         R.    Oui.  Si je me souviens bien, on a

 23   dit « messieurs », et les messieurs c’était ceux qui

 24   occupaient des postes de commandant ou ceux qui occupaient

 25   des postes dans la chaîne de commandement, dans la chaîne


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  1   hiérarchique plus élevée.

  2         Q.    Je voulais justement avoir des

  3   éclaircissements à ce sujet.  Dans votre langue quand on

  4   utilise ce genre de terme pour désigner quelqu’un, est-ce

  5   que cela signifie que la personne en question est quelqu’un

  6   qui a un statut particulier ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Bien !  Donc, vous nous dites que Monsieur

  9   Kordic s’est approché de vous, accompagné de ses gardes du

 10   corps.  Que s’est-il passé ensuite ?

 11         R.    Ils nous ont regardé et celui qui était un

 12   garde de corps, qui était donc avec les autres, a cherché

 13   quelqu’un, et puis il a tout simplement prononcé une

 14   phrase.  Il a dit : « Il n’est pas ici. »

 15         Q.    Monsieur le Témoin, est-ce que vous aviez

 16   déjà vu Monsieur Kordic avant à Busovaca, et si c’est le

 17   cas, où est-ce que vous l’aviez vu ?

 18         R.    Je ne l’ai pas vu à Busovaca avant mais

 19   j’avais l’occasion de le voir à Kiseljak pendant que j’ai

 20   travaillé au bureau d’accueil à Kiseljak.  C’est là-bas où

 21   j’ai eu l’occasion de le voir.

 22         Q.    Vous travailliez à l’accueil à la caserne de

 23   Kiseljak, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    À peu près combien de fois l’avez-vous vu à


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  1   la caserne de Kiseljak ?

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Objection, Monsieur

  3   le Président.  Le témoin nous a déjà dit qu’il l’avait vu

  4   environ 10 fois.

  5         Me SCOTT (interprétation) :  Si c’est exact,

  6   Monsieur le Président, je ne l’ai pas entendu.

  7         M. LE PRÉSIDENT :  Oui.  Moi non plus, je ne l’ai

  8   pas entendu, mais il peut nous le répéter.  Cela n’engage à

  9   rien.  Vous pouvez peut-être reposer la question, Monsieur

 10   Scott.

 11         Me SCOTT (interprétation) : 

 12         Q.    Pouvez-vous nous dire, Monsieur le Témoin,

 13   alors que vous travailliez à la caserne de Kiseljak,

 14   pouvez-vous donc nous dire combien de fois vous avez vu

 15   Monsieur Kordic y venir ?

 16         R.    Une dizaine de fois approximativement, peut-

 17   être même un peu plus, parce que chaque fois quand Hrvoje

 18   Krstic, un autre surnommé Oluja et Kordic se rendaient dans

 19   ces bureaux pour voir Tihomir Blaskic et Ivica Rajic.

 20         Q.    Pouvez-vous nous dire ce que vous pensiez de

 21   ce Monsieur Krstic ?  À votre idée, quel était son poste ?

 22         R.    Je savais qu’il était un des fondateurs du

 23   HDZ et je sais qu’il occupait un poste élevé au sein de la

 24   chaîne de commandement parce que c’est dans ce bâtiment de

 25   Kiseljak qu’il n’y avait que des dirigeants et des membres


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  1   du QG qui pouvaient s’y rendre.

  2         Q.    Donc, vous travailliez à l’accueil à la

  3   caserne.  Est-ce que vous saviez de ce fait si lorsque

  4   Monsieur Krstic ou Monsieur Kordic venaient, il était

  5   commun que l’on annonce par téléphone ou d’une autre

  6   manière leur arrivée ?

  7         R.    Il y avait bien évidemment une certaine

  8   procédure à suivre.  Au moment où ils se rendaient, il

  9   fallait donc qu’ils précisent s’ils vont chez Blaskic ou

 10   Rajic et ensuite c’est par téléphone que nous appelons le

 11   bureau à partir du standard et nous demandons si la

 12   personne en question est dans son bureau.

 13         Q.    Est-ce que vous pouvez nous parler de la

 14   nature générale des réunions auxquelles participaient ces

 15   personnes lorsqu’elles rencontraient Monsieur Rajic et le

 16   Colonel Blaskic ?

 17         R.    Non.  Je ne pouvais pas savoir grand-chose ni

 18   entendre grand-chose.  Moi, je savais que ce sont les

 19   membres du commandement qui s’y rendaient ainsi que tous

 20   ceux qui organisaient tout ce qui se passait.

 21         Q.    Pouvez-vous nous dire :  À cette époque, pour

 22   vous, quel était le poste, quel était le rôle de Dario

 23   Kordic ?

 24         R.    À cette époque-là, je savais que tout comme

 25   Blaskic, il occupait un poste important à Busovaca aussi


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  1   bien du point de vue militaire que du point de vue civil,

  2   et je veux parler des structures civiles du HDZ.

  3         Q.    Dans l’apparence de Monsieur Kordic, de

  4   Monsieur Blaskic, et caetera, je veux parler de leur tenue

  5   vestimentaire, de leur manière de se déplacer donc, est-ce

  6   qu’il y avait quoi que ce soit là-dedans qui pouvait vous

  7   indiquer qu’il s’agissait de personnes qui occupaient une

  8   position importante dans la hiérarchie ?

  9         R.    À cette époque-là, ils portaient des

 10   uniformes tout neufs, ils étaient escortés par les gardes

 11   de corps, ils avaient des véhicules également qui étaient

 12   des voitures neuves.  Par conséquent, on était au clair. 

 13   On savait qu’il s’agissait des personnes-clés.

 14         Q.    Quand Monsieur Kordic est venu là où vous

 15   étiez détenu avec vos compagnons à Busovaca, à quelle

 16   distance de vous s’est-il tenu lorsque lui-même et ses

 17   gardes du corps sont venus vous voir, vous inspecter ?

 18         R.    C’était à deux mètres à peu près parce que

 19   c’est un couloir qui n’est pas très long, une dizaine de

 20   mètres, et ils se trouvaient au rez-de-chaussée.

 21         Q.    Je voudrais, Monsieur le Témoin, que vous

 22   nous disiez si dans ce prétoire, vous voyez la personne que

 23   vous avez vue à la caserne de Kiseljak ainsi que la

 24   personne que vous avez vue ce jour-là à Busovaca.  Est-ce

 25   que vous voyez cette personne dans le prétoire ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Pouvez-vous nous l’indiquer du doigt, s’il

  3   vous plaît ?

  4         R.    Oui, je peux.  [Indication du témoin]

  5         Me SCOTT (interprétation) :  Je souhaiterais que

  6   l’on indique au compte rendu que le témoin a identifié

  7   l’accusé Dario Kordic.

  8         Q.    Donc, à ce moment-là, vous avez entendu, vous

  9   nous avez dit, un garde du corps dire : « Il n’est pas

 10   là », et ensuite, Monsieur Kordic et les gardes du corps

 11   sont partis : C’est bien exact ?

 12         R.    C’est exact et puis ce garde du corps qui

 13   avait prononcé cette phrase, je le reconnais très bien

 14   parce qu’il avait une très grande cicatrice sur le visage. 

 15   Moi, je l’ai reconnu.

 16         Q.    Est-ce que vous avez revu cette personne qui

 17   avait une cicatrice ?  Est-ce que vous l’avez revue

 18   ultérieurement ?

 19         R.    Non, jamais.

 20         Q.    Bien !  Poursuivons.  Le dernier jour,

 21   environ le douzième jour de votre détention à Busovaca,

 22   vous-même et les autres avez reçu l’ordre d’aller à l’étage

 23   pour rencontrer le commandant, Vlado.  Il vous a dit que

 24   vous alliez tous être libérés, les cinq personnes qui

 25   constituaient votre groupe, et le HVO donc vous a amené à


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  1   Kiseljak et de là, vous êtes retourné à Tulica : C’est bien

  2   exact ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Est-il exact que vous saviez que le Colonel

  5   Blaskic et Ivica Rajic étaient les commandants suprêmes,

  6   entre guillemets, des unités du HVO à Kiseljak ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Parmi ces unités se trouvait une unité

  9   portant le nom de Vrazija Divizija ou la Division du

 10   Diable : C’est bien exact ?

 11         R.    Oui.  C’est un groupe de sabotage et c’est un

 12   groupe qui a été mis sur place dès le début de cette

 13   guerre.

 14         Q.    Nous allons peut-être en reparler

 15   ultérieurement, mais vous venez de parler d’une « unité de

 16   sabotage ».  Pour vous, qu’est-ce que ça veut dire et

 17   quelle était la signification de ce genre d’unité ? 

 18   Qu’est-ce que c’était qu’une unité de sabotage à l’époque

 19   et quelles étaient ses missions ?

 20         R.    Cette unité de sabotage d’abord était connue

 21   par la composition.  C’était les extrémistes les plus

 22   grands qui en faisaient partie et moi, je connaissais

 23   également Pijuk, Tibor Prajo, Cufija et les autres.  Ce

 24   sont les personnes extrémistes que je connaissais déjà

 25   depuis bien longtemps et je le répète, c’était des


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  1   extrémistes de l’époque connus et puis c’est une unité

  2   qu’on appelait de sabotage qui normalement devait organiser

  3   des sabotages, des attaques sur les villages.  Voilà !

  4         Q.    Est-il exact que la plupart des membres de la

  5   Division du Diable avaient de 20 à 27 ans, ils semblaient

  6   être bien entraînés, armés et en bonne condition physique ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Il était reconnu que la plupart d’entre eux

  9   avaient été entraînés à Mostar ?

 10         R.    C’est cela.

 11         Q.    L’un des commandants, je ne dis pas le

 12   commandant général, mais un des commandants et des

 13   officiers commandants de la Division du Diable était un

 14   dénommé Mato Lucic et son surnom, c’était Maturice : C’est

 15   bien exact ?

 16         R.    C’est exact.

 17         Q.    Il y avait également un dénommé Como qui

 18   était l’un des officiers de cette division : C’est bien

 19   exact ?

 20         R.    Non, Como.  C’était Como.

 21         Q.    Je vous prie de m’excuser de ma

 22   prononciation.  Como.  Mais quoi qu’il en soit, c’était

 23   également un officier de la Division du Diable, n’est-ce

 24   pas ?

 25         R.    Oui.  Quand Lucic a été tué, donc Mato Lucic


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  1   surnommé Maturice, Como et les autres ont établi cette

  2   unité de sabotage surnommée Maturice.

  3         Q.    Le groupe des Maturices s’est baptisé ainsi

  4   en hommage au commandant Maturice qui avait été tué : C’est

  5   ça ?

  6         R.    C’est exact, mais de toute façon, ils

  7   pouvaient passer dans un autre groupe, les Apôtres,

  8   Division du Diable, Vitezovis ou Maturices, et cætera.  Ils

  9   pouvaient donc passer d’un groupe à l’autre.  Si jamais il

 10   y avait quelque chose de grande responsabilité, à ce

 11   moment-là, ils pouvaient être transférés d’un groupe à

 12   l’autre.

 13         Q.    Dans chacun de ces groupes que vous avez

 14   mentionnés, y compris les Maturices, les Apostolis ou

 15   Apôtres, donc, il s’agissait là d’unités spécialisées dans

 16   le sabotage : C’est bien exact ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    Vous avez vu Ivica Rajic dans la rue à

 19   Kiseljak environ trois mois après votre libération de

 20   Busovaca, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous saviez que Monsieur Rajic, c’était le

 23   commandant en chef dans la zone de Kiseljak aux côtés de

 24   Monsieur Blaskic : C’est bien exact ?

 25         R.    Oui, oui.


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  1         Q.    Bien !  Passons maintenant à mai 1993. 

  2   Savez-vous qu’à la mi-mai 1993, le HVO a entrepris

  3   d’attaquer des villages musulmans autour de Kiseljak, y

  4   compris notamment Rotilj, Gomionica, Visnjica, Duhri et

  5   Topolje ?

  6         R.    Oui.  On a pu l’entendre.  Ce n’est pas loin

  7   par rapport à nous.  Nous avons pu entendre tout cela et

  8   puis ensuite, il y avait des points de contrôle qui ont été

  9   dressés.  Les musulmans ne pouvaient pas par exemple se

 10   déplacer.  On ne pouvait plus rentrer à Kiseljak par

 11   exemple.

 12         Q.    Pendant cette période, est-il exact qu’à

 13   plusieurs reprises, vous étiez membre de l’armée de Bosnie-

 14   Herzégovine et vous vous trouviez sur la ligne de front

 15   face aux forces serbes, mais vos amis et les membres de

 16   votre famille vous ont tenu informé de ce qui se passait à

 17   Kiseljak et dans les environs, n’est-ce pas ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Justement, en parlant de cette période de

 20   temps que vous avez passée sur la ligne de front, pouvez-

 21   vous nous confirmer que sur cette ligne de front où vous

 22   vous trouviez, les seules troupes qui s’opposaient aux

 23   Serbes étaient des troupes de l’armée de Bosnie-Herzégovine

 24   et qu’il n’y avait pas de Croates, n’est-ce pas ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Dans la zone où vous vous trouviez, vous

  2   n’avez pas eu l’impression que les Croates et les Serbes

  3   combattaient, mais vous avez plutôt eu l’impression qu’il y

  4   avait entre eux une sorte de pacte de non-agression et

  5   qu’ils coopéraient : C’est bien exact ?

  6         R.    Oui, oui, c’est cela.

  7         Q.    Maintenant, passons au 12 juin 1993.  Ce

  8   jour-là, vous avez eu la chance de pouvoir rentrer à

  9   Tulica.  Vous êtes revenu donc de la ligne de front pour

 10   voir vos parents et vous reposer ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Tulica, à l’époque, était située entre les

 13   positions serbes et les positions tenues par le HVO et,

 14   d’ailleurs, à partir de novembre 1992 environ et

 15   ultérieurement, les Serbes tiraient souvent dans le village

 16   et ceci a entraîné la mort d’un homme et la destruction de

 17   plusieurs granges : C’est bien exact ?

 18         R.    Oui, c’est exact.

 19         Q.    Le 12 juin 1993, dans la matinée, vers midi,

 20   Tulica a été pilonnée.  Le pilonnage s’est arrêté, puis a

 21   repris.  Vous vous êtes rendu compte que les obus venaient

 22   de la Kobiljaca et très probablement des villages de Vela

 23   et Buhotine.  Le deuxième pilonnage a été beaucoup plus

 24   intense que le premier.  Ensuite, une batterie de mortiers

 25   a commencé à tirer et vous avez été en mesure de compter


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  1   environ 200 obus qui ont été tirés sur votre village ?

  2         R.    Oui, mais je ne dirais pas probablement mais

  3   c’était quelque chose qui se passait normalement.  Même

  4   auparavant, on nous pilonnait de ces positions et la

  5   population de ce village avait pris déjà l’habitude, ils

  6   savaient que de Vela, de Buhotine et d’autres positions

  7   serbes, on nous pilonnait.

  8         Q.    Est-il exact de dire que ce matin-là, on

  9   n’était pas sûr au début si l’offensive venait du côté

 10   croate, du côté serbe ou si elle venait des deux côtés ?

 11         R.    Non, mais personne n’était au clair au début

 12   et pendant l’attaque, la population a été arrêtée et

 13   rassemblée à un seul endroit et c’est comme ça que les

 14   villageois se sont trouvés regroupés à un seul endroit.

 15         Q.    Nous y reviendrons en temps utile.  À peu

 16   près à ce moment-là, après le pilonnage, il a semblé que

 17   les soldats du HVO ont attaqué le village.  Ils venaient de

 18   directions différentes.  Vous vous êtes rendu en direction

 19   d’une maison de Tulica pour y rechercher votre fusil

 20   militaire où vous l’aviez laissé après votre retour de la

 21   ligne de front, mais avant de pouvoir atteindre cette

 22   maison, vous avez vu trois soldats armés en uniformes de

 23   camouflage.  Ils descendaient la route.  Ils vous ont donné

 24   l’ordre de vous arrêter, mais vous, vous avez rebroussé

 25   chemin et vous avez fui en courant.  À ce moment-là, ils


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  1   ont tiré dans votre direction mais vous êtes parvenu à vous

  2   échapper, n’est-ce pas ?

  3         R.    Oui, vous avez raison.

  4         Q.    Quelques minutes plus tard, toujours à

  5   Tulica, vous étiez près d’une maison et là vous avez vu le

  6   fils d’un Croate sortir de cette maison en uniforme de

  7   camouflage avec des insignes du HVO et une Kalashnikov à la

  8   main.  Il avait également un brassard blanc autour du bras

  9   gauche.  Il a pointé l’arme dans votre direction, ce qui

 10   vous a paru un petit peu étrange parce que vous aviez bu un

 11   verre avec lui à Kiseljak quelques semaines auparavant ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Et vous saviez qu’il était soldat du HVO,

 14   n’est-ce pas ?

 15         R.    Oui.  Je savais qu’il était soldat du HVO et

 16   son père travaillait ensemble avec moi dans la même

 17   société.

 18         Q.    Donc ensuite, ce soldat du HVO vous a ordonné

 19   de vous arrêter.  En fait, il vous a arrêté carrément et il

 20   vous a emmené à peu près à 100 mètres de là où il y avait

 21   un groupe important de villageois de Tulica, des hommes,

 22   des femmes et des enfants.  Donc, ces gens étaient

 23   rassemblés et placés sous la garde de soldats du HVO.  Ceci

 24   se situait près d’une sorte d’épicerie.  C’est bien exact ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Certains des soldats du HVO étaient membres

  2   de l’unité spécialisée dans le sabotage appelée la Division

  3   du Diable et les soldats de cette unité… mais nous en avons

  4   déjà parlé.  Enfin, il s’agissait de troupes d’assaut,

  5   n’est-ce pas ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Un point d’information au sujet de ces

  8   unités.  Je ne sais pas si vous l’avez déjà mentionné mais

  9   ces unités étaient généralement constituées de 40 à 50

 10   hommes, n’est-ce pas ?

 11         R.    Oui.  C’était des unités de sabotage, entre

 12   40 et 50 personnes, mais c’était des unités qui étaient

 13   restreintes, disons, petites.

 14         Q.    Avez-vous constaté, avez-vous pu voir pendant

 15   la guerre en Bosnie, pour nous donner une idée plus

 16   générale de la situation, avez-vous constaté que les unités

 17   du type de la Division du Diable, c’était les troupes

 18   d’assaut, alors que les unités plus classiques du HVO

 19   jouaient plutôt un rôle d’appui ou avaient pour mission de

 20   tenir des positions ?

 21         R.    Oui.  Au moment de l’attaque sur le village

 22   Tulica, toute la ligne a été encerclée.  Tout le long de la

 23   ligne, il y avait des soldats, si je peux dire, simples du

 24   HVO et il n’y avait qu’un secteur face aux Serbes qui était

 25   libéré pour que les civils puissent s’échapper par cette


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  1   route.  Tout le reste était encerclé.  Ostrik, Pljesivica

  2   et d’autres endroits servaient à ces unités, à la Division

  3   du Diable, autres également unités spécialisées pour

  4   rentrer dans le village, pour piller, pour incendier les

  5   maisons, pour détruire et créer une panique parmi les

  6   villageois.

  7         Q.    Vous connaissiez au moins deux des soldats de

  8   la Division du Diable du temps où vous étiez dans la police

  9   militaire de la caserne de Kiseljak.  Vous connaissiez

 10   Tibor Prajo ?

 11         R.    Oui, je le connaissais et puis Tibor Prajo,

 12   le jour où ils ont attaqué le village, il portait un

 13   uniforme, il y avait également des cartouches qu’il

 14   portait, il avait un fusil également et puis il m’a

 15   demandé : « Mais d’où viens-tu, comment ça se fait que tu

 16   es là ? »  Moi, je lui ai dit que je suis de ce village. 

 17   Alors, il m’a demandé des nouvelles de Safet Katkic car

 18   lui, il était avec nous ensemble à un moment donné quand on

 19   faisait partie des actions volontaires et il m’a dit qu’il

 20   ne pouvait pas m’aider malheureusement et il s’est acheminé

 21   vers Lepenica.

 22         Q.    Vous connaissiez un deuxième homme et il

 23   s’appelait Pijuk, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui, Pijuk.  Moi, je le connaissais très,

 25   très bien.  Je connaissais également d’autres personnes qui


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  1   faisaient partie du groupe.  Je les connaissais bien.  Je

  2   ne peux pas me souvenir de tous les noms.  Il y en avait

  3   également d’autres que je connaissais de visage mais dont

  4   le nom j’ignorais.

  5         Q.    Bien !  Vous l’avez déjà dit précédemment ce

  6   matin, mais je souhaiterais que vous le répétiez pour le

  7   compte rendu.  Est-ce que vous connaissiez le véritable nom

  8   de ce dénommé Pijuk ?

  9         R.    Oui.  Il s’appelait Zdravko Mihaljevic,

 10   surnommé Pijuk.

 11         Q.    Donc, ces deux hommes dont vous venez de nous

 12   donner les noms étaient membres de la Division du Diable,

 13   n’est-ce pas ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Vous saviez que cette division était basée à

 16   Kiseljak et que Pijuk était l’un des officiers commandants

 17   d’une des unités composant la Division du Diable, n’est-ce

 18   pas ?

 19         R.    Oui.  C’était un commandant de peloton, de la

 20   section.  Enfin, on les appelait différemment.

 21         Q.    Sur la base de tout ce que vous avez appris

 22   au sujet de l’attaque sur les villages musulmans dans la

 23   municipalité de Kiseljak en 1993, est-il exact que d’après

 24   vous, la Division du Diable a participé à pratiquement la

 25   totalité de ces attaques ?


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  1         R.    Oui.  La Division du Diable, les Apôtres,

  2   Maturices, d’autres unités de sabotage participaient dans

  3   toutes les attaques.

  4         Q.    Beaucoup des hommes de ces unités étaient

  5   très connus dans la zone de Kiseljak, n’est-ce pas ?

  6         R.    Oui.  En gros, c’était les jeunes hommes qui

  7   étaient de la municipalité de Kiseljak et de Kresevo et des

  8   villages dans les alentours de Kiseljak.

  9         Q.    Pendant l’attaque, vous avez vu un des hommes

 10   dont vous nous avez parlé, donc Pijuk, qui venait d’une

 11   maison qui venait d’être incendiée.  Vous avez vu Pijuk

 12   parler avec Vlatko Trogrlic, qui était commandant d’une

 13   unité régulière du HVO à Lepenica, une ville située aux

 14   alentours ?

 15         R.    Oui, et non seulement que je l’ai vu moi-même

 16   mais il y avait entre 60 et 70 personnes et il y avait des

 17   femmes, il y avait des enfants.  Tous ont vu quand Vlatko

 18   Trogrlic, surnommé Zuna, a parlé avec Pijuk et ensuite,

 19   Pijuk a tué Esef Bajraktarevic devant nous tous, devant les

 20   femmes, devant les enfants, tous ceux qui étaient dans le

 21   groupe.

 22   Ensuite, il a proféré des injures : « Balija, pourquoi vous

 23   ne partez pas à jamahiriya », et cætera, puis il a raconté

 24   n’importe quoi.  Donc, il a pris les hommes en âge de

 25   combattre, ils les a séparés et il a dit aux femmes :


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  1   « Bien, vous pouvez les saluer, vous ne les verrez plus. 

  2   Vous allez voir, je les emmène à Ostrik et vous allez voir

  3   ce que les Oustashis font et les Chetniks également. »

  4         Q.    Monsieur le Témoin, nous allons revenir dans

  5   quelques instants à ces événements un peu plus en détail,

  6   mais je voudrais savoir si Vlatko Trogrlic, connu également

  7   sous le nom de Zuna, était à cette époque le commandant

  8   général du HVO sur le terrain pendant l’attaque sur

  9   Tulica ?

 10         R.    Oui.  Je le savais même avant car à Lepenica,

 11   il y a quelques bâtiments d’hôtellerie où, avant cette

 12   attaque, les musulmans allaient et puis souvent, ils

 13   proféraient des injures et puis ils ne permettaient pas aux

 14   musulmans de se rendre dans ces bâtiments.

 15         Q.    Vous avez vu Trogrlic donner des ordres à

 16   Pijuk et est-il exact également que vous avez vu Trogrlic

 17   avec une radio Motorola ?

 18         R.    Oui.  C’était les gardes de corps, Zeljko

 19   Gurkalovic et puis il y en avait encore un autre dont le

 20   nom m’échappe mais je sais qu’il est de Lepenica.

 21         Me SCOTT (interprétation) :  Paragraphe 33, je

 22   crois qu’on a déjà mentionné cela plusieurs fois.

 23         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur

 24   Scott, je crois qu’on peut aller un peu plus rapidement. 

 25   Nous n’avons pas besoin de détails relatifs à toutes ces


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  1   personnes.  Je ne pense pas que, étant donné que nous

  2   sommes dans une affaire où les accusés étaient des gens qui

  3   avaient des positions de commandement, nous avons besoin

  4   d’aller dans les détails.

  5         Me SCOTT (interprétation) :  Oui, je comprends

  6   très bien.  Nous avons parlé de la plupart des officiers,

  7   mais je pense qu’en ce qui concerne les victimes, nous

  8   avons besoin pour le compte rendu de noter leur nom, mais

  9   j’ai bien compris votre remarque au sujet de la structure

 10   de commandement et je vais donc passer à autre chose.

 11         Q.    Témoin AN, vous avez déjà dit que l’une des

 12   personnes que vous connaissiez était Prajo, que vous vous

 13   êtes entretenu avec lui.  Nous avons déjà parlé de cela.

 14         À ce moment-là, une grande partie des maisons dans

 15   le village brûlaient et est-ce qu’il est exact de dire que

 16   vous avez vu les membres de la Division du Diable qui sont

 17   entrés dans la partie haute du village et qui ont continué

 18   à traverser le village, les maisons ont été incendiées et

 19   l’on a dit que certains villageois ont vu des soldats du

 20   HVO qui portaient des sortes d’appareils leur permettant de

 21   disperser le pétrole : Est-ce exact ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    À peu près au même moment, vous avez vu la

 24   maison de Zifet Huseinovic en feu et certains des

 25   villageois musulmans essayaient d’intervenir afin


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  1   d’éteindre le feu et le HVO les a arrêtés, n’est-ce pas ?

  2         R.    C’est exact.

  3         Q.    Pendant que vous parliez encore une fois avec

  4   ce Prajo, un autre soldat du HVO est passé à côté de vous

  5   deux et il avait beaucoup d’équipements électroniques comme

  6   la télé, des choses comme ça, il poussait ça sur un

  7   chariot, il y avait des équipements vidéos et stéréos et ce

  8   soldat portait une veste noire et vous avez pu reconnaître

  9   cette veste comme celle qui appartenait à Admir

 10   Bajraktarevic ?

 11         R.    C’est exact.

 12         Q.    À ce moment-là, vous avez pu voir de plus en

 13   plus de soldats du HVO dans la ville, ils portaient des

 14   brassards blancs autour de leurs bras et vous avez eu

 15   l’impression qu’il y avait un symbole spécifique inscrit

 16   sur ces brassards ?

 17         R.    C’est exact.

 18         Q.    Il y avait environ 60 à 70 soldats du HVO

 19   près des villageois musulmans qui ont été recueillis et

 20   vous aviez l’impression qu’il y avait au total environ 200

 21   soldats.  Ils portaient des fusils automatiques et vous

 22   avez pu voir qu’ils traversaient le village en véhicules

 23   qui appartenaient aux villageois : Est-ce exact ?

 24         R.    C’est exact.

 25         Q.    Vous avez vu des soldats du HVO dans une Lada


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  1   qui ressemblait à celle qui appartenait à Rasim Huseinovic

  2   et puis vous avez vu un autre véhicule, Zastava 101, que

  3   les soldats du HVO conduisaient et vous saviez que ceci

  4   appartenait à Refik Huseinovic ?

  5         R.    C’est exact.

  6         Q.    Très bien !  Nous allons traverser cette

  7   partie maintenant très rapidement.  Vous avez déjà

  8   mentionné certains noms, mais parmi les soldats que vous

  9   avez vus ces jours-là et que vous avez reconnus, il y avait

 10   Zeljo Gurkalovic surnommé Zara, puis il y avait un fils

 11   d’un certain Desetar de Brnjaci et puis il y avait un autre

 12   appelé Ante Cvijanovic surnommé Tana aussi : Est-ce exact ?

 13         R.    Oui, c’est exact et la plupart de ces

 14   personnes venaient de Brnjaci.  C’était des habitants de

 15   Brnjaci.

 16         Q.    Est-ce que vous pourriez dire aux Juges, le

 17   jour de l’attaque ou bien les jours qui ont précédé

 18   l’attaque contre Tulica en juin 1993, est-ce qu’il y a eu

 19   des unités de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou bien des

 20   positions de l’armée de Bosnie-Herzégovine à Tulica ?

 21         R.    Ni avant, ni après.  Il n’y a pas eu de

 22   soldats, pas du tout.  Il n’y avait que des civils.

 23         Q.    À peu près au même moment, trois soldats du

 24   HVO allaient avec Mufid Tulic.  Ils ont appris que Tulic

 25   appartenait à l’armée de Bosnie-Herzégovine et ils ont


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  1   trouvé une carte où le type de son armement était décrit. 

  2   Ils ont trouvé ça dans sa poche.  Un soldat du HVO a

  3   demandé où se trouvait son arme et Tulic avait dit qu’il

  4   avait laissé son arme sur la ligne de front : Est-ce

  5   exact ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Le même soldat du HVO a donné un ordre à

  8   Tulic de s’asseoir sur la terre et ensuite, il s’est tourné

  9   vers Ahmed Bajraktarevic en lui disant de lui donner des

 10   documents.  Bajraktarevic a dit qu’il ne savait pas de

 11   quels documents le soldat parlait et le soldat a ensuite

 12   frappé Bajraktarevic sur sa tête avec son fusil. 

 13   Bajraktarevic est tombé par terre et il a commencé à

 14   pleurer et ceci se trouvait à trois ou quatre mètres par

 15   rapport à l’endroit où vous étiez.  Est-ce exact ?

 16         R.    Oui.  Moi, j’étais ensemble avec tous les

 17   autres qui étaient avec moi.

 18         Q.    Très bien !  Vous avez dit qu’à ce moment-là,

 19   il y avait environ 60 hommes, femmes et enfants musulmans

 20   qui étaient rassemblés au même endroit que vous.  Ensuite,

 21   vous avez vu trois ou quatre soldats du HVO qui sont entrés

 22   dans la maison de ce même Ahmed Bajraktarevic que vous avez

 23   déjà mentionné.  Le soldat du HVO qui avait frappé Ahmed a

 24   dit que s’il trouvait quoi que ce soit dans la maison, ils

 25   allaient le tuer.  Tout de suite après, vous avez pu


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  1   entendre les sons de destruction de quelque chose dans la

  2   maison : Est-ce exact ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    À ce moment-là, le frère de Ahmed

  5   Bajraktarevic, Salko Bajraktarevic, est venu et il a dit :

  6   « Mon Dieu, qu’est-ce que vous faites ? »  Il était âgé

  7   d’environ 60 ans et il disait ça à Pijuk, et Pijuk a dit :

  8   « Ta gueule, mon vieux, sinon je vais te montrer ce que je

  9   peux faire. »  Tout de suite après, Pijuk a tiré deux coups

 10   de feu de son fusil automatique sur la poitrine de Salko.

 11   Salko est tombé bar terre et il était allongé sur son dos. 

 12   Vous avez pu voir que Salko pouvait bouger toujours et

 13   Pijuk a tiré encore une fois sur lui, sur son dos, et c’est

 14   à ce moment-là que les femmes et les enfants ont commencé à

 15   pleurer : Est-ce exact ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Après que l’on a tiré sur Salko, Pijuk a pris

 18   tous les musulmans, tous les hommes musulmans qui étaient

 19   rassemblés là-bas, environ 35 à 40 personnes, y compris

 20   vous-même.  Il a dit aux musulmans : « Dites au revoir à

 21   vos familles puisque vous n’allez plus jamais les revoir. » 

 22   Je suppose qu’il est inutile d’entrer dans d’autres

 23   détails.

 24         R.    C’est vrai.

 25         Q.    À ce moment-là, les membres du HVO ont forcé


Page 15669

  1   toutes les femmes musulmanes de leur donner leurs joyaux :

  2   Est-ce exact ?

  3         R.    Là où toutes les personnes capturées se

  4   trouvaient, là-bas près de ce magasin, un soldat a enlevé

  5   sa veste de camouflage et il a mis ça devant les femmes

  6   pour qu’elles enlèvent tous leurs objets précieux, tous

  7   leurs joyaux et pour qu’elles les placent là-bas.

  8         Q.    Vous considérez qu’à ce moment-là, lorsque

  9   les soldats amenaient les hommes en dehors du village, les

 10   forces du HVO ont tué la mère et l’épouse de Mufid Tulic,

 11   et puis une femme âgée d’environ 60 ans répondant au nom de

 12   Fatima Bajraktarevic a été tuée elle aussi mais son corps

 13   n’a jamais été retrouvé : Est-ce exact ?

 14         R.    C’est exact.

 15         Q.    Pendant que le groupe sortait du village,

 16   Pijuk vous a ordonné de vous arrêter et vous étiez dans une

 17   rangée, vous étiez à côté de Ramiz Hasic et Asim Hasic, et

 18   Pijuk a dit : « Mettez-vous plus près les uns des autres. 

 19   Nous ne voulons pas rater qui que ce soit parmi vous. » :

 20   C’est exact ?

 21         R.    Il n’a pas dit qu’il ne souhaitait pas perdre

 22   qui que ce soit mais il ne souhaitait pas rater qui que ce

 23   soit, genre quand il commençait à tirer sur nous.

 24         Q.    À ce moment-là, est-ce que ceci se trouvait

 25   près du cimetière du village de Tulica ?


Page 15670

  1         R.    Oui.  C’était juste en face du cimetière, à

  2   trois mètres peut-être par rapport au cimetière.

  3         Q.    Vous avez vu Pijuk et deux autres soldats du

  4   HVO et l’un d’eux vous l’avez reconnu en tant qu’un autre

  5   soldat que vous connaissiez déjà depuis la caserne de

  6   Kiseljak, surnommé Crnogorac : Est-ce exact ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Je suis sûr que vous pouvez prononcer ce nom

  9   mieux que moi.  Veuillez le faire s’il vous plaît.  Quel

 10   était donc le surnom de cet homme ?

 11         R.    Je le connaissais déjà depuis la caserne.  Je

 12   savais qu’il était surnommé Crnogorac mais je ne connais

 13   pas son nom et prénom.  Il n’y avait pas que ces trois

 14   personnes mais il y avait d’autres personnes qui étaient

 15   derrière nous.  Personne ne pouvait fuir ni quoi que ce

 16   soit d’autre.

 17         Q.    À peu près à ce moment-là, Pijuk a

 18   sélectionné quatre musulmans de la ligne, il les a séparés,

 19   il les a mis à quelques mètres plus loin.  Ces hommes

 20   étaient Ahmed Bajraktarevic qui avait été interrogé dans le

 21   village concernant les documents, Mufid Tulic qui avait été

 22   interrogé concernant sa carte d’identification de l’armée

 23   de Bosnie-Herzégovine, Ferid Huseinovic qui avait été

 24   interrogé concernant son arme, et Safet Katkic qui avait

 25   été interrogé concernant son arme également, et Pijuk les a


Page 15671

  1   fait sortir en indiquant : « Toi, toi, toi et toi » :  Est-

  2   ce exact ?

  3         R.    Oui.  Moi, j’ai l’impression… je crois que

  4   déjà pendant qu’il parlait avec Vlatko Trogrlic, surnommé

  5   Zuna, que Zuna avait reçu des ordres puisque lui, il ne

  6   connaissait pas ces personnes.  Donc, je suppose que c’est

  7   Zuna qui lui a donné ces noms et ces détails concernant les

  8   personnes qu’il fallait sélectionner.

  9         Q.    Pour que le compte rendu soit clair, lorsque

 10   vous dites qu’il ne connaissait pas ces personnes, vous

 11   voulez dire que Pijuk ne connaissait pas ces personnes

 12   depuis avant ?

 13         R.    Oui.  Pijuk ne connaissait pas ces personnes

 14   depuis avant et Vlatko Trogrlic, surnommé Zuna, c’est un

 15   voisin très proche.  Donc, il connaissait tout le monde. 

 16   Il connaît même tous les enfants du village.

 17         Q.    Ensuite, ces quatre hommes ont été amenés à

 18   un endroit à 20 mètres plus loin, Pijuk et les deux autres

 19   soldats du HVO les ont passés à tabac, ensuite ils étaient

 20   debout à côté de la route qui était sur une sorte de pente,

 21   il y avait une sorte de pente, et ensuite, on a poussé les

 22   quatre hommes, et ensuite, vous avez entendu les tirs

 23   d’armes automatiques : Est-ce exact ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Il y a eu plusieurs rafales.  Vous ne saviez


Page 15672

  1   pas exactement lequel des trois soldats du HVO a vraiment

  2   tiré sur ces quatre hommes, mais Pijuk et les deux autres

  3   soldats étaient les seules personnes qui étaient debout au

  4   moment où les coups de feu ont été tirés, et après cela,

  5   vous ne pouviez plus voir les quatre hommes qui sont

  6   apparemment tombés à l’endroit sur la pente où ils avaient

  7   été debout ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    À ce moment-là, Pijuk a appris les noms de

 10   deux autres hommes du groupe concernant lesquels il avait

 11   reçu des informations qu’il possédait des armes, ensuite

 12   Pijuk a demandé que ces hommes soient identifiés.  Zijad

 13   Huseinovic s’était identifié lui-même et ensuite, il a été

 14   amené au même endroit où les quatre autres hommes avaient

 15   été amenés et ensuite, on a tiré sur lui et on l’a tué :

 16   Est-ce exact ?

 17         R.    Non seulement Zijad Huseinovic s’est

 18   identifié mais Pijuk, il a frappé une personne.  C’était un

 19   réfugié et il portait une veste en cuir.  Il lui a dit :

 20   « Maintenant, dis-moi qui a des armes ».  Cet homme a

 21   commencé à prononcer des noms, Zijad, Aziz, et cætera, et

 22   donc, ils ont dû sortir de la ligne.

 23         Q.    Après ça, le soldat du HVO, il a demandé à

 24   Aziz Huseinovic s’il avait des armes.  Aziz a dit non,

 25   puisqu’il n’était pas membre de l’armée de Bosnie-


Page 15673

  1   Herzégovine.  Ensuite, Crnogorac a tiré et il a blessé Aziz

  2   dans une jambe et ensuite, il lui a donné des coups de

  3   pied.  Ensuite il a crié à Aziz, il l’a forcé à se mettre

  4   debout en disant : « Vas-y, fais-le plus rapidement ».  Il

  5   a forcé Aziz à sauter sur une jambe vers l’endroit où son

  6   frère Zijad avait été tué.  Aziz a essayé de panser sa

  7   jambe, il a pris sa chemise et il a essayé de panser sa

  8   jambe avec sa chemise, mais Pijuk lui a dit que ceci ne

  9   servait à rien.  Comment est-ce que vous avez compris ces

 10   propos de Pijuk ?

 11         R.    Ils ont fait sortir Zijad et Aziz et puis ils

 12   parlaient entre eux.  Aziz, il disait qu’il n’avait pas

 13   d’arme, qu’il n’était pas membre de l’armée.  Ils ont

 14   commencé à les tabasser.  Zijad était déjà mort et Aziz

 15   était blessé avec deux balles au-dessous de son genou. 

 16   Ensuite, ils ont commencé à le tabasser encore une fois,

 17   ils lui ont dit de sauter sur une jambe jusqu’à l’endroit

 18   où son frère était par terre déjà mort.  Ensuite, Pijuk est

 19   venu et il a fait sortir d’autres personnes, y compris moi-

 20   même et Elvir Huseinovic.

 21         Q.    À ce moment-là, deux soldats du HVO ont amené

 22   Kasim Huseinovic qui venait de Lepenica et puis encore une

 23   fois, ceci vous a fait comprendre que le HVO avait encerclé

 24   toute la région et que tous les musulmans qui essayaient de

 25   fuir leur foyer avaient été capturés, étaient en train


Page 15674

  1   d’être capturés ?

  2         R.    Je souhaite expliquer quelque chose.  Ces

  3   deux soldats du HVO n’ont pas amené Kasim vers Lepenica

  4   mais ils l’ont fait venir depuis Lepenica, puisque toute

  5   cette région était encerclée.  Kasim se trouvait dans une

  6   forêt et tout le monde était encerclé.  Donc, ils ont fait

  7   venir Kasim depuis la direction de Lepenica, depuis cette

  8   forêt où nous avons été rassemblés et capturés tous.

  9         M. LE PRÉSIDENT :  Me Scott, peut-être ceci peut

 10   nous aider de ne pas connaître tous les détails mais de

 11   connaître une image générale.  Combien de personnes ont été

 12   tuées par balles ?

 13         Me SCOTT (interprétation) : 

 14         Q.    Témoin, en ce qui concerne les événements

 15   dont vous parlez, est-ce que vous pouvez nous dire

 16   approximativement, pour autant que vous le sachiez, combien

 17   d’hommes ont été tués ?

 18         R.    Eh bien, il y avait sept hommes qui se

 19   trouvaient à l’endroit où moi, j’étais moi-même.  Il y

 20   avait deux femmes un peu plus loin, peut-être à 200 mètres

 21   de là dans le village.  Elles aussi, elles ont été tuées. 

 22   Puis la troisième femme concernant laquelle on n’a pas

 23   d’information précise, cette dernière personne, Kasim

 24   d’abord, ils l’ont amené vers Kiseljak et lorsqu’ils ont vu

 25   qu’il a jeté un papier ou quelque chose qui se trouvait


Page 15675

  1   dans un papier, c’est là qu’ils l’ont fait sortir d’un

  2   camion dans le centre-ville de Lepenica et ils l’ont ramené

  3   dans le village, et après, nous avons appris qu’il a été

  4   tué à l’endroit où il creusait les tranchées sur les lignes

  5   de front du HVO.  Donc au total, il y avait 11 personnes

  6   plus cette douzième femme concernant qui nous ne

  7   connaissons pas tous les détails.

  8         Q.    Permettez-moi s’il vous plaît de parcourir

  9   mes notes afin de voir si je peux raccourcir encore cet

 10   interrogatoire.

 11         Un détail concernant l’identification.  Nous

 12   n’allons pas entrer dans tous les détails mais l’une des

 13   personnes tuées était ce Kasim Huseinovic.  Vous avez dit

 14   qu’on l’a amené depuis la direction de Lepenica : Est-ce

 15   exact ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Puis ensuite, Aziz Huseinovic, celui qui

 18   avait été blessé, vous savez qu’à la fin, ils ont tiré sur

 19   lui et ils l’ont tué : C’est ce que vous savez, n’est-ce

 20   pas ?

 21         R.    Oui.  Au début, il a été blessé et il était

 22   allongé par terre pendant une demi-heure peut-être et il

 23   pleurait, et après, ils l’ont tué.

 24         Q.    Très bien !  Témoin AN, je vais vous proposer

 25   un résumé.


Page 15676

  1         Vous avez dit qu’à un certain moment donc, Pijuk

  2   est venu vous voir et il vous a fait sortir de la ligne,

  3   mais vous ne savez pas pourquoi, mais à ce moment-là, vous

  4   n’avez pas été tué et vous et les autres hommes, on vous a

  5   amené jusqu’à Tulica ?  Là, je parle des survivants.

  6         R.    Non.  Pijuk avec les autres soldats du HVO,

  7   il m’a fait sortir avec Elvir Huseinovic, sortir de la

  8   ligne.  Il nous a posé des questions concernant les armes

  9   et je ne me rappelle pas tous les détails.  Je ne sais pas

 10   du tout comment cela s’est fait qu’ils nous aient ramené

 11   dans la ligne, et ensuite, ils nous ont amenés vers

 12   Lepenica où un camion de transport nous attendait déjà.

 13         Me SCOTT (interprétation) :  Nous allons terminer

 14   avant la pause, Monsieur le Président, mais je souhaite

 15   vérifier mes notes.

 16         Je crois que le paragraphe 61 n’est pas

 17   particulièrement nécessaire, à moins que les Juges ont des

 18   questions à poser concernant ce paragraphe.

 19         Q.    Au moment où vous êtes rentré à Tulica, vous

 20   avez pu voir qu’une bonne partie du village était en feu et

 21   puis à ce moment-là, vous n’avez pas pu remarquer de

 22   villageois qui étaient toujours dans le village : Est-ce

 23   exact ?

 24         R.    Je ne suis pas rentré dans Tulica mais

 25   j’étais dans cette ligne et ceci se trouvait dans le centre


Page 15677

  1   de Tulica.  Donc, nous avons pu voir les maisons

  2   incendiées, les maisons en train de brûler et tout ça.

  3         Q.    Très bien !

  4         Pour le compte rendu, vous pouvez indiquer que les

  5   trois femmes tuées étaient Safija Tulic, Sifa Tulic et

  6   Fatima Bajraktarevic, et apparemment, c’est le corps de

  7   Fatima qui n’a jamais été retrouvé : Est-ce exact ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Les survivants ont ensuite été amenés dans la

 10   caserne de Kiseljak dans un camion et sur le chemin, les

 11   soldats du HVO ont accusé Ibrahim Jahic d’avoir jeté

 12   quelque chose à l’extérieur du camion.  C’était quelque

 13   chose qui était enveloppé dans un papier.  Ils ont arrêté

 14   le camion, ils ont fait sortir Ibrahim Jahic et ils l’ont

 15   tabassé, et c’est la personne concernant qui vous a dit que

 16   par la suite, vous avez appris qu’il a été tué pendant

 17   qu’il creusait les tranchées :  C’est exact ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Il était âgé d’environ 60 ans ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Vous êtes arrivé à la caserne de Kiseljak

 22   vers 3 h 15 cet après-midi et puis l’on vous a soumis à un

 23   interrogatoire à ce moment-là, environ 35 de vous, vous

 24   avez été gardés dans une cellule de quatre mètres sur

 25   quatre, et vous êtes restés là-bas pendant environ six


Page 15678

  1   jours : Est-ce exact ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Entre-temps, les prisonniers ont été sortis

  4   tous les jours de leur cellule et vous-même, on vous a fait

  5   sortir et on vous a forcé à creuser les tranchées sur les

  6   lignes de front du HVO à Gomionica : Est-ce exact ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Il s’agissait là d’une ligne de front contre

  9   l’armée de Bosnie-Herzégovine.  On vous a amenés là-bas

 10   avec environ 25 autres prisonniers musulmans, vous avez été

 11   amenés en camion et vous avez été forcés à creuser les

 12   tranchées de 9 h 00 du matin jusqu’à 3 h 00 de l’après-

 13   midi, et encore une fois, vous avez reconnu l’un des gardes

 14   comme une personne que vous avez connue auparavant à

 15   Kiseljak : Est-ce exact ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Puis une nuit, certains nouveaux prisonniers

 18   musulmans ont été amenés dans l’immeuble et ont été soumis

 19   à un très mauvais traitement et vous avez entendu leurs

 20   cris qui étaient tellement perçants que c’était absolument

 21   horrifiant pour vous ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Le cinquième jour, trois hommes âgés ont été

 24   amenés dans la cellule où vous étiez détenu, leurs visages

 25   étaient couverts de sang, ils ont passé environ deux heures


Page 15679

  1   dans cette pièce, et ensuite la police du HVO les a amenés. 

  2   Ce jour-là, la Croix-Rouge a rendu visite à la prison et

  3   ils ont essayé d’obtenir les informations sur les

  4   prisonniers et vous avez eu l’impression que les

  5   prisonniers musulmans qui avaient subi un mauvais

  6   traitement avaient été cachés de la Croix-Rouge lorsque la

  7   Croix-Rouge est arrivée, comme par exemple ces trois hommes

  8   musulmans qui avaient été gravement tabassés et ils ont été

  9   amenés ailleurs environ 10 minutes avant l’arrivée de la

 10   Croix-Rouge : Est-ce exact ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Finalement, environ le 18 ou le 19 juin 1993,

 13   vous avez été libéré avec neuf autres musulmans dans le

 14   cadre d’un échange de prisonniers et vous avez été échangés

 15   contre trois prisonniers croates détenus par l’armée de

 16   Bosnie-Herzégovine : Est-ce exact ?

 17         R.    Oui.

 18         Me SCOTT (interprétation) :  Témoin AN, je vous

 19   remercie de votre témoignage.  Je n’ai plus de questions à

 20   vous poser.

 21         M. LE PRÉSIDENT :  C’est après la pause que nous

 22   procéderons au contre-interrogatoire.  Nous allons faire

 23   une pause d’une demi-heure maintenant.

 24               --- Suspension de l’audience à 10 h 58

 25               --- Reprise de l’audience à 11 h 33


Page 15680

  1         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Sayers.

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Merci, Monsieur le

  3   Président.  Je vais tout d’abord parler d’un mémo que j’ai

  4   obtenu le 1er mars et je voudrais présenter toutes mes

  5   excuses à la section de traduction au sujet de la rapidité

  6   de mon débit.  Je vais essayer d’améliorer cela et je

  7   voudrais présenter mes excuses à Madame Maja Drazenovic

  8   tout particulièrement.

  9         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS

 10         (interprétation) :  

 11         Q.    Monsieur le Témoin AN, bonjour. 

 12         R.    Bonjour.

 13         Q.    Si je passe au paragraphe 66 du résumé de vos

 14   déclarations, vous nous avez dit que vous avez été passé à

 15   tabac, qu’il y avait un bandeau sur les yeux, alors que

 16   vous avez été détenu à Kiseljak ?

 17         R.    Oui, c’est exact, mais on m’a dit que c’était

 18   un réfugié de Kakanj et c’était un Croate.

 19         Q.    Vous saviez, Monsieur le Témoin AN, qu’une

 20   offensive de grande envergure de l’armée de Bosnie-

 21   Herzégovine avait été lancée sur Kakanj le 9 juin, c’est-à-

 22   dire trois jours avant les combats à Tulica, n’est-ce pas ?

 23         R.    Non, non, je ne savais pas.

 24         Q.    Vous n’avez pas entendu dire que 15 000

 25   Croates avaient été chassés de chez eux à Kakanj et que


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  1   beaucoup de personnes avaient trouvé la mort dans les

  2   combats entre le 8 et le 13 juin ?

  3         R.    Non.  Je ne l’ai pas appris, mais les

  4   villageois de Tulica n’étaient pas au courant de ce qui

  5   s’est passé à Ahmici.  S’ils le savaient, ils ne seraient

  6   pas restés à attendre comme ça.

  7         Q.    Je vous prie tout d’abord de m’excuser, je ne

  8   me suis pas présenté.  Je m’appelle Me Stephen Sayers.  Je

  9   représente Dario Kordic et j’ai environ 10 à 15 minutes de

 10   questions à vous poser.  Je crois que vous êtes maçon,

 11   n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Vous avez donné quatre déclarations déjà, la

 14   première en mai 1994 au Centre du Service de Sécurité du

 15   ministère de l’Intérieur à Sarajevo, n’est-ce pas ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Ensuite deux mois plus tard, en juillet 1994,

 18   vous avez donné une autre déclaration à Munib Dedic (ph.)

 19   et Ismet Boja (ph.), n’est-ce pas ?

 20         R.    C’est exact.

 21         Q.    À peu près deux ans après, en avril 1996,

 22   vous avez fait une autre déclaration et cette fois-ci au

 23   Centre de Recherche et de Documentation, n’est-ce pas ?

 24         R.    C’est exact.

 25         Q.    Il est exact que dans ces trois déclarations,


Page 15682

  1   vous n’avez à aucun moment mentionné le nom de Dario

  2   Kordic, n’est-ce pas ?

  3         R.    Moi, je ne pensais même pas que c’était

  4   indispensable de communiquer le nom de Dario Kordic car

  5   j’étais à Busovaca et c’est lui qui était en charge pour ce

  6   secteur.  Je pense à Blaskic et à Rajic à Kiseljak.

  7         Q.    Non, mais ce que je veux dire c’est que dans

  8   aucune des trois déclarations que vous avez faites au

  9   gouvernement de Bosnie-Herzégovine, donc à aucun moment,

 10   vous n’avez parlé de Dario Kordic en mai 1994, juillet 1994

 11   ou avril 1996.  C’est bien exact, n’est-ce pas ?

 12         R.    Oui.  Je n’ai pas mentionné le nom de Dario

 13   Kordic, ça, c’est un fait, mais j’ai parlé dans ma

 14   déclaration et j’ai dit que j’étais prisonnier à Busovaca.

 15         Q.    Dans votre déposition, vous nous avez dit que

 16   vous étiez membre de la Ligue patriotique ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Et cette Ligue patriotique était

 19   exclusivement composée de musulmans n’est-ce pas ?

 20         R.    Non.  Même les Croates auraient pu devenir

 21   membres de la Ligue.

 22         Q.    Est-ce que des Croates, à votre connaissance,

 23   sont devenus membres de la Ligue patriotique ?

 24         R.    Il y avait un Croate, je ne me souviens pas

 25   de son nom mais il est resté cinq ou sept jours au total,


Page 15683

  1   pas plus.

  2         Q.    Donc, il est exact de dire qu’à l’exception

  3   de…

  4         Me SAYERS (interprétation) :   Mais je

  5   m’interromps et je voudrais demander au Président si je

  6   suis dans la même position que l’Accusation tout à l’heure,

  7   c’est-à-dire quand le témoin répond, est-ce que je dois

  8   éteindre mon micro ?

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je ne le sais

 10   pas.  C’est la première fois que j’entends parler de ce

 11   genre d’obligation.  Voyons comment les choses se

 12   déroulent. Poursuivez, s’il vous plaît.

 13         Me SAYERS (interprétation) :  

 14         Q.    Monsieur le Témoin AN, il est exact que vous

 15   avez été membre du 4e bataillon de la 9e brigade de

 16   montagne Koscan dans l’armée de Bosnie-Herzégovine avant et

 17   après l’attaque sur Tulica le 12 juin 1993 ?

 18         R.    Oui, vous avez raison.

 19         Q.    Au moment de l’attaque du 12 juin, vous étiez

 20   possesseur d’un fusil automatique, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    L’un de vos voisins, Monsieur Mufid Tulic,

 23   dont vous nous avez parlé, avait une carabine M-48

 24   militaire.  C’est exact ?

 25         R.    Oui.


Page 15684

  1         Q.    Une carabine M-48, ce n’est pas un fusil de

  2   chasse, c’est une arme militaire, n’est-ce pas ?

  3         R.    Oui, vous avez raison.

  4         Q.    J’ai maintenant quelques questions au sujet

  5   de Tulica, le village où vous résidiez.  Monsieur le

  6   Témoin, vous avez dit précédemment qu’il s’agissait d’un

  7   village qui, avant juin 1993, comportait presque

  8   exclusivement des musulmans ?

  9         R.    C’est ce que j’ai dit.

 10         Me SAYERS (interprétation) :  D’après le

 11   recensement de 1991, à moins que l’Accusation ne s’y

 12   oppose, la Chambre peut dresser constat judiciaire du fait

 13   qu’il y avait à Tulica 280 personnes dont un Croate et 278

 14   musulmans.  Je parle de 1991.

 15         Q.    Est-ce que c’est conforme à vos souvenirs,

 16   Monsieur le Témoin ?

 17         R.    En ce qui concerne le village de Tulica, il y

 18   avait un seul Croate, mais juste à côté du village Tulica,

 19   à une distance pas très grande, une dizaine de maisons ont

 20   été habitées par les Croates et c’est un hameau,

 21   Kazapovici.

 22         Q.    Bien !  Vous avez dit également que Tulica

 23   occupait une position stratégique.  Tulica se trouvait dans

 24   une région où les Serbes, le HVO et l’armée de Bosnie-

 25   Herzégovine avaient des lignes de front qui se


Page 15685

  1   rencontraient à cet endroit-là ?

  2         R.    Ce n’est pas au niveau de Tulica que les deux

  3   lignes de front se joignaient.  La ligne de front de

  4   l’armée de Bosnie-Herzégovine allait jusqu’à Ostrik et

  5   ensuite venaient des Serbes ensemble avec les Croates.  Par

  6   conséquent, ce n’était certainement pas à Tulica qu’ils

  7   tenaient cette ligne.

  8         Q.    N’est-il pas exact qu’il y avait pas mal de

  9   contrebande d’alcool et de cigarettes dans la région de

 10   Tulica, des activités de marché noir très florissantes ?

 11         R.    Non, je ne connaissais pas du tout, je ne le

 12   savais pas.  Je sais que les Croates, étant donné que

 13   Tulica c’est à côté de Kobiljaca, se rendaient du côté

 14   serbe et c’est là-bas où ils achetaient des cigarettes, et

 15   cætera.  Il n’y avait que des Croates qui pouvaient se

 16   rendre dans ce secteur.

 17         Q.    Je vais passer maintenant à l’incident dont

 18   vous nous avez parlé, c’est-à-dire votre détention tout

 19   d’abord à Kiseljak et ensuite à Busovaca.  Ceci s’est

 20   produit en mai 1992, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.  C’était d’abord à Busovaca.

 22         Q.    Donc, j’ai cru comprendre que vous avez été

 23   arrêté à Kiseljak et ensuite on vous a amené à Busovaca. 

 24   C’est exact, n’est-ce pas ?

 25         R.    Oui, c’est exact.  C’est comme ça que ça


Page 15686

  1   s’est passé.

  2         Q.    Et afin que le compte rendu soit tout à fait

  3   clair, ceci s’est produit en mai 1992, n’est-ce pas ?

  4         R.    Oui, mai 1992.

  5         Q.    Bien !  Si j’ai bien compris, on vous a

  6   arrêté à l’extérieur de Brnjaci, qui se trouve, je crois

  7   bien, au sud de Kiseljak, n’est-ce pas ?

  8         R.    Oui, c’est le village Brnjaci.

  9         Q.    Vous étiez sept, vous avez été arrêtés et on

 10   vous a confisqué vos armes.  C’est bien exact ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Au nombre des armes qui ont été confisquées,

 13   il y avait un lance-grenade, n’est-ce pas ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Il s’agit d’un équipement qui permet de

 16   lancer des missiles mais c’est un équipement portable. 

 17   Vous-même et vos compagnons étiez tous en uniformes, n’est-

 18   ce pas ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Je crois comprendre que le commandant de la

 21   Défense territoriale, Monsieur Sead Sinanbasic, était parmi

 22   vous et il faisait partie des sept personnes qui ont été

 23   arrêtées.  C’est bien exact, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Donc, suite à votre arrestation à l’extérieur


Page 15687

  1   de Kiseljak, on vous a amené au commissariat de police

  2   civil de Busovaca et vous êtes resté en détention à cet

  3   endroit pendant 12 jours ?

  4         R.    Oui.  De Brnjaci, on ne nous a pas

  5   transportés à Kiseljak mais on nous a fait passer par un

  6   certain nombre de villages du côté de Kresevo, et une fois

  7   arrivés à Kresevo, ils ont pris le chemin vers Kiseljak et

  8   c’est là-bas dans la caserne que nous étions détenus.

  9         Q.    Ensuite, on vous a emmenés à Busovaca, si

 10   j’ai bien compris ?

 11         R.    Oui, vous avez bien compris.

 12         Q.    Pendant les 12 jours qu’a duré votre

 13   détention, vous-même n’avez pas été maltraité, à

 14   l’exception du fait que vous étiez menotté dans le dos ?

 15         R.    Ce n’est qu’au moment où nous étions emmenés

 16   au poste de police qu’on a commencé à nous maltraiter, à

 17   nous prendre des objets tels des chaînes qu’on portait, des

 18   bagues.  On nous a menottés.  On avait les mains derrière

 19   et puis on nous a mis dans la cellule.  On était tous

 20   confinés dans une seule cellule.

 21         Q.    Vous avez fait une déclaration aux enquêteurs

 22   de l’Accusation en mai 1996 et à la page 4 de cette

 23   déclaration, vous dites :  « Je n’ai jamais été

 24   personnellement victime de mauvais traitements. »  C’est

 25   bien exact, n’est-ce pas ?


Page 15688

  1         R.    Oui.  J’ai dit que je n’ai jamais fait

  2   l’objet de mauvais traitements dans le sens qu’on ne m’a

  3   pas fait sortir de la ligne, on ne m’a pas fait sortir de

  4   la cellule, ce qui était le cas à Kiseljak.

  5         Q.    Vous avez également parlé d’un incident au

  6   cours duquel apparemment, d’après ce que vous dites,

  7   Monsieur Kordic est venu vous voir.  Un garde vous a dit de

  8   quitter la cellule, de vous aligner parce qu’un

  9   « monsieur » venait vous voir : C’est exact ?

 10         R.    Oui, parce qu’on a dit qu’il y avait des

 11   messieurs qui allaient nous voir et pas nous visiter.

 12         Q.    Vous avez dit aux enquêteurs il y a quatre

 13   ans que ce qu’on vous a dit, c’était la chose suivante (je

 14   cite) :  « Il nous a également dit qu’un « monsieur »

 15   venait nous voir. »

 16         Vous n’avez pas dit à ce moment-là des messieurs

 17   mais vous avez dit un grand monsieur, un monsieur.  C’est

 18   ce que vous avez dit aux enquêteurs et c’est ce qu’on vous

 19   a dit, n’est-ce pas ?

 20         R.    Tout ça dans le même sens car ce policier

 21   surnommé Jésus qui nous a fait sortir de cellule, c’était

 22   un policier que je connaissais déjà à Kiseljak et quand

 23   Kordic s’y rendait avec ses garde-corps, je sais que c’est

 24   un policier qui était toujours présent et il était en

 25   quelque sorte le… c’est pour ça qu’il avait dit que c’était


Page 15689

  1   un commandant.

  2         Q.    Vous ne savez pas quelle était la position

  3   exacte de Monsieur Kordic à Busovaca, n’est-ce pas ?

  4         R.    Non.  À cette époque-là, je ne le connaissais

  5   pas mais je savais qu’il occupait un poste très important. 

  6   Comme je l’ai dit, j’ai travaillé à l’accueil à Kiseljak et

  7   c’est comme ça que je l’ai appris.

  8         Q.    Oui, mais vous ne savez pas quelle était

  9   exactement sa position à Busovaca, si c’était un homme

 10   politique, si c’était un militaire ?

 11         R.    Ce que je savais c’est qu’il occupait un

 12   poste important au sein du HDZ, mais d’un autre côté, il

 13   avait des occupations militaires parce que de toute façon,

 14   il se rendait chez Blaskic et c’est avec lui qu’il

 15   s’entretenait.  Par conséquent, ce n’est pas n’importe qui

 16   qui pouvait se rendre chez Blaskic.

 17         Q.    Vous avez dit que Monsieur Krstic venait voir

 18   le Colonel Blaskic à Kiseljak, n’est-ce pas ?

 19         R.    Oui.  C’est Monsieur Hrvoje Krstic, surnommé

 20   Lujo ou je ne connais pas exactement son nom qui s’y

 21   rendait.

 22         Q.    Lui, c’était un homme politique à 100 pour

 23   cent, quelqu’un qui appartenait au HDZ, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Donc, vous l’avez vu à plusieurs reprises


Page 15690

  1   venir rendre visite au Colonel Blaskic à Kiseljak, n’est-ce

  2   pas ?

  3         R.    Oui, plusieurs fois.  Il y avait Hrvoje

  4   Krstic, surnommé Lujo, comme je l’ai dit, puis d’autres

  5   également.

  6         Q.    J’ai cru comprendre que vous avez été libéré

  7   12 jours après votre arrestation et après votre détention

  8   au poste de police de Busovaca et que tous vos biens

  9   personnels vous ont été restitués.  C’est bien exact,

 10   n’est-ce pas ?

 11         R.    Oui.  Notamment les documents.

 12         Q.    Tous vos biens personnels vous ont été

 13   rendus, n’est-ce pas ?

 14         R.    Pas les armes.

 15         Q.    Ensuite, une voiture de police vous a emmené

 16   à Kiseljak, n’est-ce pas ?

 17         R.    Oui, oui, parce que ses parents se sont

 18   rendus chez Rajic et je ne sais pas comment, mais on l’a

 19   laissé sortir parce que de toute façon, il n’a rien fait et

 20   puis on n’a rien fait.

 21         Q.    Vous n’avez jamais revu Monsieur Kordic après

 22   ces événements, n’est-ce pas ?

 23         R.    Non.

 24         Q.    Vous n’avez jamais vu Monsieur Kordic dans

 25   votre village de Tulica, n’est-ce pas ?


Page 15691

  1         R.    Oui.  Non, non, je ne l’ai pas vu.

  2         Q.    Donc, la dernière fois que vous avez vu

  3   Monsieur Kordic en chair et en os, c’était en mai 1992 à

  4   Busovaca, n’est-ce pas ?

  5         R.    Uniquement à ce moment-là et c’était la

  6   dernière fois, et comme je l’ai dit, je l’avais vu à

  7   plusieurs reprises à Kiseljak.

  8         Q.    Je vais maintenant passer brièvement à un

  9   autre sujet.  Il s’agit du moment où vous étiez à la

 10   caserne du HVO de Kiseljak.  Le commandant s’appelait Steko

 11   Marinko.  C’était votre supérieur, n’est-ce pas, votre

 12   officier supérieur ?

 13         R.    Commandant de la police militaire, oui.

 14         Q.    Lui-même relevait du commandant de la zone de

 15   Kiseljak, Ivica Rajic, n’est-ce pas ?

 16         R.    Si je sais quelque chose, c’était comme ça.

 17         Q.    Qui lui-même relevait du Colonel Tihomir

 18   Blaskic, commandant de toutes les forces du HVO dans la

 19   région, n’est-ce pas, à votre connaissance du moins ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Il est indéniable, puisque vous étiez membre

 22   de la police militaire, il est indéniable que la police

 23   militaire était placée sous le commandement du Colonel

 24   Blaskic et de ses subordonnés, n’est-ce pas ?

 25         R.    Oui.  Pour ce qui est des policiers croates,


Page 15692

  1   ceux qui travaillaient sur place, ça, c’est vrai pour eux.

  2         Q.    Vous nous avez parlé de ce qui s’est passé,

  3   des événements malheureux qui ont eu lieu dans votre

  4   village avant le 12 juin, lorsque votre village a été

  5   pilonné par les Serbes de Bosnie qui se trouvaient derrière

  6   la ligne de front.  Tulica avait été pilonné à de

  7   nombreuses reprises, n’est-ce pas, avant le 12 juin 1993 ? 

  8   En conviendrez-vous avec moi ?

  9         R.    Oui, j’en conviens.

 10         Q.    N’est-il pas exact que les Serbes utilisaient

 11   parfois des munitions inflammables qui provoquaient des

 12   incendies ?

 13         R.    Oui, c’est vrai, mais le jour où cette

 14   attaque a eu lieu sur le village de Tulica, on a été

 15   pilonné aussi bien à partir des positions croates qu’à

 16   partir des positions serbes.

 17         Q.    Oui, mais moi, je vous parle de la période

 18   précédant l’offensive.  Il est exact que des tireurs

 19   embusqués serbes de Bosnie ont parfois ouvert le feu sur

 20   des gens dans le village, sur des gens qui portaient des

 21   armes, et ceci avant le 12 juin 1993, n’est-ce pas ?

 22         R.    C’est exact.

 23         Q.    Aujourd’hui, dans votre interrogatoire

 24   principal, vous avez dit qu’après l’arrêt du pilonnage,

 25   vous êtes sorti de la cave où vous étiez réfugié et vous


Page 15693

  1   avez rencontré trois soldats du HVO portant des uniformes

  2   de camouflage.  Vous vous en souvenez ?

  3         R.    Oui, je m’en souviens.

  4         Q.    Dans votre première déclaration – ce n’est

  5   qu’un détail mais cependant, je voudrais vérifier si vous

  6   vous en souvenez bien, j’imagine que vous vous en souvenez

  7   bien – vous avez dit que vous aviez rencontré quatre

  8   soldats qui portaient des uniformes noirs et que vous vous

  9   étiez enfui dès que vous les aviez vus.  C’est bien exact ? 

 10   Vous vous en souvenez ?

 11         R.    Oui, je m’en souviens mais ils sont venus du

 12   haut du village.  Il y avait un certain nombre de maisons

 13   qui ont déjà été incendiées.  Ils ont commencé à tirer.  Il

 14   y a la panique qui a été semée parmi les villageois.  Moi,

 15   j’ai eu peur également.  C’est la raison pour laquelle je

 16   ne pouvais pas véritablement voir quel était le nombre.  Je

 17   sais qu’ils étaient à peu près trois ou quatre qui

 18   portaient des uniformes noirs et puis ils se sont approchés

 19   vers moi.  Ils étaient en haut du village et ils m’ont

 20   demandé que je m’arrête, puis moi, j’ai essayé de m’enfuir

 21   et puis ils ont tiré.

 22         Q.    Dans votre déclaration recueillie par

 23   l’organisme chargé de l’enquête et la documentation, vous

 24   avez dit avoir rencontré un nombre inconnu ou indéterminé

 25   de soldats qui portaient des uniformes de camouflage noirs. 


Page 15694

  1   Vous vous en souvenez ?

  2         R.    Oui.  Il y avait des soldats qui portaient

  3   des uniformes noirs, des uniformes de camouflage.  Il y

  4   avait Tibor Prajo, je l’ai dit.  Il était nu.  Son torse

  5   n’était pas couvert d’une chemise et il n’avait que des

  6   pantalons.

  7         Q.    Une question sur ce qui s’est passé à Tulica. 

  8   Je ne veux pas vous en poser beaucoup.  Je sais que c’est

  9   très difficile pour vous.

 10         Donc, cet homme, Zdravko Mihaljevic ou Pijuk, donc

 11   il a tiré, il a abattu un certain nombre de gens et

 12   ensuite, il vous a dit à vous et Elvir Huseinovic de sortir

 13   du groupe de gens qui étaient rassemblés.  Il est exact que

 14   quelqu’un a hurlé en sa direction qu’il fallait faire

 15   rentrer les gens dans le groupe dans la ligne, en lui

 16   disant : « Mais est-ce que tu n’en as pas assez de toutes

 17   ces tueries » ?

 18         R.    Après quand je suis sorti, ces gens-là qui

 19   étaient détenus avec moi et qui étaient dans la ligne comme

 20   moi, on m’a dit que soi-disant il y a quelqu’un qui a hurlé

 21   et qui a dit : « Ça suffit.  Ça suffit de tuer comme ça. 

 22   Il faut s’arrêter. »

 23         Q.    Dans votre deuxième déclaration en juillet

 24   1994, il y a six ans, vous avez dit que l’un des soldats

 25   avait hurlé à l’attention de Pijuk, page 2 (je cite) : 


Page 15695

  1   « Tu n’en as pas assez de ces tueries ? »  Fin de citation.

  2         Ensuite, il vous a fait rentrer parmi les

  3   prisonniers. C’est exact, n’est-ce pas ?

  4         R.    Je dis qu’une fois quand j’ai été échangé,

  5   c’est un des témoins qui m’a dit que quelqu’un lui avait

  6   dit : « Ça suffit avec les tueries.  Il faut les laisser

  7   partir. »  C’est un témoin qui me l’a dit.

  8         Q.    J’imagine que ce dénommé Pijuk s’est conformé

  9   à cette instruction.  Il n’a pas ouvert le feu et il n’a

 10   pas continué à vous harceler, n’est-ce pas ?

 11         R.    Oui, c’est exact, mais une fois que nous

 12   sommes rentrés, Aziz est resté prostré, il a été blessé et

 13   il y a quelqu’un qui l’a tué.  Qui l’a tué, je ne peux pas

 14   vous le dire mais je l’ai vu de mes propres yeux.

 15         Q.    J’ai encore deux thèmes que je souhaite

 16   aborder avec vous très brièvement.

 17         Vous avez dit avoir été emmené creuser des

 18   tranchées sur la ligne de front entre le HVO et l’armée de

 19   Bosnie-Herzégovine à Gomionica.  Vous en souvenez-vous ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Les lignes de front avaient été établies à

 22   Gomionica ce jour-là, en juin 1993, n’est-ce pas ?

 23         R.    Oui, mais c’était quelque peu plus haut par

 24   rapport à Gomionica.  Je ne connais pas le village mais on

 25   voit que c’est en direction de Visoko.  C’est de ce côté-


Page 15696

  1   là.

  2         Q.    Dans vos déclarations précédentes, vous avez

  3   parlé de Brestovsko et Cipulje (ph.) qui se trouvent au

  4   nord de Kiseljak et qui étaient également des lignes de

  5   front ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Il est exact, n’est-ce pas, qu’il y avait des

  8   soldats des deux côtés de ces lignes de front qui à

  9   certains moments échangeaient des tirs ?

 10         R.    Oui.

 11         Q.    Je crois qu’au bout de cinq jours de

 12   captivité, votre nom a été répertorié par la Croix-Rouge ? 

 13   On a demandé des informations à votre sujet ?

 14         R.    Oui, c’est cela.

 15         Q.    Il est exact que vous n’avez pas été l’objet

 16   de mauvais traitements physiques dans la caserne elle-même,

 17   n’est-ce pas, parce que la plupart des membres de la police

 18   militaire vous connaissaient, à l’exception de cet homme

 19   qui venait de Kakanj et dont nous avons déjà parlé ?

 20         R.    Au moment où on m’a capturé, on m’a frappé

 21   d’abord.  On m’a passé à tabac.  Je suis rentré chez

 22   Marinko Steko qui m’avait interrogé.  Il fallait que je

 23   donne des informations sur moi.  Il me connaissait.  J’ai

 24   travaillé avec lui.  C’est la raison pour laquelle ce

 25   n’était pas indispensable.  On a passé ces formalités vite.


Page 15697

  1         Ensuite, je suis retourné dans la ligne et

  2   ensuite, il y avait cette personne qui portait un sparadrap

  3   et puis l’autre également et c’est là où on m’a frappé.  On

  4   m’a passé à tabac et on m’a fait revenir vers les autres

  5   personnes qui étaient alignées.

  6         Q.    À la page 14 de la déclaration que vous avez

  7   donnée aux enquêteurs de l’Accusation il y a quatre ans,

  8   vous avez dit (je cite) :  « Je n’ai pas été maltraité

  9   parce que la plupart des policiers me connaissaient très

 10   bien. »  Fin de citation.

 11         Il ne me semble pas que vous ayez parlé nulle part

 12   des mauvais traitements dont vous avez fait l’objet de la

 13   part de cet individu venant de Kakanj.  Vous n’en avez pas

 14   parlé, n’est-ce pas ?

 15         R.    Non, je ne suis pas d’accord avec vous parce

 16   que moi, j’ai dit que les policiers militaires qui

 17   travaillaient ensemble avec moi, qu’eux, ils ne me

 18   maltraitaient pas.  C’est à ça que je pensais en le disant.

 19         Q.    Bien !  Si j’ai bien compris, vous avez été

 20   libéré le 18 juin et dans les deux ou trois jours qui ont

 21   suivi, à Mont Koscan, vous avez rejoint la ligne de front

 22   avec l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

 23         R.    Ce n’était pas dans deux ou trois jours. 

 24   C’est 10 jours même qui se sont écoulés.  Pas tout de

 25   suite, mais après l’échange, j’ai été à l’armée de Bosnie-


Page 15698

  1   Herzégovine et c’était dans le village de Koscan.

  2         Q.    Je ne veux pas ergoter mais à la page 28 de

  3   votre déposition dans l’affaire Blaskic, vous avez dit que

  4   vous avez été libéré (je cite) :  « Deux ou trois jours

  5   plus tard, je me suis rendu sur la ligne de défense à

  6   Koscan. »

  7         Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire ?

  8         R.    Oui, mais je ne sais pas exactement si

  9   c’était deux, trois jours ou 10 jours, mais de toute façon,

 10   c’est à peu près là, parce qu’il ne faut pas oublier qu’à

 11   partir du moment où j’ai été échangé, je ne savais même pas

 12   où ma famille se trouvait.  Je les ai trouvés quelque part

 13   au niveau de Pazarici.  Je sais que j’ai été échangé et

 14   puis au moment où j’ai été capturé, je n’avais rien à

 15   mettre sur moi.  C’est la raison pour laquelle il fallait

 16   que je trouve d’abord ma famille et ce n’est que par la

 17   suite que j’ai rejoint l’armée de Bosnie-Herzégovine.

 18         Me SAYERS (interprétation) :  Je n’ai plus de

 19   questions à poser au témoin, Monsieur le Président.

 20         Me KOVACIC (interprétation) :  Monsieur le

 21   Président, nous n’avons pas de questions à poser au témoin.

 22         Me SCOTT (interprétation) :  Nous n’avons pas de

 23   questions supplémentaires à poser au témoin.

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur le

 25   Témoin AN, vous en avez terminé de votre déposition.  Je


Page 15699

  1   vous remercie d’être venu devant le Tribunal Pénal

  2   International pour témoigner et vous pouvez maintenant

  3   quitter le prétoire.

  4         LE TÉMOIN (interprétation) :  Merci.

  5                     [Le témoin se retire]

  6         Me NICE (interprétation) :  Le témoin que nous

  7   allons entendre maintenant demande des mesures de

  8   protection.  J’espère que vous avez reçu notre demande.

  9         Nous ne disposons pas de résumé des déclarations

 10   préalables de ce témoin car sa déclaration a été recueillie

 11   il y a très peu de temps sous la forme d’un résumé.  Il

 12   convient d’apporter une correction au paragraphe 11 mais

 13   nous pourrons le faire en temps utile lorsque le témoin

 14   déposera.

 15         Ce témoin demande des mesures de protection

 16   limitées à l’attribution d’un pseudonyme et à la

 17   déformation des traits de son visage, comme nous

 18   l’expliquons dans notre demande.  Ce témoin dépose au sujet

 19   notamment de quelqu’un qui fait l’objet d’un acte

 20   d’accusation et qui n’a pas encore été appréhendé.

 21         M. LE PRÉSIDENT :  Y a-t-il des objections ?

 22         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 23   Président, vous savez que pour nous, il est toujours très

 24   important également de travailler dans des audiences

 25   publiques.  C’est la raison pour laquelle nous disons bien


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  1   évidemment que nous n’avons rien contre dans le cas

  2   concret, mais comme mon confrère Sayers, nous avons plutôt

  3   l’impression que chaque témoin demande les mesures de

  4   protection.  Ça c’est une question de principe.

  5         Étant donné, Monsieur le Président, que vous

  6   m’avez accordé la parole, est-ce que je peux encore ajouter

  7   quelque chose ?

  8         Tout premièrement, compte tenu de ce qui ressort

  9   de la déclaration de ce témoin, la Défense de Monsieur

 10   Kordic décerne qu’il ne faudrait pas véritablement procéder

 11   à des questions directrices.  Ça c’est une première chose.

 12         Deuxièmement, le Procureur nous a déposé la

 13   déclaration de ce témoin qui a été donnée au Nord

 14   Bataillon, mais nous avons constaté que le document n’est

 15   pas complet.  Il y a les trois pages dans le document dont

 16   nous disposons alors que je pense que cette déclaration a

 17   au moins encore 11 ou 12 pages supplémentaires.

 18         C’est la raison pour laquelle en ce moment même, à

 19   11 h 30 plutôt, nous avons reçu une page de plus, c’est

 20   l’Annexe A, et si on se réfère à des documents en

 21   référence, il en ressort qu’il y a 10 pages qui manquent. 

 22   C’est la raison pour laquelle nous y insistons et nous

 23   disons que nous manquons de ces 10 pages.

 24         M. LE PRÉSIDENT :  D’accord.

 25         Me KOVACIC (interprétation) :  Nous n’avons pas


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  1   d’objection en ce qui concerne la proposition du Procureur.

  2         M. LE PRÉSIDENT :  Nous allons accorder au témoin

  3   les mesures de protection qu’il demande.

  4         Me NICE (interprétation) :  Faites entrer le

  5   témoin, s’il vous plaît.

  6         M. LE PRÉSIDENT :  Quel sera le pseudonyme du

  7   témoin ?

  8         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le témoin se

  9   verra attribuer le pseudonyme « AO ».

 10               [Le témoin entre dans la Cour]

 11         M. LE PRÉSIDENT :  Je vais demander au témoin de

 12   prononcer la déclaration solennelle.

 13         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je déclare

 14   solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 15   rien que la vérité.

 16         M. LE PRÉSIDENT :  Veuillez vous asseoir, s’il

 17   vous plaît.

 18         TÉMOIN :  TÉMOIN AO (ASSERMENTÉ)

 19         INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :

 20         Q.    Monsieur le Témoin, les mesures de protection

 21   que vous avez demandées vous ont été accordées, c’est-à-

 22   dire que votre nom et votre identité ne seront pas révélés

 23   au cours de votre déposition.

 24         Je vais vous demander d’examiner le papier qui

 25   vous est présenté par l’huissier et de nous dire s’il


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  1   s’agit bien de votre nom qui figure sur cette feuille de

  2   papier.

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Dans le cadre de votre déposition, nous vous

  5   appellerons « Témoin AO ».

  6         Je vois que vous portez toujours votre veste.  Il

  7   fait assez chaud dans le prétoire.  Si vous souhaitez, vous

  8   pouvez enlever votre veste.

  9         R.    D’accord, merci.  Je le fais.

 10         Q.    J’ai tout à fait saisi le sens de

 11   l’intervention de Me Naumovski mais j’espère qu’il sera

 12   d’accord avec ma façon de procéder pour les paragraphes 1 à

 13   3 qui nous donnent des informations sur le parcours du

 14   témoin.

 15         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi.  Il

 16   s’agit de 1 à 3, mais celui-là également, il est

 17   contestable, tout au moins en ce qui nous concerne, le

 18   paragraphe 2 également.

 19         Me NICE (interprétation) : 

 20         Q.    Êtes-vous né à Vares où vous avez résidé

 21   pendant pratiquement toute votre vie et Vares avant 1992

 22   était une ville où la population était à majorité croate,

 23   avec 54 pour cent de Croates, 12 pour cent de Serbes, et le

 24   reste de la population était constitué de musulmans ?

 25         R.    Oui.


Page 15703

  1         Q.    Stupni Do est un petit village musulman qui

  2   se trouve à environ un kilomètre de votre domicile à

  3   Vares ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Vous avez quitté l’école en quelle année ?

  6         R.    En 1991… non, excusez-moi, en 1981.  Je me

  7   suis trompé.

  8         Q.    Ensuite, qu’avez-vous fait ?  Quel travail

  9   avez-vous fait ?

 10         R.    J’ai travaillé dans l’industrie forestière à

 11   Vares.

 12         Q.    Actuellement, quelle est votre occupation

 13   professionnelle ?

 14         R.    J’ai toujours ce statut à Sumartsvo dans

 15   cette société forestière à Vares.

 16         Q.    Est-ce que vous travaillez réellement ou est-

 17   ce que vous êtes en congé pour une raison précise ?

 18         R.    Je suis en congé maladie en ce moment.

 19         Q.    En 1984, vous aviez alors 19 ans, est-ce que

 20   vous avez suivi une formation militaire obligatoire au sein

 21   de la JNA en Macédoine et vous avez terminé votre formation

 22   avec le grade de caporal, vous avez ensuite rejoint les

 23   rangs de la Défense territoriale de Vares – ceci était

 24   obligatoire à l’époque – et dans la Défense territoriale,

 25   est-ce que vous aviez le grade de lieutenant et vous étiez


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  1   chargé, n’est-ce pas, de la formation militaire, de

  2   l’entraînement ?

  3         R.    C’est exact.

  4         Q.    Est-ce que vous aviez des activités dans

  5   votre ville ?  Est-ce que vous jouiez au football par

  6   exemple ?  Est-ce que vous étiez bien connu ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Est-ce qu’il est arrivé un moment où le HVO a

  9   été créé et les gens de Vares sont allés se présenter au

 10   HVO, s’inscrire auprès du HVO ?

 11         R.    C’est cela.

 12         Q.    Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots

 13   dans quelles circonstances cela s’est produit, ce qui s’est

 14   passé effectivement ?

 15         R.    C’est en 1990 qu’il y a eu un certain nombre

 16   de changements juste à la veille des élections.  C’est le

 17   HDZ, SDP et de nouveaux partis ont été mis en place.  Donc

 18   à Vares, il n’y avait pas de tels partis et c’est à partir

 19   de 1990 que le HDZ est devenu un parti actif et beaucoup de

 20   Croates ont rejoint le HDZ.  Ceci était le cas jusqu’à la

 21   veille des élections et par la suite, ce rôle du HDZ s’est

 22   renforcé encore davantage après.

 23         Q.    Est-ce que des habitants de Vares sont allés

 24   se battre en Croatie ?

 25         R.    Oui.


Page 15705

  1         Q.    Dans quelles circonstances ?  Pourquoi ?

  2         R.    C’est déjà 1990 et 1991.  Vares était une

  3   ville industrielle.  Il y avait un certain nombre de

  4   Croates qui étaient au chômage et ils se sont rendus à

  5   Rijeka – c’est un grand port – à Split également, où ils

  6   ont travaillé.

  7         Ils avaient des obligations de travail, et au

  8   moment où l’ex-JNA est rentrée en conflit avec l’armée

  9   croate de l’époque, un grand nombre de Croates ont rejoint

 10   l’armée croate et c’est la raison pour laquelle ils se sont

 11   trouvés sur place.  Il y en avait d’autres qui étaient sur

 12   place et qui n’avaient pas une obligation de travail mais

 13   que tout simplement, ils ont rejoint les rangs de

 14   Domobrani, de ZNG, de l’armée croate, des unités diverses.

 15         Q.    Pour en finir avec ces questions d’ordre

 16   général, je voudrais savoir si cette action d’aller se

 17   signaler, s’inscrire auprès du HVO, si c’était quelque

 18   chose de totalement volontaire ou si c’était une

 19   obligation.

 20         R.    Au début, c’était volontaire, mais quand il y

 21   avait des conflits qui étaient de plus grande envergure, à

 22   ce moment-là, c’était plutôt par force.

 23         Q.    Qui a veillé à ce que cela soit effectivement

 24   le cas ?

 25         R.    En ce qui concerne le territoire croate, je


Page 15706

  1   sais que les gens rejoignaient le HOS et Domobrani

  2   volontairement.  Moi, je n’étais pas là-bas.  Moi, j’étais

  3   à Split et j’étais au 9e bataillon de Split.

  4         Q.    En 1991, est-ce que le HOS existait déjà ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Est-ce que vous avez rejoint les rangs du

  7   HOS ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Vous avez rejoint les rangs tout seul ou est-

 10   ce que vous y êtes allé accompagné d’un ami ?

 11         R.    Tout seul.

 12         Q.    À quel moment avez-vous rejoint les rangs du

 13   HOS en 1991 ?

 14         R.    J’ai été capturé le 27 avril 1991 à Licko

 15   Petrovo Selo.  C’était les Maticevci (ph.) qui m’ont

 16   capturé.  C’est par la suite, sept jours après ma

 17   détention, que je suis allé m’enregistrer auprès du 9e

 18   bataillon Visoka à Split.

 19         Q.    Donc quand vous vous êtes rendu à l’aéroport,

 20   étiez-vous accompagné de quelqu’un ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Qui était-ce et à qui était-il apparenté ?

 23         R.    Zvonko Pejic, né à Ljubiski.  C’est un cousin

 24   de Mate Boban et Bajo (ph.).

 25         Q.    Est-ce qu’il était en train d’essayer de


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  1   récupérer son fils qui était dans la JNA ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Vous nous avez dit que vous avez été arrêté. 

  4   Est-ce qu’il s’agissait là d’une arrestation obligatoire ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Est-ce que vous avez été l’objet de mauvais

  7   traitements, et si c’est le cas, qui vous les a infligés ?

  8         R.    Nous avons subi quelques mauvais traitements

  9   mais de toute façon, je ne pouvais pas identifier les

 10   personnes en question.  Je ne pouvais pas les reconnaître.

 11         L’INTERPRÈTE :  Le témoin est inaudible.

 12         Q.    Par des Serbes croates, n’est-ce pas ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Où exactement avez-vous rejoint les rangs du

 15   HOS, dans quelle ville ?

 16         R.    Je vous ai dit que j’étais au 9e bataillon de

 17   Visoka à Split.

 18         Q.    Quand exactement ?  Quel mois ?

 19         R.    C’était fin avril.

 20         Q.    Qui était le commandant de cette unité ?

 21         R.    J’étais subordonné à une unité et l’unité est

 22   surnommée Gorani.

 23         Q.    À l’époque, qui commandait le HOS dans son

 24   ensemble ?

 25         R.    Moi, j’ai été membre d’une telle unité et,


Page 15708

  1   par conséquent, nous avons été subordonnés à Dobroslav

  2   Paraga qui avait un commandement aussi bien militaire que

  3   politique.

  4         Q.    Dans votre unité, étiez-vous la seule

  5   personne originaire de Bosnie ou est-ce qu’il y en avait

  6   d’autres, des Croates et des musulmans, dans votre unité ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Combien à peu près ?

  9         R.    Au début, il y avait un ami de Vares. 

 10   C’était un musulman.  Il était commandant.  Il s’appelait

 11   Vjeran Mijatovic.  Il est né à Vares.

 12         Q.    Y avait-il d’autres personnes originaires de

 13   Bosnie au sein du 9e bataillon du HOS ?  Y en avait-il

 14   d’autres, et si oui, combien si vous parvenez à vous en

 15   souvenir ?

 16         R.    Bien, il y avait des compagnies qui faisaient

 17   partie de ces unités, entre 10 et 30 soldats.  Moi, j’étais

 18   dans une dizaine et c’était une toute petite formation. 

 19   Elle n’était pas grande et sur les 30 soldats, nous étions

 20   quatre ou cinq provenant de Bosnie.

 21         Q.    À ce moment-là, est-ce que le HOS se trouvait

 22   en Croatie à différents endroits, et si c’est le cas,

 23   pouvez-vous nous dire où ?  Pouvez-vous nous citer le nom

 24   de ces endroits ?

 25         R.    Il y en avait un à côté de Maslenica, l’autre


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  1   à côté de Dubrovnik et puis enfin, Split.

  2         Q.    À cette époque, est-ce que vous travailliez

  3   dans le cadre de la défense contre les Serbes ?

  4         R.    C’est exact.

  5         Q.    Que défendiez-vous contre les Serbes ?

  6         R.    Nous étions une unité chargée

  7   d’interventions.  Nous avions été chargés de la logistique

  8   si jamais il y avait de l’équipement qui manquait.  Donc,

  9   nous étions au sein d’un peloton de logistique.

 10         Me NICE (interprétation) :  Je souhaiterais

 11   maintenant présenter au témoin une vidéo portant la cote

 12   1280.2.  Il s’agit d’une interview ou d’une brève

 13   discussion avec le dénommé Paraga ainsi qu’avec Kordic.

 14         Nous disposons de la transcription des propos, de

 15   ce qui est dit dans cette vidéo.

 16         Me SAYERS (interprétation) :  Je voudrais savoir

 17   si cette vidéo, c’est une des vidéos qui nous ont été

 18   communiquées.

 19         Me NICE (interprétation) :  Oui, oui, elle vous a

 20   été communiquée.

 21               [Diffusion d’une cassette vidéo]

 22         L’INTERPRÈTE :

 23         « Eh bien, nous sommes là où nous sommes.  Il n’y

 24   a aucun dilemme qu’en Bosnie-Herzégovine et encore

 25   davantage en Bosnie-Herzégovine (ph.), des unités croates


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  1   opèrent.  On peut voir que l’équipement croate passe de

  2   Slavonski Brod à Bosanski Brod, Tomislavgrad, Posusje, même

  3   Mostar.  On affirme que ces quelques derniers jours à

  4   Zagreb, 20 000 Domobranis ont été mobilisés.  La plupart

  5   ont été transférés à Visnjica et à Neretva.  Dans ce

  6   secteur, on a acheminé les forces de Split, mais Tudjman ne

  7   reconnaît pas ces faits, Paraga ne les nie pas. 

  8         Une partie de ces unités est passée en Bosnie

  9   depuis le conflit de Slavonski Brod et Bosanski Brod.

 10         Dobroslav Paraga :  Nous avons suivi ce qui se

 11   passait et puis nous avons répondu aux souhaits du peuple

 12   croate qui se déclare comme des Croates en Bosnie-

 13   Herzégovine et c’est la raison pour laquelle nous avons

 14   commencé également, avant le début à Slavonski et Bosanski

 15   Brod, à organiser HOS sous le commandement des officiers du

 16   HOS, et nous pouvons dire que ni Tudjman, ni le QG de

 17   l’armée de Bosnie de Zagreb n’ont aucune influence sur

 18   l’organisation du HOS qui se trouve en Bosnie-Herzégovine,

 19   mais le Vice-président est Monsieur Dario Kordic qui est à

 20   la tête de cette organisation.

 21         C’est les Croates qui aident les Croates en

 22   Bosnie-Herzégovine.  Par conséquent, il n’est pas immoral

 23   qu’on arme ce peuple et qu’on se défende dans le sens de la

 24   défense.

 25         D’après Paraga, en Herzégovine occidentale, il y a


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  1   16 000 du HOS qui ont poursuivi leur entraînement à Citluk

  2   et à Ljubuski.  Ils disposent des équipements, 20 000 de

  3   grand calibre, et personne n’a voulu se mettre sous le

  4   commandement de la TO de Bosnie-Herzégovine.

  5         Le journaliste s’est rendu à Nova Bila pour

  6   visiter l’hôpital, à Zenica… »

  7         Me NICE (interprétation) : 

  8         Q.    Monsieur le témoin AO, on voit ici le dénommé

  9   Paraga qui parle des activités du HOS dans le passé et dans

 10   le présent.  Est-ce que ce qu’il dit est conforme à la

 11   vérité ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Le résumé du journaliste à la fin, lorsqu’il

 14   dit qu’il y a eu 16 000 membres du HOS en Bosnie

 15   occidentale, lorsqu’il parle de leur entraînement, est-ce

 16   que c’est vrai d’après vous ou pas ?

 17         R.    Oui, mais peut-être le nombre était moins

 18   important que ça.

 19         Q.    Est-ce que vous pourriez faire une évaluation ?

 20   Je ne sais pas si à l’époque vous avez vu cette émission

 21   télévisée mais est-ce que vous avez une idée du moment où

 22   cette émission a été diffusée ou pas ?

 23         R.    Eh bien, cette séquence que je viens de voir

 24   sur la cassette vidéo a peut-être été diffusée vers la fin

 25   de l’année 1991 ou début de 1992.


Page 15712

  1         Q.    Veuillez répéter la réponse.

  2         R.    La séquence vidéo que je viens de voir

  3   concerne, je crois, la période de la fin 1991, début 1992. 

  4   Je crois que c’est à ce moment-là que ceci a été diffusé ou

  5   au moins filmé et peut-être ça a été diffusé plus tard.

  6         Q.    Est-ce qu’au début de l’année 1992, il y a eu

  7   un incident dans le village croate de Bosnie de Ravno qui a

  8   été détruit par les Serbes ?

  9         R.    Oui.

 10         Q.    Votre unité du HOS, où était-elle partie

 11   après cela ?

 12         R.    Nous étions à Mostar.  Une partie était à

 13   Mostar, une autre partie à Ljubuski et une partie se

 14   trouvait en cours de préparation en Bosnie centrale, une

 15   autre partie à Zenica, ensuite à Tuzla, et puis aussi à

 16   l’hôtel Kruscica.

 17         Q.    Qui était le leader de l’ensemble des unités

 18   du HOS à ce moment-là ?

 19         R.    Blaz Kraljevic.

 20         Q.    Approximativement combien d’hommes

 21   contrôlait-il au sein du HOS ?

 22         R.    Depuis la création en 1990, nous avions peut-

 23   être entre 7 et 9 000 membres qui étaient placés sous le

 24   commandement du HOS.

 25         Q.    Vous avez mentionné plusieurs endroits où le


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  1   HOS était stationné, mais je souhaite vous poser des

  2   questions concrètes concernant certains villages ou

  3   certaines villes.  Est-ce que le HOS se trouvait à Zenica,

  4   à Vares ?

  5         R.    Oui, oui.

  6         Q.    Et à Busovaca ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    À ce moment-là, est-ce que votre tâche en

  9   tant que membre du commandement… en fait, quel était votre

 10   grade à l’époque puisque aujourd’hui, vous avez un autre

 11   grade ?

 12         R.    J’étais membre de la Défense territoriale. 

 13   Au début lorsque je suis rentré de l’armée, j’avais le

 14   grade de caporal.  Ensuite, j’ai été promu au poste de

 15   lieutenant et lorsque j’étais dans l’état-major, j’ai eu le

 16   grade de commandant.

 17         Q.    En 1992, est-ce que vous avez travaillé à

 18   Ljubuski ?

 19         R.    Oui, j’ai été à Ljubuski.

 20         Q.    Quel était votre grade là-bas ?  Est-ce que

 21   vous pouvez nous expliquer quels étaient les rangs des

 22   autres, les grades des autres personnes, à commencer par

 23   Kraljevic ?

 24         R.    Lorsque je suis venu de Croatie, j’ai rejoint

 25   les rangs du HOS en Herceg-Bosna et c’est là que le HOS de


Page 15714

  1   Bosnie-Herzégovine a été créé et j’étais en haut, parmi les

  2   premières cinq personnes du HOS, auprès de Monsieur Blaz

  3   Kraljevic.

  4         Q.    Quel était votre grade militaire à l’époque ?

  5         R.    Commandant.

  6         Q.    Merci.  Nous n’avons pas entendu la

  7   traduction mais nous avons entendu ce que vous avez dit. 

  8   C’était « Bojnik » en croate.  C’est indiqué entre

  9   parenthèses.

 10         R.    Le grade du commandant.

 11         Q.    Merci.  À ce moment-là, à quoi ressemblaient

 12   les rapports entre les Croates et les musulmans ?

 13         R.    Ils étaient bons.

 14         Q.    À ce moment-là, par exemple, qui fournissait

 15   l’armée de Bosnie-Herzégovine, son unité à Vares ?

 16         R.    Est-ce que vous pouvez répéter la question ?

 17         Q.    Oui.  Qui fournissait l’armée de Bosnie-

 18   Herzégovine à Vares et aussi le 2e bataillon du HVO et la

 19   Ligue patriotique ?  Qui fournissait ces unités en

 20   équipements et autres choses ?

 21         R.    C’était surtout nous puisque nous avions déjà

 22   été actifs auparavant sur les lignes de front en Croatie. 

 23   Donc, nous avons pris des armes et nous les avons apportées

 24   via Grude jusqu’à Vares.

 25         Q.    Est-ce que vous fournissiez en armes et


Page 15715

  1   l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO à Vares ?

  2         R.    Au début, à Vares, lorsque nous avons

  3   commencé à les armer, il y avait l’unité de la Ligue

  4   patriotique à Vares qui collaborait avec le HVO.  Donc, il

  5   y avait des armes et plus d’armes arrivaient jusqu’au HVO

  6   que jusqu’à la Ligue patriotique.

  7         Q.    Très bien !  Qu’est-ce que vous pouvez dire

  8   de la taille du HOS comparée à celle du HVO ?  Il

  9   s’agissait à peu près de mêmes ressources ou plus ou

 10   moins ?

 11         R.    Le HOS disposait des armements plus modernes,

 12   plus sophistiqués.  Les membres du HOS étaient mieux

 13   entraînés que les membres du HVO ou de la Ligue patriotique

 14   et le HVO était plus puissant que la Défense territoriale.

 15         Q.    Les rapports entre le HVO et le HOS, à quoi

 16   ressemblaient-ils et comment est-ce qu’ils ont évolué ?

 17         R.    Eh bien, en ce qui concerne les rapports

 18   entre le HOS et le HVO à Vares, ils étaient plutôt bons à

 19   Vares, de même que les rapports avec la Ligue patriotique.

 20         Q.    En ce qui concerne les rapports entre le HVO

 21   et le HOS, est-ce que ceux-ci ont changé à un quelconque

 22   moment ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Quelle en a été la raison ?

 25         R.    La raison était le fait que le HDZ… c’est que


Page 15716

  1   le SDP a pris le pouvoir des mains du HDZ de manière forcée

  2   à Vares.  Donc, ceci a influencé les rapports de confiance

  3   entre les musulmans et les Croates à Vares.  La confiance

  4   s’est perdue.  Les musulmans n’avaient plus de confiance en

  5   HOS puisqu’il n’y avait plus de musulmans au sein du HVO.

  6         Q.    Veuillez nous dire quelque chose d’autre qui

  7   figure dans le paragraphe 10.  Au cours de l’année 1992,

  8   est-ce que vous étiez au courant de l’existence des unités

  9   de la HV, des unités croates en Bosnie ?

 10         R.    Oui.  Je sais que dans des régions près des

 11   frontières de Bosnie-Herzégovine qu’il y avait des unités

 12   de l’armée croate.  Il s’agissait des membres spéciaux des

 13   unités dont le but était d’entraîner le HVO.  C’est ce que

 14   nous savions.

 15         Q.    Dans quelles villes et villages de Bosnie-

 16   Herzégovine ces unités de la HV ont été envoyées ou

 17   amenées ?

 18         R.    En ce qui concerne la présence de la HV, je

 19   peux dire qu’ils organisaient de l’entraînement près de

 20   Kupres, Mostar, en Bosnie centrale.  Je crois qu’il y en

 21   avait à Busovaca et à Orasje.  À cinq ou six endroits, il y

 22   en avait.  C’est là qu’ils étaient stationnés au cours de

 23   l’année 1992.

 24         Q.    Donc, est-ce que vous pouvez nous dire s’il y

 25   avait de telles troupes à Travnik ?


Page 15717

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Donc, vous dites qu’il y a eu ce genre

  3   d’unités là-bas.  C’est cela ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Ces soldats, lorsqu’ils étaient en Bosnie,

  6   est-ce qu’ils ont gardé les insignes de la HV sur leurs

  7   uniformes ?

  8         R.    La plupart, non, et certains d’entre eux les

  9   gardaient puisqu’ils avaient pratiquement tous deux

 10   uniformes et ça dépendait de leur commandant ou bien des

 11   personnes chargées de l’entraînement.  Il y en avait qui

 12   restaient dans des centres d’entraînement et puis il y en a

 13   qui participaient à des opérations sur le terrain.  Donc

 14   là, ils changeaient d’uniformes.

 15         Q.    Qui était leur commandant, le Général qui les

 16   commandait ?

 17         R.    Je ne peux pas vous citer une seule personne

 18   mais je peux vous dire qu’ils étaient sous le commandement

 19   de la présidence de guerre de ladite Herceg-Bosna.

 20         Q.    Oui, mais qui les contrôlait ?  Est-ce que

 21   vous savez quelle était la personnalité militaire, quel

 22   était le militaire qui était chargé d’eux ?

 23         R.    Eh bien, qui ?  Le Général Praljak était là,

 24   mais quant à la question de savoir qui pouvait demander ce

 25   genre d’aide à la Croatie, je suis sûr que Praljak était


Page 15718

  1   chargé de cela avec la présidence de guerre.  C’est lui qui

  2   pouvait donner les ordres.

  3         Q.    Est-ce que vous pouvez nous aider en nous

  4   disant, du côté bosniaque, qui était en contact, qui menait

  5   des négociations avec Praljak, avec ces soldats de la HV ?

  6         R.    Du côté bosniaque, bosnien, musulman ?

  7         Q.    Ou bien du côté du HVO.

  8         R.    Je ne comprends pas la question.  Je ne vois

  9   pas.  Vous me demandez qui était en communication avec eux,

 10   qui d’autre ?  Je sais que Armin Pohara, qui lui était à

 11   Bosanski Brod, il avait une unité et par la suite, il est

 12   devenu Général placé sous le commandement de Fikret Abdic. 

 13   Je ne sais pas si vous parlez de lui.

 14         Q.    J’en parlerai plus tard.  Les unités de

 15   l’armée croate, où était leur quartier général ?

 16         R.    Eh bien, à Mostar et à Grude.  Mostar, Grude,

 17   c’est là que le siège crucial se trouvait.

 18         Q.    Est-ce que vous pouvez nous dire qui du côté

 19   du HVO de la Bosnie centrale était en communication avec

 20   ces troupes et avec Praljak ?

 21         R.    Eh bien, c’était Monsieur Dario Kordic. 

 22   Ensuite, Mate Boban, Tihomir Blaskic.  Voilà !  C’était les

 23   personnes qui faisaient partie de cette présidence de

 24   guerre, qui négociaient avec l’armée croate de Zagreb, avec

 25   le sommet militaire de Zagreb.


Page 15719

  1         Q.    En juin 1992, est-ce que c’est à ce moment-là

  2   qu’il y a eu cette prise de pouvoir dont vous avez déjà

  3   parlé et pendant cette prise de pouvoir, est-ce que

  4   plusieurs fonctionnaires locaux ont été remplacés ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Dites-nous qui est devenu maire, qui est

  7   devenu commandant chef de police et qui est devenu chef de

  8   police civil ?

  9         R.    La prise de pouvoir à Vares a eu lieu en juin

 10   1992 et c’est à ce moment-là que le sommet politique du HDZ

 11   a remplacé Dario qui était le Président du SDP.  Il était à

 12   la tête de la municipalité de Vares.  C’est Monsieur Anto

 13   Pejcinovic qui l’a remplacé et le chef de la police civile

 14   est devenu Monsieur Ivica Gavran.  En ce qui concerne la

 15   police militaire, c’est Zvonko Duznovic qui est devenu son

 16   chef, et en ce qui concerne le commandant militaire, c’est

 17   Borislav Malbasic qui a été nommé à ce poste.

 18         Me NICE (interprétation) :  Messieurs les Juges,

 19   il s’agit du paragraphe 11.  Il faut apporter certaines

 20   corrections à ce paragraphe. 

 21         Q.    Est-ce qu’il y a eu une certaine

 22   manifestation au cours de laquelle les membres du HVO ont

 23   prêté serment ?

 24         R.    Oui.

 25         Q.    Qui a assisté à cela ?  Là, je parle de hauts


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  1   responsables.

  2         R.    Eh bien, il y avait environ 300 à 400 membres

  3   du HVO qui prêtaient serment.

  4         Q.    Qui présidait, qui était à la tête de cet

  5   événement ?

  6         R.    Eh bien, la cérémonie a été inaugurée par un

  7   discours du Maire Anto Pejcinovic.  Ensuite, c’est Boro

  8   Malbasic qui a pris la parole et à la fin, c’est Ivica

  9   Rajic qui a lu une lettre où l’on résumait les propos de

 10   Dario Kordic qui ne pouvait pas venir personnellement, qui

 11   saluait les personnes présentes et cette lettre a été lue. 

 12   C’était donc une lettre de Grude, du HVO de Grude.

 13         Q.    Donc, Kordic n’était pas présent lui-même ?

 14         R.    Non, il n’était pas sur place, mais on a lu

 15   sa lettre et c’est Monsieur Ivica Rajic qui a lu la lettre.

 16         Q.    Quelques jours plus tard, est-ce qu’une autre

 17   cérémonie a eu lieu dans cet hôtel qui est devenu une sorte

 18   de caserne ou bien un bâtiment servant au HVO ?

 19         R.    Oui.  C’est au bout de 15 à 20 jours que cet

 20   hôtel a été repris par une société appelée Perun de Vares

 21   et puis ensuite, ceci a commencé à servir aux besoins du

 22   HVO pour le siège du commandement du HVO.  Donc, il y avait

 23   une cérémonie d’inauguration du quartier général.  Le

 24   commandement s’y trouvait et puis des personnalités de

 25   Herceg-Bosna sont même venues rendre visite à ce centre qui


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  1   est devenu donc le quartier général du HVO à Vares.

  2         Q.    Est-ce que vous pouvez citer les noms de

  3   certaines personnalités du HVO qui sont venues assister à

  4   cet événement et puis qui ont inauguré le bâtiment ?

  5         R.    Eh bien, il y avait une cérémonie dans la

  6   salle de réception.  On pouvait voir qu’il s’agissait d’une

  7   grande délégation de personnes qui sont venues afin

  8   d’apporter de l’aide logistique et autre, et à ce moment-

  9   là, Monsieur Dario Kordic était présent lui aussi, et puis

 10   mis à part lui, il y a eu certaines autres personnes

 11   connues, certaines autres personnalités dont je ne me

 12   souviens pas en ce moment.

 13         Q.    En septembre 1992, est-ce que vous êtes allé

 14   à une réunion à Grude ?

 15         R.    Eh bien, j’ai traversé Grude.  Je me suis

 16   retrouvé à l’hôtel Grude.  Nous avons été invités à

 17   assister à ce genre de réception ou une petite réunion.

 18         Q.    Nous allons essayer d’être le plus efficace

 19   possible.  Donc, dites-nous, s’il vous plaît, qui était

 20   présent et dites-nous en quelques phrases seulement quel

 21   était le contenu et la conclusion de cette réunion.

 22         R.    Eh bien, j’ai eu plusieurs rencontres à Grude

 23   qui concernaient l’aide logistique et en armes à Vares,

 24   aussi l’aide en aliments, puis il y a eu des réunions que

 25   nous avons eues entre les commandants du HOS et les


Page 15722

  1   commandants du HVO.  Je ne sais pas de quelle réunion vous

  2   parlez.

  3         Q.    De la dernière, celle qui a eu lieu entre le

  4   HOS…

  5         R.    Le HOS et le HVO ?

  6         Q.    Oui.

  7         R.    Lors de cette réunion, les commandants du HVO

  8   ont assisté donc à la réunion.  Il y avait également

  9   Monsieur Kraljevic, Monsieur Dario Kordic, Mate Boban et

 10   tout ceci se passait à l’hôtel Grude, en face de la station

 11   Duven (ph.).  Cette réunion a été courte puisque nous, les

 12   représentants du HOS, nous n’avons pas voulu accepter

 13   certaines de leurs exigences.  Ils voulaient placer le HOS

 14   sous le commandement du HVO afin de renforcer leurs rangs.

 15         Moi, on ne m’a pas demandé mon avis, mais on a

 16   demandé l’avis de Monsieur Kraljevic.  Nous avons refusé

 17   ces demandes.  Il nous proposait de rester au sommet du

 18   HVO.  Il nous disait que nous n’allions pas perdre nos

 19   positions.  Nous, les positions ne nous importaient pas

 20   beaucoup, mais de toute façon, cette réunion a eu une issue

 21   négative pour le HVO.

 22         Q.    Qui a fait ces demandes au nom du HVO auprès

 23   de vous, les représentants du HOS ?

 24         R.    Eh bien, la présidence de guerre.  Donc,

 25   c’était Monsieur Mate Boban et Monsieur Dario Kordic qui


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  1   parlaient avec nous au nom de la présidence de guerre.

  2         Q.    Quelle a été l’attitude de Kraljevic vis-à-

  3   vis de la proposition de Kordic ?

  4         R.    Négative.

  5         Q.    Au cours de la réunion, est-ce que vous vous

  6   souvenez si Kordic avait dit quoi que ce soit d’autre

  7   concernant les musulmans et les rapports avec les

  8   musulmans ?

  9         R.    Il citait certains exemples, par exemple,

 10   l’exemple de Fikret Abdic.  Il disait que certains

 11   malentendus avaient éclaté et que le conflit allait éclater

 12   et il tirait un parallèle, il disait qu’il y avait des

 13   musulmans au sein du HOS et que peut-être les musulmans

 14   allaient tourner leur dos devant nous.  Ceci ne s’est pas

 15   produit vraiment à la fin, mais il parlait de possibilité

 16   d’un conflit entre le HOS et l’armée de Bosnie-Herzégovine.

 17         Q.    Est-ce que vous vous souvenez de ce que

 18   Kordic disait en général concernant les musulmans et

 19   concernant leurs intentions en Bosnie ?

 20         R.    Il disait que le HVO n’allait pas permettre

 21   que l’État turc soit créé là-bas, que nous soyons subjugués

 22   à eux, et donc, il disait que le HOS devait à cause de cela

 23   changer leur opinion vis-à-vis de ses collègues musulmans

 24   qui étaient membres du HOS.

 25         Q.    Kraljevic a-t-il suggéré que quelqu’un du


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  1   côté musulman devait participer à ces discussions ?

  2         R.    Oui.  Il a demandé ça. Blaz, même avant, il

  3   avait demandé de contacter les musulmans.  Il a demandé

  4   pourquoi l’on ne contactait pas les musulmans bosniaques,

  5   mais je crois qu’ils n’ont même pas fait de commentaire en

  6   réponse à la question posée par Kraljevic.

  7         Q.    Ces suggestions de Kraljevic, est-ce que vous

  8   vous souvenez s’il a soulevé cette question au cours de la

  9   réunion, et si oui, quelle a été la réponse de Kordic ?

 10         R.    Kordic a dit qu’il ne voulait pas du tout les

 11   contacter, qu’il ne devait plus y avoir de contacts avec

 12   eux.  Quand je dis « eux », je parle du côté bosnien.  Ils

 13   nous ont même critiqués en ce qui concerne l’armement et

 14   tout lorsque nous avons distribué des armes aux musulmans,

 15   aux Bosniens qui étaient dans les rangs du HOS.

 16         Q.    Quelle était son humeur lorsqu’il disait

 17   cela, lorsqu’il suggérait cette suggestion concernant les

 18   Bosniens ?

 19         R.    Eh bien, il était en colère.  Il était en

 20   colère parce que nous n’avions pas accepté sa

 21   collaboration.  Nous avons refusé sa proposition de nous

 22   placer sous le commandement du HVO.  Ensuite, nous avons

 23   refusé d’arrêter de contacter les musulmans.  Nous avons

 24   dit que nous allions poursuivre nos contacts avec eux, que

 25   notre but était de procéder de manière commune, de ne pas


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  1   partager la Bosnie.  Nous avons dit que nous n’avions pas

  2   voulu que les Serbes soient nos ennemis et que maintenant,

  3   nous ne souhaitions pas que les musulmans deviennent nos

  4   ennemis.

  5         Q.    À ce moment-là, est-ce qu’il y avait encore

  6   des musulmans au sein du HOS, et si oui, quel était leur

  7   pourcentage ? 

  8         R.    Oui.  Il y a eu des musulmans.  Il y a eu des

  9   musulmans jusqu’à la fin de la guerre au sein du HOS, là où

 10   le HOS a survécu.  Donc, entre 30 et 40 pour cent de

 11   membres étaient musulmans.  Dans certaines unités, par

 12   exemple, autour de Tuzla ou bien à Zenica, déjà, le

 13   Commandant Mladen Holman était musulman.  Ensuite, le long

 14   de la rivière Neretva, il y avait beaucoup de musulmans au

 15   sein du HOS.  Donc, dans certaines unités, entre 30 et 40

 16   pour cent des membres étaient des musulmans au sein du HOS.

 17         Q.    En général, quelle était l’approche de

 18   Kraljevic vis-à-vis de l’indépendance du HOS ?  Quelle

 19   était votre opinion sur la base de ce qu’il a exprimé lors

 20   de cette réunion ?

 21         R.    Je pense que le seul dirigeant à la fois des

 22   Croates et des musulmans de Bosnie, c’était lui.  Il était

 23   le seul qui avait un vrai but, une bonne approche.  Il

 24   avait un seul ennemi et il ne pouvait pas du tout imaginer

 25   un conflit éventuel entre les Croates et les Croates, entre


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  1   les musulmans et les musulmans, et entre les Croates et les

  2   musulmans.

  3         Q.    Lorsque vous dites qu’il n’avait qu’un seul

  4   ennemi, de qui voulez-vous parler ?

  5         R.    De l’ex-JNA, l’armée populaire yougoslave,

  6   des Serbes qui étaient à l’origine de l’agression contre

  7   nous dès le début de la guerre.

  8         Q.    Dernière question concernant cette réunion. 

  9   Kordic, comment était-il vêtu au cours de cette réunion ?

 10         R.    Kordic était dans son uniforme de camouflage,

 11   comme d’habitude.  Il portait un pistolet.

 12         Q.    Est-ce qu’il portait des insignes indiquant

 13   son grade ?

 14         R.    Je pense qu’il faisait beau, qu’il y avait un

 15   insigne de grade sur sa veste et il portait des insignes du

 16   HVO, mais le grade, on ne le voyait pas puisque sa veste

 17   était à côté et les insignes de grade étaient sur la veste.

 18         Q.    Juste avant la pause, encore une chose. 

 19   Probablement il s’agit d’une erreur de traduction.  Lorsque

 20   vous disiez qu’il était le seul leader des musulmans et des

 21   Croates ayant un but, un vrai but, un bon but, là vous

 22   parliez de Kraljevic, n’est-ce pas ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    Je vais parler d’une autre réunion. 

 25         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Nous allons


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  1   procéder à une pause.

  2         Témoin, veuillez ne pas parler avec qui que ce

  3   soit de votre déposition avant que celle-ci ne soit

  4   terminée et ceci inclut également les membres du Bureau du

  5   Procureur.

  6         LE TÉMOIN (interprétation) :  Très bien.

  7         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Et veuillez

  8   rentrer à 2 h 30.

  9         LE TÉMOIN (interprétation) :  Je comprends.

 10               --- Suspension de l’audience à 13 h 00

 11               --- Reprise de l’audience à 14 h 36

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Monsieur Nice.

 13         Me NICE (interprétation) :

 14         Q.    Vous avez parlé d’une réunion à Grude.  Y a-

 15   t-il eu une réunion à Kruscica avec le HOS lui-même ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Quelle décision a été prise concernant le HVO

 18   et le fait de rejoindre les rangs du HVO ?

 19         R.    Bien, il n’y avait pas de décision conjointe

 20   entre les membres du HOS et du HVO, c’est-à-dire que le HOS

 21   avait refusé de se mettre sous le commandement du HVO.

 22         Q.    Qu’est-il arrivé à Kraljevic peu de temps

 23   après ?

 24         R.    Après cette réunion, Kraljevic a été tué.

 25         Q.    Comment a-t-il été tué ?


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  1         R.    Même si nous étions tous du même point de vue

  2   au sein de la direction du HOS, nous avons omis quelque

  3   chose.  Nous n’avons pas remarqué qu’on avait quelques

  4   personnes qui ont été parmi nous et qui venaient du HVO et

  5   nous, on n’était pas au courant et c’est l’attentat sur

  6   Blaz Kraljevic qui a été organisé.

  7         Q.    Vous nous dites qu’il a été tué.  Dans

  8   quelles circonstances ?  Est-ce qu’il a été abattu ?

  9         R.    Oui.  C’est le tir d’un fusil.

 10         Q.    Où se trouvait-il quand il a été tué ?

 11         R.    Il rentrait de Kruscica en voiture et il

 12   était escorté.  C’est dans la banlieue de Mostar qu’on l’a

 13   tué.  C’était juste avant les lignes où étaient les

 14   positions du HVO, et par la suite, on avait compris qu’il

 15   s’agissait des lignes entre le HVO et l’armée de Bosnie-

 16   Herzégovine.

 17         Q.    Dans le même temps ou à peu près, est-ce

 18   qu’un entrepôt du HOS à Ljubuski a été pillé ?

 19         R.    Pas uniquement à Ljubuski, mais après ce

 20   meurtre de Blaz Kraljevic, après un certain temps, dans

 21   quelques villages, le HVO a pillé et a détruit les

 22   entrepôts, puis ils sont rentrés en possession d’un certain

 23   nombre de documents.

 24         Q.    À la fin 1992, avez-vous vu des soldats

 25   portant des uniformes du HOS à Kakanj et vous ne les avez


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  1   pas reconnus ?

  2         R.    Oui.  Moi, je me suis déplacé souvent et

  3   j’étais souvent dans les convois et je l’ai reconnu à

  4   Kakanj et à Posusje également.  J’ai vu un certain nombre

  5   de membres qui n’étaient pas membres du HOS mais qui

  6   portaient des vêtements du HOS.

  7         Q.    Leur avez-vous parlé, et si oui, que vous

  8   ont-ils dit ?

  9         R.    À Kakanj, il y a un convoi qui a été attaqué

 10   et ces gens-là s’y trouvaient.  J’ai posé la question, j’ai

 11   dit où ils étaient.  Ils ont dit qu’ils étaient auprès d’un

 12   certain baron.  Je ne sais même pas qu’il ait été parmi les

 13   dirigeants du HOS.

 14         Q.    Vous ont-ils dit à quelle armée ils

 15   appartenaient, à quelle unité particulière ils

 16   appartenaient ?

 17         R.    Ils ont dit qu’ils avaient été chargés de

 18   contrôler ces points de contrôle étant donné qu’on sort de

 19   Kakanj et on traverse une partie du territoire musulman. 

 20   C’est un secteur qui s’appelle Mijakovici et Dragovici. 

 21   Ils m’ont dit qu’ils étaient membres du HOS mais ils ne

 22   l’étaient pas.

 23         Q.    Quelle était votre vision de la sécurité du

 24   HOS à ce moment-là ?  Est-ce que vous pensiez que le HOS

 25   était ou non infiltré par d’autres groupes ?


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  1         R.    À partir du moment où Blaz Kraljevic a

  2   disparu, le HOS également a disparu dans la région de

  3   Herzégovine, le HOS à Kiseljak également, à Vares a

  4   disparu, une partie à Vares.  Il y a d’autres villes qui

  5   ont gardé les unités du HOS jusqu’à 1994, Zenica, la

  6   Ugljanin (ph.) était commandée par Mladen Holman et puis à

  7   Tuzla, à Sarajevo également.

  8         Q.    Je vais passer à autre chose mais avant,

  9   pouvez-vous me dire si à la fin 1992, il y a eu des rumeurs

 10   selon lesquelles des membres du HOS pillaient des convois

 11   près de Kakanj à Haljinici, et si c’est le cas, est-ce que

 12   ces rumeurs étaient vraies ou pas ?

 13         R.    Il y avait des rumeurs mais j’affirme que ce

 14   n’était pas les membres du HOS, mais ils ont été infiltrés.

 15         Q.    Avez-vous réussi à déterminer d’où venaient

 16   ces rumeurs ?

 17         R.    Ces rumeurs circulaient tout simplement pour

 18   que tous les pillages, tous les mauvais traitements soient

 19   attribués aux unités du HOS.  C’était pour ça.

 20         Q.    Avez-vous découvert qui était à l’origine de

 21   ces rumeurs ?

 22         R.    À l’origine des rumeurs à l’époque, c’était

 23   ces unités du HVO qui obtenaient des instructions de

 24   Herzégovine.

 25         Q.    Après l’éclatement du HOS, je crois que vous


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  1   ne vous êtes joint à aucune armée existante, mais vous avez

  2   créé votre propre groupe ?

  3         R.    Oui, effectivement, j’avais mon propre groupe

  4   à Vares.

  5         Q.    Avez-vous continué à porter l’uniforme noir

  6   du HOS ?  Est-ce que vous aviez des armes, des véhicules et

  7   est-ce qu’entre janvier et octobre 1993, vous étiez à

  8   Vares ?

  9         R.    C’est cela.

 10         Q.    Pendant cette période, quelle était la nature

 11   de vos relations ?  Est-ce qu’elles étaient bonnes ou

 12   mauvaises avec l’armée de Bosnie-Herzégovine à Tuzla et

 13   Zenica et avec Emil Harah, le commandant du HVO à Vares ?

 14         R.    Pour ce qui concerne les relations entre le

 15   1er et le 3e corps, elles étaient bonnes, avec Emil Harah

 16   également et à l’époque, il était commandant du HVO.

 17         Q.    Est-ce que le HVO était fortement représenté

 18   à Vares ?

 19         R.    Le HVO, jusqu’au moment où Ivica Rajic est

 20   arrivé à ce poste et jusqu’au moment où il n’a pas été

 21   remplacé, le HVO n’a pratiquement fait obstacle à qui que

 22   ce soit.  Entre les Serbes et les Croates également et les

 23   musulmans, les relations étaient plus ou moins bonnes.  Il

 24   y avait quelques tensions, mais de toute façon, on se

 25   contactait encore.


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  1         Q.    En janvier ou février 1993, avez-vous

  2   participé à l’escorte d’un convoi qui transportait des

  3   produits alimentaires et qui avait été organisé par une

  4   organisation caritative, une organisation caritative qui

  5   s’appelait Caritas, je crois, et qui allait de Split à

  6   Grude en poursuivant ensuite par la Bosnie centrale ?  Pour

  7   traverser le territoire contrôlé par le HVO, avez-vous eu

  8   besoin d’un permis ?

  9         R.    Oui.  Pour chaque convoi, il fallait disposer

 10   d’une autorisation du maire et en retour, on passait par

 11   Grude.  Le chef du convoi nous demandait de rester à

 12   l’hôtel.  Moi, par exemple, j’étais à l’hôtel à un moment

 13   donné et il fallait que j’escorte des convois et surtout

 14   que je les assure jusqu’à Vares et plus loin.

 15         Q.    De la signature de qui aviez-vous besoin sur

 16   ce permis ?

 17         R.    Si jamais ce n’était pas Boban, à ce moment-

 18   là, c’est Dario Kordic.  Si ce n’est pas Kordic, à ce

 19   moment-là, c’est Boban.  De toute façon, l’un des deux

 20   signait la permission, enfin l’autorisation pour passer.

 21         Q.    Est-ce qu’il arrivait à Kordic de signer ces

 22   documents ?

 23         R.    Oui.

 24         Q.    À cette époque, aviez-vous connaissance des

 25   déplacements de Kordic ?  Je pense ici aux villes de


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  1   Busovaca et Grude.

  2         R.    Oui.  Je le connaissais puis lui venait à

  3   Vares.  Je l’ai rencontré également à Busovaca.  J’avais un

  4   ami à Busovaca répondant au nom de Toni.  J’ai eu également

  5   l’occasion de le voir à l’hôtel à Grude.  Je l’ai vu à

  6   Busovaca.  Je l’ai vu à Vares.  Je n’étais pas trop

  7   intéressé pour savoir quels étaient ses déplacements, mais

  8   de toute façon, je l’ai vu à Busovaca, Vares, et comme je

  9   vous l’ai dit, également à l’hôtel de Grude.

 10         Q.    Merci.  Ce laissez-passer qu’il signait, est-

 11   ce qu’il constituait une autorisation militaire pour le

 12   passage des convois ou une autorisation à la fois politique

 13   et militaire ?

 14         R.    À Vares, il n’y avait plus de politique. 

 15   Tout était militaire.  Depuis la fin 1992, la politique

 16   était inexistante.  Depuis le maire, depuis Anto Pejcinovic

 17   qui était le maire, tout était militaire.

 18         Q.    Je vais vous interrompre afin que nous

 19   accélérions un petit peu.  Donc, ces laissez-passer qui

 20   permettaient de passer en Bosnie centrale, est-ce qu’ils

 21   donnaient des instructions aux militaires de laisser passer

 22   les convois ou à quelqu’un d’autre ?

 23         R.    Pour ce qui concerne des convois, ils ont été

 24   escortés par les militaires.  Sur deux camions, il y avait

 25   dans le deuxième des soldats.  Il y avait des soldats qui


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  1   accompagnaient, qui escortaient.

  2         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui. 

  3   J’aimerais bien comprendre.  Est-ce que c’est dans le cadre

  4   du passage du convoi Caritas que Dario Kordic a signé ce

  5   laissez-passer ou pour d’autres convois ?

  6         R.    Pour tous les convois, il fallait une

  7   signature, signature du QG du HVO, du QG à Grude.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin n’a

  9   pas répondu à ma question.

 10         Me NICE (interprétation) :  Je vais essayer

 11   encore.

 12         Q.    Monsieur le Témoin, Monsieur le Président

 13   souhaite savoir si le laissez-passer relatif à ce convoi

 14   dont nous venons de parler a été signé par Kordic ou si

 15   vous nous dites simplement que Kordic signait certains des

 16   laissez-passer pour les convois ?

 17         R.    Non.  Je parle de tous les convois, aussi

 18   bien humanitaires que militaires.  Tous les convois

 19   exigeaient un laissez-passer et il devait y avoir une

 20   signature qui a été apposée sur le document.

 21         Q.    En juin 1993, y a-t-il eu une rencontre avec

 22   Ekrem Mahmutovic et Avdo Zubaca au cours de laquelle on a

 23   évoqué la circulation, le passage des musulmans souhaitant

 24   se rendre de Dabravine à Tuzla ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Ceci aurait pu permettre d’établir un lien

  2   entre le 2e corps d’armée de Tuzla et le 3e corps d’armée

  3   de Zenica renforçant ainsi l’armée de Bosnie-Herzégovine. 

  4   Cela aurait permis aux musulmans de sortir de la Republika

  5   Srpska à côté de Tuzla.  Quelle a été la position de

  6   Pejcinovic ?  Est-ce qu’il était d’accord ?

  7         R.    Pejcinovic aurait été d’accord, mais de toute

  8   façon, ce n’est pas lui qui avait pris la décision.  C’est

  9   le commandement de Grude qui a pris la décision au sujet de

 10   cette question.

 11         Q.    Quelle a été leur réaction et de qui est

 12   venue cette réaction plus précisément ?

 13         R.    La réunion s’est terminée avec une réponse

 14   négative pour l’armée.  Pejcinovic a contacté le QG et puis

 15   la présidence de guerre de Grude.  La réponse a été obtenue

 16   dans le sens à vouloir dire qu’il n’y a absolument pas de

 17   coopération imaginable avec l’armée de Bosnie-Herzégovine.

 18         Q.    Qui a pris cette décision à Grude ?  Pouvez-

 19   vous nous le dire ?

 20         R.    C’est la présidence de guerre.  Dario, Boban,

 21   Blaskic et je ne sais pas qui encore faisaient partie de

 22   cette présidence de guerre.

 23         Q.    Si le passage de ces personnes avait été

 24   autorisé, est-ce que cela aurait eu des conséquences sur

 25   l’évacuation des Croates de la zone de Vares ?


Page 15736

  1         R.    Je pense que cette évacuation n’aurait pas eu

  2   lieu.  Si Vares prenait la décision, si la politique et les

  3   militaires de Vares avaient pris la décision, ils seraient

  4   restés dans la position telle Zepce ou autres.

  5         Q.    En août 1993, est-ce que la présidence de

  6   guerre à Vares a délivré un ordre relatif à la circulation

  7   des biens ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    S’agissait-il d’empêcher la sortie des

 10   marchandises car la ville n’était plus ravitaillée ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Est-ce qu’au point de contrôle du HVO, les

 13   gens qui ne se conformaient pas à cet ordre ont été pris à

 14   parti et victimes de traitements répréhensibles ?

 15         R.    Oui.  On avait harcelé.  C’était les

 16   policiers qui étaient au point de contrôle.   On fouillait

 17   également les femmes, oui.

 18         Q.    En septembre 1993, y a-t-il eu une réunion à

 19   l’hôtel Ponikve présidée par Pejcinovic avec Duznovic,

 20   Gavran, Bozic, Harah et Frankovic présents ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Qu’est-ce qu’on a dit lors de cette réunion

 23   au sujet d’un ordre qui était venu de Grude ?

 24         R.    Déjà, cette attitude qui a été prise par Anto

 25   Pejcinovic qui avait présidé la réunion et même avant, en


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  1   1992, Malbasic qui avait prêté serment, il a été remplacé.

  2   Harah était venu à sa place.  Lors de cette réunion, on a

  3   parlé des forces dont dispose le HVO à Vares.  Il y avait

  4   même un renseignement selon lequel si jamais il fallait

  5   s’opposer à l’armée de Bosnie-Herzégovine, que dans ce cas-

  6   là, il fallait s’adresser à Republika Srpska car le HVO de

  7   Vares coopérait avec Republika Srpska, tout au moins une

  8   partie a coopéré avec.

  9         Q.    Les Croates de Vares ont-ils été d’accord

 10   avec cette proposition ou l’ont-ils rejetée ?

 11         R.    C’est le commandement qui a refusé l’aide,

 12   que cette aide vienne des Serbes ou des autres, peu

 13   importe.

 14         Q.    Qui étaient les signatures de cet ordre au

 15   terme duquel les Croates de Vares devaient demander

 16   l’assistance des Serbes si nécessaire ?

 17         R.    Ceci également est parvenu de la présidence

 18   de guerre de Grude.

 19         Q.    Avez-vous vu cet ordre ?

 20         R.    C’est un ordre que tenait dans les mains Anto

 21   Pejcinovic, le maire.  Moi, j’étais présent.  J’étais

 22   présent lors de la réunion et Zvonko Duznovic a dit qu’il

 23   n’avait absolument besoin d’aucune aide et qu’il n’allait

 24   pas contacter ni Ivica Rajic et puis il a dit à Anto qu’il

 25   en a marre de la présidence de guerre et du commandement de


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  1   Herceg-Bosna, de Boban, de Kordic et tous les autres qui

  2   sont comme lui.  C’était à l’hôtel où était le siège du QG.

  3         Q.    Oui, mais vous nous dites que vous avez vu

  4   l’ordre et ce que je voudrais savoir c’est qui avait signé

  5   cet ordre.

  6         R.    Un ordre a été signé par Monsieur Dario

  7   Kordic.  C’était la signature, alors qu’il y avait deux

  8   réunions.  Il y avait d’abord une réunion au moment où

  9   Ivica Rajic s’est rendu à Vares pour assister à cette

 10   réunion.

 11         Q.    Bien !  Parlons d’ailleurs de cette réunion. 

 12   Quand est-il arrivé, à quel mois, Ivica Rajic ?

 13         R.    Rajic est arrivé le 19 octobre, le 19 octobre

 14   pour la première fois, et ceci accompagné d’un groupe

 15   restreint de soldats qui l’ont accompagné.

 16         Q.    Quelles unités avait-il avec lui ?

 17         R.    L’unité principale qui avait escorté Ivica

 18   Rajic était les Maturices.  C’était l’unité qui était

 19   localisée à Kiseljak qui a reçu le nom en hommage de leur

 20   Commandant Mato Lucic.  Je pense qu’il s’appelait Mato

 21   Lucic.

 22         Q.    Est-ce qu’il y avait d’autres unités

 23   présentes à ce moment-là ?

 24         R.    Au cours de la nuit et puis le lendemain, il

 25   y a un grand nombre d’autres unités, des Apôtres, des


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  1   Maturices et puis il y avait Sioux également.

  2         Q.    Étaient-ils venus en passant par le

  3   territoire contrôlé par les Serbes, et si c’est le cas, par

  4   où étaient-ils entrés sur le territoire croate ?

  5         R.    Oui.  Ils sont arrivés à Vares en passant par

  6   les territoires serbes et ensuite, ils ont passé le

  7   territoire contrôlé par le HVO à l’endroit qui s’appelle

  8   Brgul et ils sont rentrés en Republika Srpska en passant

  9   par une colline au-dessus de Kobiljaca qui était contrôlée

 10   par les Serbes et qui est limitrophe avec Kiseljak.

 11         Q.    Vous connaissiez Ivica Rajic personnellement

 12   à ce moment-là ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Quelle était sa réputation ?

 15         R.    Je le connaissais même avant la guerre.  Je

 16   le connaissais un petit peu.  Pendant la guerre, j’ai eu

 17   l’occasion également de le rencontrer et je le connaissais

 18   assez bien.  En ce qui concerne sa réputation, il avait une

 19   bonne réputation à Kiseljak.

 20         Q.    Est-ce qu’il semblait vous faire confiance ou

 21   non ?

 22         R.    Oui.  Il me faisait confiance, oui, le plus.

 23         Q.    Vous a-t-il dit pourquoi il était venu à

 24   Vares ou qui l’avait envoyé à Vares ?

 25         R.    Au moment où il est arrivé à Vares, il a


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  1   d’abord envoyé deux soldats me chercher car j’habitais un

  2   appartement à l’époque.  Il savait où je me trouvais et

  3   puis je suis allé chez lui au QG, puis nous nous sommes

  4   assis.  On a commencé à parler de la situation à Vares, sur

  5   la stratégie militaire également à Vares, et puis il m’a

  6   posé un tas de questions, où se trouvait Pejcinovic,

  7   Duznovic, Malbasic, Harah également, pourquoi on a mis

  8   Harah à la place de Malbasic, et voilà, il m’a posé plein

  9   de questions.

 10         Q.    Vous a-t-il dit qui l’avait envoyé à Vares ?

 11         R.    Au moment où nous nous sommes entretenus,

 12   quand nous avons parlé de la stratégie de Vares, il m’a dit

 13   qu’il s’est rendu pour aider les Croates de Vares et qu’il

 14   a obtenu des instructions du QG de Grude.  Cet ordre que

 15   j’ai vu et qu’il tenait dans ses mains, car nous étions

 16   autour d’une même table, a été signé par le Général

 17   Praljak.

 18         Q.    Vous a-t-il parlé d’une autre personne

 19   éventuellement de la présidence de guerre qui l’aurait

 20   envoyé là ?  Vous a-t-il dit qui l’avait envoyé à Vares ?

 21         R.    Oui.  La réunion s’est élargie.  D’abord,

 22   nous étions tous les deux assis autour d’une table, comme

 23   je l’ai dit, au moment où je suis venu le voir.  Ensuite,

 24   il y a Bozic qui est venu et lui, il était commandant.  Il

 25   était l’un des commandants.  Nous avons parlé.  Nous avons


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  1   poursuivi la discussion, puis nous avons parlé également de

  2   Vares : ce qui était critique, ce qui n’est pas critique. 

  3   Il y avait des points de contrôle qui étaient critiques et

  4   d’autres non.  Puis, nous avons parlé de la colline Perun

  5   et nous avons parlé de Mijakovici et de Dragovici.

  6         C’est comme ça que Bozic également a commencé à

  7   discuter avec nous et il a dit : « Bien, pourquoi voulez-

  8   vous vous emparer de ces collines alors que vous avez

  9   l’ennemi dans la ville ? »  Moi, je me suis posé la

 10   question, quel ennemi, et c’est dans ce sens-là que nous

 11   avons continué la discussion.

 12         Ensuite, on a commencé à parler de Dario Kordic,

 13   du contact qu’il fallait réaliser avec Dario Kordic, et

 14   c’est là où on a commencé déjà donc à discuter avec lui,

 15   avec Dario Kordic.

 16         Q.    Donc, vous dites que quelqu’un a mentionné

 17   Dario Kordic dans la conversation.  Qui l’a mentionné et à

 18   quel sujet ?  Qu’était-il censé avoir fait ?  Enfin, dans

 19   quel contexte en a-t-on parlé ?

 20         R.    Ivica Rajic a été envoyé par Dario Kordic

 21   auprès du Général Praljak et c’est lui qui avait emmené

 22   toute une série de documents et c’est lui d’ailleurs qui

 23   avait justement amené les décisions concernant les

 24   remplacements, le remplacement de Pejcinovic, de Duznovic,

 25   d’arrêter un certain nombre également de politiques de


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  1   Vares.  C’est là où il les ont arrêtées et il y a toute une

  2   série donc de démissions et de révocations qui s’en sont

  3   suivies et je dirais même une confusion qui était le

  4   résultat de ces entretiens et de son arrivée.

  5         Q.    Bien !  Si on procédait par ordre et d’entrer

  6   un eu dans les détails, quelles étaient les intentions des

  7   autorités de Grude au sujet de la population croate de

  8   Vares ?  Est-ce qu’ils souhaitaient qu’ils restent sur

  9   place ou qu’ils s’en aillent ?

 10         R.    Les Croates de Vares, d’après la décision qui

 11   a été prise à Grude, normalement devaient être déplacés,

 12   partir de Vares et que cet espace ou ce territoire soit

 13   donc nettoyé, donc un génocide auquel il a fallu procéder,

 14   car à cette époque-là, Vares n’a jamais fait partie des

 15   discussions concernant Herceg-Bosna.

 16         Q.    Je viendrai à ce dont vous venez de parler

 17   dans un instant, mais est-ce qu’il y a eu un accord dont

 18   Rajic vous a parlé entre les Croates et les Serbes au sujet

 19   du déplacement des populations croates et d’autres villes ? 

 20   Est-ce qu’il a parlé d’un accord de ce type ?

 21         R.    Oui.  Ivica Rajic et moi-même, nous avons

 22   parlé.  Il y avait Kresimir Bozic, je l’ai dit, et puis il

 23   y avait Miroslav Frankovic et il y avait également un jeune

 24   homme de Kiseljak qui avait assisté à la réunion.  Il était

 25   commandant d’une des unités.  Effectivement, il a dit :


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  1   « Mais Vares n’a-t-il pas assez de tout ce qui se passe ? 

  2   Par conséquent, il faut entreprendre les démarches

  3   urgentes.  Nous ne pouvons pas, par conséquent, ne pas

  4   tenir compte des accords qui ont été signés entre les

  5   Croates et les Serbes.  On ne peut pas mettre en cause cet

  6   accord. »

  7         Q.    Au terme de cet accord, que devait-il advenir

  8   de Zepce, Vares et Kiseljak ?

  9         R.    La présidence de guerre de Herceg-Bosna a

 10   réussi à faire déplacer la population de Kakanj et sachant

 11   ce qui s’est passé à Kakanj et à Travnik, connaissant la

 12   politique également que l’entité Herceg-Bosna a faite, nous

 13   aussi, on s’était dit qu’on ne voulait pas être exposé à

 14   cette tragédie, mais malheureusement on y est passé.  Ce

 15   n’était pas le cas de Zepce.

 16         Q.    Est-ce que Vares, Zepce et Kiseljak devaient

 17   rester des villes à la population mixte du point de vue

 18   ethnique ou bien est-ce qu’elles devaient devenir des

 19   villes croates ou des villes musulmanes ?  Quels étaient

 20   les intentions et les plans ?

 21         R.    Selon les politiques qui étaient au pouvoir à

 22   Herceg-Bosna, Zepce, Vares et Kiseljak avaient été

 23   envisagées comme des villes d’où il fallait déplacer la

 24   population croate.

 25         Q.    Vous nous avez parlé d’une première réunion,


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  1   bien que les informations que vous nous avez données aient

  2   pu venir d’autres réunions.  J’en suis au paragraphe 23. 

  3   Donc, le lendemain, le 20 octobre, est-ce que les gens dont

  4   vous nous avez déjà parlé, Pejcinovic, Duznovic et Gavran,

  5   ont été arrêtés ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Est-ce que c’est plus tard ce même jour qu’il

  8   y a eu une autre réunion, une réunion peut-être importante

  9   à laquelle ont participé un grand nombre de personnes et

 10   est-ce que cela s’est passé au QG, c’est-à-dire à l’hôtel

 11   Ponikve ?

 12         R.    Oui.

 13         Q.    Lors de cette réunion, est-ce qu’il y avait

 14   également Bozic et Harah et est-ce qu’il y avait des

 15   représentants ou des commandants des trois unités spéciales

 16   dont vous avez déjà parlé, les Maturices, les Apostolis et

 17   les Sioux ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Pouvez-vous nous donner les noms des

 20   commandants de ces trois unités, s’il vous plaît ?

 21         R.    Oui.  Je sais qu’il y avait Nindza.  Il était

 22   à la tête d’une de ces unités.  Ensuite, je ne me souviens

 23   plus maintenant.  Je les connais de cette réunion

 24   également.  Il y avait Bozic qui était avec moi et puis

 25   Frankovic était avec nous.  Je parle de la réunion.  Je ne


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  1   peux pas me souvenir de tous les noms de toutes ces unités.

  2         Q.    Si ultérieurement, vous arrivez à vous

  3   souvenir des commandants des Maturices et des Apostolis ou

  4   des Sioux, dites-le-nous.

  5         Je voudrais savoir, lors de cette réunion, est-ce

  6   que Rajic était là ?

  7         R.    Oui.  C’est lui qui présidait la réunion.

  8         Q.    Que vous a-t-il montré et que vous a-t-il

  9   dit ?

 10         R.    Il a montré l’ordre qui a été signé et

 11   l’ordre qui émanait de Grude.  C’est la présidence de

 12   guerre qui l’a signé et dans cette lettre qu’il avait

 13   emmenée avec lui, on a parlé de Dario Kordic, de Mate

 14   Boban, on a parlé du Général Praljak et on a justement

 15   parlé de la nécessité de remplacer les autorités politiques

 16   par d’autres.  Il y a un certain nombre également de côtes

 17   qui auraient dû être prises et qui se trouvaient autour de

 18   la ville de Vares.

 19         Q.    Quelles étaient les collines qui devaient

 20   être prises ?

 21         R.    Mijakovici, Dragovici et Perun.

 22         Q.    Lorsqu’on s’est penché sur cette partie de

 23   l’ordre, est-ce que quelqu’un a dit quelque chose de

 24   particulier ?  Est-ce qu’à ce moment-là, on a pris des

 25   décisions suite à cette intervention ?


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  1         R.    Oui.  Bozic a dit que Perun était la côte la

  2   plus importante dans les alentours de Vares.  Mijakovici et

  3   Dragovici sont les deux villages habités par les Bosniens

  4   aujourd’hui même également.  Ils y habitent alors que nous

  5   avons un problème dans la ville même, au centre-ville, car

  6   à 500 mètres, un kilomètre par rapport au centre-ville, il

  7   y avait un quartier des musulmans et puis Bozic a dit qu’il

  8   y a un renfort militaire assez important qui s’y trouve,

  9   alors que par la suite, on avait prouvé que ce n’était pas

 10   exact.

 11         Q.    Une fois qu’il a dit ça, qu’est-ce qui s’est

 12   passé ?  Qu’est-ce que quelqu’un a fait ?

 13         R.    Eh bien, lors de la réunion, on a commencé à

 14   discuter.  Rajic a dit qu’il fallait apaiser les esprits,

 15   que tout le monde ne devait pas parler à la fois.  Il est

 16   allé vérifier soi-disant quelque chose.  Il est sorti de

 17   cette pièce et il est rentré dans une autre pièce où se

 18   trouvaient les officiers de transmission.  Au bout d’un

 19   certain temps, il a regagné la pièce où nous étions.

 20         Q.    Qu’a-t-il dit ?

 21         R.    Il a appuyé ce que disait Kresimir Bozic,

 22   enfin plutôt sa proposition, et il a demandé à Kresimir

 23   Bozic d’emmener un certain nombre de ses soldats pour que

 24   les commandants des unités qui se sont rendues sur place et

 25   qui sont de Kiseljak puissent voir un petit peu quelle


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  1   était la configuration du sol, quelles sont les puissances

  2   qui sont déployées.

  3         Q.    Vous nous parlez du terrain, de cet endroit. 

  4   De quoi parlez-vous exactement ?

  5         R.    Je parle de Stupni Do.

  6         Q.    Comment s’est terminée cette réunion ?  Je

  7   veux dire : Est-ce qu’il y a eu des décisions prises pour

  8   prendre le contrôle de certains endroits ?

  9         R.    Ivica Rajic a donc contacté un certain nombre

 10   de personnes.  Je ne sais pas si ces communications

 11   allaient de Busovaca-Grude ou de Vares-Grude.  Après la

 12   visite de Ivica Rajic, les commandants des trois unités

 13   dont j’ai parlé, Maturice, Sioux et Apôtres ont reçu un

 14   ordre. 

 15         Il y avait une caserne où se trouvaient ces trois

 16   unités et on a demandé qu’on se rende sur le terrain, qu’on

 17   délivre l’ordre dans le sens à faire partir tous les

 18   policiers croates et tous les soldats croates de la

 19   municipalité de Vares, de les envoyer sur les lignes de

 20   front de Vares.

 21         Il ne faisait pas confiance aux policiers.  Il ne

 22   faisait pas confiance non plus aux soldats.  Moi, à ce

 23   moment-là, j’avoue que je l’ignorais parce que quand il a

 24   commencé à parler, quand il a dit qu’il fallait capturer

 25   les musulmans, qu’il fallait les transférer à l’école


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  1   élémentaire, j’ai vu qu’il y avait quelque chose qui ne

  2   tournait pas rond et puis je ne voulais pas parler avec,

  3   mais il a été ordonné également qu’il fallait entrer à

  4   Stupni Do et attaquer carrément Stupni Do.

  5         Il a envoyé beaucoup de soldats.  Il fallait

  6   également soi-disant promettre aux soldats que tout ce

  7   qu’ils vont prendre, que ce soit l’argent, que ce soit les

  8   voitures, que tout ceci leur appartiendrait par la suite.

  9         Q.    Vous avez parlé du remplacement d’un certain

 10   nombre de personnes haut placées.  Nous avons déjà entendu

 11   ces noms, mais je voudrais savoir qui devait remplacer Emil

 12   Harah ?

 13         R.    C’est Boro Malbasic.

 14         Q.    Qui devait remplacer Pejcinovic ?

 15         R.    Miroslav Frankovic.

 16         Q.    Qui devait remplacer Gavran ?

 17         R.    Mario Mutic.

 18         Q.    Est-ce que Boro Malbasic devait lui aussi

 19   remplacer quelqu’un ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Vous souvenez-vous aujourd’hui qui il devait

 22   remplacer ?

 23         R.    Il aurait dû prendre le rôle de la police

 24   militaire vis-à-vis de Zvonko Duznovic.

 25         Q.    Lors de cette réunion, vous avez vu l’ordre


Page 15749

  1   que Rajic avait et sur lequel étaient mentionnés Kordic,

  2   Praljak et Boban, n’est-ce pas ?  Vous l’avez vu ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Est-ce que vous l’avez lu cet ordre ?

  5         R.    Oui.  C’était sur la table et j’ai lu

  6   quelques lignes.  Il y avait deux papiers.  En effet, il y

  7   avait l’original et la copie, mais devant moi, j’ai pu voir

  8   une copie du document et j’ai pu également voir que Ivica

  9   Rajic tenait dans ses mains l’original.

 10         Q.    Est-ce que cet ordre prévoyait ou donnait des

 11   instructions au sujet du transport et de l’évacuation des

 12   Croates ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Est-ce que dans cet ordre, on mentionnait ce

 15   qui devait arriver aux hommes musulmans et aux Serbes qui

 16   vivaient encore à Vares ?

 17         R.    Tout d’abord, en ce qui concerne les

 18   musulmans, ils ont été arrêtés.  Ils ont été transférés à

 19   l’école élémentaire et secondaire.

 20         Q.    Oui, mais ma question est la suivante :  Est-

 21   ce que cet ordre lui-même traitait de ce problème ?  Est-ce

 22   qu’on stipulait ce qui devait se passer, ce qui devait leur

 23   arriver ?

 24         R.    J’ai bien dit l’évacuation des Croates. 

 25   Cette évacuation des Croates, pratiquement, est le résultat


Page 15750

  1   des accords entre les Serbes et les Croates selon lesquels

  2   on pouvait passer le territoire serbe.  Ça, c’est une

  3   chose.

  4         Deuxièmement, il y a des musulmans qui ont été

  5   arrêtés et qui ont été transférés, comme j’ai dit, à

  6   l’école élémentaire et l’école secondaire.  Il fallait

  7   profiter au maximum de ces musulmans.

  8         Q.    Donc, si j’ai bien compris, l’arrestation des

  9   musulmans était mentionnée dans cet ordre, n’est-ce pas ?

 10         R.    Tout à fait.

 11         Me SAYERS (interprétation) :  Monsieur le

 12   Président, il arrive un moment où le fait de poser des

 13   questions directives dévalue totalement la déposition du

 14   témoin.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  C’est à nous

 16   d’en juger.

 17         Me NICE (interprétation) : 

 18         Q.    À la fin de cette réunion, est-ce que vous

 19   avez reçu un document de la part de Monsieur Rajic, un

 20   document qui vous conférait une certaine autorité ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Je crois que vous avez par la suite donné ce

 23   document à un membre du NordBat, n’est-ce pas ?

 24         R.    Oui.

 25         Me NICE (interprétation) :  Il s’agit du document


Page 15751

  1   portant la cote 1258.2.  Je ne pense pas que ce document,

  2   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, identifie le

  3   témoin.  On y voit une photocopie d’une photographie mais

  4   il est impossible de reconnaître qui que ce soit.  Non,

  5   excusez-moi, je me reprends.  On ne peut pas placer ce

  6   document sur le rétroprojecteur car on pourrait identifier

  7   le témoin.

  8         Q.    Donc, procédons de la façon suivante.  Vous

  9   avez reçu un ordre de la part de Rajic et que stipulait cet

 10   ordre ?  Qu’étiez-vous en mesure de faire suivant cet

 11   ordre ?  Donc, quel ordre vous a donné Rajic ?  Vous aurez le

 12   temps de regarder le document plus tard.

 13         R.    Il m’a tout simplement donné main libre.  Il

 14   m’a même offert de contrôler la ville.  Moi, j’ai pensé que

 15   ce n’était pas pour moi et que de toute façon, ça ne

 16   m’intéressait pas.  Plus tard, il avait écrit, il a signé,

 17   il a également cacheté un document et que selon ce

 18   document, le laissez-passer, je pouvais traverser tous les

 19   territoires qui étaient contrôlés par les musulmans, par

 20   les Croates, de toute façon, que ces unités n’avaient pas

 21   le droit de m’arrêter.

 22         Q.    Oui.  Est-ce que vous avez reçu des pouvoirs

 23   vous permettant d’arrêter des gens ?

 24         R.    On me l’avait offert, mais moi, je ne voulais

 25   pas arrêter, de toute façon, les gens.  Ça ne m’intéressait


Page 15752

  1   pas.

  2         Q.    Bien !  Maintenant, penchons-nous sur la

  3   deuxième des feuilles de papier que vous avez devant vous. 

  4   Il y a là trois documents.  Je vous demande de les

  5   examiner.  Donc, il y a trois documents qui ont été

  6   photocopiés au NordBat et ils nous sont venus donc dans

  7   l’état que vous voyez.

  8         Donc, Monsieur le Témoin, veuillez regarder, s’il

  9   vous plaît, ces documents.  Est-ce que vous les voyez ? 

 10   Voilà !  Bien !  Alors, en haut à gauche, c’est assez

 11   difficile à dire mais ça a été traduit, on peut lire la

 12   chose suivante ou à peu près (je cite) :  « Permis.  Le

 13   détenteur de ce permis peut circuler sur toutes les routes

 14   de la zone. »  Fin de citation.

 15         Ceci est signé par Sadik, Fadil Karacic.  C’est du

 16   moins ce qu’on arrive à déchiffrer.  Est-ce que vous pouvez

 17   me dire si ce document que vous avez remis au NordBat était

 18   une sorte de laissez-passer ?  Qu’est-ce que c’était

 19   exactement que ce document ?

 20         R.    Oui.  C’est un laissez-passer qui a été

 21   délivré par le Commandant Fadil Karacic, commandant

 22   musulman, commandant qui a été à l’armée de Bosnie-

 23   Herzégovine et siégeait à Olovo et c’est lui qui m’a donné

 24   ce permis, et Ivica Rajic également m’a délivré exactement

 25   le même permis et j’avais le droit de circuler sur


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  1   l’ensemble du territoire.

  2         Q.    Son ordre, qu’on peut voir en haut à droite

  3   de l’original, l’ordre donne la chose suivante :  « Je

  4   permets » – et là on voit le nom du témoin – donc : 

  5   « permission d’entrer dans tous les QG avec la totalité de

  6   son armement, quel que soit le calibre. »  Fin de citation. 

  7   Donc, une permission d’entrer dans ces endroits.

  8         Vous nous dites qu’il y a également eu un autre

  9   laissez-passer que vous avez obtenu qui vous permettait de

 10   circuler librement.  C’est ça ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Le document qu’on voit en bas à droite sur

 13   l’original comporte une photographie qui vous représente. 

 14   Pouvez-vous nous dire ce qu’est ce document sur lequel

 15   figure votre photo ?

 16         R.    J’avais les deux documents.  Il n’est pas

 17   impossible que c’est également un permis que j’ai reçu du

 18   HOS ou une carte d’identité.  C’est peut-être une carte

 19   d’identité personnelle.  Je ne peux pas vous le dire

 20   exactement.  J’en avais.

 21         Q.    Merci.  Maintenant, passons au paragraphe 28,

 22   l’attaque sur Stupni Do.  Je reviendrai au paragraphe 26

 23   ultérieurement.

 24         Donc, paragraphe 28.  À votre connaissance, quand

 25   les troupes se sont-elles réunies et où, avant l’attaque de


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  1   Stupni Do ?

  2         R.    Les troupes étaient à Mir, dans un village

  3   aux abords de Stupni Do et à Zabrdze également.  C’est de

  4   là que ces troupes ont commencé leurs déplacements.

  5         Q.    À votre connaissance, à quelle heure a débuté

  6   l’offensive ?

  7         R.    Les unités qui ont participé directement, qui

  8   sont rentrées comme infanteries à Stupni Do, sont parties

  9   de la caserne de Zabrdze vers 1 h 00, 1 h 00 dans la nuit,

 10   et le feu a été ouvert à trois endroits différents dans un

 11   espace de temps différent.  Le matin entre 4 h 00 et 4 h 30

 12   était l’attaque principale.  Il ne faisait pas encore

 13   clair.

 14         Q.    Donc, en octobre, mais quel jour

 15   précisément ?

 16         R.    C’était un samedi.

 17         Q.    Vous souvenez-vous de la date précise ?

 18         R.    C’était le 23.

 19         Q.    Où vous vous trouviez au moment où cette

 20   offensive était déclenchée ?

 21         R.    Moi, j’étais au QG avec Monsieur Ivica Rajic

 22   pendant que les unités se déplaçaient, alors qu’au moment

 23   où le feu a été ouvert, à 5, 6 h 00, entre 5 et 6 h 00,

 24   j’étais déjà dans mon appartement.

 25         Q.    Monsieur Rajic vous avait donné un laissez-


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  1   passer qui vous permettait d’aller à l’école primaire. 

  2   Avez-vous fait usage de ce laissez-passer ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Dans quel objectif ?

  5         R.    J’ai utilisé ce permis à plusieurs reprises. 

  6   La première fois quand je me suis rendu à l’école, j’ai pu

  7   voir également qu’il y avait des enfants, des mineurs. 

  8   Quand j’ai vu les enfants de mes amis, c’est ce qui m’avait

  9   intrigué et je suis allé sur place parce que j’ai vu qu’il

 10   y avait des gens qui ont subi des mauvais traitements. 

 11         Je me suis rendu au QG.  J’ai demandé à Rajic ce

 12   deuxième permis, ce deuxième laissez-passer.  Vous ne

 13   disposez pas de la copie.  Dans ce document, on précise

 14   qu’il est indispensable de libérer les enfants et les

 15   personnes âgées.  Il y avait des personnes qui avaient au-

 16   delà de 65 ans et qui ne pouvaient pas rester.  C’est la

 17   raison pour laquelle on m’a permis de me rendre sur place. 

 18   On m’avait donc attribué cette autorisation et puis j’ai pu

 19   les libérer de cette détention où ils se trouvaient.

 20         Q.    Combien de personnes êtes-vous parvenu à

 21   libérer de cette manière, Monsieur le Témoin ?

 22         R.    Cent vingt-huit personnes.  Je pourrais

 23   donner leurs noms et leurs prénoms.

 24         Q.    Après l’offensive sur Stupni Do, est-il

 25   apparu que l’on avait vu des hommes du HOS portant des


Page 15756

  1   uniformes noirs participer à l’attaque ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    À votre connaissance, ceci était-il conforme

  4   à la réalité ?

  5         R.    Il y avait des soldats qui portaient des

  6   uniformes noirs et ils portaient des peintures sur le

  7   visage.  Ils ont abusé de l’uniforme du HOS car j’affirme

  8   qu’il n’y avait aucun membre du HOS dans aucune offensive

  9   qui ait été entreprise à Vares.

 10         Q.    Vous avez entendu parler d’un insigne du HOS

 11   qui a été trouvé dans la zone de Stupni Do.  Pouvez-vous

 12   nous en parler ?

 13         R.    Oui.

 14         Q.    Donc, quelle était l’explication à cette

 15   trouvaille ?

 16         R.    C’était comme précédemment, chaque fois quand

 17   le HVO avait entrepris un acte criminel, à ce moment-là,

 18   c’était le plus facile que de l’attribuer au HOS et je

 19   pense que dans le cas concret, c’était la même chose.

 20         Q.    Quel était l’objectif non pas tant de

 21   l’attaque sur Stupni Do mais de la façon dont cette

 22   offensive a été menée avec le meurtre de civils, et

 23   cætera ?  Quel était l’objectif de tout cela ?

 24         R.    L’objectif, la tuerie des civils – il y avait

 25   des pillages également – tout l’argent, l’or, tout ce qui


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  1   s’y trouvait.  Ceux qui l’ont fait, ils voulaient tout

  2   simplement effacer les traces pour que personne ne soit au

  3   courant de qui l’a fait.  C’est un génocide auquel on a

  4   procédé et en même temps, on a incendié les maisons et on a

  5   détruit tout ce qu’on a pu détruire.

  6         Q.    Quel a été l’effet de l’attaque sur Stupni Do

  7   sur les Croates qui vivaient dans la zone ?

  8         R.    C’était véritablement tragique.

  9         Q.    Ceci les a poussés à faire quoi ?

 10         R.    Les unités qui sont venues à Vares…

 11         Q.    Poursuivez.  Est-ce que vous pouvez expliquer

 12   pourquoi on a commis ça à Stupni Do comme ça ?  Je crois

 13   que vous avez lié ça à un autre incident, à Kakanj peut-

 14   être.  Est-ce que vous pouvez expliquer pourquoi les choses

 15   se sont passées à Stupni Do comme ça ?

 16         R.    Oui.  Les Croates dans la ville de Vares et

 17   les rapports entre les musulmans et les Croates à Vares,

 18   les rapports étroits n’auraient pas pu être ébranlés de la

 19   sorte sans le génocide à Stupni Do.  C’est ce qui a

 20   provoqué le déplacement de la population et le nettoyage du

 21   territoire de Vares effectué par les Croates.

 22         Q.    Est-ce que Rajic a appris que vous aidiez les

 23   prisonniers ?

 24         R.    Rajic a appris vers le 28 ou le 29 que moi,

 25   j’ai fait sortir certaines personnes, certains hommes dont


Page 15758

  1   il avait besoin.

  2         Q.    Qu’est-ce qu’il a fait par rapport à vous ?

  3         R.    Le 29 au soir, un mandat d’arrêt a été lancé

  4   contre moi pour que je sois arrêté.

  5         Q.    Est-ce que vous êtes allé vivre à la base du

  6   bataillon nordique à cause de cela ?  Est-ce que vous y

  7   êtes resté pendant six mois ?

  8         R.    Oui.  Moi déjà auparavant, j’avais des

  9   contacts avec le 2e bataillon nordique.  Donc, dès que j’ai

 10   appris que le mandat d’arrêt a été lancé contre moi, j’ai

 11   décidé de me réfugier dans le bataillon nordique.

 12         Q.    J’ai quelques autres questions.  La première

 13   concerne une éventuelle erreur de traduction.

 14         Lorsque vous avez parlé du génocide à Stupni Do,

 15   vous avez parlé du fait que c’était peut-être la raison

 16   pour laquelle les Croates ont procédé à un nettoyage du

 17   territoire de Vares, mais lorsque vous avez parlé du

 18   nettoyage de ce territoire, vous parliez de quel groupe

 19   ethnique qui devait se déplacer ?

 20         R.    Je parlais du groupe des Croates.  C’est les

 21   Croates qui devaient quitter Vares parce que ceci n’était

 22   pas dans leur intérêt que les Croates restent.

 23         Q.    J’ai une autre question avant de vous

 24   soumettre une autre pièce à conviction.  Est-ce que le 1er

 25   ou le 2 novembre, les Croates sont partis de Vares par le


Page 15759

  1   biais du territoire contrôlé par les Serbes pour aller

  2   jusqu’à Kiseljak ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Ceci s’est passé en accord avec l’accord dont

  5   vous avez entendu parler ?

  6         R.    Oui.

  7         Me NICE (interprétation) :  Je souhaite demander

  8   de l’aide à l’huissier pour qu’il soumette au témoin la

  9   pièce à conviction numéro 1258.1(A).

 10         Q.    Est-ce qu’il s’agit d’un document que vous

 11   avez pu nous fournir dont vous disposiez ?  C’est un

 12   document en date du 23 octobre 1993 signé par Vladmir Lukic

 13   au nom du gouvernement de la Republika Srpska qui autorise

 14   les trois personnes énumérées de traverser la frontière et

 15   de voyager à travers le territoire contrôlé par le

 16   gouvernement de la Republika Srpska à Pale. 

 17         Où est-ce que vous avez obtenu cela ?  Est-ce que

 18   vous vous en souvenez ?

 19         R.    J’avais beaucoup de documents en ma

 20   possession.  J’ai gardé ces documents jusqu’au moment où

 21   j’ai été capturé.  Cette pièce à conviction est restée chez

 22   moi et je l’ai obtenue à Ponikve.  Donc, c’est resté chez

 23   moi dans mon ancien appartement, là où j’habitais.

 24         Q.    Ce document commente-t-il concernant vos

 25   inquiétudes relatives à la coopération entre les Croates et


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  1   les Serbes ?

  2         Me SAYERS (interprétation) :  Je fais objection à

  3   cette question puisqu’on demande simplement un commentaire

  4   et puis encore une fois, c’est un document qui n’a pas été

  5   communiqué auparavant.

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Oui.  Le

  7   document parle de lui-même.

  8         Me NICE (interprétation) : 

  9         Q.    Est-ce que vous connaissez trois personnes

 10   dont les noms sont indiqués sur le document ?  Est-ce que

 11   vous connaissez l’une quelconque de ces personnes ?

 12         R.    Oui, je connais.

 13         Q.    Ils appartenaient à quel groupe ethnique ?

 14         R.    Croate.

 15         Me NICE (interprétation) :  Merci beaucoup.

 16         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci, Monsieur

 17   le Président.

 18         CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI

 19         (interprétation) : 

 20         Q.    Témoin AO, permettez-moi de me présenter.  Je

 21   suis Mitko Naumovski, avocat de Zagreb et avec mon collègue

 22   Steve Sayers, je représente l’accusé Dario Kordic.

 23         Je vais vous poser quelques questions et je vous

 24   demande d’obéir à ma demande.  Bien sûr, vous comprenez

 25   bien ma question mais veuillez attendre que ma question


Page 15761

  1   soit interprétée en langues officielles du Tribunal avant

  2   de répondre.  Est-ce que vous me comprenez ?

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Monsieur AO, jusqu’à présent, vous avez donné

  5   plusieurs déclarations.  Vous avez donné une déclaration

  6   aux enquêteurs de ce Tribunal en janvier de cette année,

  7   n’est-ce pas ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Avant cela, vous avez eu des discussions avec

 10   les représentants du bataillon nordique ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    La première conversation a eu lieu le 21

 13   novembre 1993 ?

 14         R.    199…

 15         Q.    1993.

 16         R.    1993 ?  Le 21 mars 1993 ?

 17         Q.    Le 21 novembre 1993.

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Deux jours plus tard, vous avez donné une

 20   déclaration officielle à ce même bataillon nordique, donc

 21   le 23 novembre 1993 ?

 22         R.    Il ne s’agissait pas de la même déclaration

 23   mais de deux déclarations différentes, une qui était donnée

 24   à la partie militaire du bataillon britannique et l’autre

 25   qui concernait la ville de Vares.


Page 15762

  1         Q.    Oui.  Je parle de deux entretiens que vous

  2   avez eus avec les représentants du bataillon nordique ou de

  3   la FORPRONU.

  4         R.    Le bataillon nordique était constitué de deux

  5   unités.

  6         Q.    C’est exact.  En ce qui concerne cette

  7   deuxième conversation qui a duré un peu plus longtemps et

  8   qui a eu lieu le 23 novembre 1993, elle a été filmée sur

  9   une cassette vidéo ?

 10         R.    C’est possible.

 11         Q.    Je le dis sur la base du document, c’est ce

 12   qui est écrit, mais vous avez pu voir que ceci a été filmé,

 13   n’est-ce pas ?

 14         R.    Ceci ne m’intéressait pas beaucoup.

 15         Q.    Cette première discussion ou conversation que

 16   vous avez eue, donc ce premier entretien au cours duquel

 17   les membres de la police militaire du bataillon nordique

 18   vous ont reconnu parmi les réfugiés qui ont trouvé un

 19   logement dans leur base, cette discussion a eu lieu avec

 20   vous en tant que membre suspect du HOS ?

 21         R.    Ce n’est pas exact.

 22         Q.    Au cours de ce premier entretien, comme je

 23   l’ai dit, vous avez été répertorié parmi les réfugiés qui

 24   ont trouvé un logement là-bas, mais lorsqu’ils vous ont

 25   reconnu, ils vous ont posé plusieurs questions de base


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  1   concernant votre personne, vous concernant ?

  2         R.    C’est exact.

  3         Q.    Tout d’abord, vous avez dit que vous n’étiez

  4   jamais membre du HVO ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Veuillez répondre à haute voix, s’il vous

  7   plaît.

  8         R.    Oui, oui.

  9         Q.    Donc, vous êtes d’accord pour dire que vous

 10   n’avez jamais été membre du HVO ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Après, vous leur avez dit que vous étiez

 13   officier de liaison entre l’ONU et le HVO à Vares ?

 14         R.    Vous avez mal compris ou bien peut-être je me

 15   suis mal exprimé, mais si vous, vous croyez que tous les

 16   membres du HVO devaient en même temps être membres du

 17   Conseil de la Défense croate, parce que tous les membres du

 18   HOS étaient par la suite membres du HVO, d’après votre

 19   interprétation, c’est vous qui m’avez poussé à m’exprimer

 20   comme ça.

 21         Q.    Veuillez répondre brièvement par oui ou non,

 22   s’il vous plaît, parce que nous n’avons pas beaucoup de

 23   temps.  Donc, ne vous lancez pas dans des explications. 

 24   Nous allons encore parler de ce premier entretien que vous

 25   avez eu avec les représentants du bataillon nordique, mais


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  1   commençons par le début. 

  2         Témoin AO, est-ce que vous avez terminé votre

  3   école primaire ?

  4         R.    J’ai terminé le lycée dans le domaine de

  5   l’industrie forestière.

  6         Q.    C’est votre métier ?

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Lorsque vous avez terminé votre service

  9   militaire au sein de la JNA, où est-ce que vous avez

 10   commencé à travailler ?

 11         R.    J’ai travaillé déjà dans la société

 12   forestière de Vares et ensuite, je suis allé faire mon

 13   service militaire.

 14         Q.    Ensuite, vous avez travaillé dans Sumartsvo,

 15   la société forestière, pendant combien de temps ?

 16         R.    J’y travaille encore.

 17         Q.    Sans interruption ?

 18         R.    Sans interruption.

 19         Q.    Je dois attirer votre attention sur le fait

 20   que lorsque vous avez donné votre déclaration aux

 21   représentants du bataillon nordique le 23 ou plutôt le 22

 22   novembre 1993, vous avez dit qu’après avoir été membre du

 23   HOS, vous avez travaillé pour une société de marketing à

 24   Vares ?

 25         R.    Oui.


Page 15765

  1         Q.    Donc, vous n’avez pas travaillé dans la

  2   société forestière Sumartsvo ?

  3         R.    Si, j’y ai travaillé mais nous étions en

  4   chômage technique tous.

  5         Q.    Donc formellement, il est indiqué que vous

  6   étiez employé de Sumartsvo, mais en réalité, vous faisiez

  7   autre chose.  C’est cela ?

  8         R.    C’est exact.

  9         Q.    Vous avez mentionné le bataillon nordique

 10   tout à l’heure, mais est-ce que nous devons conclure que

 11   vous avez travaillé pour le bataillon nordique avant d’être

 12   venu les voir ?  Qu’avez-vous fait ?

 13         R.    Je ne travaillais pas pour eux mais tout

 14   simplement, j’avais une approche visant à éviter que les

 15   gens meurent.  Même avant Stupni Do, j’étais en contact

 16   avec le 2e corps d’armée et le 3e corps d’armée puisque

 17   certaines unités du HOS étaient commandées par Mladen

 18   Holman à Zenica et Goran « Ustasa » à Tuzla.  Donc, j’étais

 19   en communication avec eux et si vous pouvez appeler le

 20   contact le travail, on peut dire que le contact peut être

 21   le travail.

 22         Q.    Donc, c’est ce que vous voulez dire quand

 23   vous dites « travailler pour eux » ?

 24         R.    Pardon ?

 25         Q.    Vous n’avez pas dit « collaborer », vous avez


Page 15766

  1   dit : « J’ai travaillé avec le bataillon nordique. »

  2         R.    Ces contacts entre Zenica et Vares, tout

  3   cela, ça, c’est un travail.

  4         Q.    Très bien !  Dites-moi, quand est-ce que vous

  5   avez commencé à travailler pour le bataillon nordique ?

  6         R.    En 1993.  C’est à ce moment-là que je me suis

  7   mis en contact avec eux.

  8         Q.    Est-ce que vous pouvez être plus précis ?  À

  9   quelle période de cette année ?

 10         R.    Je ne sais pas.  Il y a eu plusieurs

 11   contacts.  Je ne croyais pas que j’avais besoin d’avoir

 12   plus de détails.

 13         Q.    Très bien !  Si vous avez travaillé pour eux,

 14   je suppose que vous aviez une sorte de laissez-passer pour

 15   pouvoir passer par les points de contrôle contrôlés par 

 16   eux ?

 17         R.    En 1993, j’ai obtenu leur laissez-passer, en

 18   octobre, après Stupni Do.

 19         Q.    Avant cela, vous ne disposiez pas de leur

 20   laissez-passer ?

 21         R.    Je crois que non, mais de toute façon,

 22   j’avais leur autorisation de passer.  Il n’y avait aucun

 23   problème que je passe.

 24         Q.    Vous avez passé environ six mois chez eux à

 25   partir du 28 octobre 1993 jusqu’à la fin avril 1994, n’est-


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  1   ce pas ?

  2         R.    Oui, à peu près.

  3         Q.    Dites-moi, est-ce que vous êtes d’accord avec

  4   moi pour dire qu’après que vous êtes sorti de ce camp, de

  5   cette base du bataillon nordique, vous avez été détenu

  6   pendant un certain temps dans une crèche à Vares ?

  7         R.    Le 2e bataillon nordique avait sa base, la

  8   base de la FORPRONU et en même temps, puisqu’il y a eu

  9   beaucoup de civils, ils nous ont permis d’avoir un meilleur

 10   logement sous leur protection et la protection de leur

 11   police.  Donc, nous avons continué à bénéficier de leur

 12   contrôle et de leur protection dans cette crèche à Vares.

 13         Q.    Qui montait la garde ?

 14         R.    Le bataillon nordique.

 15         Q.    Exclusivement eux, pas aussi les soldats de

 16   l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

 17         R.    Peut-être effectivement, ils avaient une

 18   coopération avec eux mais il y avait une barrière haute de

 19   deux mètres et demi, peut-être trois mètres et devant la

 20   crèche, il y avait également la police, mais nous ne

 21   sortions pas à l’extérieur parce que nous, nous étions à

 22   l’intérieur et à l’extérieur, il y avait des policiers et

 23   aussi l’armée de Bosnie-Herzégovine. 

 24         La ville était pleine de soldats, mais je ne sais

 25   pas s’ils étaient là pour nous garder ou autre chose.  Je


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  1   sais que c’est le bataillon nordique qui était responsable

  2   de nous qui étions là à l’intérieur.

  3         Q.    Lorsque vous dites la police militaire, vous

  4   parlez de la police militaire de l’armée de Bosnie-

  5   Herzégovine ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Monsieur AO, dites-moi, est-ce que vous êtes

  8   d’accord avec moi pour dire qu’après que vous êtes sorti de

  9   cette crèche où vous aviez été, est-ce que vous pouvez

 10   d’abord nous dire jusqu’à quel moment vous étiez dans cette

 11   crèche ?

 12         R.    Je crois que c’était jusqu’au début du mois

 13   d’avril.

 14         Q.    Après votre relâchement, est-ce que des

 15   représentants de l’armée de Bosnie-Herzégovine vous ont

 16   interrogé ?

 17         R.    Oui, en partie, ils m’ont interrogé.

 18         Q.    Est-ce que l’AID vous a interrogé également,

 19   l’agence chargée d’enquêtes documentaires ?

 20         R.    Eh bien, ils ne portaient pas d’inscription

 21   sur leurs uniformes.  Lorsque vous dites que c’est les

 22   membres de ce service qui m’ont interrogé, je ne sais pas

 23   s’il s’agissait de la police civile ou militaire ou de

 24   l’AID.  Tout ce que je sais c’est que j’ai été interrogé.

 25         Q.    Cet interrogatoire a duré pendant plusieurs


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  1   heures, à plusieurs reprises ?

  2         R.    Écoutez, parfois il y avait des rumeurs…

  3         Q.    Je vais être direct.  Ils vous ont rendu

  4   suspect de quelque chose ?

  5         R.    L’armée de Bosnie-Herzégovine ?

  6         Q.    Oui.

  7         R.    Oui.

  8         Q.    Vous étiez suspect de quoi à leurs yeux ?

  9         R.    Stupni Do.

 10         Q.    Ils ont considéré que vous étiez l’un des

 11   auteurs de ce crime ?

 12         R.    Ce n’était pas qu’ils me soupçonnaient de

 13   cela mais d’autres personnes les avaient poussés à le

 14   croire.

 15         Q.    Vous avez donné une déclaration écrite ?

 16         R.    Eh bien, j’ai dû le faire, ils m’ont forcé à

 17   le faire.  Peut-être j’ai été forcé, peut-être non, mais il

 18   est possible que j’aie signé une déclaration.

 19         Q.    Témoin AO, s’il vous plaît, dites-moi

 20   directement et simplement :  Est-ce que vous avez donné une

 21   déclaration ?  Est-ce que vous l’avez signée ou pas ?  S’il

 22   vous plaît, répondez directement.

 23         R.    Je réponds directement mais vous me posez la

 24   question de savoir si j’ai signé la déclaration auprès de

 25   l’AID, de la police civile ou militaire, et cætera.  Moi,


Page 15770

  1   j’ai signé mais je ne sais pas quel était le service chargé

  2   de cette prise de déclaration, mais je sais que j’ai donné

  3   une déclaration et que je l’ai signée.

  4         Q.    Veuillez être plus précis et nous dire est-ce

  5   qu’il y a eu plusieurs déclarations que vous avez signées ?

  6         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je crois que

  7   nous avons entendu suffisamment de choses à ce sujet

  8   jusqu’à maintenant.

  9         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 10         Q.    Dites-nous, s’il vous plaît, est-ce que vous

 11   avez jamais reçu un exemplaire de ceci ?

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  S’il vous

 13   plaît, que les choses soient claires pour le compte rendu,

 14   à savoir j’ai fait le commentaire que nous avons traité de

 15   ce sujet suffisamment. 

 16         Me Naumovski, je sais que de votre point de vue,

 17   ce témoin est important.  Donc, il est clair que vous avez

 18   le droit de le contre-interroger.  Cependant, veuillez

 19   tenir compte du temps et essayez de terminer cet après-midi

 20   et nous resterons ici jusqu’à ce que vous en aurez terminé.

 21         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci.  Je vais

 22   faire de mon mieux.

 23         Q.    Très bien, Monsieur, poursuivons.  Dans

 24   l’ancien État, vous étiez membre de la Défense

 25   territoriale ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Jusqu’à quel moment étiez-vous membre de la

  3   Défense territoriale ?

  4         R.    Pendant toute cette période jusqu’à la fin.

  5         Q.    C’est quoi la fin pour vous ?

  6         R.    Jusqu’à la fin.  La fin pour moi, ça, c’est

  7   autre chose.

  8         Q.    Je vous demande la date de la fin.

  9         R.    Jusqu’à la fin de l’existence de la Défense

 10   territoriale, la création de la Ligue patriotique.

 11         Q.    Donc, le printemps 1992 ?

 12         R.    1990.

 13         Q.    1990.  Témoin AO, est-ce que vous pouvez nous

 14   dire en ce moment très précisément quelles étaient les

 15   dates précises pendant lesquelles vous étiez membre du HOS,

 16   de quand à quand ?

 17         R.    J’aurais pu le dire si j’avais tous les

 18   documents ici.

 19         Q.    Précisément, s’il vous plaît.

 20         R.    J’essaie.  À partir du mois d’avril 1991,

 21   vous savez qu’il y avait ces unités et puis ces unités

 22   étaient enregistrées et au bout d’un mois, un mois et demi,

 23   il fallait prêter serment, et cætera.  Moi, en Croatie,

 24   tout simplement, je n’étais pas membre du HOS pendant

 25   longtemps, c’est-à-dire que je suis passé de Croatie en


Page 15772

  1   Bosnie avec mes unités, avec mes collègues.

  2         Pour moi, le HOS était à la fois croate et

  3   bosniaque.  Le but était le même, les unités étaient les

  4   mêmes, sauf que par la suite, quelque chose a changé,

  5   c’est-à-dire que Blaz Kraljevic était à la tête en Bosnie-

  6   Herzégovine et ailleurs, c’était d’autres personnes, mais

  7   les dates précises, je ne les connais pas.

  8         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  En ce qui

  9   concerne le témoin, je souhaite vous dire si vous ne

 10   connaissez pas la date ou si vous ne connaissez pas la

 11   réponse à une question, dites-le clairement et comme ça,

 12   nous pourrons procéder plus rapidement et vous aussi.

 13         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 14         Q.    Témoin AO, nous pouvons donc conclure que

 15   vous avez arrêté d’être membre du HOS après le meurtre de

 16   Blaz Kraljevic ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Donc, vous êtes d’accord avec moi pour dire

 19   que la réponse à ma question est que vous étiez membre du

 20   HOS à partir d’avril 1991 jusqu’à la mort de Blaz

 21   Kraljevic ?

 22         R.    D’après les registres.

 23         Q.    Aujourd’hui, vous avez dit qu’au mois d’avril

 24   1991, vous avez rejoint les rangs de l’unité du HOS à

 25   Split ?


Page 15773

  1         R.    Oui.

  2         Q.    Aujourd’hui, vous avez dit que le commandant

  3   de cette unité était un certain Goran ?

  4         R.    Oui.

  5         Q.    Vous ne connaissez pas son nom de famille ?

  6         R.    Non.  Nous n’avons pas passé beaucoup de

  7   temps ensemble.

  8         Q.    Je dois vous rappeler qu’au moment où vous

  9   avez donné votre déclaration aux enquêteurs, vous avez dit

 10   que vous avez rejoint les rangs de cette unité à Split

 11   seulement au mois de novembre ou plutôt de décembre 1992…

 12   1991 (se reprend l’interprète).

 13         R.    Je ne crois pas mais c’est possible.

 14         Q.    Je pensais que nous pouvions le faire

 15   rapidement mais s’il le faut, je vais le lire.

 16         « En novembre ou décembre 1991, je suis allé à

 17   Split et c’est là que j’ai rejoint les rangs de l’unité du

 18   HOS Visoka-Split. »

 19         R.    1991 ?  Les unités ont été enregistrées à ce

 20   moment-là.  Ça prenait un certain temps d’enregistrer les

 21   unités, de savoir très exactement à qui on appartenait,

 22   mais moi, j’y étais depuis fin avril, début mai, mais ça a

 23   été enregistré du point de vue de formations en novembre ou

 24   décembre.

 25         Q.    D’après vous, d’après votre déclaration, vous


Page 15774

  1   avez dit que le commandant de cette unité était Dobroslav

  2   Paraga, le leader du Parti croate des Droits ?

  3         R.    Non.  Vous avez mal compris.  Moi, j’ai dit

  4   que Paraga était le chef du HOS et non pas seulement de

  5   cette unité.  Paraga n’est pas quelqu’un d’aussi peu

  6   d’importance pour être cité comme chef de l’unité d’une

  7   trentaine de personnes.

  8         Q.    Très bien !  Moi, j’ai simplement cité vos

  9   propos qui ont été inscrits dans la déclaration mais nous

 10   pouvons poursuivre.  Si l’on parle en termes généraux du

 11   HOS, vous êtes d’accord pour dire que c’était l’armée du

 12   Parti croate des Droits, donc, une armée appartenant à un

 13   parti ?

 14         R.    Oui.  Je ne suis pas d’accord.

 15         Q.    Paraga, il était le leader du Parti croate

 16   des Droits ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    En même temps, le leader, le commandant en

 19   chef du HOS ?

 20         R.    Oui.

 21         Q.    Le siège était à Ljubuski ?

 22         R.    Il y en avait plusieurs dont à Ljubuski et

 23   Kruscica mais aussi à Mostar et à Tuzla et à Zenica.

 24         Q.    Dites-nous, s’il vous plaît :  Où avez-vous

 25   travaillé dans le HOS lorsque vous êtes allé en Bosnie-


Page 15775

  1   Herzégovine ?

  2         R.    Chez Mladen Holman à Zenica.

  3         Q.    Vous avez travaillé à Zenica pendant tout ce

  4   temps ?

  5         R.    Non, pas sans arrêt à Zenica mais le siège

  6   était à Zenica.  Moi, j’étais à Vares.

  7         Q.    Vous étiez à Vares ?

  8         R.    Oui.

  9         Q.    Si j’ai bien compris, de temps en temps, vous

 10   alliez à Zenica pour vous occuper de certaines affaires

 11   mais vous étiez à Vares ?

 12         R.    Oui, et puis j’allais à Kruscica et Tuzla

 13   aussi.

 14         Q.    Cependant, dans le point 8 de votre

 15   déclaration donnée aux enquêteurs, vous avez dit que vous

 16   étiez auprès du quartier général principal à Ljubuski.

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Donc, vous n’avez pas mentionné Zenica mais

 19   Ljubuski comme l’endroit où vous avez travaillé ?

 20         R.    J’ai mentionné le commandement où se

 21   trouvaient les sièges les plus importants du HOS, à

 22   Ljubuski, à Kruscica, à Tuzla, à Zenica.

 23         Q.    Je comprends ce que vous dites mais je vous

 24   dis ce que vous avez dit aux enquêteurs de ce Tribunal. 

 25   Vous avez dit que vous étiez dans le quartier général


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  1   principal à Ljubuski et vous étiez chargé des questions

  2   logistiques, que vous étiez chargé de l’approvisionnement

  3   en armes, et cætera.

  4         R.    Oui, c’est ce que j’ai dit.

  5         Q.    Mais pas à Zenica ?

  6         R.    Écoutez, si une réunion était à Zenica, bien

  7   sûr, j’étais à Zenica, je n’étais pas à Tuzla, mais je

  8   travaillais à Ljubuski.  Donc, c’est là que se trouvaient

  9   les centres.  Par exemple, Vares, Vares-Kakanj dépendant du

 10   centre de Zenica puis ensuite, en ce qui concerne Tuzla, il

 11   y avait les villages de Kladanj et Zenica.  Ces villages

 12   dépendaient de Tuzla. Donc, logistiquement, c’était réparti

 13   selon les centres.

 14         Q.    Très bien !  Donc, si je peux bien suivre vos

 15   propos, si nous nous penchons sur la chaîne de

 16   commandement, c’est Mladen Holman à Zenica qui était votre

 17   commandant ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Vous avez dit que vous aviez le grade de

 20   commandant ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Qui vous a donné ce grade ?

 23         R.    C’est à Ljubuski que je l’ai obtenu de Blaz

 24   Kraljevic.

 25         Q.    Est-ce que vous disposez d’un document


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  1   concernant votre grade ?

  2         R.    Lorsque j’ai quitté Vares à Prozor, en 1994,

  3   on m’a volé beaucoup de choses et on m’a volé tous ces

  4   documents et ce mandat d’arrêt et tout ça.  Donc, j’ai été

  5   capturé en 1994.  Il existe une preuve parmi les pièces à

  6   conviction où on voit que Monsieur Mario Rajic a été amené

  7   à Zagreb et l’Interpol n’a pas ça, mais vous pouvez voir

  8   ces documents.

  9         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Est-ce que le

 10   moment est bon pour procéder à une pause ?

 11         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Tout à fait.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Très bien ! 

 13   Pause de 20 minutes.

 14               --- Suspension de l’audience à 16 h 00

 15               --- Reprise de l’audience à 16 h 25

 16         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Me Naumovski,

 17   c’est à vous.

 18         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Merci.

 19         Q.    Monsieur AO, j’ai vu que vous avez quelques

 20   notes avec vous.  Est-ce que ce sont des notes 

 21   personnelles ?

 22         R.    Je ne m’attendais pas à être provoqué.  C’est

 23   une provocation.

 24         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Si la question

 25   n’est pas admissible, nous ne l’autoriserons pas mais il


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  1   s’agit en l’occurrence d’une question qui est tout à fait

  2   acceptable.  Est-ce que vous avez devant vous des notes ?

  3         R.    J’ai un bloc-notes, oui, mais de toute façon,

  4   je n’ai rien marqué là-dessus.  On m’a donné un bloc-notes.

  5         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

  6         Q.    La question que je vous pose, c’est de savoir

  7   si vous avez vous-même pris des notes qui sont dans votre

  8   bloc-notes.

  9         R.    Non.

 10         Q.    Y a-t-il éventuellement quelque chose que

 11   vous avez écrit ?

 12         R.    Non.

 13         Q.    C’est vide alors ?

 14         R.    Oui, tout à fait.  Il n’y a rien.

 15         Q.    Nous allons poursuivre si vous voulez bien. 

 16   Aujourd’hui, à un moment donné, vous avez dit que vous

 17   étiez membre du HOS en Herceg-Bosna.  Vous avez parlé du

 18   HOS Herceg-Bosna.  C’est quoi, s’il vous plaît ?

 19         R.    Il n’y a pas du HOS de Herceg-Bosna.  Ça n’a

 20   pas existé, mais il y avait une entité Herceg-Bosna et il y

 21   avait une unité du HOS.  C’est le HOS qui était sur

 22   l’ensemble du territoire de Herzégovine.  On l’appelait HOS

 23   Herceg-Bosna mais sinon, c’est absolument une seule

 24   organisation.  Je ne sais pas si vous voulez être plus

 25   concret.  Moi, je veux bien vous répondre à une question


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  1   plus concrète.

  2         Q.    Aujourd’hui, vous avez dit que HOS avait un

  3   bon équipement, que vous aviez des soldats qui étaient très

  4   bons, que vous avez aidé la Ligue patriotique, le HVO, la

  5   TO, et cætera.  Est-ce que c’est exact ?

  6         R.    Oui.

  7         Q.    Qui a financé les activités du HOS ?

  8         R.    Au début, le financement venait de

  9   l’extérieur, de Croatie, aussi bien de Croatie que

 10   l’équipement qui provenait d’un certain nombre de casernes

 11   qui ont été confisquées.  À Busovaca, au moment où nous

 12   avons pris le pouvoir à Busovaca, à ce moment-là, nous

 13   avons pris l’équipement. 

 14         À Mala Rijeka (ph.) également, il y avait un

 15   entrepôt.  Nous avons participé à la prise de cet entrepôt

 16   et c’est l’ex-JNA qui a quitté cette caserne, cet entrepôt. 

 17   Ceci est vrai pour Vares.  Nous sommes rentrés dans cet

 18   entrepôt et nous avons pris une partie de l’équipement,

 19   mais de toute façon, dans l’ensemble de Herzégovine, il y

 20   avait beaucoup de jeunes hommes qui ont réussi à obtenir

 21   l’argent de leur famille, de l’armement, et cætera, parce

 22   que le HOS a été sympathisé par la population.  La

 23   population admettait facilement cette unité.

 24         Q.    Vous avez parlé de Busovaca.  Vous n’étiez

 25   pas à Busovaca ?


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  1         R.    Oui.  J’étais à Busovaca.  Au moment où

  2   Busovaca a été pilonnée, moi, j’y étais.  J’étais avec

  3   Vjeran Mijatovic, avec Boro Mijatovic, avec Dusko surnommé

  4   Amidzic.  Oui, moi, j’étais un des conducteurs, des

  5   chauffeurs.

  6         Q.    Vous n’étiez pas à Kaonik au moment où la

  7   caserne a été prise, n’est-ce pas ?

  8         R.    Moi, je vous ai dit que j’étais à Busovaca au

  9   moment où la caserne a été prise.  Nous avons passé même

 10   une nuit à l’hôtel à Busovaca.

 11         Q.    Aujourd’hui, vous avez dit qu’au début 1992,

 12   le village de Ravno en Herzégovine a été attaqué.

 13         R.    Au début 1992, je ne me souviens pas l’avoir

 14   dit mais j’ai dit que c’était au début de l’offensive sur

 15   le village de Ravno.

 16         Q.    Dans le compte rendu d’aujourd’hui, vous

 17   l’avez dit, alors que c’était au mois de septembre 1992 que

 18   le village a été attaqué ?

 19         R.    Moi, je vous parle de l’époque où nous, nous

 20   étions à Ravno.  La guerre n’a pas été proclamée… la guerre

 21   a été proclamée, pardon (l’interprète se corrige) en avril,

 22   alors que Ravno, c’était bien avant.

 23         Q.    Oui, mais c’est ce que je voulais dire

 24   également, c’est la raison pour laquelle je me suis permis

 25   de vous le dire.


Page 15781

  1         R.    Oui, on se comprend.

  2         Q.    En ce qui concerne le HOS, vous avez parlé

  3   également des QG qui étaient dans beaucoup de villes de

  4   Bosnie-Herzégovine.

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Est-ce que vous étiez dans ces centres ?

  7         R.    Oui.  J’ai pratiquement visité tous ces

  8   centres, la plupart.

  9         Q.    Il y avait une ville qui a été mentionnée par

 10   vous-même.  C’était Busovaca.  Qui était dirigeant

 11   principal de Busovaca ?

 12         R.    Il y avait une unité qui était assez

 13   restreinte du HOS à Busovaca et sous le commandement du QG

 14   de Kruscica.  Par conséquent, je ne peux pas vous donner le

 15   nom et le prénom.  Il s’agissait d’un groupe qui était

 16   restreint.

 17         Q.    Entendu !  Aujourd’hui, il a été question

 18   longuement sur cette réunion à Grude.  Il y avait Blaz

 19   Kraljevic, Monsieur Kordic, comme vous l’affirmez. 

 20   Quelques questions à ce sujet-là.  À quel moment cette

 21   réunion a eu lieu exactement ?

 22         R.    Cette réunion a eu lieu deux, trois mois

 23   avant que Blaz Kraljevic ait été tué.

 24         Q.    Dans votre déclaration que vous avez donnée

 25   aux enquêteurs du Tribunal, au point 12, vous avez dit que


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  1   la réunion a eu lieu en septembre 1992.

  2         R.    Blaz Kraljevic a été tué quand alors, d’après

  3   vous ?

  4         Q.    J’attire votre attention sur ce que vous avez

  5   dit dans votre déclaration donnée aux enquêteurs du

  6   Tribunal et vous commencez la phrase : « Septembre 1992 ».

  7         R.    D’accord.

  8         Q.    Vous dites trois mois avant.  C’était au mois

  9   de juin alors ?

 10         R.    C’était juin ou juillet, peut-être même

 11   avant.  Je ne me souviens plus.

 12         Q.    Par conséquent, vous ne savez pas exactement

 13   quand la réunion a eu lieu.  Nous sommes d’accord

 14   là-dessus ?

 15         R.    Deux mois, deux mois et demi avant que Blaz

 16   Kraljevic ait été tué.  Ça, je le sais.

 17         Q.    Aujourd’hui, vous avez dit que c’est tout à

 18   fait par coïncidence que vous étiez à Grude ces jours-ci et

 19   que c’est la raison pour laquelle on vous a convoqué pour

 20   assister à la réunion ?

 21         R.    Moi, j’étais en contact avec Blaz Kraljevic

 22   ce jour-là.  Comme le convoi venait de Vares à Grude, il y

 23   avait un entrepôt à Duvanska (ph.), un entrepôt du HVO, je

 24   me suis rendu là-bas pour voir quelques de mes amis et

 25   c’est la raison pour laquelle j’y étais.  On m’a appris


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  1   qu’il y a une réunion qui allait avoir lieu et que Blaz

  2   Kraljevic, Boban, Kordic et les autres devaient y assister

  3   et je ne suis pas venu de Vares mais j’étais effectivement

  4   sur place et c’est la raison pour laquelle on m’avait

  5   proposé de venir assister à cette réunion.

  6         Q.    Qui avait convoqué la réunion ?

  7         R.    J’ai été invité par Blaz Kraljevic, mais cinq

  8   jours avant, mon beau-père et puis mon épouse étaient à

  9   Grude et le HVO avait incendié la voiture où se trouvaient

 10   les vêtements et les objets différents qui appartenaient à

 11   mon épouse et c’est la raison pour laquelle Blaz Kraljevic

 12   m’avait convoqué de venir à la réunion.  Je pense que la

 13   réunion a été  convoquée par la présidence de guerre de

 14   Bosnie-Herzégovine.

 15         Q.    Vous le pensez mais vous n’êtes pas sûr, vous

 16   ne savez pas qui ?

 17         R.    C’est la présidence de guerre de Herceg-

 18   Bosna.  J’en suis sûr.

 19         Q.    À plusieurs reprises, vous avez parlé de la

 20   présidence de guerre de Herceg-Bosna.

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Qu’est-ce que c’est ?  Quel est l’organe,

 23   d’après vous, qu’on peut appeler présidence de guerre de

 24   Herceg-Bosna ?

 25         R.    Il s’agit de la présidence égale au


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  1   commandement, commandement qui se constituait de cinq ou

  2   six personnes, des militaires qui en même temps faisaient

  3   de la politique.

  4         Q.    Monsieur AO, l’organe qu’on appelle la

  5   présidence de guerre de Herceg-Bosna est un organe qui

  6   n’existe pas.  C’est la raison pour laquelle je vous pose

  7   la question.

  8         R.    C’est une équipe, si vous voulez, une équipe

  9   qui était à la tête de l’armée, de la politique, une équipe

 10   qui prenait les décisions qui concernaient l’entité Herceg-

 11   Bosna.  Ceux qui se trouvaient à la tête de cette entité,

 12   c’est une équipe qui était à la tête de l’entité Herceg-

 13   Bosna.  Enfin, je parle du peuple croate, bien évidemment.

 14         Q.    Est-ce que vous savez quelle est la structure

 15   du HVO ?  Quelle est la chaîne de commandement ?  Comment

 16   est structurée l’armée du HVO ?

 17         R.    Je ne sais pas du point de vue formations.

 18         Q.    Qui était à la tête du QG en 1992 ?  Quelle

 19   était la coordination ?  Est-ce que vous connaissez la

 20   hiérarchie du HVO, du volet militaire ?

 21         R.    Je sais qui se trouvait dans cette équipe. 

 22   Je ne sais pas comment vous l’avez appelée et comment vous

 23   l’avez désignée, mais de toute façon, d’après les documents

 24   que j’ai pu voir, il y avait une équipe, une équipe qui

 25   prenait les décisions et ça, je le sais.


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  1         Q.    Une autre question.  Est-ce que vous savez

  2   quelle était la structure politique du HDZ ?

  3         R.    C’est exactement la même question.  Ces

  4   questions que vous me posez, c’est un piège.  Comme pour la

  5   présidence de guerre, il y en a qui l’appellent présidence

  6   de guerre, il y en a d’autres qui l’appellent différemment. 

  7   Je n’en sais rien. 

  8         De toute façon, ce qui était important pour moi

  9   c’est que je connaissais les gens avec lesquels j’ai eu

 10   affaire.  Enfin, je les contactais.  Je connaissais

 11   également quels étaient les postes qu’ils occupaient, que

 12   ce soit des politiques, que ce soit des militaires, et

 13   cætera.  C’est ça qui était important.

 14         Q.    Pourriez-vous me dire très précisément qui

 15   assistait à cette réunion et des deux côtés, s’il vous

 16   plaît ?

 17         R.    Du côté HOS, il y avait Blaz Kraljevic et

 18   moi-même.

 19         Q.    Personne d’autre ?

 20         R.    Non.

 21         Q.    Et du côté de vos interlocuteurs ?

 22         R.    Il y avait Monsieur Kordic, Monsieur Boban. 

 23   Il y avait quelque chose qui se passait parce qu’il y avait

 24   un autre Monsieur également et je pense qu’il y en avait

 25   d’autres également qui ont été convoqués.  Ce que je sais


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  1   c’est que Kordic et Boban, ils étaient présents à la

  2   réunion.

  3         Q.    Y avait-il quelqu’un d’autre également qui

  4   les accompagnait ?  Je vous prie d’être précis.

  5         R.    La réunion n’a pas duré comme il a été prévu. 

  6   Il y avait un certain nombre de personnes qui ne sont pas

  7   venues, elles ne pouvaient pas s’y rendre.  Cette réunion a

  8   eu lieu à l’hôtel.  Je sais que Dario Kordic y était.  Je

  9   sais que Mate Boban y était.  Je sais qu’après cet

 10   entretien, moi-même, je me suis entretenu en personne avec

 11   Boban, mais dans le couloir, il y avait quelques soldats

 12   qui portaient l’uniforme et il y avait beaucoup de gens

 13   également.  Moi, je ne peux pas vous dire exactement, mais

 14   c’est dans le couloir et dans le hall.  Il y avait plein de

 15   personnes.  Dans la pièce où la réunion a eu lieu, il y

 16   avait une ou deux personnes.

 17         Q.    Si je vous ai bien compris alors, beaucoup de

 18   personnes ne se sont pas rendues à la réunion.  Est-ce que

 19   c’était une réunion officieuse et pas officielle ?

 20         R.    Je ne sais pas.  Je ne peux pas vous dire si

 21   c’était officieux ou officiel, mais de toute façon, la

 22   réunion a eu lieu.

 23         Q.    Est-ce qu’il y avait un PV qui a été tenu ?

 24         R.    Non.

 25         Q.    Est-ce qu’il y avait un ordre du jour


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  1   également ?

  2         R.    On a beaucoup parlé et dès le début, la

  3   discussion a été très animée.  Blaz Kraljevic a été révolté

  4   dès le début.  Mate Boban a dit : « Là-dessus, entendu, on

  5   va encore poursuivre ces conversations, ces entretiens »,

  6   mais à mon avis, Blaz Kraljevic, à ce moment-là, avait

  7   demandé pourquoi on n’avait pas envoyé quelqu’un du côté

  8   des Bosniens.

  9         Q.    Si c’était juste une des parties des

 10   entretiens qui auraient dû se poursuivre, combien cette

 11   réunion a-t-elle duré ?

 12         R.    La réunion à laquelle j’ai assisté ?

 13         Q.    Oui.

 14         R.    Je ne sais pas.  Je ne sais pas combien de

 15   temps mais je pense que cette réunion n’était pas très

 16   longue.

 17         Q.    Sur le plan temps, combien ?

 18         R.    Je n’ai pas de montre.  Par conséquent, je

 19   n’ai pas regardé sur ma montre, mais de toute façon, je

 20   sais que ce n’était pas très long.

 21         Q.    Monsieur le Témoin, n’est-ce pas, c’est quand

 22   même assez bizarre que vous, vous êtes un petit poisson,

 23   vous étiez ensemble avec le commandant du HOS et pas votre

 24   commandant Holman, mais bien vous qui assistez à une

 25   réunion d’une telle importance.  Vous ne trouvez pas ça


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  1   bizarre ?

  2         R.    Oui, c’est intéressant.  Il y en a beaucoup

  3   également qui se posent la même question et il y en a

  4   beaucoup qui se demandent comment Misetic, en 1994, a été

  5   accueilli par moi.  Il y en a beaucoup qui se posaient des

  6   questions également comment j’ai pu accompagner quelqu’un

  7   qui était le collaborateur très proche de Tudjman quand il

  8   s’était rendu en Bosnie-Herzégovine.

  9         La question n’est pas bizarre pourquoi moi avec

 10   les gens d’une grande réputation, mais toute ma vie c’était

 11   comme ça et j’ai des preuves.  Je peux vous montrer

 12   également des photographies avec Tudjman, avec les

 13   couronnes qui ont été déposées, à Grude, avec Bozic,

 14   j’étais, et cætera.  J’ai des preuves.

 15         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Je crois que

 16   nous avons obtenu la réponse à cette question.  Veuillez

 17   poursuivre, Me Naumovski.

 18         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 19         Q.    Nous sommes bien d’accord qu’à ce moment-là,

 20   vous n’avez absolument pas parlé ?  C’est Blaz Kraljevic

 21   qui a parlé ?

 22         R.    Oui, j’ai dit quelque chose.  J’ai rétorqué à

 23   ce que disait Boban.

 24         Q.    Aujourd’hui, vous avez parlé au pluriel.  Qui

 25   a parlé lors de cette réunion ?  Qui était le principal ?


Page 15789

  1         R.    C’est Boban et Dario.  Nous, on a été

  2   convoqué et on n’avait pas nous-mêmes à nous entretenir.

  3         Q.    Sur les deux personnes, c’est Boban qui était

  4   le principal ?

  5         R.    Mais comme vous dites, il n’y avait pas de

  6   procès-verbal.  Par conséquent, on peut dire que les deux

  7   étaient entrés en discussion et qu’ils étaient aussi bien

  8   l’un que l’autre important.

  9         Q.    En parlant de cette réunion devant les

 10   enquêteurs du Tribunal, vous avez parlé exclusivement de

 11   Monsieur Kordic qui avait dit soi-disant ce que vous avez

 12   répété aujourd’hui dans votre déposition ?

 13         R.    J’ai dit ce que j’ai eu à dire.  J’ai dit

 14   qu’on nous a convoqués pour parler avec Kordic et pas avec

 15   Boban et c’est la raison pour laquelle j’ai parlé de lui. 

 16   Ça, c’est un fait.

 17         Q.    Vous n’avez pas dit que Boban a dit quelque

 18   chose à ce sujet-là.  Vous avez parlé de Kordic.

 19         R.    Je vous ai dit quelles étaient les raisons

 20   pour lesquelles je suis venu à la réunion.  C’est surtout

 21   pour voir Kordic et pour entendre Kordic.  Ce n’est pas

 22   Boban qui m’intéressait.  J’ai dit ce que Kordic avait

 23   raconté lors de cette réunion.

 24         Q.    Monsieur AO, aujourd’hui, vous avez dit que

 25   Monsieur Kordic, entre autres parlait de ce désaccord entre


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  1   les musulmans et vous avez parlé dans ce contexte également

  2   de Fikret Abdic.

  3         R.    Oui.

  4         Q.    Il y avait ce conflit entre les musulmans,

  5   ceux qui étaient partisans de Fikret Abdic et d’autres qui

  6   étaient partisans de l’armée de Bosnie-Herzégovine, mais

  7   c’est un incident qui a eu lieu en 1994 et il n’y a eu

  8   aucun conflit en 1992 ?

  9         R.    Je pense que ces conflits entre les

 10   musulmans… je ne parle pas de conflit armé mais je parle

 11   d’un conflit verbal et au moment où Pohara de Bosanski

 12   Brod, si vous vous souvenez de la date de Bosanski Brod et

 13   vous savez comment Pohara est venu, ce qu’il a fait, qu’il

 14   a vendu Bosanski Brod, et cætera, qui l’a désigné comme

 15   Général auprès de Fikret Abdic ?  Ça, vous vous souvenez de

 16   tous ces détails-là.

 17         Q.    Aujourd’hui, vous avez parlé de cette veste

 18   que portait Kordic et il arborait également le grade ?

 19         R.    Je sais qu’il avait une chemise, une chemise

 20   avec un insigne du HVO.  En ce qui concerne la veste, je ne

 21   sais pas mais je sais qu’il avait mis la veste à côté de

 22   lui.  En ce qui concerne la chemise, il y avait l’insigne

 23   du HVO.  Ça, je l’ai dit.

 24         Q.    Par conséquent, il n’y avait pas de grade sur

 25   la veste et comme vous ne l’avez pas vue ?


Page 15791

  1         R.    Oui, bien évidemment.  Je suis d’accord avec

  2   vous.

  3         Q.    Entendu ! 

  4         R.    C’est le HVO qu’il portait sur sa chemise.

  5         Q.    Monsieur AO, vous n’êtes pas sûr que Monsieur

  6   Kordic avait un pistolet sur lui ?

  7         R.    J’en suis sûr parce que je l’ai vu à

  8   plusieurs reprises.  Je l’ai vu à Grude, à Vares, à

  9   Busovaca, et chaque fois, quand je l’ai vu, il avait un

 10   pistolet.  Je pense que même lors de cette réunion, il

 11   portait un pistolet, mais au moment où nous sommes sortis

 12   de la pièce, je n’étais pas à côté de lui.  J’étais dans le

 13   hall avec Boban.  Je ne sais pas.

 14         Q.    Par conséquent, il n’avait pas de pistolet,

 15   n’est-ce pas ?  Vous êtes d’accord avec moi ?

 16         R.    Peut-être.  Je n’en sais rien.

 17         Q.    Entendu !  Monsieur AO, je me dois de vous

 18   dire que Monsieur Kordic n’a jamais assisté à une réunion

 19   où Blaz Kraljevic était et il ne vous a jamais vu non plus,

 20   il ne vous a jamais connu, il n’a jamais fait votre

 21   connaissance.

 22         R.    C’est la question que vous me posez ou bien

 23   vous voulez que je vous donne la réponse ?  Moi, j’ai une

 24   cassette de Vares et juste en face de moi, c’est Efendija

 25   de Vares qui a été invité par Topic.  Nous étions tous dans


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  1   le bureau, dans un même bureau, et nous étions l’un en face

  2   de l’autre.

  3         Alors vous, vous affirmez que Dario Kordic ne me

  4   connaît pas.  Il n’est pas impossible.  J’ai pris quelques

  5   kilos.  Il ne m’a peut-être pas reconnu aujourd’hui, mais

  6   j’affirme et je sais, et il y a des cassettes également qui

  7   existent, que nous étions plusieurs fois ensemble et entre

  8   sept et 10 fois, nous nous sommes rencontrés.  Il y avait

  9   les convois.  Nous avons contacté plusieurs fois et j’en

 10   suis sûr et j’ai des preuves.

 11         Q.    Je vous pose la question très précise.  J’ai

 12   dit que Monsieur Kordic n’a pas pu vous voir en présence de

 13   Blaz Kraljevic, les réunions avec le HOS, parce que lui, il

 14   n’a jamais assisté à une telle réunion.

 15         R.    C’est une autre question.  Vous dites qu’il

 16   ne me connaît pas et qu’il ne m’a jamais vu, mais je peux

 17   vous répondre à cette question également.  Il y avait une

 18   révolte et ceci bien évidemment avait trait à Blaz

 19   Kraljevic et on voulait donc apprendre comment on pouvait

 20   éventuellement apaiser la situation entre le HVO et le HOS

 21   et on avait parlé de ce commandement conjoint entre le HOS

 22   et le HVO.

 23         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Excusez-moi,

 24   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vais répéter

 25   la troisième fois la même question.


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  1         Q.    Monsieur Kordic n’a jamais été dans une

  2   réunion avec Blaz Kraljevic ?

  3         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Le témoin a

  4   répondu et il dit que Kordic était présent.  Je ne vois pas

  5   de quelle manière nous pourrions poursuivre, à moins qu’il

  6   n’y ait un point précis que vous souhaitiez évoquer à ce

  7   sujet.

  8         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

  9   Président, j’ai dit quelle est notre attitude.  Si les

 10   Juges considèrent qu’ils ont obtenu la réponse, je n’ai pas

 11   de question.

 12         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  Fort bien !

 13         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 14         Q.    Nous allons poursuivre.  Maintenant, nous

 15   allons parler de la deuxième réunion qui a eu lieu à

 16   Kruscica.  Est-ce que vous pouvez nous dire quel est le

 17   moment où cette réunion a eu lieu ?

 18         R.    Cette réunion a eu lieu après cette première

 19   qui a eu lieu à Grude.  Dans un espace de deux mois, un peu

 20   plus, une des réunions importantes a eu lieu à Kruscica qui

 21   a réuni les représentants de Tuzla, de Zenica, de Kruscica,

 22   et il y avait une réunion qui avait trait uniquement au

 23   HOS.  On avait posé la question justement concernant le HOS

 24   car le HVO avait offert aux membres du HOS de se joindre et

 25   de se mettre sous le commandement du HVO.


Page 15794

  1         Q.    Quand vous parlez de Kruscica, vous parlez de

  2   quelle Kruscica, de quelle municipalité ?

  3         R.    Kruscica, c’est un hôtel, un hôtel où il y a

  4   un étang pour l’élevage du poisson.  C’est entre Travnik et

  5   Vitez.  C’est un hôtel, l’hôtel Kruscica, pas le village.

  6         Q.    Vous avez représenté quelle région, s’il vous

  7   plaît, à cette réunion ?

  8         R.    J’avais quelques hommes de Olovo, de Breza,

  9   de Visoko, de Vares également.  Nous étions une unité assez

 10   bien organisée et lors de cette réunion, nous avons parlé

 11   de la logistique, de la communication, de la coopération

 12   entre le HOS de Vares, de Zenica, de Tuzla, et cætera.

 13         Q.    Entendu !  Est-ce que votre Commandant Mladen

 14   Holman a assisté à cette réunion ?

 15         R.    Je pense que Mladen Holman n’a pas assisté à

 16   cette réunion.  C’était une dame, Madame Besima, qui a

 17   assisté à la réunion.  Elle était secrétaire à l’école de

 18   Zenica où se trouvaient les locaux du HOS.

 19         Q.    Mladen Holman a été parmi les trois

 20   personnes, trois officiers, des plus importants et il n’a

 21   pas assisté à cette réunion ?

 22         R.    Cette réunion était importante mais pas comme

 23   vous le pensez.  Ce qui était important, c’est de discuter

 24   du HOS et de ce qui se passait sur le terrain, quelles

 25   étaient les relations, par exemple, qui régnaient à Zenica,


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  1   que ce soit donc une attitude concernant le HOS et ses

  2   relations avec l’armée de Bosnie-Herzégovine, le HOS vis-à-

  3   vis également du HVO car il ne faut pas oublier que le HOS

  4   et le HVO opéraient également.  C’était les relations sur

  5   le terrain entre toutes ces unités différentes.

  6         Q.    Entendu !  Aujourd’hui, vous avez parlé des

  7   espions.  Vous avez dit également qu’il y avait des

  8   personnes qui étaient infiltrées et qui en quelque sorte

  9   étaient des espions.  Est-ce que vous connaissez les

 10   personnes en question ?

 11         R.    Je ne sais pas.  C’est bien la première fois

 12   que ce jeune homme est venu à cette réunion à Kruscica, à

 13   l’hôtel Kruscica, et c’est la première et la dernière fois

 14   que je l’ai vu.  D’ailleurs, je lui ai posé même la

 15   question pour savoir d’où il venait et je me souviens que

 16   j’ai parlé avec Boro Mijatovic, avec Vjeran également, mais

 17   personne ne m’a dit de qui il s’agissait.  Il ne s’est même

 18   pas présenté.  Alors, ce n’est que par la suite que nous

 19   avons appris qu’il n’appartenait pas véritablement au HOS,

 20   qu’il était infiltré.

 21         Q.    Vous, vous n’avez pas parlé avec ce jeune

 22   homme ?

 23         R.    Nous l’avons rencontré dans le hall mais je

 24   n’ai pas personnellement contacté ce soldat.

 25         Q.    De toute façon, ce sont des rumeurs que soi-


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  1   disant il était espion ?

  2         R.    Ce n’est que par la suite qu’on a appris un

  3   certain nombre de détails mais en ce qui me concerne, moi,

  4   je ne me suis pas trop posé de questions, mais on a appris

  5   par la suite qu’il était de Prozor et que de toute façon,

  6   il portait un nom et un prénom qui n’étaient pas les liens.

  7         Q.    Il espionnait pour qui, au nom de qui ?

  8         R.    Ce n’est que plus tard, quand Blaz Kraljevic

  9   était enterré, donc lors de l’enterrement, j’ai appris un

 10   certain nombre de détails.

 11         Q.    Vous connaissez les détails de manière

 12   précise ?

 13         R.    Oui.  Lors de l’enterrement, il y a quelques

 14   personnes qui m’ont approché et qui m’ont parlé de ces

 15   détails.  C’est tout.

 16         Q.    Quand nous parlons des rumeurs, aujourd’hui,

 17   vous avez dit qu’en 1992, les membres du HOS ont pillé un

 18   village à côté de Kakanj et vous avez parlé des rumeurs. 

 19   Est-ce que ce sont des rumeurs ou c’est plus que des

 20   rumeurs ?

 21         R.    Ce sont des rumeurs et ce sont aussi bien les

 22   membres du peuple musulman que du peuple croate qui

 23   propageaient de tels ouï-dire, mais de toute façon, quand

 24   nous, on a essayé de voir qui véritablement avait commis de

 25   tels actes, nous avons pu constater qu’il s’agissait des


Page 15797

  1   personnes qui, tout simplement, avaient habillé les

  2   vêtements et les uniformes du HOS.

  3         Q.    C’était des criminels ou pour qui il

  4   travaillait ?

  5         R.    C’était quelqu’un qui répondait au nom Djuka. 

  6   Il était sur place à l’époque.  Il était à Haljinici. 

  7   C’était Djuka, c’était Baron (ph.).  Il y en avait quelques

  8   autres.  Il y avait un certain Zika.  De toute façon, il y

  9   avait des personnes dont les noms ne sont pas tellement

 10   importants.

 11         Q.    Bien évidemment, ça ne me concerne pas.

 12         J’aurais également quelques autres questions qui

 13   concernent le HOS.  Aujourd’hui, vous avez dit que Blaz

 14   Kraljevic a été tué en Herzégovine à côté de Mostar, n’est-

 15   ce pas ?

 16         R.    Oui.

 17         Q.    Est-ce que vous êtes sûr que ce n’était pas

 18   loin par rapport à Mostar, que c’était dans la banlieue ?

 19         R.    J’ai dit pas de manière comme vous l’avez

 20   formulé, à côté de Mostar.  J’ai dit que c’était sur les

 21   lignes de séparation et les positions entre l’armée de

 22   Bosnie-Herzégovine et les positions tenues par le HVO.

 23         Q.    Nous allons essayer de conclure au sujet de

 24   ce sujet, généralement parlant du HOS.  Monsieur le Témoin,

 25   conviendrez-vous avec moi que vous étiez membre du HOS


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  1   pendant une période de six mois ?  Blaz Kraljevic a été tué

  2   en août 1992 et six mois avant, vous étiez membre du HOS ?

  3         R.    J’étais membre du HOS avant et après.

  4         Q.    Nous allons parler de cette période après la

  5   mort de Blaz Kraljevic, mais je voudrais savoir tout

  6   simplement si vous êtes d’accord avec moi que vous étiez

  7   membre du HOS entre les mois de février et août 1992.  Est-

  8   ce que vous êtes d’accord avec moi ?

  9         R.    Non.

 10         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 11   Président, j’aimerais verser au dossier les déclarations

 12   que le témoin a données devant le NordBat.  Il y a une

 13   déclaration, c’est-à-dire une partie de déclaration et

 14   l’annexe à cette déclaration qui a été donnée par le témoin

 15   devant le NordBat.

 16         L’huissier peut-il nous aider, s’il vous plaît ?

 17         C’est également une pièce qui appartient aux

 18   archives des Nations Unies.  Il s’agit d’un document d’une

 19   page.  Je ne sais pas si vous connaissez l’anglais, mais

 20   nous ne pouvons pas le placer malheureusement sur le

 21   rétroprojecteur, ou est-ce possible ?

 22         Est-ce que je peux avoir une cote ?

 23         LA GREFFIÈRE (interprétation) :  Le document se

 24   voit attribuer la cote D200/1.

 25         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 


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  1         Q.    Donc, dans ce document, c’est le premier

  2   document, c’est un aide-mémoire sur des personnes qui sont

  3   suspectées d’être membres du HOS.  On dit que ceci a été

  4   mené par la police militaire et c’est un document d’environ

  5   quatre pages où on voit que vous avez été six mois membre

  6   du HOS et donc que vous avez été membre du HOS jusqu’à

  7   l’assassinat de Blaz Kraljevic, c’est-à-dire entre août et

  8   février 1992.

  9         R.    Six mois, c’est ce qui apparaît sur le

 10   papier, mais comme je l’ai dit en réponse à une précédente

 11   question, jusqu’à la fin, jusqu’à 1993, jusqu’à novembre

 12   1993… plutôt jusqu’au 28 octobre, eh bien, nous, nous

 13   étions toujours là mais nous n’étions pas officiellement le

 14   HOS.  On ne trouvait aucune trace sur le papier de notre

 15   existence parce que de toute façon, cela n’avait pas grande

 16   importance ce genre de chose.

 17         Q.    Donc, c’est ce que vous avez lu aux officiers

 18   du NordBat ?

 19         R.    Oui.

 20         Q.    Bien !  Passons à autre chose.

 21         Monsieur le Témoin, j’ai un certain nombre de

 22   questions au sujet de Vares et de l’unité que vous avez

 23   mise en place.  Donc, à Vares, vous avez essayé de mettre

 24   sur pied une unité du HOS ?

 25         R.    Oui, c’est ce que nous avons fait.


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  1         Q.    Donc, vous avez établi un groupe qui comptait

  2   cinq à huit hommes, mais ça n’a jamais été quelque chose

  3   d’officiel, c’était quelque chose d’informel ?

  4         R.    Non, ce n’est pas vrai.

  5         Q.    Pardon ?

  6         R.    Non, ce n’est pas vrai.

  7         Q.    Vous conviendrez que le commandant de cette

  8   unité, qu’elle fut formelle ou informelle, ce n’était pas

  9   vous, c’était Vjeran Mijatovic ?

 10         R.    Non, non.  C’était Josip qui était l’adjoint

 11   de Mladen Holman.

 12         Q.    Josip Germanovic est venu après ?

 13         R.    Non.  C’était le premier.

 14         Q.    Mais vous n’étiez pas le commandant ?

 15         R.    Moi, j’appartenais à une unité de taille plus

 16   importante.

 17         Q.    Cette unité – peut-être devrais-je dire un

 18   groupe parce que c’était une unité de dimension très

 19   limitée – elle a été active à Vares entre janvier et août

 20   ou plutôt entre janvier et août 1993 ?

 21         R.    Non.  Elle était active même avant ça, avant.

 22         Q.    Conviendrez-vous que pendant la période de

 23   temps où vous avez été membre de ce groupe, vous avez

 24   également travaillé pour une entreprise qui s’appelle

 25   Jakici, une entreprise de marketing, enfin plutôt une


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  1   entreprise commerciale ?

  2         R.    Non.  En ce qui concerne cette entreprise qui

  3   s’appelle Jakici, je n’avais pas de contrat avec elle, mais

  4   les convois commerciaux ou les convois, par exemple, de

  5   type humanitaire organisés par Caritas, je les escortais et

  6   l’entreprise dont vous avez parlé travaillait également

  7   dans ce cadre-là, mais je n’étais pas officiellement un

  8   salarié de cette entreprise.  Je ne bénéficiais pas d’une

  9   couverture sociale par le biais de cette entreprise, mais

 10   j’y ai travaillé en effet dans le cadre de ces convois.

 11         Q.    Oui, mais cette entreprise n’avait rien à

 12   voir avec les convois, cette entreprise Jakici ?

 13         R.    Oui, mais tous ces convois, qu’ils fussent

 14   commerciaux ou humanitaires, passaient par eux.  Ils

 15   avaient quelque chose à voir là-dedans.

 16         Q.    Vous convenez que vous travailliez pour les

 17   frères Jakic et que vous étiez payé ?

 18         R.    Je ne le faisais pas pour l’argent.

 19         Q.    À l’époque, il y avait des pénuries de

 20   nourriture, n’est-ce pas ?

 21         R.    Oui.

 22         Q.    Vous conviendrez que vous avez souvent

 23   rencontré des officiers de haut rang de l’armée de Bosnie-

 24   Herzégovine dans la municipalité de Vares ?

 25         R.    Oui.


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  1         Q.    Vous leur avez également fourni de la

  2   nourriture par le biais de cette entreprise ?

  3         R.    Non, non, ce n’était pas moi.  Moi, je

  4   n’avais aucun pouvoir.  J’étais un homme d’affaires. 

  5   J’assurais la sécurité de façon que la nourriture, les

  6   vivres qu’ils avaient achetés ne soient pas pillés.

  7         Q.    Oui, mais vous conviendrez que vous disposez

  8   de certificats venant d’officiers de l’armée de Bosnie-

  9   Herzégovine vous assurant de pouvoir passer sur les

 10   territoires qu’ils contrôlaient en toute sécurité ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Vous avez également eu des laissez-passer de

 13   l’armée de Republika Srpska vous assurant une libre

 14   circulation sur leur territoire pour aller à Tuzla, n’est-

 15   ce pas ?

 16         R.    Il n’y avait pas d’obstacle entre Vares et

 17   Tuzla.  Il n’y avait pas de territoire serbe entre les

 18   deux, mais je n’avais pas de laissez-passer pour cela parce

 19   que de toute façon, la route était ouverte et puis la zone

 20   était contrôlée par les unités de l’armée de Bosnie-

 21   Herzégovine.

 22         Q.    Excusez-moi, ma question n’était pas précise. 

 23   Il est vrai, n’est-ce pas, que vous pouviez vous déplacer

 24   sur le territoire de la Republika Srpska ?  Vous aviez un

 25   laissez-passer dans ce sens ?


Page 15803

  1         R.    Non, je n’ai jamais eu de contact au niveau

  2   de la Republika Srpska, mais il est arrivé que j’escorte

  3   des convois serbes qui sortaient de Tuzla, de la région de

  4   Tuzla, de Vares, et eux, ils avaient reçu des certificats

  5   du Conseil de la Défense croate pour pouvoir traverser le

  6   territoire de la Republika Srpska. 

  7         Moi, j’avais un laissez-passer de Anto Pejcinovic

  8   pour escorter ces convois et on pouvait y lire que Anto

  9   Pejcinovic me donnait l’autorisation d’accompagner ces

 10   convois.

 11         Q.    Aujourd’hui, pendant l’interrogatoire

 12   principal, vous avez parlé de ces convois qui entraient en

 13   Bosnie-Herzégovine et qui en sortaient, qui entraient en

 14   Herzégovine et qui en sortaient.  Vous avez dit que c’était

 15   quelqu’un de Grude qui avait signé ce document ?

 16         R.    Oui.  Il s’agissait de convois qui passaient

 17   sur le territoire de la Herceg-Bosna mais qui n’avaient

 18   rien à faire avec ce territoire à proprement parler.  Je

 19   n’ai pas parlé des convois relatifs à Vares-Zenica, Vares-

 20   Tuzla.  J’ai juste parlé du convoi qui venait de

 21   l’Herzégovine, de la Croatie et passait par le territoire

 22   contrôlé par le HVO de Vares.

 23         Q.    Qui signait ces laissez-passer ?  Est-ce que

 24   vous l’avez vu de vos propres yeux ?

 25         R.    J’en ai eu de ces documents dont un document


Page 15804

  1   signé par Mate Boban et également par Dario Kordic et

  2   également des documents signés par le QG de l’hôtel de

  3   Grude.  D’autre part, même Anto Pejcinovic ne pouvait rien

  4   faire.  Il fallait que les choses soient signées par Dario

  5   Kordic.

  6         Q.    Où se trouvaient ces convois que vous

  7   mentionnez ?  Ça se passait en quelle année ?

  8         R.    Eh bien, ce sont des convois qu’on a vus à

  9   partir de 1991 jusqu’à 1993.  Ils traversaient le

 10   territoire de la Republika Srpska.  Donc, ça s’est passé

 11   pendant deux ou trois ans.  C’était non-stop parce que

 12   Vares coupait aussi bien de la Croatie que de la Herceg-

 13   Bosna.

 14         Q.    Je vous comprends bien, mais ce que je

 15   voulais vous dire c’est qu’en 1993, Monsieur Kordic n’a

 16   signé aucun laissez-passer de ce type.  Donc, pouvez-vous

 17   nous spécifier quand il y a eu des convois qui sont passés

 18   grâce à des documents signés de sa main ?

 19         R.    Il est possible que je dispose encore de ces

 20   documents signés par lui parce que Vjeran Mijatovic… j’ai

 21   les documents qui viennent de lui dans une maison de Vares

 22   et j’ai réussi à conserver tous ces documents.  Donc, j’ai

 23   ces documents pour 1992 et 1993.

 24         Q.    Vous avez vu ces laissez-passer ?

 25         R.    Je les ai encore.


Page 15805

  1         Q.    Vous les avez encore ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    Oui ?  De 1993 avec la signature de Kordic ?

  4         R.    En tout cas, je n’ai pas parlé uniquement de

  5   1993 mais des convois de 1991, 1992, 1993.  Je n’ai pas

  6   essayé de voir quelle était la date exacte, mais je sais

  7   que chez moi, je dispose de ces certificats.

  8         Q.    Pendant cette période, vous avez été en

  9   contact avec l’armée de Bosnie-Herzégovine dont le QG était

 10   à Dabravine ?

 11         R.    Oui.

 12         Q.    Et également avec l’armée de Bosnie-

 13   Herzégovine à Tuzla ?

 14         R.    Oui.  À Tuzla, je parlais à Juric, à des gens

 15   qui venaient à Vares tout le temps.  Il n’y avait jamais de

 16   problème avec eux.  Il était toujours possible de discuter

 17   de façon constructive et d’avoir des contacts avec le HVO à

 18   Tuzla.

 19         Q.    Il y a peu, vous avez mentionné un certain

 20   nombre de noms.  Je souhaiterais que vous les répétiez. 

 21   Dusko Amidzic, Robert Sokic, et cætera.  Il s’agissait de

 22   d’autres membres de cette unité du HOS dont on a parlé

 23   précédemment ?

 24         R.    Dusko Amidzic.

 25         Q.    C’est trois noms.  Quels autres noms avez-


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  1   vous dit ?  Robert Sokic et Kreso Pejcinovic ?

  2         R.    Kreso Pejcinovic ?  Je n’ai jamais dit ce

  3   nom.  Non, je n’ai pas dit ce nom.

  4         Q.    Oui, mais vous avez dit des noms.  Je me

  5   souviens de ces trois noms.  S’agissait-il de gens avec qui

  6   vous aviez des contacts dans le cadre de votre travail ?

  7         R.    Kreso Pejcinovic, c’est le frère de l’ancien

  8   maire mais il n’avait rien à voir dans tout ça, et Dusko

  9   Amidzic, c’était un Serbe marié avec une musulmane.

 10         Q.    Est-ce que vous aviez des contacts

 11   professionnels avec eux ?

 12         R.    Non.  Qu’est-ce que j’aurais pu avoir comme

 13   contact avec Dusko Amidzic ?  C’était un pauvre homme.

 14         Q.    Donc, pas de contacts ?

 15         R.    Non, bien entendu que non.

 16         Q.    Vous avez parlé de Kreso Bozic.  C’était un

 17   membre du HVO ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    Est-ce que vous avez été avec le HVO ?  Est-

 20   ce que vous étiez au sein du HVO ?

 21         R.    Non.  Si vous regardez tous les dossiers

 22   militaires, les certificats, vous voyez très bien que je

 23   n’ai jamais été membre, même si j’ai eu un livret militaire

 24   qui stipule que j’ai passé trois mois au sein du HVO. 

 25   Ensuite, je leur ai demandé : « Mais qu’est-ce que vous


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  1   avez écrit dans mon livret militaire ?  Je n’ai jamais fait

  2   ça », et ils m’ont dit que c’était une erreur.  En fait,

  3   c’était tout simplement une erreur de la part du commandant

  4   du village.

  5         Q.    Oui, mais si vous n’avez pas été membre du

  6   HVO, à ce moment-là, pourquoi est-ce que vous avez dit à

  7   l’officier du NordBat que vous étiez un officier de liaison

  8   entre le HVO et les Nations Unies ?

  9         R.    Non, non, c’était faux.

 10         M. LE PRÉSIDENT (interprétation) :  On a déjà posé

 11   cette question.  Inutile de la répéter.  Je vous prie de

 12   poursuivre, s’il vous plaît.

 13         Me NAUMOVSKI (interprétation) : 

 14         Q.    Monsieur le Témoin, passons maintenant à une

 15   série de questions que j’ai intitulées : « Les événements

 16   de Vares ».  Vous avez parlé d’une réunion qui a eu lieu en

 17   juin 1993 et à laquelle ont participé Ekrem Mahmutovic et

 18   Avdo Zubaca, et on demandait la libre circulation, le libre

 19   passage des musulmans pour aller de Dabravine, un village

 20   contrôlé par l’armée de Bosnie-Herzégovine, donc pour aller

 21   de ce village jusqu’à Pogara, Dubosice et Tuzla ?

 22         R.    Oui.

 23         Q.    Vous conviendrez que le 3e corps d’armée de

 24   l’armée de Bosnie-Herzégovine aurait ainsi pu établir un

 25   lien avec le 2e corps d’armée à Tuzla ?


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  1         R.    Oui.

  2         Q.    Ceci aurait permis de renforcer l’armée de

  3   Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?

  4         R.    Cela n’aurait pas eu de conséquence pour

  5   Vares.  Cela aurait été mieux pour Vares si la route avait

  6   été ouverte, mais je crois que tous les villageois, toute

  7   la population était favorable à une solution pacifique et

  8   non pas à ce qui s’est effectivement produit.

  9         Q.    Vous avez participé à cette réunion ?

 10         R.    Cette réunion a eu lieu au restaurant du HVO

 11   qui s’appelait Centre.

 12         Q.    À quel titre avez-vous participé à cette

 13   réunion parce que c’était une réunion entre le HVO et

 14   l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

 15         R.    Lors de cette réunion, il y avait également

 16   Monsieur… enfin quelqu’un qui venait, je crois, d’une

 17   organisation.  Je ne sais pas si c’était humanitaire ou

 18   militaire.  Moi, j’ai participé à cette réunion parce que

 19   c’est Anto Pejcinovic qui m’en a donné l’ordre.  Anto

 20   Pejcinovic m’a dit d’amener deux hommes qui venaient de

 21   Dabravine.  Je leur ai acheté du whisky, un carton de

 22   Marlboro, du café, et cætera.  Donc, j’ai pris ma voiture

 23   personnelle, j’ai pris toutes ces victuailles et je les ai

 24   distribuées aux gens qui participaient à la réunion.

 25         Q.    Cela veut dire que vous n’avez pas participé


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  1   à toute la réunion ?

  2         R.    Oui.

  3         Q.    En dehors de Anto Pejcinovic, qui d’autre

  4   était présent du HVO de Vares ?

  5         R.    Il y avait Ivica Gavran, Emil Harah, Zvonko

  6   Duznovic.

  7         Q.    Anto Pejcinovic a accepté la proposition de

  8   l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

  9         R.    Il n’a pas fait de promesse ferme mais il

 10   leur a accordé des délais, une période de temps, et il a

 11   dit qu’à l’issue de cette période, il leur ferait savoir ce

 12   qu’il en était.

 13         Q.    Je vous pose cette question au sujet de votre

 14   déclaration précédante mais peut-être est-ce moi qui me

 15   trompe.  Vous avez dit que Anto Pejcinovic a accepté la

 16   proposition et qu’ultérieurement, il a envoyé une lettre

 17   donnant l’autorisation ?

 18         R.    Oui.

 19         Q.    À qui a-t-il envoyé cette lettre ?

 20         R.    Anto Pejcinovic a accepté ce qui était

 21   demandé mais il n’a pas pu le garantir lors de cette

 22   réunion.  Il a dû demander l’avis du QG principal de Grude.

 23         Q.    Comment ?  Par lettre ?

 24         R.    Je ne sais pas si c’était une lettre mais je

 25   crois qu’il y avait eu des communications par le biais de


Page 15810

  1   la Republika Srpska parce qu’ils avaient déjà reçu

  2   l’autorisation de la Republika Srpska aux fins de laisser

  3   passer des individus par le territoire de Republika Srpska.

  4         Q.    Monsieur AO, vous avez dit devant les

  5   enquêteurs du Tribunal (je cite) :  « On s’est adressé à

  6   moi et on m’a demandé que j’envoie la lettre à Grude. »

  7         R.    Il ne faut pas oublier le fait où je me

  8   trouvais.  Ils m’ont tout simplement demandé quelle était

  9   la route qu’ils devaient emprunter pour y arriver le plus

 10   tôt possible, ceux qui disposaient de laissez-passer de

 11   Republika Srpska.  Il y avait une autre personne également

 12   qui était là.  Elle m’avait posé la question : « Qui serait

 13   le plus fiable qui pourrait le faire ? », et ça ne me

 14   concernait pas.  Je ne peux pas dire que ça me concernait.

 15         Q.    Mais est-ce que c’est vous qui avez arrangé

 16   que la lettre soit acheminée vers Grude ?

 17         R.    Non.

 18         Q.    Mais est-ce que vous savez si la lettre est

 19   partie ou non ?

 20         R.    Oui, je pense qu’elle est partie à Grude.

 21         Q.    Mais est-ce que vous avez vu la lettre ?

 22         R.    Après cet entretien, eh bien, le premier

 23   convoi qui est passé par la Republika Srpska pour se rendre

 24   à Grude.

 25         Q.    Vous avez dit que Grude a refusé la lettre de


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  1   Pejcinovic.  Qu’est-ce que vous sous-entendez sous la

  2   notion de Grude ?

  3         R.    C’est le QG.

  4         Q.    Mais du HVO ?  Le QG du HVO, n’est-ce pas ?

  5         R.    Oui.

  6         Q.    Conviendrez-vous avec moi pour dire que

  7   l’armée de Bosnie-Herzégovine avait demandé dans ce cas-là

  8   que les quatre villages croates auraient été coupés de

  9   Vares ?

 10         R.    Les quatre villages ont été coupés de Vares,

 11   mais de toute façon, Vares était déjà coupée par rapport

 12   aux autres villages croates.

 13         Q.    Mais c’était votre conclusion, Monsieur AO ? 

 14   C’est ce que vous avez dit devant les enquêteurs.  Vous

 15   avez dit (je cite) :  « Grude a refusé la demande et si

 16   jamais on avait permis aux musulmans de traverser ce

 17   territoire, les quatre villages auraient été coupés de

 18   Vares. »

 19         R.    Je ne sais pas, mais de toute façon, je n’ai

 20   pas les documents devant moi.  Moi, je vais essayer de

 21   m’expliquer.  De toute façon, ce document provenant de

 22   Grude voulait dire que Vares était encerclé.  Même avant la

 23   guerre, Vares ne pouvait pas s’appuyer sur aucun village

 24   croate.  Du point de vue géographique, Vares n’a jamais eu

 25   une municipalité contrôlée par les Croates, par la majorité


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  1   croate.  Par conséquent, d’où vient cette idée-là que Vares

  2   aurait été coupée, je ne sais pas, mais de toute façon, le

  3   2e et 3e corps d’armée se seraient unis et ç’aurait été

  4   certainement dangereux.  Par conséquent, je pense que vous

  5   faites l’erreur.  C’est deux ou trois petits villages qui

  6   auraient été coupés.  De toute façon, ce n’est pas deux ou

  7   trois villes.

  8         Q.    En ce qui concerne le 2e et 3e corps d’armée,

  9   on s’est mis d’accord.  De toute façon, c’était un danger. 

 10   C’était un risque.  On peut poursuivre.

 11         On va passer à une autre réunion, à la réunion qui

 12   a eu lieu au mois de novembre 1993 et c’est une réunion qui

 13   s’est tenue à l’hôtel Ponikve.  Lors de cette réunion,

 14   Pejcinovic disait que de Grude, il y a un ordre qui est

 15   arrivé à Vares qu’il fallait demander l’aide des Serbes

 16   pour essayer de protéger Vares ?

 17         R.    Mais ceci a été déjà convenu auparavant.  On

 18   avait dit que si le HVO n’était pas en mesure de défendre

 19   le territoire, à ce moment-là, il fallait qu’on fasse appel

 20   à la Republika Srpska et des positions de Brgul pour

 21   demander les renforts.

 22         Q.    Mais vous avez assisté à cette réunion, même

 23   si vous n’étiez pas membre du HVO.  À quel titre vous avez

 24   assisté à cette réunion ?

 25         R.    Il y avait plusieurs personnes qui avaient


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  1   assisté à cette réunion.  Il y avait plusieurs réunions de

  2   toute façon qui se sont suivies.  C’était les réunions des

  3   représentants des plus hauts rangs et c’était une des

  4   réunions où – je ne sais pas comment m’exprimer – avaient

  5   été élargi.  Il y avait des commandants de hauts rangs, il

  6   y avait des commandants également de la défense civile qui

  7   étaient présents, il y avait des personnes qui n’étaient

  8   pas très hauts placées, et cætera.  Ce n’était pas par

  9   conséquent la réunion qui a eu lieu à huis clos.  C’était

 10   une réunion élargie, je le maintiens.  Moi, j’étais très

 11   proche de Anto Pejcinovic.  Par conséquent, je pouvais tout

 12   de suite, sans problème, rentrer dans la pièce où la

 13   réunion a eu lieu.

 14         Q.    Mais qui vous a convoqué ?  À quel titre vous

 15   avez assisté à cette réunion ?

 16         R.    Je viens de vous le dire.  Ce n’était pas une

 17   réunion à huis clos.  Il y avait tous les commandants qui

 18   ont été présents à la réunion.  Il y avait également ceux

 19   qui les escortaient.  Les représentants du HOS pouvaient

 20   également s’y rendre pour entendre ce qui se passait, ce

 21   qui se passait d’un côté ou de l’autre, pas forcément et

 22   uniquement au sein de notre municipalité de Vares.  Il n’y

 23   avait pas des invitations qui ont été envoyées.  C’était

 24   une réunion qui était ouverte, et tout le monde pouvait y

 25   assister, publique.


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  1         Q.    Mais vous n’avez pas vu cet ordre dont il a

  2   été question et dont il a parlé ?

  3         R.    Vous parlez de Pejcinovic et de cet ordre ? 

  4   Oui, je l’ai vu.

  5         Q.    Comment cet ordre est-il parvenu jusqu’à

  6   Vares ?

  7         R.    Par le convoi.  J’ai déjà précisé qu’il y

  8   avait un convoi de Caritas, donc l’organisation

  9   humanitaire, et il y avait également des arrivées du

 10   pétrole qui sont arrivées avec le convoi.  Il y avait

 11   quelques citernes qui se sont rendues dans le cadre de ce

 12   convoi jusqu’à Vares et je pense que c’est Mijatovic

 13   également, Vjeran, qui était avec le convoi et qui l’avait

 14   emmené, qui avait emmené l’ordre.

 15         Q.    Mais qu’est-ce qui était dans l’en-tête de

 16   l’ordre ?

 17         R.    Mais c’était le format A4.  Dans l’en-tête,

 18   il y avait les armoiries du HVO.  Il y avait également le

 19   damier.  Je ne sais pas, c’était un ordre qui était libellé

 20   en peu de lignes.  Je sais, j’ai vu que Anto Pejcinovic

 21   avait l’original.  Zvonko Duznovic avait pris, un moment

 22   donné, l’original et il a dit : « Mais est-ce que

 23   véritablement nous sommes aussi puissants, aussi forts,

 24   pour que personne ne pense à nous envoyer des renforts ? » 

 25   Il était même fâché, puis il a mis à l’écart l’original.


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  1         Q.    Mais j’aimerais savoir :  Le document dans

  2   l’en-tête était adressé à qui ?

  3         R.    Mais HVO de Vares.

  4         Q.    Mais il y avait un nom ?

  5         R.    Mais Anto Pejcinovic probablement parce que

  6   Anto Pejcinovic était un homme politique et en même temps

  7   militaire.  On posait la question à Anto Pejcinovic chaque

  8   fois quand il fallait éventuellement donner des tâches

  9   différentes.  Je l’ai déjà dit lors de ma déposition.  Il y

 10   avait un certain nombre de personnes importantes dont les

 11   noms figuraient sur les documents, mais on sait très bien

 12   qui étaient les personnes les plus importantes, aussi bien

 13   au sein du HDZ qu’au sein du HVO.  Par conséquent, pour

 14   nous autres, c’était clair.  À un moment donné, c’était

 15   Malbasic, à un autre moment, c’était quelqu’un d’autre. 

 16   Mais je dis qu’il y avait des noms qui figuraient sur les

 17   papiers.  Il y avait des noms qui étaient importants et

 18   nous, on le savait.

 19         Q.    Par conséquent, il y avait un ordre qui vous

 20   est arrivé par le convoi et vous parlez de l’original,

 21   n’est-ce pas ?

 22         R.    L’original ?  Je ne comprends pas.

 23         Q.    Mais ce n’était pas une copie, c’était un

 24   original ?

 25         R.    Mais je ne sais pas, enfin je ne sais pas


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  1   s’il s’agissait d’une copie ou d’un original.  De toute

  2   façon, l’en-tête figurait.

  3         Q.    Mais comme nous sommes en train de donner la

  4   description du document, outre cette phrase qu’il pouvait

  5   s’adresser aux Serbes si jamais il fallait défendre Vares,

  6   y avait-il autre chose ?

  7         R.    Oui.  On a donné lecture de cette lettre,

  8   mais de toute façon, je n’ai pas retenu tout ce qui a été

  9   dit.

 10         Q.    Il y avait combien de pages ?

 11         R.    Je ne comprends pas.

 12         Q.    Mais il y avait toute une page ?

 13         R.    Une demi-page éventuellement.

 14         Q.    Mais il y avait d’autres phrases également ?

 15         R.    Je ne sais pas mais il y avait plusieurs

 16   lignes.  Il y avait plusieurs lignes.

 17         Q.    Qui a signé le document ?

 18         R.    Je ne l’ai pas eu dans mes mains.  Dans ce

 19   cas-là, je l’aurais su.  Mais à un endroit, il y avait

 20   marqué « copie conforme » et puis « destinataire ».  Je ne

 21   sais pas qui avait signé exactement.  Je ne sais pas si

 22   c’est Mate Boban et Kordic.  Je ne peux pas vous le dire

 23   exactement mais je pense qu’il y avait les deux de toute

 24   façon.  Il y avait Mate Boban ou bien Dario Kordic, je ne

 25   sais pas exactement.


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  1         Q.    Mais est-ce qu’il y avait le nom de Mate

  2   Boban ?

  3         R.    Je pense que son nom a été dactylographié

  4   alors que le paraphe … c’était paraphé par Dario Kordic,

  5   mais c’était peut-être l’inverse, je n’en sais rien.  Je

  6   sais qu’il y avait les deux noms.

  7         Q.    Mais si je vous comprends bien, à ce moment-

  8   là, le nom de Monsieur Kordic n’était pas dactylographié,

  9   n’était pas imprimé ?

 10         R.    C’est vrai mais c’est lui qui a signé. 

 11   C’était en manuscrit.

 12         Q.    Mais il y avait une signature sur le

 13   document ?

 14         R.    Oui.

 15         Q.    Est-ce que vous avez vu déjà la signature de

 16   Monsieur Kordic avant ?

 17         R.    Oui.

 18         Q.    Mais d’après vous, c’était la signature de

 19   Monsieur Kordic ?

 20         R.    Oui, le plus probablement.

 21         Q.    Mais vous n’en êtes pas sûr ?  Vous ne savez

 22   pas si quelqu’un avait tout simplement mis son nom ou bien

 23   c’est lui-même qui a signé ?

 24         R.    Je ne suis pas expert à ce point-là mais je

 25   sais qu’il l’avait signé.  Qui a signé à sa place, si c’est


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  1   lui en personne ou quelqu’un d’autre à sa place, je ne sais

  2   pas, mais de toute façon, je sais qu’il y avait son nom qui

  3   figurait là-dessus et c’était tout simplement paraphé, ce

  4   n’était pas tout le long.

  5         Q.    Par conséquent, on parle du document qui vous

  6   est parvenu en novembre 1992, n’est-ce pas… pardon, au mois

  7   de septembre 1993 ?  Est-ce que vous êtes d’accord avec moi

  8   pour dire que Busovaca a été complètement coupé en avril

  9   1993 et encerclé du côté de Vares et du côté de Grude par

 10   l’armée de Bosnie-Herzégovine ?

 11         R.    Je sais que Busovaca a été coupée par rapport

 12   à toutes les municipalités.  Il est vrai, moi, je ne sais

 13   pas à 100 pour cent, mais je pense que c’est vrai, mais je

 14   maintiens, comme Vares a été également coupé d’un certain

 15   nombre de villages, Vares avait son commandement…

 16         M. LE PRÉSIDENT :  Mais ce n’est pas indispensable

 17   de poursuivre, je vous en prie.

 18         Me Naumovski, il est 17 h 30.  De combien de temps

 19   avez-vous encore besoin ?

 20         Me NAUMOVSKI (interprétation) :  Monsieur le

 21   Président, je ne pense pas que je puisse terminer avant 6 h

 22   00, même jusqu’à 6 h 00.

 23         M. LE PRÉSIDENT :  Eh bien, vous devez finir en

 24   une demi-heure demain matin parce que ça fait presque deux

 25   heures.  Cela fera presque deux heures que vous aurez eues


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  1   pour contre-interroger le témoin, mais je crois que nous en

  2   avons assez pour aujourd’hui.

  3         Monsieur le Témoin AO, je suis désolé mais nous ne

  4   pouvons pas en terminer avec votre déposition aujourd’hui. 

  5   Je vous demande donc de revenir demain matin à 9 h 00.  À

  6   ce moment-là, on terminera votre déposition.

  7         L’audience est suspendue jusqu’à 9 h 00.

  8         Me NICE (interprétation) :  L’ordre des témoins

  9   sera légèrement modifié pour demain car un des témoins doit

 10   partir plus tôt.  Donc, j’informerai vos collaborateurs en

 11   temps utile.

 12         --- L’audience est levée à 17 h 33

 13         pour reprendre le mardi

 14         7 mars 2000 à 9 h 00

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