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1 Le lundi 6 mars 2000
2 [Huis clos partiel]
3 [Les accusés entrent dans la Cour]
4 --- L’audience débute à 9 h 33
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7 [expurgée]
8 [Audience publique]
9 M. LE PRÉSIDENT : Faites lire au témoin la
10 déclaration solennelle, s’il vous plaît.
11 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
12 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
13 rien que la vérité.
14 M. LE PRÉSIDENT : Veuillez vous asseoir.
15 TÉMOIN : TÉMOIN AN (ASSERMENTÉ)
16 INTERROGÉ PAR Me SCOTT (interprétation) :
17 Q. Monsieur le Témoin, l’huissier va vous
18 présenter une feuille de papier sur laquelle figure votre
19 nom. Surtout ne prononcer pas votre nom à voix haute mais
20 regarder cette feuille de papier et dites-nous si c’est
21 bien votre nom qui y figure.
22 R. Oui.
23 Q. Je dois également vous dire, Monsieur le
24 Témoin, qu’on vous a accordé les mesures de protection que
25 vous aviez demandées. Donc, les traits de votre visage
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1 vont être déformés sur l’écran ainsi que votre voix. Nous
2 ferons référence à vous-même en utilisant le pseudonyme
3 « AN ». Il s’agit là de vous accorder les mesures de
4 protection que vous avez demandées.
5 R. Oui, j’ai compris.
6 Q. Avant que nous commencions, je dois vous dire
7 que je vais vous guider dans la plus grande partie de votre
8 déposition, c’est-à-dire que dans la plupart des cas, il
9 s’agira uniquement pour vous de confirmer que les
10 déclarations que je lis sont bien exactes, mais si vous
11 souhaitez ajouter quelque chose, si vous estimez qu’il y a
12 quelque chose que vous expliquiez plus en détail, vous
13 pouvez tout à fait le faire. Vous me comprenez ?
14 R. Oui.
15 Q. [expurgée]
16 [expurgée] ?
17 R. C’est exact.
18 Q. Avant le conflit, vous habitiez avec vos
19 parents et vos deux frères à Tulica. Le village de Tulica
20 se situe à environ 15 kilomètres au nord de Kiseljak.
21 Avant l’attaque sur Tulica le 12 juin 1993, ce village
22 était un village dont la population était à 100 pour cent
23 musulmane pratiquement puisqu’il n’y avait que 15 Croates
24 qui habitaient dans le village : Est-ce bien exact ?
25 R. C’est exact.
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1 Q. En tout, il y avait environ 600 personnes qui
2 habitaient dans le village, dont 120 maisons environ ?
3 R. Oui.
4 Q. À l’exception de Tulica, est-il exact que la
5 plupart des autres villages se trouvant dans la région,
6 tels que Lepenica, étaient des villages croates et qu’il y
7 avait également un petit nombre de villages serbes dans la
8 région ?
9 R. Oui.
10 Q. En 1992, vous étiez membre de la Ligue
11 patriotique et vous étiez également membre des forces de
12 police dans la municipalité de Kiseljak, qui à l’époque
13 était à la fois croate et musulmane. On comptait environ
14 30 policiers militaires croates et environ six ou sept
15 policiers militaires musulmans : Est-ce bien exact ?
16 R. C’est exact.
17 Q. Est-il également exact que le chef des
18 officiers de police du côté musulman était un homme du nom
19 de Esef Bajraktarevic ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous étiez donc membre des forces de police
22 militaire, vous travailliez à la caserne de Kiseljak à la
23 réception, et parfois vous travailliez en tant qu’agent de
24 la circulation vous avez également eu des activités au
25 centre de communication : C’est bien exact ?
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1 R. Oui.
2 Q. Ici, je parle de la période qui s’est écoulée
3 entre avril et mai 1992 : C’est bien exact ?
4 R. C’est exact.
5 Q. Quatre ou cinq mois avant l’offensive du HVO
6 du 12 juin 1993, il y a eu un certain nombre d’incidents
7 mineurs dans la zone. Le premier a eu lieu près de Brnjaci
8 où se trouve des villages musulmans entre Kobiljaca et
9 Kiseljak. Les Croates y avaient établi des points de
10 contrôle en 1992 : C’est bien exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Certains des musulmans de Kiseljak ont été
13 victimes de mauvais traitements, ont été passés à tabac par
14 des soldats du HVO au point de contrôle et certains
15 commerces musulmans de Kiseljak ont été pillés par des
16 soldats du HVO : Est-ce bien exact ?
17 R. C’est exact.
18 Q. Vers avril et mai 1992, les Croates ont
19 commencé à arborer des insignes du HVO et ont établi de
20 nouveaux points de contrôle, notamment sur la route
21 principale menant à Ilidza. Seuls les Croates étaient
22 autorisés à passer ce point de contrôle. Ils
23 communiquaient avec les Serbes qui habitaient à Ilidza et
24 il y avait des relations d’amitié et de coopération entre
25 les Croates et les Serbes dans cette région ?
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1 R. Oui.
2 Q. De manière plus générale, je voudrais savoir
3 si pendant la période dont nous allons parler aujourd’hui
4 et dans la zone de Tulica, est-ce que vous avez constaté
5 que les Croates et les Serbes avaient des relations
6 d’amitié et de coopération ou bien est-ce qu’ils se
7 combattaient ?
8 R. Mais ils coopéraient étant donné que Tulica
9 est entre Kobiljaca, Lepenica et Han Ploca. Donc, ils
10 coopéraient.
11 Q. [Hors microphone] À votre connaissance, au
12 moment de l’attaque sur Tulica en juin 1993, avez-vous
13 constaté la poursuite de la coopération entre les Croates
14 et les Serbes dans la zone ?
15 R. Oui. Nous avons pu constater que le village
16 était pilonné, même avant le 12 juin 1993. C’est à partir
17 de Buhotine et de Vela, au moment où les Serbes tenaient
18 ces positions. Ce jour même où le HVO a attaqué Tulica, on
19 a également pilonné de Vela, de Tulica, des positions
20 serbes.
21 Q. Excusez-moi pour le micro, mais on m’a dit
22 qu’il fallait que j’éteigne mon micro lorsque le témoin me
23 donne des réponses un peu plus détaillées, pour des raisons
24 techniques. Mais poursuivons.
25 Est-il exact qu’au cours de l’été 1992, il y avait
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1 un point de contrôle au carrefour à Han Ploca ? Vous-même
2 ainsi que Muhadis Tulic, Nail Fazlibacic, Sead Sinanbasic,
3 Nusret Masin et Meho Gruso, ainsi que peut-être deux autres
4 personnes, vous vous êtes rendus à Kiseljak. Vous avez
5 passé le point de contrôle de Han Ploca et à ce moment-là,
6 vous avez vu un commandant du HVO dont vous saviez qu’il
7 s’appelait Mato Lucic et il vous a dépassé dans une
8 Volkswagen Golf : Est-ce bien exact ?
9 R. C’est exact.
10 Q. Vous alliez tous deux dans la direction de
11 Brnjaci, vous-même ainsi que le véhicule de Mato Lucic ?
12 R. C’est exact.
13 Q. Dix minutes plus tard environ vers 20 h 00,
14 vous-même et vos compagnons avaient été arrêtés par des
15 soldats du HVO à Brnjaci. Environ 15 ou 20 soldats du HVO
16 vous ont désarmé et ont arrêté votre groupe, n’est-ce pas ?
17 R. C’est exact.
18 Q. On vous a amené à Kiseljak à la caserne qui
19 s’y trouvait. Puisque qu’on savait que Blaskic et Rajic
20 étaient les commandants du HVO de Kiseljak, vous avez pensé
21 que c’était Blaskic et Rajic qui avaient ordonné votre
22 arrestation, n’est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Du fait de votre travail dans la police
25 militaire à la caserne de Kiseljak, vous saviez que Blaskic
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1 et Rajic commandaient ?
2 R. Oui.
3 Q. Est-il exact que vous avez non seulement vu
4 vous-même mais qu’également, un des commandants de la
5 police militaire du HVO, Steko Marinko, vous a dit que
6 beaucoup de gens venaient à la caserne de Kiseljak pour
7 voir, pour rencontrer le Colonel Blaskic et Rajic : Est-ce
8 bien exact ?
9 R. C’est exact, et non seulement qu’il l’a dit
10 mais moi, j’ai travaillé au standard à Kiseljak et j’ai pu
11 le voir de mes propres yeux.
12 Q. Les bureaux de Monsieur Rajic et de Monsieur
13 Blaskic se trouvaient à seulement 200 mètres de la
14 réception, n’est-ce pas ?
15 R. C’est cela.
16 Q. Vous êtes donc restés à la caserne de
17 Kiseljak pendant environ 20 minutes et à ce moment-là,
18 vous-même et les autres musulmans qui étaient avec vous ont
19 été amenés au commissariat de police de Busovaca : C’est
20 bien exact ?
21 R. Oui.
22 Q. Avez-vous compris pourquoi on vous a amené à
23 Busovaca à ce moment-là, pourquoi on ne vous a pas gardé à
24 Kiseljak ?
25 R. Non. Je ne sais pas.
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1 Q. Est-il exact qu’à ce moment-là, et on parle
2 de l’été 1992, est-il exact qu’à ce moment-là, les
3 relations entre Croates et musulmans dans la zone de
4 Busovaca étaient bien pires que ne l’était la situation
5 dans la zone de Kiseljak et ceci était reconnu de tous ?
6 R. Pendant que j’étais en détention à Busovaca,
7 j’ai pu constater que les relations se sont détériorées,
8 que les relations étaient pires qu’à Kiseljak.
9 Q. Pour autant que vous vous en souveniez, au
10 moment où donc vous avez été détenu à Busovaca, est-il
11 exact que pratiquement tous les musulmans avaient été démis
12 de leurs fonctions au sein des forces de police de
13 Busovaca ?
14 R. Pendant ma détention, aucun musulman n’était
15 dans le poste de police de Busovaca.
16 Q. Vous-même et les autres avaient été menottés,
17 on vous a placé ensemble dans une cellule où vous êtes
18 restés pendant 12 jours, vous aviez les mains menottées
19 derrière le dos, et ceci pendant pratiquement toute cette
20 période ?
21 R. Oui.
22 Q. À plusieurs reprises, vous-même et les autres
23 avaient été interrogés, certains des membres de la police
24 du HVO ou des soldats du HVO vous ont dit qu’il y avait un
25 conflit entre Croates et musulmans à Kacuni et que si les
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1 Croates étaient attaqués et blessés, vous-même et vos
2 compagnons seriez tués ?
3 R. Oui.
4 Q. Le quatrième ou le cinquième jour de votre
5 détention, on vous a amené près du commandant du HVO qui
6 s’appelait Vlado et on vous a interrogé : Est-ce bien
7 exact ?
8 R. Oui, c’est exact. C’est un bureau qui se
9 trouve à l’étage du poste de police à Busovaca.
10 Q. Pouvez-vous nous dire si Vlado c’était son
11 nom de famille ou son prénom ?
12 R. C’est son prénom, à ma connaissance.
13 Q. Ce Vlado, au moment donc où vous avez été
14 interrogé, portait un uniforme de camouflage avec des
15 insignes du HVO : C’est bien exact ?
16 R. Oui.
17 Q. Maintenant, Témoin AN, je vais vous demander,
18 pour les questions qui vont venir maintenant, d’essayer de
19 nous raconter ce qui s’est passé en utilisant vos propres
20 mots.
21 Donc, le septième jour de votre captivité, est-ce
22 qu’un policier croate est venu dans votre cellule, la
23 cellule où vous étiez détenus, vous a ordonnés de quitter
24 la cellule et vous a fait mettre en ligne à l’extérieur de
25 la cellule ?
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1 R. Oui. Ce policier, si mes souvenirs sont bons
2 – je sais qu’il était surnommé Jésus – il était venu dans
3 ma cellule, c’est vrai, et il m’a dit… il nous a demandé de
4 sortir, de nous aligner. Il a dit qu’il y a des messieurs
5 qui viennent nous voir. Nous étions sept. Nous sommes
6 sortis de cette cellule, nous nous sommes alignés tout de
7 suite contre le mur dans le couloir dans le poste de
8 police, et cinq minutes après, c’est Monsieur Kordic et
9 deux gardes qui sont arrivés.
10 Je connaissais un des deux gardes car il avait une
11 cicatrice sur le visage. Pendant que je travaillais à
12 Kiseljak à la caserne au bureau d’accueil, ils se sont
13 rendus une dizaine de fois dans cette caserne et c’est la
14 raison pour laquelle j’ai pu le reconnaître… les
15 reconnaître.
16 Q. Avant de vous laisser poursuivre, je voudrais
17 vous poser la question suivante : Quand l’officier de
18 police est venu, vous a fait sortir de la cellule, vous a
19 dit que quelqu’un venait, est-ce que vous vous souvenez
20 s’il a dit à peu près qu’un monsieur venait vous voir ?
21 Est-ce que c’est bien ce qu’il a dit ?
22 R. Oui. Si je me souviens bien, on a
23 dit « messieurs », et les messieurs c’était ceux qui
24 occupaient des postes de commandant ou ceux qui occupaient
25 des postes dans la chaîne de commandement, dans la chaîne
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1 hiérarchique plus élevée.
2 Q. Je voulais justement avoir des
3 éclaircissements à ce sujet. Dans votre langue quand on
4 utilise ce genre de terme pour désigner quelqu’un, est-ce
5 que cela signifie que la personne en question est quelqu’un
6 qui a un statut particulier ?
7 R. Oui.
8 Q. Bien ! Donc, vous nous dites que Monsieur
9 Kordic s’est approché de vous, accompagné de ses gardes du
10 corps. Que s’est-il passé ensuite ?
11 R. Ils nous ont regardé et celui qui était un
12 garde de corps, qui était donc avec les autres, a cherché
13 quelqu’un, et puis il a tout simplement prononcé une
14 phrase. Il a dit : « Il n’est pas ici. »
15 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous aviez
16 déjà vu Monsieur Kordic avant à Busovaca, et si c’est le
17 cas, où est-ce que vous l’aviez vu ?
18 R. Je ne l’ai pas vu à Busovaca avant mais
19 j’avais l’occasion de le voir à Kiseljak pendant que j’ai
20 travaillé au bureau d’accueil à Kiseljak. C’est là-bas où
21 j’ai eu l’occasion de le voir.
22 Q. Vous travailliez à l’accueil à la caserne de
23 Kiseljak, n’est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. À peu près combien de fois l’avez-vous vu à
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1 la caserne de Kiseljak ?
2 Me SAYERS (interprétation) : Objection, Monsieur
3 le Président. Le témoin nous a déjà dit qu’il l’avait vu
4 environ 10 fois.
5 Me SCOTT (interprétation) : Si c’est exact,
6 Monsieur le Président, je ne l’ai pas entendu.
7 M. LE PRÉSIDENT : Oui. Moi non plus, je ne l’ai
8 pas entendu, mais il peut nous le répéter. Cela n’engage à
9 rien. Vous pouvez peut-être reposer la question, Monsieur
10 Scott.
11 Me SCOTT (interprétation) :
12 Q. Pouvez-vous nous dire, Monsieur le Témoin,
13 alors que vous travailliez à la caserne de Kiseljak,
14 pouvez-vous donc nous dire combien de fois vous avez vu
15 Monsieur Kordic y venir ?
16 R. Une dizaine de fois approximativement, peut-
17 être même un peu plus, parce que chaque fois quand Hrvoje
18 Krstic, un autre surnommé Oluja et Kordic se rendaient dans
19 ces bureaux pour voir Tihomir Blaskic et Ivica Rajic.
20 Q. Pouvez-vous nous dire ce que vous pensiez de
21 ce Monsieur Krstic ? À votre idée, quel était son poste ?
22 R. Je savais qu’il était un des fondateurs du
23 HDZ et je sais qu’il occupait un poste élevé au sein de la
24 chaîne de commandement parce que c’est dans ce bâtiment de
25 Kiseljak qu’il n’y avait que des dirigeants et des membres
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1 du QG qui pouvaient s’y rendre.
2 Q. Donc, vous travailliez à l’accueil à la
3 caserne. Est-ce que vous saviez de ce fait si lorsque
4 Monsieur Krstic ou Monsieur Kordic venaient, il était
5 commun que l’on annonce par téléphone ou d’une autre
6 manière leur arrivée ?
7 R. Il y avait bien évidemment une certaine
8 procédure à suivre. Au moment où ils se rendaient, il
9 fallait donc qu’ils précisent s’ils vont chez Blaskic ou
10 Rajic et ensuite c’est par téléphone que nous appelons le
11 bureau à partir du standard et nous demandons si la
12 personne en question est dans son bureau.
13 Q. Est-ce que vous pouvez nous parler de la
14 nature générale des réunions auxquelles participaient ces
15 personnes lorsqu’elles rencontraient Monsieur Rajic et le
16 Colonel Blaskic ?
17 R. Non. Je ne pouvais pas savoir grand-chose ni
18 entendre grand-chose. Moi, je savais que ce sont les
19 membres du commandement qui s’y rendaient ainsi que tous
20 ceux qui organisaient tout ce qui se passait.
21 Q. Pouvez-vous nous dire : À cette époque, pour
22 vous, quel était le poste, quel était le rôle de Dario
23 Kordic ?
24 R. À cette époque-là, je savais que tout comme
25 Blaskic, il occupait un poste important à Busovaca aussi
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1 bien du point de vue militaire que du point de vue civil,
2 et je veux parler des structures civiles du HDZ.
3 Q. Dans l’apparence de Monsieur Kordic, de
4 Monsieur Blaskic, et caetera, je veux parler de leur tenue
5 vestimentaire, de leur manière de se déplacer donc, est-ce
6 qu’il y avait quoi que ce soit là-dedans qui pouvait vous
7 indiquer qu’il s’agissait de personnes qui occupaient une
8 position importante dans la hiérarchie ?
9 R. À cette époque-là, ils portaient des
10 uniformes tout neufs, ils étaient escortés par les gardes
11 de corps, ils avaient des véhicules également qui étaient
12 des voitures neuves. Par conséquent, on était au clair.
13 On savait qu’il s’agissait des personnes-clés.
14 Q. Quand Monsieur Kordic est venu là où vous
15 étiez détenu avec vos compagnons à Busovaca, à quelle
16 distance de vous s’est-il tenu lorsque lui-même et ses
17 gardes du corps sont venus vous voir, vous inspecter ?
18 R. C’était à deux mètres à peu près parce que
19 c’est un couloir qui n’est pas très long, une dizaine de
20 mètres, et ils se trouvaient au rez-de-chaussée.
21 Q. Je voudrais, Monsieur le Témoin, que vous
22 nous disiez si dans ce prétoire, vous voyez la personne que
23 vous avez vue à la caserne de Kiseljak ainsi que la
24 personne que vous avez vue ce jour-là à Busovaca. Est-ce
25 que vous voyez cette personne dans le prétoire ?
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1 R. Oui.
2 Q. Pouvez-vous nous l’indiquer du doigt, s’il
3 vous plaît ?
4 R. Oui, je peux. [Indication du témoin]
5 Me SCOTT (interprétation) : Je souhaiterais que
6 l’on indique au compte rendu que le témoin a identifié
7 l’accusé Dario Kordic.
8 Q. Donc, à ce moment-là, vous avez entendu, vous
9 nous avez dit, un garde du corps dire : « Il n’est pas
10 là », et ensuite, Monsieur Kordic et les gardes du corps
11 sont partis : C’est bien exact ?
12 R. C’est exact et puis ce garde du corps qui
13 avait prononcé cette phrase, je le reconnais très bien
14 parce qu’il avait une très grande cicatrice sur le visage.
15 Moi, je l’ai reconnu.
16 Q. Est-ce que vous avez revu cette personne qui
17 avait une cicatrice ? Est-ce que vous l’avez revue
18 ultérieurement ?
19 R. Non, jamais.
20 Q. Bien ! Poursuivons. Le dernier jour,
21 environ le douzième jour de votre détention à Busovaca,
22 vous-même et les autres avez reçu l’ordre d’aller à l’étage
23 pour rencontrer le commandant, Vlado. Il vous a dit que
24 vous alliez tous être libérés, les cinq personnes qui
25 constituaient votre groupe, et le HVO donc vous a amené à
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1 Kiseljak et de là, vous êtes retourné à Tulica : C’est bien
2 exact ?
3 R. Oui.
4 Q. Est-il exact que vous saviez que le Colonel
5 Blaskic et Ivica Rajic étaient les commandants suprêmes,
6 entre guillemets, des unités du HVO à Kiseljak ?
7 R. Oui.
8 Q. Parmi ces unités se trouvait une unité
9 portant le nom de Vrazija Divizija ou la Division du
10 Diable : C’est bien exact ?
11 R. Oui. C’est un groupe de sabotage et c’est un
12 groupe qui a été mis sur place dès le début de cette
13 guerre.
14 Q. Nous allons peut-être en reparler
15 ultérieurement, mais vous venez de parler d’une « unité de
16 sabotage ». Pour vous, qu’est-ce que ça veut dire et
17 quelle était la signification de ce genre d’unité ?
18 Qu’est-ce que c’était qu’une unité de sabotage à l’époque
19 et quelles étaient ses missions ?
20 R. Cette unité de sabotage d’abord était connue
21 par la composition. C’était les extrémistes les plus
22 grands qui en faisaient partie et moi, je connaissais
23 également Pijuk, Tibor Prajo, Cufija et les autres. Ce
24 sont les personnes extrémistes que je connaissais déjà
25 depuis bien longtemps et je le répète, c’était des
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1 extrémistes de l’époque connus et puis c’est une unité
2 qu’on appelait de sabotage qui normalement devait organiser
3 des sabotages, des attaques sur les villages. Voilà !
4 Q. Est-il exact que la plupart des membres de la
5 Division du Diable avaient de 20 à 27 ans, ils semblaient
6 être bien entraînés, armés et en bonne condition physique ?
7 R. Oui.
8 Q. Il était reconnu que la plupart d’entre eux
9 avaient été entraînés à Mostar ?
10 R. C’est cela.
11 Q. L’un des commandants, je ne dis pas le
12 commandant général, mais un des commandants et des
13 officiers commandants de la Division du Diable était un
14 dénommé Mato Lucic et son surnom, c’était Maturice : C’est
15 bien exact ?
16 R. C’est exact.
17 Q. Il y avait également un dénommé Como qui
18 était l’un des officiers de cette division : C’est bien
19 exact ?
20 R. Non, Como. C’était Como.
21 Q. Je vous prie de m’excuser de ma
22 prononciation. Como. Mais quoi qu’il en soit, c’était
23 également un officier de la Division du Diable, n’est-ce
24 pas ?
25 R. Oui. Quand Lucic a été tué, donc Mato Lucic
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1 surnommé Maturice, Como et les autres ont établi cette
2 unité de sabotage surnommée Maturice.
3 Q. Le groupe des Maturices s’est baptisé ainsi
4 en hommage au commandant Maturice qui avait été tué : C’est
5 ça ?
6 R. C’est exact, mais de toute façon, ils
7 pouvaient passer dans un autre groupe, les Apôtres,
8 Division du Diable, Vitezovis ou Maturices, et cætera. Ils
9 pouvaient donc passer d’un groupe à l’autre. Si jamais il
10 y avait quelque chose de grande responsabilité, à ce
11 moment-là, ils pouvaient être transférés d’un groupe à
12 l’autre.
13 Q. Dans chacun de ces groupes que vous avez
14 mentionnés, y compris les Maturices, les Apostolis ou
15 Apôtres, donc, il s’agissait là d’unités spécialisées dans
16 le sabotage : C’est bien exact ?
17 R. C’est exact.
18 Q. Vous avez vu Ivica Rajic dans la rue à
19 Kiseljak environ trois mois après votre libération de
20 Busovaca, n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous saviez que Monsieur Rajic, c’était le
23 commandant en chef dans la zone de Kiseljak aux côtés de
24 Monsieur Blaskic : C’est bien exact ?
25 R. Oui, oui.
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1 Q. Bien ! Passons maintenant à mai 1993.
2 Savez-vous qu’à la mi-mai 1993, le HVO a entrepris
3 d’attaquer des villages musulmans autour de Kiseljak, y
4 compris notamment Rotilj, Gomionica, Visnjica, Duhri et
5 Topolje ?
6 R. Oui. On a pu l’entendre. Ce n’est pas loin
7 par rapport à nous. Nous avons pu entendre tout cela et
8 puis ensuite, il y avait des points de contrôle qui ont été
9 dressés. Les musulmans ne pouvaient pas par exemple se
10 déplacer. On ne pouvait plus rentrer à Kiseljak par
11 exemple.
12 Q. Pendant cette période, est-il exact qu’à
13 plusieurs reprises, vous étiez membre de l’armée de Bosnie-
14 Herzégovine et vous vous trouviez sur la ligne de front
15 face aux forces serbes, mais vos amis et les membres de
16 votre famille vous ont tenu informé de ce qui se passait à
17 Kiseljak et dans les environs, n’est-ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Justement, en parlant de cette période de
20 temps que vous avez passée sur la ligne de front, pouvez-
21 vous nous confirmer que sur cette ligne de front où vous
22 vous trouviez, les seules troupes qui s’opposaient aux
23 Serbes étaient des troupes de l’armée de Bosnie-Herzégovine
24 et qu’il n’y avait pas de Croates, n’est-ce pas ?
25 R. Oui.
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1 Q. Dans la zone où vous vous trouviez, vous
2 n’avez pas eu l’impression que les Croates et les Serbes
3 combattaient, mais vous avez plutôt eu l’impression qu’il y
4 avait entre eux une sorte de pacte de non-agression et
5 qu’ils coopéraient : C’est bien exact ?
6 R. Oui, oui, c’est cela.
7 Q. Maintenant, passons au 12 juin 1993. Ce
8 jour-là, vous avez eu la chance de pouvoir rentrer à
9 Tulica. Vous êtes revenu donc de la ligne de front pour
10 voir vos parents et vous reposer ?
11 R. Oui.
12 Q. Tulica, à l’époque, était située entre les
13 positions serbes et les positions tenues par le HVO et,
14 d’ailleurs, à partir de novembre 1992 environ et
15 ultérieurement, les Serbes tiraient souvent dans le village
16 et ceci a entraîné la mort d’un homme et la destruction de
17 plusieurs granges : C’est bien exact ?
18 R. Oui, c’est exact.
19 Q. Le 12 juin 1993, dans la matinée, vers midi,
20 Tulica a été pilonnée. Le pilonnage s’est arrêté, puis a
21 repris. Vous vous êtes rendu compte que les obus venaient
22 de la Kobiljaca et très probablement des villages de Vela
23 et Buhotine. Le deuxième pilonnage a été beaucoup plus
24 intense que le premier. Ensuite, une batterie de mortiers
25 a commencé à tirer et vous avez été en mesure de compter
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1 environ 200 obus qui ont été tirés sur votre village ?
2 R. Oui, mais je ne dirais pas probablement mais
3 c’était quelque chose qui se passait normalement. Même
4 auparavant, on nous pilonnait de ces positions et la
5 population de ce village avait pris déjà l’habitude, ils
6 savaient que de Vela, de Buhotine et d’autres positions
7 serbes, on nous pilonnait.
8 Q. Est-il exact de dire que ce matin-là, on
9 n’était pas sûr au début si l’offensive venait du côté
10 croate, du côté serbe ou si elle venait des deux côtés ?
11 R. Non, mais personne n’était au clair au début
12 et pendant l’attaque, la population a été arrêtée et
13 rassemblée à un seul endroit et c’est comme ça que les
14 villageois se sont trouvés regroupés à un seul endroit.
15 Q. Nous y reviendrons en temps utile. À peu
16 près à ce moment-là, après le pilonnage, il a semblé que
17 les soldats du HVO ont attaqué le village. Ils venaient de
18 directions différentes. Vous vous êtes rendu en direction
19 d’une maison de Tulica pour y rechercher votre fusil
20 militaire où vous l’aviez laissé après votre retour de la
21 ligne de front, mais avant de pouvoir atteindre cette
22 maison, vous avez vu trois soldats armés en uniformes de
23 camouflage. Ils descendaient la route. Ils vous ont donné
24 l’ordre de vous arrêter, mais vous, vous avez rebroussé
25 chemin et vous avez fui en courant. À ce moment-là, ils
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1 ont tiré dans votre direction mais vous êtes parvenu à vous
2 échapper, n’est-ce pas ?
3 R. Oui, vous avez raison.
4 Q. Quelques minutes plus tard, toujours à
5 Tulica, vous étiez près d’une maison et là vous avez vu le
6 fils d’un Croate sortir de cette maison en uniforme de
7 camouflage avec des insignes du HVO et une Kalashnikov à la
8 main. Il avait également un brassard blanc autour du bras
9 gauche. Il a pointé l’arme dans votre direction, ce qui
10 vous a paru un petit peu étrange parce que vous aviez bu un
11 verre avec lui à Kiseljak quelques semaines auparavant ?
12 R. Oui.
13 Q. Et vous saviez qu’il était soldat du HVO,
14 n’est-ce pas ?
15 R. Oui. Je savais qu’il était soldat du HVO et
16 son père travaillait ensemble avec moi dans la même
17 société.
18 Q. Donc ensuite, ce soldat du HVO vous a ordonné
19 de vous arrêter. En fait, il vous a arrêté carrément et il
20 vous a emmené à peu près à 100 mètres de là où il y avait
21 un groupe important de villageois de Tulica, des hommes,
22 des femmes et des enfants. Donc, ces gens étaient
23 rassemblés et placés sous la garde de soldats du HVO. Ceci
24 se situait près d’une sorte d’épicerie. C’est bien exact ?
25 R. Oui.
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1 Q. Certains des soldats du HVO étaient membres
2 de l’unité spécialisée dans le sabotage appelée la Division
3 du Diable et les soldats de cette unité… mais nous en avons
4 déjà parlé. Enfin, il s’agissait de troupes d’assaut,
5 n’est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Un point d’information au sujet de ces
8 unités. Je ne sais pas si vous l’avez déjà mentionné mais
9 ces unités étaient généralement constituées de 40 à 50
10 hommes, n’est-ce pas ?
11 R. Oui. C’était des unités de sabotage, entre
12 40 et 50 personnes, mais c’était des unités qui étaient
13 restreintes, disons, petites.
14 Q. Avez-vous constaté, avez-vous pu voir pendant
15 la guerre en Bosnie, pour nous donner une idée plus
16 générale de la situation, avez-vous constaté que les unités
17 du type de la Division du Diable, c’était les troupes
18 d’assaut, alors que les unités plus classiques du HVO
19 jouaient plutôt un rôle d’appui ou avaient pour mission de
20 tenir des positions ?
21 R. Oui. Au moment de l’attaque sur le village
22 Tulica, toute la ligne a été encerclée. Tout le long de la
23 ligne, il y avait des soldats, si je peux dire, simples du
24 HVO et il n’y avait qu’un secteur face aux Serbes qui était
25 libéré pour que les civils puissent s’échapper par cette
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1 route. Tout le reste était encerclé. Ostrik, Pljesivica
2 et d’autres endroits servaient à ces unités, à la Division
3 du Diable, autres également unités spécialisées pour
4 rentrer dans le village, pour piller, pour incendier les
5 maisons, pour détruire et créer une panique parmi les
6 villageois.
7 Q. Vous connaissiez au moins deux des soldats de
8 la Division du Diable du temps où vous étiez dans la police
9 militaire de la caserne de Kiseljak. Vous connaissiez
10 Tibor Prajo ?
11 R. Oui, je le connaissais et puis Tibor Prajo,
12 le jour où ils ont attaqué le village, il portait un
13 uniforme, il y avait également des cartouches qu’il
14 portait, il avait un fusil également et puis il m’a
15 demandé : « Mais d’où viens-tu, comment ça se fait que tu
16 es là ? » Moi, je lui ai dit que je suis de ce village.
17 Alors, il m’a demandé des nouvelles de Safet Katkic car
18 lui, il était avec nous ensemble à un moment donné quand on
19 faisait partie des actions volontaires et il m’a dit qu’il
20 ne pouvait pas m’aider malheureusement et il s’est acheminé
21 vers Lepenica.
22 Q. Vous connaissiez un deuxième homme et il
23 s’appelait Pijuk, n’est-ce pas ?
24 R. Oui, Pijuk. Moi, je le connaissais très,
25 très bien. Je connaissais également d’autres personnes qui
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1 faisaient partie du groupe. Je les connaissais bien. Je
2 ne peux pas me souvenir de tous les noms. Il y en avait
3 également d’autres que je connaissais de visage mais dont
4 le nom j’ignorais.
5 Q. Bien ! Vous l’avez déjà dit précédemment ce
6 matin, mais je souhaiterais que vous le répétiez pour le
7 compte rendu. Est-ce que vous connaissiez le véritable nom
8 de ce dénommé Pijuk ?
9 R. Oui. Il s’appelait Zdravko Mihaljevic,
10 surnommé Pijuk.
11 Q. Donc, ces deux hommes dont vous venez de nous
12 donner les noms étaient membres de la Division du Diable,
13 n’est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous saviez que cette division était basée à
16 Kiseljak et que Pijuk était l’un des officiers commandants
17 d’une des unités composant la Division du Diable, n’est-ce
18 pas ?
19 R. Oui. C’était un commandant de peloton, de la
20 section. Enfin, on les appelait différemment.
21 Q. Sur la base de tout ce que vous avez appris
22 au sujet de l’attaque sur les villages musulmans dans la
23 municipalité de Kiseljak en 1993, est-il exact que d’après
24 vous, la Division du Diable a participé à pratiquement la
25 totalité de ces attaques ?
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1 R. Oui. La Division du Diable, les Apôtres,
2 Maturices, d’autres unités de sabotage participaient dans
3 toutes les attaques.
4 Q. Beaucoup des hommes de ces unités étaient
5 très connus dans la zone de Kiseljak, n’est-ce pas ?
6 R. Oui. En gros, c’était les jeunes hommes qui
7 étaient de la municipalité de Kiseljak et de Kresevo et des
8 villages dans les alentours de Kiseljak.
9 Q. Pendant l’attaque, vous avez vu un des hommes
10 dont vous nous avez parlé, donc Pijuk, qui venait d’une
11 maison qui venait d’être incendiée. Vous avez vu Pijuk
12 parler avec Vlatko Trogrlic, qui était commandant d’une
13 unité régulière du HVO à Lepenica, une ville située aux
14 alentours ?
15 R. Oui, et non seulement que je l’ai vu moi-même
16 mais il y avait entre 60 et 70 personnes et il y avait des
17 femmes, il y avait des enfants. Tous ont vu quand Vlatko
18 Trogrlic, surnommé Zuna, a parlé avec Pijuk et ensuite,
19 Pijuk a tué Esef Bajraktarevic devant nous tous, devant les
20 femmes, devant les enfants, tous ceux qui étaient dans le
21 groupe.
22 Ensuite, il a proféré des injures : « Balija, pourquoi vous
23 ne partez pas à jamahiriya », et cætera, puis il a raconté
24 n’importe quoi. Donc, il a pris les hommes en âge de
25 combattre, ils les a séparés et il a dit aux femmes :
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1 « Bien, vous pouvez les saluer, vous ne les verrez plus.
2 Vous allez voir, je les emmène à Ostrik et vous allez voir
3 ce que les Oustashis font et les Chetniks également. »
4 Q. Monsieur le Témoin, nous allons revenir dans
5 quelques instants à ces événements un peu plus en détail,
6 mais je voudrais savoir si Vlatko Trogrlic, connu également
7 sous le nom de Zuna, était à cette époque le commandant
8 général du HVO sur le terrain pendant l’attaque sur
9 Tulica ?
10 R. Oui. Je le savais même avant car à Lepenica,
11 il y a quelques bâtiments d’hôtellerie où, avant cette
12 attaque, les musulmans allaient et puis souvent, ils
13 proféraient des injures et puis ils ne permettaient pas aux
14 musulmans de se rendre dans ces bâtiments.
15 Q. Vous avez vu Trogrlic donner des ordres à
16 Pijuk et est-il exact également que vous avez vu Trogrlic
17 avec une radio Motorola ?
18 R. Oui. C’était les gardes de corps, Zeljko
19 Gurkalovic et puis il y en avait encore un autre dont le
20 nom m’échappe mais je sais qu’il est de Lepenica.
21 Me SCOTT (interprétation) : Paragraphe 33, je
22 crois qu’on a déjà mentionné cela plusieurs fois.
23 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur
24 Scott, je crois qu’on peut aller un peu plus rapidement.
25 Nous n’avons pas besoin de détails relatifs à toutes ces
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1 personnes. Je ne pense pas que, étant donné que nous
2 sommes dans une affaire où les accusés étaient des gens qui
3 avaient des positions de commandement, nous avons besoin
4 d’aller dans les détails.
5 Me SCOTT (interprétation) : Oui, je comprends
6 très bien. Nous avons parlé de la plupart des officiers,
7 mais je pense qu’en ce qui concerne les victimes, nous
8 avons besoin pour le compte rendu de noter leur nom, mais
9 j’ai bien compris votre remarque au sujet de la structure
10 de commandement et je vais donc passer à autre chose.
11 Q. Témoin AN, vous avez déjà dit que l’une des
12 personnes que vous connaissiez était Prajo, que vous vous
13 êtes entretenu avec lui. Nous avons déjà parlé de cela.
14 À ce moment-là, une grande partie des maisons dans
15 le village brûlaient et est-ce qu’il est exact de dire que
16 vous avez vu les membres de la Division du Diable qui sont
17 entrés dans la partie haute du village et qui ont continué
18 à traverser le village, les maisons ont été incendiées et
19 l’on a dit que certains villageois ont vu des soldats du
20 HVO qui portaient des sortes d’appareils leur permettant de
21 disperser le pétrole : Est-ce exact ?
22 R. Oui.
23 Q. À peu près au même moment, vous avez vu la
24 maison de Zifet Huseinovic en feu et certains des
25 villageois musulmans essayaient d’intervenir afin
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1 d’éteindre le feu et le HVO les a arrêtés, n’est-ce pas ?
2 R. C’est exact.
3 Q. Pendant que vous parliez encore une fois avec
4 ce Prajo, un autre soldat du HVO est passé à côté de vous
5 deux et il avait beaucoup d’équipements électroniques comme
6 la télé, des choses comme ça, il poussait ça sur un
7 chariot, il y avait des équipements vidéos et stéréos et ce
8 soldat portait une veste noire et vous avez pu reconnaître
9 cette veste comme celle qui appartenait à Admir
10 Bajraktarevic ?
11 R. C’est exact.
12 Q. À ce moment-là, vous avez pu voir de plus en
13 plus de soldats du HVO dans la ville, ils portaient des
14 brassards blancs autour de leurs bras et vous avez eu
15 l’impression qu’il y avait un symbole spécifique inscrit
16 sur ces brassards ?
17 R. C’est exact.
18 Q. Il y avait environ 60 à 70 soldats du HVO
19 près des villageois musulmans qui ont été recueillis et
20 vous aviez l’impression qu’il y avait au total environ 200
21 soldats. Ils portaient des fusils automatiques et vous
22 avez pu voir qu’ils traversaient le village en véhicules
23 qui appartenaient aux villageois : Est-ce exact ?
24 R. C’est exact.
25 Q. Vous avez vu des soldats du HVO dans une Lada
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1 qui ressemblait à celle qui appartenait à Rasim Huseinovic
2 et puis vous avez vu un autre véhicule, Zastava 101, que
3 les soldats du HVO conduisaient et vous saviez que ceci
4 appartenait à Refik Huseinovic ?
5 R. C’est exact.
6 Q. Très bien ! Nous allons traverser cette
7 partie maintenant très rapidement. Vous avez déjà
8 mentionné certains noms, mais parmi les soldats que vous
9 avez vus ces jours-là et que vous avez reconnus, il y avait
10 Zeljo Gurkalovic surnommé Zara, puis il y avait un fils
11 d’un certain Desetar de Brnjaci et puis il y avait un autre
12 appelé Ante Cvijanovic surnommé Tana aussi : Est-ce exact ?
13 R. Oui, c’est exact et la plupart de ces
14 personnes venaient de Brnjaci. C’était des habitants de
15 Brnjaci.
16 Q. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges, le
17 jour de l’attaque ou bien les jours qui ont précédé
18 l’attaque contre Tulica en juin 1993, est-ce qu’il y a eu
19 des unités de l’armée de Bosnie-Herzégovine ou bien des
20 positions de l’armée de Bosnie-Herzégovine à Tulica ?
21 R. Ni avant, ni après. Il n’y a pas eu de
22 soldats, pas du tout. Il n’y avait que des civils.
23 Q. À peu près au même moment, trois soldats du
24 HVO allaient avec Mufid Tulic. Ils ont appris que Tulic
25 appartenait à l’armée de Bosnie-Herzégovine et ils ont
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1 trouvé une carte où le type de son armement était décrit.
2 Ils ont trouvé ça dans sa poche. Un soldat du HVO a
3 demandé où se trouvait son arme et Tulic avait dit qu’il
4 avait laissé son arme sur la ligne de front : Est-ce
5 exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Le même soldat du HVO a donné un ordre à
8 Tulic de s’asseoir sur la terre et ensuite, il s’est tourné
9 vers Ahmed Bajraktarevic en lui disant de lui donner des
10 documents. Bajraktarevic a dit qu’il ne savait pas de
11 quels documents le soldat parlait et le soldat a ensuite
12 frappé Bajraktarevic sur sa tête avec son fusil.
13 Bajraktarevic est tombé par terre et il a commencé à
14 pleurer et ceci se trouvait à trois ou quatre mètres par
15 rapport à l’endroit où vous étiez. Est-ce exact ?
16 R. Oui. Moi, j’étais ensemble avec tous les
17 autres qui étaient avec moi.
18 Q. Très bien ! Vous avez dit qu’à ce moment-là,
19 il y avait environ 60 hommes, femmes et enfants musulmans
20 qui étaient rassemblés au même endroit que vous. Ensuite,
21 vous avez vu trois ou quatre soldats du HVO qui sont entrés
22 dans la maison de ce même Ahmed Bajraktarevic que vous avez
23 déjà mentionné. Le soldat du HVO qui avait frappé Ahmed a
24 dit que s’il trouvait quoi que ce soit dans la maison, ils
25 allaient le tuer. Tout de suite après, vous avez pu
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1 entendre les sons de destruction de quelque chose dans la
2 maison : Est-ce exact ?
3 R. Oui.
4 Q. À ce moment-là, le frère de Ahmed
5 Bajraktarevic, Salko Bajraktarevic, est venu et il a dit :
6 « Mon Dieu, qu’est-ce que vous faites ? » Il était âgé
7 d’environ 60 ans et il disait ça à Pijuk, et Pijuk a dit :
8 « Ta gueule, mon vieux, sinon je vais te montrer ce que je
9 peux faire. » Tout de suite après, Pijuk a tiré deux coups
10 de feu de son fusil automatique sur la poitrine de Salko.
11 Salko est tombé bar terre et il était allongé sur son dos.
12 Vous avez pu voir que Salko pouvait bouger toujours et
13 Pijuk a tiré encore une fois sur lui, sur son dos, et c’est
14 à ce moment-là que les femmes et les enfants ont commencé à
15 pleurer : Est-ce exact ?
16 R. Oui.
17 Q. Après que l’on a tiré sur Salko, Pijuk a pris
18 tous les musulmans, tous les hommes musulmans qui étaient
19 rassemblés là-bas, environ 35 à 40 personnes, y compris
20 vous-même. Il a dit aux musulmans : « Dites au revoir à
21 vos familles puisque vous n’allez plus jamais les revoir. »
22 Je suppose qu’il est inutile d’entrer dans d’autres
23 détails.
24 R. C’est vrai.
25 Q. À ce moment-là, les membres du HVO ont forcé
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1 toutes les femmes musulmanes de leur donner leurs joyaux :
2 Est-ce exact ?
3 R. Là où toutes les personnes capturées se
4 trouvaient, là-bas près de ce magasin, un soldat a enlevé
5 sa veste de camouflage et il a mis ça devant les femmes
6 pour qu’elles enlèvent tous leurs objets précieux, tous
7 leurs joyaux et pour qu’elles les placent là-bas.
8 Q. Vous considérez qu’à ce moment-là, lorsque
9 les soldats amenaient les hommes en dehors du village, les
10 forces du HVO ont tué la mère et l’épouse de Mufid Tulic,
11 et puis une femme âgée d’environ 60 ans répondant au nom de
12 Fatima Bajraktarevic a été tuée elle aussi mais son corps
13 n’a jamais été retrouvé : Est-ce exact ?
14 R. C’est exact.
15 Q. Pendant que le groupe sortait du village,
16 Pijuk vous a ordonné de vous arrêter et vous étiez dans une
17 rangée, vous étiez à côté de Ramiz Hasic et Asim Hasic, et
18 Pijuk a dit : « Mettez-vous plus près les uns des autres.
19 Nous ne voulons pas rater qui que ce soit parmi vous. » :
20 C’est exact ?
21 R. Il n’a pas dit qu’il ne souhaitait pas perdre
22 qui que ce soit mais il ne souhaitait pas rater qui que ce
23 soit, genre quand il commençait à tirer sur nous.
24 Q. À ce moment-là, est-ce que ceci se trouvait
25 près du cimetière du village de Tulica ?
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1 R. Oui. C’était juste en face du cimetière, à
2 trois mètres peut-être par rapport au cimetière.
3 Q. Vous avez vu Pijuk et deux autres soldats du
4 HVO et l’un d’eux vous l’avez reconnu en tant qu’un autre
5 soldat que vous connaissiez déjà depuis la caserne de
6 Kiseljak, surnommé Crnogorac : Est-ce exact ?
7 R. Oui.
8 Q. Je suis sûr que vous pouvez prononcer ce nom
9 mieux que moi. Veuillez le faire s’il vous plaît. Quel
10 était donc le surnom de cet homme ?
11 R. Je le connaissais déjà depuis la caserne. Je
12 savais qu’il était surnommé Crnogorac mais je ne connais
13 pas son nom et prénom. Il n’y avait pas que ces trois
14 personnes mais il y avait d’autres personnes qui étaient
15 derrière nous. Personne ne pouvait fuir ni quoi que ce
16 soit d’autre.
17 Q. À peu près à ce moment-là, Pijuk a
18 sélectionné quatre musulmans de la ligne, il les a séparés,
19 il les a mis à quelques mètres plus loin. Ces hommes
20 étaient Ahmed Bajraktarevic qui avait été interrogé dans le
21 village concernant les documents, Mufid Tulic qui avait été
22 interrogé concernant sa carte d’identification de l’armée
23 de Bosnie-Herzégovine, Ferid Huseinovic qui avait été
24 interrogé concernant son arme, et Safet Katkic qui avait
25 été interrogé concernant son arme également, et Pijuk les a
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1 fait sortir en indiquant : « Toi, toi, toi et toi » : Est-
2 ce exact ?
3 R. Oui. Moi, j’ai l’impression… je crois que
4 déjà pendant qu’il parlait avec Vlatko Trogrlic, surnommé
5 Zuna, que Zuna avait reçu des ordres puisque lui, il ne
6 connaissait pas ces personnes. Donc, je suppose que c’est
7 Zuna qui lui a donné ces noms et ces détails concernant les
8 personnes qu’il fallait sélectionner.
9 Q. Pour que le compte rendu soit clair, lorsque
10 vous dites qu’il ne connaissait pas ces personnes, vous
11 voulez dire que Pijuk ne connaissait pas ces personnes
12 depuis avant ?
13 R. Oui. Pijuk ne connaissait pas ces personnes
14 depuis avant et Vlatko Trogrlic, surnommé Zuna, c’est un
15 voisin très proche. Donc, il connaissait tout le monde.
16 Il connaît même tous les enfants du village.
17 Q. Ensuite, ces quatre hommes ont été amenés à
18 un endroit à 20 mètres plus loin, Pijuk et les deux autres
19 soldats du HVO les ont passés à tabac, ensuite ils étaient
20 debout à côté de la route qui était sur une sorte de pente,
21 il y avait une sorte de pente, et ensuite, on a poussé les
22 quatre hommes, et ensuite, vous avez entendu les tirs
23 d’armes automatiques : Est-ce exact ?
24 R. Oui.
25 Q. Il y a eu plusieurs rafales. Vous ne saviez
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1 pas exactement lequel des trois soldats du HVO a vraiment
2 tiré sur ces quatre hommes, mais Pijuk et les deux autres
3 soldats étaient les seules personnes qui étaient debout au
4 moment où les coups de feu ont été tirés, et après cela,
5 vous ne pouviez plus voir les quatre hommes qui sont
6 apparemment tombés à l’endroit sur la pente où ils avaient
7 été debout ?
8 R. Oui.
9 Q. À ce moment-là, Pijuk a appris les noms de
10 deux autres hommes du groupe concernant lesquels il avait
11 reçu des informations qu’il possédait des armes, ensuite
12 Pijuk a demandé que ces hommes soient identifiés. Zijad
13 Huseinovic s’était identifié lui-même et ensuite, il a été
14 amené au même endroit où les quatre autres hommes avaient
15 été amenés et ensuite, on a tiré sur lui et on l’a tué :
16 Est-ce exact ?
17 R. Non seulement Zijad Huseinovic s’est
18 identifié mais Pijuk, il a frappé une personne. C’était un
19 réfugié et il portait une veste en cuir. Il lui a dit :
20 « Maintenant, dis-moi qui a des armes ». Cet homme a
21 commencé à prononcer des noms, Zijad, Aziz, et cætera, et
22 donc, ils ont dû sortir de la ligne.
23 Q. Après ça, le soldat du HVO, il a demandé à
24 Aziz Huseinovic s’il avait des armes. Aziz a dit non,
25 puisqu’il n’était pas membre de l’armée de Bosnie-
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1 Herzégovine. Ensuite, Crnogorac a tiré et il a blessé Aziz
2 dans une jambe et ensuite, il lui a donné des coups de
3 pied. Ensuite il a crié à Aziz, il l’a forcé à se mettre
4 debout en disant : « Vas-y, fais-le plus rapidement ». Il
5 a forcé Aziz à sauter sur une jambe vers l’endroit où son
6 frère Zijad avait été tué. Aziz a essayé de panser sa
7 jambe, il a pris sa chemise et il a essayé de panser sa
8 jambe avec sa chemise, mais Pijuk lui a dit que ceci ne
9 servait à rien. Comment est-ce que vous avez compris ces
10 propos de Pijuk ?
11 R. Ils ont fait sortir Zijad et Aziz et puis ils
12 parlaient entre eux. Aziz, il disait qu’il n’avait pas
13 d’arme, qu’il n’était pas membre de l’armée. Ils ont
14 commencé à les tabasser. Zijad était déjà mort et Aziz
15 était blessé avec deux balles au-dessous de son genou.
16 Ensuite, ils ont commencé à le tabasser encore une fois,
17 ils lui ont dit de sauter sur une jambe jusqu’à l’endroit
18 où son frère était par terre déjà mort. Ensuite, Pijuk est
19 venu et il a fait sortir d’autres personnes, y compris moi-
20 même et Elvir Huseinovic.
21 Q. À ce moment-là, deux soldats du HVO ont amené
22 Kasim Huseinovic qui venait de Lepenica et puis encore une
23 fois, ceci vous a fait comprendre que le HVO avait encerclé
24 toute la région et que tous les musulmans qui essayaient de
25 fuir leur foyer avaient été capturés, étaient en train
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1 d’être capturés ?
2 R. Je souhaite expliquer quelque chose. Ces
3 deux soldats du HVO n’ont pas amené Kasim vers Lepenica
4 mais ils l’ont fait venir depuis Lepenica, puisque toute
5 cette région était encerclée. Kasim se trouvait dans une
6 forêt et tout le monde était encerclé. Donc, ils ont fait
7 venir Kasim depuis la direction de Lepenica, depuis cette
8 forêt où nous avons été rassemblés et capturés tous.
9 M. LE PRÉSIDENT : Me Scott, peut-être ceci peut
10 nous aider de ne pas connaître tous les détails mais de
11 connaître une image générale. Combien de personnes ont été
12 tuées par balles ?
13 Me SCOTT (interprétation) :
14 Q. Témoin, en ce qui concerne les événements
15 dont vous parlez, est-ce que vous pouvez nous dire
16 approximativement, pour autant que vous le sachiez, combien
17 d’hommes ont été tués ?
18 R. Eh bien, il y avait sept hommes qui se
19 trouvaient à l’endroit où moi, j’étais moi-même. Il y
20 avait deux femmes un peu plus loin, peut-être à 200 mètres
21 de là dans le village. Elles aussi, elles ont été tuées.
22 Puis la troisième femme concernant laquelle on n’a pas
23 d’information précise, cette dernière personne, Kasim
24 d’abord, ils l’ont amené vers Kiseljak et lorsqu’ils ont vu
25 qu’il a jeté un papier ou quelque chose qui se trouvait
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1 dans un papier, c’est là qu’ils l’ont fait sortir d’un
2 camion dans le centre-ville de Lepenica et ils l’ont ramené
3 dans le village, et après, nous avons appris qu’il a été
4 tué à l’endroit où il creusait les tranchées sur les lignes
5 de front du HVO. Donc au total, il y avait 11 personnes
6 plus cette douzième femme concernant qui nous ne
7 connaissons pas tous les détails.
8 Q. Permettez-moi s’il vous plaît de parcourir
9 mes notes afin de voir si je peux raccourcir encore cet
10 interrogatoire.
11 Un détail concernant l’identification. Nous
12 n’allons pas entrer dans tous les détails mais l’une des
13 personnes tuées était ce Kasim Huseinovic. Vous avez dit
14 qu’on l’a amené depuis la direction de Lepenica : Est-ce
15 exact ?
16 R. Oui.
17 Q. Puis ensuite, Aziz Huseinovic, celui qui
18 avait été blessé, vous savez qu’à la fin, ils ont tiré sur
19 lui et ils l’ont tué : C’est ce que vous savez, n’est-ce
20 pas ?
21 R. Oui. Au début, il a été blessé et il était
22 allongé par terre pendant une demi-heure peut-être et il
23 pleurait, et après, ils l’ont tué.
24 Q. Très bien ! Témoin AN, je vais vous proposer
25 un résumé.
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1 Vous avez dit qu’à un certain moment donc, Pijuk
2 est venu vous voir et il vous a fait sortir de la ligne,
3 mais vous ne savez pas pourquoi, mais à ce moment-là, vous
4 n’avez pas été tué et vous et les autres hommes, on vous a
5 amené jusqu’à Tulica ? Là, je parle des survivants.
6 R. Non. Pijuk avec les autres soldats du HVO,
7 il m’a fait sortir avec Elvir Huseinovic, sortir de la
8 ligne. Il nous a posé des questions concernant les armes
9 et je ne me rappelle pas tous les détails. Je ne sais pas
10 du tout comment cela s’est fait qu’ils nous aient ramené
11 dans la ligne, et ensuite, ils nous ont amenés vers
12 Lepenica où un camion de transport nous attendait déjà.
13 Me SCOTT (interprétation) : Nous allons terminer
14 avant la pause, Monsieur le Président, mais je souhaite
15 vérifier mes notes.
16 Je crois que le paragraphe 61 n’est pas
17 particulièrement nécessaire, à moins que les Juges ont des
18 questions à poser concernant ce paragraphe.
19 Q. Au moment où vous êtes rentré à Tulica, vous
20 avez pu voir qu’une bonne partie du village était en feu et
21 puis à ce moment-là, vous n’avez pas pu remarquer de
22 villageois qui étaient toujours dans le village : Est-ce
23 exact ?
24 R. Je ne suis pas rentré dans Tulica mais
25 j’étais dans cette ligne et ceci se trouvait dans le centre
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1 de Tulica. Donc, nous avons pu voir les maisons
2 incendiées, les maisons en train de brûler et tout ça.
3 Q. Très bien !
4 Pour le compte rendu, vous pouvez indiquer que les
5 trois femmes tuées étaient Safija Tulic, Sifa Tulic et
6 Fatima Bajraktarevic, et apparemment, c’est le corps de
7 Fatima qui n’a jamais été retrouvé : Est-ce exact ?
8 R. Oui.
9 Q. Les survivants ont ensuite été amenés dans la
10 caserne de Kiseljak dans un camion et sur le chemin, les
11 soldats du HVO ont accusé Ibrahim Jahic d’avoir jeté
12 quelque chose à l’extérieur du camion. C’était quelque
13 chose qui était enveloppé dans un papier. Ils ont arrêté
14 le camion, ils ont fait sortir Ibrahim Jahic et ils l’ont
15 tabassé, et c’est la personne concernant qui vous a dit que
16 par la suite, vous avez appris qu’il a été tué pendant
17 qu’il creusait les tranchées : C’est exact ?
18 R. Oui.
19 Q. Il était âgé d’environ 60 ans ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous êtes arrivé à la caserne de Kiseljak
22 vers 3 h 15 cet après-midi et puis l’on vous a soumis à un
23 interrogatoire à ce moment-là, environ 35 de vous, vous
24 avez été gardés dans une cellule de quatre mètres sur
25 quatre, et vous êtes restés là-bas pendant environ six
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1 jours : Est-ce exact ?
2 R. Oui.
3 Q. Entre-temps, les prisonniers ont été sortis
4 tous les jours de leur cellule et vous-même, on vous a fait
5 sortir et on vous a forcé à creuser les tranchées sur les
6 lignes de front du HVO à Gomionica : Est-ce exact ?
7 R. Oui.
8 Q. Il s’agissait là d’une ligne de front contre
9 l’armée de Bosnie-Herzégovine. On vous a amenés là-bas
10 avec environ 25 autres prisonniers musulmans, vous avez été
11 amenés en camion et vous avez été forcés à creuser les
12 tranchées de 9 h 00 du matin jusqu’à 3 h 00 de l’après-
13 midi, et encore une fois, vous avez reconnu l’un des gardes
14 comme une personne que vous avez connue auparavant à
15 Kiseljak : Est-ce exact ?
16 R. Oui.
17 Q. Puis une nuit, certains nouveaux prisonniers
18 musulmans ont été amenés dans l’immeuble et ont été soumis
19 à un très mauvais traitement et vous avez entendu leurs
20 cris qui étaient tellement perçants que c’était absolument
21 horrifiant pour vous ?
22 R. Oui.
23 Q. Le cinquième jour, trois hommes âgés ont été
24 amenés dans la cellule où vous étiez détenu, leurs visages
25 étaient couverts de sang, ils ont passé environ deux heures
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1 dans cette pièce, et ensuite la police du HVO les a amenés.
2 Ce jour-là, la Croix-Rouge a rendu visite à la prison et
3 ils ont essayé d’obtenir les informations sur les
4 prisonniers et vous avez eu l’impression que les
5 prisonniers musulmans qui avaient subi un mauvais
6 traitement avaient été cachés de la Croix-Rouge lorsque la
7 Croix-Rouge est arrivée, comme par exemple ces trois hommes
8 musulmans qui avaient été gravement tabassés et ils ont été
9 amenés ailleurs environ 10 minutes avant l’arrivée de la
10 Croix-Rouge : Est-ce exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Finalement, environ le 18 ou le 19 juin 1993,
13 vous avez été libéré avec neuf autres musulmans dans le
14 cadre d’un échange de prisonniers et vous avez été échangés
15 contre trois prisonniers croates détenus par l’armée de
16 Bosnie-Herzégovine : Est-ce exact ?
17 R. Oui.
18 Me SCOTT (interprétation) : Témoin AN, je vous
19 remercie de votre témoignage. Je n’ai plus de questions à
20 vous poser.
21 M. LE PRÉSIDENT : C’est après la pause que nous
22 procéderons au contre-interrogatoire. Nous allons faire
23 une pause d’une demi-heure maintenant.
24 --- Suspension de l’audience à 10 h 58
25 --- Reprise de l’audience à 11 h 33
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1 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Sayers.
2 Me SAYERS (interprétation) : Merci, Monsieur le
3 Président. Je vais tout d’abord parler d’un mémo que j’ai
4 obtenu le 1er mars et je voudrais présenter toutes mes
5 excuses à la section de traduction au sujet de la rapidité
6 de mon débit. Je vais essayer d’améliorer cela et je
7 voudrais présenter mes excuses à Madame Maja Drazenovic
8 tout particulièrement.
9 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me SAYERS
10 (interprétation) :
11 Q. Monsieur le Témoin AN, bonjour.
12 R. Bonjour.
13 Q. Si je passe au paragraphe 66 du résumé de vos
14 déclarations, vous nous avez dit que vous avez été passé à
15 tabac, qu’il y avait un bandeau sur les yeux, alors que
16 vous avez été détenu à Kiseljak ?
17 R. Oui, c’est exact, mais on m’a dit que c’était
18 un réfugié de Kakanj et c’était un Croate.
19 Q. Vous saviez, Monsieur le Témoin AN, qu’une
20 offensive de grande envergure de l’armée de Bosnie-
21 Herzégovine avait été lancée sur Kakanj le 9 juin, c’est-à-
22 dire trois jours avant les combats à Tulica, n’est-ce pas ?
23 R. Non, non, je ne savais pas.
24 Q. Vous n’avez pas entendu dire que 15 000
25 Croates avaient été chassés de chez eux à Kakanj et que
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1 beaucoup de personnes avaient trouvé la mort dans les
2 combats entre le 8 et le 13 juin ?
3 R. Non. Je ne l’ai pas appris, mais les
4 villageois de Tulica n’étaient pas au courant de ce qui
5 s’est passé à Ahmici. S’ils le savaient, ils ne seraient
6 pas restés à attendre comme ça.
7 Q. Je vous prie tout d’abord de m’excuser, je ne
8 me suis pas présenté. Je m’appelle Me Stephen Sayers. Je
9 représente Dario Kordic et j’ai environ 10 à 15 minutes de
10 questions à vous poser. Je crois que vous êtes maçon,
11 n’est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous avez donné quatre déclarations déjà, la
14 première en mai 1994 au Centre du Service de Sécurité du
15 ministère de l’Intérieur à Sarajevo, n’est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Ensuite deux mois plus tard, en juillet 1994,
18 vous avez donné une autre déclaration à Munib Dedic (ph.)
19 et Ismet Boja (ph.), n’est-ce pas ?
20 R. C’est exact.
21 Q. À peu près deux ans après, en avril 1996,
22 vous avez fait une autre déclaration et cette fois-ci au
23 Centre de Recherche et de Documentation, n’est-ce pas ?
24 R. C’est exact.
25 Q. Il est exact que dans ces trois déclarations,
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1 vous n’avez à aucun moment mentionné le nom de Dario
2 Kordic, n’est-ce pas ?
3 R. Moi, je ne pensais même pas que c’était
4 indispensable de communiquer le nom de Dario Kordic car
5 j’étais à Busovaca et c’est lui qui était en charge pour ce
6 secteur. Je pense à Blaskic et à Rajic à Kiseljak.
7 Q. Non, mais ce que je veux dire c’est que dans
8 aucune des trois déclarations que vous avez faites au
9 gouvernement de Bosnie-Herzégovine, donc à aucun moment,
10 vous n’avez parlé de Dario Kordic en mai 1994, juillet 1994
11 ou avril 1996. C’est bien exact, n’est-ce pas ?
12 R. Oui. Je n’ai pas mentionné le nom de Dario
13 Kordic, ça, c’est un fait, mais j’ai parlé dans ma
14 déclaration et j’ai dit que j’étais prisonnier à Busovaca.
15 Q. Dans votre déposition, vous nous avez dit que
16 vous étiez membre de la Ligue patriotique ?
17 R. Oui.
18 Q. Et cette Ligue patriotique était
19 exclusivement composée de musulmans n’est-ce pas ?
20 R. Non. Même les Croates auraient pu devenir
21 membres de la Ligue.
22 Q. Est-ce que des Croates, à votre connaissance,
23 sont devenus membres de la Ligue patriotique ?
24 R. Il y avait un Croate, je ne me souviens pas
25 de son nom mais il est resté cinq ou sept jours au total,
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1 pas plus.
2 Q. Donc, il est exact de dire qu’à l’exception
3 de…
4 Me SAYERS (interprétation) : Mais je
5 m’interromps et je voudrais demander au Président si je
6 suis dans la même position que l’Accusation tout à l’heure,
7 c’est-à-dire quand le témoin répond, est-ce que je dois
8 éteindre mon micro ?
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je ne le sais
10 pas. C’est la première fois que j’entends parler de ce
11 genre d’obligation. Voyons comment les choses se
12 déroulent. Poursuivez, s’il vous plaît.
13 Me SAYERS (interprétation) :
14 Q. Monsieur le Témoin AN, il est exact que vous
15 avez été membre du 4e bataillon de la 9e brigade de
16 montagne Koscan dans l’armée de Bosnie-Herzégovine avant et
17 après l’attaque sur Tulica le 12 juin 1993 ?
18 R. Oui, vous avez raison.
19 Q. Au moment de l’attaque du 12 juin, vous étiez
20 possesseur d’un fusil automatique, n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. L’un de vos voisins, Monsieur Mufid Tulic,
23 dont vous nous avez parlé, avait une carabine M-48
24 militaire. C’est exact ?
25 R. Oui.
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1 Q. Une carabine M-48, ce n’est pas un fusil de
2 chasse, c’est une arme militaire, n’est-ce pas ?
3 R. Oui, vous avez raison.
4 Q. J’ai maintenant quelques questions au sujet
5 de Tulica, le village où vous résidiez. Monsieur le
6 Témoin, vous avez dit précédemment qu’il s’agissait d’un
7 village qui, avant juin 1993, comportait presque
8 exclusivement des musulmans ?
9 R. C’est ce que j’ai dit.
10 Me SAYERS (interprétation) : D’après le
11 recensement de 1991, à moins que l’Accusation ne s’y
12 oppose, la Chambre peut dresser constat judiciaire du fait
13 qu’il y avait à Tulica 280 personnes dont un Croate et 278
14 musulmans. Je parle de 1991.
15 Q. Est-ce que c’est conforme à vos souvenirs,
16 Monsieur le Témoin ?
17 R. En ce qui concerne le village de Tulica, il y
18 avait un seul Croate, mais juste à côté du village Tulica,
19 à une distance pas très grande, une dizaine de maisons ont
20 été habitées par les Croates et c’est un hameau,
21 Kazapovici.
22 Q. Bien ! Vous avez dit également que Tulica
23 occupait une position stratégique. Tulica se trouvait dans
24 une région où les Serbes, le HVO et l’armée de Bosnie-
25 Herzégovine avaient des lignes de front qui se
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1 rencontraient à cet endroit-là ?
2 R. Ce n’est pas au niveau de Tulica que les deux
3 lignes de front se joignaient. La ligne de front de
4 l’armée de Bosnie-Herzégovine allait jusqu’à Ostrik et
5 ensuite venaient des Serbes ensemble avec les Croates. Par
6 conséquent, ce n’était certainement pas à Tulica qu’ils
7 tenaient cette ligne.
8 Q. N’est-il pas exact qu’il y avait pas mal de
9 contrebande d’alcool et de cigarettes dans la région de
10 Tulica, des activités de marché noir très florissantes ?
11 R. Non, je ne connaissais pas du tout, je ne le
12 savais pas. Je sais que les Croates, étant donné que
13 Tulica c’est à côté de Kobiljaca, se rendaient du côté
14 serbe et c’est là-bas où ils achetaient des cigarettes, et
15 cætera. Il n’y avait que des Croates qui pouvaient se
16 rendre dans ce secteur.
17 Q. Je vais passer maintenant à l’incident dont
18 vous nous avez parlé, c’est-à-dire votre détention tout
19 d’abord à Kiseljak et ensuite à Busovaca. Ceci s’est
20 produit en mai 1992, n’est-ce pas ?
21 R. Oui. C’était d’abord à Busovaca.
22 Q. Donc, j’ai cru comprendre que vous avez été
23 arrêté à Kiseljak et ensuite on vous a amené à Busovaca.
24 C’est exact, n’est-ce pas ?
25 R. Oui, c’est exact. C’est comme ça que ça
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1 s’est passé.
2 Q. Et afin que le compte rendu soit tout à fait
3 clair, ceci s’est produit en mai 1992, n’est-ce pas ?
4 R. Oui, mai 1992.
5 Q. Bien ! Si j’ai bien compris, on vous a
6 arrêté à l’extérieur de Brnjaci, qui se trouve, je crois
7 bien, au sud de Kiseljak, n’est-ce pas ?
8 R. Oui, c’est le village Brnjaci.
9 Q. Vous étiez sept, vous avez été arrêtés et on
10 vous a confisqué vos armes. C’est bien exact ?
11 R. Oui.
12 Q. Au nombre des armes qui ont été confisquées,
13 il y avait un lance-grenade, n’est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Il s’agit d’un équipement qui permet de
16 lancer des missiles mais c’est un équipement portable.
17 Vous-même et vos compagnons étiez tous en uniformes, n’est-
18 ce pas ?
19 R. Oui.
20 Q. Je crois comprendre que le commandant de la
21 Défense territoriale, Monsieur Sead Sinanbasic, était parmi
22 vous et il faisait partie des sept personnes qui ont été
23 arrêtées. C’est bien exact, n’est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Donc, suite à votre arrestation à l’extérieur
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1 de Kiseljak, on vous a amené au commissariat de police
2 civil de Busovaca et vous êtes resté en détention à cet
3 endroit pendant 12 jours ?
4 R. Oui. De Brnjaci, on ne nous a pas
5 transportés à Kiseljak mais on nous a fait passer par un
6 certain nombre de villages du côté de Kresevo, et une fois
7 arrivés à Kresevo, ils ont pris le chemin vers Kiseljak et
8 c’est là-bas dans la caserne que nous étions détenus.
9 Q. Ensuite, on vous a emmenés à Busovaca, si
10 j’ai bien compris ?
11 R. Oui, vous avez bien compris.
12 Q. Pendant les 12 jours qu’a duré votre
13 détention, vous-même n’avez pas été maltraité, à
14 l’exception du fait que vous étiez menotté dans le dos ?
15 R. Ce n’est qu’au moment où nous étions emmenés
16 au poste de police qu’on a commencé à nous maltraiter, à
17 nous prendre des objets tels des chaînes qu’on portait, des
18 bagues. On nous a menottés. On avait les mains derrière
19 et puis on nous a mis dans la cellule. On était tous
20 confinés dans une seule cellule.
21 Q. Vous avez fait une déclaration aux enquêteurs
22 de l’Accusation en mai 1996 et à la page 4 de cette
23 déclaration, vous dites : « Je n’ai jamais été
24 personnellement victime de mauvais traitements. » C’est
25 bien exact, n’est-ce pas ?
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1 R. Oui. J’ai dit que je n’ai jamais fait
2 l’objet de mauvais traitements dans le sens qu’on ne m’a
3 pas fait sortir de la ligne, on ne m’a pas fait sortir de
4 la cellule, ce qui était le cas à Kiseljak.
5 Q. Vous avez également parlé d’un incident au
6 cours duquel apparemment, d’après ce que vous dites,
7 Monsieur Kordic est venu vous voir. Un garde vous a dit de
8 quitter la cellule, de vous aligner parce qu’un
9 « monsieur » venait vous voir : C’est exact ?
10 R. Oui, parce qu’on a dit qu’il y avait des
11 messieurs qui allaient nous voir et pas nous visiter.
12 Q. Vous avez dit aux enquêteurs il y a quatre
13 ans que ce qu’on vous a dit, c’était la chose suivante (je
14 cite) : « Il nous a également dit qu’un « monsieur »
15 venait nous voir. »
16 Vous n’avez pas dit à ce moment-là des messieurs
17 mais vous avez dit un grand monsieur, un monsieur. C’est
18 ce que vous avez dit aux enquêteurs et c’est ce qu’on vous
19 a dit, n’est-ce pas ?
20 R. Tout ça dans le même sens car ce policier
21 surnommé Jésus qui nous a fait sortir de cellule, c’était
22 un policier que je connaissais déjà à Kiseljak et quand
23 Kordic s’y rendait avec ses garde-corps, je sais que c’est
24 un policier qui était toujours présent et il était en
25 quelque sorte le… c’est pour ça qu’il avait dit que c’était
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1 un commandant.
2 Q. Vous ne savez pas quelle était la position
3 exacte de Monsieur Kordic à Busovaca, n’est-ce pas ?
4 R. Non. À cette époque-là, je ne le connaissais
5 pas mais je savais qu’il occupait un poste très important.
6 Comme je l’ai dit, j’ai travaillé à l’accueil à Kiseljak et
7 c’est comme ça que je l’ai appris.
8 Q. Oui, mais vous ne savez pas quelle était
9 exactement sa position à Busovaca, si c’était un homme
10 politique, si c’était un militaire ?
11 R. Ce que je savais c’est qu’il occupait un
12 poste important au sein du HDZ, mais d’un autre côté, il
13 avait des occupations militaires parce que de toute façon,
14 il se rendait chez Blaskic et c’est avec lui qu’il
15 s’entretenait. Par conséquent, ce n’est pas n’importe qui
16 qui pouvait se rendre chez Blaskic.
17 Q. Vous avez dit que Monsieur Krstic venait voir
18 le Colonel Blaskic à Kiseljak, n’est-ce pas ?
19 R. Oui. C’est Monsieur Hrvoje Krstic, surnommé
20 Lujo ou je ne connais pas exactement son nom qui s’y
21 rendait.
22 Q. Lui, c’était un homme politique à 100 pour
23 cent, quelqu’un qui appartenait au HDZ, n’est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Q. Donc, vous l’avez vu à plusieurs reprises
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1 venir rendre visite au Colonel Blaskic à Kiseljak, n’est-ce
2 pas ?
3 R. Oui, plusieurs fois. Il y avait Hrvoje
4 Krstic, surnommé Lujo, comme je l’ai dit, puis d’autres
5 également.
6 Q. J’ai cru comprendre que vous avez été libéré
7 12 jours après votre arrestation et après votre détention
8 au poste de police de Busovaca et que tous vos biens
9 personnels vous ont été restitués. C’est bien exact,
10 n’est-ce pas ?
11 R. Oui. Notamment les documents.
12 Q. Tous vos biens personnels vous ont été
13 rendus, n’est-ce pas ?
14 R. Pas les armes.
15 Q. Ensuite, une voiture de police vous a emmené
16 à Kiseljak, n’est-ce pas ?
17 R. Oui, oui, parce que ses parents se sont
18 rendus chez Rajic et je ne sais pas comment, mais on l’a
19 laissé sortir parce que de toute façon, il n’a rien fait et
20 puis on n’a rien fait.
21 Q. Vous n’avez jamais revu Monsieur Kordic après
22 ces événements, n’est-ce pas ?
23 R. Non.
24 Q. Vous n’avez jamais vu Monsieur Kordic dans
25 votre village de Tulica, n’est-ce pas ?
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1 R. Oui. Non, non, je ne l’ai pas vu.
2 Q. Donc, la dernière fois que vous avez vu
3 Monsieur Kordic en chair et en os, c’était en mai 1992 à
4 Busovaca, n’est-ce pas ?
5 R. Uniquement à ce moment-là et c’était la
6 dernière fois, et comme je l’ai dit, je l’avais vu à
7 plusieurs reprises à Kiseljak.
8 Q. Je vais maintenant passer brièvement à un
9 autre sujet. Il s’agit du moment où vous étiez à la
10 caserne du HVO de Kiseljak. Le commandant s’appelait Steko
11 Marinko. C’était votre supérieur, n’est-ce pas, votre
12 officier supérieur ?
13 R. Commandant de la police militaire, oui.
14 Q. Lui-même relevait du commandant de la zone de
15 Kiseljak, Ivica Rajic, n’est-ce pas ?
16 R. Si je sais quelque chose, c’était comme ça.
17 Q. Qui lui-même relevait du Colonel Tihomir
18 Blaskic, commandant de toutes les forces du HVO dans la
19 région, n’est-ce pas, à votre connaissance du moins ?
20 R. Oui.
21 Q. Il est indéniable, puisque vous étiez membre
22 de la police militaire, il est indéniable que la police
23 militaire était placée sous le commandement du Colonel
24 Blaskic et de ses subordonnés, n’est-ce pas ?
25 R. Oui. Pour ce qui est des policiers croates,
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1 ceux qui travaillaient sur place, ça, c’est vrai pour eux.
2 Q. Vous nous avez parlé de ce qui s’est passé,
3 des événements malheureux qui ont eu lieu dans votre
4 village avant le 12 juin, lorsque votre village a été
5 pilonné par les Serbes de Bosnie qui se trouvaient derrière
6 la ligne de front. Tulica avait été pilonné à de
7 nombreuses reprises, n’est-ce pas, avant le 12 juin 1993 ?
8 En conviendrez-vous avec moi ?
9 R. Oui, j’en conviens.
10 Q. N’est-il pas exact que les Serbes utilisaient
11 parfois des munitions inflammables qui provoquaient des
12 incendies ?
13 R. Oui, c’est vrai, mais le jour où cette
14 attaque a eu lieu sur le village de Tulica, on a été
15 pilonné aussi bien à partir des positions croates qu’à
16 partir des positions serbes.
17 Q. Oui, mais moi, je vous parle de la période
18 précédant l’offensive. Il est exact que des tireurs
19 embusqués serbes de Bosnie ont parfois ouvert le feu sur
20 des gens dans le village, sur des gens qui portaient des
21 armes, et ceci avant le 12 juin 1993, n’est-ce pas ?
22 R. C’est exact.
23 Q. Aujourd’hui, dans votre interrogatoire
24 principal, vous avez dit qu’après l’arrêt du pilonnage,
25 vous êtes sorti de la cave où vous étiez réfugié et vous
Page 15693
1 avez rencontré trois soldats du HVO portant des uniformes
2 de camouflage. Vous vous en souvenez ?
3 R. Oui, je m’en souviens.
4 Q. Dans votre première déclaration – ce n’est
5 qu’un détail mais cependant, je voudrais vérifier si vous
6 vous en souvenez bien, j’imagine que vous vous en souvenez
7 bien – vous avez dit que vous aviez rencontré quatre
8 soldats qui portaient des uniformes noirs et que vous vous
9 étiez enfui dès que vous les aviez vus. C’est bien exact ?
10 Vous vous en souvenez ?
11 R. Oui, je m’en souviens mais ils sont venus du
12 haut du village. Il y avait un certain nombre de maisons
13 qui ont déjà été incendiées. Ils ont commencé à tirer. Il
14 y a la panique qui a été semée parmi les villageois. Moi,
15 j’ai eu peur également. C’est la raison pour laquelle je
16 ne pouvais pas véritablement voir quel était le nombre. Je
17 sais qu’ils étaient à peu près trois ou quatre qui
18 portaient des uniformes noirs et puis ils se sont approchés
19 vers moi. Ils étaient en haut du village et ils m’ont
20 demandé que je m’arrête, puis moi, j’ai essayé de m’enfuir
21 et puis ils ont tiré.
22 Q. Dans votre déclaration recueillie par
23 l’organisme chargé de l’enquête et la documentation, vous
24 avez dit avoir rencontré un nombre inconnu ou indéterminé
25 de soldats qui portaient des uniformes de camouflage noirs.
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1 Vous vous en souvenez ?
2 R. Oui. Il y avait des soldats qui portaient
3 des uniformes noirs, des uniformes de camouflage. Il y
4 avait Tibor Prajo, je l’ai dit. Il était nu. Son torse
5 n’était pas couvert d’une chemise et il n’avait que des
6 pantalons.
7 Q. Une question sur ce qui s’est passé à Tulica.
8 Je ne veux pas vous en poser beaucoup. Je sais que c’est
9 très difficile pour vous.
10 Donc, cet homme, Zdravko Mihaljevic ou Pijuk, donc
11 il a tiré, il a abattu un certain nombre de gens et
12 ensuite, il vous a dit à vous et Elvir Huseinovic de sortir
13 du groupe de gens qui étaient rassemblés. Il est exact que
14 quelqu’un a hurlé en sa direction qu’il fallait faire
15 rentrer les gens dans le groupe dans la ligne, en lui
16 disant : « Mais est-ce que tu n’en as pas assez de toutes
17 ces tueries » ?
18 R. Après quand je suis sorti, ces gens-là qui
19 étaient détenus avec moi et qui étaient dans la ligne comme
20 moi, on m’a dit que soi-disant il y a quelqu’un qui a hurlé
21 et qui a dit : « Ça suffit. Ça suffit de tuer comme ça.
22 Il faut s’arrêter. »
23 Q. Dans votre deuxième déclaration en juillet
24 1994, il y a six ans, vous avez dit que l’un des soldats
25 avait hurlé à l’attention de Pijuk, page 2 (je cite) :
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1 « Tu n’en as pas assez de ces tueries ? » Fin de citation.
2 Ensuite, il vous a fait rentrer parmi les
3 prisonniers. C’est exact, n’est-ce pas ?
4 R. Je dis qu’une fois quand j’ai été échangé,
5 c’est un des témoins qui m’a dit que quelqu’un lui avait
6 dit : « Ça suffit avec les tueries. Il faut les laisser
7 partir. » C’est un témoin qui me l’a dit.
8 Q. J’imagine que ce dénommé Pijuk s’est conformé
9 à cette instruction. Il n’a pas ouvert le feu et il n’a
10 pas continué à vous harceler, n’est-ce pas ?
11 R. Oui, c’est exact, mais une fois que nous
12 sommes rentrés, Aziz est resté prostré, il a été blessé et
13 il y a quelqu’un qui l’a tué. Qui l’a tué, je ne peux pas
14 vous le dire mais je l’ai vu de mes propres yeux.
15 Q. J’ai encore deux thèmes que je souhaite
16 aborder avec vous très brièvement.
17 Vous avez dit avoir été emmené creuser des
18 tranchées sur la ligne de front entre le HVO et l’armée de
19 Bosnie-Herzégovine à Gomionica. Vous en souvenez-vous ?
20 R. Oui.
21 Q. Les lignes de front avaient été établies à
22 Gomionica ce jour-là, en juin 1993, n’est-ce pas ?
23 R. Oui, mais c’était quelque peu plus haut par
24 rapport à Gomionica. Je ne connais pas le village mais on
25 voit que c’est en direction de Visoko. C’est de ce côté-
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1 là.
2 Q. Dans vos déclarations précédentes, vous avez
3 parlé de Brestovsko et Cipulje (ph.) qui se trouvent au
4 nord de Kiseljak et qui étaient également des lignes de
5 front ?
6 R. Oui.
7 Q. Il est exact, n’est-ce pas, qu’il y avait des
8 soldats des deux côtés de ces lignes de front qui à
9 certains moments échangeaient des tirs ?
10 R. Oui.
11 Q. Je crois qu’au bout de cinq jours de
12 captivité, votre nom a été répertorié par la Croix-Rouge ?
13 On a demandé des informations à votre sujet ?
14 R. Oui, c’est cela.
15 Q. Il est exact que vous n’avez pas été l’objet
16 de mauvais traitements physiques dans la caserne elle-même,
17 n’est-ce pas, parce que la plupart des membres de la police
18 militaire vous connaissaient, à l’exception de cet homme
19 qui venait de Kakanj et dont nous avons déjà parlé ?
20 R. Au moment où on m’a capturé, on m’a frappé
21 d’abord. On m’a passé à tabac. Je suis rentré chez
22 Marinko Steko qui m’avait interrogé. Il fallait que je
23 donne des informations sur moi. Il me connaissait. J’ai
24 travaillé avec lui. C’est la raison pour laquelle ce
25 n’était pas indispensable. On a passé ces formalités vite.
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1 Ensuite, je suis retourné dans la ligne et
2 ensuite, il y avait cette personne qui portait un sparadrap
3 et puis l’autre également et c’est là où on m’a frappé. On
4 m’a passé à tabac et on m’a fait revenir vers les autres
5 personnes qui étaient alignées.
6 Q. À la page 14 de la déclaration que vous avez
7 donnée aux enquêteurs de l’Accusation il y a quatre ans,
8 vous avez dit (je cite) : « Je n’ai pas été maltraité
9 parce que la plupart des policiers me connaissaient très
10 bien. » Fin de citation.
11 Il ne me semble pas que vous ayez parlé nulle part
12 des mauvais traitements dont vous avez fait l’objet de la
13 part de cet individu venant de Kakanj. Vous n’en avez pas
14 parlé, n’est-ce pas ?
15 R. Non, je ne suis pas d’accord avec vous parce
16 que moi, j’ai dit que les policiers militaires qui
17 travaillaient ensemble avec moi, qu’eux, ils ne me
18 maltraitaient pas. C’est à ça que je pensais en le disant.
19 Q. Bien ! Si j’ai bien compris, vous avez été
20 libéré le 18 juin et dans les deux ou trois jours qui ont
21 suivi, à Mont Koscan, vous avez rejoint la ligne de front
22 avec l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
23 R. Ce n’était pas dans deux ou trois jours.
24 C’est 10 jours même qui se sont écoulés. Pas tout de
25 suite, mais après l’échange, j’ai été à l’armée de Bosnie-
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1 Herzégovine et c’était dans le village de Koscan.
2 Q. Je ne veux pas ergoter mais à la page 28 de
3 votre déposition dans l’affaire Blaskic, vous avez dit que
4 vous avez été libéré (je cite) : « Deux ou trois jours
5 plus tard, je me suis rendu sur la ligne de défense à
6 Koscan. »
7 Est-ce que cela vous rafraîchit la mémoire ?
8 R. Oui, mais je ne sais pas exactement si
9 c’était deux, trois jours ou 10 jours, mais de toute façon,
10 c’est à peu près là, parce qu’il ne faut pas oublier qu’à
11 partir du moment où j’ai été échangé, je ne savais même pas
12 où ma famille se trouvait. Je les ai trouvés quelque part
13 au niveau de Pazarici. Je sais que j’ai été échangé et
14 puis au moment où j’ai été capturé, je n’avais rien à
15 mettre sur moi. C’est la raison pour laquelle il fallait
16 que je trouve d’abord ma famille et ce n’est que par la
17 suite que j’ai rejoint l’armée de Bosnie-Herzégovine.
18 Me SAYERS (interprétation) : Je n’ai plus de
19 questions à poser au témoin, Monsieur le Président.
20 Me KOVACIC (interprétation) : Monsieur le
21 Président, nous n’avons pas de questions à poser au témoin.
22 Me SCOTT (interprétation) : Nous n’avons pas de
23 questions supplémentaires à poser au témoin.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur le
25 Témoin AN, vous en avez terminé de votre déposition. Je
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1 vous remercie d’être venu devant le Tribunal Pénal
2 International pour témoigner et vous pouvez maintenant
3 quitter le prétoire.
4 LE TÉMOIN (interprétation) : Merci.
5 [Le témoin se retire]
6 Me NICE (interprétation) : Le témoin que nous
7 allons entendre maintenant demande des mesures de
8 protection. J’espère que vous avez reçu notre demande.
9 Nous ne disposons pas de résumé des déclarations
10 préalables de ce témoin car sa déclaration a été recueillie
11 il y a très peu de temps sous la forme d’un résumé. Il
12 convient d’apporter une correction au paragraphe 11 mais
13 nous pourrons le faire en temps utile lorsque le témoin
14 déposera.
15 Ce témoin demande des mesures de protection
16 limitées à l’attribution d’un pseudonyme et à la
17 déformation des traits de son visage, comme nous
18 l’expliquons dans notre demande. Ce témoin dépose au sujet
19 notamment de quelqu’un qui fait l’objet d’un acte
20 d’accusation et qui n’a pas encore été appréhendé.
21 M. LE PRÉSIDENT : Y a-t-il des objections ?
22 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
23 Président, vous savez que pour nous, il est toujours très
24 important également de travailler dans des audiences
25 publiques. C’est la raison pour laquelle nous disons bien
Page 15700
1 évidemment que nous n’avons rien contre dans le cas
2 concret, mais comme mon confrère Sayers, nous avons plutôt
3 l’impression que chaque témoin demande les mesures de
4 protection. Ça c’est une question de principe.
5 Étant donné, Monsieur le Président, que vous
6 m’avez accordé la parole, est-ce que je peux encore ajouter
7 quelque chose ?
8 Tout premièrement, compte tenu de ce qui ressort
9 de la déclaration de ce témoin, la Défense de Monsieur
10 Kordic décerne qu’il ne faudrait pas véritablement procéder
11 à des questions directrices. Ça c’est une première chose.
12 Deuxièmement, le Procureur nous a déposé la
13 déclaration de ce témoin qui a été donnée au Nord
14 Bataillon, mais nous avons constaté que le document n’est
15 pas complet. Il y a les trois pages dans le document dont
16 nous disposons alors que je pense que cette déclaration a
17 au moins encore 11 ou 12 pages supplémentaires.
18 C’est la raison pour laquelle en ce moment même, à
19 11 h 30 plutôt, nous avons reçu une page de plus, c’est
20 l’Annexe A, et si on se réfère à des documents en
21 référence, il en ressort qu’il y a 10 pages qui manquent.
22 C’est la raison pour laquelle nous y insistons et nous
23 disons que nous manquons de ces 10 pages.
24 M. LE PRÉSIDENT : D’accord.
25 Me KOVACIC (interprétation) : Nous n’avons pas
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1 d’objection en ce qui concerne la proposition du Procureur.
2 M. LE PRÉSIDENT : Nous allons accorder au témoin
3 les mesures de protection qu’il demande.
4 Me NICE (interprétation) : Faites entrer le
5 témoin, s’il vous plaît.
6 M. LE PRÉSIDENT : Quel sera le pseudonyme du
7 témoin ?
8 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le témoin se
9 verra attribuer le pseudonyme « AO ».
10 [Le témoin entre dans la Cour]
11 M. LE PRÉSIDENT : Je vais demander au témoin de
12 prononcer la déclaration solennelle.
13 LE TÉMOIN (interprétation) : Je déclare
14 solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et
15 rien que la vérité.
16 M. LE PRÉSIDENT : Veuillez vous asseoir, s’il
17 vous plaît.
18 TÉMOIN : TÉMOIN AO (ASSERMENTÉ)
19 INTERROGÉ PAR Me NICE (interprétation) :
20 Q. Monsieur le Témoin, les mesures de protection
21 que vous avez demandées vous ont été accordées, c’est-à-
22 dire que votre nom et votre identité ne seront pas révélés
23 au cours de votre déposition.
24 Je vais vous demander d’examiner le papier qui
25 vous est présenté par l’huissier et de nous dire s’il
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1 s’agit bien de votre nom qui figure sur cette feuille de
2 papier.
3 R. Oui.
4 Q. Dans le cadre de votre déposition, nous vous
5 appellerons « Témoin AO ».
6 Je vois que vous portez toujours votre veste. Il
7 fait assez chaud dans le prétoire. Si vous souhaitez, vous
8 pouvez enlever votre veste.
9 R. D’accord, merci. Je le fais.
10 Q. J’ai tout à fait saisi le sens de
11 l’intervention de Me Naumovski mais j’espère qu’il sera
12 d’accord avec ma façon de procéder pour les paragraphes 1 à
13 3 qui nous donnent des informations sur le parcours du
14 témoin.
15 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Excusez-moi. Il
16 s’agit de 1 à 3, mais celui-là également, il est
17 contestable, tout au moins en ce qui nous concerne, le
18 paragraphe 2 également.
19 Me NICE (interprétation) :
20 Q. Êtes-vous né à Vares où vous avez résidé
21 pendant pratiquement toute votre vie et Vares avant 1992
22 était une ville où la population était à majorité croate,
23 avec 54 pour cent de Croates, 12 pour cent de Serbes, et le
24 reste de la population était constitué de musulmans ?
25 R. Oui.
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1 Q. Stupni Do est un petit village musulman qui
2 se trouve à environ un kilomètre de votre domicile à
3 Vares ?
4 R. C’est exact.
5 Q. Vous avez quitté l’école en quelle année ?
6 R. En 1991… non, excusez-moi, en 1981. Je me
7 suis trompé.
8 Q. Ensuite, qu’avez-vous fait ? Quel travail
9 avez-vous fait ?
10 R. J’ai travaillé dans l’industrie forestière à
11 Vares.
12 Q. Actuellement, quelle est votre occupation
13 professionnelle ?
14 R. J’ai toujours ce statut à Sumartsvo dans
15 cette société forestière à Vares.
16 Q. Est-ce que vous travaillez réellement ou est-
17 ce que vous êtes en congé pour une raison précise ?
18 R. Je suis en congé maladie en ce moment.
19 Q. En 1984, vous aviez alors 19 ans, est-ce que
20 vous avez suivi une formation militaire obligatoire au sein
21 de la JNA en Macédoine et vous avez terminé votre formation
22 avec le grade de caporal, vous avez ensuite rejoint les
23 rangs de la Défense territoriale de Vares – ceci était
24 obligatoire à l’époque – et dans la Défense territoriale,
25 est-ce que vous aviez le grade de lieutenant et vous étiez
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1 chargé, n’est-ce pas, de la formation militaire, de
2 l’entraînement ?
3 R. C’est exact.
4 Q. Est-ce que vous aviez des activités dans
5 votre ville ? Est-ce que vous jouiez au football par
6 exemple ? Est-ce que vous étiez bien connu ?
7 R. Oui.
8 Q. Est-ce qu’il est arrivé un moment où le HVO a
9 été créé et les gens de Vares sont allés se présenter au
10 HVO, s’inscrire auprès du HVO ?
11 R. C’est cela.
12 Q. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots
13 dans quelles circonstances cela s’est produit, ce qui s’est
14 passé effectivement ?
15 R. C’est en 1990 qu’il y a eu un certain nombre
16 de changements juste à la veille des élections. C’est le
17 HDZ, SDP et de nouveaux partis ont été mis en place. Donc
18 à Vares, il n’y avait pas de tels partis et c’est à partir
19 de 1990 que le HDZ est devenu un parti actif et beaucoup de
20 Croates ont rejoint le HDZ. Ceci était le cas jusqu’à la
21 veille des élections et par la suite, ce rôle du HDZ s’est
22 renforcé encore davantage après.
23 Q. Est-ce que des habitants de Vares sont allés
24 se battre en Croatie ?
25 R. Oui.
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1 Q. Dans quelles circonstances ? Pourquoi ?
2 R. C’est déjà 1990 et 1991. Vares était une
3 ville industrielle. Il y avait un certain nombre de
4 Croates qui étaient au chômage et ils se sont rendus à
5 Rijeka – c’est un grand port – à Split également, où ils
6 ont travaillé.
7 Ils avaient des obligations de travail, et au
8 moment où l’ex-JNA est rentrée en conflit avec l’armée
9 croate de l’époque, un grand nombre de Croates ont rejoint
10 l’armée croate et c’est la raison pour laquelle ils se sont
11 trouvés sur place. Il y en avait d’autres qui étaient sur
12 place et qui n’avaient pas une obligation de travail mais
13 que tout simplement, ils ont rejoint les rangs de
14 Domobrani, de ZNG, de l’armée croate, des unités diverses.
15 Q. Pour en finir avec ces questions d’ordre
16 général, je voudrais savoir si cette action d’aller se
17 signaler, s’inscrire auprès du HVO, si c’était quelque
18 chose de totalement volontaire ou si c’était une
19 obligation.
20 R. Au début, c’était volontaire, mais quand il y
21 avait des conflits qui étaient de plus grande envergure, à
22 ce moment-là, c’était plutôt par force.
23 Q. Qui a veillé à ce que cela soit effectivement
24 le cas ?
25 R. En ce qui concerne le territoire croate, je
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1 sais que les gens rejoignaient le HOS et Domobrani
2 volontairement. Moi, je n’étais pas là-bas. Moi, j’étais
3 à Split et j’étais au 9e bataillon de Split.
4 Q. En 1991, est-ce que le HOS existait déjà ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce que vous avez rejoint les rangs du
7 HOS ?
8 R. Oui.
9 Q. Vous avez rejoint les rangs tout seul ou est-
10 ce que vous y êtes allé accompagné d’un ami ?
11 R. Tout seul.
12 Q. À quel moment avez-vous rejoint les rangs du
13 HOS en 1991 ?
14 R. J’ai été capturé le 27 avril 1991 à Licko
15 Petrovo Selo. C’était les Maticevci (ph.) qui m’ont
16 capturé. C’est par la suite, sept jours après ma
17 détention, que je suis allé m’enregistrer auprès du 9e
18 bataillon Visoka à Split.
19 Q. Donc quand vous vous êtes rendu à l’aéroport,
20 étiez-vous accompagné de quelqu’un ?
21 R. Oui.
22 Q. Qui était-ce et à qui était-il apparenté ?
23 R. Zvonko Pejic, né à Ljubiski. C’est un cousin
24 de Mate Boban et Bajo (ph.).
25 Q. Est-ce qu’il était en train d’essayer de
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1 récupérer son fils qui était dans la JNA ?
2 R. Oui.
3 Q. Vous nous avez dit que vous avez été arrêté.
4 Est-ce qu’il s’agissait là d’une arrestation obligatoire ?
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce que vous avez été l’objet de mauvais
7 traitements, et si c’est le cas, qui vous les a infligés ?
8 R. Nous avons subi quelques mauvais traitements
9 mais de toute façon, je ne pouvais pas identifier les
10 personnes en question. Je ne pouvais pas les reconnaître.
11 L’INTERPRÈTE : Le témoin est inaudible.
12 Q. Par des Serbes croates, n’est-ce pas ?
13 R. Oui.
14 Q. Où exactement avez-vous rejoint les rangs du
15 HOS, dans quelle ville ?
16 R. Je vous ai dit que j’étais au 9e bataillon de
17 Visoka à Split.
18 Q. Quand exactement ? Quel mois ?
19 R. C’était fin avril.
20 Q. Qui était le commandant de cette unité ?
21 R. J’étais subordonné à une unité et l’unité est
22 surnommée Gorani.
23 Q. À l’époque, qui commandait le HOS dans son
24 ensemble ?
25 R. Moi, j’ai été membre d’une telle unité et,
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1 par conséquent, nous avons été subordonnés à Dobroslav
2 Paraga qui avait un commandement aussi bien militaire que
3 politique.
4 Q. Dans votre unité, étiez-vous la seule
5 personne originaire de Bosnie ou est-ce qu’il y en avait
6 d’autres, des Croates et des musulmans, dans votre unité ?
7 R. Oui.
8 Q. Combien à peu près ?
9 R. Au début, il y avait un ami de Vares.
10 C’était un musulman. Il était commandant. Il s’appelait
11 Vjeran Mijatovic. Il est né à Vares.
12 Q. Y avait-il d’autres personnes originaires de
13 Bosnie au sein du 9e bataillon du HOS ? Y en avait-il
14 d’autres, et si oui, combien si vous parvenez à vous en
15 souvenir ?
16 R. Bien, il y avait des compagnies qui faisaient
17 partie de ces unités, entre 10 et 30 soldats. Moi, j’étais
18 dans une dizaine et c’était une toute petite formation.
19 Elle n’était pas grande et sur les 30 soldats, nous étions
20 quatre ou cinq provenant de Bosnie.
21 Q. À ce moment-là, est-ce que le HOS se trouvait
22 en Croatie à différents endroits, et si c’est le cas,
23 pouvez-vous nous dire où ? Pouvez-vous nous citer le nom
24 de ces endroits ?
25 R. Il y en avait un à côté de Maslenica, l’autre
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1 à côté de Dubrovnik et puis enfin, Split.
2 Q. À cette époque, est-ce que vous travailliez
3 dans le cadre de la défense contre les Serbes ?
4 R. C’est exact.
5 Q. Que défendiez-vous contre les Serbes ?
6 R. Nous étions une unité chargée
7 d’interventions. Nous avions été chargés de la logistique
8 si jamais il y avait de l’équipement qui manquait. Donc,
9 nous étions au sein d’un peloton de logistique.
10 Me NICE (interprétation) : Je souhaiterais
11 maintenant présenter au témoin une vidéo portant la cote
12 1280.2. Il s’agit d’une interview ou d’une brève
13 discussion avec le dénommé Paraga ainsi qu’avec Kordic.
14 Nous disposons de la transcription des propos, de
15 ce qui est dit dans cette vidéo.
16 Me SAYERS (interprétation) : Je voudrais savoir
17 si cette vidéo, c’est une des vidéos qui nous ont été
18 communiquées.
19 Me NICE (interprétation) : Oui, oui, elle vous a
20 été communiquée.
21 [Diffusion d’une cassette vidéo]
22 L’INTERPRÈTE :
23 « Eh bien, nous sommes là où nous sommes. Il n’y
24 a aucun dilemme qu’en Bosnie-Herzégovine et encore
25 davantage en Bosnie-Herzégovine (ph.), des unités croates
Page 15710
1 opèrent. On peut voir que l’équipement croate passe de
2 Slavonski Brod à Bosanski Brod, Tomislavgrad, Posusje, même
3 Mostar. On affirme que ces quelques derniers jours à
4 Zagreb, 20 000 Domobranis ont été mobilisés. La plupart
5 ont été transférés à Visnjica et à Neretva. Dans ce
6 secteur, on a acheminé les forces de Split, mais Tudjman ne
7 reconnaît pas ces faits, Paraga ne les nie pas.
8 Une partie de ces unités est passée en Bosnie
9 depuis le conflit de Slavonski Brod et Bosanski Brod.
10 Dobroslav Paraga : Nous avons suivi ce qui se
11 passait et puis nous avons répondu aux souhaits du peuple
12 croate qui se déclare comme des Croates en Bosnie-
13 Herzégovine et c’est la raison pour laquelle nous avons
14 commencé également, avant le début à Slavonski et Bosanski
15 Brod, à organiser HOS sous le commandement des officiers du
16 HOS, et nous pouvons dire que ni Tudjman, ni le QG de
17 l’armée de Bosnie de Zagreb n’ont aucune influence sur
18 l’organisation du HOS qui se trouve en Bosnie-Herzégovine,
19 mais le Vice-président est Monsieur Dario Kordic qui est à
20 la tête de cette organisation.
21 C’est les Croates qui aident les Croates en
22 Bosnie-Herzégovine. Par conséquent, il n’est pas immoral
23 qu’on arme ce peuple et qu’on se défende dans le sens de la
24 défense.
25 D’après Paraga, en Herzégovine occidentale, il y a
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1 16 000 du HOS qui ont poursuivi leur entraînement à Citluk
2 et à Ljubuski. Ils disposent des équipements, 20 000 de
3 grand calibre, et personne n’a voulu se mettre sous le
4 commandement de la TO de Bosnie-Herzégovine.
5 Le journaliste s’est rendu à Nova Bila pour
6 visiter l’hôpital, à Zenica… »
7 Me NICE (interprétation) :
8 Q. Monsieur le témoin AO, on voit ici le dénommé
9 Paraga qui parle des activités du HOS dans le passé et dans
10 le présent. Est-ce que ce qu’il dit est conforme à la
11 vérité ?
12 R. Oui.
13 Q. Le résumé du journaliste à la fin, lorsqu’il
14 dit qu’il y a eu 16 000 membres du HOS en Bosnie
15 occidentale, lorsqu’il parle de leur entraînement, est-ce
16 que c’est vrai d’après vous ou pas ?
17 R. Oui, mais peut-être le nombre était moins
18 important que ça.
19 Q. Est-ce que vous pourriez faire une évaluation ?
20 Je ne sais pas si à l’époque vous avez vu cette émission
21 télévisée mais est-ce que vous avez une idée du moment où
22 cette émission a été diffusée ou pas ?
23 R. Eh bien, cette séquence que je viens de voir
24 sur la cassette vidéo a peut-être été diffusée vers la fin
25 de l’année 1991 ou début de 1992.
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1 Q. Veuillez répéter la réponse.
2 R. La séquence vidéo que je viens de voir
3 concerne, je crois, la période de la fin 1991, début 1992.
4 Je crois que c’est à ce moment-là que ceci a été diffusé ou
5 au moins filmé et peut-être ça a été diffusé plus tard.
6 Q. Est-ce qu’au début de l’année 1992, il y a eu
7 un incident dans le village croate de Bosnie de Ravno qui a
8 été détruit par les Serbes ?
9 R. Oui.
10 Q. Votre unité du HOS, où était-elle partie
11 après cela ?
12 R. Nous étions à Mostar. Une partie était à
13 Mostar, une autre partie à Ljubuski et une partie se
14 trouvait en cours de préparation en Bosnie centrale, une
15 autre partie à Zenica, ensuite à Tuzla, et puis aussi à
16 l’hôtel Kruscica.
17 Q. Qui était le leader de l’ensemble des unités
18 du HOS à ce moment-là ?
19 R. Blaz Kraljevic.
20 Q. Approximativement combien d’hommes
21 contrôlait-il au sein du HOS ?
22 R. Depuis la création en 1990, nous avions peut-
23 être entre 7 et 9 000 membres qui étaient placés sous le
24 commandement du HOS.
25 Q. Vous avez mentionné plusieurs endroits où le
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1 HOS était stationné, mais je souhaite vous poser des
2 questions concrètes concernant certains villages ou
3 certaines villes. Est-ce que le HOS se trouvait à Zenica,
4 à Vares ?
5 R. Oui, oui.
6 Q. Et à Busovaca ?
7 R. Oui.
8 Q. À ce moment-là, est-ce que votre tâche en
9 tant que membre du commandement… en fait, quel était votre
10 grade à l’époque puisque aujourd’hui, vous avez un autre
11 grade ?
12 R. J’étais membre de la Défense territoriale.
13 Au début lorsque je suis rentré de l’armée, j’avais le
14 grade de caporal. Ensuite, j’ai été promu au poste de
15 lieutenant et lorsque j’étais dans l’état-major, j’ai eu le
16 grade de commandant.
17 Q. En 1992, est-ce que vous avez travaillé à
18 Ljubuski ?
19 R. Oui, j’ai été à Ljubuski.
20 Q. Quel était votre grade là-bas ? Est-ce que
21 vous pouvez nous expliquer quels étaient les rangs des
22 autres, les grades des autres personnes, à commencer par
23 Kraljevic ?
24 R. Lorsque je suis venu de Croatie, j’ai rejoint
25 les rangs du HOS en Herceg-Bosna et c’est là que le HOS de
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1 Bosnie-Herzégovine a été créé et j’étais en haut, parmi les
2 premières cinq personnes du HOS, auprès de Monsieur Blaz
3 Kraljevic.
4 Q. Quel était votre grade militaire à l’époque ?
5 R. Commandant.
6 Q. Merci. Nous n’avons pas entendu la
7 traduction mais nous avons entendu ce que vous avez dit.
8 C’était « Bojnik » en croate. C’est indiqué entre
9 parenthèses.
10 R. Le grade du commandant.
11 Q. Merci. À ce moment-là, à quoi ressemblaient
12 les rapports entre les Croates et les musulmans ?
13 R. Ils étaient bons.
14 Q. À ce moment-là, par exemple, qui fournissait
15 l’armée de Bosnie-Herzégovine, son unité à Vares ?
16 R. Est-ce que vous pouvez répéter la question ?
17 Q. Oui. Qui fournissait l’armée de Bosnie-
18 Herzégovine à Vares et aussi le 2e bataillon du HVO et la
19 Ligue patriotique ? Qui fournissait ces unités en
20 équipements et autres choses ?
21 R. C’était surtout nous puisque nous avions déjà
22 été actifs auparavant sur les lignes de front en Croatie.
23 Donc, nous avons pris des armes et nous les avons apportées
24 via Grude jusqu’à Vares.
25 Q. Est-ce que vous fournissiez en armes et
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1 l’armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO à Vares ?
2 R. Au début, à Vares, lorsque nous avons
3 commencé à les armer, il y avait l’unité de la Ligue
4 patriotique à Vares qui collaborait avec le HVO. Donc, il
5 y avait des armes et plus d’armes arrivaient jusqu’au HVO
6 que jusqu’à la Ligue patriotique.
7 Q. Très bien ! Qu’est-ce que vous pouvez dire
8 de la taille du HOS comparée à celle du HVO ? Il
9 s’agissait à peu près de mêmes ressources ou plus ou
10 moins ?
11 R. Le HOS disposait des armements plus modernes,
12 plus sophistiqués. Les membres du HOS étaient mieux
13 entraînés que les membres du HVO ou de la Ligue patriotique
14 et le HVO était plus puissant que la Défense territoriale.
15 Q. Les rapports entre le HVO et le HOS, à quoi
16 ressemblaient-ils et comment est-ce qu’ils ont évolué ?
17 R. Eh bien, en ce qui concerne les rapports
18 entre le HOS et le HVO à Vares, ils étaient plutôt bons à
19 Vares, de même que les rapports avec la Ligue patriotique.
20 Q. En ce qui concerne les rapports entre le HVO
21 et le HOS, est-ce que ceux-ci ont changé à un quelconque
22 moment ?
23 R. Oui.
24 Q. Quelle en a été la raison ?
25 R. La raison était le fait que le HDZ… c’est que
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1 le SDP a pris le pouvoir des mains du HDZ de manière forcée
2 à Vares. Donc, ceci a influencé les rapports de confiance
3 entre les musulmans et les Croates à Vares. La confiance
4 s’est perdue. Les musulmans n’avaient plus de confiance en
5 HOS puisqu’il n’y avait plus de musulmans au sein du HVO.
6 Q. Veuillez nous dire quelque chose d’autre qui
7 figure dans le paragraphe 10. Au cours de l’année 1992,
8 est-ce que vous étiez au courant de l’existence des unités
9 de la HV, des unités croates en Bosnie ?
10 R. Oui. Je sais que dans des régions près des
11 frontières de Bosnie-Herzégovine qu’il y avait des unités
12 de l’armée croate. Il s’agissait des membres spéciaux des
13 unités dont le but était d’entraîner le HVO. C’est ce que
14 nous savions.
15 Q. Dans quelles villes et villages de Bosnie-
16 Herzégovine ces unités de la HV ont été envoyées ou
17 amenées ?
18 R. En ce qui concerne la présence de la HV, je
19 peux dire qu’ils organisaient de l’entraînement près de
20 Kupres, Mostar, en Bosnie centrale. Je crois qu’il y en
21 avait à Busovaca et à Orasje. À cinq ou six endroits, il y
22 en avait. C’est là qu’ils étaient stationnés au cours de
23 l’année 1992.
24 Q. Donc, est-ce que vous pouvez nous dire s’il y
25 avait de telles troupes à Travnik ?
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1 R. Oui.
2 Q. Donc, vous dites qu’il y a eu ce genre
3 d’unités là-bas. C’est cela ?
4 R. Oui.
5 Q. Ces soldats, lorsqu’ils étaient en Bosnie,
6 est-ce qu’ils ont gardé les insignes de la HV sur leurs
7 uniformes ?
8 R. La plupart, non, et certains d’entre eux les
9 gardaient puisqu’ils avaient pratiquement tous deux
10 uniformes et ça dépendait de leur commandant ou bien des
11 personnes chargées de l’entraînement. Il y en avait qui
12 restaient dans des centres d’entraînement et puis il y en a
13 qui participaient à des opérations sur le terrain. Donc
14 là, ils changeaient d’uniformes.
15 Q. Qui était leur commandant, le Général qui les
16 commandait ?
17 R. Je ne peux pas vous citer une seule personne
18 mais je peux vous dire qu’ils étaient sous le commandement
19 de la présidence de guerre de ladite Herceg-Bosna.
20 Q. Oui, mais qui les contrôlait ? Est-ce que
21 vous savez quelle était la personnalité militaire, quel
22 était le militaire qui était chargé d’eux ?
23 R. Eh bien, qui ? Le Général Praljak était là,
24 mais quant à la question de savoir qui pouvait demander ce
25 genre d’aide à la Croatie, je suis sûr que Praljak était
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1 chargé de cela avec la présidence de guerre. C’est lui qui
2 pouvait donner les ordres.
3 Q. Est-ce que vous pouvez nous aider en nous
4 disant, du côté bosniaque, qui était en contact, qui menait
5 des négociations avec Praljak, avec ces soldats de la HV ?
6 R. Du côté bosniaque, bosnien, musulman ?
7 Q. Ou bien du côté du HVO.
8 R. Je ne comprends pas la question. Je ne vois
9 pas. Vous me demandez qui était en communication avec eux,
10 qui d’autre ? Je sais que Armin Pohara, qui lui était à
11 Bosanski Brod, il avait une unité et par la suite, il est
12 devenu Général placé sous le commandement de Fikret Abdic.
13 Je ne sais pas si vous parlez de lui.
14 Q. J’en parlerai plus tard. Les unités de
15 l’armée croate, où était leur quartier général ?
16 R. Eh bien, à Mostar et à Grude. Mostar, Grude,
17 c’est là que le siège crucial se trouvait.
18 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire qui du côté
19 du HVO de la Bosnie centrale était en communication avec
20 ces troupes et avec Praljak ?
21 R. Eh bien, c’était Monsieur Dario Kordic.
22 Ensuite, Mate Boban, Tihomir Blaskic. Voilà ! C’était les
23 personnes qui faisaient partie de cette présidence de
24 guerre, qui négociaient avec l’armée croate de Zagreb, avec
25 le sommet militaire de Zagreb.
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1 Q. En juin 1992, est-ce que c’est à ce moment-là
2 qu’il y a eu cette prise de pouvoir dont vous avez déjà
3 parlé et pendant cette prise de pouvoir, est-ce que
4 plusieurs fonctionnaires locaux ont été remplacés ?
5 R. Oui.
6 Q. Dites-nous qui est devenu maire, qui est
7 devenu commandant chef de police et qui est devenu chef de
8 police civil ?
9 R. La prise de pouvoir à Vares a eu lieu en juin
10 1992 et c’est à ce moment-là que le sommet politique du HDZ
11 a remplacé Dario qui était le Président du SDP. Il était à
12 la tête de la municipalité de Vares. C’est Monsieur Anto
13 Pejcinovic qui l’a remplacé et le chef de la police civile
14 est devenu Monsieur Ivica Gavran. En ce qui concerne la
15 police militaire, c’est Zvonko Duznovic qui est devenu son
16 chef, et en ce qui concerne le commandant militaire, c’est
17 Borislav Malbasic qui a été nommé à ce poste.
18 Me NICE (interprétation) : Messieurs les Juges,
19 il s’agit du paragraphe 11. Il faut apporter certaines
20 corrections à ce paragraphe.
21 Q. Est-ce qu’il y a eu une certaine
22 manifestation au cours de laquelle les membres du HVO ont
23 prêté serment ?
24 R. Oui.
25 Q. Qui a assisté à cela ? Là, je parle de hauts
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1 responsables.
2 R. Eh bien, il y avait environ 300 à 400 membres
3 du HVO qui prêtaient serment.
4 Q. Qui présidait, qui était à la tête de cet
5 événement ?
6 R. Eh bien, la cérémonie a été inaugurée par un
7 discours du Maire Anto Pejcinovic. Ensuite, c’est Boro
8 Malbasic qui a pris la parole et à la fin, c’est Ivica
9 Rajic qui a lu une lettre où l’on résumait les propos de
10 Dario Kordic qui ne pouvait pas venir personnellement, qui
11 saluait les personnes présentes et cette lettre a été lue.
12 C’était donc une lettre de Grude, du HVO de Grude.
13 Q. Donc, Kordic n’était pas présent lui-même ?
14 R. Non, il n’était pas sur place, mais on a lu
15 sa lettre et c’est Monsieur Ivica Rajic qui a lu la lettre.
16 Q. Quelques jours plus tard, est-ce qu’une autre
17 cérémonie a eu lieu dans cet hôtel qui est devenu une sorte
18 de caserne ou bien un bâtiment servant au HVO ?
19 R. Oui. C’est au bout de 15 à 20 jours que cet
20 hôtel a été repris par une société appelée Perun de Vares
21 et puis ensuite, ceci a commencé à servir aux besoins du
22 HVO pour le siège du commandement du HVO. Donc, il y avait
23 une cérémonie d’inauguration du quartier général. Le
24 commandement s’y trouvait et puis des personnalités de
25 Herceg-Bosna sont même venues rendre visite à ce centre qui
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1 est devenu donc le quartier général du HVO à Vares.
2 Q. Est-ce que vous pouvez citer les noms de
3 certaines personnalités du HVO qui sont venues assister à
4 cet événement et puis qui ont inauguré le bâtiment ?
5 R. Eh bien, il y avait une cérémonie dans la
6 salle de réception. On pouvait voir qu’il s’agissait d’une
7 grande délégation de personnes qui sont venues afin
8 d’apporter de l’aide logistique et autre, et à ce moment-
9 là, Monsieur Dario Kordic était présent lui aussi, et puis
10 mis à part lui, il y a eu certaines autres personnes
11 connues, certaines autres personnalités dont je ne me
12 souviens pas en ce moment.
13 Q. En septembre 1992, est-ce que vous êtes allé
14 à une réunion à Grude ?
15 R. Eh bien, j’ai traversé Grude. Je me suis
16 retrouvé à l’hôtel Grude. Nous avons été invités à
17 assister à ce genre de réception ou une petite réunion.
18 Q. Nous allons essayer d’être le plus efficace
19 possible. Donc, dites-nous, s’il vous plaît, qui était
20 présent et dites-nous en quelques phrases seulement quel
21 était le contenu et la conclusion de cette réunion.
22 R. Eh bien, j’ai eu plusieurs rencontres à Grude
23 qui concernaient l’aide logistique et en armes à Vares,
24 aussi l’aide en aliments, puis il y a eu des réunions que
25 nous avons eues entre les commandants du HOS et les
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1 commandants du HVO. Je ne sais pas de quelle réunion vous
2 parlez.
3 Q. De la dernière, celle qui a eu lieu entre le
4 HOS…
5 R. Le HOS et le HVO ?
6 Q. Oui.
7 R. Lors de cette réunion, les commandants du HVO
8 ont assisté donc à la réunion. Il y avait également
9 Monsieur Kraljevic, Monsieur Dario Kordic, Mate Boban et
10 tout ceci se passait à l’hôtel Grude, en face de la station
11 Duven (ph.). Cette réunion a été courte puisque nous, les
12 représentants du HOS, nous n’avons pas voulu accepter
13 certaines de leurs exigences. Ils voulaient placer le HOS
14 sous le commandement du HVO afin de renforcer leurs rangs.
15 Moi, on ne m’a pas demandé mon avis, mais on a
16 demandé l’avis de Monsieur Kraljevic. Nous avons refusé
17 ces demandes. Il nous proposait de rester au sommet du
18 HVO. Il nous disait que nous n’allions pas perdre nos
19 positions. Nous, les positions ne nous importaient pas
20 beaucoup, mais de toute façon, cette réunion a eu une issue
21 négative pour le HVO.
22 Q. Qui a fait ces demandes au nom du HVO auprès
23 de vous, les représentants du HOS ?
24 R. Eh bien, la présidence de guerre. Donc,
25 c’était Monsieur Mate Boban et Monsieur Dario Kordic qui
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1 parlaient avec nous au nom de la présidence de guerre.
2 Q. Quelle a été l’attitude de Kraljevic vis-à-
3 vis de la proposition de Kordic ?
4 R. Négative.
5 Q. Au cours de la réunion, est-ce que vous vous
6 souvenez si Kordic avait dit quoi que ce soit d’autre
7 concernant les musulmans et les rapports avec les
8 musulmans ?
9 R. Il citait certains exemples, par exemple,
10 l’exemple de Fikret Abdic. Il disait que certains
11 malentendus avaient éclaté et que le conflit allait éclater
12 et il tirait un parallèle, il disait qu’il y avait des
13 musulmans au sein du HOS et que peut-être les musulmans
14 allaient tourner leur dos devant nous. Ceci ne s’est pas
15 produit vraiment à la fin, mais il parlait de possibilité
16 d’un conflit entre le HOS et l’armée de Bosnie-Herzégovine.
17 Q. Est-ce que vous vous souvenez de ce que
18 Kordic disait en général concernant les musulmans et
19 concernant leurs intentions en Bosnie ?
20 R. Il disait que le HVO n’allait pas permettre
21 que l’État turc soit créé là-bas, que nous soyons subjugués
22 à eux, et donc, il disait que le HOS devait à cause de cela
23 changer leur opinion vis-à-vis de ses collègues musulmans
24 qui étaient membres du HOS.
25 Q. Kraljevic a-t-il suggéré que quelqu’un du
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1 côté musulman devait participer à ces discussions ?
2 R. Oui. Il a demandé ça. Blaz, même avant, il
3 avait demandé de contacter les musulmans. Il a demandé
4 pourquoi l’on ne contactait pas les musulmans bosniaques,
5 mais je crois qu’ils n’ont même pas fait de commentaire en
6 réponse à la question posée par Kraljevic.
7 Q. Ces suggestions de Kraljevic, est-ce que vous
8 vous souvenez s’il a soulevé cette question au cours de la
9 réunion, et si oui, quelle a été la réponse de Kordic ?
10 R. Kordic a dit qu’il ne voulait pas du tout les
11 contacter, qu’il ne devait plus y avoir de contacts avec
12 eux. Quand je dis « eux », je parle du côté bosnien. Ils
13 nous ont même critiqués en ce qui concerne l’armement et
14 tout lorsque nous avons distribué des armes aux musulmans,
15 aux Bosniens qui étaient dans les rangs du HOS.
16 Q. Quelle était son humeur lorsqu’il disait
17 cela, lorsqu’il suggérait cette suggestion concernant les
18 Bosniens ?
19 R. Eh bien, il était en colère. Il était en
20 colère parce que nous n’avions pas accepté sa
21 collaboration. Nous avons refusé sa proposition de nous
22 placer sous le commandement du HVO. Ensuite, nous avons
23 refusé d’arrêter de contacter les musulmans. Nous avons
24 dit que nous allions poursuivre nos contacts avec eux, que
25 notre but était de procéder de manière commune, de ne pas
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1 partager la Bosnie. Nous avons dit que nous n’avions pas
2 voulu que les Serbes soient nos ennemis et que maintenant,
3 nous ne souhaitions pas que les musulmans deviennent nos
4 ennemis.
5 Q. À ce moment-là, est-ce qu’il y avait encore
6 des musulmans au sein du HOS, et si oui, quel était leur
7 pourcentage ?
8 R. Oui. Il y a eu des musulmans. Il y a eu des
9 musulmans jusqu’à la fin de la guerre au sein du HOS, là où
10 le HOS a survécu. Donc, entre 30 et 40 pour cent de
11 membres étaient musulmans. Dans certaines unités, par
12 exemple, autour de Tuzla ou bien à Zenica, déjà, le
13 Commandant Mladen Holman était musulman. Ensuite, le long
14 de la rivière Neretva, il y avait beaucoup de musulmans au
15 sein du HOS. Donc, dans certaines unités, entre 30 et 40
16 pour cent des membres étaient des musulmans au sein du HOS.
17 Q. En général, quelle était l’approche de
18 Kraljevic vis-à-vis de l’indépendance du HOS ? Quelle
19 était votre opinion sur la base de ce qu’il a exprimé lors
20 de cette réunion ?
21 R. Je pense que le seul dirigeant à la fois des
22 Croates et des musulmans de Bosnie, c’était lui. Il était
23 le seul qui avait un vrai but, une bonne approche. Il
24 avait un seul ennemi et il ne pouvait pas du tout imaginer
25 un conflit éventuel entre les Croates et les Croates, entre
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1 les musulmans et les musulmans, et entre les Croates et les
2 musulmans.
3 Q. Lorsque vous dites qu’il n’avait qu’un seul
4 ennemi, de qui voulez-vous parler ?
5 R. De l’ex-JNA, l’armée populaire yougoslave,
6 des Serbes qui étaient à l’origine de l’agression contre
7 nous dès le début de la guerre.
8 Q. Dernière question concernant cette réunion.
9 Kordic, comment était-il vêtu au cours de cette réunion ?
10 R. Kordic était dans son uniforme de camouflage,
11 comme d’habitude. Il portait un pistolet.
12 Q. Est-ce qu’il portait des insignes indiquant
13 son grade ?
14 R. Je pense qu’il faisait beau, qu’il y avait un
15 insigne de grade sur sa veste et il portait des insignes du
16 HVO, mais le grade, on ne le voyait pas puisque sa veste
17 était à côté et les insignes de grade étaient sur la veste.
18 Q. Juste avant la pause, encore une chose.
19 Probablement il s’agit d’une erreur de traduction. Lorsque
20 vous disiez qu’il était le seul leader des musulmans et des
21 Croates ayant un but, un vrai but, un bon but, là vous
22 parliez de Kraljevic, n’est-ce pas ?
23 R. Oui.
24 Q. Je vais parler d’une autre réunion.
25 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Nous allons
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1 procéder à une pause.
2 Témoin, veuillez ne pas parler avec qui que ce
3 soit de votre déposition avant que celle-ci ne soit
4 terminée et ceci inclut également les membres du Bureau du
5 Procureur.
6 LE TÉMOIN (interprétation) : Très bien.
7 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Et veuillez
8 rentrer à 2 h 30.
9 LE TÉMOIN (interprétation) : Je comprends.
10 --- Suspension de l’audience à 13 h 00
11 --- Reprise de l’audience à 14 h 36
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Monsieur Nice.
13 Me NICE (interprétation) :
14 Q. Vous avez parlé d’une réunion à Grude. Y a-
15 t-il eu une réunion à Kruscica avec le HOS lui-même ?
16 R. Oui.
17 Q. Quelle décision a été prise concernant le HVO
18 et le fait de rejoindre les rangs du HVO ?
19 R. Bien, il n’y avait pas de décision conjointe
20 entre les membres du HOS et du HVO, c’est-à-dire que le HOS
21 avait refusé de se mettre sous le commandement du HVO.
22 Q. Qu’est-il arrivé à Kraljevic peu de temps
23 après ?
24 R. Après cette réunion, Kraljevic a été tué.
25 Q. Comment a-t-il été tué ?
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1 R. Même si nous étions tous du même point de vue
2 au sein de la direction du HOS, nous avons omis quelque
3 chose. Nous n’avons pas remarqué qu’on avait quelques
4 personnes qui ont été parmi nous et qui venaient du HVO et
5 nous, on n’était pas au courant et c’est l’attentat sur
6 Blaz Kraljevic qui a été organisé.
7 Q. Vous nous dites qu’il a été tué. Dans
8 quelles circonstances ? Est-ce qu’il a été abattu ?
9 R. Oui. C’est le tir d’un fusil.
10 Q. Où se trouvait-il quand il a été tué ?
11 R. Il rentrait de Kruscica en voiture et il
12 était escorté. C’est dans la banlieue de Mostar qu’on l’a
13 tué. C’était juste avant les lignes où étaient les
14 positions du HVO, et par la suite, on avait compris qu’il
15 s’agissait des lignes entre le HVO et l’armée de Bosnie-
16 Herzégovine.
17 Q. Dans le même temps ou à peu près, est-ce
18 qu’un entrepôt du HOS à Ljubuski a été pillé ?
19 R. Pas uniquement à Ljubuski, mais après ce
20 meurtre de Blaz Kraljevic, après un certain temps, dans
21 quelques villages, le HVO a pillé et a détruit les
22 entrepôts, puis ils sont rentrés en possession d’un certain
23 nombre de documents.
24 Q. À la fin 1992, avez-vous vu des soldats
25 portant des uniformes du HOS à Kakanj et vous ne les avez
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1 pas reconnus ?
2 R. Oui. Moi, je me suis déplacé souvent et
3 j’étais souvent dans les convois et je l’ai reconnu à
4 Kakanj et à Posusje également. J’ai vu un certain nombre
5 de membres qui n’étaient pas membres du HOS mais qui
6 portaient des vêtements du HOS.
7 Q. Leur avez-vous parlé, et si oui, que vous
8 ont-ils dit ?
9 R. À Kakanj, il y a un convoi qui a été attaqué
10 et ces gens-là s’y trouvaient. J’ai posé la question, j’ai
11 dit où ils étaient. Ils ont dit qu’ils étaient auprès d’un
12 certain baron. Je ne sais même pas qu’il ait été parmi les
13 dirigeants du HOS.
14 Q. Vous ont-ils dit à quelle armée ils
15 appartenaient, à quelle unité particulière ils
16 appartenaient ?
17 R. Ils ont dit qu’ils avaient été chargés de
18 contrôler ces points de contrôle étant donné qu’on sort de
19 Kakanj et on traverse une partie du territoire musulman.
20 C’est un secteur qui s’appelle Mijakovici et Dragovici.
21 Ils m’ont dit qu’ils étaient membres du HOS mais ils ne
22 l’étaient pas.
23 Q. Quelle était votre vision de la sécurité du
24 HOS à ce moment-là ? Est-ce que vous pensiez que le HOS
25 était ou non infiltré par d’autres groupes ?
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1 R. À partir du moment où Blaz Kraljevic a
2 disparu, le HOS également a disparu dans la région de
3 Herzégovine, le HOS à Kiseljak également, à Vares a
4 disparu, une partie à Vares. Il y a d’autres villes qui
5 ont gardé les unités du HOS jusqu’à 1994, Zenica, la
6 Ugljanin (ph.) était commandée par Mladen Holman et puis à
7 Tuzla, à Sarajevo également.
8 Q. Je vais passer à autre chose mais avant,
9 pouvez-vous me dire si à la fin 1992, il y a eu des rumeurs
10 selon lesquelles des membres du HOS pillaient des convois
11 près de Kakanj à Haljinici, et si c’est le cas, est-ce que
12 ces rumeurs étaient vraies ou pas ?
13 R. Il y avait des rumeurs mais j’affirme que ce
14 n’était pas les membres du HOS, mais ils ont été infiltrés.
15 Q. Avez-vous réussi à déterminer d’où venaient
16 ces rumeurs ?
17 R. Ces rumeurs circulaient tout simplement pour
18 que tous les pillages, tous les mauvais traitements soient
19 attribués aux unités du HOS. C’était pour ça.
20 Q. Avez-vous découvert qui était à l’origine de
21 ces rumeurs ?
22 R. À l’origine des rumeurs à l’époque, c’était
23 ces unités du HVO qui obtenaient des instructions de
24 Herzégovine.
25 Q. Après l’éclatement du HOS, je crois que vous
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1 ne vous êtes joint à aucune armée existante, mais vous avez
2 créé votre propre groupe ?
3 R. Oui, effectivement, j’avais mon propre groupe
4 à Vares.
5 Q. Avez-vous continué à porter l’uniforme noir
6 du HOS ? Est-ce que vous aviez des armes, des véhicules et
7 est-ce qu’entre janvier et octobre 1993, vous étiez à
8 Vares ?
9 R. C’est cela.
10 Q. Pendant cette période, quelle était la nature
11 de vos relations ? Est-ce qu’elles étaient bonnes ou
12 mauvaises avec l’armée de Bosnie-Herzégovine à Tuzla et
13 Zenica et avec Emil Harah, le commandant du HVO à Vares ?
14 R. Pour ce qui concerne les relations entre le
15 1er et le 3e corps, elles étaient bonnes, avec Emil Harah
16 également et à l’époque, il était commandant du HVO.
17 Q. Est-ce que le HVO était fortement représenté
18 à Vares ?
19 R. Le HVO, jusqu’au moment où Ivica Rajic est
20 arrivé à ce poste et jusqu’au moment où il n’a pas été
21 remplacé, le HVO n’a pratiquement fait obstacle à qui que
22 ce soit. Entre les Serbes et les Croates également et les
23 musulmans, les relations étaient plus ou moins bonnes. Il
24 y avait quelques tensions, mais de toute façon, on se
25 contactait encore.
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1 Q. En janvier ou février 1993, avez-vous
2 participé à l’escorte d’un convoi qui transportait des
3 produits alimentaires et qui avait été organisé par une
4 organisation caritative, une organisation caritative qui
5 s’appelait Caritas, je crois, et qui allait de Split à
6 Grude en poursuivant ensuite par la Bosnie centrale ? Pour
7 traverser le territoire contrôlé par le HVO, avez-vous eu
8 besoin d’un permis ?
9 R. Oui. Pour chaque convoi, il fallait disposer
10 d’une autorisation du maire et en retour, on passait par
11 Grude. Le chef du convoi nous demandait de rester à
12 l’hôtel. Moi, par exemple, j’étais à l’hôtel à un moment
13 donné et il fallait que j’escorte des convois et surtout
14 que je les assure jusqu’à Vares et plus loin.
15 Q. De la signature de qui aviez-vous besoin sur
16 ce permis ?
17 R. Si jamais ce n’était pas Boban, à ce moment-
18 là, c’est Dario Kordic. Si ce n’est pas Kordic, à ce
19 moment-là, c’est Boban. De toute façon, l’un des deux
20 signait la permission, enfin l’autorisation pour passer.
21 Q. Est-ce qu’il arrivait à Kordic de signer ces
22 documents ?
23 R. Oui.
24 Q. À cette époque, aviez-vous connaissance des
25 déplacements de Kordic ? Je pense ici aux villes de
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1 Busovaca et Grude.
2 R. Oui. Je le connaissais puis lui venait à
3 Vares. Je l’ai rencontré également à Busovaca. J’avais un
4 ami à Busovaca répondant au nom de Toni. J’ai eu également
5 l’occasion de le voir à l’hôtel à Grude. Je l’ai vu à
6 Busovaca. Je l’ai vu à Vares. Je n’étais pas trop
7 intéressé pour savoir quels étaient ses déplacements, mais
8 de toute façon, je l’ai vu à Busovaca, Vares, et comme je
9 vous l’ai dit, également à l’hôtel de Grude.
10 Q. Merci. Ce laissez-passer qu’il signait, est-
11 ce qu’il constituait une autorisation militaire pour le
12 passage des convois ou une autorisation à la fois politique
13 et militaire ?
14 R. À Vares, il n’y avait plus de politique.
15 Tout était militaire. Depuis la fin 1992, la politique
16 était inexistante. Depuis le maire, depuis Anto Pejcinovic
17 qui était le maire, tout était militaire.
18 Q. Je vais vous interrompre afin que nous
19 accélérions un petit peu. Donc, ces laissez-passer qui
20 permettaient de passer en Bosnie centrale, est-ce qu’ils
21 donnaient des instructions aux militaires de laisser passer
22 les convois ou à quelqu’un d’autre ?
23 R. Pour ce qui concerne des convois, ils ont été
24 escortés par les militaires. Sur deux camions, il y avait
25 dans le deuxième des soldats. Il y avait des soldats qui
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1 accompagnaient, qui escortaient.
2 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui.
3 J’aimerais bien comprendre. Est-ce que c’est dans le cadre
4 du passage du convoi Caritas que Dario Kordic a signé ce
5 laissez-passer ou pour d’autres convois ?
6 R. Pour tous les convois, il fallait une
7 signature, signature du QG du HVO, du QG à Grude.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin n’a
9 pas répondu à ma question.
10 Me NICE (interprétation) : Je vais essayer
11 encore.
12 Q. Monsieur le Témoin, Monsieur le Président
13 souhaite savoir si le laissez-passer relatif à ce convoi
14 dont nous venons de parler a été signé par Kordic ou si
15 vous nous dites simplement que Kordic signait certains des
16 laissez-passer pour les convois ?
17 R. Non. Je parle de tous les convois, aussi
18 bien humanitaires que militaires. Tous les convois
19 exigeaient un laissez-passer et il devait y avoir une
20 signature qui a été apposée sur le document.
21 Q. En juin 1993, y a-t-il eu une rencontre avec
22 Ekrem Mahmutovic et Avdo Zubaca au cours de laquelle on a
23 évoqué la circulation, le passage des musulmans souhaitant
24 se rendre de Dabravine à Tuzla ?
25 R. Oui.
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1 Q. Ceci aurait pu permettre d’établir un lien
2 entre le 2e corps d’armée de Tuzla et le 3e corps d’armée
3 de Zenica renforçant ainsi l’armée de Bosnie-Herzégovine.
4 Cela aurait permis aux musulmans de sortir de la Republika
5 Srpska à côté de Tuzla. Quelle a été la position de
6 Pejcinovic ? Est-ce qu’il était d’accord ?
7 R. Pejcinovic aurait été d’accord, mais de toute
8 façon, ce n’est pas lui qui avait pris la décision. C’est
9 le commandement de Grude qui a pris la décision au sujet de
10 cette question.
11 Q. Quelle a été leur réaction et de qui est
12 venue cette réaction plus précisément ?
13 R. La réunion s’est terminée avec une réponse
14 négative pour l’armée. Pejcinovic a contacté le QG et puis
15 la présidence de guerre de Grude. La réponse a été obtenue
16 dans le sens à vouloir dire qu’il n’y a absolument pas de
17 coopération imaginable avec l’armée de Bosnie-Herzégovine.
18 Q. Qui a pris cette décision à Grude ? Pouvez-
19 vous nous le dire ?
20 R. C’est la présidence de guerre. Dario, Boban,
21 Blaskic et je ne sais pas qui encore faisaient partie de
22 cette présidence de guerre.
23 Q. Si le passage de ces personnes avait été
24 autorisé, est-ce que cela aurait eu des conséquences sur
25 l’évacuation des Croates de la zone de Vares ?
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1 R. Je pense que cette évacuation n’aurait pas eu
2 lieu. Si Vares prenait la décision, si la politique et les
3 militaires de Vares avaient pris la décision, ils seraient
4 restés dans la position telle Zepce ou autres.
5 Q. En août 1993, est-ce que la présidence de
6 guerre à Vares a délivré un ordre relatif à la circulation
7 des biens ?
8 R. Oui.
9 Q. S’agissait-il d’empêcher la sortie des
10 marchandises car la ville n’était plus ravitaillée ?
11 R. Oui.
12 Q. Est-ce qu’au point de contrôle du HVO, les
13 gens qui ne se conformaient pas à cet ordre ont été pris à
14 parti et victimes de traitements répréhensibles ?
15 R. Oui. On avait harcelé. C’était les
16 policiers qui étaient au point de contrôle. On fouillait
17 également les femmes, oui.
18 Q. En septembre 1993, y a-t-il eu une réunion à
19 l’hôtel Ponikve présidée par Pejcinovic avec Duznovic,
20 Gavran, Bozic, Harah et Frankovic présents ?
21 R. Oui.
22 Q. Qu’est-ce qu’on a dit lors de cette réunion
23 au sujet d’un ordre qui était venu de Grude ?
24 R. Déjà, cette attitude qui a été prise par Anto
25 Pejcinovic qui avait présidé la réunion et même avant, en
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1 1992, Malbasic qui avait prêté serment, il a été remplacé.
2 Harah était venu à sa place. Lors de cette réunion, on a
3 parlé des forces dont dispose le HVO à Vares. Il y avait
4 même un renseignement selon lequel si jamais il fallait
5 s’opposer à l’armée de Bosnie-Herzégovine, que dans ce cas-
6 là, il fallait s’adresser à Republika Srpska car le HVO de
7 Vares coopérait avec Republika Srpska, tout au moins une
8 partie a coopéré avec.
9 Q. Les Croates de Vares ont-ils été d’accord
10 avec cette proposition ou l’ont-ils rejetée ?
11 R. C’est le commandement qui a refusé l’aide,
12 que cette aide vienne des Serbes ou des autres, peu
13 importe.
14 Q. Qui étaient les signatures de cet ordre au
15 terme duquel les Croates de Vares devaient demander
16 l’assistance des Serbes si nécessaire ?
17 R. Ceci également est parvenu de la présidence
18 de guerre de Grude.
19 Q. Avez-vous vu cet ordre ?
20 R. C’est un ordre que tenait dans les mains Anto
21 Pejcinovic, le maire. Moi, j’étais présent. J’étais
22 présent lors de la réunion et Zvonko Duznovic a dit qu’il
23 n’avait absolument besoin d’aucune aide et qu’il n’allait
24 pas contacter ni Ivica Rajic et puis il a dit à Anto qu’il
25 en a marre de la présidence de guerre et du commandement de
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1 Herceg-Bosna, de Boban, de Kordic et tous les autres qui
2 sont comme lui. C’était à l’hôtel où était le siège du QG.
3 Q. Oui, mais vous nous dites que vous avez vu
4 l’ordre et ce que je voudrais savoir c’est qui avait signé
5 cet ordre.
6 R. Un ordre a été signé par Monsieur Dario
7 Kordic. C’était la signature, alors qu’il y avait deux
8 réunions. Il y avait d’abord une réunion au moment où
9 Ivica Rajic s’est rendu à Vares pour assister à cette
10 réunion.
11 Q. Bien ! Parlons d’ailleurs de cette réunion.
12 Quand est-il arrivé, à quel mois, Ivica Rajic ?
13 R. Rajic est arrivé le 19 octobre, le 19 octobre
14 pour la première fois, et ceci accompagné d’un groupe
15 restreint de soldats qui l’ont accompagné.
16 Q. Quelles unités avait-il avec lui ?
17 R. L’unité principale qui avait escorté Ivica
18 Rajic était les Maturices. C’était l’unité qui était
19 localisée à Kiseljak qui a reçu le nom en hommage de leur
20 Commandant Mato Lucic. Je pense qu’il s’appelait Mato
21 Lucic.
22 Q. Est-ce qu’il y avait d’autres unités
23 présentes à ce moment-là ?
24 R. Au cours de la nuit et puis le lendemain, il
25 y a un grand nombre d’autres unités, des Apôtres, des
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1 Maturices et puis il y avait Sioux également.
2 Q. Étaient-ils venus en passant par le
3 territoire contrôlé par les Serbes, et si c’est le cas, par
4 où étaient-ils entrés sur le territoire croate ?
5 R. Oui. Ils sont arrivés à Vares en passant par
6 les territoires serbes et ensuite, ils ont passé le
7 territoire contrôlé par le HVO à l’endroit qui s’appelle
8 Brgul et ils sont rentrés en Republika Srpska en passant
9 par une colline au-dessus de Kobiljaca qui était contrôlée
10 par les Serbes et qui est limitrophe avec Kiseljak.
11 Q. Vous connaissiez Ivica Rajic personnellement
12 à ce moment-là ?
13 R. Oui.
14 Q. Quelle était sa réputation ?
15 R. Je le connaissais même avant la guerre. Je
16 le connaissais un petit peu. Pendant la guerre, j’ai eu
17 l’occasion également de le rencontrer et je le connaissais
18 assez bien. En ce qui concerne sa réputation, il avait une
19 bonne réputation à Kiseljak.
20 Q. Est-ce qu’il semblait vous faire confiance ou
21 non ?
22 R. Oui. Il me faisait confiance, oui, le plus.
23 Q. Vous a-t-il dit pourquoi il était venu à
24 Vares ou qui l’avait envoyé à Vares ?
25 R. Au moment où il est arrivé à Vares, il a
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1 d’abord envoyé deux soldats me chercher car j’habitais un
2 appartement à l’époque. Il savait où je me trouvais et
3 puis je suis allé chez lui au QG, puis nous nous sommes
4 assis. On a commencé à parler de la situation à Vares, sur
5 la stratégie militaire également à Vares, et puis il m’a
6 posé un tas de questions, où se trouvait Pejcinovic,
7 Duznovic, Malbasic, Harah également, pourquoi on a mis
8 Harah à la place de Malbasic, et voilà, il m’a posé plein
9 de questions.
10 Q. Vous a-t-il dit qui l’avait envoyé à Vares ?
11 R. Au moment où nous nous sommes entretenus,
12 quand nous avons parlé de la stratégie de Vares, il m’a dit
13 qu’il s’est rendu pour aider les Croates de Vares et qu’il
14 a obtenu des instructions du QG de Grude. Cet ordre que
15 j’ai vu et qu’il tenait dans ses mains, car nous étions
16 autour d’une même table, a été signé par le Général
17 Praljak.
18 Q. Vous a-t-il parlé d’une autre personne
19 éventuellement de la présidence de guerre qui l’aurait
20 envoyé là ? Vous a-t-il dit qui l’avait envoyé à Vares ?
21 R. Oui. La réunion s’est élargie. D’abord,
22 nous étions tous les deux assis autour d’une table, comme
23 je l’ai dit, au moment où je suis venu le voir. Ensuite,
24 il y a Bozic qui est venu et lui, il était commandant. Il
25 était l’un des commandants. Nous avons parlé. Nous avons
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1 poursuivi la discussion, puis nous avons parlé également de
2 Vares : ce qui était critique, ce qui n’est pas critique.
3 Il y avait des points de contrôle qui étaient critiques et
4 d’autres non. Puis, nous avons parlé de la colline Perun
5 et nous avons parlé de Mijakovici et de Dragovici.
6 C’est comme ça que Bozic également a commencé à
7 discuter avec nous et il a dit : « Bien, pourquoi voulez-
8 vous vous emparer de ces collines alors que vous avez
9 l’ennemi dans la ville ? » Moi, je me suis posé la
10 question, quel ennemi, et c’est dans ce sens-là que nous
11 avons continué la discussion.
12 Ensuite, on a commencé à parler de Dario Kordic,
13 du contact qu’il fallait réaliser avec Dario Kordic, et
14 c’est là où on a commencé déjà donc à discuter avec lui,
15 avec Dario Kordic.
16 Q. Donc, vous dites que quelqu’un a mentionné
17 Dario Kordic dans la conversation. Qui l’a mentionné et à
18 quel sujet ? Qu’était-il censé avoir fait ? Enfin, dans
19 quel contexte en a-t-on parlé ?
20 R. Ivica Rajic a été envoyé par Dario Kordic
21 auprès du Général Praljak et c’est lui qui avait emmené
22 toute une série de documents et c’est lui d’ailleurs qui
23 avait justement amené les décisions concernant les
24 remplacements, le remplacement de Pejcinovic, de Duznovic,
25 d’arrêter un certain nombre également de politiques de
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1 Vares. C’est là où il les ont arrêtées et il y a toute une
2 série donc de démissions et de révocations qui s’en sont
3 suivies et je dirais même une confusion qui était le
4 résultat de ces entretiens et de son arrivée.
5 Q. Bien ! Si on procédait par ordre et d’entrer
6 un eu dans les détails, quelles étaient les intentions des
7 autorités de Grude au sujet de la population croate de
8 Vares ? Est-ce qu’ils souhaitaient qu’ils restent sur
9 place ou qu’ils s’en aillent ?
10 R. Les Croates de Vares, d’après la décision qui
11 a été prise à Grude, normalement devaient être déplacés,
12 partir de Vares et que cet espace ou ce territoire soit
13 donc nettoyé, donc un génocide auquel il a fallu procéder,
14 car à cette époque-là, Vares n’a jamais fait partie des
15 discussions concernant Herceg-Bosna.
16 Q. Je viendrai à ce dont vous venez de parler
17 dans un instant, mais est-ce qu’il y a eu un accord dont
18 Rajic vous a parlé entre les Croates et les Serbes au sujet
19 du déplacement des populations croates et d’autres villes ?
20 Est-ce qu’il a parlé d’un accord de ce type ?
21 R. Oui. Ivica Rajic et moi-même, nous avons
22 parlé. Il y avait Kresimir Bozic, je l’ai dit, et puis il
23 y avait Miroslav Frankovic et il y avait également un jeune
24 homme de Kiseljak qui avait assisté à la réunion. Il était
25 commandant d’une des unités. Effectivement, il a dit :
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1 « Mais Vares n’a-t-il pas assez de tout ce qui se passe ?
2 Par conséquent, il faut entreprendre les démarches
3 urgentes. Nous ne pouvons pas, par conséquent, ne pas
4 tenir compte des accords qui ont été signés entre les
5 Croates et les Serbes. On ne peut pas mettre en cause cet
6 accord. »
7 Q. Au terme de cet accord, que devait-il advenir
8 de Zepce, Vares et Kiseljak ?
9 R. La présidence de guerre de Herceg-Bosna a
10 réussi à faire déplacer la population de Kakanj et sachant
11 ce qui s’est passé à Kakanj et à Travnik, connaissant la
12 politique également que l’entité Herceg-Bosna a faite, nous
13 aussi, on s’était dit qu’on ne voulait pas être exposé à
14 cette tragédie, mais malheureusement on y est passé. Ce
15 n’était pas le cas de Zepce.
16 Q. Est-ce que Vares, Zepce et Kiseljak devaient
17 rester des villes à la population mixte du point de vue
18 ethnique ou bien est-ce qu’elles devaient devenir des
19 villes croates ou des villes musulmanes ? Quels étaient
20 les intentions et les plans ?
21 R. Selon les politiques qui étaient au pouvoir à
22 Herceg-Bosna, Zepce, Vares et Kiseljak avaient été
23 envisagées comme des villes d’où il fallait déplacer la
24 population croate.
25 Q. Vous nous avez parlé d’une première réunion,
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1 bien que les informations que vous nous avez données aient
2 pu venir d’autres réunions. J’en suis au paragraphe 23.
3 Donc, le lendemain, le 20 octobre, est-ce que les gens dont
4 vous nous avez déjà parlé, Pejcinovic, Duznovic et Gavran,
5 ont été arrêtés ?
6 R. Oui.
7 Q. Est-ce que c’est plus tard ce même jour qu’il
8 y a eu une autre réunion, une réunion peut-être importante
9 à laquelle ont participé un grand nombre de personnes et
10 est-ce que cela s’est passé au QG, c’est-à-dire à l’hôtel
11 Ponikve ?
12 R. Oui.
13 Q. Lors de cette réunion, est-ce qu’il y avait
14 également Bozic et Harah et est-ce qu’il y avait des
15 représentants ou des commandants des trois unités spéciales
16 dont vous avez déjà parlé, les Maturices, les Apostolis et
17 les Sioux ?
18 R. Oui.
19 Q. Pouvez-vous nous donner les noms des
20 commandants de ces trois unités, s’il vous plaît ?
21 R. Oui. Je sais qu’il y avait Nindza. Il était
22 à la tête d’une de ces unités. Ensuite, je ne me souviens
23 plus maintenant. Je les connais de cette réunion
24 également. Il y avait Bozic qui était avec moi et puis
25 Frankovic était avec nous. Je parle de la réunion. Je ne
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1 peux pas me souvenir de tous les noms de toutes ces unités.
2 Q. Si ultérieurement, vous arrivez à vous
3 souvenir des commandants des Maturices et des Apostolis ou
4 des Sioux, dites-le-nous.
5 Je voudrais savoir, lors de cette réunion, est-ce
6 que Rajic était là ?
7 R. Oui. C’est lui qui présidait la réunion.
8 Q. Que vous a-t-il montré et que vous a-t-il
9 dit ?
10 R. Il a montré l’ordre qui a été signé et
11 l’ordre qui émanait de Grude. C’est la présidence de
12 guerre qui l’a signé et dans cette lettre qu’il avait
13 emmenée avec lui, on a parlé de Dario Kordic, de Mate
14 Boban, on a parlé du Général Praljak et on a justement
15 parlé de la nécessité de remplacer les autorités politiques
16 par d’autres. Il y a un certain nombre également de côtes
17 qui auraient dû être prises et qui se trouvaient autour de
18 la ville de Vares.
19 Q. Quelles étaient les collines qui devaient
20 être prises ?
21 R. Mijakovici, Dragovici et Perun.
22 Q. Lorsqu’on s’est penché sur cette partie de
23 l’ordre, est-ce que quelqu’un a dit quelque chose de
24 particulier ? Est-ce qu’à ce moment-là, on a pris des
25 décisions suite à cette intervention ?
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1 R. Oui. Bozic a dit que Perun était la côte la
2 plus importante dans les alentours de Vares. Mijakovici et
3 Dragovici sont les deux villages habités par les Bosniens
4 aujourd’hui même également. Ils y habitent alors que nous
5 avons un problème dans la ville même, au centre-ville, car
6 à 500 mètres, un kilomètre par rapport au centre-ville, il
7 y avait un quartier des musulmans et puis Bozic a dit qu’il
8 y a un renfort militaire assez important qui s’y trouve,
9 alors que par la suite, on avait prouvé que ce n’était pas
10 exact.
11 Q. Une fois qu’il a dit ça, qu’est-ce qui s’est
12 passé ? Qu’est-ce que quelqu’un a fait ?
13 R. Eh bien, lors de la réunion, on a commencé à
14 discuter. Rajic a dit qu’il fallait apaiser les esprits,
15 que tout le monde ne devait pas parler à la fois. Il est
16 allé vérifier soi-disant quelque chose. Il est sorti de
17 cette pièce et il est rentré dans une autre pièce où se
18 trouvaient les officiers de transmission. Au bout d’un
19 certain temps, il a regagné la pièce où nous étions.
20 Q. Qu’a-t-il dit ?
21 R. Il a appuyé ce que disait Kresimir Bozic,
22 enfin plutôt sa proposition, et il a demandé à Kresimir
23 Bozic d’emmener un certain nombre de ses soldats pour que
24 les commandants des unités qui se sont rendues sur place et
25 qui sont de Kiseljak puissent voir un petit peu quelle
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1 était la configuration du sol, quelles sont les puissances
2 qui sont déployées.
3 Q. Vous nous parlez du terrain, de cet endroit.
4 De quoi parlez-vous exactement ?
5 R. Je parle de Stupni Do.
6 Q. Comment s’est terminée cette réunion ? Je
7 veux dire : Est-ce qu’il y a eu des décisions prises pour
8 prendre le contrôle de certains endroits ?
9 R. Ivica Rajic a donc contacté un certain nombre
10 de personnes. Je ne sais pas si ces communications
11 allaient de Busovaca-Grude ou de Vares-Grude. Après la
12 visite de Ivica Rajic, les commandants des trois unités
13 dont j’ai parlé, Maturice, Sioux et Apôtres ont reçu un
14 ordre.
15 Il y avait une caserne où se trouvaient ces trois
16 unités et on a demandé qu’on se rende sur le terrain, qu’on
17 délivre l’ordre dans le sens à faire partir tous les
18 policiers croates et tous les soldats croates de la
19 municipalité de Vares, de les envoyer sur les lignes de
20 front de Vares.
21 Il ne faisait pas confiance aux policiers. Il ne
22 faisait pas confiance non plus aux soldats. Moi, à ce
23 moment-là, j’avoue que je l’ignorais parce que quand il a
24 commencé à parler, quand il a dit qu’il fallait capturer
25 les musulmans, qu’il fallait les transférer à l’école
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1 élémentaire, j’ai vu qu’il y avait quelque chose qui ne
2 tournait pas rond et puis je ne voulais pas parler avec,
3 mais il a été ordonné également qu’il fallait entrer à
4 Stupni Do et attaquer carrément Stupni Do.
5 Il a envoyé beaucoup de soldats. Il fallait
6 également soi-disant promettre aux soldats que tout ce
7 qu’ils vont prendre, que ce soit l’argent, que ce soit les
8 voitures, que tout ceci leur appartiendrait par la suite.
9 Q. Vous avez parlé du remplacement d’un certain
10 nombre de personnes haut placées. Nous avons déjà entendu
11 ces noms, mais je voudrais savoir qui devait remplacer Emil
12 Harah ?
13 R. C’est Boro Malbasic.
14 Q. Qui devait remplacer Pejcinovic ?
15 R. Miroslav Frankovic.
16 Q. Qui devait remplacer Gavran ?
17 R. Mario Mutic.
18 Q. Est-ce que Boro Malbasic devait lui aussi
19 remplacer quelqu’un ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous souvenez-vous aujourd’hui qui il devait
22 remplacer ?
23 R. Il aurait dû prendre le rôle de la police
24 militaire vis-à-vis de Zvonko Duznovic.
25 Q. Lors de cette réunion, vous avez vu l’ordre
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1 que Rajic avait et sur lequel étaient mentionnés Kordic,
2 Praljak et Boban, n’est-ce pas ? Vous l’avez vu ?
3 R. Oui.
4 Q. Est-ce que vous l’avez lu cet ordre ?
5 R. Oui. C’était sur la table et j’ai lu
6 quelques lignes. Il y avait deux papiers. En effet, il y
7 avait l’original et la copie, mais devant moi, j’ai pu voir
8 une copie du document et j’ai pu également voir que Ivica
9 Rajic tenait dans ses mains l’original.
10 Q. Est-ce que cet ordre prévoyait ou donnait des
11 instructions au sujet du transport et de l’évacuation des
12 Croates ?
13 R. Oui.
14 Q. Est-ce que dans cet ordre, on mentionnait ce
15 qui devait arriver aux hommes musulmans et aux Serbes qui
16 vivaient encore à Vares ?
17 R. Tout d’abord, en ce qui concerne les
18 musulmans, ils ont été arrêtés. Ils ont été transférés à
19 l’école élémentaire et secondaire.
20 Q. Oui, mais ma question est la suivante : Est-
21 ce que cet ordre lui-même traitait de ce problème ? Est-ce
22 qu’on stipulait ce qui devait se passer, ce qui devait leur
23 arriver ?
24 R. J’ai bien dit l’évacuation des Croates.
25 Cette évacuation des Croates, pratiquement, est le résultat
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1 des accords entre les Serbes et les Croates selon lesquels
2 on pouvait passer le territoire serbe. Ça, c’est une
3 chose.
4 Deuxièmement, il y a des musulmans qui ont été
5 arrêtés et qui ont été transférés, comme j’ai dit, à
6 l’école élémentaire et l’école secondaire. Il fallait
7 profiter au maximum de ces musulmans.
8 Q. Donc, si j’ai bien compris, l’arrestation des
9 musulmans était mentionnée dans cet ordre, n’est-ce pas ?
10 R. Tout à fait.
11 Me SAYERS (interprétation) : Monsieur le
12 Président, il arrive un moment où le fait de poser des
13 questions directives dévalue totalement la déposition du
14 témoin.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : C’est à nous
16 d’en juger.
17 Me NICE (interprétation) :
18 Q. À la fin de cette réunion, est-ce que vous
19 avez reçu un document de la part de Monsieur Rajic, un
20 document qui vous conférait une certaine autorité ?
21 R. Oui.
22 Q. Je crois que vous avez par la suite donné ce
23 document à un membre du NordBat, n’est-ce pas ?
24 R. Oui.
25 Me NICE (interprétation) : Il s’agit du document
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1 portant la cote 1258.2. Je ne pense pas que ce document,
2 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, identifie le
3 témoin. On y voit une photocopie d’une photographie mais
4 il est impossible de reconnaître qui que ce soit. Non,
5 excusez-moi, je me reprends. On ne peut pas placer ce
6 document sur le rétroprojecteur car on pourrait identifier
7 le témoin.
8 Q. Donc, procédons de la façon suivante. Vous
9 avez reçu un ordre de la part de Rajic et que stipulait cet
10 ordre ? Qu’étiez-vous en mesure de faire suivant cet
11 ordre ? Donc, quel ordre vous a donné Rajic ? Vous aurez le
12 temps de regarder le document plus tard.
13 R. Il m’a tout simplement donné main libre. Il
14 m’a même offert de contrôler la ville. Moi, j’ai pensé que
15 ce n’était pas pour moi et que de toute façon, ça ne
16 m’intéressait pas. Plus tard, il avait écrit, il a signé,
17 il a également cacheté un document et que selon ce
18 document, le laissez-passer, je pouvais traverser tous les
19 territoires qui étaient contrôlés par les musulmans, par
20 les Croates, de toute façon, que ces unités n’avaient pas
21 le droit de m’arrêter.
22 Q. Oui. Est-ce que vous avez reçu des pouvoirs
23 vous permettant d’arrêter des gens ?
24 R. On me l’avait offert, mais moi, je ne voulais
25 pas arrêter, de toute façon, les gens. Ça ne m’intéressait
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1 pas.
2 Q. Bien ! Maintenant, penchons-nous sur la
3 deuxième des feuilles de papier que vous avez devant vous.
4 Il y a là trois documents. Je vous demande de les
5 examiner. Donc, il y a trois documents qui ont été
6 photocopiés au NordBat et ils nous sont venus donc dans
7 l’état que vous voyez.
8 Donc, Monsieur le Témoin, veuillez regarder, s’il
9 vous plaît, ces documents. Est-ce que vous les voyez ?
10 Voilà ! Bien ! Alors, en haut à gauche, c’est assez
11 difficile à dire mais ça a été traduit, on peut lire la
12 chose suivante ou à peu près (je cite) : « Permis. Le
13 détenteur de ce permis peut circuler sur toutes les routes
14 de la zone. » Fin de citation.
15 Ceci est signé par Sadik, Fadil Karacic. C’est du
16 moins ce qu’on arrive à déchiffrer. Est-ce que vous pouvez
17 me dire si ce document que vous avez remis au NordBat était
18 une sorte de laissez-passer ? Qu’est-ce que c’était
19 exactement que ce document ?
20 R. Oui. C’est un laissez-passer qui a été
21 délivré par le Commandant Fadil Karacic, commandant
22 musulman, commandant qui a été à l’armée de Bosnie-
23 Herzégovine et siégeait à Olovo et c’est lui qui m’a donné
24 ce permis, et Ivica Rajic également m’a délivré exactement
25 le même permis et j’avais le droit de circuler sur
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1 l’ensemble du territoire.
2 Q. Son ordre, qu’on peut voir en haut à droite
3 de l’original, l’ordre donne la chose suivante : « Je
4 permets » – et là on voit le nom du témoin – donc :
5 « permission d’entrer dans tous les QG avec la totalité de
6 son armement, quel que soit le calibre. » Fin de citation.
7 Donc, une permission d’entrer dans ces endroits.
8 Vous nous dites qu’il y a également eu un autre
9 laissez-passer que vous avez obtenu qui vous permettait de
10 circuler librement. C’est ça ?
11 R. Oui.
12 Q. Le document qu’on voit en bas à droite sur
13 l’original comporte une photographie qui vous représente.
14 Pouvez-vous nous dire ce qu’est ce document sur lequel
15 figure votre photo ?
16 R. J’avais les deux documents. Il n’est pas
17 impossible que c’est également un permis que j’ai reçu du
18 HOS ou une carte d’identité. C’est peut-être une carte
19 d’identité personnelle. Je ne peux pas vous le dire
20 exactement. J’en avais.
21 Q. Merci. Maintenant, passons au paragraphe 28,
22 l’attaque sur Stupni Do. Je reviendrai au paragraphe 26
23 ultérieurement.
24 Donc, paragraphe 28. À votre connaissance, quand
25 les troupes se sont-elles réunies et où, avant l’attaque de
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1 Stupni Do ?
2 R. Les troupes étaient à Mir, dans un village
3 aux abords de Stupni Do et à Zabrdze également. C’est de
4 là que ces troupes ont commencé leurs déplacements.
5 Q. À votre connaissance, à quelle heure a débuté
6 l’offensive ?
7 R. Les unités qui ont participé directement, qui
8 sont rentrées comme infanteries à Stupni Do, sont parties
9 de la caserne de Zabrdze vers 1 h 00, 1 h 00 dans la nuit,
10 et le feu a été ouvert à trois endroits différents dans un
11 espace de temps différent. Le matin entre 4 h 00 et 4 h 30
12 était l’attaque principale. Il ne faisait pas encore
13 clair.
14 Q. Donc, en octobre, mais quel jour
15 précisément ?
16 R. C’était un samedi.
17 Q. Vous souvenez-vous de la date précise ?
18 R. C’était le 23.
19 Q. Où vous vous trouviez au moment où cette
20 offensive était déclenchée ?
21 R. Moi, j’étais au QG avec Monsieur Ivica Rajic
22 pendant que les unités se déplaçaient, alors qu’au moment
23 où le feu a été ouvert, à 5, 6 h 00, entre 5 et 6 h 00,
24 j’étais déjà dans mon appartement.
25 Q. Monsieur Rajic vous avait donné un laissez-
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1 passer qui vous permettait d’aller à l’école primaire.
2 Avez-vous fait usage de ce laissez-passer ?
3 R. Oui.
4 Q. Dans quel objectif ?
5 R. J’ai utilisé ce permis à plusieurs reprises.
6 La première fois quand je me suis rendu à l’école, j’ai pu
7 voir également qu’il y avait des enfants, des mineurs.
8 Quand j’ai vu les enfants de mes amis, c’est ce qui m’avait
9 intrigué et je suis allé sur place parce que j’ai vu qu’il
10 y avait des gens qui ont subi des mauvais traitements.
11 Je me suis rendu au QG. J’ai demandé à Rajic ce
12 deuxième permis, ce deuxième laissez-passer. Vous ne
13 disposez pas de la copie. Dans ce document, on précise
14 qu’il est indispensable de libérer les enfants et les
15 personnes âgées. Il y avait des personnes qui avaient au-
16 delà de 65 ans et qui ne pouvaient pas rester. C’est la
17 raison pour laquelle on m’a permis de me rendre sur place.
18 On m’avait donc attribué cette autorisation et puis j’ai pu
19 les libérer de cette détention où ils se trouvaient.
20 Q. Combien de personnes êtes-vous parvenu à
21 libérer de cette manière, Monsieur le Témoin ?
22 R. Cent vingt-huit personnes. Je pourrais
23 donner leurs noms et leurs prénoms.
24 Q. Après l’offensive sur Stupni Do, est-il
25 apparu que l’on avait vu des hommes du HOS portant des
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1 uniformes noirs participer à l’attaque ?
2 R. Oui.
3 Q. À votre connaissance, ceci était-il conforme
4 à la réalité ?
5 R. Il y avait des soldats qui portaient des
6 uniformes noirs et ils portaient des peintures sur le
7 visage. Ils ont abusé de l’uniforme du HOS car j’affirme
8 qu’il n’y avait aucun membre du HOS dans aucune offensive
9 qui ait été entreprise à Vares.
10 Q. Vous avez entendu parler d’un insigne du HOS
11 qui a été trouvé dans la zone de Stupni Do. Pouvez-vous
12 nous en parler ?
13 R. Oui.
14 Q. Donc, quelle était l’explication à cette
15 trouvaille ?
16 R. C’était comme précédemment, chaque fois quand
17 le HVO avait entrepris un acte criminel, à ce moment-là,
18 c’était le plus facile que de l’attribuer au HOS et je
19 pense que dans le cas concret, c’était la même chose.
20 Q. Quel était l’objectif non pas tant de
21 l’attaque sur Stupni Do mais de la façon dont cette
22 offensive a été menée avec le meurtre de civils, et
23 cætera ? Quel était l’objectif de tout cela ?
24 R. L’objectif, la tuerie des civils – il y avait
25 des pillages également – tout l’argent, l’or, tout ce qui
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1 s’y trouvait. Ceux qui l’ont fait, ils voulaient tout
2 simplement effacer les traces pour que personne ne soit au
3 courant de qui l’a fait. C’est un génocide auquel on a
4 procédé et en même temps, on a incendié les maisons et on a
5 détruit tout ce qu’on a pu détruire.
6 Q. Quel a été l’effet de l’attaque sur Stupni Do
7 sur les Croates qui vivaient dans la zone ?
8 R. C’était véritablement tragique.
9 Q. Ceci les a poussés à faire quoi ?
10 R. Les unités qui sont venues à Vares…
11 Q. Poursuivez. Est-ce que vous pouvez expliquer
12 pourquoi on a commis ça à Stupni Do comme ça ? Je crois
13 que vous avez lié ça à un autre incident, à Kakanj peut-
14 être. Est-ce que vous pouvez expliquer pourquoi les choses
15 se sont passées à Stupni Do comme ça ?
16 R. Oui. Les Croates dans la ville de Vares et
17 les rapports entre les musulmans et les Croates à Vares,
18 les rapports étroits n’auraient pas pu être ébranlés de la
19 sorte sans le génocide à Stupni Do. C’est ce qui a
20 provoqué le déplacement de la population et le nettoyage du
21 territoire de Vares effectué par les Croates.
22 Q. Est-ce que Rajic a appris que vous aidiez les
23 prisonniers ?
24 R. Rajic a appris vers le 28 ou le 29 que moi,
25 j’ai fait sortir certaines personnes, certains hommes dont
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1 il avait besoin.
2 Q. Qu’est-ce qu’il a fait par rapport à vous ?
3 R. Le 29 au soir, un mandat d’arrêt a été lancé
4 contre moi pour que je sois arrêté.
5 Q. Est-ce que vous êtes allé vivre à la base du
6 bataillon nordique à cause de cela ? Est-ce que vous y
7 êtes resté pendant six mois ?
8 R. Oui. Moi déjà auparavant, j’avais des
9 contacts avec le 2e bataillon nordique. Donc, dès que j’ai
10 appris que le mandat d’arrêt a été lancé contre moi, j’ai
11 décidé de me réfugier dans le bataillon nordique.
12 Q. J’ai quelques autres questions. La première
13 concerne une éventuelle erreur de traduction.
14 Lorsque vous avez parlé du génocide à Stupni Do,
15 vous avez parlé du fait que c’était peut-être la raison
16 pour laquelle les Croates ont procédé à un nettoyage du
17 territoire de Vares, mais lorsque vous avez parlé du
18 nettoyage de ce territoire, vous parliez de quel groupe
19 ethnique qui devait se déplacer ?
20 R. Je parlais du groupe des Croates. C’est les
21 Croates qui devaient quitter Vares parce que ceci n’était
22 pas dans leur intérêt que les Croates restent.
23 Q. J’ai une autre question avant de vous
24 soumettre une autre pièce à conviction. Est-ce que le 1er
25 ou le 2 novembre, les Croates sont partis de Vares par le
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1 biais du territoire contrôlé par les Serbes pour aller
2 jusqu’à Kiseljak ?
3 R. Oui.
4 Q. Ceci s’est passé en accord avec l’accord dont
5 vous avez entendu parler ?
6 R. Oui.
7 Me NICE (interprétation) : Je souhaite demander
8 de l’aide à l’huissier pour qu’il soumette au témoin la
9 pièce à conviction numéro 1258.1(A).
10 Q. Est-ce qu’il s’agit d’un document que vous
11 avez pu nous fournir dont vous disposiez ? C’est un
12 document en date du 23 octobre 1993 signé par Vladmir Lukic
13 au nom du gouvernement de la Republika Srpska qui autorise
14 les trois personnes énumérées de traverser la frontière et
15 de voyager à travers le territoire contrôlé par le
16 gouvernement de la Republika Srpska à Pale.
17 Où est-ce que vous avez obtenu cela ? Est-ce que
18 vous vous en souvenez ?
19 R. J’avais beaucoup de documents en ma
20 possession. J’ai gardé ces documents jusqu’au moment où
21 j’ai été capturé. Cette pièce à conviction est restée chez
22 moi et je l’ai obtenue à Ponikve. Donc, c’est resté chez
23 moi dans mon ancien appartement, là où j’habitais.
24 Q. Ce document commente-t-il concernant vos
25 inquiétudes relatives à la coopération entre les Croates et
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1 les Serbes ?
2 Me SAYERS (interprétation) : Je fais objection à
3 cette question puisqu’on demande simplement un commentaire
4 et puis encore une fois, c’est un document qui n’a pas été
5 communiqué auparavant.
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Oui. Le
7 document parle de lui-même.
8 Me NICE (interprétation) :
9 Q. Est-ce que vous connaissez trois personnes
10 dont les noms sont indiqués sur le document ? Est-ce que
11 vous connaissez l’une quelconque de ces personnes ?
12 R. Oui, je connais.
13 Q. Ils appartenaient à quel groupe ethnique ?
14 R. Croate.
15 Me NICE (interprétation) : Merci beaucoup.
16 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci, Monsieur
17 le Président.
18 CONTRE-INTERROGÉ PAR Me NAUMOVSKI
19 (interprétation) :
20 Q. Témoin AO, permettez-moi de me présenter. Je
21 suis Mitko Naumovski, avocat de Zagreb et avec mon collègue
22 Steve Sayers, je représente l’accusé Dario Kordic.
23 Je vais vous poser quelques questions et je vous
24 demande d’obéir à ma demande. Bien sûr, vous comprenez
25 bien ma question mais veuillez attendre que ma question
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1 soit interprétée en langues officielles du Tribunal avant
2 de répondre. Est-ce que vous me comprenez ?
3 R. Oui.
4 Q. Monsieur AO, jusqu’à présent, vous avez donné
5 plusieurs déclarations. Vous avez donné une déclaration
6 aux enquêteurs de ce Tribunal en janvier de cette année,
7 n’est-ce pas ?
8 R. Oui.
9 Q. Avant cela, vous avez eu des discussions avec
10 les représentants du bataillon nordique ?
11 R. Oui.
12 Q. La première conversation a eu lieu le 21
13 novembre 1993 ?
14 R. 199…
15 Q. 1993.
16 R. 1993 ? Le 21 mars 1993 ?
17 Q. Le 21 novembre 1993.
18 R. Oui.
19 Q. Deux jours plus tard, vous avez donné une
20 déclaration officielle à ce même bataillon nordique, donc
21 le 23 novembre 1993 ?
22 R. Il ne s’agissait pas de la même déclaration
23 mais de deux déclarations différentes, une qui était donnée
24 à la partie militaire du bataillon britannique et l’autre
25 qui concernait la ville de Vares.
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1 Q. Oui. Je parle de deux entretiens que vous
2 avez eus avec les représentants du bataillon nordique ou de
3 la FORPRONU.
4 R. Le bataillon nordique était constitué de deux
5 unités.
6 Q. C’est exact. En ce qui concerne cette
7 deuxième conversation qui a duré un peu plus longtemps et
8 qui a eu lieu le 23 novembre 1993, elle a été filmée sur
9 une cassette vidéo ?
10 R. C’est possible.
11 Q. Je le dis sur la base du document, c’est ce
12 qui est écrit, mais vous avez pu voir que ceci a été filmé,
13 n’est-ce pas ?
14 R. Ceci ne m’intéressait pas beaucoup.
15 Q. Cette première discussion ou conversation que
16 vous avez eue, donc ce premier entretien au cours duquel
17 les membres de la police militaire du bataillon nordique
18 vous ont reconnu parmi les réfugiés qui ont trouvé un
19 logement dans leur base, cette discussion a eu lieu avec
20 vous en tant que membre suspect du HOS ?
21 R. Ce n’est pas exact.
22 Q. Au cours de ce premier entretien, comme je
23 l’ai dit, vous avez été répertorié parmi les réfugiés qui
24 ont trouvé un logement là-bas, mais lorsqu’ils vous ont
25 reconnu, ils vous ont posé plusieurs questions de base
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1 concernant votre personne, vous concernant ?
2 R. C’est exact.
3 Q. Tout d’abord, vous avez dit que vous n’étiez
4 jamais membre du HVO ?
5 R. Oui.
6 Q. Veuillez répondre à haute voix, s’il vous
7 plaît.
8 R. Oui, oui.
9 Q. Donc, vous êtes d’accord pour dire que vous
10 n’avez jamais été membre du HVO ?
11 R. Oui.
12 Q. Après, vous leur avez dit que vous étiez
13 officier de liaison entre l’ONU et le HVO à Vares ?
14 R. Vous avez mal compris ou bien peut-être je me
15 suis mal exprimé, mais si vous, vous croyez que tous les
16 membres du HVO devaient en même temps être membres du
17 Conseil de la Défense croate, parce que tous les membres du
18 HOS étaient par la suite membres du HVO, d’après votre
19 interprétation, c’est vous qui m’avez poussé à m’exprimer
20 comme ça.
21 Q. Veuillez répondre brièvement par oui ou non,
22 s’il vous plaît, parce que nous n’avons pas beaucoup de
23 temps. Donc, ne vous lancez pas dans des explications.
24 Nous allons encore parler de ce premier entretien que vous
25 avez eu avec les représentants du bataillon nordique, mais
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1 commençons par le début.
2 Témoin AO, est-ce que vous avez terminé votre
3 école primaire ?
4 R. J’ai terminé le lycée dans le domaine de
5 l’industrie forestière.
6 Q. C’est votre métier ?
7 R. Oui.
8 Q. Lorsque vous avez terminé votre service
9 militaire au sein de la JNA, où est-ce que vous avez
10 commencé à travailler ?
11 R. J’ai travaillé déjà dans la société
12 forestière de Vares et ensuite, je suis allé faire mon
13 service militaire.
14 Q. Ensuite, vous avez travaillé dans Sumartsvo,
15 la société forestière, pendant combien de temps ?
16 R. J’y travaille encore.
17 Q. Sans interruption ?
18 R. Sans interruption.
19 Q. Je dois attirer votre attention sur le fait
20 que lorsque vous avez donné votre déclaration aux
21 représentants du bataillon nordique le 23 ou plutôt le 22
22 novembre 1993, vous avez dit qu’après avoir été membre du
23 HOS, vous avez travaillé pour une société de marketing à
24 Vares ?
25 R. Oui.
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1 Q. Donc, vous n’avez pas travaillé dans la
2 société forestière Sumartsvo ?
3 R. Si, j’y ai travaillé mais nous étions en
4 chômage technique tous.
5 Q. Donc formellement, il est indiqué que vous
6 étiez employé de Sumartsvo, mais en réalité, vous faisiez
7 autre chose. C’est cela ?
8 R. C’est exact.
9 Q. Vous avez mentionné le bataillon nordique
10 tout à l’heure, mais est-ce que nous devons conclure que
11 vous avez travaillé pour le bataillon nordique avant d’être
12 venu les voir ? Qu’avez-vous fait ?
13 R. Je ne travaillais pas pour eux mais tout
14 simplement, j’avais une approche visant à éviter que les
15 gens meurent. Même avant Stupni Do, j’étais en contact
16 avec le 2e corps d’armée et le 3e corps d’armée puisque
17 certaines unités du HOS étaient commandées par Mladen
18 Holman à Zenica et Goran « Ustasa » à Tuzla. Donc, j’étais
19 en communication avec eux et si vous pouvez appeler le
20 contact le travail, on peut dire que le contact peut être
21 le travail.
22 Q. Donc, c’est ce que vous voulez dire quand
23 vous dites « travailler pour eux » ?
24 R. Pardon ?
25 Q. Vous n’avez pas dit « collaborer », vous avez
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1 dit : « J’ai travaillé avec le bataillon nordique. »
2 R. Ces contacts entre Zenica et Vares, tout
3 cela, ça, c’est un travail.
4 Q. Très bien ! Dites-moi, quand est-ce que vous
5 avez commencé à travailler pour le bataillon nordique ?
6 R. En 1993. C’est à ce moment-là que je me suis
7 mis en contact avec eux.
8 Q. Est-ce que vous pouvez être plus précis ? À
9 quelle période de cette année ?
10 R. Je ne sais pas. Il y a eu plusieurs
11 contacts. Je ne croyais pas que j’avais besoin d’avoir
12 plus de détails.
13 Q. Très bien ! Si vous avez travaillé pour eux,
14 je suppose que vous aviez une sorte de laissez-passer pour
15 pouvoir passer par les points de contrôle contrôlés par
16 eux ?
17 R. En 1993, j’ai obtenu leur laissez-passer, en
18 octobre, après Stupni Do.
19 Q. Avant cela, vous ne disposiez pas de leur
20 laissez-passer ?
21 R. Je crois que non, mais de toute façon,
22 j’avais leur autorisation de passer. Il n’y avait aucun
23 problème que je passe.
24 Q. Vous avez passé environ six mois chez eux à
25 partir du 28 octobre 1993 jusqu’à la fin avril 1994, n’est-
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1 ce pas ?
2 R. Oui, à peu près.
3 Q. Dites-moi, est-ce que vous êtes d’accord avec
4 moi pour dire qu’après que vous êtes sorti de ce camp, de
5 cette base du bataillon nordique, vous avez été détenu
6 pendant un certain temps dans une crèche à Vares ?
7 R. Le 2e bataillon nordique avait sa base, la
8 base de la FORPRONU et en même temps, puisqu’il y a eu
9 beaucoup de civils, ils nous ont permis d’avoir un meilleur
10 logement sous leur protection et la protection de leur
11 police. Donc, nous avons continué à bénéficier de leur
12 contrôle et de leur protection dans cette crèche à Vares.
13 Q. Qui montait la garde ?
14 R. Le bataillon nordique.
15 Q. Exclusivement eux, pas aussi les soldats de
16 l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
17 R. Peut-être effectivement, ils avaient une
18 coopération avec eux mais il y avait une barrière haute de
19 deux mètres et demi, peut-être trois mètres et devant la
20 crèche, il y avait également la police, mais nous ne
21 sortions pas à l’extérieur parce que nous, nous étions à
22 l’intérieur et à l’extérieur, il y avait des policiers et
23 aussi l’armée de Bosnie-Herzégovine.
24 La ville était pleine de soldats, mais je ne sais
25 pas s’ils étaient là pour nous garder ou autre chose. Je
Page 15768
1 sais que c’est le bataillon nordique qui était responsable
2 de nous qui étions là à l’intérieur.
3 Q. Lorsque vous dites la police militaire, vous
4 parlez de la police militaire de l’armée de Bosnie-
5 Herzégovine ?
6 R. Oui.
7 Q. Monsieur AO, dites-moi, est-ce que vous êtes
8 d’accord avec moi pour dire qu’après que vous êtes sorti de
9 cette crèche où vous aviez été, est-ce que vous pouvez
10 d’abord nous dire jusqu’à quel moment vous étiez dans cette
11 crèche ?
12 R. Je crois que c’était jusqu’au début du mois
13 d’avril.
14 Q. Après votre relâchement, est-ce que des
15 représentants de l’armée de Bosnie-Herzégovine vous ont
16 interrogé ?
17 R. Oui, en partie, ils m’ont interrogé.
18 Q. Est-ce que l’AID vous a interrogé également,
19 l’agence chargée d’enquêtes documentaires ?
20 R. Eh bien, ils ne portaient pas d’inscription
21 sur leurs uniformes. Lorsque vous dites que c’est les
22 membres de ce service qui m’ont interrogé, je ne sais pas
23 s’il s’agissait de la police civile ou militaire ou de
24 l’AID. Tout ce que je sais c’est que j’ai été interrogé.
25 Q. Cet interrogatoire a duré pendant plusieurs
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1 heures, à plusieurs reprises ?
2 R. Écoutez, parfois il y avait des rumeurs…
3 Q. Je vais être direct. Ils vous ont rendu
4 suspect de quelque chose ?
5 R. L’armée de Bosnie-Herzégovine ?
6 Q. Oui.
7 R. Oui.
8 Q. Vous étiez suspect de quoi à leurs yeux ?
9 R. Stupni Do.
10 Q. Ils ont considéré que vous étiez l’un des
11 auteurs de ce crime ?
12 R. Ce n’était pas qu’ils me soupçonnaient de
13 cela mais d’autres personnes les avaient poussés à le
14 croire.
15 Q. Vous avez donné une déclaration écrite ?
16 R. Eh bien, j’ai dû le faire, ils m’ont forcé à
17 le faire. Peut-être j’ai été forcé, peut-être non, mais il
18 est possible que j’aie signé une déclaration.
19 Q. Témoin AO, s’il vous plaît, dites-moi
20 directement et simplement : Est-ce que vous avez donné une
21 déclaration ? Est-ce que vous l’avez signée ou pas ? S’il
22 vous plaît, répondez directement.
23 R. Je réponds directement mais vous me posez la
24 question de savoir si j’ai signé la déclaration auprès de
25 l’AID, de la police civile ou militaire, et cætera. Moi,
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1 j’ai signé mais je ne sais pas quel était le service chargé
2 de cette prise de déclaration, mais je sais que j’ai donné
3 une déclaration et que je l’ai signée.
4 Q. Veuillez être plus précis et nous dire est-ce
5 qu’il y a eu plusieurs déclarations que vous avez signées ?
6 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois que
7 nous avons entendu suffisamment de choses à ce sujet
8 jusqu’à maintenant.
9 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
10 Q. Dites-nous, s’il vous plaît, est-ce que vous
11 avez jamais reçu un exemplaire de ceci ?
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : S’il vous
13 plaît, que les choses soient claires pour le compte rendu,
14 à savoir j’ai fait le commentaire que nous avons traité de
15 ce sujet suffisamment.
16 Me Naumovski, je sais que de votre point de vue,
17 ce témoin est important. Donc, il est clair que vous avez
18 le droit de le contre-interroger. Cependant, veuillez
19 tenir compte du temps et essayez de terminer cet après-midi
20 et nous resterons ici jusqu’à ce que vous en aurez terminé.
21 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci. Je vais
22 faire de mon mieux.
23 Q. Très bien, Monsieur, poursuivons. Dans
24 l’ancien État, vous étiez membre de la Défense
25 territoriale ?
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1 R. Oui.
2 Q. Jusqu’à quel moment étiez-vous membre de la
3 Défense territoriale ?
4 R. Pendant toute cette période jusqu’à la fin.
5 Q. C’est quoi la fin pour vous ?
6 R. Jusqu’à la fin. La fin pour moi, ça, c’est
7 autre chose.
8 Q. Je vous demande la date de la fin.
9 R. Jusqu’à la fin de l’existence de la Défense
10 territoriale, la création de la Ligue patriotique.
11 Q. Donc, le printemps 1992 ?
12 R. 1990.
13 Q. 1990. Témoin AO, est-ce que vous pouvez nous
14 dire en ce moment très précisément quelles étaient les
15 dates précises pendant lesquelles vous étiez membre du HOS,
16 de quand à quand ?
17 R. J’aurais pu le dire si j’avais tous les
18 documents ici.
19 Q. Précisément, s’il vous plaît.
20 R. J’essaie. À partir du mois d’avril 1991,
21 vous savez qu’il y avait ces unités et puis ces unités
22 étaient enregistrées et au bout d’un mois, un mois et demi,
23 il fallait prêter serment, et cætera. Moi, en Croatie,
24 tout simplement, je n’étais pas membre du HOS pendant
25 longtemps, c’est-à-dire que je suis passé de Croatie en
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1 Bosnie avec mes unités, avec mes collègues.
2 Pour moi, le HOS était à la fois croate et
3 bosniaque. Le but était le même, les unités étaient les
4 mêmes, sauf que par la suite, quelque chose a changé,
5 c’est-à-dire que Blaz Kraljevic était à la tête en Bosnie-
6 Herzégovine et ailleurs, c’était d’autres personnes, mais
7 les dates précises, je ne les connais pas.
8 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : En ce qui
9 concerne le témoin, je souhaite vous dire si vous ne
10 connaissez pas la date ou si vous ne connaissez pas la
11 réponse à une question, dites-le clairement et comme ça,
12 nous pourrons procéder plus rapidement et vous aussi.
13 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
14 Q. Témoin AO, nous pouvons donc conclure que
15 vous avez arrêté d’être membre du HOS après le meurtre de
16 Blaz Kraljevic ?
17 R. Oui.
18 Q. Donc, vous êtes d’accord avec moi pour dire
19 que la réponse à ma question est que vous étiez membre du
20 HOS à partir d’avril 1991 jusqu’à la mort de Blaz
21 Kraljevic ?
22 R. D’après les registres.
23 Q. Aujourd’hui, vous avez dit qu’au mois d’avril
24 1991, vous avez rejoint les rangs de l’unité du HOS à
25 Split ?
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1 R. Oui.
2 Q. Aujourd’hui, vous avez dit que le commandant
3 de cette unité était un certain Goran ?
4 R. Oui.
5 Q. Vous ne connaissez pas son nom de famille ?
6 R. Non. Nous n’avons pas passé beaucoup de
7 temps ensemble.
8 Q. Je dois vous rappeler qu’au moment où vous
9 avez donné votre déclaration aux enquêteurs, vous avez dit
10 que vous avez rejoint les rangs de cette unité à Split
11 seulement au mois de novembre ou plutôt de décembre 1992…
12 1991 (se reprend l’interprète).
13 R. Je ne crois pas mais c’est possible.
14 Q. Je pensais que nous pouvions le faire
15 rapidement mais s’il le faut, je vais le lire.
16 « En novembre ou décembre 1991, je suis allé à
17 Split et c’est là que j’ai rejoint les rangs de l’unité du
18 HOS Visoka-Split. »
19 R. 1991 ? Les unités ont été enregistrées à ce
20 moment-là. Ça prenait un certain temps d’enregistrer les
21 unités, de savoir très exactement à qui on appartenait,
22 mais moi, j’y étais depuis fin avril, début mai, mais ça a
23 été enregistré du point de vue de formations en novembre ou
24 décembre.
25 Q. D’après vous, d’après votre déclaration, vous
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1 avez dit que le commandant de cette unité était Dobroslav
2 Paraga, le leader du Parti croate des Droits ?
3 R. Non. Vous avez mal compris. Moi, j’ai dit
4 que Paraga était le chef du HOS et non pas seulement de
5 cette unité. Paraga n’est pas quelqu’un d’aussi peu
6 d’importance pour être cité comme chef de l’unité d’une
7 trentaine de personnes.
8 Q. Très bien ! Moi, j’ai simplement cité vos
9 propos qui ont été inscrits dans la déclaration mais nous
10 pouvons poursuivre. Si l’on parle en termes généraux du
11 HOS, vous êtes d’accord pour dire que c’était l’armée du
12 Parti croate des Droits, donc, une armée appartenant à un
13 parti ?
14 R. Oui. Je ne suis pas d’accord.
15 Q. Paraga, il était le leader du Parti croate
16 des Droits ?
17 R. Oui.
18 Q. En même temps, le leader, le commandant en
19 chef du HOS ?
20 R. Oui.
21 Q. Le siège était à Ljubuski ?
22 R. Il y en avait plusieurs dont à Ljubuski et
23 Kruscica mais aussi à Mostar et à Tuzla et à Zenica.
24 Q. Dites-nous, s’il vous plaît : Où avez-vous
25 travaillé dans le HOS lorsque vous êtes allé en Bosnie-
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1 Herzégovine ?
2 R. Chez Mladen Holman à Zenica.
3 Q. Vous avez travaillé à Zenica pendant tout ce
4 temps ?
5 R. Non, pas sans arrêt à Zenica mais le siège
6 était à Zenica. Moi, j’étais à Vares.
7 Q. Vous étiez à Vares ?
8 R. Oui.
9 Q. Si j’ai bien compris, de temps en temps, vous
10 alliez à Zenica pour vous occuper de certaines affaires
11 mais vous étiez à Vares ?
12 R. Oui, et puis j’allais à Kruscica et Tuzla
13 aussi.
14 Q. Cependant, dans le point 8 de votre
15 déclaration donnée aux enquêteurs, vous avez dit que vous
16 étiez auprès du quartier général principal à Ljubuski.
17 R. Oui.
18 Q. Donc, vous n’avez pas mentionné Zenica mais
19 Ljubuski comme l’endroit où vous avez travaillé ?
20 R. J’ai mentionné le commandement où se
21 trouvaient les sièges les plus importants du HOS, à
22 Ljubuski, à Kruscica, à Tuzla, à Zenica.
23 Q. Je comprends ce que vous dites mais je vous
24 dis ce que vous avez dit aux enquêteurs de ce Tribunal.
25 Vous avez dit que vous étiez dans le quartier général
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1 principal à Ljubuski et vous étiez chargé des questions
2 logistiques, que vous étiez chargé de l’approvisionnement
3 en armes, et cætera.
4 R. Oui, c’est ce que j’ai dit.
5 Q. Mais pas à Zenica ?
6 R. Écoutez, si une réunion était à Zenica, bien
7 sûr, j’étais à Zenica, je n’étais pas à Tuzla, mais je
8 travaillais à Ljubuski. Donc, c’est là que se trouvaient
9 les centres. Par exemple, Vares, Vares-Kakanj dépendant du
10 centre de Zenica puis ensuite, en ce qui concerne Tuzla, il
11 y avait les villages de Kladanj et Zenica. Ces villages
12 dépendaient de Tuzla. Donc, logistiquement, c’était réparti
13 selon les centres.
14 Q. Très bien ! Donc, si je peux bien suivre vos
15 propos, si nous nous penchons sur la chaîne de
16 commandement, c’est Mladen Holman à Zenica qui était votre
17 commandant ?
18 R. Oui.
19 Q. Vous avez dit que vous aviez le grade de
20 commandant ?
21 R. Oui.
22 Q. Qui vous a donné ce grade ?
23 R. C’est à Ljubuski que je l’ai obtenu de Blaz
24 Kraljevic.
25 Q. Est-ce que vous disposez d’un document
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1 concernant votre grade ?
2 R. Lorsque j’ai quitté Vares à Prozor, en 1994,
3 on m’a volé beaucoup de choses et on m’a volé tous ces
4 documents et ce mandat d’arrêt et tout ça. Donc, j’ai été
5 capturé en 1994. Il existe une preuve parmi les pièces à
6 conviction où on voit que Monsieur Mario Rajic a été amené
7 à Zagreb et l’Interpol n’a pas ça, mais vous pouvez voir
8 ces documents.
9 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Est-ce que le
10 moment est bon pour procéder à une pause ?
11 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Tout à fait.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Très bien !
13 Pause de 20 minutes.
14 --- Suspension de l’audience à 16 h 00
15 --- Reprise de l’audience à 16 h 25
16 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Me Naumovski,
17 c’est à vous.
18 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Merci.
19 Q. Monsieur AO, j’ai vu que vous avez quelques
20 notes avec vous. Est-ce que ce sont des notes
21 personnelles ?
22 R. Je ne m’attendais pas à être provoqué. C’est
23 une provocation.
24 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Si la question
25 n’est pas admissible, nous ne l’autoriserons pas mais il
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1 s’agit en l’occurrence d’une question qui est tout à fait
2 acceptable. Est-ce que vous avez devant vous des notes ?
3 R. J’ai un bloc-notes, oui, mais de toute façon,
4 je n’ai rien marqué là-dessus. On m’a donné un bloc-notes.
5 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
6 Q. La question que je vous pose, c’est de savoir
7 si vous avez vous-même pris des notes qui sont dans votre
8 bloc-notes.
9 R. Non.
10 Q. Y a-t-il éventuellement quelque chose que
11 vous avez écrit ?
12 R. Non.
13 Q. C’est vide alors ?
14 R. Oui, tout à fait. Il n’y a rien.
15 Q. Nous allons poursuivre si vous voulez bien.
16 Aujourd’hui, à un moment donné, vous avez dit que vous
17 étiez membre du HOS en Herceg-Bosna. Vous avez parlé du
18 HOS Herceg-Bosna. C’est quoi, s’il vous plaît ?
19 R. Il n’y a pas du HOS de Herceg-Bosna. Ça n’a
20 pas existé, mais il y avait une entité Herceg-Bosna et il y
21 avait une unité du HOS. C’est le HOS qui était sur
22 l’ensemble du territoire de Herzégovine. On l’appelait HOS
23 Herceg-Bosna mais sinon, c’est absolument une seule
24 organisation. Je ne sais pas si vous voulez être plus
25 concret. Moi, je veux bien vous répondre à une question
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1 plus concrète.
2 Q. Aujourd’hui, vous avez dit que HOS avait un
3 bon équipement, que vous aviez des soldats qui étaient très
4 bons, que vous avez aidé la Ligue patriotique, le HVO, la
5 TO, et cætera. Est-ce que c’est exact ?
6 R. Oui.
7 Q. Qui a financé les activités du HOS ?
8 R. Au début, le financement venait de
9 l’extérieur, de Croatie, aussi bien de Croatie que
10 l’équipement qui provenait d’un certain nombre de casernes
11 qui ont été confisquées. À Busovaca, au moment où nous
12 avons pris le pouvoir à Busovaca, à ce moment-là, nous
13 avons pris l’équipement.
14 À Mala Rijeka (ph.) également, il y avait un
15 entrepôt. Nous avons participé à la prise de cet entrepôt
16 et c’est l’ex-JNA qui a quitté cette caserne, cet entrepôt.
17 Ceci est vrai pour Vares. Nous sommes rentrés dans cet
18 entrepôt et nous avons pris une partie de l’équipement,
19 mais de toute façon, dans l’ensemble de Herzégovine, il y
20 avait beaucoup de jeunes hommes qui ont réussi à obtenir
21 l’argent de leur famille, de l’armement, et cætera, parce
22 que le HOS a été sympathisé par la population. La
23 population admettait facilement cette unité.
24 Q. Vous avez parlé de Busovaca. Vous n’étiez
25 pas à Busovaca ?
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1 R. Oui. J’étais à Busovaca. Au moment où
2 Busovaca a été pilonnée, moi, j’y étais. J’étais avec
3 Vjeran Mijatovic, avec Boro Mijatovic, avec Dusko surnommé
4 Amidzic. Oui, moi, j’étais un des conducteurs, des
5 chauffeurs.
6 Q. Vous n’étiez pas à Kaonik au moment où la
7 caserne a été prise, n’est-ce pas ?
8 R. Moi, je vous ai dit que j’étais à Busovaca au
9 moment où la caserne a été prise. Nous avons passé même
10 une nuit à l’hôtel à Busovaca.
11 Q. Aujourd’hui, vous avez dit qu’au début 1992,
12 le village de Ravno en Herzégovine a été attaqué.
13 R. Au début 1992, je ne me souviens pas l’avoir
14 dit mais j’ai dit que c’était au début de l’offensive sur
15 le village de Ravno.
16 Q. Dans le compte rendu d’aujourd’hui, vous
17 l’avez dit, alors que c’était au mois de septembre 1992 que
18 le village a été attaqué ?
19 R. Moi, je vous parle de l’époque où nous, nous
20 étions à Ravno. La guerre n’a pas été proclamée… la guerre
21 a été proclamée, pardon (l’interprète se corrige) en avril,
22 alors que Ravno, c’était bien avant.
23 Q. Oui, mais c’est ce que je voulais dire
24 également, c’est la raison pour laquelle je me suis permis
25 de vous le dire.
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1 R. Oui, on se comprend.
2 Q. En ce qui concerne le HOS, vous avez parlé
3 également des QG qui étaient dans beaucoup de villes de
4 Bosnie-Herzégovine.
5 R. Oui.
6 Q. Est-ce que vous étiez dans ces centres ?
7 R. Oui. J’ai pratiquement visité tous ces
8 centres, la plupart.
9 Q. Il y avait une ville qui a été mentionnée par
10 vous-même. C’était Busovaca. Qui était dirigeant
11 principal de Busovaca ?
12 R. Il y avait une unité qui était assez
13 restreinte du HOS à Busovaca et sous le commandement du QG
14 de Kruscica. Par conséquent, je ne peux pas vous donner le
15 nom et le prénom. Il s’agissait d’un groupe qui était
16 restreint.
17 Q. Entendu ! Aujourd’hui, il a été question
18 longuement sur cette réunion à Grude. Il y avait Blaz
19 Kraljevic, Monsieur Kordic, comme vous l’affirmez.
20 Quelques questions à ce sujet-là. À quel moment cette
21 réunion a eu lieu exactement ?
22 R. Cette réunion a eu lieu deux, trois mois
23 avant que Blaz Kraljevic ait été tué.
24 Q. Dans votre déclaration que vous avez donnée
25 aux enquêteurs du Tribunal, au point 12, vous avez dit que
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1 la réunion a eu lieu en septembre 1992.
2 R. Blaz Kraljevic a été tué quand alors, d’après
3 vous ?
4 Q. J’attire votre attention sur ce que vous avez
5 dit dans votre déclaration donnée aux enquêteurs du
6 Tribunal et vous commencez la phrase : « Septembre 1992 ».
7 R. D’accord.
8 Q. Vous dites trois mois avant. C’était au mois
9 de juin alors ?
10 R. C’était juin ou juillet, peut-être même
11 avant. Je ne me souviens plus.
12 Q. Par conséquent, vous ne savez pas exactement
13 quand la réunion a eu lieu. Nous sommes d’accord
14 là-dessus ?
15 R. Deux mois, deux mois et demi avant que Blaz
16 Kraljevic ait été tué. Ça, je le sais.
17 Q. Aujourd’hui, vous avez dit que c’est tout à
18 fait par coïncidence que vous étiez à Grude ces jours-ci et
19 que c’est la raison pour laquelle on vous a convoqué pour
20 assister à la réunion ?
21 R. Moi, j’étais en contact avec Blaz Kraljevic
22 ce jour-là. Comme le convoi venait de Vares à Grude, il y
23 avait un entrepôt à Duvanska (ph.), un entrepôt du HVO, je
24 me suis rendu là-bas pour voir quelques de mes amis et
25 c’est la raison pour laquelle j’y étais. On m’a appris
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1 qu’il y a une réunion qui allait avoir lieu et que Blaz
2 Kraljevic, Boban, Kordic et les autres devaient y assister
3 et je ne suis pas venu de Vares mais j’étais effectivement
4 sur place et c’est la raison pour laquelle on m’avait
5 proposé de venir assister à cette réunion.
6 Q. Qui avait convoqué la réunion ?
7 R. J’ai été invité par Blaz Kraljevic, mais cinq
8 jours avant, mon beau-père et puis mon épouse étaient à
9 Grude et le HVO avait incendié la voiture où se trouvaient
10 les vêtements et les objets différents qui appartenaient à
11 mon épouse et c’est la raison pour laquelle Blaz Kraljevic
12 m’avait convoqué de venir à la réunion. Je pense que la
13 réunion a été convoquée par la présidence de guerre de
14 Bosnie-Herzégovine.
15 Q. Vous le pensez mais vous n’êtes pas sûr, vous
16 ne savez pas qui ?
17 R. C’est la présidence de guerre de Herceg-
18 Bosna. J’en suis sûr.
19 Q. À plusieurs reprises, vous avez parlé de la
20 présidence de guerre de Herceg-Bosna.
21 R. Oui.
22 Q. Qu’est-ce que c’est ? Quel est l’organe,
23 d’après vous, qu’on peut appeler présidence de guerre de
24 Herceg-Bosna ?
25 R. Il s’agit de la présidence égale au
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1 commandement, commandement qui se constituait de cinq ou
2 six personnes, des militaires qui en même temps faisaient
3 de la politique.
4 Q. Monsieur AO, l’organe qu’on appelle la
5 présidence de guerre de Herceg-Bosna est un organe qui
6 n’existe pas. C’est la raison pour laquelle je vous pose
7 la question.
8 R. C’est une équipe, si vous voulez, une équipe
9 qui était à la tête de l’armée, de la politique, une équipe
10 qui prenait les décisions qui concernaient l’entité Herceg-
11 Bosna. Ceux qui se trouvaient à la tête de cette entité,
12 c’est une équipe qui était à la tête de l’entité Herceg-
13 Bosna. Enfin, je parle du peuple croate, bien évidemment.
14 Q. Est-ce que vous savez quelle est la structure
15 du HVO ? Quelle est la chaîne de commandement ? Comment
16 est structurée l’armée du HVO ?
17 R. Je ne sais pas du point de vue formations.
18 Q. Qui était à la tête du QG en 1992 ? Quelle
19 était la coordination ? Est-ce que vous connaissez la
20 hiérarchie du HVO, du volet militaire ?
21 R. Je sais qui se trouvait dans cette équipe.
22 Je ne sais pas comment vous l’avez appelée et comment vous
23 l’avez désignée, mais de toute façon, d’après les documents
24 que j’ai pu voir, il y avait une équipe, une équipe qui
25 prenait les décisions et ça, je le sais.
Page 15785
1 Q. Une autre question. Est-ce que vous savez
2 quelle était la structure politique du HDZ ?
3 R. C’est exactement la même question. Ces
4 questions que vous me posez, c’est un piège. Comme pour la
5 présidence de guerre, il y en a qui l’appellent présidence
6 de guerre, il y en a d’autres qui l’appellent différemment.
7 Je n’en sais rien.
8 De toute façon, ce qui était important pour moi
9 c’est que je connaissais les gens avec lesquels j’ai eu
10 affaire. Enfin, je les contactais. Je connaissais
11 également quels étaient les postes qu’ils occupaient, que
12 ce soit des politiques, que ce soit des militaires, et
13 cætera. C’est ça qui était important.
14 Q. Pourriez-vous me dire très précisément qui
15 assistait à cette réunion et des deux côtés, s’il vous
16 plaît ?
17 R. Du côté HOS, il y avait Blaz Kraljevic et
18 moi-même.
19 Q. Personne d’autre ?
20 R. Non.
21 Q. Et du côté de vos interlocuteurs ?
22 R. Il y avait Monsieur Kordic, Monsieur Boban.
23 Il y avait quelque chose qui se passait parce qu’il y avait
24 un autre Monsieur également et je pense qu’il y en avait
25 d’autres également qui ont été convoqués. Ce que je sais
Page 15786
1 c’est que Kordic et Boban, ils étaient présents à la
2 réunion.
3 Q. Y avait-il quelqu’un d’autre également qui
4 les accompagnait ? Je vous prie d’être précis.
5 R. La réunion n’a pas duré comme il a été prévu.
6 Il y avait un certain nombre de personnes qui ne sont pas
7 venues, elles ne pouvaient pas s’y rendre. Cette réunion a
8 eu lieu à l’hôtel. Je sais que Dario Kordic y était. Je
9 sais que Mate Boban y était. Je sais qu’après cet
10 entretien, moi-même, je me suis entretenu en personne avec
11 Boban, mais dans le couloir, il y avait quelques soldats
12 qui portaient l’uniforme et il y avait beaucoup de gens
13 également. Moi, je ne peux pas vous dire exactement, mais
14 c’est dans le couloir et dans le hall. Il y avait plein de
15 personnes. Dans la pièce où la réunion a eu lieu, il y
16 avait une ou deux personnes.
17 Q. Si je vous ai bien compris alors, beaucoup de
18 personnes ne se sont pas rendues à la réunion. Est-ce que
19 c’était une réunion officieuse et pas officielle ?
20 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire si
21 c’était officieux ou officiel, mais de toute façon, la
22 réunion a eu lieu.
23 Q. Est-ce qu’il y avait un PV qui a été tenu ?
24 R. Non.
25 Q. Est-ce qu’il y avait un ordre du jour
Page 15787
1 également ?
2 R. On a beaucoup parlé et dès le début, la
3 discussion a été très animée. Blaz Kraljevic a été révolté
4 dès le début. Mate Boban a dit : « Là-dessus, entendu, on
5 va encore poursuivre ces conversations, ces entretiens »,
6 mais à mon avis, Blaz Kraljevic, à ce moment-là, avait
7 demandé pourquoi on n’avait pas envoyé quelqu’un du côté
8 des Bosniens.
9 Q. Si c’était juste une des parties des
10 entretiens qui auraient dû se poursuivre, combien cette
11 réunion a-t-elle duré ?
12 R. La réunion à laquelle j’ai assisté ?
13 Q. Oui.
14 R. Je ne sais pas. Je ne sais pas combien de
15 temps mais je pense que cette réunion n’était pas très
16 longue.
17 Q. Sur le plan temps, combien ?
18 R. Je n’ai pas de montre. Par conséquent, je
19 n’ai pas regardé sur ma montre, mais de toute façon, je
20 sais que ce n’était pas très long.
21 Q. Monsieur le Témoin, n’est-ce pas, c’est quand
22 même assez bizarre que vous, vous êtes un petit poisson,
23 vous étiez ensemble avec le commandant du HOS et pas votre
24 commandant Holman, mais bien vous qui assistez à une
25 réunion d’une telle importance. Vous ne trouvez pas ça
Page 15788
1 bizarre ?
2 R. Oui, c’est intéressant. Il y en a beaucoup
3 également qui se posent la même question et il y en a
4 beaucoup qui se demandent comment Misetic, en 1994, a été
5 accueilli par moi. Il y en a beaucoup qui se posaient des
6 questions également comment j’ai pu accompagner quelqu’un
7 qui était le collaborateur très proche de Tudjman quand il
8 s’était rendu en Bosnie-Herzégovine.
9 La question n’est pas bizarre pourquoi moi avec
10 les gens d’une grande réputation, mais toute ma vie c’était
11 comme ça et j’ai des preuves. Je peux vous montrer
12 également des photographies avec Tudjman, avec les
13 couronnes qui ont été déposées, à Grude, avec Bozic,
14 j’étais, et cætera. J’ai des preuves.
15 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Je crois que
16 nous avons obtenu la réponse à cette question. Veuillez
17 poursuivre, Me Naumovski.
18 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
19 Q. Nous sommes bien d’accord qu’à ce moment-là,
20 vous n’avez absolument pas parlé ? C’est Blaz Kraljevic
21 qui a parlé ?
22 R. Oui, j’ai dit quelque chose. J’ai rétorqué à
23 ce que disait Boban.
24 Q. Aujourd’hui, vous avez parlé au pluriel. Qui
25 a parlé lors de cette réunion ? Qui était le principal ?
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1 R. C’est Boban et Dario. Nous, on a été
2 convoqué et on n’avait pas nous-mêmes à nous entretenir.
3 Q. Sur les deux personnes, c’est Boban qui était
4 le principal ?
5 R. Mais comme vous dites, il n’y avait pas de
6 procès-verbal. Par conséquent, on peut dire que les deux
7 étaient entrés en discussion et qu’ils étaient aussi bien
8 l’un que l’autre important.
9 Q. En parlant de cette réunion devant les
10 enquêteurs du Tribunal, vous avez parlé exclusivement de
11 Monsieur Kordic qui avait dit soi-disant ce que vous avez
12 répété aujourd’hui dans votre déposition ?
13 R. J’ai dit ce que j’ai eu à dire. J’ai dit
14 qu’on nous a convoqués pour parler avec Kordic et pas avec
15 Boban et c’est la raison pour laquelle j’ai parlé de lui.
16 Ça, c’est un fait.
17 Q. Vous n’avez pas dit que Boban a dit quelque
18 chose à ce sujet-là. Vous avez parlé de Kordic.
19 R. Je vous ai dit quelles étaient les raisons
20 pour lesquelles je suis venu à la réunion. C’est surtout
21 pour voir Kordic et pour entendre Kordic. Ce n’est pas
22 Boban qui m’intéressait. J’ai dit ce que Kordic avait
23 raconté lors de cette réunion.
24 Q. Monsieur AO, aujourd’hui, vous avez dit que
25 Monsieur Kordic, entre autres parlait de ce désaccord entre
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1 les musulmans et vous avez parlé dans ce contexte également
2 de Fikret Abdic.
3 R. Oui.
4 Q. Il y avait ce conflit entre les musulmans,
5 ceux qui étaient partisans de Fikret Abdic et d’autres qui
6 étaient partisans de l’armée de Bosnie-Herzégovine, mais
7 c’est un incident qui a eu lieu en 1994 et il n’y a eu
8 aucun conflit en 1992 ?
9 R. Je pense que ces conflits entre les
10 musulmans… je ne parle pas de conflit armé mais je parle
11 d’un conflit verbal et au moment où Pohara de Bosanski
12 Brod, si vous vous souvenez de la date de Bosanski Brod et
13 vous savez comment Pohara est venu, ce qu’il a fait, qu’il
14 a vendu Bosanski Brod, et cætera, qui l’a désigné comme
15 Général auprès de Fikret Abdic ? Ça, vous vous souvenez de
16 tous ces détails-là.
17 Q. Aujourd’hui, vous avez parlé de cette veste
18 que portait Kordic et il arborait également le grade ?
19 R. Je sais qu’il avait une chemise, une chemise
20 avec un insigne du HVO. En ce qui concerne la veste, je ne
21 sais pas mais je sais qu’il avait mis la veste à côté de
22 lui. En ce qui concerne la chemise, il y avait l’insigne
23 du HVO. Ça, je l’ai dit.
24 Q. Par conséquent, il n’y avait pas de grade sur
25 la veste et comme vous ne l’avez pas vue ?
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1 R. Oui, bien évidemment. Je suis d’accord avec
2 vous.
3 Q. Entendu !
4 R. C’est le HVO qu’il portait sur sa chemise.
5 Q. Monsieur AO, vous n’êtes pas sûr que Monsieur
6 Kordic avait un pistolet sur lui ?
7 R. J’en suis sûr parce que je l’ai vu à
8 plusieurs reprises. Je l’ai vu à Grude, à Vares, à
9 Busovaca, et chaque fois, quand je l’ai vu, il avait un
10 pistolet. Je pense que même lors de cette réunion, il
11 portait un pistolet, mais au moment où nous sommes sortis
12 de la pièce, je n’étais pas à côté de lui. J’étais dans le
13 hall avec Boban. Je ne sais pas.
14 Q. Par conséquent, il n’avait pas de pistolet,
15 n’est-ce pas ? Vous êtes d’accord avec moi ?
16 R. Peut-être. Je n’en sais rien.
17 Q. Entendu ! Monsieur AO, je me dois de vous
18 dire que Monsieur Kordic n’a jamais assisté à une réunion
19 où Blaz Kraljevic était et il ne vous a jamais vu non plus,
20 il ne vous a jamais connu, il n’a jamais fait votre
21 connaissance.
22 R. C’est la question que vous me posez ou bien
23 vous voulez que je vous donne la réponse ? Moi, j’ai une
24 cassette de Vares et juste en face de moi, c’est Efendija
25 de Vares qui a été invité par Topic. Nous étions tous dans
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1 le bureau, dans un même bureau, et nous étions l’un en face
2 de l’autre.
3 Alors vous, vous affirmez que Dario Kordic ne me
4 connaît pas. Il n’est pas impossible. J’ai pris quelques
5 kilos. Il ne m’a peut-être pas reconnu aujourd’hui, mais
6 j’affirme et je sais, et il y a des cassettes également qui
7 existent, que nous étions plusieurs fois ensemble et entre
8 sept et 10 fois, nous nous sommes rencontrés. Il y avait
9 les convois. Nous avons contacté plusieurs fois et j’en
10 suis sûr et j’ai des preuves.
11 Q. Je vous pose la question très précise. J’ai
12 dit que Monsieur Kordic n’a pas pu vous voir en présence de
13 Blaz Kraljevic, les réunions avec le HOS, parce que lui, il
14 n’a jamais assisté à une telle réunion.
15 R. C’est une autre question. Vous dites qu’il
16 ne me connaît pas et qu’il ne m’a jamais vu, mais je peux
17 vous répondre à cette question également. Il y avait une
18 révolte et ceci bien évidemment avait trait à Blaz
19 Kraljevic et on voulait donc apprendre comment on pouvait
20 éventuellement apaiser la situation entre le HVO et le HOS
21 et on avait parlé de ce commandement conjoint entre le HOS
22 et le HVO.
23 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Excusez-moi,
24 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vais répéter
25 la troisième fois la même question.
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1 Q. Monsieur Kordic n’a jamais été dans une
2 réunion avec Blaz Kraljevic ?
3 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Le témoin a
4 répondu et il dit que Kordic était présent. Je ne vois pas
5 de quelle manière nous pourrions poursuivre, à moins qu’il
6 n’y ait un point précis que vous souhaitiez évoquer à ce
7 sujet.
8 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
9 Président, j’ai dit quelle est notre attitude. Si les
10 Juges considèrent qu’ils ont obtenu la réponse, je n’ai pas
11 de question.
12 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : Fort bien !
13 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
14 Q. Nous allons poursuivre. Maintenant, nous
15 allons parler de la deuxième réunion qui a eu lieu à
16 Kruscica. Est-ce que vous pouvez nous dire quel est le
17 moment où cette réunion a eu lieu ?
18 R. Cette réunion a eu lieu après cette première
19 qui a eu lieu à Grude. Dans un espace de deux mois, un peu
20 plus, une des réunions importantes a eu lieu à Kruscica qui
21 a réuni les représentants de Tuzla, de Zenica, de Kruscica,
22 et il y avait une réunion qui avait trait uniquement au
23 HOS. On avait posé la question justement concernant le HOS
24 car le HVO avait offert aux membres du HOS de se joindre et
25 de se mettre sous le commandement du HVO.
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1 Q. Quand vous parlez de Kruscica, vous parlez de
2 quelle Kruscica, de quelle municipalité ?
3 R. Kruscica, c’est un hôtel, un hôtel où il y a
4 un étang pour l’élevage du poisson. C’est entre Travnik et
5 Vitez. C’est un hôtel, l’hôtel Kruscica, pas le village.
6 Q. Vous avez représenté quelle région, s’il vous
7 plaît, à cette réunion ?
8 R. J’avais quelques hommes de Olovo, de Breza,
9 de Visoko, de Vares également. Nous étions une unité assez
10 bien organisée et lors de cette réunion, nous avons parlé
11 de la logistique, de la communication, de la coopération
12 entre le HOS de Vares, de Zenica, de Tuzla, et cætera.
13 Q. Entendu ! Est-ce que votre Commandant Mladen
14 Holman a assisté à cette réunion ?
15 R. Je pense que Mladen Holman n’a pas assisté à
16 cette réunion. C’était une dame, Madame Besima, qui a
17 assisté à la réunion. Elle était secrétaire à l’école de
18 Zenica où se trouvaient les locaux du HOS.
19 Q. Mladen Holman a été parmi les trois
20 personnes, trois officiers, des plus importants et il n’a
21 pas assisté à cette réunion ?
22 R. Cette réunion était importante mais pas comme
23 vous le pensez. Ce qui était important, c’est de discuter
24 du HOS et de ce qui se passait sur le terrain, quelles
25 étaient les relations, par exemple, qui régnaient à Zenica,
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1 que ce soit donc une attitude concernant le HOS et ses
2 relations avec l’armée de Bosnie-Herzégovine, le HOS vis-à-
3 vis également du HVO car il ne faut pas oublier que le HOS
4 et le HVO opéraient également. C’était les relations sur
5 le terrain entre toutes ces unités différentes.
6 Q. Entendu ! Aujourd’hui, vous avez parlé des
7 espions. Vous avez dit également qu’il y avait des
8 personnes qui étaient infiltrées et qui en quelque sorte
9 étaient des espions. Est-ce que vous connaissez les
10 personnes en question ?
11 R. Je ne sais pas. C’est bien la première fois
12 que ce jeune homme est venu à cette réunion à Kruscica, à
13 l’hôtel Kruscica, et c’est la première et la dernière fois
14 que je l’ai vu. D’ailleurs, je lui ai posé même la
15 question pour savoir d’où il venait et je me souviens que
16 j’ai parlé avec Boro Mijatovic, avec Vjeran également, mais
17 personne ne m’a dit de qui il s’agissait. Il ne s’est même
18 pas présenté. Alors, ce n’est que par la suite que nous
19 avons appris qu’il n’appartenait pas véritablement au HOS,
20 qu’il était infiltré.
21 Q. Vous, vous n’avez pas parlé avec ce jeune
22 homme ?
23 R. Nous l’avons rencontré dans le hall mais je
24 n’ai pas personnellement contacté ce soldat.
25 Q. De toute façon, ce sont des rumeurs que soi-
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1 disant il était espion ?
2 R. Ce n’est que par la suite qu’on a appris un
3 certain nombre de détails mais en ce qui me concerne, moi,
4 je ne me suis pas trop posé de questions, mais on a appris
5 par la suite qu’il était de Prozor et que de toute façon,
6 il portait un nom et un prénom qui n’étaient pas les liens.
7 Q. Il espionnait pour qui, au nom de qui ?
8 R. Ce n’est que plus tard, quand Blaz Kraljevic
9 était enterré, donc lors de l’enterrement, j’ai appris un
10 certain nombre de détails.
11 Q. Vous connaissez les détails de manière
12 précise ?
13 R. Oui. Lors de l’enterrement, il y a quelques
14 personnes qui m’ont approché et qui m’ont parlé de ces
15 détails. C’est tout.
16 Q. Quand nous parlons des rumeurs, aujourd’hui,
17 vous avez dit qu’en 1992, les membres du HOS ont pillé un
18 village à côté de Kakanj et vous avez parlé des rumeurs.
19 Est-ce que ce sont des rumeurs ou c’est plus que des
20 rumeurs ?
21 R. Ce sont des rumeurs et ce sont aussi bien les
22 membres du peuple musulman que du peuple croate qui
23 propageaient de tels ouï-dire, mais de toute façon, quand
24 nous, on a essayé de voir qui véritablement avait commis de
25 tels actes, nous avons pu constater qu’il s’agissait des
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1 personnes qui, tout simplement, avaient habillé les
2 vêtements et les uniformes du HOS.
3 Q. C’était des criminels ou pour qui il
4 travaillait ?
5 R. C’était quelqu’un qui répondait au nom Djuka.
6 Il était sur place à l’époque. Il était à Haljinici.
7 C’était Djuka, c’était Baron (ph.). Il y en avait quelques
8 autres. Il y avait un certain Zika. De toute façon, il y
9 avait des personnes dont les noms ne sont pas tellement
10 importants.
11 Q. Bien évidemment, ça ne me concerne pas.
12 J’aurais également quelques autres questions qui
13 concernent le HOS. Aujourd’hui, vous avez dit que Blaz
14 Kraljevic a été tué en Herzégovine à côté de Mostar, n’est-
15 ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous êtes sûr que ce n’était pas
18 loin par rapport à Mostar, que c’était dans la banlieue ?
19 R. J’ai dit pas de manière comme vous l’avez
20 formulé, à côté de Mostar. J’ai dit que c’était sur les
21 lignes de séparation et les positions entre l’armée de
22 Bosnie-Herzégovine et les positions tenues par le HVO.
23 Q. Nous allons essayer de conclure au sujet de
24 ce sujet, généralement parlant du HOS. Monsieur le Témoin,
25 conviendrez-vous avec moi que vous étiez membre du HOS
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1 pendant une période de six mois ? Blaz Kraljevic a été tué
2 en août 1992 et six mois avant, vous étiez membre du HOS ?
3 R. J’étais membre du HOS avant et après.
4 Q. Nous allons parler de cette période après la
5 mort de Blaz Kraljevic, mais je voudrais savoir tout
6 simplement si vous êtes d’accord avec moi que vous étiez
7 membre du HOS entre les mois de février et août 1992. Est-
8 ce que vous êtes d’accord avec moi ?
9 R. Non.
10 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
11 Président, j’aimerais verser au dossier les déclarations
12 que le témoin a données devant le NordBat. Il y a une
13 déclaration, c’est-à-dire une partie de déclaration et
14 l’annexe à cette déclaration qui a été donnée par le témoin
15 devant le NordBat.
16 L’huissier peut-il nous aider, s’il vous plaît ?
17 C’est également une pièce qui appartient aux
18 archives des Nations Unies. Il s’agit d’un document d’une
19 page. Je ne sais pas si vous connaissez l’anglais, mais
20 nous ne pouvons pas le placer malheureusement sur le
21 rétroprojecteur, ou est-ce possible ?
22 Est-ce que je peux avoir une cote ?
23 LA GREFFIÈRE (interprétation) : Le document se
24 voit attribuer la cote D200/1.
25 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
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1 Q. Donc, dans ce document, c’est le premier
2 document, c’est un aide-mémoire sur des personnes qui sont
3 suspectées d’être membres du HOS. On dit que ceci a été
4 mené par la police militaire et c’est un document d’environ
5 quatre pages où on voit que vous avez été six mois membre
6 du HOS et donc que vous avez été membre du HOS jusqu’à
7 l’assassinat de Blaz Kraljevic, c’est-à-dire entre août et
8 février 1992.
9 R. Six mois, c’est ce qui apparaît sur le
10 papier, mais comme je l’ai dit en réponse à une précédente
11 question, jusqu’à la fin, jusqu’à 1993, jusqu’à novembre
12 1993… plutôt jusqu’au 28 octobre, eh bien, nous, nous
13 étions toujours là mais nous n’étions pas officiellement le
14 HOS. On ne trouvait aucune trace sur le papier de notre
15 existence parce que de toute façon, cela n’avait pas grande
16 importance ce genre de chose.
17 Q. Donc, c’est ce que vous avez lu aux officiers
18 du NordBat ?
19 R. Oui.
20 Q. Bien ! Passons à autre chose.
21 Monsieur le Témoin, j’ai un certain nombre de
22 questions au sujet de Vares et de l’unité que vous avez
23 mise en place. Donc, à Vares, vous avez essayé de mettre
24 sur pied une unité du HOS ?
25 R. Oui, c’est ce que nous avons fait.
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1 Q. Donc, vous avez établi un groupe qui comptait
2 cinq à huit hommes, mais ça n’a jamais été quelque chose
3 d’officiel, c’était quelque chose d’informel ?
4 R. Non, ce n’est pas vrai.
5 Q. Pardon ?
6 R. Non, ce n’est pas vrai.
7 Q. Vous conviendrez que le commandant de cette
8 unité, qu’elle fut formelle ou informelle, ce n’était pas
9 vous, c’était Vjeran Mijatovic ?
10 R. Non, non. C’était Josip qui était l’adjoint
11 de Mladen Holman.
12 Q. Josip Germanovic est venu après ?
13 R. Non. C’était le premier.
14 Q. Mais vous n’étiez pas le commandant ?
15 R. Moi, j’appartenais à une unité de taille plus
16 importante.
17 Q. Cette unité – peut-être devrais-je dire un
18 groupe parce que c’était une unité de dimension très
19 limitée – elle a été active à Vares entre janvier et août
20 ou plutôt entre janvier et août 1993 ?
21 R. Non. Elle était active même avant ça, avant.
22 Q. Conviendrez-vous que pendant la période de
23 temps où vous avez été membre de ce groupe, vous avez
24 également travaillé pour une entreprise qui s’appelle
25 Jakici, une entreprise de marketing, enfin plutôt une
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1 entreprise commerciale ?
2 R. Non. En ce qui concerne cette entreprise qui
3 s’appelle Jakici, je n’avais pas de contrat avec elle, mais
4 les convois commerciaux ou les convois, par exemple, de
5 type humanitaire organisés par Caritas, je les escortais et
6 l’entreprise dont vous avez parlé travaillait également
7 dans ce cadre-là, mais je n’étais pas officiellement un
8 salarié de cette entreprise. Je ne bénéficiais pas d’une
9 couverture sociale par le biais de cette entreprise, mais
10 j’y ai travaillé en effet dans le cadre de ces convois.
11 Q. Oui, mais cette entreprise n’avait rien à
12 voir avec les convois, cette entreprise Jakici ?
13 R. Oui, mais tous ces convois, qu’ils fussent
14 commerciaux ou humanitaires, passaient par eux. Ils
15 avaient quelque chose à voir là-dedans.
16 Q. Vous convenez que vous travailliez pour les
17 frères Jakic et que vous étiez payé ?
18 R. Je ne le faisais pas pour l’argent.
19 Q. À l’époque, il y avait des pénuries de
20 nourriture, n’est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Vous conviendrez que vous avez souvent
23 rencontré des officiers de haut rang de l’armée de Bosnie-
24 Herzégovine dans la municipalité de Vares ?
25 R. Oui.
Page 15802
1 Q. Vous leur avez également fourni de la
2 nourriture par le biais de cette entreprise ?
3 R. Non, non, ce n’était pas moi. Moi, je
4 n’avais aucun pouvoir. J’étais un homme d’affaires.
5 J’assurais la sécurité de façon que la nourriture, les
6 vivres qu’ils avaient achetés ne soient pas pillés.
7 Q. Oui, mais vous conviendrez que vous disposez
8 de certificats venant d’officiers de l’armée de Bosnie-
9 Herzégovine vous assurant de pouvoir passer sur les
10 territoires qu’ils contrôlaient en toute sécurité ?
11 R. Oui.
12 Q. Vous avez également eu des laissez-passer de
13 l’armée de Republika Srpska vous assurant une libre
14 circulation sur leur territoire pour aller à Tuzla, n’est-
15 ce pas ?
16 R. Il n’y avait pas d’obstacle entre Vares et
17 Tuzla. Il n’y avait pas de territoire serbe entre les
18 deux, mais je n’avais pas de laissez-passer pour cela parce
19 que de toute façon, la route était ouverte et puis la zone
20 était contrôlée par les unités de l’armée de Bosnie-
21 Herzégovine.
22 Q. Excusez-moi, ma question n’était pas précise.
23 Il est vrai, n’est-ce pas, que vous pouviez vous déplacer
24 sur le territoire de la Republika Srpska ? Vous aviez un
25 laissez-passer dans ce sens ?
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1 R. Non, je n’ai jamais eu de contact au niveau
2 de la Republika Srpska, mais il est arrivé que j’escorte
3 des convois serbes qui sortaient de Tuzla, de la région de
4 Tuzla, de Vares, et eux, ils avaient reçu des certificats
5 du Conseil de la Défense croate pour pouvoir traverser le
6 territoire de la Republika Srpska.
7 Moi, j’avais un laissez-passer de Anto Pejcinovic
8 pour escorter ces convois et on pouvait y lire que Anto
9 Pejcinovic me donnait l’autorisation d’accompagner ces
10 convois.
11 Q. Aujourd’hui, pendant l’interrogatoire
12 principal, vous avez parlé de ces convois qui entraient en
13 Bosnie-Herzégovine et qui en sortaient, qui entraient en
14 Herzégovine et qui en sortaient. Vous avez dit que c’était
15 quelqu’un de Grude qui avait signé ce document ?
16 R. Oui. Il s’agissait de convois qui passaient
17 sur le territoire de la Herceg-Bosna mais qui n’avaient
18 rien à faire avec ce territoire à proprement parler. Je
19 n’ai pas parlé des convois relatifs à Vares-Zenica, Vares-
20 Tuzla. J’ai juste parlé du convoi qui venait de
21 l’Herzégovine, de la Croatie et passait par le territoire
22 contrôlé par le HVO de Vares.
23 Q. Qui signait ces laissez-passer ? Est-ce que
24 vous l’avez vu de vos propres yeux ?
25 R. J’en ai eu de ces documents dont un document
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1 signé par Mate Boban et également par Dario Kordic et
2 également des documents signés par le QG de l’hôtel de
3 Grude. D’autre part, même Anto Pejcinovic ne pouvait rien
4 faire. Il fallait que les choses soient signées par Dario
5 Kordic.
6 Q. Où se trouvaient ces convois que vous
7 mentionnez ? Ça se passait en quelle année ?
8 R. Eh bien, ce sont des convois qu’on a vus à
9 partir de 1991 jusqu’à 1993. Ils traversaient le
10 territoire de la Republika Srpska. Donc, ça s’est passé
11 pendant deux ou trois ans. C’était non-stop parce que
12 Vares coupait aussi bien de la Croatie que de la Herceg-
13 Bosna.
14 Q. Je vous comprends bien, mais ce que je
15 voulais vous dire c’est qu’en 1993, Monsieur Kordic n’a
16 signé aucun laissez-passer de ce type. Donc, pouvez-vous
17 nous spécifier quand il y a eu des convois qui sont passés
18 grâce à des documents signés de sa main ?
19 R. Il est possible que je dispose encore de ces
20 documents signés par lui parce que Vjeran Mijatovic… j’ai
21 les documents qui viennent de lui dans une maison de Vares
22 et j’ai réussi à conserver tous ces documents. Donc, j’ai
23 ces documents pour 1992 et 1993.
24 Q. Vous avez vu ces laissez-passer ?
25 R. Je les ai encore.
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1 Q. Vous les avez encore ?
2 R. Oui.
3 Q. Oui ? De 1993 avec la signature de Kordic ?
4 R. En tout cas, je n’ai pas parlé uniquement de
5 1993 mais des convois de 1991, 1992, 1993. Je n’ai pas
6 essayé de voir quelle était la date exacte, mais je sais
7 que chez moi, je dispose de ces certificats.
8 Q. Pendant cette période, vous avez été en
9 contact avec l’armée de Bosnie-Herzégovine dont le QG était
10 à Dabravine ?
11 R. Oui.
12 Q. Et également avec l’armée de Bosnie-
13 Herzégovine à Tuzla ?
14 R. Oui. À Tuzla, je parlais à Juric, à des gens
15 qui venaient à Vares tout le temps. Il n’y avait jamais de
16 problème avec eux. Il était toujours possible de discuter
17 de façon constructive et d’avoir des contacts avec le HVO à
18 Tuzla.
19 Q. Il y a peu, vous avez mentionné un certain
20 nombre de noms. Je souhaiterais que vous les répétiez.
21 Dusko Amidzic, Robert Sokic, et cætera. Il s’agissait de
22 d’autres membres de cette unité du HOS dont on a parlé
23 précédemment ?
24 R. Dusko Amidzic.
25 Q. C’est trois noms. Quels autres noms avez-
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1 vous dit ? Robert Sokic et Kreso Pejcinovic ?
2 R. Kreso Pejcinovic ? Je n’ai jamais dit ce
3 nom. Non, je n’ai pas dit ce nom.
4 Q. Oui, mais vous avez dit des noms. Je me
5 souviens de ces trois noms. S’agissait-il de gens avec qui
6 vous aviez des contacts dans le cadre de votre travail ?
7 R. Kreso Pejcinovic, c’est le frère de l’ancien
8 maire mais il n’avait rien à voir dans tout ça, et Dusko
9 Amidzic, c’était un Serbe marié avec une musulmane.
10 Q. Est-ce que vous aviez des contacts
11 professionnels avec eux ?
12 R. Non. Qu’est-ce que j’aurais pu avoir comme
13 contact avec Dusko Amidzic ? C’était un pauvre homme.
14 Q. Donc, pas de contacts ?
15 R. Non, bien entendu que non.
16 Q. Vous avez parlé de Kreso Bozic. C’était un
17 membre du HVO ?
18 R. Oui.
19 Q. Est-ce que vous avez été avec le HVO ? Est-
20 ce que vous étiez au sein du HVO ?
21 R. Non. Si vous regardez tous les dossiers
22 militaires, les certificats, vous voyez très bien que je
23 n’ai jamais été membre, même si j’ai eu un livret militaire
24 qui stipule que j’ai passé trois mois au sein du HVO.
25 Ensuite, je leur ai demandé : « Mais qu’est-ce que vous
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1 avez écrit dans mon livret militaire ? Je n’ai jamais fait
2 ça », et ils m’ont dit que c’était une erreur. En fait,
3 c’était tout simplement une erreur de la part du commandant
4 du village.
5 Q. Oui, mais si vous n’avez pas été membre du
6 HVO, à ce moment-là, pourquoi est-ce que vous avez dit à
7 l’officier du NordBat que vous étiez un officier de liaison
8 entre le HVO et les Nations Unies ?
9 R. Non, non, c’était faux.
10 M. LE PRÉSIDENT (interprétation) : On a déjà posé
11 cette question. Inutile de la répéter. Je vous prie de
12 poursuivre, s’il vous plaît.
13 Me NAUMOVSKI (interprétation) :
14 Q. Monsieur le Témoin, passons maintenant à une
15 série de questions que j’ai intitulées : « Les événements
16 de Vares ». Vous avez parlé d’une réunion qui a eu lieu en
17 juin 1993 et à laquelle ont participé Ekrem Mahmutovic et
18 Avdo Zubaca, et on demandait la libre circulation, le libre
19 passage des musulmans pour aller de Dabravine, un village
20 contrôlé par l’armée de Bosnie-Herzégovine, donc pour aller
21 de ce village jusqu’à Pogara, Dubosice et Tuzla ?
22 R. Oui.
23 Q. Vous conviendrez que le 3e corps d’armée de
24 l’armée de Bosnie-Herzégovine aurait ainsi pu établir un
25 lien avec le 2e corps d’armée à Tuzla ?
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1 R. Oui.
2 Q. Ceci aurait permis de renforcer l’armée de
3 Bosnie-Herzégovine, n’est-ce pas ?
4 R. Cela n’aurait pas eu de conséquence pour
5 Vares. Cela aurait été mieux pour Vares si la route avait
6 été ouverte, mais je crois que tous les villageois, toute
7 la population était favorable à une solution pacifique et
8 non pas à ce qui s’est effectivement produit.
9 Q. Vous avez participé à cette réunion ?
10 R. Cette réunion a eu lieu au restaurant du HVO
11 qui s’appelait Centre.
12 Q. À quel titre avez-vous participé à cette
13 réunion parce que c’était une réunion entre le HVO et
14 l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
15 R. Lors de cette réunion, il y avait également
16 Monsieur… enfin quelqu’un qui venait, je crois, d’une
17 organisation. Je ne sais pas si c’était humanitaire ou
18 militaire. Moi, j’ai participé à cette réunion parce que
19 c’est Anto Pejcinovic qui m’en a donné l’ordre. Anto
20 Pejcinovic m’a dit d’amener deux hommes qui venaient de
21 Dabravine. Je leur ai acheté du whisky, un carton de
22 Marlboro, du café, et cætera. Donc, j’ai pris ma voiture
23 personnelle, j’ai pris toutes ces victuailles et je les ai
24 distribuées aux gens qui participaient à la réunion.
25 Q. Cela veut dire que vous n’avez pas participé
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1 à toute la réunion ?
2 R. Oui.
3 Q. En dehors de Anto Pejcinovic, qui d’autre
4 était présent du HVO de Vares ?
5 R. Il y avait Ivica Gavran, Emil Harah, Zvonko
6 Duznovic.
7 Q. Anto Pejcinovic a accepté la proposition de
8 l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
9 R. Il n’a pas fait de promesse ferme mais il
10 leur a accordé des délais, une période de temps, et il a
11 dit qu’à l’issue de cette période, il leur ferait savoir ce
12 qu’il en était.
13 Q. Je vous pose cette question au sujet de votre
14 déclaration précédante mais peut-être est-ce moi qui me
15 trompe. Vous avez dit que Anto Pejcinovic a accepté la
16 proposition et qu’ultérieurement, il a envoyé une lettre
17 donnant l’autorisation ?
18 R. Oui.
19 Q. À qui a-t-il envoyé cette lettre ?
20 R. Anto Pejcinovic a accepté ce qui était
21 demandé mais il n’a pas pu le garantir lors de cette
22 réunion. Il a dû demander l’avis du QG principal de Grude.
23 Q. Comment ? Par lettre ?
24 R. Je ne sais pas si c’était une lettre mais je
25 crois qu’il y avait eu des communications par le biais de
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1 la Republika Srpska parce qu’ils avaient déjà reçu
2 l’autorisation de la Republika Srpska aux fins de laisser
3 passer des individus par le territoire de Republika Srpska.
4 Q. Monsieur AO, vous avez dit devant les
5 enquêteurs du Tribunal (je cite) : « On s’est adressé à
6 moi et on m’a demandé que j’envoie la lettre à Grude. »
7 R. Il ne faut pas oublier le fait où je me
8 trouvais. Ils m’ont tout simplement demandé quelle était
9 la route qu’ils devaient emprunter pour y arriver le plus
10 tôt possible, ceux qui disposaient de laissez-passer de
11 Republika Srpska. Il y avait une autre personne également
12 qui était là. Elle m’avait posé la question : « Qui serait
13 le plus fiable qui pourrait le faire ? », et ça ne me
14 concernait pas. Je ne peux pas dire que ça me concernait.
15 Q. Mais est-ce que c’est vous qui avez arrangé
16 que la lettre soit acheminée vers Grude ?
17 R. Non.
18 Q. Mais est-ce que vous savez si la lettre est
19 partie ou non ?
20 R. Oui, je pense qu’elle est partie à Grude.
21 Q. Mais est-ce que vous avez vu la lettre ?
22 R. Après cet entretien, eh bien, le premier
23 convoi qui est passé par la Republika Srpska pour se rendre
24 à Grude.
25 Q. Vous avez dit que Grude a refusé la lettre de
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1 Pejcinovic. Qu’est-ce que vous sous-entendez sous la
2 notion de Grude ?
3 R. C’est le QG.
4 Q. Mais du HVO ? Le QG du HVO, n’est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. Conviendrez-vous avec moi pour dire que
7 l’armée de Bosnie-Herzégovine avait demandé dans ce cas-là
8 que les quatre villages croates auraient été coupés de
9 Vares ?
10 R. Les quatre villages ont été coupés de Vares,
11 mais de toute façon, Vares était déjà coupée par rapport
12 aux autres villages croates.
13 Q. Mais c’était votre conclusion, Monsieur AO ?
14 C’est ce que vous avez dit devant les enquêteurs. Vous
15 avez dit (je cite) : « Grude a refusé la demande et si
16 jamais on avait permis aux musulmans de traverser ce
17 territoire, les quatre villages auraient été coupés de
18 Vares. »
19 R. Je ne sais pas, mais de toute façon, je n’ai
20 pas les documents devant moi. Moi, je vais essayer de
21 m’expliquer. De toute façon, ce document provenant de
22 Grude voulait dire que Vares était encerclé. Même avant la
23 guerre, Vares ne pouvait pas s’appuyer sur aucun village
24 croate. Du point de vue géographique, Vares n’a jamais eu
25 une municipalité contrôlée par les Croates, par la majorité
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1 croate. Par conséquent, d’où vient cette idée-là que Vares
2 aurait été coupée, je ne sais pas, mais de toute façon, le
3 2e et 3e corps d’armée se seraient unis et ç’aurait été
4 certainement dangereux. Par conséquent, je pense que vous
5 faites l’erreur. C’est deux ou trois petits villages qui
6 auraient été coupés. De toute façon, ce n’est pas deux ou
7 trois villes.
8 Q. En ce qui concerne le 2e et 3e corps d’armée,
9 on s’est mis d’accord. De toute façon, c’était un danger.
10 C’était un risque. On peut poursuivre.
11 On va passer à une autre réunion, à la réunion qui
12 a eu lieu au mois de novembre 1993 et c’est une réunion qui
13 s’est tenue à l’hôtel Ponikve. Lors de cette réunion,
14 Pejcinovic disait que de Grude, il y a un ordre qui est
15 arrivé à Vares qu’il fallait demander l’aide des Serbes
16 pour essayer de protéger Vares ?
17 R. Mais ceci a été déjà convenu auparavant. On
18 avait dit que si le HVO n’était pas en mesure de défendre
19 le territoire, à ce moment-là, il fallait qu’on fasse appel
20 à la Republika Srpska et des positions de Brgul pour
21 demander les renforts.
22 Q. Mais vous avez assisté à cette réunion, même
23 si vous n’étiez pas membre du HVO. À quel titre vous avez
24 assisté à cette réunion ?
25 R. Il y avait plusieurs personnes qui avaient
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1 assisté à cette réunion. Il y avait plusieurs réunions de
2 toute façon qui se sont suivies. C’était les réunions des
3 représentants des plus hauts rangs et c’était une des
4 réunions où – je ne sais pas comment m’exprimer – avaient
5 été élargi. Il y avait des commandants de hauts rangs, il
6 y avait des commandants également de la défense civile qui
7 étaient présents, il y avait des personnes qui n’étaient
8 pas très hauts placées, et cætera. Ce n’était pas par
9 conséquent la réunion qui a eu lieu à huis clos. C’était
10 une réunion élargie, je le maintiens. Moi, j’étais très
11 proche de Anto Pejcinovic. Par conséquent, je pouvais tout
12 de suite, sans problème, rentrer dans la pièce où la
13 réunion a eu lieu.
14 Q. Mais qui vous a convoqué ? À quel titre vous
15 avez assisté à cette réunion ?
16 R. Je viens de vous le dire. Ce n’était pas une
17 réunion à huis clos. Il y avait tous les commandants qui
18 ont été présents à la réunion. Il y avait également ceux
19 qui les escortaient. Les représentants du HOS pouvaient
20 également s’y rendre pour entendre ce qui se passait, ce
21 qui se passait d’un côté ou de l’autre, pas forcément et
22 uniquement au sein de notre municipalité de Vares. Il n’y
23 avait pas des invitations qui ont été envoyées. C’était
24 une réunion qui était ouverte, et tout le monde pouvait y
25 assister, publique.
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1 Q. Mais vous n’avez pas vu cet ordre dont il a
2 été question et dont il a parlé ?
3 R. Vous parlez de Pejcinovic et de cet ordre ?
4 Oui, je l’ai vu.
5 Q. Comment cet ordre est-il parvenu jusqu’à
6 Vares ?
7 R. Par le convoi. J’ai déjà précisé qu’il y
8 avait un convoi de Caritas, donc l’organisation
9 humanitaire, et il y avait également des arrivées du
10 pétrole qui sont arrivées avec le convoi. Il y avait
11 quelques citernes qui se sont rendues dans le cadre de ce
12 convoi jusqu’à Vares et je pense que c’est Mijatovic
13 également, Vjeran, qui était avec le convoi et qui l’avait
14 emmené, qui avait emmené l’ordre.
15 Q. Mais qu’est-ce qui était dans l’en-tête de
16 l’ordre ?
17 R. Mais c’était le format A4. Dans l’en-tête,
18 il y avait les armoiries du HVO. Il y avait également le
19 damier. Je ne sais pas, c’était un ordre qui était libellé
20 en peu de lignes. Je sais, j’ai vu que Anto Pejcinovic
21 avait l’original. Zvonko Duznovic avait pris, un moment
22 donné, l’original et il a dit : « Mais est-ce que
23 véritablement nous sommes aussi puissants, aussi forts,
24 pour que personne ne pense à nous envoyer des renforts ? »
25 Il était même fâché, puis il a mis à l’écart l’original.
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1 Q. Mais j’aimerais savoir : Le document dans
2 l’en-tête était adressé à qui ?
3 R. Mais HVO de Vares.
4 Q. Mais il y avait un nom ?
5 R. Mais Anto Pejcinovic probablement parce que
6 Anto Pejcinovic était un homme politique et en même temps
7 militaire. On posait la question à Anto Pejcinovic chaque
8 fois quand il fallait éventuellement donner des tâches
9 différentes. Je l’ai déjà dit lors de ma déposition. Il y
10 avait un certain nombre de personnes importantes dont les
11 noms figuraient sur les documents, mais on sait très bien
12 qui étaient les personnes les plus importantes, aussi bien
13 au sein du HDZ qu’au sein du HVO. Par conséquent, pour
14 nous autres, c’était clair. À un moment donné, c’était
15 Malbasic, à un autre moment, c’était quelqu’un d’autre.
16 Mais je dis qu’il y avait des noms qui figuraient sur les
17 papiers. Il y avait des noms qui étaient importants et
18 nous, on le savait.
19 Q. Par conséquent, il y avait un ordre qui vous
20 est arrivé par le convoi et vous parlez de l’original,
21 n’est-ce pas ?
22 R. L’original ? Je ne comprends pas.
23 Q. Mais ce n’était pas une copie, c’était un
24 original ?
25 R. Mais je ne sais pas, enfin je ne sais pas
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1 s’il s’agissait d’une copie ou d’un original. De toute
2 façon, l’en-tête figurait.
3 Q. Mais comme nous sommes en train de donner la
4 description du document, outre cette phrase qu’il pouvait
5 s’adresser aux Serbes si jamais il fallait défendre Vares,
6 y avait-il autre chose ?
7 R. Oui. On a donné lecture de cette lettre,
8 mais de toute façon, je n’ai pas retenu tout ce qui a été
9 dit.
10 Q. Il y avait combien de pages ?
11 R. Je ne comprends pas.
12 Q. Mais il y avait toute une page ?
13 R. Une demi-page éventuellement.
14 Q. Mais il y avait d’autres phrases également ?
15 R. Je ne sais pas mais il y avait plusieurs
16 lignes. Il y avait plusieurs lignes.
17 Q. Qui a signé le document ?
18 R. Je ne l’ai pas eu dans mes mains. Dans ce
19 cas-là, je l’aurais su. Mais à un endroit, il y avait
20 marqué « copie conforme » et puis « destinataire ». Je ne
21 sais pas qui avait signé exactement. Je ne sais pas si
22 c’est Mate Boban et Kordic. Je ne peux pas vous le dire
23 exactement mais je pense qu’il y avait les deux de toute
24 façon. Il y avait Mate Boban ou bien Dario Kordic, je ne
25 sais pas exactement.
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1 Q. Mais est-ce qu’il y avait le nom de Mate
2 Boban ?
3 R. Je pense que son nom a été dactylographié
4 alors que le paraphe … c’était paraphé par Dario Kordic,
5 mais c’était peut-être l’inverse, je n’en sais rien. Je
6 sais qu’il y avait les deux noms.
7 Q. Mais si je vous comprends bien, à ce moment-
8 là, le nom de Monsieur Kordic n’était pas dactylographié,
9 n’était pas imprimé ?
10 R. C’est vrai mais c’est lui qui a signé.
11 C’était en manuscrit.
12 Q. Mais il y avait une signature sur le
13 document ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que vous avez vu déjà la signature de
16 Monsieur Kordic avant ?
17 R. Oui.
18 Q. Mais d’après vous, c’était la signature de
19 Monsieur Kordic ?
20 R. Oui, le plus probablement.
21 Q. Mais vous n’en êtes pas sûr ? Vous ne savez
22 pas si quelqu’un avait tout simplement mis son nom ou bien
23 c’est lui-même qui a signé ?
24 R. Je ne suis pas expert à ce point-là mais je
25 sais qu’il l’avait signé. Qui a signé à sa place, si c’est
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1 lui en personne ou quelqu’un d’autre à sa place, je ne sais
2 pas, mais de toute façon, je sais qu’il y avait son nom qui
3 figurait là-dessus et c’était tout simplement paraphé, ce
4 n’était pas tout le long.
5 Q. Par conséquent, on parle du document qui vous
6 est parvenu en novembre 1992, n’est-ce pas… pardon, au mois
7 de septembre 1993 ? Est-ce que vous êtes d’accord avec moi
8 pour dire que Busovaca a été complètement coupé en avril
9 1993 et encerclé du côté de Vares et du côté de Grude par
10 l’armée de Bosnie-Herzégovine ?
11 R. Je sais que Busovaca a été coupée par rapport
12 à toutes les municipalités. Il est vrai, moi, je ne sais
13 pas à 100 pour cent, mais je pense que c’est vrai, mais je
14 maintiens, comme Vares a été également coupé d’un certain
15 nombre de villages, Vares avait son commandement…
16 M. LE PRÉSIDENT : Mais ce n’est pas indispensable
17 de poursuivre, je vous en prie.
18 Me Naumovski, il est 17 h 30. De combien de temps
19 avez-vous encore besoin ?
20 Me NAUMOVSKI (interprétation) : Monsieur le
21 Président, je ne pense pas que je puisse terminer avant 6 h
22 00, même jusqu’à 6 h 00.
23 M. LE PRÉSIDENT : Eh bien, vous devez finir en
24 une demi-heure demain matin parce que ça fait presque deux
25 heures. Cela fera presque deux heures que vous aurez eues
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1 pour contre-interroger le témoin, mais je crois que nous en
2 avons assez pour aujourd’hui.
3 Monsieur le Témoin AO, je suis désolé mais nous ne
4 pouvons pas en terminer avec votre déposition aujourd’hui.
5 Je vous demande donc de revenir demain matin à 9 h 00. À
6 ce moment-là, on terminera votre déposition.
7 L’audience est suspendue jusqu’à 9 h 00.
8 Me NICE (interprétation) : L’ordre des témoins
9 sera légèrement modifié pour demain car un des témoins doit
10 partir plus tôt. Donc, j’informerai vos collaborateurs en
11 temps utile.
12 --- L’audience est levée à 17 h 33
13 pour reprendre le mardi
14 7 mars 2000 à 9 h 00
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