Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1              (Le lundi 08 mai 2000)

  2               (Audience publique)

  3               (Le témoin, M. Totic, est contre-interrogé par Mme Somers.)

  4               (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)

  5   Mme Somers (interprétation) : Avec l'autorisation des Juges de cette

  6   Chambre, j'aimerais les informer qu'à un  certain moment -le plus tôt sera

  7   le mieux- nous aimerions demander une brève séance à huis clos partiel. Et

  8   ce, pour parler d'une question qui a rapport avec la sécurité du témoin.

  9   Si les Juges sont prêts à m'entendre à présent, je suis en mesure de vous

 10   en parler immédiatement.

 11   M. le Président (interprétation) : Je vous en prie.

 12           (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)

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  4         (L'audience se poursuit en audience publique.)

  5   J'aimerais vous présenter quelques documents, documents que le Bureau du

  6   Procureur a dû essayer de recueillir très rapidement en réaction à votre

  7   déposition. Je présente donc toutes mes excuses aux membres de la Chambre

  8   de première instance, nous ne disposons que de la version en BCS.

  9   M. le Président (interprétation) : Ceci ne sera pas admis au dossier.

 10   Q.    Est-ce que je peux me servir de ce document pour poser des questions

 11   afin de savoir, de la part du témoin, s'il peut reconnaître ?

 12   M. le Président (interprétation) : Oui, vous pouvez poser des questions à

 13   propos de ce document.

 14   Q.    Je vais demander qu'un exemplaire soit présenté au témoin et soit

 15   placé sur le rétroprojecteur : il s'agira de la pièce Z350.1 dont nous ne

 16   demanderons pas le versement au dossier. Puis il y aura la Z259.1 : il

 17   s'agit uniquement de ces deux documents.

 18   Commandant Totic... excusez moi, Général Totic, nous examinons la pièce

 19   350.1. Je ne sais pas si les interprètes peuvent voir ce texte ; si ce

 20   n'est pas le cas... Mais apparemment ils ont une copie. Ce document a-t-il

 21   bien été signé par vous en 1993, le 4 janvier 1993 ? Le reconnaissez-

 22   vous ?

 23   R.    Je reconnais ce document.

 24   Q.    Auriez-vous l'obligeance d'en faire une lecture à haute voix ? Il

 25   est assez court. Nous allons essayer d'obtenir par la suite une traduction


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  1   écrite, mais procédons à une traduction orale.

  2   R.    "En ce qui concerne le rapport de la remise du matériel technique

  3   entre le HVO, Zenica, et M. Tomislav Trosic, selon donc le reçu, selon le

  4   document du HVO Zenica, et de la part du HVO, Zenica..."

  5   Q.    Excusez-moi, j'avais demandé qu'on présente la pièce 350.1. C'est un

  6   autre document auquel vous avez apposé votre signature. Nous voulions

  7   l'examen de ce premier document d'abord.

  8   R.    Il s'agit donc d'une attestation par laquelle on confirme que

  9   "M. Bilic a été mobilisé au HVO, dans les formations de Zenica. Il a été

 10   mobilisé à partir du 1er avril 1992, et il se trouvait dans le théâtre

 11   d'opérations jusqu'au 1er avril 1992. A Turbe, entre le 19 et le 21

 12   décembre 1992, le prénommé est resté au HVO, dans la brigade Francetic.

 13   Ceci, cette attestation lui a été accordée pour qu'il puisse se déplacer

 14   et régler également ses droits."

 15   Je ne vois absolument pas quelles sont les raisons pour lesquelles ceci

 16   pourrait être interprété différemment de ce qui est dit dans le document.

 17   Il a le droit de vivre où il veut. Il voulait se rendre en Croatie, c'est

 18   son droit, le premier droit qu'il a.

 19   Q.    Le document suivant sera le document portant la cote Z259.1. Nous

 20   n'allons pas examiner tout le document, simplement le dernier paragraphe.

 21   Pourriez-vous le lire pour qu'il en soit pris acte au compte rendu

 22   d'audience ?

 23   R.    "Tous les éléments éventuels, les malentendus éventuels qui

 24   concernent les marchandises, la technique, etc., sera résolu à Zenica

 25   entre M. Sakic et M. Knezevic et le représentant du HV de Biograd."


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  1   Monsieur le Président, Tomislav Trosic dont il est question dans ce

  2   document a été membre de la légion d'honneur, la légion. Il est arrivé à

  3   Zenica parce que simplement il avait quelques cousins à Zenica. C'est en

  4   passant par Dominik Sakic qu'il est arrivé à Zenica.

  5   Il a ramené un certain nombre de choses. Il m'a demandé de signer ce

  6   document pour qu'il puisse avoir un justificatif. Une fois quand il est

  7   rentré en Croatie, je lui ai dit qu'il ne pouvait pas le faire. Je lui ai

  8   dit également que j'allais garder tous ces objets parce qu'il voulait

  9   revendre les articles en question. Je l'ai adressé au président du HVO, M.

 10   Sakic et M. Vlado Knezevic.

 11   Ensuite, il a dit que, soi-disant, il a obtenu par lui-même cet

 12   équipement, alors que cet équipement lui a été donné par la personne en

 13   question. Et cette personne a été membre du HVO.

 14   Q.    Général Totic, le comportement que vous aviez à l'égard des hommes

 15   politiques, comment le définiriez-vous ?

 16   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je suis militaire et, à

 17   aucun moment je n'ai mis en question les dirigeants politiques. Je n'avais

 18   pas d'ambitions et je n'en ai toujours pas d'avoir des activités

 19   politiques.

 20   Je respectais la direction politique et les dirigeants politiques.

 21   Q.    Connaissez-vous une revue, un magazine qui s'appelle "Bojovnik"?

 22   R.    Oui.

 23   Q.    Pourriez-vous nous expliquer ce qu'est cette revue ?

 24   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, "Bojovnik" veut dire

 25   "soldat", c'est un combattant, soldat : le mot croate.


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  1   Q;    Est-ce qu'il y a un magazine qui a ce titre ? C'est une publication

  2   du HVO qui parle surtout de Zenica.

  3   R.    La publication qui a été éditée par Zenica portait le titre

  4   "Bojovnik", "Le soldat".

  5   Q.    Je vais demander à l'huissier de distribuer la pièce portant la cote

  6   Z376.1. La traduction en anglais sera celle dont je me servirai, vous la

  7   voyez à la deuxième page.

  8   Général, vous disposez d'une version en croate en annexe de ce document.

  9   Le journaliste de "Bojovnik", de ce magazine, vous a posé des questions

 10   dans le cadre d'un entretien en janvier, puisque ce numéro est sorti en

 11   juillet 1993.

 12   La question était celle-ci : "Etes-vous satisfait du dispositif adopté et

 13   de la répartition des promesses ?" Apparemment, c'est le plan Vance-Owen

 14   qui est en question.

 15   "-Je suis soldat et je donnerai mon soutien inconditionnel à tout ce qui a

 16   été créé ou convenu par les dirigeants croates élus. C'est mon devoir, et

 17   je suis sûr que ce sera le devoir aussi de tous les soldats croates."

 18   Etait-ce bien votre sentiment à l'époque ? Est-ce toujours votre sentiment

 19   aujourd'hui ?

 20   R.    Aujourd'hui, je le sens, et je pense qu'il est du devoir du soldat

 21   d'accepter tout ce que les dirigeants politiques décident, ce sur quoi ils

 22   se mettent d'accord de manière légitime et légale.

 23   Q.    Nous avons maintenant la pièce Z331. Là aussi, il s'agit d'un

 24   article de la revue "Bojovnik". Je vais vous poser une question à propos

 25   d'un court extrait de ce document.


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  1   Vous savez que la cérémonie de prise de serment à Zenica a été filmée.

  2   J'aimerais vous poser une question pour ce qui est de la réaction que vous

  3   avez eue à ce propos. Votre réponse se trouve dans la première page de la

  4   traduction. Je vous cite... ou plutôt, c'est celle de Kordic qui dit :

  5   "Je suis vraiment satisfait de voir la grande affluence qu'il y a

  6   aujourd'hui. Je suis heureux de pouvoir vous dire que nous sommes ici sur

  7   le territoire croate de la communauté croate d'Herceg-Bosna. Le territoire

  8   de Zenica était croate, il le demeure, et il le sera. Par conséquent, il

  9   l'est aujourd'hui et il demeurera communauté croate d'Herceg-Bosna, que

 10   cela plaise à certains ou pas".

 11   Est-ce que vous partagiez l'avis formulé à l'occasion de cette cérémonie

 12   par Kordic ? Sont-ce là bien vos avis à vous , vos vues ?

 13   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, la communauté croate

 14   d'Herceg-Bosna, comme je le considérais à l'époque, aujourd'hui également

 15   je le pense aussi, est une communauté qui a été créée pour protéger les

 16   intérêts croates dans l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine. On n'a jamais

 17   parlé de partition, et je n'ai d'ailleurs jamais pensé à cela.

 18   Q.    Une question : dans la page de garde, la première page de la

 19   traduction, il y a une remarque indiquant que le général Slobodan Praljak

 20   assistait lui aussi. L'avez-vous vu lors de cette cérémonie ?

 21   R.    Monsieur le Président, oui, je l'ai même salué. Le général Praljak a

 22   été officier avant, officier de l'armée croate ; au début de la guerre de

 23   Bosnie-Herzégovine, il est retourné en Bosnie-Herzégovine pour défendre

 24   son foyer, car le général Praljak est d'origine de Bosnie-Herzégovine, il

 25   est né en Bosnie-Herzégovine.


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  1   M. Sayers (interprétation) : Excusez-moi, permettez-moi d'interrompre le

  2   contre-interrogatoire. Je crois qu'il y a une erreur qui sera sans doute

  3   corrigée dans le compte rendu d'audience : mais à la page 33, lignes 23 à

  4   24, il y a une erreur.

  5   M. le Président (interprétation) : Excusez-nous.

  6   M. Sayers (interprétation) : Il y a apparemment une erreur dans le

  7   transcript. En français on dit : "avant que je sois officier de l'armée

  8   croate". Je pense que le général Totic a dit que c'était Praljak qui était

  9   dans l'armée.

 10   M. le Président (interprétation) : Oui.

 11   Mme Somers (interprétation) : Examinons la pièce Z444.1. Général Totic,

 12   cet ordre date du 6 février 1993, il a été signé de votre main. Ce qui

 13   m'intéresse, c'est uniquement le paragraphe n° 4 dudit ordre. Il est bien

 14   sûr adressé à tous les membres de votre brigade, la brigade Jure Francetic

 15   et il dit : "Indiquez de façon adéquate à tous les membres du HVO les

 16   dégâts que nous causons à nous-mêmes du fait de l'utilisation de

 17   salutations fascistes, et d'autres formes de salutation qui évoquent le

 18   fascisme. Le QG de Zenica et de la communauté croate d'Herceg-Bosna

 19   peuvent être utilisés afin de mettre en ordre cet ordre".

 20   Qu'est-ce que qui vous a poussé à émettre cet ordre ?

 21   R.    Ce qui me poussait à délivrer un tel ordre était une raison toute

 22   simple. A cette époque-là, en 1992, et même en 1993, un certain nombre

 23   d'individus arboraient des insignes différents qui associaient au passé

 24   fasciste, alors que l'option officielle, notre attitude officielle était

 25   de combattre de tels phénomènes. Nous, nous n'avions rien à faire avec


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  1   cela.

  2   Q.    L'utilisation d'un signe de l'armée de la HV constituait bien un

  3   problème dans votre région, n'est-ce pas ?

  4   R.    Non seulement on arborait les insignes de l'armée croate, c'est

  5   beaucoup plus des insignes allemands. Et les uniformes que l'on portait,

  6   on était fourni justement par de tels uniformes. Les insignes étaient

  7   quelque peu à la mode également que des soldats arborent des insignes

  8   différents.

  9   Q.    Je vais demander qu'on présente la pièce Z293.1. Le hasard de la

 10   traduction fait que nous ne possédions qu'une version en français. Je vais

 11   vous la soumettre maintenant. Nous aurons bientôt une version en anglais,

 12   pour les membres de la Chambre.

 13   Examinons le troisième paragraphe de cet ordre. Pourriez-vous dire aux

 14   Juges qui est Zoran Covic ?

 15   R.    Zoran Covic, Monsieur le Président, était mon suppléant au début

 16   de 1992, c'était au mois d'avril, ou plutôt au début du mois de mai. Quand

 17   le HVO a été créé, il était commandant de la cellule de crise. Il était

 18   chargé des questions militaires, puis il a été commandant de ce QG

 19   municipal. Le 9 juillet 1992, il est venu me remplacer à mon poste ainsi

 20   que par la suite dans la brigade Jure Francetic, jusqu'en février 1993.

 21   Q.    Auriez-vous l'obligeance de donner lecture de ce court paragraphe

 22   n°3, afin que les Juges reçoivent une traduction en anglais ?

 23   R.    "Les représentants du HV, qui étaient présents dans ces territoires,

 24   qui arboraient les insignes du HV, ont demandé de l'enlever, car avec ces

 25   problèmes-là on ne peut que poser des problèmes à la République de


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  1   Croatie." J'ai déjà dit qu'il n'y avait pas de formation organisée de la

  2   République de Croatie, il n'y avait que des individus qui venaient en

  3   Bosnie-Herzégovine pour défendre la Bosnie-Herzégovine. Et ils ont porté

  4   les uniformes et les insignes de là-bas.

  5   Q.    Pourriez-vous nous décrire les rapports ou la dynamique existant

  6   entre votre brigade et celle de Busovaca ? Comment s'appelle votre

  7   brigade, Nikola Zrinski ou Subic ?

  8   R.    Monsieur le Président, les rapports entre moi-même et le commandant

  9   de la brigade Nikola Subic Zrinski étaient très corrects. J'ai eu

 10   l'occasion de rencontrer à plusieurs reprises le commandant au siège du

 11   commandement de la zone opérationnelle.

 12   Q.    Savez-vous encore s'il y avait beaucoup d'échanges, d'effectifs et

 13   d'équipement entre votre unité et celle de Busovaca ?

 14   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il me paraît normal que

 15   nous ayons obligation de nous entraider.

 16   Q.    Et pour parvenir à un état de préparatifs complet en vue du combat,

 17   est-ce que vous vous entraidiez pour l'armement et l'équipement des

 18   troupes ?

 19   R.    Je ne comprends pas tout à fait votre question.

 20   Q.    Je vais la reformuler. Afin d'être tout à fait prêt à engager le

 21   combat, fallait-il également que vous vous aidiez les uns et les autres,

 22   la brigade Subic Zrinski recevant de l'aide de la brigade Francetic, et

 23   inversement ?

 24   R.    A l'une ou l'autre brigade. Cela a été assuré par la ligne de

 25   commandement. C'est donc au niveau de la zone opérationnelle qu'on


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  1   délivrait des ordres sur ce point-là.

  2   Q.    Je reviendrai sur ce point après. Je dois retrouver des documents

  3   qui se sont glissés en dessous de ma pile. Je vais d'abord vous poser une

  4   question relative à votre déposition. Vous avez déclaré que si on vous

  5   avait donné un ordre, plus précisément si Dario Kordic vous avait donné un

  6   ordre, vous avez dit dans le cadre de votre réponse que vous alliez

  7   relayer cet ordre via la voie hiérarchique. Et vous avez dit n'être au

  8   courant d'aucun ordre émis par Kordic, ordre qui aurait été exécuté par un

  9   membre du HVO. Est-ce bien exact ?

 10   R.    Oui, c'est exact. Je n'ai jamais entendu parler d'un tel ordre.

 11   Q.    Au cours de la déposition de nombreux témoins, la Chambre de

 12   première instance a eu l'occasion d'examiner la pièce Z100. C'est un ordre

 13   émis par Dario Kordic le 10 mai 1992, qui donnait l'ordre d'arrêter Dzemal

 14   Merdan. Vous saviez, n'est-ce pas, que Merdan avait été arrêté ? C'est

 15   bien ce que vous avez dit dans votre déposition ?

 16   R.    Je le sais parce que Merdan m'a parlé. C'est tout ce que je sais. Je

 17   ne sais pas autre chose.

 18   Q.    Je suppose que vous allez répondre que vous ne saviez pas que

 19   c'était Kordic qui avait émis l'ordre visant à son arrestation ?

 20   R.    Non, je ne suis pas au courant. Je ne le sais pas et je ne le crois

 21   pas.

 22   Q.    Puis-je vous demander si vous saviez ou pas que Dario Kordic avait

 23   donné l'ordre de démanteler la Défense territoriale à Busovaca, au cours

 24   du mois de mai 1992 ?

 25   R.    Je ne suis pas au courant.


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  1   Q.    Messieurs les Juges, pourrions-nous faire la pause 5 minutes plus

  2   tôt que prévu ; ceci me donnera l'occasion de rassembler mes documents et

  3   de progresser plus rapidement ?

  4   M. le Président (interprétation) : Oui, mais vous prévoyez encore combien

  5   de temps pour votre contre-interrogatoire ?

  6   R.    Pas plus tard que 13 heures. C'est certain.

  7   M. le Président (interprétation) : Une demi-heure de pause.

  8   (L'audience, suspendue à 10 heures 55, est reprise à 11 heures 35.).

  9   M. le Président (interprétation) : Maître Somers ?

 10   Mme Somers (interprétation) : Je vous remercie, Monsieur le Président.

 11   Pièce Z271.2, je vous prie. Nous en demandons le versement au dossier. Il

 12   y a une autre pièce, la pièce Z253.1 que nous allons présenter au témoin

 13   sans en demander le versement au dossier. Je traiterai de ces

 14   deux documents l'un après l'autre.

 15   Général, vous avez sous les yeux deux documents. Je vous demanderai

 16   d'examiner le premier simplement, qui n'est pas traduit. Je vais donc vous

 17   dire quelques mots au sujet de ce document. Il porte votre signature et la

 18   cote Z253.1 daté du 24 octobre 1992. Au deuxième point de ce document,

 19   nous lisons que "toutes les forces du HVO de Zenica sont en état d'alerte

 20   maximale".

 21   Pouvez-vous dire aux Juges, je vous prie, ce qui se passait à moment-là ?

 22   Et pouvez-vous expliquer pourquoi vos forces étaient en état d'alerte

 23   maximale ?

 24   M. Totic (interprétation) : Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 25   c'est la première fois que je vois ce document, et il s'est écoulé pas mal


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  1   de temps depuis les événements. Je ne sais pas exactement ce qui s'est

  2   passé à l'époque. Tout ce que je sais, c'est que c'est moi qui ai émis cet

  3   ordre sur la base d'un ordre reçu par moi de la zone opérationnelle de

  4   Bosnie centrale.

  5   Q.    Je vous demanderai, maintenant, d'examiner l'autre document daté du

  6   16 janvier 1993, celui qui porte la cote Z371.2. Il est daté, comme je

  7   viens de le dire, du 16 janvier 1993. Pouvez-vous nous indiquer, je vous

  8   prie, pourquoi sous votre signature cet ordre met également vos troupes en

  9   état d'alerte maximale ?

 10   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je lis dans cet

 11   ordre : "Suite à l'ordre du grand état-major du HVO et du

 12   commandement de la zone opérationnelle de Bosnie centrale" ; je

 13   ne faisais donc qu'exécuter un ordre.

 14   R.    Vous n'avez aucun souvenir personnel de la raison pour laquelle vous

 15   avez placé en état d'alerte maximale un grand nombre d'hommes ?

 16   R.    Je ne me rappelle pas, non.

 17   Q.    En quelques mots –je vous rappelle ce que vous avez dit il y a

 18   quelques instants- quel était le rapport existant entre votre brigade et

 19   la brigade Subic Zrinski de Zenica. Vous avez dit à cet égard qu'il

 20   existait un principe selon lequel les brigades s'entraidaient. Pouvez-vous

 21   nous dire, brièvement, combien de fois sur votre ordre une aide a été

 22   apportée à la brigade Nikola Subic Zrinski de Zenica ?

 23   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je ne saurais dire

 24   aujourd'hui à combien de reprises cela s'est passé. Je sais simplement que

 25   cette assistance a été fournie par moi.


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  1   Q.    Je répète que je ne demande pas le versement au dossier de ce

  2   document mais qu'il s'agit d'un document que je voudrais simplement

  3   présenter au témoin. C'est un document qui émane du témoin. Je demande

  4   qu'il soit placé sur le rétroprojecteur : cela nous aidera tous.

  5   Le premier document porte la date du 15 février 1993, si je ne m'abuse. La

  6   date est un peu difficile à lire, mais qu'en est-il du rapport entre votre

  7   brigade et la brigade de Busovca, décrit au point 4 de ce document ?

  8   Pouvez-vous le dire brièvement aux Juges ?

  9   R.    L'unité, lorsque qu'elle est regroupée, se met sous le commandement

 10   de la brigade Nikola Subic Zrinski ; ce que je lis dans le texte. Cela

 11   signifie qu'il s'agit d'événements survenus après les incidents de Dusina.

 12   Il y a un lien naturel entre la population croate des municipalités de

 13   Zenica et de Busovaca. J'avais un problème et je ne savais pas exactement

 14   ce que l'on pouvait faire.

 15   Il fallait se défendre parce que Busovaca avait été attaquée et la

 16   population s'était engagée dans cette défense. Ce qui est dit ici, au

 17   sujet de l'unité de Busovac, c'est qu'elle a été créée et immédiatement

 18   placée sous le commandement de la brigade Nikola Subic Zrinski. Il

 19   s'agissait exclusivement de tâches défensives destinées à défendre les

 20   villages de la région, rien d'autre.

 21   Q.    Et il est stipulé, dans cet ordre, qu'il s'agit d'activités

 22   uniquement défensives ?

 23   R.    Je savais de quoi il était question.

 24   Q.    Pouvez-vous répondre à ma question, je vous prie ? Cela est-il

 25   stipulé dans cet ordre écrit ?


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  1   R.    Ce n'est pas stipulé dans cet ordre écrit mais, moi, je sais

  2   ce qu'il en était dans les faits.

  3   Q.    Merci. Document suivant, je vous prie. L'ordre n'a pas d'importance.

  4   Pouvez-vous nous donner la date de ce document ? Et je demanderai à

  5   l'huissier de baisser le texte sur le rétroprojecteur. Merci, mais c'est

  6   un peu flou. Quelle est la date de ce document signé par vous ?

  7   R.    Au point 1 de ce document, nous lisons qu'il s'agit du 9 mars 1993.

  8   Q.    Au point 4 de ce document, quel est l'ordre que vous donnez ?

  9   R.    L'unité est placée sous le commandement de la brigade Subic

 10   Zrinski ; c'est-à-dire que quand une équipe revient une autre équipe prend

 11   la relève. Je n'ai pas le droit d'exercer le commandement dans la zone de

 12   responsabilité d'une autre brigade que la mienne.

 13   Q.    Merci. Y a-t-il quoi que soit dans ce document qui indique quelle

 14   est la nature des missions confiées à cette unité défensive ou offensive ?

 15   Quelque chose dans ce texte le stipule-t-il ?

 16   R.    Non.

 17   Q.    Document suivant, je vous prie. Général, pouvez-vous m'aider en me

 18   disant de quelle date il s'agit ? Je ne suis pas sûr de bien lire : est-ce

 19   un 2 ? Est-ce le mois de février ?

 20   R.    Je ne vois pas assez bien sur l'écran. Il est possible qu'il

 21   s'agisse du mois de février.

 22   Q.    Quel est l'ordre que vous donnez dans ce document ?

 23   R.    Messieurs les Juges, dans ce document, j'ordonne que le commandant

 24   de cette unité mixte envoie cinq pièces d'armement à la brigade Nikola

 25   Subic Zrinski. Il est indiqué, dans ce texte, que nous n'avions


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  1   l'intention d'attaquer personne. Vendredi, j'ai dit que nous avions été

  2   totalement surpris par l'attaque des Musulmans contre nous.

  3   Q.    Le mot "attaque" apparaît-il a quelque endroit que ce soit de cet

  4   ordre ? Si oui, cela a dû m'échapper ?

  5   R.    Le mot utilisé dans ce texte est "selon les besoins et dans le but

  6   de compléter les effectifs de la brigade Nikola Subic Zrinski" Monsieur le

  7   Président, Messieurs les Juges, si une brigade ne dispose pas de 5 obus,

  8   s'il lui manque 5 obus, quel est le commandant qui déclarerait dans ces

  9   conditions qu'il faut lancer une attaque ? Voilà la situation dans

 10   laquelle nous nous trouvions à l'époque. Nous ne pouvions même pas

 11   imaginer à ce moment-là d'attaquer qui que ce soit. Notre objectif n'était

 12   qu'un objectif défensif.

 13   Q.    Mais peut-être le mot "défense", dans ce texte, m'a-t-il échappé

 14   -s'il y figure ?

 15   R.    Ce n'est pas un ordre de combat.

 16   Q.    Merci beaucoup. Je demanderai à l'huissier de présenter au témoin la

 17   pièce Z371.1. Je rappelle que ces documents ne seront pas versés au

 18   dossier non plus. Je demanderai également la pièce Z309. J'aurai quelques

 19   questions au sujet de ces documents non versés au dossier.

 20   D'abord une question brièvement : pouvez-vous expliquer au paragraphe 1 de

 21   ce texte où nous lisons : "Des armes personnelles sont distribuées par le

 22   HDZ, Union démocratique croate et le HVO" ; pouvez-vous expliquer pourquoi

 23   le HDZ possède des armes et comment il peut les distribuer ? Il s'agit

 24   bien d'un parti politique, n'est-ce pas ?

 25   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, cet ordre date du


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  1   16 janvier 1993. J'y donne l'ordre que les armes personnelles soient

  2   reprises à leurs possesseurs, armes qui avaient été distribuées par le

  3   HDZ. Vous savez que le peuple s'est organisé lui-même et que des armes

  4   avaient été distribuées par la cellule de crise à la population, ainsi que

  5   par le HVO.

  6   Une fois qu'il a été constaté que ces armes avaient été de temps en temps

  7   distribuées à des personnes inaptes à porter les armes et à se battre,

  8   j'ai décidé et j'ai ordonné que les armes distribuées à des personnes

  9   correspondant à cette description soient restituées.

 10   Q.    Le HDZ est évoqué comme possédant des armes dans le document 309.1

 11   qui n'est pas traduit. Apportez-vous la même explication pour justifier

 12   qu'un organisme politique possède des armes eu égard à ce document ?

 13   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, le HDZ n'était pas

 14   propriétaire d'armes. Mais certaines personnes qui possédaient des armes

 15   et ne souhaitaient pas les restituer affirmaient les avoir reçues du HDZ.

 16   Q.    Vous avez été nommé à votre poste par Dominik Sakic, n'est-ce pas ?

 17   Le poste de commandant de brigade vous a été décerné par Dominik Sakic,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.    Non. Dominik Sakic qui était Président du HVO de Zenica ne pouvait

 20   que faire des propositions à ce sujet. Le poste de commandant de l'état-

 21   major municipal m'a été décerné par le commandant de la zone

 22   opérationnelle de Bosnie centrale et, plus tard, par le Président de la

 23   communauté croate d'Herceg-Bosna, Mate Boban. C'est sur la même

 24   proposition que j'ai été nommé au poste de commandant de brigade.

 25   Q.    Et Sakic a proposé votre candidature à ce poste, n'est-ce pas ?


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  1   R.    C'est possible, mais je ne n'en suis pas sûr. Je ne le sais pas avec

  2   certitude.

  3   Q.    Si cela peut vous rafraîchir la mémoire, je demande que l'on vous

  4   soumette la pièce Z172.1 qui ne sera pas versée au dossier.

  5   Peut-on la placer sur le rétroprojecteur, je vous prie ?

  6   Qu'est-il stipulé dans ce texte à votre sujet, dans ce texte qui est une

  7   décision ?

  8   R.    Dans ce texte, il est dit que c'est lui qui m'a nommé à mon poste,

  9   mais ce n'est pas le cas. C'est la première fois que je vois cette

 10   décision et ce n'est pas lui qui m'a nommé à mon poste. Je n'ai jamais vu

 11   cette décision jusqu'à aujourd'hui.

 12   Q.    C'est un texte daté du 28 juillet 1992 émanant du HVO. Très bien.

 13   Vous rappelez-vous un quelconque moment où il y aurait eu interaction

 14   entre vous-même et M. Sakic sur des questions de nomination à tel poste ou

 15   à tel autre, ou sur des questions liées à des décisions militaires ?

 16   Agissiez-vous séparément ou aviez-vous l'habitude de travailler en étroite

 17   collaboration l'un avec l'autre ?

 18   R.    Je n'ai jamais eu le moindre rôle politique. D'ailleurs, cela ne m'a

 19   jamais intéressé.

 20   Q.    J'aimerais, Général, vous poser une rapide question au sujet du

 21   document Z244.1.

 22   Monsieur l'huissier, je demande également, si cela ne vous pose pas trop

 23   de problème, la pièce 451.2. Encore une fois, je n'en demande pas le

 24   versement au dossier.

 25   Prenons d'abord la pièce 244.1. Apparemment, il s'agit de candidatures


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  1   pour un organe juridique de la communauté croate d'Herceg-Bosna. Ce texte

  2   semble émaner de Zenica. Il devrait être signé Dominik Sakic, président,

  3   mais c'est votre signature que l'on trouve dans ce texte, au bas de ce

  4   texte. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

  5   R.    Je ne me rappelle pas ce document, Monsieur le Président, Messieurs

  6   les Juges. Ce n'est pas un document émanant de moi.

  7   Q.    Mais ce n'est pas votre signature que l'on trouve au bas de ce

  8   document ?

  9   R.    La signature est peut-être la mienne, mais le document n'a pas été

 10   rédigé par moi, c'est certain.

 11   Q.    Regardons le document suivant, Z451.2 daté du 8 février 1993. On y

 12   trouve deux signatures, la vôtre et celle de Dominik Sakic. Pourquoi avez-

 13   vous eu à ajouter votre signature au bas de ce texte ? Pouvez-vous nous

 14   l'expliquer, je vous prie. D'ailleurs, je vous demanderai de prendre

 15   quelques minutes, si vous le voulez bien, pour lire rapidement les

 16   paragraphes que l'on trouve dans ce texte assez court.

 17   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, dans ce document, il est

 18   question d'une initiative du commandement des brigades de Zenica et de

 19   Vares, en vue de l'organisation d'une réunion commune destinée à discuter

 20   de la situation militaire et politique du moment sur le territoire des

 21   municipalités de Zepce, de Maglaj, de Vidovici, de Kakanj, de Vares et de

 22   Zenica, et de la coopération dans ces municipalités.

 23   Il est exact que j'ai signé ce document. Il a été élaboré, je pense, après

 24   l'adoption du plan Vance-Owen ou avant. Il était question, à ce moment-là,

 25   du fait que certaines municipalités devaient faire partie d'un district ou


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  1   d'une province séparée. Ces régions constituent d'ailleurs une province

  2   aujourd'hui.

  3   Q.    Auriez-vous l'amabilité, je vous prie, de lire le centre du

  4   paragraphe ?

  5   R.    "La réunion se tiendra le jeudi 11 février 1993. Elle débutera à

  6   midi dans la maison des Croates, ancienne maison de la Culture. Et les

  7   représentants du commandement des brigades ainsi que du HVO et le

  8   Président du HDZ devraient participer à cette réunion en provenance des

  9   diverses municipalités concernées".

 10   Q.    Merci beaucoup. Vous avez fait référence aux tribunaux militaires de

 11   district. Dans votre déposition, vous avez dit que ces tribunaux n'étaient

 12   pas influencés par les personnalités politiques.

 13   Puis-je vous demander aujourd'hui, Monsieur, si vous avez lu le Journal

 14   officiel qui traite de la création des tribunaux militaires en Herceg-

 15   Bosna ?

 16   R.    Je ne me rappelle pas. Je sais qu'il est paru mais je ne me rappelle

 17   pas.

 18   Q.    Vous rappelez-vous qui a nommé les juges des tribunaux militaires de

 19   district ?

 20   R.    Non, je ne sais pas. Cela n'a jamais fait partie de mon travail.

 21   Q.    Je vois. Donc c'est la première fois, si je comprends bien ce que

 22   vous nous dites, que vous entendez dire que la présidence de la communauté

 23   croate d'Herceg-Bosna nommait les juges à leur poste -je parle des juges

 24   des tribunaux militaires de district- sur recommandation du chef du

 25   département de la Défense de la communauté croate d'Herceg-Bosna. C'est


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  1   bien ce que vous dites dans votre déposition ? C'est la première fois que

  2   vous entendez dire que cela se passait de cette façon ?

  3   R.    Je pense que les procureurs des tribunaux militaires de district

  4   étaient nommés par les militaires. Il est possible qu'il y ait eu un

  5   commandant suprême au sommet.

  6   Q.    Bien mais, en fait, nous parlons des tribunaux militaires de

  7   district aujourd'hui. Je crois que c'est à eux que vous avez fait

  8   référence. Merci.

  9   Rapide question au sujet d'un homme dont vous avez parlé dans votre

 10   déposition : son nom est Dragutin ou Zvonimir Cicak.

 11   Quand êtes-vous rentré en Bosnie après avoir servi dans les rangs de l'ex-

 12   JNA ?

 13   R.    J'étais en Bosnie. J'ai servi dans les rangs de l'ex-JNA. J'ai été

 14   formé à Sabac, et je suis rentré de Sabac le 4 décembre 1991. A ce moment-

 15   là, j'ai été nommé au poste de commandant d'une compagnie sur le

 16   territoire de Bihac qui se trouve en Bosnie-Herzégovine.

 17   Q.    Etes-vous resté au courant des événements de Busovaca en 1991 ?

 18   Suiviez-vous ce que rapportait la presse ou utilisiez-vous les moyens

 19   d'informations électroniques pour rester au courant de ce qui passait à

 20   Busovaca ?

 21   R.    Durant l'année 1991, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je

 22   suivais des études et je résidais à Sarajevo. On parlait très peu à

 23   l'époque de Busovaca. Busovaca est une toute petite ville qui se trouve

 24   sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine.

 25   Q.    Donc vous n'avez pas suivi les publications par la presse du


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  1   dialogue entre Dario Kordic et Dragutin Cicak ?

  2   R.    Non.

  3   Q.    Donc vous n'étiez pas au courant des menaces proférées par Dario

  4   Kordic à l'encontre de M. Cicak par écrit, et qui ont fait l'objet de ces

  5   publications ?

  6   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je dis en toute

  7   responsabilité que je n'ai jamais été au courant d'un quelconque échange

  8   entre ces hommes. Simplement, lorsqu'une délégation commune de l'armée à

  9   laquelle participait M. Cicak, j'ai été informé de cela. C'est à ce

 10   moment-là que je me suis rendu compte de la haine qu'il avait pour Dario

 11   Kordic...

 12   Q.    Voulez-vous terminer votre réponse ?

 13   R.    De la haine qu'il avait pour Busovaca. J'ai terminé ma réponse. Et

 14   la raison pour laquelle existait cette animosité chez M. Cicak; eh bien,

 15   je ne la connais absolument pas. Je n'en suis pas informé.

 16   Q.    Vous êtes-vous senti offensé par M. Cicak qui est un Bosniaque

 17   d'origine croate, par le fait qu'il soit apparu devant vous en portant

 18   l'uniforme de la Défense territoriale ? Cela vous a-t-il offensé ?

 19   R.    Oui, cela m'a blessé en tant qu'homme et en tant que Croate car un

 20   homme qui avait été Président de l'Union démocratique croate et qui m'a

 21   dit ce jour-là qu'il avait été Président à Busovaca, eh bien je n'ai pas

 22   pu admettre ou comprendre qu'il puisse proférer des propos aussi

 23   insultants, aussi injurieux à l'égard d'un autre Croate et qu'il soit

 24   passé dans les rangs de la Défense territoriale. Cela, en tant qu'homme et

 25   en tant que commandant, m'a profondément blessé.


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  1   Q.    Mais ma question était un peu différente. Cela vous a-t-il offensé

  2   parce qu'il était croate et qu'il portait un uniforme associé avec autre

  3   chose que le HDZ ?

  4   R.    Non, je n'ai pas discuté de cela avec lui.

  5   Q.    Cela vous a-t-il offensé que Stjepan Siber qui était également un

  6   Croate ait un grade élevé au sein de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  7   R.    Ce qui m'a blessé, c'est que le colonel Stjepan Siber, alors que

  8   nous, Croates de Bosnie-Herzégovine étions victimes d'une agression et

  9   menacés de ce que je qualifierais d'anéantissement par l'armée des Serbes

 10   de Bosnie d'abord, mais en deuxième lieu par l'armée de Bosnie-

 11   Herzégovine, eh bien, le fait que dans ces conditions le colonel Stjepan

 12   Siber fasse partie de l'armée de Bosnie-Herzégovine m'a blessé.

 13   Q.    Est-ce qu'à quelque moment que ce soit, après votre départ de l'ex-

 14   JNA, vous avez envisagé de rejoindre les rangs de l'armée de Bosnie-

 15   Herzégovine ?

 16   R.    Non, parce que dès le départ, Monsieur le Président, Messieurs les

 17   Juges, il était facile de voir où les événements de Bosnie-Herzégovine

 18   allaient. La Défense territoriale, c'était une farce. L'armée de Bosnie-

 19   Herzégovine est issue de la Ligue patriotique et de l'aile militaire du

 20   SDA.

 21   Q.    Après votre captivité, après votre remise en liberté, avez-vous eu

 22   connaissance d'une enquête qui aurait été menée au sujet des circonstances

 23   dans lesquelles vous aviez été enlevé ? Je vous demanderai d'examiner à

 24   cet égard le document Z658.1.

 25   R.    Oui, Monsieur le Président, je connais tout cela en ce qui concerne


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  1   ces documents : c'est moi qui les ai remis au représentant de ce Tribunal,

  2   M. Stefan Obers ; et pas uniquement ces documents, mais également toute

  3   une série d'autres documents sur la base de quoi la procédure pénale a été

  4   entamée devant le tribunal de district de Travnik, à siège Vitez.

  5   Q.    Par conséquent, ce document qui est daté du 15 avril, représente les

  6   efforts déployés par les autorités officielles de Zenica. Apparemment, ces

  7   efforts concernent plusieurs groupes ethniques : on demandait à ces

  8   groupes d'examiner sérieusement les circonstances qui avaient entouré ce

  9   meurtre, votre enlèvement, plus exactement.

 10   Est-ce bien exact ? S'agissait-il d'une véritable enquête ?

 11   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, on peut voir clairement

 12   de ce document qu'il s'agit d'un rapport, donc, sur le constat qui a été

 13   dressé par le tribunal, district militaire de Zenica. C'est un tribunal

 14   qui a été créé par les représentants de l'armée. A cette époque-là, plus

 15   de 97 % des membres étaient des Musulmans, d'une origine musulmane.

 16   Q.    Avez-vous jamais reçu des récompenses ou des distinctions pour le

 17   rôle militaire que vous avez joué à cette époque, de la part de la

 18   République de Croatie ?

 19   R.    Monsieur le Président, en ce qui concerne la République de Croatie,

 20   j'ai la médaille qui m'a été décernée pour avoir participé aux combats de

 21   défense en été, qui a été appelé "l'orage", "le torrent". J'ai également

 22   une décoration croate du trèfle.

 23   Q.    Pouvons-nous maintenant examiner la pièce Z476.2 ? Nous n'avons que

 24   la version en langue originale. Je crois que nous entendrons les

 25   explications du témoin, et je pense que tout sera clair s'il n'y a pas de


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  1   problème du côté des autres langues.

  2   Examinons maintenant la rubrique n° 82 dans ce document. On y voit bien

  3   votre nom, Monsieur ?

  4   R.    Monsieur le Président, j'ai déjà précisé tout à l'heure que j'ai été

  5   décoré par la décoration croate du trèfle. C'est sous le point 82,

  6   effectivement, c'est mon nom.

  7   Q.    Je comprends, mais que voit-on sous votre nom et le numéro de série

  8   ou votre numéro ? On voit quelques mots en dessous.

  9   R.    "Le commandement de la zone opérationnelle de Vitez" : à cette

 10   époque-là, j'étais à ce commandement. D'ailleurs, j'y ai passé toute la

 11   guerre, depuis que j'ai été échangé jusqu'à 1997.

 12   Q.    Pourriez-vous expliquer à la Chambre ce qu'est cet ordre du trèfle

 13   croate et à quelles occasions décerne-t-on cette distinction ?

 14   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je ne peux pas vous

 15   donner la réponse à cette question, je ne sais pas quelles sont les

 16   raisons pour lesquelles on décore de cet ordre les personnes. Mais je

 17   pense que c'est la défense des intérêts croates, probablement, et ces

 18   décorations ont suivi les résultats obtenus lors des opérations de

 19   libération car il y avait un accord de Split, et sur la base de cet

 20   accord, les unités croates pouvaient rentrer en Bosnie-Herzégovine pour

 21   pouvoir aider la libération des territoires qui, auparavant, avaient été

 22   occupés par les Serbes de Bosnie. C'est après la signature des accords de

 23   Dayton que toutes ces formations ont été retirées et sont restées

 24   uniquement au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine.

 25   Q.    Qui a signé ce document qui vous accordait une distinction dont vous


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  1   ne connaissez pas la nature ? Selon vous, quel est le nom qui apparaît

  2   sous forme de signature à la toute dernière page de ce document ?

  3   R.    Le Président de la République de Croatie, le défunt docteur Franjo

  4   Tudjman.

  5   Q.    Dernière pièce, Z1466.2. Vous y trouverez en annexe un résumé et je

  6   crois -j'espère, du moins-, que ceci vous suffira pour la question que

  7   j'ai l'intention de poser.

  8   Général, ceci concerne le district militaire de Vitez. Nous voyons votre

  9   nom à la première page en langue croate, je ne me trompe pas, vers le

 10   milieu, sous le point b. Je crois que vous êtes en cinquième position sous

 11   le petit b et qu'on voit votre signature à côté, au regard de votre nom ?

 12   R.    Monsieur le Président, j'avoue que je ne comprends pas tout à fait.

 13   Je sais, je vois que je suis à la cinquième place, mais ceci ne veut

 14   strictement rien dire. Il s'agit tout simplement du fait que j'ai reçu le

 15   grade tel et tel.

 16   Q.    Exact. Et au-dessus de votre nom, et plus précisément sous le petit

 17   "a", on trouve en troisième position, pour le grade de général de brigade

 18   ou de colonel, on voit le nom de Dario Kordic, est-ce que vous le voyez ?

 19   R.    : Oui, je vois ce nom. Je vois également la signature. Je ne sais

 20   pas si c'est sa signature, je ne la reconnais pas. Après tout, je ne vois

 21   pas pourquoi les hommes politiques auraient dû recevoir également des

 22   grades sans avoir pour autant un rôle de délivrer des ordres.

 23   Q.    Vous avez reçu ce grade, vous avez pris la chose tout à fait au

 24   sérieux et vous avez exécuté les fonctions qui allaient de paire avec ce

 25   grade car il s'agissait d'une fonction de responsabilité, n'est-ce pas ?


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  1   R.    En ce qui me concerne, oui.

  2   Q.    Je vous remercie. Est-ce que vous avez jamais eu l'occasion de vous

  3   entretenir avec le colonel Dario Kordic, pour ce qui est de ses rapports

  4   avec M. Boban ? Vous avez dit n'avoir jamais rencontré Boban, mais est-ce

  5   que vous avez parlé avec Kordic de Boban ?

  6   R.    En ce qui concerne Dario Kordic, je n'ai jamais parlé avec lui au

  7   sujet de M. Mate Boban.

  8   Q.    Est-ce que vous avez eu l'occasion de discuter de quoi que ce soit

  9   en rapport avec feu le Président Tudjman avec Dario Kordic ?

 10   R.    Non plus.

 11   Q.    Par conséquent, si je vous ai bien suivi, vous n'avez aucune

 12   connaissance des rapports qu'avait Dario Kordic soit avec Mate Boban soit

 13   Franjo Tudjman ? Vous n'êtes pas du tout au courant ?

 14   R.    Mais, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, comment voulez-

 15   vous que je le sache ? Je n'en ai aucun idée.

 16   Q.    Je vous remercie, je n'ai plus de question à poser à ce témoin.

 17   M. Sayers (interprétation) : Je n'ai pas de questions supplémentaires.

 18   M. le Président (interprétation) : Général Totic, merci d'être venu

 19   déposer devant le Tribunal pénal international. Votre déposition est ainsi

 20   terminée, vous pouvez disposer.

 21   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 22   M. le Président. - Oui, Maître Naumovski ?

 23   M. Naumovski (interprétation) : Je suis sûr que notre témoin suivant est

 24   déjà prêt pour venir déposer. Il s'appelle Luka Sekerija.

 25   Mme Somers (interprétation) : Je sais que M. Nice veut participer à


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  1   l'audience, est-il possible de lui faire savoir que la déposition va

  2   commencer ?

  3   M. le Président (interprétation) : Eh bien, nous attendons le témoin,

  4   veillez à ce que M. Nice vienne dans l'intervalle.

  5   (M. Nice entre dans le prétoire.)

  6   (Le témoin, Luka Sekerija, est introduit dans le prétoire.)

  7   (Le témoin est interrogé par M. Naumovski.)

  8   M. le Président (interprétation) : Monsieur le Témoin, veuillez donner

  9   lecture de la déclaration solennelle.

 10   M. Sekerija (interprétation) : Je déclare solennellement que je dirai la

 11   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 12   M. le Président (interprétation) : Veuillez vous asseoir, Monsieur.

 13   Maître Naumovski, vous avez la parole.

 14   M. Naumovski (interprétation) : Merci Monsieur le Président. Bonjour,

 15   Monsieur Sekerija.

 16   M. Sekerija (interprétation) : Bonjour et je veux bien dire bonjour à tout

 17   le monde dans ce prétoire.

 18   Q.    Pouvez-vous dire votre nom et votre prénom et votre identité ?

 19   R.    Je m'appelle Luka Sekerija, je suis né le 29 août 1954 dans le

 20   village de Ploce, municipalité Uskoplje, qui est également sous la

 21   dénomination de Gornji Vakuf. Je suis Croate de Bosnie et je suis de

 22   confession catholiques ressortissant de Bosnie-Herzégovine.

 23   Q.    Merci. Dites-nous, s'il vous plaît, ce que vous avez fait comme

 24   formation. Je vais vous guider quelque peu. Je suis sûr qu'on ne fera pas

 25   d'objection, ceci pour accélérer le procès. Vous avez fait le lycée à


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  1   Uskoplje, ensuite, une école d'administration à Novi Sad, en Voïvodine ?

  2   R.    Oui.

  3   Q.    Je vais vous rappeler d'attendre la fin de mes questions. Ménagez

  4   les pauses, c'est indispensable pour que les interprètes puissent faire

  5   leur travail correctement.

  6   R.    Je vous comprends.

  7   Q.    Vous êtes marié, vous avez quatre enfants et vous habitez le village

  8   de Trnovace, dans la municipalité Uskoplje ?

  9   R.    Oui.

 10   Q.    Actuellement, vous êtes à la retraite mais vous travaillez de temps

 11   à autre au gouvernement municipal à Uskoplje en qualité de conseiller

 12   chargé des questions de l'Etat ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Et encore un détail : avant d'aller en retraite, vous aviez le grade

 15   de général de brigade au sein du HVO, n'est-ce pas ?

 16   R.    Oui.

 17   Q.    Vous êtes le premier témoin qui va déposer sur Uskoplje, c'est la

 18   raison pour laquelle j'aimerais vous poser quelques questions concernant

 19   le cadre général. En ce qui concerne Uskoplje ou Gornji Vakuf, la Chambre

 20   sait que les Croates ont une municipalité qui s'appelle Uskoplje, alors

 21   que les Musulmans appellent leur municipalité Gornji Vakuf.

 22   Quelques questions en ce qui concerne le recensement : en 1991, vous étiez

 23   à peu près 10 000 Croates qui habitaient ce territoire. Combien d'autres

 24   peuples ?

 25   R.    Il est vrai que les Croates étaient un peu plus que 10 000, 10 700 ;


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  1   1000 Musulmans de Bosnie et 1000 Serbes de Bosnie, ainsi que quelques

  2   autres communautés.

  3   Q.    Le village où vous êtes né, le village de Ploce, était habité par

  4   quel peuple ?

  5   R.    C'était exclusivement la population croate, c'est donc le village où

  6   je suis né.

  7   Q.    Il a été question également des premières élections pluripartites

  8   qui ont été organisées à la fin de 1990 dans la municipalité de Uskoplje ?

  9   R.    Premièrement, le parti politique principal des Croates de Bosnie,

 10   donc le HDZ, a obtenu 45 % de voix sur la totalité de ce qui ont voté. Le

 11   SDA, le parti des Musulmans, a obtenu environ 50 % de voix. Sur la base

 12   des résultats, le HDZ et le SDA ont créé leur gouvernement conjoint. A

 13   Uskoplje, le maire était musulman, Muhamed Palalic. Le président du

 14   gouvernement municipal ou du conseil exécutif également était Zalko

 15   Batinic, croate.

 16   Q.    Nous allons revenir à quelques données qui vous concernent

 17   personnellement. Et c'est le chapitre C, paragraphe 9. Monsieur Sekerija,

 18   entre le 10 septembre 1974 et novembre 1975, vous avez suivi une école

 19   d'infanterie de réserve, à Pilica, en Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 20   R.    Oui, c'est exact.

 21   Q.    Une fois que vous êtes sorti de cette école, vous avez rejoint la

 22   Défense territoriale à Gornji Vakuf, n'est-ce pas, en tant que

 23   professionnel ?

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Au sein de la Défense territoriale, à Uskoplje, vous êtes resté une


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  1   quinzaine de jours, depuis le 20 septembre 1976 jusqu'en septembre 1991,

  2   n'est-ce pas ?

  3   R.    Oui, tout à fait.

  4   Q.    Une fois que vous avez terminé cette carrière, vous aviez quel

  5   grade, s'il vous plaît ?

  6   R.    Quand j'ai quitté la Défense territoriale, qui a cessé d'exister,

  7   j'avais le grade de capitaine première classe.

  8   Q.    A la Défense territoriale, pendant tout ce temps-là, pendant que

  9   vous y étiez, outre vous-même, comme professionnels, il y avait un nombre

 10   assez important de professionnels, si je puis m'exprimer ainsi. Vous étiez

 11   11 officiers professionnels, si je ne m'abuse ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Pourriez-vous nous donner les noms de ces commandants pendant que

 14   vous étiez à la Défense territoriale ?

 15   R.    Onze de mes collègues ont travaillé avec eux, neuf Musulmans de

 16   Bosnie, un Serbe et moi-même, croate. En tant que croate, je n'ai jamais

 17   pu être nommé commandant de cet état-major de la Défense territoriale ou

 18   du commandement.

 19   Q.    Et qui a été commandant ?

 20   R.    Tous étaient des Musulmans, y compris Fahrudin Agic, qui était le

 21   tout dernier et qui est resté à ce poste jusqu'au début de la guerre.

 22   Q.    Merci. Nous pouvons passer au paragraphe 12, si vous voulez bien.

 23   Par conséquent, vous avez, si je puis dire, terminer votre carrière à

 24   Défense territoriale en septembre 1991. En avril 1992, vous avez rejoint

 25   le HVO ? C'étaient les premières formations et vous vous êtes rendu à


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  1   Kupres étant donné que l'armée des Serbes de Bosnie a déjà commencé des

  2   opérations militaires, n'est-ce pas ?

  3   R.    Oui, tout à fait car la frontière entre Kupres et ma municipalité se

  4   trouve à cet endroit-là. C'est la raison pour laquelle, avec

  5   90 volontaires, je suis allé en renfort à Kupres pour lutter contre

  6   l'armée des Serbes de Bosnie. Jusqu'au 10 avril 992, nous sommes restés

  7   sur ces positions. C'est à ce moment-là que nous nous sommes retirés de

  8   ces positions parce que les Serbes ont pris les positions.

  9   Q.    Ils étaient plus puissants sur le plan militaire, n'est-ce pas ?

 10   R.    Oui, tout à fait.

 11   Q.    Par conséquent, votre motivation pour aller combattre l'armée, l'ex-

 12   JNA qui s'est transformée en armée des Serbes, était pour des raisons de

 13   défense ?

 14   R.    Oui, exclusivement pour la défense. Je vous ai déjà dit que notre

 15   municipalité a une frontière en passant par le massif montagneux de Radusa

 16   avec Kupres.

 17   Q.    Au moment où vous avez rejoint le HVO -nous pouvons l'appeler comme

 18   ça-, qui était le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie

 19   centrale ?

 20   R.    Au moment où nous avons formé cette zone opérationnelle, le premier

 21   commandant était Zarko Tole, qui était général de brigade. Il est resté un

 22   certain temps. Ensuite, les Serbes de Bosnie l'ont capturé. Je ne sais

 23   plus ce qui s'était passé avec lui. Après, je l'ai appris, mais pas tout

 24   de suite.

 25   A la fin du mois d'avril, il a été remplacé par Ivan Zorica surnommé


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  1   "Zulu". Il était à la tête de la zone opérationnelle. A la fin du mois de

  2   juin de cette même année, il a été remplacé -je parle de Zulu- par Tihomir

  3   Blaskic.

  4   Q.    Au moment où le colonel Blaskic a été nommé commandant de la zone

  5   opérationnelle, vous avez déjà travaillé au QG. Je ne sais pas si on peut

  6   l'appeler véritablement QG. C'était le moment où l'on a commencé à mettre

  7   en place l'état-major. Vous étiez déjà sur place ?

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Vous étiez à l'état-major depuis mai 1992 jusqu'à janvier 1993, je

 10   pense, à cet endroit-là ?

 11   R.    Oui, vous avez raison.

 12   Q.    Pourriez-vous nous dire où était le siège de l'état-major de la zone

 13   opérationnelle ces premiers mois, au moment où vous avez rejoint ce

 14   commandement ?

 15   R.    La zone opérationnelle de Bosnie centrale a été créée par le général

 16   Zarko Tole. Le siège était à l'usine "Jasa" à Uskoplje. Moi-même, j'ai

 17   également été nommé chef de cet état-major, avec le siège au même endroit.

 18   Il y avait également un officier de permanence, le feu Fontana, ensuite

 19   Salih Omerovic qui était chargé d'artillerie. Lui aussi est décédé.

 20   Nous avons essayé, par conséquent, de nous organiser au sein de cette zone

 21   opérationnelle. Mais très peu après, 10 jours plus tard, l'armée des

 22   Serbes de Bosnie capture Zarko Tole, l'emmène en prison. Il a été remplacé

 23   par Zulu qui est resté à ce poste-là pendant un certain temps. A la fin du

 24   mois de juin, le commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale a

 25   été nommé, le colonel Tihomir Blaskic.


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  1   Q.    Quand le colonel Blaskic est arrivé, le quartier général a été

  2   transféré quelque part. Où, s'il vous plaît ?

  3   R.    Dix jours après son arrivée, le QG a été transféré au motel Lanvax,

  4   municipalité de Vitez. C'était à Krstica.

  5   Q.    Et plus tard ?

  6   R.    Plus tard, quand ils ont été obligés de se déplacer, ce

  7   commandement, cet état-major a été transféré à l'hôtel Vitez -je pense que

  8   c'est comme ça- où ils sont restés jusqu'à la fin de la guerre.

  9   Q.    Vous venez de dire que vous étiez le chef d'état-major. Vous étiez

 10   donc d'abord membre de l'état-major, ensuite le chef depuis le mois de

 11   mai 1992 jusqu'en janvier 1993. Mais pour être précis, il serait utile

 12   également de préciser que, pendant un mois, vous étiez en congés. Vous

 13   étiez absent. Je pense que c'était entre septembre et octobre 1992.

 14   R.    Oui, c'est vrai. J'ai été blessé à Jajce lors des opérations avec

 15   des Serbes de Bosnie. J'ai eu la clavicule fracturée. J'avais d'autres

 16   blessures également. On m'a mis du plâtre sur la clavicule. Entre un mois,

 17   un mois et demi à peu près, j'étais en congé maladie.

 18   Q.    Merci. Je pense qu'il y a un détail qu'il faut corriger dans le

 19   compte rendu. J'ai parlé du mois de mai 1992 et pas de 1952. Dans le

 20   compte rendu, il est marqué 1952 mais c'est une erreur de frappe, j'en

 21   suis sûr.

 22   Dites-nous, s'il vous plaît, vous étiez chef d'état-major au moment où

 23   M. Franjo Nakic également a été nommé. C'est vous qui lui avez remis les

 24   fonctions, n'est-ce pas ?

 25   R.    Oui. Je vous ai dit que j'ai été blessé. Comme les activités ne


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  1   pouvaient pas s'arrêter parce qu'il y avait bien évidemment des activités

  2   permanentes qui se déroulaient. Moi, je ne pouvais pas pour des raisons

  3   personnelles et de santé, je ne pouvais pas rester à ce poste de chef de

  4   l'état-major. C'était fin 1992 et début 1993.

  5   C'est pour cela que je lui ai remis mes fonctions. Je suis retourné dans

  6   ma municipalité Uskoplje.

  7   Q.    Par conséquent, c'est vous-même qui avez pratiquement remis les

  8   fonctions à Franjo Nakic, et vous avez travaillé avec lui un petit peu.

  9   R.    Oui.

 10   Q.    Vous êtes retourné dans votre municipalité à Uskoplje. Vous êtes

 11   devenu également le chef de l'état-major. Qui était le commandant ?

 12   R.    Zrinko Tokic. Il est actuellement à la Fédération de Bosnie-

 13   Herzégovine.

 14   Q.    Nous allons passer au paragraphe 17. Pourriez-vous nous dire

 15   également quelle était la composition de la brigade Ante Starcevic ?

 16   Pouvez-vous nous dire également, s'il vous plaît, qui étaient les soldats,

 17   les militaires qui faisaient partie de cette brigade ? Mais attendez, s'il

 18   vous plaît, avant de donner la réponse pour ménager des pause et faciliter

 19   le travail des interprètes. Je vous l'ai déjà dit.

 20   R.    D'accord. Merci.

 21   Tous les membres de la Brigade d'Ante Starcevic à Uskoplje étaient des

 22   Croates locaux -si je peux dire ainsi-, du territoire d'Uskoplje. Parmi

 23   ces soldats, il y avait un certain nombre également de volontaires qui

 24   sont rentrés de Croatie. Ils étaient membres de l'armée de Croatie mais

 25   ils sont arrivés sur le territoire de Uskoplje pour défendre leur propre


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  1   foyer et leur propre famille.

  2   Il y avait 7 personnes, 7 hommes, si vous voulez, qui sont arrivés de

  3   Croatie. Sur les sept, deux ont été tués pendant la guerre, un a été

  4   blessé, deux ont quitté le territoire et sont partis aux Etats-Unis, et

  5   deux se trouvent encore à Uskoplje.

  6   Q.    Encore une autre donnée : est-ce qu'il s'agissait des soldats ou,

  7   éventuellement, y avait-il des officiers parmi ces gens-là ?

  8   R.    Il s'agissait uniquement des hommes de l'armée croate qui sont

  9   retournés dans leur municipalité d'origine et qui se sont joints aux

 10   unités du HVO. Ou, pour parler très précisément, ils ont rejoint les rangs

 11   de la brigade du Dr Ante Starcevic.

 12   Q.    Au moment où vous avez commencé à créer vos formations à Uskoplje,

 13   Uskoplje faisait partie de la zone opérationnelle de la Bosnie centrale.

 14   Mais au moment où vous êtes arrivé comme le chef de l'état-major en

 15   janvier, la brigade du Dr Ante Starcevic faisait partie d'une autre zone

 16   opérationnelle, n'est-ce pas ?

 17   R.    Oui, vous avez parfaitement raison. A cette époque-là, la brigade du

 18   Dr Ante Starcevic d'Uskoplje a été commandée par la zone opérationnelle

 19   Tomislavgrad. Le commandant de l'époque était le colonel Zeljko Siljeg.

 20   Q.    Encore une autre petite question, sil vous plaît. Qui, dans le cadre

 21   de cette hiérarchie militaire, était supérieur à ces zones

 22   opérationnelles ?

 23   R.    Toutes les zones opérationnelles ont été commandées par l'état-major

 24   principal qui, à cette époque-là, siégeait à Grude.

 25   Q.    Quand vous parlez de l'état-major principal du HVO, il faut peut-


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  1   être préciser à la Chambre qu'il changeait des sièges ?

  2   R.    Oui. D'abord à Grude, ensuite à Poculice, et enfin à Mostar.

  3   Q.    Merci. Nous pouvons poursuivre.

  4   Nous sommes arrivés au paragraphe 19. Vous avez donc habité ce territoire.

  5   Vous traversiez les épreuves quotidiennes, la Chambre a déjà appris tout

  6   ce qui s'est passé en Bosnie-Herzégovine en 1992 et plus tard.

  7   Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, quelle était la situation des

  8   Croates dans le territoire de Bosnie-Herzégovine plus largement parlant ?

  9   Et quelles étaient les opérations entreprises par d'autres forces,

 10   notamment par l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 11   R.    Eh bien, tout d'abord, en ce qui concerne les dirigeants musulmans,

 12   à la fin 1992 début 1993, ils avaient déjà opté pour un objectif. C'était

 13   un objectif stratégique d'expulser les Croates de la Bosnie centrale pour

 14   faire venir les Musulmans dans ces territoires, les faire venir des

 15   régions où ils habitaient auparavant et d'où ils avaient été chassés par

 16   les Serbes de Bosnie.

 17   Q.    Dites-nous juste quelques mots en ce qui concerne les objectifs

 18   stratégiques, pour ce qui est de l'industrie militaire ?

 19   R.    Ces objectifs sont les suivants : l'armée de Bosnie-Herzégovine

 20   -enfin, ils s'appelaient l'armée de Bosnie-Herzégovine ou des Musulmans de

 21   Bosnie-, pour aboutir à cet objectif s'est emparée de toutes les usines

 22   militaires, toutes les usines qui fabriquaient les munitions, l'armement,

 23   etc.

 24   Tout d'abord, il y a l'usine pour fabrication de munitions de calibre 7 et

 25   12 millimètres. Elle se trouvait à Konjic et s'appelait Igman Konjica.


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  1   Ensuite Brastvo à Novi Travnik qui produisait tous types de fusils

  2   d'infanterie et d'artillerie. Ensuite, Slavko Rodic à Bugojno qui

  3   fabriquait des lance-roquettes de calibre 70 mm, la grenade M 75 mm qui a

  4   été interdite ; ensuite, tous types de capsules, de détonateurs pour

  5   grenades, mines, etc. Il y avait juste une petite partie qui est restée

  6   pour pouvoir réunir toutes ces usines : c'était l'usine de Vitez, Slobodan

  7   Princip Selo. C'est comme cela qu'elle a été dénommée dans l'ex-

  8   Yougoslavie.

  9   Q.    Monsieur, vous avez été formé en tant qu'officier à l'armée. D'après

 10   vous, si l'armée de Bosnie-Herzégovine avait réussi à prendre Slobodan

 11   Princip Selo, qu'est-ce que cela aurait voulu dire du point de vue

 12   militaire ?

 13   R.    Ils auraient donc possédé le processus de production. Au total, tous

 14   ceux qui étaient indispensables pour aboutir à ce qu'ils se sont proposé,

 15   par conséquent d'expulser tous les Croates de ces territoires. Et je suis

 16   reconnaissant à Dieu et à tous ceux qui ont lutté pour que ceci ne se

 17   produise pas, parce que sinon on ne sait pas où on aurait été aujourd'hui.

 18   Q.    Vous êtes d'accord avec moi pour dire que Uskoplje, en tant que

 19   ville, revêtait une importance stratégique capitale puisque c'était au

 20   carrefour de deux grandes artères qui reliaient la Bosnie-Herzégovine au

 21   sud, donc avec le centre et le nord ?

 22   R.    Oui.

 23   Q.    Nombreux sont ceux qui ont déjà dit que, au fond, il y avait

 24   plusieurs guerres qui se jouaient, pas seulement en Bosnie centrale, qu'il

 25   y avait une guerre qui se menait pour les routes ?


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  1   R.    Eh bien, c'est ce qu'on a dit à l'époque, on a qualifié cette guerre

  2   pour obtenir les moyens de communication et pour obtenir le territoire.

  3   Q;    Oui, mais d'abord il faut tenir les routes, les voies d'accès afin

  4   d'amener le réapprovisionnement ?

  5   R.    Absolument, parce que celui qui tenait la route pouvait se procurer

  6   tout le matériel nécessaire, nécessaire pour les soldats qui faisaient la

  7   guerre. Il fallait des vivres, des armes, tout ce qui était nécessaire

  8   pour assurer la défense dans la guerre.

  9   Q.    Monsieur Sekerija, avant de passer au paragraphe 21, avant de parler

 10   du conflit qui a éclaté le 11 janvier 1993, consacrons quelques mots à

 11   ceci : est-ce qu'il y a eu des incidents armés importants auparavant ?

 12   Pouvez-vous donner des exemples significatifs ?

 13   R.    Oui. Le premier incident opposant le Conseil croate de Défense et

 14   l'armée musulmane, tout du moins dans la région ou dans la zone où je me

 15   trouvais, s'est produit le 17 juin 1992 au moment où les dirigeants ont

 16   proclamé musulman notamment un monsieur qui était surnommé "Paraga" : il

 17   s'appelait Anefija Prijic. Il a enlevé ou détourné des véhicules, il a

 18   attaqué deux véhicules qui transportaient des soldats du HVO. Il les a

 19   désarmés et il a placé les véhicules dans la piscine municipale. Il y

 20   avait peut-être 20 ou 30 centimètres d'eau dans la piscine à l'époque.

 21   J'étais présent, il se fait que j'étais là sur place. J'ai pris contact

 22   avec les commandants musulmans pour leur demander qu'ils fassent tout ce

 23   qui était en leur pouvoir pour empêcher qu'éclate un conflit.

 24   Nous avons réussi à rétablir le calme, en tout cas à calmer les tensions.

 25   Mais c'est ce jour-là que nous avons eu nos premières victimes. Deux


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  1   soldats croates ont été tués, mais nous avons réussi à faire sortir les

  2   personnes qui étaient emprisonnées.

  3   C'est à ce moment-là qu'est née la discorde ou la méfiance entre les

  4   groupes ethniques.

  5   Q.    Merci. Toujours en 1992, n'y a-t-il pas eu un conflit important ?

  6   R.    Moi, je pense que j'ai joué un rôle important à cet égard. J'ai

  7   réussi à convaincre les dirigeants politiques et militaires musulmans

  8   qu'il ne fallait pas faire la guerre parce que, à ce moment-là, pas plus

  9   qu'après, il ne fallait de guerre. Nous avions un ennemi commun, l'ennemi

 10   était à sept ou huit kilomètres à vol d'oiseau en fonction du terrain. Et

 11   cette guerre n'aurait été bonne ni pour les Musulmans ni pour les Croates.

 12   Nous sommes parvenus à tomber d'accord. Nous sommes parvenus à une forme

 13   d'entente, et ce fut le cas jusqu'en janvier 1993.

 14   C'est alors qu'un véritable conflit a éclaté, qu'il y a eu de lourdes

 15   pertes des deux côtés. Je vais parler de ce conflit par la suite.

 16   Q.    Nous pouvons déjà passer à cette période-là, mais auparavant

 17   permettez-moi d'évoquer un petit détail. Le quartier général de votre

 18   brigade Ante Starcevic se trouvait-il à la même usine, là se trouvait le

 19   commandement de la zone opérationnelle qui s'appelait Jasa ?

 20   R.    Oui.

 21   Q.    Au cours de ce conflit qui a éclaté le 11 janvier 1993, quels

 22   étaient les effectifs du côté croate et les effectifs du côté musulman ?

 23   R.    Eh bien, voici comment cela se présentait. Le conflit a commencé

 24   dans la soirée du 11 janvier 1993, alors que la brigade Ante Starcevic

 25   comptait environ mille hommes. Les Musulmans de leur côté avaient deux ou


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  1   trois mille soldats qui faisaient partie de la 317e Brigade de l'armée de

  2   Bosnie-Herzégovine et ils se trouvaient sous le commandement de Fahrudin

  3   Agic. Ce même homme était mon commandant.

  4   Q.    Oui, et commandant au sein de la Défense territoriale.

  5   Nous sommes, Messieurs les Juges, au paragraphe 22 et nous parlons de

  6   l'attaque qui s'est produite le 11 janvier 1993 : qui étaient les

  7   assaillants et comment a progressé cette offensive ?

  8   R.    Je m'en souviens parfaitement, je vais vous l'expliquer. Les forces

  9   de l'armée et de la Défense territoriale à Uskoplje ont attaqué toutes les

 10   lignes et tous les villages. C'était une offensive générale qui venait de

 11   tous les côtés. Il faut relever que le HVO, ceci dans le territoire de

 12   Radusa, tenait une ligne de front contre l'armée des Serbes de Bosnie.

 13   C'est à ce moment-là que nous avions 180 soldats qui tenaient la ligne de

 14   front.

 15   Pour empirer encore les choses, une partie de cette ligne de front était

 16   tenue par l'armée de Bosnie-Herzégovine de Gornji Vakuf. Ces effectifs

 17   avaient été en fait retirés deux jours plus tôt, dans la soirée du 8

 18   janvier 1992. Il y avait donc un vide, nous craignions le pire, nous

 19   craignions que les Serbes puissent s'emparer du plateau de Radusa en

 20   direction d'Uskoplje.

 21   Et personnellement, et ceci en coordination avec les autres chefs, j'ai

 22   décidé vers 10 ou 11 heures du soir qu'il fallait essayer de combler ce

 23   vide en envoyant au moins 70 ou 80 soldats supplémentaires, des soldats

 24   équipés afin de couper ou de remplir cette brèche qui avait été causée par

 25   le repli des soldats musulmans.


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  1   Les Musulmans, en fait, ont attaqué cette zone le 11 janvier, et je crois

  2   que tout ceci a été planifié même si, ce jour-là, Siljeg m'ont appelé, moi

  3   et Tokic, à la base de la Forpronu. Et avec l'aide des forces des Nations

  4   Unies, nous avons négocié avec Sellmo Cikotic.

  5   Q.    N'allons pas plus loin, revenons sur certains détails pour les

  6   Juges. Radusa, c'est bien une montagne où se trouvait la ligne de front

  7   séparant l'armée des Serbes de Bosnie et vous, n'est-ce pas ?

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Vous avez tiré une conclusion à cet égard ou, plus exactement, après

 10   l'attaque que vous avez subie le 11 janvier vous avez compris

 11   rétrospectivement pourquoi l'armée de Bosnie-Herzégovine s'était repliée

 12   de ce secteur, de la ligne de front qu'elle tenait ?

 13   R.    Oui. Oui, Messieurs les Juges, le fait même que, trois jours

 14   auparavant, trois jours avant le début de cette offensive, les Musulmans

 15   avaient retiré leurs forces du plateau de Radusa, et puis tout ceci est

 16   allé de Jasvenic Krste en passant par d'autres villages ; et c'est une

 17   ligne qui faisait environ 7 kilomètres de longueur. Ce front était tenu

 18   par environ 300 soldats.

 19   Q.    Essayons d'apporter plus de précisions pour le compte rendu

 20   d'audience. Lorsque nous avons parlé de Radusa, nous parlions de la ligne

 21   de front qui séparait l'armée des Serbes de Bosnie et vous, de l'autre

 22   côté ? Est-ce bien exact ?

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Passons au paragraphe 23, vous en avez déjà parlé. Dès après

 25   l'offensive que vous avez subie, vous avez proposé que se tienne une


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  1   réunion afin de mener des négociations.

  2   R.    Voici comment cela s'est passé. Ce jour-là, le commandant de la zone

  3   opérationnelle du district militaire, le colonel Siljeg, le commandant

  4   Totic et moi-même avons demandé aux représentants de la Forpronu de faire

  5   appel aux dirigeants militaires des Musulmans parce que je pense que, là,

  6   la tension était à son comble et qu'à tout moment la situation qui était

  7   explosive pouvait vraiment dégénérer. Nous avions envoyé des hommes sur

  8   Radusa parce que la ligne avait été abandonnée. Nous avons demandé à l'Onu

  9   d'arranger, d'organiser cette réunion. Ils ont bien voulu le faire et il y

 10   a eu une rencontre à la base des Nations Unies, la base militaire

 11   d'Uskoplje.

 12   L'armée musulmane était représentée par Selmo Cikotic. Pour ce qui est du

 13   négociateur principal, le commandant de la 317e Brigade, c'était Agic. Il

 14   y avait aussi ses officiers qui l'accompagnaient.

 15   Afin d'essayer d'éviter le conflit, nous avons fait une proposition au

 16   commandant musulman. Nous avons suggéré que soit constitué un commandement

 17   mixte conjoint immédiatement, qui se composerait des Croates et des

 18   Musulmans afin que nous puissions coopérer à réduire les tensions et afin

 19   de faire comprendre à la population qu'elle n'avait rien à craindre, qu'il

 20   n'y aura pas de guerre puisse que cette guerre ne conviendrait à aucune

 21   des parties concernées.

 22   Nous voulions apaiser les tensions, nous voulions que les soldats

 23   musulmans retournent sur la ligne de front qu'ils avaient abandonnée. Je

 24   pense que si les Musulmans avaient fait preuve -et leurs dirigeants- de

 25   davantage de bonne volonté, on aurait pu éviter ce conflit.


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  1   Mais les Musulmans, officiellement, ont marqué leur accord. Cependant, dès

  2   la soirée de ce même jour, ils ont rétracté leur offre et ils ont lançé

  3   une attaque sur toutes les lignes ou sur tous les villages où il y avait

  4   une majorité d'habitants croates.

  5   Q.    Au cours de ces jours de guerre, au cours de cette première attaque

  6   et des combats qui éclatèrent à cette occasion, vous vous avez pu faire le

  7   tour de certains villages croates, vous avez pu aller rendre visite à

  8   plusieurs familles dans divers villages. Vous vous trouviez début février

  9   à Bojska, n’est-ce pas ?

 10   R.    Oui. Messieurs les Juges, j'ai oublié de dire que ce conflit, qui

 11   avait éclaté le 11 janvier, s'est poursuivi pendant environ 40 ou 45

 12   jours. Des forces de la Forpronu, nous avons appris que tous les Croates

 13   qui vivraient à Bojska, n'oublions pas que c'était un village à population

 14   majoritaire musulmane, qui y habitaient, avaient été tués. J'ai eu

 15   l'occasion de me rendre sur place pour voir cela de mes propres yeux. A

 16   notre arrivée dans le village, nous avons constaté que toutes les maisons

 17   croates avaient été détruites, que le cimetière catholique du village

 18   avait été profané et –excusez-moi- il y avait un monsieur de 86 ans,

 19   M. Slavko Okadar, qui vivait avec sa fille, qui n'était pas que marié et

 20   qui apparemment était né en 1937. Enfin je le sais, je connais tous ces

 21   détails.

 22   En tout cas, quand nous sommes entrés dans cette maison, Okadar,

 23   aujourd'hui défunt, qui était invalide et handicapé depuis plusieurs

 24   années, et qui aidait sa fille qui habitait avec lui, là j'ai vu une scène

 25   horrible, feu Okadar gisait sur une espèce de divan, il avait la gorge


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  1   tranchée, et tout le sang s’était écoulé de son corps sans vie. Le corps

  2   s'était trouvé à cet endroit pendant deux ou trois jours, et le corps de

  3   sa fille était dénudé pour ce qui est de la partie inférieure,

  4   manifestement elle avait été massacrée et l'autopsie a montré qu'elle

  5   avait été violée. Il y avait plus de 30 coups de poignard sur elle. C'est

  6   une des scènes incroyables auxquelles j'ai assisté personnellement.

  7   Permettez-moi de poursuivre. Avec l'aide des Nations Unies, nous avons

  8   enveloppé ces corps dans des couvertures.

  9   M. le Président (interprétation) : Maître Naumovski, pouvons-nous parler

 10   des questions plus pertinentes ?

 11   M. Naumovski (interprétation) : Sans nul doute et sur-le-champ.

 12   Une seule question encore. Outre ces deux corps de Croates que vous avez

 13   vus de vos propres yeux, n'y avait-il pas encore 4 Croates qui avaient été

 14   tués ? Vous en avez entendu parler par un de vos subordonnés, n’est-ce

 15   pas ?

 16   R.    Oui. Oui, quand je me trouvais… Un véhicule Warrior est allé

 17   chercher les corps de 4 Croates qui vivaient auparavant dans ce village.

 18   Pero Metodic, mon subordonné, s’y est rendu, je l'y avais dépêché moi-même

 19   parce que je ne pouvais pas me déplacer, j'avais d'autres engagements ce

 20   jour-là. Lui y a vu ces corps. Et il y a aussi l'autopsie qui a été menée

 21   par un médecin, un médecin légiste.

 22   Q.    Sur les six Croates de Bojska, est-ce que tous les six ont été

 23   tués ?

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Il y a eu des incidents qui ont marqué le mois de juin 1993, n'est-


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  1   ce pas ?

  2   R.    Oui.

  3   Q.    Pourriez-vous dire aux Juges, de la façon la plus succincte

  4   possible, ce qui est arrivé à un convoi qui avait été organisé par

  5   Caritas ; deux prêtres, le père Vinko Toma et le Nikica Militic avaient

  6   été envoyés vers Fojnica.

  7   R.    Si vous me le permettez, je ne voudrais pas passer au point suivant

  8   avant de dire ceci : à la fin du conflit, conflit où il n'y a pas eu de

  9   vainqueurs…

 10   M. le Président (interprétation) : Monsieur Sekerija, vous devez

 11   comprendre que nous avons certaines règles qui s'appliquent ici. Il y a

 12   notamment pour règle de s'en tenir à l'essentiel. Si le conseil de la

 13   défense veut vous poser une question, il le fera, ou l'accusation le fera

 14   dans le cadre de son contre-interrogatoire, mais nous avancerons plus

 15   rapidement si vous vous contentez de répondre précisément aux questions

 16   qui vous sont posées.

 17   Maître Naumovski, quelle était la question que vous vouliez poser ? Vous

 18   alliez poser une question à propos du convoi, n'est-ce pas ?

 19   Q.    Effectivement. Monsieur Sekerija, je vous ai posé une question à

 20   propos du convoi. Pourriez-vous dire aux Juges ce qui s’est passé et

 21   quelles furent les circonstances qui entraînèrent tout ceci ?

 22   R.    Le convoi venait de la direction de Hama, il a été arrêté au village

 23   de Vidric. Le HVO contrôlait ce village. C'était un convoi purement

 24   humanitaire, qui avait à sa tête Vinko Toma et feu le père Nikica Militic

 25   qui a été tué par des Musulmans dans l'église de Fojnica. Comme je passais


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  1   par là, j'ai personnellement donné l'ordre que ce convoi ne traverse pas

  2   de territoires détenus par les Serbes, même si c’était nécessaire,

  3   jusqu'au moment où se ferait un accord, jusqu’au moment où on obtiendrait

  4   l’accord de faire passer ce convoi qui était purement d'assistance

  5   humanitaire.

  6   En dépit de mes avertissements, le père Vinko Toma, qui croyait qu'il

  7   était le serviteur de Dieu et que les Musulmans ne pourraient rien lui

  8   faire, alors que le convoi entrait dans cette ville tenue par les

  9   Musulmans, les Musulmans ont confisqué le convoi, ont tabassé les

 10   chauffeurs, se sont emparés de tout le contenu.

 11   Pendant cinq ou six jours, il y a eu des pourparlers afin que nous

 12   obtenions le retour de ces hommes qui avaient été pourtant sévèrement

 13   passés à tabac.

 14   Q.    Fort bien. Reprenons l'ordre chronologique des choses. Une fois de

 15   plus, une attaque a été dirigée contre le HVO en juin 199, plus exactement

 16   le 24 juin, n’est-ce pas ?

 17   R.    Oui.

 18   Q.    Qui a lancé l'attaque et combien de temps ont duré les combats ?

 19   Est-ce que ces combats ont cessé jusqu'au moment du cessez-le-feu signé au

 20   cours du printemps 1994 ?

 21   R.    Avant le conflit et jusqu’au 24 juin 1993, j’étais emprisonné dans

 22   un village où il y avait la ligne de front ; vous ne m’avez pas posé une

 23   question, mais je voulais le dire. Le 24 juin 1993, dans l'après-midi, les

 24   villages de Put, Vaganjac et Gornja Voljece ont été attaqués. A l'aide de

 25   tout le matériel disponible à sa tête, à la tête de l'unité musulmane se


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  1   trouvait Hanefija Prijic Paraga. C'était la deuxième fois qu’il jouait ce

  2   rôle de shérif local où il s'assurait de faire justice lui-même. Je ne

  3   sais pas s'il se trouvait sous le commandement direct de quelqu'un, mais

  4   je sais qu’il communiquait avec le commandant Agic.

  5   Q.    Pourriez-vous nous dire rapidement ceci : vous venez de mentionner

  6   un individu. Parlons de "son unité".

  7   R.    Il y a des incidents qui étaient en rapport avec ça, qui ont eu lieu

  8   à Pavica, au col de Pavica. A cet endroit, beaucoup de personnes

  9   disparaissent. Et ce monsieur, Paraga Prijic, ou Prijic surnommé Paraga,

 10   était un des chefs de ces groupes hors-la-loi, c’était vraiment un voleur

 11   de grand chemin. On ne peut donner que cette qualification à ces personnes

 12   qui ont commis autant d'atrocités. Et Mijo Milic a été massacré. D'autres

 13   personnes qui passaient par là ont été emprisonnées. Le chauffeur de Milic

 14   a été tué. Le membre italien de Caritas est resté miraculeusement en vie.

 15   Quand il est parvenu à nos positions, nous n’avons pas compris ce qu’il

 16   disait, mais nous avons trouvé un interprète et l'Italien nous a dit que

 17   tous ses collègues avaient été tués, que le véhicule avait été emporté. Il

 18   y a d'ailleurs un enregistrement vidéo de cela. Nous nous sommes dit que

 19   c'était toujours le même groupe qui était responsable de ces agissements,

 20   celui qui était mené par Prijic, quand il avait cet enregistrement.

 21   M. le Président (interprétation) : Un instant. Maître Naumovski, il est

 22   très difficile de suivre le fil de la déposition. Vous serait-il possible

 23   de diriger le témoin pour qu'il nous parle de ce qui compte vraiment ?

 24   Q.    Oui, Monsieur le Président. Il s'agissait là uniquement d'incidents

 25   qui ont précédé les événements. Parlons maintenant du jour où il y a eu ce


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  1   véritable bain de sang, ce qui a été le plus grave des bains de sang pour

  2   les Croates à Uskoplje. Nous sommes au paragraphe 27. Nous parlons des

  3   événements du 4 août 1993. J'aimerais tout simplement, si vous pouvez nous

  4   le dire, savoir quelle était l'attaque, si elle était puissante ou non ?

  5   R.    Le 4 août 1993, Bugojno-Travnik est tombé dans les mains des

  6   Musulmans ; et c’est l’opération la plus puissante, la plus violente qui a

  7   commencé dans le théâtre des opérations Uskoplije. Dix-sept soldats ont

  8   été tués, 47 ont été blessés. Les forces de l'armée à Uskoplje ou à Gornji

  9   Vakuf, 317ème Brigade a été renforcée par les unités de Moudjahidin de

 10   Travnik et la 17ème Brigade Krajiska, dite Krajiska.

 11   Q.    Pourriez-vous s’il vous plaît maintenant, Général, nous dire quelque

 12   chose d'autre ? Ce jour-là, je pense que vous avez été blessé, très

 13   grièvement ?

 14   R.    Oui, effectivement, ce jour-là j'étais transporté par un char T 55,

 15   sinon on ne pouvait pas traverser le territoire car il y avait des tirs

 16   violents de la part de l'armée de Bosnie-Herzégovine, le char T 55 a été

 17   atteint par un projectile antichar, le projectile a été tiré des positions

 18   musulmanes, il a touché la tourelle du char. Dans cette tourelle, se

 19   trouvaient 4 soldats, moi-même. Les deux soldats ont été brûlés

 20   complètement, deux blessés grièvement et moi également.

 21   Q.    Nous n'allons pas parler des détails généraux, on en parle dans le

 22   paragraphe 28. Nous allons tout simplement informer la Chambre que vous

 23   êtes invalide à 80 % à cause de ces blessures ?

 24   R.    Tout à fait, ce sont les conséquences de cette blessure, je suis

 25   invalide de guerre à 80 %. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, si


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  1   vous le permettez, j'aimerais également mentionner une déclaration. Il me

  2   semble qu'elle est importante parce qu'il y avait les forces des Nations

  3   Unies qui envoyaient des rapports en utilisant leur propre structure.

  4   Personnellement, j'ai pu voir le rapport qui a été traduit en langue

  5   croate et qui a été envoyé, comme je l’ai dit, par les forces des Nations

  6   Unies à leurs supérieurs.

  7   Je cite : "Le théâtre des opérations d'Uskoplje est pratiquement un

  8   théâtre où sont concentrés des effectifs en très grand nombre. Entre 19000

  9   et 23000 soldats musulmans attaquent Uskoplje, alors que 1800 ou 2500 à

 10   peu près de Croates défendent ce territoire".

 11   Q.    C'est tout ce que je voulais vous demander, Général. Merci.

 12   R.    Merci.

 13   M. le Président (interprétation) : Le moment se prête peut-être bien à la

 14   pause du déjeuner ?

 15   M. Naumovski (interprétation) : Juste une petite question parce que je

 16   vais l'oublier. Vous avez donc parlé de cette attaque du mois d'août,

 17   outre la 317ème Brigade ?

 18   R.    Oui, 317ème .

 19   Q.    Est-ce que d'autres ont également participé ?

 20   R.    Je l'ai déjà dit, il y avait des parties, des forces qui sont

 21   arrivées de Bugojno. Il y avait des Croates qui ont été expulsés de

 22   Bugojno et de Travnik. Il y avait des unités de Moudjahidin et la

 23   17ème Brigade de Krajiska, et d'autres brigades. Tous se sont trouvés sur

 24   le théâtre des opérations à Uskoplje.

 25   M. le Président (interprétation) : Un petit détail : ce que vous avez dit


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  1   à propos de la population, dans le cadre de votre déposition, c'était que

  2   la population de Gornji Vakuf, en 1991, représentait 10000 Croates et

  3   3 Musulmans mais, apparemment, si on lit le résumé et les autres éléments

  4   de preuve, il semblerait que ce soit 13000 ?

  5   R.    13000, oui, c'est une erreur.

  6   M. Naumovski (interprétation) : Oui, c'était une erreur de frappe

  7   probablement.

  8   M. le Président (interprétation) : Fort bien. Nous reprendrons les débats

  9   à 14 heures 30. Monsieur Sekerija, je vous demanderai d'être présent à

 10   l'audience afin de poursuivre votre déposition à ce moment-là.

 11   (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 35.)

 12   (L'audience se poursuit en séance publique.)

 13   (Questions d'administration soulevées par M. Nice.)

 14   M. le Président (interprétation) : Monsieur Nice, vous avez la parole.

 15   M. Nice (interprétation) : J'ai demandé à ce que l'on garde le témoin à

 16   l'extérieur de la salle quelques minutes, car j'ai quelques points à

 17   évoquer avant le contre-interrogatoire. J'ai pensé que plutôt que de

 18   couper l'après-midi en deux, il serait préférable que j'en traite

 19   immédiatement.

 20   Une question d'abord qui n'a rien à voir avec le témoin, mais qui a un

 21   rapport avec la semaine dernière. La semaine dernière, nous étions dans

 22   une petite salle. Vous vous rappellerez sans doute que cette salle est

 23   équipée d'une petite galerie du public, une petite cabine dans laquelle

 24   4 personnes peuvent prendre place, et qui est séparée du prétoire par une

 25   vitre.


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  1   Au fait, il me faudrait un huis clos partiel car je risque de donner des

  2   noms.

  3               (L'audience se poursuit à huis clos partiel.)

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  6   (L'audience se poursuit en séance publique.)

  7   (Le témoin est interrogé par M. Naumovski.)

  8   M. Naumovski (interprétation) : Monsieur le Président, un mot si vous me

  9   le permettez au sujet de ce qu'a dit le représentant du Procureur, et je

 10   ne mentionnerai aucun nom.

 11   Cet homme dont nous avons parlé n'était pas au Tribunal, jeudi. Dans la

 12   galerie du public, jeudi, se trouvaient deux autres hommes dont j'ai fait

 13   la connaissance après l'audience. Aucun de ces deux hommes ne portent l'un

 14   des deux noms qui viennent d'être mentionnés. Je tenais à le signaler pour

 15   que les choses soient tout à fait précises.

 16   Si vous me le permettez, Monsieur le Président, je peux maintenant

 17   poursuivre l'interrogatoire du témoin. Merci, Monsieur le Président.

 18   Monsieur Sekerija, nous pouvons reprendre là où nous nous sommes arrêtés.

 19   R.    Oui.

 20   Q.    Nous en étions arrivés aux dernières fonctions que vous avez

 21   occupées au sein du HVO lorsque le colonel Blaskic est devenu commandant

 22   en chef du HVO. Au mois d'août 1992, il a fait appel à vous, bien que vous

 23   n'ayez pas encore été totalement rétabli suite à votre blessure. Il a fait

 24   appel à vous parce que vous aviez des compétences professionnelles

 25   particulières en matière d'organisation, etc. ? N'est-ce pas ?


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  1   R.    Oui. A ce moment-là, le général Tihomir Blaskic, après avoir accepté

  2   le 6 août 1994 la responsabilité de commandant en chef de l'état-major,

  3   m'a demandé si je pouvais me joindre à lui. J'étais psychiquement très

  4   atteint à ce moment-là.

  5   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, si vous me le permettez, je

  6   dirais simplement que mon père et ma mère ont trouvé la mort au cours de

  7   cette guerre. Ma maison a été dévastée, il me restait mon épouse et mes

  8   enfants, j'étais dans un état très délabré sur le plan psychologique,

  9   comme je l'ai déjà dit. Je suis très reconnaissant au général Blaskic de

 10   m'avoir permis de me remettre à vivre.

 11   A partir du 9 août 1994 et jusqu'à la fin des fonctions du général Blaskic

 12   au grand état-major, j'ai travaillé à ses côtés à Posuce.

 13   Q.    Vous n'aviez pas de fonctions de commandement au grand état-major ?

 14   Vous étiez simplement le chef d'une section administrative de ce quartier

 15   général du général Blaskic, n'est-ce pas ?

 16   R.    C'est exact. J'étais chef de cabinet du grand état-major. Je

 17   travaillais donc dans le secteur administratif à l'état-major.

 18   Q.    Vous avez rempli ces fonctions jusqu'à la fin de 1996, date à

 19   laquelle vous avez pris votre retraite, n'est-ce pas ?

 20   R.    Oui. J'ai d'abord reçu des compensations financières. Après quoi,

 21   après un certain laps de temps, la décision a été prise de me mettre à la

 22   retraite.

 23   Q.    Reprenons le résumé de la déposition de M. Kordic, paragraphe 35 et

 24   paragraphes ultérieurs. Quand avez-vous rencontré M. Kordic pour la

 25   première fois ?


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  1   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai rencontré M. Dario

  2   Kordic pour la première fois en mai ou juin 1992. Cet homme était un

  3   représentant politique dans la vallée de la Lasva, et il travaillait dans

  4   la villa Ivancica à Tisovac, à quelques kilomètres au sud-ouest de

  5   Busovaca.

  6   Monsieur Kordic était une personnalité publique bien connue, il faisait

  7   des apparitions publiques et prononçait des allocutions.

  8   Q.    Vous avez eu la possibilité d'entendre tous les discours prononcés

  9   par lui à la télévision et à la radio, etc. Quand il parlait des Croates,

 10   quelles étaient ses positions fondamentales, lorsqu'il parlait des Croates

 11   en les comparant aux autres peuples présents en Bosnie-Herzégovine ?

 12   R.    Eh bien, M. Kordic -et je l'ai vu assez souvent à la télévision-

 13   disait que les Croates de Bosnie étaient l'un des peuples fondateurs de la

 14   Bosnie-Herzégovine sur un pied d'égalité avec les Musulmans et les Serbes

 15   de Bosnie. Il n'a jamais, en tout cas moi je ne l'ai jamais entendu

 16   formuler un commentaire péjoratif à l'égard des Bosniens musulmans ou à

 17   l'égard d'un autre peuple de Bosnie.

 18   Il n'a jamais prononcé de mot péjoratif à l'égard de qui que ce soit, et

 19   il défendait avec fermeté le principe selon lequel tous les civils

 20   devaient être protégés indépendamment de leur religion ou de leur

 21   nationalité. En tout cas, c'est ce qu'il disait dans ses allocutions.

 22   Q.    Dites-moi, je vous prie, avez-vous jamais vu M. Kordic en 1992, ou

 23   en 1993, ou en 1994, l'avez-vous vu à Uskoplje ou avez-vous entendu dire

 24   qu'il était venu à Uskoplje ?

 25   R.    A ma connaissance, je n'ai jamais rencontré M. Kordic en 1992, 1993


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  1   ou 1994 à Uskoplje. En fait, je l'ai vu une fois sur les champs de

  2   bataille à Jajce, avant la chute de Jajce aux mains des Serbes de Bosnie

  3   en octobre 1992.

  4   Il était également tout à fait évident que M. Kordic n'avait aucune

  5   influence, absolument aucune influence dans le secteur d'Uskoplje.

  6   M. Bennouna : Maître Naumovski, le témoin a dit précédemment qu'il a vu

  7   M. Kordic sur le champ de bataille.

  8   En anglais, on dit "on the front ligne", sur la ligne de front, le champ

  9   de bataille de Jajce, juste avant la chute de cette ville. Je souhaiterais

 10   vous demander, Général, que faisait M. Kordic sur le champ de bataille ?

 11   Pourquoi était-il là sur la ligne de front . Il était là à quel titre, en

 12   quelque sorte ?

 13   R.    Pour autant que je le sache, M. Kordic était exclusivement une

 14   personnalité politique. Et, pour autant que je le sache, il était venu

 15   rendre visite à des représentants politiques de la municipalité de Jajce,

 16   sans doute, et à la population de Jajce.

 17   M. Bennouna : Mais pourquoi était-il venu, justement, pendant que la

 18   bataille faisait rage ? En venant rendre visite à ce moment-là, cela

 19   avait-il un rapport avec la conduite des opérations militaires ?

 20   R.    Non.

 21   M. Bennouna : C'est donc un hasard s'il est venu pendant la chute de

 22   Jajce ?

 23   R.    Pour autant que je le sache, non, M. Kordic n'a jamais donné d'ordre

 24   à des unités militaires, il n'a jamais non plus donné un ordre quelconque

 25   relatif au déploiement des unités militaires au cours des combats.


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  1   M. Bennouna : Merci.

  2   M. Naumovski (interprétation) : Merci, Monsieur le Juge. Monsieur le

  3   témoin, pouvons-nous compléter la réponse que vous venez d'apporter à la

  4   question posée par M. le Juge Bennouna ? Vous avez dit il y a quelques

  5   instants que Jajce est tombée et que les Serbes ont pris le contrôle de

  6   Jajce. Etait-ce le résultat d'une action militaire ou autre ?

  7   R.    C'était le résultat d'une opération militaire parce que les Serbes

  8   étaient mieux armés, etc. Donc, ce qui s'est passé à Jajce ne pouvait pas

  9   ne pas survenir.

 10   Pour ce qui nous concerne, au HVO et au sein de l'armée Bosnie-

 11   Herzégovine, nous nous sommes trouvés impuissants, et les Serbes ont tout

 12   simplement expulsé de leurs domicile la population qui se trouvait là-bas.

 13   Q.    Merci. Vous avez dit que M. Kordic était un homme politique. Mais au

 14   cours de ce procès, il a été dit par certains que certains s'adressaient à

 15   M. Kordic en l'appelant colonel, indépendamment des raisons qui font qu'il

 16   a reçu ce grade.

 17   Alors, ma question est la suivante. Monsieur Kordic vous a-t-il jamais

 18   donné un ordre militaire quelconque ? Ou bien avez-vous jamais entendu

 19   dire que l'un de vos collègues aurait reçu un ordre militaire de quelque

 20   nature qu'il soit de M. Kordic ?

 21   R.    S'agissant de moi personnellement ou de mes subordonnés, M. Kordic

 22   n'avait pas la possibilité de nous donner des ordres et ne l'a pas fait.

 23   Mon dernier commandant en Bosnie centrale était M. le colonel Tihomir

 24   Blaskic qui était un militaire.

 25   Q.    Mais lorsque votre brigade de Skoplje est tombée dans la zone


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  1   opérationnelle de Tomislavgrad, vous avez été placé sous le commandement

  2   de cette zone opérationnelle, n'est-ce pas ?

  3   R.    C'est exact, c'est Zeljko Siljeg qui est devenu mon commandant,

  4   comme je l'ai déjà dit. Dans la hiérarchie, il était responsable devant le

  5   grand quartier général du HVO.

  6   Q.    Mais je vous prie de répondre à la question suivante : lorsque vous

  7   travailliez au commandement du colonel Blaskic, donc à partir de son

  8   arrivée à la fin du mois de juin 1992 et jusqu'au mois de janvier 1993,

  9   avez-vous jamais été informé du fait que le colonel, que M. Kordic,

 10   pardon, ait donné des ordres militaires au colonel Blaskic, ou qu'il ait

 11   fait des propositions au sujet du contenu d'un certain nombre d'ordres

 12   militaires, ou quelque chose de ce genre ?

 13   R.    Pour autant que je le sache, il n'a jamais reçu d'ordre de

 14   représentant politique. La même remarque s'applique à moi. Mais, en zone

 15   opérationnelle de Bosnie centrale, dans toutes les municipalités qui

 16   composaient cette zone opérationnelle, la population s'est soulevée. C'est

 17   la population qui s'est armée, et c'est à partir de cette population armée

 18   que nous avons essayé de créer une armée. Nous avons réussi dans une

 19   certaine mesure.

 20   Mais il est également exact de dire que, dans chacune de ces

 21   municipalités, on trouvait des individus et des petits groupes qui

 22   échappaient à la hiérarchie, et qui ne fonctionnaient que pour eux-mêmes

 23   et ce, au détriment du peuple croate et des soldats croates.

 24   Q.    Si je vous comprends bien, vous parlez d'un certain nombre de

 25   criminels, n'est-ce pas, de cas isolés ?


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  1   R.    Absolument, Absolument.

  2   Q.    Monsieur Sekerija, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, nous

  3   passons au paragraphe 35. Monsieur Sekerija, vous savez que dans ce procès

  4   le Procureur affirme que M. Kordic et d'autres hommes politiques

  5   également, représentant les Croates de Bosnie-Herzégovine, ont discriminé

  6   les Musulmans et les ont soumis à des persécutions.

  7   Ce que je vous demande c'est -sur la base de votre expérience car

  8   finalement votre expérience repose sur la vie que vous avez passée dans

  9   cette région pendant une longue période- cela, sur la base de votre

 10   expérience, est-il fondé ?

 11   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je dis que cette

 12   affirmation est totalement mensongère. Au cours des premiers jours du

 13   conflit, en avril, en mai et en juin 1992 ainsi que par la suite, au

 14   moment où le HVO défendait les lignes de front contre l'armée des Serbes

 15   de Bosnie à Jajce, les forces du HVO étaient responsables de 70 % des

 16   lignes de front, à peu près.

 17   Lorsque des discussions ont eu lieu au sujet de la répartition des armes

 18   que l’on a trouvées dans les casernes reprises à l'ancienne JNA...

 19   Q.    Je vous prie de m’excuser, mais cette question est très

 20   intéressante. Vous avez eu, à ce moment-là, des divergences avec M.

 21   Kordic, n'est-ce pas ?

 22   R.    Oui.

 23   Q.    Pouvez-vous avoir l'amabilité de donner des détails aux Juges de

 24   cette Chambre ?

 25   R.    En mai ou en juin 1992, lorsqu'un incident était déjà survenu à


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  1   Gorni Vakuf, à Uskoplje, quand les Musulmans nous ont attaqués, M. Kordic

  2   a prévu que nous devrions donner la moitié des armes qui nous étaient

  3   revenues après la prise de la caserne de la JNA, aux Musulmans. Et moi, je

  4   m'y suis opposé. Comment donner des armes aux Musulmans alors que ceux-ci

  5   avaient déjà commencé à nous attaquer, et que 20 % à 30 % des lignes de

  6   front étaient prises par les Musulmans !

  7   Donc si les lignes de front étaient réparties, 70 % du côté des Croates et

  8   30 % du côté des Musulmans, mon opinion était qu'il fallait donner à

  9   chacun la quantité d’armes nécessaire pour défendre sa proportion, son

 10   pourcentage des lignes de front.

 11   Monsieur Kordic avait une position totalement différente. Il n'avait pas

 12   de compétence pour émettre des ordres militaires, mais il estimait tout de

 13   même que la répartition des armes à distribuer aux Croates et aux

 14   Musulmans devait s’établir aux alentours de 50/50.

 15   M. Bennouna : Le général Sekerija vient de dire qu'il n'était pas

 16   finalement du même avis que M. Kordic. Lui pensait à une répartition 30/70

 17   %, si j’ai bien compris, et M. Kordic à 50/50. Est-ce que c’est le point

 18   de vue de M. Kordic qui a prévalu ?

 19   R.    Etant donné que M. Kordic était un homme politique, il y a contacté

 20   exclusivement les Premiers ministres, les maires qui étaient dans notre

 21   zone de responsabilité. Par conséquent, moi, personnellement, j'ai assisté

 22   à un certain nombre de réunions de ce type. Et eux, ils avaient la charge

 23   d'appuyer d’un point de vue logistique l’armée. Lors d’une réunion de tel

 24   type, j’ai entendu dire...

 25   M. Bennouna : Très simplement, dites-moi, est-ce que c’est finalement le


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  1   point de vue de M. Kordic qui a été adopté, 50/50, le partage était

  2   finalement celui qu'avait demandé Kordic ? Simplement oui ou non ?

  3   R.    Oui. Avec l'aide d'autres présidents des gouvernements municipaux

  4   qui étaient présents à cette réunion.

  5   M. Bennouna : Finalement, c'est une décision prise par un politique sur

  6   une question militaire, n'est-ce pas ?

  7   R.    Moi, je ne pense pas qu'il s'agisse d'une question militaire. C'est

  8   une question de logistique et d'appui du front.

  9   M. Bennouna : Je vous remercie.

 10   M. Naumovski (interprétation) : Encore une question qui vous a été posée

 11   par le Juge. C'était en juin 1992, n'est-ce pas ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Il s'agissait par conséquent de l'étape initiale où l’aile militaire

 14   n'avait pas encore été créée de manière très ferme ?

 15   R.    Oui, c'est tout à fait cela.

 16   Q.    Nous pouvons poursuivre, si vous voulez bien. Nous passons au

 17   paragraphe 36. Nous avons déjà parlé de politique ou plutôt des

 18   affirmations du Bureau du Procureur, à savoir que les hommes politiques

 19   préconisaient la discrimination des Musulmans, et que soi-disant cette

 20   politique était répandue sur l'ensemble du territoire de la communauté

 21   croate d’Herceg-Bosna, à Zenica et ailleurs. Est-ce que vous avez entendu

 22   parler à un moment donné ou à un autre ? Est-ce que quelqu'un vous l’a

 23   dit ? Est-ce qu’il y avait éventuellement un document, officiel ou autre ?

 24   Est-ce qu’il y avait une politique de persécution d’autres peuples,

 25   notamment des Musulmans dans le territoire que vous avez habité ?


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  1   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, c'est une affirmation

  2   qui est complètement mensongère. Pendant que j'exerçais mes tâches au sein

  3   du HVO, je n'ai jamais reçu des ordres de mon supérieur de persécuter ou

  4   de menacer les Musulmans ou un autre groupe ethnique. Par ailleurs, je

  5   n'ai jamais reçu l'ordre de tuer les civils, de détruire les biens qui

  6   appartenaient aux civils. Je n'ai jamais entendu dire qu'un tel ordre ait

  7   été délivré pas un officier du HVO à n'importe quel niveau de

  8   commandement, et ça c'est la vérité.

  9   Q.    Par conséquent, vous-même, vous n’avez jamais, personnellement,

 10   délivré un ordre qui éventuellement aurait touché à ce domaine dont il a

 11   été question ?

 12   R.    Non, même si j’ai reçu un tel ordre je ne l'aurais jamais exécuté.

 13   Moi, non plus, je n'ai jamais délivré un tel ordre.

 14   Q.    Merci. Après la signature de l’accord sur le cessez-le-feu, des

 15   accords de Washington et autres, vous avez été en contact avec un certain

 16   nombre de personnes avec lesquelles vous avez coopérées. Vous avez

 17   également été, pendant les opérations de guerre, avec ces personnes-là,

 18   tel que Fahrudin Agic et Goran Cisic, qui étaient des officiers de haut

 19   rang de l'armée de Bosnie-Herzégovine de votre territoire. Vous avez eu

 20   l’occasion également d’entendre parler, compte tenu des interrogatoires

 21   qui ont été menés à l’égard des soldats musulmans de Jajce, qui ont été

 22   capturés dans votre zone de responsabilité. Dites-nous, s'il vous plaît,

 23   très brièvement, quel était le contenu de ce que ces officiers vous ont

 24   transmis, ainsi que d'autres personnes dont il a été question ?

 25   R.    Après les accords de Washington, j'ai eu l’occasion de rencontrer, à


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  1   la base des Nations Unies, lors des pourparlers, avec un certain nombre de

  2   collègues, Cisic et Agic. Et quand j'ai posé la question, j'ai dit :

  3   "Ecoutez, soyons honnêtes, et disons-nous - Pourquoi tout ça ? Pourquoi

  4   des destructions ? Pourquoi toutes ces victimes ?"

  5   Ils m'ont dit qu’ils avaient reçu de tels ordres de leurs supérieurs.

  6   Ensuite, j'ai parlé également avec un certain nombre de particuliers, pas

  7   uniquement de Jajce, de Bosnie orientale, d'autres parties également d'où

  8   les Musulmans ont été expulsés, ils m’ont dit, je cite : "On nous a promis

  9   que si on expulsait les Croates, on allait pouvoir préserver notre propre

 10   foyer, donc les garder pour nous-mêmes, leur maison, etc.", fin de

 11   citation.

 12   Q.    Monsieur Sekerija, avant de terminer l'interrogatoire principal, il

 13   y a également un dernier sujet, c'est un document qui porte la cote 248.1.

 14   J'ai la copie en version croate. Je vais demander à l'huissier de m'aider

 15   pour le montrer au témoin. La version anglaise peut être placée sur le

 16   rétroprojecteur. Si vous voulez bien donner au témoin la version en

 17   croate. Il serait peut-être utile également que la version anglaise soit

 18   placée sur le rétroprojecteur, ainsi les Juges peuvent suivre.

 19   Monsieur Sekerija, voulez-vous bien parcourir ce document ? J’aurais

 20   quelques questions à vous poser au sujet de ce document. Ma toute première

 21   question est la suivante. Est-ce qu'il s'agit d'un document que vous avez

 22   rédigé, que vous avez signé ? Vous êtes d'ailleurs la seule personne à

 23   pouvoir nous le confirmer.

 24   R.    Oui, c'est le document que j'ai rédigé.

 25   Q.    Ce document est daté du 10 janvier 1993, rédigé à la veille du jour


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  1   où le conflit s'est déclenché. Et, comme vous l'avez précisé lors de votre

  2   déposition ce matin, c'était deux jours après que l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine ait retiré ses forces des positions face aux Serbes, n'est-ce

  4   pas ?

  5   R.    Oui.

  6   Q.    Pouvez-vous préciser maintenant quelque chose au sujet de ce

  7   document ? J’ai quelques questions à vous poser. D’abord en janvier, le 10

  8   janvier 1993, vous êtes formellement dans la zone opérationnelle de

  9   Tomislavgrad, et votre commandant est le commandant Siljeg, n'est-ce pas ?

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Il ressort de ce document que vous avez adressé cette lettre au

 12   commandant de la zone opérationnelle, Tihomir Blaskic, par conséquent pas

 13   à votre propre commandant mais au commandant d'une autre zone

 14   opérationnelle

 15   R.    Oui, c'est vrai. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il

 16   s'agit de la chose suivante, j'ai déjà dit lors de ma déposition que les

 17   forces musulmanes se sont retirées des positions des lignes de front face

 18   aux Serbes. Tous les armements et toutes les munitions des réserves ont

 19   été envoyés sur cette ligne de front. Les tension étaient de plus en plus

 20   grandes. Je n'avais pratiquement rien et je ne savais pas comment

 21   compléter mes unités, que je ne pouvais plus déployer plus loin. Par

 22   conséquent, moi, j'étais en contact et je connaissais personnellement le

 23   colonel Tihomir Blaskic. C’est la raison pour laquelle je lui ai écrit

 24   pour lui demander s'il avait la possibilité de m'aider. Malheureusement,

 25   on n'a pas répondu à ma demande. J'ai envoyé ce papier. Mais lui n'avait


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  1   pas le moyen de m'aider. Effectivement, je n'ai jamais reçu quoi que ce

  2   soit de sa part.

  3   Q.    Le colonel Blaskic a été le premier qui a été signalé, mais,

  4   ensuite, on parle du vice-président du HDZ, M. Dario Kordic.

  5   R.    Oui.

  6   Q.    Ma première question est de savoir s’il s’agit d'un document

  7   militaire, dans le sens strict de ce mot ? S'agit-il d'un ordre, d’un

  8   ordre militaire ou d'un document de telle nature ?

  9   R.    Non, il ne s'agit pas d'un ordre. Il s'agit tout simplement d’un

 10   document qui peut être défini comme une demande, une requête au colonel

 11   Blaskic de m'aider, de m'envoyer des moyens techniques. Il ne s'agit

 12   d'aucun ordre, c’est une requête, c’est une demande, je demande tout

 13   simplement au colonel de bien vouloir, si c’est possible, ce qui n'a pas

 14   été fait. Ensuite, puis-je poursuivre ?

 15   Q.    Oui.

 16   R.    Ensuite, c'est marqué : "Le colonel Tihomir Blaskic". C'est marqué

 17   ensuite également : "vice-président, Dario Kordic".

 18   Messieurs, je veux vous dire quelque chose d'autre. Il y avait des liens

 19   de communication qui n'étaient pas de bonne qualité. Par conséquent, il

 20   aurait pu arriver qu'une télécopie, par exemple, ne laisse pas passer un

 21   message.

 22   C'est la raison pour laquelle à plusieurs reprises, quand il a fallu par

 23   exemple envoyer un message d'information au colonel Blaskic, j'envoyais

 24   deux documents identiques à deux adresses, étant donné que M. Blaskic et

 25   M. Kordic se trouvaient à proximité. Par conséquent, ils étaient tous les


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  1   deux. L'un était à Busovaca, c'est M. Kordic ; et M. Blaskic était à

  2   Vitez.

  3   C'est la raison pour laquelle le document qui provenait de moi pouvait

  4   être suivi par l'un ou l'autre. C'est une première chose.

  5   Deuxièmement, je pensais également que c'était bien également que

  6   M. Kordic soit au courant. La tension s'était trouvée à un niveau le plus

  7   élevé. Et si lui pouvait à ce niveau-là car l'armée bosniaque se trouvait

  8   à Zenica.

  9   C'est pourquoi, je considérais que, si M. Kordic était au courant de cela,

 10   on pouvait en conclure qu'il s'agissait du début du conflit et dire

 11   éventuellement, ou contacter les dirigeants musulmans pour empêcher le

 12   conflit qui aurait été au détriment aussi bien des uns que des autres.

 13   C'est pourquoi j'ai formulé la lettre comme cela. Je l'ai destinée à deux

 14   personnes. De toute façon, je ne pouvais pas demander à M. Kordic de

 15   m'envoyer des moyens techniques. De toute façon, lui, il n'était même pas

 16   au courant, il ne savait pas de quoi il s'agissait.

 17   Q.    Je vous remercie, Monsieur Sekerija. Monsieur le Président,

 18   Messieurs les Juges, c'est ainsi que je termine mon interrogatoire

 19   principal

 20   (Le témoin, M. Sekerija, est interrogé par Me Kovacic.)

 21   M. Kovacic (interprétation) : Merci, Monsieur le Président. Monsieur

 22   Sekerija. Je suis le conseil de Mario Cerkez. Ensemble, avec mon confrère

 23   Goran Mikulicic, nous défendons Mario Cerkez.

 24   Je voudrais vous poser quelques questions au sujet de ce que vous avez

 25   déposé au cours de ces deux derniers jours. Je voudrais simplement


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  1   compléter ce que vous avez déjà dit dans ce prétoire.

  2   Si je vous ai bien compris, vous vous êtes rendu à Kruscica, dans la

  3   région de Vitez, en juin 1992.

  4   R.    Oui.

  5   Q.    Vous êtes arrivés ensemble avec le général Blaskic, n'est-ce pas ?

  6   R.    Oui.

  7   Q.    A partir de ce moment-là, à partir du mois de juin 1992, vous avez

  8   créé, à Kruscica, le siège du commandement de la zone opérationnelle

  9   chargée de la Bosnie centrale. Est-ce exact ?

 10   R.    Oui, c'est exact.

 11   Q.    Les bureaux de ce commandement se trouvaient au motel Lovac à

 12   Kruscica. N'est-ce pas ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Le motel Lovac est quelque part en dehors de Kruscica, vers la

 15   pente, vers la colline, n'est-ce pas ?

 16   R.    Oui, c'est exact.

 17   Q.    Est-ce qu'à ce moment-là vous étiez au courant que Kruscica, du

 18   point de vue de la composition de la population, était majoritairement

 19   habitée par les Musulmans ?

 20   R.    Oui.

 21   Q.    Malgré tout cela, vous n'aviez pas peur de créer le commandement

 22   suprême du HVO pour l'ensemble de la région ?

 23   R.    Non, absolument pas parce que nous avons considéré que nous avions

 24   un seul ennemi. C'était l'armée des Serbes de Bosnie ou en d'autres

 25   termes, l'ex- JNA qui s'est transformée en armée des Serbes de Bosnie.


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  1   Q.    Quand vous avez commencé à parler de cela, à cette époque-là, qui

  2   était le seul et l'unique ennemi du peuple croate en Bosnie ? Tout au

  3   moins comment l'avez-vous pensé, estimé ?

  4   R.    A ce moment-là, pour dire vrai, le seul ennemi du peuple croate et

  5   du peuple musulman -je parle du mois de juin 1992- était l'armée des

  6   Serbes de Bosnie.

  7   Q.    Merci. Le HVO a commencé à s'organiser, les lignes ont été établies

  8   contre les Serbes. Pourriez-vous nous dire si c'est vrai qu'à Vitez, vous

  9   vous trouviez à cette époque-là, celui qui était le détenteur de

 10   l'organisation chargée de la défense du côté du HVO était le quartier

 11   général municipal du HVO ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Est-il vrai également de dire que le QG municipal, ce qui sort

 14   également de la dénomination, est l'aile civile de la municipalité de

 15   Vitez ?

 16   R.    Oui.

 17   Q.    Est ce que l'organisation à cette époque-là, en 1992, était à peu

 18   près la même dans d'autres municipalités, à votre connaissance ?

 19   R.    Oui, vous avez raison.

 20   Q.    Est-il vrai de dire que le rôle de cet organe municipal était

 21   d'organiser et d'équiper son "armée" municipale, le HVO qui était en train

 22   de se former pour qu'il puisse faire face à l'armée serbe sur le front ?

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Est-ce qu'il y avait eu d'autres également qui pouvaient équiper

 25   cette armée, outre les autorités municipales ?


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  1   R.    Il est vrai que le gouvernement municipal et le HVO a essayé au

  2   niveau de toutes les municipalités de rassembler des moyens techniques et

  3   d'équiper ce peuple qui aurait dû être transformé en une armée. Ca, c'est

  4   vrai. C'était le tableau à peu près de cette époque.

  5   On a utilisé tout ce que l'on a pu trouver dans les entrepôts de l'ex-JNA,

  6   ceux qui ont été pris par les Musulmans ou par les Croates. C'est dans ce

  7   sans que le peuple a été armé. On a utilisé tout ce qui était potentiel

  8   municipal, en plus tout ce qui a été pris par le peuple de l'ex-JNA.

  9   Q.    Est-ce que les particuliers eux-mêmes s'achetaient leurs propres

 10   armes ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Monsieur Sekerija, dites-nous, s'il vous plaît, au cours de 1992,

 13   est-ce que la zone opérationnelle de la Bosnie centrale, en ce qui

 14   concerne l'état-major principal ou pour parler concrètement de Petkovic,

 15   vous avez reçu des biens techniques, de l'armement ?

 16   R.    A ma connaissance, pendant que j'y étais, très rarement on a reçu de

 17   tel type d'équipement. C'était toujours véritablement un minimum par

 18   rapport au nombre de personnes qui habitaient dans la région.

 19   Q.    Mais vous avez reçu des ordres de l'état-major principal, de

 20   M. Petkovic ?

 21   R.    Oui.

 22   Q.    Mais c'était les municipalités qui devaient mettre en application

 23   les ordres que vous avez reçus de l'état-major principal ?

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Monsieur Sekerija, vous souvenez-vous qui était le commandant du QG


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  1   de Vitez au cours de 1992 ?

  2   R.    A ma connaissance, le commandant de l'état-major de Vitez était

  3   M. Marijan Skopljak.

  4   Q.    A cette époque, avez-vous fait également connaissance de Mario

  5   Cerkez ?

  6   R.    Oui. J'ai fait connaissance de Mario Cerkez à la fin du mois de

  7   juin, début juillet, au moment où je suis arrivé dans la région de Vitez.

  8   Q.    Etait-il un des adjoints principaux du dénommé M. Marijan Skopljak ?

  9   R.    Je sais qu'il avait occupé un poste de commandement, mais je ne peux

 10   pas vous le dire exactement. Je sais qu'il était à l'état-major. Je ne

 11   sais pas s'il était adjoint ou suppléant en 1992, mais je sais qu'il avait

 12   occupé un poste de ce type-là.

 13   Q.    Est-il vrai que vous étiez avec Cerkez, ensemble, pendant une fois

 14   sur la ligne de front sur Jajce ?

 15   R.    Oui.

 16   Q.    C'est à ce moment-là que vous l'avez connu d'un peu plus près ?

 17   R.    Oui.

 18   Q.    Vous avez parlé de votre problème que vous avez rencontré à

 19   Uskoplje, au moment où l'armée de Bosnie-Herzégovine s'est retirée des

 20   positions de la défense et des lignes de front du côté de Radusa. Vous

 21   avez essayé de compléter cette position. Est-il vrai que d'autres

 22   municipalités vous ont aidés ? Je parle des forces du HVO.

 23   R.    Non. L'unique aide dont nous avons bénéficié pendant que j'y étais

 24   -il ne s'agissait pas véritablement d'autres municipalités-, l'unique aide

 25   qui m'a été fournie est une partie des forces de Vitez. Monsieur Cerkez le


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  1   sait. Ce sont des unités qui se sont rendues sur la position de Bugojno,

  2   quand l'armée des Serbes de Bosnie s'est retrouvée à Garacki Podovi, dans

  3   le village Vesela.

  4   Q.    Si j'ai bien compris, il y avait une unité du HVO de Vitez qui s'est

  5   rendue sur cette autre position pour aider l'autre municipalité.

  6   R.    Oui, tout à fait.

  7   Q.    Monsieur Sekerija, ce n'était pas si fréquent que les unités d'une

  8   municipalité aident les unités ou l'armée de l'autre ?

  9   R.    En ce qui concerne la lutte que nous avons menée contre les Serbes

 10   de Bosnie, il arrivait souvent que plusieurs soldats, volontaires ou

 11   autres, ont été mobilisés ; mais de toute façon, il n'y avait pas de

 12   mobilisation par force, que l'on forme des membres de plusieurs

 13   municipalités pour envoyer sur les positions du côté de Jajce ; ou par

 14   exemple, tel était le cas au niveau de la position de Bugojno dont j'ai

 15   parlé tout à l'heure.

 16   Q.    Mais pensez-vous que pour Cerkez c'était important également d'être

 17   au courant ? Ou bien vous, vous en avez parlé tout simplement parce qu'il

 18   était question de lui ?

 19   R.    On avait simplement beaucoup de chance que personne n'ait été tué,

 20   ni blessé. Ils étaient entre 180 et 200, alors que nous avons envoyé les

 21   soldats sur les positions pour lutter contre les Serbes. La lutte et les

 22   opérations ont duré six à huit jours, et personne n'a été tué ni blessé.

 23   Q.    Est-ce que M. Cerkez, au cours de l'organisation de la Défense

 24   en 1992, est-ce qu'il est vrai que l'armée du HVO informait également les

 25   unités sur les équipes qui devaient relever des équipes qui se trouvaient


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  1   déjà sur la position, vous voyez de quoi je parle  : les relèves des

  2   soldats qui revenaient une fois, quand ils n'étaient pas sur les

  3   positions, chez eux ?

  4   R.    Oui, vous avez raison.

  5   Q.    A cette époque-là, le HVO, tout du moins à Vitez, n'avait pas de

  6   caserne de base ?

  7   R.    Non.

  8   Q.    Mais il y avait un entrepôt de logistique, je pense. Vous étiez

  9   probablement au courant ?

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Il n'y avait pas de caserne où on pouvait héberger, loger les

 12   troupes ?

 13   R.    Je l'ai déjà précisé. Il s'agissait de quelque chose de spontanée,

 14   le peuple armé que nous avons essayé d'organiser, de mettre sous le

 15   commandement, ce n'était pas facile. Il ne s'agissait pas de caserne et

 16   d'une armée déjà créée et hébergée dans une caserne. Non, cela n'existait

 17   pas.

 18   Q.    Vous avez parlé aujourd'hui de la 17e Brigade de la Krajina,

 19   Krajiska. Avez-vous entendu parler du fait que cette 17e Brigade Krajiska

 20   a été entraînée, armée à Zagreb et que, par la suite, ils ont été

 21   transférés par les cars jusqu'à Travnik pour renforcer la lutte menée

 22   contre les Serbes à Travnik ?

 23   R.    J'en ai entendu parler, et je sais que c'était une unité entraînée,

 24   équipée en Croatie. Ensuite elle s'était rendue à Travnik pour lutter

 25   contre les Serbes.


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  1   Q.    Mais ce n'est qu'après la guerre que vous l'avez appris, pas pendant

  2   la guerre, n'est-ce pas ?

  3   R.    Oui, oui, je l'ai appris, mais il y avait des rumeurs. De toute

  4   façon, à ce moment-là, je n'étais pas au clair. Je l'ai appris mais je

  5   n'ai pas compris de quoi il s'agissait.

  6   Q.    Entendu. Mais avez-vous rencontré de nouveau Cerkez au cours des

  7   actions en 1994, 1995, notamment à Kupres, au moment où il fallait libérer

  8   définitivement cet espace lors des opérations définitives ?

  9   R.    Oui, je l'ai vu à la fin de 1994 et début 1995, lors des actions de

 10   libération menées par le HVO contre les Serbes de Bosnie.

 11   Q.    Je vais conclure. Monsieur Sekerija, vous avez eu l'occasion de

 12   rencontrer à plusieurs reprises, de vous entretenir avec M. Cerkez. Vous

 13   avez parlé au cours de 1992 avec lui ; ensuite, en 1994, 1995. Avez-vous

 14   remarqué, en ce qui concerne M. Mario Cerkez, qu'il avait une attitude

 15   négative du point de vue national vis-à-vis d'un peuple quelconque ? Ou

 16   bien... Mais je vais simplifier la question, excusez-moi.

 17   Avez-vous remarqué qu'il ait eu un comportement négatif vis-à-vis d'autres

 18   peuples ?

 19   R.    Non. Cerkez en tant que lui, si je peux me le permettre, Monsieur le

 20   Président, Messieurs les Juges, c'était quelqu'un de très appliqué au

 21   travail, intègre, honnête. Moi, c'est à travers lui que je voyais

 22   l'honnêteté d'une personnalité. C'est comme cela que j'ai maintenu mon

 23   point de vue jusqu'à la fin des opérations de libération que nous avons

 24   menées.

 25   Il n'a jamais véritablement parlé au détriment de qui que ce soit, d'un


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  1   autre groupe ethnique, que ce soit des Musulmans, des Serbes ou autres

  2   entités ethniques.

  3   Q.    Merci, Monsieur, je n'ai plus d'autres questions à vous poser.

  4   Merci, Monsieur.

  5   M. le Président (interprétation) : Je voudrais vous poser une question,

  6   Monsieur Sekerija. Si vous faites un trajet en voiture depuis Gornji

  7   Vakuf, ou Skoplje, faut-il franchir les montagnes en direction de Novi

  8   Travnik ?

  9   R.    Oui.

 10   M. le Président (interprétation) : Et quelle serait la durée du trajet

 11   dans des conditions normales ?

 12   R.    48 kilomètres par la route goudronnée. Il y a le col Pavlovica, pour

 13   parler très précisément, qu'il faut traverser.

 14   M. le Président (interprétation) : Et cela prend en général combien de

 15   temps ?

 16   R.    Approximativement, étant donné qu'il s'agit d'une route goudronnée,

 17   une heure, une heure vingt. Cela dépend également du véhicule par lequel

 18   vous vous transportez.

 19   M. le Président (interprétation) : Je vous remercie.

 20               (Le témoin est contre-interrogé par M. Nice.)

 21   M. Nice (interprétation) : Une question liminaire, qui n'a rien à voir

 22   avec votre déposition, mais j'aimerais savoir ceci : avant de déposer,

 23   vous a-t-on conseillé de ne pas parler avec les avocats de l'accusation au

 24   cas où ceux-ci voudraient vous contacter ?

 25   R.    Non.


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  1   Q.    Passons à quelque chose d'autre d'assez différent. Etes-vous en

  2   mesure de dire qu'il n'y avait pas d'effectifs de la Croatie, pas de

  3   troubles de la HV à Gornji Vakuf au cours de la guerre qui a été menée

  4   contre l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  5   R.    J'affirme en toute responsabilité qu'il n'y avait aucune formation

  6   organisée à Gornji Vakuf jusqu'au moment où j'ai été blessé le 4 août

  7   1993. Il y avait les sept personnes dont j'ai énuméré les noms et qui sont

  8   retournées dans leur pays natal pour défendre leur propre foyer, leur

  9   propre maison.

 10   Q.    Je vais sans doute revenir à ceci demain. Mais passons sans

 11   transition à l'année 1993. A quel moment avez-vous déménagé de Vitez pour

 12   vous installer à Gornji Vakuf ?

 13   R.    Fin 1992, début 1993, juste avant le début du conflit, avant le

 14   11 janvier 1993.

 15   Q.    Ce qui veut dire que pour le Jour de l'An, ou au cours de la

 16   première semaine de janvier, vous étiez déjà à Gornji Vakuf ? ?

 17   R.    Oui.

 18   Q.    Vous aviez rejoint les rangs du HVO, ce qui veut dire que vous

 19   saviez que vous aviez rejoint les rangs d'une force manifestement croate ?

 20   R.    Oui.

 21   Q.    Au cours de l'été 1992, vous êtes allé à une cérémonie de prestation

 22   de serment. C'était une cérémonie manifestement croate qui s'est produite

 23   à Vitez, n'est-ce pas ?

 24   R.    Excusez-moi, mais je n'ai jamais été à Vitez à la prestation de

 25   serment. Mais j'ai été à Fojnica une fois. Quant à la cérémonie de


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  1   prestation de serment, il y avait une formation nouvellement créée,

  2   c'était la formation de l'état-major Fojnica. Non, je n'ai jamais été à

  3   Vitez.

  4   Q.    Est-ce que vous avez vu des images de la cérémonie de prestation de

  5   serment qui s'est déroulée à Vitez ?

  6   R.    Non.

  7   Q.    De celle qui était à Fojnica, qui était le président, la personne

  8   qui présidait cette cérémonie ?

  9   R.    Le détenteur principal était le QG municipal du HVO de Fojnica. Pour

 10   les invités : moi j'ai été invité et le colonel Blaskic ; il y avait

 11   quelques politiques du niveau local.

 12   Q.    S'agissant de la cérémonie de Vitez, vous avez dit que vous n'y

 13   aviez pas assisté. Pouvez-vous concevoir une raison pour laquelle ce

 14   serait M. Kordic qui présiderait au déroulement d'une telle cérémonie ?

 15   R.    C'est la première fois que j'entends dire par vous que M. Kordic

 16   était à la tête d'une célébration où on prêtait le serment. C'est le QG

 17   municipal qui organisait toujours de tels types de cérémonies. C'est le QG

 18   municipal qui en était responsable.

 19   En ce qui concerne Vitez, je ne peux rien dire, mais c'était à peu près la

 20   pratique qu'on suivait.

 21   Q.    Nous avons entendu parler des salutations qui se faisaient dans le

 22   cadre de telles cérémonies. Pourriez-vous nous montrer quel est le salut,

 23   le salut que fait la personne qui participe à la cérémonie ? Pourriez-vous

 24   faire ce signe et nous montrer physiquement ce qui se passe lorsqu'on fait

 25   ce salut ?


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  1   R.    Oui. En ce me concerne personnellement, tous ceux qui m'ont été

  2   subordonnés, toutes les unités que j'ai commandées, par conséquent toutes

  3   les formations de la zone opérationnelle de Bosnie centrale saluaient

  4   exclusivement sur la base du règlement des forces armées de la communauté

  5   croate d'Herceg-Bosna, signé par Mate Boban.

  6   Si vous voulez, je me lève et je vais vous montrer : voilà, c'était le

  7   signe, c'est de cette manière-là que nous avons salué, nous, le HVO.

  8   Q.    Vous savez parfaitement bien qu'il y en avait un autre de salut, qui

  9   s'exprime, qui se manifeste de façon radicalement différente, et qui

 10   trouve ses origines dans une période antérieure, et qu'on l'associe avec

 11   les deux premiers mots "Za Dom".

 12   R.    Il est vrai qu'un certain nombre de particuliers le faisaient.

 13   C'était la minorité, véritablement. Chaque fois, on leur a demandé de ne

 14   pas agir de cette façon-là. Chaque fois, quand ils tentaient de le faire,

 15   on a toujours dit que ce n'était pas la salutation du HVO.

 16   Je maintiens que nous avions un règlement des forces armées de la

 17   communauté croate d'Herceg-Bosna et qu'ils devaient, normalement, s'y

 18   conformer.

 19   Q.    Cela vous gênerait-il de nous montrer comment se fait ce salut ?

 20   M. le Président (interprétation) : Ce n'est pas nécessaire.

 21   Q.    Passons au 6 janvier. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je

 22   vais demander le versement de quelques rares pièces nouvelles. Je vais

 23   demander au  témoin d'examiner plusieurs pièces : la pièce 298.3.

 24   Je crains bien que ce soit le cas, c'est en anglais, mais ceci vous sera

 25   interprété. Je vais demander à l'huissier qu'il place la pièce sur le


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  1   rétroprojecteur. Je vais en donner lecture, avec un débit suffisamment

  2   lent afin que les interprètes puissent faire leur travail. Nous examinons

  3   la première page, il s'agit d'un résumé d'informations militaires,

  4   MILINFOSUM, s'agissant des forces de la Forpronu installées dans votre

  5   région. Pensiez-vous en général que c’étaient des forces fiables ?

  6   R.    Oui, moi je leur faisais confiance. Moi, personnellement, oui.

  7   Q.    Bien sûr, il y a toujours des exceptions, mais pour l'essentiel ces

  8   forces essayaient de respecter aussi bien un côté que l'autre, essayaient

  9   d'être équitables et honnêtes.

 10   R.    Si, bien évidemment, on fait exception d'un certain nombre

 11   d'individus, c'était la minorité, à ce moment-là alors la réponse est oui.

 12   Elle est affirmative.

 13   Q.    Bien. Examinons ce document. Il y a un extrait qui concerne

 14   Gornji Vakuf, et qui commence par une référence qui est faite à la

 15   destruction du pont sur la route de Mostar, et qui serait le fait

 16   d’extrémistes musulmans. Et là, il y a un commentaire : "Il semblerait peu

 17   probable que les forces musulmanes essaient de couper une de leurs artères

 18   principales d'approvisionnement".

 19   Par conséquent, ici, il y a des suggestions qui sont formulées et qui

 20   viennent de la part des forces britanniques, qui disent qu'une telle

 21   destruction est peu probable, en tout cas qu'il est peu probable que ce

 22   soit les Musulmans qui en soient responsables. Vous vous en souvenez ?

 23   R.    Très franchement parlant, je ne peux pas discuter là-dessus. Je ne

 24   sais rien là-dessus. Je sais qu’un accord a été signé, je suis passé par

 25   le pont en suspension, mais je ne sais absolument là-dessus.


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  1   Q.    Paragraphe suivant, je vais faire l'impasse, à moins que ce ne soit

  2   nécessaire pour quelqu’un. Voici la rubrique suivante : "Vers 15 heures,

  3   le lundi après-midi, le HVO a hissé un drapeau oustachi en ville".

  4   Pourquoi ? Pourquoi un drapeau oustachi a-t-il été hissé en ville, alors

  5   que vous étiez sur place et que vous étiez la personne responsable ?

  6   R.    C'est bien la première fois que je l’entends de votre bouche.

  7   J'affirme, avec toute responsabilité, que personne de mes subordonnés n’a

  8   hissé le drapeau oustachi à aucun endroit.

  9   Q.    La rubrique en anglais se poursuit : "Les Musulmans ont réagi et des

 10   soldats de l’armée de Bosnie ont essayé d’enlever ce drapeau. C’est alors

 11   qu’un officier de police du HVO a ouvert le feu sur la personne en

 12   question. Ce qui a entraîné une forte montée des tensions en ville". La

 13   rubrique se poursuit encore, de cette façon : "Les commandants du HVO et

 14   de l’armée de Bosnie-Herzégovine ont réussi à désamorcer la situation, et

 15   la plupart, la majorité des soldats sont apparemment retournés dans leur

 16   caserne respective", fin de citation.

 17   Un incident de ce type, qui implique des négociations de la part des

 18   commandants de l'armée Bosnie-Herzégovine et du HVO, c’est quelque chose

 19   qui trouvera quelque part des traces au niveau des documents. Je suppose

 20   qu’il y aura des documents qui existent, qui en attestent ?

 21   R.    Je répète ce que j'ai déjà dit, il est exact qu’à peu près à cette

 22   date-là, le monsieur dont vous parlez, il y avait un drapeau croate qui a

 23   été hissé sur l'immeuble des PTT, à Uskoplje, c'était ce drapeau qui avait

 24   provoqué les Musulmans. Eux ils ont tiré, ils ont essayé de le faire

 25   enlever, et c’est pour ça qu’il y a eu une montée des tensions qui s’est


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  1   produite, il n'a jamais été question d'un drapeau des Oustachis, noir.

  2   Q.    Cela fait bien sûr partie du drapeau du HVO et de la Croatie, qui

  3   ressemblait en partie à celui des Oustachis ?

  4   R.    Je ne vois pas, si ce n'est pas les armoiries de la République de

  5   Croatie ou les armoiries du peuple croate, à ce moment-là je ne vois pas.

  6   Q.    J'aimerais savoir ce que vous êtes en train de dire aux Juges. Vous

  7   dites que les Croates n'ont jamais commis aucune faille, aucune erreur de

  8   comportement pendant cette période concernée par les faits et où que ce

  9   soit ? Ou est-ce que vous acceptez le fait que peut-être il y ait eu des

 10   erreurs commises de part et d'autre ? Quelle est votre position précise ?

 11   R.    J'ai déjà dit, Monsieur le Président, Messieurs les Juges, qu'il

 12   s'agissait du peuple armé, qu'il fallait par conséquent mettre sous la

 13   chaîne des commandement. Je maintiens qu'il y avait un certain nombre de

 14   groupes, d'individus, qu'on ne pouvait pas véritablement mettre sous le

 15   commandement, mais qui travaillaient en leur propre nom. C’est comme ça

 16   qu’ils ont sali le soldat croate, le peuple croate. Il est exact également

 17   que de l'autre côté, du côté des Musulmans, il y avait de tels

 18   groupements, de tels soldats qui agissaient donc séparément. Car, pour

 19   chaque dispute, il en faut deux.

 20   R.    Vous êtes en train de nous dire que les forces qui étaient

 21   organisées, les forces croates s’entend, n’ont jamais commis le moindre

 22   faux pas du début à la fin. Est-ce bien ce que vous nous dites ?

 23   R.    Dans la majorité des cas, je l'affirme.

 24   Q.    Vous êtes bien sûr ici pour dire la vérité, toute la vérité, rien

 25   que la vérité. Ceci étant, est-ce qu'il y a eu des cas où le HVO organisé


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  1   n'a pas été irréprochable ?

  2   R.    Il s'agissait exclusivement des cas où les individus se saoulaient

  3   et où ils provoquaient l’autre partie. L'inverse s'est produit également.

  4   A ce moment-là, il y avait une montée de tensions, et nous avons

  5   sanctionné de manière très rigoureuse de tels cas, de tels comportements.

  6   Q.    En temps utile, je vous poserai effectivement des questions à propos

  7   d'Ahmici. Mais, enfin, je vous préviens, avez-vous des informations

  8   quelconques, savez-vous quoi que ce soit à propos d'Ahmici ?

  9   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, Ahmici a eu lieu, ça

 10   c'est la vérité, il est vrai également que le crime a été commis. Je l'ai

 11   appris par les mass media. Et j’avoue que je ne connais plus rien à ce

 12   sujet-là. Je n'étais pas dans ce secteur. Je parle sous serment, j'ai dit

 13   que je dirai la vérité et je ne peux pas dire plus que cela.

 14   Q.    Nous sommes à ce moment-là début janvier, à ce moment-là quel est le

 15   rôle joué, à vos yeux, par M. Kordic, pour autant qu'il ait joué un rôle

 16   ou plusieurs rôles ?

 17   R.    Je ne vous ai pas tout à fait compris, pourriez-vous reformuler la

 18   question ou la répéter ?

 19   Q.    Mais bien sûr. Nous sommes en ce moment-là en janvier 1993, comment

 20   comprenez-vous les fonctions qu'exerce M. Kordic, quel est le métier qu'il

 21   exerce, quelles sont ses fonctions ou quels sont ses rôles, selon vous ?

 22   R.    En ce qui concerne la fonction et la dénomination exacte, elle était

 23   vice-présidence de la communauté croate d’Herceg-Bosna. Je pense que c'est

 24   la fonction qu'il exerçait.

 25   Q.    Il n'avait exercé aucune autre fonction ? Aucune autre, jamais ?


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  1   R.    A ma connaissance, non.

  2   Q.    N'hésitez pas à réexaminer le document, mais vous l'avez sans doute

  3   bien en mémoire, celui du 10 janvier, peu de temps après votre arrivée

  4   dans la région, et on vous avez déjà posé des questions. Pour essayer

  5   d'expliquer la teneur de ce document, êtes-vous en train de dire qu’il

  6   s’agissait d’un ordre ? Or, vous aviez une fonction de subordonné et vous

  7   ne pouviez pas donner d'ordre à M. Blaskic, pas plus que vous ne pouviez

  8   en donner à M. Kordic, je suppose.

  9   R.    Je n'avais même pas besoin de donner des ordres à M. Kordic. En ce

 10   qui concerne M. Blaskic, lui était mon commandant.

 11   Q.    Je vais demander une fois de plus votre aide parce que je n'ai pas

 12   bien suivi votre réponse. Vous faites une demande pour obtenir des

 13   munitions dans une guerre qui, comme vous l'avez décrite, était faite par

 14   des soldats qui étaient sous les ordres directs de leur supérieur. Alors,

 15   pourquoi, ici, voulez-vous envoyer à Kordic ?

 16   R.    Je l’ai déjà précisé ; j'ai envoyé cette lettre à deux adresses, car

 17   de toute façon Kordic n'aurait pas pu m'en envoyer, même s'ils en avaient.

 18   Comme il s'agissait des liaisons de communication qui étaient très usées

 19   déjà, la situation était très préoccupante. Dans le secteur où j’étais, il

 20   y avait des civils, des femmes, des enfants des deux côtés, c'est la

 21   raison pour laquelle je me suis dit que si jamais je pouvais obtenir une

 22   moitié de ces ressources, à ce moment-là, je vais réussir à défendre ce

 23   peuple qui habitait sur place. Malheureusement, je n'ai pas eu cette aide.

 24   J'ai envoyé par conséquent cette lettre à deux adresses, pour que cette

 25   lettre arrive, parce que, comme je vous l'ai dit, une télécopie


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  1   fonctionnait, l'autre non. Ces liaisons n'étaient pas véritablement très

  2   bonnes, elles étaient en mauvaise état, mais on les a utilisées quand

  3   même, même dans des situations les plus difficiles, et une des situations

  4   les plus difficiles, c’est la situation dont vous venez de donner la

  5   description.

  6   Q.    Commandant, si je vous comprends bien, il se fait que, par hasard,

  7   ce soit à M. Kordic que vous avez envoyé cette requête afin qu’il puisse

  8   vérifier auprès de M. Blaskic, si ce dernier a bien reçu la requête et, au

  9   cas où il ne l’aurait pas reçue, c’est M. Kordic qui lui enverrait une

 10   copie de ce que lui a reçu ? Est-ce bien ce que vous nous dites ?

 11   R.    Oui, c'est exactement ce que je veux dire.

 12   Q.    Je vois. Deux points apparaissent. D’un côté, je crois que si nous

 13   cherchons de tels documents, nous trouverons de tels documents où vous

 14   avez deux personnes, où vous avez quelqu'un qui essaie d'être une personne

 15   qui va réparer les erreurs au cas où le destinataire principal du message

 16   envoyé ne reçoit pas ce message. Un dépanneur, si vous voulez.

 17   R.    J'ai déjà dit qu’en ce qui concerne les liaisons de communications

 18   qui étaient à notre disposition, elles n'étaient pas véritablement sûres.

 19   Par conséquent, quand il fallait envoyer un message, un fax, on n'était

 20   pas sûr que, véritablement, il allait arriver. Les PTT ne fonctionnaient

 21   pas véritablement comme il le faut. C'est la raison pour laquelle, je le

 22   répète une fois de plus, le document que j'ai envoyé au colonel Tihomir

 23   Blaskic de l’époque, actuellement général, j'ai envoyé à deux adresses, et

 24   je me suis dit qu'il fallait absolument qu'il obtienne cette requête parce

 25   que, moi, j’en avais véritablement besoin. Je vous l’ai dit, Monsieur, les


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  1   Musulmans ont retiré leurs forces de leurs positions.

  2   Q.    Je vous interromps parce que notre temps est limité. Je suis sûr que

  3   si nous faisions un effort nous pourrions voir beaucoup d’envois faits à

  4   deux personnes, avec le même libellé ; le second destinataire étant

  5   uniquement là pour vérifier que le premier destinataire l’a bien reçu ou

  6   va bien le recevoir. Est-ce que nous pourrions trouver de tels exemples en

  7   grand nombre, si nous nous mettions à la recherche de ces documents ?

  8   R.    Je pense, c'était il y a 7 ans, puis j'ai été blessé, ceci a

  9   influencé également le pouvoir de mémoriser tout cela, mais je pense qu’il

 10   y avait deux ou trois documents à peu près de même type que j'ai échangés

 11   avec Tihomir Blaskic.

 12   Q.    Le second point mérite examen dans le cadre de tels documents, s'ils

 13   apparaissent. C’est celui-ci. Pourquoi n'avez-vous pas dit à M. Kordic

 14   qu’il devait vérifier si M. Kordic avait bien reçu la requête envoyée ?

 15   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'ai déjà bien précisé,

 16   j'ai dit ce dont j'avais besoin, j'ai également expliqué les raisons pour

 17   lesquelles j’en avais besoin. Et je me suis dit que M. Kordic, je vous

 18   l’ai déjà précisé, à son niveau pouvait éventuellement prendre contact

 19   avec les hommes politiques musulmans. Il était un homme politique du

 20   peuple croate, alors que les Musulmans et les dirigeants musulmans se

 21   trouvaient à Zenica. Par conséquent, les formations de Gornji Vakuf, les

 22   formations musulmanes, se trouvaient sous le commandement de Zenica. C’est

 23   la raison pour laquelle j’ai agi de cette manière, parce que de toute

 24   façon je pense que, dans le document, j'ai bien précisé que les tensions

 25   étaient très grandes, etc, etc..


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  1   Q.    Vous avez ce document, il porte la cote 248.1.

  2   R.    J'ai déjà précisé, Monsieur le Procureur, et je vais répéter ce que

  3   j'ai déjà dit. En ce qui concerne la municipalité de Gornji Vakuf ou bien

  4   d’Uskoplje, il y avait une montée de tensions. La situation était fort

  5   complexe. Et moi, en tant que Croate, j’avais peur pour moi même, pour ma

  6   famille, pour tous les Croates qui y habitaient, à partir du moment où

  7   l'armée musulmane a quitté les positions face aux Serbes. Par conséquent,

  8   tout ce que j’ai… Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il faut me

  9   faire confiance. J'ai essayé de mobiliser tout ce que je pouvais, je pense

 10   qu'il y a des traces également, j'ai essayé de fermer l'espace qui était

 11   attaqué par les Musulmans, en deux jours, la montée de tensions très

 12   grande ; je n'avais pas de quoi défendre ce peuple. Par conséquent, je

 13   profite du fait que je connais M. Siljeg, je l'appelle pour qu'il m'envoie

 14   des munitions, et en même temps je m’adresse à M. Kordic.

 15   Q.    Je vais vous interrompre une fois de plus. Bien sûr, il faut que

 16   vous fournissiez une réponse complète et qui corresponde à la question,

 17   mais je ne pense pas que vous soyez en train de le faire en ce moment.

 18   Examinez la lettre que vous avez demandé à voir. Pourriez-vous indiquer

 19   dans cette lettre quoi que ce soit qui montre que M. Kordic doive vérifier

 20   que M. Blaskic a bien reçu la requête ? Commandant, cela ne s’y trouve pas

 21   parce que le récit que vous nous faites est de la pure fiction.

 22   R.    Il est exact que ceci n’existe pas dans le document. Mais j'ai dit

 23   quelles étaient les raisons pour lesquelles j'en avais besoin. Cela aurait

 24   été également un signal à M. Kordic pour qu’il se mette en contact avec

 25   les dirigeants politiques musulmans de Zenica, et d’essayer de surmonter


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  1   le problème, et surtout de ne pas permettre que la guerre se déclenche à

  2   Uskoplje, à Gornji Vakuf.

  3   Q.    Je vous offre cette hypothèse venant de ce document. Vous venez de

  4   fournir une explication s’agissant de ce document parce que vous savez que

  5   ce document, avec une limpidité absolue, montre que M. Kordic était

  6   impliqué dans la prise de décisions militaires, ce que vous saviez, et ça

  7   c'est la vérité.

  8   R.    Non, ce n'est pas exact.

  9   Q.    Examinons maintenant la pièce 298.5. Il s'agit d'un autre rapport

 10   fourni par un officier britannique. Examinons la troisième page.

 11   M. le Président (interprétation) : Daté du ?

 12   M. Nice (interprétation) : Excusez-moi, 16 janvier. Nous allons placer la

 13   page 3 sur le rétroprojecteur. Cette page commence par GV, Gornji Vakuf.

 14   Je vous le lis, et je vais vous demander si ceci est exact ou pas :

 15   "Gornji Vakuf a fait savoir qu'il y avait encore des tirs sporadiques, et

 16   de temps en temps, un obus qui tombe sur la ville. Hier soir, Gornji Vakuf

 17   a été battue par des feux intenses, et les dégâts causés, ou certains

 18   cratères sont peut-être dus à des obus d'artillerie légère".

 19   Commentaires de l'officier britannique : "Gornji Vakuf n'est pas à la

 20   portée de l’artillerie de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Si l’évaluation

 21   fournie par un officier à propos des cratères est exacte, ce sont les

 22   Musulmans ou les Croates qui sont responsables du pilonnage la nuit

 23   dernière". Après ce commentaire, le rapport se poursuit : "La situation

 24   apparemment empire du fait des extrémistes de chaque côté, de part et

 25   d’autre, qui semblent échapper au contrôle de leurs commandants


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  1   respectifs. Les informations dont nous disposons, nous poussent à croire

  2   que le HVO a un char ou un canon SP dans le village de Podgradje, et

  3   concentre ses forces dans le village de Metlika. Le HVO aurait apparemment

  4   également attaqué le village de Metcinjare ; je ne sais pas si le nom de

  5   ce village est exact, et Pridvorci".

  6   Commentaires : "Le HVO de Prozor ne cesse d'obtenir le contrôle de ces

  7   deux villages". Et puis on parle de fortifications faites par le HVO pour

  8   empêcher les véhicules d'entrer dans le village. C'est une rubrique assez

  9   longue qui malheureusement n'existe pas dans votre langue, mais d’après ce

 10   que vous en avez entendu, est-ce que ceci traduit bien la situation qui

 11   prévalait à Gornji Vakuj le 16 janvier ?

 12   R.    Je me souviens très bien des jours du mois de janvier. C'était des

 13   jours très difficiles. Ce que je tiens à vous dire, c'est qu'il n'est pas

 14   exact que l'artillerie serbe, de la position de Kupres, derrière le massif

 15   montagneux -Radusan- ne pouvait pas tirer. Nous avons écouté les liaisons

 16   de radio, on avait entendu que les Serbes donnaient des ordres : "Envoyez

 17   5 obus aussi bien du côté croate que du côté musulman".

 18   Dès que des cessez-le-feu étaient signés, il y avait des obus qui

 19   tombaient d'un côté ou de l'autre. Il ne s'agissait pas d'artillerie

 20   légère, mais de chars T55 et des obus de 20 millimètres de calibre. De

 21   toute façon, chaque fois, quand on avait des cessez-le-feu, tout de suite,

 22   des obus étaient tirés, des obus de calibres de 120 millimètres.

 23   Q.    Seriez-vous prêt à reconnaître qu'il y avait, de part et d'autre,

 24   des extrémistes échappant à tout contrôle ?

 25   R.    Oui, je l'ai déjà dit. J'ai déjà dit que c'étaient des criminels.


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  1   Q.    Acceptez-vous le fait que le HVO avait attaqué les villages de

  2   Pridvorci et d'un autre nom que j'ai essayé de prononcer, Ecijari ?

  3   Acceptez-vous le fait que le HVO déployait de telles attaques ?

  4   R.    En ce qui concerne le HVO, Gornji Vakuf ou Uskoplje, on n'a jamais

  5   eu de telles armes. On n'a jamais pu le faire. Le village de Pridvorci est

  6   à 17 ou 18 kilomètres d'Uskoplje, des positions croates. Par conséquent,

  7   s'il y avait la guerre dans la municipalité de Prozor, je ne peux pas

  8   faire de commentaire.

  9   Q.    Veuillez examiner rapidement la pièce 378. Je pense que c'est la

 10   troisième page. C'est un rapport de l'ECMM. Je ne sais pas si j'ai posé la

 11   question. Je vous ai demandé si vous estimiez que les observateurs de

 12   l'ECMM étaient des personnes, hommes ou femmes -je crois qu'il y avait des

 13   femmes-, des personnes fiables ?

 14   R.    Dans la majorité des cas, oui, et je leur faisais confiance.

 15   Q.    La troisième page parle de Gornji Vakuf, sous la rubrique "Centre

 16   régional de Split". Ceci concerne le 19 janvier, nous sommes quelques

 17   jours plus tard.

 18   "Etant donné les tirs au mortier, tirs d'artillerie, tant des Musulmans

 19   que des Croates, les mouvements dans la zone de Gornji Vakuf et de Prozor

 20   sont limités, ou les déplacements. Cela rend les activité de surveillance

 21   particulièrement difficiles. Nous essayons de mettre en place un cessez-

 22   le-feu dans les deux villes, mais en vain jusqu'à présent. Les raisons à

 23   ces violences semblent être le fait que le HVO affirme que les Musulmans

 24   de la région devraient être placés sous son contrôle.".

 25   Vous affirmiez que les Musulmans de la région devaient être placés sous


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  1   votre contrôle, n'est-ce pas ?

  2   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, il est vrai que j'ai dit

  3   qu'au moment où le conflit s'est déclenché, le 11 janvier 1993, j'ai

  4   proposé personnellement de créer un commandement conjoint. Je n'ai jamais

  5   dit que je commanderai leur propre formation, ni eux les miennes. J'ai

  6   tout simplement demandé que le commandement conjoint soit créé.

  7   Ceci, pour réduire les tensions, apaiser la situation, et faire face à

  8   l'armée des Serbes de Bosnie et résoudre ce problème qui a débouché, au

  9   fond, sur cette guerre qui a ravagé par la suite. Je n'ai jamais pensé à

 10   mettre les Musulmans de Bosnie sous mon contrôle, les Musulmans de

 11   Gornji Vakuf. J'ai tout simplement proposé de créer un commandement

 12   conjoint avec des Croates et des Musulmans ensemble, que le commandement

 13   soit unifié, que ce commandement délivre les ordres à deux armées. Cela

 14   n'a pas abouti malheureusement.

 15   La raison de ce fait est que les Musulmans, à Zenica, donnaient des ordres

 16   aux Musulmans de Gornji Vakuf, si vous voulez connaître la vérité.

 17   Q.    Je ne suis pas sûr que vous ayez répondu à la question. Est-ce que

 18   le HVO disait que les Musulmans de la région devaient se placer sous le

 19   commandement du HVO ? Répondez par un oui ou par un non.

 20   R.    Non.

 21   Q.    Quelle est la seule explication que vous trouviez pour la

 22   recrudescence de la tension ou pour les combats ?

 23   R.    Je vous l'ai déjà dit : après la signature des accords avec Agic et

 24   Cisic, quand j'ai dit : "Pourquoi tout cela, pourquoi autant de victimes

 25   et de destructions ?".


Page 18222

  1   Il m'a répondu : "A la fin 1992, on aurait dû vous attaquer. On a essayé

  2   le 11 janvier et ceci n'a pas réussi. On a reçu un ordre de la direction

  3   politique et militaire du peuple musulman d'expulser les Croates et nous,

  4   on est resté à Gornji Vakuf grâce à Dieu. Gornji Vakuf, Uskoplje".

  5   Q.    Je ne peux accepter le moindre mot de ce que vous êtes en train de

  6   nous dire. Vous avez parlé des Musulmans, vous dites qu'ils avaient reçu

  7   des ordres pour les missions qu'ils avaient à effectuer des dirigeants

  8   politiques militaires.

  9   Est-ce que ceci est fait parce que dans l'ancien Etat de Yougoslavie,

 10   c'était toujours la direction politique qui vous disait ce que vous deviez

 11   faire ?

 12   R.    A ma connaissance, c'était le cas chez les Musulmans.

 13   Q.    Comment le savez-vous que c'était vrai pour les Musulmans ? Comment

 14   le savez vous ?

 15   R.    Je vous l'ai déjà dit. Je vous ai dit quelle était la source de mon

 16   information. Ces personnes sont encore vivantes. Nous étions amis pendant

 17   15 ans. Nous avons travaillé ensemble. On a exercé les mêmes fonctions. Il

 18   y a des relations d'amitié qui se sont maintenues, même après la guerre.

 19   Au cours de cette conversation, j'ai appris ce que je viens de dire. Même

 20   eux ont été face aux Serbes de Bosnie, et nous sommes des partenaires en

 21   quelque sorte maintenant.

 22   Me permettez-vous d'examiner deux nouveaux documents avant d'en terminer

 23   aujourd'hui ?

 24   M. le Président (interprétation) : J'aimerais suivre votre déposition,

 25   Monsieur le Témoin. Vous nous dites que Agic et Tokic vous avaient dit,


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  1   après la signature des accords de Washington, qu'ils avaient reçu des

  2   ordres afin d'évincer, d'expulser les Croates de la région. Est-ce bien ce

  3   que vous êtes en train de nous dire ?

  4   R.    C'est exact. En d'autres termes, Gornji Vakuf était la porte

  5   d'entrée en Bosnie centrale.

  6   M. le Président (interprétation) : Merci.

  7   M. Nice (interprétation) : Oui, merci, je vous remercie. Document 374.1,

  8   je vous prie. Vous le connaissez déjà sans doute, mais je souhaiterais que

  9   nous discutions de tous ces documents ensemble, qui traitent de la

 10   situation de l'époque. Il s'agit d'un rapport de situation du 18 janvier,

 11   signé par le commandant Tokic. Vous en avez l'original.

 12   Je crains que le document ne soit pas en très bon état mais, tout de même,

 13   nous y lisons : "Ce matin, l'ennemi a tenté une attaque d'infanterie à

 14   partir de Voljice, dans la direction de Galicnica et vers Podgradje. Nos

 15   unités ont repoussé cet essai d'attaque avec succès. Dans le même temps,

 16   l'ennemi" -et nous trouvons aussi le mot balija qui est un mot dénigrant

 17   pour les Musulmans ; pourquoi une telle terminologie doit-elle être

 18   utilisée dans un document militaire, je vous prie ?

 19   R.    Ce document, je n'en suis pas l'auteur et je n'ai donc pas très

 20   envie d'en parler. Il y a donc une chose que j'aimerais dire : les

 21   Musulmans de Croatie parlaient des Croates de Croatie en les traitant

 22   d'Oustachi. Les Croates de Bosnie parlaient des Musulmans de Bosnie en les

 23   appelant des Balija. Je pense que c'est là que réside la cause de

 24   l'utilisation de ce terme dans ce document. C'est, je pense, la raison de 

 25   l'utilisation de ces termes péjoratifs dans le document.


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  1   Q.    Nous poursuivons la lecture : "Ils ont lancé l'attaque d'artillerie"

  2   -un certain nombre de lieux sont cités.

  3   "Les tirs d'artillerie ont provoqué une riposte ferme contre l'ennemi, ses

  4   lignes de front et la ville. Durant la journée, la télévision a retransmis

  5   la conclusion des accords, et la zone a retrouvé le calme. Une partie des

  6   forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine a tenté de se déplacer à partir de

  7   Bugojno vers d'autres lieux".

  8   Vous pouvez lire le reste : "Chaque fois que possible, l'ennemi essaie de

  9   regrouper ses forces et de lancer de nouvelles opérations offensives, d'où

 10   le fait que les forces d'une partie de la ville essaient de se regrouper

 11   le long de la route qui part de Gornji Vakuf en s'organisant en creusant

 12   des tranchées dans le centre de la ville. Dans le même temps, un corridor

 13   est créé où les troupes et les civils peuvent se retirer au moment des

 14   attaques".

 15   Le texte se poursuit : "Toutes les unités de la Brigade travaillent en

 16   coordination et le commandement est exercé à l'aide de messages radio et

 17   de divers moyens de communication. Depuis notre dernier rapport, nous

 18   avons subi 3 morts et 5 blessés".

 19   Ceci vous apparaît-il comme un rapport exact ?

 20   R.    Monsieur le Président, Messieurs les Juges, nous écrivions tous les

 21   jours un rapport quotidien. Ici, il est stipulé par écrit, le 18 janvier,

 22   qu'il s'agit d'un rapport de la zone opérationnelle de Tomislavgrad, et

 23   j'accepte l'exactitude de ceci en tant que rapport.

 24   Nous voyons, ici, la signature de mon commandant, Zrinko Tokic. Ne me

 25   prenez pas au mot, mais je dirais qu'il y a dans ce texte un certain


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  1   nombre d'éléments exacts. Lorsque je reçois un rapport, moi, je l'accepte.

  2   On y voit d'ailleurs très bien que ce sont les forces du HVO qui ont été

  3   attaquées, ici, là, et ailleurs, etc., etc., etc., les différentes

  4   localités citées dans ce rapport.

  5   Q.    Vous admettrez sans doute, pour finir, comme nous le lisons dans le

  6   document 381, que le 20 janvier, un cessez-le-feu a été négocié pas

  7   l'ECMM. Je crois qu'il a été signé par le dirigeant du centre régional de

  8   Split.

  9   En bas de la deuxième page, les deux dernières lignes, nous lisons : "Le

 10   dirigeant, le chef du centre régional de Split, a organisé un cessez-le-

 11   feu entre les Croates et les Musulmans dans le secteur de Mostar et

 12   Gornji Vakuf où les combats ont fait rage férocement ces derniers jours.

 13   La zone est décrite comme vivant une tension importante". Vous le voyez ?

 14   Je ne crois pas avoir manqué quoi que ce soit dans les textes. J'espère

 15   que ce n'est pas le cas. Vous voyez que, dans ces documents, on ne parle

 16   pas d'un seul agresseur et d'une seule victime, n'est-ce pas, commandant ?

 17   On parle de populations qui se battent.

 18   R.    Il est exact que les populations se battaient. Mais le 11 janvier,

 19   le peuple croate a été attaqué et il a été contraint de se battre. Je

 20   crois que cela est un fait réel, exact.

 21   Quand vous dites que je ne réponds pas à vos questions, ce que je fais,

 22   c'est que je dis ce qui s'est passé. A Uskoplje, le 11 janvier, date de

 23   l'attaque de cette population tous azimuts -à l'aide de toutes sortes de

 24   moyens- était un jour funeste. Alors que 300 soldats sur la ligne de front

 25   se battaient contre les Serbes pour protéger à la fois les populations


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  1   croates et musulmanes vivant dans les villages environnants, c'est ce

  2   jour-là que nous avons été attaqués dans le secteur, en zone urbaine, par

  3   tous les moyens possibles.

  4   Q.    Les observateurs indépendants citent comme raison de prêter

  5   immédiatement attention à tous ces événements le fait qu'un drapeau

  6   oustachi ait été hissé, et le désir du HVO d'exercer le contrôle sur les

  7   Musulmans.

  8   R.    C'est ce qu'ils pensaient. Mais j'affirme en toute responsabilité

  9   que jamais -en tout cas à ma connaissance-, ni mon commandant, ni moi-

 10   même, ni qui que ce soit d'autre au sein du commandement, n'avons jamais

 11   demandé que les Musulmans soient placés sous notre commandement. C'est une

 12   absurdité.

 13   Oui, nous avons fait des efforts pour créer un commandement conjoint, mais

 14   tous nos efforts ont été déployés en vain. Et j'affirme également, en

 15   toute responsabilité, que le drapeau oustachi n'a jamais été hissé par un

 16   représentant du peuple croate. Il s'agissait du drapeau croate avec les

 17   couleurs bleue, blanc, rouge, et le damier au milieu.

 18   Je refuse d'admettre que le mouvement Oustachi ou un drapeau oustachi ait

 19   eu quoi que ce soit à voir avec ces événements. Les Musulmans ont peut-

 20   être déclaré qu'il en était ainsi, mais je vous affirme que cela n'a pas

 21   été le cas.

 22   M. le Président (interprétation) : Monsieur Nice, il serait bon de

 23   suspendre.

 24   M. Nice (interprétation) : Je traiterai de deux autres points et de ces

 25   autres questions demain matin, si vous me le permettez.


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  1   M. le Président (interprétation) : Oui, Monsieur Nice, très bien.

  2   Madame la Greffière, quelques mots simplement.

  3   Mme Ameerali : [Hors micro]

  4   M. le Président (interprétation) : Monsieur Sekerija, nous allons

  5   maintenant suspendre l'audience jusqu'à demain matin, 9 heures et demie.

  6   Je vous prierai donc de revenir à 9 heures et demie, demain matin, pour la

  7   fin de votre témoignage.

  8   Je vous prierai, dans l'intervalle, de bien veiller à ne parler à personne

  9   de votre déposition. Lorsque je dis "personne", cela concerne également

 10   les membres de l'équipe de défense.

 11   Neuf heures et demie demain matin.

12            (L'audience est suspendue à 16 heures 20.)

13             

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