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1 (Vendredi 22 septembre 2000.)
2 (Huis clos)
3 (L'audience est ouverte à 9 heures 35.)
4 (Questions relatives à la procédure.)
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4 (Audience publique.)
5 (Le témoin, M. Slavko Kristo, est introduit dans le prétoire.)
6 M. Kovacic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Il s'agit de
7 Kristo. Le prochain témoin sera M. Miketa.
8 M. le Président (interprétation): J'espère qu'on pourra peut-être
9 progresser un peu plus vite aujourd'hui?
10 Que le témoin fasse la déclaration solennelle.
11 M. Kristo (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
12 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
13 M. le Président (interprétation): Vous pouvez vous asseoir.
14 (Interrogatoire principal de M. Slavko Kristo par Me Kovacic.)
15 M. Kovacic (interprétation): Bonjour, Monsieur Kristo. Merci d'avoir
16 répondu à notre invitation à venir témoigner.
17 Je vous prie d'abord, pour les besoins du compte rendu, de décliner votre
18 identité, vos nom, prénom, date et lieu de naissance.
19 M. Kristo (interprétation): Je m'appelle Slavko Kristo. Je suis né le 1er
20 avril 1952 à Vitez, à Poculica très exactement.
21 Question: De nationalité, vous êtes croate. Est-ce vrai?
22 Réponse: Oui, c'est bien cela.
23 Question: De quelle confession êtes-vous?
24 Réponse: Je suis catholique.
25 Question: Quelle est votre formation?
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1 Réponse: Je suis économiste diplômé.
2 Question: Etes-vous employé?
3 Réponse: Je suis responsable, directeur de la succursale de la
4 "Hercegovacka banka d.d." Mostar, succursale de Vitez.
5 Question: Où avez-vous fait vos études secondaires?
6 Réponse: J'ai fait mon lycée à Travnik; après quoi, la faculté
7 d'économie à Rijeka.
8 Question: Vous êtes marié?
9 Réponse: Oui, marié depuis 1972; ma fille Josipa est née en 1973 et mon
10 fils Miroslav en 1974.
11 Question: Je vous remercie. Etes-vous membre d'un parti?
12 Réponse: Je suis membre du HDZ depuis 1995.
13 Question: Avez-vous une fonction dans le parti?
14 Réponse: Oui, membre du conseil municipal depuis les élections
15 municipales du mois de mai 2000.
16 Question: Je vous remercie. Pour ce qui est de votre parenté, vous avez
17 deux sœurs et un frère?
18 Réponse: Oui, j'ai un frère à Vitez, qui vit avec sa mère, et un autre
19 qui travaille en Allemagne.
20 Question: Vous-même et la famille, vous êtes tous originaires de
21 Poculica, n'est-ce pas?
22 Réponse: Quant à ma famille, ma mère, mon frère et ma sœur sont
23 expulsés; et moi, j'ai quitté d'ailleurs Poculica et je vis dans un
24 appartement depuis 1982.
25 Question: On y reviendra encore, mais dites-moi, répondez à cette
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1 question: y a-t-il une mosquée à Poculica?
2 Réponse: Oui, non loin de la maison.
3 Question: Etant donné que vous connaissez bien le village, avez-vous vu
4 cette mosquée aussitôt après la guerre, c'est-à-dire après les Accords de
5 Washington?
6 Réponse: Je l'ai vu une quinzaine de jours, parce qu'en voyage
7 d'affaires, je me suis rendu à plusieurs reprises à Zenica. J'emprunte
8 donc régulièrement cette route de Vitez à Zenica.
9 Question: Cette mosquée, elle est là, intacte, tout comme avant la
10 guerre?
11 Réponse: Elle est intacte, comme toutes les mosquées, la majeure partie
12 des mosquées de la région.
13 Question: Je vous remercie.
14 Monsieur le Président, je ne me propose pas d'interroger ce témoin suivant
15 les points 2.2.2 du résumé, parce que nous en avons déjà entendu parler.
16 Mais je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'on ne pose pas de question lors
17 du contre-interrogatoire. Peut-être une seule question au sujet de 2.3.
18 Puis, je vais essayer d'abréger.
19 M. Mikulicic (interprétation): Etant donné que nous sommes un peu coincés
20 par le temps, je me permets de vous poser quelques questions concernant la
21 fin de l'année 1992 et début de l'année 1993.
22 Y a-t-il eu une armée à Vitez à cette époque-là, une armée du HVO qui ne
23 serait pas d'origine de Vitez?
24 M. Kristo (interprétation): Oui, fin 1992, début 1993, il y avait des
25 unités d'Herzégovine à Bruno Bucici, Ludvig Pavlovic.
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1 Question: Y a-t-il eu des incidents un peu plus qu'avant?
2 Réponse: Fin 1992, début 1993, vraiment, on peut dire qu'on sentait une
3 situation disons anormale; une insécurité était dans l'air.
4 Question: Est-ce vrai pour dire que cette période-là coïncide avec
5 l'affluence de réfugiés ou y a-t-il eu des réfugiés qui venaient dans
6 votre région? Est-ce correct de dire ainsi?
7 Réponse: Oui, c'est tout à fait correct. J'ai des parents qui sont des
8 réfugiés, mon frère, ma sœur, par exemple, de Vlasic; depuis Jajce et de
9 Kotor Varos surtout venaient tous ces réfugiés, de même que certains
10 venaient de Zenica.
11 Question: D'après vous, est-ce que tout cela contribue à la situation
12 dite anormale de la ville, comme vous l'avez dit tout à l'heure?
13 Réponse: Cela s'est certainement répercuté sensiblement pour créer une
14 insécurité et peut-être être source de troubles plus tard.
15 Question: Vous souvenez-vous peut-être de quelques-unes de ces unités-
16 là, que vous avez mentionnées, qui seraient restées peut-être un peu plus
17 longtemps dans la région de Vitez?
18 Réponse: Oui, quant aux Bucici, à ma connaissance, vers la fin 1992 et
19 au début 1993, ils s'en sont allés, alors que les représentants des
20 Pavlovic y sont restés jusqu'à fin mars 1993.
21 Question: Je vous remercie. Dites-nous, s'il vous plaît, Monsieur
22 Kristo, où résidiez-vous à cette époque-là, c'est-à-dire en 1993, la
23 veille du conflit?
24 Réponse: En 1993, et encore aujourd'hui, j'habite la "Zutas Grada (?)",
25 le bâtiment jaune 102, c'est-à-dire non loin du marché vert, à une
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1 distance de 200 mètres des garages, qui sont une espèce de ligne de
2 démarcation de la ville de Vitez et de Stari Vitez, de l'ancien Vitez.
3 Question: Cela veut-il dire que, lorsqu'il y a eu ce conflit global
4 entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, votre bâtiment se trouvait
5 en quelque sorte comme une ligne de démarcation, pour parler du centre
6 ville de la ville de Vitez et ce noyau ancien de la ville qu'on appelle
7 Mahala?
8 Réponse: De fait, oui, c'en est une, une ligne de démarcation. Il y
9 avait donc lieu de dire que ces garages seuls étaient comme un obstacle
10 physique et faisant état, en quelque sorte, d'une ligne de démarcation
11 entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO.
12 Question: Combien de résidents y a-t-il eu, avant la guerre, dans ce
13 bâtiment jaune?
14 Réponse: Il y a eu cinquante appartements.
15 Question: Cela veut dire environ 150 résidents?
16 Réponse: Oui.
17 Question: D'après la composition ethnique des locataires, qu'est-ce que
18 vous pouvez nous en dire?
19 Réponse: On pourrait peut-être faire une analyse ou peut-être
20 mentionner des noms, etc. mais, grosso modo, moi j'évalue à 45% de
21 Croates, 45% de Musulmans et 10% de Serbes.
22 Question: Par conséquent, au total, 90% de Croates et Musulmans, le
23 restant étant des Serbes?
24 Réponse: Oui. On pourrait peut-être analyser plus en détails, si vous
25 voulez, et mentionner des noms?
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1 Question: Non, n'insistons pas. Est-ce que les résidents se sont
2 organisés d'une quelconque manière pour se protéger ou organiser leur
3 sécurité?
4 Réponse: C'est exclusivement dans le but de la protection de nos
5 familles respectives, je parle évidemment de la partie du bâtiment que
6 j'habite... Nous avons essayé d'analyser la situation ainsi créée pour
7 nous mettre à l'abri et en sécurité, d'une certaine façon. C'est ainsi que
8 nous avons procédé à l'organisation d'une espèce de garde active à
9 l'entrée même du bâtiment.
10 Question: Et qui a pris part à ces tours de garde?
11 Réponse: Pour parler évidemment de la partie du bâtiment qui est la
12 mienne, disons qu'il y avait environ douze Croates, trois Serbes qui ont
13 pris part, et pas un seul Musulman.
14 Question: Oui, ça va.
15 Avez-vous une explication pour la non-participation des Musulmans dans ces
16 tours de garde?
17 Réponse: On leur a proposé mais peut-être qu'ils n'y voyaient aucun
18 intérêt. Et d'aucuns, parmi eux, passaient la nuit en dehors du bâtiment,
19 le plus probablement dans Stari Vitez, chez leurs parents. Ce qu'ils
20 pouvaient faire là-bas, je l'ignore, mais ce qu'il est important de
21 souligner, c'est que leurs familles étaient là. Moi, j'avais pour tâche
22 évidemment de m'occuper de la sécurité de leurs familles alors qu'eux
23 s'occupaient d'une garde de je ne se sais pas trop quoi.
24 Question: Avez-vous peut-être discuté avec eux, de sorte que tous
25 endossent la responsabilité et partagent la charge de ces gardes?
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1 Réponse: On n'a pas eu le temps de discuter parce que... Ecoutez, cela
2 a duré peut-être une dizaine de jours. Tout a commencé peut-être le 2
3 avril jusqu'au conflit même.
4 Mais pour ajouter un mot, M. Juric et moi-même -M. Juric qui, lui, est
5 résident de ce bâtiment depuis le début, c'est-à-dire dès que le bâtiment
6 a été construit-, nous avons été un peu étonnés parce que mon premier
7 voisin, Zukic, qui était un intellectuel, qui était ancien membre de la
8 ligue des communistes, etc. et qui, lui, propageait comme cela des idées
9 progressistes, lui ne voulait pas venir se joindre à nous.
10 Question: Vous avez dit que vous avez commencé avec ces tours de garde
11 une dizaine de jours avant que le conflit n'éclate?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Y a-t-il eu une raison quelconque que vous pouvez citer?
14 Réponse: Ecoutez, je crois que c'est la situation d'insécurité générale
15 qui régnait dans la ville et surtout ce manque de sûreté de nos familles.
16 Question: Vous avez mentionné un certain Zukic?
17 Réponse: Oui, Nusret Zukic.
18 Question: De quelle nationalité est-il?
19 Réponse: Musulman.
20 Question: Vous en avez mentionné un autre?
21 Réponse: Oui, Dzuric Risto. Il est serbe, il est de Dolovici,
22 municipalité de Vitez.
23 Question: Où se trouvait votre appartement dans ce bâtiment?
24 Réponse: Au quatrième étage, au bout de l'aile droite du bâtiment;
25 dernier appartement au quatrième étage.
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1 Question: Monsieur Kristo, est-ce que vous aviez une vue sur Stari Vitez
2 depuis votre appartement?
3 Réponse: Absolument, oui.
4 Question: Qu'avez-vous remarqué, début avril, près du terrain de
5 football?
6 Réponse: Nous avons vu les Musulmans creuser des tranchées, ce qui
7 était une inquiétude de plus pour nous parce que, de notre côté, on n'a
8 jamais eu l'idée, non plus que nous n'en avons discuté, sur la nécessité
9 de creuser des tranchées, pas plus que d'entreprendre des actions du
10 genre.
11 Question: Est-il vrai que des tranchées ont été creusées des deux côtés
12 de la route qui relie la gare et l'ancien Vitez, Stari Vitez?
13 Réponse: Oui, cela est exact. Jusqu'au 15 avril, je prenais toujours
14 cette route-là, évidemment, pour aller travailler et pour rentrer à la
15 maison, sans provocation aucune, sans problème, mais je les ai vus ainsi
16 positionnés et j'ai vu que ces tranchées étaient tournées vers le bâtiment
17 où je résidais.
18 Question: Si l'on vous montrait, par exemple, pour examen, le plan de la
19 ville, vous pourriez toujours identifier ces positionnements?
20 Réponse: Il n'y a aucun problème. Je peux tout expliquer.
21 Question: Vous avez dit que tout de même, ces jours-là, vous vous
22 rendiez au travail, juste avant que le conflit n'éclate. Quelle était la
23 date où vous avez travaillé la dernière fois?
24 Réponse: Le 15 avril. Je n'ai rien remarqué d'anormal, d'illogique. Le
25 16, je devais encore venir travailler et j'avais laissé dans mon bureau ma
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1 mallette, un petit calculateur, pas mal de papiers, etc.
2 Question: Le 16 avril, le matin, que s'est-il passé?
3 Réponse: J'étais à mon tour de garde de 2 à 4 heures. Fatigué, j'ai
4 quand même réussi à dormir pendant une heure. J'ai été réveillé par des
5 coups de feu tirés. J'étais surpris, des balles volaient de toutes parts,
6 d'un bâtiment à l'autre. Un chaos général s'est établi. Moi, depuis mon
7 poste de garde, j'ai essayé de faire quelque chose. D'autres sont venus me
8 rejoindre pour nous organiser, et des gens de la police civile sont venus
9 pour m'emmener devant le bâtiment de la MUP.
10 Question: Deux ou trois questions juste pour traiter ce volet-là.
11 Primo, y a-t-il eu quelqu'un qui, au cours de la date du 15, la veille du
12 16, vous aurait averti de cela pour vous informer, pour dire que le
13 lendemain il pourrait y avoir une guerre?
14 Réponse: Non seulement je n'ai pas été averti de quoi que ce soit, moi,
15 mais je crois que personne d'entre nous. Et je le dis en toute
16 responsabilité et je suis prêt à le prouver devant n'importe quelle
17 institution.
18 Question: Monsieur Kristo, récemment, nous avons eu quelques
19 informations comme quoi... Je pourrais vous poser une question: y a-t-il
20 eu une alerte donnée depuis ce matin, moyennant les sirènes de la ville,
21 étant donné qu'un dispositif a été mis au point à cette fin-là?
22 Réponse: Non, je n'ai rien entendu. De toutes façons, dans mon
23 bâtiment, on avait emménagé entre autres choses une espèce d'abri et c'est
24 là que l'on s'abritait lorsqu'il y avait les raids de l'armée de JNA.
25 Question: Ce matin critique, en date du 16, êtes-vous descendu, à
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1 n'importe quel moment, pour vous abriter?
2 Réponse: Oui, lorsque je m'étais réveillé.
3 Question: Vous avez dit qu'au cours de la journée, des représentants de
4 la police civile sont venus vous convoquer?
5 Réponse: Oh non, non, non. Je n'ai pas été simplement convoqué. Tout
6 simplement, ils sont venus pour m'emmener, pour nous emmener, pour nous
7 escorter, très tôt, vers 8 heures ou 8 heures 30 du matin.
8 Question: Oui, c'est ce que je voulais préciser. Donc, cela se passait
9 tôt le matin. Et maintenant, lorsque vous êtes devant le bâtiment de la
10 police, de la MUP, quelles étaient les affectations que vous auriez
11 reçues? Et de la part de qui?
12 Réponse: A ce moment-là déjà, à la police, on voyait venir des gens,
13 d'abord des conscrits, ceux qui sont en âge de porter les armes.
14 De 40 à 70 minutes après que je suis arrivé, c'est-à-dire ce moment-là où
15 il nous a été difficile de réaliser ce qui se passait, M. Mirko Samija,
16 chef de la MUP, juriste diplômé et qui lui-même est originaire de
17 Poculica, c'est-à-dire au nord-ouest de Gola Kosa, et qui me connaît
18 depuis longtemps, il a justement demandé à ces gens-là qui venaient sans
19 instruction aucune, sans arme, sans uniforme, qu'ils s'adressent à moi-
20 même étant donné que moi, j'avais quand même une instruction, une
21 connaissance telle quelle, quant aux fusils, quant aux armes, quant à la
22 manipulation des armes.
23 Alors disons, entre guillemets, cette "instruction brève" est en fait que
24 ces gens-là devaient se rendre sur la ligne de front. C'est-à-dire qu'au
25 maximum, ces gens-là restaient pendant une vingtaine de minutes.
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1 Question: Donc s'y trouvaient les conscrits qui, d'après leur
2 affectation militaire, évidemment, avaient pour responsabilité de venir se
3 présenter à la police civile?
4 Réponse: Non, je ne peux pas dire tout à fait dans le détail si c'était
5 vraiment une espèce de police, les réservistes de police, qui auraient
6 bien connu le système yougoslave pour savoir très exactement ce que
7 représentait la police, ce que représentaient les réservistes de police.
8 Non, c'étaient probablement des gens dont les affectations étaient
9 différentes suivant les manœuvres, les exercices qu'ils avaient eus. Les
10 uns étaient engagés dans la défense territoriale, etc. Ce n'étaient pas
11 des réservistes de police, c'étaient tout simplement tous des citoyens
12 conscrits.
13 Question: Monsieur Kristo, essayons de résumer mais soyons plus
14 succincts. Est-ce que ces gens-là sont venus, convoqués donc ici, sans
15 aucun égard aux affectations respectives qui étaient les leurs
16 préalablement?
17 Réponse: Cela est exact.
18 Question: Est-ce bien le résultat de la vitesse de l'évolution des
19 choses, ou bien comment tout cela s'est produit?
20 Réponse: Je crois que c'est bien cela.
21 Question: Donc après cette brève instruction, avez-vous reçu vous-même
22 une affectation quelconque?
23 Réponse: Le quatrième jour, j'étais envoyé sur la ligne Krtina/Mahala
24 qui se trouve au-dessus de la ligne de Santici, à cette époque-là, dans
25 l'encerclement de Baringaj, Sljivcica, Sivrino Selo.
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1 Question: Et en quoi consistait votre affectation avant que vous vous
2 rendiez à Baringaj?
3 Réponse: Entre-temps, ces trois nuits, je les ai passées non loin de la
4 municipalité, sur la ligne reliant Pavlovica, Kuce et Stari Vitez.
5 Question: Quelles étaient ces dates?
6 Réponse: 17, 18, 19 avril.
7 Question: Est-ce que ceci faisait partie de la ligne de front qui
8 faisait partie de la ligne de séparation générale de Mahala et Vitez?
9 Réponse: Oui, parce qu'avant il n'y avait pas de ligne officielle,
10 formelle.
11 Question: Mais l'endroit où vous vous êtes trouvé pendant trois jours,
12 est-ce qu'il y avait là aussi des policiers civils?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Dans les positions qui vous entouraient, est-ce que vous avez
15 pu voir d'autres unités du HVO que vous avez reconnues?
16 Réponse: Non.
17 Question: Qui vous a affecté à cet endroit, Krtina Mahala, ce quatrième
18 jour, au dessus de Mutine Kuce?
19 Réponse: Je ne le sais pas exactement, mais je suis allé là-bas avec la
20 police. Et le commandant de cette ligne y est venu aussi.
21 Question: Est-ce qu'il vous avait dit quelle serait votre fonction,
22 votre affectation?
23 Réponse: A ce moment-là, c'était le 21 ou le 22 déjà, et il est
24 intéressant de constater que je ne savais toujours pas avec qui je me
25 trouvais. On m'a envoyé dans cette tranchée et ce n'est que plus tard que
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1 l'on m'a dit que j'étais membre de la Brigade de Vitez, telle compagnie,
2 tel régiment.
3 Question: Quelle était la situation quand vous êtes arrivé à Krtina
4 Mahala?
5 Réponse: Eh bien, on se rendait compte que l'on était en train de
6 fortifier la ligne. Il y a avait des tranchées qui étaient creusées. En ce
7 qui concerne les armes, nous n'en avions pas beaucoup. Moi, je n'avais une
8 arme que lorsque j'étais de service, ensuite je la laissais à la personne
9 qui me remplaçait. J'allais ensuite me reposer et, s'il y avait donc eu
10 une attaque à ce moment-là, j'aurais dû me contenter de jeter des cailloux
11 sur les assaillants.
12 Question: Est-ce qu'on creusait des tranchées au moment où vous êtes
13 arrivé sur place?
14 Réponse: Des tranchées avaient déjà été creusées, on continuait de
15 creuser d'autres tranchées et moi, j'ai participé au creusement des
16 tranchées.
17 Question: En ce qui concerne les tranchées, vous l'avez déjà dit, donc,
18 vous avez creusé des tranchées?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Y avait-il des pelotons de travail qui sont venus creuser?
21 Réponse: Eh bien, vous aviez les soldats qui étaient sur la ligne de
22 front et qui creusaient, mais la population locale elle aussi creusait,
23 les habitants de la région. Et les membres des pelotons de travail sont
24 venus; une fois, ils étaient huit, une fois ils étaient douze.
25 Question: Qui a amené ces pelotons de travail sur place? C'est la
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1 défense civile?
2 Réponse: C'est quelqu'un, mais je ne sais pas qui.
3 Question: Pendant cette période ou plus tard, est-ce que vous avez vu
4 des gens que l'on a amenés creuser les tranchées et qui étaient escortés
5 par la police militaire?
6 Réponse: Non.
7 Question: Avez-vous entendu dire si, à l'endroit où vous vous trouviez,
8 des détenus venant du cinéma ou d'autres lieux de détention ont été amenés
9 sur place?
10 Réponse: J'ai entendu des gens dire qu'on les avait amenés sur d'autres
11 parties de la ligne de front, mais ils ne sont jamais venus où je me
12 trouvais moi-même.
13 Question: Combien de temps êtes-vous resté sur la ligne de front?
14 Réponse: Environ cent jours, jusqu'à ce que je sois blessé, le 26
15 juillet.
16 Question: Je regarde le compte rendu d'audience et il y a quelque chose
17 qui n'apparaît pas, donc je vais vous reposer la question: vous nous dites
18 qu'à deux reprises, vous avez organisé les pelotons de travail qui sont
19 venus, accompagnés par la défense civile. Je voulais savoir quelle était
20 la composition ethnique de ces pelotons de travail?
21 Réponse: C'étaient des Roms.
22 Question: Quand vous avez été blessé, où vous a-t-on emmené?
23 Réponse: On m'a emmené dans un dispensaire de fortune au centre médical
24 de Vitez. Et après un bref séjour, ils n'ont pas été en mesure d'arrêter;
25 on m'a emmené à l'hôpital de Nova Bila.
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1 Question: Est-ce qu'ensuite, vous êtes retourné sur le front?
2 Réponse: Non. Après avoir été soigné à Nova Bila, je suis retourné dans
3 ce centre médical de fortune, une sorte de dispensaire et, après la
4 signature du cessez-le-feu, j'ai été soigné en République de Croatie, dès
5 qu'il a été possible de s'y rendre en autobus.
6 Question: Donc vous n'êtes jamais retourné sur la ligne de front?
7 Réponse: Non.
8 Question: Après les Accords de Washington d'avril 1994, vous étiez donc
9 en Croatie, à l'hôpital. Je voudrais savoir si vous y avez vu des
10 Musulmans, dans cet hôpital, qui étaient soignés?
11 Réponse: Oui, c'est exact. J'ai vu des Musulmans qui avaient été
12 blessés. Je ne sais pas si c'étaient des membres de l'armée de Bosnie-
13 Herzégovine, mais sans doute.
14 Question: Donc vous pensez que, parmi les personnes que vous avez vues à
15 l'hôpital, il y avait des civils et des membres de l'armée de Bosnie-
16 Herzégovine qui étaient Musulmans?
17 Réponse: Oui. Oui et il est possible qu'il y ait eu d'autres Musulmans
18 qui venaient de Posavina ou d'autres endroits et qui étaient avec le HVO.
19 Question: Quand vous avez été mobilisé le 16 dans la police militaire,
20 est-ce que votre famille est restée dans votre appartement?
21 Réponse: Le deuxième jour, enfin le 18 au soir, ma famille et la
22 plupart des familles du bâtiment jaune, en raison de l'atmosphère
23 d'insécurité qui régnait, sont parties. Donc, il n'est plus resté que
24 quatre ou cinq locataires dont une vieille femme que personne n'a réussi à
25 convaincre de partir et d'autres personnes. Ils sont donc allés de l'autre
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1 côté.
2 Question: La partie de l'immeuble qui faisait face à la ville?
3 Réponse: Oui, tandis que, dans l'autre partie de l'immeuble faisant
4 face à Stari Vitez et qui a été touchée directement, il n'y avait plus
5 personne.
6 Question: Où votre famille s'est-elle réfugiée?
7 Réponse: Chez mon beau-frère, à Mosunj, dans une zone plus sûre.
8 Question: Pendant que vous étiez soldat, avez-vous participé à des
9 offensives militaires?
10 Réponse: Non, nous n'avons jamais reçu d'ordres sur la ligne de front
11 selon lesquels nous devrions aller de l'avant pour reconquérir du
12 territoire. Non seulement nous n'avons pas reçu de tels ordres, mais nous
13 n'aurions rien pu faire, car nous n'avions pas suffisamment d'hommes,
14 d'équipement, etc. Et, comme je l'ai dit, Barin Gaj, Sljivcica, Sivrino
15 Selo, c'est là que nous avons été encerclés.
16 Question: Vous avez appris que vous étiez membre de la Brigade de Vitez.
17 Vous souvenez-vous de vos commandants?
18 Réponse: Il y a d'abord eu Perica Miskovic et, ensuite, Josip Plavcic.
19 Question: Est-ce que Perica Miskovic est toujours vivant?
20 Réponse: Non, malheureusement. Les deux ont été tués.
21 Question: Et pendant cette période de cent jours où vous étiez sur la
22 ligne de front, je voudrais savoir si vous avez une idée du nombre de
23 personnes qui vous accompagnaient et qui ont été tuées?
24 Réponse: 19.
25 Question: Combien y a-t-il eu de blessés?
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1 Réponse: Plus de 30.
2 Question: Tout ceci dans les tranchées, au front?
3 Réponse: Oui, il y avait des tirs de tireurs embusqués qui venaient de
4 la ligne de front.
5 Question: Après la guerre, on vous a déclaré invalide à 40%?
6 Réponse: Oui. Je reçois encore une pension d'invalidité.
7 Question: Nous avons beaucoup parlé ici de certificats et des
8 dispositions de la Fédération à ce sujet. Donc, je ne vais pas ennuyer
9 l'auditoire avec cette question. Je voudrais savoir si les conditions de
10 délivrance des certificats étaient appliquées de façon très libérale?
11 Réponse: Oui, la preuve en est que ma mère, mon beau-père et sa femme,
12 qui étaient assez âgés, en ont reçu.
13 Question: Vous parlez de votre mère Ljubica Kristo, qui est née en 1920?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Vous parlez de votre beau-père qui est né en 1931?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Et de sa femme Kata qui est née en 1930?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Cela signifie donc qu'ils ont reçu de tels certificats alors
20 qu'ils n'étaient pas membres de la défense?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Est-ce que vous savez pourquoi il en était ainsi?
23 Réponse: Il y avait des listes qui énuméraient les personnes qui
24 avaient participé directement ou indirectement. Ensuite, on a établi des
25 quotas. Des gens allaient dans les villages et disaient: "Utilisons ce
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1 quota au maximum, ce quota auquel a droit le HVO. De l'autre côté, il y
2 avait le quota de l'armée. Pour que les quotas puissent être remplis.
3 Question: Les Musulmans eux aussi ont appliqué ces dispositions de façon
4 très large, n'est-ce pas?
5 Réponse: Oui.
6 Question: Et finalement, toutes ces pensions ont dû être payées à partir
7 d'un même budget?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Le budget de la Fédération?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Est-ce que vous avez reçu un document de ce type? De l'argent?
12 Réponse: Oui. Je l'ai utilisé pour acheter l'endroit où j'étais
13 locataire.
14 Question: Très bien.
15 Réponse: D'autres n'ont pas eu cette possibilité, mais des fonds sont
16 établis aux fins de privatisation et ils pourront peut-être le faire.
17 Question: Une dernière question: vous connaissez Mario Cerkez depuis
18 longtemps?
19 Réponse: Je le connais personnellement. Je le connais depuis 1978,
20 depuis que je suis arrivé à Vitezit. Avant, je le voyais déjà de temps en
21 temps, mais il a suivi des études différentes des miennes. Il vivait dans
22 un autre quartier de la municipalité. Avant, je le connaissais
23 indirectement, mais je le connais vraiment depuis 1978, depuis que j'ai
24 commencé à travailler chez Vitezit.
25 Question: Est-ce que vous avez jamais remarqué chez Mario Cerkez une
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1 tendance à l'agressivité envers les autres?
2 Réponse: Non, pas du tout. Je souhaiterais que tout le monde soit comme
3 Mario Cerkez.
4 Question: Merci, je n'ai plus de questions.
5 M. Naumovski (interprétation): Nous n'avons pas de question à poser au
6 témoin.
7 (Contre interrogatoire de Slavko Kristo par Me Nice.)
8 M. Nice (interprétation): Vous nous avez donné un certain nombre de
9 réponses aux questions de Me Kovacic au sujet de la distribution d'argent
10 et des intérêts musulmans. Est-ce que vous disposez de documents relatifs
11 à cela, des certificats du type dont vous avez parlé et des éléments qui
12 pourraient déterminer ce qui se passait du côté musulman?
13 M. Kristo (interprétation): J'aurais pu amener mes propres documents, mais
14 moi, je n'ai pas participé à ces activités. Je le sais indirectement parce
15 que je travaille dans une banque qui va mettre sur pied des fonds de
16 privatisation. Donc, je serais en mesure de disposer de ces documents dans
17 environ deux mois.
18 Question: Nous allons examiner ces documents très rapidement. Je vais me
19 pencher d'abord sur le document portant la cote 1232.1.
20 Ce document est en date du 5 octobre 1993. Il est signé par M. Cerkez. Il
21 stipule que vous, en tant que membre de la Brigade de Vitez depuis le 18
22 avril 1993, quand vous êtes devenu membre actif de cette unité, stipule
23 que vous avez été blessé le 26 juillet 1993 et ce certificat est délivré
24 aux fins d'obtenir un traitement médical. Avez-vous déjà vu ce document?
25 Réponse: Oui.
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1 Question: Laissons ce document de côté et examinons un autre document
2 qui porte la cote 1457.1.
3 Je vais vous demander de donner un exemplaire au témoin. C'est un document
4 qui date d'une date ultérieure, 14 octobre 1994, signé par Mario Cerkez,
5 qui confirme que vous êtes devenu membre de la Brigade de Vitez le 16
6 avril 1993, que vous avez été blessé le 26 juillet. On indique les
7 circonstances dans lesquelles vous avez été blessé.
8 Avez-vous déjà vu ce document?
9 Réponse: Oui. Dans mon dossier médical, ce document figure.
10 Question: Encore deux ou trois questions.
11 Réponse: Oui.
12 Question: Dans le premier document que nous avons examiné, on voit que
13 vous étiez, que vous êtes devenu membre actif. Est-ce que cela signifie
14 qu'auparavant vous étiez réserviste?
15 Réponse: Je ne suis pas d'accord avec cette affirmation selon laquelle
16 j'ai participé de façon active. Je parle de D48028.
17 Question: Vous regardez bien le premier document que je vous ai montré?
18 Réponse: Oui. J'ai participé activement mais pas en tant que membre
19 actif.
20 M. Kovacic (interprétation): Je n'ai pas d'objection à faire. Mais
21 simplement pour signaler qu'ici, on risque de se lancer dans une
22 discussion interminable, mais qu'il y a simplement une fausse traduction,
23 une traduction erronée d'un terme.
24 M. le Président (interprétation): Quel terme?
25 M. Kovacic (interprétation): En croate, on peut lire -je cite-: "quand il
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1 a été activé", alors que, dans le texte anglais, on peut lire: "en tant
2 que membre actif". En croate, cela veut dire "quand il est venu", "quand
3 il a participé de façon active".
4 M. le Président (interprétation): Effectivement, on pourrait passer de
5 longues heures à discuter de cela. Poursuivez, s'il vous plaît?
6 M. Nice (interprétation): On voit donc deux dates différentes quant au
7 moment où vous avez rejoint les rangs de la brigade: pourquoi cette
8 différence?
9 Réponse: Je crois que c'est une erreur technique. Le 16 au matin, la
10 police m'a emmené; à ce moment-là, j'étais donc un participant indirect.
11 Ces instructions ont sans doute été délivrées par la brigade, le 18, quand
12 on a dit qu'il fallait que j'aille à Krtina Mahala.
13 Question: Donc, vous dites qu'on vous a emmené le 16, que la police vous
14 a emmené et que vous êtes arrivé à un endroit où il y avait beaucoup
15 d'autres personnes, au commissariat de police, n'est-ce pas?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Est-ce que c'était l'endroit où les Croates devaient se réunir
18 en cas de mobilisation?
19 Réponse: Les Croates et les Serbes, tous ceux qui se trouvaient à Vitez
20 à ce moment-là, sauf les Musulmans.
21 Question: Comment les Croates et les Serbes ont-ils été informés du fait
22 qu'ils devaient se réunir au commissariat de police, mais les Musulmans
23 n'ayant pas une telle obligation?
24 Réponse: Sans doute au niveau de la Défense territoriale, du
25 commandement de la Défense territoriale, à Stari Vitez. Mais je le répète,
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1 on ne nous l'a pas dit, je n'ai pas reçu d'information de leur part, ils
2 sont venus me chercher.
3 Question: Oui, mais votre nom figurait bien sur une liste, non? Quelle
4 était cette liste, ou quelle aurait été cette liste?
5 Réponse: Le département de la défense, avant la guerre, avait une liste
6 de tous les conscrits militaires. Moi, j'ai fait mon service militaire
7 comme l'on fait les Serbes et les Musulmans. Il y avait donc des dossiers
8 qui étaient tenus de façon tout à fait adéquate et je pense que, des deux
9 côtés, on pouvait avoir accès à ces informations.
10 Question: Est-ce que la nuit du 15, vous étiez toujours réserviste?
11 Réponse: Je n'étais pas réserviste, je le répète!
12 Question: Je vais vous demander d'examiner la carte qui vous est
13 présentée, D88/2.
14 Prenez votre temps. Il est possible que vous n'ayez pas vu cette carte
15 précédemment ou une carte de ce genre. L'huissier place cette carte sur le
16 rétroprojecteur afin que tout le monde puisse la ville. On va faire le
17 point et bien agrandir l'image.
18 Est-ce que, sur l'écran, vous voyez l'endroit où vous habitiez?
19 Je ne veux pas que nous passions trop de temps sur cela. Cela nous serait
20 quand même utile si vous pouviez nous dire ou vous habitiez?
21 L'immeuble jaune dont vous nous avez parlé?
22 Réponse: Oui, celui qui se trouve tout à côté du stade.
23 M. le Président (interprétation): Monsieur, si vous n'arrivez pas à
24 trouver votre immeuble sur le plan, dites-le nous. Ensuite, on passera à
25 autre chose.
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1 M. Kristo (interprétation): Le stade de football de Stari Vitez. Le
2 premier immeuble qui se trouve là, c'est-à-dire à l'endroit où l'on passe
3 de Stari Vitez à Vitez, vous avez une rangée de maisons qui est à Stari
4 Vitez, les garages, le stade de foot et l'immeuble jaune. Mais je ne crois
5 pas que cela figure sur ce plan. Parce que je vis là depuis 1982 et je
6 suis quand même sûr de savoir où se trouvent les immeubles en question.
7 Question: Vous nous avez dit que, depuis chez vous, vous avez vu des
8 gens creuser des tranchées: dans le stade de football?
9 Réponse: Non, non. Pas sur le stade, des deux côtés de la route qui
10 traverse Stari Vitez et qui passe à côté du stade, qui va jusqu'à la gare
11 routière, ou plutôt jusqu'à l'hôtel Vitez. C'est une rue dans laquelle on
12 peut circuler dans les deux sens.
13 Question: Et qui avez-vous vu creuser des tranchées?
14 Réponse: Les Musulmans.
15 Question: Quels Musulmans?
16 Réponse: Les gens de Stari Vitez, Mirsad et d'autres endroits.
17 Question: Est-ce que vous leur avez demandé ce qu'ils faisaient?
18 Réponse: Non.
19 Question: Mais si cela vous préoccupait, pourquoi est-ce que vous ne
20 leur avez pas posé la question?
21 Réponse: Je n'ai pas pensé que c'était nécessaire.
22 Question: Vous apparteniez au parti local du HDZ, n'est-ce pas?
23 Réponse: Non, seulement à partir de 1995.
24 Question: Je vois, c'est moi qui me suis trompé. Avez-vous attiré
25 l'attention d'un quelconque officiel sur le fait que l'on était en train
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1 de creuser les tranchées?
2 Réponse: Oui, tout le monde le savait, tout le monde était préoccupé
3 par cela. C'était inquiétant et j'ai contacté certaines personnes à ce
4 sujet, mais je n'avais pas le droit de poser la question personnellement à
5 qui que soi, la question de savoir pourquoi ils creusaient les tranchées.
6 Je considérais que ce n'était pas de mon droit puisque c'était à côté de
7 sa propre maison, sur sa propre propriété. Comment voulez-vous que j'aie
8 le droit de poser la question?
9 Question: Il s'agissait donc d'un individu ou de plusieurs individus qui
10 étaient en train de creuser les tranchées devant leurs maisons? Est-ce
11 exact?
12 Réponse: Oui, c'est exact.
13 Question: Vous ne savez pas si ceci a été enregistré ou si ceci figure
14 dans des documents rédigés à l'époque?
15 Réponse: Je ne sais pas.
16 Question: Bien sûr, à ce moment-là, beaucoup de choses s'étaient déjà
17 produites à Vitez et qui avaient été inquiétantes pour les Musulmans? Et
18 là, je ne parle pas seulement des choses provoquées par les Serbes?
19 Réponse: Il s'est passé des choses qui pouvaient préoccuper les Croates
20 aussi.
21 Question: Mais écoutez ma question, s'il vous plaît. Beaucoup de choses
22 se sont produites et peut-être que cela pouvait alerter, inquiéter les
23 Musulmans. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi?
24 Réponse: Je ne suis pas entièrement d'accord quand vous dites "beaucoup
25 de choses". Il y a eu parfois des excès, des incidents individuels qui
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1 rendaient perplexes à la fois les Musulmans, mais moi aussi.
2 Question: Bien sûr, il y a eu l'attaque contre Novi Travnik qui se
3 trouve à proximité. Il y a eu des attaques au mois de juin et octobre
4 1992, n'est-ce pas?
5 Réponse: C'est exact.
6 Question: Ces attaques ont été lancées contre les Musulmans par le HVO?
7 Réponse: Ce n'est pas vrai.
8 Question: D'après vous, alors, qui a lancé l'attaque en ces deux
9 occasions?
10 Réponse: Ce sont les Musulmans qui ont attaqué les Croates, d'après les
11 informations dont je dispose.
12 Question: Pourquoi l'ont-ils fait? Vous le savez? Est-ce que vous l'avez
13 compris?
14 Réponse: Non, j'ai dit et je répète: jusqu'à la dernière minute du
15 conflit, j'étais convaincu qu'il n'y aurait jamais de guerre ouverte entre
16 les Croates et les Musulmans. Tout ce qui a été fait l'a été par des
17 individus irresponsables. Il s'agissait d'incidents extraordinaires.
18 J'affirme que mon collègue musulman, qui était mon collègue de travail ou
19 mon voisin, avait moins de raison de se sentir en insécurité que moi-même.
20 Question: Connaissez-vous Dario Kordic?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Comment le connaissiez-vous?
23 Réponse: Je le connaissais en tant qu'homme politique qui avait
24 beaucoup de popularité au sein de la population.
25 Question: Est-ce que vous le connaissiez personnellement?
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1 Réponse: Non, puisque je ne résidais pas à Busovaca, je n'étais pas
2 directement en contact avec lui. Je ne me souviens pas avoir eu l'occasion
3 et l'honneur de m'asseoir à la même table, avec une personne aussi
4 importante.
5 Question: Est-ce que vous saviez qu'il a été associé à ces attaques ou
6 plutôt, pour employer un terme plus neutre, à ces combats qui se sont
7 déroulés à Novi Travnik, en juin et octobre 1992? Est-ce que vous le
8 saviez?
9 Réponse: Pourquoi voulez-vous que je le sache? En 1992, je m'occupais
10 de mon travail, de mes propres affaires, et certainement pas de la
11 politique ni des matières militaires.
12 Question: En ce qui concerne les gens d'Herzégovine, est-ce que vous
13 connaissiez les membres de la Brigade Bruno Busic?
14 Réponse: Je les ai vus dans la ville, mais je n'ai pas eu de contact
15 avec aucun de ses membres. Je ne connais pas les détails.
16 Question: Vous ne pouvez pas du tout nous dire à quel moment ils sont
17 partis?
18 Réponse: D'après mon estimation, ils sont partis au début de 1993. Je
19 ne les voyais plus.
20 Question: En ce qui concerne la nuit du 15, on vous a posé la question
21 de savoir si vous saviez que des troubles se préparaient et j'ai remarqué
22 que vous avez dit "la plupart des gens n'étaient pas conscients de cela,
23 n'étaient pas au courant"?
24 Réponse: Oui.
25 Question: A votre avis, qui étaient les personnes qui étaient au
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1 courant? Si la plupart des gens n'étaient pas au courant, apparemment, il
2 y en avait qui étaient au courant. Qui étaient-ils?
3 Réponse: Je suppose que c'étaient les personnes qui se trouvaient à la
4 tête de l'armée et de la politique.
5 Réponse: Mais lorsque vous avez dit "la plupart des gens n'étaient pas
6 au courant", cela reflète le fait que vous avez discuté de cela avec
7 plusieurs personnes et que vous avez pu constater qu'un certain nombre
8 d'entre eux étaient au courant du fait que les attaques se préparaient?
9 Réponse: Bien au contraire. Tous ceux avec qui j'ai discuté ont
10 confirmé qu'ils ne savaient rien du tout, tout comme moi!
11 Question: Donc, après ces événements, malgré le fait que vous avez
12 discuté avec des gens, personne ne vous a jamais raconté comment ceci
13 s'était produit? Est-ce bien cela que vous dites?
14 Réponse: C'est cela.
15 Question: Si je vous suggérais que le 15, il y a eu des réunions dans la
16 soirée où il y a eu des désaccords entre les militaires et les hauts
17 représentants de votre petite ville, vous me diriez que vous n'avez jamais
18 entendu parler de cela? Pas du tout? Est-ce bien cela?
19 Réponse: Non, effectivement.
20 Question: Ai-je raison de dire la chose suivante? Ai-je bien compris la
21 situation? Vous êtes allé à Mahala, Stari Vitez et vous êtes resté
22 seulement trois jours suivant les instructions données par quelqu'un au
23 poste de police. Est-ce exact?
24 Réponse: Je ne comprends pas la question.
25 Question: Peut-être que c'est moi qui me trompe, que je n'ai pas compris
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1 votre déposition, mais après votre courte formation au poste de police,
2 vous êtes rentré à Stari Vitez jusqu'à la ligne de front de la défense?
3 Réponse: Oui. C'est là que j'ai passé les trois nuits et le troisième
4 jour, je suis allé sur la ligne de front à Krtina Mahala.
5 Question: Excusez-moi. Je ne souhaite pas perdre beaucoup de temps avec
6 la carte, mais veuillez examiner la carte et nous montrer l'endroit où
7 vous dites que vous vous trouviez. Est-ce que vous pouvez trouver sur la
8 carte l'endroit où vous étiez?
9 Réponse: Vous avez l'autre partie de la carte?
10 Question: Nous devrons vous donner une autre carte à une autre échelle.
11 Vous montrez un endroit qui se trouve à droite par rapport à Sivrino Selo?
12 Réponse: Oui.
13 Question: Est-ce que c'est là que vous vous trouviez tout de suite après
14 la réunion qui a eu lieu au poste de police?
15 Réponse: Le troisième jour, j'ai été envoyé sur cette ligne de front.
16 Ce qui est bizarre, c'est que le nom de l'endroit ne figure pas sur cette
17 carte alors qu'il s'agit d'une agglomération plus importante que Sivrino
18 Selo.
19 Question: Les trois premiers jours, si je ne me trompe, vous êtes allé à
20 l'ouest par rapport à la position que vous nous avez décrite dans Stari
21 Vitez: est-ce exact?
22 Réponse: Oui. C'est exact que j'ai été sur la ligne de Pavlovici.
23 Question: Est-ce que vous pourriez nous montrer où ceci se trouvait
24 approximativement sur cette carte. Vous pouvez employer le stylo.
25 Réponse: Oui. Vous parlez de l'endroit où j'étais le 17 avril?
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1 Question: Oui, s'il vous plaît?
2 Question Donc c'est sur la route qui mène à l'extérieur de Vitez, vous
3 avez certainement vu l'explosion du camion piégé? Avez-vous vu le camion
4 piégé le 18?
5 Réponse: Pas sur cette route-là, c'était une autre route; la route
6 Vitez, vers la route nationale, et puis il y a la route parallèle, Vitez
7 Stari Vitez, la gare routière. Mais il s'agit là d'une route différente,
8 c'est donc en face. Je n'ai pas vu le camion piégé.
9 Question Vous avez certainement entendu parler de cela.?
10 Réponse: J'en ai entendu parler par la suite, mais je n'étais pas
11 présent au moment des faits.
12 Question Au cours de ces trois jours, qu'avez-vous fait en ce qui
13 concerne Stari Vitez: vous étiez en train de faire en sorte que les gens
14 restent à l'intérieur?
15 Réponse: Il n'y avait pas de gens du tout. Nous étions face à la ligne
16 et j'étais simplement de permanence. Je n'ai pas tiré une seule balle au
17 cours de ces trois jours.
18 Question Aidez-moi, s'il vous plaît.
19 Réponse: Allez-y.
20 Question En ce qui concerne Stari Vitez, Mahala, cette partie de la
21 ville est une partie où beaucoup de personnes vivaient. Et surtout les
22 Musulmans?
23 Réponse: Pas tout le monde, la majorité.
24 Question Vous vous trouviez sur la ligne de front. Est-ce que cette
25 ligne bloquait le passage des Musulmans au cas où ils souhaitaient quitter
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1 leur quartier, leur enclave?
2 Réponse: Il s'agissait de la ligne qui se trouvait à l'entrée de la
3 ville, c'est de cela que vous parlez. En ce qui concerne la sortie, c'est
4 à côté de l'église, vers Travnik. C'est l'autre partie de Vitez.
5 Question La ligne sur laquelle vous vous trouviez -vous avez montré
6 approximativement où cela se trouvait sur la carte-, est-ce qu'il
7 s'agissait de la ligne qui divisait la ville entre la partie croate et la
8 partie musulmane?
9 Réponse: Oui, il y a une route secondaire en biais.
10 Question Les Musulmans étaient d'un côté. S'ils souhaitaient traverser,
11 pour passer de votre côté, vous les auriez arrêtés, n'est-ce pas?
12 Réponse: Je suppose que oui et je suppose qu'ils auraient fait la même
13 chose si, nous, nous essayions de passer à Mahala.
14 Question Mahala était une enclave close; vous, vous étiez une de ces
15 personnes qui les tenaient en détention. Pourquoi le faisiez-vous?
16 Réponse: Ce n'est pas vrai, j'étais de l'autre côté complètement, là où
17 se trouvait ma ligne qui était encerclée des trois côtés par les
18 Musulmans, Sivrino Selo, Sljivcica, Barin gaj. Pourquoi eux ont-ils
19 expulsé les miens de mon village de Poculica?
20 Question Nous ne parlons pas encore de Poculica. Je pose la question de
21 savoir ce que vous avez fait tout de suite après le début du conflit?
22 Réponse: Je m'acquittais de mes tâches.
23 Question Qui vous a donné vos affectations?
24 Réponse: Je défendais ma famille tout seul. C'est donc moi qui me suis
25 donné cette tâche et le commandement donnait certaines tâches, je parle
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1 des personnes qui étaient à la tête, qui prenaient les décisions
2 concernant la politique et la défense.
3 Question Le 17 avril, vous n'étiez pas encore un soldat, c'est ce que
4 vous déclarez?
5 Réponse: Oui.
6 Question Vous n'aviez aucun commandant au-dessus de vous?
7 Réponse: Pas encore.
8 Question Vous n'étiez pas membre d'un quelconque parti politique et
9 vous n'étiez pas contrôlé par un quelconque parti politique?
10 Réponse: Oui, le parti politique au pouvoir.
11 Question Et malgré tout cela, vous auriez bloqué le passage des
12 Musulmans s'ils souhaitaient se déplacer librement dans leur ville?
13 Réponse: Personne ne les expulsait de leur ville.
14 Question Veuillez comprendre ma question. Vous vous trouviez sur la
15 ligne où le passage des Musulmans était bloqué et vous nous dites que vous
16 le faisiez de votre propre gré, sur instant (?), pourquoi le faisiez-vous
17 alors?
18 Réponse: Eh bien, parce qu'eux non plus, ils ne me laissaient pas
19 passer, moi.
20 Question En ce qui concerne les Musulmans qui se trouvaient dans le
21 bâtiment jaune, qu'est-ce qui leur est arrivé lorsque vous êtes allé au
22 poste de police?
23 Réponse: Ils y ont été emmenés, interpellés.
24 Question Ils ont été emprisonnés?
25 Réponse: Oui.
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1 Question Pourquoi ont-ils été emprisonnés?
2 Réponse: Ils ont été en détention, surtout parce que personne ne
3 pouvait être sûr quant à la question de savoir lequel de ces Musulmans
4 était soldat, lequel était un citoyen bienvenu dans la ville. C'est une
5 des raisons. L'autre raison est que des éléments, des groupes incontrôlés
6 armés se déplaçaient en ville et les auraient liquidés. Ces gens-là
7 avaient été expulsés par les Musulmans, que ce soit des Croates ou des
8 Serbes. Ils étaient donc frustrés, en colère, ils arrivaient dans la ville
9 et ils risquaient de se venger sur les Musulmans, puisque ce sont les
10 Musulmans qui les ont expulsés, tout comme mon frère de Poculica.
11 Question Personne ne pouvait être en sécurité, personne du côté des
12 Musulmans. Pourquoi les Musulmans n'étaient pas en sécurité?
13 Réponse: Ce n'est pas vrai qu'ils n'étaient pas en sécurité. Si tel
14 était le cas, nous n'aurions pas organisé les élections ensemble, voté
15 ensemble, organisé les choses ensemble entre le HDZ et le SDA.
16 Question Je vais vous interrompre. Je vous cite, vous dites qu'aucun
17 des Musulmans ne pouvait être en sécurité; c'est ce que vous dites dans
18 votre réponse. Pourquoi avez-vous dit cela aux Juges?
19 Réponse: Ce n'est pas vrai, je n'ai pas dit qu'aucun des Musulmans
20 n'étaient en sécurité. J'affirme que ce n'est pas vrai ou il y a un
21 malentendu. Personne ne pouvait être en sécurité ni du côté des Musulmans
22 ni du côté des Croates, c'est-à-dire des nôtres.
23 Question Les pelotons de travail se déplaçaient jusqu'à la fin avril
24 avec l'escorte des gardes armés qui les menaient à leurs positions sous
25 contrainte, est-ce exact?
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1 Réponse: Non.
2 Question Vous nous avez parlé du fait que certaines personnes étaient
3 utilisées ailleurs. Ce qui m'intéresse est ce qui concerne la période
4 jusqu'à la fin avril. Où avez-vous eu l'expérience des pelotons de travail
5 entre le 16 avril et la fin du mois d'avril?
6 Réponse: A Krtina Mahala, jusqu'à la fin avril, c'est les membres de
7 l'armée, des gens de villages qui ne pouvaient pas s'acquitter des tâches
8 militaires, puis huit ou douze Roms, pendant une nuit, qui ont creusé les
9 tranchées. En fait, il s'agissait d'une sorte de tranchées assez longues,
10 qui relient les deux vraies tranchées. Et ils ont été bien traités et
11 relâchés tout de suite. Mais au bout de deux ou trois mois, j'ai entendu
12 dire que les Musulmans étaient amenés sur certaines positions également et
13 qu'ils avaient été traités de manière tout à fait correcte.
14 Question Vous avez parlé des Roms, mais en fait, ils ont été utilisés
15 eux après le départ de tous les Musulmans. Est-ce bien cela?
16 Réponse: Tous les Musulmans n'ont pas quitté Vitez, ils travaillaient
17 en tant que membres du peloton de travail. Là, c'était surtout les
18 Musulmans qui sont restés jusqu'à la fin de la guerre, qui émanent des
19 mariages mixtes, M. Gerim et les autres. Et les Roms insistaient pour être
20 ensemble avec eux, lorsque ceux-ci se rendaient à la ligne de front, parce
21 que c'est conforme à leur mentalité.
22 Question Est-ce que vous saviez que certaines personnes ont été tuées
23 lorsqu'elles étaient forcées de creuser les tranchées?
24 Réponse: Vous avez dit que des gens mouraient, qu'ils étaient tués:
25 vous voulez dire?
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1 Question Oui, tués, on a tiré sur eux?
2 Réponse: Je le sais.
3 Question Vous êtes au courant de combien de cas?
4 Réponse: Je pense que, chez nous, une personne a été tuée sur la ligne
5 de front; ce sont les Musulmans qui ont tiré de toute façon, puisqu'en ce
6 qui concerne le côté dont la balle pouvait provenir, il n'y a pas eu de
7 Croates ni de Serbes de ce côté là. Il est possible de vérifier cela, les
8 documents existent.
9 Question: C'est sur ces positions-là qu'on emmenait les Roms et les
10 Musulmans afin qu'ils creusent les tranchées, est-ce exact?
11 Réponse: Oui.
12 M. Nice (interprétation): Merci.
13 M. le Président (interprétation): Maître Kovacic?
14 (Questions supplémentaires de Me Kovacic au témoin Slavko Kristo.)
15 M. Kovacic (interprétation): Je n'ai que deux ou trois questions à poser.
16 Je vais enchaîner sur la dernière question tout d'abord. Avez-vous eu
17 l'occasion, à n'importe quel moment, de voir que des membres de pelotons
18 de travail, quel que soit le peloton de travail, celui constituer de gens
19 de la ville ou de gens du village, si ce genre de personnes avaient été
20 placées sur des positions où ils devaient creuser les tranchées et où la
21 situation était dangereuse pour eux?
22 M. Kristo (interprétation): Je ne les ai pas vus sur d'autres positions.
23 Mais, en ce qui concerne nos positions à nous, nous les avions placés à
24 l'endroit où ils étaient plus en sécurité par rapport à nous. Je
25 partageais mon sandwich avec eux. Ce n'est pas que moi, je mangeais la
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1 viande et que je leur donnais les os!
2 Question: Pendant la centaine de journées que vous avez passée sur votre
3 partie de la ligne de front, est-ce qu'un de vos collègues à vous a été
4 blessé ou tué lorsqu'il creusait les tranchées?
5 Réponse: Oui, il y en avait un, je pense qu'il s'appelle Ivica, mais je
6 ne me souviens plus de son nom de famille. Il était de Zenica.
7 Question: Très bien. J'aurais encore deux questions concernant les
8 tranchées dont vous avez parlé. Après que vous ayez vu ces deux2 tranchées
9 que les Musulmans creusaient à la limite de Mahala, entre ces deux routes
10 qui mènent vers la ville, est-ce que, par la suite, les Croates ont creusé
11 des tranchées au même endroit à peu près?
12 Réponse: Non, pas dans la même partie, parce que là il n'y a pas de
13 Croates; cette partie-là se trouve à 150 mètres par rapport à mon
14 immeuble. Dans la ville, il n'y a pas eu de tranchées du tout, les
15 tranchées n'étaient pas du tout creusées en ville.
16 Question: Est-ce qu'à n'importe quelle autre partie de Mahala, les
17 Croates ont creusé les tranchées par la suite?
18 Réponse: Pas du tout.
19 Question: Merci. Le Procureur vous a suggéré, que vous, les Croates,
20 bloquaient le passage des Musulmans qui souhaitaient quitter Mahala. Voici
21 ma question: à partir du matin où le conflit a éclaté, vous avez dit qu'on
22 a tiré sur votre maison?
23 Réponse: Certainement.
24 Question: Est-ce que vous êtes d'accord pour dire aujourd'hui que c'est
25 ce matin-là que la guerre a commencé?
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1 Réponse: Absolument.
2 Question: Si l'on avait pas tiré ce matin-là, est-ce que vous iriez sur
3 la ligne de front à Mahala ou est-ce que vous feriez autre chose?
4 Réponse: Non, comme je l'ai déjà dit, je serais allé au travail, parce
5 que c'est là que j'avais ma calculatrice et ma mallette. Moi, c'est mon
6 travail qui m'intéressait.
7 Question: Et personne ne vous aurait empêché d'aller au travail?
8 Question: C'est intéressant, mais oui, personne ne l'aurait fait!
9 Question: Même si, compte tenu de l'endroit ou vous viviez, il faut
10 savoir que vous traversiez Mahala tous les jours pour aller au travail?
11 Réponse: Oui, absolument tous les jours. Je contactais les Musulmans.
12 J'ai même de bons amis parmi les Musulmans: on était à l'école ensemble,
13 on jouait au football ensemble ou aux cartes, etc. Vous savez, c'est une
14 situation intéressante.
15 Question: Oui, mais ça, c'est une autre chose concernant la vie. Mais
16 est-ce que, même après, vous avez travaillé avec les Musulmans au travail?
17 Réponse: Oui, avec Hrustic, même ce dernier jour, ce jeudi, Hrustic est
18 allé à pied avec moi depuis Princip jusqu'à Mahala. Il est rentré chez lui
19 et moi, je suis rentré chez moi.
20 Question: Est-ce qu'un quelconque des Musulmans vous a dit que peut-être
21 des problèmes allaient surgir?
22 Réponse: Non, personne.
23 M. Kovacic (interprétation): Merci. Je n'ai plus de question à poser.
24 M. le Président (interprétation): Merci.
25 Monsieur Kristo, votre déposition est terminée. Merci d'être venu déposer
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1 devant ce Tribunal pénal international. Vous pouvez disposer.
2 M. Kristo (interprétation): Merci à vous. Je suis heureux si j'ai pu vous
3 aider.
4 M. le Président (interprétation): Nous allons faire maintenant une pause
5 jusqu'à 11 heures 20. Notre pause sera un peu plus courte pour être sûrs
6 de terminer à l'heure.
7 A 11 heures 20.
8 (Suspendue à 11 heures, l'audience est reprise à 11 heures 30.)
9 (Le témoin, Anto Miketa, est introduit dans le prétoire.)
10 M. le Président (interprétation): Oui, que le témoin fasse la déclaration
11 solennelle.
12 M. Miketa (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
13 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
14 M. le Président (interprétation): Voulez-vous vous asseoir, s'il vous
15 plaît?
16 M. Miketa (interprétation): Merci.
17 M. le Président (interprétation): Vous pouvez procéder, Monsieur Kovacic.
18 (Interrogatoire principal de M. Anto Miketa par Me Kovacic.)
19 M. Kovacic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Bonjour,
20 Monsieur Miketa. Merci d'être venu pour répondre à nos questions. Puis-je,
21 Monsieur le Président, procéder quant à l'identité du témoin?
22 M. le Président (interprétation): Oui.
23 M. Kovacic (interprétation): S'il vous plaît, confirmez-vous habiter à
24 Vitez, à Kamenjaca? C'est exact?
25 M. Miketa (interprétation): Oui.
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1 Question: Répondez par oui ou par non.
2 Réponse: Oui.
3 Question: Vous êtes né le 3 juin 1943 à Jajce?
4 Réponse: Oui.
5 Question: De nationalité, vous êtes croate, de confession catholique?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Vous êtes citoyen de Bosnie-Herzégovine et de République de
8 Croatie?
9 Réponse: Oui.
10 Question: Vous êtes marié et père de trois enfants?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Plus exactement, vous avez un fils et deux filles. C'est vrai?
13 Réponse: Oui, c'est exact.
14 Question: De tranches d'âge allant de 16 à 20 ans. Ai-je bien dit?
15 Réponse: Oui, c'est bien cela. J'ai bien dit un fils et deux filles.
16 Question: Vous êtes instituteur de géographie, histoire. Vous êtes à
17 l'école élémentaire de Vitez?
18 Réponse: Oui.
19 Question: En ce moment, vous n'êtes plus directeur de l'école
20 élémentaire de Vitez?
21 Réponse: Non, j'étais directeur. Maintenant, je suis tout simplement
22 dans l'enseignement.
23 Question: Vous avez fait l'école normale de Sarajevo?
24 Réponse: Oui, je l'ai faite en 1969.
25 Question: Vous êtes membre du HDZ?
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1 Réponse: Oui, je suis membre depuis l'établissement du parti à Vitez.
2 Question: Vous avez quelque fonction?
3 Réponse: Non.
4 Question: Monsieur Miketa, s'il vous plaît, dites-nous, après cette
5 guerre en Bosnie centrale, est-ce que vous vous considérez vous-même
6 responsable de quoi que ce soit dans cette guerre en tant que homme,
7 citoyen?
8 Réponse: Non. Je ne le suis pas. Tout comme d'autres gens, j'ai fait de
9 mon mieux pour vivre avec les gens autour de moi, pour subsister dans
10 l'espace qui est le nôtre et je ne me considère absolument pas responsable
11 de quelque acte, méfait que ce soit.
12 Question: On y reviendra plus tard. Depuis quand êtes-vous employé à
13 l'école élémentaire de Vitez?
14 Réponse: Depuis 1970. Plus exactement, depuis le 21 septembre 1970.
15 Question: Merci. Depuis l'agression de la JNA, aidée par les Serbes
16 locaux, contre la Bosnie-Herzégovine, l'enseignement a-t-il toujours eu
17 lieu dans votre école?
18 Réponse: Oui, l'enseignement se déroulait, mais avec des interruptions
19 fréquentes, étant donné qu'il y a eu des pilonnages et des raids de
20 l'aviation de la JNA. Il y a eu des attaques de la part des Serbes qui
21 étaient dans la région.
22 Question: Par conséquent, en cas de danger concret, les cours auraient
23 été interrompus pendant quelque temps?
24 Réponse: Oui, l'enseignement était interrompu à des temps indéterminés
25 parce qu'on ne savait pas quand surviendrait une autre attaque. Tout
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1 simplement, on avait dit aux enfants qu'en cas d'attaque, ils ne devaient
2 pas se rendre à l'école.
3 Question: Mais, malgré toutes ces interruptions, l'enseignement s'est
4 déroulé jusqu'à quand?
5 Réponse: Avec des interruptions, l'enseignement s'est déroulé jusqu'au
6 16 avril 1993.
7 Question: C'était donc la date où commença le conflit ouvert entre
8 Croates et Musulmans?
9 Réponse: Je dirai que c'est la date de ce malheureux conflit entre
10 Croates et Musulmans. Jusqu'à cette date-là, avec les interruptions que je
11 citais tout à l'heure, nous travaillions normalement à l'école.
12 Question: Monsieur Miketa, pouvez-vous nous dire en quelques phrases
13 seulement, le plus succinctement possible, où se situe le bâtiment de
14 l'école où vous travailliez?
15 Réponse: L'école où je travaille se trouve en plein centre de la ville
16 de Vitez, mais malheureusement, cette école était également située sur la
17 ligne de démarcation entre les deux parties belligérantes. Par conséquent,
18 il était impossible de dispenser les cours à cette époque-là. En cette
19 date du 16 avril, j'ai appris qu'il était impossible d'accéder à l'école,
20 le conflit ayant éclaté, une des employés m'a dit qu'une certaine armée
21 serait venue à l'école. Quelque chose comme cela.
22 Question: Où se trouve le bâtiment de l'école secondaire, du centre de
23 formation secondaire?
24 Réponse: Pratiquement ces deux bâtiments sont contigus, enfin sont
25 liés, enfin peut-être à trente mètres l'un de l'autre.
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1 Question: A côté se trouve un petit stade de football, un terrain de
2 sport?
3 Réponse: Oui, c'est pratiquement le stade de football de l'équipe de
4 Vitez.
5 Question: Par conséquent, depuis Mahala à l'école, pratiquement, il n'y
6 a rien? Aucun immeuble?
7 Réponse: Oui, c'est bien cela. Il s'agit de ce terrain de sport.
8 Question: Est-ce que vous veniez souvent à l'école depuis que le conflit
9 avait éclaté?
10 Réponse: Oui, souvent j'y venais pour m'occuper de certains dossiers,
11 de certaines affaires qui n'avaient pas été achevées, étant donné qu'à
12 l'école étaient venus des gens que je ne connaissais pas. Je voulais tout
13 simplement mettre cette documentation et ces dossiers en sécurité. Il
14 s'agit de dossiers très importants pour nous autres, pour les élèves, pour
15 les parents d'élèves. Il s'agit évidemment de dossier de chacun de nous
16 qui étions employés et, chaque jour où l'occasion se présentait, je venais
17 à l'école.
18 Question: Où se trouvait notamment cette partie contenant les dossiers?
19 Réponse: C'était la section centrale du bâtiment.
20 Question: Est-ce que vous avez été protégé en quelque sorte depuis la
21 direction de Mahala?
22 Réponse: Oui, cet office-là, qui était le mien, a été protégé, mais pas
23 certainement les cabinets et les classes.
24 Question: Vous avez dit que des gens seraient venus, une certaine armée
25 serait venue à l'école?
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1 Réponse: Oui.
2 Question: S'agissait-il d'unités des effectifs du HVO?
3 Réponse: Non, je ne les ai pas vus. J'ai vu des gens qui étaient sur le
4 toit, qui étaient en observation. Autrement dit, je ne pouvais pas avoir
5 droit d'accès à ce bâtiment.
6 Question: Mais certainement qu'il s'agissait de certaines unités qui
7 étaient du côté croate?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Est-ce que vous pouvez conclure par là que vous n'avez pas pu
10 constater vous-même de quelles unités il s'agissait pour les identifier?
11 Réponse: Je ne peux pas conclure par là parce que je ne pouvais pas
12 connaître ces gens-là. Je ne les ai pas connus avant.
13 Question: Est-ce que vous avez vu des insignes que d'aucuns d'entre eux
14 portaient?
15 Réponse: Non, je n'ai jamais vu d'insigne. C'est-à-dire que je n'ai pas
16 eu de contact avec eux.
17 Question: Depuis lors, ces soldats étaient tout le temps dans le
18 bâtiment de l'école?
19 Réponse: Oui, ils étaient tout le temps là-bas. Je me souviens que
20 toutes les fois où je suis venu à l'école, j'ai pu remarquer qu'ils
21 venaient en équipes. Il y en avait qui venaient, d'autres qui rentraient,
22 mais je ne connaissais pas le détail.
23 Question Pour parler ordre de grandeur, combien étaient-ils? Des
24 groupes ou des centaines ou des milliers ou quoi?
25 Réponse Non, c'étaient simplement quelques personnes. J'ai simplement
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1 remarqué qu'eux étaient en observation, en direction de Mahala. Vraiment,
2 c'étaient des groupes restreints déjà, pas très nombreux.
3 Question Merci. Monsieur, dans cet immeuble, à côté du centre de
4 formation secondaire, y avait-il eu également des militaires dans cet
5 autre immeuble?
6 Réponse Je ne sais pas qui étaient dans ce bâtiment du centre de
7 formation secondaire. Je peux vous parler de l'école où j'ai été employé.
8 Question Fin 1992 et début 1993, le bâtiment de votre école a-t-il été
9 utilisé en tant que centre d'accueil et d'abri à l'intention des réfugiés
10 qui étaient venus après la chute de Jajce?
11 Réponse Même avant la chute définitive de Jajce, c'était le centre
12 d'accueil de certains réfugiés qui venaient de Jajce, Kotor Varos et de
13 Klujic et de ces villages. J'ai été l'un de ceux qui étaient responsables
14 de leur accueil. Nous avons toujours prié les habitants de Vitez de venir
15 au secours, d'apporter des vivres, des habits, etc. Je suis très fier de
16 ces gens-là. Toutes les fois où je me rends maintenant à Jajce, ces
17 anciens réfugiés viennent pour me dire grand merci de tout ce que nous
18 avons fait, car je crois que nous avons fait une bonne œuvre et
19 charitable.
20 Question Monsieur, pour ce qui est de la composition ethnique de ces
21 réfugiés, comment se présentaient-ils?
22 Réponse Je vous ai déjà dit: ils venaient de Klujic -qui dit Klujic
23 dit Musulman-, de Kotor Varos, des Musulmans et des Croates; de Jajce, il
24 y avait des Musulmans et des Croates, voire des Serbes. Il y avait des
25 gens que j'ai connus personnellement. Moi, je suis d'origine de Jajce.
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1 C'est ainsi que nous avons pu les installer dans nos classes pour
2 organiser évidemment la distribution de la nourriture. Aussitôt après, il
3 y avait d'autres équipes qui devaient installer d'autres gens dans les
4 villages environnants où, évidemment, la situation était favorable.
5 Question Pouvez-vous peut-être dire, pour parler chiffres un petit peu,
6 à cette époque-là, quel serait le nombre de réfugiés qui seraient passés
7 par le bâtiment de votre école?
8 Réponse Je crois qu'il y avait environ 5000 hommes. Je me souviens
9 que, le 30 octobre 1992, date de la chute de Jajce, il y avait environ
10 3000.
11 Question A un moment donné?
12 Réponse A un moment donné, je sais qu'il y a eu beaucoup de gens.
13 Question Est-ce que vous vous souvenez qu'à un moment donné, le 16
14 avril, par exemple, il n'y a plus de réfugiés dans le bâtiment?
15 Réponse C'est que fin 1992, les réfugiés étaient partis. Il faisait
16 déjà froid, les conditions n'étaient plus favorables. Dans l'école
17 élémentaire de Vitez, on ne chauffait pas. Tous les réfugiés étaient soit
18 dans Vitez, dans d'autres installations ou ailleurs.
19 Question Au moment où le conflit éclate, le bâtiment de l'école
20 élémentaire était-il utilisé en tant que centre d'internement, etc.?
21 Réponse Je vous ai déjà dit qu'avant le 15 avril, il y avait de
22 enfants, nous, qui avons organisé l'enseignement normalement. L'école
23 marchait mais, après, il n'y avait personne car, comme je l'ai déjà dit,
24 les réfugiés étaient déjà partis fin 1992.
25 Question Début mai 1993, il y a-t-il eu quelqu'un d'installé dans votre
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1 bâtiment, le bâtiment de votre école.
2 Réponse Non, seuls les militaires y étaient. De temps en temps, j'y
3 venais ou, peut-être, quelques employés ou instituteurs, juste pour
4 s'informer de ce qu'il fallait faire.
5 Question J'aimerais bien que l'huissier nous présente le document
6 Z88/2. Il s'agit donc de la pièce à conviction Z88/2. Texte original en
7 anglais; nous n'avons pas de version en croate.
8 Monsieur Miketa, je vais vous expliquer ce que contient ce document pour
9 vous poser des questions. Dans l'en-tête de ce document, nous pouvons voir
10 qu'il s'agit d'un document émis par le centre régional de Zenica, office
11 de Zagreb du UNHCR. Il s'agit évidemment d'un rapport du 4 mai 1993. Un
12 certain M. Morsink a signé ce document.
13 Je vais d'abord vous demander si jamais vous avez vu ce document?
14 Réponse Non.
15 Question Deuxièmement, connaissez-vous la personne qui a signé ce
16 document?
17 Réponse Je ne vois pas, en bas de page, la signature mais ce n'est pas
18 si important pour moi. Qu'est-ce que vous avez dit?
19 Question Hank Morsink.
20 Réponse Je n'ai jamais entendu parler de cet homme-là.
21 Question Passons au contenu même. D'après le contenu, on conclut qu'une
22 équipe est en train de faire des enquêtes portant sur les soi-disant
23 allégations concernant la retenue à Vitez de deux familles de Musulmans à
24 l'école élémentaire de Vitez. Alors il a été dit que cette équipe
25 d'enquêteurs s'est rendue d'abord chez M. Mario Cerkez, commandant de la
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1 brigade HVO de Vitez, pour avoir l'autorisation de rendre visite à ces
2 deux familles. Pour ne pas donner lecture de l'ensemble du texte, trois
3 paragraphes avant la fin du texte, il a été dit "qu'un voisin a dit à ces
4 deux familles d'aller chercher abri à l'école et que le directeur de
5 l'école a pris soin d'installer, d'acquérir et installer ces gens-là. Ils
6 n'étaient pas retenus à l'école contre leur volonté et ils étaient bien
7 traités. Ensuite, le 3 mai, un autre groupe de militaires HVO étaient
8 venus en fourgonnette rouge. Ils ont cassé les vitres, forcé la porte de
9 l'école et ils ont harcelé et menacé ces deux familles-là".
10 Il a été dit ensuite que "le commandant de la brigade a eu connaissance du
11 fait qu'il y a eu là des extrémistes et que, lui, de son côté, a tout fait
12 pour les rechercher et tout fait pour assurer également les conditions de
13 sécurité à l'égard de ces deux familles de Musulmans".
14 J'ai la question suivante à vous poser: lorsqu'au début du conflit, c'est-
15 à-dire début mai, vous deviez vous rendre à l'école pour vous occuper de
16 ce que vous avez dit comme mise au point du dossier d'administration,
17 avez-vous été obligé de demander une permission à quiconque?
18 Réponse Non. Je ne devais pas demander d'autorisation, ni de
19 permission car je me considérais comme directeur de cette école.
20 Question Je vois. Vous souvenez-vous que, pendant ces premières
21 journées de mai, vous avez installé dans cette école des familles, une
22 famille quelconque?
23 Réponse J'ai entendu pour la première fois une chose pareille parce
24 que je vous ai déjà dit que les réfugiés s'en sont allés déjà. Il n'y
25 avait personne à l'école même avant que les conflits n'éclatent.
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1 D'ailleurs, personne ne m'a jamais rien demandé là-dessus.
2 Question: Bon, soyons clairs: est-ce que vous croyez qu'il y a une
3 possibilité quelconque de voir, au début mai, ces deux familles musulmanes
4 accueillies, installées à l'école? Y a-t-il une possibilité quelconque de
5 dire que c'était exact?
6 Réponse: Non, je ne pense pas. L'école était contrôlée par les
7 militaires dont j'ai parlé tout à l'heure; par conséquent, il n'y a aucune
8 possibilité de voir ces deux familles installées à l'école. Peut-être
9 ailleurs, à côté, mais pas à l'école.
10 Question: Personne ne vous a demandé, personne ne s'est adressé à vous
11 en tant que directeur pour installer ces deux familles?
12 Réponse: Personne. Et d'ailleurs, je n'ai jamais été autorisé à le
13 faire.
14 Question: Outre ce bâtiment et celui du centre de formation secondaire,
15 y a-t-il une autre école dans l'aire un peu plus large de la ville de
16 Vitez?
17 Réponse: Non, pas dans la ville même.
18 Question: Est-il vrai qu'il y a une école à Dubravica?
19 Réponse: Oui, il existe une école à Dubravica. Elle est à peu près à
20 une distance de deux kilomètres, et en direction de Sarajevo en général.
21 Question: Monsieur Miketa, dans cette affaire, à plusieurs reprises, on
22 a fait mention de l'école de Dubravica. Début mai, quels militaires s'y
23 trouvaient? C'était la base de quelle armée, de quels effectifs
24 militaires?
25 Réponse: Je ne le sais pas. Je me suis occupé de la besogne qui était
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1 la mienne à l'école, je ne peux pas savoir quant à l'école de Dubravica.
2 Question: Avez-vous pu entendre dire qu'il y avait des militaires dans
3 cette école, ou quelqu'un qui était installé?
4 Réponse: J'ai entendu, oui, mais je ne sais pas qui c'était.
5 Question: Et est-ce que, dans le bâtiment à côté du centre de formation
6 secondaire, il y a quelqu'un qui a été installé, des familles ou des gens?
7 Réponse: Je ne le sais pas. C'est à eux qu'il faut poser la question.
8 Question: Monsieur Miketa, est-ce que vous avez pu tout de même
9 apprendre qu'éventuellement, il y aurait quelqu'un dans cette école, dans
10 le centre de formation secondaire?
11 Réponse: Oui. Certainement, je l'aurais su parce que, tout de même,
12 c'est une espèce d'école de type villageois: on devrait tout de même
13 apprendre rapidement les choses.
14 Question: Comment s'appelait votre école avant le démantèlement de l'ex-
15 Yougoslavie?
16 Réponse: Cette école portait le nom "Ecole élémentaire, fraternité et
17 unité", "Bratstvo Jedinstvo". Il y avait plusieurs écoles, plus de 150
18 écoles en Yougoslavie, qui portaient ce nom.
19 Question: Pour quelle raison avez-vous changé d'appellation, après les
20 élections?
21 Réponse: Nous avons été tous déçus et plein d'amertume, surtout après
22 ce qui s'était passé avec le pilonnage de Vitez. Nous avons tout fait pour
23 oublier tout ce qui concernait l'ancien régime. C'est ainsi qu'il y a eu
24 changement d'appellation de l'école élémentaire de Vitez et, au moins, je
25 pensais que personne n'en serait gêné.
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1 Question: Cette appellation a été changée par décision du collège de
2 professeurs?
3 Réponse: Non, nous ne pouvons pas faire des changements de ce genre.
4 C'était une décision prise par le conseil municipal de Vitez.
5 Question: Est-ce qu'il y a eu une réaction quant à cette décision
6 proposée?
7 Réponse: Oui. Tout simplement, tout le monde a accepté étant donné
8 qu'ils étaient déjà irrités par l'ancienne appellation.
9 M. Kovacic (interprétation): On vient de me faire savoir qu'on devrait
10 progresser un peu plus rapidement.
11 M. le Président (interprétation): Monsieur Miketa, à quel moment étiez-
12 vous directeur de l'école?
13 M. Miketa (interprétation): J'étais directeur depuis 1991 jusqu'au mois de
14 septembre dernier. J'ai été pratiquement directeur de cette école pendant
15 une période de huit ans, neuf ans presque.
16 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.
17 Une seconde, s'il vous plaît. J'ai quelque chose à communiquer à la
18 juriste de la Chambre.
19 Vous pouvez procéder, Monsieur Kovacic.
20 M. Kovacic (interprétation): D'après la réglementation portant sur
21 l'école, le directeur changeait tous les quatre ans?
22 M. Miketa (interprétation): Oui.
23 Question: Et vous avez été réélu pour deux mandats?
24 Réponse: Oui. On est rééligible pour deux ou plusieurs mandats si on
25 travaille bien, si on est responsable et si l'école fait des progrès.
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1 Question: En tout cas, pour des questions importantes, c'est
2 certainement l'attitude du collège professoral qui est importante?
3 Réponse: Oui, elle est importante.
4 Question: Au moment où vous avez changé le nom de l'école, y a-t-il eu
5 une instruction, un arrêté, une directive ou quelque chose du ministère de
6 l'éducation nationale de Bosnie-Herzégovine ?
7 Réponse: Non, parce qu'à cette époque-là on peut dit carrément que la
8 Bosnie-Herzégovine n'existait plus. Nous n'avions aucune liaison avec le
9 centre même de Sarajevo, de Bosnie-Herzégovine. Mais à cette époque-là,
10 les liens étaient plutôt lâches et il n'y avait aucune coordination ni
11 coopération, surtout pas avec des autorités si élevées.
12 Question: Pour clarifier, est-ce que l'on peut dire que déjà, au début
13 de l'été 1992, en tant que directeur de l'école, vous avez reçu un
14 document, un papier formel important de Sarajevo, du ministère de
15 l'éducation nationale de Bosnie-Herzégovine?
16 Réponse: Non, je n'ai pas reçu de documents car nous, nous étions
17 pratiquement de la compétence de la région de Zenica.
18 Question: Bon. Alors est-ce que c'est de l'office régional de Zenica que
19 vous avez pu recevoir des documents?
20 Réponse: Non, non plus. Je crois que nous avons été délaissés
21 complètement.
22 Question: Quelles étaient les autorités que vous avez pu contacter?
23 Réponse: D'ordinaire et en général, nous avons contacté la
24 municipalité. C'est comme cela que cela se passait. Nous avons eu
25 évidemment des liaisons avec la communauté d'Herceg-Bosna.
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1 Question: Combien d'enseignants y avait-il au début de la guerre à votre
2 école? Quelle était leur composition ethnique?
3 Réponse: Au début de la guerre, il y avait au total 55 enseignants.
4 Pour ce qui est de leur appartenance ethnique, les Bosniaques, les
5 Musulmans étaient les plus nombreux, environ 50%, les Croates 35% et puis
6 des Serbes et des Monténégrins.
7 Question: Vous, en tant que directeur de l'école et vos collègues
8 enseignants instituteurs, avez-vous pu d'une quelconque manière créer une
9 situation telle que les Musulmans se verraient obligés de quitter l'école?
10 Réponse: Nous n'avons jamais créé de situation de ce genre. Tout
11 simplement, l'école marchait normalement jusqu'au 16 avril 1993 et il n'y
12 avait vraiment pas de problèmes. Il n'y a même pas eu de malentendu.
13 Question: En qualité de directeur de cette école, à n'importe quel
14 moment au cours de l'année 92 et 93, avez-vous fait signer aux professeurs
15 et instituteurs une déclaration d'allégeance, de loyauté quelconque à
16 l'égard de la Bosnie-Herzégovine?
17 Réponse: Non, nous n'avons jamais fait cela et nous n'avions guère
18 besoin de parler d'allégeance à l'Herceg-Bosna parce qu'ils étaient là.
19 Ils étaient dans cette région-là.
20 Question: Avez-vous reçu des instructions ou une documentation dont il
21 fallait s'occuper ensuite? L'avez-vous fait?
22 Réponse: Non, nous n'avons jamais reçu d'instruction de cette espèce et
23 il n'y avait guère besoin de le faire.
24 Question: Mais pour ce qui est du départ de certains instituteurs, à
25 cette époque-là qui précédait la confrontation directe en date du 16
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1 avril, cela signifiait que certains ont quitté l'école?
2 Réponse: Oui et pour des raisons que j'ignore toujours, des
3 instituteurs qui étaient des Serbes ont quitté l'école, essayant de se
4 faire excuser parce qu'ils avaient des problèmes de santé ou d'autres
5 parce qu'ils avaient peut-être une messe funèbre à célébrer pour tel ou
6 tel cousin au Monténégro qui était décédé, etc. Diverses étaient les
7 raisons qu'ils citaient, mais ces gens-là n'étaient jamais de retour.
8 Encore aujourd'hui, j'ignore les raisons pour lesquelles ils sont partis.
9 Question: Y a-t-il eu des Musulmans qui ont quitté l'école?
10 Réponse: A cette époque-là, il n'y a pas eu de départ de Musulman avant
11 le conflit du 16 avril.
12 Question: Lorsque les Musulmans partaient, où allaient-ils?
13 Réponse: En général, à Mahala, Zenica, Travnik.
14 Question: Maintenant, je me réfère au paragraphe 3 du résumé de votre
15 déposition. Dans votre école, avant la dislocation de l'ancienne
16 Yougoslavie, comment s'appelait la langue qu'on appelait maternelle et que
17 vous enseigniez à l'école?
18 Réponse: On l'appelait à cette époque-là la langue serbo-croate.
19 C'était la langue officielle, mais pas maternelle pour nous tous.
20 Question: Mais lorsque vous avez changé d'appellation et lorsque la
21 République de Bosnie-Herzégovine est devenu une République souveraine et
22 qu'elle ne faisait plus partie intégrante de la Yougoslavie, qu'avez-vous
23 fait quant à l'appellation de cette matière? Comment l'appeliez-vous?
24 Réponse: J'ai déjà dit que les parents d'élèves et les élèves ont été
25 irrités par le fait qu'il y avait une attaque de la JNA. Ils ne voulaient
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1 même plus se servir de manuels en serbo-croate. Néanmoins, je peux dire
2 qu'on se débrouillait tant bien que mal parce qu'on n'avait pas de
3 ministère à cette époque-là et, pour ainsi dire, les écoles se
4 considéraient comme autonomes.
5 Question: Et comment s'appelait maintenant cette matière?
6 Réponse: Eh bien, là où nous avons eu une possibilité quelconque de
7 nous approvisionner en manuels, parce que faute évidemment de contacts
8 avec Sarajevo, nous avons changé cette matière, pas nous, mais la
9 municipalité a changé cette manière comme étant donc langue croate parce
10 que c'était notre langue maternelle et la langue officielle.
11 Question: Monsieur Miketa, je vais vous demander d'essayer d'aider la
12 Chambre de première instance, ainsi que moi-même, à mieux comprendre ce
13 qu'il en était. Dans la langue de tous les jours, en dehors de l'école, si
14 vous disiez à quelqu'un: "Ecrivez-moi cela dans la langue concernée",
15 comment la désigniez-vous?
16 Réponse: Même avant, on disait le serbo-croate.
17 Question: Et c'était la langue officielle?
18 Réponse: Oui.
19 Question: En Bosnie-Herzégovine, quand on parlait -mettons au dîner-,
20 est-ce que l'on parlait de cette langue en disant que c'était du serbo-
21 croate ou du serbe?
22 Réponse: Non.
23 Question: Alors comment désignait-on cette langue?
24 Réponse: On disait soit la langue croate, soit la langue croato-serbe.
25 Question: A cette époque, est-ce que la langue, le terme langue
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1 bosniaque ou langue musulmane existait?
2 Réponse: Croyez-moi, nous avons entendu parler pour la première fois de
3 cette désignation après la guerre. Nous n'avions jamais entendu parler
4 auparavant de bosniaque, de langue bosniaque. La seule langue qui existait
5 auparavant, c'était le serbo-croate et, ensuite, on a parlé de croate.
6 Question: Vous dites que vous n'avez entendu désigner cette langue comme
7 langue bosniaque officiellement qu'après la guerre. Est-ce que vous saviez
8 qu'à l'université de Sarajevo, une chaire d'enseignement de la langue
9 bosniaque a été établie en 1994 seulement?
10 Réponse: Oui, je crois que tout le monde le sait. Je connais même des
11 gens qui ont étudié dans le cadre de ce département.
12 Question: Pour en terminer de cette partie de mon interrogatoire relatif
13 à la langue, je vais demander l'aide de l'huissier pour communiquer un
14 nouveau document.
15 Mme Ameerali (interprétation): Le document portera la cote D125/2.
16 M. Kovacic (interprétation): Je vais vous demander, Monsieur Miketa, de
17 vous pencher sur ce document.
18 Ma première question est la suivante: est-ce que vous avez vu ce document
19 au moment où il a été publié?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Est-ce que c'est la décision que vous avez mentionnée au terme
22 de laquelle on désigne maintenant la langue officiellement en parlant de
23 langue croate?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Paragraphe 2, s'il vous plaît, maintenant, veuillez m'en
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1 donner lecture et me dire de quoi il s'agit.
2 Réponse: "Les parents des étudiants ou des élèves et les étudiants ou
3 les élèves peuvent utiliser un autre terme pour cette langue mais, dans ce
4 cas, ils sont obligés d'engager un autre enseignant de la langue en
5 question". Fin de citation.
6 Question: Qu'est-ce que cela veut dire? Pourquoi le gouvernement
7 municipal a-t-il ajouté un paragraphe à cette décision?
8 Réponse: Parce qu'en plus des enfants croates, il y avait des enfants
9 musulmans, des enfants roms, des enfants serbes. Donc, ils pouvaient avoir
10 des heures de cours dans une autre langue, dans leur propre langue, si
11 l'on pouvait trouver des enseignants pour s'occuper de ces cours.
12 Question: Est-ce que des communautés ethniques ont demandé le respect de
13 cette déposition et ont demandé que l'on fasse appel, que l'on engage des
14 enseignants capables d'enseigner leur propre langue?
15 Réponse: Non, pas à ce moment-là.
16 Question: Monsieur Miketa, je vais vous demander d'examiner un autre
17 document. Je crois que vous allez pouvoir nous donner des informations à
18 ce sujet mais dans l'intervalle...
19 Ce document n'a pas été traduit, je l'ai communiqué aux traducteurs mais
20 j'attends toujours une traduction. La seule chose que je vais demander au
21 sujet de ce document, ce sont les noms qui y figurent.
22 M. le Président (interprétation): Placez, s'il vous plaît, ce document sur
23 le rétroprojecteur.
24 Mme Ameerali (interprétation): Le document porte la cote 126/2.
25 M. Kovacic (interprétation): Monsieur Miketa, je vais vous demander, s'il
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1 vous plaît, d'examiner la signature qui figure sur ce document et le nom
2 de la personne qui a signé ce document. Pouvez-vous me dire si vous
3 connaissez l'homme qui a signé ce document?
4 M. Miketa (interprétation):Il s'agit de Nuraga Mulla Halilovic, c'est le
5 principal de l'école secondaire de Vitez.
6 Question: Donc, c'était le principal de l'autre école?
7 Réponse: Oui, de l'école secondaire.
8 Question: Vous le connaissez bien, professionnellement parlant?
9 Réponse: Oui, bien entendu. On a souvent participé à des réunions de
10 directeurs ou d'écoles ensemble.
11 Question: Quelle est son appartenance ethnique?
12 Réponse: Il est musulman.
13 Question: Examinez, s'il vous plaît, ce document. Dites-moi de quoi il
14 s'agit et quel est l'objectif de ce document?
15 Réponse: Il s'agit d'un type de certificat que moi-même je délivrais
16 lorsque j'engageais quelqu'un, soit pour une durée déterminée, courte ou
17 pour une période plus longue.
18 Question: Donc il s'agit d'un document qui stipule qu'une personne est
19 engagée?
20 Réponse: Oui. La personne en question commence à travailler et
21 bénéficie de tous les droits, des mêmes droits que les autres personnes
22 employées dans l'institution.
23 Question: Est-ce que vous connaissez Hakija Cengic, la personne qui est
24 embauchée? On le voit dans ce document.
25 Réponse: Oui. Oui, il a longtemps travaillé au sein de mon école et il
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1 a également été principal pendant très longtemps de Bila, de l'école de
2 Bila, une école qui n'est pas très loin de Vitez.
3 Question: M. Cengic était sans doute un enseignant très compétent?
4 Réponse: Oui, et il s'y connaissait beaucoup dans le domaine militaire,
5 dans le domaine de la stratégie militaire, de la doctrine militaire parce
6 qu'il était réserviste.
7 Question: Est-ce qu'il s'agit de la même personne qui dirigeait la
8 Défense territoriale à Vitez, précédemment?
9 Réponse: Oui. Oui, je le sais parce que quand quelqu'un partait de
10 Vitez, la personne en question devait donc obtenir un certificat auprès de
11 la Défense territoriale pour aller s'installer ailleurs.
12 Question: Est-ce que cela signifie que M. Hakija Cengic ne travaillait
13 plus à la Défense territoriale et que donc il est allé travailler dans
14 cette école à ce moment-là?
15 Réponse: Il avait travaillé à l'école avant. C'était possible quand
16 quelqu'un avait une affectation pour une période déterminée et quand
17 celle-ci arrivait à expiration, à ce moment-là, il pouvait retourner à son
18 ancien travail.
19 Question: Donc, d'après le règlement, les personnes pouvaient retrouver
20 leur ancien emploi?
21 M. le Président (interprétation): Deux choses: premièrement, Maître
22 Kovacic, les interprètes ont du mal à vous suivre parce que vous parlez en
23 même temps que le témoin. Donc laissez-le terminer avant d'intervenir
24 vous-même.
25 Deuxièmement, ce document ne sera pas admis tant que nous ne disposerons
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1 pas d'une traduction. Il peut porter cette cote mais cela ne signifie pas
2 que cela soit un élément de preuve. Ce document ne pourra être admis que
3 lorsqu'il aura été traduit.
4 Donc, Maître Kovacic, laissez le témoin s'exprimer et nous dire ce qu'il a
5 à nous dire. Avez-vous encore beaucoup de questions?
6 M. Kovacic (interprétation): Je crois que je peux terminer en quinze
7 minutes à peu près.
8 M. le Président (interprétation): Très bien.
9 M. Kovacic (interprétation): Je suis désolé pour le document. J'ai fait de
10 mon mieux pour que ce document puisse être traduit, mais...
11 M. le Président (interprétation): Ne perdons pas plus de temps à ce sujet.
12 M. Kovacic (interprétation): Monsieur Miketa, quelle est l'appartenance
13 ethnique de M. Cengic?
14 Réponse: Il est musulman, bosnien.
15 Question: Encore deux ou trois questions auxquelles je vous demande de
16 répondre par oui ou par non, pour ne pas gaspiller de temps. Vous n'avez
17 pas besoin de donner des explications supplémentaires. D'ailleurs, vous en
18 avez parlé quand vous avez évoqué la question de la langue.
19 Donc, premièrement: est-il exact qu'après avoir changé la désignation de
20 la langue, vous avez également modifié les manuels scolaires?
21 M. Miketa (interprétation): Oui.
22 Question: Est-ce que ceci avait pour objectif de ne pas utiliser des
23 manuels scolaires qui avaient été rédigés du temps de l'ex-Fédération
24 socialiste de Yougoslavie?
25 Réponse: Oui, c'était la seule raison pour laquelle nous avons fait
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1 cela.
2 Question: Donc est-ce qu'en fait, vous étiez dans une situation où vous
3 deviez utiliser des manuels scolaires dans lesquels... Par exemple, des
4 manuels scolaires relatifs aux sciences sociales où l'on parlait d'unité,
5 de fraternité entre toutes les nations, en disant "tel pays ou telle
6 partie de tel pays mène une agression contre tel autre pays"?
7 Réponse: Oui. Oui, c'est la raison pour laquelle nous avons souhaité en
8 finir et faire la cassure avec le passé. Et c'est une initiative qui vient
9 aussi bien des élèves que des parents.
10 Question: Est-ce que l'on vous a donné des instructions pour ce faire?
11 Est-ce qu'on vous a dit qu'il fallait que vous remplaciez les manuels
12 scolaires que vous aviez utilisés jusqu'à ce moment-là?
13 Réponse: Non, je n'ai jamais reçu d'instructions de ce type. Moi,
14 j'essayais de me servir de manuels les plus différents possible de ceux
15 que l'on avait utilisés précédemment.
16 Question: Et où avez-vous réussi à vous procurer de tels manuels?
17 Réponse: La seule solution qui s'offrait à nous, c'était d'aller
18 chercher ces manuels en République de Croatie; c'était d'ailleurs le seul
19 territoire avec lequel nous avions des liens. J'ai donc essayé de les
20 obtenir de cette façon, de plusieurs façons d'ailleurs.
21 Question: Une autre question au sujet des manuels scolaires: après la
22 mise en place de la nouvelle République souveraine de Bosnie-Herzégovine,
23 est-ce qu'on a publié des manuels scolaires quels qu'ils soient?
24 Réponse: Jusqu'à ce jour, on n'a publié aucun manuel scolaire en
25 Bosnie-Herzégovine. Ces manuels scolaires sont imprimés en Slovénie pour
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1 la Bosnie-Herzégovine. Il n'est pas possible actuellement, et c'était la
2 même chose précédemment, il n'est pas possible de faire imprimer ces
3 manuels scolaires là.
4 Question: Monsieur Miketa, au début, je vous ai demandé si vous pensiez
5 être responsable des activités ou de certaines des activités qui ont eu
6 lieu pendant la guerre. Je souhaiterais demander au greffe de placer sur
7 le rétroprojecteur le document D42 et d'en communiquer un exemplaire au
8 témoin.
9 Je signale qu'il y a une erreur au compte rendu d'audience. Il ne s'agit
10 pas du document D42 mais du document D40/2.
11 Monsieur Miketa, ce document a été signé par celui qui l'a rédigé, M.
12 Nimad Rebihic. Première question: le connaissez-vous?
13 Réponse: Je connais Nimad Rebihic, c'était un collègue à moi.
14 Question: Donc vous avez travaillé à ses côtés pendant un certain temps?
15 Réponse: On n'a jamais travaillé exactement au même endroit. L'un de
16 nous travaillait au centre et l'autre à la périphérie, mais on a travaillé
17 pour le même organisme.
18 Question: Est-ce qu'il lui arrivait de travailler à l'école du centre?
19 Réponse Non.
20 Question Est-ce que c'était la façon de progresser dans la hiérarchie
21 scolaire?
22 Réponse Oui, on prend en compte l'opinion des élèves et des parents.
23 Ceci permet éventuellement d'être nommé à l'école du centre-ville, c'est
24 une promotion.
25 Question En tant qu'homme, en tant que professeur, avez-vous une bonne
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1 opinion de cet homme?
2 Réponse Je ne peux pas vous dire grand-chose nous n'avons eu que très
3 peu de contacts. Je ne l'ai rencontré que lors des réunions qui avaient
4 lieu à l'école du centre, mais nous n'avions jamais vraiment eu de
5 contacts personnels.
6 Question Ce document s'intitule: "Liste des personnes intéressantes
7 pour des raisons de sécurité, qui sont soupçonnées d'être responsables ou
8 directement liées à des crimes, des actes de génocide ou de nettoyage
9 ethnique contre les Musulmans de la municipalité de Vitez".
10 Monsieur Miketa, à la page 2 de ce document, je vous demande de regarder
11 le paragraphe 4; malheureusement, ce texte est en anglais mais je vais
12 vous aider. Cet homme ici donne votre nom en disant que vous êtes criminel
13 de guerre. Essayons de voir ce qu'il en est. Est-ce que vous pensez que
14 vous êtes ce M. Miketa?
15 Réponse Je ne sais pas. Si, moi, j'étais principal, directeur d'une
16 école et si c'est un crime, à ce moment-là, je suis criminel!
17 Question Monsieur Miketa, essayons d'étudier la question. Est-ce que
18 vous avez deux fils?
19 Réponse Au début, j'ai déjà dit que j'avais deux filles et un fils.
20 Question Et ce fils, est-ce qu'il a été tireur embusqué pendant la
21 guerre?
22 Réponse Non, à aucun moment.
23 Question Est-ce qu'il était déjà majeur au moment de la guerre?
24 Réponse Oui, il a fêté son 18e anniversaire pendant cette période.
25 Question Ici, on peut lire que vous étiez parmi les personnages les
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1 plus importants du HDZ et ensuite du HVO. Quel était le poste le plus
2 important que vous ayez occupé au sein du HDZ?
3 Réponse J'étais parmi les quatre ou cinq vice-présidents. C'est le
4 poste le plus important que j'ai occupé, mais c'était à Vitez, au comité
5 municipal.
6 Question Est-ce que chaque vice-président avait une spécialisation et
7 un domaine dont il s'occupait plus particulièrement?
8 Réponse Nous aidions le président dans certains domaines.
9 Question Est-ce que l'on peut dire que vous vous occupiez plus
10 particulièrement de certains domaines?
11 Réponse Non, c'était un travail à caractère très général.
12 Question Et quand le gouvernement local du HVO a été mis sur pied,
13 avez-vous eu un poste au sein de cette entité?
14 Réponse Non. Moi, je me contentais de travailler à l'école.
15 Question Est-ce que vous avez occupé peut-être un poste non-officiel?
16 Réponse Non, non, je ne sais pas si aider à accueillir les réfugiés
17 cela représente un poste particulier, c'est tout.
18 Question Vous en avez déjà parlé. Est-ce que vous avez contribué à
19 fournir et à trouver des armes pour le HVO?
20 Réponse Non.
21 Question Est-ce que vous avez des informations au sujet de la façon
22 dont le HVO se procurait des armes dans la municipalité?
23 Réponse Non.
24 Question Est-ce que vous pensez que le fait que vous ayez introduit de
25 nouveaux manuels scolaires en provenance de Croatie est quelque chose de
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1 négatif?
2 Réponse En fait, je crois que cela a été utile aussi bien pour les
3 parents que pour les élèves, parce que comme cela les élèves n'ont pas
4 perdu une année scolaire. Puis c'était la seule façon de se procurer des
5 livres. Pourquoi ne pas aider les gens quand on peut? Perdre une année
6 scolaire, c'est très dommageable pour les enfants, surtout pour ceux qui
7 sont en fin de scolarité.
8 Question Est-ce que, Monsieur, vous avez participé à l'arrestation et à
9 la détention de Musulmans dans des camps de concentration dans la région
10 de Vitez? Est-ce que vous avez participé à l'arrestation, aux mauvais
11 traitements de Musulmans dans le hameau de Kolonija, dans la municipalité
12 de Vitez?
13 Réponse Tout d'abord, je n'habite pas à cet endroit, à Kolonija. Tout
14 le monde vous le confirmera et puis j'ignore les personnes qui
15 participaient à ce genre d'activité. Moi, je me trouvais à un endroit
16 complètement différent à Vitez.
17 Question Une dernière question à ce sujet, Monsieur Miketa. Pendant
18 toute la période de cette malheureuse guerre, est-ce que des représentants
19 des autorités de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, ou bien un Procureur
20 ou un enquêteur de ce Tribunal, vous a demandé à vous entendre dans le
21 cadre d'une enquête?
22 Réponse Non, non, personne n'est venu me voir. On est venu me voir
23 uniquement pour parler de questions scolaires, rien d'autre.
24 Question M. Miketa, est-ce qu'entre la fin de la guerre et aujourd'hui,
25 vous vous êtes déplacé en Bosnie?
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1 Réponse Non.
2 Question Donc, vous n'êtes jamais sorti de la municipalité où vous
3 habitez?
4 Réponse: Eh bien, je suis allé à Travnik où se trouvent les centres
5 scolaires et je suis également allé à Jajce voir des membres de ma
6 famille.
7 Question Est-ce qu'il vous est arrivé d'être arrêté par des membres de
8 la police, qui vous ont demandé de présenter vos documents d'identité?
9 Réponse Non.
10 Question Maintenant, en ce qui concerne votre voyage à La Haye?
11 Réponse Oui.
12 Question Avez-vous demandé ou eu besoin de mesures de sécurité
13 particulières?
14 Réponse Non, je suis un citoyen libre et je crois que je n'ai mis en
15 danger la vie d'absolument personne. Et je me sens libre de me rendre
16 partout dans le monde.
17 Question Très bien. Pour finir, j'ai encore une dernière question à
18 vous poser. Est-ce que vous connaissez l'accusé Mario Cerkez?
19 Réponse Oui, je connais Mario Cerkez. Mario Cerkez était l'un de mes
20 élèves. C'était un bon élève. Je suis content de l'avoir vu un peu. Je le
21 connaissais quand il était tout jeune mais, ensuite, on s'est moins vus
22 quand il a quitté l'école. Mais je connais également sa famille. Vitez,
23 c'est une petite ville, on se connaît tous.
24 Question: Est-ce que vous avez entendu dire des choses négatives au
25 sujet de sa famille?
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1 Réponse: Non.
2 Question: Et au sujet de Mario lui-même?
3 Réponse: Non.
4 Question: Est-ce que vous avez déjà entendu dire à son sujet qu'il était
5 opposé à une communauté ou à un groupe ethnique particulier?
6 Réponse: Non, bien sûr que non. Et je sais bien que ce n'est pas son
7 genre, je le connais depuis qu'il est tout jeune.
8 Question: Pendant toutes ces années à Vitez, est-ce que vous avez
9 remarqué, à un moment ou à un autre, est-ce que vous avez constaté que
10 c'était quelqu'un qui jouait un rôle important dans la communauté?
11 Réponse: Comme je l'ai dit, après la fin de sa scolarité, je ne l'ai
12 pratiquement plus jamais revu. Je n'ai jamais entendu quoi que ce soit de
13 négatif à son sujet.
14 M. Kovacic (interprétation): Je n'ai plus de questions, Monsieur Miketa.
15 M. Sayers (interprétation): Monsieur le Président, nous n'avons pas de
16 questions à poser à M. Miketa.
17 M. le Président (interprétation): Maître Nice?
18 (Contre-interrogatoire de M. Anto Miketa par Me Nice.)
19 M. Nice (interprétation): Est-ce que votre fils était membre de la Brigade
20 de Vitez, pendant la guerre?
21 Réponse: Oui. Oui, il était membre de la Brigade de Vitez.
22 Question: Quand est-il devenu membre de la brigade?
23 Réponse: Je ne sais pas exactement quand. Moi-même et tous les gens de
24 Vitez, nous faisions partie de gardes, de patrouilles. Je ne sais pas
25 exactement quand il est devenu membre de la brigade.
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1 Question: Donc il est devenu membre actif de la Brigade de Vitez, n'est-
2 ce pas?
3 Réponse: Il était membre.
4 M. Nice (interprétation): En ce qui concerne le document D40/2 qui est
5 rédigé par Nimad Rebihic, c'est un document qui est daté du 10 juin 1993.
6 A ce sujet, j'ai deux questions. Vous n'avez aucune raison de penser que
7 l'auteur de ce document ait délibérément menti à votre sujet?
8 Réponse: Non, je ne peux pas trouver de raison comme cela. Mais peut-
9 être qu'il n'a pas eu d'avancement, donc c'est peut-être pour cela qu'il
10 n'était pas content et qu'il en voulait à tout le monde. Je vais vous
11 l'expliquer: il n'a jamais eu de promotion, il n'a jamais été employé à
12 l'école de la ville, il a toujours été employé dans les écoles de village.
13 Donc peut-être est-ce la raison pour laquelle il a fait cela, je pense que
14 ça pourrait être cela.
15 Question: Donc il était jaloux de vous? Il était frustré,
16 professionnellement, personnellement?
17 Réponse: C'est peut-être exact.
18 Question: Mais penchons-nous sur ce qu'il a affirmé à votre encontre,
19 tout d'abord au sujet de votre fils, dont il dit que c'était un tireur
20 embusqué. Et ensuite, il nous disait également qu'il se chargeait de
21 trouver des armes pour le HVO. Alors arrêtons-nous sur ce point: y a-t-il
22 de la vérité là-dedans?
23 Réponse: Non, absolument pas. Moi, je travaillais uniquement à l'école.
24 Question: Justement, arrêtons-nous quelques instants. Je vais demander
25 que nous passions à huis clos partiel quelques instants, le temps
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1 d'identifier quelqu'un.
2 (Huis clos partiel.)
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15 (Audience publique.)
16 M. Miketa (interprétation): Mais moi, je souhaite parler de cet homme,
17 justement.
18 M. le Président (interprétation): Laissons cela de côté, pour le moment.
19 M. Miketa (interprétation): Je m'excuse. Très bien.
20 M. Nice (interprétation): J'ai deux questions à vous poser. Pour le
21 moment, une: vous nous avez parlé de votre voyage à Jajce avant que les
22 combats ne commencent, n'est-ce pas?
23 M. Miketa (interprétation): Oui, j'ai de la famille là-bas.
24 Question: Et lorsque vous êtes retourné de Jajce, avant le début du
25 conflit, de temps en temps, vous veniez avec des armes, avec des
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1 munitions, etc.? Réfléchissez-y. Est-ce que vous vous en souvenez?
2 Réponse: C'est vous qui l'affirmez, pas moi.
3 Question: Je vous suggère que vous l'avez fait et que vous avez
4 distribué les armes et les munitions au sein de la population croate.
5 Réfléchissez-y de nouveau, prenez votre temps. C'est exact, n'est-ce pas?
6 Réponse: Il n'y a pas de raison d'y réfléchir. Moi, je suis allé à
7 Jajce pour rendre visite à mes parents. La dernière fois que j'y suis
8 allé, c'était pendant le conflit le plus sanglant, pendant l'agression
9 serbe contre Jajce; c'est à ce moment-là que j'étais à Jajce.
10 En ce qui concerne les armes, il n'était pas possible de les acheminer et
11 il n'y en avait pas de toute façon.
12 Question: Reparlons du document que nous étions en train d'examiner,
13 D40/2. Cet homme a dit, à propos de votre sujet, que vous étiez l'une des
14 personnes qui favorisaient, qui prônaient la cause du HDZ et du HVO de
15 manière la plus active. Mais vous, vous étiez celui qui prônait la
16 communauté croate d'Herceg-Bosna, vous croyiez au bien-être d'une telle
17 institution?
18 Réponse: Moi, j'ai été l'un des vice-présidents du conseil municipal.
19 Question: Oui. Et vous aviez la foi en Herceg-Bosna? Vous prôniez sa
20 constitution?
21 Réponse: Apparemment, il faudrait que je vous explique la situation
22 telle qu'elle existait à l'époque. Il faudrait peut-être que je dise
23 quelque chose: au moment où nous avons subi la défaite, au moment où nous
24 n'avions plus de contact avec les pouvoirs centraux, il a fallu que l'on
25 trouve un moyen afin de nous faire protéger. C'était la seule raison de
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1 cela et c'était nécessaire pour notre survie.
2 Question: L'Herceg-Bosna, c'était un organisme qui se basait sur les
3 Croates, n'est-ce pas?
4 Réponse: Non, ce n'est pas vrai. Il s'agissait d'une institution visant
5 à défendre la population comprise de tous les peuples qui vivaient dans ce
6 territoire. Le but était de nous protéger contre l'agression.
7 Question: En novembre 1991, donc au moment où cette institution était
8 constituée, quelle est l'agression à laquelle vous faisiez face?
9 Réponse: En 1991, après l'attaque lancée contre la Croatie, nous nous
10 attendions à ce que nous aussi nous soyons lancés. Et ces craintes se sont
11 avérées vraies.
12 Question: Vous avez parlé de ce que vous pensiez de M. Cerkez. En tant
13 que personne éduquée, est-ce que vous pouvez dire qu'il est vrai que,
14 souvent, il y avait des gens qui auparavant se comportaient de toutes
15 sortes de manières, mais à partir l'année 1992 ou 1993, sont devenus plus
16 partiaux vis-à-vis de l'un ou l'autre camp. Ce genre de chose se passait,
17 n'est-ce pas?
18 Réponse: Moi, je sais que le chaos régnait à l'époque. Donc, je ne peux
19 pas me prononcer sur la question de savoir qui était partial et qui ne
20 l'était pas. Parfois, les gens devenaient plus actifs pour soutenir un
21 groupe ethnique plutôt qu'un autre.
22 Question: Toutes sortes de choses étaient organisées. Par exemple, la
23 manifestation qui a lieu au stade de football en 1992, y êtes-vous allé?
24 Réponse: Non. Je n'y étais pas.
25 Question: Et la propagande qui a été diffusée au nom de l'Herceg-Bosna,
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1 par exemple, à la télévision?
2 Réponse: A ce moment-là, je pense que nous ne regardions même plus la
3 télévision.
4 Question: Nous allons reparler du document. Ici, il est dit que vous
5 êtes responsable du fait que le curriculum croate a été introduit et que
6 les manuels de Bosnie-Herzégovine n'étaient plus employés dans les écoles,
7 n'est-ce pas?
8 Réponse: Je n'en étais pas responsable. Tout simplement, j'ai transmis
9 les propositions des étudiants et des enseignants, de même que des parents
10 des étudiants et des élèves aux autorités municipales. Tout ce que j'ai
11 fait, c'est de transmettre les propositions.
12 Question: Nous allons regarder le document. Encore une fois, est-ce que
13 vous acceptez l'idée que c'est vous qui avez donné l'ordre aux enseignants
14 de votre école de faire en sorte que seule la langue croate soit enseignée
15 et non la langue bosniaque? Vous l'avez fait en septembre 1992.
16 Réponse: Encore une fois, je le redis: je n'ai pas donné cet ordre.
17 Tout le monde a accepté cela de manière bénévole. D'autre part, vous avez
18 fait une autre erreur: vous avez parlé de la langue bosniaque. A l'époque,
19 en 1992, elle n'existait pas du tout. Cette langue a été proclamée
20 officiellement en 1994 lorsque qu'une chaire a été établie à Sarajevo qui
21 se basait sur cette langue. C'est à partir de ce moment-là que l'on a
22 commencé à parler de la langue bosniaque.
23 Question: Que dites-vous sur la suggestion selon laquelle vous avez
24 donné les instructions aux enseignants afin qu'ils enseignent uniquement
25 la musique et les chants croates à partir de septembre 1992?
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1 Réponse: Je peux vous dire que nous ne connaissions pas cette musique-
2 là à l'époque, nous non plus. Nous avons continué à enseigner les mêmes
3 choses qu'auparavant. Nous n'avons pas changé l'enseignement ni les
4 manuels en matière de musique.
5 (Huis clos partiel)
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24 (Audience publique.)
25 En ce qui concerne cette personne dont je viens de parler -et nous
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1 n'allons pas mentionner son nom de manière publique, nous avons entendu
2 son témoignage-, est-ce que vous croyez qu'il y a une raison quelconque
3 pour laquelle cette personne aurait de faux souvenirs à votre égard?
4 Réponse: Non, je connais à peine cette personne. Elle a travaillé dans
5 l'école pendant une période courte. Je ne sais pas pourquoi elle serait
6 contre moi.
7 Question: Connaissez-vous un certain Munib Kajmovic? Il a été témoin
8 dans cette affaire. Il a déposé en audience publique, page 3045.
9 Réponse: Je ne le connais pas personnellement, mais je sais où il a
10 travaillé. Il a travaillé à l'école secondaire.
11 Question: Il était membre du parti SDA, n'est-ce pas? Le savez-vous?
12 Réponse: Je ne sais pas en ce qui concerne les affaires personnelles
13 des gens, cela ne m'intéresse pas.
14 Question: Vous voyez, Monsieur Miketa, il nous a dit qu'il était à
15 l'école et il nous a dit que les Musulmans de Vitez avaient convenu avec
16 les autres que la langue enseignée dans les écoles allait être la langue
17 bosniaque à partir de septembre 1992. Alors que vous nous dites que vous
18 ne saviez pas que la langue bosniaque existait avant 1994. N'est-il pas
19 vrai -réfléchissez bien- que les gens savaient bien que la langue
20 bosniaque existait bien avant le début de ce conflit?
21 Réponse: Visiblement, il y a des choses que vous ne comprenez pas. La
22 langue bosniaque...
23 M. le Président (interprétation): Il ne faut pas personnaliser le débat.
24 Vous êtes devant les Juges dans ce Tribunal. Avant, vous nous avez dit que
25 la langue bosniaque a été instaurée seulement après la guerre. C'était
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1 votre déclaration.
2 M. Miketa (interprétation): Oui, je le dis et je l'affirme. Si l'on dit
3 "la langue bosniaque", cela me concerne moi aussi parce que moi, j'habite
4 en Bosnie-Herzégovine. Ceci s'applique à tout le monde: les Serbes, les
5 Roms, etc., tous ceux qui vivent en Bosnie-Herzégovine. Si vous dites "la
6 langue bosniaque", cela implique tous ceux qui vivent en Bosnie-
7 Herzégovine, y compris moi. Cependant, cette langue n'existe pas. La seule
8 langue dont on peut parler est la langue bosnienne et c'est ce qu'il
9 souhaite, je suppose.
10 Question: Dans votre pièce à conviction -et nous pouvons la verser au
11 dossier D125/2-, il y est dit la chose suivante: "Les parents des élèves
12 et les élèves peuvent employer un autre terme pour cette langue s'ils sont
13 obligés de parler avec un enseignant en utilisant la langue en question".
14 Est-ce que cela veut dire qu'ils devaient engager un enseignant de leur
15 propre gré?
16 Réponse: Non, il existe encore aujourd'hui une loi en Bosnie-
17 Herzégovine et dans la Fédération selon laquelle chaque élève a le droit
18 de s'exprimer dans sa propre langue. Si dans mon école, par exemple, j'ai
19 30 ou 24 élèves dans une classe, je suis obligé de trouver les enseignants
20 qui vont leur enseigner en employant leur propre langue. Et ceci est
21 conforme à la législation qui est encore aujourd'hui en vigueur.
22 Question: Mais nous voyons sur la base de ce document -veuillez le
23 replacer sur le rétroprojecteur, il s'agit de la pièce 125/2-, nous
24 pouvons voir qu'il s'agit d'un ordre concernant l'Herceg-Bosna en date du
25 19 novembre 1992. Nous pouvons voir qu'il s'agit là d'un ordre ou d'une
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1 décision émanant du HVO. Ce qui est reflété concerne uniquement l'adoption
2 de la part du gouvernement du HVO, le 19 novembre, comme il est indiqué
3 ici, de cette décision. Il est dit: "Conformément à la décision du
4 gouvernement"; de quel gouvernement s'agit-il ici, dans ce cas-là, s'il
5 vous plaît?
6 Réponse: Si je ne me trompe, avant que le conflit n'éclate, le 16 avril
7 1993, dans la municipalité, dans le gouvernement étaient représentés les
8 membres d'autres groupes ethniques également. Et ce sont les élus
9 appartenant à la fois aux groupes ethniques bosniaque, serbe et croate,
10 tous ceux qui étaient représentés dans la municipalité à l'époque, qui
11 étaient représentés dans les instances de pouvoir aussi.
12 Question: Ai-je raison de dire qu'il s'agit ici d'une décision émanant
13 du HVO, n'est-ce pas?
14 Réponse: Il s'agit ici d'une décision des pouvoirs, des autorités
15 municipales.
16 Question: Qui n'ont pas été élues. Et il s'agit surtout d'un organe
17 croate, ai-je raison?
18 Réponse: Non, pas seulement croate. Il y avait également des Musulmans,
19 des gens du SDA, du HDZ, du SDS, tous ceux qui avaient été représentés au
20 pouvoir.
21 Question: Ivan Santic, je crois que c'est votre ami. Il était le
22 président de votre parti. Je crois qu'à un certain moment, Ivica Santic
23 était le président du HVO?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Et qui était le président du gouvernement local, à l'époque?
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1 Réponse: Lui, à l'époque, il était à la tête du gouvernement aussi.
2 Question: Et il vit où, en ce moment?
3 Réponse: A Vitez.
4 Question: Il est vivant, sain et sauf? Vous l'avez vu, récemment?
5 Réponse: Oui, je l'ai vu. Il était venu ici.
6 Question: Ah oui, je vois. Donc il était ici? Je vois.
7 Veuillez examiner rapidement la pièce à conviction 653.1. Et quand a-t-il
8 été ici, s'il vous plaît, Monsieur Miketa?
9 Réponse: Je ne sais pas très exactement, mais vous le savez qu'il était
10 ici.
11 Question: Veuillez placer la version en anglais sur le rétroprojecteur,
12 s'il vous plaît. Ce document porte la date du 14 avril 1993.
13 Si nous examinons la fin du document, nous pouvons voir qu'il s'agit d'un
14 ordre émanant de Valenta où il est dit que les écoles vont cesser de
15 fonctionner. La date est donc du 14 avril jusqu'à lundi 19 avril. Est-ce
16 pour cela qu'il n'y a pas eu d'enfants à l'école, à ce moment-là, chez
17 vous?
18 Réponse: A quel moment vous voulez dire qu'il n'y a pas eu d'enfants?
19 Vous voulez dire au moment où l'attaque a été lancée?
20 Réponse: Oui, au moment où les combats ont commencé. Est-ce pour cela
21 que l'école a été vidée de ces élèves, à ce moment-là?
22 Réponse: Cela s'est produit le matin, avant le début des cours. Nous
23 avons été attaqués le 16 avril, tôt le matin. Bien sûr qu'il n'y a pas eu
24 d'enfants.
25 Question: Monsieur Miketa, ici nous voyons un ordre en date du 14 avril.
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1 Je crois que vous avez dit que, de toute façon, à ce moment-là, les
2 enfants n'étaient pas vraiment à l'école.
3 Ici, nous voyons un ordre signé par Anto Valenta qui est envoyé au
4 président des municipalités différentes, y compris Vitez. Est-ce que cet
5 ordre explique la raison pour laquelle il n'y a pas eu d'enfants dans
6 votre école?
7 Réponse: Comme je l'ai déjà dit, les enfants allaient à l'école
8 jusqu'au 16; le 15 était le dernier jour. Nous avions les cours de manière
9 régulière jusqu'au 16, et c'est seulement le 15 que c'était le dernier
10 jour. Ensuite, cela a été brutalement rompu.
11 Question: Nous n'avons plus tellement de temps. Je souhaite que l'on
12 traite de la nuit du 15 au 16. Vous dites que votre maison se trouvait
13 tout près de Stari Vitez ou de Mahala, est-ce exact?
14 Réponse: Pas vraiment juste à côté, mais c'était à proximité. A vol
15 d'oiseau, c'était à une distance d'environ 100 mètres.
16 Question: Très bien. Et dans cette région, il existe une maison
17 musulmane qui a été occupée par une famille musulmane de Hrustic. Est-ce
18 exact?
19 Réponse: Non, cela n'existe pas. Pas dans cette partie-là.
20 Question: Après ces événements qui se sont déroulés le 16, vous avez
21 certainement remarqué qu'un grand nombre de maisons, à proximité de votre
22 maison, ont été complètement détruites, en entraînant beaucoup de pertes
23 de vies, n'est-ce pas?
24 Réponse: Vous vous trompez entièrement. Aucune maison n'a été détruite
25 dans la partie de la ville où j'ai vécu, où je vivais. Il n'y a pas eu de
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1 maisons de détruites et nos voisins n'ont pas été blessés dans la partie
2 de la ville dans laquelle, moi, je vis. Cela dit, il y a eu des pertes
3 chez les nôtres, mais ailleurs.
4 Question: Donc vous êtes en train de suggérer que votre quartier est un
5 quartier croate?
6 Réponse: Non, pas du tout. Mon premier voisin est un musulman, mon
7 deuxième voisin également et puis, du côté droit, il y a un Croate. Donc
8 il s'agit d'un quartier mixte, le quartier dans lequel je vis.
9 Question: Est-ce que vous connaissez ces personnes. Non, finalement je
10 retire cette question.
11 Le matin du 16, il y a eu une attaque violente lancée contre Stari Vitez,
12 contre Mahala par le HVO, n'est-ce pas?
13 Réponse: Non, absolument pas.
14 Question: Je vois.
15 Réponse: Non, bien au contraire, c'est nous qui avons été attaqués
16 depuis Mahala et les municipalités avoisinantes.
17 Question: Mais quel était le but des gens de Mahala qui vous auraient
18 attaqués? Est-ce que vous pourriez nous expliquer cela? Qu'est-ce qu'ils
19 espéraient atteindre?
20 Réponse: Eh bien, je suppose qu'avec le soutien de l'extérieur... Je ne
21 sais pas, ils avaient sûrement certaines intentions mais je ne sais pas ce
22 qu'ils espéraient atteindre.
23 Question: Je vois. Et vous n'avez jamais réussi à le comprendre, même
24 après, dans les années 1993, Monsieur Miketa?
25 Réponse: Je ne connais pas les raisons.
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1 Question: Vous connaissez un certain Ivka Mlakic, n'est-ce pas?
2 Réponse: Vous parlez d'un homme ou d'une femme?
3 Question: Une femme. C'est moi qui me suis trompé. Ivka Mlakic.
4 Réponse: Non.
5 Question: Est-ce que vous connaissez un quelconque ou une quelconque
6 personne nommée Mlakic, près de chez vous?
7 Réponse: Oui, bien sûr. Il y en a beaucoup, il y a tout un village, une
8 agglomération qui s'appelle Mlakic.
9 Question: Très bien. Et au cours de la matinée du 16 avril, un lance-
10 roquettes a été utilisé depuis les jardins de l'agglomération Mlakic, en
11 votre présence, et cela a été tiré sur Mahala avec des résultats
12 complètement dévastateurs?
13 Réponse: Ma maison est face à Mahala et derrière Mahala se trouve une
14 grande colline. Ensuite vient le village de Mlakici. Donc il n'est pas
15 possible de voir Mlakici à cause de cette colline. Le matin du 16, moi,
16 j'entendais tout simplement les coups de feu venant de Mahala et j'avais
17 beaucoup de problèmes. Mais là, il s'agit de mes problèmes personnels.
18 Question: Nous n'avons pas beaucoup de temps, Monsieur Miketa. De toute
19 façon, ce que j'ai affirmé tout à l'heure est lié aux documents émanant de
20 M. Morsink.
21 Mais voici ma question suivante: on vous a posé beaucoup de questions
22 concernant une famille qui s'est réfugiée à l'école, et ceci s'est produit
23 en mai 1993. Est-ce que vraiment, vous dites que vous connaissez la
24 situation dans l'école tellement bien que vous êtes sûr, vous excluez la
25 possibilité selon laquelle des familles étaient détenues dans cette école
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1 pour des raisons de leur propre sécurité? Ou bien considérez-vous que
2 c'est possible mais que vous ne le saviez pas?
3 Réponse: Il n'y a pas de raison pour laquelle j'ignorerais ce genre de
4 choses puisque j'allais à l'école souvent. Moi, je vous ai déjà dit que le
5 seul endroit où je ne pouvais pas aller, où je n'avais pas accès, c'était
6 le toit puisqu'il y avait des militaires qui étaient des observateurs.
7 Mais tout le reste, j'y avais accès. Et j'affirme en toute responsabilité
8 que lorsqu'il a commencé à faire froid, il n'y avait plus personne à
9 l'école puisque tous les réfugiés étaient dans les villages.
10 Question: Nous savons que l'école de Dubravica était utilisée en tant
11 que centre de détention. Mais dans le centre ville de Vitez, combien
12 d'autres écoles y avait-il? Est-ce qu'il y avait juste votre école ou une
13 de plus, ou plusieurs autres?
14 Réponse: Il y avait aussi une école secondaire à Vitez, qui se trouvait
15 environ à trente mètres par rapport à celle où moi je travaille.
16 Question Monsieur Miketa, est-ce que M. Santic vous a dit ce qui s'est
17 passé pendant la nuit du 15 ou 16 avril?
18 Réponse Je n'ai pas eu de contact avec M. Santic, puisque moi j'habite
19 dans le village et nous n'étions pas au contact pendant longtemps à cause
20 de cela. Parce que, tout simplement, je ne pouvais pas m'approcher de la
21 ville, je ne pouvais pas entrer dans la ville. Donc personne ne pouvait me
22 dire quoi que ce soit.
23 Question Mais le vice-président du parti politique, dont lui était le
24 président et vous vice-président… Et vous dites vraiment devant les Juges
25 que, même lorsque vous avez eu l'occasion de le voir, vous ne lui avez
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1 jamais posé la question de savoir ce qui s'était passé réellement au cours
2 de cette horrible nuit, n'est-ce pas?
3 Réponse Moi, j'ai appris qu'il y a eu des atrocités. Je les ai
4 condamnées, de grandes atrocités, et nous partageons l'avis que les
5 personnes responsables doivent être tenues pour responsables, mais en ce
6 qui concerne les détails, je ne les connaissais pas. C'est seulement par
7 la suite, par le biais de la presse et de la télévision, que j'ai appris
8 plus de détails.
9 (Questions supplémentaires de Me Kovacic au témoin Anto Miketa.)
10 M. Kovacic (interprétation): Je n'ai pas beaucoup de questions à poser,
11 Monsieur le Président, Messieurs les Juges. Malheureusement, pour des
12 raisons techniques et vraiment je ne pensais pas que cela allait être
13 contesté mais, maintenant, je souhaite proposer que l'on verse ce document
14 au dossier. Je vais demander au témoin de faire son commentaire, de donner
15 ses explications, sinon il va falloir avoir recours à un autre témoin.
16 Monsieur Miketa, ici, j'ai une lettre émanant de la faculté de philologie
17 de Sarajevo, en date du 22 décembre, où ils disent qu'auparavant, il avait
18 déjà communiqué à M. Nobilo, suite à sa demande, qui a posé la même
19 question. Ils disent qu'à la faculté de philologie de Sarajevo, depuis
20 1950, il existait une chaire des langues slaves. Jusqu'en 1994, il y avait
21 deux chaires: d'un côté, pour la langue contemporaine serbo-croate, avec
22 la linguistique générale, et la chaire pour les disciplines historiques;
23 et, à partir de 1994, la chaire pour la langue bosniaque contemporaine, la
24 langue croate et la langue serbe contemporaines, avec la linguistique
25 générale et la chaire pour les disciplines historiques.
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1 Monsieur Miketa, une telle information, puisque vous étiez un expert en la
2 matière, est-ce que vous étiez au courant de cela avant que je ne vous le
3 lise?
4 Réponse Je n'ai jamais entendu parler de cela mais, simplement, je
5 sais qu'en 1994, la chaire de la langue croate a été établie.
6 Question Merci beaucoup.
7 Monsieur le Président, peut-on recevoir une cote aux fins d'identification
8 et par la suite…
9 M. le Président (interprétation): Oui, lorsque ce sera traduit. Quelle
10 sera la cote?
11 Mme Ameerali (interprétation): Il s'agira de la pièce à conviction D125/2.
12 M. Kovacic (interprétation): Une chose encore peut-être et veuillez me
13 répondre de manière tout à fait brève, s'il vous plaît: est-ce que vous
14 pouvez nous dire qui est l'agresseur de la Bosnie-Herzégovine au cours de
15 l'année 1992? Quelle force, quelle armée?
16 M. Miketa (interprétation): Je ne sais pas… Nous tous qui sommes vivants,
17 nous le savons, c'est la JNA. Nous savons que c'était la JNA.
18 Question Avec?
19 Réponse Avec l'aval des Serbes de la Serbie.
20 Question Les livres, les manuels scolaires dont vous disposiez à ce
21 moment-là étaient publiés par ce même Etat qui instrumentalisait la JNA,
22 dont la JNA était l'armée. Est-ce exact?
23 Réponse Oui.
24 Question A ce moment-là, est-ce qu'en même temps, la République de
25 Bosnie-Herzégovine, que ce soit avant ou après la proclamation de sa
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1 souveraineté…
2 M. Nice (interprétation): Je dois attirer votre attention sur le fait que
3 je n'ai pas posé ce genre de questions dans mon contre-interrogatoire.
4 M. le Président (interprétation): Tout à fait, nous avons entendu
5 suffisamment d'éléments à ce sujet-là et je souhaite ajouter également que
6 le conseil a raison: ce genre de question n'a pas été posé dans le cadre
7 de son contre-interrogatoire.
8 M. Kovacic (interprétation): Peut-être pas directement mais, bien sûr, je
9 vais suivre vos conseils. Ivica Santic, que vous avez mentionné,… Peut-
10 être il vaut mieux que l'on reparle d'autre chose, conformément aux
11 conseils de mon collègue.
12 Dans le cadre du contre-interrogatoire du Procureur, M. Kajmovic a été
13 mentionné?
14 M. Miketa (interprétation): Oui. Mais en ce qui concerne cette personne-
15 là, je ne la connais pas. Tout simplement, je sais qu'il travaille à
16 l'école secondaire.
17 Question Très bien. Est-ce que vous savez si, à n'importe quel moment,
18 M. Ivica Santic, sur qui l'on vous a posé des questions, s'il a jamais été
19 le président du parti HDZ?
20 Réponse Il n'a jamais été le président du parti HDZ.
21 Question Quelle était sa fonction en 1992-1993?
22 Réponse Il était à la tête de la municipalité.
23 Question Et comment est-ce qu'il est venu à la tête de la municipalité?
24 Réponse Eh bien, les partis au pouvoir à Vitez se sont mis d'accord
25 suite au vote sur le fait que cette personne en était capable et qu'elle
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1 pouvait exercer ses fonctions à la tête de la municipalité.
2 Question Est-ce que c'était suite aux élections qui avaient été
3 organisées?
4 Réponse Oui.
5 Question Est-ce qu'il y a eu un quelconque doute par rapport à sa
6 nomination, à ce poste-là et à la question de savoir s'il a été élu de
7 manière démocratique?
8 Réponse Non, il est très honnête et très compétent.
9 Question Monsieur Miketa, en tant que personne responsable à l'école,
10 est-ce que vous et vos enseignants, est-ce que vous avez dit aux enfants
11 de ne pas venir à l'école le 16 avril et le lendemain?
12 Réponse Non, tout s'est passé de manière tellement soudaine. Nous
13 n'avions pas l'occasion de leur dire ce genre de choses.
14 Question Et auparavant, est-ce qu'ils avaient reçu des instructions
15 quant à la question de savoir comment se comporter en cas d'urgence?
16 Réponse Même avant la guerre, dans le vieux système, nous avions le
17 devoir d'expliquer aux enfants comment se comporter en cas d'urgence, où
18 aller, où s'abriter en cas de désastre ou de choses comme celles-là. Donc,
19 même dans les années 70-80, nous enseignions ce genre de chose et ceci n'a
20 pas changé par la suite.
21 Question Très bien. On vous a présenté l'ordre de M. Valenta concernant
22 la cessation du fonctionnement des écoles. Tout d'abord, est-ce que vous
23 avez déjà vu ce document?
24 Réponse Non, jamais auparavant.
25 Question Est-ce qu'au moment des faits, quelqu'un vous a informé du
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1 fait qu'un tel ordre existait?
2 Réponse Je n'ai jamais entendu parler d'un tel ordre.
3 Question Finalement, troisièmement, même si vous aviez reçu ce document
4 de Valenta, est-ce qu'il est votre supérieur d'une quelconque manière?
5 Peut-il vous donner des instructions quant à la question de savoir si
6 l'école va fonctionner ou pas?
7 Réponse Non, nous n'étions pas responsables devant lui. Nous étions
8 responsables devant les gens qui faisaient partie du secteur de
9 l'éducation.
10 Question: Une seule question très simple me reste: vous avez mentionné
11 le fait que vous alliez à Jajce, etc. Durant la période que vous avez
12 mentionnée, pendant que vous alliez voir vos parents à Jajce, quelles
13 armées luttaient dans la région? Qui luttait contre qui?
14 Réponse: Malheureusement, j'y suis allé au moment des pires conflits,
15 au moment où l'aviation a lancé les raids aériens contre Jajce. Le peuple,
16 à mains nues, s'est opposé à l'agression de la JNA et de l'armée des
17 Serbes.
18 Là, ce sont les Croates et les Musulmans bosniaques qui luttaient les uns
19 à côté des autres. Ils étaient ensemble sur les lignes de front.
20 Question: Merci beaucoup. Je n'ai plus de questions à poser.
21 M. le Président (interprétation): Monsieur Miketa, c'est ainsi que se
22 termine votre déposition. Merci d'être venu déposer devant ce Tribunal.
23 Vous pouvez disposer.
24 M. Miketa (interprétation): Merci de m'avoir entendu.
25 M. le Président (interprétation): Nous allons lever la séance jusqu'à
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1 lundi.
2 Monsieur Miketa, vous pouvez disposer, vous pouvez partir.
3 (Le témoin, M. Anto Miketa, est reconduit hors du prétoire.)
4 (Questions relatives à la procédure.)
5 M. Kovacic (interprétation): Je parlerai de manière très très brève,
6 vraiment. Je pense que nous devons vous informer du fait que nous avons un
7 certain nombre d'objections. Ces derniers temps, le Procureur, à travers
8 le contre-interrogatoire, emploie les documents qui n'ont pas été versés
9 au dossier auparavant, qui sont complètement nouveaux pour nous, qui n'ont
10 pas été communiqués ni divulgués d'une quelconque manière à la défense. En
11 plus, nous avons l'impression, en ce qui concerne les sources, que parfois
12 cela provient des autorités de renseignement bosniennes et nous n'avons
13 pas accès à cela.
14 M. le Président (interprétation): Au moment de la situation concrète, nous
15 avons entendu ce que vous avez dit. Mais la manière la plus facile sera de
16 traiter de cela dans une situation concrète. Et si vous avez une objection
17 par rapport à une question concrète, vous devez le faire, bien sûr, tout
18 comme vous l'avez fait au cours de la matinée aujourd'hui.
19 Nous avons entendu votre objection générale.
20 M. Kovacic (interprétation): Très bien, Monsieur le Président, nous le
21 ferons. Mais purement pour des raisons pratiques, afin de ne pas
22 interrompre le contre-interrogatoire, j'ai éventuellement une autre
23 proposition. Je pense qu'il existe une obligation: le Procureur devrait
24 nous transmettre ce genre de documents. Dans ce cas-là, nous pourrions
25 être préparés, être prêts; nous pouvons voir quelles sont les questions
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1 qui se posent sur la base de ce document. Inutile d'expliquer cela en
2 détail.
3 M. le Président (interprétation): Je ne peux pas rester plus longtemps. Je
4 pense que nous avons siégé pendant deux heures. Nous avons entendu cela.
5 Peut-être pouvons-nous encore débattre de cela lundi. Le Procureur est ici
6 et pourra réfléchir à cela d'ici lundi.
7 M. Kovacic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Je prierais que
8 le Procureur nous fournisse au plus vite la traduction de la déclaration
9 du témoin que nous avons reçue ici aujourd'hui. Ceci ne nous est pas très
10 utile si nous recevons l'exemplaire en anglais seulement. Merci.
11 M. Sayers (interprétation): Deux choses, très rapidement. Premièrement,
12 nous demandons la traduction en croate des documents qui nous ont été
13 communiqués afin que nous puissions les communiquer à notre client, pour
14 des raisons évidentes.
15 Deuxième chose: je souhaiterais vous rappeler que Krizanac sera notre
16 premier témoin lundi. C'est l'un des témoins par le biais d'affidavits
17 dont nous avons demandé qu'il vienne témoigner. Bien entendu, l'audition
18 de ce témoin sera très rapide.
19 M. le Président (interprétation): Merci.
20 M. Nice (interprétation): En ce qui concerne les traductions, nous en
21 parlerons peut-être lundi. Nous n'avons pas encore de traduction en BCS à
22 ce stade, des problèmes de sécurité nous ont empêchés de l'obtenir.
23 Une possibilité serait de fournir des cassettes, nous l'avons déjà fait
24 précédemment. Ceci permettrait de passer outre les obstacles posés par
25 d'éventuelles ordonnances aux fins de protection.
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1 Permettez-moi d'examiner la chose pendant le week-end pour voir si cette
2 solution pourrait constituer une option acceptable pour tous.
3 M. le Président (interprétation): Oui. Bien, nous allons suspendre
4 l'audience et reprendre à 9 heures 30 lundi.
5 (L'audience est levée à 13 heures 15.)
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