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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-95-14/2-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 LE PROCUREUR
4 C/
5 Dario KORDIC
6 Mario CERKEZ
7
8 Lundi 26 avril 1999
9
10 L'audience est ouverte à 9 heures 50.
11 Mme le Greffier (interprétation). - Bonjour, Messieurs les
12 Juges, affaire IT.95.14/2T, le Procureur contre Dario Kordic et Mario
13 Cerkez.
14 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, Maître
15 Nice.
16 M. Nice (interprétation). - La pièce suivante sera la pièce 64,
17 à votre intention Monsieur Cicak. Je ne pense pas que cela ait déjà été
18 versé. Il s'agit de la pièce 64.1, mais il y a aussi la 64.1a parce que
19 ceci n'avait pas été repris dans les documents de base, ni dans les
20 originaux.
21 (Les documents sont remis au témoin.)
22 M. Nice (interprétation). - Nous avons affaire à un nouvel
23 article que vous avez publié, Monsieur, le 27 mars. Je crois que cet
24 article a été publié dans le "Nasa Rijec". Il y a un
25 résumé en anglais de cet article. Si vous connaissez cet article,
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1 Monsieur, ou si vous avez eu l'occasion de le parcourir en diagonale pour
2 vous souvenir du contenu, je vais lire à l'intention des Juges le résumé
3 du 64.1a, le voici. Il s'agit d'une lettre adressée à Kordic par vous-
4 même, Monsieur le témoin :
5 "Le néofascisme, version Kordic, présente toutes les
6 caractéristiques du fascisme authentique. Le parti national, en tant que
7 principale autorité gouvernementale, le pouvoir concentré entre les mains
8 du chef, le culte de la personnalité du leader national "irremplaçable",
9 la transformation d'un gouvernement démocratique en un gouvernement
10 fasciste.
11 Kordic s'emploie à armer le HDZ paramilitaire, endoctriner les
12 jeunes avec le concours de Stipac Sliskovic et Prusac. Les Croates de
13 Bosnie-Herzégovine sont amenés à croire qu'ils devraient êtres des
14 Oustachi s'ils veulent être de véritables croates, ce qui est absurde.
15 Toutes les propositions faites par les autres partis, c'est-à-
16 dire ceux qui ne font pas partie du HDZ, ont été tournées en dérision tout
17 simplement parce qu'elles émanaient des autres. La structure du HDZ est
18 progressivement devenue une organisation corrompue, néfaste, extrémiste et
19 belliqueuse. Il y a des slogans que l'on fait circuler tels que le NDH est
20 un Croate indépendant."
21 Ces slogans ont pour vocation de faire croire aux gens que
22 Busovaca ne compte qu'un nombre négligeable d'habitants musulmans ou
23 serbes. Busovaca est en Bosnie et jamais ne fera partie de la Croatie.
24 Grâce à Kordic et à Boban, la Communauté croate de Herceg-Bosna est un
25 cancer politique sur le territoire politique de Bosnie-Herzégovine. La
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1 seule chose qu'ils ont à offrir à la population de Busovaca, c'est la
2 guerre en guise de mode de vie."
3 Monsieur Cicak, ce résumé reflète-t-il bien certains des sujets
4 repris dans cet article intitulé "Sancta Simplisitas ?
5 M. Cicak (interprétation). - Très brièvement, il s'agit
6 véritablement d'un résumé. C'est un article qui est presque anthologique
7 qui a été écrit et envoyé à M. Kordic et qui contient pratiquement tout ce
8 que Kordic porte en lui-même de négatif. Il se trouvait à la tête de
9 toutes les manifestations négatives. Il est vrai qu'ici, dans cet article…
10 M. Nice (interprétation). – Monsieur Cicak, rassurez-vous, dans
11 la mesure où si certes cet article a été résumé à l'intention des Juges,
12 une traduction intégrale de cet article, et d'ailleurs de tous les
13 articles, sera mis à la disposition des Juges dès qu'elles seront prêtes.
14 A partir de ces commentaires que vous avez fournis à propos de
15 cet article, je vais passer à la pièce suivante, la pièce 52.
16 M. Cicak (interprétation). - Excusez-moi, si je peux faire quand
17 même un commentaire. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, vous le
18 permettez ?
19 M. Nice (interprétation). - S'il s'agit d'éléments qui ne sont
20 pas repris dans le résumé dont je viens de donner lecture, et si vous
21 pouvez nous donner les paragraphes numérotés dans l'original 64.1 ce
22 serait utile parce que nous ne pouvons certes pas lire le BCS, mais nous
23 pouvons lire un numéro de paragraphe, notamment dans la photocopie du
24 document que vous avez.
25 Y a-t-il un paragraphe numéroté sur lequel vous voulez appeler
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1 l'attention des Juges ?
2 M. Cicak (interprétation). – Oui, j'aimerais tout simplement
3 attirer l'attention des Juges qu'en ce qui concerne le texte "Ô Sancta
4 Simplisitas", adressé à Kordic, c'était la réponse à un article très
5 confus qui a été écrit par M. Kordic qui l'avait intitulé "Cicak, petit
6 Juda", je pense que vous disposez de cet article. Mais il faut absolument
7 mettre en comparaison les deux documents.
8 M. Nice (interprétation). – Je vais revenir à cet article
9 consacré au "Petit Juda". Je vais vous demander de réserver vos
10 commentaires jusqu'à la lecture de cet article qui nous
11 concerne.
12 Il fut publié à peu près vers cette époque et porte pour titre
13 "Cicak, petit Juda". Je crois que nous avons une traduction intégrale de
14 ce document. Je vais vous la lire d'ailleurs.
15 Vous savez qu'il y a eu deux traductions de ce document au fil
16 du temps. Celle-ci comprend quatre pages et vous voyez qu'il y a, en
17 diagonale, sur la quatrième page, "projet de traduction". Vous avez ce
18 document, n'est-ce pas, Messieurs les Juges ?
19 M. le Président (interprétation). – Oui.
20 M. Nice (interprétation). – Merci.
21 Cet article fut publié en mars 1992 dans le Lasva Herald,
22 Lasvanski Lasnik* : "En vertu de la loi sur la publication, nous profitons
23 du droit que nous avons d'utiliser une partie de l'espace de presse en
24 Bosnie-Herzégovine pour montrer la campagne dénuée de scrupules et
25 violente menée contre les Croates en Bosnie-Herzégovine par des quasi-
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1 croates qui sont devenus pratiquement aveuglés à vie par la cause
2 yougoslave ou bosnienne.
3 Nous n'avons aucune intention de montrer de colère ni de
4 sentiments d'avoir été blessés du fait que les ennemis bien connus de la
5 politique, qui devraient résoudre toute la question croate, ne cessent
6 d'attaquer les gens et la politique qui se trouve au coeur même de
7 l'intérêt des Croates en Herceg-Bosna. Ils ne peuvent pas s'accommoder du
8 fait que les Croates de Herceg-Bosna ne sont plus cette masse amorphe
9 qu'ils ont été pendant longtemps, mais sont devenus un peuple souverain
10 sur un territoire national souverain.
11 Les favorables à l'Union et les fédérateurs de toutes espèces
12 sont terrifiés par la perspective d'avoir des Croates qui utiliseraient le
13 HDZ en Bosnie-Herzégovine, ce qui constitue une partie intégrante d'un HDS
14 unique afin d'atteindre l'objectif que nous n'avons pas pu réaliser en
15 Bosnie-Herzégovine, même après les élections multipartites de 1990, à
16 savoir la souveraineté complète et absolue du peuple croate, qui est bien
17 ce qui est dû à ce peuple, lui qui constitue un des trois peuples
18 fondateurs de la Bosnie-Herzégovine.
19 Quand le HDZ de Bosnie-Herzégovine a tenu sa réunion du Conseil
20 Central à Livno, en présence d'environ 140 personnalités qui font partie
21 des représentants légitimes et de pointe du peuple croate, des présidents
22 de conseil municipaux du HDZ venant de la totalité de Bosnie-Herzégovine,
23 des représentant de l'Assemblée de Bosnie-Herzégovine, des membres du
24 Comité principal du HDZ en Bosnie-Herzégovine, ainsi que sa présidente,
25 les présidents des assemblées municipales et des Conseils exécutifs des
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1 assemblées municipales désignés par le HDZ, les membres de la présidence
2 et du gouvernement choisis dans les rangs du HDZ. Avec simplement quatre
3 voix d'abstention, ils ont confirmé l'unité totale qu'il y a au sein du
4 peuple croate qui se base sur l'expérience croate en Bosnie-Herzégovine.
5 Par conséquent, l'électorat a fait pleinement confiance aux
6 Croates appartenant au HDZ, afin que ces derniers mènent le peuple croate
7 en Bosnie-Herzégovine sur la bonne voie, ils n'ont pas fait confiance à
8 ces intellectuels quasi croates venant de partis civiques ou de bavards
9 malades, tel que Dragutin Cicak, cet homme faible qui n'est qu'un outil et
10 l'agneau que l'on porte sur l'hôtel du sacrifice du KOS ou des
11 associations bosniennes qui ressemblent au KOS, service de renseignement.
12 Souvenons-nous du fait que les personnes hostiles et mal
13 informées qui ont pris pour cible les droits des Croates disent que la
14 Communauté européenne par le biais de M. Kutiljero a affirmé que la voie a
15 été déblayée par le HDZ. Par conséquent, nous disons oui aux frontières
16 extérieures de Bosnie-Herzégovine, nous disons oui également à une
17 structure interne qui se compose d'unités nationales de cantons, avec la
18 pleine souveraineté des trois peuples.
19 Messieurs, le HDZ a respecté les normes européennes, alors que
20 les Bosniens des Balkans tels que le camarade Cicak ou le camarade
21 Nikola Peska tentent à se comporter comme des éléphants dans des magasins
22 de porcelaine. Par conséquent, que nous appelions ces unités nationales
23 par le nom que vous nous voulions, c'est là, chers camarades, la réalité
24 de la politique européenne par laquelle tout le monde marque son accord,
25 car c'est la seule façon de ne pas faire annuler les résultats électoraux,
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1 du référendum et de ne pas avoir une guerre sauvage qui éclate entre les
2 peuples de Bosnie-Herzégovine.
3 Le HDZ a marqué son appui à l'idée d'une Bosnie-Herzégovine
4 unifiée, avec une réponse massive des Croates au référendum, en même
5 temps, ils disent tous qu'il ne peut pas y voir, sans cet accord, de
6 véritable paix entre les trois peuples. Malheureusement, les médias ont
7 mené une campagne de critique violente contre le peuple croate et la
8 police croate, la politique croate telle que mise en oeuvre par le HDZ en
9 Bosnie. Ils ne s'intéressent qu'à voir énormément de manifestes dirigés
10 contre le peuple croate et la politique croate qui sont publiés parmi les
11 lettres aux éditeurs. Ce qui s'est fait, ces derniers jours, c'est d'avoir
12 les produits d'imagination malade telle que le camarade Cicak. Ce visiteur
13 de week-end venant de Zenica qui est un élément étranger qui s'est
14 infiltré à Busovaca, a réussi à obtenir le poste de Vice-Président du
15 conseil municipal du HDZ à Busovaca. Malheureusement, il n'a pas tout à
16 fait enrayer l'esprit destructeur de cet esprit alcoolisé, ceci est
17 remonté à la surface montrant qui est cet homme, ce camarade Cicak. Un
18 homme qui a dû se retirer à cause de son alcoolisme, qui s'est vu retirer
19 définitivement son permis de conduire pour la même raison, et enregistrer
20 auprès de la police comme étant une personne qui dans un accès de colère
21 avait tué les chiens de garde de ses voisins.
22 En changeant de lieu de résidence, le camarade Cicak a
23 manifestement pensé qu'il pouvait enterrer son passé. Ce n'est pas le cas.
24 Le HDZ de Busovaca a réussi récemment à obtenir des informations
25 corroborées des informations pour le travail que M. Cicak fait pour
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1 l'ennemi, pour ces médias de la République qui sont à présent tout sauf
2 Croates. Par conséquent, les personnes représentant la presse et la
3 télévision, la RTV, ainsi que soi-disant les autres intellectuels croates,
4 ne pourront pas se moquer du public. Ils devront accepter
5 que la communauté croate de Herceg-Bosna soit l'expression
6 de la volonté de l'immense majorité
7 du peuple croate, comme c’est le cas
8 pour toutes les autres communautés croates
9 en tant que telles. Cette structure est devenue partie intégrante
10 de la structure de Bosnie-Herzégovine sous les auspices de la Communauté
11 européenne qui travaille de façon objective et intègre, pour nous, c'est
12 le seul juge que nous écouterons.
13 Arrêtez de vilipender Mate Boban et les autres dirigeants du
14 peuple croate qui sont les représentants légitimes des peuples croates. Il
15 est manifeste que l'Europe ne négocie pas avec Cicak, Komcik, Mikulic, ou
16 Lovrenovic* qui ne se représentent qu'eux-mêmes. Evitez le ridicule et
17 arrêtez vos attaques dirigées contre le docteur Franjo Tudjman, le
18 Président de l'Etat reconnu par le monde civilisé, l'Etat qui utilise des
19 méthodes démocratiques implacables pour se préparer la voie afin
20 d'améliorer la vie de tous les citoyens de République de Croatie.
21 En ce qui nous concerne, c'est là notre dernière réponse, nous
22 ne voulons pas entrer dans une polémique, ou dans une correspondance
23 quelconque avec des personnes qui ne valent même pas le papier sur lequel
24 on écrit, qui annoncent des choses erronées, des volontés ou des velléités
25 de faire la paix, alors que ceci contribue à la destruction de Ravno et
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1 d'autres villages croates.
2 Camarade Cicak, vous n'avez plus le droit de signer en tant que
3 Vice-Président du HDZ de Busovaca parce vous avez été, à l'unanimité,
4 démis de cette fonction en présence de tant de représentants à la réunion
5 du conseil municipal du HDZ à Busovaca, le 9 mars 1992. La faim, l'avidité
6 de M. Cicak pour ces postes clés, ce qui lui a échappé également au moment
7 du HDZ de Busovaca a été dispersé par la procédure irrévocable qui a menée
8 à son expulsion en tant que membre du HDZ. Ceci a été signé par le
9 Président Dario Kordic pour le conseil municipal du HDZ à Busovaca".
10 M. Cicak, je viens de vous donner lecture d'une traduction, est-
11 ce qu'elle correspond bien à la teneur de ce document. Dites, oui ou non,
12 ou apportez toute correction qui serait nécessaire. Merci.
13 M. Cicak (interprétation). - Oui.
14 M. Nice (interprétation). - Question de détails avant que nous
15 l'oublions.
16 Au tout dernier paragraphe, il y a certaines initiales que les
17 traducteurs n'ont pas pu reconnaître. Pourriez-vous apporter votre
18 secours, que décrit-on lorsqu'on parle du HKD. Pourriez-vous nous dire ce
19 qu'est le HKD, autant que vous le sachiez.
20 M. Cicak (interprétation). – C'est l'association croate
21 Napijedak, l'association culturelle.
22 M. Nice (interprétation). – Nous avons maintenant la version
23 anglaise de l'avant-dernière page de cette traduction, la page n° 3. Est-
24 ce que vous pouvez retrouver, dans l'article, les allégations qui sont
25 formulées contre vous. C'est un paragraphe qui commence par les termes
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1 suivants : "Malheureusement, les médias de Bosnie-Herzégovine…", c'est la
2 fin de la deuxième page.
3 On mentionne certaines choses à votre propos, notamment que vous
4 étiez un visiteur du week-end venant de Zenica. Pourriez-vous nous
5 expliquer ce qui sous-tend cette allégation ?
6 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas ce que cela pourrait
7 vouloir dire, c'est camarade Kordic qui doit le savoir. Moi j'ai habité la
8 ville de Busovaca. J'avais ma résidence là-bas comme tout autre citoyen.
9 M. Nice (interprétation). – Puis, référence est faite à
10 l'alcoolisme, au fait que vous auriez perdu, du fait de cette habitude,
11 votre permis de conduire. Est-ce que cela a été le cas ?
12 M. Cicak (interprétation). – En ce qui concerne mon permis de
13 conduire, on ne me l'a jamais pris. En ce qui concerne l'alcool, c'est
14 l'alkola que je préfère.
15 M. Nice (interprétation). - Il y a une dernière allégation
16 formulée, c'est le fait que vous auriez tué les chiens d'un voisin. Qu'en
17 est-il ?
18 M. Cicak (interprétation). – Je ne sais vraiment pas à quoi
19 pensait le camarade
20 Kordic.
21 M. Nice (interprétation). – Le paragraphe suivant, deux
22 paragraphes après celui-ci, il y a une phrase entre parenthèses. Si vous
23 voyez l'article lui-même, c'est la troisième colonne, vers la huitième
24 ligne. On dit : "De même que le droit d'être battu", ce que vous
25 n'exprimez peut-être pas. Ce n'est peut-être pas une question qui
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1 s'adresse à vous, mais aux interprètes, quand on parle de frapper, de
2 "beaten" en anglais, à quoi fait-on allusion à votre avis ?
3 M. Cicak (interprétation). – Ceci se rapporte à une description
4 physique de l'homme frappé jusqu'à la mort.
5 M. Nice (interprétation). - S'agissant de cet article et de
6 l'exemplaire dont nous disposons, il y n'y a pas de précision quant à la
7 date. A partir des réponses que vous venez de fournir, pensez-vous que cet
8 article précédait la publication de Sancta Simplisita ?
9 M. Cicak (interprétation). – Oui, il a été publié dans plusieurs
10 médias. Je ne sais pas quand le journal de Lasva a commencé à sortir, mais
11 avant cela un certain nombre d'autres quotidiens en Bosnie-Herzégovine qui
12 ont publié l'article.
13 M. Nice (interprétation). – Les Juges apprécieront le fait que
14 l'on a un N° 52, et ceci est un peu trop prématuré ou précoce dans la
15 chronologie des événements. C'est sans doute le début de ce mois, il faut
16 simplement admettre qu'il y a une date qui était fournie par le témoin.
17 Vous vous vouliez faire d'autres commentaires à propos de cet
18 article, à propos de Sancta Simplisitas, et vous avez dit qu'il fallait le
19 lire au regard de cet article "Cicak Mali Juda"* "Petit Juda". Pourrait-on
20 revenir à l'article Sancta Simplisitas, le comparer avec celui-ci et quels
21 sont les commentaires qui, à votre avis, doivent être formulés ? N'oubliez
22 pas qu'il y a un impératif de concision, car nous voulons terminer dans
23 les temps pour ce qui est de votre déposition.
24 M. Cicak (interprétation). - Je vais essayer d'être bref et de
25 faire le commentaire
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1 en quelques phrases. Il y a une dizaine d'articles que moi-même j'ai
2 publiés parce que je ne pouvais plus lutter contre Kordic par la voie
3 démocratique au sein du HDZ. C'est donc publié dans la presse et au Sancta
4 Simplisitas et la réponse "Cicak, le petit Juda" c'est donc un article qui
5 a été écrit par Dario Kordic : Cicak, le petit Juda très confus, mais il
6 fallait quand même lui répondre parce que c'est à moi qu'il s'adressait.
7 C'est le camarade Kordic qui m'interpelle et il cite un certain nombre
8 d'imbécillités, alors que je demande dans l'article Ô Sancta Simplisitas
9 de répondre au peuple croate en Bosnie-Herzégovine, de donner une réponse
10 au peuple croate de Bosnie-Herzégovine pour leur répondre et leur dire ce
11 qu'il a fait à l'encontre de ce peuple et ce qu'il fera, à l'avenir, à ce
12 peuple.
13 Ce n'était pas indispensable qu'il me réponde à moi.
14 M. Nice (interprétation). – Suite à la publication de votre
15 article, le 27 mars, et avant les événements qui devaient se produire, le
16 30 mars, est-ce que vous avez été averti de ce qui allait se passer ?
17 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas à quoi vous pensez.
18 Est-ce que vous parlez des autorités du HDZ ou des citoyens qui habitaient
19 Busovaca ?
20 M. Nice (interprétation). – De qui que ce soit.
21 M. Cicak (interprétation). - Certains particuliers m'avaient dit
22 que quelque chose se préparait et que cela ne finira pas bien et que je
23 devrais faire également attention à moi.
24 M. Nice (interprétation). – Qui était ces personnes qui ont
25 formulé cet avertissement à votre égard ?
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1 M. Cicak (interprétation). – Il y avait d'abord mon barbier chez
2 lequel je passais régulièrement. Il avait d'autres particuliers de
3 Busovaca, les personnes de renommée, et aussi des personnes de l'usine qui
4 occupaient un poste important.
5 M. Nice (interprétation). - Avez-vous reçu des avertissements de
6 personnes proches du HDZ ou qui en faisaient partie ?
7 M. Cicak (interprétation). – Oui, celui qui se faisait entendre
8 le plus était M. Ante Slipac qui ne voulait même pas s'entretenir avec moi
9 ni me parler. Il était, bien évidemment, contre tout ce que j'ai écrit et
10 mes lettres.
11 M. Nice (interprétation). – Nous en arrivons à ce qui vous est
12 arrivé le 30 mars 1992. Est-ce que, au cours de la journée, vous étiez
13 sorti ?
14 M. Cicak (interprétation). - Oui.
15 M. Nice (interprétation). – Vers quelle heure êtes-vous rentré ?
16 M. Cicak (interprétation). - Je suis sorti le matin, vers
17 8 heures du matin. C'était un lundi, à ma connaissance. J'ai promis au
18 rédacteur en chef de Slobodna Bosna que j'allais lui apporter un article,
19 un article tout particulier que j'ai écrit et que j'ai envoyé par la
20 poste. A 8 heures du matin, jusqu'à 14 heures, je me suis trouvé dans la
21 ville de Busovaca et, ensuite, je suis rentré chez moi.
22 M. Nice (interprétation). – A votre retour chez vous, avez-vous
23 remarqué des choses déplacées, des choses inhabituelles ?
24 M. Cicak (interprétation). - Oui, l'endroit où j'habite, où se
25 trouve ma propriété, est un endroit extrêmement accueillant. Le peuple y
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1 est accueillant, hospitalier. Dans ma propriété, comme beaucoup d'autres
2 citoyens du monde, j'avais un chien, j'avais un chat. Et quand ils
3 m'apercevaient, à une centaine de mètres déjà, ils me reconnaissaient.
4 Mais ce jour-là, vers 14 heures, quand je rentrai chez moi, je n'ai vu ni
5 aperçu personne parmi les villageois et je n'ai vraiment rien entendu. On
6 pouvait entendre voler une mouche. Un silence parfait régnait donc dans le
7 village. Dans un premier temps je n'ai pas fait très attention, je dois
8 dire.
9 Par la suite, comme mon chien n'aboyait pas, alors que
10 normalement il sentait quand j'arrivais, j'ai commencé à me douter de
11 quelque chose. Au moment où je me suis rapproché de la maison, j'ai
12 compris de quoi il s'agissait.
13 M. Nice (interprétation). - Q'est-ce que qui s'était passé ?
14 Quel genre de problème
15 s’est-il posé ? Que s'est-il passé ?
16 M. Cicak (interprétation). - Je me suis rapproché de la porte
17 principale. Il s'agissait d'une porte en chêne, j'ai remarqué que la porte
18 était entrouverte. Et tout d'un coup, en provenance du couloir de
19 l'intérieur de la maison, la porte s'est ouverte, les trois soldats qui
20 portaient l'uniforme sont sortis en courant, le premier était Mako Bulic,
21 surnommé Zelenika, il est venu vers moi, il m'a donné un coup de poing au
22 visage, il m'a ensanglanté, il m'a fait des blessures au niveau des
23 lèvres. A droite, derrière la maison, il y avait deux autres soldats qui
24 se tenaient, qui ont couru vers moi, à gauche également, il y avait un
25 autre soldat. Tous étaient armés, tous se sont jetés sur moi, ils m'ont
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1 pris et pratiquement soulevé en l'air, et ils m'ont apporté à l'intérieur
2 de la maison.
3 Dès que je suis rentré dans le couloir, et dans la salle à
4 manger, j'ai vu que tout avait été pratiquement détruit, démoli, tout
5 avait été saccagé. Ils étaient déjà à l'intérieur. J'ai compris qu'il y
6 avait cette embuscade, qu'ils avaient organisée quelques heures avant que
7 je ne revienne dans ma maison, dans ma propriété. Je ne pouvais pas le
8 savoir bien évidemment. C'est à ce moment-là qu'ils m'ont mis sur le
9 canapé. Il ne m'ont pas permis moi-même de m'asseoir, ce sont eux qui
10 m'ont forcé de m'asseoir sur le canapé ; à gauche, il y avait... Je ne
11 sais pas comment dire... un homme qui était un criminel, Zoran Marinic,
12 appelé, Svabo, "le boche".
13 A droite, il y avait un jeune homme de Kacuni, connu par le fait
14 qu'il n'avait que les deux dents, je ne sais pas si c'est bien de le dire.
15 C'était un peu un "Dracula", quand il riait. Ensuite, Marko Kulic était
16 devant, les autres démolissaient tout à l'intérieur de chez moi. Je ne
17 sais pas ce qu'ils cherchaient.
18 A partir de 14 heures, Zoran Marinic appelé "le boche", avait
19 dans ses mains, la poignée d'une hache et puis ce jeune homme de Kacuni,
20 avait un rouleau de décoration assez épais et, à partir de 14 heures
21 jusqu'à 16 heures, on m'a "passé à tabac". On m'a frappé sur tout
22 le corps ; au moment où on me posait la question, par exemple, il y avait
23 ce jeune homme à droite, je me suis retourné vers lui pour lui répondre, à
24 ce moment-là, Zoran, du côté gauche, me donnait un coup le plus violent
25 possible, il a perdu à un moment donné le souffle. Ensuite, si Zoran me
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1 posait la question, machinalement, je me tournais vers lui, dans ce cas
2 là, c'est de l'autre côté que j'essuyais le coup.
3 C'est ainsi qu'entre 14 et 16 heures, chacun des deux me
4 frappaient, de manière systématique. Marko Kulic les aidait, au moment où
5 par exemple, je me tournai à gauche, ou à droite de celui qui me donnait
6 des coups, alors lui, il me donnait des coups dans le ventre, dans
7 l'estomac.
8 M. Nice (interprétation). - Quand ils vous posaient des
9 questions, que vous disaient-ils exactement ?
10 M. Cicak (interprétation). - Ils disaient n'importe quoi, toutes
11 les imbécillités possibles. Tout d'abord, bien évidemment, il fallait
12 qu'ils m'humilient. Le fait même d'être passé à tabac, c'est très
13 humiliant, parce que pendant la vie entière, on ne peut oublier cela. Tout
14 ce qu'ils vous disent est en dehors du raisonnement normal. On m'avait
15 demandé pour quel service de renseignements je travaillais. Si je
16 travaillais pour le KOS, qui était ma liaison au KOS, qui j'avais donc
17 pour contact à Busovaca, avec qui je coopérais.
18 Ensuite, on m'a demandé ce que j'avais contre Kordic, contre
19 Boban... Marinic, tout particulièrement, m'a humilié, il voulait m'avilir,
20 à chaque fois qu'il m'a donné des coups violents, j'ai perdu le souffle et
21 même conscience, à un moment donné. Et il m'a dit : "Ca, c'est pour Dario,
22 au nom de Dario, parce que tu l'attaques en permanence. C'est de Dario."
23 C'est ce que j'ai retenu et je pense que je n'oublierai jamais cela. C'est
24 gravé dans ma mémoire. C'est horrible ce que je subi.
25 M. Nice (interprétation). - Lorsque ce passage à tabac s'est
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1 terminé, ces hommes qu'ont-ils fait ? Est-ce qu’ils ont quitté la
2 propriété ? Ont-ils emporté avec eux certains objets ?
3 M. Cicak (interprétation). - Ils m'ont demandé premièrement
4 d'écrire quelque chose. Je n'étais pas en état normal pour pouvoir écrire.
5 Je tremblais, j'étais plein de sang, le dos, le visage, les lèvres, la
6 bouche. On m'a demandé de rédiger une déclaration, je ne me souviens pas
7 de quoi exactement, et on m'a demandé de dire que j'avais coopéré avec
8 KOS. J'ai dit que je coopérais avec le CIA, avec NBE, avec KOS, avec SIS,
9 avec n'importe quelles autres organisations. Tout ce qu'ils voulaient,
10 moi, j'écrivais.
11 Ils m'ont dit en deux exemplaires. Je ne sais pas si j'avais
12 vraiment fait les deux exemplaires. De toute façon, ce sont mes mains qui
13 tremblaient et on m'avait battu, par conséquent, je ne pouvais même pas
14 tenir le crayon. Je ne sais pas si vraiment j'avais les deux exemplaires.
15 Si on m'avait demandé à ce moment-là si j'étais membre du groupe
16 de Saint-Pierre, j'aurais probablement dit oui, et t que j'étais
17 collaborateur de Saint-Pierre. Je ne souhaiterais à qui que soit de vivre
18 des moments éprouvants comme ceux que j'ai vécus à ce moment-là.
19 En ce qui concerne les objets qu'ils avaient pris avec eux-
20 mêmes, c'est intéressant, je veux dire la chose suivante : ceci aurait dû
21 être un attentat politique. C'était plutôt un attentat politique sur
22 quelqu'un qui ne partageait pas votre point de vue. Ils n'ont pas pu
23 l'obtenir avec un dialogue, ils ont donc effectué cet attentat sur
24 quelqu'un qui ne partageaient pas leur point de vue. En ce qui concerne ma
25 propriété, il y avait plein de choses, ce groupe-là a saccagé complètement
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1 la propriété, ils ont pris l'argent, l'or, tout ce qui se trouvait sur
2 place. Ce qui est ridicule, ce qui est en même temps tragique, c'est de
3 l'humour noir, c'est que ce point de faire, car Dario Kordic, ceux qui
4 opéraient dans le secteur, ils ont pris du congélateur, je ne sais pas si
5 les interprètes peuvent trouver le terme, ils ont pris du poulet congelé,
6 des alcools, ils ont pris des objets différents, donc, pour moi, c'était
7 complètement ridicule. C'étaient des criminels, des gens du plus bas et
8 des couches des plus basses qui ont été recrutées dans un parti d'élite.
9 M. Nice (interprétation). - Terminons-en, si vous le voulez
10 bien. Dans quel état
11 était votre chien ? Ceci en l'espace d'une phrase, s'il vous plaît ?
12 M. Cicak (interprétation). - C'était très triste. Excusez-moi,
13 mais le petit "Dracula", je ne peux pas dire autre chose pour lui, il
14 n'avait que les deux dents, à un moment donné, il a sorti le couteau, il
15 voulait l'égorger, je lui ai dit : "Tu peux m'égorger, moi-même, mais
16 laisse le chien. Qu'est-ce que le chien a pu faire pour toi. Si moi, je
17 suis en conflit avec Kordic..."
18 M. Nice (interprétation). - A-t-il fait quelque chose à ce
19 chien ?
20 M. Cicak (interprétation). - Oui, il voulait l'égorger, mais le
21 chien déjà était pratiquement impuissant parce que Zoran Marinic l'a
22 tellement frappé, car Zoran Marinic était obligé de passer à côté du chien
23 jusqu'à la gorge, pour prendre cette poignet de la hache pour me frapper,
24 comme le chien s'est jeté sur lui, il l'avait frappé à tel point qu'il est
25 resté en vie, mais ce n'était plus un chien, un animal.
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1 M. Nice (interprétation). - Merci.
2 Au cours de cette attaque, est-ce que les voisins se sont
3 manifestés d'une quelconque façon ?
4 M. Cicak (interprétation). - Pas du tout. C'était la
5 démonstration de la force. Ils sont arrivés deux heures avant dans le
6 village. Ils portaient des uniformes de camouflage, des armes
7 sophistiquées.
8 M. Nice (interprétation). – De quelle couleur était leur
9 uniforme ?
10 M. Cicak (interprétation). - Il y avait des uniformes
11 différents, vert olive, brun, noir, mais tous arboraient ce symbole
12 honteux historiquement, une honte. Ils arboraient le symbole "U",
13 Oustachi, du temps d'Ante Pavelic, le symbole d'une formation militaire
14 qui nous a fait honte à tous. Ils arboraient ce symbole. En ce qui
15 concerne les armes, c'étaient des armes très sophistiquées. J'ai vu
16 également qu'un jeune homme avait un fusil M16, le fusil américain qui, à
17 cette époque-là, était fabriqué nouvellement.
18 M. Robinson (interprétation). – Avant d'en terminer sur ces
19 points, j'aimerais tirer quelque chose au clair. Est-ce que le témoin a
20 été frappé à l'aide de coups de poing ? Est-ce que l'on peut confirmer
21 ceci ?
22 M. Nice (interprétation). - Je crois qu'il l'a déjà dit, mais on
23 peut demander confirmation. Avez-vous été frappé à l'aide d'un outil, d'un
24 instrument quelconque ? Si tel est le cas, pourriez-vous répondre à la
25 question du Juge Robinson et nous dire de quel instrument il s'agissait ?
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1 M. Cicak (interprétation). – On a utilisé des outils et au
2 moment où je m'approchais de ma maison, c'est là que Marko Kulic m'a donné
3 un coup de poing. C'est là seule fois où j'ai subi des coups de poing.
4 Pendant deux heures, depuis 14 heures jusqu'à 16 heures, on m'a frappé
5 avec ces poignées en bois. Ils m'ont passé à tabac, ils m'ont frappé,
6 c'était très dur.
7 M. Nice (interprétation). - Vous avez parlé aussi de ce rouleau.
8 Vous avez décrit les outils ou instruments qui avaient été tirés de votre
9 jardin. Pourriez-vous nous montrer avec vos mains la taille et la longueur
10 de cet outil ou de cet instrument qui avait été pris dans votre jardin ?
11 M. Cicak (interprétation). – C'était le manche d'une hache et
12 cela mesurait 1 m 30, à peu près cette longueur.
13 M. Nice (interprétation). – J'espère que ceci aura été utile aux
14 Juges.
15 M. Bennouna. – Pour compléter pour la Chambre, on a entendu le
16 témoin parler de KOS. On l'a accusé de travailler pour le KOS. Peut-on
17 avoir une information quant aux initiales ?
18 M. Nice (interprétation). - Tout à fait. Pourriez-vous nous
19 donner cette information ? Que représente ce sigle "KOS" ?
20 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas tout à fait ce que
21 c'est. C'est un sigle qui
22 est lié à l'ex-JNA. Il y avait la JNA et également ce service de
23 renseignement. Mais de toute façon, je ne connais pas très bien, mais le
24 KOS est lié à la JNA.
25 M. Nice (interprétation). – On peut peut-être essayer d'obtenir
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1 une traduction officielle pour ce terme ?
2 M. le Président (interprétation). – Veuillez essayer de le
3 faire. Pourrait-on parler des blessures subies par le témoin ?
4 M. Nice (interprétation). - Absolument. J'ai deux sujets qui
5 découlent de ce premier point. Le témoin pourra en traiter. N'est-il pas
6 exact de dire, Monsieur Cicak, que vous êtes allé voir Kordic le lendemain
7 et que vous avez aussi déposé plainte auprès de la police ou tout du moins
8 que vous avez été entendu par celle-ci ?
9 M. Cicak (interprétation). - Oui.
10 M. Nice (interprétation). - Etes-vous d'abord allé à la police
11 ou êtes-vous, en premier lieu, allé voir Kordic ?
12 Parlons d'abord de la visite à M. Kordic, puis nous parlerons de
13 la visite au poste de police parce que, effectivement, des photos ont été
14 prises, même si ces photos ne sont pas d'une grande utilité.
15 Monsieur Cicak, parlons d'abord de la visite que vous avez
16 rendue à M. Kordic. Le lendemain, où êtes-vous allé pour voir le premier
17 accusé ?
18 M. Cicak (interprétation). – Le lendemain ? Il faut d'abord que
19 je commence différemment. A pâtir de 16 heures, au moment où ils ont cessé
20 de me frapper, je suis resté couché, immobile sur le canapé, qui
21 d'ailleurs était démoli. Je ne pouvais pas dormir, mais je suis resté
22 couché, immobile. Je réfléchissais sur mon propre sort et ce qui m'était
23 arrivé. Je me suis posé la question de savoir comment agir, comment me
24 sauver. Dès l'aube, je ne pouvais ni me laver, ni me raser, ni me préparer
25 du tout, vers 8 heures du matin, le lendemain matin, je suis descendu
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1 jusqu'au centre-ville de Busovaca. Je savais que Kordic était au bureau.
2 Tout de
3 suite révolté, je me suis rendu dans son bureau.
4 Comme j'avais un anorak, c'est une veste plutôt de jeans -je
5 pense que c'est ainsi que l'on nomme ce type de tissu-, on voyait que le
6 sang coulait et descendait jusqu'à ma main. J'avais des bleus. Ma main
7 était déjà enflée. Je dois dire que toute ma main était enflée. Il y avait
8 des bleus partout. Je suis arrivé chez Kordic, au bureau et lui ai dit :
9 "Dario, es-tu content de tout ce que tu as fait ?" Il était à son au
10 bureau, il ne m'a pas répondu. Je pense qu'il a essayé de me dire quelque
11 chose, mais il n'a rien dit véritablement. Il n'a pas essayé de prononcer
12 quoi que ce soi.
13 Je lui ai dit que c'était regrettable et misérable, si on n'a
14 pas d'arguments pour engager une dialogue politique, de frapper et de
15 passer à tabac un homme, ou d'essayer de le détruire physiquement. J'ai
16 dit que c'était regrettable.
17 J'ai enlevé ce que je portais sur moi. Je lui ai montré mon dos.
18 Si vous voulez, je peux montrer au Président et aux Juges, une photo a été
19 faite.
20 M. Nice (interprétation). – Vous avez la photographie, c'est
21 meilleur que la photocopie que nous avons. Je vous demanderai d'utiliser
22 l'appariteur pour que ce dernier place la photographie sur le
23 rétroprojecteur. Nous allons voir ce que cela donne et si c'est
24 satisfaisant.
25 M. Cicak (interprétation). – Je ne sais pas si vous voyez. En ce
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1 qui me concerne je ne vois pas très bien.
2 M. le Président (interprétation). - On ne voit rien sur l'écran.
3 N'est-il pas plus simple de nous remettre ce document ?
4 M. Nice (interprétation). – Absolument. Demandons d'abord à
5 l'appariteur de remettre ceci aux Juges, puis aux Conseils de la défense.
6 M. le Président (interprétation). - Quand cette photographie a-
7 t-elle été prise ?
8 M. Nice (interprétation). - Pour autant que vous vous en
9 souveniez, quand cette photographie a-t-elle été prise, Monsieur Cicak.
10 M. Cicak (interprétation). – Deux jours plus tard, le 2 avril.
11 Puis-je faire un commentaire ?
12 M. le Président (interprétation). – Je vous en prie.
13 M. Cicak (interprétation). - Regardez la main gauche. Il s'agit
14 d'un bleu, donc c'est une ecchymose. Il y a le dos également qui était
15 tout noir. Cependant, comme c'est une photo prise avec le flash, ce noir
16 est quelque peu moins fort, il ne se voit pas très clairement. Mais sur la
17 main gauche et la main droite, on voit l'hématome. De toute façon, j'ai
18 porté cet hématome pendant pratiquement un an, de six mois à un an.
19 J'avoue que mes mains ne fonctionnent plus comme à l'époque.
20 M. le Président (interprétation). - Veuillez montrer cette photo
21 aux conseils de la défense.
22 M. Bennouna. - Maître Nice, est-ce que la Chambre pourrait
23 savoir d'où provient la photo et quelle en est la légende ? Qu'est-ce
24 qu'il y a écrit en dessous de la photo ?
25 M. Nice (interprétation). - Je vais examiner ceci rapidement
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1 personnellement et je vais remettre au témoin. Monsieur l'huissier,
2 M. Cicak (interprétation). – Puis-je ajouter quelque chose ?
3 M. le Président (interprétation). – Je vous en prie.
4 Vous pouvez d'abord la lire la légende, les interprètes nous
5 donneront l'interprétation de la légende.
6 M. Cicak (interprétation). – Pour la légende, il est marqué
7 "passé à tabac" et "pillé".
8 M. Nice (interprétation). – Qui a pris la photographie ? Est-ce
9 un photographe de presse ou quelqu'un d'autre ?
10 M. Cicak (interprétation). - C'est un journaliste professionnel,
11 du journal Nasa Rijec, son nom est Hakija. Je sais que c'était le
12 1er avril quand même.
13 M. Nice (interprétation). – Je ne sais pas ce qu'il en est de
14 l'original de cette photographie. Peut-être que la photocopie que nous
15 verrons plus tard suffira pour les besoins des Juges, mais j'aimerais
16 préciser la question.
17 M. Robinson (interprétation). – Maître Nice, pourrait-on revenir
18 à la visite que le témoin a effectuée auprès de l'accusé Kordic ?
19 M. Nice (interprétation). – Oui.
20 M. Robinson (interprétation). – Il a demandé à M. Kordic s'il
21 était satisfait de ce qu'il avait fait. Je ne sais pas ou je n'ai pas bien
22 compris si Kordic a répondu.
23 M. Nice (interprétation). – Je vais revenir là-dessus, peut-être
24 y a-t-il d'autres éléments, mais nous avons interrompu le témoignage parce
25 qu'il a parlé des blessures qu'il avait montrées à Kordic. C'est dans
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1 cette mesure-là que la photographie nous était utile.
2 Monsieur Cicak, vous avez dit que vous avez montré vos blessures
3 au premier accusé, que vous vous étiez déshabillé. Monsieur Kordic a-t-il
4 dit quoi que ce soit à propos de la connaissance qu'il aurait de cette
5 attaque, d'une participation éventuelle ? Qu'a-t-il adopté comme
6 position ?
7 M. Cicak (interprétation). - Kordic n'a jamais eu le courage de
8 dire quoi que ce soit quand il se retrouvait face à face, en tête-à-tête.
9 A ce moment-là, j'étais, comme j'ai dit, très révolté. J'avais tout
10 simplement demandé qu'on me restitue ce qu'on m'avait pillé. Imaginez-
11 vous, quand vous rentrez chez vous, que des personnes armées vous
12 accueillent, vous passent à tabac et vous pillent. Je n'avais absolument
13 rien, même pas un portefeuille sur moi. J'ai dit à Kordic : "Je t'en prie,
14 en une demi-heure, je demande que le portefeuille me soit restitué avec
15 mon argent et je demande également que tous les objets qui ont été pillés
16 me soient restitués."
17 Ensuite, je suis sorti de son bureau et je suis allé dans un
18 bureau à côté où, à l'époque, il y avait mon entreprise.
19 M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, est-ce que Kordic
20 a dit quoi que ce soit dans un sens ou dans
21 un autre. Etait-il au courant de cette attaque ? Avait-il
22 manifesté sa position, pour autant que vous vous en souveniez ?
23 M. Cicak (interprétation). – En ce qui concerne son attitude, il
24 pensait que j'allais venir pour me repentir comme un être humain qui a
25 quelque chose à se reprocher. Il ne pensait certainement pas que j'allais
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1 lui montrer, d'une manière énergique et ferme, ce qui a été fait par lui-
2 même et que je demande qu'on me restitue ce qu'on m'avait pas pillé. Ce
3 n'était évidemment pas le plus important, mais l'important était que le
4 dialogue politique ne se termine pas comme il s'était terminé. Cela
5 n'avait rien à voir avec une société démocratique. C'est ce que je lui ai
6 démontré. Je lui ai donc demandé si c'était ce qu'il voulait, lui.
7 M. Nice (interprétation). – Monsieur Cicak, je pense que le juge
8 Robinson, et peut-être les autres juges aussi, voulaient savoir si Kordic
9 avait dit quoi que ce soit indiquant qu'il avait une certaine
10 participation dans les événements ?
11 M. Cicak (interprétation). - Selon ma conviction très profonde,
12 il n'a prononcé qu'une seule phrase, à savoir qu'il pensait que j'allais
13 venir devant lui comme quelqu'un qui se repent et non pas comme quelqu'un
14 de révolté. Par conséquent, quant au fait que ce soit celui qui a donné
15 des ordres pour qu'une telle action soit effectuée ou non, je ne ferai pas
16 de commentaires. Je suis sûr que les Juges me poseront la question à ce
17 sujet-là.
18 M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, la question
19 était de savoir ce qu'il avait dit ce matin-là, lorsque vous lui avez
20 rendu visite.
21 M. Cicak (interprétation). – C'est ce que je viens de vous dire.
22 M. le Président (interprétation). – Nous n'avons pas bien suivi,
23 même pas du tout. Quels furent les termes qu'il a utilisés ? Pourriez-vous
24 répéter ce qu'il a dit alors ?
25 M. Cicak (interprétation). - Il a dit qu'il pensait que j'allais
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1 venir chez lui comme quelqu'un qui se repent et
2 non pas comme quelqu’un de révolté. Je vais
3 demander aux traducteurs de traduire ce que
4 je viens de dire.
5 M. Nice (interprétation). - Vous êtes allé à votre bureau,
6 quelle distance séparait votre bureau du sien ?
7 M. Cicak (interprétation). - Il ne s'agissait pas de mon bureau
8 à moi, mais du bureau d'une institution dans laquelle j'avais travaillé
9 auparavant. Des amis à moi y travaillaient. Ceci se trouvait à une
10 distance d'environ 50 mètres de son bureau.
11 M. Nice (interprétation). – Qu'avez-vous entendu ensuite, par
12 rapport à Kordic et son lien avec tout cela ? L'avez-vous contacté par
13 téléphone ?
14 M. Cicak (interprétation). – Oui, 30 minutes plus tard, j'ai
15 téléphoné à Kordic et je lui ai demandé s'il avait réussi à recueillir
16 l'argent. Bien évidemment, je n'avais plus d'argent, rien, même pas de
17 documents personnels. Il m'a été très difficile de rentrer, c'est-à-dire
18 de voyager à Zenica. J'ai pris le risque, je l'ai fait. Il m'a dit qu'il
19 n'avait pas fait cela.
20 Cependant, lorsqu'il a décroché et lorsqu'il parlait avec moi,
21 étant donné qu'il s'agissait d'une petite pièce, je pouvais comprendre
22 qu'il y avait plusieurs personnes dans la même pièce. Etant donné qu'un
23 homme avait une voix très caractéristique, je peux dire librement que
24 c'était M. Anto Stipac. Comment se faisait-il qu'Anto Stipac soit venu
25 chez Kordic, qui l'a invité et quand ? Je ne le sais pas. Cependant,
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1 pendant que je parlais avec Kordic, il était clair, je sentais que des
2 personnes se disputaient dans son bureau. Clairement, il y a eu plusieurs
3 personnes. Au moment où Kordic m'a dit...
4 M. Nice (interprétation). - Quel est le lien avec Anto Stipac,
5 s'il y en a un, avec les gens qui ont perpétré cette attaque, ou Kordic ou
6 qui que ce soit ? Quelle est sa signification potentielle ?
7 M. Cicak (interprétation). - Vous voulez que je vous donne toute
8 la réponse concernant ce groupe, ou uniquement en ce qui concerne en
9 Stipac ?
10 M. Nice (interprétation). - Un résumé tout simplement. Quel est
11 son lien avec ce groupe, s'il y en a un ?
12 M. Cicak (interprétation). – Oui, il y en a un, il y a un lien
13 étant donné que c'est l'un des fondateurs idéologiques de ce groupe.
14 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous avez demandé à Kordic
15 de restituer votre argent ou vos biens, que vous a-t-il répondu ?
16 M. Cicak (interprétation). - Il a répondu qu'il ne l'avait pas
17 encore fait, et qu'il n'a pas encore regroupé toutes ces personnes qui
18 m'avaient passé à tabac.
19 M. Nice (interprétation). - Est-ce que votre argent vous a
20 jamais était restitué effectivement ?
21 M. Cicak (interprétation). - Je n'ai pas bien compris.
22 M. Nice (interprétation). - Est-ce que votre argent ou bien vos
23 biens vous ont été restitués ? Les biens qui vous ont été pillés de votre
24 maison ?
25 M. Cicak (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Juge,
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1 c'est une blague ou quoi ?
2 M. Nice (interprétation). - Pour le compte rendu, je vous
3 demande tout simplement, si votre demande à Monsieur Kordic de vous
4 restituer vos biens et votre argent a été couronnée de succès ?
5 M. Cicak (interprétation). – Non, bien sûr. Ce qui est pillé
6 n'est jamais restitué à qui que ce soit. C'est pour cela que j'ai demandé
7 si c'était une blague ou si c'était votre sens de l'humour. Mais, si vous
8 avez pensé sérieusement, il s'agissait dans ce cas-là d'une question peu
9 sérieuse.
10 M. Nice (interprétation). - Après votre coup de téléphone à
11 Kordic, avez-vous quitté le bureau et êtes-vous allé au poste de police,
12 plus tard ?
13 M. Cicak (interprétation). - Oui.
14 M. Nice (interprétation). – Etes-vous allé au poste de police
15 locale ou ailleurs ?
16 M. Cicak (interprétation). - Je ne suis pas allé au poste de
17 police locale, étant
18 donné que je ne faisais pas confiance à la police étant donné que la
19 police locale avait été démolie grâce aux actions de Kordic et de
20 Sliskovic. Donc, je suis donc allé à la police de Zenica qui était
21 compétente pour tous les crimes sérieux perpétrés dans la région de
22 Zenica.
23 M. Nice (interprétation). - La pièce à conviction n° 65, s'il
24 vous plaît ? Ce document ne se trouve pas parmi les documents de base.
25 Il s'agit d'un rapport à la police. Vous avez la version BCS, et
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1 nous avons la traduction en anglais. Je vais aborder certains des
2 paragraphes en détail et certains seulement en résumé. C'est un rapport
3 qui a été rédigé le 1er avril. Il est indiqué qui a été présent, votre nom
4 et votre adresse y figurent. Il s'agit également des circonstances dans
5 lesquelles ce rapport a été rédigé.
6 Le 30 mars, alors que vous rentriez chez vous vers 14 heures,
7 vous avez trouvé la maison et la porte de votre maison ouverte. Vous avez
8 pensé que votre fille était en retard. Je résume maintenant : "Six hommes
9 armés de fusils à baril long et d'uniformes noirs étaient là".
10 Je lis le paragraphe suivant : "Je peux vous dire que c'étaient
11 des membres du HDZ, dont je suis les vice-présidents, j'en connais deux
12 par leur nom et d'autres sont de Busovaca, ce sont des membres des
13 formations paramilitaires du HDZ au service de Herceg-Bosna". Puis, est
14 fait référence à Prusac Slikovic et à un troisième homme : "Lorsqu'ils
15 sont arrivés, l'un deux m'a frappé du poing, ils m'ont tiré à l'intérieur
16 de la maison. La maison avait été saccagée, des objets avaient été
17 lacérés, ils m'ont placé sur le divan, ont commencé à me frapper et à
18 m'interroger. Ils m'ont dit des choses de ce genre : "pour qui travailles-
19 tu ?". Ils m'ont posé des questions à propos du KOS, ils m'ont averti
20 qu'ils allaient me transformer en béton, c'est-à-dire qu'ils m'ont menacé
21 de me tuer, si je disais ce qui m'était arrivé. Lorsque j'ai dit que
22 quelqu'un m'avait frappé, c'était un de ses hommes qui était barbu qui
23 m'avait frappé avec le manche d'une hache, sur le dos et d'autres parties
24 du corps. Ils m'ont frappé avec un objet long qu'ils utilisaient pour
25 rouler la pâte et qui était suspendu au mur.
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1 Ils m'ont frappé jusqu'à 16 heures. A un moment donné, ils sont
2 partis."
3 Et puis vous dites : "Marko Kulic a sorti un pistolet, a tiré à
4 proximité de ma tête pour me menacer de mort."
5 Est-ce que ceci c'est effectivement produit ?
6 M. Cicak (interprétation). - Oui, il ne s'agissait pas seulement
7 d'une démonstration aillant recours aux armes à feu. Un jeune homme de
8 Kacuni, dont j'ai parlé en utilisant le nom ridicule de "Dracula", il
9 n'arrêtait pas d'aiguiser son couteau avec un appareil et s'approchait
10 sans arrêt de mon cou avec le couteau, et il disait : "Maintenant, je
11 vais t'égorger, comme cela tu ne vas plus nuire à Dario Kordic". Et moi,
12 je lui ai dit : "Tu peux le faire sans problème, je ne me sens pas du tout
13 coupable et si tu m'égorges, c'est vraiment pas important".
14 Ce jeune homme aussi a fait sortir plusieurs fois, je ne sais
15 pas s'il s'agissait d'un pistolet ou d'un revolver, mais il a retiré de
16 son étui, et il savait qu'à l'intérieur il n'y avait pas vraiment de
17 balles, mais il mettait ce pistolet au-dessus, c'est-à-dire contre ma
18 tempe, contre mon front et il appuyait sur la gâchette. Son intention
19 n'était pas de me tuer, puisqu'il n'y avait pas de balles à l'intérieur;
20 mais de m'intimider. Ceci m'a fait une impression désagréable étant donné
21 que c'était la première fois dans ma vie que quelqu'un voulait m'égorger
22 avec un couteau contre mon cou. C'est un sentiment très désagréable que
23 d'avoir devant quelqu'un qui appuyait la gâchette contre mon front, même
24 si le pistolet était vide.
25 Quand nous nous sommes approchés du couloir, étant donné que la
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1 porte d'entrée avait été démolie, j'étais face à eux et Kulic était face à
2 moi. Il m'a dit, je ne sais pas si j'ose le dire directement devant les
3 dames, j'espère qu'elles ne seront pas gênées, il a dit : "Arrête de
4 m'emmerder", et il a tiré, je pense que c'était à une distance d'environ
5 10 centimètres de ma tête, donc cette balle est sortie par la porte
6 d'entrée et a atterri dans la cour. Je me sentais très mal.
7 M. Nice (interprétation). - Nous allons nous arrêter là. Il
8 s'agissait là d'une balle,
9 mais cette balle a-t-elle fait du bruit que vos voisins ont pu entendre,
10 et répondez s'il vous plaît par oui ou non, si le résultat était que des
11 témoins vous sont venus en aide ?
12 M. Cicak (interprétation). - Oui. Après cela, un homme a entendu
13 les coups de feu. Ils ont cru que j'avais été tué par ces hommes. Et donc,
14 cet homme est descendu de son appartement, de sa maison et il a traversé
15 un champ pour venir chez moi, pour voir ce qu'il fallait faire, creuser
16 une tombe ou quelque chose comme cela, ou informer quelqu'un comme les
17 services funéraires ou quelque chose comme cela. Mais, il a été arrêté par
18 un homme qui a pointé son fusil et qui lui a dit : "Non, vas-y, rentre à
19 la maison, ne te mêle pas de ce qui se passe ici". Effectivement, cet
20 homme a regagné sa maison. Il s'appelle Franjo Trogrlic.
21 M. Nice (interprétation). - Nous allons reparler maintenant du
22 rapport de la police. J'ai parlé du paragraphe concernant l'argent et le
23 pistolet et ensuite, vous avez dit que vous êtes allé à la police et que
24 vous êtes allé chercher un certificat médical. Et puis, vous êtes allé
25 voir une sorte de Procureur "Marionnette". Il est décrit comment le jour
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1 suivant, vous êtes allé voir Kordic et lui avait demandé de vous restituer
2 l'argent et les biens pillés. Vous expliquez aussi comment votre porte
3 d'entrée avait été démolie, et comment on vous avait passé à tabac, et
4 menacé. A côté de ce rapport, il y a aussi le certificat médical, qui
5 constitue la pièce à conviction n° 66.
6 M. Nice (interprétation). - Le manuscrit est en serbo-croate, il
7 est difficile de le lire. Cela provient de l'hôpital régional de Zenica,
8 le 1er avril et il y est indiqué que vous avez été injurié par des
9 personnes connues le 30, le mois est illisible, 1992, après avoir été
10 passé à tabac, avec des points, des crosses de fusil, avec un manche en
11 bois. Et puis, on parle des contusions visibles sur le corps.
12 M. Cicak (interprétation). - Excusez-moi, mais il s'agissait du
13 1er avril ?
14 M. Nice (interprétation). - Oui, mais dans votre déclaration
15 faite à la police, il est indiqué que ceci s'est produit le 1er avril,
16 est-ce que c'est le certificat médical que vous avez
17 remis à la police ou un autre certificat médical ?
18 M. Cicak (interprétation). - Non, il n'y en a eu qu'un seul
19 s'agissant de mon hospitalisation.
20 Mais ici vous avez omis de dire quelque chose, dans ce document,
21 il s'agit d'une blessure grave au cerveau, et il parle également de
22 plusieurs contusions et plusieurs autres blessures.
23 M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pouvons examiner
24 maintenant la pièce à conviction n° 64.2.
25 Il s'agit d'un article qui a été publié avec pour titre
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1 "M. Cicak, pillé et tabassé". Je souhaite attirer votre attention sur la
2 deuxième feuille où se trouvera une photocopie de la photo, que nous avons
3 vue. Et si le Tribunal garde l'original de ce document, cela peut faire
4 partie du document 74.3. Il s'agit donc d'une décision qui reviendra aux
5 Juges.
6 M. le Président (interprétation). - Je pense que ce que nous
7 avons est suffisant.
8 M. Nice (interprétation). - Monsieur Cicak, veuillez jeter un
9 coup d'œil sur l'original de cet article dont une petite partie a été
10 traduite pour le moment. Essayez de trouver un passage, je pense que c'est
11 sur la deuxième ou troisième page, où l'on vous pose une question. Et moi,
12 je vais vous poser la question concernant l'article qui a été traduit, en
13 français aussi.
14 "Jusqu'à récemment, Cicak était vice-président du HDZ," c'est un
15 résumé n'est-ce pas de la première partie.
16 "Il était vice-président à Busovaca, même s'il affirme être
17 toujours à ce poste parce qu'il n'y a pas encore eu de remplacement, en
18 fonction des règlements. Il est venu dans nos bureaux pour offrir une
19 déclaration relative à des sévices dont il a été victime le 30 mars. Il
20 l'a fait pour nous montrer comment l'on traitait ceux qui n'étaient pas
21 satisfaits de le teneur de la lettre qu'il a publiée." Et puis, on indique
22 dans quel journal.
23 Dans cet article, on vous a demandé qui avaient été les
24 agresseurs. Vous avez dit qu'il y avait un homme, un jeune de 20 à 22 ans,
25 un jeune délinquant de Busovaca. Vous avez dit que vous les connaissiez
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1 tous, qu'ils étaient bien armés et bien formés. On vous a demandé si vous
2 avez informé l'un quelconque des dirigeants du HDZ de Bosnie-Herzégovine à
3 propos de cette attaque. Vous avez répondu : "Oui, ils m'ont fait part de
4 leur sympathie, ils condamnaient les partis extrémistes du parti. J'ai été
5 voir Kordic qui s'attendait à me voir repentant et non pas avec des
6 plaintes. Il a dit qu'à la réunion de Grude, Boban lui avait reproché de
7 ne pas avoir été capable de réduire au silence M. Cicak et ses
8 aboiements". Et lorsqu'on vous a demandé pourquoi vous n'avez pas souhaité
9 incriminer les agresseurs, vous avez répondu parce que ce n'était pas un
10 Etat de droit.
11 A la question de savoir si les voisins vous avaient protégé,
12 vous avez répondu : "Quels voisins, ils étaient tous en train de se
13 cacher".
14 A la question : "Est-ce que cela veut dire que votre position
15 n'est pas soutenue par le peuple croate dans la municipalité de Busovaca",
16 vous avez répondu, "J'affirme que deux tiers des personnes sont du même
17 avis que moi, mais sont terrifiées".
18 Est-ce bien que ce que vous avez été en mesure de dire à la
19 presse à cette époque ?
20 M. Cicak (interprétation). - J'ai dit plus de choses que cela,
21 mais il s'agit là d'un résumé tout à fait correct.
22 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez participé à la
23 vie politique de Busovaca après le 30 mars 1992 ?
24 M. Cicak (interprétation). – Oui, non pas de façon directe mais
25 indirecte.
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1 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez continué à
2 vivre où vous avez vécu auparavant ou pas ?
3 M. Cicak (interprétation). - J'y vis encore aujourd'hui.
4 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez participé
5 activement aux activités
6 du parti ?
7 M. Cicak (interprétation). - Non. Ce n'était plus un parti.
8 M. Nice (interprétation). - Après cette attaque, et après votre
9 rencontre avec Kordic dans son bureau, est-ce que vous avez eu des
10 contacts directs avec lui, de nouveau, des rencontres face à face, tête-à-
11 tête ou pas ?
12 M. Cicak (interprétation). - Non.
13 M. Nice (interprétation). - Pendant la guerre, est-ce que vous
14 avez servi dans une quelconque armée ? Si oui, dans laquelle et pendant
15 combien de temps ?
16 M. Cicak (interprétation). - Etant donné que je n'étais pas trop
17 âgé pour être susceptible d'être mobilisé, j'étais toujours en âge de
18 combattre, le département municipal de la Défense nationale de Zenica m'a
19 appelé, et j'ai d'abord été enregistré comme membre de la Défense
20 territoriale et ensuite, comme membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
21 qui était l'unique armée légitime.
22 M. Nice (interprétation). - J'ai plusieurs questions à vous
23 poser, concernant les sujets que vous avez couverts jusqu'à maintenant.
24 Mais je suppose que nous aurons une pause dans 5minutes. En ce qui
25 concerne ces questions-là, veuillez répondre de la manière la plus brève
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1 possible pour clarifier certaines réponses déjà données.
2 Tout d'abord, vous nous avez parlé des réunions des responsables
3 du parti local. Est-ce qu'en général, ces réunions générales étaient
4 précédées par de petites rencontres entre un petit groupe d'individus de
5 temps en temps ?
6 M. Cicak (interprétation). - S'il s'agissait des réunions
7 secrètes, entre les responsables, les plus hauts responsables du parti,
8 effectivement, ils ont eu lieu. S'il y a eu d'autres rencontres qui
9 étaient un peu plus anodines concernant les comités municipaux, dans ce
10 cas là, ces réunions-là, étaient communiquées au public.
11 M. Nice (interprétation). - Avez-vous assisté aux réunions
12 secrètes ?
13 M. Cicak (interprétation). - Oui, quelques-unes ; d'autres
14 auxquelles je n'ai pas assisté. Il faut savoir que j'ai assisté à une
15 centaine de réunions, je ne me souviens pas de tous les détails.
16 M. Nice (interprétation). - Ces réunions secrètes, où ont-elles
17 eu lieu ?
18 M. Cicak (interprétation). - Cela dépendait du caractère de la
19 rencontre. S'il s'agissait de rencontres hautement confidentielles, elles
20 avaient lieu dans l'église. En fait, c'est une salle au sein de l'église.
21 Au début, nous étions dans une vieille salle dans l'église ; par la suite,
22 dans une salle un peu plus neuve. Parfois, s'il s'agissait d'une réunion
23 ouverte au public, c'est-à-dire dont le public était informé par la suite,
24 ces réunions-là avaient lieu dans la salle de la municipalité de
25 l'assemblée municipale de Busovaca.
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1 M. Nice (interprétation). - Merci. Pendant ces réunions, est-ce
2 que l'on hissait parfois les drapeaux ou un drapeau ?
3 M. Cicak (interprétation). - Comme un symbole ?
4 M. Nice (interprétation). - Oui.
5 M. Cicak (interprétation). - Pour moi, c'est une question
6 difficile. En ce qui concerne les manifestations, à chaque fois, on
7 hissait les drapeaux, mais à ce moment-là, je ne peux pas me souvenir si
8 même pendant des réunions de travail, où seulement trois ou quatre
9 personnes se réunissaient ou tout au plus six personnes, si les drapeaux
10 étaient hissés ou s'ils étaient déjà sur place. A chaque fois qu'il y
11 avait une manifestation importante, les drapeaux croates étaient hissés.
12 M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne l'hymne national,
13 est-ce qu'on faisait écouter les hymnes nationaux ? Si oui, lesquels ou
14 lequel ?
15 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne ce point, je ne
16 peux pas vous le dire, je ne sais pas s'il y a eu des musiciens capables
17 de jouer dans ce village. Mais quant aux chants, effectivement on chantait
18 l'hymne national croate, notre belle patrie.
19 M. Nice (interprétation). - Finalement, dites-nous quelque chose
20 à propos des salutations ou bien des saluts employés au cours de ces
21 réunions. Si oui, montrez-nous lesquels.
22 M. Cicak (interprétation). - Oui. Il s'agissait d'un salut lié à
23 l'époque fasciste de l'Etat indépendant croate. Mais j'ai besoin d'un
24 partenaire parce que s'est constitué de deux parties. Voulez-vous que je
25 vous indique les deux parties ?
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1 M. Nice (interprétation). - Oui, s'il vous plaît.
2 M. Cicak (interprétation). - D'abord, on lève la main, et on dit:
3 "Za dom", ce qui veut dire pour la patrie. L'autre doit répondre:
4 "Spremni", donc "Za dom Spremni", pour la patrie, prêt. C'était le
5 salut que nous avons employé.
6 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce salut à l'époque avait
7 un lien concret avec la Bosnie-Herzégovine ?
8 M. Cicak (interprétation). - Absolument pas. Cela ne concernait
9 absolument pas la Bosnie-Herzégovine, tout ce qui concernait le fascisme
10 et l'Etat Oustachi est lié à la deuxième guerre mondiale et n'a aucun lien
11 avec la Bosnie-Herzégovine, sauf que les citoyens de la Bosnie-Herzégovine
12 étaient employés comme des cibles les plus horribles.
13 M. Nice (interprétation). - Nous avons mentionné des unités
14 paramilitaires. Est-ce que des unités spéciales, locales, ou des unités
15 paramilitaires locales existaient ?
16 M. Cicak (interprétation). - Oui, une organisation paramilitaire
17 locale a été créée à Busovaca. Je considérais que ceci a été une
18 organisation qui suivait le modèle des organisations fascistes allemandes
19 ou bien Oustachi. Leur but était de calmer ceux qui désobéissaient et
20 donnaient des exemples aux autres. Le but était de démilitariser et, par
21 la suite, de rendre fasciste l'ensemble du parti.
22 M. Nice (interprétation). - Qui a eu l'idée de créer cette unité
23 ou ce genre d'unité ?
24 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne la création de
25 ces unités, l'idée est
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1 venue de Zagreb. C'est M. Mate Boban qui l'a mise en oeuvre. Cependant,
2 celui qui était le plus en faveur de cette idée, et le plus bruyamment, de
3 ces unités-là en Bosnie-Herzégovine était M. Bozo Rajic. Il nous a dit
4 cela. Nous avons eu l'occasion de nous en rendre compte à Kupres. Il avait
5 des unités et maltraitait les villages serbes, croates et musulmans dans
6 la région. Il maltraitait les personnes qui désobéissaient. Il considérait
7 qu'il avait rendu en grand service au parti du HDZ et il recommandait de
8 faire la même chose à Busovaca. A Busovaca, lorsque les armements sont
9 arrivés, un tel groupe a été créé. Ils ont été bien entraînés et moi, j'ai
10 ressenti les résultats de tout cela sur mon propre dos.
11 M. Nice (interprétation). - Lorsque vous dites que c'est Rajic
12 qui a recommandé cela, à qui a-t-il recommandé cela à Busovaca ?
13 M. Cicak (interprétation). - Rajic venait souvent assister à nos
14 réunions. J'étais moi-même étonné, je me disais qu'il n'était pas normal
15 qu'un simple employé des assurances sociales se rende à nos réunions. Je
16 pouvais comprendre que M. Boban vienne assister à des réunions étant donné
17 qu'il transmettait les idées de Tudjman en Bosnie-Herzégovine, mais Bozo
18 Rajic, quant à lui, n'avait aucun lien avec le HDZ. C'était un employé
19 municipal, mais c'était un membre du parti. Il devenait de plus en plus
20 fort. Il était énergique, même agressive, quand il intervenait. Le
21 résultat était la création de ces formations paramilitaires à Kupres.
22 M. le Président (interprétation). - Il s'agit d'un moment
23 approprié. Nous allons faire une pause de 20 minutes. Avant de cela, je
24 souhaite que l'on parle de nos travaux pour cette semaine.
25 Nous travaillons lundi, mardi, mercredi, jeudi. Vendredi est une
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1 journée fériée, nous n'allons pas travailler. En ce qui concerne jeudi,
2 nous serons obligés de terminer à 12 heures 30, étant donné que des
3 membres de cette Chambre de première instance auront une autre audience,
4 dans l'après-midi, qui commence à 2 heures.
5 La séance, suspendue à 11 heures 20,
6 est reprise à 11 heures 40.
7 M. le Président (interprétation). – Maître Nice, parlons de la
8 formation des unités spéciales ou paramilitaires ? Vous en avez parlé. Qui
9 s'occupait de ces formations ? Qui les organisait ?
10 M. Cicak (interprétation). - A Busovaca, l'entraînement spécial
11 à l'intention des formations militaires, auprès du HDZ, était organisé par
12 les instructeurs du pays et dans les montagnes très éloignées, dans les
13 endroits où le bétail descendait pour boire de l'eau, donc tout fait dans
14 les hauteurs, sur les plateaux. C'est là que nous avions expérimenté en
15 quelque sorte toutes les sortes d'armes. Souvent, les jeunes hommes
16 avaient l'occasion de prendre en main des Kalachnikov ou des M17
17 américains ou encore des lance-roquettes et des grenades, etc.
18 M. Nice (interprétation). – Mais qui organisait la formation,
19 qui s'en chargeait ?
20 M. Cicak (interprétation). - L'entraînement a été organisé par
21 le comité municipal du HDZ. Monsieur Ante Slikovic et Franjo Slikovic,
22 Igor Krusaca en étaient chargés.
23 M. Nice (interprétation). - Lorsque la décision a été prise
24 d'instaurer de telles formations, étiez-vous présent au moment où une
25 telle décision fut prise ?
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1 M. Cicak (interprétation). - J'étais présent à toutes les
2 réunions lors desquelles on adoptait un certain nombre de décisions. Je
3 dirais même, je ne peux pas me souvenir quelles étaient les dates, que dès
4 que les premières armes sont arrivées, lesquelles pouvaient être utilisées
5 aux fins de guerre, il fallait que les gens qui manipulaient ces armes
6 soient également au courant, qu'ils aient certaines connaissances et
7 qu'ils soient expérimentés. Or ce n'était pas toujours suffisant et c'est
8 pourquoi on les a également formés même en dehors de notre endroit.
9 M. Nice (interprétation). – Est-ce que quelqu'un a donné pour
10 instruction à Sliskovic de se charger de la
11 formation ou quelqu’un d’autre a-t-il donné
12 des instruction à cet homme ?
13 M. Cicak (interprétation). - C'était le Comité exécutif du HDZ
14 de la municipalité de Busovaca.
15 M. Nice (interprétation). - Qui était le responsable de
16 Sliskovic ? A qui Sliskovic devait-il rendre des comptes ?
17 M. Cicak (interprétation). - Si on revient quelque peu en
18 arrière, je pense que c'est dès le 16 août, ou une autre date, on avait
19 étudié ce document hier. Monsieur Kordic avait des autorisations
20 militaires, politiques très importantes, et civiques également. C'est donc
21 lui seul qui aurait pu donner des ordres à Sliskovic quant à ce qu'il
22 allait faire, à quel endroit il allait entreprendre cet entraînement,
23 quelles armes il allait utiliser. C'est donc lui qui aurait dû donner ces
24 ordres.
25 M. Nice (interprétation). – Je vous remercie. Avant de passer au
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1 chapitre suivant, qui sera bref, j'avais dit aux Juges que je donnerais la
2 signification du sigle KOS. C'est un service de contre-renseignement ou de
3 contre-espionnage pour l'ex-Yougoslavie. Je pense avoir bien compris la
4 signification. Je dispose du terme en BCS, mais je suppose que c'est le
5 français ou l'anglais qui vous intéresse. Si je me trompe, dites-le mois
6 et j'apporterai la correction.
7 Je n'ai pas oublié que je devais vous fournir une liste
8 supplémentaire des personnages de la Dramatis* personnel supplémentaire
9 qui vous a été fournie au moment de l'ouverture du procès. Il y a une
10 liste d'abréviations que je pourrais retirer à votre intention, si vous
11 trouver une telle liste utile.
12 M. le Président (interprétation). – Vous aviez promis un
13 glossaire. Un tel glossaire serait, effectivement, très utile.
14 M. Nice (interprétation). – Le plus tôt serait le mieux, je m'en
15 doute.
16 Nous avons déjà abordé quelque peu le sujet suivant, il s'agit
17 des unités du HOS. Vous avez parlé de la mort de Kraljevic. Je ne sais pas
18 si vous êtes revenu sur un point
19 particulier. Après la mort de Kraljevic, qu'est il advenu des hommes qui
20 se trouvaient auparavant dans le HOS ?
21 M. Cicak (interprétation). - Je pense que c'est une question qui
22 est quelque peu à l'écart. J'aimerais tout simplement dire quelque chose
23 au sujet de l'entraînement des membres du HDZ qui a été organisé sur les
24 plateaux, si vous considérez que c'est utile. Si vous pensez que ce n'est
25 pas utile, nous pouvons passer à une autre question.
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1 M. Nice (interprétation). – Ce sont les Juges qui vont décider.
2 M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, je crois
3 qu'il serait préférable de vous en tenir à la question posée par le
4 Procureur qui a bien son idée sur la question qu'il veut vous poser.
5 M. Nice (interprétation). - Que s'est-il passé pour ces hommes,
6 après la mort de Kraljevic ? Ont-ils rallié d'autres groupes ? Que s'est-
7 il passé pour eux ?
8 M. Cicak (interprétation). – Au moment où Kraljevic a été tué,
9 son suppléant, je pense qu'il s'appelait Ante Prkacin, a désintégré toutes
10 les formations du HOS. Certains se sont ralliés au HVO, ceux qui le
11 souhaitaient. D'autres se sont enfuis. D'autres ont été tués parce qu'ils
12 ne souhaitaient pas rejoindre d'autres formations. Anto Prkacin est la
13 dernière personne qui, en Bosnie-Herzégovine, avait désintégré ces
14 formations de Kraljevic.
15 M. Nice (interprétation). - Je vous remercie. Deux questions à
16 propos de trafic d'armes ou de vente d'armes. Vous en avez déjà parlé sur
17 ce territoire. Qui était la personne qui, de façon principale, était
18 responsable ? Pour autant qu'il y ait eu un seul responsable, qui aurait
19 été cette personne en matière de vente et de trafic d'armes ?
20 M. Cicak (interprétation). - La personne responsable, en ce qui
21 concerne les armes, c'était M. Dario Kordic. On ne pouvait absolument rien
22 faire sans qu'il soit au courant. C'était la personne qui prenait les
23 décisions concernant tout ce qui se passait, qu'il s'agisse d'une chose
24 importante ou pas. Il y avait des canaux différents par lesquels on
25 passait pour
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1 emmener les armes pour les emmener sur le terrain dans la vallée de la
2 Lasva. Il y avait un canal qui passait par l'Herzégovine, par Pavlovica,
3 la montagne de Pavlovica et qui descendait jusqu'à la vallée de la Lasva.
4 L'autre provenait directement de la Croatie.
5 M. Nice (interprétation). - Financièrement, qui a le plus
6 profité et bénéficié de la vente d'armes dans cette localité ?
7 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne le profit du
8 point du financier, deux personnes ont pu véritablement s'enrichir
9 personnellement : l'un est professeur, appelé Klempo, à Travnik. Je ne
10 sais d'ailleurs pas comment les traducteurs vont se débrouiller. Il avait
11 des oreilles comme des éléphants, décollées. C'est de la vente des armes
12 qu'il a gardé l'argent. Il y avait un autre homme qui pratiquement
13 profitait de tout cet argent-là, c'est Dario Kordic. Il fallait lui donner
14 de l'argent. Après, je ne sais pas ce qu'il en faisait. Je ne connais pas
15 le sort de cet argent.
16 M. Nice (interprétation). - Vous avez parlé des mouvements des
17 Serbes du fait qu'ils devaient payer s'ils voulaient avoir le libre
18 passage. Quel prix devaient-ils payer pour obtenir le passage ?
19 M. Cicak (interprétation). – Oui, c'est quelque chose qui était
20 vraiment surprenant parce que personne ne pouvait s'attendre à ce que
21 quelqu'un qui soit Croate puisse véritablement participer à une tâche
22 aussi sale.
23 C'est avec M. Radovan Karadzic qui l'avait participé, organisé
24 le pont pour transférer tous ceux qui voulaient quitter ce secteur depuis
25 Zenica et toute la Bosnie centrale, tous ceux qui voulaient quitter la
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1 bosse Bosnie-Herzégovine pouvaient donc pratiquer ce passage. Ceux qui
2 nous ne voulaient pas rejoindre les formations paramilitaires ou pour des
3 raisons économiques, ou tout simplement fuir la guerre. Les raisons
4 étaient différentes.
5 Il est un fait que les convois de Zenica partaient également de
6 Busovaca, ensuite c'est Dario Kordic qui les acheminait vers les
7 territoires serbes, jusqu'à Kobiljaca. C'est là où il
8 remettait jusqu'aux autorités serbes, et par personne, il fallait payer
9 500 Deutsche Marks et même un peu plus, cela dépendait de ce que l'on
10 avait, on donnait même 1 000 Marks par personne pour fuir ce secteur,
11 ce terrain.
12 Il n'est pas important qu'il s'agisse des Musulmans, des
13 Croates, peu importe. Tous ceux qui voulaient partir de ce terrain
14 pouvaient partir grâce à ce qu'ils payaient.
15 M. Nice (interprétation). - Précédemment, vous vouliez nous
16 parler de certaines ressources en Bosnie centrale. J'avais promis de
17 revenir à cette question. Pour dresser un tableau plus complet de cette
18 localité, pourriez-vous dire ceci, s'agissant de Vitez, y avait-il une
19 usine liée à l'effort de guerre ? Qu'en était-il ?
20 M. Cicak (interprétation). - Toute la vallée de la Lasva,
21 jusqu'à Bugojno en passant par les petits villages, c'étaient de tous
22 petits villages avant la guerre qui n'avaient aucune importance, après la
23 deuxième guerre mondiale.
24 A Vitez, il y avait cette usine d'explosifs qui avait été créée
25 à Novi Travnik, l'usine de Novi Travnik à Travnik, l'usine de vêtements,
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1 d'uniformes, de linge militaire. A Bugojno, une usine de toutes les pièces
2 détachées pour les armes. A Vitez, la fabrication principale était la
3 fabrication des explosifs et c'est là où il y avait de très grandes
4 quantités d'armes. Puis le HVO, et les unités croates voulaient garder ces
5 stocks pour pouvoir en profiter au cours de la guerre. Voilà.
6 M. Nice (interprétation). - Bien sûr, à Novi Travnik, il y avait
7 une usine d'armement que nous connaissons déjà. A Busovaca, y avait-il
8 quoi que ce soit qui était important dans le cadre de l'effort de guerre ?
9 M. Cicak (interprétation). - C'était très intéressant, il y
10 avait des donc des autorités officielles qui agissaient en Bosnie-
11 Herzégovine, qui ont été pratiquement suspendues par Dario Kordic. Lui
12 s'est réservé le droit de bloquer une route quelconque,
13 quelle que soit la route. Il pouvait donc couper la route
14 sans demander à que ce soit l'autorisation, la permission.
15 C'est sur sa propre initiative qu'il le faisait. La raison,
16 soi-disant, était que l'armée yougoslave, la JNA, ne retire pas les armes
17 de Novi Travnik. Ce qui n'était pas vrai, une absurdité.
18 Tout ce qui avait une certaine valeur dans toutes les usines, il
19 les avait évacués bien avant. C'était une manifestation de la force, sans
20 aucune autorisation, sans fondement juridique légal. C'est comme si un
21 groupe de personnes, par exemple ici, se mettait quelque part sur la
22 route, la bloque et dise qu'on ne peut plus avancer.
23 M. Nice (interprétation). - Permettez-moi de vous interrompe. Y
24 avait-il des entrepôts, des usines ou du moins un potentiel qui aurait pu
25 être important dans le cadre de Busovaca ?
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1 M. Cicak (interprétation). - A Busovaca, il avait des entrepôts
2 importants militaires, un à Kaonik et un autre à Busovaca. Il s'agissait
3 des pièces détachées pour l'industrie aéronautique. Il y avait notamment
4 ces pièces détachées pour Sarajevo où se trouvait un aéroport. Il y avait
5 à Kaonik également des entrepôts et des munitions, des pièces détachées.
6 L'armée a pratiquement tout pris, bien à temps, il n'y avait pas beaucoup
7 de choses qui restaient.
8 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on entreposait le pétrole
9 ou l'essence en vrac dans la région ?
10 M. Cicak (interprétation). - Dans l'entrepôt, au-dessus de
11 Busovaca, oui.
12 M. Nice (interprétation). - Je vous remercie.
13 Il y a trois pièces que j'aurais pu aborder dans l'ordre
14 chronologique des pièces que nous avons déjà examinées. Je vais essayer de
15 combler ces lacunes en vous présentant ces documents même s'ils ne sont
16 pas dans l'ordre. Il y a d'abord la pièce 2701...
17 Dites-nous simplement, de façon plus ou moins précise, à quel
18 moment cette photographie a été prise, où elle fut prise et qui on voit
19 sur cette photographie ?
20 M. Cicak (interprétation). - Eh bien à gauche, le premier à
21 gauche, c'est Bruno Susnja, au milieu Dario Kordic, à droite Dragutin
22 Zvoni Vercicak.
23 La photographie a été prise le 21 mars 1991 à Mostar. Lors de la
24 conférence convention du HDZ. Vous savez ce qu'est la convention, c'est un
25 congrès, une conférence que nous avons tenu à Mostar.
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1 M. Nice (interprétation). - Je vois.
2 M. Cicak (interprétation). - Je pense que vous reconnaissez les
3 personnes.
4 M. Nice (interprétation). - Veuillez nous parler davantage de
5 cet homme dénommé Susnja. Avait-il un rôle ou une fonction particulière au
6 moment qui nous intéresse ?
7 M. Cicak (interprétation). - A cette époque-là, il n'occupait
8 pas un poste très important. Au contraire, M. Bruno Susnja était
9 enseignant et travaillait à l'école. C'est quelqu'un de sympathique.
10 M. Nice (interprétation). - Est-ce que par la suite il s'est
11 engagé dans d'autres activités, dans le cadre de l'effort de guerre ?
12 M. Cicak (interprétation). - Oui, tout à fait. Il est devenu
13 très actif. Mais dans une activité assez... Je dirai désobligeant, parce
14 que c'est lui qui livrait les armes. C'est lui qui s'est occupé de
15 chercher les armes et d'apporter une grande quantité d'armes pour servir
16 ensuite à tuer les gens.
17 M. Nice (interprétation). - Vous avez dit que cette réunion a eu
18 lieu le 21 mars. Les Juges remarqueront que la date est quelque peu
19 différente dans notre chronologie. Cette réunion s'est-elle tenue le
20 21 mars simplement ou s'est-elle poursuivie sur plusieurs jours ?
21 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas. C'est une
22 photographie qui a été faite le 21 mars. J'étais le premier jour du
23 printemps et c'est pour cela que j'en ai gardé le souvenir.
24 M. Nice (interprétation). - A l'occasion de cette convention,
25 Kljujic a été confirmé dans ce poste de président du parti. Kordic a-t-il
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1 abordé ce sujet avec vous ?
2 M. Cicak (interprétation). - Il ne m'a rien dit. C'était un
3 député comme tous autres, comme nous autres. A ce moment-là, c'est
4 M. Boban qui était très actif avec un groupe de Herzégovins qui avaient
5 créé une ambiance toute spéciale. La convention n'était pas organisée
6 selon eux comme il le fallait. Nous nous étions étonnés car nous
7 considérions qu'on avait bien organisé ce congrès. Par conséquent, nous
8 avons pensé que le HDZ de Bosnie-Herzégovine allait s'organiser de la même
9 façon au niveau de Bosnie-Herzégovine. Quand nous sommes arrivés au
10 congrès, nous avons vu qu'il y avait les deux courants, le conflit entre
11 les deux courants : il y avait ce courant herzégovin autour de
12 Stjepan Kljujic, c'était l'autre courant, celui de Sarajevo. Nous ne nous
13 sommes pas mêlés dans ce conflit.
14 M. Nice (interprétation). - Merci, la pièce suivante qui porte
15 la référence Z.13, qui ne se trouve pas dans les documents de base.
16 Vous disposez de l'original, il se peut que vous n'ayez pas
17 récemment examiné ce document, mais je demanderai votre aide pour ce
18 document du 27 août 1991. Document adressé aux comités municipaux de
19 l'Union démocratique croate, le sujet étant les instructions.
20 Si l'on voit le bas de l'original, ainsi que la version
21 dactylographiée en anglais, on voit un cachet, un tampon, mais aussi une
22 seule signature, celle d'Ignajc Kostroman.
23 Après le salut adressé, à savoir Dieu et les Croates, pour ce
24 qui est du corps du document, on trouve au premier paragraphe un
25 commentaire sur l'agression serbe et sur la politique expansionniste des
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1 Serbes. On dit qu'on se trouve à un moment charnière, à un carrefour dans
2 l'histoire.
3 Dans le deuxième paragraphe, on dit que la présidence du HDZ de
4 Bosnie-Herzégovine, lors d'une session tenue le 26 août 1991, a pris la
5 décision d'imposer l'état d'urgence, ce qui nécessite une alerte 24 heures
6 sur 24, ainsi qu'un devoir de prestation. Et qu'il y aura un système
7 unifié de défense à partir des structures régionales. On a aussi un
8 paragraphe 4 consacré aux communications.
9 Etiez-vous au courant de ces instructions fournies par écrit par
10 M. Kostroman ?
11 M. Cicak (interprétation). - Oui. Je le connaissais
12 personnellement. Et je savais bien évidemment qu'on avait parlé de ceci,
13 vu la nouvelle situation. Mais malheureusement, on n'a pas parlé du
14 secrétaire général du HDZ de Bosnie-Herzégovine à cette époque-là, et ce
15 qui m'avait surpris, ainsi que quelques autres personnes également, c'est
16 qu'un document aussi important ait été signé par un employé tout simple,
17 par un employé administratif de la municipalité. A ce moment-là,
18 évidemment, on a pas fait attention à la signature, même si nous avons
19 considéré que ce n'était pas très habituel. L'important pour nous, c'était
20 de voir ce qu'il était important de faire au niveau du HDZ de Bosnie-
21 Herzégovine, au niveau de notre municipalité, ceci pour se préparer pour
22 l'état d'urgence.
23 Ignajc Kostroman n'avait pas le droit de signer ce document, et
24 encore moins de le distribuer. Mais à ce moment-là, je dois le dire, nous
25 n'avons pas prêté attention à cela.
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1 M. Nice (interprétation). – On remarque, au deuxième alinéa du
2 premier paragraphe ce passage-ci : "La politique globale du HDZ révèle la
3 perfidie de cette politique pratiquée dans notre pays et à l'étranger, de
4 telle sorte que chaque jour, le peuple croate comprendra mieux quelle est
5 son aspiration historique et pourra mieux la réaliser, lui qui veut vivre
6 dans un Etat qui est le sien. Nous sommes à un carrefour historique et
7 nous ne pouvons pas faire la moindre faute qui nous jetterait entre les
8 mains de cet Etat de la grande Serbie qui deviendrait un abattoir pour le
9 peuple croate".
10 Est-ce l'expression, quand on dit que les gens voulaient vivre
11 en République de Croatie comme étant dans un Etat qui leur appartenait,
12 était-ce bien le sentiment que partageaient les gens en août 1991 ?
13 M. Cicak (interprétation). – Non. Ceci n'a pas été transmis de
14 manière tout à fait justifiée. Vous avez dit que…, mais il y avait
15 140 employés du HDZ qui se sont réunis. Ce n'était pas le peuple croate,
16 mais il y avait des employés municipaux qui s'étaient réunis ici
17 également. On dit également qu'il y a cette aspiration de rattacher à la
18 Croatie. Les Croates de Bosnie aspiraient à être rattaché à la Croatie.
19 Mais ici, il ne s'agit pas de dire que les Croates de Bosnie voulait se
20 rattacher à la Croatie. C'est Ignajc Kostroman, car personne, aucun
21 Croate, n'avait déclaré qu'il souhaitait se rattacher à la République de
22 Croatie. Tous, même si le HDZ était contre, avaient voté pour la Bosnie
23 indivisible lors du référendum.
24 M. Nice (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur.
25 Troisième pièce que j'aimerais soumettre maintenant, alors que j'aurais dû
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1 la soumettre plutôt, porte la référence 27, page 5727 du compte rendu. Je
2 ne pense pas que nous ayons déjà examiné ce document.
3 Le témoin a cette décision sous les yeux, décision à laquelle il
4 va peut-être faire référence dans le cadre de sa déposition. Monsieur,
5 vous avez sous les yeux une décision datée du 18 novembre 1991, décision
6 prise à Grude, visant à l'établissement de la communauté croate d'Herceg-
7 Bosna. En l'espace de neuf articles sont précisées certaines choses.
8 A l'article 2, composition de la Communauté par l'énumération
9 des municipalités.
10 A l'article 3, il est dit que le Siège de la communauté sera
11 Mostar.
12 Au point 4, elle autorise que d'autres municipalités viennent
13 rejoindre les premières.
14 A l'article 5, il est précisé que la communauté va respecter le
15 gouvernement démocratiquement élu de la République de Bosnie-Herzégovine
16 tant que cette Bosnie-Herzégovine reste un Etat indépendant face à l'ex-
17 Yougoslavie ou à la Yougoslavie à venir.
18 Article 6, respect des règlements internationaux qui constituent
19 la base des rapports civilisés de la société.
20 Article 7 : il est dit que l'autorité suprême sera la présidence
21 dans la communauté et que les représentants les plus élevés seront
22 les représentants du peuple croate dans les municipalités où
23 dans les présidents des comités municipaux et que la présidence
24 élira le président, deux vice-président, un secrétaire.
25 On dit que l’organisation et le fonctionnement de cette
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1 entité sera régie par ces statuts et que la décision entre
2 immédiatement en vigueur. Ceci est précisé à l'article 9.
3 Légère omission au niveau de la photocopie du document pour ce
4 qui est de la référence. Vous trouverez à la page 5756 toutes les
5 références. Je ne suis pas tout à fait sûr de l'analyse de la signature
6 qui est apposée au bas de cette décision. Je pourrais régler cette
7 question avant 14 heures.
8 Pourriez-vous cependant nous aider sur ceci, Monsieur Cicak.
9 Avez-vous été informé de cette décision, au moment où elle avait été
10 planifiée, préparée ?
11 M. Cicak (interprétation). - Je savais, en ce qui concerne la
12 décision, qu'on avait planifié de la porter. Mais le jour où elle a été
13 arrêtée, seul Kordic était au courant. Cette décision a été arrêtée tout à
14 fait en secret car c'était quand même un peu inhabituel. En effet, à
15 partir du moment où l'on prend une décision qui concerne tout le peuple
16 croate, il ne fallait pas que celle-ci reste secrète. En ce qui concerne
17 l'établissement de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et la réponse à une
18 question portant sur les entités créées par le peuple serbe, par les
19 Serbes qui ont créé leur zone autonome, c'est de cette manière-là que les
20 Serbes ont pratiquement créé leurs propres entités. Ce qu'ils
21 souhaitaient, ils y sont parvenus. Cette décision que nous voyons est un
22 acte politique.
23 On peut donc conclure qu'actuellement, les Croates, les Croates
24 de Bosnie voulaient tout simplement faire connaître à toutes les
25 communautés socio-politiques, donc également à Krajina, Saho Krajina, les
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1 régions serbes, ce qu'ils vont faire de leur côté. Ils ont donc énuméré
2 certaines municipalités, mais la communauté croate d'Herceg-Bosna se
3 composait de 33 villages, tous petits. Ici, on a parlé de quelques
4 villages, mais je pense que ces 32 plus Zepce, la municipalité de Zepce.
5 M. Nice (interprétation). – Merci. Nous passons de cette pièce à
6 trois points généraux, et nous poserons des questions plus précises
7 concernant le premier accusé.
8 Avant la guerre, et avant le développement de ce parti
9 politique, quels étaient les degrés de sensibilité ethnique, en Bosnie
10 centrale ? Dans quelle mesure les gens se demandaient-ils si les gens,
11 leurs voisins, les commerçants étaient de leur groupe ethnique ou d'un
12 groupe ethnique différent ?
13 M. Cicak (interprétation). - Est-ce que vous pensez à la Bosnie-
14 Herzégovine ou tout simplement à la vallée de la Lasva ?
15 M. Nice (interprétation). - Là où, vous, vous habitiez, une
16 région que vous connaissiez bien pour la vivre au quotidien.
17 M. Cicak (interprétation). - Voilà, comment c'était. En ce qui
18 concerne cette région où j'habitais, où M. Kordic opérait est un
19 territoire qui était mixte du point de vue population. Il y avait des
20 Serbes, des Croates et puis des Bosniaques. Nous n'avons jamais
21 auparavant… Je dirai que pendant 10 ans, 50 ans, 70 ans même, on n'a
22 jamais entendu dire qu'il y avait des disputes entre les Serbes et les
23 Musulmans, entre les Croates et les Serbes, les Croates et les Musulmans,
24 etc, c'est un peuple qui absolument vivait dans une communauté mixte
25 indépendamment des professions et des vocations qu'ils avaient. Ce que je
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1 dois véritablement vous dire, Monsieur le Président et Messieurs les
2 Juges, c'est que M. Dario Kordic est le premier homme qui a réussi dans la
3 vallée de la Lasva à mettre en conflit les Serbes, les Croates et les
4 Bosniaques. C'est vraiment la première personne qui a réussi. Auparavant,
5 personne ne l'a réussi pendant 70 ans, je dirai même cent ans.
6 M. Nice (interprétation). - Au cours des événements qui allaient
7 suivre et qui avaient commencés en 1991, les discours de Franjo Tudjman,
8 ses discours et publications, quel effet, pour autant qu'il y en ait eu
9 un, ses discours et publications ont-ils eu sur la région et les Croates
10 dans la région où vous viviez ?
11 M. Cicak (interprétation). – En ce qui concerne les discours et
12 des publications, tout ce qui provenait du HDZ de la Croatie, ont été
13 acceptés par le HDZ de Bosnie-
14 Herzégovine. C'était une littérature qui était une littérature de base, on
15 étudiait le mouvement à partir de ces ouvrages de base. Le programme du
16 HDZ de Bosnie-Herzégovine a été pratiquement repris, donc le HDZ de la
17 Croatie et le HDZ de la Bosnie-Herzégovine avaient pratiquement le même
18 programme. Ce qui venait de Zagreb était en quelque sorte quelque chose de
19 sacro-saint pour l'action des Croates de Bosnie, exception faite de ce qui
20 s'est passé au moment où m. Klujic avait tout simplement dit qu'il ne
21 voulait plus obéir à Zagreb.
22 M. Bennouna. - Pour la Chambre, pour pouvoir suivre le
23 témoignage, j'ai besoin d'une précision : vous avez demandé au témoin s'il
24 y avait des conflits ou des disputes de caractère ethnique. Il a répondu
25 que tout Serbe, Croate, Bosniaque, pendant des décennies, vivait dans une
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1 entente parfaite.
2 Est-ce que cela signifie que ces communautés serbe, croate, que
3 les Serbes, Croates, Bosniaques pouvaient faire partie, participer à des
4 partis politiques ensemble, ou ils étaient quand même, ils avaient des
5 opinions politiques en fonction de leur appartenance ethnique ? Parce que
6 c'est cette précision-là qui nous permettra de suivre la réponse. Est-ce
7 que cela veut dire qu'ils pouvaient participer au même parti politique
8 tout en étant d'origine ethnique différente. L'expérience du témoin lui-
9 même… Est-ce que dans le parti auquel il participait, il n’y avait que des
10 Croates ou pouvait-il y avoir des personnes d'ethnies différentes ? Voilà
11 ma question, ce complément d'informations nécessaire pour suivre le
12 témoignage.
13 M. Nice (interprétation). - Je crois que le témoin, dans une
14 certaine mesure, a évoqué cette question. Mais je vais m'étendre là-
15 dessus. Vous avez expliqué, Monsieur Cicak, aux Juges, la semaine
16 dernière, comment au cours de l'ère communiste, il n'y avait qu'un seul
17 parti politique par le biais duquel les gens pouvaient fonctionner. Et
18 c'est la libération des partis, qui, dans une certaine mesure, a permis
19 que se tracent des lignes de séparation ethnique entre les partis.
20 Mais revenons à cette ère communiste : en tout premier lieu, il
21 était juste de dire qu'il n'y avait pratiquement qu'un parti qui
22 permettait l'activité politique des gens.
23 M. Cicak (interprétation). - Il y avait un seul parti qui était
24 le plus important, c'était le parti communiste qui s'est transformé en
25 ligue communiste par la suite. Au sein de ce parti, on ne tenait
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1 absolument pas compte du groupe ethnique. C'était, par conséquent, en
2 quelque sorte, en dehors de question de parler de l'ethnie, mais plutôt
3 des couches sociales, il y avait des agriculteurs, des intellectuels,
4 etc..
5 M. Nice (interprétation). - En fait, dans votre région, est-ce
6 que les trois grands groupes ethniques étaient représentés dans la ligue
7 des communistes au sein du parti communiste, ou est-ce qu'il y avait peut-
8 être un penchant qui tendait à s'écarter d'un groupe ethnique ou à s'en
9 rapprocher du fait de la représentation de ce groupe ethnique dans
10 l'ensemble de la population ?
11 M. Cicak (interprétation). - Si on observe l'ensemble du
12 territoire de l'ex-Yougoslavie, à ce moment là, la représentation au parti
13 communiste, ou bien par la suite à la ligue des communistes, était en
14 fonction de la composition nationale. Si c'était en Macédoine, c'était en
15 majorité des Macédoniens, en Slovénie également, c'était en majorité des
16 Slovènes, et les Croates étaient les moins représentés au parti
17 communistes. La majorité du point de vue groupes ethniques, c'était les
18 Serbes, les Serbes qui prenaient les fonctions les plus importantes en ex-
19 Yougoslavie, pendant le régime de Josip Tito, ce qui a provoqué, bien
20 évidemment, des protestations au sein de la ligue des communistes.
21 M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne votre région, là
22 où vous habitiez, pensez-vous qu'il y avait peut-être, numériquement, le
23 fait que les Serbes étaient privilégiés par rapport aux Croates ou était-
24 ce différent ?
25 M. Cicak (interprétation). - Au niveau local, si on parle de la
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1 vallée de la Lasva, la composition était totalement différente. Beaucoup
2 de Serbes étaient des officiers arrivés de
3 régions différentes. C'était des soldats chargés de diverses activités au
4 sein des usines. Il y avait également beaucoup de Croates, d'agriculteurs,
5 un bon nombre de Bosniaques. On peut dire que cette composition était
6 mixte avec un peu plus de Serbes qui étaient un peu plus nombreux. Ils
7 étaient membres également du parti communiste. Mais, comme je l'ai dit, il
8 y avait beaucoup d'officiers, beaucoup de soldats également, qui étaient
9 des soldats de carrière, qui étaient chargés d'explosifs, de technique.
10 Ils étaient expérimentés en matière. Ils ont été recrutés dans des régions
11 différentes. Par conséquent, c'est comme cela qu'ils se sont retrouvés
12 dans notre vallée.
13 M. Nice (interprétation). – Dernière question sur ce sujet :
14 nous en sommes toujours à l'organisation locale du parti. Entre les
15 Croates et Bosniaques ou Musulmans, y avait-il, si vous voulez, un groupe
16 qui était plus privilégié, qui avait plus de poids qu'un autre ?
17 M. Cicak (interprétation). – Non. Je me dois de vous dire qu'il
18 y avait un équilibre. Il y avait un équilibre entre les trois groupes
19 ethniques, entre les Serbes, les Croates et les Bosniaques. A cette
20 époque-là, on les appelait Musulmans. Il y avait même des mariages mixtes
21 entre les représentants de ces groupes ethniques différents. Sur le plan
22 de la collaboration générale, elle était très bonne. Les gens commerçaient
23 entre eux, puis achetaient les biens, la terre, travaillaient dans la
24 forêt. Non, je dois dire qu'il y avait une cohabitation entre les
25 Musulmans, les Croates et les Serbes qui se déroulait normalement, sans
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1 problème.
2 M. Nice (interprétation). - Une autre question : qui serait de
3 nature à répondre à la question posée par le Juge Bennouna.
4 En dehors de l'association purement politique de la ligue des
5 communistes ou du parti politique, y avait-il des associations ou clubs,
6 ou peu importe le nom qu'on leur donne, qui aient une base ethnique, si
7 vous voulez, ou est-ce que ce n'était pas le cas ? Est-ce qu'il y avait,
8 par exemple, des clubs ou des associations culturels ? Pourriez-vous nous
9 aider là-dessus ?
10 M. Cicak (interprétation). – Oui, je peux vous aider. Tout ce
11 qui concernait le
12 sentiment national a été liquidé en 1949. Tito n'a pas permis l'expression
13 des sentiments nationaux, ni du point de vue langue, ni chant, ni danse.
14 Mais au cours de l'ère communiste, il y avait d'autres organisations. Il y
15 avait l'Alliance socialiste à l'époque, il y avait également l'Union de la
16 Jeunesse, d'autres organisations. Il y avait la Société des Techniciens,
17 de ceux qui s'occupaient des émetteurs radio, ceux qui étaient dans le
18 domaine de compagnies aériennes, etc. Il y avait une société serbe, par
19 exemple, Prosvjeta, qui a été interdite, également une association
20 culturelle croate qui a été interdite. Il y avait le Renouveau Musulman
21 qui a été interdit. Tito ne permettait pas d'exprimer les sentiments
22 nationaux , que ce soit à travers la culture ou différemment.
23 M. Nice (interprétation). - J'espère que ceci vous a mieux
24 permis de comprendre, surtout pour la période précédant la libéralisation
25 des partis. J'espère que le témoignage a déjà couvert cette période-là,
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1 ainsi que la période consécutive.
2 M. Bennouna. - Ma question portait sur la période après la
3 libération des partis, sur la participation des différentes ethnies aux
4 différents partis qui sont nés à ce moment-là.
5 M. Nice (interprétation). - Fort bien, je vais aborder cette
6 question-là aussi. A la suite de la libération des partis politiques,
7 Monsieur Cicak, on nous a parlé de la création de trois partis ayant une
8 base ethnique. Est-ce qu’il y a eu une participation croisée, pour ainsi
9 dire, de personnes provenant d'un groupe ethnique et qui auraient
10 participé ou contribué à un parti qu'on aurait tendance à identifier comme
11 un parti provenant d'un groupe ethnique différent.
12 M. Cicak (interprétation). - Oui. Il y avait de tels exemples,
13 et dans tous les partis, ce qui est intéressant de constater, c'est que
14 dans tous les programmes, que ce soit le HDZ, SDS, ou SDA, c'était
15 stipulé, que le membre du parti peut être n'importe quelle personne
16 indépendamment de la race, de la confection, de l'appartenance au groupe
17 ethnique, etc. La pratique a démontré qu'il y avait peu de membres, par
18 exemple membres du HDZ, et qu'ils
19 étaient d'un autre groupe ethnique, le SDA par exemple. Je ne sais pas
20 s'il y avait des membres qui étaient d'une autre nationalité, ou SDS.
21 En ce qui concerne le parti HDZ, l'union démocratique croate, je
22 pense qu'il y avait au niveau de la présidence, un membre de Gorazde qui
23 était Musulman et de confession musulmane. Je pense qu'il est resté à ce
24 poste assez longtemps. Sinon, il y avait d'autres exemples, d'autres
25 personnes appartenant à d'autres groupes ethniques qui étaient membres du
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1 HDZ. Je parle des débuts, du tout début, jusqu'au congrès à Mostar. Après,
2 bien évidemment, on ne pouvait pas avoir d'autres personnes.
3 M. Nice (interprétation). - Pour dresser un tableau plus complet
4 pour ce moment-là de l'histoire, après la libération des partis
5 politiques, est-ce que l'interdiction qu'avait imposée Tito sur des bases
6 ou des associations culturelles, est-ce que cette interdiction a été
7 levée ?
8 M. Cicak (interprétation). - Oui, tout de suite, il y avait des
9 assemblées constitutives qui ont été organisées, d'abord à l'association
10 croate, Napredak, c'est une association qui avait une des plus longues
11 traditions dans les Balkans ; ensuite, on a renouvelé, pas tout de suite,
12 l'association musulmane, Preporod, le "Renouveau". L'association
13 culturelle serbe a encore des difficultés pour être renouvelée. Pour le
14 moment, ils ont de grandes difficultés qu'ils rencontrent en Bosnie-
15 Herzégovine.
16 M. Nice (interprétation). - Au moment où se termine votre
17 déposition pour ce procès, en 1992, c'est du moins là une fin provisoire à
18 votre déposition, est-ce que les associations culturelles avaient marqué
19 tout le paysage politique au sens plus large du terme ? Est-ce que ces
20 associations culturelles ont eu pour effet de séparer les groupes
21 ethniques ou est-il impossible de le dire ? N'êtes-vous pas en mesure de
22 le dire ?
23 M. Cicak (interprétation). - Je peux dire avec fierté que
24 l'association culturelle croate "Preporod" ne s'est jamais occupée des
25 activités politiques. Napredak, le renouveau, n'a jamais fait de
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1 politique. Ils ont véritablement développé les activités pour qu'au niveau
2 culturel,
3 éducation, etc… Si on parle d'une association culturelle, on ne peut pas
4 parler de politique. L'association culturelle croate Napredak ne faisait
5 pas de politique parce que c'était incompatible avec le but essentiel. En
6 revanche, pour ce qui concerne Napredak serbe, ils ont des difficultés
7 qu'ils rencontrent. Ils n'ont pas encore été formés. Et les Musulmans,
8 avec leur association culturelle, se sont plus préoccupés d'eux-mêmes que
9 des citoyens.
10 M. Nice (interprétation). - J'espère que ceci répond à votre
11 inquiétude, Monsieur le Juge. Merci.
12 En ce qui concerne le premier accusé Kordic, pourriez-vous nous
13 aider sur certains points de détail. Vous avez parlé des postes qu'il
14 avait précédemment occupés. Pour son dernier emploi, quel était le degré
15 de responsabilité qui était le sien ? Avant de s'engager dans la
16 politique, que faisait-il en fait ?
17 M. Cicak (interprétation). - A l'époque où j'ai fait
18 connaissance de Dario Kordic, il n'avait pas de fonctions importantes au
19 sein de l'économie. Il avait des fonctions administratives. A un moment
20 donné, il a travaillé dans une grande société qui fabriquait les tuiles,
21 les tuiles pour les fourneaux. Il était chargé de mission. Je pense, à
22 cette époque-là, qu’il y avait des fonctions administratives. Ce n'était
23 pas une fonction très importante.
24 Ultérieurement, il a travaillé chez Gavto. A cette époque-là,
25 Zoran Maric était le maire de la municipalité. Il a travaillé, une fois de
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1 plus, comme chargé de dossier au secrétariat de la Défense nationale.
2 C'était, à ma connaissance, le dernier poste qu'il a occupé, tout à fait
3 peu significatif.
4 M. Nice (interprétation). - Au moment où vous l'avez rencontré
5 sur la scène politique, est-ce qu’il avait beaucoup d'idées ou pas ?
6 M. Cicak (interprétation). - Au début, il n'avait pas beaucoup
7 d'idées. Il faut dire qu'il n'avait jamais avancé ses idées publiquement.
8 Ce qu'il avait fait, c'était de mettre en oeuvre ce qu'on lui avait
9 demandé. Je l'ai déjà dit lors de mes dépositions précédentes, il y avait
10 Mate Boban qui avait une grande influence sur lui, Rajic et Kostroman, et
11 Tudjman bien évidemment, tout particulièrement. C'est ainsi qu'il a grimpé
12 les échelles, c'est ainsi qu'il a formé son image, qu'il a mis en oeuvre
13 tout ce qui a été conçu par ces personnes dont j'ai prononcé les noms.
14 C'est lui qui mettait en oeuvre, dans la pratique, tout ce qu'il avait
15 apporté comme décision.
16 M. Nice (interprétation). - A votre connaissance, avaient-ils
17 des contacts directs avec Tudjman ?
18 M. Cicak (interprétation). - Je pense qu'il a rencontré
19 quelquefois M. Tudjman. A quelques reprises, des photographies ont été
20 prises à cette occasion-là. Je pense que c'était le 13 et le 21. Je ne me
21 souviens pas du mois. Mais c'est facile de trouver les dates et les mois
22 dans les documents. Pour ne pas abuser de votre temps...
23 Il y avait un réunion organisée chez le président avec un
24 certain nombre d'autres personnes. Quand il a donné une ligne directrice
25 sur laquelle les Croates de Bosnie devaient se comporter pour rester dans
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1 une communauté. Bien évidemment, il y avait, à cette époque-là, les deux
2 personnes les plus importantes, MM. Boban et Susak qui étaient les
3 personnages énergiques et très fermes, si je peux dire ainsi, et qui
4 mettaient en oeuvre les conceptions de Tudjman. Même Boban ne pouvait se
5 permettre de s'écarter de ses idées parce qu'il aurait été destitué et
6 révoqué automatiquement.
7 M. Nice (interprétation). - Passons de la question de savoir
8 s'il avait des idées, passons de cela à la question de savoir si au moment
9 où vous avez fait sa connaissance, il était un homme décidé ?
10 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas. Il n'avait pas un
11 rôle important sur le plan décisionnel. Il fallait qu'il soit formé pour
12 savoir comment il pouvait devenir un leader, mener un peuple. Il avait des
13 parrains, qui étaient de très bons parrains, tels Susak, Boban, Rajic.
14 C'étaient véritablement des personnes qui pouvaient faire tout ce qu'elles
15 voulaient faire
16 de Kordic. Malheureusement, ils ont fait le pire.
17 M. Nice (interprétation). - Il avait des contacts avec les
18 médias, la presse. Apparemment, il a fait des communiqués de presse. Ces
19 derniers, quels effets ont-ils eu sur l'ensemble de la population, pour
20 autant que vous puissiez en juger ?
21 M. Cicak (interprétation). - Vous me posez cette question après
22 mon départ et ma séparation avec Kordic. Il avait organisé un certain
23 nombre de presse, c'était plutôt triste car le peuple bosniaque n'a jamais
24 été appelé par lui, par le véritable nom. Il les appelait "balija". Les
25 Musulmans étaient des "balija". Ce terme en Bosnie-Herzégovine provoque
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1 une très grande blessure, des gens qui appartiennent aux groupes ethniques
2 musulmans, car en effet, balija" ne veut pas dire grand chose. Cela veut
3 dire un homme qui est en marge de la société.
4 En Bosnie-Herzégovine, c'est un terme très vexant qui vous
5 bouleverse. Appeler quelqu'un "balija" était véritablement la plus grande
6 injure, s'il était Musulman, s'il était de cette confession, s'il était
7 Bosniaque. Ces conférences de presse étaient dirigées dans ce sens-là :
8 que la victoire était toute proche, que si on parle de la guerre, la
9 victoire allait être emportée très vite. Un Etat unitaire allait être
10 créé, ce serait la Croatie. Vous avez entendu Kostroman quand il a parlé.
11 C'était quelque chose de manifeste. Il a dit que Busovaca est une partie
12 indépendante de la République de Croatie. J'ai rétorqué que c'était une
13 absurdité, j'ai dit que Busovaca était un Etat indépendant qui ne se
14 rattacherait jamais à la Croatie. C'était exactement cela.
15 M. Nice (interprétation). - Mais à votre avis, ces conférences
16 de presse avaient un effet sur l'ensemble de la population et plus
17 particulièrement sur les Croates ?
18 M. Cicak (interprétation). - Je peux dire quel a été l'effet de
19 cela sur les Croates en Bosnie-Herzégovine, mais je ne peux pas dire quel
20 a été l'effet de cela sur les personnes âgées qui sont restées dans la
21 vallée Lasva, ces vieilles femmes, je suppose, l'applaudissaient, Kordic,
22 en entendant ces mots des désagréables concernant les "balija".
23 Pour les autres Croates, dans d'autres parties de Bosnie-
24 Herzégovine, surtout en Posavina et près de Tuzla, je peux employer un mot
25 employé par M. Kordic. Ici, il parle, il emploie le mot de quelqu'un qui
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1 raconte n'importe quoi. C'est exactement comme cela qu'ils le
2 considéraient et ils ne prêtaient aucune attention à ses propos.
3 M. Nice (interprétation). - Vous avez dit qu'il utilisait des
4 mots injurieux concernant les Musulmans dans ses articles. Mais à quel
5 moment a-t-il commencé à employer ces genres de termes vis-à-vis des
6 Musulmans lors de ces conversations privées ?
7 M. Cicak (interprétation). - Dans les contacts privés, il
8 faisait la même chose, il ne disait pas "balija", mais Musulmans. Mais à
9 chaque fois, il disait qu'il souhaitait mettre sur sa tête, un fez rouge,
10 alors que ceci constituait un signe traditionnel, une partie
11 traditionnelle des habits des Musulmans, les vieux Musulmans portaient un
12 fez, tout comme les Croates âgés portaient un chapeau. Il disait toujours
13 aux membres du Comité municipal qu'il ne souhaitait pas qu'on lui mette un
14 fez sur la tête et que c'était sa décision définitive.
15 M. Nice (interprétation). – J'ai deux autres questions, mais ne
16 me répondez pas avec tous les détails. Dites-nous simplement si vous avez
17 été confronté, à diverses occasions –et peut-être que mes collègues vous
18 poseront des questions sur ce point-, au fait que la route soit bloquée
19 face à la JNA, près de Kaonik, par Kordic ?
20 M. Cicak (interprétation). - Oui.
21 M. Nice (interprétation). - Vous pourrez donc répondre aux
22 questions à ce sujet ?
23 M. Cicak (interprétation). - Oui.
24 M. Nice (interprétation). – Deuxièmement, avez-vous assisté à la
25 réunion à Busovaca qui célébrait l'indépendance croate dans une salle où
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1 Kordic, Kostroman et d'autres personnes ont parlé ?
2 M. Cicak (interprétation). - J'étais là lors du blocage de la
3 route à Kaonik, j'étais là en tant que simple citoyen. J'ai également
4 assisté à la manifestation de la célébration qui a
5 commencé à 9 heures du soir. A cette occasion-là, M. Kostroman a parlé au
6 sujet de l'indépendance de l'Etat croate.
7 M. Nice (interprétation). – Kordic a-t-il parlé aussi lors de
8 cette manifestation ?
9 M. Cicak (interprétation). – Oui, absolument. Ils étaient tous
10 là et ils ont tous parlé : M. Stipac, M. Kordic, M. Kostroman. Je ne sais
11 pas si quelqu'un d'autre a dit quelque chose.
12 M. Nice (interprétation). – Connaissez-vous M. Blaskic ?
13 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne, M. Blaskic, je
14 l'ai rencontré deux fois dans le village de Vranice. Je ne sais pas quelle
15 était la raison de son arrivée là. Je pense que c'était lié à des
16 requêtes, quelque chose de semblable, à savoir comment employer cela à
17 l'encontre des avions. Je ne connais pas les détails, mais de toute façon,
18 il y a eu un armement militaire. Il fallait mettre quelque chose à
19 l'intérieur pour tirer sur un avion. C'est là que je l'ai vu.
20 M. Nice (interprétation). – Cela s'est produit à quel moment ?
21 M. Cicak (interprétation). – C'était en été 1993, me semble-t-
22 il, à peu près. Je ne sais pas très exactement.
23 M. Nice (interprétation). – Avez-vous vu Kordic en uniforme ?
24 M. Cicak (interprétation). – Non, je n'ai pas vu Kordic en
25 uniforme. Cela dit, j'ai eu l'occasion de voir comment il agissait en tant
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1 que Président du Comité de crise ou bien en tant que commandant en chef,
2 étant donné qu'il avait des compétences de commandant en chef de
3 l'organisation militaire qui appartenait au HDZ. Je l'ai vu brandir un
4 pistolet. Bien sûr, dans sa main, le pistolet n'était jamais calme. Il
5 faisait toujours des mouvements avec sa main avec le pistolet. Grâce à ce
6 pistolet, il faisait régner l'ordre. Par exemple, à Kaonik, il y a eu
7 plusieurs mitrailleuses qui étaient placées là-bas. Je ne sais pas si ces
8 hommes étaient vraiment prêts à tirer sur quelqu'un ou non, mais étant
9 donné la manière dont ils étaient préparés, je crois
10 qu'ils étaient vraiment prêts à tuer un homme.
11 M. Nice (interprétation). – Il est une question à laquelle vous
12 avez pratiquement donné la réponse, là, récemment. Mais aidez-nous : après
13 que vous soyez parti de la scène politique, y a-t-il eu une séparation,
14 une division entre la prise de décision militaire ou politique ou pas ?
15 Veuillez vous expliquer ceci.
16 M. Cicak (interprétation). - Je vais vous expliquer cela très
17 simplement. A partir du premier jour jusqu'au dernier jour des activités,
18 je crois que c'était en 1994 que Kordic a cessé ses activités, il
19 représentait à la fois les autorités militaires, civiles et policières. Il
20 n'était pas possible de faire quoi que ce soit sans son accord. Il n'était
21 pas possible de mettre en œuvre aucune action militaire, ni aucune action
22 civile ou policière. Il était la seule personne compétente. Tout le monde,
23 en ce qui concerne chaque détail, chaque bêtise, il fallut se rendre chez
24 Kordic pour qu'il donne son aval.
25 M. Nice (interprétation). - Pour que vous puissiez en juger,
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1 étant donné que vous avez vécu dans la région, est-ce que cette situation
2 a changé après votre départ de la scène politique ou cette situation est-
3 elle restée la même ?
4 M. Cicak (interprétation). – Non, elle n'est pas resté la même,
5 elle s'est détériorée. Les choses sont devenues pires encore. Mais je
6 voudrais ajouter quelque chose à ce que je viens de dire, à savoir que
7 M. Kordic ignorait entièrement le Conseil exécutif du HDZ de Busovaca, de
8 même que le Conseil municipal du HDZ de Busovaca pour chaque décision
9 importante. C'est lui-même ou bien avec MM. Susak et Boban et le président
10 Tudjman qu'il prenait ses décisions.
11 M. Nice (interprétation). – Merci. C'est tout ce que je
12 souhaitais poser comme questions au témoin.
13 M. Robinson (interprétation). – Je souhaite tout simplement
14 parler d'une partie de la déposition du témoin, concernant un rapport qui
15 a été rédigé au poste de police concernant
16 l'incident. Il connaissait les agresseurs, il les a identifiés ?
17 M. Nice (interprétation). – Oui.
18 M. Robinson (interprétation). – Je souhaite savoir s'ils ont
19 jamais été arrêtés. Je crois que plus tard, dans sa déposition, il a dit
20 qu'ils n'ont jamais été poursuivis ?
21 M. Nice (interprétation). – Oui. Vous avez entendu la question
22 du Juge Robinson. Vous avez déjà examiné le document où il est expliqué
23 qu'il n'y a pas eu de poursuites. Avez-vous entamé des poursuites ?
24 M. Cicak (interprétation). – Monsieur le Président, quelqu'un a
25 pris le rapport qui se trouvait sur mon bureau, ici, alors que c'est un
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1 rapport que j'avais remis et j'étais très content de le retrouver à
2 La Haye. Je demanderai que ce rapport me soit restitué.
3 Lorsque ce rapport a été crée, j'ai dit que je n'allais pas
4 poursuivre mes agresseurs étant donné que je n'étais pas compétent pour
5 déposer une plainte concernant un grave crime, étant donné que ces crimes-
6 là, les plaintes doivent être déposées d'office au Tribunal supérieur. Il
7 faut que ce soit fait de manière officielle.
8 Le Procureur, Enver Skopljak, a reçu tous les documents
9 pertinents. Il a reçu plusieurs papiers, il a reçu ce rapport, mais
10 d'autres documents aussi car là il s'agit d'un rapport préliminaire.
11 Il y en a eu plusieurs autres. Il y eu 25 grandes photos qui ont
12 été prises sur place. Il a reçu ce dossier. Quand je dis « il », c'est le
13 Procureur général M. Enver Skopljak. Dans le poste de police, ils ont
14 gardé un dossier avec tous ces documents-là, avec toutes ces photos.
15 Aujourd'hui, ou plutôt il y a quelques mois, lorsque, moi, j'ai
16 souhaité examiner ces photos, pour me rafraîchir la mémoire concernant
17 cette tragédie que j'ai vécue, nous sommes allés chercher le contenu du
18 dossier, qui s'appelle Cicak. Nous avons trouvé le dossier, mais à
19 l'intérieur du dossier, il n'y avait rien. Les documents ont été volés du
20 poste de police. Nous sommes allés rendre visite au Procureur général du
21 canton, nous avons enlevé le dossier
22 intitulé "Zvonimir Cicak ».
23 Nous avons ouvert ce dossier et, à l'intérieur, il n'y avait
24 rien. Quelqu'un avait volé les documents de la police et les documents
25 appartenant au Procureur général. Je suis très heureux de voir que le HDZ
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1 avait une sorte de service de réserve de Herceg-Bosna. C'est ce qui est
2 écrit, ici, sur la page 1. Je suis très content, s'ils ont vraiment
3 réservé cela. C'est un service de réserve. Je serais très heureux au bout
4 de 10 ans ou 15 ans de relire ce document pour me rafraîchir la mémoire.
5 Quelqu'un a trouvé que ceci a été dans son intérêt, que ce qui s'est passé
6 à Zvonomir Cicak, que ce passage à tabac, etc., que ceci ne soit pas
7 accessible à qui que ce soit, mais que ce soit réservé par un service de
8 réserve.
9 M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce "qui que ce soit " a
10 été poursuivi pour ce crime ? Répondez par oui ou non.
11 M. Cicak (interprétation). - Comment voulez-vous que cela se
12 produise puisque tous les documents ont été volés.
13 M. Nice (interprétation). - A l'époque, vous avez décidé de ne
14 pas poursuivre les agresseurs ou avez-vous pris une autre décision ?
15 M. Cicak (interprétation). - A l'époque, une procédure devait
16 être engagée, mais nous comprenons bien la raison pour laquelle cela ne
17 s'est pas produit. Quelques mois plus tard, la guerre a commencé, tout a
18 été fini.
19 M. Nice (interprétation). - Je crois qu'il y a eu un communiqué
20 de presse que vous avez rendu public concernant votre attitude par rapport
21 à ces poursuites judiciaires. Est-ce que vous vous en souvenez ?
22 M. Cicak (interprétation). - Non, je ne sais pas. Veuillez me
23 rappeler ?
24 M. Nice (interprétation). – Le problème, c'est que je ne
25 souhaitais pas montrer ce document, étant donné que ce document n'a
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1 toujours pas été traduit. C'est ce matin que j'ai apposé une annotation
2 disant qu'il serait nécessaire de traduire ce document. Pour le moment,
3 je peux le remettre au témoin qui pourrait lire le passage pertinent et,
4 par la suite, nous pourrons le traduire, si vous êtes d'accord, Monsieur
5 le Juge ?
6 M. le Président (interprétation). - Oui.
7 M. Nice (interprétation). - Il s'agit de la pièce à
8 conviction 66/1. Veuillez la remettre au témoin.
9 (Le document est remis au témoin.)
10 M. Nice (interprétation). - Etant donné qu'il s'agit d'un
11 document d'une seule page lié à cette question posée par la Chambre de
12 Première Instance, est-ce que nous pouvons demander au témoin de lire ce
13 document ? Nous pouvons suivre l'interprétation.
14 M. le Président (interprétation). - Avez-vous d'autres
15 questions ?
16 M. Nice (interprétation). - C'est la dernière question. C'est
17 le dernier document lié à la question posée par Monsieur le Juge.
18 M. le Président (interprétation). – Oui, nous pouvons procéder
19 ainsi.
20 M. Nice (interprétation). - Veuillez lire cela attentivement ;
21 monsieur Cicak. Les interprètes vont faire l'interprétation.
22 M. Cicak (interprétation). – Le terme, en haut à gauche, il est
23 écrit : « Dragutin Cicak, juriste, Busovaca, le 2 Avril 1992, vice-
24 président du conseil municipal du HDZ, BIH, de Busovaca. A tous les
25 médias, communiqué de presse :
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1 Le 30 mars (lundi) 1992, vers 14 heures, chez moi, lorsque je
2 rentre à la maison, j'ai été agressé par six nationalistes armés,
3 extrémistes, néo-fascistes connus, venant des rangs de l'aile droite
4 extrémiste du HDZ, BIH, par la force et en me frappant ils m'ont fait
5 entrer à la maison et ils m'ont mis sur le canapé dans la salle de séjour.
6 Ils ont commencé tout de suite à m'interroger pour savoir, pour quel
7 service de renseignements (KOS) -et nous venons d'entendre ce que signifie
8 le KOS- pour qui donc je travaillais, qui me payait et qui était mon
9 contact, mon collaborateur.
10 Etant donné que je n'ai pas pu donner réponses à ces trois
11 questions absurdes, deux d'entre eux me frappaient alternativement, l'un
12 du côté gauche et l'autre du côté droit, derrière mon dos. Ils me
13 frappaient avec un manche de hache, avec un rouleau à pâte, ils l'ont fait
14 alternativement entre 14 heures et 16 heures, lorsqu'ils ont quitté ma
15 maison en proférant des menaces. La maison était entièrement démolie,
16 étant donné qu'ils cherchaient des preuves concernant mes liens avec le
17 KOS. Ils ont cherché les noms des collaborateurs et l'argent. Etant donné
18 qu'ils n'ont pas trouvé tout cela, ils ont quitté ma propriété. La cause
19 de cette attaque contre moi a été le fait que, j'étais en désaccord
20 politique avec l'aile droite extrémiste du HDZ.
21 Cette attitude, je l'ai manifestée dans le cadre d'une série
22 d'articles publiés dans la presse quotidienne et par d'autres médias. La
23 décision concernant l'attaque physique et armée contre moi, a été prise
24 par le groupe extrémiste néo-fasciste des extrémistes fascistes du BIH, et
25 ceux de Dario Kordic, président, Anto Stipac, vice-président,
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1 Anto Sliskovic, secrétaire, commandant des groupes de frappes, Anto
2 Sliskovic, organisateur des groupes de frappes, et Igor Prusac, président
3 du HDZ, à Busovaca. Le public les connaît très bien tous. Il n'y aura pas
4 d'enquête concernant cette affaire, il n'y aura pas de plainte, c'est-à-
5 dire de poursuite. Signé : Dragutin Cicak, le 2 Avril 1992 ».
6 M. Nice (interprétation). - Cela conclut mon interrogatoire
7 principal.
8 M. le Président (interprétation). - Nous allons procéder à une
9 pause jusqu'à 14 heures 35.
10 L'audience est suspendue à 13 heures 05.
11 L'audience est reprise à 14 heures 35.
12 M. Nice (interprétation). - Nous pouvons vous fournir le
13 glossaire de termes. Ce n'est qu'un document enregistré comme cela, et
14 c’est vrai de tous documents, il est sujet à
15 correction mais je crois qu'il sera utile. Deux pièces vous ont été
16 soumises ce matin auxquelles nous pouvons apporter le complément
17 nécessaire. C'était la partie qui manquait dans le document portant
18 constitution de la communauté croate de Herceg-Bosna avec les signatures.
19 Le témoin n'a pas besoin de voir ces pièces pour le moment. Il y
20 a également le 66.1A, document lu et traduit par les interprètes ce matin.
21 La version en anglais est désormais disponible, malheureusement la version
22 en français ne l'est toujours pas.
23 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, c'est vous
24 qui allaient procéder à l'interrogatoire ?
25 M. Sayers (interprétation). - Je m'appelle Steven Sayers, je
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1 suis un avocat qui représente un des accusés, Dario Kordic. Cet après-midi
2 et peut-être demain, je vais vous poser des questions suite à
3 l'interrogatoire principal très circonstancié que vous avez fourni, ces
4 derniers jours, au Tribunal.
5 Ma première question, à votre intention, la voici : vous avez
6 une formation juridique, n'est-ce pas ?
7 M. Cicak (interprétation). - Oui.
8 M. Sayers (interprétation). - Vous avait été formé à discerner
9 le grain de l'ivraie, n'est-ce pas ?
10 M. Cicak (interprétation). - Je le suppose.
11 M. Sayers (interprétation). - Et au cours de votre formation, on
12 vous a appris la différence entre des discours politiques et un témoignage
13 factuel, n'est-ce pas ?
14 M. Cicak (interprétation). - Oui.
15 M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'on vous a formé à
16 répondre à des questions de façon logique, précise et suggestive ?
17 M. Cicak (interprétation). - Oui.
18 M. Sayers (interprétation). - Et vous vous sentez tout à fait à
19 même de procéder de
20 la sorte aujourd'hui ?
21 M. Cicak (interprétation). - Oui, si il n'y a pas de
22 complications évidemment.
23 M. Sayers (interprétation). - Par rapport à tous ceux qui ont
24 reçu une formation juridique, vous aussi, vous privilégiez la vérité par
25 rapport à la fiction, surtout dans une procédure comme celle dans laquelle
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1 nous sommes engagés, n'est-ce pas ?
2 M. Cicak (interprétation). - Commencez avec vos questions, parce
3 que c'est trop long votre introduction.
4 M. le Président (interprétation). - Monsieur Cicak, c'est nous
5 qui sommes les Juges, c'est nous qui maîtrisons la procédure. Si un
6 conseil pose une question qui n'est pas appropriée, qui n'est pas
7 pertinente, nous trancherons ; Hormis ces cas-là, vous avez le devoir de
8 répondre aux questions posées.
9 Maître Sayers, est-ce que vous pourriez passer à autre chose ?
10 M. Sayers (interprétation). - Oui.
11 Prenons une des parties tout à fait évocatrices de votre
12 déposition devant ce Tribunal aujourd'hui. Parlons de la discussion que
13 vous auriez eue avec Kordic, et que vous avez décrite de façon détaillée
14 aux Juges, le 21 mars 1992. Vous souvenez vous de cette partie-là de votre
15 déposition ?
16 M. Cicak (interprétation). - Je me souviens.
17 M. Sayers (interprétation). - A ce moment-là, avez-vous dit, au
18 cours de la visite que vous auriez rendu à Kordic, il aurait été surpris
19 de vous voir repentant et dénué de cet esprit de rébellion ? Est-ce bien
20 cela ?
21 M. Cicak (interprétation). - C'est tout à fait cela.
22 M. Sayers (interprétation). - Vous n'oublierez jamais une telle
23 déclaration, n'est-ce pas ?
24 M. Cicak (interprétation). - Absolument.
25 M. Sayers (interprétation). - C'est gravé en lettres de feu dans
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1 votre mémoire, n'est-ce pas ?
2 M. le Président (interprétation). - Attention, je crois que vous
3 n'allez pas beaucoup avancer si vous posez ce genre de question.
4 M. Cicak (interprétation). - Ce n'est pas écrit par des lettres
5 sur le papier, c'est plutôt inscrit par le manche d'une hache sur mon dos
6 que j'ai subi tout cela, dont je me souviens.
7 M. Sayers (interprétation). - J'accepte bien cela. Je vais
8 demander à l'appariteur de vous remettre un document. Il y a une feuille
9 réservée au témoin, mais aux fins du compte rendu, je précise, Monsieur le
10 Président, que c'est là une déclaration signée de M. Cicak, après
11 trois jours d'interrogatoire avec les Procureurs, Me Somers et Me Scott,
12 entretien qui s'est déroulé du 10 ou 12 novembre l'année dernière, il y a
13 peu près cinq mois.
14 On est en train de remettre la même chose que ce qui vous
15 intéressait, Messieurs les Juges, mais en croate.
16 M. le Président (interprétation). - Un instant, la référence ?
17 Mme la Greffière (interprétation). - Cette pièce porte la
18 cote D7/1.
19 M. le Président (interprétation). - Allez-y.
20 M. Sayers (interprétation). - Veuillez consulter la page 12 de
21 la version anglaise, page 9 de la version en Croate.
22 M. Cicak (interprétation). - Je vous en pris.
23 M. Sayers (interprétation). - C'est la version que vous avez
24 fournie des événements au bureau du Procureur, il y a à peine quelques
25 mois est-ce bien cela ?
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1 M. Cicak (interprétation). - J'ai donné plusieurs déclarations,
2 je ne sais pas laquelle est la bonne.
3 M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé de la visite que
4 vous aviez rendue à
5 M. Kordic le 31 mars 1992, n'est-ce pas ?
6 M. Cicak (interprétation). - Oui.
7 M. Sayers (interprétation). - Veuillez consigner, aux fins du
8 compte rendu d'audience, la phrase que j'ai surlignée dans la version
9 croate dont vous disposez, qui se trouve à la page 12 pour les Juges.
10 Dans votre version, il s'agit de la page 9.
11 M. Cicak (interprétation). - Page 12, je ne vois rien.
12 M. Sayers (interprétation). - Page 9.
13 M. Cicak (interprétation). - Page 9, il est marqué ce qui est
14 surlignée : « M. Kordic avait dit qu'il n'avait rien à faire avec cet
15 incident." C'est ce que vous voulez que je lise ?
16 M. Sayers (interprétation). - C'est ce que vous avez dit au
17 bureau du Procureur, il a 4 ou 5 mois ?
18 M. Cicak (interprétation). - J'ai dit beaucoup de choses,
19 jusqu'à maintenant entre autres. J'ai dit probablement cela car d'après ce
20 qu'il avait dit, il a peut-être dit cela également.
21 M. Sayers (interprétation). - Dans votre déposition,
22 d'aujourd'hui et surtout en réponse aux questions posées par le Juge May,
23 vous n'avez pas dit que M. Kordic avait été surpris de voir l'état de
24 repentence dans lequel vous étiez ?
25 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne les dépositions
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1 et les déclarations que j'ai faites et les déclarations, je n'ai pas dit
2 tout ce que j'avais à dire. J'ai laissé un certain nombre de choses
3 également pour pouvoir les dire aujourd'hui même.
4 M. Sayers (interprétation). - Veuillez répondre à la question
5 que je viens de vous poser, Monsieur.
6 M. Cicak (interprétation). - Je viens de vous donner la réponse.
7 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous parlé aux représentants
8 du Bureau du Procureur de cette déclaration que vous avez faite
9 aujourd'hui ?
10 M. Cicak (interprétation). - Oui, avant, ici ce n'est pas marqué
11 pour les entretiens que j'ai eus auparavant. Oui, je réaffirme une fois de
12 plus, devant cette Chambre, ce que M. Kordic avait dit.
13 M. Sayers (interprétation). - Voici l'hypothèse que je vous
14 soumets. Dans aucune déclaration faite au Bureau du Procureur, on ne
15 trouvera cette déclaration. Etes-vous d'accord avec ce que je viens de
16 dire ?
17 M. Cicak (interprétation). - Non.
18 M. Sayers (interprétation). - J'avais espéré pouvoir accélérer
19 la procédure, mais je crois que je dois soumettre ceci au témoin.
20 M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas nécessaire.
21 Vous pourrez, en temps voulu, attirer notre attention sur ce point, si
22 c'est la démarche que vous retenez.
23 M. Sayers (interprétation). - Je suppose, je suis sûr que la
24 partie adverse pourra attirer l'attention de la Chambre.
25 M. Cicak (interprétation). - Vous oubliez que j'ai eu cet
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1 entretien quelques années auparavant, pas quelques mois auparavant.
2 M. Sayers (interprétation). - En fait, Monsieur Cicak, cette
3 déclaration que vous examinez, a été fournie les 10, 11 et
4 12 novembre 1998. C'est l'année dernière que vous avez fait ces
5 déclarations.
6 M. Cicak (interprétation). - Oui, mais j'ai eu cet entretien
7 plusieurs années auparavant. C'est une des versions de l'entretien que
8 j'ai eu.
9 M. Sayers (interprétation). - Il y a un autre document à propos
10 duquel vous avez exprimé certaines surprises, c'est un rapport de police
11 qui vous a été soumis aujourd'hui. Vous l'avez vu ce document au cours de
12 cet entretien. N'était-il pas annexé à la déclaration préalable que vous
13 avez fournie. Etes-vous d'accord avec ce que je dis ? Ceci afin d'informer
14 les Juges de la Chambre de première instance, ceci apparaît à peu près
15 trois centimètres avant la fin de la
16 page 12.
17 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas. J'ai ma propre
18 déclaration à la police. C'est à cette déclaration que vous pensez ?
19 M. Sayers (interprétation). - Oui. Cette pièce a été soumise et
20 authentifiée par vous en novembre 1998, au moment où vous l'avez examinée
21 avec les représentants du bureau du Procureur, n'est-ce pas ?
22 M. Cicak (interprétation). - Je ne peux pas dire que c'est
23 authentique car cette déclaration a été volée.
24 M. Sayers (interprétation). - Je vais vous donner lecture d'une
25 phrase de ce rapport. " Monsieur Cicak s'est vu remettre ce rapport de
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1 police, ce rapport qu'il a authentifié "
2 M. Cicak (interprétation). - Où est-ce marqué, s'il vous plaît ?
3 M. Sayers (interprétation). - N'est-ce pas plus loin à la page 9
4 de votre version ?
5 M. Cicak (interprétation). - Vous pensez à ce texte ?
6 M. Sayers (interprétation). - Oui, fin du paragraphe que vous
7 venez de nous lire, là où l'on dit que Dario Kordic a déclaré qu'il
8 n'avait rien à voir avec cette attaque.
9 M. Cicak (interprétation). - Vous pensez à la déclaration
10 présentée à la police ?
11 M. Sayers (interprétation). - Oui.
12 M. Cicak (interprétation). - Il est habituel au moment où vous
13 êtes à la police, si vous rajoutez quelque chose, que l'on dise :"Est-ce
14 qu'on vous a donné lecture de cette déclaration". Ce ne sont pas les
15 enquêteurs du Tribunal, mais c'est M. Isakovic, ou je ne sais pas qui, qui
16 était à la tête de cette enquête qui m'avait donné lecture de cette
17 déclaration. Ce n'est que la première fois que je vois ce papier et je
18 vous suis reconnaissant. C'est une déclaration pour le public. Je ne sais
19 pas qui... Je pense que c'est un service de réserve qui a gardé ces
20 déclarations.
21 M. Sayers (interprétation). - Dans cette déclaration, vous
22 décrivez deux des
23 personnes que vous avez reconnues comme ayant participé à l'attaque
24 perpétrée contre vous, le 30 mars 1992. Est-ce que vous voyez ce passage ?
25 M. Cicak (interprétation). - Oui, je vois.
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1 M. Sayers (interprétation). - Ces deux personnes que vous avez
2 identifiées, était-ce M. Kulic ? Et qui était l'autre, s'il vous plaît ?
3 M. Cicak (interprétation). - Vous pensez probablement à
4 Marko Kulic, et l'autre était Dario Brnada et le troisième, M. …, ou
5 plutôt, ce n'est pas un monsieur du tout ; c'est Zoran, appelé "Svabo",
6 "le Boche".
7 M. Sayers (interprétation). - Son nom ne figure nulle part dans
8 le rapport de police dans les déclarations que vous avez fournies à la
9 police de Zenica, deux jours après l'incident, n'est-ce pas ?
10 M. Cicak (interprétation). - Dans l'état dans lequel je me
11 trouvais, je ne pouvais pas me souvenir facilement, même pas de mon nom.
12 Je connaissais Svabo, "le Boche", Zoran Marinic, je le connaissais très
13 bien, car il avait des intentions très mauvaises à mon égard. Si on
14 m'avait posé la question de savoir comment je m'appelais, à la police, car
15 j'étais véritablement massacré après avoir été passé à tabac comme je l'ai
16 décrit, je ne sais pas si j'aurais pu donner la réponse.
17 M. Sayers (interprétation). - Vous avez bien fourni votre
18 identité correcte à la police ?
19 M. Cicak (interprétation). - Non, je n'ai pas répondu
20 correctement sinon j'aurais cité six noms.
21 M. Sayers (interprétation). - Comment êtes-vous parvenu à
22 Zenica ?
23 M. Cicak (interprétation). - Si vous me posez la question :
24 comment j'étais, dans quel état physique... Sinon, je me suis déplacé en
25 voiture.
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1 M. Sayers (interprétation). - Vous avez conduit la voiture vous-
2 même ?
3 M. Cicak (interprétation). - Oui, moi-même, j'avais suffisamment
4 de forces pour pouvoir rentrer chez moi.
5 M. Sayers (interprétation). - Qu'entendez-vous par là, en dépit
6 de la confusion qui régnait en vous, en dépit de votre propre identité,
7 vous avez eu suffisamment de lucidité pour conduire, quitter votre maison,
8 aller de Busovaca à Zenica et puis revenir.
9 M. Cicak (interprétation). - C'est cela.
10 M. Sayers (interprétation). - Vous ne viviez pas dans la ville
11 même de Busovaca, n'est-ce pas ?
12 M. Cicak (interprétation). - Ma propriété se trouve à quelques
13 kilomètres par rapport à Busovaca. C'était une exploitation avec un
14 potager, un verger, c'était véritablement une très belle propriété.
15 M. Sayers (interprétation). - Qui était située dans le village
16 de Bare.
17 M. Cicak (interprétation). - C'est tout à fait erroné, c'est
18 dans le village de Granice que se trouvait ma propriété.
19 M. Sayers (interprétation). - Granice est juste limitrophe de
20 Bare, n'est-ce pas ?
21 M. Cicak (interprétation). - Cela n'a rien à voir avec le
22 village dont vous parlez. C'est totalement à l'opposé.
23 M. Sayers (interprétation). - Quelle est la distance qui sépare
24 Busovaca de Granice ?
25 M. Cicak (interprétation). - C'est à trois kilomètres, trois
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1 kilomètres et demi.
2 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. J'aurais voulu vous
3 poser quelques questions d'ordre général afin de mieux situer les
4 événements historiques et les personnalités qui apparaissent au cours de
5 ces années.
6 Tout d'abord, il y a une pièce qui montre précisément où se
7 trouve Busovaca en Bosnie-Herzégovine.
8 Mme la Greffière (interprétation). - Il s'agit de la pièce D8/1.
9 M. Sayers (interprétation). - Vous êtes en train d'examiner la
10 pièce D8/1. Monsieur Cicak, êtes-vous d'accord pour dire que ceci
11 représente avec précision l'endroit où se trouve Busovaca, pratiquement au
12 centre de la Bosnie-Herzégovine ?
13 M. Cicak (interprétation). - Oui, cela pourrait être cela.
14 M. Sayers (interprétation). - Avant de passer en revue
15 l'histoire et la géographie de ces événements que vous venez de décrire,
16 j'aurais voulu vous poser la question suivante : n'était-il pas exact de
17 dire que, dans une des déclarations préalables que vous avez fournies,
18 vous avez déclaré avoir rejoint les forces armées de la République de
19 Bosnie-Herzégovine le 16 avril 1992 ?
20 M. Cicak (interprétation). - Vous me posez la question si j'ai
21 rejoint les forces armées de Bosnie-Herzégovine. Je n'ai jamais donné une
22 telle déclaration. Toujours est-il que la Défense territoriale existait
23 dans la municipalité de Busovaca et c'est M. Hadzimelic qui se trouvait à
24 la tête de la Défense territoriale. Il a été établi en avril 1992 et, moi,
25 j'ai demandé à M. Hadzimelic à être le premier sur la liste des personnes
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1 qui étaient inscrites pour rejoindre la Défense territoriale. Monsieur
2 Hadzimelic en a tenu compte, et je pense qu'il a satisfait ma demande.
3 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer un
4 exemplaire de la déclaration préalable que vous avez fournie au bureau du
5 Procureur le 27 février 1995. Je dispose d'une version en croate à
6 l'intention du témoin.
7 Mme le Greffier (interprétation). - La référence sera D9/1.
8 M. Sayers (interprétation). - Veuillez vous intéresser à un
9 passage qui apparaît au sommet de la page 3 dans la version traduite en
10 anglais. Nous avons reçu ce document du bureau du Procureur. Je ne sais
11 pas où se trouve ce passage dans la version en croate. Je vais vous donner
12 lecture de ce passage et vous me direz si c'est bien ce que vous avez dit
13 au bureau
14 du Procureur; il y a 4 ans de cela. Je cite : "J'ai quitté la politique
15 en 1993 à Busovaca".
16 M. Cicak (interprétation). – Excusez-moi ; est-ce que vous
17 pouvez me dire où cela se trouve exactement ?
18 M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Page 2, en version
19 croate, pour ce qui est du premier paragraphe complet que l'on trouve sur
20 cette page, à peu près à 3 centimètres à partir du haut. Je repose ma
21 question si vous me le permettez : "J'ai quitté la politique en 1993 à
22 Busovaca. Le 16 avril 1992, j'étais membre de l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine et je luttais contre l'agresseur JNA. J'étais citoyen et je
24 m'acquittais de mes devoirs de citoyen en faisant face à un ennemi qui
25 voulait s'emparer du pays. J'ai lutté ou combattu pendant un an et demi "
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1 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, avez-vous
2 fini de citer ce passage ?
3 M. Sayers (interprétation). - Oui.
4 M. le Président (interprétation). - En version anglaise, dans la
5 version dont nous disposons, après la date du 16 avril 1992, il y a un
6 point d'interrogation. Je suppose que cela veut dire que soit l'interprète
7 ou le traducteur n'était pas sûr, ou qu'il y avait contestation à propos
8 de l'original de cette déclaration. Dans de telles circonstances, je ne
9 sais pas si ceci doit être présenté au témoin.
10 M. Sayers (interprétation). - Pourrait-on demander au témoin
11 s’il se souvient de la date à laquelle il a rejoint les forces armées.
12 M. le Président (interprétation). - Allez-y.
13 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez vous de la date où
14 vous vous êtes inscrit, où vous avez rejoint les rangs de l'armée de
15 Bosnie-Herzégovine ?
16 M. Cicak (interprétation). – Je ne me souviens pas de la date
17 exacte, mais de toute façon, cela me paraît absurde. A Busovaca, j'étais
18 membre de la Défense territoriale ; c'était à la Défense territoriale. Ce
19 sont les unités de réserve, c'est l'unité de réserve d'un certain nombre
20 de civils, j'ai demandé à M. Hadzimelic de me mettre à cette liste
21 en 1992. En ce qui concerne l'armée de Bosnie-Herzégovine, je pense que je
22 l'ai rejointe en automne 1992 car ; entre le mois d'avril, pour dire plus
23 précisément depuis le 30 mars jusqu'en automne, j'ai été sous le
24 traitement. Il a fallu que je passe cette période de convalescence
25 physiquement et psychiquement, après ce que j'ai vécu.
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1 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous avoir affirmé,
2 ici, le 22 avril, dans ce même procès, que vous n'aviez aucune formation
3 militaire, aucune expérience militaire ?
4 M. Cicak (interprétation). – Non.
5 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais lire cette question qui
6 se trouve à la page 1157 du compte-rendu d'audience : "Question : avez-
7 vous une expérience militaire quelconque ? Réponse : non." Est-ce exact ?
8 M. Cicak (interprétation). - C'est exact.
9 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez combattu
10 pendant un an et demi ou est-ce que cela n'a pas été le cas ?
11 M. Cicak (interprétation). - Je m'acquittais de fonctions
12 différentes. Par exemple, physiquement, je prenais un armement ; c'est-à-
13 dire que cela, je ne le faisais pas. Jamais dans la vie, je ne portais
14 d'armes, y compris les armes de base, étant donné que, pour moi ; ceci
15 était difficile physiquement. Tout simplement cela me gênait. Mon rôle
16 n'était pas de tuer des gens, mais de former des gens, de les éduquer et
17 de m'occuper d'autres domaines concernant l'armée de Bosnie-Herzégovine.
18 M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, si nous devions
19 accepter votre réponse, jamais vous n'auriez dû recevoir un permis pour
20 port d'armes. Est-ce qu'on vous a remis un permis pour port d'armes ?
21 M. Cicak (interprétation). - Dans toutes les formations
22 militaires, ce n'est pas
23 nécessaire d'avoir un permis de port d'armes. A partir du moment où vous
24 faites partie d'une formation militaire, vous avez le droit de porter les
25 armes. D'après tous les règlements, j'avais le droit de porter une arme,
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1 mais je ne le faisais jamais.
2 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais que vous repensiez au
3 moment qui a précédé celui où vous avez rejoint les forces armées.
4 Auparavant, avant ce moment-là, on vous avait remis un permis de port
5 d'armes ?
6 M. Cicak (interprétation). - J'avais un petit fusil, une petite
7 carabine, qui sert à tuer les oiseaux ; les oiseaux, tels que les corbeaux
8 qui risquent de poser problème sur la propriété ou des pies. C'est un
9 fusil très précis qui m'a été volé au cours de l'attaque. Si vous le
10 souhaitez, je peux vous montrer le permis. C'est un permis d'ailleurs très
11 sympathique.
12 M. le Président (interprétation). - C’est inutile. Vous n'avez
13 pas besoin de le présenter. Poursuivez, maître Sayers.
14 M. Sayers (interprétation). - Je comprends, Monsieur. Passons,
15 si vous voulez, à cette question générale historique que j'ai prévue pour
16 vous.
17 En termes généraux, conviendrez-vous avec moi que la période
18 couverte par votre déposition, nous parlons des années 1990 à 1992, cette
19 période représentait une période de troubles, de turbulences politique,
20 militaire, sociale, économique et ethnique sur le territoire de la Bosnie-
21 Herzégovine pour ce qui est de l'ancienne République socialiste
22 d'Herzégovine.
23 M. Cicak (interprétation). - Absolument.
24 M. Cicak (interprétation). - C'était une période de guerre, de
25 chaos, une période où il y avait des réfugiés, n'est-ce pas ?
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1 M. Cicak (interprétation). - Je ne pense pas que c'était une
2 période de guerre. Cela dit, le premier conflit avait déjà éclaté, c'était
3 entre les deux. Vous m'entendez ?
4 C'était entre les deux, étant donné que le village de Ravno, que
5 personne ne mentionne ici, qui est mentionnée dans l'histoire de la
6 Bosnie-Herzégovine, a été rasé. Cela a
7 été fait par l'armée populaire yougoslave. Aucun homme politique n'a
8 essayé de faire quoi que ce soit d'important vis-à-vis des victimes de
9 cette agression de l'armée populaire yougoslave.
10 M. Sayers (interprétation). - Monsieur Cicak, nous allons
11 bientôt arriver au sujet de Ravno, mais essayons de suivre une démarche
12 systématique. En êtes-vous d'accord ?
13 M. Cicak (interprétation). - Je suis d'accord, mais procédez
14 chronologiquement.
15 M. Sayers (interprétation). - Attachons-nous à l'année 1990. A
16 cette époque-là, la Bosnie-Herzégovine était toujours l'une des six
17 Républiques socialistes constituant ce qui était auparavant le pays qui
18 était la Yougoslavie.
19 M. Cicak (interprétation). - Oui.
20 M. Sayers (interprétation). - En fait, avant le 6 mars 1992, un
21 pays indépendant, une République indépendante de Bosnie-Herzégovine
22 n'existait pas en réalité, n'est-ce pas là un fait établi ?
23 M. Cicak (interprétation). - Ce n'est pas un fait établi. C'est
24 complètement erroné.
25 M. Sayers (interprétation). - Dans quelle mesure ?
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1 M. Cicak (interprétation). - La Bosnie-Herzégovine a été
2 proclamé un Etat. Elle a été acceptée par les Nations Unies. En tant que
3 telle, elle existait sur les Balkans en tant qu'un Etat indépendant de
4 Bosnie-Herzégovine.
5 M. Sayers (interprétation). - Mais c'était une des six
6 Républiques socialistes dans la République fédérative de Yougoslavie ?
7 M. Cicak (interprétation). - Oui, mais cela n'a aucun sens à
8 partir d'un moment où un Etat est proclamé.
9 M. Sayers (interprétation). - S'agissant de la composition
10 ethnique de ce pays, êtes-vous d'accord pour dire qu'environ 41 % de la
11 population étaient des Musulmans en 1990 ?
12 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas si ce pourcentage
13 est exact. Mais on peut
14 l'accepter.
15 M. Sayers (interprétation). - Effectivement, 35 % de la
16 population de la République de Bosnie-Herzégovine, j'entends la République
17 de socialiste, était-elle constituée de personnes d'origine serbe ?
18 M. Cicak (interprétation). - Juste un instant, je veux consulter
19 mes notes. Il y a eu un peu plus, mais admettons... Admettons que c'était
20 le pourcentage. Moi, ici, ce qui est indiqué, c'est que le 31 mars 1991,
21 les Serbes constituaient 1 583 000 et quelques Serbes en Bosnie-
22 Herzégovine. Si vous avez une calculette, vous pouvez faire les comptes
23 vous-même.
24 M. Sayers (interprétation). - Pour ne pas enfoncer une porte
25 ouverte, ou trop insister, vous pensez que le chiffre fourni, cette
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1 estimation de 35 % est à peu près correcte ?
2 M. Cicak (interprétation). - C'est la manière dont vous
3 comprenez les choses, vous.
4 M. Sayers (interprétation). - C'est de cette façon que vous
5 voyez les choses aussi ?
6 M. Cicak (interprétation). - Je peux l'accepter.
7 M. Sayers (interprétation). - Et puis, vous aviez en troisième
8 position mais, assez loin, quelque 17,3 % de Croates.
9 M. Cicak (interprétation). - Il y avait exactement
10 585 932 citoyens.
11 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cela représente
12 environ 17,3 % de la population ?
13 M. Cicak (interprétation). - Oui.
14 M. Sayers (interprétation). - Avec votre permission, Monsieur le
15 Président, j'aimerais indiquer qu'il y a une erreur dans le compte rendu.
16 Je ne peux pas m'associer à ce que vous dites, mais le témoin a répondu
17 par l'affirmative.
18 M. le Président (interprétation). - Apparemment, ceci a été
19 corrigé. De toute façon, il est utile d’en terminer car tous ces faits
20 peuvent être prouvés, corroborés le temps
21 voulu. Il est inutile pour autant d'engager une discussion avec le témoin
22 sur ces points.
23 M. Sayers (interprétation). - Le premier parti politique se
24 constituait. Après la désintégration du parti communiste, ce fut le SDA,
25 parti d'action démocratique et constitué le 26 mai 1990, n'est-ce pas ?
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1 M. Cicak (interprétation). - Oui, mais le parti ne portait pas
2 ce nom-là.
3 M. Sayers (interprétation). - Quel nom portait-il ?
4 M. Cicak (interprétation). - Au début, il portait le nom
5 purement ethnique, parti démocratique musulman.
6 M. Sayers (interprétation). - Et j'aimerais présenter une pièce
7 pour aider les Juges. Nous verrons comment le parti a subi une réforme
8 -les différents partis se sont formés après 1990- et comment ils se sont
9 positionnés.
10 Mme la Greffière (interprétation). - Il s'agira de la
11 pièce D10/1.
12 M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire, Monsieur,
13 que le parti qui s'est ensuite constitué à partir d'axes ethniques,
14 c'était le SDS, parti démocratique serbe qui s'est constitué quelques mois
15 plus tard, en juillet 1990.
16 M. Cicak (interprétation). - Oui.
17 M. Sayers (interprétation). - Et arrive derrière le SDA et le
18 SDS, l'Union démocratique croate, le HDZ, constitué en Bosnie-Herzégovine,
19 le 18 août 1990, est-ce exact ?
20 M. Cicak (interprétation). - Oui, c'est exact.
21 M. Sayers (interprétation). - Le parti démocratique croate, le
22 HDZ, avait au départ été constitué, créé en Croatie, n'est-ce pas ?
23 M. Cicak (interprétation). - Oui.
24 M. Sayers (interprétation). - C'est un parti politique
25 important ; un des partis principaux qui s'est constitué à l'époque pour
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1 ce qui est de la République de Croatie, qui était à l'époque une
2 République socialiste de Croatie. Est-ce exact ?
3 M. Cicak (interprétation). - Oui, vous parlez de l'Etat de
4 Croatie, absolument.
5 M. Sayers (interprétation). - Et puis, il y a le HDZ de Bosnie-
6 Herzégovine qui était l'Union démocratique croate, constituée en Bosnie-
7 Herzégovine, mais qui était différente du HDZ en Croatie, n'est-ce pas ?
8 M. Cicak (interprétation). - Au début, il devait être différent
9 par rapport au HDZ de la Croatie. Le parti politique du HDZ de Bosnie-
10 Herzégovine devait être un parti dans l'Etat de Bosnie-Herzégovine.
11 M. Sayers (interprétation). - Je crois qu'il serait juste de
12 dire, et vous en conviendrez avec moi, que le HDZ, le SDA, le SDH, au
13 moment des premières élections démocratiques en Bosnie-Herzégovine, en
14 novembre 1990, que ces trois partis étaient principaux et qu'ils étaient
15 tous constitués à partir d'axes ethniques ?
16 M. Cicak (interprétation). - Absolument.
17 M. Sayers (interprétation). - Outre ces trois partis, il y avait
18 aussi toute une multitude de plus petits partis, moins importants, qui
19 s'étaient formés pratiquement tous à la même époque, n'est-ce pas ?
20 M. Cicak (interprétation). - Oui. A ce moment-là, il y avait
21 très peu de partis.
22 M. Sayers (interprétation). - Une petite digression, vous avez
23 eu beaucoup de choses à dire à propos du Président de Croatie, Franjo
24 Tudjman, au cours de votre interrogatoire principal. Permettez-moi de vous
25 poser une seule question : avez-vous rencontré le Président Tudjman ?
Page 1404
1 M. Cicak (interprétation). - Oui, trois ou quatre fois.
2 M. Sayers (interprétation). - Où l'avez-vous rencontré et
3 quand ?
4 M. Cicak (interprétation). - Je ne l'ai pas rencontré
5 officiellement. Une fois, j'ai été à un passage de revue, c'était la
6 première fois que l'Etat de Croatie l'a fait pour montrer ses forces
7 armées. Ceci s'est produit sur un terrain de jeux, à Zagreb. Ceci
8 appartenait au club de
9 football de Zagreb. C'était une manifestation purement symbolique pour
10 montrer quelque chose. En ce qui concerne les forces armées, on ne peut
11 même pas en parler, c'était insignifiant.
12 M. Sayers (interprétation). - Vous faisiez simplement partie de
13 l'assistance à cette réunion ?
14 M. Cicak (interprétation). - Non, je n'ai pas été dans le
15 public. Tout d'abord, j'étais l'invité de M. le ministre Juric. Par la
16 suite, je me suis promené à Zagreb et je suis allé à cette manifestation.
17 M. Sayers (interprétation). - Et il y a eu 10 000 personnes à
18 cette manifestation ?
19 M. Cicak (interprétation). - Oui, c'est ce que je pense. C'est
20 le nombre de personnes que ce stade, ce terrain de jeux, peut contenir.
21 M. Sayers (interprétation). - Personnellement, on ne vous a
22 jamais présenté au Président Tudjman.
23 M. Cicak (interprétation). - Non, je n'ai pas eu cette occasion-
24 là. Ce n'était pas mon souhait non plus.
25 M. Sayers (interprétation). - Vous ne lui avez jamais parlé non
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1 plus ?
2 M. Cicak (interprétation). - Vous voulez dire directement ?
3 M. Sayers (interprétation). - Oui.
4 M. Cicak (interprétation). - Non.
5 M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez pas assisté à une
6 quelconque réunion privée entre le Président Tudjman et Mate Boban ?
7 M. Cicak (interprétation). - Non, pas du tout.
8 M. Sayers (interprétation). - Tout ce que vous avez raconté aux
9 Juges concernant ces rencontres sont des ouï-dire ; si je peux en
10 conclure ?
11 M. Cicak (interprétation). - Il ne s'agit pas là de ouï-dire.
12 Lorsque je parle de Mate Boban, c'est quelqu'un de peu important et qu’il
13 s’agisse de l'ouï-dire, dans ce cas là, d'accord.
14 Je ne considère pas que l’on puisse le considérer ainsi, étant donné qu'il
15 a été très proche du Président Tudjman, je considère que c'était la source
16 la plus directe d'information.
17 M. Sayers (interprétation). - Parlons de la création du HDZ,
18 BIH, dans la ville même de Busovaca. A quel moment êtes-vous devenu, vous-
19 même, membre de ce parti politique ?
20 M. Cicak (interprétation). - Au moment où nous nous sommes
21 réunis dans l'église de Saint Anto. Je crois que j'ai la date quelque
22 part. C'est lorsque le représentant du HDZ, Nikola Krizanac, est venu, il
23 a été le Président du HDZ de Busovaca. Il est venu et a organisé cette
24 réunion. A partir de ce moment-là, je suis devenu membre de ce parti.
25 M. Sayers (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans ce
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1 parti, bien sûr, vous avez accepté de respecter la charte du parti et les
2 règlements, y compris le fait que cela fonctionnait sur la base d'un
3 système démocratique où la majorité avait la priorité.
4 M. Cicak (interprétation). - Il ne s'agit pas du règlement mais
5 du statut et du programme, et justement le programme du HDZ de Bosnie-
6 Herzégovine m’attirait pour devenir membre de ce parti, alors que le
7 statut m'attirait moins. Etant donné que chaque nouveau parti démocratique
8 avait le même statut, qu'il s'agisse du HDZ, du SDA, ils ont tous le même
9 statut. Pour le programme de l'union démocratique du HDZ, il s'agissait
10 d'un programme très progressif, pro européen, c'est ce qui m'attirait.
11 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez qu'il y
12 avait un comité d'initiative créé le 17 février 1990 afin de mener une
13 enquête sur la création du HDZ à Busovaca ?
14 M. Cicak (interprétation). - Je savais qu'il y avait plusieurs
15 comités d'initiative qui étaient présidés par des gens qui appartenaient à
16 toutes sortes de métiers. Ces métiers ne répondaient pas vraiment aux
17 exigences par rapport aux métiers de personnes qui devraient créer un
18 parti politique. Je veux dire par là qu'il s'agissait de simples ouvriers.
19 M. Sayers (interprétation). - Le père de M. Kordic, M. Pero,
20 n'était pas un simple ouvrier, n'est-ce pas ?
21 M. Cicak (interprétation). - Non, c'était un très bon expert du
22 service vétérinaire.
23 M. Sayers (interprétation). - Il était le président du comité
24 d'initiative qui devait jeter les bases de la création du HDZ le
25 17 février 1990 ?
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1 M. Cicak (interprétation). - J'ai déjà dit qu'il y avait eu
2 plusieurs comités d'initiative de la création du HDZ à Busovaca. Peut-être
3 que le père de Kordic était le président de comité d'initiative. Je sais
4 qu'il y en a eu plusieurs. L'un de ces Présidents avait été un garde du
5 corps de M. Pavelic. Il s'agissait là d'une organisation fasciste. Et il
6 s'agissait, par conséquent, d'un comité fasciste dans le cadre de l'Etat
7 indépendant Croate.
8 M. Sayers (interprétation). - Lorsque vous parlez de l'Etat
9 indépendant croate, vous parlez de la formation qui existait en 1941
10 et 1945.
11 M. Cicak (interprétation). - La République de Croatie, oui, à
12 cette époque-là, elle existait. Vous parlez de l'Etat indépendant croate ?
13 M. Sayers (interprétation). - Oui.
14 M. Cicak (interprétation). - Cela a été la première fois dans
15 l'histoire du peuple croate que la Croatie a formé un Etat et le docteur
16 Ante Pavelic est le père de l'Etat croate. A l'époque, il était considéré
17 comme la première et l'unique personne qui l'a accompli.
18 M. Sayers (interprétation). - Votre père était colonel dans les
19 forces armées de cet Etat, n'est-ce pas ?
20 M. Cicak (interprétation). - Non, mon père était un officier du
21 roi et il a servi pendant le royaume d'Alexandar Karadordevic. Il a fait
22 ses études à Vienne, à Budapest, dans ces villes où les experts militaires
23 recevaient leur formation. Eant donné qu'il a été un officier, il a passé
24 la guerre en détention en Allemagne. Il a été relâché et il a déménagé en
25 Croatie, étant donné qu'il a quitté la Serbie auparavant, c'est là qu'il a
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1 vécu à Petrinja. Il a été enregistré
2 dans le cadre du service des « Domo Brani ». Il s'agissait des forces
3 armées régulières de l'Etat de Croatie. Entre temps, il a gardé le même
4 grade qu'auparavant.
5 M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi de cette digression.
6 Est-ce que vous vous souvenez le 30 août ?
7 M. Cicak (interprétation). - Vous pouvez me poser la question
8 concernant ma mère aussi, si vous le voulez…
9 M. Sayers (interprétation). - Non. Revenons à notre sujet. Le
10 30 août 1990, est-ce que vous vous souvenez qu'il y a eu plusieurs
11 conventions du village qui ont eu lieu dans le territoire de la
12 municipalité de Busovaca concernant la création du HDZ ?
13 M. Cicak (interprétation). - Je m'en souviens. D'ailleurs,
14 j'étais l'un des membres très actifs. J'étais un militant à l'époque, donc
15 je me suis rendu presque dans tous les villages. Les gens acceptaient ce
16 que je disais. Il est important de savoir que chacun de mes discours se
17 terminait dans une même phrase qui résume tout aujourd'hui. C'était la
18 phrase : "Que soit damné celui qui brise l'unité entre les Serbes, les
19 Croates et les Musulmans".
20 J'ai l'impression qu'il y en a qui ont effectivement été damnés.
21 M. Sayers (interprétation). - Encore une fois, revenons au sujet
22 qui nous intéresse. En septembre 1990, les premières élections locales
23 pour le HDZ à Busovaca ont eu lieu, n'est-ce pas ?
24 M. Cicak (interprétation). - Je pense que oui.
25 M. Sayers (interprétation). - Le résultat de ces élections était
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1 que le Dr Barac a été élu au poste du premier président du parti ? Est-ce
2 exact ?
3 M. Cicak (interprétation). – Le Docteur Vjekoslav Barac.
4 M. Sayers (interprétation). – Très bien. Vous, vous avez été
5 nommé au poste d'un des vice-présidents de cette organisation, n'est-ce
6 pas ?
7 M. Cicak (interprétation). – Oui, Dragutin Cicak était le vice-
8 Président du parti.
9 M. Sayers (interprétation). - Quel a été le poste du Dr Dragutin
10 Franc ?
11 M. Cicak (interprétation). - Le Docteur Dragutin Franc était la
12 personne la plus respectée dans la vallée de la Lasva. Il a été le vice-
13 président du Conseil municipal du HDZ de Busovaca. C'était un homme d'un
14 certain âge.
15 M. Sayers (interprétation). - Il serait donc exact de dire qu'à
16 partir des premières élections, vous étiez l'un des vice-présidents de ce
17 parti politique local sur un niveau local de base ?
18 M. Cicak (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne,
19 oui. Je ne suis pas sûr. Peut-être y a-t-il eu quatre ou cinq autres
20 personnes, mais je sais que Vjekoslav Barac était le président. C'était
21 la légende de la vallée de la Lasva. Ensuite, le Dr Dragutin Franc était
22 l'un des vice-présidents. Moi aussi, j'étais l'un des vice-présidents. Je
23 ne me souviens pas très bien s'il y en a eu d'autres.
24 M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit à la Chambre de
25 première instance qu'il y a eu 60 municipalités en Bosnie-Herzégovine où
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1 des élections semblables ont eu lieu, n'est-ce pas ?
2 M. Cicak (interprétation). – Il y a eu 110 municipalités dans
3 l'Etat de Bosnie-Herzégovine, 110 municipalités qui constituaient la
4 totalité de cet Etat. Quant à la question combien de ces municipalités
5 étaient croates et dans lesquelles d'entre elles, les élections ont eu
6 lieu, je ne peux pas le dire en ce moment, étant donné que neuf ans se
7 sont écoulés. Vous pouvez bien vous imaginer que ce sont là des détails
8 que l'on oublie.
9 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Pour replacer les
10 choses dans un contexte historique, à partir de septembre 1990, il
11 n'existait pas une entité nommé l'Etat indépendant de Croatie, n'est-ce
12 pas ?
13 M. Cicak (interprétation). – On oeuvrait pour que cela devienne
14 un Etat indépendant de Croatie.
15 M. Sayers (interprétation). – Oui, je suis absolument d'accord
16 avec vous. Mais à l'époque, il n'y avait pas d'Etat indépendant de
17 Slovénie non plus, n'est-ce pas ?
18 M. Cicak (interprétation). – Non, mais on oeuvrait pour que cela
19 soit créé.
20 M. Sayers (interprétation). - Justement, en parallèle à ce qui
21 se passait en Slovénie et en Croatie, la Bosnie-Herzégovine n'était pas un
22 Etat indépendant non plus, n'est-ce pas ?
23 M. Cicak (interprétation). – Je pense que la Bosnie-Herzégovine
24 a obtenu son indépendance plus tard, après le démantèlement de l'Etat,
25 après les tentatives de maintenir l'unité de la République fédérative
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1 socialiste de république ou bien la Yougoslavie tronquée ou ce qu'on
2 appelait la Serbo-Slavie.
3 M. Sayers (interprétation). - Très bien. Là, vous parlez de ce
4 qui est resté de l'ex-Yougoslavie après les déclarations d'indépendance de
5 la part de la Slovénie et de la Croatie, n'est-ce pas ?
6 M. Cicak (interprétation). – Oui, tout à fait.
7 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez quoi que ce
8 soit au sujet des politiques internes au sein du HDZ, après votre départ
9 de ce parti à la fin du mois de mars 1992 ?
10 M. Cicak (interprétation). – Oui, je sais beaucoup de faits à ce
11 sujet. Mais pour parler tout à fait ouvertement, je ne crois pas qu'il
12 s'agissait là d'un parti politique unitaire de Bosnie-Herzégovine. Hier ou
13 avant-hier, j'ai dit que la Bosnie-Herzégovine était divisée en trois
14 régions : l'Herzégovine, la Bosnie centrale et la Posavina. Si on parle du
15 HDZ de Posavina, il s'agit là d'une organisation politique tout à fait
16 différente. Si l'on parle du HDZ de la Bosnie centrale, c'est encore autre
17 chose. Si l'on parle du HDZ de l'Herzégovine, là encore c'est une
18 organisation politique différente des deux autres, étant donné que les
19 régions sont là tout à fait différentes et séparées. La mentalité, la
20 façon de vivre des gens, tout est différent. L'éducation, le système
21 écolier, les infrastructures, tout est différent.
22 M. Sayers (interprétation). - Revenons à notre sujet, c'est-à-
23 dire les élections à Busovaca. N'est-il pas exact de dire que Dario Kordic
24 a été élu au poste de secrétaire du HDZ municipal de Busovaca, le
25 30 septembre 1990 ?
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1 M. Cicak (interprétation). - Oui.
2 M. Sayers (interprétation). - Dès le début du HDZ à Busovaca,
3 M. Kordic était engagé dans la politique du parti à un niveau local, tout
4 comme vous-même ?
5 M. Cicak (interprétation). – Non pas vraiment dès le début de
6 l'existence du HDZ. Vous devez comprendre qu'il s'agit là d'un petit
7 village, d'un petit endroit. A partir du moment où nous avons créé le
8 parti dans l'église de Saint Anto, jusqu'au moment où nous avons élu le
9 président, les vice-présidents, le secrétaire, le trésorier, etc., un
10 certain temps s'est écoulé. Il s'agit d'une période de la constitution des
11 cadres, des structures du personnel, c'est-à-dire de l'élection des
12 personnes qui pouvaient faire partie de cette organisation.
13 M. Sayers (interprétation). - Au cours d'un an et demi, par la
14 suite, vous n'avez jamais eu un poste supérieur à celui du vice-président
15 du HDZ municipal, c'est-à-dire local, n'est-ce pas ?
16 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas à quel moment j'ai
17 été élu au poste dans le tribunal disciplinaire, ce que l'on appelait le
18 tribunal de l'honneur. Je ne suis pas sûr si cela s'est produit lors de la
19 convention du HDZ à Mostar ou si c'est le comité principal du HDZ de la
20 Bosnie-Herzégovine qui l'a nommé. Je ne suis pas sûr des circonstances
21 dans lesquelles ceci s'est produit.
22 M. Sayers (interprétation). – Oui, mais de toute façon vous
23 n'avez jamais eu un poste supérieur à celui du vice-président ? Vous
24 n'avez jamais été le président du HDZ municipal à Busovaca, n'est-ce pas ?
25 M. Cicak (interprétation). - Il y a eu certaines suggestions
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1 allant dans ce sens-là, mais j'ai toujours considéré que cela n'était pas
2 nécessaire dans ce village. En ce qui concerne
3 l'engagement dans le cadre municipal du HDZ, je prenais cela pratiquement
4 comme un hobby.
5 M. Sayers (interprétation). - Dario Kordic a été élu au poste de
6 président du HDZ municipal de Busovaca, le 1er février 1991,
7 n'est-ce pas ?
8 M. Cicak (interprétation). - Oui.
9 M. Sayers (interprétation). – Savez-vous pendant combien de
10 temps il est resté à ce poste ?
11 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne le poste de
12 président du conseil municipal, je crois que cela s'est produit pendant
13 assez longtemps, même après mon départ.
14 M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous que Dario Kordic a été
15 remplacé de son poste de président du HDZ municipal, le 1er avril 1992,
16 par Florijan Glavocevic.
17 M. Cicak (interprétation). - Je ne suis pas sûr qu'il s'agit des
18 remplacements qui se sont produits dans le contexte que vous expliquez
19 ici. Si M. Glavocevic est venu, cela veut dire qu'il s'agissait là d'un
20 accord passé entre Glavocevic, Kordic, Mate Boban et les autres permettant
21 à Kordic de prendre un poste plus responsable. Mais Glavocevic n'était
22 certainement pas la personne la plus importante dans la vallée de la
23 Lasva. Cette personne était Dario Kordic et ses décisions étaient
24 respectées.
25 M. Sayers (interprétation). - J'ai entendu que vous avez répété
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1 ceci de nombreuses fois ce matin.
2 M. Cicak (interprétation). – C'est très bien si vous l'avez
3 entendu.
4 M. Sayers (interprétation). – Vous n'étiez pas à Busovaca en
5 avril 1992 et vous ne savez rien à de la politique interne du HDZ à
6 Busovaca après votre départ pour Zenica, le 31 mars 1992. N'est-ce pas
7 exact ?
8 M. Cicak (interprétation). - En avril, j'étais immobile chez moi
9 dans mon appartement et je luttais pour ma propre vie ; pour
10 rester en vie pendant tout le mois d'avril
11 1992. Etant donné qu'on m'avait passé à
12 tabac, j'étais tellement faible que je ne pouvais
13 même pas aller aux toilettes.
14 M. Sayers (interprétation). - Essayez de répondre à ma question.
15 Vous n'avez eu aucune participation à la politique interne du HDZ après le
16 31 mars 1992, est-ce exact ?
17 M. Cicak (interprétation). - Je pense superflu que je donne la
18 réponse à cela.
19 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous avez joué un
20 rôle quelconque, Monsieur Cicak, après le 31 mars ?
21 M. Cicak (interprétation). - J'ai joué un certain rôle, mais
22 dans mon lit. J'ai essayé de me soigner.
23 M. le Président (interprétation). - Passons à autre chose. Nous
24 vous avons déjà entendu là-dessus.
25 M. Cicak (interprétation). - S'il le faut, je peux répéter.
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1 M. Sayers (interprétation). - Cela ne sera pas nécessaire. Le
2 Procureur a examiné de façon chronologique certains documents. Le premier
3 document avait trait au HDZ et datait du 31 janvier 1991. Mais je répète,
4 étant donné qu'il s'agissait d'une époque tumultueuse, remplie de troubles
5 en ex-Yougoslavie, essayez de replacer à l'intention des Juges dans le
6 contexte historique les événements qui se produisaient à l'époque?
7 Vous souvenez-vous d'un discours célèbre donné par le Président
8 Milosevic en mars 1991, discours dans lequel il déclarait qu'il en avait
9 terminé de la Yougoslavie. Il avait ajouté dans ce discours que la Serbie
10 n'était plus liée par les organes fédéraux. Vous souvenez-vous de ce
11 discours ?
12 M. Cicak (interprétation). - Je me souviens de ces discours,
13 mais l'attention la plus grande, je l'ai portée au comité municipal du HDZ
14 de Bosnie-Herzégovine, plus particulièrement Busovaca. Par conséquent, les
15 discours de M. Milosevic ne m'intéressaient pas tant.
16 M. Sayers (interprétation). - Ne vous intéressaient pas du
17 tout ?
18 M. Cicak (interprétation). - Non. Et je ne l'appellerai plus
19 monsieur, je pense qu'il suffit de dire Milosevic. Les discours de
20 Milosevic ne m'intéressaient pas.
21 M. Sayers (interprétation). - Pourtant quelques jours plus tard,
22 le Président Milosevic avait dit que tous les Serbes allaient tous vivre
23 dans un seul et même Etat. Avez-vous entendu ce discours ?
24 M. Cicak (interprétation). - Oui.
25 M. Sayers (interprétation). - Ce discours vous a-t-il quelque
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1 peu effrayé ?
2 M. Cicak (interprétation). - Non, pas du tout même.
3 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'un
4 référendum portant sur la question de savoir si la Croatie devrait devenir
5 un pays indépendant a été organisé après, puisque cela s'est passé en
6 mai 1991 ?
7 M. Cicak (interprétation). - Oui.
8 M. Sayers (interprétation). - Cinq mois plus tôt, en
9 décembre 1990, un référendum de même type avait été organisé en Slovénie
10 sur la question de savoir si ce pays devait parvenir à l'indépendance
11 aussi ?
12 M. Cicak (interprétation). - Oui.
13 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous également du
14 fait que peu de temps, avant ce document Z.7, qui vous a été montré, les
15 forces armées de Yougoslavie, la JNA, avaient de fait attaqué la Slovénie.
16 Il s'en était suivi un conflit de dix jours, entre le 25 juin 1991 et le
17 3 juillet. Vous souvenez-vous de cela ?
18 M. Cicak (interprétation). - Je m'en souviens.
19 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cela vous a inquiété ?
20 M. Cicak (interprétation). - Oui.
21 M. Sayers (interprétation). - Du fait que des combats éclatent
22 dans votre pays. Est-ce que cette inquiétude, vos compatriotes la
23 partageaient avec vous au niveau local du parti du
24 HDZ à Busovaca ?
25 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas si c'était présent
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1 au niveau de la municipalité. Mais je sais qu'on en a parlé, pendant des
2 nuits entières. Mais il y avait quand même un très grand danger que la
3 Bosnie-Herzégovine courait et c'est l'histoire également qui d'ailleurs en
4 témoigne : toutes les guerres dans les territoires des Balkans
5 commençaient en dehors de Bosnie-Herzégovine et se terminaient en Bosnie-
6 Herzégovine de manière tellement catastrophique que ce pays a toujours été
7 dévasté. C'est la raison pour laquelle nous sommes dit que cette guerre,
8 qui était menée entre la JNA, la Slovénie et la Croatie, allait se
9 terminer de façon catastrophique en Bosnie-Herzégovine et que, par
10 conséquent, la Bosnie serait dévastée, détruite complètement.
11 M. Sayers (interprétation). - Pour boucler la boucle à
12 l'intention des Juges, tous vos compatriotes au niveau du HDZ à Busovaca
13 partageaient-ils cette inquiétude ?
14 M. Cicak (interprétation). - Oui, une grande partie. On ne peut
15 pas dire cela. Mais un grand nombre quand même de la formation militaire
16 de la JNA, s'approchait de la Bosnie-Herzégovine armée complètement, ce
17 qui sous-entendait que la Bosnie-Herzégovine allait être obstruée par les
18 armes de la JNA. On sait très bien ce qui peut en sortir.
19 M. Sayers (interprétation). - Il est certain que la population
20 que vous représentiez dans la municipalité de Busovaca, que ce peuple
21 croate savait bien ce que cela représentait, n'est-ce pas ?
22 M. Cicak (interprétation). - Nous avons essayé de donner des
23 explications à la population, à cette population, étant donné le fait
24 qu'il s'agit d'un degré d'éducation qui n'est pas très élevé, du fait que
25 la population ne pouvait pas voir ce qui allait se passer, même pas deux
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1 mois plus tard. Nous avons été obligés de bien préparer les citoyens, pas
2 uniquement appartenant aux groupes ethniques croates, mais de tous les
3 citoyens pour leur expliquer qu'une catastrophe menace la Bosnie-
4 Herzégovine.
5 M. Sayers (interprétation). - Bien, ceci nous amène au premier
6 document qui vous a été soumis, le Z.7, est-ce que l'appariteur peut vous
7 remettre ceci ?
8 Nous avons parcouru de façon très brève ce contexte historique.
9 J'espère que ceci n'aura pas importuné les Juges. N'est-il pas vrai de
10 dire que s'il y a eu une réunion du HDZ de Travnik, le 21 juillet 1991,
11 c'était pour discuter de la situation en matière de sécurité, en matière
12 politique sur le territoire ?
13 M. Cicak (interprétation). - Vous parlez du 21 juillet 1991 ?
14 M. Sayers (interprétation). - Oui, tout à fait.
15 M. Cicak (interprétation). - Je pense, ou je suis même sûr, que
16 cette réunion a été consacrée à ce problème.
17 M. Cicak (interprétation). - Si vous me permettez, je pourrais
18 simplement faire un commentaire, ou plutôt me compléter. Vous avez posé la
19 question. Je ne sais pas si j'y ai répondu, mais si les Juges me le
20 permettent, je pourrais compléter ce que j'ai dit, le document a été signé
21 par les deux personnes qui avaient absolument le droit de signer,
22 Dario Kordic et Ignjaz Kostroman l'ont signé, il n'y a pas de
23 Secrétaire général, le professeur Markesic, et le Président du
24 HDZ, Stjepan n'est pas ici.
25 M. Sayers (interprétation). - Effectivement, vous avez déjà dit
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1 cela précédemment. Ljubljana, la capitale de la Slovénie avait été
2 bombardée par les forces aériennes de la JNA, vers la mi-juillet 1991, au
3 début juillet plus précisément ? Est-ce bien exact ?
4 M. Cicak (interprétation). - Oui.
5 M. Sayers (interprétation). - Lors de cette réunion pour le HDZ
6 pour la région de Travnik, M. Kljujic n'était pas présent ?
7 M. Cicak (interprétation). - Non.
8 M. Sayers (interprétation). - Il vaquait à d'autres occupations,
9 parce qu'il était membre de la présidence de la Bosnie-Herzégovine à cette
10 époque-là, n'est-ce pas ?
11 M. Cicak (interprétation). - Il était membre de la présidence.
12 Il était président du parti et la Bosnie-Herzégovine avait
13 110 municipalités, plus de 50 municipalités étaient peuplées par une
14 partie de la population croate et lui, bien évidemment, était chargé de
15 chaque Croate.
16 M. Sayers (interprétation). – Et les dirigeants des sept
17 municipalités énumérées dans ce document sont bien repris dans ce
18 document, n'est-ce pas ?
19 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas à quoi vous pensez ?
20 M. Sayers (interprétation). - Premier paragraphe de cet ordre du
21 jour. Là sont énumérés les dirigeants des sept municipalités ? On les cite
22 nommément, n'est-ce pas ?
23 M. Cicak (interprétation). - Oui. Si la Chambre me le permet, je
24 pourrais ajouter une phrase. C'est à ce moment-là qu'on a essayé de créer
25 les deux communautés régionales.
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1 M. Sayers (interprétation). - Nous nous sommes mis d'accord dès
2 le départ, dès le début de ce contre-interrogatoire. Vous avez dit que
3 vous alliez répondre de façon concise, logique et chronologique.
4 M. le Président (interprétation). – Maître Sayers, si le témoin
5 n'y parvient pas, il revient aux juges d'en juger. Passez à autre chose.
6 M. Sayers (interprétation). – Les dirigeants des sept
7 municipalités sont bien nommés ici, ils sont nommés de façon précise dans
8 ce document n'est-ce pas ?
9 M. Cicak (interprétation). - Oui.
10 M. Sayers (interprétation). - Votre nom n'y figure pas, il n'y
11 paraît pas.
12 M. Cicak (interprétation). - A partir du moment où il y a eu
13 réunion, il n'est pas important que mon nom y figure. C'est celui qui
14 tenait le procès-verbal qui biffait ou rajoutait un nom.
15 M. Sayers (interprétation). – Soit dit en passant, en juin 1991,
16 les forces serbes avaient déclenché une agression contre la Croatie,
17 n'est-ce pas ?
18 M. Cicak (interprétation). – Oui.
19 M. Sayers (interprétation). – Avez-vous répondu par
20 l'affirmative ?
21 M. Cicak (interprétation). – Oui, oui, j'ai répondu par
22 l'affirmative.
23 M. Sayers (interprétation). – Excusez-moi, je ne vous avais pas
24 entendu. Vous conviendrez avec moi du fait que ceci s'est produit un mois
25 avant l'attaque massive déclenchée contre la ville de Vukovar, en Croatie
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1 orientale ?
2 M. Cicak (interprétation). - C'est cela.
3 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous voyez le
4 paragraphe n° 8 dans ce document, Monsieur ?
5 M. Cicak (interprétation). - De quel document parlez-vous ? J'ai
6 un certain nombre de documents, mais j'avoue que je ne me débrouille pas
7 bien. Si vous voulez bien me le marquer, me surligner ou me dire de quel
8 paragraphe il s'agit.
9 M. Bennouna. – Maître Sayers, pouvons-nous avoir ce document sur
10 le rétroprojecteur ? Merci.
11 M. Sayers (interprétation). - Si ce n'est pas clair, j'espère
12 avoir été clair. Ici, nous parlons de la pièce Z7.
13 M. le Président (interprétation). - Le témoin dispose-t-il de la
14 pièce Z7. Monsieur Cicak, veuillez remettre à l'appariteur, pour le
15 conseil de la défense, le document que vous aviez entre les mains. Le
16 conseil verra alors de quel document il s'agit.
17 M. Sayers (interprétation). – C'est une déclaration préalable
18 qui a fait l'objet de quelques questions. Ce n'est pas cette pièce que
19 nous examinons.
20 M. le Président (interprétation). - Remettons au témoin le
21 document en question.
22 M. Sayers (interprétation). - Veuiller examiner le paragraphe
23 n° 8 de ce compte rendu de réunion, je cite : "Pour des raisons
24 politiques, le HDZ de Bosnie-Herzégovine doit, dans les meilleurs, délais,
25 prendre contact avec le ZDA et le MBO des partis de Cazinska
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1 Krajina afin que ces partis mettent au point des actions politiques
2 conjointes dans cette région."
3 Vous avez déjà déposé à cet égard. Vous avez dit, nonobstant
4 l'absence de votre nom dans le compte rendu de cette réunion, vous y étiez
5 à cette réunion ? Est-ce que je me souviens bien de ce que vous avez
6 déclaré ?
7 M. Cicak (interprétation). – Oui.
8 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous du fait que ce
9 point a fait l'objet d'une discussion d'une coordination de l'action avec
10 le parti du SDA, parti musulman ?
11 M. Cicak (interprétation). - Ce qui est intéressant, c'est un
12 autre phénomène, phénomène qui concerne le SDA dans la région de Zasina
13 qui s'est comporté différemment par rapport à la Centrale du SDA à
14 Sarajevo. C'est pourquoi le parti MBO, SDA également, était intéressant
15 dans la région de Zasina. C'est pourquoi on avait essayé de se mettre en
16 contact avec ces partis. Mais je pense qu'on n'a jamais réussi
17 véritablement à contacter ces filiales, ces succursales.
18 M. Sayers (interprétation). – Mais il y a eu un consensus à
19 cette réunion parmi tous les participants pour dire qu'il fallait prôner
20 et approuver ce type de démarche pour avoir des actions conjointes avec le
21 SDA.
22 M. Cicak (interprétation). - Si on voulait détruire le SDA, à ce
23 moment-là c'était impératif.
24 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous du fait qu'on a
25 discuté du point 15 repris dans ce document, du problème posé par la
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1 panique et par le désordre qui se répandaient et qui étaient semés dans la
2 région par des bandes Chetnik ?
3 M. Cicak (interprétation). - Oui.
4 M. Sayers (interprétation). – Il serait juste de dire que les
5 autorités gouvernementales de Bosnie-Herzégovine étaient impuissantes face
6 à la nécessité de contrôler
7 cette violence armée.
8 M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne les autorités de
9 Bosnie-Herzégovine, elles étaient véritablement impuissantes pour
10 contrôler toutes les institutions de paramilitaires qui, à cette époque-
11 là, apparaissaient de tous les côtés à partir des formations musulmans,
12 serbes et croates.
13 M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Je crois que nous avons
14 déjà éclairci la notion de Chetnik. Mais à qui pensait-on quand vous
15 parlez de Chetnik ?
16 M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas s'il s'agit de
17 véritables Chetnik. Mais ici, on a employé ce terme. Kostroman lui-même a
18 rédigé et signé le document. C'est lui qui sait ce que veut dire le terme
19 Chetnik. Ce n'était pas les forces Chetniks, mais les formations
20 paramilitaires armées du parti SDS que l'on appelait Carapani parce qu'ils
21 portaient des cagoules, plutôt une sorte de chaussette, de cagoule sur le
22 visage.
23 M. Sayers (interprétation). - Dans ce contexte, dans ce climat
24 de recrudescence de la violence face à l'impuissance du gouvernement de
25 Bosnie-Herzégovine, devant celle-ci, a-t-on évoqué ce problème de
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1 l'économie qui était en train de se démanteler dans cette République de
2 Bosnie-Herzégovine ? C'est évoqué au 16.
3 M. Cicak (interprétation). - Oui, il a été question de ces
4 sujets. Il y avait des troubles sociaux également qui s'entrevoyaient car
5 l'économie ne fonctionnait pas correctement. Pour l'économie, le plus
6 important consiste à assurer le trafic régulier. Il n'y avait pas de
7 trafic régulier car des formations paramilitaires, selon leurs bonnes
8 intentions, érigeaient des barrages et, par conséquent, le trafic n'était
9 pas normal.
10 M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez vous qu'à l'époque
11 on a parlé de quelque chose qu'on avait surnommé les accords de Brijuni ?
12 M. Cicak (interprétation). – Pouvez-vous répéter la question ?
13 Je n'ai pas suivi la question ?
14 M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Vous souvenez-vous
15 qu'à l'époque, on a discuté des accords dit de "Brijuni" ? Pour vous
16 aider, ce sont là une série d'accords internationaux en vertu desquels la
17 déclaration de la dépendance de la Croatie a été reportée au mois
18 d'octobre. C'est à ce moment-là seulement qu'elle a eu un effet légal.
19 M. Cicak (interprétation). - Je ne me souviens pas de ces
20 entretiens. En ce moment-même, je ne me souviens pas si on a parlé de ces
21 entretiens au Comité municipal du HDZ de Busovaca. Nous avions beaucoup de
22 choses à faire pour parler des problèmes qui, à cette époque-là, avaient
23 lieu à Busovaca et pour apaiser la situation à Busovaca, pour réparer la
24 population pour tous ces malheurs qui se préparaient à l'égard des
25 citoyens de Bosnie-Herzégovine.
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1 M. le Président (interprétation). – Maître Sayers, est-ce que le
2 moment se prête bien à la levée de l'audience.
3 M. Sayers (interprétation). – Oui.
4 M. le Président (interprétation). – Nous reprendrons à
5 9 heures 45.
6 M. Nice (interprétation). – J'aurais voulu vous demander votre
7 aide, Monsieur le Président, pour quelques minutes.
8 M. le Président (interprétation). - Quelques minutes, pas plus.
9 Nous allons peut-être vous demander, Monsieur Cicak, de vous
10 retirer et de bien vouloir revenir demain à 9 heures 45.
11 M. Nice (interprétation). – En effet car ce que je vais n'aura
12 rien à voir avec M. Cicak.
13 M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, ceci porte
14 sur l'audience. Cela n'a rien à voir avec votre déposition. Ne vous en
15 faites pas.
16 M. Nice (interprétation). – C'est à propos de l'horaire pour les
17 témoins suivants, Monsieur le Président.
18 M. Sayers (interprétation). – Peut-on demander au témoin de
19 laisser les pièces dans la salle d'audience ?
20 M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, je vais vous
21 demander de laisser les pièces ici.
22 (Le témoin quitte le prétoire.)
23 M. Nice (interprétation). – Il s'agit d'un problème d'horaire,
24 Monsieur le Président. Maître Sayers me dit qu'il prévoyait de terminer le
25 contre-interrogatoire en une journée. Nous pourrions avoir le prochain
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1 témoin, demain, à 14 heures. J'avais pris des dispositions pour avoir deux
2 témoins cette semaine. Mais puisque nous allons terminer jeudi midi, je
3 crois que nous n'aurons pas terminé avec ces deux témoins. Nous avions en
4 fait prévu deux témoins. Nous pourrons terminer avec l'un d'entre eux, à
5 coup sûr.
6 Malheureusement, ou heureusement, la semaine prochaine je dois
7 commencer avec un témoin qui a un emploi du temps difficile à gérer. Il
8 faudra que je le commence à 15 heures parce qu'il doit s'acquitter
9 d'autres obligations assez rapidement après sa déposition. Cela veut dire
10 que nous avons un choix entre deux possibilités. Si le témoin commence
11 demain après-midi et termine vers l'heure du déjeuner mercredi ou mercredi
12 après-midi, nous allons peut-être perdre du temps, au maximum une journée,
13 voire une demi-journée jeudi matin. Nous avons un autre témoin qui est ici
14 et qui va prendre plus de temps pour sa déposition. Il est disposé à
15 rester. Il veut bien commencer l'interrogatoire principal, pour autant
16 qu'on le reprenne par la suite dans les semaines qui suivent. Pour ma
17 part, cela ne me pose pas de problème puisque nous verrons, grâce au
18 compte rendu d'audience, où nous sommes. Le témoin n'aura plus de contact
19 avec nous une fois qu'il aura commencé sa déposition.
20 Je m'en remets à vous, Messieurs les Juges. Pour ma part, je
21 préférerais apporter le plus grand nombre de témoins possible. Nous avons
22 le choix effectif entre la perte d'une demi-journée, jeudi matin ou un
23 témoin qui aurait commencé son interrogatoire principal et qui
24 devrait revenir quelques semaines, voire un peu plus tard encore. Ce
25 témoin était déjà ici. J'ai dû m'excuser des problèmes posés, mais il a
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1 fait preuve de beaucoup de gentillesse. Il se conformera à notre souhait
2 alors qu'il est médecin lui-même.
3 Nous voulons l'en remercier et nous vous demandons comment faire
4 au mieux. Mais j'ai un témoin dont je dois commencer l'interrogatoire
5 principal lundi à 15 heures.
6 (Les juges se consultent sur le Siège.)
7 M. le Président (interprétation). – Maître Nice, à notre avis il
8 serait utile d'entendre le témoin dans la mesure du possible. Tout est
9 fonction des progrès que nous allons enregistrer. Si nous n'avançons pas
10 bien, cela devra dire qu'il devra commencer jeudi matin, c'est assez
11 inutile. Mais si nous pouvions commencer sa déposition mercredi après-
12 midi, ce serait bien.
13 M. Nice (interprétation). - Je vais prendre contact avec la
14 division d'aide aux victimes et aux témoins pour qu'on fasse preuve de
15 souplesse, voire annuler si c'est nécessaire.
16 M. le Président (interprétation). – A demain 9 heures 45.
17 L'audience est levée 16 heures 10.
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