Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                           Affaire IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

  3                                 LE PROCUREUR

  4                                       C/

  5                                 Dario KORDIC

  6                                 Mario CERKEZ

  7  

  8                               Lundi 26 avril 1999

  9  

 10                     L'audience est ouverte à 9 heures 50.

 11   Mme le Greffier (interprétation). - Bonjour, Messieurs les

 12   Juges, affaire IT.95.14/2T, le Procureur contre Dario Kordic et Mario

 13   Cerkez.

 14   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, Maître

 15   Nice.

 16   M. Nice (interprétation). - La pièce suivante sera la pièce 64,

 17   à votre intention Monsieur Cicak. Je ne pense pas que cela ait déjà été

 18   versé. Il s'agit de la pièce 64.1, mais il y a aussi la 64.1a parce que

 19   ceci n'avait pas été repris dans les documents de base, ni dans les

 20   originaux.

 21   (Les documents sont remis au témoin.)

 22   M. Nice (interprétation). - Nous avons affaire à un nouvel

 23   article que vous avez publié, Monsieur, le 27 mars. Je crois que cet

 24   article a été publié dans le "Nasa Rijec". Il y a un

 25   résumé en anglais de cet article. Si vous connaissez cet article,


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  1   Monsieur, ou si vous avez eu l'occasion de le parcourir en diagonale pour

  2   vous souvenir du contenu, je vais lire à l'intention des Juges le résumé

  3   du 64.1a, le voici. Il s'agit d'une lettre adressée à Kordic par vous-

  4   même, Monsieur le témoin :

  5   "Le néofascisme, version Kordic, présente toutes les

  6   caractéristiques du fascisme authentique. Le parti national, en tant que

  7   principale autorité gouvernementale, le pouvoir concentré entre les mains

  8   du chef, le culte de la personnalité du leader national "irremplaçable",

  9   la transformation d'un gouvernement démocratique en un gouvernement

 10   fasciste.

 11   Kordic s'emploie à armer le HDZ paramilitaire, endoctriner les

 12   jeunes avec le concours de Stipac Sliskovic et Prusac. Les Croates de

 13   Bosnie-Herzégovine sont amenés à croire qu'ils devraient êtres des

 14   Oustachi s'ils veulent être de véritables croates, ce qui est absurde.

 15   Toutes les propositions faites par les autres partis, c'est-à-

 16   dire ceux qui ne font pas partie du HDZ, ont été tournées en dérision tout

 17   simplement parce qu'elles émanaient des autres. La structure du HDZ est

 18   progressivement devenue une organisation corrompue, néfaste, extrémiste et

 19   belliqueuse. Il y a des slogans que l'on fait circuler tels que le NDH est

 20   un Croate indépendant."

 21   Ces slogans ont pour vocation de faire croire aux gens que

 22   Busovaca ne compte qu'un nombre négligeable d'habitants musulmans ou

 23   serbes. Busovaca est en Bosnie et jamais ne fera partie de la Croatie.

 24   Grâce à Kordic et à Boban, la Communauté croate de Herceg-Bosna est un

 25   cancer politique sur le territoire politique de Bosnie-Herzégovine. La


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  1   seule chose qu'ils ont à offrir à la population de Busovaca, c'est la

  2   guerre en guise de mode de vie."

  3   Monsieur Cicak, ce résumé reflète-t-il bien certains des sujets

  4   repris dans cet article intitulé "Sancta Simplisitas  ?

  5   M. Cicak (interprétation). - Très brièvement, il s'agit

  6   véritablement d'un résumé. C'est un article qui est presque anthologique

  7   qui a été écrit et envoyé à M. Kordic et qui contient pratiquement tout ce

  8   que Kordic porte en lui-même de négatif. Il se trouvait à la tête de

  9   toutes les manifestations négatives. Il est vrai qu'ici, dans cet article…

 10   M. Nice (interprétation). – Monsieur Cicak, rassurez-vous, dans

 11   la mesure où si certes cet article a été résumé à l'intention des Juges,

 12   une traduction intégrale de cet article, et d'ailleurs de tous les

 13   articles, sera mis à la disposition des Juges dès qu'elles seront prêtes.

 14   A partir de ces commentaires que vous avez fournis à propos de

 15   cet article, je vais passer à la pièce suivante, la pièce 52.

 16   M. Cicak (interprétation). - Excusez-moi, si je peux faire quand

 17   même un commentaire. Monsieur le Président, Messieurs les Juges, vous le

 18   permettez ?

 19   M. Nice (interprétation). - S'il s'agit d'éléments qui ne sont

 20   pas repris dans le résumé dont je viens de donner lecture, et si vous

 21   pouvez nous donner les paragraphes numérotés dans l'original 64.1 ce

 22   serait utile parce que nous ne pouvons certes pas lire le BCS, mais nous

 23   pouvons lire un numéro de  paragraphe, notamment dans la photocopie du

 24   document que vous avez.

 25   Y a-t-il un paragraphe numéroté sur lequel vous voulez appeler


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  1   l'attention des Juges ?

  2   M. Cicak (interprétation). – Oui, j'aimerais tout simplement

  3   attirer l'attention des Juges qu'en ce qui concerne le texte "Ô Sancta

  4   Simplisitas", adressé à Kordic, c'était la réponse à un article très

  5   confus qui a été écrit par M. Kordic qui l'avait intitulé "Cicak, petit

  6   Juda", je pense que vous disposez de cet article. Mais il faut absolument

  7   mettre en comparaison les deux documents.

  8   M. Nice (interprétation). – Je vais revenir à cet article

  9   consacré au "Petit Juda". Je vais vous demander de réserver vos

 10   commentaires jusqu'à la lecture de cet article qui nous

 11   concerne.

 12   Il fut publié à peu près vers cette époque et porte pour titre

 13   "Cicak, petit Juda". Je crois que nous avons une traduction intégrale de

 14   ce document. Je vais vous la lire d'ailleurs.

 15   Vous savez qu'il y a eu deux traductions de ce document au fil

 16   du temps. Celle-ci comprend quatre pages et vous voyez qu'il y a, en

 17   diagonale, sur la quatrième page, "projet de traduction". Vous avez ce

 18   document, n'est-ce pas, Messieurs les Juges ?

 19   M. le Président (interprétation). – Oui.

 20   M. Nice (interprétation). – Merci.

 21   Cet article fut publié en mars 1992 dans le Lasva Herald,

 22   Lasvanski Lasnik* : "En vertu de la loi sur la publication, nous profitons

 23   du droit que nous avons d'utiliser une partie de l'espace de presse en

 24   Bosnie-Herzégovine pour montrer la campagne dénuée de scrupules et

 25   violente menée contre les Croates en Bosnie-Herzégovine par des quasi-


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  1   croates qui sont devenus pratiquement aveuglés à vie par la cause

  2   yougoslave ou bosnienne.

  3   Nous n'avons aucune intention de montrer de colère ni de

  4   sentiments d'avoir été blessés du fait que les ennemis bien connus de la

  5   politique, qui devraient résoudre toute la question croate, ne cessent

  6   d'attaquer les gens et la politique qui se trouve au coeur même de

  7   l'intérêt des Croates en Herceg-Bosna. Ils ne peuvent pas s'accommoder du

  8   fait que les Croates de Herceg-Bosna ne sont plus cette masse amorphe

  9   qu'ils ont été pendant longtemps, mais sont devenus un peuple souverain

 10   sur un territoire national souverain.

 11   Les favorables à l'Union et les fédérateurs de toutes espèces

 12   sont terrifiés par la perspective d'avoir des Croates qui utiliseraient le

 13   HDZ en Bosnie-Herzégovine, ce qui constitue une partie intégrante d'un HDS

 14   unique afin d'atteindre l'objectif que nous n'avons pas pu réaliser en

 15   Bosnie-Herzégovine, même après les élections multipartites de 1990, à

 16   savoir la souveraineté complète et absolue du peuple croate, qui est bien

 17   ce qui est dû à ce peuple, lui qui constitue un des trois peuples

 18   fondateurs de la Bosnie-Herzégovine.

 19   Quand le HDZ de Bosnie-Herzégovine a tenu sa réunion du Conseil

 20   Central à Livno, en présence d'environ 140 personnalités qui font partie

 21   des représentants légitimes et de pointe du peuple croate, des présidents

 22   de conseil municipaux du HDZ venant de la totalité de Bosnie-Herzégovine,

 23   des représentant de l'Assemblée de Bosnie-Herzégovine, des membres du

 24   Comité principal du HDZ en Bosnie-Herzégovine, ainsi que sa présidente,

 25   les présidents des assemblées municipales et des Conseils exécutifs des


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  1   assemblées municipales désignés par le HDZ, les membres de la présidence

  2   et du gouvernement choisis dans les rangs du HDZ. Avec simplement quatre

  3   voix d'abstention, ils ont confirmé l'unité totale qu'il y a au sein du

  4   peuple croate qui se base sur l'expérience croate en Bosnie-Herzégovine.

  5   Par conséquent, l'électorat a fait pleinement confiance aux

  6   Croates appartenant au HDZ, afin que ces derniers mènent le peuple croate

  7   en Bosnie-Herzégovine sur la bonne voie, ils n'ont pas fait confiance à

  8   ces intellectuels quasi croates venant de partis civiques ou de bavards

  9   malades, tel que Dragutin Cicak, cet homme faible qui n'est qu'un outil et

 10   l'agneau que l'on porte sur l'hôtel du sacrifice du KOS ou des

 11   associations bosniennes qui ressemblent au KOS, service de renseignement.

 12   Souvenons-nous du fait que les personnes hostiles et mal

 13   informées qui ont pris pour cible les droits des Croates disent que la

 14   Communauté européenne par le biais de M. Kutiljero a affirmé que la voie a

 15   été déblayée par le HDZ. Par conséquent, nous disons oui aux frontières

 16   extérieures de Bosnie-Herzégovine, nous disons oui également à une

 17   structure interne qui se compose d'unités nationales de cantons, avec la

 18   pleine souveraineté des trois peuples.

 19   Messieurs, le HDZ a respecté les normes européennes, alors que

 20   les Bosniens des Balkans tels que le camarade Cicak ou le camarade

 21   Nikola Peska tentent à se comporter comme des éléphants dans des magasins

 22   de porcelaine. Par conséquent, que nous appelions ces unités nationales

 23   par le nom que vous nous voulions, c'est là, chers camarades, la réalité

 24   de la politique européenne par laquelle tout le monde marque son accord,

 25   car c'est la seule façon de ne pas faire annuler les résultats électoraux,


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  1   du référendum et de ne pas avoir une guerre sauvage qui éclate entre les

  2   peuples de Bosnie-Herzégovine.

  3   Le HDZ a marqué son appui à l'idée d'une Bosnie-Herzégovine

  4   unifiée, avec une réponse massive des Croates au référendum, en même

  5   temps, ils disent tous qu'il ne peut pas y voir, sans cet accord, de

  6   véritable paix entre les trois peuples. Malheureusement, les médias ont

  7   mené une campagne de critique violente contre le peuple croate et la

  8   police croate, la politique croate telle que mise en oeuvre par le HDZ en

  9   Bosnie. Ils ne s'intéressent qu'à voir énormément de manifestes dirigés

 10   contre le peuple croate et la politique croate qui sont publiés parmi les

 11   lettres aux éditeurs. Ce qui s'est fait, ces derniers jours, c'est d'avoir

 12   les produits d'imagination malade telle que le camarade Cicak. Ce visiteur

 13   de week-end venant de Zenica qui est un élément étranger qui s'est

 14   infiltré à Busovaca, a réussi à obtenir le poste de Vice-Président du

 15   conseil municipal du HDZ à Busovaca. Malheureusement, il n'a pas tout à

 16   fait enrayer l'esprit destructeur de cet esprit alcoolisé, ceci est

 17   remonté à la surface montrant qui est cet homme, ce camarade Cicak. Un

 18   homme qui a dû se retirer à cause de son alcoolisme, qui s'est vu retirer

 19   définitivement son permis de conduire pour la même raison, et enregistrer

 20   auprès de la police comme étant une personne qui dans un accès de colère

 21   avait tué les chiens de garde de ses voisins.

 22   En changeant de lieu de résidence, le camarade Cicak a

 23   manifestement pensé qu'il pouvait enterrer son passé. Ce n'est pas le cas.

 24   Le HDZ de Busovaca a réussi récemment à obtenir des informations

 25   corroborées des informations pour le travail que M. Cicak fait pour


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  1   l'ennemi, pour ces médias de la République qui sont à présent tout sauf

  2   Croates. Par conséquent, les personnes représentant la presse et la

  3   télévision, la RTV, ainsi que soi-disant les autres intellectuels croates,

  4   ne pourront pas se moquer du public. Ils devront accepter

  5   que la communauté croate de Herceg-Bosna soit l'expression

  6   de la volonté de l'immense majorité

  7   du peuple croate, comme c’est le cas

  8   pour toutes les autres communautés croates

  9   en tant que telles. Cette structure est devenue partie intégrante

 10   de la structure de Bosnie-Herzégovine sous les auspices de la Communauté

 11   européenne qui travaille de façon objective et intègre, pour nous, c'est

 12   le seul juge que nous écouterons.

 13   Arrêtez de vilipender Mate Boban et les autres dirigeants du

 14   peuple croate qui sont les représentants légitimes des peuples croates. Il

 15   est manifeste que l'Europe ne négocie pas avec Cicak, Komcik, Mikulic, ou

 16   Lovrenovic* qui ne se représentent qu'eux-mêmes. Evitez le ridicule et

 17   arrêtez vos attaques dirigées contre le docteur Franjo Tudjman, le

 18   Président de l'Etat reconnu par le monde civilisé, l'Etat qui utilise des

 19   méthodes démocratiques implacables pour se préparer la voie afin

 20   d'améliorer la vie de tous les citoyens de République de Croatie.

 21   En ce qui nous concerne, c'est là notre dernière réponse, nous

 22   ne voulons pas entrer dans une polémique, ou dans une correspondance

 23   quelconque avec des personnes qui ne valent même pas le papier sur lequel

 24   on écrit, qui annoncent des choses erronées, des volontés ou des velléités

 25   de faire la paix, alors que ceci contribue à la destruction de Ravno et


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  1   d'autres villages croates.

  2   Camarade Cicak, vous n'avez plus le droit de signer en tant que

  3   Vice-Président du HDZ de Busovaca parce vous avez été, à l'unanimité,

  4   démis de cette fonction en présence de tant de représentants à la réunion

  5   du conseil municipal du HDZ à Busovaca, le 9 mars 1992. La faim, l'avidité

  6   de M. Cicak pour ces postes clés, ce qui lui a échappé également au moment

  7   du HDZ de Busovaca a été dispersé par la procédure irrévocable qui a menée

  8   à son expulsion en tant que membre du HDZ. Ceci a été signé par le

  9   Président Dario Kordic pour le conseil municipal du HDZ à Busovaca".

 10   M. Cicak, je viens de vous donner lecture d'une traduction, est-

 11   ce qu'elle correspond bien à la teneur de ce document. Dites, oui ou non,

 12   ou apportez toute correction qui serait nécessaire. Merci.

 13   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 14   M. Nice (interprétation). - Question de détails avant que nous

 15   l'oublions.

 16   Au tout dernier paragraphe, il y a certaines initiales que les

 17   traducteurs n'ont pas pu reconnaître. Pourriez-vous apporter votre

 18   secours, que décrit-on lorsqu'on parle du HKD. Pourriez-vous nous dire ce

 19   qu'est le HKD, autant que vous le sachiez.

 20   M. Cicak (interprétation). – C'est l'association croate

 21   Napijedak, l'association culturelle.

 22   M. Nice (interprétation). – Nous avons maintenant la version

 23   anglaise de l'avant-dernière page de cette traduction, la page n° 3. Est-

 24   ce que vous pouvez retrouver, dans l'article, les allégations qui sont

 25   formulées contre vous. C'est un paragraphe qui commence par les termes


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  1   suivants : "Malheureusement, les médias de Bosnie-Herzégovine…", c'est la

  2   fin de la deuxième page.

  3   On mentionne certaines choses à votre propos, notamment que vous

  4   étiez un visiteur du week-end venant de Zenica. Pourriez-vous nous

  5   expliquer ce qui sous-tend cette allégation ?

  6   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas ce que cela pourrait

  7   vouloir dire, c'est camarade Kordic qui doit le savoir. Moi j'ai habité la

  8   ville de Busovaca. J'avais ma résidence là-bas comme tout autre citoyen.

  9   M. Nice (interprétation). – Puis, référence est faite à

 10   l'alcoolisme, au fait que vous auriez perdu, du fait de cette habitude,

 11   votre permis de conduire. Est-ce que cela a été le cas ?

 12   M. Cicak (interprétation). – En ce qui concerne mon permis de

 13   conduire, on ne me l'a jamais pris. En ce qui concerne l'alcool, c'est

 14   l'alkola que je préfère.

 15   M. Nice (interprétation). - Il y a une dernière allégation

 16   formulée, c'est le fait que vous auriez tué les chiens d'un voisin. Qu'en

 17   est-il ?

 18   M. Cicak (interprétation). – Je ne sais vraiment pas à quoi

 19   pensait le camarade

 20   Kordic.

 21   M. Nice (interprétation). – Le paragraphe suivant, deux

 22   paragraphes après celui-ci, il y a une phrase entre parenthèses. Si vous

 23   voyez l'article lui-même, c'est la troisième colonne, vers la huitième

 24   ligne. On dit : "De même que le droit d'être battu", ce que vous

 25   n'exprimez peut-être pas. Ce n'est peut-être pas une question qui


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  1   s'adresse à vous, mais aux interprètes, quand on parle de frapper, de

  2   "beaten" en anglais, à quoi fait-on allusion à votre avis ?

  3   M. Cicak (interprétation). – Ceci se rapporte à une description

  4   physique de l'homme frappé jusqu'à la mort.

  5   M. Nice (interprétation). - S'agissant de cet article et de

  6   l'exemplaire dont nous disposons, il y n'y a pas de précision quant à la

  7   date. A partir des réponses que vous venez de fournir, pensez-vous que cet

  8   article précédait la publication de Sancta Simplisita ?

  9   M. Cicak (interprétation). – Oui, il a été publié dans plusieurs

 10   médias. Je ne sais pas quand le journal de Lasva a commencé à sortir, mais

 11   avant cela un certain nombre d'autres quotidiens en Bosnie-Herzégovine qui

 12   ont publié l'article.

 13   M. Nice (interprétation). – Les Juges apprécieront le fait que

 14   l'on a un N° 52, et ceci est un peu trop prématuré ou précoce dans la

 15   chronologie des événements. C'est sans doute le début de ce mois, il faut

 16   simplement admettre qu'il y a une date qui était fournie par le témoin.

 17   Vous vous vouliez faire d'autres commentaires à propos de cet

 18   article, à propos de Sancta Simplisitas, et vous avez dit qu'il fallait le

 19   lire au regard de cet article "Cicak Mali Juda"* "Petit Juda". Pourrait-on

 20   revenir à l'article Sancta Simplisitas, le comparer avec celui-ci et quels

 21   sont les commentaires qui, à votre avis, doivent être formulés ? N'oubliez

 22   pas qu'il y a un impératif de concision, car nous voulons terminer dans

 23   les temps pour ce qui est de votre déposition.

 24   M. Cicak (interprétation). - Je vais essayer d'être bref et de

 25   faire le commentaire


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  1   en quelques phrases. Il y a une dizaine d'articles que moi-même j'ai

  2   publiés parce que je ne pouvais plus lutter contre Kordic par la voie

  3   démocratique au sein du HDZ. C'est donc publié dans la presse et au Sancta

  4   Simplisitas et la réponse "Cicak, le petit Juda" c'est donc un article qui

  5   a été écrit par Dario Kordic : Cicak, le petit Juda très confus, mais il

  6   fallait quand même lui répondre parce que c'est à moi qu'il s'adressait.

  7   C'est le camarade Kordic qui m'interpelle et il cite un certain nombre

  8   d'imbécillités, alors que je demande dans l'article Ô Sancta Simplisitas

  9   de répondre au peuple croate en Bosnie-Herzégovine, de donner une réponse

 10   au peuple croate de Bosnie-Herzégovine pour leur répondre et leur dire ce

 11   qu'il a fait à l'encontre de ce peuple et ce qu'il fera, à l'avenir, à ce

 12   peuple.

 13   Ce n'était pas indispensable qu'il me réponde à moi.

 14   M. Nice (interprétation). – Suite à la publication de votre

 15   article, le 27 mars, et avant les événements qui devaient se produire, le

 16   30 mars, est-ce que vous avez été averti de ce qui allait se passer ?

 17   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas à quoi vous pensez.

 18   Est-ce que vous parlez des autorités du HDZ ou des citoyens qui habitaient

 19   Busovaca ?

 20   M. Nice (interprétation). – De qui que ce soit.

 21   M. Cicak (interprétation). - Certains particuliers m'avaient dit

 22   que quelque chose se préparait et que cela ne finira pas bien et que je

 23   devrais faire également attention à moi.

 24   M. Nice (interprétation). – Qui était ces personnes qui ont

 25   formulé cet avertissement à votre égard ?


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  1   M. Cicak (interprétation). – Il y avait d'abord mon barbier chez

  2   lequel je passais régulièrement. Il avait d'autres particuliers de

  3   Busovaca, les personnes de renommée, et aussi des personnes de l'usine qui

  4   occupaient un poste important.

  5   M. Nice (interprétation). - Avez-vous reçu des avertissements de

  6   personnes proches du HDZ ou qui en faisaient partie ?

  7   M. Cicak (interprétation). – Oui, celui qui se faisait entendre

  8   le plus était M. Ante Slipac qui ne voulait même pas s'entretenir avec moi

  9   ni me parler. Il était, bien évidemment, contre tout ce que j'ai écrit et

 10   mes lettres.

 11   M. Nice (interprétation). – Nous en arrivons à ce qui vous est

 12   arrivé le 30 mars 1992. Est-ce que, au cours de la journée, vous étiez

 13   sorti ?

 14   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 15   M. Nice (interprétation). – Vers quelle heure êtes-vous rentré ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Je suis sorti le matin, vers

 17   8 heures du matin. C'était un lundi, à ma connaissance. J'ai promis au

 18   rédacteur en chef de Slobodna Bosna que j'allais lui apporter un article,

 19   un article tout particulier que j'ai écrit et que j'ai envoyé par la

 20   poste. A 8 heures du matin, jusqu'à 14 heures, je me suis trouvé dans la

 21   ville de Busovaca et, ensuite, je suis rentré chez moi.

 22   M. Nice (interprétation). – A votre retour chez vous, avez-vous

 23   remarqué des choses déplacées, des choses inhabituelles ?

 24   M. Cicak (interprétation). - Oui, l'endroit où j'habite, où se

 25   trouve ma propriété, est un endroit extrêmement accueillant. Le peuple y


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  1   est accueillant, hospitalier. Dans ma propriété, comme beaucoup d'autres

  2   citoyens du monde, j'avais un chien, j'avais un chat. Et quand ils

  3   m'apercevaient, à une centaine de mètres déjà, ils me reconnaissaient.

  4   Mais ce jour-là, vers 14 heures, quand je rentrai chez moi, je n'ai vu ni

  5   aperçu personne parmi les villageois et je n'ai vraiment rien entendu. On

  6   pouvait entendre voler une mouche. Un silence parfait régnait donc dans le

  7   village. Dans un premier temps je n'ai pas fait très attention, je dois

  8   dire.

  9   Par la suite, comme mon chien n'aboyait pas, alors que

 10   normalement il sentait quand j'arrivais, j'ai commencé à me douter de

 11   quelque chose. Au moment où je me suis rapproché de la maison, j'ai

 12   compris de quoi il s'agissait.

 13   M. Nice (interprétation). - Q'est-ce que qui s'était passé ?

 14   Quel genre de problème

 15   s’est-il posé ? Que s'est-il passé ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Je me suis rapproché de la porte

 17   principale. Il s'agissait d'une porte en chêne, j'ai remarqué que la porte

 18   était entrouverte. Et tout d'un coup, en provenance du couloir de

 19   l'intérieur de la maison, la porte s'est ouverte, les trois soldats qui

 20   portaient l'uniforme sont sortis en courant, le premier était Mako Bulic,

 21   surnommé Zelenika, il est venu vers moi, il m'a donné un coup de poing au

 22   visage, il m'a ensanglanté, il m'a fait des blessures au niveau des

 23   lèvres. A droite, derrière la maison, il y avait deux autres soldats qui

 24   se tenaient, qui ont couru vers moi, à gauche également, il y avait un

 25   autre soldat. Tous étaient armés, tous se sont jetés sur moi, ils m'ont


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  1   pris et pratiquement soulevé en l'air, et ils m'ont apporté à l'intérieur

  2   de la maison.

  3   Dès que je suis rentré dans le couloir, et dans la salle à

  4   manger, j'ai vu que tout avait été pratiquement détruit, démoli, tout

  5   avait été saccagé. Ils étaient déjà à l'intérieur. J'ai compris qu'il y

  6   avait cette embuscade, qu'ils avaient organisée quelques heures avant que

  7   je ne revienne dans ma maison, dans ma propriété. Je ne pouvais pas le

  8   savoir bien évidemment. C'est à ce moment-là qu'ils m'ont mis sur le

  9   canapé. Il ne m'ont pas permis moi-même de m'asseoir, ce sont eux qui

 10   m'ont forcé de m'asseoir sur le canapé ; à gauche, il y avait... Je ne

 11   sais pas comment dire...  un homme qui était un criminel, Zoran Marinic,

 12   appelé, Svabo, "le boche".

 13   A droite, il y avait un jeune homme de Kacuni, connu par le fait

 14   qu'il n'avait que les deux dents, je ne sais pas si c'est bien de le dire.

 15   C'était un peu un "Dracula", quand il riait. Ensuite, Marko Kulic était

 16   devant, les autres démolissaient tout à l'intérieur de chez moi. Je ne

 17   sais pas ce qu'ils cherchaient.

 18   A partir de 14 heures, Zoran Marinic appelé "le boche", avait

 19   dans ses mains, la poignée d'une hache et puis ce jeune homme de Kacuni,

 20   avait un rouleau de décoration assez épais et, à partir de 14 heures

 21   jusqu'à 16 heures, on m'a "passé à tabac". On m'a frappé sur tout

 22   le corps ; au moment où on me posait la question, par exemple, il y avait

 23   ce jeune homme à droite, je me suis retourné vers lui pour lui répondre, à

 24   ce moment-là, Zoran, du côté gauche, me donnait un coup le plus violent

 25   possible, il a perdu à un moment donné le souffle. Ensuite, si Zoran me


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  1   posait la question, machinalement, je me tournais vers lui, dans ce cas

  2   là, c'est de l'autre côté que j'essuyais le coup.

  3   C'est ainsi qu'entre 14 et 16 heures, chacun des deux me

  4   frappaient, de manière systématique. Marko Kulic les aidait, au moment où

  5   par exemple, je me tournai à gauche, ou à droite de celui qui me donnait

  6   des coups, alors lui, il me donnait des coups dans le ventre, dans

  7   l'estomac.

  8   M. Nice (interprétation). - Quand ils vous posaient des

  9   questions, que vous disaient-ils exactement ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Ils disaient n'importe quoi, toutes

 11   les imbécillités possibles. Tout d'abord, bien évidemment, il fallait

 12   qu'ils m'humilient. Le fait même d'être passé à tabac, c'est très

 13   humiliant, parce que pendant la vie entière, on ne peut oublier cela. Tout

 14   ce qu'ils vous disent est en dehors du raisonnement normal. On m'avait

 15   demandé pour quel service de renseignements je travaillais. Si je

 16   travaillais pour le KOS, qui était ma liaison au KOS, qui j'avais donc

 17   pour contact à Busovaca, avec qui je coopérais.

 18   Ensuite, on m'a demandé ce que j'avais contre Kordic, contre

 19   Boban... Marinic, tout particulièrement, m'a humilié, il voulait m'avilir,

 20   à chaque fois qu'il m'a donné des coups violents, j'ai perdu le souffle et

 21   même conscience, à un moment donné. Et il m'a dit : "Ca, c'est pour Dario,

 22   au nom de Dario, parce que tu l'attaques en permanence. C'est de Dario."

 23   C'est ce que j'ai retenu et je pense que je n'oublierai jamais cela. C'est

 24   gravé dans ma mémoire. C'est horrible ce que je subi.

 25   M. Nice (interprétation). - Lorsque ce passage à tabac s'est


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  1   terminé, ces hommes qu'ont-ils fait ? Est-ce qu’ils ont quitté la

  2   propriété ? Ont-ils emporté avec eux certains objets ?

  3   M. Cicak (interprétation). - Ils m'ont demandé premièrement

  4   d'écrire quelque chose. Je n'étais pas en état normal pour pouvoir écrire.

  5   Je tremblais, j'étais plein de sang, le dos, le visage, les lèvres, la

  6   bouche. On m'a demandé de rédiger une déclaration, je ne me souviens pas

  7   de quoi exactement, et on m'a demandé de dire que j'avais coopéré avec

  8   KOS. J'ai dit que je coopérais avec le CIA, avec NBE, avec KOS, avec SIS,

  9   avec n'importe quelles autres organisations. Tout ce qu'ils voulaient,

 10   moi, j'écrivais.

 11   Ils m'ont dit en deux exemplaires. Je ne sais pas si j'avais

 12   vraiment fait les deux exemplaires. De toute façon, ce sont mes mains qui

 13   tremblaient et on m'avait battu, par conséquent, je ne pouvais même pas

 14   tenir le crayon. Je ne sais pas si vraiment j'avais les deux exemplaires. 

 15   Si on m'avait demandé à ce moment-là si j'étais membre du groupe

 16   de Saint-Pierre, j'aurais probablement dit oui, et t que j'étais

 17   collaborateur de Saint-Pierre. Je ne souhaiterais à qui que soit de vivre

 18   des moments éprouvants comme ceux que j'ai vécus à ce moment-là.

 19   En ce qui concerne les objets qu'ils avaient pris avec eux-

 20   mêmes, c'est intéressant, je veux dire la chose suivante : ceci aurait dû

 21   être un attentat politique. C'était plutôt un attentat politique sur

 22   quelqu'un qui ne partageait pas votre point de vue. Ils n'ont pas pu

 23   l'obtenir avec un dialogue, ils ont donc effectué cet attentat sur

 24   quelqu'un qui ne partageaient pas leur point de vue. En ce qui concerne ma

 25   propriété, il y avait plein de choses, ce groupe-là a saccagé complètement


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  1   la propriété, ils ont pris l'argent, l'or, tout ce qui se trouvait sur

  2   place. Ce qui est ridicule, ce qui est en même temps tragique, c'est de

  3   l'humour noir, c'est que ce point de faire, car Dario Kordic, ceux qui

  4   opéraient dans le secteur, ils ont pris du congélateur, je ne sais pas si

  5   les interprètes peuvent trouver le terme, ils ont pris du poulet congelé,

  6   des alcools, ils ont pris des objets différents, donc, pour moi, c'était

  7   complètement ridicule. C'étaient des criminels, des gens du plus bas et

  8   des couches des plus basses qui ont été recrutées dans un parti d'élite.

  9   M. Nice (interprétation). - Terminons-en, si vous le voulez

 10   bien. Dans quel état

 11   était votre chien ? Ceci en l'espace d'une phrase, s'il vous plaît ?

 12   M. Cicak (interprétation). - C'était très triste. Excusez-moi,

 13   mais le petit "Dracula", je ne peux pas dire autre chose pour lui, il

 14   n'avait que les deux dents, à un moment donné, il a sorti le couteau, il

 15   voulait l'égorger, je lui ai dit : "Tu peux m'égorger, moi-même, mais

 16   laisse le chien. Qu'est-ce que le chien a pu faire pour toi. Si moi, je

 17   suis en conflit avec Kordic..."

 18   M. Nice (interprétation). - A-t-il fait quelque chose à ce

 19   chien ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Oui, il voulait l'égorger, mais le

 21   chien déjà était pratiquement impuissant parce que Zoran Marinic l'a

 22   tellement frappé, car Zoran Marinic était obligé de passer à côté du chien

 23   jusqu'à la gorge, pour prendre cette poignet de la hache pour me frapper,

 24   comme le chien s'est jeté sur lui, il l'avait frappé à tel point qu'il est

 25   resté en vie, mais ce n'était plus un chien, un animal.


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  1   M. Nice (interprétation). - Merci.

  2   Au cours de cette attaque, est-ce que les voisins se sont

  3   manifestés d'une quelconque façon ?

  4   M. Cicak (interprétation). - Pas du tout. C'était la

  5   démonstration de la force. Ils sont arrivés deux heures avant dans le

  6   village. Ils portaient des uniformes de camouflage, des armes

  7   sophistiquées.

  8   M. Nice (interprétation). – De quelle couleur était leur

  9   uniforme ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Il y avait des uniformes

 11   différents, vert olive, brun, noir, mais tous arboraient ce symbole

 12   honteux historiquement, une honte. Ils arboraient le symbole "U",

 13   Oustachi, du temps d'Ante Pavelic, le symbole d'une formation militaire

 14   qui nous a fait honte à tous. Ils arboraient ce symbole. En ce qui

 15   concerne les armes, c'étaient des armes très sophistiquées. J'ai vu

 16   également qu'un jeune homme avait un fusil M16, le fusil américain qui, à

 17   cette époque-là, était fabriqué nouvellement.

 18   M. Robinson (interprétation). – Avant d'en terminer sur ces

 19   points, j'aimerais tirer quelque chose au clair. Est-ce que le témoin a

 20   été frappé à l'aide de coups de poing ? Est-ce que l'on peut confirmer

 21   ceci ?

 22   M. Nice (interprétation). - Je crois qu'il l'a déjà dit, mais on

 23   peut demander confirmation. Avez-vous été frappé à l'aide d'un outil, d'un

 24   instrument quelconque ? Si tel est le cas, pourriez-vous répondre à la

 25   question du Juge Robinson et nous dire de quel instrument il s'agissait ?


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  1   M. Cicak (interprétation). – On a utilisé des outils et au

  2   moment où je m'approchais de ma maison, c'est là que Marko Kulic m'a donné

  3   un coup de poing. C'est là seule fois où j'ai subi des coups de poing.

  4   Pendant deux heures, depuis 14 heures jusqu'à 16 heures, on m'a frappé

  5   avec ces poignées en bois. Ils m'ont passé à tabac, ils m'ont frappé,

  6   c'était très dur.

  7   M. Nice (interprétation). - Vous avez parlé aussi de ce rouleau.

  8   Vous avez décrit les outils ou instruments qui avaient été tirés de votre

  9   jardin. Pourriez-vous nous montrer avec vos mains la taille et la longueur

 10   de cet outil ou de cet instrument qui avait été pris dans votre jardin ?

 11   M. Cicak (interprétation). – C'était le manche d'une hache et

 12   cela mesurait 1 m 30, à peu près cette longueur.

 13   M. Nice (interprétation). – J'espère que ceci aura été utile aux

 14   Juges.

 15   M. Bennouna. – Pour compléter pour la Chambre, on a entendu le

 16   témoin parler de KOS. On l'a accusé de travailler pour le KOS. Peut-on

 17   avoir une information quant aux initiales ?

 18   M. Nice (interprétation). - Tout à fait. Pourriez-vous nous

 19   donner cette information ? Que représente ce sigle "KOS" ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas tout à fait ce que

 21   c'est. C'est un sigle qui

 22   est lié à l'ex-JNA. Il y avait la JNA et également ce service de

 23   renseignement. Mais de toute façon, je ne connais pas très bien, mais le

 24   KOS est lié à la JNA.

 25   M. Nice (interprétation). – On peut peut-être essayer d'obtenir


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  1   une traduction officielle pour ce terme ?

  2   M. le Président (interprétation). – Veuillez essayer de le

  3   faire. Pourrait-on parler des blessures subies par le témoin ?

  4   M. Nice (interprétation). - Absolument. J'ai deux sujets qui

  5   découlent de ce premier point. Le témoin pourra en traiter. N'est-il pas

  6   exact de dire, Monsieur Cicak, que vous êtes allé voir Kordic le lendemain

  7   et que vous avez aussi déposé plainte auprès de la police ou tout du moins

  8   que vous avez été entendu par celle-ci ?

  9   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 10   M. Nice (interprétation). - Etes-vous d'abord allé à la police

 11   ou êtes-vous, en premier lieu, allé voir Kordic ?

 12   Parlons d'abord de la visite à M. Kordic, puis nous parlerons de

 13   la visite au poste de police parce que, effectivement, des photos ont été

 14   prises, même si ces photos ne sont pas d'une grande utilité.

 15   Monsieur Cicak, parlons d'abord de la visite que vous avez

 16   rendue à M. Kordic. Le lendemain, où êtes-vous allé pour voir le premier

 17   accusé ?

 18   M. Cicak (interprétation). – Le lendemain ? Il faut d'abord que

 19   je commence différemment. A pâtir de 16 heures, au moment où ils ont cessé

 20   de me frapper, je suis resté couché, immobile sur le canapé, qui

 21   d'ailleurs était démoli. Je ne pouvais pas dormir, mais je suis resté

 22   couché, immobile. Je réfléchissais sur mon propre sort et ce qui m'était

 23   arrivé. Je me suis posé la question de savoir comment agir, comment me

 24   sauver. Dès l'aube, je ne pouvais ni me laver, ni me raser, ni me préparer

 25   du tout, vers 8 heures du matin, le lendemain matin, je suis descendu


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  1   jusqu'au centre-ville de Busovaca. Je savais que Kordic était au bureau.

  2   Tout de

  3   suite révolté, je me suis rendu dans son bureau.

  4   Comme j'avais un anorak, c'est une veste plutôt de jeans -je

  5   pense que c'est ainsi que l'on nomme ce type de tissu-, on voyait que le

  6   sang coulait et descendait jusqu'à ma main. J'avais des bleus. Ma main

  7   était déjà enflée. Je dois dire que toute ma main était enflée. Il y avait

  8   des bleus partout. Je suis arrivé chez Kordic, au bureau et lui ai dit :

  9   "Dario, es-tu content de tout ce que tu as fait ?" Il était à son au

 10   bureau, il ne m'a pas répondu. Je pense qu'il a essayé de me dire quelque

 11   chose, mais il n'a rien dit véritablement. Il n'a pas essayé de prononcer

 12   quoi que ce soi.

 13   Je lui ai dit que c'était regrettable et misérable, si on n'a

 14   pas d'arguments pour engager une dialogue politique, de frapper et de

 15   passer à tabac un homme, ou d'essayer de le détruire physiquement. J'ai

 16   dit que c'était regrettable.

 17   J'ai enlevé ce que je portais sur moi. Je lui ai montré mon dos.

 18   Si vous voulez, je peux montrer au Président et aux Juges, une photo a été

 19   faite.

 20   M. Nice (interprétation). – Vous avez la photographie, c'est

 21   meilleur que la photocopie que nous avons. Je vous demanderai d'utiliser

 22   l'appariteur pour que ce dernier place la photographie sur le

 23   rétroprojecteur. Nous allons voir ce que cela donne et si c'est

 24   satisfaisant.

 25   M. Cicak (interprétation). – Je ne sais pas si vous voyez. En ce


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  1   qui me concerne je ne vois pas très bien.

  2   M. le Président (interprétation). - On ne voit rien sur l'écran.

  3   N'est-il pas plus simple de nous remettre ce document ?

  4   M. Nice (interprétation). – Absolument. Demandons d'abord à

  5   l'appariteur de remettre ceci aux Juges, puis aux Conseils de la défense.

  6   M. le Président (interprétation). - Quand cette photographie a-

  7   t-elle été prise ?

  8   M. Nice (interprétation). - Pour autant que vous vous en

  9   souveniez, quand cette photographie a-t-elle été prise, Monsieur Cicak.

 10   M. Cicak (interprétation). – Deux jours plus tard, le 2 avril.

 11   Puis-je faire un commentaire ?

 12   M. le Président (interprétation). – Je vous en prie.

 13   M. Cicak (interprétation). - Regardez la main gauche. Il s'agit

 14   d'un bleu, donc c'est une ecchymose. Il y a le dos également qui était

 15   tout noir. Cependant, comme c'est une photo prise avec le flash, ce noir

 16   est quelque peu moins fort, il ne se voit pas très clairement. Mais sur la

 17   main gauche et la main droite, on voit l'hématome. De toute façon, j'ai

 18   porté cet hématome pendant pratiquement un an, de six mois à un an.

 19   J'avoue que mes mains ne fonctionnent plus comme à l'époque.

 20   M. le Président (interprétation). - Veuillez montrer cette photo

 21   aux conseils de la défense.

 22   M. Bennouna. - Maître Nice, est-ce que la Chambre pourrait

 23   savoir d'où provient la photo et quelle en est la légende ? Qu'est-ce

 24   qu'il y a écrit en dessous de la photo ?

 25   M. Nice (interprétation). - Je vais examiner ceci rapidement


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  1   personnellement et je vais remettre au témoin. Monsieur l'huissier,

  2   M. Cicak (interprétation). – Puis-je ajouter quelque chose ?

  3   M. le Président (interprétation). – Je vous en prie.

  4   Vous pouvez d'abord la lire la légende, les interprètes nous

  5   donneront l'interprétation de la légende.

  6   M. Cicak (interprétation). – Pour la légende, il est marqué

  7   "passé à tabac" et "pillé".

  8   M. Nice (interprétation). – Qui a pris la photographie ? Est-ce

  9   un photographe de presse ou quelqu'un d'autre ?

 10   M. Cicak (interprétation). - C'est un journaliste professionnel,

 11   du journal Nasa Rijec, son nom est Hakija. Je sais que c'était le

 12   1er avril quand même.

 13   M. Nice (interprétation). – Je ne sais pas ce qu'il en est de

 14   l'original de cette photographie. Peut-être que la photocopie que nous

 15   verrons plus tard suffira pour les besoins des Juges, mais j'aimerais

 16   préciser la question.

 17   M. Robinson (interprétation). – Maître Nice, pourrait-on revenir

 18   à la visite que le témoin a effectuée auprès de l'accusé Kordic ?

 19   M. Nice (interprétation). – Oui.

 20   M. Robinson (interprétation). – Il a demandé à M. Kordic s'il

 21   était satisfait de ce qu'il avait fait. Je ne sais pas ou je n'ai pas bien

 22   compris si Kordic a répondu.

 23   M. Nice (interprétation). – Je vais revenir là-dessus, peut-être

 24   y a-t-il d'autres éléments, mais nous avons interrompu le témoignage parce

 25   qu'il a parlé des blessures qu'il avait montrées à Kordic. C'est dans


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  1   cette mesure-là que la photographie nous était utile.

  2   Monsieur Cicak, vous avez dit que vous avez montré vos blessures

  3   au premier accusé, que vous vous étiez déshabillé. Monsieur Kordic a-t-il

  4   dit quoi que ce soit à propos de la connaissance qu'il aurait de cette

  5   attaque, d'une participation éventuelle ? Qu'a-t-il adopté comme

  6   position ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Kordic n'a jamais eu le courage de

  8   dire quoi que ce soit quand il se retrouvait face à face, en tête-à-tête.

  9   A ce moment-là, j'étais, comme j'ai dit, très révolté. J'avais tout

 10   simplement demandé qu'on me restitue ce qu'on m'avait pillé. Imaginez-

 11   vous, quand vous rentrez chez vous, que des personnes armées vous

 12   accueillent, vous passent à tabac et vous pillent. Je n'avais absolument

 13   rien, même pas un portefeuille sur moi. J'ai dit à Kordic : "Je t'en prie,

 14   en une demi-heure, je demande que le portefeuille me soit restitué avec

 15   mon argent et je demande également que tous les objets qui ont été pillés

 16   me soient restitués."

 17   Ensuite, je suis sorti de son bureau et je suis allé dans un

 18   bureau à côté où, à l'époque, il y avait mon entreprise.

 19   M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, est-ce que Kordic 

 20   a dit quoi que ce soit dans un sens ou dans

 21   un autre. Etait-il au courant de cette attaque ?  Avait-il

 22   manifesté sa position, pour autant que vous vous en souveniez ?

 23   M. Cicak (interprétation). – En ce qui concerne son attitude, il

 24   pensait que j'allais venir pour me repentir comme un être humain qui a

 25   quelque chose à se reprocher. Il ne pensait certainement pas que j'allais


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  1   lui montrer, d'une manière énergique et ferme, ce qui a été fait par lui-

  2   même et que je demande qu'on me restitue ce qu'on m'avait pas pillé. Ce

  3   n'était évidemment pas le plus important, mais l'important était que le

  4   dialogue politique ne se termine pas comme il s'était terminé. Cela

  5   n'avait rien à voir avec une société démocratique. C'est ce que je lui ai

  6   démontré. Je lui ai donc demandé si c'était ce qu'il voulait, lui.

  7   M. Nice (interprétation). – Monsieur Cicak, je pense que le juge

  8   Robinson, et peut-être les autres juges aussi, voulaient savoir si Kordic

  9   avait dit quoi que ce soit indiquant qu'il avait une certaine

 10   participation dans les événements ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Selon ma conviction très profonde,

 12   il n'a prononcé qu'une seule phrase, à savoir qu'il pensait que j'allais

 13   venir devant lui comme quelqu'un qui se repent  et non pas comme quelqu'un

 14   de révolté. Par conséquent, quant au fait que ce soit celui qui a donné

 15   des ordres pour qu'une telle action soit effectuée ou non, je ne ferai pas

 16   de commentaires. Je suis sûr que les Juges me poseront la question à ce

 17   sujet-là.

 18   M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, la question

 19   était de savoir ce qu'il avait dit ce matin-là, lorsque vous lui avez

 20   rendu visite.

 21   M. Cicak (interprétation). – C'est ce que je viens de vous dire.

 22   M. le Président (interprétation). – Nous n'avons pas bien suivi,

 23   même pas du tout. Quels furent les termes qu'il a utilisés ? Pourriez-vous

 24   répéter ce qu'il a dit alors ?

 25   M. Cicak (interprétation). - Il a dit qu'il pensait que j'allais


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  1   venir chez lui comme quelqu'un qui se repent et

  2   non pas comme quelqu’un de révolté. Je vais

  3   demander aux traducteurs de traduire ce que

  4   je viens de dire.

  5   M. Nice (interprétation). - Vous êtes allé à votre bureau,

  6   quelle distance séparait votre bureau du sien ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Il ne s'agissait pas de mon bureau

  8   à moi, mais du bureau d'une institution dans laquelle j'avais travaillé

  9   auparavant. Des amis à moi y travaillaient. Ceci se trouvait à une

 10   distance d'environ 50 mètres de son bureau.

 11   M. Nice (interprétation). – Qu'avez-vous entendu ensuite, par

 12   rapport à Kordic et son lien avec tout cela ? L'avez-vous contacté par

 13   téléphone ?

 14   M. Cicak (interprétation). – Oui, 30 minutes plus tard, j'ai

 15   téléphoné à Kordic et je lui ai demandé s'il avait réussi à recueillir

 16   l'argent. Bien évidemment, je n'avais plus d'argent, rien, même pas de

 17   documents personnels. Il m'a été très difficile de rentrer, c'est-à-dire

 18   de voyager à Zenica. J'ai pris le risque, je l'ai fait. Il m'a dit qu'il

 19   n'avait pas fait cela.

 20   Cependant, lorsqu'il a décroché et lorsqu'il parlait avec moi,

 21   étant donné qu'il s'agissait d'une petite pièce, je pouvais comprendre

 22   qu'il y avait plusieurs personnes dans la même pièce. Etant donné qu'un

 23   homme avait une voix très caractéristique, je peux dire librement que

 24   c'était M. Anto Stipac. Comment se faisait-il qu'Anto Stipac soit venu

 25   chez Kordic, qui l'a invité et quand ? Je ne le sais pas. Cependant,


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  1   pendant que je parlais avec Kordic, il était clair, je sentais que des

  2   personnes se disputaient dans son bureau. Clairement, il y a eu plusieurs

  3   personnes. Au moment où Kordic m'a dit...

  4   M. Nice (interprétation). - Quel est le lien avec Anto Stipac,

  5   s'il y en a un, avec les gens qui ont perpétré cette attaque, ou Kordic ou

  6   qui que ce soit ? Quelle est sa signification potentielle ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Vous voulez que je vous donne toute

  8   la réponse concernant ce groupe, ou uniquement en ce qui concerne en

  9   Stipac ?

 10   M. Nice (interprétation). - Un résumé tout simplement. Quel est

 11   son lien avec ce groupe, s'il y en a un ?

 12   M. Cicak (interprétation). – Oui, il y en a un, il y a un lien

 13   étant donné que c'est l'un des fondateurs idéologiques de ce groupe.

 14   M. Nice (interprétation). - Lorsque vous avez demandé à Kordic

 15   de restituer votre argent ou vos biens, que vous a-t-il répondu ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Il a répondu qu'il ne l'avait pas

 17   encore fait, et qu'il n'a pas encore regroupé toutes ces personnes qui

 18   m'avaient passé à tabac.

 19   M. Nice (interprétation). - Est-ce que votre argent vous a

 20   jamais était restitué effectivement ?

 21   M. Cicak (interprétation). -  Je n'ai pas bien compris.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que votre argent ou bien vos

 23   biens vous ont été restitués ? Les biens qui vous ont été pillés de votre

 24   maison ?

 25   M. Cicak (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Juge,


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  1   c'est une blague ou quoi ?

  2   M. Nice (interprétation). - Pour le compte rendu, je vous

  3   demande tout simplement, si votre demande à Monsieur Kordic de vous

  4   restituer vos biens et votre argent a été couronnée de succès ?

  5   M. Cicak (interprétation). – Non, bien sûr. Ce qui est pillé

  6   n'est jamais restitué à qui que ce soit. C'est pour cela que j'ai demandé

  7   si c'était une blague ou si c'était votre sens de l'humour. Mais, si vous

  8   avez pensé sérieusement, il s'agissait dans ce cas-là d'une question peu

  9   sérieuse.

 10   M. Nice (interprétation). - Après votre coup de téléphone à 

 11   Kordic, avez-vous quitté le bureau et êtes-vous allé au poste de police,

 12   plus tard ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 14   M. Nice (interprétation). – Etes-vous allé au poste de police

 15   locale ou ailleurs ?

 16   M. Cicak (interprétation). -  Je ne suis pas allé au poste de

 17   police locale, étant

 18   donné que je ne faisais pas confiance à la police étant donné que la

 19   police locale avait été démolie grâce aux actions de Kordic et de

 20   Sliskovic. Donc, je suis donc allé à la police de Zenica qui était

 21   compétente pour tous les crimes sérieux perpétrés dans la région de

 22   Zenica.

 23   M. Nice (interprétation). - La pièce à conviction n° 65, s'il

 24   vous plaît ? Ce document ne se trouve pas parmi les documents de base.

 25   Il s'agit d'un rapport à la police. Vous avez la version BCS, et


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  1   nous avons la traduction en anglais. Je vais aborder certains des

  2   paragraphes en détail et certains seulement en résumé. C'est un rapport

  3   qui a été rédigé le 1er avril. Il est indiqué qui a été présent, votre nom

  4   et votre adresse y figurent. Il s'agit également des circonstances dans

  5   lesquelles ce rapport a été rédigé.

  6   Le 30 mars, alors que vous rentriez chez vous vers 14 heures,

  7   vous avez trouvé la maison et la porte de votre maison ouverte. Vous avez

  8   pensé que votre fille était en retard. Je résume maintenant :  "Six hommes

  9   armés de fusils à baril long et d'uniformes noirs étaient là".

 10   Je lis le paragraphe suivant : "Je peux vous dire que c'étaient

 11   des membres du HDZ, dont je suis les vice-présidents, j'en connais deux

 12   par leur nom et d'autres sont de Busovaca, ce sont des membres des

 13   formations paramilitaires du HDZ au service de Herceg-Bosna". Puis, est

 14   fait référence à Prusac Slikovic et à un troisième homme : "Lorsqu'ils

 15   sont arrivés, l'un deux m'a frappé du poing, ils m'ont tiré à l'intérieur

 16   de la maison. La maison avait été saccagée, des objets avaient été

 17   lacérés, ils m'ont placé sur le divan, ont commencé à me frapper et à

 18   m'interroger. Ils m'ont dit des choses de ce genre : "pour qui travailles-

 19   tu ?". Ils m'ont posé des questions à propos du KOS,  ils m'ont averti

 20   qu'ils allaient me transformer en béton, c'est-à-dire qu'ils m'ont menacé

 21   de me tuer, si je disais ce qui m'était arrivé. Lorsque j'ai dit que

 22   quelqu'un m'avait frappé, c'était un de ses hommes qui était barbu qui

 23   m'avait frappé avec le manche d'une hache, sur le dos et d'autres parties

 24   du corps. Ils m'ont frappé avec un objet long qu'ils utilisaient pour

 25   rouler la pâte et qui était suspendu au mur.


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  1   Ils m'ont frappé jusqu'à 16 heures. A un moment donné, ils sont

  2   partis."

  3   Et puis vous dites : "Marko Kulic a sorti un pistolet, a tiré à

  4   proximité de ma tête pour me menacer de mort."

  5   Est-ce que ceci c'est effectivement produit ?

  6   M. Cicak (interprétation). - Oui, il ne s'agissait pas seulement

  7   d'une démonstration aillant recours aux armes à feu. Un jeune homme de

  8   Kacuni, dont j'ai parlé en utilisant le nom ridicule de "Dracula", il

  9   n'arrêtait pas d'aiguiser son couteau avec un appareil et s'approchait

 10   sans arrêt de mon cou avec le couteau, et il disait  : "Maintenant, je

 11   vais t'égorger, comme cela tu ne vas plus nuire à Dario Kordic". Et moi,

 12   je lui ai dit : "Tu peux le faire sans problème, je ne me sens pas du tout

 13   coupable et si tu m'égorges, c'est vraiment pas important".

 14   Ce jeune homme aussi a fait sortir plusieurs fois, je ne sais

 15   pas s'il s'agissait d'un pistolet ou d'un revolver, mais il a retiré de

 16   son étui, et il savait qu'à l'intérieur il n'y avait pas vraiment de

 17   balles, mais il mettait ce pistolet au-dessus, c'est-à-dire contre ma

 18   tempe, contre mon front et il appuyait sur la gâchette. Son intention

 19   n'était pas de me tuer, puisqu'il n'y avait pas de balles à l'intérieur;

 20   mais de m'intimider. Ceci m'a fait une impression désagréable étant donné

 21   que c'était la première fois dans ma vie que quelqu'un voulait m'égorger

 22   avec un couteau contre mon cou. C'est un sentiment très désagréable que

 23   d'avoir devant quelqu'un qui appuyait la gâchette contre mon front,  même

 24   si le pistolet était vide.

 25   Quand nous nous sommes approchés du couloir, étant donné que la


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  1   porte d'entrée avait été démolie, j'étais face à eux et Kulic était face à

  2   moi. Il m'a dit, je ne sais pas si j'ose le dire directement devant les

  3   dames, j'espère qu'elles ne seront pas gênées, il a dit  : "Arrête de

  4   m'emmerder", et il a tiré, je pense que c'était à une distance d'environ

  5   10 centimètres de ma tête, donc cette balle est sortie par la porte

  6   d'entrée et a atterri dans la cour. Je me sentais très mal.

  7   M. Nice (interprétation). - Nous allons nous arrêter là. Il

  8   s'agissait là d'une balle,

  9   mais cette balle a-t-elle fait du bruit que vos voisins ont pu entendre,

 10   et répondez s'il vous plaît par oui ou non, si le résultat était que des

 11   témoins vous sont venus en aide ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Oui. Après cela, un homme a entendu

 13   les coups de feu. Ils ont cru que j'avais été tué par ces hommes. Et donc,

 14   cet homme est descendu de son appartement, de sa maison et il a traversé

 15   un champ pour venir chez moi, pour voir ce qu'il fallait faire, creuser

 16   une tombe ou quelque chose comme cela, ou informer quelqu'un comme les

 17   services funéraires ou quelque chose comme cela. Mais, il a été arrêté par

 18   un homme qui a pointé son fusil et qui lui a dit : "Non, vas-y, rentre à

 19   la maison, ne te mêle pas de ce qui se passe ici". Effectivement, cet

 20   homme a regagné sa maison. Il s'appelle Franjo Trogrlic.

 21   M. Nice (interprétation). - Nous allons reparler maintenant du

 22   rapport de la police. J'ai parlé du paragraphe concernant l'argent et le

 23   pistolet et ensuite, vous avez dit que vous êtes allé à la police et que

 24   vous êtes allé chercher un certificat médical. Et puis, vous êtes allé

 25   voir une sorte de Procureur "Marionnette". Il est décrit comment le jour


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  1   suivant, vous êtes allé voir Kordic et lui avait demandé de vous restituer

  2   l'argent et les biens pillés. Vous expliquez aussi comment votre porte

  3   d'entrée avait été démolie, et comment on vous avait passé à tabac, et

  4   menacé. A côté de ce rapport, il y a aussi le certificat médical, qui

  5   constitue la pièce à conviction n° 66.

  6   M. Nice (interprétation). - Le manuscrit est en serbo-croate, il

  7   est difficile de le lire. Cela provient de l'hôpital régional de Zenica,

  8   le 1er avril et il y est indiqué que vous avez été injurié par des

  9   personnes connues le 30, le mois est illisible, 1992, après avoir été

 10   passé à tabac, avec des points, des crosses de fusil, avec un manche en

 11   bois. Et puis, on parle des contusions visibles sur le corps.

 12   M. Cicak (interprétation). - Excusez-moi, mais il s'agissait du

 13   1er avril ?

 14   M. Nice (interprétation). - Oui, mais dans votre déclaration

 15   faite à la police, il est indiqué que ceci s'est produit le 1er avril,

 16   est-ce que c'est le certificat médical que vous avez

 17   remis à la police ou un autre certificat médical ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Non, il n'y en a eu qu'un seul

 19   s'agissant de mon hospitalisation.

 20   Mais ici vous avez omis de dire quelque chose, dans ce document,

 21   il s'agit d'une blessure grave au cerveau, et il parle également de

 22   plusieurs contusions et plusieurs autres blessures.

 23   M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pouvons examiner

 24   maintenant la pièce à conviction n° 64.2.

 25   Il s'agit d'un article qui a été publié avec pour titre


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  1   "M. Cicak, pillé et tabassé". Je souhaite attirer votre attention sur la

  2   deuxième feuille où se trouvera une photocopie de la photo, que nous avons

  3   vue. Et si le Tribunal garde l'original de ce document, cela peut faire

  4   partie du document 74.3. Il s'agit donc d'une décision qui reviendra aux

  5   Juges.

  6   M. le Président (interprétation). - Je pense que ce que nous

  7   avons est suffisant.

  8   M. Nice (interprétation). - Monsieur Cicak, veuillez jeter un

  9   coup d'œil sur l'original de cet article dont une petite partie a été

 10   traduite pour le moment. Essayez de trouver un passage, je pense que c'est

 11   sur la deuxième ou troisième page, où l'on vous pose une question. Et moi,

 12   je vais vous poser la question concernant l'article qui a été traduit, en

 13   français aussi.

 14   "Jusqu'à récemment, Cicak était vice-président du HDZ," c'est un

 15   résumé n'est-ce pas de la première partie.

 16   "Il était vice-président à Busovaca, même s'il affirme être

 17   toujours à ce poste parce qu'il n'y a pas encore eu de remplacement, en

 18   fonction des règlements. Il est venu dans nos bureaux pour offrir une

 19   déclaration relative à des sévices dont il a été victime le 30 mars. Il

 20   l'a fait pour nous montrer comment l'on traitait ceux qui n'étaient pas

 21   satisfaits de le teneur de la lettre qu'il a publiée." Et puis, on indique

 22   dans quel journal.

 23   Dans cet article, on vous a demandé qui avaient été les

 24   agresseurs. Vous avez dit qu'il y avait un homme, un jeune de 20 à 22 ans,

 25   un jeune délinquant de Busovaca. Vous avez dit que vous les connaissiez


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  1   tous, qu'ils étaient bien armés et bien formés. On vous a demandé si vous

  2   avez informé l'un quelconque des dirigeants du HDZ de Bosnie-Herzégovine à

  3   propos de cette attaque. Vous avez répondu : "Oui, ils m'ont fait part de

  4   leur sympathie, ils condamnaient les partis extrémistes du parti. J'ai été

  5   voir Kordic qui s'attendait à me voir repentant et non pas avec des

  6   plaintes. Il a dit qu'à la réunion de Grude, Boban lui avait reproché de

  7   ne pas avoir été capable de réduire au silence M. Cicak et ses

  8   aboiements". Et lorsqu'on vous a demandé pourquoi vous n'avez pas souhaité

  9   incriminer les agresseurs, vous avez répondu parce que ce n'était pas un

 10   Etat de droit.

 11   A la question de savoir si les voisins vous avaient protégé,

 12   vous avez répondu : "Quels voisins, ils étaient tous en train de se

 13   cacher".

 14   A la question : "Est-ce que cela veut dire que votre position

 15   n'est pas soutenue par le peuple croate dans la municipalité de Busovaca",

 16   vous avez répondu, "J'affirme que deux tiers des personnes sont du même

 17   avis que moi, mais sont terrifiées".

 18   Est-ce bien que ce que vous avez été en mesure de dire à la

 19   presse à cette époque ?

 20   M. Cicak (interprétation). - J'ai dit plus de choses que cela,

 21   mais il s'agit là d'un résumé tout à fait correct.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez participé à la

 23   vie politique de Busovaca après le 30 mars 1992 ?

 24   M. Cicak (interprétation). – Oui, non pas de façon directe mais

 25   indirecte.


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  1   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez continué à

  2   vivre où vous avez vécu auparavant ou pas ?

  3   M. Cicak (interprétation). - J'y vis encore aujourd'hui.

  4   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez participé

  5   activement aux activités

  6   du parti ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Non. Ce n'était plus un parti.

  8   M. Nice (interprétation). - Après cette attaque, et après votre

  9   rencontre avec Kordic dans son bureau, est-ce que vous avez eu des

 10   contacts directs avec lui, de nouveau, des rencontres face à face, tête-à-

 11   tête ou pas ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Non.

 13   M. Nice (interprétation). - Pendant la guerre, est-ce que vous

 14   avez servi dans une quelconque armée ? Si oui, dans laquelle et pendant

 15   combien de temps ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Etant donné que je n'étais pas trop

 17   âgé pour être susceptible d'être mobilisé, j'étais toujours en âge de

 18   combattre, le département municipal de la Défense nationale de Zenica m'a

 19   appelé, et j'ai d'abord été enregistré comme membre de la Défense

 20   territoriale et ensuite, comme membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine,

 21   qui était l'unique armée légitime.

 22   M. Nice (interprétation). - J'ai plusieurs questions à vous

 23   poser, concernant les sujets que vous avez couverts jusqu'à maintenant.

 24   Mais je suppose que nous aurons une pause dans 5minutes. En ce qui

 25   concerne ces questions-là, veuillez répondre de la manière la plus brève


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  1   possible pour clarifier certaines réponses déjà données.

  2   Tout d'abord, vous nous avez parlé des réunions des responsables

  3   du parti local. Est-ce qu'en général, ces réunions générales étaient

  4   précédées par de petites rencontres entre un petit groupe d'individus de

  5   temps en temps ?

  6   M. Cicak (interprétation). - S'il s'agissait des réunions

  7   secrètes, entre les responsables, les plus hauts responsables du parti,

  8   effectivement, ils ont eu lieu. S'il y a eu d'autres rencontres qui

  9   étaient un peu plus anodines concernant les comités municipaux, dans ce

 10   cas là, ces réunions-là, étaient communiquées au public.

 11   M. Nice (interprétation). - Avez-vous assisté aux réunions

 12   secrètes ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Oui, quelques-unes ; d'autres

 14   auxquelles je n'ai pas assisté. Il faut savoir que j'ai assisté à une

 15   centaine de réunions, je ne me souviens pas de tous les détails.

 16   M. Nice (interprétation). - Ces réunions secrètes, où ont-elles

 17   eu lieu ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Cela dépendait du caractère de la

 19   rencontre. S'il s'agissait de rencontres hautement confidentielles, elles

 20   avaient lieu dans l'église. En fait, c'est une salle au sein de l'église.

 21   Au début, nous étions dans une vieille salle dans l'église ; par la suite,

 22   dans une salle un peu plus neuve. Parfois, s'il s'agissait d'une réunion

 23   ouverte au public, c'est-à-dire dont le public était informé par la suite,

 24   ces réunions-là avaient lieu dans la salle de la municipalité de

 25   l'assemblée municipale de Busovaca.


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  1   M. Nice (interprétation). - Merci. Pendant ces réunions, est-ce

  2   que l'on hissait parfois les drapeaux ou un drapeau ?

  3   M. Cicak (interprétation). - Comme un symbole ?

  4   M. Nice (interprétation). - Oui.

  5   M. Cicak (interprétation). - Pour moi, c'est une question

  6   difficile. En ce qui concerne les manifestations, à chaque fois, on

  7   hissait les drapeaux, mais à ce moment-là, je ne peux pas me souvenir si

  8   même pendant des réunions de travail, où seulement trois ou quatre

  9   personnes se réunissaient ou tout au plus six personnes, si les drapeaux

 10   étaient hissés ou s'ils étaient déjà sur place. A chaque fois qu'il y

 11   avait une manifestation importante, les drapeaux croates étaient hissés.

 12   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne l'hymne national,

 13   est-ce qu'on faisait écouter les hymnes nationaux ? Si oui, lesquels ou

 14   lequel ?

 15   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne ce point, je ne

 16   peux pas vous le dire, je ne sais pas s'il y a eu des musiciens capables

 17   de jouer dans ce village. Mais quant aux chants, effectivement on chantait

 18   l'hymne national croate, notre belle patrie.

 19   M. Nice (interprétation). - Finalement, dites-nous quelque chose

 20   à propos des salutations ou bien des saluts employés au cours de ces

 21   réunions. Si oui, montrez-nous lesquels.

 22   M. Cicak (interprétation). - Oui. Il s'agissait d'un salut lié à

 23   l'époque fasciste de l'Etat indépendant croate. Mais j'ai besoin d'un

 24   partenaire parce que s'est constitué de deux parties. Voulez-vous que je

 25   vous indique les deux parties ?


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  1   M. Nice (interprétation). -  Oui, s'il vous plaît.

  2   M. Cicak (interprétation). - D'abord, on lève la main, et on dit:

  3   "Za dom", ce qui veut dire pour la patrie. L'autre doit répondre:

  4   "Spremni", donc "Za dom Spremni", pour la patrie, prêt.  C'était le

  5   salut que nous avons employé.

  6   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce salut à l'époque avait

  7   un lien concret avec la Bosnie-Herzégovine ?

  8   M. Cicak (interprétation). - Absolument pas. Cela ne concernait

  9   absolument pas la Bosnie-Herzégovine, tout ce qui concernait le fascisme

 10   et l'Etat Oustachi est lié à la deuxième guerre mondiale et n'a aucun lien

 11   avec la Bosnie-Herzégovine, sauf que les citoyens de la Bosnie-Herzégovine

 12   étaient employés comme des cibles les plus horribles.

 13   M. Nice (interprétation). - Nous avons mentionné des unités

 14   paramilitaires. Est-ce que des unités spéciales, locales, ou des unités

 15   paramilitaires locales existaient ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Oui, une organisation paramilitaire

 17   locale a été créée à Busovaca. Je considérais que ceci a été une

 18   organisation qui suivait le modèle des organisations fascistes allemandes

 19   ou bien Oustachi. Leur but était de calmer ceux qui désobéissaient et

 20   donnaient des exemples aux autres. Le but était de démilitariser et, par

 21   la suite, de rendre fasciste l'ensemble du parti.

 22   M. Nice (interprétation). - Qui a eu l'idée de créer cette unité

 23   ou ce genre d'unité ?

 24   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne la création de

 25   ces unités, l'idée est


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  1   venue de Zagreb. C'est M. Mate Boban qui l'a mise en oeuvre. Cependant,

  2   celui qui était le plus en faveur de cette idée, et le plus bruyamment, de

  3   ces unités-là en Bosnie-Herzégovine était M. Bozo Rajic. Il nous a dit

  4   cela. Nous avons eu l'occasion de nous en rendre compte à Kupres. Il avait

  5   des unités et maltraitait les villages serbes, croates et musulmans dans

  6   la région. Il maltraitait les personnes qui désobéissaient. Il considérait

  7   qu'il avait rendu en grand service au parti du HDZ et il recommandait de

  8   faire la même chose à Busovaca. A Busovaca, lorsque les armements sont

  9   arrivés, un tel groupe a été créé. Ils ont été bien entraînés et moi, j'ai

 10   ressenti les résultats de tout cela sur mon propre dos.

 11   M. Nice (interprétation). - Lorsque vous dites que c'est Rajic

 12   qui a recommandé cela, à qui a-t-il recommandé cela à Busovaca ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Rajic venait souvent assister à nos

 14   réunions. J'étais moi-même étonné, je me disais qu'il n'était pas normal

 15   qu'un simple employé des assurances sociales se rende à nos réunions. Je

 16   pouvais comprendre que M. Boban vienne assister à des réunions étant donné

 17   qu'il transmettait les idées de Tudjman en Bosnie-Herzégovine, mais Bozo

 18   Rajic, quant à lui, n'avait aucun lien avec le HDZ. C'était un employé

 19   municipal, mais c'était un membre du parti. Il devenait de plus en plus

 20   fort. Il était énergique, même agressive, quand il intervenait. Le

 21   résultat était la création de ces formations paramilitaires à Kupres.

 22   M. le Président (interprétation). - Il s'agit d'un moment

 23   approprié. Nous allons faire une pause de 20 minutes. Avant de cela, je

 24   souhaite que l'on parle de nos travaux pour cette semaine.

 25   Nous travaillons lundi, mardi, mercredi, jeudi. Vendredi est une


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  1   journée fériée, nous n'allons pas travailler. En ce qui concerne jeudi,

  2   nous serons obligés de terminer à 12 heures 30, étant donné que des

  3   membres de cette Chambre de première instance auront une autre audience,

  4   dans l'après-midi, qui commence à 2 heures.

  5               La séance, suspendue à 11 heures 20,

  6               est reprise à 11 heures 40.

  7   M. le Président (interprétation). – Maître Nice, parlons de la

  8   formation des unités spéciales ou paramilitaires ? Vous en avez parlé. Qui

  9   s'occupait de ces formations ? Qui les organisait ?

 10   M. Cicak (interprétation). - A Busovaca, l'entraînement spécial

 11   à l'intention des formations militaires, auprès du HDZ, était organisé par

 12   les instructeurs du pays et dans les montagnes très éloignées, dans les

 13   endroits où le bétail descendait pour boire de l'eau, donc tout fait dans

 14   les hauteurs, sur les plateaux. C'est là que nous avions expérimenté en

 15   quelque sorte toutes les sortes d'armes. Souvent, les jeunes hommes

 16   avaient l'occasion de prendre en main des Kalachnikov ou des M17

 17   américains ou encore des lance-roquettes et des grenades, etc.

 18   M. Nice (interprétation). – Mais qui organisait la formation,

 19   qui s'en chargeait ?

 20   M. Cicak (interprétation). - L'entraînement a été organisé par

 21   le comité municipal du HDZ. Monsieur Ante Slikovic et Franjo Slikovic,

 22   Igor Krusaca en étaient chargés.

 23   M. Nice (interprétation). - Lorsque la décision a été prise

 24   d'instaurer de telles formations, étiez-vous présent au moment où une

 25   telle décision fut prise ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - J'étais présent à toutes les

  2   réunions lors desquelles on adoptait un certain nombre de décisions. Je

  3   dirais même, je ne peux pas me souvenir quelles étaient les dates, que dès

  4   que les premières armes sont arrivées, lesquelles pouvaient être utilisées

  5   aux fins de guerre, il fallait que les gens qui manipulaient ces armes

  6   soient également au courant, qu'ils aient certaines connaissances et

  7   qu'ils soient expérimentés. Or ce n'était pas toujours suffisant et c'est

  8   pourquoi on les a également formés même en dehors de notre endroit.

  9   M. Nice (interprétation). – Est-ce que quelqu'un a donné pour

 10   instruction à Sliskovic de se charger de la 

 11   formation ou quelqu’un d’autre a-t-il donné

 12   des instruction à cet homme ?

 13   M. Cicak (interprétation). - C'était le Comité exécutif du HDZ

 14   de la municipalité de Busovaca.

 15   M. Nice (interprétation). - Qui était le responsable de

 16   Sliskovic ? A qui Sliskovic devait-il rendre des comptes ?

 17   M. Cicak (interprétation). - Si on revient quelque peu en

 18   arrière, je pense que c'est dès le 16 août, ou une autre date, on avait

 19   étudié ce document hier. Monsieur Kordic avait des autorisations

 20   militaires, politiques très importantes, et civiques également. C'est donc

 21   lui seul qui aurait pu donner des ordres à Sliskovic quant à ce qu'il

 22   allait faire, à quel endroit il allait entreprendre cet entraînement,

 23   quelles armes il allait utiliser. C'est donc lui qui aurait dû donner ces

 24   ordres.

 25   M. Nice (interprétation). – Je vous remercie. Avant de passer au


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  1   chapitre suivant, qui sera bref, j'avais dit aux Juges que je donnerais la

  2   signification du sigle KOS. C'est un service de contre-renseignement ou de

  3   contre-espionnage pour l'ex-Yougoslavie. Je pense avoir bien compris la

  4   signification. Je dispose du terme en BCS, mais je suppose que c'est le

  5   français ou l'anglais qui vous intéresse. Si je me trompe, dites-le mois

  6   et j'apporterai la correction.

  7   Je n'ai pas oublié que je devais vous fournir une liste

  8   supplémentaire des personnages de la Dramatis* personnel supplémentaire

  9   qui vous a été fournie au moment de l'ouverture du procès. Il y a une

 10   liste d'abréviations que je pourrais retirer à votre intention, si vous

 11   trouver une telle liste utile.

 12   M. le Président (interprétation). – Vous aviez promis un

 13   glossaire. Un tel glossaire serait, effectivement, très utile. 

 14   M. Nice (interprétation). – Le plus tôt serait le mieux, je m'en

 15   doute.

 16   Nous avons déjà abordé quelque peu le sujet suivant, il s'agit

 17   des unités du HOS. Vous avez parlé de la mort de Kraljevic. Je ne sais pas

 18   si vous êtes revenu sur un point

 19   particulier. Après la mort de Kraljevic, qu'est il advenu des hommes qui

 20   se trouvaient auparavant dans le HOS ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Je pense que c'est une question qui

 22   est quelque peu à l'écart. J'aimerais tout simplement dire quelque chose

 23   au sujet de l'entraînement des membres du HDZ qui a été organisé sur les

 24   plateaux, si vous considérez que c'est utile. Si vous pensez que ce n'est

 25   pas utile, nous pouvons passer à une autre question.


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  1   M. Nice (interprétation). – Ce sont les Juges qui vont décider.

  2   M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, je crois

  3   qu'il serait préférable de vous en tenir à la question posée par le

  4   Procureur qui a bien son idée sur la question qu'il veut vous poser.

  5   M. Nice (interprétation). - Que s'est-il passé pour ces hommes,

  6   après la mort de Kraljevic ? Ont-ils rallié d'autres groupes ? Que s'est-

  7   il passé pour eux ?

  8   M. Cicak (interprétation). – Au moment où Kraljevic a été tué,

  9   son suppléant, je pense qu'il s'appelait Ante Prkacin, a désintégré toutes

 10   les formations du HOS. Certains se sont ralliés au HVO, ceux qui le

 11   souhaitaient. D'autres se sont enfuis. D'autres ont été tués parce qu'ils

 12   ne souhaitaient pas rejoindre d'autres formations. Anto Prkacin est la

 13   dernière personne qui, en Bosnie-Herzégovine, avait désintégré ces

 14   formations de Kraljevic.

 15   M. Nice (interprétation). - Je vous remercie. Deux questions à

 16   propos de trafic d'armes ou de vente d'armes. Vous en avez déjà parlé sur

 17   ce territoire. Qui était la personne qui, de façon principale, était

 18   responsable ? Pour autant qu'il y ait eu un seul responsable, qui aurait

 19   été cette personne en matière de vente et de trafic d'armes ?

 20   M. Cicak (interprétation). - La personne responsable, en ce qui

 21   concerne les armes, c'était M. Dario Kordic. On ne pouvait absolument rien

 22   faire sans qu'il soit au courant. C'était la personne qui prenait les

 23   décisions concernant tout ce qui se passait, qu'il s'agisse d'une chose

 24   importante ou pas. Il y avait des canaux différents par lesquels on

 25   passait pour


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  1   emmener les armes pour les emmener sur le terrain dans la vallée de la

  2   Lasva. Il y avait un canal qui passait par l'Herzégovine, par Pavlovica,

  3   la montagne de Pavlovica et qui descendait jusqu'à la vallée de la Lasva.

  4   L'autre provenait directement de la Croatie.

  5   M. Nice (interprétation). - Financièrement, qui a le plus

  6   profité et bénéficié de la vente d'armes dans cette localité ?

  7   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne le profit du

  8   point du financier, deux personnes ont pu véritablement s'enrichir

  9   personnellement : l'un est professeur, appelé Klempo, à Travnik. Je ne

 10   sais d'ailleurs pas comment les traducteurs vont se débrouiller. Il avait

 11   des oreilles comme des éléphants, décollées. C'est de la vente des armes

 12   qu'il a gardé l'argent. Il y avait un autre homme qui pratiquement

 13   profitait de tout cet argent-là, c'est Dario Kordic. Il fallait lui donner

 14   de l'argent. Après, je ne sais pas ce qu'il en faisait. Je ne connais pas

 15   le sort de cet argent.

 16   M. Nice (interprétation). - Vous avez parlé des mouvements des

 17   Serbes du fait qu'ils devaient payer s'ils voulaient avoir le libre

 18   passage. Quel prix devaient-ils payer pour obtenir le passage ?

 19   M. Cicak (interprétation). – Oui, c'est quelque chose qui était

 20   vraiment surprenant parce que personne ne pouvait s'attendre à ce que

 21   quelqu'un qui soit Croate puisse véritablement participer à une tâche

 22   aussi sale.

 23   C'est avec M. Radovan Karadzic qui l'avait participé, organisé

 24   le pont pour transférer tous ceux qui voulaient quitter ce secteur depuis

 25   Zenica et toute la Bosnie centrale, tous ceux qui voulaient quitter la


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  1   bosse Bosnie-Herzégovine pouvaient donc pratiquer ce passage. Ceux qui

  2   nous ne voulaient pas rejoindre les formations paramilitaires ou pour des

  3   raisons économiques, ou tout simplement fuir la guerre. Les raisons

  4   étaient différentes.

  5   Il est un fait que les convois de Zenica partaient également de

  6   Busovaca, ensuite c'est Dario Kordic qui les acheminait vers les

  7   territoires serbes, jusqu'à Kobiljaca. C'est là où il

  8   remettait jusqu'aux autorités serbes, et par personne, il fallait payer

  9   500 Deutsche Marks et même un peu plus, cela dépendait de ce que l'on

 10   avait, on donnait même 1 000 Marks par personne pour fuir ce secteur,

 11   ce terrain.

 12   Il n'est pas important qu'il s'agisse des Musulmans, des

 13   Croates, peu importe. Tous ceux qui voulaient partir de ce terrain

 14   pouvaient partir grâce à ce qu'ils payaient.

 15   M. Nice (interprétation). - Précédemment, vous vouliez nous

 16   parler de certaines ressources en Bosnie centrale. J'avais promis de

 17   revenir à cette question. Pour dresser un tableau plus complet de cette

 18   localité, pourriez-vous dire ceci, s'agissant de Vitez, y avait-il une

 19   usine liée à l'effort de guerre ? Qu'en était-il ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Toute la vallée de la Lasva,

 21   jusqu'à Bugojno en passant par les petits villages, c'étaient de tous

 22   petits villages avant la guerre qui n'avaient aucune importance, après la

 23   deuxième guerre mondiale.

 24   A Vitez, il y avait cette usine d'explosifs qui avait été créée

 25   à Novi Travnik, l'usine de Novi Travnik à Travnik, l'usine de vêtements,


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  1   d'uniformes, de linge militaire. A Bugojno, une usine de toutes les pièces

  2   détachées pour les armes. A Vitez, la fabrication principale était la

  3   fabrication des explosifs et c'est là où il y avait de très grandes

  4   quantités d'armes. Puis le HVO, et les unités croates voulaient garder ces

  5   stocks pour pouvoir en profiter au cours de la guerre. Voilà.

  6   M. Nice (interprétation). - Bien sûr, à Novi Travnik, il y avait

  7   une usine d'armement que nous connaissons déjà. A Busovaca, y avait-il

  8   quoi que ce soit qui était important dans le cadre de l'effort de guerre ?

  9   M. Cicak (interprétation). - C'était très intéressant, il y

 10   avait des donc des autorités officielles qui agissaient en Bosnie-

 11   Herzégovine, qui ont été pratiquement suspendues par Dario Kordic. Lui

 12   s'est réservé le droit de bloquer une route quelconque,

 13   quelle que soit la route. Il pouvait donc couper la route

 14   sans demander à que ce soit l'autorisation, la permission.

 15   C'est sur sa propre initiative qu'il le faisait. La raison,

 16   soi-disant, était que l'armée yougoslave, la JNA, ne retire pas les armes

 17   de Novi Travnik. Ce qui n'était pas vrai, une absurdité.

 18   Tout ce qui avait une certaine valeur dans toutes les usines, il

 19   les avait évacués bien avant. C'était une manifestation de la force, sans

 20   aucune autorisation, sans fondement juridique légal. C'est comme si un

 21   groupe de personnes, par exemple ici, se mettait quelque part sur la

 22   route, la bloque et dise qu'on ne peut plus avancer.

 23   M. Nice (interprétation). - Permettez-moi de vous interrompe. Y

 24   avait-il des entrepôts, des usines ou du moins un potentiel qui aurait pu

 25   être important dans le cadre de Busovaca ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - A Busovaca, il avait des entrepôts

  2   importants militaires, un à Kaonik et un autre à Busovaca. Il s'agissait

  3   des pièces détachées pour l'industrie aéronautique. Il y avait notamment

  4   ces pièces détachées pour Sarajevo où se trouvait un aéroport. Il y avait

  5   à Kaonik également des entrepôts et des munitions, des pièces détachées.

  6   L'armée a pratiquement tout pris, bien à temps, il n'y avait pas beaucoup

  7   de choses qui restaient.

  8   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on entreposait le pétrole

  9   ou l'essence en vrac dans la région ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Dans l'entrepôt, au-dessus de

 11   Busovaca, oui.

 12   M. Nice (interprétation). - Je vous remercie.

 13   Il y a trois pièces que j'aurais pu aborder dans l'ordre

 14   chronologique des pièces que nous avons déjà examinées. Je vais essayer de

 15   combler ces lacunes en vous présentant ces documents même s'ils ne sont

 16   pas dans l'ordre. Il y a d'abord la pièce 2701...

 17   Dites-nous simplement, de façon plus ou moins précise, à quel

 18   moment cette photographie a été prise, où elle fut prise et qui on voit

 19   sur cette photographie ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Eh bien à gauche, le premier à

 21   gauche, c'est Bruno Susnja, au milieu Dario Kordic, à droite Dragutin

 22   Zvoni Vercicak.

 23   La photographie a été prise le 21 mars 1991 à Mostar. Lors de la

 24   conférence convention du HDZ. Vous savez ce qu'est la convention, c'est un

 25   congrès, une conférence que nous avons tenu à Mostar.


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  1   M. Nice (interprétation). - Je vois.

  2   M. Cicak (interprétation). - Je pense que vous reconnaissez les

  3   personnes.

  4   M. Nice (interprétation). - Veuillez nous parler davantage de

  5   cet homme dénommé Susnja. Avait-il un rôle ou une fonction particulière au

  6   moment qui nous intéresse ?

  7   M. Cicak (interprétation). - A cette époque-là, il n'occupait

  8   pas un poste très important. Au contraire, M. Bruno Susnja était

  9   enseignant et travaillait à l'école. C'est quelqu'un de sympathique.

 10   M. Nice (interprétation). - Est-ce que par la suite il s'est

 11   engagé dans d'autres activités, dans le cadre de l'effort de guerre ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Oui, tout à fait. Il est devenu

 13   très actif. Mais dans une activité assez... Je dirai désobligeant, parce

 14   que c'est lui qui livrait les armes. C'est lui qui s'est occupé de

 15   chercher les armes et d'apporter une grande quantité d'armes pour servir

 16   ensuite à tuer les gens.

 17   M. Nice (interprétation). - Vous avez dit que cette réunion a eu

 18   lieu le 21 mars. Les Juges remarqueront que la date est quelque peu

 19   différente dans notre chronologie. Cette réunion s'est-elle tenue le

 20   21 mars simplement ou s'est-elle poursuivie sur plusieurs jours ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas. C'est une

 22   photographie qui a été faite le 21 mars. J'étais le premier jour du

 23   printemps et c'est pour cela que j'en ai gardé le souvenir.

 24   M. Nice (interprétation). - A l'occasion de cette convention,

 25   Kljujic a été confirmé dans ce poste de président du parti. Kordic a-t-il


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  1   abordé ce sujet avec vous ?

  2   M. Cicak (interprétation). - Il ne m'a rien dit. C'était un

  3   député comme tous autres, comme nous autres. A ce moment-là, c'est

  4   M. Boban qui était très actif avec un groupe de Herzégovins qui avaient

  5   créé une ambiance toute spéciale. La convention n'était pas organisée

  6   selon eux comme il le fallait. Nous nous étions étonnés car nous

  7   considérions qu'on avait bien organisé ce congrès. Par conséquent, nous

  8   avons pensé que le HDZ de Bosnie-Herzégovine allait s'organiser de la même

  9   façon au niveau de Bosnie-Herzégovine. Quand nous sommes arrivés au

 10   congrès, nous avons vu qu'il y avait les deux courants, le conflit entre

 11   les deux courants : il y avait ce courant herzégovin autour de

 12   Stjepan Kljujic, c'était l'autre courant, celui de Sarajevo. Nous ne nous

 13   sommes pas mêlés dans ce conflit.

 14   M. Nice (interprétation). - Merci, la pièce suivante qui porte

 15   la référence Z.13, qui ne se trouve pas dans les documents de base.

 16   Vous disposez de l'original, il se peut que vous n'ayez pas

 17   récemment examiné ce document, mais je demanderai votre aide pour ce

 18   document du 27 août 1991. Document adressé aux comités municipaux de

 19   l'Union démocratique croate, le sujet étant les instructions.

 20   Si l'on voit le bas de l'original, ainsi que la version

 21   dactylographiée en anglais, on voit un cachet, un tampon, mais aussi une

 22   seule signature, celle d'Ignajc Kostroman.

 23   Après le salut adressé, à savoir Dieu et les Croates, pour ce

 24   qui est du corps du document, on trouve au premier paragraphe un

 25   commentaire sur l'agression serbe et sur la politique expansionniste des


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  1   Serbes. On dit qu'on se trouve à un moment charnière, à un carrefour dans

  2   l'histoire.

  3   Dans le deuxième paragraphe, on dit que la présidence du HDZ de

  4   Bosnie-Herzégovine, lors d'une session tenue le 26 août 1991, a pris la

  5   décision d'imposer l'état d'urgence, ce qui nécessite une alerte 24 heures

  6   sur 24, ainsi qu'un devoir de prestation. Et qu'il y aura un système

  7   unifié de défense à partir des structures régionales. On a aussi un

  8   paragraphe 4 consacré aux communications.

  9   Etiez-vous au courant de ces instructions fournies par écrit par

 10   M. Kostroman ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Oui. Je le connaissais

 12   personnellement. Et je savais bien évidemment qu'on avait parlé de ceci,

 13   vu la nouvelle situation. Mais malheureusement, on n'a pas parlé du

 14   secrétaire général du HDZ de Bosnie-Herzégovine à cette époque-là, et ce

 15   qui m'avait surpris, ainsi que quelques autres personnes également, c'est

 16   qu'un document aussi important ait été signé par un employé tout simple,

 17   par un employé administratif de la municipalité. A ce moment-là,

 18   évidemment, on a pas fait attention à la signature, même si nous avons

 19   considéré que ce n'était pas très habituel. L'important pour nous, c'était

 20   de voir ce qu'il était important de faire au niveau du HDZ de Bosnie-

 21   Herzégovine, au niveau de notre municipalité, ceci pour se préparer pour

 22   l'état d'urgence.

 23   Ignajc Kostroman n'avait pas le droit de signer ce document, et

 24   encore moins de le distribuer. Mais à ce moment-là, je dois le dire, nous

 25   n'avons pas prêté attention à cela.


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  1   M. Nice (interprétation). – On remarque, au deuxième alinéa du

  2   premier paragraphe ce passage-ci : "La politique globale du HDZ révèle la

  3   perfidie de cette politique pratiquée dans notre pays et à l'étranger, de

  4   telle sorte que chaque jour, le peuple croate comprendra mieux quelle est

  5   son aspiration historique et pourra mieux la réaliser, lui qui veut vivre

  6   dans un Etat qui est le sien. Nous sommes à un carrefour historique et

  7   nous ne pouvons pas faire la moindre faute qui nous jetterait entre les

  8   mains de cet Etat de la grande Serbie qui deviendrait un abattoir pour le

  9   peuple croate".

 10   Est-ce l'expression, quand on dit que les gens voulaient vivre

 11   en République de Croatie comme étant dans un Etat qui leur appartenait,

 12   était-ce bien le sentiment que partageaient les gens en août 1991 ?

 13   M. Cicak (interprétation). – Non. Ceci n'a pas été transmis de

 14   manière tout à fait justifiée. Vous avez dit que…, mais il y avait

 15   140 employés du HDZ qui se sont réunis. Ce n'était pas le peuple croate,

 16   mais il y avait des employés municipaux qui s'étaient réunis ici

 17   également. On dit également qu'il y a cette aspiration de rattacher à la

 18   Croatie. Les Croates de Bosnie aspiraient à être rattaché à la Croatie.

 19   Mais ici, il ne s'agit pas de dire que les Croates de Bosnie voulait se

 20   rattacher à la Croatie. C'est Ignajc Kostroman, car personne, aucun

 21   Croate, n'avait déclaré qu'il souhaitait se rattacher à la République de

 22   Croatie. Tous, même si le HDZ était contre, avaient voté pour la Bosnie

 23   indivisible lors du référendum.

 24   M. Nice (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur.

 25   Troisième pièce que j'aimerais soumettre maintenant, alors que j'aurais dû


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  1   la soumettre plutôt, porte la référence 27, page 5727 du compte rendu. Je

  2   ne pense pas que nous ayons déjà examiné ce document.

  3   Le témoin a cette décision sous les yeux, décision à laquelle il

  4   va peut-être faire référence dans le cadre de sa déposition. Monsieur,

  5   vous avez sous les yeux une décision datée du 18 novembre 1991, décision

  6   prise à Grude, visant à l'établissement de la communauté croate d'Herceg-

  7   Bosna. En l'espace de neuf articles sont précisées certaines choses.

  8   A l'article 2, composition de la Communauté par l'énumération

  9   des municipalités.

 10   A l'article 3, il est dit que le Siège de la communauté sera

 11   Mostar.

 12   Au point 4, elle autorise que d'autres municipalités viennent

 13   rejoindre les premières.

 14   A l'article 5, il est précisé que la communauté va respecter le

 15   gouvernement démocratiquement élu de la République de Bosnie-Herzégovine

 16   tant que cette Bosnie-Herzégovine reste un Etat indépendant face à l'ex-

 17   Yougoslavie ou à la Yougoslavie à venir.

 18   Article 6, respect des règlements internationaux qui constituent

 19   la base des rapports civilisés de la société.

 20   Article 7 : il est dit que l'autorité suprême sera la présidence

 21   dans la communauté et que les représentants les plus élevés seront

 22   les représentants du peuple croate dans les municipalités où

 23   dans les présidents des comités municipaux et que la présidence 

 24   élira le président, deux vice-président, un secrétaire.

 25   On dit que l’organisation et le fonctionnement de cette


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  1   entité sera régie par ces statuts et que la décision entre

  2   immédiatement en vigueur. Ceci est précisé à l'article 9.

  3   Légère omission au niveau de la photocopie du document pour ce

  4   qui est de la référence. Vous trouverez à la page 5756 toutes les

  5   références. Je ne suis pas tout à fait sûr de l'analyse de la signature

  6   qui est apposée au bas de cette décision. Je pourrais régler cette

  7   question avant 14 heures.

  8   Pourriez-vous cependant nous aider sur ceci, Monsieur Cicak.

  9   Avez-vous été informé de cette décision, au moment où elle avait été

 10   planifiée, préparée ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Je savais, en ce qui concerne la

 12   décision, qu'on avait planifié de la porter. Mais le jour où elle a été

 13   arrêtée, seul Kordic était au courant. Cette décision a été arrêtée tout à

 14   fait en secret car c'était quand même un peu inhabituel. En effet, à

 15   partir du moment où l'on prend une décision qui concerne tout le peuple

 16   croate, il ne fallait pas que celle-ci reste secrète. En ce qui concerne

 17   l'établissement de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et la réponse à une

 18   question portant sur les entités créées par le peuple serbe, par les

 19   Serbes qui ont créé leur zone autonome, c'est de cette manière-là que les

 20   Serbes ont pratiquement créé leurs propres entités. Ce qu'ils

 21   souhaitaient, ils y sont parvenus. Cette décision que nous voyons est un

 22   acte politique.

 23   On peut donc conclure qu'actuellement, les Croates, les Croates

 24   de Bosnie voulaient tout simplement faire connaître à toutes les

 25   communautés socio-politiques, donc également à Krajina, Saho Krajina, les


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  1   régions serbes, ce qu'ils vont faire de leur côté. Ils ont donc énuméré

  2   certaines municipalités, mais la communauté croate d'Herceg-Bosna se

  3   composait de 33 villages, tous petits. Ici, on a parlé de quelques

  4   villages, mais je pense que ces 32 plus Zepce, la municipalité de Zepce.

  5   M. Nice (interprétation). – Merci. Nous passons de cette pièce à

  6   trois points généraux, et nous poserons des questions plus précises

  7   concernant le premier accusé.

  8   Avant la guerre, et avant le développement de ce parti

  9   politique, quels étaient les degrés de sensibilité ethnique, en Bosnie

 10   centrale ? Dans quelle mesure les gens se demandaient-ils si les gens,

 11   leurs voisins, les commerçants étaient de leur groupe ethnique ou d'un

 12   groupe ethnique différent  ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Est-ce que vous pensez à la Bosnie-

 14   Herzégovine ou tout simplement à la vallée de la Lasva  ?

 15   M. Nice (interprétation). - Là où, vous, vous habitiez, une

 16   région que vous connaissiez bien pour la vivre au quotidien.

 17   M. Cicak (interprétation). - Voilà, comment c'était. En ce qui

 18   concerne cette région où j'habitais, où M. Kordic opérait est un

 19   territoire qui était mixte du point de vue population. Il y avait des

 20   Serbes, des Croates et puis des Bosniaques. Nous n'avons jamais

 21   auparavant… Je dirai que pendant 10 ans, 50 ans, 70 ans même, on n'a

 22   jamais entendu dire qu'il y avait des disputes entre les Serbes et les

 23   Musulmans, entre les Croates et les Serbes, les Croates et les Musulmans,

 24   etc, c'est un peuple qui absolument vivait dans une communauté mixte

 25   indépendamment des professions et des vocations qu'ils avaient. Ce que je


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  1   dois véritablement vous dire, Monsieur le Président et Messieurs les

  2   Juges, c'est que M. Dario Kordic est le premier homme qui a réussi dans la

  3   vallée de la Lasva à mettre en conflit les Serbes, les Croates et les

  4   Bosniaques. C'est vraiment la première personne qui a réussi. Auparavant,

  5   personne ne l'a réussi pendant 70 ans, je dirai même cent ans.

  6   M. Nice (interprétation). - Au cours des événements qui allaient

  7   suivre et qui avaient commencés en 1991, les discours de Franjo Tudjman,

  8   ses discours et publications, quel effet, pour autant qu'il y en ait eu

  9   un, ses discours et publications ont-ils eu sur la région et les Croates

 10   dans la région où vous viviez ?

 11   M. Cicak (interprétation). – En ce qui concerne les discours et

 12   des publications, tout ce qui provenait du HDZ de la Croatie, ont été

 13   acceptés par le HDZ de Bosnie-

 14   Herzégovine. C'était une littérature qui était une littérature de base, on

 15   étudiait le mouvement à partir de ces ouvrages de base. Le programme du

 16   HDZ de Bosnie-Herzégovine a été pratiquement repris, donc le HDZ de la

 17   Croatie et le HDZ de la Bosnie-Herzégovine avaient pratiquement le même

 18   programme. Ce qui venait de Zagreb était en quelque sorte quelque chose de

 19   sacro-saint pour l'action des Croates de Bosnie, exception faite de ce qui

 20   s'est passé au moment où m. Klujic avait tout simplement  dit qu'il ne

 21   voulait plus obéir à Zagreb.

 22   M. Bennouna. - Pour la Chambre, pour pouvoir suivre le

 23   témoignage, j'ai besoin d'une précision : vous avez demandé au témoin s'il

 24   y avait des conflits ou des disputes de caractère ethnique. Il a répondu

 25   que tout Serbe, Croate, Bosniaque, pendant des décennies, vivait dans une


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  1   entente parfaite.

  2   Est-ce que cela signifie que ces communautés serbe, croate, que

  3   les Serbes, Croates, Bosniaques pouvaient faire partie, participer à des

  4   partis politiques ensemble, ou ils étaient quand même, ils avaient des

  5   opinions politiques en fonction de leur appartenance ethnique ? Parce que

  6   c'est cette précision-là qui nous permettra de suivre la réponse. Est-ce

  7   que cela veut dire qu'ils pouvaient participer au même parti politique

  8   tout en étant d'origine ethnique différente. L'expérience du témoin lui-

  9   même… Est-ce que dans le parti auquel il participait, il n’y avait que des

 10   Croates ou pouvait-il y avoir des personnes d'ethnies différentes ? Voilà

 11   ma question, ce complément d'informations nécessaire pour suivre le

 12   témoignage.

 13   M. Nice (interprétation). - Je crois que le témoin, dans une

 14   certaine mesure, a évoqué cette question. Mais je vais m'étendre là-

 15   dessus. Vous avez expliqué, Monsieur Cicak, aux Juges, la semaine

 16   dernière, comment au cours de l'ère communiste, il n'y avait qu'un seul

 17   parti politique par le biais duquel les gens pouvaient fonctionner. Et

 18   c'est la libération des partis, qui, dans une certaine mesure, a permis

 19   que se tracent des lignes de séparation ethnique entre les partis.

 20   Mais revenons à cette ère communiste : en tout premier lieu, il

 21   était juste de dire qu'il n'y avait pratiquement qu'un parti qui

 22   permettait l'activité politique des gens.

 23   M. Cicak (interprétation). - Il y avait un seul parti qui était

 24   le plus important, c'était le parti communiste qui s'est transformé en

 25   ligue communiste par la suite. Au sein de ce parti, on ne tenait


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  1   absolument pas compte du groupe ethnique. C'était, par conséquent, en

  2   quelque sorte, en dehors de question de parler de l'ethnie, mais plutôt

  3   des couches sociales, il y avait des agriculteurs, des intellectuels,

  4   etc..

  5   M. Nice (interprétation). -  En fait, dans votre région, est-ce

  6   que les trois grands groupes ethniques étaient représentés dans la ligue

  7   des communistes au sein du parti communiste, ou est-ce qu'il y avait peut-

  8   être un penchant qui tendait à s'écarter d'un groupe ethnique ou à s'en

  9   rapprocher du fait de la représentation de ce groupe ethnique dans

 10   l'ensemble de la population ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Si on observe l'ensemble du

 12   territoire de l'ex-Yougoslavie, à ce moment là, la représentation au parti

 13   communiste, ou bien par la suite à la ligue des communistes, était en

 14   fonction de la composition nationale. Si c'était en Macédoine, c'était en

 15   majorité des Macédoniens, en Slovénie également, c'était en majorité des

 16   Slovènes, et les Croates étaient les moins représentés au parti

 17   communistes. La majorité du point de vue groupes ethniques, c'était les

 18   Serbes, les Serbes qui prenaient les fonctions les plus importantes en ex-

 19   Yougoslavie, pendant le régime de Josip Tito, ce qui a provoqué, bien

 20   évidemment, des protestations au sein de la ligue des communistes.

 21   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne votre région, là

 22   où vous habitiez, pensez-vous qu'il y avait peut-être, numériquement, le

 23   fait que les Serbes étaient privilégiés par rapport aux Croates ou était-

 24   ce différent ?

 25   M. Cicak (interprétation). - Au niveau local, si on parle de la


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  1   vallée de la Lasva, la composition était totalement différente. Beaucoup

  2   de Serbes étaient des officiers arrivés de

  3   régions différentes. C'était des soldats chargés de diverses activités au

  4   sein des usines. Il y avait également beaucoup de Croates, d'agriculteurs,

  5   un bon nombre de Bosniaques. On peut dire que cette composition était

  6   mixte avec un peu plus de Serbes qui étaient un peu plus nombreux. Ils

  7   étaient membres également du parti communiste. Mais, comme je l'ai dit, il

  8   y avait beaucoup d'officiers, beaucoup de soldats également, qui étaient

  9   des soldats de carrière, qui étaient chargés d'explosifs, de technique.

 10   Ils étaient expérimentés en matière. Ils ont été recrutés dans des régions

 11   différentes. Par conséquent, c'est comme cela qu'ils se sont retrouvés

 12   dans notre vallée.

 13   M. Nice (interprétation). – Dernière question sur ce sujet :

 14   nous en sommes toujours à l'organisation locale du parti. Entre les

 15   Croates et Bosniaques ou Musulmans, y avait-il, si vous voulez, un groupe

 16   qui était plus privilégié, qui avait plus de poids qu'un autre ?

 17   M. Cicak (interprétation). – Non. Je me dois de vous dire qu'il

 18   y avait un équilibre. Il y avait un équilibre entre les trois groupes

 19   ethniques, entre les Serbes, les Croates et les Bosniaques. A cette

 20   époque-là, on les appelait Musulmans. Il y avait même des mariages mixtes

 21   entre les représentants de ces groupes ethniques différents. Sur le plan

 22   de la collaboration générale, elle était très bonne. Les gens commerçaient

 23   entre eux, puis achetaient les biens, la terre, travaillaient dans la

 24   forêt. Non, je dois dire qu'il y avait une cohabitation entre les

 25   Musulmans, les Croates et les Serbes qui se déroulait normalement, sans


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  1   problème.

  2   M. Nice (interprétation). - Une autre question : qui serait de

  3   nature à répondre à la question posée par le Juge Bennouna.

  4   En dehors de l'association purement politique de la ligue des

  5   communistes ou du parti politique, y avait-il des associations ou clubs,

  6   ou peu importe le nom qu'on leur donne, qui aient une base ethnique, si

  7   vous voulez, ou est-ce que ce n'était pas le cas ? Est-ce qu'il y avait,

  8   par exemple, des clubs ou des associations culturels ? Pourriez-vous nous

  9   aider là-dessus ?

 10   M. Cicak (interprétation). – Oui, je peux vous aider. Tout ce

 11   qui concernait le

 12   sentiment national a été liquidé en 1949. Tito n'a pas permis l'expression

 13   des sentiments nationaux, ni du point de vue langue, ni chant, ni danse.

 14   Mais au cours de l'ère communiste, il y avait d'autres organisations. Il y

 15   avait l'Alliance socialiste à l'époque, il y avait également l'Union de la

 16   Jeunesse, d'autres organisations. Il y avait la Société des Techniciens,

 17   de ceux qui s'occupaient des émetteurs radio, ceux qui étaient dans le

 18   domaine de compagnies aériennes, etc. Il y avait une société serbe, par

 19   exemple, Prosvjeta, qui a été interdite, également une association

 20   culturelle croate qui a été interdite. Il y avait le Renouveau Musulman

 21   qui a été interdit. Tito ne permettait pas d'exprimer les sentiments

 22   nationaux , que ce soit à travers la culture ou différemment.

 23   M. Nice (interprétation). - J'espère que ceci vous a mieux

 24   permis de comprendre, surtout pour la période précédant la libéralisation

 25   des partis. J'espère que le témoignage a déjà couvert cette période-là,


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  1   ainsi que la période consécutive.

  2   M. Bennouna. - Ma question portait sur la période après la

  3   libération des partis, sur la participation des différentes ethnies aux

  4   différents partis qui sont nés à ce moment-là.

  5   M. Nice (interprétation). - Fort bien, je vais aborder cette

  6   question-là aussi. A la suite de la libération des partis politiques,

  7   Monsieur Cicak, on nous a parlé de la création de trois partis ayant une

  8   base ethnique. Est-ce qu’il y a eu une participation croisée, pour ainsi

  9   dire, de personnes provenant d'un groupe ethnique et qui auraient

 10   participé ou contribué à un parti qu'on aurait tendance à identifier comme

 11   un parti provenant d'un groupe ethnique différent.

 12   M. Cicak (interprétation). - Oui. Il y avait de tels exemples,

 13   et dans tous les partis, ce qui est intéressant de constater, c'est que

 14   dans tous les programmes, que ce soit le HDZ, SDS, ou SDA, c'était

 15   stipulé, que le membre du parti peut être n'importe quelle personne

 16   indépendamment de la race, de la confection, de l'appartenance au groupe

 17   ethnique, etc. La pratique a démontré qu'il y avait peu de membres, par

 18   exemple membres du HDZ, et qu'ils

 19   étaient d'un autre groupe ethnique, le SDA par exemple. Je ne sais pas

 20   s'il y avait des membres qui étaient d'une autre nationalité, ou SDS.

 21   En ce qui concerne le parti HDZ, l'union démocratique croate, je

 22   pense qu'il y avait au niveau de la présidence, un membre de Gorazde qui

 23   était Musulman et de confession musulmane. Je pense qu'il est resté à ce

 24   poste assez longtemps. Sinon, il y avait d'autres exemples, d'autres

 25   personnes appartenant à d'autres groupes ethniques qui étaient membres du


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  1   HDZ. Je parle des débuts, du tout début, jusqu'au congrès à Mostar. Après,

  2   bien évidemment, on ne pouvait pas avoir d'autres personnes.

  3   M. Nice (interprétation). - Pour dresser un tableau plus complet

  4   pour ce moment-là de l'histoire, après la libération des partis

  5   politiques, est-ce que l'interdiction qu'avait imposée Tito sur des bases

  6   ou des associations culturelles, est-ce que cette interdiction a été

  7   levée ?

  8   M. Cicak (interprétation). - Oui, tout de suite, il y avait des

  9   assemblées constitutives qui ont été organisées, d'abord à l'association

 10   croate, Napredak, c'est une association qui avait une des plus longues

 11   traditions dans les Balkans ; ensuite, on a renouvelé, pas tout de suite,

 12   l'association musulmane, Preporod, le "Renouveau". L'association

 13   culturelle serbe a encore des difficultés pour être renouvelée. Pour le

 14   moment, ils ont de grandes difficultés qu'ils rencontrent en Bosnie-

 15   Herzégovine.

 16   M. Nice (interprétation). -  Au moment où se termine votre

 17   déposition pour ce procès, en 1992, c'est du moins là une fin provisoire à

 18   votre déposition, est-ce que les associations culturelles avaient marqué

 19   tout le paysage politique au sens plus large du terme ? Est-ce que ces

 20   associations culturelles ont eu pour effet de séparer les groupes

 21   ethniques ou est-il impossible de le dire ? N'êtes-vous pas en mesure de

 22   le dire ?

 23   M. Cicak (interprétation). - Je peux dire avec fierté que

 24   l'association culturelle croate "Preporod" ne s'est jamais occupée des

 25   activités politiques. Napredak, le renouveau, n'a jamais fait de


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  1   politique. Ils ont véritablement développé les activités pour qu'au niveau

  2   culturel,

  3   éducation, etc… Si on parle d'une association culturelle, on ne peut pas

  4   parler de politique. L'association culturelle croate Napredak ne faisait

  5   pas de politique parce que c'était incompatible avec le but essentiel. En

  6   revanche, pour ce qui concerne Napredak serbe, ils ont des difficultés

  7   qu'ils rencontrent. Ils n'ont pas encore été formés. Et les Musulmans,

  8   avec leur association culturelle, se sont plus préoccupés d'eux-mêmes que

  9   des citoyens.

 10   M. Nice (interprétation). - J'espère que ceci répond à votre

 11   inquiétude, Monsieur le Juge. Merci.

 12   En ce qui concerne le premier accusé Kordic, pourriez-vous nous

 13   aider sur certains points de détail. Vous avez parlé des postes qu'il

 14   avait précédemment occupés. Pour son dernier emploi, quel était le degré

 15   de responsabilité qui était le sien ? Avant de s'engager dans la

 16   politique, que faisait-il en fait ?

 17   M. Cicak (interprétation). - A l'époque où j'ai fait

 18   connaissance de Dario Kordic, il n'avait pas de fonctions importantes au

 19   sein de l'économie. Il avait des fonctions administratives. A un moment

 20   donné, il a travaillé dans une grande société qui fabriquait les tuiles,

 21   les tuiles pour les fourneaux. Il était chargé de mission. Je pense, à

 22   cette époque-là, qu’il y avait des fonctions administratives. Ce n'était

 23   pas une fonction très importante.

 24   Ultérieurement, il a travaillé chez Gavto. A cette époque-là,

 25   Zoran Maric était le maire de la municipalité. Il a travaillé, une fois de


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  1   plus, comme chargé de dossier au secrétariat de la Défense nationale.

  2   C'était, à ma connaissance, le dernier poste qu'il a occupé, tout à fait

  3   peu significatif.

  4   M. Nice (interprétation). - Au moment où vous l'avez rencontré

  5   sur la scène politique, est-ce qu’il avait beaucoup d'idées ou pas ?

  6   M. Cicak (interprétation). - Au début, il n'avait pas beaucoup

  7   d'idées. Il faut dire qu'il n'avait jamais avancé ses idées publiquement.

  8   Ce qu'il avait fait, c'était de mettre en oeuvre ce qu'on lui avait

  9   demandé. Je l'ai déjà dit lors de mes dépositions précédentes, il y avait

 10   Mate Boban qui avait une grande influence sur lui, Rajic et Kostroman, et

 11   Tudjman bien évidemment, tout particulièrement. C'est ainsi qu'il a grimpé

 12   les échelles, c'est ainsi qu'il a formé son image, qu'il a mis en oeuvre

 13   tout ce qui a été conçu par ces personnes dont j'ai prononcé les noms.

 14   C'est lui qui mettait en oeuvre, dans la pratique, tout ce qu'il avait

 15   apporté comme décision.

 16   M. Nice (interprétation). - A votre connaissance, avaient-ils

 17   des contacts directs avec Tudjman ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Je pense qu'il a rencontré

 19   quelquefois M. Tudjman. A quelques reprises, des photographies ont été

 20   prises à cette occasion-là. Je pense que c'était le 13 et le 21. Je ne me

 21   souviens pas du mois. Mais c'est facile de trouver les dates et les mois

 22   dans les documents. Pour ne pas abuser de votre temps...

 23   Il y avait un réunion organisée chez le président avec un

 24   certain nombre d'autres personnes. Quand il a donné une ligne directrice

 25   sur laquelle les Croates de Bosnie devaient se comporter pour rester dans


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  1   une communauté. Bien évidemment, il y avait, à cette époque-là, les deux

  2   personnes les plus importantes, MM. Boban et Susak qui étaient les

  3   personnages énergiques et très fermes, si je peux dire ainsi, et qui

  4   mettaient en oeuvre les conceptions de Tudjman. Même Boban ne pouvait se

  5   permettre de s'écarter de ses idées parce qu'il aurait été destitué et

  6   révoqué automatiquement.

  7   M. Nice (interprétation). - Passons de la question de savoir

  8   s'il avait des idées, passons de cela à la question de savoir si au moment

  9   où vous avez fait sa connaissance, il était un homme décidé ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas. Il n'avait pas un

 11   rôle important sur le plan décisionnel. Il fallait qu'il soit formé pour

 12   savoir comment il pouvait devenir un leader, mener un peuple. Il avait des

 13   parrains, qui étaient de très bons parrains, tels Susak, Boban, Rajic.

 14   C'étaient véritablement des personnes qui pouvaient faire tout ce qu'elles

 15   voulaient faire

 16   de Kordic. Malheureusement, ils ont fait le pire.

 17   M. Nice (interprétation). - Il avait des contacts avec les

 18   médias, la presse. Apparemment, il a fait des communiqués de presse. Ces

 19   derniers, quels effets ont-ils eu sur l'ensemble de la population, pour

 20   autant que vous puissiez en juger ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Vous me posez cette question après

 22   mon départ et ma séparation avec Kordic. Il avait organisé un certain

 23   nombre de presse, c'était plutôt triste car le peuple bosniaque n'a jamais

 24   été appelé par lui, par le véritable nom. Il les appelait "balija". Les

 25   Musulmans étaient des "balija". Ce terme en Bosnie-Herzégovine provoque


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  1   une très grande blessure, des gens qui appartiennent aux groupes ethniques

  2   musulmans, car en effet, balija" ne veut pas dire grand chose. Cela veut

  3   dire un homme qui est en marge de la société.

  4   En Bosnie-Herzégovine, c'est un terme très vexant qui vous

  5   bouleverse. Appeler quelqu'un "balija" était véritablement la plus grande

  6   injure, s'il était Musulman, s'il était de cette confession, s'il était

  7   Bosniaque. Ces conférences de presse étaient dirigées dans ce sens-là :

  8   que la victoire était toute proche, que si on parle de la guerre, la

  9   victoire allait être emportée très vite. Un Etat unitaire allait être

 10   créé, ce serait la Croatie. Vous avez entendu Kostroman quand il a parlé.

 11   C'était quelque chose de manifeste. Il a dit que Busovaca est une partie

 12   indépendante de la République de Croatie. J'ai rétorqué que c'était une

 13   absurdité, j'ai dit que Busovaca était un Etat indépendant qui ne se

 14   rattacherait jamais à la Croatie. C'était exactement cela.

 15   M. Nice (interprétation). - Mais à votre avis, ces conférences

 16   de presse avaient un effet sur l'ensemble de la population et plus

 17   particulièrement sur les Croates ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Je peux dire quel a été l'effet de

 19   cela sur les Croates en Bosnie-Herzégovine, mais je ne peux pas dire quel

 20   a été l'effet de cela sur les personnes âgées qui sont restées dans la

 21   vallée Lasva, ces vieilles femmes, je suppose, l'applaudissaient, Kordic,

 22   en entendant ces mots des désagréables concernant les "balija".

 23   Pour les autres Croates, dans d'autres parties de Bosnie-

 24   Herzégovine, surtout en Posavina et près de Tuzla, je peux employer un mot

 25   employé par M. Kordic. Ici, il parle, il emploie le mot de quelqu'un qui


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  1   raconte n'importe quoi. C'est exactement comme cela qu'ils le

  2   considéraient et ils ne prêtaient aucune attention à ses propos.

  3   M. Nice (interprétation). - Vous avez dit qu'il utilisait des

  4   mots injurieux concernant les Musulmans dans ses articles. Mais à quel

  5   moment a-t-il commencé à employer ces genres de termes vis-à-vis des

  6   Musulmans lors de ces conversations privées ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Dans les contacts privés, il

  8   faisait la même chose, il ne disait pas "balija", mais Musulmans. Mais à

  9   chaque fois, il disait qu'il souhaitait mettre sur sa tête, un fez rouge,

 10   alors que ceci constituait un signe traditionnel, une partie

 11   traditionnelle des habits des Musulmans, les vieux Musulmans portaient un

 12   fez, tout comme les Croates âgés portaient un chapeau. Il disait toujours

 13   aux membres du Comité municipal qu'il ne souhaitait pas qu'on lui mette un

 14   fez sur la tête et que c'était sa décision définitive.

 15   M. Nice (interprétation). – J'ai deux autres questions, mais ne

 16   me répondez pas avec tous les détails. Dites-nous simplement si vous avez

 17   été confronté, à diverses occasions –et peut-être que mes collègues vous

 18   poseront des questions sur ce point-, au fait que la route soit bloquée

 19   face à la JNA, près de Kaonik, par Kordic ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous pourrez donc répondre aux

 22   questions à ce sujet ?

 23   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 24   M. Nice (interprétation). – Deuxièmement, avez-vous assisté à la

 25   réunion à Busovaca qui célébrait l'indépendance croate dans une salle où


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  1   Kordic, Kostroman et d'autres personnes ont parlé ?

  2   M. Cicak (interprétation). - J'étais là lors du blocage de la

  3   route à Kaonik, j'étais là en tant que simple citoyen. J'ai également

  4   assisté à la manifestation de la célébration qui a

  5   commencé à 9 heures du soir. A cette occasion-là, M. Kostroman a parlé au

  6   sujet de l'indépendance de l'Etat croate.

  7   M. Nice (interprétation). – Kordic a-t-il parlé aussi lors de

  8   cette manifestation ?

  9   M. Cicak (interprétation). – Oui, absolument. Ils étaient tous

 10   là et ils ont tous parlé : M. Stipac, M. Kordic, M. Kostroman. Je ne sais

 11   pas si quelqu'un d'autre a dit quelque chose.

 12   M. Nice (interprétation). – Connaissez-vous M. Blaskic ?

 13   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne, M. Blaskic, je

 14   l'ai rencontré deux fois dans le village de Vranice. Je ne sais pas quelle

 15   était la raison de son arrivée là. Je pense que c'était lié à des

 16   requêtes, quelque chose de semblable, à savoir comment employer cela à

 17   l'encontre des avions. Je ne connais pas les détails, mais de toute façon,

 18   il y a eu un armement militaire. Il fallait mettre quelque chose à

 19   l'intérieur pour tirer sur un avion. C'est là que je l'ai vu.

 20   M. Nice (interprétation). – Cela s'est produit à quel moment ?

 21   M. Cicak (interprétation). – C'était en été 1993, me semble-t-

 22   il, à peu près. Je ne sais pas très exactement.

 23   M. Nice (interprétation). – Avez-vous vu Kordic en uniforme ?

 24   M. Cicak (interprétation). – Non, je n'ai pas vu Kordic en

 25   uniforme. Cela dit, j'ai eu l'occasion de voir comment il agissait en tant


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  1   que Président du Comité de crise ou bien en tant que commandant en chef,

  2   étant donné qu'il avait des compétences de commandant en chef de

  3   l'organisation militaire qui appartenait au HDZ. Je l'ai vu brandir un

  4   pistolet. Bien sûr, dans sa main, le pistolet n'était jamais calme. Il

  5   faisait toujours des mouvements avec sa main avec le pistolet. Grâce à ce

  6   pistolet, il faisait régner l'ordre. Par exemple, à Kaonik, il y a eu

  7   plusieurs mitrailleuses qui étaient placées là-bas. Je ne sais pas si ces

  8   hommes étaient vraiment prêts à tirer sur quelqu'un ou non, mais étant

  9   donné la manière dont ils étaient préparés, je crois

 10   qu'ils étaient vraiment prêts à tuer un homme.

 11   M. Nice (interprétation). – Il est une question à laquelle vous

 12   avez pratiquement donné la réponse, là, récemment. Mais aidez-nous : après

 13   que vous soyez parti de la scène politique, y a-t-il eu une séparation,

 14   une division entre la prise de décision militaire ou politique ou pas ?

 15   Veuillez vous expliquer ceci.

 16   M. Cicak (interprétation). - Je vais vous expliquer cela très

 17   simplement. A partir du premier jour jusqu'au dernier jour des activités,

 18   je crois que c'était en 1994 que Kordic a cessé ses activités, il

 19   représentait à la fois les autorités militaires, civiles et policières. Il

 20   n'était pas possible de faire quoi que ce soit sans son accord. Il n'était

 21   pas possible de mettre en œuvre aucune action militaire, ni aucune action

 22   civile ou policière. Il était la seule personne compétente. Tout le monde,

 23   en ce qui concerne chaque détail, chaque bêtise, il fallut se rendre chez

 24   Kordic pour qu'il donne son aval.

 25   M. Nice (interprétation). - Pour que vous puissiez en juger,


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  1   étant donné que vous avez vécu dans la région, est-ce que cette situation

  2   a changé après votre départ de la scène politique ou cette situation est-

  3   elle restée la même ?

  4   M. Cicak (interprétation). – Non, elle n'est pas resté la même,

  5   elle s'est détériorée. Les choses sont devenues pires encore. Mais je

  6   voudrais ajouter quelque chose à ce que je viens de dire, à savoir que

  7   M. Kordic ignorait entièrement le Conseil exécutif du HDZ de Busovaca, de

  8   même que le Conseil municipal du HDZ de Busovaca pour chaque décision

  9   importante. C'est lui-même ou bien avec MM. Susak et Boban et le président

 10   Tudjman qu'il prenait ses décisions.

 11   M. Nice (interprétation). – Merci. C'est tout ce que je

 12   souhaitais poser comme questions au témoin.

 13   M. Robinson (interprétation). – Je souhaite tout simplement

 14   parler d'une partie de la déposition du témoin, concernant un rapport qui

 15   a été rédigé au poste de police concernant

 16   l'incident. Il connaissait les agresseurs, il les a identifiés ?

 17   M. Nice (interprétation). – Oui.

 18   M. Robinson (interprétation). – Je souhaite savoir s'ils ont

 19   jamais été arrêtés. Je crois que plus tard, dans sa déposition, il a dit

 20   qu'ils n'ont jamais été poursuivis ?

 21   M. Nice (interprétation). – Oui. Vous avez entendu la question

 22   du Juge Robinson. Vous avez déjà examiné le document où il est expliqué

 23   qu'il n'y a pas eu de poursuites. Avez-vous entamé des poursuites ?

 24   M. Cicak (interprétation). – Monsieur le Président, quelqu'un a

 25   pris le rapport qui se trouvait sur mon bureau, ici, alors que c'est un


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  1   rapport que j'avais remis et j'étais très content de le retrouver à

  2   La Haye. Je demanderai que ce rapport me soit restitué.

  3   Lorsque ce rapport a été crée, j'ai dit que je n'allais pas

  4   poursuivre mes agresseurs étant donné que je n'étais pas compétent pour

  5   déposer une plainte concernant un grave crime, étant donné que ces crimes-

  6   là, les plaintes doivent être déposées d'office au Tribunal supérieur. Il

  7   faut que ce soit fait de manière officielle.

  8   Le Procureur, Enver Skopljak, a reçu tous les documents

  9   pertinents. Il a reçu plusieurs papiers, il a reçu ce rapport, mais

 10   d'autres documents aussi car là il s'agit d'un rapport préliminaire.

 11   Il y en a eu plusieurs autres. Il y eu 25 grandes photos qui ont

 12   été prises sur place. Il a reçu ce dossier. Quand je dis « il », c'est le

 13   Procureur général M. Enver Skopljak. Dans le poste de police, ils ont

 14   gardé un dossier avec tous ces documents-là, avec toutes ces photos.

 15   Aujourd'hui, ou plutôt il y a quelques mois, lorsque, moi, j'ai

 16   souhaité examiner ces photos, pour me rafraîchir la mémoire concernant

 17   cette tragédie que j'ai vécue, nous sommes allés chercher le contenu du

 18   dossier, qui s'appelle Cicak. Nous avons trouvé le dossier, mais à

 19   l'intérieur du dossier, il n'y avait rien. Les documents ont été volés du

 20   poste de police. Nous sommes allés rendre visite au Procureur général du

 21   canton, nous avons enlevé le dossier

 22   intitulé "Zvonimir Cicak ».

 23   Nous avons ouvert ce dossier et, à l'intérieur, il n'y avait

 24   rien. Quelqu'un avait volé les documents de la police et les documents

 25   appartenant au Procureur général. Je suis très heureux de voir que le HDZ


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  1   avait une sorte de service de réserve de Herceg-Bosna. C'est ce qui est

  2   écrit, ici, sur la page 1. Je suis très content, s'ils ont vraiment

  3   réservé cela. C'est un service de réserve. Je serais très heureux au bout

  4   de 10 ans ou 15 ans de relire ce document pour me rafraîchir la mémoire.

  5   Quelqu'un a trouvé que ceci a été dans son intérêt, que ce qui s'est passé

  6   à Zvonomir Cicak, que ce passage à tabac, etc., que ceci ne soit pas

  7   accessible à qui que ce soit, mais que ce soit réservé par un service de

  8   réserve.

  9   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce "qui que ce soit " a

 10   été poursuivi pour ce crime ? Répondez par oui ou non.

 11   M. Cicak (interprétation). - Comment voulez-vous que cela se

 12   produise puisque tous les documents ont été volés.

 13   M. Nice (interprétation). -  A l'époque, vous avez décidé de ne

 14   pas poursuivre les agresseurs ou avez-vous pris une autre décision ?

 15   M. Cicak (interprétation). -   A l'époque, une procédure devait

 16   être engagée, mais nous comprenons bien la raison pour laquelle cela ne

 17   s'est pas produit. Quelques mois plus tard, la guerre a commencé, tout a

 18   été fini.

 19   M. Nice (interprétation). -  Je crois qu'il y a eu un communiqué

 20   de presse que vous avez rendu public concernant votre attitude par rapport

 21   à ces poursuites judiciaires. Est-ce que vous vous en souvenez ?

 22   M. Cicak (interprétation). -  Non, je ne sais pas. Veuillez me

 23   rappeler ?

 24   M. Nice (interprétation). – Le problème, c'est que je ne

 25   souhaitais pas montrer ce document, étant donné que ce document n'a


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  1   toujours pas été traduit. C'est ce matin que j'ai apposé une annotation

  2   disant qu'il serait nécessaire de traduire ce document. Pour le moment,

  3   je peux le remettre au témoin qui pourrait lire le passage pertinent et,

  4   par la suite, nous pourrons le traduire, si vous êtes d'accord, Monsieur

  5   le Juge ?

  6   M. le Président (interprétation). -  Oui.

  7   M. Nice (interprétation). - Il s'agit de la pièce à

  8   conviction 66/1. Veuillez la remettre au témoin.

  9   (Le document est remis au témoin.)

 10   M. Nice (interprétation). - Etant donné qu'il s'agit d'un

 11   document d'une seule page lié à cette question posée par la Chambre de

 12   Première Instance, est-ce que nous pouvons demander au témoin de lire ce

 13   document ? Nous pouvons suivre l'interprétation.

 14   M. le Président (interprétation). -  Avez-vous d'autres

 15   questions ?

 16   M. Nice (interprétation). -  C'est la dernière question. C'est

 17   le dernier document lié à la question posée par Monsieur le Juge.

 18   M. le Président (interprétation). – Oui, nous pouvons procéder

 19   ainsi.

 20   M. Nice (interprétation). - Veuillez lire cela attentivement ;

 21   monsieur Cicak. Les interprètes vont faire l'interprétation.

 22   M. Cicak (interprétation). – Le terme, en haut à gauche, il est

 23   écrit : « Dragutin Cicak, juriste, Busovaca, le 2 Avril 1992, vice-

 24   président du conseil municipal du HDZ, BIH, de Busovaca. A tous les

 25   médias, communiqué de presse :


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  1   Le 30 mars (lundi) 1992, vers 14 heures, chez moi, lorsque je

  2   rentre à la maison, j'ai été agressé par six nationalistes armés,

  3   extrémistes, néo-fascistes connus, venant des rangs de l'aile droite

  4   extrémiste du HDZ, BIH, par la force et en me frappant ils m'ont fait

  5   entrer à la maison et ils m'ont mis sur le canapé dans la salle de séjour.

  6   Ils ont commencé tout de suite à m'interroger pour savoir, pour quel

  7   service de renseignements (KOS) -et nous venons d'entendre ce que signifie

  8   le KOS- pour qui donc je travaillais, qui me payait et qui était mon

  9   contact, mon collaborateur.

 10   Etant donné que je n'ai pas pu donner réponses à ces trois

 11   questions absurdes, deux d'entre eux me frappaient alternativement, l'un

 12   du côté gauche et l'autre du côté droit, derrière mon dos. Ils me

 13   frappaient avec un manche de hache, avec un rouleau à pâte, ils l'ont fait

 14   alternativement entre 14 heures et 16 heures, lorsqu'ils ont quitté ma

 15   maison en proférant des menaces. La maison était entièrement démolie,

 16   étant donné qu'ils cherchaient des preuves concernant mes liens avec le

 17   KOS. Ils ont cherché les noms des collaborateurs et l'argent. Etant donné

 18   qu'ils n'ont pas trouvé tout cela, ils ont quitté ma propriété. La cause

 19   de cette attaque contre moi a été le fait que, j'étais en désaccord

 20   politique avec l'aile droite extrémiste du HDZ.

 21   Cette attitude, je l'ai manifestée dans le cadre d'une série

 22   d'articles publiés dans la presse quotidienne et par d'autres médias. La

 23   décision concernant l'attaque physique et armée contre moi, a été prise

 24   par le groupe extrémiste néo-fasciste des extrémistes fascistes du BIH, et

 25   ceux de Dario Kordic, président, Anto Stipac, vice-président,


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  1   Anto Sliskovic, secrétaire, commandant des groupes de frappes, Anto

  2   Sliskovic, organisateur des groupes de frappes, et Igor Prusac, président

  3   du HDZ, à Busovaca. Le public les connaît très bien tous. Il n'y aura pas

  4   d'enquête concernant cette affaire, il n'y aura pas de plainte, c'est-à-

  5   dire de poursuite. Signé : Dragutin Cicak, le 2 Avril 1992 ».

  6   M. Nice (interprétation). - Cela conclut mon interrogatoire

  7   principal.

  8   M. le Président (interprétation). - Nous allons procéder à une

  9   pause jusqu'à 14 heures 35.

 10   L'audience est suspendue à 13 heures 05.

 11   L'audience est reprise à 14 heures 35.

 12   M. Nice (interprétation). - Nous pouvons vous fournir le

 13   glossaire de termes. Ce n'est qu'un document enregistré comme cela, et

 14   c’est vrai de tous documents, il est sujet à

 15   correction mais je crois qu'il sera utile. Deux pièces vous ont été

 16   soumises ce matin auxquelles nous pouvons apporter le complément

 17   nécessaire. C'était la partie qui manquait dans le document portant

 18   constitution de la communauté croate de Herceg-Bosna avec les signatures.

 19   Le témoin n'a pas besoin de voir ces pièces pour le moment. Il y

 20   a également le 66.1A, document lu et traduit par les interprètes ce matin.

 21   La version en anglais est désormais disponible, malheureusement la version

 22   en français ne l'est toujours pas.

 23   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, c'est vous

 24   qui allaient procéder à l'interrogatoire ?

 25   M. Sayers (interprétation). - Je m'appelle Steven Sayers, je


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  1   suis un avocat qui représente un des accusés, Dario Kordic. Cet après-midi

  2   et peut-être demain, je vais vous poser des questions suite à

  3   l'interrogatoire principal très circonstancié que vous avez fourni, ces

  4   derniers jours, au Tribunal.

  5   Ma première question, à votre intention, la voici : vous avez

  6   une formation juridique, n'est-ce pas ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Vous avait été formé à discerner

  9   le grain de l'ivraie, n'est-ce pas ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Je le suppose.

 11   M. Sayers (interprétation). - Et au cours de votre formation, on

 12   vous a appris la différence entre des discours politiques et un témoignage

 13   factuel, n'est-ce pas ?

 14   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'on vous a formé à

 16   répondre à des questions de façon logique, précise et suggestive ?

 17   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Et vous vous sentez tout à fait à

 19   même de procéder de

 20   la sorte aujourd'hui ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Oui, si il n'y a pas de

 22   complications évidemment.

 23   M. Sayers (interprétation). - Par rapport à tous ceux qui ont

 24   reçu une formation juridique, vous aussi, vous privilégiez la vérité par

 25   rapport à la fiction, surtout dans une procédure comme celle dans laquelle


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  1   nous sommes engagés, n'est-ce pas ?

  2   M. Cicak (interprétation). - Commencez avec vos questions, parce

  3   que c'est trop long votre introduction.

  4   M. le Président (interprétation). - Monsieur Cicak, c'est nous

  5   qui sommes les Juges, c'est nous qui maîtrisons la procédure. Si un

  6   conseil pose une question qui n'est pas appropriée, qui n'est pas

  7   pertinente, nous trancherons ; Hormis ces cas-là, vous avez le devoir de

  8   répondre aux questions posées.

  9   Maître Sayers, est-ce que vous pourriez passer à autre chose ?

 10   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 11   Prenons une des parties tout à fait évocatrices de votre

 12   déposition devant ce Tribunal aujourd'hui. Parlons de la discussion que

 13   vous auriez eue avec Kordic, et que vous avez décrite de façon détaillée

 14   aux Juges, le 21 mars 1992. Vous souvenez vous de cette partie-là de votre

 15   déposition ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Je me souviens.

 17   M. Sayers (interprétation). - A ce moment-là, avez-vous dit, au

 18   cours de la visite que vous auriez rendu à Kordic, il aurait été surpris

 19   de vous voir repentant et dénué de cet esprit de rébellion ? Est-ce bien

 20   cela ?

 21   M. Cicak (interprétation). - C'est tout à fait cela.

 22   M. Sayers (interprétation). - Vous n'oublierez jamais une telle

 23   déclaration, n'est-ce pas  ?

 24   M. Cicak (interprétation). - Absolument.

 25   M. Sayers (interprétation). - C'est gravé en lettres de feu dans


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  1   votre mémoire, n'est-ce pas ?

  2   M. le Président (interprétation). - Attention, je crois que vous

  3   n'allez pas beaucoup avancer si vous posez ce genre de question.

  4   M. Cicak (interprétation). - Ce n'est pas écrit par des lettres

  5   sur le papier, c'est plutôt inscrit par le manche d'une hache sur mon dos

  6   que j'ai subi tout cela, dont je me souviens.

  7   M. Sayers (interprétation). - J'accepte bien cela. Je vais

  8   demander à l'appariteur de vous remettre un document. Il y a une feuille

  9   réservée au témoin, mais aux fins du compte rendu, je précise, Monsieur le

 10   Président, que c'est là une déclaration signée de M. Cicak, après

 11   trois jours d'interrogatoire avec les Procureurs, Me Somers et Me Scott,

 12   entretien qui s'est déroulé du 10 ou 12 novembre l'année dernière, il y a

 13   peu près cinq mois.

 14   On est en train de remettre la même chose que ce qui vous

 15   intéressait, Messieurs les Juges, mais en croate.

 16   M. le Président (interprétation). - Un instant, la référence ?

 17   Mme la Greffière (interprétation). -  Cette pièce porte la

 18   cote D7/1.

 19   M. le Président (interprétation). - Allez-y.

 20   M. Sayers (interprétation). - Veuillez consulter la page 12 de

 21   la version anglaise, page 9 de la version en Croate.

 22   M. Cicak (interprétation). - Je vous en pris.

 23   M. Sayers (interprétation). - C'est la version que vous avez

 24   fournie des événements au bureau du Procureur, il y a à peine quelques

 25   mois est-ce bien cela ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - J'ai donné plusieurs déclarations,

  2   je ne sais pas laquelle est la bonne.

  3   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé de la visite que

  4   vous aviez rendue à

  5   M. Kordic le 31 mars 1992, n'est-ce pas ?

  6   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  7   M. Sayers (interprétation). - Veuillez consigner, aux fins du

  8   compte rendu d'audience, la phrase que j'ai surlignée dans la version

  9   croate dont vous disposez, qui se trouve à la page 12 pour les Juges.

 10   Dans votre version, il s'agit de la page 9.

 11   M. Cicak (interprétation). - Page 12, je ne vois rien.

 12   M. Sayers (interprétation). - Page 9.

 13   M. Cicak (interprétation). - Page 9, il est marqué ce qui est

 14   surlignée : « M. Kordic avait dit qu'il n'avait rien à faire avec cet

 15   incident." C'est ce que vous voulez que je lise ?

 16   M. Sayers (interprétation). - C'est ce que vous avez dit au

 17   bureau du Procureur, il a 4 ou 5 mois ?

 18   M. Cicak (interprétation). - J'ai dit beaucoup de choses,

 19   jusqu'à maintenant entre autres. J'ai dit probablement cela car d'après ce

 20   qu'il avait dit, il a peut-être dit cela également.

 21   M. Sayers (interprétation). - Dans votre déposition,

 22   d'aujourd'hui et surtout en réponse aux questions posées par le Juge May,

 23   vous n'avez pas dit que M. Kordic avait été surpris de voir l'état de

 24   repentence dans lequel vous étiez ?

 25   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne les dépositions


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  1   et les déclarations que j'ai faites et les déclarations, je n'ai pas dit

  2   tout ce que j'avais à dire. J'ai laissé un certain nombre de choses

  3   également pour pouvoir les dire aujourd'hui même.

  4   M. Sayers (interprétation). - Veuillez répondre à la question

  5   que je viens de vous poser, Monsieur.

  6   M. Cicak (interprétation). - Je viens de vous donner la réponse.

  7   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous parlé aux représentants

  8   du Bureau du Procureur de cette déclaration que vous avez faite

  9   aujourd'hui ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Oui, avant, ici ce n'est pas marqué

 11   pour les entretiens que j'ai eus auparavant. Oui, je réaffirme une fois de

 12   plus, devant cette Chambre, ce que M. Kordic avait dit.

 13   M. Sayers (interprétation). - Voici l'hypothèse que je vous

 14   soumets. Dans aucune déclaration faite au Bureau du Procureur, on ne

 15   trouvera cette déclaration. Etes-vous d'accord avec ce que je viens de

 16   dire ?

 17   M. Cicak (interprétation). - Non.

 18   M. Sayers (interprétation). - J'avais espéré pouvoir accélérer

 19   la procédure, mais je crois que je dois soumettre ceci au témoin.

 20   M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas nécessaire.

 21   Vous pourrez, en temps voulu, attirer notre attention sur ce point, si

 22   c'est la démarche que vous retenez.

 23   M. Sayers (interprétation). - Je suppose, je suis sûr que la

 24   partie adverse pourra attirer l'attention de la Chambre.

 25   M. Cicak (interprétation). - Vous oubliez que j'ai eu cet


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  1   entretien quelques années auparavant, pas quelques mois auparavant.

  2   M. Sayers (interprétation). - En fait, Monsieur Cicak, cette

  3   déclaration que vous examinez, a été fournie les 10, 11 et

  4   12 novembre 1998. C'est l'année dernière que vous avez fait ces

  5   déclarations.

  6   M. Cicak (interprétation). - Oui, mais j'ai eu cet entretien

  7   plusieurs années auparavant. C'est une des versions de l'entretien que

  8   j'ai eu.

  9   M. Sayers (interprétation). - Il y a un autre document à propos

 10   duquel vous avez exprimé certaines surprises, c'est un rapport de police

 11   qui vous a été soumis aujourd'hui. Vous l'avez vu ce document au cours de

 12   cet entretien. N'était-il pas annexé à la déclaration préalable que vous

 13   avez fournie. Etes-vous d'accord avec ce que je dis ? Ceci afin d'informer

 14   les Juges de la Chambre de première instance, ceci apparaît à peu près

 15   trois centimètres avant la fin de la

 16   page 12.

 17   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas. J'ai ma propre

 18   déclaration à la police. C'est à cette déclaration que vous pensez ?

 19   M. Sayers (interprétation). - Oui. Cette pièce a été soumise et

 20   authentifiée par vous en novembre 1998, au moment où vous l'avez examinée

 21   avec les représentants du bureau du Procureur, n'est-ce pas ?

 22   M. Cicak (interprétation). - Je ne peux pas dire que c'est

 23   authentique car cette déclaration a été volée.

 24   M. Sayers (interprétation). - Je vais vous donner lecture d'une

 25   phrase de ce rapport. " Monsieur Cicak s'est vu remettre ce rapport de


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  1   police, ce rapport qu'il a authentifié "

  2   M. Cicak (interprétation). - Où est-ce marqué, s'il vous plaît ?

  3   M. Sayers (interprétation). - N'est-ce pas plus loin à la page 9

  4   de votre version ?

  5   M. Cicak (interprétation). - Vous pensez à ce texte ?

  6   M. Sayers (interprétation). - Oui, fin du paragraphe que vous

  7   venez de nous lire, là où l'on dit que Dario Kordic a déclaré qu'il

  8   n'avait rien à voir avec cette attaque.

  9   M. Cicak (interprétation). - Vous pensez à la déclaration

 10   présentée à la police ?

 11   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 12   M. Cicak (interprétation). - Il est habituel au moment où vous

 13   êtes à la police, si vous rajoutez quelque chose, que l'on dise :"Est-ce

 14   qu'on vous a donné lecture de cette déclaration". Ce ne sont pas les

 15   enquêteurs du Tribunal, mais c'est M. Isakovic, ou je ne sais pas qui, qui

 16   était à la tête de cette enquête qui m'avait donné lecture de cette

 17   déclaration. Ce n'est que la première fois que je vois ce papier et je

 18   vous suis reconnaissant. C'est une déclaration pour le public. Je ne sais

 19   pas qui... Je pense que c'est un service de réserve qui a gardé ces

 20   déclarations.

 21   M. Sayers (interprétation). - Dans cette déclaration, vous

 22   décrivez deux des

 23   personnes que vous avez reconnues comme ayant participé à l'attaque

 24   perpétrée contre vous, le 30 mars 1992. Est-ce que vous voyez ce passage ?

 25   M. Cicak (interprétation). - Oui, je vois.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Ces deux personnes que vous avez

  2   identifiées, était-ce M. Kulic ? Et qui était l'autre, s'il vous plaît ?

  3   M. Cicak (interprétation). - Vous pensez probablement à

  4   Marko Kulic, et l'autre était Dario Brnada et le troisième, M. …, ou

  5   plutôt, ce n'est pas un monsieur du tout ; c'est Zoran, appelé "Svabo",

  6   "le Boche".

  7   M. Sayers (interprétation). - Son nom ne figure nulle part dans

  8   le rapport de police dans les déclarations que vous avez fournies à la

  9   police de Zenica, deux jours après l'incident, n'est-ce pas ?

 10   M. Cicak (interprétation). - Dans l'état dans lequel je me

 11   trouvais, je ne pouvais pas me souvenir facilement,  même pas de mon nom.

 12   Je connaissais Svabo, "le Boche", Zoran Marinic, je le connaissais très

 13   bien, car il avait des intentions très mauvaises à mon égard. Si on

 14   m'avait posé la question de savoir comment je m'appelais, à la police, car

 15   j'étais véritablement massacré après avoir été passé à tabac comme je l'ai

 16   décrit, je ne sais pas si j'aurais pu donner la réponse.

 17   M. Sayers (interprétation). - Vous avez bien fourni votre

 18   identité correcte à la police ?

 19   M. Cicak (interprétation). - Non, je n'ai pas répondu

 20   correctement sinon j'aurais cité six noms.

 21   M. Sayers (interprétation). - Comment êtes-vous parvenu à

 22   Zenica ?

 23   M. Cicak (interprétation). - Si vous me posez la question :

 24   comment j'étais, dans quel état physique... Sinon, je me suis déplacé en

 25   voiture.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Vous avez conduit la voiture vous-

  2   même ?

  3   M. Cicak (interprétation). - Oui, moi-même, j'avais suffisamment

  4   de forces pour pouvoir rentrer chez moi.

  5   M. Sayers (interprétation). - Qu'entendez-vous par là, en dépit

  6   de la confusion qui régnait en vous, en dépit de votre propre identité,

  7   vous avez eu suffisamment de lucidité pour conduire, quitter votre maison,

  8   aller de Busovaca à Zenica et puis revenir.

  9   M. Cicak (interprétation). - C'est cela.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous ne viviez pas dans la ville

 11   même de Busovaca, n'est-ce pas ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Ma propriété se trouve à quelques

 13   kilomètres par rapport à Busovaca. C'était une exploitation avec un

 14   potager, un verger, c'était véritablement une très belle propriété.

 15   M. Sayers (interprétation). - Qui était située dans le village

 16   de Bare.

 17   M. Cicak (interprétation). - C'est tout à fait erroné, c'est

 18   dans le village de Granice que se trouvait ma propriété.

 19   M. Sayers (interprétation). - Granice est juste limitrophe de

 20   Bare, n'est-ce pas ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Cela n'a rien à voir avec le

 22   village dont vous parlez. C'est totalement à l'opposé.

 23   M. Sayers (interprétation). - Quelle est la distance qui sépare

 24   Busovaca de Granice ?

 25   M. Cicak (interprétation). - C'est à trois kilomètres, trois


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  1   kilomètres et demi.

  2   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. J'aurais voulu vous

  3   poser quelques questions d'ordre général afin de mieux situer les

  4   événements historiques et les personnalités qui apparaissent au cours de

  5   ces années.

  6   Tout d'abord, il y a une pièce qui montre précisément où se

  7   trouve Busovaca en Bosnie-Herzégovine.

  8   Mme la Greffière (interprétation). - Il s'agit de la pièce D8/1.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous êtes en train d'examiner la

 10   pièce D8/1. Monsieur Cicak, êtes-vous d'accord pour dire que ceci

 11   représente avec précision l'endroit où se trouve Busovaca, pratiquement au

 12   centre de la Bosnie-Herzégovine ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Oui, cela pourrait être cela.

 14   M. Sayers (interprétation). - Avant de passer en revue

 15   l'histoire et la géographie de ces événements que vous venez de décrire,

 16   j'aurais voulu vous poser la question suivante : n'était-il pas exact de

 17   dire que, dans une des déclarations préalables que vous avez fournies,

 18   vous avez déclaré avoir rejoint les forces armées de la République de

 19   Bosnie-Herzégovine le 16 avril 1992 ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Vous me posez la question si j'ai

 21   rejoint les forces armées de Bosnie-Herzégovine. Je n'ai jamais donné une

 22   telle déclaration. Toujours est-il que la Défense territoriale existait

 23   dans la municipalité de Busovaca et c'est M. Hadzimelic qui se trouvait à

 24   la tête de la Défense territoriale. Il a été établi en avril 1992 et, moi,

 25   j'ai demandé à M. Hadzimelic à être le premier sur la liste des personnes


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  1   qui étaient inscrites pour rejoindre la Défense territoriale. Monsieur

  2   Hadzimelic en a tenu compte, et je pense qu'il a satisfait ma demande.

  3   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer un

  4   exemplaire de la déclaration préalable que vous avez fournie au bureau du

  5   Procureur le 27 février 1995. Je dispose d'une version en croate à

  6   l'intention du témoin.

  7   Mme le Greffier (interprétation). - La référence sera D9/1.

  8   M. Sayers (interprétation). - Veuillez vous intéresser à un

  9   passage qui apparaît au sommet de la page 3 dans la version traduite en

 10   anglais. Nous avons reçu ce document du bureau du Procureur. Je ne sais

 11   pas où se trouve ce passage dans la version en croate. Je vais vous donner

 12   lecture de ce passage et vous me direz si c'est bien ce que vous avez dit

 13   au bureau

 14   du Procureur; il y a 4 ans de cela. Je cite : "J'ai quitté la politique

 15   en 1993 à Busovaca".

 16   M. Cicak (interprétation). – Excusez-moi ; est-ce que vous

 17   pouvez me dire où cela se trouve exactement ?

 18   M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Page 2, en version

 19   croate, pour ce qui est du premier paragraphe complet que l'on trouve sur

 20   cette page, à peu près à 3 centimètres à partir du haut. Je repose ma

 21   question si vous me le permettez : "J'ai quitté la politique en 1993 à

 22   Busovaca. Le 16 avril 1992, j'étais membre de l'armée de Bosnie-

 23   Herzégovine et je luttais contre l'agresseur JNA. J'étais citoyen et je

 24   m'acquittais de mes devoirs de citoyen en faisant face à un ennemi qui

 25   voulait s'emparer du pays. J'ai lutté ou combattu pendant un an et demi "


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  1   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, avez-vous

  2   fini de citer ce passage ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Oui.

  4   M. le Président (interprétation). - En version anglaise, dans la

  5   version dont nous disposons, après la date du 16 avril 1992, il y a un

  6   point d'interrogation. Je suppose que cela veut dire que soit l'interprète

  7   ou le traducteur n'était pas sûr, ou qu'il y avait contestation à propos

  8   de l'original de cette déclaration. Dans de telles circonstances, je ne

  9   sais pas si ceci doit être présenté au témoin.

 10   M. Sayers (interprétation). -  Pourrait-on demander au témoin

 11   s’il se souvient de la date à laquelle il a rejoint les forces armées.

 12   M. le Président (interprétation). - Allez-y.

 13   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez vous de la date où

 14   vous vous êtes inscrit, où vous avez rejoint les rangs de l'armée de

 15   Bosnie-Herzégovine ?

 16   M. Cicak (interprétation). – Je ne me souviens pas de la date

 17   exacte, mais de toute façon, cela me paraît absurde. A Busovaca, j'étais

 18   membre de la Défense territoriale ; c'était à la Défense territoriale. Ce

 19   sont les unités de réserve, c'est l'unité de réserve d'un certain nombre

 20   de civils, j'ai demandé à M. Hadzimelic de me mettre à cette liste

 21   en 1992. En ce qui concerne l'armée de Bosnie-Herzégovine, je pense que je

 22   l'ai rejointe en automne 1992 car ; entre le mois d'avril, pour dire plus

 23   précisément depuis le 30 mars jusqu'en automne, j'ai été sous le

 24   traitement. Il a fallu que je passe cette période de convalescence

 25   physiquement et psychiquement, après ce que j'ai vécu.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous avoir affirmé,

  2   ici, le 22 avril, dans ce même procès, que vous n'aviez aucune formation

  3   militaire, aucune expérience militaire ?

  4   M. Cicak (interprétation). – Non.

  5   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais lire cette question qui

  6   se trouve à la page 1157 du compte-rendu d'audience : "Question : avez-

  7   vous une expérience militaire quelconque ? Réponse : non." Est-ce exact ?

  8   M. Cicak (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez combattu

 10   pendant un an et demi ou est-ce que cela n'a pas été le cas ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Je m'acquittais de fonctions

 12   différentes. Par exemple, physiquement, je prenais un armement ; c'est-à-

 13   dire que cela, je ne le faisais pas. Jamais dans la vie, je ne portais

 14   d'armes, y compris les armes de base, étant donné que, pour moi ; ceci

 15   était difficile physiquement. Tout simplement cela me gênait. Mon rôle

 16   n'était pas de tuer des gens, mais de former des gens, de les éduquer et

 17   de m'occuper d'autres domaines concernant l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 18   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, si nous devions

 19   accepter votre réponse, jamais vous n'auriez dû recevoir un permis pour

 20   port d'armes. Est-ce qu'on vous a remis un permis pour port d'armes ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Dans toutes les formations

 22   militaires, ce n'est pas

 23   nécessaire d'avoir un permis de port d'armes. A partir du moment où vous

 24   faites partie d'une formation militaire, vous avez le droit de porter les

 25   armes. D'après tous les règlements, j'avais le droit de porter une arme,


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  1   mais je ne le faisais jamais.

  2   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais que vous repensiez au

  3   moment qui a précédé celui où vous avez rejoint les forces armées.

  4   Auparavant, avant ce moment-là, on vous avait remis un permis de port

  5   d'armes ?

  6   M. Cicak (interprétation). - J'avais un petit fusil, une petite

  7   carabine, qui sert à tuer les oiseaux ; les oiseaux, tels que les corbeaux

  8   qui risquent de poser problème sur la propriété ou des pies. C'est un

  9   fusil très précis qui m'a été volé au cours de l'attaque. Si vous le

 10   souhaitez, je peux vous montrer le permis. C'est un permis d'ailleurs très

 11   sympathique.

 12   M. le Président (interprétation). - C’est inutile. Vous n'avez

 13   pas besoin de le présenter. Poursuivez, maître Sayers.

 14   M. Sayers (interprétation). - Je comprends, Monsieur. Passons,

 15   si vous voulez, à cette question générale historique que j'ai prévue pour

 16   vous.

 17   En termes généraux, conviendrez-vous avec moi que la période

 18   couverte par votre déposition, nous parlons des années 1990 à 1992, cette

 19   période représentait une période de troubles, de turbulences politique,

 20   militaire, sociale, économique et ethnique sur le territoire de la Bosnie-

 21   Herzégovine pour ce qui est de l'ancienne République socialiste

 22   d'Herzégovine.

 23   M. Cicak (interprétation). - Absolument.

 24   M. Cicak (interprétation). - C'était une période de guerre, de

 25   chaos, une période où il y avait des réfugiés, n'est-ce pas ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - Je ne pense pas que c'était une

  2   période de guerre. Cela dit, le premier conflit avait déjà éclaté, c'était

  3   entre les deux. Vous m'entendez ?

  4   C'était entre les deux, étant donné que le village de Ravno, que

  5   personne ne mentionne ici, qui est mentionnée dans l'histoire de la

  6   Bosnie-Herzégovine, a été rasé. Cela a

  7   été fait par l'armée populaire yougoslave. Aucun homme politique n'a

  8   essayé de faire quoi que ce soit d'important vis-à-vis des victimes de

  9   cette agression de l'armée populaire yougoslave.

 10   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Cicak, nous allons

 11   bientôt arriver au sujet de Ravno, mais essayons de suivre une démarche

 12   systématique. En êtes-vous d'accord ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Je suis d'accord, mais procédez

 14   chronologiquement.

 15   M. Sayers (interprétation). - Attachons-nous à l'année 1990. A

 16   cette époque-là, la Bosnie-Herzégovine était toujours l'une des six

 17   Républiques socialistes constituant ce qui était auparavant le pays qui

 18   était la Yougoslavie.

 19   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 20   M. Sayers (interprétation). - En fait, avant le 6 mars 1992, un

 21   pays indépendant, une République indépendante de Bosnie-Herzégovine

 22   n'existait pas en réalité, n'est-ce pas là un fait établi ?

 23   M. Cicak (interprétation). - Ce n'est pas un fait établi. C'est

 24   complètement erroné.

 25   M. Sayers (interprétation). - Dans quelle mesure ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - La Bosnie-Herzégovine a été

  2   proclamé un Etat. Elle a été acceptée par les Nations Unies. En tant que

  3   telle, elle existait sur les Balkans en tant qu'un Etat indépendant de

  4   Bosnie-Herzégovine.

  5   M. Sayers (interprétation). - Mais c'était une des six

  6   Républiques socialistes dans la République fédérative de Yougoslavie ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Oui, mais cela n'a aucun sens à

  8   partir d'un moment où un Etat est proclamé.

  9   M. Sayers (interprétation). - S'agissant de la composition

 10   ethnique de ce pays, êtes-vous d'accord pour dire qu'environ 41 % de la

 11   population étaient des Musulmans en 1990 ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas si ce pourcentage

 13   est exact. Mais on peut

 14   l'accepter.

 15   M. Sayers (interprétation). - Effectivement, 35 % de la

 16   population de la République de Bosnie-Herzégovine, j'entends la République

 17   de socialiste, était-elle constituée de personnes d'origine serbe ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Juste un instant, je veux consulter

 19   mes notes. Il y a eu un peu plus, mais admettons... Admettons que c'était

 20   le pourcentage. Moi, ici, ce qui est indiqué, c'est que le 31 mars 1991,

 21   les Serbes constituaient 1 583 000 et quelques Serbes en Bosnie-

 22   Herzégovine. Si vous avez une calculette, vous pouvez faire les comptes

 23   vous-même.

 24   M. Sayers (interprétation). - Pour ne pas enfoncer une porte

 25   ouverte, ou trop insister, vous pensez que le chiffre fourni, cette


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  1   estimation de 35 % est à peu près correcte ?

  2   M. Cicak (interprétation). - C'est la manière dont vous

  3   comprenez les choses, vous.

  4   M. Sayers (interprétation). - C'est de cette façon que vous

  5   voyez les choses aussi ?

  6   M. Cicak (interprétation). - Je peux l'accepter.

  7   M. Sayers (interprétation). - Et puis, vous aviez en troisième

  8   position mais, assez loin, quelque 17,3 % de Croates.

  9   M. Cicak (interprétation). - Il y avait exactement

 10   585 932 citoyens.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cela représente

 12   environ 17,3 % de la population ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Avec votre permission, Monsieur le

 15   Président, j'aimerais indiquer qu'il y a une erreur dans le compte rendu.

 16   Je ne peux pas m'associer à ce que vous dites, mais le témoin a répondu

 17   par l'affirmative.

 18   M. le Président (interprétation). - Apparemment, ceci a été

 19   corrigé. De toute façon, il est utile d’en terminer car tous ces faits

 20   peuvent être prouvés, corroborés le temps

 21   voulu. Il est inutile pour autant d'engager une discussion avec le témoin

 22   sur ces points.

 23   M. Sayers (interprétation). - Le premier parti politique se

 24   constituait. Après la désintégration du parti communiste, ce fut le SDA,

 25   parti d'action démocratique et constitué le 26 mai 1990, n'est-ce pas ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - Oui, mais le parti ne portait pas

  2   ce nom-là.

  3   M. Sayers (interprétation). - Quel nom portait-il ?

  4   M. Cicak (interprétation). - Au début, il portait le nom

  5   purement ethnique, parti démocratique musulman.

  6   M. Sayers (interprétation). - Et j'aimerais présenter une pièce

  7   pour aider les Juges. Nous verrons comment le parti a subi une réforme

  8   -les différents partis se sont formés après 1990- et comment ils se sont

  9   positionnés.

 10   Mme la Greffière (interprétation). - Il s'agira de la

 11   pièce D10/1.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire, Monsieur,

 13   que le parti qui s'est ensuite constitué à partir d'axes ethniques,

 14   c'était le SDS, parti démocratique serbe qui s'est constitué quelques mois

 15   plus tard, en juillet 1990.

 16   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 17   M. Sayers (interprétation). - Et arrive derrière le SDA et le

 18   SDS, l'Union démocratique croate, le HDZ, constitué en Bosnie-Herzégovine,

 19   le 18 août 1990, est-ce exact ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Oui, c'est exact.

 21   M. Sayers (interprétation). - Le parti démocratique croate, le

 22   HDZ, avait au départ été constitué, créé en Croatie, n'est-ce pas ?

 23   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - C'est un parti politique

 25   important ; un des partis principaux qui s'est constitué à l'époque pour


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  1   ce qui est de la République de Croatie, qui était à l'époque une

  2   République socialiste de Croatie. Est-ce exact ?

  3   M. Cicak (interprétation). - Oui, vous parlez de l'Etat de

  4   Croatie, absolument.

  5   M. Sayers (interprétation). - Et puis, il y a le HDZ de Bosnie-

  6   Herzégovine qui était l'Union démocratique croate, constituée en Bosnie-

  7   Herzégovine, mais qui était différente du HDZ en Croatie, n'est-ce pas ?

  8   M. Cicak (interprétation). - Au début, il devait être différent

  9   par rapport au HDZ de la Croatie. Le parti politique du HDZ de Bosnie-

 10   Herzégovine devait être un parti dans l'Etat de Bosnie-Herzégovine.

 11   M. Sayers (interprétation). - Je crois qu'il serait juste de

 12   dire, et vous en conviendrez avec moi, que le HDZ, le SDA, le SDH, au

 13   moment des premières élections démocratiques en Bosnie-Herzégovine, en

 14   novembre 1990, que ces trois partis étaient principaux et qu'ils étaient

 15   tous constitués à partir d'axes ethniques ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Absolument.

 17   M. Sayers (interprétation). - Outre ces trois partis, il y avait

 18   aussi toute une multitude de plus petits partis, moins importants, qui

 19   s'étaient formés pratiquement tous à la même époque, n'est-ce pas ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Oui. A ce moment-là, il y avait

 21   très peu de partis.

 22   M. Sayers (interprétation). - Une petite digression, vous avez

 23   eu beaucoup de choses à dire à propos du Président de Croatie, Franjo

 24   Tudjman, au cours de votre interrogatoire principal. Permettez-moi de vous

 25   poser une seule question : avez-vous rencontré le Président Tudjman ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - Oui, trois ou quatre fois.

  2   M. Sayers (interprétation). - Où l'avez-vous rencontré et

  3   quand ?

  4   M. Cicak (interprétation). - Je ne l'ai pas rencontré

  5   officiellement. Une fois, j'ai été à un passage de revue, c'était la

  6   première fois que l'Etat de Croatie l'a fait pour montrer ses forces

  7   armées. Ceci s'est produit sur un terrain de jeux, à Zagreb. Ceci

  8   appartenait au club de

  9   football de Zagreb. C'était une manifestation purement symbolique pour

 10   montrer quelque chose. En ce qui concerne les forces armées, on ne peut

 11   même pas en parler, c'était insignifiant.

 12   M. Sayers (interprétation). - Vous faisiez simplement partie de

 13   l'assistance à cette réunion ?

 14   M. Cicak (interprétation). - Non, je n'ai pas été dans le

 15   public. Tout d'abord, j'étais l'invité de M. le ministre Juric. Par la

 16   suite, je me suis promené à Zagreb et je suis allé à cette manifestation.

 17   M. Sayers (interprétation). - Et il y a eu 10 000 personnes à

 18   cette manifestation ?

 19   M. Cicak (interprétation). - Oui, c'est ce que je pense. C'est

 20   le nombre de personnes que ce stade, ce terrain de jeux, peut contenir.

 21   M. Sayers (interprétation). - Personnellement, on ne vous a

 22   jamais présenté au Président Tudjman.

 23   M. Cicak (interprétation). - Non, je n'ai pas eu cette occasion-

 24   là. Ce n'était pas mon souhait non plus.

 25   M. Sayers (interprétation). - Vous ne lui avez jamais parlé non


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  1   plus ?

  2   M. Cicak (interprétation). - Vous voulez dire directement ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Oui.

  4   M. Cicak (interprétation). - Non.

  5   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez pas assisté à une

  6   quelconque réunion privée entre le Président Tudjman et Mate Boban ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Non, pas du tout.

  8   M. Sayers (interprétation). - Tout ce que vous avez raconté aux

  9   Juges concernant ces rencontres sont des ouï-dire ; si je peux en

 10   conclure ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Il ne s'agit pas là de ouï-dire.

 12   Lorsque je parle de Mate Boban, c'est quelqu'un de peu important et qu’il

 13   s’agisse de l'ouï-dire, dans ce cas là, d'accord.

 14   Je ne considère pas que l’on puisse le considérer ainsi, étant donné qu'il

 15   a été très proche du Président Tudjman, je considère que c'était la source

 16   la plus directe d'information.

 17   M. Sayers (interprétation). - Parlons de la création du HDZ,

 18   BIH, dans la ville même de Busovaca. A quel moment êtes-vous devenu, vous-

 19   même, membre de ce parti politique ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Au moment où nous nous sommes

 21   réunis dans l'église de Saint Anto. Je crois que j'ai la date quelque

 22   part. C'est lorsque le représentant du HDZ, Nikola Krizanac, est venu, il

 23   a été le Président du HDZ de Busovaca. Il est venu et a organisé cette

 24   réunion. A partir de ce moment-là, je suis devenu membre de ce parti.

 25   M. Sayers (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans ce


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  1   parti, bien sûr, vous avez accepté de respecter la charte du parti et les

  2   règlements, y compris le fait que cela fonctionnait sur la base d'un

  3   système démocratique où la majorité avait la priorité.

  4   M. Cicak (interprétation). - Il ne s'agit pas du règlement mais

  5   du statut et du programme, et justement le programme du HDZ de Bosnie-

  6   Herzégovine m’attirait pour devenir membre de ce parti, alors que le

  7   statut m'attirait moins. Etant donné que chaque nouveau parti démocratique

  8   avait le même statut, qu'il s'agisse du HDZ, du SDA, ils ont tous le même

  9   statut. Pour le programme de l'union démocratique du HDZ, il s'agissait

 10   d'un programme très progressif, pro européen, c'est ce qui m'attirait.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez qu'il y

 12   avait un comité d'initiative créé le 17 février 1990 afin de mener une

 13   enquête sur la création du HDZ à Busovaca ?

 14   M. Cicak (interprétation). - Je savais qu'il y avait plusieurs

 15   comités d'initiative qui étaient présidés par des gens qui appartenaient à

 16   toutes sortes de métiers. Ces métiers ne répondaient pas vraiment aux

 17   exigences par rapport aux métiers de personnes qui devraient créer un

 18   parti politique. Je veux dire par là qu'il s'agissait de simples ouvriers.

 19   M. Sayers (interprétation). - Le père de M. Kordic, M. Pero,

 20   n'était pas un simple ouvrier, n'est-ce pas ?

 21   M. Cicak (interprétation). - Non, c'était un très bon expert du

 22   service vétérinaire.

 23   M. Sayers (interprétation). - Il était le président du comité

 24   d'initiative qui devait jeter les bases de la création du HDZ le

 25   17 février 1990 ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - J'ai déjà dit qu'il y avait eu

  2   plusieurs comités d'initiative de la création du HDZ à Busovaca. Peut-être

  3   que le père de Kordic était le président de comité d'initiative. Je sais

  4   qu'il y en a eu plusieurs. L'un de ces Présidents avait été un garde du

  5   corps de M. Pavelic. Il s'agissait là d'une organisation fasciste. Et il

  6   s'agissait, par conséquent, d'un comité fasciste dans le cadre de l'Etat

  7   indépendant Croate.

  8   M. Sayers (interprétation). - Lorsque vous parlez de l'Etat

  9   indépendant croate, vous parlez de la formation qui existait en 1941

 10   et 1945.

 11   M. Cicak (interprétation). - La République de Croatie, oui, à

 12   cette époque-là, elle existait. Vous parlez de l'Etat indépendant croate ?

 13   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 14   M. Cicak (interprétation). - Cela a été la première fois dans

 15   l'histoire du peuple croate que la Croatie a formé un Etat et le docteur

 16   Ante Pavelic est le père de l'Etat croate. A l'époque, il était considéré

 17   comme la première et l'unique personne qui l'a accompli.

 18   M. Sayers (interprétation). - Votre père était colonel dans les

 19   forces armées de cet Etat, n'est-ce pas ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Non, mon père était un officier du

 21   roi et il a servi pendant le royaume d'Alexandar Karadordevic. Il a fait

 22   ses études à Vienne, à Budapest, dans ces villes où les experts militaires

 23   recevaient leur formation. Eant donné qu'il a été un officier, il a passé

 24   la guerre en détention en Allemagne. Il a été relâché et il a déménagé en

 25   Croatie, étant donné qu'il a quitté la Serbie auparavant, c'est là qu'il a


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  1   vécu à Petrinja. Il a été enregistré

  2   dans le cadre du service des « Domo Brani ». Il s'agissait des forces

  3   armées régulières de l'Etat de Croatie. Entre temps, il a gardé le même

  4   grade qu'auparavant.

  5   M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi de cette digression.

  6   Est-ce que vous vous souvenez le 30 août ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Vous pouvez me poser la question

  8   concernant ma mère aussi, si vous le voulez…

  9   M. Sayers (interprétation). - Non. Revenons à notre sujet. Le

 10   30 août 1990, est-ce que vous vous souvenez qu'il y a eu plusieurs

 11   conventions du village qui ont eu lieu dans le territoire de la

 12   municipalité de Busovaca concernant la création du HDZ ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Je m'en souviens. D'ailleurs,

 14   j'étais l'un des membres très actifs. J'étais un militant à l'époque, donc

 15   je me suis rendu presque dans tous les villages. Les gens acceptaient ce

 16   que je disais. Il est important de savoir que chacun de mes discours se

 17   terminait dans une même phrase qui résume tout aujourd'hui. C'était la

 18   phrase : "Que soit damné celui qui brise l'unité entre les Serbes, les

 19   Croates et les Musulmans".

 20   J'ai l'impression qu'il y en a qui ont effectivement été damnés.

 21   M. Sayers (interprétation). - Encore une fois, revenons au sujet

 22   qui nous intéresse. En septembre 1990, les premières élections locales

 23   pour le HDZ à Busovaca ont eu lieu, n'est-ce pas ?

 24   M. Cicak (interprétation). - Je pense que oui.

 25   M. Sayers (interprétation). - Le résultat de ces élections était


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  1   que le Dr Barac a été élu au poste du premier président du parti ? Est-ce

  2   exact ?

  3   M. Cicak (interprétation). – Le Docteur Vjekoslav Barac.

  4   M. Sayers (interprétation). – Très bien. Vous, vous avez été

  5   nommé au poste d'un des vice-présidents de cette organisation, n'est-ce

  6   pas ?

  7   M. Cicak (interprétation). – Oui, Dragutin Cicak était le vice-

  8   Président du parti.

  9   M. Sayers (interprétation). - Quel a été le poste du Dr Dragutin

 10   Franc ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Le Docteur Dragutin Franc était la

 12   personne la plus respectée dans la vallée de la Lasva. Il a été le vice-

 13   président du Conseil municipal du HDZ de Busovaca. C'était un homme d'un

 14   certain âge.

 15   M. Sayers (interprétation). - Il serait donc exact de dire qu'à

 16   partir des premières élections, vous étiez l'un des vice-présidents de ce

 17   parti politique local sur un niveau local de base ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne,

 19   oui. Je ne suis pas sûr. Peut-être y a-t-il eu quatre ou cinq autres

 20   personnes,  mais je sais que Vjekoslav Barac était le président. C'était

 21   la légende de la vallée de la Lasva. Ensuite, le Dr Dragutin Franc était

 22   l'un des vice-présidents. Moi aussi, j'étais l'un des vice-présidents. Je

 23   ne me souviens pas très bien s'il y en a eu d'autres.

 24   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit à la Chambre de

 25   première instance qu'il y a eu 60 municipalités en Bosnie-Herzégovine où


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  1   des élections semblables ont eu lieu, n'est-ce pas ?

  2   M. Cicak (interprétation). – Il y a eu 110 municipalités dans

  3   l'Etat de Bosnie-Herzégovine, 110 municipalités qui constituaient la

  4   totalité de cet Etat. Quant à la question combien de ces municipalités

  5   étaient croates et dans lesquelles d'entre elles, les élections ont eu

  6   lieu, je ne peux pas le dire en ce moment, étant donné que neuf ans se

  7   sont écoulés. Vous pouvez bien vous imaginer que ce sont là des détails

  8   que l'on oublie.

  9   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Pour replacer les

 10   choses dans un contexte historique, à partir de septembre 1990, il

 11   n'existait pas une entité nommé l'Etat indépendant de Croatie, n'est-ce

 12   pas ?

 13   M. Cicak (interprétation). – On oeuvrait pour que cela devienne

 14   un Etat indépendant de Croatie.

 15   M. Sayers (interprétation). – Oui, je suis absolument d'accord

 16   avec vous. Mais à l'époque, il n'y avait pas d'Etat indépendant de

 17   Slovénie non plus, n'est-ce pas ?

 18   M. Cicak (interprétation). – Non, mais on oeuvrait pour que cela

 19   soit créé.

 20   M. Sayers (interprétation). - Justement, en parallèle à ce qui

 21   se passait en Slovénie et en Croatie, la Bosnie-Herzégovine n'était pas un

 22   Etat indépendant non plus, n'est-ce pas ?

 23   M. Cicak (interprétation). – Je pense que la Bosnie-Herzégovine

 24   a obtenu son indépendance plus tard, après le démantèlement de l'Etat,

 25   après les tentatives de maintenir l'unité de la République fédérative


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  1   socialiste de république ou bien la Yougoslavie tronquée ou ce qu'on

  2   appelait la Serbo-Slavie.

  3   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Là, vous parlez de ce

  4   qui est resté de l'ex-Yougoslavie après les déclarations d'indépendance de

  5   la part de la Slovénie et de la Croatie, n'est-ce pas ?

  6   M. Cicak (interprétation). – Oui, tout à fait.

  7   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez quoi que ce

  8   soit au sujet des politiques internes au sein du HDZ, après votre départ

  9   de ce parti à la fin du mois de mars 1992 ?

 10   M. Cicak (interprétation). – Oui, je sais beaucoup de faits à ce

 11   sujet. Mais pour parler tout à fait ouvertement, je ne crois pas qu'il

 12   s'agissait là d'un parti politique unitaire de Bosnie-Herzégovine. Hier ou

 13   avant-hier, j'ai dit que la Bosnie-Herzégovine était divisée en trois

 14   régions : l'Herzégovine, la Bosnie centrale et la Posavina. Si on parle du

 15   HDZ de Posavina, il s'agit là d'une organisation politique tout à fait

 16   différente. Si l'on parle du HDZ de la Bosnie centrale, c'est encore autre

 17   chose. Si l'on parle du HDZ de l'Herzégovine, là encore c'est une

 18   organisation politique différente des deux autres, étant donné que les

 19   régions sont là tout à fait différentes et séparées. La mentalité, la

 20   façon de vivre des gens, tout est différent. L'éducation, le système

 21   écolier, les infrastructures, tout est différent.

 22   M. Sayers (interprétation). - Revenons à notre sujet, c'est-à-

 23   dire les élections à Busovaca. N'est-il pas exact de dire que Dario Kordic

 24   a été élu au poste de secrétaire du HDZ municipal de Busovaca, le

 25   30 septembre 1990 ?


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  1   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - Dès le début du HDZ à Busovaca,

  3   M. Kordic était engagé dans la politique du parti à un niveau local, tout

  4   comme vous-même ?

  5   M. Cicak (interprétation). – Non pas vraiment dès le début de

  6   l'existence du HDZ. Vous devez comprendre qu'il s'agit là d'un petit

  7   village, d'un petit endroit. A partir du moment où nous avons créé le

  8   parti dans l'église de Saint Anto, jusqu'au moment où nous avons élu le

  9   président, les vice-présidents, le secrétaire, le trésorier, etc., un

 10   certain temps s'est écoulé. Il s'agit d'une période de la constitution des

 11   cadres, des structures du personnel, c'est-à-dire de l'élection des

 12   personnes qui pouvaient faire partie de cette organisation.

 13   M. Sayers (interprétation). - Au cours d'un an et demi, par la

 14   suite, vous n'avez jamais eu un poste supérieur à celui du vice-président

 15   du HDZ municipal, c'est-à-dire local, n'est-ce pas ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas à quel moment j'ai

 17   été élu au poste dans le tribunal disciplinaire, ce que l'on appelait le

 18   tribunal de l'honneur. Je ne suis pas sûr si cela s'est produit lors de la

 19   convention du HDZ à Mostar ou si c'est le comité principal du HDZ de la

 20   Bosnie-Herzégovine qui l'a nommé. Je ne suis pas sûr des circonstances

 21   dans lesquelles ceci s'est produit.

 22   M. Sayers (interprétation). – Oui, mais de toute façon vous

 23   n'avez jamais eu un poste supérieur à celui du vice-président ? Vous

 24   n'avez jamais été le président du HDZ municipal à Busovaca, n'est-ce pas ?

 25   M. Cicak (interprétation). - Il y a eu certaines suggestions


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  1   allant dans ce sens-là, mais j'ai toujours considéré que cela n'était pas

  2   nécessaire dans ce village. En ce qui concerne

  3   l'engagement dans le cadre municipal du HDZ, je prenais cela pratiquement

  4   comme un hobby.

  5   M. Sayers (interprétation). - Dario Kordic a été élu au poste de

  6   président du HDZ municipal de Busovaca, le 1er février 1991,

  7   n'est-ce pas ?

  8   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). – Savez-vous pendant combien de

 10   temps il est resté à ce poste ?

 11   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne le poste de

 12   président du conseil municipal, je crois que cela s'est produit pendant

 13   assez longtemps, même après mon départ.

 14   M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous que Dario Kordic a été

 15   remplacé de son poste de président du HDZ municipal, le 1er avril 1992,

 16   par Florijan Glavocevic.

 17   M. Cicak (interprétation). - Je ne suis pas sûr qu'il s'agit des

 18   remplacements qui se sont produits dans le contexte que vous expliquez

 19   ici. Si M. Glavocevic est venu, cela veut dire qu'il s'agissait là d'un

 20   accord passé entre Glavocevic, Kordic, Mate Boban et les autres permettant

 21   à Kordic de prendre un poste plus responsable. Mais Glavocevic n'était

 22   certainement pas la personne la plus importante dans la vallée de la

 23   Lasva. Cette personne était Dario Kordic et ses décisions étaient

 24   respectées.

 25   M. Sayers (interprétation). - J'ai entendu que vous avez répété


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  1   ceci de nombreuses fois ce matin.

  2   M. Cicak (interprétation). – C'est très bien si vous l'avez

  3   entendu.

  4   M. Sayers (interprétation). – Vous n'étiez pas à Busovaca en

  5   avril 1992 et vous ne savez rien à de la politique interne du HDZ à

  6   Busovaca après votre départ pour Zenica, le 31 mars 1992. N'est-ce pas

  7   exact ?

  8   M. Cicak (interprétation). - En avril, j'étais immobile chez moi

  9   dans mon appartement et je luttais pour ma propre vie ; pour

 10   rester en vie pendant tout le mois d'avril

 11   1992. Etant donné qu'on m'avait passé à

 12   tabac, j'étais tellement faible que je ne pouvais

 13   même pas aller aux toilettes.

 14   M. Sayers (interprétation). - Essayez de répondre à ma question.

 15   Vous n'avez eu aucune participation à la politique interne du HDZ après le

 16   31 mars 1992, est-ce exact ?

 17   M. Cicak (interprétation). - Je pense superflu que je donne la

 18   réponse à cela.

 19   M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous avez joué un

 20   rôle quelconque, Monsieur Cicak, après le 31 mars ?

 21   M. Cicak (interprétation). - J'ai joué un certain rôle, mais

 22   dans mon lit. J'ai essayé de me soigner.

 23   M. le Président (interprétation). - Passons à autre chose. Nous

 24   vous avons déjà entendu là-dessus.

 25   M. Cicak (interprétation). - S'il le faut, je peux répéter.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Cela ne sera pas nécessaire. Le

  2   Procureur a examiné de façon chronologique certains documents. Le premier

  3   document avait trait au HDZ et datait du 31 janvier 1991. Mais je répète,

  4   étant donné qu'il s'agissait d'une époque tumultueuse, remplie de troubles

  5   en ex-Yougoslavie, essayez de replacer à l'intention des Juges dans le

  6   contexte historique les événements qui se produisaient à l'époque?

  7   Vous souvenez-vous d'un discours célèbre donné par le Président

  8   Milosevic en mars 1991, discours dans lequel il déclarait qu'il en avait

  9   terminé de la Yougoslavie. Il avait ajouté dans ce discours que la Serbie

 10   n'était plus liée par les organes fédéraux. Vous souvenez-vous de ce

 11   discours ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Je me souviens de ces discours,

 13   mais l'attention la plus grande, je l'ai portée au comité municipal du HDZ

 14   de Bosnie-Herzégovine, plus particulièrement Busovaca. Par conséquent, les

 15   discours de M. Milosevic ne m'intéressaient pas tant.

 16   M. Sayers (interprétation). - Ne vous intéressaient pas du

 17   tout ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Non. Et je ne l'appellerai plus

 19   monsieur, je pense qu'il suffit de dire Milosevic. Les discours de

 20   Milosevic ne m'intéressaient pas.

 21   M. Sayers (interprétation). - Pourtant quelques jours plus tard,

 22   le Président Milosevic avait dit que tous les Serbes allaient tous vivre

 23   dans un seul et même Etat. Avez-vous entendu ce discours ?

 24   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 25   M. Sayers (interprétation). - Ce discours vous a-t-il quelque


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  1   peu effrayé ?

  2   M. Cicak (interprétation). - Non, pas du tout même.

  3   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'un

  4   référendum portant sur la question de savoir si la Croatie devrait devenir

  5   un pays indépendant a été organisé après, puisque cela s'est passé en

  6   mai 1991 ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Cinq mois plus tôt, en

  9   décembre 1990, un référendum de même type avait été organisé en Slovénie

 10   sur la question de savoir si ce pays devait parvenir à l'indépendance

 11   aussi ?

 12   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 13   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous également du

 14   fait que peu de temps, avant ce document Z.7, qui vous a été montré, les

 15   forces armées de Yougoslavie, la JNA, avaient de fait attaqué la Slovénie.

 16   Il s'en était suivi un conflit de dix jours, entre le 25 juin 1991 et le

 17   3 juillet. Vous souvenez-vous de cela ?

 18   M. Cicak (interprétation). - Je m'en souviens.

 19   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cela vous a inquiété ?

 20   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - Du fait que des combats éclatent

 22   dans votre pays. Est-ce que cette inquiétude, vos compatriotes la

 23   partageaient avec vous au niveau local du parti du

 24   HDZ à Busovaca ?

 25   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas si c'était présent


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  1   au niveau de la municipalité. Mais je sais qu'on en a parlé, pendant des

  2   nuits entières. Mais il y avait quand même un très grand danger que la

  3   Bosnie-Herzégovine courait et c'est l'histoire également qui d'ailleurs en

  4   témoigne : toutes les guerres dans les territoires des Balkans

  5   commençaient en dehors de Bosnie-Herzégovine et se terminaient en Bosnie-

  6   Herzégovine de manière tellement catastrophique que ce pays a toujours été

  7   dévasté. C'est la raison pour laquelle nous sommes dit que cette guerre,

  8   qui était menée entre la JNA, la Slovénie et la Croatie, allait se

  9   terminer de façon catastrophique en Bosnie-Herzégovine et que, par

 10   conséquent, la Bosnie serait dévastée, détruite complètement.

 11   M. Sayers (interprétation). - Pour boucler la boucle à

 12   l'intention des Juges, tous vos compatriotes au niveau du HDZ à Busovaca

 13   partageaient-ils cette inquiétude ?

 14   M. Cicak (interprétation). - Oui, une grande partie. On ne peut

 15   pas dire cela. Mais un grand nombre quand même de la formation militaire

 16   de la JNA, s'approchait de la Bosnie-Herzégovine armée complètement, ce

 17   qui sous-entendait que la Bosnie-Herzégovine allait être obstruée par les

 18   armes de la JNA. On sait très bien ce qui peut en sortir.

 19   M. Sayers (interprétation). - Il est certain que la population

 20   que vous représentiez dans la municipalité de Busovaca, que ce peuple

 21   croate savait bien ce que cela représentait, n'est-ce pas ?

 22   M. Cicak (interprétation). - Nous avons essayé de donner des

 23   explications à la population, à cette population, étant donné le fait

 24   qu'il s'agit d'un degré d'éducation qui n'est pas très élevé, du fait que

 25   la population ne pouvait pas voir ce qui allait se passer, même pas deux


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  1   mois plus tard. Nous avons été obligés de bien préparer les citoyens, pas

  2   uniquement appartenant aux groupes ethniques croates, mais de tous les

  3   citoyens pour leur expliquer qu'une catastrophe menace la Bosnie-

  4   Herzégovine.

  5   M. Sayers (interprétation). - Bien, ceci nous amène au premier

  6   document qui vous a été soumis, le Z.7, est-ce que l'appariteur peut vous

  7   remettre ceci ?

  8   Nous avons parcouru de façon très brève ce contexte historique.

  9   J'espère que ceci n'aura pas importuné les Juges. N'est-il pas vrai de

 10   dire que s'il y a eu une réunion du HDZ de Travnik, le 21 juillet 1991,

 11   c'était pour discuter de la situation en matière de sécurité, en matière

 12   politique sur le territoire ?

 13   M. Cicak (interprétation). - Vous parlez du 21 juillet 1991 ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Oui, tout à fait.

 15   M. Cicak (interprétation). - Je pense, ou je suis même sûr, que

 16   cette réunion a été consacrée à ce problème.

 17   M. Cicak (interprétation). - Si vous me permettez, je pourrais

 18   simplement faire un commentaire, ou plutôt me compléter. Vous avez posé la

 19   question. Je ne sais pas si j'y ai répondu, mais si les Juges me le

 20   permettent, je pourrais compléter ce que j'ai dit, le document a été signé

 21   par les deux personnes qui avaient absolument le droit de signer,

 22   Dario Kordic et Ignjaz Kostroman l'ont signé, il n'y a pas de

 23   Secrétaire général, le professeur Markesic, et le Président du

 24   HDZ, Stjepan n'est pas ici.

 25   M. Sayers (interprétation). - Effectivement, vous avez déjà dit


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  1   cela précédemment. Ljubljana, la capitale de la Slovénie avait été

  2   bombardée par les forces aériennes de la JNA, vers la mi-juillet 1991, au

  3   début juillet plus précisément ? Est-ce bien exact ?

  4   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Lors de cette réunion pour le HDZ

  6   pour la région de Travnik, M. Kljujic n'était pas présent ?

  7   M. Cicak (interprétation). - Non.

  8   M. Sayers (interprétation). - Il vaquait à d'autres occupations,

  9   parce qu'il était membre de la présidence de la Bosnie-Herzégovine à cette

 10   époque-là, n'est-ce pas ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Il était membre de la présidence.

 12   Il était président du parti et la Bosnie-Herzégovine avait

 13   110 municipalités, plus de 50 municipalités étaient peuplées par une

 14   partie de la population croate et lui, bien évidemment, était chargé de

 15   chaque Croate.

 16   M. Sayers (interprétation). – Et les dirigeants des sept

 17   municipalités énumérées dans ce document sont bien repris dans ce

 18   document, n'est-ce pas ?

 19   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas à quoi vous pensez ?

 20   M. Sayers (interprétation). - Premier paragraphe de cet ordre du

 21   jour. Là sont énumérés les dirigeants des sept municipalités ? On les cite

 22   nommément, n'est-ce pas ?

 23   M. Cicak (interprétation). - Oui. Si la Chambre me le permet, je

 24   pourrais ajouter une phrase. C'est à ce moment-là qu'on a essayé de créer

 25   les deux communautés régionales.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Nous nous sommes mis d'accord dès

  2   le départ, dès le début de ce contre-interrogatoire. Vous avez dit que

  3   vous alliez répondre de façon concise, logique et chronologique.

  4   M. le Président (interprétation). – Maître Sayers, si le témoin

  5   n'y parvient pas, il revient aux juges d'en juger. Passez à autre chose.

  6   M. Sayers (interprétation). – Les dirigeants des sept

  7   municipalités sont bien nommés ici, ils sont nommés de façon précise dans

  8   ce document n'est-ce pas ?

  9   M. Cicak (interprétation). - Oui.

 10   M. Sayers (interprétation). - Votre nom n'y figure pas, il n'y

 11   paraît pas.

 12   M. Cicak (interprétation). - A partir du moment où il y a eu

 13   réunion, il n'est pas important que mon nom y figure. C'est celui qui

 14   tenait le procès-verbal qui biffait ou rajoutait un nom.

 15   M. Sayers (interprétation). – Soit dit en passant, en juin 1991,

 16   les forces serbes avaient déclenché une agression contre la Croatie,

 17   n'est-ce pas ?

 18   M. Cicak (interprétation). – Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). – Avez-vous répondu par

 20   l'affirmative ?

 21   M. Cicak (interprétation). – Oui, oui, j'ai répondu par

 22   l'affirmative.

 23   M. Sayers (interprétation). – Excusez-moi, je ne vous avais pas

 24   entendu. Vous conviendrez avec moi du fait que ceci s'est produit un mois

 25   avant l'attaque massive déclenchée contre la ville de Vukovar, en Croatie


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  1   orientale ?

  2   M. Cicak (interprétation). - C'est cela.

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous voyez le

  4   paragraphe n° 8 dans ce document, Monsieur ?

  5   M. Cicak (interprétation). - De quel document parlez-vous ? J'ai

  6   un certain nombre de documents, mais j'avoue que je ne me débrouille pas

  7   bien. Si vous voulez bien me le marquer, me surligner ou me dire de quel

  8   paragraphe il s'agit.

  9   M. Bennouna. – Maître Sayers, pouvons-nous avoir ce document sur

 10   le rétroprojecteur ? Merci.

 11   M. Sayers (interprétation). - Si ce n'est pas clair, j'espère

 12   avoir été clair. Ici, nous parlons de la pièce Z7.

 13   M. le Président (interprétation). - Le témoin dispose-t-il de la

 14   pièce Z7. Monsieur Cicak, veuillez remettre à l'appariteur, pour le

 15   conseil de la défense, le document que vous aviez entre les mains. Le

 16   conseil verra alors de quel document il s'agit.

 17   M. Sayers (interprétation). – C'est une déclaration préalable

 18   qui a fait l'objet de quelques questions. Ce n'est pas cette pièce que

 19   nous examinons.

 20   M. le Président (interprétation). - Remettons au témoin le

 21   document en question.

 22   M. Sayers (interprétation). - Veuiller examiner le paragraphe

 23   n° 8 de ce compte rendu de réunion, je cite : "Pour des raisons

 24   politiques, le HDZ de Bosnie-Herzégovine doit, dans les meilleurs, délais,

 25   prendre contact avec le ZDA et le MBO des partis de Cazinska


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  1   Krajina afin que ces partis mettent au point des actions politiques

  2   conjointes dans cette région."

  3   Vous avez déjà déposé à cet égard. Vous avez dit, nonobstant

  4   l'absence de votre nom dans le compte rendu de cette réunion, vous y étiez

  5   à cette réunion ? Est-ce que je me souviens bien de ce que vous avez

  6   déclaré ?

  7   M. Cicak (interprétation). – Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous du fait que ce

  9   point a fait l'objet d'une discussion d'une coordination de l'action avec

 10   le parti du SDA, parti musulman ?

 11   M. Cicak (interprétation). - Ce qui est intéressant, c'est un

 12   autre phénomène, phénomène qui concerne le SDA dans la région de Zasina

 13   qui s'est comporté différemment par rapport à la Centrale du SDA à

 14   Sarajevo. C'est pourquoi le parti MBO, SDA également, était intéressant

 15   dans la région de Zasina. C'est pourquoi on avait essayé de se mettre en

 16   contact avec ces partis. Mais je pense qu'on n'a jamais réussi

 17   véritablement à contacter ces filiales, ces succursales.

 18   M. Sayers (interprétation). – Mais il y a eu un consensus à

 19   cette réunion parmi tous les participants pour dire qu'il fallait prôner

 20   et approuver ce type de démarche pour avoir des actions conjointes avec le

 21   SDA.

 22   M. Cicak (interprétation). - Si on voulait détruire le SDA, à ce

 23   moment-là c'était impératif.

 24   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez-vous du fait qu'on a

 25   discuté du point 15 repris dans ce document, du problème posé par la


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  1   panique et par le désordre qui se répandaient et qui étaient semés dans la

  2   région par des bandes Chetnik ?

  3   M. Cicak (interprétation). - Oui.

  4   M. Sayers (interprétation). – Il serait juste de dire que les

  5   autorités gouvernementales de Bosnie-Herzégovine étaient impuissantes face

  6   à la nécessité de contrôler

  7   cette violence armée.

  8   M. Cicak (interprétation). - En ce qui concerne les autorités de

  9   Bosnie-Herzégovine, elles étaient véritablement impuissantes pour

 10   contrôler toutes les institutions de paramilitaires qui, à cette époque-

 11   là, apparaissaient de tous les côtés à partir des formations musulmans,

 12   serbes et croates.

 13   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Je crois que nous avons

 14   déjà éclairci la notion de Chetnik. Mais à qui pensait-on quand vous

 15   parlez de Chetnik ?

 16   M. Cicak (interprétation). - Je ne sais pas s'il s'agit de

 17   véritables Chetnik. Mais ici, on a employé ce terme. Kostroman lui-même a

 18   rédigé et signé le document. C'est lui qui sait ce que veut dire le terme

 19   Chetnik. Ce n'était pas les forces Chetniks, mais les formations

 20   paramilitaires armées du parti SDS que l'on appelait Carapani parce qu'ils

 21   portaient des cagoules, plutôt une sorte de chaussette, de cagoule sur le

 22   visage.

 23   M. Sayers (interprétation). - Dans ce contexte, dans ce climat

 24   de recrudescence de la violence face à l'impuissance du gouvernement de

 25   Bosnie-Herzégovine, devant celle-ci, a-t-on évoqué ce problème de


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  1   l'économie qui était en train de se démanteler dans cette République de

  2   Bosnie-Herzégovine ? C'est évoqué au 16.

  3   M. Cicak (interprétation). - Oui, il a été question de ces

  4   sujets. Il y avait des troubles sociaux également qui s'entrevoyaient car

  5   l'économie ne fonctionnait pas correctement. Pour l'économie, le plus

  6   important consiste à assurer le trafic régulier. Il n'y avait pas de

  7   trafic régulier car des formations paramilitaires, selon leurs bonnes

  8   intentions, érigeaient des barrages et, par conséquent, le trafic n'était

  9   pas normal.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous souvenez vous qu'à l'époque

 11   on a parlé de quelque chose qu'on avait surnommé les accords de Brijuni ?

 12   M. Cicak (interprétation). – Pouvez-vous répéter la question ?

 13   Je n'ai pas suivi la question ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Volontiers. Vous souvenez-vous

 15   qu'à l'époque, on a discuté des accords dit de "Brijuni" ? Pour vous

 16   aider, ce sont là une série d'accords internationaux en vertu desquels la

 17   déclaration de la dépendance de la Croatie a été reportée au mois

 18   d'octobre. C'est à ce moment-là seulement qu'elle a eu un effet légal.

 19   M. Cicak (interprétation). - Je ne me souviens pas de ces

 20   entretiens. En ce moment-même, je ne me souviens pas si on a parlé de ces

 21   entretiens au Comité municipal du HDZ de Busovaca. Nous avions beaucoup de

 22   choses à faire pour parler des problèmes qui, à cette époque-là, avaient

 23   lieu à Busovaca et pour apaiser la situation à Busovaca, pour réparer la

 24   population pour tous ces malheurs qui se préparaient à l'égard des

 25   citoyens de Bosnie-Herzégovine.


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  1   M. le Président (interprétation). – Maître Sayers, est-ce que le

  2   moment se prête bien à la levée de l'audience.

  3   M. Sayers (interprétation). – Oui.

  4   M. le Président (interprétation). – Nous reprendrons à

  5   9 heures 45.

  6   M. Nice (interprétation). – J'aurais voulu vous demander votre

  7   aide, Monsieur le Président, pour quelques minutes.

  8   M. le Président (interprétation). - Quelques minutes, pas plus.

  9   Nous allons peut-être vous demander, Monsieur Cicak, de vous

 10   retirer et de bien vouloir revenir demain à 9 heures 45.

 11   M. Nice (interprétation). – En effet car ce que je vais n'aura

 12   rien à voir avec M. Cicak.

 13   M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, ceci porte

 14   sur l'audience. Cela n'a rien à voir avec votre déposition. Ne vous en

 15   faites pas.

 16   M. Nice (interprétation). – C'est à propos de l'horaire pour les

 17   témoins suivants, Monsieur le Président.

 18   M. Sayers (interprétation). – Peut-on demander au témoin de

 19   laisser les pièces dans la salle d'audience ?

 20   M. le Président (interprétation). – Monsieur Cicak, je vais vous

 21   demander de laisser les pièces ici.

 22         (Le témoin quitte le prétoire.)

 23   M. Nice (interprétation). – Il s'agit d'un problème d'horaire,

 24   Monsieur le Président. Maître Sayers me dit qu'il prévoyait de terminer le

 25   contre-interrogatoire en une journée. Nous pourrions avoir le prochain


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  1   témoin, demain, à 14 heures. J'avais pris des dispositions pour avoir deux

  2   témoins cette semaine. Mais puisque nous allons terminer jeudi midi, je

  3   crois que nous n'aurons pas terminé avec ces deux témoins. Nous avions en

  4   fait prévu deux témoins. Nous pourrons terminer avec l'un d'entre eux, à

  5   coup sûr.

  6   Malheureusement, ou heureusement, la semaine prochaine je dois

  7   commencer avec un témoin qui a un emploi du temps difficile à gérer. Il

  8   faudra que je le commence à 15 heures parce qu'il doit s'acquitter

  9   d'autres obligations assez rapidement après sa déposition. Cela veut dire

 10   que nous avons un choix entre deux possibilités. Si le témoin commence

 11   demain après-midi et termine vers l'heure du déjeuner mercredi ou mercredi

 12   après-midi, nous allons peut-être perdre du temps, au maximum une journée,

 13   voire une demi-journée jeudi matin. Nous avons un autre témoin qui est ici

 14   et qui va prendre plus de temps pour sa déposition. Il est disposé à

 15   rester. Il veut bien commencer l'interrogatoire principal, pour autant

 16   qu'on le reprenne par la suite dans les semaines qui suivent. Pour ma

 17   part, cela ne me pose pas de problème puisque nous verrons, grâce au

 18   compte rendu d'audience, où nous sommes. Le témoin n'aura plus de contact

 19   avec nous une fois qu'il aura commencé sa déposition.

 20   Je m'en remets à vous, Messieurs les Juges. Pour ma part, je

 21   préférerais apporter le plus grand nombre de témoins possible. Nous avons

 22   le choix effectif entre la perte d'une demi-journée, jeudi matin ou un

 23   témoin qui aurait commencé son interrogatoire principal et qui

 24   devrait revenir quelques semaines, voire un peu plus tard encore. Ce

 25   témoin était déjà ici. J'ai dû m'excuser des problèmes posés, mais il a


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  1   fait preuve de beaucoup de gentillesse. Il se conformera à notre souhait

  2   alors qu'il est médecin lui-même.

  3   Nous voulons l'en remercier et nous vous demandons comment faire

  4   au mieux. Mais j'ai un témoin dont je dois commencer l'interrogatoire

  5   principal lundi à 15 heures.

  6               (Les juges se consultent sur le Siège.)

  7   M. le Président (interprétation). – Maître Nice, à notre avis il

  8   serait utile d'entendre le témoin dans la mesure du possible. Tout est

  9   fonction des progrès que nous allons enregistrer. Si nous n'avançons pas 

 10   bien, cela devra dire qu'il devra commencer jeudi matin, c'est assez

 11   inutile. Mais si nous pouvions commencer sa déposition mercredi après-

 12   midi, ce serait bien.

 13   M. Nice (interprétation). - Je vais prendre contact avec la

 14   division d'aide aux victimes et aux témoins pour qu'on fasse preuve de

 15   souplesse, voire annuler si c'est nécessaire.

 16   M. le Président (interprétation). – A demain 9 heures 45.

 17               L'audience est levée 16 heures 10.

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