Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                           Affaire IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

  3                                 LE PROCUREUR

  4                                 du TRIBUNAL                                

  5                                       c/                           

  6                           Dario KORDIC et Mario CERKEZ                   

  7                                 Mardi 4 Mai 1999                   

  8                     L'audience est ouverte à 14 heures 30.

  9   M. Bos (interprétation). - Il s'agit de l'affaire IT-95-14/2, le

 10   Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

 11   M. le Président (interprétation). - Oui, allez-y, Maître Stein.

 12   M. Stein (interprétation). - Monsieur Zlotrg, s'il y a une

 13   question que je vous pose et que vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à me

 14   le dire.

 15   J'aimerais que l'on présente au témoin la pièce Z245.

 16               (L'huissier s'exécute.)

 17   Jusqu'au moment où vous êtes venu à La Haye, vous n'aviez pas vu

 18   ce document. Est-ce bien exact ?

 19   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je l'ai donné à l'enquêteur.

 20   M. Stein (interprétation). - Vous l'avez remis aux enquêteurs du

 21   Bureau du Procureur ; est-ce bien cela ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 23   M. Stein (interprétation). - Vous n'étiez pas présent au moment

 24   où ce document a été signé ; c'est bien cela aussi ?

 25   M. Zlotrg (interprétation). - Non.


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  1   M. Stein (interprétation). - Est-ce que vous étiez physiquement

  2   présent au moment où ce document a été signé ?

  3   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je n'étais pas présent.

  4   M. Stein (interprétation). - Ce qui veut dire que vous n'avez

  5   pas vu le moment...

  6   M. le Président (interprétation). - Veuillez répondre à cette

  7   question : est-ce que vous aviez vu ce document à un moment quelconque

  8   avant de l'envoyer ici ? Est-ce qu'à un moment quelconque, vous l'aviez

  9   vu ?

 10   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

 11   M. Stein (interprétation). - Très bien.

 12   M. le Président (interprétation). - Passons à autre chose.

 13   M. Stein (interprétation). - Tout à fait, Monsieur le Président.

 14   Il est aussi exact de dire que vous n'aviez jamais vu les

 15   signataires de ces documents signer d'autres documents : c'est bien exact,

 16   n'est-ce pas ?

 17   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

 18   M. Stein (interprétation). - Ce n'est pas exact cela ?

 19   M. Zlotrg (interprétation). - Mais c'est vrai, je n'étais pas

 20   présent. Par conséquent, je ne pouvais pas voir ce qui a été signé.

 21   M. Stein (interprétation). - Et quelqu'un vous aurait donné ce

 22   document, que vous étiez censé remettre aux enquêteurs du Bureau du

 23   Procureur, n'est-ce pas ?

 24   M. Zlotrg (interprétation). - Oui. Il y a une dépêche qui a été

 25   envoyée, selon un acte du Tribunal international, selon lequel tous les


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  1   documents devaient être soumis au Tribunal de La Haye. Quand cet acte, ce

  2   document est parvenu à mon poste, à ce moment-là, j'étais chargé de

  3   recueillir toutes les preuves sur le terrain, les preuves à charge. Cela,

  4   par conséquent, selon l'ordre du Tribunal qui était émis par le Tribunal.

  5   Je n'ai rien d'autre à dire.

  6   M. Stein (interprétation). - Qui vous a donné ce document

  7   portant la cote Z245 ?

  8   M. Zlotrg (interprétation). - C'est le ministère de la Défense

  9   de la municipalité de Vitez.

 10   M. Stein (interprétation). - Mais qui précisément ? Quelle

 11   personne vous a donné ce document ?

 12   M. Zlotrg (interprétation). - Le chef, Nijaz Sivro.

 13   M. Stein (interprétation). – Est-ce que vous savez d'où, lui, a

 14   obtenu ce document ?

 15   M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas.

 16   M. Stein (interprétation). - Ce document, avant que votre chef

 17   ne vous le remette, vous ne l'aviez jamais vu ?

 18   M. Zlotrg (interprétation). - Non. J'ai agi selon la demande du

 19   Tribunal de La Haye : j'ai recueilli les documents pour l'affaire Santic

 20   et Kupreskic.

 21   M. Stein (interprétation). - Ce n'est pas la question que j'ai

 22   posée. Ma question était tout à fait simple : avant que le chef de la

 23   police ne vous remette ce document, vous ne l'aviez jamais vu ? Répondez

 24   par oui ou par non, s'il vous plaît.

 25   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je n'ai pas parlé du chef de


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  1   la police.

  2   M. le Président (interprétation). - Là, on tourne en rond et

  3   c'est tout à fait inutile. Monsieur Zlotrg, veuillez répondre à cette

  4   question : est-ce que vous aviez vu ce document à un moment quelconque

  5   avant de l'envoyer ici ? Est-ce qu'à un moment quelconque, vous l'aviez

  6   vu ?

  7   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

  8   M. le Président (interprétation). - Très bien. Passons à autre

  9   chose. Maître Stein ?

 10   M. Stein (interprétation). - Tout à fait, Monsieur le Président.

 11   M. Stein (interprétation). - Il est aussi exact de dire que vous

 12   n'aviez jamais vu les signataires de ce document signer d'autres

 13   documents : c'est bien exact, n'est-ce pas ?

 14   M. Zlotrg (interprétation). - Je pense que j'ai vu un certain

 15   nombre, par exemple, de Musulmans : Nenad Santic, par exemple. Il a

 16   travaillé à la pompe à essence à Vitez. Si c'est une signature qui est

 17   fiable ou non, je ne peux pas le savoir. Ce sont les experts qui vont le

 18   prouver ; je ne peux pas prouver qu'il s'agit là de sa signature.

 19   M. Stein (interprétation). - Tout à fait. Et c'est précisément

 20   ce que je cherchais comme renseignement de votre part.

 21   Passons, si vous le voulez bien, à un autre sujet, à savoir les

 22   délits et infractions commises contre les Croates au cours de la même

 23   période, qui a concernée votre déposition.

 24   Le 10 janvier 1993, une grenade a été lancée depuis le quartier

 25   de Mahala dans Stari Vitez. Pardon, je me suis trompé : c'est en


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  1   juin 1993. Cette grenade a tué dix enfants croates. Vous le saviez, n'est-

  2   ce pas ?

  3   M. Zlotrg (interprétation). - C'était la guerre. Moi, je ne

  4   connais pas le cas dont vous parlez, je n'étais pas dans le secteur qui a

  5   été contrôlé par le HVO. A cette époque-là, j'étais à Zenica. Si mes

  6   souvenirs sont bons, c'est le 16 mai 1993 que j'ai été échangé. Par

  7   conséquent, toute cette période, je l'ai passée à Zenica jusqu'à la

  8   signature des accords, jusqu'en mai 1994 où, à cette époque-ci, il était

  9   possible par conséquent de retourner à Stari Vitez.

 10   M. Stein (interprétation). - Le 10 juin 1993, vous étiez en

 11   liberté ?

 12   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, mais à Zenica.

 13   M. Stein (interprétation). - Vous y travailliez en tant qu'agent

 14   ou officier de police, à l'époque, à Zenica ?

 15   M. Zlotrg (interprétation). - Non, j'étais membre de l'armée.

 16   M. Stein (interprétation). - Et que faisiez-vous pour l'armée en

 17   juin 1993 ?

 18   M. Zlotrg (interprétation). - J'étais une personne qui

 19   s'occupait de la sécurité.

 20   M. Stein (interprétation). - De quel type de sécurité : sécurité

 21   policière ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - C'est une hiérarchie, une

 23   structure de l'armée, sécurité au sein de l'armée, de ce qui appartenait à

 24   l'armée et, bien évidemment, sur le territoire qui a été contrôlé par

 25   nous.


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  1   M. Stein (interprétation). - A quel moment avez-vous rejoint

  2   l'armée ?

  3   M. Zlotrg (interprétation). - Quelques jours après l'échange, je

  4   ne sais pas exactement la date.

  5   M. Stein (interprétation). - En mai 1993 ?

  6   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

  7   M. Stein (interprétation). - Bien. Vous, vous veniez de

  8   Stari Vitez, n'est-ce pas ? C'est là que vous habitiez ?

  9   M. Zlotrg (interprétation). - Non, j'habitais la ville même. Si

 10   j'avais été à Stari Vitez, je n'aurais pas été arrêté. J'habitais la rue

 11   Marsala Tita, le bâtiment A14, donc le secteur qui a été contrôle par le

 12   HVO.

 13   M. Stein (interprétation). - Vous qui veniez du quartier de

 14   Mahala, est-ce que vous saviez qu'il y a eu une équipe de tireurs

 15   embusqués qui a tué cinq personnes, en a blessé vingt-six, ceci au moment

 16   où vous avez été libéré, après votre libération ?

 17   M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas combien elle en a

 18   tué, mais est-ce que vous savez qu'il y avait également une équipe de

 19   tireurs isolés au sein du HVO ? Par conséquent, les armées avaient des

 20   tireurs isolés. Je sais qu'à Vitez, il y avait un tireur. Du côté du HVO,

 21   il y en avait beaucoup, il y avait même une équipe. Donc vous pouvez faire

 22   la différence. Mais c'était la guerre, il ne faut pas l'oublier ; nous

 23   aussi on a eu des pertes au moment où nous étions des alliés.

 24   M. Stein (interprétation). - Vous répondez par l'affirmative à

 25   ma question ? Vous saviez qu'il y avait des tireurs isolés ?


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  1   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

  2   M. Stein (interprétation). - Soyons clairs ! Est-ce que vous

  3   saviez, oui ou non, qu'il existait une équipe de tireurs isolés dans le

  4   quartier de Mahala à de Stari Vitez ? Cette équipe aurait tué 5 personnes

  5   et blessé 26 personnes ?

  6   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je n'étais pas au courant. Je

  7   n'étais pas à Stari Vitez. Nous n'étions pas connectés avec les gens qui y

  8   étaient ou bien on passait par le codage. Par conséquent, il faudrait

  9   demander au commandant de l'état-major, M. Santic : lui, il sait qui lui a

 10   été subordonné ; moi, je ne le sais pas.

 11   M. Stein (interprétation). - Je comprends votre réponse

 12   précédente comme étant celle-ci : vous saviez toutefois qu'il y avait des

 13   tireurs embusqués ou des équipes de tireurs embusqués qui étaient utilisés

 14   et par les Croates et par les Musulmans au cours de cette guerre.

 15   M. Zlotrg (interprétation). - Je suppose qu'il y en avait, mais

 16   je ne sais pas s'il y en avait à Vitez ou non, car je n'étais pas à

 17   Stari Vitez à cette époque-là. C'est véritablement la raison pour laquelle

 18   je ne le sais pas. Je n'étais pas membre de l'armée non plus, jusqu'à la

 19   deuxième moitié du mois de mai. Ce n'est qu'après que j'ai été échangé,

 20   que j'ai pu rejoindre les rangs de l'armée. Une fois de plus, je n'étais

 21   pas en liaison avec les unités. Moi, j'ai occupé des activités

 22   opérationnelles de sécurité. Donc, je n'étais pas en contact avec des

 23   équipes de tireurs isolés, de tireurs embusqués.

 24   M. Stein (interprétation). - Veuillez répondre à une dernière

 25   question concernant ces tireurs. Nous sommes d'accord pour dire que les


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  1   tireurs embusqués se placent toujours sur une position surélevée, à partir

  2   de laquelle, en surplomb, ils peuvent viser tel ou tel objet, ou telle ou

  3   telle personne ?

  4   M. Zlotrg (interprétation). - C'est probablement la stratégie du

  5   tireur isolé. Je n'ai jamais été tireur embusqué ; par conséquent, je ne

  6   peux pas répondre à cette question.

  7   Ce que je sais sur les tireurs embusqués, je l'ai appris par la

  8   presse, par les films, etc. C'est comme cela que je peux vous donner la

  9   réponse ; moi, personnellement, je ne suis pas un soldat professionnel, je

 10   ne l'ai jamais été.

 11   M. Stein (interprétation). – Connaissez-vous un certain Mirsad

 12   Tatarevic ?

 13   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est mon collègue.

 14   M. Stein (interprétation). – Est-ce qu’il n'était pas un des

 15   tireurs embusqués faisant partie de ces équipes dont je viens de parler ?

 16   M. Stein (interprétation). - A ma connaissance, c'est un fusil

 17   automatique qu'il avait. Il était chargé de ce fusil, appelé Ciganta, ce

 18   fusil Kalachnikov. La police n'avait pas de snipers. Moi, je pense que

 19   c'était un agent de police, comme moi-même à Vitez. Il portait un

 20   pistolet, puis il avait un fusil. C'est tout ce que je sais, je sais

 21   également qu'avec ce fusil bien évidemment, il est sorti une fois quand la

 22   guerre s'est terminée. Mais le reste, je ne le sais pas, je ne peux pas

 23   vous le dire.

 24   M. Stein (interprétation). – Vous ne savez pas s'il a pris ce

 25   fusil automatique pour remonter sur la hauteur pour tirer sur des


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  1   Croates ? Vous ne le savez pas ?

  2   M. le Président (interprétation). - Le témoin a déjà dit qu'il

  3   ne savait pas ce que cet homme avait fait de son fusil.

  4   M. Stein (interprétation). – Vous connaissez Zenka Djidic,

  5   n'est-ce pas ? Vous connaissez ce nom ?

  6   M. Zlotrg (interprétation). - Il a été commandant de l'état-

  7   major de la Défense territoriale. C'est là où il se trouvait quand les

  8   conflits se sont déclenchés. Peu de Musulmans qui sont restés à

  9   Stari Vitez ont réussi à se défendre contre l'agression du HVO. C'est tout

 10   ce que je sais.

 11   M. Stein (interprétation). – Entre le 16 avril 1993 et le

 12   25 février 1994, l'armée de Bosnie-Herzégovine, sous son commandement,

 13   s'est emparée du quartier Mahala, à Stari Vitez. C'est bien le cas ?

 14   M. Zlotrg (interprétation). – Non, elle ne s'est pas emparée :

 15   ils ont défendu le secteur de Stari Vitez pour qu'Ahmici ne se reproduise

 16   pas, car si personne n'avait défendu Stari Vitez, on aurait eu la

 17   répétition d'Ahmici à Stari Vitez. En d'autres termes, ils ont défendu,

 18   ils ne se sont pas emparés de ce secteur : tous les Croates qui se

 19   trouvaient à Stari Vitez sont restés là.

 20   M. le Président (interprétation). – Monsieur Zlotrg, je vais

 21   vous demander de répondre aux questions de façon concise, succincte. Je

 22   crois que nous pourrons ainsi en terminer plus rapidement. Si vous ne

 23   savez pas quelque chose, contentez-vous de le dire.

 24   M. Stein (interprétation). – Et sous son commandement, 37 civils

 25   ont été détenus à Stari Vitez : c'étaient tous des Croates. Vous le


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  1   saviez, n'est-ce pas ?

  2   M. Zlotrg (interprétation). – Non. Ils n'ont pas été détenus.

  3   M. Stein (interprétation). – Est-ce que vous êtes en train de

  4   dire au Tribunal que ces gens étaient libres ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance, ils étaient

  6   libres.

  7   M. Stein (interprétation). – J'aimerais que l'on vous soumettre

  8   la pièce 332.2. Ce sera le dernier domaine que je vais explorer au cours

  9   de mon contre-interrogatoire.

 10   Lorsque Me Nice a présenté ce document, qui était un rapport

 11   d'interrogatoire de témoin, il a parlé d'un constat judiciaire énonçant

 12   des faits. Mais c'était, en fait, le compte rendu de l'audience à laquelle

 13   vous avez comparu auprès du Tribunal suprême ou supérieur de Zenica. C'est

 14   bien le cas, n'est-ce pas ?

 15   M. Zlotrg (interprétation). – Oui, ce doit être cela, d'après ce

 16   que je vois.

 17   M. Stein (interprétation). – Et le juge était Musulman, n'est-ce

 18   pas ?

 19   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 20   M. Stein (interprétation). – Et le greffier aussi, n'est-ce pas,

 21   était Musulman ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 23   M. Stein (interprétation). – La procédure était une procédure

 24   pénale, intentée contre l'accusé Dario Kordic ?

 25   M. Zlotrg (interprétation). – Moi, je n'ai pas de compétence en


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  1   ce qui concerne le Tribunal de Zenica. Par conséquent, l'équipe était

  2   telle qu'elle est. Et moi, j'ai fait ma déclaration.

  3   M. Stein (interprétation). – Je ne veux pas ici encombrer le

  4   compte rendu d'audience. Je crois que le premier paragraphe se passe de

  5   commentaires.

  6   Mais parlons des faits propres à la procédure. Je pense que,

  7   dans la version en anglais, ce sera à la page 2, alors que, dans la

  8   version croate, on trouve ces faits dans la première page entière.

  9   Vous avez déclaré à ce Tribunal, et je vais vous citer le

 10   passage qui devrait vous intéresser, c'est le quatrième paragraphe

 11   complet, les faits que vous avez présentés à ce Tribunal se retrouvent au

 12   paragraphe 5. C'est l'avant-dernier paragraphe que l'on trouve à la

 13   page 2.

 14   Je cite : "Afin d'éviter d'analyser toutes les conditions,

 15   circonstances et intentions de la communauté croate de la communauté

 16   croate d'Herceg-Bosna, en tant que témoin, je vais m'intéresser surtout

 17   aux actions précises menées par des extrémistes dans notre municipalité.

 18   Je m'attacherai aussi aux conséquences de leurs actes, car ce sont ces

 19   conséquences qui définissent la participation de chaque Croate à la

 20   réalisation du plan. Je peux dire qu'ils participaient tous à ce plan, que

 21   ce soit des soldats, des policiers ou même des civils, jeune ou vieux ;

 22   même les femmes y ont contribué. Ils étaient tous engagés à la mise en

 23   oeuvre de leur plan de génocide, en commettant les pires crimes contre les

 24   Musulmans, et surtout des civils", (fin de citation).

 25   Voilà donc les faits que vous avez soumis à ce Tribunal de


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  1   Zenica, n'est-ce pas ?

  2   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

  3   M. Stein (interprétation). - Vous croyez aussi durement en ces

  4   faits aujourd'hui qu'à l'époque ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). - Oui. Comment auriez-vous fait le

  6   contraire, en voyant que l'on ne permettait pas aux femmes, par exemple,

  7   de rentrer à la Croix-Rouge pour évacuer un bébé de 15 jours. La femme a

  8   accouché avant 9 mois et ce n'est que dans la couveuse que le bébé aurait

  9   pu être sauvé. Pendant cinq mois, ils essayaient de rentrer dans

 10   Stari Vitez. C'est l'équipe de la Croix-Rouge qui nous a raconté cela. Ils

 11   n'ont pas pu pénétrer dans la ville. Par la suite, c'est l'officier de

 12   permanence avec lequel j'étais en contact. Il s'agissait d'un bébé qui est

 13   décédé. C'était le bébé d'Halilovic et Hadan. Par conséquent, si ce n'est

 14   pas une preuve que les femmes également ont subi les épreuves ! Sans

 15   parler de Kruscica, du blocus, etc.. Et même aujourd'hui, ils le font !

 16   Ce sont les femmes et les enfants qui sont devancés quelque peu

 17   pour empêcher les Musulmans. Je ne peux pas interpréter cela différemment

 18   dans ce cas-là.

 19   M. Stein (interprétation). - Ce qui veut dire que les Croates

 20   ont tous participé et sont tous coupables, c'est bien ce que vous dites ?

 21   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je n'ai jamais dit que tous

 22   les Croates étaient coupables, mais je dis qu'ils ont encouru aux femmes,

 23   aux enfants, aux vieillards... C'est dans ce sens-là que j'ai fait ma

 24   déclaration, dans le cadre de ma déclaration devant le Tribunal.

 25   M. le Président (interprétation). - Merci.


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  1   Maître Nice ?

  2   M. Nice (interprétation). - Si vous examinez la même page, mais

  3   le paragraphe précédent -il se peut que les Juges de ce Tribunal en aient

  4   déjà pris connaissance- vous verrez qu'on résume la façon que vous avez de

  5   voir l'histoire, la genèse des événements.

  6   Je cite : "J'ai donc appris que les Croates, dirigés par leur

  7   parti politique, avaient élaboré un projet", (fin de citation).

  8   Est-ce que la personne qui a recueilli cette déclaration a, ici,

  9   résumé votre opinion générale, oui ou non ?

 10   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, mais c'est également quelque

 11   chose que j'ai pu recueillir comme membre de l'armée, parce que nous

 12   étions dans une section de sécurité. Là où j'étais sûr, bien évidemment,

 13   j'ai pu parler de la date, de la localité précise, etc..

 14   M. Nice (interprétation). - Ce qui veut dire que, lorsque

 15   Me Stein parle de "faits", il faut quand même rappeler quelle est la

 16   composition de cette déclaration préalable, parce qu'il y a des faits

 17   précis qui sont précisés par leur date, par d'autres éléments... Et cela,

 18   on le trouve dans les pages suivantes, n'est-ce pas ? Regardez la

 19   déclaration préalable.

 20   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, oui, les pages suivantes en

 21   témoignent.

 22   M. Nice (interprétation). - Il se peut que nous ne connaissions

 23   pas tous la façon dont une déclaration préalable de témoin est recueillie.

 24   Vous avez fourni une telle déclaration une fois, et peut-être davantage.

 25   Mais pourriez-vous dire aux Juges comment cette déclaration


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  1   préalable a été préparée ? Est-ce qu’il y a eu d'abord des documents

  2   préparatoires ? Est-ce qu'il y a eu des questions et réponses, ou est-ce

  3   que vous avez dicté un texte ? Est-ce que vous pourriez expliquer aux

  4   Juges comment vous avez fourni cette déclaration préalable ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). - Je suis allé devant le Tribunal

  6   pour fournir ma déclaration sur les événements que j'ai pu suivre, parce

  7   que j'en étais un des acteurs. Au moment où j'ai donné la déclaration,

  8   j'avais à ma disposition toute la documentation du poste de sécurité

  9   publique, tout ce qui restait, tout ce qui n'a pas été détruit lors des

 10   combats de guerre. Cette documentation, je l'ai parcourue. Par conséquent,

 11   le compte rendu, le procès-verbal que j'ai donné est, bien évidemment,

 12   beaucoup plus large que le "pour-mémoire" que j'avais moi-même, qui

 13   m'appartenait.

 14   J'ai travaillé pendant deux jours avec les membres du Bureau du

 15   Procureur. Le premier jour, nous avons parlé des thèmes de caractère

 16   général. J'ai essayé de me souvenir de ce que j'avais vécu et de ce que

 17   j'avais moi-même gardé en mémoire.

 18   C'est le lendemain matin que je suis arrivé avec tous les

 19   documents dont je disposais et, par conséquent, toutes les dates sont des

 20   dates que j'ai reprises de la documentation. C'est la raison pour laquelle

 21   j'ai présenté cette documentation aux membres du Bureau du Procureur et

 22   j'ai donné tous ces documents pour qu'ils en fassent des photocopies.

 23   S'il y avait des questions qui les intéressaient un peu plus en

 24   détail, ils me reposaient des questions. Si ce n'était pas intéressant

 25   pour eux, ils ne me posaient pas de questions. C'est resté tel quel.


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  1   C'est à peu près comme cela que nous avons travaillé et c'est

  2   que j'ai donné ma déclaration.

  3   M. Nice (interprétation). - On vous a posé des questions, par

  4   exemple, pour savoir si le juge et peut-être le procureur étaient des

  5   Musulmans. Est-ce que ceci a pu donner une certaine teinte à votre façon

  6   de dire la vérité ou pas ?

  7   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

  8   M. Nice (interprétation). - Merci. Nous pourrons parler du

  9   document de façon plus compréhensive. Tout d'abord, on vous a posé

 10   plusieurs questions. Vous aviez d'abord le relevé des plaintes faites par

 11   le public et on a soumis cette pièce au Tribunal, n'est-ce pas ?

 12   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Puis vous avez fourni la

 14   déclaration, que nous venons d'examiner, en octobre 1994, à ce juge. A

 15   l'époque, vous disposiez de davantage de documents, c'est bien cela ?

 16   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 17   M. Nice (interprétation). - Ce qui veut dire que, lorsque vous

 18   introduisiez de nouvelles données dans ce livre, dans ce registre, vous

 19   avez été aidé par des documents de l'époque, des documents contemporains ?

 20   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, car j'ai pratiquement traité

 21   chaque plainte.

 22   M. Nice (interprétation). - Puis vous avez rédigé ces notes en

 23   1996. Tous ces documents ont été communiqués à la défense. Vous les aviez

 24   rédigés afin de pouvoir discuter avec les représentants du Bureau du

 25   Procureur. C'est bien cela ?


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  1   M. Zlotrg (interprétation). – C'est cela.

  2   M. Nice (interprétation). - Et au moment où vous avez rédigé ces

  3   notes, est-ce que vous disposiez de la déclaration que vous aviez fournie

  4   en 1994 aux Juges ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). – Non.

  6   M. Nice (interprétation). – La défense vous a montré plusieurs

  7   documents. J'aimerais que vous les ayez tous sous les yeux ; j'espère que

  8   nous pourrons ainsi les englober tous ensemble. Il y a le D4/2 -il suffit

  9   de les avoir en version originale-, je crois que le témoin à déjà la D4/2,

 10   la D5/2, la D6/2 ; je crois qu'il n'y a toujours pas de traduction : est-

 11   ce qu'elle a déjà été fournie cette traduction pour la D6/2 ? Non, il n'y

 12   a pas de traduction. D9/2, D10/2, D11/2. Ce sera tout.

 13   Veuillez garder ces documents dans l'ordre qui est le présent

 14   ordre ; je pense que si vous les gardez bien devant vous ce sera facile.

 15   Voici ma première question : s'agissant de chacun de ces

 16   documents, est-ce que vous aviez vu ces documents auparavant ?

 17   Deuxième question : concernant tous ces documents, même si vous

 18   ne les aviez pas vus dans leur version originale, est-ce que leur format

 19   général vous est familier ? Comprenez vous mes deux questions, Monsieur ?

 20   Est-ce que vous comprenez ces deux questions, Monsieur Zlotrg ?

 21   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous aviez déjà vu ces

 23   documents et, si ce n'est pas le cas, est-ce malgré tout une présentation

 24   que vous connaissez ? Commençons par le D4/2 : est-ce que vous connaissez

 25   ce document, avant d'arriver à La Haye, la semaine dernière ?


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  1   M. Zlotrg (interprétation). – Non, non.

  2   M. Nice (interprétation). - Est-ce que sa forme, sa

  3   présentation, c'est quelque chose que vous connaissez ? Est-ce que cela

  4   vous semble approprié ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). - Tout d'abord, ce qu'il manque sur

  6   les documents, ce sont les références : il n'y a que la date. Donc il n'y

  7   a absolument pas le numéro de référence du registre : on ne sait

  8   absolument pas comment on l'a traité. S'il y a une correspondance avec les

  9   supérieurs ; ce n'est pas comme cela. Budimir sait très bien, tant qu'il

 10   travaillait au poste, qu'il était indispensable de marquer les références

 11   parce que le document que j'ai sous les yeux pourrait être...

 12   M. Nice (interprétation). - Je vous arrête parce que je vais

 13   revenir à ce document ; mettez-le de côté pour le moment, si vous le

 14   voulez bien.

 15   Parlons du D5 : est-ce que vous l'avez ? Il s'agit de l'analyse

 16   que…

 17   L'huissier pourrait vous aider pour qu'il y ait bien

 18   correspondance entre les références. Nous parlons ici du D5/2. S'ils vous

 19   ont été remis dans le bon ordre, il devrait toujours y être. Veuillez

 20   restez là, Monsieur l'huissier, parce que vous allez pouvoir nous aider.

 21   Ce document, vous ne l'avez jamais vu auparavant ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - C'est la première fois que je le

 23   vois ici même, dans ce prétoire.

 24   M. Nice (interprétation). - Merci. Mais parlons du type ou de la

 25   composition, de la présentation du document : est-ce que c'est quelque


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  1   chose que vous reconnaissez ?

  2   M. Zlotrg (interprétation). - Il s'agit d'une analyse très

  3   générale, sans détail. Il n'y a pas d'explication. A partir du moment où

  4   l'on fait une analyse, en même temps on formule la proposition également

  5   pour pouvoir remédier à la situation dont l'analyse a été faite.

  6   M. Nice (interprétation). - Mais est-ce que ceci correspond au

  7   type de document que l'on préparait à l'époque ou est-ce que c'est là

  8   quelque chose que vous ne pouvez pas établir ?

  9   M. Zlotrg (interprétation). – Tout ce que je que je peux dire,

 10   c'est comment nous autres, dans l'armée, on avait travaillé : ce n'est

 11   certainement pas de cette façon-là.

 12   M. Nice (interprétation). - Le document D6/2, document qui était

 13   sans traduction, une seule feuille. Je crois que l'on voulait à tous...

 14   M. le Président (interprétation). – Oui, Maître Kovacic ?

 15   M. Kovacic (interprétation). - Je crois qu'il y a une erreur

 16   parce que le premier document mentionné par Maître Nice, le 4/2, est un

 17   document du Tribunal à la suite d'une enquête sur les lieux. Et là, il y a

 18   une date, le nombre de références,... Manifestement, il y a eu confusion.

 19   Manifestement, parce que le témoin a dit à l'examen qu'il n'y avait pas de

 20   date... Manifestement, il y a confusion. Je n'élève pas ici une objection,

 21   je dis simplement qu'il y a une confusion.

 22   M. Nice (interprétation). - Je vais y revenir dans un instant.

 23   M. le Président (interprétation). - Je n'ai pas d'exemplaire de

 24   ce document, je ne sais pas pourquoi, à un moment donné je voudrais une

 25   copie du D... C'est donc vrai aussi pour le Juge Bennouna.


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  1   Maître Nice ?

  2   M. le Président (interprétation). - Est-ce qu'on peut régler

  3   ceci rapidement, parce que cela ne fait que semer la confusion ?

  4   M. Nice (interprétation). - Je vous promets d'être bref, mais je

  5   dois y revenir.

  6   D6/2. Est-ce que vous avez déjà vu ce document avant de venir à

  7   La Haye ?

  8   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

  9   M. Nice (interprétation). - D9/2, 21 janvier 1993. Ce document a

 10   fait l'objet d'une traduction en anglais. Avez-vous vu ce document avant

 11   de venir à La Haye devant ce Tribunal ?

 12   M. Zlotrg (interprétation). - Non.

 13   M. Nice (interprétation). - D10/2 : avez-vous vu ce document

 14   avant de venir déposer ?

 15   M. Zlotrg (interprétation). - Non plus.

 16   M. Nice (interprétation). - Avant d'en terminer avec ce

 17   document, il y a un paragraphe, le premier d'ailleurs, qui parle de

 18   Musulmans qui se présentent –apparemment, il y a une brigade de...- qui se

 19   présentent à cette brigade afin d'y être versés. Est-ce que vous savez si

 20   des Musulmans ont demandé à être versés dans cette brigade, vers le mois

 21   de janvier 1993 ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance, non.

 23   M. Nice (interprétation). - Enfin, le D11/2. Vous l'aviez déjà

 24   vu, ce document avant de venir à La Haye ?

 25   M. Zlotrg (interprétation). - Non.


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  1   M. Nice (interprétation). - Une seule question à ce propos :

  2   nous avons une traduction qui nous dit qu'à minuit cinq l'appartement de

  3   Zoran Krizanovic avait été atteint par une roquette lancée par un lance-

  4   roquettes, étiez-vous au courant de cet événement ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - Qui a tiré de ce lance-roquettes ?

  7   M. Zlotrg (interprétation). - Le lance-roquettes a été lancé du

  8   balcon de Dragan Dorknic, le même bâtiment où habitait mon frère et ma

  9   belle-sœur, mon frère qui a été tué par les membres du HVO. La cible, ce

 10   n'était pas l'appartement : c'était le café Itasli dont le propriétaire

 11   était Ibrahim...

 12   M. Nice (interprétation). - Etait-il Musulman ou Croate ?

 13   M. Zlotrg (interprétation). - Musulman.

 14   M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pourrions revenir à

 15   ce document D4/2 ? Je crois qu'effectivement, Messieurs les Juges, vous

 16   devriez avoir ce document.

 17   M. le Président (interprétation). - J'ai ce document.

 18   M. Nice (interprétation). - Pour faciliter la vie de l'huissier

 19   et du témoin, nous ne conserverons que le document D4/2. C'est le rapport

 20   établi après l'enquête sur les lieux. Est-ce que vous l'avez sous les yeux

 21   ce rapport, Monsieur ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 23   M. Nice (interprétation). - Est-ce que je pourrais y jeter un

 24   coup d'œil, Monsieur l'huissier ? Je veux m'assurer qu'il n'y a pas une

 25   coquille quelconque, ce qui aurait peut-être entraîné l'intervention de


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  1   Me Kovacic. Dans le coin supérieur droit, on trouve une case estampillée

  2   où on voit une date : "19/6/92". Est-ce que vous aviez tenu compte de la

  3   présence de cette case ?

  4   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je n'ai pas regardé ce

  5   document-là. Quand j'ai parlé de numéros de référence, j'ai parlé du

  6   document qui représente une analyse. Donc j'ai dit...

  7   M. Nice (interprétation). - Je sais gré à Me Kovacic parce

  8   qu'effectivement ce document-ci est doté d'un numéro.

  9   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il y a le numéro de référence

 10   du Tribunal. Il y a l'accusé de réception également du poste de sécurité

 11   publique de Vitez. Le poste de sécurité l'a reçu le 19/6/92, et c'est donc

 12   à ce moment-là que le document a été soumis au poste. Et ensuite, il a été

 13   envoyé au Tribunal.

 14   M. Nice (interprétation). - Il semble donc que vous sembliez

 15   dire que ce rapport a été dûment rédigé, préparé et archivé.

 16   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est cela.

 17   M. Nice (interprétation). - S'agissant de la teneur de ce

 18   document, je pense que vous pourrez aider les Juges sur quelques détails

 19   maintenant que nous avons la traduction. Est-ce que, dans ce rapport, il y

 20   a, à un endroit donné, une explication des observations faites par des

 21   témoins oculaires à ces meurtres ? Si vous pouvez nous indiquer dans quel

 22   paragraphe ? Si vous ne pouvez pas, dites-le nous aussi.

 23   M. Zlotrg (interprétation). - On avait constaté dans le document

 24   que les témoins se trouvent sur place, mais il n'y avait pas de

 25   déclaration.


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  1   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'on trouve une explication

  2   de la raison pour laquelle Vukadinovic faisait apparemment l'objet de

  3   recherches ou tout du moins d'enquêtes ?

  4   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est marqué que la personne

  5   en question était en fuite.

  6   M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, pardon. Je n'ai pas

  7   compris.

  8   M. Zlotrg (interprétation). - C’est marqué que Vukadinovic était

  9   en fuite.

 10   M. Nice (interprétation). - Il a dit qu'il était en fuite, mais

 11   il n'y a pas de preuve attestant d'une éventuelle culpabilité de sa part.

 12   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, c'est vrai.

 13   M. Nice (interprétation). - A votre connaissance, est-ce que des

 14   efforts ont été consentis pour trouver cet homme dénommé Vukadinovic ?

 15   M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance non. On n'a rien

 16   entrepris, car au bout d'un certain temps il circulait en ville.

 17   M. Nice (interprétation). - Combien de temps après les

 18   événements ?

 19   M. Zlotrg (interprétation). - Je ne peux pas vous le dire mais

 20   de toute façon avant le conflit. Je pense que quelques mois plus tard il a

 21   été vu en ville, peut-être un mois ou deux. Vraiment je ne sais pas.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il y a un rapport

 23   d'autopsie ou une analyse d'empruntes digitales, à votre connaissance ?

 24   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, l'autopsie a été effectuée

 25   par quelqu'un de Zenica et moi je l'avais transporté de Zenica. M. Franjo


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  1   et moi-même étions présents en notre qualité de techniciens de police

  2   judiciaire. Moi, j'étais plus jeune par rapport à Franjo et lui aussi

  3   était également là. Je pense qu'il y a eu également un procès-verbal et

  4   qu'il se trouve auprès de Trukic, c'est le médecin qui avait procédé à

  5   l'autopsie.

  6   M. Nice (interprétation). - Dernière question à l'encontre de ce

  7   document qui est maintenant entre les mains des Juges, page 1, avant-

  8   dernier paragraphe qui se trouve sans doute au même endroit à peu près

  9   dans l'original. Je vous en donne lecture : "L'officier de permanence au

 10   poste de sécurité publique de Vitez a aussi informé le juge de permanence

 11   par téléphone du fait que pour des raisons de sécurité il n'a pas été

 12   possible de se rendre immédiatement sur les lieux et qu'il n'a pas été

 13   possible de mener l'enquête avant le matin suivant."

 14   Pourriez-vous nous dire quelles seraient les raisons de sécurité

 15   justifiant ce retard qui ont été fournies ?

 16   M. Zlotrg (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons on

 17   avait pu procéder à l'enquête tout de suite.

 18   M. Nice (interprétation). - Si je vous ai posé la question

 19   suivante, a-t-on donné des raisons motivées et détaillées, vous répondez

 20   comment ?

 21   M. Zlotrg (interprétation). - Non, on ne nous a rien dit.

 22   M. Nice (interprétation). - Je crois que j'ai oublié de parler

 23   de l'appartenance ethnique de la victime. Je pourrais peut-être poser la

 24   question au témoin.

 25   M. le Président (interprétation). - Oui.


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  1   M. Nice (interprétation). - De quelle appartenance ethnique

  2   était Drago ?

  3   M. Zlotrg (interprétation). - Musulman.

  4   M. Nice (interprétation). - Des questions vous ont été posées

  5   concernant des rumeurs qui circulaient à propos de Cerkez. Je vais vous

  6   demander de borner vos réponses à ma question précise. Quand avez-vous

  7   appris qu'il y avait des rumeurs relatives à la mort, à peu près ?

  8   M. Zlotrg (interprétation). - Tout de suite, quelques jours

  9   après on a commencé à parler que M. Cerkez utilisait le révolver.

 10   M. Nice (interprétation). - La question suivante...

 11   M. Kovacic (interprétation). - Objection. Il y a quelques jours

 12   nous parlions des différentes catégories de rumeurs. Je crois même que

 13   l'on va même plus loin que l'ouï-dire ici. Ici se repose la même

 14   question : quand avez-vous entendu les rumeurs qui circulaient à ce

 15   propos ?

 16   M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il y a eu un

 17   contre-interrogatoire sur cette rumeur ?

 18   M. Nice (interprétation). - Tout à fait. Soyons bien clair là-

 19   dessus, j'ai été interrompu au cours de mon interrogatoire principal

 20   lorsque j'allais parler de rumeur, je n'allais pas revenir là-dessus et

 21   essayer de savoir quel était le rapport avec quelle personne. De toute

 22   façon, je voulais quand même établir ceci car cela pourrait s'avérer être

 23   d'une certaine valeur probante par la suite et je pense que nous verrons

 24   si ceci s'intègre dans la chronologie des événements et peut-être utile

 25   aux Juges par la suite.


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  1   La seule question que je poserai ici est la suivante : De

  2   quelles personnes venaient ces rumeurs ? Il se peut que ceci s'intègre

  3   bien dans la déposition si ce n'est pas le cas, cela restera au niveau de

  4   rumeurs.

  5   M. le Président (interprétation). - L'interrogatoire

  6   supplémentaire peut inclure des questions factuelles du genre de celle-ci

  7   à savoir : où avez-vous entendu dire ceci ? Ceci se réfère au fait que

  8   quelque chose a été dit sans pour autant entrer dans le détail de ce qui a

  9   été dit.

 10   M. Nice (interprétation). - Merci. Ma question sera la suivante

 11   et contentez-vous, s'il vous plaît, de répondre à la question par le biais

 12   d'un nom sans vous étendre sur la réponse. De qui, pour autant que vous

 13   vous en souveniez, avez-vous appris cette rumeur ?

 14   M. Zlotrg (interprétation). - Plusieurs personnes pas une seule

 15   personne, plusieurs personnes.

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous seriez en mesure de

 17   citer l'une quelconque de ces personnes ?

 18   M. Zlotrg (interprétation). - Non, vraiment c'était-il y a

 19   longtemps mais de toute façon...

 20   M. Nice (interprétation). - Cela suffit, merci. C'est tout ce

 21   que je voulais savoir.

 22   On vous a demandé si ceci se retrouvait dans certaines

 23   déclarations préalables. Est-ce que vous avez introduit ceci dans la

 24   déclaration que vous avez fournie au juge en 1994 ? Je parle ici des

 25   rumeurs.


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  1   M. Zlotrg (interprétation). - Je pense que oui.

  2   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous en avez aussi parlé

  3   au Bureau du Procureur dans l'une de vos nombreuses déclarations

  4   préalables ?

  5   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - On vous a posé des questions à

  7   propos de Cerkez en tant que commandant. Pendant quelle période l'avez-

  8   vous situé à ce poste de commandant à Vitez ? Si vous pouvez être précis

  9   dites-le, dites nous aussi si vous n'avez pas ces précisions.

 10   M. Zlotrg (interprétation). - Au cours de la première moitié de

 11   1992 mais je ne sais pas exactement à quelle date.

 12   M. Nice (interprétation). - On vous a posé une question à propos

 13   des herzégovins qui se trouvaient dans la région en tant que membres du

 14   HVO. Vous aviez connaissance de leur présence en tant que groupe, en tant

 15   qu'identité ou entité, pendant quelle période à peu près ?

 16   M. Zlotrg (interprétation). - Ils étaient présents, si je ne

 17   m'abuse, depuis la deuxième moitié de 1992, 1993 et ils ont activement

 18   participé au conflit de 1993. Je ne peux pas vous dire exactement quand

 19   mais ce n'était pas un groupe, c'était une unité qui s'organisait. Ils se

 20   relevaient et tous les incidents, les Croates du pays disaient que

 21   c'étaient eux.

 22   En ce qui nous concerne nous n'étions pas en conflit avec les

 23   unités du HVO. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi ils auraient dû

 24   être chez nous et pourquoi ils étaient stationnés chez nous alors que

 25   normalement ils auraient dû être en Herzégovine sur les lignes de front


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  1   contre les Serbes. Ils ont été, pour une raison très précise, sur place

  2   pour connaître le terrain.

  3   M. Nice (interprétation). - N'interprétez pas les événements,

  4   Monsieur, s'il vous plaît. Nous sommes presque au bout de votre

  5   déposition, je n'ai plus que quelques questions à vous poser. Limitez-vous

  6   à ces questions.

  7   Vous avez dit qu'ils étaient cantonnés quelque part. Etaient-ils

  8   cantonnés avec d'autres unités ou étaient-ils isolés ?

  9   M. Zlotrg (interprétation). - Séparément, ils étaient à l'école

 10   élémentaire de Dubravica. A ma connaissance, ils étaient seuls à cet

 11   endroit-là mais je l'ai dit et je l'ai répété, nous n'avions pas accès. Je

 12   sais que l'on m'avait contrôlé à un moment donné. On m'avait dit de

 13   descendre de ma voiture parce que je suis allé sur les lieux pour

 14   enquêter, un incident, etc. Par conséquent, même si on avait convenu avec

 15   la police civile de la communauté croate d'Herceg-Bosna, ils ont mis du

 16   temps pour nous laisser passer le point de contrôle, alors qu'on avait dit

 17   que nous étions des policiers.

 18   M. Nice (interprétation). - Quelques termes ont été utilisés:

 19   on a parlé d'internés, de détenus, d'emprisonnés, peut-être ainsi que du

 20   terme de "camp". Est-ce que vous opérez une distinction entre

 21   l'internement, la détention et l'emprisonnement ou est-ce que,

 22   pour vous, ces trois mots disent la même chose ?

 23   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 24   M. Nice (interprétation). - Vous avez dit "oui", Monsieur,

 25   excusez-moi ? Est-ce que vous voulez dire que ces mots ont la même


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  1   signification ?

  2   M. Zlotrg (interprétation). - Non, ce ne sont pas les mots qui

  3   ont la même signification.

  4   M. Nice (interprétation). - On a utilisé le mot "camp",

  5   qu'entendez-vous par le mot "camp" ?

  6   M. Zlotrg (interprétation). - C'est l'endroit où l'on nous a

  7   gardés sans avoir des conditions de vivre. Au centre, par exemple, de

  8   Zenica, il y avait les trois repas qu'on leur donnait ; il y avait la

  9   télévision ; ils pouvaient se promener tous les jours. C'est ça, alors que

 10   moi, j'étais comme une sardine : je ne pouvais même pas tourner à un

 11   endroit où nous étions nombreux, on avait 250 grammes de pain avec un peu

 12   d'eau ; il n'y avait pas de salle de bains, pas de toilettes, ni rien.

 13   M. Nice (interprétation). - Excusez-moi de vous interrompre,

 14   Monsieur le Témoin. Je veux vous demander uniquement ceci : au moment où

 15   vous avez été interné, emprisonné ou détenu dans ce camp, est-ce que vous

 16   y étiez de votre plein gré ou pas ? Dites-nous comment vous voyez les

 17   choses ?

 18   M. Zlotrg (interprétation). - Pas de plein gré, bien évidemment.

 19   M. Nice (interprétation). - Maître Stein vous a soumis cette

 20   hypothèse qu'il n'y avait pas de mauvais traitements, pas de sévices, que

 21   ce soit au camp ou à Kaonik, lorsque vous y étiez. Est-ce que,

 22   personnellement, vous avez vu des sévices qui étaient portés à d'autres

 23   personnes ?

 24   M. Zlotrg (interprétation). - On ne nous a pas passé à tabac

 25   mais, quand nous étions à Vitez, ils rentraient, ils étaient ivres, ils


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  1   portaient des armes, des pistolets, des fusils.

  2   M. Nice (interprétation). - Désolé de vous interrompre une fois

  3   de plus : vous n'avez pas vu de sévices. Est-ce que vous avez entendu, par

  4   exemple, des éléments, des sons qui semblaient correspondre à des

  5   sévices ?

  6   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, j'en ai entendu parler.

  7   M. Nice (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez entendu

  8   dire, par exemple ?

  9   M. Zlotrg (interprétation). - J'ai entendu des coups et des cris

 10   et puis des gens qui suppliaient qu'on ne les passe pas à tabac. C'était à

 11   Kaonik, à Busovaca.

 12   M. Nice (interprétation). – Et, enfin, est-ce que vous avez

 13   entendu parler de sévices, de mauvais traitements par d'autres personnes

 14   pendant que vous vous y étiez ?

 15   M. Zlotrg (interprétation). - Pendant qu'on y était, personne ne

 16   discutait, car on ne pouvait pas contacter d'autres prisonniers. Mais, une

 17   fois, il y avait une confusion, un malentendu : c'était Smajo, très riche,

 18   un transporteur, un entrepreneur de Vitez qui est resté cinq, dix minutes

 19   avec nous pour le déjeuner. Donc ils ont compris qu'il était parmi nous ;

 20   ils l'ont enlevé. Et, à cette époque-là, il n'a pas dit grand-chose : il a

 21   dit qu'il traversait une période très dure. On n'avait pas osé discuter

 22   parce que sinon on aurait risqué gros.

 23   M. Nice (interprétation). - Encore une chose. Des questions vous

 24   ont été posées à propos du fait de creuser des tranchées ; vous avez dit

 25   que des corps morts étaient ramenés de ces activités.


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  1   M. le Président (interprétation). - Objection.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Désolé de vous interrompre, mais

  3   je pense qu'il y a eu une erreur au niveau du compte rendu d'audience. A

  4   un moment tout à fait critique, Me Nice parlait directement de deux

  5   endroits. La question avait trait aux deux lieux d'internement, à la fois

  6   le cinéma et Kaonik. Et le témoin a répondu qu'il avait entendu parler de

  7   mauvais traitements à Kaonik. Et ceci ne se retrouve pas dans le

  8   transcript.

  9   M. le Président (interprétation). - C'est bien ce qu'il a dit

 10   dans sa déposition. Il a parlé de Kaonik.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Certes mais, tout d'un coup, on

 12   ne retrouve plus Kaonik dans le compte rendu d'audience.

 13   M. le Président (interprétation). - Maître Nice ?

 14   M. Nice (interprétation). - Je veillerai à ce que la correction

 15   soit apportée. Ce bruit, le son des mauvais traitements, vous l'avez

 16   entendu dans les deux endroits ou uniquement dans un seul ? Est-ce que

 17   c'était au cinéma ou à Kaonik ou pas ?

 18   M. Zlotrg (interprétation). - Uniquement à Kaonik.

 19   M. Nice (interprétation). - Je vous remercie.

 20   M. Zlotrg (interprétation). – Mais, au moment où l'on a été

 21   échangés à Vitez, M. Suad Salkic avait été passé à tabac, le 14 mai, par

 22   un membre du HVO ; donc, au moment où on nous a laissés partir de Kaonik.

 23   C'est tout ce que j'ai vu de mes propres yeux. Il avait sorti M. Salkic

 24   dans le couloir par une porte et, ensuite, de l'autre côté, à l'autre

 25   porte, il l'avait attendu. Il avait une matraque de 10 cm de largeur et


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  1   puis il le passait à tabac : il lui donnait des coups. Et il s'est caché

  2   parmi nous, sinon il aurait trouvé la mort.

  3   M. Nice (interprétation). - Parlons du fait de creuser des

  4   tranchées, de ces corps, de ces cadavres qui ont été ramenés : est-ce que

  5   c'est quelque chose que vous avez vu de vos propres yeux ? Ou est-ce que

  6   vous avez entendu uniquement parler de tout cela ?

  7   M. Zlotrg (interprétation). - Non, je n'ai pas vu de mes propres

  8   yeux, mais il y avait des rumeurs. Et nous l'avons appris quand quelqu'un

  9   a été tué, et ultérieurement quand j'ai pu parler avec des membres de ces

 10   familles, j'ai eu la confirmation.

 11   Et c'est comme cela que je sais que Tuco Admic avait été tué au

 12   moment où il creusait les tranchées. Je n'ai pas retenu d'autres noms,

 13   mais je sais que les frères, les sœurs, les parents avaient confirmé que

 14   les personnes en question, les jeunes hommes en question n'étaient pas

 15   revenus des creusements des tranchées.

 16   M. Nice (interprétation). - Merci. Des questions vous ont été

 17   posées à propos de la fonction du commandement qui, selon vous, n'existait

 18   pas. Pendant votre séjour, est-ce qu’il y avait une distinction entre la

 19   chaîne de commandement, la voie hiérarchique civile et la voie

 20   hiérarchique politique ?

 21   M. Zlotrg (interprétation). - En 1992, mi-92, le HDZ était

 22   séparé par rapport à l'armée. Mais quand on nous a expulsés du poste de

 23   sécurité publique, le HVO est venu pour opérer. Même le nom, le HVO,

 24   voulait dire que tout le monde était mobilisé, que l'on était en état de

 25   guerre et que, par conséquent, ce sont les hommes politiques qui devaient


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  1   commander l'armée.

  2   Je ne sais pas comment c'était chez eux, mais je sais comment

  3   c'était chez nous. La présidence de guerre avait l'ingérence sur la

  4   brigade de Vitez. Je suppose que c'était exactement le même cas, la même

  5   situation de l'autre côté. Le maire avait probablement une ingérence sur

  6   la brigade de Vitez.

  7   M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, je vais vous

  8   interrompre. Vous parlez d'imagination, vous dites : "Je m'imagine..."

  9   Mais est-ce que vous avez vu des preuves de cette séparation entre le

 10   politique et le militaire, au niveau du contrôle ? Je n'ai plus que trois

 11   questions à vous poser après celle-ci.

 12   Maître Stein, à un moment donné, a suggéré qu'au moment de la

 13   préparation de votre déclaration, vous aviez opéré une sélection dans les

 14   documents dont vous disposiez, pour établir cette chronologie des

 15   événements et pour fournir les déclarations. Mais on n'a pas davantage

 16   précisé ce terme de "sélection". Est-ce que vous avez effectivement

 17   "sélectionné" des documents qui parlaient des victimes musulmanes au poste

 18   de police, ou est-ce que vous avez repris la totalité des événements qui

 19   sont intervenus au cours de la période couverte par l'acte d'accusation,

 20   au moment de préparer ces déclarations préalables ?

 21   M. Zlotrg (interprétation). - Tout premièrement, concernant la

 22   première question, au moment où le HVO a été créé, tous les hommes

 23   politiques ont mis les uniformes de camouflage avec le symbole du HVO. Et

 24   c'est comme cela qu'ils circulaient en ville. C'est la raison pour

 25   laquelle je considère qu'ils avaient la compétence sur la brigade de Vitez


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  1   du HVO.

  2   Ensuite, en ce qui concerne les documents, j'ai soumis tous les

  3   documents qui étaient en ma possession. J'aurais fait la même chose s'il y

  4   avait eu des plaintes soumises par un Croate. Je me souviens d'ailleurs

  5   d'un Croate qui avait une voiture ; les Croates lui ont enlevé les plaques

  6   d'immatriculation, tout simplement parce que c'étaient celles de Bosnie-

  7   Herzégovine. Je ne me souviens pas de la date, mais je crois qu'il

  8   s'appelait Vladimir Vlado. De toute façon, je n'ai pas enregistré cette

  9   plainte, mais je me souviens de ce cas. Je sais qu'il y avait également un

 10   certain nombre de Croates qui n'étaient pas loyaux, qui ont été emmenés à

 11   Kruscica et qui ont été maltraités ; ceux qui n'étaient pas membres du

 12   HDZ, par exemple. Je sais qu'il y avait de tels cas.

 13   M. Nice (interprétation). - Je vais vous interrompre parce que

 14   je crois que vous avez déjà fourni la réponse. Vous avez repris la

 15   totalité des documents.

 16   Parlant d'Ahmici, je pense que vous avez fait état de

 17   Sivro Nijaz, de qui vous auriez obtenu des informations. Rappelez-vous, au

 18   cours de mon interrogatoire principal, j'ai précisé quelle était la

 19   déclaration préalable dans laquelle tout ceci était consigné. Elle datait

 20   du 12 octobre 1992 -ceci afin de guider mes confrères de la partie

 21   adverse. Mais qui était ce Sivro Nijaz ? On a dit que c'était un chef,

 22   mais qui était-il ?

 23   M. Zlotrg (interprétation). - Il n'était pas cuisinier, il était

 24   chef du secrétariat de la défense...

 25   M. Nice (interprétation). - Je ne parlais pas de chef de


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  1   cuisine, mais d'un chef. Excusez-moi, je voulais vous donner un terme

  2   original. Qu'est-ce qu'il était en fait ?

  3   M. Zlotrg (interprétation). - Il était le chef du secrétariat à

  4   la Défense de Stari Vitez.

  5   M. Nice (interprétation). - Je vous remercie. Les rapports que

  6   vous aviez eus avec lui et qui lui avaient permis de vous remettre ce

  7   document étaient passés par quelle filière ? Qui avait eu un premier

  8   contact avec lui, venant du Bureau du Procureur, afin que Sivro Nijaz, qui

  9   vient du ministère de la Défense, vous remette ces documents ?

 10   M. Zlotrg (interprétation). - En ce qui concerne Nijaz Sivro,

 11   j'ai eu l'original, et puis la copie. Je l'ai soumise au Bureau du

 12   Procureur. Bien évidemment que Monsieur ne pouvait pas me donner

 13   l'original parce qu'il le garde dans ses archives. C'est là que j'ai dit

 14   aux membres du Bureau du Procureur que le document avait été envoyé par

 15   Nijaz Sivro du secrétariat de la Défense cantonale ; c'est là qu'ils

 16   devaient s'adresser à quelqu'un. Et puis je ne sais plus ce qu'il s'est

 17   passé.

 18   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous savez si la requête

 19   initiale avait été adressée par le Tribunal pénal international au

 20   ministère fédéral de l'Intérieur ?

 21   M. Zlotrg (interprétation). - Je ne suis pas au courant. Mais,

 22   au moment où j'ai participé à l'affaire de Vladimir Santic, j'ai appris

 23   que le document était arrivé à La Haye.

 24   M. Nice (interprétation). - Enfin, des questions vous ont été

 25   posées en ce qui concerne Stari Vitez. On a parlé du mot "s'emparer". A


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  1   votre connaissance, est-ce que des Croates ont été détenus contre leur

  2   propre volonté au cours de cette action que vous avez qualifiée vous-même

  3   de défensive ?

  4   M. Zlotrg (interprétation). - A ma connaissance non. Au

  5   contraire. Un Croate ne voulait pas sortir au moment où on lui avait

  6   demandé de passer dans la nouvelle partie de Vitez et il y est resté

  7   pendant tout ce temps-là.

  8   M. Nice (interprétation). - Nous le savons déjà. Vous avez parlé

  9   de cet homme. Je vous remercie. Merci, Monsieur Zlotrg.

 10   Monsieur le Président, j'en ai ainsi terminé de

 11   l'interrogatoire. Il y a une erreur de transcript ligne 18, page 34 où on

 12   aurait parlé de Croates qui n'auraient pas été loyaux. Rappelez-vous,

 13   Messieurs les Juges, il y a une erreur, on dit "loyal" alors qu'il aurait

 14   fallu dire "non loyal". Je crois que cette erreur sera corrigée. Je vous

 15   remercie, Monsieur le Président.

 16   M. Robinson (interprétation). - J'ai une question à poser mais

 17   qui n'a pas un rapport direct avec l'interrogatoire supplémentaire. Cette

 18   question est à voir dans le contexte du document D9/2. Pourrait-on

 19   remettre ce document au témoin, D9/2 ?

 20         (L'huissier s'exécute.)

 21   Avez-vous ce document, Monsieur le Témoin ? Vous avez le D9/2 ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - Ce n'est pas complet.

 23   M. Robinson (interprétation). - Veuillez remettre le document

 24   complet au témoin.

 25         (L'huissier s'exécute.)


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  1   Vous avez maintenant le document complet sous les yeux ?

  2   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, tout à fait.

  3   M. Robinson (interprétation). - C'est un document en date du

  4   25 janvier 1993. Il s'agit d'un rapport relatif aux activités menées par

  5   des groupes et des personnes individuelles agissant conformément ou sans

  6   la connaissance, à l'insu du commandement du HVO. Sont énumérées plusieurs

  7   activités qui apparemment sont des activités illicites, des infractions

  8   ont été commises, des crimes éventuellement ont été commis.

  9   Voici ce que je vais vous demander : Au cours de la période

 10   couverte par votre déposition, avez-vous pu faire la distinction entre des

 11   activités criminelles et des activités qui avaient, au départ, une

 12   motivation politique, qui étaient inspirées par des motifs ethniques ?

 13   Est-ce que vous avez pu faire cette distinction ?

 14   M. Zlotrg (interprétation). - Oui.

 15   M. Robinson (interprétation). - Toujours dans ce document, on

 16   trouve six références à différentes infractions commises par diverses

 17   personnes. Prenons le premier cas, par exemple, qui était un vol à main

 18   armée, un vol qualifié. Pouvez-vous nous dire si ceci a été commis

 19   uniquement par les personnes dont le nom est mentionné ou est-ce que ces

 20   infractions ont été commises par ces personnes, ces auteurs mais avec des

 21   soldats, en association avec des soldats ?

 22   M. Zlotrg (interprétation). - Je ne sais pas s'ils étaient

 23   membres du HVO mais quand je vois le document, et à la fin où M. Budimir

 24   dit que c'est la renommée de l'uniforme qu'il met en cause, on peut

 25   supposer qu'ils étaient membres du HVO. S'ils avaient arrêté les personnes


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  1   tout de suite, s'ils les avaient sanctionnées, rien ne se passerait par la

  2   suite. Mais ils n'ont pas précisé ici dans ce rapport que c'étaient des

  3   Musulmans qui ont subi des dégâts. Par conséquent, c'est un crime qui peut

  4   être une activité criminelle à motivation politique.

  5   M. Robinson (interprétation). - Au cours de la période couverte

  6   par votre déposition, avez-vous pu constater l'ampleur, l'étendue des

  7   activités criminelles ?

  8   M. Zlotrg (interprétation). - Si vous voulez bien, s'il vous

  9   plaît, reformuler la question.

 10   M. Robinson (interprétation). - Volontiers, je vais un peu

 11   étoffer mon propos. Est-ce qu’il y avait eu, au cours de cette période,

 12   davantage d'activités criminelles que le taux de criminalité que l'on

 13   enregistrait auparavant ?

 14   M. Zlotrg (interprétation). - Oui, il y avait beaucoup, beaucoup

 15   plus d'activités criminelles à cette époque-là car en temps normal on ne

 16   savait même pas, il n'y avait pas beaucoup de vols à main armée. Chez

 17   nous, c'étaient des petits vols, éventuellement des pickpockets qui

 18   opéraient, l'ordre public était menacé mais le vol à main armée cela

 19   n'existait pas à l'époque, avant les événements.

 20   M. Robinson (interprétation). - Je vous remercie.

 21   M. le Président (interprétation). - Monsieur Zlotrg, nous vous

 22   remercions d'être venu déposer devant nous. Vous pouvez désormais vous

 23   retirer.

 24               (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 25   Maître Nice, est-ce que vous pouvez appeler votre témoin


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  1   suivant ?

  2   M. Nice (interprétation). - (Hors micro.)

  3   Oui, j'allais peut-être vous demander un répit de quelques

  4   minutes avant l'arrivée de Me Scott qui va procéder à l'interrogatoire

  5   principal. Moi j'aurais voulu pouvoir profiter de quelques minutes avant

  6   cette arrivée.

  7   M. le Président (interprétation). - De toute façon l'heure de la

  8   pause approche. Disons que nous allons reprendre à 16 heures.

  9   Qui sera le prochain témoin ?

 10   M. Nice (interprétation). - Nous allons sans doute faire une

 11   demande d'audience à huis clos partiel à l'encontre de ce témoin. Je ne

 12   sais pas quel serait le document le plus utile pour vous guider.

 13   Manifestement je ne peux pas vous fournir le nom de ce témoin tant que la

 14   question... Je ne sais pas, vous vous basez sur les résumés, Monsieur le

 15   Président ?

 16   Dernière version des résumés, ce serait une façon de vous guider

 17   pour trouver le nom de ce témoin. Je peux simplement dire à

 18   Mme Featherstone aussi ce qu'il en est.

 19   M. le Président (interprétation). - C'est sans doute la façon la

 20   plus rapide. Est-ce qu'il y a eu une demande par écrit ?

 21   M. Nice (interprétation). - Oui.

 22   M. le Président (interprétation). - Je suppose que nous l'avons

 23   sans doute reçue. C'est à la page 224, dans la dernière version des

 24   résumés.

 25   Eh bien, s'il va faire l'objet de la demande la plus récente, je


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  1   crois que nous pourrons le retrouver sans trop de problèmes.

  2   M. Nice (interprétation). - La demande a été faite le 13 avril.

  3   M. le Président (interprétation). - Merci. C'est celui-ci.

  4   M. Bennouna (interprétation). - Quel est le numéro dans votre

  5   liste révisée ? Quel est son numéro ?

  6   M. Nice (interprétation). - Eh bien, dans la liste des témoins,

  7   n° 11.

  8   M. Bennouna (interprétation). - Merci. Numéro 11 dans quelle

  9   catégorie  ?

 10   M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Juge, vous

 11   faites allusion à un autre document.

 12   M. le Président (interprétation). - Mais c'est celui-ci, en date

 13   du 13 avril.

 14   Nous allons faire notre pause et nous nous retrouverons à

 15   16 heures.

 16               L'audience, suspendue à 15 heures 45, est reprise à

 17               16 heures 10.

 18   M. le Président (interprétation). – Oui, Maître Nice ?

 19   M. Nice (interprétation). – Avant de passer au témoin suivant,

 20   les interprètes ont eu l'obligeance d'attirer mon attention sur le fait

 21   qu'au moment de l'interrogatoire supplémentaire du dernier témoin, ma

 22   question avait été posée de telle façon qu'elle avait entraîné une réponse

 23   qui pouvait induire en erreur: ceci se situe à la page 11 894.

 24   Je parlais de ces trois termes: emprisonnement, détention,

 25   internement. Je demandais si, pour le témoin, ceci voulait dire la même


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  1   chose.

  2   Et il y avait aussi cette question qui concernait le terme

  3   suivant: le camp. Le témoin avait répondu par l'affirmative, alors que,

  4   d'après l'interprète, il répondait par la négative, à savoir que ce

  5   n'était pas le même concept. Ceci avait été posé dans le cadre du contre-

  6   interrogatoire ; je ne sais pas si ceci sera élaboré par la suite. Mais,

  7   en fin de compte, le témoin nous a dit qu'il avait été détenu contre son

  8   gré. Je ne pensais pas devoir rappeler le témoin ; je voulais simplement,

  9   avant le départ du témoin de La Haye, expliquer ceci aux Juges afin

 10   qu'éventuellement, le cas échéant, ce témoin puisse revenir en audience et

 11   nous expliquer ce qu'il en était.

 12   M. le Président (interprétation). – Moi, je croyais qu'il avait

 13   voulu dire que cela voulait dire exactement la même chose, à savoir que

 14   ces trois termes avaient la même acceptation.

 15   M. Nice (interprétation). – Et, d'après l'interprète, il aurait

 16   voulu dire non.

 17   M. le Président (interprétation). - Je ne peux pas exactement

 18   dire que ce soit important. Passons à autre chose.

 19   M. Nice (interprétation). - Nous allons faire une demande à

 20   l'encontre du témoin suivant ; c'est plutôt Me Scott qui la fera. J'avais

 21   promis de vérifier auprès de chaque témoin ce qu'il en était, sachant que

 22   nous voulions, pour l'essentiel, avoir une audience publique. Mais, ici,

 23   il faudra peut-être passer à huis clos partiel dans le cadre de la demande

 24   qui va être formulée. [Audience à huis clos]

 25   (expurgée)


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 13   Pages 1913 à 1946 expurgées – audience à huis clos.

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 15                     L'audience est levée à 17 heures 30.

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