Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                     AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3                           Mercredi 04 août 1999

  4                  L'audience est ouverte à 09 heures 30.

  5               (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, affaire IT-95-14/2-T, le

  7   Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez.

  8   M. le Président (interprétation). - Veuillez faire lire au témoin la

  9   déclaration solennelle.

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 11   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 12   M. le Président (interprétation). - Merci.

 13   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous décliner votre identité ?

 14   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis le général Roderick Cordy-

 15   Simpson et je viens récemment de prendre ma retraite.

 16   M. Nice (interprétation). - Vous avez été membre de l'armée britannique

 17   pendant trente et un ans et même plus ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, pendant trente-cinq ans.

 19   M. Nice (interprétation). - Vous avez été nommé chef d'état-major de la

 20   Forpronu en Bosnie-Herzégovine le 18 septembre 1992. Vous avez travaillé à

 21   cette occasion sous les ordres du général Philippe Morillon jusqu'au

 22   10 avril 1993. Est-ce bien exact ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 24   M. Nice (interprétation). - Votre tâche principale constituait à mettre en

 25   oeuvre les orientations militaires données par le général Morillon pour


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  1   l'ensemble de la Bosnie, ce qui permettait au général de se consacrer,

  2   quant à lui, à des affaires de nature plus politique.

  3   Le 29 octobre 1992, étiez-vous basé à Kiseljak ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  5   M. Nice (interprétation). - A partir du début novembre 1992, avez-vous

  6   organisé des réunions qui portaient le nom de "groupe de travail militaire

  7   mixte" qui mettaient en présence les trois commandants en second des

  8   factions belligérantes, et ceci, à l'aéroport de Sarajevo ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 10   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce groupe, au départ, se

 11   rencontrait deux fois par semaine pendant plusieurs heures, même si je

 12   crois qu'ultérieurement, le groupe s'est rencontré plus souvent ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Au début, au moins une fois par

 14   semaine, ensuite, deux fois par semaine, mais après, à partir de décembre,

 15   sur les indications de l'ONU à New York, nous avons mené une réunion

 16   permanente.

 17   M. Nice (interprétation). - Est-ce que la réunion était présidée par vous-

 18   même et est-ce que les parties belligérantes étaient représentées par

 19   Blaskic, Guervo et Siber ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, MM. Blaskic, Guervo et Siber

 21   représentaient les factions belligérantes.

 22   M. Nice (interprétation). - Et les fonctions de ce groupe étaient de

 23   traiter des accords de cessez-le-feu, d'assurer des corridors de sécurité

 24   autour de Sarajevo et dans d'autres endroits en Bosnie pour garantir

 25   l'accès des convois d'aide humanitaire ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  2   M. Nice (interprétation). - Dans le cadre de vos contacts avec Blaskic,

  3   est-ce que d'abord vous avez constaté que c'était un homme qui appartenait

  4   à l'armée et quelqu'un à qui on pouvait faire confiance ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A l'époque, le colonel Blaskic -c'est

  6   comme cela qu'il s'appelait- était un commandant militaire auquel on

  7   pouvait faire confiance, à l'exception d'une fois où il n'a pas tenu

  8   parole.

  9   M. Nice (interprétation). - Nous avons préparé un certain nombre de

 10   liasses de documents que l'on peut maintenant distribuer à M. le

 11   Président, à MM. les Juges, au témoin ainsi qu'aux représentants de la

 12   défense. Bien qu'ils portent des numéros de cote différents que je

 13   mentionnerai au fur et à mesure que nous en traiterons, je pense qu'il est

 14   plus utile que je communique ces liasses immédiatement à l'ensemble des

 15   parties intéressées.

 16   (L'huissier et le greffier s'exécutent.)

 17   Avez-vous été en mesure ce matin de lire brièvement les comptes rendus de

 18   certaines des réunions auxquelles vous avez fait référence ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, brièvement

 20   M. Nice (interprétation). - Document coté 264 1. A la page 1, on voit la

 21   date du 1er novembre. A la page 2, on voit qu'il est fait référence à une

 22   réunion avec le général Morillon, le colonel Blaskic, réunion qui a eu

 23   lieu le 19 octobre. S'agissait-il là, en l'occurrence, d'une réunion du

 24   groupe de travail militaire mixte ou d'une réunion préparatoire à l'une de

 25   ces réunions ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est la réunion qui a précédé la

  2   première réunion du groupe de travail militaire mixte, il s'agissait d'une

  3   réunion entre le général Morillon et le colonel Blaskic.

  4   M. Nice (interprétation). - Sur cette deuxième feuille que je viens de

  5   mentionner, dans l'avant dernier paragraphe, on dit que le colonel Blaskic

  6   avait des preuves d'une infiltration de plus en plus importante de

  7   mercenaires mudjahiddin qui se faisaient passer pour des journalistes et

  8   possédaient des passeports diplomatiques et il a dit qu'il y avait 3 ou

  9   4000 individus de ce type, qui combattaient aux côtés des combattants

 10   musulmans et bénéficiaient de l'immunité diplomatique.

 11   Est-ce que c'est là une allégation qui était faite de façon régulière, ou

 12   cela s'est fait uniquement pendant cette réunion particulière ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, c'était quelque chose qui

 14   revenait constamment et que la délégation croate répétait sans cesse, et

 15   je dois dire que la seule délégation serbe également, tout au long du

 16   conflit, du moins pendant la période où je m'y suis trouvé, disait la même

 17   chose. Il y avait en effet des éléments qui permettaient de dire que

 18   certains combattants musulmans sur place venaient de pays arabes. Mais je

 19   dois dire que le chiffre de 4000 combattants de ce type, il ne nous était

 20   pas vraiment possible de le confirmer.

 21   M. Nice (interprétation). - Deuxième document côté 274 1, document daté du

 22   10 novembre, et sur la deuxième feuille on parle d'une réunion qui a eu

 23   lieu à l'aéroport de Sarajevo le 7 novembre. La délégation du HVO était

 24   menée par le colonel Blaskic et sur la troisième feuille, au paragraphe 6,

 25   on peut lire que vous avez été présenté par le général Morillon comme


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  1   devant présider la réunion ce jour-là.

  2   Donc ce document reflète la première réunion du groupe de travail

  3   militaire mixte ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - En fait, c'est à ce moment-là que

  5   j'ai commencé à présider le groupe de travail militaire mixte qui s'est

  6   poursuivi sans exception, ou à deux ou trois exceptions près.

  7   M. Nice (interprétation). - Troisième document coté 279 1 en date du

  8   12 novembre. Et à la deuxième feuille de ce document, on parle d'une

  9   réunion qui a eu lieu le 10 novembre. Sur la troisième feuille, au

 10   paragraphe 7, on voit les noms des représentants du HVO ; on sait donc

 11   qu'ils étaient représentés par le colonel Blaskic, et donc on voit que le

 12   représentant du HVO a parlé des attaques contre Mostar, Travnik et Jajce

 13   et a déclaré qu'il avait été autorisé à signer tout accord qui pourrait

 14   permettre de rétablir la paix.

 15   Est-ce que lors de ces réunions le colonel Blaskic avait ce type

 16   d'autorité ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - En effet, et à la suite de cette

 18   réunion il y a eu un cessez-le-feu qui a tenu pendant environ

 19   deux semaines et ceci sur l'ensemble du territoire de la Bosnie.

 20   M. Nice (interprétation). – Feuillet suivant de ce même document,

 21   troisième feuillet, au paragraphe 15, on voit que la délégation du HVO a

 22   déclaré que l'accord devait être signé par les parties en présence.

 23   Si la signature de la République de Croatie était exigée, bien que cela ne

 24   soit pas de la responsabilité du QG de la Forpronu, l'ex-Yougoslavie et

 25   ses forces armées devaient également signer ce document.


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  1   Au paragraphe 20, on peut lire qu'après la signature de l'accord, la

  2   délégation serbe a déclaré que, pour que cet accord soit effectivement mis

  3   en oeuvre, il était nécessaire que les forces croates se retirent des

  4   territoires qu'ils occupaient et qu'il fallait faire en sorte, essayer de

  5   faire en sorte que la Croatie signe l'accord.

  6   La participation alléguée de forces externes et cette exigence qui avait

  7   été faite de faire participer des Etats étrangers au processus de paix,

  8   est-ce que c'est quelque chose qui s'est produit une seule fois ou bien

  9   est-ce que c'était quelque chose qui se reproduisait souvent ?

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'était quelque chose qui revenait

 11   constamment de la part des deux, mais surtout de la part des Serbes, qui

 12   affirmaient qu'il y avait des forces régulières croates qui se trouvaient

 13   sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, et cela, pendant toute la

 14   durée de mon séjour en Bosnie-Herzégovine.

 15   M. Nice (interprétation). - Merci. Document coté 289 point 1, en date du

 16   21 novembre, le deuxième feuillet, qui traite d'une réunion qui a eu lieu

 17   le 20 novembre, et vers le bas de la page, au paragraphe 2A, on peut lire

 18   la chose suivante : "Dr Karadzic s'est montré extrêmement préoccupé au

 19   sujet de l'intervention de plus en plus flagrante de la République de

 20   Croatie en Bosnie-Herzégovine".

 21   Suivent des commentaires qui vont dans le même sens. Deux feuillets plus

 22   loin, au paragraphe 10 A, en bas de la page, "Dr Karadzic -peut-on lire- a

 23   exprimé sa préoccupation au sujet de la participation de la République de

 24   Croatie aux événements qui se déroulaient en Bosnie-Herzégovine ; c'est

 25   une question qu'il va falloir traiter sérieusement".


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  1   Général, est-ce que ceci va dans le même sens à ce que... et correspond à

  2   ce que vous nous avez dit dans votre réponse ?

  3   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  4   M. Nice (interprétation). - Pièce suivante : dans la chronologie des

  5   événements, cette pièce a déjà été produite, elle n'est pas contenue dans

  6   cette liasse. Le greffier d'audience va donc vous fournir la pièce Z 297 ;

  7   un document qui a déjà été communiqué aux Juges.

  8   Est-ce que ce document fait partie des rapports qui traitaient de ces

  9   réunions ? On y fait référence à une réunion du 28 novembre, et au

 10   paragraphe 5 de ce document, dans la partie introductive, on peut lire la

 11   chose suivante : "Toutes les délégations étaient présentes, elles ont été

 12   accueillies par le Président, le colonel Kordic était le nouveau Président

 13   de la délégation du HVO. Il s'est présenté comme étant le supérieur du

 14   colonel Blaskic et il a déclaré qu'il participerait désormais à toutes les

 15   réunions du groupe de travail militaire mixte. Toutes les délégations ont

 16   accepté qu'une équipe de télévision des Nations Unies filme le début de la

 17   réunion".

 18   A partir de cette date, quel a été le rôle du colonel Kordic dans ces

 19   réunions ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Le colonel Kordic, à partir de ce

 21   moment-là, a été le représentant n° 1 du HVO lors de toutes les réunions

 22   du groupe de travail militaire mixte, et il était en fait devenu le

 23   commandant adjoint du HVO.

 24   Pour le HVO, il était accepté ainsi par le général Navera, qui était le

 25   commandant adjoint des Serbes, et par le colonel Siber, qui était alors le


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  1   commandant adjoint de ce que l'on appelait alors "les forces de la

  2   présidence".

  3   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander maintenant de passer au

  4   feuillet n° 5 de ce document, au paragraphe 27, paragraphe qui porte le

  5   titre "ambiance de la réunion". A l'avant-dernier paragraphe, on lit la

  6   chose suivante : "Lors de cette réunion, il a été déclaré que le colonel

  7   Kordic a été... allait participer activement et que, pour la première

  8   fois, le Président allait être en mesure d'avoir une relation de travail

  9   constructive avec le major Gvero". Donc cela a été votre évaluation de la

 10   situation, l'image que vous avez eue du colonel Kordic ?

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact. A ce stade, j'ai trouvé

 12   que c'était un homme qui était prêt à coopérer et c'était clair que

 13   c'était lui le chef de la délégation du HVO, et il avait toutes les

 14   responsabilités qui allaient avec cette position.

 15   M. Nice (interprétation). - Document suivant tiré de la liasse

 16   distribuée : document référencé 306.1. Il s'agit d'une lettre en date du

 17   7 décembre. Pouvez-vous d'abord nous dire, mon Général, s'il y a eu une

 18   réunion du groupe qui s'est tenue ce jour-là ou dans les jours qui ont

 19   précédé ou suivi ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, il y avait eu une réunion.

 21   M. Nice (interprétation). - Qui y avait participé ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Le général Guervo et le colonel

 23   Siber. La délégation du HVO n'avait pas participé à la réunion.

 24   M. Nice (interprétation). - Cette lettre, comment l'avez-vous reçue ?

 25   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Elle a été envoyée par fax à notre


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  1   quartier général de Kiseljak le matin même de la réunion. Et cette lettre,

  2   donc, nous faisait savoir que le HVO ne serait pas en mesure de participer

  3   à la réunion. Moi, j'avais déjà ce moment-là quitté le quartier général

  4   pour me rendre sur le lieu où devait se tenir la réunion que je devais

  5   présider.

  6   M. Nice (interprétation). - On peut lire dans cette lettre, dans le

  7   premier paragraphe du texte en lui-même : "Nous respectons les efforts

  8   surhumains de la Forpronu et vos efforts personnels pour mettre fin à la

  9   guerre en Bosnie-Herzégovine, et vous avez tout le soutien du Conseil de

 10   la défense croate et du peuple croate dans votre mission humanitaire dans

 11   l'avenir. Et dans ce cadre, la délégation du HVO estime qu'actuellement

 12   les conditions minimum pour reprendre les négociations tripartites des

 13   négociations militaires n'existent plus.

 14   Nous proposons donc que la réunion soit annulée, sauf si les conditions

 15   minimum sont réunies pour que ces négociations se tiennent."

 16   Dans le paragraphe suivant, il fait état de mesures de harcèlement

 17   alléguées. Et dans le paragraphe suivant, il propose qu'un nouvel endroit

 18   soit choisi pour les négociations. Et dans l'avant-dernier paragraphe, il

 19   propose que les négociations aient lieu à l'hôtel Dalmacija à Kiseljak. Et

 20   dans le dernier paragraphe, il offre une garantie écrite au niveau

 21   militaire le plus haut de chaque délégation, garantie relative à la

 22   sécurité des délégations militaires dans leurs zones de responsabilité

 23   respectives.

 24   Cette lettre est signée par le colonel Dario Kordic.

 25   Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous dire quel a été l'impact de ce document


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  1   au moment où il a été faxé, quel a été l'effet, la conséquence ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, première conséquence, c'est

  3   que la réunion du groupe de travail militaire mixte a été en l'espèce

  4   annulée puisque les Serbes et les représentants de la présidence bosniaque

  5   ont refusé de tenir cette réunion sans la présence du HVO. C'est donc une

  6   réunion qui, en fait, n'a pas fait beaucoup avancer les choses.

  7   M. Nice (interprétation). - Document suivant, je vous prie : document

  8   référence Z314. Il s'agit d'un document en date du 14 décembre. Mais

  9   procédons par ordre

 10   chronologique et pour ce faire, nous allons consulter les deux dernières

 11   pages de ce document.

 12   Il s'agit d'un procès-verbal en date du 13 décembre au sujet d'une réunion

 13   qui a eu lieu le 12 décembre. Est-ce que le fait qu'il y ait eu une

 14   réunion entre vous-même et le colonel Kordic sur votre base, à Kiseljak,

 15   le 12 décembre, est-ce que c'est exact ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 17   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'elle était prévue ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, le colonel Kordic est venu me

 19   voir en me prévenant très peu de temps à l'avance. En fait, il est venu me

 20   voir pour m'expliquer pourquoi il n'avait pas participé à la réunion

 21   précédente du groupe de travail militaire mixte.

 22   M. Nice (interprétation). - J'imagine que MM. les Juges souhaiteront lire

 23   ce document dans son intégralité et ce serait peut-être le bon moment de

 24   le faire.

 25   M. le Président (interprétation). - Il s'agit des deux dernières pages ?


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  1   M. Nice (interprétation). - Oui.

  2   M. le Président (interprétation). - Nous allons les lire. Nous avons lu le

  3   document en question.

  4   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de vous reporter au

  5   dernier paragraphe où l'on peut voir que votre opinion a été résumée. Vous

  6   indiquez donc que sa position n'était pas crispée, en fait elle était à

  7   bien des égards réaliste. Il estimait qu'il était possible de trouver une

  8   solution au problème, qu'il y avait une certaine marge de manœuvre.

  9   Cependant, il n'était pas très optimiste quant à l'existence d'une

 10   solution au problème de Sarajevo.

 11   Vous vous êtes mis d'accord sur le fait qu'il n'allait pas parler à la

 12   presse après cette réunion et donc vous avez exprimé votre opinion ici

 13   stipulant que, d'après vous, c'était quelqu'un qui était d'un très bon

 14   niveau intellectuel, un journaliste politicien qui avait du pouvoir et qui

 15   était très clairement respecté par les gens qu'il représentait. Et vous

 16   aviez accueilli avec satisfaction le fait qu'il n'ait pas fait entrer ses

 17   gardes du corps dans la pièce, puisqu'il n'avait fait entrer dans la pièce

 18   où vous avez discuté que sa secrétaire. Donc c'était l'opinion que vous

 19   aviez de lui alors ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui cela reflète tout à fait

 21   l'opinion que je me faisais du colonel Kordic à ce moment-là.

 22   M. Nice (interprétation). - A votre avis, quelle était son attitude envers

 23   l'Etat de l'Herceg-Bosna, etc. ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il faut se souvenir qu'à ce moment-là

 25   les Serbes, à ce moment précis, lançaient une offensive dans les quartiers


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  1   de Stup et de Otes à Sarajevo.

  2   Les victimes étaient très nombreuses et beaucoup de Croates qui habitaient

  3   dans la ville avaient d'autre part été forcés de quitter leur logement.

  4   Donc le colonel Kordic était très préoccupé par cet état de fait et

  5   voulait faire tout ce qui était possible, notamment avec l'aide de la

  6   Forpronu pour aider les Croates qui se trouvaient maintenant dans un état…

  7   qui étaient des réfugiés à Sarajevo même, qui étaient encerclés par les

  8   Serbes et qui se trouveraient dans une enclave musulmane. C'est comme cela

  9   qu'il décrivait la situation. Cela, c'est la première chose.

 10   Deuxième chose, il s'est excusé parce qu'il n'avait pas pu participer à la

 11   précédente réunion, ceci en partie parce qu'à ce moment-là les combats

 12   faisaient rage à Sarajevo et cela expliquait pourquoi il avait voulu que

 13   l'on organise les réunions ailleurs à Kiseljak, mais bien entendu, les

 14   Serbes s'y refusaient catégoriquement. Et je peux très bien comprendre les

 15   sentiments qu'il avait à ce moment-là.

 16   Il avait... Lors du retour d'une réunion du groupe de travail militaire

 17   mixte, GTMM, son véhicule avait été arrêté, un véhicule où il se trouvait

 18   avec le colonel Blaskic. Il faisait nuit et c'est grâce au courage d'un

 19   jeune lieutenant danois qui s'est refusé donc à permettre aux Serbes qui

 20   l'avaient arrêté de voir qui était dans la voiture, je suis moi-même

 21   arrivé sur place un peu plus tard, mais la situation était extrêmement

 22   tendue.

 23   De ce fait, la délégation du HVO était extrêmement préoccupée par ce qui

 24   s'était passé. Donc à ce moment-là, moi, l'opinion que j'avais de lui,

 25   c'était la suivante :j'avais l'impression qu'il travaillait pour défendre


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  1   les intérêts des Croates et qu'à long terme son objectif c'était de

  2   préserver ce qui était cet embryon d'Etat, l'Herceg-Bosna et une entité

  3   qui menaçait de devenir une île au centre de la Bosnie, entre les

  4   cantons 8 et 10. C'est-à-dire que cela risquait de devenir une poche

  5   habitée par des Croates et entourée d'une zone habitée par des Musulmans.

  6   M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pourrions revenir au début de

  7   ce document pour comprendre la forme adoptée ? Nous voyons que la

  8   troisième feuille est en date du 14 décembre, puis nous avons le procès-

  9   verbal de la réunion du 13 décembre à laquelle a assisté le colonel Kordic

 10   à la tête de la délégation du HVO.

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 12   M. Nice (interprétation). - Et on parle de son apport à la réunion qui est

 13   repris ici, inutile de parcourir ce passage.

 14   Document suivant référence 328 1, daté du 22 décembre. Le résumé est

 15   erroné, car ici vous avez la page de garde. A la deuxième page, il est

 16   fait état d'une réunion qui s'est tenue le 18 décembre au cours de

 17   laquelle  la délégation d HVO avait à sa tête le colonel Kordic.

 18   La réunion a vu l'allocution notamment de Lord Owen. Au bas de cette page,

 19   nous voyons que Lord Owen a annoncé la tenue d'une réunion à haut niveau à

 20   Genève le 2 janvier, réunion à laquelle participeraient Izetbegovic, le

 21   Dr Karadzic et M. Boban.

 22   Passons à la page suivante. On remarque que c'est là la contribution du

 23   colonel Kordic au point 7A. Il accepte de façon générale l'accord, disant

 24   de celui-ci que c'est un signe de bonne volonté qui se manifeste de la

 25   part de toutes les parties présentes. Il s'agirait d'une première mesure


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  1   permettant la liberté de circulation de 500 femmes, enfants et personnes

  2   âgées avant la Noël.

  3   Est-ce que ceci suscite de votre part des commentaires ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Uniquement ceci : manifestement, si

  5   ma mémoire ne me fait pas défaut, ceci renvoie aux Croates qui étaient

  6   coincés à Sarajevo et que le colonel Kordic essayait de sortir de Sarajevo

  7   à l'occasion de la Noël.

  8   Bien sûr, ceci a été enrayé par les Serbes, qui voulaient l'accès de

  9   25 000 Serbes en échange pour cette liberté par rapport aux Croates. Donc

 10   cela a été vraiment une idée qui a tout de suite avorté.

 11   M. Nice (interprétation). - Dernier document de la liasse : il s'agit du

 12   document portant cote 336, point 1, en date du 29 décembre, et qui fait

 13   état d'une réunion qui s'est tenue, elle, le 22 décembre, à l'occasion de

 14   laquelle, la délégation du HVO avait à sa tête le général Petkovic, les

 15   autres délégations étant, elles aussi, représentées par des militaires de

 16   très haut niveau.

 17   Pouvons-nous examiner la troisième page, et le paragraphe 7 en

 18   particulier ? On dit du général Petkovic qu'il aurait dit ceci : que les

 19   deux accords tels que proposés feraient l'objet de signatures et que le

 20   colonel Kordic fournirait les représentants requis. Commentaire de votre

 21   part ? Qu'est-ce que ceci dit à propos du rôle joué par le colonel Kordic

 22   et à propos de la chaîne de commandement ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, pour moi, cela voulait dire

 24   que le colonel Kordic avait tiré son autorité directement du général

 25   Petkovic, qui était le commandant croate en chef. Par conséquent, il était


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  1   le supérieur hiérarchique du colonel Blaskic dans la chaîne officielle

  2   militaire de commandement. Et puisque, lui aussi, c'était un homme

  3   politique, il a montré qu'il avait beaucoup d'influence, tant sur le plan

  4   militaire que sur le plan politique, surtout en Bosnie centrale.

  5   M. Nice (interprétation). - Nous avons déjà parlé du fait que Kordic avait

  6   été journaliste ; avez-vous observé quelque preuve de ce qu'il ait été

  7   soldat avant la guerre ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, aucunement, à ma connaissance.

  9   Je dirais même qu'il concédait aisément qu'il n'avait pas été un soldat

 10   avant le conflit qui avait éclaté en Bosnie.

 11   M. Nice (interprétation). - Lorsqu'il se déplaçait, comment le faisait-il,

 12   et avec quels partisans ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, la première fois que je l'ai

 14   vu, manifestement, c'était à cette réunion du GTMM et il travaillait... il

 15   voyagait sous ma protection, sous ma tutelle ; il avait un VTT des Nations

 16   Unies, c'était une partie de l'accord auquel nous étions parvenus avec les

 17   Serbes et les Bosniens. Mais lorsqu'il est venu à mon quartier général, il

 18   venait dans une Mercedes noire entouré de personnes, de gardes du corps

 19   portant des lunettes foncées. En tant que soldat, ceci m'a quelque peu

 20   surpris.

 21   M. Nice (interprétation). - Au cours des contacts que vous avez eus avec

 22   lui, avez-vous pensé que vous pouviez vous fier à sa parole ? Vous avez

 23   déjà parlé de Blaskic, que diriez-vous de Kordic ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je crois qu'au départ je lui ai fait

 25   confiance. J'ai fait confiance en son jugement, en sa parole, mais au fur


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  1   et à mesure que la situation a évolué en Bosnie centrale, alors que cette

  2   alliance précaire entre les Bosniens et les Croates, surtout en Bosnie

  3   centrale, posait des problèmes, j'ai commencé à me dire que je ne pouvais

  4   pas autant lui faire confiance que je ne le pensais au début.

  5   Je me suis dit qu'il voulait plutôt maintenir, préserver l'influence

  6   croate en Bosnie centrale que rechercher une solution politique à long

  7   terme général.

  8   M. Nice (interprétation). - Revenons... je reviendrai à cette question

  9   dans deux questions, mais répondez, si vous le voulez bien, d'abord à

 10   celle-ci : Petkovic et Boban, dans quelle mesure étaient-ils occupés, ou

 11   préoccupés, à ce moment-là par des événements qui se déroulent en dehors

 12   de la Bosnie centrale ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, c'est surtout la

 14   région de Mostar qui fait l'objet de nombreuses attaques de la part des

 15   Serbes. Parallèlement, cette alliance entre les Croates et les Bosniens

 16   avait pratiquement capoté, n'existait plus dans cette région. Ce qui veut

 17   dire que Boban et Petkovic tenaient particulièrement à avoir une prise

 18   directe sur les opérations se déroulant à Mostar. Et ces hommes avaient

 19   donc moins de temps et dès lors, moins d'influence en Bosnie centrale.

 20   Je me suis forgé l'opinion suivante : je me suis dit que Kordic disposait

 21   d'un degré considérable d'autonomie par rapport au pouvoir par Boban et

 22   Petkovic en Bosnie centrale.

 23   M. Nice (interprétation). - Revenons à la confiance que vous aviez au

 24   départ placée en Kordic. A un moment donné, avez-vous eu une idée plus

 25   claire de la nature peut-être extrémiste de ses opinions et de la volonté


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  1   qu'il cultivait de parvenir à un compromis ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Peu à peu, je me suis dit qu'il

  3   tenait plus à préserver l'influence purement croate en Bosnie centrale,

  4   qu'il n'était pas aussi intéressé qu'il ne l'affirmait par le maintien

  5   d'une alliance raisonnable contre les Serbes à ce moment-là.

  6   Je me souviens d'un incident lors de la réunion du GTMM. Je n'étais pas

  7   parvenu à faire bouger les Serbes et les Bosniens alors que Sarajevo était

  8   très sévèrement pilonnée. J'ai envoyé les délégués dans leur pièce

  9   respective et j'avais espéré parvenir à un compromis si je trouvais le

 10   levier utile pour faire bouger les choses. J'ai demandé l'avis du colonel

 11   Kordic. Il m'a quelque peu surpris en indiquant une région sur la carte de

 12   Sarajevo dont il a dit que je devrais persuader les Bosniens qu'elle

 13   devrait être abandonnée.

 14   A ce moment-là, les Bosniens se trouvant à l'intérieur de Sarajevo

 15   recevaient des coups très durs et il venait de suggérer que ces Bosniens

 16   renoncent à même plus de territoires, ceci m'a surpris. Pensait-il

 17   vraiment que nous recherchions une forme de paix dans la région ? Pourquoi

 18   me proposait-il cela ? Bien sûr, lorsque je suis retourné sur place, j'ai

 19   constaté que c'était un type de région que les Bosniens ne pouvaient pas

 20   abandonner parce que cela aurait été renoncer à des portions de

 21   territoires importants qui surplombaient Sarajevo.

 22   M. Nice (interprétation). - Vous êtes-vous fait une idée de la raison pour

 23   laquelle il occupait ce grade de colonel ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, je n'ai pu que supputer la

 25   raison pour laquelle il l'avait fait, que c'était parce que, dans la


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  1   hiérarchie militaire, il avait le même statut que le colonel Blaskic qui,

  2   jusqu'alors, avait été le commandant militaire suprême en Bosnie centrale.

  3   S'il s'était présenté comme commandant ou comme lieutenant-colonel, Kordic

  4   aurait été inférieur, politiquement peut-être pas, mais en tout cas

  5   militairement par rapport à Blaskic. Il fallait donc que Kordic ait un

  6   grade au moins aussi important que le commandant militaire de la Bosnie

  7   centrale, en l'occurrence Blaskic.

  8   M. Nice (interprétation). - Quelques points de détail, si vous le voulez

  9   bien. Je pense que vous êtes allé régulièrement de Kiseljak à Sarajevo,

 10   vous passiez une journée de la semaine à Vitez. Et début 1993, vous êtes

 11   allé à Maglaj où l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO luttaient le long

 12   des mêmes lignes sous un commandement partagé jusqu'en mars 1993 ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, effectivement, ils étaient

 14   encerclés par les Serbes, ils étaient sévèrement assiégés. Les Nations

 15   Unies ne pouvaient pas faire grand-chose, mais je suis allé sur place pour

 16   aller voir les deux commandants sur le terrain : celui de l'armée de

 17   Bosnie-Herzégovine et celui du HVO qui avaient un poste de commandement

 18   conjoint et qui tous deux, ensemble, faisaient un excellent travail de

 19   défense de la ville.

 20   M. Nice (interprétation). - Le 26 janvier 1993, avez-vous assisté à une

 21   réunion avec le colonel Stewart à Kiseljak à l'occasion de laquelle un

 22   cessez-le-feu avait été conclu entre le HVO et l'armée de Bosnie-

 23   Herzégovine ? Les parties étaient représentées par Blaskic et Merdan.

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact. Toute la Bosnie centrale

 25   avait dégénéré en un lieu où il y avait du nettoyage ethnique, des maisons


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  1   brûlées, un abandon total du droit, de la loi. La route avait été bloquée,

  2   coupée par l'armée de Bosnie-Herzégovine près de Kacuni.

  3   Nous avons essayé de forcer les soldats à ouvrir la route. J'ai obtenu

  4   l'arrivée de Merdan et de Blaskic à mon quartier général à Kiseljak où je

  5   voulais parler avec eux de la possibilité d'un cessez-le-feu.

  6   M. Nice (interprétation). - Au moment où vous alliez signer ce cessez-le-

  7   feu, que s'est-il passé ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Quelque chose d'assez bizarre s'est

  9   produit, une espèce de pantomime. Alors que Blaskic s'apprêtait à signer,

 10   son conseiller militaire a fait irruption dans la pièce pour annoncer que

 11   Busovaca était en train d'être attaquée, que des civils croates étaient en

 12   train d'être assassinés par des Mudjahiddins. Blaskic a dit qu'il lui

 13   était impossible dans ces conditions de signer le document, qu'il devrait

 14   se rendre sur place immédiatement pour mener une enquête et bien sûr par

 15   la suite, je lui ai dit qu'il devait revenir.

 16   M. Nice (interprétation). - Avez-vous pu faire vos enquêtes vous-même sur

 17   la véracité de ce qui avait été affirmé ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Tout à fait, j'ai pris contact avec

 19   une compagnie de transport néerlandaise qui m'a dit que Busovaca était

 20   tout à fait tranquille.

 21   M. Nice (interprétation). - Qui était ce conseiller militaire ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens pas de son nom

 23   malheureusement, il était en uniforme. C'est assez bizarre car

 24   manifestement, ce n'était pas un ancien soldat, pourtant il avait un

 25   pouvoir, une influence considérable sur le colonel Blaskic. Quand Blaskic


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  1   assistait à une réunion du GTMM, au début tout du moins, cet homme

  2   l'accompagnait toujours.

  3   M. Nice (interprétation). - Qu'avez-vous pensé de l'intervention de cet

  4   homme quand il a commencé à porter des commentaires erronés sur Busovaca.

  5   Qu'avez-vous pensé que c'était ?

  6   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Une tentative délibérée visant à

  7   ralentir, à faire capoter ce processus qui était en cours à Genève où se

  8   trouvaient Karadzic et Izetbegovic, à Genève donc. Sous la présidence de

  9   Lord Owen, ils essayaient de parvenir à un plan de paix que pourraient

 10   accepter les trois parties belligérantes. Je me suis dit qu'alors que le

 11   reste du monde voyait les Musulmans et les Serbes s'opposer, il était

 12   important que le monde sache qu'il y avait aussi des combats dirigés

 13   contre les Croates en Bosnie centrale.

 14   M. Nice (interprétation). - Est-ce que Blaskic est revenu le lendemain,

 15   accompagné de son conseiller militaire ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, il est revenu le lendemain, mais

 17   j'ai veillé à ce que son conseiller politique ne soit pas présent. Je ne

 18   voulais avoir affaire qu'en Merdan et Blaskic, sans le conseiller.

 19   M. Nice (interprétation). - Est-ce que là s'est décidé un accord ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'avais donné instruction au garde

 21   danois de ne laisser entrer personne alors que nos discussions se

 22   poursuivaient. J'ai obtenu de Blaskic qu'il signe l'accord ainsi que

 23   Merdan, puis je les ai placés devant les caméras du monde entier pour

 24   qu'ils fassent part de leur accord s'agissant du cessez-le-feu. Et

 25   quelques minutes plus tard, un conseiller politique assez fatigué,


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  1   harcelé, est arrivé pour dire que Busovaca était en proie aux flammes

  2   comme l'était Fojnica.

  3   Heureusement, j'ai pu téléphoner à la compagnie de transport néerlandaise

  4   qui m'a dit que le calme régnait à Busovaca. Et puis le général de brigade

  5   Cumming était venu de Busovaca et avait dit que ce jour-là était un jour

  6   de marché comme les autres et qu'il n'y avait rien de bizarre qui s'y

  7   passait. Mais en même temps, Mate Boban annonçait à Genève que Busovaca

  8   était en proie aux flammes.

  9   M. Nice (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.

 10   M. Bennouna. - Maître Nice, à propos de cet incident qui s'est répété deux

 11   fois, apparemment pour empêcher le colonel Blaskic de signer l'accord que

 12   lui proposait le général Cordy-Simpson, est-ce qu'on peut savoir du

 13   témoin, si selon ce qu'il sait, ceci reflète un désaccord entre le colonel

 14   Blaskic et M. Kordic ?

 15   Est-ce que ceci est le produit d'un désaccord dans la chaîne de

 16   commandement ?

 17   M. Nice (interprétation). - Allez-y.

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Excellente question que celle-là,

 19   Monsieur le Juge, et malheureusement je ne peux pas vous y donner de

 20   réponse, car je ne sais pas du tout dans quel sens allait ce qui était

 21   manifestement un plan très bien orchestré, je ne sais pas non plus d'où il

 22   venait, j'en suis désolé.

 23   M. Nice (interprétation). - Et ce plan, d'après vous, consistait à faire

 24   quoi ?

 25   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A montrer à Genève, je pense,


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  1   qu'alors que le plan suggéré par Lord Owen commençait à prendre forme et à

  2   avancer, à montrer à Genève donc l'importance de l'intégrité des cantons 8

  3   et 10, à savoir la Bosnie centrale était capitale pour les Croates, qui à

  4   toutes fins pratiques, allaient se retrouver sur une île entourés par les

  5   Serbes au nord, les Musulmans à l'est et à l'ouest et qu'avant que les

  6   Croates ne soient prêts à signer ce plan, le monde entier devait savoir

  7   que la sécurité des Croates en Bosnie centrale était menacée. C'est la

  8   seule interprétation que je puisse vous donner de la raison pour laquelle

  9   cet incident assez bizarre s'est produit. Au même moment, la radio de

 10   Belgrade annonçait aussi que les Mudjahiddins attaquaient Kiseljak où,

 11   moi, je me trouvais, et je pouvais confirmer que cette attaque n'avait pas

 12   lieu.

 13   M. Nice (interprétation). - Avant de quitter le sujet de cette rencontre,

 14   en ce qui concerne la présence, ou plutôt, l'absence du secrétaire, ou du

 15   représentant politique dont vous avez parlé, et s'il n'y a pas

 16   d'objection, vous pouvez également utiliser votre déclaration pour vous

 17   rafraîchir la mémoire et pour parler de la deuxième rencontre.

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Est-ce que je peux me rafraîchir la

 19   mémoire sur la base de la déclaration ?

 20   M. le Président (interprétation). - Oui.

 21   M. Nice (interprétation). - Veuillez communiquer au témoin sa déclaration,

 22   ou bien je peux lui remettre ma copie, qui n'a pas été marquée, sauf une

 23   ligne sans importance.

 24   (L'huissier s'exécute).

 25   Vous pouvez jeter un coup d'oeil sur la partie inférieure de la page


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  1   précédente.

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Oui. Le commissaire politique

  3   était présent ce deuxième jour.

  4   M. Nice (interprétation). - Et qu'est-ce qu'il a fait ? Qu'est-ce que vous

  5   avez remarqué au fur et à mesure que la réunion se déroulait ?

  6   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il était un peu anxieux, il regardait

  7   sa montre comme s'il avait un moment établi auparavant un moment où le

  8   messager devait entrer en disant "Busovaca est en flammes", etc.

  9   Visiblement, il s'attendait à ce que quelqu'un fasse irruption dans la

 10   salle de réunion.

 11   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 15 du résumé, après que le plan a

 12   été annoncé, le 25 janvier, que s'est-il passé, en principe, en ce qui

 13   concerne les combats ?

 14   M. Cordy-Simpson (interprétation). - La situation s'est détériorée de

 15   manière dramatique, surtout en Bosnie centrale, à Gorni Vakuf ou dans la

 16   vallée de la Lasva. Il y a eu des combats importants et il est devenu

 17   extrêmement difficile de se déplacer en Bosnie centrale. Les convois

 18   d'aide humanitaire qui allaient vers Sarajevo ne pouvaient pratiquement

 19   pas se déplacer en traversant cette région. En hiver, Sarajevo a été

 20   pratiquement complètement coupée du reste du monde, et l'accès de Kiseljak

 21   a été pratiquement impossible aussi.

 22   Donc cela constituait l'effondrement définitif de cette alliance précaire

 23   jusqu'à ce moment-là entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 24   M. Nice (interprétation). - Le 1er février, est-ce que vous avez organisé

 25   une réunion ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  2   M. Nice (interprétation). - A laquelle ont assisté les commandants du

  3   1er et du 3ème Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine avec Blaskic et Kordic,

  4   et cette réunion a eu lieu à Vitez et a été présidée par le général

  5   Morillon ?

  6   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, effectivement, je les ai réunis

  7   tous les quatre dans le siège du commandement du bataillon de colonel

  8   Stewart afin d'essayer de trouver une issue, afin de négocier un cessez-

  9   le-feu dans cette situation qui échappait très rapidement à tout contrôle.

 10   M. Nice (interprétation). - Le cessez-le-feu... l'accord de cessez-le-feu

 11   a été conclu ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Effectivement.

 13   M. Nice (interprétation). - Est-ce que ce cessez-le-feu a été respecté ?

 14   Et si oui, à quel degré, vis-à-vis du public, au moins pendant un certain

 15   moment ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il a été respecté effectivement

 17   jusqu'au 16 avril. Cela a été le cessez-le-feu le plus long que nous avons

 18   réussi à négocier. Bien évidemment, c'était un cessez-le-feu qui ne

 19   portait pas sur les Serbes, mais en Bosnie centrale. Les combats se sont

 20   arrêtés, même si les tensions se sont poursuivies avec un grand nombre de

 21   points de contrôle illégaux, et il y a eu des lignes, deux lignes qui ont

 22   été dressées de manière assez ferme et l'ONU essayait de persuader à la

 23   fois l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO de se retirer de leurs

 24   positions afin de séparer les forces, mais effectivement, le cessez-le-feu

 25   a été respecté et Blaskic et Kordic, de même que les commandants de


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  1   l'armée de Bosnie-Herzégovine, ont respecté leur parole et ont respecté le

  2   cessez-le-feu.

  3   M. Nice (interprétation). - Et quelles étaient vos conclusions sur la base

  4   de ceci sur leur contrôle sur le HVO en Bosnie centrale ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Visiblement, en ce qui concerne ce

  6   qu'ils ont signé au cours de cette réunion, ils ont réussi à respecter

  7   leurs obligations. Les combats ont cessé et même s'il y a eu des incidents

  8   isolés dans le cadre desquels des maisons ont été brûlées, il y a eu des

  9   échanges de tirs. En ce qui concerne des attaques de grande ampleur qui se

 10   déroulaient auparavant, celles-là se sont arrêtées. Donc moi j'ai tiré la

 11   conclusion que Kordic et Blaskic, tous les deux, pouvaient avoir

 12   suffisamment d'influence sur les forces militaires en Bosnie centrale, et

 13   puis j'ai tiré la même conclusion par rapport à la capacité d'avoir de

 14   l'influence de la part des commandants de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 15   sur leurs propres forces.

 16   M. Nice (interprétation). - Deux détails. A l'époque où vous le

 17   connaissiez, où se trouvait le siège de Kordic ? A quoi ressemblait-il et

 18   comment pouviez-vous comparer ce siège à la base de Blaskic ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Blaskic vivait à Kiseljak dans une

 20   caserne du HVO qui se trouvait à environ 300 ou 400 mètres par rapport à

 21   mon propre siège.

 22   En ce qui concerne le colonel Kordic, si je me souviens bien, son siège se

 23   trouvait à l'hôtel juste avant l'entrée de Busovaca, au nord par rapport à

 24   Kiseljak.

 25   M. Nice (interprétation). - Qui contrôlait les lignes téléphoniques et les


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  1   stations électriques à l'époque ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'était visiblement et clairement le

  3   HVO qui les contrôlait à l'époque.

  4   M. Nice (interprétation). - Et le HVO avait sa propre station de radio ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  6   M. Nice (interprétation). - Où ?

  7   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A Kiseljak, c'est là que se trouvait

  8   l'émetteur, nous l'utilisions assez souvent afin d'envoyer des messages à

  9   la population. Mais bien sûr, ceci était entièrement contrôlé par le HVO

 10   en ce qui concerne ce que nous pouvions et ce que nous ne pouvions pas

 11   dire.

 12   M. Nice (interprétation). - La position de Blaskic et de son associé

 13   politique, est-ce que celles-là se reflétaient d'une certaine manière plus

 14   générale ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non. A mon avis, il s'agissait tout

 16   simplement d'une sorte de commissaire politique qui accompagnait le

 17   commandant militaire. Cependant, le colonel Kordic, lorsqu'il a pris ses

 18   fonctions en Bosnie centrale, apparemment n'avait pas besoin d'avoir ce

 19   genre de conseiller politique qui devrait le contrôler à côté de lui, et

 20   il laissait l'impression de quelqu'un qui était beaucoup plus capable de

 21   prendre des décisions politiques et militaires sans avoir à ses côtés

 22   quelqu'un, quelqu'un d'autre.

 23   M. Nice (interprétation). - Ou bien Kordic maintenant. En ce qui concerne

 24   Blaskic, est-ce que vous avez vu ce même phénomène que vous avez remarqué

 25   chez Blaskic par rapport à une autre personnalité sur le terrain ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, pas à ce point-là.

  2   M. Nice (interprétation). - Je n'ai que deux points qui restent. Votre

  3   service s'est arrêté vers la mi-avril 1993. Mais vous êtes rentré depuis

  4   dans la région. Veuillez s'il vous plaît nous dire l'année au cours de

  5   laquelle vous êtes revenu et ce que vous avez fait.

  6   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, j'ai quitté la région en 1993 et

  7   j'ai passé trois mois afin de constituer la zone d'interdiction de vol

  8   dans le cadre de la mission de l'ONU. Et ensuite, je suis allé en

  9   Allemagne pendant un certain moment, et je suis retourné dans la région

 10   en 1996 en tant que l'adjoint du commandant chargé des opérations de la

 11   force de stabilisation de l'Otan. Et je suis resté jusqu'en décembre 1997,

 12   alors que je suis rentré en Bosnie en novembre 1996. Et après cela, je

 13   suis rentré au Royaume-Uni.

 14   M. Nice (interprétation). - Depuis votre retraite de l'armée, vous avez

 15   occupé plusieurs postes, y compris en ce qui concerne l'incident du

 16   Kosovo. Vous avez écrit des articles de presse, je crois ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. J'ai des responsabilités de

 18   conseiller en ce moment et j'écrivais des articles de presse en tant que

 19   correspondant militaire dans le cadre des opérations qui se sont déroulées

 20   au Kosovo.

 21   M. Nice (interprétation). - J'ai terminé mon interrogatoire principal de

 22   ce témoin.

 23   Je demanderai à toutes les parties, s'il vous plaît, de corriger une cote

 24   qui a été attribuée, c'est-à-dire un numéro de document : il s'agissait de

 25   la pièce à conviction 328.1, alors que la cote correcte est 328.2.


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  1   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, c'est vous qui allez

  2   mener le contre-interrogatoire ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

  4   Bonjour, Monsieur. Je m'appelle Steven Sayers, je représente Dario Kordic.

  5   Général, si j'ai bien compris, vous étiez chef d'état-major du

  6   commandement de la Forpronu en Bosnie-Herzégovine depuis septembre, le

  7   18 septembre 1992 jusqu'au moment où vous avez quitté la région de Bosnie-

  8   Herzégovine, c'est-à-dire le 10 avril 1993 ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 10   M. Sayers (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous êtes arrivé à

 11   Kiseljak afin de constituer la base, le siège la Forpronu, et ceci s'est

 12   produit le 29 octobre 1992 ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.

 14   M. Sayers (interprétation). - Suite à votre arrivée en Bosnie centrale et

 15   dans la région de Sarajevo, est-ce qu'il serait exact de dire que vous

 16   faisiez face à une guerre civile complexe incluant au moins trois

 17   factions ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, ceci serait exact.

 19   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait exact également de dire

 20   que, d'après votre expérience, il s'agissait là d'une des situations les

 21   plus chaotiques sur le plan militaire et politique que vous avez

 22   rencontrées au cours de votre carrière de 31 ans que vous avez eue au sein

 23   de l'armée britannique ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, sans doute, il s'agissait là de

 25   la situation militaire la plus chaotique que je n'avais jamais rencontrée.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Général, excusez-moi à cause de cette pause,

  2   mais nous parlons la même langue tous les deux, et j'ai honte d'admettre

  3   que j'ai reçu beaucoup de fois des reproches à cause de mon débit trop

  4   rapide pour les interprètes, donc il est nécessaire d'avoir des pauses

  5   entre les questions et les réponses, et j'espère que vous êtes prêt à

  6   accepter cela.

  7   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Faisons-le.

  8   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Au moment où vous êtes arrivé à

  9   Kiseljak, Monsieur, qui était le maire de cette ville ? Est-ce que vous le

 10   savez ?

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'ai rencontré le maire, mais je ne

 12   me souviens pas de son nom.

 13   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez l'impression de

 14   reconnaître le nom Jozip Boro ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Franchement, je ne me rappelle plus

 16   le nom.

 17   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Excusez moi... Est-ce que le HVO

 18   avait une brigade séparée stationnée dans la ville de Kiseljak ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ils avaient une force militaire

 20   qu'ils appelaient brigade à Kiseljak.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez quel était le

 22   nom du commandant de cette brigade ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis sûr que le colonel Blaskic

 24   était le commandant des forces dans cette région.

 25   M. Sayers (interprétation). - Tihomir Blaskic ?


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  1   (Le témoin acquiesce affirmativement de la tête.)

  2   Très bien. Je crois, Monsieur, que d'après votre déclaration... Et nous

  3   pourrions d'ailleurs lui attribuer une cote pour pouvoir mieux nous

  4   référer à ce document ? Je demanderai que la greffière lui attribue une

  5   cote. Nous procéderons à l'examen de cette pièce à conviction par la

  6   suite.

  7   Mme Ameerali (interprétation). - Document D68/1.

  8   M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous avez des copies pour

  9   les parties ?

 10   M. Sayers (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 11   (L'huissier les distribue aux parties et aux Juges.)

 12   Avant de vous poser une question concrète, tout d'abord reconnaissez-vous

 13   cette déclaration en tant que copie de la déclaration que vous avez donnée

 14   le 21 juillet 1995 au Bureau du Procureur ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Et je crois que votre bureau était

 17   responsable pour les négociations concernant les convois qui se

 18   déplaçaient à travers la Bosnie et qui traversaient les lignes de front

 19   entre les factions ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, c'était la responsabilité de ma

 21   base, de mon commandement.

 22   M. Sayers (interprétation). - Je crois que c'est votre chef chargé des

 23   opérations et chef chargé des opérations concernant les convois qui se

 24   sont vus chargés de cette mission ?

 25   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact également.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Maintenant, nous allons parler de ces

  2   réunions de ces groupes de travail militaires mixtes dont vous avez parlé.

  3   La première de ces réunions, je crois, a eu lieu le 5  novembre 1992. Est-

  4   ce exact ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A peu près à ce moment-là, c'était au

  6   début du mois de novembre, mais je ne peux pas le dire avec 100 %

  7   d'exactitude.

  8   M. Sayers (interprétation). - Les réunions de GTMM étaient organisées

  9   surtout par vous ?

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est le général Morillon qui a

 11   initié ces rencontres, mais c'est moi qui les organisais.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le but de ce groupe était de

 13   constituer le seul forum qui pouvait exister à l'époque permettant d'avoir

 14   des discussions entre les trois factions belligérantes principales, c'est-

 15   à-dire les Serbes, les Croates et les Musulmans de Bosnie ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

 17   M. Sayers (interprétation). - Au début, l'intention était de réunir les

 18   trois adjoints des commandants afin qu'ils puissent entamer un dialogue

 19   servant à diminuer les tensions et d'aboutir à un accord de paix ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, pendant que j'étais chargé de

 21   ceci, c'était effectivement le but, on avait le droit d'aller à un niveau

 22   supérieur et de faire rencontrer les plus hauts responsables, et

 23   effectivement nous l'avons fait une ou deux fois.

 24   M. Sayers (interprétation). - Lord Owen, comme vous l'avez dit, a assisté

 25   parfois à des réunions de groupes militaires mixtes, lorsqu'il s'agissait


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  1   d'accords extrêmement importants ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je me souviens d'une ou deux

  3   situations pendant lesquelles Lord Owen est effectivement venu assister

  4   aux réunions du GTMM.

  5   M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi, l'adjoint du commandant de

  6   l'armée des Serbes de Bosnie, vous l'avez dit, c'était le général Gvero,

  7   n'est-ce pas ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Est-ce exact de dire que le général Gvero

 10   était toujours accompagné par une personne qui occupait le rôle que vous

 11   avez décrit vivement, en disant qu'il s'agissait d'un commissaire

 12   politique ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il était accompagné effectivement

 14   d'un conseiller politique.

 15   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Et le conseiller politique du

 16   général Gvero était le colonel Tolimir, n'est-ce pas ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est vrai.

 18   M. Sayers (interprétation). - Est-ce exact de dire que le général Gvero

 19   consultait toujours le colonel Tolimir avant de signer quoi que ce soit ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, presque sans exception.

 21   M. Sayers (interprétation). - Et l'adjoint du commandant des forces

 22   musulmanes, avec lequel vous étiez en contact au cours de ces réunions de

 23   GTMM, était le colonel Siber ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

 25   M. Sayers (interprétation). - Stjepan Siber ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - Jusqu'à décembre, ou plutôt fin

  3   novembre 1992 au moins, le représentant croate avec qui vous étiez en

  4   contact était Tihomir Blaskic, n'est-ce pas, le colonel Blaskic ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.

  6   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit, Général, que vous ne vous

  7   souvenez pas quel était le nom du conseiller politique du colonel Blaskic,

  8   avec lequel on voyait parfois le colonel Blaskic. Mais vous avez dit dans

  9   votre déclaration que c'était quelqu'un de plutôt corpulent, qui portait

 10   des baskets. Est-ce que le nom d'Ignac Kostroman vous dit quelque chose ?

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement de

 12   son nom, mais vous avez donné une bonne description de cet individu.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez eu l'impression que c'était

 14   quelqu'un qui n'était pas un soldat ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.

 16   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il serait exact de dire, Monsieur,

 17   qu'après le 21 septembre 1992 le colonel Kordic n'assistait plus à des

 18   réunions du groupe de travail militaire mixte, pour autant que vous vous

 19   en souveniez ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'essaie de rafraîchir ma mémoire. Il

 21   est sûr qu'au cours du mois de janvier et jusqu'au début du mois de

 22   février, c'était le moment où la situation s'est détériorée, il n'y a pas

 23   eu de réunion étant donné que les deux parties ne pouvaient pas se mettre

 24   d'accord sur quoi que ce soit. Je ne me souviens pas, après l'accord

 25   conclu en février, qui a été conclu au cours d'une réunion à laquelle le


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  1   colonel Kordic a assisté, je ne sais pas s'il a continué à assister aux

  2   rencontres de GTMM, mais il est certain que concernant ces rencontres

  3   elles étaient plutôt peu nombreuses.

  4   M. Sayers (interprétation). - Je suis désolé, mais je n'ai pas eu

  5   l'occasion de lire, avec vous, tous ces documents, mais concernant l'un

  6   deux -je crois qu'il porte la cote Z336.18-, il s'agit d'un document

  7   mandaté du 29 décembre 1992 concernant les rencontres de GTMM.

  8   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, nous allons procéder à

  9   une suspension d'audience quand vous pourrez la proposer.

 10   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Ce document concerne deux

 11   rencontres de GTMM qui ont eu lieu le 22 et le 26 novembre 1992 ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, effectivement le 22 et le 26.

 13   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que M. Kordic n'a pas

 14   assisté à ces réunions ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Concernant le premier, effectivement,

 16   je m'en rappelle, c'était la réunion de plus haut niveau présidée par le

 17   général Morillon, à laquelle M. Petkovic et le général Mladic ont assisté.

 18   M. Sayers (interprétation). - C'est justement ce dont je voulais parler.

 19   Ce document a un numéro, c'est le n° R 00 4 6 3 7 7 . il s'agit là,

 20   apparemment, d'un accord sur la séparation des forces dans la région de

 21   l'aéroport de Sarajevo ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 23   M. Sayers (interprétation). - Ce document a été signé par le général de

 24   brigade Milivoj Petkovic ?

 25   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ceci rafraîchit votre mémoire

  2   pour établir, avec cette étude, le fait que M. Kordic n'ait pas assisté à

  3   cette réunion ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne peux pas vous répondre avec

  5   exactitude étant donné que moi-même je n'ai pas assisté à cette réunion.

  6   Cette réunion était présidée par le général Morillon et d'habitude je

  7   n'étais pas présent dans les mêmes réunions que lui, parce que d'habitude

  8   cela voulait dire que nous étions trop représentés au sein de ces

  9   réunions, et ceci n'était pas bien pour faciliter les discussions entre

 10   les deux ou bien, en l'occurrence, deux parties.

 11   M. Sayers (interprétation). - Merci. Nous pourrions peut-être procéder à

 12   une pause maintenant, Monsieur le Président.

 13   M. le Président (interprétation). - Nous allons lever l'audience pour une

 14   demi-heure maintenant.

 15         L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.

 16   M. le Président (interprétation). - Monsieur Sayers, c'est à vous.

 17   M. Sayers (interprétation). - Mon Général, est-ce que le nom du major

 18   David Pinder-Koehnk vous dit quelque chose ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 20   M. Sayers (interprétation). – Etait-il responsable des relations publiques

 21   au quartier général de Kiseljak ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). – Non, pas les relations publiques. En

 23   fait, c'était mon porte-parole lorsque je m'adressais à la presse.

 24   M. Sayers (interprétation). - Il a pris des notes au moment de son séjour

 25   au sujet de ces réunions du GTMM, réunions auxquelles a participé


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  1   M. Kordic et à la lecture de ces notes, on voit qu'il y a eu

  2   cinq réunions, la première le 12 décembre 1994.

  3   Vous souvenez-vous si vous avez assisté à cette réunion ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - S'il s'agissait en effet d'une

  5   réunion du GTMM avec le colonel Kordic et si cela s'est passé le

  6   12 décembre, il est très probable que j'ai présidé cette réunion.

  7   M. Sayers (interprétation). – Le procès-verbal d'une réunion que vous avez

  8   mentionnée lors de votre interrogatoire principal, les deux dernières

  9   pages de la pièce Z314, vous en souvenez-vous ?

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, cela fait référence à ma

 11   rencontre avec Kordic à Kiseljak.

 12   M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous qu'il était vice-Président de la

 13   communauté croate d'Herceg Bosna ?

 14   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est comme cela qu'il s'est

 15   présenté.

 16   M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous qu'il était en fait vice-

 17   Président ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il s'est présenté de la sorte

 19   lorsqu'il est venu à mon quartier général.

 20   M. Sayers (interprétation). – Savez-vous quelles étaient les fonctions du

 21   vice-Président de la communauté croate d'Herceg Bosna ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Très franchement, la situation

 23   politique et militaire à cette époque était tellement confuse, il y avait

 24   tant de factions en présence qu'il était extrêmement difficile de savoir

 25   quelles étaient les attributions des différents intervenants, et pour


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  1   quelqu'un qui venait de l'extérieur comme moi, c'était très difficile à

  2   comprendre, donc je ne pourrais pas vous informer à ce sujet.

  3   M. Sayers (interprétation). - Le lieutenant-colonel Bob Stewart a écrit un

  4   livre qui s'intitule:Des vies brisées. L'avez-vous lu ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'en ai lu des extraits, mais on m'en

  6   a souvent parlé.

  7   M. Sayers (interprétation). - Le lieutenant-colonel Stewart dit lui aussi

  8   qu'il y avait des groupes au sein des factions, des factions au sein des

  9   groupes et que ces différents éléments avaient créé une situation

 10   d'anarchie la plus totale, page 318 du livre du colonel Stewart. Partagez-

 11   vous cette analyse du colonel Stewart ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - En effet, il était extrêmement

 13   difficile à cette époque en Bosnie-Herzégovine de comprendre ce que

 14   chacune des factions politiques qui appartenaient elles-mêmes à des

 15   factions ou à des groupes politiques, donc il était très difficile de

 16   savoir qui représentait quoi.

 17   A notre niveau, nous ne connaissions que les trois principales factions

 18   belligérantes : les Croates, les Serbes et les Musulmans.

 19   M. Sayers (interprétation). - Vous nous avez fait part de vos impressions

 20   subjectives au sujet de la position qu'occupaient dans la hiérarchie le

 21   colonel Blaskic ainsi que M. Kordic. Avez-vous vu des documents qui vous

 22   permettent de confirmer cette impression, ou bien peut-on dire qu'en fait

 23   il s'agissait uniquement d'impression subjective dont vous nous avez fait

 24   part ?

 25   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il s'agit d'une opinion subjective.


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  1   Je la base sur ma connaissance du général Petkovic et de MM. Kordic et

  2   Blaskic et je me base aussi sur ce qu'a dit le général Petkovic, qui a dit

  3   lors d'une des réunions que c'était le colonel Kordic qui était chargé de

  4   la mise en oeuvre des accords conclus dans le cadre des réunions du GTMM.

  5   M. Sayers (interprétation). - J'essaie de trouver la référence. Donc si je

  6   me reporte au paragraphe 7, troisième page de la pièce Z336.1, on peut y

  7   lire : "Le général Petkovic a signé les deux accords et il a déclaré que

  8   le colonel Kordic allait fournir les représentants qui étaient exigés aux

  9   termes de cet accord".

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, c'est la déclaration à laquelle

 11   je faisais référence et c'est la seule déclaration orale ou écrite qui, à

 12   mon avis, montre que le colonel Kordic relevait du général Petkovic, en

 13   l'espèce.

 14   M. Sayers (interprétation). - Est-il juste de dire que, pour vous, toute

 15   l'organisation hiérarchique était un petit peu difficile à cerner et que

 16   vous n'avez jamais vraiment réussi à déterminer comment était organisée la

 17   chaîne de commandement ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, bon, je savais qui était en haut

 19   de la hiérarchie dans les trois parties belligérantes. Je savais également

 20   très clairement qui était responsable dans les trois camps de

 21   l'organisation militaire. Et je connaissais les adjoints de ces

 22   commandants parce que l'on nous les avait présentés comme des gens qui

 23   avaient la possibilité de signer au nom de leur supérieur hiérarchique.

 24   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous qui était le Président du HVO au

 25   moment où ces négociations ont eu lieu ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ma réponse est non. Pour moi, c'était

  2   le général Petkovic qui commandait le HVO.

  3   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que le Président du HVO était le

  4   docteur Jadranko Prlic ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.

  6   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous quelle était la position de

  7   M. Boban ? Je crois que vous avez parlé de la participation de M. Boban

  8   aux négociations.

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact. Je ne l'ai jamais

 10   rencontré en personne, mais c'était le représentant des Croates de Bosnie

 11   à Genève, lors de la conférence organisée par Lord Owen à Genève.

 12   M. Sayers (interprétation). - Pour vous, est-ce que M. Boban avait une

 13   position politique officielle au sein de la hiérarchie politique des

 14   Croates de Bosnie ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il était donc le représentant

 16   officiel à Genève des Croates de Bosnie, et donc j'en avais déduit qu'il

 17   était celui qui était considéré par Lord Owen comme étant celui qui était

 18   à même de permettre la mise en application du plan de paix sur lequel

 19   travaillait Lord Owen en compagnie de M. Vance.

 20   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que M. Boban était en réalité le

 21   Président de la communauté croate d'Herceg-Bosna ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Vous savez, je ne connaissais pas

 23   tous les détails de l'organisation politique des Croates. Moi, je

 24   m'efforçais de faire fonctionner la structure militaire, donc de la

 25   Forpronu en Bosnie-Herzégovine. Les négociations politiques étaient menées


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  1   par le général Morillon avec son conseiller politique et diplomate,

  2   M. Andrejev, et bien attendu Lord Owen qui chapeautait tout cela. Moi,

  3   j'avais très peu d'occasions de rencontrer les dirigeants politiques des

  4   parties au conflit.

  5   M. Sayers (interprétation). - Merci. Revenons-en maintenant aux notes qu'a

  6   prises le major Pinder-Koehnk. Donc nous en revenons aux quatre autres

  7   réunions qu'il mentionne et où il dit que M. Kordic a participé. Donc il y

  8   a eu une réunion qui a eu lieu entre le 12 et le 17 décembre, une réunion

  9   qui a eu lieu le 17 décembre, et les dernières réunions ont eu lieu le 20

 10   et le 21 décembre.

 11   Je sais que cela fait six ans que tout cela s'est produit et personne

 12   n'est censé ici se rappeler dans tous les détails ce qui s'est produit à

 13   l'époque. Mais nous disposons de notes qui font référence à ces réunions

 14   dans les pièces fournies par l'accusation. Vous souvenez-vous avoir

 15   participé à ces réunions ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Si le colonel Kordic était présent,

 17   s'il représentait les Croates de Bosnie, il est presque certain que

 18   j'étais moi-même présent. Et il y a eu bien entendu une réunion avant qui

 19   a eu lieu le 28 novembre et dont je me souviens également. Et je me

 20   souviens que le colonel Kordic est venu pour la première fois assister à

 21   une réunion du GTMM à Sarajevo. Je m'en souviens parce que c'est lors de

 22   cette réunion, ou à l'issue de cette réunion, qu'il a été victime d'un

 23   harcèlement de la part des soldats serbes lorsqu'il quittait la réunion.

 24   M. Sayers (interprétation). - C'est l'incident que vous nous avez

 25   mentionné, et c'est là que vous avez été obligé vous-même d'intervenir


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  1   pour résoudre ce qui aurait pu s'envenimer ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Fort heureusement, j'avais décidé de

  3   retourner à Kiseljak alors qu'il faisait déjà nuit, et donc je suis arrivé

  4   un peu par hasard à cet endroit où cet incident était en train de se

  5   dérouler. Et donc c'est ce qui explique également la réunion que j'ai eue

  6   ensuite avec lui et cela explique aussi qu'il ait demandé à ce que le lieu

  7   des réunions soit modifié et c'est pourquoi aussi il a fait référence à la

  8   protection de l'ONU.

  9   M. Sayers (interprétation). - Dans les circonstances, cette demande de

 10   changer, de modifier le lieu de réunion était compréhensible, n'est-ce

 11   pas ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui c'était compréhensible, mais bien

 13   entendu cela, les Serbes de Bosnie ne l'auraient jamais accepté et donc,

 14   j'ai décidé de passer outre, ceci afin de continuer à faire fonctionner le

 15   GTMM, à condition de permettre de garantir la sécurité du HVO ou des

 16   représentants du HVO lorsqu'ils participaient à ces réunions.

 17   M. Sayers (interprétation). – Est-il exact de dire que le fait de

 18   participer à ces réunions à l'aéroport de Sarajevo représentait un certain

 19   risque pour ceux qui y participaient ? Le simple fait de se rendre à ces

 20   réunions comportait un certain nombre de risques ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, mais j'avais garanti la

 22   protection des forces de l'ONU. Cependant, il est vrai que le simple fait

 23   de se déplacer jusqu'à Sarajevo présentait un certain nombre de risques.

 24   Il faut cependant dire que les gens se déplaçaient dans un véhicule

 25   blindé, mais il faut savoir qu'en Bosnie la vie était extrêmement


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  1   dangereuse, la vie de tous les jours. Pour aller à Sarajevo, il fallait…

  2   au centre de Sarajevo, il fallait passer trois lignes de démarcation, tout

  3   le monde courait des risques dans le pays à l'époque.

  4   M. Sayers (interprétation). – Est-il également exact de dire que, pendant

  5   votre séjour, il est arrivé que des véhicules blindés soient touchés par

  6   des engins lancés par des lance-roquettes antichars et que ces engins

  7   soient également touchés par des tirs d'armes automatiques et qu'ils

  8   essuient parfois des tirs de mortier, d'obus ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'était constant. Et ce n'est pas

 10   uniquement les véhicules blindés qui faisaient l'objet de ces tirs. Mais

 11   je ne me rappelle pas que cela se soit produit pour les gens que

 12   j'escortais moi-même vers Sarajevo, pour se rendre à une réunion du GTMM.

 13   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais aborder un certain nombre de

 14   points au sujet du procès-verbal de la réunion du 12 décembre 1992. A la

 15   deuxième page, on fait référence à des trafics illégaux, à de la

 16   contrebande.

 17   M. le Président (interprétation). - Veuillez communiquer cette pièce au

 18   témoin. Quel est le numéro de cette pièce ?

 19   M. Sayers (interprétation). - La page est numérotée 000 950 22.

 20   M. le Président (interprétation). - Non, je vous demande le numéro de la

 21   pièce.

 22   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, je crois qu'il s'agit

 23   des deux dernières pages de la pièce Z314.

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   Je voudrais attirer votre attention sur le premier paragraphe de


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  1   la deuxième page, s'il vous plaît.

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Pouvez-vous nous donner des explications

  4   supplémentaires sur les trafics qui avaient lieu à l'époque et qui ont été

  5   portés à votre connaissance ?

  6   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Nous avions beaucoup d'éléments

  7   qui nous permettaient de dire que le bataillon ukrainien à Sarajevo, alors

  8   qu'il sortait de Sarajevo, est allé dans la zone de Kiseljak qui n'était

  9   pas sa zone d'opération. En fait, ils escortaient des convois de Sarajevo

 10   jusqu'à la  Republika Srpska, en tout cas de Mostar à Sarajevo aussi, mais

 11   en tout cas ils n'allaient pas vers Kiseljak. Enfin bref, il est apparu

 12   qu'ils se procuraient du café, des cigarettes qu'ils ramenaient ensuite à

 13   Sarajevo et ensuite ils échangeaient ceci avec les habitants de Sarajevo.

 14   C'est à cela qu'on fait référence lorsqu'on parle de trafic et c'est cela

 15   dont a parlé le colonel Kordic à ce moment-là.

 16   M. Sayers (interprétation). - Au dernier paragraphe, vous mentionnez une

 17   discussion informelle que vous avez eue avec lui et vous faites remarquer

 18   que M. Kordic n'était pas quelqu'un qui avait eu une attitude crispée,

 19   qu'il était plutôt flexible. Pouvez-vous s'il vous plaît développer un peu

 20   cette idée ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Pour moi, c'était une surprise

 22   agréable de pouvoir avoir des contacts de travail personnel avec

 23   quelqu'un. Et il n'avait pas besoin, lui, de se référer à un conseiller

 24   politique quelconque pour me parler, il pouvait le faire librement. A ce

 25   moment-là, je trouvais que c'était quelqu'un qui était prêt à collaborer


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  1   et c'était quelqu'un qui était sincèrement préoccupé par ce qui allait

  2   arriver, ou ce qui arrivait aux Croates, les Croates qui avaient fait

  3   l'objet d'une offensive la veille à Sarajevo de la part des Serbes.

  4   M. Sayers (interprétation). - Pour vous, il n'y avait aucun doute que les

  5   préoccupations exprimées par M. Kordic au sujet de la situation des

  6   Croates à Sarajevo, donc vous n'aviez aucun doute sur sa sincérité ?

  7   M. Cordy-Simpson (interprétation). - En effet. Pour moi, il était sincère

  8   et c'était de sa part une demande, un appel à l'aide sincère pour aider

  9   les Croates qui se trouvaient dans la ville.

 10   M. Sayers (interprétation). - Si vous le permettez, j'ai quelques

 11   questions à vous poser au sujet des notes prises par votre secrétaire

 12   chargé des relations avec la presse. Lors d'une réunion du GTMM, il dit

 13   que la position du HVO devait permettre à la Forpronu de prendre le

 14   contrôle de certains barrages. Vous en souvenez-vous ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît, répéter

 16   cette question ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Donc, dans ses notes, il parle d'une

 18   discussion au sujet des barrages érigés sur les routes, et le HVO a dit

 19   que c'est la Forpronu qui devait prendre le contrôle de ces barrages sur

 20   les routes. Vous souvenez-vous de cette discussion où on avait proposé que

 21   la Forpronu prenne le contrôle des points de contrôle, justement, et des

 22   barrages ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A quelle date a eu lieu cette

 24   discussion, s'il vous plaît ?

 25   M. Sayers (interprétation). - Il semble que cela ait eu lieu le


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  1   17 décembre 1992.

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas, et la

  3   raison pour laquelle je vous ai posé cette question, c'est que, certes, en

  4   janvier il y avait beaucoup de points de contrôle illégaux au moment de

  5   l'effondrement de l'alliance entre les Croates et l'armée de Bosnie-

  6   Herzégovine. A ce moment-là, on avait eu beaucoup de discussions sur les

  7   points de contrôle qui étaient apparus dans la vallée de la Lasva et sur

  8   le fait que nous devions démanteler ces points de contrôle. Et nous

  9   l'avons fait, pour justement calmer les esprits.

 10   Mais je ne me souviens pas du tout de discussions qui auraient eu lieu à

 11   ce sujet en décembre. Cela, franchement je ne m'en souviens pas.

 12   M. Sayers (interprétation). - Ce n'est pas grave, mon Général, après tout,

 13   cela s'est passé il y a déjà six ans.

 14   Il y a une question que je souhaite vous poser au sujet de la réunion qui

 15   a eu lieu le 20 décembre. Le commandant Pinder-Koehnk dit que M. Kordic a

 16   affirmé qu'il avait consulté les autorités politiques et militaires au

 17   sujet de propositions qui avaient été faites et que, après ces

 18   consultations, le HVO était prêt à accepter les propositions en question.

 19   Vous souvenez-vous de commentaires, d'observations faites par M. Kordic

 20   dans ce sens, à savoir qu'il avait consulté ses supérieurs militaires ou

 21   politiques au sujet de certaines propositions qui avaient été faites ? Et

 22   vous souvenez-vous qu'il vous ait fait savoir que ses propositions avaient

 23   été acceptées par les Croates ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne m'en souviens pas dans les

 25   détails, mais il faut savoir qu'à l'époque l'objet des réunions du GTMM,


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  1   c'était de permettre la liberté de déplacement autour de Sarajevo, sur ce

  2   que l'on a ensuite appelé les "routes bleues". Et c'est quelque chose qui

  3   ensuite a été réalisé sous le commandement du général Rose. Ce plan dont

  4   vous parlez, il incluait ces routes bleues.

  5   Alors, il est fort possible que le colonel Kordic ait donné son accord, ou

  6   ait communiqué cet accord, parce qu'il faut savoir que cela n'affectait

  7   pas beaucoup la population croate, en tout cas beaucoup moins que les

  8   Musulmans qui se trouvaient à l'intérieur de Sarajevo ou les Serbes qui

  9   étaient autour de Sarajevo.

 10   Donc il est très possible qu'il ait en effet fait une déclaration dans ce

 11   sens, mais je dois dire que je ne m'en souviens pas personnellement.

 12   M. Sayers (interprétation). - Dans le cadre de votre interrogatoire

 13   principal, vous avez parlé d'une conversation que vous avez eue avec

 14   M. Kordic, conversation au cours de laquelle il a dit, ou suggéré qu'une

 15   partie de la ville de Sarajevo devrait être remise, cédée, pour calmer le

 16   conflit, pour mettre fin au conflit qui avait lieu à l'époque.

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je me souviens avoir dit cela.

 18   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cette proposition était qu'une

 19   partie de la ville, donc, devait être placée sous le contrôle des Nations

 20   Unies ? Vous vous en souvenez ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Nous ne sommes jamais allés aussi

 22   loin que cela. Moi, ce que j'avais fait, c'est que j'avais demandé au

 23   colonel Kordic s'il avait une solution à me proposer parce que, moi,

 24   j'étais à court d'idées, à court de patience, donc je lui avais demandé

 25   s'il avait une suggestion, une solution pour essayer de mettre fin à


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  1   l'impasse dans laquelle nous étions dans les relations entre les Musulmans

  2   de Bosnie et les Serbes, ceci afin de garantir la liberté de déplacement,

  3   surtout pour les Nations Unies, liberté de mouvement à Sarajevo et autour.

  4   Je ne pense pas qu'il soit allé jusqu'à faire la proposition qu'une partie

  5   de la ville soit placée sous le contrôle des Nations Unies. Il me semble

  6   me souvenir qu'il a désigné peut-être une zone, je crois qu'il s'agissait

  7   d'une hauteur au-dessus de Otes et Stup, les quartiers de Otes et Stup, et

  8   il pensait être en mesure de persuader la population musulmane de Sarajevo

  9   de céder une partie de ce territoire, une forme de concession, et il

 10   pensait que, de cette façon, on pourrait obtenir que les Serbes acceptent

 11   de garantir la sécurité des fameuses routes bleues dont j'ai parlé.

 12   En fait, je me suis rendu compte ultérieurement que c'était une

 13   proposition qui n'aurait jamais été acceptée par les Musulmans.

 14   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que cette proposition

 15   ne vous a pas franchement impressionné, que cela ne vous a pas paru être

 16   vraiment une solution militaire ou politique viable dans le contexte et

 17   dans la situation qui prévalait à l'époque entre les parties

 18   belligérantes ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il m'a fallu quelques minutes pour me

 20   rendre compte qu'il ne s'agissait pas là d'une proposition qui pouvait

 21   faire l'objet de négociations entre les parties en présence.

 22   M. Sayers (interprétation). - Le commandant Pinder-Koehnk nous donne les

 23   dernières notes sur lesquelles j'appelle votre attention, c'est ce qu'il

 24   écrit le 21 décembre 1992. Je vais vous en donner lecture, je cite :

 25   "L'officier de liaison pense qu'il y a suffisamment de progrès réalisés au


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  1   niveau politique pour laisser la chose militaire aux militaires", fin de

  2   citation.

  3   Vous souvenez-vous si Lord Owen était présent à cette réunion du

  4   21 décembre ?

  5   M. le Président (interprétation). - Pourriez-vous montrer le procès-verbal

  6   de cette réunion au témoin ? Ceci l'aidera peut-être.

  7   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Lord Owen était à Sarajevo à

  8   l'époque. Il est certain qu'il a assisté au moins à une réunion. Etait-ce

  9   celle-ci ou une autre ? Je pense que oui, mais ici je ne dispose pas des

 10   documents, je ne peux pas l'affirmer avec certitude.

 11   M. Sayers (interprétation). - Malheureusement, cette documentation ne nous

 12   a pas été communiquée. Je ne pense pas disposer d'un exemplaire du procès-

 13   verbal de la réunion du 21 décembre. Je n'ai pas vu ce procès-verbal lors

 14   de l'examen des documents.

 15   M. le Président (interprétation). - Eh bien, vérifions. Quelle est la

 16   source de votre question ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Ce sont les notes prises par le commandant

 18   Koehnk, dont il a parlé dans sa déposition.

 19   M. le Président (interprétation). - Et il a parlé d'une réunion le 21, à

 20   laquelle aurait assisté Lord Owen ? Fort bien.

 21   Maître Nice, pourriez-vous nous aider là-dessus ? Est-ce que nous avons

 22   des documents à ce propos ?

 23   M. Nice (interprétation). - Je ne peux pas retrouver les notes

 24   contemporaines du commandant Koehnk pour le moment, mais pour ce qui est

 25   de la réunion du 21 décembre, à proprement parler, je pense que nous


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  1   n'avons que le 18 décembre dans le cadre de la pièce de

  2   l'accusation 328.1.

  3   Puis, le 19 décembre, cela, nous l'avons, nous avons la dernière partie,

  4   et dans les documents que j'ai pu obtenir, nous passons directement au

  5   22 décembre.

  6   Nous avons réussi à trouver d'autres documents, mais ce qui veut dire que

  7   je n'ai pas les sources pour le moment.

  8   M. le Président (interprétation). - Eh bien, nous ne pourrons pas

  9   poursuivre ceci très loin.

 10   M. Sayers (interprétation). - Je dispose des notes ; si vous voulez les

 11   poser sur le rétroprojecteur, ceci vous sera peut-être utile, Messieurs

 12   les Juges, ainsi qu'au témoin.

 13   M. le Président (interprétation). - Va-t-on pouvoir trouver une autre

 14   référence qui sera de nature à aider le témoin à mieux se souvenir ?

 15   M. Sayers (interprétation). - Non, je ne pense pas, Monsieur le Président.

 16   M. le Président (interprétation). - Vouliez-vous évoquer autre chose à

 17   propos de cette réunion ?

 18   M. Sayers (interprétation). - Uniquement cette question-ci : vous

 19   souvenez-vous que des commentaires eussent été formulés selon lesquels

 20   suffisamment de progrès politiques avaient effectivement été réalisés à ce

 21   moment-là pour permettre que les experts militaires s'occupent des

 22   questions militaires ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Pas directement. Je ne m'en souviens

 24   pas. Bien souvent, des hommes politiques ont pensé avoir réalisé

 25   suffisamment de progrès politiques, mais la réalité, cinq ans plus tard,


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  1   les a démentis. Je regrette de ne pas pouvoir me souvenir de cette

  2   déclaration-là, six ou sept ans plus tard.

  3   M. Sayers (interprétation). - Parfait. Poursuivons. Est-ce que vous vous

  4   souvenez du lendemain ? A ce propos, nous disposons d'un procès-verbal de

  5   la réunion où se trouvait aussi le général Petkovic. Il s'est présenté à

  6   cette réunion et je pense que le général Morillon était le président de la

  7   réunion et a vu la signature par au moins deux factions belligérantes de

  8   cet accord de cessez-le-feu.

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je me souviens qu'il y a eu cette

 10   réunion, mais aujourd'hui même, je ne me souviens plus si j'étais présent

 11   à cette réunion. Je l'étais sans doute parce qu'il y avait beaucoup de

 12   choses qui se passaient à ce moment-là à Sarajevo. Les affrontements

 13   étaient nombreux. Je pense que le procès-verbal vous montrerait, pour

 14   cette réunion, si j'étais présent ou pas.

 15   M. le Président (interprétation). - Le témoin peut-il voir la pièce 336.1

 16   ?

 17   (L'huissier s'exécute).

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne suis pas trop sûr. Il se peut

 19   que j'étais présent.

 20   M. Sayers (interprétation). - La pièce 336.1 dit que c'est là le PV d'une

 21   réunion du GTMM qui s'est tenue le 26 décembre 1992, mais le document est-

 22   il complet, Général, car il semblerait que rien ne porte sur la réunion

 23   du 22 ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne suis pas trop sûr de ce que je

 25   dis, j'ai là l'écran sous les yeux et je ne suis pas censé avoir cet écran


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  1   affiché devant moi. Mais voilà, nous parlons du document que j'ai sous les

  2   yeux.

  3   M. Sayers (interprétation). – Oui, voyez la première page de cette pièce.

  4   Il est fait référence à des réunions du GTMM à deux dates différentes.

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). – Mais l'annexe ne porte que sur une de ces

  7   réunions. La question que je voulais vous poser, mais qui ne doit pas nous

  8   importuner longtemps, était de savoir si c'est un document complet ou pas

  9   à votre connaissance.

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je pense désormais qu'il s'agissait

 11   de la réunion du 22. En effet, je me souviens avoir présenté aux travaux

 12   d'une commission militaire conjointe le 26. Là, je m'en souviens

 13   parfaitement. Je devais être une des rares personnes qui travaillaient ce

 14   jour-là dans le monde, le 26 décembre !

 15   M. Sayers (interprétation). - Vous avez quelque peu semé la confusion dans

 16   mon esprit. Vous dites que la date du 22 est incorrecte ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, je dis simplement qu'il y a eu

 18   deux réunions. Je ne sais pas si j'ai assisté à la première à laquelle

 19   vous faites allusion ici par votre question, mais je sais que j'ai présidé

 20   aux travaux d'une réunion le 26, mais je pense que, là, il n'y a pas

 21   d'annexe se rapportant à cette réunion dans ce document.

 22   M. Sayers (interprétation). - La question était de savoir si, d'après

 23   vous, c'était un document complet ou non.

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je pense que, dès lors, puisque la

 25   page de garde porte sur le 22 et le 26, que le document est incomplet


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  1   puisque le procès-verbal ne porte que sur la réunion du 22.

  2   M. Sayers (interprétation). - Fort bien, eh bien, écartons-nous de ces

  3   documents pour parler de certains événements qui se sont produits en

  4   janvier 1993. L'armée de Bosnie-Herzégovine a-t-elle effectivement lancé

  5   une offensive dans le nord de la vallée de Kiseljak, laquelle a eu pour

  6   effet de couper la principale route d'approvisionnement entre Busovaca et

  7   Kiseljak, au village de Kacuni ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Sayers (interprétation). - Et une nouvelle offensive militaire a eu

 10   pour effet de couper la route d'approvisionnement entre Kiseljak et

 11   Kakanj, n'est-ce pas ? Etait-ce le fait aussi de l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ce n'est pas tout à fait exact. A

 14   Kacuni, la route a été coupée par l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais avec

 15   certaines difficultés, j'ai pu parvenir à l'endroit où la route avait été

 16   coupée à Kacuni depuis le sud et le colonel Stewart, lui, est venu du nord

 17   et m'a rencontré à cet endroit.

 18   M. Sayers (interprétation). - Je me contentais de lire votre déclaration à

 19   la page 4 selon laquelle, en janvier 93, l'armée de Bosnie-Herzégovine

 20   avait coupé la route menant de Kiseljak à Kakanj… à Kacuni, pardon.

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, ils ont coupé la route à Kacuni,

 22   nous ne pouvions pas aller plus loin que Kacuni. Excusez-moi… excusez-moi…

 23   je comprends ce que vous voulez dire, j'ai mal compris votre prononciation

 24   d'une ville. Oui, effectivement, à Kakanj, il y avait aussi coupure de la

 25   route du fait de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Donc il y avait la route


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  1   qui était coupée au nord et il y avait aussi coupure de la route pour

  2   cette route qui allait à l'est, qui allait de l'ouest à l'est au sortir de

  3   Kiseljak vers Kakanj.

  4   M. Sayers (interprétation). - A la suite des hostilités qui ont éclaté en

  5   janvier 1993, vous avez organisé une réunion, une longue réunion le

  6   26 janvier 1993 à Kiseljak, dans le but d'enrayer cette escalade de la

  7   violence opposant le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Assistait à cette réunion le colonel

 10   Stewart, n'est-ce pas ?

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Le colonel Blaskic ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Et son homologue, si vous voulez, le

 15   commandant en second du 3ème Corps d'armée, le général Merdan, n'est-ce

 16   pas ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Et c'est à cette réunion que les conseillers

 19   politiques se sont mis à jouer ce qu'on a qualifié de pantomime, de farce,

 20   disant qu'il y avait des hostilités à Busovaca qui était en flammes ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

 22   M. Sayers (interprétation). – Saviez-vous que, le 26 janvier, il y avait

 23   effectivement des atrocités qui avaient été commises par les forces armées

 24   de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans les villages de Dusina, Lasva,

 25   Nezirovici et Gusti Grab ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - On a affirmé par la suite que cela

  2   avait été le cas, mais à ce moment-là, manifestement, je n'étais pas au

  3   courant. C'est par la suite seulement qu'on a affirmé que ces atrocités

  4   avaient été commises, même si je n'en ai pas eu de preuves directes.

  5   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu des informations selon lesquels

  6   13 civils avaient été assassinés par des éléments de la 7ème Brigade

  7   musulmane et que le négociateur du HVO, Zvonko Rajic lui aussi, avait été

  8   atrocement tué ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce stade, à ce moment-là précis, je

 10   n'étais pas au courant.

 11   M. Sayers (interprétation). - Ce point, ce sujet a fait l'objet de

 12   nombreux reportages télévisés. Je ne sais pas si vous aviez pour coutume

 13   de suivre les émissions de la télévision croate, mais est-ce que vous avez

 14   eu l'occasion de voir diffuser sur les écrans un reportage portant sur ce

 15   massacre montrant tous les corps allongés ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.

 17   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que, Monsieur l'Huissier, vous

 18   pourriez montrer la pièce D58/1, le seul résumé d'information militaire

 19   que je voudrais vous montrer, d'ailleurs ?

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Ce résumé d'information militaire est en date du 29 janvier 1993.

 22   Pourtant, il décrit des événements qui se sont produits à Dusina,

 23   l'assassinat de diverses personnes habitant dans ce village.

 24   Avez-vous, au cours de votre mission, dans votre domaine de

 25   responsabilité, avez-vous examiné ces résumés d'informations militaires ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'étudiais le résumé où, vous savez,

  2   il n'y avait pas qu'un bataillon qui était stationné en Bosnie à l'époque.

  3   Il y avait toute la Bosnie-Herzégovine qui faisait l'objet de tels

  4   rapports militaires.

  5   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous étudié un résumé de ce résumé

  6   d'informations militaires portant sur ces événements ?

  7   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens pas. Mais ceci

  8   traduit très bien ce qui s'est souvent passé en Bosnie. Nous voyons ici un

  9   discours indirect. On affirme qu'il est rapporté que ce sont donc des

 10   informations de ce genre qui sont reprises par les responsables militaires

 11   ou l'officiel militaire du bâtiment des Cheshire. Je rappelle que c'est un

 12   discours indirect, je n'ai pas vu ces éléments, mais ils m'ont été

 13   rapportés.

 14   M. Sayers (interprétation). - Absolument. Vous ne savez pas si, oui ou

 15   non, ces atrocités se sont vraiment passées et si elles ont été commises

 16   au moment où ces négociations se poursuivaient entre Stewart, Blaskic et

 17   Merdan le 26 et le 27 janvier 1993 ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Alors que j'avais ces réunions avec

 19   les personnes que vous venez de citer, non, je ne savais pas à ce moment-

 20   là. Je n'avais aucune certitude, ni dans un sens ni dans un autre, si ces

 21   atrocités dont on parle dans le résumé d'informations militaires s'étaient

 22   produites ou pas.

 23   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Vous avez fait état d'un accord

 24   de cessez-le-feu signé soit fin janvier, soit le 1er février. Une question

 25   préalable, si vous me le permettez. Avez-vous un souvenir précis de la


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  1   date de la signature de ce cessez-le-feu ? Etait-ce en janvier ou était-ce

  2   plutôt en février ?

  3   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ceci s'est passé le 1er février. Je

  4   peux vous expliquer pourquoi j'ai un souvenir aussi précis de cette date-

  5   là. Le général Morillon venait d'avoir sa quatrième étoile et j'avais

  6   quitté le quartier général pour aller à cette réunion. Il arborait

  7   fièrement sa quatrième étoile, ce qui fait que je me souviens de cette

  8   réunion.

  9   M. Sayers (interprétation). - Et c'était donc la première fois qu'il

 10   s'était présenté, arborant sa quatrième étoile de général français ? Est-

 11   ce que vous l'avez accompagné à cette cérémonie ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, je n'ai pas été à la réunion

 13   parce que je devais préparer la réunion.

 14   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous si Kordic était à cette réunion

 15   ou pas ? Ou est-ce que c'était Blaskic, plutôt, qui se trouvait à cette

 16   réunion ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Cela, cela me surprend. En effet, ce

 18   dont on a parlé à la réunion, dont l'accord de cessez-le-feu, c'était

 19   aussi de la présence de Blaskic et de Kordic.

 20   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais vous montrer la pièce de la

 21   défense 54/1. Est-ce une copie conforme, à votre avis, du document portant

 22   sur la disposition à prendre en vue d'un cessez-le-feu entre l'armée de

 23   Bosnie-Herzégovine et le HVO à la date du 30 janvier 1993 ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne vois pas pourquoi ce ne serait

 25   pas une copie conforme, une copie fidèle, mais vous le voyez, c'est une


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  1   réunion à bien plus bas niveau que celle dont je parlais qui s'est tenue

  2   le 1er février. Cette dernière réunion était présidée par le général

  3   Morillon alors que celle-ci est présidée par le colonel Stewart, mais au

  4   niveau du bataillon, et Jeremie Fleming, celui-ci était le directeur de

  5   l'ECMM dans cette région précise de Bosnie centrale. Et cette réunion

  6   était une réunion préparatoire en vue de la réunion présidée par le

  7   général Morillon le 1er février.

  8   M. Sayers (interprétation). - Cette réunion du 1er février a-t-elle donné

  9   un accord écrit, accord qui serait différent du document que vous avez

 10   sous les yeux ?

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Après toutes ces années, je ne m'en

 12   souviens pas, mais je suppute que ceci aura été la base du document auquel

 13   nous devions apporter nos signatures le 1er février.

 14   M. Sayers (interprétation). - Retrouvez-v ous le nom de Franjo Nakic,

 15   adjoint du colonel Blaskic ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.

 17   M. Sayers (interprétation). - Encore une question sur ce sujet. Vous

 18   souvenez-vous avoir mis en oeuvre, appliqué, des ordres qui auraient été

 19   signés afin de réaliser toutes ces obligations auxquelles les parties

 20   avaient souscrit dans cet accord ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne m'en souviens pas, mais il est

 22   pratiquement certain que mon quartier général aurait envoyé des ordres

 23   détaillés, en tout cas au 1er Bataillon, au Cheshire, pour déterminer les

 24   modalités d'application de l'accord en Bosnie centrale, même si je ne me

 25   souviens pas avoir signé moi-même un ordre d'application.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Fort bien, mais nous avons déjà versé au

  2   dossier une pièce, la pièce D55/1, que l'huissier va vous présenter. Je

  3   crois que c'est là un document de l'ECMM relatif aux ordres de mise en

  4   application conjoints.

  5   (L'huissier s'exécute.)

  6   N'hésitez pas à parcourir toutes les pages de cette pièce. Ce sont

  7   plusieurs ordres signés par le commandant de la zone opérationnelle du HVO

  8   Bosnie centrale, par le colonel Tihomir Blaskic et son homologue, le

  9   commandant du 3ème Corps d'armée à Zenica, le général Hadzihasanovic.

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je vois.

 11   M. Sayers (interprétation). - Et qui avait fait l'objet de négociations

 12   par la mission de l'ECMM basée à Busovaca ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Y a-t-il d'autres ordres de mise en

 15   application de l'accord dont vous êtes au courant ? Vous parlez donc de

 16   cet accord conclu le 1er février. Ou est-ce que la pièce D55/1 représente-

 17   t-elle un recueil exact des ordres pris par la suite pour faire appliquer

 18   ce cessez-le-feu conclu entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis sûr que c'est un accord ou un

 20   reflet fidèle de l'accord auquel nous étions parvenus, et qui faisait

 21   partie de notre plan. Il était convenu qu'une commission conjointe

 22   réunissant le groupe de bataillons du Cheshire et le 1er Bataillon, parce

 23   que c'était leur zone de responsabilité, et l'ECMM, ainsi que les deux

 24   commandants militaires de la région, l'armée de Bosnie-Herzégovine et HVO,

 25   ces personnes auraient pour responsabilité d'appliquer ce cessez-le-feu-


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  1   ci, puisque l'application relève de nos zones de responsabilité.

  2   Mais il est certain que nos quartiers généraux avaient envoyé des ordres,

  3   par la chaîne de commandement des Nations Unies, depuis le commandant

  4   Stewart jusqu'à la base, et ceci a dû donner ces ordres que nous voyons

  5   ici provenir de l'ECMM.

  6   Donc il y a d'autres documents -de notre part- qui donnent autorité pour

  7   faire appliquer le cessez-le-feu, ces ordres sont descendus par la filière

  8   hiérarchique des Nations Unies jusqu'au groupe des Cheshire.

  9   L'ECMM, bien sûr, ne se trouvait pas sous la tutelle directe des Nations

 10   Unies, même si nous travaillons en étroite collaboration avec eux.

 11   M. Sayers (interprétation). - Merci d'avoir précisé ceci. Etes-vous en

 12   train de nous dire que les ordres que vous avez sous les yeux sont les

 13   ordres de mise en application signés par les commandants militaires des

 14   zones opérationnelles respectives afin de faire appliquer l'accord de

 15   cessez-le-feu ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Apparemment, puisque nous avons et

 17   l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO qui ont apposé les signatures.

 18   Nous trouvons la signature de Blaskic et celle de Hadzihasanovic

 19   M. Sayers (interprétation). - Puisque ces ordres ont été signés notamment

 20   par le commandant HVO de la zone opérationnelle de Bosnie centrale, je

 21   vous poserai quelques questions rapides à propos de Tihomir Blaskic.

 22   Il vous a dit, je crois, avoir été prisonnier de guerre. Il avait été

 23   capturé à Vukovar ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je crois que c'est bien ce qu'il

 25   m'a dit. J'en suis pratiquement certain.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Vous conviendrez avec moi que c'était un

  2   militaire de carrière, qu'il avait été militaire pendant toute sa vie

  3   professionnelle et un ancien officier de la JNA, n'est-ce pas ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Sayers (interprétation). - Je pense que vous avez trouvé la

  6   personnalité de Blaskic dominante. Vous l'avez décrit comme étant un homme

  7   assez dur, n'est-ce pas ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - J'ai trouvé que c'était un homme

  9   direct, un homme militaire, de forte personnalité, mais pour qui j'avais

 10   beaucoup de respect pour lui en tant que militaire de carrière.

 11   M. Sayers (interprétation). - Vous parliez, bien sûr en termes militaires,

 12   la même langue que Blaskic, est-ce exact ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, oui, vous avez tout à fait

 14   raison, vous avez bien qualifié nos rapports et la situation.

 15   M. Robinson (interprétation). - N'avez-vous pas dit précédemment, Général,

 16   que vous avez pensé de lui qu'il était fiable à une exception près ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Robinson (interprétation). - Pourriez-vous nous préciser ceci, pour

 19   autant bien sûr que ce soit possible de le faire ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Tout à fait. Au cours de la crise du

 21   mois de janvier, au moment où la route avait été coupée à Kacuni, Busovaca

 22   était pratiquement isolée. Il était impossible d'y emmener des

 23   approvisionnements ou de faire passer l'approvisionnement par là. Il y

 24   avait donc une pénurie inquiétante étant donné qu'on était en hiver.

 25   Blaskic est venu me voir, il a demandé si un certain nombre de camions,


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  1   trois ou quatre chargés de pommes de terre qui venaient de Mostar,

  2   pouvaient bénéficier d'une escorte pour traverser Busovaca, escorte de

  3   l'ONU bien sûr, puisque ces personnes mouraient de faim à Busovaca.

  4   J'ai promis cette escorte, mais j'ai donné des instructions selon

  5   lesquelles les pommes de terre devaient être déchargées de ces camions et

  6   replacées dans un véhicule de transport néerlandais pour traverser la

  7   ville. Ceci a causé une certaine affliction auprès du général Blaskic et

  8   de son état-major, mais effectivement nous avons fait ce transbordement.

  9   Et je ne peux pas vous dire exactement ce que nous avons trouvé dans ces

 10   camions, mais nous avons trouvé des milliers de cartouches, plusieurs

 11   lance-roquettes multiples et un grand nombre de grenades. Tout ceci a été

 12   trouvé parmi les pommes de terre. Cela a été la seule fois que Blaskic

 13   m'avait laissé tombé, la seule fois dont j'ai été conscient... Mais voilà,

 14   oui, c'est effectivement de cela que je parlais, Monsieur le Juge.

 15   M. Sayers (interprétation). - A la page 6 de votre déclaration, vous avez

 16   décrit le colonel Blaskic comme une personne qui avait une personnalité

 17   forte, un homme dur. Est-ce que c'est toujours votre opinion ?

 18   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Il y avait une guerre civile grave

 19   partout en Bosnie à ce moment-là. Un grand nombre de personnes ont été

 20   tuées, un grand nombre de personnes ont été expulsées de chez elles,

 21   l'ordre ne régnait plus, partout dans le pays. Le colonel Blaskic était un

 22   commandant militaire qui commandait une zone de responsabilité où la

 23   population croissait, donc il était inévitable qu'il soit dur dans

 24   certaines de ces décisions.

 25   M. Sayers (interprétation). - Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que


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  1   le colonel Blaskic faisait face à une situation militaire sociale et

  2   ethnique de crise, une situation de crise, et que sa responsabilité était

  3   très sérieuse dans sa zone de responsabilité ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je pense que la situation était

  5   très difficile et il était le commandant militaire dans cette région ; il

  6   faisait face, tout comme c'était le cas de nous tous, à des situations

  7   parfois extrêmement désagréables.

  8   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Et est-ce que vous avez eu

  9   l'impression que le colonel Blaskic faisait preuve de beaucoup de

 10   compréhension en ce qui concerne les affaires militaires ?

 11   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - D'accord. Nous allons parler d'un autre

 13   sujet concernant le général de brigade Milivoj Petkovic. Si j'ai bien

 14   compris, il était le supérieur de Blaskic ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Cela a été absolument l'impression

 16   que j'ai eue tout au long de mon séjour en Bosnie.

 17   M. Sayers (interprétation). - Vous avez décrit le général de brigade

 18   Petkovic en tant qu'une personne qui était définitivement le commandant

 19   des forces du HVO en Bosnie-Herzégovine ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, c'était l'impression qu'il nous

 21   a laissée, c'est l'impression que j'ai eue au cours des quelques réunions

 22   que j'ai eues avec lui.

 23   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Et si j'ai bien compris, son

 24   quartier général était à Mostar. C'était une ville qui était assiégée par

 25   les Serbes de Bosnie ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact aussi.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et c'est une ville qui a été pilonnée

  3   régulièrement par les Serbes de Bosnie ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Mostar était une ville qui a été

  5   largement détruite.

  6   M. Sayers (interprétation). - Je crois que vous avez dit que le général de

  7   brigade Petkovic, d'habitude, n'assistait pas aux rencontres de GTMM ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Sauf si le général Morillon le

  9   voulait.

 10   M. Sayers (interprétation). - Au moment où il assistait à ces réunions,

 11   vous souhaitiez que le général Morillon soit sur place pour assurer le

 12   même niveau des participants ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ceci n'est pas tout à fait exact. Si

 14   le général Morillon organisait la rencontre du GTMM, et ceci s'est produit

 15   au moins deux fois, moi j'assurais la présence de général Petkovic, étant

 16   donné que c'était la personne responsable, la personne la plus

 17   responsable. Donc c'était plutôt l'inverse de ce que vous avez dit tout à

 18   l'heure dans votre question.

 19   M. Sayers (interprétation). - Ma question s'est basée sur la page 6 de

 20   votre déclaration. Veuillez examiner le paragraphe qui commence par le mot

 21   "Petkovic".

 22   (L'huissier s'exécute.)

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Mais ce dont vous parlez n'est

 24   pas nécessairement un GTMM. J'ai eu plusieurs rencontres avec Petkovic qui

 25   ont été organisées spécialement. C'était quand Petkovic venait dans le


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  1   quartier général, et ceci est autre chose par rapport aux rencontres de

  2   GTMM à Sarajevo. Et c'est à des moments comme cela que je demandais, si

  3   c'était possible, que le général Morillon se déplace jusqu'à Kiseljak,

  4   étant donné qu'à cause des combats le général Petkovic ne voulait pas

  5   aller à Sarajevo.

  6   M. Sayers (interprétation). - Et est-ce que vous avez demandé au général

  7   Morillon d'assister aux réunions avec MM. Blaskic et Kordic ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Mis à part la réunion du 1er février,

  9   la réponse est non. D'habitude, j'y étais tout seul.

 10   M. Sayers (interprétation). - Je crois que vous avez reçu une protestation

 11   par écrit de Petkovic à propos des violations de cessez-le-feu.

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis sûr que oui. J'ai reçu

 13   plusieurs protestations de plusieurs personnes concernant les violations

 14   de cessez-le-feu. On pourrait remplir les chapitres de livres avec les

 15   protestations que j'ai reçues !

 16   M. Sayers (interprétation). - Je vais vous montrer l'une de ces

 17   protestations à propos de violations de cessez-le-feu envoyées par le

 18   brigadier Petkovic.

 19   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D69/1.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   M. Sayers (interprétation). - Je vais attirer votre attention sur cette

 22   pièce à conviction. Est-ce que c'est votre lettre que vous avez écrite le

 23   12 novembre 1992 en réponse au document envoyé par le chef d'état-major du

 24   HVO à Mostar, M. Petkovic ?

 25   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Je souhaite maintenant aborder le dernier

  2   sujet et j'espère que dans dix ou quinze minutes, j'aurai terminé mon

  3   contre-interrogatoire.

  4   Est-ce qu'il serait exact de dire que vous n'avez pas entendu d'autres

  5   opinions articulées par M. Kordic au cours des réunions qu'il a eues avec

  6   vous à la fin de l'année 1992 et que vous n'avez pas considéré que ces

  7   opinions étaient extrémistes ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, non.

  9   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez jamais vu des

 10   conférences de presse ou des interviews qu'il a données et qui ont été

 11   relatées dans les médias dans le cadre desquelles M. Kordic aurait exprimé

 12   des opinions que vous auriez caractérisées comme extrémistes ou dures ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis d'accord avec vous.

 14   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il est clair pour vous que

 15   M. Kordic n'était pas un militaire ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je pense qu'on peut le dire.

 17   M. Sayers (interprétation). - Il vous a expliqué qu'il avait été

 18   journaliste avant la guerre ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, très ouvertement.

 20   M. Sayers (interprétation). - Et il a admis qu'il n'avait aucune

 21   expérience militaire, qu'il n'avait pas reçu d'entraînement militaire du

 22   tout ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez l'impression qu'il est

 25   logique, Général, qu'un homme qui n'était pas un militaire serait l'un des


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  1   commandants de très haut niveau militaire commandant une armée constituée

  2   par des soldats professionnels et commandée par des professionnels qui

  3   avaient une longue expérience auparavant au sein de la JNA, telle que le

  4   colonel Blaskic ou le général de brigade Petkovic ?

  5   M. Cordy-Simpson (interprétation). - On n'avait pas l'impression que ce

  6   soit logique que quelqu'un qui n'avait jamais reçu d'entraînement

  7   militaire occupe un poste militaire important, par opposition à un homme

  8   politique qui, dans une démocratie normale, contrôle en général les forces

  9   armées.

 10   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Est-ce qu'il serait exact de dire

 11   que, personnellement, vous n'aviez pas d'antipathie pour M. Kordic ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, nous pouvons dit cela ainsi.

 13   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez considéré que les

 14   opinions qu'il exprimait à propos de ses compatriotes croates à aucun

 15   moment n'étaient pas sincères ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, moi je trouvais que son opinion

 17   était une opinion à mon avis normale, une opinion normale par rapport à

 18   ses compatriotes dans le contexte d'une guerre civile grave.

 19   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous seriez d'accord pour dire

 20   que chaque faction essayait de protéger au mieux de ses capacités sa

 21   propre population civile qui faisait face aux menaces de destruction dans

 22   le cadre de cette guerre civile ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui. Mais en même temps, il faisait

 24   attention à la question de savoir qui pouvait bénéficier le plus de cette

 25   situation dans le cadre du processus de paix.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Mais c'est typique pour chaque négociation

  2   d'accord de paix ?

  3   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Absolument.

  4   M. Sayers (interprétation). - Je souhaite maintenant que l'on examine le

  5   document intitulé "colonel", c'est-à-dire au grade de colonel que vous

  6   avez mentionné en parlant de M. Kordic. Je crois que vous avez dit que

  7   votre conclusion était que Kordic avait besoin d'avoir un grade de colonel

  8   pour ne pas laisser l'impression d'être subordonné au colonel Blaskic,.

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 10   M. Sayers (interprétation). - Mais en parlant du colonel Blaskic, vous

 11   avez dit qu'il n'y avait aucun doute que c'était un vrai colonel, un

 12   militaire ?

 13   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est exact.

 14   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne le passé de journaliste

 15   de Kordic et la suite de sa carrière, est-ce que vous l'avez jamais vu

 16   portant les insignes indiquant son grade sur son uniforme ?

 17   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Après tout ce temps-là, je ne peux

 18   pas me souvenir l'avoir vu portant des insignes, mais je suis sûr qu'il

 19   s'est présenté comme colonel.

 20   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous l'avez vu porter un

 21   crucifix ?

 22   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.

 23   M. Sayers (interprétation). - Il est vrai, n'est-ce pas, Monsieur, que

 24   pendant toute la période pendant laquelle vous étiez au contact avec ces

 25   trois personnes, MM Petkovic, Kordic et Blaskic, vous n'étiez pas sûr de


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  1   la nature du rapport entre eu Blaskic et Kordic ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je n'étais pas sûr, sauf qu'à la

  3   réunion qui a eu lieu, je crois, le 28 novembre, la réunion du GTMM, il

  4   s'est sûrement présenté devant les représentants serbes et de l'armée de

  5   Bosnie-Herzégovine comme la personne responsable du HVO, étant donné que

  6   le colonel Blaskic était présent à la réunion, et étant donné qu'il n'a

  7   pas réagi du tout, je me suis dit que cela voulait dire effectivement que

  8   cette personne avait une position supérieure par rapport à Blaskic.

  9   M. Sayers (interprétation). - Je comprends que c'était votre supposition,

 10   mais est-ce que le colonel Blaskic vous a jamais dit qu'il avait été

 11   subordonné sur le plan militaire ou politique à M. Kordic ?

 12   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non.

 13   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le général de brigade Petkovic

 14   vous a jamais dit que M. Kordic était le supérieur de M. Blaskic ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, sauf dans le cadre d'une réunion

 16   à laquelle il a dit que la mise en oeuvre de certains accords allait être

 17   assurée par le colonel Kordic.

 18   M. Sayers (interprétation). - J'ai une dernière question sur ce sujet.

 19   Est-ce qu'il serait exact de dire, en termes généraux, que -entre vous

 20   d'un côté et la délégation croate de l'autre- il n'y a absolument pas eu

 21   de discussion à propos de la structure hiérarchique de leurs forces

 22   armées ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je n'ai jamais posé de questions

 24   directes. Si quelqu'un m'avait fourni une information, j'aurais été

 25   heureux.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Mais personne ne vous a jamais donné des

  2   détails concernant cette structure de commandement et le rapport exact

  3   entre ces individus ?

  4   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, rien d'autre que ce que j'ai

  5   déjà décrit.

  6   M. Sayers (interprétation). - Vous seriez d'accord, Monsieur, pour dire

  7   que, d'après vous, vous aviez l'impression que Blaskic pouvait toujours

  8   assurer le respect des obligations qu'il avait acceptées dans le cadre des

  9   accords signés ?

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Une fois, lorsqu'il avait accepté

 11   quelque chose, oui, il pouvait le respecter, assurer son respect.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez eu l'impression qu'en ce qui

 13   concerne la possibilité de M. Kordic de faire respecter les accords qu'il

 14   avait acceptés, que ceci était moins sûr ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Dans une certaine mesure, oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Nous allons parler maintenant de

 17   l'engagement des unités militaires croates en Bosnie centrale. Est-ce

 18   qu'il serait exact de dire que vous avez simplement entendu parler des

 19   rumeurs sur les troupes de la HV qui opérait dans les zones de Gorni Vakuf

 20   et Mostar en décembre 1992 et janvier 1993 ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Absolument. Je n'ai jamais eu de

 22   preuve absolue en ce qui concerne ces revendications souvent répétées par

 23   l'armée de Bosnie-Herzégovine et surtout par les Serbes de Bosnie.

 24   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne ce sujet, je n'ai que

 25   deux questions. Vous n'avez jamais vu vous-même des troupes de la HV


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  1   pendant votre séjour dans la vallée de la Lasva, de Kiseljak ?

  2   M. Cordy-Simpson (interprétation). - La réponse est non, tout simplement

  3   parce que tellement de personnes se ressemblaient à l'époque, et tout ce

  4   qu'il aurait fallu faire, c'était pour eux de changer d'emblèmes, de

  5   changer d'insignes, donc pour être tout à fait bref, la réponse est non.

  6   M. Sayers (interprétation). - Très bien, Monsieur. Sur un plan plus

  7   général, est-ce que vous avez eu l'impression, au bout de cinq mois que

  8   vous avez passés en Bosnie centrale, qu'il a été habituel que les trois

  9   factions parlent les unes des autres en employant des termes insultants ?

 10   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Tout à fait. Et puis, ils avaient

 11   tous recours à la propagande et aux exagérations dans le cadre de la

 12   propagande.

 13   M. Sayers (interprétation). - Général Cordy-Simpson, je vous remercie

 14   profondément, vous étiez un témoin excellent, je n'ai plus de questions à

 15   poser, Monsieur le Président.

 16   M. le Président (interprétation). - Merci.

 17   Monsieur Kovacic ?

 18   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, nous n'avons qu'une

 19   question pour ce témoin.

 20   Général Cordy-Simpson, veuillez avoir la gentillesse de nous dire si, dans

 21   le cadre de vos rencontres avec les représentants du HDZ, de l'Herceg-

 22   Bosna, du HVO, et d'autres représentants croates de Bosnie, vous avez

 23   jamais eu l'occasion de rencontrer M. Mario Cerkez ?

 24   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne me souviens absolument pas

 25   avoir rencontré M. Mario Cerkez. Cela dit, j'ai rencontré énormément de


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  1   personnes dans les circonstances bizarres de mon séjour en Bosnie.

  2   M. Kovacic (interprétation). - Merci. J'ai terminé avec mes questions,

  3   Monsieur le Président.

  4   M. le Président (interprétation). - Maître Nice ?

  5   M. Nice (interprétation). - Général, j'ai plusieurs questions. Tout

  6   d'abord, en ce qui concerne la rencontre qui a eu lieu le 1er février à

  7   laquelle ont assisté Kordic et d'autres personnes, est-ce que vous avez pu

  8   consulter des procès-verbaux concernant cette réunion ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). – Oui, étant donné que moi-même j'avais

 10   mon journal intime et c'est à cause de cela que je savais que c'est le

 11   1er février que le général Morillon a été promu. Il est rentré de

 12   Sarajevo, il est venu au quartier général, nous l'avons informé de la

 13   situation avant qu'il aille à Vitez, afin de présider cette réunion et

 14   tout ce dont je me souviens, en ce qui concerne cette rencontre qui a eu

 15   lieu à Vitez et dont la défense a parlé, c'est que Blaskic et Kordic ont

 16   été présents. Mais je ne sais rien de plus, étant donné que je n'ai pas

 17   assisté à la réunion.

 18   Mais si lui il n'avait pas assisté à cette réunion, j'aurais probablement

 19   écrit qu'il n'est pas venu, mais je ne suis pas sûr.

 20   M. Nice (interprétation). – Vous avez pu consulter vos notes ?

 21   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui.

 22   M. Nice (interprétation). - Nous avons vu votre lettre envoyée à Petkovic,

 23   mais est-ce qu'il y aurait un autre document qui identifierait les détails

 24   de la rencontre du 1er janvier dans le cadre des archives du HVO ou de

 25   l'ONU ou d'une autre organisation ?


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  1   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je suis sûr qu'il y a d'autres

  2   documents dans les archives de l'ONU et puis je suis sûr que le journal de

  3   guerre du régiment de Cheshire faisait référence à cette rencontre.

  4   M. Nice (interprétation). - Mais nous pourrions supposer que les parties

  5   concernées auraient gardé certaines traces de cette réunion.

  6   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, je suis pratiquement sûr que les

  7   documents concernant cette réunion seraient conservés dans les archives de

  8   l'armée de Bosnie-Herzégovine et du HVO.

  9   M. Nice (interprétation). - Donc vous avez suggéré que personne ne vous a

 10   fourni de son propre gré des détails concernant les grades et le rapport

 11   hiérarchique entre Kordic et Blaskic. Cela dit, à la réunion du

 12   28 novembre, il a été dit concrètement qu'il était le supérieur du colonel

 13   Blaskic. Est-ce que vous avez jamais éprouvé le besoin de vérifier cela de

 14   nouveau ?

 15   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non, étant donné que par la suite le

 16   colonel Kordic a continué à assister aux réunions de GTMM en tant que

 17   représentant du HVO, sauf je crois le 7 septembre, lorsqu'il ne s'est pas

 18   présenté, mais il m'a envoyé une télécopie en expliquant qu'il n'allait

 19   pas assister à cette réunion.

 20   M. Nice (interprétation). - Tout ce qui s'est passé par la suite, et ce

 21   qu'il a soutenu, est-ce que son comportement a corroboré l'opinion que

 22   vous aviez déjà créée, en ce qui concerne cette structure hiérarchique ?

 23   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Oui, il a corroboré cela et je n'ai

 24   jamais eu de trace d'aucune contradiction dans les cercles du HVO. Il n'a

 25   été que confirmé pour moi dans mon esprit que Kordic était la personne


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  1   avec qui je devais rester en contact, pour avoir le contact avec le leader

  2   de la délégation du HVO au sein de GTMM et il est certain que par la

  3   suite, lorsque l'on souhaitait convoquer les rencontres, ou bien discuter

  4   de certains sujets, cessez-le-feu ou autre chose, nous envoyions les

  5   invitations et les documents au colonel Kordic.

  6   M. Nice (interprétation). - Et d'après vous, est-ce qu'à quelque moment

  7   que ce soit, vous avez entendu des propos contraires ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Non. rien n'a affaibli ma supposition

  9   à son égard.

 10   M. Nice (interprétation). – On vous a posé la question également par la

 11   suite, en ce qui concerne la possibilité de Kordic de faire respecter les

 12   ordres, les accords signés et conclus. Et puis vous avez également parlé

 13   de la possibilité de Blaskic de faire respecter les accords signés. Mais

 14   lorsque vous avez dit qu'il ne les faisait pas respecter, est-ce que vous

 15   parliez de sa capacité ou de ses intentions ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Probablement des deux. En ce qui

 17   concerne cette capacité, étant donné qu'il n'était pas un militaire, peut-

 18   être il avait un peu plus de mal afin de comprendre mes intentions

 19   militaires, et peut-être à cause de cela, il était plus difficile pour lui

 20   de traduire cela, dans le cadre des ordres militaires clairs.

 21   En ce qui concerne ses intentions comme je l'ai déjà dit au début, j'avais

 22   l'impression que c'était quelqu'un qui essayait de nous aider et qui était

 23   sincèrement inquiet par le sort de la population croate. Au fur et à

 24   mesure que la situation se détériorait rapidement, au mois de janvier,

 25   j'ai pu constater et c'était le cas de la majorité, de la plus grande


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  1   partie de la population croate, j'ai trouvé qu'il était difficile de faire

  2   respecter ce que nous en tant que l'ONU, essayions de faire, c'est-à-dire

  3   d'empêcher le règne d'une situation complètement anarchique.

  4   M. Nice (interprétation). - On vous a posé la question à son égard.

  5   D'après votre dernière réponse, vous avez créé cette opinion au cours de

  6   votre première rencontre avec lui mais, par la suite, qu'est-ce qui a

  7   provoqué votre changement d'opinion concernant sa coopération ou son

  8   manque de coopération avec vous ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, les Croates étaient

 10   dans une situation très difficile à Sarajevo. C'était l'une des pires

 11   situations dont je me souviens en ce qui concerne Sarajevo. Nous ne

 12   parlons pas seulement de pilonnage, nous parlons d'une ville complètement

 13   assiégée, sans eau, sans électricité, sans carburant, sans chauffage du

 14   tout, sans quoi que ce soit d'autre que des milliers d'obus qui tombaient

 15   chaque jour avec un grand nombre de victimes, et les Serbes qui lançaient

 16   une offensive à partir de Otes qui se trouve à l'ouest de Sarajevo vers

 17   Stup, vers la partie de Sarajevo Stup. C'est une partie qui couvre une

 18   bonne partie de Sarajevo peuplée de civils croates qui se trouvaient à ce

 19   moment-là dans une situation extrêmement précaire.

 20   Dans ce contexte, je pense que le colonel Kordic a vu dans nous, l'ONU,

 21   une possibilité d'apporter un soulagement à la population croate en les

 22   faisant sortir de Sarajevo si cela pouvait être assuré par l'ONU.

 23   Bien évidemment, la situation a quelque peu changé en janvier, étant donné

 24   que l'alliance plutôt faible entre le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine

 25   en Bosnie centrale s'est effondrée et de mon point de vue, du point de vue


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  1   de quelqu'un de purement militaire, ceci avait un lien tout à fait clair

  2   avec le processus de paix qui se développait à Genève où le plan Vance-

  3   Owen était en cours de préparation. Un grand nombre de personnes

  4   essayaient de s'emparer des morceaux de territoire avant que quoi que ce

  5   soit ne soit signé à Genève.

  6   M. Nice (interprétation). - Et est-ce que votre opinion initiale a changé

  7   d'une manière ou d'une autre au fur et à mesure de l'évolution des

  8   événements ?

  9   M. Cordy-Simpson (interprétation). - D'une certaine façon, on peut dire

 10   que oui. C'est parce que la guerre en Bosnie centrale est devenue de plus

 11   en plus dure jusqu'au 1er février et, à ce moment-là, les négociations de

 12   Genève avaient échoué et on avait absolument besoin à ce moment-là d'un

 13   accord de cessez-le-feu temporaire pour permettre à Sarajevo de respirer.

 14   M. Nice (interprétation). - Vous dites que chacun essayait de s'emparer de

 15   morceaux de territoire. Comment cela se manifestait-il du côté croate ?

 16   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Eh bien, on a constaté l'érection, la

 17   mise en place d'un très grand nombre de points de contrôle compléments

 18   illégaux. Des maisons ont été incendiées, et cela je dois dire, aussi bien

 19   du côté musulman que croate il y a eu des combats extrêmement violents

 20   entre les Musulmans et les Croates, surtout à Gorni Vakuf.

 21   C'était une ville dont la population était mixte et qui, d'un côté de la

 22   route qui divisait la ville, il y avait des Croates et de l'autre les

 23   Musulmans et c'est devenu une espèce de ligne de front.

 24   M. le Président (interprétation). - Maître Nice, il est déjà 13 heures 05.

 25   M. Nice (interprétation). - J'en suis bien conscient, mais j'ai presque


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  1   fini. Il ne me reste plus que quelques questions et si, pendant la pause,

  2   nous arrivons à trouver des documents qui font référence à la réunion du

  3   1er février, à ce moment-là on pourrait demander au témoin de revenir pour

  4   nous en parler et répondre à quelques questions supplémentaires. Mais je

  5   ne pense pas que ce soit possible parce que nous avons déjà cherché dans

  6   nos archives. Enfin j'aurais la réponse définitive dans quelques minutes.

  7   Contre qui se battaient les Serbes et les Musulmans à l'époque ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - A ce moment-là, en décembre, sur

  9   l'ensemble de la Bosnie-Herzégovine, les Serbes et les Musulmans

 10   s'affrontaient au niveau de ce que l'on appelait la "ligne de

 11   confrontation".

 12   Et cette ligne, elle descendait jusqu'à Mostar, elle contournait Sarajevo

 13   et elle montait jusqu'à Tuzla. Ensuite, elle passait au nord de Vitez et

 14   puis elle redescendait de nouveau vers Mostar.

 15   M. Nice (interprétation). - Les Croates n'étaient pas impliqués, mais la

 16   question que j'ai à vous poser c'est  : quelle a été la conséquence de

 17   cette situation sur les Croates et sur le colonel Kordic et sur leur

 18   esprit et leur désir de coopération ? Est-ce que cela a influencé leur

 19   attitude ?

 20   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Ils n'étaient pas directement

 21   menacés, donc ils n'étaient pas confrontés à une situation particulière, à

 22   un problème particulier. Donc ils pouvaient se permettre de faire preuve

 23   d'une certaine générosité dans le cadre de leurs relations avec la

 24   Forpronu. Ils essayaient de se montrer sous un jour favorable puisque, à

 25   ce moment-là, ils n'étaient pas menacés.


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  1   Bien entendu, ultérieurement, en décembre, à Sarajevo, au centre de

  2   Sarajevo, et plus tard en janvier au centre de la Bosnie, la situation a

  3   bien évolué.

  4   M. Nice (interprétation). - La détérioration de la situation et des

  5   conditions de négociation, est-ce que cela était de pair avec la mise en

  6   place du groupe de travail militaire mixte ? Et est-ce que cela a

  7   correspondu à l'arrivée du colonel Kordic à ces réunions ?

  8   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je ne pense pas que l'on puisse voir

  9   là une relation de cause à effet directe. Le colonel Kordic est venu pour

 10   la première fois le 28 novembre à une de ces réunions. L'offensive serbe

 11   sur le centre de Sarajevo a eu lieu au début décembre, ce qui a mis

 12   d'ailleurs les Croates dans une position difficile.

 13   M. Nice (interprétation). - Dernières questions ; deux dernières

 14   questions. Le GTMM du 22 décembre... On vous a posé des questions à ce

 15   sujet et au sujet des notes prises par M. David Pinder-Koehnk. Donc est-ce

 16   que vous pouvez nous dire si, lors de cette réunion, tout le travail,

 17   apparemment, avait été fait par Kordic et Gvero et, ensuite, c'était aux

 18   deux autres de le signer ?

 19   M. Cordy-Simpson (interprétation). - C'est un petit peu exact, c'est à peu

 20   près exact, parce qu'avant de faire venir Mladic, avant de faire venir le

 21   général Morillon, on s'assurait qu'il était possible d'obtenir une

 22   signature des parties intéressées et d'arriver à un résultat concret.

 23   M. Nice (interprétation). - Dernière question. A la fin du contre-

 24   interrogatoire, vous avez parlé de son rôle en tant que vice-président de

 25   quelque chose. Pouvez-vous vous souvenir de la façon dont il s'est


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  1   présenté à vous lors de la première réunion ou lors des réunions

  2   ultérieures ?

  3   M. Cordy-Simpson (interprétation). - Je suis pratiquement certain que,

  4   lors de la réunion du 12 décembre 1992, il s'est présenté comme le vice-

  5   président des Croates en Bosnie-Herzégovine. J'en suis pratiquement sûr.

  6   M. Nice (interprétation). - J'en ai terminé avec mon interrogatoire

  7   supplémentaire.

  8   M. le Président (interprétation). - Mon Général, nous en avons fini avec

  9   votre déposition. Merci beaucoup d'être venu témoigner devant le Tribunal

 10   international, vous pouvez maintenant disposer.

 11   (Le témoin est reconduit hors du prétoire).

 12   Aujourd'hui, nous avons décidément bien avancé.

 13   M. Nice (interprétation). - Monsieur Akhavan a dû, ce matin, se rendre à

 14   l'hôpital -sa femme était souffrante- mais il peut revenir cet après-midi.

 15   M. le Président (interprétation). - Nous allons donc en terminer avec le

 16   contre-interrogatoire de M. Akhavan cet après-midi.

 17   M. Sayers (interprétation). - Fort bien.

 18   M. le Président (interprétation). - Et demain, qu'allons-nous faire ?

 19   M. Nice (interprétation). - Je suis désolé, mais je n'ai pas été en mesure

 20   de trouver un autre témoin pour demain.

 21   M. le Président (interprétation). - Une fois que nous en aurons terminé

 22   avec la déposition de M. Akhavan, nous pourrons peut-être, demain, tenir

 23   la conférence de mise en état dont nous avons parlé. Il est important que

 24   nous en discutions. Nous allons voir si nous avançons assez vite pour ce

 25   faire.


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  1   Je souhaiterais examiner la liste des témoins qui nous a été présentée et

  2   voir ce que nous pouvons faire. Vous avez maintenant la décision, au sujet

  3   du dossier ?

  4   M. Nice (interprétation). - Oui. J'ai une liste de témoins ou plutôt

  5   j'aurai une liste de témoins qui nous mèneront jusqu'à la fin des

  6   audiences en automne, suivant la façon et la rapidité dont les choses

  7   progressent.

  8   M. le Président (interprétation). - Fort bien.

  9   Nous nous retrouvons à 14 heures 45.

 10   (L'audience, suspendue à 13 h 15, est reprise à 14 h 50.)

 11   M. le Président (interprétation). - Maître Nice ?

 12   M. Nice (interprétation). - Le Général Cordy-Simpson va partir de son

 13   hôtel face au Tribunal à 3 heures. Entre-temps, il a consulté ses notes et

 14   il m'a fait savoir que, contrairement à ce qu'il pensait, il n'y est nulle

 15   part mentionné que Kordic ait participé à la réunion du 1er février. Dans

 16   ces notes, on fait référence au général Morillon ainsi qu'à une personne

 17   dont on ne connaît pas le nom. Et il ne peut pas expliquer qu'au

 18   paragraphe 5 de sa déclaration, le contraire soit indiqué.

 19   Nous savons qu'il y a une invitation qui avait été envoyée à Kordic la

 20   veille, c'est l'autre document qui existe, mais nous savons que le

 21   bulletin d'informations militaires pour ce même jour ne donne les noms que

 22   de Morillon, de Blaskic et des autres.

 23   Donc la situation est la suivante : en l'absence de documents

 24   supplémentaires, de quelque forme que ce soit, nous n'allons pas vous

 25   engager à conclure que Kordic était présent à cette réunion. Le général


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  1   Cordy-Simpson vous présente ses excuses puisqu'il a dit quelque chose qui

  2   était erroné et il imagine que cette erreur est due au fait qu'il ne se

  3   souvenait pas exactement de ce qui s'était passé. Cela ne correspondait

  4   pas à ce qu'il avait inscrit dans son journal.

  5   J'ai dû décider s'il était nécessaire de le faire revenir ou non, mais

  6   étant donné que nous n'avons pas de documents supplémentaires, nous

  7   n'allons pas arguer du fait que Kordic était présent à la réunion du

  8   1er février. Et j'imagine que tout le monde est d'accord pour que le

  9   général rentre en Angleterre.

 10   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Je pense qu'il est inutile

 11   que le général nous présente ses excuses, il est bien normal qu'il fasse

 12   de petites erreurs de ce genre, étant donné le laps de temps qui s'est

 13   passé.

 14   M. Nice (interprétation). - En effet.

 15   M. le Président (interprétation). - Vous pouvez lui présenter les

 16   remerciements du Tribunal, de la Chambre, pour avoir corrigé cette erreur.

 17   M. Nice (interprétation). - Je le ferai. Mais je voudrais parler du

 18   document 336.1. Si vous vous souvenez, ce document fait référence à deux

 19   réunions, mais il n'y a de pièces jointes que pour une de ces deux

 20   réunions. Donc on a suggéré qu'il existait un autre document qui, soit

 21   n'avait pas été imprimé, soit que l'on avait omis, et à trois pages avant

 22   la fin de ce document, on peut voir "13/" et en fait, cela aurait dû être

 23   "/18".

 24   J'ai pu imprimer les pages qui suivent et si vous le permettez, je vais

 25   distribuer ce document, ces pages, aux représentants de la défense ainsi


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  1   qu'à vous, Messieurs les Juges. J'en garde bien entendu un exemplaire pour

  2   moi-même.

  3   (L'huissier s'exécute).

  4   Ceci afin de rester dans le cadre du format utilisé pour les autres

  5   documents. Donc ces pages font partie du document 336.1. On voit qu'il y

  6   est question de la réunion du 26 décembre et on voit très clairement que

  7   les participants étaient complètement différents. Il s'agit de gens qui

  8   étaient à des échelons hiérarchiques bien inférieurs que les réunions qui

  9   nous intéressent. Donc pour résumer, c'est une réunion qui ne nous

 10   intéresse que peu. Mais les documents sont là maintenant dans leur

 11   intégralité et quiconque le souhaite pourra les consulter.

 12   Veuillez s'il vous plaît faire entrer M. Akhavan.

 13   (Le témoin est introduit dans le prétoire).

 14   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?

 15   M. Sayers (interprétation). - Bonjour, Monsieur Akhavan.

 16   M. Akhavan (interprétation). - Bonjour.

 17   M. Sayers (interprétation). - Nous allons essayer d'en terminer avec ce

 18   contre-interrogatoire, en tout cas pour ce qui est des représentants de

 19   M. Kordic. Nous allons donc essayer d'en terminer à 3 heures 45 dans la

 20   mesure du possible. Je voudrais que nous parlions des événements du

 21   15 avril 93. Vous savez n'est-ce pas, que le commandant Zifko Totic, de la

 22   Brigade Jure Francetic à Zenica, a été enlevé, et trois de ses gardes du

 23   corps ont été exécutés dans un affrontement qui a fait également des morts

 24   parmi les passants ?

 25   M. Akhavan (interprétation). - Je crois que cela se trouve dans mes notes.


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  1   Je ne sais pas si vous faites référence exactement au même événement. Je

  2   me rappelle en effet de cet enlèvement.

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le colonel Stewart vous a dit

  4   pendant le briefing que vous nous avez dit avoir reçu par ses soins,

  5   briefing se rapportant aux événements du 15 et du 16 avril à Ahmici et

  6   ailleurs, vous a-t-il dit que l'enlèvement de Totic était un événement

  7   extrêmement grave qui risquait d'avoir des conséquences très graves et qui

  8   pouvait entraîner l'irruption, l'éclatement de conflits et de combats dans

  9   la vallée de la Lasva ?

 10   M. Akhavan (interprétation). - On voit dans mes notes ce qui m'a été dit

 11   et on peut y lire en effet qu'il s'agissait d'un incident grave, mais cela

 12   faisait partie d'un contexte et de toute une série d'événements, ce

 13   n'était pas un événement isolé.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous savez, n'est-ce pas, qu'avant

 15   l'enlèvement de Totic, deux ou trois jours avant, il y a eu un autre

 16   incident : quatre officiers du HVO ont été capturés par des membres de la

 17   7ème Brigade musulmane en dehors de la ville de Novi Travnik ?

 18   M. Akhavan (interprétation). - Oui, c'est en effet dans mes notes, les

 19   Musulmans enlèvent quatre officiers du HVO près de Travnik.

 20   M. Sayers (interprétation). - Et vous savez également que c'est la Brigade

 21   musulmane, la 7ème Brigade musulmane, qui est responsable de l'enlèvement

 22   du commandant Totic ?

 23   M. Akhavan (interprétation). - Vous parlez du commandant de la brigade du

 24   HVO de Travnik ?

 25   M. Sayers (interprétation). - De Zenica.


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  1   M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas si cela figure dans mes

  2   notes, en tout cas j'y ai mentionné un certain nombre d'incidents, un

  3   certain nombre d'enlèvements de membres du HVO par les membres des forces

  4   musulmanes.

  5   M. Sayers (interprétation). - Le colonel Stewart vous a-t-il dit que ces

  6   événements risquaient d'entraîner une irruption du conflit ?

  7   M. Akhavan (interprétation). - Si vous êtes en train d'essayer de me dire

  8   que cela est la cause des opérations de nettoyage ethnique qui ont eu lieu

  9   dans la vallée de la Lasva, je ne crois pas que quiconque ait affirmé

 10   cela. Mais si vous êtes en train de me dire que ce genre d'événement a pu

 11   entraîner des tensions militaires, en effet je pense que c'est exact et on

 12   a vu d'ailleurs pendant de très nombreux mois avant ces événements une

 13   escalade des tensions entre les Musulmans et les Croates.

 14   M. Sayers (interprétation). - Donc le colonel Stewart vous a parlé du fait

 15   que ces événements pouvaient avoir un effet catalysateur sur les combats

 16   interethniques ?

 17   M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous entendez par

 18   combats interethniques, mais si vous parlez du massacre de civils, je ne

 19   sais pas très bien quelle explication on pourrait donner. Mais si vous

 20   parlez de l'évolution de la situation militaire entre les Musulmans de

 21   Bosnie et les Croates, à ce moment-là oui.

 22   M. Sayers (interprétation). - Je voudrais vous montrer deux bulletins de

 23   renseignements militaires préparés par le 1er Régiment du Cheshire, le

 24   premier est le MILINFO-SUM 166, en date du 14 avril 1993, le deuxième est

 25   le MILINFO-SUM 167, en date du 15 avril 1993.


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  1   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira des pièces de la défense D70/1

  2   et D71/1.

  3   (L'huissier s'exécute.)

  4   M. Sayers (interprétation). - Monsieur l'Huissier, j'ai un deuxième jeu de

  5   documents à vous remettre ici.

  6   Monsieur Akhavan, inutile de s'attarder trop longtemps sur ces documents,

  7   mais j'appelle votre attention sur le MILINFO-SUM 166, en date du 14 avril

  8   1993. Veuillez examiner la page 2 de ce document. On y décrit l'enlèvement

  9   de quatre officiers du HVO à Novi Travnik. Ceci est le fait de la

 10   7ème Brigade musulmane. Avez-vous déjà eu l'occasion d'examiner ce MILINFO-

 11   SUM ?

 12   M. Akhavan (interprétation). - J'ai examiné plusieurs de ces documents

 13   lorsque j'étais sur place, mais les informations qui y sont reprises se

 14   retrouvent déjà dans mes notes manuscrites, plus ou moins. Je ne sais pas

 15   si j'ai eu connaissance de celui-ci, de ce bulletin-ci, je disposais

 16   toutefois des informations.

 17   M. Sayers (interprétation). - Parlons du second MILINFO-SUM 167, en date

 18   du 15 avril 1993. Veuillez examiner deux passages. L'un, la section 2,

 19   Vitez, page 1, et, puis à la page 2, la section 5, intitulée "Zenica".

 20   Parlons d'abord de ce qui s'est passé à Vitez. Vous a-t-on informé du fait

 21   que des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient été enlevés

 22   apparemment par des éléments du HVO, au cours de la nuit du 15 avril

 23   1993 ?

 24   M. Akhavan (interprétation). - Je ne m'en souviens pas particulièrement,

 25   mais j'ai appris là-bas que les enlèvements étaient une chose courante de


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  1   part et d'autre de la ligne de confrontation.

  2   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez parlé au commandant de la

  3   325ème Brigade, Sefkija Dzidic, n'est-ce pas, à Vitez ?

  4   M. Akhavan (interprétation). - Vous voulez parler des forces du

  5   gouvernement de Bosnie ? Le nom ne me paraît pas particulièrement

  6   familier. J'y ai bien rencontré des représentants de l'armée de Bosnie-

  7   Herzégovine, mais je ne sais pas si j'ai rencontré cet homme-là.

  8   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez que deux soldats de

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine avaient été enlevés à Vitez la nuit du 15 ?

 10   M. Akhavan (interprétation). - On m'a parlé de façon générale

 11   d'enlèvements, mais je ne sais pas si on m'a rapporté celui-ci en

 12   particulier.

 13   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez que Sefkija Dzidic,

 14   ainsi que Ramiz Dugalic, commandant adjoint de la 325ème Brigade, avaient

 15   déclaré que si la libération de ces soldats de l'armée de Bosnie-

 16   Herzégovine ne s'effectuait pas rapidement, la situation allait se

 17   dégrader rapidement à Vitez ?

 18   M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas ce que j'ai dans mes notes,

 19   cependant, c'est que le HVO a formulé des menaces analogues. Ceci semble

 20   donc s'inscrire dans le schéma de communication entre les deux parties

 21   belligérantes.

 22   M. Sayers (interprétation). - Passons à la deuxième page, au sommet. Est-

 23   ce qu'un des représentants ou un des soldats britanniques qui vous ont

 24   accompagné vous ont dit que si ces deux soldats de l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine n'étaient pas rendus, il y aurait une attaque, des


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  1   représailles de la part des Musulmans contre le HVO ?

  2   M. Akhavan (interprétation). - Quand ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que les soldats britanniques vous ont

  4   dit quelque chose de ce genre lorsque vous avez reçu ce briefing le

  5   13 avril par exemple ou par la suite ?

  6   M. Akhavan (interprétation). - En réponse à votre question, j'aimerais

  7   vous renvoyer à la page 2 de mes notes manuscrites. Au bas de la page,

  8   avant-dernière phrase, je pense que ceci synthétise bien ce qui vous

  9   intéresse, à savoir que les conflits n'étaient pas nouveaux, mais que les

 10   atrocités étaient inégalées. On nous avait dit qu'il y avait des tensions

 11   depuis un certain temps entre Croates et Musulmans remontant même à 1992

 12   et qu'il y avait eu des enlèvements.

 13   M. Sayers (interprétation). - Ma question était simple. Elle porte sur

 14   l'enlèvement de deux soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine et de

 15   menaces de représailles. Il ne faut pas, pour répondre, répéter ce que

 16   vous avez déjà dit ces derniers jours. La question est très ciblé et

 17   simple. Ne vous a-t-on pas dit, je parle ici de soldats britanniques, que

 18   si les deux soldats musulmans n'étaient pas rendus le 15 avril, il y

 19   aurait des mesures de représailles qui étaient très probables contre le

 20   HVO, oui ou non ?

 21   M. Akhavan (interprétation). - Oui, mais votre façon de formuler la

 22   question donne l'impression que je me trouvais sur place avant le

 23   16 avril. Rétrospectivement, toutefois si vous dites qu'on m'a laissé

 24   entendre que ces enlèvements ont peut-être été les incidents qui ont

 25   déclenché la crise, non. Personne n'a jamais dit que c'était le


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  1   catalyseur, ce qui avait déclenché ces événements à partir du 16 avril.

  2   M. Sayers (interprétation). - Parlons de ce que dit ce bulletin

  3   d'informations militaires à propos de Zenica. Saviez-vous que la

  4   7ème Brigade musulmane était de fait responsable de l'enlèvement du

  5   commandant Totic, de l'exécution de ces gardes ?

  6   M. Akhavan (interprétation). - Oui, je crois que nous avons déjà étudié la

  7   question, je reviens à mes notes, page 3. Celles-ci indiquent des faits

  8   qui n'avaient pas de rapport direct avec notre enquête. Je l'admets, mais

  9   on parlait de plusieurs cas d'enlèvements. Quant à savoir si ces

 10   enlèvements-ci, dont vous parlez, sont repris dans ces cas généraux, je

 11   sais qu'on parle de quatre officiers du HVO à Novi Travnik, et puis

 12   l'enlèvement du commandant de la brigade de Travnik, la 7ème Brigade

 13   musulmane à qui on attribue certains enlèvements, Britbat a été informé

 14   qu'il y avait des membres, des éléments du HVO pris en otage, qu'ils

 15   allaient être échangés contre des Musulmans. Et ceci donne une idée

 16   générale afin de montrer qu'il y avait des enlèvements perpétrés par les

 17   deux parties belligérantes et que l'on prévoyait de faire des échanges.

 18   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais vu les otages reçus par

 19   l'ECMM, de ces personnes se trouvant de ceux qui avaient enlevé le

 20   commandant Totic à Zenica ?

 21   M. Akhavan (interprétation). - Je ne suis pas sûr. Nous avons compulsé

 22   nombre de documents se trouvant sur place, mais je ne vois pas

 23   directement, je n'ai pas un souvenir direct d'avoir vu ce document.

 24   M. Sayers (interprétation). - Pourrait-on montrer au témoin la pièce de la

 25   défense D26/1 ?


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   Monsieur Akhavan, l'huissier a eu la gentillesse de placer sur le

  3   rétroprojecteur certaines notes dont j'ai déjà parlé précédemment. Aviez-

  4   vous déjà vu cette note ? C'est une demande de rançon.

  5   M. Akhavan (interprétation). - Je sais que j'ai consulté des centaines de

  6   pages de documents, mais ceci ne me rappelle rien de particulier sur le

  7   coup.

  8   M. Sayers (interprétation). - Eh bien, dans ce cas passons à autre chose.

  9   Parlons du lieutenant-colonel Bob Stewart. Vous a-t-il dit que le colonel

 10   Blaskic était le commandant en chef du HVO en Bosnie centrale ?

 11   M. Akhavan (interprétation). - Oui, je crois que oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Merci. Savez-vous si Kordic a reçu une

 13   formation militaire ?

 14   M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais pas.

 15   M. Sayers (interprétation). - Vous avez eu un échange de quinze minutes

 16   avec Kordic, je suppose que son passé militaire n'a pas fait partie des

 17   sujets de conversation entre vous ?

 18   M. Akhavan (interprétation). - Non. Avant la réunion, j'ai eu plusieurs

 19   échanges, je vous ai renvoyé à la page 2 de mes notes manuscrites, vers le

 20   milieu de la page : description de Kordic, le bras droit de Mate Boban,

 21   l'homme qui met en place et qui applique la politique de Boban, le chef du

 22   HDZ en Bosnie centrale, intervention dans toutes les brigades HVO de

 23   Bosnie centrale, Kordic donne la direction politique surtout à Busovaca.

 24   M. le Président (interprétation). - Un instant. Puisque nous revenons sur

 25   ce passage, Monsieur Akhavan, quelle est la source, l'origine de ces


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  1   informations évoquées ici ?

  2   M. Akhavan (interprétation). - Monsieur le Président, permettez-moi

  3   d'attirer votre attention sur le haut de la page où l'on dit  "Survol des

  4   événements, ou vue d'ensemble des événements Britbat, 30 avril".

  5   Je pense que c'est ce soir-là que nous sommes arrivés à Vitez. Plusieurs

  6   membres du Britbat, jusqu'à cinq personnes dont le colonel Stewart, si je

  7   me souviens bien, nous ont présenté la Bosnie centrale, nous ont parlé des

  8   principaux protagonistes, des tensions existant entre Musulmans et Croates

  9   de Bosnie. C'est donc la description générale qui nous a été donnée aussi

 10   de Dario Kordic qui nous a été présenté comme étant un des protagonistes

 11   les plus influents, les plus important de la région.

 12   M. le Président (interprétation). - Merci.

 13   M. Sayers (interprétation). - On ne vous a jamais dit que Kordic était un

 14   commandant militaire de quelque sorte que ce soit, n'est-ce pas ?

 15   M. Akhavan (interprétation). - Non, on nous a dit qu'il s'impliquait dans

 16   des questions militaires, mais on ne nous a pas dit qu'il était en tant

 17   que tel un commandant militaire.

 18   M. Sayers (interprétation). - Vous a-t-on dit qu'avant la guerre civile il

 19   était journaliste ?

 20   M. Akhavan (interprétation). - Il nous a été dit que le HDZ et le HVO,

 21   pour l'essentiel, étaient pratiquement indissociables.

 22   M. Sayers (interprétation). - Sa formation de journaliste avant la guerre

 23   civile vous a-t-elle été indiquée ?

 24   M. Akhavan (interprétation). - Je ne sais plus quelle était sa formation.

 25   Peut-être quelqu'un en a-t-il parlé. En tout cas, il y a deux points


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  1   séparés ici : un, la question est de savoir s'il a une formation militaire

  2   et, deuxièmement, s'il s'implique dans des questions militaires...

  3   M. le Président (interprétation). - Laissez parler le témoin.

  4   M. Akhavan (interprétation). - Quant à savoir s'il a une formation

  5   militaire, je ne sais pas. Je me souviens qu'en ex-Yougoslavie le service

  6   militaire était obligatoire ; je ne sais pas si M. Kordic a fait son

  7   service militaire.

  8   En tout état de cause, il était clair que l'aspect politique du HDZ de

  9   l'Herceg-Bosna qui était pratiquement le seul parti ayant quelque pouvoir

 10   que ce soit, eh bien il était impliqué dans toutes les décisions. La

 11   question politique, des questions militaires... Est-ce qu'il participait

 12   quotidiennement à la conduite des opérations militaires ? Non, je dirais,

 13   parce que ceci revenait au colonel Blaskic.

 14   M. Sayers (interprétation). - Comment le savez-vous ?

 15   M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, à partir de tout ce que mes

 16   interlocuteurs m'ont raconté dans la région, par exemple des membres du

 17   Britbat.

 18   M. Sayers (interprétation). - Vous vous contentez de nous relayer ici ce

 19   que d'autres personnes vous ont dit.

 20   M. Akhavan (interprétation). - Mais bien sûr.

 21   M. Sayers (interprétation). - Je vais vous lire un extrait de l'ouvrage du

 22   colonel Stewart page 298. Il relate la façon dont il a appris les

 23   événements d'Ahmici. Je cite : "Sur les deux semaines qui suivirent les

 24   événements concernant Ahmici, les faits ont commencé à se faire jour, mes

 25   sources principales étaient Payam Akhavan et Thomas Osario, tous deux


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  1   membres des Nations Unies pour les droits de l'homme." Est-ce exact ?

  2   M. Akhavan (interprétation). – Là, il parle des faits concernant ce qui

  3   s'était passé dans le village d'Ahmici, la façon dont les atrocités

  4   avaient été perpétrées, mais je ne pense pas qu'il dise par là qu'alors

  5   qu'il avait patrouillé la région pendant plusieurs mois tous les jours,

  6   alors que nous, nous venions d'arriver, nous connaissions quoi que ce soit

  7   à propos de la situation. Ce qui est certain, c'est que le colonel Stewart

  8   n'avait pas de formation d'enquêteur, de juriste.

  9   Et je ne pense pas que ces soldats auraient fait des enquêtes de ce genre

 10   non plus auparavant. Il s'est donc fié sur le récit que nous lui avons

 11   fait des événements qui s'étaient produits tel que cela apparaissait à

 12   Ahmici et quelles seraient les répercussions juridiques aussi de tels

 13   événements.

 14   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Parlons un instant de votre

 15   projet de rapport. Je pense que ce document a reçu la cote D66/ 1.

 16   (L'huissier s'exécute.)

 17   Vous ai-je bien compris ? C'est vous apparemment qui êtes

 18   l'auteur de ce rapport intérimaire ?

 19   M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous concédez à la première page que les

 21   principaux axes d'approvisionnement -au paragraphe 3 vous parlez des

 22   routes en Bosnie centrale- revêtent une grande stratégie et si on les

 23   contrôle, ou la recherche du contrôle est une source de rivalité entre les

 24   différentes factions de la région ?

 25   M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.


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  1   M. Sayers (interprétation). – Page 4 de ce rapport, paragraphe 11, vous

  2   décrivez des affrontements armés entre des membres de l'armée de Bosnie-

  3   Herzégovine et le HVO à Vitez, le matin du 16 avril 1993, et vous dites

  4   que ces événements se sont vite étendus au-delà de la ville, jusque dans

  5   les villages environnants.

  6   M. Akhavan (interprétation). - Exact.

  7   M. Sayers (interprétation). - Merci. Avez-vous jamais eu l'occasion de

  8   lire un document des Nations Unies intitulé : "Rapport final de la

  9   Commission onusienne des experts établis en vertu de la résolution 780" ?

 10   Et il y a aussi annexe 3a) : "Forces spéciales", la date étant le

 11   28 décembre 1994.

 12   M. Akhavan (interprétation). - Je pense qu'il y a effectivement un résumé

 13   dans l'annexe.

 14   M. Sayers (interprétation). – Effectivement, "Résumé d'activités

 15   paramilitaires à Zenica et dans la région". Permettez-moi d'en lire un

 16   extrait pour voir si vous êtes d'accord.

 17   M. Nice (interprétation). - Exemplaire, s'il vous plaît ?

 18   (L'huissier s'exécute.)

 19   M. Sayers (interprétation). - C'est un document volumineux qui fait à peu

 20   près 12 centimètres comme pile de haut et évidemment j'ai procédé à une

 21   sélection. Si vous voulez avoir la totalité du document, je me ferai un

 22   plaisir de vous le soumettre, Messieurs les Juges.

 23   M. le Président (interprétation). - Eh bien, les extraits constitueront la

 24   pièce pour le moment.

 25   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira de la pièce D72/ 1.


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   M. Sayers (interprétation). - Afin que tout le monde s'y retrouve

  3   aisément, j'ai souligné les passages nous intéressant dans ces extraits.

  4   Page 1, voici un des premiers extraits :"Lors de l'attaque du 21 octobre

  5   1992 à Vitez, les Bérets verts ont agi apparemment sous les ordres de

  6   Rasim Delic notamment". Fin de citation. Etiez-vous informé de l'existence

  7   de cette attaque sur Vitez le 21 octobre 1992, du fait de forces

  8   spéciales ?

  9   M. Akhavan (interprétation). - C'est plus d'une année avant les événements

 10   d'Ahmici, donc ceci ne nous aurait pas concerné.

 11   M. Sayers (interprétation). – Page 4, allégations de crimes de guerre.

 12   Alinéa E, j'ai souligné ceci, je cite :"Il a été dit qu'une unité des

 13   Mudjahiddins, les Guerilla, auraient participé à l'attaque du 16 avril 93

 14   contre Vitez et auraient essayé de procéder à l'échange de dix soldats du

 15   HVO pris en otage contre des prisonniers musulmans".

 16   M. Akhavan (interprétation). - Oui.

 17   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que

 18   ceci... Est-ce que vous êtes d'accord ou en désaccord avec ce qui est dit

 19   dans ce document officiel des Nations Unies ?

 20   M. Akhavan (interprétation). - Non, si ce n'est que dans mes notes on dit

 21   que les Mudjahiddins étaient présents dans ma région et comme je l'ai

 22   indiqué à la page 3 de mes notes manuscrites, j'ai dit que dix éléments du

 23   HVO étaient pris en otage et seraient échangés contre des Musulmans gardés

 24   dans la prison de Busovaca. Cette participation particulière, je ne peux

 25   pas la nier, mais elle pourrait être tout à fait crédible.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Fort bien. Je reviens à votre projet de

  2   rapport, page 6, paragraphe 17, vous dites ceci : "Il n'y aurait aucune

  3   preuve de participation du HOS lors de l'attaque contre Ahmici dans la

  4   mesure où des témoins oculaires vous ont fait part de la situation qui

  5   prévalait à Ahmici".

  6   M. Akhavan (interprétation). - Je pense qui faudrait interpréter cette

  7   phrase comme disant ceci : pour l'essentiel, le HVO était responsable des

  8   atrocités. Ceci ne veut pas dire qu'il soit inconcevable qu'il y ait une

  9   participation du HOS. Il nous a été dit que le HOS n'était pas présent en

 10   grand nombre. Kordic a parlé, au plus, de cent éléments du HOS dans la

 11   région. Pour ce qui est des attaques d'Ahmici et de Vitez, il aurait fallu

 12   des centaines d'éléments armés. Et si l'on ajoute ceci à ce que nous ont

 13   dit les témoins oculaires, on peut croire que c'est surtout le HVO et pas

 14   pour l'essentiel le HOS qui aurait été responsable.

 15   M. Sayers (interprétation). - Merci de cette appréciation, mais il est

 16   exact de dire que, vous et votre collègue, au cours d'une enquête d'une

 17   semaine d'entretiens, ont reçu ces rapports, mais aucun ne disait que des

 18   individus en uniforme noir auraient été vus comme ayant participé aux

 19   événements d'Ahmici ?

 20   M. Akhavan (interprétation). - Nous n'avons pas entendu de tels rapports,

 21   effectivement.

 22   M. Sayers (interprétation). - Page 7... Il y a peut-être quelques pages

 23   supplémentaires parce que c'est sous cette forme que nous avons reçu la

 24   pièce du Bureau du Procureur. En tout cas, au paragraphe 18, on parle de

 25   personnalités politiques qui utilisent les médias de façon persistante


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  1   pour sataniser des groupes opposés. Au cours...

  2   M. le Président (interprétation). - Avez-vous trouvé cet extrait ?

  3   M. Akhavan (interprétation). - Oui, merci, Monsieur le Président.

  4   M. Sayers (interprétation). - Oui, c'est au bas de la page 6, Monsieur le

  5   Président.

  6   Personnellement, avez-vous vu des cassettes vidéo reprenant des

  7   conférences de presse ou d'autres programmes télévisés au cours desquels

  8   ces personnalités politiques auraient fait des déclarations ?

  9   M. Akhavan (interprétation). - Non, c'est bien la raison pour laquelle on

 10   dit dans mon rapport "il a été indiqué à notre équipe", plutôt que

 11   l'équipe qui l'aurait vu elle-même, de ses propres yeux.

 12   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu des bandes

 13   audios ou vu des extraits d'allocutions télévisées au cours desquelles ces

 14   personnalités politiques auraient satanisé l'opposant ?

 15   M. Akhavan (interprétation). - Non.

 16   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous lu des articles de presse

 17   reprenant de telles conférences de presse ou ces discours où l'on

 18   diabolisait l'autre ? Ce genre d'invectives ?

 19   M. Akhavan (interprétation). - Non, ceci se base uniquement sur ce que des

 20   agences de la région et les forces internationales nous ont dit, dont ceux

 21   qui parlaient le serbo-croate et entendaient les médias.

 22   M. Sayers (interprétation). - Ces soldats du Britbat avec qui vous avez

 23   discuté, vous ont-ils dit qu'ils avaient vu ces cassettes, avaient entendu

 24   ces émissions à la radio ou auraient lu de telles coupures de presse ?

 25   M. Akhavan (interprétation). - Je ne me souviens plus aujourd'hui qui nous


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  1   l'a dit, en tout cas deux ou trois personnes qui parlaient le serbo-croate

  2   nous ont dit que c'était souvent le cas ; c'est-à-dire que les médias

  3   reprenaient Dario Kordic faisant des discours à ces incendiaires, que

  4   souvent Blaskic l'accompagnait, mais ce n'était pas tellement la presse

  5   écrite. La plupart des gens m'ont parlé de la télévision, peut-être de la

  6   radio.

  7   M. Sayers (interprétation). - Et ce sont donc des sources non attribuées

  8   qui vous ont relaté tout ceci ?

  9   M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, je ne dirais pas que ce sont des

 10   sources sans nom. Nous nous sommes contentés de dire dans un rapport que

 11   ceci nous avait été indiqué et je pense que c'est là bien décrire la

 12   situation. A l'évidence, nous pensions qu'il fallait quand même accorder

 13   un certain poids à ce que ces gens nous disaient, même si ce n'étaient pas

 14   des juristes. Mais nous avons toujours précisé que ceci nous avait été dit

 15   de telle ou telle source digne de foi. Si quelque chose nous était

 16   raconté, à quoi nous n'attachions pas trop de poids, à ce moment-là nous

 17   essayions que l'on mène une enquête pour savoir quels étaient les faits et

 18   effectivement ici nous croyons que c'était le cas.

 19   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez repris ces sources

 20   dignes de foi dans vos notes ?

 21   M. Akhavan (interprétation). - Je pense effectivement que des références

 22   sont faites, je ne sais pas exactement où elles se trouvent dans mes notes

 23   manuscrites. Mais tout ceci s'inscrivait dans un contexte, dans un schéma

 24   beaucoup plus large. Il n'y avait pas que la vallée de la Lasva. Par

 25   exemple, nous avons suivi régulièrement la HTV à Zagreb et on parlait à


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  1   cette télévision de Zagreb d'Ahmici aussi. Nous avons entendu plusieurs

  2   officiels, dont Kordic, dans plusieurs interviews qu'il avait fait

  3   diffuser à la HTV, sans parler de Susak et de Tudjman ; et c'était en

  4   général une mé-information systématique à propos d'atrocités commises.

  5   Je me souviens qu'on n'a pas du tout parlé d'Ahmici dans les grandes

  6   stations radios et télévisées pendant un certain temps.

  7   M. Sayers (interprétation). - Vous ne savez plus exactement quelles

  8   étaient ces sources supposées dignes de foi ?

  9   M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, si j'associe ce fait au fait que

 10   nous avons fait un suivi des médias en général, je pense que ces sources

 11   sont en général assez bonnes.

 12   M. Sayers (interprétation). - Je ne veux pas trop insister, mais vous ne

 13   pourriez pas citer le nom d'une seule personne qui vous aurait dit avoir

 14   vu ou entendu ce type de rhétorique diabolisatrice ?

 15   M. Akhavan (interprétation). - Eh bien, si je parcourais mes notes,

 16   passais quelques coups de fil, après six ans, je le pourrais, mais pas sur

 17   le champ, ici.

 18   M. Sayers (interprétation). - Et pour que tout soit clair, jamais vous-

 19   même, vous n'avez vu de tels commentaires ?

 20   M. Akhavan (interprétation). - Suite à notre visite dans la vallée de la

 21   Lasva, je vous ai dit que je faisais un suivi régulier de la HTV à Zagreb

 22   par le truchement de collègues qui connaissaient le serbo-croate, et si

 23   vous examinez les rapports que nous avons soumis par la suite, vous verrez

 24   que nous avons plusieurs chapitres sur le rôle joué par les médias.

 25   S'agissant de cet accusé-ci, je me souviens l'avoir vu par la suite à la


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  1   HTV alors qu'il faisait des allocutions, des discours.

  2   M. Sayers (interprétation). - Un discours que vous ne compreniez pas parce

  3   que vous ne parliez pas la langue ?

  4   M. Akhavan (interprétation). - Mais j'avais un excellent interprète et je

  5   pouvais donc comprendre, comme vous vous comprendriez dans la même

  6   situation que moi.

  7   M. Sayers (interprétation). - Prenons l'annexe de ce document... Mais

  8   auparavant, au paragraphe 21, on trouve l'une de plusieurs

  9   recommandations. C'est peut-être à la page 7 dans votre version. On dit :

 10   "Les signataires de la déclaration conjointe devraient être encouragés à

 11   établir sur-le-champ une commission indépendante afin d'attribuer les

 12   responsabilités individuelles pour les infractions massives des droits de

 13   l'homme et pour en punir les auteurs", fin de citation.

 14   M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.

 15   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que ceci a été fait ?

 16   M. Akhavan (interprétation). - Je ne pense pas.

 17   M. Sayers (interprétation). - Parlons de l'annexe, maintenant. Je

 18   m'attacherai à deux choses seulement. D'abord la page 13, paragraphe 18.

 19   M. Akhavan (interprétation). - Dans l'annexe, n'est-ce pas ?

 20   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 21   M. Akhavan (interprétation). - Paragraphe 18 ?

 22   M. Sayers (interprétation). - Vous conviendrez avec moi du fait que les

 23   commandants du HVO de Bosnie centrale et de Vitez n'ont eu cesse de

 24   répéter à l'équipe qu'ils "contrôlaient très bien la région et que les

 25   soldats du HVO sous leur commandement ne pouvaient pas engager


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  1   d'opérations militaires s'ils ne disposaient pas d'ordres explicites", fin

  2   de citation ?

  3   Est-ce là le reflet fidèle de ce qui vous a été dit au cours de vos

  4   enquêtes ?

  5   M. Akhavan (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Deuxièmement, le paragraphe 19 devrait

  7   intéresser la Chambre. Vous dites, je cite : "Il y a de nombreuses preuves

  8   selon lesquelles, avant l'attaque d'Ahmici, ces personnalités politiques

  9   ont souvent utilisé les médias pour faire valoir leurs idées, pour inciter

 10   à la haine nationale et raciale, ce qui constitue une incitation à la

 11   violence. L'équipe a eu l'impression que ces personnalités politiques

 12   jouaient un rôle beaucoup plus important que le HVO militaire dans la

 13   prise de décisions".

 14   M. Akhavan (interprétation). - Exact.

 15   M. Sayers (interprétation). - Paragraphe 19.

 16   M. Bennouna (interprétation). - Page ?

 17   M. Sayers (interprétation). - Il y a deux jeux de documents, Monsieur le

 18   Juge. Il y a un problème de numérotation, d'où la confusion, mais dans mon

 19   exemplaire ici, c'est la page...

 20   M. Bennouna (interprétation). - Je n'ai pas le 19 à la page 13. J'ai

 21   le 20. Ce ne sont pas les conclusions, n'est-ce pas ?

 22   M. Sayers (interprétation). - C'est peut-être la page précédente.

 23   M. Bennouna (interprétation). - Est-ce que nous parlons du rapport

 24   intérimaire ou du rapport de travail ? Mais c'est dans l'annexe ?

 25   M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas cette annexe.


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  1   M. Bennouna (interprétation). - L'annexe 1 ?

  2   M. Sayers (interprétation). - Oui. Paragraphe 19 de l'annexe 1.

  3   M. Bennouna (interprétation). - J'ai jusqu'au paragraphe 16 et ensuite,

  4   les conclusions, les paragraphes 20 et 21.

  5   M. Sayers (interprétation). - Peut-être nous pourrions placer cela sur le

  6   rétroprojecteur, comme cela, tout le monde pourra voir.

  7   (L'huissier s'exécute).

  8   Excusez-moi à cause de cette confusion, Monsieur le Président, Messieurs

  9   les Juges, mais maintenant, nous avons placé sur le rétroprojecteur la

 10   bonne page.

 11   Encore une fois, Monsieur, c'est votre rapport intérimaire et vous dites

 12   qu'il y a plusieurs preuves selon lesquelles les leaders politiques avant

 13   l'attaque contre Ahmici utilisaient les médias pour attiser la haine

 14   raciale et ethnique et que ceci a provoqué la discrimination. Quelles sont

 15   ces preuves, ces nombreuses preuves ?

 16   M. Akhavan (interprétation). - Je dois dire une chose. Vous lisez ici une

 17   partie d'un rapport que nous avons d'abord envoyé à Genève à titre

 18   d'information concernant notre visite.

 19   Ce qui s'est passé, c'est que je ne suis pas sûr de la date, mais c'était

 20   le 7 ou le 8 mai, ce document, qui circulait officiellement en tant que

 21   document officiel, est devenu public, et ceci a été rendu public le

 22   19 mai, donc dans l'espace de deux semaines, de nombreuses accusations qui

 23   paraissaient être vérifiées sont devenues... ont été incluses dans un

 24   document public.

 25   Mais comme je l'ai dit, il y a eu beaucoup de documents qui corroboraient


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  1   cette estimation. Plusieurs personnes qui parlaient serbo-croate et qui

  2   suivaient les médias locaux le disaient, donc nous n'avons pas créé notre

  3   propre opinion sur la base de la déclaration d'une seule personne.

  4   Donc plusieurs personnes ont suggéré que l'accusé Dario Kordic et puis

  5   parfois aussi que Blaskic, le colonel Blaskic, faisaient toutes sortes de

  6   déclarations qui servaient à attiser la haine et à déformer la vérité. Par

  7   exemple, les médias locaux, pour autant que je sache, ne disaient jamais

  8   que toute la population pratiquement d'Ahmici était soit tuée, soit

  9   expulsée de leur maison. Ils se concentraient toujours sur les attaques

 10   des Mudjahiddins contre les Croates.

 11   De nombreuses preuves, cela inclut aussi non pas seulement les

 12   déclarations de personnes telles que Dario Kordic, mais aussi de personnes

 13   telles que le ministre de la Défense Susak qui a visité, je crois, Travnik

 14   à peu près au même moment où les atrocités ont été commises à Ahmici.

 15   Donc ce que nous avons écrit ne concernait pas uniquement l'accusé, mais

 16   nous avons voulu donner une information concernant les activités des

 17   autorités, surtout du HDZ qui agissait en étroite collaboration avec

 18   Zagreb et qui créait une sorte de climat d'intolérance entre les

 19   populations, les poussant vers la haine et la violence.

 20   Suite à ce rapport, nous avons suivi attentivement la télévision croate

 21   qui rapportait sur les événements et qui effectivement déformait la

 22   vérité.

 23   M. Sayers (interprétation). - Donc lorsque vous parlez de nombreuses

 24   preuves, vous ne parlez pas de ce que vous avez vu vous-même ou entendu

 25   vous-même, mais de ce dont vous avez entendu parler ?


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  1   M. Akhavan (interprétation). - Ce n'est pas ce que je dis, c'est ce que

  2   vous dites. Ce que je dis, c'est que lorsque je regardais la télévision

  3   croate, la HTV à Zagreb, avant de partir à Ahmici et ailleurs, la seule

  4   chose que l'on voyait à la télévision concernant la vallée de la Lasva

  5   était quelques mères croates qui exprimaient leur deuil à cause du fait

  6   que leur fils, par exemple, avait été tué.

  7   Bien sûr, il s'agit là d'une tragédie, mais il n'y a jamais eu de

  8   télévision locale là-bas qui montrait avec les détails les événements qui

  9   se sont produits à Ahmici. Par exemple, on pouvait voir sur CNN, BBC,

 10   World, Sky News, ITN, on pouvait voir les maisons détruites et brûlées à

 11   Ahmici. Mais il n'a jamais été possible de voir cela à la télévision

 12   locale.

 13   Même si je ne parlais pas la langue, le fait même de ne pas pouvoir voir

 14   ce genre d'images à la télévision, à mon avis il suffit d'avoir une

 15   intelligence moyenne pour conclure qu'il ne s'agissait pas là

 16   d'informations impartiales.

 17   M. Sayers (interprétation). - Donc vous avez conclu qu'il y avait des

 18   informations partiales qui ont été diffusées à Zagreb, que vous avez vues

 19   à Zagreb. Comment est-ce que vous pouvez être sûr que l'on n'a pas montré

 20   à la télévision ou bien rendu publiques par le biais de la radio les

 21   informations concernant Ahmici en Bosnie centrale ?

 22   M. Akhavan (interprétation). - Bien sûr, je n'ai pas été à Ahmici au

 23   moment où les gens ont été tués, mais j'ai pu tirer certaines conclusions

 24   et là, c'était la même situation. J'ai eu l'occasion de parler avec

 25   suffisamment de témoins crédibles et fiables à ce sujet.


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  1   M. Robinson (interprétation). - En ce qui concerne le paragraphe 19,

  2   s'agissait-il de quelque chose qui fait partie des preuves avancées devant

  3   ce Tribunal ?

  4   M. Sayers (interprétation). - D'après ce que l'un des Juges a dit, je ne

  5   suis pas sûr que la réponse soit oui. Nous devons vérifier nos documents.

  6   M. Robinson (interprétation). - J'ai l'impression que le but de votre

  7   contre-interrogatoire est plutôt de mettre en doute la crédibilité de ce

  8   témoin.

  9   M. Sayers (interprétation). - Pas spécifiquement, tout simplement nous

 10   souhaitons attirer l'attention de la Chambre sur le fait que, lorsque le

 11   témoin dit qu'il y a de nombreuses preuves, en effet il n'y a pas eu de

 12   nombreuses preuves. Le témoin n'a jamais vu ce genre de preuves lui-même.

 13   Et en ce qui concerne ce rapport intérimaire, apparemment il a été

 14   constitué sur la base des accusations qui n'ont jamais été vérifiées par

 15   le biais des discussions avec les leaders politiques de la communauté

 16   croate d'Herceg-Bosna.

 17   M. Robinson (interprétation). - Tout simplement, j'ai voulu exprimer mon

 18   opinion, c'est que votre contre-interrogatoire est un peu trop

 19   argumentatif.

 20   M. Sayers (interprétation). - Très bien, je vais changer d'approche. Est-

 21   ce que nous pouvons examiner maintenant votre rapport en date du

 22   19 mai 1993 ?

 23   M. Akhavan (interprétation). - Puis-je bénéficier d'un exemplaire de ce

 24   rapport ?

 25   M. Sayers (interprétation). - Il s'agit de la pièce à conviction Z942.


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   C'est donc la pièce à conviction de l'accusation. Il s'agit du rapport en

  3   date du 19 mai 1993.

  4   Monsieur, vous avez dit que les uniques parties de ce rapport que vous

  5   avez préparées sont les paragraphes de 38 à 44, je crois.

  6   M. Akhavan (interprétation). - Vous parlez des seules parties que j'ai

  7   rédigées moi-même ?

  8   M. Sayers (interprétation). - Oui.

  9   M. Akhavan (interprétation). - Non, au contraire. Ce que j'ai dit, c'est

 10   ce que nous faisions assez souvent, c'était de remettre les récits, les

 11   récits sur les faits et parfois nous faisions des recommandations ou des

 12   conclusions, mais normalement c'est le rapporteur spécial qui le faisait

 13   et c'est lui qui décidait surtout en ce qui concerne les conclusions et

 14   les recommandations.

 15   Donc il serait plus précis de dire que j'ai été impliqué surtout si vous

 16   regardez la page de garde. En ce qui concerne les parties A, B et C de ce

 17   document.

 18   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Je souhaite attirer votre

 19   attention sur la page 2.

 20   M. Akhavan (interprétation). - Oui, mais aussi, ce qui est sous le numéro

 21   romain II concernant les exécutions.

 22   M. Sayers (interprétation). - Vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il

 23   n'était pas possible de mener des enquêtes approfondies concernant toutes

 24   les accusations ?

 25   M. Akhavan (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et la conclusion du rapporteur spécial était

  2   qu'il était besoin de mener une enquête plus approfondie de manière

  3   systématique ?

  4   M. Akhavan (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez si cela a jamais été

  6   fait ?

  7   M. Akhavan (interprétation). - Effectivement, nous nous sommes rendus sur

  8   place plusieurs fois par la suite. La meilleure description de la

  9   situation était que c'était une opération d'une équipe sur le terrain avec

 10   des ressources extrêmement limitées étant donné qu'à l'époque, on n'était

 11   que deux qui travaillions dans le cadre de cette affaire, et puis c'est

 12   seulement au bout de quelques mois que nous avons reçu d'autres personnes

 13   dans notre équipe.

 14   A chaque fois, nous nous concentrions surtout sur des violations graves et

 15   puis nous avons essayé de nous concentrer également sur les atrocités

 16   commises des deux côtés.

 17   Je pense qu'à ce moment-là nous nous sommes concentrés dans le cadre de

 18   l'Herceg-Bosna surtout sur les événements qui se produisaient à Mostar et

 19   nos enquêtes portaient surtout sur cette affaire-là et puis aussi sur les

 20   autres atrocités commises dans les régions contrôlées par les Serbes de

 21   Bosnie, donc ma réponse en termes généraux peut confirmer votre

 22   supposition, mais je peux dire quand même que mes collègues se sont rendus

 23   sur place plusieurs fois par la suite aussi.

 24   M. Sayers (interprétation). - Très bien. J'avais encore un ou deux

 25   domaines de sujets dont je souhaite parler. D'un côté, il s'agit de


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  1   l'enquête sur Miletici, qui a été mentionné dans le bulletin

  2   d'informations militaires 177 en date du 25 avril 93. Ceci a été mentionné

  3   hier et j'ai un exemplaire ici alors que j'ai remis un exemplaire

  4   précédemment au Procureur.

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D73/1.

  6   (L'huissier s'exécute).

  7   M. Sayers (interprétation). - Je souhaite attirer votre attention,

  8   Monsieur Akhavan, sur la page 4. Cela commence par Miletici, mais avant

  9   cela, veuillez examiner la partie, les annotations en haut de la page.

 10   Est-ce que vous saviez que les villages qui se trouvaient sur la ligne de

 11   front du HVO à partir du 25 avril 1993, qui étaient constitués des

 12   villages à l'est de Dubravica et que c'était Pirici, Vidovici, Loncari et

 13   Ahmici ? Est-ce que vous vous souvenez de cela ?

 14   M. Akhavan (interprétation). - Je ne me souviens pas des noms exacts des

 15   villages. Il est difficile de décrire vraiment les lignes de front parce

 16   que, par exemple, Stari Vitez constituait une poche contrôlée par les

 17   Musulmans qui se trouvaient dans les profondeurs du territoire contrôlé

 18   par les Croates, donc je ne vois pas de quoi vous parlez lorsque vous

 19   dites "ligne de front", mais nous savions que Zenica est quelque part

 20   entre Vitez et Zenica, il y avait une ligne de front. Je ne sais pas de

 21   quelle manière ceci pourrait s'étendre pour inclure la région d'Ahmici

 22   aussi.

 23   M. Sayers (interprétation). - Parlons maintenant de Miletici. Est-ce exact

 24   de dire qu'à peu près vingt extrémistes musulmans ont encerclé le village,

 25   ont regroupé les civils, ont regroupé la population du village, et ils ont


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  1   retenu cinq hommes, jeunes hommes en âge de combattre ?

  2   M. Akhavan (interprétation). - Les survivants nous ont dit que la plupart

  3   d'eux étaient plutôt âgés. Je ne suis pas sûr s'ils ont été expulsés tout

  4   de suite ou bien si ces personnes souhaitaient partir, ayant peur du

  5   retour des extrémistes. Si, au paragraphe 37, il est dit "Vingt-

  6   quatre habitants du village auraient quitté leur foyer à cause de peur

  7   pour leur vie" donc je ne suis pas sûr non plus si le nombre de

  8   Mudjahiddins est exact. Peut-être ils étaient au nombre de dix, peut-être

  9   vingt, cela me paraît réaliste.

 10   M. Sayers (interprétation). - Veuillez examiner la page 15 de vos notes.

 11   M. Akhavan (interprétation). - De mes notes manuscrites ? Page 15 ? Je ne

 12   suis pas sûr si j'ai les numéros... les mêmes numéros que vous. Qu'est-ce

 13   qui se trouve en haut de la page ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Il est dit : "Les Croates locaux demandent

 15   que le Bataillon britannique les aide à organiser une évacuation".

 16   M. Akhavan (interprétation). - Page 15... Excusez-moi, j'ai besoin d'un

 17   peu de temps pour trouver cela. Oui, j'ai trouvé.

 18   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que cela rafraîchit votre mémoire

 19   concernant le nombre de soldats qui ont envahi le village ?

 20   M. Akhavan (interprétation). - Approximativement, au maximum vingt

 21   personnes d'après les témoignages de la population locale. Et cela est

 22   conforme à ce que j'ai dit, que je trouvais cela plutôt réaliste.

 23   M. Sayers (interprétation). - Vous êtes allé dans une maison à Mitetici et

 24   vous avez trouvé vous-même un endroit où on avait trouvé la tête d'un

 25   jeune Croate ?


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  1   M. Akhavan (interprétation). - C'est vrai.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez vu la casserole où ceci a été

  3   placé vous-même ?

  4   M. Akhavan (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Et il y a eu encore beaucoup de sang à

  6   l'intérieur, n'est-ce pas ?

  7   M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.

  8   M. Sayers (interprétation). - Et on vous a dit qu'on avait décapité ce

  9   jeune homme lentement et qu'on avait utilisé la louche pour mettre le sang

 10   dans la casserole ?

 11   M. Akhavan (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Sayers (interprétation). - Les dernières questions que j'ai à poser

 13   concernent Ahmici. Est-ce qu'on vous a montré les photos de soldats

 14   musulmans qui portaient des armes automatiques AKM, et ces photos ont été

 15   prises à Ahmici le matin du 16 avril 1993 ? C'est le lieutenant

 16   Matthiew Wooley qui l'a fait ?

 17   M. Akhavan (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 18   M. Sayers (interprétation). - Je souhaite attirer votre attention sur la

 19   déclaration du lieutenant Wooley.

 20   M. le Président (interprétation). - Est-ce que le lieutenant a dit qu'il

 21   avait dit cela au témoin ?

 22   M. Sayers (interprétation). - Non.

 23   M. le Président (interprétation). - Dans ce cas-là, il n'est pas

 24   nécessaire d'insister là-dessus.

 25   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Ai-je raison de comprendre que


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  1   l'attaque d'Ahmici, d'après vous, n'a pas du tout été annoncée, qu'il

  2   s'agissait d'une attaque surprise et que le village n'était pas défendu ?

  3   M. Akhavan (interprétation). - Je crois que la plupart des civils

  4   musulmans du village étaient complètement surpris. C'est ce que je crois.

  5   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez parlé avec certains des

  6   soldats qui assuraient la défense du village ?

  7   M. Akhavan (interprétation). - D'après mes souvenirs, il n'a pas été

  8   possible pour nous de les contacter, donc je crois que la réponse est non.

  9   Mais nous avons quand même rencontré certains soldats musulmans, mais je

 10   crois qu'ils n'étaient pas d'Ahmici. Donc nous les avons rencontrés et

 11   nous avons parlé avec eux.

 12   M. Sayers (interprétation). - Veuillez maintenant examiner la pièce à

 13   conviction D13/2.

 14   (L'huissier s'exécute.)

 15   C'est une copie de la déclaration de Fuad Berbic. Ceci a été recueilli

 16   dans le travail de la commission sur les crimes de guerre, la commission

 17   de la Présidence de Bosnie-Herzégovine.

 18   M. le Président (interprétation). - Nous avons été très libéraux jusqu'à

 19   maintenant en admettant l'utilisation de ce genre de documents, mais à

 20   moins que le document ait été vu par le témoin, il n'est pas correct de

 21   verser ce genre de document au dossier. Est-ce que vous avez vu ce

 22   document, Monsieur Akhavan ?

 23   M. Akhavan (interprétation). - Je crois que non.

 24   M. le Président (interprétation). - Je suis convaincu qu'il ne faudrait

 25   pas verser ce document au dossier en ce moment, mais vous pouvez poser une


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  1   question brève à ce sujet, Maître Sayers.

  2   M. Sayers (interprétation). - Merci, et je vais terminer mon contre-

  3   interrogatoire avec cette question.

  4   M. le Président (interprétation). - Si une cote a été attribuée, il faut

  5   la rayer. Ceci a déjà été fait ? Bon, pour le moment laissez les choses

  6   telles quelles. Allez-y.

  7   M. Sayers (interprétation). - Je vais vous lire une partie de ce document,

  8   page 5, je cite : "Le soir avant l'attaque du 15, j'étais de garde. La

  9   situation était tout à fait calme. Notre niveau d'alerte avait été

 10   augmenté de 50 % à cause de la nuit précédente pendant laquelle des hommes

 11   en uniforme ont été vus..."

 12   M. le Président (interprétation). - Est-ce que cela vous dit quelque

 13   chose, Monsieur Akhavan ?

 14   M. Akhavan (interprétation). - Je crois que, ici, la question qui se pose

 15   est de savoir si l'attaque contre le village d'Ahmici était prévue ou pas,

 16   et si les Musulmans se défendaient de manière ferme ou bien s'ils étaient

 17   pris compléments au dépourvu.

 18   M. le Président (interprétation). - Oui. C'est exactement cela, la

 19   question. Quelle est votre réponse ?

 20   M. Akhavan (interprétation). - Ma réponse est que je crois qu'il est tout

 21   à fait possible de dire qu'il y a eu des tensions dans la région et que

 22   tous les hommes en âge de combattre portaient des armes. Mais, d'après

 23   notre rapport, notre impression était que l'attaque contre les maisons

 24   musulmanes s'est produite si tôt le matin que la plupart des personnes,

 25   par exemple qui ont été trouvées mortes, n'avaient pas de chaussures,


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  1   étaient toujours en pyjama. Donc cela montre bien qu'ils n'étaient pas

  2   encore prêts, même à quitter leur maison.

  3   Ahmici n'était pas un village fortifié, n'était pas un village fortement

  4   défendu, mais il est vrai qu'il y a eu des personnes armées qui

  5   anticipaient des troubles potentiels.

  6   M. le Président (interprétation). - Vous avez d'autres questions ?

  7   M. Sayers (interprétation). - Non, pas d'autres questions.

  8   M. Nice (interprétation). - Avant le début du contre-interrogatoire

  9   suivant, il y a trois points que je souhaite aborder. Et cela n'est pas

 10   seulement dû à la façon dont Me Sayers a mené le contre-interrogatoire. Ce

 11   que je veux dire, c'est la chose suivante.

 12   Tout d'abord, et j'évoque ces points sur la base de mon expérience et sur

 13   la façon dont, généralement, les questions sont discutées par mes éminents

 14   collègues de la défense, premièrement, si l'on présente des allégations de

 15   manque de bonne foi, de manque d'honnêteté, si l'on doit, donc, faire ces

 16   allégations à l'endroit du témoin, il faut le faire directement, et j'ai

 17   remarqué que l'on avait souvent insisté sur le fait, de l'autre côté de

 18   cette salle, que le témoin est employé par le Bureau du Procureur et ne

 19   croyez pas que je ne l'aie pas remarqué.

 20   Deuxièmement, et cela, c'est très, très important, j'ai l'impression que

 21   les représentants de la défense veulent reprendre certaines parties des

 22   arguments de la défense de Blaskic. Ils savent très bien que, dans

 23   l'affaire Blaskic, à la dernière minute, un récit de ce qui s'était passé

 24   à Ahmici a soudain surgi et cela s'est présenté sous la forme d'un

 25   document en date du 25 mai, c'est-à-dire au même moment où le témoin était


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  1   sur place.

  2   Donc s'il souhaite adopter la tactique de défense qui a été utilisée dans

  3   l'affaire Blaskic avec, notamment, la production de documents au dernier

  4   moment, je pense qu'il faut présenter ce genre d'arguments au témoin pour

  5   entendre ses réponses.

  6   Troisièmement, ce témoin nous présente des conclusions ; si les

  7   représentants de la défense affirment que ces conclusions sont erronées,

  8   ils faut qu'ils le disent très clairement et qu'ils donnent au témoin la

  9   possibilité de répondre, donc je me permets d'avancer que ceux qui

 10   procèdent au contre-interrogatoire au nom de M. Kordic réfléchissent bien

 11   à ce que je viens de dire et agissent en conséquence.

 12   M. le Président (interprétation). - A quel document faites-vous

 13   référence ?

 14   M. Nice (interprétation). - Il s'agit d'un rapport sur Ahmici qui a été

 15   réalisé par Sliskovic, qui a été produit le 25 mai 1993, qui a été produit

 16   à la dernière minute dans l'affaire Blaskic.

 17   Ce rapport présente ce qui se serait passé d'un certain point de vue donc

 18   ils adoptent la défense qui a été adoptée dans l'affaire Blaskic et je ne

 19   comprends pas qu'ils ne fassent pas allusion aux faits qui sont mentionnés

 20   ici. Bien entendu, s'ils ne souhaitent pas adopter ce qui a été produit

 21   dans l'affaire Blaskic, où que ce document se trouve, eh bien, fort bien.

 22   Cependant, cela ne tient pas compte du fait qu'ils disent que le témoin

 23   aurait dû tirer des conclusions différentes de celles qu'il a tirées sur

 24   la base de sa visite à Ahmici.

 25   M. le Président (interprétation). - Monsieur le Juge Robinson me dit que


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  1   vous pouvez tout à fait traiter de cette question dans le cadre de

  2   l'interrogatoire supplémentaire.

  3   M. Nice (interprétation). - Oui, mais je voulais insister sur ces points

  4   parce que c'est extrêmement important.

  5   M. le Président (interprétation). - Nous avons très bien compris la

  6   position de la défense en ce qui concerne Ahmici. Nous avons donc compris

  7   qu'ils n'ont pas d'éléments concrets, ils remettent en question les

  8   preuves présentées par l'accusation, à savoir que le village était

  9   défendu, il y a eu des victimes croates, ils n'ont pas d'explications -du

 10   moins c'est ce que j'ai cru comprendre- d'explications pour expliquer le

 11   nombre très important de victimes musulmanes.

 12   Maître Sayers, est-ce que ceci résume bien quelle est votre position en ce

 13   qui concerne Ahmici ?

 14   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, vous avez résumé

 15   notre position de façon tout à fait exacte, nous ne contestons pas le fait

 16   qu'il y ait eu des hostilités, mais nous n'avons jamais avancé que ce sont

 17   les Musulmans eux-mêmes qui ont mené à bien cette attaque. Il est clair

 18   qu'il y a eu des hostilités entre les forces du HVO et d'autres du côté

 19   musulman du village et qu'il y a eu des victimes des deux côtés.

 20   Quant à savoir comment cela s'est produit exactement, nous ne pouvons pas

 21   le dire. J'ai exprimé, je pense, très clairement la position de la défense

 22   auparavant ; si ce n'est pas le cas, je veux le répéter, le réitérer :

 23   notre client n'a rien à voir dans tout cela et en ce qui concerne les

 24   détails que vous venez, ou la façon dont vous venez de présenter la

 25   position de la défense, oui, c'est tout à fait cela.


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  1   M. Kovacic (interprétation). - Mon éminent collègue, Me Nice vient de

  2   mentionner le document du 25 mai 1993 qui a été produit très récemment

  3   dans l'affaire Blaskic, document signé par Sliskovic, et justement, je

  4   m'apprêtais à poser des questions au témoin dans le cadre de mon contre-

  5   interrogatoire et je voulais utiliser ce document.

  6   Malheureusement, je n'ai pas pu obtenir ce document immédiatement, je

  7   pense l'obtenir la semaine prochaine. Est-ce que je peux demander au

  8   Procureur, ou au représentant du Procureur, de me communiquer ce document

  9   s'il en dispose ?

 10   M. Nice (interprétation). - Je lui donnerai un exemplaire du document. Je

 11   ne l'ai pas ici entre les mains, mais je lui en ferai parvenir une copie.

 12   M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, il nous reste un quart

 13   d'heure vingt minutes, donc quinze à vingt minutes, que vous pouvez donc

 14   utiliser pour le début de votre contre-interrogatoire.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, je veux bien

 16   commencer, mais je préférerais commencer demain matin parce que certaines

 17   des questions que j'avais préparées recoupent ce qui a été dit par

 18   Me Sayers et donc je pense que si j'avais la possibilité, ce soir, de

 19   passer en revue mes notes sur les questions que je souhaite poser, les

 20   choses seraient beaucoup plus productives.

 21   M. le Président (interprétation). - Combien de temps envisagez-vous de

 22   consacrer au contre-interrogatoire du témoin ?

 23   M. Kovacic (interprétation). - Je ne voudrais pas dire de bêtises, mais

 24   disons que je pense qu'en une heure, plus ou moins, je pourrais en

 25   terminer avec le contre-interrogatoire du témoin.


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  1   Si vous me le permettez, je voudrais cependant émettre une réserve. Le

  2   témoin a tendance à répondre très longuement aux questions et on ne peut

  3   pas... cela, on ne peut pas évaluer la longueur de ses réponses donc cela,

  4   je n'y peux rien !

  5   M. le Président (interprétation). - Bon, on va vous donner une heure, un

  6   petit peu plus d'une heure.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Merci.

  8   M. le Président (interprétation). - Nous nous retrouverons demain matin

  9   et, à l'issue de la fin de la déposition du témoin, nous aurons donc une

 10   conférence de mise en état et je souhaiterais, lors de cette conférence de

 11   mise en état, que nous examinions une fois de plus la liste des témoins

 12   qui a été fournie par Me Nice.

 13   M. Nice (interprétation). - Fort bien.

 14   M. le Président (interprétation). - Donc je souhaiterais que vous nous

 15   fassiez savoir qui vous envisagez de citer à la barre.

 16   M. Nice (interprétation). - Bien évidemment.

 17   M. Stein (interprétation). - Je pense que Me Nice va nous donner une liste

 18   des témoins qu'il entend citer à comparaître de septembre à décembre et

 19   j'aimerais cependant que, pour les deux premières semaines de cette

 20   période, il nous donne des précisions sur la nature exacte des témoins.

 21   M. le Président (interprétation). - Maître Stein, Maître Kovacic, vous

 22   aurez demain tout loisir de poser toute question qui vous intéresse à ce

 23   sujet.

 24   M. Stein (interprétation). - En fait, j'ai envoyé une lettre à Me Nice et

 25   je suis tout à fait prêt à vous communiquer un exemplaire de cette lettre


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  1   dans laquelle je présente tous les points qui sont susceptibles de

  2   questions.

  3   M. le Président (interprétation). - Monsieur Akhavan, ayez l'amabilité de

  4   revenir ici même demain matin à 9 heures 30.

  5   M. Akhavan (interprétation). - Bien entendu, Monsieur le Président.

  6               L'audience est levée à 16 heures 10.

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