Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL             

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

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  4                     Lundi 13 septembre 1999

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  6               L'audience est ouverte à 09 heures 41.

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  8   Mme Lauer - Affaire IT-95-14/2, le Procureur contre Dario Kordic

  9   et Mario Cerkez.

 10   M. le Président (interprétation). - Maître Nice, j'aimerais

 11   m'adresser à vous. Avant de poursuivre la présentation des éléments de

 12   preuve, je crois qu'il y a une demande qui a été formulée aux fins de mise

 13   en liberté provisoire, nous allons nous en saisir dès l'instant. Elle est

 14   présentée par M. Cerkez. Je crois que nous pourrons aborder rapidement

 15   cette requête mais parlons de demain.

 16   J'espère que le message est passé et a atteint toutes les

 17   parties : demain matin, nous n'aurons pas d'audience. Je pense que l'un

 18   des Juges de cette formation a un rendez-vous à l'hôpital. Nous

 19   reprendrons nos travaux à 14 heures 30 demain.

 20   Normalement, nous siégions jusqu'à 17 heures 30, mais je crois

 21   avoir une réunion à 17 heures. Il faudra que j'en obtienne confirmation.

 22   S'agissant de la requête, Maître Nice, voulez-vous ajouter quoi

 23   que ce soit à vos écritures que vous avez soumises et que nous avons

 24   vues ? Je pourrais peut-être ajouter ceci quand même : manifestement -nous

 25   avons étudié cette requête pendant la suspension-, et nous nous disons


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  1   qu'il y a peut-être des circonstances humanitaires, personnelles,

  2   exceptionnelles en puissance qui pourraient nous pousser dans un certain

  3   sens, éventuellement dis-je.

  4   J'ajouterai, bien sûr, que nous avons un représentant du

  5   gouvernement de Croatie ici présent. Par contre, nous n'avons pas un

  6   représentant du royaume des Pays-Bas, même si ce gouvernement des Pays-Bas

  7   a été informé et, si j'ai bien compris, ce gouvernement serait prêt à

  8   assurer l’acheminement de l'accusé vers l'aéroport et depuis l'aéroport.

  9   Ceci pourra être confirmé par le Greffe à un moment donné.

 10   M. Nice (interprétation). - Nous n'avons rien vu des Pays-Bas,

 11   bien sûr, ni aucun document à l'appui de la situation médicale de

 12   l'accusé, ou plutôt de son père. Monsieur Kovacic m'a dit ce matin que

 13   ceci avait été transmis au Greffe mais, je ne sais pas pourquoi, nous n'en

 14   n'avons pas reçu copie. Je suis donc incapable de formuler quelque

 15   commentaire que ce soit là-dessus, si ce n'est cela : au fond, je crois

 16   que tout ceci a été clairement énoncé dans nos écritures de réponse

 17   préparées par Me Scott. Il n'est pas ici présent pour ajouter quoi que ce

 18   soit à ce qu'il a écrit, mais je n'ai rien, moi-même, à ajouter, si ce

 19   n'est ceci.

 20   Le témoin que l'on appelle, ou les témoins de cette semaine

 21   concernent tous M. Cerkez. Je crois comprendre de Me Kovacic que, s'il y a

 22   la question de la présence de son client ou de son absence au prétoire,

 23   Me Kovacic ne pourra pas aller de l'avant. Il ne pourra pas représenter

 24   son client en l'absence de ce dernier. Ceci peut avoir certaines

 25   conséquences, par exemple que, si M. Cerkez était autorisé à quitter le


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  1   Tribunal cette semaine, je ne dis pas que ce temps que nous allons avoir

  2   cette semaine serait gâté, mais il faudrait trouver du temps ailleurs.

  3   M. le Président (interprétation). - Nous avons bien sûr pensé à

  4   ces facettes de la question. Si l'on devait faire droit à la requête de

  5   mise en liberté provisoire à titre provisoire, ceci ne se ferait que le

  6   week-end, ou à un moment qui représenterait une perte minimale de temps

  7   pour le procès.

  8   Nous attendrions de la part de la défense sa coopération en la

  9   matière puisque la défense ne devrait pas s'opposer à ce moment-là à ce

 10   que le procès se poursuive. L'accusé aurait bien sûr l'occasion

 11   d'apprendre par son avocat ce qu'auraient dit les témoins, mais nous

 12   allons peut-être étudier la question.

 13   M. Nice (interprétation). - Nous devrions voir certains

 14   documents.

 15   M. le Président (interprétation). - Vous deviez voir le

 16   certificat de l'hôpital de Split. Est-ce que quelqu'un dispose d'une

 17   copie, d'un exemplaire de ce certificat de l'hôpital de Split ?

 18   (Hors micro)

 19   M. Nice (interprétation). - Monsieur Lopez-Terres a pris contact

 20   directement avec le Greffier qui, apparemment, n'a pas pour politique de

 21   fournir des copies de certificats médicaux au Bureau du Procureur. Je ne

 22   suis vraiment pas en mesure, en un si court délai, de vous fournir aucun

 23   commentaire que ce soit. Parce que je ne comprends pas tout à fait ce qui

 24   est ici en jeu. Merci de me l'avoir montré, Monsieur le Président.

 25   Je crois qu'il incombe au Tribunal de se convaincre si, ou non,


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  1   il existe un risque sérieux pour le père, un risque immédiat. Nous l'avons

  2   dit dans notre réponse : il faudra prendre quelques mesures de procédure.

  3   Si la Chambre estime que toutes les mesures nécessitées par le Règlement

  4   sont prises, à ce moment-là, c'est à vous de juger, Messieurs les Juges.

  5   Nous n'avons pas parmi nos obligations de nous opposer une fois que nous

  6   avons attiré votre attention sur tel ou tel fait.

  7   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Vous ferez ce

  8   qu'il faut faire. S'agissant des conditions, avez-vous quoi que ce soit à

  9   dire ?

 10   M. Nice (interprétation). - Je prends note du document provenant

 11   de l'Etat de Croatie. Une fois qu'il se trouvera dans le l'Etat de

 12   Croatie, bien sûr que tout ceci repose sur le Tribunal, à l'exception de

 13   ce que pourra dire cet État. Nous n'allions pas y avoir une surveillance

 14   de 24 heures, mais la tradition est qu'il n'a pas le droit de quitter un

 15   endroit bien spécifique, bien spécifié, qu'il ne pourra s'entretenir

 16   qu'avec certaines personnes, comme sa famille, des amis.

 17   Comment ceci va être surveillé par la police ? Ceci n'est pas

 18   précisé, si ce n'est qu'il y avait une offre formulée, selon laquelle il

 19   pourrait se présenter au poste de police une ou deux fois par jour, ou à

 20   une cadence éventuellement requise par le Tribunal.

 21   Ne sachant pas comment fonctionnent les forces de police ou les

 22   forces tout court en Croatie, nous n'avons pas la possibilité de proposer

 23   des mesures plus spécifiques. Comme nous ne savons pas si l'Etat de

 24   Croatie pourra sanctionner tout écart de sa part, je ne sais pas si l'Etat

 25   pourra veiller à ce qu'il ne se déplace pas et ne parle qu'à un nombre


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  1   limité de personnes.

  2   Un des problèmes est bien sûr que, si vous avez un accusé qui

  3   quitte le Tribunal, il part équipé d'informations et de renseignements

  4   concernant l'affaire, le procès, les témoins qui ont comparu. Ce ne sont

  5   pas là forcément des informations disponibles à tout le monde. Il y a le

  6   risque que ces informations qui ne sont pas connues de tous soient

  7   répandues.

  8   Je ne veux pas faire ici de l'obstructionnisme, de l'opposition

  9   pour l'opposition mais, si la Chambre intervient après l'offre faite par

 10   la Croatie d'assurer une certaine surveillance, il faudra bien comprendre

 11   qu'il faut faire confiance à cet Etat. Et nous avons des problèmes

 12   collatéraux aussi par rapport à cet Etat.

 13   Et il faudrait dire qu'à mon avis, la seule façon d'assurer un

 14   meilleur contrôle est de demander que l'accusé se présente au poste de

 15   police. Mais, quelquefois, si l'on demande qu'il se présente trop souvent,

 16   par exemple, chaque heure, cela devient impossible, trop exagéré. Parfois,

 17   il y a des systèmes de trace : on suit la trace de quelqu'un parce qu'il a

 18   un certain label, ou un système qui permet de suivre sa trace. Mais c'est

 19   peut-être excessif.

 20   Même si vous avez quelqu'un qui téléphonerait à un endroit

 21   toutes les heures, cela ne représente malgré tout pas une surveillance de

 22   24 heures sur 24, comme ceci pourrait se faire pour quelqu'un qui est

 23   emprisonné, qui se trouve dans un centre de détention au quartier

 24   pénitentiaire. Même là, il y a une certaine communication, car le contrôle

 25   n'est pas constant.


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  1   Tout cela pour dire que même le niveau de surveillance maximum

  2   offert par la Croatie signifie, implique qu'on a, à la fois dans l'Etat et

  3   dans l'accusé, beaucoup de confiance. Il ne faut pas oublier cela,

  4   Messieurs les Juges. C'est un des éléments que j'ai repris dans ma

  5   réplique écrite ; je ne vais pas m'y attarder.

  6   Mais, dans la requête à proprement parler, on parlait du niveau

  7   de présentation des éléments de preuve concernant M. Cerkez. Le Tribunal

  8   n'oubliera pas les preuves directes de meurtre et d'assassinat qui ont

  9   déjà été entendues ici, qui n'ont pas été exclues comme étant dépourvues

 10   de pertinence. Je pense que c'est un procès où la présentation des preuves

 11   est quelque chose de très important. Mais je suis sûr que vous avez gardé

 12   tout ceci à l'esprit.

 13   M. le Président (interprétation). - S'agissant la mise en état

 14   de l'affaire, je n'ai pas de liste de témoins pour cette semaine.

 15   M. Nice (interprétation). - Je crois que la liste a été envoyée

 16   le 5 août, à l'exception de deux exceptions dont le Greffe était informé.

 17   Corrigez-moi si je me trompe.

 18   Non, mais effectivement, la liste a été envoyée le 5 août, avec

 19   les listes hebdomadaires. Deux témoins ont été retirés, l'un je ne sais

 20   plus pourquoi et l'autre n'est plus disponible et a donc été substitué. La

 21   liste a été fournie.

 22   M. le Président (interprétation). - J'ai une liste des témoins à

 23   appeler. J'ai remarqué qu'elle était en date du 5 août, mais on ne

 24   mentionne pas de semaine.

 25   M. Nice (interprétation). - Ne dit-on pas du 11 au 17 septembre


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  1   1999 au-dessus des sept premiers noms ?

  2   M. le Président (interprétation). - On pourra peut-être nous

  3   fournir un exemplaire de cette liste ?

  4   M. Nice (interprétation). - Je l'ai ici. Je voulais vous

  5   informer de la situation en matière de témoins, puisque nous avons

  6   quelques témoins qui nous ont posé problème, mais nous avons des témoins

  7   pour toute cette semaine. Et, si j'ai bien compris M. Kovacic, ils

  8   concernent Cerkez.

  9   M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, vous venez

 10   d'entendre ce qui vient de se dire. Nous n'avons en aucune façon déjà

 11   tranché cette question. Nous voulions entendre tous les éléments de la

 12   question avant de trancher. Nous avons reçu un projet de texte, ou plutôt

 13   l'original dans lequel M. Cerkez a signé en souscrivant à plusieurs

 14   conditions. Si nous en venions à faire droit à sa requête, il faudrait

 15   qu'il signe un document qui reprendrait ces promesses, ces conditions qui,

 16   à notre avis, sont nécessaires. Par exemple, qu'il ne peut pas discuter de

 17   l'affaire avec des témoins, qu'il ne peut avoir aucun contact avec des

 18   témoins, qu'il ne peut discuter du procès avec personne. Je suppose que

 19   Cerkez serait prêt à signer ce genre de condition.

 20   M. Kovacic (interprétation). – Je vous remercie, Monsieur le

 21   Président, de m'avoir donné la parole. Mon client signera ce genre de

 22   conditions, de quelque condition qu'il s'agisse. Je me permets d'ajouter

 23   que, dans notre demande de liberté provisoire, nous avons esquissé un

 24   certain nombre d'idées sur un certain nombre de mesures que la Chambre

 25   pourrait prendre. Bien entendu, ce n'était qu'une esquisse, une tentative


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  1   de trouver des exemples. Nous avons également dit dans ce document que

  2   nous étions prêts à satisfaire toutes les conditions émises par la

  3   Chambre. S'agissant de ces mesures et de ce que vient de dire mon collègue

  4   Me Nice, je souhaiterais replacer cela dans un contexte plus pratique.

  5   M. le Président (interprétation). – Maître Kovacic, est-ce que

  6   je peux me permettre de vous poser des questions pour essayer d'aborder

  7   les problèmes qui inquiètent la Chambre ?

  8   Tout d'abord, il faut qu'aucun temps ne soit perdu dans le

  9   déroulement de ce procès. S'il y avait mise en liberté provisoire, ce

 10   serait pour le week-end prochain. Quel temps de mise en liberté demandez-

 11   vous dans le cadre de cette visite ?

 12   M. Kovacic (interprétation). – Monsieur le Président, mon idée

 13   était que mon client passerait à Split chez lui et à l'hôpital auprès de

 14   son père, deux jours. Concrètement, compte tenu du voyage, de l'avion,

 15   cela signifie quatre jours d'absence : un jour pour l'aller et un jour

 16   pour le retour.

 17   M. le Président (interprétation). – Voici comment se présente le

 18   problème : quatre journées, cela signifie forcément que nous allons perdre

 19   du temps en matière de présentation d'éléments de preuve. Pourquoi ne pas

 20   poursuivre le procès en son absence ? Par exemple, si c'étaient les

 21   témoins de l'accusation qui présentaient l'interrogatoire principal et que

 22   vous puissiez procéder au contre-interrogatoire à son retour ?

 23   M. Kovacic (interprétation). – Il n'y a aucun problème à

 24   procéder ainsi. Nous allons pouvoir préparer ces témoins pour le contre-

 25   interrogatoire avant le départ de mon client. La défense consent à ce que


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  1   son client ne soit pas présent pendant deux ou trois jours dans ce

  2   prétoire. Comme je l'ai déjà dit, sur le plan pratique, si nous imaginons

  3   qu'il parte pendant un week-end, il ne perdra qu'une journée et demi de

  4   travail dans ce prétoire. Nous sommes d'accord sur le fait que notre

  5   client soit absent pendant un jour, un jour et demi. Bien entendu, si le

  6   Greffe pouvait nous fournir l'enregistrement vidéo de ce jour et demi de

  7   travaux, ce serait tout à fait bien. Mais nous sommes prêts également à

  8   lui relater les travaux pendant son absence.

  9   M. le Président (interprétation). – Nous avons reçu copie des

 10   heures de vol d'ici à Zagreb. Manifestement, il y a des vols quotidiens.

 11   En principe, il pourrait partir un jour, passer un jour ou deux à Split et

 12   puis rentrer.

 13   Si l'on décidait qu'il parte vendredi et qu'il revienne dimanche

 14   ou lundi, est-ce que ceci vous conviendrait ou pas ?

 15   M. Kovacic (interprétation). – Je n'ai aucune objection à cela.

 16   Ceci est tout à fait faisable. Je suis d'accord, notamment pour lundi

 17   soir.

 18   M. le Président (interprétation). – La Chambre tient bien sûr à

 19   ce qu'aucune des conditions posées ne soit enfreinte. Nous voulons qu'il

 20   rentre. Comment pouvons-nous nous assurer qu'il le fera, Maître Kovacic ?

 21   M. Kovacic (interprétation). – Je suis entièrement d'accord avec

 22   cela. L'accusé est également entièrement d'accord avec cela. Je pense que

 23   nous devons vous donner notre parole. C'est cela qui est le plus important

 24   ici : notre parole qu'il se conformera aux conditions. Je tiens à rappeler

 25   que mon client s'était livré au Tribunal. Bien entendu, le Procureur ne


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  1   partage pas cet avis, mais son avis n'est pas fondé sur les faits. Les

  2   faits montrent que notre client s'est remis au Tribunal de son propre

  3   chef. Le procès est en cours ; le client souhaite voir l'issue de ce

  4   procès. Il est convaincu qu'il est innocent et convaincu que nous serons à

  5   même de le prouver. Il ne souhaite pas passer le reste de sa vie en tant

  6   que suspect et persécuté pour avoir commis des actes dont il n'est pas

  7   coupable.

  8   Comme vous le savez, nous avons toujours fait preuve de

  9   coopération, d'un esprit constructif et nos propositions allaient dans le

 10   sens d'accélération du procès. Nous ne souhaitons pas faire un tournant

 11   aujourd'hui. Il n'y a aucun fait qui montrerait que notre client n'est

 12   plus intéressé par le déroulement de ce procès et qu'il ne souhaite pas le

 13   voir mené à son terme. Il souhaite faire ce qui relève de son devoir et

 14   retourner dans ce prétoire immédiatement.

 15   M. le Président (interprétation). – Avez-vous autre chose à

 16   ajouter ?

 17   M. Kovacic (interprétation). – Deux phrases. Peut-être que je ne

 18   souhaite pas m'étendre là-dessus. J'aimerais que vous teniez compte d'un

 19   point de vue tout à fait concret. Sur le plan des influences éventuelles

 20   et de perturbations des témoins dont a parlé mon collègue de l'accusation,

 21   si cela avait lieu, comme vous l'avez mentionné, il s'agirait d'une visite

 22   très brève de 48 heures passées à Split ou à peine plus, aller et retour

 23   Split -il faut savoir que Cerkez habite à 4 ou 5 minutes à pied de

 24   l'hôpital où est hospitalisé son père-, il n'a aucun besoin ni désir de

 25   quitter, de faire une déviation quelconque par rapport à cet itinéraire :


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  1   maison, hôpital, aéroport. Il n'a pas besoin d'aller ailleurs.

  2   Autre fait : vous devez savoir que Split se trouve à cinq heures

  3   de route de Vitez qui se trouve dans un autre État. À Split, d'après

  4   toutes les informations dont nous disposons, c'est éventuellement

  5   possible, mais à Split, il n'y a pas de victime ni de témoin puisque les

  6   membres du peuple bosniaque qui se sentaient en danger ou menacés à Split

  7   ne s'y sont pas rendus. Il n'y a quasiment aucune possibilité qu'il croise

  8   par hasard quelqu'un dans la rue. Nous pourrions éventuellement demander

  9   que ce voyage reste confidentiel, qu'il ne soit pas publié, qu'on en parle

 10   dans le public qu'une fois mon client revenu ici. C'est éventuellement

 11   possible parce que dans les journaux, si un témoin arrive à lire que

 12   Cerkez a été libéré et qu'il est venu voir son père, il pourrait mal

 13   l'interpréter.

 14   On peut faire en sorte que ce voyage soit confidentiel. Le père

 15   de Cerkez a appris hier, à l'hôpital, qu'il y avait une chance que son

 16   fils vienne le voir, mais il n'a personne à qui il pourrait en parler.

 17   Dailleurs son état est tel qu'il ne peut pas en parler. Donc l'ensemble de

 18   cette affaire peut rester confidentiel et ne pas être divulgué à

 19   l'opinion. Mais comme je l'ai déjà dit, il n'y a pas de témoins à Split,

 20   il ne peut pas en rencontrer. Je vous remercie.

 21   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie, Maître

 22   Kovacic.

 23   M. Nice (interprétation). - Excusez-moi de reprendre la parole,

 24   mais j'aurais voulu dire deux ou trois choses, soulever ces questions

 25   auprès de vous.


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  1   Pour ce qui est de l'aspect de la publicité, bien sûr ceci se

  2   déroule en audience publique. Toute ordonnance peut être rendue à huis

  3   clos ou huis clos partiel, à titre confidentiel. Vous allez peut-être

  4   décider d'émettre une ordonnance à l'égard des personnes qui entendent

  5   ceci : c'est que les personnes qui viennent d'entendre tout ce qui vient

  6   d'être dit doivent s'engager à ne pas communiquer ceci davantage.

  7   Mais quelque chose de peut-être plus important : sur la question

  8   de la perturbation apportée au déroulement du procès, n avons eu beaucoup

  9   d'interrogatoires principaux avec des contre-interrogatoires qui ont été

 10   repoussés. C'est toujours difficile, de toute façon. Mais j'allais vous

 11   expliquer que le témoin qui est censé arriver fin de cette semaine aura de

 12   grandes difficultés à revenir pour un contre-interrogatoire si sa

 13   déposition n'est pas tout à fait terminée cette semaine. Je vous donnerai

 14   d'autres explications plus tard.

 15   Toujours sur ce même point, à la fin du paragraphe 10 de notre

 16   requête, on rappelle ceci : "Aucune disposition n'est en place permettant

 17   la poursuite du processus judiciaire en l'absence de l'accusé". Si cela

 18   était vrai, ceci pourrait avoir de terribles répercussions : si, pour une

 19   raison quelconque, l'accusé ne partait pas pour une mise en liberté

 20   provisoire mais pour les raisons que je viens d'évoquer et que cet accusé

 21   ne rentre plus à La Haye. Ce problème pourrait être surmonté si pour les

 22   témoins de vendredi et de lundi, donc à court terme, et de façon plus

 23   générale pour parer à toute éventualité, vous pourriez avoir un engagement

 24   personnel de la part de l'accusé en ce même prétoire, ici même, adressé à

 25   vous.


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  1   Ce serait peut-être utile de toute façon d'avoir un engagement

  2   personnel de la part de l'accusé pour qu'il dise que le procès se

  3   poursuive, même en son absence et ce, même jusqu'à nouvel ordre. Ceci, ce

  4   serait lui-même, en personne, qui le dirait.

  5   Cela voudrait dire que, quelle que soit la raison qui l'empêche

  6   de rentrer à La Haye, le procès pourrait se poursuivre. Je pense que ceci

  7   serait tout à fait dans le droit fil de la position qu'il a adoptée et

  8   affichée, et répondra peut-être aux inquiétudes de la Chambre s'agissant

  9   d'une éventuelle perte de temps, tout en répondant à l'inquiétude que nous

 10   formulions au paragraphe 10.

 11   Enfin, on me rappelle qu'apparemment les services de sécurité du

 12   TPIYà La Haye sont, en théorie, en mesure de se rendre en Croatie, d'y

 13   être,en Croatie, pendant que Cerkez y sera. Si la Chambre avait le

 14   sentiment, quelle que soit la réticence manifestée par les services de

 15   sécurité de La Haye, et si la Chambre estime que ceci pourrait être utile

 16   que nos services se rendent là-bas, on pourrait peut-être demander l'aide

 17   de ce personnel.

 18   Personnellement, je ne s pas très bien, immédiatement, l'aide

 19   qu'ils pourraient apporter. Mais, moi, je ne suis pas dans le domaine de

 20   la sécurité et ils s'y connaissent sans doute mieux que moi.

 21   M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. J'aimerais

 22   me tourner vers le gouvernement de la Croatie, vers le représentant, afin

 23   qu'il nous apporte son aide. Je crois que vous avez un micro, Monsieur, à

 24   proximité. Mais ne serait-il pas plus facile que vous vous approchiez et

 25   que vous preniez place à un endroit qui, en général, est réservé pour les


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  1   témoins ?

  2   (Le représentant de la Croatie s'approche.)

  3   Merci d'être venu, Monsieur Miljenic. Pourriez-vous décliner

  4   votre identité et nous dire quelle est votre fonction ?

  5   M. Miljenic (interprétation). - Bonjour, je m'appelle Miljenic,

  6   je suis conseiller à l'ambassade de Croatie, ici aux Pays-Bas.

  7   M. le Président (interprétation). - Monsieur, vous nous avez

  8   fourni une déclaration, nous en disposons, déclaration qui émane de la

  9   République de Croatie par son ambassade.

 10   Au paragraphe 4, vous vous engagez, au nom du gouvernement, à

 11   vous charger de la sécurité de M. Cerkez à l'aéroport pour vous assurer de

 12   ce qu'il demeure sur le territoire de la municipalité de Split. Vous vous

 13   engagez à ce qu'il vous remette son passeport, de veiller à ce qu'il n'aie

 14   aucun contact avec quelque témoin que ce soit, ou avec qui que ce soit qui

 15   ne fasse pas partie de son cercle d'amis intimes ou de sa famille, et

 16   qu'il se présente une fois par jour à la police.

 17   Vous avez assisté aux débats jusqu'à présent, Monsieur Miljenic.

 18   Avez-vous quoi que ce soit à ajouter ?

 19   M. Miljenic (interprétation). - Oui. Si vous me le permettez, je

 20   parlerai croate.

 21   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie.

 22   M. Miljenic (interprétation). - Ainsi donc cette liste... En

 23   fait, il faut savoir qu'au moment où nous avons rédigé cette proposition,

 24   nous n'avons pas fermé cette liste, comme vous voyez au point 5 : "La

 25   République de Croatie est prête à se porter garante pour d'autres affaires


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  1   si la Chambre l'estime nécessaire".

  2   Quant à cette liste, cette proposition, ce n'était qu'un cadre,

  3   un cadre général que nous avons esquissé. Il y a d'autres mesures de

  4   police qui pourraient être prévues afin de garantir ce qui nous intéresse.

  5   Par conséquent, si la Chambre devait estimer que d'autres

  6   mesures supplémentaires étaient nécessaires, après consultation avec nos

  7   organes de la police, nous serions en mesure de vous donner une réponse

  8   définitive.

  9   M. Bennouna. - Oui, Monsieur Miljenic, puisque vous mentionnez

 10   le fait que d'autres propositions pourraient être éventuellement étudiées,

 11   est-ce que le gouvernement de Croatie peut s'engager à ce qu'il y ait une

 12   surveillance, non seulement depuis l'aéroport et jusqu'à l'aéroport, mais

 13   pendant le séjour de l'accusé une surveillance de la police pour,

 14   justement, s'assurer que les conditions du séjour sont bien remplies,

 15   c'est-à-dire qu'aucun contact avec aucune autre personne n'aie lieu autre

 16   que le père de l'accusé ?

 17   M. Miljenic (interprétation). - En principe, je pense qu'il n'y

 18   aurait aucun problème. Mais, si vous me le permettez, je suis dans la

 19   diplomatie et je dois agir dans le cadre qui m'est défini. Je pense que

 20   ces consultations pourraient se faire immédiatement, si c'était nécessaire

 21   ou, éventuellement, à un moment ultérieur, si la Chambre trouvait des

 22   mesures supplémentaires qu'il fallait imposer. Dans ce cas-là, nous

 23   trouverions un moyen de répondre plus vite.

 24   M. Bennouna. - Je crois qu'il faut les faire immédiatement, ces

 25   consultations, s'assurer que la surveillance est permanente depuis la


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  1   prise en charge de l'accusé à l'aéroport, prise en charge de la police,

  2   jusqu'à son retour à La Haye. Je pense qu'en le faisant immédiatement et

  3   en donnant la réponse au Tribunal le plus rapidement possible, cela

  4   faciliterait la décision de notre Chambre.

  5   M. Miljenic (interprétation). - Il nous faudrait cinq minutes

  6   pour procéder à ces consultations, cinq à dix minutes.

  7   M. le Président (interprétation). - Monsieur Miljenic, peut-être

  8   pouvez-vous vous en charger et nous faire part de votre réponse par le

  9   truchement du juriste de la Chambre ? Comme le Juge Benounna vient de le

 10   dire, je crois que ce serait utile. Mais je vous remercie de votre visite,

 11   Monsieur.

 12   M. Miljenic (interprétation). - Je vous en remercie.

 13   (M. Miljenic sort du prétoire.)

 14   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 15   M. le Président (interprétation). - Nous allons examiner cette

 16   requête et nous vous ferons part de notre décision en temps utile.

 17   Une requête a été présentée ; nous nous étions dit qu'elle

 18   aurait pu être entendue à huis clos. Ce qui veut dire que le public qui se

 19   trouve dans la galerie du public est enjoint à ne communiquer aucun détail

 20   concernant cette requête ou concernant les arguments échangés à cet égard

 21   et considérer que tout ceci s'est déroulé à huis clos. Avant de passer à

 22   la présentation des éléments de preuve, voulez-vous évoquer d'autres

 23   questions ?

 24   M. Nice (interprétation). - Oui, peut-être encore une ou l'autre

 25   chose, Monsieur le Président. S'agissant de la présentation des éléments


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  1   de preuves, Mme Verhaag m'a corrigé. Effectivement, vous avez reçu une

  2   liste le 5 août, mais cette liste n'avait pas de précision s'agissant de

  3   qui allait être cité pendant quelle semaine. Ceci, en général, est ajouté.

  4   C'est parce que j'essaie d'avoir au moins deux témoins par jour si nous

  5   voulons terminer pour Noël. Ceci signifie que, si l'on a une semaine de

  6   cinq jours et demi, nous avons neuf témoins. Il faudra aussi prévoir le

  7   contre-interrogatoire et le temps nécessaire pour celui-ci.

  8   Tous ces détails seront établis plus tard. En tout cas, c'était

  9   une information concernant la liste des témoins. J'y reviendrai dans un

 10   instant d'ailleurs.

 11   Je serai absent parfois de ce Tribunal, de cette Chambre : c'est

 12   que, devant le Juge Jorda et la Chambre 1, je représente aussi

 13   l'accusation. Nous devrions terminer la présentation des éléments à charge

 14   cette semaine ou à la fin de la semaine prochaine. J'ai un co-conseil,

 15   mais j'ai la chance d'avoir ici aussi trois co-conseils. Vous aurez

 16   l'occasion de les voir à l'œuvre.

 17   Je voulais aussi vous dire que Rebihic, expert de l'accusation

 18   dont le nom avait déjà été fourni précédemment, devrait nous présenter un

 19   rapport fin de ce mois ou début octobre. Il faut aussi régler la question

 20   de savoir comment une déposition par compte rendu d'audience pourrait être

 21   considérée comme recevable par cette Chambre. Et de voir quels sont les

 22   éléments déjà ainsi obtenus qui peuvent être versés au dossier.

 23   Permettez-moi de citer publiquement un nom. Ce sera peut-être à

 24   titre d'exemple un témoin utile. Parlons du témoin Ashtow : il avait

 25   déposé en audience publique. Pour parler moderne, c'est un homme au profil


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  1   très relevé puisque tout le monde le connaît. Effectivement, là,

  2   l'identité avait été fournie. Nous allons avoir deux témoins de statut

  3   similaire. Et, sous réserve d'objections de la part de la défense, nous

  4   aimerions savoir si, effectivement, il est possible de l'utiliser sur

  5   cette base. Nous ne savons pas s'il fallait que tout ceci soit donné en

  6   lecture au prétoire ou s'il suffisait d'identifier la pièce dans laquelle

  7   tout ceci était répercuté.

  8   Et puis il y a aussi une discussion concernant des témoins

  9   décédés ou réticents. La discussion ne s'était pas terminée. Il faudra

 10   peut-être en parler si, par exemple, nous sommes à court de témoins à un

 11   moment donné. Gardons ceci à l'esprit si vous avez besoin d'échange

 12   d'arguments au débat, nous pourrons peut-être prévoir ce type d'exercice à

 13   ce moment-là.

 14   La dernière fois, la Chambre m'avait demandé de changer

 15   d'attitude, de revoir notre attitude pour ce qui est de la fourniture de

 16   dossiers, de documents du ministère de la Défense, qui viendraient du

 17   régiment des Cheshire, par exemple, et d'autres documents que nous avons

 18   peut-être sous forme de classeur.

 19   Je peux vous dire que nous n'avons pas de véritable bibliothèque

 20   de documents militaires de régiments anglais, parce que ce type d'archives

 21   n'existent pas, parce que les documents sont ajoutés en annexe à telle ou

 22   telle déclaration préalable. Nous n'avons pas davantage accès que la

 23   défense si vous avez, comme nous l'avons fait et comme la défense l'a

 24   fait, demandé à Londres des documents venant du ministère de la Défense.

 25   Donc ceci doit être mis sur la touche.


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  1   Pour ce qui est documents de l'ECMM, je sais qu'en principe, il

  2   y a une opposition à ce qu'une archive de document les concernant soit

  3   fournie.

  4   Si l'on essaie de faire avancer le dossier de la présentation en

  5   bloc de documents et, plutôt que de produire tel ou tel document

  6   individuel des moniteurs de la communauté européenne, il faudra peut-être

  7   prévoir une audience. Est-ce que je vais trop vite ?

  8   Il sera peut-être nécessaire de prévoir une audience, à

  9   l'occasion de laquelle nous aurons peut-être des représentants de l'ECMM

 10   qui pourraient présenter leurs arguments. Si j'évoque ces questions, c'est

 11   pour informer la partie adverse et pour que vous ne pensiez pas que nous

 12   ayons oublié ce qui nous avait été intimé, à savoir que ce serait peut-

 13   être utile de prévoir des archives de documents. C'est ce à quoi nous

 14   pensons.

 15   Enfin, et simplement à titre d'information, ce n'est pas quelque

 16   chose auquel nous aurions réfléchi à la va-vite. Il y a eu une décision

 17   prise par la Chambre sur les quatre témoins supplémentaires que nous

 18   voulions apporter s'agissant de Zepce. La décision était qu'il ne pouvait

 19   pas y avoir d'audience devant la Chambre d'appel. Vous savez que nous

 20   préparons des dossiers par attaque de village suite à votre décision. Nous

 21   avançons bien. S'agissant de la modification importante de présentation

 22   d'éléments de preuve, s'agissant de victimes de village, cela va peut-être

 23   me forcer à renouveler la requête pour Zepce, à l'exception d'un témoin.

 24   Voyons ce que nous allons faire cette semaine : d'abord, le

 25   retour du docteur Allcock, notre premier témoin prévu dans la liste. Il


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  1   devait y avoir un contre-interrogatoire. Apparemment, la défense a besoin

  2   d'une demi-journée. Vous avez peut-être un document, une lettre du

  3   9 septembre. Je suppose que cette lettre, Me Kovacic s'y est joint, elle

  4   vient de Anja & Williams. C'est dans cette lettre que l'on trouve, pour

  5   ainsi dire, l'avis judiciaire ou d'avocat du docteur Allcock et un contre-

  6   interrogatoire assez classique sur telle ou telle qualification en matière

  7   de compétence. La lettre se poursuit comme suit : "La défense a

  8   l'intention de se pencher sur cette question, verra les compétences du

  9   docteur Allcock, mais avec des dépositions de témoins émérites et

 10   éprouvés". Deux choses en découlent.

 11   M. le Président (interprétation). – Nous n'avons pas reçu cette

 12   lettre ?

 13   M. Nice (interprétation). – Elle a été copiée à l'intention de

 14   la Chambre. Excusez-moi, si j'avais su, je n'en aurais pas parlé. Je

 15   croyais que vous l'aviez reçue.

 16   M. le Président (interprétation). – Le plus simple serait peut-

 17   être que Me Stein nous explique sa lettre.

 18   M. Nice (interprétation). – Oui, Monsieur le Président. Il est

 19   dit, dans cette lettre, des choses que Me Stein serait le mieux placé à

 20   expliquer.

 21   M. le Président (interprétation). – Monsieur Stein, pourriez-

 22   vous, s'il vous plaît, nous préciser le contenu de cette lettre ?

 23   M. Stein (interprétation). – Vous avez à l'esprit la décision du

 24   19 mars 1999 par laquelle la requête présentée par l'accusation était

 25   repoussée. Cette requête voulait que, à moins que des questions précises


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  1   soient posées aux témoins, les questions soulevées par la déposition du

  2   témoin auraient été considérées comme étant (inaudible) ? On a parlé du

  3   manque de (inaudible) du docteur Allcock et nous avons juxtaposé ses

  4   qualifications ou son manque de qualifications avec sa déposition, gardant

  5   à l'esprit ce qu'avait dit le Juge Robinson, avec en particulier c'est

  6   qu'il ne faut pas nécessairement contre-interroger chaque témoin sur

  7   chaque chose.

  8   Nous n'avons pas l'intention de poursuivre le contre-

  9   interrogatoire du docteur Allcock. Nous estimons que c'est tout à fait

 10   superflu, vu ce que je vais dire et puisque nous allons présenter des

 11   éléments de preuve qui vont contester son avis. Nous voulions ici éviter

 12   toutes les difficultés de calendrier. Nous en avons donc informé la

 13   Chambre parce que ce temps prévu pour la présentation du contre-

 14   interrogatoire de M. Allcock pourra être libéré. Nous n'avions rien à dire

 15   de plus, s'agissant de cette question que nous avions préparée par lettre

 16   et dont Me Sayers a informé Me Scott par téléphone avant le dépôt des

 17   écritures.

 18   M. le Président (interprétation). – Un petit rappel, si vous le

 19   voulez bien ! Je crois qu'il y avait eu un degré de contre-

 20   interrogatoire ?

 21   M. Stein (interprétation). – Tout à fait. Nous l'avions

 22   interrogé sur sa thèse de doctorat, le titre de son doctorat. Nous avons

 23   appris qu'il avait écrit quelque chose en tourisme. Nous lui avons posé

 24   des questions sur sa thèse de maîtrise qui était en 1967, sur le sujet de

 25   la protestation contre le nucléaire au Canada. Nous avons longuement parlé


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  1   des études généralement réalisées par des sociologues. Le Juge Benounna, à

  2   fort juste titre, a opiné pour dire que ce témoin était un généraliste et

  3   non pas un spécialiste. Il y a eu un certain degré de contre-

  4   interrogatoire à propos des conclusions à tirer à partir de l'ordonnance

  5   de décembre portant sur la présentation de certains objets religieux qui

  6   pourrait être vexatoire. Ceci concernait la Noël et les éléments de Noël.

  7   J'ai étudié le compte rendu d'audience. Vous l'avez vous aussi

  8   étudié et vous constaterez que l'absence de qualification du docteur

  9   Allcock, surtout si ceci s'ajoute à son manque de connaissances sur les

 10   sujets qu'il a évoqués, qui ne sont pas des sujets très spécifiques, qui

 11   dépassent de loin l'expertise et la connaissance qu'a cet expert en

 12   tourisme et dans la sociologie du tourisme ainsi que sur les protestations

 13   contre le nucléaire à la fin des années 60 au Canada.

 14   M. Stein (interprétation). – S'agissant des témoins non disponibles,

 15   décédés, nous avons parlé de Rebihic. Me Sayers voudrait évoquer la

 16   question rapidement. Nous avons quelques écritures à déposer de

 17   façon à ce que tous les papiers soient présents lorsque la question

 18   sera évoquée.

 19   M. le Président (interprétation). – Nous allons évoquer ces

 20   questions lorsque le temps s'y prêtera. Mais si vous voulez faire des

 21   dépôts d'écriture, ceci pourra être fait.

 22   Maître Stein, je vous remercie.

 23   M. Nice (interprétation). – Situation peu satisfaisante. La

 24   position adoptée par la défense représente en fait des pratiques un peu

 25   démodées, quel que soit le libellé de l'ordonnance rendue en mars 1999.


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  1   L'ordonnance a été modulée suffisamment régulièrement par la Chambre

  2   lorsque celle-ci a demandé de la défense des indications sur ce qui était

  3   recevable ou non. Ceci s'est toujours avéré utile. C'est comme cela que

  4   nous trouvons les solutions aujourd'hui. Ce qui nous préoccupe

  5   aujourd'hui, -oublions la qualification de l'avocat. Nous pourrons en

  6   parler par la suite- si la défense nous dit qu'elle dispose de dépositions

  7   qualifiées de témoins experts connus du monde entier, cela veut dire

  8   qu'ils ne tâtonnent pas ; ils ont une cible et ils la visent.

  9   C'est que le témoin a dit certaines choses, aura peut-être eu

 10   des conclusions sur lesquelles la défense n'était pas d'accord. Plutôt que

 11   de passer une heure à se demander ce qui est une chose assez facile pour

 12   des spécialistes aguerris à l'art du droit ou sur ceux qui font du droit

 13   sans être expérimentés dans d'autres domaines, en général, on dit que les

 14   sociologues peuvent être aisément contre-interrogés. Si nous n'avions pas

 15   perdu autant de temps à cela, peut être que nous aurions mieux avancé.

 16   La défense a peut-être un expert. Elle sait ce qu'elle a à

 17   défendre. Il faut en parler avec le témoin. Parce que la solution de

 18   rechange est tout à fait extravagante en matière de temps. Cela ne sera

 19   pas utile pour la Chambre parce que cela voudra dire forcément que, si et

 20   quand les experts sont appelés à la barre pour la défense, nous ne savons

 21   toujours pas qui sont les témoins pour la défense, les experts de la

 22   défense. Il se fait que je suppute qu'il peut être l'un de ces experts,

 23   mais je me trompe peut-être.

 24   M. Benounna. - Nous sommes en train de perdre du temps. Un temps

 25   précieux. Il faut quand même, même si c'est la reprise après les vacances,


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  1   nous rappeler que nous sommes sous la surveillance de beaucoup

  2   d'institutions et d'opinions qui trouvent que nous sommes un peu lents. Il

  3   ne faut pas quand même passer du temps dans la procédure. On peut dire

  4   rapidement de quoi il s'agit en matière procédurale et ne pas faire de

  5   discours. Je n'arrête pas de le dire.

  6   Si j'ai bien compris, -je suis assez bien réveillé ce matin-,

  7   Me Stein nous dit qu'il ne voit pas la nécessité de contre-interroger le

  8   docteur Allcock. C'est ce que j'ai compris. Où est le problème ? Si la

  9   défense ne voit pas la nécessité -il a rappelé ce qu'a dit notre collègue

 10   Robinson, à savoir qu'il n'est pas nécessaire de contre-interroger tout le

 11   monde- avez-vous une observation là-dessus ? Il ne faut pas refaire la

 12   procédure, chaque fois, de l'historique depuis le mois de mars !

 13   M. Nice (interprétation). - Mais je me permets de reformuler ce

 14   commentaire. J'y arrivais d'ailleurs, je vous le rappelle. S'il y a des

 15   questions à poser, autant les poser à ce témoin parce que sinon, faute de

 16   ce témoin, la défense va citer un autre témoin, va soulever des questions

 17   qui n'ont pas été soulevées par ce témoin-ci et moi, je demanderai

 18   l'autorisation en réplique de rappeler ce témoin pour qu'il me donne des

 19   instructions lorsque l'expert de la défense va déposer.

 20   Et tout ceci va coûter beaucoup de temps et beaucoup d'argent

 21   que l'on pourrait épargner par des procédures modernes, à savoir que l'on

 22   présente directement l'affaire. Rappelez-vous que j'avais proposé à la

 23   défense que des rapports d'expert soient échangés afin que nous nous

 24   mettions d'accord sur des questions centrales qui pourraient faire l'objet

 25   d'accords. Et effectivement, des experts peuvent être rassemblés pour


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  1   essayer de mieux circonscrire les questions.

  2   Mais ici nous revenons à un combat habituel qui n'est pas utile,

  3   étant donné que la Chambre peut réglementer le contre-interrogatoire et

  4   l'interrogatoire. La Chambre peut et devrait, à notre humble avis, donner

  5   l'occasion à ce témoin de s'exprimer. La défense pourrait lui poser les

  6   questions plutôt que de forcer ce témoin à revenir aux frais de tout le

  7   monde.

  8   Voilà les commentaires que nous avons d'ailleurs déjà formulés

  9   par écrit à l'intention de la défense.

 10   M. Bennouna. - Maître Nice, la lettre que vous venez de nous

 11   transmettre date de... N'étiez-vous pas au courant de la position de la

 12   défense avant d'amener le témoin ?

 13   M. Nice (interprétation). - Pas du tout, pas du tout ! Vous

 14   voulez dire qu'on le rappelle aujourd'hui ? Il faudra qu'il soit rappelé

 15   aujourd'hui au cas où les Juges avaient des questions à lui poser. Moi

 16   aussi, j'ai des questions supplémentaires à lui demander.

 17   M. Bennouna. - Est-ce que cela veut dire que ce témoin est

 18   présent actuellement à La Haye ?

 19   M. Nice (interprétation). - Oui.

 20   M. Bennouna. - Effectivement, il y a un problème du côté de la

 21   défense, là, un problème de gestion du procès. Vous ne pouvez pas attendre

 22   que le témoin soit tout de même, Maître Stein, à La Haye pour formuler

 23   votre position. Il faudrait la formuler avant que le témoin n'arrive à

 24   La Haye. Oui, vous dites que vous ne voyez pas l'utilité de le contre-

 25   interroger, mais vous nous le dites maintenant. Est-ce que vous l'avez dit


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  1   avant d'amener ce docteur Allcock ?

  2   M. Stein (interprétation). - Effectivement, nous l'avons fait.

  3   Oui, oui, nous l'avons fait. Nous avons informé Me Scott par téléphone

  4   le 7 ou 8 septembre. Cette lettre qui a été envoyée à la Chambre et dont

  5   vous venez de recevoir exemplaire date du 9 septembre pour éviter,

  6   effectivement, cet inconvénient qu'il y a un rappel du témoin.

  7   L'accusation a dit qu'elle allait de toute façon le rappeler parce qu'elle

  8   voulait peut-être le réhabiliter ou pour avoir des Juges qui lui posent

  9   des questions.

 10   C'est la raison pour laquelle j'avais donc pris ces mesures pour

 11   éviter que l'on doive le rappeler. Je peux vous rappeler que cette

 12   question a déjà été rabâchée. Maintenant vous dites que nous utilisions

 13   des règles, mais ce sont des règles britanniques alors que nous ne sommes

 14   pas britanniques. Si on ne pose pas de questions au témoin, on abandonne

 15   ce droit.

 16   Je ne connais pas bien le système britannique, mais si l'on

 17   reprend ce système il fait perdre du temps plutôt que d'en gagner.

 18   M. le Président (interprétation). - Je suis tout à fait en

 19   désaccord sur ce point. C'est à nous de décider d'une question. Des

 20   questions, bon, ce sont des faits.

 21   Ce n'est peut-être pas un exemple parfait, mais lorsqu'il y a

 22   des questions factuelles à trancher, il est quand même préférable que le

 23   témoin puisse en être saisi. S'il disait par exemple que M. Kordic se

 24   trouvait à une réunion et aurait dit quelque chose qui l'incriminait ; si

 25   la défense, elle, estime qu'il n'était pas du tout sur place, le témoin


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  1   devrait pouvoir recevoir une telle question. Le témoin a peut-être de

  2   bonnes raisons de se souvenir de la présence de Kordic à ce moment-là.

  3   Mais ceci mis de côté, je crois que nous n'avons plus besoin de vous

  4   embêter sur ces questions.

  5               (Les Juges se consultent sur le Siège.)

  6   Nous ne demanderons pas de contre-interrogatoire supplémentaire.

  7   Cela s'est déjà vu dans le passé. Le procès se déroule ici devant les

  8   Juges professionnels.

  9   La question est de savoir combien d'éléments, de détails nous

 10   devons avoir entendus pour pouvoir trancher, de combien de dépositions

 11   d'experts nous avons besoin. Monsieur Nice, vous avez bien entendu droit

 12   aux questions supplémentaires.

 13   M. Nice (interprétation). - Oui, Monsieur le Président.

 14   Pourrions-nous passer à huis clos pendant un moment, s'il vous plaît, à

 15   huis clos partiel ?

 16               (Audience à huis clos partiel)

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 13  Pages 6476-6480 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 18                        L'audience est levée à 10 heures 46.

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