Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL                     AFFAIRE N° IT-95-14/2-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Lundi 18 octobre 1999

  4   L'audience est ouverte à 9 heures 30.

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président, Messieurs

  6   les Juges. Affaire IT-95-14/2-T, le Procureur du Tribunal contre

  7   Dario Kordic et Mario Cerkez.

  8   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  9   M. le Président (interprétation). - Faites prononcer au témoin la

 10   déclaration solennelle.

 11   M. Whitworth (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   M. le Président (interprétation). - Veuillez-vous asseoir, s'il vous

 14   plaît.

 15   M. Whitworth (interprétation). - Merci.

 16   M. Nice (interprétation). - Monsieur le Président, avant d'entamer la

 17   déposition de ce témoin, je voudrais vous rappeler que ce témoin n'est

 18   disponible qu'aujourd'hui. Il est aujourd'hui directeur d'école, il lui

 19   est très difficile de prendre une journée supplémentaire puisqu'il doit

 20   lui-même assumer le coût de son déplacement.

 21   D'autre part, je me suis entretenu avec le témoin hier et aujourd'hui, et

 22   j'ai réorganisé le résumé de ses déclarations dans un ordre plus logique

 23   afin de permettre une meilleure présentation des éléments de preuve.

 24   Je dois dire qu'avec ce témoin, il y a quelques documents supplémentaires

 25   que nous devons produire, malheureusement l'imprimante qui aurait dû nous


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  1   permettre d'obtenir ces documents est en panne. Donc la présentation des

  2   documents ne sera pas aussi facile que cela a été le cas précédemment, il

  3   nous faudra vous donner les documents dès que nous les recevrons.

  4   Au sujet de la version précédente, mes collègues de la défense m'ont fait

  5   savoir quels sont les paragraphes sur lesquels il n'y a pas de

  6   contestation.

  7   Monsieur le Témoin, pouvez-vous, s'il vous plaît, nous décliner votre

  8   identité ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Je m'appelle Lee Whitworth ?

 10   M. Nice (interprétation). - Vous avez été capitaine au sein du régiment du

 11   Prince de Galles, du Yorkshire. Vous êtes actuellement enseignant dans une

 12   école à Leeds, dans le Yorkshire.

 13   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 14   M. Nice (interprétation). - Vous êtes arrivé à Vitez début mai 1993. Vous

 15   étiez officier des transmissions. Vous avez eu pour mission de maintenir

 16   et d'établir un réseau de communication ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 18   M. Nice (interprétation). - En juin 1993, avez-vous été nommé officier de

 19   liaison pour la zone de Vitez, zone dont les limites se situaient au

 20   carrefour de Novi Travnik et au sud à Busovaca ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - En effet, à peu près.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vos fonctions consistaient à

 23   développer de bonnes relations avec les gens sur le terrain et ceci pour

 24   faciliter le transport de l'aide humanitaire dans la vallée de la Lasva en

 25   général ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  2   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez évalué quelles étaient

  3   les possibilités de communication des deux parties ennemies ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - En tant qu'officier pour la

  5   communication, pendant que j'ai travaillé dans la vallée de la Lasva, j'ai

  6   pu constater quelles étaient leurs possibilités.

  7   M. Nice (interprétation). - Pour ce qui est de l'armée de Bosnie-

  8   Herzégovine, est-ce que vous avez pu constater qu'ils avaient accès à des

  9   émetteurs-radio rechargeables pour communiquer avec Stari Vitez, mais en

 10   même temps avec des forces régulières qui se trouvaient dans les collines

 11   aux alentours ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Oui effectivement. Ils avaient un système

 13   interne d'émetteurs-radio. Ils pouvaient également très facilement

 14   communiquer avec le quartier général à Poculica, le commandement de la

 15   brigade à Poculica. Il s'agissait de la 325ème Brigade.

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'ils s'appuyaient aussi sur le

 17   générateur pour charger les batteries de ces émetteurs-radio ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Oui. S'il n'y avait pas de système de

 19   chargeur, à ce moment-là il était tout à fait raisonnable d'utiliser des

 20   générateurs portables, que nous avions pu déjà voir dans cette région.

 21   Nous en avons déjà donné la description.

 22   M. Nice (interprétation). - Est-ce que, plus tard, vous avez remarqué que

 23   l'armée de Bosnie-Herzégovine possédait un système de communication PTT à

 24   Poculica, qui les a mis en communication avec Travnik ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Oui, ils ont pu rétablir des lignes


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  1   téléphoniques. Les commandants des brigades disposaient de lignes

  2   terrestres qui les mettaient en communication avec le commandement à

  3   Travnik, l'état-major de Travnik.

  4   M. Nice (interprétation). - Revenons sur votre appréciation générale en ce

  5   qui concerne les capacités des lignes de communication du HVO.

  6   Premièrement, est-ce qu'à votre avis il y avait des interférences entre le

  7   HVO, ou quelqu'un d'autre, et votre propre système ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait certains cas, quelques cas

  9   plutôt, pour être très précis, où nous avions tout simplement produit un

 10   certain bruit, un brouillage, pour en quelque sorte intercepter ce qui

 11   s'est passé au niveau des lignes de la Forpronu.

 12   Nous avons considéré que c'était le HVO qui en était responsable étant

 13   donné qu'il venait sur nos lignes et qu'il utilisait également mes signes

 14   d'appels. C'est ainsi que nous avons également compris qu'ils brouillaient

 15   tout ceci pour ne pas nous permettre de communiquer comme nous aurions dû

 16   communiquer dans la vallée de la Lasva.

 17   M. Nice (interprétation). - Pour ce qui est des communications au sein du

 18   HVO, comment cela se passait-il ? Etaient-ce de bonnes ou de mauvaises

 19   communications ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - J'ai vu des émetteurs-radio portables à

 21   l'hôtel Vitez. Il y avait un dispositif de télécopies. Ils avaient des

 22   lignes PTT qui mettaient en communication Busovaca et Vitez. Généralement,

 23   tous les moyens de communication paraissaient en bon état dans la vallée

 24   de la Lasva. Ils pouvaient obtenir également tous les messages par

 25   télécopie, mais ils n'avaient pas de contacts en passant par la route. Le


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  1   commandant Blaskic, probablement, disposait d'une communication par

  2   satellite.

  3   M. Nice (interprétation). - Très concrètement parlant, quels sont les

  4   moyens de communication face à Kiseljak ? Et qu'est-ce que vous pensez de

  5   ce qui se passait dans le nid d'aigle de Kordic ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait une ligne PTT qui traversait

  7   la ligne en direction de Busovaca. Il y avait une ligne qui était

  8   complète, probablement tout le long de la rivière, et vers Vitez nous

  9   l'avons trouvée.

 10   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne Kiseljak, comment cela

 11   s'est passé ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Je ne sais pas. Nous avons traversé les

 13   territoires de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Nous ne connaissions pas de

 14   bâtiment des PTT, mais je sais qu'ils disposaient des communications-radio

 15   sous forme de télécopie. Je ne peux pas vous dire exactement de quoi il

 16   s'agissait.

 17   M. Nice (interprétation). - Je pense que vous avez vu également une

 18   manifestation très concrète, qui aurait pu donner une idée sur les

 19   capacités du centre ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait. Ils disposaient

 21   d'émetteurs-radio de hautes fréquences. Je pense qu'ils avaient également

 22   des antennes à plusieurs endroits en ville. Et c'est par ces antennes

 23   qu'ils pouvaient transmettre des messages à des distances assez éloignées.

 24   Je veux dire que des fréquences -hautes fréquences, bien évidemment- sont

 25   utilisées dans l'ensemble du monde. Il n'y a aucune difficulté pour


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  1   communiquer.

  2   M. Nice (interprétation). - Maintenant, nous allons peut-être passer à une

  3   autre forme de communication hélicoptère.

  4   Dites-moi, est-ce que vous avez remarqué quelque chose de tout à fait

  5   particulier au sujet des hélicoptères ? Est-ce que vous avez vu les

  6   hélicoptères ? Est-ce qu’ils se sont déplacés ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - C'était dans la zone d'interdiction de

  8   vol, en Bosnie centrale, exclusion aérienne, mais cette exclusion aérienne

  9   a été violée en permanence, il y avait de petits hélicoptères HIP qui

 10   atterrissaient en permanence, je pense que c'était au mois de juin et au

 11   mois de juillet, et ils atterrissaient quelque part dans les alentours de

 12   Vitez, ou plutôt la banlieue, à côté de l'usine de Vitez.

 13   Ceci s'est produit tout simplement parce qu'ils avaient peur d'avoir été

 14   attaqués par les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, donc en une

 15   demi-heure, ils atterrissaient et repartaient. C'était à peu près dans des

 16   intervalles très brefs qu'ils se déplaçaient.

 17   M. Nice (interprétation). - Vous parlez des hélicoptères type HIP ; à qui

 18   ils appartenaient ? Qui était leur propriétaire ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Ce sont des hélicoptères qui arrivaient

 20   de très grande hauteur. Je pense qu'ils atterrissaient sur le territoire

 21   du HVO, et probablement qu'ils venaient en provenance de Croatie, vu

 22   l'altitude. Nous avons vu également des hélicoptères portant les insignes

 23   du HVO qui venaient en provenance de Split et qui atterrissaient à

 24   Kiseljak.

 25   M. Nice (interprétation). - Dans le jeu de documents, nous avons déjà vu,


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  1   il y a un certain nombre de pièces qu'il faut rajouter, des photographies

  2   en couleurs, quelques photos également noir et blanc. Je pense que nous

  3   allons pouvoir demander la cote, il y a la photographie 26-41.2.

  4   Je pense qu'il serait bon également que les Juges en disposent. Ceci

  5   pourrait également nous faire économiser du temps. Je vais demander à

  6   l'huissier également de soumettre au témoin ces photographies comme cela,

  7   nous pourrons accélérer le mouvement.

  8   (L'huissier s'exécute).

  9   Je voudrais également soumettre ce jeu de documents au témoin, et

 10   éventuellement mettre sur le rétroprojecteur les photographies.

 11   Pendant que vous cherchez, Monsieur Whitworth, la photographie, la bonne,

 12   dans vos notes, qui ne sont pas à votre disposition en ce moment, car vous

 13   les avez remises à quelqu'un, à l'armée, et puis vous n'avez pas pu les

 14   récupérer, vous avez fait vous-même un certain nombre de photos et je

 15   pense que vous en disposez dans un grand nombre qui vous aident pour vous

 16   souvenir des détails.

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait. Moi j'avais pris des

 18   notes assez copieuses que j'ai mises à la disposition du service de

 19   renseignements militaires une fois que j'avais terminé ma mission en

 20   Bosnie.

 21   M. Nice (interprétation). - Par conséquent, la photographie 26-41.2, est-

 22   ce que vous pouvez nous dire de quoi il s'agit ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - C'est un des hélicoptères qui atterrit à

 24   côté de la carrière de Vitez.

 25   M. Nice (interprétation). - Merci.


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  1   Encore un autre détail. Général, je parle des paragraphes 9 et 10 de votre

  2   résumé : est-ce que vous avez eu quelques réunions avec l'accusé Mario

  3   Cerkez ? Et est-ce que la photographie 25-1.6, sur laquelle on voit une

  4   réunion lors de laquelle vous avez négocié, est une réunion à laquelle

  5   vous avez participé ?

  6   Vous pouvez éventuellement identifier les personnes qui figurent sur la

  7   photo ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, c'était une réunion

  9   qui a été présidée par la MCCE à l'époque où nous avons essayé de rétablir

 10   le contact entre l'armée et le HVO. Vous avez le colonel Blaskic, tout à

 11   fait à droite, ensuite, ses officiers. Ils sont autour de la table et ils

 12   attendent les représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine pour arriver.

 13   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous pouvez donner quelques noms de

 14   ces officiers ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, je pense que

 16   la personne qui est à gauche est M. Filipovic, il a des cheveux gris, mais

 17   je ne suis pas tout à fait sûr.

 18   M. Nice (interprétation). - Merci. Le paragraphe 11, et je pense que je

 19   pourrai vous guider, en quelque sorte, dans ce sens-là, mais j'attends

 20   M. Kovacic pour me l'affirmer car il s'agissait du paragraphe 10...

 21   M. Kovacic (interprétation). - Nouvelle ou ancienne version ?

 22   M. Niemann (interprétation). - Ancienne.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Je voudrais vous demander de bien vouloir

 24   ne pas guider le témoin.

 25   M. Nice (interprétation). - D'accord, entendu.


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  1   Monsieur Whitworth, est-ce que vous vous êtes rendu au quartier général de

  2   Cerkez qui se trouvait au cinéma ? Et si c'était le cas, qu'est-ce que

  3   vous avez vu ? Est-ce que vous avez vu éventuellement un émetteur radio ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui, j'ai eu l'occasion de rendre visite

  5   assez souvent, fréquemment, à M. Cerkez. C'était quelqu'un qui

  6   m'accueillait toujours agréablement. A une occasion, il m'avait demandé

  7   d'écouter la radio locale, ensuite, il a frappé sur le mur, il avait

  8   appelé quelqu'un qui se trouvait dans une autre pièce et ensuite, nous

  9   avons vu à la radio la dernière chanson qui a été diffusée.

 10   C'était une chanson assez nationaliste, qui a été chantée quand les

 11   soldats marchaient, ceci pour que les soldats soient plus courageux, dans

 12   les attaques, mais une chanson qui a été utilisée en quelque sorte sous

 13   forme de propagande. Bien évidemment, je n'ai pas compris les paroles, le

 14   texte, mais j'ai entendu quand même un certain nombre de paroles-clés et

 15   j'ai bien compris de quoi il s'agissait.

 16   M. Nice (interprétation). - Mais généralement parlant, ce programme local,

 17   comment il était ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Normalement, il couvrait tout ce qui se

 19   passait dans la vallée de la Lasva, de Vitez. C'est un programme qui a été

 20   diffusé pour que les citoyens sur place puissent être au courant de ce qui

 21   se passait dans la poche de Vitez, toutes les opérations de combat. On en

 22   a parlé.

 23   M. Nice (interprétation). - Maintenant, nous allons parler du 11 juin 1993

 24   et de ce convoi de la joie. Est-ce qu’une rencontre a eu lieu au point de

 25   contrôle à Dubravica, à l'est de Vitez ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui. L'ambassadeur Thébault y était, un

  2   ambassadeur de l'ECMM, Alister, et le général  Blaskic. C'était un grand

  3   convoi de 8 à 10 kilomètres de long, qui portait l'aide humanitaire. Et ce

  4   convoi était destiné à la population du nord de la Bosnie. Il partait

  5   depuis le sud et il fallait qu'il se rende au nord pour justement

  6   approvisionner en vivres la population.

  7   Une fois qu'il a été dans la vallée de la Lasva, au niveau de Vitez, il y

  8   a eu une très grande confrontation entre la population locale et les

  9   personnes qui se trouvaient dans le convoi. On avait pillé le convoi. Un

 10   certain nombre de chauffeurs ont été tués. C'est la raison pour laquelle

 11   le convoi a été arrêté.

 12   J'étais officier de liaison pour le convoi, j'ai essayé de faire

 13   absolument tout ce qu'il était possible pour faciliter le départ du

 14   convoi. Nous avons commencé les négociations, ceci dans le but de faire

 15   cesser les agressions contre le convoi. A cette époque-là, le

 16   général Blaskic devait également les convaincre de faire passer le convoi.

 17   M. Nice (interprétation). - Avez-vous vu Mario Cerkez à cette époque-là ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Le convoi a été arrêté très tard. Et

 19   c'est au cours de la nuit qu'on l'a pillé. Le lendemain matin,

 20   l'ambassadeur Thébault, le général Alisterr et général Blaskic se sont

 21   rencontrés.

 22   Indépendemment du fait que le HVO nous a dit qu'on allait permettre que le

 23   convoi parte, ceci ne s'est pas produit. Les camions ont disparu. Un

 24   certain nombre de voyageurs étaient pris en otage. Et moi, j'ai été obligé

 25   de m'adresser au général Alister et à un certain nombre d'autres


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  1   commandants sur le terrain pour se rendre sur les lieux et voir ce qui

  2   s'était passé. Beaucoup de Croates se sont rassemblés et n'ont pas permis

  3   que le convoi soit recomposé et qu'il parte.

  4   M. Nice (interprétation). - Par conséquent, le général Alister et le

  5   général Blaskic se sont rencontrés, n'est-ce pas, pour permettre que le

  6   convoi parte ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Mario Cerkez était parmi d'autres

  8   personnes. J'ai pu le voir également. J'ai l'impression que, lui, a

  9   justement fait des efforts pour que Blaskic et Thébault ne le voient pas.

 10   Il suivait ce qui se passait, mais il n'a pas véritablement participé à ce

 11   qui se passait.

 12   Je me souviens également qu'à cette époque-là Blaskic avait reconnu

 13   Cerkez. Il y avait Karlo Grabovac qui était parmi les gens qui étaient sur

 14   place. C'est pourquoi nous avons eu des doutes que tout était orchestré.

 15   M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, je vous interromps, mais voulez-

 16   vous bien ménager des pauses entre les questions et les réponses pour que

 17   les interprètes puissent travailler.

 18   Vous avez dit que Cerkez ne prenait pas part personnellement à cette

 19   opération. Et Grabovac a-t-il participé au contrôle ou bien était-il parmi

 20   ceux qui ont arrêté le convoi ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - C'est le général Blaskic et Dario Kordic

 22   également qui ont promis au général Alister de laisser passer le convoi.

 23   Mais ceci ne s'est pas passé sur le terrain. C'est la raison pour laquelle

 24   nous étions dans l'obligation, comme je l'ai dit, d'emmener sur les lieux

 25   aussi bien le général Blaskic que l'ambassadeur Thébault pour qu'ils


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  1   puissent parler directement à la population qui était sur place et que

  2   ceci ne se produise plus.

  3   M. Nice (interprétation). - Comme vous avez souhaité nous dire, il a fait

  4   quelque chose à propos de Cerkez ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il l'a vu dans la foule. Il l'a

  6   appelé. Il était clair que le commandant Cerkez ne voulait pas tellement

  7   aller le voir. Au moment où le général Blaskic s'est adressé à Cerkez,

  8   d'une voix assez sévère, j'ai eu l'impression qu'il lui reprochait

  9   justement ce fait. Il avait dit quelque chose comme quoi il lui reprochait

 10   que c'étaient ses propres personnes. Blaskic, pour sauver la face devant

 11   Alister et Thébault, voulait de toute façon montrer que c'était lui qui

 12   donnait des ordres. C'est quelque chose de ce genre-là qui s'est passé

 13   entre les deux, entre Cerkez et Blaskic.

 14   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes forgé une opinion

 15   sur le rôle que Cerkez a pu jouer dans la confiscation de ces véhicules ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Moi, j'ai eu l'impression que les choses

 17   avaient été planifiées par les civils. Ils n'avaient pas les moyens de

 18   savoir ce qui se produisait dans le reste de la vallée de la Lasva, mise à

 19   part par le biais de la radio ou par le bouche à oreille.

 20   A l'époque, il nous semblait que ces rassemblements, ces mouvements de

 21   résistance pour empêcher le passage des convois -qui comprenaient pourtant

 22   aussi bien des Croates que des Musulmans- vers le nord, il nous a semblé

 23   que tout cela avait été organisé, orchestré par les dirigeants locaux,

 24   aussi bien militaires que politiques.

 25   M. Nice (interprétation). - Passons maintenant à la pièce à


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  1   conviction 1044, bulletin de renseignements militaires en date du 11 juin.

  2   Vous avez ce document sous les yeux, je pense ? Nous pouvons l'examiner.

  3   Premièrement, est-ce que, vous-même, vous avez participé à la rédaction de

  4   ce bulletin de renseignements militaires et, si oui, de quels

  5   paragraphes ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Pendant la nuit et pendant la

  7   journée, j'avais la mission d'identifier où se trouvaient les véhicules et

  8   les gens qui avaient été séparés du convoi. Et on y fait référence à

  9   plusieurs reprises ici ; on voit que des mines ont été placées sur les

 10   routes, que des gens sont détenus, des véhicules sont dispersés.

 11   M. Nice (interprétation). - Il s'agit du paragraphe 1 ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Le paragraphe 2 fait référence à un récit

 14   chronologique que l'on peut trouver en annexe de ce document de cinq

 15   pages. Je ne vais pas m'appesantir à ce sujet. Les deux premières pages

 16   constituent un résumé des événements, est-ce bien exact ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

 18   M. Nice (interprétation). - Je vais vous demander de revenir à la première

 19   page de ce document, au paragraphe 3. S'agit-il d'un paragraphe que vous

 20   avez contribué à rédiger ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

 22   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous en donner lecture, s'il vous

 23   plaît ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit du fait que Blaskic et Kordic

 25   ont été désignés comme étant les seuls détenteurs du pouvoir dans la


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  1   vallée de la Lasva. Il s'agit de choses que l'on disait très couramment au

  2   sujet du colonel Blaskic. Il était considéré par les gens de Vitez comme

  3   quelqu'un de peu efficace, comme un commandant militaire peu efficace.

  4   Mais il faut savoir qu'il avait quand même une zone de responsabilité très

  5   vaste. C'est au commandant Cerkez qu'incombait le commandement militaire

  6   de la zone militaire de Vitez.

  7   Nous avons estimé à l'époque, du fait de ce qui s'était produit et de la

  8   façon dont cela s'était passé, que tout cela avait été orchestré,

  9   coordonné, puisque les véhicules avaient été transférés vers des endroits

 10   précis. Les troupes du HVO avaient participé à l'interception du convoi.

 11   Ils avaient eux-mêmes tiré sur certains des chauffeurs.

 12   M. Nice (interprétation). - Deux autres choses au sujet du paragraphe 3 :

 13   je vais vous demander d'y répondre très rapidement, si possible.

 14   Premièrement, Karlo, qui était-ce ?

 15   Deuxième question, je vous pose les deux questions en même temps, puisque

 16   je dois faire une pause entre les questions et réponses, est-ce que c'est

 17   Dario Kordic qui a orchestré cette offensive ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Karlo, c'est Karlo Grabovac, un des

 19   commandants de bataillon placé sous le commandement de Mario Cerkez.

 20   C'était une figure d'importance à Vitez. J'ai eu l'occasion de le

 21   rencontrer à plusieurs reprises pendant mon séjour dans la zone de Vitez.

 22   Kordic était considéré comme l'homme politique clé, celui qui prenait les

 23   décisions dans la vallée de la Lasva et les commandants militaires

 24   obéissaient à la volonté politique.

 25   M. Nice (interprétation). - La conclusion qui transparaît ici, dans ce


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  1   paragraphe, est-ce la vôtre ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Vous parlez des commentaires ?

  3   M. Nice (interprétation). - Oui.

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il s'agit de mon opinion ainsi que

  5   celles d'autres officiers de liaison.

  6   M. Nice (interprétation). - Nous allons maintenant passer à l'événement

  7   suivant, événement qui s'est produit au cours des 11 et 12 juin, au sujet

  8   de véhicules blindés des Nations Unies. Je crois que je peux, ici, guider

  9   les réponses du témoin. Je voudrais donc savoir si le 11 et le 12, il

 10   s'est produit un incident pendant la nuit au cours duquel sept à huit

 11   véhicules blindés des Nations Unies ont été pris en otage par des Croates

 12   civils et où toutes les voies d'accès sortant de Vitez ont été minées.

 13   L'armée de Bosnie-Herzégovine a commencé à pilonner la zone, et un homme

 14   nommé Darko Kraljevic, que vous avez rencontré, a menacé de vous tuer.

 15   Ensuite, vous êtes allé à l'hôtel Vitez où vous avez découvert qu'il y

 16   avait des observateurs de l'ECMM qui avaient été amenés à cet endroit

 17   pour, soi-disant, leur propre sécurité.

 18   Vous êtes parvenus à mener des négociations avec des hommes du nom de

 19   Gelic et Grabovac et vous avez obtenu la restitution des véhicules des

 20   Nations Unies et la libération des observateurs de l'ECMM. Est-ce bien

 21   exact ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 23   M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, comment vous-même et vos

 24   collègues avez-vous perçu cet incident ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Cela nous est apparu comme quelque chose


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  1   d'organisé par le HVO pour attirer l'attention sur la situation difficile

  2   de la population croate à Vitez. Cela s'est passé au début de ma mission

  3   et nous avons estimé qu'il s'agissait peut-être d'un exercice mené par le

  4   HVO pour voir quelle méthode nous utiliserions, comment nous nous

  5   comporterions par rapport à nos prédécesseurs qui ont connu une situation

  6   bien différente de celle que nous avons connue.

  7   Une fois encore, ici, nous avons eu l'impression que tout avait été

  8   orchestré, organisé et que c'était le fait des commandants militaires sur

  9   le terrain, Karlo Grabovac, le colonel Blaskic avec qui j'ai négocié à ce

 10   moment-là pour la libération des observateurs. Nous avons eu l'impression

 11   qu'il s'agissait de quelque chose qui s'était produit au niveau local

 12   parce que le colonel Blaskic nous a assurés que cela ne se reproduirait

 13   pas. Il a fallu faire beaucoup de pression sur le commandant local,

 14   Grabovac, pour obtenir tout cela. Darko Kraljevic semblait être l'autorité

 15   principale du HVO qui était responsable de l'interception des véhicules et

 16   de la pose de mines sur les voies de communication.

 17   M. Nice (interprétation). - Nous reviendrons à Grabovac ultérieurement

 18   mais, auparavant, il y a deux éléments sur lesquels je souhaiterais avoir

 19   une évaluation de votre part, une évaluation assez succinte ;

 20   premièrement, au sujet de la façon dont Cerkez respectait les ordres de

 21   Blaskic et, deuxièmement, les relations entre Blaskic et Cerkez. Pouvez-

 22   vous nous en parler ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Le colonel Blaskic ne semblait pas jouir

 24   de beaucoup de respect de la part du commandant Cerkez. A certains

 25   moments, le commandant Cerkez minait ou critiquait l'autorité du colonel


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  1   Blaskic et son efficacité en tant que commandant militaire. Cependant, il

  2   faut dire que le commandant Cerkez était engagé dans des questions très

  3   locales, telles que la défense de la poche de Vitez, à l'opposé du colonel

  4   Blaskic qui lui s'occupait d'une zone plus vaste. Il est parfois

  5   compréhensible de penser que le commandant local considère que son

  6   supérieur est inefficace. Il arrivait aussi que le commandant Cerkez se

  7   montre très condescendant en ce qui concernait les efforts et l'autorité

  8   du colonel Blaskic.

  9   M. Nice (interprétation). - Et leurs relations, la coopération qui

 10   existaient entre eux ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - C'était peu développé, assez réticent, si

 12   je puis dire. Je n'ai vu qu'à une seule reprise Cerkez à l'hôtel Vitez. Il

 13   est arrivé souvent que les instructions de Blaskic soient ignorées par le

 14   commandant Cerkez et ses subordonnés, comme par exemple Karlo Grabovac,

 15   pour des raisons que j'ignore.

 16   M. Nice (interprétation). - Y a-t-il eu des coïncidences entre la

 17   coopération qui pouvait exister entre eux et le mouvement de troupe des

 18   Vitezovi ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - J'ai eu l'impression que le commandant

 20   Cerkez avait d'excellentes relations avec Darko Kraljevic, le commandant

 21   des Vitezovi. C'était un homme qu'il connaissait très bien.

 22   Darko Kraljevic était considéré comme le commandant de l'une des unités

 23   les plus efficaces qui était placée sous le commandement du colonel

 24   Blaskic. Il s'agit d'une unité utilisée par le HVO dans la vallée de la

 25   Lasva pour exécuter des missions offensives, pour défendre la zone.


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  1   Je sais que Cerkez et Kraljevic ont travaillé ensemble à la préparation de

  2   nombreuses actions militaires qui ont eu lieu au sud de Vitez. Ils

  3   s'estimaient apparemment énormément. C'est la façon dont ils parlaient

  4   l'un de l'autre.

  5   Je pense que Mario Cerkez considérait que Kraljevic était quelqu'un qui

  6   servait beaucoup ses intentions, qui menait à bien ses opérations de façon

  7   très efficace.

  8   M. Nice (interprétation). - Au moment où les Vitezovi ont été déployés,

  9   avez-vous noté des exemples de coopération entre Cerkez et Blaskic, s'il y

 10   en avait ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Je savais que les Vitezovi faisaient

 12   partie des unités militaires placées sous le commandement général du

 13   colonel Blaskic, mais je ne vois rien d'autre. Il faut savoir que ces

 14   unités étaient également placées sous le commandement du commandant

 15   Cerkez.

 16   M. Nice (interprétation). - Cependant, je crois que vous estimez que

 17   Blaskic était le commandant global, si on peut dire, de toutes les

 18   brigades également de la police militaire dans la zone de la vallée de la

 19   Lasva ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous estimez que les commandants locaux

 22   étaient plus intéressés par les opérations de défense dans leur zone de

 23   communication et qu'ils suivaient les ordres de Blaskic ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Oui, parfois avec réticence, mais ils les

 25   suivaient.


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  1   M. Nice (interprétation). - Nous passons à la pièce à conviction 1087, il

  2   s'agit du bulletin de renseignements militaires du 20 juin.

  3   Monsieur Whitworth, est-ce que ce document contient une évaluation de la

  4   position de Blaskic ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - En effet, au point 10 B.

  6   M. Nice (interprétation). - Deuxième page ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui. C'est l'organisation telle qu'elle

  8   apparaissait dans des documents officiels signés par Blaskic, avec

  9   notamment le 4ème Bataillon de la police militaire, les Vitezovi.

 10   M. Nice (interprétation). - Je pense que cela peut aider Monsieur le

 11   Président et Messieurs les Juges si vous nous expliquez quelles sont les

 12   significations de ces sigles en bas de la page 2.

 13   M. Whitworth (interprétation). - Pour les deux premiers, je ne me souviens

 14   pas exactement, il me semble qu'il y en a un qui se référe à une unité

 15   d'artillerie, de lance-roquette. Pour ce qui est de 3, 4 et 5, il s'agit

 16   tout d'abord pour le 3, du 4ème Bataillon de police militaire qui se

 17   trouvait également à l'hôtel Vitez ; le quatrièmement, les Vitezovi, les

 18   Chevaliers de Vitez, commandés par Kraljevic et le point 5, c'est le

 19   2ème Bataillon qui, à ma connaissance, se trouvait plutôt dans la poche de

 20   la vallée de la Lasva vers Travnik. A la page 3, Zuti était un délinquant,

 21   un criminel local impliqué dans le marché noir et qui trafiquait toutes

 22   sortes de choses, des cigarettes, des camions, des armes. C'était en fait

 23   quelqu'un qui avait beaucoup de poids dans la zone de Travnik.

 24   M. Nice (interprétation). - Dernière page de ce document. On voit ici un

 25   tableau qui nous présente ces conclusions, n'est-ce pas ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Il s'agit là du résultat de

  2   plusieurs semaines de travail de la part des officiers de liaison. Nous

  3   sommes parvenus à établir la structure du HVO dans la vallée de la Lasva,

  4   avec le colonel Blaskic en tête de cette structure. Il y avait également

  5   deux ou trois autres brigades à Busovaca, une autre à Vitez, il y en avait

  6   auparavant une à Travnik avant la chute de Travnik.

  7   Et je suis parvenu donc à obtenir un certain nombre d'informations au

  8   sujet des personnalités qui participaient au commandement et à la

  9   structure de la brigade de Vitez.

 10   M. Nice (interprétation). - Merci.

 11   Maintenant, paragraphe 17 de votre résumé. Je crois qu'il s'agit du

 12   dernier paragraphe, à part le paragraphe de fin au sujet duquel je ne vais

 13   pas vous poser de questions directives. Je vous pose donc la question

 14   suivante. Est-ce qu'il y a eu une réunion de haut niveau qui a eu lieu,

 15   sans doute, certainement en juin à Kiseljak ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact. Le quartier général de

 17   l'ONU à Kiseljak nous a demandés de permettre le transport de délégués

 18   pour une réunion de haut niveau entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le

 19   HVO, réunion qui allait être présidée par l'ONU à Kiseljak. Nous avons

 20   donc fourni des blindés de transports de troupes depuis Vitez pour que les

 21   dignitaires politiques et militaires puissent se rendre à Vitez en

 22   traversant le territoire de l'armée de Bosnie-Herzégovine.

 23   M. Nice (interprétation). - Tous ces gens sont passés sur un territoire

 24   contrôlé par l'armée de Bosnie-Herzégovine dans des véhicules transports

 25   blindés ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  2   M. Nice (interprétation). - Nous allons maintement passer aux

  3   photographies et commencer par la photographie portant la cote 2507.

  4   Pouvez-vous, autant que vous puissiez vous en souvenir, nous dire de qui

  5   il s'agit ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Les trois personnes que l'on voit en

  7   uniforme : à droite c'est Anto Valenta avec son porte-document, à gauche

  8   je ne me souviens pas du nom de cette personne.

  9   M. Nice (interprétation). - A gauche, c'est M. Kordic ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - En effet.

 11   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il s'agit d'une photo qui a été

 12   prise avant que ces gens montent dans les véhicules de transports blindés

 13   pour se rendre à la réunion dont nous venons de parler ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Monsieur Valenta était une

 15   personnalité-clé dans la zone du point de vue politique, et M. Kordic

 16   était considéré comme son représentant.

 17   M. Nice (interprétation). - Passons maintenant à la photo 2508. Y a-t-il

 18   d'autres noms que vous pouvez nous donner ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Malheureusement, je ne me souviens plus

 20   du nom de ces gens.

 21   M. Nice (interprétation). - Photographie n° 2509. Il s'agit, n'est-ce pas,

 22   à droite, au fond, de l'hôtel Vitez ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet, c'est cela.

 24   M. Nice (interprétation). - Pour éviter toute ambiguïté, pouvez-vous nous

 25   indiquer, avec le pointeur, les personnes dont vous pouvez nous dire le


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  1   nom ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Le colonel Blaskic (indique le témoin

  3   avec le pointeur), Dario Kordic. Là encore, nous retrouvons cette personne

  4   que nous avons vue précédemment et dont malheureuesement je ne me souviens

  5   pas du nom.

  6   M. Nice (interprétation). - Et au fond, à droite ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Je suis pratiquement sûr qu'il s'agit de

  8   Darko Kraljevic, mais on ne voit pas très bien sur cette photographie. A

  9   l'époque, il faut savoir que je ne le connaissais pas encore. Mais je

 10   pense que c'est peut-être lui parce qu'il avait ce genre de corpulence.

 11   M. Nice (interprétation). - Vous avez pris ces photographies depuis

 12   l'arrière d'un camion ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 14   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante : 2510. Il s'agit encore

 15   de la même situation. On se trouve toujours à Vitez, n'est-ce pas ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 17   M. Nice (interprétation). - Je pense que vous pouvez, ici, nous donner des

 18   noms supplémentaires. Comment s'appellait l'homme qui porte une chemise

 19   jaune ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - C'est M. Skopljak, c'était le

 21   représentant politique local à Vitez, et celui qui porte un tee-shirt bleu

 22   c'est le maire, c'est M. Santic.

 23   M. Nice (interprétation). - Merci.

 24   Nous allons maintenant passer à la photographie 2511. Est-ce qu’il s'agit

 25   toujours de la même réunion ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Non, c'est lorsque le général Petkovic

  2   s'est rendu à l'hôpital de Nova Bila.

  3   M. Nice (interprétation). - Oui, je suis désolé, c'est moi qui ai placé

  4   cette photographie au mauvais endroit. Je vais donc vous demander de

  5   retirer cette photographie du rétroprojecteur. Revenons à ce déplacement à

  6   Kiseljak, s'il vous plaît.

  7   Donc vous avez été récupéré tous ces gens. Les avez-vous ammenés à

  8   Kiseljak pour cette réunion ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet.

 10   M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous leur avez proposé de rentrer

 11   chez eux à Vitez, ensuite ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Ceci a été organisé par le quartier

 13   général de l'ONU à Kiseljak. Il était en effet prévu qu'on les ramène chez

 14   eux, à un certain moment bien précis.

 15   M. Nice (interprétation). - Sont-ils tous rentrés à Vitez dans les

 16   Warriors ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Non, si je me souviens bien 6 ou

 18   7 personnes ne sont pas rentrées.

 19   M. Nice (interprétation). - Dont notamment ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Monsieur Valenta, le colonel Blaskic et

 21   je suis pratiquement sûr que Dario Kordic, lui aussi, n'est pas revenu

 22   dans les Warriors.

 23   M. Nice (interprétation). - Merci.

 24   Vous avez donc ramené ces gens à Vitez en passant par les lignes

 25   ennemies ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  2   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'à Vitez vous avez vu ceux qui

  3   n'avaient pas souhaité bénéficier de votre aide pour rentrer à Vitez ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui ultérieurement. Ultérieurement, j'ai

  5   vu M. Kordic à Busovaca, ainsi que certains autres.

  6   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'à votre connaissance le Bataillon

  7   britannique leur avait fourni les moyens de rentrer en toute sécurité ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Non, je pense qu'ils ont réussi à revenir

  9   d'une autre manière. Il faut avoir que c'était une zone qui était

 10   encerclée par l'armée de Bosnie-Herzégovine. En tout cas, à ma

 11   connaissance, nous ne leur avons pas fourni de moyens de communication.

 12   M. Nice (interprétation). - Donc, à votre avis, comment sont-ils revenus ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - A l'époque, on a pensé qu'il était fort

 14   possible que le colonel Blaskic utilisait les hélicoptères HIP pour se

 15   déplacer dans la région. Il n'y avait aucune raison de penser que des

 16   dignitaires, tel que Kordic, n'aient pas eu, eux, accès à ce genre de

 17   moyens de transport pour aller par exemple en Croatie et en revenir.

 18   M. Nice (interprétation). - Des réunions, telle que celle qui a été

 19   organisée à Kiseljak, est-ce qu'on a vu leur efficacité augmenter ou

 20   diminuer, avec la conséquence suivante : à savoir que les officiers de

 21   liaison du Bataillon britannique ont traité avec des personnalités de

 22   moindre autorité ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - En effet, ces réunions sont devenues de

 24   moins en moins efficaces. Les commandants de la poche de la la Lasva,

 25   ainsi que leurs homologues de l'armée de Bosnie-Herzégovine, sont paru de


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  1   moins en moins intéressés à la conclusion d'un cessez-le-feu.

  2   Nous-mêmes, en tant qu'officiers de liaison, nous avons eu affaire de plus

  3   en plus à des gens de degré nettement moindre pour organiser les cessez-

  4   le-feu, les échanges de prisonniers et de blessés.

  5   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 18 du résumé. Avez-vous rencontré

  6   Valenta au quartier général de Blaskic, où Valenta avait un bureau, où

  7   l'on trouvait un grand nombre de cartes de la zone, ainsi que des tableaux

  8   démographiques qui montraient la répartition des diverses communautés ?

  9   Est-ce que Valenta lui-même a fait savoir clairement que son objectif

 10   était de nettoyer toutes les zones croates de tous les Musulmans ? A-t-il

 11   fait comprendre que cela allait se produire dans un avenir proche et qu'il

 12   avait les moyens de le faire et l'influence nécessaire ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet. Dans le bureau de Valenta,

 14   il y avait deux ou trois cartes au mur, avec des camemberts qui montraient

 15   la répartition de la population dans la zone. Et il a dit qu'en ce qui le

 16   concernait, il fallait que cette zone devienne une enclave croate et que

 17   d'ailleurs c'était inévitable.

 18   M. Nice (interprétation). - Santic que nous avons vu sur la photographie,

 19   qui est le maire de Vitez, est-ce quelqu'un que vous avez rencontré et qui

 20   avait de bonnes relations avec Valenta, Cerkez et Skopljak, bien qu'il

 21   soit apparu que Santic ait joué un rôle différent à Vitez, n'est-ce pas ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui, un rôle plus important à Vitez.

 23   Cerkez a joué un rôle plus important à Vitez après la chute de Travnik.

 24   L'armée de Bosnie-Herzégovine a exercé une pression de plus en plus forte

 25   au sud et au nord de Vitez. Je pense donc qu'il est devenu pour tous les


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  1   Croates quelqu'un de beaucoup plus influent à cause de ce qui était en

  2   train de se produire.

  3   M. Nice (interprétation). - Le paragraphe 20, nous en avons déjà parlé, je

  4   ne vais vous poser que deux questions supplémentaires, au sujet du fait

  5   que Cerkez paraissait proche de Kraljevic, avec qui il semblait bien

  6   s'entendre. Est-ce qu’ils se rencontraient souvent ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - En fait, je ne les ai vus ensemble qu'à

  8   une ou deux reprises, mais à la fin de ma mission, quand je suis allé voir

  9   M. Cerkez dans son quartier général, ses officiers, les officiers de son

 10   état-major me disaient qu'ils se trouvaient dans la zone de Donja*

 11   Veceriska* pour observer la situation et quand j'allais voir Kraljevic, au

 12   même moment, on me disait qu'ils étaient en train de coopérer avec Mario

 13   dans le cadre de la préparation des opérations militaires, donc je ne les

 14   ai pas vus ensemble à plusieurs reprises, mais souvent ; leurs propres

 15   hommes m'ont fait savoir qu'ils étaient ensemble.

 16   M. Nice (interprétation). - Est-ce que Cerkez semblait avoir la

 17   responsabilité de toute la zone de Vitez, et dans quelle mesure ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Cerkez était responsable de la défense de

 19   la poche de Vitez, c'était un commandant local ; il était très respecté

 20   par la population locale ; il était responsable de toutes les milices sur

 21   le terrain qui défendaient la poche contre l'armée de Bosnie-Herzégovine,

 22   et en tant que commandant, comme tout commandant, d'ailleurs, il avait

 23   pour mission de défendre sa position sur le terrain, et cela incluait

 24   notamment de prendre des actions offensives avec l'utilisation d'unités

 25   comme les Vitezovi.


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  1   M. Nice (interprétation). - Et est-ce que sa responsabilité allait jusqu'à

  2   Donja* Verceska* ou même plus loin ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était une des zones couvertes par

  4   l'une de ces brigades.

  5   M. Nice (interprétation). - Merci.

  6   Paragraphe 21, maintenant. Les Vitezovi étaient équipés d'armes

  7   automatiques, ils avaient des uniformes en très bon état. Kraljevic lui-

  8   même, d'après vous, était craint, mais respecté par les membres du HVO

  9   ainsi que par la population croate, il avait pris le quartier général de

 10   Donja* Verceska* au milieu ou à la fin de 1993. L'armée de Bosnie-

 11   Herzégovine le considérait comme responsable des offensives menées par le

 12   HVO au début et Kraljevic, à une reprise, s'est même vanté d'avoir miné la

 13   zone du HVO à Donja* Veceska* au moment du départ du HVO de la zone et au

 14   moment où l'armée de Bosnie-Herzégovine entrait dans la zone. Cette

 15   explosion a tué un grand nombre de soldats.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agissait d'une installation qui se

 17   trouvait en hauteur, qui avait été occupée par le HVO, que l'armée de

 18   Bosnie-Herzégovine a essayé de prendre par le sud, et donc les troupes du

 19   HVO se sont retirées de cette position et la position était minée par

 20   Kraljevic et ses hommes. L'armée de Bosnie-Herzégovine a occupé ces

 21   positions, ces tranchées, et ils ont perdu deux ou trois soldats lorsque

 22   ces mines ont explosé.

 23   Kraljevic nous a fourni un film qui montrait cette explosion. Il était

 24   très très fier de cette petite opération.

 25   M. Nice (interprétation). - Ce film a été montré dans l'affaire Blaskic,


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  1   mais ce n'est pas encore public, donc je ne peux pas m'en servir ici.

  2   Paragraphe 22 : vous rappelez-vous deux incidents auxquels a participé

  3   Cerkez, qui portaient sur un échange de prisonniers, de réfugiés

  4   musulmans ? Je crois qu'ils sont désormais dans l'ordre chronologique,

  5   même si ce n'était pas le cas dans le texte écrit.

  6   Au cours de cet incident, y en a-t-il eu un, ou vingt, ou trente réfugiés

  7   musulmans, qui souhaitaient se rendre à Zenica et ont été arrêtés par le

  8   HVO près de la ligne de démarcation, et avez-vous été contacté par Cerkez

  9   à ce moment-là ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui, j'ai parlé à Pero Skopljak et à

 11   Mario Cerkez à ce sujet. A ce moment-là, il y avait une vingtaine ou

 12   trentaine de personnes qui se trouvaient dans des logements très modestes

 13   dans la région de Rajca, si je ne m'abuse, à quelques mètres à peine de la

 14   ligne de front. Ces personnes étaient des personnes déplacées qui étaient

 15   arrivées dans la vallée de la Lasva peu de temps auparavant.

 16   C'est Pero Skopljak qui m'a fourni cette information et j'ai déclaré à

 17   M. Skopljak que ce n'était pas une bonne chose que ces personnes soient

 18   logées si près de la ligne de front, mais il m'a répondu que ces personnes

 19   allaient rester à cet endroit car il ne souhaitait pas que des Musulmans

 20   en plus grand nombre arrivent dans cette région. Donc tout cela avait pour

 21   but de donner l'impression que le HVO libérait de son plein gré, en signe

 22   de bonne volonté, un certain nombre de Musulmans qui souhaitaient se

 23   rendre à Zenica. J'en ai parlé à Mario Cerkez, il m'a dit que ces

 24   personnes devaient rester là où elles se trouvaient.

 25   Finalement, nous sommes allés avec des véhicules des Nations Unies


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  1   chercher ces personnes et je leur ai dit que, puisqu'elles étaient libres,

  2   elles pouvaient choisir de partir.

  3   M. Nice (interprétation). - Et ce, en dépit de la volonté de Cerkez ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet. Nous avons été arrêtés,

  5   donc, par la police du HVO, la police locale du HVO, très agressive, qui

  6   nous a dit de ne pas aller plus loin.

  7   M. Nice (interprétation). - Nous pouvons peut-être raccourcir votre récit.

  8   Finalement, ces personnes ont dû repartir d'où elles étaient venues et

  9   vous avez découvert qu'elles n'ont été relâchées que trois mois après ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, lorsque nous sommes

 11   revenus quelque temps plus tard, nous nous sommes rendu compte que c'était

 12   bien le cas, même si certaines avaient été transférées à Zenica, ce que

 13   nous n'avons jamais pu confirmer, c'est ce qu'on nous a dit.

 14   M. Nice (interprétation). - Et l'autre échange dont vous pensez qu'il

 15   s'est déroulé dans la période de juillet et août 1993, il s'agit de deux

 16   personnes qui ont été emmenées par la Croix-Rouge de la région de Vitez

 17   pour subir des traitements médicaux et qui ont été détenues quelque temps

 18   dans le quartier général de Cerkez. Je vous demanderais de parler de cela

 19   rapidement pour nous dire quelle a été l'attitude de Mario Cerkez à ce

 20   moment-là. C'est son attitude qui nous intéresse.

 21   M. Whitworth (interprétation). - Nous avons été quelque peu scandalisés

 22   par le fait qu'il avait arrêté un véhicule de la Croix-Rouge et fait

 23   descendre deux personnes qui étaient visiblement malades et qui se

 24   rendaient à Zenica. Mario Cerkez a été très ferme en disant que ces

 25   personnes n'iraient nulle part, qu'il ne pouvait pas autoriser ce qu'il a


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  1   appelé la liberté de circulation de personnes dans cette zone, car il y

  2   avait des organismes tels que le CICR qui, à l'évidence, fournissaient des

  3   armes et des munitions à l'armée de Bosnie-Herzégovine dans les poches de

  4   Stari Vitez. Il est devenu très agressif à ce sujet et m'a même parlé de

  5   la possibilité pour moi de demander la libération de personnes arrêtées

  6   par l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la zone de Kruscica. Il m'a dit

  7   qu'un accord pouvait, si cette libération était obtenue, être conclu entre

  8   nous par la suite au sujet des personnes détenues par le HVO à Vitez.

  9   J'ai rendu visite aux deux personnes arrêtées par lui. Ces deux personnes

 10   se trouvaient dans une cellule, je ne me souviens plus si c'était dans le

 11   cinéma de Vitez ou à l'hôtel Vitez. L'une de ces personnes avait une

 12   tuberculose chronique ou quelque chose de ce genre et devait être échangée

 13   plus tard contre trois jeunes gens qui avaient été arrêtés par l'armée de

 14   Bosnie-Herzégovine. Cet échange a risqué de ne pas se produire, car il a

 15   affirmé que, contre les trois jeunes gens, il voulait trois membres des

 16   forces spéciales des Vitezovi arrêtés au cours d'une opération militaire

 17   antérieure.

 18   M. Nice (interprétation). - Comment le problème s’est-il résolu ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Finalement, j'ai réussi à faire revenir

 20   les trois jeunes gens à Vitez. Ces trois jeunes gens croates et les deux

 21   musulmans malades ont été remis en liberté grâce à l'un de nos officiers

 22   de liaison et emmenés à Zenica pour traitement médical.

 23   M. Nice (interprétation). - Avant de poursuivre, je me rends compte que

 24   j'ai oublié de produire trois photographies que j'aimerais vous soumettre

 25   rapidement, en rapport avec le paragraphe 22 qui traite des Vitezovi.


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  1   J'aimerais que l'on montre la photographie 2641.2 ; puis la

  2   photographie 277.3 et 277.4. Je vous demanderai un commentaire rapide sur

  3   ces photographies qui ont trait aux Vitezovi.

  4   M. Whitworth (interprétation). - Nous voyons ici un fusil à lunettes

  5   américain de 12,5 millimètres et de grande portée, une arme très chère et

  6   très rare.

  7   Nous pensions que c'était ce genre d'arme qui a été utilisé lors de

  8   l'assassinat d'un chauffeur des Nations Unies qui s'était produit plutôt

  9   dans l'année. C'est une arme que j'ai trouvée au siège des Vitezovi à

 10   Donja Veceriska et c'étaient surtout les Vitezovi qui utilisaient ce genre

 11   d'armes.

 12   M. Nice (interprétation). - La photographie suivante, je vous prie : un

 13   commentaire ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Ce sont des soldats Vitezovi qui

 15   comparent différentes armes, nos armes avec ces fusils à lunettes

 16   américains.

 17   M. Nice (interprétation). - La photographie 227.4 ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Au milieu, nous avons un officier des

 19   renseignements que j'ai présenté à un certain nombre de personnalités, il

 20   a confirmé le calibre des armes. C'était un expert en armes.

 21   M. Nice (interprétation). - Très bien. Prenons maintenant le paragraphe 23

 22   du bulletin d'informations militaires au sujet desquels je peux guider

 23   votre réponse. Je vous demanderai d'examiner la photographie 277.5 : le

 24   groupe en question est-il un groupe d'extrémistes dit les Jokeri avec qui

 25   vous avez eu quelques contacts et qui se trouvaient dans une maison


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  1   comparable au chalet alpin près de Nadioci que l'on voit sur la

  2   photographie 277.5 ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Je crois les avoir rencontrés deux fois à

  4   cet endroit, avant qu'ils ne disparaissent. C'était ce que l'on appelait

  5   le chalet suisse, dans la zone de Nadioci.

  6   M. Nice (interprétation). - Je me suis trompé en donnant la référence de

  7   la photographie, c'est la photographie 277.5. Les Jokeri sont ces hommes

  8   habillés en noir, lourdement armés, et il y en avait 30 à 40 basés dans ce

  9   chalet suisse. Certains d'entre eux se sont vantés auprès de vous d'être

 10   les forces avancées des attaquants du HVO, un groupe d'élite de la police

 11   militaire dont l'histoire fourmillait de succès militaires dans la vallée

 12   de la Lasva. Leur commandant était le commandant de la police du HVO,

 13   Pasko Ljubicic, n'est-ce pas ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Ils n'ont pas confirmé son nom de

 15   famille, mais simplement son prénom Pasko. C'est après enquête que j'ai

 16   fait le lien entre Pasko et le nom de famille Ljubicic.

 17   M. Nice (interprétation). - Le HOS était basé à Novi Travnik, selon ce que

 18   vous en savez ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - En tant qu'unités, je ne me rappelle pas

 20   les avoir jamais vues mais j'ai vu des individus dans la région qui

 21   portaient les insignes du HOS et des emblèmes. C'étaient des troupes qui

 22   avaient participé aux combats à Grbavica*. Mais en tant qu'unité

 23   constituée, je n'ai jamais vu une attaque de leur part.

 24   M. Nice (interprétation). - Vous les considériez comme des assistants des

 25   troupes du HVO et ils portaient de façon typique des bottes appelées


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  1   Rangers et des coupe-vent. Et vous les avez vu participer à une attaque à

  2   Nova Bila dont nous parlerons plus tard, n'est-ce pas ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Nice (interprétation). - Passons au problème de Stari Vitez. Selon ce

  5   que vous y avez vu, vous avez estimé que Stari Vitez était assez bien

  6   équipée en armes et en munitions même s'il n'y avait pas officiellement de

  7   quartier général de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Stari Vitez. Vous avez

  8   estimé que le HVO a, d'une certaine façon, utilisé Stari Vitez comme

  9   monnaie d'échange lorsque Zenica avait un comportement un peu trop

 10   agressif. Pouvez-vous nous dire ce que vous voulez dire par là, en une

 11   phrase ou deux ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - A Stari Bila, s'il n'y avait pas eu la

 13   poche de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Stari Vitez, rien n'aurait pu

 14   arrêter les attaques contre la zone de Vitez ou contre la possibilité de

 15   pilonner Vitez avec des mortiers lourds. Donc c'est la présence de

 16   Stari Vitez, de cette poche et de la brigade de l'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine qui était basée, qui en cas d'activité militaire importante,

 18   lorsqu'il y avait communication directe entre les deux zones, a permis de

 19   faire cesser les combats dans le nord, combats dus à la 325ème Brigade de

 20   montagne.

 21   Donc, chaque fois qu'il y avait des activités de l'armée de Bosnie-

 22   Herzégovine, à d'autres endroits dans la vallée de la Lasva, des pressions

 23   étaient exercées contre les Musulmans de Stari Vitez, notamment lorsque

 24   des opérations étaient menées par le 3ème Corps de l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine et Zenica.


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  1   M. Nice (interprétation). - Le commandant de la 325ème Brigade de montagne

  2   agissait sur les collines surplombant Vitez et vous communiquiez avec lui.

  3   Mais au cas où il y avait des pilonnages ou des tirs de mortier, Zenica le

  4   savait immédiatement, n'est-ce pas ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Nice (interprétation). - Nous verrons dans quelques instants, ce que

  7   ces bombardements de mortier ont pu faire. Pour l'instant, je vous demande

  8   s'il est exact qu'un jour où un blindé transportait des équipements

  9   médicaux et des bandages destinés à Vitez, transportait en fait des

 10   munitions et cela a été découvert et a posé un problème par la suite ?

 11   M. Whitworth (interprétation). -  En effet. Nous avons fait tout notre

 12   possible pour avoir de bonnes relations aussi bien avec le HVO, les

 13   Croates et l'armée de Bosnie-Herzégovine et les Musulmans. Mais le HVO ne

 14   cessait de nous accuser de fournir des armes et des munitions aux

 15   positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine encerclées par eux. Bien

 16   entendu, cela ne faisait pas partie de notre mandat. Au contraire, nous

 17   essayions d'empêcher ce genre de chose. Un officier était présent dans le

 18   bâtiment du HCR et du CICR pour vérifier que cela ne se produisait pas.

 19   Un jour, alors que je transportais des équipements médicaux, très tôt -au

 20   cours de mon mandat, nous avions pour but d'évaluer la situation à

 21   Stari Vitez- nous avons trouvé une grande quantité de caisses sensées

 22   contenir des équipements médicaux. Dans chacune d'entre elles, il y avait

 23   des munitions, 726 chargeurs, en fait.

 24   Il n'y avait pas beaucoup de munitions de petit calibre dans ces caisses.

 25   C'était tout de même le signe d'un approvisionnement régulier, qui pouvait


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  1   déboucher sur des volumes importants. J'ai eu un échange assez

  2   humoristique avec le commandant en chef, Sefkija Didzic, lors de la

  3   découverte de ce chargement, je lui ai dit que je ne superviserai plus les

  4   équipements médicaux et des chargements de vivres, à moins de les vérifier

  5   personnellement parce que cela risquait de réduire à néant mes bonnes

  6   relations avec le HVO et les Croates.

  7   M. Nice (interprétation). - Pièce à conviction 1147.1. C’est un bulletin

  8   d’informations militaires en date du 19 juillet et j'aimerais que nous

  9   examinions un passage de ce document.

 10   Est-ce que ce qui est dit au sujet de Vitez au début de ce texte vient de

 11   vous ?

 12   M. Whitworth (interprétation). -  Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Suite à une conversation que vous avez eue

 14   avec Sefkija Didzic, paragraphe 3, le commandant de la ville de

 15   Stari Bila, et pas Stari Vitez, pouvez-vous nous parler de ce qui est

 16   écrit au paragraphe B, au sujet de la participation de l'armée croate dans

 17   cette affaire ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Les informations contenues dans ce

 19   passage m'ont été relatées par des proches de Sefkija qui insistaient sur

 20   le fait que les hommes en question avaient été reconnus comme des hommes

 21   de l'armée croate et qui avaient participé à l'attaque. Nous avions, à

 22   l’époque, un doute quant au fait que des équipements et des hommes en

 23   provenance de Croatie pouvaient être déplacés jusqu'à la zone par des

 24   hélicoptères. Ce n'était pas une hypothèse déraisonnable de sa part mais

 25   il restait à le confirmer. Nous n'avions pas confirmation du fait qu'il


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  1   s'agissait de forces croates et non des forces locales du HVO. Il aurait

  2   pu se faire que ces hommes portent simplement quelques pièces de

  3   l’uniforme de l'armée croate. Mais lui insistait sur le fait que les

  4   uniformes de l’armée croate étaient tout à fait complets.

  5   M. Nice (interprétation). - Nous voyons que s’agissant de cette attaque,

  6   le commentaire signale que " le fait de savoir si le HVO va encore

  7   attaquer Stari Vitez est difficile à prévoir après le premier échec ". En

  8   conclusion, il est dit que selon l’évaluation de ceux qui ont rédigé ce

  9   rapport, " il doit y avoir des stocks d'armes quelque part ? ".

 10   M. Whitworth (interprétation). - C'était en fait une usine d'armement, si

 11   je puis me permettre. Selon nous, il s'agissait d'un endroit où des

 12   équipements de haute technologie étaient apportés par hélicoptère. En

 13   effet, les munitions pouvaient être fabriquées dans l'usine locale de

 14   Vitez mais des équipements de haute technologie destinés aux canons

 15   d’artillerie par exemple ne pouvaient pas être fabriqués sur place. Nous

 16   suspections donc que certains éléments étaient apportés par hélicoptère.

 17   M. Nice (interprétation). - Je ne suis pas totalement l'ordre

 18   chronologique, mais je voudrais quand même que nous parlions de deux

 19   meurtres qui vous ont fait participer d’une façon précise aux événements.

 20   S'agit-il d’abord du meurtre d'un chauffeur du CICR qui essayait de faire

 21   entrer un blindé dans Stari Vitez ? Est-ce qu’un chargeur de fusil de

 22   précision a été vidé sur cet homme d’une distance assez considérable ?

 23   Est-ce que ces munitions ont traversé le blindage du véhicule, le gilet

 24   pare-balles du chauffeur et est-ce que le chauffeur a été tué ? Est-ce que

 25   vous-même vous vous trouviez à un endroit où vous avez pu examiner le


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  1   point d'impact et le véhicule ? Le HVO a-t-il nié toute participation à

  2   cet incident disant qu'il n'avait pas accès à ce type d'armes rares,

  3   effectivement ? Mais n'est-ce pas le genre d'armes que vous nous avez

  4   montrées sur la photographie il y a quelques instants, armes dont

  5   disposait Kraljevic ?

  6   Je vous rappelle que la photographie était la photographie 433.18. Je

  7   crois que c'est une photographie en noir et blanc. Non, excusez-moi :

  8   Z2015. Oubliez la cote que j'ai citée tout à l'heure. C'est effectivement

  9   une photo noire et blanc. Pouvez-vous nous interpréter cette

 10   photographie ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit de la photographie d'un

 12   chargeur de 12,7 millimètres. Nous voyons que la balle a été arrêtée par

 13   la vitre pare-balles à l'avant du blindé, ayant pénétré le blindé par le

 14   côté droit, côté passager ; ayant traversé le blindage en kevlar* et,

 15   ensuite, étant passé par le dossier du siège et ayant traversé le corps du

 16   chauffeur avant de s'arrêter dans la vitre blindée à l'avant du véhicule.

 17   Il s'agit donc d'une munition de 12,7 millimètres, c'est-à-dire le calibre

 18   du fusil de précision américain que nous avons vu tout à l’heure.

 19   M. Nice (interprétation). - L'évaluation de la position, à partir de

 20   laquelle l’arme a tiré, a été faite par vous ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Exactement.

 22   M. Nice (interprétation). - A millimètre environ ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - C’est exact. Cela fait environ un

 24   kilomètre.

 25   M. Nice (interprétation). - C’étaient les positions du HVO ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  2   M. Nice (interprétation). - Je crois que nous avons parlé un peu trop

  3   vite. Il faut que nous donnions aux interprètes le temps de nous

  4   rattraper.

  5   Le deuxième meurtre s’est-il produit le 5 juillet ? Est-ce le meurtre

  6   d'une interprète du bataillon britannique, qui s'appelait Dobrila ?

  7   L’incident s’est-il produit aux abords de la base du bataillon britannique

  8   par une arme de 7,62 millimètres qui a tiré à quelle distance et à partir

  9   de quelles positions ?

 10   M. Whitworth (interprétation). -  Elle a tiré à une distance de 150 à

 11   200 mètres, c’est -à-dire des positions du HVO, du côté HVO de la route.

 12   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous dire en quelques mots encore

 13   une fois ce qui s'est passé s'agissant de l'enquête menée et des

 14   conclusions tirées au sujet des positions du HVO ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Le capitaine et Dobrila -c’est le nom de

 16   l'interprète- résidaient dans une maison qui se trouvait du côté de

 17   l'armée de Bosnie-Herzégovine, de la route, c’est-à-dire de l’autre côté,

 18   exactement en face, à une centaine de mètres des positions du HVO. Un

 19   soir, nous étions sur le balcon, et une arme de petit calibre a tiré comme

 20   cela se produisait très souvent le soir. Nous nous sommes abrités à

 21   l'intérieur du bâtiment, nous avons entendu Dobrila crier. Une balle

 22   l'avait atteinte à la tête par des tirs qui l’avait atteinte en atteignant

 23   d'abord la fenêtre. Lorsque j'ai étudié le trajet de la balle, il est

 24   apparu manifestement que celle-ci provenait de la partie HVO de la route.

 25   Le colonel Blaskic a été informé de ce tir, et de l'assassinat de


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  1   l'interprète des Nations Unies. Il a envoyé un groupe pour enquêter sur

  2   cet incident en vue de punir les personnes responsables. En tout cas, ce

  3   sont les assurances que j'ai reçues de lui à l'époque.

  4   Les conclusions de deux ou trois jours d'enquête ont abouti au fait que

  5   c'était le HVO qui avait tiré et que des soldats de l'armée de Bosnie-

  6   Herzégovine avaient dû pouvoir accéder aux positions du HVO au cours du

  7   combat qui avait précédé. Mais officiellement, l'intervention, la

  8   participation d'un soldat du HVO a été niée.

  9   M. Nice (interprétation). - Est-ce que lorsque vous dites que c'est la

 10   conclusion de l'enquête, est-ce que cela a été votre conclusion ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Cela a été la conclusion de l'équipe

 12   d'enquête du HVO. Ma conclusion à moi, c'est que les coups de feu ont été

 13   tirés à partir d'un point précis, qu'ils ont atteint la fenêtre et qu'il

 14   s'agissait d'un tir de fusil à lunettes.

 15   M. Nice (interprétation). - Est-ce réaliste et possible qu'un soldat de

 16   l'armée de Bosnie-Herzégovine ait infiltré les positions du HVO avec son

 17   fusil à lunettes pour se placer à cet endroit-là et tirer ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - C'est une possibilité très peu

 19   vraisemblable dans les circonstances.

 20   M. Nice (interprétation). - Passons à Nova Bila. L'attaque contre

 21   Nova Bila ; de quel problème s'agit-il exactement ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Pouvez-vous répéter votre question ?

 23   M. Nice (interprétation). - Nova Bila : est-ce que c'était un problème

 24   répétitifs, récurent ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - C'est un problème qui n'a fait que


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  1   s'aggraver s'agissant du HVO et de la population croate. Le HVO et les

  2   lignes de l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient très proches les uns des

  3   autres. L'armée de Bosnie-Herzégovine tenait la colline de Grbavica, à

  4   partir de laquelle elle pouvait viser les positions du HVO, les positions

  5   croates, toutes les nuits. Bien entendu, le HVO répliquait. Le HVO était

  6   donc assez désavantagé, subissait des pertes importantes, suites à ces

  7   échanges de coups de feu tirés par des carabines à lunettes, de façon

  8   régulière. Les choses ont considérablement empiré, peu à peu, jusqu'au

  9   moment où Mario Cerkez m'a dit un jour qu'il en avait assez de ces pertes.

 10   Je me suis rendu auprès du commandant local de l'armée de Bosnie-

 11   Herzégovine pour lui dire qu'il devait cesser ces actions, car cela

 12   nuisait à tout le monde, y compris à la protection que lui assuraient les

 13   Nations Unies.

 14   M. Nice (interprétation). - Au cours de cette période, des canons

 15   antiaériens ont-ils été utilisés dans des positions proches du Bataillon

 16   britannique ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet, sur les hauteurs entourant

 18   la position de Grbavica.

 19   M. Nice (interprétation). - Cerkez vous a-t-il dit que Nakic avait été

 20   impliqué dans cette action ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Je ne me rappelle pas exactement le nom

 22   de l'officier de l'état-major qu'il a cité à ce moment-là. Je me suis

 23   rendu auprès de cet homme pour le féliciter du succès de l'opération

 24   militaire en question, parce que j'avais l'impression que la Brigade de

 25   Vitez avait eu une participation importante dans cette opération. Il m'a


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  1   dit qu'en effet tout s'était bien passé, mais que ce n'était pas lui qui

  2   était responsable de la direction de l'opération et de sa planification,

  3   même s'il y avait participé tout de même d'une certaine façon.

  4   Plusieurs unités avaient été amenées de l'extérieur pour l'occasion, y

  5   compris des troupes de Travnik et de Vitez et même de plus loin.

  6   M. Nice (interprétation). - Un des groupes identifiés était-il une autre

  7   force de combat d'élite ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - A ce moment-là, j'ai cru avoir identifié

  9   un homme qui aurait pu être un membre des Vitezovi et qui aurait participé

 10   à l'opération ?

 11   M. Nice (interprétation). - Et qu'en est-il de l'unité Trtko ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Ils portaient effectivement, pour

 13   certains, les insignes Trtko sur la manche de leurs uniformes, ainsi que

 14   les emblèmes et les insignes du HVO local.

 15   M. Nice (interprétation). - Je peux maintenant demander la distribution de

 16   quatre documents qui n'étaient pas disponibles jusqu'à présent. Vous avez

 17   sous les yeux le premier document coté Z 11 75, bulletin d'informations

 18   militaires, en date du 20 août 1993.

 19   Est-ce que c'est vous qui avez rédigé ce document ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet.

 21   M. Nice (interprétation). - Y est-il question de sujets dont nous avons

 22   déjà parlé, notamment deuxième moitié du paragraphe intitulé "Vitez",

 23   Cerkez qui menace de résoudre le problème de Grbavica dans un avenir

 24   proche ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - En effet.


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  1   M. Nice (interprétation). - Pièce à conviction suivante, cote 1176.1, du

  2   21 août. Y est-il question du même problème ? Excusez-moi, j'ai un peu

  3   perdu le fil...

  4   Pouvez-vous nous interpréter le contenu de ce bulletin d'informations

  5   militaires ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Eh bien, il y est question d'échanges

  7   d'armes de petit calibre, comme d'habitude, entre Stari Vitez et le centre

  8   de Vitez, donc entre le territoire tenu par le HVO et l'armée de Bosnie-

  9   Herzégovine. Il y est question de la mort de Boris Josic qui était

 10   l'officier du HVO responsable des échanges de cadavres entre l'armée de

 11   Bosnie-Herzégovine et le HVO.

 12   M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous aider un peu plus au sujet de

 13   la mort de Boris Josic ? Cet incident a-t-il été commenté à l'époque ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Oui, par les deux côtés. Chacun savait

 15   que Boris était un garçon assez sympathique. Je l'ai connu, d'ailleurs je

 16   le dis moi aussi, mais il n'était pas un défenseur particulièrement ardent

 17   du régime en vigueur dans le centre de Vitez.

 18   Il a été proposé pour travailler avec moi parce qu'il était à peu près

 19   lâché par ses troupes. Il a été question du fait qu'il aurait pu être

 20   assassiné en fait par les siens à cause de son manque d'enthousiasme pour

 21   ceux qui dirigeaient à Vitez. Mais cette affirmation n'a reçu aucune

 22   corroboration bien sûr.

 23   M. Nice (interprétation). - Bien sûr.

 24   M. le Président (interprétation). - Est-ce le moment de la pause ?

 25   M. Nice (interprétation). - Oui.


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  1   L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.

  2   M. Nice (interprétation). - Paragraphe 33. Vous avez déjà parlé de

  3   l'offensive sur Grbavica, dont vous estimez là qu'il s'agit d'une cible

  4   militaire tout à fait légitime ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - C’est exact.

  6   M. Nice (interprétation). - Cependant, après cette offensive, est-ce que

  7   des maisons civiles ont été détruites, est-ce qu'il y a eu des pillages ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Il semble qu'il y ait eu une

  9   destruction systématique des biens après l'offensive.

 10   M. Nice (interprétation). - En utilisant les photographies en couleur,

 11   nous allons pouvoir constater l'étendue des dégâts. La première

 12   photographie 2039 n'a pas trait directement à Grbavica. Il s'agit d'une

 13   photographie d'une bombe appelée "Bébé".

 14   M. Whitworth (interprétation). - Je crois qu'il s'agit d'un homme qui

 15   s'appelle Mirad qui tient cette bombe, il s'agit du commandant local de

 16   Stari Vitez.

 17   M. Nice (interprétation). - Rabijic, * c'est son nom ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Mirad, je crois.

 19   M. Nice (interprétation). - Il s'agit là d'une de ces fameuses bombes

 20   "Bébé", "Baby" ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 22   M. Nice (interprétation). - Passons à une autre photographie, la

 23   photographie 2641.1. Ensuite, nous regarderons rapidement les autres

 24   photographies, les photographies qui suivent. Je vais donner à l'huissier

 25   ma photographie afin de gagner un peu de temps.


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  1   Première photographie, donc ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit d'une photographie que j'ai

  3   moi-même prise en quittant Vitez. Ici, on regarde vers Grbavica. C'était

  4   quand je rentrais sur la base du Bataillon britannique.

  5   M. Nice (interprétation). - Que voit-on ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - On voit qu'un grand nombre de bâtiments

  7   sont en flammes, en feu. Ceci se passe pendant la journée de l'offensive

  8   par le HVO sur Grbavica.

  9   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante. Si on regarde la

 10   photographie directement plutôt que sur le rétroprojecteur, on voit la

 11   trajectoire d'une bombe "Baby". Pouvez-vous nous montrer les points

 12   d'intérêts sur cette photographie ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Les troupes du HVO qui menaient

 14   l'offensive, utilisaient l'arrière de cette maison comme point de

 15   lancement des bombes. Ils les lançaient à partir d'ici ; les bombes donc

 16   partaient d'ici et passaient au-dessus de la maison et arrivaient à Vitez

 17   où elles explosaient.

 18   (Le témoin le montre avec le pointeur.)

 19   M. Nice (interprétation). - Et sur cette photographie, vous êtes arrivé à

 20   prendre la bombe en vol ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Oui. On voit un petit point qui indique

 22   cette bombe au-dessus de la maison.

 23   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante, s'il vous plaît. Quel

 24   est l'endroit montré sur cette photographie ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Ceci représente Grbavica. On voit les


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  1   troupes après l'offensive ou même pendant l'offensive. Il s'agit de

  2   soldats qui apparemment sont en train de piller la zone. Il s'agit de

  3   soldats du HVO qui ont mené cette attaque.

  4   M. Nice (interprétation). - On voit que l'homme qui se trouve à gauche

  5   porte une radio.

  6   M. Whitworth (interprétation). - Oui et l'autre tient une espèce de

  7   hachoir de boucher.

  8   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante, s'il vous plaît ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Toujours Grbavica. On voit que les

 10   maisons sont en feu. Toutes les maisons sont en train d'être détruites par

 11   les flammes.

 12   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante, c'est la même chose ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 14   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante, donc une autre maison

 15   en flammes ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Donc il s'agit de photographies que

 17   j'ai prises à ce moment-là, au moment où je rentrais de l'hôtel Vitez où

 18   je m'étais entretenu avec Darko Gelic au sujet de cette offensive.

 19   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit de nouveau des maisons en

 21   flammes.

 22   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante ? Que voyons-nous ici,

 23   notamment pour la maison à droite ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit des deux maisons que nous avons

 25   déjà vues tout à l'heure. On voit que c'est un point de lancement pour


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  1   l'attaque de l'infanterie et on peut remarquer le drapeau croate hissé au-

  2   dessus de la maison de droite.

  3   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit de certains des hommes qui ont

  5   participé à cette offensive. Je connaissais l'un d'entre eux

  6   personnellement. Il est difficile de le distinguer. Il s'agit d'hommes qui

  7   appartenaient à la Brigade Trko. Certains arboraient des insignes de la

  8   police militaire, d'autres ne portaient aucun écusson ou aucun insigne

  9   d'aucune sorte. Et à l'avant, devant, on voit une de leurs petites amies.

 10   M. Nice (interprétation). - Avez-vous parlé de cet incident avec Cerkez ?

 11   Est-ce qu'il vous a dit qui avait planifié ceci ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Il m'a dit qu'il n'était pas lui-même

 13   responsable de la planification, au niveau de l'état-major. Je ne me

 14   rappelle plus bien du nom, mais je crois que c'était peut-être Filipovic,

 15   ou quelque chose comme ça, qui a planifié l'offensive, mais en tout cas il

 16   y a des troupes de Vitez qui ont participé à cette offensive, cela c'est

 17   indéniable.

 18   M. Nice (interprétation). - Merci.

 19   Les deux bulletins de renseignements militaires qui ont trait à cet

 20   événement sont les documents 1198.1 et 928.1. En ce qui concerne le

 21   premier document, 1198.1, est-ce vous-même qui avez écrit ce rapport ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Je n'ai pas vu moi-même le corps

 23   décapité. Nous avons envoyé un véhicule blindé dans le village parce que

 24   l'endroit n'était pas sûr après l'offensive, mais il s'agissait de voir ce

 25   qui se passait à l'intérieur du village, et ils ont vu un soldat de


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  1   l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  2   M. Nice (interprétation). - Décapité ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Il y a eu également un rapport du

  4   Bataillon néerlandais, près de Busovaca, qui a également vu cet homme qui

  5   avait été décapité et éventré, et dont on se passait la tête.

  6   M. Nice (interprétation). - Maintenant nous allons passer au document

  7   suivant, 1201.1, du 14 septembre. Si on regarde le bulletin de

  8   renseignements militaires du 14 septembre 1993, pour ce qui est du

  9   paragraphe concernant Vitez, est-ce vous qui l'avez rédigé ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 11   M. Nice (interprétation). - Et ici vous parlez de ce qu'a dit Darko Gelic.

 12   Il a affirmé que les troupes du HVO qui ont participé à la prise de

 13   Grbavica venaient de la 2ème Brigade de Vitez ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Il s'agissait du bataillon qui

 15   étaient cantonné à l'ouest de Grbavica. Je crois que le commandant du

 16   bataillon se trouve sur l'ordre de bataille que nous avons examiné

 17   précédemment.

 18   M. Nice (interprétation). - Vous n'avez pas fait de commentaires sur les

 19   troupes qui seraient venues de Busovaca ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - On peut le voir, en effet.

 21   M. Nice (interprétation). - Et vous avez donné les raisons relatives aux

 22   tirs des tireurs embusqués ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 24   M. Nice (interprétation). - Il y a également un bulletin de renseignements

 25   militaires du 15 septembre 1993 au sujet d'un ultimatum lancé à l'encontre


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  1   de Stari Vitez. Ce document nous sera fourni cet après-midi. Est-ce que

  2   vous vous en souvenez ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Je me souviens en effet qu'il y a eu à un

  4   certain moment un ultimatum.

  5   M. Nice (interprétation). - De la part de qui ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Je crois que c'était le fait du

  7   commandant Cerkez.

  8   M. Nice (interprétation). - J'espère pouvoir fournir ce document avant que

  9   Me Kovacic n'entame le contre-interrogatoire.

 10   Examinons cependant, tout d'abord, les photographies qui restent. Nous

 11   n'allons pas regarder les photographies qui représentent le départ des

 12   participants à la rencontre de Kiseljak. Alors d'abord la

 13   photographie 22511 avec Petkovic et Blaskic, pouvez-vous nous expliquer de

 14   quoi il s'agit ici ? Il y a plusieurs choses à dire au sujet de ces

 15   photographies, si j'ai bien compris. Je vais vous remettre mes propres

 16   photographies afin d'accélérer un petit peu les choses. Je vous demande

 17   donc de regarder ces photographies.

 18   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit là du général Petkovic qui

 19   était un des commandants croates principaux des Croates. Il était à

 20   Mostar, je crois. On l'a fait venir à Kiseljak et, nous, ensuite, nous

 21   l'avons emmené dans l'un de nos véhicules blindés avec les Nations Unies

 22   également. Il est venu pour négocier les vols d'hélicoptère vers la zone

 23   et à partir de la zone pour évacuer les victimes. Nous en avons discuté

 24   avec le colonel Alister et les autres officiers de liaison. Nous en sommes

 25   venus à la conclusion que cela entraînerait des accusations de la part de


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  1   l'armée de Bosnie-Herzégovine si nous autorisions ces vols et donc le

  2   colonel Alister a décidé... Lui a demandé de participer à cette réunion

  3   pour empêcher les vols d'hélicoptère. J'ai donc rencontré le général

  4   Petkovic et le colonel Blaskic l'a rencontré au moment où nous allions à

  5   l'hôpital de Nova Bila où cette photographie a été prise.

  6   M. Nice (interprétation). - C'est la photographie suivante ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il s'agissait d'un hôpital dont

  8   disposait les Croates dans la poche de la Lasva ; le seul hôpital dont ils

  9   disposaient. On voit sur cette photographie que la situation était assez

 10   dramatique. Nous avons interdit les vols d'hélicoptères mais j'ai organisé

 11   moi-même des transports terrestres pour évacuer les blessés vers Kiseljak

 12   où ils étaient ensuite transportés en hélicoptère vers la Croatie.

 13   M. Nice (interprétation). - Il nous reste encore quelques photographies.

 14   Il s'agit ici de personnes dont nous souhaitons que vous les identifiiez.

 15   Tout d'abord cette photographie.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit d’une vue prise vers le nord,

 17   vers les positions, les tranchées du HVO. Ce n'est pas dans la zone de la

 18   brigade de Vitez mais c’est plus vers Travnik. Je ne me souviens plus

 19   aujourd'hui du nom de cet endroit mais, en tout cas, il s'agit là de

 20   positions du HVO, de tranchées du HVO.

 21   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante. Il s'agit de la

 22   photographie 2778. Qui est-ce ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit du commandant de la police

 24   militaire Pasko Ljubicic. Il était en train d'inspecter un convoi du Haut-

 25   Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies qui allait vers Vitez.


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  1   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - L'homme qui se trouve sur la gauche en

  3   uniforme... (L'interprète n'a pas saisi le nom de cette personne). Il y a

  4   deux représentants de la police civile et...

  5   M. Nice (interprétation). - Dernière photographie ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit d'un des commandants de la

  7   brigade de Vitez, Karlo Grabovac, sur la route de Kruscica. On voit une

  8   mine en bas. J'étais en train d'organiser des échanges de cadavres et

  9   l'acheminement de l'aide humanitaire vers Kruscica.

 10   M. Nice (interprétation). - Merci. Il s'agit seulement d'essayer

 11   d'identifier un certain nombre de personnes qui peuvent se révéler

 12   nécessaires. Il nous reste encore quatre photographies en noir et blanc.

 13   Cette photographie représente Stari Vitez, n’est-ce pas ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Quand nous sommes arrivés au début,

 15   nous avions accès par la route principale à Vitez. Nous pouvions allez à

 16   Stari Vitez des deux côtés mais, très rapidement, les choses ont changé.

 17   Ce véhicule a été placé à cet endroit avec des mines. Nous n'avions donc

 18   pas accès directement à Stari Vitez. Le HVO pouvait contrôler l'accès du

 19   CICR, des véhicules de l'ONU, etc., dans Stari Vitez.

 20   M. Nice (interprétation). - Photographie suivante ? Ici encore, c'est

 21   Stari Vitez, n'est-ce pas ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - C'est une photographie qui a été

 23   prise..., désolé.

 24   M. le Président (interprétation). - Les interprètes demandent que les

 25   intervenants ralentissent un petit peu le mouvement.


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit d'une photographie qui est

  2   prise à l'intérieur de Stari Vitez, vers la ville de Vitez elle-même. On

  3   voit les positions de l'armée de Bosnie-Herzégovine, les lignes de front.

  4   Il y a un mur en béton. En fait, c'est le début du territoire contrôlé par

  5   le HVO.

  6   M. Nice (interprétation). - Cette photographie, pouvez-vous nous parler de

  7   ce que l’on voit au-dessus de la porte ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit de l'escalier de l’hôtel Vitez.

  9   On y voit moi-même, mes hommes et puis certains des membres du HVO local

 10   ainsi que des membres de la police dont le quartier général se trouvait

 11   dans l'hôtel. Ce que l’on voit, en haut, signifait " zone opérationnelle

 12   de Vitez " et également " police militaire du HVO ", puisque ces

 13   institutions avaient leur quartier général dans l'hôtel Vitez.

 14   M. Nice (interprétation). - Dernière photographie ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Il s'agit là d'une visite chez le

 16   commandant de brigade dont je ne me souviens plus du nom.

 17   M. Nice (interprétation). - L'homme en chemise blanche ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c’est exact mais je ne me souviens

 19   pas de son nom.

 20   M. Nice (interprétation). - Quelle était l'importance de se commandant de

 21   brigade et de sa brigade dans cette zone ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Il se trouvait proche du nid d'aigles de

 23   Kordic. Je ne me souviens pas s'ils étaient dans le même bâtiment mais, en

 24   tout cas, c'était dans la même vallée qu'ils se trouvaient. Là, c’est

 25   Darko Gelic, officier de liaison de Blaskic. C'est lui qui m'a emmené voir


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  1   les gens que l’on voit sur cette photographie, le fameux Darko Gelic.

  2   M. Nice (interprétation). - Dernière question. Nous en avons terminé avec

  3   les photographies. Merci, monsieur l'huissier.

  4   Quelle est votre évaluation de la position de Kordic par rapport à

  5   Blaskic ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Monsieur Kordic était considéré comme

  7   étant l'homme politique numéro un et celui qui prenait les décisions dans

  8   la zone. C'était le second de Valenta qui avait alors quitté la région.

  9   Enfin, c'était quelqu'un qui était très respecté. Le colonel Blaskic, lui,

 10   était le militaire numéro un dans la zone responsable du commandement des

 11   forces militaires dans la zone de la vallée de la Lasva ainsi que des

 12   territoires contrôlés par le HVO plus au nord, mais Dario Kordic était

 13   considéré comme étant celui qui déterminait la stratégie du HVO dans la

 14   poche de la Lasva.

 15   M. Nice (interprétation). - En ce qui concerne Blaskic et Kordic, est-ce

 16   qu'ils s'adressaient volontiers à des officiers de votre grade ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Ils étaient assez indifférents. Quelqu'un

 18   comme Kordic ne s'adressait pas à quelqu'un de mon grade ni aux officiers

 19   de liaison basés à Busovaca. Mais en revanche, il avait des contacts avec

 20   le colonel Alister qui était une figure importante des Nations Unies dans

 21   la vallée de la Lasva et qui était pour lui quelqu'un qui avait de

 22   l'influence.

 23   M. Nice (interprétation). - Je crois que vous n'avez vu Kordic qu'à une

 24   reprise à l'Hôtel Vitez ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Oui, je l'ai rencontré à deux ou trois


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  1   reprises, mais jamais personnellement. Il s'agissait pour moi d'organiser

  2   des réunions entre lui-même, l'ECMM ou lui-même et le colonel Alister.

  3   M. Nice (interprétation). - J'en ai terminé de mes questions, il me

  4   restera simplement, avec votre permission, à verser au dossier le bulletin

  5   de renseignements militaires du 15 septembre dès qu'il me sera communiqué.

  6   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?

  7   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, nous n'avons aucune

  8   objection à ce que M. Nice pose des questions supplémentaires au sujet de

  9   ce bulletin de renseignements militaires qui vient d'être mentionné.

 10   M. le Président (interprétation). - Fort bien.

 11   M. Sayers (interprétation). - Bonjour, Monsieur Wintworth. Je m'appelle

 12   Steven Sayers et avec Me Naumovski nous assurons la défense de M. Kordic.

 13   Je vais commencer par vous poser mes questions et, ensuite, ce sont les

 14   représentants de Mario Cerkez, Me Kovacic et Mikulicic qui s'adresseront à

 15   vous.

 16   Première chose que je souhaiterais mentionner : vous avez tendance à

 17   parler vite, moi aussi. Or il est très important que nous faisions en

 18   sorte de faire une pause entre nos questions et nos réponses afin que les

 19   interprètes puissent nous suivre.

 20   Je suis pratiquement sûr que nous n'allons pas nous conformer à cette

 21   instruction que je viens de vous donner, mais essayons quand même !

 22   Je vais donc commencer par vous poser des questions d'ordre général,

 23   Monsieur. Si j'ai bien compris, vous êtes donc arrivé dans la zone de

 24   Vitez au début mai 1993 ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - En fait je crois que c'était plutôt à la


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  1   mi-mai.

  2   M. Sayers (interprétation). - A la mi-mai. Et vous avez quitté votre zone

  3   d'opérations début novembre 1993 ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). -  Donc vous avez passé cinq mois en Bosnie

  6   centrale ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui, cela m'a paru beaucoup plus long,

  8   mais en fait, c'est cela, cinq mois.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous avez, si j'ai bien compris, fait une

 10   déclaration aux enquêteurs du Bureau du Procureur le 14 août 1996, il y a

 11   3 ans ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez signé cette déclaration un an

 14   plus tard, n'est-ce pas ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Vous avez témoigné pendant deux jours dans

 17   l'affaire Blaskic du 13 au 14 juillet 1998, pour un total de 290 pages de

 18   déposition ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - C’est exact.

 20   M. Sayers (interprétation). - Et un an plus tard, le 9 octobre, vous avez

 21   déposé dans l'affaire Kupreskic ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 23   M. Sayers (interprétation). - Je crois savoir que vous avez 35 ans, n'est-

 24   ce pas, donc vous aviez 29 ans quand vous étiez en Bosnie centrale ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - (Hors micro)


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  1   (Le témoin semble faire un signe d'assentiment de la tête.)

  2   M. Sayers (interprétation). - Je ne souhaite pas ici vous critiquer mais,

  3   apparemment, les interprètes ont un peu de mal à vous entendre. Je vous

  4   demanderai donc de parler un peu plus fort.

  5   M. Whitworth (interprétation). - D'accord.

  6   M. Sayers (interprétation). - Vous-même ne parlez pas croate, n'est-ce

  7   pas ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - J'ai appris un ou deux mots mais, en

  9   fait, non.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous ne pourriez pas converser ou avoir une

 11   conversation en Croate ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas du tout.

 13   M. Sayers (interprétation). - Quand vous êtes arrivé à la mi-mai 1993 sur

 14   le terrain, vous nous avez dit que vous étiez l'officier du régiment

 15   chargé des transmissions pendant un certain temps puis, ensuite, suivant

 16   les ordres du lieutenant-colonel Duncan, vous êtes devenu officier de

 17   liaison pour Vitez, c'est exact ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

 19   M. Sayers (interprétation). - Votre prédécesseur à ce poste, c'était celui

 20   qui était alors le capitaine Angus Hay ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il couvrait l'ensemble de la vallée

 22   de la Lasva, mais quand nous sommes arrivés le colonel Alister a estimé

 23   que c'était là un poste extrêmement important. Il a donc nommé plus

 24   d'officiers de liaison qui se sont partagés la zone.

 25   M. Sayers (interprétation). - Si j'ai bien compris, le colonel Duncan


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  1   estimait que la zone de responsabilité du capitaine Hay était trop vaste

  2   pour une seule personne et l'a donc divisée en deux zones ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

  4   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact que l'officier de liaison pour

  5   Busovaca était Boris Kalen ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

  7   M. Sayers (interprétation). - Lui s'occupait donc de Busovaca, et vous de

  8   Vitez ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Les limites géographiques allaient du

 10   croisement de Busovaca au croisement de Travnik.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que vous étiez

 12   responsable de la zone à l'ouest du carrefour en "T" et que l'autre

 13   personne dont j'ai mentionné le nom tout à l'heure était responsable de la

 14   zone qui se trouvait à gauche de ce carrefour ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Pendant votre séjour, si j'ai bien compris,

 17   au départ, vous étiez membre du 1er Bataillon du Prince de Galles ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Vous avez déclaré que les accords sur les

 20   cessez-le-feu et sur les points de contrôle sont devenus de plus en plus

 21   inefficaces au fil des semaines ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Est-ce que vous pouvez reformuler votre

 23   question ?

 24   M. Sayers (interprétation). - Certainement. Si j'ai bien compris, vous

 25   avez dit que pendant votre mission, vous avez eu l'impression que les


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  1   accords sur les cessez-le-feu et sur les points de contrôle sont devenus

  2   de moins en moins efficaces et c'est pourquoi vous avez pris la décision

  3   de vous adresser à des commandants d'un moindre niveau que ceux auxquels

  4   vous vous adressiez auparavant.

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui, les accords conclus se révélaient

  6   très fragiles. C'est donc pour cela que nous avons décidé de nous adresser

  7   à des gens au niveau local. C'est d'ailleurs ce que nous faisions toujours

  8   pour garantir que les ordres qui étaient donnés à un plus haut niveau

  9   soient bien respectés aux échelons les plus bas. Nous partions en effet du

 10   principe que si le colonel Blaskic ou quelqu'un d'autre donnait un ordre,

 11   à ce moment-là, c'était respecté au niveau local mais nous faisions en

 12   sorte de le vérifier parce que les gens devenaient de plus en plus

 13   autonomes au niveau local.

 14   M. Sayers (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous avez dit dans

 15   votre déclaration d'il y a trois ans qu'en fait, vous avez adopté une

 16   approche du bas vers le haut.

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, cela veut dire qu'il ne fallait pas

 18   qu'on s'adresse uniquement aux commandants de haut niveau, on s'adressait

 19   à tout le monde à tous les niveaux.

 20   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact de dire que les commandants à

 21   un niveau supérieur dans la chaîne de commandement n'étaient pas

 22   satisfaits de votre décision d'entrer en contact directement avec leurs

 23   subordonnés ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet, à deux ou trois reprises,

 25   les commandants au niveau de M. Cerkez nous ont reproché -pas à moi-même


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  1   personnellement- mais nous ont reproché d'avoir mené des négociations à un

  2   niveau plus bas. Moi, j'avais participé à la négociation d'accords mais

  3   cela ne correspondait pas aux ordres de Cerkez.

  4   M. Sayers (interprétation). - Les événements dont nous avons parlé se sont

  5   déroulés il y a 6 ans. Vous avez dit dans votre déposition que vous aviez

  6   tenu un journal, mais que vous l'avez remis à la fin de votre mission à

  7   votre régiment.

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui, on nous remettait des calepins tels

  9   que les calepins dont se servent les policiers et, dès que l'on avait fini

 10   de remplir un de ces calepins, il fallait le remettre à nos supérieurs.

 11   C'était considéré comme des documents juridiques et c'étaient des

 12   documents dont on se servait lorsque l'on discutait des événements lors

 13   des réunions de briefing. A la fin de notre mission, nous étions sensés

 14   les remettre à nos supérieurs pour qu'ils soient consignés dans les

 15   archives et que les informations ne tombent pas dans de mauvaises mains.

 16   M. Sayers (interprétation). - Dans votre déclaration il y a 3 ans, vous

 17   avez dit aux enquêteurs que vous n'aviez pas reçu de copie de ces calepins

 18   et qu'il vous était donc assez difficile de vous souvenir de la

 19   chronologie des événements. Est-ce que vous avez eu depuis accès à ces

 20   calepins pour vous permettre de préparer votre déposition ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Non. Non. Ce que j'ai fait, c'est que

 22   j'ai relu les bulletins de renseignements militaires pour me rafraîchir la

 23   mémoire. Il y a des événements dont je ne me souviens pas, mais il y en a

 24   d'autres dont je me souviens aujourd'hui parfaitement.

 25   M. Sayers (interprétation). - C'est tout à fait compréhensible.


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  1   Les bulletins de renseignements militaires étaient rédigés en partie sur

  2   la base des notes que vous inscriviez dans les calepins dont vous nous

  3   avez parlé ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui, à la fin de chaque journée, nous

  5   nous réunissions avec les officiers chargés des renseignements et nous

  6   leur communiquions les éléments que nous avions recueillis pendant la

  7   journée. Ces événements étaient donc centralisés et ceci afin de nous

  8   permette d'avoir une vision d'ensemble de la situation, et ceci pour

  9   informer également le colonel de ce qui se passait.

 10   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez donc eu la possibilité

 11   de consulter les bulletins de renseignements militaires pour vous préparer

 12   à votre déposition aujourd'hui ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous avez lu tous les bulletins de

 15   renseignements militaires dont vous aviez besoin ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - J'en ai parcouru un certain nombre, mais

 17   je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit dont je ne me rappelle pas.

 18   M. Sayers (interprétation). - Nous avons eu beaucoup de témoins qui nous

 19   ont parlé de ces bulletins de renseignements militaires. Mais est-il exact

 20   que ces bulletins de renseignements militaires sont une sorte de chronique

 21   des évènements les plus importants qui se passaient à ce moment-là ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui, on y voit traiter des évènements les

 23   plus importants. Et il y a généralement, en plus des faits qui sont

 24   consignés, une observation de l'officier de renseignement qui est formé

 25   justement pour rationnaliser, pour évaluer la situation.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Compte tenu du fait qu'il s'agissait de

  2   l'ordre chronologique de l'époque, ce sont des documents qui sont très

  3   utiles quand il s'agit de se rafraîchir quelque peu la mémoire ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Personnellement, j'ai gardé un très

  5   vif souvenir sur un certain nombre d'événements qui étaient des événements

  6   principaux. Et là où, bien évidemment, je ne pouvais pas me souvenir d'un

  7   certain nombre d'événements ou de la chronologie des événements, j'ai

  8   consulté mes notes, ce calepin.

  9   M. Sayers (interprétation). - Chaque fois que vous avez jeté un coup

 10   d'oeil sur ces résumés, je suppose, monsieur Whitworth, que vous avez eu

 11   l'occasion de voir dans la totalité, dans l'intégrité, le document et non

 12   pas des extraits ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - En général, je me référais à Vitez et à

 14   tout ce que j'ai pris comme note, pas le document dans son intégralité.

 15   M. Sayers (interprétation). - Je pense que dans l'affaire Blaskic, vous

 16   avez été cité également, vous avez témoigné. Bien évidemment, il n'y a

 17   rien de nouveau là dedans. Mais je pense que vous avez dit que ces résumés

 18   vous ont aidé à organiser vos souvenirs, pour mettre quelque peu de

 19   logique là dedans. Vous avez affirmé que ce que vous avez dit lors de

 20   votre déclaration, en 1996 et 1997, n'était pas tout à fait exact ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Tout ce qui n'était pas tout à fait exact

 22   -et je pense que ceci se rapporte à ma première déclaration de 1996-

 23   concernait effectivement la chronologie, la chronologie qui était quelque

 24   peu erronée. J'ai sauté quelques événements, mais j'ai dit quand même le

 25   plus important. Ceci a été corrigé par la suite.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, vous vous êtes corrigé quand

  2   ces questions vous ont été posées lors de votre témoignage dans l'affaire

  3   Blaskic ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Maintenant, nous allons passer à la Bosnie

  6   centrale, au mois de mai. Est-il vrai que pratiquement tout le monde était

  7   armé à cette époque-là ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui... Il y avait tout un cadre qui a été

  9   quelque peu étrange. Les hommes étaient armés, ils avaient accès aux

 10   armes. C'était difficile de faire la distinction entre les personnes qui

 11   appartenaient à l'armée régulière et aux unités paramilitaires qui étaient

 12   d'autres unités. Ces autres membres de ces unités portaient également des

 13   armes. Il y avait également des relations entre ces unités. La question se

 14   posait de la responsabilité qui incombait à une unité et à l'autre. Il y

 15   avait des villages qui avaient leurs propres unités, qui n'étaient pas

 16   régulières, qui protégeaient leur propre village.

 17   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez également vu les femmes

 18   qui portaient des armes ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Je ne peux pas me souvenir d'exemples

 20   très concrets dans la vallée de la Lasva. Ce dont je me souviens, ce que

 21   j'ai vu lors de ma visite de Sarajevo, je me souviens qu'il y avait une

 22   femme serbe qui était soldat.

 23   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez pas vu des femmes qui portaient

 24   des armes à Stari Vitez  ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Peut-être. Comme la plupart des personnes


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  1   à Stari Vitez, il s'agissait des villageois qui défendaient leur propre

  2   maison, leur propre secteur.

  3   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, vous avez vu des femmes qui

  4   portaient des armes ?

  5   M. le Président (interprétation). - Mais ce n'est pas une question de se

  6   souvenir ou de ne pas se souvenir. Si vous avez des informations selon

  7   lesquelles le témoin a vu quelque chose, à ce moment-là, vous avez à le

  8   confronter. Il ne faut pas tourner autour de la question, je vous en prie.

  9   M. Sayers (interprétation). - C'est ce que je vais faire, Monsieur le

 10   Président.

 11   Dans l'affaire Blaskic, à la page 10 338, la question vous a été posée :

 12   si les femmes et les hommes étaient actifs dans la défense de Stari Vitez

 13   et vous avez dit que vous aviez vu les femmes et les hommes porter les

 14   armes.

 15   M. Whitworth (interprétation). - Ce n'est peut-être pas le plus important

 16   mais, de toute façon, il est vrai que je l'ai dit, car les femmes

 17   représentent 50 % de la population, oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Entendu.

 19   Est-ce que vous avez participé à une des réunions du commandement conjoint

 20   opérationnel ou de la commission conjointe de Busovaca qui se réunissait

 21   normalement à Vitez ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Au début de ma mission, nous avons essayé

 23   d'organiser de telles réunions ou plutôt de faciliter l'organisation de

 24   telles réunions. Je pense que nous avons effectivement transporté les gens

 25   pour des réunions, pour qu'ils puissent se rendre au bâtiment de l'ECMM.


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  1   Ceci est visible sur une photographie. Une réunion avait été organisée à

  2   Vitez, mais c'était tout au début et, peu après, cela s'est arrêté.

  3   M. Sayers (interprétation). - Il s'agissait donc de cette réunion que nous

  4   avons vue. Est-ce que, s'il y avait un incident par exemple qui se

  5   produisait, vous aviez donc l'occasion de contacter les parties diverses

  6   et que chacun retombait sur l'autre ? La responsabilité ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement, une partie de notre

  8   mission consistait dans le fait de confirmer, en personne et visuellement,

  9   ce qui s'était passé sur un même et seul événement. C’est la raison pour

 10   laquelle il était vital pour les officiers de communication d'obtenir des

 11   opinions et des avis, des attitudes des personnes différentes, car c'est

 12   sur le terrain qu'on se rendait compte de ce qui s'était passé sur les

 13   lieux. D'habitude, nous faisions plutôt confiance à ceux qui étaient

 14   réservés qu'à ceux qui exagéraient.

 15   M. Sayers (interprétation). - Encore une question générale. Vous vous êtes

 16   trouvé sur la ligne de front dans le théâtre des opérations -seriez-vous

 17   d'accord avec moi, monsieur Whitworth- tragique et malheureux, pour dire

 18   que les maisons étaient incendiées d'un côté et de l'autre ? C'était

 19   quelque chose qui était présent partout, aussi bien du côté des Musulmans

 20   que du côté des Croates ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne serais pas tout à fait

 22   d'accord avec vous là-dessus. Personnellement, ce que j'ai vu c'était dans

 23   la vallée de la Lasva et je ne peux pas faire des commentaires concernant

 24   les régions avoisinantes. Je n'ai pas vu beaucoup de destructions,

 25   beaucoup de maisons incendiées. Quand j'étais à Zenica et quand j'étais


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  1   dans des régions qui étaient contrôlées par l'armée de Bosnie-Herzégovine,

  2   ceci était systématique : chaque fois qu'il y avait une opération

  3   militaire dans la vallée de la Lasva ou dans cette région, il n'y avait

  4   pas de raison d'incendier des maisons. Il y avait des coups de feu

  5   échangés par l'infanterie mais, de toute façon, c'était de cette manière-

  6   là qu'on empêchait les gens de retourner et de regagner leur propre

  7   maison. Il était également exact de dire que les Croates sont retournés

  8   dans leur maison à Grbavica, qui sont restées intactes pendant l'opération

  9   qui a eu lieu. C'est quelque chose qui a été fait quelque peu

 10   systématiquement.

 11   M. Sayers (interprétation). - Nous allons parler de cet incident de

 12   Grbavica, de l'opération qui a eu lieu au mois de septembre 1993, au cours

 13   du contre-interrogatoire. N'est-il pas exact de dire qu'une des raisons

 14   principales de cette opération militaire sur cette cote était d'éliminer

 15   le nid d'aigles qui a été utilisé par des forces musulmanes ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c’est exact. Nous avons considéré

 17   que c'était une opération légitime de ce point de vue compte tenu du fait

 18   qu'à plusieurs reprises, nous avons indiqué à l'armée de Bosnie-

 19   Herzégovine qu'ils allaient également perdre notre confiance, notre bonne

 20   volonté, mais ils n'ont jamais arrêté leur activité.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce qu'il y avait dans les deux parties

 22   également des tireurs embusqués ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que les deux forces agissaient donc

 25   par les tireurs embusqués ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était quelque chose de quotidien.

  2   M. Sayers (interprétation). - Vous avez témoigné sur la chaîne et les

  3   structures militaires du HVO, sur la police militaire qui faisait partie

  4   intégrante de ces structures et de cette chaîne de commandement.

  5   J'aimerais vous poser quelques questions à ce sujet-là, si vous le voulez

  6   bien. Je pense que vous n'allez pas contester ce que je vais dire mais, de

  7   toute façon, vous me corrigerez si j'ai tort.

  8   Vous avez dit que l'unité Jokeri faisait partie intégrante de la police

  9   militaire ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est ce qu'ils m'ont dit.

 11   M. Sayers (interprétation). - Sur la base de votre entretien avec cet

 12   homme, dans le chalet suisse dont il était question tout à l'heure, vous

 13   êtes allé à Vitez et vous avez parlé avec les membres de la police civile

 14   pour savoir qui était le commandant ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était tout au début. J'avais

 16   supposé que le seul bâtiment était le quartier général de la police.

 17   M. Sayers (interprétation). - Mais ils vous ont envoyé au siège de la

 18   police ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'était le seul bâtiment où je

 20   savais que la police existait. Ensuite, on m'avait orienté vers la police

 21   militaire et on m'a dit que leurs activités étaient coordonnées à Vitez et

 22   c'est la première fois que j'ai rencontré Santic qui était adjoint de

 23   Pasko Ljubicic.

 24   M. Sayers (interprétation). - Vous dites, par conséquent, qu'ils vous ont

 25   acheminé vers l’hôtel Vitez. Je pense qu’une des photographies qui vous a


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  1   été montrées, Z2176, montre la police militaire à l'hôtel. Il y avait un

  2   grand insigne et, par conséquent, on pouvait en conclure que c'était le

  3   siège ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas forcément le quartier général

  5   mais c’est là où était stationnée la police.

  6   M. Sayers (interprétation). - C'est là où vous avez rencontré cet homme

  7   dont vous avez parlé ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui. J’ai parlé avec M. Santic et lui

  9   s’est présenté. Il n'était pas tout à fait pour cette conversation avec

 10   moi, il n'était pas tellement disponible. Je me suis présenté, j'ai dit

 11   que c'était cet officier de liaison, que je voulais tout simplement

 12   vérifier la situation et il s’est montré indifférent.

 13   M. Sayers (interprétation). - Il s'agissait de Valdo Santic et non pas

 14   d’Ivica Santic qui était le maire de Vitez ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Oui, vous avez raison.

 16   M. Sayers (interprétation). - L'homme avec lequel vous vous êtes entretenu

 17   au chalet suisse n'arborait pas d'insigne ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Il était vêtu d'un uniforme noir, d'un

 19   uniforme de combat. Il était armé, il avait un pistolet. A cette époque-

 20   là, on portait des Kalachnikof, des couteaux, il y en avait un ou deux qui

 21   avait des insignes -je ne m'en souviens pas exactement lesquels- sur les

 22   bras. Il y avait quelques jeunes hommes également qui étaient assez

 23   sportifs, tout au moins athlétiques, sportifs.

 24   M. Sayers (interprétation). - On va conclure avec cette partie de votre

 25   témoignage. Vous étiez au clair que l'homme que vous avez identifié comme


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  1   M. Ljubicic était le commandant principal de la police militaire et de

  2   toutes les formations, y compris des Jokeri ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est tout à fait cela.

  4   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, tout ceci a été clair tout

  5   au long de votre mission jusqu'en novembre 1993 ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - C'était un fait qui s'est confirmé à

  7   plusieurs reprises lors de notre mission et qu'il a été commandant de la

  8   police militaire.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous seriez d'accord avec moi pour dire

 10   qu'au sein des formations militaires, il est usuel que tous soient

 11   stationnés au même endroit que le commandement du bataillon ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Du point de vue militaire régulier, la

 13   police militaire est une unité très importante et, pour nous, ce n'était

 14   pas du tout surprenant de voir qu'ils étaient au quartier général.

 15   M. Sayers (interprétation). - Vous ne pensez pas me contredire si je dis

 16   que le colonel Blaskic avait commandé toutes les unités, y compris la

 17   police militaire ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Il avait certainement le contrôle sur un

 19   certain nombre de tâches que cette police militaire effectuait mais il

 20   s'agissait également de ses rapports avec M. Cerkez.

 21   M. Sayers (interprétation). - Mais il a été commandant ? Cela, on peut en

 22   conclure ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, il avait commandé tous ces

 25   gens-là, tous ces effectifs dans la zone de responsabilité, sa zone de


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  1   responsabilité ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez également parlé d'une unité

  4   Vitezovi qui était commandée par Darko Kraljevic. Est-ce que vous étiez au

  5   courant du fait que Darko Kraljevic était colonel ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il se présentait comme colonel Darko

  7   Kraljevic. En ce qui concerne son grade officiel, je ne sais pas d’où

  8   venait son titre de colonel, mais c'est comme ainsi qu'il se présentait.

  9   M. Sayers (interprétation). - Nous allons revenir sur la chaîne de

 10   commandement des forces du HVO, comme vous la voyez.

 11   Vous seriez d'accord avec moi pour dire que le principe de subordination

 12   était vital pour l'existence et le fonctionnement de toute chaîne de

 13   commandement ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Oui, je pense que c'est comme ça.

 15   M. Sayers (interprétation). - Pourrions-nous dire que vous n'avez pas

 16   connu un certain problème quand il fallait dépasser les points de

 17   contrôle, quand vous avez été escorté par Gelic qui était officier de

 18   Blaskic ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Si Darko Gelic était avec nous, cela nous

 20   a beaucoup facilité nos déplacements, mais il y avait des moments où, lui-

 21   même, il a connu un certain nombre de problèmes, notamment quand il

 22   fallait sortir d'un territoire bien limité et quand, au niveau du point de

 23   contrôle, celui qui s'y trouvait disait que ce que disait le colonel

 24   Blaskic ne l’intéressait pas et qu'il fallait tout simplement s’adresser

 25   au commandant du bataillon local avec M. Kordic. Eventuellement, on disait


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  1   très précisément que le commandant du bataillon était celui qui était

  2   principal.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et quand Gelic était présent et que lui

  4   donnait un ordre, on suivait cet ordre, n'est-ce pas ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui, je dirai que c'était moitié/moitié

  6   car je n'ai pas eu recours à lui tout le temps. C’était uniquement quand

  7   il fallait vraiment que je me déplace mais je n'ai pas l'impression qu'il

  8   avait de très grandes autorisations dans certaines situations.

  9   M. Sayers (interprétation). - D’après vous, est-ce que le HVO disposait

 10   d'une chaîne de commandement très complexe ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Cette chaîne de commandement était en

 12   place et il y avait un certain nombre d'effectifs. Il y avait plusieurs

 13   soldats professionnels qui occupaient des postes très hauts gradés et qui,

 14   à l'époque, travaillaient à l'ex-JNA.

 15   M. Sayers (interprétation). - Et le colonel Blaskic était l'officiel de

 16   l'ex-JNA, n'est-ce pas ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, à ma connaissance.

 18   M. Sayers (interprétation). - Le général de brigade Petkovic également ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 20   M. Sayers (interprétation). - Le général de brigade Petkovic était le

 21   commandant du quartier général à Mostar ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Très franchement parlant, je ne sais pas

 23   mais cela ne m'aurait pas étonné. Je sais qu'il a été supérieur au colonel

 24   Blaskic et je savais également qu'il était en dehors de cette région,

 25   probablement à Mostar. Nous, on disait qu'il était général parce qu'il


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  1   était supérieur mais quelque peu différent probablement, son grade.

  2   M. Sayers (interprétation). - Mais de votre perspective, comme officier de

  3   communication, de liaison, le colonel Blaskic a été la figure numéro un

  4   pour la vallée de la Lasva ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Tous les autres commandants ont été

  7   subordonnés au colonel Blaskic et étaient responsables devant lui ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Théoriquement parlant, oui.

  9   M. Sayers (interprétation). - Généralement parlant, avez-vous constaté que

 10   les unités du HVO étaient organisées selon le principe territorial avec

 11   les représentants des brigades qui provenaient des municipalités ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Oui, tout à fait.

 13   M. Sayers (interprétation). - Par ailleurs, les villageois d'un village

 14   donnaient leurs propres citoyens pour des compagnies. C'est comme cela

 15   qu’on les appelait ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement mais

 17   c'est à peu près comme cela que cela fonctionnait. Sur les lignes de

 18   front, chaque commandant de la brigade avait son propre secteur pour

 19   lequel il était responsable ; alors que les villageois avaient organisé

 20   des unités qui n'étaient pas régulières et qui, en même temps, également,

 21   protégeaient leur propre village. A ce moment-là, il y avait des unités

 22   comme Trko, Vitezovi, Jokeri, et d'autres unités paramilitaires qui se

 23   déplaçaient vite, qui étaient bien armées, bien équipées et qui pouvaient

 24   donc se rendre à n’importe quel moment et n’importe où. Ce sont donc eux

 25   qui entraient également dans des opérations.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Nous allons revenir à un exemple en ce qui

  2   concerne cette chaîne de commandement. Vous avez dit que M. Cerkez était

  3   commandant de la brigade Viteska, de la brigade de Vitez et quelqu'un qui

  4   lui a été subalterne était M. Karlo Grabovac ?

  5   M. Whitworth (interprétation). -  Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous connaissiez la région pour

  7   laquelle Grabovac a été responsable ?

  8   M. Whitworth (interprétation). -  Il a été du côté de Rijeka et de

  9   Kruscica. C'était au sud-est de la ville de Vitez.

 10   M. Sayers (interprétation). - Une dernière question à ce sujet là :

 11   pourrions-nous dire qu'à la fin de la journée, les soldats retournaient

 12   chez eux et qu’ils n'allaient pas se rendre dans une caserne ou plutôt

 13   vous n'avez jamais vu une caserne pendant votre mission là-bas ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait des centres de rassemblements

 15   ou des lieux de rassemblement et de formation et c'étaient des secteurs où

 16   il y avait également des bâtiments, des immeubles d'habitation. Il y avait

 17   une réserve qui stationnait à cet endroit-là. Je pense que des unités,

 18   telles que les Vitezovi et les Jokeri avaient occupé quelques régions,

 19   mais quand il s'agit des villageois, ils travaillaient par équipe. Quand

 20   ils se relayaient, ils retournaient chez eux.

 21   M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne les brigades régulières,

 22   ils habitaient chez eux ou bien habitaient-ils dans des casernes ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Ils habitaient chez eux.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et une fois quand ils rentraient chez eux,

 25   ils emmenaient également leurs uniformes et leurs armes ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas toujours. Cela dépendait

  2   également du nombre d'armes dont ils disposaient. Ils pouvaient remettre

  3   des armes également à ceux qui les relevaient. Tout dépendait également du

  4   nombre d'armes dont ils disposaient comme je l'ai dit, car ces gens-là ne

  5   pouvaient pas prendre des armes n'importe comment. Des unités spéciales

  6   disposaient de pistolets, d'armes, elles étaient mieux équipées que

  7   d'autres qui appartenaient aux unités régulières.

  8   M. Sayers (interprétation). - Vous avez témoigné dans l'affaire Blaskic

  9   entre autres et, lors de ce témoignage, vous avez dit qu'ils amenaient

 10   également des armes quand ils n'accomplissaient pas leur mission.

 11   M. Whitworth (interprétation). - Oui, mais comme je l'ai dit, souvent, ils

 12   déposaient des armes. Ils remettaient les armes aux soldats qui restaient

 13   sur les positions mais, normalement, ils avaient le droit de les porter

 14   s'ils en disposaient.

 15   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé de Darko Kraljevic tout à

 16   l'heure. Je pense qu'il vous a offert un pistolet pour vous récompenser ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Il vous a pointé une fois le pistolet ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Oui, effectivement.

 20   M. Sayers (interprétation). - C'était le 11 ou le 12 juin 1993. C'était à

 21   l'époque où il y avait ces convois de la joie.

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est à l'époque où nous avons

 23   essayé de libérer les véhicules du convoi. Je ne savais pas qui il était.

 24   Ce n'est que par la suite que j'ai appris son nom et nous avons même ri un

 25   petit peu en ce qui concerne cet incident quand je l'ai battu dans un


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  1   concours de tirs.

  2   M. Sayers (interprétation). - Après cet incident, il y avait le pilonnage

  3   de l'armée de Bosnie-Herzégovine et tout le monde s'était enfui par la

  4   suite.

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez que les forces

  7   musulmanes de Stari Vitez tiraient sur la région de Vitez cette nuit ?

  8   Dans la nuit du 10 juin, ils ont tué un certain nombre de filles et de

  9   garçons, huit filles et garçons.

 10   M. Whitworth (interprétation). - Non je n'ai pas été au courant et si

 11   j'avais reçu cette information du HVO, donc des Croates, je l'aurais sans

 12   doute intégrée dans mon bulletin d'informations militaires. Il y a eu

 13   plusieurs cas où j'ai été témoin de pilonnages dus à l'armée de Bosnie-

 14   Herzégovine au moment du déjeuner, à l'issue desquels des hommes, des

 15   femmes et des enfants ont été blessés et transportés jusqu'à des

 16   installations médicales situées dans le centre de Vitez. C'étaient donc

 17   des choses qui se produisaient fréquemment des deux côtés, oui.

 18   M. Sayers (interprétation). - Vous conviendrez que les deux parties

 19   avaient des moyens d'artillerie et, malheureusement, les utilisaient

 20   souvent les uns contre les autres ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact. Mais lorsqu'il y avait

 22   des accalmies du point de vue de l'artillerie, on soupçonnait fortement

 23   les Serbes de faire en sorte que les deux parties se remettent à se tirer

 24   l'une contre l'autre. Ce n'est pas prouvé, mais c'est un soupçon que nous

 25   avions tous.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et en fait, l'un des avantages que

  2   retiraient les Serbes d'une telle attitude, puisqu'ils participaient au

  3   conflit, c'était de reléguer l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO au

  4   nord-ouest de la ville de Travnik, n'est-ce pas ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Les Serbes, eux, avaient des moyens

  7   d'artillerie pour pillonner Vitez chaque fois qu'ils le souhaitaient, cela

  8   ne fait aucun doute, n'est-ce pas ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Nous avons utilisé des contrôleurs

 10   aériens qui étaient spécialement formés pour reconnaître ce type de tirs

 11   d'artillerie et cela n'a jamais été confirmé, même si nous avons confié la

 12   tâche de vérification à des personnes spécialement formées pour

 13   l'accomplir.

 14   M. Sayers (interprétation). - Au cours de la journée du jour suivant le

 15   pilonnage, il est vrai que des équipes de télévision de la BBC sont

 16   arrivées dans la région pour filmer les événements ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - La presse était toujours dans la région,

 18   oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Quelques questions encore simplement au

 20   sujet du colonel Blaskic. Son quartier général se trouvait bien dans

 21   l'hôtel Vitez, n'est-ce pas ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 23   M. Sayers (interprétation). - Et le soir du 11 juin, le quartier général

 24   du HVO a été frappé par des tirs d'artillerie, n'est-ce pas ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Oui, monsieur. J'étais d'ailleurs dans le


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  1   bâtiment à ce moment-là.

  2   M. Sayers (interprétation). - A votre avis, le commandant de la zone

  3   opérationnelle de Bosnie centrale était un commandant actif et bien

  4   informé, n'est-ce pas ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est ce que je dirai.

  6   M. Sayers (interprétation). - Il semblait bien contrôler les opérations

  7   militaires dans sa zone de responsabilité, n'est-ce pas ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il était assez mobile dans la vallée

  9   de la Lasva. Je l'ai vu plusieurs fois dans des quartiers-généraux de

 10   transit, si je peux les appeler ainsi, c'est-à-dire des centres

 11   opérationnels avancés dans la zone de Travnik avec des soldats

 12   spécialement affectés à ces endroits.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et vous diriez sans aucun doute que le

 14   colonel Blaskic ne pouvait pas être considéré, de quelque façon que ce

 15   soit, comme un commandant fantoche, n'est-ce pas ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Non, en effet.

 17   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé dans votre déposition de la

 18   structure de commandement militaire existant à Vitez et à Busovaca et je

 19   vais maintenant donner la parole à Me Kovacic qui va vous interroger au

 20   sujet de la structure à Vitez mais, pour commencer, j'ai deux questions à

 21   vous poser au sujet de la structure à Busovaca.

 22   Il est exact, n'est-ce pas, que le commandant des forces du HVO à Busovaca

 23   était le commandant Dusko Grubesic ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Oui, Grubesic.

 25   M. Sayers (interprétation). - Et sur la pièce à conviction Z2546, vous


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  1   l'avez identifié comme étant celui qui portait le tee-shirt blanc ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). - Et sur cette même photo, on voit le

  4   commandant Gelic, n'est-ce pas, l'agent de liaison, l'officier de liaison

  5   du colonel Blaskic ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - C'est une erreur. C'est celui qui se

  7   trouve à droite, qui porte un tee-shirt.

  8   M. Sayers (interprétation). - Ah bon ! Reconnaissez-vous l'homme qui se

  9   trouve à gauche, ici, sur cette photographie ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Je ne peux pas me rappeler son nom. C'est

 11   l'un des officiers de Grubesic. Je l'ai vu une ou deux fois quand j'ai

 12   rencontré Grubesic. Je suppose donc que c'était le commandant adjoint ou

 13   en tout cas un de ses subordonnés.

 14   M. Sayers (interprétation). - Merci beaucoup pour avoir éclairci ce point.

 15   Monsieur Grubesic était commandant de la brigade que l'on appelait la

 16   Brigade Nikola Subic Zrinski, n'est-ce pas, basée à Busovaca ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact, monsieur, en effet.

 18   M. Sayers (interprétation). - Et qui était son supérieur ? Il répondait à

 19   Blaskic qui était son supérieur, n'est-ce pas ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - En toute probabilité, oui.

 21   M. Sayers (interprétation). - Vous avez également parlé brièvement d'un

 22   homme qui avait le surnom de Zuti, pouvez-vous nous donner plus de

 23   détails ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Dans la vallée de la Lasva, je crois que

 25   Angus Hay en particulier, l'officier de liaison responsable de cette zone,


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  1   l'a rencontré à plusieurs reprises.

  2   M. Sayers (interprétation). - Serait-il possible de le décrire comme un

  3   mafioso bien connu, que l'on voyait en général impliqué dans les

  4   différents trafics et larcins qui étaient constatés dans la région de

  5   Travnik ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Comme je l'ai dit, je ne l'ai rencontré

  7   que très rarement, à quelques rares reprises. Il m'est apparu comme

  8   toujours assis à une table de café, donc je confirmerais bien l'impression

  9   que vous venez de citer et qui provient de tiers effectivement.

 10   M. Sayers (interprétation). - On vous a posé des questions au sujet de

 11   certaines personnes, que nous voyons sur les pièces à conviction que nous

 12   identifierons comme pièces à conviction Z 2.5.10 et Z 2 5 09. Pouvez-vous

 13   nous en donner davantage de détails, Monsieur Whitworth ? Il y a pas mal

 14   de photographies dans nos débats aujourd'hui.

 15   J'aurais quelques questions à vous poser au sujet de la

 16   photographie Z 25 09. Reconnaissez-vous l'homme que l'on voit tout à fait

 17   à droite ? Est-ce bien M. Stipac, un responsable politique de Busovaca ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Vous parlez de celui qui a la chemise

 19   blanche rayée ?

 20   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 21   M. Whitworth (interprétation). - Je ne le reconnais pas, j'ai entendu le

 22   nom, mais je n'ai pas rencontré cet homme durant mon séjour.

 23   M. Sayers (interprétation). - L'homme que vous avez identifié comme étant

 24   M. Kraljevic, à côté de lui à gauche ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Je ne l'ai pas identifié, j'ai dit que je


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  1   ne le voyais pas bien sur la photographie, mais je pourrais le reconnaître

  2   si on me montrait une bonne photo.

  3   M. Sayers (interprétation). - La photo est assez peu claire, mais je vous

  4   propose la possibilité qu'il s'agisse en fait de Zoran Kapetanovic qui est

  5   en fait le garde du corps personnel de M. Blaskic ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - C'est possible, j'ai pu faire erreur.

  7   M. Sayers (interprétation). - Et le suivant, à côté, le reconnaissez-vous

  8   comme étant M. Spajic, un responsable politique de Travnik ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Non, Monsieur, il n'était pas dans ma

 10   zone de responsabilité.

 11   M. Sayers (interprétation). - Et celui qui est à gauche, avec la chemise

 12   violette, qui porte un attaché-case, le reconnaissez-vous comme étant...

 13   (pas de traduction)

 14   M. Whitworth (interprétation). - Je ne reconnais pas cette chemise

 15   violette. Vous parlez de cette homme qui se trouve ici ?

 16   M. Sayers (interprétation). - Oui.

 17   M. Whitworth (interprétation). - Je ne le reconnais pas.

 18   M. Sayers (interprétation). - Prenons maintenant la pièce Z 25 10.

 19   Immédiatement à gauche de M. Santic, que vous avez identifié comme étant

 20   le maire de Vitez, reconnaissez-vous l'homme que l'on voit ici comme étant

 21   M. Zoran Maric, président du gouvernement du HVO à Busovaca ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - De quel homme parlez-vous ?

 23   M. Sayers (interprétation). - L'homme qui porte un costume sombre et un

 24   attaché-case.

 25   M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne reconnais pas cet homme, je ne


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  1   l'ai pas rencontré pendant mon séjour.

  2   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais rencontré l'un quelconque

  3   des responsables politiques de Busovaca ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Non.

  5   M. Sayers (interprétation). - Très bien?

  6   M. Whitworth (interprétation). - J'ai passé très peu de temps à Busovaca.

  7   J'y suis simplement resté pour organiser une rencontre entre le général

  8   Alister et M. Kordic une ou deux fois, et j'y ai passé une semaine quand

  9   Boris n'était pas là. Dans les deux cas, la ville est tombée dans ma zone

 10   de responsabilié, mais autrement ce n'était pas le cas.

 11   M. Sayers (interprétation). - Parlons de M. Anto Valenta. Vous en avez

 12   déjà parlé dans votre déposition, mais savez-vous quelles étaient ses

 13   fonctions politiques pendant toute la durée de votre séjour dans la vallée

 14   de la Lasva ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - En dehors du fait de savoir qu'il était

 16   l'un des représentants politiques les plus importants de la région,

 17   lorsque je l'ai rencontré je ne savais pas de qui il s'agissait. Sachant

 18   que j'étais présent dans le bâtiment, il s'est présenté à moi, nous nous

 19   sommes assis ensemble et nous avons parlé quelques instants. Nous avons

 20   échangé des vues sur ce qu'il pensait de la situation dans la vallée de la

 21   Lasva, mais je ne savais pas à ce moment-là qui il était.

 22   M. Sayers (interprétation). - Quelles étaient ses fonctions politiques ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne, il

 24   était un haut responsable du gouvernement croate, mais je ne me rappelle

 25   pas quelle était son affiliation politique.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Vous l'avez vu dans le même bâtiment que le

  2   colonel Blaskic, c'est-à-dire à l'hôtel Vitez, ce jour-là, n'est-ce pas ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Sayers (interprétation). - Et d'après vous, M. Valenta occupait un

  5   poste supérieur à M. Kordic à ce moment-là, n'est-ce pas ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - C'est l'impression que nous avons acquise

  7   au fil du temps, effectivement. Nous avons estimé que M. Kordic était

  8   inférieur à M. Valenta. Mais au départ de M. Valenta, M. Kordic est devenu

  9   le principal personnage politique de la région.

 10   M. Sayers (interprétation). - Oui, vous l'avez déjà dit, mais comment

 11   avez-vous acquis cette impression ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Eh bien simplement à partir du fait que

 13   les gens parlaient de l'autorité de M. Kordic et de son influence dans la

 14   région.

 15   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais entendu M. Valenta affirmer

 16   cela ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Je ne me rappelle pas l'avoir entendu, je

 18   ne l'ai rencontré que deux fois au début de mon séjour.

 19   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais entendu M. Kordic dire

 20   qu'il était inférieur ou subordonné à M. Valenta ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Non.

 22   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais entendu le colonel Blaskic

 23   décrire le rapport liant M. Valenta à M. Kordic ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Je ne pourrais dire que cela a été le

 25   cas. Je crois que le colonel Alister est sans doute mieux à même de


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  1   commenter ce point puisse qu'il a eu des conversations personnelles avec

  2   M. Kordic.

  3   M. Sayers (interprétation). - Qu'il suffise de dire cependant que les

  4   informations que vous aviez, consistaient à dire que M. Valenta était la

  5   personnalité politique croate la plus importante de la vallée de la Lasva,

  6   n'est-ce pas ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - A ce moment-là, oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Vous dites que vous avez quitté Vitez à un

  9   certain moment, est-ce que je vous ai bien compris ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - A quel moment ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Au cours de la rencontre arrangée à

 13   Kiseljak par les Nations Unies, lorsque nous avons fourni les véhicules

 14   blindés pour escorter les participants. Monsieur Valenta n'est pas revenu.

 15   Il est parti avec M. Kordic et M. Blaskic, et les gens dont vous avez vu

 16   les noms sur la liste. Et si ma mémoire est juste, je crois que j'ai bien

 17   énuméré tout le monde, il y avait 8 personnes qui ne sont pas revenues sur

 18   les 25 que nous avons escortées pour qu'elles aillent à cette réunion, car

 19   il y avait deux ou trois Warriors qui ne transportaient personne à la fin

 20   de la journée.

 21   M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé déjà de cette réunion, vous

 22   rappelez-vous à quel moment elle s'est déroulée ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Je pense que c'était au début de mon

 24   séjour sur les lieux, sans doute au début du mois de juin. Je prenais

 25   encore mes marques, je faisais connaissance avec les personnes les plus


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  1   importantes. Les hommes qui m'intéressaient le plus à ce moment-là étaient

  2   M. Skopljak et M. Santic, que je considérais comme les représentants les

  3   plus importants des autorités locales.

  4   Je ne connaissais pas encore bien les militaires. Nous essayons d'établir

  5   des rapports avec eux à ce moment-là.

  6   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous appris que des responsables

  7   politiques croates importants de la vallée de la Lasva avaient été

  8   transportés par hélicoptère par la Forpronu de Kiseljak jusqu'à

  9   Medjugordje, à la fin du mois d'aôut 1993, pour participer à

 10   l'inauguration d'une entité connue sous le nom de la communauté croate

 11   d'Herceg-Bosna ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Je n'étais pas au courant à ce moment-là,

 13   je ne me rappelle pas, peut-être que cela nous a été annoncé à une réunion

 14   d'information par la suite, mais je ne me rappelle pas.

 15   M. Sayers (interprétation). - Les photographies que vous avez identifiées

 16   où l'on voit M. Kordic notamment, savez-vous où elles ont été prises ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Là-encore, cela s'est passé au moment où

 18   nous organisions la rencontre de Kiseljak. Je suis surpris qu'il n'y ait

 19   pas d'annotations dans les bulletins d'informations militaires à ce sujet.

 20   Mais je crois que c'est à ce moment-là.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-il possible qu'elles aient été prises à

 22   la fin du mois d'août, Monsieur ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Peut-être.

 24   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

 25   M. Whitworth (interprétation). - Mon souvenir chronologique des événements


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  1   n'est pas parfait sur toute la durée du séjour.

  2   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

  3   Passons maintenant à un autre sujet, la défense de Stari Vitez dont vous

  4   avez déjà parlé dans votre déposition. Il ne fait aucun doute que le

  5   commandant musulman à Stari Vitez, Sefkija Dzidic, communiquait avec la

  6   325ème Brigade de montagne, avec son quartier général à Kruscica, n'est-ce

  7   pas ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il était en communication directe

  9   avec ce quartier général de Kruscica, et sans doute aussi avec le

 10   3ème Corps d'armée à Zenica.

 11   M. Sayers (interprétation). - Et M. Dzidic pouvait appeler un appui, un

 12   soutien de l'arttillerie et des mortiers chaque fois que Stari Vitez était

 13   attaquée, n'est-ce pas ? Il demandait cette aide aux autres positions de

 14   l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Je ne dirais pas que c'était le cas, non.

 16   Il y a eu des moments où des mortiers, où des obus de mortiers et

 17   d'artillerie sont tombés sur Vitez, et je doute que la réaction de

 18   Stari Vitez ait pu faire une différence du point de vue de l'utilisation

 19   du mortier ou de l'artillerie grâce à la 325ème Brigade de montagne. Mais

 20   il y a eu des cas effectivement où des actions de Stari Vitez ont répondu,

 21   ont correspondu à des pilonnages, aux mortiers et aux obus.

 22   M. Sayers (interprétation). - Très bien.

 23   Mais vous et vos collègues avez conclu que les équipements militaires et

 24   autres devaient passer pour atteindre Stari Vitez, n'est-ce pas ? Les

 25   livraisons ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Nous avons soupçonné que c'était le cas,

  2   mais cela n'a pas été le fruit de nos observations personnelles. En fait,

  3   il y avait un stock, une réserve de munitions à Stari Vitez, parce que

  4   pendant le premier conflit, lorsque les Croates et les Musulmans

  5   s'opposaient aux Serbes et combattaient du même côté, ils ont utilisé de

  6   nombreuses munitions. Donc, nous pensons qu'il devait y avoir un lieu où

  7   étaient gardées ces munitions.

  8   Et puis je rappelle l'événement où la livraison de l'équipement médical a

  9   permis de découvrir des munitions de 7,62 milimètres.

 10   Cela étant, ces livraisons devaient se faire au goutte-à-goutte.

 11   M. Sayers (interprétation). - Est-il exact que les Croates ont proposé à

 12   plusieurs reprises aux citoyens de Stari Vitez une évacuation ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Une offre a été faite aux civils leur

 14   permettant de quitter Stari Vitez, mais la situation à Stari Vitez était

 15   la même qu'à Vitez, à savoir que les hommes des milices étaient des

 16   habitants de la région.

 17   M. Sayers (interprétation). - Je ne voulais pas vous interrompre mais ma

 18   question était assez simple.

 19   M. Whitworth (interprétation). - Je me rappelle l'existence d'une telle

 20   offre, effectivement.

 21   M. Sayers (interprétation). - En page 10 375 du compte rendu d'audience de

 22   l'affaire Blaskic, on vous a posé la question suivante : au cours de votre

 23   séjour sur place, avez-vous eu connaissance d'offres faites par la zone

 24   opérationnelle et allant dans le sens d'une évacuation des civils ? Et

 25   votre réponse a été : oui, j'ai eu connaissance de ces offres. Mais ces


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  1   offres ont été rejetées, n'est-ce pas ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Pour la raison précisément que j'ai

  3   essayé d'expliquer il y a quelques instants, à avoir que les défenseurs de

  4   Stari Vitez étaient en fait aussi les occupants de Stari Vitez. Ils

  5   appartenaient aux milices, mais ils habitaient sur place et ils ne

  6   voyaient pas pourquoi il leur faudrait abandonner leur maison.

  7   M. Sayers (interprétation). - Mais vous-même, vous n'avez vu une bombe

  8   baby, n'est-ce pas ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - J'ai montré une bombe baby sur une

 10   photographie et j'ai pu constater de quel matériau elle était faite.

 11   M. Sayers (interprétation). - Ma question était très simple, je vous le

 12   répète : vous n'avez jamais vu une bombe baby tomber sur Stari Vitez,

 13   n'est-ce pas ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Non, j'en ai entendu tomber plusieurs,

 15   mais vu, non.

 16   M. Sayers (interprétation). - Vous avez eu l'autorisation du HVO d'évacuer

 17   un certain nombre de personnes âgées et blessées de Stari Vitez, n'est-ce

 18   pas, personnellement ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Je ne me rappelle pas l'avoir fait. Mais

 20   faites-vous référence à un exemple particulier ?

 21   M. Sayers (interprétation). - Eh bien vous avez témoigné dans l'affaire

 22   Blaskic, en page 10 443 du compte rendu d'audience, je cite : "on a fini

 23   par nous autoriser à transférer une douzaine de personnes environ qui

 24   étaient des personnes âgées ou blessées, ou méritant des soins médicaux

 25   qu'ils ne pouvaient obtenir dans les limites de Stari Vitez".


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  1   Monsieur Whitworth, les interprètes disent que votre réponse était

  2   inaudible.

  3   M. Whitworth (interprétation). - Pourriez-vous répéter la question ? Je

  4   vais répéter la réponse.

  5   M. Sayers (interprétation). - Eh bien cela nous suffit, je suppose.

  6   M. le Président (interprétation). - Monsieur Sayers, est-ce que vous avez

  7   d'autres questions ?

  8   M. Sayers (interprétation). - Quarante minutes sans doute, environ.

  9   M. le Président (interprétation). - Parce qu'il faut essayer de terminer

 10   sa déposition aujourd'hui. Il a des obligations en Angleterre et il ne

 11   serait pas convenable qu'on le retienne plus longuement que la journée

 12   d'aujourd'hui, donc pourriez-vous accélérer un peu, je vous prie ?

 13   M. Sayers (interprétation). - Très bien, Monsieur le Président.

 14   Eu égard à l'incident au sujet dont vous avez déjà parlé et auquel

 15   participait le commandant Dzidic de Stari Vitez, où il y a eu introduction

 16   illégale d'armes dans Stari Vitez, vous avez personnellement confirmé

 17   qu'il avait été trompé, abusé, n'est-ce pas ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - C’est exact.

 19   M. Sayers (interprétation). - Et lui a haussé les épaules et dit : "Mais à

 20   quoi vous attendez-vous ?", n'est-ce pas ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Cest exact, en effet.

 22   M. Sayers (interprétation). - Il vous a dit, en fait, que ce genre de

 23   choses étaient indispensables, nécessaires, n'est-ce pas ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - C'est possible. Je crois qu'il m'a

 25   répondu que, dans les fonctions qui étaient les siennes, on ne pouvait pas


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  1   s'attendre à ce qu'il agisse autrement, quelque chose de ce genre.

  2   M. Sayers (interprétation). - Quelques questions seulement au sujet du

  3   convoi de la joie. Il est vrai, n'est-ce pas, personne ne le nie, qu'une

  4   attaque musulmane majeure a été lancée contre la ville de Travnik entre le

  5   8 et le 12 juin 1993, n'est-ce pas ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Je me rappelle pas les dates, mais je

  7   sais qu'il y a eu une offensive majeure de la part de l'armée de Bosnie-

  8   Herzégovine.

  9   M. Sayers (interprétation). - Il est permis de dire que cette offensive a

 10   échoué et il est exact de dire, n'est-ce pas, que le HVO a été vaincu à

 11   Travnik et que la ville a été capturée, n'est-ce pas ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Oui, le HVO s'est retiré.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et qu'il y a eu des milliers de réfugiés qui

 14   ont quitté la ville en conséquence de cette action ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Je n'ai pas assisté à ce départ des

 16   réfugiés, mais je suis sûr qu'il y en a eu un certain nombre qui sont

 17   partis effectivement.

 18   M. Sayers (interprétation). - Le convoi de la joie était un convoi privé,

 19   n'est-ce pas ? Ce n'était pas un convoi du HCR ou des Nations Unies ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - En effet, c'était un convoi organisé sur

 21   initiative individuelle.

 22   M. Sayers (interprétation). - A Tuzla ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Oui, Tuzla.

 24   M. Sayers (interprétation). - Le mandat des forces du bataillon

 25   britannique à Nova Bila et dans la vallée de la Lasva consistait à


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  1   favoriser le passage des convois d'aide humanitaire dépendant des Nations

  2   Unies, n'est-ce pas, et de ses instances spécialisées ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Oui, je crois que cela faisait partie de

  4   leur mandat, effectivement.

  5   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu connaissance du fait que

  6   plusieurs Croates ont été tués au cours de l'incident du convoi de la joie

  7   par des forces des Nations Unies, par la Forpronu ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Un conflit a surgi, je pense, au moment

  9   où le colonel Alister a décidé qu'une force minimale était nécessaire pour

 10   essayer d'empêcher une détérioration ultérieure de la situation.

 11   M. Sayers (interprétation). - Qui a impliqué la mort de plusieurs Croates,

 12   n'est-ce pas ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Je ne saurais vous dire combien il y en a

 14   eu mais quelques personnes ont trouvé la mort, effectivement.

 15   M. Sayers (interprétation). - S'agissant du convoi de la joie et de

 16   l'incident lié à ce convoi, vous conviendrez, n'est-ce pas, qu'aucune

 17   mention du nom de M. Kordic n'a été faite en liaison avec l'épisode relaté

 18   par vous dans votre déclaration du 14 août 1996, n'est-ce pas ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Sans lire la déclaration, je ne saurais

 20   le dire.

 21   M. Sayers (interprétation). - Nous pouvons mettre la page pertinente sur

 22   le rétroprojecteur.

 23   M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas nécessaire, je suis sûr

 24   que le témoin acceptera ce fait.

 25   M. Sayers (interprétation). - Oui, je pense qu'il n'y a pas de doute à ce


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  1   sujet.

  2   M. le Président (interprétation). - La référence, si je me souviens bien,

  3   se trouve dans le bulletin d'informations militaires, n'est-ce pas ?

  4   M. Sayers (interprétation). - En effet.

  5   M. le Président (interprétation). - Oui.

  6   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez pas témoigné sur M. Kordic et le

  7   convoi de la joie, n'est-ce pas ? Vous n'avez pas dit qu'il y avait un

  8   lien entre les deux dans votre témoignage dans le cours de l'affaire

  9   Blaskic ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Je pense que je me concentrais sur le

 11   rôle joué par le colonel Blaskic à ce moment-là.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et on peut dire la même chose pour l'affaire

 13   Kupreskic, n'est-ce pas ?

 14   M. le Président (interprétation). - On ne lui a sans doute pas posé la

 15   question.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Non, en effet, M. le Président ne me l'a

 17   pas posée.

 18   M. Sayers (interprétation). - Ce n'est pas très utile, en ce moment,

 19   Maître Sayers, tout cela se trouve dans le bulletin de renseignements

 20   militaires. Si vous avez une question précise, posez-la, sinon avançons.

 21   M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 22   Monsieur le Témoin, s'agissant de ce convoi, il a été arrêté par une foule

 23   importante de femmes et d'enfants civils croates, n'est-ce pas ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne parce

 25   que je n'ai pas assisté à la scène moi-même.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et la présence de l'ambassadeur Thébault, à

  2   votre avis, a poussé le colonel Blaskic à immédiatement ordonner la

  3   libération du convoi, n'est-ce pas ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - L'ambassadeur Thébault est arrivé sur les

  5   lieux très peu de temps après pour essayer d'aider à résoudre la

  6   situation, en effet.

  7   M. Sayers (interprétation). - Page 3 de votre déclaration de 1996, vous

  8   dites : "Je me rappelle clairement également la présence de Thébault qui a

  9   entraîné une action immédiate de la part de Blaskic, celui-ci ayant

 10   ordonné la libération du convoi".

 11   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - C'est précis, n'est-ce pas ? Très bien.

 13   Je pense que vous avez témoigné dans l'affaire Blaskic que, sur la base

 14   des ordres émanant du colonel Blaskic, M. Gelic, son officier de liaison,

 15   et vous-même avez réussi à obtenir qu'un grand nombre de véhicules soient

 16   relâchés et que le convoi puisse poursuivre sa route vers Tuzla.

 17   M. Whitworth (interprétation). - Finalement, oui, mais nous avons dû

 18   passer pas mal de temps à nous battre sur cette question.

 19   M. Sayers (interprétation). - Et tous les commandants locaux du HVO ont

 20   obéi aux ordres du colonel Blaskic, relayés jusqu'à eux par M. Gelic,

 21   n'est-ce pas ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Cela s'est produit après l'incident au

 23   point de contrôle de Dubravica avec le commandant Cerkez en présence de

 24   Karlo Grabovac, en effet.

 25   M. Sayers (interprétation). - En fait, vous avez témoigné dans l'affaire


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  1   Blaskic qu'en raison des problèmes qui ont surgi, vous avez décidé de vous

  2   adresser directement au sommet, n'est-ce pas ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - ...(Inaudible).

  4   M. Sayers (interprétation). - Oui ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact, monsieur, en effet.

  6   M. Sayers (interprétation). - Et l'homme au sommet était le colonel

  7   Blaskic, n'est-ce pas ?

  8   M. Sayers (interprétation). - En tant que commandant militaire de toute la

  9   zone, oui, sur le terrain.

 10   M. Sayers (interprétation). - Vous étiez présent lorsque le général

 11   Petkovic, ou M. Kordic, ou l'un quelconque des représentants militaires

 12   les plus importants, a participé aux négociations liées à cet incident ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - J'étais présent, mais le général Petkovic

 14   n'était pas présent. J'étais présent quand M. Kordic était là.

 15   M. Sayers (interprétation). - Très bien. La foule de civils qui a

 16   appréhendé le convoi, qui l'a arrêté, qui l'a pillé, était très agitée,

 17   n'est-ce pas, monsieur ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact. En fait, des obus tombaient

 19   sur le centre de Vitez au moment où le convoi était en train d'être

 20   arrêté, n'est-ce pas ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas à ma connaissance. Vous parlez

 22   de deux événements différents. Le convoi de la joie, pour autant que je

 23   m'en souvienne, n'a pas été arrêté par des tirs de mortier ou

 24   d'artillerie. Cela s'est passé quand les véhicules des Nations Unies ont

 25   été retenus dans le centre de Vitez.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Et dans le bulletin de renseignements

  2   militaires que vous avez rédigé, Zenica 1.0.44 n° 33, êtes-vous l'auteur

  3   du commentaire que l'on trouve à la page 1 de ce document, monsieur ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - A quel bulletin faites-vous référence ?

  5   M. Sayers (interprétation). - Le bulletin de renseignements militaires

  6   n° 043 : j’attitre votre attention plus particulièrement sur le

  7   paragraphe 3.

  8   M. Whitworth (interprétation). - Non, les commentaires que l'on fait ici

  9   viennent de l'officier de renseignements qui recevait les informations

 10   nécessaires de l'officier de liaison pendant la journée.

 11   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous de quel officier de liaison il

 12   s'agissait ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Qui était-il ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Simon Harrison.

 16   M. Sayers (interprétation). - Le capitaine Simon Harrison ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact. Ce sont donc les

 18   informations recueillies par lui qui servaient de base à la rédaction de

 19   ce paragraphe.

 20   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous jamais entendu quelqu'un dire que

 21   M. Kordic avait pris part à la planification de cet arrêt du convoi ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Non, monsieur, je n’ai pas de souvenirs

 23   dans ce sens.

 24   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Le colonel Blaskic n’a

 25   certainement rien dit de ce genre, n’est-ce pas ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). -  Je n’ai pas de souvenirs dans ce sens.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et M. Kordic ne l’a pas fait pendant votre

  3   présence aux négociations ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Je crois avoir dit à plusieurs reprises

  5   que je n’ai pas de souvenirs précis des conversations qui se sont

  6   déroulées à ce moment-là. Ce qui m’intéressait davantage, c’était obtenir

  7   que le convoi se regroupe physiquement et qu’il puisse se voir assurer un

  8   passage en toute sécurité. C'est le colonel Alister qui était responsable

  9   des réunions avec M. Blaskic et M. Kordic à ce moment-là.

 10   M. le Président (interprétation). - Est-ce un moment opportun pour la

 11   pause déjeuner ?

 12   Maître Sayers, je vous demanderai, à vous-même et à M. Kovacic de vous

 13   organiser pour vous partager le temps du contre-interrogatoire de façon à

 14   ce que l'audition du témoin puisse s’achever à la fin de cet après-midi.

 15   Ce serait une bonne chose et je souligne que c'est également une chose

 16   nécessaire.

 17   M. Sayers (interprétation). - Je comprends très bien, Monsieur le

 18   Président. Je ferai de mon mieux pour que les choses se déroulent ainsi.

 19   M. le Président (interprétation). - Monsieur Whitworth, nous allons

 20   suspendre l’audience jusqu’à 14 heures 30, je vous prierai de ne parler à

 21   personne de votre déposition au cours de cette interruption d’audience et

 22   je vous demanderai également d’éviter que des tiers vous parlent de cela,

 23   y compris bien entendu les membres du Bureau du Procureur.

 24   L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.

 25   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?


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  1   M. Sayers (interprétation). - Monsieur Whitworth, dans le cadre des

  2   instructions de M. le Président, je vais  essayer d'en terminer avec votre

  3   contre-interrogatoire dans les vingt minutes, donc nous allons revenir sur

  4   un certain nombre de sujets, de thèmes que vous avez évoqués lors de votre

  5   interrogatoire principal, et ceci, assez rapidement.

  6   L'incident qui a vu la mort de Mlle Kaloba le 5 juillet 1993. Elle a été

  7   tuée alors qu'elle se trouvait dans un bâtiment où vous vous trouviez

  8   vous-même ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 10   M. Sayers (interprétation). - Une balle a traversé un mur et l'a touchée

 11   en pleine tête ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Ce n'est pas exact puisqu'elle se

 13   trouvait dans l'encadrure d'une porte, et c'est là qu'elle a été touchée.

 14   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez fait une enquête de deux ou

 15   trois jours, n'est-ce pas ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Avec l'assistance du représentant du HVO,

 17   qui nous a été fournie par la brigade de Vitez à la demande du colonel

 18   Blaskic.

 19   M. Sayers (interprétation). - Dans l'affaire Blaskic, vous avez dit qu'un

 20   certain nombre de balles ont touché le bâtiment et l'une de ces balles a

 21   touché Mlle Kaloba en pleine tête et l'a tuée ; est-ce que vous vous

 22   trouviez à l'étage ou au rez-de-chaussée au moment où cet incident s'est

 23   produit ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Je me trouvais sur le balcon à l'étage

 25   supérieur.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Donc vous avez assisté à l'incident ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Je ne regardais pas exactement l'endroit

  3   où les balles sont arrivées.

  4   M. Sayers (interprétation). - Et je crois que votre officier supérieur, le

  5   colonel Duncan, vous a chargé d'enquêter sur cette affaire. Vous avez mené

  6   une enquête qui a duré trois jours, n'est-ce pas ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Et vous n'êtes parvenu à aucune conclusion

  9   définitive ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - La conclusion à laquelle je suis parvenu

 11   ainsi que les membres de notre police militaire, c'est que les tirs

 12   venaient de l'une des maisons croates de l'autre côté de la route par

 13   rapport à l'endroit où nous nous trouvions.

 14   M. Sayers (interprétation). - Pendant votre enquête, vous avez essayé

 15   d'obtenir l'aide de la 325ème Brigade de montagne ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact.

 17   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez constaté qu'ils n'étaient pas

 18   prêts à vous aider ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact, en effet.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous ne nous dites pas que Mlle Kaloba a été

 21   ciblée, mais qu'elle a été la victime d'un incident malheureux ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Comme je l'ai dit dans l'affaire Blaskic,

 23   il y avait un échange de tirs qui se produisait à ce moment-là, échange de

 24   tirs d'armes légères et le colonel Alister a dit qu'il faudrait que

 25   quelqu'un rende des comptes à la justice pour cet acte parce qu'il y avait


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  1   donc un échange de tirs alors que des membres des Nations Unies se

  2   trouvaient sur place et elle était elle-même employée par les Etats-Unis,

  3   et nous avions essayé à plusieurs reprises d'obtenir un cessez-le-feu

  4   local, ce qui n'avait mené à aucun résultat.

  5   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez communiqué les

  6   résultats de votre enquête au HVO ? Est-ce que vous avez donné les

  7   résultats au HVO ou à l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui, mais pas... je les ai communiqués à

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais pas au HVO, que cela n'intéressait

 10   pas.

 11   M. Sayers (interprétation). - A qui avez-vous communiqué ces

 12   informations ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - A Darko Gelic. Il a communiqué les

 14   informations au colonel Blaskic.

 15   M. Sayers (interprétation). - Parlons maintenant du deuxième incident lors

 16   duquel le chauffeur du Haut-Commissariat aux Nations Unies a été tué. Vous

 17   êtes allé à Stari Vitez pour enquêter à l'endroit où cela s'était passé,

 18   mais le commandant Dzidic vous a interdit d'entrer à Stari Vitez pour

 19   enquêter ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Non, ce n'est pas exact, en fait, je me

 21   suis rendu exactement où cela s'est passé, en allant vers la maison du

 22   commandant Ceska*.

 23   M. Sayers (interprétation). - A la page 10 264 de votre déposition dans

 24   l'affaire Blaskic, vous avez dit que l'enquête n'a pas progressé parce que

 25   le commandant Ceska*, commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Stari


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  1   Vitez, ne voulait laisser entrer personne du HVO au point d'impact.

  2   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact, mais vous m'avez posé

  3   une question au sujet de moi-même et de ma capacité à me rendre au point

  4   d'impact et cela m'a été possible.

  5   M. Sayers (interprétation). - Au sujet des hélicoptères, est-ce que vous

  6   avez vu des marques particulières sur les hélicoptères ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Ceux qui atterrissaient à Kiseljak ne

  8   portaient aucun signe militaire distinctif, ils avaient une bande bleue et

  9   il y en avait qui étaient semblables à Split. C'étaient également des

 10   hélicoptères qui ressemblaient beaucoup à ceux qui venaient de Split.

 11   M. Sayers (interprétation). - Vous avez déclaré que vous estimiez que ces

 12   personnes portaient, d'après vos hypothèses, des personnages importants,

 13   mais cela n'est qu'une hypothèse de votre part ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - En effet, c'est une hypothèse.

 15   M. Sayers (interprétation). - Dans le cadre de votre mission pendant ces

 16   six mois, vous n'avez jamais vu des civils obligés de creuser des

 17   tranchées ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas à ma connaissance ni autant que

 19   je m'en souvienne.

 20   M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit que le bureau de M. Kordic se

 21   trouvait dans un immeuble qui s'appelait le "nid d'aigles" ; qui le

 22   dénommait ainsi ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - C'est un surnom qui m'a été communiqué

 24   par l'officier de liaison de Busovaca, je ne sais pas d'où il l'avait

 25   appris. J'ai eu l'impression, quand j'y suis allé à plusieurs reprises,


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  1   qu'on l'avait appelé ainsi parce que ça se trouvait au fond d'une vallée

  2   très isolée en sortant de Busovaca et en se rendant dans les montagnes.

  3   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous entendu parler d'un autre endroit

  4   que l'on appelait "le nid d'aigles" ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Non.

  6   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous qu'il y avait un immeuble à

  7   Vares que le commandant du bataillon nord appelait le "nid d'aigles" ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Je ne le savais pas.

  9   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous entendu dire que l'on faisait

 10   référence à cet endroit, non pas sous le nom du "nid d'aigles", mais sous

 11   le nom de "l'antre du loup" ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Non.

 13   M. Sayers (interprétation). - Quelques questions, maintenant, au sujet de

 14   M. Kordic. Est-ce que vous saviez quelle était sa position au sein de la

 15   communauté d'Herceg Bosna ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne connaissais pas sa situation

 17   et sa position politique.

 18   M. Sayers (interprétation). - Savez-vous s'il a eu un poste au sein de la

 19   communauté croate d'Herceg-Bosna ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas officiellement.

 21   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez si les hommes

 22   politiques croates et les dirigeants militaires croates tenaient des

 23   conférences de presse régulières en été 1993 chaque semaine ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - C'est probable qu'ils l'aient fait, mais

 25   je ne m'en souviens pas vraiment.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous participé à une de ces conférences

  2   de presse ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.

  4   M. Sayers (interprétation). - Merci beaucoup, monsieur le témoin, j'en ai

  5   fini de mes questions.

  6   M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Sayers. Maître Kovacic,

  7   c'est à vous.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Je m'appelle Kovacic, je suis l'avocat de

  9   Rijeka ; avec mon confrère Mikulicic, nous défendons le deuxième accusé

 10   Cerkez. Nous avons bien évidemment un problème de langue, nous ne nous

 11   comprenons pas, nous devons passer par les interprètes par conséquent

 12   c'est d'actualité ; nous parlons des langues différentes et la nécessité

 13   s'impose de s'attendre pour laisser le temps aux interprètes de faire le

 14   travail correctement.

 15   Si jamais vous ne comprenez pas la question que je vous pose, je vous

 16   invite à me demander de reformuler la question.

 17   Vous nous avez dit que vous étiez capitaine, n'est-ce pas ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Je l'étais en effet à l'époque.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Whitworth, vu un certain nombre de

 20   problèmes au sujet de langues, est-il vrai de dire qu'en ce qui concerne

 21   la communication avec les représentants du HVO, je suppose avec les

 22   membres de l'armée également, que vous avez utilisé le surnom de Perry ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact, en effet.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce que je peux supposer alors que des

 25   commandants locaux du HVO -c'est ce qui m'intéresse- qui communiquaient


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  1   avec vous, vous connaissaient par ce surnom ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - C'est mon prénom et c'est ce qui était

  3   utilisé, on m'appelait le capitaine Perry et tous les gens que je

  4   connaissais en Bosnie m'appelaient ainsi : capitaine Perry.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Je vous remercie.

  6   Quelques questions au sujet du convoi dont il a été question longuement.

  7   Vous en avez beaucoup parlé, je ne suis pas tout à fait sûr que tout soit

  8   clair pour tout le monde ici dans la Chambre, ce qui s'est passé au cours

  9   de cet incident. Pour éclaircir tout ce qui s'est passé et qu'il n'y ait

 10   pas de malentendu, j'aimerais attirer votre attention sur trois titres

 11   quand on parle de ce convoi.

 12   Il y a trois termes qui ont été utilisés, on l'appelle le "convoi de la

 13   joie", on l'appelle également le "convoi de l'aide humanitaire" et le

 14   "convoi de Tuzla". Est-ce que ceci se rapporte à un même convoi, convoi

 15   d'infirmerie, probablement ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Autant que je m'en souvienne, c'est en

 17   effet le cas. Le convoi de la joie, c'est le nom que nous utilisions pour

 18   faire référence à ce convoi ; c'est la presse qui utilisait le nom de

 19   Konvoj et les gens de Tuzla ou les membres du convoi utilisaient la

 20   référence de Tuzla parce que c'est de là qu'il venait.

 21   Mais je pense qu'il y a eu plus d'un convoi qui est venu de Tuzla et il

 22   est possible que différents noms aient été utilisés, mais ce convoi en

 23   particulier, qui comportait 80 camions, nous l'appelions "convoi de la

 24   joie", celui qui venait de Split jusqu'à Tuzla.

 25   M. Kovacic (interprétation). - De toute façon, il est sûr que cela se


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  1   passait les 11 et 12 juin 1993 ? Là, on n'a pas de doute ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - J'ai du mal à me souvenir exactement des

  3   dates en raison du temps qui s'est écoulé depuis. Mais la source de

  4   référence la plus exacte, ce sont les bulletins de renseignements

  5   militaires qui ont été rédigés à l'époque et c'est là que l'on peut

  6   découvrir à quelle date a eu lieu tel événement.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Oui, c'est tout à fait raisonnable. Et dans

  8   le bulletin de renseignements, on parle du 10 et du 11 juin en parlant de

  9   ce convoi.

 10   En ce qui concerne le convoi lui-même, d'après les informations dont nous

 11   disposons, lors des préparatifs, le général Petkovic -vous en avez parlé

 12   quelque peu, vous vous en référiez à ce général- avait promis

 13   solennellement que ce convoi aurait eu la liberté de circuler. Avez-vous

 14   eu cette information au sujet du convoi ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - C'est possible, mais je ne m'en souviens

 16   pas.

 17   (L'interprète signifie que "convoi of mercy" signifie "convoi de la

 18   miséricorde".)

 19   M. Kovacic (interprétation). - Le convoi a été d'abord bloqué au niveau de

 20   Travnik, qui renforçait ce territoire.

 21   M. Whitworth (interprétation). - Je crois que c'est en effet exact.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Au moment où des difficultés se sont

 23   avérées présentes, est-ce que vous étiez au courant que le général

 24   Petkovic était à Vitez et qu'à cette époque-là, il y avait des contacts et

 25   des négociations avec des officiers de la Forpronu et du plus haut rang et


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  1   de l'ECMM pour essayer de résoudre le problème du convoi qui a été arrêté

  2   à Novi Travnik ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Je ne m'en souviens pas exactement, je ne

  4   me souviens pas de ce que vous évoquez. Moi, je me souviens seulement que

  5   le colonel Alister a été impliqué, ainsi que l'ambassadeur Thébault, mais

  6   je ne savais pas que le général Petkovic avait été impliqué, ou du moins,

  7   je ne me souviens pas qu'il ait été impliqué dans cette affaire à un

  8   moment quelconque.

  9   M. Kovacic (interprétation). - Moi je regarde le rapport de l'ECMM du

 10   13 juin 1993, rapport qui a été versé au dossier Z1040. Sur la page n° 5

 11   de ce rapport, l'auteur de ce texte, de ce rapport, cite qu'il allait se

 12   rendre à Vitez et dans le but de rencontrer le général Petkovic qui a

 13   passé la nuit à Vitez. C'est un rapport, une note qui se rapporte au

 14   10 juin, sous-titre du rapport : "L'attaque du HVO sur le convoi de

 15   Tuzla".

 16   Indépendamment du fait que vous n'arrivez pas à vous souvenir que le

 17   général Petkovic y était, il s'agissait quand même de négociations à un

 18   très haut niveau ; vous êtes bien d'accord avec moi ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Si vous le dites, c'est sans doute le

 20   cas.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce qu'il est une norme militaire que

 22   l'officier le plus haut gradé préside les négociations, dans le cas

 23   concret ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Oui, si c'est l'officier commandant

 25   présent, à ce moment-là, il est naturel que ses subordonnés agissent selon


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  1   ses instructions.

  2   M. Kovacic (interprétation). - En ce qui concerne ces négociations, il y a

  3   une solution à laquelle les deux parties sont arrivées, à savoir de

  4   regrouper le convoi pour pouvoir lui donner la permission de partir et que

  5   l'espace à côté de l'usine Impregnacija, qui se trouve au bord de Vitez,

  6   avait été envisagé pour le regroupement. Vous souvenez-vous de cette usine

  7   où il y avait la fabrication et l'imprégnation du bois ? C'est là où on

  8   avait regroupé le convoi, n'est-ce pas ?

  9   Je vais vous demander, s'il vous plaît, de nous dire oui ou non car les

 10   interprètes ne peuvent pas interpréter les signes de tête.

 11   M. Whitworth (interprétation). - C'est là qu'un obstacle a empêché la

 12   poursuite de l'acheminement du convoi parce qu'il y a eu un rassemblement

 13   de la population civile au point de contrôle de Dubravica, à côté de cette

 14   usine de traitement du bois, à laquelle vous faites référence, c’est là

 15   que la confrontation a eu lieu entre le commandant Cerkez et l’ambassadeur

 16   Thébault et le colonel Blaskic. En ce qui concerne les véhicules, ils ont

 17   été envoyés dans divers endroits, à Vitez même et le long de la route. Et

 18   l’accord a conclu que la population civile devait se disperser et que l'on

 19   devait ramener les véhicules afin de reformer le convoi.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, nous sommes bien d’accord

 21   qu’il s’agissait d'un endroit où on a essayé de regrouper, reformer le

 22   convoi et de lui permettre de poursuivre ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - C’est là que le convoi a rencontré son

 24   dernier obstacle et, une fois que cet obstacle a été enlevé, le convoi a

 25   pu être reformé et être dirigé vers Zenica et la vallée de la Lasva. En


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  1   fait, on ne peut pas dire que le convoi a été formé ou reformé. Cet

  2   endroit représente la dernière barrière sur le chemin suivi par le convoi

  3   vers la vallée de la Lasva.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Donc le plus grand obstacle a été provoqué

  5   par des personnes civiles, c’est ce que vous venez de dire. Est-ce

  6   qu’éventuellement, on a présenté un certain nombre de raisons pour

  7   lesquelles ces civils n'avaient pas permis au convoi de traverser ? Est-ce

  8   qu'ils ont évoqué les raisons pour lesquelles ils ont bloqué le convoi ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Ce que les gens ne cessaient de dire,

 10   c'est que ce qu'il y avait à l’intérieur du convoi devait être distribué

 11   équitablement dans la zone de Tuzla, aussi bien que dans la zone de la

 12   Lasva et de Vitez. Il n'y avait pas de soldats dans cette foule, il n'y

 13   avait que des femmes et des enfants et des gens qu'il nous est très

 14   difficile, à nous, en tant que soldats, de disperser pour permettre le

 15   passage d'un convoi. Il était évident, très clair qu'il n'y avait aucun

 16   représentant des forces militaires au moment où cela se produisait.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Dites-moi, s’il vous plaît, à cette époque-

 18   là, Vitez est dans la vallée de la Lasva, indépendamment de toutes les

 19   difficultés. Il y avait quand même la police civile, vous avez eu

 20   l'occasion de la voir ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait en effet un ou deux membres de

 22   la police civile, c'est exact.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Entendu. Comme vous venez de parler de

 24   cette localité quelque peu plus loin, c'est l'école de Dubravic et c’est

 25   l’unité des Vitezovi, de Darko Kraljevic, qui était stationnée à cet


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  1   endroit, vous savez cela, n’est-ce pas ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne le savais pas.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Vous n'avez pas reconnu cet endroit comme

  4   un des endroits de rassemblement ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Pouvez-vous répéter la question, s’il

  6   vous plaît, je n'ai pas bien compris ?

  7   M. Kovacic (interprétation). - Je voulais simplement poser la question

  8   suivante : étiez-vous au courant que c’était un des endroits où ils se

  9   réunissaient, pas l'endroit principal des Vitezovi ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Je ne comprends pas bien à quel immeuble

 11   ou à quelle zone vous faites référence. Il y avait une zone vers

 12   Nova Bila, des immeubles de quelques étages, dont je sais qu'ils avaient

 13   été utilisés pour des réunions entre le colonel Blaskic et d'autres

 14   commandants militaires, mais le seul endroit dont je savais qu'il servait

 15   de siège aux Vitezovi, c'était un endroit à Gorni Veceriska mais je pense

 16   qu'il avait un quartier général quelque part.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Merci bien. Etant donné que vous avez parlé

 18   de la présence de Cerkez parmi ces civils, affirmez-vous que lui-même

 19   avait commandé ces civils d’une façon ou d'une autre ? Avez-vous compris,

 20   eu l'impression que, eux, ils étaient sous son propre contrôle, enfin le

 21   contrôle de fait ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Non, non, ce que je dit, c’est qu'il

 23   était évident qu'il n'y avait aucun policier, aucun militaire qui aurait

 24   pu rétablir l'ordre et aller dans le sens des instructions données par le

 25   colonel Blaskic. C’est pourquoi le colonel Blaskic a réprimandé ses hommes


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  1   quand il a notamment dit au commandant Cerkez qu'il était anormal qu'il

  2   n’ait rien fait pour permettre que les ordres de Blaskic soient exécutés.

  3   Il s'agissait d'ordres tendant au démantèlement du barrage et à la

  4   reformation du convoi. La police civile n'a absolument pas été présente ni

  5   les militaires de quelque sorte que ce soit. Ils étaient complètement

  6   absents de l'endroit.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Mais le fait que Blaskic se soit adressé à

  8   Cerkez, il y a quelqu'un qui vous l’a interprété ou bien c'est par les

  9   mimiques, par les gestes ? Comment avez-vous compris qu'il s'adressait à

 10   Cerkez ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Je l’ai pensé à ce moment-là, le

 12   comportement du colonel Blaskic, la façon dont il a parlé au commandant

 13   Cerkez. Quand on voyait la réaction du commandant, on devinait que Blaskic

 14   lui avait fait un reproche et lui avait reproché, justement, de ne pas

 15   aller dans le sens des ordres donnés par lui, Blaskic, pour permettre au

 16   convoi de poursuivre sa route.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Puis-je en conclure que vous êtes d'avis

 18   que, dans le cas concret, l’unité des Domobrani, l'armée du HVO était

 19   chargée de contrôler l'ordre et le comportement des civils ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Pouvez-vous me répéter cette question, me

 21   dire notamment de quelles unités vous parlez ?

 22   M. Kovacic (interprétation). - N'importe quelle unité du HVO. La brigade

 23   dans le cas concret, pensez-vous qu'elle a les prérogatives de contrôler

 24   les activités des civils ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - C’est ce que j’aurais attendu : que les


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  1   militaires exercent un contrôle important sur la population, vu les

  2   circonstances qui prévalaient dans la vallée de la Lasva. Le commandant

  3   Cerkez était très respecté par la population croate de Vitez. Il y avait

  4   des policiers civils présents qui étaient reconnus comme une autorité

  5   suffisante au point de contrôle de Dubravica et, comme la plupart des

  6   hommes en âge de porter des armes étaient les membres des unités locales,

  7   de la milice locale donc sous le commandant Cerkez, il semblait qu'il

  8   aurait été tout à fait en mesure d'exécuter les ordres donnés par le

  9   colonel Blaskic, ordres destinés à permettre le passage du convoi.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez dit qu'il n'y avait pas beaucoup

 11   de soldats du HVO et, même si c’était la tâche de Cerkez, comment a-t-il

 12   pu influencer les civils pour qu'ils laissent passer le convoi ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Pour la raison que j'ai mentionnée

 14   auparavant, tout d'abord, c'était quelqu'un qui était très connu à Vitez,

 15   très respecté à Vitez.

 16   Deuxièmement, il n'aurait pas été déraisonnable de sa part, s'il allait

 17   dans le sens des ordres donnés par le colonel Blaskic, qu'il ait placé des

 18   membres des milices locales là pour permettre le passage du convoi et le

 19   démantèlement du barrage.

 20   D'autre part, il y avait là des membres de la police civile qui étaient

 21   indéniablement informés de la situation et qui auraient dû permettre le

 22   passage du convoi. Ceci aurait dû permettre de disperser la foule qui

 23   bloquait le passage du convoi.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Je pense que nous avons terminé avec

 25   ce groupe de questions.


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  1   Si je peux attirer votre attention sur un autre sujet auquel je vais me

  2   référer, je vais vous poser quelques questions. Il s’agit de la chaîne de

  3   commandement. A un moment donné, vous avez dit que l’on avait l'impression

  4   que Cerkez était le commandant de toutes les unités à Vitez. Pouvons-nous

  5   essayer d’étabilir un certain nombre de faits. Les brigades du HVO étaient

  6   organisées selon le principe territorial et étaient rattachées aux

  7   municipalités, n'est-ce pas ?

  8   M. Whitworth (interprétation). - Oui c'est exact, en effet.

  9   M. Kovacic (interprétation). - Par ailleurs, vous avez dit... Excusez-moi,

 10   je reprends, vous avez dit que Busovaca et Vitez se trouvent dans une même

 11   zone de responsabilité et ont le même commandant. On ne va pas parler

 12   d’autres municipalités pour simplifier les choses. Est-ce que c’est vrai ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Pour expliquer les choses simplement, on

 14   peut considérer que c’est exact, en effet.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur Grubesic est le commandant de

 16   brigade à Busovaca -vous en avez avez parlé- alors qu’à Vitez, c'est Mario

 17   Cerkez - vous en avez parlé également. Grubesic et Cerkez ont Blaskic

 18   comme supérieur au niveau de la zone de responsabilité, il n'y a aucun

 19   doute là-dessus, n'est-ce pas ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - C’est une question ?

 21   M. Kovacic (interprétation). - Oui, êtes-vous d'accord ?

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c’est comme cela que les choses nous

 23   semblaient être à l’époque.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Lors de votre témoignage, vous avez dit par

 25   ailleurs que les unités des Jokeri, qui étaient stationnées à Busovaca,


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  1   n’étaient pas sous le commandement de Grubesic qui était commandant de la

  2   Brigade de Busovaca, est-ce exact ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - C’est exact, en effet. Je crois que c’est

  4   le commandant de la police militaire qui commandait aux Jokeri, Pasko

  5   Ljubicic.

  6   M. Kovacic (interprétation). - L'unité Jokeri était cette unité spéciale ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Et les Vitezovi également étaient une unité

  9   spéciale ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui, je ne pense pas qu'ils étaient

 11   véritablement membres de la police militaire. Ils se considéraient comme

 12   d’une unité spéciale du HVO.

 13   M. Kovacic (interprétation). - C’est exact, n'est-il pas logique de dire

 14   que Blaskic disposait d'un même modèle d'organisation. Je parle de la

 15   chaîne de commandement, aussi bien pour Busovaca, pour Vitez et,

 16   probablement pour d'autres localités qui étaient sous son commandement ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - A quoi faites-vous exactement référence,

 18   s'il vous plaît ?

 19   M. Kovacic (interprétation). - Je pense très concrètement au fait que si,

 20   à Busovaca, le commandant de la brigade ne commande pas les unités

 21   spéciales, dans ce cas-là, ce n’est pas le cas à Vitez non plus. Ou c’est

 22   vrai pour tout le monde ou cela ne l'est pas pour tout le monde. Ce qui

 23   est vrai pour Busovaca doit l'être pour Vitez, est-ce que vous êtes

 24   d'accord avec moi ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Ce n’est pas le cas. Une unité militaire


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  1   est formée d'unités régulières et, dans le cadre d'un Corps d'armée, dans

  2   une armée traditionnelle, il y a toujours des unités spécialisées. Et le

  3   commandemant de ces unités peut être délégué par le commandant en chef

  4   (par exemple, ici, le colonel Blaskic) pour mener à bien des opérations

  5   particulières. Je donnerai l’exemple de la Grande-Bretagne où nous avons

  6   des unités spéciales du génie qui peuvent être détachées auprès d'un

  7   commandant particulier afin de mener à bien une opération donnée bien

  8   précise dans une zone également très précise.

  9   M. Kovacic (interprétation). - Dites-moi, avez-vous vu un ordre selon

 10   lequel vous pourriez conclure que les Vitezovi étaient une unité

 11   spécialisée au sein de la brigade ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Le commandement n'était pas délégué en

 13   tant que tel. On essairait de tirer profit à la fois du commandant de

 14   cette unité, de l'expérience de ce commandant de cette unité, du

 15   commandant local. Par exemple, on peut imaginer que dans le cas que je

 16   vous ai donné, le cas du génie, un capitaine peut être adjoint à un

 17   commandant pour permettre que l'opération en question soit menée à bien.

 18   Et nous pensons que des commandants tels que Kraljevic pouvait recevoir

 19   l'aide d'autres commandants d'unités spéciales. Kraljevic travaillait avec

 20   le commandant Cerkez. Mais comme la structure n'était pas formelle, il

 21   s'agissait plutôt d'arrangements qui étaient pris au cas par cas.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Dans le document Z1087, c’est le bulletin

 23   de renseignements militaires du 20 juin. Vous l'avez ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 25   M. Kovacic (interprétation). - J'aimerais attirer votre attention sur le


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  1   paragraphe point 10 (b). Il va sans dire qu'ici vous vous référez à un

  2   exemple et vous parlez des unités indépendantes qui sont sous le

  3   commandement de Blaskic, entre autres il y a cette unité de Vitezovi dont

  4   on parle. Si on se réfère à une structure normale, une chaîne de

  5   commandement, le commandant supérieur s'adresse en passant par son ordre

  6   aux commandants qui lui sont subordonnés, n'est-ce pas ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - En effet, oui.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Eh bien si les Vitezovi sont subordonnés,

  9   donc font partie intégrante de la brigade, pensez-vous que Blaskic aurait

 10   dû s'adresser aux Vitezovi par un ordre écrit ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Des unités spéciales de ce type ne sont

 12   jamais détachées de façon permanente, il s'agit de ce que nous appelons

 13   les forces chirurgicales mobiles qui sont très mobiles par nature et qui

 14   sont utilisées pour des missions bien particulières. Ces unités seraient

 15   toujours restées sous le commandement du colonel, mais comme je l'ai déjà

 16   dit, seraient détachées auprès des commandants de brigade pendant des

 17   périodes bien déterminées, par exemple à la brigade de Vitez qui à

 18   l'époque subissait une pression importante du fait de sa localisation près

 19   du quartier général. C'est là que l'action avait lieu et on imagine bien

 20   dans ce cas que les unités spéciales seraient placées auprès des

 21   commandants locaux afin de les aider à défendre leurs positions s'ils

 22   étaient menacés.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Entendu. Je voudrais vous poser une toute

 24   petite question. Au cours des mois de juin et juillet, pendant que vous

 25   occupiez ce poste d'officier de liaison dans le secteur en question, est-


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  1   ce que toutes les unités qui opéraient à Vitez avaient une zone de

  2   responsabilité qui était bien déterminée en ce qui concerne les positions

  3   à maintenir face à l'autre partie ? Est-ce que chacun avait sa propre zone

  4   de responsabilité, chaque unité avait-elle sa propre zone de

  5   responsabilité ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Je savais qu'il y avait des zones qui

  7   étaient placées sous le contrôle des brigades, donc une zone par brigade,

  8   et je savais qu'il y avait des endroits extrêmement volatils à cause de la

  9   confrontation avec l'armée de Bosnie-Herzégovine, et que l'on envoyait

 10   parfois des unités spéciales comme les Vitezovi sur place pour assurer la

 11   défense d'une zone donnée.

 12   Quant à savoir s'il existait des lignes de défense occupées de façon

 13   régulière par le 4ème Bataillon de police militaire ou les Vitezovi, je

 14   n'en ai jamais entendu parler. A ma connaissance, nous avons toujours eu

 15   l'opinion qu'il s'agissait là de forces éminemment mobiles qui étaient

 16   envoyées sur le terrain dans le cadre d'opérations offensives bien

 17   particulières ou pour assurer un appui à d'autres unités si l'armée de

 18   Bosnie-Herzégovine se montrait particulièrement menaçante dans certains

 19   périmètres. Il s'agissait de forces d'appui mises à la disposition du

 20   commandant ce qui lui permettait de répondre à la situation.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Je voulais tout simplement me

 22   référer à quelque chose qui vous a déjà été posé comme question tout à

 23   l'heure par l'avocat de Kordic. Est-ce que la brigade Viteska avait

 24   éventuellement une base de formation ou bien elle stationnait quelque part

 25   ailleurs outre le bâtiment du cinéma ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - J'ai ici quelque part une photographie où

  2   l'on voit une trentaine d'hommes qui défilent ou marchent dans la rue

  3   principale de Nova Bila, il s'agit d'un groupe de jeunes recrues qu'on

  4   avait fait venir là pour les former ; je ne sais pas s'ils résidaient dans

  5   un camp qui était une sorte de camp d'entraînement ou s'il s'agissaient

  6   simplement de jeunes membres de la milice que l'on formait ainsi au jour

  7   le jour.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur, moi je vous ai posé la question

  9   concernant la municipalité de Vitez et Nova Bila, c'est une autre

 10   municipalité, c'est Travnik. Par conséquent, je vous prie de vous

 11   concentrer sur la brigade de Vitez. Avez-vous remarqué qu'ils avaient un

 12   base que les soldats de la Brigade de Vitez, donc la brigade dite Viteska,

 13   avait utilisée comme centre d'entraînement, je parle uniquement de la

 14   Brigade Viteska ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Non, comme je vous l'ai déjà dit, il

 16   s'agissait de milices locales. Je pense qu'il aurait été un peu téméraire

 17   et absurde de faire résider tous ces gens dans un même immeuble.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez parlé de la police locale et en

 19   en parlant, vous avez dit quand ils étaient relevés par une autre équipe

 20   qu'ils se rendaient chez eux. Vous avez eu l'occasion de le comprendre et

 21   de le voir.

 22   M. Whitworth (interprétation). - Oui, à certaines reprises j'ai en effeit

 23   rencontré des soldats.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Entendu. Vous avez mentionné, lors de votre

 25   témoignage, que Darko Kraljevic se présentait comme colonel et que


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  1   d'autres personnes s'adressaient à lui en utilisant ce terme "colonel".

  2   Dites-nous, s'il vous plaît, si vous avez entendu dire que Cerkez,

  3   éventuellement, avait un grade et si quelqu'un s'adressait à lui en

  4   utilisant ce terme, en l'appelant par son grade ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Non. Je ne l'ai jamais entendu appelé

  6   autre chose que commandaant, mais commandant c'est un terme assez

  7   générique.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Par conséquent, c'est la fonction par

  9   laquelle on l'appelait mais vous n'avez jamais entendu quel était son

 10   grade ?

 11   M. Whitworth (interprétation). - Pour nous, c'était le commandant de la

 12   Brigade de Vitez. C'est donc omme cela que l'on parlait de lui, le

 13   commandant Cerkez.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Le grade colonel, dans toutes les armées,

 15   est un grade assez élevé ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui mais c'est un grade qui vient en

 17   dessous de celui de commandant de brigade.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Selon cette logique, le commandant de

 19   brigrade devrait être quelque peu plus que le colonel, enfin devrait avoir

 20   un grade au-dessus ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - Un commandant de brigade est un général

 22   de brigrade. Nous nous sommes rendu compte qu'au sein du HVO il se passait

 23   la chose suivante, nous nous désignons les gens en fonction de leur rôle

 24   dans une zone géographique donnée et le nombre d'hommes qu'il commandait,

 25   par exemple vous aviez la Brigade de Vitez, cela correspondait à peu près


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  1   à la zone qu'une brigade contrôle et le terme de brigada* était utilisé

  2   par le HVO lui-même.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Etant donné que vous venez d'en parler,

  4   vous savez que des brigades qui se trouvaient dans l'environnement de

  5   Vitez portaient le nom des personnes historiques et il n'y a que la

  6   Brigade de Vitez qui s'appelait officiellement la brigade qui appartient à

  7   la ville de Vitez d'où l'adjectif Viteska. Nous sommes bien d'accord

  8   avec ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - C'est très intéressant mais je ne le

 10   savais pas jusqu'à la seconde présente. Merci.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Merci bien. Etant donné que vous avez été

 12   dans l'obligation de communiquer en passant par l'interprète, est-ce que

 13   vous avez éventuellement confondu les termes Vitezovi et Viteska Brigada ?

 14   La racine est la même.

 15   M. Whitworth (interprétation). - Non, les interprètes avec qui nous

 16   travaillions étaient des Croates, des Musulmans et parfois même des Serbes

 17   et les Vitezovi, c'était un nom que tout le monde connaissait, il n'y

 18   avait pas de risques de confondre l'un avec l'autre.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Merci bien.

 20   J'aurai quelques questions au sujet des malades qui ont été transportés de

 21   Stari Vitez et dont il a été question tout à l'heure lors de votre

 22   déposition.

 23   Vous avez dit à la fin du contre-interrogatoire qu'il s'agissait de

 24   malades qui ont été arrêtés dans la cave d'un bâtiment ; est-ce que vous

 25   savez où se trouvait le dispensaire au centre-ville ? Il y avait une


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  1   position de réserve ; est-ce que vous avez visité ces lieux ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Oui. J'ai emmené un certain nombre de

  3   blessés à la suite d'une attaque de mortier.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce que c'était bien l'endroit où les

  5   deux personnes ont été gardées ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Non. Je ne m'en souviens pas vraiment,

  7   mais il faut savoir que je ne me souviens pas très bien de cet événement

  8   en particulier. C'est possible. Mais je me rappelle très bien quand même

  9   qu'il y avait une de ces personnes qui était détenue dans une cave. Je

 10   m'en souviens très bien.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Et l'autre a été chez lui ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Je ne me souviens pas où se trouvait la

 13   deuxième personne ; il n'était pas détenu au même endroit. L'une d'entre

 14   elles était peut-être à l'hôpital, mais en tout cas, il y avait quelqu'un

 15   qui était détenu dans une cave, ça, je m'en souviens très bien.

 16   M. Kovacic (interprétation). - Dites-nous, s'il vous plaît ; est-ce que,

 17   outre ce centre médical que vous avez visité, il y avait un autre bâtiment

 18   qui abritait un centre médical, qui avait cette fonction dans la ville

 19   même ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait l'église-hôpital à Nova Bila,

 21   mais ça, cela ne fait pas partie de la zone de Vitez.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Entendu. C'est Nova Bila, ce n'est pas au

 23   centre-ville ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - L'endroit que je connais, c'est celui qui

 25   se trouve dans une rue commerçante en sous-sol. En fait, c'était un


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  1   dispensaire de fortune qui avait été installé pour soigner les blessés.

  2   C'était là que les gens du cru venaient se faire soigner.

  3   M. Kovacic (interprétation). - C'était pratiquement une cave ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Non, ce n'est pas une cave comme celle

  5   que j'évoquais tout à l'heure. C'est un espace souterrain, certes, mais

  6   peint en blanc et très grand, très vaste. Je m'en souviens très très bien,

  7   par contre, ça... avec des piliers, notamment.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Avec des fenêtres qui étaient tout à fait

  9   au-dessus et qui étaient au ras du sol ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est ça, en effet. Je me souviens

 11   également que lorsque les deux Musulmans ont été emmenés du CICR, ils ont

 12   été tout d'abord emmenés à l'hôpital de Nova Bila, où ils ont été examinés

 13   par le personnel médical de l'hôpital, et c'est 24 heures ou 48 heures

 14   plus tard que je suis revenu pour voir l'un d'entre eux. L'autre se

 15   trouvait peut-être dans le centre médical auquel nous venons de faire

 16   référence, mais il y en avait un en tout cas qui se trouvait à Vitez.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Quand vous parlez de l'hôpital à Nova Bila,

 18   est-ce que c'était un hôpital en bon état ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - En fait, je pense que le personnel

 20   médical avait fait quelque chose de remarquable en installant un

 21   dispositif médical ; il faut savoir qu'ils travaillaient dans des

 22   circonstances extrêmement difficiles, ils avaient beaucoup de blessés à

 23   soigner et ils ont fait des choses remarquables.

 24   Et moi je m'efforçais d'évacuer assez régulièrement les blessés, mais

 25   comme j'ai dit, les circonstances étaient très difficiles, les équipements


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  1   notoirement insuffisants, en dépit de l'aide que nous essayions de leur

  2   fournir, et tout particulièrement au vu de la nature des blessures qu'ils

  3   avaient à traiter.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Revenons à cet échange, ou plutôt à un

  5   accord sur un échange qui était en cours au moment où le CICR a soumis

  6   cette nouvelle requête au sujet des deux malades.

  7   Je pense que vous avez entendu parler de cela, vous avez compris également

  8   qu'il y avait un échange qui a été connu ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Ce n'est pas ainsi que je me souviens des

 10   choses.

 11   Moi, ce dont je me souviens, c'est la chose suivante : on m'a emmené voir

 12   une famille dont les trois fils âgés de 10 à 14 ans avaient été enlevés

 13   par l'armée de Bosnie-Herzégovine alors qu'ils étaient en train de

 14   travailler dans les champs. Le commandant Cerkez m'a demandé d'essayer de

 15   trouver où ils étaient. Je suis allé à Kruscica, je les ai vus, les

 16   représentants du CICR avaient pu les voir également et avant que nous

 17   n'ayons pu échanger, les échanger, ces deux Musulmans ont été enlevés du

 18   centre du CICR et ensuite, j'ai parlé avec le commandant Cerkez et les

 19   autorités locales, je leur ai dit qu'il fallait libérer ces deux personnes

 20   qui étaient très malades, qu'il fallait les remettre au CICR. Je lui ai

 21   dit que c'était inacceptable de les emprisonner ainsi.

 22   Ce que l'on m'a proposé, c'était d'échanger ces deux hommes contre ces

 23   trois jeunes garçons qui avaient été envoyés. C'est ce dont je me

 24   souviens. Mais finalement, ce n'est pas ce qui s'est produit le jour où a

 25   eu lieu l'échange que j'avais organisé.


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  1   M. Kovacic (interprétation). - Je vais demander l'aide du Greffe et de

  2   l'huissier pour distribuer un document.

  3   (L'huissier s'exécute).

  4   Mme Ameerali (interprétation). - Le document se voit attribuer la

  5   cote D 41/2.

  6   M. Kovacic (interprétation). - La page 2 -c'est la traduction anglaise-

  7   vous pouvez voir maintenant la date. Tout à l'heure, vous ne pouviez pas

  8   le dire exactement ; est-ce que c'est le temps qui correspond ? Est-ce que

  9   c'est la date qui correspond ? Est-ce que cela vous rappelle quelque

 10   chose ? J'attire votre attention sur les personnes 6, 7 et 8. Il y a des

 11   années de naissance et l'âge de ces garçons ; est-ce qu'il s'agit bien de

 12   ces personnes ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - C'est possible et vu leurs âges, je pense

 14   que c'est peut-être le cas, c'est du moins ce dont je me souviens.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Vous n'avez jamais vu ce papier à travers

 16   les contacts et négociations que vous avez réussi à aboutir jusqu'à cet

 17   échange ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Non, je n'ai jamais vu ce document

 19   auparavant.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Lors de votre déposition, vous avez parlé

 21   de Borislav Josic qui a été tué ; vous avez dit qu'il avait une bonne

 22   réputation, que c'était une personne honnête. C'est ce que vous avez dit ;

 23   est-ce que vous avez eu l'occasion également, lors des contacts à propos

 24   des échanges, de faire connaissance de Stipo Krizanac ?

 25   M. Whitworth (interprétation). - Je l'ai sans doute rencontré, mais je ne


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  1   m'en souviens pas. Vous savez, j'ai rencontré énormément de gens pendant

  2   mon séjour sur place.

  3   De plus, cela fait maintenant plusieurs années, donc aujourd'hui, je

  4   n'arrive plus à me souvenir que des protagonistes principaux que je voyais

  5   régulièrement, ou bien qui avaient des fonctions importantes au sein du

  6   bataillon britannique.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Non, mais cela me paraît clair, je voulais

  8   tout simplement vérifier si, éventuellement, vous le connaissiez.

  9   Maintenant, j'aimerais revenir au sujet de Grbavica. On en a beaucoup

 10   parlé, je vais très brièvement vous poser quelques questions, et ceci,

 11   pour éclaircir ce sujet-là.

 12   Serions-nous d'accord pour dire que la position qui a été décrite de

 13   l'armée de Bosnie-Herzégovine à Grbavica, je parle du point de vue

 14   militaire et stratégique, un point qui est extrêmement important pour les

 15   forces qui souhaitent contrôler la route à travers la vallée par

 16   conséquent, je parle entre la ville et Bila ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est en effet un axe d'importance

 18   stratégique.

 19   M. Kovacic (interprétation). - Vous étiez au courant que, jusqu'à la chute

 20   de Grbavica, jusqu'au moment où le HVO ne s'était pas emparé de Grbavica,

 21   une partie du côté de Nova Bila était obligée de... les soldats du HVO

 22   étaient obligés de se déplacer par des chemins contournants et non pas par

 23   la route principale ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet, c’était la route qui

 25   passait par derrière.


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  1   M. Kovacic (interprétation). - C'était des sentiers, des chemins pleins de

  2   boue, n'est-ce pas ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Non, non, moi-même, j’y passais

  4   régulièrement en Land-Rover. C’était des chemins tout à fait praticables.

  5   Cependant, il faut bien préciser que ce n'est pas le genre de route sur

  6   laquelle on enverrait une ambulance de gaieté de coeur.

  7   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Tout de suite après la prise de

  8   Grbavica, j'ai un document et je vais vous demander de m'aider à essayer

  9   de remémorer ce dont je vais vous parler.

 10   Le 8 septembre, le matin, un groupe de la police civile a commencé à

 11   fonctionner. Ils ont visité des maisons et ils ont donc pris Grbavica.

 12   Est-ce que vous avez rencontré, à cette époque-là, ces gens-là ? Ils ont

 13   insisté pour contrôler l'Etat une fois que l'armée a pris Grbavica pour

 14   voir où se trouvaient des réserves militaires, pour voir s'il y avait des

 15   vivres etc..

 16   Dans ce rapport, ils disent qu'ils ont eu l'occasion de vous rencontrer

 17   après avoir visité les trois maisons. Vous souvenez-vous de cet

 18   événement ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Oui, je suis tout à fait au courant de

 20   cela.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Ils affirment également qu’à ce moment-là,

 22   vous vous êtes opposé à ce qu'ils poursuivent les combats, mais que, quand

 23   ils sont revenus un autre jour, après une longue conversation de nouveau,

 24   il a été entendu qu'un groupe conjoint pourrait procéder à cette

 25   inspection. Il s'agissait toujours de cette même police militaire du HVO,


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  1   mais il s’agissait de gens à vous. Ensemble, ils ont procédé à

  2   l'inspection des bâtiments et recueilli des preuves qui étaient

  3   intéressantes pour eux ; est-ce exact ?

  4   M. Whitworth (interprétation). -  Oui, c'est exact.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Et nous sommes d’accord sur le fait que,

  6   même si, toute la nuit, ce site n'avait pas été sous le contrôle de la

  7   police militaire, ni d'ailleurs d'aucune autre force organisée, nous

  8   sommes d'accord que, le lendemain, on y a tout de même trouvé quelques

  9   armes, quelques munitions, et qu'il s'agissait manifestement de positions

 10   militaires car il y avait des tranchées, des postes de tirs de précision,

 11   etc.

 12   Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Non, monsieur, je ne suis pas d'accord.

 14   M. Kovacic (interprétation). - On n’a donc pas retrouvé des armes, des

 15   munitions, en petites quantités ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - On en a retrouvé, monsieur, mais autant

 17   qu'on aurait pu s'attendre à en trouver sur quelques sites musulmans,

 18   croates ou serbes. Il y avait une maison dans laquelle on a retrouvé

 19   plusieurs armes. Si vous le souhaitez, je peux décrire la situation qui a

 20   conduit à la découverte de ces armes ; cela rendrait certainement les

 21   choses plus  claires.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 23   je suis au regret de dire que je n’ai pas de traduction de ce document car

 24   je n'ai pu me le procurer qu'au cours du week-end. Bien entendu, je

 25   pourrai la fournir plus tard.


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  1   M. le Président (interprétation). - Ce document peut-il nous être d'une

  2   aide quelconque ? Permet-il de faire avancer les choses de quelque façon

  3   que ce soit ?

  4   M. Kovacic (interprétation). - Oui, je crois que c’est le cas. Ne serait-

  5   ce que pour des raisons pratiques, il serait bon d'en disposer avec les

  6   autres éléments de preuve que j'ai versés au dossier.

  7   M. le Président (interprétation). - Ne perdons plus de temps et plaçons ce

  8   document sur le rétroprojecteur, et nous verrons quelle en est la teneur.

  9   Je demanderai que l'huissier place ce document sur le rétroprojecteur.

 10   (L'huissier s'exécute).

 11   M. Kovacic (interprétation). - Mais je n'ai pas d'autres questions à poser

 12   au témoin au sujet de ce document. Malheureusement, ce document n'existe

 13   qu’en langue croate.

 14   M. le Président (interprétation). - Peut-on voir le haut de la page ? Ce

 15   document est sensé représenter quoi ?

 16   M. Kovacic (interprétation). - Il s’agit d'un rapport. Nous y voyons un

 17   numéro de référence et la date, celle du 10 septembre. On voit dans le

 18   titre que ce document émane du HVO de Vitez. A la troisième page, au

 19   niveau de la signature, on constate que ce document a été signé par le

 20   commandant de la police en uniforme, un certain Kresimir Garic. Lorsque

 21   l’on examine le sceau, on constate qu'il s'agit d'un commissariat de

 22   police de Vitez.

 23   M. le Président (interprétation). - Je propose que vous fassiez traduire

 24   ce document et; en temps utile, vous pourrez demander que ce document soit

 25   versé au dossier et devienne une pièce à conviction quand il aura été


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  1   traduit. Merci, monsieur l'huissier. C’est tout concernant ce document.

  2   Maître Kovacic, avez-vous de nombreuses autres questions à poser à ce

  3   témoin ,

  4   M. Kovacic (interprétation). - Je suis sûr de pouvoir en avoir terminé

  5   avant 16 heures.

  6   Monsieur, nous avons vu un grand nombre de photos dont vous avez déclaré

  7   que certaines avaient été prises par vous. Pour que tout soit clair pour

  8   chacun ici, je vous demande la chose suivante : aucune de ces

  9   photographies ne montre Cerkez ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Je suppose que nous avons changé de sujet

 11   et que vous ne souhaitiez pas de réponse à la question posée

 12   antérieurement au sujet du document ?

 13   M. le Président (interprétation). - Je préférerais ne pas y revenir pour

 14   le moment. Si M. Nice souhaite poser des questions à ce sujet, il pourra

 15   le faire.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Je vous prie de m'excuser.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Pouvez-vous répondre à la question que je

 18   vous ai posée au sujet des photographies : aucune de ces photographies

 19   présentées aujourd’hui ne représente M. Mario Cerkez ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact, en effet.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Nous avons examiné également un certain

 22   nombre de documents aujourd’hui, qui sont tous des bulletins de

 23   renseignements militaires. Aucun de ces documents ne mentionne Mario

 24   Cerkez, n'est-ce pas, sauf à l'endroit où il est parlé de contacts

 25   nécessités pour l'inspection des troupes, mais son nom n'est jamais


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  1   mentionné en rapport avec une information précise ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Non, pas dans les documents que j'ai

  3   examinés.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Cela signifie-t-il que vous faites

  5   référence à lui dans un rapport quelconque ?

  6   M. Whitworth (interprétation). - Il est mentionné dans certains bulletins

  7   de renseignements militaires, mais dans aucun de ceux que nous avons

  8   examinés aujourd'hui. Les bulletins que j'ai présentés aujourd'hui ne

  9   représentent qu'un nombre très limité de ceux qui ont été rédigés, car ils

 10   étaient rédigés une, deux ou trois fois par jour, selon les lieux et les

 11   événements. Les informations étaient très condensées car c’était des

 12   bulletins qui devaient être envoyés par telex dans toute la Bosnie-

 13   Herzégovine. Le langage devait donc être aussi court que possible.

 14   M. Kovacic (interprétation). - Merci. S'agissant du convoi, nous avons,

 15   dans le bulletin de renseignements militaires 043, un certain nombre de

 16   références à ce convoi, mais, pendant votre séjour dans la région, et au

 17   cours de la préparation de votre déposition, avez-vous eu le rapport de

 18   l’ECMM qui traite de l'arrêt de ce convoi ?

 19   M. Whitworth (interprétation). - Non, je ne crois pas.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Dans la préparation de votre déposition,

 21   avez-vous constaté que Cerkez était mentionné en rapport avec cet

 22   événement ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Excusez-moi, mais dans les rapports

 24   émanant de nous ?

 25   M. Kovacic (interprétation). - Oui.


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Non, je n'ai pas vu mention de Cerkez

  2   dans ces rapports.

  3   M. Kovacic (interprétation). - S'agissant maintenant du document Z1087,

  4   c’est un bulletin de renseignements militaires. Vous l'avez eu entre les

  5   mains. A la dernière page, vous avez parlé des personnes qui ont inspecté

  6   les unités pour les Vitezovi, et vous avez parlé de cette unité des

  7   Vitezovi comme étant une unité spéciale ; en note, en bas de page, vous

  8   faites savoir que la connaissance de cette unité existe, mais vous n'avez

  9   pas donné d'autres détails.

 10   Aujourd’hui, vous nous avez dit avoir su, à l’époque, que Darko Kraljevic

 11   était le commandant de cette unité. Dans ce cas-là, il aurait été normal

 12   de signaler, dans ce document, que vous connaissiez au moins le commandant

 13   de cette unité, Darko Kraljevic.

 14   Autrement dit, je vous demande pour quelles raisons aucun nom n’est

 15   mentionné dans ce document.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Pendant toute notre mission, nous nous

 17   sommes construit une vision détaillée des structures en présence, et ce

 18   bulletin de renseignements militaires porte la date du 20 juin, c’est-à-

 19   dire assez tôt dans la mission ; à ce moment-là, je n'avais pas eu de

 20   contacts officiels avec un organisme portant le nom des Vitezovi ; bien

 21   que nous ayons su que cette unité existait car nous avions vu les

 22   emblèmes. Je ne me rappelle pas si, s'agissant de la date, ce document a

 23   été rédigé avant ou après l'arrêt du convoi au centre de Vitez, mais c'est

 24   seulement à une date ultérieure que j’ai eu une rencontre officielle avec

 25   Darko Kraljevic qui s'est présenté en tant que commandant des Vitezovi.


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  1   Cette information ne m'était donc pas disponible à ce moment particulier.

  2   Nous n'avions pas pour habitude de demander des renseignements aux

  3   commandants de brigade au sujet de la structure de leurs unités ou des

  4   détails de leur commandement. Nous ne nous intéressions qu'à la mission

  5   des Nations Unies.

  6   M. Kovacic (interprétation). - Pour en venir au coeur du problème, à ce

  7   moment-là, vous n'aviez pas une idée très précise des données pertinentes

  8   que vous auriez autrement introduites dans ce document. C'est exact ?

  9   M. Whitworth (interprétation). - Nous avons ajouté des détails au fur et à

 10   mesure que nous les avons découverts et nous avons confirmé dans des

 11   rapports ultérieurs grâce à l'examen d'autres documents. Nous ne cessions

 12   donc de mettre à jour et de confirmer les éléments indiqués dans nos

 13   documents.

 14   M. Kovacic (interprétation). - J'aimerais appeler votre attention sur la

 15   deuxième note en bas de page qui figure sur cette même page et qui porte

 16   sur la Brigade de Vitez. Cette note en bas de page confirme bien ce que

 17   vous venez de nous dire, autrement dit, il vous fallait un certain temps

 18   pour recueillir des informations, les confirmer à plusieurs reprises et

 19   c'est seulement lorsque vous aviez acquis une certitude que vous mettiez

 20   les choses noir sur blanc, n'est-ce pas ?

 21   M. Whitworth (interprétation). - C'est ce qu'il est permis de dire au

 22   mieux de nos capacités.

 23   M. Kovacic (interprétation). - Donc je suis en droit de conclure que le

 24   20 juin au plus tard, vous saviez que la Brigade de Vitez était une

 25   brigade récemment créée et totalement différente de la brigade existant


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  1   auparavant sur ce même territoire, à savoir la Brigade Toma Stjepanovic.

  2   C'est bien cela ?

  3   M. Whitworth (interprétation). - Non. Nous connaissions l'existence de la

  4   Brigade de Vitez depuis mon arrivée. Les détails relatifs à son évolution

  5   nous étaient régulièrement transmis et ce document est la trace d'un

  6   moment particulier où l'officier chargé des renseignements souhaitait nous

  7   informer de détails du quotidien. Mais nous étions les seuls censés avoir

  8   ces informations, les soldats n'étaient pas informés de cela. Donc la

  9   vision globale continuait à s'affiner au fil du temps et chaque fois que

 10   nous pouvions confirmer des éléments supplémentaires par la suite, nous

 11   l'avons fait.

 12   M. Kovacic (interprétation). - Très bien. Ce document concerne le décès

 13   regrettable de votre interprète Dobrila. J'ai une question à vous poser.

 14   Lorsque la commission d'enquête a été mise en place, un seul des

 15   enquêteurs provenait de la brigade ; c'est bien cela ? Je ne parle pas de

 16   la commission dans son ensemble, mais d'une seule personne. C'est bien

 17   cela ? Vous rappelez-vous cela ?

 18   M. Whitworth (interprétation). - Un membre de la Brigade de Vitez, je ne

 19   me rappelle pas exactement, mais ce dont je me souviens, c'est qu'il y

 20   avait effectivement un représentant de la Brigade de Vitez, mais il y

 21   avait trois ou quatre personnes qui participaient à la commission

 22   d'enquête, si je me rappelle bien, et aucun représentant de l'armée de

 23   Bosnie-Herzégovine, c'était le fait notable. C'est tout ce que je me

 24   rappelle.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Je voulais simplement que la situation soit


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  1   très claire. Il y avait un seul représentant de la Brigade, je ne vous

  2   parle pas du nombre total de personnes constituant la commission.

  3   M. Whitworth (interprétation). - Je ne me rappelle pas exactement, mais je

  4   ne pourrais répondre avec certitude ni oui ni non.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Finalement vous avez dit que vous ne

  6   pouviez pas être d'accord avec le contenu de ce rapport, vous avez

  7   expliqué pourquoi, mais êtes-vous parvenu à recueillis des éléments de

  8   preuve très solides qui vous ont prouvé que la conclusion tirée par la

  9   commission quant à l'éventualité d'une infiltration d'un soldat de l'armée

 10   de Bosnie-Herzégovine était irréaliste, impossible ou bien est-ce votre

 11   conclusion personnelle, votre opinion ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Mon analyse et l'analyse du policier

 13   militaire du Bataillon britannique a permis de conclure que l'origine des

 14   tirs provenait du territoire du HVO sans conteste. Mais ce qui m'a déplu,

 15   c'est que les représentants du HVO au sein de la commission ont nié

 16   quelque possibilité que ce soit qu'il se soit agit d'un Croate ou d'un

 17   soldat du HVO. Et en ce qui les concernaient, leur seule explication était

 18   que le responsable devait être un soldat de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 19   qui avait traversé le no man's land, procédé aux tirs puis s'était retiré.

 20   Nous, nous souhaitions que le responsable soit traduit en justice et nous

 21   n'avions pas de préférence quant à la partie responsable.

 22   Nous souhaitions que quelqu'un puisse être tenu responsable de cet acte

 23   afin que de tels actes ne puissent pas se reproduire en l'absence d'autres

 24   éléments de preuve et, étant donné que des preuves balistiques existaient,

 25   l'origine des tirs a été identifiée comme manifestement sur le territoire


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  1   tenu par le HVO. Et donc en dépit des dénégations de la commission du HVO,

  2   l'enquête ne s'est même pas poursuivie.

  3   Nous avons admis qu'il s'agissait d'un échange d'armes de petit calibre et

  4   qu'il s'agissait sans doute d'un accident mais nous souhaitions que

  5   l'attention de chacun soit attirée sur le fait qu'un bâtiment des Nations

  6   Unies avait été pris pour cible et qu'un représentant des Nations Unies

  7   avait été tué au cours de cet événement.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Vous nous avez déjà expliqué cela, mais

  9   avez-vous reçu des documents ? Avez-vous reçu des déclarations fiables

 10   émanant d'une personne et prouvant ce que vous venez de dire, que les tirs

 11   provenaient de la partie HVO ? Je suis d'accord avec votre analyse, mais

 12   ce n'est qu'une analyse, n'est-ce pas ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - C'est une analyse reposant sur des

 14   conclusions de première main, sur la connaissance du terrain, sur un

 15   rapport officiel émanant de la commission et qui a été rejeté en ma

 16   présence par Darko Gelic, l'officier de liaison. J'ai dit que les

 17   conclusions de cette commission ne m'ont pas satisfait parce qu'ils ont

 18   nié toute possibilité que quelqu'un d'autre qu'un représentant de l'armée

 19   de Bosnie-Herzégovine ait pu être responsable de cet acte malgré tout ce

 20   que je leur ai dit moi-même quant à ce qui m'intéressait au premier chef.

 21   M. Kovacic (interprétation). - Merci. J'aurais encore une brève question.

 22   Lorsque vous avez découvert que l'armée de Bosnie-Herzégovine vous avait

 23   manipulé, autrement dit lorsque vous avez découvert que vous transportiez,

 24   sans le vouloir, du matériel militaire en direction de Stari Vitez en même

 25   temps que des matériels médicaux, jusqu'à ce moment-là, le nombre de vos


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  1   visites avait été limité, n'est-ce pas ?

  2   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait une ou deux visites que j'ai

  3   faites moi-même pour apporter des équipements médicaux et en fait la

  4   quantité de matériel médical que j'avais apportée était tout à fait

  5   insignifiante. Mais il y a eu d'autres mouvements réalisés par le CICR

  6   assez peu fréquemment, de façon assez irrégulière, je ne pourrais pas vous

  7   donner de détails à ce sujet ou de date précise mais, comme je l'ai déjà

  8   dit, nous employions des officiers de liaisons qui permettaient nos

  9   contacts avec le CICR et le HCR.

 10   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez dit que c'était peut-être votre

 11   première ou votre deuxième visite, mais la Forpronu, donc vos unités

 12   avaient apporté à plusieurs reprises du matériel médical ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - Je ne pourrais pas vous donner de

 14   chiffres. Mais lorsque ces livraisons étaient autorisées, pouvaient

 15   parvenir jusqu'à ce secteur, j'étais censé en avoir connaissance puisque

 16   cela se faisait avec mon autorisation.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Il y a une chose qui n'a jamais été dite

 18   très clairement. Vous avez évoqué à plusieurs reprises Darko Gelic, il

 19   était l'officier de liaison du colonel Blaskic.

 20   M. le Président (interprétation). - C'est un fait tout à fait clair, en

 21   effet.

 22   M. Kovacic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser, Monsieur le

 23   Président.

 24   Monsieur Whitworth, vous nous avez parlé abondamment des équipements de

 25   transmission. Puisque vous étiez un spécialiste et que vous connaissiez


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  1   bien les équipements de transmission dont disposait l'armée de Bosnie-

  2   Herzégovine, je vous demande si, à l'aide de ces équipements, l'armée de

  3   Bosnie-Herzégovine pouvait de façon efficace écouter les communications

  4   radio du HVO ?

  5   Je vous pose la question en vous demandant de vous fonder sur ce que vous

  6   saviez des équipements qui étaient à leur disposition et je ne parle que

  7   de Stari Vitez.

  8   M. Whitworth (interprétation). - Les émetteurs radio que j'ai vu utiliser

  9   à Stari Vitez n'auraient pas permis d'écouter le HVO, à moins que les

 10   émetteurs soient absolument identiques, et même dans ces conditions, il

 11   aurait fallu que la fréquence soit identique elle aussi. Si, par ailleurs,

 12   ils ne disposaient que d’émetteurs radio militaires, qui sont des

 13   émetteurs dont la fréquence varie, nous aurions pu nous écouter, nous, et

 14   écouter le HVO grâce à des communications VHF ou HF, mais je n'ai pas vu

 15   de matériel de ce genre à Stari Vitez.

 16   M. Kovacic (interprétation). - VHF, HF ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Emetteurs à très haute fréquence.

 18   M. Kovacic (interprétation). - Ne perdons pas de temps. Nous avons vu une

 19   photo où nous voyons un soldat de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui a

 20   entre les mains une bombe baby. Nous savons, vous et moi, de quoi nous

 21   parlons. Je vous demande si ce type de bombe baby était fabriquée par

 22   l'armée de Bosnie-Herzégovine ou par le HVO ; la bombe baby que nous

 23   voyons sur la photo.

 24   M. Whitworth (interprétation). - C'est une bombe baby qui avait été tirée

 25   sur Stari Vitez et qui n'avait pas explosée, bien qu’elle ait été


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  1   endommagée. Vous avez constaté les dommages dus à la chute de la bombe sur

  2   le sol. C'était à l'évidence une bombe assez improvisée fabriquée par le

  3   HVO.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Avez-vous entendu dire que la partie

  5   musulmane au conflit fabriquait le même type d’armes et qu’en fait, il

  6   s’agissait d’une invention de l’armée de Bosnie-Herzégovine qui, ensuite,

  7   avait été reprise par le HVO ? Avez-vous eu eu l'occasion de constater

  8   cela, de voir que l'armée de Bosnie-Herzégovine disposait du même type

  9   d'armes ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Je croirais sans difficulté que la chose

 11   est vraie, mais je n'ai pas eu l'occasion de la voir moi-même.

 12   M. Kovacic (interprétation). - Vous nous avez relaté une anecdote

 13   impliquant Cerkez et Radio Vitez et vous avez parlé de propagande. Je vous

 14   demande s'ils n'est pas courant, dans tout conflit armé, que les deux

 15   parties au conflit aient recours à la propagande.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui, en effet.

 17   M. Kovacic (interprétation). - Est-ce que les deux parties au conflit dont

 18   nous parlons ont eu recours à la propagande ?

 19   M. Whitworth (interprétation). -  Etant donné la géographie du terrain, je

 20   n'ai pas eu la possibilité de me familiariser avec une forme de propagande

 21   quelconque utilisée par l’armée de Bosnie-Herzégovine, mais je n'ai aucun

 22   doute que celle-ci utilisait le même type de propagande. Mais en raison de

 23   la structure des communications, les rumeurs se répandaient très

 24   rapidement. Il était donc très facile de répandre de la propagande de

 25   bouche à oreille.


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  1   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez dit à un certain moment qu'il

  2   était parfois difficile de distinguer entre les unités régulières et les

  3   unités irrégulières.

  4   (Signe affirmatif du témoin.)

  5   Peut-être était-il plus facile de distinguer les différentes unités

  6   régulières entre elles par leurs armes, leurs emblèmes, leurs insignes ?

  7   Avez-vous jamais eu des problèmes pour distinguer les différentes unités

  8   régulières du HVO et déterminer exactement de quelles unités il s’agissait

  9   à tout moment ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Il n'est pas toujours facile de définir

 11   l'appartenance de ces soldats à telle ou telle unité, à moins que les

 12   soldats n’aient porté des insignes ; auquel cas, nous pouvions les

 13   affecter à une milice locale agissant dans une région particulière. Ces

 14   milices locales avaient tendance à porter avec fierté leurs insignes, donc

 15   la chose était plus facile. Mais le badge du HVO était très courant. Cela

 16   étant, il n'était pas disponible pour tous. Tous les soldats ne portant

 17   pas non plus d'uniforme, n’étant pas toujours équipés d’uniformes, il

 18   arrivait qu'il soit difficile de déterminer avec précision à quelle unité,

 19   tel ou tel soldat  appartenait.

 20   M. Kovacic (interprétation). - Sommes-nous en droit de dire de façon

 21   générale que les unités spéciales telles que les Jokeri, les Vitezovi, les

 22   membres de l’unité Trtko, étaient bien armés ? Je parle de la qualité des

 23   armes dont elles disposaient, des modèles de ces armes. Peut-on dire que

 24   ces armes étaient plus modernes que celles qui équipaient la brigade de

 25   Vitez qui, elle, était mal armée et équipée d'armes anciennes ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Je ne dirais pas que la brigade de Vitez

  2   était mal équipée et n'avait pas d’armes modernes ; elle en possédait

  3   quelques-unes mais, de façon générale, il est permis de dire que les

  4   unités spéciales disposaient d'armes de meilleure qualité et avaient accès

  5   à des quantités plus importantes d’armes modernes, telles que, par

  6   exemple, des mitraillettes ou des armes automatiques que l'on trouvait en

  7   moins grande quantité dans les rangs de la brigade de Vitez.

  8   M. Kovacic (interprétation). - Karlo Grabovac, vous avez dit qu'il était

  9   commandant local du HVO sur le territoire de Rijeka, donc dans la zone de

 10   la brigade. Vous le connaissez relativement bien ; vous avez eu de

 11   nombreux contacts avec lui ; conviendrez-vous avec moi pour dire que cet

 12   homme était, pour l’essentiel, coopératif dans ses rapports avec vous ?

 13   M. Whitworth (interprétation). - J'ai bien connu Karlo, il était apprécié,

 14   estimé par chacun dans la zone de responsabilité de sa brigade et avait de

 15   bons rapports de commandement avec Cerkez. Pour l’essentiel, c'était un

 16   homme très affable, très agréable mais, s'agissant de coopération, le

 17   degré de coopération fourni par Karlo dépendait beaucoup de l’objectif que

 18   je poursuivais.

 19   Par exemple, si nous voulions faire passer un convoi d'aide vers Kruscica,

 20   sa réponse était polie, mais négative. Comme je l’ai déjà dit, nous nous

 21   sommes rencontrés à de nombreuses reprises. Nous nous entendions bien,

 22   nous buvions le café et l'eau-de-vie ensemble. Nous discutions ensemble et

 23   il a souvent favorisé mes déplacements.

 24   M. Kovacic (interprétation). - Mais, monsieur, conviendriez-vous avec moi

 25   qu'il ne vous a pas trompé ? Bien sûr, il avait des intérêts différents


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  1   des vôtres, mais il ne lui est pas arrivé de vous dire une chose et d’en

  2   faire une autre. C'est dans ce sens que je parlais de rapports corrects.

  3   Lui aussi s’efforçait de construire un bon rapport avec vous comme vous le

  4   faisiez vous-même ?

  5   M. Whitworth (interprétation). - Oui, il construisait un bon rapport entre

  6   nous. Je crois que vous avez raison. Je ne me rappelle pas une seule

  7   situation où il aurait dit une chose et fait le contraire. Si le

  8   commandant Cerkez lui avait dit que mon déplacement ne devait pas être

  9   autorisé, il était poli, mais me refusait l'accès à l'endroit où je

 10   souhaitais aller.

 11   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Vous avez dit, à un moment donné,

 12   que le HVO appréhendait Darko Kraljevic, qu'ils avaient émis une réserve,

 13   qu'ils avaient peur. Est-ce que c'était également quelque chose qui était

 14   habituel parmi les civils, à Vitez ? Est-ce que c'était votre impression

 15   qu'ils avaient peur de Darko Kraljevic ?

 16   M. Whitworth (interprétation). - Oui, jusqu'à un certain point, oui, car

 17   il était vu comme un commandant militaire très efficace et, également,

 18   comme un héros local, du moins pour les gens de Vitez, mais j'avais aussi

 19   l'impression que c’était quelqu’un de très imprévisible, soupe au lait,

 20   quelqu’un dont il était difficile de prévoir les humeurs. Les gens avec

 21   qui j'en ai parlé étaient très conscients de ce caractère changeant de son

 22   humeur. Pourtant, il n'en reste pas moins qu'il était très respecté dans

 23   la vallée de la Lasva. On considérait que c’était un des hommes-clés qui

 24   permettaient à ces poches de subsister dans la vallée de la Lasva.

 25   M. Kovacic (interprétation). - Vous avez dit qu'il semblait que Cerkez et


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  1   Kraljevic étaient relativement en bonnes relations. Vous les avez vus une

  2   fois ensemble et, quelquefois, vous avez entendu dire qu'ils étaient

  3   ensemble. C'est bien cela ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - C'est exact. Oui, à deux ou trois

  5   reprises, je suis allé voir le commandant Cerkez et ses officiers au

  6   cinéma m'ont dit qu'il était sur le terrain quelque part, qu'il ne pouvait

  7   donc me voir ; ensuite, j'allais immédiatement voir le commandant qui se

  8   trouvait à côté, Kraljevic, par exemple, à Donja Vecerska. A plusieurs

  9   reprises, je suis allé chez Kraljevic, il n'était pas là et les gens qui

 10   étaient sur place m'ont dit qu'il était sur le terrain, qu'il était en

 11   train de travailler à la planification d'une opération militaire et on

 12   prononçait à chaque fois le nom de Cerkez.

 13   M. Kovacic (interprétation). - Merci. Stari Vitez...

 14   M. le Président (interprétation). - Maître Kovacic, il est 16 heures ;

 15   combien de temps vous faudra-t-il pour mener à bien votre contre-

 16   interrogatoire, s'il vous plaît ?

 17   M. Kovacic (interprétation). - J'ai encore un sujet tout restreint avec

 18   deux petites questions..., 4 minutes, 5 minutes.

 19   Stari Vitez : nous savons où il se trouve du point de vue géographique,

 20   dans la vallée, une vallée étroite au sud. Au nord, il y a des collines

 21   qui surplombent la vallée.

 22   Généralement parlant, toute cette région de Vitez, la ville elle-même

 23   ainsi que Stari Vitez sont encerclées par des unités de l'armée de Bosnie-

 24   Herzégovine qui contrôlent un certain nombre de côtes qui surplombent la

 25   vallée aussi bien du sud que du nord ; est-ce que c'est bien exact ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Oui, c'est exact. Le HVO était

  2   désavantagé du point de vue tactique et géographique étant donné la

  3   disposition des lieux.

  4   M. Kovacic (interprétation). - Est-il vrai de dire du point de vue

  5   militaire que, pour l'armée de Bosnie-Herzégovine, il était

  6   stratégiquement important de couper la vallée à un endroit et, plus tard,

  7   dans une étape ultérieure, c'était l'objectif de l'armée ; est-ce que

  8   vous, en tant qu'observateur des personnes qui avaient analysé la

  9   situation, vous avez eu la même impression ?

 10   M. Whitworth (interprétation). - Corrigez-moi si je me trompe, mais vous

 11   dites qu'il aurait été avantageux pour l'armée de Bosnie-Herzégovine de

 12   couper la route principale dans la vallée et de couper la route principale

 13   menant de Vitez à Busovaca ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Oui. Je pose la question si

 15   éventuellement, à une étape ultérieure de la guerre, ce fut l'objectif de

 16   l'armée de Bosnie-Herzégovine de couper la vallée ?

 17   M. Whitworth (interprétation). - Je ne suis pas au fait des objectifs

 18   exacts poursuivis par l'armée de Bosnie-Herzégovine, mais, d'après

 19   l'analyse que nous avons réalisée, cela aurait bien entendu eu un impact

 20   extrêmement fort sur le moral des soldats du HVO s'ils avaient été isolés

 21   dans la vallée de la Lasva, dans des poches telles que Busovaca, Vitez et

 22   Travnik, mais nous estimions que l'armée de Bosnie-Herzégovine n'avait pas

 23   les moyens ni la volonté de s'engager dans une telle opération militaire

 24   et qu'en fait, du fait de leur position de force tactique dans les

 25   collines, ils avaient les moyens d'atteindre exactement le même objectif


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  1   sans pour autant mettre en oeuvre toutes les forces qui auraient été

  2   nécessaires pour l'opération dont vous venez de parler.

  3   M. Kovacic (interprétation). - Et en guise de conclusion, juste la

  4   question suivante : la situation après l'été et l'automne notamment, le

  5   HVO se trouvait dans une situation qui était de plus en plus difficile.

  6   C'est l'armée qui avait de plus en plus de territoire et qui avait un

  7   poids de plus en plus important par rapport au HVO, qui était perdant.

  8   M. Whitworth (interprétation). - Je crois que le HVO et les homologues de

  9   Cerkez, Blaskic, etc ont subi des pressions de plus en plus fortes du fait

 10   des réussites militaires des troupes de l'armée de Bosnie-Herzégovine

 11   avec, par exemple, la chute de Travnik, et que, bien entendu, ils se

 12   sentaient menacés du fait du rétrécissement des zones qu'ils contrôlaient,

 13   et on peut dire en effet que dans la deuxième partie de ma mission, ils se

 14   trouvaient dans une situation de plus en plus difficile.

 15   M. Kovacic (interprétation). - Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 16   Président, Messieurs les Juges, je vous remercie, monsieur Whitworth.

 17   M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Kovacic.

 18   M. Nice (interprétation). - Monsieur Whitworth, je n'ai que quelques

 19   questions et je souhaite, si vous pouvez, que vous y répondiez par

 20   monosyllabes.

 21   Est-ce que l'offre faite par le HVO aux résidents de Stari Vitez de partir

 22   leur a été faite avec des garanties sur la conservation ou la restitution

 23   de leurs biens à leur retour ?

 24   M. Whitworth (interprétation). -  Non, il n'y a pas eu de telles

 25   garanties.


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  1   M. Nice (interprétation). - Vous avez dit que Kordic était présent au

  2   niveau du convoi de la joie à un moment donné ; pouvez-vous nous dire en

  3   quelques mots ce qu'il faisait, et s'il faisait quelque chose ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Je ne peux dire qu'une chose : il était

  5   présent. Je ne me souviens pas l'avoir vu faire quoi que ce soit.

  6   M. Nice (interprétation). - Cela me suffit.

  7   Bulletin de renseignements militaires n° 43 : pouvez-vous, s'il vous

  8   plaît, examiner ce document ?

  9   J'ai deux questions au sujet de la forme de ces documents. Tout d'abord,

 10   le paragraphe 3. Le mot "commentaire" est souligné. Avant, on voit une

 11   référence à Kordic, qui détient le pouvoir et ensuite, une conclusion ;

 12   est-ce que généralement, ce qui est écrit avant "commentaire", cela

 13   représente les faits et après, "commentaire", c'est l'évaluation faite par

 14   l'officier de renseignements ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Oui, oui. Oui, c'est sans doute le cas

 16   puisque je m'entretenais régulièrement avec Karlo et, ensuite, avec

 17   l'officier de renseignements.

 18   M. Nice (interprétation). - Une autre question de forme dans le même

 19   document, avant-dernière page, là où on fait référence au convoi de la

 20   joie, deuxième paragraphe ou troisième paragraphe à partir du bas, là où

 21   on parle de Dario Kordic. Est-ce qu'il s'agit là d'informations brutes ou

 22   bien est-ce qu'il s'agit là d'une analyse ?

 23   M. Whitworth (interprétation). - Je pense qu'il s'agit de renseignements

 24   recueillis sur le terrain et, certainement, ce qui est écrit ici se fonde

 25   sur ce que j'ai moi-même fait savoir à l'officier de renseignements.


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  1   M. Nice (interprétation). - Premièrement page : on parle, au 3ème

  2   paragraphe, de barricades humaines. Est-ce que ça correspond à ce que vous

  3   avez vu vous-même ?

  4   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

  5   M. Nice (interprétation). - Est-ce que le HVO disposait, à votre

  6   connaissance, d'hélicoptères de quelque sorte que ce soit ?

  7   M. Whitworth (interprétation). - Ils utilisaient ces hélicoptères pour

  8   évacuer les victimes de Kiseljak, donc en tout cas, ils avaient des

  9   hélicoptères.

 10   M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'ils possédaient ces hélicoptères ?

 11   M. Whitworth (interprétation). -  A Vitez, je ne sais pas, je ne me

 12   souviens pas que le HVO ait disposé d'hélicoptères.

 13   M. Nice (interprétation). - Parlons maintenant des unités spéciales. Sur

 14   la base de votre expérience militaire personnelle, une question : si des

 15   unités spéciales travaillaient ou opéraient dans une zone telle que celle

 16   de Vitez, est-ce qu'à votre avis, même si elles n'étaient pas placées sous

 17   le commandement direct du commandant de la brigade locale, est-ce que

 18   leurs activités se dérouleraient avec la coopération du commandant local,

 19   ou à sa connaissance ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Cela serait nécessaire pour la réussite

 21   de leur opération sinon elles rencontreraient des problèmes très

 22   importants au niveau de l'organisation.

 23   M. Nice (interprétation). - Les gens qui étaient détenus dans la cave dont

 24   vous nous avez parlé, est-ce qu'ils étaient dans une condition physique,

 25   physiologique particulière ?


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  1   M. Whitworth (interprétation). - Il y avait l'un d'entre eux qui souffrait

  2   de la tuberculose je crois, en tout cas c'était quelqu'un qui n'était pas

  3   en bonne santé.

  4   M. Nice (interprétation). - Merci.

  5   M. Kovacic (interprétation). - Je dois ici faire une objection, puisque le

  6   témoin n'a jamais fait référence à la cave de Cerkez.

  7   M. Nice (interprétation). - Je suis désolé.

  8   M. le Président (interprétation). - En effet, vous avez raison,

  9   Maître Kovacic, je ne pense pas que cette affirmation, faite par M. Nice,

 10   sur la cave de Cerkez, soit basée sur quoi que ce soit.

 11   M. Nice (interprétation). - Fort bien.

 12   Au sujet de Cerkez et sa position, est-ce que l'on peut déterminer la

 13   position de Cerkez en utilisant les grades conventionnels ?

 14   M. Whitworth (interprétation). - Pour eux, c'était le commandant de la

 15   brigade, donc nous nous sommes partis du principe qu'il était commandant

 16   de brigade, mais on pensait qu'il était subordonné au colonel, donc qu'il

 17   était commandant.

 18   M. Nice (interprétation). - Donc Blaskic, dans une organisation

 19   traditionnelle, aurait de toute façon eu un grade supérieur à Cerkez ?

 20   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 21   M. Nice (interprétation). - Vous vouliez ajouter quelque chose au sujet

 22   des groupes civils et criminels qui arrivaient à se procurer des armes ;

 23   pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ?

 24   M. Whitworth (interprétation). - Eh bien je pense à une attaque sur

 25   Grbavica, l'attaque sur Grbavica par le HVO, ils ont utilisé la caserne de


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  1   Grbavica comme point de départ et les maisons qui se trouvaient à côté,

  2   ils s'agissaient de maisons musulmanes que nous louions. Cette nuit-là,

  3   comme nous l'avons déjà dit auparavant, d'ailleurs beaucoup de gens

  4   possédaient des armes, eh bien les Musulmans qui travaillaient dans le

  5   camp et qui vivaient autour du camp, se sont rendus dans une maison

  6   particulière pour s'y réfugier, ils avaient des armes personnelles. Dans

  7   ma maison, un certain nombre de civils ont été abattus.

  8   Afin d'essayer de calmer la situation, j'ai essayé de les faire partir à

  9   Travnik dans une zone musulmane, je leur ai dit de laisser toutes leurs

 10   armes et pour eux ils étaient sous la protection des Nations Unies.

 11   M. Nice (interprétation). - Et ce sont ces armes qu'on a trouvées ?

 12   M. Whitworth (interprétation). - Oui.

 13   M. Nice (interprétation). - Le rapport du HVO dont nous allons avoir une

 14   traduction, avez-vous eu connaissance de ce rapport ?

 15   M. Whitworth (interprétation). - Non, je connaissais bien le policier en

 16   question, c'était quelqu'un de sympathique avec qui on pouvait

 17   s'entretenir, quand je l'ai informé de la situation il a réagi tout à fait

 18   naturellement.

 19   M. Nice (interprétation). - Il me reste un point à traiter, il s'agit de

 20   la pièce à conviction qui portera la cote 1 201.2, le bulletin de

 21   renseignements militaires que je n'ai pas été en mesure de vous fournir

 22   avant la pause déjeuner, bulletin de renseignements militaires en date du

 23   15 septembre. Je demande que des exemplaires de ce bulletin soient remis

 24   aussi bien à la défense qu'au témoin.

 25   Sous le titre "Vitez", on voit que le HVO a lancé ultimatum à destination


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  1   des Musulmans de Stari Vitez leur enjoignant de quitter la zone ou de

  2   faire face aux conséquences qui s'ensuivraient.

  3   Ensuite, il y a un commentaire suite à ces faits qui sont énoncés, je

  4   cite : "Bien que cette attaque soit moins dure que l'attaque précédente

  5   sur Grbavica, cette attaque n'a entraîné qu'une riposte très modérée de

  6   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il apparaît que malgré ce qu'affirme

  7   Alagic,  il n'y a pas eu jusqu'à présent de contre-attaque de l'armée de

  8   Bosnie-Herzégovine sur la population croate. Le HVO se renforce sur la

  9   base de ses succès récemment remportés et il apparaît que l'armée de

 10   Bosnie-Herzégovine dans la vallée de la Lasva est occupée ailleurs et donc

 11   moins disponible dans la vallée que cela n'avait été évalué précédemment".

 12   Merci.

 13   M. le Président (interprétation). - Monsieur Whitworth, vous en avez fini

 14   de votre déposition, je vous remercie d'être venu ici au Tribunal pénal

 15   international pour déposer, vous pouvez maintenant disposer.

 16   M. Whitworth (interprétation). - Merci.

 17   M. Nice (interprétation). - Je vous serais reconnaissant, Monsieur le

 18   Président de m'accorder 3 minutes à huis clos partiel.

 19   M. le Président (interprétation). - Deux minutes.

 20   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 21   Audience à huis clos partiel.

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 17   L'audience est levée à 16 heures.

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